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27 septembre 2017 3 27 /09 /septembre /2017 21:23

La maîtresse-vitre de la Passion (vers 1550) de l'église de Guengat (29).

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Voir la liste de mes 152 articles sur les vitraux.

Mon précédent article (2014) sur les vitraux de Guengat.

 

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Première lancette. Le Portement de croix / Le Christ ressuscité apparaissant à Marie-Madeleine (?) .

 

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Le fond damassé "à la rouelle" identique à La Roche Maurice et à La Martyre réapparaît en sixième lancette.

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Deuxième lancette. Le Bon Larron / La Vierge en pâmoison entre Jean et une Sainte Femme.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Inscription MIOINOVERE MIO

SVE IOSEF / NOEOT / ORE

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Inscriptions : 

Ceinture : HLPOREILETA

Galon : MOSCO NAVE

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Troisième lancette. Le Christ en croix / Sainte Marie-Madeleine. : Saint Pierre tranchant l'oreille de Malchus.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Inscription : SVOAN.

 

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Quatrième lancette.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Inscription MDSVCC / SVOE / SVEMCVS.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Cinquième lancette. La Déposition de croix.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Sixième lancette. La Résurrection / Saint Fiacre.

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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LE TYMPAN.

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

Tympan de la maîtresse-vitre ou baie 0, vers 1550, de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile juillet 2017..

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 21:50

La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan.

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Sur cette chapelle, voir :

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Sur les vitraux, voir : Les articles de mon blog traitant des vitraux. (152 articles )

Sur le thème du Credo apostolique, voir :

 

 

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La maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La verrière de Saint-Jacques, quartier de Saint-Léon en Merléac, a de belles  proportions. Haute de huit mètres cinquante mètres, elle est large de  quatre mètres quarante cinq. Elle porte à sa base le nom de son créateur, G. Béart, et la date de sa réalisation en 1402. C'est l'une des plus anciennes baies vitrées conservées en Bretagne.

Rappel : En ce début du XVe siècle, le roi de France est Charles VI, mais la Bretagne est un duché dirigé, après la Guerre de Succession, par un Monfort, Jean V (1399-1442), très soucieux d'affirmer son pouvoir et son image par un large programme de mécénat religieux. Les grands seigneurs de son duché rivalisent pour l'imiter, et notamment le plus grand d'entre eux, Alain VIII vicomte de Rohan de 1396 à sa mort en 1429 et son fils Alain IX.

Or, Saint-Léon (Merléac) (qui dépend du diocèse de Cornouaille   où, en 1402, l'évêque est Thébaud de Malestroit)  appartient à  la vicomté de Rohan.

Enfin, la fin du XIVe et le début du XVe correspondent à cette phase tardive du gothique, nommée gothique international, que l'on reconnaît par exemple dans les mouchettes du remplage de ce tympan. Cette période est marquée par le mécénat de princes soucieux de splendeur démonstrative, et le Prince des mécènes fut alors Jean de Berry, favorisant la carrière d'artistes majeurs de l'enluminure, de la peinture et de l'architecture.

Le haut pavé rectangulaire des huit lancettes trilobées consacrées à la Passion et à la Légende de saint Jacques est couronné par un tympan ogival, centré par une rose à douze rayons et complété, pour remplir la base de la pointe d'ogive, de deux rhombes à quatre quadrilobes, d'écoinçons latéraux et d'un rang  de six  trilobes aux armes des Rohan.

Son programme iconographique est simple et cohérent. Au centre, la Sainte Face. Tout autour, les douze Apôtres affirmant les fondements de la Foi des douze articles du Credo. Et douze anges soit musiciens, soit porteurs de couronnes, soit  proposant la lecture des louanges de leurs chants.

Cette simplicité ne doit pas nous inciter à n'attribuer à cette rose qu'un regard distrait. Son examen aux jumelles révèle toute la beauté des vitraux anciens, conservés presque par miracle jusqu'à nous. Mais surtout, le choix iconographique, celui du Credo apostolique, est remarquable par ses rapports avec les autres productions artistiques de son temps : ce qui fera l'objet de ma Discussion.

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Tympan de la maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le remplage vu de l'extérieur.

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Tympan de la maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'œil de la rose du tympan : 

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Il est découpé en un cercle sur lequel se greffent six cercles plus petits . Au centre, la Sainte Face (en partie restaurée), est en verre bleu sur un fond rouge où des rayons serrés sont tracés. Le Christ porte des cheveux longs et une barbe ; son regard se tourne vers la gauche.

Dans les oculi secondaires, le soleil et la lune anthropomorphe se clignent de l'œil, cantonnés par quatre étoiles blanches.

Cet œil est encadré par six trilobes en verre rouge uni.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LA ROSE : LE CREDO APOSTOLIQUE.

Sur chacun des douze rayons en mouchettes bilobées du premier cercle est peint un apôtre déroulant un phylactère. Sur celui-ci s'inscrit l'un des douze articles du Symbole des Apôtres qui lui est attribué, selon la tradition iconographique du Credo apostolique. Mais ici, aucun attribut ne permet d'identifier à coup sûr chaque apôtre, et notamment pas saint Jacques le Majeur, le patron de la chapelle,  qui  tient traditionnellement le troisième article.

Les inscriptions sont en lettres gothiques minuscules avec lettres ornées, lettres conjointes et tildes de remplacement de certains -N-.

 

Je me fonde, pour désigner les apôtres, sur la tradition qui trouve son origine dans un texte du Pseudo-Augustin et s'est appliquée avec quelques variantes pendant tout le Moyen-Âge et la Renaissance  (cf E. Mâle) :

1 Pierre: Credo in Deum patrem omnipotentera, creatorem cœli et terrae.

2. André : Et in Jesum Christum, Filium ejus.

3. Jacques (majeur) : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine

4. Jean : Passus sub Pontio Pilato, crucifixus, mortuus et sepultus est. 

5. Thomas : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis.

6. Jacques (mineur) : Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentis

7. Philippe : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.

 8. Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum.

9. Mathieu : Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem.

10. Simon : Remissionem peccatorum

11. Thaddée : Carnis resurrectionem

12 . Mathias : Vitam eternam.

Mais j'ai mis aussi en variante les attributions du Mystère de la Résurrection joué à Angers en 1456 (cf Annexe).

Le Credo débute en haut à gauche (à 11 heures de cette grande horloge liturgique).

 

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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1. Saint Pierre. CREDO IN [DEUM] PAT-EM MNI POTENT CREATOREM CELI ET

Credo in Deum, Patrem omnipotentem, Creatorem caeli et terrae. "Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,"

Nimbe à décor foliaire rayonnant

Le seul critère pour identifier saint Pierre (mais ce ne peut être que lui, il ne laisserait à personne d'autre le rôle de tenir le Premier article) serait sa calvitie, mais elle est rompue ici par une sorte de tonsure monastique en couronne.

Fond rouge damassé à feuilles nervurées, larges, à indentations rondes comme les feuilles d'érable. (F1)

Jaune d'argent : cheveux et barbe.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. [Saint André ou saint Jean ]. ET IN IH~US XPUM FILIU EIUS

 

Et in Iesum Christum, Filium eius unicum, Dominum nostrum "et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur" 

Fond rouge : rinceau à tiges files formant des boucles circulaires R1.

Jaune d'argent : chevelure, barbe, mais aussi la partie droite du visage sur le front, l'œil et l'arête du nez, sans que je sois certain qu'il ne s'agisse pas ici d'une altération brune du verre. Si il s'avérait qu'il s'agisse bien d'un rehaut de jaune d'argent, cela constituerait un exemple de ce qui sera observé à Quimper, Runan, etc.

Visage : le dessin à la grisaille est très précis, traçant les plis horizontaux du front, les sourcils en plusieurs traits sinueux, la petite excroissance charnue entre les sourcils (ride du lion), les deux plis palpébraux, l'iris (un arc de cercle pour l'œil  gauche, un "camembert" pour l'œil droit) et la pupille noire, les rides en "patte d'oie",  le nez fort à la narine puissante, les plis naso-géniens très soulignés,  l'ombre du philtrum, les deux lèvres d'épaisseur différente. Le résultat est un "portrait" plein de vie et un regard bon et humain.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3. [Saint Jacques le majeur] . QUI CONCEPT / US EST / SPIR / CTO NATUS

qui conceptus est de Spiritu Sancto, natus ex Maria Virgine, "qui est conçu du saint-Esprit, et né de la Vierge Marie", 

Fond rouge : rinceaux R1.

Jaune : cheveux, barbe, robe.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4. [Saint Jean ou saint André]. PASSUS SUB P / PILATO CRU / CIFIXUS MORT- ET SEPULTUS.

passus sub Pontio Pilato, crucifixus, mortuus, et sepultus, "(il) a souffert sous Ponce Pilate, (il) a été crucifié, (il) est mort, (il) a été enseveli,"

Fond rouge : Feuilles "d'érable" F1 et feuilles "en laminaire, en lanières" F2.

Jaune d'argent : chevelure, barbe.

L'attribution d'une barbe à saint Jean est incongrue, sauf si on admet le parti-pris d'une indétermination des personnages. Main moderne.

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5. [Saint Thomas ou saint Philippe]. TERCIA DIE / RESUREXIT A MO

descendit ad inferos, tertia die resurrexit a mortuis, "(il) est descendu aux enfers ;  le troisième jour, (il) est ressuscité des morts ;"

Fond rouge : feuilles F1.

Jaune : cheveux et barbe.

Visage : comme Van Eyck pour le chanoine Van der Paele en 1434, ou pour le cardinal Albergati,  Memling en 1480, ou Joseph dans le Triptyque Mérode de Robert Campin vers 1425  le peintre excelle à rendre les traits témoignant de l'âge respectable des apôtres, peints comme des patriarches. Il participe donc du mouvement de réalisme pictural illustré par les maîtres Flamands. Il nous livre un vrai traité de dermatologie ou d'esthétique gériatrique de la face, ne faisant grâce à ses modèles ni de   l'épaississement de la région interoculaire, ni des plis de la racine du nez, ni des autres plis du front ou des joues, ni de l'amincissement des lèvres. Mais dans ce portrait d'apôtres, je note surtout comment l'œil perd sa forme en amande sous l'effet de la ligne en cuvette rectangulaire qu'adopte la paupière inférieure. Pour l'œil droit, l'épaississement irrégulier du bord palpébral est saisissant, révélant un relâchement des tissus cutanés comme on l'observe dans l'entropion sénile.

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 6. [Jacques (le mineur) ou Thomas] : ASCENDIT AD CELOS SEDET ADEXTERAM DEI

Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentis. "(il) est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant."

 

La formulation "ad dexteram Dei" se retrouve dans le Mystère de la Résurrection de 1456 (Annexe)

Fond rouge : feuilles F1 ou F2.

Jaune : barbe et chevelure. 

Visage : il confirme l'appartenance du peintre (Guillaume Béart) au mouvement de réalisme pictural. On croit observer même une miliaire de points de crasse sénile, même s'il est, là encore, important de faire la part de l'altération du verre par attaque chimique.


 

 


 

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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7. [Saint Philippe ou Barthélémy . INDE  VE[N]TURUS JUD-

inde venturus est iudicare vivos et mortuos "d'où il viendra pour juger les vivants et les morts."

Fond rouge : longues lanières F2.

Jaune : cheveux et barbe. Panneau restauré.

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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8. [Saint Barthélémy ou Matthieu. CREDO IN SPIRITUM SANCT

Credo in Spiritum Sanctum, "Je crois en l'Esprit-Saint".

Fond rouge : F2.

Jaune : cheveux, barbe, col.

Visage : notez la coiffure avec un tortillon central, comme saint Jean. Les yeux rectangulaires par deux lignes en L. Le discret rehaut de l'œil gauche au jaune d'argent.

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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9. [Saint Matthieu ou Jacques le mineur]. SANCTAM ESIAM CHATO / LICAM.

sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem, "à la sainte Église catholique, à la communion des saints".

Fond rouge : F1.

Jaune : cheveux, barbe.

Visage : très nombreuses rides et ridules, hachures sur les épais sourcils et le nez ; œil droit rectangulaire.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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10. [Saint Simon]. 

remissionem peccatorum, "à la rémission des péchés".

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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11. [Saint Jude-Thaddée : CARNIS RESURRECTIONEM.

 

carnis resurrectionem "à la résurrection de la chair".

Fond rouge : feuillages F1 ou F2.

Jaune : cheveux, barbe.

Chevelure à tourbillon central. Sourcils en lignes brisés, nombreuses rides, œil rectangulaire, etc.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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12. [Saint Matthias]. VITAM ETERNAM AMEN.

vitam aeternam Amen "à la vie éternelle amen".

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES ANGES DES QUADRILOBES .

On trouve de chaque coté, dans le carré qui les réunit, deux anges porteurs de phylactères mentionnant le Sanctus et, en haut et en bas, deux anges porteurs de couronnes. Dans les deux écoinçons qui les bordent, deux anges musiciens sont peints.

1°) Quatre quadrilobes d'anges porteurs de phylactères.

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

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Quadrilobe à l'extrême gauche : ange à phylactère.

La banderole porte les mots SANCTUS DOMINUS DEUS SABAOTH PLENI

C'est bien-sûr l'incipit du Sanctus :

Sanctus, Sanctus, Sanctus Dóminus Deus Sábaoth.
Pleni sunt caeli et terra glória tua.
Hosánna in excélsis.
Benedíctus qui venit in nómine Dómini.
Hosánna in excélsis.

 

Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l'univers !
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire.
Hosanna au plus haut des cieux !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
Hosanna au plus haut des cieux !

Jaune d'argent : chevelure, galon de l'amict, nuées du lobe inférieur.

L'ange porte au dessus de l'aube finement plissée sous l'effet d'un cordon  un amict ourlé d'un galon d'or.  Sa tête, imperceptiblement inclinée vers la droite, présente un visage rond au front droit, aux yeux rectangulaires, ourlés et cernés, au nez un peu épaté, aux lèvres fines. Sa chevelure mi-longue aux boucles fortement ondulées est volumineuse à la hauteur des tempes et aplaties sur le haut du crâne.

http://la.revue.item.free.fr/main3d2.htm

http://www.fligny-haute-epoque.com/fr/tete-dange-37

Reliquaire de Saint-Férreol 1346  : http://www.culture.gouv.fr/emolimo/chef.htm

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=PM87000246

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SANC[TU]S, SNCX, SNCX D[OMI]N[U]S EIUS.

Sanctus Sanctus Sanctus Dominus eius

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La chapelle saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre IV : le tympan.

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D[OMI]N[U]S S--US DEUS EIUS DOMINUS D-US.

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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S[ANC]TUS S[ANC]TUS S[ANC]TUS DOMINUS DEUS.

 

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2°) Quatre quadrilobes aux chérubins porteurs d'une couronne.

La couronne d'or est celle d'un couronnement spirituel. Il s'agit vraisemblablement de celle du Christ ("mon Royaume n'est pas de ce monde", Jn 18:36), puisque toute cette vitre est christique, à la différence des baies latérales où Marie recevait son couronnement dans les Cieux après son Assomption. Elle vient faire un glorieux contre-point à la Couronne d'épines. Mais elle renvoie aussi aux couronnes répétées sur la bordure des lancettes.

Les anges méritent toute notre attention ; nous remarquons alors qu'ils ont deux paires d'ailes de deux couleurs bleue ou verte, et que leur corps est couvert de plumes. Ils flottent sur des nuées. Ce sont des chérubins. 

Fond rouge à feuilles en lanières dans les interstices.

Jaune d'argent sur le corps, la chevelure et parfois les ailes des chérubins, et sur les couronnes.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES ANGES MUSICIENS  DES ÉCOINÇONS.

Deux cartons sont repris après inversion, et nous avons donc, en double, deux anges jouant l'un d'une mandore et l'autre d'une vièle à archet. Dans les deux cas, les instruments sont piriformes, monoxyles ou bien à côtes  et leur table est sculptée d'une rosace centrée, a priori décorative sculptée sans fonction d'ouïe. Dans les deux cas encore, le cheviller est recourbé sur lui-même et son extrémité est sculpté d'une tête d'animal. Il reste à les détailler.

 

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1°) L'ange joueur de  rebec.

Ce qu'on observe, c'est un instrument piriforme étroit et long, à six cordes (six chevilles), dont on peut décrire trois parties. La première, formant l'arrondi de la poire, est creux, puisqu'elle est dotée de deux ouïes en forme de C. Elle est plus basse que la suivante, et séparé de celle-ci par une crête. Vient ensuite la partie moyenne, centrée par une rose décorative, et sur lequel l'archet vient jouer sur les cordes. Enfin, le chevillier, creusé, forme un demi-cercle et s'achève par une tête d'animal (un dragon). L'instrument est tenu sur la poitrine, son fond calé sur la face interne du bras. 

L'ange tient un archet bombé, le poignet en pronation, la main tenant un manche.

Les deux instruments de droite et de gauche sont quasi identiques, celui de gauche est plus facile à observer.
 Dois-je y voir un rebec ? Le distinguer d'une vièle ?

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les anges portent l'amict brodé d'orfrois dorés sur une aube plissée qui retombe en un feston bouffant au dessus de la ceinture. Les poignets sont bordés par un galon doré. Le jaune d'argent utilisé pour ces broderies d'or se retrouve aussi employé pour la chevelure, mais peut-être aussi pour rehausser l'œil gauche de l'ange de droite (voir la vue rapprochée).

 

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Je vais d'abord m'attacher à retrouver, sans succès, des exemples de vièle ou rebec présentant ce chevillier bien particulier, puis à trouver des illustrations à peu près contemporaines de cette verrière de 1402.. Les vièles que je vais trouver sur la voûte de la Chapelle de la Vierge (Jean de Bruges, vers 1377), ont un cheviller droit (Luc Chanteloup utilise à son sujet le terme de rebec ou pochette). De même pour celles ornant les enluminures des Très Belles Heures de Notre-Dame, (1375-1400), peintes par le Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans).

De même, le rebec des anges  des Très Belles Heures de Notre-Dame est à chevillier droit (folio 67v, Noces de Cana).

 

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Ange joueur de rebec,  voûte de la Chapelle de la Vierge (Jean de Bruges, vers 1377), photographie lavieb-aile 2014.

Ange joueur de rebec, voûte de la Chapelle de la Vierge (Jean de Bruges, vers 1377), photographie lavieb-aile 2014.

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Ange joueur de rebec, Très Belles Heures de Notre-Dame est à chevillier droit (folio 67v, Noces de Cana).

Ange joueur de rebec, Très Belles Heures de Notre-Dame est à chevillier droit (folio 67v, Noces de Cana).

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2°) L'ange joueur de mandore.

L'instrument est une mandore, un instrument à la caisse en demi-poire, plus étroit que le luth, et dont les trois, quatre ou six cordes (comme ici si j'en juge par le nombre de chevilles) produit un son plus aigu. La table est décorée d'une rosace. Le cheviller décroche du corps de l'instrument à angle droit avant de décrire un demi-cercle et de s'achever en tête de dragon. 

Mais surtout, la peinture sur verre montre parfaitement le plectre, cet accessoire qui ressemble ici à un haricot vert en S allongé, mais qui est habituellement confectionné grâce à une plume d'oie ou une fine tranche de corne. Tenu entre pouce et index, il prend  appui sur la première commissure.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La recherche iconographique d'instruments identiques, avec la tête d'animal, est plus fructueuse. 

— Parmi les 47 anges des voûtains de la Chapelle de la Vierge en la cathédrale du Mans, peinte par Jean de Bruges vers 1377, l'un joue d'une mandore. Les doigts de la main gauche appuient sur chacune des trois doubles cordes, la main droite, munie d'un plectre, sorte de stylet tenu entre le pouce et le majeur, pince les cordes. Le cheviller, en forme de crosse recourbée vers l'avant, distingue la mandore du luth. Il se termine par une tête de monstre sculptée.  (Voir Jean-Marcel Buvron, Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, Les anges musiciens de la cathédrale du Mans, 2005, ou Luc Chanteloup, , Les anges musiciens de la cathédrale du Mans, un concert céleste, Ed. de la reinette 2009).

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Voûte de la chapelle de la Vierge, Le Mans, par Jean de Bruges vers 1377. Photographie lavieb-aile.

Voûte de la chapelle de la Vierge, Le Mans, par Jean de Bruges vers 1377. Photographie lavieb-aile.

Voûte de la chapelle de la Vierge, Le Mans, par Jean de Bruges vers 1377. Photographie lavieb-aile.

Voûte de la chapelle de la Vierge, Le Mans, par Jean de Bruges vers 1377. Photographie lavieb-aile.

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Sur le coin supérieur de l'enluminure du Couronnement de la Vierge, peint en 1375-1400 pour les Très Belles Heures de Notre-Dame, folio 75v, on trouve un ange joueur de mandore. L'instrument est monté avec quatre cordes, et quatre chevilles ; le chevillier en crosse se termine par une tête de femme. La tenue du plectre se fait entre pouce et index, tandis que le majeur semble posé sur la corde la plus basse. La position des doigts de la main gauche est peinte de façon si précise qu'un musicien pourrait sans doute en tirer des conclusions sur l'accord ou le jeu. 

Au total, ces trois représentations du même instrument (avec quelques variantes) se valident mutuellement, d'autant qu'elles sont toutes datées de la fin du XIVe ou tout début du XVe (entre 1375 et 1402). Ce qui pourrait même permettre d'étudier les rapports entre Jean de Bruges, Jean d'Orléans (Maître du Parement de Narbonne)  et l'auteur de la maîtresse-vitre de Saint-Jacques de Merléac.  

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Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Couronnement de la Vierge folio 75v. Gallica.

Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Couronnement de la Vierge folio 75v. Gallica.

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Dans les marges des folios 67v et  161v des Très Belles Heures de Notre-Dame, se trouve un nouvel exemple de cet ange joueur de mandore. Associé à un joueur de rebec.

Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400),  enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans),  Noces de Cana. Gallica.

Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Noces de Cana. Gallica.

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Folio 161v, Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400),  enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans),  Noces de Cana. Gallica.

Folio 161v, Très Belles Heures de Notre-Dame (1375-1400), enluminure du Maître du Parement de Narbonne (Jean d'Orléans), Noces de Cana. Gallica.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Précision sur les amicts des anges.

Ces amicts sont bien particuliers par le savant repli du tissu sur lui même qui, comme pour les serviettes pliées dans un restaurant, transforment le banal carré d'étoffe en un accessoire particulièrement élégant. Ce raffinement tient à l'évasement des formes sur les épaules, mais surtout au dessin en U ballonisé des deux pointes de col qui tendent à se rejoindre. Plus tard, à partir de 1423, ce dessin en U adoptera la forme de la lettre oméga minuscule ou d'un W arrondi, dans les sculptures sur pierre des anges du Maître du Folgoët.

Pourrait-on en déceler les sources ?

J'en trouve un exemple dans un Trône de Gloire lorrain du XVe siècle restauré par Muriel Oiry en 2010 (Salle lapidaire du Musée d’art et d’histoire de Toul,  déposée de la façade occidentale de l’église Saint-Gengoult de Toul ). Les photos proviennent de son article et sont sa propriété :

 

 

Muriel Oiry, Le Trône de Grâce : étude et la restauration d’une Trinité lorraine du XVe siècle, https://ceroart.revues.org/1748
Muriel Oiry, Le Trône de Grâce : étude et la restauration d’une Trinité lorraine du XVe siècle, https://ceroart.revues.org/1748

Muriel Oiry, Le Trône de Grâce : étude et la restauration d’une Trinité lorraine du XVe siècle, https://ceroart.revues.org/1748

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Remarque complémentaire sur le duo rebec / mandore.

Deux anges musiciens jouant face à face l'un d'un rebec, l'autre de la mandore (avec un plectre), est représenté aussi dans la chapelle Saint-Jacques, sur les lambris peints du bas-coté nord, au sein d'un instrumentarium plus étoffé.

De plus, si le chevillier de la mandore est droit, perpendiculaire au manche, celui du rebec est en crosse terminé par une tête féminine. 

Voilà les photos qui les concernent, en attendant l'article consacré à ces peintures.

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Peintures murales du bas-coté nord, de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Peintures murales du bas-coté nord, de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Ange jouant du rebec , peintures murales du bas-coté nord, de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Ange jouant du rebec , peintures murales du bas-coté nord, de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES TRILOBES.

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1) Aux fleurs de lys.

Si ces fleurs de lys sont d'origine, et non le fruit d'une création par un restaurateur, elles inciteraient à rechercher leur signification héraldique en association avec les macles des Rohan.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. Trilobe aux armes des Rohan .

de gueules aux macles d'or.

En 1402, le vicomte de Rohan en titre était Alain VIII de Rohan, fils de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Léon (morte en 1372). Vicomte de Rohan de 1396 à sa mort en 1429. Il était l'époux, depuis 1380, de Béatrix de Clisson, fille du connétable Olivier V de Clisson. 

Son fils, le comte de Porhoet, était né vers 1382 et avait donc 20 ans. Il deviendra vicomte de Rohan en 1429 sous le nom d'Alain IX.  A l'époque de la création de ce vitrail, il était célibataire, puisque son mariage avec Marguerite de Bretagne sera célébré en 1407.

 Le commanditaire, ou du moins le seigneur qui exerça ses droits prééminence sur cette verrière axiale était donc Alain VIII de Rohan.

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Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse vitre de 1402 de la chapelle saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DISCUSSION.

 Autant les panneaux des lancettes et des tympans des  baies latérales contemporains de cette maîtresse-vitre étaient voués au culte de la Vierge, de son Assomption et de son titre de reine, autant la vitre axiale de la chapelle Saint-Jacques est dédié, mis à part le registre consacré à saint Jacques comme patron de l'édifice, à la Christologie. Les lancettes de la Passion sont complétées par le tympan, dont la rose est centrée par le visage du Christ, entouré de ses douze disciples et adoré par un cortège d'anges qui chantent ses louanges et sa divinité par les accents du Sanctus.

Mais c'est surtout l'importance des douze articles de la Foi, piliers de son Église, qui est affirmée.

Il est si courant de voir, en franchissant les porches des églises et chapelles bretonnes, les deux groupes de six apôtres portant en écharpe l'article de ce Credo apostolique qu'on oublierait volontiers que toutes ces sculptures de pierre sont postérieures au premier quart du XVe siècle, puisque les premiers porches suivent la construction de la collégiale du  Folgoët en 1423. Le porche de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou, qui en est un superbe exemple, date de 1481-1509, et son homologue de Plourach de 1458-1488.

De même, l'autre exemple de Credo apostolique (et prophétique) sur un vitrail de Bretagne, celui de Quemper-Guézennec, date de 1460-1470. 

Ce cortège des douze apôtres tenant leur phylactère serait, sous réserve d'inventaire, la première manifestation dans notre Région de cette tradition iconographique. 

Dans les provinces voisines, il faut attendre 1430-1435 pour voir ce Credo apostolique traité en vitrail à la cathédrale Saint-Julien du Mans, sous la Rose de la baie 217.

Seule, la cathédrale de Metz peut s'enorgueillir de sa baie occidentale de 1384 qui traite, sous la grande Rose, du Credo apostolique et prophétique. Elle n'est antérieure que  de moins de vingt ans à la verrière de Merléac.

Cela lui confère donc un intérêt manifeste. Mais nous pouvons aller plus loin dans nos considérations.

En effet, s'il faut rechercher des exemples iconographiques dans les autres arts, et après avoir écarté les œuvres postérieures à ce vitrail de 1402 (comme le Baptistère de Sienne de 1450, ou les ouvrages imprimés comme les Calendriers des Bergers), nous trouvons des manuscrits comme le Verger de Soulas ou Speculum Theologiae de la fin du XIIIe siècle folio 13v,  le Livre d'heures de Jeanne II de Navarre, enluminé à Paris vers 1330 (Bnf NAL3145), ou le Bréviaire de Belleville Bnf Latin 10483  (1323-1326)   mais c'est surtout dans les manuscrits  du duc  Jean de Berry (1340-1416)  que nous trouvons l'expression de ce thème :

a) Le Psautier de Jean de Berry peint vers 1380-1400, enluminé par André Beauneveu, et où chaque apôtre et chaque prophète occupe une page particulière, avec le texte de son article ou de sa prophétie en latin et en français. Ce serait un psautier à l'usage de Bourges.

b) Les Grandes Heures de Jean de Berry, peintes vers 1400-1410, où un apôtre tenant un phylactère et un prophète affilié est représenté en bas de chaque page du calendrier, comme dans le Bréviaire de Belleville. Mais ce dernier manuscrit est déjà postérieur au vitrail de Merléac.

Il faut ajouter que l'on voit encore en la crypte de  la cathédrale de Bourges les vitraux des apôtres et des prophètes qui éclairaient jadis la Sainte-Chapelle de Bourges, consacrée en ...1405. Ces vitraux avaient été peints par André Beauneveu.

En conclusion, il existe un faisceau d'argument pour penser que le choix iconographique de la verrière de Saint-Jacques de Merléac a été influencé par les vitraux et les enluminures commandés par le duc Jean de Berry entre 1380 et 1410. Plus précisément, l'influence d'André Beauneveu a pu être déterminante, en tant que peintre d'enluminure et de vitraux à Bourges vers 1486-1488.

Il resterait à étudier les voies de cette influence du Centre-Val de Loire sur la Bretagne et des liens entre les Rohan et la cour de Bourges. Ces liens peuvent passer aussi par les Clisson en raison du mariage, en 1380, de Béatrix de Clisson, fille du connétable Olivier V de Clisson, avec Alain VIII de Rohan.

Un argument peut être évoqué : c'est la ressemblance entre les fonds damassés des vitraux de Saint-Jacques de Merléac et ceux des tentures derrière les apôtres et prophètes du Psautier de Jean de Berry à feuilles F1 ou F2. Les rinceaux R1 s'y observent dans les lettrines des pages suivantes.

 

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f44.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f45.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f48.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f49.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f52.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f53.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f56.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f57.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f61.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f355.item

Les lettrines à rinceaux polycycliques R1

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f63.item.zoom

Par contre, ces fonds damassés sont très simples, si on les compare à ceux de vitraux de la Sainte-Chapelle de Bourges, eux aussi consacrés à un Credo apostolique (complété par les Prophètes, une Sibylle, etc). 

 

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ANNEXE.

Un Mystère de la Résurrection a été joué à Angers en 1456, copié sur un manuscrit conservé au musée Condé de Chantilly, sur un manuscrit de la Bnf français 972 daté de 1491 et imprimé par Antoine Vérard en 1499.

Le manuscrit de Chantilly contient, à la fin du Mystère, un Credo en allemand et un Credo en breton. Ce Credo breton étudié par P. Le Nestour est très précieux puisqu'il précède, comme témoignage du breton armoricain, le Catholicon de Lagadeuc (1464), mais aussi, pour mon sujet, parce qu'il atteste du culte du Credo en Bretagne, et de la forme qu'il prenait au début du XVe siècle.

Le Mystère de la Résurrection de 1456 montre d'une part comment est mis en scène l'énonciation des articles du Credo par chaque apôtre lors de la Pentecôte dans l'enceinte du Cénacle. Les vers 19316 à 19319 donnent l'attribution des articles à chaque disciple par saint Pierre, qui s'exprime :

Si je pense chascun en son cueur

D'entre nous douze, d'en dicter

Ung article et le rapporter

Par escript, desquelz je seray

Celluy qui le premier feray,

Et Jehan Zebedee sera

Celluy qui le second fera,

E Jacques son frere le tiers,

Et mon frere André volentiers

Fera le quart, comme il advient,

Et Phelippe fera le quint

Et Thomas fera le VIe,

Et Berthelemé le VIIe

Mace le VIIIe dictera

Et Jacques Alheus ara

La charge du neufme faire

Et Simon Zelotes, son frere

Escrira le dizieme a plain

Et son autre frere germain,

Judas Thedëus, escripra

Le Xie article et baillera,

Et Mathias, nouvellement,

receu, fera l'achevement

Du XIIe article dicter.

Les vers suivants 13340-13367 donnent le texte latin des articles.

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SOURCES ET LIENS.

http://www.patrimoines.lorraine.eu/fileadmin/illustrations/C006198_291-93.pdf

— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France  page 246-296

https://archive.org/stream/lartreligieuxdel00mluoft#page/250/mode/2up/search/credo

— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres

http://patrimoine.amis-st-jacques.org/documents/000135_e_male_credo_des_apotres_2.pdf

— Wikipédia André Beauneveu

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Beauneveu

— PSAUTIER DE JEAN DE BERRY, Bnf fr. 13091, 1380-1400. Enluminures d'André Beauneveu.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f16.image.zoom

— GRANDES HEURES DE JEAN DE BERRY  ou Horae ad usum Parisiensem , 1400-1410

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b520004510/f11.item

— BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m/f13.image

PICHON (Denis) , 2000, Note sur les peintures murales de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren : présence d'un Credo prophétique Société d'émulation des Côtes-d'Armor, 2000, 130, p. 115-122

— Jean-Marcel Buvron, Luc Chanteloup, Philippe Lenoble, 2003, Les anges musiciens du Mans. Textes de Jean –Marcel Buvron, Luc Chanteloup et Philippe Lenoble – Conception et maquette : Philippe Maillet et Jean-Luc Prou. Editions de la Reinette, 9 rue des frères Gréban - 72009 - Le Mans Cedex 

 — Baptistère de Sienne : http://www.viaesiena.it/fr/caterina/itinerario/battistero/articoli-del-credo/articoli-della-seconda-campata

 

— RANSON (Lynn) 2002 A franciscan program of illumination Insights and Interpretations: Studies in Celebration of the Eighty-fifth .publié par Colum Hourihane  ..pp 84-89 En ligne

 —COUFFON (René)  1935, "Les verrières anciennes des Côtes-du-Nord" Bulletins et Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord t.67 pp.115-117. En ligne. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f141.image

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel) 2005 , Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes pp.100-102.

DONNART (Mireille)  La maîtresse-vitre de Quemper-Guézennec (fin XVe siècle) Mémoire de maîtrise Paris X-Nanterre 1990. (non consulté)

DONNART (Mireille), 1993 "Prophètes et apôtres dans la La maîtresse-vitre de Quemper-Guézennec (fin XVe siècle)", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993). L'auteur reprend les assertions de René Couffon, ses transcriptions erronées des phylactères et ses fausses identifications des auteurs des versets prophétiques, de même que l'évocation de l'influence de Maître Francke.

GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée,  Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne 

— LE BIHAN (Jean-Pierre) "Vitraux disparus et comment ? Quemper -Guézennec, un Credo des apôtres découvert", Blog 

 

RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.

 

ANGES ET AMICTS

—  OIRY (Muriel), « Le Trône de Grâce : étude et la restauration d’une Trinité lorraine du XVe siècle », CeROArt [Online], EGG 1 | 2010, Online since 18 November 2010, connection on 29 September 2017. URL : http://ceroart.revues.org/1748

—Vente Laurence Fligny : tête d'ange

http://www.fligny-haute-epoque.com/fr/tete-dange-37/

— Chef-reliquaire de Saint-Férreol

http://www.culture.gouv.fr/emolimo/chef.htm

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 17:47

La chapelle Saint-Jacques à Merléac (22) : la maîtresse-vitre (1402) III : le registre inférieur.

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— Sur cette chapelle, voir :

— Sur les vitraux du XIVe à grisaille losangée, voir:

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— Sur les vitraux, voir : Les articles de mon blog traitant des vitraux. (160 articles).

 

 

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Nota bene : on trouvera en fin d'article ma discussion sur les M gothiques couronnées et le mécénat éventuel des Clisson...ou des Rohan.

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Le chœur de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le chœur de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Description par Couffon en 1935 :

 

"Le vitrail proprement dit est divisé par les sept meneaux de la fenêtre en huit lancettes comprenant chacune sept panneaux, soit au total cinquante six panneaux. Les trois derniers de chaque lancette, soit vingt-quatre panneaux, forment une vaste tenture formée de petits losanges sur lesquels sont représentés en grisaille des chouettes et divers oiseaux. Sur les bordures des lancettes, l'on trouve des couronnes d'or surmontant un M gothique, lettre chère aux Rohan et aux Clisson, ou la lettre M seule, alternant avec des coquilles de saint Jacques." (René Couffon, 1935)

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Présentation.

Dans le courant du XIIIe siècle, les ateliers de verriers abandonnèrent la disposition des vitraux en succession verticale de médaillons, entièrement  en verre de couleur et donc assez sombres, et eurent l'idée de placer le sujet principal en verre coloré (un ou plusieurs saints personnages en pied, sous des dais) dans un vaste espace de verre blanc ou "vitrerie". Comme une nouvelle technique de peinture, le jaune d'argent, venait d'être découverte à Paris et d'être appliquée largement à partir des années 1330, permettant de colorer en jaune sans placer un verre de couleur jaune entre des plombs, cette vitrerie reçut une décoration mariant la grisaille et le jaune d'argent. 

Les solutions pour encadrer la plage colorée centrale sont diverses. Soit la vitrerie l'entoure sur ses quatre cotés, comme à la cathédrale de Chartres pour les baies 6, 10 et 26 . Soit le verrier choisit une disposition "en litre", la zone colorée occupant une bande horizontale médiane au dessus et au dessous d'une bande de vitrerie, comme à la cathédrale d'Évreux dans la chapelle du Rosaire vers 1360-1370. Soit encore, comme à Saint-Jacques de Merléac en 1402, en réalisant dans la moitié supérieure deux registres de huit scènes colorées (éclaircies par des supports et des dais en grisaille), au dessus de toute la partie basse traitée en vitrerie. Cette solution garantit l'entrée de la lumière sur le chœur et son autel, mais laisse suffisamment de place pour illustrer la Vie de saint Jacques et la Passion du Christ.

Dans tous les cas, il fut d'usage 1) que cette vitrerie soit cloisonnée par un quadrillage sous la forme de losanges sertis dans des plombs, 2) que la bordure fasse alterner des verres blancs et des verres colorés, 3) que des fermaillets ou des médaillons de verre coloré ponctuent de place en place l'espace vitré en blanc.Et c'est donc le cas à Saint-Jacques.

La chapelle montre d'autres exemples de ce choix dans les baies latérales 5 et 7 actuelles, qui résulte d'une recomposition moderne, mais où l'on retrouve des bordures, une vitrerie de losanges et des fermaillets semblables à ceux de la maîtresse-vitre.

L'intérêt de l'examen de cette partie basse de la maîtresse-vitre s'accroît donc lorsqu'on le situe dans une démarche de comparaison des verrières analogues, notamment sous l'influence des ateliers de Rouen travaillant en Haute et Basse-Normandie et de ceux travaillant en Centre-Val-de-Loire. Une démarche à laquelle les damas à oiseaux affrontés ou le rehaut de jaune d'argent sur les yeux des personnages sur les deux registres de la Passion et de la Vie de saint Jacques nous avait déjà initiés.

 

 

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La partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES QUATRE LANCETTES DE GAUCHE.

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Lancettes gauche de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancettes gauche de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette A (celle la plus à gauche).

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a) La bordure alterne, entre deux lignes de perles blanches (enlevées sur la grisaille)  des rectangles de couleur rouge et des carrés de verre blanc. Ces verres sont peints à la grisaille de coquilles Saint-Jacques et de couronnes. Les coquilles, emblème de saint Jacques patron de la chapelle et marque des pèlerins y faisant halte sur le Chemin partant de l'abbaye de Beauport, sont de signification transparente. Les couronnes ne peuvent être attribuées à un commanditaire royal, ni chez les Rohan ni chez les Clisson mentionnés par Couffon en introduction. Y voir la couronne ducale est peu probable ; mais signalons qu'en 1402, le duc de Bretagne est Jean V , époux de Jeanne de France, fille de Charles VI. Ces couronnes sont-elles seulement empruntées à la baie 17 d'Évreux (qui alterne couronne et fleur de lys) ? Aucune de ces hypothèses n'est satisfaisante. Je rappelle que ces couronnes se voient aussi sur la bordure de la baie n°5 alors que des fleurs de lys occupent celle de la baie n°3, mais aussi que ces baies latérales honorent largement la Vierge et son couronnement. Ces couronnes pourraient donc avoir une signification liturgique et mariales plutôt que héraldique ou temporelle.

