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1 novembre 2018 4 01 /11 /novembre /2018 14:43

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LA BAIE 18.

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Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Chaque pièce ancienne mesure 0,85 m de haut et 0,65 m de large.

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1°)Dans un intérieur Renaissance, couple de donateurs et leurs enfants ; vêtements et écus armoriés portés par des putti.

Pièces en chef-d'œuvre dans les écus.

Réalisé probablement dans un atelier de Beauvais vers 1520-1530.

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Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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2°) Trinité : quelques restes d'un panneau du 1er quart du XVIe.

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Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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3°) Apôtre de la Transfiguration sur fond damassé blanc, vers 1500.

4°) Couple de donateurs au pied d'une croix sur fond de paysage, composition attribuée à Beauvais, vers 1520-1530.

 

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Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 18, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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BAIE 19.

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Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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1°) Fragments d'un panneau au trois chanoines donateurs portant l'aumusse, sous un dais architectural.

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Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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2°) Donatrice non identifiée.

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Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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3°) Religieuse, donatrice.

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Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 19, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LA BAIE  20. 1ER QUART XVIE ET XXE .

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Baie 20, registre inférieur.

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a) Des bourreaux tenaillent les seins de sainte Barbe.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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b) Flagellation de sainte Barbe.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La baie 20, registre intermédiaire bas.

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a) Arrestation ou décollation de sainte Barbe (?) sur fond de scène de chasse et vue marine à deux nefs.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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b) Comparution de sainte Barbe devant le roi son père.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La baie 20, registre intermédiaire haut.

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a) Saint Sébastien visé par deux archers, fond de paysage.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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b) Un évêque, une épée plantée dans le ventre.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La baie 20, registre supérieur.

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a) Un saint diacre martyr : dalmatique rouge frangée et manipule, palme et livre.

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Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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a) Un saint diacre martyr : dalmatique, palme et livre dans sa couverte (ou sac à procès).

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 20, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LA BAIE 24.

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Au centre :

À gauche : Donateur non identifié en cotte d'armes et son fils sur fond de vitrerie colorée par Labouret.

À droite : Donatrice non identifiée sur fond de vitrerie colorée par Labouret.

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Baie 24, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 24, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les armoiries du tabard du donateur sont d'azur à la croix engreslée d'argent.

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Ces deux figures  sont décrites en 1792 par A.L. Millin :

Antiquités nationales, ou Recueil de monumens pour servir à l'histoire …, XLV, Ville et château de Gisors

"ll y a quatre chapelles adossées sur les piliers en avant du chœur. Elles sont toutes très-ornées de sculptures. 

Dans la chapelle suivante on voit sur les vitraux quatre figures peintes. Sur le premier vitrail il y a une femme vêtue d'une robe , et dont la tête est couverte d'un voile ; elle est à-genoux devant un prie-dieu où sont ses armes d'azur à la croix , engreslée d'argent , Planche II , fig. 8. Derrière elle est un homme vêtu d'une longue robe. Dans l'autre vitrail sont les deux autres figures , dont l'une armée et cuirassée porte sur sa tunique les armoiries qui sont sur le prie-dieu de la femme. Il a derrière lui un jeune homme en robe, Planche II , fig. 9. Ces armes sont celles de Daillon , comte de Lude : mais j'ignore qui ce portrait représente."

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Aubin-Louis Millin 1792, Antiquités nationales planche XLV

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Voir Jean Daillon 1423-1481

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Daillon

Voir Famille Daillon, seigneurs du Lude :

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Daillon.pdf

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Baie 24, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 24, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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SOURCES :

— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f127.item.zoom

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 171

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 19:00

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Cette baie, l'une des quatre  de la Chapelle de la Vierge, mesure  3 m. de haut et 1,10 m de large ; elle  comporte 1 lancette trilobée et un tympan à 1 ajour et 1 écoinçon. Son registre inférieur est l'œuvre de l'atelier Duhamel-Marette. Celui-ci , chargé de la restauration des baies, réalisa entre 1893 et 1898 des verrières neuves pour les baie 9 à 15 de la chapelle de la Vierge en incluant ici en registre supérieur la figure de Notre-Dame-de-la-Liesse, conservée jusqu'en 1897 dans le bas-coté sud du chœur, peut-être en baie 12.

Le fond Duhamel-Marette et Muraire est conservé aux Archives départementales de l'Eure (75J 1-7).


 

"Louis-Gustave Duhamel, formé à l'école des Beaux-Arts de Rouen puis à l'atelier du maître-verrier Bernard dans la même ville, s'associa vers 1860 à un ''peintre-vitrier'' d'Evreux, Jean-Gabriel Marette, dont il épousa la fille, Marie-Adeline. Sous le nom de Duhamel-Marette, cet atelier ébroïcien devint l'un des principaux artisans du renouveau de l'art du vitrail en Normandie, actif aussi bien dans la restauration de vitraux anciens que dans la création de verrières dans le style du Moyen-Âge et de la Renaissance et sa production fut exportée bien au-delà des limites régionales."

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Baie 15 (milieu XVIe et 1895-1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 15 (milieu XVIe et 1895-1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR. DUHAMEL-MARETTE 1895-1898.

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Une inscription explicite le sujet de la scène : 

COME EN LAN 1634 AYANT PRIS FIN UNE PESTE HORRIBLE MRE ROBERT DENYAU
CURE DE CEANS ET LES BOURGEOIS DE GISORS REMERCIENT NOSTRE DAME EN SON EGLISE DE LIESSE.

 

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"Comment en l'an 1634, ayant pris fin une horrible peste, messire Robert Denyau curé de céans et les bourgeois de Gisors remercient Notre-Dame en son église de Liesse."

P. F. D. Hersan dans son Histoire de la ville de Gisors parue en 1858, fournit les explications suivantes  :

En l'année 1604, Marc Philo de Saint-Servin , licencié en théologie , protonotaire apostolique, de la compagnie de Jésus, curé de Gisors, installa les religieux de la Mercy ou de l'Ordre de la Très-SainteTrinité, appelés Mathurins, dans la chapelle de Notre-Dame-de-Liesse de Gisors, près le Mont-de-l'Aigle, le 13 juin 1610.

Les Mathurins , ordre qui avait pour but le rachat des captifs chrétiens dans les états barbaresques : Maroc, Alger, Tunis, Tripoli, etc., firent bâtir une nouvelle église beaucoup plus vaste que la chapelle fondée en 1610 sous le vocable de Notre-Dame-de-Liesse. Cette église fut consacrée le 3 juin 1626, par M. Déniaud, alors curé de Gisors.

Robert Déniaud , docteur en droit canon et civil, succéda à Raoul Neveu, au titre de curé de Gisors, en 1611.

Il écrivit une Histoire politique de Gisors (Rouen, ms Y14a)

En 1632, une peste fit un grand nombre de victimes en cette ville où elle dura jusqu'en l'année 1634.

M. Déniaud, curé de Gisors, fit, dans cette circonstance, tout ce qui était en son pouvoir pour ranimer les esprits et soulager ses malheureux paroissiens. Il organisa, en outre, des processions à la chapelle de Notre-Dame-deLiesse, sise aux Mathurins et le terrible fléau ayant cessé, il rendit grâce à Dieu par le chant du Te Deum , dans l'église de Gisors , auquel assistèrent tous ses paroissiens et une partie de ceux des villages voisins.

La statue de N.-D. de Liesse, qui était jadis dans la chapelle de Mathurins, est présentement placée dans le mur d'une maison, située vis-à-vis le pont des Argilières.

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Victor Patte :

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n187

"Cette vierge avait, en effet, la tête inclinée, et, comme si elles n’étaient pas toutes ainsi, on assurait que c’était pour perpétuer le souvenir du miracle qui avait fait cesser, dans la ville, l’affreuse maladie qui mettait toutes les familles en deuil. Non content d’avoir ainsi placé sa paroisse sous la protection de toutes les Notre-Dame-de-Liesse de Gisors, le pasteur de celle ville fit encore le vœu d’aller, avec ses ouailles, invoquer celle dont l’église était située près de Laon: voyage qui fut, en effet, effectué le mercredi d’après le dimanche de Quasimodo de l’année 1634. . Le terrible fléau ayant cessé d’exercer ses ravages dans la ville, ce fut, pour Denyau, un signe de l’apaisement de la colère de celui dont il était le ministre. Aussi fit-il chanter, dans son église, un Te Deum d’actions de grâces, auquel assistèrent tous les paroissiens et une partie de ceux des villages voisins. Au sujet de la peste qui affligea de son temps la ville de Gisors, en 1632 et 1633, Robert Denyau, dans une histoire de cette ville, demeurée manuscrite, fait un long détail du pèlerinage que ses paroissiens firent a l’église des Trinitaires, et de la dévotion avec laquelle ils y chantèrent le Regina cœli."

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Sur le couvent des Mathurins, voir ici.

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L'inscription est surmontée d'un blason d'azur à la  fasce d'or, accompagnée en chef de deux cœurs d'argent et en pointe d'un croissant de même : ce sont les armes de la famille Denyau, d'Anjou. :

https://docplayer.fr/25602541-Archives-departementales-de-seine-maritime.html

 

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Le blason est posé sur un crucifix entouré d'un chapelet où est accroché une médaille d'or.

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Action de grâce à Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Duhamel-Marette, 1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Action de grâce à Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Duhamel-Marette, 1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Action de grâce à Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Duhamel-Marette, 1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Action de grâce à Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Duhamel-Marette, 1898), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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REGISTRE SUPÉRIEUR. LA STATUE DE NOTRE-DAME.

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Dans un encadrement architectural datant essentiellement du XIXe siècle, est inséré un panneau du milieu du XVIe siècle : c'est une grisaille, comme celle de la baie 10, qui lui est contemporaine, et comme celle-ci elle s'inspire d'une gravure. Il s'agit ici d'une gravure de Marc-Antoine Raimondi, d'après la "Vierge au poisson" de Raphaël. (voir infra)

M. Hérold, in Callias Bey et col. attribue cette grisaille à "Romain Buron, auteur probable de Notre-Dame-du-Salut à Sainte-Foy de Conches, tirée du même patron à grandeur."

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Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La comparaison avec la gravure de Raimondi laisse apparaître de sérieuses différences avec le vitrail, concernant la posture et la direction du regard de la Vierge ou son habillement, aussi bien que la posture de l'Enfant.

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La Vierge au poisson d'après Raphaël (Bartsch 54 - Bartsch illustré tome 26 (volume 14, 1ère partie), page 80)

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Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Notre-Dame-de-Liesse , baie 15 (Romain Buron ?, milieu XVIe s.), collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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SOURCES ET LIENS.

 

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— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f127.item.zoom

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 171

 

— HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors  et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

 

— PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors,  ed. C. Lapierre, Gisors page 261-263

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
31 octobre 2018 3 31 /10 /octobre /2018 14:52

L'extraordinaire grisaille (1545) de la baie 10 de la collégiale de Gisors : la Vie de la Vierge  illustrée de séquences de la Légende de Psyché gravées par le Maître au Dé.

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Voir ;

1. Sur l'église de Gisors :

 

2. La liste de mes articles sur les vitraux.

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PRÉSENTATION.

1°) Grisaille : définitions.

Une grisaille est, en peinture, une peinture monochrome en camaïeu gris, utilisée par exemple pour peindre le verso des volets des retables (Van Eyck, Polyptyque du Jugement Dernier de Van der Weyden ). Ces volets étant les seuls apparents lorsque le retable est fermé, la grisaille leur confère un esprit d'attente pénitentielle et d'ascèse.

C'est aussi un exercice de style pour le peintre, exercice proche du trompe-l'œil, qui doit utiliser les différences de nuances pour marquer les  ombres, donnant ainsi l'illusion du relief et de la sculpture sur pierre ou sur bois. Le camaïeu est d'ailleurs au sens propre une imitation des camées.

Elle est aussi assimilée depuis le début de la Renaissance (Vasari) au clair-obscur, où la préoccupation du relief privilégie le modelé.

En vitrail, la grisaille est, d'abord, le nom de la peinture vitrifiable appliquée sur les verres, blancs ou colorés. Mais le terme peut désigner aussi une peinture exclusivement sur verre blanc, avec application de grisaille, de jaune d'argent voire (comme ici) d'émail. Cette pratique a pu répondre à l'exigence des paroissiens ou des chanoines de faire entrer davantage de lumière dans l'église (les verres colorés étant bien-sûr plus sombres). C'est ainsi qu'en la cathédrale de Chartres, des vitraux de grisaille sont apparus à la fin du XIIIe siècle sous forme de réseaux géométriques  et ont été complétés au XVe siècle de scènes figurées à verres colorés : Verrière de Saint-Nicolas, de l'Annonciation, etc. Elle a pu aussi être suscitée par l'art de la gravure et la large  diffusion des œuvres, permise par l'imprimerie : la baie 10 de Gisors plaide en ce sens.

 

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2°) La Galerie de Psyché.

En 1542-1543, le Connétable de Montmorency a commandé à un maître-verrier de l'École de Fontainebleau  pour la galerie de son château d'Écouen 44 vitraux en verre blanc, grisaille et jaune d'argent relatant l'histoire de Psyché selon l'Âne d'Or d'Apulée

L'idée de ce thème provenait de la Loge de Psyché, peinte par Raphaël pour la Villa Farnesina en 1516-1518.

Le  graveur  Bernado Daddi (vers 1510-Rome 1570) s'inspira de dessins attribués à Raphaël (mais dus probablement au flamand Michiel Coxcie, le "Raphaël flamand") pour réaliser vers 1535 une série de 32 planches gravées, L'Histoire des amours de Psyché et Cupidon, qui sont la source des vitraux d'Écouen (actuellement au château de Chantilly).

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3°) La baie 10 de Gisors.

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"La Vie de la Vierge de la baie 10, "l'une des œuvres les plus parfaites de la seconde Renaissance", a depuis longtemps attiré l'attention. Les comparaisons anciennement proposées avec la suite de la vie de Psyché d'Écouen, aujourd'hui au Musée Condé de Chantilly et avec le vitrail de la vie de la Vierge de Saint-Acheul d'Écouen [1544]  demeurent pertinentes. Ces verrières pourraient avoir été réalisées à Paris. Elles sont de factures différentes, mais puisent toutes à la source des gravures de l'histoire de Psyché. Ces gravures, exécutées à rome par le Maître au Dé, sont utilisées à Gisors d'une manière beaucoup moins directe qu'à Chantilly. Il ne s'agit pas ici de copie mais de la reprise d'éléments de composition auparavant notés et déjà transposés. La grisaille de Gisors est une œuvre originale et de haute qualité, qui dépasse les modèles de référence. Son auteur anonyme a également puisé à d'autres sources, en particulier dans les gravures de Dürer qu'il exploite également avec une grande liberté. Une seconde grisaille, contemporaine de la précédente, représente Notre-Dame-de-Liesse (baie 15)." (Callias Bey et col. 2001 p. 169)

 

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DESCRIPTION.

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La baie haute de 3,70 m et large de 2,50  est divisée en deux lancettes cintrées (qui se décrivent en deux registres) et un tympan à 2 ajours.

CLIQUEZ SUR LES IMAGES pour éviter le commentaire.

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR . La Visitation et la Circoncision.

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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1°) La Visitation.

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Grisaille, jaune d'argent, présence d'émail bleu.

 

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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"Transposition partielle de gravures du Maître au Dé : mariage des sœurs de Psyché avec des rois ; Psyché raconte son infortune à ses sœurs." (Callias Bey)

"Dans le panneau de la Visitation, la figure de sainte Élisabeth a été calquée sur la figure de Psyché prête à se venger de ses sœurs  et la tête de la jeune fille a été remplacée par une tète de vieille femme. L’une des suivantes de la Vierge est calquée sur une des sœurs de Psyché dans la même gravure, l’autre sur la seconde sœur de Psyché dans la gravure où le roi et la reine déplorent la beauté de leur fille, qui éloigne d’elle les prétendants ." (Magne)

 

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Psyché raconte son infortune à ses sœurs, gravure du Maître au Dé.

 

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le roi et la reine déplorent la beauté de leur fille, qui éloigne d’elle les prétendants. Gravure du Maître au Dé.

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 Même emploi de cette gravure pour la Visitation de l'église d'Écouen.

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Vitrail de l'église d'Écouen. Photo Reinhardhauke — Travail personnel

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2°) L'Annonce faite aux bergers.

 

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé : Le père de Psyché consultant l'oracle de Millet .

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Gravure (inversée par moi) de la gravure le père de Psyché consulte l'oracle.

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé :  Cupidon demande grâce pour Psyché.

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Cupidon demande grâce à Jupiter pour Psyché.

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé :  Psyché embarque dans la barque de Charon .

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé : Psyché transportée dans un montagne déserte.

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Psyché conduite dans un appareil funèbre sur une montagne déserte pour accomplir les ordres de l'oracle (Bartsch 43, Bartsch illustré tome 29 (volume 15, 2ème partie), page 199)

Psyché conduite dans un appareil funèbre sur une montagne déserte pour accomplir les ordres de l'oracle (Bartsch 43, Bartsch illustré tome 29 (volume 15, 2ème partie), page 199)

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La date 1545 est marquée sur la banderole tenue par l'ange.

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE INTERMÉDIAIRE .

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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3°) L'Annonciation.

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé  : Apulée changé en âne .

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Galerie de Psyché, château de Chantilly. Photographie lavieb-aile 2015.

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé  :  Cérès refuse assistance à Psyché.

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Céres refuse assistance à Psyché, Galerie de Psyché, château de Chantilly. Photographie lavieb-aile 2015.

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4°) La Circoncision.

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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"Dans le panneau de la Circoncision de Gisors (Fig. 5), la Vierge est calquée sur Psyché offrant des cadeaux à ses  sœurs  : la tête seule a été changée. " (L. Magne page 72).

https://archive.org/details/lesvitrauxdemont00magn/page/72

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Psyché offrant des présents à ses sœurs, gravure du Maître au Dé.

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Psyché offrant des cadeaux à ses  sœurs, vitrail de la Galerie de Psyché, château de Chantilly. Photographie lavieb-aile 2015.

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LE REGISTRE SUPERIEUR .

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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5°) Le Mariage mystique de la Vierge.

 

 

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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D'après Dürer, Le Mariage de la Vierge, vers 1505,   catalogue  Bartsch  82.

 

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A. Dürer, Le Mariage de la Vierge, gravure vers 1505.

