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31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 09:19

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : I. Les chapelles rayonnantes du déambulatoire. Les baies 10, 12, 14 (1301-1310) de la  chapelle du comte Louis d'Évreux .

Avant l'apparition du jaune d'argent.

La Vierge au chêne !

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Voir aussi :

Liste de mes 200 articles sur les vitraux : Pour la fin XIIIe ou le XIVe siècle, en Bretagne, j'ai déjà admiré la maîtresse-vitre de Dol-de-Bretagne (1290-1300), et à  Merléac, les baies 2 et 3 datant du  1er tiers XIVe.

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— Sur les vitraux de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

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La parution récente d'un  article de Françoise Gatouillat sur les Vitraux français du XIVe siècle et les autres arts (Gatouillat 2019) m'incite à me replonger dans mes archives photographiques de la cathédrale d'Évreux.

Mon but (mon jeu) est de partir à la découverte du fameux Jaune d'Évreux parmi les vitraux de la cathédrale. Ce colorant n'apparut ici qu'au tiers du XIVe siècle, et je débuterai, par contraste ou pour le suspens, par les vitraux du début de ce siècle, et où, justement, ce pigment n'est pas encore utilisé.

Je débuterai ma visite dans le déambulatoire, juste à droite de la Chapelle d'axe ( qui, de toute façon, n'était pas encore construite au XIVe siècle ).

Dans un deuxième article, j'examinerai les trois baies de la chapelle voisine, les 16-18 et 20 datant de 1308, pour constater là encore l'absence du jaune d'argent. Et ainsi de suite dans les articles suivants (baies 22-24-26), avant d'arriver, au nord, aux verrières 25-27 offertes par l'évêque Matthieu des Essarts vers 1300-1310, et, enfin à la baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy des Plessis vers 1325-1330 : ce sera mon Île au Trésor, avec une belle pièce de verre bleu devenu vert sous l'effet du jaune d'argent : victoire !

Ainsi récompensé, je grimperai jusqu'aux baies (très) hautes du rond-point du chœur afin de continuer à me régaler : baie 200, puis 201, 204, etc..

Mon guide sera, bien-sûr, Françoise Gatouillat, orfèvre en la belle matière : Gatouillat 2001.

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Pourquoi m'imposer la contrainte de débuter par les vitres qui ne répondent pas à mes attentes ?

Ah, vous ignorez tout de la sérendipité, ou quoi ? Ici, ce sera la Vierge à l'Enfant tenant, savez-vous quoi ? Un chêne !!

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INTRODUCTION : LES VITRAUX DU DÉBUT DU XIVe SIÈCLE EN FRANCE (PARIS ET NORMANDIE).

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle : les vitraux "en litre" :

 

"Au XIIIe siècle, la grisaille, ou vitrail ornemental sur verre blanc, s’est développée à partir de la forme tardive de la verrière à entrelacs dans laquelle de fins rubans sont combinés avec des rinceaux végétaux. Ce type de vitrail s’est rapidement enrichi d’éléments de couleurs (bordures, entrelacs, fermaillets) et devint prédominant dans les vitreries des cathédrales de France et d’Angleterre. Le goût croissant pour les grisailles s’explique non seulement par le coût moindre du verre blanc, mais surtout en raison du souhait des maîtres d’œuvre et des commanditaires d’apporter plus de lumière à l’intérieur des églises. La verrière dite « en litre », dans laquelle les panneaux figurés forment une bande de couleur dans une vitrerie en grisaille, devint la forme la plus répandue en France et en Angleterre au cours de la deuxième moitié du XIIIe siècle. La vitrerie composite, associant les ornements et les figures, était également connue dans les pays germaniques. " (Kurmann-Schwartz et Lautier)

 

Je me dresse auprès des bons auteurs  une petite liste des caractères des vitraux du XIVe siècle.

-Augmentation de la taille des baies gothiques flamboyantes

-Développement de grands chantiers : Paris, Rouen (cathédrale Notre-Dame et Saint-Ouen), Jumièges et Évreux

-Influence de l'enluminure parisienne : Jean Pucelle.

-Début de quelques représentations en perspective ( sous l'influence de Jean Pucelle)

-Introduction du jaune d'argent, permettant la réalisation de verres plus grands.

-Introduction de couleurs plus claires.

-Utilisation de verres colorés doublés. La gravure à l'acide des vitraux plaqués n'apparaîtra que plus tard, au XVe siècle.

-Développement de la production de verre dans les forêts de Normandie (Lyons-la-Forêt) et progrès dans la qualité et la taille des  ronds soufflés (cives) de 60 cm de diamètre.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Les trois baies  sont hautes de 5,20 m et larges de 2,70 m, et elles comportent chacune trois lancettes trilobées et un tympan à 4 soufflets et 2 écoinçons. Elle forment, dans la chapelle Saint-Joseph (dénomination du XIXe) un ensemble où le donateur, à droite, et son épouse à gauche sont agenouillés devant la Vierge à l'Enfant. Il s'agit de Louis de France, comte d'Évreux de 1298 à sa mort en 1319 et demi-frère cadet du roi Philippe IV le Bel, et de son épouse Marguerite d'Artois, épousée en 1301 et décédée en 1310 ou 1311 (ce qui fournit le créneau de datation des verrières).

Ils se détachent au centre de panneaux ornementaux clairs en verre blanc peints d'entrelacs géométriques  de rinceaux en grisaille et ponctués de fermaillets colorés bleu-rouge-jaune. Cette disposition témoigne du souhait de l'époque de bénéficier d'un meilleur éclairage du déambulatoire, en rupture avec les vitraux entièrement remplis de médaillons aux couleurs soutenues. Elle est autorisée par les progrès de l'industrie du verre, qui propose un verre blanc plus  fin et de plus grande taille.

Les bordures verticales  de chaque lancette où des fleurs de lys jaune se succèdent dans les entrecroisements bleus en losanges forment en réalité le motif héraldique des armes des comtes d'Évreux (celle de France avec la brisure d'Évreux)  d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules. Les blasons sont cités trois fois, dans des trilobes dans chacun des tympans, en réemplois parmi  des soleils ondés en grisaille et jaune d'argent qui datent de 1465-1470. Les armoiries se retrouvent aussi sur les vêtements des deux donateurs.

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Un registre inférieur a été ajouté vers 1450 à la suite de la concession de la chapelle à la famille du doyen Simon Chevestre.

Les baies ont été  restaurées avec modération par Duhamel-Marette en 1894

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La partie datant du début du XIVe siècle illustre une transition dans les nouveautés qui se mettront en place au XIVe siècle dans l'art du vitrail, et dont la cathédrale d'Évreux offre un des plus beaux témoignages. En effet, la place donnée aux verres blancs relève de ces changements, mais nous n'observons pas encore d'utilisation de jaune d'argent (le fameux  "jaune d'Évreux" !) qui ne fera son apparition ici qu'en baie 23 vers 1325-1330. 

Les couleurs  utilisées sont le bleu, le vert, le rouge et le jaune du XIIIe siècle (et aussi un rose pour la colonnade au dessus du donateur de la baie 14.

Les verres rouge sont d'une teinte hétérogène, marquée de stries blanches, et celles-ci suivent parfois (donateur de la baie 12) les courbes de la cive dans laquelle le verre a été taillé.

Les inscriptions, la couronne, les fleurs de lys et les pinacles à crochets ou autres détails d'architecture des dais sont réalisés en appliquant une couche de grisaille sur le verre (jaune le plus souvent), puis en l'ôtant pour faire apparaître le dessin. 

Au contraire, les trais des visages sont finement tracés à la grisaille.

Mais ces deux techniques ne sont nullement des innovations.

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Note : la fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

 

Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.

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AU CENTRE : LA VIERGE À L'ENFANT ET LOUIS D'ÉVREUX EN DONATEUR.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La Vierge au chêne.

Elle est debout sous un dais assez simple à ouverture trilobée sous une arcature à crochet encadrée de pinacles, sous une architecture plus complexe où la grisaille du verre jaune découpe des réseaux, des oculi, des gables à crochets tandis que des lancettes se détachent sur un verre rose.

Ce qui est extraordinaire ici, c'est que la Vierge tient dans sa main non pas un sceptre ou un lys, mais un chêne muni de ses racines !

Je crois halluciner, mais il faut se rendre à l'évidence : c'est bien un arbre, doté du chevelu racinaire, de quatre petites branches feuillues, et d'une cime à trois ou quatre feuilles. Je veux bien concéder que l'essence de l'arbre est discutable, entre un chêne et un érable.

Je ne parviens pas à trouver d'autre exemple iconographique. Ni à trouver ce détail mentionné dans  une description de ce vitrail.

Quelle en est la signification ? La plus évidente est de voir là une allusion à  l' Arbre de Jessé. La Vierge (qui est couronnée) montrerait à son Fils son ascendance royale  et son appartenance à la Maison de David.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La vue de détail montre la finesse de la peinture en grisaille des traits de l'enfant, montre aussi la grâce de son geste d'argumentation, et révèle qu'il tient un objet (pomme ou globe) dans la main. Le Fils et la Mère se regardent.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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LE DONATEUR,  LE COMTE LOUIS D'ÉVREUX.

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Il est agenouillé mains jointes et levées devant la Vierge, et il porte une tunique à ses armes. 

Le dais trilobé  à gable à crochets renferme l'inscription (lavis de grisaille sur verre blanc) en lettres gothiques ornées d'extrémités serpentines :

LUDÕ

COMES

EBR~ :

soit DÕ LUDO[VICUS] COMES EBROICENSIS (les abréviations étant indiquées par des tildes sur les O et le R ).

Les lettres DÕ peuvent correspondre  soit à DONUM, soit à  DOMINUS. Je penche pour la première solution, en adéquation avec la scène, et je traduis par : "DON DE LOUIS COMTE D'ÉVREUX". La seconde lecture a été adoptée par Bernard de Monfaucon puis par  Eugène Baretsk dans un article de L'Artiste de 1837, mais en ajoutant un M (DOM) qui n'est pas observé aujourd'hui.

Les premières lettres DO ont été omises dans les transcriptions de Lebeurier, puis  de F. Gatouillat pour le Corpus, mais elles sont précieuses dans l'étude des figures de donateurs de vitraux, surtout si elles qualifient bien celui-ci comme donateur, ce qui sera plus clair sur la peinture de la baie 14 où le comte tend à la Vierge le vitrail stylisé.

En fait, la même inscription sur la baie 14 montre plutôt un signe abréviatif  9 (pour -us) qu'un tilde, ce qui affaiblit ma suggestion.

On comparera cette représentation à celle de son gisant : 

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Gisant de Louis, Comte d'Évreux. © Jean-Christophe Ballot - Centre des monuments nationaux.

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Notez le verre rouge aux stries concentriques.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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LA DONATRICE : LA COMTESSE MARGUERITE.

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La donatrice Marguerite d'Artois est représentée dans une attitude de donatrice symétrique de celle de son mari. Elle est coiffée d'un voile qui cache également sa gorge, ce qui n'est pas très éloignée de la mentonnière de son gisant :

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Gisant de Marguerite d'Artois dans la basilique de Saint-Denis. © Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux.

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Elle avait fondé cette chapelle et un obit de 100s. était versé chaque année à l'Ascension pour elle, pour son mari Louis et pour un certain Simon, comte d'Évreux

L'inscription indique :

MAR

GAR~:

COMITIS

SA : EBR~

MARGARITA COMITISSA EBROICENSIS, "Marguerite, comtesse d'Évreux."

 

La représentation de la comtesse et du comte sur ce vitrail a été recopiée, avec le relevé des inscriptions, et publiée en 1730 sur la planche 38 des Monuments de la monarchie française de Bernard de  Monfaucon, tome II page 214.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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En baie 14 : à nouveau le donateur.

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Nous retrouvons l'inscription :

LUDÕ : COMES

EBR~ 

Mais la grande différence est que Louis d'Évreux présente ici une maquette de la fenêtre qu'il offre à Notre-Dame.Une maquette à deux lancettes à losanges décoratifs, surmonté d'un oculus polylobé.

Ce motif de la donation d'un vitrail se retrouve entre 1325 et 1330 en baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis et en  baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrière.

La présence d'un éperon en verre jaune montre que le comte est représenté ici en armure, et que les marques des bras et jambes témoignaient d'une cotte de maille, tandis que la "robe" armoriée était un tabard.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Le registre inférieur : Saint Nicolas et saint Yves, Pietà, Jehan Chevestre, son épouse et sa fille.

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Vers 1450 (F. Gatouillat) ou 1460, la famille du doyen du chapitre cathédrale  Simon Chevestre a obtenu la concession de la chapelle qu'éclairent les trois baies 10, 12 et 14. Le registre inférieur de la baie 14 montre cette famille en donateurs, tandis que deux saints et une Pietà occupe celui de la baie 10, les six panneaux formant un ensemble puisque chaque personnage occupe une niche voûtée à clefs pendantes et à sol carrelé devant une tenture damassée par des feuillages : les trois donateurs sont tournés vers la Vierge tenant le corps de son Fils, encadrée par deux saints issus du clergé (un évêque, Nicolas, et un juge ecclésiastique, Yves).

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La baie 10 : saint Nicolas, la Pietà, et saint Yves.

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1. Saint Nicolas ressuscitant les trois étudiants (ou petits enfants).

Les personnages, le sol, le siège du saint et le baquet sont peints à la grisaille sur des verres blancs (les plombs de casse ne permettent pas de dire combien ) tandis que la tenture de fond est en verre bleu, au motif de damas feuillagé. La grisaille est rehaussée au jaune d'argent, d'usage courant pour cette partie datant du XVe siècle. La scène du miracle légendaire est représentée dans une niche octogonale voûtée.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La Vierge de Pitié.

Le buste de la Vierge a été restauré. 

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Saint Yves.

L'Official de Tréguier, patron des avocats et juristes, est représenté coiffé du bonnet rouge de docteur et vêtu d'une robe aux bordures et camail d'hermines. Il tient un rouleau de parchemin, témoin de son activité d'étude des pièces de procès. Surtout, il fait un geste caractéristique d'argumentation, index tendu, selon une tradition que j'ai déjà examiné à Saint-Ségal à propos de deux exemples :

http://www.lavieb-aile.com/2019/07/saint-segal-le-calvaire-du-bourg.html

http://www.lavieb-aile.com/2019/07/la-chapelle-saint-sebastien-en-saint-segal-l-arc-de-triomphe.html

Il ne peut y avoir de doute sur son identification.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La baie 14 : la famille Chevestre, en donateurs.

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1. Jean Chevestre.

L'homme chenu est agenouillé à son prie-dieu, l'aumônière à la ceinture, et vêtu d'une riche robe rouge fourrée au col et au poignets, un vêtement fréquemment retrouvé chez les donateurs de vitraux normands et témoignant de la respectabilité de leurs fonctions. En effet, Jehan Chevestre, identifié par l'inscription, était procureur du roi pour le baillage d'Évreux de  1447 à 1449,  et en 1461.

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Inscription indique : JEHAN :  CHEVE----E : LEUR FILZ.

On peut néanmoins s'interroger sur le sens de cette inscription : de quel fils s'agit-il ? 

On relie ce personnage à Simon Chevestre, Docteur en Décret,  Prieur de la Madelaine de Neubourg ,  seigneur en Saint-Germain-des-Angles,  chantre puis trésorier puis doyen vers 1460 des chanoines de la cathédrale d'Évreux, et autrefois (1458) prébendé à Sainte-Colombe-la-Campagne (ou de la Commanderie).

"Simon Chevestre, qui pour lors occupoit la dignité de doyen en l'eglise cathedrale d'Evreux, auparavant prebendé de Ste Collombe, dont les sieurs de Harcour sont fondateurs, osmona au chapitre d'Evreux le fief de St Germain des Angles, et fit faire l'image d'argent de la mere de Dieu, qui est au dessus de l'autel du chœur. Il fonda en l'an 1439 le service qui se dit le dernier jour de decembre, feste de Ste Collombe, en la chapelle de Ste Anne, en l'eglise de Nostre Dame d'Evreux."

 

Il était encore en vie en 1458, date d'un bail en 1458 passé par Simon Chevestre, doyen :  vénérables et discrètes personnes Maistres Simon Chevestre, Jehan .... ...et en lieu de maistre Simon Chevestre, prebtre, doyen d'Evreux et seigneur en son Saint-Germain-des-Angles

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"CHEVESTRE des CHAPELLES (de). Armes : d'azur à trois hiboux d'or, 2 et 1, ceux du chef surmontés d'une étoile du même.

Le nom de CHEVESTRE est celui d'une ancienne famille noble de Normandie sur laquelle on n'a pu se procurer que des renseignements insuffisants.

Maître Simon Chevestre, docteur en décret, était vers 1458 chanoine prébende de Sainte-Colombe et doyen d'Évreux. Il fit don au chapitre d'Evreux du fief de Saint-Germain-des-Angles ; il fit également don à la cathédrale d'Évreux d'une statue de la Vierge, en argent.

Jacques de Chevestre épousa vers 1560 Marie de Mauvoisin, héritière de l'importante seigneurie de Cintray, dans l'élection de Verneuil. Il était veuf quand, en 1577, il fit, au nom de sa défunte épouse,

une présentation au bénéfice de Cintray. D'après un tableau très sommaire conservé dans les Dossiers bleus, tableau qui malheureusement n'est accompagné d'aucune date, ce Jacques de Chevestre aurait été fils d'Etienne de Chevestre et de Thomasse Guercy, petit-fils de Jean de Chevestre et arrière-petit-fils de Robert de Chevestre.

https://archive.org/stream/dictionnairedesf10chai/dictionnairedesf10chai_djvu.txt

 

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La donatrice.

L'inscription indique : MARIE :FEMME DUDICT DEFUNCT.

Là encore, il nous manque des informations pour préciser qui était le mari de cette veuve. Elle est vêtue d'une grande robe bleue à décolleté en V serrées par une ceinture portée très haut. Elle porte une coiffe rouge à cornette. 

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Autre donatrice, Jeanne d'Alorge.

Le verrier a repris le carton du panneau précédent.

L'inscription indique Jeanne, fille de Robert Alorge et nièce des précédents.

Un acte de 1689 mentionne ces deux familles Chevestre et Allorge à Evreux (à propos de la rivière l'Iton).

La famille Allorge est une famille rouennaise annoblie en 1396.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

L'art du vitrail : le Jaune d’Évreux. Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, nitrate ou sulfure) et d'ocre. Historiquement, la composition des premiers vitraux rassemblaient essentiellement les couleurs rouge, bleue, jaune et verte. Une nouvelle technique de coloration apparaît en Occident au début du XIVe siècle, elle s'applique au revers de la pièce avant cuisson et permet de teinter localement le verre sans coupe ni mise en plombs supplémentaires. L'apparition de cette méthode coïncide avec une évolution fondamentale de l'esthétique et du style de l'art de la peinture sur verre. Le procédé donne alors une palette de couleurs enrichie : les teintes obtenues varient du jaune clair (chlorure d'argent + ocre), au jaune orangé (sulfure d'argent + ocre), en passant par le vert quand il est apposé sur un verre bleu. A la même époque, la qualité des verres s’améliore, ils sont plus fins, plus réguliers et l'utilisation de verres incolores permet d'éclairer largement les verrières. L'une des plus belles verrières de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle SaintLouis (la 4ème côté nord du chœur). Il s'agit de la baie 23, dont les panneaux ont été exécutés vers 1325-1330 avec l'emploi du jaune d'argent, notamment sur verre bleu. Les verrières des lancettes représentent l'évêque Geoffroy agenouillé en donateur, un chanoine, la Vierge à l'enfant et la charité de saint Martin. La qualité du jaune d'argent utilisé par le maître-verrier a fait notamment la renommée des vitraux de la cathédrale lui donnant le nom de jaune d'Évreux, passé à la postérité.

L'art du vitrail. Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, sulfure, iodure, oxyde d'argent, etc.) et d'un cément (ocre ou argile calcinée). Historiquement, ce mélange était inconnu pour la composition des premiers vitraux, qui rassemblaient essentiellement des couleurs rouge, bleue et verte. Ce nouveau sel apparaît en Occident au tout début du XIVe siècle et entraîne avec lui une révolution dans l'art du vitrail et de la peinture sur verre. Comme il s'applique facilement au revers d'une pièce avant cuisson, on peut désormais ajouter la couleur jaune sur le verre sans être obligé de souder des pièces différentes par du plomb.
Le procédé donne accès à une palette supplémentaire de couleurs : les teintes obtenues varient selon que l'on utilise du chlorure d'argent et de l'ocre (jaune clair) ou du sulfure d'argent et de l'ocre (jaune orangé). Sur un verre bleu, il donne du vert.
Notons en outre que, à la même époque, la qualité des verres s’améliore. Plus fins, plus réguliers, plus limpides, ils vont permettre aux verrières de s’éclaircir grâce à l’utilisation de verres incolores et... de grandir en beauté. Le jaune d'argent est idéal pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres - tout ce qui est jaune ou blond dans la réalité - ainsi que certains éléments architecturaux (vitreries ornementales et grisaille décorative rehaussée de jaune d'argent).
Pour certains passionnés de vitraux, la plus belle (et la plus célèbre) verrière de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle Saint-Louis (la quatrième chapelle dans le déambulatoire nord). Au début du XIVe siècle, un maître verrier de la ville utilisa la nouvelle couleur à base de sels d'argent qu'on venait d'inventer. Comme tout nouveau procédé (utilisant de plus un métal précieux), il était coûteux. Mais la gamme supplémentaire de couleurs qu'il autorisait lui assura une diffusion rapide dans toute la France. Á Évreux, la qualité du jaune d'argent utilisé par ce maître verrier a fait que le jaune d'Évreux est passé à la postérité.
Dans la galerie des vitraux, vous pouvez voir l'ensemble de la verrière de la chapelle Saint-Louis ainsi que les célèbres petits panneaux historiés en gros plan.

Nef – côté nord : chapelle Saint-André chapelle Saint-Nicolas chapelle Saint-Sébastien chapelle Notre-Dame du Mont Camel chapelle Saint-Aquilin

Chœur – côté nord chapelle Saint-Fiacre chapelle des Saints Évêques d'Évreux chapelle Sainte-Thérèse chapelle Saint-Louis chapelle Saint-François chapelle du Rosaire chapelle du Sacré-cœur Chapelle axiale chapelle de la Mère de Dieu

Chœur – côté sud : chapelle Saint-Joseph chapelle de l'immaculée conception chapelle Sainte-Catherine chapelle Notre-Dame de Liesse chapelle du Trésor

Nef – côté sud : chapelle de la Bonne-Mort chapelle Sainte-Anne chapelle de l'Annonciation chapelle des Saints-Anges chapelle des Fonts-Baptismaux

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Les chapelles des bas-côtés de la nef datent du XIVe siècle. Tous les fenestrages ont été refaits à la fin du XVe siècle mais les voûtements et les colonnettes intérieures sont du XIVe siècle. Les voûtes sur croisées d'ogives à pénétration, dotées de clefs pendantes appartiennent à l'art gothique flamboyant. Les chapelles du chœur sont bâties entre 1260 et 1310. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475, et l'ancienne vitrerie a été intégrée au nouveau remplage.

La chapelle de la Mère de Dieu, plus vaste avec ses trois travées, témoigne de la première phase du gothique flamboyant avec l'abolition des murs, l'amincissement en amande des structures de pierre et la prédominance des vitraux. Couverte par des voûtes sur croisées d'ogives finement moulurées, elle s'éclaire par des fenêtres formées de lancettes trilobées supportant une grande fleur de lys en référence au roi Louis XI qui en a financé la construction et les verrières.

L'édification du chœur s'échelonne sur une période comprise entre 1260-1310. Le sanctuaire est conçu selon le style du gothique rayonnant (technique et esthétique) : l'architecture doit permettre de laisser entrer la lumière divine. Pour cela, les fenêtres sont élargies, les murs pleins disparaissent au bénéfice des vitraux et les faisceaux de colonnettes sans rupture jusqu'à la voûte accentuent l'effet de verticalité. Le chœur, d'un plan plus large que la nef, présente une élévation à trois étages : les grandes arcades en arcs brisés finement moulurés, le triforium éclairé de vitraux, et les fenêtres hautes. La première travée du chœur, de forme trapézoïdale, permet le raccordement à la croisée du transept. Cette structure si particulière est due à la nécessité de compenser la différence avec l'ancien transept roman dont l'écartement des piles était plus étroit. Le triforium ajouré présente une division en quatre baies de style flamboyant : lancettes trilobées affinées en accolade, balustrades, profusion de l'ornementation (choux frisés).

Les fenêtres hautes composées de quatre lancettes trilobées sont surmontées d'une rose. Les voûtes sur croisées d'ogives sont ornées de clés de voûtes décorées de couronnes de feuillage.

Au rond-point, la clef recevant les huit branches d'ogives figure un buste d'évêque bénissant de la main droite et tenant une croix dans la gauche.

Le déambulatoire s'ouvre sur treize chapelles rayonnantes dont la plus profonde dans l'axe est la chapelle de la Mère de Dieu.

Les vitraux. Série remarquable de vitraux des XIIIe , XIVe , XVe et XVIe siècles, avec l'emploi des techniques de la grisaille, du jaune d'argent et des très nombreux montages en chefs-d’œuvre, figurant notamment les donateurs et bienfaiteurs de l'édifice : rois de France, évêques, chanoines ou grands seigneurs locaux.

Les chapelles renferment les vitraux les plus anciens de la cathédrale : des petits panneaux de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècles (nef côté sud et déambulatoire)

La nef possède encore de très beaux vitraux :

5e baie nord : une Vierge à l'Enfant et l'évêque Guillaume Cantiers, qui offrit la verrière pour son avènement en 1400.

6e baie nord : Annonciation (XVe ).

5e baie sud : St Paul et St Vincent. Don de l'évêque Paul Capranica (1420- 1427).

Le chœur est orné de magnifiques vitraux du XIVe siècle, l'une des plus belles séries qui soit en France :

1° baie nord : Verrière des trois Marie, vers 1450.

2° baie nord : Blanche d'Avaugour, Vierge à l'Enfant, Ste Catherine, Guillaume d'Harcourt (avant 1320).