En bas et à gauche de la bordure du deuxième panneau, une M gothique couronnée. On a lu que Couffon  qualifie ce M de lettre chère aux Rohan et aux Clisson. F. Gattouillat et M. Hérold décrivent avec un point d'interrogation prudent "La lettre M de Marguerite de Rohan (?)". 


 

b) l'ornementation végétale

Les losanges entiers sont occupés soit par un oiseau, soit par un motif floral. On y trouve alors en majorité une fleur à inflorescence jaune centrale ronde entourée de quatre pétales blancs en étoile et quatre fins folioles jaunes.

Les demi-losanges périphériques montrent la moitié d'un décor qui sera mieux visible ensuite, sous la forme d'un groupe de quatre feuilles de chêne en croix ou en svastika autour d'un centre à quadrilobe. 

c) le décor aux oiseaux.

Seize losanges sont décorés d'oiseaux. Ils s'agit soit de hiboux (qui se distinguent des chouettes par la présence d'"oreilles") dessinés de face,  soit de passereaux, soit  d'oiseaux de proie, dessinés ailes déployées ou repliées, tête dressée ou baissée. Les mêmes cartons se retrouvent répétés, inversés ou non. Le fait que le nom Merléac viennent apparemment du latin merulius "merle" n'a sans-doute aucune importance. Les trois baies de la chapelle du Rosaire de la cathédrale de Chartres, réalisées en 1360-1370, portent également, dans les losanges de leur vitrerie, des paires d'oiseaux ressemblant peu ou prou à des merles ou des grives. 

d) Le médaillon central est une figure géométrique intégrant des dessins de feuilles ou de pétales, dans un encadrement en grisaille et jaune. Les verres sont rouges, bleus, bleu clair, verts, jaunes, et oranges.

 

Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette A de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette B.

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La bordure ne change que par la couleur verte des pièces colorées. Là encore, une lettre M gothique couronnée occupe le bas du coté gauche.

Les losanges gardent la même ornementation, mais le motif à quatre feuilles de chêne occupe des losanges entiers.

Les oiseaux sont les mêmes : les fermaillets, bien que tous différents, répondent au même modèle.

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Lancette B de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette B de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette B de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette B de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette C.

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La couleur des pièces colorées de la bordure devient, par règle d'alternance, rouge. On retrouve à coté des couronnes et des coquilles  le M gothique couronné cité, à droite dans le premier panneau. Dans le panneau inférieur se trouvent deux lettres M gothiques non couronnées.

Les losanges gardent la même ornementation, mais le motif à quatre feuilles de chêne occupe des losanges entiers.

Les oiseaux sont les mêmes : les fermaillets, tous différents, répondent au même modèle que dans les lancettes précédentes.

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Lancette C de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette C de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette C de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette C de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette C de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette C de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette D.

Les verres colorés de la bordure sont bleus. A coté des couronnes d'or et des coquilles, ou de couronnes agrémentées d'une fleur, les lettres M gothiques sont présentes 7 fois, et les M couronnées 2 fois .

Lancette D de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette D de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette D de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette D de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette D de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette D de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES QUATRE LANCETTES DE DROITE.

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Elles se distinguent des précédentes par la présence de trois écus, et d'une inscription.

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Lancettes droites  de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancettes droites de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette E.

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La bordure accueille des verres bleus et les couronnes, les coquilles et une M couronnée. Les oiseaux et fleurs des losanges sont les mêmes que du coté gauche.

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Panneau supérieur :  un blason.

Il porte les armoiries mi-parti en 1 d'azur à la croix engreslée d'or et en 2 de gueules aux six burelles d'or. Le Corpus propose de voir les armes "attribuées aux du Houlle en alliance avec les Trogoff (ou Rosmadec)" . Voir Discussion.

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Lancette E de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette E de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette E de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette E de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette E de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette E de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette F.

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Bordure bleue. Coquilles, couronnes,  5 lettres M gothiques couronnées, 1 M gothique.

Le blason porte sur un fond rouge à feuillages les armes des du Houlle :  D'azur, à la croix engreslée d'argent. 

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Lancette F de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette F de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette F de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette F de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette F de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette F de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette G.

Bordure en verres rouges avec 3 M couronnées.

Le blason porte les armes des du Houlle :  D'azur, à la croix engreslée d'argent. 

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Lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Inscription du bas de la lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription du bas de la lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette G, panneau inférieur : l'inscription de création.

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On y lit : 

: G : BEART  . FIST . CESTE . VITRE .
LAN . M . IIIIC . E . II .

"G[uillaume] Béart fist faire ceste vitre l'an 1402 (Mil quatre cent et deux)"

 

"La Maîtresse vitre est très importante pour l'histoire des verrières bretonnes puisqu'elle est datée et signée. On lit en effet, au bas et à droite de la vitre, dans un cartouche, l'inscription suivante en lettres gothiques : G béart fist ceste vitre l'an M IIIIc e II (1402).

Ce nom de Béart est bien connu. Imagier et doreur à Rennes, Guillaume Béart travaillait en 1408 pour Saint-Pierre de Rennes. Il appartenait à une famille de peintres verriers rennais. En 1375, Perrot Béart et Raoul Béart travaillaient à la grande vitre de la cathédrale de Rennes ; et, en 1435, autre Perrot Béart travaillait au Rheu, en compagnie de son fils Jamet Béart qui n'était âgé que de 15 ans." (René Couffon 1935).

 

"L'artiste, Guillaume Béart, est membre d'une illustre famille de peintres verriers connus pour leurs travaux à la .cathédrale de Rennes dans le dernier quart du XIVe siècle, et un siècle plus tard à la cathédrale de Tours... Gilles, passe contrat avec Charles de La Marche en 1543 pour exécuter un vitrail, malheureusement disparu, destiné à l'église" .Xavier Barral i Altet - 1983

 

"Cette famille Beart était, paraît-il, douée pour les arts d'une aptitude toute spéciale, car un autre compte du Chapitre de Rennes fait connaître, en 1408, l'existence d'un Guillaume Beart imagier et doreur, qui travaillait aussi pour la cathédrale de saint-Pierre"  Bulletin archéologique et agricole de l'Association bretonne, Volume 4 1852

" L'auteur de la verrière de Merléac est identifié par la présence d'une signature généralement interprétée comme celle de Guillaume Béart, plusieurs fois mentionné dans les archives rennaises, membre d'une famille de peintres et peintres verriers  documentés depuis 1375, notamment à la cathédrale. Près de Rennes, à l'église de Rheu, une grande verrière avait été exécutée en 1435 par Perrot Beart pour les seigneurs de la Freslonnière." (Gatouillat et Hérold 2005)

 

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Inscription du bas de la lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription du bas de la lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Inscription du bas de la lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription du bas de la lancette G de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette H. 

Bordure à verres bleus, à couronnes et à coquilles.

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La lancette H de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La lancette H de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette H de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La lancette H de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette H de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La lancette H de la partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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VUES DE DÉTAILS.

Les fermaillets.

Les oiseaux.

les fleurs.

La bordure :

les coquilles

les couronnes

le M couronné.

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1. Les fermaillets.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. Les oiseaux.

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a) Le hibou.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) un autre oiseau dans un motif floral.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3. Les fleurs.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4. Les bordures.

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a) Couronnes et coquilles Saint-Jacques.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) Le M couronné.

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Partie inférieure de la maîtresse-vitre de  la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Partie inférieure de la maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DISCUSSION I. LES M  COURONNÉS.

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F. Gatouillat et M. Hérold 2005 désignent (page 27) comme donateurs de la chapelle le connétable Olivier de Clisson (1336-1407) et son épouse Marguerite de Rohan :

"Dans le décor alors mis en place [après les considérables travaux menés vers 1400 dans la chapelle construite en 1317] l'emblématique de l'épouse d'Olivier de Clisson est largement déployée dans la chapelle d'axe, datée de 1402 : les M de Marguerite jalonnent les bordures, et les macles des Rohan occupent la totalité des ajours inférieurs du tympan."

Ces auteurs attribuent à ce couple deux autres donations religieuses de prestige à Saint-Brieuc  et à la chapelle Saint-Gobrien de Saint-Servant de l'Oust.

La chapelle Notre-Dame de la Fontaine à Saint-Brieuc.

 Ils écrivent " À Notre-Dame-de-la-Fontaine de Saint-Brieuc,  Dubuisson-Aubenay vit, lors de son "itinéraire" de 1636, les armes de Marguerite de Rohan  accompagnées de la devise POUR CE QUI ME PLEST."

Or, le texte de Dubuisson-Aubenay (Itinéraires, Tome I, p. 71) est un peu différent.

"Outre ces 3 églises, il y a des chapelles, comme celle de St Gilles proche la grande église; celle de Nostre Dame, au bout de laquelle, soubz un portique, sourt une belle fontaine qui mesle son ruisselet avec celuy de la fontaine St Brieu, et s'en vont en celuy de l'Ingoguet, et tous ensemble tombent en la rivière de Gouct. La chapelle est fort jolie et a un vitrait fait de l'an 1447 où sont les armes des cadets d'Avaugour. Au grand vitrail sont des armes, comme il y en a au vitrail du bout boréal de la croisée de St Brieu, à savoir de gueules au lyon d'argent coronné d'or, mi-parties de gueules à neuf macles d'or. Et partout ce sont M [écrit en onciale gothique dans le texte] d'or et d'azur, coronnés d'or avec cette devise Pour ce qui me plest. C'est, en bonne orthographe : "Pour ce qui me plait". La tradition porte que ce fut une Margot de Clisson, mariée à un de Rohan, qui la feit bastir. Mais cela seroit fort estrange que les armes de la femme fussent devant et au costé droit de celles du mary, veu que maisme le mary estoit de plus ancienne et illustre maison. "

Ce qu'a vu l'auteur, ce sont, "partout" des M en onciale gothique,  d'or et d'azur, couronnés d'or :

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Dubuisson-Aubenay n'écrit nulle-part qu'il s'agit, comme l'extrapolent les auteurs du Corpus, des armes de Marguerite de Rohan.

Et pour cause. Ce M, écrit en onciale gothique, couronné d'or ou non, est propre à Olivier de Clisson, et non à son épouse, et le M n'est pas — du moins à l'origine — l'initiale de Marguerite mais celle de la Vierge Marie.  Ce que je souhaite démontrer maintenant. 

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1°) La bague signet et les trois sceaux d'Olivier de Clisson.

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LA BAGUE-SIGNET DE JANVIER 1370.

Selon Bruel commentant Quicherat, "La première pièce que nous ayons, scellée par Clisson de la bague-signet à laquelle il est fait allusion, est antérieure de quelques mois à celle du 21 juillet 1370, que Quicherat cite d'après Dessalles. C'est une protestation de fidélité faite à Charles V, au nom du duc Jean IV, par les deux ambassadeurs bretons Hugues de Montalais, évèque de Saint-Brieuc, et Olivier de Clisson, le 26 janvier 1370 (n. st.). (Arch. nat., J241b, n° 50 bis.) " (Bruel)

 

LES SCEAUX (OU SIGNETS)

 Les trois sceaux conservés d'Olivier de Clisson,  de 1370 à 1397,  portent plusieurs  M en onciale gothique, alors qu'il n'épousa Marguerite de Rohan qu'en 1378. Ils ont été décrits dans la Collection de sceaux de   Louis Douët d'Arcq en  1803. https://archive.org/stream/collectiondescea01douuoft#page/294/mode/2up

 

PREMIER SCEAU D' OLIVIER DE CLISSON. (1370).

Sceau carré arrondi, de 15 mill. — Arch. de l'Emp. J 400, n° 66.

Ce sceau remarquable est probablement l'empreinte d'un chaton de bague. On y voit un heaume vu de face,couronné et cimé d'un vol, et accompagné de chaque côté de trois M gothiques mises en pal.(Sans légende.) Appendu à une promesse d'«Olivier, sire de Cliçon,» au roi, de lui rendre à première sommation le château de « Chastel-Jocelin. » — Paris, 21 juillet 1370. — Olivier de Clisson n'était pas encore connétable.

DEUXIÈME SCEAU (1387).

Fragment de sceau. rond, d'env. 35 mill. — Arch. de l'Emp. J 186,n° 69 bis.

Sceau armoriai. Ecu au lion; penché, timbré d'un heaume de face cimé d'un vol, qui est accosté de deux M gothiques ; supports, deux griffons.(Légende détruite. )Appendu à un acte où s Olivier, seigneur de Cliçon et de Belleville, connestable de France,» ordonne de lever dans ses terres de Poitou les aides mises par le roi pour le fait de la guerre. — 2 août 1387.

—  TROISIÈME SCEAU (1397).

Sceau rond, de 38 mill. — Arch. de l'Emp. K 57, n° 9 . Un homme de guerre debout, vu à mi-corps issant d'une tour, coiffé d'un heaume cimé d'un vol, tenant une épée nue à main droite, et à gauche un bouclier au lion couronné. Dans le champ cinq M gothiques, et sur une banderole la devise POUR CE QU'IL ME PLEST.

+ SEEL OLIVIER DE CLISON ET DE BELLEVILLE. Appendu à une lettre d'Olivier de Clisson, écrite eu français, où il s'engage à prendre le parti du duc d'Orléans. «Ce fut fait en nostre chastel de Chastel-Jocelin,» le 10 octobre 1897.

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M.G. Demay, dans Le Blason d'après les sceaux du Moyen-Âge page 83, donna une illustration du  sceau d'Olivier de Clisson  de 1397 avec "l'homme armé, issant à demi d'une tour crénelée" . On compte 4 M gothiques sur les ailes du heaume, et une autre plus discrète sous la couronne.

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4412859/f127.image

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2°) Une ornementation par M gothique des immeubles construits par Clisson.

Olivier de Clisson se fit construire un hôtel  à Paris en 1371,  un château à Blain (sur les ruines de la forteresse rasée en 1260), et fit aménager le château de Clisson, où il était né. Tous ces bâtiments portent la lettre M en onciale gothique.

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a) L'hôtel de Clisson, aujourd'hui Hôtel de Soubise  rue des Archives à Paris, quartier du Marais.

« En 1371, Olivier de Clisson, Connétable de France, entreprend la construction d'un hôtel particulier sur les terrains qu'il vient d'acquérir à l'extérieur des remparts de Philippe Auguste. De ce premier hôtel n'est conservée aujourd'hui que la porte fortifiée avec ses tourelles en encorbellement coiffées en poivrières, donnant sur la rue des Archives, seul vestige encore visible de l'architecture privée du XIVe siècle à Paris." (Wikipédia

"Au-dessus de l'arcature sont sculptés deux médaillons, portant un M couronné, avec les mots gravés : pour ce qui me plel, qui était la devise d'Olivier de Clisson. Ces médaillons nous dit l'auteur de l'article, sont modernes, et furent composés  par Mr Letronne afin de commémorer l'origine de l'hôtel : ancien hôtel de Soubise, reconstruit de fond en comble par François de Rohan prince de Soubise en 1702" (Commission du Vieux-Paris, 1922)

.  " L'M, restaurée à la façade par les soins de M. Letronne et de l'architecte Lelong, y était répétée à profusion, au dire des vieux historiens de Paris. Une lucarne du comble de la tourelle de gauche est encore décorée d'une M." (Bruel)

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Détail d'après une photo de "mbzt" de l'article Wikipédia)

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Jules Quicherat dans sa notice sur "La porte de l' Hôtel Сlisson" [Revue archéologique de 1847, t. IV, p. 760-769. ], signale que la lettre M gothique "était répétée de mille manières dans la décoration tant intérieure qu'extérieure" de l'Hôtel de Clisson  et en indique la présence. Puis il s'interroge sur sa signification, tord le cou à  la fausse interprétation qui voulait y voir la première lettre du mot Misericordia. L'hôtel dit de la Miséricorde n'aurait pu, d'après cette version même, être offert à Clisson par les Parisiens reconnaissants qu'en 1383, au retour de Roosebeke, après la répression des Maillotins. En définitive, il juge que cette énigme est et restera insoluble. Voici son texte :

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"En dehors de l'arcade gothique, on voit sur le mur de face du bâtiment deux médaillons sculptés et peints, l'un à droite et l'autre à gauche, avec une M onciale couronnée au milieu, et les mots pour ce qu'il me plet gravés sur une banderolle. Ces ornements n'existaient pas autrefois ; c'est M. Letronne qui les a fait faire pour rappeler l'illustre origine du monument. Le médaillon de droite figure en effet l'écu d'Olivier de Clisson (un lion vermeil en champ d'argent), et celui de gauche est la copie de son cachet, ou, comme on disait au XIVe siècle, de son signet, tel qu'il existe au bas d'un titre original qui fait partie du Trésor des Chartes (3). On y voit un heaume surmonté d'une  paire d'ailes au vol. Le champ tout autour est semé d'M. Pour ce qu'il me plet est la devise de Clisson, tirée de son grand sceau de connétable, où elle est gravée avec accompagnement d'M pareilles à celles du signet.

Au dire des vieux historiens de Paris, la même lettre était répétée de mille manières dans la décoration tant intérieure qu'extérieure de l'hôtel. La confirmation du fait s'est trouvée dans les derniers travaux. La lucarne établie dans le comble de la tourelle de gauche est ornée d'une M couronnée dont on n'a eu qu'à raviver la dorure pour lui rendre l'effet qu'elle produisait il y a quatre cent cinquante ans ; elle a servi de modèle pour celle qu'on a gravée au dessus de la porte.

D'autres M décorent des carreaux employés à un ancien pavement dont les débris existaient sous la cage du grand escalier de Soubise. Enfin le même emblème se trouve entremêlé avec des feuillages dans une frise peinte dont l'ancienne chapelle présente encore quelques vestiges. On peut voir sur la planche 83 un dessin de la lucarne en même temps que des échantillons, tant du carrelage que de la frise (fig. 2, 4 et 5). Celle-ci, large de quatorze centimètres, est composée d'un fond brun sur lequel les ornements se détachent en bleu d'azur; elle a pour bordures deux cordons d'un vermillon extrêmement tendre. Au-dessus sont posés en saillie les abouts des pièces de bois qui portaient les arceaux d'une couverture en charpente. Ces abouts, sculptés avec un art remarquable, offrent des figures d'hommes accroupis sous un tailloir bordé d'astragales, le tout enluminé des couleurs les plus vives. Pour ce qui est des carreaux, ils sont en terre cuite, les uns carrés, les autres en losange, ces derniers recouverts d'un émail vert, les autres d'un jaune pareil à celui du marbre antique. 
Sur ces fonds sont exécutés les dessins et les M au moyen d'une pâte d'un beau brun rouge incrustée à deux millimètres de profondeur. Le dessin résultant de l'assemblage de ces carreaux se verra mieux par la gravure que par aucune description qu'on en pourrait faire. 


La lettre  M signifie-t-elle "Miséricorde" ?

Il ressort de tout ceci que l'M était l'ornement par excellence de la demeure de Clisson. Dieu sait combien de contes on a fait à l'occasion de cette lettre. On a prétendu qu'elle était là comme initiale du mot miséricorde, et que l'hôtel dans l'origine s'était appelé Hôtel de la miséricorde. La ville de Paris, ajoute-t-on, l'avait offert à Olivier de Clisson, voulant que ce cadeau fut un monument de son humanité, après qu'il eut par ses supplications adouci Charles VI, irrité contre les Parisiens, en 1383. Cette tradition n'est, comme toutes les traditions, que de l'histoire travestie. Il est bien vrai que Charles VI vainqueur à Roosbeek, vint achever la défaite des Flamands sur les Parisiens ; bien vrai qu'il les désarma, qu'il abolit leur gouvernement de la marchandise, qu'il les fit emprisonner par centaines, confisquer les uns et pendre les autres. Il est très-vrai encore qu'après plusieurs  semaines de cette terreur, on convoqua le peuple au Palais, pour lui faire entendre, le roi présent, que tout ce qu'on avait fait jusque-là n'était rien et qu'on aurait à en supplicier bien d'autres. Sur quoi les princes et princesses du sang qui avaient le mot, se jetèrent aux pieds du monarque en criant miséricorde, tellement que le gracieux souverain fut touché, et consentit à ce que le criminel fût converti en civil, c'est-à-dire à ce que la coupable cité se rachetât par des écus au lieu de se racheter par le sang . 

Telle fut la miséricorde de 1383. Les Parisiens auraient-ils été assez sots pour en consacrer la mémoire par un monument? Et quand ils l' auraient voulu, auraient-ils pu le faire, puisqu'après leur avoir pris leurs deniers communs, on se mit à les écraser d'amendes? Voilà pour ce qui est de la donation de l'hôtel par la ville.

Quant à la popularité de Clisson en 1383, elle est encore plus problématique. Non-seulement ce capitaine ne passe pas pour avoir adouci le courroux du roi, mais au contraire il est nommé expressément comme l'un des conseillers de la rigueur . C'est lui qui suggéra et opéra le désarme- ment de Paris, et en infligeant cette humiliation aux habitants, il prit à tâche de la leur faire sentir le plus qu'il put. Il alla jusqu'à ordonner que les portes de ville fussent déposées et couchées par terre pour être piétinées par les hommes et par les animaux. Un vainqueur impitoyable faisait cela le jour qu'il entrait dans une place rendue à merci : les Parisiens subirent neuf années durant cet outrage  sans exemple. Leurs portes étaient encore par terre lorsque Clisson faillit périr assassiné par Pierre de Craon en 1392 : ce qui fait dire à Froissart que « le connétable fut battu de la verge qu'il avait cueillie, » car, les portes fermant de nuit, l'attentat n'aurait jamais eu lieu. 

Arrivons à une hypothèse plus raisonnable sur l'origine de l'hôtel Clisson.

L'auteur de l'Histoire généalogique de la maison de France mentionne deux allocations de quatre mille livres que Charles V fit en 1370 et 1371 à Olivier Clisson pour se pourvoir d'un hôtel à Paris. N'est-il pas très-supposable que la demeure achetée en conséquence de ce don royal fut celle de la rue du Chaume? C'est vers  1370 que la vieille enceinte de Philippe Auguste, qui passait à peu près dans la direction de la rue des Quatre-Fils, fut supprimée comme inutile à cause que la nouvelle fortification, établie un millier de pas plus loin, venait d'être terminée. C'est en ce temps aussi que la noblesse commença à habiter le Marais, attirée de ce côté par le séjour de Charles V à l'hôtel Saint-Paul. Un quartier neuf, où le terrain coûtait nécessairement moins cher qu'ailleurs, dut fixer tout naturellement le choix d'un étranger au début de sa fortune. Cette hypothèse admise, le palais des archives ne cesse d'être un monument de nos révolutions que pour devenir un monument de nos victoires, car la première des sommes spécifiées ci-dessus fut accordée au capitaine breton peu après la bataille de Pontvallain, au gain de laquelle il contribua puissamment sous les ordres de Duguesclin. 
Pour qu'il ne reste rien de la légende qui a voulu faire Clisson miséricordieux, j'ajoute que bien avant 1383 il avait adopté l'M pour emblème. Le fait a été établi déjà d'une manière incontestable (Dessalles, Paris pittoresque 1837  T.II p. 101) à l'aide de ce même signet dont nous avons fait reproduire le dessin. L'acte scellé de ce signet est une obligation relative à la saisine du château de Josselin nouvellement acquis par Olivier de Clisson. Il est daté du 21 juillet 1370; ce qui fait remonter les M au temps même où il est si vraisemblable que l'hôtel fut construit. Maintenant, est-ce le mot miséricorde que cette lettre veut exprimer? Ceux qui le prétendent n'ont qu'à produire le texte sur quoi ils fondent leur opinion.

Précisément du temps de Clisson, c'est-à-dire à la fin du XIVe siècle, la mode s'établit entre les nobles d'ajouter à leurs armoiries et à leur devise une lettre qui depuis a été appelée chiffre. Le chiffre était une sorte d'hiéroglyphe, une allusion cachée a quelque aventure, ordinairement de galanterie. Les contemporains n'en savaient pas le mot la plupart du temps. Nous qui sommes postérieurs de tant de siècles, comment le devinerions- nous? " Jules Quicherat

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9739601m/f335.item.texteImage

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Les illustrations de l'article de Quicherat :

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b) le château de Blain 1380-1383  : 

 Blain qui commande la route de Nantes à Redon et Vannes d'une part, il rajeunit le château, élève la haute tour dite du Connétable ainsi que le logis qui le jouxte à l'ouest et qui sera repris plus tard par Jean II de Rohan, puis il entreprend le doublement de la forteresse en utilisant l'ancien baile : tout le front méridional en est encore le témoignage car les tours gardent le M couronné qui sert de chiffre. " (A. Mussat)

 

"Au-dessus de la voûte d'entrée [de la Tour du Portal du château de Blain] est l'écusson des Clisson « avec la lettre M couronnée et le lion d'argent armé, couronné et lampassé d'or"

 Henri SORIN, Post-Scriptum à l'Histoire de Blain de Bizeul,  Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de la Loire-inférieure 1932 T72 page 37

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"Sous l'appui de la fenêtre du second étage de la tour du pont-levis, est un écusson sculpté sur une pierre calcaire de la dimension d'un mètre. Cet écusson est parti : à dextre il porte de gueules au lion d'argent, armé, couronné et lampassé d'or ; à senestre, une M onciale couronnée de fleurons fleurdelisés séparés par une perle.

Cette M est reproduite, mais seule, sur une autre pierre calcaire de 33 centimètres, placée sous l'appui de la fenêtre du même étage, donnant au nord-est sur la cour intérieure.. Annales de la Soc. acad. de Nantes et de la Loire-Inférieure, t-. XL, 1869, article de L. Prével sur le château de Blain. page 28 ].

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c) Le Donjon-châtelet du château de Clisson .

 

 "La personnalité d'Olivier de Clisson a de son côté joué un rôle certain dans les grands travaux de fortification : à Clisson, c'est le curieux parti d'un donjon-châtelet." (Mussat) 

Je n'ai pas de témoignage sur la présence de M couronnée à Clisson.

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d) Les tours du château de Josselin. / La chapelle Sainte-Marguerite de l'église Notre-Dame-du-Roncier.

"A Josselin, Clisson est l'auteur des grandes tours qui dominent la rivière et auxquelles  Jean II de Rohan adossa son célèbre logis. Le château communiquait avec l'église du Roncier par la chapelle Sainte-Marguerite dans laquelle, selon M. Grand en 1919, "on voyait, jusqu'à ces dernières années, des restes de peinture à fresque, que l'on peut attribuer au temps d'Olivier de Clisson, car une frise, chargée d'M couronnés, reproduisait, sur des phylactères, la célèbre devise du connétable : Pour ce qu'il me plest."

 

"La chapelle Sainte-Marguerite [Note], faisant communiquer le château de Josselin avec la paroisse Notre-Dame, était ornée d'une fresque d'M gothiques encadrées de branches de marguerites ; les châtelains y assistaient aux offices derrière une sorte de jubé en granit ajouré partagé en deux formes : l'une, correspondant à la place du connétable, était ornée d'une fleur de lys ; celle au travers de laquelle Marguerite de Rohan, seconde femme de Clisson., entendait l'office, était décorée de l'М énigmatique. Et ceci nous induisit à supposer [faussement, voir infra la suite de cet article de Bruel] que le chiffre pris pour emblème par le connétable n'était autre que la première lettre du prénom de sa femme, galanterie légitime associant en l'honneur de Marguerite de Rohan l'M et les branches et fleurs de marguerites. Il nous paraît difficile d'expliquer autrement l'abus parallèle de ces deux motifs de décoration."

"Note : "Clisson avait fait décorer cette chapelle de peintures murales reproduisant, à côté de scènes pieuses empruntées au Nouveau Testament et à la Vie de sainte Marguerite, des sujets profanes tels que le château de Josselin lui-même, reposant sur d'immenses blocs de rochers, avec sa ceinture de tours et sa galerie de créneaux peuplée de nombreux guetteurs. La fresque d'M gothiques était à fond rouge ; des phylactères portaient la devise du châtelain : Por ce qu'il me plest ; dans leurs enroulements fleurissaient des marguerites."]  (Bruel 1905 page 200)

 

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f) Les meubles et objets du château de Josselin.

... d'après l'inventaire dressé après le décès d'Olivier de Clisson le 23 avril 1407 et publié par Bruel  en 1905 :


"Nous voudrions seulement rappeler l'attention sur un petit problème qui, il y a un demi-siècle déjà, exerçait la sagacité d'un des fondateurs de la science archéologique française.  [celui de la M gothique, couronnée ou non...Cf Quicherat.]

Faut-il néanmoins renoncer à découvrir l'origine de ce chiffre ? Il revient à chaque page de l'inventaire de Josselin.

Nous trouvons, il est vrai, reproduits sur son orfèvrerie, ses vêtements, ses étendards et attestant les rapports qui l'unissaient au Saint- Siège, aux rois de France ses protecteurs, au roi de Sicile son protégé, à Bureau de la Rivière son ami, grand nombre d'emblèmes variés décorant des présents par eux faits à Clisson : une « clef de pape, » les fleurs de lys de France, le cerf-volant de Charles VI, les armes d'Anjou, celles de la Rivière, et aussi celles des Rohan et des Beaumanoir, des Laval et des Belleville, ses parents et alliés. Nous rencontrons aussi le lion des Clisson, l'épée de connétable, sa devise : « Por ce qu'il me plest, » l'homme armé, issant à demi d'une tour crénelée, que Clisson avait pris pour emblème; de pieux sujets, le Crucifié, la benoîte mère de Dieu, la face de Véronique ; ou de profanes assez amusants, petits chiens, cigognes, ou perroquets. Mais c'est encore l'М qui domine, simple ou plus souvent couronnée, gravée sur les écuelles, les plats, les tasses, les gobelets, les hanaps, les madrés, les pots, les flacons, les aiguières, les chandeliers, brodée sur les vêtements dont les boutons eux-mêmes sont timbrés d'une M , sur les courtines et tentures des lits et des chambres, suspendue en guise de breloque aux colliers des lévriers.

Détail qui a son importance, l'М est presque toujours accompagnée de branches ou de fleurs de marguerites. Citons seulement dans la garde-robe de Clisson « un. .. jaques de veluau vermoil o ix boutons d'argent esmaillez a margarites, brodé a M et a margarites » parmi sa vaisselle, « vi henaps d'or a tour de lampe merchées ou fons a M et margarites ; » au chapitre ameublement, « un lit d'Engleterre a M perses et grises en un chapellet de margarites, ciel, tredos, sarge, ш courtines sarge d'Irlande, brodé a margarites ; » et aussi « v tapiz vers a M perses et grisses et ouvré a margarites. » La fréquence de cette décoration (nous pourrions en citer d'innombrables exemples) nous est une preuve évidente que le choix de cette fleur n'était pas sans une signification et une intention particulières.

 

"[La présence de cette M accompagnée de marguerites dans la chapelle de Notre-Dame-de-Roncier à Josselin] nous induisit à supposer que le chiffre pris pour emblème par le connétable n'était autre que la première lettre du prénom de sa femme, galanterie légitime associant en l'honneur de Marguerite de Rohan l'M et les branches et fleurs de marguerites.

 

"L' M eut-elle toujours la même signification ? Le mariage d'Olivier de Clisson et de sa seconde femme, de date encore inconnue, est très probablement postérieur à 1379 ; or, nous l'avons vu, l'М paraît dès 1370 sur le signet de Clisson; bien plus, elle figure, objection décisive, sur un nouveau document antérieur, presque à coup sûr, à l'année 1360. Heureusement, s'il détruit en partie une hypothèse, ce monument nous offre une interprétation nouvelle, la vraie cette fois, croyons-nous.

C'est un jeton de compte de la collection Rouyer , attribué très justement par M. H. de la Tour à Olivier de Clisson. De travail anglais, il date de l'époque où celui-ci, non encore rallié au parti français, séjournait à la cour d'Edouard III; le genre de frappe de la pièce [ce genre de frappe, alors seulement usité en Angleterre, se reconnaît à la dépression centrale de la pièce frappée. ] ne laisse aucun doute sur son origine ; elle est donc antérieure à 1360 .

Le droit est un écu au lion à la queue fourchue et passée en sautoir, dans une rosace à six lobes; tout autour court une bordure de couronnes et d'M gothiques. Le revers, qui représente une croix fleurdelisée, centrée d'une fleur de lys, cantonnée de quatre lions, porte cette légende : « MARIA G[RATIA] PLENA. » Si l'on rapproche de cette légende la bordure du droit, il semble difficile de nier que l'М soit la première lettre du mot « Maria ».

Rien de très étonnant du reste qu'à une époque où le culte de la Vierge jouissait d'une faveur spéciale dans une région aussi dévouée à ce culte que le duché de Bretagne, un chevalier dont les débuts furent pénibles et aventureux se soit voué à porter comme emblème le chiffre de sa protectrice, la « benoîte mère de Dieu. » A Cocherel, les gens de du Guesclin, autre Breton, frère d'armes de Clisson, montaient bien à l'assaut aux cris de « Notre-Dame Glaiekin ! ». Olivier fît broder sur ses étendards le М couronnée, chiffre de la Vierge; il la fit sculpter dans la pierre, graver sur l'or et l'argent. Telle fut, à notre sens, l'origine symbolique de cet emblème; tel fut son sens primitif. Que Marguerite de Rohan l'ait adopté, qu'en son honneur Glisson y ait associé un nouveau motif, la marguerite, et que la signification en ait ainsi dévié, nous le croyons volontiers, comme il est très probable que Marguerite de Penthièvre, fille du connétable qui, suivant la tradition paternelle, faisait graver une M gothique couronnée sur le signet dont elle usait en 1418, y vit bientôt elle-même l'initiale de son propre prénom." François-L. Bruel 1905 

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Il me reste à donner ici les références citées dans le texte de F.L. Bruel :

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1°) Le jeton antérieur à 1360 de la Collection Rouyer [Bibliothèque nationale. Catalogue de la collection Rouyer, léguée en 1897 au département des médailles, par Henri de la Tour, lre partie, n° 494 (p. 84); gravé pi. XIII, n° 7. ] :


 

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Description :.

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Planche :

 

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. 2°) L'utilisation de la M couronnée par Marguerite de Clisson comtesse de Penthièvre en 1418 :

Extraits analytiques , BnF Fr. 22331, [ Papiers de dom Morice. ]

"Le contrescel ou signet de Marguerite Comtesse de Penthièvre l'année 1418"

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Conclusion.

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Le jeton de 1360, alors qu'Olivier de Clisson n'avait que 24 ans, et qui comporte déjà la réunion des M gothiques onciales et des couronnes avec la prière MARIA G[RATIA] PLENA, montre que le "chiffre" dont il fit un si grand usage dans les objets de son environnement,  dans les immeubles qu'il fit construire ou embellir, et dans les sanctuaires qu'il gratifia de ses donations, témoigne de l'ardeur de sa dévotion à la Vierge, et peut-être même à la Vierge couronnée.

La coïncidence entre l'usage de  cette lettre et l'initiale de sa seconde épouse, puis de  Marguerite de Clisson, fille qu'il eut de sa première épouse, fut sans doute accueillie favorablement et exploitée.

J'aurais pu faire l'économie de ces longues recherches si j'avais consulté l'article Wikipédia Olivier de Clisson  où je lis :

"La devise d'Olivier V de Clisson est : « Pour ce qui me plaist ». Sur les édifices qu'il fait construire, il fait apposer un « M » majuscule. La première trace de ce symbole apparaît avant 1359 sur une pièce frappée en Angleterre. Cette pièce figure « un lion à queue fourchue et passée en sautoir, dans une rosace à six lobes ». Le tout est bordé « de couronnes et de M gothiques ». Sur l'autre face apparaît une croix fleurdelysée et quatre lions, ainsi que la légende : « Maria Gratia Plena ». Le M serait donc à l'origine celui de Maria. "

  Yvonig Gicquel, Olivier de Clisson, connétable de France ou chef de parti breton ?, 1981. p. 163-164. .

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Les frises de couronnes alternant avec des coquilles Saint-Jacques dans la bordure des trois lancettes dans leur moitié basse  auraient donc, ce qui semble tomber sous le sens, une pure signification religieuse. Les M onciales gothiques couronnées distribuées dans ce décor témoigneraient d'un culte marial comme un monogramme honorant le nom MARIA , parfaitement en accord avec les représentations de la Vierge couronnée et de scènes de la Vie de Marie dans les baies latérales.

Néanmoins, cette lettre mariale est trop associée à Olivier de Clisson pour ne pas y voir sa marque, comme donateur de la maîtresse-vitre de Saint-Jacques, comme à Notre-Dame du Roncier ou dans la maîtresse-vitre de Notre-Dame de la Fontaine à Saint-Brieuc.

Comme, en 1402, date de cette baie 0 de Saint-Jacques, Olivier de Clisson (1336-1407) et son épouse Marguerite de Rohan (vers 1330-1406) étaient tous les deux en vie, il semble logique d'admettre le couple à ce titre de donateur.

Néanmoins, les seules marque héraldiques sont, au tympan, les neuf macles des Rohan (de gueules aux neuf macles d'or), qui possédaient Saint-Jacques de Merléac. Tandis que les peintures des murs portent ces macles associées au semis d'hermines liées au couple formé à partir de 1407  par Alain IX de Rohan avec Marguerite de Bretagne. 

Pendant la rédaction de cette discussion, j'ai pris le temps de publier mon article sur le gisant (le cénotaphe) d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan en la chapelle Sainte-Marguerite de Notre-Dame-du-Roncier à Josselin. C'est cadeau.

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DISCUSSION II. LES BLASONS.

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Note : Sous la Révolution, les verrières de Saint Jacques furent enduites de fiente de vache et d'argile pour les soustraire aux déprédations des colonnes mobiles, ce qui les a malheureusement fort dégradées. Elles ont été déposées pour remise en plomb en 1860 et replacées quelques années plus tard. L'analyse héraldique devrait être précédée par une analyse de l'authenticité des verres. Néanmoins, "l'aveu de 1774 rendu par le seigneur du Houlle au duc de Rohan affirme qu'alors il y avait dans la chapelle d'autres armes que celles du Houlle, lesquelles M. Barthélémy les y a vues encore en 1852. Voici ce que dit cet aveu à ce sujet : il y a dans la vitre au derrière du grand autel trois écussons placés un peu plus bas que le milieu de ladite vitre, le premier desquels est d'azur à une croix engrelée d'or, le second une partie à ladite croix engrelée d'or, le troisième a une face de trois pièces burlées d'or qui sont les armes du Houlle et des alliances sans qu'il ait d'autres armoiries ou marques de prééminence appartenant à autres seigneurs." (Abbé Gilles Jarno)

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Alors que le tympan porte des blasons aux armes des Rohan, et que les peintures murales portent également les macles des Rohan associées aux hermines de Bretagne, et alors que la lettre M propre à Olivier de Clisson figure dans les bordures basses, trois blasons s'inscrivent dans la partie inférieure des 5e, 6e et 7e lancettes. Deux aux armes  D'azur, à la croix engreslée d'argent et un autre dans la 5e lancette portant ces les armoiries en alliance avec  d'autres de gueules aux six burelles d'or.

 Les auteurs du Corpus VII proposent de voir les armes "attribuées aux du Houlle en alliance avec les Trogoff (ou Rosmadec)" . Ils ajoutent : "Joachim Gaultier du Mottay [ l'un des fondateurs de la Société d'Émulation des Côtes du Nord ] en a conclu, un peu hâtivement, que le donateur pouvait être Gilbert de la Houlle, époux de Marguerite de Tronscoff (*), ce qui est impossible, leur mariage ayant eu lieu en 1427 seulement ; ces armoiries ont probablement été intégrées à la verrière postérieurement à sa réalisation et ne désignent donc pas ses donateurs.

(*) On trouve Tronscorff, Trogoff, Trongoff.

Voici quelques données sur ces familles :

1°) DU HOULLE

Selon l'Armorial de Pol de Courcy :

Houlle (du), sr dudit lieu et du Vaugaillard, par. de Merléac, — du Val, par. de Huégon, — de Tronscorff et de Goësformant, par. de Langoëlao, — de la Garenne, — de la Vigne, par. de Languidic, — de Kerespertz.