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6°) L'Adoration des Mages.

 

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Transposition partielle de gravures du Maître au Dé : Le Peuple rend  honneur à Psyché.

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Gravure du Maître au Dé

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Le peuple rend hommage à la beauté de Psyché, Galerie de Psyché, Château de Chantilly. Photographie lavieb-aile 2015.

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LE TYMPAN.

 

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Trinité dans les deux ajours  et l'écoinçon supérieur, nuée dans les 2 autres écoinçons.

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Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de la Vie de la Vierge (anonyme, 1545), baie 10 de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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SOURCES ET LIENS.

 

— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f127.item.zoom

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 171

 

— MAGNE (Lucien), 1888, LES VITRAUX DE MONTMORENCY ET D'ÉCOUEN CONFÉRENCE FAITE A MONTMORENCY M. LUCIEN MAGNE ARCHITECTE PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT ET V e 56 , RUE JACOB, 56, page 70 et suiv.

https://archive.org/details/lesvitrauxdemont00magn/page/70

— [Recueil. Oeuvre de Maitre au Dé] Daddi, Bernardo (1512?-1570). Graveur Nombre total de vues : 157

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7200155p/f77.item

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
29 octobre 2018 1 29 /10 /octobre /2018 15:05

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Placé dans la quatrième chapelle du bas-coté nord, dédiée à sainte Anne, cette baie haute de 5,50 m et large de 3 m  possède 4 lancettes trilobées et un tympan à 4 mouchettes, 1 soufflet et 2 petits écoinçons. Le décor figuré est placé au centre de verres blancs losangés remplaçant, dès le XVIIIe, des parties manquantes, et se décrit en deux registres.

La verrière a été recomposée, mais peu restituée.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LES LANCETTES CENTRALES.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR. LES DONATEURS ET LEURS PATRONS.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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1°) La partie droite : Pierre Le Pelletier et ses trois fils présentés par saint Pierre.

a) Identification :

Elle est basée sur les saints qui présentent les donateurs, sainte Geneviève pour l'épouse et saint Pierre pour le donateur. (On sait pourtant que les intercesseurs ne sont pas obligatoirement liés aux prénoms des couples). Ce point de départ conduit E. Hamon à écrire :

"Ces figures accompagnent un couple de donateur et leurs enfants dont nous n'avons pu identifier les armoiries associées. La confrontation de ces deux prénoms aux listes des notables de Gisors nous permet de proposer les noms de Pierre Le Pelletier et de son épouse Geneviève." Étienne Hamon ... Gisors et les églises du Vexin français.

Un Pierre le Pelletier fut lieutenant du bailli de Gisors en 1547 : dans des actes concernant les Métiers de Gisors, il  est dit "maistre Pierre Le Pelletier,  écuyer, notre lieutenant en la ville et chatellenie du dict Gisors » page 144, tandis que Adam de Houdon est bailli et capitaine de Gisors. (Passy, 1907). Il appose sa signature sur les statuts des Patissiers Rotisseurs (31 janvier), des Tisserands en drap (24 janvier), des Chaudronniers (31 janvier). Notons dans le même ouvrage qu'en 1538, un Jehan Le Pelletier était Procureur du roi à Gisors. 

Le même, ou un autre "maître Pierre Le Pelletier " et dit , écuyer, député du parlement de Rouen en ... qualité de lieutenant général nommé en 1526, ...lieutenant général de Gisors" (Mémoires Auguste Le Prévost) , et un autre est, plus tard, député du tiers-état de la vicomté de Beaumont-le-Roger. (L. Passy 1907)

 

L'examen des armoiries devrait nous renseigner. Celles de Pierre Le Pelletier pourraient être blasonner comme d'azur, à une fasce d'argent chargée de deux roses de gueules et une molette de sable, au chef une gerbe de blé d'or. Celles de son épouse, inscrites dans un losange comme celle des femmes, sont, pour le parti du mari, presque identiques mais la fasce porte trois roses, la molette ayant disparu. La moitié qui correspond à sa famille serait d'argent à une rose de gueules

Elles ne procurent aucune piste.

Ces armoiries sont différentes de celles ( d'azur, d la fusée d'argent , chargée de trois coquilles de sable) de Henri Le Pelletier, seigneur de Bonnemare marié en 1493 avec Geneviève Jubert du Thil et donateur aux Andelys d'un vitrail réalisée à Rouen par Arnoult de Nimègues mais qui fut adaptée à une baie nouvelle et complétée vers 1540 par Romain Buron  à l'initiative des donateurs, ou de leurs enfants. 

Elles possèdent certains éléments (roses de gueules, éperons de sable, fond d'azur) des armoiries des Le Pelletier originaire du Mans. Les roses de gueules se retrouvent aussi autour d'un chêne arraché chez des membres d'une autre famille Le Pelletier

 

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b) Description.

Le donateur est représenté agenouillé à un autel, tourné vers la droite, partie où se trouvait à l'origine la scène ou le saint personnage vénéré. Il est vêtu d'un grand manteau bleu sur un habit rouge à dentelles aux poignets. Son écu est posé à ses cotés. Ses trois fils sont à genoux derrière lui ; deux ont la tête couverte d'un bonnet.

La rose rouge des armoiries est montée "en chef d'œuvre", c'est à dire que son emplacement est découpé à l'intérieur de la fasce blanche. C'était sans doute le cas pour sa voisine, avant que ne survienne des traits de refend nécessitant des plombs de casse.

 

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Saint Pierre porte un livre et deux clefs. À l'arrière-plan, sur une architecture, Moïse tenant les tables de la loi et Calvaire devant un autel situent la scène dans une église. Les initiales P+S , juste au dessus de la tête nimbée de saint Pierre, ont été négligées par les auteurs recherchant des signatures.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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2°) La partie gauche : Geneviève Le Pelletier et sa fille présentées par sainte Geneviève.

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Geneviève Le Pelletier (?) se tient agenouillée derrière le même autel tendu du même drap damassé vert que son époux, ses armoiries losangiques à ses cotés.

Son livre d'heures à tranche dorée et ornée de motifs géométriques est ouvert devant elle.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La femme est vêtue d'une robe rouge à encolure carrée, et aux très larges manches de fourrure. L'avant-bras qui en sort est revêtu de manches bleues lacées par des aiguillettes et se terminant par de la dentelle. Sa main droite porte cinq bagues, des demi-joncs d'or dont deux sur le majeur. Il faut décrire aussi la ceinture jaune, nouée, la chemise de dentelle, remontant haut et serrée par un ruban doré où une croix est suspendue, et enfin le chaperon à bavolet , cet escoffion surmonté d'un grand pan de toile noire se relevant au dessus du visage et descendant dans le dos. Les cheveux sont ramassées sur les tempes par une résille.

 

 

La jeune fille porte une tenue analogue, mais l'encolure de la robe est ronde, et les bagues sont absentes.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Sainte Geneviève tient un livre dans sa couverte bleue, mais elle est identifiée par le cierge de sa main gauche. En effet, celui-ci donne lieu à une scène spécifique de cette sainte, celle dans laquelle un ange allume la mèche tandis qu'un diable tente de l'éteindre grâce à un soufflet. Ici, où le panneau est sans doute incomplet, seul le diable (d'un beau verre rouge gravé) et son accessoire sont bien visibles, tandis que l'amorce de l'ange se distingue à gauche.

Voir le thème iconographique du cierge, de l'ange et du diable dans mon article sur Brennilis :

http://www.lavieb-aile.com/2016/09/notre-dame-de-breac-ellis-en-l-eglise-de-brennilis-une-vierge-a-la-demone.html

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. SAINTE CLOTILDE ET LA VIERGE À L'ENFANT.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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1°) Sainte Clotilde.

 

La sainte occupe une niche tronquée au fond damassé (motif à rouelles) couronné d'un dais où deux anges soutiennent une clef portant les initiales R.B.

L'abbé Blanquart, qui a pu les examiner dans un  état plus complet, en a résolu le monogramme, celui du peintre verrier ROMAIN BURON. Il en a donné un relevé précieux :

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Blanquart 1885 page 73. numérisation Google BNF.

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Sous cette inscription, la niche se complète d'une voûte en cul de four et de baies grillagées, et d'un bandeau où se lit l'nscription : SANT CROTI . (N rétrograde).

 

 

" Le panneau de gauche représente sainte Clotilde, elle porte la couronne royale, son manteau bleu est fleurdelysé, sur ses épaules on voit une étoffe violette ; à la ceinture, une large chaîne d'or formant des festons; la jupe est d'un beau rouge. A la hauteur des épaules, on lit SANT CROTI. La tête se détache sur une voûte d'église. Au haut de la verrière, un écusson est tenu par deux anges. De la main gauche, la Sainte tient une église dorée et très ornée, qui se détache en clair sur les autres couleurs plus sombres. " (L. Coutil, 1909)

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Le culte de sainte Clotilde s'explique par la proximité des Andelys, lieu où la sainte épouse de Clovis avait créée,  un monastère, le premier monastère qu’elle fit bâtir en France, en 511, avant même celui qu’elle fit édifier à Chelles. Il fut détruit lors des invasions normandes du début du 10e siècle, mais une fontaine miraculeuse de Sainte Clotilde y fut  à l’origine d’un pèlerinage, qui avait lieu chaque année, le jour de la fête de la Sainte Clotilde, le 2 juin. 

Vers 1540, la collégiale des Andelys fut dotée de 3 verrières de la Vie de sainte Clotilde (baies 20, 24 et 26).

Ce culte explique aussi que Clotilde soit représentée ici tenant la maquette d'une église, celle des Andelys : elle s'inspire de la statue identique, du XIVe siècle, qui y est conservée. 

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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2°) La Vierge à l'Enfant.

Elle est placée dans le même cadre (niche tronquée, tenture damassée, cul de four, initiales R.B...) et le bandeau porte l'inscription AVM / PLA qui renvoie à l'oraison AVE MARIA GRACIA PLENA.

La Vierge est nimbée, couronnée, vêtue d'un manteau bleu, d'un surcot rouge et d'une robe violette. Son fils porte le nimbe crucifère et tend la main vers l'objet que lui présente sa mère et que la barlotière ne nous permet pas de distinguer.

La couronne est ornée d'étoiles, 

L'élément le plus remarquable est le grand cercle jaune à anneaux concentriques blancs dans lequel le couple se détache ; il répond au nimbe de Marie, traité de la même façon au jaune d'argent. Ce halo, et la couronne ornée d'étoiles, amène Callias Bey et al. à effectuer judicieusement  le rapprochement avec la gravure de Dürer Bratsch 31 de 1508 de la Vierge couronnée d'étoiles. L'objet qui réunit les mains de la mère et celle du fils est alors une pomme, ou du moins une sphère. Le croissant est absent sur le panneau vitré.

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Gallica : [La Vierge sur un croissant de lune, avec une couronne d'étoiles] : [estampe] ([1er état]) / AD 1508 [A. Dürer] [monogr.]

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE TYMPAN.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les auteurs de Vitraux de Haute Normandie décrivent les trois mouchettes du tympan comme étant les scènes de la vocation de saint Pierre (Lc 5:1-11). Pourtant, il s'agit plutôt des scènes de l'Apparition du Christ aux apôtres (Jn 21:1-24), encadrant de chaque coté celle de Pierre marchant sur les eaux (Mt. 14:22-33).

En effet, au centre, nous voyons saint Pierre (manteau rouge et robe or du registre inférieur) marchant sur les eaux : Et il dit: Viens! Pierre sortit de la barque, et marcha sur les eaux, pour aller vers Jésus. Mais, voyant que le vent était fort, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi!  Aussitôt Jésus étendit la main, le saisit, et lui dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?

 

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La mouchette de gauche montre une Pêche miraculeuse. Parmi les quatre personnages, Jésus est dans une nef à deux mâts et écarte les mains, tandis que trois pêcheurs dans une barque tirent des filets remplis de poissons.

Or, dans le Nouveau Testament, il y a deux pêches miraculeuses, une avant (Lc 5. 1-11 ) et une après (Jn 21. 1-24 ) la résurrection de Jésus-Christ.

La première, relatée par Luc, est à l'origine de la vocation des apôtres Pierre, Jacques et Jean, qui abandonnant leurs filets se mettent à la suite du Christ et deviendront 'pêcheurs d'hommes'.

La seconde, relatée par Jean, est liée à une manifestation de Jésus ressuscité au même groupe de pêcheurs, confirmant par un repas pris ensemble l'aspect physique de sa résurrection et le caractère universel de la mission qui leur est confiée (153 poissons dans les filets). Jean ne présente pas l'événement comme 'miracle'.

La présence de Jésus dans une barque inciterait à voir ici le texte de Luc.

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Pourtant, la mouchette de droite montre clairement le Christ ressuscité : en effet, il se tient sur la berge et il tient la croix et l'étendard de sa victoire sur la mort. Cela correspond au texte de Jn  21. 1-7 :

 

"Après cela, Jésus se montra encore aux disciples, sur les bords de la mer de Tibériade. Et voici de quelle manière il se montra. Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples de Jésus, étaient ensemble. Simon Pierre leur dit: Je vais pêcher. Ils lui dirent: Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent et montèrent dans une barque, et cette nuit-là ils ne prirent rien. Le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage; mais les disciples ne savaient pas que c'était Jésus. Jésus leur dit: Enfants, n'avez-vous rien à manger? Ils lui répondirent: Non.  Il leur dit: Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous trouverez. Ils le jetèrent donc, et ils ne pouvaient plus le retirer, à cause de la grande quantité de poissons. Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre: C'est le Seigneur! Et Simon Pierre, dès qu'il eut entendu que c'était le Seigneur, mit son vêtement et sa ceinture, car il était nu, et se jeta dans la mer."

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Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale  de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Verrière de saint Pierre, de sainte Clotilde et de la Vierge, baie 21 (Romain Buron, vers 1530-1540) de la collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le peintre-verrier Romain Buron élève des Le Prince de Beauvais:

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Romain Buron est un peintre et maître-verrier français de Gisors, actif entre 1534 et 1575 (*). Principal disciple d'Engrand Leprince à Beauvais, où il aurait pu séjourner comme apprenti, il est l'auteur de nombreuses verrières à l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche ou encore à la Collégiale Notre-Dame des Andelys. (D'après Wikipédia)  (*) Callias Bey et al. étendent son activité à 1531, date du baptême de son fils Jehan, à 1589. 

"Romain Buron et peut-être les autres membres de sa famille documentés par les archives, Jean son père connu de 1521 à 1579 ou Guillaume son frère actif au moins de 1550 à 1579, prolongèrent depuis Gisors la façon de Beauvais, adaptée à leur manière au delà du mileu du XVIe siècle. " (Callias Bey p.50)

 

1°) Romain Buron à Conches vers 1535-1540.

Les vitraux (baies 0 à 6) du chœur de l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche représentent des scènes de la Vie de sainte Foy et de la Passion du Christ. Ils ont été réalisés principalement vers 1535, la plupart d'après des gravures d'Albrecht Dürer, à Gisors dans l'atelier de Romain Buron, un élève d'Engrand Leprince (la baie B porte une signature). Pendant longtemps, l'inscription « Aldegrevers ho anno domini XX », découverte en 1855 dans le galon du costume de saint Louis, sur la baie 1 du Supplice de sainte Foy, a fait attribuer à tort les verrières au Heinrich Aldegrever, élève de Dürer. La thèse actuelle est que Romain Buron a copié intégralement un carton d'Aldegrever — Quatorze enfants dansants en rond...pour les putti du registre inférieur —, y compris la signature. Cette gravure datant de 1535, les verrières dues à Romain Buron à Conches ne peuvnet être antérieurs à cette date. Le monogramme de Romain Buron sur la lame du sable de saint Pierre dans la baie 3 (Jésus au Mont des Oliviers). La baie 11 de Conches , la Vierge aux litanies, vers 1540, est aussi attribuée à romain Buron.

"Il s'agit d'œuvres vivement colorées, parfois de façon un peu surprenante. Dans la baie sud de l'abside de Conches, les personnages évoluent dans des architectures pareilles à des décors de théâtre, qui associent étrangement un rose violet, un vert et un violet soutenus, comme on le voit avec peut-être plus de modération dans le vitrail de Saint-Claude à Saint-Etienne de Beauvais (1527)" (Callias Bey p. 50)

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2°) Romain Buron à la collégiale des Andelys, vers 1540 1550.

Le peintre a signé la baie 106, mais l'attribution de la baie 18, de l'adaptation de la baie 16 est probable, de même  que celle des plus belles verrières de la nef (126, 128 et 130), des baies 102 et 104 du Credo apostolique du chœur. 

"Les dais d'architecture et surtout le tympan du vitrail signé de Notre-Dame des Andelys par exemple, montrent aussi que Romain Buron apprit de ses maîtres l'emploi virtuose  du jaune d'argent. Il leur empruntait même des schémas ou éléments de composition" (Callias Bey p. 50)

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3°) Romain Buron à Gisors vers 1530-1540.

Pour la collégiale de Gisors Engrand Le Prince réalisa en 1526 dans son atelier de Beauvais  la baie 21 de la Vie de Saint-Claude, puis en 1527 son fils Nicolas réalisa la baie 26 de la Vie des saints Crépin et Crépinien. 

"Sans-doute grâce à l 'équipement laissé par Tassin Burel et aux vitraux créés dans les chapelles Saint-Claude et Saint-Crépin en 1521 et 1560 respectivement par Engrand et Nicolas Le Prince, un atelier se créa à Gisors, dirigé par Jean Buron, documenté de 1521 à 1560. En 1543, il réalise une verrière peinte à Gisors, consacrée à la vie de Saint Luc. Les deux fils de Jean Buron, Guillaume et Romain, prirent sa succession et exécutèrent, dans les années 1560, au moins cinq verrières historiées pour les fenêtres hautes de la nef et pour les baies des chapelles, toutes perdues. Romain, encore actif l'année de sa mort en 1589, ne travailla comme peintre-verrier pour la fabrique de Gisors qu'à partir de 1558, alors qu'il était en âge de travailler dès 1531.C'est au second quart du XVIe siècle qu'appartiennent les verrières documentées ou signées de Saint-Etienne de Beauvais et des Andelys qui ont permis de reconnaître la main de Romain Buron dans les verrières de Gisors, du chœur de Conches et de Jumièges. Les attributions ds panneaux de Gisors et de Conches, confirmées par des initiales R.B. correspondraient à la phase précoce de sa carrière, consacrée à une commande privée." (d'après E. Hamon)

 

En 1555, Romain Buron réalise en quelques jours une verrière de Saint Gervais et saint Protais :

"Le roi Henri II  fit son entrée à Gisors le lundi 25 novembre 1555. À cette époque, Gisors, autour de son église, était l’objet d’un bouillonnement artistique propre à la Renaissance, et nombreux étaient les corps de métiers peintres, sculpteurs, vitriers qui gravitaient autour du chantier de l’église.