3° baie nord : Vierge à l'Enfant, St Pierre Pape, Pierre de Mortain, St Denis (vers 1390).

4° baie nord : Chanoine Raoul de Ferrières et Vierge à l'Enfant (avant 1330). Verrière célèbre pour sa couleur jaune, le fameux « jaune d'Évreux ».

5° baie nord : St Bernard et St Taurin (1376-1383).

6° baie nord : Bernard Cariti et Vierge à l'Enfant. Cette verrière et la précédente ont été offertes par l'évêque Cariti (1376-1383).

7° baie nord : Annonciation, offerte par l'évêque Geoffroy Faë (1335-1340).

8° baie axiale : Vierge à l'Enfant et St Jean-Baptiste offerte par l'évêque Jean Du Pré (1328-1333).

9° baie sud : Couronnement de la Vierge, offerte par l'évêque Geoffroy Faë (1335-1340).

10° baie sud : St Jean et St Martin (Geoffroy Faë).

11° baie sud : St Michel et St Maur (Geoffroy Faë).

12° baie sud : Assomption et Blanche d’Évreux (fin XIVe ).

13° baie sud : Vierge à l'Enfant, Charles VI et St Denis, offerte par la reine Blanche (fin XIVe ).

14° baie sud : St Aquilin, Vierge à l'Enfant, chanoine R. de Molins, St Taurin (vers 1330).

15° baie sud : Ste Foy, Crucifixion, St Pierre, St Aubin (XVe ).

 

 

Les chapelles rayonnantes

Les chapelles du chœur sont bâties entre 1260 et 1310. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475, et l'ancienne vitrerie a été intégrée au nouveau remplage.

Au nombre de treize, elles sont fermées par des clôtures de bois sculptés du xve au xviie siècle. À l'entrée du bas-côté sud de la nef, se trouve également un calvaire de terre cuite du xviiie siècle.

Chapelles nord (d'ouest en est) :

  • La première chapelle nord contient un retable peint anonyme, du xviie siècle

  • Chapelle des saints évêques d'Évreux : elle possède une clôture de la fin du xve siècle de style gothique flamboyant. Un enfeu, vide aujourd'hui, contenait le gisant en cuivre de Mathieu des Essarts4.

  • Chapelle Saint-Louis et Jeanne-d'Arc

  • Chapelle du Rosaire : clôture flamboyante et renaissante.

Chapelles sud (d'est en ouest) :

  • Chapelle Saint-Joseph: clôture du xvie siècle.

  • Chapelle de l'Immaculée Conception: clôture renaissance, donnée par la famille Les Postel des Minières.

  • Chapelle Sainte-Catherine et Saint-Jean-Baptiste (surnommée au xvie siècle la « chapelle des paresseux »): clôture Renaissance

  • Chapelle Notre-Dame de Liesse : elle contient la clef de voûte de l'ancienne église Notre-Dame de la Ronde.

  • Chapelle du Trésor : elle dispose d'une armoire en chêne qui contenait jusqu'au 12 novembre 1792 le trésor de la cathédrale. Cette armoire, œuvre des huchiers d'Évreux, a été réalisée entre 1464 et 1467.

Nef – côté nord : chapelle Saint-André chapelle Saint-Nicolas chapelle Saint-Sébastien chapelle Notre-Dame du Mont Camel chapelle Saint-Aquilin Chœur – côté nord chapelle Saint-Fiacre chapelle des Saints Évêques d'Évreux chapelle Sainte-Thérèse chapelle Saint-Louis chapelle Saint-François chapelle du Rosaire chapelle du Sacré-cœur Chapelle axiale chapelle de la Mère de Dieu Chœur – côté sud : chapelle Saint-Joseph chapelle de l'immaculée conception chapelle Sainte-Catherine chapelle Notre-Dame de Liesse chapelle du Trésor Nef – côté sud : chapelle de la Bonne-Mort chapelle Sainte-Anne chapelle de l'Annonciation chapelle des Saints-Anges chapelle des Fonts-Baptismaux

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Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07 – Janvier 2016 – Annick GOSSE-KISCHINEWSKI - Virginie HENRY L'histoire de la Cathédrale d’Évreux Évreux, ancienne cité gallo-romaine appelée au IV e siècle Mediolanum Aulercorum, est implantée au fond de la vallée de l'Iton. Reliant Lisieux, Chartres, Rouen et Paris, elle constitue pour les grandes villes de l'époque un point de convergence et un trait d'union. La tradition attribue à saint Taurin, premier évêque d’Évreux, l'évangélisation de la ville. La cathédrale Notre-Dame d’Évreux s'impose de par sa majesté au cœur du centre-ville. L'édifice présente une composition architecturale assez hétéroclite témoignant de son histoire au fil des siècles ; ainsi s'explique le mélange des styles roman, gothique rayonnant et flamboyant, Renaissance. Bien appartenant à l’État, elle est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1862. Probablement élevée à l'emplacement de la basilique païenne, dont aucun vestige ne subsiste, la cathédrale d'Évreux est mentionnée pour la première fois dans la Chronique de Guillaume de Jumièges. En 912, lors de son baptême, Rollon, chef viking et fondateur de la Normandie, fait une donation en faveur de la reconstruction de la cathédrale qu'il avait brûlée. Cette église a sans doute été plusieurs fois restaurée durant les décennies suivantes et un nouvel édifice est entrepris au milieu du XI e siècle. Il est consacré par l'archevêque de Rouen et l'évêque d'Évreux Gilbert en 1076. Incendiée en 1119 par Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre, la cathédrale est reconstruite entre 1125 et 1140 par ce roi, menacé d'excommunication. Les grandes arcades de la nef actuelle et le triforium de la première travée datent de cette époque. En 1194, la cathédrale est de nouveau incendiée par le roi de France Philippe-Auguste alors en lutte avec Richard Cœur de Lion. Toutes les parties hautes de la nef sont alors détruites, seules les 1/7 Pour aller plus loin : Annick Gosse-Kischinewski, Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Évreux, Les Colporteurs, 1997 Corpus Vitrearum, Les vitraux de Haute-Normandie, Monum, éd. Du patrimoine,2001. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le patrimoine en Normandie, éd. Place des Victoires, 2008. grandes arcades subsistent. Les travaux de réfection interviennent tardivement, vers 1230, malgré la demande d'indulgences dès 1202 ; le triforium, les fenêtres hautes et les voûtes sont achevés en 1253. La reconstruction du chœur, dans le style gothique rayonnant, commence vers 1260 et s'achève vers 1310. En 1356, Jean le Bon, assiège la ville et la cathédrale est une nouvelle fois la proie des flammes. Puis, nouvel incendie en 1379 par les troupes du roi Charles V. La première travée du chœur est reprise, puis les travaux de restauration du transept roman sont entrepris sous les règnes de Charles VI (1380-1422) et Charles VII (1422- 1461). Les architectes "rhabillent" l'ancien transept dans le style gothique flamboyant. Puis, dès 1461, les grandes libéralités de Louis XI permettent l'achèvement du transept, avec sa façade sud et l'édification de la tour lanterne avec sa flèche, terminée en 1475. Louis XI fait aussi bâtir la bibliothèque, le "revestiaire" (sacristie), une aile du cloître et la chapelle axiale dédiée à la Mère de Dieu. Toutes les chapelles des bas-côtés de la nef avaient été aménagées au XIVe siècle mais l'ensemble des fenestrages est refait pendant le règne de Louis XI (1461-1483). Le croisillon nord est élevé par l'architecte Jean Cossart (mort avant 1509), dans la grande lignée des grands portails de style gothique flamboyant de la fin du XVe – début XVIe siècle. La cathédrale est de nouveau consacrée en 1548. Entre 1575 et 1591, le portail occidental est agencé entre les deux tours de l'ancienne façade harmonique romane. Dès 1609, la tour nord est construite par l'architecte parisien François Galopin, et sera achevée en 1631 par le couronnement d'un dôme en pierre, appelé « GrosPierre ». Le XVIIIe siècle est consacré à l'aménagement intérieur de la cathédrale : confection des grilles du chœur en 1747, refonte des deux cloches en 1760, installation d'un maître d'autel et d'un autel de la Sainte-Vierge en 1764, divers travaux de dallage de 1782 à 1785 et la restauration de l'orgue (1774-1778) du facteur Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre de Rouen et du menuisier Dubois d’Évreux. Le XIXe siècle est celui des restaurations : réfection des bases de la tour en 1816, reconstruction de la flèche en 1826, réparation des verrières en 1826 et 1838, restauration des parties hautes de la nef de 1874 à 1887 et du chœur en 1896. En 1874, l'architecte Darcy, soutenu par Viollet-le-Duc, se charge de la restauration complète des voûtes et des arcs boutants de la nef, modifiant considérablement l'aspect de l'édifice connu depuis le XIIIe siècle. Au XXe siècle, plusieurs campagnes de restauration interviennent sur la dernière travée de la nef et celle sous les tours, ainsi que sur la flèche, anéanties suite à l'incendie du 11 juin 1940 qui endommagea considérablement Notre-Dame d'Évreux, détruisant le buffet d'orgue du XVIIIe siècle. Depuis les vingt dernières années de notre siècle, d'importants travaux sont entrepris, à l'image des chantiers pour la restauration du transept nord et des pinacles, la mise en sécurité de l'édifice et l'installation d'un orgue contemporain. La composition générale de l'édifice. De plan en croix latine, la Cathédrale Notre-Dame d’Évreux comprend une nef de huit travées, dont la première est enserrée entre les deux tours occidentales, flanquée de bas-côtés s'ouvrant sur dix chapelles latérales. Le chœur de quatre travées présente une largeur légèrement supérieure par rapport à la nef, le déambulatoire est bordé de treize chapelles rayonnantes, dont celle du Trésor (grille de 1470) et la chapelle axiale de « la Mère de Dieu » de plan allongé et pentagonal. 2/7 Le transept peu saillant est surmonté à sa croisée d'une haute tour-lanterne ; il s'ouvre, au sud-ouest, sur la grande sacristie, et au sud-est, sur la petite sacristie. Derrière le mur nord-ouest se trouve une grande salle voûtée servant de réserve au clergé (ancienne bibliothèque). Enfin, le cloître, autrefois à double étage, n'a toujours comporté que deux ailes. Prolongée jusqu'à l'évêché au XIXe

L'architecture extérieure de l'édifice. La façade principale Ouest présente une architecture de style Renaissance et classique avec la référence aux ordres antiques. Elle a été successivement édifiée entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe siècles par différents architectes. Le massif de façade conserve les deux tours de tradition normande. La Tour Sud. Le gros-oeuvre date du XIIe siècle et a été entièrement rhabillé vers 1573 sous l'évêque Gabriel Le Veneur. Elle s'élève sur cinq niveaux, présente une ordonnance variée, dont un entablement classique avec une frise alternant triglyphes et métopes. Avant l'incendie de juin 1940, la tour était coiffée d'un clocher octogonal en charpente bois avec abat-sons et courte flèche. Il ne fut pas rétabli car jugé disgracieux. La tour Nord, commencée en 1609, conduite à partir de 1612 par l'architecte François Galopin, a été achevée vers 1631. L'effet monumental est créé par l'élévation à trois étages, identique à la tour Sud, enrichi d'un beffroi de plan carré légèrement en retrait et abritant les cloches, lui-même surmonté d'un lanternon de forme polygonale en retrait. Les colonnes et pilastres accentuent la verticalité donnée à cette tour. Au sommet, un lanternon porte la croix. Le portail. La porte centrale est resserrée entre les deux tours et s'inscrit dans un cadre plein cintre. Elle a été exécutée sous l'épiscopat de Claude de Saintes (1575- 1591) et restaurée au XIXe siècle. La rosace aux formes arrondies, supportée par une série de colonnades, appartient au style de la Renaissance. Le pignon sommital est percé de deux oculi. De plan octogonal, la structure actuelle de la Tour Lanterne date de sa reconstruction après l'incendie du 11 juin 1940 : une restauration à l'identique sur la base de plans du XIXe siècle et d'anciennes photographies. La tour est flanquée de minces tourelles octogonales. Devant les grandes fenêtres à l'ouest trônent deux statues superposées installées au XIXe siècle : la Vierge à l'enfant et l'évêque saint Taurin. La flèche, formée de grands triangles ajourés sur quatre niveaux est recouverte de plaques de plomb. Depuis 2002, elle est couronnée d'une croix et d'une tige portant un coq. L'ensemble culmine alors à 78,15 mètres du sol. 3/7 DIMENSIONS Longueur totale hors œuvre : 108,87 m Nef : Longueur : 43,47 m Largeur totale : 25,42 m Hauteur sous voûte : 21,75 m Chœur : Longueur : 27,50 m Largeur : 31,60 m Hauteur sous voûte : 24,10 m Transept : Longueur : 31,50 m Largeur : 7,00 m Hauteur sous voûte : 2,21 m Hauteur sous la lanterne : 45,00 m Hauteur de la flèche : 75,00 m Hauteur avec la croix et le coq : 78,15 m L'élévation de la façade nord de la nef est simple et homogène grâce aux fenestrages refaits au XVe siècle. Le premier niveau abrite les chapelles du XIVe siècle, à l'étage les minces arcs-boutants ont été refaits au XIXe siècle, les fenêtres hautes de la nef de style rayonnant ont été restaurées mais sont fidèles au style du XIII e siècle. La couverture et la charpente en béton ont été entièrement reprises suite à l'incendie de juin 1940. Le portail Nord. La façade du bras nord a été élevée vers 1504 par l'architecte Jean Cossart de style gothique flamboyant. Elle fait écho aux édifices de Senlis et Beauvais et compte parmi les beaux exemples de France. La monumentalité de l'architecture flamboyante de ce portail illustre la recherche de la verticalité, la richesse et la profusion du décor sculpté du début du XVI e siècle. Les deux tourelles à six pans abritent les escaliers disposés de chaque côté et sont surmontées d'un lanternon octogonal coiffé d'une pyramide à fleurons. L'effet sculptural donné par les nombreuses niches, consoles, dais et gâbles, révèlent des jeux d'ombre et de lumière (architecture des pleins et des vides) sur la façade. Le grand portail ébrasé est encadré d'archivoltes redentées de petits bouquets de chardons. Le tympan a perdu son décor figuré à la Révolution Française. L'ensemble est surmonté d'un imposant gâble ajouré d'un réseau flamboyant. La porte du XVI e siècle laisse entrevoir la trace de trois personnages, l'iconographie reste toutefois difficile à interpréter. La rosace est un chef d’œuvre de légèreté, inscrite dans une accolade élancée, le jeu de courbes et contre-courbes, les plans décalés attirent le regard vers le haut. La façade Sud de la cathédrale présente une architecture plus sobre, en contraste avec celle du nord. Les fenestrages des chapelles ont été refaits au XVe siècle sur un modèle proche de celui du nord. Néanmoins, l'ornementation est soignée : quelques sculptures figuratives, de la faune, des grotesques et des personnages fantastiques. La balustrade de la nef ne présente pas de gâbles dentelés comme au nord. Quant aux contreforts, un simple décor de pyramidions les habillent sans cacher la rigidité des arcs-boutants du XIXe siècle. La nudité de la façade du croisillon sud, accentuée par la disparition de l'étage du cloître, contraste avec la luxuriance de la façade du portail Nord. La rose qui surplombe le portail sud dite « Rose du Paradis », célèbre pour ses tons doux, représente le Couronnement de la Vierge (XVe siècle). Construit à la fin du XIIIe siècle, le chevet conserve une homogénéité d'ensemble avec un parfait équilibre des différents styles apportés au fil du temps. Il est caractérisé par la verticalité des trois étages (chapelles, triforium, fenêtres hautes), accentuée par les clochetons qui le couronnent sur le pourtour. L'architecture intérieure et la distribution de l'édifice. La nef présente une élévation à trois étages : grandes arcades, triforium, fenêtres hautes. Les premières grandes-arcades en plein cintre de la nef remontent au XII e siècle ; elles reposent toutes sur des piliers cantonnés de neuf colonnettes engagées. L'ornementation des chapiteaux alterne entre des motifs simples géométriques ou de feuillages, et des motifs d'entrelacs et figures grimaçantes. Le triforium aveugle de style gothique rayonnant comprend quatre arcatures trilobées reliées par une balustrade ajourée. Les fenêtres hautes sont divisées en quatre lancettes trilobées et surmontées d'une rose. Les formes arrondies du réseau et du décor témoignent du style gothique rayonnant. Suite à l'incendie de 1194, les étages supérieurs, triforium, fenêtres hautes et voûtes sur croisées d'ogives, sont reconstruits au XIIIe siècle (1240) par Gauthier de Varinfroy, maître d’œuvre de la cathédrale de Meaux.

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SOURCES ET LIENS.

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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item

—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

 

BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

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http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

ENLUMINURES.

Jean Pucelle :

—Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de Navarre (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
30 septembre 2019 1 30 /09 /septembre /2019 14:21

La "Fontaine de vie" de la baie 25 (transept nord, 1er quart XVIe ) de l'église de la Trinité de Vendôme : relevé des inscriptions théologiques. 

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Voir dans ce blog :

 

Et aussi :

 

 

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PRÉSENTATION.

La première abbaye de la Trinité, affiliée à Cluny, fut fondée en 1032 par Geoffroy Martel, comte de Vendôme ; l'église fut consacrée en 1040, puis remaniée un siècle plus tard : parmi ces derniers travaux, il faut rappeler la construction de la chapelle de la Majesté-Notre-Dame, à l'est du croisillon sud du transept pour laquelle un atelier de l'école angevine pourrait avoir exécuté le vitrail du XIIe siècle, dit »de la Vierge de Vendôme ».

À la fin du XIIIe siècle, l'édifice ainsi aménagé ne paraît plus convenir aux moines qui obtiennent les moyens de reconstruire leur église ; les travaux débutent peu après 1280 par l'élévation du chœur et du déambulateur qui se trouvent simultanément pourvus de vitraux par un donateur de l'entourage du roi, peut-être Jeanne de Châtillon. Cette récente datation des vitraux du chœur (Lillich, 1973) fait reculer leur ancienneté d'une quinzaine d'années par rapport aux dates précédemment retenues.

Les travaux de reconstruction de l'édifice se poursuivent vers l'ouest par la surélévation de l'ancien transept puis la construction de la nef en plusieurs campagnes qui s'échelonnent sur les XIVe et XVe siècle , et jusque vers 1507. Le XVIe siècle est représenté dans les vitraux de la Trinité, du fait des travaux menés après 1492 par Louis de Crevant, 32e abbé de La Trinité de 1487 à 1522. Ce dernier porte le titre de cardinal-abbé de la Sainte-Trinité. Son neveu Antoine de Crevant, dernier abbé régulier (élu) avant le régime de la prébende, lui succède de 1522 à 1539. Il embellit l'abbatiale par la clôture de chœur, le monument de la Sainte-Larme, les stalles et le tombeau de Louis de Cravant, réalisé vers 1530.

La baie 25 qui nous intéresse étant située dans le transept, elle peut être datée du premier quart du XVIe siècle.

Certains  vitraux ont été restaurés en 1875 par l'atelier Lorin, d'autres en  1900 par l'atelier Bonnot,  puis en 1920 les baies du haut-chœur sont réorganisées, , avant une restauration générale après la seconde guerre en 1955-1960 par J.J. Gruber.

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LA BAIE 25, ou VERRIÈRE DE LA FONTAINE DE VIE AVEC LES RESSUSCITÉS.

 Elle occupe le mur sud du transept nord.

Ses 3 lancettes trilobées et son tympan forment une baie de 4 m. de haut et 2,10 m de large. Outre le tympan à 3 soufflets et écoinçons comportant un buste du Christ et des anges du XIXe siècle, et un registre inférieur de verres losangés rouges, les 18 panneaux figurés sont consacrés à une Crucifixion centrale dont le sang alimente une vasque placée dans une cuve hexagonale formant bassin. Le sang de la vasque s'écoule dans cette cuve par des déversoirs en tête de lion.

Le long des parois de la cuve, des dignitaires laïcs (à droite) et religieux (à gauche) sont agenouillés en adoration.

Dans la vasque sont figurés les quatre évangélistes, assis. 

De chaque  coté de la cuve, debout  sur une pelouse, saint Pierre et saint Paul énoncent dans des phylactères les versets de leur épître soulignant que c'est par son sang versé que le Christ a lavé l'humanité de ses fautes.

Enfin, dans l'axe inférieur de l'écoulement du sang, un panneau de grisaille (l'une des faces de la cuve) porte un pavé de citations développant l'argumentation théologique.  

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Les intérêts de cette verrière sont multiples. Pour moi, qui vient de décrire le "Puits de Moïse" de la Chartreuse de Champmol et d''y avoir déceler une Fontaine de vie à la croix surplombant une pile hexagonale, il me plait de développer les comparaisons entre les deux réalisations, à plus d'un siècle d'intervalle (le Puits de Moïse date de 1402 environ). Le point commun, c'est cette théologie mystique qui place au centre de sa  pratique la contemplation du sang du Christ s'écoulant du Crucifix.

L'intérêt vient aussi de la période de datation, correspondant à un renouveau des représentations des Miracles eucharistiques, du culte du Saint-Sacrement, et du débat initié par les théologiens protestants sur la communion sous les deux espèces et sur la présence réelle.

Mais l'un des apports de cet article va être de décrypter le corpus des inscriptions (je n'ai pas trouvé d'auteurs qui se soit livré à cet exercice), et de dévoiler ainsi les références faites aux épîtres de Pierre et de Paul, qui sont placés ici en puissance tutélaire.

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L'iconographie des Fontaines de vie.

On peut, comme  Émile Mâle a commencé à le faire, suivre ce thème iconographique de la Fontaine de vie, et l'associer à celui du Pressoir Mystique. 

Le thème de la Fontaine de vie  a été étudié par Émile Mâle en 1908, et il en donne, outre le vitrail de Vendôme,  les exemples suivants :

 

  • Avignon, tableau du Musée

  • Boumois près de Saumur,, château, vitrail (perdu)

https://archive.org/details/lartreligieuxde00ml/page/114

  • Chinon, fresque de l'église Saint-Mexme (présence de Marie-Madeleine)

https://archive.org/details/lartreligieuxde00ml/page/114

  • Reims, église Saint-Jacques, vitrail (présence de Marie-Madeleine)

  • Saint-Antoine-du-Rocher (Indre-et-Loire), vitrail du XVIe (présence de Marie-Madeleine)

  • Dissais (Vienne), fresque du château (présence de Marie-Madeleine)

  • Jean Bellegambe, Le bain mystique, vers 1525, pour l'abbaye d'Anchin, MBA Lille.

https://www.flickr.com/photos/magika2000/10056052065/

 

 

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Le culte du sang du Christ inclut aussi celui des Cinq Plaies, de  Saint Longin et de la Sainte Lance, du Pressoir mystique,  et la représentation des anges hématophores autour des crucifix (depuis Cimabue et Giotto, et en 1400 à Bruges), mais aussi la légende du Précieux Sang et celle du Graal.  Il aurait été interdit par le pape Pie II en 1464. En 1960, le pape Jean XXIII fit du mois de Juillet celui du Très Précieux Sang. Je trouve en ligne ce texte sur un site catholique:

 

"L’amour et la dévotion au Précieux Sang de Notre Seigneur est présent dès les Epîtres de saint Paul et dans les écrits des Pères de l’Eglise. Ils constituent une méditation sur le sacrifice parfait du Fils de Dieu, qui éteint les vains sacrifices qui, depuis celui d’Abel le Juste, étaient incapables de restaurer pour nous la pleine communion avec le Père Eternel, communion rompue depuis le péché originel. En Occident, la dévotion envers le Très-Précieux Sang s’est développée tant sous l’impulsion de plusieurs mystiques (sainte Catherine de Sienne ou sainte Marie-Madeleine de Pazzi par exemple) que sous celle de nombreux miracles eucharistiques. L’institution en 1849 de la fête du Précieux Sang, qui est comme un complément liturgique de la Fête-Dieu (elle-même complément du Jeudi Saint) revient au Bienheureux Pie IX, lorsque le Pape, chassé de Rome par les révolutionnaires de 1848, revint de son exil de Gaète".

 

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Il faut l'associer aussi  au  thème de l'Agneau mystique, qui réunit la figure christique de l'agneau égorgé de l'Apocalypse (Ap 5,6.8.12.13 ; 6,1.16 ) et la référence à saint Jean-Baptiste (Jn 1:29 ) présentant Jésus en disant "Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde". En Israël,  le mouton constituait le sacrifice le plus fréquent, et lors de la très ancienne fête de Pâque, c’est un agneau que la famille immolait puis mangeait ensemble (cf. Ex 12 ; 34,18 ; Lv 25,5-8 ; Nb 28,16-25; Dt 16,1-8). C'est ce que les frères Van Eyck ont représenté sur le Polyptyque de Gand en 1420-1432.

Il inclut aussi le culte des Stigmates reçues par saint François au XIIIe siècle, ou plus généralement de toutes les blessures sacrées,comme celles infligées à saint Sébastien.

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Le culte du Sang du Christ : l'aspersion des fidèles et l'épître de Pierre.

Mais en réalité, il faut peut-être en trouver l'origine dans le début  de la première épître de l'apôtre Pierre : 1Pierre 1:1-2 : "Pierre, apôtre de Jésus Christ, à ceux qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l'Asie et la Bithynie, et qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l'Esprit, afin qu'ils deviennent obéissants, et qu'ils participent à l'aspersion du sang de Jésus Christ: que la grâce et la paix vous soient multipliées!"

 

Dans une tournure encore plus frappante, Jean-Paul II concluait ainsi son audience aux pèlerins de Sanguis Christi : "dans l'amour de Celui qui nous a "aspergés de son sang" (cf. 1 P 1, 2), je vous bénis tous de grand coeur.".

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Une pratique dévotionnelle monastique : la contemplation de l'aspersion par le Crucifié.

De nombreux documents iconographiques montrent un moine (notamment saint Dominique) contemplant un crucifix sur lequel le Christ est ensanglanté de manière accentuée : non seulement les plaies des mains s'écoulent sur le sol, les plaies des pieds coulent le long de la croix et forment un ruisseau qui descend les pentes d'un Golgotha plus ou moins esquissé, mais surtout un jet puissant jaillit du flanc droit et dessine un arc en direction du moine, l'aspergeant sans néanmoins l'atteindre.

