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26 mars 2018 1 26 /03 /mars /2018 11:11

Les vitraux de Moncontour (22). III. La maîtresse-vitre (vers 1538) de l'Enfance du Christ.

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Sur les vitraux de Moncontour, voir :

 

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Sur les vitraux "du groupe rennais" du XVIe siècle, voir 

 

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Sur les vitraux et œuvres  de la légende de sainte Barbe :

 

Voir aussi :

 

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Pour tous les 1330 autres articles de ce blog utilisez l'onglet "rechercher".

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Voir la présentation générale de ces exceptionnels vitraux de cette période 1535-1540 pour l'église de Moncontour par un atelier rennais dans les articles sur la verrière de saint Yves (1537) et celle de sainte Barbe (1538).

La baie 0, ou "maîtresse-vitre" selon la dénomination bretonne, était initialement à 4 lancettes organisées en 3 registres, et surmontées d'un tympan. Elle a été déposée et réparée en 1588 par Gilles Blaubo et Vincent Desportes, et reçut alors les armoiries du duc de Mercœur, —Gouverneur de Bretagne en 1582 avant de prendre la tête de la Ligue contre le roi —.

Le remplage a été supprimé à une date inconnue, et la baie a alors adopté sa forme cintrée actuelle. Non concernée par la restauration des autres baies entre 1891 et 1893, elle bénéficia en 1993 d'une intervention importante menée par l'atelier de Jean-Pierre Le Bihan de Quimper.

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Les vitraux de Moncontour. III. La maîtresse-vitre (vers 1538) de l'Enfance du Christ.

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Le jugement de Couffon est sévère ; le partagerez-vous ? :

 

 "C'est un vitrail extrêmement confus, où l'on trouve plusieurs scènes de l'enfance du Christ, non séparées les unes des autres ; c'est déjà la décadence au point de vue de la composition. Les coloris des verres demeurent par contre superbes, notamment le bleu, qui domine, ainsi que le rouge et le vert. L'on y trouve quelques touches de jaune d'argent. Le dessin n'est pas de premier ordre et souvent gauche. Il est, de plus, très inégal, ce qui tient, sans doute, aux multiples restaurations dont cette vitre a été l'objet. Dans le panneau représentant la fuite en Egypte, par exemple, la Vierge et saint Joseph sont d'un dessin acceptable, tandis que l'ange, juché dans l'arbre, et l'idole, tombant de sa colonne, sont d'une très mauvaise facture. Il y a lieu de remarquer, dans les fonds, des architectures classiques, dénotant déjà la Renaissance, et des fenêtres encore toutes gothiques. La verrière est d'inspiration nettement néerlandaise. En 1884 elle fut entourée d'une large bordure, pour l'augmenter ; et au sommet l'on y incorpora, assez malencontreusement d'ailleurs, un médaillon moderne représentant le Père Eternel." (Couffon)

 


 

 

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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À gauche : Claude de la Villeblanche, donateur, présenté par saint Claude.

 

Saint Claude est figuré en évêque, avec mitre et chape dont le fermail est en verre rouge gravé. Quelques lettres sont inscrites sur le coté droit de cette chape : [CL]AUDE PRIE PO[UR MOI]. Le saint porte sous la chape un manteau bleu, un surplis pourpre, et une aube.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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"Le donateur de gauche, Claude de la Villeblanche, porte sur sa cotte des armes écartelées au I et III de la Villeblanche, aux II et IV du Chastellier d'Eréac ["d'or, au chef de sable"], et, en abîme, sur la poitrine, un écu d'azur semé de fleurs de lys d'or, sans doute pour rappeler la charge de grand pannetier dont la reine Claude l'avait gratifié en 1522. Il avait reçu le collier [de l'Ordre de Saint-Michel] à Marignan."

"La verrière fut donc exécutée entre 1522 et 1531, date de la mort de Jacques de la Motte que l'on voit à droite, et sans doute non loin de cette dernière année, puisque Claude de la Villeblanche et Jacques de la Motte ont les cheveux grisonnants." (Couffon)

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Remarques

1°) L'écu placé en abîme est bien d'azur semé de fleurs de lys d'or, mais est semé aussi de dauphins de même — selon la description de 1874—  ou centré par un lion d'or passant  .

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2°) Le collier de l'Ordre de Saint-Michel a été remis à Claude de Villeblanche en 1538. Ce qui reculerait la datation de ce vitrail proposée par Couffon et reprise par Gatouillat et Hérold et le rendrait contemporain de la baie 5. 

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a) Pol de Courcy, Nobiliaire et armorial de Bretagne :

Villeblanche (de), sr dudit lieu, — du Plessis-Balissou, par. de ce nom, — de la Porte et de la Motte, par. de Maumusson, — de Broous, par. de ce nom, — de Bagalz. par de Guichen,—dn Mesnil, — de Martigné-Fercbaud, par. de ce nom, — de Brancien, — de Ploësquellec, par. de ce nom, — de TrogofF, par. de Plouégat-Moytan, — de Callac, par. de ce nom, — du Pontblanc, par. de Plouaret, — du Plessix-au-Noir, par. de Trédaniel.

Réf. de 1454 à 1543, par. de Maumusson, Broons, Ploësquellec, Plouégat et Plouaret, év. de Nantes, Saint-Malo, Cornouaille, Tréguier et Saint-Brieuc.

De gueules à la fasce d'argent, accomp. de trois hures de saumon de même (Sceau M20).

Pierre, capitaine de Rennes en 1440

 Henry, chevalier de Porc-Epic en 1448, grand-maître de Bretagne en 1451 ;

Guillaume, abbé Sainte-Croix de Quimperlé en 1453, + 1483;

 Claude, panetier de la reine Claude de France en 1522, chevalier de l'ordre en 1538.

Fondu dans Espinay.

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b) Les chevaliers de l'Ordre de Saint-Michel par Gaston de Carné (1884) page 421 :

 

VILLEBLANCHE (Claude de) , s. du Plessis-Balisson, de Broon, de Maumusson, de Bagaz, du Menil, de Martigné-Ferchaut, de la Porte, de Calac, du Châtelier d'Eréac, de Branxian, de Plusquellec, de Tourgouff, du Pontblanc, etc. , premier pannetier de la Reine Claude de France, par lettres du 3 avril 1522, fut fait chevalier. de l'Ordre Du Roi à cause de sa valeur, hardiesse et dextérité aux armes d'après A. du Paz en son Hist. des Maisons illustres de Bretagne. De plus, on lit qu'il fut chevalier de l'Ordre sous François 1er en 1538 dans le Recueil ms. des ch. de l'O. de S.-M. fait en 1620, par P. d'Hozier. (Bibl. du Roy.). Fils de Jean, s. du Plessis-Balisson, et de Catherine du Châtelier. [Jean, décédé en 1510, épousa Catherine du Châtelier le 18 août 1482]

Armes : De gueules à une fasce d'argent accomp. de trois hures de brochet de même, 2 en chef et 1 en pointe.

* Pierre de Villeblanche, aieul de Claude qui précède, fut ch. des O. du R. (ch, de l'O. du R.) en 1500, d'après Ogée. Dict. Géog. de Bret. art. Broons.) Mais le P. du Paz, qui a composé sur titres la généalogie des Villeblanche, ne mentionne nullement cette distinction.

*Claude de Villeblanche épousa Anne Vernon, fille de Raoul, s. de Montreuil-Bonin, Grand-Fauconnier de France, et d'Anne Gouffier. (P. Ans.)

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c)

Il  assista en sa qualité de premier panetier  à Rennes en 1532 au couronnement du dauphin Henri II, comme duc de Bretagne. Il portait alors le carreau de drap d'or sur lequel devait s'agenouiller le duc.

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d) Couffon n'a pas inventé la notion que Villeblanche a été fait chevalier par François Ier au soir de Marignan :

 

 " Ce messire Claude de Villeblanche,sieur de Bron, avoit esté aux batailles de Ravanne (Ravenne), la Bicoque et des Suysses ( L'auteur appelle ainsi la bataille de Marignan, livrée en 1515, parce que François Ier y défit les Suisses.); et à cette derniere le Roy le fit chevalier, seul de son rang, puis remit son épée au fourreau. Mais luy demandant le duc de Bourbon pourquoy il n'avoit fait chevaliers cinquante ou soixante autres qui estoient à genoux devant luy, Sa Majesté répondit qu'il ne vouloit pas que I'on dist du sieur de Bron qu'il estoit des chevaliers à la douzaine, et qu'il sçavoit bien, pour l'avoir vu, que son épée estoit tainte du sang des Suysses, et n'en estoit pas si certain des autres ; toutefois qu'il les feroit chevaliers le lendemain : et ajouta qu'il y avoit beaucoup de villes en son royaume, mais qu'il ne s'en trouvoit gueres de blanches, voulant inferer par-là ce mot de ville, et qu'il y en avoit bien peu qui luy fussent comparables : et n'en exceptoit Sa Majesté que huit ou dix, et trois ou quatre qu'il mettoit au-dessus." Mémoires de Vieilleville, 1541,, I, p. 138, cité  in Claude-Bernard Petitot, Collection complète des mémoires relatifs à l'histoire de France vol. 26

Il faut distinguer "être fait chevalier" et "être fait chevalier de l'Ordre de Saint-Michel".

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Détails.

Les trois bagues d'or du donateur sont portées aux trois derniers doigts de la main droite.

Claude de Villeblanche, agenouillé mains jointes devant son livre d'Heures posé sur un prie-dieu, porte une armure dont il a posé le casque à plumet et les gants devant lui. Le gorgeret du casque semble porter une inscription. (Je note à tout hasard la devise de Villeblanche : ATAO LEAL, "Toujours fidèle"). Il est à genoux sur un coussin de velours rouge à glands d'or.

 

 

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Au dessus de cette scène : "la Visitation".

 

"La Visitation. Sur un fond fait de morceaux épars, dans lesquels on distingue deux angelots blancs à ailes violettes, se détache sainte Elisabeth en robe verte et manteau rouge, la tête couverte d'une grande coiffe cachant ses cheveux. La Sainte Vierge, au contraire, porte deux longues nattes dépassant sa coiffe ; elle est vêtue d'une robe violette à galons d'or et d'un manteau bleu." (Couffon) 

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Devant une porte, comme dans la Visitation de Ghirlandaio (1491),  Elisabeth, la tête recouverte d'un voile et de la guimpe, est à genoux et pose la main sur le ventre de Marie. Deux anges volent en écartant les bras, comme pour reprendre l'exclamation : " Élisabeth fut remplie du Saint Esprit. Alors elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de son sein ! Et comment m'est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? Car, vois-tu, dès l'instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l'enfant a tressailli d'allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ! »" (Luc)

Je note aussi la guirlande , accessoire de la rRenaissance italienne, tendue sous le rempart,.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Registre inférieur (suite) : les trois panneaux de l'Adoration des Bergers et des Mages.

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" L'adoration des anges, des bergers et des rois mages. Ce panneau est de surface triple de l'autre. Il est à rapprocher, comme composition, de la verrière de Pont-Croix. Au centre, la crèche ; à gauche, agenouillée devant l'Enfant, la Vierge, nimbée d'or, en manteau bleu. Elle est entourée d'angelots à ailes d'or en robes rouges et blanches. 
En face et lui faisant pendant, saint Joseph, également nimbé et vêtu d'une robe violette à manches vertes, tient une chandelle [Note : Rappelons que M. Male a montré qu'il fallait chercher l'origine de cette chandelle dans les mystères où elle était allumée pour montrer que c'était la nuit]. Il est entouré des rois mages. Agenouillé au premier plan, Gaspar, portant une barbe grise, et vêtu d'une robe bleue à manches violettes et d'un riche manteau rouge et or sur la bordure duquel on lit : AVE MARIA. GR.

Derrière lui, près de saint Joseph, le roi nègre porte une robe blanche et or à manches violettes et un manteau vert. [...]
Dans le fond du panneau, sous une arcature renaissance ornée de guirlandes vertes, des bergers, en pèlerines violettes, sont avertis de la naissance du Sauveur par deux anges en robes rouges, celui de gauche ayant des ailes vertes, celui de droite des ailes jaunes."(Couffon)

 

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Scènes centrales : Nativité, Bergers et Mages.

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La "Crèche" associe, comme dans les Nativités ou Adorations de Rogier van der Weyden, de Domenico Ghirlandaio de Boticelli (1476) ou d'Albrecht Altdorfer (1530) des architectures antiques témoignant de la ruine d'une époque déchue, des fortifications (les murailles de Béthléem ?), et la charpente sans couverture évoquant la pauvreté de l'étable où naît le Sauveur. Mais ces constructions sont hétéroclites, quoique structurées par trois arcs de plein cintre. Des guirlandes vertes y sont suspendues. 

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Au centre, dans la première arcade, deux anges jouent l'un de la viele et l'autre de la cornemuse.

Les arcades latérales sont occupées par des anges en adoration.

Le registre moyen est animé par sept bergers regardant soit les anges annonçant le Rédempteur, soit l'Enfant.

Ce dernier, dans un berceau de paille et d'osier, est honoré par deux anges qui tiennent un flambeau, métaphore de la Lumière donnée au Monde. On note bien-sûr le verre rouge gravé de la robe de l'ange.

La Vierge et Joseph, tous les deux nimbés, se font face. Marie a les mains jointes et la tête inclinée en recueillement face à son Fils, tandis que Joseph, appuyé sur un bâton, abrite de sa paume la flamme d'une bougie, comme dans la Nativité de Robert Campin (1420). Entre Marie et le berceau, trois personnages (bergers ?) se discernent.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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L'adoration des Bergers.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Comparaison :

Les jeunes bergers émerveillés accoudés derrière l'enceinte de la Crèche, encapuchonnés, les mains écartés ou désignant  les anges qui leur apparaissent, rappellent instantanément ceux d'un fragment d'Adoration conservé à Plogonnec, dans le Finistère.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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L'Adoration des Rois et des Bergers de Plogonnec (baie 5, vers 1520-1525). Atelier de Quimper.

 

L'Adoration des Rois et des Bergers de Plogonnec (baie 5, vers 1520-1525). Atelier de Quimper. Photographie lavieb-aile

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L'Adoration des Rois et des Bergers de Plogonnec (baie 5, vers 1520-1525). Atelier de Quimper. photographie lavieb-aile

 

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L'Adoration des Rois et des Bergers de Plogonnec (baie 5, vers 1520-1525). Atelier de Quimper. Photographie lavieb-aile

 

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L'Adoration des Rois et des Bergers de Notre-Dame-du-Crann à Spézet (Baie 3, 1546).

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http://www.lavieb-aile.com/2016/06/les-vitraux-de-notre-dame-du-crann-a-spezet-l-adoration-des-mages-et-des-bergers.html

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Les deux premiers rois mages.

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Conformément à la tradition, le premier, et le plus âgé, Melchior, est agenouillé et présente son offrande, des pièces d'or. Il porte un manteau rouge sur lequel se détache le baudrier de son épée. Son bonnet sommé d'une couronne est posée au sol. Le manteau est un verre rouge gravé de petites lignes verticales. Le galon porte (en verre rouge gravé à nouveau)  l'inscription AVE. MARIA. G, incipit de l'oraison Ave Maria gratia plena, "Je vous salue Marie, pleine de grâces".

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le visage et la main  du deuxième roi sont sombres, faits d'un verre bleu plombé. Est-ce Balthazar, ou bien Gaspard, "jeune encore, imberbe et rouge de peau", qui offre l'encens ?

Nous admirons son large chapeau (verre rouge gravé) orné de perles et d'un diamant, et de fleurs sous sa couronne.

Sur les tympans des porches de Rumengol (vers 1470), ou du Folgoët (1423), ce deuxième roi a la main levé et l'index tendu, mais c'est pour désigner à celui qui le suit, vers lequel il se retourne, l'étoile au dessus de Bethléem. Il est étrange qu'ici, ce roi se retourne également, qu'il tende l'index également, mais que cet index ne désigne que le vase d'encens. 

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Partie droite. Le troisième roi mage sous un pavillon ouvert par deux anges.

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"Le troisième roi, portant une grande barbe blanche, est vêtu d'une robe bleue et d'un manteau rouge. Au-dessus de lui, riche tente à pavillon, à courtines rouges et blanches doublées de vert et ornées de galons d’or. Ces courtines sont soutenues par deux angelots, à chevelure d'or et ailes rouges vêtus de blanc. C'est là un détail bien flamand, que l'on retrouve notamment, à cette époque, dans l'école de Tournai. " (Couffon).

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On a compris que, décidément, René Couffon verrait une influence flamande ou néerlandaise partout. Soit. Ces pavillons se retrouvent couramment dans les Arbres de Jessé ... français.

Il est difficile de dire si ce pavillon recouvre le roi, ou bien sert de dais pour le donateur et son saint patron.

Le troisième roi est, depuis Bède le Vénérable, nommé Balthazar, il porte la barbe, et il offre la myrrhe. Il a souvent la peau noire. Celui-ci, à la barbe blanche vénérable et au visage grisâtre, tient un calice d'or. Il est coiffé d'un large chapeau rehaussé de la couronne royale.

"Bien que le thème du « roi noir » apparaisse dès l'époque de Bède le Vénérable, les Rois mages représentés sur les fresques et les tableaux, presque toujours, ont tous trois la peau claire. Il faut attendre le XVe siècle et surtout le XVIe siècle pour que l'un des trois ait systématiquement la peau foncée. Certains tableaux de cette période montrent d'ailleurs des repeints où Balthazar a été initialement figuré en Européen, puis réinterprété en Africain. L'explication de cette évolution tiendrait au fait que, si Balthazar est noir au-delà de toute ambiguïté, il prouve par là même que le message de Jésus-Christ s'adresse aux hommes de tous les continents. Balthazar en tant que roi noir devient donc, à la Renaissance, le symbole de l'universalité du christianisme." (Wikipédia)

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Détails.

Le verre rouge gravé est ici évident, dans ces carreaux blancs à pois des tentures. 

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Partie droite. Le donateur présenté par saint Jacques.

" Le second donateur, Jacques de la Motte, Sr. du Vauclerc, présenté par saint Jacques en robe rouge et manteau bleu et portant son bourdon." (Couffon)

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Héraldique.

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Jacques de la Motte (1479- 9 avril 1531), seigneur de Vauclerc, également donateur de la verrière de saint Mathurin (baie 6), épousa Anne de Tréal en 1505, dont il eut une fille, Catherine de la Motte Vauclerc.

"Jacques de la Motte était fils aîné de Jean de la Motte, sr. du Vauclerc et de Françoise du Perrier, fille de Jean du Perrier, sr. du Plessix Balisson, et de Jeanne de Quélen.

Jean de la Motte, sr. du Vauclerc fut lui-même fils de Guyon de la Motte sr. de l'Orfeil puis du Vauclerc par héritage de son oncle Guy Bouetel, et de Louise de Montauban fille de Guillaume et de Bonne Visconti de Milan.

Jacques de la Motte épousa Jeanne de Tréal, fille de Jean sr. de Tréal et de Marie des Rames. Il perd ses parents avant 1506 et fit le 17 septembre de cette dernière année partage de la succession de sa mère avec Jean de la Villeblanche. Acte dans lequel il est qualifié sr. de l'Orfeil et du Vauclerc. Il mourut le 9 avril 1531." (Couffon)

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Son tabard porte les armes écartelées de gueules à trois bandes engrêlée d'argent au 1 et 3, d'argent à la guivre d'azur, annelé et bandé de gueules au 2 , et enfin au 3 de gueules à six macles d'or au lambel d'argent.

a) Les armes de gueules bandé engrêlé d'argent sont celles de La Motte, seigneur de Mauclerc, (rapportées comme "d'argent à trois barres de gueules engrelées" à Pléneuf, où Christophe de la Motte possédait dès 1536 le Manoir de Vauclerc, et où Guyon de la Motte avait bénéficié d'un droit de foire en la chapelle Saint-Jacques.).

 

b) les armes d'argent à la guivre d'azur, associées à celles aux macles d'or, renvoient à la famille de Montauban.

"Jean de Montauban fils de Guillaume, & de ceste Bonne de Milan, eut à femme Anne de Kaëranrais, & de ce mariage issit leur fille unique mariee à Louis de Rohan seigneur de Guemené, puisné de la maison de Rohan, lequel escartela ses armes qui sont de gueulles à neuf macles d'or, de celles de Milan (ainsi que les Princes de la maison d'Orleans) à cause de l'aieule de sa femme." (André Favyn, Histoire de Navarre

Il faut donc voir dans cette guivre d'azur celle des armoiries du duché de Milan d'argent à la guivre d'azur engoulant un enfant de gueules. "On dit qu'Otton, Bourggraf de Milan, ayant tué en 1100 un géant Sarasin, nommé Pollux, qui portoit sur son casque de serpens de cette sorte, appellés guivres, il en prit un pour ses armes".

Pol de Courcy donne dans son Nobiliaire :

MONTAUBAN (DE) (ramage de Rohan), sr dudit lieu, par. de ce nom, — vicomte du Bois-de-la-Roche, par. de Néant, — sr de Landal, par. de La Boussac, — de Binio, — du Boisbasset, — de Vauvert, — de Sens, par. de ce nom, — de Romilly, de Marigny, de Grenonville et de Queneville, en Normandie, — de Saint-Brice, par. de ce nom, — de la Sucraye, par. de Saint-Ouen, — du Goust, par. de Malville, — du Port-Durand et de la Verrière, par. de Saint-Donatien, — des Perrines, par. de Doulon, — de Rochefort-sur-Sèvre, par. de la Haie-Fouassière.

Réf. et montres de 1426 à 1544, par. de Néant, év. de Saint-Malo, Sens, Saint-Brice et Saint-Ouen-des-Alleux, év. de Rennes, et la Haie-Fouassière, év. de Nantes.

De gueules à sept macles d'or, 3. 3 et 1 , au lambel de quatre pendants d'argent( sceau 1314) ;

aliàs : écartelé : d'argent à la guivre d'azur en pal, dévorant un enfant issant de gueules, couronné de même, qui est Milan.

Alain de Rohan, sire de Montauban, vivant en 1150, père de Josselin, marié à Mabille de Monfort, dont :

1° Olivier, qui garda le nom de Montauban et qui a continué la filiation;

2° Josselin, évêque de Rennes, t 1234;

Jean, prit les armes en 1202, pour venger la mort du duc Artur;

Guillaume, l'un des écuyers du combat des Trente en 1350;

Artur, trempa dans le meurtre du prince Gilles de Bretagne en 1450, se fit moine pour éviter les poursuites du duc Pierre II, et mourut archevêque de Bordeaux en 1478;

Jean, maréchal de Bretagne, grand-maître des eaux et forêts, puis amiral de France sous Louis XI en 1461, i 1466, laissa d'Anne de Keranraiz :

Marie, dame de Montauban , mariée en 1443 à Louis de Rohan, sr de Guémené;

Philippe, chancelier de Bretagne, en 1516, père de

Catherine, dame du Bois-de-la-Roche,mariée à René de Volvire,baron de Ruffec, vers 1535. (Famille éteinte.)"

Conclusion : nous avons ici les armes de la famille de La Motte-Mauclerc et de celle de Montauban, renvoyant au couple Guyon  de La Motte / Louise de Montauban fille de Guillaume et de Bonne Visconti de Milan. C'est l'identité du saint patron, saint Jacques le Majeur, qui permet d'identifier Jacques de La Motte, petit-fils de ce couple.

 

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Détails.

Saint Jacques est clairement identifiable par son bourdon auquel est suspendu la besace, mais aussi par la coquille de Saint-Jacques ornant l'avant de son chapeau, rabattu sur son dos.

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Jacques de la Motte est représenté agenouillé sur un coussin de velours rouge à glands d'or à son prie-dieu exactement comme Claude de la Villeblanche, son tabard armorié recouvrant une armure identique dont nous voyons la cubitière, le canon d'avant-bras, les cuissots, les genouillères, les solerets en patte d'ours, et les molettes des éperons. De même, les gants et le casque à plumet sont posés devant lui.   Cette armure n'a rien d'anachronique en 1539, date de l'armure équestre de François Ier.