Henri II, fils de François I° était roi depuis huit ans lorsqu’il vint visiter Gisors. Après le service solennel du jour de son entrée, le roi eut l’occasion d’assister à d’autres cérémonies religieuses dans notre ville. Comme une sorte de défi, Romain Buron décida de réaliser un vitrail en l’honneur de la présence du roi à Gisors.

C’est ainsi qu’en peu de temps il créa deux vitraux de saint Gervais et saint Protais (les saints patrons de la ville) agrémentés des armes du roi et de la ville de Gisors et de trois fleurs de lys d’or sur fond d’azur. Le roi « fut estonné de voir que si promptement l’on avait fait cet ouvrage qui est la vitre sur notre maistre-autel et en fut bien content… ». Un artiste gisorsien avait en cette année 1555 étonné un roi de France.Il ne subsiste rien aujourd’hui à Gisors de l’œuvre de Romain Buron. Le vitrail qui avait étonné Henri II fut remplacé au XIX° siècle par une œuvre paraît-il médiocre qui ne survécut pas à l’incendie de 1940, ce qui fut hélas le sort de nombreux autres chefs-d’œuvre de notre église." (https://actu.fr/normandie/andelys_27016/gisors-histoire-romain-buron-lartiste-gisorsien-qui-a-etonne-le-roi-de-france_11071410.html)

En 1583, il réalise pour la baie 30 un vitrail sur les Prophètes et les Sibylles, et en 1588 il le remet en état.

4°) Romain Buron à Beauvais.

— En 1572, le peintre est appelé par le marchand Nicolas Brocard pour réaliser une verrière pour la chapelle Saint-Eustache de l'église Saint-Etienne de Beauvais : c'est la baie 18, présentée ici dans ce blog.

13 mai 1572 : « Comparut personnellement Romain Buron, maistre vitrier demourant à Gisors, lequel recongnut avoir promis et par ces présentes promet à Nicolas Brocard, marchant demeurant à Beauvais, à ce présent et acceptant, de faire et fournir deux espaces de vittres estans en la chappelle Saint Eustache, en l'église Saint Estienne dud. Beauvais, et en icelles deux espaces historyer comme une pestilence mortelle assaillit les serviteurs et chambrières de monseigneur saint Eustache et les occyst tous, et peu de temps aprez tous ses chevaulx et toutes ses bestes moururent soudaynement, et comme aucuns des compaignons dud. monseigneur saint Eustache entrèrent par nuyct en sa maison et ravyrent et emportèrent or et argent et le despouillèrent de toutes autres choses, mesmes que luy, sa femme et enfanz s'en fuirent par nuict tous nudz de biens, et comme nonobstant toutes lesd. adversitez mon seigneur saint Eustache rendit grâces et louanges? à Dieu, et au dessoubz desd. hystoires pour mettre et hystorier deux priantz qui seront pourtraictz au mieulx que led. Buron pourra faire les personnes de feu Mahiot Brocard, père dud. Nicolas et Huguette de Bray, sa femme, et au dessoubz desd. Priantz et le tout rendre et livrer, faict et parfaict d'aussi bonnes estoffes et matières que les autres vittres estans en lad. chappelle, assavoir la moictyé desd. hystoires en dedans le jour de Toussaintz prochain venant, et l'autre moictyé le jour de Noël prochain venant; et moyennant ce led. Brocard sera tenu et promet aud. Buron, ce acceptant, de luy bailler et payer au feur et à mesure qu'il besongnera, assavoir dix huit sous pour chacun pied desd. vittres; lesquelles estoffes et matières dessusdites led. Buron sera tenu livrer à ses despens, hors mis le fer, lequel fer led. Brocard sera tenu livrer avecq le plattre qu'il conviendra. » 

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— Jean Lafond, Romain Buron et les vitraux de Conches. L'énigme de l'inscription « Aldegrevers », Bayeux, impr. Colas, 19421.

— Van Moé Émile-Aurèle, Jean Lafond. Romain Buron et les vitraux de Conches. L' énigme de l'inscription «Aldegrevers ».Bayeux, impr. Colas (1942). (Extrait de l'Annuaire normand, 1940, 1941.) [compte-rendu] Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1942  103  pp. 271-272 http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1942_num_103_1_460361_t1_0271_0000_2

— LAURENT (Brigitte), 1986, Les Vitraux de Romain Buron à Saint-Gervais-Saint-Protais de Gisors (Eure) : Directeur de recherche, Madame Anne Prache. Paris IV Sorbonne, 1986.

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SOURCES ET LIENS.

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— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f127.item.zoom

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 171

 

— COUTIL (L.) 1919, Le culte de sainte Clotilde aux Andelys (Eure) et en Normandie, par L. COUTIL, correspondant du ministère de l'Instruction publique, membre de la Société , Recueil de la Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure, Ancelle fils (Évreux) éditeur , page 33.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63160499/f101.item.r=clotilde.texteImage

— HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors  et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

 

— PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors,  ed. C. Lapierre, Gisors page 261-263

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327

 

 

— PASSY (Louis) , 1907, LE LIVRE DES MÉTIERS DE GISORS AU XVIe SIECLE PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE DU VEXIN , PONTOISE SOCIÉTÉ historique DU VEXIN

https://archive.org/stream/lelivredesmtie00pass/lelivredesmtie00pass_djvu.txt

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
27 octobre 2018 6 27 /10 /octobre /2018 13:16

Le vitrail des saints Crépin et Crépinien (baie 23) exécuté par Nicolas Le Prince en 1530 en la collégiale de Gisors.

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Voir ;

1. Sur l'église de Gisors :

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2. Les vitraux d'Engrand Le Prince  et de son atelier :

 

3. La liste de mes articles sur les vitraux.

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CLIQUEZ SUR L'IMAGE pour échapper à mes petits commentaires...

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" Entre la fin du xve et le milieu du xvie siècle, l'église de Gisors est agrandie et en partie reconstruite dans le style gothique flamboyant. Les deuxièmes collatéraux du chœur, le pseudo-déambulatoire, les chapelles du chevet, les croisillons du transept, la nef, ses doubles bas-côtés et la tour à gauche de la façade datent de cette époque."

La confrérie des cordonniers de Gisors disposait dès 1483-1484 d'un autel dans la collégiale, mais profita de la reconstruction pour disposer d'une chapelle dédiée à leurs patrons Crépin et Crépinien : elle fut achevée en 1530 par la pose d'un vitrail de la vie des saints patrons. Elle répond, du coté nord, à  la chapelle des tanneurs, dans le bas-coté sud,  dédiée à leur patron saint Claude, et achevée en 1526 avec sa baie 26. 

La baie de la Vie de saint Claude avait été peinte par Engrand le Prince, maître-verrier de Beauvais. Les cordonniers firent appel à son fils Nicolas pour réaliser leur verrière.

Située dans la 3ème chapelle nord, c'est une baie à quatre lancettes trilobées —aux peintures distribuées en 3 registres — et un tympan  à 4 mouchettes, 1 soufflet et 2 écoinçons. Elle mesure 6,50 m de haut et  3,10 m de large. Elle a été restaurée en 1899 par Duhamel-Marette.

Une copie existe en l'église Saint-Samson de Clermont-de-l'Oise.

Elle narre la Vie des deux patrons des cordonniers, selon une tradition ancienne.  Les manuscrits d'un Mystère, représentation théâtrale de cette Vie, est conservée, datant peut-être du XVe, sont conservés à la Bnf et à Chantilly et ont été édités en 1836 par Desalles et Chabaille. on y trouve une annotation précisant qu'ils ont été joués aux maistres et aux compaignons cordouenniers" à Paris en 1458 et 1459. 

"Les confréries étaient très nombreuses au xve siècle. Les particuliers se réunissaient sous l'invocation d'un saint ou d'une sainte en une association pieuse, qui jouait en même temps le rôle d'une société de secours mutuel. Certaines de ces confréries, nommées « charités » en Normandie et « caritats » dans le Midi, regroupaient des ouvriers d'un même métier qui étaient déjà liés par ailleurs par les statuts de leur corporation. A l'occasion de la fête de leur saint patron, lors du mariage ou de l'enterrement de l'un d'entre eux ou bien lors de cérémonies publiques, les confrères faisaient célébrer des messes, se réunissaient pour des processions ou des banquets. La mise en scène de mystères pouvait être un des éléments de la fête. Il n'y a donc rien d'étonnant dans le fait que les cordonniers aient mis en scène des mystères illustrant la vie et le martyre de leurs saints patrons, saint Crépin et saint Crépinien. La charité des cordonniers de Rouen monta le mystère le 4 juillet 1443 et la confrérie parisienne le 14 mai 1458 et en 1459." (E. Lalou)

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Elle se lit et se décrit de haut en bas, du tympan au  registre inférieur. Comme la baie 26, elle est légendée par trois bandeaux en écriture gothique.

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LE TYMPAN.

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Crépin et Crépinien distribuant leurs biens aux pauvres.

 

 

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Crépinien est vêtu de chausses rouges, d'un pourpoint jaune et d'un bonnet rouge. Un objet est suspendu à sa ceinture.

Il tend un tissu à un pauvre agenouillé devant lui.

Crépin est au centre, devant la porte des remparts à tours crénelées de la ville. Il est vêtu d'une cape rouge, d'un pourpoint doré, de chausses et d'un bonnet violet. Il puise dans une bourse en cuir une pièce qu'il tend à deux pauvres hères, en haillons, qui ont posé leurs béquilles pour le supplier.

Crépin et Crépinien appartiennent à ces couples de frères martyrs comme Gervais et Protais et Côme et Damien, dont l'une des caractéristiques est leur quasi gémellité. Celle-ci  apparaît dans la proximité de leurs noms latins Crispinus et Crispinianus. Crispus est un prénom latin (de l'adjectif signifiant "crépu", Crispinus est un nom romain ; Rufrius Crispinus était le mari de Poppée avant que celle-ci n'épouse Néron.

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Le fait de distribuer ses biens aux pauvres n'est pas une banalité de cette hagiographie : c'est le ressort même de l'action. C'est cette générosité qui va entraîner le mécontentement des autres cordonniers de Soissons, soucieux de voir qu'à ce train là, ils ne gagneront bientôt plus rien : "tant que il seront cy, je say bien, nous ne gaigneron fiou ne rien ». Des cordonniers rivaux les dénonceront au prévôt Rictiovaire, qui les fera mettre à mort . "

"De plus saint Crépin et saint Crépinien sont des cordonniers hors du commun : alors qu'ils étaient « riches hommes, enfans d'uni sénateur de Rome »4, ils choisissent, pour servir Dieu, de se faire cordonniers et le deviennent « sans avoir aprins aux mestiers », ce que Dieu seul a pu permettre. Plus étonnant encore, par charité chrétienne ils réparent les souliers des pauvres, travail de savetier. Cette allusion devait avoir une grande importance pour les cordonniers que l'on voit souvent en procès avec les savetiers et dont la corporation ne cessait d'affirmer ses prérogatives. C'est donc à un public de cordonniers que le mystère proposait une leçon d'humilité." (E. Lalou)

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'élément le plus remarquable est ici le paysage urbain, peint en grisaille sur verre blanc et sur verre bleu avec une grande précision. Derrière les murailles fortifiées sont figurés des maisons bourgeoises hautes, et un château, portant de nombreuses girouettes-étendards.

Ces murs sont peints au Jean Cousin, brun-roux.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Registre supérieur, première lancette. Saint Denis envoie saints Crépin et Crépinien à Soissons.

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Inscription légendée :

SAINCT DENIS COGNAISSAN LESPRIT DE SAINCT CRESPIN ET DE SON FRERE

DE ALLER PRESCHER EN FEST PRIERE A SOISSONS LA FOY CHARITABLE.

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Le sol est traité par des ponctuations régulières sur fond uni, selon un mode déjà observé dans la baie 21 et qui se retrouvera sur les anutres panneaux.

Saint Denis est vêtu d'une cape à fermail, d'une dalmatique damassée dorée et d'un surplis. La mitre est perlée, la crosse est tenue dans la main droite. Le motif du dama est une grenade et des rinceaux, mais un motif à œillet va se retrouver sur les autres étoffes damassées.

Saint Crépin a troqué sa toque contre un nimbe, mais il conserve sa cape rouge (acec crevés à l'encolure), ses chausses violettes, et son pourpoint damassé, à œillets.

Créspinien, toujours en retrait par rapport à son frère, est vêtu comme sur le tympan.

 

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'arrière-fond nous offre une superbe vue de la façade d'une église (celle de Gisors ?) avec deux tours rectangulaires et au dessus d'un portail en plein cintre, une tour ronde à piliers en rotonde.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Registre supérieur, deuxième lancette. À Soissons, Crépin et Crépinien exercent le métier de cordonnier et enseignent la foi chrétienne.

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Inscription légendée :

CE QUILS FEIRENT DE BON COURAGE. OU MOULT DE PEUPLE DUDICT LIEU

FAISANS DE CORDONNIER LOUVRAGE INSTRUIRENT EN LA FOI DE DIEU.

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Les saints travaillent en ayant conservé leur tenue luxueuse. Crépin taille le cuir avec un couteau de pied en demi-lune tandis qu'un tranchet à ficher, de forme remarquable, est posé sur l'établi. Un assistant, penché en avant sur une sangle (voyez son usage sur l'illustration suivante) , porte le tablier de cuir propre à la profession.

Crépinien est à demi agenouillé et présente un objet que je n'identifie pas.  Je ne comprends pas davantage ce que fait le personnage assis sur un tabouret et qui lui tient la taille. Il semble y avoir une contamination avec une scène d'arrestation, illustrée plus tard en sculpture à Troyes :

 

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Derrière eux, un couple, la femme portant une petite coiffe.

Le couteau à pied est emblématique de la profession des cordonniers et figurait sur les armoiries de la corporation des cordonniers de Gisors : de gueules, à un couteau à pied, d'argent, emmanché d'or. Celles des savetiers de Gisors était de sable, à un tranchet d'argent posé en pal.

Voyez ainsi ces illustrations :

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Ou cet intérieur d'atelier :

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Nous devons éviter de confondre les cordonniers avec les savetiers :

"Le métier de cordonnerie était très nettement défini à Paris comme à Rouen au xve siècle et, sans insister sur les statuts de la corporation, il importe cependant de définir ce qu'était alors un cordonnier. Le « cordouannier de soulers et de huèses » fabriquait des chaussures et des bottes avec du « cordouan », c'est-à-dire de la peau de chèvre corroyée mais non tannée. Il pouvait aussi employer des cuirs de veau ou de vache, mais le cuir de mouton ou « basane » était réservé aux « çavetonniers » ou « basaniers » . A Rouen, les cordonniers « vachers » formèrent jusqu'en 1432 un métier distinct de celui des cordonniers. Le travail des cordonniers était très dictinct de celui des savetiers. Ceux-ci, appelés aussi « carreleurs » en Normandie, se bornaient à la réparation des souliers usés et n'avaient le droit d'employer qu'un tiers de cuir neuf. Les corroyeurs, tanneurs, peaussiers, mégissiers et teinturiers qui préparaient le cuir formaient autant de métiers particuliers. De même les gantiers, selliers, boursiers et courroiers fabriquaient les gants, selles, bourses et courroies. A Paris et à Rouen, tous les autres métiers du cuir possédaient donc leurs propres corporations et, de même, leurs confréries distinctes. Les savetiers avaient aussi saint Crépin pour patron, tandis que les corroyeurs et les tanneurs vénéraient saint Simon et saint Jude, et tous se réunissaient dans des lieux différents et à des dates différentes de ceux des confréries de cordonniers" (E. Lalou)

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'arrière-plan est à nouveau très intéressant à observer : c'est, à gauche, la façade d'une échoppe de cordonnier-savetier. Une paire de bottes, des formes, et des chaussures sont suspendus à un râtelier articulé.

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Comparez à :

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À droite, une façade d'église, avec une rose à 12 mouchettes.

Deux prêtres (chanoines ?) sont agenouillés devant le porche, qui est ouvert sur un alignement de piliers. Au tympan du portail, la statue d'un personnage écartant son manteau et tenant une hampe.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Registre supérieur, troisième lancette. Le diable, jaloux, parle en songe à un usurier et lui suggère de dénoncer l'action des saints. 

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Inscription légendée :

LE DIABLE AVANT DE ICEULX --- UN USURIER QUY DORMOIT

ALLA COMPTER TOULTE LEUR VIE AINSY QUE AU PREVOST LE DIROIT.

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Le diable est représenté de manière amusante comme un homme très en colère qui se jette sur le dormeur ; il est tout vêtu de blanc, comme un fantôme dont il ne diffère que par les deux très  longues cornes qui flottent derrière sa coiffe.

Dans le Mystère du XVe siècle, les diables portent des noms : SATHAN, BELZEBUT et DESTOURBET.

Ce qui sera dénoncé aux autorités romaines, c'est l'adhésion des saints à une religion proscrite et le mépris des Idoles.

 

L'homme dort sur son oreille gauche, dans un lit à draps et ciel de lit rouge, comme dans le tympan de la baie 21. Et comme dans celle-ci, l'artiste se plait à nous donner de petits tableaux domestiques, comme la table de nuit avec le chandelier et le vase, ou une crédence où un broc et un verre de vin sont posés, ou encore le lustre à oiseaux affrontés .

Ce verre de vin est fait d'un verre rouge gravé (rouge en face externe).

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Dans les branches du lustre se lisent les lettres VIVE NICOL  considérée comme la signature de Nicolas Le Prince. 

Nicolas Le Prince, fils de l'illustre Engrand qui a signé la baie 21, vient d'une famille de verriers de Beauvais.  

Sur la baie n° 9 de l'église de Beauvais, sa signature est tout aussi discrète, sur la lancette C du registre inférieur : elle se limite aux lettres NICOL mal discernable sur un mur.