Cette pratique de dévotion participative (dont le but était de ressentir physiquement les douleurs et émotions du Christ lors de la Passion) est donc centrée sur l'écoulement du sang. Elle est illustrée dès le XIIIe siècle (1260- 1280) dans le De modo orandi.

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Un thème associé :  Marie-Madeleine au pied de la Croix où  ruisselle le sang du Christ.

La figure de Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix, les mains tendues vers le Christ, ou les bras étreignant la Croix (le sang passant alors dans l'arche de ses bras) est devenue un modèle pour les moines, d'autant qu'à l'écoulement du sang se mêlait celui des larmes : aspersion du sang et "baptême des larmes".

L'importance accordée à l'écoulement des larmes des fidèles comme participation à la Passion, écoulement de repentir et de compassion dont Marie-Madeleine est l'exemple, est d'autant plus présent à Vendôme où se vénérait la Sainte Larme, une relique des larmes versées par Jésus lors de la mort de Lazare. La relique recueillie par un ange aurait été confiée ensuite à Marie-Madeleine, puis serait arrivée de Constantinople à Vendôme dès le XIe siècle, et attirant ensuite les foules en pèlerinage. En 1528, un monument Renaissance décoré de larmes sculptées fut édifié autour de l'armoire à relique.  

On n'oubliera pas également qu'en 1474, le comte de Vendôme y avait décidé la construction de l'église Sainte Marie-Madeleine avec le soutien des habitants, et des confréries de vigneron.

Certes, l'artiste n'a pas représenté la sainte sur ce vitrail, mais une chapelle lui est dédiée dans l'abbaye, avec un vitrail la montrant aux pieds du Christ lors du repas chez Simon. D'autre part, et surtout, la baie 25 de la Fontaine de vie était accompagnée, au transept nord, par un vitrail de Madeleine pénitente en baie 23, aujourd'hui perdu.  Enfin, un bénédictionnaire la représente au pied de la Croix, la paume de la main placée sur le ruisseau de sang.

 

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Bénédictionnaire à l'usage de l'abbaye de Vendôme, 1522-1539, BM Vendôme ms 00015 f. 30v

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Ce n'est pas tout, puisque l'une des deux jouées des stalles (datant de cette période 1522-1539, postérieure à notre vitrail, où Antoine de Crevant était abbé) représente Marie-Madeleine au pied de la Croix. Le panneau inférieur est sculpté de deux grosses larmes.

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Joue sud-est des stalles de l'église de Vendôme. Photographie lavieb-aile.

 

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DESCRIPTION DU VITRAIL.

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Baie 25,la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25,la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le circuit du Sang.

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Le sang s'écoule en flots continus des mains, du flanc et des pieds du Christ sous la forme de cinq épais rubans rouges. Ces cinq rubans convergent en un seul qui coule le long de la croix.

Il remplit alors une vasque, sur les bords de laquelle sont assis les quatre évangélistes (saint Jean est le 3ème à partir de la gauche).

 

La vasque se vide par des déversoirs en tête de lion dans une cuve hexagonale où Adam et Ève vénèrent la Croix, les mains jointes. .

Le long des parois de la cuve, des dignitaires laïcs (à droite) et religieux (à gauche) sont agenouillés en adoration.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le Christ en croix.

Le pan gauche  du pagne est flottant, comme sur les gravures allemandes et rhénanes du temps.

La chevelure est peinte à la sanguine.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Saint Pierre tenant sa clef, et un évangéliste (Matthieu ?) écrivant son Livre, au dessus d'Adam.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Saint Pierre et son phylactère.

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Le texte :

Benedictus Deus et Pater Domini nostri Jesu Christi, qui secundum misericordiam suam magnam regeneravit nos in spem vivam, per resurrectionem Jesu Christi ex mortuis.

Première épître de Pierre 1:3 "Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts,"

https://www.biblegateway.com/passage/?search=I+Petri+1%3A3&version=VULGATE

Le commanditaire n'a pas retenu le verset  2, aspersionem Jesu Christi, pourtant plus spectaculaire et plus adapté à l'image, et  il faut donc replacer le verset 3 de la première épître de Pierre dans son contexte initial. Il faut aussi lire les versets explicites 18 à 23 :

"sachant que ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous avez héritée de vos pères,   mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde, et manifesté à la fin des temps, à cause de vous, qui par lui croyez en Dieu, lequel l'a ressuscité des morts et lui a donné la gloire, en sorte que votre foi et votre espérance reposent sur Dieu. [...] Car Toute chair est comme l'herbe, Et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe. L'herbe sèche, et la fleur tombe;  Mais la parole du Seigneur demeure éternellement."

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Adam dans la cuve et son phylactère-bulle.

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Le texte :

 

Sed in misericordiam suam, Salvos, nos fecit per lavacrum regenerationis et renonationis

 Il s'agit de l'épître à Tite, 3:4  "[il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous faisions,] mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et en nous renouvelant par le Saint-Esprit". (trad. Crampon)

La référence au sang n'apparaît pas, mais le mot adapté à la scène est celui de Lavacrum "bain, purification"  . Le sang du Christ lave l'humanité (figurée par Adam et Ève) de ses péchés.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Saint Paul et son phylactère-bulle.

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Texte : 

 

blasphemus fui, et persecutor, sed misericordiam consecutus sum, quia ignorans feci in incredulitate.

Paul épître à Timothée 1:13   "Je rends grâces à celui qui m'a fortifié, à Jésus Christ notre Seigneur, de ce qu'il m'a jugé fidèle, en m'établissant dans le ministère, moi qui étais auparavant un blasphémateur, un persécuteur, un homme violent. Mais j'ai obtenu miséricorde, parce que j'agissais par ignorance, dans l'incrédulité;"

https://www.biblegateway.com/passage/?search=1+Timoth%C3%A9e+1&version=SG21

Paul expose la grâce ou miséricorde dont il a bénéficié malgré ses torts envers le Christ et les chrétiens. Dans le contexte de la citation d'Adam, il a été lavé de ses péchés. Une citation plus importante d'une épître de Paul, celle aux Hébreux, sera donné dans le registre inférieur.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Ève dans la cuve et son phylactère.

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sanguis Ihesu emundat nos ab omni peccato.

"le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché."

 Il s'agit du verset Jean 1:4, et donc du tout début de l'évangile de Jean. Le verbe emundo "nettoyer, purifier" a donner en français "émonder".

C'est le verset clef, énonçant clairement que le sang s'écoulant du Christ crucifié lave et purifie de tout péché : la Fontaine de sang est une figuration du Salut ou Rédemption.

Je rappelle que Jean est représenté, comme Pierre et Paul les deux autres auteurs, au bord de la Fontaine.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES RESSUSCITÉS, ET L'ARGUMENT THEOLOGIQUE.

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Le clergé à gauche.

Un pape est suivi par deux cardinaux et deux évêques, puis des hommes barbus (des laïcs) vêtus de capes .

Les papes entre 1503 et 1521 sont Jules II puis Léon X. 

Cette assemblée rappelle si bien celle de l'Adoration de l'Agneau mystique de Gand que nous pouvons la considérer comme une citation.

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Les laïcs à droite.

Un empereur, un roi et une reine, d'autres personnages. Même emprunt à l'Agneau mystique

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L'inscription inférieure est difficile à déchiffrer hormis --- filii nostri.

 

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Les inscriptions centrales.

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1°) En haut.

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Si enim sanguis hircorum et taurorum, et cinis vitulae aspersus inquinatos sanctificat ad emundationem carnis: quanto magis sanguis Christi, qui per Spiritum Sanctum semetipsum obtulit immaculatum Deo, emundabit conscientiam nostram ab operibus mortuis, ad serviendum Deo viventi. épître aux Hébreux 9:13-14

 

"Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d'une vache, répandue sur ceux qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s'est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des oeuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant!"

https://www.biblegateway.com/passage/?search=Hebraeos+9%3A13&version=VULGATE

Nous retrouvons le mot emundat, traduit ici par "purification". Saint Paul oppose les sacrifices animaux des Juifs, à but expiatoire (ou propiatoire), et le sacrifice du Christ lors de sa Passion qui a valeur de "rachat". Le texte, fondamental, est lu lors de l'office Pretiosissimi sanguinis

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2°) En bas à gauche.

 

qui dilexit nos, et lavit nos a peccatis nostris in sanguine suo,et fecit nos regnum, et sacerdotes Deo et Patri suo. Jean, Apocalypse 1:5-6

"A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang,  et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père."

https://www.biblegateway.com/passage/?search=Apocalypse%201&version=LSG;VULGATE

 

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3°) En bas à droite.

 Christus dedit semetipsum pro nobis , ut nos redimeret ab omni iniquitate. Épître à Tite, 2: 14

"Jésus-Christ, qui s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité

[et de se faire, en nous purifiant, un peuple qui lui appartienne, et qui soit zélé pour les bonnes oeuvres.]"

Voir aussi Galates 1:4

https://www.biblegateway.com/passage/?search=Galates%201&version=LSG;VULGATE

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Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 25, la Fontaine de vie, XVIe s. transept nord de l'église de la Trinité à Vendôme. Photographie lavieb-aile août 2019.

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SOURCES ET LIENS.

— GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise) FINANCE (Laurence de) et al. 1981, Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, Corpus vitrearum vol. II, ed. du CNRS

 

MÂLE (Emile), 1908, L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France, Pari, page 103 et suiv.

https://archive.org/details/lartreligieuxde00ml/page/110 s

 

— PLAT (Gabriel),1934, l'église de la Trinité de Vendôme, 

http://www.vendomois.fr/societeArcheologique/ressources/livres/triniteVendome.pdf

 

"Le grand vitrail de la " Fontaine de Vie », qui garnit une fenêtre du croisillon nord est d' un médiocre intérêt artistique, mais sa valeur théologique et son intérêt iconographique l ' ont rendu célèbre. Dans le même croisillon, un pittoresque panneau représente la Madeleine à la Sainte-Baume."

—VENARD  Marc Venard, « Le Sang du Christ : sang eucharistique ou sang relique ? », Tabularia [En ligne], Les « Précieux Sangs » : reliques et dévotions, mis en ligne le 26 juin 2009, consulté le 28 septembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/tabularia/1128 ; DOI : 10.4000/tabularia.1128

https://journals.openedition.org/tabularia/1128#ftn16

— Fête du Précieux Sang

https://www.introibo.fr/Le-Precieux-Sang-1er-juillet

http://www2.culture.gouv.fr/documentation/enlumine/fr/BM/vendome_016-01.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
11 septembre 2019 3 11 /09 /septembre /2019 20:28

 

Iconographie des saints Côme et Damien : la baie 133 (XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre.

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Voir les articles précédents sur l'iconographie des saints Côme et Damien :

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Saint Côme, baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Saint Côme, baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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PRÉSENTATION.

Dès la fin du  IIIe siècle, saint Pèlerin a suscité à Auxerre l'implantation d' une basilique ; puis vers 400 saint Amatre a fait bâtir sa cathédrale sur l'emplacement actuel, et le sanctuaire fut embelli et agrandi jusqu'à sa destruction par un incendie vers 900. Il est reconstruit par Erifrid puis perdu en 950 dans un nouvel incendie, à nouveau reconstruit et à nouveau victime d'un incendie en 1023. Hugues de Chalons fait alors construire de 1023 à 1059 une cathédrale romane, dont ne subsiste aujourd'hui que la crypte.  Le choeur roman est rasé et remplacé par un chœur gothique, achevé en 1234.

Au début du XIVe, la nef romane est à son tour rasée et remplacée par une nef gothique.

C'est en 1525 qu'est construite la tour nord.

Verrières.

Si les verrières du chœur datent du XIIIe siècle (baies 1 à 26 du déambulatoire  et baies hautes 100 à 114) et du XVIe siècle (baies 14, 117), si les roses des transepts et de l'ouest sont du XVIe siècle (baies 119, 120 et 135), les baies hautes de la nef conservent au sud des verrières du XIVe et XVe restaurées au XXe siècle ( baies paires 126 à 130), et au nord les fragments de verrières plus tardives  du XVe et XVIe siècles (baies impaires 125 à 133).

La baie 133 qui fait l'objet de cet article est la première baie haute du nord de la nef en partant du fond de la cathédrale, c'est à dire de l'ouest, juste après la tour nord achevée en 1525. Elle n'est pas datée de façon documentée, mais la baie 131 qui la suit, représentant saint Louis,  Madeleine et saint Germain, a été commandée  en 1524 à Germain Michel, Tassin Grassot et Thomas Duesme, peintres d'Auxerre. Germain Michel est aussi l'auteur, en 1528, des lancettes de la rose nord du transept.

Elle comporte deux registres horizontaux, mais le registre inférieur a perdu la majeure partie de ses verres d'origine.

Le registre supérieur voit se succéder de gauche à droite, dans 4 niches en plein cintre où des tentures sont suspendues, saint Côme, sainte Syre, sous une première arcade, et saint Pierre et saint Damien sous l'arcade suivante.

Le tympan regroupe trois roses, celles du haut montrant trois scènes du Jugement dernier (sept humains se redressant de leur tombe) sous une inscription (OSSA VIVENTE).

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Les deux saints médecins et frères (voire jumeaux) sont donc séparés ici, même si la disposition actuelle a pu être modifiée, comme le suggère l'étude des niveaux des tentures et des cintres, ou l'aspect des sols carrelés.

Leur présence sur les verrières d'une cathédrale est rare : on la note à Chartres dès 1230 environ, à Saint-Lô à la fin du XVe , à Quimper. Mais la datation vers 1525 de la baie 133 crée un rapprochement avec la baie 1 datant de 1515 de Saint-Côme-et-Saint-Damien,  à VÉZELISE,, église consacrée par Jean de Lorraine en 1520 . On y voit 3 panneaux,  Saint Côme et saint Damien, Saint Côme et saint Damien conduits au ciel par la Vierge et saint Luc et  Saint Côme et saint Damien, anargyres.

À la même époque, vers 1530, un vitrail les représentant est réalisé à l' église Saint-Paxent de Massey (Cher).

La justification de la présence des deux médecins est évidente : leur culte aurait été introduit en France par saint Germain, patron de la cathédrale d'Auxerre, et qui a fondé en cette ville vers 429 le monastère Saint-Côme et Saint Damien sur la rive droite de l'Yonne. Mamert devient le deuxième abbé de ce monastère, succédant à saint Aleu. Puis le monastère  prend une centaine d'années plus tard  le nom de monastère Saint-Marien, avant d'être détruit par les Normands, puis reconstruit. Cette abbaye était la première des quatre "filles" de la cathédrale, suivie de Saint-Eusèbe, Saint-Père et Saint-Amâtre.

Auxerre est le lieu de culte le plus ancien de Côme et Damien.

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Rappel par copié-collé ; voire mon article initial sur l'iconographie.

Saint Côme (ou à l'ancienne Cosme) et son frère saint Damien, patron des chirurgiens, nés en Cilicie ou en Arabie, pratiquaient la médecine à Aigéai en Cilicie. Ils souffrirent ensemble le martyre sous Dioclétien, en 303 ou 310. On les appelle « anargyres » parce qu'ils soignaient  gratuitement (sans accepter d'argent) . On les fête le 26 septembre en Occident.

 

Ils  pratiquèrent la médecine dans le port maritime d'Égée (aujourd'hui Ayash) dans le golfe d'Alexandrette, puis dans la province romaine de Syrie. 

Pendant les persécutions de Dioclétien, Côme et Damien furent arrêtés sur l'ordre du préfet de Cilicie, Lysias . Il leur ordonna d'abjurer sous la torture. Selon la légende ils restèrent fidèles à leur foi en dépit de toute une série de tortures affreuses auxquelles ils restèrent insensibles ; finalement ils furent décapités. Leurs frères cadets (et confrères)  Antime, Léonce et Euprepius, qui les suivaient partout, partagèrent leur martyre.

 Côme et Damien ont été fréquemment représentés depuis l’Antiquité. L’iconographie des saints a retenu l’attention des historiens parce qu’on les a représentés comme des médecins de la fin du Moyen Age ou de l’époque baroque. Ils portent habituellement les vêtements amples et le haut chapeau que les médecins portaient pour affirmer leur dignité. Leurs attributs sont : la trousse, la lancette pour les saignées, la pince, la spatule, le mortier et son pilon, le pot d’onguent, l’urinal, et tant pour s’instruire que pour rédiger l’ordonnance, plume et encre, rouleau et livre.

Malgré des variantes (souvent tardives), Côme tient le flacon d'urine symbolisant la fonction diagnostique, et Damien l'un des instruments ou le pot d'onguent, témoignant de la fonction thérapeutique de l'art médical. 

Mais le saint patron des médecins est saint Luc (qui veille aussi sur les peintres).

http://www.shp-asso.org/come/

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Vitraux de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Les deux lancettes de gauche. Saint Côme et sainte Syre.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Saint Côme examinant la matula (urinal).

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Tenture de fond verte à damas. Robe rouge, manches bleues, bonnet pourpre

Le saint est vêtu de la robe rouge doublée de fourrure des chirurgiens et coiffé du bonnet propre à ce titre.

Il lève vers la lumière la matula ou urinal, flacon dans lequel il mire les urines de son patient pour en examiner les sédiments afin d'en déduire, selon la théorie des humeurs et la "science" dite uroscopie, des données diagnostiques ou pronostiques. Dans la main droite il tient un rouleau de parchemin témoignant de sa science .

Depuis la création de la Confrérie saint Côme et saint Damien par Jean Pitard sous saint Louis, sa robe longue le distingue des chirurgiens-barbiers, "de robe courte". 

Son nom est inscrit en belles lettres perlées avec l'orthographe S. COVSME. Cette graphie est rare, et donc intéressante, je la retrouve dans les statuts des barbiers et chirurgiens de la ville de Toulouse ("saint Cousme et saint Damian")

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Le Livre des compaignons de l'office de cirurgie et barberie de Tholoze mss latin et français IM 74712 1517-1712, Bibliothèque de la Faculté de  Toulouse, contenant les statuts de 1517, offre en première page une gravure (de 1506 ?) montrant à gauche sous les initiales SC saint Côme tenant l'urinal, index gauche dressé vers le ciel, et sous les initiales SD, Damien tenant la lancette ou la spatule au dessus d'une boite à compartiments. https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?cote=111502x1929x72&p=538&do=page

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Sainte Sire ou Syre, pèlerine et thaumaturge.

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Sainte Syre de Toyes ou de Rilly (Aube) est  représentée avec trois de ces quatre attributs qui la détermine comme pèlerine : le bourdon, la besace ou panière à houppes, et le livre. Il manque le chapeau à larges bords, remplacé ci par un voile couvrant les épaules. 

Elle attirait à Rilly (où, après un pèlerinage sur la tombe de saint Savinien,   elle recouvra miraculeusement la vue) les foules en pèlerinage par sa vertu de guérir la gravelle (lithiase urinaire), et Gaspard de Coligny lui exprima sa reconnaissance en 1539

"Elle est honorée dans le diocèse de Troyes où sa fête s'est fixée le 8 juin (fête patronale locale). Elle se rattache au culte de saint Savinien (ou Sabinien), le martyr légendaire de Rilly qui y aurait été décapité en l'an 275 sur l'ordre de l'empereur Aurélien. Au IVe ou au Ve siècle, Syre, aveugle depuis quarante ans, aurait été avertie par une révélation céleste de se rendre sur la tombe du martyr alors oubliée ; sa guérison miraculeuse la révéla et la rendit aussitôt célèbre. Syre en reconnaissance y fit élever une église." (Wikipédia)

Liens utiles :

https://patrimoine-vanne.info/saintesyre/saintesyre.html

Saint Côme et sainte Syre sont deux thaumaturges, invoqués par les malades.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Les deux lancettes de droite : saint Pierre et saint Damien.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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La lancette C  : saint Pierre.

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Peu de commentaires. Il est identifié par sa clef et par sa calvitie. La difficulté est de comprendre ce qui motive sa présence parmi les trois saints thaumaturges. Ne s'agit-il pas d'un déplacement depuis une autre baie pour combler un manque et compléter ce registre ?

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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La lancette D : saint Damien.

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C'est pour moi la figure la plus intéressante, car, au lieu du pot d'onguent habituel, le saint tient une cuillère ou spatule et une boite à six compartiments.

Cette représentation n'est pas exceptionnelle pour autant, et on en trouve un exemple — plus tardif, et sous le nom de S. Cosmas — sur les peintures à l'huile octogonales de Pont-à-Mousson conservées à Nancy ; et les compartiments contiennent des petits flacons et fioles :

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L'inscription indique, dans les mêmes lettres perlées que pour saint côme,  S. DAMIEN.

La tenture bleu-violet est damassée. L'habit du saint est la même que celle de son frère, aux couleurs près.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le registre inférieur : fragments.

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Lancettes A et B : deux saints martyrs.

On identifie leur qualité par la palme de martyr qu'ils tiennent ; et je me plais à imaginer ici un saint Savinien, un saint Pèlerin, premier évêque d'Auxerre, ou quelqu'un des siens.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancette A : 

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancette B.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancettes C et D.

L'inscription résiste à mes efforts de transcription.

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Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

Baie 133 (début XVIe siècle) de la cathédrale d'Auxerre. Photographie lavieb-aile août 2019.

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SOURCES ET LIENS.

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http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_g/cathedrale-haut-nord_auxerre.htm

http://www.professeurs-medecine-nancy.fr/AAMFMN_tableaux_octogonaux/Come_Damien.htm

HÉROLD (Michel),  1981, Les vitraux anciens de l'église Saint-Côme-et-Saint-Damien à V ézelise par Michel Hérold , Le Pays lorrain : revue régionale bi-mensuelle illustrée / dir. Charles Sadoul Société d'archéologie p. 177-193

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9600049h/f45.image.r=

illustrations des vitraux de Mésélise

http://patrimoine-de-lorraine.blogspot.com/2012/01/vezelise-54-leglise-saint-come-et-saint_28.html

 

M.L. DAVID-DANEL. — Iconographie des saints médecins Côme et Damien. — Lille, 1958, p

 

Congrès archéologique de France 1958 vol. 116 à 117 page 71

"En 1524, en effet, Germain Michel, Tassin Grassot et Thomas Duesme, peintres d'Auxerre, reçurent commande d'une verrière représentant saint Louis, la madeleine et saint Germain . Dans l'avant derniere baie du coté nord nous trouvons donc le saint patron d'Auxerre qui présente une donatrice et ses filles; saint Louis avec le donateur et ses fils, Il représente saint Pierre, avec sa clef et un  livre, sainte Sijre (la jeune pèlerine qu'on rencontre si souvent dans les vitraux de Troyes), saint Côme et saint Damien"

et

https://books.google.fr/books?id=MJs1AQAAMAAJ&pg=PA477&lpg=PA477&dq=Thomas+Duesme+auxerre&source=bl&ots=TBtKj70TGC&sig=ACfU3U12eudrlNHm1b9DOUGjb-wi3dJBzw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiivOish8fkAhUOCxoKHfSzBxwQ6AEwAnoECAgQAQ#v=onepage&q=Thomas%20Duesme%20auxerre&f=false

— LASTEYRIE (de), 1841, Description des verrières peintes de la cathédrale d'Auxerre,

https://books.google.fr/books?id=h2oZAAAAYAAJ&pg=RA1-PA38&dq=%22sainte+Sire%22++auxerre&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwio0rSrgcnkAhXLAGMBHVr8Dc8Q6AEIKTAA#v=onepage&q=%22sainte%20Sire%22%20%20auxerre&f=false

— Notice Palissy

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM89002340

https://monumentum.fr/ancienne-cathedrale-saint-etienne-pa00113586.html

— Nancy pont-a-mousson

http://www.professeurs-medecine-nancy.fr/AAMFMN_tableaux_octogonaux/Come_Damien.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 21:26

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Béhuard (49). Révision de la datation par l'héraldique ?

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Voir :

 

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L'église Notre-Dame de Béhuard ("Île Marie" en 1040 lorsqu'elle fut offerte au chevalier breton  Buhuardus qui légua l'île et sa chapelle en 1060 à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers), d'abord évangélisée au Ve siècle par l'évêque d'Angers saint Maurille,  est un lieu de pèlerinage très ancien fréquenté par les bateliers de la Loire, érigée sur le sommet d'un rocher, puis agrandie et enrichie des dons de Louis XI entre 1469 et 1482 à la suite d'un vœu prononcé en 1453. Elle fut rattachée à la paroisse de Denée.

Elle a un plan particulier avec deux vaisseaux disposés en équerre, à cause de cet emplacement sur le roc, et on y accède par l'un des deux escaliers dallés de schistes.

Monseigneur Freppel évêque d'Angers  a remis à l'honneur le pèlerinage en 1870, et  trois verrières datent de la fin du XIXe siècle dont la baie 4 dédiée à la Vierge, par l'atelier Meignen, Clamens et Bordereau en 1888, et la baie 6  aux quatre bustes des évangélistes, accompagnés du pélican attribué à Thierry père.

Rappel : Charles Thierry"père" créa un atelier de vitrail en 1836 à Saint-Georges-sur-Loire, puis son fils Charles Thierry ouvrit son atelier en 1846 à Angers (20 rue d'Orléans) avec Louis Truffier, verrier parisien. A sa succession, l'atelier accueille Meignen, Jean Clamens, Charles Bordereau. En 1880, Truffier s'installe Place au Pélican.

https://barthe-bordereau.com/atelier/histoire/

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Mais je décrirai ici les vitraux du XVe siècle, en partant de la description des auteurs du volume II du Corpus Vitrearum Les Vitraux du Centre et  des Pays de la Loire, (1981), pages 302-303, en l'étoffant de mes petits commentaires, et en la complétant de mon analyse des armoiries.

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La baie 0.

Cette baie à 3 lancettes trilobées au décor organisé en 3 registres date du dernier tiers du XVe siècle (et donc de la construction  de la chapelle en 1469 par vœu de Louis XI) mais a été restaurée au XIXe siècle avec remplacement du registre inférieur et du panneau central du registre intermédiaire).

Elle mesure 3,40 m de haut et 1,70 m de large.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Registre supérieur (XVIe siècle).

