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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 21:45
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Avec ses 2,70 m de haut et ses 1,50 m de large, la baie n°1 (la première des fenêtres à gauche de la baie d'axe) éclaire par l'est le bras nord du transept. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan à 3 ajours. La verrière qui la ferme est consacrée au martyre de Saint Laurent, diacre de l'église de Rome au IIIe siècle. Les six panneaux des lancettes sont organisés en deux registres, le registre inférieur montrant le saint sur le grill qui est devenu ensuite son attribut, et le registre supérieur les juges et les spectateurs du martyre. La verrière n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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 REGITRE INFÉRIEUR.

 

 

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Le peintre-verrier s'est inspiré ici d'une gravure de  Marc Antoine Raimondi, Le Martyre de Saint Laurent d'après un lavis de Baccio Bandinelli (1525) : voir la gravure numérisée par Gallica et datant de 1527. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6953442w.r=

Mais il a peint des cuirasses sur le corps musculeux des bourreaux, et un pagne autour des reins du saint. 

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 Marc Antoine Raimondi, Le Martyre de Saint Laurent d'après Baccio Bandinelli, 1525,  http://parismuseescollections.paris.fr/petit-palais/oeuvres/le-martyre-de-saint-laurent-d-apres-baccio-bandinelli-bartsch-104-bartsch#infos-principales

Marc Antoine Raimondi, Le Martyre de Saint Laurent d'après Baccio Bandinelli, 1525, http://parismuseescollections.paris.fr/petit-palais/oeuvres/le-martyre-de-saint-laurent-d-apres-baccio-bandinelli-bartsch-104-bartsch#infos-principales

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Inscription : charles quãpion :  fabrique.

Il faut comprendre : "Charles Campion, fabricien". On sait que les fabriciens étaient élus ou nommés pour un mandat d'un an pour gérer le budget de la paroisse, contrôler les recettes et les dépenses, décider et mener à bien tous les travaux, qu'ils soient liés à des réparations ou, comme ici, à des embellissements.  Le poste était confié à une personne honorablement connue, aux revenus aisés : souvent, dans les paroisses bretonnes, à des agriculteurs exploitant une ferme importante. 

La famille Campion est établie à Spézet et les généalogistes mentionnent ainsi un Yvon Campion né à Spézet vers 1545.

 

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Date : mil Vcc LXVIII : 1548.

La chapelle fut reconstruite en 1535 sur une ancienne chapelle par "Metre H. Bouet Vicaire et I. Loscoat P. Fa biefiturs".

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur .

 

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Le panneau manque de verticalité, et l'empereur Valérien, qui était dessiné par Bandinelli comme une auguste divinité jupitérienne, se transforme ici en un nain sans majesté ; de même, ses conseillers passeraient volontiers pour les pauvres et infirmes qui assistèrent au supplice de saint Laurent. 

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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TYMPAN

Le réseau est consacré à la Sainte Trinité : le Saint Esprit sous sa forme de colombe est adoré par un cecle de chérubins, le Christ tient la croix et un livre où sont inscrites les lettres SOSM / M.MI / OMM / MMN / MOM // SPSP / MOSP / MIOZ / OMM / …, et Dieu le Père tient l'orbe et un livre avec les lettres : TOMRN / MEMOI / RIVI OEI / OPERA SEPVL // METV / A / POR / REMT / OPERI / SVPE.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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DISCUSSION.

   Ce qui différencie et même oppose, dans la religion catholique, la torture d'avec le martyre, c'est que si la torture est une tentative d'asservissement visant à briser la résistance psychique d'un individu (tentative dont l'efficacité redoutable suscite la terreur), le martyre est la miraculeuse inefficacité des tortures infligées, la négation de leur force opérante par la puissance de la Foi. Si les martyres sont représentés avec tant de complaisance dans les sanctuaires, ce n'est pas pour témoigner des souffrances endurées par les saints, mais de la puissance de Dieu. J'en veux pour preuve que dans les sculptures et peintures, ce n'est pas la douleur des victimes qui est dépeinte, mais, au contraire, l'absence de tout effet produit par les tortures. Torture inopérante, indifférence du saint et rage des bourreaux constituent les bases de l'iconographie du martyre. 

C'est évident avec sainte Catherine, les lames de la roue se détachant pour blesser les bourreaux. C'est évident dans le contraste entre les traits grimaçants des bourreaux et la sérénité des saintes Agathe, Barbe et Apolline dont les statues sont si fréquentes. C'est vrai pour saint Étienne et pour saint Sébastien sur lequel nous allons revenir. Mais le martyre de saint Laurent en donne une expression magnificiée par les paroles étroitement associées à la scène et par lesquels le saint nargue l'impuissance de l'empereur : "Apprends, misérable, que tes charbons sont pour moi un rafraîchissement, mais qu’ils seront pour toi un supplice dans l’éternité", ou bien « Voici misérable, que tu as rôti un côté, retourne l’autre et mange. »

Voici des extraits de la Légende Dorée :

Laurent lui dit : « Quel est celui qu’on doit adorer? Est-ce le créateur ou la créature? » Dèce irrité le fit frapper avec des fouets garnis de plomb, appelés scorpions, et on lui mit devant les yeux tous les genres de tortures. Comme l’empereur lui commandait de sacrifier afin qu’il échappât à ces tourments, Laurent répondit : « Malheureux! ce sont des mets que j’ai toujours désirés. » Et Dèce lui dit : « Je sais que c’est par les secrets de la magie que tu te joues des tourments, mais tu ne sauras te jouer longtemps de moi. J’en atteste les dieux et les déesses; si tu ne sacrifies, tu périras dans des tourments sans nombre. » Alors il commanda qu’on le frappât très longtemps avec des fouets garnis de balles de plomb. Mais Laurent se mit’ à prier en disant : « Seigneur Jésus, recevez mon esprit. » Alors il se fit entendre une voix du ciel que Dèce ouït aussi : « Tu as encore bien des combats à soutenir. » Dèce rempli de fureur s’écria: « Romains, vous avez entendu les démons consolant ce sacrilège, qui n’adore pas nos dieux, ne craint pas les tourments et ne s’épouvante pas de la colère des princes. »
Il ordonna une seconde fois qu’on le battît avec des scorpions. Laurent se mit à sourire, remercia Dieu et pria pour les assistants. On apporta donc, des instruments de supplices de tous les genres. Alors Dèce dit à Laurent: « Ou tu vas sacrifier aux dieux, ou cette nuit finira avec tes supplices. » Laurent lui répondit : « Ma nuit n’a pas d’obscurités, mais tout pour moi est plein de lumière. » Et Dèce dit : « Qu’on apporte un lit de fer afin que l’opiniâtre Laurent s’y repose. »

Les bourreaux se mirent donc en devoir de le dépouiller et l’étendirent sur un gril de fer sous lequel on mit des charbons ardents et ils foulaient le corps du martyr avec des fourches de fer. Alors Laurent dit à Valérien: « Apprends, misérable, que tes charbons sont pour moi un rafraîchissement, mais qu’ils seront pour toi un supplice dans l’éternité, parce que le Seigneur lui-même sait que quand j’ai été accusé, je ne l’ai pas renié; quand j’ai été interrogé, j’ai confessé Jésus-Christ ; quand j’ai été rôti, j’ai rendu des actions de grâces. » Et il dit à Dèce d’un ton joyeux : « Voici misérable, que tu as rôti un côté, retourne l’autre et mange. » Puis remerciant Dieu : « Je vous rends grâce, dit-il, Seigneur, parce que j’ai mérité, d’entrer dans votre demeure. » C’est ainsi qu’il rendit l’esprit.  

En statuaire, saint Laurent est représenté avec un grill semblable à une grille de barbecue, mais l'instrument est en réalité un lit de fer. Le saint y est donc allongé, ce qui permet au peintre de montrer qu'il s'y repose. 

Ainsi l'image va-t-elle opposer trois topos : le bien-être paradoxal et la patience du martyr ; la vanité des efforts et gesticulations des bourreaux ; la rectitude autoritaire mais bafouée des puissants. C'est, déjà, ce qui se montre dans les trois figures de la Passion du Christ : la Comparution devant Pilate, les Outrages et la Flagellation.

Or, ce sujet donne l'occasion, avec une belle régularité et souvent de manière caricaturale, à une opposition entre trois modes corporels : souple beauté du corps saint, selon les canons les plus éprouvés de la statuaire grecque et donc valorisée dans sa statique. Force musculeuse et mouvements quasi gymniques des bourreaux. Immobilité hiératique du Pouvoir, figé dans les statuts de son rôle.

Saint Laurent devient ainsi un doublon de saint Sébastien, l'éphèbe recevant avec une belle indifférence les flêches de ses archers sur son corps nu.

Si ces représentations sont souvent outrées, c'est qu'elles relèvent de la théâtralité. Cette-ci hérite des tréteaux médiévaux, mais est passée des Mystères données sur les parvis, au Théâtre lui-même. 

Dans le dessin de Baccio Bandinelli, écrit S.J. Campbell  Ancre"Laurent repose plutôt sereinement sur son grill, mais il est  entouré d'un tourbillon d'anatomies agitées et en équilibre précaire, comme si la sensation de tourment s'était déplacée depuis ce centre tranquille, jusque dans le registre de ces corps plutôt dans que dans le sien. [...] Pas moins de onze bourreaux nus apparaissent au premier plan de la composition [...] contrebalancés par la gravitas des observateurs lourdement drapés que Bandinelli a disposés au tiers supérieur de son dispositif architectural.  

Mais près d'un siècle auparavant, Fra Angelico opposait aussi, sur les fresques de la chapelle Nicoline du Vatican (1447-1451), opposait déjà en trois registres  la sereine et nargueuse horizontalité du saint avec la laborieuse chorégraphie des bourreaux et la verticalité stérile de Valérien et de Dèce.

C'est dans pendant le Concile de Trente (1545-1563), précisément en 1548 (la date de ce vitrail) que la représentation des Mystères furent interdits. De même, lors de ce Concile, qui prépare la Contre-Réforme, les peintres (et verriers) seront appelés à plus de bienséance afin de réduire la charge érotique des scènes, et de veiller à ce que les fidèles ne soient pas distraits par les corps dénudés et suggestifs.

 

Sur ce vitrail de Spézet,  le peintre a repris des figures de la gravure de Raimondi en les découpant pour les faire entrer dans les dimensions réduites du vitrail, ce qui rompt la cohérence de la composition, mais surtout, en  habillant de pièces de cuirasse étincelantes les volumes anatomiques, il s'est certes conformé aux vœux des autorités ecclésiastiques mais a affaibli la rhétorique traditionnelle de ce Martyre.

A l'inverse, le Bronzino s'inspirera de Bandinelli pour son propre Martyre de saint Laurent peint en 1565-1569, (ci-après), mais ce sera pour déshabiller d'avantage les corps, (y compris ceux de l'empereur et de ses barons) pour exagérer leurs postures en "fusionnant le ballet et le bain turc" selon une théâtralité manièriste qui "transforme son thème tragique et violent en une fusion artificielle et sublime de gymnastique et de ballet déployée sur une scène antique". 

A mes yeux, cette gymnastique, ces chorégraphies, cette absence de pathos et de tragique ne sont pas propres au Bronzino, mais au Martyre de Saint Laurent  ; inversement, le verrier de Spézet les a atténués.

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LE "RETABLE" DE SAINT LAURENT.

En 1931, le chanoine Pérennès écrivait : "Toujours au transept Nord, sur un socle de pierre où est sculptée une tête de femme, on voit la statue d'un personnage en habits sacerdotaux, qui doit être Saint Yves." . Il ne fait pas mention d'une statue de saint Laurent  ou de ses volets sculptès.

Aujourd'hui, à gauche du vitrail de la baie n°1, une niche à volets abrite une statue de saint Laurent, en tenue de diacre (aube, dalmatique rouge bordée d'or, manipule), tenant un livre dans la main gauche, alors que la main droite a perdu l'objet qu'elle tenait, vraisemblablement un grill.

La statue est posée sur un culot de granit où deux chiens assaillent la tête d'un animal.

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Culot, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.
Culot, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Culot, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Volets de gauche.

Les volets (chacun en deux parties articulées) sont consacrés à la vie de saint Laurent.

Légende Dorée :

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/118.htm

Volets de gauche, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Volets de gauche, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Volets de droite.

 

Volets de droite, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Volets de droite, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n324/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

 —CAMPBELL (Stephen J.), 2013, , « Polémique de Contre-Réforme et Contre-Esthétique Maniériste », Images Re-vues [En ligne], 11 | 2013, mis en ligne le 15 janvier 2014, consulté le 22 juin 2016. URL : http://imagesrevues.revues.org/3144 

— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

 

GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

 

— PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

— Légende de Saint Laurent dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine ET fresque de Fra Angelico au Vatican :

http://www.saintlaurentorleans.com/saint-laurent-martyr-dapres-la-legende-doree-de-jacques-de-voragine/

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 20:43

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Avec ses 2,70 m de haut et ses 1,50 m de large, la baie n°2 (la première des fenêtres à droite de la baie d'axe) éclaire par l'est le bras sud du transept. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan à 3 ajours. La verrière qui la ferme est consacrée au martyre et au transfert des reliques de saint Jacques le Majeur. Les six panneaux des lancettes sont organisés en deux registres. La verrière n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot : le panneau inférieur droit a été complété et le reste est bien conservé.