Les trois générations  de l'Atelier Le Prince (1491-1561) de Beauvais.

1°) Le plus ancien verrier de cette famille se prénomme Lorin, il est mentionné en 1491. 

2°) La seconde génération comprend Jean et Engrand Le Prince.

 Ce sont les auteurs des verrières de Saint-Vincent à Rouen, de l'Arbre de Jessé de l'église Saint-Étienne de Beauvais et de la verrière de Roncherolles de la cathédrale de Beauvais.

Engrand est actif de 1522 à sa mort en 1531.

Jean est actif de 1496 à 1538. Il collabore avec Nicolas Le Prince à la verrière de Saint-Claude de l'église Saint-Étienne de Beauvais et à celle du bras nord du transept de  la cathédrale de Beauvais.

3°) Nicolas et Pierre Le Prince.

 — Nicolas est sans-doute le plus prolifique de 1527 à 1551.

  • Louviers, La Légende de Théophile vers 1530

—  Pierre a signé vers 1530 le vitrail de la Santa Casa de N.D de Lorette de  l'église Saint-Étienne de Beauvais ; il travaillait encore en 1561.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Registre supérieur quatrième lancette. Le préfet Rictiovaire ordonne l'arrestation des deux saints.

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Inscription légendée : difficile à déchiffrer

LEQUEL SUBIT SANS TARDER CRUEL [GRUEZ ? GRIEF ?] COMME UNG MESCHANT QUE ON DEBVOIT

LE ALA DIRE A RICTIOVARE QUI SOUDAIN LES FEIST ALER PRENDRE

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Rictiovaire  se penche sur la balustrade de son palis et adresse un ordre à un  soldat armé d'une lance.

Rictiovar, « préfet » (Rictiovarus praefectus) ou "Prévost" (dans le Mystère, et ici), de Maximien, est le plus fameux des persécuteurs de Gaule. Dans la région entre Soissons et Amiens, six martyres lui sont attribués, ceux de Quentin; de Crépin et Crépinien (Soissons); de Valère et Rufin (Bazoches en Soissonnais) ; de Macre (Fismes) ; de Fuscien, Victoric et Gentien (Saint-Fuscien en Amiénois); et de l'enfant Just et ses compagnons (Saint Just en Beauvaisis)

Le personnage placé en arrière du Prévost est l'un des deux Conseilliers qui interviennent ici dans le Mystère. Rictiovaire décide de suivre leurs conseils :

Seigneurs, entendes mon accort : 
Alez-nous quérir vistement 
Ces deux qui la loy diffamant 
Vont, présent nous, que nous tenons ; 


Alés tost, et nous viserons 
Quelz martyres pourront souffrir 
Si ne se vueullent repentir 
De leur faulx et mauvaiz langage. 

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Nouvel exemple d'un édifice en arrière-plan : 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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REGISTRE INTERMÉDIAIRE.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Deuxième registre, première lancette. Flagellation des deux saints en présence de Rictiovaire.

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Inscription légendée :

ET QUAND ENTENDIT LES RAISONS DES BONS SAINTS ESTROICT DETENUS

SANS LEUR USER DE LONGS BLASOS DREFUEMENT LES FEIST BATRE MID

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Deuxième registre, deuxième lancette. Les deux saints sont pendus à des gibets où des bourreaux leurs arrachent des lanières de peau .

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Inscription légendée :

NOSANT ICEULX NE CONTREDIRE MAIS FAIRE A DIEU TOULIOEURS PRIERES

COM[M]E[NT] UN TIRAN T[OU]T REMPLI DE IRES LES FEIST ESCORCHER PAR LANIERES

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Le terme de "tiran" ou plus habituellement "tirant" désigne un bourreau. Voir le Mystère ... ou les différentes Passions médiévales. Certains portent des noms : AIGREMORT et AGRAPART

Rictiovaire donne ses ordres :

A vous ! Vuellés les tost saisir, 
Et les lier en celle estache ; [ Estache : pilier, poteau. ]
Car du corps je vueil qu'on leur sache 
Des courroyes cy devant moy. 

— Délivrez-vous, ou foy que doy 
A tous les dieux que doy amer 
Je vous feray déshonnourer 
Et mettre à mort, je le vous juré. 



 

PREMIER TYRANT. 
Passés avant ! que grant laidure 
Vous puist venir prochainement ! 
— Sus, compains ! sans délayement 
Pren de là, et qu'il soit lié. 

IIe TIRANT. 
De moy sera contre-lié 
Et garroté de ceste corde ; 
Car à lui mal faire m'acorde 
De bon vouloir, je te promés. 

IIIe TIRANT. 
Vous serés servi de tel més 
Que vostre frère, par Mahom ! 
—Avant, compains ! or le lion 
Comme l'autre appertement. 

[les saints élèvent leurs prières vers Dieu]

 

PREMIER TIRANT. 
Or sus ! ne faisons plus d'arrest ; 
Puisque liés sont sus et jus, 
II ne nous fault attendre plus 
D'oster les courroyez du dos 
A ces compains-cy, je le los 
Pren ce coustel ; avançons-nous. 

IIe TIRANT. 
Affin que il ne tienne à nous, 
Délivrons-nous de les trenchier 
Et puis les vouldrons escorchier. 
Trenche de là et moy de çà : 
Maudit soit qui pitié ara 
De leur mal faire nullement. 

IIIe TIRANT. 
On ne leur peut trop de tourment 
Faire par Mahom que je croy ! 
Je scay moût bien, quant est à moy, 
Qu'auray tantost une courroye ; 
Or regardes comment je raye 
Parmi son dos de ce coustel. 

IIIIe TIRANT. 
Par Mahon ! tu fais bien et bel ; 
Je vueil corne toy ainsi faire. 
  

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Deuxième registre, troisième lancette. Les alènes enfoncées sous les ongles des saints se retournent, telles des flèches, contre les bourreaux.

Corps des martyrs restitués.

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Inscription légendée :

POINT NE EN LAISSERENT LE PRESCHER DONT VOIANT SON ABUSION

LEURS PIEDS DE ALESNES FEIST PERCHER MAIS A LA GRANDE CONFUSION

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Rictovaire décide, devant l'entêtement des saints a proclamer les vérités de leur foi, d'utiliser leurs propres instruments de travail de cordonnier pour les martyriser :

Seigneurs, sans faire arrestoison 
Alez-moy cy tantost quérir 
Des alesnes; c'est mon plaisir ; 
Quant noz dieux vueulent despiter 
Je leur feray aux doys bouter ;  
Car en leur mestier en ouvroyent ; 
Si vueul, pour ce qu'ilz s'en vivoyent, 
Qu'ilz en sueffrent cruel martire ; 

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Il faut concevoir que, pour les confrères cordonniers rassemblés dans leur chapelle, ces scènes étaient beaucoup plus parlantes, puisqu'ils les avaient joués, (ou y avaient assisté ) et qu'ils en connaissaient les répliques par cœur ; surtout ceux qui jouaient les "tirants", ou bourreaux, après l'intervention des anges Raphaël et Gabriel projetant miraculeusement les alènes (poinçons en acier courbes, ou  comme ici— droits) contre eux :

Ils entendaient donc, en regardant ce vitrail, les Haro !, les De moy !, les Je suis mort ! et les Haro, Mahom ! qui fusaient aussi vivement que les alènes, et ils voyaient les cabrioles exagérées des acteurs  tombant (cheoir) en arrière

 

PREMIER TIRANT. 

Haro ! las ! il est ordonnés 
De moy ! ne me puis soustenir : 
A terre me convient chayr; 
Car moult me deulx. Las! je define ! 

IIe TIRANT. 
Ceste alesne en la poittrine 
Si in'a navré jusqu'à la mort! 
Chéoir me fault, soit droit ou tort, 
Incontinent encontre terre. 

IIIe TIRANT. 
Le Dieu des chrestiens aprins guerre, 
Se cuidé-je, encontre nous. 
Je suis mort ! Las ! que ferons-nous ! 
Je n'en puis plus, chéoir me fault. 

IIIIe TYRANT. 
Haro ! Mahom ! le cuer me fault 
Par celle alesne qui me point, 
Qui jusques au cuer si me joint 
Moult asprement, dont je me muir. 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les crevés des hauts de chausses rouge sont obtenus par gravure du verre rouge, puis peinture au jaune d'argent.

 

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'édifice à salle panoramique en rotonde revient inlassablement dans le ciel de la ville.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Deuxième registre, quatrième lancette. Les deux saints jetés dans l'Aisne, une meule au cou.

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Inscription légendée :

DEPUIS LES FEIST PAR LES TR--- FAITZ OECTER EN XONE IN

-LUECQ MOEULLES DE PESANTZ LAIZ QUI NAGERENT CHO--

Le nom de la rivière Aisne, "Esne" dans le mystère, se dit Axona en latin, d'ou la graphie Axone.

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Callias Bey et col. remarquent que cette scène est proche du miracle des enfants jetés dans le Doubs de la vie de saint Claude à l'église Notre-Dame-de-Marissel, Oise, baie 6, après 1527. Mais nous pouvons aussi la rapprocher le la même scène peinte à Beauvais par Nicolas Le Prince pour la baie n°9 de l'église Saint-Etienne (registre inférieur, lancette C).

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Rictiovaire a condamné les saints à être jeté dans les eaux glacées de l'Aisne avec une meule autour du cou : Meules à leur col leur pendes. Je vous pri, point n'i attendes ; En l'eaue qui est fort gelée Les jettes tost sans demourée, Et les noyés appertement. 

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Là encore, la scène jouée sur les tréteaux devant et par les cordonniers est très animée, surtout lorsque les "tirants" s'activent à rouler les lourdes meules et se réjouissent d'envoyer les saints aller pêcher les poissons au fond de l'eau :

 

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Ier TIRANT

Faisons à getter ces gens-cy ; 
Levons ensemble : Hau ! hy, hy ! 
Mettons la pierre sur le pont, 
Si l'envoyerons de plain fons 
Dedans peschier. 

IIe TIRANT. 
Levons-la tost, je vous requier : 
Elle est bien ; laissons-la ainsy. 
Gettons le corps, je vous em pry, 
Devant ; la meulle après ira. 
Or, boutons tost... II y sera, 
Se pensé-je, jà assez tost. 

IIIe TIRANT. 
Or alons à l'autre bien tost ; 
Si yra veir que l'autre fait. 
Levons ensemble, si vous plaist. 
Hau ! hy ! hau ! Que deable elle poyse ! 
Tost serons quittes de leur noise 
Et de leur plait,  maugré leur dens. 

IIIIe TIRANT. 
Je vous pri, bouttons-le dedens ; 
Si yra pescher aux poissons. 
— Avant ! avant !... II est auffons ; 
Jamais on n'en orra parler. 
Nous nous en povons bien aler 
Quant on voudra. 

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Mais hélas, les saints ont recours à la Doulce Vierge et la rivière dégèle miraculeusement tandis qu'ils se détachent de la meule : les voici en train de nager comme dans leur bain !

La rivière, qui fort gelée 
Estoit, est chaude devenue 
Comme eaue de baing, chose est sceue ; 
Les meullez qu'en leur col ont mis 
Emportent, dont je m'esbahis 
Et merveille très grandement. 
II ne leur griève nullement 
A porter ne c'une chemise ; 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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REGISTRE INFÉRIEUR.

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Troisième registre, première lancette. Les deux saints dans une chaudière d'eau bouillante, dont le contenu vient frapper les tortionnaires.

Scène très restituée.

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Inscription légendée (très effacée) :

CAUSANT DOULEURS EURS NUICT

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Dans la Troisième journée du Mystère, Rictiovaire est mort, et c'est un messager qui vient raconter les faits à Maximien : les saints ont été plongés dans une marmite d'huile et de plomb bouillants, mais la "fournaise" creva répandant son contenu sur le Prévôt et les bourreaux :

 

De dueil qu'en out Rictiovaire, 
Leurs fist un aultre tourment faire ; 
Car en une fournaise ardant, 
En huille et en plonc boullant 
Les fist mettre par grant ayr ; 
Car à chief en cuidoit venir ; 
Mais la fornaise si creva 
Qui Rictiovaire tua 
Et ceulx qui estoyent autour 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

C'est Rictiovaire  lui-même, sceptre en main,  qui tombe à la renverse.

Notez l'effet saisissant rendu par  les flammes en verre blanc dont seule la partie centrale est peinte au jaune d'argent.

Dans la légende, une goutte du liquide est projetée dans l'œil de Rictiovaire : l'artiste a effectivement représenté une fusée d'huile qui jaillit mais n'a pas encore atteint l'œil.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Nouvel exemple d'architecture (palais surveillé par un garde), sur un verre  bleu-violet. 

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Troisième registre, deuxième lancette. Un soldat raconte ces prodiges à Maximien.

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A MAXIMIEN LEMPEREUR LUNG DE SES GENTS (GRANTZ) ALLA BIEN TOST

----------------------------------------------------------------GRAND FUREUR ----

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Blanquart, suivi par Callias Bey,  trouve que le soldat est inspiré d'après celui de  la Dame au lansquenet de Dürer, cat. Bratsch n°82.

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Albrecht Dürer, La dame à cheval et le Lansquenet 1497. Photo (C) RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojéda

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Je le rapproche surtout du seigneur qui, dans la baie 21 peinte par Engrand le Prince, assiste au baptême de saint Claude au registre supérieur. Mêmes chausses à crevés, mêmes rubans sous le genou, même chapeau à plume blanche.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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En arrière-plan, la cheminée Renaissance, le plafond à caissons, ...

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Troisième registre, troisième lancette. Décollation des deux saints.

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Inscription légendée :

LORS SANS PLUS ---MAXIMIEN SANS CONTREDICTS

LES BENORCT-EMCTENT DECOLLRE QUI TR—MBENT EN PARADIS

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L'empereur en entendant les saints proclamer leur foi, est furieux de les voir blasphémer contre Mahom : On vous fera coupper les testes ;  Car très mauvaises gens vous estes  De cecy dire. 

Dans le Mystère, le jugement et la décollation se déroulent devant l'empereur, ses deux conseillers, et des chevaliers, tandis que les bourreaux se nomment GRAINAUT  et MALFERAS.

Ici, la scène est représentée dans la largeur des deux dernières lancettes.

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Dans la troisième lancette, le bourreau porte une tenue de soldat, avec pourpoint blanc à crevés, haut-de-chausses à crevés nouées sous le genou par un ruban bleu, comme le messager de la lancette précédente. Maximien est coiffé d'un turban et vêtu d'une pelisse ; il tient son bâton de commandement. Un homme et trois femmes observent la scène.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'arrière-plan est en grisaille sur verre rouge clair.

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Troisième registre, quatrième lancette. Décollation des deux saints.

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Inscription légendée :

CORDONNIERS DE AMOUR ENTIER MECTANT EN DIEU TOUT LEUR ART

MIT cu dni CESTE VERRIERE LAN MIL CINQ CENS ET TRENTE

Cette inscription est évidemment très précieuse par la datation de 1530, déjà relevée par l'abbé Blanquart. Mais elle doit aussi être lue — malgré ma difficulté à décrypter le début de la seconde ligne— comme une inscription de donation par la confrérie des cordonniers, "cordonniers d'amour entier mettant en Dieu tout leur art", donnée précieuse en l'absence des armoiries qui, sur la baie 26, affirmait clairement la donation des tanneurs.

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Le bourreau est ici pieds nus, coiffé d'un bonnet rouge à ruban blanc (verre gravé).

 

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Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Vie de saints Crépin et Crépinien (1530, Nicolas Le Prince), Baie 23, collégiale de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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CONCLUSION.

Cette baie réalisée 4 ans après la baie 26 n'a pas, à mon jugement, la beauté et la maîtrise éblouissante déployée par Engrand Le Prince dans cette dernière. Elle est surtout remarquable par la qualité de ses arrière-plans, sur verre bleu mais aussi bleu-violet : leur étude pourrait permettre dans trouver les sources soit locales dans les vues anciennes de Gisors, soit par comparaison avec les édifices peints avec soins dans les enluminures ou dans d'autres vitraux, comme a su le faire Marie Jacob pour la production de l'atelier des Colombe (1470-1500).

 

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SOURCES ET LIENS.

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— BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f121.image

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 120

— HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors  et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

— JACOB (P.L), 1852, Histoire des cordonniers et des artisans dont la profession se rattache a la cordonnerie, comprenant l'histoire des anciennes corporations et confréries de cordonniers, de bottiers, de savetiers, de formiers, de marchands de crépin, de peaussiers, de tanneurs et de corroyeurs de la France, depuis leur fondation jusqu'à leur suppression en 1789: précédée de L'Histoire de la chaussure depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Librairie historique, archéologique et scientifique de Seré, 1852 - 326 pages

https://archive.org/details/histoiredescordo00jaco/page/n9

— JULLIAN (Camille), 1923, C. Questions hagiographiques : le cycle de Rictiovar , Revue des Études Anciennes  Année 1923  25-4  pp. 367-378

https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1923_num_25_4_5206

— LAFOND, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux: suivie d'un suivie d'un essai historique sur le jaune d'argent, et d'une note sur les plus anciens verres gravés, Lainé, 1944 - 137 pages

— LALOU ( Elisabeth ), 1985, Les cordonniers metteurs en scène des mystères de saint Crépin et saint Crépinien

Bibliothèque de l'École des chartes  Année 1985  143-1  pp. 91-115

https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1985_num_143_1_450369

— LEROY (De Onésime ), 1837, Etudes sur les mystères, monumens historiques et littéraires, Hachette, 1837 - 520 pages, page 274 et suiv.

https://books.google.fr/books?id=OoUWAQAAMAAJ&dq=rictiovaire&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— MÂLE (Emile), 1931, L'art religieux de la fin du Moyen Age en France. Etude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration, Paris,  pages 171, 181 et 182

https://archive.org/details/lartreligieuxde00ml/page/170

https://archive.org/details/lartreligieuxde00ml/page/180

Fig. 95. — Arrestation de saint Crépin et de saint Crépinien. Eglise Saint-Pantaléon, Troyes.

De charmants vitraux, consacrés à la légende de saint Crépin et de saint Crépinien, ornent une chapelle de l'église de Gisors, l'église de Clermont-d'Oise et l'église Notre-Dame de Bourg-en-Bresse : ils ont été offerts, les uns et les autres, par des confréries de cordonniers.

