Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame(d'après Gatouillat 2001)
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrier Arnoult de Nimègue.
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560.
Les six baies hautes du coté sud de la nef illustrent les premiers Livres de la Bible se succèdent ainsi :
baie 120 : Genèse : la Création ; offerte par la Confrérie de la Charité vers 1540-1560.
baie 122 : Genèse, l'histoire d'Adam et Ève et de Caïn et Abel, vers 1550-1560.
baie 124 : Genèse, l'histoire de Noé, offerte vers 1550-1560 par Georges Le Picart de Radeval.
baie 126 : Genèse et Exode : Isaac, Joseph et Moïse, datée de 1560, réalisée par Romain Buron.
baie 128 : Exode et Deutéronome : histoire de Moïse, datée vers 1560.
baie 130 : Deutéronome, Moïse , datée vers 1560, offerte par donateurs non identifiés.
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Cette baie 122 mesure 5,20 m de haut et 3,80 m de large et est divisée en 4 lancettes et un tympan à 3 carrés posés sur la pointe, 2 ajours ovales et 3 écoinçons. Elle illustre les chapitres 3 et 4 du Livre de la Genèse. Elle a été restaurée par Eugène Oudinot vers 1864.
L'histoire débute au tympan :
0. La Tentation d'Adam et Ève par un serpent à tête humaine, dans un pommier.
Les quatre lancettes présentent :
1. Adam et Ève chassés par l'Ange du Paradis terrestre.
2. Adam et Ève avec leurs deux enfants : Adam coupant du bois, Ève allaitant tandis que la Mort grimace en jouant de l'archer. dans le fond, un paysage devant un château.
3. Sacrifices d'Abel et Caïn.
4. Caïn tue Abel avec une machoire d'âne; châteaudans le lointain.
Dans la brève description qu'en donne Edouard Didron en 1862, les inscriptions étaient jugées illisibles.
Aujourd'hui, les inscriptions placées au niveau inférieur des lancettes, de gauche à droite, sous chacune des scènes répondent au texte suivant :
ADAM APRES SA DESOBEISSANCE FUIT TRISTEMENT LA COLERE DE DIEU QUI TIENT EN SIGNE DE VENGEANCE UN DOME TOUT DE FEU ;
SUR SES GENOUX DANS SA DOULEUR AMERE EU A SON FILS TOUT BAIGNE DE SES PLEURS, ADAM LE FRONT INCLINE VERS LA TERRE, OUVRE LE SOL L'ARROSE DE SUEUR ;
ABEL OFFRIT DES FRUITS EN SACRIFICE LEQUEL LUI FUT UNE OFFRANDE ACCEPTABLE MAIS QUANT A CAIN TOUT PLEIN DE MALICE SON SACRIFICE FUT À DIEU DETESTABLE ;
ABEL ETANT TRES SIMPLE ET ROBUSTE AVEC SON FRERE IL ALLAIT EN MAINT LIEU (...) COMME (...) TUA SON FRERE BON ET JUSTE (...) FUT AUX YEUX DE DIEU
On lit également au niveau de l'ogive :
ADAM FUT PAR EVE TENTE A PECHER CONTRE DIEU ; IL MANGEA LA POMME ; ONT TOUS DEUX LA MORT ENCOURUS ET DE (...) ; A TOUT HOMME
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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Notez l'emploi de verre rouge gravé et peint au jaune d'argent pour les petites fleurs rouges de la lancette A.
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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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La Mort tient-elle une faux, ou un archet ?
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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
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Verrière de la Genèse Gn 3 et 4, baie 122 des Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.
— FOSSEY (abbé Jules) 1914, L'Art religieux dans les diocèses de Rouen et d'Evreux.. La Bible illustrée par les vitraux et bas-reliefs de la Haute-Normandie : Evreux, Impr. de l'Eure , 1914. In-8°, 129 p.
— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
Les vitraux de Roscanvel ont été réalisés entre 1949 et 1952 par le maître-verrier Auguste Labouret à la demande du recteur Pierre Tuarze. Ils résistèrent à l'incendie du 5 septembre 1956 tout en étant détériorés par l'eau de mer qu'il fallut utiliser pour l'extinction, et qui corroda les fers de béton. Ils ont été déposés en 2006 et remplacés par des "copies" (voir discussion) réalisées à Rennes, hormis l'oculus de la Trinité du porche sud, qui est un original datant de 1952.
Le vitrail de sainte Catherine, vendu aux enchères à Douarnenez, a été acquis pour 4300 Euros avec divers fragments par la municipalité d'Hirson (Aisne) pour son Musée Alfred Desmasures (dans le château ayant appartenu à Labouret).
Les vitraux originaux de Saint Éloi et de saint Louis sont exposés depuis 2015 dans une vitrine lumineuse dans l'église. C'est l'AVPR (Association pour la Valorisation du Patrimoine de Roscanvel ) qui est à l'initiative de la restaurations par Jacques Soubigou de ces deux vitraux .
Il s'agit de 11 vitraux dont 9 baies à deux panneaux et 2 oculi. Ils ont été réalisés en dalle de verre sertie dans le béton, une technique innovante pour laquelle Labouret avait déposé un brevet en 1933, mais qui avait déjà été tentée par Jean Gaudin en 1929 dans la verrerie Albertini. D'épaisses dalles de verre (3 à 4 cm) de couleurs juxtaposées, taillées avec la « marteline » , sont incluses dans une gangue de ciment coulé sur une armature métallique.
Cette technique a été reprise par l'atelier monastique d'En-Calcat et de Saint-Benoit-sur-Loire et se retrouve en Bretagne pour les vitraux de l'Île d'Hoedic, ou en Normandie pour ceux de l'Île de Chausey.
L'atelier des "Maîtres-verriers Rennais" actif de 2001 à 2014, était établi à Boisgervilly , autour de Sébastien et Frédéric Rault.
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Je décrirai les 11 verrières en partant de l'angle nord-ouest (au fond de l'église à gauche). Toutes les photos des vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel sont la propriété de lavieb-aile et ont été prises le 23 février 2019.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
1°) BIENHEUREUSE FRANÇOISE D'AMBOISE.
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Françoise d'Amboise (1427-1485) était l'épouse du duc de Bretagne Pierre II. Elle fonda en 1463 le premier carmel féminin, à Vannes, au Bondon. Figurée en coiffe à deux bonnets de dentelle, elle est accompagnée par une croix, une ancre, un bateau, une branche fleurie.
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2°) SAINT LOUIS (1214-1270).
Sa présence rappelle la chapelle militaire élevée dans l'enceinte du fort de Quélern et réservée à la garnison. Il tient la couronne d'épines dont il acheta la relique pour laquelle il fit élever la Sainte-Chapelle. Il est entourée d'un livre (cf. la Bible de Saint-Louis), d'une tour rappelant sa mère Blanche de Castille dont l'emblème est le château, de la fleur de lys, et de pétales jaunes (ajonc ?).
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3°) SAINT JOSEPH MODÈLE DES TRAVAILLEURS.
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Il est représenté avec les outils de menuisier, mais aussi de maçon ou de terrassier, avec l'Enfant-Jésus qui lui tend les bras (" à bras, à bras") et à nouveau l'ancre et l'ajonc, symboles de la situation bretonne et maritime de Roscanvel. À cette verrière répond, du coté sud, celle de la Vierge-Marie, modèle des mères.
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LES TROIS VITRAUX DU CHOEUR.
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Sainte Anne Trinitaire à gauche, le Christ crucifié au centre, et le Couronnement de la Vierge à droite.
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4°) SAINT ANNE TRINITAIRE.
La Mère de Marie se tient devant la Vierge et l'Enfant. Celui-ci lui tend les bras et la grand-mère (la Mamm Goz ar Vretoned des Bretons) s'apprête à l'accueillir.
Dans la partie basse, au centre, c'est une caravelle qu'il faut reconnaître, vue de 3/4 arrière : elle symboliserait "le navire qui unit la Bretagne et le Canada" : celui de Jacques Cartier ?
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Voir aussi : GROUPE DE SAINTE ANNE TRINITAIRE de BRETAGNE.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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7°) "STE VIERGE-MARIE MODÈLE DES MÈRES".
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Dans le vitrail original, la maisonnette en arrière-plan rappelait la chaumière dite La Divine, la demeure du poète Saint-Pol-Roux (voir mon article), avec une fenêtre à rideaux et une barrière en bois. À droite, un broc et des fruits symbolisaient les taches ménagères de la cuisine, et à gauche, une navette, des ciseaux, des aiguilles à tricoter et des pelotes de laine les taches de couture, tandis qu'un coq était placé à gauche de la chaumière.
La Mère, assise sur une chaise, regardait tendrement son Fils qu'elle semblait allaiter. Sa robe était rouge, et le fond était pourpre.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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8°) OCULUS "PASTOR ET RECTOR".
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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9°) SAINT ÉLOI.
Saint Éloi, patron des orfèvres et des forgerons, célèbre pour le miracle réalisé en ferrant un cheval, est le patron de l'église de Roscanvel. Il était sollicité pour protéger les chevaux. Mitré, il est représenté en saint évêque de Noyon (mais il est aussi assimilé à sant Alar, troisième évêque de Quimper), et il tient, outre la crosse épiscopale, une sorte de flambeau. Sur le vitrail original de A. Labouret, il s'agissait du marteau du forgeron, surmonté d'une couronne royale rappelant sa fonction de ministre des finances auprès du roi Dagobert . Il était entouré d'un calice (une pièce d'orfèvrerie), d'une enclume à sa gauche et d'un autre outil à sa droite, mais l'enclume ressemble aujourd'hui à une mitre et l'autre objet, peut-être à un flacon muni d'un couvercle.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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10°) OCULUS DE LA SAINTE TRINITÉ. "PATER ET FILIUS ET SPIRITUS SANCTUS."
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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11°) SAINTE CATHERINE D'ALEXANDRIE.
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Elle rappelle la chapelle Sainte-Catherine, détruite, qui se situait près de Men-Caer (Kerguiniou-Le Disloup).
Carte 1771-1785 copyright BnF https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53014969t/f1.item.zoom
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DISCUSSION. LES VITRAUX ORIGINAUX DE 1950 ET LES "COPIES" de 2007.
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L'Association AVPR a eu une excellente idée de présenter deux des vitraux altérés de Labouret en témoignage à coté des verrières réalisées par les Maîtres-Verriers Rennais 50 ans plus tard. Celles-ci sont présentées comme des "copies", mais un examen un peu attentif (et passionnant) montre qu'il faut plutôt parler d'œuvres fidèlement inspirées des originaux, mais sans en reprendre la technique.
La même Association a placé un grand panneau montrant les onze vitraux originaux, tels qu'ils sont photographiés par Georges Boulestreau dans la publication de M. Burel.
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Vitraux de Labouret photographiés par G. Boulestreau , exposés dans l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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Hélas, nous ne disposons pas du dossier technique de l'atelier MVR, dont le travail est pourtant récent, alors qu'on souhaiterait savoir s'il s'agit de dalle sur béton, ou sur un mortier de résine époxy.
Info 2020 : je reçois ce message :
"L'entreprise LES MAITRES VERRIERS RENNAIS existe toujours et nous sommes toujours à Boisgervilly dans le 35. Pour répondre à votre question, les vitraux sont réalisés en dalle de verres mais sous plomb et non sous résine ou béton. Nous sommes les seuls à utiliser cette technique qui à été trouvée par mon grand-père André Rault. Le principe étant de taille les dalles de verres en biais pour les mettre ensuite dans des plombs et d'étamer à l'étain l'ensemble pour donner de la rigidité. Concernant les vitraux de Labouret, en effet ils étaient martelés mais je peux vous confirmer que c'est également l'incendie et l'eau de mer qui à aggravé leur détérioration. En effet les tiges métalliques dans le béton ont rouillé et fait éclater les dalles de verres qui se sont obscurcies avec le temps perdant de leur clarté. Vous pouvez constater la différence avec le seul oculus de LABOURET encore présent dans l'église. Cordialement RAULT Sébastien Gérant SARL LES MAITRES VERRIERS RENNAIS"
La première différence concerne en effet l'appareillage des morceaux de verre. Il est possible de la comparer en examinant de l'extérieur les deux oculi, celui de 2007 et celui de 1952. On en profitera pour admirer la belle réalisation de l'œil en pierre de Logonna.
Dans le premier oculus (1952), nous constatons que le mortier est d'épaisseur irrégulière, comme si les morceaux de verre avaient été placés dans la masse de béton. Une autre différence est importante à constater, car les conséquences pour le rendu visuel sont majeures, c'est que l'inscription est tracée par de fins bâtonnets de verre.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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Dans l'oculus Pastor et Rector de 2007, le verre est retenu par un réseau fin et régulier qui évoque plus le châssis de plombs que la pâte précédente. D'autre part, l'inscription n'est pas apparente, car elle est peinte en grisaille au lieu d'être faite de lettres de verre.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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Pour un autre exemple, voici Sainte Catherine (MVR 2007) :
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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L'examen des panneaux originaux est également riche en découverte.
Pour en revenir aux inscriptions, elles donnent un effet beaucoup plus fort lorsqu'elles jaillissent en lettres de lumière de différentes couleurs que lorsqu'elles sont peintes en grisaille.
Voici Saint Éloi (Labouret 1950) :
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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On comparera aussi la précision du dessin, et le choix des couleurs dans les deux cas, pour s'assurer que nous n'avons pas affaire à une "copie". Chacun peut préférer l'une ou l'autre des versions. Soulignons qu'elles ne s'adresse pas au même édifice, l'église reconstruite après l'incendie étant plus claire et lumineuse avec des volumes bien différents de l'église initiale.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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Même démonstration pour Saint Louis . On en profitera pour constater que le verre est éclaté comme un pare-brise en Securit, et que le verre blanc est devenu gris. J'ai pensé que cela était du à l'incendie, mais le texte de Catherine Plessis cité en annexe indique que c'est l'effet recherché obtenu par martelage.
Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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Vitraux de l'église Saint-Éloi de Roscanvel. Photographie lavieb-aile 23 février 2019.
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ANNEXE.
Pour débuter par la fin, mais aussi par une donnée qui concernent les Finistériens, Auguste Labouret, s'il est né le 20 mars 1871 à Laon dans l'Aisne, près de la cathédrale d'Hirson, il est décédé le 13 février 1964 à Crozon, plus précisément dans sa maison de Kervéron (au dessus de Postollonec).
"Labouret est un chercheur, c’est un restaurateur théoricien.
Il est frustré par le manque d’étanchéité du plomb qui est le support du vitrail.
Dépose un brevet: n°756065 en France, en Suisse, en Belgique, en Allemagne et en Angleterre.
Pour un vitrail en dalle de verre cloisonné en ciment au lieu de baguettes de plomb.
Système utilisé jusque dans les années 60-70. Le verre (le cristal) en fusion est coulé sur une surface plane.
La galette de verre refroidie lentement et on y découpe les morceaux de verre voulus.
On taille les morceaux de 2 à 3cm à la taille et forme voulues avec un coin et un marteau.
Il utilise la marteline qui est un vieux marteau qu’utilisaient les mosaïstes romains et grecs pour tailler le verre, il obtient ainsi une transparence colorée qui s’oppose au ciment opaque.
C’est le martelage ou l’écaillage qui provoque des microfissures dans la masse qui reflètent d’où une brillance et des nuances très riches. (comme un diamant).
La marteline est toujours utilisée en verrosaïque pour le travail du smati, du marbre et de la pierre. Le manche est en bois et la tête en acier.
Puis on dépose ces morceaux dans un coffrage de tasseaux de bois où on coule du béton, qui forme l’armature. C’est donc très lourd. Aujourd’hui on utilise de l’époxy. (polymère- résine) (4cm contre 1cm).
En 1932, il présente cette nouvelle technique au salon des artistes décorateurs avec la vitrail appelé le St Hubert.
Il remet aussi au goût du jour le granito-ciment avec des joints de dilatation en cuivre ou en aluminium. Grains ou éclats de marbre liés avec un ciment blanc ou gris qui peut être coloré.
« Après 15 ans d’études, d’essais, d’améliorations constantes, je puis vous affirmer que ma nouvelle technique est durable pour 1000 ans, contre toute contradiction par le froid ou de la dilatation par la chaleur ». il avait raison!"
– Il a travaillé pour le paquebot le Normandie, symbole de la France des années 30, dans la salle à manger de 1ere classe: des murs de verre.Le verre est gravé, ciselé, bosselé, soit bouchardé. 1500m2 en 1935.
Dans la salle, il y a aussi 6 grands cylindres pyramidaux de verre et 30 appliques de 5 m de hauteur qui se reflètent dans les murs de verres.
Ceci est important car la salle à manger est aveugle.
– En 1937, il participe à l’expo universelle Il est président de la classe vitraux.
– En 1938, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur
– En 1938, il commence les mosaïques de la Basilique Sainte Anne de Beaupré au Canada Visitée par plus d’un million de visiteurs par an. C’est la 2eme plus grande d’Amérique du nord. Pour lui son chef d’œuvre. 2600m2. Les voûtes du choeur et de la nef ainsi que les mur du déambulatoire sont consacrés à Ste Anne. ,
Les 240 vitraux évoquent la dévotion de Ste Anne au Québec et son rayonnement en Amérique. Les murs du déambulatoire. Parti en 1940 pour en surveiller la pose, il ne rentrera qu’en 1945 à cause de la guerre. En 1945, il a alors 74 ans il obtient un prix pour la réalisation des 240 vitraux de Ste Anne.
Il est intervenu
♦ Dans les grands magasins:
décoration des Galeries La Fayette Haussmann à Paris, au Bon marché à Paris, il décore le pavillon en 1925,
♦ Pour l’Etat
– À l’office du tourisme de Paris (le sol en mosaïque), L’hôtel du ministère des affaires étrangères à Paris. En 1938, il redécore pour la venue des souverains britanniques, George VI et sa femme, les salles de bains des appartements du quai d’Orsay
« L’or étant réparti à profusion dans les appartements contigus, trois taches d’or rappellent cette tonalité dominante: la baignoire, le lavabo et le grand panneau de verre gravé, placé comme une tapisserie derrière la baignoire. Comme fond, le sol et la plinthe de marbre noir, et les murs laqués de teinte mordorée.
La baignoire entièrement revêtue de mosaïque de Venise, forme un bloc d’or étincelant se détachant sur un large socle de marbre noir, incrusté de motifs de cuivre. Le lavabo comporte un pied den verre taillée… La pièce capitale, le grand panneau décoratif en dalles de verre de 4 cm d’épaisseur… »
extrait de la Revue Glaces et verres d’octobre 1938.
– L’hôtel consulaire de la chambre de commerce et d’industrie à Cambrai.
– La mairie du XVIème arrondissement de Paris l’hôtel de ville de Béthune entre 1926 et 1928 avec des vitraux en verre martelé.
– Pour la mairie de Bois-Colombes en 1936.
♦ Pour des banques
Il fait les vitraux de la Caisse d’Epargne de Cambrai.
♦ Dans les églises
– à l’église Notre Dame de Bonne Nouvelle de l’Hôpital-Camfrout, de l’église st Julien de Courville dans la Marne,
– Celles de Ste Odile de Paris, il réalise un autel en verre sculpté et les cabochons de la grille d’entrée,
– de St Léon à Paris finie par Claire en 1943, aidée de Pierre Chaudière un dessinateur très vite embauché par Auguste.