Il porte, comme son collègue, trois bagues d'or, à l'index, à l'annulaire et à l'auriculaire.

Le visage est également semblable à celui de Villeblanche : imberbe, avec des cheveux mi-longs dont les boucles recouvrent le haut des épaules. Comme sur les gisants, il n'est pas nécessaire d'y voir un portrait ressemblant, et encore moins un portrait contemporain de la date de réalisation du vitrail, mais plutôt, une représentation idéale du seigneur témoignant à la fois (par sa posture) de sa dévotion et à la fois (par son armure) de son attachement au service de son roi.

Ce panneau contient des verres rouges gravés (macles et des armoiries) mais aussi un verre bleu gravé pour le plumet du casque. Ce plumet est plein de panache, avec ses quatre couleurs blanc et or, or, rouge et bleu et or.  

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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II. LE REGISTRE SUPÉRIEUR. 

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Le Massacre des innocents.

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" Au premier plan, à gauche, un soldat casqué transperce un enfant. Il porte une tunique rouge à manches bleues, des hauts de chausses violets à bandes rouges, et est nu pieds-dans des sandales. A droite, une femme en robe rouge et manteau bleu ; elle est coiffée d'une résille ornée de perles formant bonnet. Au second plan, autre soldat en tunique rouge, homme vêtu de vert et portant un court collier de barbe, et femme en robe bleue et corsage jaune. Sur le fond, fabriques gris-bleu et or." (Couffon)

 

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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 La Circoncision.

"Cette scène occupe le centre du rang supérieur et est d'une largeur double des deux autres.
Devant l'autel supporté par des colonnes roses et recouvert d'une nappe blanche damassée avec broderie d'or, se tient à gauche le grand prêtre, coiffé d'une mitre d’or et vêtu d'une chape rouge à lourd fermoir. A côté de lui, un personnage en tunique jaune et manteau rouge. Devant la table, grand chandelier d'or et un personnage en violet et vert, sans doute le vieillard Siméon.
A droite de la table, la Vierge, nimbée d'or et en manteau bleu ; puis, appuyé sur une canne, saint Joseph en robe violette ; enfin une vieille femme en robe rouge et manteau vert, sans doute la prophétesse Anne. Ces trois derniers personnages se détachent sur une draperie rouge. Au-dessus, voûtes d'église à clefs pendantes de couleurs variées. Derrière le grand prêtre et le vieillard Siméon, fonds bleus et débris de vitraux." (Couffon)

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Les vitraux de Moncontour. III. La maîtresse-vitre (vers 1538) de l'Enfance du Christ.

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La Fuite en Égypte.

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"Sur un âne gris, bridé de jaune et portant un harnais de poitrail rouge, se tient la Vierge, en robe rose et grand manteau bleu qui lui recouvre la tête. Elle tient l'enfant dans ses bras. Saint Joseph conduit l'âne. Il est coiffé d'un chapeau rouge, vêtu d'une robe violette, de chausses rouges et d'un manteau rouge, et chaussé de sabots violets.
Un ange, juché dans un arbre vert et, portant des fruits jaunes et rouges, l'incline au passage. A droite, une colonne d'or d'où choit une idole d’or ; et, plus loin, un monument rose violacé. Dans le fond, fabriques en grisaille gris-bleu. " (Couffon).

Voir, sur la suggestion de Jean-Pierre Le Bihan, la gravure de La Fuite en Egypte d'Albrecht Dürer (1504), planche 14 de la série de la Vie de la Vierge. Et   La Fuite en Egypte d'Albrecht Dürer (1494-1497).

La chute de l'idole est difficilement visible, et il faut rendre compte de la perspicacité de René Couffon. Gwendoline de Mûelenaere   a donné une excellente revue iconographique de ce thème pour la revue Koregos. J'en retiens seulement un exemple, l'enluminure de la Fuite en Egypte par le Maître de Bedford, Heures de Bedford, Paris 1423. British Library Add. ms 1885.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Sainte Barbe et sainte Catherine.

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"Au-dessous de ce médaillon, l'on trouve dans le tympan deux saintes. A gauche, sainte Barbe tenant de la main gauche la palme verte du martyre et de la droite la tour symbolique. Elle est vêtue d'une robe rouge semée de billettes d'or et porte un surcot argent et or à ceinture violette ; les manches sont bleues et vertes. A droite, sainte Catherine, avec épée et roue, est vêtue d'une robe violette, d'une tunique argent et or et d'un surcot rouge. Dans le fond, fabrique bleues et vertes." (Couffon)

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Couffon a presque tout dit. Je rajoute, pour sainte Barbe, le livre témoignant de sa connaissance de la pensée d'Origène d'Alexandrie, acquise grâce à son ami Valentin. La tenue qu'elle porte, associant un tablier à pierreries et perles et une robe en verre rouge gravé, est exactement la même que sur la verrière de la baie 5, datée de 1538. J'y vois un argument supplémentaire pour penser que la verrière d'axe a été réalisée en 1538 ou 1539 par le même atelier que les baies 3, 5 et 7.

Près du bord de la robe, un visage. Celui de Dioscore, terrassé par la foudre ?

Concernant sainte Catherine, elle tient également un livre ouvert, gainé d'une couverte à glands. Instruite dans tous les arts libéraux, elle était l'égale des philosophes d'Alexandrie. Elle porte la même tenue vestimentaire que sainte Barbe, avec ce tablier perlé noué d'aiguillettes. et cette tunique rouge serrée d'une ceinture d'étoffe. L'altération du verre ne permet pas de rendre compte de la beauté du visage de la sainte, à la coiffure très savante.

Surtout, Couffon a oublié de noter la présence de la tête, dûment couronnée,  du roi Costus, qui est presque un attribut de la sainte en plus de sa roue et de son épée dans la statuaire bretonne.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

Verrière de l'Enfance du Christ (vers 1538), Baie 0, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile 16 septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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 — COUFFON (René), [1935]  Contribution à l'étude des verrières anciennes du département des Côtes-du-Nord, Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord. T. 67 1935, pages 167-171

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f196.item

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum vol. VII, Presses Universitaires de Rennes.

— MONCONTOUR (SITE DE L'OFFICE DU TOURISME DE) .

http://www.tourisme-moncontour.com/Vitrail-saint-yves_fiche_1796.html

— INFOBRETAGNE, Les vitraux de l'église de Moncontour..

http://www.infobretagne.com/moncontour-eglise-vitraux.htm

Congrès archéologique de France 1950 vol.107

— DESCRIPTION DES VERRIERES DATANT DE 1874 : Mémoires de la Société archéologique et Historique des Côtes-du-Nord.

https://books.google.fr/books?id=dFdj-oEI7pMC&pg=PA164&dq=de+la+Motte++Vauclerc+armoiries&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjBl7yrlIfaAhVRaVAKHX4IAuoQ6AEIODAD#v=onepage&q=de%20la%20Motte%20%20Vauclerc%20armoiries&f=false

  — LE BIHAN (Jean-Pierre),2009, La Nativité dans le vitrail, blog 9 novembre 2009.

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-lanativite-dans-le-vitrail-39733349.html

Moncontour. Côte d'Armor, XVIe.

"Il s’agit ici d’une grande Nativité, où apparaît , ce qui est plutôt rare,le seigneur donateur de ce vitrail qui  serait un dénommé Claude de France, accompagné dans ce don d'un Jacques de la Motte. regroupant bergers, rois mages, anges, dans un décor de pilastres, de guirlandes, de porches renaissances, sur cinq panneaux. Tout cela avec une débauche de couleurs rouges , vertes jaunes et bleues. Dans tout cela, l’enfant Jésus disparaît, de plus très effacé, la grisaille ayant disparue.
Les deux premiers personnages en commençant par le bas et les moins importants pour l’histoire sont d’abord un ange, à genoux dans une robe rouge aux gravures en étoiles, en filets de perles et graphismes de courbes. Il porte de la main gauche un cierge allumé, la droite tombant le long du corps. En face de lui, un petit personnage à tête d’homme aux cheveux longs et roux, qui est en fin de compte un second ange vêtu de blanc aux ailes certes, portant de la main droite un bougeoir. Le tête  est une replique.

Le groupe des rois mages prend la partie droite et le deuxième panneau de l’extrême droite. Le premier est à genoux, un objet à la main, il porte un sabre et divers colliers. Sa robe en verre rouge est semée de gravures de perles. Dans la bas, entre deux filets, toujours en gravure, on peut lire:  A. VE.MTRIA.GR, possible Ave maria Gratia. Son chapeau couronne est posé par terre ? Il porte barbe grise à deux petites pointes, Ses cheveux sont distribués en grosses ondulations, l’œil est vif, le nez fin et  pointu. Tout cela est travaille à la grisaille grise et à la sanguine.…
Le second roi mage est noir de visage et porte un chapeau rouge au large rebord aux gravures perlées, sur lequel est posé une couronne et un nœud de tissu vert. Chemise ou robe jaune, manteau vert doublé de rouge, il offre un grand calice.  Le troisième sort d’une tente à pavillon dressée dont deux anges vêtus de blanc et aux ailes rouges soutiennent ou ouvrent les courtines d’étoffe de couleur rouge, doublée de verre et ornées de galons d’or  portant sur la face extérieure un graphisme de filets gravés composant des carrés au milieu desquels est gravée une grosse perle. Type de tente que l’on retrouve dans les Arbres de Jessé.  Grand chapeau avec couronne il porte de la main gauche un vase avec couvercle de grande taille, tandis que la droite est ouverte. Manteau rouge sur robe bleu, le bas de son corps passe derrière le donateur et son saint patron. Les autres personnages sont des bergers, au nombre de six. Certains regardent le ciel où voltigent des anges, d’autres sur la droite s’extasient.
Autre étape: la Circoncision suivi de la Fuite en Egypte avec les anges qui ici offriraient des fruits à l'enfant, action que l'on retrouve à Pont-Croix, ci-dessous.
Elle est une copie d'une gravure  de Durer avec un arbre fruitier à la place des palmiers - la seule dans la région aussi proche de la gravure et en rappel de la légende dorée.

Inventaire des nativités de Bretagne.
Brennilis XVe.  Concarneau,XVe. Ergué- Gabéric,, 29, église XVIe + Kerdevot 1489. Gouézec, 29, N.D. de Tréguron, XVIe. , Gouézec, 29 N.D.des trois Fontaines. XVIe.,+ Tréguron XVIe. Guengat,29, 1528 . Les Iffs, 35 VD ? Lantic, 22, XVe . ... Malestroit, 56, XVe. Moncontour, 56, XVIe Paule, 22, 1526 ; Ploubezre. 22, Ch. ND de Kerfaoues.1469. Pont-Croix, 29, XVIe.. Quéménéven, Kergoat.29, baie 8 XVe.   Remungol- N.D.des Fleurs. 56. VD ?. Rochefort en Terre, 56, ch. du Château. XVIe, emmailloté. Saint-Thuriau XVe Ch. du Gohazé. Spézet, 29,  N.D du Crann. XVIe.  Stival, 56 . VD.  Trégunc, 29,  Chapelle Notre-Dame.de Kerven.O% où dans la baie du chevet on trouve du XVI°siècle La fuite en Egypte et L'adorations des Mages."

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 22:11

Les vitraux de l'église de Moncontour. II. La baie 5 de la Vie de sainte Barbe (1538).

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Sur les vitraux de Moncontour, voir :

 

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Sur les vitraux "du groupe rennais" du XVIe siècle, voir 

 

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Sur les vitraux et œuvres  de la légende de sainte Barbe :

 

Voir aussi :

 

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GÉNÉRALITÉS.

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"Les vitraux de l’église Saint-Mathurin de Moncontour sont parmi les plus remarquables de Bretagne par leur facture, mais aussi par leur histoire. À l’époque médiévale, Moncontour est une des places fortes du duché de Penthièvre. Elle dut ensuite sa prospérité à la vente des toiles de lin et de chanvre qui étaient exportées dans toute l’Europe et qui firent la richesse de la Bretagne. Mais les vitraux tels que nous les voyons aujourd’hui sont le fruit d’une longue histoire. Réalisées sans doute par un atelier rennais, à une époque où ceux-ci sont florissants , les verrières de l’église Saint-Mathurin sont datées de 1537 pour le vitrail de la vie de saint Yves, de 1538 pour celui de la vie de sainte Barbe. Les autres datent sans doute d’une époque légèrement antérieure, vers 1520-1530. On en connaît bien les donateurs : Claude de la Villeblanche, grand pannetier de la reine Claude en 1522 et châtelain du Plessis et Jacques de la Motte, seigneur du Vauclerc, possessionné dans la région et mort en 1531, pour la baie d’axe; Jean le Mintier et Marie le Moine pour la verrière de la vie de saint Jean Baptiste. Ces deux derniers figurent dans le registre inférieur de la baie, agenouillés et présentés par leurs patrons sainte Catherine d’Alexandrie et saint Jean l’Évangéliste. Ces baies n’ont pas traversé le temps sans restaurations ni modifications : on trouve mention de réparations dès la fin du 16e siècle. Lors de la construction au début du 17e siècle du bas-côté sud de l’église, les deux verrières des baies 4 et 6 y sont remployées. Après les épisodes révolutionnaires, l’église semble en mauvais état : une demande de crédits à cause de l’état alarmant de plusieurs verrières anciennes ne trouve pas d’écho. L’édifice est classé parmi les Monuments historiques en 1862. Cependant, et ce malgré la pose de tirants, il faut se décider à démolir une partie de l’édifice : l’église est alors déclassée sauf les vitraux et le clocher. En mai 1890, avant leur dépose, les vitraux sont photographiés en place par Eugène Durand : les clichés montrent certes des lacunes, mais la qualité picturale des verrières est évidente . Ils seront restaurés par l’atelier parisien de Bonnot, peintre-verrier et restaurateur. C’est alors que se fixe la disposition actuelle des verrières. Certains panneaux qui étaient absents ont fait l’objet de créations en accompagnement par l’atelier Laigneau. En 1942, elles sont mises à l’abri au donjon de Dinan, et reposées en 1948. Enfin, la baie 0 a été restaurée en 1993 par l’atelier Le Bihan ." Christine Jablonski et Céline Robert, in 100 ans d'objets historiques en Bretagne, DRAC

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"L'église Notre-Dame et Saint-Mathurin de Moncontour possède six vitraux anciens, qui forment l'un des les plus remarquables ensembles vitrés du XVIe siècle en Bretagne. Cet ensemble a été réalisé entre 1520 et 1540 environ en plusieurs temps et par plusieurs ateliers différents... Les trois verrières nord de l'église (baies 3, 5 et 7) se distinguent de toutes les autres par leur exceptionnelle qualité. Pour cette raison, et par leur caractère "très français", René Couffon comme Jean Lafond (*) proposent de les rattacher à la production rennaise contemporaine. D'eux d'entre elles sont datées, respectivement, de 1537 (baie 7, vie de saint Yves) et de 1538 (baie 5, vie de sainte Barbe) " (Gatouillat et Hérold 2005 p. 82).

(*) Dans Le vitrail français (1958, page 235), Jean Lafond souligne l'importance des peintres verriers de Rennes, auxquels il attribue les "œuvres très françaises" des Iffs, de La Guerche, de La Ferrière et de Moncontour".)

"René Couffon a attribué à Rennes les vitraux du mur nord de l'église de Moncontour,  peut-être les œuvres les plus séduisantes du XVIe siècle breton. Ces trois suites narratives, vies de saint Yves, de sainte Barbe et de saint Jean-Baptiste réalisées vers 1537, sont en effet d'une exceptionnelle richesse, d'une exécution et d'une ornementation brillante. Elles ont la qualité des verrières normandes du temps et pourraient puiser leur source dans la peinture flamande, anversoise peut-être. Antérieures à l'activité documentées de Michel Bayonne, elles ne doivent en aucun cas lui être attribuées, mais semblent être en mesure d'être reconnues comme une manifestation de la façon de rennes, dont seraient soulignées la diversité, aussi bien que les dénominateurs communs : le damas jaune des costumes de Moncontour ne se retrouve-t-il pas identique dans la verrière d'axe de Beignon ?". (Gatouillat et Hérold 2005 p. 40).

 

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Mon article précédent présentait avec admiration la baie 7 de la Vie de saint Yves. À mes yeux, la baie 5 de la vie de sainte Barbe, qui en reprend l'encadrement maniériste à chimères combattant des dauphins,  la dépasse encore sur le plan technique par la luxuriance du travail au jaune d'argent (robe de l'ange, cuirasse, arabesques), par l'emploi de verres rouges gravés et des pièces en chef-d'œuvre, par la finesse des arrière-plans en grisaille sur verre bleu.

L'intérêt pourrait aussi se porter sur les détails vestimentaires, rendus avec précision et mariant les pièces issues de la mode sous François Ier (crevés et taillades, chaussures en pattes d'ours, bonnet à plumet), culottes bouffantes au dessus de collants très ajustés, bottes lacées d'aiguillettes, etc.), rangs de perles à profusion et d'éléments traditionnellement utilisés par les artistes (enlumineurs du XVe siècle) pour signifier que les protagonistes sont "orientaux", comme, ici, les turbans. 

Enfin, le sujet lui-même, la vie et le martyre de sainte Barbe, parfaitement illustré ici, mériterait, pourquoi pas ?, trois denses volumes, ou un Colloque, ou une thèse d'Etat, quelque chose de très savant, de très documenté et de très barbant. Seul ce troisième point relève de mes compétences.

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Ce vitrail à deux lancettes trilobées divisées en quatre registre et au  tympan à 7 ajours mesure 7,00 m de haut et 1,187 m de large. 

"Il occupe la seconde fenêtre de la longère nord de la nef, entre vitrail de saint Yves et celui de saint Jean Baptiste.
La fenêtre, divisée en deux par un meneau, renferme huit panneaux historiés de la vie de sainte Barbe, dont les six supérieurs sont seuls anciens. Le tympan renferme cinq mouchettes, également relatives à l'histoire de la sainte. Il faut lire la verrière de bas en haut et de gauche à droite." (Couffon)

 

 Le culte de Sainte Barbe en Europe.

Sainte Barbe, ou Sainte Barbara, Santez Barba en Breton, est une sainte martyre qui aurait vécu au IIIe siècle en Bikini  Bithynie. À Nicomédie, l'actuelle Izmit, en Turquie.

Les premières versions du Mystère de sainte Barbe apparaissent au VIIe siècle en Orient, d'où des reliques sont rapportées en de nombreuses villes d'Europe (Burano à Venise, à Plaisance en Italie, Abbaye de Sainte-Barbe-en-Auge en 1050, cathédrale de Liège, aux Feuillants à Paris,  etc...) La fête catholique est instituée le 4 décembre  dès le XIIe siècle à Rome. Vincent de Beauvais mentionne la sainte dans son Speculum Historiale de 1258, Jacques de Voragine donne le récit de sa vie dans la Legenda aurea en 1261-1266 (traduction française en 1476) mais les principaux témoignages iconographiques de son culte datent du XVe siècle en Flandre puis en Italie : peintures de Jan Van Eyck en 1437 ( Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers), de Robert Campin en 1438, de Cosimo Rosselli en 1468 (Musée des Offices, Florence), de Hans Memling en 1479 (Metropolitan Museum de New York), de Lorenzo Lotti en 1524.

Sainte Barbe est l'une des trois saintes de la liste des 14 Saints Auxiliateurs avec sainte Catherine et sainte Marguerite, et les statues de ces trois saintes sont presque constantes dans les églises et chapelles bretonnes (Les saintes étrangères y sont, par ordre décroissant, Barbe avec 29 figurations, Catherine 19, Marguerite 14, Appoline 3 et Madeleine 2 ; les bretonnes sont minoritaires, Brigitte 2, Gwenn et Tréphine 1 chacune. : Christiane Prigent, Pouvoir ducal, religion et production artistique en Basse-Bretagne (1350-1575), Paris, 1992, p. 402-403.)

Toutes les trois étaient invoquées pour les dangers de la grossesse et de la délivrance, et plus généralement contre les risques de mort subite en état de péché. Sainte Barbe était aussi sollicitée pour protéger de la foudre. Beaucoup de livres d'Heures les mentionnent parmi les Suffrages, comme dans les Heures dites de Henri IV, au folio 86v., celle de Pierre II, duc de Bretagne (BnF lat. 1159  folio 166v, tenant sa tour  et lors de sa décollation) Elle est absente des Grandes Heures d'Anne de Bretagne (qui au folio 3r s'entoure de trois reines, sainte Catherine, Ursule et Catherine) , mais elle est présente dans le Livre d'Heures de sa fille Claude de France, où elle est figurée soit portant sa tour, soit flagellée par les bourreaux (folio 44v) soit décapitée (f. 45).  

C'est en 1557 (à Paris mais pour Bernard de Léau demeurant à Morlaix) qu'est publié le texte en breton du BUHEZ SANTE BARBA, le  Mystère de Sainte Barbe, témoignant des représentations publiques  de ce drame. Ce texte breton  a été publié en 1647 à Morlaix chez Jean Hardouyn (In-8, 208 pages, BnF RES-YN-16).

Mais puisque Moncontour ne se situe pas en Basse-Bretagne, mais en pays gallo, il est peut-être préférable de mentionner les neuf éditions anciennes d'un Mystère de sainte Barbe en deux journées, pièce en vers qui se jouait à 38 personnages,  édité à Paris, Rouen, Lyon, Troyes entre 1512 et 1630 (cf BnF RES-YF 4688). Ou le Mystère de sainte Barbe en cinq journées, en vers également, et à cent personnages datant de la fin du XVe-début du XVIe siècle, et dont témoigne le manuscrit BnF fr. 976  retranscrit (et plus lisible) en cinq manuscrits BnF Français 24335-24339. Ces Mystères furent joués à Amiens dès 1448, à Compiègne en 1475 et 1476, à Angers en 1484, à Metz en 1485, à Laval pendant six jours en 1493, à Nancy en 1505, à Domalain (Ille-et-Vilaine) en 1509, à Limoges en 1533, à Péronne en 1534, à Saint-Nicolas-du-Port en 1537, à Tirepied près d'Avranches en 1539, avant d'être interdites par le Parlement de Paris, le Parlement de Bretagne puis le Concile de Trente.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR.

Le registre inférieur a été créé par l'atelier parisien d'Albert Bonnot (beau-frère d'Adolphe Steinheil) en 1891-1893. Le maître-verrier  a pris le parti d'une fidélité au style de son prédécesseur. Restait-il quelque chose des panneaux anciens, ou une description des sujets jadis représentés sur les photos prises en 1890 ?

Les scènes figurées s'inscrivent dans un cadre de la Seconde  Renaissance, plutôt maniériste, peint au jaune d'argent.


Premier panneau moderne : "Co[mm]e[n]t son père lui fit veoir les idoles" :  Dioscore, père de sainte Barbe, l'exhorte à adorer les idoles. 

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Deuxième panneau moderne : "
"Co[mm]e[n]t Valentin vint à sainte Barbe" : Le prêtre Valentin, disciple d'Origène, expose à sainte Barbe la religion chrétienne.

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE DEUXIÈME REGISTRE.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Troisième panneau : Légende : « Co[mm]e[n]t Ste Barbe fut baptissée après [comme]-- ».

"La sainte, entièrement nue, est dans l'eau jusqu'aux genoux près d'une source, tandis que le prêtre Valentin, vêtu d'une robe violette et d'un manteau rouge, lui verse l'eau sur la tête. Un ange, en robe jaune et ailes roses violacées, assiste au baptême. La robe de sainte Barbe, couverte de pierreries est déposée sur le bord de l'eau. Au fond, fabriques, en grisaille sur bleu avec traces de jaune d'argent, représentant une campagne avec un grand rocher surmonté d'un château féodal." (Couffon)

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Dans le Mystère en cinq journée, Barbe est baptisée par saint Jean-Baptiste, et dans le Mystère en deux journées, par un ermite. Le "prêtre Valentin" de Couffon n'est pas nommé comme tel sur le vitrail, mais  sa déduction est juste, car ce Valentin, émissaire du philosophe Origène d'Alexandrie est cité dans  le Mystère breton, qui semble avoir servi de modèle au vitrail.