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a) lancette gauche : écu armorié des La Haye-Jouslain. L'écu porte des armes de gueules à la croix tréflée d'hermines.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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b) lancette centrale : Trinité souffrante ou Trône de Grâces.

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À l'intérieur d'une riche architecture gothique à gables fleuronnés, pinacles, remparts crénelés et murailles à fenêtres grillagées, une tenture verte damassée de rinceaux sert de fond à Dieu le père, au visage de Christ à nimbe crucifère comme c'est alors l'usage; tenant entre ses bras la croix où son Fils est crucifié . La colombe sort de sa bouche et dirige son bec vers la tête couronnée d'épines. Cette colombe rappelle celle de l'enluminure de l'épistolier de Cambrai (1226), des peintures murales de la chapelle de Jean Chiffrevast à Coutances, datée de 1384, ou celles de l'enfeu de Gervais de Larchamp à Bayeux ( 1447). Voir ma synthèse iconographique, et le renvoi vers la publication de Boespflug et Zaluska ici :

http://www.lavieb-aile.com/2018/10/les-peintures-murales-fin-xive-de-la-chapelle-de-jean-chiffrevast-de-la-cathedrale-de-coutances.html

On peut souligner que ce panneau trouve ses références au XIIIe, XIVe et milieu du XVe, plutôt qu'à la fin du XVe.

Le manteau rouge formant mandorle et la robe bleue relèvent des restaurations du XIXe.

Le jaune d'argent est utilisé pour la croix, la circonférence des nimbes, les barbes et chevelures.

 

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancette droite : écu armorié mi-parti.

L'écu de la lancette gauche ( de gueules à la croix tréflée d'hermines) est ici en alliance avec un autre de gueules au lion d'azur couronné d'or  le lion  portant entre ses pattes antérieures une fleur de lys d'or et entre les pattes postérieures un meuble de sable (couronne  ou artefact).

Je propose d'y voir les armes de Jeanne de Vendôme, épouse d'Hardouin III de la Haye-Jouslain (cf. infra), en supposant que les armes des comtes de Vendôme aient été mal comprises par les restaurateurs. Jeanne de Vendôme était la fille de Jean VI de Vendôme , ou plutôt de l'oncle de ce dernier, Jean de Vendôme.

Notez que les premiers comte de Vendôme étaient la famille Bouchard, seigneurs de l'Isle-Bouchard.

http://www.francebalade.com/vendome/ctvendome.htm#comtevendome

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Armoiries des comtes de Vendôme, travail personnel de Jimmy44 sur Wikipédia

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le registre intermédiaire. Donateur et donatrice (XVe ) autour de l'écu royal (XIXe).

https://monumentum.fr/eglise-pa00108973.html

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a) Lancette gauche. Le donateur Briant de la Haye-Jouslain présenté par saint Jean-Baptiste.

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Sur fond d'une tenture verte à larges feuillages à digitations, Jean-Baptiste, largement restauré, se reconnaît à son manteau de poils de chameau et à l'agneau pascal tenant l'étendard de la Résurrection.

Il présente un donateur en armure recouverte d'un tabard à ses armes, et au visage marqué par une barbe bifide. Une courte fraise entoure son cou. Les solerets en pièces articulées n'ont pas d'éperon, ou ont un éperon sans molette, mais l'ignorance que nous avons des initiatives des restaurateurs incite à ne pas en tirer de conclusion. Néanmoins, il faudra comparer ce portrait avec celui de Louis XI et Charles VIII en donateurs sur la baie 2.

Il joint les mains, mais le prie-dieu n'est pas (ou n'est plus) visible. 

Le plus intéressant est la lecture des armoiries du tabard. Ce sont celles de l'écu de gueules à la croix tréflée d'hermines du registre supérieur.

 

Bien que les différents auteurs n'identifient pas le donateur, les armoiries correspondent à celles de la famille La Haye-Jouslain (La Haye-Iolain, La Haye-Jolain, La Haye-Joslain, La Haye-Jousselin), que je peux présenter ainsi :

 

 

Cette famille de La Haye-Jouslain est issue d'une famille bourgeoise de Tour. Un certain Jean Jouslain ou Goslain fut sénéchal de Touraine en 1153-1163 et anobli par le comte d'Anjou ; ce dernier lui permit de créer à proximité d'Angers un ensemble féodal qui prit le nom de La Haye-Jouslain (commune de Saint-Sylvain-d'Anjou. Signalons parmi cette lignée :

  • Maurice I
  • Maurice II
  • Hardouin Ier de la Haye-Jouslain épouse Isabelle de Savonnière.
  • Hardouin II épouse Jeanne de Mathefelon
  • Hardouin III (mort  après 1370) épousa Jeanne de Vendôme (d'argent au chef de gueules au lion d'azur, armé, lampassé et couronné d'or, brochant sur le tout)  dont il eut Brient qui lui succéda, puis Anne de Launay qui lui donna encore trois fils. Il porte de gueules à une croiz, dermine patée pommetée . Sa fille Catherine épousa Geoffroi de Beaumont-La Forêt. Roberte de la Haye-Jouslain épouse Geoffroi III des Roches
  • Briant la Haye-Jouslain (décédé après 1407) épousa vers 1360 Mahaut DE ROUGÉ, dame de Clervaux (décédé dès 1397) fille de Bonabès IV de ROUGÉ (de gueules à la croix pattée d'argent et d'argent à deux fasces de gueules  ) et de Jeanne de l'Isle-Bouchard (de gueules à deux léopards l'un sur l'autre). Leur fille Catherine épousa Renaud de Vivonne (d'hermines au chef de gueules).
  • Geoffroy de la Haye-Jouslain (ca 1363-1415) épousa Jeanne Isabeau d'Ancenis (de gueules à trois quintefeuilles d'hermines).  Il décéda en 1415 à Azincourt, sans postérité.
  • Le fief de La Haye-Jouslain est vendue en 1383 par Brient ou Briant à Colin Ier Cornillau. 

 

Ajoutons qu'en 1684  les cinq quintes d'Angers sont la ville, Brain, la Haie-Jouslain, la Membroue et Saint-Georges.

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Parmi les nobles qui rendirent hommage à Marie de Blois (1345-1404), duchesse d'Anjou et comtesse du Maine en 1387 et 1388 apparaît, pour Angers, "Brient, sieur de la Haye-Jolain, chastellenie de la Haye-Jolain, [...] —chastellenie de Savonnières [pour Savennières] pour tant qu'il en a le duché, — forêt du Fouilloux" [s'étendant en partie sur Savennières].  https://archive.org/details/fiefsducomtdanj00espigoog/page/n8

[Les Savennières portaient de gueules à la croix pattée et alésée d'or .]

Or, Savennières est la commune située immédiatement au nord de l'île de Béhuard.

Ce même Brient de la Haye, chevalier, chastellenie de La Haye-Joullain, Savonnières et Santerre rend aveu au comté d'Angers comme lige le 8 juillet 1404, présenté le 27 septembre 1404 à l'assise d'Angers, et autre le 14 mars 1406.

https://archive.org/details/fiefsducomtdanj00espigoog/page/n26

 

Geoffroy de la Haye [son fils] fait aveu en 1409 "à cause de Jehanne d'Ancenis, sa femme", le 20 septembre et 21 décembre.

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Quelques liens :

 

 

https://gw.geneanet.org/fgautier1?lang=en&n=cornillau&nz=gautier&ocz=0&p=colin+ier&pz=francois

Voir La Chesnaye-Desbois

https://books.google.fr/books?id=to5YAAAAMAAJ&pg=PA734&dq=%22haye-jouslain%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj8lqudo6rkAhVG1hoKHeLBCXcQ6AEIKTAA#v=onepage&q=%22haye-jouslain%22&f=false

Voir généalogie

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=hardouin&n=de+la+haye+jouslain&oc=2

Voir Gille Ménage

https://books.google.fr/books?id=XxhUAAAAcAAJ&pg=RA1-PA267&dq=%22haye-jouslain%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj8lqudo6rkAhVG1hoKHeLBCXcQ6AEIRjAE#v=onepage&q=%22haye-jouslain%22&f=false

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En conclusion, nous pouvons affirmer qu'il s'agit d'un seigneur de La Haye-Jouslain. Son épouse va nous permettre de préciser qu'il s'agit de Brient.

Le fait qu'il soit présenter par Jean-Baptiste ne doit pas nous inciter à penser que le donateur porte ce prénom, mais seulement qu'il se réclame de son patronage ; ce sera la même chose pour son épouse. Jean-Baptiste et Catherine présentent sur les vitraux de très nombreux membres de la haute noblesse. À la même époque, la fin du XIVe et début du XVe, c'est encore Jean-Baptiste et Catherine d'Alexandrie que choisissent Philippe le Hardi et son épouse Marguerite de Flandres  pour être présentées devant la Vierge au portail de la chartreuse de Champmol.

 

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancette droite : la donatrice Mahaud de la Haye-Jouslain présentée par sainte Catherine.

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Nous retrouvons le cadre d'architecture gothique, et la tenture verte à feuilles larges. 

Sainte Catherine, identifiée par sa couronne et par la roue hérissée de lames de son supplice, présente la donatrice agenouillée et mains jointes.

Elle est coiffée d'un bonnet dont le pourtour plissé entoure tout son visage. Son surcot d'hermines est décolleté sur un cou gracile. Il est recouvert par un vêtement rouge aux manches évasées. La robe sert surtout à présenter les armoiries mi-parti alliant, à gauche, celle de son époux ( de gueules à la croix tréflée d'hermines) avec d'autres à droite  de gueules à la croix pattée d'argent et de gueules à deux fasces d'argent.

En examinant successivement les armoiries de familles des épouses des seigneurs de la Haye-Jouslain, nous parvenons assez vite à la conclusion que ce sont, du coté droit, les armes de la famille de Mahaud de Rougé, épouse de Briant de la Haye-Jouslain. La partie haute (de gueules à la croix pattée d'argent ) correspond à la famille de Rougé, et la partie basse (de gueules à deux fasces d'argent) à la famille de Derval.  Ces deux familles se sont réunies lors  du mariage, en 1275, d'Olivier III de Rougé et d'Agnès de Derval, d'où se sont succèdés :

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Rouge.pdf

 

  • Olivier IV de Rougé + après 1316 chevalier, seigneur de Derval (44) et du Bouays 1272), x Aragon (1284) et Flandres (1304) ép. après 1275 et dès 1299 Agnès, dame de Derval + dès 06/1350 (fille de Bonabes III de Derval et de Berillosa de La Roche) ,d'où
  • Guillaume Ier de Rougé
  • Bonabès III de Rougé / Jeanne de Maillé
  • Bonabès IV de Rougé / Jeanne de l'Isle-Bouchard (Bonabès IV,  ~1328 + 1377 (La Meilleraye) seigneur de Rougé, Clervaux, baron de Derval, Gouverneur du Pays de La Mée et de Redon (1352), vicomte de La Guerche (1365), châtellain de Pontcallec, Chambellan et conseiller du roi Jean II «Le Bon» (prisonnier à Poitiers, (1356), otage puis négociateur du traité de Brétigny (1360)), x à Auray (1365) 
  • Mahaud de Rougé + dès 1397 dame de Clervaux qui épouse vers 1360 Briant de La Haye-Jourdain, seigneur de La Haye, La Fougereuse, Le Plessis-Macé (49)  et fils de Hardouin III de La Haye et de Jeanne de Vendôme

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_seigneurs_de_Derval

armoiries de Bonabès IV de ROUGÉ :

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armoiries de Bonabés IV ,copyright Leaodt — Travail personnel

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Armoiries de la famille de Rougé :

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On conclue que la donatrice est Mahaud de Rougé, et que son blason met en alliance les armes des La Haye-Jouslain (son mari) et celles des Rougé-Derval (son père).

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le registre inférieur date du XIXe siècle.

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Lancette de gauche. Fondation par Jeanne de France, fille de Louis XI, des Dames de l'Annonciade à Bourges.

On se souvient que cette fondation n'est pas sans rapport avec la cloche de Béhuard offerte par Louis XI vers 1472 et son inscription AVE MARIA, paroles de l'Annonciation. 

La cloche de Notre-Dame de Béhuard offerte par Louis XI vers 1472.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancette de droite : saint Louis  refusant de s'associer à un gouvernement musulman.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le tympan.

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Les mouchettes sont centrées par des écus armoriés, très restaurés et entourées de palmes. Ces écus reprennent les armoiries des donateurs des lancettes.

 

a) écu de gueules à la croix tréflée d'hermines de Brient de la Haye-Jouslain.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Écu  de Mahaud de la Haye-Jouslain, mi-parti à senestre de La haye-Jouslain et à dextre de Rougé-Derval.

C'est celui de la robe de la donatrice.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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DISCUSSION.

Les auteurs du Corpus vitrearum datent ce vitrail du dernier tiers du XVe siècle. Armand Parrot le date "à peu près à la même époque que 1525". Célestin Port indique "le XVIe siècle". 

Les deux derniers auteurs lisent les blasons du donateur et de son épouse, mais ne les identifient pas.

Ils décrivent pour le donateur de gueules à la croix tréflée d'hermines et pour l'épouse, parti au 1er de gueules, à la croix tréflée d'hermines, au 2e de gueules à la face ondée d'argent, au lion d'azur, couronné d'or, chargé sur les pattes de devant d'une fleur de lys, également d'or. Ils indiquent la répétition de ces mêmes armes au tympan.

Enfin, A. Parrot décrit, "entre les donataires, au dessous de la Crucifixion, un troisième écusson, de gueules à trois fleurs de lys d'or, à la croix fleuronnée et alaisée d'argent en abîme. Ce blason pourrait être celui qui avait été  donné à l'ancien chapître."

En 1989, Robert Nussard , dans son Héraldique médiévale en Touraine, indique que les armoiries de La Haye-Jouslain figurent dans l'église de Béhuard, mais il ne décrit ni le vitrail du donateur, ni le blason de la donatrice.

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Je montre ici que le donateur Brient  porte les armes de La Haye-Jouslain, que son épouse Margaud porte les mêmes armes en alliance avec celles de sa propre famille de Rougé-Derval, et que le premier registre comporte aussi les armes de Jeanne de Vendôme, mère de Brient de la Haye-Jouslain.

Le programme héraldique est donc parfaitement cohérent avec au premier registre les armes des parents du donateur, et au registre intermédiaire celle u couple donateur.

L'identification par l'héraldique du donateur et de la donatrice comme étant Brient La Haye-Jouslain et son épouse Mahaud, fille de Bonabés IV de Rougé, seigneur de Derval pose néanmoins problème, puisque ce couple ramène au plus tard à 1408 (dernière mention de Brient). Si leurs places sur le vitrail a été commandé par leur fils Geoffroy, cela ne retarde guère la datation que vers 1409 ou avant 1415. Ce qui est en désaccord avec la datation du vitrail "dans le derniers tiers du XVe siècle" (Corpus). Mais puisqu'il occupe la baie de style flamboyant de la nef primitive (ou antérieure à la construction demandée par Louis XI), il faut peut-être avancer cette estimation, d'autant qu'un autre panneau en baie 2 (saint Nicolas) est précisément daté du début du XVe siècle.

L'examen stylistique et matériel des verres peut-il permettre aujourd'hui, malgré les restaurations, de confirmer ou d'infirmer cette hypothèse ? Le volume du Corpus Vitrearum consacré au Centre et Pays de la Loire est déjà ancien, et une nouvelle expertise pourrait apporter des éléments nouveaux.

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La baie 2.

Elle éclaire la seconde nef en retour d'équerre construite sous Louis XI dans les dernières années de son règne, et elle diffère de la première baie, non par ses dimensions, mais par le réseau de son tympan aux trois fleurs de lys au lieu des enlacements flamboyants.

Elle comporte  trois lancettes trilobées organisées en trois registres avec un tympan à trois fleurs de lys. Elle est datée du début du XVe siècle et  du dernier tiers du XVe, mais a été très restaurée en 1837 par Charles Thierry "père", car Célestin Port rapporte y avoir lu l'inscription au panneau central : "Thierry, St-Georges, 1837.". Une restauration a été effectuée au XXe siècle.

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Elle mesure 3,40 m de haut et 1,70 m de large.

Chaque figure est encadrée d'architectures, différentes de celles de la baie 0. Le fond diffère également, associant au premier registre le ciel bleu et le sol jaune, au deuxième registre des rideaux latéraux et un sol carrelé, sans les piédroits à fenêtre grillagée de la baie 0.

Le sujet de cette baie est très clair et très documenté, puisqu'elle souligne le rôle de mécène de Louis XI et de son fils Charles VIII à l'égard de Béhuard.

À la suite d'un vœu, Louis XI, qui vénérait particulièrement la Vierge, se prit de dévotion pour la petite île de Béhuard et son pèlerinage. On compte une vingtaine de voyages du roi à Béhuard, dont le premier en 1462. C'est le 26 juin 1469 qu'il donne l'ordre de construire ou agrandir l'ancien chapelle devenue trop étroite. En 1470, il supplie la Vierge de lui obtenir un fils, et quelques mois plus tard, il vient remercier Notre-Dame par trois fois cette année là. Mais c'est en 1472 que les séjours du roi sont le plus fréquents ; il y passe parfois plus de quinze jours et surveille la construction de l'église.

Une dédicace d'octobre 1483 est gravée sur une pierre dans l'église : Charles VIII y donne à Béhuard le fief de Denée et fonde trois messes basses par semaine pour le repos de l'âme de Louis XI, ainsi que des messes pour chaque fête de la Vierge.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le registre supérieur.

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a) Lancette de gauche : Vierge du XIXe siècle.

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b) Panneau central : Calvaire.

Peint en grisaille jaune d'argent sur fond bleu. Tête restaurée. Le corps porte les marques à trois pointes du fouet de la flagellation.

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c) Lancette de droite : saint Jean.

Le saint tient un livre, et lève la main vers le Christ. Le crâne "d'Adam" du pied de la croix est visible sur le sol.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le registre intermédiaire.

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a) Lancette de gauche. Louis XI

Tête restaurée. Le roi est agenouillé devant le Livre d'heures posé sur le prie-dieu. Il est en armure, recouvert d'un tabard aux armes de France d'azur aux trois fleurs de lys d'or, et il est coiffé de son célèbre chapeau à médaillon. Il porte le collier de l'Ordre de Saint-Michel, que le roi a créé le 1er août  1469 à Amboise.

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b) Panneau central. Anges  tenant un écu aux armes de France (bouche-trou).

Les têtes datent du XIXe-XXe.

En 1873, A. Parrot décrit "des anges soutenant un voile".

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c) Lancette de droite. Charles VIII, fils de Louis XI.

Restauré au XIXe.

Charles VIII est représenté en armure recouverte d'une tunique rouge, et coiffé d'un bonnet à médaillon ; il porte le collier de Saint-Michel.  Il est agenouillé face à un rouleau de parchemin fixé à un dérouleur sur son prie-dieu.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le registre inférieur.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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a) Lancette de gauche : un chanoine portant l'aumusse.

Il s'agit peut-être Guillaume Fournier, chanoine de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers, doyen des chanoines de Béhuard et curé de Denée. Ce dernier avait été investi de sa charge de doyen par Louis XII lui-même, dans une lettre qu'il lui adressa comme "amé et féal conseiller" et où il détaille la liste des six chanoines et des six vicaires ou chapelains.

c) lancette de droite : "Moine bénédictin" (Corpus), ou chanoine portant le ruban bleu distinctif.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Lancette centrale. Un moine nommé frère Nicolas aux pieds de saint Nicolas.

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Ce panneau est plus ancien et date du début du XVe siècle. Il n'était pas là en 1873, où A. Parrot décrit "un ostensoir" et la mention du nom de Charles Thierry 1837.

Sur un fond de tenture rouge pourpre délicatement orné de rinceaux, saint Nicolas, en évêque (grisaille et jaune d'argent) est vénéré par un moine (tonsure, habit bleu).

Une inscription indique en lettres gothiques majuscules puis minuscules

: S : NICOLAS : 

FRERE PIERRE NICOLAS :

La chapelle avait été donnée à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers. Parmi les abbés, le seul portant le prénom de Pierre est Pierre de Laval, abbé en 1465. C'est une mauvaise piste, puisque l'inscription donne le nom PIERRE NICOLAS.

En 1419, le premier curé de Beaucouzé porte ce nom ; il était attaché à l'abbaye Saint-Nicolas d'Angers. A-t-il été également curé de Bégard ?

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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La baie nord de la tribune.

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Cette baie date du XIXe et montre un évêque et une femme de la haute noblesse.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:P1290062_49_Behuard_eglise_ND_vitrail_rwk.jpg

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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Le saint évêque.

Il est logique de l'identifier comme saint Maurille.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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La noble femme.

Elle porte le surcot ouvert doublé d'hermines des princesses, et on peut proposer d'y voir Yolande d'Aragon, belle-mère de Charles VII et grand-mère de Louis XI.

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Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

Vitraux de l'église Notre-Dame de Béhuard. Photographie lavieb-aile août 2019.

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SOURCES ET LIENS.

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— GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise), et collaborateurs, Les vitraux du Centre et du Pays de la Loire, Corpus Vitrearum vol. II; editiondu CNRS, page 302-303.

— PARROT (Armand), 1873, Histoire de Notre-Dame de Béhuard, Angers.

http://sanctuaire-behuard.fr/files/2016/07/parrot-behuard-1873.compressed.pdf

— PORT(Célestin)

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
28 février 2019 4 28 /02 /février /2019 09:56

La verrière d'Adam et Ève et Caïn et Abel (vers 1550-1560) ou baie 122 de l'ancienne collégiale du Grand-Andely aux Andelys.

 

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame (d'après Gatouillat 2001)

 

L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —,  en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrier Arnoult de Nimègue. 

La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction  des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. 

Les six  baies hautes du coté sud de la nef illustrent les premiers Livres de la Bible  se succèdent ainsi :

  • baie 120 : Genèse : la Création ; offerte par la Confrérie de la Charité vers 1540-1560.

  • baie 122 : Genèse, l'histoire d'Adam et Ève et de Caïn et Abel, vers 1550-1560.

  • baie 124 :  Genèse,  l'histoire de Noé, offerte vers 1550-1560 par Georges Le Picart de Radeval.

  • baie 126 : Genèse et  Exode : Isaac, Joseph et Moïse, datée de 1560, réalisée par Romain Buron.

  • baie 128 : Exode et Deutéronome : histoire de Moïse, datée vers 1560.

  • baie 130 : Deutéronome, Moïse , datée vers 1560, offerte par donateurs non identifiés.

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Cette baie 122 mesure 5,20 m de haut et 3,80 m de large et est divisée en 4 lancettes et un tympan à 3 carrés posés sur la pointe, 2 ajours ovales et 3 écoinçons. Elle illustre les chapitres 3 et 4 du Livre de la Genèse. Elle a été restaurée par Eugène Oudinot vers 1864.

L'histoire débute au tympan : 

0. La Tentation d'Adam et Ève par un serpent à tête humaine, dans un pommier.

Les quatre lancettes présentent :

1. Adam et Ève chassés par l'Ange du Paradis terrestre.

2. Adam et Ève avec leurs deux enfants : Adam coupant du bois, Ève allaitant tandis que la Mort grimace en jouant de l'archer. dans le  fond, un paysage devant un château.

3. Sacrifices d'Abel et Caïn. 

4. Caïn tue Abel avec une machoire d'âne;  châteaudans le lointain.

 

Dans la  brève description qu'en donne Edouard Didron en 1862, les inscriptions étaient jugées illisibles.

Aujourd'hui, les inscriptions placées au niveau inférieur des lancettes, de gauche à droite, sous chacune des scènes répondent au texte suivant :

ADAM APRES SA DESOBEISSANCE FUIT TRISTEMENT LA COLERE DE DIEU QUI TIENT EN SIGNE DE VENGEANCE UN DOME TOUT DE FEU ;

SUR SES GENOUX DANS SA DOULEUR AMERE EU A SON FILS TOUT BAIGNE DE SES PLEURS, ADAM LE FRONT INCLINE VERS LA TERRE, OUVRE LE SOL L'ARROSE DE SUEUR ;

ABEL OFFRIT DES FRUITS EN SACRIFICE LEQUEL LUI FUT UNE OFFRANDE ACCEPTABLE MAIS QUANT A CAIN TOUT PLEIN DE MALICE SON SACRIFICE FUT À DIEU DETESTABLE ;

ABEL ETANT TRES SIMPLE ET ROBUSTE AVEC SON FRERE IL ALLAIT EN MAINT LIEU (...) COMME (...) TUA SON FRERE BON ET JUSTE (...) FUT AUX YEUX DE DIEU

On lit également  au niveau de l'ogive :

ADAM FUT PAR EVE TENTE A PECHER CONTRE DIEU ; IL MANGEA LA POMME ; ONT TOUS DEUX LA MORT ENCOURUS ET DE (...) ; A TOUT HOMME

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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Notez l'emploi de verre rouge gravé et peint au jaune d'argent pour les petites fleurs rouges de la lancette A.

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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La Mort tient-elle une faux, ou un archet ?

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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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SOURCES ET LIENS.

— HÉROLD  (Michel) ; Verdier Hélène ; Thomas Sarah ; Chéron Philippe : Notice PM27001972 © Monuments historiques, 2005

 

http://www.inventaire.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=DENO&VALUE_98=verri%e8re&NUMBER=26&GRP=7&REQ=%28%28verri%e8re%29%20%3aDENO%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=200&MAX3=200&DOM=Tous

— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.

https://books.google.fr/books?id=IEIbAAAAYAAJ&dq=armoiries+longuemare+d%27azur&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

et les statuts page 385:

https://books.google.fr/books?pg=PA386&dq=ruville+andelys+%22Le+jour+du+Saint+Sacrement%22,&id=IEIbAAAAYAAJ&hl=fr&output=text

— DIDRON (Edouard), 1862, Les vitraux du Grand-Andely, dans Annales archéol., XXII (1862), 260-293. ou édition de 1863 par V. Didron, page 13

https://archive.org/details/annalesarcholo22pariuoft/page/260

https://books.google.fr/books?id=1AMtAAAAYAAJ&dq=%22saint+l%C3%A9ger%22+andelys&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— FOSSEY (abbé Jules) 1914, L'Art religieux dans les diocèses de Rouen et d'Evreux.. La Bible illustrée par les vitraux et bas-reliefs de la Haute-Normandie : Evreux, Impr. de l'Eure , 1914. In-8°, 129 p.

— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale  in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.

 

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25 février 2019 1 25 /02 /février /2019 16:51

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Les vitraux de Roscanvel ont été réalisés entre 1949 et 1952 par le maître-verrier Auguste Labouret à la demande du recteur Pierre Tuarze. Ils résistèrent à l'incendie du 5 septembre 1956 tout en étant détériorés par l'eau de mer qu'il fallut utiliser pour l'extinction, et qui corroda les fers de béton. Ils ont été déposés en 2006 et remplacés par des "copies" (voir discussion) réalisées à Rennes, hormis l'oculus de la Trinité du porche sud, qui est un original datant de 1952.

 

Le vitrail de sainte Catherine, vendu aux enchères à Douarnenez, a été acquis pour 4300 Euros avec divers fragments par la municipalité d'Hirson (Aisne) pour son Musée Alfred Desmasures (dans le château ayant appartenu à Labouret). 

 

Les vitraux originaux de Saint Éloi et de saint Louis sont exposés depuis 2015 dans une vitrine lumineuse dans l'église.  C'est l'AVPR  (Association pour la Valorisation du Patrimoine de Roscanvel ) qui est à l'initiative de la restaurations par Jacques Soubigou de ces deux vitraux .

Il s'agit de 11 vitraux dont 9 baies à deux panneaux et 2 oculi. Ils ont été réalisés en dalle de verre sertie dans le béton, une technique innovante pour laquelle Labouret avait déposé un brevet en 1933, mais qui avait déjà été tentée par Jean Gaudin en 1929 dans la verrerie Albertini. D'épaisses dalles de verre (3 à 4 cm)  de couleurs juxtaposées, taillées avec la « marteline » sont incluses  dans une gangue de ciment coulé sur une armature métallique. 

Cette technique a été reprise par l'atelier monastique d'En-Calcat et de Saint-Benoit-sur-Loire et se retrouve en Bretagne pour les vitraux de l'Île d'Hoedic, ou en Normandie pour ceux de l'Île de Chausey.

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L'atelier des "Maîtres-verriers Rennais" actif de 2001 à 2014, était  établi à Boisgervilly , autour de  Sébastien et  Frédéric Rault.

 

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Je décrirai les 11 verrières en partant de l'angle nord-ouest  (au fond de l'église à gauche). Toutes les photos des vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel sont la propriété de   lavieb-aile et ont été prises le 23 février 2019.

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

 

 

1°) BIENHEUREUSE FRANÇOISE D'AMBOISE.

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Françoise d'Amboise (1427-1485)  était l'épouse du duc de Bretagne Pierre II. Elle fonda en 1463 le premier carmel féminin, à Vannes, au Bondon. Figurée en coiffe à deux bonnets de dentelle, elle  est accompagnée par une croix, une ancre, un bateau, une branche fleurie.

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

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2°) SAINT LOUIS (1214-1270).

Sa présence rappelle la chapelle militaire élevée dans l'enceinte du fort de Quélern et réservée à la garnison. Il tient la couronne d'épines dont il acheta la relique pour laquelle il fit élever la Sainte-Chapelle.  Il est entourée d'un livre (cf. la Bible de Saint-Louis), d'une tour rappelant sa mère Blanche de Castille dont l'emblème est le château, de la fleur de lys, et de pétales jaunes (ajonc ?).

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

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3°) SAINT JOSEPH MODÈLE DES TRAVAILLEURS.

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Il est représenté avec les outils de menuisier, mais aussi de maçon ou de terrassier, avec l'Enfant-Jésus qui lui tend les bras (" à bras, à bras") et à nouveau l'ancre et l'ajonc, symboles de la situation bretonne et maritime de Roscanvel. À cette verrière répond, du coté sud, celle de la Vierge-Marie, modèle des mères.

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

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LES TROIS  VITRAUX DU CHOEUR.

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Sainte Anne Trinitaire à gauche, le Christ crucifié au centre, et le Couronnement de la Vierge à droite.

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
 
 

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4°) SAINT ANNE TRINITAIRE.

La Mère de Marie se tient devant la Vierge et l'Enfant. Celui-ci lui tend les bras et la grand-mère (la Mamm Goz ar Vretoned des Bretons) s'apprête à l'accueillir.

Dans la partie basse, au centre, c'est une caravelle qu'il faut reconnaître, vue de 3/4 arrière : elle symboliserait "le navire qui unit la Bretagne et le Canada" : celui de Jacques Cartier ?

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Voir aussi : GROUPE DE SAINTE ANNE TRINITAIRE de BRETAGNE.

 

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
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5°) LE CHRIST EN CROIX ENTOURÉ DE MARIE ET DE MARIE-MADELEINE.

Au pied de la croix, un crâne rappelle que le Golgotha signifie "le lieu du crâne".

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
 
L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
 
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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.
 

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6°) LE COURONNEMENT DE LA VIERGE PAR LA TRINITÉ.

 

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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7°) "STE VIERGE-MARIE MODÈLE DES MÈRES".

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Dans le vitrail original, la maisonnette en arrière-plan rappelait la chaumière dite La Divine, la demeure du poète Saint-Pol-Roux (voir mon article), avec une fenêtre à rideaux et une barrière en bois. À droite, un broc et des fruits symbolisaient les taches ménagères de la cuisine, et à gauche, une navette, des ciseaux, des aiguilles à tricoter et des pelotes de laine les taches de couture, tandis qu'un coq était placé à gauche de la chaumière.

La Mère, assise sur une chaise,  regardait tendrement son Fils qu'elle semblait allaiter. Sa robe était rouge, et le fond était pourpre.

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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8°) OCULUS "PASTOR ET RECTOR". 

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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9°) SAINT ÉLOI.

Saint Éloi, patron des orfèvres et des forgerons,  célèbre pour le miracle réalisé en ferrant un cheval, est le patron de l'église de Roscanvel. Il était sollicité pour protéger les chevaux. Mitré, il est représenté en saint évêque de Noyon  (mais il est aussi assimilé à sant Alar, troisième évêque de Quimper), et il tient, outre la crosse épiscopale, une sorte de flambeau. Sur le vitrail original de A. Labouret, il s'agissait du marteau du forgeron, surmonté d'une couronne royale rappelant sa fonction de ministre des finances auprès du  roi Dagobert . Il était entouré d'un calice (une pièce d'orfèvrerie), d'une enclume à sa gauche et d'un autre outil à sa droite, mais l'enclume ressemble aujourd'hui à une mitre et l'autre objet, peut-être à un flacon muni d'un couvercle.

 

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

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10°) OCULUS DE LA SAINTE TRINITÉ. "PATER ET FILIUS ET SPIRITUS SANCTUS."

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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11°) SAINTE CATHERINE D'ALEXANDRIE.

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Elle rappelle la chapelle Sainte-Catherine, détruite, qui se situait près de Men-Caer (Kerguiniou-Le Disloup).

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53014969t/f1.item.zoom

Carte 1771-1785 copyright BnF https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53014969t/f1.item.zoom

Carte 1771-1785 copyright BnF https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53014969t/f1.item.zoom

 
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L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

L'église de Roscanvel : son épigraphie, ses cloches et ses vitraux.

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DISCUSSION. LES VITRAUX ORIGINAUX DE 1950 ET LES "COPIES" de 2007.

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L'Association AVPR a eu une excellente idée de présenter deux des vitraux altérés de Labouret en témoignage à coté des verrières réalisées par les Maîtres-Verriers Rennais 50 ans plus tard. Celles-ci sont présentées comme des "copies", mais un examen un peu attentif (et passionnant) montre qu'il faut plutôt parler d'œuvres fidèlement  inspirées des originaux, mais sans en reprendre la technique.

La même Association a placé un grand panneau montrant les onze vitraux originaux, tels qu'ils sont photographiés par Georges Boulestreau dans la publication de M. Burel. 

Vitraux de Labouret photographiés par G. Boulestreau , exposés dans l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de Labouret photographiés par G. Boulestreau , exposés dans l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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Hélas, nous ne disposons pas du dossier technique de l'atelier MVR, dont le travail est pourtant récent, alors qu'on souhaiterait savoir s'il s'agit de dalle sur béton, ou sur un mortier de résine époxy.

Info 2020 : je reçois ce message :

"L'entreprise LES MAITRES VERRIERS RENNAIS existe toujours et nous sommes toujours à Boisgervilly dans le 35.
Pour répondre à votre question, les vitraux sont réalisés en dalle de verres mais sous plomb et non sous résine ou béton.
Nous sommes les seuls à utiliser cette technique qui à été trouvée par mon grand-père André Rault.
Le principe étant de taille les dalles de verres en biais pour les mettre ensuite dans des plombs et d'étamer à l'étain l'ensemble pour donner de la rigidité.
Concernant les vitraux de Labouret, en effet ils étaient martelés mais je peux vous confirmer que c'est également l'incendie et l'eau de mer qui à aggravé leur détérioration. En effet les tiges métalliques dans le béton ont rouillé et fait éclater les dalles de verres qui se sont obscurcies avec le temps perdant de leur clarté. Vous pouvez constater la différence avec le seul oculus de LABOURET encore présent dans l'église.
Cordialement
RAULT Sébastien
Gérant
SARL LES MAITRES VERRIERS RENNAIS"

La première différence concerne en effet  l'appareillage des morceaux de verre. Il est possible de la comparer en examinant de l'extérieur les deux oculi, celui de 2007 et celui de 1952. On en profitera pour admirer la belle réalisation de l'œil en pierre de Logonna.

Dans le premier oculus (1952), nous constatons que le mortier est d'épaisseur irrégulière, comme si les morceaux de verre avaient été placés dans la masse de béton. Une autre différence est importante à constater, car les conséquences pour le rendu visuel sont majeures, c'est que l'inscription est tracée par de fins bâtonnets de verre.

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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Dans l'oculus Pastor et Rector de 2007, le verre est retenu par un réseau fin et régulier qui évoque plus le châssis de plombs que la pâte précédente. D'autre part, l'inscription n'est pas apparente, car elle est peinte en grisaille au lieu d'être faite de lettres de verre.

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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Pour un autre exemple, voici Sainte Catherine (MVR 2007) :

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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L'examen des panneaux originaux est également riche en découverte.

Pour en revenir aux inscriptions, elles donnent un effet beaucoup plus  fort lorsqu'elles jaillissent en lettres de lumière de différentes couleurs que lorsqu'elles sont peintes en grisaille.

Voici Saint Éloi (Labouret 1950) :

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

On comparera aussi la précision du dessin, et le choix des couleurs dans les deux cas, pour s'assurer que nous n'avons pas affaire à une "copie". Chacun peut préférer l'une ou l'autre des versions. Soulignons qu'elles ne s'adresse pas au même édifice, l'église reconstruite après l'incendie étant plus claire et lumineuse avec des volumes bien différents de l'église initiale.

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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Même démonstration pour Saint Louis . On en profitera pour constater que le verre est éclaté comme un pare-brise en Securit, et que le  verre blanc est devenu gris. J'ai pensé que cela était du à l'incendie, mais le texte de Catherine Plessis cité en annexe indique que c'est l'effet recherché obtenu par martelage.

 

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.

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ANNEXE.

Pour débuter par la fin, mais aussi par une donnée qui concernent les Finistériens, Auguste Labouret, s'il est né le 20 mars 1871 à Laon dans l'Aisne, près de la cathédrale d'Hirson, il est décédé  le 13 février 1964 à Crozon, plus précisément dans sa maison de Kervéron (au dessus de Postollonec).

Une conférence de Catherine Plessis (extrait) : 

http://association-sages-lens.fr/conference-de-catherine-plessis-sur-auguste-labouret-1-3-2018

"Labouret est un chercheur, c’est un restaurateur théoricien.

Il est frustré par le manque d’étanchéité du plomb qui est le support du vitrail.
Dépose un brevet: n°756065 en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne et en Angleterre.
Pour un vitrail en dalle de verre cloisonné en ciment au lieu de baguettes de plomb.
Système utilisé jusque dans les années 60-70. Le verre (le cristal) en fusion est coulé sur une surface plane.
La galette de verre refroidie lentement et on y découpe les morceaux de verre voulus.
On taille les morceaux de 2 à 3cm à la taille et forme voulues avec un coin et un marteau.
Il utilise la marteline qui est un vieux marteau qu’utilisaient les mosaïstes romains et grecs pour tailler le verre, il obtient ainsi une transparence colorée qui s’oppose au ciment opaque.
C’est le martelage ou l’écaillage qui provoque des microfissures dans la masse qui reflètent d’où une brillance et des nuances très riches. (comme un diamant).
La marteline est toujours utilisée en verrosaïque pour le travail du smati, du marbre et de la pierre. Le manche est en bois et la tête en acier.
Puis on dépose ces morceaux dans un coffrage de tasseaux de bois où on coule du béton, qui forme l’armature. C’est donc très lourd. Aujourd’hui on utilise de l’époxy. (polymère- résine) (4cm contre 1cm).

En 1932, il présente cette nouvelle technique au salon des artistes décorateurs avec la vitrail appelé le St Hubert.
Il remet aussi au goût du jour le granito-ciment avec des joints de dilatation en cuivre ou en aluminium. Grains ou éclats de marbre liés avec un ciment blanc ou gris qui peut être coloré.
« Après 15 ans d’études, d’essais, d’améliorations constantes, je puis vous affirmer que ma nouvelle technique est durable pour 1000 ans, contre toute contradiction par le froid ou de la dilatation par la chaleur ». il avait raison!"

 

Il a travaillé pour le paquebot le Normandie, symbole de la France  des années 30, dans la salle à manger de 1ere classe: des murs de verre.Le verre est gravé, ciselé, bosselé, soit bouchardé. 1500m2 en 1935.
Dans la salle, il y a aussi 6 grands cylindres pyramidaux de verre et 30 appliques de 5 m de hauteur qui se reflètent dans les murs de verres.
Ceci est important car la salle à manger est aveugle.

En 1937, il participe à l’expo universelle Il est président de la classe vitraux.

En 1938, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur

En 1938, il commence les mosaïques de la Basilique Sainte Anne de Beaupré au Canada Visitée par plus d’un million de visiteurs par an. C’est la 2eme plus grande d’Amérique du nord. Pour lui son chef d’œuvre. 2600m2. Les voûtes du choeur et de la nef ainsi que les mur du déambulatoire sont consacrés à Ste Anne. ,
Les 240 vitraux évoquent la dévotion de Ste Anne au Québec et son rayonnement en Amérique. Les murs du déambulatoire. Parti en 1940 pour en surveiller la pose, il ne rentrera qu’en 1945 à cause de la guerre. En 1945, il a alors 74 ans il obtient un prix pour la réalisation des 240 vitraux de Ste Anne.

Il est intervenu
♦ Dans les grands magasins:
décoration des Galeries La Fayette Haussmann à Paris, au Bon marché à Paris, il décore le pavillon en 1925,

Pour l’Etat
– À l’office du tourisme de Paris (le sol en mosaïque), L’hôtel du ministère des affaires étrangères à Paris. En 1938, il redécore pour la venue des souverains britanniques, George VI et sa femme, les salles de bains des appartements du quai d’Orsay
« L’or étant réparti à profusion dans les appartements contigus, trois taches d’or rappellent cette tonalité dominante: la baignoire, le lavabo et le grand panneau de verre gravé, placé comme une tapisserie derrière la baignoire. Comme fond, le sol et la plinthe de marbre noir, et les murs laqués de teinte mordorée.
La baignoire entièrement revêtue de mosaïque de Venise, forme un bloc d’or étincelant se détachant sur un large socle de marbre noir, incrusté de motifs de cuivre. Le lavabo comporte un pied den verre taillée… La pièce capitale, le grand panneau décoratif en dalles de verre de 4 cm d’épaisseur… »
extrait de la Revue Glaces et verres d’octobre 1938.
– L’hôtel consulaire de la chambre de commerce et d’industrie à Cambrai.
– La mairie du XVIème arrondissement de Paris l’hôtel de ville de Béthune entre 1926 et 1928 avec des vitraux en verre martelé.
– Pour la mairie de Bois-Colombes en 1936.

Pour des banques
Il fait les vitraux de la Caisse d’Epargne de Cambrai.

Dans les églises
– à l’église Notre Dame de Bonne Nouvelle de l’Hôpital-Camfrout, de l’église st Julien de Courville dans la Marne,
– Celles de Ste Odile de Paris, il réalise un autel en verre sculpté et les cabochons de la grille d’entrée,
– de St Léon à Paris finie par Claire en 1943, aidée de Pierre Chaudière un dessinateur très vite embauché par Auguste.
– de st Louis de Grenay: De la Chapelle de Bon Sauveur de Picauville dans la Manche, de St Eloi d’Hautmont dans le Nord, en 1959 , de l’église Ste Thérèse de Poitiers. – la cité 5 de la compagnie des Mines de Béthune,
– Celle de Ste Eugénie de Soissons dans l’Aisne: il avait proposé à l’abbé Raviart de Soissons sa nouvelle technique des 1932. En 1933 il présente 3 vitraux du transept: annonciation, adoration de la vierge et nativité. Il réalise aussi les mosaïques et les verrières de cette église. De 1950 à 1958, il remplace les vitraux endommagés par la guerre.
il fait les 14 vitraux de l’église d’Hirson dès 1909.
– A propos de l’église St Eloi de Roscanvel dans le Finistère: elle date du XIIème siècle. Elle été bombardée durant la 2nde Guerre. par les Américains Le recteur Pierre Tuarze commande des vitraux après la guerre pour les pays il organise des kermesses demande des dons, des subventions. Labouret fait 11 vitraux en 5 ans. (1950) au prix du verre.
Mais le 3 septembre 1956 l’église brûle.une vierge en sort indemne ainsi que les 11 vitraux. Ils ont quand même souffert car les pompiers ont utilisé de l’eau de mer… donc salée! Cependant ce sont les mêmes vitraux encore en 2006.

Dans les restaurants et les hôtels
– Le restaurant Prunier 16 avenue Victor Hugo à Paris. Les tables sont en mosaïque. Et la façade. Les mosaïque du restaurant Drouant.
– L’hôtel Plazza de Biarritz en 1928 dont l’architecte est Boileau.

Dans les écoles
– L’école des filles à paris dans le 13eme arrondissement
– De 1932 à 1936, le lycée Marie Curie de Sceaux. 8 mosaïques arts déco les joies des arts et du sport, explications sur la photocopie.
– L’école polytechnique

Dans les gares
– Il travaille pour la compagnie du Nord
– La gare de st Quentin : décoration du Hall, le bureau de poste et le buffet.
Lire le passage du fascicule remis par l’office du tourisme de ST Quentin.
–  Mais aussi les gares de Paris-St Lazare, d’Albert, Chauny, Lens, Lyon, Noyon, Longueau et de Tergnier.
– Pour la gare de Lens, il crée des mosaïques en grès cérame sur le travail des mineurs et l’importance du charbon.et de l’industrie. Il a foi dans le progrès. (influence de Jules Verne).
On y voit l’influence de l’art Déco.
Des mineurs se dirigent vers la fosse avec la barrette sur la tète, le pic sur l’épaule et la lampe dans la main. derrière on voit les terrils, les chevalements et les cheminées. . De l’autre côté les mineurs rentrent chez eux la tète basse ils sont fatigués.
Sur les autres on voit les nouveaux moyens de transport: le train, le bateau à vapeur.

Dans les casinos
Vittel, Dieppe, paris-Plage, Vichy.

Dans les théâtres, les cinémas (le Rex) , les Folies Bergères.

Dans les musées:
Comme le musée océanographique de Biarritz.

Dans les paquebots:
– le Normandie mais aussi le Cambodge, le Pierre Loti, le de Grasse, le Chichibu pour le Japon.

Il a travaillé en France, en Angleterre, Italie, Allemagne, Portugal, Cuba, Japon, Canada, Amérique du Sud.

Il a fait aussi beaucoup de rénovations.

Lire la suite http://association-sages-lens.fr/conference-de-catherine-plessis-sur-auguste-labouret-1-3-2018

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SOURCES ET LIENS.

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— BUREL (Marcel) s.d. Les vitraux d'Auguste Labouret dans l'église de Roscanvel. Photographies de Georges Boulestreau. publication de la Paroisse de Roscanvel. En vente dans l'église.

 

— GARGADENNEC, (Isabelle), 2002, "Les vitraux de l'église Saint-Eloi de Roscanvel dans le Finistère par Auguste Labouret" in JABLONSKI (Christine), Regards sur le vitrail, Actes sud, 2002. p. 111-116. Non consulté.

— PLESSIS (Catherine), 2018, Conférence sur Auguste Labouret.

http://association-sages-lens.fr/conference-de-catherine-plessis-sur-auguste-labouret-1-3-2018

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
16 février 2019 6 16 /02 /février /2019 10:15

La verrière de la Création ou baie 120, offerte vers 1550-1560 par la Confrérie de la Charité à l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Un document ethnologique, la procession de la Confrérie.

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame (d'après Gatouillat 2001)

 

L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —,  en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrier Arnoult de Nimègue. 

La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction  des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. 

Les six  baies hautes du coté sud de la nef illustrent les premiers Livres de la Bible  se succèdent ainsi :

  • baie 120 : Genèse : la Création ; offerte par la Confrérie de la Charité vers 1540-1560.
  • baie 122 : Genèse, l'histoire d'Adam et Ève, vers 1550-1560.
  • baie 124 :  Genèse,  l'histoire de Noé, offerte vers 1550-1560 par Georges Le Picart de Radeval.
  • baie 126 : Genèse et  Exode : Isaac, Joseph et Moïse, datée de 1560, réalisée par Romain Buron.
  • baie 128 : Exode et Deutéronome : histoire de Moïse, datée vers 1560.
  • baie 130 : Deutéronome, Moïse , datée vers 1560, offerte par donateurs non identifiés.

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Parmi ces six baies, la verrière la plus proche du chœur se distingue par la représentation en son soubassement de la Confrérie de la Charité en procession sur quatre lancettes.

On connaît l'ampleur de développement de ces confréries en Normandie, et en particulier dans l'Eure, dont les membres ou charitons se vouent à la participation aux inhumations et au soutien des familles en deuil, et qui se distinguent par leur costume et par le port d'un chaperon, par leur hiérarchie (maître, prévôt, clerc, tintenellier sonnant ses clochettes et frères), par leurs bannières et leurs torchères ouvragées.

J'ai présenté ces confréries dans un article sur Hauville où je les ai découvert :

http://www.lavieb-aile.com/2018/08/l-eglise-de-hauville-eure-vitraux-anciens-poutre-de-gloire-et-bannieres.html

Nous voyons une procession semblable à Louviers où défile pour la Fête-Dieu la confrérie des Drapiers (vers 1495).

http://www.lavieb-aile.com/2018/11/la-verriere-du-bapteme-du-christ-et-de-la-procession-des-drapiers-de-l-eglise-de-louviers.html

...ou à Pont-Audemer où la procession de la  confrérie de l'Eucharistie occupe le soubassement de deux verrières  en baie 18 et 20 (vers 1515).

http://www.lavieb-aile.com/2018/12/la-verriere-de-la-vie-de-saint-ouen-en-l-eglise-de-pont-audemer.html

http://www.lavieb-aile.com/2018/12/la-verriere-de-l-eucharistie-de-l-eglise-de-pont-audemer.html

Mais sur cette baie 120 des Andelys, nous avons bien affaire à une procession des Charitons des Andelys, à but d'entraide funéraire, comme l'atteste les draps mortuaires que nous allons découvrir. Leur confrérie avait été fondée en 1539, mais une autre, dite du Saint-Sacrement avait été fondée en 1316 en l'église Saint-Sauveur des Andelys.

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Description de la baie 120.

Haute de 5,20 m et large de 3,80 m, elle se compose de 4 lancettes trilobées et d'un tympan à 4 quadrilobes, 2 mouchettes et 6 écoinçons.

Au tympan débute le récit de la Création : dans les quadrilobes, Dieu sépare les éléments, puis sépare la lumière d'avec les ténèbres et crée les anges, puis il crée le soleil, la lune et les étoiles et enfin  les oiseaux et les poissons.

Au registre supérieur, Dieu crée les animaux de la terre (deux lancettes de gauche) puis Adam et Ève (deux lancettes de droite).

Le registre inférieur montre la procession de la Confrérie de la Charité.

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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TYMPAN.

 

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"De même que celles du chœur, les fenêtres méridionales de la nef sont ornées de peintures sur verre. Mais si tout parle, sur les premières, du Fondateur et des premiers défenseurs de la Loi nouvelle, tout parle, sur les secondes, de l'Auteur et des prévaricateurs, depuis Adam jusqu'à Nabab, de l'ancienne Loi. Nous allons examiner, l'un après l'autre, les sujets représentés.

Première fenêtre, 1er vitrail, au sommet de l'ogive : « Dieu séparant les éléments. » Dieu est représenté sous la figure d'un vieillard à chevelure et barbe blanches, revêtu d'une tunique de même couleur et d'un manteau rouge flottant, pieds nus, les bras étendus, planant dans une gloire rayonnante, ayant le nimbe entourant, à rayons d'or. La lumière est figurée par des nuages lumineux, les ténèbres par des nuages obscurs, les eaux par un torrent, et la terre par une sphère enverdurée.

2e vitrail : « Dieu, créant la terre. » Dieu vêtu de même, porté sur les nues et entouré d'anges sous la forme de têtes ailées; la terre sous celle d'un globe cerclé horizontalement par le milieu et à demi par la partie haute. La moitié supérieure contient les mers, la moitié inférieure les continente.

3e vitrail : « Dieu créant les astres. » Dieu vêtu de même, debout, marchant sur la terre couverte de plantes; le soleil sous la forme d'une masse ignée et radieuse ; la lune sous la forme d'un disque incandescent et radié; les étoiles sous celle d'escarboucles scintillantes.

4* vitrail: « Dieu créant les oiseaux et les poissons. » Dieu vêtu de même, debout, bénissant; paysage avec rivière où nagent des poissons et un cygne et avec des arbres où sont perchés toutes sortes d'oiseaux.(Brossard de Ruville)

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

 

LES LANCETTES.