. Le Mystère de saint Crépin et saint Crépinien a été composé à la requête d'une confrérie de cordonniers . Bien d'autres vitraux commémorent les jeux dramatiques organisés par les confréries. Les verrières consacrées à saint Crépin et à saint Crépinien que les cordonniers de Gisors et ceux de Clermont-d'Oise donnèrent à leurs églises en sont la preuve. Les confrères de Gisors et de Clermont connaissaient certainement le Mystère de saint Crépin et de saint Crépinien qu'avaient fait représenter les cordonniers de Paris. L'artiste (car les vitraux de Gisors et de Glermont sont du même dessinateur ) avait vu lui aussi la pièce. Il la suit en effet pas à pas ; les martyrs sont tour à tour frappés de verges, écorchés, déchirés avec des alênes, jetés dans la rivière avec une meule au cou. Quelques scènes typiques dénotent clairement l'imitation. Un épisode assez oiseux, mais qui a sa place dans le drame, a été reproduit : un magnifique messager, l'épée au côté, le chapeau sur le dos, explique au vieil empereur à barbe blanche qu'il est impossible de venir à bout des deux prisonniers ; les cuves d'huile bouillante où on les a plongés ont éclaté et ont tué tous les bourreaux. L'empereur ordonne alors qu'on en finisse et qu'on décapite les deux saints.

6. Le vitrail de Gisors est de 1530, celui de Clermont de 1550. Les cartons avaient été conservés dans l'atelier du peintre-verrier. Ce peintre était un artiste attaché à l'atelier des Leprince à Beauvais, comme le prouve le style du vitrail. Certaines scènes, à Gisors et à Clermont, sont absolument pareilles. 11 n'y a qu'une différence : c'est qu'à Clermont l'œuvre est plus complète et contient des scènes qui manquent à l'autre (histoire des reliques).

7. Le Mystère de saint Crépin et de saint Crépinien, publié en 1836 par Dessalles et Chabaille, Paris, in-8°, n' est malheureusement pas complet. Tout le début manque. Nous ne pouvons donc pas confronter les premiers panneaux du vitrail (naissance, conversion, apostolat des saints) avec le Mystère.

D'autres scènes plus significatives encore lèvent tous les doutes. On voit, dans le vitrail de Clermont, un vieillard et une chrétienne ensevelir les restes des martyrs ; puis leurs reliques retrouvées sont mises dans une châsse et présentées à la vénération des fidèles; les malades accourent en foule et reviennent guéris. Or, tel est précisément le dénouement du Mystère : la dernière journée tout entière y est consacrée à l'histoire des reliques

Je suis convaincu que la plupart des vitraux légendaires qui nous restent ont la même origine. Je sens partout l'influence de ces innombrables représentations dramatiques organisées par les confréries. Tout cela, il est vrai, s'entrevoit dans le demi-jour; les preuves formelles manquent la plupart du temps.

1. Le vitrail de saint Crépin et de saint Crépinien qui se voyait à Paris aux Quinze-Vingts était semblable à ceux de Gisors et de, Clermont. Il se terminait aussi par l'épisode des reliques.

— MIGNE (Paul-Jacques), Dictionnaire des Mystères, Encyclopédie théologique, ou Série de dictionnaires page 274 et ss.

Numéris. Google

 

MYSTÈRE  DE SAINT CRESPIN ET SAINT CRESPINIEN, PUBLIÉ POUR IA PREMIÈRE FOIS, DAPRÈS UN MANUSCRIT CONSERVÉ AUX ARCHIVES DU ROYAUME, PAR L. DESSALLES ET P. CHABAILLE. A PARIS, CHEZ SILVESTRE, LIBRAIRE, RUE DES BONS-ENFANTS, N° 50. MDCCCXXXVI. [1836]

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58299271.texteImage

— PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors,  ed. C. Lapierre, Gisors page 261-263

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327

— TOURNEUR (Victor), 1906, Le mystère bréton de Saint Crépin et de Saint Crépinien. Paris, H. Champion."Extrait de la Revue celtique, t. XXV, pp. 299-243, 420-437; t. XXVI, pp. 96-111, 200-217, 290-319; t. XXVII, pp. 16-48." "Le texte ... reproduit le ms. 20 du fonds celtique de la Bibliothèque nationale de Paris."

https://archive.org/details/bub_gb_meRGAQAAMAAJ/page/n7

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 09:30

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Il s'agit d'une baie éclairant la chapelle de confrérie des tanneurs, dédiée à leur patron saint Claude, dans le bas-coté sud de la nef de l'église de Gisors. Elle montre les scènes de la vie de saint Claude, abbé de Saint-Oyend puis évêque de Besançon.

Elle a été offerte par la confrérie des tanneurs la même année que le célèbre Pilier des Tanneurs qui délimitait leur chapelle.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Haute de 6,90 m et large de 3,10 m, elle comporte 4 lancettes trilobées divisés en trois registres, et un tympan à 4 mouchettes, 1 soufflet et 2 écoinçons. Les panneaux figurés sont placés au centre, tandis que les lancettes latérales et les têtes de lancettes, comme le pourtour du tympan, sont remplies par une vitrerie losangée.

 

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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La vie de saint Claude débute, au tympan, par sa naissance.  Il naquit vers 607 au château de Bracon, près de Salins dont son père était gouverneur. Il était le fils d'une illustre famille gallo-romaine, celle des Claudia .

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La mère est dans son lit , tandis qu'une femme lui sert, comme c'était l'usage, le brouet  de l'accouchée, un bouillon mélangé de lait sucré et  d'œuf. Les draps et le ciel de lit sont rouges ; des instruments sont posés sur une desserte blanche.

Une sage-femme tient l'enfant dans ses bras, tandis qu'une servante lui prépare sa première bouillie. 

Sur une table basse sont posés une chandelle et une bassine d'eau : un petit chef-d'œuvre de nature morte.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le style très particulier d'Engrand Le Prince, le maître-verrier, se reconnaît déjà par les visages fantomatiques, et par  le traitement des étoffes faisant contraster des zones blanches et des aplats gris clairs.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Mais ce style est encore mieux reconnu par la virtuose avec laquelle est employé le jaune d'argent de densité différente et qui vient faire ressortir les plages blanches comme d'éclatants miroitements de lumière.

 

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Registre de donation : les blasons des tanneurs et la date de 1526.

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La suite attendue de cette naissance est la scène du baptême : nous allons la trouver au registre supérieur. Mais deux panneaux, sous les têtes de lancettes, méritent notre attention.

 La verrière résulte d'une recomposition  malgré qu'elle ait été peu restaurée (avec une contrepartie négative, la présence de "toiles d'araignées des plombs de casse). Elle fut réparée en 1579 par Anthoine Roussel, puis une vaste campagne "d'éclaircissement" au XVIIIe siècle remplaça des verres colorés par des verres blancs losangés : les paroissiens voulaient y voir clair, à cette époque où les seuls éclairages venaient du jour, ou des chandelles .

Sous une macédoine de verres colorés (atelier Labouret 1948), nous trouvons à gauche un calvaire (crucifixion avec Jean et Marie) se détachant sur un fond de remplages et de verres losangés : c'est l'intérieur de l'église où a lieu le baptême de saint Claude juste en dessous.

L'élément intéressant (à mes yeux) se trouve être le blason des tanneurs de Gisors :  un plat rond et un couteau demi-rond ou écharnoir  couleur or se détachent sur le fond azur. ce sont les armoiries qui figurent aussi sur le Pilier des Tanneurs. Ces meubles (le plat et le couteau) sont gravés sur le verre bleu, c'est à dire que le verre bleu a été meulé ("gravé") pour ne laisser voir que le verre blanc du doublage, qui a été peint au jaune d'argent. Une petite prouesse technique.

Nous retrouvons ce blason à droite, présenté par un ange.

L'inscription est la suivante :

EN LAN SIX CENS ET QUATRE PROPREMENT / AINSI QUE AU LONG LA LEGENDE COMPORTE.

Cette date de 604 est celle de la naissance de saint Claude, bien que la date la plus admise soit la date de 607.

La date de 1526, création du vitrail, a été remontée à l'envers, et à l'extérieur du vitrail.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le registre supérieur : le baptême.

Les registres se lisent en une seule scène sur toute la largeur des deux lancettes

L'inscription (sous réserve):

COME SAINCT CLAUDE EN NOTABLE FASON / FUT BAPTISE POUR LA FOY CATHOLIQUE.

DE LARCHEVESQUE DIGNE DE BESENÇON / LUI APPARUT VISION ANGELIQUE

L-- DES ANGES PAR VERTU DEITIQUE / FUT LEDICT SAINCT EN LAIR HAULT  ESLEVE

EN DEMEURANT --- MAGNIFIQUE / DUI SERT SAINCT CLAUDE MAL EST RELEVE

Cette inscription est précieuse car elle permet de mieux comprendre la peinture. Elle relate un événement miraculeux rarement mentionné, et dont je n'ai pu trouver la source, celui de l'apparition de deux anges lors du baptême. Je ne la trouve pas dans la Vita Longior d'après Chifflet et Mabilion, publiée dans les Acta sanctorum page 639, et elle n'est pas relaté par Claude de Rota dans sa Légende dorée de 1535.

L'enfant, échappant aux mains de l'archevêque (Digne ? le prédécesseur de saint Donat, en titre de 627 à 658 ), est soulevé au dessus des fonts baptismaux par les deux anges. Quatre témoins (dont un seigneur, à bonnet à plume et chausses à crevés), placés derrière le prélat,  assistent à cette intervention divine et manifestent leur émerveillement.

Cette scène est d'autant plus intéressante qu'elle aurait été copiée par Jean Chastellain pour la baie 107 de l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris. (Le chœur de l'église Saint-Étienne est entièrement vitré entre 1540 et 1542 ; Jean Chastellain, né en 1490, est décédé en 1541).  

L'attribution de la baie 107 à Chastellain repose sur Grodecki et al. 1978. Mais cette attribution a été remise en cause par Guy-Michel Leproux en 1986 :

"Quant au marché passé le 11 juin 1541 avec la confrérie de Saint-Claude, Chastellain eut sans doute juste le temps de l'honorer avant sa mort, puisque c'est sa veuve qui en assura la mise en place et reçut le paiement (*). Mais ces vitraux, destinés aux fenêtres basses de la chapelle qu'occupaient les confrères, n'existent plus; on les a souvent confondus avec l'une des grandes verrières des travées droites du chœur, où la vie du même saint Claude est narrée, mais dans un style encore gothique qui n'a aucun rapport avec celui de Chastellain. Il s'agit là de l'un des remplois de verrières antérieures à la construction du nouveau chœur décidés par la fabrique de Saint-Etienne du Mont.(**)

(*) Arch, nat., Min. centr., XXXIII, 26; 1541, 11 juin. Analysé dans Ernest COYECQUE, Recueil d'actes notariés relatifs à l'histoire de Paris et de ses environs, Paris, 1905, 2 vol., n° 1987 et 2254

"(**) Ce que confirme un marché analysé par Madeleine Connat, aux termes duquel un peintre-verrier de la paroisse, Jacques Rousseau, s'engageait à « mectre l'autre voirrière de monseigneur saint Claude en la forme joignant [celle de monseigneur saint Claude en la forme joignant [celle de Notre Dame] où y a quatre jours ». Ce qui correspond à la distribution actuelle, la verrière de la Vierge étant encore en place. Madeleine CONNAT, Documents inédits du Minutier central, dans Bibliothèque d'Humanisme et Renaissance, 1950, p. 98-113."

Les photos du site Ndoduc  permettent de constater que les quatre panneaux de Saint-Etienne-du-Mont reprennent les mêmes sujets qu'à Gisors (naissance, baptême, précocité de Claude enfant devant les docteurs, sacre comme évêque), mais qu'il ne s'agit pas d'une copie du vitrail gisorcien (l'angle de vue, les cartons sont différents.  Néanmoins, le style en est comparable, et de nombreux détails (baies losangées, crucifix, surplis et aumusses, mitre) sont des citations exactes. Pourtant, aucun auteur n'a évoqué Engrand Le Prince ou son atelier devant cette baie de Saint-Etienne-du-Mont.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les deux anges, l'un aux ailes jaune-vert, l'autre aux ailes rouges, sont vêtus de robes somptueusement rendues, avec des irisations sur le verre bleu qui suppose l'emploi de verres gravés. De même, le rendu de l'enfant, plein de vie et de mobilité par quelques lavis de grisaille, est confondant.

La tête d'un spectateur apparaît entre les charmants visages blonds des anges.

À l'arrière, une boule de feu traduit sans doute l'intervention divine.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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L'archevêque et la famille Claudia assistant au baptême.

 

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les couleurs !  J'ignore comment l'étoffe blanche à reflets bleu-vert est faite. Mieux, à sa gauche, un  verre à rayures roses et orange. Et la jambe du seigneur, avec ses crevés, son ruban et des bandes blanches et jaunes !

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le registre intermédiaire. Saint Claude maîtrise précocement les Écritures.

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QUE SAINCT CLAUDE APPRENT LI TESTEMENT / DIEBLE PAR FREQENTEZ LECTURE

QU- BIEN SOUVENT DISPUTOIT HAULTEMENT / A CONNAISTRE DE LA SAINCTE ESCRITURE

LUN DECLARANT CHOSE SI OBSCURE / AUNCUN ESFOIS QUONQUES NE PENSE

ENFFANS ENFFANS AYEZ DAPPRENDRE CURE / NOBLESSE NEST QUE DE SCIENCE

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La capacité de saint Claude de lire les saintes Écritures est souligné par tous les auteurs. Nous le voyons ici, après l'âge de sept ans, face à son maître, qu'il épate par ses connaissances alors que ses petits camarades en sont encore à ânonner le B-A BA, suivant du doigt la ligne de leur livre ou bavardant avec dissipation.  Un petit chien blanc (très fréquent dans les vitraux de cette époque) indique que Claude, son maître, appartient à la noblesse. 


 

"qui usque ad septimum annum, cum decenti cura, in domo parentum suorum nutritus fuit. Transacto autem septimo ætatis suæ anno, ab ipsis parentibus, probatissimis litterarum magistris instruendus traditus fuit; quibus artes quas liberales vocant, infra paucos annos, plene didicit. Infra cujus temporis spatium, non solum artes prædictas, verum etiam libros veteris & novi Testamenti, historias sive passiones sanctorum Martyrum, atque vitas sanctorum Confessorum; [historias sacras legit:] nec non & sermones seu homilias sanctorum Doctorum, sub ipsis magistris adolescens, sibi legendo percurreret. "

"Saint Claude fut instruit au foyer de son illustre famille jusqu’à l’âge de sept ans. Il fut ensuite confié à des maîtres habiles. Ses progrès dans les lettres humaines furent rapides, et Dieu lui donna la grâce de faire également d’admirables progrès dans la pratique des vertus chrétiennes. Il aimait à étudier les divines Écritures, les Ouvrages des Pères de l’Église, la vie des Saints. On le voyait souvent aux pieds des autels, assistant avec ferveur à la messe et aux offices religieux. Il recherchait la société des personnes pieuses et fuyait la compagnie des méchants. Modeste dans son maintien, circonspect dans ses paroles, malgré son extrême jeunesse, il s’efforçait d’éviter tout ce qui pouvait être un prétexte ou un sujet de blâme. Enfin, la pureté de son âme se reflétait jusque dans les traits de son visage: Claude avait l’angélique regard d’un séraphin.

Gollut dit qu’il porta les armes jusqu’à l’âge de vingt ans ; mais, destiné par une sincère vocation à la milice sainte, Claude embrassa à cette époque l’état ecclésiastique et fut reçu au chapitre de l’église cathédrale de Besançon, qui vivait dans la plus édifiante régularité, suivant les institutions et les exemples de l’archevêque saint Donat. Il y fut chargé d’enseigner la science sacrée aux jeunes clercs, et remplit cette fonction avec un brillant succès.

Après avoir vécu pendant douze ans au milieu des prêtres qui faisaient l’ornement de l’Eglise de Besançon, et se sentant pressé par un ardent désir de servir Dieu d’une manière plus parfaite encore, Claude se retira dans la solitude."

 

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Comparez avec le panneau correspondant de Saint-Etienne-du-Mont.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Une foule de détails peut être observée : le meuble en marbre à scènes antiques, la vaisselle d'étain et l'étude des reflets et des volumes qu'elle suscite, la précision des reflets au jaune d'argent du bougeoir, les deux arrière-plans sur verre bleu, l'un montrant le château paternel sur une colline, et l'autre les monuments de la ville de Salins, le verre sur le meuble et la bouteille dans une niche, etc.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le maître tient la férule, instrument de son autorité. La tunique courte est en verre rouge gravé, les zones gravées étant peintes au jaune d'argent.

 

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Le registre inférieur.

 

Une inscription, complétée au XXe siècle (notamment en minuscule) indique ceci :

St CLAUDE évêque et patron des tanneurs, 

TU PROTEGES AVEC LE CUIR SOLIDE

LE GISORSIEN toujours RESTE LUCIDE

CONTRE LA BISE ET CONTRE les malheurs

A LOUEE TA VIE TON AIDE il quérit

UN ENGRAND LE PRIEUR siècle xvie

DES ANS DU FEU réparèrent LES BRIS

ET MERLET ET GENDREAU siècle XXe

Cette inscription n'a pas été relevée, ni dans Les Vitraux de Haute Normandie (qui indique seulement qu'elle évoque les méfaits de la Seconde Guerre mondiale), ni par l'abbé Blanquart, pourtant elle présente un certain intérêt. D'une part, elle indique le nom du maître-verrier, "Engrand Le Prieur", que  nous rapprochons d'Engrand Le Prince.

D'autre part, il mentionne deux autres noms, Merlet et Gendreau .

Jean Merlet est l'architecte en chef qui conduisit les restaurations de l'église entre 1946 à 1973.

Gabriel Gendreau est un architecte des Monuments historiques, décédé en 2015,  qui signa notamment, avec Jean Merlet , l'ouvrage La cathédrale d'Evreux, huit siècles d'histoire.

Cette partie de l'inscription date donc de la seconde moitié du XXe siècle.