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Le texte du Mystère breton :

 

— Valentin. Je certifie que vous le serez en peu de temps, si vous le voulez, et que vous comprendrez, sachez-le bien, les Évangiles, pour commencer; mais d'abord je veux vous bien disposer à recevoir le baptême. Jésus a constamment en sa vie ordonné à tous, expressément, de baptiser dans la foi. Voici les évangiles authentiques, qui nous parlent de sa vie dès le commencement. Je vous exposerai ses œuvres. […]

Valentin. Ma chère fille, vous dites vrai ; car quiconque aura bien soin de l'aimer parfaitement, croyez-moi, il ne manquera pas de le secourir de toute façon, pourvu qu'on le prie d'un cœur pur. (Sainte Barbe se met à genoux.)

 Maintenant, je vous baptiserai dans la foi, et de plus, avant de partir, je mettrai tous mes soins à votre service. Je vous baptise dans la foi, sachez-le, au nom du Père, et puis du Fils, et en même temps du Saint-Esprit.

 Sainte Barbe.  Je vous remercie vivement de ce bienfait et de votre peine ; Dieu, mon roi et créateur, bénisse l'heure où vous vîntes au monde et le temps qu'on vous a nourri !

Valentin. Croyez-le bien et de bon cœur, ce fut assurément le fils de Dieu le Père qui daigna, par un moyen surnaturel, venir prendre en ce monde une chair pure, et qui nous a rendus bienheureux en mourant avec un corps semblable aux nôtres.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Notez :

a) le verre rouge gravé de la robe de Barbe, posée sur l'herbe. Ce fin verre rouge est plaqué sur un verre blanc. La couche rouge est "gravée", c'est à dire meulée afin de ne laisser qu'une succession de rectangles blancs.

b) le jaune d'argent, qui permet de "peindre" les cheveux blonds sur la pièce de verre blanc. Ce jaune est aussi utilisé pour la robe et les cheveux de l'ange, mais encore pour la mousse des rochers ou les fleurs sous la source.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Quatrième panneau : Légende : « Co[mm]e[n]t Sainte Barbe devisse la tierce fenestre en la tour ».

"En l'absence de son père qui la contraignait à résider dans un château-fort n'ayant que deux fenêtres, sainte Barbe indique à l'architecte, qui se trouve à côté d'elle, le compas à la main, de percer une troisième fenêtre pour honorer la Sainte Trinité. La sainte porte le costume flamand : robe rouge perlée de jaune, tunique or à perles blanches et cabochons de couleurs, manches doublées de violet, ceinture bleue. Elle est coiffée d'un bonnet flamand à bandes violettes et or perlées. L'architecte porte des chausses bleues à crevés, avec braguette, et une veste rouge ; il tient à la main un bonnet rouge. Près d'eux, un maçon tenant un pic, travaille. Il est en chausses rouges, veste violette à crevés, et tablier jaune. Sa tête est coiffée d'un bonnet rouge orné d'une plume jaune." (Couffon) 

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Le texte du Mystère breton.

https://archive.org/stream/lemystredesain00erna#page/70/mode/2up

— Le Maître ouvrier parle à ses gens. Il faut, sans mentir, nous hâter de travailler de bon cœur; et sachez-le, nous aurons de l'argent et des biens, quand il reviendra à la maison, après avoir fait son affaire. Que chacun aille à ses outils !

Le second ouvrier. Quel était le secret dont vous parliez tout à l'heure avec tant d'animation vous et le prince ?

Le Maître ouvrier (An Mestr Mecherour) . Il m'a recommandé instamment de faire, sans faute, comme c'est son intention arrêtée, deux fenêtres raisonnables, au midi. Voilà, en toute franchise, ce qui s'est passé entre nous.

Le second ouvrier. S'il n'a ordonné que cela, ce sera vite fait. Vous n'avez rien qui vous arrête : puisque nous avons assez de matériaux, nous les mettrons en place avant trois jours d'ici.

Le premier ouvrier. Il faut vite, sans s'arrêter, les faire, et songer d'abord à nous y disposer : puisqu'il nous a recommandé expressément et, avant tout, de les faire, il n'y a pas à tarder, je l'atteste.

Sainte Barbe. Pourquoi ne feriez-vous pas ouvertement trois fenêtres côte à côte? Ce serait plus convenable, je vous l'assure. Je trouve que vous faites des bévues quand je vois que vous n'avez fait que deux fenêtres depuis que vous avez commencé. Vous avez commis là une grande faute, de ne pas faire le plan dès le premier mois ; croyez-moi, vous avez eu tort : dans une tour travaillée avec tant de soin, c'est un défaut, sachez-le, de ne voir que deux fenêtres.

Le premier ouvrier. C'est votre père, sans mentir, c'est notre maître qui nous a commandé de sa propre bouche de n'en point faire d'autre que les deux que nous avions commencées ; et nous n'oserions jamais en faire plus, puisque c'est son ordre.

Sainte Barbe. N'ayez point de peur pour votre vie; mettez-en trois, et dépêchez-vous ; ne tardez point à m'obéir, et je vous dégagerai de tout blâme, et je vous soutiendrai contre tous; je vous garantis que vous n'aurez point de mal.

Le maître ouvrier. Nous serions blâmés si nous en faisions trois : pardonnez-moi, je n'en ferai pas une de plus, car il nous a notifié sa volonté en termes très durs, et nous a défendu absolument la chose, sous peine du feu et de la tête.

Sainte Barbe. J'empêcherai que personne vous inquiète pour ce motif, sous peine d'être bien puni, je vous l'assure; et j'apaiserai certainement mon père, de sorte qu'il ne vous fera aucun reproche : je suis tout à fait sûre de mon fait.

Le Maître. Enfin, puisque vous nous exprimez ce désir, nous en ferons trois, bien mesurées, soyez-en certaine ; mais aussi si l'on nous blâme, si l'on nous fait des reproches et des scènes violentes, il faudra que vous me tiriez d'embarras.

[...] Dioscore est furieux et refuse de payer les ouvriers.

 

— Dioscore parle à sa fîlle. Or cà ! Dites-moi donc, mademoiselle, ce que vous aviez à vous mêler de ma tourelle, et quelle était votre intention, en faisant faire trois fenêtres ? Répondez-moi promptement ; il est manifeste que c'était par haine contre moi. Deux en dessous et une en haut, je ne sais pourquoi vous les avez mises, ni ce que vous songiez en faisant faire trois fenêtres au midi. Qu'est-ce que cela signifie ? Parle-moi franchement, du moins.

Sainte Barbe. Trois donnent plus de clarté que deux, le fait est certain ; c'est pourquoi j'ai ordonné à l'ouvrier d'en faire artistement trois ainsi, selon mon goût : c'est maintenant la mode.

 

Dioscore. Laisse donc ce vain et sot prétexte ; et dis-moi franchement pour quelle raison tu les as ainsi choisies.

Sainte Barbe. Je vais vous le dire tout de suite : trois fenêtres, c'est ce qu'il y a de plus convenable, pour éclairer le mieux, je le sais.

Dioscore. Dis-moi en un mot ce que tout cela signifie et en quoi cela éclaire mieux ; dis ta pensée franchement. Sainte Barbe. Je vais vous répondre à l'instant. Parce qu'il y a trois personnes dans le ciel brillant, qui ont une seule nature, une seule majesté, une seule pensée, une seule puissance, une seule dignité, un seul désir, une seule vertu, une seule volonté, une seule divinité.

Dioscore. Quel fatras me débites-tu là ? Il est bien impossible qu'il existe une pareille merveille.

Sainte Barbe. Je le dis et je le sais parfaitement ; dans le pouvoir divin de la Trinité sont intimement unis le Père et le Fils, sans mentir, avec la même dignité, et le Saint-Esprit, avec la même puissance, sans contredit. Ils sont absolument égaux, sans différence ; c'est une communauté bien unie, une alliance substantielle, une unité tout à fait complète, un seul esprit divin, une seule parole, une seule félicité, sans distinction.. Une seule substance, une seule essence, une seule vertu, une seule beauté, une seule sa- gesse, une seule unité, un seul bien, un seul état, une seule nature, une seule bonté, une seule activité, une seule immensité, une seule mesure infinie, une seule providence.

 Dioscore. Ceci n'est connu, je le sais fort bien, de personne au monde, que de loi ; et dans quel pays demeure cet être ? dis-moi jusqu'au bout ta pensée. Quelle sottise tu racontes là !

 

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Détails.

a) le verre rouge  gravé de la robe et des manches de Barbe.

b) les pièces en chef-d'œuvre, prouesse technique comme l'indique le nom : une pièce de verre coloré est serti à l'intérieur d'un autre verre, ce qui suppose une découpe circulaire . C'est le cas pour deux des pierres précieuses (émeraude et saphir) du tablier de la sainte. Les deux autres pierres étaient peut-être également serties, avant d'être rejoint par un trait de refend qui a bénéficié d'un "plomb de casse" : l'avis d'un professionnel est nécessaire.

c) le compas à pointes sèches tenu par le maître des ouvriers.

 

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE  TROISIÈME REGISTRE.

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Cinquième panneau : "Co[mm]e[n]t son père la bailla au prevost".

Sainte Barbe est livrée au juge par son père.

Au premier plan, la sainte, vêtue du même costume que précédemment mais les mains liées, est tenue par un valet, vêtu de vert, dont l'une des mains est posée sur son épaule, tandis que l'autre tient l'extrémité de la corde. Dioscore, coiffé d'un turban rouge, porte une longue tunique rouge, garnie de galons d'or avec perles blanches et à manches bleues. Il est chaussé de botte violettes, et a à la ceinture une bourse d'or à glands bleus. Il livre sa fille au juge Marcien. Celui-ci, assis sous un dais d'or garni de perlages blancs, porte un turban rouge à rayures écossaises blanc-jaunâtres et fond brun rosé. Il est vêtu d'une tunique jaune à perlage blanc, d'un manteau violet, de chausses bleues et de bottes jaunes. 

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Le terme de Prévôt est cité dans la légende du panneau. Cela tend à prouver que c'est le Mystère breton qui a inspiré ce vitrail. [Un prévôt, à la tête d'une prévôté, était  un officier de justice subalterne (ses décisions peuvent être changées par les baillis et sénéchaux) qui jugeait notamment en appel les jugements civils seigneuriaux. L'édit de Crémieu de 1536 lui donne le droit de juger certaines affaires en première instance. Les prévôtés n'existaient pas en Bretagne, hormis brièvement celles de Rennes, de Morlaix et de Lannion.]

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Détails.

a) le verre rouge gravé de la robe (mais non plus des manches).

b) Deux pièces montées  en chef-d'œuvre se trouvent sur le manteau du père de Barbe. Les "diamants" ovales du tablier de la sainte sont simplement rendus par un enlevé du jaune d'argent. 

c) les pompons de l'aumônière, marqués d'orientalisme si ce n'est d'hébraïsme.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Détails.

À gauche, le soldat qui tient ligotée la sainte porte un bonnet à plumet, parfaitement en usage lors du règne de François Ier chez les seigneurs. Un autre soldat porte un casque léonin. Mais les quatre autre hommes sont coiffés d'un turban pour indiquer leur altérité d'étrangers (par extension, ce sont les "méchants"). 

Barbe est également coiffée d'un turban, ou d'un bourrelet entouré d'une étoffe de soie et orné d'un gemme et de perles. Cela la désigne aussi Barbara comme une sainte étrangère, orientale, mais cela est atténué par le fait que cette coiffure, sous le nom de Balzo, était alors, notamment chez les belles italiennes, un accessoire fort à la mode.

Elisabeth de Requescens

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Le couvre-chef du prévôt est inspiré du bonnet conique hébraïque, non pas comme signe confessionnel, mais pour continuer à indiquer que ce juge est un turc, un oriental. Sa partie basse, en turban, est fait en verre rouge gravé pour rendre par les trois lignes blanches cette étoffe à rayures qui était utilisée pour entourer le boudin de bourre.

. Ces vies de martyre répondent à un principe constant, celui du parallèle entre leurs épisodes et ceux de la Passion du Christ. Baptême du Christ par Jean-Baptiste, Comparution devant Caïphe, Flagellation et Outrages trouvent ici leur correspondance, émaillée d'indices et de rappels.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sixième panneau : "Co[mm]e[n]t le prevost la faict battre de verges"

La sainte est battue de verges.

La sainte, entièrement nue et attachée à une colonne, est fustigée par deux bourreaux en présence du juge. Le bourreau de gauche, coiffé d'un béret rouge, porte des chausses bleues à crevés et une armure richement ciselée, blanche et or, sur un pourpoint dont on voit seules les manches à points d'or. Le bourreau de droite, casqué, porte des chausses rouges et une veste verte. Le prévôt est vêtu comme sur le tableau précédent, mais le bourrelet de son turban est rouge, sans rayures ; il porte une bourse rouge à glands bleus." (Couffon)

 

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Texte du Mystère breton.

 

— Le prévôt. En gens experts et habiles, promenez-la en la battant, qu'il ne reste mâchoire ni lèvre qui ne soit vigoureusement frappée; que son sang coule tout de suite, des sourcils à la plante des pieds. Procurez-vous de durs bâtons, et des nerfs de bœuf solides; et avec cela, commencez à la frapper cruellement, sans égard; qu'elle soit, je vous l'ordonne, bien battue, immédiatement et continuellement, tant que vous durerez

Allons ! commencez deux à deux, à présent, à la châtier ; n'y manquez pas, je vous prie; n'épargnez chair ni os, ni bras ni jambe, sans vous arrêter ; qu'elle soit brisée sans aucun repos. Faites-la renoncer absolument à son Dieu et reconnaître tout de suite nos dieux suprêmes; et si elle ne le fait pas, je le dis carrément, il ne restera veine dans son corps qui ne soit déchirée entièrement.

Agripant. Vous allez, sans tarder, la voir promener cruellement, à grands coups de bâton, croyez-le, et de durs nerfs de bœuf; son dos sera si bien battu, qu'il n'y aura pas de remède.

Le prévôt. Sois ferme et je te récompenserai.

Agripant. Vous verrez bien, quand je commencerai, que je la martyriserai cruellement, tant que je pourrai, je n'y manquerai pas ; allons, compagnons, faisons pleuvoir les coups sur ses côtes, qu'elle soit mise en pièces, sans mentir.

Claudin. Je suis bien déterminé, comme vous, sachez-le, à la battre violemment.

— Loupart. Je le jure, par ma foi, je lui en donnerai. Allons ! tenez, entendez-vous, en travers du nez et des lèvres

Glouton. Je veux la faire souffrir de toutes façons, et la tourmenter tant que je pourrai.

 Le Prévôt

Çà ! çà ! mes gens, tenez à l'honneur de la bien châtier ! Battez-la-moi bien dur et bien fort, sans faute, sans tarder et sans vous lasser ; frappez-la à coups redoublés de vos bâtons ; qu'il ne reste pas un coin de main ou de pied qui ne soit meurtri ; faites votre métier en gens consciencieux. Commencez, sans délai, avec les fléaux et les nerfs de bœuf, à l'accabler de plaies ; rendez-la déchirée, méconnaissable ; faites-la subir, sans égard et sans relâche, de cruelles douleurs, jusqu'à lui donner la mort à force de coups violents, si bien qu'on voie à nu les os de ses membres. Ne laissez pas en elle la moindre place qui ne soit déchirée. Hâtez-vous, à quoi pensez-vous donc? Déchargez sur elle une grêle de coups, pendant longtemps ; allez vite chercher de nouveaux fouets, aux nœuds durs, et avec eux, commencez à frapper sans faute. Car moi, je ne puis aucunement souffrir, je le jure, de voir injurier, par elle, nos dieux si purs, si souverainement parfaits ; aussi, à l'instant même, sans vous arrêter, frappez-la à coups redoublés, de la tête aux pieds ; maltraitez-la de votre mieux.

Ici ils se trouvent lassés et Agripant dit :

. Je suis si fatigué, que je n'en puis plus ; seigneur, regardez et voyez si elle n'est pas sérieusement châtiée.

Le prévôt. Faites-moi sa chair pleine de douleurs et sa peau en lambeaux ; frappez-la sans aucun égard.

Claudin. Ne voyez-vous pas les membres de son corps à nu, et aussi ses veines? N'est-elle pas mise en morceaux ?

Loupart. Du diable si une seule veine est restée sans qu'on la voie, tant elle est en effet cruellement martyrisée.

 Glouton. Je crois qu'à présent elle est prête, qu'on peut la montrer à tout homme vivant sans que personne la reconnaisse.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Détails.

a) La pièce montée en chef-d'œuvre se trouve être ici le médaillon du turban de Dioscore.

b) la référence au Christ lié à la Colonne de Flagellation est évidente.

c) un nimbe est apparu au dessus de Barbe, comme si elle gagnait par ce supplice ses galons de sainteté.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE QUATRIÈME REGISTRE.

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Septième panneau. Légende : "Co[mm]e[n]t les mamelles de tenailles décire[n]t ".

"La sainte, vêtue comme sur les quatrième et cinquième panneaux, est attachée à une colonne, sa robe défaite jusqu'à mi-corps ; deux bourreaux lui tenaillent les seins. Le bourreau de droite, nu pieds, porte des hauts de chausses rouges et une veste verte ; celui de gauche, caché en partie par le prévôt, est coiffé d'un casque d'or. Le prévôt est vêtu du même costume que sur le cinquième panneau, mais porte un manteau violet à manche doublées de jaune avec le bas rouge. Au dessus de ce panneau est un cartouche avec la date de 1538.

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1512211r/f155.image

Barbe est torturée par quatre bourreaux nommés Agripant, Claudin, Loupart et Glouton, sur ordre du Prévôt  afin de l’obliger à renoncer à sa foi chrétienne. Mais la martyre ne ressent rien, au grand désespoir des tortionnaires.  Voici le texte du Mystère breton :

 

Le PRÉVÔT. "Ah dea! frappez toujours, ne craignez rien : ce n'est qu'un passe-temps pour elle ! Il faut, maintenant, sur ma parole, qu'elle rende l'esprit pour de bon, au milieu des tourments et des souffrances en ce monde ; elle ne trouvera personne qui la guérisse,

Or çà, encore une volée de coups, sur son dos, son ventre et sa tête, car je voudrais la voir raide morte. Fustigez-la, sans aucun respect et sans honte, à grands coups; par ma foi, vous y allez mollement."

(Didascalie : Aman ez troucher he diu bronn  "Ici on coupe ses mamelles.")

Squegiet diff astriff he diu bronn  "Arrachez-moi violemment ses mamelles,"

Quen disacz un ha da un gonn  :  "sans plus de façon qu'à une truie"

Digoar he poull calon gronnet  : "tirez-les de sa poitrine,"

Mar guelher frost he hall costou

Gant trauell hac he bouzellou :  "qu'on voie toutes ses côtes à nu et ses entrailles"

Gruet hy entre dou badouet.  : "que la douleur la fasse défaillir."

 

 "Hâtez-vous, qu'elle soit livrée à une mort froide et douloureuse ; n'épargnez nulle partie de son corps, je vous prie ; car jamais je n'aurai de joie, soyez-en sûrs, tant qu'elle sera en vie et en santé. 595 J'ai grande hâte de voir mettre fin à sa vie en ma présence, avant que je parte d'ici ; maintenant, sur mes ordres, traitez-la le plus mal que vous pourrez, et expédiez-la sans égards.

AGRIPANT  ." Seigneur, j'ai un couteau, voyez, qui les mettrait en pièces devant vous : il vient d'être aiguisé, je crois."

LOUPART. "Mon couteau est de beaucoup le meilleur; vous le verrez les couper parfaitement, tranquillement et en un clin d'œil, sans rien craindre."

CLAUDIN . "Laissez-moi avec elle, sots que vous êtes, j'ai un braquemart, assurément, qui les tranchera très bien, je le sais, à l'instant, devant tout le monde ; elles seront coupées tout net et séparées, il n'y a point de doute."

 

N.B :Les nourrices invoquent parfois Sainte Barbe parce qu'elle eut les mamelles coupées; mais elles s'adressent surtout à Sainte Agathe qui subit le même supplice et dont on conserve encore aujourd'hui l'un des seins à Catane. 

Dans le Mystère en français et en cinq journées, le Prévôt se nomme Marcian et les bourreaux Contrefoy, Marinart, Marpault et Talifart.  Les répliques sont plus sobres qu'en breton :

 

CONTREFOY : Ah Marinart que tu es flasque Retourne , apporte des couteaux.

MARINART : Je leur fais des dents à monceaux Ainsi qu'on fait à une scie.

MARPAULT : Je te supplie et que je scie

Tout le premier cette mamelle

Gentille, imagere et formelle

En beauté parfaite et formée

Vous serez icy difformée

Puisqu'à nous êtes exposée.

TALIFART

Soyez vous faut à reposée

Après me faudra employer

A la scier un bien petit.

MARCIAN

Sciez, sciez, car elle ne dit

Mot ne demi, elle ne sent rien.

BARBARA.

Que dirai-je, trop félon chien

tiran cruel, très dépiteux.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Détails.

Nous retrouvons comme de vieux amis  les verres rouges gravées du bonnet du Prévôt et de la robe de Barbe, et le chef-d'œuvre de l'émeraude de son tablier.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5 (1538), Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Huitième panneau. Légende: "Co[mm]e[n]t elle fut guérie par les anges".

"Après sa torture, la sainte, les mains liées, est condamnée à être conduite nue à travers la ville. Un ange, à ailes d'or et robe violette, pose sur son corps un manteau de damas or, tandis qu'un autre, en robe rouge et ailes d'or, la touche pour la guérir. Le bourreau, tenant la corde lui liant les mains, a des bas jaunes, des chausses bouffantes violettes à crevés, un pourpoint rouge à manches jaunes à crevés ; il est coiffé d'un béret rouge. Un garde, casqué d'une bourguignotte à couvre-nuque et jugulaire, porte un pourpoint vert à col d'or. Dans le fond, le palais en grisaille bleue avec pointes de jaune d'argent." (Couffon)

 

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE TYMPAN.

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"Dans les deux mouchettes du bas du tympan, sainte Barbe a la tête tranchée par son père.

 Puis, dans les deux mouchettes au-dessus, Dioscore est foudroyé et emporté par un démon ; enfin, dans la mouchette supérieure, au haut du vitrail, sainte Barbe est conduite au ciel par deux anges. On a beaucoup discuté sur le carton de ce vitrail que plusieurs auteurs ont attribué à Jean Cousin. Il faut pour cela n'avoir jamais vu un vitrail de cet artiste au « rayé » si spécial, ni n'avoir étudié son oeuvre aux personnages allongés et aux fabriques à pyramides ou colonnades circulaires si caractéristiques. " (Couffon)

 

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Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie n°5, Vie de sainte Barbe, église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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COMMENTAIRES.

 


"Ainsi que dans le vitrail voisin de saint Jean Baptiste, nous trouvons sur les costumes une profusion de damas et de perlages, spécifique de l'école des Pays-Bas, que l'on retrouve, par exemple, dans la célèbre parenté de la Vierge de Corneille Van Koninxloo.

"D'autre part, tant les académies que la figure de sainte Barbe dénotent l'influence de Lucas de Leyde. Est-ce à ce dernier artiste qu'il faut attribuer le carton des vitraux de Moncontour, comme plusieurs de ceux de Beauvais utilisés par Enguerrand le Prince, est-ce à l'un des nombreux artistes qui, à Anvers, hésitaient au debut du XVIème siècle entre les tendances de Dürer et celles de Jean Gossaert et de Lucas de Leyde, il est impossible de le dire en l'absence de documents.