Anc. ext., réf. 1671, huit gén.; réf. et montres de 1426 à 1562, par. de Merléac, év. de Cornouaille, Guégon et Langoëlan, év. de Vannes. D'azur à la croix engreslée d'argent.

Gilbert, alloué de Rohan en 1322;

Gilbert, écuyer dans une montre d'Olivier de Clisson en 1375;

Gilbert, épouse vers 1427 Marguerite, dame de Tronscorff "

 

2°) DE TRONSCORFF / DE TROGOFF.

La famille de Tronscorff possède leur manoir  à Langoëlan, canton de Guéméné-sur-Scorff, (à 40 km au sud-ouest de Merléac). 

Ce manoir passa, en 1427, à Gilbert du Houlle par son mariage avec Marguerite de Tronscorff en 1427. Gilbert mourut en 1433 et laissa sa succession à son fils Geoffroy qui épousa Clémence de la Villeneuve et qui vivait encore en 1490. 

Geoffroy du Houlle de Tronscoff était présent à la "montre" de Vannes du 8 septembre 1464. Il  fit hommage au sire de Guémené le 15 décembre 1491 et mourut un ou deux ans après ; sa veuve, Isabeau de Saint-Noay, rendit aveu à Louis de Rohan au nom de son fils, Louis du Houlle, encore enfant, qui vécut jusqu'en 1528 ; Françoise de Quenechquivillic, veuve de Louis, rendit aveu, l'année suivante, à Marie de Rohan, mère et tutrice de Louis de Rohan, seigneur de Guémené, et leur fils, Jean du Houlle, épousa Guillemette Le Gal, et mourut avant 1571, laissant son fils Abel sous la tutelle de François de Baud, sieur de Ménézorval. (Société Polymathique du Morbihan 1867 )

Marguerite de Tronscorff , d'argent à 3 fasces de gueules au lambel d'azur, est née vers 1380. Voici son ascendance :

  • Geoffroy de Lanvaux ca 1230,  d'argent à trois fasces de gueules épousa Typhaine de Rohan fille d'Alain V de Rohan

  • Alain II de Lanvaux-Trogoff : les armoiries de Lanvaux sont alors affectées d'un lambel d'azur.

  • Pierre de Trogoff ca 1300 gouverneur de Bordeaux

  • Yves (Éon) de Tronscorff (ca 1340 -ca 1400) épousa Marguerite de Léon, fille d'Hervé VII de Léon

  • Marguerite de Trogoff, dame de Tronscorff

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Dans l'église Saint-Pierre d'Inzinzac, avant sa destruction, la maîtresse-vitre portait des fragments d'armoiries avec dans l'ordre 1°) celles des Rohan en alliance avec celle  des Clisson de gueules au lion rampant d'argent, puis 2°) un échiqueté au 1 et 4 d'azur à la croix engreslée d'argent (du Houlle) et au  2 et 3 losangé d'argent et de gueules (Spinefort), 3°) Spinefort, du Houlle et Boudoul, 4°) un parti comprenant des armes d'argent à trois fasces de gueules(Lanvaux)   (Bull. Sté Archéol. Morbihan 1857

Les seigneurs du Houlle avaient aussi armoiries et prééminences en l'église de Merléac  :

"D’après l’aveu de 1774 : Comme fondateurs ils avaient droit à la prière et autres honneurs de l’église de Merléac après le duc de Rohan. Dans le sanctuaire, au bas du marchepied du maître-autel, ils avaient un banc avec accoudoirs décoré de leurs armoiries lequel, depuis la reconstruction de l’église et de leur consentement, fut mis en dehors du balustre du côté de l'Evangile et portait les armes du Houlle, de Marboeuf, de Pépin. Ils avaient en outre un second banc du côté de l’épître. [...]. Dans la vitre du sanctuaire, du côté de l'Evangile, était un écusson portant leurs armoiries. On y voyait aussi sur la même vitre les armes des anciens seigneurs de Merléac, du Quéllénec et du Vaugaillard. Dans la chapelle Sainte-Marguerite, accosté au choeur, à côté de l'épître, était un enfeu des seigneurs du Houlle et une pierre tombale relevée à l’entrée de ladite chapelle. Dans la chapelle du Saint-Sépulcre, du côté de l'Evangile, était un écusson en relief sur tuffeau aux armes des de Marboeuf. Il y avait encore plusieurs autres armoiries des anciens seigneurs de Merléac tant au-dedans qu’au-dehors de l’église."

 

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SOURCES ET LIENS.

BRUEL (François-L.), 1905, Inventaire de meubles et de titres trouvés au château de Josselin à la mort du connétable de Clisson (1407). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1905, tome 66. pp. 193-245; doi : 10.3406/bec.1905.448236

http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1905_num_66_1_44823

— COUFFON (René), 1936, Contribution à l'étude des verrières anciennes du Département . ... Extrait des Mémoires de la société d'émulation des Cotes-du-Nord. 1936 n°67 pages 65-228, ill. Noir et blanc Sur Merléac : pp 95-101 (retranscrit sur Infobretagne)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f90.image

— DOÜET D'ARCQ (  Louis), 1803, Inventaires et documents . Collection de sceaux France. Ministère d'État. Archives de l'Empire Tome I, 1803, page 295. https://archive.org/stream/collectiondescea01douuoft#page/294/mode/2up

— GATOUILLLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) pages 144-146.

— GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac",Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.

— JUREZ (Yann), 1992, Les vitraux de la chapelle Saint-Jacques à Merléac (Côtes d'Armor),  Mémoire de DEA, Paris-Sorbonne,. 1992 80 p 221 ill. (non consulté)

— LA TOUR (Henri de), 1899-1910,  Catalogue de la collection Rouyer léguée en 1897 au département des médailles et antiques, rédigé par Henri de La Tour,.... Partie 1 Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Q-870 (1)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5784465v/f117.image

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5784465v/f342.item

— MUSSAT  André. Le château de Vitré et l'architecture des châteaux bretons du XIVe au XVIe siècle. In: Bulletin Monumental, tome 133, n°2, année 1975. pp. 131-164; doi : 10.3406/bulmo.1975.5456 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1975_num_133_2_5456

— QUICHERAT 1847  La porte de l'Hôtel de Clisson, Revue archéologique, vol. 2 15 octobre 1847 pages 765-768

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9739601m/f333.item

Infobretagne : 

http://www.infobretagne.com/merleac-chapelle-saintjacques-vitraux.htm

http://chapelle-merleac.weebly.com/verriegraveres.html

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00089327

 

http://www.infobretagne.com/merleac-chapelle-saintjacques-vitraux.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 16:54

La chapelle Saint-Jacques de Merléac : la maîtresse-vitre (1402) II. La Passion.

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Sur cette chapelle, voir :

Sur les vitraux, voir : Les articles de mon blog traitant des vitraux. (154 articles)

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Comme pour les articles précédents, l'un de mes intérêts principaux se porte sur les fonds damassés, et notamment ceux dans lesquels se dissimulent des couples de perruches, comme sur les soieries de Lucques. Exceptionnel. J'en ai trouvé le premier exemple sur un panneau du registre moyen consacré à la Vie de saint Jacques, mais, dans ce registre de la Passion, ces volatiles m'attendaient sur deux panneaux, la Flagellation et la Crucifixion. Je ne vous en dis pas plus.

Mais quand j'aurais constaté, en plus, que les yeux de nombreux personnages étaient rehaussés de jaune d'argent, mon émotion de retrouver ici, quinze ans avant, les caractéristiques qui font toute la somptuosité des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper sera particulièrement intense.

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"La maîtresse vitre de Saint-Léon est très importante pour l'histoire des verrières bretonnes puisqu'elle est datée et signée. On lit en effet, au bas et à droite de la vitre, dans un cartouche, l'inscription suivante en lettres gothiques : G béart fist ceste vitre l'an M IIIIc e II (1402).

Ce nom de Béart est bien connu. Imagier et doreur à Rennes, Guillaume Béart travaillait en 1408 pour Saint-Pierre de Rennes. Il appartenait à une famille de peintres verriers rennais. En 1375, Perrot Béart et Raoul Béart travaillaient à la grande vitre de la cathédrale de Rennes ; et, en 1435, autre Perrot Béart travaillait au Rheu, en compagnie de son fils Jamet Béart qui n'était âgé que de 15 ans.

Le vitrail proprement dit est divisé par les sept meneaux de la fenêtre en huit lancettes comprenant chacune sept panneaux, soit au total cinquante six panneaux. Les trois derniers de chaque lancette, soit vingt-quatre panneaux, forment une vaste tenture formée de petits losanges sur lesquels sont représentés en grisaille des chouettes et divers oiseaux. Sur les bordures des lancettes, l'on trouve des couronnes d'or surmontant un M gothique, lettre chère aux Rohan et aux Clisson, ou la lettre M seule, alternant avec des coquilles de saint Jacques." (Couffon)

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Maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Les panneaux supérieurs de la seconde rangée représentent huit scènes de la Passion surmontées de dais architecturaux qui constituent la première rangée des panneaux. Ces scènes reposent elles-mêmes sur des architectures qui les séparent des huit autres panneaux historiés à qui elles servent de dais, panneaux sur lesquels sont figurés huit scènes de la vie de saint Jacques d'après la légende dorée. Il est très remarquable de rencontrer dès le début du XVème siècle cette disposition qui deviendra à peu près générale en Bretagne pendant tout le XVème siècle et durera même au XVIème." (Couffon)

Examinons maintenant plus en détail les panneaux en allant de gauche à droite.

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Registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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1. — L'Arrestation de Jésus.

 

Description de R. Couffon :

"Fond de damas rouge ; dessous du dais vert ; fond de tête de lancette bleu. Le Christ, en robe blanche et manteau bleu, est embrassé par Judas, vêtu d'une robe rouge violacée. Derrière celui-ci, un soldat, en armure avec cotte verte et camail rosé ; à terre, Malchus, en cuirasse bleue, chaperon rouge et chausses rouges. Deux apôtres assistent à la scène, l'un est en robe blanche et manteau vert, l'autre en robe bleue et nimbé de vert." (Couffon)

Étude du panneau.

La scène de l'Arrestation du Christ au jardin des Oliviers par une troupe de soldats guidés par l'apôtre Judas trahissant son Maître est bien connue, et sa représentation est conforme à tous les poncifs. Les "bons" sont à droite avec un apôtre nimbé en arrière plan, et saint Pierre (barbu, pieds nus, rengainant son glaive après avoir tranché l'oreille de Malchus, le serviteur du principal sacrificateur, Caïphe. Malchus est coiffé d'une cervelière rouge rabattue sur l'arrière de la tête, d'une brigandine bleu-métal aux rivets dorés et de chausses rouges. Il porte un poignard dans un fourreau suspendu à une chaîne.  Le Christ, au nimbe crucifère, remet cette oreille à sa place, tout en recevant le baiser de son disciple. Un officier, semblable à celui de l'Arrestation de Jacques au registre moyen, place sa main sur la poignée de son épée ; il est coiffé d'une cervelière de peau ou de toile, qui descend sur sa nuque et ses épaules. Il porte un surcot sur son armure complète, qui est plutôt celle d'un chevalier aux longs solerets peu adaptés à la marche. En arrière, son compagnon porte le casque, l'armure, et une hallebarde. 

Mes points d'intérêt :

Le rehaut de jaune d'argent sur les yeux des personnages. Ce n'est qu'une goutte du liquide qui est déposée, comme un collyre, sur l'un ou les deux yeux des personnages, sans égard à leur statut. Elle est à peine visible, mais pourtant certaine.

l'application du jaune d'argent sur les chevelures, les barbes, le nimbe,  le galon et les poignets de certaines tuniques, les décorations métalliques des armures,  les architectures du dais et en ornement sur certaines parts des armes et des fourreaux.

les fonds damassés rouges : rinceaux à feuilles de trèfle en bas, longues feuilles nervurées à découpes rondes, en tête de lancette.

les dais architecturés : empilement de tours crénelées aux baies rectangulaires ou en plein cintre, grillagées, coiffées de tours rondes à toits coniques rouges séparées par des pinacles. Jaune d'argent sur chaque moulure, chaque baie, et sur les pinacles. Le dais forme au dessous une niche à feuilles d'acanthes et clef de voûte pendante sphérique.

 

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Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tête de lancette, L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tête de lancette, L'Arrestation de Jésus, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2.  — La Flagellation.

 

 

Description par R. Couffon :

"Fond damas bleu, dessous du dais vert. Le Christ, attaché à une colonne bleue claire, porte une auréole rouge. Le bourreau de gauche est vêtu d'une tunique rouge à bandes jaunes et à manches roses ; ses chausses sont de deux couleurs, verte pour la jambe droite et blanche pour la jambe gauche. Le bourreau de droite porte un bonnet vert, une tunique bleue à manches vertes, des chausses rouges et une écharpe violette. Le sol est rose brun." (Couffon)

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Étude du panneau.

En réalité, ce sont les deux bourreaux qui ont des chausses mi-parti, comme le bourreau de sainte Barbe en baie 2 de la chapelle. Bien que l'article Wikipédia  anglais sur les hoses (chausses) assure  que cette coloration différente des deux jambes, ou même d'une moitié de jambe, était répandue dans toute la société –  and 15th century hose were often made particolored or mi-parti, having each leg a different colour, or even one leg made of two colors – (ce que nous vérifions sur les pages du Calendrier des Très Belles Heures du duc de Berry), le choix de Guillaume Béart est bien de réserver cette mode aux bourreaux, aux soldats marginalisés par la fonction qu'ils exercent. À la valorisation du pur, de l'uni et de l'entier à l'époque médiévale  vient s'opposer le choix du dépareillé, du fragmenté, du tacheté ou du polychrome. 

Le bonnet conique vert du soldat de droite, réservé par les artistes de l'époque médiévale aux Juifs, accentue la volonté discriminante sous-jacente, quoique la Flagellation ait été, selon les évangiles, le fait des soldats romains obéissant à un ordre de Pilate, et se soit déroulée à l'intérieur de son palais (Mt 27:27, Mc 15:16-20 ; Lc 23:11 ; Jn 19:2-3) 

 

On retrouve aussi ici le fourreau de dague déjà figuré par l'artiste pour le bourreau chargé de la décapitation de saint Jacques, en registre inférieur.

Les trois fouets à lanières plombées et  pointes métalliques (flagrum) sont représentés avec une précision rare. Et les traces sanglantes de leurs coups sont soigneusement dessinées sur leu thorax de leur victime. Ces fouets ont un manche en bois (jaune) en plusieurs tronçons, et les lanières portent, comme des perles enfilées sur un collier, des segments cylindriques, des anneaux et des billes avant de se terminer par une pièce en hameçon.

On peut aussi s'amuser à observer l'épée du soldat de gauche, dans son fourreau damasquiné suspendu à un baudrier aux perles groupées en rosette.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les fonds damassés aux deux perruches.

Il s'agit exactement du même carton ou du même pochoir que j'ai décrit dans le panneau 1 du registre moyen dédié à la Vie de saint Jacques, et qui sera repris dans la Crucifixion centrale. J'en replace ici la description pour éviter au lecteur un va-et-vient gênant entre les articles :

Le fond damassé bleu répète un motif au pochoir fait d'une croix de feuillage au centre, entouré par un médaillon de deux lignes circulaires et d'une dernière ligne à arcades pleines. Ce médaillon est coupé en quatre portions par les pointes de quatre feuilles lancéolées.

Mais ce motif, lorsqu'il est plus éclaté, prend l'apparence de quatre fleurs (les portions de médaillon) réunies par leurs tiges, et séparées par quatre feuilles de saule.

 

 Ce n'est qu'un examen attentif qui permet de distinguer dans ces jeux de feuillage des groupes de perroquets. Ceux-ci sont accouplés, le tête et le bec tournés face à l'autre, et les queues à deux plumes se croisant en partie basse.

Ce damassé à perroquets évoque les damassés inspirés des soieries de Lucques à oiseaux sassanides des vitraux mis en place autour de 1400 et dans le premier quart du XVe siècle, comme ceux de la cathédrale de Quimper (vers 1417), de la maîtresse-vitre de Runan (vers 1423) dans les Côtes d'Armor, ceux des vitraux de la Sainte-Chapelle de Bourges (avant 1405), ceux des chapelles Trousseau et Aligret de la cathédrale de Bourges, ou en Normandie à  Notre-Dame de Saint-Lô, à Saint-Maclou de Rouen, à la cathédrale et à Saint-Taurin à Évreux.

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/cathedrale-saint-etienne-de-bourges-vitrail-de-la-chapelle-aligret-bas-cote-sud-details_vitrail-technique

Les vitraux de la Sainte-Chapelle de Bourges (vers 1395-1400) reposés dans la crypte de la cathédrale. Sibylle, Apôtres et Prophètes  par André Beauneveu (v.1335-1400) sous le mécénat de Jean de Berry.

http://www.lavieb-aile.com/2017/09/les-vitraux-de-la-sainte-chapelle-de-bourges.html

J'ai donné plus de précision dans mon article sur la cathédrale de Quimper :

Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109. Recension d'autres fonds semblables sur les vitraux de la fin du XIVe et début du XVe siècle. Illustrations par des lampas de Lucques.

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-fonds-damasses-des-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-de-quimper.html

On peut trouver une soierie damassé à oiseaux affrontés en fond d'une enluminure f.25r des Heures de Marguerite d'Orléans. Or cette dernière est la fille de Richard d'Etampes, comte de Monfort, fils du duc Jean IV de Bretagne. Selon Eberhard König, les Heures ont été enluminées en 1421 par un peintre de Rennes, pour le calendrier, puis par un peintre anonyme, le Maître de Marguerite d'Orléans,  qui paraît être venu de Paris après avoir séjourné à Bourges.

Les enluminures du Livre de la chasse de Gaston Phébus (1331-1391) BnF fr. 616 montrent deux exemples de l'emploi de ces soieries de Lucques comme signe de richesse et de luxe dans la haute noblesse du XIVe siècle : au folio 13r   le comte de Foix est habillé d'une houppelande aux oiseaux et plumes de paon, et au folio 122r, il est vêtu du même vêtement rouge  devant Dieu qui trône devant une tenture aux oiseaux d'allure byzantine :

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

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3. — La Pâmoison de la Vierge (l'un des trois panneaux de la Crucifixion).

 

Description par R. Couffon :

"Fond damas rouge, dessous du dais jaune. La Vierge, en manteau bleu, est nimbée de vert ; la sainte femme de droite, en manteau vert, est nimbée de bleu ; la Madeleine, en manteau rouge violacé. Au second plan, à gauche personnage en vert nimbé de bleu ; et, à côté, personnage en violet nimbé de jaune, sans doute Nicodème et Joseph d'Arimathie." (Couffon)

 

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Étude du panneau.

 

La Vierge, qui défaille, se reconnaît à son manteau bleu. Elle est entourée de saint Jean (sa présence constante dans cette scène incite à le reconnaître à droite) et de Marie-Madeleine, identifiable par sa beauté et par ses longs cheveux d'or ruisselant sur ses épaules. Derrière elle, une Sainte Femme, la tête recouverte d'un voile, se tient le front. Le personnage agenouillé mains jointes à l'extrême gauche n'est pas identifiable.

Les quatre poignets visibles (leur attribution à un personnage est plus délicate qu'il n'y semblait) sont ornés de bracelets.

Le motif du damas rouge est fait de rinceaux polycycliques à vrilles et à fleurs aux trois longs pétales sinueux, globalement tulipoïdes.

 

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La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Pâmoison de la Vierge, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4.— La Crucifixion (motif central).

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Description par R. Couffon : 

"Fond damas bleu, dessus du dais vert. Le Christ, nimbé de rouge, est crucifié entre les deux brigands. Les croix d'or sont fichées sur un sol vert."

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Noter la pointe de jaune d'argent dans l'œil droit du Bon Larron.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La touche de jaune d'argent des yeux se retrouve chez le Mauvais Larron.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le damas à perroquets.

Je ne le décris pas à nouveau, puisque nous retrouvons le même motif que sur la Flagellation et sur la Prédication de saint Jacques, mais il est répété à six reprises ici.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5— Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" . Troisième panneau de la Crucifixion.

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Description de René Couffon :

"Fond rouge. Saint Jean, nimbé de jaune, porte une robe verte et un manteau bleu. Un personnage, de dos, vêtu d'un manteau vert, est coiffé d’un bonnet juif bleu clair à calotte et longue queue rose violacées. Un autre juif est en manteau violet. Sur un phylactère est écrit en lettres gothiques : Vere fuit filius." (Couffon 1935 p. 97)

Étude du panneau.

Couffon ne semble pas avoir compris cette scène. L'apôtre barbu n'est pas saint Jean, toujours imberbe. Il ne peut être identifié (J'ai passé un temps fou à tenter d' y voir saint Jacques le Juste, assimilé à Jacques le Mineur, et qui discute avec les pharisiens sur l'humanité du Christ). D'autre part, le phylactère (tenu par une main isolée) porte l' inscription  en minuscules gothiques VERE FILIUS DEI (lettres conjointes VE et DE). C'est une citation de Vere Filius Dei erat iste "Vraiment celui-là était le Fils de Dieu", provenant du récit de la Passion de l'évangile de Matthieu. Voici les trois versions synoptiques :

Mt 27:54 " En voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, l’officier romain et les soldats qui gardaient Jésus furent saisis d’épouvante et dirent: Cet homme était vraiment le Fils de Dieu." (Bible du Semeur) 54 centurio autem et qui cum eo erant custodientes Iesum viso terraemotu et his quae fiebant timuerunt valde dicentes vere Dei Filius erat iste . (*)

 

 

Mc 15 39 Voyant de quelle manière il était mort, l’officier romain, qui se tenait en face de Jésus, dit: Cet homme était vraiment le Fils de Dieu! 39 videns autem centurio qui ex adverso stabat quia sic clamans exspirasset ait vere homo hic Filius Dei erat

Luc 23 47 En voyant ce qui s’était passé, l’officier romain rendit gloire à Dieu en disant: Aucun doute, cet homme était juste. 47 videns autem centurio quod factum fuerat glorificavit Deum dicens vere hic homo iustus erat

(*) L'adverbe latin vere traduit le grec alethos, "vraiment, en vérité, en réalité, très certainement, véritablement" du passage λέγοντες· Ἀληθῶς θεοῦ υἱὸς ἦν οὗτος. Cette force dynamique de cet adverbe utilisé 18 fois dans les quatre évangiles, dont 10 fois chez Jean, m'incite à préférer la traduction de Louis Segond : "Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande frayeur, et dirent: Assurément, cet homme était Fils de Dieu.". C'est d'autant plus important lorsque le texte rapporte une parole prononcée par un acteur de la Passion, car sa scansion rend ce que Marcel Jousse a nommé "l'anthropologie du geste". Il est si évident dans ce passage que le centenier a rythmé son exclamation par un geste, que ce geste est intrinsèquement associé à ces cinq mots dans toute l'iconographie, sous la forme d'une main d'élocution, avec son index tendu. Cette main élocutive du centenier est mal visible ici, car elle se confond avec l'extrémité du phylactère, mais elle est présente.   .

Ce phylactère, qui est notre pierre de touche ici, nous incite à identifier le personnage  en robe bleue, qui porte une épée, comme l'officier romain (centurio), et sa coiffure comme un casque, et non un bonnet juif. Le soldat devant lui porte d'ailleurs un casque identique. Il discute avec un lancier, aux chausses de couleurs mi-parti, qui tend l'index vers le Crucifié. Il s'agit peut-être de celui qui perça le flanc du Christ, et qui sera nommé plus tard Longinus, ou saint Longin, dans la Légende Dorée. Ici, ce Longin porte un chaperon dont la patte descend jusqu'à ses mollets.

En somme, malgré la présence inhabituelle de l'apôtre, nous avons ici la scène parfaitement classique du Centenier énonçant sa profession de foi à coté de ses légionnaires. Celle qu'on trouve dans les Livres d'Heures, les retables, sur les calvaires monumentaux bretons et, à l'âge d'or des Passions Finistériennes du XVIe siècle, sur de nombreuses maîtresses-vitres.

Voir le Bois Protat gravé vers 1370, un bel exemple de la gestualité et la posture d'énonciation accolée au phylactère.

Voir enluminure flamande vers 1420

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Enfin, le fond rouge est à rinceaux polycycliques à vrilles et feuilles nervurées à trois folioles elles-mêmes subdivisées en trois.

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Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Centenier s'exclamant "Vraiment cet homme  était le Fils de Dieu" , registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Cinquième lancette du  registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Cinquième lancette du registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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6— La Mise au tombeau.

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Description par René  Couffon 1935

"Fond bleu. Sur un fond bleu, avec arbres verts en boules qu’il convient de remarquer, le Christ est étendu dans un sarcophage bleu clair, la Vierge, en robe rouge et manteau bleu, se penche vers son fils ; Nicodème et Joseph d'Arimathie sont en bonnets et robes rouges. Au premier plan, la Madeleine, en robe rouge violacée, est nimbée de bleu." (Couffon)

 

Il n'y a a pas grand chose à ajouter à cette description. La couleur rouge de toutes les robes, y compris celle de la Vierge traditionnellement bleue, est imposée par la couleur bleue du fond. Couffon a raison de souligner le dessin très médiéval mais plein de charmes des arbres, avec la forme digitale des branches et l'éclatement en bouquet des feuilles (proches de celles des châtaigniers ou des érables). Comme dans toute Mise au Tombeau, on s'intéressera au jeu des quatre regards autour des yeux fermés du Christ, et au jeu des gestualités. Main prévenante  de Joseph d'Arimathie autour de l'épaule de Jésus, main attentive de Nicodème soutenant les pieds, main tendre et timide de Marie-Madeleine vers le flanc de son Rabbi tandis qu'elle porte son regard vers le flacon de parfum, et, à l'épicentre, les mains maternelles mais ornées de bracelets de Marie autour de celle de son Fils.  

Et le fond ? Un rinceau de tiges souples aux feuilles trifoliées.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Mise au tombeau, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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7 — La Résurrection.

 

Fond rouge, panneau moderne.

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La Résurrection,  registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Résurrection, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Résurrection,  registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Résurrection, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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8. — Noli me tangere.

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Description par René Couffon 1935 :

"Fond bleu. Le Christ, en manteau bleu et nimbé de vert, tient une croix d'or. La Madeleine, avec ses longs cheveux dénoués et nimbée de bleu, porte un manteau vert." (Couffon)

Étude de ce panneau.

Il tire son titre de l'inscription du phylactère : NOLI ME TANGER renvoyant au texte de la Vulgate de Jean 20:17 Noli me tangere, "Ne me touche pas" . 

Le verbe tangere, "toucher" traduit, dans le texte grec originel, le verbe haptomai, "s'attacher à, s'accrocher à". Ce qui est intéressant est d'observer que, dans les 30 versets évangéliques où ce verbe apparaît, la grande majorité concerne la fonction thérapeutique (du corps ou de l'âme) propre au fait de toucher les vêtements ou le corps du Christ. Mais ici il s'agit de l'impossibilité, pour le corps ressuscité de Jésus, d'être l'objet de contacts corporels :  "Jésus lui dit : Ne me touche (haptomai) pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu." D'autres ont traduit cela par "ne me retiens pas". Les versets prédominent dans les évangiles de Marc (9 fois), le texte le plus ancien,  et de Luc (10 fois) qui s'inspire de Marc. 

Le grec ἅπτω, háptô  "Ajuster, attacher, nouer ; Attacher pour soi ; Toucher. ; Atteindre ; Toucher pour prendre ; Porter la main sur ; Mettre la main à, s'adonner à ; (En mauvaise part) Commettre un meurtre."  vient de l’indo-européen commun *ap (« prendre, atteindre, toucher ») qui donne apo, apio en latin ("lier, attacher").  Il associe donc à la notion de toucher tactile celle de préhension et celle de liage, d'attache, donc de relation.

https://www.enseignemoi.com/bible/strong-biblique-grec-haptomai-680.html

Ces réflexions sur le sens relationnel et effectif voire thérapeutique du toucher/haptomai  incitent à reconsidérer le geste de Marie de Magdala (Marie-Madeleine) dans la scène précédente de la Mise au Tombeau, lorsqu'elle pose timidement la main sur la hanche du Christ mort. Ou même lorsqu'elle pose la main sur la taille de Marie dans le panneau de la Pâmoison.

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Le thème de Noli me tangere est déjà présent, dans une organisation spatiale où le Christ est toujours debout à droite et Madeleine agenouillé à gauche,  vers 1200 sur un vitrail de la cathédrale du Mans (baie 15),  ou de la cathédrale  de Chartres datant de 1205-1215 (Baie 46 panneau 9) . On le retrouve, parmi cent exemples, à la cathédrale de  Strasbourg vers 1330. Et vers 1462 dans la cathédrale de Bourges (baie 37). 
 

Le damas du fonds rouge est saturé de feuilles nervurées longues et recourbées plus ou moins semblables aux feuilles d'acanthe, alors que le sol est fait d'un verre bleu clair fleuri de plantes rehaussées au jaune d'argent.

Un seul arbre situe par métonymie le jardin dans lequel Jésus, déguisé en jardinier, apparaît à Marie de Magdala.

L'une des constantes de cette iconographie est de jouer sur la tension dynamique entre le corps de la femme, ramassé mais tendu en diagonale vers son Rabbouni (cher Maître) et la ligne concave du retrait de celui du Christ, dont le pied droit et la main droite avancés sont contés par le recul du bassin. Ici, l'artiste a su compléter la courbe de cet arc en la prolongeant par le phylactère et par la masse de feuillages verts, déjà annoncés par le vert du nimbe crucifère. La diagonale qui est la flèche de cet arc correspond à l'axe des deux regards.

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Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Noli me tangere, registre de la Passion, maîtresse-vitre (Guillaume Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— COUFFON (René), 1936, Contribution à l'étude des verrières anciennes du Département . ... Extrait des Mémoires de la société d'émulation des Cotes-du-Nord. 1936 n°67 pages 65-228, ill. Noir et blanc Sur Merléac : pp 95-101 (retranscrit sur Infobretagne)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f90.image

 

— GATOUILLLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) pages 144-146.

GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac",Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.

— JUREZ (Yann), 1992, Les vitraux de la chapelle Saint-Jacques à Merléac (Côtes d'Armor),  Mémoire de DEA, Paris-Sorbonne,. 1992 80 p 221 ill. (non consulté)

— Infobretagne : 

http://www.infobretagne.com/merleac-chapelle-saintjacques-vitraux.htm

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
26 septembre 2017 2 26 /09 /septembre /2017 15:59
Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Le vitrail proprement dit est divisé par les sept meneaux de la fenêtre en huit lancettes comprenant chacune sept panneaux, soit au total cinquante six panneaux. Les trois derniers de chaque lancette, soit vingt-quatre panneaux, forment une vaste tenture formée de petits losanges sur lesquels sont représentés en grisaille des chouettes et divers oiseaux. Sur les bordures des lancettes, l'on trouve des couronnes d'or surmontant un M gothique, lettre chère aux Rohan et aux Clisson, ou la lettre M seule, alternant avec des coquilles de saint Jacques." (Couffon)

Cette verrière de 8,50 m de haut environ et de 4,45 m de large comporte en effet, sous la rose de son tympan, huit lancettes trilobées organisés en trois registres. Au dessus du registre inférieur aux trois panneaux de grisailles décoratives, le registre médian est consacré à la vie de saint Jacques, patron de la chapelle, et le registre supérieur à la Passion du Christ. Une inscription indique que cette vitre a été faite en 1402 par G. Beart, en qui on reconnaît Guillaume Béart :


 

"La maîtresse vitre de Saint-Léon est très importante pour l'histoire des verrières bretonnes puisqu'elle est datée et signée. On lit en effet, au bas et à droite de la vitre, dans un cartouche, l'inscription suivante en lettres gothiques : G béart fist ceste vitre l'an M IIIIc e II (1402).

Ce nom de Béart est bien connu. Imagier et doreur à Rennes, Guillaume Béart travaillait en 1408 pour Saint-Pierre de Rennes. Il appartenait à une famille de peintres verriers rennais. En 1375, Perrot Béart et Raoul Béart travaillaient à la grande vitre de la cathédrale de Rennes ; et, en 1435, autre Perrot Béart travaillait au Rheu, en compagnie de son fils Jamet Béart qui n'était âgé que de 15 ans." (Couffon)

Restauration du remplage et de la verrière en 1860-1865. protection MH, 1908/12/01.

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Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Vie de saint Jacques.

Ce thème a fait l'objet de trois verrières prestigieuses antérieures à celle-ci :

—La verrière de la Vie de saint Jacques de la cathédrale de Chartres, 1215-1225, baie 5, à 30 médaillons dont 28 consacrés à saint Jacques. Les scènes 5 à 20 racontent les démêlés avec le magicien Hermogène.

https://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/index.htm

— La verrière de la Vie de saint Jacques de la cathédrale de Bourges, vers 1210-1215, baie 22, à 20 panneaux dont 13 racontent les démêlés avec Hermogène.

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/la-verriere-de-la-vie-de-saint-jacques-vers-1210-1215-de-la-cathedrale-de-bourges.html

http://www.xacobeo.fr/ZF2.02.b-a.vitr.Bourges.DoDuc.htm

http://www.xacobeo.fr/ZF2.02.b-a.vitr.Bourges.Montereau.htm

 

— La  verrière de la Vie de saint Jacques de la cathédrale de Tours, 1255-1275, en 24 médaillons  dont 10 consacrés à la légende du pendu dépendu.

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/les-vitraux-du-xiiie-siecle-de-la-cathedrale-de-tours-la-baie-210-de-la-vie-de-saint-jacques-et-de-la-legende-du-pendu-dependu.html

 

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Le registre moyen de la verrière de Saint-Jacques de Merléac fait se succéder de gauche à droite huit scènes :

1.La Prédication de saint Jacques

2. La conversion d'Hermogène libéré des démons et le don du bâton.

3. L'Arrestation de saint Jacques et la comparution devant Hérode.

4. La Décollation de saint Jacques.

5. La translation du corps du saint sur une nef vers la Galice.

6. La translation du corps du saint vers le palais de la reine Louve.

7. Sept pèlerins en prière devant la statue du saint à Compostelle.

8. Le pendu dépendu.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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"Les panneaux supérieurs de la seconde rangée représentent huit scènes de la Passion surmontées de dais architecturaux qui constituent la première rangée des panneaux. Ces scènes reposent elles-mêmes sur des architectures qui les séparent des huit autres panneaux historiés à qui elles servent de dais, panneaux sur lesquels sont figurés huit scènes de la vie de saint Jacques d'après la légende dorée." (Couffon) 

 

Selon une légende, Jacques partit avec quelques disciples, pour l’Espagne pendant quatre années et plus particulièrement vers la cité de Gadès (l’actuelle Cadix), où le travail d’évangélisation rencontra de multiples obstacles et difficultés. Selon une tradition chrétienne transmise à partir des Catalogues apostoliques, textes apocryphes grecs rédigés vers le commencement du viie siècle et remaniés en latin dans le breviarium apostolorum ( « l’abrégé » ou « bréviaire des Apôtres »), il ne réussit à convertir que neuf disciples. Pour Bernard Gicquel, le thème de cette prédication en Espagne serait en fait une contamination ultérieure de cette tradition avec celle du voyage espagnol d'évangélisation de saint Paul alors que les catalogues ne mentionnent jamais l'Espagne.

Après un voyage de six mois à Rome où il fut brièvement emprisonné, il revint à Gadès. Le nombre de disciples y avait notablement augmenté à la suite d'une immigration. Jacques poursuivit son apostolat à Caesaraugusta (l’actuelle Saragosse), où il obtint des conversions massives. Il continua son évangélisation par la Galice se dirigeant vers Compostelle[

À la suite d'une nouvelle persécution à Jérusalem, Jacques retourna vers cette ville avec sept disciples pour soutenir la communauté de croyants. C'est à cette occasion, selon La Légende dorée, qu'il affronta et convertit le magicien Hermogène. Il fut tué « par l'épée » dans un endroit inconnu de Palestine et son exécution provoqua un soulèvement populaire. Ses dépouilles furent retenues par les persécuteurs. Selon la tradition des Catalogues Apostoliques, le lieu d'inhumation de saint Jacques fut l’Achaia Marmarica (expression grecque qu'on interprète comme la région égyptienne de Marmarique, confusion probable avec saint Jacques le Mineur dont la tradition mentionne qu'il est crucifié en Basse-Égypte) qui aurait été déformé dans la traduction latine en arca marmorica », signifiant « tombeau de marbre ». Or, la colline dominant Compostelle où fut trouvé dans une nécropole chrétienne le prétendu tombeau de Jacques par le moine Pélage vers 810 s'appelait Arcis marmoricis. (Wikipédia)

Les chemins de Saint-Jacques partent, en Bretagne, de cinq ports ou lieux : d'ouest en est la Pointe Saint-Mathieu, Moguériec, Locquirec, l'Abbaye de Beauport et le Mont Saint-Michel. Merléac est placé sur le chemin partant de l'abbaye de Beauport et atteignant Saint-Caradec. 

https://www.compostelle-bretagne.fr/index.php/guide-et-chemin

 

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Examinons maintenant plus en détail les panneaux en allant de gauche à droite.

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1. — Prédication de saint Jacques.

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Description de René Couffon : 

"Le saint, nimbé de rouge et portant une barbe jaune, prêche la foule. Il est vêtu d'une robe bleue avec aumônière d'or, et tient à la main le bourdon jaune de pèlerin avec la gourde. Au premier plan, personnage en bonnet et manteau rouge ; à droite, autre personnage en bonnet jaune et manteau rouge, derrière, personnage en manteau rouge." (Couffon)

Remarques sur Couffon :

 —Il convient de parler de la besace portée par saint Jacques plutôt que d'une aumônière.

L'objet placé en haut du bourdon  n'est pas une gourde, mais la coquille de Saint-Jacques

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Le sujet :

"Saint Jacques, apôtre, fils de Zébédée, après l'ascension du Seigneur, prêcha en Judée et dans le pays de Samarie ; il vint enfin en Espagne, pour y semer la parole de Dieu ; mais comme il voyait que ses paroles ne profitaient pas, et qu'il n'y avait gagné que neuf disciples, il en laissa deux seulement pour prêcher, dans le pays, et il revint avec les autres en Judée. Cependant maître Jean Beleth dit qu'il ne convertit qu'un seul homme en Espagne." (Jacques de Voragine, Légende Dorée)

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Le vitrail :

a) Les pieds nus appartiennent aux "attributs apostoliques" qui caractérisent Jacques comme apôtre, tout comme la barbe. 

b) L'apôtre est figuré avec ses attributs propres qui sont ceux des pèlerins de Compostelle : le bourdon ; la besace ; le chapeau (rejeté ici derrière la tête) ; et les coquilles (sur le bâton et sur la besace).  

Rappel : L'apôtre est souvent représenté de trois façons :

-en majesté, assis : c'est la figure  du saint qui trône au dessus du porche sud.

-en pèlerin, debout : à partir du XIIIe siècle, sous l’influence du Pèlerinage de pèlerinage de Compostelle, il porte la tenue traditionnelle du jacquet, avec le bourdon de pèlerin (le bâton), la besace, la calebasse (gourde), le mantelet (grande cape) et le chapeau de feutre à larges bords orné d'une coquille Saint-Jacques, souvenir de son martyre. C'est donc le cas ici.

-en tueur de Maures, armé d'une épée sur un cheval blanc. 

c) La Prédication est aussi représentée en peinture sur le lambris du bas-coté nord, mais de façon différente car on y voit un interlocuteur argumentant devant Jacques. Elle figure sur la verrière de Chartres, 

Comparaison iconographique : vitraux et enluminures.

La scène de la  Prédication de saint Jacques peut correspondre à son évangélisation de la Galice, ou bien à celle de la Judée et de la Samarie. Des indices plaident pour la seconde possibilité.  Sur le vitrail de Chartres, les auditeurs portent des bonnets pointus hébraïques. Et les enluminures de cette Prédication introduisent souvent un texte indiquant qu'il s'agit de la prédication devant les Juifs de Judée. 