– de st Louis de Grenay: De la Chapelle de Bon Sauveur de Picauville dans la Manche, de St Eloi d’Hautmont dans le Nord, en 1959 , de l’église Ste Thérèse de Poitiers. – la cité 5 de la compagnie des Mines de Béthune,
– Celle de Ste Eugénie de Soissons dans l’Aisne: il avait proposé à l’abbé Raviart de Soissons sa nouvelle technique des 1932. En 1933 il présente 3 vitraux du transept: annonciation, adoration de la vierge et nativité. Il réalise aussi les mosaïques et les verrières de cette église. De 1950 à 1958, il remplace les vitraux endommagés par la guerre.
il fait les 14 vitraux de l’église d’Hirson dès 1909.
– A propos de l’église St Eloi de Roscanvel dans le Finistère: elle date du XIIème siècle. Elle été bombardée durant la 2nde Guerre. par les Américains Le recteur Pierre Tuarze commande des vitraux après la guerre pour les pays il organise des kermesses demande des dons, des subventions. Labouret fait 11 vitraux en 5 ans. (1950) au prix du verre.
Mais le 3 septembre 1956 l’église brûle.une vierge en sort indemne ainsi que les 11 vitraux. Ils ont quand même souffert car les pompiers ont utilisé de l’eau de mer… donc salée! Cependant ce sont les mêmes vitraux encore en 2006.
♦ Dans les restaurants et les hôtels
– Le restaurant Prunier 16 avenue Victor Hugo à Paris. Les tables sont en mosaïque. Et la façade. Les mosaïque du restaurant Drouant.
– L’hôtel Plazza de Biarritz en 1928 dont l’architecte est Boileau.
♦ Dans les écoles
– L’école des filles à paris dans le 13eme arrondissement
– De 1932 à 1936, le lycée Marie Curie de Sceaux. 8 mosaïques arts déco les joies des arts et du sport, explications sur la photocopie.
– L’école polytechnique
♦ Dans les gares
– Il travaille pour la compagnie du Nord
– La gare de st Quentin : décoration du Hall, le bureau de poste et le buffet.
Lire le passage du fascicule remis par l’office du tourisme de ST Quentin.
– Mais aussi les gares de Paris-St Lazare, d’Albert, Chauny, Lens, Lyon, Noyon, Longueau et de Tergnier.
– Pour la gare de Lens, il crée des mosaïques en grès cérame sur le travail des mineurs et l’importance du charbon.et de l’industrie. Il a foi dans le progrès. (influence de Jules Verne).
On y voit l’influence de l’art Déco.
Des mineurs se dirigent vers la fosse avec la barrette sur la tète, le pic sur l’épaule et la lampe dans la main. derrière on voit les terrils, les chevalements et les cheminées. . De l’autre côté les mineurs rentrent chez eux la tète basse ils sont fatigués.
Sur les autres on voit les nouveaux moyens de transport: le train, le bateau à vapeur.
♦ Dans les casinos
Vittel, Dieppe, paris-Plage, Vichy.
♦ Dans les théâtres, les cinémas (le Rex) , les Folies Bergères.
♦ Dans les musées:
Comme le musée océanographique de Biarritz.
♦ Dans les paquebots:
– le Normandie mais aussi le Cambodge, le Pierre Loti, le de Grasse, le Chichibu pour le Japon.
Il a travaillé en France, en Angleterre, Italie, Allemagne, Portugal, Cuba, Japon, Canada, Amérique du Sud.
Il a fait aussi beaucoup de rénovations.
Lire la suite http://association-sages-lens.fr/conference-de-catherine-plessis-sur-auguste-labouret-1-3-2018
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SOURCES ET LIENS.
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— BUREL (Marcel) s.d. Les vitraux d'Auguste Labouret dans l'église de Roscanvel. Photographies de Georges Boulestreau. publication de la Paroisse de Roscanvel. En vente dans l'église.
— GARGADENNEC, (Isabelle), 2002, "Les vitraux de l'église Saint-Eloi de Roscanvel dans le Finistère par Auguste Labouret" in JABLONSKI (Christine), Regards sur le vitrail, Actes sud, 2002. p. 111-116. Non consulté.
— PLESSIS (Catherine), 2018, Conférence sur Auguste Labouret.
La verrière de la Création ou baie 120, offerte vers 1550-1560 par la Confrérie de la Charité à l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Un document ethnologique, la procession de la Confrérie.
Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame(d'après Gatouillat 2001)
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrier Arnoult de Nimègue.
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560.
Les six baies hautes du coté sud de la nef illustrent les premiers Livres de la Bible se succèdent ainsi :
baie 120 : Genèse : la Création ; offerte par la Confrérie de la Charité vers 1540-1560.
baie 122 : Genèse, l'histoire d'Adam et Ève, vers 1550-1560.
baie 124 : Genèse, l'histoire de Noé, offerte vers 1550-1560 par Georges Le Picart de Radeval.
baie 126 : Genèse et Exode : Isaac, Joseph et Moïse, datée de 1560, réalisée par Romain Buron.
baie 128 : Exode et Deutéronome : histoire de Moïse, datée vers 1560.
baie 130 : Deutéronome, Moïse , datée vers 1560, offerte par donateurs non identifiés.
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Parmi ces six baies, la verrière la plus proche du chœur se distingue par la représentation en son soubassement de la Confrérie de la Charité en procession sur quatre lancettes.
On connaît l'ampleur de développement de ces confréries en Normandie, et en particulier dans l'Eure, dont les membres ou charitons se vouent à la participation aux inhumations et au soutien des familles en deuil, et qui se distinguent par leur costume et par le port d'un chaperon, par leur hiérarchie (maître, prévôt, clerc, tintenellier sonnant ses clochettes et frères), par leurs bannières et leurs torchères ouvragées.
J'ai présenté ces confréries dans un article sur Hauville où je les ai découvert :
Mais sur cette baie 120 des Andelys, nous avons bien affaire à une procession des Charitons des Andelys, à but d'entraide funéraire, comme l'atteste les draps mortuaires que nous allons découvrir. Leur confrérie avait été fondée en 1539, mais une autre, dite du Saint-Sacrement avait été fondée en 1316 en l'église Saint-Sauveur des Andelys.
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Description de la baie 120.
Haute de 5,20 m et large de 3,80 m, elle se compose de 4 lancettes trilobées et d'un tympan à 4 quadrilobes, 2 mouchettes et 6 écoinçons.
Au tympan débute le récit de la Création : dans les quadrilobes, Dieu sépare les éléments, puis sépare la lumière d'avec les ténèbres et crée les anges, puis il crée le soleil, la lune et les étoiles et enfin les oiseaux et les poissons.
Au registre supérieur, Dieu crée les animaux de la terre (deux lancettes de gauche) puis Adam et Ève (deux lancettes de droite).
Le registre inférieur montre la procession de la Confrérie de la Charité.
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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TYMPAN.
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"De même que celles du chœur, les fenêtres méridionales de la nef sont ornées de peintures sur verre. Mais si tout parle, sur les premières, du Fondateur et des premiers défenseurs de la Loi nouvelle, tout parle, sur les secondes, de l'Auteur et des prévaricateurs, depuis Adam jusqu'à Nabab, de l'ancienne Loi. Nous allons examiner, l'un après l'autre, les sujets représentés.
Première fenêtre, 1er vitrail, au sommet de l'ogive : « Dieu séparant les éléments. » Dieu est représenté sous la figure d'un vieillard à chevelure et barbe blanches, revêtu d'une tunique de même couleur et d'un manteau rouge flottant, pieds nus, les bras étendus, planant dans une gloire rayonnante, ayant le nimbe entourant, à rayons d'or. La lumière est figurée par des nuages lumineux, les ténèbres par des nuages obscurs, les eaux par un torrent, et la terre par une sphère enverdurée.
2e vitrail : « Dieu, créant la terre. » Dieu vêtu de même, porté sur les nues et entouré d'anges sous la forme de têtes ailées; la terre sous celle d'un globe cerclé horizontalement par le milieu et à demi par la partie haute. La moitié supérieure contient les mers, la moitié inférieure les continente.
3e vitrail : « Dieu créant les astres. » Dieu vêtu de même, debout, marchant sur la terre couverte de plantes; le soleil sous la forme d'une masse ignée et radieuse ; la lune sous la forme d'un disque incandescent et radié; les étoiles sous celle d'escarboucles scintillantes.
4* vitrail: « Dieu créant les oiseaux et les poissons. » Dieu vêtu de même, debout, bénissant; paysage avec rivière où nagent des poissons et un cygne et avec des arbres où sont perchés toutes sortes d'oiseaux." (Brossard de Ruville)
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
LES LANCETTES.
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Lancette A : Dieu crée les animaux terrestres.
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Inscription :
TOUT FUT CRÉE PAR DIEU EN SA BONTÉ.
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Elle appartient à une phrase qui court tout le long des quatre lancettes : "Tout fut créé par Dieu en sa bonté, Ciel, terre et eau et tout ce qui a vie, Lune, soleil, homme hélas frivole Et les pr[ieres] o-- de vi-- pour leur vie". Mais ni E. Didron ni Brossard de Ruville n'ont pu en déchiffrer entièrement le texte avant la restauration en 1864 par Oudinot, j'ignore donc la part qui est réellement ancienne. Je n'en trouve pas la source.
"5e et 6e vitrail : « Dieu créant les animaux terrestres. » Dieu revêtu d'un manteau en forme de chape, attaché avec une riche agrafe, debout et bénissant, ayant le nimbe à double cercle, traversé par mille rayons pressés; groupe d'animaux, tels que chevaux, taureau, vache, âne, mouton, chien et lapin; le paradis représenté par un site couvert de plantes, d'arbres, d'un champ de blé mûr, traversé par une rivière et borné par une montagne." Au-dessous des 4 derniers sujets existe une inscription trop mutilée pour être reproduite." (Brossard de Ruville)
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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Lancette B. Dieu crée les animaux terrestres, suite.
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Inscription :
SIEL TERRE ET EAU TOUT CE QUI AT VIE.
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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Lancette C et D : Dieu crée la femme à partir de la côte d'Adam.
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Inscription :
LUNE SOLLEIL ET HOM[M]E LAS FRIVOLLE ET LES PR[IERES ?] DE V--- POUR LEUR VIE.
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"7e et 8e vitrail : « Dieu créant la première femme. » Dieu, vêtu de même, un genou en terre, bénissant; Adam jeune, imberbe, cheveux courts et châtains, couché sur la terre et endormi, la main droite passée sous sa tête et la gauche reposant sur sa cuisse; Ève, longue chevelure blonde, vue à mi-corps, tournée vers son créateur, qu'elle adore; le premier père et la première mère du genre humain entièrement nus : le peintre n'ayant pas su éviter la partie scabreuse du sujet; continuation du paysage précédent, où se voient des lions, une licorne, un renard, un singe et un perroquet.
Les écoinçons représentent des nuages et de la verdure.
Il ne faut pas chercher, dans chaque cadre, la reproduction fidèle de chaque jour de la création.A la vérité tous s'y trouvent, mais point d'une manière tranchée. Le peintre-verrier, on peut le remarquer, a presque toujours fait figurer les êtres avant l'époque fixée par les Livres saints. Ainsi, selon la Bible, le 1e jour la terre n'était qu'une masse informe et vide; sous le pinceau de l'artiste elle a pris la forme d'un globe et s'est couverte de gazon; le 2e jour s'est fait seulement le partage des eaux du ciel, le peintre y ajoute le partage du globe en mers et en terres, qui se fit le 3e. Ce même 3e jour ne furent créés que les plantes et les arbres portant fruits: ils figurent ici en même temps que les animaux aquatiques et amphibies, qui n'ont été créés que le 5e. En dernier lieu, nous ne voyons point la création d'Adam, mais celle d'Eve, qui s'opéra plus tard." (Brossard de Ruville)
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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REGISTRE INFÉRIEUR : LA PROCESSION.
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Lancette A. La tête de la procession.
Un enfant de chœur tient le goupillon et le seau d'eau bénite. Puis vient un prêtre (en surplis, l'étole autour du cou, coiffé de la barrette) tenant un missel ouvert, puis le tintenellier portant un manteau à manches mi-courtes bariolé de croisillons, et agitant ses deux cloches. il est suivi de deux confrères portant des bannières ou plutôt des torches. Ceux-ci portent le chaperon bleu en bandoulière sur leur manteau ; ils sont coiffés de la barrette.
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"Plus bas encore est représenté le portement en terre d'un membre de la confrérie de la Charité. En tête marche un prêtre vêtu d'un surplis et portant un livre à demi ouvert, accompagné d'un acolyte, vêtu de même et portant bénitier et goupillon. Ensuite vient un tintérelleux, vêtu d'une tunique courte et à larges manches, agitant deux clochettes. Suivent deux massiers, vêtus d'une tunique et d'un pardessus ouvert" (Brossard de Ruville)
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"Le sonneur de tintenelles, le « cliqueteux », bénéficie d’une dalmatique byzantine, d’une mandille plus riche encore. Tout cela, il y a seulement vingt ans, s’en allait au travers des campagnes, sans corbillards, mettant son orgueil à promener à bras les plus lourdes châsses et par les plus mauvais chemins." (Jean de la Varende)
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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Lancette B. Six "frères servants" précédés de l'échevin et du prévôt portent le cercueil recouvert du drap noir à tête de mort et tibias entrecroisés.
Les quatre premiers frères portent des torchères ; le dernier tient un livre sous le coude.
Curieusement, les 8 personnages portent la tonsure, comme des clercs. Les frères servants sont vêtus d'une robe flottante gris-noir serrée à la taille par un ruban de même étoffe : c'est sans doute la soutanelle (décrite infra par Jean de la Varende). L'échevin et son prévôt portent leur vêtement civil, un court manteau dégageant aux avant-bras les manches d'une tunique, et des chausses moulantes et de couleur vive et variée.
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" quatre frères, vêtus d'une longue robe ceinte aux reins et le chaperon doctoral sur l'épaule gauche, portant sur deux bâtons le cercueil du défunt, recouvert du drap mortuaire; "(Brossard de Ruville)
Extrait des statuts de la confrérie :
» Pour gouverner la Charité seront établis un prevost, un échevin, douze frères servants, un greffier et un clerc du nombre des associés en icelle confrairie, demeurant au Grand Andely où en la Madeleine, lesquels, moitié pour le prevost et l'autre moitié pour l'eschevin; tous auront chacun un chaperon bleu, aux dépens de la Charité, qu'ils porteront sur les épaules senestres, toutes les fois qu'ils s'assembleront en corps et feront service à la charité; et, pour distinction des charges, le chaperon du prevost sera bordé de trois passemens bleus et celui de l'eschevin de deux et des autres frères servants, greffier et clerc, d'un seul passement.
Le prevost, l'échevin et les douze frères servants auront chacun une torche de cire, les deux premiers aux frais de la Charité et les autres à leurs dépens , à laquelle torche sera attaché un écusson de bois où sera dépeint la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.
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J'ai beau scruté le vitrail, je ne vois pas sur les torchères l'écusson de bois peint de la Pentecôte. Mais je me les représente facilement puisque les Processions des autres vitraux me les ont montré, comme l'ont fait les documents consultés, ou le Musée de Honfleur.
Je scrute encore, et je ne vois pas les passements simple, double ou triple des chaperons, sous forme de bandes de tissu plat "formé par l'entrelacement réguliers de fils d'or, d'argent ou de soie" (CNRTL)
Je poursuis ma lecture des statuts :
"Le prevost et l'echevin serviront pendant quatre années et les autres frères servants chacun deux ans.
Si quelqu'un des frères ou sœurs devient nécessiteux et tellement pauvre qu'il ne puisse gagner sa vie, les prévost et echevin luy pourront subvenir des deniers de la Charité.
Que si quelqu'un des associés à la dite confrairie décédait pauvre et sans aucun moyen, il lui sera baillé un drap aux dépens de la Charité, pour estre enseveli par les parents du défunt, ou à défaut d'iceux en cas de nécessité, par le frère semainier à l'aide et assistance des autres frères du e mois.
Si c'est un étranger ou autre pauvre personne, encore qu'il ne soit associé, sera assisté par les dits chapelains et porté par les dits frères."
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"On ne sait pas très exactement quels furent jadis leurs uniformes. Aujourd’hui, leurs signes distinctifs datent, et au plus tard, de la Restauration. C’est cependant très particulier. Ils revêtent d’abord une soutanelle, une blouse longue et flottante de lustrine noire, avec des galons aux manches qui indiquent les grades et les anciennetés. Ils se couvrent d’une barrette ecclésiastique à trois cornes et houppette de soie, galonnée aussi. Enfin la pièce essentielle, le chaperon : une énorme étole deux fois large comme celle des prêtres, qu’ils se passent en écharpe tel un baudrier. L’étoffe est en velours rouge ou vert, plus rarement noir, entourée de larges franges d’or. Là-dessus, le goût fastueux des brodeurs anciens s’est donné libre cours. Ce sont des épis et des acanthes en ronde-bosse, des raisins et des roses, avec, au centre, un saint Sébastien de carnation. Un saint Sébastien de soie charnelle, de pourpre pâle, dont l’épiderme bien normand, la peau phosphorescente, luit comme une nacre. Les bras levés et attachés, il est tout empenné de flèches, tout tacheté de mouchetures sanguinolentes ; mais ses pieds reposent sur un gazon de vert émail, mitraillé de corolles, de pâquerettes et de coquelicots.
Saint Sébastien est le patron des charitons ; le soldat torturé, le saint des archers normands qui ne le cédaient qu’aux archers d’York, et pour lesquels on plantait dans chaque propriété deux ifs destinés à leurs arcs, bien que l’if empoisonne le bétail. Le saint qui satisfait à la fois notre cruauté et notre habileté, notre santé, puisqu’il échappa à tant de sagettes si bien placées et si justes, et notre chance irréfutable." (Jean de la Varende)
Cette importance de saint Sébastien décrite en 1954 en Pays d'Ouche est également attestée dans les statuts de la Charité des Andelys en 1539 :
"Et si aucuns d'iceux associés devenoient ladres [lépreux], la confrairie leur fera dire un service pour infirmes où assisteront les dits frères servants et à la fin seront distribués treize deniers aux pauvres et de là les dits servants convoieront le dit ladre jusqu'à la maladrerie et assisteront le curé à toutes les cérémonies, prières et œuvres qu'il fera pour le dit ladre.
La Charité fera dire tous les ans trois messes hautes, deux dans l'église Nostre-Dame à l'honneur de monsieur saint Sébastien le mardi devant les Rogations et la troisième dans l'église Saint-Jean, en l'honneur de monsieur saint Rocq, le jour de sa feste."
Saint Sébastien et saint Roch sont les deux saints invoqués contre la peste, ce qui atteste ici du rôle crucial des épidémies ("lèpre", "peste" se confondaient à l'époque) de peste et de la peur de mourir sans être inhumé par des paroissiens qui craindraient la contagion. Ce rôle fondateur des maladies contagieuses est clairement spécifié dans les statuts :
"L'institution principale de la confrairie a été pour enterrer sainctement les corps des frères associés, de quelque maladie qu'ils soient morts, soit de peste ou autre maladie contagieuse dont, par la grâce de Dieu, il ne s'est jamais ouï parler qu'il en soit mal pris à un des frères servants depuis l'institution de la Charité jusqu'à présent, ce qu'il plaira à Dieu continuer tandis que la Charité durera, afin que les corps ne demeurent sans sépulture, il est arrêté que les dits servants assisteront aux inhumations des trépassés en la manière qui suit."