"Ces vitraux furent-ils achetés directement en Flandre ou exécutés par un atelier breton ? L'énigme reste également entière. Toutefois, à quelques année de là, nous voyons à Rennes un atelier, dont la production fut très importante, exécuter des œuvres offrant de telles analogies avec les verrières de Moncontour qu'il n'est pas impossible de lui attribuer également ces dernières. Quoiqu'il en soit, l'influence de ces vitraux fut, ainsi que nous le verrons, considérable sur les ateliers régionaux voisins." (Couffon)

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Couffon, BnF Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f270.item

Couffon, BnF Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f270.item

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ANNEXE. PRÉSENTATION DES MYSTÈRES. ( PETIT DE JULLEVILLE)

 

https://ia601409.us.archive.org/9/items/lesmystres02petiuoft/lesmystres02petiuoft.pdf

I SAINTE BARBE (en cinq journées)

Manuscrit. l'Incipit liber béate barbare. Biblioth. nationale, Fr. 976 (anc. 7299,3. Cangé, 11.) Vol. in-4°, medioc. 376 ff, lignes longues. Papier xve siècle . Ce mystère est tout entier en vers français ; mais le titre, les rubriques et toutes les indications de mise en scène sont en latin. Il ne faut pas confondre cette Vie de sainte Barbe, manuscrite, en cinq journées, avec la. Vie de sainte Barbe, imprimée, en deux journées, dont il sera parlé plus loin. Le premier mystère est à cent personnages, le second à trente-huit.

2°. Bibl. nat. Fr. 24335 à 24339 (La Vall. 75, 1 à 5). Copie moderne du précédent. Chaque journée fait un volume. En tout 1 125 pages. Cette copie est intitulée : Vita vel tragaedia bealae Barbarae virginis et martyris, (ilia (sic) Uioscori régis Sisten in Palestina, sub Maximiano imperatore, in quinque dies divisa. Une autre copie, du xviii" siècle, est à la Bibliothèque de l'Arsenal, n"^ 3496 et 3497 (anc. 273).

Cent personnages (parlants) : Au paradis : Dieu ; la Vierge; Anges (Michel, Gabriel, Raphaël, Uriel, Chérubin, Séraphin) ; saint Jean-Bapliste, l'ame de Barbe. Sur la terre : Honorius, pape ; cl trois chapelains ; le roi de Chypre, ses chevaliers (Chanibelloys, Mousset, d'Argouze); son messager (Pontzonnet); son connestable,et les chevaliers du connestable (Jaspar de Ri- chefleur, Bertault, Bruysart); son amiral, et les chevaliers de l'amiral (Yvan de Vausac, le Bourg de la Raque, et Blandchaudin) ; Origene, docteur, evesque d'Alexandrie ; son clerc (Blondelet); Ysachar, prestre; saint Valenlin, prestre; Liepart, capitaine d'Alexandrie; Moradin et Yvroin, soldats; Norain et Maleteste, gardiens des portes d'Alexandrie; Jousquin, pèlerin; l'ymagier; Dioscorus, père de Barbe, roi de Sisten, en Palestine; Barbe, sa fille; Galathée, damoiselle de Barbe; Flori- mond, Laomedon, Adrascus, soldats de Dioscorus; Brandinas et Palaniides, ses chevaliers; Grongnard, Corniberl, Roullarl, bourreaux; Lancevent, messager; Marcien, prevost de Nicomedie; Alimodes, Pcrseus, ses chevaliers; Conlrefoy, Marinart, Marpault, Talifart, ses bourreaux; maistre Amphoras: maistre Alphons docteurs; Amphiteas, Jozas, prestres, payens; le maire de Nicomedie; ses gens (Fervault, Charlin) quatre femmes, Thamaris, Galathea, Cassandra, Athallenta ; ïhescus, Antheon, payens; Josset, orfèvre; Gandeloche, Murgalant, maçons; Gourlant, Bourle, pasteurs; Briffault, démoniaque, Mallepart, chartrannier; Maliverne, aveugle; Malnourry, boiteux; Linart, sourd; Clicquepate, et Malaisé, pauvres ; Dyogene, gouverneur d'Egypte sous Maximien ; Bruant, Frigolant et Gombault, ses chevaliers; Braconnet et Brisevant, ses messagers; Rifflemont, prince persan; Rigault et Brucher, ses chevaliers; l'ame de Dioscorus; Diables : Lucifer, Sathan, Astaroth, Leviathan, Berith, Belial, Belzebuth; le fou (Stultus).

Dans le manuscrit 976, la première journée occupe les feuillets 1-66. La seconde, les feuillets 67-158 (P" 159-160 sont blancs). La troisième les feuillets 161-235 (f» 236 est blanc). La quatrième les feuillets 237-291 (f° 292 est blanc). La cinquième les feuillets 293-376. Le nombre des vers est de vingt mille environ : 11 n'y a ni prologue ni épilogue.

–Premiers vers: 

  REX DYOSCORUS Ha Jupiter et Baratron, Caliu, mon souverain patron, Mercure, Mars, Dieux haullz clamez, Tcrvagaut. Plieton, Licaon, Oncques cueur humain ne m'a lioni Autant que je vous ay aimez.

– Derniers vers :

Or sus, grande révérence, Chappellains, portez ceste ymaige. l'RIMUS CAPPELLANUS Nous le ferons de bon conraige Pour l'onneur de la sainctc vierge. Chacun porte torche ou cierge Et allons sans séjourner plus, Chantant Te Deum laudamus.

Les marges du manuscrit sont remplies d'indications relatives à la mise en scène. La plupart du temps ces rubriques sont en latin. Ainsi, à l'entrevue de Barbe avec son père (folio 6 v") : Veniat Barbara ante patrem et salvet eum se inclinando, et Rex descendat de calefato et slet in ludo prope, super unum scamnum prœparalum, cum suis militibus. Quelques indications sont pourtant en français : « Nota que maistre Amphoras et maistre Alpbons doivent estre ou jeu auprès Nicomedie, et fault qu'ilz ayent une table couverte d'un tappiz et des livres dessus miz, et doivent estudier. » (folio 9).

Plusieurs de ces notes marginales offrent des renseignements curieux. On voit qu'à diverses reprises une véritable cavalcade traversait la scène : « Ascendat super equos Rifflemont cum suis militibus. » Ailleurs il se livre un petit combat de cavalerie.

Au reste l'auteur admettait que son œuvre ne fut pas représentée en tous lieux avec la même mise en scène (f" 136 r) : « Appropinquent Rifflemont, Rigault et Brucher civitatem secundiim exigenciam loci, et maneant ceteri loco pristitio. » La multiplicité des lieux où l'action se passe pour ainsi dire simultanément, rendrait tout à fait inexplicable la représentation de ce mystère, si l'on ne devait tenir compte de cette circonstance qu'il est en cinq journées. Certaines dispositions de la scène, utiles pendant une seule journée, disparaissaient pendant les autres. On lit ainsi (303 b) : Fiat motu in ludo ubi decolatio eril fada. De la même façon le cimetière de Saint-Galixte in medio ludo ne servait que dans la cinquième journée, et ne devait être disposé qu'après que la quatrième était finie, peut-être même pendant une des pauses de la cinquième journée.

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(Première journée.) Dioscorus, roi de Nicomédie, veuf depuis peu et fort affligé, fait pour se distraire, instruire sa fille Barbe par deux docteurs (dont l'un s'appelle maître Alphons et l'autre maître Amphoras). Ces maîtres font lire à la jeune fille cent auteurs, dont Boccace, qui vécut au XIVe siècle. Ils lui exposent toute la mythologie. A la fin Barbe s'endort; et pendant son sommeil la sainte Vierge prie Dieu d'éclairer cette jeune âme. La leçon reprend ; mais cette fois Barbe fait de terribles objections à l'existence des dieux païens et réduit les docteurs au silence.

Peu après le roi célèbre un sacrifice solennel ; pendant la cérémonie, Barbe s'entretient avec un chrétien obscur dont les paroles jettent dans son âme les premiers germes de la foi.

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(Seconde journée.) Rifflemont, prince de Perse, est devenu amoureux de Barbe pendant la cérémonie ; il la demande en mariage; la princesse le refuse, Comme elle demeure dans une sorte de tour que son père lui a fait construire, elle y reçoit en secret un chrétien qui lui est envoyé d'Alexandrie par Origène. Lucifer pour se venger inspire à Dioscorus l'idée de persécuter les chrétiens. Il vient les assiéger dans Alexandrie, qui est presque toute chrétienne ; mais il est repoussé avec perte par Origène.

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(Troisième journée.) Saint Jean-Baptiste en personne vient baptiser Barbe. Dioscorus est de retour, et en fureur contre les chrétiens ; c'est à ce moment que sa fille lui avoue sa foi. Il veut la percer de son épée, elle lui échappe miraculeusement; mais bientôt on la retrouve et on la jette en prison. Le roi la livre au prévôt Marcian, qui la fait cruellement fouetter.

(Quatrième journée.) Barbe, attachée nue à unpoteau, loue Dieu pendant que les bourreaux se fatiguent à la battre. Puis on la ramène en prison, où Dieu et les Anges viennent la visiter. Tirée de sa prison une seconde fois, elle voit son corps déchiré par des peignes de fer, brûlé par des torches ardentes ; on veut écraser sa têle sous des maillets d'acier, mais on n'y peut parvenir ; on lui arrache les seins; on la condamne à être promenée nue par la ville ; au moment où on va la dépouiller, une tunique est jetée sur elle par un ange et ses bourreaux deviennent aveugles. Barbe leur rend la vue par ses prières. Le prévôt déconcerté la renvoie à Dioscorus.

(Cinquième journée.) Dioscorus fait rouler sa fille dans un tonneau armé de clous, sans réussir à la blesser. Alors, la traînant par les cheveux sur une montagne, il lui coupe la tête. Aussitôt il est foudroyé ; son âme est emportée aux enfers pendant que celle de sa fille est conduite au ciel  par les anges. Scène infernale; les diables bafouent Dioscorus en chantant et en dansant un branle. Puis saint Valentin ensevelit le corps de sainte Barbe, et sur son tombeau un aveugle, un boiteux, un sourd, un démoniaque, sont miraculeusement guéris. Un singulier épisode termine la pièce.

Une armée chrétienne vient de Chypre et d'Alexandrie mettre le siège devant Nicomédie ; la ville est prise et tous les païens tués. Deux chrétiens qui ont péri ressuscitent sur le tombeau de Barbe. Le corps de cette sainte est emporté pompeusement à Rome et déposé au cimetière Saint-Galixte en présence du pape Honorius.

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Il y a dans cette pièce un rôle important, mais qui n'est pas mêlé au drame ; c'est celui du stultus ou fou. A différents intervalles, et jusqu'au milieu du martyre de la sainte, il s'avançait en scène, chargé de distraire et d'égayer les spectateurs par les folies qu'il leur débitait, et qu'on lui laissait improviser et varier à son gré ; dans d'autres mystères le rôle du fou est écrit tout entier. Ici, le texte porte seulement plusieurs fois : Stultus loquitur ; mais nous ignorons ce qu'il disait, et s'il improvisait en vers ou en prose.

Notons quelques particularités du texte. Au sacrifice de la première journée, les païens disent quinze prières en vers rétrogrades; c'est-à-dire disposés de telle sorte qu'on peut les lire dans l'ordre inverse, et trouver un sens : nous citerons la plus curieuse de ces prières ; c'est une femme, nommée Athallenta, qui parle.

Dieux infiniz par la vostre puissance,

Bessez ung pou des femmes le langaige.

A leurs mariz mainteffoiz font nuisance

Par trop parler, par fierté de couraige.

Se parloient pou ce seroit avantaige ;

Bon leur seroit avoir humilité.

Les mariz ont deshonneur et dommaige,

Quant femmes ont par foiz auctorité.

Une autre femme, nommée Galatea, répétait ce couplet, en commençant par le dernier vers. Il y a dans ce mystère un grand abus de tirades théologiques, par exemple dans la lettre d'Origène à Barbe, dans les discours d'Ysachar à la jeune fille, et en général dans tous les rôles des personnages chrétiens. La partie pathétique et tragique est presque partout très faible, de style et de pensée. La partie comique ou simplement familière est beaucoup meilleure. Nous citerons un morceau de ce genre. Quand Barbe est demandée en mariage, Dioscorus consulte ses conseillers :

Chacun de vous peult bien scavoir

Que Barbe est encor trop jeunette

Pour marier, et bien tendrette.

Dioscorus, qui aime sa fille pour lui-même plus que pour elle, voudrait la garder auprès de lui, et ne s'en cache point :

C'est toute ma prospérité,

C'est mon solas, c'est mon reffuge

Et pour ceste cause, conclu-je...,. De mon gré ne la mariray.

Les conseillers du roi osent n'être pas de son avis, et blâment assez franchement cet égoïsme paternel. Dioscorus doit sacrifier sa tendresse à l'intérêt de sa fille.

Prenez son bon eur quand il vient,

disent-ils assez heureusement. Le roi n'entend pas ce langage, et ne peut se résigner à se priver de son enfant.

C'est mon trésor, c'est ma richesse ;

C'est la fleur de ma gentillesse ;

C'est ce qui fait mes yeulx repaistre.

Par Apolin qui me fist naistre,

J'aimeroys trop mieulx par fortune

Perdre mes chevauix, ma pecune,

Voyre ma terre grant et lée,

Que d'avec moy s'en fust allée

Et j'en perdisse le regard.

 

Les conseillers reviennent à la charge avec des arguments curieux :

 

Fault-il donc qu'el perde son bien

Pour vostre plaisir seuliement ?

La cuidez vous donc longuement

Garder en une tour enclouse,

Et que jamais ne soit desclouse?

Cela n'est pas bien prouffitable ;

Et ce chemin est trop doubtable.

Quar par garson, ou par meschine,

El pouroit tantost estre incline

A faire mal, ou desraison.

Puis que l'on vous offre raison,

Je vous pry ne le reffuser.

La ferez-vous son temps user

En une tour, en solitude ?

Pensez que s'el mect son estude

A quelque maulvais pensement,

Tousjours continuellement

Y pensera, veuillez ou non....

Femme seulle en tour ou en salle,

Est toute divine, ou brutalle.

L'aventure en est bien doubteuse,

Bien dangereuse, et périlleuse.

Pensez que jeune, et fille, et tendre,

Peult souvent mal faire et mesprendre...

Chacun doibt le plus toust qu'il peult

Sa fille mettre en mariage ;

Qu'on cuydc garder longuement

Ce que l'on pert subitement.

Tel cuyde fille garder bien

A qui la garde n'en vault rien....

Les mêmes conseillers font un portrait peu flatté des filles de leur temps, c'est-à-dire des filles du xve siècle, puisque l'auteur, nous le savons, ne peint jamais que ses contemporains, la scène fut-elle en Nicomédie, et du temps de Maximien, comme il arrive ici. Les défauts qu'ils blâment en elles sont d'ailleurs ceux que de tout temps les moralistes un peu grondeurs aiment à reprendre chez les jeunes femmes.

Voyez les filles du présent.

Comme sont mal morigénées,

Les aulcunes sont inclinées

A joliveté, convoitise,

A jeuz, les quels rien je ne prise,

Aux regards sotz et dissolutz,

A maintiens mauditz et polluz...

Elles contrefont les maistresses,

Et parlent en maintes manières.

Et ont les langues si legieres

Qu'elles semblent estre avocatz,

Tant comptent hardiment ung cas;

Et si advient que père ou mère,

Oncle, tante, seur ou frère

Les reprennent par grant doulceur,

Ilz prennent tout ce par rigueur (folios 70-73)

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II. SAINTE BARBE. (En deux Journées.)

Editions.

— La vie et hystoire de madame saincte barbe par personnaiges avec plusieurs des miracles d'icelle et si est a trente et huit personnaiges dont les noms s'ensuivent. Paris, Vve Trepperel et Jehan Jehannot, in-4° goth. de 30 ff. à 2 col.

— La même, Rouen, Jehan Burges, sans date, pet. in-i" goth., 28 fl\ (vers 1520).

— La même, Paris, Pierre Sergent, pet. In-io goth., 28 ff.

— La même... à quarante personnages. Nouvellement revue et mise en son entier, et corrigée tant au sens que a ia rithrae. Paris, Simon Calvarin, in-4° goth., 30 iï. à 2 col.

— La même, Lyon, Olivier Arnoullet, 1542, pet. in-8» goth., 79 ff.

— La même, Lyon, Pierre Rigaud, 1602, in-16. de 79 ff.

— La même, Troyes, Nie. Oudot, sans date (commencement du XVii« siècle), in-16, 58 ff.

 

3500 vers environ, quarante personnages (la liste de l'édition originale a omis l'aveugle et le boiteux). Sathan; Leviathan; Astaroth ; Crochart; Reliai; Lucifer; la folle femme; le messaigier de Marcian ; le premier chevalier deiMarcian; Marcian empereur; le deuxiesme chevalier de Marcian; le messagier Dioscorus ; le premier chevalier Dioscorus; Dioscorus roy; le deuxiesme chevalier Dioscorus; la royne; Rarbe ; la première, la seconde, la tierce pucelle; le premier, le second, le tiers, le quart tirant; le chartrenier; le premier chevalier du prevost ; le prevost ; le deuxiesme chevalier du prevost; l'evesque de la loy; le prestre de la loy; le premier, le second masson; le premier, le second pastour; Therniite; Dieu; Gabriel; Michel; l'aveugle ; le boiteux. « L'acteur » fait, selon l'ordinaire, la désignation des divers person nages et résume d'avance la pièce. Il paraît y avoir eu onze échafauds dis tincts : le paradis ; l'échafaud de Marcian et de ses gens; celui de Dioscorus; la chambre de Barbe; l'échafaud des quatre tirants; peut-être une place distincte pour les messagers ; la chartre de l'empereur : On n'y voit clarté ne lueur Au parfond quant on y regarde. L'échafaud du prevost ; celui des pauvres ; le gibet ; la chambre où Barbe sera enfermée avec une femme de mauvaise vie; enfin l'enfer.

Devant vous ay tout publié.

Il n'y a plus que cest hermite

Que j'avoys icy oublié.

Puis l'acteur demande le silence, et prend ses précautions contre la censure :

Si nous disons riens contre droit

Et contre la saincte escripture

Nous le revocon cy endroit.

« Ouo finito, meretrix cantet quamdara cantilenam voluntariam etfaciet signa araoris illicite. » Ce que l'édition Caluarin traduit : « Icy la folle femme se présente et commence en chantant la chanson suyvante ou autre, avec gestes d'amour dissoluz et lubriques. »

Voicy la chanson (édition Caluarin) beaucoup plus décente que la note :

Tant que vivray en aage florissant

Je serviray amour, le dieu puissant,

Eu faictz, en ditz, en chansons et accords.

Par plusieurs jours m'a tenu languissant,

Mais puis après m'a fait réjouissant

Car j'ay l'amour de la belle au gent corps.

L'action commence après cette chanson. Dans la première journée l'empereur décrète la persécution contre les chrétiens. Le roi Dioscorus et sa femme s'en vont en voyage, laissant Barbe leur fille enfermée dans une tour très forte ; ce qui n'empêche Barbe, mal gardée par deux pucelles qui s'oublient à jouer au trente et un, d'être convertie et baptisée par un ermite. Les démons pour la perdre sont déchaînés sur la terre.

Dans la seconde journée, Dioscorus revient, apprend que sa fille est chrétienne et tout d'abord veut la tuer ; puis la livre à Marcien qui , après l'avoir torturée d'une horrible façon, la livre à une femme perdue chargée de corrompre la jeune vierge. Mais c'est Barbe qui exorcise et convertit la tentatrice, puis bat le diable, dont elle la délivre.

Alors Marcien renvoie Barbe à Dioscorus, qui décapite lui-même sa fille. L'âme de la sainte est portée au Ciel; des miracles accomplissent sur sa tombe. Les démons emportent ses bourreaux.

L'ermite termine la pièce en disant ces vers :

Or est morte la vraye martire !

Dont je requier Dieu, nostre sire,

Qui luy face pardon a l'ame.

Helas ! c'estoit tant bonne dame !

Je luy donné crestienté,

Et la mis dehors d'orphenté ;

Dont en paradis est saulvée. Elle fut en bonne heure née.

En louant le Dieu de lassus

Chanton Te Deum laudamus.

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SOURCES ET LIENS.

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— CASSARD (Jean-Christophe), En Bretagne au Moyen Âge, l'impensable sainteté féminine ? In Luc Capdevila, Sophie Cassagnes, Martine Cocaud,  et al.Le genre face aux mutations, p. 55-69

 

COUFFON (René), [1935]  Contribution à l'étude des verrières anciennes du département des Côtes-du-Nord, Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord. T. 67 1935, pages 167-171

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f196.item

— ERNAULT (Emile), 1885, Le Mystère de Sainte Barbe, tragédie bretonne, texte de 1557, publié avec traduction française, introduction  et dictionnaire étymologique du breton moyen, Société de Bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne, Nantes 1885 404 p, in 4°

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k736792/f11.image.r=Ernault+barbe.langFR

https://archive.org/details/lemystredesain00erna

—  Mystère de sainte Barbe en breton Aman+ ez dezraou buhez santes Barba dre rym , eues maz custumer he hoary en goelet Breiz. Gant euriou an itron sanctes Barba hac he Offic̜ou amplamant, éditeur E Montroulez, gant Ian Hardouyn, MDCXLVII (1647) BnF RES-YN-16

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1512211r

— LE MYSTERE DE SAINTE BARBE en cinq journées BnF Fr 24335-24339

http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc53179v

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum vol. VII, Presses Universitaires de Rennes.

 

 

MONCONTOUR (SITE DE L'OFFICE DU TOURISME DE) .

http://www.tourisme-moncontour.com/Vitrail-saint-yves_fiche_1796.html

 

MONTAROU (Virginie), Saint Yves entre le Riche et le Pauvre, in Saint Yves et les Bretons, Culte, image et mémoire (1203-2003).pages 215-228.

http://books.openedition.org/pur/22412?lang=fr

 

— PETIT DE JULLEVILLE (Louis), 1880,     Les Mystères, in Histoire du Théâtre en France, Paris, Hachette.

https://archive.org/stream/lesmystres02petiuoft#page/488/mode/2up/search/barbe

INFOBRETAGNE, Les vitraux de l'église de Moncontour..

http://www.infobretagne.com/moncontour-eglise-vitraux.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
20 mars 2018 2 20 /03 /mars /2018 18:41

Les vitraux de l'église de Moncontour (22). I. La baie 7 : la verrière de la vie de saint Yves (1537). 

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Voir aussi  sur les groupes de Saint Yves entre le Riche et le Pauvre :


 

 

 

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Sur les vitraux de Moncontour, voir :

 

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Sur les vitraux "du groupe rennais" du XVIe siècle, voir 

 

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Sur les vitraux de Moncontour, voir :

Le vitrail de l'Arbre de Jessé ou baie 6 de l'église de Moncontour, vers 1538.

. Pour tous les 1330 autres articles de ce blog utilisez l'onglet "rechercher".

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"L'église Notre-Dame et Saint-Mathurin de Moncontour possède six vitraux anciens, qui forment l'un des les plus remarquables ensembles vitrés du XVIe siècle en Bretagne. Cet ensemble a été réalisé entre 1520 et 1540 environ en plusieurs temps et par plusieurs ateliers différents... Les trois verrières nord de l'église (baies 3, 5 et 7) se distinguent de toutes les autres par leur exceptionnelle qualité. Pour cette raison, et par leur caractère "très français", René Couffon comme Jean Lafond (*) proposent de les rattacher à la production rennaise contemporaine. D'eux d'entre elles sont datées, respectivement, de 1537 (baie 7, vie de saint Yves) et de 1538 (baie 5, vie de sainte Barbe) " (Gatouillat et Hérold 2005 p. 82).