L'iconographie est, aux détails près, fixée dès le XIIIe siècle dans les vitraux des cathédrales et dans les illustrations de la Légende dorée, du Miroir historial et dans les Vies de saints.

–– Voir le panneau 4 de la baie 5 de Chartres . Jacques, assis à droite, montre aux six Juifs un calice doré, comme pour affirmer la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. 

 https://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/scene_04.php

–––Voir le panneau 2 de la baie 22 de Bourges : le saint, assis à droite de l'image, prêche à un groupe de sept personnes, dont une femme.

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/la-verriere-de-la-vie-de-saint-jacques-vers-1210-1215-de-la-cathedrale-de-bourges.html

––– Voir le panneau 7 de la baie 210 de Tours. Jacques, debout à gauche, prêche devant six personnes, dont une femme.

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/les-vitraux-du-xiiie-siecle-de-la-cathedrale-de-tours-la-baie-210-de-la-vie-de-saint-jacques-et-de-la-legende-du-pendu-dependu.html

— L'enluminure Bnf Français 412 Vie des saints (Hainaut, 1285) fol. 21v,   s. jacques le majeur prêchant. Saint Jacques, debout à gauche, prêche à deux Juifs (bonnet conIque hébraïque) en introduction du texte (rubrique) : Ici commenche comment monseigneur st jaqes parla as juif quant il fu revenus de la terre de Galisse en jherusalem

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84259980/f52.image

 

— Paris Bnf Français 818 Vie des saints, France, XIIIe fol. 168v, lettrine.   Le saint debout à gauche prêche devant huit personnes séparés de lui par le jambage de la lettre M avant la rubrique  de la passion saint jaque lapostole.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9058906r/f171.image

— Paris Bnf Français 17229 Vie des saints, France, seconde moitié XIIIe fol. 38v. Jacques, à gauche, debout en tenue de pèlerin de Compostelle prêche à deux Juifs coiffés d'un bonnet conique, dans une lettrine qui introduit la rubrique     :  Ci commence comment messires [tenu] jacques parla aux juis qant il fu revenu de la terre de galice en jerusalem.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9061254h/f40.image

Bnf fr. 241  Légende des saints de Jacques de Voragine traduite par Jean de Vignay, date 1348  fol. 169v. Vignette carrée où Jacques, debout à droite derrière un pupitre, discute avec trois personnes. Ci commence la vie monseigneur saint jacque lapostre

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84260044/f342.item.zoom

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Dans plusieurs de ces représentations, l'apôtre fait avec ses mains les gestes d'élocution et d'argumentation qui figurent sur le vitrail de Merléac.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Prédication de saint Jacques, Cathédrale de Bourges, photographie lavieb-aile juillet 2016

La Prédication de saint Jacques, Cathédrale de Bourges, photographie lavieb-aile juillet 2016

L'enluminure Français 412 Vie des saints (Hainaut, 1285) fol. 21v,   s. jacques le majeur prêchant

L'enluminure Français 412 Vie des saints (Hainaut, 1285) fol. 21v,   s. jacques le majeur prêchant

Légende des saints de Jacques de Voragine traduite par Jean de Vignay, date 1348 Bnf fr. 241  fol. 169v,   s. jacques le majeur prêchant

Légende des saints de Jacques de Voragine traduite par Jean de Vignay, date 1348 Bnf fr. 241  fol. 169v,   s. jacques le majeur prêchant

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le fond damassé à perroquets.

Le fond damassé vert répète un motif au pochoir fait d'une croix de feuillage au centre, entouré par un médaillon de deux lignes circulaires et d'une dernière ligne à arcades pleines. Ce médaillon est coupé en quatre portions par les pointes de quatre feuilles lancéolées.

Mais ce motif, lorsqu'il est plus éclaté, prend l'apparence de quatre fleurs (les portions de médaillon) réunies par leurs tiges, et séparées par quatre feuilles de saule.

 

 Ce n'est qu'un examen attentif (je vous fais un dessin) qui permet de distinguer dans ces jeux de feuillage quatre perroquets,  l'un à droite de la main de Jacques, un autre encore au dessus des têtes des auditeurs, et deux  autres au dessus de la coquille de son bourdon. Ceux-ci sont accouplés, le tête et le bec tournés face à l'autre, et les queues à deux plumes se croisant en partie basse ; ils montrent le pochoir entier.

Ce damassé à perroquets (ou pour rester prudent, à oiseaux) ne se retrouve pas sur les autres panneaux de ce registre. Au registre supérieur, celui de la Passion, le fond bleu du panneau de la Flagellation et celui de la Crucifixion recèlent aussi le même couple de perroquets, affrontés et croisant leurs queues, associés à un second motif floral. 

Il crée un lien avec les damassés inspirés des soieries de Lucques à oiseaux sassanides  des vitraux mis en place autour de 1400 et dans le premier quart du XVe siècle, comme ceux de la cathédrale de Quimper (vers 1417), de la maîtresse-vitre de Runan, ceux des vitraux de la Sainte-Chapelle de Bourges (avant 1405), ceux des chapelles Trousseau et Aligret de la cathédrale de Bourges, ou en Normandie à  Notre-Dame de Saint-Lô, à Saint-Maclou de Rouen, à la cathédrale et à Saint-Taurin à Évreux.

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/cathedrale-saint-etienne-de-bourges-vitrail-de-la-chapelle-aligret-bas-cote-sud-details_vitrail-technique

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Sur la même photo, on devine le rehaut au jaune d'argent des yeux de l'apôtre, mais aussi de ses disciples.

 

 

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Ces psittacidés méritent d'être considérés : rapprochons-nous.

Les deux perruches (la longueur de la queue, distinguant les perruches des perroquets,   m'autorise à cette précision)  sont, je l'ai dit, accouplées, le tête et le bec tournés face à l'autre, et les queues à deux plumes se croisant en partie basse. Ils portent un collier quadrillé en losange, mais je ne peux en faire des "perruches à collier", car ils affichent une huppe au sommet de leur tête, comme les callopsittes élégantes. Mais cette huppe est ici double. Je prends plaisir à ce jeu gratuit, car ces oiseaux sont des créations d'artistes, et non des portraits naturalistes.

Qu'en dire encore ? Souligner que l'œil est bien dessiné, pupille blanche en amande fendue dans un grain noir ? Mais surtout qu'il sont séparés par un plante à deux bulbes et deux pétales libérant une tige qui se divise en trois fleurs en forme de couronne. Le pochoir entier, dont le peintre s'est ingénié à modifier l'orientation, encadre nos oiseaux de quatre médaillons floraux.


 

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Panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Damassé du panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Damassé du panneau de la Prédication de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. — Saint Jacques exorcise Hermogène.

 

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Fond rouge, dessous du dais jaune.

Description par R. Couffon :

"Le saint, en chapeau blanc nimbé de vert et en robe bleue, exorcise Hermogène, à genoux devant lui et portant un manteau vert et un chapeau rouge sur le dos. Deux démons s'enfuient, l'un rose, l'autre bleu. Sur un phylactère, l'inscription « Accipe bac (ulum) » rappelle le don d'un bâton fait par saint Jacques à Hermogène pour le protéger de l'humeur vindicative des démons."(Couffon)

 

Commentaire sur Couffon :

Hermogène ne porte pas de chapeau rouge (c'est le fond damassé qui est rouge), mais une capuche bleue rabattue derrière la nuque. Le bâton, comme nous allons le voir, n'est pas là "pour le protéger de l'humeur vindicative des démons" mais en signe de conversion et d'affiliation, voire de mission d'évangélisation. On voit trois démons, et non deux seulement : l'un bleu clair à tache vertes (jaune d'argent), l'autre gris-rose et le troisième bleu foncé. Les livres de magie (que le magicien est amené à brûler sur  les vitraux de Chartres et Bourges) sont figurés derrière lui.   Le fond est damassé avec des rinceaux polycycliques à vrilles et des feuilles à sept folioles.

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Le sujet : 

"Pendant qu'il prêchait en Judée, la parole de Dieu, un magicien nommé Hermogène, d'accord avec les Pharisiens, envoya à saint Jacques un de ses disciples, nommé Philétus, pour prouver à l'apôtre que ce qu'il annonçait était faux. Mais l'apôtre l'ayant convaincu devant une foule de personnes par des preuves évidentes, et opéré en sa présence de nombreux miracles, Philétus revint trouver Hermogène, en justifiant la doctrine de saint Jacques : il raconta en outre les miracles opérés par le saint, déclara vouloir devenir son disciple et l'exhorta lui-même à l'imiter.

Mais Hermogène en colère, le rendit tellement immobile par sa magie qu'il ne pouvait remuer un seul membre : "Nous verrons, dit-il, si ton Jacques te déliera." Philétus informa Jacques de cela par son valet, l'apôtre lui envoya son suaire et dit : "Qu'il prenne ce suaire et qu'il dise : "Le Seigneur relève ceux qui sont abattus ; il délie ceux qui sont enchaînés (Ps. CXLV)." Et aussitôt qu'on eut touché Philétus avec le suaire, il fut délié de ses chaînes, se moqua des sortilèges d'Hermogène et se hâta d'aller trouver saint Jacques.

Hermogène irrité convoqua les démons, et leur ordonna de lui amener Jacques garrotté avec Philétus, afin de se venger d'eux et qu'à l'avenir les disciples de l'apôtre n'eussent plus l'audace de l'insulter. Or, les démons qui vinrent vers Jacques se mirent à hurler dans l'air en disant : "Jacques, apôtre, ayez pitié de nous ; car nous brûlons dès avant que notre temps soit venu." Saint-Jacques leur dit : "Pourquoi êtes-vous venus vers moi ?" Ils répondirent : "C'est Hermogène qui nous a envoyés pour vous amener à lui, avec Philétus ; mais à peine nous dirigions-nous vers vous que l'ange de Dieu nous a liés avec des chaînes de feu et nous a beaucoup tourmentés." "Que l'ange du Seigneur vous délie, reprit l'apôtre; retournez à Hermogène et amenez-le moi garrotté, mais sans lui faire de mal."

Ils s'en allèrent donc prendre Hermogène, lui lièrent les mains derrière le dos et l'amenèrent ainsi garrotté à saint Jacques, en disant : "Où tu nous as envoyés, nous avons été brûlés et horriblement tourmentés." Et les démons dirent à saint Jacques : " Mettez-le sous notre puissance, afin que nous nous vengions des injures que vous avez reçues et du feu qui nous a brûlés." Saint Jacques leur dit : "Voici Philétus devant vous, pourquoi ne le tenez-vous pas ?" Les démons répondirent : "Nous ne pouvons même pas toucher de la main une fourmi qui est dans vôtre chambre." Saint Jacques alors dit à Philétus . "Afin de rendre le bien pour le mal, selon que J. C. nous l'a enseigné, Hermogéne vous a liés; vous, déliez-le."

Hermogène libre resta confus et saint Jacques lui dit : "Va librement où tu voudras ; car nous n'avons pas pour principe de convertir quelqu'un malgré soi." Hermogène répondit : "Je connais trop la rage des démons : Si vous ne me donnez un objet que je porte avec moi, ils me tueront." Saint Jacques lui donna son bâton : alors Hermogène alla chercher tous ses livres de magie et les apporta à l'apôtre pour que celui-ci les brûlât. Mais saint Jacques, de peur que l'odeur de ce feu n'incommodât ceux qui n'étaient point sur leur garde, lui ordonna de jeter les livres dans la mer. Hermogène, à son retour, se prosterna aux pieds de l'apôtre et lui dit : "Libérateur des âmes, accueillez un pénitent que vous avez épargné jusqu'ici, quoique envieux et calomniateur." Dès, lors il vécut dans la crainte de Dieu, au point qu'il opéra une foule de prodiges." (Jacques de Voragine, Légende Dorée)

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L'inscription accipe baculum :

 

Accipe baculum pastoralem , "reçois le bâton pastoral" est la formule liturgique attestée dès le Xe siècle lors de la remise de la crosse à l'abbé lors de la consécration abbatiale (Rituel de Moissac du Xe siècle, Pontifical de Sens, de Saint-Rémi de Reims, de Cuença au XIIe siècle, de Besançon ou d'Arles)

Accipe baculum sustentationis uel ... appartient au formulaire de bénédiction des pèlerins du Pontifical romain du XIIe siècle : 

Quand le prêtre tend le bâton : « Accipe baculum sustentationis uel defensionis domini nostri Iesu Christi, quo sustentante gressus itineris tui, firmiter pergere ac fortiter resistere ualeas uenenosis impulsionibus serpantis antiqui  Traduction approximative par Humbert Jacomet  : « reçoit ce bâton soutenu et défendu par Notre Seigneur Jésus-Christ, qui soutiendra tes pas sur la route et fortifiera ta résistance aux désirs malsains et aux impulsions sataniques"

Pontifical Ely de la Cambridge University Library (XIIe s)

Le bâton (baculus) des pèlerins va de paire avec la besace (pera) et les deux objets, au delà de leur fonction pratique, acquièrent une fonction spirituelle. Ils sont bénis et remis au pèlerin lors d'une cérémonie qui les instituent.

Dès le XIIe siècle, la remise aux pèlerins de la besace et du bourdon pouvait donc  faire l’objet d’une remise solennelle suivant un cérémonial prévu dans les pontificaux,  la « Benedictio perae et baculi peregrinantium » du XIIe siècle se lit dans le « Pontificale Carnotense »  et aussi dans le pontifical de Sens. Elles sont toutes deux identiques au pontifical romain. Au moment de remettre le sac, le prêtre dit : « …Fit tibi iugum Christi mansuetum et leue ut, suae protectionis custioda te ubique comitante, ad portum salutiferae remissionis misericorditer mereatis attoli… (Le rituel compare la pera, passée au col, au joug du Seigneur qu’elle souhaite léger au pèlerin. La formule se durcit au XIIIe : «…accipe hanc peram, signum peregrinationis tue, ut bene castigatus et salvus et bene emandatus peruenire merearis ad limina sanctorum… »


Quand le prêtre tend le bâton : « Accipe baculum sustentationis uel defensionis domini nostri Iesu Christi, quo sustentante gressus itineris tui, firmiter pergere ac fortiter resistere ualeas uenenosis impulsionibus serpantisantiqui… »

Traduction approximative : « reçoit ce bâton soutenu et défendu par Notre Seigneur Jésus-Christ, qui soutiendra tes pas sur la route et fortifiera ta résistance aux désirs malsains et aux impulsions sataniques"

 «Accipe baculum sustentationis uel defensionis domini nostri Iesu Christi, quo sustentante ... qui in itinere Sancti Jacobi defunctus extitit, ecclesie nostre in elemosinam concessit, assistente Fulcherio abbate avunculo ...

Voir ici ma source : https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-chap1-3.pdf

On notera que la formule a morsu serpentis antiqui figure dans les formules d'exorcisme ; qu'il y a une analogie/opposition entre le bâton et le serpent, comme pour la verge de Moïse et celle d'Aaron (Exode 7:8-13) ou pour le bâton d'Esculape, et que dans le vitrail, la rectitude du bâton s'oppose aux sinuosités des trois serpents/démons.

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Comparaison iconographique :

Le sujet est décrit, de façon plus détaillée qu'ici, sur les vitraux des cathédrales du XIIIe siècle, sur les enluminures de la Légende dorée, ou sur les peintures des lambris des bas-cotés de la chapelle Saint-Jacques de Merléac. 

Comparez avec le panneau 14 de la baie 5 de Chartres : https://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/scene_14.php

 

« Le Mirouer historial » de Vincent de Beauvais, traduction de Jean de Vignay .Bnf  Français 50 folio 268r XVe siècle

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52506638h/f545.image

Un document de 1198 : Amiens BM Ms.0108 f 207v Bible en image venant de Pampelune  Passio jacobi apostoli

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=%27SAINT%20JACQUES%20LE%20MAJEUR%20ET%20LES%20DEMONS%20ENVOYES%20PAR%20HERMOGENE%27&NUMBER=1&GRP=0&REQ=%28%28%27SAINT%20JACQUES%20LE%20MAJEUR%20ET%20LES%20DEMONS%20ENVOYES%20PAR%20HERMOGENE%27%29%20%3aSUJET%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=100&MAX3=100&DOM=All

— Chateauroux BM ms 0002 folio 243v Bréviaire à l'usage de Paris, vers 1414 Saint Jacques le Majeur et Hermogène . attribuée au Maitre de Boucicaut pour Louis de Guyenne

Jacques convert le mage encore dans les griffes des diables. Fond de paysage avec villes ou châteaux

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=%27SAINT%20JACQUES%20LE%20MAJEUR%20ET%20HERMOGENE%27&NUMBER=1&GRP=0&REQ=%28%28%27SAINT%20JACQUES%20LE%20MAJEUR%20ET%20HERMOGENE%27%29%20%3aSUJET%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=100&MAX3=100&DOM=All

La remise du bâton à Hermogène est clairement représentée sur le  folio 27r du Légendier du XIIIe siècle du Bnf NAF 23686 Ci commence la vie et la passion mon seignor St Jacq le grant que pelerins requerent

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8446925z/f55.image

 


 

 

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3. — Arrestation de saint Jacques et comparution devant Hérode Agrippa.

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Fond vert, dessous du dais jaune. Verre à filets rouges. tête refaite.

Description par R. Couffon :

"Saint Jacques est vêtu comme au panneau 2. Un homme d'armes, en armure avec camail, tabar rouge et or, et, épée, le tient ligoté et le conduit à Hérode Agrippa que l'on voit à droite, coiffé d'un turban blanc et or, vêtu d'une robe blanche et d'un manteau d'or, et chaussé de souliers bleus." (Couffon)

Le sujet :

"Alors les Juifs, transportés de colère en voyant Hermogène converti, vinrent trouver saint Jacques et lui reprochèrent de prêcher Jésus crucifié. Mais il leur prouva avec évidence par les Écritures la venue du Christ et sa passion, et plusieurs crurent. Or, Abiathar, qui était grand-prêtre cette année-là, excita une sédition parmi le peuple; il fit conduire à Hérode Agrippa l'apôtre, une corde au cou. Le prince ordonna de décapiter saint Jacques et un paralytique couché sur le chemin lui cria de le guérir. Saint Jacques lui dit : "Au nom de J. C. pour la foi duquel on va me couper la tête, lève-toi guéri, et bénis ton créateur." A l'instant il se leva guéri et bénit le Seigneur. Or, un scribe appelé Josias, qui avait mis la corde au cou de l'apôtre et qui le tirait, à la vue de ce miracle, se jeta à ses pieds, lui adressa des excuses et demanda à se faire chrétien. Abiathar à cette vue le fit empoigner et lui dit : "Si tu ne maudis le nom du Christ, tu seras décapité en même temps que Jacques." Josias reprit : "Maudit sois-tu toi-même, maudites soient tes années, mais que le nom du Seigneur J. C. soit béni dans les siècles." Alors Abiathar lui fit frapper la bouche à coups de poing et envoya demander à Hérode l'autorisation de le décapiter avec Jacques. Tous les deux allaient être décapités quand saint Jacques demanda au bourreau un vase plein d'eau, et baptisa Josias, immédiatement. L'un et l'autre consommèrent leur martyre, un instant après, en ayant la tête tranchée." (Jacques de Voragine, Légende Dorée)

 

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Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Description :

 

 

Tenue de saint Jacques : chapeau frappé d'une coquille, rabattu derrière la tête ; besace décorée d'une coquille, aux coins ornés de pompons de frange ; pieds nus ; barbe ; nimbe rouge perlé et polycyclique. Ses mains sont liées, et une corde entoure son cou. Il est saisi par les cheveux par un garde et est contraint à baisser la tête

Tenue du soldat : casque conique ou cervelière au dessus d'un camail de mailles ; tabard en verre rouge fouetté (jaspé, "à filets" cf Lagabrielle 2000). Le verre rouge fouetté est obtenu au moment du soufflage en "plateau", la force centrifuge disséminant le rouge dans la masse de verre incolore; les deux boules en fusion ayant été cueillies successivement sur la même canne par le verrier (XIIe, XIIIe, puis XIXe siècles). Voir Viollet-le-Duc T IX p. 377. Le verrier semble avoir réussi la prouesse d'orienter  et de maîtriser ces traînées blanches pour figurer une ceinture, sur lequel il a placé des ronds de grisaille en guise de perles.Le soldat est armé d'une épée, portée du coté gauche selon l'usage et engainée dans un fourreau portant une marque au jaune d'argent. Il porte des  chaussures  longues et pointues "à la poulaine", déjà commentées sur le panneau de la décollation de sainte Barbe sur la baie 2. Le nez épaté, "narines au vent", de cet homme n'est pas un hasard, nous  le retrouverons dans le registre de la Passion, sur le soldat qui vient arrêter Jésus à Gethsémani.

Il reste à remarquer les couleurs dépareillées des jambes des chausses de ce soldat : comme chez le bourreau du panneau de la Décollation de sainte Barbe de la baie 2 (chapelle latérale sud), il s'agit de stigmatiser les "méchants", ou bien de témoigner de la fréquence de cette mode des vêtements à mi-parti à la fin du XIVe siècle parmi les hommes de guerre (mode adoptée par les Lansquenets et les soldats Suisses) et dont témoignent les enluminures des Très Riches Heures du duc de Berry. On retrouvera ces pantalons mal assortis dans le panneau de l'Arrestation de Jésus dans le registre supérieur.

 Autres soldats : coiffés de cervelière, l'un porte une arme sur l'épaule.

Tenue d'Hérode en habit de grand prêtre : bonnet à corne, manteau à galons à orfrois sur une robe blanche, mais chaussures à la poulaine.

 

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Fond damassé : à rinceaux dont les tiges s'épanouissent en bouquets floraux de trois fleurs à trois pétales, et libèrent des vrilles. 

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L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4. — Décollation de saint Jacques.

 

Fond rouge avec arbres verts. Tête du saint refaite.

Description de R. Couffon 

"Le saint, en robe bleue et nimbe vert, est à genoux, prêt à recevoir le coup fatal. Le bourreau est en bonnet rouge, robe verte et chausses rouges." (Couffon)

J'ajouterai les chaussures pointues "à la poulaine" déjà observées dans d'autres panneaux et d'autres baies de cette chapelle, mais surtout le fourreau très particulier de la dague. C'est une sorte d'aumônière, percée pour faire passer la lame, mais dotée d'un rabat.

Le fond rouge est à rinceaux à feuilles nervurées.

Le martyre de saint Jacques est attesté par les Actes des Apôtres 12:1-2 "Vers le même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques membres de l'Église, et il fit mourir par l'épée Jacques, frère de Jean."

https://www.biblegateway.com/passage/?search=Actes+12&version=LSG.

Comparaison : la scène est illustrée sur chacune des verrières des trois cathédarles de Bourges, Chartres et Tours, mais aussi sur de nombreuses enluminures.

Par exemple le panneau 29 de la baie 5 de Chartres :

https://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/scene_29.php

Ou la lettrine A du  folio 27r du Légendier du XIIIe siècle du Bnf NAF 23686 Ci commence la vie et la passion mon seignor St Jacq le grant que pelerins requerent

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8446925z/f55.image

 

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Bnf fr. 50 folio 268v

Bnf fr. 50 folio 268v

Légendier, XIIIe siècle, Bnf NAF 23686 folio 27

Légendier, XIIIe siècle, Bnf NAF 23686 folio 27

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5. —Translation en Galice par un navire des reliques du saint, contenues dans une  chasse .

 

 


 

Fond vert, dessous du dais jaune. Importantes restaurations, en particulier pour le dais.

Description par R. Couffon :

"Sur la mer bleue, dans laquelle sont représentés des poissons verts, vogue une nef brune portant la châsse du saint qu'entourent trois personnages en robes brunes dont l'un est coiffé d'un bonnet bleu. A l'arrière, un ange, en robe blanche et nimbé de rouge, tient le gouvernail." (Couffon)

 

 

Le sujet :

"Saint Jacques fut décollé le 8 des calendes d'avril (25 mars), le jour de l'Annonciation du Seigneur; son corps fut transporté à Compostelle, le 8 des calendes d'août (25 juillet) et enseveli le 3 des calendes de janvier (30 décembre), parce que la construction de son tombeau dura de août à janvier. L'Église établit qu'on célébrerait universellement sa fête au 8 des calendes d'août, qui est un temps plus convenable. Or, après que saint Jacques eut été décollé, ainsi que le rapporte Jean Beleth, qui a écrit avec soin l'histoire de cette translation, ses disciples enlevèrent son corps pendant la nuit par crainte des Juifs, le mirent sur un vaisseau et abandonnant à la divine Providence le soin de sa sépulture, ils montèrent sur ce navire dépourvu de gouvernail ; sous la conduite de l'ange de Dieu, ils abordèrent en Galice, au royaume de Louve." (Jacques de Voragine, Légende Dorée, 1261-1266)

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Le vitrail.

La nef, une galée ?, est bordée à clins rivetés et gréée d'un mât maintenu par un double étai et sept cordages amarrés à l'extérieur de la coque. Il porte la croix sur son  oriflamme . Outre les trois personnages dont l'un est nimbé de bleu, et la pierre moulée sur le corps du saint, on voit, comme le remarque Couffon, un ange, nimbé de rouge, et portant l'amict au pli si caractéristique des anges du tympan . Mais on ne peut, malgré son poste, dire qu'il tient le gouvernail, puisque le point important de cet épisode de la légende est que cette nef en est dépourvue. Disons que c'est lui qui veille à mer cette barque au gré de la Providence.

Le fonds bleu-vert est à rinceaux polycycliques.

Comparaisons iconographiques :

— Français 412 Vie des saints, Hainaut 1285 24v ici define la glorieuse passion mon seignor seint jaqe l'apostre. si vos dirons apres comment ses beneois cors en fu portees en la terre de galisse et de ses glorieus miracles qe nostre sires jesu cris a fez por lui vos reconterons nous une partie apres

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84259980/f58.image

 

— Nouvelle acquisition française 13521 Grand recueil du château La Claytte, fin XIIIe :  [Pierre de Beauvais.] Translation et miracles de saint Jacques, en prose (37-42) ; Chronique du Pseudo-Turpin. Traduction en prose (42-56). daté de 1212. folio 37 et vient apres la translation mon seingneur saint jaque le grant

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b530121530/f79.image

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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6. — Translation des reliques sur un char tiré par des bœufs.

Fond rouge à rinceaux polycycliques à feuilles trifoliées.

"A droite, un château bleu, sur la courtine duquel apparaît la reine Louve en corsage or à manches vertes. La châsse d'or est posée sur un chariot conduit par un personnage en robe brune et traîné par les taureaux indomptés de la reine, devenus doux comme des agneaux et portant le joug. Dans le fond une chapelle d'or." (Couffon).

Le sujet :

"Il y avait alors en Espagne une reine qui portait réellement ce nom et qui le méritait. Les disciples déchargèrent le corps, et le posèrent sur une pierre énorme, qui, en se fondant comme de la cire sous le corps, se façonna merveilleusement en sarcophage. Les disciples vinrent dire à Louve : "Le Seigneur J. C. t'envoie le corps de son disciple, afin que tu reçoives mort celui que tu n'as pas voulu recevoir vivant." Ils lui racontèrent alors le miracle par lequel il avait abordé en son pays sans gouvernail ; et lui demandèrent un lieu convenable pour sa sépulture. La reine entendant cela, toujours selon Jean Beleth [ théologien, liturgiste et sermonnaire français du XIIe], les adressa, par supercherie, à un homme très cruel, ou bien, d'après d'autres auteurs, au roi d'Espagne, afin d'obtenir là-dessus son consentement ; mais ce roi les fit mettre en prison. Or, pendant qu'il était à table, l'ange du Seigneur ouvrit la prison et les laissa s'en aller en liberté.

Quand le roi l'eut appris, il envoya à la hâte des soldats pour les ressaisir. Un pont sur lequel passaient les soldats vint à s'écrouler, et tous furent noyés dans le fleuve. A cette nouvelle, le roi, qui regrettait ce qu'il avait fait et qui craignait pour soi et pour les siens, envoya prier les disciples de revenir chez lui et leur permit de lui demander tout ce qu'ils voudraient. Ils revinrent donc et convertirent à la foi tout le peuple de la cité. Louve fut très chagrinée en apprenant ces faits ; et quand les disciples la vinrent trouver pour lui présenter l'autorisation du roi, elle répondit : "Prenez mes boeufs qui sont en tel endroit ou sur la montagne ; attelez-les à un char, portez le corps de votre maître, puis dans le lieu qu'il vous plaira, bâtissez à votre goût."

Or, elle parlait en louve, car elle savait que ces bœufs étaient des taureaux indomptés et sauvages ; c'est pour cela qu'elle pensa qu'on ne pourrait ni les réunir, ni les atteler, ou bien que si on pouvait les accoupler, ils courraient çà et là, briseraient le char, renverseraient le corps et tueraient les conducteurs eux-mêmes. Mais il n'y a point de sagesse contre Dieu (Prov., XXI). Ceux-ci, ne soupçonnant pas malice, gravissent la montagne, où ils rencontrent un dragon qui respirait du feu ; il allait arriver sur eux, quand ils firent le signe de la croix pour se défendre et coupèrent ce dragon par le milieu du ventre. Ils firent aussi le signe de la croix sur les taureaux qui, instantanément, deviennent doux comme des agneaux ;

on les attelle on met sur le char le corps de saint Jacques avec la pierre sur laquelle il avait été déposé. Les bœufs alors, sans que personne les dirigeât, amenèrent le corps au milieu du palais de Louve qui, à cette vue, resta stupéfaite. Elle crut et se fit chrétienne. Tout ce que les disciples demandèrent, elle le leur accorda ; elle dédia en l'honneur de saint Jacques son palais pour en faire une église qu'elle dota magnifiquement ; puis elle finit sa vie dans la pratique des bonnes œuvres." (Jacques de Voragine, Légende Dorée, 1261-1266).

 

 

Saint Jacques est étendu, près de son bâton pastoral, sur la pierre qui a fondu comme de la cire pour accueillir son corps. Mais il semble bien vivant, car il est tourné sur le coté et soutient sa tête avec la main gauche selon l'attitude du mélancolique ou du songeur (cf Jessé). Malgré la barlotière qui gêne l'inspection, on voit que Lupa, la reine, tend le bras vers lui du haut des remparts de son château.

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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7. — Les pèlerins devant la statue de saint Jacques à Compostelle.

Fond bleu-vert à rinceaux polycycliques à feuilles nervurées et à petites feuilles trifoliées.

"Dans un oratoire, la statue du saint, Saint Jacques, en robe blanche et manteau bleu, est assis sur un trône d'or tel que les pèlerins le voyaient à Compostelle. Au premier plan, un pèlerin à genoux, vêtu d'une robe rouge, porte un phylactère avec l'invocation : « S. Iacobe (ora pro nobis) » Au second plan, à gauche, un pèlerin en bonnet rouge, robe rouge et manteau bleu ; à droite autre pèlerin en manteau bleu et derrière autre en manteau rouge.".(Couffon)

Remarques sur Couffon :  le phylactère est tenu par la statue de Jacques et non par un pèlerin.

Sept ou huit pèlerins (on compte huit bourdons) sont arrivés  devant la statue du saint. Le premier est agenouillé, il tient son bâton entre les mains jointes. Son chapeau est rejeté derrière la nuque.  Trois femmes se repèrent car leur tête est recouverte d'un voile qui entoure leur visage. 

Rien ne distingue que ce n'est pas saint Jacques en personne qui se tient assis devant eux. Le saint, ou sa statue, est vêtu d'une cape dont le fermail est une coquille. Il s'appuie sur une canne en T. Le visage, barbu, est nimbé. Le phylactère porte l'inscription S IACOBE ORA PTS

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La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques,  Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

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8. — Miracle du pendu dépendu soutenu par saint Jacques.

Fond rouge, sol vert. Très restauré, notamment le dais.

"Saint Jacques, en manteau bleu et, nimbé de vert, soutient le pèlerin pendu en attendant le retour de ses parents qui avaient poursuivi leur pèlerinage à Compostelle. C'est l'illustration du miracle arrivé à Toulouse en 1020 et rapporté par la légende dorée [Note : Plusieurs des scènes de la légende de saint Jacques se voient également dans l'une des belles verrières du XVIème siècle de la chapelle de N.-D. du Cran en Spezet. Le miracle du pèlerin est raconté dans de nombreuses verrières françaises, notamment dans le vitrail de Saint Jacques de Lisieux (XVIème siècle)]." (Couffon)

http://www.bmlisieux.com/normandie/devill09.htm

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Le sujet :

"D'après le pape Calixte, un Allemand, allant avec son fils à Saint-Jacques, vers l'an du Seigneur 1090, s'arrêta pour loger à Toulouse chez un hôte qui l'enivra et cacha une coupe d'argent dans sa malle. Quand ils furent partis le lendemain, l'hôte les poursuivit comme des voleurs et leur reprocha d'avoir volé sa coupe d'argent. Comme ils lui disaient qu'il les fît punir s'il pouvait trouver la coupe sur eux, on ouvrit leur malle et on trouva l'objet : on les traîna de suite chez le juge. Il y eut un jugement qui prononçait que tout leur avoir fût adjugé à l'hôte, et que l'un des deux serait pendu. Mais comme le père voulait mourir à la place du fils et le fils à la place du père, le fils fut pendu et le père continua, tout chagrin, sa route vers Saint-Jacques. Or, vingt-six jours après, il revint, s'arrêta auprès du corps de son fils et il poussait des cris lamentables, quand voici que le fils attaché à la potence se mit à le consoler en disant : "Très doux père, ne pleure pas, car je n'ai jamais été si bien ; jusqu'à ce jour saint Jacques m'a sustenté, et il me restaure d'une douceur céleste." En entendant cela, le père courut à la ville, le peuple vint, détacha le fils du pèlerin qui était sain et sauf, et pendit l'hôte." (Jacques de Voragine, Légende Dorée)

 

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Le vitrail :

Son intérêt est limité, puisqu'il est composé pour plus des trois-quarts d'une mosaïque de pièces hétéroclites, non peintes, ou de pièces étrangères (fragment de couronne, de fleur de lys), découpés pour former les contours généraux compatibles avec le sujet : un gibet, un pendu, et le saint.

Du fond rouge, un seul fragment comporte le damas à rinceaux polycycliques et feuilles trifoliées sans doute originel. L'arbrisseau voisin de cette pièce est également ancien.

Les autres pièces peintes sont la main de Jacques, portant le livre (et dans laquelle se reconnaît le talent de G. Béart pour figurer les mains aux doigts longs et souples), et son visage, à la barbe peinte au jaune d'argent.

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L'intérêt de ce panneau se trouve donc dans son sujet, dont il est une représentation particulièrement précoce. En effet, comme l'écrit E. Delille,  "Si nous en croyons le témoignage de l’historien italien Luc de Marines, rapporté par les Bollandistes , cette légende aurait été peinte dans toutes les églises et chapelles dédiées à saint Jacques. Quoi qu’il en soit, cette représentation, sur des vitraux est aujourd’hui assez rare." J’en connais six, appartenant tous aux XVIe siècle, sans compter une peinture de Pisanello, citée par Vasari , qui aurait été exécutée dans la jeunesse de l’artiste, dans l’ancienne église del Tempio à Florence.

Le miracle du pendu-dépendu constitue le septième miracle du De miraculi sancti Jacobi, deuxième livre du Codex Calixtinus. Il en existe deux versions, l'une avec un aubergiste de Toulouse et l'autre avec une servante de Santo Domingo de la Calzada.

Après son illustration à la cathédrale de Tours en 1257-1270 et à Merléac en 1402,  le miracle du pendu-dépendu est représenté en 6 panneaux sur un vitrail de 1526 de Saint-Jacques de Lisieux et sur 15 des 18 panneaux d'un vitrail de ca. 1530 de l'église Saint-Nicolas de Châtillon-sur-Seine.  Un autre vitrail daté de 1554, se voit dans l’église de Triel ; un autre encore, dans l’église Sainte Jeanne-d'Arc de Rouen et provenant de Saint-Vincent de Rouen  ; ou dans l’église de Courville (Eure-et-Loir) sans oublier celui, provenant de l’église de Villiers (Loir-et-Cher), aujourd’hui conservé au musée de Vendôme. Ou celui de Cour-sur-Loire.
 

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La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Vie de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le pendu dépendu, lancette 8 du registre de la Légende de  saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le pendu dépendu, lancette 8 du registre de la Légende de saint Jacques, Maîtresse-vitre ou baie 0 (G. Béart, 1402) de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

a) Baie de la cathédrale de Chartres, 1210-1225 :28 médaillons :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitrail_de_saint_Jacques_le_Majeur_%C3%A0_Chartres

http://www.cathedrale-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/index.htm

b) Baie 22 de la cathédrale de Bourges, premier tiers du XIIIe siècle. 20 panneaux.

http://www.xacobeo.fr/ZF2.02.b-a.vitr.Bourges.Montereau.htm

— COUFFON (René), 1936, Contribution à l'étude des verrières anciennes du Département . ... Extrait des Mémoires de la société d'émulation des Cotes-du-Nord. 1936 n°67 pages 65-228, ill. Noir et blanc Sur Merléac : pp 95-101 (retranscrit sur Infobretagne)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k441314t/f90.image

—DEVILLE (Étienne), 1928 , Les vitraux de l’église St-Jacques Lisieux. Étude descriptive. Lisieux : A la Rose de Lisieux, J. Monjour éditeur, 1928.

http://www.bmlisieux.com/normandie/devill09.htm

Planche VII : http://www.bmlisieux.com/images/vitro007.jpg

— GATOUILLLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) pages 144-146.

GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac",Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.

 

— JACQUES DE VORAGINE Saint Jacques le Majeur , la Légende dorée.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/100.htm

— JUREZ (Yann), 1992, Les vitraux de la chapelle Saint-Jacques à Merléac (Côtes d'Armor),  Mémoire de DEA, Paris-Sorbonne,. 1992 80 p 221 ill. (non consulté)

— LAGABRIELLE   (Sophie ), 2000. "La verrerie du XIIe à la fin du XVe siècle : évolution d'une technique". In: Médiévales, n°39, 2000. Techniques : les paris de l'innovation. pp. 57-78; doi : 10.3406/medi.2000.1494 http://www.persee.fr/doc/medi_0751-2708_2000_num_19_39_1494

 

"Dans le vitrail des XIIe et XIIIe siècles, la couleur apparaît comme une exigence et l'objet d'expérimentations. Selon les recettes de fabrication médiévales, le verre de couleur était fait par addition de colorants à un verre « blanc » ou « incolore » de base. Nous venons de voir que, pour obtenir un verre bleu, les verriers ont procédé par tâtonnements. Au centre des préoccupations, le verre rouge se présente comme un notable facteur d'évolution. Le procédé de façonnage décrit par le moine Théophile, au chapitre m, correspond à celui du manchon, soufflage du verre en cylindre, ouvert aux deux extrémités par des opérations délicates. L'auteur décrit la méthode qu'il observe dans les forêts allemandes (auxquelles s'intègrent alors la Lorraine et l'Alsace). Or, côté français, l'examen des vitraux, qui n'en est qu'à ses prémisses, ne révèle pas le même procédé. Les vitraux des XIIe-XIIIe siècles (Saint-Remi de Reims, Châlons-sur-Marne, la cathédrale de Reims, Chartres, la Sainte-Chapelle de Paris, Rouen, Amiens...) présentent un certain nombre d'ondes concentriques en relief, typiques des verres en plateaux où la paraison est soufflée en cloche, décalottée et tournée jusqu'à former un disque32. Une différence fondamentale de façonnage apparaît donc déjà entre les contrées allemandes et françaises.