Selon Jean de la Varende, les cloches du tintennelier, aussi nommée "cliquette" dans les statuts, est précisément destinée à l'origine à écarter les passants face au danger des émanations pestilentielles du défunt, comme devait le faire les lépreux lorsqu'ils s'éloignaient des maladreries où ils étaient réunis :
"Les paysans du pays d’Ouche disent « campunelles », parfois, pour leur cloche processionnelle, et c’est évidemment une altération rurale de « campanelle », la petite cloche ; mais il y a plus significatif. Un des sonneurs spécialisés, qui remporta le grand prix du tournoi sonore, nous assurait que son père disait « tartavelle », et cela pourrait faire réfléchir. La tartavelle, en effet, dans les glossaires, désigne en langage courant, patoisant, la crécelle des lépreux ; la cliquette au moyen de laquelle le lépreux faisait le vide autour de sa promenade. L’emploi de la tintenelle aurait donc eu pour dessein, non d’appeler les gens à concourir au convoi, mais, bien au contraire, à les en écarter."
La confrérie est une sorte de mutuelle, payante, pour se protéger du risque de manque d'inhumation digne, mais se charge-t-elle en équivalent de Pompes Funèbres paroissiale de l'enterrement de tout un chacun ?
"Toute personne de l'un et de l'autre sexe indifféremment, peuvent être associez en icelle confrairie, payant toutes les semaines chaque personne un dénier et en donnant quelque argent selon sa dévotion, lorsqu'elle sera reçue et associée en la dite confrairie; laquelle en se faisant amortir paiera pour une fois quatre livres au profit de la Charité." (Ier article des statuts)
La confrérie a un vrai monopole des funérailles :
"Il est ordonné que, à toutes les inhumations où elle assistera, la Charité sera préférée, pour porter le corps des trépassés, à toutes les autres confrairies érigées à Nostre-Dame ou à la Madeleine, soit qu'elles soient anciennes ou non; sans qu'il soit permis aux autres confrairies ou charités des villages voisins de s'introduire ou de s'entremettre de façon quelconque, pour venir dans Andely porter les corps en terre, ou d'assister en corps de confrairie au convoi, sous ombre que les trépassés seraient de leur confrairie, pour éviter aux abus et inconvéniens scandaleux qui pourraient survenir"
Mais la confrérie de la Charité mérite néanmoins son nom :
"Le jour du Saint Sacrement, après les vespres du chœur, les dit frères servants laveront les pieds de douze pauvres dans la chapelle de madame sainte Clotilde, en commémoration de ce que Nostre Seigneur a fait avec ses apostres; à chacun desquels pauvres sera distribué trois deniers, un pain d'un sol et un morceau de chair et outre sera fait de même par le semainier à tous les pauvres nécessiteux qui se trouveront à la dite solennité; mesme sera bény un pain parle curé semainier, le quel sera distribué aux chapelains, frères servants et à tous ceux qui se trouveront aux dites cérémonies, le tout aux dépens de la Charité."
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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Lancette C. Sept chapelains, livre sous le bras, suivent le cortège, tout en discutant. Ils sont tous vêtus de la même robe noire serrée à la taille par un cordon, portent le chaperon bleu rejeté par dessus l'épaule gauche, et sont tous coiffés de la barrette.
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"huit frères, vêtus de même, ayant un livre sous le bras," (Brossard de Ruville)
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Extrait des statuts :
"Seront établis sept chapelains, prestres, pour faire le service de la dite Charité, lesquels auront pareillement un chaperon bleu, aux dépens de la dite Charité, qu'ils porteront sur l'épaule senestre toutes les fois qu'ils seront employés pour la Charité et si auront chacun une torche à leurs dépens aux écussons de la dite Charité, qu'ils seront tenus de porter allumée aux inhumations des frères servants trépassés et seront les dits chapelains nommés par le prévost, échevin et frères servants, à la pluralité des voix et presteront serment devant le curé semainier de l'église Nostre-Dame.
Sera tenu le clerc de la dite Charité d'avertir les chapelains et frères servants deux heures avant l'enterrement, de se trouver aux inhumations, services et prières que la Charité est tenue de faire pour ses frères trépassés, en allant aux maisons d'un chacun, vestu d'une robe bleue avec le chaperon sur l'épausle que la Charité lui fournira.
Le dit clerc sera tenu toutes les semaines à la minuit des dimanches, mardis et jeudis, aller par les rues d'Andely avec sa robe et cliquette, pour avertir par un cri public qu'il fera à chaque carrefour les frères et associés de prier Dieu pour les trépassés et sera tenu de faire le cri à la porte des prevost, échevin et frères semainiers."
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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Lancette D. Huit charitons, richement vêtus de costumes civils.
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Les bas, ces collants multicolores, les amples manteaux courts au dessus de tuniques également courtes, les petites fraises du col, les barbes et les coiffures, ou les chaussures à extrémités élargies, témoignent de la mode sous Henri II.
Le chaperon bleu de l'épaule "senestre" descend jusqu'à la cuisse ; il s'épanouit en son sommet dans une sorte de rosace rappelant celle de l'épitoge des avocats.
La gravité des frères servants en tête du cortège n'est plus de mise ici. Les regards se mobilisent, chacun observe son voisin et réajuste sa tenue comme s'il arrivait précipitamment. Le peintre-verrier n'est pas dépourvu d'humour.
"et au dernier rang plusieurs bourgeois, vêtus comme les massiers. Tous les assistants sont coiffés d'une petite toque carrée." (Brossard de Ruville)
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Verrière de la Création et de la Procession des charitons, 150-1560 en baie 120 de l'ancienne collégiale du Grand-Andelys. Photographie lavieb-aile 27 août 2018.
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La procession de la Confrérie à la Pentecôte
Je ne suis pas convaincu qu'il s'agisse sur ce vitrail de la représentation d'un cortège funèbre (qui ne convoquerait pas l'ensemble des membres au grand complet), et je pense plutôt à la procession annuelle de la confrairie. Celle-ci est bien spécifiée dans les statuts :
"Tous les ans après la feste de la Pentecoste, à la commodité des frères, l'on fera le voyage à Nostre-Dame de Grâce, auquel assisteront tous les membres de la confrairie. Et iront en corps avec leur chaperon les dits chapelains et servants depuis l'église de Nostre-Dame jusqu'à la croix du mont de Cléry, depuis la croix de Port-Mort jusqu'à la croix de Saint-Pierre la Garenne et depuis le haut du village de Grâce jusque dans l'église où sera dite une haute messe par le curé semainier en l'honneur de la glorieuse vierge Marie. Et les dittes prières accoutumées estant dites, les dits chapelains et frères reviendront en corps en même ordre que dessus jusque dans Nostre Dame d'Andely en laquelle l'on chantera devant l'autel de la Vierge derrière le chœur Salve Regina avec l'oraison."
C'est un trajet considérable allant du Grand-Andely à Saint-Pierre-de-Bailleul soit 40 km aller et retour, nécessitant de traverser la Seine (entre Port-Mort et Saint-Pierre-la-Garenne, mais il n'y a pas de pont), avec des dénivelés (la Croix de Clery est à 148 m) et la traversée de la Forêt des Andelys.
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Il est intéressant de constater que de nombreux éléments de cette séquence se retrouve dans l'enluminure de l'Office des Morts des Heures d'Étienne Chevalier peinte par Jean Fouquet entre 1452 et 1560 :
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Les funérailles d Étienne Chevalier, enluminure de l'Office des Morts. Jean Fouquet — R.-G. Ojeda, RMN ; expositions.bnf.fr
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SOURCES ET LIENS.
— AZARD (Marie-Magdeleine), 1983, Histoire des Andely et de ses hameaux. Horvath editions
— FOSSEY (abbé Jules) 1914, L'Art religieux dans les diocèses de Rouen et d'Evreux... La Bible illustrée par les vitraux et bas-reliefs de la Haute-Normandie
Édition : Evreux, Impr. de l'Eure , 1914. In-8°, 129 p.
— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
"La ville des Andelys, chef-lieu de l'une des principales subdivisions du bailliage de Gisors, était un important pôle d'activité grâce à son port sur la Seine qui alimentait l'arrière-pays. Les contacts étaient constants entre les deux villes administrés par une même bourgeoisie enrichie par l'exercice des offices publics et sensibilisée aux nouveautés artistiques. La reprise de l'activité architecturale s'est faite dans un contexte politique et économique similaire de celui qui présida à la reconstruction de l'église de Gisors.
L'église collégiale Notre-Dame en offre aujourd'hui le principal témoin, dont la place dans la diffusion des formes reste difficile à apprécier faute de chronologie bien précise. Linda Elaine Neagley a récemment proposé de dater les campagnes flamboyantes initiales, situées par cet auteur dans le chœur et la croisée du transept de la première moitié du XVe, en y identifiant les prototypes de tracés et de modénatures adoptés dès les années 1430 sur le chantier de Saint-Maclou de Rouen. Cette chronologie relative nous semble difficile à admettre au vu des rares repères historiques fiables qui invitent à rajeunir sensiblement les travaux de l'église des Andelys : réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506 et mise en place des vitraux de l'époque flamboyante à partir de la décennie 1500." Étienne Hamon , 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages
Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame(d'après Gatouillat 2001)
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant, et nous gardons du début du XVIe siècle la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.
Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.
Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :
Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 14 : v. 1510-1515 . armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise
Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.
Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.
Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde
Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.
Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.
Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval
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Description.
Cette verrière qui éclaire la 1ère chapelle du bas-coté sud de la nef mesure 3,80 m de haut pour 4,10 m de large et se divise en 5 lancettes ogivales et un tympan à 5 ajours droits. Elle est consacrée à la vie de saint Léger, évêque d'Autun.
Elle a été très restaurée en 1865 par Didron, aux frais de Mgr Devoucoux, évêque d'Evreux.
Elle a été décrite en 1862 par Didron, puis en 1877 par l'abbé Adolphe-André Porée, curé de Bournainville . Je cite le texte de Porée en retrait pour chaque panneau.
Placée entre la baie 20 (vie de sainte Clotilde et baptême de Clovis) et la baie 24 (vie de sainte Clotilde), elle doit sa présence aux Andelys au culte de la reine Clotilde, ou plus largement à l'histoire des racines sacrées de la monarchie française puisque saint Léger est l'un des principaux saints mérovingiens et qu'il fut le précepteur des enfants de Clovis II, puis nommé évêque d'Autun . Il devint le conseiller des rois Clotaire II puis Childeric II avant d'être disgracié pour avoir reproché au roi son mariage. En conflit avec un autre conseiller, le violent Ebroïn, il fut envoyé au monastère de Luxeuil puis il subit le martyr.,
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Lors de ma visite, des travaux de restauration étaient en cours. Le haut des verrières étaient protégé par des filets.
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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TYMPAN
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1°) Les inscriptions des écoinçons.
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"Les écoinçons I et IV sont occupés par deux petits anges nus, aux ailes rouges et vertes, soutenant, à l'aide d'une cordelière passée sur l'épaule, un large cartouche. Le premier à gauche, porte l'inscription suivante, qui se rapporte au sacre de saint Léger, du panneau II.
SAINCT LEGER FUST EVESQUE DE RAVE[N]NE (1)
POUR LES VERTUS QUE LUY VOYE[N] FLEURIR
PETITS ET GRANDS. SATHAN QUI CABLE ET VENS
LES PLUS PARFAITS, APRES LES AVOIR FAICT MOURIR .
(1) Il est probable que le peintre a mis pour la rime Ravenne pour Autun.
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L'inscription du cartouche de droite est ainsi conçue :
AVEC LE ROY DONT SOING AVAIT ET CURE
IL FIST LA PASQUE ASSIS AUPRES DE LUY
SES ENNEMIS EN EURENT GRA[N]T ENNUY
MAIS SAINCT LEGER BIE[N] P[OUR MAL LE[UR] PROCURE ;
Cette légende est relative au panneau IV qui représente saint Léger faisant la pâque avec le roi Childéric II, à Autun.
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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2°)Les ajours centraux : Consécration épiscopale de saint Léger (très restauré) ; couronnement de Chilpéric II (moderne) ; saint Léger faisant la Pâque avec le roi.
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"PANNEAU II. Sacre de saint Léger, évêque d'Autun. Saint Léger est assis sur un trône à pieds contournés . il paraît extrêmement jeune, bien qu'à cette époque de sa vie, il n'eût pas moins de quarante-quatre ans. Sa tête n'est pas nimbée nous le voyons revêtu de tous les ornements pontificaux, l'aube de lin, la tunicelle violette, la chape rouge, les chaussures jaunes et les représentant saint Léger à l'hospice de Fécamp, et qui dans l'ordre chronologique doit précéder le panneau 3, au milieu de la verrière, où saint Léger a été dépouillé de ses vêtements d'évêque. gants bleus; ses mains sont jointes. Les deux prélats consécrateurs déposent la mître sur sa tête; l'un d'eux, mître en tête, porte une chape verte avec une agrafe d'or; l'autre, également mitre, est revêtu d'une aube, d'une chape bleue, de gants verts et de chaussures violettes. A gauche, on aperçoit un clerc en tunique violette, portant la crosse du nouvel évêque; cette crosse d'or relevée d'ornements d'argent et de pierreries est d'un .éclat éblouissant. Le second plan est occupé par d'autres clercs portant la croix, les cierges et les crosses des deux autres évêques. Dans le fond, les murs de la basilique des saints Celse et Nazaire à Autun, où fut sacré saint Léger.
PANNEAU III.–Couronnement du roi Childéric II. Le roi est sur un trôné, magnifiquement vêtu en empereur romain. Il a les bras et les jambes nues, le sceptre à la main, un manteau agrafé 'sur l'épaule gauche. Saint Léger, portant la mitre, l'aube et la chape rouge, dépose la couronné sur la tête de celui qu"il vient de faire proclamer roi des Francs. Derrière lui, un clerc en surplis porte la crosse. A droite, au premier plan, un moine à la tète rasée, vêtu d'une robe blanche et d'un scapulaire noir, semble étendre la main droite. Devant lui, un soldat couvert d'un bonnet phrygien et d'une cotte rouge, porte un petit étendard bleu à trois fleurs de lys. Un autre soldat, casque
en tète, revêtu d'une cotte verte, porte un fanion semblable. Dans le fond, plusieurs personnages que l'on n'aperçoit qu'imparfaitement. Il existait, autrefois, un fragment d'inscription au bas de ce panneau.
PANNEAU IV. Childéric célébrant la pâque avec saint Léger à Autun. Il ne faudrait pas entendre, par ces mots, que Childéric vint communier à Pâques des mains de saint Léger , L'histoire nous apprend, au con-traire, que Childéric venu à Autun avec le projet criminel d'assassiner le saint évêque, osa, néanmoins, recevoir le corps de Jésus-Christ des mains de l'hypocrite Marcolinus, sorte de reclus qui vivait près du monastère de Saint-Symphorien d'Autun. Notre vitrail nous montre donc saint Léger dans un repas offert à Childéric, en 670, à l'occasion des solennités pascales. Sous un large dais d'étoffe rouge richement damassée, saint Léger revêtu de la mitre précieuse, d'une tunicelle verte et d'une chape bleue, est assis près du roi. Childéric, le sceptre en main, a un costume à peu près semblable à celui du panneau précédent. Il est assis sur un trône ayant des griffons pour accoudoirs ; un chien est couché a ses pieds. Le jeune roi baisse la tête et semble écouter avec ennui les sages remontrances de saint Léger, qui étend le bras vers lui l'évêque lui reproche, sans doute, ses débordements scandaleux et son mariage avec sa cousine germaine Bilihilde, qu'il avait amenée avec lui à Autun. La table du festin, recouverte d'une nappe damassée, est chargée de fruits. Un serviteur vêtu d'une tunique violette apporte une large aiguière. A l'extrémité de la salle, on voit un petit page portant un manteau bleu et un toquet noir à plume bleue. – Le fond; de la salle est tendu, d'une draperie verte. "
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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LES LANCETTES.
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette A : les nobles d'Autun viennent chercher leur évêque à Luxeuil après la mort de Chilpéric.
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" Panneau VI. La scène assez obscure du reste, représentée dans ce panneau a beaucoup exercé la perspicacité de tous ceux qui ont étudié les vitraux d'AndeÏy. Les uns prétendent qu'elle montre saint Léger sortant des murs d'Autun où il était assiégé par le comte de Champagne, et se livrant lui-même à ses ennemis. L'attitude respectueuse du seigneur auquel parle l'évêque ne semble pas permettre de s'arrêter à cette opinion.
Selon d'autres, on tiendrait annoncer à saint Léger la nouvelle de son élévation à l'épiscopat. Mais la scène se passe près d'une abbaye, et c'est à la cour de Bathilde que Léger fut nommé évêque.
Enfin, d'autres y ont vu un noble Franc venant chercher saint Léger à l'abbaye de Saint-Maixent de la part de la reine Bathilde, qui en voulait faire le précepteur de ses enfants et son propre conseiller.
Pour nous, et M. de Ruville s'est arrêté à une opinion à peu près identique, cette scène représente les nobles de la cité d'Autun venant, ainsi que nous l'apprennent les Actes de la vie du saint, chercher à l'abbaye de Luxeuil leur bien-aimé évêque sacrifié à la cruauté jalouse de Childéric. Ce roi vient de mourir; les fers du captif sont brisés, et on lui remet aux mains la crosse, signe de cette autorité dont l'avait injustement privé un pouvoir despotique. Cette explication, nous le savons,ne porte pas l'évidence avec elle, et nous laissons à d'autres à donner le dernier mot de cette interprétation. Mais ce qui nous a surtout déterminés à proposer la nôtre, c'est un fragment d'inscription placé autrefois au bas du panneau, et enlevé au moment de la restauration. Sur ce fragment, se lisait ce mot LUXEUIL . Or, l'explication que nous donnons est la seule où ce mot puisse être placé d'une manière significative.
Au premier plan de ce panneau, à gauche, Saint Léger revêtu, comme un simple prêtre, d'une robe rouge et d'un surplis à larges manches, porte des souliers bleus, et sur l'épaule gauche un chaperon de couleur rouge. Cette figure, très-nettement dessinée, est pleine de douceur et de fermeté. L'évêque est accompagné de deux religieux dont l~un porte la tonsure monacale et une longue barbe il étend le bras vers le seigneur Franc; sa robe est violette et ses chaussures bleues vrai type de moine, plein de vigueur et d'expression. On ne voit de l'autre religieux que la figure encapuchonnée. A gauche, est un personnage à barbe blanche, avec toque jaune et casaque bleue. Le noble seigneur qui adresse la parole à saint Léger est revêtu d'un de ces magnifiques costumes de la Renaissance, que la coupe étriquée de nos habits modernes fera toujours regretter. Il est tête nue; son visage sévère s'encadre d'une longue barbe brune. Il est revêtu de la fraise plissée, d'un pourpoint cramoisi à crevés, d'une pèlerine d'hermine, d'un manteau rouge, de hauts-de- chausses vertes et de bottes bleues; une riche épée, est suspendue à son côté. D'une main, il tient soit des gants, soit un parchemin roulé; de l'autre, la crosse d'or, qu'il apporte à saint Léger, au nom des habitants d'Autun. A droite, au second plan, on aperçoit la figure épanouie d'un homme coiffé d'une toque rouge et vêtu d'un pourpoint bleu à col de fourrure.
Le fond du sujet est occupé par un édifice intéressant à étudier. C'est l'église de l'abbaye de Luxeuil, où saint Léger avait été exilé. La porte ouverte laisse apercevoir une rangée de piliers cantonnés et une série de fenêtres. Au-dessus du portail est adossée la statue d'un abbé tête nue et portant la crosse; un dais sculpté la surmonte. Le pignon de l'église est orné d'une rosace flamboyante, et la pointe percée d'un œil-de-bœuf. Sur les combles s'élève une croix dorée et une petite flèche. Des arcs-boutants se profilent sur les deux côtes de l'église."