(*) Dans Le vitrail français (1958, page 235), Jean Lafond souligne l'importance des peintres verriers de rennes, auxquels il attribue les "œuvres très françaises" des Iffs, de La Guerche, de La Ferrière et de Moncontour".)

"Peut-être les œuvres les plus séduisantes du XVIe siècle breton. Ces trois suites narratives, vies de saint Yves, de sainte Barbe et de saint Jean-Baptiste réalisées vers 1537, sont en effet d'une exceptionnelle richesse, d'une exécution et d'une ornementation brillante. Elles ont la qualité des verrières normandes du temps et pourraient puiser leur source dans la peinture flamande, anversoise peut-être. Antérieures à l'activité documentées de Michel Bayonne, elles ne doivent en aucun cas lui être attribuées, mais semblent être en mesure d'être reconnues comme une manifestation de la façon de rennes, dont seraient soulignées la diversité, aussi bien que les dénominateurs communs : le damas jaune des costumes de Moncontour ne se retrouve-t-il pas identique dans la verrière d'axe de Beignon ?".Gatouillat et Hérold 2005 ).

 

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"Il est remarquer que les architectures sont très trapues et même lourdes, telles que l'on en trouve dans certains vitraux d'Ille-et-Vilaine, d'ailleurs excellents, à la Baussaine, Champeaux, etc.
Nous croyons donc que c'est peut-être à un atelier de Rennes qu'il faut attribuer ce beau vitrail, sans toutefois en avoir la moindre certitude.
Ce vitrail a beaucoup d'analogie avec les vitraux voisins de sainte Barbe et de saint Jean, notamment dans la facture des décors des architectures renaissance, où le jaune d'argent est répandu à profusion. Les tons des verres sont également les mêmes, les fabriques des fonds également, peintes en bleu foncé avec touches de jaune d'argent. Il y a cependant, dans certaines parties, de grandes différences d'exécution, peut-être à cause des restaurations, peut-être aussi parce que le maître verrier n'avait dans le premier cas aucun carton et pour les deux autres des cartons flamands.
Par exemple, si l'on compare l'ange assistant saint Yves à sa mort et l'ange du baptême de sainte Barbe, l'on voit aux deux la même robe jaune tandis que la facture des figures et des chevelures diffère profondément." (Couffon)

 

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Ainsi, cette baie 7 offre-t-elle deux sources d'intérêt : l'une, iconographique, est de découvrir des scènes de la Vie de saint Yves complétant le très fréquent tableau d'Yves entre le Riche et le Pauvre. L'autre, stylistique, est d'étudier l'activité de cette production "rennaise" du deuxième quart du XVIe siècle.

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Haute de 7 mètres et large de 1,90 m, la baie 7 comporte 3 lancettes — celles de droite et de gauche cintrées) de 21 panneaux, divisés en trois registres, et un tympan à 5 ajours et 2 écoinçons. Elle a été restaurée et complétée en 1891-1893 par l'atelier parisien d'Albert Bonnot.

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"Ce vitrail, qui orne la dernière fenêtre de la longère nord, près du pignon ouest, est consacré aux oeuvres de miséricorde accomplies par saint Yves.

La fenêtre est divisée verticalement par deux meneaux en trois lancettes. Chacune des lancettes renferme six panneaux de verre peint, réunis deux à deux pour représenter un tableau. Chaque lancette comporte ainsi trois tableaux, séparés entre eux par de lourdes architectures renaissances sur lesquelles s'étale toute la grammaire décorative : arabesques, puttis, bustes de faunes, petits bustes de femmes, dauphins affrontés, coquilles, etc., etc. Des colonnes torses et cannelées supportent ces architectures.
Notons que, dans toutes les scènes à l'exception de la troisième, saint Yves porte le costume d'official, cotte et camail rouge, housse blanche parsemée d'hermines, chaussons violets, et qu'il est coiffé d'un béret rouge. " (Couffon)

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REGISTRE INFÉRIEUR. SAINT YVES ENTRE LE RICHE ET LE PAUVRE.

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Elle est disposée sous une travée d'architecture dont les  supports portent chacun un cartouche  avec la date de 1537. 

"Toute la partie inférieure de ce tableau a été refaite.
Au centre, devant un damas vert bordé d'un galon d'or perlé et frangé de bleu et or, le saint tient à la main le rouleau du procès. A gauche, le pauvre, en souliers blancs, chausses trouées et rapiécées, manteau gris à ceinture rouge, et portant à la main son bonnet jaune.


A droite, le riche, en toque rouge à ornements jaunes, houppelande violette doublée de fourrure, tunique de damas or s'ouvrant sur une fine chemise, ceinture verte, bourse bleue, bas des manches et chausses rouges, fourreau d'épée violet.

A gauche et à droite des deux derniers personnages, fabriques analogues aux précédentes. Les deux colonnes portent chacune un cartouche avec la date de 1537.


L'on a voulu reconnaître dans les lointains des paysages des environs de Tréguier et faire honneur de ce vitrail aux verriers de cette école. Or, si l'on examine attentivement les fabriques, l'on voit qu'il n'en est rien et qu'elles sont semblables à celles des graveurs flamands, qui, comme l'on sait, les avaient eux-mêmes empruntées aux Lombards . D'autre part, les riches perlages des costumes, les angelots, les petits bustes des architectures, dénotent également une influence flamande très caractéristique, influence de Flamands imbus de la Renaissance italienne." (Couffon)

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La scène se déroule sur une tribune  de style Renaissance inspirée par les monuments romains. Une longue architrave de marbre blanc est ornée d'entrelacs contournés dorés, et porte un appareil où alternent les pots à feu, les putti, ou des candélabres. Une tenture verte  y est suspendue, bordée d'orfrois à perles et gemmes, ourlée de franges, et frappée de décors damassés de grenades. Le sol est dallé de marbre bicolore  bleu clair et gris. Le point de fuite de la perspective correspond à la tête du saint. 

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Source BnF Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4541886/f440.item

Source BnF Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4541886/f440.item

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Mathurin Méheut, "Vive la Saint-Yves", crayon gouache, papier, 17 mai 1936. Musée Mathurin Méheut de Lamballe

Mathurin Méheut, "Vive la Saint-Yves", crayon gouache, papier, 17 mai 1936. Musée Mathurin Méheut de Lamballe

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En 1537, l'artiste pouvait avoir accès à l'une des quatre éditions successives des Grandes Croniques de Bretaigne d'Alain Bouchart rédigées à la demande d'Anne de Bretagne et éditées pour la première fois en 1514 par Jehan de la Roche pour Galliot des Près. Le chapitre XX du quatrième livre est consacré à saint Yves, avec une gravure montrant Saint Yves et le Pauvre.

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Il pouvait y lire :

"Et neautmaintz qu'il feust official de Treguer, si fut il advocat des pouvres et miserables personnes, et s'emploioit bien voluntiers à pacifier les parties et à les mectre d'acord ; car par tout où il congnoissoit pouvres gens qui pleidoient, il prenoit la charge de leurs causes, et, s'il les congnoissoit desraisonnables, il les mectoit d'acord et ne les soustenoit en procès ; et où il veoit que les pouvres gens avoient bon droit et n'avoient de quoy poursuivir leurs procès, il  conduisoit à ses dépens les appellations des sentences donnees es bons procès des pouvres jucques à Rennes et à Paris, tellement qu'il en venoit à bon chef, car il avoit tousjours Dieu avceques luy". (Grandes croniques, folio 147)

 

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Saint Yves et le Pauvre, Grandes croniques de Bretaigne d'Alain Bouchart, 1514.

Saint Yves et le Pauvre, Grandes croniques de Bretaigne d'Alain Bouchart, 1514.

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Le Pauvre.

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Déguenillé comme il se doit, il tient respectueusement son chapeau de feutre à la main. Il est vêtu d'une chemise boutonnée sur le devant et serrée par une ceinture rouge, d'une veste bleue, de chausses rapiécetées, et de méchantes chaussures dont les pièces de cuir ne protègent pas les orteils. 

Les deux genoux du Pauvre sont fléchis, ce qui contribue, comme le fait qu'il soit en marche vers la droite et représenté de profil, à s'opposer au Riche, campé de face, jambes écartés, parfaitement d'aplomb. Le pauvre homme est le plus petit des trois protagonistes. Il est voûté, ses cheveux sont blancs et mal peignés, ses lèvres crispées par l'amertume et la peur.

En arrière plan, une montagne domine une vallée où coule un fleuve.

Comparez avec Le Vagabond de Jérôme Bosch (entre 1490 et 1510)

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Saint Yves.

La partie inférieure de la figure du saint refaite.

Le saint  porte le costume d'official, c'est à dire de Juge des affaires ecclésiastiques :  la cotte et le camail rouge, le surplis blanc parsemée d'hermines, les chaussures violettes. Il est coiffé d'un bonnet rouge proche de la barrette. Il est tourné vers le Pauvre et il lit avec un sourire bienveillant sa défense (son placet), qui tient sur une feuille de parchemin. 

 

« Les vitraux de Moncontour et ceux des Iffs présentent ainsi de nombreux points communs, sans que l’on puisse parler de copies : tunique rouge et surplis blanc orné d’hermines pour saint Yves, tenue et posture assez proches pour le riche.

Une autre grande qualité demandée aux prêtres est d’afficher un caractère calme et pacifique. Le visage d’Yves Hélori apparaît ici serein et accueillant, n’exprimant aucune passion mais seulement une certaine béatitude. Enfin, le bon prêtre doit posséder certaines vertus. Les deux premières grandes qualités, particulièrement mises en valeur dans l’iconographie du groupe, sont l’équité et l’incorruptibilité de l’homme de Dieu. Il faut rappeler que le clergé avait des compétences judiciaires et qu’Yves Hélori avait exercé la charge d’official ou juge ecclésiastique. Dans tous les groupes, des plus anciens aux plus récents, saint Yves refuse l’argent du riche ou repousse ses propositions indécentes d’un geste de la main. Le message ainsi illustré est le suivant : la justice divine, matérialisée parfois par la présence de la colombe, symbole du Saint-Esprit, n’est pas accessible à la corruption, par opposition à la justice humaine. Écartant le riche, saint Yves est souvent représenté penché ou simplement tourné vers le pauvre pour mieux l’écouter, pour prendre les éléments de son sac à procès voire pour le protéger des attaques du puissant plaideur. Sur le vitrail des Iffs, le saint tend la main pour prendre le placet du pauvre et sur celui de Moncontour, il lit les plaintes du malheureux. Les hommes sont donc égaux devant la justice divine, même si saint Yves semble s’intéresser prioritairement au pauvre. En fait, le saint homme rééquilibre l’inégalité entre les deux plaideurs et met en confiance le pauvre plus qu’il ne le favorise." (V. Montarou)

 

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Riche.

Son portrait évoque celui de François Ier par Jean Clouet vers 1530, tel qu'il est décrypté par Anne Sophie Lambert (BnF). On y retrouve la posture de face au visage de trois-quart, la toque de velours rouge, ornée de médailles et barrettes d'or, et d'où émerge des plumes bleue et rouge, les cheveux non bouclés et couvrant l'oreille, la barbe taillée courte, la fine chemise blanche à bordure de dentelle, sans col. Nous admirons aussi la richesse du  pourpoint de drap damassé d'or  et dont deux boutons encadrent une fente médiane formant une taillade, et la jupe doublée d'hermine,qui doit être le prolongement d'une saie. Comme tout seigneur, notre Riche pose la main sur le pommeau de son épée, dont le fourreau est bleu.

Une autre parallèle peut être établi avec le portrait de Henri VIII par Hans Holbein le Jeune, peint en 1537. Nous y trouverons les bas rouges et les chaussures au bout élargies "en pattes d'ours" et à crevés. C'est aussi sur ce portrait que nous observerons la pelisse de drap bleu entièrement doublée de fourrure, aux manches larges et courtes fendues par des taillades aux bords brodés et à l'ouverture resserrée par un bouton. Par ces manches passent les bras d'une tunique rouge, là encore tailladée de crevés en soufflets et issant de dentelle aux poignets. De même, la taille de notre gentilhomme est entourée, un peu comme sur le portrait d'Henri VIII, d'une ceinture, de couleur verte, serrée par un nœud gansée.

L'élément important est la bourse de velours bleu, bien pleine, et dans laquelle le seigneur vient sans doute de prendre une pièce d'or qu'il tend au saint. Je ne distingue pas cette pièce, mais la position des doigts, et la proximité de la main et de la bourse me suffise pour me convaincre qu'elle est bien présente.

En somme, ce Riche n'est pas un nanti local, un marchand qui a réussi, c'est la figure des droits de la Noblesse et du Pouvoir Royal. 

 

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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REGISTRE MOYEN. YVES ET LES PAUVRES.

 

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Source BnF gallica

Source BnF gallica

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"4ème tableau. Au premier plan, saint Yves verse avec une aiguière jaune de l'eau sur les mains d'un infirme, appuyé sur une béquille et vêtu de haillons bleus. Au fond, saint Yves recueille des pauvres à sa table. Le saint est assis à table avec cinq convives. A sa droite, l'un en jaune rouge, à sa gauche, un autre en bleu. Du troisième l'on ne voit que la tête ; un quatrième, de dos, est vêtu de vert, avec bras gauche et épaule nus. Enfin, à côté et de dos également, le cinquième vêtu de bleu. Un serviteur, en bonnet de feutre rouge et veste verte, apporte un plat." (Couffon)

 

"Dans la deuxième travée, la vie toute de charité du saint est figurée. Il lave lui-même les plaies d'un infirme. Puis il admet les mendiants à sa table. Ceux-ci, loin de s'en montrer reconnaissants, se comportent mal. L'un crache dans le plat qu'on lui présente. Un autre a accaparé un pichet qu'il cache derrière son dos, etc. Saint- Yves, qui n'attend pas sa récompense ici-bas, voit tout, ne s'en offense pas, offre à Dieu ces humiliations et garde un visage doux et aimable." (Lorin)

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"Saint Yves partage le repas des pauvres. au premier plan, il leur lave les mains, au second plan il est à table avec eux, l'un crache dans le plat qu'on lui présente, l'autre accapare un pichet et le cache derrière lui." (Gatouillat et Hérold). 

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Un pauvre qui crache dans le plat ? À d'autres ! Je vois plutôt une allusion à la Cène — par la disposition des personnages — , mais aussi un affamé qui ronge un os, je vois une bourse pleine posée sur la table, je vois un démuni à l'épaule nue, "etc."

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"Jamais, dit Yves Catoïc, on ne l’a vu refuser l’aumône. Quand il n’avait plus d’argent, il distribuait le pain de sa maison, souvent la fournée tout entière. Lorsque le pain était distribué, il donnait ses vêtements, et plus d’une fois on l’a vu se dépouiller lui-même pour habiller les pauvres nécessiteux. Comme sa maison ne suffisait pas pour loger tous les malheureux qui s’y pressaient, il fit bâtir, tout auprès, un hôpital pour les recevoir, et là, dit Geffroy, son ancien vicaire, il leur donnait tout le bien qu’il avait reçu du bon Dieu. Avant de dîner lui-même, il distribuait, de ses propres mains, du pain aux pauvres qui se trouvaient à sa porte. S’il n’y en avait pas assez, il allait les chercher et en invitait même un certain nombre à manger avec lui. Il les faisait asseoir à sa table, partageait avec eux son morceau de pain d’orge, les légumes et les fèves de ses champs, et comme il n’y avait chez lui que de l’eau pour toute boisson, il en faisait boire à ses convives improvisés et buvait ensuite dans la même écuelle. Quand j’ai dit qu’il les faisait asseoir à sa table, c’est une manière de parler, car sa table, à lui, c’était la terre nue sur laquelle il s’asseyait avec ses amis, les pauvres, qu’il regardait aussi comme les amis du bon Dieu. Après le repas, il mettait discrètement dans le bissac de chacun un gros morceau de pain pour leur souper.

Si les hôtes de Kermartin étaient des malades ou des infirmes, le saint prêtre savait varier son menu : une soupe au lard, une écuellée de cidre, parfois un peu de vin et d’autres délicatesses, qu’il se refusait impitoyablement à lui-même. Quand la nuit était proche, il les retenait à coucher, leur lavait lui-même les mains, les seules fois sans doute où l’eau touchait à leur épiderme endurci, leur servait tout ce qu’il y avait de friandise dans sa pauvre demeure ; puis après avoir préparé, de ses propres mains, un lit pour les coucher, il leur aidait à s’y mettre. Pour lui, il prolongeait longuement dans la nuit son travail et ses prières, jusqu’à ce que la fatigue ne l’obligeât à s’étendre sur la terre humide, dans un coin quelconque de sa chambre. Un jour, lisons-nous dans son office, un pauvre arriva un peu tard à Kermartin, et de crainte d’importuner la maison, il se coucha sur une pierre qu’on montre encore non loin de la porte. Yves, en sortant le matin de bonne heure, heurta ce pauvre tout glacé et presque mort de faim et de misère. Aussitôt il le fait entrer, le couche dans son lit, le recouvre de ses propres vêtements, et pour se punir de cette faute bien involontaire pourtant, se met lui-même, la nuit suivante, à la place du pauvre et prend son sommeil sur cette pierre dure, sans aucune couverture,  pendant un hiver très rigoureux." (Abbé France, 1893)

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"5ème tableau. Au premier plan, saint Yves fait l'aumône à deux pauvres. Le premier, en chemise et chausses violettes, porte à son côté une gourde ; l'autre, derrière lui, est vêtu de bleu. Dans le fond, sous un édifice à arcades carrelé en brun et blanc, un malade, le torse nu et la tête bandée, occupe un lit avec draps et couverture verte. A son chevet, banc et récipient jaune. Saint Yves est près de lui et le soigne. A côté, dans une scène coupée, le saint ensevelit un mort." (Couffon )
 

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"Dans le tableau suivant, saint Yves fait l'aumône à deux pauvres. Dans le fond, à gauche, il visite et soigne lui-même les malades, tandis qu'à droite il ensevelit et enterre les morts, avec l'aide d'un frère pénitent." (Lorin)

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"Au premier plan, Yves fait l'aumône à des estropiés. Au second plan, il est au chevet d'un malade" (Gatouillat et Hérold).

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La mort de saint Yves sur une claie, entre deux anges,  et son apothéose où son âme est conduite au ciel par deux anges.

 

"6ème tableau. Mort de saint Yves. Le saint, nu-tête, est couché sur une claie bleue, posée sur un carrelage vert, et veillé par deux anges, l'un en robe jaune avec ailes violettes, l'autre en robe violacée avec ailes rouges. Dans le fond, fabriques en grisaille avec pointes de jaune d'argent. En haut du tableau, l'âme du saint, sous la forme d'un petit personnage nu, est portée au ciel par deux anges, vêtus comme les précédents. " (Couffon)

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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TROISIÈME REGISTRE.

 

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Source BnF Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4541886/f432.item.zoom

Source BnF Gallica http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4541886/f432.item.zoom

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"1er tableau. Saint Yves, au premier plan, écoute les leçons d'un cordelier de Rennes et prend des notes tandis que ses camarades paraissent s'ennuyer [Note : Témoignage 29 du Procès de canonisation de saint Yves : « J'allais au couvent des Frères Mineurs de Rennes entendre expliquer le quatrième livre des Sentences et la sainte Ecriture. Alors, sous l'influence des divines paroles, je me pris à mépriser le monde et à désirer ardemment les biens célestes »].

A côté du saint, un vieillard à barbe blanche, en toque verte et vêtement jaune, puis un jeune homme coiffé d'un chapeau de feutre à fond plat violet et vêtu d'un habit rose violacé à col jaune ; enfin, à droite, un vieillard barbe blanche, en chapeau bleu, robe bleue, pourpoint rouge à bouffants jaunes et manches pendantes vertes. Le cordelier, en froc gris-brun, enseigne dans une chaire brune. Dans le fond de ce tableau, saint Yves sert la messe dans une église aux murailles violettes. L'officiant porte une chasuble bénédictine blanche et or et une aube à parement. L’autel, sans tabernacle, avec retable blanc et or, est surmonté d'un dais rouge. Dans ce panneau, l'emploi abondant du jaune d'argent est à remarquer, la tête de saint Yves et celle du cordelier ont été refaites à l'époque moderne." (Couffon)
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"Dans la perspective, saint Yves, enfant, répond la messe. Il porte déjà le costume qu'il ne quittera plus : la robe et le béret écarlate, fourrés d'hermine, avec le nimbe d'or. — Le saint devenu écolier assiste à un cours fait par un religieux. Assis au pied du maître, il écoute attentivement, prend des notes, tandis que ses condisciples rient, causent, dorment." (Lorin)

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"Au premier plan, saint Yves écoute l'enseignement d'un moine franciscain, au second plan, il sert  la messe, images de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l'Évangéliste sur le retable de l'autel." (Gatouillat et Hérold)

 

Ces quelques citations illustrent la liberté imaginative des commentateurs, puisqu'il est évident que saint Yves tourne le dos au prédicateur, qu'il lit mais ne prend aucune note, et qu'il détourne à son profit l'attention d'un jeune garçon. L'homme âgé qui est devant lui porte un habit à franges rituelles. En réalité, je pense que l'artiste a illustré ce passage des Grandes croniques de Bretaigne d'Alain Bouchart  :

 

"Après que le bon sainct Yves eut esté instruyt et parfait es sciences de grammoire, des ars, des droitz canon et civil, et aussi qu'il fut principié en la science de théologie, il se retyra en la ville de rennes et fut official de l'archidiacre de rennes par quelque temps. Et ce pendant qu'il estoit official, il frequentoit les lectures d'un religieulx théologien ou couvent des Freres mineurs de Rennes, soubz lequel il ouyt le quart livre de Sentences et grant partie de la Bible et aprint et retint moult de vertueuse doctrine, car le lecteur estoit sainct homme ; et oncques puis ne fut curieulx sainct Yves des plaisances mondaines ensuyvir."  Bouchart Alain, Grandes croniques de Bretaigne, Paris, 1986, t. 2, ch. XX, p. 14.

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Saint Yves suit sur son livre le commentaire donné  en chaire par le franciscain. J'accède ainsi à une meilleure compréhension du vitrail, ce qui m'amène à lire avec intérêt le passage suivant : 

 

"Ce séjour rennais est également marqué par un événement personnel de grande importance. Yves profite de l'existence d'un studium franciscain dans la ville pour aller y écouter les leçons qu'on y donne. C'est en suivant cet enseignement, comme il le confiera plus tard avec réluctance au frère Guyomar Morel, qu'il commence à envisager de changer radicalement le cours de sa vie. « Il entendait expliquer le quatrième livre des Sentences (de Pierre Lombard) et la Bible, et les divines paroles qu'il écoutait le portèrent à mépriser les choses de ce monde et à désirer passionnément les biens du Ciel. Un studium assure la formation avancée des frères : ce n'est pas une simple école conventuelle à l'intention des novices, mais un centre d'études plus complet où l'on enseigne à la fois la philosophie, la théologie, le droit canon et les Saintes Écritures, éventuellement préparatoires à l'envoi à l'Université des esprits les plus brillants qui seront alors hébergés dans des couvents proches de ses murs et bien équipés . [..]L'enseignement dispensé demeure des plus classiques pour l'époque : les Sentences de Pierre Lombard (mort en 1164) tiennent lieu, pour les universitaires comme pour les professeurs de l'ordre des frères Mineurs, de manuel de base dans les études religieuses, car l'intégralité de la doctrine chrétienne s'y trouve exposée de façon accessible et canonique. Le quart livre des Sentences porte sur l'Église et les Fins dernières : il procure un commentaire ordonné du devenir de l'âme après la mort en étroite relation avec la sacramentaire ecclésiale. L'idée directrice était que c'est dans la mesure où l'homme vit en Jésus-Christ grâce aux sacrements offerts par l'Église qu'il parvient , avec la communauté des croyants, à l'éternelle béatitude. Nous ignorons l'esprit et la teneur exacte des commentaires faits sur cet ouvrage vénérable et sur les Écritures devant l'official Yves Hélori : ils le bouleversèrent en tout cas cette fois car il avait certainement entendu d'autres gloses sur le même livre à Paris. Peut-être est-il plus réceptif à l'argumentation sensible d'un maître franciscain qu'à la rigueur raisonnante d'un scolastique." Yves de Tréguier : un saint du XIIIe siècle. Jean-Christophe Cassard - 1992

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En arrière-plan, Yves  est figuré tenant la chasuble d'un prêtre célébrant la messe, mais son costume et son nimbe s'accorde difficilement à l'hypothèse que cela se réfère à son enfance. Sur le retable, les deux saint Jean encadrent un saint évêque.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"2ème tableau.