Dans la problématique du façonnage, l'obtention de la couleur rouge apparaît comme cruciale. Le rouge est en effet une couleur particulièrement exigeante. De forte densité, le colorant doit être employé en couche très mince. En 1933, G. Chesneau a pu faire un certain nombre d'observations sous microscope. Sur les verres du XII siècle comme ceux de Saint-Remi de Reims et de la cathédrale de Châlons-sur-Marne, façonnés en plateaux, il s'est aperçu que le ton « rouge oriental très clair », pour reprendre ses mots, avait été obtenu par trois à cinq trempages successifs de la paraison de verre blanc dans celle de verre rouge. Le résultat est une teinte fouettée, faisant alterner le rouge et le blanc. Si les peintres- verriers ont su exploiter ce manque d'homogénéité colorée qui donne à la matière une teinte jaspée, les maîtres de verrerie, quant à eux, semblent avoir cherché à corriger ce défaut et à simplifier les étapes de fabrication. La vision par microscope des verres de la cathédrale de Reims ou d'Amiens, datés du xme siècle, donc plus tardifs, tend à le prouver. Les deux sites présentent des vitraux teintés par une seule épaisseur de verre rouge foncé sur verre blanc mais chacun révèle une méthode d'obtention différente. Le microscope fait apparaître pour Amiens (milieu du XIIIe siècle) une superposition d'un grand nombre de très minces pellicules - de l'ordre de 12 à 27 - de verre rouge, séparées par du verre blanc qui, à l'œil, ne forme qu'une seule couche de verre rouge. Plus simple à obtenir que le rouge clair de Saint-Remi ou de Châlons, la teinte rouge foncé nécessite toujours un système de cueillettes alternatives de verre blanc et de verre rouge. Les verriers, observe G. Chesneau, ont exploité, pour Amiens, la fusibilité de la matière vitreuse, alcaline et peu siliceuse. Inversement, pour la cathédrale de Reims (2e moitié du XIIIe siècle) le rouge a été obtenu par un seul trempage, avant soufflage, de la paraison blanche dans le verre rouge foncé. Unique et très mince, la couche rouge recouvre le verre de façon continue. C'est donc le façonnage qui, à Reims, a été simplifié. Les deux types de réponse observés sont l'indice d'expériences menées en parallèle dans les ateliers de verrerie du xnr siècle pour améliorer la couleur du verre. Elles préparent l'apparition du verre plaqué - verre de couleur, en une couche, sur verre blanc - qui connaîtra les siècles suivants une grande faveur, notamment auprès des peintres-verriers, à cause de ses potentialités en gravure. Spécialisés dans la fabrication de verre creux de type sodique, les verriers du sud de la France ont commencé à produire du verre plat à partir du XIVe siècle, mais ils ne se sont jamais lancés dans la fabrication des verres plaqués rouges. Ils ne semblent pas avoir découvert le principe du plaquage - dont la qualité est d'éviter au colorant, l'oxyde cuivrique, de s'oxyder -, ils ont préféré, pour cette couleur, faire appel au savoir des verreries continentales ».

— ROUDIER(Jean), 2005  : " Saint Jacques en Bretagne, culte et patrimoine " Editions Label LN, Ploudalmezeau, 

https://www.compostelle-bretagne.fr/

Planche C1 (Bas-reliefs en pierre) https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-plancheC1-C8.pdf

Planche D1 (Peintures et vitraux) Vitraux anciens et saint Jacques avec l’instrument de son supplice

https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-plancheD1-D9.pdf

https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-plancheA1-A24.pdf

https://www.compostelle-bretagne.fr/images/PDF/Iconographie/icono-chap1-3.pdf

 

— VIOLLET-LE-DUC ,  Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 9.

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Viollet-le-Duc_-_Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle,_1854-1868,_tome_9.djvu/380

"Mais dès cette époque on obtenait le verre rouge par un autre procédé. L’ouvrier souffleur avait deux creusets remplis de verre blanc verdâtre au four. Dans l’un des deux on jetait des raclures ou paillettes de cuivre rouge, et l’on remuait ; immédiatement le souffleur cueillait une boule de verre blanc dans l’un des creusets, et il la plongeait dans le second creuset tenant en suspension des lamelles de cuivre. Il égalisait la prise sur une pierre chaude, soufflait et opérait comme il est dit ci-dessus. Ainsi obtenait-on des verres doublés, dans la moitié, au plus, de l’épaisseur desquels la coloration rouge se présente comme fouettée. Si l’on casse un de ces morceaux de verre, la coloration rouge se montre par stries ou paillettes inégalement réparties dans cette doublure du verre blanc verdâtre, ainsi que l’indique la section (fig. 1). Ce procédé de coloration par paillettes s’entrecroisant inégalement donne au ton rouge un aspect jaspé, miroitant, d’une grande puissance. On comprendra, en effet, que la lumière passant à travers le verre et venant frapper les lamelles de rouge fouettées dans la pâle, se reflétant réciproquement, doive produire une coloration d’une intensité et d’une transparence sans égales. Chaque lamelle de pâte rouge produit l’effet d’un paillon, et l’on voit à la fois une coloration rouge translucide et un éclat rouge reflété des lamelles voisines. Plus tard, à dater du milieu du xive siècle, le verre rouge est obtenu au moyen d’une doublure extrêmement mince sur un verre blanc verdâtre ; le rouge n’est plus fouetté dans la pâte, mais apposé sur elle, en faisant la boudine.

 Aussi ce verre rouge donne-t-il une coloration plus égale et, de près, plus puissante que celle des verres des xii- siècle et xiiie siècles : mais, à distance, l’éclat de ces verres doublés est moins lumineux, moins fin ; il est souvent lourd, écrasant dans l’ensemble ; en un mot, l’effet décoratif est moins bon. Cependant l’opération de la doublure des boudines donnait encore certaines inégalités, des stries plus ou moins colorées, qui conservaient au ton une certaine transparence. Aujourd’hui, les verres rouges doublés sont parfaitement égaux de ton, et pour les employer, les peintres verriers sont obligés, s’ils veulent obtenir une coloration fine à distance, de les jasper par des moyens factices."

— Infobretagne : 

http://www.infobretagne.com/merleac-chapelle-saintjacques-vitraux.htm

— Actes et mort du saint apôtre Jacques, frère du saint apôtre et évangéliste Jean le Théologien , apocryphe.

http://lodel.irevues.inist.fr/saintjacquesinfo/index.php?id=1163

— Histoire de Jacques le Majeur, d'après l'Histoire Apostolique d'Abdias, livre iv , in Encyclopédie Théologique - T.24: dictionnaire des apocryphes - troisième partie, Abbé Migne, Migne éd., Paris 1858.

https://books.google.fr/books?id=sn8iDAAAQBAJ&pg=PA266#v=onepage&q&f=false

— Auteur inconnu «Actes et mort du saint apôtre Jacques, frère du saint apôtre et évangéliste Jean le Théologien.», SaintJacquesInfo [En ligne], Textes, Les textes de Jacques, mis à jour le : 09/02/2016,
URL : http://lodel.irevues.inist.fr/saintjacquesinfo/index.php?id=1163

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
23 septembre 2017 6 23 /09 /septembre /2017 20:28

La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux du 1er quart du XIVe et du début du XVe siècle des baies latérales. Baies 1, 2, 3, 5 et 7.

 

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Sur cette chapelle, voir :

 

Sur les vitraux, voir :

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Le visiteur qui se rend en la chapelle Saint-Jacques de Merléac voit son attention rapidement absorbée par l'architecture, par les peintures murales, par le lambris peint, par l'ensemble des statues en bois,  et par la prestigieuse maîtresse-vitre de 1402. IL aura facilement tendance à négliger les vitraux des baies latérales (une baie au sud, 4 baies au nord), d'autant qu'elles résultent d'une vaste et complexe recomposition associant des pièces de panneaux du début du XVe siècle (proche de la date de 1402 inscrite sur la maîtresse-vitre), de rares éléments plus anciens datant des origines de la chapelle (en cours d'achèvement en 1317) et de mosaïques de pièces modernes en "bouche-trous". Cette réorganisation a été finalisée par l'atelier Hubert de Sainte-Marie en 1990. 

S'il quittait la chapelle sans s'attarder sur ces vitraux, notre visiteur passerait à coté de la première manifestation de l'utilisation du jaune d'argent en Bretagne au premier quart du XIVe siècle. Et d'anges dont les phylactères portent des fragments d'oraisons rarement rencontrés.

C'est d'ailleurs l'erreur que j'ai commise, photographiant trop rapidement ces verrières que je croyais secondaires.

C'est en suivant pas à pas les explications données par Françoise Gatouillat et Michel Hérold que nous profiterons  de tous les trésors qui nous attendent. J'y ajouterais un  examen particulier des fonds damassés et de l'emploi du jaune d'argent.

Rappel 1 : le jaune d'argent (d'après Infovitrail)

Le jaune d’argent est une cémentation, coloration obtenue par des sels métalliques qui pénètrent dans la masse du verre pendant la cuisson. Il apporte une coloration pouvant aller du jaune très clair au brun orangé foncé.

Le jaune d'argent apparaît en Normandie et à Paris dès les premières années du XIVe siècle,
Le plus ancien exemple, en 1313, est visible dans les verrières de l'église paroissiale Saint-Pierre du Mesnil-Villeman.

Le jaune d'argent révolutionne la technique du vitrail et de la peinture sur verre car on peut désormais ajouter la couleur jaune sur une même pièce sans la séparer par un plomb.
On se sert du jaune d'argent pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres et les éléments architecturaux, les vitreries ornementales de losanges et les fenêtres en grisaille décorative dont certains détails sont rehaussés de jaune d'argent. Il s'applique généralement au revers de la pièce.

Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (sous forme de sulfure ou de chlorure ) et d'un cément (ocre ou argile calcinée) qui restera en surface après cuisson et sera retiré.

Il est important de savoir que lors de l'application, les ions argent sont encore incolores, car pour se colorer ils doivent se coaguler. Donc le peintre ne voit pas l'effet de ce qu'il fait lorsqu'il pose ce cément.
On obtient une cémentation plus foncée et plus colorée selon le sel employé, la concentration de sels, la durée et température de cuisson, la composition chimique du verre.
Comme le mélange se pose le plus souvent « à la goutte » (on l’étale à l'aide d'un pinceau mouilleur bien chargé), cela explique sans-doute qu'il forme, ici, des taches ou plages plus ou moins bien circonscrites. Après cuisson, l'aspect ressemble à une coloration dans la masse car aucune épaisseur n'est perceptible au touché.

Note 1 : le brunissement des verres anciens a rendu parfois aléatoire l'évaluation du jaune sur mes photographies.

Note 2 : dans les vitraux du XIVe siècle, (Lafond 1943, Lautier 2000) le jaune d'argent est parfois posé sur le coté interne du verre, du même coté que la grisaille. Il serait très intéressant de savoir si c'est le cas à Merléac.

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Rappel 2 : les vitraux les plus anciens conservés en Bretagne (Gatouillat).

  • 1265-1270 : Dol-de-Bretagne, cathédrale  : 3 figures d'évêques en pied

  • vers 1290-1300 :  Dol-de-Bretagne, cathédrale  : baie 100 du chœur et bras du transept.

  • vers 1317 : Merléac (35), chapelle Saint-Jacques  : panneaux des lancettes et tympan des  baies 2 et 3. Grisaille et  jaune d'argent  sur verre blanc et fond de couleur.

  • premier quart XIVe : Pléboulle (22), chapelle du Temple : fragments d'un Tétramorphe. Grisaille et jaune d'argent sur verre blanc.

  • vers 1340 : église de  Saint-Alban (22) : maîtresse-vitre, 9 scènes de la Passion. Présence en abondance du jaune d'argent.

  • 1380-1390 : Dol-de-Bretagne, cathédrale  : panneaux en bas de la maîtresse-vitre.

  • vers 1402 : Merléac (35), chapelle Saint-Jacques  : maîtresse-vitre et panneaux des baies latérales. 

  • vers 1400 : Saint-Servant-de-l'Oust (56), chapelle Saint-Gobrien : fenêtre majeure, quelques panneaux. Vitraux offerts par Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan, présence de M couronnés. 

  • 1410-1415 : Quimper, cathédrale : baies du chœur.  Pupilles colorées au jaune d'argent.

  • vers 1423 : Runan, maîtresse-vitre. Pupilles colorées au jaune d'argent.

Ce rappel chronologique montre entre autre l'intérêt d'une comparaison des fonds damassés et de l'emploi du jaune entre Saint-Jacques de Merléac et la cathédrale de Quimper, à laquelle j'ai consacré de nombreux articles.

Vitraux du chœur II : Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109. ​

Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper. III. L'usage du jaune d'argent sur les vitraux des baies 110 et 112 (vers 1417). Anne trinitaire à Quimper.

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-fonds-damasses-des-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-de-quimper.html

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-des-baies-110-et-112-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper.html

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La baie 1 éclaire l'autel de la chapelle du bas-coté nord. Début du XVe (v.1402) et 1990.

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 Haute de 2,60 m et large de 1,10 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en trois registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Rassemblant des panneaux composites du début du XVe siècle, sa composition actuelle en association avec des créations modernes date de 1990 (atelier HSM).

Quatre panneaux anciens de la baie 1 (Annonciation, Visitation, Adoration des Mages, Vierge à l'Enfant ) laissent supposer qu'à coté de la Passion et de la Vie de saint Jacques de la verrière d'axe, une ou plusieurs baies traitaient de la Vie de la Vierge et de l'Enfance du Christ. D'autres panneaux de la baie 2 (Circoncision, Présentation au Temple) entrent aussi dans cette série. Néanmoins, Gatouillat et Hérold signalent qu'aucune baie de l'édifice actuel ne semble correspondre à leurs dimensions, mais que la majorité des éléments anciens montés dans les baies latérales sont d'une facture homogène comparable avec la maîtresse-vitre datée de 1402.

Ce culte marial se retrouve repris avec le thème de la Vierge couronnée et avec les inscriptions des phylactères, ce qui inciterait à penser que tout ou partie de la chapelle de Saint-Léon a été placé initialement sous le patronage de Marie en co-patronat avec saint Jacques. C'est dans ce sens que j'ai interprété d'abord le M couronné de la bordure de la vitre axiale comme se référant à Marie.


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette A.

En bas : scène composée par l'atelier HSM de Quintin (Hubert de Sainte-Marie).

Au milieu : Annonciation.

En haut : Rois Mages.

 

 

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) Composition d'Hubert de Sainte-Marie 1990.

La scène composée par l'atelier HSM en 1990 reprend en l'inversant le schéma global de l'Adoration des Mages, et recopie avec soin le motif à rinceaux polycycliques de ce panneau des Rois (que je note R1 pour me repérer). 


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) Annonciation vers 1402 , avec d'importantes restaurations de 1990.

Le phylactère porte des fragments de l'inscription AVE MARIA GRATIA PLENA ("Salut Marie pleine de grâces") , et les pages du livre ouvert des fragments de  ANCILLA DOMINI / FIAT MIHI SECUNDUM (Ecce ancila domini, fiat mihi secundum verbum tuum : "Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole").

La Vierge et Gabriel portent un bandeau perlé. Marie, est figurée de face, mais le visage de trois-quart, comme une jeune fille surprise dans sa lecture et qui se tourne subitement vers la droite. Sa posture est hanchée avec  l'abdomen projeté en avant, selon les critères de la mode de l'époque. Sa ceinture est ornée de motifs réguliers à six perles réunies en fleur.

Le fond damassé rouge porte des larges feuilles nervurées aux digitations profondes et arrondies. (je le repère sous le sigle F1)

Jaune d'argent : chevelure, bijoux (bandeau, collier, perles de la ceinture), lys, tranche du livre, bases, bagues et et chapiteaux des colonnes, cœur des fleurs de l'architrave. On voit, sur les perles de la ceinture par exemple, que la tache jaune déborde le contour de la perle centrale qu'elle souhaite colorer.


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les visages sont dessinés ainsi : une ligne trace un sourcil et le contour du nez avec sa narine. Un autre trait dessine le second sourcil et l'arête du nez. Les deux yeux bien ouverts  sont en amande plus effilée vers l'extérieur avec une pupille noire et une conjonctive en croissant blanc. Surtout, des cernes concentriques tracent les deux paupières et le pli palpébral supérieur.

Le philtrum n'est pas oublié, au dessus d'une bouche étroite en largeur mas aux lèvres pulpeuses, presque en cul-de-poule si je m'autorisais cette licence.

Trois lignes de composition : la diagonale pleine d'élan de l'ange, l'arc de cercle tout en retenue et en recul de Marie, et la verticale du vase, du lys et du phylactère, qui sépare et réunie les deux protagonistes.


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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c) Les Rois mages.

Ces trois rois viennent d'une Adoration de l'Enfant-Jésus dans la crèche, selon le schéma habituel où le plus âgé, Melchior (barbe blanche, calvitie) est agenouillé devant l'enfant et a ôté sa couronne, suivi de Balthazar et Gaspard, debout en attendant leur tour La coupe remplie de pièces d'or (moderne ?) est bien visible dans les mains de Melchior qui en ouvre le couvercle. Les deux rois ne diffèrent pas entre eux (si ce n'est la fourrure d'hermine du dernier), mais on retrouve ici le motif présent sur les porches de Le Folgoët (vers 1423) et de Rumengol (vers 1468), celui où le deuxième roi lève la main vers l'étoile et se tourne vers le troisième roi pour la lui montrer.

Je retrouve sur les visages de Balthazar et Gaspard  les traits que je viens de décrire dans l'Annonciation, avec les cernes des yeux, mais pour ces portraits masculins la narine est plus développée et la bouche plus rare.

Le fond damassé R1 apparaît ici sous sa forme originale : rinceau dessinant des volutes tracés au compas et libérant des vrilles ou des feuilles à trois lobes.

Jaune d'argent : pièces d'architecture, couronnes, pièces d'armures, colliers, coupe et monnaie d'or, chevelures et barbes, ainsi que la robe entière de Melchior.


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sur la robe de Melchior, qui émerge du manteau au niveau de la manche droite, sont figurées deux lettres Y au jambage fleuronné, et dont le point est un losange. Cela reste pour moi une énigme que je soumets aux lecteurs.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette B (c'est celle de droite).

En bas: scène composée par l'atelier HSM de Quintin (Hubert de Sainte-Marie).

Au milieu : la Visitation.

En haut : la Vierge couronnée.

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a) Composition de Hubert de Sainte-Marie 1990.

Un personnage allongé, la tête sur un oreiller (allusion à Jessé ?). Fond R1 qui fournit ainsi un relevé idéal du pochoir du damassé ancien.


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) La Visitation.

Le cadre architectural est le même que celui de l'Annonciation. La Vierge porte le même bandeau perlé que dans l'Annonciation, la même robe, serrée par une ceinture, etc. Le style des visages est le même (bouche d'Elisabeth en W avec lippe). Les nimbes sont en verres colorés (en croisant les couleurs rouge et bleue des robes).

Le corps de Marie, enceinte, est très mince ; il suit la forme d'un S très allongé verticalement. Celui de sa cousine vient se mouler dans les sinuosités en vis à vis, mais il est plus massif et plus bas, pour souligner le pieux respect d'Elisabeth devant le premier tressaillement, première manifestation de la divinité incarnée. 

Fond damassé R1 (moderne en haut à droite).

Jaune d'argent : chevelure, bijoux (bandeau, collier, perles de la ceinture), bases, bagues et et chapiteaux des colonnes, cœur des fleurs de l'architrave, manche de la robe d'Elisabeth.


 

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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c) La Vierge à l'Enfant.  

La Vierge couronnée, est assise sur une cathèdre et porte son fils sur le bras droit. Le détail charmant réside dans la manière dont l'enfant au beau visage joufflu entoure le cou de sa mère du bras droit et caresse avec la main gauche, par jeu,  les anglaises dorées.

Fond damassé R1  : rinceau dessinant des volutes tracés au compas et libérant des vrilles, ou des feuilles à trois lobes.

Dais architectural : comparable à ceux de l'Annonciation et de la Visitation, prouvant que ce panneau appartenait à la même séquence.

Jaune d'argent : chevelure, bijoux (bandeau, collier, perles de la ceinture), couronne, cercle du nimbe, une sorte de nuée au dessus de ce nimbe,  bases, bagues et et chapiteaux des colonnes, cœur des fleurs de l'architrave, ornements du siège. Mais aussi une "coulée" plus terne sur la bouche et le coin des lèvres de Marie, qui, s'il s'avérait délibéré, témoignerait d'un désir de spiritualisation ou de divinisation.  


 

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La baie 1, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le tympan de la baie 1.

Trilobe de gauche : une sainte.

Trilobe de droite : un saint en adoration

Quadrilobe : Le Christ crucifié .

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) Le trilobe de gauche : une sainte.

La couleur bleue du manteau peut laisser penser qu'il s'agit de la Vierge.

Le fond damassé rouge évoque ici des feuilles d'érables que je code F2. Trois teintes de rouge et orange.

Jaune d'argent : collier.


 

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Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) Le trilobe de droite : un saint en adoration.

ou montrant les stigmates (François d'Assisie ?).

Le fond damassé rouge évoque ici des  groupes de feuilles d'érables F2.


 

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Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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c) Le quadrilobe : le Christ crucifié.

Le soleil et la lune renvoient à ce passage de l'évangile : Luc 23:44-45 : 

 Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.

Il y a aussi "une esquisse de paysage" (Gatouillat).

Deux anges hématophores (qui recueillent le sang du Christ dans des calices), ont le front ceint d'un bandeau perlé.

Je remarque la position des doigts du Christ.

Fond damassé  bleu : feuilles aux indentations arrondies ou plus aigues. Disons F1.

Jaune d'argent : chevelures, nimbe, ailes,  croix, calices, soleil.


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Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un carton de restauration "Forme A" collé sur le visage du Christ.

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un ange hématophore. Que porte-t-il dans la main droite ?

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La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 2 (vers 1402 ; vers 1317 ; 1990)  éclaire l'autel du bas-coté sud.

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 Haute de 2,60 m et large de 1,10 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en deux registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.

 

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette A (celle de gauche).

En bas : La Présentation au Temple .

En haut : Circoncision.

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a) La présentation au Temple.

Largement complétée par Hubert de Sainte-Marie, elle renferme néanmoins le groupe de Marie, Joseph et Jésus devant un livre portant des caractères hébraïques.

Fond : R1

Jaune d'argent : architecture, nimbe crucifère de Jésus, vêtements sacerdotaux, et peut-être d'autres rehauts plus difficile à étudier.


 

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) La Présentation au Temple (qualifié de Circoncision par Gatouillat).

 

La présence d'une servante portant dans un panier les deux tourterelles de l'offrande rituelle me conduit à y voir une Présentation. Bras du prêtre récent.

Dais architectural à cul-de-four jaune.

Fond : R1 ??

Jaune d'argent : rayons du nimbe crucifère.

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette B.

En bas : panneau en macédoine contenant un buste de sainte.

En haut : décollation de sainte Barbe.

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a) Le panneau moderne.

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) La Décollation de sainte Barbe.

 

Un roi portant sceptre et couronne donne l'ordre (index gauche) à un bourreau de trancher la tête de la sainte. Ce dernier a empoigné la chevelure pour dégager la nuque et lève son glaive. Barbe (ou Barbara) attend pieusement son martyre, les mains jointes.

Fonds : R1 .

Jaune d'argent : architecture, couronne et sceptre, chevelures.

 

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La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le panneau représentant le roi maintenant à genoux la vierge et future martyre Barbe pour la soumettre au glaive, tandis que le soldat dégage la chevelure afin de frapper la nuque, présente à nos esprits curieux deux détails  pour les satisfaire.

D'une part, les chaussures de l'homme sont "à la poulaine", avec leurs pointes fines, longues et pointues. Exactement comme sur les enluminures des manuscrits du duc de Berry ou de ses frères, réalisées à la fin du XIVe siècle ou au premier quart du XVe.

Voyez le mois de janvier des Très Riches Heures (1411-1416).

D'autre part, mais sans s'éloigner du thème vestimentaire, ces chaussures ainsi que les chausses gaînant les jambes sont dépareillées par leur couleur, "mi-parti" , selon un mode introduite à la moitié du XIVe siècle, mais dont l'enluminure de Janvier des Très Riches Heures offrent de très beaux exemples (voir aussi le fauconnier d'Août).  

J'ai montré que cette tenue bariolée était souvent employée, dans les représentations de la Passion, pour stigmatiser les bourreaux : voir ma description du retable de La Houssaye à Pontivy.  Sur ce vitrail, c'est aussi un bourreau qui porte ces chausses "parti-coloured". Mais on peut opposer à cela que, dans les Très Riches Heures, ce sont les seigneurs de l'entourage ducal qui portent ces tenues.

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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux des baies latérales.

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Le tympan. Premier quart du XIVe, recomposé. 

Dans les deux trilobes : animaux fantastiques dans des cages à mouches.

Quadrilobe : Vierge couronné et anges 

 

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Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) Les trilobes.

 Gatouillat et Hérold décrivent des "animaux fantastiques sur fond de cages à mouches, du 1er quart du XIVe siècle, (déplacés, bouche-trous)." Je cherche la définition de ce terme : "On nomme   Cage à mouches   les zones de vitrail  revêtues de très fines hachures  afin de leur donner un aspect grisé et qui, observées de près, ressemblent à des cages à insectes."

Les animaux ont des allures de lions ou de dragons. Puisque ce sont là nos verres les plus anciens, je les observe avec attention, en pivotant l'image pour mieux les comprendre. Le jaune d'argent semble utilisé largement, en plage uniforme pour colorer non seulement l'animal, mais aussi le fond hachuré.

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Le trilobe gauche.

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Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Sur ce panneau, il s'agit clairement d'un dragon, avec ses yeux proéminents, ses crocs, son museau plissé, son dos hérissé d'épines, ses pattes griffues et sa queue, tachetée de pustules, qu'il semble tenir entre ses pattes (comme sur les crossettes de Landivisiau ou de Pencran). Il retourne la tête vers l'arrière pour mugir.

 

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le trilobe droit.

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Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

 

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Le brunissement n'empêche pas de reconnaître ici le même animal dans la même posture.

Au total, on peut donc conclure à trois dragons identiques.

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Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) Le quadrilobe.

Quatre anges entourent la tête de la Vierge. Nous voyons vite que l'ange du lobe supérieur est très restauré de façon récente. Ce quadrilobe est le résultat d'une recomposition "récupérant" trois anges du premier quart du XIVe siècle et remontant dans l'œil de cette structure la tête de la Vierge couronnée. Nous avons donc ici, après les six animaux fantastiques, un nouvel exemple de ces vitraux posés peu après l'achèvement de la chapelle en 1317. 


 

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Puisque ce sont de vrais reliques de l'art des verriers bretons, je zoome au maximum. Chaque ange trilobite (oui, je me permets) tient dans les mains un objet. C'est une couronne pour celui de la loge basse, un livre peut-être pour celui de droite. Ou bien une couronne pour chacun ? Le plus beau, quoiqu'un peu boudeur, est l'ange du bas. C'est lui qui porte les plus belles teintes, dorées ou aurore, du jaune d'argent.

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Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La tête couronnée de la Vierge, quadrilobe du tympan de la baie 2.

Il faudra se souvenir de cette insistance sur le thème du couronnement de Marie, symbole de l'élection divine, lorsqu'il sera nécessaire d'effectuer une synthèse thématique. Je rappelle qu'il était déjà présent en baie 1, registre supérieur droit.

 

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 3 (vers 1317 ; vers 1402 ; 1990) éclaire le coté gauche de la chapelle nord.

 Haute de 2,60 m et large de 1,10 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en quatre registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.

 

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Lancette A.

 

Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990).

Troisième registre : tête  couronnée ou à bandeau (vers 1317).

Quatrième registre : Crucifixion (vers 1317).

Les parties figurées des troisièmes et quatrièmes registres sont intégrées dans un cadre architectural tronqué et sont serrées entre des bordures à fleurs de lys en partie anciennes.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a et b) Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990) sur le thème de la Vierge.

 

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La moitié supérieure de la lancette A.

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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux des baies latérales.

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c) Troisième registre : Panneau composite (1er quart XIVe ; vers 1402 ; 1990).

Il contient notamment une tête féminine couronnée ou portant un bandeau.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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d) Quatrième registre : Le Christ crucifié entre la Vierge et saint Jean (1er quart XIVe).

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette B.

Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990).

Troisième registre : saint Jean-Baptiste (vers 1317).

Quatrième registre : Vierge à l'Enfant.

Les parties figurées des troisièmes et quatrièmes registres sont intégrées dans un cadre architectural tronqué et sont serrées entre des bordures à fleurs de lys en partie anciennes.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a et b) Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990) sur le thème de la Vierge à l'Enfant.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Moitié supérieure de la lancette B.

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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux des baies latérales.

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c) Troisième registre : saint Jean-Baptiste (vers 1317).

 

C'est l'un des panneaux les plus précieux puisqu'il appartient aux éléments les  plus anciens.

A coté d'un grand arbre, le saint est vêtu de sa peau de chameau (de sa robe en poils de chameau) ; sa tête et son regard sont tournés vers sa gauche. Il était peut-être placé à gauche d'une scène centrale.  Il porte d'Agneau de Dieu sur l'avant-bras droit ; il le désigne de l'index gauche, pour illustrer son affirmation Ecce Agnus Dei.

On le comparera, plus de trois-quart de siècle plus tard,  au vitrail homologue de la chapelle Saint-Gobrien (Saint-Servant-de-l'Oust) datant de 1400 environ,  où le saint adopte, de façon moins hiératique, la même posture et la même latéralité, mais où l'arbre est remplacé par un fond damassé à longues lanières de feuillages. Voir aussi la baie 103 de la cathédrale de Quimper et la baie 107 (1417). Ou les statues de pierre (Daoulas, 1423).

Ce qui est remarquable, c'est que l'agneau, une patte levée, portant la croix  s'inscrit dans un cercle, qui pourrait symboliser l'hostie. J'ai tiré profit de sa comparaison avec le vitrail de la cathédrale  de Chartres (abside, 1210-1225 ) où se retrouve la même disposition, et où l'auteur de l'article Wikipédia se livre à une analyse intéressante.  

Le jaune d'argent est largement utilisé pour la peau du chameau, le nimbe, l'arbre, les fleurs de lys, etc.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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d) Quatrième registre : Vierge à l'Enfant .

F. Gatouillat indique "également du XIVe siècle". Mais très restaurée.

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La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le tympan de la baie 3.

Son étude s'avère passionnante.

Trilobe de gauche : personnage barbu porteur d'un phylactère

Trilobe de droite : ange porteur de phylactère.

Quadrilobe sommital : Vierge de l'Apocalypse.

Il s'agit de panneaux du début du XVe siècle conservés à leur emplacement initial, "sauf peut-être le personnage du trilobe de gauche". Ils sont donc contemporains de la maîtresse-vitre (1402).

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Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) Trilobe de gauche.

Un saint personnage (nimbe), barbu, vêtu d'une robe bleu et faisant un geste d'énonciation de la main droite, tient un phylactère où se lisent les mots

: EGO : ---S INDI MULIER AMICTA SOLIE.

Je discuterai des inscriptions après avoir examiné le second trilobe, mais disons tout de suite que le saint personnage représenté ici serait Dieu lui-même, et que ce serait lui qui prononce la phrase latine.

Fonds damassé : R1

Jaune d'argent : discret sur la chevelure et la barbe, et le col. Présent aussi sur les extrémités de la banderole.

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Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) trilobe de droite : ange à phylactère.

Cet ange, très beau, porte le bandeau perlé déjà noté (Annonciation, Visitation, etc.). Sa main entrouverte indique une énonciation, ce qui renforce le texte du phylactère. Le col est remarquable, il doit être interprété comme celui de l'amict qui est placé au dessus de l'aube. Il est brodé d'orfrois et sa pointe se termine par une broche de cinq perles. Il m'évoque le col des anges sculptés dans le kersanton à partir de 1423 par le Maître du Folgoët.

Fond : un feuillage vert de type F1.

Jaune d'argent : chevelure et amict.

Inscription :

: QUE EST ISA / : QUE : ASCENDIT : SICUT :

On notera le deux-points de séparation, aux points réunis par une fine ligne en S, caractéristique de nombreuses inscriptions gothiques lapidaires de Bretagne.

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Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les inscriptions des deux phylactères : l'office de l'Assomption (15 août).

1°) Le texte présenté par Dieu, indi mulier amicta solie (sic) est une citation de l'Apocalypse de Jean chapitre 12

Signum magnum apparuit in caelo Mulier amicta sole et luna sub pedibus eius et in capite eius corona duodecim stellarum Apocalypse 12:1

"Un grand signe apparut dans le ciel.Une femme revêtue du soleil et la lune sous les pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles."

Le personnage barbu et nimbé ne peut être saint Jean, qui est toujours représenté imberbe.

La Mulier amicta sole ou Femme de l'Apocalypse désigne couramment la Vierge après son assomption. 

Mais dans la liturgie, ce verset Ap.12:1 est repris dans l'Introït de l'office de la fête de l'Assomption Beatae Mariae Virginis Assumptio. Comme tel, il est recensé dans les chants grégoriens, et figure dans les bréviaires et antiphonaires.

2°) Le texte tenu par l'ange Que est isa que ascendit sicut est extrait du Cantique des Cantiques chapitre 6:

 

Quae est ista quae ascendit sicut aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata? Le Cantique des Cantiques 6:9

Quelle est celle-ci qui s’élève, comme l’aurore à son lever, belle comme la lune, exquise comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ?

Mais c'est également un cantique grégorien , et un verset figurant dans l'office de l'Assomption. Il figure dans l'antiphonaire d'Hartker des moines de Saint-Gall (Suisse) daté vers 990-1000. Dans ce manuscrit, il occupe la page 105, dans un ensemble dont le titre, page 104, est In Mat[utina] Laudibus. Ant. Assumpta est Maria in caelum gaudent Angeli  V. : laudentes benedicent Dominum

https://books.google.fr/books?id=lo8tI1G-aNcC&pg=PA145&dq=que+ascendit+sicut&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjGo6XakbfWAhUFQJoKHX3qCc0Q6AEIJzAA#v=onepage&q=que%20ascendit%20sicut&f=false

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c) Le quadrilobe : la Vierge de l'Apocalypse.

La Vierge est couronnée (c'est la troisième fois que nous en trouvons une représentation), les pieds sur un croissant de lune (et luna sub pedibus eius ), et entourée de rayons solaires divergents (amicta sole, revêtue du soleil). Sa tête est inclinée et tournée vers la gauche, son regard également dirigé vers la gauche.

Elle est une figure parfaitement conformes à la description de la Femme de l'Apocalypse du chapitre 12, et elle illustre par sa beauté ( belle comme la lune, exquise comme le soleil) les deux versets inscrits dans les trilobes. Le tympan tout entier est donc consacré à Marie en gloire après son Assomption, ce qui incite à se poser cette question : la verrière d'où proviennent tous ces panneaux n'était-elle pas toute entière dédiée à la Vierge de l'Assomption ? 
 

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Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Plus inattendue  est la palme (assez stylisée : est-elle ancienne ?) que Marie tient en sa main gauche. En réalité, il faut peut-être y voir le roseau du Christ de dérision

Car le plus étonnant est le Christ porté, comme un Enfant-Jésus, sur le bras droit. C'est un Christ de pitié ou Christ aux liens, représentation de Jésus attendant son supplice après la Comparution devant Pilate, après avoir été flagellé, couronné d'épines, revêtu d'un manteau  pourpre et que  ses bourreaux lui aient fait tenir un roseau en guise de sceptre.

Ici, le Christ au nimbe crucifère est assis, le corps penché, le visage triste, les mains liées croisées sur les genoux.

Si on considère que le thème principal de la verrière est la royauté de Marie, Regina cœli, l'association de sa représentation glorieuse à celle de son fils souffrant et  à la royauté bafouée peut relever d'une haute méditation spirituelle laissant comprendre qu'elle aurait acquis cette accès direct à la gloire de Dieu à travers les souffrances de son Fils. Sa couronne serait indissociable de la Couronne d'épines.

On remarquera que l'inclinaison du corps du Fils est reprise par celle de la tête de la Mère.

 

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 5 (vers 1402 ;  1990)  éclaire la nef du bas-coté nord .
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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Haute de 2,60 m et large de 1,08 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en deux registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.

Selon Gatouillat et Hérold, les lancettes, consacrées à des grisailles décoratives à motifs végétaux et animaux en grisaille et jaune d'argent, rythmées de fermaillets de couleur et entourées de bordures alternant des pièces de couleur et des couronnes, associent trois panneaux entièrement modernes avec des pièces originales de grisaille très dégradées et pour les panneaux inférieurs, des éléments divers. Des parties des grisailles décoratives des lancettes se trouvaient auparavant dans les baies 1 et 2. Des compléments neufs importants ont été apportés.

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Nous retrouvons ici la décoration de la moitié inférieure de la maîtresse-vitre, qui comprend également les fermaillets polychromes et géométriques évoquant des fleurs, un quadrillage losangique en verre blanc peint de grisaille et de jaune d'argent à motifs naturalistes et une bordure  symbolique. 

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Lancette A, de bas en haut.

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a)  panneau inférieur (ancien).

Bordure à couronnes,  pièces de verre rouge et fleurs aux pétales alternativement blancs sur jaune et jaune sur blanc. Alternance de couronnes peintes par deux teintes, jaune clair et orangé, du jaune d'argent . Les couronnes alternent des fleurons et des perles soulevées sur tige. Pourtour de perles blanches.

Les losanges tous identiques reprennent deux motifs de la maîtresse-vitre, l'un à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle, et l'autre à oiseau de proie, bec sur la poitrine.

Le fermaillet  orange, de dessin  complexe,  associe un carré, deux  cercles concentriques, deux navettes formant une croix, dont il resterait à décrire le décor grillagé.

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) panneau médian.

Bordure à couronnes et pièces de verre rouge. Alternance de couronnes peintes au jaune d'argent et de couronnes orange. Pourtour de perles blanches.

Les losanges tous identiques reprennent un motif de la maîtresse-vitre, à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle.

Le fermaillet rouge et orange, de dessin finalement assez complexe,  associe un carré, deux  cercles concentriques, deux boucles formant une croix, etc.

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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c) Panneau supérieur.

Bordure à couronnes et pièces de verres rouge, bleu et vert. Les couronnes sont peintes au jaune d'argent. Cadre intérieur de perles blanches.

Les losanges tous identiques reprennent un motif de la maîtresse-vitre, à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle.

Le fermaillet est bleu et jaune, proche des précédents, mais l'élément central est quadrillé par des lignes blanches entrecroisées tracées par enlevage.

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux des baies latérales.

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Lancette B, de bas en haut.

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a) panneau inférieur droit.

Bordure à couronnes (de taille supérieure au rectangle qui les accueille), décor géométrique et floral,  et pièces de verre bleu. Cadre intérieur de perles blanches.

Les losanges reprennent des motif de la maîtresse-vitre, associant celui "à svastika de feuilles", à deux oiseaux différents.  Dans un cas, c'est un oiseau à ailes arciformes, vu de face ailes déployées, et dans l'autre une sorte de pie vue de profil. Plusieurs losanges sont quadrillés d'un réseau tracé en enlevé au petit bois. Les feuilles des éléments de la rangée inférieure ne sont pas trifoliés, mais à cinq folioles.

 

Le fermaillet rouge,  orange et jaune, associe  deux carrés, deux  cercles concentriques, un cercle central dont l'intérieur est occupé par une fleur, ...

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) panneau médian (moderne).

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Bordure à couronnes et pièces de verre bleu. Cadre de perles blanches.

Les losanges tous identiques reprennent un motif de la maîtresse-vitre, à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle.

Le fermaillet  est bleu et jaune.

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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c) Panneau supérieur droit (ancien).

Bordure à couronnes (de taille supérieure au rectangle qui les accueille),   et pièces de verre bleu, vert et rouge. Cadre intérieur de perles blanches.

Les losanges reprennent des motif de la maîtresse-vitre, associant celui "à svastika de feuilles", à deux oiseaux différents.  Dans un cas, c'est l'oiseau de proie de profil et au bec sur la poitrine déjà observé, l'autre est un oiseau ailes déployées et tête tournée vers sa droite.

Trois losanges reçoivent un carroyage par traits enlevés au petit bois.

Le fermaillet diffère des précédents, c'est un cercle rouge où s'inscrivent les quatre feuilles vertes d'une fleur jaune centrale.

 

 

 

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le tympan de la baie 5.