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 la verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

la verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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D'après la tradition, la chapelle était une étape pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui traversaient la Bretagne, lorsque ceux-ci partaient de Saint-Pol-de-Léon ou de Locquirec. Cette voie, passant par Morlaix, Spézet, Gourin, et Le Faouët rejoignait à Quimperlé la voie débutant à la Pointe Saint-Matthieu et se poursuivant par Brest, le Faou, et Chateaulin. 

http://www.bretagne-rando.com/stjacquesdecompostelle.php

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Saint Jacques est également représenté par une statue en bois polychrome du XVIe siècle, où il trône en majesté, bourdon dans la main droite et phylactère dans la main gauche. C'est le modèle galicien, dont on trouve 14 exemples en Bretagne du XIVe au XVIe siècle (J. Roudier), dont 1 vitrail (Merléac), 7 statues en pierre (dont Merléac), et 5 statues en bois (Tréméven, Boquého -perdue-, Spézet, Merléac, et Pont-Croix) . Mais ils s'inspirent des statues de Santiago en Maxestade de Galice : 

«L’image de Saint-Jacques assis, en majesté ou en chaire, apparaît pour la première fois dans la cathédrale de Compostelle dans une sculpture créée par le Maître Mateo pour le meneau du Portique de la Gloire (1188 env.). Cependant, ce type iconographique ne sera pas très fréquent. Saint-Jacques est présenté comme apôtre (tunique et cape, pieds nus et un phylactère ou livre sacré), mais assis sur une somptueuse chaise ou trône.

Le phylactère présente normalement un texte faisant allusion à sa mission évangélisatrice; ainsi, sur la sculpture du Portique de la Gloire, on peut lire la phrase Misit me Dominus («Le Seigneur m’a envoyé»).

La crosse en forme de «Tau» qu’il soutient dans une de ses mains était la forme traditionnelle des bâtons cérémoniaux que les archevêques portaient et il rappelait la houlette utilisée par les apôtres lors de leurs marches pour diffuser les enseignements du Christ. Ainsi, la crosse favorisait l’idée de la mission apostolique demandée directement par Jésus à Saint-Jacques. Elle servait aussi à intensifier l’importance de Compostelle comme siège épiscopal.

 Le texte  Hic est Corpus Divi Iacobi Apostoli et Hispanorum Patroni («Ici gît le Corps du Divin Apôtre Saint-Jacques Patron des Royaumes Hispanique») apparaît inscrit sur son phylactère. Postérieurement, en 1250 environ, une autre sculpture en pierre de la même image est taillée pour une chapelle de la même cathédrale mais, cette fois-ci, elle est couronnée, en symbolisant l’Apôtre qui règne. Quant à ce modèle iconographique, on peut voir sur saint Jacques différents éléments qui identifient les pèlerins: l’escarcelle, la calebasse, la pèlerine ou le chapeau. Les représentations de Saint-Jacques assis ne vont pas au-delà du XVe siècle. Mis à part la zone d’influence de la Galice, il y a peu d’exemplaires en France, quelques uns en Bretagne, peut- être en raison de l’intensité des pèlerinages maritimes réalisés depuis cette région." http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf

Iconographie galicienne :

— Galego: Santiago en maxestade (anónimo, ca. 1340). Procede da igrexa de Santiago de Ribadavia (Ourense) e formou parte da exposición "O Camiño, a Orixe", na Cidade da Cultura de Santiago de Compostela (2015). auteur Lameiro Wikipédia

https://gl.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Santiago,_Cidade_da_Cultura,_Cami%C3%B1o,_a_Orixe_01-13b.JPG

 

— Exposición Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 a 13-09 2015. Parte 2.

http://1000-lugares-en-galicia.blogspot.fr/2015/09/exposicion-camino-el-origen-museo-gaias-santiago-parte-2.html

 

— Parteluz del pórtico de la Gloria de la catedral de Santiago de Compostela.  MarisaLR - Travail personnel https://es.wikipedia.org/wiki/Camino_de_Santiago#/media/File:Parteluz_de_l_p%C3%B3rtico_de_la_Gloria.jpg

 

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Saint Jacques en majesté, statue en bois polychrome du XVIe siècle, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques en majesté, statue en bois polychrome du XVIe siècle, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Il est logique de débuter la lecture du vitrail par le tympan.

LE TYMPAN.

Au sommet, Dieu le Père accueille l'âme de l'apôtre, représentée sous forme d'un homme nu, barbu et nimbé.

A droite, a lieu la décollation de saint Jacques, vêtu d'une cape rouge, tenant le bourdon et coiffé du chapeau de pèlerin à coquille Saint-Jacques . Deux paires de bourdonnets sont fixès en croix de chaque coté de la coquille.

 A gauche, décollation du scribe Josias devant Hérode Agrippa.

 Jacques, fils de Zébédée et frère aîné de l'apôtre Jean, est le seul apôtre dont la mort est rapportée dans le Nouveau Testament : « Il (Hérode) fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. » (Actes, XII:2) 

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur. 

Décapité, le corps du saint est embarqué par ses disciples dans un bateau sans gouvernail sous la protection d'un ange. 

La barque accoste devant une ville de Galice (c'est bien-sûr  Compostelle)  gouvernée par la reine païenne Lupa, "La Louve" . La roche devient molle comme de la cire et se moule (en forme de coquille) autour du corps. 

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur.

 Sous une frise architecturale formant dais :  transfert des reliques de saint Jacques sur un char tiré par deux taureaux jusqu'au palais de la reine Lupa.  

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Inscription : la partie gauche, devenue illisible, a été remplacée par des caractères fantaisistes mais Ottin (s.d, [1896]) a lu iiil vXL viij charles champion.

De même, en 1891, Abgrall a lu la date de mil Vc XLVIII (1548) suivi de Charles Quampion fabrique. 

Il s'agit du même fabricien qui a commandité et inscrit son nom et la date 1548 sur la baie de saint Laurent à gauche de la baie axiale. 

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

 

 

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n42/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

— OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

 

 

PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 20:30
Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Avec ses 2,50 m de haut et ses 1,10 m de large, la baie n° 6 en arc brisé éclaire le bas-coté sud de la nef. Elle comporte deux lancettes cintrées de trois panneaux et un tympan à 3 ajours (2 mouchettes et 1 soufflet). La verrière qui la ferme est consacrée au miracle de Saint Éloi ferrant et replaçant le pied coupé d'un cheval. Elle n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot : le soubassement a été complété à droite. On y note l'emploi de sanguine et de jaune d'argent.

On sait  sans-doute qu'en Bretagne, saint Éloi est invoquè pour la protection des chevaux, patrimoine essentiel des agriculteurs. La chapelle conservait autrefois une statue de saint Éloi. Un pardon lui fut consacré à partir de 1912 , près de la fontaine, pour concurrencer celui de la chapelle de Saint-Hervé à Gourin où les éleveurs et paysans avaient coutûme de se rendre en septembre pour baigner les chevaux.

Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Lancette A, panneau médian : saint Éloi ferrant la patte coupée.

"Ce vitrail se trouve dans le bas-côté Sud. Avant d'être élevé, en 640, au siège· épiscopal de· Noyon, saint Eloi avait été orfèvre à la cour de Clotaire II. Patron des orfèvres, il est devenu le patron des forgerons, des maréchaux-ferrants, et aussi des chevaux. Au diocèse de Quimper, plusieurs Pardons de chevaux se célèbrent en son honneur : à Saint-Eloi, Ploudalmézeau, Ploudaniel, Saint-Vougay, Plougourvest, Plouyé, Plouzévédé, Clohars- Fouesnant, Baye,  etc... · Dans notre vitrail, saint Eloi est occupé à ferrer un cheval. Coiffé d'une toque violette, il est vêtu d'un justaucorps bleu, ·d'une casaque rouge, porte des hauts-de-chausses violets. et des bas-de-chausses jaunes. A ses pieds, on voit un marteau et un fer à cheval. Son compagnon, coiffé d'une toque rouge, est habillé d'un justaucorps rouge, d'une casaque bleue, d'un tablier blanc, et porte des hauts et des bas-de-chausses de couleur jaune. Pendant qu'il tient la jambe du cheval, dont saint Eloi a détaché le pied, celui-ci s'emploie à ferrer le membre détaché. C'est ici un trait Iégendaire. Selon les données de la tradition populaire, saint Eloi ferrait un cheval, quand un étranger, se présentant, lui dit : «Je vois que vous ne savez pas bien votre métier. Pour bien ferrer un cheval, il faut lui détacher le pied, y mettre le fer, puis le rattacher à la jambe dont il était séparé.» Et l'étranger, joignant l'exemple au conseil, ferra lui-même le cheval de la façon susdite. Au premier coursier qu'on lui amena, saint Eloi voulut, pour le ferrer, user du même procédé. Quand il tenta de rattacher le pied à la jambe, il échoua piteusement. C'est qu'il ne jouissait pas de la Toute  Puissance de celui qui lui avait donné la leçon, et qui était le Seigneur Jésus lui-même."  (H. Pérènnes) 

Voir la légende racontée par Luzel : https://fr.wikisource.org/wiki/L%C3%A9gendes_chr%C3%A9tiennes/Saint_%C3%89loi_et_J%C3%A9sus-Christ

La Légende Dorée de Jacques de Voragine ignore saint Éloi, et les versions complétées et tardives, qui incluent ce saint, ne mentionne que ses talents d'orfèvre, et sa nomination comme évêque de Noyon. Voir la Légende Dorée traduite par  Les enluminures des Livres d'Heures et des traductions de la Légende Dorée du XVe siècle le représentent en saint évêque. (il est alors fêtée le 25 juin). Voir les 16  enluminures de Mandragore.

L'article de Wikipédia  donne une version plus précise du miracle de saint Éloi et cite notamment le rôle de l'enseigne prétentieuse d'Éloi avant sa conversion : Éloi, maître sur maître, maître sur  tous avant que Jésus ne lui donne la leçon d'humilité par laquelle il devra reconnaître que seul  le Christ est "maître sur tous".

Cet article signale que cette légende est d'origine allemande : à Fribourg, le vitrail homologue de celui de Spézet date de 1320.

Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

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A Fribourg, à Spézet,  la compréhension du miracle est ambiguë, car tout donne à penser que c'est saint Éloi (nimbé) qui procède brillamment à la pose du fer sur la patte coupée, sous le regard ébahi des assistants. 

 Beaune sur la tapisserie du 3e quart du XVe siècle des Hospices, l'ambiguïté persiste, car un chevalier présente le cheval, dont la patte est coupée, à la Vierge portant l'Enfant.

Pourtant, on peut penser que le maître-ferrant nimbé n'est autre que le Christ, que le chevalier derrière lui est saint Georges, et que le prétentieux Éloi est peint sur la lancette B, tenant la deuxième patte et observant la leçon qui lui est donnée.

Notez le cheval de gauche, audacieusement dessiné en fuite.

 

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Le Christ ferrant, Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Le Christ ferrant, Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Inscription de la date : 1550.

Notez aussi le sol avec pavés tracés à la sanguine.

" Au-dessous des pieds du saint, on lit la date de 1550 « à laquelle correspond admirablement le costume des deux opérateurs et des deux propriétaires de chevaux qui sont à l'arrière-plan. On y trouve, en effet, toutes les particularités du règne de Henri II : petit toquet élégant, pour la coiffure, justaucorps, casaquin, hauts et bas-de-chausse collants. Les poses et les physionomies des personnages sont également en conformité  avec les peintures et sculptures de cette époque, de même que les petits ornements d'architecture qui forment les bases et les couronnements des deux baies et qui rappellent les motifs décoratifs de quelques-uns de nos porches » (Abgrall, p. 13 ). " (H. Pérènnes) 

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Selon mon hypothèse, voici donc le bon Éloi, pas encore converti — ou plutôt sur le point de l'être — à l'humilité évangélique et au renoncement à l'hubris. (J'entends Nietsche qui fulmine).

Ce serait alors amusant de constater que le nimbe christique prend la place le plumet dont le panache orgueilleux fait la roue sur la tête des autres personnages et même de leur monture.

C'est un peu comme dans la légende de saint Christophe, où le moment de la Conversion est celui où le géant trouve son maître, et où ce moment est fixé par une iconographie stéréotypée. dans les deux cas, (mais je ne le comprends, dans le cas d'Éloi, qu'aujourd'hui) cette conversio, ce renversement des valeurs et de l'âme passe par un jeu de regard : celui, éloquent, d'Éloi. 

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Notez le mors du cheval, dont les longues branches sont très dures à la bouche de l'animal.

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Le monogramme V.D qui se lit sur l'enclume est considérée comme la signature de Vincent Desportes.  Des maîtres-verriers de ce nom sont mentionnés à  Châteauneuf-du-Faou . (Congrés archeol. de France 1956 p. 217). Un Vincent Desportes répara en 1588 les verrières de Moncontour (Infobretagne). 

Néanmoins, un I est inscrit à l'intérieur du V et du D (comme dans l'abréviation de D[omin]i) : s'il s'agit d'une signature, le prénom et le nom devraient se terminer par un -i-.

Les outils du maréchal-ferrant sont, pour déferrer,  la mailloche, le dégorgeoir,  et la tricoise (la tenaille), et, pour ferrer, d'une forge et de son  enclume, du brochoir, de  la rape demi ronde, la rénette, et de la rape plate. Le brochoir sert ...à brocher, c'est à dire à enfoncer les clous : c'est lui que tient le Christ. Une extrémité est bifide pour extraire les clous : on le voit sous l'enclume.

Voir aussi saint Éloi et ses outils à  la chapelle de Tréguron (Gouezec) 

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Au sommet des lancettes : deux anges accroupis jouant de la flûte traversière.

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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TYMPAN 

Dans les soufflets du tympan figurent trois jolis anges , dont deux (peu restaurés) ont les mains jointes sur la poitrine.   

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SOURCES ET LIENS.

 

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n42/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

 

 

— PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 16:47

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PRÉSENTATION.

Éclairant le bras sud du transept, la verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, de 5,00 m de haut et 2,05 m de large, à 3 lancettes et un tympan de 5 ajours, est organisée en tableaux superposés, la bordure de nuées de celui du haut empiétant sur l'encadrement architectural de celui du bas. 

 

Vue du bras sud du transept, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.
Vue du bras sud du transept, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Vue du bras sud du transept, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

 

 

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR.
Sous une large voûte en caissons peuplée d'anges, la Vierge étendue sur son lit,est  veillée par les apôtres. Saint Jean tient la palme que l'ange Gabriel lui a remis. Saint Pierre (reconnaissable à son fameux toupet), avec une étole croisée sur la poitrine, lit une oraison funèbre sur le pontifical. Un apôtre brandit une croix processionnel et un encensoir, un autre asperge le corps d'eau bénite.