Saint Yves, assis dans la chaire de l'official de Tours, interroge une jeune fille du diocèse de Tréguier qui niait obstinément son mariage à tout autre qu'à saint Yves [Note : On a voulu voir dans ce tableau le procès de l'hôtesse de saint Yves à Tours où celui-ci prononça sa célèbre plaidoirie mais De La Borderie a fait très justement remarquer que dans ce procès il n'était qu'avocat tandis que dans l'autre affaire il était juge, comme représenté sur le vitrail].

Le vêtement de la jeune fille est fort riche. Sa coiffe de drap d’or est brodée de perles, ses manches sont de brocart d'or, sa tunique verte et sa robe rouge sont également garnies de larges rubans d'or à perlages.
Au premier plan, le greffier, vêtu de chausses violettes et d'une robe bleue foncée à col jaune et guimpe blanche, inscrit la déposition. Il est coiffé d'un béret violet. Dans le fond, sur un damas vert bordé d'un riche galon d'or perlé, se détachent deux témoins en robes et bérets respectivement bleus et violets." (Couffon)

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"Cette scène rappelle le miracle de Tours. Official, il siège sur son tribunal. La veuve tient en main la sacoche à elle confiée par deux marchands qui l'avaient assurée pleine d'or, alors qu'elle ne contenait que des pierres. Ils se réjouissent de leur supercherie, mais le saint, qui la reconnue, dicte à son greffier la sentence qui les déboute de leurs exigences." (Lorin)

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"Saint Yves, official, interroge une jeune femme qui tient en main la sacoche qui lui avait été confiée par deux marchands comme étant pleine d'or, alors qu'elle contenait seulement des pierres. (Gatouillat et Hérold).

N.B : la jeune femme ne tient pas "une sacoche", mais un sac à procès. 

 

"Il s’est passé, vers le même temps, un fait extraordinaire dont a parlé Jean de Coëtfrec, et l’abbé de Bégard s’en est fait l’écho durant la procédure. Il s’agissait d’un jeune homme de Louannec qui avait épousé une fille de sa paroisse. Celle-ci se refusant à suivre son mari, en appela aux tribunaux pour faire invalider son mariage. Yves fut encore appelé pour plaider cette affaire et défendre le jeune homme. En sa présence, la fille de Louannec affirmait que réellement elle avait épousé ce jeune homme et qu’elle ne voulait pas d’autre mari que lui. Devant le tribunal, au contraire, elle le niait obstinément. La même scène s’étant répétée plusieurs fois, la cause fut portée jusqu’à Tours. L’official qui était chargé de la juger fut fortement étonné en présence d’un fait qui lui révélait la sainteté de l’avocat. Ne sachant comment en venir à bout, il descendit de son siège et chargea Yves de porter le jugement, ce qu’il fit pour le plus grand bien des deux contestants." (Abbé France)

 

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

"3ème tableau. Miracle de la messe de saint Yves. Au premier plan, saint Yves, revêtu d'une riche chasuble bleue avec croix brodée d'or portant l'écu de Bretagne, célèbre la messe. Au moment de l'Elévation, la colombe blanche du Saint Esprit apparaît et remplit l'église d'une lueur éblouissante, figurée par des rayons d'or. Un assistant, vêtu de rouge, tient un cierge de la main gauche, et de la droite relève la chasuble . Au second plan l'on aperçoit les têtes de trois personnages.
Dans le fond, saint Yves distribue son blé aux pauvres. Le saint regarde un homme, en cotte bleue et chausses vertes, remplir avec une pelle un sac que lui tient un autre personnage vêtu de jaune. Un troisième emporte sur son dos un sac plein. La scène se passe dans un grenier aux murs violets avec oculus bleu." (Couffon)

" Il disoit, tous les jours, fort devotieusement son service & celebroit la Sainte Messe, avant que de se vétir des ornemens Sacerdotaux, il se mettoit à genoux devant ou à costé de l’Autel auquel il devoir dire la Messe, le visage couvert de son chapperon, les mains jointes, le coeur élevé en Dieu, se recolligeoit, &, après la Messe, en faisoit de mesme ; & une fois, en la grande Eglise de Treguer, pendant qu’il faisoit ses Actions de grâces après la Messe, une belle Colombe, environnée d’une grande clarté, s’estant reposée sur son chef, s’envola sur le grand Autel & y demeura quelque temps, puis disparut. "  (Albert le Grand)

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE TYMPAN.

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Le tympan renferme cinq mouchettes. 

Dans l'ajour sommital, Dieu le Père bénissant (presque entièrement refait).

En dessous, séraphins et chérubins, chœur d'anges dans les nuées, aux patrons retournés.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DISCUSSION.

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Guidée par d'illustres auteurs, notre découverte de cette verrière s'est laissée happée par le sujet hagiographique, par la description des scènes figurées et par leur interprétation. Rien n'a été dit de la technique, et rien n'a été dit non plus du décor, et rien de l'intégration de cette verrière dans un programme  général des vitraux de Moncontour.

Un programme général.

— La verrière d'axe a été réalisée vers 1520-1530, offerte par Claude de la Villeblanche, grand panetier de la reine Claude de France en 1522, et par Jacques de la Motte, seigneur du Vauclerc. Elle représente l'Enfance du Christ.

— Entre 1500 et 1525 la baie 6 a reçue la verrière de la Vie de saint Mathurin, patron de l'église, offerte par Jacques de la Motte.

— Vers 1530-1540 est posée la baie 4 ou verrière de l'Arbre de Jessé, thème dont on connait la valeur comme défense du dogme de l'Immaculée-Conception.

— Vers 1535-1540 a été vitrée la baie 3, ou Verrière de la vie de saint Jean-Baptiste, offerte par Jean Le Mintier et Marie Le Moine.

— En 1537 la baie 7 reçoit la vitre de la Vie de saint Yves.

— En 1538 la baie 5 reçoit celle de la Vie de sainte Barbe.

Nous constatons donc l'importance des représentants de la noblesse (et le lien avec la cour royale) comme commanditaire ou donateurs pour 3 des 6 vitraux, et l'importance du culte des saints pour 4 des 6 vitraux.

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Un programme théologique ?

Les thèses de Luther ont été placardées sur la porte de l'église de Wittemberg en 1517. Elles condamnent le recours aux Indulgences pour financer la construction de la Basilique Saint-Pierre de Rome.

Entre 1520 et 1538, dates de la réalisation des vitraux de Moncontour, la présence du protestantisme n'est pas attestée en Haute-Bretagne avant les années 1530, puis sera extrêmement discrète jusque en 1550 où un noyau calviniste se forme à Rennes. Mais les thèses calvinistes sont influentes à la cour auprès de François Ier, de Marguerite de Navarre et de Renée de France, sœur de la reine Claude de France. 

La place donnée au culte des saints, et la défense de l'Immaculée-Conception, témoignent-elles pourtant déjà d'un soutien aux idées réformistes ?

En particulier, dans la verrière de la Vie de saint Yves, le miracle de la Messe de saint Yves, véritable équivalent de la Messe de saint Grégoire, défend sans doute le dogme de la Présence Réelle du Christ dans l'Eucharistie.

A contrario, l'insistance sur la valeur de la pauvreté, reprenant les valeurs évangéliques défendues par saint François et par les Franciscains ne témoigne-t-elle pas d'une remise en cause des richesses de l'Église ?

En premier lieu, le triptyque d'Yves entre le Riche et le Pauvre n'est-elle pas une dénonciation des abus du Pouvoir, et de l'injustice fondée sur le pouvoir de l'argent ?

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Saint Yves entre le Riche et le Pauvre : un thème récent et d'influence italienne.

Le groupe à trois personnages d'Yves entre le Riche et le Pauvre est représenté 89 fois en Bretagne, d'après l'inventaire de Virginie Montarou. Mais aucuns sont antérieurs au XVe siècle, seuls 2 d'entre eux datent du XVe siècle, et 33 datent du XVIe siècle. 

Parmi les 13 vitraux de ce Groupe, seuls 6 sont datés et 3 datent du XVIe siècle. Celui de Moncontour est  le plus ancien. Celui de Saint-Herbot date de 1556, et celui des Iffs est daté vers 1587 par les auteurs du Corpus.

[Le Fonds Saint-Yves dénombre en Finistère et Côtes d'Armor  7 vitraux dédiés à saint Yves, dont trois seulement du XV et XVIe siècle  : Boquého (22) Chapelle N-D de la Pitié, fragment, 1460 ;  Moncontour, (22), église N-D et Saint-Mathurin, 1537 ; Saint-Herbot , 1556 ; et Tréméven (29), église Saint-Méen, 1550. Mais seuls ceux de Moncontour et de Saint-Herbot sont des groupes de saint-Yves. J'ajoute à cette liste, pour le Morbihan, le vitrail des Iffs, église Saint-Ouen, de 1587. ]

 

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"Le groupe de saint Yves semble apparaître à la fin du XVe siècle ou au début du xvie siècle dans l’art religieux breton. Ainsi, les vitraux de Moncontour sont datés de 1537 d’après une inscription dans un cartouche. Malheureusement, peu de groupes sont datés avec certitude : on peut s’appuyer alors sur l’étude du costume qui peut donner quelques indices, ainsi que sur les datations stylistiques proposées par les spécialistes de la DRAC. L’examen des œuvres les plus anciennes laisse supposer que la création du groupe a été progressive. Il est intéressant de remarquer que des enluminures de la fin du Moyen Âge et du xvie siècle représentent saint Yves accompagné d’un malheureux, mais sans le riche : ainsi des gravures extraites des Chroniques d’Alain Bouchart datant de 1514 ou encore de l’incunable de la bibliothèque de Solesmes . Le groupe n’est sans doute pas apparu en Bretagne. Les œuvres les plus anciennes semblent être originaires d’Italie. Le thème de saint Yves entre le riche et le pauvre est en effet présent sur des tableaux italiens comme celui qui figurait au centre du retable de Saint-Yves conservé désormais au musée de la cathédrale de Florence (seconde moitié du XVe siècle) ou encore la fresque du Sodoma à l’entrée du palais communal de San Gimignano (1507). Cette présence à l’étranger peut paraître surprenante : une influence franciscaine peut être suggérée. En effet, dans la seconde moitié du XVe siècle, saint Yves se trouva lié aux Franciscains car il incarnait une image du saint prêtre ami des pauvres et zélateur de la justice. De plus, les Franciscains semblent être à l’origine de l’exportation du culte de saint Yves, entre autres au Mexique par le biais de l’évangélisation.

Malgré la reprise d’un certain nombre de stéréotypes, les images du groupe étaient loin d’être anodines aux yeux des fidèles et du clergé. Deux thèmes principaux peuvent être repris : d’un côté celui de l’influence du concile de Trente, de l’autre celui des différences sociales.

Les XVIe et XVIIe siècles sont marqués par le concile de Trente. Le groupe porte la trace de cette grande mutation, au service de laquelle l’iconographie est mobilisée. Les personnages du groupe, surtout saint Yves, sont en adéquation avec le message de la Réforme catholique : ce dernier entend de plus en plus montrer l’image du bon prêtre." (V. Montarou)

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Une nouvelle disposition spatiale des vitraux, assez timide.

Alors que les verrières médiévales sont divisées en panneaux recevant chacun un médaillon, puis que ces panneaux abandonnant les médaillons restent consacrés à un sujet iconographique distinct, le XVIe siècle inaugure l'usage de grands sujets répartis sur un registre entier, voire sur la verrière entière. C'est ici le cas avec le registre inférieur, alors que les autres registres restent cloisonnés dans des unités de temps et de lieux différents.

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Un nouveau décor.

Prenons maintenant le temps de revenir sur le décor peint au jaune d'argent sur verre blanc, décor qui  reprend le vocabulaire inspiré  de l'Antiquité classique et de la Renaissance italienne : rinceaux habités de chimères, mascarons de satyres grimaçants, arabesques, longues tiges d'acanthe ou de vigne à l'enroulement infini abritant une faune inattendue, masques, putti, pots à feu, pilastres. Ce vitrail  est fortement influencée par le répertoire de l’école de Fontainebleau élaboré par le Primatice et ses disciples pour les décors en stuc du château de Fontainebleau, et dont les estampes (Étienne Delaune), les travaux d'orfèvrerie, les armures décorées par les ornemanistes du XVIe siècle ou les volumes de Philibert Delorme assurèrent une large diffusion de l’art raffiné maniériste dans toute l’Europe  . 

rinceaux habités, à échelle variable

Comment ne pas évoquer la citation de Vasari sur l'art grotesque né de la Domus Aurea, palais de Néron à Rome :

 "Les grotesques sont une catégorie de peinture libre et cocasse inventée dans l'Antiquité pour orner des surfaces murales où seules des formes en suspension dans l'air pouvaient trouver place. Les artistes y représentaient des difformités monstrueuses créées du caprice de la nature ou de la fantaisie extravagante d'artiste : ils inventaient ces formes en dehors de toute règle, suspendaient à un fil très fin un poids qu'il ne pouvait supporter, transformaient les pattes d'un cheval en feuillage, les jambes d'un homme en pattes de grue et peignaient ainsi une foule d'espiègleries et d'extravagances. Celui qui avait l'imagination la plus folle passait pour le plus doué " 
Giorgio VASARI, De la peinture, Introduction technique, chapitre XIV, vers 1550

Comment ne pas évoquer aussi le charme léger des Loges Vaticanes peintes par Raphaël !. Ou un peu plus tard la folie des structures molles d'un Cornelis Floris (1514-1575)  à Anvers !

Et comment ne pas retrouver ici les principes de la grottesque, la négation de l'espace, l'apesanteur des formes et la prolifération des hybrides ?

 

« D'abord un monde vertical entièrement défini par le jeu graphique, sans épaisseur ni poids, mélange de rigueur et d'inconsistance qui faisait penser au rêve. Dans ce vide linéaire merveilleusement articulé, des formes mi-végétales, mi-animales, des « figures sans nom » surgissent et se confondent selon le mouvement gracieux ou tourmenté de l'ornement. [...] Un produit pur de l'imaginaire où se condensent les fantaisies, d'une vitalité à la fois trouble et fuyante, nettement érotisée dans le détail » Chastel, André. La Grottesque. Paris : Le Promeneur/Quai Voltaire, 1988.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Baie 7 ou verrière de saint Yves (1537), église de Moncontour. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— ALBERT LE GRAND La vie des saints de la Bretagne Armorique 1901 (pp. 163-191).

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Vie_de_saint_Yves

— CASSARD (Jean-Christophe), 1992, Yves de Tréguier : un saint du XIIIe siècle. Edition Beauchesne, 150 pages, page 58.

https://books.google.fr/books/about/Saint_Yves_de_Tr%C3%A9guier.html?id=oIBsqkM1EbUC&redir_esc=y

— COUFFON (René), [1935]  Contribution à l'étude des verrières anciennes du département des Côtes-du-Nord, Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord. T. 67 1935, pages 167-171

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f192.item

 

— FONDS SAINT-YVES. (attribution erronée à Michel Bayonne)

http://fonds-saintyves.fr/Vitrail-de-saint-Yves-eglise-de

 

FONDS SAINT-YVES Les représentations de saint Yves.

http://fonds-saintyves.fr/Les-representations-de-saint-Yves

— FRANCE (Abbé), 1893,  Saint Yves, ed. René Prud'homme,  (pp. 34-352).

https://fr.wikisource.org/wiki/Saint_Yves/II

 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum vol. VII, Presses Universitaires de Rennes.

 

HAMON ( Thierry), 2003, "Saint Yves et les Juristes" Revue « Armorik », Editions Anagrammes, Perros-Guirec, 2003, n° 1, pp. 120-139.

http://partages.univ-rennes1.fr/files/partages/Recherche/Recherche%20Droit/Laboratoires/CHD/Membres/Hamon/Saint%20Yves%20et%20les%20Juristes.pdf

 

LE GUILLOU (J-P.) 1989, "Saint Yves : ceux qui l'ont connu témoignent, ceux qu'il a guéris racontent (enquête de canonisation)", Henry, Pédernec, 1989

http://fonds-saintyves.fr/IMG/pdf/enquete_canonisation_avec_illust.pdf

 

— LORIN (F. ), 1908, La légende de saint Yves et les peintres verriers. Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet, T. XX pages 425-440, 3 planches.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4541886/f430.image

— SITE DE L'OFFICE DU TOURISME DE MONCONTOUR.

http://www.tourisme-moncontour.com/Vitrail-saint-yves_fiche_1796.html

 

— MONTAROU (Virginie), Saint Yves entre le Riche et le Pauvre, in Saint Yves et les Bretons, Culte, image et mémoire (1203-2003).pages 215-228.

http://books.openedition.org/pur/22412?lang=fr

— INFOBRETAGNE, Les vitraux de l'église de Moncontour..

http://www.infobretagne.com/moncontour-eglise-vitraux.htm

— Thierry Hamon. L’adjuration à ”Saint Yves de Vérité” : persistance tardive d’une ordalie populaire bretonne. Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 2008, 86, pp.41 - 88.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00853408/document.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 22:55

La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec.

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Voir :

a) à propos du patrimoine de Gouezec :

  Vierges allaitantes I : Notre-Dame de Tréguron à Gouezec. Les Vierges.

Vierges allaitantes I : N.D de Tréguron à Gouezec, la chapelle et ses saints.

 

b) à propos des vitraux :

Liste des 154 articles de ce blog décrivant les vitraux.

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PASSIONS FINISTÉRIENNES.

 Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :

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On attribue aussi à l 'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

 

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PRÉSENTATION.

La Baie d'axe ou maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouézec a été vitrée au troisième quart du XVIe siècle. Haute de 4  m et large de 2,50 m, elle comporte quatre lancettes consacrée à une verrière de la Passion,  et un tympan à cinq ajours. 

Les trois lancettes de gauche forment une grande Crucifixion à nombreux personnages sur fond bleu uni, tandis que la lancette droite représente une Déposition de croix avec la Pâmoison de la Vierge au premier plan. 

Cette verrière reprend les cartons des Passions finistériennes de Guengat et de Guimiliau (toutes les deux de 1550), de Quéménéven et sont caractéristiques de l'atelier quimpérois des Le Sodec. Elle présente aussi quelque rapport avec la verrière de Tourch, qui appartient elle-même au groupe quimpérois affilié aux maîtresse-vitres de La Martyre et La Roche-Maurice.

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J'ai repris principalement ici le texte de GATOUILLAT & HEROLD 2005 page 130.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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LA GRANDE CRUCIFIXION.
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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Lancette A .

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Partie inférieure de la lancette A : la Vierge éplorée entre saint Jean et une sainte femme.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Partie haute de la lancette A : cavaliers autour de la croix du Bon Larron.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Une Sainte Femme, le Centenier, et des cavaliers armés de lances.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Le Bon Larron, dont l'âme est emportée par un ange.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La lancette B, de haut en bas.

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Le Christ crucifié.

Utilisation de la sanguine pour rendre les traînées de sang, et les traces du foute à trois pointes.

A droite du Christ, la lance qui transperce son flanc. À gauche, l'éponge imbibée de vinaigre..

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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En dessous : Longin donnant le coup de lance. 

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Au pied de la croix : sainte Marie-Madeleine éplorée.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Partie inférieure : trois soldats se disputent la tunique (pourpre) du Christ.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Lancette C.

Elle est d'interprétation délicate car on y voit le Mauvais Larron, identifié par le diable qui guette son âme, mais intégré aux mises en scène habituelles des Dépositions. Faut-il y voir la déposition du Larron, ou penser au contraire qu'il est hissé par une corde sur  sa croix ? Il détourne les yeux du Christ.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La Passion de la maîtresse-vitre de l'église de Gouezec.

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Les inscriptions.

On lit sur les brides de harnachement du cheval IOSVECMA et SVOEM. Ces inscriptions n'ont pas encore été interprétées.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La quatrième lancette D.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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LE TYMPAN.

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"Les panneaux originaux du tympan ont disparu. Ils figuraient des armoiries, détruites avant 1656 mais connues d'après un procès-verbal établi en 1641 par François de Kergoat, architecte à Quimper. Les ajours contenaient, sous l'écu de France écartelé de Bretagne, les armoiries de Ploeuc écartelées de celles des Kergolay seigneur de Lesguen, entourées du collier de l'ordre de Saint-Michel, et le même écu parti de Goulaine." (Gatouillat et Hérold, citant l'abbé Émile Bosson 1971). Voir Infra Le Bihan.

Ce tympan a été recomposé vers 1840-1850 [et/ou après 1878, cf. armoiries papales] avec dans les deux grands ajours latéraux deux éléments d'une Crucifixion datant vers 1550 et rapportés d'un autre édifice. 

 

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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1°) À gauche : Groupe des saintes femmes avec saint Jean.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Inscription en lettres perlées : CELO[C].

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Ajour central : Dieu le Père en buste sur fond rouge

. Ce verre rouge plaqué est  gravé de rayons. C'est le réemploi d'un ajour du 1er tiers du XVIe s. d'échelle plus réduite.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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En dessous, armes moderne de Léon XIII  pape de 1878 à 1903.

D'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartier d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout.

L'écu est entouré comme de nuées de neuf têtes en réemploi (XVe et XVIe siècle).

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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A droite : Pâmoison de la Vierge soutenue par saint Jean.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1910,  Notice du Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de Quimper BDHA

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bd03c475bf9685764a2a1c75c2540b1f.pdf

"A l'intérieur, ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la maîtresse-vitre, contenue dans une fenêtre à quatre baies. Dans les trois baies de gauche, est représentée la Crucifixion, Notre Seigneur en croix, et les deux larrons. Autour de la croix du Sauveur, sont un certain nombre de personnages à cheval : saint Longin lui perçant le côté de sa lance, le centurion, les princes des prêtres et les pharisiens, le montrant du doigt avec dérision ou l'apostrophant avec mépris, puis des soldats portant des lances et l'éponge au bout d'une hampe ; Marie-Madeleine étreint le pied de la croix et lève les yeux vers son Maître crucifié. Plus bas, des soldats et des juifs se disputent. les vêtements du Sauveur et dégainent leurs glaives et leurs dagues pour trancher ces dépouilles et aussi pour se frapper mutuellement. Dans la dernière baie de gauche, la Sainte Vierge semble s'affaisser de douleur, et est soutenue par saint Jean et entourée par les Saintes Femmes. Au-dessus du bon larron, un ange emporte son âme au ciel. A la croix du mauvais larron est appliquée une échelle par laquelle on semble le hisser pour le crucifier ; il est vêtu d'une chemise flottante et a l'air tout résigné, ce qui semble un contre-sens ; un diable rouge est à ses côtés et lui souffle à l'oreille de mauvais sentiments. Certains détails de cette scène sont la réplique exacte de ce que l'on voit dans le vitrail de Tourc'h, datant de 1550, spécialement saint Longin, la Madeleine, les soldats se disputant les vêtements et l'évanouissement de la Vierge. Dans la quatrième baie, à droite, on a représenté la DESCENTE DE CROIX. Joseph d'Arimathie et Nicodème, aidés de leurs serviteurs, descendent avec respect le corps de Notre Seigneur. Près des pieds du Sauveur, est la Madeleine, tenant entr'ouvert son vase de parfums. Plus bas, se reproduit presque identiquement la scène du spasimo de la Sainte Vierge, encore soutenue par saint Jean et par une Sainte-Femme. — Au-dessus, dans un des soufflets, se trouve une troisième reproduction du même sujet. Dans le soufflet du milieu est un Père-Eternel tenant la boule du monde ; puis, par ailleurs, quelques fragments indéterminés. "

 

— BARRIÉ (Roger), 1978, Étude sur le vitrail en Cornouaille au XVIe siècle. Thèse de troisième cycle. UHB. UER des Arts. Rennes, 2 tomes

— COUFFON (René), 1945, La peinture sur Verre en Bretagne au XVIe siècle",  Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne. p.35

http://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffaede742.09604269/1945_02.pdf

 

 

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Gouezec,   extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/09ff228b4eec025c300f23acb5183bc8.pdf

" La maîtresse vitre est ornée d'un vitrail consacré à la Crucifixion et dérivé de celui de la Martyre, milieu du XVIe siècle (C.) ; mais le maître verrier, n'ayant pas compris la signature du modèle : "JOST" (de Negker), l'a remplacée par "JOSUE". La croix du Christ et celles des larrons occupent trois lancettes ; au bas de celles-ci, groupe des saintes femmes, saint Jean et la Vierge Mère affaissée de douleur, puis Madeleine au pied de la croix, les soldats tirant au sort la tunique. Dans la dernière lancette, à droite, Descente de croix avec Nicodème, Joseph d'Arimathie, Madeleine encore et la Vierge Marie écroulée de nouveau. Dans le remplage, Père Eternel."