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette B : martyr de saint Léger, à qui on crève les yeux au moyen d'une tarière.
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"PANNEAU VII.–Supplice de saint Léger.
–Après s'être livré lui-même aux ennemis qui l'assiégeaient dans la ville d'Autun, l'évêque est devenu l'objet de leur vengeance. Saint Léger, en costume épiscopal est assis, les bras attachés au dossier de son siège. II est sans nimbe et porte la mitre, l'aube, une longue tunicelle jaune brochée, une chape rouge et des souliers violets. Les traits de son visage se contractent sous l'horrible supplice qu'on lui fait endurer. L'un des bourreaux, barbu, casque en tête, vêtu d'une tunique bleue et d'un manteau rouge, lui tient la tête fixe dans ses deux mains, tandis qu'un second tortionnaire, vieil-lard à longue barbe blanche et tête nue, lui crève les yeux avec un gros foret de charpentier, tout en détournant la tête d'horreur. Le costume de ce bourreau est fort curieux. Il porte un pourpoint vert séparé d'un haut-de-chausses bleu par une ceinture violette ses bottes à retroussis bleu clair sont ornées d'une large agrafe de cuivre à tête de lion.
Au second plan, à droite, un personnage à barbe blanche, qui porte un casque de couleur violette, une tunique grise et un manteau rouge, est assis sur une haute estrade il étend son sceptre, et semble suivre attentivement la marche du supplice qu'il vient d'ordonner. Son siège, à haut dossier, est surmonté d'une draperie pourpre attachée aux branches d'un arbre et forme un dais. Cet homme est sans doute Vaïmer, quoique les Actes de la Vie de saint Léger nous disent qu'il ne fut remis aux mains du comte de Champagne qu'après avoir eu les yeux crevés. Près de Vaïmer est un personnage qui, le menton dans sa main, assiste impassible à cette scène atroce il est coiffé d'une sorte de chaperon bleu et enveloppé d'un ample manteau violet. A la gauche du panneau; un jeune homme vêtu
d'une tunique:rose pale semble causer à son voisin un autre spectateur du supplice, portant une barbe rouge, est coiffé d'une draperie de couleur blanche. A l'arrière plan, on aperçoit une église, des tourelles, les remparts
de la ville d'Autun assiégée par le comte de Champagne. Dans le lointain, une rivière coule au bas d'une colline;
tout ce paysage est peint sur un fond bleu ardoisé. Des fragments d'inscription se lisaient autrefois au bas de ce panneau ils ont disparu. "
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette C. Condamnation de saint Léger.
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"PANNEAU VIII.– Saint Léger est dépouillé de ses vêtements pontificaux. L'artiste verrier a choisi la scène
un peu étrange, il faut l'avouer, où Ebroïn furieux de n'avoir pu faire condamner saint Léger, a ordonné à ses
valets de lui déchirer sa robe d'évêque. Saint Léger avait comparu devant le roi Thierry et plusieurs seigneurs du
royaume, sous l'inculpation calomnieuse de complicité dans le meurtre de Childéric mais nul n'avait osé le condamner. Ce dut être en dehors de cette assemblée qu'Ebroïn outragea ainsi honteusement l'évêque d'Autun. Le peintre a représenté ce tribunal privé, où siégeaient l'injustice et la haine, au moyen duquel Ebroïn put infliger un dernier affront à sa victime avant de lui ôter la vie. Saint Léger, dépouillé de ses ornements pontificaux, est en chemise, pieds nus, les mains garrottées par des cordes. Sa tête, sans nimbe, a conservé la mître épiscopale il se détourne et regarde sévèrement ses juges, en leur reprochant leur indigne cruauté. Deux soldats l'emmènent hors du tribunal. L'un d'eux, figure ramassée, à barbe brune porte un petit chapeau rond de couleur violette, un pourpoint rouge à jaquette bleue, et des chasses violettes; une large épée est suspendue à sa ceinture. Un autre soldat, qui regarde les juges et prend leurs ordres, porté un casque à chenille jaune, une tunique cramoisie et des hauts~de-chausses bleuâtres à sa ceinture pend une sorte de couteau de boucher. Au second plan, à gauche, sous une large tenture rouge attachée à un arbre, s'élève une estrade. Ebroïn portant une barbe rousse, la tête enveloppée dans les plis de son manteau violet, est revêtu d'une tunique grisâtre. Il tient de la main droite un parchemin roulé, et menace de la gauche l'évêque qui lui reproche la multitude de ses crimes. A la gauche d'Ëbroïn sont assis deux juges complaisants qui parlent entre eux. L'arrière-plan est occupé par un paysage bleuâtre d'une bonne perspective; deux hommes s'éloignent en causant. La partie supérieure du panneau est remplie par un arbre verdoyant, dont les branches supportent un cartouche avec une inscription qui nous eût sans doute
donné, avec la date, les noms du donateur de ce vitrail, mais qui est malheureusement fort incomplète :
LAN MIL CINQ CENT -----
---EPROUVEE
----SAINCT LEGE---
PLUS LE ---
POUR ---
CESTE -----PLACE
Au bas de ce même panneau, on lisait autrefois ces mots : DU DIABLE POSSEDI ---Ce fragment d'inscription, trop mutilé, n'a pas été replacé lors de la restauration du vitrail. "
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette D : saint Léger dans sa prison.
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"PANNEAU IX.–Saint Léger enfermé par l'ordre d'Ebroïn dans l'hospice de Fécamp. –Après avoir fait couper à saint Léger la langue et les lèvres, Ebroïn avait donné l'ordre à Vaïmer, l'un de ses leudes,d'emprisonner l'évêque d'Autun. Ce noble seigneur, ému de pitié, déjoua les cruels projets de l'ancien maire du palais, et conduisit l'évêque proscrit à l'hospice de Fécamp. Ce lieu de réclusion se présente dans le vitrail sous la forme d'une vaste tour ronde surmontée d'un campanile circulaire avec sa clochette. Aux nombreuses ouvertures grillées des divers étages se montrent plusieurs reclus. Au rez-de-chaussée de la tour, une fenêtre cintrée et défendue par de solides barreaux de fer nous laisse apercevoir à mi-corps saint Léger, les bras enchaînés, portant la mitre, l'aube et la chape rouge. Un nimbe rayonnant environne sa tête, et l'Esprit-Saint, l'Esprit Consolateur sous la forme d'une colombe nimbée, vient visiter l'évêque dans sa prison et l'illumine de ses rayons divins.'Les traces de l'horrible mutilation qu'a subie saint Léger ne sont pas apparentes l'artiste a voulu sans doute représenter par là le miracle par le- quel le saint martyr, arrivé à Fécamp, recouvra l'usage de la parole. Saint Léger adresse de pieuses exhortations à deux personnes, dont l'une, vue de dos, est revêtue d'un pourpoint jaune à manches vertes, 'd'un man- teau rouge et de chausses blanches elle est tête nue; sa figure tournée de profil et ombragée d'une longue barbe brune, est remarquable de noblesse et d'énergie; l'autre, vue de face, porte également une barbe épaisse, elle est revêtue d'un casque de couleur verte, d'un manteau bleu et de chausses de la même couleur. Au pied de la tour, une vieille femme, assise par terre, écoute avec attention les enseignements du saint évêque. Elle porte une coiffe blanche, une robe violette à manches bleues, et tient dans ses bras un jeune enfant nu qui joue avec un chien. A l'arrière-plan, on aperçoit les bâtiments de l'hospice de Fécamp et plusieurs moines. "
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette E : décollation de saint Léger.
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"PANNEAU X. -- Martyre de saint Léger.
Ce fut dans la forêt d'Ivelines, dans le pays d'Arras, que saint Léger fut décapité par ordre d'Ebroïn. Cette scène suprême forme le sujet du dernier panneau de notre verrière. Saint Léger vient de subir son supplice ; sa tête gît à terre loin du tronc et la mître est près d'elle. Le corps de l'évêque, encore agenouillé, est revêtu des ornements sacrés, aube, chape rouge. Ses mains sont liées par des cordes. Le bourreau, qui vient de lui trancher la tête, brandit encore son sabre recourbé il porte un casque richement ciselé, une tunique jaune entr'ouverte, et des hauts-de-chausses bleus ses jambes sont nues, et une sorte d'écharpe bleue entoure son cou. Il lève la tête et voit l'âme de saint Léger emportée par les anges dans le sein du Père éternel. L'âme du saint, selon les traditions iconographiques du moyen âge, mais qui s'effaçaient déjà au XVIe siècle, apparaît sous la forme d'un petit enfant nimbé, nu, les mains jointes. Quatre anges, vêtus de longues tuniques, la soutiennent dans leur bras, et la présentent au Père éternel, qui est porté par des nuages c'est un vieillard vénérable, à longue barbe blanche, portant la tiare sans nimbe et un manteau bleu. Trois personnages assistent, près du bourreau, à cette scène que l'artiste a su rendre vraiment saisissante. Ce sont, sans doute, les trois sicaires d'Ebroïn, dont parlent les Actes de la Vie de saint Léger, et qui, touchés parla grâce, demandèrent. et obtinrent de lui leur pardon. L'un d'eux, placé à la gauche du panneau, presque au premier plan, regarde avec horreur le corps inanimé du saint évêque. Il est tête nue, les cheveux courts, la barbe rase cette figure admirablement dessinée exprime une sauvage énergie. Cet homme porte une tunique jaune et un manteau pourpre. Près de lui, un autre personnage à longue barbe, revêtu d'une tunique verte, d'un manteau rouge et d'un bonnet de même couleur, détourne vivement la tête. Le troisième levant les yeux au ciel d'où rayonne une lumière Surnaturelle, considère l'âme de saint Léger portée par les anges il porte une longue barbe, un toquet rouge, et une tunique jaune sur un pourpoint rouge. A ses pieds; deux hommes étendus à terre et dont on n'aperçoit que la tête. L'arrière-plan est occupé par un fond d'architecture. "
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Verrière de la vie de saint Léger (vers 1540), baie 22 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely aux Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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SOURCES ET LIENS.
— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.
Cette verrière, placée dans la seconde chapelle, est divisée en cinq baies séparées par quatre meneaux droits allant de la base à l'extrémité de la fenêtre. Les panneaux se terminent en ogive au-dessus de la partie carrée. Le vitrail est assez complet, bien qu'en mauvais état. Un seul panneau serait à remplacer entièrement, et encore ne devrait-il être occupé que par de l'architecture.
La vie du saint évêque d'Autun est liée d'une manière essentielle à l'histoire de la monarchie française au VIIe siècle. Né d'une famille illustre, vers l'an 616, ses parents le conduisirent fort jeune à la cour du roi Clotaire II, fils de la fameuse Frédégonde. Un peu plus tard, il fut envoyé à Didon, évêque de Poitiers, son oncle maternel, qui le fit élever avec un grand soin. Promu au diaconat, bien qu'il n'eût que vingt ans, grâce à son mérite exceptionnel, le saint ne tarda pas à devenir archidiacre et à être chargé par son oncle du gouvernement de son diocèse. Il devint ensuite abbé du monastère de Saint Maixent à Poitiers, et garda cette charge pendant six ans. Clovis II, roi de Neustrie et de Bourgogne, mort en 656, ayant eu pour successeur son fils, Clotaire III, encore enfant, sainte Bathilde, mère du jeune prince, fut proclamée régente et eut pour conseillers saint Éloi, évêque de Noyon, saint Ouen, de Rouen, et saint Léger qui peut-être a joué le rôle le plus considérable des trois. Ici commence la vie politique de l'évêque d'Autun, largement représentée dans la verrière.
Nommé à cet évêché en 659, il revint dix ans après à la cour lorsqu'il apprit la mort de Clotaire III et les troubles qui suivirent cet événement. Les deux frères du roi défunt se disputaient le trône. Thierry eut quelque temps le pouvoir, grâce à Ébroïn, maire du palais; mais la mauvaise administration de celui-ci fut cause de sa chute et de l'avénement de Childéric, qui se plaça sous la direction de saint Léger et accorda la vie à Ébroïn sur la prière de l'évêque. Plus tard, le saint devait avoir pour bourreau celui dont il avait été le bienfaiteur! Childéric s'étant abandonné à la débauche, Léger le réprimanda publiquement, ce qui le fit exiler au monastère de Luxeuil, où il retrouva Ébroïn devenu son compagnon de captivité. Cependant, le roi ayant été assassiné et remplacé sur le trône par Dagobert, fils de Sigebert II, l'évêque d'Autun put rentrer dans son diocèse, et le maire du palais reprit bientôt le pouvoir en faisant reconnaître pour roi un prétendu fils de Clotaire III, nommé Clovis. Kbroïn envoya une armée en Bourgogne, qui commença par assiéger A ut un. Saint Léger, soutenant les droits dî Dagobert, voulut résiste:' avec le concours des habitants; mais la ville fut prise par Vaimer, duc de Champagne, commandant de l'armée ennemie, ou plutôt l'évêque contribua à la reddition de la ville en se livrant. Saint Léger eut les yeux crevés. Pendant tout le temps que dura son supplice, il chanta des psaumes et ne souffrit point qu'on le liât. Il fut conduit ensuite en Champagne par Vaimer, lequel ne voulut pas obéir aux ordres d'Ébroïn. Celui-ci avait ordonné que l'évêque fût mené dans un bois pour y mourir de faim. Plus tard, saint Léger eut les lèvres et une partie de la langue coupées, et fut mis sous la garde du comte Vaneng. Ce dernier le traita bien et l'envoya au monastère de Fécamp, où il guérit complétement, à ce point même de recouvrer miraculeusement l'usage de la parole. Ébroïn, le poursuivant toujours de sa haine, l'accusa, ainsi que son frère Guérin, d'avoir contribué à la mort de Childéric. Les prétendus coupables comparurent devant le roi et les seigneurs du royaume : Guérin fut attaché à un poteau et lapidé; quant à l'évêque d'Autun, on hésita et on voulut d'abord le faire déposer dans un synode. Enfin quelques évêques ayant été gagnés par le maire du palais s'assemblèrent et s'érigèrent en juges, bien qu'ils n'eussent pas été convoqués par le primat ou un métropolitain. Sommé de s'avouer coupable, le saint ne cessa de protester de son innocence. I1 fut dépouillé de ses vêtements, on lui déchira sa tunique de haut en bas, comme marque de dégradation et de déposition, et on le livra aux mains de Chrodobert, comte du palais, chargé de le faire mettre à mort. L'exécution eut lieu en 678, dans la forêt d'Ivelin, appelée plus tard forêt de Saint-Léger, au diocèse d'Arras. Un seul des quatre soldats commis à cet effet eut le courage de couper la tête du saint évêque; les trois autres, s'étant jetés à ses pieds, lui demandèrent leur pardon et sa bénédiction.
L'ordre dans lequel les sujets sont placés est semblable à celui qui a été suivi dans le vitrail précédent, représentant la conversion et le baptême de Clovis ; c'est-à-dire que ceux de la partie ogivale précèdent ceux de la partie carrée, chronologiquement; et cependant, une scène de cette dernière partie, la première à gauche du spectateur, semble aussi être la première de la vie du saint. Il faut donc adopter cette marche, quelque irrégulière qu'elle soit, pour la description de la verrière."
— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
— PORÉE (abbé Adolphe-André Porée), 1877, Description du vitrail de saint Léger évêque d'Autun à Notre-Dame des Andelys, Tours, P.Bouserez, 23 p.
"Ce vitrail est peut-être, de tous ceux que possède l'église du Grand-Andely, celui qui offre le dessin le plus sobre, le plus correct et le plus élégant quelques-unes des scènes qu'il représente, la Pâque de Childériç, saint Léger à l'abbaye de Luxeuil, saint Léger dépouillé de ses vêtements, son dernier supplice, sont de vrais tableaux, traités avec cette vigueur et ce relief que l'on retrouve dans les compositions des vieux maîtres florentins de la fin du xve siècle. Toutefois, dans notre vitrail, on sent un pinceau tout français, et les costumes, pour n'être pas de la belle époque de la Renaissance, sont, pour la plupart, des vêtements en usage sous Charles IX et Henry III. Les têtes sont fines et généralement bien modelées, les figures courtes, les traits fortement accusés ; l'énergie en est l'expression dominante ; les personnages ont tous une certaine raideur dans l'attitude. Vue de près ou de loin, ces têtes conservent toute leur expression et toute leur finesse. Une remarque fort curieuse c'est que les ombres
dans presque toutes les figures, sont accusées au moyen de hachures de couleur brune croisées en divers sens, et telles qu'on les emploie dans la gravure. Ce procédé, assez peu usité dans l'art du verrier, a produit cependant, dans notre vitrail, des effets d'ombre admirablement calculés.
"Comme harmonie de tons et de couleurs, cette verrière, vue à une certaine distance, conserve une teinte
générale très-douce point de ces masses blafardes formant un vide au milieu de couleurs plus vigoureuses; point de ces contrastes criards qui vous déconcertent, et produisent sur le regard l'espèce de crispation nerveuse qu'infligent aux oreilles les notes discordantes de plusieurs instruments de musique; vous êtes en présence d'une gamme puissante de tons richement variés.
"Vu de près, le vitrail prend un tout autre aspect. Je ne sais quoi d'accentué, de vigoureux vous frappe et vous saisit la pensée du peintre se dégage brusquement; la perspective se ramasse, se raccourcit; les couleurs deviennent plus intenses; les personnages s'animent on dirait qu'ils vont se mouvoir et parler. Cette œuvre est l'un des rares spécimens de l'art du xvie siècle où le verrier a su donner à chaque figure une expression propre et vraiment personnelle.
Il serait à souhaiter que ce vitrail fût dessiné par une main habile et reproduit en chromolithographie. Il ferait un excellent sujet d'étude pour les peintres-verriers de nos jours, qui s'inspirent beaucoup trop de la gravure, et pas assez de leurs devanciers."
La verrière du Christ, de saint Louis et de trois saintes ( vers 1510-1515) offerte par l'archevêque Georges d'Amboise ou baie 14 de l'ancienne collégiale du Grand- Andely des Andelys.
"La ville des Andelys, chef-lieu de l'une des principales subdivisions du bailliage de Gisors, était un important pôle d'activité grâce à son port sur la Seine qui alimentait l'arrière-pays. Les contacts étaient constants entre les deux villes administrés par une même bourgeoisie enrichie par l'exercice des offices publics et sensibilisée aux nouveautés artistiques. La reprise de l'activité architecturale s'est faite dans un contexte politique et économique similaire de celui qui présida à la reconstruction de l'église de Gisors.
L'église collégiale Notre-Dame en offre aujourd'hui le principal témoin, dont la place dans la diffusion des formes reste difficile à apprécier faute de chronologie bien précise. Linda Elaine Neagley a récemment proposé de dater les campagnes flamboyantes initiales, situées par cet auteur dans le chœur et la croisée du transept de la première moitié du XVe, en y identifiant les prototypes de tracés et de modénatures adoptés dès les années 1430 sur le chantier de Saint-Maclou de Rouen. Cette chronologie relative nous semble difficile à admettre au vu des rares repères historiques fiables qui invitent à rajeunir sensiblement les travaux de l'église des Andelys : réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506 et mise en place des vitraux de l'époque flamboyante à partir de la décennie 1500." Étienne Hamon , 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages
Les verrières de l'ancienne collégiale Notre-Dame (in Gatouillat 2001)
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant, et nous gardons du début du XVIe siècle la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.
Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.
Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :
Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 14 : v. 1510-1515 . armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise
Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.
Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.
Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde
Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.
Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.
Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval
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Description.
Cette verrière qui éclaire le portail du bras sud du transept en en formant le tympan mesure seulement 2,50 m de haut pour 2,70 m de large et se divise en 2 lancettes trilobées et un tympan à 2 soufflets et 2 écoinçons. Ce portail, dit "de la cour de l'archevêque de Rouen", donnait accès au manoir épiscopal, comme le rappelle les armoiries de Georges II d'Amboise du soufflet droit.
Elle a été restaurée en 1865 par Duhamel-Marette et en 1987 par Jean-Pierre Tisserand.
Le thème en est la sainte royauté. Dans des niches centrales à fronton triangulaire, devant un drap d'honneur damassé, un saint roi et une sainte reine (ou la Vierge) forment à gauche et à droite deux figures principales, et ce couple royal est entouré, dans des niches plus petites, du Christ Sauveur et d'un saint évêque autour du roi, ou de sainte Hélène et de sainte Marguerite autour de la reine.
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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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LES LANCETTES.
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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Les lancettes gauches :
Lancette A : le Christ Sauveur.
nimbe crucifère, geste de bénédiction, tunique pourpre et globus cruciger le caractérisent.
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Lancette B : saint Louis (?).
Tête restituée.
Ce saint porte les insignes régaliens et le collier de l'Ordre de Saint-Michel. C'est sans doute une figure allégorique et non historique, car aucun roi portant ce collier n'accéda à la sainteté.
On remarquera que le collier est celui à lacs d'amour, c'est à dire celui qui fut en vigueur depuis la création de l'Ordre en 1469 jusqu'à 1516, date à laquelle François Ier fit remplacer les 23 lacs par autant de doubles cordelières en mémoire de saint François : voir mon article :
Remarquez aussi les chaussures Renaissance, élargies en patte d'ours.
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Lancette C : un saint évêque.
Saint Rémi ?
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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Les lancettes de droites.
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Lancette D : sainte Hélène (attribut : la Sainte Croix).
Lancette E : une "sainte reine non identifiée (sainte Clotilde ?)
C'est l'interprétation des auteurs de Vitraux de Haute-Normandie, mais pourquoi ne pas y voir la Vierge couronnée ?
Lancette F : sainte Marguerite d'Antioche issant du dragon grâce à son crucifix.
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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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LE TYMPAN.
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Dans les écoinçons et le compartiment supérieur des soufflets, des anges musiciens jouent de la trompette, de la harpe, du luth ou de la viole à archet.
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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Les compartiments inférieurs des soufflets forment un ensemble héraldique.
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Verrière du Couple royal offert par Georges d'Amboise, ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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A gauche, les armoiries de France, couronnées, d'azur aux trois lys d'or sont entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel et présentés par deux cerfs ailés ou cerfs volants. Ce support (les "tenants") fut d'abord adopté par Charles VI, contre la coutume de ses prédécesseurs qui avaient des anges, puis Charles VII, Louis XI et Charles VIII ( 1483-1498) , conservèrent les cerfs ailés. Louis XII prit comme tenant des porcs-épics et François Ier des salamandres ... (Viollet-le Duc) .
Si on se fie à ses éléments, la datation d'une tel ensemble s'échelonne entre 1469 et 1516 (collier) mais avant 1498 (mort de Charles VIII) : donc de 1469 à 1498.
À droite, les armoiries sont celles d'un archevêque (mais non d'un cardinal) de la famille d'Amboise, palé d'or et de gueules.Les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie y voient celles de Georges II d'Amboise, archevêque de Rouen le 8 août 1511, mais qui reçut son pallium le 9 mars 1514. Il Il devint cardinal le 16 décembre 1545. Le créneau de datation de cet ensemble serait donc celui de 1514-1545. Mais il ne correspond pas au créneau des armoiries royales.
J'ignore quelles sont les raisons justifiant d'y voir les armoiries archiépiscopales de son oncle Georges d'Amboise, dont E. Hamon a signalé son mécénat aux Andelys (réalisation des stalles du chœur autour de 1505-1506). C'est un familier de Charles VIII, et c'est à la suite des pressions du roi qu' il est élu archevêque le 21 août 1493 à Rouen par le chapitre, puis confirmé le 21 avril 1494. Il fut créé cardinal le 17 septembre 1498 .
Il fit réaliser d'importants travaux sur le château de Gaillon, propriété et résidence d'été de l'archevêché de Rouen, et contribue à transformer le site en un château Renaissance complet (logis et jardins) : il est l'un des introducteurs de la Renaissance artistique non seulement en Normandie, mais en France.
Cette hypothèse conduit au créneau de datation de 1494-1498, parfaitement cohérent avec le créneau des armes royales. Mais qui rajeunirait d'une quinzaine d'années ce vitrail, ... à moins de considérer que la verrière fut réalisée en retard par rapport à la commande.
Les armes du cardinal d'Amboise sont surmontées par le chapeau cardinalice :
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Armes du cardinal d'Amboise (Matthieu Chaine, Wikipédia)
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Le portail méridional , dit "de la cour de l'archevêque de Rouen", qui donnait accès au manoir épiscopal, est surmonté de la rose.
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Le portail méridional, gravure in Brossard de Ruville.
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SOURCES ET LIENS.
— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances,Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.
— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
La verrière de la Vierge entourée de saints par Arnoult de Nimègue vers 1500-1510 en baie 16 de l' ancienne collégiale Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys (Eure).
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant des xve et xvie siècles, et nous en gardons la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.
Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.
Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :
Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 14 : XVIIe
Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.
Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.
Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde
Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.
Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.
Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval
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Description.
Cette baie mesure 4,50 m de haut et 4,20 m de large et se compose de 5 lancettes trilobées et un tympan à 3 soufflets et 18 mouchettes.
Cette verrière où la Vierge à l'Enfant est entourée de 4 saints a été offerte vers 1500-1510 par Henri Le Pelletier de Longuemare, lieutenant de la vicomté de Gisors et sa femme Geneviève Jubert du Thil. Elle a été réalisée à Rouen par Arnoult de Nimègue. Plus petite que la verrière actuelle, elle réunissait les figures de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et du saint archevêque qui occupent les 2ème, 3ème et 4ème lancettes actuelles, vénérés par les donateurs.
À l'initiative des donateurs ou de leurs enfants, elle a ensuite été adaptée à une baie nouvelle lors de la construction des chapelles du bas-coté sud de la nef vers 1540, et a été complétée par le peintre-verrier de Gisors Romain Buron, également responsable de la baie 18.
Elle a été assez restaurée, en particulier par Didron en 1865-1866
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Lancette A : Saint Sébastien / donateur et ses fils
Lancette B : Saint Jean-Baptiste
Lancette C : Vierge à l'Enfant
Lancette D : Saint archevêque.
lancette E : sainte Marie-Madeleine / donatrice et ses filles
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"Chaque saint est entre deux pilastres, ornés d'arabesques en camaïeu et supportant une arcade avec couronnement de même, ayant ce dernier sur ses rampants, tantôt des colombes au bizarre plumage et tantôt des anges nus, gros, gras et joufflus. Dans le tympan de chaque fronton, les armoiries des donateurs ont été reproduites tour à tour. Les compartiments du réseau sont occupés par des anges en adoration, vêtus d'une longue tunique blanche, ourlée de galon d'or, et portant des ailes différentes par la couleur. Au sommet de l'ogive domine l'ternel, sous la figure d'un vieillard, semblable à peu près à toutes celles dont nous avons parlé précédemment. La grande arcade de la fenêtre se termine extérieurement par un galbe, ou fronton d'ornement ajouré, traversant un balustre placé au bord de la plate-forme qui couvre ce coté des collatéraux et des chapelles et couronné par la statuette d'un saint*." (Brossard de Ruville)
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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LES CINQ LANCETTES.
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"La chapelle, située à l'angle inférieur du croisillon a été construite sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, par un le Pelletier de Longuemare,pour être le lieu de sa sépulture et de celle de ses descendants. Le fait est que, depuis Jehan le Pelletier, sieur de Longuemare, lieutenant du bailli de Gisors, qui vivait entre l'année 1497 et l'année 1540, jusqu'à Anne-Françoise Lejay, veuve de messire Henri-Jean-Baptiste le Pelletier, écuyer, sieur du Val Dailli, qui y fut inhumée le 18 juin 1737, les actes mortuaires de l'église Notre-Dame font foi que les membres de cette famille y reposent presque tous. Cette chapelle est remarquable par les vitraux peints qui décorent sa fenêtre. Celle-ci est divisée en 5 baies et chaque baie contient l'image d'un saint. " (Bossard de Ruville)
Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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LES DONATEURS (par Arnoult de Nimègue, 1500-1510).
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Henri Le Pelletier de Longuemare et ses trois fils.
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"Au-dessous du saint, est représenté Henri le Pelletier, à genoux, les mains jointes, la bourse pendue à la ceinture, devant un prie-Dieu, portant son livre d'Heures et orné de ses armoiries, qui sont : d'azur, à la face d'argent, chargée de 3 coquilles de sable (*). Derrière lui ses trois fils, dans la même attitude. Ces 4 personnages sont revêtus d'une espace de simare rouge, à larges manches, différente seulement pour le père, en ce qu'elle a des parements en fourrure." Brossard de Ruville)
(*) De la Galisonnière, Recherche de la noblesse de la généralité de Rouen, mi. in-fol., suppl. fr.,n»283. p. 163 Bibliot. Richelieu.
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Armoiries des seigneurs de Longuemare
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L'homme porte un anneau d'or à l'index droit.
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Données généalogiques :
Robert II Le Pelletier seigneur de Bonnemare († après 1481) qui fut anobli en 1468, et Gillette Michel son épouse acquirent le fief de Bonnemare à Farceaux avant 1475, et furent les ancêtres des Le Pelletier de Longuemare. Robert est le père de Henri Le Pelletier de Longuemare, qui épousa Geneviève Jubert du Thil , et qui est représenté ici avec son épouse.
--Leur fils Jean Le Pelletier de Longuemare seigneur de Bonnemare épousa Anne de Mornay, d'où Jacques Le Pelletier de Longuemare.
--Leur fille Geneviève épousa Jean de Feuguerolles (1540-1595).
L'historien de l'église de Gisors Étienne Hamon donne des indications complémentaires et mentionne :
Henri Le Pelletier de Longuemare, documenté 1493-1516, lieutenant du vicomte de Gisors, écuyer, seigneur de Bonnemare dans la châtellenid des Andelys, dont la qualité de "noble homme" trahissait l'extraction roturière. C'est lui qui figure sur le vitrail des Andelys. Il adhera à la confrérie de l'Assomption de Gisors en 1505-1506, date autour de laquelle il offrit cette baie 16 avec son épouse Geneviève Jubert, fille de Guillaume II Jubert, lieutenant général du bailli de Gisors.
Jean Le Pelletier de Longuemare, décédé en 1525, lieutenant du bailli de Gisors, et trésorier de l'église de Gisors.
Henri Le Pelletier de Longuemare, décédé en 1559-1566, lieutenant du bailli de Gisors, écuyer, licencié es-lois, donateur à la confrérie Saint-Louis de Gisors en 1561
Voir aussi Histoire de la ville des Andelys vol. 2 page 456 et suiv.:
Jean Le Pelletier, procureur du roi près le baillage de Gisors, mention en 1543
Précisions sur le titre de lieutenant du vicomte dans le Grand-bailliage de Gisors :
a) Selon Etienne Hamon :
Depuis le XVe siècle, le bailli avait un lieutenant général à Gisors et des lieutenant particuliers aux Andelys et à Lyons. Ces offices comme ceux d'avocat et de procureur du roi au baillage se transmettaient au sein de quelques familles de la petite noblesse comme les Le Lanternier, Le Pelletier ou du Vieu. Elles prirent une part active à la vie paroissiale.
Le bailliage était subdivisé en quatre prévôtés , celle des Andelys, de Gisors, de Lyons et de Vernon. Cette circonscription financière s'effaça devant la vicomté et dès le second quart du XIVe siècle, le prévôt n'était qu'un auxiliaire du vicomte (vicomté des Andelys, de Gisors, de Lyons (La Forêt) et de Vernon).
b) Selon Wikipédia :
À la tête d'une vicomté normande se trouvait un officier nommé portant le titre de vicomte (ou parfois, au chef-lieu de certains bailliage, celui de lieutenant général du bailli.)
le vicomte représentait le bailli, qui lui-même représentait le roi. Lors d'assises ou de plaids, il jugeait les cas qui échappaient aux justices seigneuriales de son ressort ou qui ne relevaient ni des jugements en première instance aux bailliages, ni des cas royaux.
le lieutenant général du vicomte remplaçait le vicomte en lieux, places et fonctions, en cas d'absence ou de nécessité. En revanche, un lieutenant particulier dans une ou plusieurs vicomtés représentait directement le bailli dont elles dépendaient, pour des jugements relevant de sa juridiction.
le garde du scel des obligations de la vicomté
le receveur du domaine de la vicomté était chargé de la trésorerie du domaine royal : recettes et dépenses, paiement des gages des officiers
les sergents fieffés, officiers souvent héréditaires placés à la tête des sergenteries, subdivisions des vicomtés
les tabellions ou tabellions jurés étaient des notaires chargés de la transcription des actes ayant valeur légale, notamment la rédaction des quittances de gages ; au cours du xive siècle, ils rédigèrent peu à peu en leur nom les actes de la vicomté, hors les décisions de justice et de police, en lieu et place des vicomtes. Ils étaient en outre habilités à vidimer les actes officiels
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Geneviève Jubert du Thil et ses filles.
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" Au-dessous de la sainte est représentée Geneviève Jubert du Thil, femme de Henri le Pelletier. Cette dame est à genoux, les mains jointes, devant un prie-Dieu, sur lequel est posé son missel ouvert et sont peintes ses armoiries de la manière que voici : parti d'azur à la face d'argent, chargée de deux coquilles de sable, dont une finissant à senestre, qui est le Pelletier de Longuemare, et parti écartelé au 2 d'azur à la croix alaisée d'or et au 4 d'azur à 5 fers de pique d'argent, 3 et 2, qui est Jubert du Thil. Elle est suivie de ses deux filles. Ces trois personnes sont vêtues d'une longue robe rouge, à larges manches, à revers blancs pour les deux dernières, et coiffées d'une espèce de serre-tête, semblable à celui que portait Anne de Bretagne." (Brossard de Ruville)
La couleur rouge des robes de l'ensemble de cette famille est sans doute une couleur somptuaire, propre au rang de l'officier du vicomté, car on la retrouve dans d'autres panneaux de donateurs de l'Eure. La coiffe de la femme est plus élaborée que celle d'Anne de Bretagne. Le décolleté carré laisse voir sur deux chemises fines deux colliers en or. Les manches fourrées très larges se voient aussi en baie 18, dans le portrait de Robyne Duboys, par Romain Buron en 1540.
Notez les pièces montées en chef-d'œuvre dans les armoiries. La tête et les mains de la fille aînée ont été restituées, la tête de la mère est très dégradée.
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La famille Jubert est une famille de parlementaires normands.
La famille Jubert est originaire de Bizy ou encore Blaru, limitrophes de Vernon, dont témoigne, entre autres, Louis-Guillaume Jubert de Bouville.
Elle porte les armoiries "écartelé au 1 et 4 d'azur à la croix alaisée d'or, au 2 et 3 d'azur à 5 fers de pique d'argent, posés 3 et 2"
Membres notables de la famille
Guillaume III Jubert († 1543), seigneur de Vesly et de Gueutteville, conseiller à l'Échiquier de Normandie puis au Parlement de Normandie jusqu'en 1540. Il épouse Marie de Civille. Riche, son revenu annuel s'élève à 13 500 livres tournois et sa fortune à sa mort à environ 201 350 livres tournois. Il octroie un prêt de 1 200 livres tournois en 1529 à son neveu Claude Le Roux pour la construction du château de Tilly.
Jeanne Jubert, fille de Guillaume Jubert, seigneur de Vesly, lieutenant général du bailli de Gisors épouse en 1486 Guillaume II Le Roux († 1520), conseiller à l'Échiquier (1499) puis au Parlement de Normandie, seigneur de Becdal, Acquigny, Saint-Aubin-d'Ecrosville et Bourgtheroulde. Il sera l'auteur de l'hôtel de Bourgtheroulde à Rouen.
Henri I Jubert (1488-1552), seigneur de La Grippière, lieutenant général de l'amirauté de Rouen, président de la Cour des Aides de Rouen (1543). Il est chargé en novembre 1549 avec Philibert Delorme et Louis Pétremol, président du Parlement de Normandie, de désarmer les galères rassemblées à Rouen. Il achète en 1522 l'ancien « hôtel du Paon » qu'il démolit pour construire l'hôtel Jubert de Brécourt à Rouen.
Henri II Jubert († 1614), seigneur de Brécourt. Il fait construire le château de Brécourt après être devenu gentilhomme ordinaire de la chambre du roi Henri III (1577). Sa construction jusqu'en 1580 semble avoir été fortement inspirée des recueils de Du Cerceau.
Les généalogistes mentionnent, pour l'ascendance de Geneviève Jubert, :
Guillaume III JUBERT du THIL, décédé en 1450, mariée en 1406 avec Catherine Le BRUMENT, d'où
Guillaume IV JUBERT du THIL et sa femme Catherine DANIEL, décédée en 1514 , d'où
Geneviève JUBERT du THIL 1478- épouse de Henri Le PELLETIER de LONGUEMARE, Seigneur de Grainville †1586
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En 1500, "Damoiselle Geneviève Jubert femme de M. Henri Le Pelletier" fit don à l'église d'une cloche (le bourdon de la tour sud) qu'elle baptisa CROHEVLT, ancien nom ou variante locale (mentionnée sur la baie 24) de sainte Clotilde.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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La lancette A : saint Sébastien (Romain Buron v.1540).
Buste restauré.
La tête de lancette est attribuée à Arnoult de Nimègue. L'encadrement d'architecture porte un couronnement à décor d'oiseaux de style oriental et de dauphins affrontés d'inspiration italienne.
"La 1ère nous montre saint Sébastien, nu, la bouche close par un instrument en fer, les bras et les jambes percés de 6 flèches, et lié, au moyen de cordes, à un arbre dont on ne voit que le pied , le veluin autour des reins, et le nimbe d'azur planant. " (Brossard de Ruville).
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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La lancette B : Jean-Baptiste.
"Dans la 2ème baie figure saint Jean-Baptiste: chevelure et barbe blanches, bras et jambes nus, le reste du corps couvert d'une peau de bête, liée autour des reins par un cordon, et d'un manteau rouge, doublé et bordé de jaune. Il tient de la main gauche un long bâton, se terminant par une croix byzantine; nimbe d'or planant."
Éléments d'un saint Jean-Baptiste par Arnoult de Nimègue , mais la tête du saint (?), l'agneau et d'autres pièces ont été refaites vers 1540.
L'encadrement d'architecture laisse apparaître dans le couronnement, entre deux amours ailés, les armoiries des Longuemare (vers 1540). Nous retrouvons la fasces aux coquilles de sable dans le soubassement .
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette C : La Vierge à l'Enfant (Arnoult de Nimègue, vers 1500-1510).