Selon Jean-Pierre Le Bihan, "Elle est encadrée ou surmontée d’une sorte de portique ou arcade architecturale portée sur un entablement et des pilastres à chapiteaux corinthiens. L’  ensembIe. .du tableau est composé d’après les données le la Légende dorée et offre beaucoup de rapports avec le panneau flamand du retable de Kerdevot, en Ergué-Gabéric."

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Saint Pierre.

 

Saint Pierre, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Apôtre priant.

Cet apôtre dessiné dee profil et priant dvant un livre rappelle celui du retable Lösel de Mulhouse.  Photo Claude Menninger. Notez dans ce panneau le Christ tenant l'âme de sa mère.

Voir aussi la Dormition de Vieux-Thann .

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/le-vitrail-de-la-vigne-de-jesse-et-la-vie-de-marie-a-vieux-thann-haut-rhin.html

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Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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L'apôtre au goupillon d'eau bénite.

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Apôtre au goupillon, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Apôtre au goupillon, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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L'apôtre aux bésicles.

Dans la chapelle, un panneau  nous signale la rareté de la présence de cet accessoire, mais on le retrouve sur une Dormition de l'église de Villeneuve-sur-Yonne datant aussi du XVIe siècle.

http://catholique-sens-auxerre.cef.fr/eglises/villeneuvesyonne.htm

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... ou bien sur la Dormition de la Chapelle-Janson (35) sur un vitrail de 1558 du maître-verrier rennais  Michel Bayonne :

http://fr.topic-topos.com/la-dormition-de-la-vierge-la-chapelle-janson 

...ou sur le nez de saint Matthieu sur le vitrail de la Dormition de 1594 de l'église Saint-Maudez de Duault (22) :

http://fr.topic-topos.com/la-dormition-de-la-vierge-duault 

...ou bien dans une Dormition d'Hans Holbein-le-Vieux de 1492 :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hans_Holbein_the_Elder_-_The_Dormition_of_the_Virgin_-_Google_Art_Project.jpg

.... et René Couffon a pu considérer dans un article de 1943 du MSHAB qu'au contraire, la présence de lunettes était de règle sur les Dormitions du XVIe siècle ! 

Dans La Mort de la Vierge de Martin Schongauer, (<1491), elle sont tenues à la main près du livre.

Rappelons que c'est sur le Tryptique de Bald Wildungen de Conrad von Soest, daté de 1403, que l'on trouve sur une Pentecôte la plus ancienne peinture de lunettes au nord des Alpes. Sur le nez d'un apôtre. 

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L'apôtre aux bésicles, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

L'apôtre aux bésicles, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Apôtres lisant une oraison.

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Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

REGISTRE MOYEN. 

Le Christ apparaît en buste dans une mandorle d'or au sein de nuées : il tient dans ses bras l'âme de Marie, représentée comme une fillette vêtue d'un voile de gaze.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Le Christ tenant dans ses bras l'âme de la Vierge.

Les rayons blancs sont gravés das le verre rouge doublé.

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Le Christ tenant dans ses bras l'âme de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Le Christ tenant dans ses bras l'âme de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. LE COURONNEMENT DE LA VIERGE.

Sur toute la largeur des lancettes, dans des nuées peuplées d'anges, la Vierge en Assomption est couronnée par des anges et par la Trinité : le Christ à gauche bénissant et tenant le globe, et Dieu le Père à droite tenant une couronne. 

Les thèmes de l'Assomption et du Couronnement sont associés à celui de la Dormition dans un vitrail du XIIe siècle de la cathédrale d'Angers, mais dans des médaillons distincts.

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1966_num_124_1_4229#bulmo_0007-473X_1966_num_124_1_T1_0020_0000

 

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ bénissant et tenant l'orbe.

Le verre rouge du nimbe est gravé pour tracer les irradiations blanches.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge couronnée.

 

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Dieu le Père présentant une couronne à la Vierge.

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Dieu le Père, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Dieu le Père, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Chœur des anges et ange jouant du hautbois.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tête d'ange.

 

Registre supérieur, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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III. LE TYMPAN.

Il a été restitué en 1916 , succédant à une vitrerie blanche qui remplaçait peut-être des armoiries. La colombe du saint-Esprit occupe l'ajour supérieur, et des anges musiciens les autres ajours.

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Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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DISCUSSION.

La discussion s'appuiera sur l'étude remarquable de l'iconographie que fit Joseph Duhr en 1950. Il situe l'origine du culte de la "Koimésis" (Dormition) en Orient au VIe siècle grâce au développement du culte marial sous l'empereur Justinien et place le texte Dormitio Dominae nostrae.de Jean, évêque de Thessalonique (ou "pseudo-Jean" selon les auteurs récents) comme récit fondateur . Il oppose "l'art byzantin, qui nous fait voir la Vierge déjà morte, et l'art occidental qui nous la dépeint agonisante ou mourante".  

L'art byzantin présente la mort de Marie  dans ses aspects les plus solennels et les plus pathétiques :  la Vierge, morte déjà, est étendue sur un lit de parade, revêtue de son grand manteau de reine, les mains croisées sur la poitrine, endormie dans l'amour et la paix. Et, à côté d'elle, Jésus, majestueux, tient entre ses bras l'âme de Marie, sous la forme d'un petit enfant, éclatant de lumière; sur le point de la remettre aux deux anges descendus du ciel. 

L'art occidental décrit la Dormition en la rapprochant d'une cérémonie liturgique funèbre célébrée par les apôtres : l'idéalisme et de la grandeur byzantine cède la place  à un réalisme un peu lourd, sentimental, mais une piété sincère et profonde transfigurent ces rites et leur donnent un sens plus élevé et plus spirituel. Surtout (pour ce qui nous concerne), la scène va finir par être amputée de la réception de l'âme de la Vierge par le Christ.

Néanmoins, les deux traditions conservent de nombreux points communs. 

Je me propose de focaliser l'étude du vitrail de Spézet sur quelques points.

1°) Saint Jean et la palme. 

Cette palme tenu par Jean tient un rôle important. Elle provient d'un palmier du paradis, a été remise par saint Michel à la Vierge, qui l'a à son tour remise à l'apôtre Jean. Elle est le gage de la promesse faite par le Christ de venir en personne accueillir Marie dans les Cieux :

 Selon Jean de Thessalonique, "Trois Jours avant son départ définitif, Marie reçoit la visite du grand ange, qui n'est autre que saint Michel. L'envoyé de Dieu lui annonce que, ce laps de temps écoulé, « elle déposerait son corps» . Il lui remet également une branche cueillie sur un palmier du paradis, gage de l'amitié de Dieu, gage aussi de sécurité et de salut. « Cette branche, lui recommande le messager céleste, confie-la aux apôtres pour qu'ils la portent devant toi pendant le parcours du cortège funèbre, en chantant des hymnes ». Il lui apprend que les apôtres, réunis autour d'elle avant sa mort, pourvoiront à sa sépulture. Enfin, il lui révèle que, les trois jours écoulés, il reviendra, mais non pas seul ; Dieu lui-même descendra auprès d'elle, escorté de toutes les armées angéliques qui chanteront en sa présence. Qu'elle prenne soin, insiste-t-il une nouvelle fois, de garder précieusement la branche de palmier (le brabêîon»). Une visite au mont des Oliviers, ordonnée par l'ange, achève la journée. De retour à la maison, Marie adresse une prière à Jésus, où elle lui rappelle sa promesse de venir lui-même en personne la prendre à son heure dernière ; et de ne pas abandonner ce soin aux puissances angéliques. Le lendemain, Marie convoque parents et connaissances, pour lui prêter assistance en tenant une lampe allumée entre leurs mains. Les voyant réunis, elle les exhorte à prier . — Sur ces entrefaites, Jean arrive de Sardes (d'Ephèse, dit le Pseudo-Méliton), porté sur une nuée. Marie recommande à Jean de prendre soin de sa sépulture et de préserver son corps contre les machinations des princes des prêtres, résolus de livrer ses restes aux flammes. Elle lui montre l'habit spécial dont elle devra être revêtue après sa mort, ainsi que la branche de palmier apportée par l'ange. «Tu la porteras, précise-t-elle, devant la litière funèbre." Les onze autres apôtres arrivent à leur tour, sur l'aile des nuées. Et Jean les informe du départ prochain de la Vierge"

 

2°) L'accueil de l'âme de Marie par le Christ.

a) Le résumé du récit de Jean de Thessalonique:

"Et voici que le Seigneur, en grande gloire, se présenta, (porté) sur une nuée du ciel, escorté de la. multitude des anges et de l'armée céleste, innombrable. Il entra dans la chambre où Marie se trouvait, accompagné de Michel et de Gabriel; les autres anges, à l'extérieur, entouraient la demeure et chantaient les louanges de Dieu. En entrant, le Sauveur trouva les apôtres autour de Marie. Les ayant salués, il embrassa chacun d'eux ; puis il embrassa sa Mère». Celle-ci le remercia d'être venu lui-même prendre son âme. « Qui suis-je, conclut-elle humblement, pour être gratifiée d'une telle gloire et d'un tel honneur ». « Après ces mots, elle remet, dans un sourire, son âme sans tache, précieuse et sainte, entre les mains du Seigneur, son Fils. L'ayant reçue, le Maître la fit passer aux mains de ses glorieux anges Michel et Gabriel. "Et les apôtres contemplèrent l'âme de Marie qui avait la forme d'un corps humain, pourvu de tous ses membres, mais sans sexe. « Elle était blanche, plus éclatante infiniment, que le soleil ». 

On voit que le peintre-verrier, en représentant l'âme de la Vierge, en a donné une peinture fidèle à ce texte du VIe siècle. Il a aussi été inspiré par de nombreux artistes et une longue tradition :

b) La tradition iconographique :

Dans l'art byzantin, au monastère de Daphni près d'Athènes au XIe siècle, ou sur la mosaïque de Mortarana en Sicile (v. 1150)  la Dormition inclut la figuration du Christ descendu en personne auprès du lit pour recevoir l'âme de Marie figurée comme un petit enfant emmailloté et remis aux archanges Michel et Gabriel.  On la retrouve encore en 1423 au mont Athos. En Occident, le Christ acceuille l'âme de sa mère au XIIIe siècle à la cathédrale de Chartres (au tympan du portail central de la façade nord) et à celle de Strasbourg (tympan de la porte gauche du portail sud). Au XIVe, sur la Dormition de Giotto (v.1313) "Les anges, debout, majestueux et graves, contemplent la petite Vierge qui, entre les bras de Jésus, lui tend ses petites mains avec une grâce charmante.". De même, sur le panneau de la Maesta de Duccio (1308). Ou dans la Dormition de Fra Angelico (1431).

Mais cette représentation disparaît de la gravure de Dürer dans sa série de la Vie de la Vierge de 1510.

3°) Le rôle des apôtres.

Le texte de Jean de Thessalonique le précise ainsi, après que les apôtres aient été miraculeusement rassemblés et transportés par des nuées autour de la Vierge  :

« Pierre était assis du côté de la tête, et Jean du côté des pieds de la Vierge. Les autres apôtres se tenaient autour de la couche. Vers la troisième heure (minuit) un grand coup de tonnerre retentit dans le ciel, et un parfum ineffable (se fit sentir), si bien que sous l'action de ce parfum excessif, tous ceux qui entouraient la couche de Marie furent envahis par le sommeil, à l' exception des apôtres et de trois vierges, à qui Marie avait demandé de veiller avec elle, pour être les témoins de sa faiblesse et de sa gloire".

La tradition byzantine peint donc les apôtres, rassemblés autour du lit, la plupart du temps formant deux groupes, l'un à la tête, l'autre aux pieds de la Vierge; saint Pierre, au chevet et saint Jean, au côté opposé (pas toujours cependant) ; parfois les trois vierges; le parfum ineffable qui envahit la chambre de -Marie, évoqué par un encensoir agité par saint Pierre.

En Occident, des détails nouveaux s'introduisent dans l'image traditionnelle.  Pierre ne tient plus l'encensoir. Une croix de procession, deux chandeliers, et un livre font leur apparition dans l'Evangéliaire de Henri II (1002-1024) , et dans une miniature d'un graduel d'Osnabrûck (fin du XIIe siècle), Pierre tient le bassin d'eau bénite et l'aspersoir. Chez Giotto, Pierre, au chevet, ne tient plus l'encensoir mais, revêtu de l'étole, il récite dans un livre les prières liturgiques, et ce sont deux autres apôtres qui sont pourvus de l' encensoir et de la navette; Jean, au pied de la couche, tient en mains la branche de palmier. Entraînés par cet exemple, les artistes postérieurs nous feront presque toujours voir, dans la suite, saint Jean muni de la palme précieuse que les orientaux lui confiaient uniquement pour précéder le cortège funèbre .

Notons l'introduction du motif de la lecture d'un livre, puisque c'est par ce motif que l'introduction des bésicles s'imposera.

 En 1510, sur la gravure de Dürer, Saint Pierre, coiffé d'une mitre, asperge la mourante d'eau bénite; un autre apôtre, à côté de lui, récite, dans un rituel sans doute, les prières des agonisants; pendant que saint Jean, tout près s'efforce de fixer le cierge béni, allumé, dans la main droite défaillante de Marie. A l'avant-plan, un apôtre, à genoux, revêtu de la chasuble, tient en main la hampe élancée d'une croix de procession, et un autre, penché vers lui, tient un encensoir. 

 

 

 

 

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SOURCES ET LIENS

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

DUHR (Joseph), 1950, La « dormition » de Marie dans l'art chrétien , Nouvelle Revue théologique 72, pages 135-157.

http://www.nrt.be/docs/articles/1950/72-2/2156-La+%C2%AB%26nbsp%3BDormition%26nbsp%3B%C2%BB+de+Marie+dans+l'art+chr%C3%A9tien.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

— MIMOUNI (Simon ), 2011,  Dormition et l'Assomption de Marie: Études littéraires, historiques et doctrinales, Brill, 382 p.

https://books.google.fr/books?id=0wXhXwG_l4sC&dq=dormition+athos&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux
19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 10:42

Iconographie de saint Christophe : dans le chœur et les chapelles rayonnantes de la cathédrale de Fribourg (Freiburg im Breisgau). 1512-1524. Chorfenster ; Freiburger Münsterchores ; Hochchor; Kapellenkranz.