Trilobes : anges thuriféraires et porteurs de phylactères;

Quadrilobe : ange portant une couronne et Vierge couronnée enlevée au ciel par deux anges (restaurations)

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) le trilobe gauche.

Inscription DIFUS-- DE[O] GRACIA U (sous réserve).

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le fond damassé à larges feuilles aux indentations arrondies.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) le trilobe droit.

 

Inscription VENI DILECTA  MEA  QUIA  IA[M] DISPOSUI P.

La recherche de cette inscription sur le moteur de recherche renvoie au texte suivant :

Veni dilecta mea quia iam disposui petitiones (peticiones) tuas consummari , "venez ma bien-aimée, parce que j'ai résolu d'accomplir toutes vos demandes"

Il appartient à un ensemble d'oraison sur la croix et sur la Passion du Christ, et plus particulièrement à l'Oraison des sept paroles du Christ en croix de Bède le Vénérable dont voici deux versions :

 veni, dilecta mea, quia iam disposui penurias tuas consummari; veni ut mecum ascendas cum angelis sanctis meis in ... 123 Ps.-Beda: Oratio de septem verbis Domini in cruce (Leroquais 1927, II, 342); 

Veni, amica mea, et dilecta [mea], quia iam disposui peticiones  tuas consummare  ; veni, mecum vt sedeas cum angelis meis, et sanctis in  regno

Cette oraison, Oratio venerabilis Bede de septem versibus Christi in Cruce pendentis  pouvait figurer dans des livres d'Heures du XVIe siècle, , comme les Heures de Notre-Dame à l'usage de Tours, d'après les répons des morts (fol. 113v),  Bibliothèque Sainte-Geneviève Ms 2709 ou comme le Livre de prières, à l'usage des Guillelmites,  Bibliothèque Sainte-Geneviève Ms 2721.

On trouve aussi notre citation dans des ouvrages plus contemporains de ce vitrail:

Dans les Horae ad usum Sarum, Rouen c.1430 folio 255-257.

dans le Psautier de Burnet (The Burnet Psalter) du XVe siècle au folio 70v sous la forme Veni amica mea <et> dilecta\ mea sponsa mea quia iam disposui peticiones\ 

Ou bien au folio 128 du livre d'Heures  MS Ff.6.8 de la Cambridge University Library,  provenant de Bruges, et datant du  1er quart du XVe siècle.

dans un incunable catalan , Horae secundum ordinem sancti Benedicti Barchinone Johannes Luschner 1498 (?) folio 17v-18r (Rosa Maria Subirana Rebull 1991,Els orígens de la litografia a Catalunya, 1815-1825)

dans un "orationnel manuscrit de la bibliothèque de séminaire d'Auch"

dans les suffrages des Horae Eboracences page 141 (Heures d'York imprimées en 1531)

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Il est nécessaire à mon propos de présenter les résultats des recherches que, détective du Net, j'ai mené avec passion et gourmandise pour apaiser ma curiosité d'autant plus  aiguisée que j'avais à l'esprit  les oratorio de Pergolèse (1730), de Haydn (1787), de Charles Gounod (1855) et de César Franck (1859), sans jamais avoir vu mentionné ce texte.  ​​​​​​Sans lire l'ouvrage que Timothy Radcliffe a consacré à ce thème en 2004, j'ai néanmoins appris que cette dévotion aux Sept paroles remonte  au XIIe siècle, et à un commentaire de  St Bonaventure ;  ce sont les franciscains qui ont popularisé ce type de méditation. L'oraison aux pouvoirs fabuleux jouera un grand rôle dans la piété médiévale,  rattachée au thème des 7 plaies du Christ.

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La prière attribuée à Bède le Vénérable sur les sept  paroles du Christ en croix.

a. En latin. (j'indique entre crochet les variantes (en italique), et  la source évangélique) avec une traduction en français qui fleure bon son XIXe siècle.

Oracio venerabilis Bede presbiteri de septem verbis Christi in cruce pendentis quam oracionem quicumque eam cotidie devote dixerit flexis genibus nec diabolus nec malus homo ei nocere poterit nec in fine morietur inconfessus. Et per triginta dies ante obitum suum videbit gloriosam virginem Mariam in auxilium sibi preparatam. Ista oracio bona et devota dicenda est de sancta cruce cum magna devotione sicut in sequenti folio pluribus bene patebit.

 

"La prière du Vénérable Bède, prêtre, concernant les sept mots que Christ a prononcé sur la croix. Celui qui le dit tous les jours, à genoux, ne peut être blessé ni par le diable ni par les hommes méchants, et ne mourra pas sans confession. Et dans les  trente jours avant sa mort, il verra la glorieuse Vierge Marie  lui venir en aide. Cette prière doit être dit avec une grande dévotion."

Venerable homme Beda prestre fit et composa l'oroison devote qui s'ensuit sur les sept paroles lesquelles nostre seigneur Jhesus Christ dit en l'arbre de la crois.

. Domine Jesu Christe, qui septem verba ultimo vitae tuae in cruce pendens dixisti, ut semper illa sacratissima verba in memoriam habeamus : Rogo te per virtutem illorum septem verborum, ut mihi parcas omnia peccata mea, quidquid peccavi aut commisi.

"Seigneur Jésus-Christ, qui avez prononcé sept paroles aux derniers moments de votre vie, suspendu à la Croix, pour que ces sept paroles sacrées restassent toujours dans notre mémoire, je vous prie, par la vertu de ces sept paroles, de me pardonner tous mes péchés, toutes les fautes que j'ai commises."

 

1. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Pater ignosce crucifigentibus me, fac ut amore tui ego parcam omnibus malefacientibus mihi.

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : Père, pardonnez à ceux qui me cruciflent, [Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font  : Lc 23,34], faites que je pardonne pour l'amour de vous à tous ceux qui me font du mal."

 

2. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti latroni : Hodie me cum eris in paradiso, fac me in hac vita ita vivere ut in hora mortis meae dicas mihi : Hodie mecum eris in coelo [in paradiso].

 

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit au larron : Aujourd'hui, tu seras avec moi en Paradis, [Lc 23,43 ] faites que je me conduise de telle sorte en cette vie que vous me disiez à l'heure de ma mort : Tu seras avec moi aujourd'hui dans le Ciel."

 

3. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti matri tua; : Mulier, ecce filius tuus; deinde dixisti discipulo : Ecce mater tua, fac ut me societ amor tuus et caritas tua vera.  

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit à votre mère : Femme, voilà votre fils, et ensuite au disciple : Voilà votre mère, [Jn 19,26-27] faites que votre amour et votre vraie charité m'associe à cette famille vénérée."

 

4. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Hely, Hely lamazabactani, quod significat : Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquisti me? fac me ita vivere ut non derelinquas me in quacumque tribulatione aut angustia. [ Fac me dicere in omni tempore tribulacionis et angustie mee, Pater mi domine mi miserere michi peccatori adiuva me et dirige me rex meus et deus meus qui tuo proprio sanguine me redemisti.]

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit: Eli, Eli, lamma sabacthani, c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avais-vous abandonné ? [Mt 27,46 / Mc 15 ;34], faites-moi la grâce de vivre de telle sorte que vous ne me délaissiez dans aucune tribulation ni dans aucune angoisse."

 

5. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Scicio, scilicet salutem animarum sanctarum que in limbo inferni fuerunt adventum expectantium, fac me [ ita vivere] ut ego [semper] sciciam te fontem aque viventis, et fontem aeterni luminis [toto cordis desiderio  ad amandum].

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : J'ai soif, [Jn 19,28 ] c'est-à-dire du salut des âmes saintes qui étaient dans les limbes, attendant votre arrivée, faites que je vive en ayant soif de vous, fontaine d'eau vive, foyer d'éternelle lumière."

6. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Pater, in manus tuas commendo spirilum meum, fac me ita vivere et sic omnia mandata tua custodire et adimplere, ut in obitu meo perfecte possim tibi dicere : Pater, in manus tuas commendo spiritum meum. [Fac me ut in obitumeo perfecte et licite tibi dicere possuim, In manus tuas domine commendo spiritum meum. Respice  me venientem ad te quia nunc constituisti ultimum tempus meum. ]

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : Père, entre vos mains je remets mon esprit, [Lc 23,46], faites moi la grâce de vivre de telle sorte de garder et accomplir si bien vos commandements, que je puisse à ma mort vous dire en toute vérité : Mon Père, entre vos mains je remets mon esprit. "

7. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Consummatum est, quod significat, labores et dolores quos pro nobis peccatoribus suscepisti  [sustinuistijam finisti, fac ut audire merear illam dulcissimam vocem tuam dicentem michi: Veni, amica mea  dilecta, quia disposui petitiones tuas consummari. [veni, mecum vt sedeas cum angelis meis, et sanctis in  regno meo epulari iocundari et commorari per infinita seculorum secula Burnet Psalter ]

"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : Tout est consommé, [Jn 19,30c'est-à-dire que vous étiez à la fin des travaux et des douleurs que vous aviez embrassés pour nous pauvres pécheurs, faites que je mérite d'entendre de votre bouche cette parole si douce : Venez, mon amie,  ma bien-aimée, parce que j'ai résolu d'accomplir toutes vos demandes." [viens t'asseoir à mes cotés parmi mes anges pour festoyer, te réjouir et t'arrêter (séjourner) pour les siècles des siècles]

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b. En moyen français.

Rapportées par Jean Sonet ou Pierre Rézeau, les prières françaises des Sept paroles du Christ en croix constituent un exemple remarquable de la dévotion au Christ en croix à la fin du moyen âge.

Susan Boynton en a donné une version, basée sur les 10 manuscrits disponibles, pour la plupart du XVe siècle : M : Montbrison (Loire), Musée d'Allard, Ms. B, f. 131-137 ; Livre d'heures à l'usage de Lyon, XVe siècle. A : Avignon, Bibl. Mun., Ms. 210, f. 136v-140 v; Livre d'heures d'usage non déterminé, xve siècle. G : Gap, Bibl. de l'Évêché, Ms. sans cote, f. 211-218; Livre d'heures à l'usage de l'Abbaye d'Ambronay (ancien diocèse de Lyon, actuellement dans le diocèse de Belley), XVe siècle (version incomplète). GRj : Grenoble, Bibl. Mun., Ms. 160 (8803), f. 120-123 v ; Livre d'heures à l'usage de Rome, XVe siècle. GR2 : Grenoble, Bibl. Mun., Ms. 149 (6507) ; f. 182v-183; Livre d'heures d'usage non déterminé, xive siècle, avec des additions des xve et xvie siècles (dont les « Sept Paroles ») (version incomplète). O : Oxford, Bodleian Libr., Ms. lat. lit. F 15, f. 95 v-98 v ; Livre d'heures à l'usage de St-Pierre de Genève, xve siècle (version franco-provençale) . P.: Paris, Bibl. Nat., lat. 1191, f. 133v-137; Livre d'heures à l'usage de Paris, xve siècle. Rj : Rouen, Bibl. Mun. 362 (Y 143), f. 58-62 ; Livre d'heures à l'usage de Paris, xve siècle. R2 : Rouen, Bibl. Mun. 361 (A 579), f. 23 v-26 v ; Livre d'heures à l'usage de Paris, xve siècle.

Je ne citerai que la septième parole, qui est celle de notre inscription du vitrail :

Septième parole : "Jhesus, en qui trestout bien est, com disis : « Consummatum est », c'est-a-dire que les labours, les misères et les douleurs que pour nous a voluz souffrir en la croix a tresgrant mártir sont finees présentement, je te requier tres humblement que quant venra au jugement, je puisse [ouyr] ta doulce voix, disans a moy a haulte voix : « Vien t'en, m'ame, vien t'en, m'amie ; ta penitence est complie. Monte lassus en paradix avec mes anges et amys, quar je t'ay [fait] a ma semblance. Vien demourer en alegrance en mon royaulme delectable, [ou auras joie pardurable] », au quel royaulme parvenir nous doint Jhesus a son plaisir."

Boynton Susan. Les sept paroles du Christ en croix (Sonet 967). In: Romania, tome 111 n°441-442, 1990. pp. 266-273; doi : 10.3406/roma.1990.1655 http://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1990_num_111_441_1655

Autre lien :

De septem verbis christi in cruce de Bède, dans la Patrologie de Migne. (PL 94 0561B)

Benedictum sit dulce nomen Domini Dei nostri Iesu Christi, et dulcissimae virginis Mariae matris eius in aeternum et ultra. Amen.

Domine Iesu Christe Fili Dei vivi, qui septem verba ultimo vitae tuae in cruce pendens dixisti, ut semper illa sanctissima verba in memoria habeamus, rogo te, per virtutemillorum septem verborum, ut mihi parcas et indulgeas, quidquid peccavi et commisi per septem peccata mortalia, vel ex eis procedentia, scilicet de superbia, avaritia, luxuria,invidia, ira, gula et acedia. (0561C) Domine Iesu Christe Fili Dei vivi, sicut tu dixisti, Pater, ignosce crucifigentibus me, fac ut ego amore tuo parcam cunctis mihi mala facientibus;et sicut tu dixisti matri tuae, Mulier, ecce filius tuus, deinde dixisti discipulo tuo, Ecce mater tua, fac ut matri tuae me societ amor tuus et charitas vera: et sicut tu dixisti latroni,Hodie mecum eris in paradiso, fac me ita vivum, ut in hora mortis dicas mihi, Hodie mecum eris in paradiso. Et sicut dixisti, Heli, Heli, Lamma Sabachtani, hoc est, Deusmeus, Deus meus, ut quid dereliquisti me, fac me dicere in omni tempore angustiae et tribulationis meae, Pater mi Domine, miserere mihi peccatori, rege me Rex meus et Deusmeus, qui tuo proprio sanguine me redemisti. Et sicut tu dixisti, sitio, scilicet salutem animarum sanctarum, quae in limbo erant, adventum tuum exspectantium, fac ut egosemper sitiam te diligere, fontem aquae viventis, fontem aeternae lucis, et ut toto corde desiderem te. Et sicut tu dixisti, Pater, in manus tuas commendo spiritum meum, fac utin hora mortis meae perfecte et libere possim dicere tibi, Pater, in manus tuas, commendo spiritum meum. Recipe me venientem ad te, quia non constituisti certumtempus vitae meae, et sicut tu dixisti, Consummatum est, quod significat et dolores, quos pro nobis miseris peccatoribus susceperas, iam finiri: fac ut in egressu animae meaeaudire valeam illam dulcissimam vocem tuam, Veni anima mea dilecta, quia iam disposui penurias tuas consummare: Veni ut mecum conscendas cum sanctis et electis meis in regno meo epulari, iocundari, et commorari per infinita saecula saeculorum. Amen.

Il me faut maintenant souligner que, dans le texte de la septième parole, le fragment qui est inscrit sur le vitrail, Veni, amica mea,  dilecta mea, quia disposui fait référence directe au Cantique des Cantiques, dans lequel les injonctions "amica mea", dilecta, et l'impératif Veni constelle le texte. Ainsi 4:1 quam pulchra es amica mea quam pulchra es oculi tui columbarum Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes , 4:7 tota pulchra es amica mea et macula non est in te , ou 4:8 veni de Libano sponsa veni de Libano veni coronaberis de capite Amana Viens avec moi du Liban, ma fiancée, Viens avec moi du Liban ! Regarde du sommet de l'Amana. 

Dans la dernière strophe de la prière, le fidèle évoquant sa propre mort et le moment terrible de ses derniers instants en méditant sur le cri "Tout est consommé"  trace soudain un tableau très tendre de sa vie au Ciel. Il se voit devenir l'amante désirée par son Seigneur, qualifiée de bien-aimée (amica), de chérie (dilecta), et conviée à un banquet somptueux (epulari) et à des réjouissances (iocundari) dans un vocabulaire propre à la jouissance des sens, tout ceci parmi les anges dont on imagine la beauté lumineuse, les chants et la musique.

La citation des septem verbi, dans le contexte de cet ensemble de baies de Merléac.

Le premier contexte, c'est celui de la Vierge couronnée et de son Assomption. Le second con-texte, texte voisin, c'est celui d'une première référence au Cantique des Cantiques avec l'inscription de la baie 3  Quae est ista quae ascendit sicut aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata? Le Cantique des Cantiques 6:9 pour rapporter les éloges amoureux de Salomon à sa belle à la Vierge de l'Apocalypse : Dieu est l'amant, et Marie sa bien-aimée.

C'est donc à Marie que l'ange thuriféraire — porte parole de Dieu —  adresse les mots Veni dilecta mea quia iam disposui petitiones en les détournant de l'oraison du Pseudo-Bède. 

Et le quadrilobe, qui montre Marie couronnée transportée par deux anges, complète ou "réalise" cette inscription.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le quadrilobe de la baie 5 : l'Assomption de la Vierge.

Comme pour nous persuader encore que ces verrières illustraient la fête, l'office ou le culte de l'Assomption, par l'assimilation de Marie à l'Épouse de Dieu qu'il rappelle en son royaume au terme de son existence ici-bas, le quadrilobe montre Marie couronnée élevée aux Cieux par deux anges qui la portent dans son linceul, tandis qu'un autre ange porte sa couronne.

L'assimilation entre l'Assomption et des Noces, mais aussi avec le Couronnement de la Vierge comme reine des Cieux et reine des anges est implicite, mais insistante.

C'est la raison pour laquelle j'interprète les couronnes des bordures (de ces baies et de la maîtresse-vitre) comme des couronnes de la Vierge, dans une signification spirituelle et liturgique, et non historique, héraldique, ou liée au "chiffre" d'Olivier de Clisson.

L'ange le plus bas porte l'amict, au col en U, déjà remarqué, ainsi que le bandeau perlé, et un nimbe crucifère. 

Les deux anges latéraux sont des chérubins, à deux paires d'ailes et le corps recouvert de plumes.

 

Jaune d'argent : chevelures, bandeaux, couronne, rémiges des ailes,.

Fond : uni.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Vierge couronnée.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les chérubins tenant le linceul.

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Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 7 (vers 1402 ;  1990)  éclaire la nef du bas-coté nord .

 Haute de 2,60 m et large de 1,08 m, elle se compose de deux lancettes trilobées  et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.

Selon Gatouillat et Hérold, les lancettes renferment des grisailles décoratives modernes avec couronnement de dais architecturaux dans les têtes de lancettes. 


 

 

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La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux des baies latérales.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les lancettes : tous les panneaux, modernes,  sont identiques.

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La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les têtes de lancette et leur fond damassé.

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La lancette A (de gauche) : sur le sommet d'une arcade à crochets (perdue hormis son fleuron) se dresse une tour crénelée coiffée d'un toit. Autour de ce beau travail en grisaille et jaune d'argent, je m'attarde à admirer les fonds damassés. Sur un verre rouge, la grisaille très noire car très concentrée est appliquée uniformément puis ôtée avec le manche d'un pinceau, "au petit bois", ou avec d'autres outils. Ce sont des rinceaux montant leurs tiges serpentines avant de libérer une fleur de cinq à sept folioles. De charmantes vrilles naissent à l'aisselle des tiges et aventurent hardiment leurs drôles de tortillons. Le peintre n'a tracé aucune hélice (les spires ne se croisent pas) en circumnutation, mais des segments discontinus en arc de cercle de concavité opposée. Le modèle botanique, s'il en est un, n'est pas la vigne ; est-ce la Bryone dioïque, dont les enroulements sont symétriques et alternés ?

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La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Coté gauche de la tête de lancette A.

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La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Coté droit de la tête de lancette A.

Le sommet des pinacles du dais architectural dresse ses extrémités,  en tiges d'asperge ou en grelot.

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La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tête de la lancette B.

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La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le tympan de la baie 7 : encore l'Assomption.

Trilobes : anges porteurs de phylactères et de couronnes (patrons retournés).

Quadrilobe : ange thuriféraire et 2 anges enveloppant le corps de la Vierge dans un linceul . (quelques bouches-trous).

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 Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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a) le trilobe de gauche. Ange portant un phylactère et une couronne.

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L'inscription indique : VENI SPONSA XXI [CHRISTI] ACCIPE CORONAM

Il s'agit de l'incipit du cantique grégorien :

Veni sponsa Christi, accipe coronam,

quam tibi Dominus preparavit in aeternum :
pro cuius amore sanguinem tuum fudisti.

Dilexisti iustitiam, et odisti iniquitatem :
propterea unxit te Deus, Deus tuus,
oleo laetitiae prae consortibus tuis.

Specie tua, et pulchritudine tua intende,
prospere procede, et regna.

"Viens, épouse du Christ, reçois la couronne
que le Seigneur t'a préparée pour l'éternité :
lui pour l'amour de qui tu as répandu ton sang.

Vous avez aimé la justice, et haï l’iniquité :
c’est pour cela que Dieu, votre Dieu, vous a oint de l’huile d’allégresse,
en préséance à ceux de votre condition.

Dans votre éclat et votre beauté,
avancez, marchez au succès et régnez."

Ce premier vers est une référence évidence au Cantique des Cantiques  4:8  veni de Libano sponsa veni de Libano veni coronaberis de capite Amana   "Viens avec moi du Liban, ma chérie, viens avec moi du Liban! Regarde du sommet de l'Amana,", dans lequel  coronaberis, 2 éme personne singulier futur indicatif passif de corono "couronner, assister à un festin la tête couronnée", mais qui traduit l'hébreu Ro'sh "tête, sommet, crête (de montagne)  et fidèlement traduit par Segond par  "regarde du sommet"  incite, dans cette forme latine, à passer au sens de  "reçois la couronne".

Le cantique figure dans l'Antiphonaire d'Hartker  Cod. Sang.391 de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall datant de 990-1000, issu de Comm. Virginum folio 189. Je rappelle que nous y avons déjà trouvé la source du cantique Que est isa que ascendit sicut  du trilobe de la baie 3.

La thématique de l'Épouse du Christ, appelée aux Cieux dans une Assomption qui est aussi un Couronnement, se trouve donc une fois encore affirmée, d'autant que l'ange qui présente ce phylactère tend une couronne.

Fond damassé bleu : R1, à vrilles et feuilles trifoliées regroupées.

Jaune d'argent : couronne, aile.

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 Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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b) Trilobe de droite du tympan de la baie 7. Ange portant un phylactère.

 

Le texte de l'inscription du phylactère est le même :  VENI SPONSA CHRISTI  ACCIPE CORONAM.

Comme son voisin, l'ange au front ceint d'un bandeau perlé  est vêtu d'une cape brodée d'or. Il porte l'amict au col en U ou en Oméga, bien visible ici.

Fond damassé bleu : R1 à vrilles et feuilles trifoliées regroupées..

Jaune d'argent : couronne, aile, cheveux, orfrois.

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Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Trilobe droit du  tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Trilobe droit du tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux des baies latérales.

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c) Quadrilobe de la baie 7 : l'Assomption.

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Comme dans une reprise du quadrilobe de la baie 5, le corps de la Vierge est soutenu par deux anges sur le linceul de sa Dormition, et accueilli par un ange thuriféraire. Les anges portent la même tenue que dans les trilobes.

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Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'ange thuriféraire ( qui se sert de l'encensoir ou thuribulum) est aussi un ange naviculaire, puisqu'il tient de la main droite la navette contenant les grains d'encens à brûler. L'encens (latin thus, du grec θύος ,thúos "parfum" mais aussi "victime") est extrait de Boswellia sacra.

Les trois chaînes sont peintes par un large trait de grisaille  noire, sur lequel des petits crochets en E alternativement inversés sont dessinés par enlevage au petit bois. Même technique d'enlevage pour le bandeau perlé.

La chevelure est rendue souple et dynamique par un mouvement emportant les mèches vers la gauche .

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Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La baie 9 éclaire le fond ouest du bas-coté nord de la nef.

Je ne la décrirai pas.

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la baie 9, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

la baie 9, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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CONCLUSION.

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La conclusion semble s'imposer : loin d'avoir affaire à cinq verrières d'intérêt secondaire, aux thèmes iconographiques dispersées par les recompositions et les compléments modernes, nous avons ici un ensemble d'intérêt majeur à tout point de vue.

Sur le plan de l'histoire des vitraux bretons et de la technique de la peinture sur verre, la présence de panneaux du premier quart du XIVe siècle est à elle seule très précieuse.

Sur le même plan, les panneaux plus nombreux qui datent du début du XVe siècle sont également parmi les plus anciens de notre patrimoine de vitraux de Bretagne.

Mon examen des fonds damassés ne m'a permis de retrouver que deux ou trois cartons ou pochoirs. Cela permet néanmoins de constituer une base qu'il faudra comparer aux fonds des verrières du XVe siècle. Quelques liens au passage :

Fond damassé F1 et F 2 :

baie 105 de Quimper http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-ix-la-baie-n-105.html

baie 103 de Quimper : http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-ix-la-baie-n-105.html

L'attention portée à l'emploi du jaune d'argent n'a pas été aussi fructueuse que je l'espérais, et je n'ai trouvé ici ni rehaut des pupilles (que j'ai cru remarquer sur la maîtresse-vitre), ni rehaut d'autres parties du visage comme je l'ai observé à la cathédrale de Quimper. 

Surtout, j'ai été récompensé, comme on l'aura compris,  par l'analyse thématique et scripturaire de cet ensemble, qui met en évidence l'expression d'une dévotion à la Vierge couronnée de l'Assomption. Á mes yeux, la mention sur ces verres du début du XVe siècle de citation de cantiques grégoriens liés à la Vierge de l'Apocalypse et à l'Assomption est passionnante, et l'application de l'oraison des Sept paroles du Christ du Pseudo-Bède  à Marie, Épouse accueillie et fêtée éclaire de manière fascinante la mystique mariale du XVe siècle.

Si je ne devais conserver que quelques images, je garderais l'Enfant caressant les cheveux de sa Mère de la baie 1, les visages des anges de la baie 3, et, par dessus tout, la Vierge du tympan de la baie 3, tenant dans ses bras le Christ de Pitié, bouleversante image de Pietà glorieuse,  peut-être unique en iconographie.

 

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SOURCES ET LIENS.

— COUFFON (René), 1935,

— FERRAND (Jessica) 2013, Le phénomène de brunissement des vitraux médiévaux : critères d’identification et nature de la phase d’altération.THÈSE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ PARIS-EST ÉCOLE DOCTORALE SIE Laboratoire Géomatériaux et Environnement . Université Paris-Est, 2013. Français. ¡ NNT : 2013PEST1174 ¿.

https://hal.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/962174/filename/TH2013PEST1174_complete.pdf

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. pages 80-82

— GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac", Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.

JUREZ (Yann), 1992, Les vitraux de la chapelle Saint-Jacques à Merléac (Côtes d'Armor),  Mémoire de DEA, Paris-Sorbonne,. 1992 80 p 221 ill. (non consulté)

— JOLLIVET (Benjamin-Philibert ) 1859 Les Côtes-du-Nord: histoire et géographie de toutes les villes et communes ...page 475

https://books.google.fr/books?id=EtOuBHQQ0z0C&pg=PA476&dq=Les+vitraux+de+la+chapelle+Saint-Jacques+%C3%A0+Merl%C3%A9ac&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiHp8HW1r7WAhUlK8AKHZRpCNIQ6AEIPjAE#v=onepage&q=Les%20vitraux%20de%20la%20chapelle%20Saint-Jacques%20%C3%A0%20Merl%C3%A9ac&f=false

— LAFOND (Jean), 1943, Essai historique sur le jaune d'argent.

— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise",  Bulletin Monumental  Année 2000  Volume 158  Numéro 2  pp. 89-107

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

 

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http://chapelle-merleac.weebly.com/verriegraveres.html

 

http://www.vitrailfrance.com/nosrestaurations6.html

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm10101/eg_StJacques@Merleac.php

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
14 septembre 2017 4 14 /09 /septembre /2017 19:59

La maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice : La Passion de 1539.

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— Voir aussi sur le même sujet :

Dernières images du Christ : le vitrail de la Passion à La Roche-Maurice (29).

— Voir sur l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice :

 

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— Voir les autres vitraux de Bretagne : La liste de mes articles sur les vitraux.

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La verrière haute de 6,90 m  et large de 3,50 m  présente un cycle de la Passion en quinze scènes organisé autour de la Crucifixion figurée à plus grande échelle en haut des lancettes, est datée de 1539. Elle se lit de bas en haut et de gauche à droite. 

Les 5 lancettes  sont divisées en  4 registres (bandes horizontales), nombre réduit à  3 dans les lancettes centrales de la Crucifixion. Les scènes sont  placées dans des niches à petits dais denticulés à grisaille et jaune d'argent avec des tentures damassées à motif de rosaces et de losanges. 

Un tympan à 18 ajours comporte 14 écus  et 2 écoinçons latéraux.

Restauration.

"En 1715, la verrière avait fait l'objet d'une restauration complète par le Brestois Louis-François Bodolec : sur le registre paroissial, le recteur de l'époque en a dessiné le plan avec les armoiries, en précisant qu'elle avait été "descendue, lavée et réparée ...pour 95 livres" (Arc. dép. Finistère) . [ Louis-François Bodolec "accommode les vitres" de Plouguerneau en 1689-1690. Louis-François Bodolec, maître-vitrier à Brest, est né à Quimper le 17 août 1665 et mort à Brest Saint-Louis le 21 avril 1725.  Son frère Guillaume Le Bodolec, fils de Jean, vitrier, est né à Quimper Saint-Sauveur le 29 octobre 1655 et mort à Quimper le 20 décembre 1723. Le Men signale un Bodolec travaillant sur les vitraux de la cathédrale de Quimper.]

Une autre restauration, pratiquée en 1849, est tout aussi exceptionnellement documentée (ACMH) : elle fut alors confiée à Mathieu Rosuel, peintre et vitrier de Brest qui, selon l'architecte de l'arrondissement Félix Ingeled, avait déjà l'expérience de tels travaux. On peut noter qu'un panneau signalé lacunaire en 1847, la Comparution devant Pilate, ne fut pas réparé lors de cette intervention, ce qui indique que Rosuel  n'a pu fournir de pièces peintes ; il est encore fait état des mêmes manques "qui offensent l'œil", de 1858 jusqu'en 1898, date du classement de l'œuvre. La restauration qui dut s'en suivre, à l'inverse, n'est pas documentée, bien que déterminante pour l'aspect actuel de l'œuvre (on lui doit les rares panneaux moderne des lancettes et ceux du tympan).

En 1937, l'atelier Gruber procéda à une remise en plomb partielle de la baie et remania le tympan dont les meneaux s'étaient tassés. La verrière, mise à l'abri en 1942, retrouva sa place en 1950 après restauration par Labouret ; et nombre de plombs de casse furent alors ajoutés." (Gatouillat et Hérold 2004)

Jean-Pierre Le Bihan ajoute : "1792, 1793, travaux de Maurice Cam, vitrier à Saint-Pol de Léon pour 16 livres 10 sols..."

 

 

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 La Passion de 1539 :  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 La Passion de 1539 : maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Plan :

L'inscription de création

Les cinq lancettes de la Passion.

Le tympan et ses 14 blasons.

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L'INSCRIPTION DE 1539.

Elle se lit au pied de la deuxième lancette en partant de la gauche (lancette B), sur le socle, peinte en lettres cursives   : 

EN L'AN MIL VCC XXXIX

FUT FET CESTE VITRE . ET

ESTOET DE FABRICQUE POR

LORS ALLEN JOCE * LS

 

"En l'an 1539 fut fait cette vitre et étaient de fabrique pour lors Allen Joce. L.S" . Les deux lettres L.S , plus pâles et plus petites, ne sont peutêtre pas de la même main.

Ces dernières lettres ont été interprétées "peut-être à juste titre" (Gatouillat & Hérold)  comme les initiales du peintre verrier Laurent Le Sodec. René Couffon est l'auteur de cette attribution dans un article de 1945. Dans un premier temps [page 9], Couffon écrit que "ces dernières  initiales sont sans doute celles du peintre verrier, car nous les retrouvons répétées sur le galon de la manche de Joseph d'Arimathie". Malheureusement, personne ne réussit à retrouver une inscription sur la manche de Joseph d'Arimathie. Après avoir développé la thèse que les cartons des vitraux de La Martyre ont été dessinés par le graveur flamand Negker de Jost , il suggère que celui de La Roche-Maurice  a été fabriqué par un verrier breton, et il avance le nom de Laurent Sodec "mentionné comme peintre en 1514 dans les comptes de la cathédrale de Quimper".

Depuis, ces assertions de René Couffon concernant Jost de Negker  à La Martyre ont été critiquées l'abbé Jean Feutren, par Roger Barrié dans sa thèse de 1978, par l'abbé Yves-Pascal Castel et par le verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan dans son article "Jost de Necker un mythe qui a la vie dure". Cette proposition est désormais abandonnée, y compris dans l'introduction du Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper de 1988 par Couffon et Le Bars. 

Parallèlement, une meilleure connaissance de l'atelier Le Sodec, une  famille de verriers quimpérois, a permis de lui attribuer effectivement une grande partie des Passions finistériennes, sur des critères stylistiques et non plus sur de simples initiales. 

Le texte de l'inscription indique le nom du maître d'ouvrage, un certain Allen Joce, alors fabricien ou "fabrique" de la Fabrique de La Roche-Maurice. Faut-il comprendre "Allen" comme une forme du prénom breton Alan ? Mais il resterait alors le patronyme, JOCE, qui n'est pas attesté en Bretagne. Pourtant, un fabricien est toujours recruté parmi les habitants les plus aisés de la paroisse.

En somme, on prendra avec prudence toute interprétation de cette inscription, mais on conclura avec Gatouillat 2005 : ""Par le millésime qu'elle porte et par son bon état de conservation, l'œuvre constitue quoiqu'il en soit un repère fondamental pour l'étude de la production quimpéroise de la Renaissance. Ses points communs avec les maîtresses-vitres de Daoulas et de Trémaouezan, disparues mais connues par des dessins,  et celle de Saint-Mathieu de Quimper, conservée mais transférée et complétée, ont été relevées de longue date ; les cartons de la Crucifixion et de certaines des scènes annexes se retrouvent aussi très précisément dans la verrière démembrée de La Martyre, autre donation d'un Rohan".

 

 

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Rappel : LES PASSIONS FINISTÉRIENNES.

 Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie  qui montre que la verrière de La Roche-Maurice (1539) date du milieu d'une période de très forte activité de création de vitraux dans le Finistère :

et dans le Morbihan :

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On attribue aussi à l 'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

 

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Afin de permettre un étude comparative de ces Passions finistérienne, j'ai tenu, non seulement à leur consacrer le maximum d'articles dans ce blog, mais aussi à attirer l'attention, dans cet article, sur des détails stylistiques qui se retrouvent sur d'autres vitraux : fonds damassés exécutés par pochoirs ; casques "en masque de plongeur" ; mors des chevaux "à balanciers" ; nimbes ovales en suspension au dessus de la tête, etc.

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Inscription de 1539 :  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription de 1539 : maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Inscription  de 1539 :  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription de 1539 : maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 

 

LES CINQ LANCETTES DE LA PASSION.

 

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LES CINQ SCÈNES DU REGISTRE INFÉRIEUR.

 

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 La Passion de 1539 :  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 La Passion de 1539 : maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 La Passion de 1539 :  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

 La Passion de 1539 : maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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1. L'Entrée à Jérusalem.

Tête du Christ et groupe des apôtres restaurés. Fond (ciel) rouge uni. Nimbe ovale 

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Entrée à Jérusalem,   maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Entrée à Jérusalem, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Entrée à Jérusalem,  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Entrée à Jérusalem, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2. La Cène.

Intact sauf une tête d'apôtre à gauche. Niche à coquille rouge et bandeau bleu. Fond : tenture verte damassée "à la rouelle". Robe bleu clair de l'apôtre de droite et robe verte de saint Jean (endormi)  à fleurs. 

Le Christ  tend la main droite vers Judas et frôle le plat contenant la carcasse de l'agneau rituel des Pâques. Au premier plan, l'apôtre de gauche tient un couteau, et Judas, à droite, fait un geste de dénégation, alors que la bourse aux trente deniers est visible dans son dos, accrochée à sa ceinture.

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La Cène,  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Cène, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Cène,  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Cène, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3. Le Lavement des pieds.

Peu restaurée. Niche à coquille verte. Tenture damassée à motif en losanges divisés en quatre. Robe damassée vert clair à motif hexagonal en nid d'abeilles ou navettes. Robe verte de saint Pierre (identifié par sa calvitie centrée par un toupet) à motif vermiculaire. 

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Le Lavement des pieds,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Lavement des pieds, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Lavemenbt des pieds, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Le Lavemenbt des pieds, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Lavemenbt des pieds, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4. L'Agonie au Jardin des Oliviers.

Tête de saint Pierre : pièce interpolée.

Fond bleu clair (ciel) uni où s'inscrivent les silhouettes des soldats et d'une montagne (Golgotha ?).

Robes bleues des apôtres Jean et Pierre à motifs vermiculaires. Manteau blanc de Jean à motifs à fleurs à quatre pétales crénelés de couleur or (jaune d'argent).

Les apôtres changent de couleur de vêtement d'une scène à l'autre. Ici, ils sont nimbés.

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L'Agonie au jardin des Oliviers, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Agonie au jardin des Oliviers, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'Agonie au jardin des Oliviers, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Agonie au jardin des Oliviers, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les trois apôtres Jean, Jacques le mineur et Pierre au Jardin des Oliviers.

Jean est endormi, comme le veut le texte évangélique, mais Pierre, dont la tête est bizarrement implantée, est éveillé : la pièce de verre a été placée ici par  interpolation d.

Quant à Jacques, il faut lui attribuer la boule claire et bouclée au dessus de l'épaule de Pierre : ce serait le dessus de son crâne. 

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L'Agonie au jardin des Oliviers, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Agonie au jardin des Oliviers, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5. L'Arrestation de Jésus à Gethsémani : le Baiser de Judas. Saint Pierre tranche l'oreille de Malchus  le serviteur de Caïphe.

Quelques pièces de drapés et du socle sont restaurées.

Fond : bleu uni (ciel).

Les casques "en masque de plongée" ou intégraux englobant la mâchoire et le menton et ne dégageant qu'un hublot rectangulaire sont typiques de l'atelier des Sodec. Sont-ils inspirés des paragnathides des casques romains ?

Les soldats portent aussi une cuirasse,  des cubitières, des canons d'avant-bras, des genouillères, des grèves, des solerets et des brigandines à lames rivetées.

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L'Arrestation de Jésus à Gethsémani, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

L'Arrestation de Jésus à Gethsémani, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Baiser de Judas, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Baiser de Judas, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le serviteur de Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le serviteur de Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES CINQ SCÈNES DU DEUXIÈME REGISTRE.

Très bien conservé.

6. La comparution devant Caïphe.

Niche à coquille pourpre et tenture damassée à motif "à la rouelle".

Caïphe, barbu, aux épais sourcils, porte une tenue qui se veut inspirée des vêtements rituels des grands prêtres de Jérusalem  avec une robe à franges, un manteau à franges, doublé d'hermines et serré par une ceinture . Il est coiffé d'une mitre conique à deux cornes, et à oreillettes. 

Le chien présent au prétoire vient des gravures de Martin Schongauer représentant la comparution devant Pilate.

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La Comparution devant Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Comparution devant Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Comparution devant Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Comparution devant Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Comparution devant Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Comparution devant Caïphe, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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7. La Dérision du Christ.

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Niche à coquille verte et bandeau bleu soutenant une tenture rouge damassée "à la rouelle".

Les soldats romains laissent la place aux trois bourreaux qui maintiennent Jésus par des liens. Leur coiffure et leur tenue vestimentaire témoignent de leur fonction marginale, notamment par l'abondance des crevés. En effet, l'aspect bariolé s'oppose alors à l'étoffe unie de la tunique pourpre de leur victime, dans une symbolique médiévale où le pur, l'uni et la monochromie relèvent du Bien et l'hétérogène, la polychromie rayée ou à carreaux relèvent du Mal.

 Deux d'entre eux le soufflettent tandis qu'un autre, à genoux, montre sa langue en une grimace expressive souvent représentée.

Le bandeau (transparent) n'occulte pas les yeux fermés du Christ.

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La Dérision du Christ,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Dérision du Christ, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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8.  La Flagellation.