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Comparez avec le panneau correspondant de Saint-Etienne-du-Mont.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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À gauche est représenté le sacre de saint Claude comme évêque de Besançon. Jean Lafond remarquait en 1943, dans la mitre et dans la chape de l'évêque, "l'extrême liberté et la rapidité du travail.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Les clercs qui assistent à l'intronisation, à droite, portent  un surplis blanc sur une soutane soit rouge  à manches larges, soit bleu, et certains sont coiffés de la barrette. Mais ils portent sur le bras gauche une pelisse,  l'aumusse des chanoines. Alors que les verres utilisés sont, pour le 3/4 de la surface, des verres blancs peints de grisaille, la diversité des matières, des plis et des reflets donne un effet chatoyant extrêmement riche.

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Il reste à souligner que Nicolas et Pierre Le Prince réalisèrent en 1527, —l'année suivant ce vitrail— la baie 9 de l'église Saint-Etienne de Beauvais dans la chapelle Saint-Claude. Ses quatre lancettes et son tympan sont consacrés à la Vie de saint Claude, mais la relation de cette Vie débute exactement là où la baie de Gisors l'avait laissée. Comme elle, elle est légendée, et on y retrouve la même écriture. 

On retrouve aussi (beaucoup plus développés) les vues de monuments en arrière-plan, avec une reprise de l'une des tours de la baie de Gisors :

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Nicolas et Pierre Le Prince, 1527, baie de saint Claude, église de Beauvais. Photographie lavieb-aile

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Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

Baie 26, verrière de la Vie de saint Claude (1526), église de Gisors. Photographie lavieb-aile 26 août 2018.

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Document : Etienne Hamon page 321

 

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Verriers et peintres verriers.

"Au moment du lancement de la reconstruction der l'église, Gisors n'abritait sans doute aucun atelier important de peinture ou de peinture sur verre. Un seul spécialiste du vitrail exerçait semble-t-il dans la ville, Tassin Burel, qualifié ded « verrier » en 1489 à l'occasion de la pose de verres incolores dans les fenêtres du château. C'est lui qui, jusqu'à sa mort en 1518, fut chargé de la plupart des travaux de vitrerie dans l'église en chantier, y compris de la réparation de panneaux peints comme ceux de la verrière 'des Tanneurs » en 1513. Le large éventail de ses compétences, il est également plombier dès 1483 et serrurier-horloger- interdit cependant de voir en lui un artiste ayant pratiqué la peinture sur verre à grande échelle et dans le cadre de créations originales et ambitieuses. Pour preuve, c'est vers les ateliers rouennais que se tournaient les commanditaires les plus exigeants : la fabrique de Gisors elle-même en 1504-1505 pour la réalisation des vitraux des saints patrons de l'église, et, quelques années plus tard, le vicomte de basset pour les verrières qu('il offrit à la collégiale Notre-Dame du Grand -Andely.

À cette date pourtant, la paroisse pouvait compter sur d'autres verriers locaux comme Guillaume Delahaye, fournisseur de lanternes à l'église en 1500-1508 qui répara les vitraux incolores losangés des logis du château en 1514. Quand au « verrier » nommé Aubin qui figure ponctuellement dans les comptes de 1517 pour la fourniture de 274 verres blancs, il s(agit probablement d'un négociant ou d'un producteur installé à l'intérieur de la ville et non d'un artisan spécialisé dans la mise en œuvre du verre plat.

Après le décès de Tassin Burel, cette activité connut un formidable renouveau à Gisors. Se constitua alors, sans doute grâce à l'équipement du défunt et à l'influence des créations beauvaisiennes attestées à Gisors par la présence des vitraux des chapelles Saint-Claude et Saint-Crépin exécutés en 1526 et 1530 respectivement par Engrand et par Nicolas Le Prince, un atelier dirigé par Jean Buron, documenté de 1521 à 1560, qui se spécialisa progressivement dans la peinture sur verre."

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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BLANQUART, (Abbé), 1885, Notice sur les vitraux de Gisors, Mémoires de la société archéologique et historique de Pontoise et du Véxin, T7, page 67 et suiv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k214014k/f121.image

 

 — CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 120

CHIFFLET, Illustrationes Claudianae

—  GRODECKI ( Louis), Françoise Perrot, Jean Taralon, 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, éditions du CNRS (collection Corpus vitrearum Recensement, volume 1), p. 38] 

HAMON (Étienne), 2008, Un chantier flamboyant et son rayonnement: Gisors  et les églises du Vexin français, Presses Univ. Franche-Comté, 2008 - 652 pages page 321.

https://books.google.fr/books?id=QrXmxuOPH5MC&dq=isbn:2848672196&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

HÉROLD (Michel), 1993, Gisors, église paroissiale Saint-Gervais Saint-Protais, les verrières, Paris, 1993. Non consulté.

— LAFOND, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux: suivie d'un suivie d'un essai historique sur le jaune d'argent, et d'une note sur les plus anciens verres gravés, Lainé, 1944 - 137 pages

— LEPROUX (Guy-Michel ), 1986, Fontainebleau et les arts décoratifs : l'exemple du vitrail Journal des Savants  Année 1986  1-3  pp. 133-154

https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1986_num_1_1_1496

PATTE (Victor), 1896, Histoire de Gisors,  ed. C. Lapierre, Gisors page 327

https://archive.org/details/HistoireDeGisors/page/n327

Site Wikipédia en

https://en.wikisource.org/wiki/Catholic_Encyclopedia_(1913)/Diocese_of_Saint-Claude

GOYAU (Pierre-Louis-Théophile-Georges) 1913, Saint-Claude , Encyclopédie catholique (1913) , volume 13

http://www.encyclopedie-universelle.net/Saint%20Claude.html

Acta sanctorum page 634 :

https://books.google.fr/books?id=sHZCAQAAIAAJ&pg=RA1-PA70&dq=%22sancto+claudio%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiqhdiuqpzeAhVQxxoKHXPqDMg4FBDoAQhRMAg#v=onepage&q=%22sancto%20claudio%22&f=false

https://www.heiligenlexikon.de/ActaSanctorum/6.Juni.html

VITRAUX :

Louviers - Eglise Notre-Dame - Vitrail avec saint Claude et Claude Le Roux (baie n°24)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Louviers_-_Eglise_Notre-Dame_-_Vitrail_avec_saint_Claude_et_Claude_Le_Roux_(baie_n%C2%B024).jpg

Saint-Etienne-du-Mont , baie 107, Vie de saint Claude :

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm2/his_StClaude.htm

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_h/saint-etienne-du-mont_paris.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
16 octobre 2018 2 16 /10 /octobre /2018 13:31

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DESCRIPTION.

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Cette baie est formée de deux lancettes trilobées et d'un tympan à 1 quadrilobe. L'ensemble est traité en grisaille et jaune d'argent sur verres blancs, les seuls verres colorés étant utilisés exclusivement pour le damas et le contre-fond des niches. Ce sont (hormis quelques pièces placées en baie 4) les vitraux les plus anciens de l'église.

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Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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La lancette gauche : saint Nicolas en évêque et le miracle des trois petits enfants.

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Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Lancette de droite : un saint évêque : saint Lô ?

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Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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La verrière de saint Nicolas et de saint Lô, baie 3 de l'église de Bourg-Achard.

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Le monogramme trilitère IHS, où la hampe du H est barré du tilde abréviatif (IHS pour IHESUS) pour former une croix.

https://fr.wikipedia.org/wiki/IHS_(religion)

 

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 3 (2eme quart XVe) de l'église de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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SOURCES :

 

 

CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001,"Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, page 120

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
15 octobre 2018 1 15 /10 /octobre /2018 07:36

Les vitraux de Conches-en-Ouche : la Vie de saint Jean-Baptiste (1500-1510) ou baie 20.

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Je place ici les images de la baie 20 de Conches (Eure), sans aucune description, et seulement pour permettre la comparaison des cartons avec ceux de la baie 2 de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.

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Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

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Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 (maître de la vie de saint Jean-Baptiste, 1500-1510) de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20  de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

Baie 20 de l'église Sainte-Foy de Conches. Photographie lavieb-aile.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
14 octobre 2018 7 14 /10 /octobre /2018 21:50
Abside de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Abside de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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DESCRIPTION.

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Cette description est guidée pas à pas par celle de Vitraux de Haute-Normandie, le volume VI du Recensement du Corpus Vitrearum paru en 2001.

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Cette baie située à droite de la baie d'axe, dans l'abside du chœur, mesure 6 m de haut et 2,80 m de large. Elle comporte 3 lancettes et un tympan à 5 ajours. Entièrement consacrée à la vie de Jean-Baptiste, elle a été attribuée par Jean Lafond à un "Maître de la Vie de Saint Jean-Baptiste", nom de convention d'un atelier rouennais  dont les autres productions se reconnaissent dans les Vie de saint Jean-Baptiste de Saint-Romain à Rouen et  de l'église de Conches.

Les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie considèrent qu'elle a été offerte par Jean Le Picard de Radeval, en raison des piques blanches sur fond rouge des écoinçons du tympan, mais je préfère attribuer les armoiries  familiales  de gueules à 3 piques de fer d'argent à son frère Louis Le Picard, seigneur d'Ételan et  de Bourg-Achard où il fut inhumé. (Voir ma discussion en baie 1, qui comporte le portrait du donateur).

Elle est "assez bien conservée, restaurée en 1847, puis en 1891 par Duhamel-Marette.".

Les lancettes  se décrivent en deux registres horizontaux , seul le registre supérieur étant légendé à sa base. Jean-Baptiste se reconnaît à ses cheveux longs, sa barbe et sa tenue beige et quadrillée qui tente de rendre le vêtement en poils de chameau décrit par le texte évangélique.

Nous le voyons, dans les six cases rectangulaires, discuter avec de nombreux interlocuteurs, ou procéder (en haut à gauche et en bas à droite) à des baptêmes de catéchumènes, et, au tympan, au baptême du Christ.

INTÉRÊT.

L'un des grands intérêts de cette baie réside dans le grand travail de recherche iconographique et stylistique dont elle a bénéficié entre 1958 et aujourd'hui pour l'attribuer à un atelier rouennais utilisant les mêmes cartons à grandeur à Conches et à Rouen à partir de modèles parisiens du "style d'Ypres" et de Jean Ypres, le maître des Très Petites Heures d'Anne de Bretagne, de la tenture de la Chasse à la Licorne, de celle de la Dame à la licorne, de la rose de la Sainte-Chapelle, etc.. Je donne donc, dans l'article immédiatement suivant, les images de la baie 20 de Conches.

L'autre intérêt, à mes yeux, est son corpus d'inscription, soit signifiant (citation de la Vulgate), soit aux lettres et signes sans signification et à visée d'orientalisation et d'altérité temporelle.

 

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Registre inférieur, première lancette à gauche.

"Les disciples de saint Jean questionnent Jésus (scène refaite dans sa moitié inférieure, personnage transformé en saint Jean-Baptiste par le restaurateur)." (Corpus)

Jésus est en haut à droite, en robe bleue boutonnée. Il lève la main droite dans un geste d'argumentation. Hormis Jean-Baptiste, les autres personnages sont des apôtres, identifiables à leurs pieds nus. Deux sont imberbes, alors que traditionnellement seul un apôtre, Jean, ne porte pas la barbe.

L'apôtre le plus proche de Jésus est saint André. Il pose la question Rabi ubi habitas "Maître, où habites tu ? ".Jésus lui répond : Venite et videte, "Venez et voyez".

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Ces répliques Rabi, ubi habita / Venite et videte nous renvoient au passage suivant de l'évangile de Jean :

Jean 1:38-39 

Conversus autem Jesus, et videns eos sequentes se, dicit eis: Quid quaeritis? Qui dixerunt ei: Rabbi (quod dicitur interpretatum Magister), ubi habitas?

 Dicit eis: Venite et videte. Venerunt, et viderunt ubi maneret, et apud eum manserunt die illo: hora autem erat quasi decima.

" Jésus se retourna et, voyant qu'ils le suivaient, il leur dit: «Que cherchez-vous?» Ils lui répondirent: «Rabbi – ce qui signifie maître –, où habites-tu?»  «Venez, leur dit-il, et voyez.» Ils y allèrent [donc], virent où il habitait et restèrent avec lui ce jour-là. C'était environ quatre heures de l'après-midi."

https://www.biblegateway.com/passage/?search=Jean+1&version=SG21;VULGATE

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Le texte est précédé par les verset suivants :

 

 "Le lendemain, Jean était encore là avec deux de ses disciples. Il vit Jésus passer et dit: «Voici l'Agneau de Dieu.»  Les deux disciples l'entendirent prononcer ces paroles et suivirent Jésus."

Et il est suivi du verset 1:40 :

"André, le frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean et qui avaient suivi Jésus."

C'est donc André, et non son frère Pierre, qui est figuré devant Jésus ; il ne devrait y avoir qu'un seul autre disciple. avec lui. Mais juste après ce verset Jésus rencontre Simon , qu'il nomme Pierre, ainsi que Philippe. Ce sont peut-être eux que nous voyons.

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Notez :

-le lièvre, d'emplacement incongru.

-la barlotière arrondie au dessus de la tête du disciple accroupi. Cette particularité se retrouve à deux aurtres reprises, ici, mais aussi sur la baie 20 de Conches.

-une inscription non déchiffrable ou plutôt dépourvue de sens sur le galon au dessus du pied de Jésus (TOUV8).

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Registre inférieur, deuxième lancette.

"Le Baptiste désigne le Christ à ses auditeurs (panneaux inférieurs très restitués, sauf le personnage de droite)" (Corpus)

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Dans la partie basse, Jean-Baptiste verse l'eau du Jourdain sur une dizaine de personnes, hommes ou femmes.

Au dessus, Jésus est interrogé par des pharisiens. 

Voir Matthieu 3:1-12, Luc 3:15-18 ; Marc 1:7-8 et Jean 1:24-28.

 

 

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Le personnage de droite a été rapproché à juste titre par Michel Hérold du Juif qui assiste à la Crucifixion dans le Livre d'Heure à l'usage de Rome lmprimé pour Philippe Pigouchet par Simon Vostre en 1498, sur des modèles fournis par Jean d'Ypres.

Aix en Provence, BM inc. D38  folio 3v http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/3

Aix en Provence, BM inc. D38  folio 3v http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/3

Aix en Provence, BM inc. D38  folio 3v http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/3

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Registre inférieur, troisième lancette.

.Saint Jean Baptiste baptisant dans le Jourdain. (quelques restitutions dans la partie inférieure)

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Les disciples se reconnaissent par leur tête nue. Les "Juifs" ou Pharisiens sont coiffés de bonnets 

Les phylactères portent les inscriptions suivantes :

Rabi qui erat tecum trans iordanem cui tu testimonium  

peribuisti ecce hic baptisat et omnes veniunt ad eum

Ce texte se trouve dans l'évangile de Jean :

Jean 3:26 26 Et venerunt ad Joannem, et dixerunt ei: Rabbi, qui erat tecum trans Jordanem, cui tu testimonium perhibuisti, ecce hic baptizat, et omnes veniunt ad eum.

" Ils vinrent trouver Jean et lui dirent: «Maître, celui qui était avec toi de l'autre côté du Jourdain et à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont vers lui.»"

La second phylactère reprend des paroles prononcées par Jean-Baptiste, ce qui explique pourquoi le Pharisien tend l'index vers la partie basse et la scène des baptêmes.

Hoc ergo gaudium meum impletum [est] illum opportet crescere

me autem mi[nui] quyque desursum [venit] est super omnes est

 

Jean 3:29-30 :

 Hoc ergo gaudium meum impletum est.

 Illum oportet crescere, me autem minui.

"[Celui qui a la mariée, c'est le marié, mais l'ami du marié, qui se tient là et qui l'entend, éprouve une grande joie à cause de la voix du marié. Ainsi donc, cette joie qui est la mienne est parfaite.  Il faut qu'il grandisse et que moi, je diminue."

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

 

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Registre supérieur, première lancette.

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"Scène de baptême d'un couple. (moderne sauf le paysage dans la tête de lancette, et quelques fragments à l'avant-plan avec une chouette et un canard)." (Corpus)

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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La légende :

Johannes baptizans et predicans

Remissionem peccatorum Marc

C'est un extrait tronqué  du verset de l'évangile de Marc, Mc1:4

 

Fuit Joannes in deserto baptizans, et praedicans baptismum poenitentiae in remissionem peccatorum.

"Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés."

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Registre supérieur, deuxième lancette.

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"Saint Jean entouré par la foule de ses auditeurs ; phylactères latins environnant les personnages, animaux au premier plan, paysage avec château dans le lointain (bien conservé sauf quelques pièces dans la tête de lancette. Verres vénitiens pour le vêtement d'un soldat à gauche, verre gravé pour le chapeau d'un personnage." (Corpus)

La lancette de gauche de la baie 20 de Conches reprend le même carton et  les mêmes inscriptions, à quelques détails près.

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Légende inscrite au pied des panneaux et texte des phylactères : 

Nous lisons sur la légende :

Et interrogabant eum turbe et cetera. Venerunt autem et publicani

ut baptizarentur +-e. Interrogabant ante eum et milites +e Luce

Il s'agit d'extraits du chapitre 3 de l'évangile de Luc, versets 10 à 14 :  "Les foules lui demandèrent alors: [etc] Il y avait des collecteurs d’impôts qui venaient se faire baptiser. [...]   Des soldats le questionnèrent aussi:  [...]." 

L'inscription est strictement la même sur la lancette de gauche de la baie 20 de Conches.

Les dialogues entre Jean et la foule [turbae], les publicains [publicani] et les soldats [milites] sont découpés et répartis sous forme de phylactères dans la bouche des protagonistes.

La foule (turba, ae désigne une foule en désordre, tumultueuse, voire querelleuse) représentée par deux personnages Juifs en haut demande  Quid ergo faciemus (Lc 3:10), "Que devons-nous faire?". 

Les riches collecteurs d'impôts ou publicains venus se faire baptiser demandent en bas à droite Magister, quid faciemus (Lc 3:12) "Maître, que devons nous faire ?". 

 Deux soldats en bas à gauche demandent quod faciemus et nos (Lc 3:14), "Et nous, que devons nous faire ?". 

Jean-Baptiste, répond à chaque question par trois phylactères  différents :

À la foule, il dit : Qui habet duas tunicas det non habenti (Lc 3:11) "Si quelqu’un a deux chemises, qu’il en donne une à celui qui n’en a pas."