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Voir :

— Sur Fribourg-en-Brisgau :

— Sur saint Christophe :

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I. Huitième Fenêtre haute du chœur, coté nord. Baie n°7. 

Huitième fenêtre du coté nord du chœur. 215 x 268 cm. Vers 1512-1520 ?? Travail attribué "probablement" par C. Hermans à Hans Gittsmann, alias Meister Hans von Ropstein  (ou Raperstein).

La 4e fenêtre nord du chœur  datée de 1512 porte le nom de  Ropstein der Glaser ; une autre est datée  de 1511-1513 et on y  lit les noms de "meister Hansen von Ropstein und Jakob Wechtlin und Diedrich Fladenbacher glaser.". Une troisième est datée de Pâques 1310, une autre porte le nom de «Jacob Wechtlin» (membre de la famille du célèbre peintre Wechtlin). Les vitraux ont été posés peu de temps après que le  chœur ne soit terminé et avant même son investiture. 

On y voit sainte Marie-Madeleine, saint Christophe, saint Jean et l'apôtre saint Jacques le Majeur.

 

https://archive.org/stream/dasfreiburgermun00kemp#page/144/mode/2up

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Quatre blasons de donateurs.

Inscription : "Sigmund von Valckenstein und Christoph von Valkenstein und Ursula von Embs sin ehlich gemahl, denen Gott gnad."

— Voir la famille suisse Falckenstein sur Wikipédia : https://de.wikipedia.org/wiki/Falkenstein_(schweizerisches_Adelsgeschlecht)

Sigmund von Falkenstein (1477-25 juin1533),  fils du second mariage de Thomas de Falkenstein avec Amelia von Weinsberg, appartient à la branche installé en Brisgau et en Alsace.  Il possédait en 1499-1506 le château de Sneeburg  en Ebringen (aujourd'hui Breisgau-Hochschwarzwald). En 1506 , il épousa  la veuve Helena, fille de Hans von Hohenems. Le dernier représentant mâle de la famille, Johann Christoph von Falkenstein était l'un des trois enfants  de Sigmund et de Veronika von Embs, la veuve de Georg von Eberstein  (Maximilien, Jean-Christophe et Anne) ; il a été d' abord mentionné en 1523. Il était conseiller impérial, président du gouvernement autrichien devant Ensisheim et gouverneur suprême du Sundgau et Breisgau. Il est décédé en 1559. (données sous réserve)

— Voir la famille von Embs, de Franconie, sur Wikipédia :

https://de.wikipedia.org/wiki/Embs

En 1523, la famille possédait le château de Berolzheim.

 

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Blasons de la 8e Fenêtre haute du nord du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Blasons de la 8e Fenêtre haute du nord du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La lancette de saint Christophe.

S. CRISTOFERUS

Bien que saint Christophe soit représenté, pour des raisons évidentes, à la même échelle que les autres saints, sa nature de géant apparaît par des traits de sauvagerie : pieds et jambes nues (alors que l'eau du gué n'est pas figurée), pieds larges, musculature forte, prise manuelle solide des poignets (main droite en supination, main gauche en pronation), visage fort, barbe non taillée, tunique nouée à la ceinture par une bande de tissu.

Exception rare dans l'iconographie, le saint passeur et son petit passager ne sont pas représentés de profil, en progression vers la gauche, mais de face, comme observés depuis la rive qu'ils doivent atteindre, d'où ces jambes écartées, ce pied droit en ouverture prononcée, cette diagonale du bâton qui participent à témoigner de l'effort en cours. 

Le bourdon est semblable à un arbre arraché, tout aussi sauvage et brut que son maître, et il ne présente encore aucun signe de la reverdie miraculeuse que le divin Enfant est en train d'annoncer pour attester de son pouvoir sur la nature, et, par métonymie, sur le Monde.

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Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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II. Fenêtre de la quatrième chapelle rayonnante du chœur. 1524.

Chapelle des Lichtenfels et des Krozingen.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01299726/document

 

Saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Inscription "Christophorus de Crotzingen anno 1524".

Le donateur est agenouillé devant saint Christophe. Il porte le surplis et l'aumusse en pelisse des chanoines. Il était vicaire de la cathédrale.  Les armoiries associent la roue noire sur fond blanc des Krozingen, et les ailes rouges du maréchal von Delsberg, famille de la mère du donateur.

Saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Jacques présentant le donateur Trudbert von Krozingen et ses épouses.

Trudbert von Krozingen, le frère du chanoine Christophe, est agenouillé avec ses deux épouses Anna Bechtoldin et Margareta von Graben. Inscription : «Truprecht von Krozingen und Anna Bechtoldin und  frow Margareta von Graben sin elige gemahel 1524.»

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Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La partie droite de la quatrième chapelle : la famille Lichtenfels.

A gauche le chanoine Corneille de Lichtenfels (décédé en 1535) agenouillé devant saint Germain, abbé au VIIe siècle de Moutier-Grandval (Jura); Une inscription précise : «Cornelius de Lichtenfels, ecclesiae Basileensis- scholasticus  et canonicus». Sa tombe se trouve dans la chapelle. Ses armes associent celles des Lichtenfels et celles de sa mère, la roue des Krozingen. 

Armoiries des Lichtenfels :  les ailes et la hache d'or sur fond noir .

"Lichtenfels, Cornelius I de (?- 7 août 1535) a été le prévôt du chapitre de Moutier-Grandval de 1511 à 1535 et plusieurs fois vice-doyen du chapitre cathédral de Bâle entre 1505 et 1531. Fils de Wofgang de Lichtenfels (Wurtemberg). A deux fils, Wilhelm et Cornelius (prévôt de 1539 à 1564). Décédé le 7/8 septembre 1535. Etudes à Fribourg (1479) et à Tübingen (1493). Chanoine de Bâle dès 1488. En 1504, il est mentionné comme remplaçant à Moutier de Jean Burckard, et en 1507 de Jean Lib. En 1511, ce dernier résigne sa charge de prévôt en faveur de L. qui est nommé par le pape la même année. C'est à son époque qu'a lieu le déménagement du chapitre de Moutier à Delémont (printemps 1534), suite à la Réforme. La première mention en tant que vice-doyen du chapitre de Bâle date du 11 juillet 1505. D'autres suivront sous les décanats de Pierre de Hertenstein (1506?-1515) et de Nicolas de Diesbach (1516-1531). Ecolâtre du chapitre (1509-1535) probablement en 1509 déjà, il dut alors faire face à deux provisi nommés par le pape (mais qui n'entrèrent jamais en possession de cette fonction), contre lesquels il s'imposa totalement après le 4 mai 1511. En 1528, dispute avec Paracelse. En 1533, le chapitre s'oppose à une nouvelle nomination de L., alité, comme vice-doyen pour Lib." Dict. du Jura, https://diju.ch/f/notices/detail/3985

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Saint Germain et le Christ Sauveur, Fenêtre  de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Germain et le Christ Sauveur, Fenêtre de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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A droite, le donateur Hans von Lichtenfels, ses épouses Maria von Landegg et  Anastasia Pfewin von Riepur   agenouillés devant le Christ Sauveur. 

Inscription : «Hans von Lichtenfels und frow Maria von Landegg, und frou Anastasia Pfewin von Riepur, sin elyge gemach.»

Les armoiries de Maria von Landeck, première épouse, est le blason des Schnewlin. Celles d'Anastasia  Pfauin von Rüppurr, sont deux clefs d' argent sur fond rouge.

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Fenêtre  de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Fenêtre de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 — Die Schützengesellschaften zu Freiburg im Breisgau 1846 https://books.google.fr/books?id=dh5mAAAAcAAJ&dq=christoph+von+Krozingen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— HERMANS (Clara et Claus), 2014,  Die Glasgemälde des Freiburger Münsterchores und ihr Meister Hans von Ropst https://books.google.fr/books?id=gk6QAwAAQBAJ&dq=Christophorus+de+Krozingen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

—  KEMPF ( Friedrich), SCHUSTER ( Karl), 1906, Freiburger Münster : ein Führer für Einheimische und Fremde, Freiburg, Herdersche Verlagshandlung.

https://archive.org/stream/dasfreiburgermun00kemp#page/n7/mode/2up

— MÜLLER (Johann Nepomuk), 1839, Führer durch die erzbischöfliche Dom- und Münsterkirche zu Freiburg im Breisgau. 

https://books.google.fr/books?id=8ac5AAAAcAAJ&dq=Ursula+von+Embs&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— SCHOLZ (Harmut) BECKSMANN (Rüdiger), 2010, Die mittelalterlichen Glasmalereien in Freiburg im Breisgau

— SCHREIBER (Par Johann Heinrich) 1826 Das Münster zu Freiburg im Breisgau page 28

https://books.google.fr/books?id=BehhAAAAcAAJ&dq=Christophorus+de+Crotzingen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe. Fribourg Vitraux
18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 13:09

Iconographie de saint Christophe : la verrière des Cordonniers de la cathédrale de Fribourg (Freiburg im Breisgau), 1320.

Freud et saint Christophe.

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I. La verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) du bas-coté sud de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320).

Cette verrière est faite de quatre lancettes ogivales.  La première est toute entière occupée par saint Christophe, alors que les trois autres sont chacune découpées en trois médaillons consécrés à la Passion (la dernière Cène, le Christ sur le Mont des Oliviers, son arrestation, le Christ devant le roi Hérode, la Flagellation, le Couronnement d'épines, la Croix, la Crucifixion et la Mise au tombeau . Enfin, chaque lancette porte en registre inférieure une marque de donation répétée deux fois : deux ours d'or de chaque coté, et deux bottes noires au centre. Ces bottes, à lacet rouge, sur un blason d'or forment  l'insigne de la guilde des Cordonniers, comme le spécifie l'inscription : DER. SCHUMACHER. ZUNFT. ZE. DEM. GULDIN. BERN  soit "La Guilde des Cordonniers --A l'Ours d'Or --"

Les blasons latéraux sont de sable à l'ours d'or passant (dressé sur ses pattes, de profil) armé et lampassé de gueules (ses griffes et sa langue sont d'un émail rouge), à la chaîne et au collier d'azur Ces blasons, ainsi que les mots "ze dem guldin bern"  m'ont intrigué longtemps, avant que je n'apprenne que les panneaux latéraux sont de création récente (20e siècle) et qu'ils représentent l'enseigne de la taverne "A l'Ours d'or" où la Guilde tenait ses réunions. 

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) ,  nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) , nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Guilde des Cordonniers, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Guilde des Cordonniers, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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 Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Lancettes de la  Passion,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
Lancettes de la  Passion,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la Passion, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE DE SAINT CHRISTOPHE.

J'ignore si saint Christophe était considéré par les cordonniers comme leur patron, en plus de frères martyrs Crépin et Crépinien. Saint Christophe est le patron des pèlerins et plus largement des voyageurs, c'est à dire de gens qui usent leurs souliers.

Quoiqu'il en soit, le fait qu'il occupe à lui seul (avec son passager) l'ensemble des trois panneaux , cas presque unique dans la nef où les autres lancettes sont découpées en médaillons, témoigne de ce que le gigantisme du saint n'est pas escamoté, mais que, au contraire, il  est mis en valeur comme l'un de ses caractères essentiels. On sait que selon la Légende Dorée (1261-1266), Christophe était un géant païen nommé Reprobus, qui ne prit son nom de "Porteur de Christ" qu'après sa conversion lors du passage du guè. 

La date de la verrière (1320) place ce saint Christophe en tête de la chronologie de ma série iconographique, et peu de temps après que, selon D. Rigaux, se mettent en place les principales composantes de l'image. Ainsi, dès le début du XIVe siècle, nous trouvons ici :

  • la traversée du fleuve de la droite vers la gauche.
  • L'Enfant porté sur l'épaule gauche.
  • L'Enfant tenant le globe crucigère et bénissant,
  • La rotation du bassin puis du tronc du saint
  • L'orientation rétrograde de son regard vers le haut et l'arrière, cd'est à dire vers l'Enfant.
  • Le bâton de marche qui fleurit (ou qui reverdit)
  • Les pieds dans l'eau, et les poissons et êtres aquatiques malfaisants. 

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Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Saint Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Le regard de la Foi.

Je retrouve aussi dans ce vitrail ce regard de saint Christophe si particulier et si propre à cette iconographie, par lequel, saisi par le tourment (il succombe sous le poids incompréhensiblement lourd du bambin qu'il doit mener sur l'autre rive)  il se détourne soudain, lève les yeux, et, par l'échange de deux phrases, réalise qu'il porte le Maître du Monde. L'axe de son regard s'oppose à l'horizontalité de sa progression et accède à la fois à la verticalité et au renversement, à la con-version. L'Enfant-Christ regarde, lui, dans la direction de sa main qui bénit. 

A ces axes se mêlent ceux du bâton de marche, ici d'abord vertical comme une hampe, mais qui s'incline, à la fois pour épouser la courbe ogivale du sommet de lancette, mais aussi pour témoigner du changement de nature qui s'opère. La rigidité orgueilleuse et  ligneuse devient flexibilité, adaptation, mouvement d'un feuillage habile à se courber sans rompre, humilité, mais aussi vigueur animée par la sève, la vie. 

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Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Saint Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Les pieds dans l'eau.

Le changement de milieu (air / eau) est rendu par des ondulations en grisaille, selon des directions différentes pour chaque pièce. Sur le plan spirituel, il s'agit d'indiquer que la traversée du fleuve est un temps de rupture et d'exposition aux risques. L'eau est l'élément étranger, dangereux, celui de la perte des repères et de la stabilité, celui où l'on peut perdre pied et être emporté par l'impulsivité de tous ces courants représentés en lignes sombres. L'eau est en relation avec les forces démoniaques, profondes, basses, en relation avec les forces démoniaques, et, pour le souligner, le peintre-verrier à dessiné d'une part un gros poisson (imaginons un brochet) qui en dévore un autre plus petit, et d'autre part un véritable dragon à queue de serpent, ailé comme un hibou et à tête de diable.