"Dans la 3ème baie est représentée la sainte Vierge, portant l'Enfant-Jésus, nu, tenant la boule du monde surmontée d'une croix. La Vierge a les cheveux d'or, longs, bouclés, le front ceint d'une couronne d'or à fleurons, le nimbe aussi d'or planant; porte une robe rouge, traînante, avec gorgerette couverte de pierreries et poignets en hermine, un manteau jaune, damassé, bordé de bleu. "
Encadrement architectural de même style qu'en lancette B, mais avec les armoiries de la donatrice dans le couronnement (verre gravé), et la fasce aux coquilles de sable au soubassement.
La Vierge à l'Enfant, par Arnoult de Nimègue, est réalisée d'après le carton à grandeur utilisé aussi vers 1508-1510 pour Sainte-Foy de Conches. Je peux évoquer aussi la baie 28 de Louviers, réalisée vers 1510-1515 par le même verrier flamand.
Elle est nimbée et couronnée, vêtue d'un surcot rouge aux manches fourrées d'hermine, recouvert d'un manteau de damas doré à parement bleu . Elle tend à son fils une fleur (pissenlit ?) ou une plume.
Enfant-Jésus refait vers 1540 ; tête de la Vierge très dégradée.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette D. Un archevêque.
"La 4e baie contient l'image d'un évêque, ayant le nimbe d'azur entourant, bi-cerclé, la barbe rase, la mitre richement ornée, une chape rouge, bordée de galon en fil d'or. Il bénit d'une main et tient une croix pontificale de l'autre."
Quel est cet archevêque ? Saint Romain ? Saint Nicolas ? Aucun indice ne permet de le dire.
Peinture du visage très effacée.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Lancette E : sainte Marie-Madeleine (Romain Buron, vers 1540).
Encadrement architectural de même type qu'en lancette A.
"Dans la 5ème baie figure sainte Madeleine : nimbe rouge planant, longue chevelure d'or, robe rouge traînante, avec manches à crevés et longs poignets en orfroi, manteau blanc, doublé de bleu et emborduré d'un riche galon d'or ; tenant un vase orné d'un rinceau et du nom de MADALENA." (Brossard de Ruville)
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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LE TYMPAN.
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Nous y comptons 12 anges adorateurs, 8 séraphins bleus et rouges, (cartons retournés en symétrie), et Dieu le Père sous la colombe dans l'ajour supérieur.
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Verrière de la Vierge et de 4 saints, baie 16 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.
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SOURCES ET LIENS.
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— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances, Volume 1, Delcroix, 987 pages, page 435.
— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
Zoonymie des Odonates : étude des noms de Leucorrhina dubia,(Vander Linden, 1825), "la Leucorrhine douteuse".
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Zoonymie ? L'étude des noms des animaux (zoo). Comme dans Toponymie, Oronymie, Hydronymie, ou Anthroponymie, mais pour les bêtes. La "zoonymie populaire" (et volontiers extra-européenne) était jusqu'à présent la seule branche un peu développée de cette science à peine née.
— Leucorrhinia , Brittinger 1850, SitzBer. Akad. Wiss., Wien, 4:333vient des deux mots grec leukos = blanc et rhinios = nez. C'est une transcription en grec du nom latin albifrons "front blanc" de l'espèce type du genre, décrite par Burmeister en 1839. Cette transcription créée par Charpentier en 1840 sous la forme Leucorhinus a été féminisée (et complétée d'un -r-) par Brittinger, pharmacien et naturaliste de Vienne.
— dubia (Vander Linden, 1825) : de l'adjectif latin dubius, "douteux, incertain" mais aussi "indécis, hésitant", comme si l'épithète qualifiait moins l'espèce qu'elle ne témoignait de la perplexité de l'entomologiste face à un spécimen globalement semblable à la rubicundia de Linné, mais de taille inférieure. Par cette particularité, cette épithète appartient au groupe des qualificatifs "taxonomiques" comme affinis (du même auteur), simillimus (Selys, 1850) ou mixta (Latreille, 1805).
— Noms en français : 1°) "La Libellule douteuse", Sélys, 1850, traduction du protonyme Libellula dubia ; 2°) "La Leucorrhine douteuse", P.-A. Robert, 1958, adopté par tous depuis lors.
— Noms en d'autres langues :
-en allemand : Die Kleine Moosjungfer , la Petite Leucorrhine.
- en espagnol : El "darter" cara-blanca , traduction du nom suivant.
- en anglais :
a) The White-faced darter : Le "Darter [( Flèche), nom commun de tous les Sympétrums] à face blanche" , car cette espèce est aussi petite que Sympetrum danae, qui est fin et noir également, mais dont la face est jaune.
b) the Small whiteface , la Petite Leucorrhine.
- en néerlandais : De venwitsnuitlibel = le museau blanc = la Leucorrhine. Le nom n'est pas spécifique, mais générique.
- en frison : Lytse glêzewasker, Lytse wytsnüt : Lytse signifie "petit" : "la petite face blanche"
- en suédois : Myrtrollslända ou mindre kärrtrollslända, "petite kärrtrollslända"
[Libellula dubia], Vander Linden 1825, Monographiae Libellulinarum Europaearum Specimen. Bruxellis, apud J.Frank, bibliopolam, Via Vulgo de la Putterie : 42 pp. Page 1 n°XI
Mas. Caput viride, margine postico, et macula triangulari ante oculos nigris. Oculi fusci, subtùs virescentes. Thorax nigro-æneus, suprà strigis duabus longitudinalibus interruptis, maculisque lateralibus, duabus majoribus, et quatuor aut quinque minoribus, flavis. Scutellum flavum. Abdomen nigrum : primum segmentum margine postico; 2. fasciis duabus et macula utrinque ; 3. 4. 5. 6. 7. macula dorsali, luteis. Appendices anales nigrae, superiores duobus ultimis segmentis abdominis conjunctis paulò breviores; inferior his dimidio brevior. Pedes nigri. Alæ albæ , callis luteis , macula marginali subquadrata fusca, membranula accessoria alba ; anticæ puncto, posticæ puncto et macula triangulari baseos nigris.
Long. 13—14. lin. Extens. alar. 26. lin.
Feminam non vidi.
Habitat in Belgio : in pago Gheel, a D°Robyns semel capta, æstate.
Obs. Haec species forsitan vera L. rubicunda Linnæi est, cujus descriptio illi satis convenit : sed nimia ejus brevitas judicium certum ferre non sinit
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— Traduction de la diagnose : [Libellule] noire, thorax fasciée, abdomen portant des marques jaunes sur la partie dorsale, ailes blanches aux marques marginales presque carrées et brunes ; tache noire triangulaire à la base des ailes postérieures.
— Traduction de la note : "observation : cette espèce est peut-être une vraie Libellula rubicunda de Linné, dont la description convient assez bien. Mais sa brièveté excessive ne permet pas d'en juger avec certitude.
C'est donc la petite taille de son spécimen qui incite Vander Linden à ne pas l'assimiler à rubicundia sans précaution. Je remarque que l'auteur ne constate nulle part l'existence de la couleur rouge, et décrit des marques jaunes sur l'abdomen : il devait s'agir d'un mâle immature.
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RÉCEPTION.
a) Sélys, en 1840, dans saMonographie des Libellulidées d'Europe page 58, ne fut pas convaincu par la distinction apportée par Vander Linder et estima qu'il fallait considérer sa L; dubia comme une L. rubicunda :
"La plupart des auteurs n'ont pas reconnu la Libellula rubicunda de Linné, dont la diagnose est cependant si simple et si juste. [...]. Vander Linden, le premier, a cité avec doute la Rubicunda de Linné pour synonyme de sa Dubia. Mais c'est M. Stephens qui a rétabli à bon droit la nomenclature du grand naturaliste suédois. [...] : Vander Linden la nomme Dubia, sur le seul individu pris en Belgique près d'Anvers, par M. Robyns. [...]. Comme la Rubiconde est la seule espèce européenne, à abdomen étroit, qui porte une tache noirâtre basale sur les ailes, il est impossible de la confondre avec aucune autre."
b) Sélys, en 1850, dans sa Revue des Odonates page 50, redresse son jugement et décrit la dubia comme une espèce distincte :
"Lorsque j’ai publié ma Monographie je n’avais pas encore vu la pectoralis ni la rubicunda; c’est de là que provient la confusion que j’ai laissé subsister.
La dubia , par ses appendices noirs et son 7e segment taché, ne pourrait être confondue qu'avec la pectoralis ou la rubicunda. Elle diffère de la première par le caractère indiqué à l’article de cette espèce. Elle est plus difficile à distinguer de la rubicunda ,- le moyen le plus certain est l'examen des parties génitales du 2° segment pour le mâle, et des valvules vulvaires pour la femelle.
Désirant toutefois indiquer d'autres caractères diagnostics, je dirai qu’elle a toujours deux petites taches bien marquées à la base des ailes supérieures , et que celle qui est près de la membranule est très-notable. Les femelles sont plus faciles à confondre ; mais celle de la rubicunda a une seule virgule à la base de ces mêmes ailes supérieures, et cette virgule entre la 4e et la 5e nervure n’a pas de prolongement en dessous près la membranule ; enfin dans les deux sexes de la dubia la partie basale noire du 2° segment est interrompue au milieu, ce qui n’a pas lieu dans les autres espèces."
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ÉTUDE DE L'ÉPITHÈTE DUBIA.
De l'adjectif latin dubius, "douteux, incertain" mais aussi "indécis, hésitant", comme si l'épithète qualifiait moins l'espèce qu'elle ne témoignait de la perplexité de l'entomologiste face à un spécimen globalement semblable à la rubicundia de Linné, mais de taille inférieure. Par cette particularité, cette épithète appartient au groupe des qualificatifs "taxonomiques" comme affinis (du même auteur), simillimus (Selys, 1850) ou mixta (Latreille, 1805).
Cette épithète est un rappel historique d'une hésitation taxonomique ou d'une position d'attente de la validation par d'autres entomologistes : elle a perdu sa justification lorsque ceux-ci ont confirmé la spécificité de dubia, mais le nom lui est resté car un zoonyme est une identité, et non une description exacte.
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LES AUTEURS PRÉCÉDENTS EN ZOONYMIE.
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POITOU-CHARENTE NATURE
non traitée.
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DRAGONFLYPIX
http://www.dragonflypix.com/etymology.html
"from Lat. dubius, -a, -um = doubtful, uncertain, in reference to Vander Linden's doubt whether or not this species was the same as Linnaeus' L. rubicunda".
Par ce choix de traduction, Sélys attribue à la libellule le qualificatif de "douteuse", adjectif toujours un peu douteux précisément en français (une personne douteuse, une plaisanterie douteuse), au lieu de suggérer que c'est sa détermination qui est souvent incertaine. Mais avait-il d'autres choix puisqu'il donnait systématiquement une traduction littérale du nom scientifique ?
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2°) La Leucorrhine douteuse", P.-A. Robert, 1958.
ROBERT (Paul-André), 1958, Les Libellules: (Odonates), Delachaux & Niestlé, - 364 pages, page 311.
C'est la petite taille de cette Leucorrhine qui est rappelée aux amateurs de nombreux pays. Plus astucieux que de répéter le nom scientifique, non ?
-en allemand : Die Kleine Moosjungfer , la Petite Leucorrhine.
- en espagnol : El "darter" cara-blanca , traduction du nom suivant.
- en anglais :
a) The White-faced darter : Le "Darter" [( Flèche), nom des Sympétrums] à face blanche , car cette espèce est aussi petite que Sympetrum danae, qui est fin et noir également, mais dont la face est jaune.
b) the Small whiteface , la Petite Leucorrhine
- en néerlandais : De venwitsnuitlibel = le museau blanc = la Leucorrhine. Le nom n'est pas spécifique, mais générique.
- en frison : Lytse glêzewasker, Lytse wytsnüt : Lytse signifie "petit" : "la petite face blanche"
- en suédois : Myrtrollslända ou mindre kärrtrollslända, "petite kärrtrollslända"
- en breton : fas-gwenn bihan (en attente de validation pour KAG) : la petite Leucorrhine ("face blanche")
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SOURCES ET LIENS.
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Bibliographie générale de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici.
— ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.
— BOUDOT (J.-P.) DOMMANGET (J.-L.) 2012, Liste de référence des Odonates de France métropolitaine. Société française d’Odonatologie, Bois-d’Arcy (Yvelines), 4 pp.
— DIJKSTRA ( K.-D. B.) & Lewington, (R.) 2015. Guide des libellules de France et d'Europe. Guide Delachaux. Delachaux et Niestlé. Paris. 320 p.
— ENDERSBY (IAN D. ), 2012, : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34
— ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.
— FLIEDNER (Heinrich), 1997. Die Bedeutung der wissenschaftlichen Namen Europaischer Libellen. Libellula, supplement I. Sonderband zur Zeitschrift der Gesellschaft deutschsprachiger Odonatologen (GdO) e.V. Fliedner, Bremen.
— FLIEDNER (H.), 2012, Wie die Libelle zu ihrem Namen kam Virgo, Mitteilungsblatt des Entomologischen Vereins Mecklenburg 15. Jahrgang (2012).
— SELYS-LONGCHAMPS ( E.de),1848, "Liste des Libellules d'Europe et diagnose de quatre espèces nouvelles", Revue Zoologique par la Société Cuvierienne, vol. 9 page 15
— VANDER LINDEN 1825, Monographiae Libellulinarum Europaearum Specimen. Bruxellis, apud J.Frank, bibliopolam, Via Vulgo de la Putterie : 42 pp. Page 1 n°XI
La Verrière de l'Annonciation et du Pacte de Théophile (Romain Buron ?, 1540) en baie 18 de l'ancienne collégiale Notre-Dame du Grand- Andely, Les Andelys (Eure).
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant des xve et xvie siècles, et nous en gardons la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.
Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.
Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :
Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 14 : XVIIe
Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.
Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.
Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde
Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.
Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.
Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval
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La baie 18.
Elle éclaire la 4ème chapelle sud. Haute de 4,50 m et large de 4,30 m, elle a été offerte en 1540 par Robine Duboys des Andelys, veuve de Robinet le Coq et de Jehan Soudart et elle est attribuée à Romain Buron, peintre-verrier de Gisors actif entre 1535 et 1575 (Gisors, Conches et Les Andelys) et qui est le principal disciple d'Engrand Le Prince et de son atelier de Beauvais.
Romain Buron a signé la baie 106 de cette collégiale (fenêtre haute coté sud), et les baies 102 et 104 lui sont également attribuées, formant la série du Credo apostolique et évaluées vers 1540-1560.
Ses 5 lancettes et son tympan à 5 ajours sont consacrés à la Vierge avec l'Annonciationen lancettes A et B , l'Assomption en lancette C et le pacte de Théophileen lancettes D et E, puis au tympan la Visitation, la Trinité, etla Fuite en Égypte .
Elle a été très restituée par Didron en 1886.
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LES LANCETTES.
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Lancette A et B : l'Annonciation.
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Tête de la Vierge restaurée.
La chambre est vue de face, les lignes de perspective convergeant (plus ou moins) au centre sur la ligne rejoignant leurs yeux. L'ange vient de la droite, traçant une bénédiction. La Vierge est assise devant son prie-dieu, où est placé son livre, tandis que le lit, tendu de bleu, est en arrière-plan.
Inscriptions :
AVE GRATIA PLENA DNS TECUM (phylactère)
ISS ------GABRIEL (sur le linteau rose)
SECU / DON / MA : MISER / PA (sur le livre)
Remarquez :
-Le sol ponctué de tirets, selon un procédé cher a l'atelier de Beauvais.
- La robe blanche ornée (au pochoir ?) de rinceaux au jaune d'argent.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Lancette C : Assomption de la Vierge (et donateurs).
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Panneau très restitué par Didron, notamment la tête de Marie.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Base de la lancette C : les donateurs.
Inscription :
ROBINE .VEUVE DE. ROBI[N]ET.LE.COQ
ET . DE . IHA[N] SOUDART .
A DON[N]E . CESTE VITRE. PRIEZ
DIEU . QUI . LUY . FASSE . MERCI
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Devant un drap d'honneur vert damassé, trois personnages sont agenouillés tournes vers la gauche : un homme, un homme plus jeune et une femme portant une imposante coiffe de veuve noire à longs voiles. Son rang se remarque aux très belles fourrures de ses manches.
Voir : Alexandra Zvereva, L’éloquence du deuil : portraits de Louise de Savoie
https://books.openedition.org/pufr/8355?lang=fr
Les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie s'interrogent sur le lien entre ces donateurs et cette verrière, et signalent que l'inscription a été en partie restaurée : est-ce là un "bouche-trou" ? En tout cas, il y a une cohérence entre l'inscription, et la peinture de cette jeune veuve précédée de ses deux maris. Ils mentionnent "Robine Duboys (?)" D'autre part, les Archives départementales de l'Eure antérieures à 1790 signalent page 144 une "donation par Robine du Boys, veuve de Robinet Lecoq et de Jean Soudart, à la fabrique d'Andely, de 10 acres 50 perches de terre sises dans les paroisses de La Lande et de Neuville-sous-Farceaux, à la charge de faire dire deux messes le mardi et le vendredi de chaque semaine (1540). La concordance des noms de de la date de donation avec celle du vitrail semble suffisante pour estimer que Robine du Boys est bien la donatrice de cette verrière. Neuville -sous-Farceaux (auj. Farceaux) se trouve dans l'arrondissement des Andelys
Je retrouve, à Vernon, Jean Soudart l’aîné, garde du sceau en 1479, et Jean Soudart le jeune, garde du sceau en 1496. Cela semble d'un intérêt modeste.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Lancettes D et E : le Pacte de Théophile avec le Diable annulé par la Vierge.
Mais il faut aussi le mettre en relation avec les diables peints par l'atelier Le Prince à Beauvais et notamment celui de la baie ou Vie de saint Claude en baie 9 :
Surtout peut-être, il faut faire le rapprochement avec la verrière de la Légende de Théophile, peinte vers 1530 par Nicolas Le Prince pour la baie n°21 de Louviers :
Je renvoie à cet article pour une étude détaillée de la Légende de Théophile.
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Théophile, qui, après avoir perdu son poste d'économe auprès d'un évêque, a signé avec Satan un pacte lui vendant son âme pour recouvrer son emploi, a, par remords, prié depuis lors la Vierge avec tant d'assiduité qu'il se retrouve ici, encore tenu solidement ficelé par le Diable, devant Notre-Dame. Il est agenouillé, il joint les mains et la supplie encore. Satan, sarcastique, savoure sa puissance en brandissant le parchemin, un acte authentique et dûment paraphé ! Mais face à la Mère tenant son Fils qu'elle allaite, et l'intensité de la foi du pécheur, il devra reconnaître son infériorité, et rendre à Théophile la liberté de son âme.
Remarquez la date de 1540 sur l'architrave, les architectures sur verre bleu (typiques du style de l'atelier des Le Prince), les trois putti en discussion, le sol ponctué, et surtout peut-être la tête et le corps du diable, qui offrent toute une modulation des nuances de rouges et des roses d'une maîtrise rare.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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LE TYMPAN.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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1°) Ajours latéraux : anges portant des phylactères (cartons retournés):
ASSUMPTA EST MARIA
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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2°) La Visitation.
Vierge et fonds très restitués.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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La Trinité.
Elle est placée juste à la verticale de l'Assomption du panneau C avec laquelle elle forme un ensemble. La tête du Christ et le Saint-Esprit relève d'une restauration récente, celle de Dieu le Père d'une restauration ancienne.
Inscription AVE REGINA COELORUM AVE.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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Ajour droit : la Fuite en Égypte.
d'après la gravure de Dürer cat. Barttsch 89.
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Verrière de la Vierge, (Romain Buron ? 1540), baie 18, collégiale Notre-Dame du Grand-Andely. Photographie lavieb-aile août 2018.