Aux publicains, il dit : Nihil amplius constitutum est vobis faciatis (Lc 3:13), "N’exigez rien de plus que ce qui a été fixé".

Aux soldats, il répond : estote contenti stipendiis vestris (Lc 3:14) "contentez-vous de votre solde"

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Le texte est celui de la Vulgata Clementina (1592) ou du Novum instrumentum d'Erasme ( 1516), à une exception près :  nous lisons   estote contenti stipendiis vestris  alors que dans  ces deux textes il est écrit contenti estote ... Cette inversion des deux mots est attestée par le moteur de recherche, notamment dans les Sommes de Thomas d'Aquin (Sommae Theologiae1265)  Cette inversion ne se retrouve pas dans la baie homologue de Conches qui dit Et contenti estote stipendiis vestris.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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On remarquera le petit chien blanc à collier, déjà remarqué comme signe de richesse dans la Baie 1 où il accompagnait Marie-Madeleine dans le Repas chez Simon. De même, les deux perdrix figuraient au tympan de cette baie 1.

 

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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L'officier du bord gauche a été rapproché par Michel Hérold  du chasseur de la quatrième pièce de la série de tentures de la Chasse à la licorne conservée au Metropolitan Museum of Art et attribuée à Jean d'Ypres.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chasse_%C3%A0_la_licorne#/media/File:The_Hunt_of_the_Unicorn_Tapestry_1.jpg

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Chasse_%C3%A0_la_licorne#/media/File:The_Hunt_of_the_Unicorn_Tapestry_1.jpg

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Deux autres détails sur cette vue :

-Le verre vénitien blanc rayé de rouge du soldat. Ce verre est obtenu par application de fils ou de baguettes de verre coloré (rouge ici) sur le verre blanc encore en fusion, avant de procéder à une seconde cuisson.

 

-L'inscription de la bordure du col de l'officier. Les caractères pseudo-coufiques montrent bien qu'il ne s'agit pas, pour l'artiste, de faire passer un message compréhensible, mais de créer un décor vestimentaire.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Autre exemple d'inscriptions sur le bord doré des manches du Juif à tunique bleue. Ces caractères pseudo-coufiques mélangés de majuscule cherchent à créer un effet orientalisant d'exotisme ou d'altérité, ou d'un temps ancien.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Le publicain de droite est traité par l'artiste avec tous les attributs iconographiques du Juif, attributs qui ne cherchent pas tant à le stigmatiser qu'à en donner les codes de reconnaissance pour le spectateur : barbe en désordre, cheveux longs, bonnet conique, châle damassé à glands et pompons, aumônière à la ceinture. C'est une autre citation de la même page des Heures de Simon Vostre, mentionnée supra.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Registre supérieur, troisième lancette.

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Texte de la légende inscrite au pied des panneaux et des phylactères : 

la légende dit :

Hoc est testimonium iohannis quando miserunt iudei ab iherosolimis sacerdotes et levitas ut interrogarent eum.

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Il s'agit d'un extrait de l'évangile de Jean :Jean 1:19 19 Et hoc est testimonium Joannis, quando miserunt Judaei ab Jerosolymis sacerdotes et Levitas ad eum ut interrogarent eum: Tu quis es? "Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander: Toi, qui es-tu?"

Sur les phylactères se trouve les dialogues des versets Jean 1:20- 23.

-Non sum ego christus Jn 3:20 Et confessus est, et non negavit, et confessus est: Quia non sum ego Christus. "Je ne suis pas le Christ"

-Non sum Jn 1:21 es-tu Élie?  Et interrogaverunt eum: Quid ergo? Elias es tu? Et dixit: Non sum.  "Et il dit: Je ne le suis point."

-Quid dicis de te ipso Jn1:22 ""Que dis-tu de toi-même?"

-Ego vox clamantis in deserto dirigite viam domini  Jn1:23 "Moi,  je suis la voix de celui qui crie dans le désert : aplanissez le chemin du Seigneur."

 

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Au premier plan, l'artiste a inversé le carton de son modèle de Juif puisé dans les Heures de Simon Vostre.

Derrière lui, il a décliné le thème iconographique en multipliant les sortes de coiffure orientales ou hébraïques : turban, bonnet "phrygien", bonnet à oreillette, mitre de grand prêtre. 

Ces tenues peuvent être comparées à celles de Joseph d'Arimathie et de Nicodème dans la Mise au tombeau de Malesherbes.

Neuf mains se détachent par leur blancheur : elles soulignent l'âpreté de la discussion. 

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Un nouvel exemple d'inscription est peint sur la bordure du col  d'un Juif. GNONS --VIR --TUM

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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LE TYMPAN
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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Ajour de droite : le baptême du Christ dans le Jourdain.

Cette scène trouve son équivalence exacte dans la lancette médiane de la baie 20 de Conches. Jésus, ayant ôté son manteau bleu, se tient dans les eaux du Jourdain, tandis que Jean-Baptiste lui verse sur la tête le contenu d'une coquille. Une colombe apparaît alors dans un rayon doré portant en lettres gothiques  les mots TU ES FILIUS MEUS DILECTUS IN QUO COMPLACII MIHI.

C'est la transcription de Luc 3:21-22 :

 et Jesu baptizato, et orante, apertum est caelum: et descendit Spiritus Sanctus corporali specie sicut columba in ipsum: et vox de caelo facta est: Tu es filius meus dilectus, in te complacui mihi.

"Tout le peuple venait se faire baptiser, et Jésus fut aussi baptisé. Or, pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit  et le Saint-Esprit descendit sur lui, sous une forme corporelle, comme une colombe.

Une voix retentit alors du ciel: Tu es mon Fils bien-aimé, tu fais toute ma joie."

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En arrière plan, les remparts de Jérusalem.

La verrière de Conches porte cette inscription  ego at te debeo baptizari et tu venis ad me.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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"Ajour gauche : saint Jean-Baptiste retiré au désert, entouré d'animaux sauvages, priant Dieu le Père figuré dans l'ajour supérieur." (Corpus)

Les animaux sont un léopard (?), un ours, un renard, une spatule, un héron, et un lion aux pupilles jaunes.

Le saint a également les pupilles rehaussées au jaune d'argent.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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Ajour supérieur. 

Inscription : (j'ai replacé les N abrégés) SUPER QUEM VIDERIS SPIRITUM DESCENDENTEM  ET MANENTEM, HIC EST QUI BAPTIZAT IN SPIRITU  SANCTO.

Il s'agit d'une citation de l'évangile de Jean Jn 1:33 : "Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est lui qui baptise du Saint-Esprit."

Elle a été placée aussi au sommet du tympan de la baie 1.

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Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

Baie 2 (1500-1510, Maître de la vie de saint Jean-Baptiste) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard. Photographie lavieb-aile 25 août 2018.

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COMMENTAIRES : MES LECTURES (ET MON TRAVAIL DE COPISTE).

 

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A. LIRE CALLIAS BEY, CHAUSSÉ, GATOUILLAT ET HÉROLD 2001;

Le Maître de la Vie de saint Jean-Baptiste.

"Jean Lafond a créé ce nom de convention pour regroupé les œuvres d'un ou plusieurs ateliers : "Peut-être venu de Paris, il a travaillé chez nous [en Normandie] pour les mêmes églises que le grand peintre verrier Arnoult de Nimègue." Ce nom lui vient des très belles suites de l'histoire de Jean-Baptiste encore visibles à Saint-Romain de Rouen [baies 110 et 112], à Bourg-Achard [baie 2 et baie 1] et à Conches [baie 20 ]. Mais Jean Lafond dit aussi retrouver les mêmes caractères stylistiques "chez un autre peintre verrier, l'auteur d'une Vie de la Vierge, répétée à Saint-Godard de Rouen, à Saint-Etienne-du-Mont, et dans la chapelle de la Vierge à Saint-Jean d'Elbeuf" et les relie aux bois gravés des plus belles productions de l'imprimerie parisienne autour de 1500. Cette piste de recherche s'est avérée être la bonne, puisqu'il est aujourd'hui possible de nommer, — grâce aux travaux de Geneviève Souchal ("Un grand peintre français de la fin du XVe siècle : le Maître de la Chasse à la Licorne", Revue de l'Artn°22, 1973, p. 22-86) et surtout de Nicole Reynaud (1993, Les manuscrits à peinture en France 1440-1520), enrichis récemment par Catherine Grodecki (1996,  Le « Maître Nicolas d'Amiens » et la mise au tombeau de Malesherbes. À propos d'un document inédit , Bulletin Monumental  Année 1996  154-4  pp. 329-342), — les acteurs principaux d'un véritable courant artistique qui s'est développé dans la capitale du royaume  au cours des dernières décennies du XVe siècle. Il s'agit du Maître de Coëtivy, Colin d'Amiens, et du Maître des Très Petites Heures d'Anne de Bretagne, Jean d'Ypres (mort en 1508), fils du précédent.  Leur activité très polyvalente concerna aussi largement le vitrail. Nicole Renaud a attribué au Maître de Coëtivy les projets du vitrail de la baie d'axe de saint-Séverin (1985, Les vitraux du chœur de Saint-Séverin, Bulletin monumental t.143-1 p. 25-40), la célèbre rose ouest de la Sainte Chapelle, le panneau conservé du  décor vitré de la chapelle de l'hôtel de Cluny (F. Perrot, 1970, Revue de l'Art n°10, p. 66-72) et de nombreuses verrières des environs de Paris indiquent que lui-même, puis son fils et d'autres peintres partageant le même répertoire formel  (c'est ce que montre l'étude des verrières de la nef de l'église Saint-Merry à Paris par F. Gatouillat 1997) , fournirent quantité de modèles  et vraisemblablement de grands patrons à plusieurs ateliers de peintres verriers."

"Plusieurs articles de l'ouvrage Vitraux parisiens de la Renaissance, Paris, 1993, prennent en compte l'ensemble de cette production. Cf. Gatouillat (F.), Lautier (C.), "La première Renaissance (1500-1520)" p. 52-61 et Hérold (M.): "Le Maître de la Vie de saint Jean-Baptiste : un nom de convention" p. 62-81.

"Depuis, deux articles ont été consacrés au sujet par M. Hérold : "A propos du Maître de la Vie de saint Jean-Baptiste" : recherche sur l'usage du patron à grandeur au début du XVIe siècle, Vitrail et arts graphiques (XVe et XVIe siècles), Cahier de l'Ecole du Patrimoine, n°4 1998 p. 48-60, et "La production normande du "Maître de saint Jean-Baptiste. Nouvelles recherches sur l'usage des documents graphiques dans l'atelier du peintre-verrier à la fin du Moyen-Âge", Pierre, lumière couleur, Paris 1999, p. 469-485.

"De nombreux exemples déjà repérés par Jean Lafond et d'autres identifiés depuis illustrent le succès des productions verrières parisiennes, exportées largement. Mais la Normandie possède le nombre le plus considérable de verrières où l'on perçoit le langage inventé à Paris. [...].

 vie de saint Jean-Baptiste de Saint-Romain de Rouen :

Prédication de Jean-Baptiste, baie 109

Saint Jean-Baptiste recevant les pharisiens au désert Baie 110

Saint Jean-Baptiste désigne le Christ comme «agneau de Dieu» Détail de la baie 111 

Saint Jean-Baptiste baptisant dans les eaux du Jourdain (baie 112)

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Saint-Romain.htm

"Les célèbres suites de la vie de saint Jean-Baptiste de Saint-Romain de Rouen, de Conches et de Bourg-Achard n'ont malheureusement pas — ou plus — d'équivalent parisien. L'origine parisienne des sources ne fait cependant aucun doute, en particulier pour les scènes où l'on voit saint Jean-Baptiste interrogé par le peuple et saint Jean-Baptiste désignant le Christ. L'étagement des éléments des compositions est cependant accentué en raison de la forme haute et étroite des lancettes, les scènes étant composées en trois, voire en quatre panneaux à Conches. Mais le langage venu de la capitale est immédiatement reconnaissable. Le sol couvert d'herbe charnue peuplée d'animaux porte des groupes de personnages disposés suivant une perspective échelonnée. Une importance particulière est accordée à la gestuelle vigoureuse des bras et des mains. Les détails vestimentaires sont également révélateurs : drapés lourds, robes largement fendues depuis la taille, coiffures extravagantes ou exotiques. Les personnages masculins âgés apparaissent très caractéristiques, avec leurs corps massifs et trapus, tête enfoncées dans les épaules, cou en avant, lourde barbe dans le prolongement du menton. Les vieillards qui occupent le premier plan à droite de la scène où Jean-Baptiste désigne le Christ ont ainsi leur équivalent exact dans la Crucifixion de la gravure des Heures à l'usage de Rome publiées en 1498 par Philippe Pigouchet pour Simon Vostre. http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/3

Comme dans les productions parisiennes aussi, les compositions ont des fonds de paysage où l'on remarque de curieuses fabriques traitées en blanc. En revanche, dans la même verrière de Conches, bien d'autres éléments, comme les personnages du Baptême du Christ, fluides et longilignes, s'éloignent nettement du langage formel qui vient d'être évoqué. Comment interpréter ce phénomène ? Témoigne-t-il du travail du peintre auteur des grands patrons cherchant à renouveler sa manière pour la mettre au goût du jour ? On constate aussi les efforts déployés par le ou les peintres verriers auteurs des suites de la vie de saint Jean-Baptiste pour enrichir compléter, ou renouveler les modèles ou grands patrons de référence, venus de Paris. L'auteur des vies de la Vierge de Saint-Godard et d'Elbeuf, à qui l'on peut attribuer aussi la verrière de la vie de saint Jean-Baptiste de Bourg-Achard, fit aussi au même moment et pour le même édifice une remarquable verrière consacrée à sainte Marie-Madeleine qui, cette fois, ne doit rien ou presque à Paris. On le croirait volontiers installé à Rouen mettant en œuvre dans son atelier des grands patrons venus de Paris aussi bien que d'autres venus d'ailleurs, ou les siens propres. C'est à lui seul que revient le nom autrefois générique de maître de la vie de saint Jean-Baptiste." (Callias Bey & al. 2001)..."

 

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B. LIRE CAROLINE BLONDEAU 2014.

Le maître de la vie de saint Jean-Baptiste.

"Entre 1500 et 1510 se distingue un autre atelier [que celui d'Arnoult de Nimègues]. Identifié d'après les œuvres,  Jean Lafond l'a nommé "maître de la vie de saint Jean-Baptiste" en raison de la répétition des suites de la vie du saint, visiblement liées par l'utilisation des mêmes documents d'atelier. Les recherches récentes sur le milieu parisien, notamment par Nicole Reynaud et Geneviève Souchal, et plus précisément sur ce phénomène par Michel hérold, ont permis d'appréhender les tenants et les aboutissants de ce courant parisien en Normandie.

"À l'origine se trouve un groupe de peintures parisiennes au sein desquelles on identifie Colin d'Amiens aussi connu par le nom de convention du maître de Coëtivy et son fils Jean d'Ypres, le maître des Petites heures d'Anne de Bretagne. Père et fils marquèrent le milieu parisien par leur style très caractéristique qui "se reconnaît immanquablement tant les stéréotypes qu'il contient sont affirmés :

  • personnages répartis en groupes très denses

  • hommes au visage plein, aux traits accentués, aux nez proéminents et arrondis, et aux yeux saillants sous des paupières lourdes, encadrés de chevelures et de barbes en mèches retroussées, aux coiffures enfoncées sur le front, aux vêtements lourds et hauts fendus, aux attitudes animés par le jeu des mains" (France 1500. Entre Moyen-Âge et Renaissance, 2010)

"Leurs œuvres connaissent alors un véritable succès et le "style d'Ypres" est repris de façon directe (par des patrons de leur mains) ou réalisés par des imitateurs  et plus largement par la diffusion de leurs compositions via les nombreux livres d'heures enluminés et imprimés, de peintures sur manuscrits  ou sur bois, l'exécution de patrons destinés à des supports divers (vitraux, tentures, sculptures)  prend une large part dans la production de leur atelier. Un grand nombre d'entre eux ont pu être identifiés à Paris comme en province. La transposition de ce style d'Ypres est également assuré par la gravure, les xylographies ainsi que l'illustration de s livres imprimés, qui permettent la diffusion du vocabulaire formel de cette dynastie d'artistes. entre les œuvres de première main, celles tirées d'après leur cartons, ou d'autres inspirées et copiées d'après le style d'Ypres, l'interprétation de leur degré d'investissement dans la réalisation d'une œuvre est parfois assez difficile à cerner.

"Les recherches de Michel Hérold menées en parallèle avec le recensement des vitraux de Haute-Normandie ont permis l'identification de verrières exécutées d'après des patrons de Jean d'Ypres. En premier lieu repérées par Jean Lafond, il regroupe un corpus d(œuvres liées par l'utilisation de modèles communs  [...] Ces différentes verrières, à Conches-en-Ouche, saint-Romain de Rouen et Bourg-Achard et certains fragments conservés à Londres (Victoria and Albert Museum, inv.C, 78-1910) sont liées par l'emploi de même patrons à grandeur. Viennent-ils aussi du même peintre ? Sans équivalents dans les vitraux parisiens, il est impossible de l'affirmer. Toutefois, la citation précise d'une composition tirée de la tapisserie de la Chasse à la Licorne (La licorne surprise à la fontaine, Metropolitan Museum of Art, New-York), les liens avec les enluminures du Maître ainsi que les gravures du libraire Simon Vostre font pencher la balance en faveur de modèles issus du milieu parisien proche du style d'Ypres.

"Ces cartons sont utilisés au sein de l'atelier comme patrons à grandeur sur lesquels apparaissent le tracé des plombs, des indications de peinture très r=détaillés précisant le modelé et les traits. Seuls restent au peintre verrier les choix  techniques, (de coupe de verre notamment) et la coloration . Ce dernier interprète également à sa manière certaines parties du paysage et le choix du passage des plombs à l'intérieur des silhouettes. L'artiste reste toutefois très fidèle au modèle et fournit alors un grand travail de "marcottage" c'est à dire de reprise des éléments de la composition mère (Hérold 1999).

"Cardin Jouyse est également un peintre et peintre verrier à prendre en considération Son activité est attestée dès 1500 où il est sollicité par Georges Ier d'Amboise.[...] se pourrait-il que peintre verrier rouennais soit en réalité"le maître de la vie de saint Jean-Baptiste" ?" (C. Blondeau p. 212.) 