 

 

int Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
int Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

int Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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DIGRESSION ET SABLES MOUVANTS. "Le Saint Christophe allemand".

     En 1896, Konrad Richter fit paraître dans le vol. V. I des  Acta Germanica, Organ für deutsche philologieBerlin, Mayer und Müller,  son article  de 243 pages sur « Der deutsche St. Christoph », où il menait une enquête parfaitement érudite et exhaustive sur le saint Christophe Allemand, et les bases et évolutions des textes de la Légende ou de l'iconographie christophienne en Allemagne. Il serait abusif de prétendre que je l'ai lu, malgré le vif désir que j'ai éprouvé de le faire ;  je fus peut-être rebuté par l'absence de toute illustration et par l'appareil proliférant des notes de bas de page ou note de pied (Fußnote ), mais surtout par mon absence de compréhension aisée de l'allemand

Il m'est impossible de deviner par quels hasards, par quelle boulimie de lecture, Sigmund Freud a pu lire cet indigeste pavé jusqu'à la page 223 ; mais peut-être, en 1920, après avoir écrit Au delà du principe du plaisir, souhaitait-il proposer à son psychisme un matériau aléatoire, et s'était-il donné comme consigne de se saisir, dans une bibliothèque, du premier ouvrage écrit l'année de la mort de son père, de l'ouvrir à la page 223 en fonction de calculs de numérologie hébraïque issue de la Gematria, et de lire la ligne 18 pour d'autres raisons encore. Toujours est-il qu'il prit connaissance de la note 1) de cette page 223, ou d'une partie seulement de cette note, et qu'il la cita dans le chapitre IV de son article Massenpsychologie und Ich-Analyse de 1921. Si on lit la traduction française de S. Jankélévitch paru en 1926, Psychologie collective et analyse du moi, en pensant qu'on comprendra mieux ainsi le rapport entre saint Christophe et "Suggestion et libido" (le titre du chapitre IV), prévenons rapidement le lecteur d'une possible désillusion.

Lorsqu'à un malade qui se montrait récalcitrant on criait : « Que faites-vous ? Vous vous contre-suggestionnez !», je ne pouvais m'empêcher de penser qu'on se livrait sur lui à une injustice et à une violence. L'homme avait certainement le droit de se contre-suggestionner, lorsqu'on cherchait à se le soumettre par la suggestion. Mon opposition a pris plus tard la forme d'une révolte contre la manière de penser d'après laquelle la suggestion, qui expliquait tout, n'aurait besoin elle-même d'aucune explication. Et plus d'une fois j'ai cité à ce propos la vieille plaisanterie : « Si saint Christophe supportait le Christ et si le Christ supportait le monde, dis-moi : où donc saint Christophe a-t-il pu poser ses pieds ? [Note 1 « Christophorus Christum, sed Christus sustulit orbem. Constiterit pedibus die ubi Christophorus? » Konrad Richter : Der deutsche St. Christoph, Berlin, 1896. Acta Germanica, V, 1.] ». 

Dans l'article original de Freud, nous avions :

Ich wiederholte mit Bezug auf sie die alte Scherzfrage [Fußnote]:

Christoph trug Christum,

Christus trug die ganze Welt,

Sag', wo hat Christoph

Damals hin den Fuß gestellt?"

Finalement, il semble plus simple de lire Konrad Richter directement, et sa note de la page 223, qui, par contraste, semble limpide. C'est lui qui parle de la blague bien connue (bekannte scherz) citée en latin, Christophorus Christum, sed Christus sustulit orbem. Constiterit pedibus die ubi Christophorus? et qui cite son auteur, Johannes Heidfeld, et son ouvrage, paru en 1600, le Sphinx théologico-philosophique. Limpide ? Pas tant que ça, car ce n'est qu'après cette citation en latin du texte (allemand) de Heidfeld que Richter donne le texte cité par Freud (Christoph trug Christum, [...] Damals hin den Fuß gestellt?"), texte écrit sur une "image" (une peinture murale ?) du saint à Tölz en Haute-Bavière et relevée à la page 13 d'un livre d'aphorismes et d'apoptegmes écrit par W. Hertz en 1882 Deutsche Inschriften an Haus und Geräth: Zur epigrammatischen Volkspoesie -(Bessersche Buchhandlung), Berlin, 237 pages !!

Konrad Richter s'est peut-être lui-même inspiré de Der Große Christoph, de Ferdinand Hautal,  (pseudonyme de J.F. Francke) paru à Berlin en en 1843 : voyez la page 44. 

Encore un effort : cherchons le texte original de J. Heidfeld.

Johannes Heidfeld (Heidfeldius), né à Waltrop près de Cologne en 1563, pasteur d'Ebersbach,  fut le premier professeur de théologie protestante au lycée d' Herborn. Il a publié Sphinx theologica-philosophica en huit éditions de 1600 à 1631   dans huit éditions, et son ouvrage a été extrèmement populaire. Il a été mis à l'Index dès 1616. Il a été écrit par un co-auteur, Johann Flitner

Je pars à la recherche de ce Sphinx :

Heidfeldius, Joannes, Waltorffensis. Sextium renata, renovata, ac longe ornatius etiam, quam unquam antea exculta Sphinx theologìco-philosophica. Adornavit, recensuit, et in theatrum totius orbis europaei ex parentis voluntate produxit Godefridus Heidfeldius Johannis F. Nassovius . Herborn, Christoph Rab (Corvinus), 1612, in-8°, [31], 823 p.

Je le trouve dans une édition de 1624 : voyez le chapitre XL  page 771 :

https://books.google.fr/books?id=RMdIAAAAcAAJ&dq=Sphinx+theolog%C3%ACco-philosophica.&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

C'est, comme la mention du Sphinx l'indique, une succession d'énigmes, de devinettes posées en chausses-trapes pour l'esprit, dans le domaine religieux. On trouve ainsi : "Est-ce le Christ qui porta la Croix, ou la Croix qui porta le Christ ?" (Hat Christus das Creutz / oder das Creutz Christum getragen) ou, juste avant le distique sur saint Christophe, un rébus sur les lettres du nom IEJUS. 

J'accède enfin au texte original :

Christum Sanct Christophorus tregt/

Christus sich mit der Welt belegt /

Drauff ist die Frag / sag du mirs nun 

Worauf denn der Christträger stundt.

https://archive.org/stream/derdeutscheschr00richgoog#page/n231/mode/2up

https://archive.org/stream/derdeutscheschr00richgoog#page/n231/mode/2up

En résumé, Freud a cité le texte allemand relevé à Tölz, et cité par Richter, mais il a donné en note de bas de page dans sa référence à Richter 1896 un texte latin attribué à Heidfeld 1600, alors que celui-ci a écrit en allemand !

Tout lecteur est comme un pèlerin qui, mené par la foi en l'Auteur, avance rapidement vers son but, sa Rome, son Compostelle, la fin du livre, sans réaliser que son âme ne gagnera le salut que par les pierres du chemin. C'est (les cordonniers de Fribourg le savaient !) l'usure des souliers qui fait le pèlerin et lui procure ses gages, et non sa présence finale dans les Lieux Saints. Or le lecteur trop pressé, s'il achoppe sur un passage, tourne la page car il est convaincu que l'Auteur, dans sa grande sagesse, va le mener vers la révélation du Sens. Parfois pourtant, il doit interrompre sa marche et se retourner vers l'Auteur : Que veux-tu dire ?

Que signifient  les quatre vers de Heidfeld ? C'est une simple plaisanterie sur la polysémie du mot Welt, le Monde.  Le Christ ne porte pas "le Monde", mais sa représentation,  le globe terrestre, la mappemonde avec, en son sommet, la croix : le globus cruciger. C'est le symbole de son pouvoir sur l'univers, ou aussi du poids du Péché du Monde, puisque la figure renvoie à la déclaration de saint Jean-Baptiste Ecce Agnus Dei, qui tolli peccata mundi, (Jn 1:29) "Voici l'Agneau de Dieu, qui soulève (qui enlève, qui ôte)  le Péché du monde". Le verbe tollo, is, ere signifie lever, soulever, enlever.

Dans sa traduction en latin, Richter traduit Welt (Monde) par le mot orbem (l'orbe) et affaiblit ainsi la blague assimilant Mappemonde et Monde.

Au delà de la plaisanterie, on peut voir, comme le fait Freud, une illustration de la difficulté à trouver un fondement, un point d'appui (comme Archimède : donnez-moi un point d'appui et un levier, et je soulèverai le monde !). Si Atlas porte le Monde (en réalité, le globe céleste), dis-moi sur quoi il prend appui ! Si le savant observe le Tout, dis-moi où est son point de vue ! Si Christophorus "qui porte le Christ", porte le Monde, où se situe-t-il lui-même ! Dans l'hypnose, si  les thérapeutes croient que la Suggestion est un Tout qui n'a besoin d'aucune explication, comment la justifier si elle échoue car le patient se contre-suggestionne ? Dans tout système de pensée totalitaire, qui se justifie par lui-même et dont la Fin justifie les moyens, dis-moi où est l'appui d'une justice ?

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En illustration, un tableau du Maître de  Meßkirch vers 1562 au Kunstmuseum de Bâle, image Andreas Praefcke, Wikipédia 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hl_Christophorus_1562_Kunstmuseum_Basel.jpg

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SOURCES ET LIENS.

http://www.freiburgermuenster.info/html/content/die_fenster.html?t=55dfc6c14d149648d3240d2a789fb62b&tto=4a0b081b

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Schuhmacherfenster_(M%C3%BCnster_Freiburg)_jm2369.jpg

http://blogs.sciences-po.fr/recherche-icones-globe/2010/12/09/le-paradoxe-de-saint-christophe/

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe. Fribourg Vitraux
15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 20:54

Les deux Vierges couchées de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne).

Maria im Wochenbett : Das Westportal am Freiburger Münster / Der Schmiedefenster im Freiburger Münster.

Voir aussi :

LES VIERGES COUCHÉES. 6 articles.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vierges-couchees-de-bretagne-2-chapelle-du-yaudet-a-ploulec-h-105555217.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-3-chapelle-de-kergrist-a-paimpol-105604068.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierge-couchee-calvaire-de-tronoen-a-saint-jean-trolimon-29-110465874.html

http://www.lavieb-aile.com/article-la-vierge-couchee-dans-les-nativites-des-livres-d-heures-113263711.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-la-cathedrale-de-chartres-112103311.html

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Je nomme "Vierge couchée" la Vierge qui, dans les Nativités, est allongée dans son lit d'accouchée avant les relevailles. Louis Réau les désigne sous le terme de "Vierge en gésine sur son lit d'accouchée", et le Bildindex de Marburg sous le terme allemand de "Maria im Wochenbett". Wikipédia y consacre un article sous le titre Maria in puerperio.  Saint Joseph se tient le plus souvent au pied du lit. J'ai déjà donné de nombreux exemples dans mes articles sur les spectaculaires Vierges au lit bretonnes, mais prenons ici comme exemple, puisque nous voilà en Allemagne, le tableau Die Geburt Christi de Conrad von Soest, qui date de 1404 : 

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Lors de ma visite de la cathédrale de Fribourg, j'ai découvert deux exemples de ces Vierges en couches, le premier dès l'entrée puisqu'il m'accueillait sur le tympan du porche principal, et le second — plein de cocasserie— sur le bas-coté nord de la nef. Finalement, passant du coq à l'âne, je me suis retrouvé lancé dans une enquête sur le bœuf de la crêche !

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LA VIERGE COUCHÉE DU TYMPAN du portail ouest.

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Le porche de la tour de la cathédrale de Fribourg  a été construit en même temps qu'a été exécutée sa décoration sculpturale,  à la fin du 13ème siècle. Il a été peint de couleurs vives à trois reprises en 1300, 1604 et 1889, et à nouveau entre 1999 et 2004. 

 

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a) Vue générale du porche.

http://www.zum.de/Faecher/G/BW/Landeskunde/rhein/freiburg/muenster/vorhalle1.htm

On remarque au centre, entre les deux portes, une Vierge placée au dessus de Jessé accroupi.

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Porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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b) Le tympan et ses trois registres.

 Le tympan associe un Jugement Dernier, et des scènes de la Vie de Jésus (Naissance et Passion). Au sommet, entre la Vierge et saint Jean, le Christ assis sur un trône, montrant ses plaies, et entouré d'anges portant les instruments de sa Passion.  Le registre sous-jacent est centré par un pélican (noir) nourissant ses petits de sa propre chair. Les douze apôtres l'entourent, tous assis, sur des petits nuages. En dessous d'eux vient le Christ crucifié, au dessus du crâne d'Adam, et à sa gauche le bon Centurion,  Longin, et neuf personnages enchaînés et entraînés ders la gueule du Léviathan. A sa droite se trouvent Marie et Jean, et d'autres personnages.

Le registre inférieur est celui qui nous concerne Il comporte une bande haute avec une Résurrection des morts, sortant de leur tombe à l'appel de quatre anges bucinateurs. Plus bas, la moitié gauche  comporte des scènes de la Passion : Judas pendu au figuier, saint Pierre coupant l'oreille du serviteur du grand prêtre, le Christ aux outrages, la Flagellation du Christ lié à la colonne.

Enfin, dans la partie droite de ce registre inférieur, une Nativité et l'Annonce faite aux bergers. Que nous allons regarder de près.

 

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Tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La Nativité et l'Annonce aux bergers.

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Nativité du tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Nativité du tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Annonce aux bergers.