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Lancette A : Dieu crée les animaux terrestres.

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Inscription :

TOUT FUT CRÉE PAR DIEU EN SA BONTÉ.

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Elle appartient à une phrase qui court tout le long des quatre lancettes : "Tout fut créé par Dieu en sa bonté, Ciel, terre et eau et tout ce qui a vie, Lune, soleil, homme hélas frivole Et les pr[ieres] o-- de vi-- pour leur vie". Mais ni E. Didron ni Brossard de Ruville n'ont pu en déchiffrer entièrement le texte avant la restauration en 1864 par Oudinot, j'ignore donc la part qui est réellement ancienne. Je n'en trouve pas la source.

 

"5e et 6e vitrail : « Dieu créant les animaux terrestres. » Dieu revêtu d'un manteau en forme de chape, attaché avec une riche agrafe, debout et bénissant, ayant le nimbe à double cercle, traversé par mille rayons pressés; groupe d'animaux, tels que chevaux, taureau, vache, âne, mouton, chien et lapin; le paradis représenté par un site couvert de plantes, d'arbres, d'un champ de blé mûr, traversé par une rivière et borné par une montagne." Au-dessous des 4 derniers sujets existe une inscription trop mutilée pour être reproduite." (Brossard de Ruville)

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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Lancette B. Dieu crée les animaux terrestres, suite.

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Inscription :

 

 

SIEL TERRE ET EAU TOUT CE QUI AT VIE.

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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Lancette C et D : Dieu crée la femme à partir de la côte d'Adam.

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Inscription :

LUNE SOLLEIL ET HOM[M]E LAS FRIVOLLE ET LES PR[IERES ?] DE V--- POUR LEUR VIE.

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"7e et 8e vitrail : « Dieu créant la première femme. » Dieu, vêtu de même, un genou en terre, bénissant; Adam jeune, imberbe, cheveux courts et châtains, couché sur la terre et endormi, la main droite passée sous sa tête et la gauche reposant sur sa cuisse; Ève, longue chevelure blonde, vue à mi-corps, tournée vers son créateur, qu'elle adore; le premier père et la première mère du genre humain entièrement nus : le peintre n'ayant pas su éviter la partie scabreuse du sujet; continuation du paysage précédent, où se voient des lions, une licorne, un renard, un singe et un perroquet.

Les écoinçons représentent des nuages et de la verdure.

Il ne faut pas chercher, dans chaque cadre, la reproduction fidèle de chaque jour de la création.A la vérité tous s'y trouvent, mais point d'une manière tranchée. Le peintre-verrier, on peut le remarquer, a presque toujours fait figurer les êtres avant l'époque fixée par les Livres saints. Ainsi, selon la Bible, le 1e jour la terre n'était qu'une masse informe et vide; sous le pinceau de l'artiste elle a pris la forme d'un globe et s'est couverte de gazon; le 2e jour s'est fait seulement le partage des eaux du ciel, le peintre y ajoute le partage du globe en mers et en terres, qui se fit le 3e. Ce même 3e jour ne furent créés que les plantes et les arbres portant fruits: ils figurent ici en même temps que les animaux aquatiques et amphibies, qui n'ont été créés que le 5e. En dernier lieu, nous ne voyons point la création d'Adam, mais celle d'Eve, qui s'opéra plus tard." (Brossard de Ruville)

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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REGISTRE INFÉRIEUR : LA PROCESSION.

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Lancette A. La tête de la procession.

Un enfant de chœur tient le goupillon et le seau d'eau bénite. Puis vient un prêtre (en surplis, l'étole autour du cou, coiffé de la barrette) tenant un missel ouvert, puis le tintenellier portant un manteau à manches mi-courtes bariolé de croisillons, et agitant ses deux cloches. il est suivi de deux confrères portant des bannières ou plutôt des torches. Ceux-ci portent le chaperon bleu en bandoulière sur leur manteau ; ils sont coiffés de la barrette.

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"Plus bas encore est représenté le portement en terre d'un membre de la confrérie de la Charité. En tête marche un prêtre vêtu d'un surplis et portant un livre à demi ouvert, accompagné d'un acolyte, vêtu de même et portant bénitier et goupillon. Ensuite vient un tintérelleux, vêtu d'une tunique courte et à larges manches, agitant deux clochettes. Suivent deux massiers, vêtus d'une tunique et d'un pardessus ouvert" (Brossard de Ruville)

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"Le sonneur de tintenelles, le « cliqueteux », bénéficie d’une dalmatique byzantine, d’une mandille plus riche encore. Tout cela, il y a seulement vingt ans, s’en allait au travers des campagnes, sans corbillards, mettant son orgueil à promener à bras les plus lourdes châsses et par les plus mauvais chemins." (Jean de la Varende)

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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Lancette B.  Six  "frères servants" précédés de l'échevin et du prévôt portent le cercueil recouvert du drap noir à tête de mort et tibias entrecroisés.

Les quatre premiers frères portent des torchères ; le dernier tient un livre sous le coude. 

Curieusement, les 8 personnages portent la tonsure, comme des clercs. Les frères servants sont vêtus d'une robe flottante gris-noir serrée à la taille par un ruban de même étoffe : c'est sans doute la soutanelle (décrite infra par Jean de la Varende). L'échevin et son prévôt portent leur vêtement civil, un court manteau dégageant aux avant-bras les manches d'une tunique, et des chausses moulantes et de couleur vive et variée.

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" quatre frères, vêtus d'une longue robe ceinte aux reins et le chaperon doctoral sur l'épaule gauche, portant sur deux bâtons le cercueil du défunt, recouvert du drap mortuaire; "(Brossard de Ruville)

Extrait des statuts de la confrérie :

 

» Pour gouverner la Charité seront établis un prevost, un échevin, douze frères servants, un greffier et un clerc du nombre des associés en icelle confrairie, demeurant au Grand Andely où en la Madeleine, lesquels, moitié pour le prevost et l'autre moitié pour l'eschevin; tous auront chacun un chaperon bleu, aux dépens de la Charité, qu'ils porteront sur les épaules senestres, toutes les fois qu'ils s'assembleront en corps et feront service à la charité; et, pour distinction des charges, le chaperon du prevost sera bordé de trois passemens bleus et celui de l'eschevin de deux et des autres frères servants, greffier et clerc, d'un seul passement.

Le prevost, l'échevin et les douze frères servants auront chacun une torche de cire, les deux premiers aux frais de la Charité et les autres à leurs dépens , à laquelle torche sera attaché un écusson de bois où sera dépeint la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.

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J'ai beau scruté le vitrail, je ne vois pas sur les torchères  l'écusson de bois peint de la Pentecôte. Mais je me les représente facilement puisque les Processions des autres vitraux me les ont montré, comme l'ont fait les documents consultés, ou le Musée de Honfleur.

Je scrute encore, et je ne vois pas les passements simple, double ou triple des chaperons, sous forme de bandes de tissu plat "formé par l'entrelacement réguliers de fils d'or, d'argent ou de soie" (CNRTL)

Je poursuis ma lecture des statuts :

"Le prevost et l'echevin serviront pendant quatre années et les autres frères servants chacun deux ans.

Si quelqu'un des frères ou sœurs devient nécessiteux et tellement pauvre qu'il ne puisse gagner sa vie, les prévost et echevin luy pourront subvenir des deniers de la Charité.

Que si quelqu'un des associés à la dite confrairie décédait pauvre et  sans aucun moyen, il lui sera baillé un drap aux dépens de la Charité, pour estre enseveli par les parents du défunt, ou à défaut d'iceux en cas de nécessité, par le frère semainier à l'aide et assistance des autres frères du e mois.

Si c'est un étranger ou autre pauvre personne, encore qu'il ne soit associé, sera assisté par les dits chapelains et porté par les dits frères."

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"On ne sait pas très exactement quels furent jadis leurs uniformes. Aujourd’hui, leurs signes distinctifs datent, et au plus tard, de la Restauration. C’est cependant très particulier. Ils revêtent d’abord une soutanelle, une blouse longue et flottante de lustrine noire, avec des galons aux manches qui indiquent les grades et les anciennetés.  Ils se couvrent d’une barrette ecclésiastique à trois cornes et houppette de soie, galonnée aussi. Enfin la pièce essentielle, le chaperon : une énorme étole deux fois large comme celle des prêtres, qu’ils se passent en écharpe tel un baudrier. L’étoffe est en velours rouge ou vert, plus rarement noir, entourée de larges franges d’or. Là-dessus, le goût fastueux des brodeurs anciens s’est donné libre cours. Ce sont des épis et des acanthes en ronde-bosse, des raisins et des roses, avec, au centre, un saint Sébastien de carnation. Un saint Sébastien de soie charnelle, de pourpre pâle, dont l’épiderme bien normand, la peau phosphorescente, luit comme une nacre. Les bras levés et attachés, il est tout empenné de flèches, tout tacheté de mouchetures sanguinolentes ; mais ses pieds reposent sur un gazon de vert émail, mitraillé de corolles, de pâquerettes et de coquelicots.

Saint Sébastien est le patron des charitons ; le soldat torturé, le saint des archers normands qui ne le cédaient qu’aux archers d’York, et pour lesquels on plantait dans chaque propriété deux ifs destinés à leurs arcs, bien que l’if empoisonne le bétail. Le saint qui satisfait à la fois notre cruauté et notre habileté, notre santé, puisqu’il échappa à tant de sagettes si bien placées et si justes, et notre chance irréfutable." (Jean de la Varende)

Cette importance de saint Sébastien décrite en 1954 en Pays d'Ouche est également attestée dans les statuts de la Charité des Andelys en 1539 :

 

"Et si aucuns d'iceux associés devenoient ladres [lépreux], la confrairie leur fera dire un service pour infirmes où assisteront les dits frères servants et à la fin seront distribués treize deniers aux pauvres et de là les dits servants convoieront le dit ladre jusqu'à la maladrerie et assisteront le curé à toutes les cérémonies, prières et œuvres qu'il fera pour le dit ladre.

 La Charité fera dire tous les ans trois messes hautes, deux dans  l'église Nostre-Dame à l'honneur de monsieur saint Sébastien le mardi devant les Rogations et la troisième dans l'église Saint-Jean, en l'honneur de monsieur saint Rocq, le jour de sa feste."

Saint Sébastien et saint Roch sont les deux saints invoqués contre la peste, ce qui atteste ici du rôle crucial des épidémies ("lèpre", "peste" se confondaient à l'époque) de peste  et de la peur de mourir sans être inhumé par des paroissiens qui craindraient la contagion. Ce rôle fondateur des maladies contagieuses  est clairement spécifié dans les statuts :

"L'institution principale de la confrairie a été pour enterrer sainctement les corps des frères associés, de quelque maladie qu'ils soient morts, soit de peste ou autre maladie contagieuse dont, par la grâce de Dieu, il ne s'est jamais ouï parler qu'il en soit mal pris à un des frères servants depuis l'institution de la Charité jusqu'à présent, ce qu'il plaira à Dieu continuer tandis que la Charité durera, afin que les corps ne demeurent sans sépulture, il est arrêté que les dits servants assisteront aux inhumations des trépassés en la manière qui suit."

Selon Jean de la Varende, les cloches du tintennelier, aussi nommée "cliquette" dans les statuts, est précisément destinée à l'origine à écarter les passants face au danger des émanations pestilentielles du défunt, comme devait le faire les lépreux lorsqu'ils s'éloignaient des maladreries où ils étaient réunis :

"Les paysans du pays d’Ouche disent « campunelles », parfois, pour leur cloche processionnelle, et c’est évidemment une altération rurale de « campanelle », la petite cloche ; mais il y a plus significatif. Un des sonneurs spécialisés, qui remporta le grand prix du tournoi sonore, nous assurait que son père disait « tartavelle », et cela pourrait faire réfléchir. La tartavelle, en effet, dans les glossaires, désigne en langage courant, patoisant, la crécelle des lépreux ; la cliquette au moyen de laquelle le lépreux faisait le vide autour de sa promenade. L’emploi de la tintenelle aurait donc eu pour dessein, non d’appeler les gens à concourir au convoi, mais, bien au contraire, à les en écarter."

La confrérie est  une sorte de mutuelle, payante, pour se protéger du risque de manque d'inhumation digne, mais se charge-t-elle en  équivalent de Pompes Funèbres paroissiale  de l'enterrement de tout un chacun ? 

"Toute personne de l'un et de l'autre sexe indifféremment, peuvent être associez en icelle confrairie, payant toutes les semaines chaque personne un dénier et en donnant quelque argent selon sa dévotion,  lorsqu'elle sera reçue et associée en la dite confrairie; laquelle en se faisant amortir paiera pour une fois quatre livres au profit de la Charité." (Ier article des statuts)

La confrérie a un vrai monopole des funérailles :

"Il est ordonné que, à toutes les inhumations où elle assistera, la Charité sera préférée, pour porter le corps des trépassés, à toutes les autres confrairies érigées à Nostre-Dame ou à la Madeleine, soit qu'elles soient  anciennes ou non; sans qu'il soit permis aux autres confrairies ou charités  des villages voisins de s'introduire ou de s'entremettre de façon quelconque, pour venir dans Andely porter les corps en terre, ou d'assister en corps de confrairie au convoi, sous ombre que les trépassés seraient de leur confrairie, pour éviter aux abus et inconvéniens scandaleux qui pourraient survenir"

Mais la confrérie de la Charité mérite néanmoins son nom :

"Le jour du Saint Sacrement, après les vespres du chœur, les dit frères servants laveront les pieds de douze pauvres dans la chapelle de madame sainte Clotilde, en commémoration de ce que Nostre Seigneur a fait avec ses apostres; à chacun desquels pauvres sera distribué trois deniers, un pain d'un sol et un morceau de chair et outre sera fait de même par le semainier à tous les pauvres nécessiteux qui se trouveront à la dite solennité; mesme sera bény un pain parle curé semainier, le quel sera distribué aux chapelains, frères servants et à tous ceux qui se trouveront aux dites cérémonies, le tout aux dépens de la Charité."

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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Lancette C. Sept chapelains, livre sous le bras, suivent le cortège, tout en discutant. Ils sont tous vêtus de la même robe noire serrée à la taille par un cordon, portent le chaperon bleu rejeté par dessus l'épaule gauche, et  sont tous coiffés de la barrette.

 

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"huit frères, vêtus de même, ayant un livre sous le bras," (Brossard de Ruville)

 

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Extrait des statuts :

 

"Seront établis sept chapelains, prestres, pour faire le service de la dite Charité, lesquels auront pareillement un chaperon bleu, aux dépens de la dite Charité, qu'ils porteront sur l'épaule senestre toutes les fois qu'ils seront employés pour la Charité et si auront chacun une torche à leurs dépens aux écussons de la dite Charité, qu'ils seront tenus de porter allumée aux inhumations des frères servants trépassés et seront les dits chapelains nommés par le prévost, échevin et frères servants, à la pluralité des voix  et presteront serment devant le curé semainier de l'église Nostre-Dame.

 Sera tenu le clerc de la dite Charité d'avertir les chapelains et frères  servants deux heures avant l'enterrement, de se trouver aux inhumations, services et prières que la Charité est tenue de faire pour ses frères trépassés,  en allant aux maisons d'un chacun, vestu d'une robe bleue avec le chaperon sur l'épausle que la Charité lui fournira. 

Le dit clerc sera tenu toutes les semaines à la minuit des dimanches, mardis et jeudis, aller par les rues d'Andely avec sa robe et cliquette, pour avertir par un cri public qu'il fera à chaque carrefour les frères et associés de prier Dieu pour les trépassés et sera tenu de faire le cri à la porte des prevost, échevin et frères semainiers."

 

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

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Lancette D. Huit charitons, richement vêtus de costumes civils. 
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Les bas, ces collants multicolores, les amples manteaux courts au dessus de tuniques également courtes, les petites fraises du col, les barbes et les coiffures, ou les chaussures à extrémités élargies, témoignent de la mode sous Henri II.

Le chaperon bleu de l'épaule "senestre" descend jusqu'à la cuisse ; il s'épanouit en son sommet dans une sorte de rosace rappelant celle de l'épitoge des avocats.

La gravité des frères servants en tête du cortège n'est plus de mise ici. Les regards se mobilisent, chacun observe son voisin et réajuste sa tenue comme s'il arrivait précipitamment. Le peintre-verrier n'est pas dépourvu d'humour.

"et au dernier rang plusieurs bourgeois, vêtus comme les massiers. Tous les assistants sont coiffés d'une petite toque carrée." (Brossard de Ruville)

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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.

 

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La procession de la Confrérie à la Pentecôte

Je ne suis pas convaincu qu'il s'agisse sur ce vitrail de la représentation d'un cortège funèbre (qui ne convoquerait pas l'ensemble des membres au grand complet), et je pense plutôt à la procession annuelle de la confrairie. Celle-ci est bien spécifiée dans les statuts : 

 "Tous les ans après la feste de la Pentecoste, à la commodité des frères, l'on fera le voyage à Nostre-Dame de Grâce, auquel assisteront tous les membres de la confrairie. Et iront en corps avec leur chaperon les dits chapelains et servants depuis l'église de Nostre-Dame jusqu'à la croix du mont de Cléry, depuis la croix de Port-Mort jusqu'à la croix de Saint-Pierre la Garenne et depuis le haut du village de Grâce jusque dans l'église où sera dite une haute messe par le curé semainier en l'honneur de la glorieuse vierge Marie. Et les dittes prières accoutumées estant dites, les dits chapelains et frères reviendront en corps en même ordre que dessus jusque dans Nostre Dame d'Andely en laquelle l'on chantera devant l'autel de la Vierge derrière le chœur Salve Regina avec l'oraison."

 

C'est un trajet considérable allant du Grand-Andely à Saint-Pierre-de-Bailleul soit 40 km aller et retour, nécessitant de traverser la Seine (entre Port-Mort et Saint-Pierre-la-Garenne, mais il n'y a pas de pont), avec des dénivelés (la Croix de Clery est à 148 m) et la traversée de la Forêt des Andelys. 

 

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Il est intéressant de constater que de nombreux éléments de cette séquence se retrouve dans l'enluminure de l'Office des Morts  des Heures d'Étienne Chevalier peinte par Jean Fouquet entre 1452 et 1560 :

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Les funérailles d Étienne Chevalier, enluminure de l'Office des Morts. Jean Fouquet — R.-G. Ojeda, RMN ; expositions.bnf.fr

 

 

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SOURCES ET LIENS.

— AZARD (Marie-Magdeleine), 1983,  Histoire des Andely et de ses hameaux. Horvath editions

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3325844b.texteImage

http://tresorscolores.com/wp-content/uploads/2018/03/histoire-des-andelys-et-ses-hameaux1.pdf

— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.

https://books.google.fr/books?id=IEIbAAAAYAAJ&dq=armoiries+longuemare+d%27azur&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

et les statuts page 385:

https://books.google.fr/books?pg=PA386&dq=ruville+andelys+%22Le+jour+du+Saint+Sacrement%22,&id=IEIbAAAAYAAJ&hl=fr&output=text

DIDRON (Edouard), 1862, Les vitraux du Grand-Andely, dans Annales archéol., XXII (1862), 260-293. ou édition de 1863 par V. Didron, page 13

https://archive.org/details/annalesarcholo22pariuoft/page/260

https://books.google.fr/books?id=1AMtAAAAYAAJ&dq=%22saint+l%C3%A9ger%22+andelys&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— FOSSEY (abbé Jules) 1914, L'Art religieux dans les diocèses de Rouen et d'Evreux... La Bible illustrée par les vitraux et bas-reliefs de la Haute-Normandie

Édition : Evreux, Impr. de l'Eure , 1914. In-8°, 129 p.

— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale  in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.

HEROLD (Michel) ; Verdier Hélène ; Thomas Sarah ; Chéron Philippe © Monuments historiques, 2005 : Notice PM27001971

http://www.inventaire.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=DENO&VALUE_98=verri%e8re&NUMBER=27&GRP=7&REQ=%28%28verri%e8re%29%20%3aDENO%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=200&MAX3=200&DOM=Tous

— LA VARENDE (Jean de), 1954, Une révolte de Charité, Revue de Paris 61e année n°1

http://www.biblisem.net/narratio/lavarevo.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
12 février 2019 2 12 /02 /février /2019 15:32

La verrière de la vie de saint Léger ( vers 1540) ou baie 22 de Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys.

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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"La ville des Andelys est située à environ 32 kilomètres au sud-est de Rouen, sur la rive droite de la Seine, au pied de la falaise calcaire abrupte de la rive concave d’un méandre. Au Moyen Âge, elle est séparée de la rive du fleuve par une zone marécageuse, le Vivier, qui ne commence à se combler qu’à partir du XVe siècle. À cet endroit, la Seine, plus étroite, est d’un franchissement relativement aisé en doublant la pointe de l’île des Trois Rois. Les Andelys sont un ancien vicus gallo-romain installé non loin de la grande voie de Lutèce à Lillebonne et des axes vers Évreux et Lisieux. Clotilde, femme de Clovis, aurait fondé vers 500-525, aux Andelys, un monastère de femmes dédié à la Vierge et l’existence d’une chapelle Sainte-Clotilde dans l’église Notre-Dame plaide pour l’implantation de l’église collégiale après la destruction du monastère par les Normands vers la fin du IXe siècle, sur le site du monastère. Enfin, le site des Andelys aurait accueilli un des palais mérovingiens de la basse Seine, qualifié de vieux palais (vetus palatium) au VIIe siècle, mais aucune preuve archéologique ne permet de le localiser." Marie Casset, 2007, Le manoir des archevêques de Rouen aux Andelys p. 225-234, in Les évêques aux champs, © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007https://books.openedition.org/purh/7143?lang=fr

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"La ville des Andelys, chef-lieu de l'une des principales subdivisions du bailliage de Gisors, était un important pôle d'activité grâce à son port sur la Seine qui alimentait l'arrière-pays. Les contacts étaient constants entre les deux villes administrés par une même bourgeoisie enrichie par l'exercice des offices publics et sensibilisée aux nouveautés artistiques. La reprise de l'activité architecturale s'est faite dans un contexte politique et économique similaire de celui qui présida à la reconstruction de l'église de Gisors.

L'église collégiale Notre-Dame en offre aujourd'hui le principal témoin, dont la place dans la diffusion des formes reste difficile à apprécier faute de chronologie bien précise. Linda Elaine Neagley a récemment proposé de dater les campagnes flamboyantes initiales, situées par cet auteur dans le chœur et la croisée du transept de la première moitié du XVe, en y identifiant les prototypes de tracés et de modénatures adoptés dès les années 1430 sur le chantier de Saint-Maclou de Rouen. Cette chronologie relative nous semble difficile à admettre au vu des rares repères historiques fiables qui invitent à rajeunir sensiblement les travaux de l'église des Andelys : réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506 et mise en place des vitraux de l'époque flamboyante à partir de la décennie 1500." Étienne Hamon , 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=portail+sud++%22grand-andely%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

 

 

Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame (d'après Gatouillat 2001)

 

L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —,  en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant, et nous  gardons du début du XVIe siècle la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.

Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,

La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction  des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.

Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :

Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 14 : v. 1510-1515 . armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise 

Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.

Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.

Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde

Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.

Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.

Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval

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Description.

Cette verrière qui éclaire la 1ère chapelle du bas-coté sud de la nef   mesure 3,80 m de haut pour 4,10  m de large et se divise en 5 lancettes ogivales et un tympan à  5 ajours droits.  Elle est consacrée à la vie de saint Léger, évêque d'Autun.

Elle a été très restaurée en 1865 par Didron, aux frais de Mgr Devoucoux, évêque d'Evreux.

Elle a été décrite en 1862 par Didron, puis  en 1877 par l'abbé Adolphe-André Porée, curé de Bournainville . Je cite le texte de Porée en retrait pour chaque panneau.

Placée entre la baie 20 (vie de sainte Clotilde et baptême de Clovis) et la baie 24 (vie de sainte Clotilde), elle doit sa présence aux Andelys au culte de la reine Clotilde, ou plus largement à l'histoire des racines sacrées de la monarchie française puisque saint Léger est l'un des principaux saints mérovingiens et qu'il fut le précepteur des enfants de Clovis II, puis nommé évêque d'Autun . Il devint  le conseiller des rois Clotaire II puis Childeric II avant d'être disgracié pour avoir reproché au roi son mariage. En conflit avec un autre conseiller, le violent Ebroïn, il fut  envoyé au monastère de Luxeuil  puis il subit le martyr., 

 

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Lors de ma visite, des travaux de restauration étaient en cours. Le haut des verrières étaient protégé par des filets.

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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TYMPAN

 

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1°) Les inscriptions des écoinçons.

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"Les écoinçons I et IV sont occupés par deux petits anges nus, aux ailes rouges et vertes, soutenant, à l'aide d'une cordelière passée sur l'épaule, un large cartouche. Le premier à gauche, porte l'inscription suivante, qui se rapporte au sacre de saint Léger, du panneau II. 



SAINCT LEGER FUST EVESQUE DE RAVE[N]NE (1)

POUR LES VERTUS QUE LUY VOYE[N] FLEURIR

PETITS ET GRANDS. SATHAN QUI CABLE ET VENS

LES PLUS PARFAITS, APRES LES AVOIR FAICT MOURIR .

(1) Il est probable que le peintre a mis pour la rime Ravenne pour Autun. 

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L'inscription du cartouche de droite est ainsi conçue :

AVEC LE ROY DONT SOING AVAIT ET CURE

IL FIST LA PASQUE ASSIS AUPRES DE LUY

SES ENNEMIS EN EURENT GRA[N]T ENNUY

MAIS SAINCT LEGER BIE[N] P[OUR MAL LE[UR] PROCURE ;

Cette légende est relative au panneau IV qui représente saint Léger faisant la pâque avec le roi Childéric II, à Autun. 

 

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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2°)Les ajours centraux : Consécration épiscopale de saint Léger (très restauré) ; couronnement de Chilpéric II (moderne) ; saint Léger faisant la Pâque avec le roi.