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Je me suis attaché à étudier les inscriptions afin de savoir si elles pouvaient être déterminantes pour la datation. En effet, la date de ces vitraux (11500-1510) correspond à une période de transition capitale en matière de traductions de la Bible en latin. C'est en 1592 que la Vulgata Clementina a été achevée : c'était une révision de la Vulgate de saint Jérôme  (il existait alors plusieurs versions de la Vulgate), décidée lors du concile de Trente.

Et c'est en 1516 que fut publiée la nouvelle traduction du Nouveau Testament par Erasme : le Novum Testamentum .

Mais je n'ai trouvé aucun argument qui montrerait l'influence du texte d'Erasme, les deux textes étant, dans les citations étudiées, comparables.
 

Outils : Editions anciennes de la Bible :

https://www.lexilogos.com/bible_latin.htm

Clementine Vulgate project : Vulgate clémentine (version texte avec recherche dans le texte)

Le texte de la Vulgate clémentine :

http://vulsearch.sourceforge.net/html/Mc.html

http://vulsearch.sourceforge.net/html/Jo.html

 

ERASME  Novum instrumentum omne, diligenter ab Erasmo Roterodamo recognitum ...De Desiderius Erasmus Novum instrumentum omne, diligenter ab Erasmo Roterodamo recognitum & emendatum, ...Desiderius Erasmus, Apud inclytam Germaniae Basileam, 1516

https://books.google.fr/books?id=ej9PAAAAcAAJ&dq=erasmus+Novum+Instrumentum&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

Matthieu page 1

Marc page 73

Luc page 117

Jean : Evangelium secundum Ioannem,  page 193

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SOURCES ET LIENS.

— Très Petites Heures d'Anne de Bretagne enluminées par Jean d'Ypres folio 242 et 243 consacrés à Jean-Baptiste 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515740c/f286.image

https://124revue.hypotheses.org/journees-doctorales/journee-doctorale-2014/histoire-de-lart/nicolas-oget

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_d%27Anne_de_Bretagne

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma%C3%AEtre_de_Co%C3%ABtivy

BLANQUART (Abbé F. ), 1927, "Etat des tombeaux des Picart de Radeval en l'église Notre-Dame d'Andely, d'après une enquête de 1646, publiée avec introduction et notes par l'abbé F. BLANQUART ". Mélanges : documents /  Société de l'histoire de Normandie. Pages 7-44

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5728913f/f11.image.texteImage

 

BLONDEAU (Caroline),2012, THESE « Recherches sur le milieu des peintres verriers à Rouen à la fin du Moyen Âge : l’atelier des Barbe »

BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "l'escu de voirre". Presses Universitaires de Rennes.

— CALLIAS BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2001, "Les vitraux de Haute-Normandie", Corpus vitrearum Recensement VI, CNRS éditions, pages45-46 et120

— CANEL (Alfred), 1834 Essai historique, archéologique et statistique sur l'arrondissement de Pont -Audemer, Vimont, Tome deux, 515 p

https://books.google.fr/books?id=RuHkRnaHUekC&dq=Essai+historique,+arch%C3%A9ologique+et+statistique+sur+l%27arrondissement+de+Pont-Audemer+(Eure)+Tome+deux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s...

— CAUMONT (M. DE), 1843, Bulletin monumental

— DUCHEMIN (P.), 1890, Histoire de Bourg-Achard. pages 352-353

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k379765w/f358.image

GATOUILLAT (Françoise),  LEPROUX, G.-M., PILLET, E  1997, "L'église Saint-Merry de Paris : un monument daté par ses vitraux," Cahiers de la Rotonde, n°19 p. 47-64)

GATOUILLAT (Françoise) , Michel Hérold, Véronique David.  Des vitraux par milliers… Bilan d’un inventaire : le recensement des vitraux anciens de la France http://www4.culture.fr/patrimoines/patrimoine_monumental_et_archeologique/insitu/pdf/vitrail-962.pdf

— GRODECKI (Catherine), 1996,  Le « Maître Nicolas d'Amiens » et la mise au tombeau de Malesherbes. À propos d'un document inédit , Bulletin Monumental  Année 1996  154-4  pp. 329-342

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1996_num_154_4_4615

HÉROLD (Michel), "Le maître de la Vie de saint Jean-Baptiste, un nom de convention", in Vitraux parisiens de la Renaissance..., Paris, 1993, pages 62-81.

HÉROLD (Michel), 1999, « A propos du " maître de la vie de saint Jean-Baptiste " recherches sur l'usage des patrons à grandeur au début du XVI siècle », Vitrail et arts graphiques, (Cahiers de l'Fcole nationale du Patrimoine, 1999, n° 4, p. 169-183,

HÉROLD (Michel), 1999,  « Dans les coulisses de l'atelier : modèles et patrons à grandeur », ibid., p. 172-177.

—  HEROLD, (Michel) 1998. A propos du « Maître de la vie de saint Jean-Baptiste » : recherches sur l’usage du patron à grandeur au début du xvie siècle. Vitrail et arts graphiques (XVe-XVIe s.), Cahiers de l’Ecole du patrimoine ,n°4, 1998,p. 48-60 ;

— HEROLD, (Michel), 1999 La production normande du Maître de la vie de saint Jean-Baptiste. Nouvelles recherches sur l'usage des documents graphiques dans l'atelier du peintre-verrier à la fin du Moyen Age. Pierre, lumière, couleur. Etudes d’histoire de l’art du Moyen Age en l’honneur d’Anne Prache , F. Joubert et D. Sandron éd. Paris : Presses universitaires de la Sorbonne, 1999, p. 469-485.

HEROLD, (Michel), 1998, Aux sources de « l'invention » : Gaultier de Campes, peintre à Paris au début du XVIe siècle. Revue de l’Art, n° 120, 1998-2, p. 49-57 https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1998_num_120_1_348386

— LAFOND, Jean, 1958,  Le Vitrail français, Paris : Éditions des Deux Mondes, 1958.

 

— LAFOND (Jean), 1969, Les vitraux de l'arrondissement de Pont-Audemer, Nouvelles de l'Eure, n°36 p. 22-48

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1972_num_130_1_5138_t1_0087_0000_3

 

LAUTIER (Claudine),1999,  Vitrail et arts graphiques, XVe-XVIe siècles, Actes de la table ronde organisée par l'École nationale du patrimoine les 29 et 30 mai 1997, Les Cahiers de l'École nationale du patrimoine, n° 4, 1999 [compte-rendu], Bulletin Monumental  Année 2001  159-4  pp. 358-360

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2001_num_159_4_1084_t1_0358_0000_5

LORENTZ (Philippe), 2017, Philippe Lorentz, « Histoire de l’art du Moyen Âge occidental », Annuaire de l'École pratique des hautes études (EPHE), Section des sciences historiques et philologiques[En ligne], 148 | 2017, mis en ligne le 25 septembre 2017, consulté le 14 octobre 2018. URL : http://journals.openedition.org/ashp/1964

"Autre leçon de ces observations : une absence d’homogénéité, tant sur le plan du style (c’est-à-dire de l’exécution des cartons fournis par un ou des peintres) que de la facture picturale, relevant de l’intervention du peintre-verrier, praticien de la peinture sur verre. S’il apparaît que nombre de panneaux sont traités dans un style « ypresque », se rapportant clairement au langage formel du Maître de Coëtivy et du Maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne, d’autres histoires de l’Apocalypse ont été conçues par des personnalités distinctes, travaillant vraisemblablement sous la direction d’un maître d’œuvre qui a su conférer une certaine unité à cet ensemble foisonnant. Quel que soit le nombre d’intervenants repérables au stade de l’élaboration des cartons, il paraît vain, désormais, de parler d’« un » Maître de la Rose de la Sainte-Chapelle assimilable au Maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne."

—  NETTEKOVEN Ina, 2004, Der Meister der Apokalypsenrose der Sainte Chapelle und die Pariser Buchkunst um 1500, Turnhout : Brepols, 2004.

OGET (Nicolas), 2014, Quelle identité pour l'artiste médiévale ? Le cas du Maître de Coëtivy , peintre, enlumineur et cartonnier à Paris dans la seconde moitié du XVᵉ siècle

https://124revue.hypotheses.org/journees-doctorales/journee-doctorale-2014/histoire-de-lart/nicolas-oget

PERROT (Françoise),1970,  Un panneau de la vitrerie de la chapelle de l'hôtel de Cluny, Revue de l'Art n°10, p. 66-72)

— PUECH Pierre-François  Le Primitif flamand André d’Ypres au Musée Fabre :du Christ à La Dame à la Licorne avec une famille d’Amiens.

https://www.academia.edu/19755539/Le_Primitif_flamand_Andr%C3%A9_d_Ypres_au_Mus%C3%A9e_Fabre_du_Christ_%C3%A0_La_Dame_%C3%A0_la_Licorne_avec_une_famille_d_Amiens

REYNAUD (Nicole), 1985, Les vitraux du chœur de Saint-Séverin, Bulletin monumental t.143-1 p. 25-40.

REYNAUD Nicole, La Résurrection de Lazare du Maître de Coëtivy un retable reconstitué, Le tableau du Mois n°13,  Département des Peintures, 4 - 30 janvier 1995.

—  REYNAUD Nicole, "Complément à la Résurrection de Lazare du Maître de Coëtivy", in La Revue du Louvre, 1977, n°4, p 222 - 224.

— REYNAUD Nicole, "La Résurrection de Lazare et le Maître de Coëtivy", in La Revue du Louvre et des Musées de France, 1965, n° 1 - 5,  p. 171 - 182.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1985_num_143_1_2614

OEUVRES.

http://www.getty.edu/museum/media/images/web/enlarge/00081301.jpg

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Malesherbes_La_Mise_au_Tombeau_2.jpg

https://www.flickr.com/photos/92600277@N02/42742289122

Petites Heures d'Anne de Bretagne :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10515740c/f302.item.zoom

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 17:37

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La baie 1 est celle qui est située à gauche de la baie d'axe, dans l'abside. Vers 1500, les réseaux et meneaux des fenêtres de cette abside ont été modifiés, et ont reçu de nouveaux vitraux, grâce à la contribution de donateurs haut-placés : le grand amiral Louis Malet de Graville pour la baie d'axe consacrée à la Passion, Louis  Le Picart  pour la baie 2 consacrée à la Vie de saint Jean-Baptiste. C'est ce même donateur qui offrit la verrière de la Vie de Marie-Madeleine de la baie 1, mais celle-ci nous est parvenue incomplète, et les restaurateurs, "à une époque ancienne", ont complété la baie avec des éléments composites.

Ma description s'appuie  sur celle des auteurs de Les Vitraux de Haute-Normandie, Martine Callias Bey, Véronique Chaussé, Françoise Gatouillat et Michel Hérold, pages 44 et 120.

La baie mesure 6 m. de haut et 2,80 m. de large et comporte trois lancettes et un tympan à cinq ajours. Elle a été remaniée, principalement par Théodore Bernard en 1847-1848.

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La baie 1 de 1460-1480 et  de 1500-1510 (Marie-Madeleine) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.

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La baie 1 de 1460-1480 et  de 1500-1510 (Marie-Madeleine) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.

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Pour Callias Bey & al., cette baie rassemble autour de la Vie de Marie-Madeleine de la lancette centrale et des ajours latéraux du tympan dés éléments   soit plus anciens (les saintes Marie-Madeleine et Anne dans des niches de 1460-1480) soit qui lui sont contemporaines (les Pèlerins d'Emmaüs devant le Christ), avec, en outre le réemploi de deux chanoines donateurs du 3ème quart du XVe siècle. Ce qui me conduit à ce schéma : 

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La baie 1 de 1460-1480 et  de 1500-1510 (Marie-Madeleine) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.

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Je décrirai donc cette verrière en regroupant les panneaux homogènes :

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I. LES PANNEAUX PROVENANT D'UNE VIE DE MARIE-MADELEINE, PAR L'ATELIER ROUENNAIS DU "MAÎTRE DE LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE", OFFERTE VERS 1500-1510 PAR JEAN LE PICART DE RADEVAL. LANCETTE CENTRALE ET TYMPAN.

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1°) Le registre inférieur de la lancette centrale : Marie-Madeleine au Tombeau, et Jean Le Picart de Radeval en donateur.

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La sainte, identifiable par son pot d'aromates, se tient devant le tombeau du Christ. Dans le fond bleu se détachent, en jaune-vert par utilisation du jaune d'argent, le branches d'un arbre où se perche un oiseau (de proie ?). Un peu plus bas, de fines fabriques décrivent un pont défendu devant des remparts, un château (tour à poivrière) et une église : un travail d'identification semble possible.

L'amas de rochers du tombeau est peint à la sanguine brune. Au dessus, quelques arbustes.

L'œil est attiré par Marie-Madeleine, nimbée, tête couverte par son voile blanc (elle est en deuil) sur une robe pourpre et une chemise blanche, celles-ci seulement visibles aux poignets et au col. Le manteau qui recouvre le voile est garni d'un large galon or à frise grecque.

 La sainte est légèrement penchée en avant et ses mains sont croisées sur la poitrine : cela exprime-t-il sa rencontre avec des personnages qui auraient occupé un autre panneau ? Nous pensons aux deux anges de Jean 20:12.

 Le dimanche, Marie de Magdala se rendit au tombeau de bon matin, alors qu'il faisait encore sombre, et elle vit que la pierre avait été enlevée [de l’entrée] du tombeau. 2 Elle courut trouver Simon Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait et leur dit: «Ils ont enlevé le Seigneur du tombeau et nous ne savons pas où ils l’ont mis.» Jn 20:1

[...]

  Cependant, Marie se tenait dehors près du tombeau et pleurait. Tout en pleurant, elle se pencha pour regarder dans le tombeau, 12 et elle vit deux anges habillés de blanc assis à la place où avait été couché le corps de Jésus, l'un à la tête et l'autre aux pieds. 13 Ils lui dirent: «Femme, pourquoi pleures-tu?» Elle leur répondit: «Parce qu'ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais pas où ils l'ont mis.» Jn 20:11-13 

Ce texte est suivi immédiatement par celui du Noli me tangere Jn 20:14-17, illustré sur le tympan.

Le coté du tombeau est "sculpté" de quatre médaillons ovales à personnages : une femme nue (Ève), un homme barbu enveloppé dans un manteau (Jean-Baptiste ?), un homme en scapulaire, tunique courte et chausses, et un homme en robe longue et scapulaire (un clerc ?) .

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La baie 1 de 1460-1480 et  de 1500-1510 (Marie-Madeleine) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.
La baie 1 de 1460-1480 et  de 1500-1510 (Marie-Madeleine) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.

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Le visage de Marie-Madeleine est fait d'une pièce de verre englobant les épaules, si nous faisons abstraction d'un probable trait de refend et de son plomb de casse (ce trait se prolonge à droite). Il est rendu par des traits de pinceaux très fins, avec des sourcils sinueux, des paupières supérieures en amande, une demi-pupille, des paupières inférieures plus lourdes ombrées par hachures, un nez droit, une bouche entrouverte, et un petit menton rond.

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La baie 1 de 1460-1480 et  de 1500-1510 (Marie-Madeleine) de l'église Saint-Lô de Bourg-Achard.

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Le donateur, avec sa coupe de cheveux Louis XII, est représenté mains jointes, agenouillé sur un coussin bleu, et tourné vers la droite (où devait se trouver un panneau avec la sainte scène qu'il  contemple avec dévotion). Devant lui est un prie-dieu tendu d'une étoffe damassée et frangée d'or, avec son Livre d'Heures (lettrine en rubrique) et son heaume, ou plutôt son armet à visière articulée sur deux pivots latéraux.

Il porte, selon la tradition de cette iconographie,  son armure complète avec ses solerets munis d'éperons à molettes. Seuls les gantelets sont absents.

Cherchez l'erreur ! Il s'agit de l'épée, portée à tort au coté droit.

Le donateur porte sur cette armure un tabard qui permet de l'identifier car il porte ses armoiries. Cette tunique rouge à fleurs blanches et croissants jaunes a été mis en relation avec celles des Le Picart de Radeval, armoiries "parlantes" avec des piques : de gueules à trois fers de pique d'argent les pointes en haut, chargé d'un lambel de trois pièces. Les croissants ne sont donc pas considérés dans cette identification.

Bien que le titre de seigneur de Bourg-Achard soit porté par Louis Le Picart, les auteurs de Vitraux de Haute-Normandie propose de reconnaître ici Jean Le Picart, son frère (mais ces auteurs font de Louis, à tort, son père). Ces auteurs ajoutent, à mon sens, une seconde erreur, en basant ce choix sur le fait que le donateur est figuré comme "un très jeune homme" : c'est ignorer la convention qui veut que les donateurs, comme sur les gisants, soient figurés à un âge idéal (et en armure de chevalier bien-entendu toute aussi emblématique plus que réelle).

Le titre de seigneur de Bourg-Achard, après avoir été tenu par Guillaume IIIe de Courcy, avait été celui de Guillaume Le Picart, sieur d'Estelan  né ~1430, mort après le 16/04/1484,  seigneur d’E(s)telan (76), de Radeval (27), de Bourg-Achard (27), de Menillet, de Chailly, Longjumeau et Villiers, notaire et secrétaire du Roi (1462) Procureur général à la cour des Aides (1463) puis des Finances en Normandie (avant 1483), Capitaine d’Abbeville (1477), Grand-Bailli, Capitaine et Gouverneur de Rouen,  commis au gouvernement de toute l'artillerie en 1479, premier maître d’hôtel, Chambellan et conseiller du roi Louis XI,  époux de Jeanne de La Garde (née ~1440 + 13/05/1493 et fille de Jacques de La Garde et de Gillette Boudrac ; petite-fille de Bureau Boudrac et de Eude de Vitry). C'est de son temps que la confrérie de charité de Saint-Lô de Bourg-Achard fut fondée. Son épouse était enterrée aux Cordeliers de Rouen.

Guillaume Le Picart eut trois fils, Louis seigneur d’Estelan et de Bourg-Achard puis Jean sieur de Radeval et enfin François Picard, archidiacre du Grand-Caux.

Louis Le Picart , mort après le 21/02/1497, était  seigneur d’Estelan et de Bourg-Achard, Mesnil-Hatte, Boisnormand, . Il épousa le 17 juillet 1492 Charlotte Luillier dame de Quillebeuf  dont les armoiries étai