Sous la coquille rouge de la niche et son bandeau jaune est tendue une tenture bleue damassée "à la rouelle". Le sol, blanc, est jonché de fouets et de verges. Le Christ est lié à une colonne verte à chapiteau rouge, par des cordages maintenus par les deux bourreaux. Ceux-ci le fustigent avec des verges (un faisceau de badines souples), mais leur victime porte sur tout le corps les traces à quatre traits laissées par le flagrum, fouet court mentionné par Jean 19:1 dont les lanières sont munies de plombs en haltère, en balle ou en barbes de métal, ou bien d'osselets taillés en pointe

Les bourreaux spécialisés (ils s'entraînaient à porter des coups précis dans le gymnasium flagri) portent ici soit des pièces d'armures (casque, spallières à rondelles en tête de lion, cubitières, canons d'avant-bras, brigandines, cuirasses, grèves et solerets), soit un bonnet à plumet, une tunique et des hauts-de-chausses  .

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La Flagellation,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Flagellation,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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9. Le Couronnement d'épines.

Tête du Christ douteuse.

À la niche bleue est suspendue une tenture rouge damassée en losanges .On retrouve le même contraste entre la robe unie du Christ et les armures et vêtements surchargés de crevés, de rivets, de motifs à damiers ou à navettes des bourreaux. Ou entre le visage du Christ vu de face et celui des soldats vus de profil et trois-quart. Un soldat à genoux reproduit le geste d'outrage vu sur la Dérision.

On notera les quatre chapeaux à plume, portés de travers et maintenus par un ruban sous le menton.

Le Christ, assis, vêtu d'une tunique pourpre, tient le roseau qui ridiculise la Royauté.

Les diagonales des bâtons par lesquels les bourreaux enfoncent la couronne d'épines se retrouvent sur toutes les gravures de cette scène.

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Le Couronnement d'épines,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Couronnement d'épines, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Couronnement d'épines,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Couronnement d'épines, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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10. Ecce Homo.

Tenture damassée "à la rouelle". Inscription ECCE HOMO sur une banderole s'échappant des mains de Pilate vers la foule.

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Ecce homo, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Ecce homo, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Ecce homo, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Ecce homo, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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TROISIÈME ET QUATRIÈME REGISTRES.

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11. Comparution devant Pilate.

Moderne.

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Comparution devant Pilate (moderne),  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Comparution devant Pilate (moderne), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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12. Le Portement de Croix.
Moderne.

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Le Portement de croix, (moderne),  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Portement de croix, (moderne), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Portement de croix, (moderne),  maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Portement de croix, (moderne), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La grande Crucifixion des trois lancettes médianes, à plus grande échelle.

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Panneaux presque intacts. L'angle inférieur droit du panneau du bon larron a été restauré. 

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette de gauche : le Bon Larron en croix, et la Vierge éplorée soutenue par saint Jean et une Sainte Femme.

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Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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le Bon Larron (Dismas) .

Il  est vêtu d'une veste courte à crevés et de hauts de chausse également à crevés, et à braguette rembourrée et lacée. Une chemise transparente est serrée par une fine ceinture. Selon les canons iconographiques, qui s'expriment notamment sur les calvaires bretons, il  tourne le visage vers le Christ et son âme, sauvée, est recueillie sous la forme d'un petit homme par un ange. Ici, seuls les yeux sont tournés vers le Rédempteur. Le genou fléchi à 90° appartient aussi aux normes de l'iconographie, tout comme la manière dont l'homme est lié à la croix, bras passés au dessus de la traverse.

En arrière-plan, peint en grisaille sur le verre bleu, un paysage montagneux domine les édifices d'une ville : Jérusalem.

Le ciel est zébré par les lances des soldats romains (notez la douille du fer de lance, et son verre pourpre) qui tracent des verticales et des diagonales contribuant à l'atmosphère dramatique. Les lanciers sont soit des fantassins, comme dans l'armée romaine, ou soit des  cavaliers, comme dans l'armée ducale du XVIe siècle, où un seigneur était armé en "homme d'armes" à cheval assisté d'écuyers, d'archets et de coutilliers . 

L'un de ces cavaliers, en armure, porte un panache rouge sur son casque. Mais l'autre cavalier, également en cuirasse, est coiffé d'un chapeau conique à oreillettes, ce qui le désigne sans-doute comme un dignitaire juif.

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Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Saint Jean et une Sainte Femme soutenant Marie.

 

La robe de saint Jean est un damas "à la rouelle". Les galons des robes sont marqués  de points ou de tirets. Le voile de Marie n'est pas très différent de la coiffe que porte Anne de Bretagne sur ses portraits, mais sa voisine arbore sur son bonnet un bazlo  ou plutôt un bourrelet presque vertical. 

Les robes des saints personnages sont unies, ou presque (damas "à la rouelle" pour saint Jean).

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Saint Jean et la Vierge éplorée,  la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Saint Jean et la Vierge éplorée, la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Il est important de remarquer les larmes qui s'écoulent des yeux des trois personnages. On notera d'abord leur dessin qui reprend, hasard ou pas, celui des marques du flagrum sur le corps du Christ : un trait vertical (la paupière) et trois larmes de trajet divergent et dont la plus longue est au centre. Puis on constatera que ces larmes se retrouveront sur le visage de Marie-Madeleine au pied de la Croix.

En effet, elles témoignent d'un courant naturaliste s'attachant à développer chez le fidèle un mouvement de participation mystique aux souffrances de la Passion.

Surtout, elles sont également présentes en sculpture sur pierre dans les productions d'un atelier de Landerneau, celui des frères Bastien et Henri Prigent, actif de 1527 à 1577. Et donc contemporain de la réalisation de ce vitrail. 

En voici un exemple, venant de la Pietà de Saint-Nic :

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Saint Jean et la Vierge éplorée,  la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Saint Jean et la Vierge éplorée, la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Mais on peut retrouver ces trois larmes en virgules effilées divergentes sur les grands calvaires monumentaux de Pleyben et de Plougonven, dans des scènes de la Passion qui permettraient de développer ce parallèle entre peinture sur verre de l'atelier quimpérois et sculpture sur pierre de l'atelier de Landerneau. 

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La lancette centrale : le Christ en croix ; Longin transperçant le flanc de sa lance ; sainte Marie-Madeleine au pied de la croix.

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Toujours le ciel bleu à lignes de nuages (il y a en Finistère des Passions au ciel bleu et des Passions à ciel rouge). Le Christ en croix figure entouré de lances à oriflammes, tandis qu'un cavalier en tenue de dignitaire juif transperce le flanc droit du Christ de sa lance. On reconnaît ici le geste du soldat  qui recevra dans les textes apocryphes le nom de Longin, mais dont l'évangile de Jean dit :   "Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes au premier des criminels crucifiés avec Jésus, puis à l’autre. Quand ils arrivèrent à Jésus, ils constatèrent qu’il était déjà mort et ils ne lui brisèrent pas les jambes. L’un des soldats lui enfonça sa lance dans le côté, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau." (Jn 19:32-34).

À droite, l'autre cavalier, en armure et casque à plumet, pourrait être un centurion, et même le Centurion qui s'exclama "Vraiment, celui là était vraiment le Fils de Dieu" . Mais aucun détail ne l'atteste.

 

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Marie-Madeleine au pied de la Croix.

Elle a posé son flacon de parfum ou d'aromates. Notez aussi le crâne, référence au nom Golgotha "le lieu du crâne", mais aussi à la Légende de la Vraie Croix et au crâne d'Adam.

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les larmes de la Madeleine.

Ma photo en rend mal compte mais elles sont bien là.

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Les larmes de Marie-Madeleine,  Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Les larmes de Marie-Madeleine, Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La lancette de droite : le Mauvais Larron et trois cavaliers.

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Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'âme du Mauvais Larron Gesmas est emportée par un diable, tandis qu'il se détourne violemment du Christ, et donc de son salut. Ses vêtements sont les mêmes que ceux du Bon Larron ; on retrouve la flexion de la jambe gauche, comme sous l'effet d'un spasme. Depuis le temps que je constate ce détail sur les calvaires et les Passions, je crois en comprendre subitement le sens en écrivant ces lignes : ce serait l'illustration de Jean 19:32 : "Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes au premier des criminels crucifiés avec Jésus, puis à l’autre. "

On remarque en arrière plan Jérusalem en grisaille.

Un détail important est l'emploi de la technique du verre rouge gravé pour représenter les crevés et lignes de la culotte du larron. À la différence des autres verres colorés, le verre rouge, trop sombre lorsqu'il est employé à la même épaisseur, doit être doublé, en un verre très fin, à un verre blanc. Dès lors, il suffit de graver avec un outil ou une fraise cette couche colorée rouge pour que le verre blanc réapparaissent, ce qui permet de représenter des détails autrement que par l'emploi de la grisaille. Le verre blanc peut ensuite être peint au jaune d'argent.

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Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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En dessous du Mauvais Larron, cinq personnages sont figurés, dont quatre cavaliers. L'un d'entre eux est armé d'une hallebarde (à moins que celle-ci ne soit en arrière-plan de lui, ce qui arrangerait mon interprétation) et fait un geste de la main gauche. Il porte la coiffure des grands prêtres du temple ce qui le désigne comme Caïphe.  Un deuxième est un fantassin, un lancier. Toujours du même coté, au premier plan mais vu de trois-quart arrière avec son cheval, un troisième homme tend la main droite vers celle de Caïphe avec lequel il est en discussion. J'y vois le centurion dont parle Marc 15:38-39 :  Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

Mais ce geste de la main est le seul argument pour cette hypothèse, car le costume oriental n'est pas celui d'un centurion, telle que nous nous le représentons de nos jours. Remarquez son chapeau à turban, un bonnet conique (juif ?) traité en verre rouge gravé. Mais aussi sa boucle d'oreille, les franges de sa tunique (aux fleurs elles-aussi gravées), son cimetière dont le fourreau est pendu à sa ceinture (à gauche, c'est la règle), et le chien à l'arrière du cheval. Il pourrait s'agir de Pilate, venu donner ses ordres, et qui s'entretiendrait avec Caïphe. Il serait accompagné à sa droite par l'un de ses conseillers, richement vêtu et au col fourré d'hermines. 

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Caïphe et Pilate ?,  lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Caïphe et Pilate ?, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Pilate ?, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Pilate ?, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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 Lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les chevaux.

Quatre chevaux sont présents sur l'image suivante. Ils sont caractéristiques de l'atelier finistérien, avec leur gueules hilares et surtout leur mors à balancier crénelé. 

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 Lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux scènes de la lancette droite.

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13. La Mise au tombeau.

Restauré : la tête d'une Sainte Femme et le damas du fond .

Joseph d'Arimathie, Nicodème, la Vierge et deux Saintes Femmes ainsi que Marie-Madeleine.

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La mise au Tombeau (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La mise au Tombeau (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La mise au Tombeau (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La mise au Tombeau (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La mise au Tombeau (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La mise au Tombeau (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Sortie du tombeau : le Christ ressuscité .

Très bien conservé sauf un soldat à droite.

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La Résurrection  (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Résurrection (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Résurrection  (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Résurrection (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Résurrection  (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Résurrection (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LE TYMPAN ET SES BLASONS.

le tympan  porte 14 écus modernes avec verres gravés, et sur le coté et 2 écoinçons latéraux aux  bustes anges avec les instruments de la Passion (1539) laissant supposer que d'autres ajours développaient cette iconographie.

Les armoiries anciennes ont été refaites par les restaurateurs.

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Tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux écoinçons.

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Écoinçon droit du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Écoinçon droit du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Écoinçon gauche du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Écoinçon gauche du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES QUATORZE BLASONS.

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Je reprends ici, en les simplifiant beaucoup, les identifications et le blasonnement mis en ligne par André Croguennec, qui s'est lui-même inspiré d'un article de Paul-François Broucke et Michel Mauguin 2006. Mais l'interprétation la plus récente a été donnée en 2012 par P-F. Broucke : elle révèle l'existence d'une première verrière de 1443-1448, expliquant la présnece des blasons d'Alain IX de Rohan et de sa mère Beatrix de Clisson (de gueules au lion d'argentdont on ignore à peu près tout par ailleurs, mais qui était contemporaine de la maîtresse-vitre de l'abbatiale de Daoulas, posée entre 1442 et 1448 par Alain de Rohan et sa mère Beatrix de Clisson . 

 

"Au tympan de la maîtresse-vitre, l’analyse des prééminences révèle la pose d’un premier vitrage dans les années 1440 par Alain IX de Rohan et sa mère, remplacé et réactualisé vers 1539, millésime écrit sur la baie75. Plusieurs écussons permettent de déduire la pose de la première verrière entre 1443 et 1448 : on relève les armes en alliance d’une tante et de deux enfants d’Alain IX, Alain de Rohan, époux en 1443 de Yolande de Laval dame de Vitré, et Marguerite, épouse de Jean d’Orléans (précédemment fiancé à sa sœur aînée). Tout porte à fixer le terminus de la commande vers 1450 au plus tard : la mort de Beatrix de Clisson en 1448, celle d’Alain de Rohan l’année suivante, et en 1450 de Marguerite de Bretagne, première épouse d’Alain IX, dont les deux alliances postérieures sont absentes, constituent des preuves suffisantes. La verrière n’aurait pu être posée avant 1443, année du mariage d’Alain de Rohan et Yolande de Laval, dont les armes sont en alliance. Un siècle plus tard, une nouvelle verrière fut commandée à l’atelier Le Sodec : on y restaura les prééminences qui figuraient dans l’ancienne baie, en ajoutant les armes des vicomtes de Rohan depuis Alain IX. On trouve ainsi les armes en alliance de Jean II de Rohan (+ 1516) et de ses trois épouses, de sa fille Anne et de son mari Pierre de Rohan-Gyé (+ 1525), à qui échut la vicomté de Rohan. Il y a enfin les armes des donateurs, René Ier de Rohan, fils des précédents, de son épouse Isabelle d’Albret, et du père de cette dernière, Jean II d’Albret. " (Paul-François Broucke 2012)

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1. Le blason sommital : les neuf macles des Rohan.

de gueules aux neuf macles d'or posées 3, 3, 3

Les armes des Rohan étaient de gueules à sept macles d'or posées 3, 3, 1 jusqu'à ce que ceux-ci  n'adoptent ces armes modernes à neuf macles. Le passage des armes anciennes aux armes modernes s'explique  par la modification de la forme des écus à partir du XIVe siècle : la pointe s'aplatit, l'espace vide ainsi créé est comblé par deux nouvelles macles. Cf Marc de Vulson 1644.

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Blason des Rohan, tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason des Rohan, tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Deuxième rang de gauche à droite. De gauche à droite.

2.  Armoiries de René Ier (1516-1552), vicomte de Rohan, vicomte puis prince de Léon, marié à  Isabelle d'Albret.

Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : de gueules à l'escarboucle de chaîne d'or qui est Navarre.

 

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Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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3. Armoiries  d'Alain IX, vicomte de Rohan et de Léon et de son épouse Marguerite de Bretagne, fille du duc Jean IV de Bretagne et de Jeanne de Navarre. 

Parti, au 1 : de gueules au neuf macles d'or  ( Rohan) ; au 2 : d'hermines plein qui est de Bretagne.

 

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4. Armoiries  d'Alain IX de Rohan (1382-1462), et de sa mère Beatrix de Clisson (1356-1448).

Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : écartelé aux 1 et 4 : de gueules à la tour d'or, aux 2 et 3 : de gueules au lion d'argent, armé, lampassé et couronné d'or.

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Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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5. Armoiries liées à l'épouse de Jean II de Rohan, Marie de Bretagne (1447-1507) et  à ses grands-parents maternels.

Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : coupé de deux traits, formant trois quartiers, au 1 : d'azur semé de fleurs de lys d'or, au 2 : de gueules à trois léopards d'or, au 3 : de gueules à l'écusson d'or et à la bordure d'argent.

 

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Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Troisième rangée de gauche à droite.

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6 . Armoiries (?) de  Jeanne de Rohan, fille de Jean Ier de Rohan et de Jeanne de Léon, et de son premier époux Robert Ier d'Alençon. Les armes de Jeanne de Rohan auraient dû figurer au second quartier et non au premier, selon l'usage pour les femmes mariées.  

Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : d'azur semé de fleurs de lys d'or, à la bordure cousue de gueules besantée d'argent de huit pièces.

 

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Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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7. Armoiries de la vicomtesse Anne de Rohan, fille et héritière de Jean II de Rohan et Marie de Bretagne, et de son époux Pierre de Rohan-Gyé (mort en 1525).

Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : écartelé, aux 1 et 4 : de gueules à l'escarboucle de chaînes d'or (Navarre), aux 2 et 3 : d'azur à trois fleurs de lys d'or (France), à la bande d'argent brochante sur le second quartier du parti.
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La maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice.

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8. Armoiries de Beatrix de Clisson.

De gueules au lion d'argent. 

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Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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9. Armes du vicomte Jean II de Rohan (1452-1517),  et de sa femme Marie de Bretagne (1447-1507), fille du duc François Ier de Bretagne.

Parti, au 1 : de Rohan ; au 2 : d'hermines plein.

Blason des Rohan, tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason des Rohan, tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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10. Armoiries de Jean II de Rohan, marié à Marie de Bretagne.

Parti, au 1 : d'hermines plein (ce qui est Bretagne) ; au 2 : de Rohan. 

 

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Quatrième rangée de gauche à droite.

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11. Armoiries qui font allusion à l'ascendance Albret-Navarre d' Isabelle d'Albret, de l'épouse de René Ier de Rohan,

Parti, au 1 : écartelé, aux 1 et 4 : d'azur à trois fleurs de lys d'or (Albret) ; aux 2 et 3 : de gueules plein ; au 2 : d'argent au lion couronné de gueules (Armagnac).

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Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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12. Armoiries de  Yolande de Laval, épouse d' Alain de Rohan, mort en 1449.

Parti, au 1 : de Rohan, au 2 : de gueules au lion contourné et couronné d'argent

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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13. Armoiries de Jean II d'Orléans et de son épouse  Marguerite de Rohan. 

 Parti, au 1 : d'azur à trois fleurs de lys d'or brisées d'un lambel d'argent, au 2 : de Rohan. 

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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14. Non attribué.

Parti, au 1 : d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la barre de gueules brochante chargée de trois besants d'argent ; au 2 : d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la bordure cousue de gueules besantée d'argent de huit pièces

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blason du tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La comparaison avec les vitraux de La Martyre montre une similitude frappante avec la Crucifixion  de La Roche-Maurice : je renvois à mon article précédent.

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ÉTUDE TECHNIQUE SUR DES VUES DE DÉTAIL : STYLE DES VISAGES, SANGUINE, ENLEVÉS AU PETIT BOIS,  VERRES ROUGES GRAVÉS. 

a) La sanguine.

Les vues de détails qui suivent permettent d'étudier l'emploi, très riche, de la sanguine ou Jean Cousin par le peintre-verrier. 

Il s'agit d'une couleur de cémentation d'aspect  mat et translucide, qui varie du rosé au brun chaud selon la dilution appliquée. Elle est obtenue à partir de dérivés du fer. On l'utilise pour les carnations des visages ou pour la teinte des chevelures. La sanguine est composée d'hématite (oxyde ferrique naturel Fe2 O3 ), minéral produisant une couleur rouge s'il est broyé en grains très fins et une couleur brune s'il est utilisé en grains plus gros.
En utilisant l'hématite en couche très fine on obtient la possibilité de colorer en ton chair et de façon translucide un verre incolore
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http://www.infovitrail.com/index.php/fr/la-sanguine-le-rouge-jean-cousin-ou-la-carnation?showall=&limitstart=

Ici, le peintre l'utilise sur les chevelures et les barbes, sur les visages en carnation, mais aussi pour rendre les traces de sang s'écoulant le la tête du Christ autour de la couronne d'épines, ou sur les marques de flagellation de son corps.

b) Les enlevés.

Son emploi ne se sépare pas de l'utilisation de la technique de l'enlevage.  La technique consiste   à supprimer partiellement de la matière sur une peinture non cuite appliquée en lavis pour permettre le passage de la lumière. La partie supprimée peut être enlevée d’une façon franche à l’aide d’outils durs (plume d'oie, petit bois) ou alors de façon douce à l’aide de brosses d'enlevages plus ou moins souples.

http://www.infovitrail.com/index.php/fr/decoration-sur-verre/278-les-techniques-de-peinture-sur-verre

c) les  rehauts  accentuent l’effet d’un modelé en dessinant une série de hachures parallèles, inspiré des techniques des graveurs sur bois et sur cuivre.

d) Le verre rouge gravé (et peint au jaune d'argent).

e) les caractéristiques des  portraits.

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La sanguine

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Le Baiser de Judas.

Sur ce détail du Baiser de Judas, on voit comment cette coloration rousse, différente du jaune d'argent des pièces d'armure, est appliquée sur les cheveux, les barbes mais aussi les visages et les gorges ("carnation") pour y rendre les modelés. Les boucles de la chevelure, déjà tracées en grisaille (peinture noire, pour simplifier) sont affinées par les traits blancs soustraits de la sanguine par le manche d'un pinceau ou par une plume. Le modelé des nez, des joues et pommettes dépend de l'endroit où est appliquée la sanguine, mais aussi du travail en enlevage, par le moyen d'un réseau très fin de stries blanches, imperceptibles à un spectateur éloigné, qui suivent l'arrondi des régions sous-orbitaires (manifestes chez Judas) ou partent en rayons centripètes sur le front, dynamisant le portait à notre insu. Sous le menton de Jésus, l'ombre est rendue par des hachures croisées dans la grisaille, mais la luminosité de la partie latérale du cou est rendue, par contraste, par des stries verticales en enlevage. 

Je signale au passage l'une des caractéristiques stylistiques, la façon dont les boucles de la barbe et des cheveux forment des cônes spiralés semblable à ces Turritelles communes de nos plages, que nous nommions "touroutoutou". 

 

Le baiser de Judas. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Le baiser de Judas. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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L'oreille sanguinolente de Malchus.

Sur le même panneau de l'Arrestation du Christ, le serviteur Malchus est à terre, car l'apôtre Pierre vient de lui trancher l'oreille droite. Le peintre montre ce qui reste de cette oreille, sans son pavillon, le conduit auditif externe béant. Trois coulées de sang ruissellent de la plaie, parfaitement rendues par trois lignes hétérogènes et irrégulières, plus compliquées à peindre que trois traits de pinceau rectilignes.

La sanguine est aussi employée pour souligner le relief du visage par des tonalités plus sombres en périphérie, ou pour les carnations des mains, mais aussi pour moduler l'aspect métallique de l'armure de tonalités brunes. Sur le canon d'avant-bras, les rivets sont indiqués par enlevage de petits cercles. Pour en revenir au visage, il est fascinant de voir comment les détails des narines, du philtrum, des lèvres, des dents par enlevage, et de la langue, sont rendus sur un verre blanc par le simple jeu des deux peintures, la grisaille et la sanguine.

La cuirasse, avec ses volutes pectorales, reçoit aussi un long travail d'opposition de lumières par un travail du lavis de grisaille sur le verre rouge.

 

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La tête de Malchus et son oreille tranchée. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

La tête de Malchus et son oreille tranchée. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La sueur de sang du Christ lors de l'Agonie à Gethsémani.

Les touroutoutous de la chevelure sont typiques de notre Maître de la vitre de La Roche-Maurice (il faudra bien lui donner un nom, avant de démembrer par atelier la production finistèrienne plutôt que de tout attribuer aux Le Sodec), mais nous ne sommes pas là pour cela.

La sueur de sang de l'Agonie du Christ ne doit pas être confondue au saignement entraîné par la couronne d'épines, puisque la scène représentée précède la Passion, et la pose de cette couronne. 

L'hématidrose est un phénomène médical attribué à un stress très intense. Elle est signalée par Luc 22:43-44

Alors un ange lui apparut du ciel pour le fortifier. Saisi d'angoisse, Jésus priait avec plus d'insistance, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient par terre. 

en latin : et factus est sudor eius sicut guttae sanguinis * decurrentis in terram

(*) Dans le texte grec originel,  θρομβος - θρόμβος thrombos désigne  une grosse et épaisse goutte, spécialement de sang coagulé.

L'artiste a représenté ce phénomène au moyen de la sanguine, par des traînées, là encore soigneusement irrégulières et s'achevant en goutte, du front des joues et du cou.

La sanguine colore aussi le nimbe, avec les rayons concentriques dessinés en enlevé.

 

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 La sueur de sang du Christ lors de l'Agonie à Gethsémani. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

La sueur de sang du Christ lors de l'Agonie à Gethsémani. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La Flagellation.

Les traces de sang sont maintenant celles des plombs à trois pointes du flagrum.

La Flagellation,  1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La Flagellation, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le saignement lié à la couronne d'épines.

La sanguine est utilisée seule pour les écoulements de  sang engendrés par la couronne, les mains des bourreaux, le nimbe. Elle est utilisée en complément de la grisaille pour la chevelure et ses boucles coniques, la barbe, les ombrages et le modelé du visage, avec des hachures grises, ou rousses, ou en enlevage.

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Le Couronnement d'épines, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Couronnement d'épines, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La Dérision.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La plaie de la lance.

Toutes les traces de sang sont réunies lors du coup de lance donné par le Centenier : plaie du thorax droit, plaies de flagellation, plaies de la couronne d'épines. Elles s'associent à la coloration rosée du mamelon et du nombril,  brunes de la chevelure ou de la barbe divisée en deux touroutoutou, et d'un lilas cadavérique des yeux clos.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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La sanguine est aussi utilisée pour figurer des pustules et taches maculant la face des "méchants" et les démons :

Le bourreau de la Flagellation est ainsi affligé d'un honteux érythème du front, des joues et du crâne, qui atteint aussi par contamination son couvre-chef à plumet  .

Flagellation, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Flagellation, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Cette rougeole est contagieuse, et affecte  aussi le bourreau qui, par outrage, montre sa langue au Christ qu'il insulte.

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1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'enlevage : les larmes.

La technique de l'enlevage sert à rendre les larmes de saint Jean, de Marie, de la Sainte-Femme et de Marie-Madeleine, en effaçant le lavis de grisaille ou de sanguine.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Le visage de Marie-Madeleine est un chef-d'œuvre de notre artiste, dans lequel la technique de l'enlevage est déployée avec virtuosité pour rendre les larmes, le frisottis d'une larme émergeant au bord de la paupière, les boucles des anglaises, les bijoux, la fronce de la chemise, etc.

Si on détaille le réseau de traits indiquant, comme le moiré d'une carte topographique en courbes de niveau, le relief du visage et de la gorge, on constate la précision atteinte dans l'exécution de ce portrait. Mais on se plait ensuite à admirer l'application mesurée de la sanguine sur les lèvres, sur le rebord de la paupière supérieure, avant de succomber au charme de la fossette du menton.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Enlevage : l'eau qui coule.

L'eau qui coule lors du Lavement des pieds ou du Lavement des mains de Pilate est aussi figurée par des enlevés, tout comme l'eau qui dort dans un bassin et qui, réveillée par les gouttes, s'anime d'ondes.

 

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Lavement de pieds, Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Lavement de pieds, Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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L'enlevage : le bandeau des yeux lors de la Flagellation.

Un très bel exemple de la maîtrise technique du verrier est donné par la façon dont il rend le bandeau placés sur les yeux du Christ comme un tissu blanc suffisamment transparent pour lui permettre de montrer malgré tout l'expression souffrante du regard.

 

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Les verres rouges gravés.

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Roger Barrié a recensé en Basse-Bretagne onze verrières seulement faisant appel à cette technique, dont une majorité dans le Léon, à Cuburien, La Roche-Maurice, Ploudiry, La Martyre (Jessé) (Dormition)Saint-Pol, et Lampaul-Guimiliau .  Devenue courante en France à partir de la fin du XVe siècle, elle est utilisée à partir de 1530-1540 par  les ateliers bretons.

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J'extrais de son article les indications suivantes :

 


"Un rappel sur l'histoire de la technique du vitrail s'impose avant de considérer les œuvres. Il ne peut y avoir de verres gravés que si ces verres ont été préalablement doublés. Pourquoi ce placage, source de contraintes pour le verrier ? Pour obtenir le verre rouge qui a existé anciennement sous la forme de deux couches, au moins, l'une incolore et l'autre rouge. La feuille de verre incolore, en jouant le rôle de support translucide, permet d'avoir une feuille de verre rouge amincie, car l'oxyde cuivrique est un colorant si envahissant qu'il rendrait opaque une feuille d'épaisseur normale teinte dans la masse

D'où l'idée d'user mécaniquement cette couche par endroits pour obtenir une ou deux couleurs de plus sur la même pièce de verre ; cela avait l'avantage d'épargner la coupe et d'affranchir le travail du peintre de la contrainte des plombs. Ainsi l'invention purement .technique du placage qui était une nécessité pour le verre rouge, donna naissance au procédé mécanique de la gravure si commode pour figurer la finesse et la légèreté de petits détails. Le peintre sur verre est redevable au verrier d'une facilité qui n'est pas sans prolongements esthétiques.

La pellicule rouge était entamée par une molette montée sur un tour (gravure à la roue ou à l'archet), avec l'aide d'un mélange abrasif, émeri, eau ou huile. Quoique ce fût à partir de la fin du XVe siècle que la gravure devint d'un usage courant, les premiers exemples datés remontent vers le premier quart du XIVe siècle . Il faut remarquer que cette invention arrive après celle qui permettait de teindre en jaune le verre par application de sulfure d'argent. Cette évolution de la technologie du vitrail dans la première moitié du XIVe siècle a répondu au même désir et a concouru aux mêmes effets. Le peintre verrier du xve siècle se voit donc en possession de deux moyens qui élargissent sa palette et lui donnent une liberté qui rend sa création picturale plus personnelle.

La coloration jaune des gravures est obtenue par l'application locale, à l'extérieur, de sulfure d'argent qui pénètre le verre à la cuisson ; mais les exemples ne manquent pas où cette teinture n'a pas pris. Le jaune d'argent possède un rayonnement qui respecte les limites de l'écran rouge qui le circonscrit : ainsi l'effet somptueux gagne en netteté. A la dextérité du graveur s'ajoute un maniement habile du jaune d'argent.

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Gatouillat et Hérold ajoutent en 2005, pour l'ensemble de la Bretagne cette fois-ci :

"Une constante de la production bretonne du XVIe – et du début du XVIIe si on pense à Locarn et à Lampaul-Guimiliau–  est l'habitude de graver les verres doublés, en particulier le rouge. Dès les premières années du siècle, à Lannéleg en Pleyben, les rayons lumineux qui entourent le Christ transfiguré teintés de jaune qui entourent le Christ transfiguré sont ainsi dégagés sur le fond écarlate, pratique reprise de manière extensive dans les verrières du même thème [... ] Il est probable que dans nombre de cas, ces gravures résultent de l'emploi d'acide." (p. 45)

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A La Roche-Maurice, la gravure des verres rouges concerne les crevés des  braies du Mauvais Larron, les raies et stries du  bonnet conique du cavalier et  les quadrilobes de sa tunique, ainsi que les flammes du nimbe crucifère du Christ Ressuscité.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Le bonnet du cavalier .

 

Je rappelle la présence, jamais gratuite, d'une boucle à l'oreille de ce cavalier.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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Photographie lavieb-aile octobre 2017.

Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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le nimbe crucifère du Christ ressuscité.

La gravure du verre n'est plus rectiligne ou ponctuelle, mais affecte une plage large et arrondie.

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Nimbe du Christ, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Nimbe du Christ, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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LES PORTRAITS.

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Saint Jean endormi lors de l'Agonie de Jésus à Gethsémani.

L'artiste utilise un tracé épais, et donne à son personnage des traits forts, avec de larges sourcils, de grosses paupières, un nez un peu camus, une excroissance charnue entre les sourcils, des sillons naso-géniens soulignés, une bouche lippue et un menton en galoche. Ce tracé énergique est à peine estompé par le modelé en grisaille.

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Saint Jean, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Saint Jean, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Saint Pierre.

Au lieu de rendre le modelé par aplats de grisaille ou de sanguine sur le visage laissé en blanc, l'artiste procède essentiellement par enlevage du lavis de sanguine grisâtre, sur les sourcils, le nez, le V du front, la barbe, les boucles de cheveux et le trait blanc qui allume les pupilles.

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1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

La maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice.
1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le Mauvais Larron.

Comme pour le portrait de Marie-Madeleine, celui-ci mérite un examen détaillé de l'opposition de la grisaille et de la sanguine réservée aux ombrages, du jeu des hachures, alors que le trait lui-même n'est employé que pour les sourcils, la paupière supérieure, l'arrondi du nez et les narines.

A la différence des autres portraits, où l'iris et la pupille des yeux sont représentés par le même élément noir, ici, les iris bruns (sanguine) sont distincts de la pupille noire.

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Le Mauvais Larron, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le Mauvais Larron, 1539, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1904 p. 342-343.

—BARRIÉ (Roger) 1976,  ". Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale". In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44 (et notamment page 37); doi : 10.3406/abpo.1976.2796

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796 

—BROUCKE (Paul-François), MAUGUIN (  Michel) ) 2006.  Les prééminences armoriées des Rohan au tympan de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves, La Roche-Maurice (Finistère), Bulletin de la Société archéologique du Finistère.

—BROUCKE (Paul-François), 2012, "L’emblématique de la maison de Léon aux XIIe-XIVe siècles et les prééminences de Daoulas et La Roche-Maurice aux XVe-XVIe siècles", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne , Congrès de Brest SHAB pages 59-82. En ligne :

http://www.shabretagne.com/scripts/files/58ac1051308735.01528915/2012_03.pdf

"Les maîtresses-vitres de l’abbatiale de Daoulas et de l’église de La Roche-Maurice.

La maîtresse-vitre disparue de l’ancien chevet gothique de l’abbatiale de Daoulas, connue par les dessins et la description de dom Pinson vers 1700, fut l’une des œuvres les plus importantes de l’histoire de l’art du vitrail en Finistère. Haute de vingt-quatre pieds (7,8 mètres) sur seize de large (5,2 mètres) et constituée de huit lancettes surmontées d’un tympan orné de trente ajours flamboyants, c’était « l’une des plus belles vitres que l’on puisse voir et sans contredit l’ouvrage le plus fini de toute l’abbaye ». Décorée d’un cycle de la Passion, elle fut probablement exécutée par l’atelier quimpérois Le Sodec dans les années 153069, comme l’attestait la représen - tation en priant de l’abbé Charles Jégou (1520-1535), ses armes et celles de son successeur Olivier du Chastel (1535-1550)70. Les trente flammes du tympan étaient toutes ornées d’écus, l’ensemble constituant un véritable florilège héraldique. On trouvait en éminence les armes du roi, puis celles des fondateurs de l’abbaye, les Léon et leurs successeurs les Rohan, celles des abbés de Daoulas, et enfin les armes de quelques familles locales. Au plus haut de la verrière, à l’égal des armes de Rohan, au-dessus de celles des seigneurs de Léon, était un écu « de gueules au lion d’argent » (pl., no 4), que coiffait tout juste celui du roi. Si haut placées, aurait-il pu s’agir des armes des vicomtes de Léon, en souvenir de leur fondation de l’abbaye entre 1167 et 1173 ? On pourrait le supposer, le même écu se retrouvant en bonne place dans la verrière de l’église de La Roche-Maurice, où les Léon avaient un puissant château. Le tout mérite un examen serré. Si la datation de la verrière ne fait pas mystère, non plus que l’ordonnance des prééminences, on reste en revanche dérouté en constatant que les écus appartenaient à des personnages ayant vécu sur une amplitude de plus de deux siècles. Les plus anciennes armes étaient celles de Hervé VII de Léon (+ 1344) et de sa seconde épouse Marguerite d’Avaugour, les plus récentes celles de l’abbé Olivier du Chastel (+ 1550). Comment expliquer un tel écart, et justifier l’énigmatique lion d’argent en champ de gueules ? La seule solution passe par une approche nouvelle : la maîtresse-vitre de Daoulas, posée vers 1530, reprend en filigrane les prééminences d’une verrière plus ancienne, datable de la décennie 1440, qu’elle a remplacée. Dès lors, tout devient clair. Dans une vitre des années 1440, à la place des armes de France, était l’écu d’hermines du duc François Ier (1442-1450), formellement identifié au-dessous par les armes de sa mère Jeanne de France (+ 1433) et surtout de sa femme Isabeau d’Écosse71, épousée l’année de son accession au trône. On comprend alors l’absence d’armes d’alliance pour les Rohan après la décennie 1440, sans cela incompréhensible sur une verrière des années 1530. On comprend également la multiplication envahissante des armes de l’abbé Guy Maufuric de Lezuzan (1441- 1468) et de sa parentèle. Dans cette première verrière, l’écu « de gueules au lion d’argent » (pl., no 4) ne pouvait appartenir qu’à une seule personne : Beatrix de Clisson, femme d’Alain VIII de Rohan (+ 1429 env.), mère d’Alain IX, décédée en 1448, dont les armes étaient représentées pleines et mi-parties de celles de son époux. Ces mêmes armes figuraient dans de nombreuses églises en Bretagne : outre Daoulas, on les trouvait aussi à la cathédrale de Saint-Brieuc72 et au couvent de Cuburien près de Morlaix. Elles existent toujours à La Roche-Maurice et dans la chapelle Saint-Gobrien à Saint-Servan-Sur-Oust73, dans le Morbihan. Ces écussons occupaient donc une verrière posée entre 1442 et 1448 par Alain IX de Rohan et sa mère Beatrix de Clisson. Les conséquences sont importantes pour dater la marche du chantier du chevet gothique disparu : l’accession à la chaire abbatiale pour Guy Maufuric, et au trône ducal pour François Ier, marquent le début d’une campagne de vitrage dans le chevet. On peut alors situer l’achèvement du gros œuvre dans la décennie précédente. On connaît par ailleurs l’installation des « menuiseries du chœur, stalles, clôtures, lambris par les soins de l’abbé Maufuric74. Le chevet de Daoulas témoignait alors de la vitalité artistique dans la région sous les règnes de Jean V et de ses fils, et mérite d’être cité parmi les autres grands chantiers du temps, la cathédrale et l’église du Kreisker en Saint-Pol-de-Léon, ou la basilique du Folgoët. On peut imaginer l’architecture de la première verrière, en citant en comparaison celle de la chapelle Notre-Dame de La Houssaye près de Pontivy, strictement contemporaine. Plus tard, dans la décennie 1530, à l’issue de travaux menés sous l’abbé Charles Jégou, on décida de remplacer la verrière, que l’on devait alors juger démodée. On détruisit l’ancienne baie, pour y reconstruire celle que dom Pinson a immortalisée. On se contenta de reprendre les prééminences antérieures, en les actualisant des armes du roi et de celles des derniers abbés. Comme une double page collée, la maîtresse-vitre de Daoulas superposait deux verrières distantes de près d’un siècle.

Le scénario fut identique à l’église de La Roche-Maurice : au tympan de la maîtresse-vitre, l’analyse des prééminences révèle la pose d’un premier vitrage dans les années 1440 par Alain IX de Rohan et sa mère, remplacé et réactualisé vers 1539, millésime écrit sur la baie 75. Plusieurs écussons permettent de déduire la pose de la première verrière entre 1443 et 1448 : on relève les armes en alliance d’une tante et de deux enfants d’Alain IX, Alain de Rohan, époux en 1443 de Yolande de Laval dame de Vitré, et Marguerite, épouse de Jean d’Orléans (précédemment fiancé à sa sœur aînée). Tout porte à fixer le terminus de la commande vers 1450 au plus tard : la mort de Beatrix de Clisson en 1448, celle d’Alain de Rohan l’année suivante, et en 1450 de Marguerite de Bretagne, première épouse d’Alain IX, dont les deux alliances postérieures sont absentes, constituent des preuves suffisantes. La verrière n’aurait pu être posée avant 1443, année du mariage d’Alain de Rohan et Yolande de Laval, dont les armes sont en alliance.