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"PANNEAU II. Sacre de saint Léger, évêque d'Autun. Saint Léger est assis sur un trône à pieds contournés . il paraît extrêmement jeune, bien qu'à cette époque de sa vie, il n'eût pas moins de quarante-quatre ans. Sa tête n'est pas nimbée nous le voyons revêtu de tous les ornements pontificaux, l'aube de lin, la tunicelle violette, la chape rouge, les chaussures jaunes et les représentant saint Léger à l'hospice de Fécamp, et qui dans l'ordre chronologique doit précéder le panneau 3, au milieu de la verrière, où saint Léger a été dépouillé de ses vêtements d'évêque. gants bleus; ses mains sont jointes. Les deux prélats consécrateurs déposent la mître sur sa tête; l'un d'eux, mître en tête, porte une chape verte avec une agrafe d'or; l'autre, également mitre, est revêtu d'une aube, d'une chape bleue, de gants verts et de chaussures violettes. A gauche, on aperçoit un clerc en tunique violette, portant la crosse du nouvel évêque; cette crosse d'or relevée d'ornements d'argent et de pierreries est d'un .éclat éblouissant. Le second plan est occupé par d'autres clercs portant la croix, les cierges et les crosses des deux autres évêques. Dans le fond, les murs de la basilique des saints Celse et Nazaire à Autun, où fut sacré saint Léger. 

PANNEAU III.–Couronnement du roi Childéric II. Le roi est sur un trôné, magnifiquement vêtu en empereur romain. Il a les bras et les jambes nues, le sceptre à la main, un manteau agrafé 'sur l'épaule gauche. Saint Léger, portant la mitre, l'aube et la chape rouge, dépose la couronné sur la tête de celui qu"il vient de faire proclamer roi des Francs. Derrière lui, un clerc en surplis porte la crosse. A droite, au premier plan, un moine à la tète rasée, vêtu d'une robe blanche et d'un scapulaire noir, semble étendre la main droite. Devant lui, un soldat couvert d'un bonnet phrygien et d'une cotte rouge, porte un petit étendard bleu à trois fleurs de lys. Un autre soldat, casque 
en tète, revêtu d'une cotte verte, porte un fanion semblable. Dans le fond, plusieurs personnages que l'on n'aperçoit qu'imparfaitement. Il existait, autrefois, un fragment d'inscription au bas de ce panneau.

PANNEAU IV. Childéric célébrant la pâque avec saint Léger à Autun. Il ne faudrait pas entendre, par ces mots, que Childéric vint communier à Pâques des mains de saint Léger , L'histoire nous apprend, au con-traire, que Childéric venu à Autun avec le projet criminel d'assassiner le saint évêque, osa, néanmoins, recevoir le corps de Jésus-Christ des mains de l'hypocrite Marcolinus, sorte de reclus qui vivait près du monastère de Saint-Symphorien d'Autun. Notre vitrail nous montre donc saint Léger dans un repas offert à Childéric, en 670, à l'occasion des solennités pascales. Sous un large dais d'étoffe rouge richement damassée, saint Léger revêtu de la mitre précieuse, d'une tunicelle verte et d'une chape bleue, est assis près du roi. Childéric, le sceptre en main, a un costume à peu près semblable à celui du panneau précédent. Il est assis sur un trône ayant des griffons pour accoudoirs ; un chien est couché a ses pieds. Le jeune roi baisse la tête et semble écouter avec ennui les sages remontrances de saint Léger, qui étend le bras vers lui l'évêque lui reproche, sans doute, ses débordements scandaleux et son mariage avec sa cousine germaine Bilihilde, qu'il avait amenée avec lui à Autun. La table du festin, recouverte d'une nappe damassée, est chargée de fruits. Un serviteur vêtu d'une tunique violette apporte une large aiguière. A l'extrémité de la salle, on voit un petit page portant un manteau bleu et un toquet noir à plume bleue. – Le fond; de la salle est tendu, d'une draperie  verte. "

 

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LES LANCETTES.

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette A : les nobles d'Autun viennent chercher leur évêque à Luxeuil après la mort de Chilpéric.

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" Panneau VI. La scène assez obscure du reste, représentée dans ce panneau a beaucoup exercé la perspicacité de tous ceux qui ont étudié les vitraux d'AndeÏy.  Les uns prétendent qu'elle montre saint Léger sortant des murs d'Autun où il était assiégé par le comte de Champagne, et se livrant lui-même à ses ennemis. L'attitude respectueuse du seigneur auquel parle l'évêque ne semble pas permettre de s'arrêter à cette opinion. 
Selon d'autres, on tiendrait annoncer à saint Léger la nouvelle de son élévation à l'épiscopat. Mais la scène se passe près d'une abbaye, et c'est à la cour de Bathilde que Léger fut nommé évêque. 
Enfin, d'autres y ont vu un noble Franc venant chercher saint Léger à l'abbaye de Saint-Maixent de la part de la reine Bathilde, qui en voulait faire le précepteur de ses enfants et son propre conseiller. 
Pour nous, et M. de Ruville s'est arrêté à une opinion à peu près identique, cette scène représente les nobles de la cité d'Autun venant, ainsi que nous l'apprennent les Actes de la vie du saint, chercher à l'abbaye de Luxeuil leur bien-aimé évêque sacrifié à la cruauté jalouse de Childéric. Ce roi vient de mourir; les fers du captif sont brisés, et on lui remet aux mains la crosse, signe de cette autorité dont l'avait injustement privé un pouvoir despotique. Cette explication, nous le savons,ne porte pas l'évidence avec elle, et nous laissons à d'autres à donner le dernier mot de cette interprétation. Mais ce qui nous a surtout déterminés à proposer la nôtre, c'est un fragment d'inscription placé autrefois au bas du panneau, et enlevé au moment de la restauration. Sur ce fragment, se lisait ce mot LUXEUIL . Or, l'explication que nous donnons est la seule où ce mot puisse être placé d'une manière significative. 

Au premier plan de ce panneau, à gauche, Saint Léger revêtu, comme un simple prêtre, d'une robe rouge et d'un surplis à larges manches, porte des souliers bleus, et sur l'épaule gauche un chaperon de couleur rouge. Cette figure, très-nettement dessinée, est pleine de douceur et de fermeté. L'évêque est accompagné de deux religieux dont l~un porte la tonsure monacale et une longue barbe il étend le bras vers le seigneur Franc; sa robe est violette et ses chaussures bleues vrai type de moine, plein de vigueur et d'expression. On ne voit de l'autre religieux que la figure encapuchonnée. A gauche, est un personnage à barbe blanche, avec toque jaune et casaque bleue. Le noble seigneur qui adresse la parole à saint Léger est revêtu d'un de ces magnifiques costumes de la Renaissance, que la coupe étriquée de nos habits modernes fera toujours regretter. Il est tête nue; son visage sévère s'encadre d'une longue barbe brune. Il est revêtu de la fraise plissée, d'un pourpoint cramoisi à crevés, d'une pèlerine d'hermine, d'un manteau rouge, de hauts-de- chausses vertes et de bottes bleues; une riche épée, est suspendue à son côté. D'une main, il tient soit des gants, soit un parchemin roulé; de l'autre, la crosse  d'or, qu'il apporte à saint Léger, au nom des habitants d'Autun. A droite, au second plan, on aperçoit la figure épanouie d'un homme coiffé d'une toque rouge et vêtu d'un pourpoint bleu à col de fourrure. 

Le fond du sujet est occupé par un édifice intéressant à étudier. C'est l'église de l'abbaye de Luxeuil, où saint Léger avait été exilé. La porte ouverte laisse apercevoir une rangée de piliers cantonnés et une série de fenêtres. Au-dessus du portail est adossée la statue d'un abbé tête nue et portant la crosse; un dais sculpté la surmonte. Le pignon de l'église est orné d'une rosace flamboyante, et la pointe percée d'un œil-de-bœuf. Sur les combles s'élève une croix dorée et une petite flèche. Des arcs-boutants se profilent sur les deux côtes de l'église."

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette B : martyr de saint Léger, à qui on crève les yeux au moyen d'une tarière.

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"PANNEAU VII.–Supplice de saint Léger.

Après s'être livré lui-même aux ennemis qui l'assiégeaient dans la ville d'Autun, l'évêque est devenu l'objet de leur vengeance. Saint Léger, en costume épiscopal est assis, les bras attachés au dossier de son siège. II est sans nimbe et porte la mitre, l'aube, une longue tunicelle jaune brochée, une chape rouge et des souliers violets. Les traits de son visage se contractent sous l'horrible supplice qu'on lui fait endurer. L'un des bourreaux, barbu, casque en tête, vêtu d'une tunique bleue et d'un manteau rouge, lui tient la tête fixe dans ses deux mains, tandis qu'un second tortionnaire, vieil-lard à longue barbe blanche et tête nue, lui crève les yeux avec un gros foret de charpentier, tout en détournant la tête d'horreur. Le costume de ce bourreau est fort curieux. Il porte un pourpoint vert séparé d'un haut-de-chausses bleu par une ceinture violette ses bottes à retroussis bleu clair sont ornées d'une large agrafe de cuivre à tête de lion. 

Au second plan, à droite, un personnage à barbe blanche, qui porte un casque de couleur violette, une tunique grise et un manteau rouge, est assis sur une haute estrade il étend son sceptre, et semble suivre attentivement la marche du supplice qu'il vient d'ordonner. Son siège, à haut dossier, est surmonté d'une draperie pourpre attachée aux branches d'un arbre et forme un dais. Cet homme est sans doute Vaïmer, quoique les Actes de la Vie de saint Léger nous disent qu'il ne fut remis aux mains du comte de Champagne qu'après avoir eu les yeux crevés. Près de Vaïmer est un personnage qui, le menton dans sa main, assiste impassible à cette scène atroce il est coiffé d'une sorte de chaperon bleu et enveloppé d'un ample manteau violet. A la gauche du panneau; un jeune homme vêtu 
d'une tunique:rose pale semble causer à son voisin un autre spectateur du supplice, portant une barbe rouge, est coiffé d'une draperie de couleur blanche. A l'arrière plan, on aperçoit une église, des tourelles, les remparts 
de la ville d'Autun assiégée par le comte de Champagne. Dans le lointain, une rivière coule au bas d'une colline; 
tout ce paysage est peint sur un fond bleu ardoisé. Des fragments d'inscription se lisaient autrefois au bas de ce panneau ils ont disparu. "

 

 

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette C. Condamnation de saint Léger.

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"PANNEAU VIII.– Saint Léger est dépouillé de ses vêtements pontificaux. L'artiste verrier a choisi la scène 
un peu étrange, il faut l'avouer, où Ebroïn furieux de n'avoir pu faire condamner saint Léger, a ordonné à ses 
valets de lui déchirer sa robe d'évêque. Saint Léger avait comparu devant le roi Thierry et plusieurs seigneurs du 
royaume, sous l'inculpation calomnieuse de complicité dans le meurtre de Childéric mais nul n'avait osé le condamner. Ce dut être en dehors de cette assemblée qu'Ebroïn outragea ainsi honteusement l'évêque d'Autun. Le peintre a représenté ce tribunal privé, où siégeaient l'injustice et la haine, au moyen duquel Ebroïn put infliger un dernier affront à sa victime avant de lui ôter la vie. Saint Léger, dépouillé de ses ornements pontificaux, est en chemise, pieds nus, les mains garrottées par des cordes. Sa tête, sans nimbe, a conservé la mître épiscopale il se détourne et regarde sévèrement ses juges, en leur reprochant leur indigne cruauté. Deux soldats l'emmènent hors du tribunal. L'un d'eux, figure ramassée, à barbe brune porte un petit chapeau rond de couleur violette, un pourpoint rouge à jaquette  bleue, et des chasses violettes; une large épée est suspendue à sa ceinture. Un autre soldat, qui regarde les juges et prend leurs ordres, porté un casque à chenille jaune, une tunique cramoisie et des hauts~de-chausses bleuâtres à sa ceinture pend une sorte de couteau de boucher. Au second plan, à gauche, sous une large tenture rouge attachée à un arbre, s'élève une estrade. Ebroïn portant une barbe rousse, la tête enveloppée dans les plis de son manteau violet, est revêtu d'une tunique grisâtre. Il tient de la main droite un parchemin roulé, et menace de la gauche l'évêque qui lui reproche la multitude de ses crimes. A la gauche d'Ëbroïn sont assis deux juges complaisants qui parlent entre eux. L'arrière-plan est occupé par un paysage bleuâtre d'une bonne perspective; deux hommes s'éloignent en causant. La partie supérieure du panneau est remplie par un arbre verdoyant, dont les branches supportent un cartouche avec une inscription qui nous eût sans doute 
donné, avec la date, les noms du donateur de ce vitrail, mais qui est malheureusement fort incomplète :



LAN MIL CINQ CENT -----

---EPROUVEE

----SAINCT LEGE---

PLUS LE ---

POUR ---

CESTE -----PLACE
 

Au bas de ce même panneau, on lisait autrefois ces mots : DU DIABLE POSSEDI ---Ce fragment d'inscription, trop mutilé, n'a pas été replacé lors de la restauration du vitrail. "

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette D : saint Léger dans sa prison.

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"PANNEAU IX.–Saint Léger enfermé par l'ordre d'Ebroïn dans l'hospice de Fécamp. –Après avoir fait couper à saint Léger la langue et les lèvres, Ebroïn avait donné l'ordre à Vaïmer, l'un de ses leudes,d'emprisonner l'évêque d'Autun. Ce noble seigneur, ému de pitié, déjoua les cruels projets de l'ancien maire du palais, et conduisit l'évêque proscrit à l'hospice de Fécamp. Ce lieu de réclusion se présente dans le vitrail sous la forme d'une vaste tour ronde surmontée d'un campanile circulaire avec sa clochette. Aux nombreuses ouvertures grillées des divers étages se montrent plusieurs reclus. Au rez-de-chaussée de la tour, une fenêtre cintrée et défendue par de solides barreaux de fer nous laisse apercevoir à mi-corps saint Léger, les bras enchaînés, portant la mitre, l'aube et la chape rouge. Un nimbe rayonnant environne sa tête, et l'Esprit-Saint, l'Esprit Consolateur sous la forme d'une colombe nimbée, vient visiter l'évêque dans sa prison et l'illumine de ses rayons divins.'Les traces de l'horrible mutilation qu'a subie saint Léger ne sont pas apparentes l'artiste a voulu sans doute représenter par là le miracle par le- quel le saint martyr, arrivé à Fécamp, recouvra l'usage de la parole. Saint Léger adresse de pieuses exhortations à deux personnes, dont l'une, vue de dos, est revêtue d'un pourpoint jaune à manches vertes, 'd'un man- teau rouge et de chausses blanches elle est tête nue; sa figure tournée de profil et ombragée d'une longue barbe brune, est remarquable de noblesse et d'énergie; l'autre, vue de face, porte également une barbe épaisse, elle est revêtue d'un casque de couleur verte, d'un manteau bleu et de chausses de la même couleur. Au pied de la tour, une vieille femme, assise par terre, écoute avec attention les enseignements du saint évêque. Elle porte une coiffe blanche, une robe violette à manches bleues, et tient dans ses bras un jeune enfant nu qui joue avec un chien. A l'arrière-plan, on aperçoit les bâtiments de l'hospice de Fécamp et plusieurs moines. "


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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette E : décollation de saint Léger.

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"PANNEAU X. -- Martyre de saint Léger.

Ce fut dans la forêt d'Ivelines, dans le pays d'Arras, que saint Léger fut décapité par ordre d'Ebroïn. Cette scène suprême forme le sujet du dernier panneau de notre verrière. Saint Léger vient de subir son supplice ; sa tête gît à terre loin du tronc et la mître est près d'elle. Le corps de l'évêque, encore agenouillé, est revêtu des ornements sacrés, aube, chape rouge. Ses mains sont liées par des cordes. Le bourreau, qui vient de lui trancher la tête, brandit encore son sabre recourbé il porte un casque richement ciselé, une tunique jaune entr'ouverte, et des hauts-de-chausses bleus ses jambes sont nues, et une sorte d'écharpe bleue entoure son cou. Il lève la tête et voit l'âme de saint Léger emportée par les anges dans le sein du Père éternel. L'âme du saint, selon les traditions iconographiques du moyen âge, mais qui s'effaçaient déjà au XVIe siècle, apparaît sous la forme d'un petit enfant nimbé, nu, les mains jointes. Quatre anges, vêtus de longues tuniques, la soutiennent dans leur bras, et la présentent au Père éternel, qui est porté par des nuages c'est un vieillard vénérable, à longue barbe blanche, portant la tiare sans nimbe et un manteau bleu. Trois personnages assistent, près du bourreau, à cette scène que l'artiste a su rendre vraiment saisissante.  Ce sont, sans doute, les trois sicaires d'Ebroïn, dont parlent les Actes de la Vie de saint Léger, et qui, touchés  parla grâce, demandèrent. et obtinrent de lui leur pardon. L'un d'eux, placé à la gauche du panneau, presque au premier plan, regarde avec horreur le corps inanimé du saint évêque. Il est tête nue, les cheveux courts, la barbe rase cette figure admirablement dessinée exprime une sauvage énergie. Cet homme porte une tunique jaune et un manteau pourpre. Près de lui, un autre personnage à longue barbe, revêtu d'une tunique verte, d'un manteau rouge et d'un bonnet de même couleur, détourne vivement la tête. Le troisième levant les yeux au ciel d'où rayonne une lumière Surnaturelle, considère l'âme de saint Léger portée par les anges il porte une longue barbe, un toquet rouge, et une tunique jaune sur un pourpoint rouge. A ses pieds;  deux hommes étendus à terre et dont on n'aperçoit que la tête. L'arrière-plan est occupé par un fond d'architecture. "
 

 

 

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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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SOURCES ET LIENS.

— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.

https://books.google.fr/books?id=IEIbAAAAYAAJ&dq=armoiries+longuemare+d%27azur&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— DIDRON (Edouard), 1862, Les vitraux du Grand-Andely, dans Annales archéol., XXII (1862), 260-293. ou édition de 1863 par V. Didron, page 13

https://archive.org/details/annalesarcholo22pariuoft/page/260

https://books.google.fr/books?id=1AMtAAAAYAAJ&dq=%22saint+l%C3%A9ger%22+andelys&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 



"TROISIÈME VERRIÈRE,

LÉGENDE DE SAINT LÉGER, ÉVÊQUE D'AUTUN.

Cette verrière, placée dans la seconde chapelle, est divisée en cinq baies séparées par quatre meneaux droits allant de la base à l'extrémité de la fenêtre. Les panneaux se terminent en ogive au-dessus de la partie carrée. Le vitrail est assez complet, bien qu'en mauvais état. Un seul panneau serait à remplacer entièrement, et encore ne devrait-il être occupé que par de l'architecture.

La vie du saint évêque d'Autun est liée d'une manière essentielle à l'histoire de la monarchie française au VIIe siècle. Né d'une famille illustre, vers l'an 616, ses parents le conduisirent fort jeune à la cour du roi Clotaire II, fils de la fameuse Frédégonde. Un peu plus tard, il fut envoyé à Didon, évêque de Poitiers, son oncle maternel, qui le fit élever avec un grand soin. Promu au diaconat, bien qu'il n'eût que vingt ans, grâce à son mérite exceptionnel, le saint ne tarda pas à devenir archidiacre et à être chargé par son oncle du gouvernement de son diocèse. Il devint ensuite abbé du monastère de Saint Maixent à Poitiers, et garda cette charge pendant six ans. Clovis II, roi de Neustrie et de Bourgogne, mort en 656, ayant eu pour successeur son fils, Clotaire III, encore enfant, sainte Bathilde, mère du jeune prince, fut proclamée régente et eut pour conseillers saint Éloi, évêque de Noyon, saint Ouen, de Rouen, et saint Léger qui peut-être a joué le rôle le plus considérable des trois. Ici commence la vie politique de l'évêque d'Autun, largement représentée dans la verrière.

Nommé à cet évêché en 659, il revint dix ans après à la cour lorsqu'il apprit la mort de Clotaire III et les troubles qui suivirent cet événement. Les deux frères du roi défunt se disputaient le trône. Thierry eut quelque temps le pouvoir, grâce à Ébroïn, maire du palais; mais la mauvaise administration de celui-ci fut cause de sa chute et de l'avénement de Childéric, qui se plaça sous la direction de saint Léger et accorda la vie à Ébroïn sur la prière de l'évêque. Plus tard, le saint devait avoir pour bourreau celui dont il avait été le bienfaiteur! Childéric s'étant abandonné à la débauche, Léger le réprimanda publiquement, ce qui le fit exiler au monastère de Luxeuil, où il retrouva Ébroïn devenu son compagnon de captivité. Cependant, le roi ayant été assassiné et remplacé sur le trône par Dagobert, fils de Sigebert II, l'évêque d'Autun put rentrer dans son diocèse, et le maire du palais reprit bientôt le pouvoir en faisant reconnaître pour roi un prétendu fils de Clotaire III, nommé Clovis. Kbroïn envoya une armée en Bourgogne, qui commença par assiéger A ut un. Saint Léger, soutenant les droits dî Dagobert, voulut résiste:' avec le concours des habitants; mais la ville fut prise par Vaimer, duc de Champagne, commandant de l'armée ennemie, ou plutôt l'évêque contribua à la reddition de la ville en se livrant. Saint Léger eut les yeux crevés. Pendant tout le temps que dura son supplice, il chanta des psaumes et ne souffrit point qu'on le liât. Il fut conduit ensuite en Champagne par Vaimer, lequel ne voulut pas obéir aux ordres d'Ébroïn. Celui-ci avait ordonné que l'évêque fût mené dans un bois pour y mourir de faim. Plus tard, saint Léger eut les lèvres et une partie de la langue coupées, et fut mis sous la garde du comte Vaneng. Ce dernier le traita bien et l'envoya au monastère de Fécamp, où il guérit complétement, à ce point même de recouvrer miraculeusement l'usage de la parole. Ébroïn, le poursuivant toujours de sa haine, l'accusa, ainsi que son frère Guérin, d'avoir contribué à la mort de Childéric. Les prétendus coupables comparurent devant le roi et les seigneurs du royaume : Guérin fut attaché à un poteau et lapidé; quant à l'évêque d'Autun, on hésita et on voulut d'abord le faire déposer dans un synode. Enfin quelques évêques ayant été gagnés par le maire du palais s'assemblèrent et s'érigèrent en juges, bien qu'ils n'eussent pas été convoqués par le primat ou un métropolitain. Sommé de s'avouer coupable, le saint ne cessa de protester de son innocence. I1 fut dépouillé de ses vêtements, on lui déchira sa tunique de haut en bas, comme marque de dégradation et de déposition, et on le livra aux mains de Chrodobert, comte du palais, chargé de le faire mettre à mort. L'exécution eut lieu en 678, dans la forêt d'Ivelin, appelée plus tard forêt de Saint-Léger, au diocèse d'Arras. Un seul des quatre soldats commis à cet effet eut le courage de couper la tête du saint évêque; les trois autres, s'étant jetés à ses pieds, lui demandèrent leur pardon et sa bénédiction.

L'ordre dans lequel les sujets sont placés est semblable à celui qui a été suivi dans le vitrail précédent, représentant la conversion et le baptême de Clovis ; c'est-à-dire que ceux de la partie ogivale précèdent ceux de la partie carrée, chronologiquement; et cependant, une scène de cette dernière partie, la première à gauche du spectateur, semble aussi être la première de la vie du saint. Il faut donc adopter cette marche, quelque irrégulière qu'elle soit, pour la description de la verrière."

— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale  in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.

— PORÉE (abbé Adolphe-André Porée), 1877, Description du vitrail de saint Léger évêque d'Autun à Notre-Dame des Andelys, Tours, P.Bouserez, 23 p. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63475x.texteImage#

 

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"Ce vitrail est peut-être, de tous ceux que possède l'église du Grand-Andely, celui qui offre le dessin le plus sobre, le plus correct et le plus élégant quelques-unes des scènes qu'il représente, la Pâque de Childériç, saint Léger à l'abbaye de Luxeuil, saint Léger dépouillé de ses vêtements, son dernier supplice, sont de vrais tableaux, traités avec cette vigueur et ce relief que l'on retrouve dans les compositions des vieux maîtres florentins de la fin du xve siècle. Toutefois, dans notre vitrail, on sent un pinceau tout français, et les costumes, pour n'être pas de la belle époque de la Renaissance, sont, pour la plupart, des vêtements en usage sous Charles IX et Henry III. Les têtes sont fines et généralement bien modelées, les figures courtes, les traits fortement accusés ; l'énergie en est l'expression dominante ; les personnages ont tous une certaine raideur dans l'attitude. Vue de près ou de loin, ces têtes conservent toute leur expression et toute leur finesse. Une remarque fort curieuse c'est que les ombres 
dans presque toutes les figures, sont accusées au moyen de hachures de couleur brune croisées en divers sens, et telles qu'on les emploie dans la gravure. Ce procédé, assez peu usité dans l'art du verrier, a produit cependant, dans notre vitrail, des effets d'ombre admirablement calculés. 

"Comme harmonie de tons et de couleurs, cette verrière, vue à une certaine distance, conserve une teinte 
générale très-douce point de ces masses blafardes formant un vide au milieu de couleurs plus vigoureuses; point de ces contrastes criards qui vous déconcertent, et produisent sur le regard l'espèce de crispation nerveuse qu'infligent aux oreilles les notes discordantes de plusieurs instruments de musique; vous êtes en présence d'une gamme puissante de tons richement variés. 

"Vu de près, le vitrail prend un tout autre aspect. Je ne sais quoi d'accentué, de vigoureux vous frappe et vous saisit la pensée du peintre se dégage brusquement; la perspective se ramasse, se raccourcit; les couleurs deviennent plus intenses; les personnages s'animent on dirait qu'ils vont se mouvoir et parler. Cette œuvre est l'un des rares spécimens de l'art du xvie siècle où le verrier a su donner à chaque figure une expression propre et vraiment personnelle. 
Il serait à souhaiter que ce vitrail fût dessiné par une main habile et reproduit en chromolithographie. Il ferait un excellent sujet d'étude pour les peintres-verriers de nos jours, qui s'inspirent beaucoup trop de la gravure, et pas assez de leurs devanciers."