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SOURCES ET LIENS.
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— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile.
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PRÉSENTATION.
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La chapelle Sainte-Barbe fut construite, selon la tradition, par des moines habitant près du village du Rest, dans un endroit appelé Karhent-Rhun-Lann (*) .
(*) le chemin charretier - de l'ermitage - de la colline.
Située sur les confins des paroisses de Ploéven et de Cast, elle s'élève sur une pente boisée et domine un vallon où court un gros ruisseau, près d'un verger. Non loin de là, s'élève un monument de l'âge de fer, un lec'h cannelé, la "Quenouille de Sainte-Barbe", et on dit qu'elle a servi de pilori seigneurial.
Ces moines venus d'Outre-Manche s'installaient souvent dans une forêt, près d'une source ou d'un cours d'eau, et les chapelles bretonnes sont à étudier selon le réseau hydrographique (comme à Saint-Nic pour les chapelles St-Jean et St-Côme). Ici, le cours d'eau naît à 100 m d'altitude sur les flancs d'une colline (lieu-dit Barvodel) , où les toponymes sont Le Rest, Pennahoat, Kerhent , Kerouanec et Kerverdraich . Un oppidum a occupé jadis cette colline.
Ce ruisseau se jette au nord dans la Rivière de Kerharo [ Kerc'harw"le village du cerf"] l'une des deux principales rivières du Porzay, qui rejoint la baie de Douarnenez au nord de Sainte-Anne-La-Palud, au marais de Kervigen.
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DESCRIPTION.
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Composée d'une nef et d'un chœur avec deux chapelles latérales formant un tau, cette chapelle date du XVIe siècle.
INSCRIPTIONS LAPIDAIRES DE LA SACRISTIE.
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La sacristie est plus tardive (1736) et porte les inscriptions suivantes :
— sur la face orientale, au dessus de la fenêtre, en quatre blocs de pierre :
a) premier bloc
M. IAN. FL
CHLAY. P
b) deuxième bloc
LAN.
1736
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile.
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c) Au dessus de la première fenêtre , troisième bloc :
V. E. D. M. I. MAHEO. RECTEVR
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile.
d) quatrième bloc :
I~H S
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Soit au total :
"Jean Flochlay, p[rêtre] l'an 1736 . Vénérable et Discret Messire Ian Mahéo, recteur. IHS "
- Jean [Le ] Flochlay : nombreux exemples sur la généalogie de Hamet, dont "1708-1789, Ploéven" : https://gw.geneanet.org/hamety?lang=fr&v=LE+FLOCHLAY&m=N
On peut s'intéresser à Barbe Floc'hlay, née à Ploéven en 1668, , d'une part pour remarquer son prénom, mais aussi pour noter qu'à son décès en 1724, l'un de ses témoins est Ian Bourveau, que nous retrouvons comme fabricien en 1735 (nom sur le clocher et sur la cloche).
On ne peut assimiler ce Ian Floc'hlay à celui qui apparaît sur la généalogie de Guy Le Reste comme fils de Thomas et petit-fils de Louis, "lieutenant de paroisse", car il est né en 1724
- Jean Mahéo a été recteur de Ploéven de 1732 à 1736. Son nom est inscrit également sur la cloche de l'église paroissiale fondue en 1735, et sur la sacristie de la chapelle Saint-Nicodème qu'il fit réparer. Son curé nommé d'office se nommait Joseph COLVEZ jusqu'en mars 1741.
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I~H S, avec le tilde abréviatif sur le H, correspond à JESUS. Les deux personnages sont des ecclésiastiques. Le recteur était assisté par un prêtre (ou "curé", ou "vicaire").
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La sacristie de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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La sacristie de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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— Au dessus de la fenêtre de l'élévation sud :
F. P. GABRIEL. BOSENN/EC [remarquez les N rétrogrades)
Y. CADIOV. F.
F[AIT] P[AR ] Gabriel Bosennec, Y[ves] Cadiou Fabricien[s]."
-Yves Cadiou, né vers 1675, est le beau-père du précédent puisque sa fille Marguerite (Ploéven v.1697-Le Varc'h, Ploéven, 10 juin 1747) a épousé Gabriel Le Bossennec, dont six enfants. Arbre généalogique de Guy Le Reste. Il est né à Plonévez-Porzay vers 1670 et décédé au Varc'h en 1757.
Donc, l'une des fenêtres porte le nom des prêtres, et l'autre ceux des fabriciens en titre pour l'année 1736.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile.
La sacristie de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Le clocher ajouré, à pinacles et gables aveugles, s'élève relativement haut au dessus du toit.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Le mur clocher occidental est percé d'une porte fortement ébrasée , avec un arc en accolade et encadrée de deux colonnes en nid d'abeilles qui devaient servir de supports à des statues aujourd'hui disparues. Le fleuron de l'accolade est surmonté d'armoiries martelées.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Sa crossette :
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Une inscription est portée sur le coté sud.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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LA CLOCHE.
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Inscription visible à l'ouest :
DON DE LA PAROISSE. --- .. NOM DE ANNE
SEBASTIENNE ONT ETE PARRAIN ---- BILLON
CHARLES LORIT FONDEUR A QUIMPER
Inscription visible à l'est :
CLOCHE A ETE BENIE EN L'AN 1900 ELLE P---
MARRAINE ANNE MARC'HADOUR. --SEBASTIEN--
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R. OLIVIER RECTEUR
Soit : Cette cloche a été bénie en l'an 1900. Elle p--don de la paroisse --- nom de Anne-Sébastienne . Ont été parrain Sébastien Billon et marraine Anne March'adour . R. Olivier recteur, Charles Lorit fondeur à Brest.
Le recteur ne figure pas dans la liste des Recteurs de Ploéven après la Révolution proposée par H. Pérénnès en 1940 (BDHA) qui donne Pierre-Marie Souêtre de 1888 à 1908. En réalité, Souêtre fut recteur de 1888 à 1893, et OLLIVIER (Henri-Victor selon le panneau affiché dans l'église de Ploéven) lui succéda de 1893 à 1908. Il est indiqué ceci : "A fait cimenter la tour de Ste-Barbe. Protestation énergique du Conseil de fabrique relative à l'inventaire des biens de l'Église en 1906." Jean Guennec pris sa suite.
On trouve dans la nécrologie de la Semaine religieuse de Quimper et Léon de 1912 le nom d'Ernest OLLIVIER pour la période 1888-1908 :
"Nous avons également le regret d'apprendre la mort de M. Ollivier, ancien recteur de Ploéven, décédé subitement, à Saint‐François de Morlaix, le 18 Décembre. Né à Landerneau le 20 Août 1848, M. Ernest‐Marie Ollivier fut ordonné le 10 Août 1873; nommé vicaire à Plouarzel le 25 Novembre 1875 ; à Mespaul le 27 Septembre 1874 ; à Lannilis le 10 Mai 1877 ; à Sizun le 16 Août 1880 ; aumônier de la prison à Landerneau le 25 Août 1880 ; recteur de Ploéven le 4 Août 1893. En Septembre 1908, il dut démissionner pour cause de santé. R I. P. " Semaine Religieuse de Quimper et Léon, 27/12
D'après André Brusq 2004, la marraine est JEANNE NICOLAS (ce qui ne se vérifie pas) et le parrain est son époux SEBASTIEN BILLON, du Cosquer. La cloche fur fondue sur place.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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LE CALVAIRE (1585).
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Il est décrit ainsi dans l'Atlas en ligne des croix et calvaires du Finistère :
"Calvaire en granit et pierre de kersanton haut de 6 mètres, à trois degrés et corniche, socle cubique et fût à pans, Fût à pans, croisillon à culots, écu au dragon. 1585 - 1588. Groupe de N.-D. de Pitié avec Jean et Madeleine. statues géminées: Vierge-évêque, Barbe-Jean. Partie de fût: sainte Face, au revers ange avec les clous. Croix, fleurons-boules godronnés, crucifix, anges aux calices latéraux." [YPC 1980]
L'auteur n'explique pas où il a trouvé ces dates de 1585 ou 1588.
Si, comme l'indique Castel, les statues géminées (deux personnages dos à dos dans le même bloc) sont Vierge/évêque et Barbe/Jean, alors elles n'ont pas été orientées correctement lors d'un remontage, car sur la face orientée vers l'ouest, le Christ en croix doit être entouré de Marie à sa droite (c'est bien le cas), et de Jean à sa gauche (il se retrouve aujourd'hui tourné vers l'est, au dos de sainte Barbe). Mais je vois plutôt, derrière Barbe, Marie-Madeleine.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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La face orientale.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Saint Jean ?? ou Marie-Madeleine.
Ce personnage tient dans sa main gauche un objet cylindrique qui n'a pas de sens s'il s'agit de saint Jean, tandis qu'il s'identifie comme un flacon d'aromate dans l'hypothèse Marie-Madeleine. D'ailleurs, la vue de 3/4 montre les cheveux longs partant dans le dos. Hélas, les pieds sont nus, comme ceux d'un apôtre.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Saint Méen, abbé.
Mitre, crosse, bénissant. Dalmatique et surplis.
Il paraît logique de voir dans ce saint évêque saint Méen, patron de la paroisse : il ne fut pas évêque, mais abbé de son abbaye Saint Jean en Gael, près de Vannes, au milieu du VIe siècle. Voir sa statue en pierre dans le chœur de l'église Saint-Méen de Ploéven. La crosse n'est pas tournée vers l'extérieur.
La main droite trace une bénédiction.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Ange aux instruments de la Passion (fouet et clous).
Le fouet (flagellum) est brisé. Le calvaire du bourg porte le même motif.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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La face occidentale.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Dessin d'Yves-Pascal Castel :
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Ange recueillant le sang dans un calice (" hématophore").
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Anges recueillant le sang dans un calice.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Ange recueillant le sang dans un calice.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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La Vierge au pied de la Croix.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Barbe.
Attributs : le livre et la tour.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Voile de la Sainte Face tenu par un marmouset.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven. Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Blason armoiries au dragon volant des Gentil de Barvedel .
Ces armoiries qui se blasonnent d'azur au dragon d'or lampassé de gueules sont celles de la famille Le Gentil, seigneurs de Barvedel et de Pontlez, qui se réclament prééminenciers de l'église paroissiale (où se voient encore leurs armes) et de cette chapelle.
Gentil (le),_sr de Barvédet, par. de Ploëven, — du Pontlez et de Kercaradec, par. de Quéménévon, — de Coëtninon, par. de Plomodiern, — de Kerléven, par. de Ouimerc’h, — de Rosmorduc, par. de Logonna, -- de Penanvern, — de Quélern, par. de Crozon, — des Rochers, — de Pencran, — de Kerougant. — duTromeur, — de la Barbinais et marquis de Paroy, en Brie en 1754.
Anc ext., réf. 1668, huit gen., et maint, par les commissaires en 1699 ; réf. et montres de 1426 à 1536, par. de Ploëven-Porzay, Quéménéven et Plomodiern, év. de Cornouaille.
D’azur au serpent volant d’or. Devise : Spargit undèquague venenum et Suisnititur alis.
Jean, au nombre des députés pour aller à la rencontre de Jeanne deNavarre, femme du duc Jean IV en 1386 ; Jean, vivant en 1460, épouse Louisede Tréanna ; Anne, fille d’honneur de la reine Anne, reçoit de cette princesse en1507, 2000 livres, en faveur de son mariage avec Charles d’O, sr de Maillebois, chambellan et gouverneur de Caen.
Jean, bailli de Quimper, épouse en 1509 Marie de Tréouret ; un chevalier dejustice de l’ordre de Saint-Lazare en 1728 ; un colonel, membre de la commission scientifique d’Égypte, élevé sous la Restauration à la dignité debaron.
La branche de Quèlern éteinte en 1843 ; la branche de Paroy éteinte en1882 ; une famille de même nom et armes maintenue en Normandie en 1666. Potier de Courcy "Gentil".
Le manoir de Barvédel est situé en hauteur de la route de Ploéven à Cast, près de la chapelle Sainte-Barbe. Une route mène aujourd'hui à une propriété privée conservant de belles ouvertures anciennes. Il est parfaitement visible sur la carte de Cassini ("Barvedet") et sur la carte d'Etat-Major ou il est colorisé en jaune:
Des fouilles y ont remarqué une enceinte rectangulaire qui témoigne d'une fortification médiévale. "Le site fossoyé de Barvedel est un cas encore plus convaincant puisque des vestiges sont assez bien conservés, à proximité des bâtiments du manoir tout à fait reconnaissables (SAF 2006). Un habitat aristocratique y est attesté en 1509.
J'ai longuement présenté la famille Le Gentil dans mon article sur la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle en Quillidoaré, et la légende du marquis de Pontlez :
Guy Autret, s. de Missirien, auteur d’une généalogie de la famille le Gentil (Original. — Bibl. Nat. — Cab. des Titres, Fr. 31.040), écrivait, en 1636, « Le nom de Gentil a esté de tout temps celui des seigneurs de Barvédel, en l’évêché de Cornouaille, paroisse de Ploeven, de l’église parochiale de la quelle, ils sont fondateurs. La dicte terre de Barvédel est soubs la juridiction royale de Chateaulin. Le plus antien du quel je trouve memoere dans les actes est d’un Hervé le Gentil [Note : Portant pour armes d’azur à un dragon volant d’or] mentioné en un acte de l’an 1334. Il fut père de Yvon le Gentil. — Yvon le Gentil, s. de Barvédel, passe une transaction aveq un Jan Thomas et autres, le 20 Avril après Paques 1350. — Yvon le Gentil, fils d'Yvon, fait une fondation à l'abaye de Landevennec et y donne un boesseau de froment de rente en l’an 1381. Il fut père de Jan le Gentil. — Jan le Gentil, s. de Barvédel, come exécuteur du testament de feu Yvon, confirme ce que son dit père avoit doné à l’abbé et religieux de Landévennec, par acte de l’an 1404, etc... ». Ce Jan le Gentil, s. de Barvédel, s’était enrôle dans la compagnie de Bertrand du Guesclin et prit part à toutes les campagnes du Connétable. Il se retira ensuite à Cuzon où il avait épousé Anne de Coëtbilly. Son fils, Jan le Gentil, y résidait encore lors de la réformation de 1426 et y figure au rang des nobles. Il n’avait qu’un métayer à Barvédel. Ses descendants conservèrent Barvédel jusqu’en 1571, année de la mort, sans postérité, de Louis le Gentil, sieur de Pontlez et de Barvédel. Cette dernière seigneurie devint alors, par héritage, la propriété de la famille de Hirgarz, qui la transmit, à son tour, à la maison du Chastel. Messire Alain du Chastel, chevalier, seigneur du Rusquec, de Pontlez, de Barvédel, etc., fournit aveu au Roi, le 6 Avril 1715 (Archives départementales de la Loire-Inférieure, B. 1152) pour le manoir et ses dépendances de Barvédel :
« Item appartient audit seigneur les droits de premier preminancier, soubz Sa Majesté, en l’église paroissialle dudit Ploeven, à cause de ses terres et seigneurie de Barvédel situées en ladite paroisse, et, en cette qualité a droit d’avoir ses ecussons en la rose et autres lieux plus éminents de la vitre principalle de ladite eglise et dans la première chapelle d’icelle, du costé du septentrion, droit d’escabeau clos et à queue armoyé, d’une tombe eslevée devant icelluy et portant lesdits ecussons : D’azur et un serpent volant d’or, par representation du nom et tige principal des Gentils, comme dessendu de Marguerite le Gentil, dame en son vivant de Hirgarz, bisayeule de la deffunte dame Anne de Hirgarz. Outre les autres ecussons escartellez et chargez d’aliances de ladite maison de Barvédel étants dans la dite eglise. Et a de plus, en cette qualité, droit de prendre, et lever, par chacun an, la somme de dix-huit deniers monnoye sur les droits censaux de la dite église, sçavoir six deniers le jour et feste de Saint Men, patron d’icelle, six deniers le jour et feste de la Toussaint, et six deniers le jour et feste de Noël. — Item déclare etre fondateur de la chapelle nommée Sainte Barbe, située aux issues de la maison et seigneurie de Barvédel et bâtie dans le fond d’icelle. Aucun autre que lui n’y avoir droit, ny marque honorifique »
Le blason est un peu différent de celui qui est proposé sur Wikipédia, et notamment sa queue pointe vers le haut, tandis que l'aile n'est pas représentée.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven . Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Déploration : Vierge et Christ, Jean et Marie-Madeleine.
Sur le socle du calvaire se trouve une déploration à quatre personnages, en kersanton. On la comparera avec intérêt à celle de l'église, datée de 1547, ou aux deux pietà de l'église.
La construction générale est en double cloche, puisque la Vierge encadrée de Jean et Madeleine forment une courbe en U inversé tout comme le corps du Christ.
Marie-Madeleine, qui a posé son flacon d'onguent à ses pieds, tient dans sa main un étui ou un objet autre : le voile avec lequel elle sêche ses larmes ?
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven . Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven . Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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La Vierge.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven . Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Marie-Madeleine est identifiée par son vase d'onguent posé à ses pieds, et par son élégance. Notez le fameux bandeau plissé derrière la nuque, que je surnomme "chouchou".
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven . Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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Saint Jean.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven . Photographie lavieb-aile 8 juin 2019.
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L'INTÉRIEUR DE LA CHAPELLE.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Le vitrail de la fenêtre axiale date du XVIe siècle et représente en un seul tableau la Crucifixion du Christ entre les deux larrons. L'âme du bon larron est conduite au ciel par un ange, celle du mauvais larron, aux enfers par un diable. Marie est soutenue par les saintes femmes, Marie-Madeleine est au pied de la croix. Parmi les cavaliers, les grands prêtres, et Longin donnant de sa lance le coup sur le flanc droit. Le Centenier s'écriant vere filius dei erat iste, un soldat ébloui se protégeant les yeux, etc. La vitre à dominantes bleu et jaune à l'argent a un aspect naïf voir grossier étonnant.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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L'autel et son retable (XVIIe).
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À gauche, "coté de l'Évangile", la Vierge à l'Enfant.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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À droite, sainte Barbe, patronne de la chapelle.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Saint Olivier.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Agnès, qui a perdu son cierge.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Poutre de Gloire.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Barbe, statue de procession.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Barbe, version sulpicienne.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Saint Meen.
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La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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LE PARDON DE LA CHAPELLE SAINTE-BARBE (30 juin 2018).
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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Chacun chantait le KANTIK DA ZANTEZ BARBA :
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Ar Zantera-ma zo penherez
Leuna vadou, leun a zanvez
Mez he zad'a zo eur paën
Ene bour braz da gristenien.
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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En he balez an idolou
A rezeve kalz enoriou
Mez gant Doue sklerijennet
Baba d'ezo n'e zaonje ket
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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En despet d'he zad kounahet
Ar verc'h yaouank zo badezet
Tridal e ra en he frizon
Seder hag eurus he c'halon
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Diskar a ra an idolou
Ho bruzuna a gant he boutoura
Vezoc'h dre holl distrujet
Ha ganr holl dud disprijinet
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Santez Barba dirak Doue
Bezit sonj eus ha pugale
Diouz ar gurun hon dioualit
Diouz an tan, ar maro subit.
♪♪ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♪♪
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♫ ♪♪♫ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♫ ♪♪♫
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♫ ♪♪♫ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♫ ♪♪♫
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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♫ ♪♪♫ Meulomp holl gant Joa,
Meulomp Santez Barba ! ♫ ♪♪♫
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Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
Pardon de la chapelle Sainte-Barbe à Ploéven le 30 juin 2018. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie) 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère T. 42.