A droite, un ange présente une banderole avec les mots ANNUCIO VOBIS, [les auteurs lisent ou ont lu ANNUNTIO] qui renvoient à l'évangile de Luc : Lc 2:8-15 :

  et ecce angelus Domini stetit iuxta illos et claritas Dei circumfulsit illos et timuerunt timore magno et dixit illis angelus nolite timere ecce enim evangelizo vobis gaudium magnum quod erit omni populo quia natus est vobis hodie salvator qui est Christus Dominus in civitate David et hoc vobis signum invenietis infantem pannis involutum et positum in praesepio et subito facta est cum angelo multitudo militiae caelestis laudantium Deum et dicentium gloria in altissimis Deo et in terra pax in hominibus bonae voluntatis

 "Il y avait dans la même région des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour y garder leur troupeau.  Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande frayeur.  Mais l'ange leur dit: «N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple:  aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur.  Voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire.» Et tout à coup une foule d'anges de l'armée céleste se joignit à l'ange. Ils adressaient des louanges à Dieu et disaient:  «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre et bienveillance parmi les hommes!»"

Mais on voit que la Vulgate utilise le terme "evangelizo" (annoncer une bonne nouvelle, proclamer) et non "annuntio", qui appartient à la version syriaque. On voit aussi qu'il manque un tilde : ANNU[N]CIO ou ANNU[N]TIO. La formule "Ecce annuntio vobis magnum gaudum" se retrouve dans les chants grégoriens en Italie au XIe siècle pour les offices de la Nativité (Florence, Plaisance) ou à Augsbourg, 1459. La leçon "Ecce anuncio vobis" se retrouve sur les enluminures de Livres d'Heures du XVe siècle : Miniature au début de tierce de la Vierge, Carpentras, BM ms 0052 f 050 ; Heures à l'usage de Châlons-en-Champagne, BM Lyon Ms 5146 f. 47v  Gloria in excelsis Deo anuncio vobis gaudium ; Livre d'heures à l'usage de Soissons. BM Lyon Ms 5142, XVe siècle, Anuncio vobis (gau)dium mag(num) 

 

L'ymagier ne manque pas d'humour dans sa mise en scène ;  le berger, portant un chapeau rond noué sous le menton par de longs lacets, une tunique sans manche proche des dalmatiques, des guêtres ou housseaux, tient attaché à son poignet par une  laisse impressionnante un solide molosse. Sa canne n'est qu'un bout de bois tordu.  Devant ses pieds se trouvent un bélier et un mouton tandis que deux chèvres broutent les feuilles d'une vigne (ou d'un arbre à gousses). 

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Annonce aux bergers, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Annonce aux bergers, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La Nativité. 

Dans l'évangile de Luc, la Naissance de Jésus est annoncée ainsi aux bergers :

 et hoc vobis signum invenietis infantem pannis involutum et positum in praesepio , "Voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire."  Lc 2:12 .

 

Le récit est enrichi au VIIIe siècle dans l'Évangile du Pseudo-Matthieu chap. XIV : 

Le troisième jour de la naissance du Seigneur, la bienheureuse Marie sortit de la caverne , et elle entra dans une étable, et elle mit l'enfant dans la crèche, et le bœuf et l'âne l'adoraient . Alors fut accompli ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : « Le bœuf connaît son maître, et l'âne la crèche de son Seigneur. » Ces deux animaux, l'ayant au milieu d'eux l'adoraient sans cesse. Alors fut accompli également ce qu'avait dit le prophète Kabame : « Tu seras connu au milieu de deux animaux. » Et Joseph et Marie demeurèrent trois jours dans cet endroit avec l'enfant".

Puis Jacques de Voragine le diffuse dans sa Légende Dorée du XIIe siècle 

Nous voyons ici de gauche à droite :

  • Un ange tenant un cierge, éclairant la crèche mais signifiant surtout que la venue  de l'Enfant s'assimile à l'apparition de la Lumière divine. 
  • La Vierge, couchée sous des draps damassés, le dos surélevé par un dossier et un coussin.
  • L'Enfant, cheveux courts, blonds et bouclés, tourné sur le coté droit, tient sa Mère par le bras.  
  • Deux anges  en adoration.
  • la mangeoire, en osier, ressemble à une clôture de jardin  : Le terme de la Vulgate  praesepio, "mangeoire" vient de  saepio "entourer d'une haie" ; il traduit le terme grec φάτνη phátnä et correspond à notre mot "crêche" : une mangeoire, et, par extension, l'étable. 
  • L'âne, regardant le bœuf qui mange la paille du berceau improvisé. Ce motif discrètement comique va trouver sa suite dans notre second exemple sur le vitrail de la nef, mais on peut aussi le retrouver, quasi identique à celui-ci, au tympan du porche de l'église de la Frauenkirche d'Esslingen.
  • un ange thuriféraire.
  • saint Joseph assis, pensif, la canne à la main et le bonnet cônique sur la tête.

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La Vierge couchée, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

La Vierge couchée, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La Vierge couchée et son Fils, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

La Vierge couchée et son Fils, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Joseph, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Joseph, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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LA VIERGE COUCHÉE DU VITRAIL DE LA NATIVITÉ, BAS-COTÉ NORD DE LA  NEF. 1320.

Nördliches Seitenschiff, Schmiedefenster.

La deuxième fenêtre du bas-coté nord de la nef est faite de trois lancettes de quatre panneaux. Comme les autres verrières, elle est offerte par des corporations d'artisans, ici les forgerons (schmied) dont le patron est saint Éloi, Eligius en latin. La lancette du milieu porte le blason des forgerons en bas (tenaille, marteau et serpent), saint Éloi ferrant un cheval dont il a coupé la patte au milieu, et une Crucifixion au sommet. Les lancettes latérales illustrent la Vie de la Vierge : Annonciation et Nativité à gauche, Visitation et Fuite en Égypte à droite. 

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La verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

La verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

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Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile
Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

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La Nativité de la Verrière des Forgerons.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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La Vierge, assise dans son lit d'accouchée, la tête (nimbée et voilée) posée sur un oreiller bleu à carreaux, lève les bras vers son Fils. On croit d'abord qu'elle le soulève pour l'admirer ou joer avec lui, mais on comprend qu'en réalité, il est en train de tomber de la mangeoire en osier qui lui sert de berceau, car le bœuf, au lieu de manger le foin,  dévore l'une des extrémités des langes de l'enfant. Panique !

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Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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Face à ce petit accident, Joseph, d'habitude si passif et mélancolique,  a réagi promptement et, levant sa canne, il frappe (certainement avec douceur) le museau de l'animal gourmand.

 

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Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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Je dois ajouter qu'il y a une troisième Vierge couchée à la cathédrale de Fribourg, en croisillon sur la Verrière des Martyrs du bas-coté sud de la nef. Mieux, c'est, en plus, une Vierge allaitante. Des années 1270-1280.

Mais voilà, j'ai raté ma photo.

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Nativité, verrière des Martyrs (Märtyrerfenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Martyrs (Märtyrerfenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

http://www.michaelseeger.de/muenster/index.html

http://www.michaelseeger.de/muenster/ochs.html

http://www.ulrichengert.de/resources/PDF/Ulrich_Engert_Referenz_Corpus_Vitrearum.pdf

http://www.bildindex.de/obj20578989.html#|home

— ARONIKA (Markus), 2013,  Farbe und Licht, Geisliche Beschreibungen von Fenstern im Freiburger Münster, Promo Verlag.

—  KEMPF ( Friedrich), SCHUSTER ( Karl), 1906, Freiburger Münster : ein Führer für Einheimische und Fremde, Freiburg, Herdersche Verlagshandlung.

https://archive.org/stream/dasfreiburgermun00kemp#page/n7/mode/2up

— SCHÄFER (Hermann) Deutsche Geschichte in 100 Objekten, Piper ebooks, 9 nov. 2015 - 656 pages 

 https://books.google.fr/books?id=p5TVCgAAQBAJ&pg=PT111&dq=%22schmiedefenster%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwje1_WDpK_NAhVFrRQKHfXdD4EQ6AEIKTAB#v=onepage&q=%22schmiedefenster%22&f=false

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Published by jean-yves cordier - dans Vierges couchées Vitraux Fribourg
14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 10:50

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Cette baie située sur le transept nord, à gauche de la porte d'entrée, mesure 5,00 m de haut sur 2,20 m de large. La verrière (n°3 selon la numérotation du Corpus vitrearum) comporte 3 lancettes cintrées et un tympan à 5 ajours. Les lancettes s'organisent en deux registres, l'un consacrée à l'Adoration des Mages et l'autre, au dessus, à l'Adoration des Bergers. 

Les auteurs de l'Inventaire remarquent que les quatre baies du transept (n°1 à 4, soit celles du pignon et du mur des bras nord et sud) ont été réalisées par le même atelier quimpérois entre 1540 (Dormition, n°4), 1546 (Adoration des Mages, n°3), 1548 (Saint Jacques, n°2) et 1553 (Saint Laurent, n°1). Dans la même campagne fut réalisé le vitrail de Saint Éloi (1550). Les auteurs du Corpus Vitrearum attribuent aussi à l'atelier quimpérois la maîtresse-vitre de la Passion, qui daterait de 1560 et s'apparente avec celle de Saint-Goazec (1573), et le Baptême du Christ (milieu XVIe). 

La chapelle a donc été vitrée juste après sa reconstruction en 1535 par les Vieux-Chastel qui possédaient la motte féodale du Cranhuel  (Inscription lapidaire --CHAPELLE FUT FONDEE -- MVCXXXV .A.LONNEUR DE NOT. DAME. DU CRAN--.

L'homogénéité du style quimpérois, et celle de la fourchette temporelle (1540-1560) pendant le Concile de Trente et avant la Ligue, s'associent à celle du programme : 4 scènes de la Vie de Marie et de la Vie et de Passion du Christ occupent les points cruciaux de la croix latine du plan de la chapelle, tandis que 3 saints et martyrs sont vénérés dans les espaces intermédiaires.

Cette homogénéité du programme théologique ou hagiographique est renforcée par la sculpture avec les deux retables de la Vierge à l'Enfant et de la Trinité dans le chœur, le retable ou la niche à volets de Saint Laurent, les statues du Christ Sauveur, de la Vierge à l'Enfant, de saint Laurent, de saint Jacques et de saint Éloi (disparue).

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Vitraux anciens, annotés sur un Plan de la chapelle in Inventaire, 1969.

Vitraux anciens, annotés sur un Plan de la chapelle in Inventaire, 1969.

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La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR : ADORATION DES MAGES.

Ce registre est peu restauré, sauf le paysage, et le dais de la lancette centrale.

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Registre inférieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre inférieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Adoration des Mages, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Adoration des Mages, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Melchior et Gaspard.

Melchior est agenouillé devant l'Enfant. Il porte  sur le bord du manteau l' Inscription AVE:  GRATIA : PL[ENA].

Gaspard, debout, tient le vase contenant l'encens.

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Melchior, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Melchior, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Balthazar.

Il présente un pot rempli de myrrhe.

 

 

Balthazar, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Balthazar, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Vierge et Jésus, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Vierge et Jésus, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Un rapprochement s'impose avec les fragments d'une Adoration des Mages conservé dans l'église de Plogonnec dans la verrière de Saint-Sébastien (vers 1525) ; non seulement pour le sujet, et l'attitude des personnages, mais aussi pour les détails de la colonne et du chapiteau, ceux de l'architecture de la niche,  et pour l'étoile gravée. 

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Un autre détail est encore plus intéressant, c'est le petit garçon penché pour observer (cf registre supérieur) :

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Joseph porte un bonnet rouge, mais tient pourtant son chapeau sur sa poitrine.

Notez l'étoile en verre gravé.

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Joseph, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Joseph, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE SUPÉRIEUR. L'ADORATION DES BERGERS.

Les parties figurées sont modernes, sauf deux panneaux : l'Enfant et l'ange musicien au centre, le berger agenouillé au 1er plan dans la lancette droite. Le reste a été complété par Bonnot en 1915.

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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La Vierge et deux anges : panneaux modernes.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Bergers en adoration devant l'Enfant-Jésus dans son berceau.

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Registre supérieur, Adoration des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, Adoration des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Offrandes des bergers .

Un berger offre un oiseau dans une cage en osier : verre ancien.

 Un autre berger offre des œufs ou des fruits, un troisième un agneau, tandis que des anges joue de la musique. Panneaux modernes (1915).

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Les dais.

Comme J.M Abgrall l'a remarqué en 1896, ces dais à arabesques, très ornés surmontés de putti affrontés  sont semblables à ceux de la baie 10 de la Collégiale de Pont-Croix . Cette dernière, datée du 2eme tiers du XVIe siècle, comporte, comme ici, une Nativité avec la Sainte Famille, une Adoration des Mages et une Adoration des bergers. On y retrouve avec une ressemblance stricte avec la verrière de Spézet,   Melchior et Gaspard,  le berger offrant un oiseau en cage, l'ange jouant de la viole près du berceau, l'enfant curieux observant la scène au dessus du mur, etc..

 Voir 

http://www.infobretagne.com/pont-croix-eglise.htm

http://fr.topic-topos.com/vitrail-pont-croix 

https://www.flickr.com/photos/57485362@N00/13766459685/

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a) Baie de droite. 

Il comporte deux anges écrivains adossés et deux angelots joueurs confrontés ; un mascaron ; des guirlandes, des pots à feu, des rangées de perles...et des toiles d'araignées !

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Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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b) dais central.

Il porte, sous un masque animal et un buste, entre deux anges joueurs de viole,  dans un cartouche l'inscription :

NATIVI / TAS DOM / INI 1546.

La Bretagne est réunie à la France depuis 1532. Nous sommes alors à la fin du règne de François 1er, au sommet de la Renaissance française, et de la première École de Fontainebleau.

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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TYMPAN.

Panneaux peu restaurés.

Il représente la cour céleste. Au sommet, Dieu bénissant . dans les atours inférieurs, des groupes de saints ; dans les atours latéraux, des groupes d'anges.

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Tympan,  verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Tympan,  verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Tympan,  verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 —ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1909, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Leprince, 1909, et Société Archéologique du Finistère  1909 tome 36 - Pages 244 à 254.

http://soc.archeo.dufinistere.org/bulletin/index.php?gr=1909&art=saf1909_0294_0304#

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n324/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006,  La chapelle de Notre-Dame du Krann à Spézet, Keltia graphic, Spézet, 46 p.