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 22:15

La verrière du Christ, de saint Louis et de trois saintes ( vers 1510-1515) offerte par l'archevêque Georges d'Amboise ou baie 14 de l'ancienne collégiale du Grand- Andely des  Andelys.

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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"La ville des Andelys est située à environ 32 kilomètres au sud-est de Rouen, sur la rive droite de la Seine, au pied de la falaise calcaire abrupte de la rive concave d’un méandre. Au Moyen Âge, elle est séparée de la rive du fleuve par une zone marécageuse, le Vivier, qui ne commence à se combler qu’à partir du XVe siècle. À cet endroit, la Seine, plus étroite, est d’un franchissement relativement aisé en doublant la pointe de l’île des Trois Rois. Les Andelys sont un ancien vicus gallo-romain installé non loin de la grande voie de Lutèce à Lillebonne et des axes vers Évreux et Lisieux. Clotilde, femme de Clovis, aurait fondé vers 500-525, aux Andelys, un monastère de femmes dédié à la Vierge et l’existence d’une chapelle Sainte-Clotilde dans l’église Notre-Dame plaide pour l’implantation de l’église collégiale après la destruction du monastère par les Normands vers la fin du IXe siècle, sur le site du monastère. Enfin, le site des Andelys aurait accueilli un des palais mérovingiens de la basse Seine, qualifié de vieux palais (vetus palatium) au VIIe siècle, mais aucune preuve archéologique ne permet de le localiser." Marie Casset, 2007, Le manoir des archevêques de Rouen aux Andelys p. 225-234, in Les évêques aux champs, © Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2007https://books.openedition.org/purh/7143?lang=fr

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"La ville des Andelys, chef-lieu de l'une des principales subdivisions du bailliage de Gisors, était un important pôle d'activité grâce à son port sur la Seine qui alimentait l'arrière-pays. Les contacts étaient constants entre les deux villes administrés par une même bourgeoisie enrichie par l'exercice des offices publics et sensibilisée aux nouveautés artistiques. La reprise de l'activité architecturale s'est faite dans un contexte politique et économique similaire de celui qui présida à la reconstruction de l'église de Gisors.

L'église collégiale Notre-Dame en offre aujourd'hui le principal témoin, dont la place dans la diffusion des formes reste difficile à apprécier faute de chronologie bien précise. Linda Elaine Neagley a récemment proposé de dater les campagnes flamboyantes initiales, situées par cet auteur dans le chœur et la croisée du transept de la première moitié du XVe, en y identifiant les prototypes de tracés et de modénatures adoptés dès les années 1430 sur le chantier de Saint-Maclou de Rouen. Cette chronologie relative nous semble difficile à admettre au vu des rares repères historiques fiables qui invitent à rajeunir sensiblement les travaux de l'église des Andelys : réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506 et mise en place des vitraux de l'époque flamboyante à partir de la décennie 1500." Étienne Hamon , 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=portail+sud++%22grand-andely%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

 

 

Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame (in Gatouillat 2001)

L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —,  en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant, et nous  gardons du début du XVIe siècle la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.

Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,

La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction  des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.

Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :

Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 14 : v. 1510-1515 . armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise 

Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.

Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.

Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde

Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.

Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.

Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval

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Description.

Cette verrière qui éclaire le portail du bras sud du transept en en formant le tympan  mesure seulement 2,50 m de haut pour 2,70 m de large et se divise en 2 lancettes trilobées et un tympan à 2 soufflets et 2 écoinçons. Ce portail, dit "de la cour de l'archevêque de Rouen", donnait accès au manoir épiscopal, comme le rappelle les armoiries de Georges II d'Amboise du soufflet droit.

Elle a été restaurée en 1865 par Duhamel-Marette et en 1987 par Jean-Pierre Tisserand.

Le thème en est la sainte  royauté. Dans des niches centrales à fronton triangulaire, devant un drap d'honneur damassé, un saint roi et une sainte reine (ou la Vierge) forment à gauche et à droite deux figures principales, et ce couple royal est entouré, dans des niches plus petites, du Christ Sauveur et d'un saint évêque autour du roi, ou de sainte Hélène et de sainte Marguerite autour de la reine.

 


 

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LES LANCETTES.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les lancettes  gauches :

Lancette A : le Christ Sauveur.

nimbe crucifère, geste de bénédiction, tunique pourpre et globus cruciger le caractérisent.

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Lancette B : saint Louis (?).

Tête restituée.

Ce saint porte les insignes régaliens et  le collier de l'Ordre de Saint-Michel. C'est sans doute une figure allégorique et non historique, car aucun roi portant ce collier n'accéda à la sainteté.

On remarquera que le collier est celui à lacs d'amour, c'est à dire celui qui fut en vigueur depuis la création de l'Ordre en 1469 jusqu'à 1516, date à laquelle François Ier fit remplacer les 23 lacs par autant de doubles cordelières en mémoire de saint François : voir mon article :

http://www.lavieb-aile.com/2017/11/la-baie-0-de-la-chapelle-du-penity-a-locronan.html

Remarquez aussi les chaussures Renaissance, élargies en patte d'ours.

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Lancette C : un saint évêque.

Saint Rémi ?

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les lancettes de droites.

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Lancette D : sainte Hélène (attribut : la Sainte Croix).

Lancette E : une "sainte reine non identifiée (sainte Clotilde ?)

C'est l'interprétation des auteurs de Vitraux de Haute-Normandie, mais pourquoi ne pas y voir la Vierge couronnée ?

Lancette F : sainte Marguerite d'Antioche issant du dragon grâce à son crucifix.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LE TYMPAN.

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Dans les écoinçons  et le compartiment supérieur des soufflets, des anges musiciens jouent de la trompette, de la harpe, du luth ou de la  viole à archet.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les compartiments inférieurs des soufflets forment un ensemble héraldique.

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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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A gauche, les armoiries de France, couronnées,  d'azur aux trois lys d'or sont entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel et présentés par deux cerfs ailés ou cerfs volants. Ce support  (les "tenants") fut d'abord adopté par Charles VI, contre la coutume de ses prédécesseurs qui avaient des anges, puis Charles VII, Louis XI et Charles VIII ( 1483-1498) , conservèrent les cerfs ailés. Louis XII prit comme tenant des porcs-épics et François Ier des salamandres ... (Viollet-le Duc) .

Si on se fie à ses éléments, la datation d'une tel ensemble s'échelonne entre 1469 et 1516 (collier) mais avant 1498 (mort de Charles VIII) : donc de 1469 à 1498.

Sources : 

http://mairiepussay.fr/pages_textes/village/enigme/blason/texte_blason.html

https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article8090

Viollet-le-Duc, Architecture...

 

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Armoiries de Charles VIII

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À droite, les armoiries sont celles d'un archevêque (mais non d'un cardinal) de la famille d'Amboise, palé d'or et de gueules.Les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie y voient celles de Georges II d'Amboise, archevêque de Rouen le 8 août 1511, mais qui reçut son pallium le 9 mars 1514. Il Il devint  cardinal le 16 décembre 1545. Le créneau de datation de cet ensemble serait donc celui de 1514-1545. Mais il ne correspond pas au créneau des armoiries royales.

J'ignore quelles sont les raisons justifiant d'y voir les armoiries archiépiscopales de son oncle Georges  d'Amboise, dont E. Hamon a signalé son mécénat aux Andelys (réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506). C'est un familier de Charles VIII, et c'est à la suite des pressions du roi qu' il est élu archevêque le 21 août 1493 à Rouen par le chapitre, puis confirmé le 21 avril 1494. Il fut  créé cardinal le 17 septembre 1498 .

Il fit réaliser d'importants travaux sur le château de Gaillon, propriété et résidence d'été de l'archevêché de Rouen, et contribue à transformer le site en un château Renaissance complet (logis et jardins) : il est l'un des introducteurs de la Renaissance artistique non seulement en Normandie, mais en France.

Cette hypothèse conduit au créneau de datation de 1494-1498, parfaitement cohérent avec le créneau des armes royales. Mais qui rajeunirait d'une quinzaine d'années ce vitrail, ... à moins de considérer que la verrière fut réalisée en retard par rapport à la commande.

Les armes du cardinal d'Amboise sont surmontées par le chapeau cardinalice : 

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Armes du cardinal d'Amboise (Matthieu Chaine, Wikipédia)

 

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Le portail méridional , dit "de la cour de l'archevêque de Rouen", qui donnait accès au manoir épiscopal, est surmonté de la rose.

 

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Le portail méridional, gravure in Brossard de Ruville.

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SOURCES ET LIENS.

BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.

https://books.google.fr/books?id=IEIbAAAAYAAJ&dq=armoiries+longuemare+d%27azur&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale  in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 22:16

La verrière de la Vierge entourée de saints par Arnoult de Nimègue  vers 1500-1510 en baie 16 de l' ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely,  Les Andelys (Eure).

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Voir aussi :

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PRÉSENTATION.

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Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame 

L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —,  en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant des xve et xvie siècles, et nous en gardons la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.

Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,

La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction  des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.

Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :

Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.

Baie 14 : XVIIe

Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.

Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.

Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde

Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.

Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.

Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval

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Description.

Cette baie mesure 4,50 m de haut et 4,20 m de large et se compose de 5 lancettes trilobées et un tympan à 3 soufflets et 18 mouchettes.

Cette verrière où la Vierge à l'Enfant est entourée de 4 saints a été offerte vers 1500-1510 par Henri Le Pelletier de Longuemare, lieutenant de la vicomté de Gisors et sa femme Geneviève Jubert du Thil. Elle a été réalisée à Rouen par Arnoult de Nimègue. Plus petite que la verrière actuelle, elle réunissait les figures de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et du saint archevêque qui occupent les 2ème, 3ème et 4ème lancettes actuelles, vénérés par les donateurs.

À l'initiative des donateurs ou de leurs enfants, elle a ensuite été adaptée à une baie nouvelle lors de la construction des chapelles du bas-coté sud de la nef vers 1540, et a été complétée par le peintre-verrier de Gisors Romain Buron, également responsable de la baie 18.

Elle a été assez restaurée, en particulier par Didron en 1865-1866 

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Lancette A : Saint Sébastien / donateur et ses fils

Lancette B : Saint Jean-Baptiste 

Lancette C : Vierge à l'Enfant

Lancette D : Saint archevêque.

lancette E : sainte Marie-Madeleine / donatrice et ses filles

 

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"Chaque saint est entre deux pilastres, ornés d'arabesques en camaïeu et supportant une arcade avec couronnement de même, ayant ce dernier sur ses rampants, tantôt des colombes au bizarre plumage et tantôt des anges nus, gros, gras et joufflus. Dans le tympan de chaque fronton, les armoiries des donateurs ont été reproduites tour à tour. Les compartiments du réseau sont occupés par des anges en adoration, vêtus d'une longue tunique blanche, ourlée de galon d'or, et portant des ailes différentes par la couleur. Au sommet de l'ogive domine l'ternel, sous la figure d'un vieillard, semblable à peu près à toutes celles dont nous avons parlé précédemment. La grande arcade de la fenêtre se termine extérieurement par un galbe, ou fronton d'ornement ajouré, traversant un balustre placé au bord de la plate-forme qui couvre ce coté des collatéraux et des chapelles et couronné par la statuette d'un saint*." (Brossard de Ruville)

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LES CINQ  LANCETTES.

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"La chapelle, située à l'angle inférieur du croisillon a été construite sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, par un le Pelletier de Longuemare,pour être le lieu de sa sépulture et de celle de ses descendants. Le fait est que, depuis Jehan le Pelletier, sieur de Longuemare, lieutenant du bailli de Gisors, qui vivait entre l'année 1497 et l'année 1540, jusqu'à Anne-Françoise Lejay, veuve de messire Henri-Jean-Baptiste le Pelletier, écuyer, sieur du Val Dailli, qui y fut inhumée le 18 juin 1737, les actes mortuaires de l'église Notre-Dame font foi que les membres de cette famille y reposent presque tous. Cette chapelle est remarquable par les vitraux peints qui décorent sa fenêtre. Celle-ci est divisée en 5 baies et chaque baie contient l'image d'un saint. " (Bossard de Ruville)

 

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LES DONATEURS (par Arnoult de Nimègue, 1500-1510).

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Henri Le Pelletier de Longuemare et ses trois fils.

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"Au-dessous du saint, est représenté Henri le Pelletier, à genoux, les mains jointes, la bourse pendue à la ceinture, devant un prie-Dieu, portant son livre d'Heures et orné de ses armoiries, qui sont : d'azur, à la face d'argent, chargée de 3 coquilles de sable (*). Derrière lui ses trois fils, dans la même attitude. Ces 4 personnages sont revêtus d'une espace de simare rouge, à larges manches, différente seulement pour le père, en ce qu'elle a des parements en fourrure." Brossard de Ruville)

(*) De la Galisonnière, Recherche de la noblesse de la généralité de Rouen, mi. in-fol., suppl. fr.,n»283. p. 163 Bibliot. Richelieu.

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Armoiries des seigneurs de Longuemare

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L'homme porte un anneau d'or à l'index droit.

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Données généalogiques : 

 Robert II Le Pelletier seigneur de Bonnemare († après 1481) qui fut anobli en 1468, et Gillette Michel son épouse acquirent le fief de Bonnemare à Farceaux avant 1475, et furent les ancêtres des Le Pelletier de Longuemare.  Robert  est le père de Henri Le Pelletier de Longuemare, qui épousa Geneviève Jubert du Thil , et qui est représenté ici avec son épouse. 

--Leur fils Jean Le Pelletier de Longuemare seigneur de Bonnemare épousa Anne de Mornay, d'où Jacques Le Pelletier de Longuemare.

--Leur fille Geneviève épousa Jean de Feuguerolles (1540-1595).

https://gw.geneanet.org/skrebs1?lang=en&n=le+pelletier+de+longuemare&oc=1&p=henri

L'historien de l'église de Gisors Étienne Hamon donne des indications complémentaires et mentionne :

  • Henri Le Pelletier de Longuemare, documenté 1493-1516, lieutenant du vicomte de Gisors, écuyer, seigneur de Bonnemare dans la châtellenid des Andelys, dont la qualité de "noble homme" trahissait l'extraction roturière. C'est lui qui figure sur le vitrail des Andelys. Il adhera à la confrérie de l'Assomption de Gisors en 1505-1506, date autour de laquelle il offrit cette baie 16 avec son épouse Geneviève Jubert, fille de Guillaume II Jubert, lieutenant général du bailli de Gisors.
  • Jean Le Pelletier de Longuemare, décédé en 1525, lieutenant du bailli de Gisors, et trésorier de l'église de Gisors.
  • Henri Le Pelletier de Longuemare, décédé en 1559-1566, lieutenant du bailli de Gisors, écuyer, licencié es-lois, donateur à la confrérie Saint-Louis de Gisors en 1561 

Voir aussi Histoire de la ville des Andelys vol. 2 page 456 et suiv.:

  • Jean Le Pelletier, procureur du roi près le baillage de Gisors, mention en 1543
  • Louis Le Pelletier

https://books.google.fr/books?id=IUIbAAAAYAAJ&pg=PA459&dq=vicomt%C3%A9+des+Andelys+%22le+pelletier%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiy3ZmDtqzgAhVMzhoKHRaTBEAQ6AEILzAB#v=onepage&q=%22le%20pelletier%22&f=false.

Précisions sur le titre de lieutenant du vicomte dans le Grand-bailliage de Gisors :

a) Selon Etienne Hamon :

Depuis le XVe siècle, le bailli avait un lieutenant général à Gisors et des lieutenant particuliers aux Andelys et à Lyons. Ces offices comme ceux d'avocat et de procureur du roi au baillage se transmettaient au sein de quelques familles de la petite noblesse comme les Le Lanternier, Le Pelletier ou du Vieu. Elles prirent une part active à la vie paroissiale.

Le bailliage était subdivisé en quatre prévôtés , celle des Andelys, de Gisors, de Lyons et de Vernon. Cette circonscription financière s'effaça devant la vicomté et dès le second quart du XIVe siècle, le prévôt n'était qu'un auxiliaire du vicomte (vicomté des Andelys, de Gisors, de Lyons (La Forêt) et de Vernon).

b) Selon Wikipédia :

À la tête d'une vicomté normande se trouvait un officier nommé portant le titre de vicomte (ou parfois, au chef-lieu de certains bailliage, celui de lieutenant général du bailli.)

  • le vicomte représentait le bailli, qui lui-même représentait le roi. Lors d'assises ou de plaids, il jugeait les cas qui échappaient aux justices seigneuriales de son ressort ou qui ne relevaient ni des jugements en première instance aux bailliages, ni des cas royaux.

  • le lieutenant général du vicomte remplaçait le vicomte en lieux, places et fonctions, en cas d'absence ou de nécessité. En revanche, un lieutenant particulier dans une ou plusieurs vicomtés représentait directement le bailli dont elles dépendaient, pour des jugements relevant de sa juridiction.

  • le garde du scel des obligations de la vicomté

  • le receveur du domaine de la vicomté était chargé de la trésorerie du domaine royal : recettes et dépenses, paiement des gages des officiers

  • les sergents fieffés, officiers souvent héréditaires placés à la tête des sergenteries, subdivisions des vicomtés

  • les tabellions ou tabellions jurés étaient des notaires chargés de la transcription des actes ayant valeur légale, notamment la rédaction des quittances de gages ; au cours du xive siècle, ils rédigèrent peu à peu en leur nom les actes de la vicomté, hors les décisions de justice et de police, en lieu et place des vicomtes. Ils étaient en outre habilités à vidimer les actes officiels

 

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Geneviève Jubert du Thil et ses filles.

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Au-dessous de la sainte est représentée Geneviève Jubert du Thil, femme de Henri le Pelletier. Cette dame est à genoux, les mains jointes, devant un prie-Dieu, sur lequel est posé son missel ouvert et sont peintes ses armoiries de la manière que voici : parti d'azur à la face d'argent, chargée de deux coquilles de sable, dont une finissant à senestre, qui est le Pelletier de Longuemare, et parti écartelé au 2 d'azur à la croix alaisée d'or et au 4 d'azur à 5 fers de pique d'argent, 3 et 2, qui est Jubert du Thil. Elle est suivie de ses deux filles. Ces trois personnes sont vêtues d'une longue robe rouge, à larges manches, à revers blancs pour les deux dernières, et coiffées d'une espèce de serre-tête, semblable à celui que portait Anne de Bretagne." (Brossard de Ruville)

La couleur rouge des robes de l'ensemble de cette famille est sans doute une couleur somptuaire, propre au rang de l'officier du vicomté, car on la retrouve dans d'autres panneaux de donateurs de l'Eure. La coiffe de la femme est plus élaborée que celle d'Anne de Bretagne. Le décolleté carré laisse voir sur deux chemises fines deux colliers en or. Les manches fourrées très larges se voient aussi en baie 18, dans le portrait de Robyne Duboys, par Romain Buron en 1540.

Notez les pièces montées en chef-d'œuvre dans les armoiries. La tête et les mains de la fille aînée ont été restituées, la tête de la mère est très dégradée.

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La famille Jubert est une famille de parlementaires normands.

La famille Jubert est originaire de Bizy ou encore Blaru, limitrophes de Vernon, dont témoigne, entre autres, Louis-Guillaume Jubert de Bouville.

Elle porte les armoiries "écartelé au 1 et 4 d'azur à la croix alaisée d'or, au 2 et 3 d'azur à 5 fers de pique d'argent, posés 3 et 2"

Membres notables de la famille

  • Guillaume III Jubert († 1543), seigneur de Vesly et de Gueutteville, conseiller à l'Échiquier de Normandie puis au Parlement de Normandie jusqu'en 1540. Il épouse Marie de Civille. Riche, son revenu annuel s'élève à 13 500 livres tournois et sa fortune à sa mort à environ 201 350 livres tournois. Il octroie un prêt de 1 200 livres tournois en 1529 à son neveu Claude Le Roux pour la construction du château de Tilly.

  • Jeanne Jubert, fille de Guillaume Jubert, seigneur de Vesly, lieutenant général du bailli de Gisors épouse en 1486 Guillaume II Le Roux († 1520), conseiller à l'Échiquier (1499) puis au Parlement de Normandie, seigneur de Becdal, Acquigny, Saint-Aubin-d'Ecrosville et Bourgtheroulde. Il sera l'auteur de l'hôtel de Bourgtheroulde à Rouen.

  • Henri I Jubert (1488-1552), seigneur de La Grippière, lieutenant général de l'amirauté de Rouen, président de la Cour des Aides de Rouen (1543). Il est chargé en novembre 1549 avec Philibert Delorme et Louis Pétremol, président du Parlement de Normandie, de désarmer les galères rassemblées à Rouen. Il achète en 1522 l'ancien « hôtel du Paon » qu'il démolit pour construire l'hôtel Jubert de Brécourt à Rouen.

  • Henri II Jubert († 1614), seigneur de Brécourt. Il fait construire le château de Brécourt après être devenu gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Henri III (1577). Sa construction jusqu'en 1580 semble avoir été fortement inspirée des recueils de Du Cerceau.

Parmi ces membres, remarquons Jeanne Jubert, et son mari Guillame Le Roux, donateurs d'un vitrail à Louviers. Voir mon article http://www.lavieb-aile.com/2018/11/la-verriere-de-saint-claude-de-l-eglise-de-louviers.html

Les généalogistes mentionnent, pour l'ascendance de Geneviève Jubert, :

  • Guillaume III JUBERT du THIL, décédé en 1450, mariée en 1406 avec Catherine Le BRUMENT, d'où
  • Guillaume IV JUBERT du THIL et sa femme Catherine DANIEL, décédée en 1514 , d'où
  •  Geneviève JUBERT du THIL 1478-  épouse de  Henri Le PELLETIER de LONGUEMARE, Seigneur de Grainville †1586 

 

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En 1500, "Damoiselle Geneviève Jubert femme de M. Henri Le Pelletier" fit don à l'église d'une cloche (le bourdon de la tour sud) qu'elle baptisa  CROHEVLT, ancien nom ou variante locale (mentionnée sur la baie 24) de sainte Clotilde.

 

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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La lancette A : saint Sébastien (Romain Buron v.1540).

Buste restauré.

La tête de lancette est attribuée à Arnoult de Nimègue. L'encadrement d'architecture porte un couronnement à décor d'oiseaux de style oriental et de dauphins affrontés d'inspiration italienne.

On trouve en ligne un cliché Wikipédia : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:AndelysStS%C3%A9bastien.jpg

 

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"La 1ère nous montre saint Sébastien, nu, la bouche close par un instrument en fer, les bras et les jambes percés de 6 flèches, et lié, au moyen de cordes, à un arbre dont on ne voit que le pied , le veluin autour des reins, et le nimbe d'azur planant. " (Brossard de Ruville).

 

 

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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La lancette B : Jean-Baptiste.

"Dans la 2ème baie figure saint Jean-Baptiste: chevelure et barbe blanches, bras et jambes nus, le reste du corps couvert d'une peau de bête, liée autour des reins par un cordon, et d'un manteau rouge, doublé et bordé de jaune. Il tient de la main gauche un long bâton, se terminant par une croix byzantine; nimbe d'or planant."

Éléments d'un saint Jean-Baptiste  par Arnoult de Nimègue , mais la tête du saint (?), l'agneau et d'autres pièces ont été refaites vers  1540.

L'encadrement d'architecture laisse apparaître dans le couronnement, entre deux amours ailés, les armoiries des Longuemare (vers 1540). Nous retrouvons la fasces aux coquilles de sable dans le soubassement .

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette C : La Vierge à l'Enfant (Arnoult de Nimègue, vers 1500-1510).

"Dans la 3ème baie est représentée la sainte Vierge, portant l'Enfant-Jésus, nu, tenant la boule du monde surmontée d'une croix. La Vierge a les cheveux d'or, longs, bouclés, le front ceint d'une couronne d'or à fleurons, le nimbe aussi d'or planant; porte une robe rouge, traînante, avec gorgerette couverte de pierreries et poignets en hermine, un manteau jaune, damassé, bordé de bleu. "

Encadrement architectural de même style qu'en lancette B, mais avec les armoiries de la donatrice dans le couronnement (verre gravé), et la fasce aux coquilles de sable au soubassement.

La Vierge à l'Enfant, par Arnoult de Nimègue, est réalisée d'après le carton à grandeur utilisé aussi vers 1508-1510 pour Sainte-Foy de Conches. Je peux évoquer aussi la baie 28 de Louviers, réalisée vers 1510-1515 par le même verrier flamand.

http://www.lavieb-aile.com/2018/11/la-verriere-des-trois-marie-ou-de-la-parente-de-la-vierge-de-l-eglise-de-louviers.html

Elle est nimbée et couronnée, vêtue d'un surcot rouge aux manches fourrées d'hermine, recouvert d'un manteau de damas doré à parement bleu . Elle tend à son fils une fleur (pissenlit ?) ou une plume.

Enfant-Jésus refait vers 1540 ; tête de la Vierge très dégradée.

 

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette D. Un archevêque.

"La 4e baie contient l'image d'un évêque, ayant le nimbe d'azur entourant, bi-cerclé, la barbe rase, la mitre richement ornée, une chape rouge, bordée de galon en fil d'or. Il bénit d'une main et tient une croix pontificale de l'autre."

Quel est cet archevêque ? Saint Romain ? Saint Nicolas ? Aucun indice ne permet de le dire.

Peinture du visage très effacée.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette E : sainte Marie-Madeleine (Romain Buron, vers 1540).

Encadrement architectural de même type qu'en lancette A. 

"Dans la 5ème baie figure sainte Madeleine : nimbe rouge planant, longue chevelure d'or, robe rouge traînante, avec manches à crevés et longs poignets en orfroi, manteau blanc, doublé de bleu et emborduré d'un riche galon d'or ; tenant un vase orné d'un rinceau et du nom de MADALENA." (Brossard de Ruville)

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LE TYMPAN.

 

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Nous y comptons 12 anges adorateurs, 8 séraphins bleus et rouges,  (cartons retournés en symétrie), et Dieu le Père sous la colombe dans l'ajour supérieur.

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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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SOURCES ET LIENS.

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— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances, Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.

https://books.google.fr/books?id=IEIbAAAAYAAJ&dq=armoiries+longuemare+d%27azur&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale  in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.

 

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