— ABGRALL (Jean-Marie) 1898, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, par M. l'abbé J.-M. Abgrall. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Morlaix et à Brest ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques Société française d'archéologie. Derache (Paris), A. Hardel (Caen) 1898.
— COUFFON ( René), LE BARS ( Alfred), 1988, Notice de Ploéven, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm. ISBN 978-2-950330-90-1.
"En forme de tau, elle date du XVIe siècle, à l'exception de la sacristie qui, plus récente, porte l'inscription :
"M. IAN. FLOHLAY. LAN. 1736 / V. E. D. M. I. MAHEO. RECTEVR /F. P. GABRIEL. BOSENNEC / Y. CADIOV. F."
Porte ouest à accolade encadrée de deux colonnes en nid d'abeilles et porte sud en anse de panier avec piédroits prismatiques.
Mobilier : Maître-autel à retable avec niches aux ailes, XVIIe siècle.
Statues en bois polychrome : Christ en croix, Vierge à l'Enfant, Vierge et saint Jean provenant d'une poutre de gloire, saint Méen, sainte Barbe, enfin sainte Agnès et saint Olivier dans les présentoirs du maître-autel.
Vitrail de la fenêtre axiale, XVIe siècle (C.) : la Crucifixion du Christ entre les deux larrons. Vitre à dominantes bleu et jaune à l'argent.
Sur le placître, calvaire du XVIe siècle : statues géminées sur les consoles, Voile de Véronique, groupe de la Pietà sur le socle.
Fontaine à fronton sans voûte et à piscine ovale ; la statue a disparu.
Stèle de l'Age du Fer dite le Fuseau ou la Quenouille de sainte Barbe."
— PÉRÉNNÈs (Henri), 1940, Notice sur Ploéven, B.D.H.A.
— J.-M. Abgrall : Peintures dans l'église de Ploéven (B.S.A.F. 1886) -
— DILASSER (Maurice), 1979, Locronan et sa région (Paris, 1979) , page 622.
L'église Notre-Dame des Andelys, appelée collégiale à cause de la présence d'un collège de chanoines au Chapitre, a été construite, — alors que le duché normand avait été rattaché à la France par Philippe-Auguste par la prise de Château-Gaillard en 1204 —, en 1215-1220 sur les ruines d'une abbaye de femmes fondée en 511, par sainte Clotilde, épouse de Clovis Ier, et détruite vers 900 par les vikings . Il ne reste rien des vitraux du XIIIe siècle où fut bâti l'essentiel de la nef et du chœur Une seconde grande campagne de construction vers 1330-1345 concerna l'achèvement des façades est et ouest, et la mise en place des voûtes . Au tout début du XVIe siècle, l'édifice connut de grandes transformations , dont témoignent en baie 16 des éléments d'un vitrail dû au verrrier Arnoult de Nimègue. Le portail sud est de style flamboyant des xve et xvie siècles, et nous en gardons la grande rose sud (baie 114) et le vitrail du tympan du portail sud du transept, la baie 14 qui porte les armoiries de l'archevêque Georges II d'Amboise.
Mais la majorité des verrières anciennes datent des deuxième et troisième quart du XVIe siècle,
La campagne concerna le coté sud de l'édifice, correspondant à la reconstruction de l'ensemble des baies et à l'ouverture des chapelles. L'ensemble des baies sud furent vitrées de couleur entre 1510 et 1560. Par exemple, la baie 18 porte la date de 1540 et la baie 126 celle de 1560. Le chapitre collégial sut imposer une certaine unité thématique, avec trois verrières de la vie de saint Pierre et trois séries narratives de la vie de sainte Clotilde dans trois chapelles successives de la nef.
Nous avons ainsi, pour les verrières basses du coté sud :
Baie 10 : vers 1510-1520 : Enfance du Christ, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 12 : vers 1510-1520 : Crucifixion, offerte par Jean Basset et Isabeau Roussel.
Baie 14 : XVIIe
Baie 16 : vers 1500-1510 Verrière à grands personnages offerte par Henri Le Pelletier.
Baie 18 : 1540. Verrière de la Vierge offerte par Robine Duboys, veuve de Robinet Le Coq.
Baie 20 : 1540 remplacée en 1866 : verrière de sainte Clotilde
Baie 22 : vers 1540 : Vie de saint Léger.
Baie 24 : vers 1540 : verrière de sainte Clotilde, offerte par un couple de donateurs et leur fille.
Baie 26 : vers 1550-1575. verrière de sainte Clotilde, offerte par Alexandre La Vache sr de Radeval
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La baie 26.
Elle éclaire la 1ère chapelle sud. Haute de 4,20 m et large de 4,25 m, cette verrière de la vie de sainte Clotilde est composée de 4 lancettes cintrées et d'un tympan à 4 ajours droits. Elle a été offerte par Alexandre La Vache, seigneur de Radeval et son épouse Marguerite Hallé d'Orgevil, identifiés par leurs armoiries.
Cette verrière a été très restituée, particulièrement les panneaux inférieurs des lancettes et le tympan, par Édouard Didron en 1886.
Le récit de la vie de sainte Clotilde poursuit ici les scènes représentées en baie 24.
J'associerai les descriptions du Recensement VI (2001) avec celle de Brossard de Ruville datant de 1863.
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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LE TYMPAN.
Lors de ma visite, il était protégé par un filet.
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A gauche, sainte Clotilde en prière devant un crucifix fait vœu de convertir son mari.
Inscription :
LA SAINCTE A ROHEULT EN SECRET FAIT PRIERE
DE SON MARY CLOVIS FAIT CONNAISSANCE
SEVL VRAY DIEU ET PERE DE LVMIERE
Ev -N- ------------DELAISSANT DE YDOLE ADORANCE
"
"1er écoinçon de l'ogive. Dans un oratoire et devant un prie-Dieu en forme d'autel, portant un livre ouvert et surmonté d'un crucifix, sainte Clotilde, en compagnie de deux de ses suivantes, prie en secret le Seigneur de convertir son mari. Fragment d'inscription : SAINCTE CROHEVLT. EN SECERT. FAIT DE ---MARY . CLOVIS AIT --- COG. – DVN SEVL –VRAY DIEV . ET . PERE DE --- EN DELAISSANT . DE YDOLES LA.
FAIT... DE... MARY. CLOVIS AIT. . COG.. DVN SEVL. VRAY D1EV. ET. PERE DE... EN DELAISSANT. DE. YDOLESLA..." (Brossard de Ruville)
Le nom de CROHEVLT se retrouve également attesté sur l'inscription de la cloche de la tour sud, offerte en 1500 par Geneviève Jubert. Il s'agit d'une altération ou forme locale de CLOTILDE, attestée aussi dans quelques anciennes chroniques selon Brossard de Ruville (vol.2 page 424). Voir mon article sur la baie 16.
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Deuxième ajour : Clovis de retour de guerre est touché par la grâce.
Inscription :
LE ROY CLOVIS REVIENT DE GERRE VAINQVEUR
GRACE LE TOUCHE IL VOIT CROYE VN DIEV DE GLOIRE
N HESITANT PLVS POVR LUY SERVIR DE COEUR
AVEC ESPERANCE DUN NEAVRE VICTOIRE
"2e compartiment: « Sainte Clotilde explique à Clovis les mystères de la religion chrétienne. » Clovis est couvert d'une riche armure et d'un surtout rouge, et porte un grand collier sur la poitrine ; sainte Clotilde est vêtue d'une robe rouge, d'un pardessus bleu et a les cheveux ornés à la mode des dames du temps de Henri II. L'instruction se fait dans la campagne, en présence de personnages des deux sexes. Les trois personnes divines apparaissent dans le haut du tableau. Fragment d'inscription:... INT DE GVERRE VAINCEVR – IT CROYE VN DIEV DE GLOIRE [TOVJ]OVR JVX SERVIR DE COEVR... INE AVRE... ES VICTOIRE. "(Brossard de Ruville)
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Troisième ajour : la bataille de Tolbiac.
Très restauré.
Inscription :
A TOLBIAC CLOVIS ENGAGE LE COMBAT
PRES DE MOURIR IL INVOQUE SON IDOLE
QUI NE PEUT ENTENDRE LA VOIX DV SOLDAT
VERS LE DIEV DE CLOTILDE ALORS SA PENSEE VOLE.
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"3e compartiment: Bataille de Tolbiac. » Dans une campagne très-accidentée, deux armées se ruentl'une contre l'autre. Sur le premier plan, un chevalier, la visière baissée, porte un coup de lance à un autre chevalier. Ce vitrail est très-endommagé." (Ruville, 1863)
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À droite : sainte Clotilde instruit Clovis dans la foi chrétienne, par Didron.
Inscription :
SAICTE CLOTILDE ET SAINCT REMY DEVANT DIEV
DINSTRVIRE DANS LA FOY CLOVIS FONT SERMENT
ILS VEVLENT AU ROY FAIRE QUITTER UN FAUX DIEV
CLOVIS A PROMIS SON BAPTESME VRAIMENT.
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"4' écoinçon: Sujet presque disparu. Fragment d'inscription: SAINTE ET...REMY. DINST... FOY. L. FONT... P... LEVRS. Q... IL. RON... PROMIS... [BA]PTESME." (Brossard de Ruville)
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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LES LANCETTES.
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Lancette A, à gauche. Baptême de Clovis.
Baptême de Clovis (tête restituée) par saint Rémi, la colombe du Saint-Esprit tenant le blason royal apporte la Sainte Ampoule.
Inscription :
PAR SAINCT REMY CLOVIS FVT BAPTISE
ACCOMPAGNE DE GENTZ A GRANDE FOY
LE SAINT ESPRICT ENT. COVLOMB ------------
FVT POVRTANT TR[OI]S FLEVRS DE LIS ET LA[MPOVLE]
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" baie inférieure: « Baptême de Clovis. » Temple avec ouverture sur la campagne ; Clovis richement vêtu, à genoux devant saint Remi qui lui verse de l'eau sur la tête, à l'aide d'une écuelle. La cuve baptismale est ronde, embordurée d'une guirlande et élevée au-dessus d'une estrade de même forme, à plusieurs gradins. En face est un autel portant un ciboire, un gobelet et un petit cadre. Quatre enfants de chœur, ayant dans les mains différents objets propres au culte, se tiennent derrière l'évêque et le roi: après eux viennent les dignitaires, ensuite la foule. Dans une vaste auréole apparaît le Saint Esprit, sous la forme d'une colombe, tenant la sainte ampoule avec son bec et l'écu fleurdelisé de Fiance avec ses pattes Inscription: PAR SAINCT REMY CLOV1S. FVT. BAPTISE ACOMPAGNE DE GENTZ A GRANDE FOVLE LE SAîNCT ESPRIT ENT. ..C0VLOMBE FV. PORTANT TROIS FLEVRS DE LIS ET LAMPOVLE. "(Brossard de Ruville)
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Lancette B. Clovis et Clotilde faisant l'aumône.
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Inscription :
COM[M]ENT LA ROYNE MESNE A DIEV SON ESPOUX
PAR DES AVMOSNES A GENTZ NECESSITEVX
LVI ENSEIGNE QVE LE DON EST TRES DOVX
DE FAIRE CHARITE POUR QVI EST HEVREVX
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"2e baie: « Clovis et sainte Clotilde, placés sur le perron du palais et entourés d'une nombreuse assistance, font distribuer des aumônes aux pauvres et aux infirmes par le majordome. » Clovis est coiffé d'un turban ou chaperon, est vêtu d'une tunique bleue, d'un manteau rouge ressemblant à une chasuble, porte sur les épaules une pèlerine en fourrure , ornée d'une chaîne d'or, et tient d'une main le sceptre royal. Sainte Clotilde a la couronne sur la tête, porte une robe rouge avec bas corsage, contenant une guimpe plissée et s'élevant jusqu'au dessous du menton; un manteau bleu complète son vêtement. Dans un des coins du tableau une autre scène a été reproduite: c'est le convoi des restes mortels de sainte Clotilde, de Tours à Paris. Le cercueil est recouvert d'un large drap mortuaire, est haut placé sur une civière et porté par deux chevaux que montent des écuyers. Il est précédé de moines en robe grise, côtoyé par une confrérie d'hommes portant des torches armoriées comme le poêle, et suivi d'une grande foule de peuple. " (Brossard de Ruville)
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Lancette B, partie inférieure : un couple de donateurs.
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"Dans le panneau inférieur, un personnage, jeune encore, barbe rase, portant une robe violette , la face tournée vers l'autel, est à genoux devant un prie-Dieu; une femme, dans la même attitude, vêtue d'une longue robe, le relevé des manches en fourrure, vient après lui. Les écussons de ces deux donateurs ayant été probablement enlevés ou mutilés, il nous est impossible de savoir leur nom." (Brossard de Ruville)
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Lancette C : Clotilde devant le chantier de son église.
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INSCRIPTION :
DANS LE VAL DV GAMBON CLOTILDE BASTIT
A LA GLOIRE DE DIEV VNE MOVLT BELLE EGLISE
PAR RECONNAISSANCE DV BAPTESME QVE FIST
DV ROY CLOVIS LE SAINT EVESQVE ADVISE
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"3e baie: « Sainte Clotilde, accompagnée de sa dame d'atour, en présence de l'architecte et des ouvriers, visite l'église qu'elle fait construire au bourg d'Andeli. » Dans la vallée du Gambon, près d'un groupe d'habitations, l'édifice est élevé déjà jusqu'à la toiture. On n'en voit que l'abside, qui forme cinq pans à deux étages et est percé sur chaque face de deux fenêtres cintrées se superposant. Sainte Clotilde porte une robe traînante, une écharpe alaisée en guise de ceinture, une couronne sur la tête et un voile flottant dans les cheveux. L'architecte est vêtu d'un maillot, d'une veste serrée ou justaucorps. Il tient dans la main droite un énorme compas, et dans la main gauche une toque qu'il appuie sur la hanche. Une dague pend à sa ceinture." (Brossard de Ruville)
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Lancette C, partie inférieur : les donateurs.
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Les armoiries du donateur comportent, en chef les armes d'azur à la vache d'or propres à la famille La Vache, et en dessous, trois meules d'or et trois croix potencées blanches sur fond noir.
"Au-dessous de ce sujet, mais sans aucune séparation, figurent quatre personnages à genoux, en prière, se succédant l'un l'autre. Le premier est barbu, vêtu d'un pardessous rouge et d'une robe violette, traînante, ayant des demi-manches et un collet avec fourrure. Sur le côté de son prie-Dieu est un écusson qui porte: de sable à 3 croisettes au pied fiché d'argent, 2 et 1, et 3 gerbes d'or, liens de gueules, 2 et 1, au chef cousu d'azur, chargé d'une vache passante de gueules. Ce sont les armes d'Alexandre de la Vache, écuyer, Sr du Saussai, conseiller au parlement de Rouen. Après lui vient un jeune garçon, qui est son fils, vêtu d'une veste bleue; puis une dame, portant un voile jeté en arrière , un pardessous avec manches parsemées de crevés, une robe longue, avec manches en épaulette, et une guimpe couvrant la poitrine et le cou. Sur le côté de son prie-Dieu est un écusson qui porte: parti des armoiries de la Vache du Saussai et parti d'azur à la face d'argent, chargée d'une coquille de sable et accompagnée de deux étoiles d'or, 1 en chef et 1 en pointe finissant à senestre. Celles-ci appartiennent à Marguerite Hallé d'Orgeville, épouse dudit Alexandre de la Vache. Sa fille, vêtue comme elle, mais sans voile, lui fait suite." (Brossard de Ruville)
Remarque.
1°) l'identification proposée par Brossard de Ruville est problématique, car Alexandre de la Vache et son épouse ont vécu un siècle après ce vitrail :
"Alexandre La Vache, né à Rouen en décembre 1637, épousa vers 1680 Marguerite Hallé, dame et patronne de Cléry, fille de Gilles, sr d'Orgeville, conseiller au parlement de Rouen en 1659, et de Cécile-Françoise Groulart. Il mourut après 1696 et avant 1700 sans avoir eu d'enfant de ce mariage, et sa veuve se remaria avec François de Palme-Carille, sr. De Feugerolles, maître des comptes à Rouen en 1694". (H. de Frondeville)
Ce couple n'eut pas d'enfants, alors que celui du vitrail en a trois. Brossard de Ruville renvoie, en bas de page, à un article sur cette famille dans son tome 2 .
Si la lecture héraldique est exacte, les armoiries seraient ajoutées plus tard, ce que l'examen des verres pourraient peut-être affirmer.
Les armes de la famille La Vache sont bien d'azur à la vache d'or.
2°) Les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie" font d'Alexandre La Vache un '"sieur de Radeval". Le fief de Radeval, aux Andelys était possédé par les Picart, (Jean Le Picart ayant fait construire le manoir dans le 1er quart du XVIe siècle), puis en 1619 par le maréchal de Bassompierre, puis à la famille Vache du Saussaie qui la détenait en 1760.
Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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Lancette D. Le miracle des Andelys.
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Panneaux très restitués.
Inscription :
POVR LES OVVRIERS QVI BASTIRENT LESGLISE
CLOTILDE REFIST LA MERVEILLE DE CANA
DV SEIGNEVR DIEV GRANDE FAVEVR FUST MISE
A LEAV DANDELI LE GOVST DV VIN DONNA ;
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"4* baie: « Sainte Clotilde versant elle-même à boire aux ouvriers de l'eau de la fontaine miraculeuse. « Sainte Clotilde, vêtue à peu près de même que dans le vitrail précédent, accompagnée de sa camériste, tient une pinte dans la main. Les maçons, le bourgeron au dos et le tablier autour des reins, boivent à même des écuelles. Un écusson d'azur aux 3 fleurs de lis d'or et à un cotice de même, traversant et non brisant, est placé au milieu de cette scène ; nous ignorons pourquoi. Le paysage est bouleversé : on distingue à peine la tour carrée d'une église. Ce sujet est renfermé dans un seul panneau, au 'milieu de la verrière. Le panneau inférieur est en verres blancs; le supérieur contient deux personnages, debout, conversant entre eux; l'un est un homme, coiffé d'un chaperon, vêtu d'une tunique verte, d'un manteau rouge et d'une pèlerine réticulée; l'autre une femme, ayant une chevelure d'or flottante, portant une longue robe blanche, avec des manches étroites, divisées par des crevés et des bracelets en or s'alternant, la jupe et le corsage richement ornés de passements aussi d'or. Ces figures semblent étrangères à la verrière. Au sommet de l'ogive, dans une auréole entourée de nuages, apparaissent deux anges, se faisant face et tenant une palme dans la main." (Brossard de Ruville)
Verrière de sainte Clotilde en baie 26, Notre-Dame du Grand-Andely, Les Andelys. Photographie lavieb-aile 26 août 2018
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SOURCES ET LIENS.
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— BROSSARD DE RUVILLE, 1863, Histoire de la ville Andelis et de ses dépendances, Volume 1, Delcroix, 1863 - 987 pages, pages 446-448
— GATOUILLAT ( Françoise), CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), HÉROLD (Michel), 2001, Eglise Notre-Dame du Grand-Andely, ancienne collégiale in Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France vol. VI, Paris, CNRS, 2001. p. 103.
A propos de sainte Clotilde :
— COUTIL (Léon), 1909, Le culte de sainte Clotilde aux Andelys et en Normandie, Hérissey, Evreux, 54 p. Extrait du Recueil des Travaux de la Société Libre de l'Eure t. VI, 1908.
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)