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, paroisse de SPEZET, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f826f4f6843f882615f0b205d5a0d99.pdf

 — GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum, Presses Universitaires de Rennes.

 

— OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

PERENNES (chanoine Henri), 1931, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Imprimerie Cornouaillaise, 1931 - E.O. - In -8, 14,5 x 22,5cm  ill. - 44 pages 

http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

 — Inventaire topographique : Finistère, canton [de] Carhaix-Plouguer / [publié par l'] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Commission régionale de Bretagne. - Paris : Impr. nationale, 1969 - (Inventaire topographique ; 1) 1969.  - 2 vol. (XX-240, 186 p.)1, Texte ; 2, Illustration. - 2 cartes h.t. -  ; 31 cm. : 31 cm.. Vol. I pages77-80.

 Site Topic-topos :

http://fr.topic-topos.com/la-nativite-spezet

— Site Infobretagne

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux
14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 08:41

Les vitraux de Notre-Dame-du-Crann (Intron Varia ar C'Hrann) à Spézet : l'oculus du Christ sortant du tombeau (XVe siècle).

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Voir aussi :

Les retables de la Vierge et de la Trinité (XVIe) de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet (Finistère).

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Ce fragment d'un vitrail de la seconde moitié du XVe siècle, le plus ancien de la chapelle, a été remonté en 1912 par Albert Bonnot dans l'oculus du pignon occidental, de 0,60 m . Il provient soit de l'édifice précédent, soit de l'une des sept chapelles de Spézet, en ruine au début du XXe siècle. On y voit le Christ tenant l'étendard de la Victoire sur la Mort, nimbé de rouge, et bénissant. Il franchit la cuve du tombeau entre les lances des soldats endormis. Son manteau ou linceul blanc ourlé d'or (jaune d'argent) laisse voir la plaie de son flanc droit. La tête de l'un des soldats endormis a été restaurée.

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Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 —ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1909, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Leprince, 1909,  et Société Archéologique du Finistère - 1909 tome 36 - Pages 244 à 254.

http://soc.archeo.dufinistere.org/bulletin/index.php?gr=1909&art=saf1909_0294_0304#

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, paroisse de SPEZET, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f826f4f6843f882615f0b205d5a0d99.pdf

PERENNES (chanoine), 

http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

ARLAUX (Claire),  1991, 2006,  La chapelle de Notre-Dame du Krann à Spézet, Keltia graphic, Spézet, 46 p.

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux
5 juillet 2014 6 05 /07 /juillet /2014 11:18

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Soissons.

 

      Voir dans ce blog lavieb-aile des articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

Ce vitrail, je ne l'ai pas vu, et lors de ma visite de la cathédrale, ayant été accueilli par des explications sur la façon dont la cathédrale avait été dépouillée de ses verrières, bêtement, j'ai manqué ce rendez-vous.

Néanmoins, afin d'enrichir la comparaison avec les autres Arbres de Jessé, j'ai réuni ici les éléments de documentation que j'ai pu trouver. 

Il s'agit de la lancette en arc brisé de la Baie 100 (maîtresse-vitre ou baie axiale haute) divisée par les barlotières en douze registres eux-mêmes divisés en trois compartiments, soit, si je compte bien, 36 panneaux dont 13 ont été refaits. Elle mesure 9,50 m. de haut et 2,20 m. de large. Le vitrail qui daterait de 1212 est semblable aux Arbres de Saint-Denis (1144), Chartres (1150), Le Mans, Amiens et Beauvais dans sa disposition avec l'alignement vertical de Jessé, de trois rois, de la Vierge et du Christ dans la rangée médiane, et de dix prophètes encadrant latéralement les personnages centraux. Le personnage de Jessé manque actuellement. La tête du Christ était peut-être jadis entourée de colombes, qui auraient été supprimées ; selon Grodecki et al. 1978, le Christ serait de 1727. 

  J'en trouve les images en ligne sur le site de l'Inventaire général de la Région Picardie avec la mention Copyright : (c) Région Picardie - Inventaire général.Droits de communication et de reproduction : reproduction soumise à autorisation du titulaire des droits d'exploitation. Numéro d'immatriculation : 2013 02 1 NUC2 AQ. Auteur du phototype : Lefébure ThierrySoissons, Cathédrale Saint-Gervais-Saint-Protais ; place Cardinal-Binet. Verrière figurée (maîtresse-vitre, verrière royale) : l'Arbre de Jessé (baie 100). 

Ma première constatation est que, là encore, comme dans les autres cathédrales, l'Arbre de Jessé a mérité la toute première place, en situation axiale, mais ici dans les verrières hautes de l'abside éclairant le chœur et non dans la chapelle axiale du déambulatoire. Cette situation d'élection  répétée sans exception (sauf à Chartres où le vitrail de Jessé est placé à l'extrémité occidentale de l'axe) ne peut être observée sans que nous ne prenions conscience de la très haute valeur que les commanditaires attribuaient à la représentation de la lignée royale de Christ et de la prédiction de sa conception virginale.

 En second lieu, je constate que parmi les personnages latéraux figurent, outre Isaïe et Jérémie, Daniel, Michée, Osias et Ézéchiel, deux Sibylles, éléments féminins vétéro-testamentaires qui ne figuraient pas dans les verrières antérieures. 

                                             

                                        

 

  Curieusement, alors que les Services Publics sont plutôt avares en documentation sur les verrières que les citoyens peuvent facilement admirer dans les sites prestigieux, ici, un dossier très complet est mis à notre disposition. J'en donne la copie, afin d'en faciliter la consultation sans basculer sur un nouveau lien :

"Historique

Datation(s) principale(s) : 1er quart 13e siècle ; 4e quart 19e siècle

Datation(s) en années : 1890

Justification de la (des) datation(s) : daté par source ; porte la date

Auteur(s) de l'oeuvre : Didron Édouard (peintre-verrier restaurateur)

Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Philippe II (donateur)

Justification de la (des) attribution(s) : attribution par source ; signature

Nom actuel ou historique du lieu d'exécution : lieu d'exécution: ; lieu d'exécution:

Commentaire historique :

"La verrière où est représenté l'Arbre de Jessé a été réalisée dans le premier quart du 13e siècle, probablement aux alentours de 1212, date de prise de possession du chœur par le chapitre. Elle est traditionnellement considérée comme un don du roi Philippe Auguste. Comme le rapporte le chanoine Claude Dormay vers le milieu du 17e siècle, le Roy Philippe Auguste [...] donna la grande vitre que l'on void à la teste du Chœur. Dormay emprunte sans doute cette information au martyrologe de la cathédrale qui conserve le souvenir du généreux don de 30 livres parisis, fait par le roi au chapitre, et destiné à l'exécution rapide (et sans doute locale) de la maîtresse-vitre. Le thème iconographique de l'arbre de Jessé, qui se développe à partir du milieu du 12e siècle et connaît une grande faveur au 13e siècle, est une préfiguration de l'Incarnation du Christ, qui, ici, domine en majesté depuis le haut de la verrière. Cette thématique en fait donc un des principaux sujets développés dans les verrières axiales. En outre, cette représentation des rois de Juda est particulièrement adaptée à un don royal.

Par la suite, rien de précis n'est connu sur l'histoire de cette verrière jusqu'au début du 19e siècle.

L'ensemble des verrières de la cathédrale souffre d'un manque d'entretien pendant la Révolution et profite d'une restauration vers 1807, à l'aide de panneaux de vitraux provenant de l'église abbatiale Saint-Jean-des-Vignes qu'on commence à détruire. Gravement endommagées par l'explosion de la poudrière du bastion Saint-Remy, le 13 octobre 1815, puis par un ouragan en décembre 1815, les verrières sont réparées en 1816 ou 1817, intégrant au besoin des panneaux ou des verres provenant cette fois de l'église abbatiale de Braine, en cours de démolition partielle. En ce qui concerne l'Arbre de Jessé, le devis de l'expert Louis Duroché signale que dix panneaux, sur les trente-six de la verrière, sont à refaire à neuf. Les verrières de l'abside sont alors complètement remaniées, les manques étant comblés par des scènes ou des personnages empruntés à d'autres verrières de la cathédrale, ou aux édifices précédemment cités. Enfin, le vitrier restaurateur installe au centre de l'Arbre de Jessé un crucifix sur fond violet qu'il vient de créer, dans le but probable de remplacer un panneau détruit.

Le baron Ferdinand de Guilhermy, qui visite la cathédrale de Soissons à plusieurs reprises vers le milieu du 19e siècle, décrit l'aspect de cette verrière avant que soit entreprise la restauration méthodique du vitrage de l'édifice après 1850. Son rapport signale la présence du crucifix moderne, qui interrompt la chaîne des sujets et gâte l'ensemble. Le bas de la fenêtre est alors confus. Le vitrail est occupé par des personnages assis ou debout, ces derniers portant des banderoles. Au centre, se trouve un roi assis, puis le Christ assis, la tête peut-être environnée de colombes. Un autre personnage est assis au-dessus du Christ, impensable composition qui témoigne du déplacement des panneaux. L'aspect de la verrière est tel, que le visiteur - qui excelle pourtant en iconographie - n'arrive pas à reconnaître le sujet traité. Dans la fenêtre voisine (baie 102), également très confuse, le baron de Guilhermy remarque le buste d'un roi nimbé, assis dans des branches, ainsi que la Vierge, également assise entre des branches, personnages dans lesquels il reconnaît enfin des éléments d'un arbre de Jessé. D'autres éléments sont peut-être exilés à l'époque dans d'autres baies de l'abside et des chapelles absidales Saint-Pierre et Saint-Paul. En effet, dans la verrière centrale de la chapelle Saint-Pierre, sont alors placés les morceaux d'un grand personnage portant une banderole où l'on peut lire EZEC (sans doute Ezéchiel). La première fenêtre de la chapelle Saint-Paul accueille la partie supérieure du prophète Habacuc, tandis que la deuxième renferme celle du prophète Joël.

La restauration des verrières de l'abside commence vers 1865 par la verrière 104 consacrée à la mort de la Vierge. Puis le projet de rétablir les quatre verrières voisines émerge progressivement. Ces verrières et les verrières absidales sont déposées en 1882, puis mises en caisses, tandis que les baies sont bouchées par une maçonnerie de brique. Il faut attendre quelques années pour que la fabrique accepte de participer financièrement à cette restauration. En 1889, alors que la somme nécessaire à la remise en état d'une verrière a pu être rassemblée, la restauration du vitrail central (baie 100) est confiée au peintre-verrier parisien Édouard Didron, dont la soumission est la plus avantageuse. La verrière est restaurée en 1889-1890 (elle est datée et signée dans la bordure inférieure), et, au milieu de l'année 1890, Édouard Didron soumissionne à nouveau pour restaurer les trois autres verrières de l'abside. Mais cette fois, le marché est emporté par Félix Gaudin, qui a consenti le rabais le plus important. L'échelonnement du travail dans le temps et son morcellement ont privé Didron d'un certain nombre de panneaux originaux, lors de la réparation de la verrière axiale, en particulier du roi et de la Vierge qui se trouvaient dans la verrière voisine (baie 102). Édouard Didron n'a donc pu que retirer les éléments étrangers à la composition d'origine, recomposer et restaurer les personnages subsistants, et créer dans le style du début du 13e siècle plusieurs panneaux et personnages manquants (un motif décoratif à la place de Jessé endormi, un roi, le prophète Ezéchiel, une Sibylle, enfin la Vierge).

Pendant la Première Guerre mondiale, cette verrière est déposée en deux campagnes, en 1915 pour le tiers inférieur, puis en 1917 pour les panneaux restants. Quelques photographies réalisées par le service des Monuments historiques témoignent que ce vitrail a été peu victime des bombardements et n'a rien subi d'irréparable.

À l'issue du conflit, le chœur, moins atteint que la nef, est rapidement restauré. La réparation de l'Arbre de Jessé est confiée au peintre-verrier parisien Emmanuel Daumont-Tournel (9 rue François Bonvin), et achevée en 1923 ou au tout début de 1924. Déposé une nouvelle fois en 1939, et conservé pendant toute la Seconde Guerre mondiale au musée des Monuments français, le vitrail a été restauré par le peintre-verrier parisien Georges Bourgeot (3 rue des Gobelins) et reposé en 1946.

La Vierge et la partie supérieure d'un roi de Juda, que Guilhermy avait remarqués dans la verrière 102, ont quitté définitivement les fenêtres de la cathédrale en 1890. Ces panneaux devenus superflus, écartés des trois dernières verrières lors de leur restauration par Félix Gaudin, ont été donnés ou vendus au cours des années suivantes, soit par le verrier, soit par décision de la fabrique. La Vierge a été acquise par le Kunstgewerbemuseum de Berlin dans le commerce d'art, en 1904 ou 1905 semble-t-il, puis a été détruite par un bombardement ou une explosion à la fin du second conflit mondial. La partie supérieure du roi (qu'on surnomme "le roi de Bourges") a été achetée en 1921 par le collectionneur américain Raymond Pitcairn, après avoir appartenu à d'autres amateurs privés. Le panneau est actuellement conservé au Glencairn Museum de Bryn Athyn en Pennsylvanie (USA)."

 

"La verrière prend place dans une baie libre en forme de grande lancette, qui s'achève en arc brisé à sa partie supérieure. Elle est composée de douze registres superposés de trois panneaux, accueillant (en l'état actuel) quinze personnages juxtaposés et superposés. Elle est formée d'un assemblage de pièces de "verre antique" rehaussées de grisaille. Comme souvent, le verre rouge, qui est un verre doublé, présente un aspect hétérogène.

Précision sur la représentation :

L'arbre de Jessé, au sens strict, occupe la colonne centrale. À la base, à la place de Jessé endormi, se trouve une composition ornementale, formée de deux dragons vus de profil et adossés. Ils tiennent dans leur gueule du feuillage et un arum. L'arbre se développe à partir de l'espace libre entre leurs deux queues enroulées, et forme des volutes de feuillages sur lesquelles se détache la généalogie terrestre du Christ.