N.B.Les allégations ou fabulations de Couffon sur "Jost" ont été démenties.

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) pages 144-146.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007, GOUEZEC,des vitraux disparus de l'église et des chapelles

blog, 17 décembre 2007

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-14686812.html

"1641.Procès-verbal de visite par Olivier de Laniprat, sénéchal de Carhaix et François de Kergoat , architecte à Quimper.

,On voyait dans les deux soufflets supérieurs: à gauche
le blason de France écartelé de Bretagne,
le blason de Ploeuc écartelé de Kergorlay,
le blason de Lesquen entouré du collier de Saint-Michel,
le blason de Ploeuc écartelé de Kergorlay parti de Goulaine
. le blason de Lesquen parti de Ploeuc entouré du Collier de Saint-Michel.
Disparition à coup de fusils en 1656
Ils disparurent en 1656, en volant en éclats dans la nuit du 8 mai, sur les ordres de Charles de Kernezne, marquis de la Roche, à la suite d’une querelle de prééminences. Le travail fut exécuté par son neveu à la tête d’hommes armés de fusils.

On ne sait si ces vitraux furent ensuite restaurés, mais aujourd’hui il n’en reste rien. Deux bustes de personnages en partie anciens, entourés de vitraux kaléidoscopes des années 1840 les remplacent actuellement.
Actuellement restes d’une Passion postérieure à celle en place ainsi qu’un Père Eternel et 9 têtes dont celle d’un Christ. Le tout provenant d ‘autres verrières de l’église ou de  chapelle.
"

— LE BIHAN (Jean-Pierre) 1989,  La verrière de l'église Saint-Pierre de Gouézec , Bull.Société d'Archéologie du Finistère pages 261-284.

— Infobretagne http://www.infobretagne.com/gouezec.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 14:26

Le saviez-vous ? Depuis 1885, le second C de COCA-COLA se prolonge, dans le monde entier, par un ruban qui se faufile dans la boucle du L, dans l'élégante police de correspondance commerciale "Spencerian" utilisée par Frank Mason Robinson. C'est lui qui vient ici étendre un auvent sur les trois dernières lettres de Cour.  Rien à voir avec notre sujet, comme la blague du Carambar  ou les vignettes des Malabar n'ont rien à voir avec la confiserie. J'espère seulement désaltérer vos gosiers secs par cette graphie.  

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Haut-lieu de pèlerinage et joyau de l'architecture bretonne, la chapelle Notre-Dame de la Cour, à Lantic, figure, avec notamment la cathédrale de Saint-Brieuc et l'abbaye de Beauport à Kérity-Paimpol, parmi les édifices religieux des Côtes-d'Armor classés monuments historiques. Commencée au XVe siècle sous le règne de Jean V, duc de Bretagne, sa construction s'est achevée durant celui de François II avec la collaboration artistique de l'évêque de Saint-Brieuc, Jean Prigent, dont les armes s'inscrivent sur le pignon extérieur. Sous la Révolution, en 1790, le sanctuaire connut plus de ravages qu'il n'en avait subis au cours des trois siècles précédents. À l'aide de marteaux, des groupes d'exaltés brisèrent la plupart des vitraux offusquant leurs idées. Deux des trois cloches qui rythmaient la vie quotidienne furent décrochées et envoyées à Saint-Brieuc. Quant aux statues représentant les douze apôtres dans des niches extérieures, elles furent brisées. Cent ans plus tard, une partie de la toiture disparaissait à son tour en même temps que la chaire et l'autel lors d'un incendie accidentel."
"Le vitrail, composé de plusieurs parties, montre des marins terre-neuvas pêchant la morue dans sa partie supérieure, tandis que la partie inférieur représente une procession à laquelle participent bien entendu des marins, en uniforme de la Royale. Il a été réalisé en 1902 par le maître-verrier parisien Louis-Charles-Marie Champigneulle, famille connue et réputée de père en fils pour ses réalisions.. En raison des risques encourus sur ces mers lointaines et souvent tourmentées, la tradition voulait qu'au retour de chacune des campagnes, les pêcheurs morutiers de Binic, qui n'était alors ni une paroisse ni une commune, accomplissent, pieds nus et la chemise sur le pantalon, un pèlerinage à la chapelle voisine de Lantic, vouée à Notre-Dame de la Cour, pour y chanter une messe d'action de grâces afin de remercier la sainte patronne du lieu de les avoir protégés et ainsi satisfait leurs voeux. En atteste le magnifique vitrail, signé de Monsieur Champigneule de Paris, où l'on voit des prêtres revêtus d'habits sacerdotaux bénissant des marins en procession ainsi que le Christ apaisant la tempête au-dessus de leur embarcation dans les eaux de Terre-Neuve. L'une des six travées de la verrière évoque également le naufrage auquel La Perle et son équipage ont miraculeusement échappé et dont une toile du peintre Vasserot, de Binic, perpétue par ailleurs le souvenir. "© Le Télégramme

 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DESCRIPTION.

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Cette baie qui éclaire le mur sud du transept comporte six lancettes trilobées organisées en deux registres, et un tympan de 25 ajours organisés en trois fleurs.

Les lancettes montrent dans le registre inférieur la procession de pèlerinage des marins le jour de l'Assomption, et dans le registre supérieur des marins pêchant la morue à Terre-Neuve et, au centre, leur action de grâces à Notre-Dame-de-la-Cour après leur retour de la campagne de pêche.

Cette verrière a été édifiée en 1902 par l'atelier parisien Champigneulle. Elle a été restaurée récemment, avec mise en place d'un vitrage de doublage et d'un grillage (qui marquera de son ombre mes images).

Certainement réalisée à partir de photographies, elle acquiert une valeur documentaire et ethnographique certaine comme témoignage d'une manifestation religieuse (costumes, bannières, ex-voto et statues, paramentique),  du milieu maritime (habit des marins et des pêcheurs, embarcations, gréement de pêche) et des croyances et pratiques sociales à la fin du XIXe siècle sur le littoral de la Baie de Saint-Brieuc.

 

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 Les inscription de fondation du soubassement.

 

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Une inscription court à la base des supports architecturaux tout le long des six lancettes : 

REBUS IN GALLIA 1792 PERTURBATIS DESTRUCTUM INSTAURAVIT D. ALOYSIUS LEVOYER, HUJUS PAROECIAE LANNIRII RECTOR 1902.

Tentative de traduction : "Détruite lors des troubles survenus en France en 1792, cette verrière a été refaite en 1902 par Louis Le Voyer, recteur de cette paroisse de Lantic ".

Aloysius est la latinisation de Louis. Louis Marie Francois Le Voyer, fils de Francois Mathurin  Le Voyer  et de  Jeanne Marie Cochery, et né le 4 avril 1841 à  Pordic, fut  recteur de Lantic. Il poursuivit le travail de restauration des vitraux qu'avait entrepris l'abbé Ange-Marie Leclerc en 1878 pour les baies 0 et 4, puis pour la réalisation en 1884 de 8 verrières neuves par le Carmel du Mans.

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Sur le dernière lancette de droite nous pouvons lire : CHAMPIGNEULLE PARIS.
 

En 1881, Charles Champigneulle s'installa  à Paris, à l'atelier du 96 rue Notre-Dame-des-Champs. L'atelier est alors très actif et produit de très nombreux vitraux. Charles décède en 1905 et son fils Charles-Marie Champigneulle (1880-1908), architecte et maître verrier, lui succède. 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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I. LA PROCESSION DE L'ASSOMPTION.

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A Lantic (canton d'Etables), au diocèse de Saint-Brieuc, et sur la route de Lanvollon,  Notre-Dame de la Cour,  fut édifiée sous le duc Jean V (1399-1442) et achevée vers 1464 sous le duc François II.

La chapelle, qui fut un temps érigée en collégiale par Guillaume de Rosmadec, qui y a son gisant (1608), fut bientôt célèbre pour son pardon de l'Assomption,  l'un des plus pittoresques pardons du 15 août. 

 Vers elle affluaient autrefois de nombreux pèlerins, et surtout des marins qui accomplissaient, pieds nus et en chemise, les vœux qu'ils avaient faits pendant les tempêtes ("la chemise flottant sur le pantalon, et sans parler à personne, pas même à leurs parents."). Le 16 août, le lendemain de la fête patronale, et les jours suivants, se tenait une des grandes foires de départ  du département.

De quand date ce pèlerinage ? Fréminville n'en parle pas dans sa visite de 1837, et j'en trouve une première mention en 1864, alors que le tableau ex-voto du naufrage de La Perle date de 1836 et est attesté par la visite d'un touriste anglais, T.A Trollope, en 1840.  

"La paroisse de Lantic, dans le même canton, à Notre-Dame de la Cour, ainsi appelée probablement de ce qu'au temps de la féodalité la justice seigneuriale tenait sa cour près de la chapelle. Ce sanctuaire, qui remonte au commencement du quinzième siècle, a toutes les richesses du style flamboyant, et porte les armoiries des évêques. des abbés et des seigneurs; ce qui indique assez qu'ils prirent tous part à cette construction. [...]

"La Révolution de 93 a brisé les vitraux de cette belle chapelle, sauf la rosace du chœur, comme elle en a aussi détruit toutes les rentes de fondations, sauf une modique rente de froment; mais elle n'a pu même affaiblir la dévotion des peuples pour ce sanctuaire.

"Les populations voisines y viennent en pèlerinage; les marins surtout la visitent avant leur départ et au retour, et y font souvent célébrer une messe chantée a laquelle ils assistent religieusement. Quelquefois, dans les périls extrêmes au milieu des mers, ils font vœu de s'y rendre aussitôt qu'ils seront débarqués, et avant de parler à personne. Arrivés au port, ils se rangent en deux files; et sans dire mot aux femmes et aux enfants accourus au-devant d'eux, ils s'acheminent, parfois pieds et tête nus, vers Notre-Dame de la Cour en chantant les litanies de la sainte Vierge. De là proviennent tous ces petits navires suspendus en ex-voto aux voûtes du sanctuaire, et ce tableau de Marie descendant du ciel pour relever le navire la Perle près de sombrer.

"Les gens de terre ont la même confiance que ceux de mer en Notre-Dame de la Cour. Dans les calamités publiques ils viennent de tous côtés en procession et y font des neuvaines. Le premier dimanche de janvier, la paroisse de Lantic vient y renouveler sa consécration a Marie; tout le mois de mai, on y fait les exercices du mois de Marie, on y vient en station le mercredi des Rogations, en procession le jour du Saint-Sacrement. Le jour de l'Assomption et les trois jours suivants, on y célèbre les offices publics; et le jour de la première communion, les enfants y viennent processionnellement après vêpres se placer sous la protection de la Mère du Dieu qu'ils ont reçu le matin pour la première fois." (Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en France: depuis l'origine du christianisme jusqu'à nos jours. Comprenant l'histoire du culte de la Sainte Vierge dans les provinces ecclésiastiques de Bordeaux, Tours et Rennes, Volume 4 Plon, 1864 - page 507)

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Je  décrirai la procession de droite à gauche, dans le sens de progression des pèlerins.

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1. Un notable (maire ? armateur ?) et son épouse devant des femmes en costume breton ; en arrière-plan, une procession de femmes.

On y voit la coiffe à grandes ailes décrite dans Le Costume Breton de R.Y. Creston page 213 pour les communes de Lantic, Pordic, Étables, Binic, Plérin, etc. Les ailes de dentelle du bonnet descendent jusqu'aux épaules puis font retour "en ailes de pigeon" pour se superposer sur le sommet de la tête. Victor Luet a peint dans Les Costumes bretons  la coiffe à grandes ailes en lingerie de Plérin en 1910, au dessus d'un châle de laine frange de soie et d'une jupe de mérinos sous tablier de soie, une description qui semble convenir à plusieurs femmes de ce vitrail. Yann Guédon (Costumes de Bretagne) décrit pour Saint-Brieuc en 1900 page 104 "les ailes en gaze ont une envergure d'environ un mètre trente pour une dizaine de centimètres de large, leurs extrémités légèrement repliées viennent se brocher en arrière de la tête sur un fond ondulé en tulle fixé sur un chignon en catogan séparé en deux, décrivant deux grandes boucles encadrant le visage. Les boucles de ces grandes coiffes, surnommées surdos en raison de leur ressemblance avec la pièce de cuir du harnachement des chevaux dans laquelle on passait les brancards se portaient plus horizontalement au sud, plus retombantes au nord, selon Maurice Bigot". 

Voir les cartes postales du site labourhakan.

 La fillette est coiffée d'un simple bonnet.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2°) Les Filles de Marie vêtues de blanc portant la statue de la Vierge de l'Immaculée-Conception.

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Quatre jeunes filles, habillées et voilées de blanc, la taille ceinte, avec sur la tête une couronne de roses blanches, portent le brancard de la statue de la Vierge encadrée par un dais de roses. Quatre fillettes tiennent les rubans dorés. Les fillettes sont sans doute des premières communiantes de l'année, et les jeunes femmes des Filles de Marie, bien que je n'ai pas la confirmation de cette dénomination à Lantic. On nommait ainsi des jeunes filles qui s'engageait à une pratique religieuse, mais aussi à une conduite conformes aux exigences du recteur, moyennant quoi elles avaient le privilège d'être bien vues et de participer en bonne place à  tous les évènements religieux si nombreux à l'époque : processions pour la fête Dieu, la huitaine suivante l'octave, l'Assomption le 15 août, la Sainte Croix le 14 septembre (on montait au calvaire en faisant les quatorze stations, comme à Lourdes)… Elles étaient habillées aux couleurs mariales, en bleu ciel et blanc, ou  tout en blanc, avec des rubans bleus ciel et une médaille. Elles se réunissaient pour prier, chanter et réciter le chapelet. 

Voir http://cplittoralouest.catholique.fr/spip.php?article1580

 

 

 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3°) Les Filles de Marie  derrière la bannière de N.D. de la Cour.

Une fillette voilée de rose tient une corbeille de pétales de roses derrière deux jeunes filles qui portent la bannière de N.D. de la Cour ou en tiennent les rubans. Devant elles, un prêtre en surplis et soutane porte un ostensoir.

Un enfant de chœur est vêtu d'une soutanelle rouge et d'un surplis blanc ou rose serré par une ceinture rouge. Voir Yvonne Jean-Haffen, Pardon de la Troménie.

En arrière-plan, on remarque sur deux femmes (et déjà sur la photo précédente) un deuxième type de coiffe, nouée sous le menton. Est-ce le capot de travail d'été, "la capote",  "commune à toutes les campagnes littorales de la baie de Saint-Brieuc et qui se déclinaient sous plusieurs formes correspondant aux saisons, au rang de la personne et à son état social "(Yann Guesdon, op. cit.) ? Ou, assez proche, la grande coiffe à mentonnière peint et décrit par V. Lhuer page 104 ("Saint-Brieuc, 1913")  dont les brides nouées à gauche sont bordées de tuyautés et ajourées en leur centre" ? 

La meilleure image est peut-être celle de Maurice Bigot dans "100 coiffes anciennes de Bretagne" sous le titre N° 82 Saint-Brieuc" : "il existe six variantes du bonnet à brides, [...]  À Étables, dans la partie est du canton de Lanvollon et à Saint-Brieuc, les brides sont nouées étroitement sous le menton, en jugulaire". 

Voir "Coiffe du pays de Quintin et Plaintel".

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4°) Un chanoine, une personnalité politique et un joueur de tambour précédant une foule d'hommes passent sur le placître devant le porche de la chapelle .

L'évêque du diocèse de Tréguier et Saint-Brieuc est alors monseigneur  Pierre-Marie Frédéric Fallières . Ce n'est pas lui qui préside la cérémonie, mais un chanoine en soutane, rochet, mosette et rabat, barrette tenue dans les mains (?), étole de célébrant, et décoration (légion d'honneur). 

Le notable est vêtu d'une jaquette gris-bleu ; il tient son haut-de-forme.

Le joueur de tambour accompagnait les mariages et les cérémonies, avant de se joindre au couple de sonneurs. Il a été peint par Yvonne Jean-Haffen au Pardon de la Troménie, dans le costume glazic. 

En arrière-plan, le calvaire de Notre-Dame-de-la-Cour.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5°) Les marins de la Royale portent un trois-mâts en ex-voto.

Le gréement semble approximatif, notamment vers la proue.

On retrouve sur les  enfants de chœur la soutanelle et le surplis rose.

 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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6°) La procession contourne l'église, drapeau français et bannière en tête, devant les spectateurs.

Il serait bien-sûr amusant de connaître l'identité de l'homme qui a fait figurer son portrait "photographique" dans le coin gauche.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

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Comparaison avec un document d'époque : le tableau de Camille Chazal  Pendant les vêpres au pardon de Lantic en 1873.  On y retrouve les coiffes en aile, les enfants de chœur roses et rouges et les marins en uniforme.

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Cette toile de dimension monumentale (380 x 450 cm) fut présentée au Salon de Paris en 1873 par Camille Chazal (1825-1875).
Camille Chazal, Pendant les vêpres au pardon de Notre-Dame de la Cour en Lantic en 1873, huile sur toile, Musée du château de Suscinio, dépôt de l'État.

 

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II. LA PÊCHE À LA MORUE À TERRE-NEUVE OU EN ISLANDE / LES MARINS RENDENT GRÂCE À NOTRE-DAME.

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Le registre supérieur montre au centre les marins-pêcheurs et les familles (parfois éplorées) rendant grâce à Notre-Dame en fin de campagne morutière, et de chaque coté deux scènes de pêche différente, la pêche en doris sous la bénédiction du Christ à gauche et la pêche à la ligne à main depuis le bord, sous la protection de la Vierge à droite. 

Les marins-pêcheurs  n'assistaient pas à la procession du 15 août, car les campagnes de pêche à Terre-Neuve, Saint-Pierre-et-Miquelon et en Islande débutaient en fin avril et se terminaient en fin août ou en octobre.

Les Paimpolais honoraient la Vierge en début et fin de campagne par le "pardon des islandais" lors de bénédiction des navires sur les bassins, ou à la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle. La chapelle de Lantic concernaient les marins de Saint-Quay-Portrieux, d'Étables-sur-mer et surtout de Binic : c'est à ce port que je me suis intéressé à partir du site de l'Inventaire général.

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En 1865 le département des Côtes-du-Nord comprend 3 quartiers maritimes (Saint-Brieuc, Paimpol et Dinan) et 3 sous-quartiers (Binic, Tréguier et Lannion). En 1885, Binic  devient un quartier maritime, avec deux syndicats : Binic, Portrieux . Le Syndicat de Binic se compose de 4 communes :  Binic (2379 h), Lantic, Etables, Pléguien. En 1927 où Binic perd son statut de quartier maritime et devient syndicat du quartier de Saint-Brieuc. Immatriculation BIN (?).

On distingue à Terre-Neuve, sur le "Grand Banc" la pêche sédentaire de morue séchée à terre par les "graviers" et la pêche errante de la morue verte pour le salage .

La pêche sédentaire à la morue sèche à Terre-Neuve puis à Saint-Pierre-et-Miquelon:

Dés 1514, les navires binicais à l'instar des Bréhatins et des Dahouëtins étaient présents pour pêcher les morues à Terre-Neuve.  Au 17ème siècle, Binic représente avec ses 7 à 12 morutiers le port le plus entreprenant de la région de Saint-Brieuc pour la pêche morutière . Au cours du 19ème siècle, Saint-Brieuc et Binic restent des ports très actifs et  en 1845, Binic était le premier
 port morutier français avec  37 navires montés par 1703 hommes, destinés essentiellement à la morue sèche. Entre 1865 et 1877, le déclin pour Terre-Neuve s'amorçait avec seulement 17 navires au départ de Binic, 2 navires en 1900, 6 navires entre 1912 et 1914 (168 marins), pour se terminer avec un seul navire en 1925. A partir de 1880, la pêche se déplaça à Saint-Pierre-et-Miquelon. 
Les navires quittaient Binic pour Terre-Neuve à la fin du mois d'avril pour revenir en octobre.


Les Binicais ont été les spécialistes avec les Malouins et les Basques du traitement de la morue sèche à terre sur des galets puis sur des échafauds en bois (établis) placés dans des chauffauds (hangars en bois sur pilotis) avec
 des cabanes pour le logement. Les hommes (souvent des paysans) qui travaillaient sur les grèves ou graves étaient nommés "graviers". Le navire complètement dégréé, toutes manœuvres dépassées, restait mouillé à l'ancre dans son havre. Les pêcheurs, moins nombreux, sortaient chaque jour en mer à proximité de la côte, soit à bord de chaloupes pour pêcher à la senne (grand filet de 1, 50 m de haut, ramené à la grève), soit à bord de petits bateaux qu'on laissait dériver, pour pêcher à la ligne à la main. Les Binicais travaillèrent depuis le 17ème siècle jusqu'en 1930 à Terre-Neuve puis à Saint-Pierre et Miquelon, dans des conditions extrêmement rudes. Cette industrie de la morue sèche déclina à partir de 1830 et en 1904, la France avait abandonné ses droits séculaires sur le "French Shore" et désormais seules les graves de Saint-Pierre et Miquelon furent utilisées par les graviers binicais.

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La pêche à Islande (à Faskrudfjordur) à partir de 1860.

Les Normands furent les premiers à puiser dans les bancs islandais, mais ils fréquentaient surtout la côte est du pays. Les premières expéditions bretonnes, à partir de 1860, firent au contraire escale dans les fjords majestueux de la côte ouest, et l'habitude en fut prise. Cette pêche se développa dans les ports du nord de la Bretagne, notamment à Binic et à Paimpol, avant de péricliter au début du XXe siècle.

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En 1865, Binic comptait 12 goélettes islandaises et 18 en 1895, 7 en 1912 avec 162 pêcheurs et seulement 5 navires en 1913 avec 135 pêcheurs. Ces navires quittaient Binic au début du mois de février après le "pardon des Islandais" pour revenir à la fin du mois d'août, avec une moyenne de 2000 morues par homme.

Entre 1880 et 1914, on relève à Binic  les armements Le Pomelec Le Suavé-Galerne (7 goélettes), Verry-Carfantan (13 goélettes), Le Cerf (2 goélettes), Besnier (5 goélettes), Chevrel-De Pincé (3 goélettes), Mancel, Bony.