En partant du bas, dans la colonne centrale, prennent place trois rois assis de face, couronnés et nimbés, tenant un sceptre. Au-dessus, est assise la Vierge, elle-aussi de face, couronnée et nimbée, les deux mains ouvertes vers l'observateur. Elle est surmontée du Christ, assis de face, portant l'auréole crucifère. Il tient un livre de la main gauche et bénit de la droite.

Les deux colonnes latérales sont réservées aux prophètes et aux Sibylles qui ont annoncé la venue de la Vierge et la naissance du Christ, ainsi qu'à des anges. Les prophètes et les Sibylles sont debout et de face, sous un arc en plein cintre qui repose sur deux consoles feuillagées. Chacun porte un phylactère sur lequel son nom est inscrit. Leur tête est tournée vers les personnages centraux, et plusieurs font un geste de la main ou du doigt qui symbolise la prise de parole ou l'enseignement. Un ange de profil et les mains jointes surmonte chacune des deux Sibylles. Une frise de feuillage entoure la verrière.

De nombreux auteurs ont rapproché avec pertinence l'iconographie de cette verrière et une miniature de même sujet se trouvant dans le psautier d'Ingeburge de Danemark, épouse du roi Philippe-Auguste et reine de France, conservé à Chantilly. Les différences qu'on remarque sur la verrière peuvent provenir de la rangée supplémentaire de personnages qui y a pris place. Elles peuvent aussi résulter des restaurations successives du 19e siècle. Les divergences principales consistent dans la présence de deux Sibylles au lieu d'une, dans l'absence de la colombe du Saint-Esprit ou des sept colombes qui symbolisent ses dons, et surtout dans le décalage de hauteur qui existe entre les personnages de la colonne centrale et les personnages latéraux, et qui fait buter le Christ sous l'ogive de la baie."

Dimension(s) :  h = 1002 ; la = 250. Ces mesures proviennent du mémoire des travaux de restauration effectués par Emmanuel Daumont-Tournel. Un panneau central mesure 78 sur 77 cm.

Inscriptions, marques, emblématiques et poinçons : inscription donnant l'identité du modèle ; peint ; sur l'oeuvre ; latin ; partiellement illisible ; lecture incertaine ; inscription concernant une restauration ; connu par document

Précisions sur les inscriptions, marques, emblématique et poinçons : Les noms latins de certains personnages sont peints à la grisaille sur un phylactère. Seuls les personnages superposés sur les deux côtés de la verrière sont nommés, les personnages de la partie centrale n'étant accompagnés d'aucune inscription. Les photographies des panneaux, réalisées après la Première Guerre mondiale, facilitent la lecture des noms, l'obscurcissement des verres originaux rendant cette opération presque impossible aujourd'hui in situ. Noms des personnages de la colonne de gauche, de bas en haut : YSAIAS, DANIEL, MICHEAS, SIBILLA. Noms des personnages de la colonne de droite, de bas en haut : JEREMIAS, OSIAS P, EZECHIEL, SIBILLA. Plusieurs historiens du vitrail mentionnent que le peintre-verrier restaurateur Edouard Didron a signé son travail et inscrit la date de 1890 dans la bordure inférieure de la verrière. Cette inscription est invisible depuis le sol.

 AN. Série F ; Sous-série F 19 (Cultes) : F 19, carton 7890 (Travaux exécutés dans la cathédrale de Soissons au cours de la période concordataire ; 1887-1893).

Rapport de l'architecte Paul Gout, en date du 1er août 1889.

AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 195. Réparations diverses (1923).

Dossier Travaux 1923 (Mémoire des travaux de réparation de vitraux exécutés sous la direction de M. Brunet).

AMH (Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine). Série 81 : 81/02, carton 205. Soissons, cathédrale Saint-Gervais et Saint-Protais, dommages de guerre (1945-1950) ; travaux (1953-1979).

Dossier 17 : travaux de 1945 à 1950 (Mémoire des travaux de pose de vitraux anciens exécutés par Monsieur Bourgeot).

A. Evêché Soissons. Série L (temporel) ; Sous-série 6 L : 6 L Soissons 1815-1818 (travaux de la cathédrale, à la suite de l'explosion).

2e dossier, devis de l'architecte Duroché, daté du 8 février 1816.

BnF (Cabinet des Manuscrits) : naf 6109 (collection Guilhermy, 16). Description des localités de la France (Soissons).

folios 255 v°, 256 r°, 257 r°-258 r°.

 

Bibliographie

 

ANCIEN, Jean. Vitraux de la cathédrale de Soissons. Réédition du livre du 24 juillet 1980. Neuilly-Saint-Front : imprimerie Lévêque, 2006. p. 104-112. 

BINET, chanoine Henri. De Paris à Notre-Dame de Liesse par Villers-Cotterêts et Soissons. Souvenirs de voyage de l'année 1644. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1908, Troisième séance, Lundi 2 mars 1908, p. 29-38. p. 35.

BRUNET, Émile. La restauration de la cathédrale de Soissons. Bulletin monumental, 87e volume, 1928. p. 68-71, p. 91. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 1920-1921, 4e série, t. 1, séance du lundi 6 décembre 1920. p. XXIII.

C. L. Soissons. - Carême de 1892. - Travaux à la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1892, n° 14, samedi 2 avril 1892. p. 219.

CARLIER, Claude. Histoire du duché de Valois, ornée de cartes et de gravures, contenant ce qui est arrivé dans ce pays Depuis le temps des Gaulois, &amp; depuis l'origine de la Monarchie Françoise, jusqu'en l'année 1703. Paris : Guillyn, Libraire ; Compiègne : Louis Bertrand, Libraire-Imprimeur du Roi &amp; de la Ville, 1764. 3 vol. t. 2, p. 235.

CAVINESS, Madeline Harrison. Stained Glass before 1700 in American Collections : New England and New York. Corpus Vitrearum Checklist 1. Studies in the History of Art, volume 15, Monograph Series I. Washington (D.C.) : National Gallery of Art, 1985. p. 40, 64, 97.

CAVINESS, Madeline Harrison. Stained Glass before 1700 in American Collections : Mid-Atlantic and Southeastern Seabord states. Corpus Vitrearum Checklist 2. Studies in the History of Art, volume 23, Monograph Series I. Washington (D.C.) : National Gallery of Art, 1987. p. 28, 29, 109, 111.

COLLET, Émile. L'Explosion de la Poudrière de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, 2e série, t. 4, 1872-1873, séance du 3 février 1873, p. 219-238.

COLLET, Émile. Le siège de Soissons et l'occupation allemande dans le Soissonnais 1870-1871. 2e édition, Soissons : Eug. Ebel éditeur, 1901. p. 184.   

DORMAY, chanoine Claude. Histoire de la ville de Soissons, et de ses rois, ducs, comtes et gouverneurs. Avec une suitte des Evesques, &amp; un Abbregé de leurs actions : diverses remarques sur le clergé, &amp; particulierement sur l'Eglise Cathedrale ; et plusieurs recherches sur les vicomtez &amp; les Maisons Illustres du Soissonnois. Soissons : Nicolas Asseline, 1663-1664, 2 vol. t. 2, p. 194.

[Exposition. New-York, The Metropolitan Museum of Art. 1982]. Radiance and reflection : medieval art from the Raymond Pitcairn collection. Réd. Jane Hayward, Walter Cahn. New-York : The Metropolitan Museum of Art, 1982. p. 140-142.

FRANCE [sous la direction de GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise), TARALON (Jean)]. Corpus Vitrearum Medii AeviLes vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978.p. 171.

GRODECKI, Louis. "Un vitrail démembré de la cathédrale de Soissons". Gazette des Beaux-Arts, 1953, série 6, volume XLII, p. 169-176.

GRODECKI, Louis, BRISAC, Catherine. Le vitrail gothique au XIIIe siècle. Fribourg (Suisse) : Office du Livre, 1984. p. 30, p. 37 (ill. 25), p. 38, p. 261.

GRODECKI, Louis. Les vitraux soissonnais du Louvre, du musée Marmottan et des collections américaines. La Revue des Arts, 1960, t. 10, n° 4-5, p. 163-178. p. 171-172.

GRODECKI, Louis. Fragments de vitraux de Soissons à Washington. Bulletin monumental, t. CXVII, 1959, p. 77-78.

 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1959_num_117_1_4043_t1_0077_0000_1

GUILHERMY, Ferdinand de. Didron. Annales archéologiques, tome vingt-cinquième, 1865, p. 377-395. p. 393.

LECLERCQ DE LAPRAIRIE, Jules-Henri. Notes sur les vitraux de la cathédrale de Soissons. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. 5, 1851, 5e séance, 6 mai 1851, p. 102-106.

LEFÈVRE-PONTALIS, Eugène. Soissons. Monuments religieux. Cathédrale. In Congrès archéologique de France. LXXVIIIe session tenue à Reims en 1911 par la Société française d'Archéologie. Paris : A. Picard, Caen : H. Delesques, 1912, t. 1, p. 318-337. p. 335-336.

LÉPAULART, Dom Nicolas. Journal de D. Lépaulart, religieux du monastère de St Crépin-le-Grand de Soissons, prieur de Ste Geneviève, curé de Cœuvres, sur la prise de cette ville par les Huguenots en 1567. Édité aux frais et par les soins de la Société historique, archéologique et scientifique de Soissons. Laon : Imprimerie d'Ed. Fleury, 1862.p. 34, 56.

LUNEAU, Jean-François. Félix Gaudin, peintre-verrier et mosaïste (1851-1930). Collection Histoires croisées. Clermont-Ferrand : Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2006.

MIGEON, Gaston. La donation Octave Homberg au musée du Louvre. Gazette des Beaux-Arts, 50e année, 1908, 1er semestre.p. 117-118.

PÉCHENARD, Monseigneur Pierre-Louis. La grande guerre. Le Martyre de Soissons (Août 1914-Juillet 1918). Paris : Gabriel Beauchesne, 1918.p. 85, 131, 191, 263, 345-346.

PERROT, Françoise. Un vitrail démembré de la cathédrale de Soissons : la verrière de Saint Nicaise et de Sainte Eutropie. Bulletin monumental, 1984, t 142-IV, p.455-456.

POQUET, abbé Alexandre, DARAS, abbé Louis-Nicolas. Notice historique et archéologique de la cathédrale de Soissons, avec la biographie de ses évêques. Soissons : Voyeux-Solin, 1848.p. 62-68.

SANDRON, Dany. La cathédrale de Soissons, architecture du pouvoir. Paris : Picard éditeur, 1998.p. 43, 61.

SUIN, Auguste. Procès-verbal devant notaires, du 28 avril 1568, constatant le sac de la cathédrale par les huguenots. Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. 12, 1858, 5e séance, lundi 3 mai 1858, p. 66-70.

Soissons. - Les Cloîtres de Saint-Jean. - Les Verrières de la Cathédrale. La Semaine religieuse du Diocèse de Soissons et Laon, 1889, n° 50, samedi 15 décembre 1889.p. 901-902."

   La lecture de ce document m'incite à m'intéresser au Psautier d'Ingeburge de Danemark , l'épouse de Philippe-Auguste qui est tenu comme le donateur de ce vitrail : le manuscrit est conservé au musée Condé de Chantilly et dont je trouve des images en ligne ©RMH: Il s'agit du Ms9 folio 14v daté du début du XIIIe siècle. Ce manuscrit a été décrit par Léopold Delisle (Léopold Delisle Notice sur le psautier d'Ingeburge. Bibliothèque de l'école des chartes 1867  Volume 28 pp. 201-210, Persee ). Ici, on trouve au dessus de Jessé allongé un premier roi jouant de la vièle (comme à Amiens), un second roi jouant de la harpe, la Vierge tenant un livre fermé (comme à Amiens), puis le Christ bénissant de la main droite et tenant un livre ouvert. Le Christ est encadré par deux anges qui l'honorent, la Vierge par un prophète et une sibylle, les autres par des prophètes. Les prophètes, nimbés, et la Sibylle, sont inspirés par une colombe dont le bec s'approche de leur oreille. Sept colombes entourent le Christ pour témoigner des Dons dont il dispose et, par l'oiseau supérieur descendant verticalement, de son lien avec le Père.

 Les photographies disponibles ne permettent pas de lire les phylactères et d'identifier les prophètes. 

Note. En octobre 2022, je reçois ce message de David Critchley qui a pu lire les phylactères dans le Psautier d'Ingeburge de Danemark, f14v.

Ils sont les suivants: Gauche Supérieur, “Ecce veniet et quis stabit ad videndum eum ?” (Malachi 3 :1-2) / Droit Supérieur, “omnia cessabunt, tellus confracta peribit” (Sibylle) / Droit Milieu, “Vidi portam clausam, et ecce dominus per eam procedebat” (Ezekiel, 44:1-3) / Gauche Milieu, “Vidi lapidem abscisum de monte sine montibus, et crevit, et factus est quasi mons magnus” (Daniel 2:34) / Droit Inférieur, High Priest, Pas de phylactère / Gauche Inférieur. “Qui edificat in celo ascensionem, dominus nomen eius” (Amos 9:6) 

Je remercie David Critchley.

La phrase associée à la Sibylle est extraite du Judicii signum  ou acrostiche sibyllin de la Cité de Dieu de saint Augustin, XVIII, XXIII. Cela renverrai aà la sibylle d'Érythrée ou de celle de Cumes.

 

 

 

 

D'autre part, le site de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons donne accès sur son site au calque ou carton de deux panneaux restaurés par Didron en 1891 puis "vendus frauduleusement" et, pour celui de la Vierge, détruit par un bombardement. 

 

 

 

Cathédrale de Soissons, verrière de l'Arbre de Jessé.

 

Cathédrale de Soissons, verrière de l'Arbre de Jessé

 

Sources et liens.

 

— Société Archéologique, Historique et Scientifique de Soissons, Cathédrale de Soissons. En ligne 

 

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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