 

La pêche "errante" sur les bancs

La pêche errante sur le Grand Banc était pratiquée depuis le 16ème siècle par les équipages, au large de Terre-neuve, avec un équipage de marins expérimentés, aptes à traiter la morue verte à bord pour le salage et la conservation. Cette pêche s'effectuait du bord à la ligne à main  à bord de chaloupes dés 1780,  à l'aide des  lignes flottantes,  pendant que le navire dérive lentement sous petite voilure. Ces lignes sont armées de centaines d' hameçons . Les fortes chaloupes vont être progressivement remplacées par les doris, embarcation d'origine américaine  ou basque (les chaloupes pointues à fond plat) à partir des années 1880-1885 ;  embarqués sur les trois-mâts goélettes, elles sont empilés entre le pont et le mât d'artimon. 

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La pêche à la morue verte ou pêche à la ligne dormante ou ligne de fond
Cette technique a remplaçé les lignes du bord, par une ligne dormante ou ligne de fond, déjà utilisée en Manche, pour la pêche dite "aux cordes". Le navire mouillait en pleine mer, les pêcheurs sortaient chaque jour, soit en chaloupes, soit en doris, pour tendre puis relever leurs lignes de fond, garnies d'une centaines d'hameçons. La morue était préparée et salée à bord. 
Les lignes longue d'un kilomètre étaient amorcées à bord, avant la descente en doris, tendues en mer  avant de revenir sur la goélette pour reprendre une nouvelle ligne, la reposer et ainsi pendant toute la campagne.

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Les navires .

Divers types de navires à la fin du XIXe et au début du XXe siècle ont été utilisés pour Terre Neuve, comme les dundées, les brigs, les brigs goélettes, les trois mâts carrés, mais le mieux adapté à la Grande Pêche était le trois mats goélette, de manœuvre simple et facile aux différentes allures. Le Terre-neuva moyen jaugeait 380 tx, mesurait 45 m HT, et avait 4,27 m de tirant d'eau (J. Le Bot). 

La Belle-Poule et l'Étoile sont des répliques de 1932 des  goélettes à huniers nommées goélettes islandaises. Elles mesurent 37,50 m HT, déplacent 275 Tx et leur tirant d'eau est de 3,60 m. 

Les doris furent adoptés vers les années 1880-1885 en remplacement des fortes chaloupes, lourdes et incommodes mal adaptées aux conditions des Bancs.  Ces embarcations à clins à 4 virures et à font plat mesurent (plan Le Bot p. 47) 5,95 m de long et 1,78 m de large ; leurs trois bancs et leurs trois cloisons étaient amovibles pour permettre leur empilement. Ils se manœuvrent grâce aux paires d'avirons de frêne, ou bien en gréant deux voiles au tiers et un foc.  Leur équipage était de deux hommes, le patron et l'avant de doris. Les lignes, disposées dans des mannes, sont longues de 3000 m et portent 2000 hameçons. Chacune est tendue, le soir, entre une ancre et son orin, et une bouée numérotée. Leur relève s'effectue le lendemain matin au petit jour. Un doris portait environ 5 quintaux de morues, soit 250 poissons. "

 "Une “dorissée” désigne la pêche d’une journée, l’ensemble des morues contenues dans le doris qui seront, une à une, comptées et dont le nombre sera reporté sur le carnet personnel. Le doris est l’étalon de mesure de la morue pêchée.
Départs et arrivées des doris, chaque jour répétés à l’identique, sont autant de repères temporels constituant un temps pensé et vécu de la même manière par tous les membres de l’équipage. Mais, parfois le rythme est troublé : un doris manque...
Florence Levert.

 

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—Concernant Étables, le site de l'Inventaire indique que la commune a un riche passé maritime lié à la Grande Pêche, qui se confond avec celui du Portrieux et de Binic. Les Tagarins ont largement participé aux campagnes de Terre-Neuve et d'Islande en fournissant nombre de marins et d'armateurs à cette épopée maritime qui a fortement marqué l'histoire du Goëlo (Ruellan, Mahéas). 

La chapelle Notre-Dame-d'Espérance à Etables-sur-mer qui date de 1850 sur la falaise de Vauburel conserve des ex-voto offerts par des pêcheurs terre-neuvas et islandais.

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Conclusion : au moment où cette verrière fut peinte, la Grande Pêche vient de connaître son apogée et amorce son déclin. Pierre Loti a publié Pêcheur d'Islande en 1886, et Théodore Botrel créera La Paimpolaise en 1895. 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A gauche : le Christ. Pêche en doris.

a) l'inscription 

Le Christ, sur une nuée et dans une gloire, trace une bénédiction. La banderole porte les mots DUC IN ALTUM ... LAXATE RETIA VESTRA IN CAPTURAM

Il s'agit du verset évangélique Luc 5:4  "Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher".

La citation est donc particulièrement adaptée à la situation, j'en donne donc le texte élargi.

 

 duc in altum et laxate retia vestra in capturam et respondens Simon dixit illi praeceptor per totam noctem laborantes nihil cepimus in verbo autem tuo laxabo rete ...

 

"Il vit au bord du lac deux barques, d'où les pêcheurs étaient descendus pour laver leurs filets. Il monta dans l'une de ces barques, qui était à Simon, et il le pria de s'éloigner un peu de terre. Puis il s'assit, et de la barque il enseignait la foule.Lorsqu'il eut cessé de parler, il dit à Simon: Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher. Simon lui répondit: Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre; mais, sur ta parole, je jetterai le filet. L'ayant jeté, ils prirent une grande quantité de poissons, et leur filet se rompait. Ils firent signe à leurs compagnons qui étaient dans l'autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques, au point qu'elles enfonçaient. Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit: Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur. Car l'épouvante l'avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche qu'ils avaient faite. Il en était de même de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Alors Jésus dit à Simon: Ne crains point; désormais tu seras pêcheur d'hommes. Et, ayant ramené les barques à terre, ils laissèrent tout, et le suivirent."

 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) la scène de pêche.

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En arrière-plan se voit une goélette à huniers à trois mâts, sous voile. (trois phares auriques, deux huniers sur le mât de misaine, et trois focs (trinquette, foc et  clin foc). Puis une goélette à huniers, au mouillage, se préparant à hisser un doris grâce à un palan frappé sur la bôme. 

Au premier plan, le patron tient l'extrémité d'une ligne lovée dans la manne. 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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A droite, la Vierge devant une scène de pêche à la ligne, et un naufrage.

La Vierge, placée sur et dans  une nuée, trace une bénédiction. Les banderoles portent deux extraits d'un cantique : AMICA STELLA NAUFRAGIS signifie "étoile amie des naufragés" et 

TUTAM RECLUDE SEMITAM "ramenez-nous dans la voie que nous avons perdue."

Ils proviennent des Matines de l'Office de l'Immaculée Conception :

Praeclara custos Virginum,
Intacta mater Numinis,
Cœlesti aulae janua,
Spes nostra, cœli gaudium,
Inter rubeta lilium,
Columba formosissima,
Virga e radice germinans

Nostro medelam vulneri,

Turris draconi impervia ,

Amica Stella naufragis ,

Tuere nos a fraudibus ,

Tuaque luce dirige.

Erroris umbras discute ,

Syrtes dolosas amove :

Fluctus tot inter deviis

Tutam reclude semitam.

Jesu , tibi sit gloria Qui natus es de Virgine ; Cum Pâtre et almo Spirilu lu sempiterna saecula. Amen

"Protectrice illustre des vierges, Mère immaculée de Dieu, porte des célestes palais, notre espoir et la joie du ciel, Lys épanoui parmi les épines, colombe pleine de beauté, Vierge dont le sein produit celui qui guérira nos plaies; Tour inaccessible au serpent infernal, étoile amie des naufragés, défendez-nous contre les ruses de l'enfer, et dirigez-nous par votre lumière; Dissipez les ténèbres de l'erreur, écartez les écueils trompeurs, et malgré la fureur des flots, ramenez-nous dans la voie que nous avons perdue."

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Le choix s'est donc judicieusement porté sur des passages particulièrement adaptés à la situation dépeinte.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La scène maritime décrit la technique de pêche à la morue depuis le bord, avec des lignes à main.

Au pied de hautes falaises (Islande ?), l'embarcation au premier plan est une chaloupe dont on aperçoit le navire à huniers en arrière. Sept pêcheurs sont représentés, les uns en cirés et suroît, les autres en uniforme bleu et béret à pompon. Ils ramènent à bord les voraces morues attrapées par leurs lignes.

A droite, peint en grisaille, sur un navire en perdition, des marins appellent des secours, et se tournent vers la Vierge.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Au milieu : les marins revenus à terre après la campagne de mer rendent grâce à Notre-Dame.

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L'inscription de la banderole porte les mots AVE MARIS STELLA "Salut, étoile de la mer". Le titre de cet hymne très ancien (IXe siècle) est idéal pour les marins, qui entonnent le cantique lors des pardons et bénédictions ou invoque sous ce nom la Vierge dans leurs chapelles du littorales.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Du coté gauche, nous voyons bien quatre marins, pieds nus, réaliser le vœu auquel ils se sont engagés. 

L'un est à genoux, bonnet à terre, vêtu de la vareuse et du pantalon de toile de la Marine. les trois autres, dans une tenue équivalente, tiennent des cierges et écoutent le prêtre (le recteur). Ce dernier, qui porte l'étole et le manipule, tient en main gauche un objet que je n'identifie pas.

Derrière l'autel, la statue de Notre-Dame-de-la-Cour sous son dais, telle qu'on la connaît aujourd'hui, mais dans son emplacement d'alors sur la verrière est.

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Du coté droit, la scène est plus triste, car un homme âgé est à genoux, une mère de deux enfants est accompagnée d'une femme en larmes : tout indique qu'un marin n'est pas revenu de mer et qu'il laisse deux orphelins. A l'arrière-plan, un prêtre, un moine, et un marin.

 

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE TYMPAN.

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Il porte les Litanies du Sacré-Cœur :

 

COR JESU FORNAX ARDENS CARITATIS 

Cœur de Jésus, brasier brûlant de charité

 

COR JESU PROPITATIO PRO PECCATIS NOSTRIS 

Cœur de Jésus, qui avez expié nos péchés

COR JESU DIVES IN OMNES QUI INVOCANT TE

Cœur de Jésus, généreux envers tous ceux qui vous invoquent 

COR JESUS SPES IN TE MORENTIUM

Cœur de Jésus, espoir de ceux qui meurent en vous

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Si ma vue est bonne, les armoiries papales de Léon XIII (d'azur au cyprès de sinople ...) sont en sommité au dessus du nimbe du Christ

Les armoiries épiscopales de Mgr Fallières d'azur au calice d'or  sont placées à gauche, avec la date de 1895.

Les armoiries épiscopales qui évoquent celles de l'évêque de saint-Brieuc Jean Prégent (mort en 1472),  — théoriquement d'azur à la fasce d'or accompagné de trois molettes de même  —  sont placées à droite. On les retrouve, dans leur version correcte sur le pignon extérieur, au sommet de la baie 4 dont il est le commanditaire, et sur la maîtresse-vitre.

Quatre monogrammes attendent un amateur d'énigmes : HF / BV / HR / BP.

Quatre blasons couronnés attendent également un amateur d'héraldique. En troisième position, ce sont celles, d'argent fretté de gueules de 6 pièces, au franc quartier , de la comtesse de Kergariou, donatrice pour la restauration de la maîtresse-vitre

 

 

 

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Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière du Pèlerinage des marins (Champigneulle, 1902), baie 6, chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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https://chapellelantic.weebly.com/

http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/binic/Geoviewer/Data/HTML/IM22005564.html

— Abbé Jean Kerlévéo, Paimpol au temps d'Islande, Lyon, Chronique Sociale de France, 16, rue du Plat, 1944, 2 vol. in-8°, xin-348 et 426 pages.

 

— Conditions de vie des pêcheurs d'Islande entre 1850 et 1935

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conditions_de_vie_des_p%C3%AAcheurs_d%27Islande_entre_1850_et_1935

— BINIC GRANDE PECHE

http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/binic/Geoviewer/Data/HTML/IM22005527.html

— ETABLE-SUR-MER

http://sallevirtuelle.cotesdarmor.fr/inventaire/etables/Geoviewer/Data/HTML/IM22005610.html

— M. BRONKHORST 1927, La pêche à la morue,  Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes, Archive Institutionnelle de l'Ifremer.

http://archimer.ifremer.fr/doc/1927/publication-2205.pdf

LACROIX Louis (Capitaine au long-cours), 1949 - Les derniers Voiliers Morutiers Terreneuvas, Islandais, Groenlandais. Luçon, Pacteau imp. 1949, in-8° , couv. illustrée, de vi-314 pp. + 129 illustrations (cartes & planches).

— LE BOT, Jean, 1990. Les bateaux de la Bretagne Nord aux derniers jours de la voile. Grenoble : Glénat, 1990, .

— QUERRE, Christian. La grande aventure des Terre-Neuvas de la baie de Saint-Brieuc. Saint-Brieuc : éditions du dahin, 1998.

QUERRE, Christian, LERIBAUX, Philippe. Souvenirs de Binic (1900-1960). Binic : éditions du Dahin, 2004, p. 210-233.

—Exposition Doris

http://www.culture.gouv.fr/documentation/ccmf/fr/decouvrir/expositions/doris/doris2.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
8 décembre 2017 5 08 /12 /décembre /2017 16:20

La verrière de saint Nicolas de Tolentino et de saint Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, par Olivier Le Coq et Jehan Le Lavanant),  baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic.

 

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Voir 

— Voir aussi, sur cette chapelle :

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Les débuts de la construction de la chapelle correspondent au temps du duc Jean V (1399-1442), qui la dota et qui en fut peut-être le fondateur, mais le chantier n'était pas achevé en 1464, puisqu'à cette date, François II accorda une remise d'impôt aux habitants du lieu afin qu'ils consacrent au parachèvement des travaux la moitié des ressources ainsi dégagées. Ce sont les armoiries de François Ii et de la duchesse Marguerite de Bretagne qui sont placées en sommité de la maîtresse-vitre, ou baie 0.

Mais Notre-Dame-de-la-Cour bénéficia aussi des largesses de l'évêque de Saint-Brieuc Jean Prégent (1450 -1472), qui finança la construction du bras sud du transept et y fit vitrer les baies 4 et 6, en y plaçant ses armoiries. Si la baie 6 fut largement détruite pendant la Révolution,  la baie 4 fut mieux préservée.

Après l'incendie qui toucha la chapelle en 1874, et à l'initiative du recteur Ange-Marie Leclerc, la presque totalité des baies furent restaurées. L'opération débuta en 1878 par cette baie 4 en même temps que  la baie 0 ; elle fut menée par l'Atelier du Carmel du Mans sous la direction de Eugène Hucher. 

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Description.

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La baie 4,  dans le bras sud du transept et au dessus de la Pietà, comporte deux lancettes trilobées organisées en deux registres, et un tympan à 1 soufflet sommital et deux mouchettes. Elle mesure 4,70 m de haut et 1,30 m de large.  Son intérêt principal vient de son iconographie , choisie vraisemblablement par l'évêque Jean Prégent vers 1460 et consacrée les deux moines Nicolas de Tolentino et Bernardin de Sienne. Choix étonnant par sa précocité si on sait que l'augustin Nicolas de Tolentino fut canonisé en 1446 par le pape Eugène IV, et que le franciscain Bernardin le fut en 1450, par  Nicolas V. Mais l'étonnement est moindre si on considère que Jean Prégent, qui avait été envoyé par le duc Jean V dont il était le conseiller comme ambassadeur auprès du pape Eugène IV en 1432, devait à ce dernier son poste d'évêque de Saint-Brieuc. Ou bien si l'on sait qu'Eugène IV avait été moine augustin, puis brièvement évêque de Sienne.

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Une symétrie organise les registres des deux lancettes puisqu'au registre supérieur Nicolas de Tolentino tenant une étoile sur son livre répond à Bernardin de Sienne tenant un livre et le monogramme embrasé IHS, tandis qu'au registre inférieur les deux moines sont représentés l'un priant et l'autre prêchant. 

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LA LANCETTE GAUCHE : SAINT NICOLAS DE TOLENTINO.

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1. Registre supérieur.

 

"La lancette gauche comprend trois panneaux consacrés à saint Nicolas de Tolentino. En haut, sous un riche dais gothique, le saint, en froc brun, se détache sur un fond bleu. Il est couronné d'un nimbe moderne à rayons en forme de flammes sur le bord duquel on lit : saint Nicolas de Tolentino. Devant le saint, à hauteur de ses mains, une étoile rouge." (Couffon 1935)

"Figure de saint Nicolas de Tolentin sous un important dais d'architecture (nombreuses restaurations) ". (Gatouillat et Hérold 2005)

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Le saint italien, moine de l'Ordre des Augustins qui fut un exemple d'humilité, d'esprit de mortification et de charité, et qui exerça son ministère à Torentino (Marches) de 1279 à 1305, est représenté tonsuré, dans l'habit de son Ordre, tenant le livre de sa Règle ainsi que son principal attribut, une étoile. C'est aussi ainsi qu'il est peint par Piero della Francesca sur un tableau de 1454-69 conservé à Milan au Museo Poldi Pezzoli, tandis que d'autres le montrent avec un soleil rayonnant sur la poitrine (Miguel del Prado, vers 1515). Le Pérugin le peint en 1507 montrant du doigt une citation des Confessions de saint Augustin : Servus tuus sum ego et filius ancille tue .

L'étoile s'expliquerait ainsi :

"Dieu voulant montrer la sainteté de saint Nicolas de Torentino, envoya une étoile qui descendit dans l'église et s'arrêta sur l'autel où Nicolas disait la messe, pour faire voir que le saint était la lumière des chrétiens. On garda cette étoile sous l'autel de Tolentino, et on la montrait tous les ans le 10 septembre jour de la saint Nicolas." Jean-Paul Kurtz Dictionnaire critique des reliques et des images miraculeuses .

On lit aussi que s'il est représenté avec un soleil au milieu de la soutane noire, c'est parce que l'on disait  qu'une étoile brillante le suivait continuellement dans ses mouvements et illuminait sa silhouette.

 

 Marguerite d'Autriche (1480-1530) consacra au saint l'église de Brou destinée  à abriter sa tombe et celle de son époux. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Nicolas-de-Tolentin_de_Brou

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L'inscription exacte du nimbe est  : S : NICOLLAS DE TOLLENTINO  : EREM, avec un doute sur le dernier mot.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. Registre inférieur. Saint Nicolas invoqué par les âmes du purgatoire. 

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En majeure partie moderne par Hucher avec remploi de quelques pièces originales dont l'inscription.

"Dans le panneau au-dessous, de petits personnages nus, sans doute des âmes, implorent le saint. Seuls, les deux du premier plan sont habillés et portent respectivement, celui de gauche une robe rouge et celui de droite une robe bleue. Un petit cartouche porte en lettres gothiques : Grand S. Nicolas de Tollenlino Salvez esleze.

Le panneau du bas est moderne. Le saint, agenouillé sur un prie Dieu recouvert d'une tenture rouge semée d'étoiles d'or, est en prières devant le Crucifix. En haut, trois anges musiciens, aux ailes respectivement rouges, bleues et rouges, l'assistent." (Couffon, 1935)

 

Le panneau supérieur montre seize personnages des deux sexes, presque nus, agenouillés et mains jointes : on peut les considérer comme des âmes du purgatoire attendant en prière  leur salut. On prie en effet saint Nicolas de Tolentino car il  délivra par ses prières des âmes du purgatoire durant son existence. Il est donc le patron   des âmes du purgatoire à qui on demande  la délivrance

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'inscription montée dans le support gauche de l'architecture.

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GRANT S. NICOL

LAS DE TOLLENTINO

SALVEZ ES CEZE

"Grand saint Nicolas sauvez les ---"

Cette inscription e n'a pas été traduite ni interprétée ; les deux derniers mots, accolés par les auteurs (Couffon, Gatouillat) résistent à la compréhension, là où on attendrait "sauvez les âmes". Faut-il y lire " Grand saint Nicolas, sauvez-les seize", puisque c'est le nombre des âmes figurées en prière ?

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la verrière de Nicolas de Tolentino et de Bernardin de Sienne (vers 1460-1470, Olivier Le Coq et Jean La Lavanant), baie 4 de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LA LANCETTE DROITE : SAINT BERNARDIN DE SIENNE.

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 Le registre supérieur.

"L'autre lancette est consacrée à saint Bernardin de Sienne. Sous un dais gothique semblable à celui abritant saint Nicolas, saint Bernardin, en froc brun, se détache sur un fond rouge. Il tient de la main droite un soleil d'or avec le monogramme i. h. s." (Couffon, 1935)

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Le saint, tonsuré,  est en habit franciscain, remarquable par la cordelière à trois nœuds témoignant de leur attachement à la sainte Trinité. Il tient un livre dans la main gauche où sont écrits les mots suivants  : "PATER / MANI / FESTAVI / NOMEN /  TUUM / OMINI / BUS ".

Il s'agit d'un passage du chapitre 17 de l'évangile de Jean Je 17:5-6 "Et maintenant toi, Père, [...] j'ai fait connaître ton nom aux hommes" que vous m'avez donnés. Sous cette forme Pater manifestavi nomen tuum hominibus, il s'agit d'un chant grégorien attesté dans les antiphonaires pour la fête de l'Ascension

L'inscription se retrouve sur le livre de saint Bernardin sur une huile sur bois attribuée à Bartolomeo della Gatta conservée au Petit Palais d' Avignon et peinte...en 1470. Ou bien sur une fresque de Bernardino Pinturicchio, à la chapelle Bufalini de Santa Maria di Arecoeli de Rome.  Mais pourquoi ?

Il faut savoir que Bernardin est mort le 20 mai 1444, le jour de l'Ascension, précisément alors que les Frères chantaient en chœur l'hymne grégorien Pater manifestavi... (Source) (Source 2).

Il s'agit ainsi de l'une des deux inscriptions propres au saint, avec Quae sursum sunt sapite non quae super terram (Col., 3,2).

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A la différence de Nicolas de Talentino, Bernardin de Sienne est présent sur les bases de données d'iconographie Mandragore et Enluminures : Ainsi, on trouve deux enluminures dans les manuscrits  du Civitate dei de saint Augustin (trad. Raoul de Presles), vers entre 1469 et 1473, dans les Français 18 folio 3v et  Français 19 folio 232 dans l'allégorie de la cité de Dieu, ainsi que sur le Nouvelle acquisition latine 758 fol. 2. Dans les bibliothèques provinciales, il figure dans les Heures à l'usage de Paris vers 1470 (Chambéry Ms 0001 f.190), dont on notera la coïncidence temporelle avec cette verrière. Le saint tient l'astre (sans monogramme) et le livre, et trois mitres sont posées à terre. dans le De evangelio aeterno du XVe siècle (Dole BM ms 0118 folio 003), le saint tient un livre avec le monogramme au milieu de l'astre. Dans les Heures à l'usage de Rome de 1510 (Tours, BM Ms 2104 folio 172v), Bernardin prie devant un livre et tient l'astre doré.

En Italie, je citerai l'enluminure de Giampietrino da Birago, peinte vers 1490 dans  le Livre d'Heures des Sforza folio 207v : British Library  Ms Additional 34294. Elle reprend les trois mitres, le monogramme sur un panneau, et le livre.

Le saint est aussi présent dans les suffrages du Livre d'Heures du duc de Bretagne Pierre II. Ou dans les  Heures d'Antoine de Crèvecoeur, vers 1450-55 (Leeds, University Library, The Brotheton Collection, ms.4 folio 318-319).

 

En Bretagne, on trouve une statue en l'église Saint-Nonna de Penmarc'h : je l'ai présenté ici,  avec le panneau portant le monogramme christique IHS dans un soleil d'or, et les  trois mitres à ses pieds, en souvenir de son triple refus de l’épiscopat.