Un siècle plus tard, une nouvelle verrière fut commandée à l’atelier Le Sodec : on y restaura les prééminences qui figuraient dans l’ancienne baie, en ajoutant les armes des vicomtes de Rohan depuis Alain IX. On trouve ainsi les armes en alliance de Jean II de Rohan (+ 1516) et de ses trois épouses, de sa fille Anne et de son mari Pierre de Rohan-Gyé (+ 1525), à qui échut la vicomté de Rohan. Il y a enfin les armes des donateurs, René Ier de Rohan, fils des précédents, de son épouse Isabelle d’Albret, et du père de cette dernière, Jean II d’Albret. La première verrière vers 1443-1448 a le mérite de signaler une campagne de vitrage dans l’ancienne église de La Roche-Maurice, dont on ignore à peu près tout par ailleurs. Sachant que le château voisin fut partiellement reconstruit au XVe siècle, on se plaît à imaginer l’activité architecturale et artistique qui régnait à La Roche dans le deuxième quart du XVe siècle."

Note 75 En collaboration avec notre ami Michel Mauguin, nous avons publié en 2006 un article sur le tympan héraldique de la maîtresse-vitre de l’église de La Roche-Maurice et ses quatorze écus. Nous supposions alors que les armes « de gueules au lion d’argent » avaient pu appartenir aux seigneurs de Léon en brisant par changement d’émaux. Nous pouvons maintenant affirmer que cette hypothèse est erronée. L’identification des autres prééminences des Rohan reste valable au demeurant, BROUCKE, Paul-François, MAUGUIN, Michel, « Les prééminences armoriées des Rohan au tympan de la maîtresse-vitre de l’église de La RocheMaurice », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. CXXXV, 2006, p. 187-197.

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— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne : origine de quelques verrières du XVIe siècle rennes, Oberthur imprimerie, 1 vol. (38 p.-[14] p. de pl.) : ill. ; 25 cm,  Tiré à part de : "Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne", (1945) tome XXV.

http://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffaede742.09604269/1945_02.pdf

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoires des églises et chapelles du diocèse de Quimper

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/ROCHEMAU.pdf

— CROGUENNEC (André);Le vitrail de l'église Saint-Yves.

http://andre.croguennec.pagesperso-orange.fr/lr/vitrail-lr.htm

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Le vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Rennes, Presses Universitaires de rennes, 385 p. pages 187-189.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2008, La Roche-Maurice, peintres vitriers Le Sodec et Fellep,  Maîtresse-vitre.

http://jeanpierrelebihan2.over-blog.com/article-19386017.html

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2008, les fonds damassés (de la cathédrale de Quimper)

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-29447240.html

— LECLERC (Guy), 2012, La Roche-Maurice, église Saint-Yves et ossuaire,  Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne , Congrès de Brest SHAB pages 699-711. En ligne :

http://www.shabretagne.com/scripts/files/58e3e365148ef0.21808328/2012_31.pdf

 

"La maîtresse-vitre Haute de 6,90 mètres et large de 3,50 mètres, la maîtresse-vitre fut réalisée en 1539, le fabrique de l’église étant Allen Joce comme l’indique l’inscription figurant au bas de la deuxième lancette sous la représentation de la Cène. Elle a été classée Monument historique en 1898. L’ensemble des lancettes est consacré à la Passion et à la Résurrection du Christ. Mis à part les panneaux supérieurs de la lancette de gauche représentant Jésus devant Pilate et le Portement de Croix refaits après 1898, les verres d’origine ont été bien conservés. Si les ornements sont italianisants, l’iconographie des scènes semble subir l’influence nordique diffusée par les estampes.

La grande scène de la Crucifixion qui occupe les deux registres supérieurs des trois lancettes centrales, appartient à une famille de Crucifixions que l’on retrouve dans les églises Notre-Dame à La Martyre, Saint-Mathieu à Quimper, Saint-Cornély à Tourc’h et dans la chapelle de Labadan à Pouldreuzic.

René Couffon, suite à une mauvaise lecture sur la Crucifixion de La Martyre, avait attribué la paternité du modèle à Joost de Necker, graveur anversois . Il y avait lu aussi la date de 1535 et le chiffre de l’artiste. Il en déduisait que le vitrail avait pu être directement importé des Flandres. Il n’en est rien, le modèle comme l’atelier nous sont inconnus. Les lettres L. S. inscrites à la fin de l’inscription du vitrail ont été parfois interprétées comme étant la signature de Laurent Le Sodec, maître verrier à Quimper. On conçoit mal que l’artiste signe son œuvre de cette façon.

Parmi les petits panneaux, celui de la Cène est un des plus remarquables. Jésus, entourant de son bras droit le cou de saint Jean, présente un morceau de pain à Judas au visage caricaturé. Si la plupart des disciples semblent s’interroger à propos de la trahison de l’un d’entre eux, le disciple face à Judas, indifférent à l’événement, porte de sa main droite une coupe à ses lèvres et tient un couteau de cuisine dans l’autre main. Une mise en scène qui rappelle celle d’Albert Dürer dans sa Grande Passion. Les visages très modelés, les chevelures et les barbes fortement tressées apparaissent comme une signature stylistique que l’on retrouve dans le vitrail de la Passion à la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet.

Le triomphe du vitrail est dans le grand tableau de la Crucifixion dans lequel Marie-Madeleine tend à focaliser l’attention. Écartant les bras de part et d’autre du fût de la croix, comme dans une attitude d’effroi, elle occupe presque tout le panneau inférieur central. L’ampleur de ses vêtements, sa coiffure de perles d’où s’échappe une longue chevelure blonde, ses yeux grand ouverts aux paupières lourdes, son vase de parfum posé au sol lui confèrent une place exceptionnelle dans cette mise en scène de la Crucifixion.

Si l’iconographie semble se rattacher à la production artistique nordique, les dais qui surmontent presque toutes les petites scènes de la Passion apportent une note italianisante. D’un pendentif composé d’une coupe d’où s’échappe une composition florale partent, de part et d’autre, des rubans ornés de fleurs et de perles. Des guirlandes de fleurs s’accrochent à la courbure des rubans et au pendentif central. Le contraste est saisissant entre le drame des scènes, l’expression violente de visages et la richesse des dais. Au bas du vitrail court une plinthe architecturée ornée de petites fleurs, de perles et de guirlandes végétales.

Dans quatorze des jours du tympan figurent les armoiries des Rohan « de gueules à neuf macles d’or » avec leurs alliances [Broucke 2006]. Elles sont l’œuvre d’une restauration en 1849 par le vitrier brestois Mathieu Rosuel [Gatouillat 2005]. La présence dans les écoinçons inférieurs d’anges portant des instruments de la Passion et qui sont d’origine, laisse supposer qu’une partie des jours où figurent des armoiries étaient à l’origine consacrés à la représentation d’autres anges.

La maîtresse-vitre fut restaurée à plusieurs reprises. Avant la Révolution, on ne connaît que celle réalisée par le maître-verrier Louis-François Bodolec. En 1849, on restaura surtout le tympan. Au XXe siècle, on note en 1937 l’intervention de l’atelier Gruber ; mise à l’abri en 1942, la verrière fut remontée en 1950 par Labouret."

Note : Paul-François Broucke pense que le tympan de la maîtresse-vitre a été totalement armorié à l’origine comme il se présente aujourd’hui. Le dessin réalisé en 1714 par le curé de La Roche-Maurice avant la restauration de Bodolec permettrait de lever le doute. Beaucoup d’auteurs en parlent mais aucun ne semble avoir vu le document qui serait conservé aux Archives nationales de France."  

— Sur mon blog : mon article sur les fonds damassés du XVe siècle de la cathédrale de Quimper :

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-fonds-damasses-des-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-de-quimper.html

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
17 août 2017 4 17 /08 /août /2017 09:54

L'église de Saint-Divy (29) . II. Les vitraux du XVIe siècle (vers 1530 et 1550) de la maîtresse-vitre ou Baie 0. 

 

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A. Sur l'église de Saint-Divy, voir aussi :

 

B. Sur les vitraux décrits dans ce blog, voir cette liste :

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La maîtresse-vitre de l'église Saint-Divy comporte quatre lancettes lancéolées de quatre panneaux chacune, et un tympan de sept ajours et écoinçons. Elle mesure 3,20 m de haut et 2,00 m de large. Elle est classée au titre d'objet depuis le 10 / 11 / 1906.

Les vitraux sont estimés vers 1530 (d'après une inscription de 1531) et vers 1550. A la Révolution, en 1791, les armoiries du tympan furent détruites. Elle fut restaurée une première fois au XIXe siècle, sans-doute lors de l'intervention de Julien-Léopold Lobin en 1866, qui créa des nouveaux vitraux pour l'église. Une seconde intervention eut lieu en 1937, (par l'atelier Rault ?) et les vitreries colorées posées pour combler les armoiries du tympan furent remplacées par des ornements et symboles. Elle a été déposée et mise à l'abri en 1939-45. Enfin, en 2002-2003 elle a été  restaurée par l'atelier HSM de Quintin : "Lors de sa restauration, les moyens informatiques ont permis de retrouver sa composition initiale. C'est ainsi que plusieurs personnages dont des éléments manqués ont pu être reconstitués intégralement en mettant à leur place des morceaux qui avaient été placés ailleurs par erreur.La restauration a consisté à nettoyer les composants, refaire les joints en plomb" (Mairie de Saint-Divy).

La vitre actuelle est une mosaïque de plusieurs compositions, notamment un Couronnement de la Vierge et un Jugement dernier, œuvre datée vers  1531 dont subsiste essentiellement des figures de la cour céleste au registre inférieur. On trouve aussi des fragments d'une scène de festin (Hérode ?) et un donateur. 

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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I. LA LANCETTE DE GAUCHE.

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Registre inférieur : le portrait d'un donateur (vers 1550 ?).

Un donateur est agenouillé à son prie-dieu, présenté par saint Michel en cape rouge et  cuirasse dorée, dont on ne voit plus que le bas du corps et le bras tenant la lance. Une observation attentive permet de remarquer un petit bonhomme vert levant la main vers la jambe droite : c'est bien-sûr le diable ou le dragon terrassé par le pied de l'archange. Devant lui, les courbes d'un phylactère portent les fragments d'une inscription en lettres gothiques cursives : au mieux, j'y discerne le mot FU[N]DA[VIT ?]  et l'abréviation DNE. 

Le donateur est vêtu d'une robe rouge doublée de fourrure (une pelisse, donc) sur lequel passe une écharpe ou étole violette. Une chaîne en or portée en collier se devine dans l'encolure.   Ses cheveux mi-longs correspondent à la mode du début du XVIe siècle, sous Louis XII. 

Le même motif de rangées d'ovales se retrouvent sur l'écharpe, sur ce qui est peut-être une aumônière sous la ceinture, et sur l'étoffe du prie-dieu. Devant cette dernière, sont placées cinq pièces de verre hétéroclites : un chapeau bleu, une "coupe" dorée, un rectangle jaune portant des motifs noirs (animal ? lettres ?), la courbe d'un petit bout de corde tressée, et un support blanc crème. Rien ne permet d'y reconnaître des signes d'identification.

Les auteurs actuels (Jean Bozec, APEVE, site de la Mairie, notice de la base Palissy, etc..) y reconnaissent un certain Hervé de la Palue, sans-doute sous l'inspiration de René Couffon qui écrit dans sa Notice de 1988 :" On y distingue le portrait du donateur, messire Hervé de la Palue, docteur ès droits, recteur de Plouguernével et prieur commendataire de La Forest. Avant sa dépose en 1939, l'on pouvait y lire l'inscription : " HERVEUS PALUDANUS IURIS UTRIUSQUE DOCTOR DOTAVIT 1531. "

Pourtant, cette identification ne va pas de soi car  Gatouillat et Hérold, font remarquer que le style de ce panneau semble trop tardif pour correspondre à la date de 1531. Ils  datent ce panneau de 1550. Pour eux, l'inscription de 1531 concerne le vitrail en entier, mais le donateur agenouillé ne serait pas assimilable à Herveus Paludanus. Pourtant, ils reprennent textuellement les allégations de René Couffon concernant les qualités de ce dernier.

J'ai eu beaucoup de difficultés à trouver la confirmation  des  précisions données par Couffon. L'inscription latine est bien attestée, par deux auteurs sérieux, Miorcec de Kerdanet en 1837 et le chanoine Abgrall en 1904 : 

Miorcec de Kerdanet : "Inscription sur la maîtresse-vitre Herveus Paludanus juris utriusque  doctor dotavit 1531 .Cet Hervé Paludanus est l'un des seigneurs de La Pallue, en Beuzit-Conogan, non loin de St-Divy" 

Abgrall : "Maîtresse -vitre : Couronnement de la Sainte -Vierge, entourée d'anges, ainsi que des Saints et Saintes du paradis. Au bas, on lit cette inscription : HERVEVS : PALVDANVS : IVRIS : VTRIVSQVE : DOCTOR : DOTAVIT . 1531.  Ce donateur était donc de la Palue, en Beuzit-Conogan, près de Landerneau, au bord de l'Elorn."

Le relevé consciencieux de la graphie et de la ponctuation par Abgrall, premier auteur à s'être préoccupé des inscriptions anciennes du Finistère, augmente la crédibilité du  témoignage. Par contre, si les deux auteurs font le rapprochement avec les seigneurs de La Palue en Beuzit-Cogogan, ni de Kerdanet ni Abgrall n'ont tenté de mieux identifier ce donateur. Et aucun n'affirme que ce dernier est le personnage représenté agenouillé.

 

C'est donc Couffon qui franchit cette étape, et qui affirme que ce personnage était :

" messire Hervé de la Palue, docteur ès droits, recteur de Plouguernével et prieur commendataire de La Forest. "

En 2005, Gatouillat et Hérold reprennent ces affirmations en citant quasi à la lettre Couffon, mais en  y associant le titre de Sénéchal :

"HERVEUS PALUDANUS IVRIS UTRIUSQUE DOCTOR, c'est-à-dire Hervé de La Palue, « sénéchal de Léon, docteur ès droit, recteur de Plouguernevel et prieur commanditaire de La Forest"

 

c) Or, je trouve un recteur nommé Hervé de la Palue, mais celui-ci occupa la cure de Plouguerneau, et non de Plouguernevel, et ce fut (d'après H. Pérennès qui donna la liste des recteurs de Plouguerneau) "vers 1600". Il mentionne que ce poste avait été occupé  en 1541-1562 par François Parcevaux, chanoine de Léon, archidiacre d'Ac'h, recteur de Plounéventer de 1550 à 1570, de Plouédern, et de Cléder .

d) Par ailleurs, aucun sénéchal de Léon ne porta ce nom, et on trouve successivement à ce poste Maurice de Parcevaux, en 1472, puis Jean le Scanff en 1500, puis Yvon de Parcevaux (décédé en 1519, et enfin son fils Maurice II de Percevaux (1485-1511), seigneur de Mézarnou ... et de La Palue.

e)  La famille des seigneurs de La Palue est originaire de Beuzit-Conogan en Landerneau et ses armes sont  d'or au lion  de sable au lambel à trois pendants de gueules en chef.  

Le couple Olivier de la Palue / Jeanne Guyomarch.

 Olivier de La Palue, seigneur de la Grande Palue, gouverneur et capitaine de Brest, et qui était présent à la montre de Dinan le 2 septembre 1489 est mort en 1505 : son  gisant provenant de l'ancienne église de Saint-Houardon de Landerneau, se trouve désormais au château de Kerjean.  En épousant en 1460 la fille de son voisin Olivier Guyomarch, ( seigneur de la Palue,  de sable semé de billettes d'argent au poisson en pal du même), Jeanne Guyomarch, il agrandit son domaine de celui de la Petite Palue.  Leur fille, Marguerite de La Palue, épouse Jan du Mescam, seigneur de Mescaradec entre 1485 et 1500. Leur fils François, qui suit :

Le couple François de la Palue / Marguerite de Trésiguidy.

Le fils et héritier, François de la Palue (décédé en 1553), a de sa femme, Marguerite Christiane de Trésiguidy (d'or, à trois pommes de pin de gueules), quatre enfants, dont une fille, Françoise.

Le couple Françoise de la Palue / Troïlus de Mondragon.

Françoise, "dame de La Palue, de Tréziguidy, des Salles" , épouse  en 1520 un gentilhomme espagnol, Troïlus de Mondragon. Le  gisant de ce dernier, décédé vers 1540-1548,  se trouvait dans l’église de Beuzit-Conogan (près de Landerneau) avant d'être déposé au Musée départemental breton de Quimper. 

Selon Potier de Courcy : 

MONTDRAGON (DE) (bâtard de Montdragon en Espagne), sr de Hallot et baron de Hauteville, en Normandie, — vicomte de Loyaux, par. de Fresnay, — sr de la Palue, par. de Beuzit-Conogan , — de Trésiguidy, par. de Pleyben, — des Salles, par. de Plouisy, — du Prat, par. de Brélévénez, — de Coatquéau, par. de Scrignac.

Réf. de 1535 à 1543, par. de Plouisy et Brélévénez, év. de Tréguier, et Scrignac, év. de Cornouailles.

D'argent au lion de gueules, accosté de deux peupliers de sinople; aliàs : d'argent au peuplier de sinople, soutenu de deux lions affrontés de gueules.

Antoine, l'un des capitaines envoyés par Ferdinand et Isabelle au secours de la duchesse Anne, en 1488; Jean, vicomte de Loyaux, capitaine de Nantes et de Rennes en 1510; Troïlus, colonel de quatre mille hommes de pied, marié à Françoise de la Palue, dame dudit lieu et de Trésiguidy, depuis 1543 et enterré à Beuzit-Conogan.

Fondu dans Montmorency-Bouteville, puis Rosmadec.

Voir l'Histoire de Bretagne de Pierre Le Baud (1638).

Françoise de la Palue et Troïlus de Mondragon eurent une fille, Jeanne de Mondragon, qui épousa en 1543 François de Montmorency.

f) J'en viens au titre de "prieur commanditaire de La Forest" : pour augmenter ma confusion, l'article Wikipédia sur La Forest-Landerneau, sur la rive droite de l'Elorn, indique :

"Un document de 1332 évoque un prieuré dénommé "Goélo-Forest" : ce fut semble-t-il un prieuré régulier, habité par des moines sans doute jusque dans le courant du XVIe siècle. Le prieuré est alors en commende. À la fin du XVIIe siècle, le prieur commendataire est Hervé de la Palue, docteur en droit, recteur de Plouguerneau et décimateur. Les prêtres desservants, recteurs et vicaires perçoivent seulement la portion congrue, les honoraires de messes et le casuel liés à leur ministère".

En effet la paroisse de La Forest a le statut de Prieuré de l'Abbaye de Saint-Mathieu, abbaye (dont deux abbés portèrent le nom de Yves de La Palue en 1315).

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g) Mes recherches pour valider les données apportées par René Couffon allaient rester vaines, lorsque je trouvai après "plusieurs heures" (je ne les compte pas) cette page datant de 1810 : 

"On trouve dans les archives de Mr Le Forestier de Quillien une pièce intéressante datée du 15 septembre 1531 et souscrite au treff et dans l'église Saint Ivy.

C'est un acte notarié, passé à la suite de travaux importants exécutés par les tréviens : la construction d'un nouveau pignon « au bout suzain de l'église », et d'une chapelle « du costé devers l'epistre » ; et aussi « la réparation de la chapelle du costé de l'Evangile ».

Cet acte est dressé en présence de Missire Hervé de la Pallue, docteur ès droictz, protonotaire du St Siège apostolique, Recteur de Ploué Kernevel, et prieur commendataire de la Forest, en privé nom et comme stipulant pour damoiselle Françoise de la Pallue dame des Palues, de Trésiguidy et des Salles, sa nièce. Il s'intitule fils de la maison de la Palue, la plus grande après Mr le Vicomte de Rohan, seigneur de Léon.

Les autres personnes assistant à cette réunion sont, outre les paroissiens : Missire Guillaume Keraval « subcuré ou treff eclélasial de Sainct-Ivy » Missire Louis Delart « pbre et chapellain en la d. esglise. », Jan Barbier sgr de Kerjan époux de Jeanne Kersauson, les sr de Mesgral, de Keraudy, de Botiguery, de Penanlouch, de Kerberiou, de Kerouzault, de Beaurepos. 

Hervé de la Pallue y prend l'engagement de vitrer la grande fenêtre du chevet de l'Eglise, dans laquelle figureront en supériorité les armes du vicomte de Rohan, puis celles de la Palue, enfin celles des Barbier et des Kersauson.

Il fonde une rente de 20 sous monnaie pour l'entretien de cette vitre.

Hervé de la Pallue s'acquitta généreusement de ses engagements : c'est à sa libéralité que nous devons le magnifique vitrail que l'on peut encore admirer à St Divy, et qui porte son nom et la date 1531."

." Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 43 à 44 Émile Grimaud J. Forest, aîné, 1810 page 306

Cela signifie que Hervé de la Palue est l'oncle de Françoise de la Palue, l'épouse de Troïlus de Montdragon. Serait-il un frère cadet de François de la Palue ?

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Ce document cité partiellement  dans la Revue de Vendée ... peut être compléter car le contenu de ce dernier a été publié textuellement  par Jean-Christophe Cassard : 

 

"Sachent tous que par nos cours de Landerneau et officialité de Léon, & et par chacunes d'icelles, sans que l'execution de l'une puisse empecher ni retarder l'execution de l'autre, ains pourront conclure ensembleme[en]t. Furent presents en droict, & personnalem[en]t establys venerable & discret Missire Hervé de la Palue docte[ur] es droicts, prothonotaire du S[ain]ct Siege Apostolique, Recte[ur] de Plouguerneau & prieur commendataire de la Forest, Missire Keravel  « sous curé du tref ecclésial de Saint-Divy » et Louis Jélart, « prêtre et chapelain de ladite église »

La partie sollicitée – la noblesse – est constituée de neuf familles invitées à contribuer à l'achèvement de l'église. Toutes n'ont pas leur résidence dans la paroisse de La Forest mais y possèdent des terres :

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"& comme stipulent po[ur] Damoiselle Françoise de la Palue dame des Palues, de Tresiguydy et des Sales, Maistre Jean Barbier escuyer seigneur de K[er]jean au nom & comme pro[cureu]r de la cour de Landerneau & en son privé nom.

"Damoiselle Adelice Gouriou dame de Mesgral au nom & comme tutrice d'Olivier Encuff son filz, François K[er]audy sieur de K[er]audy, Yvon le Jeune, sieur de Botiguiry, Louys K[er]velec, sieur de Penaneac, Hervé le Maucare sieur de K[er]biriou, frere Christophle K[er]oudault curateur d'Yvon K[er]oudault son nepveu sieur de K[er]oudault, Maître Jan le Mercier sieur de Beaurepos & chacun d'eux pour son interest, & en ce qui touche d'autre partve se sousmettans & se


"Auroint assigné ce jo[ur] la noblesse po[ur] demender secours & aide a vitrer & faire vitrer lesd[ictes] fenestre & distribuer par entre eux les préminances d'icelles supplians & ont suplié estre d'ordre procédé. Pourquoy le sieur prothonotaire prieur dudict prieuré de la Forest en son privé nom filz de la Maison de la Palue la plus grande : Après Mons[eigneu]r (sic) le vicompte de Roan" (Cassard, 1996) 

L'assignation a lieu à l'église même de Saint-Divy, un dimanche après midi.

 

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J.C. Cassard remarque  1) que les revenus de la fabrique étaient importants : Saint-Divy, à mi-chemin de Landerneau et de Brest, était alors dans la zone de production des « crées », les toiles de lin qui faisaient — et qui feront encore longtemps — la richesse de la vallée de l'Aulne et du haut Léon.

2) que Jean Barbier, écuyer, seigneur de Kerjean, procureur de la cour du Vicomte de Rohan à Landerneau, était le frère du fameux chanoine Hamon Barbier, titulaire d'un nombre considérable de bénéfices et l'époux, en seconde noces, depuis 1523, de Jeanne de Kersauson. Les autres familles nobles sont de La Forest même (Mesgral et Kerbiriou) ou de Guipavas (Keroudaut et Beaurepos), de Saint-Thonan (Botiguiry), de Plounéventer (Keraudy) et de Plougastel (Pennaneac'h).

Nota bene : juste en face de la Palue de Landerneau, sur la rive opposée de l'Elorn, se trouve le lieu-dit de Penarcreac'h, et, à une centaine de mètres, la croix de Mondragon. Voir : 

E. Carrillo-Blouin, "Troilus de Mondragón: Pistas de investigación para un caso de integración social y cultural temprana. Presencia del País Vasco español en Bretaña durante el siglo XVI", Sancho el Sabio, 25, 2006, p. 233-250. 

 

Conclusion : le portrait du donateur est peut-être celui d'Hervé de La Palue, qui était bien docteur en droit, protonotaire apostolique, prieur commandataire du prieuré de La Forest, recteur de Plouguerneau, et oncle de Françoise de la Palue, épouse de Troïlus de Mondragon. Mais c'est peut-être aussi celui d'une des autres familles nobles qui firent apposer leurs armes en prééminence sur le vitrail en contre-partie de l'aide apportée à la pose de vitraux sur les baies de la nouvelle église.

La coiffure, et même les traits, du personnage diffèrent peu de ceux de Troïlus de Mondragon, sur son gisant qui date de 1540-1550.

 

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Registre moyen : l'archange saint Michel .

Je remarque surtout dans cette macédoine les démons de la partie basse.

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Partie supérieure de la lancette gauche.

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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LES TROIS LANCETTES DE DROITE.

 

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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1°) Le registre inférieur : la Cour céleste, sur des nuées.

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Saint François d'Assise présentant ses stigmates.

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Saint Antoine s'appuyant sur sa canne en T (le Tau est son attribut) et tenant son chapelet.

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Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) de l'église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Sainte Catherine d'Alexandrie (couronnée et tenant un livre).

Vierge et martyre (tenant la palme)

Sainte Barbe (tenant la tour à trois fenêtres).

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Saint Jérôme bras nus et tenant un crucifix.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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La partie haute du registre inférieur.

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  A gauche : Trois apôtres (restaurés au XVIIIe siècle). Je reconnais saint Pierre à sa calvitie et à sa clef. Saint Paul doit être son voisin. le troisième n'est pas un apôtre, mais saint Jean-Baptiste, qui tient l'Agneau.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Le blond saint Sébastien tenant une flèche et montrant ses blessures.

 

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Trois Pères de l'Église (ou : un pape, un évêque et un cardinal)

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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2°) Le registre supérieur. 

La Vierge est couronnée par Dieu le Père (en manteau rouge) et par le Christ (en bleu), sous la colombe de l'Esprit-Saint volant sur un livre où est écrit UNG DIEU, UNG FOY, UNG LOY.

Marie, agenouillée, mains jointes, est au centre d'un cercle de chérubins et abritée par un pavillon vert à rideaux rouges.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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Saint Michel pesant les âmes. 

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Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

Maîtresse-vitre (baie 0) vers 1530 et 1550, église de Saint-Divy. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, Architecture bretonne, page 343 :

"Saint- Divy. — Maîtresse -vitre : Couronnement de la Sainte -Vierge, entourée d'anges, ainsi que des Saints et Saintes du paradis. Au bas, on lit cette inscription : HERVEVS : PALVDANVS : IVRIS : VTRIVSQVE : DOCTOR : DOTAVIT . 1531.

Ce donateur était donc de la Palue, en Beuzit-Conogan, près de Landerneau, au bord de l'Elorn."

http://www.archive.org/stream/architecturebre00abgrgoog#page/n377/mode/2up

— MIORCEC DE KERDANET (Daniel-Louis), 1837,  Eglises et chapelles de N.D en l'évesché du Léon,  La Vie des Saints de la Bretagne Armorique, page 520 note 3.

"Inscription sur la maîtresse-vitre Herveus Paludanus juris utriusque  doctor dotavit 1531 .Cet Hervé Paludanus est l'un des seigneurs de La Pallue, en Beuzit-Conogan, non loin de St-Divy" (K)

https://books.google.fr/books?id=YSvBi_0z3gsC&pg=PA520&lpg=PA520&dq=herveus+paludanus+1531&source=bl&ots=H2fiNc5ePI&sig=wq6EBMqPP8AdJdZ7Z1717OLdMLY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwis04WHnN_VAhWMChoKHdYvDlMQ6AEINDAC#v=onepage&q=herveus%20paludanus%201531&f=false

— BOZEC (Jean) / APEVE :

"Ce vitrail est daté de 1531... Il a été souvent restauré. II faut y regarder de près pour voir la finesse de l’œuvre. Ce vitrail est antérieur de quelques années à celui de La Martyre ou de La Roche Maurice. Il est le témoin de l’activité des verriers bretons en ce début du XVIe siècle. Les aléas politiques (rattachement de la Bretagne à la France) n’ont pas encore modifié la place de la Bretagne en Europe. Ce vitrail porte bien les empreintes de Dürer et d’autres grands maîtres flamands.

Sur les trois lancettes de droite, le sujet principal du vitrail, l’Assomption de Marie, montre aussi la place de cette croyance dans le culte bien avant la proclamation du dogme de l’Assomption, au milieu du XXe siècle. La foule (nous avons compté 82 personnages) est bien présente. Sur la lancette de gauche, le donateur, Hervé de La Palue, se donne une place éminente. Il est surmonté d’un saint Michel combattant les démons. Selon toutes données archivistiques, ce vitrail a été réalisé dès la fin de la construction de l’église. Il est contemporain de plusieurs statues présentées dans la rubrique  « statuaire »."

http://www.apeve.net/spip/spip.php?article109

— CASSARD (Jean-Christophe), 1996  : Le financement des constructions religieuses sous l'Ancien Régime : l'exemple de Saint-Divy au XVIe siècle in Bretagnes:  art, négoce et société, de l'Antiquité à nos jours : mélanges offerts au professeur Jean Tanguy, Association des Amis de Jean Tanguy,  518 pages, page 86-89.

— COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper,

" Vitraux : maîtresse vitre consacrée au Couronnement de la Vierge et comprenant actuellement une mosaïque de vitraux (C.). On y distingue le portrait du donateur, messire Hervé de la Palue, docteur ès droits, recteur de Plouguernével et prieur commendataire de La Forest. Avant sa dépose en 1939, l'on pouvait y lire l'inscription : " HERVEUS PALUDANUS IURIS UTRIUSQUE DOCTOR DOTAVIT 1531. " Il est à remarquer également dans cette verrière un buste de saint Sébastien, le nez retroussé et les oreilles cachées par les cheveux, semblable aux cinq Apôtres de Guengat, un buste de saint Jérôme tenant le Crucifix, et un pape provenant d'un Jugement dernier. Les autres vitraux, figuratifs également, sont dus aux ateliers Lobin (1866-1867) et Rault (1931)."

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/5eb27adca1ceb10a93836495d298f812.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum Medii Aevi: Centre national de la recherche scientifique, Presses Universitaires de Rennes page 189.

— Notice base Palissy :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=PM29000988

— MAIRIE DE SAINT-DIVY.

 

"Le maître-vitrail ci-dessus constitue une des pièces majeures de l'église. Il date de 1531 et fut offert par Hervé de La Palue. Il représente la Vierge agenouillée recevant les louanges des cieux. Des angelots lui font un cortège. Les personnages au nombre de quatre vingt dix que sont les archanges, les apôtres, vierges et martyrs sont répartis dans seize compartiments.

Celui-ci apparait toujours lumineux et éblouissant, malgré les dégâts commis en 1791 pour effacer les armoiries.

Classé monument historique en 1909, il fut déposé pendant l'occupation, comme bon nombre de vitraux classés. Il ne fut pas recomposé exactement à l'identique, car la complexité de l'ouvrage rendait difficile la remise des morceaux à leur place initiale.

Lors de sa restauration en 2003, les moyens informatiques ont permis de retrouver sa composition initiale. C'est ainsi que plusieurs personnages dont des éléments manqués ont pu être reconstitués intégralement en mettant à leur place des morceaux qui avaient été placés ailleurs par erreur.La restauration a consisté à nettoyer les composants, refaire les joints en plomb. Elle a été réalisée par HSM Ateliers Sainte-Marie à QUINTIN dans les Côtes d'Armor."

https://www.saint-divy.fr/vitraux.html

— OTTIN (Louis), s.d. [1896], Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris,  In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes.  page 250.

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/250/mode/2up

 

—  Note de M.D.-B. et T.D. dans le Bulletin de la S.A.F., 1977, p.183-185.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 20:44

L'enclos paroissial de saint-Herbot en Plonévez-du-Faou III. La Passion de la maîtresse-vitre (1556) par Thomas Quéméneur de Morlaix.

 

 

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Sur la chapelle Saint-Herbot, voir :

— Sur les Passions des maîtresse-vitres du Finistère:

Toutes les Passions finistériennes sont comparables par leurs cartons, leur facture et leur type d'ornement. La thèse de Roger Barriè est consacrée à leur étude. Plusieurs sont décrites dans mon blog (cf. liens). Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :

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L'actuelle chapelle Saint-Herbot succéda à un premier sanctuaire élevé sur l'ermitage de l'ermite Herbaud ou Herbot et détruit lors des Guerres de Succession (1341-1364). Si le porche sud de la chapelle Saint-Herbot fut édifié entre 1498 et 1509, le porche occidental en 1516, les chapelles latérales en 1545, c'est en 1556 que les baies orientales furent vitrées, puisque cette date figure sur la baie 0 ou maîtresse-vitre du chœur, sur la baie 2 de la chapelle Saint-Yves au sud, et sur la baie 1 de la chapelle Sainte-Barbe du nord. La  maîtresse-vitre reçut une Passion, selon une tradition retrouvée depuis le début du XVIe siècle dans les églises et paroisses finistériennes. 

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Haute de 7 mètres et large de 3,80 mètres, la maîtresse-vitre comporte six lancettes trilobées sous une rose liée par un rang d'ajours flamboyants. Datée de 1556, elle fut restaurée en 1716 par Claude Leroux, peintre verrier de Telgruc qui répara 12 panneaux. En 1886, les vitraux sont restaurés et complétés par le manufacture du Carmel du Mans sous la direction d'Eugène et Ferdinand Hucher. La dernière intervention est celle du maître-verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan, avec pièces collées et doublées.

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Maîtresse-vitre du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Maîtresse-vitre du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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LES LANCETTES.

Leurs douze panneaux s'organisent en deux registres inférieur et supérieur et en six scènes occupant chacune deux lancettes contiguës. La lecture se fait de bas en haut et de gauche à droite, allant de l'Arrestation du Christ jusqu'au Portement de croix : l'absence de la fin du drame, de la Crucifixion jusqu'à la Résurrection, est surprenante.

Une autre particularité est d'être légendée, en registre supérieure, selon une tradition médiévale abandonnée ailleurs au XVIe siècle (sauf à la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, baie 6, de 1552). Ce matériel épigraphique est précieux.

 

 

Maîtresse-vitre du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Maîtresse-vitre du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR .

1°) Les deux lancettes de gauche. L'Agonie au Mont des Oliviers.

 

Lancettes A et B du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancettes A et B du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette A : Jésus en prière au Jardin  des Oliviers.

— Inscription du soubassement : RECTEUR DE PLONEVEZ DU FAOU Mr L'ABBE CARADEC.

L'abbé Jean-Louis Caradec, né en 1824 à Plogastel-Saint-Germain, fut ordonné en 1849  et nommé à sa cure en 1874 après avoir été vicaire de Fouesnant en 1850, et recteur de Collorec de 1863 à 1874.

— Panneau peu restauré. Le Christ, agenouillé, est en prière devant le calice de son sacrifice, posé sur des rochers. En arrière-plan, derrière une palissade, les lances des soldats qui viennent l'arrêter, et les toits de Jérusalem en grisaille sur verre bleu.

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Lancette A  du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette A du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette B. Trois apôtres endormis au Jardin des Oliviers.

Les trois disciples auxquels Jésus a demandé de veiller avec lui dorment dans l'enclos du jardin : saint Pierre à droite, tenant un glaive ; saint Jacques le Mineur ; et saint Jean à gauche.

En arrière-plan, les soldats pénètrent dans le jardin, mené par Judas qui tient la bourse aux trente deniers dans la main.

 

Lancette B du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette B du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Saint Pierre, lancette B du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Saint Pierre, lancette B du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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2°) Les deux lancettes du milieu. Arrestation de Jésus à Gethsémani.

 

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Lancettes C et D du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancettes C et D du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette C. Le baiser de Judas. Jésus tenant en main l'oreille de Malchus, serviteur de Caïphe.

Judas porte la bourse pleine du prix de sa trahison.

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Lancette C  du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette C du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette C, détail.

 

Lancette C  du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette C du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette D. Saint Pierre tranche de son glaive l'oreille de Malchus.

Le serviteur tombe en arrière et lâche sa lanterne.

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Lancette D  du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette D du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette D, détail. Saint Pierre levant son glaive.

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Lancette D  du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette D du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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3°) Les deux lancettes de droite E et F. Confrontation de Jésus devant Caïphe .

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Lancettes E et F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancettes E et F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette E. Caïphe assis sur une cathèdre.

Panneau bien conservé.

Caïphe écoute les arguments, énumérés en comptant sur ses doigts selon la tradition scholastique du compuct digital, des membres du Sanhédrin. Deux Juifs portent un bonnet peu différent d'un chaperon, mais le grand prêtre et un autre membre portent, sur un bonnet en forme de ruche, le croissant au dessus d'une plaque d'argent qui renvoie d'une part au turban de lin du grand prêtre (Mitznefet, ou migbahat), d'autre part au Nezet (lame), plaque d'or fixée à l'avant de la mitznefet en sorte qu'elle reposait sur son front. Ces lames avaient la forme d'une fleur. On y lisait  les mots קדש ליהוה (qodesh le-YHWH), « Consacré à l'Éternel ». Or, effectivement, deux lettres hébraïques se lisent sur la première lame, et deux autres sur la seconde. 

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Lancette E du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette E du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette E du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette E du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette F. Jésus face au grand prêtre.

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Ce panneau est entièrement de Hucher, ... et cela ne passe pas inaperçu.

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Lancette F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription en pied de lancette F.

Inscription du soubassement : RESTAURE EN 1886  PAR MM. HUCHER ET FILS SUCCrs  A LA FAB. DU CARMEL DU MANS.

 

 

Lancette F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette F du registre inférieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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II. LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

1°) Les deux lancettes A et B de gauche. Présentation de Jésus devant Pilate.

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Lancettes A et B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancettes A et B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Les inscriptions en légendes des deux lancette A et B.

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VIDENS AUTEM PILATUS QUIA NIHIL PROFIC[ERE[T] SED MAGIS TUMULTUS FIER[E]T INNOCENS EGO SUM A SANGUINE HUIUS IUSTI VOS VIDERITIS MATH XXVII

Il s'agit des versets 24 et 25 de l'évangile de Matthieu 27 :

 

 videns autem Pilatus quia nihil proficeret sed magis tumultus fieret [accepta aqua lavit manus coram populo dicens]  innocens ego sum a sanguine iusti huius vos videritis

"Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit: Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde."

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Inscription des lancettes A et B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription des lancettes A et B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription de la lancette A du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription de la lancette A du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription de la lancettes B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription de la lancettes B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette A : Pilate se lavant les mains.

Panneau bien conservé. C'est un festival de prouesses techniques : la sanguine est utilisée pour réaliser les marbrures roses, les chaussettes rayées du serviteur, les cheveux et les mains, la fourrure de la pelisse de Pilate, les carnations, les barbes, les rinceaux, les plis des tentures...   Le verre gravé concerne le verre rouge (crevés et orfroi de la robe du serviteur, lacet du troisième personnage), mais aussi le verre bleu (galon de robe de Pilate).

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Lancette A  du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette A du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette B. Jésus comparaît devant Pilate.

Ce panneau est entièrement restitué en 1886.

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Lancette B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette B du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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2°) Les deux lancettes C et D du milieu. La Dérision du Christ et son Couronnement d'épines.

 

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Lancettes C et D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancettes C et D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription des lancettes C et D.

 

HG [*] ALII AUTEM PALPAS IN FACIEM EIUS DEDERUNT DICENTES PROPHETIZA NOBIS CHRISTE EST QUI PERCUSSIT TE - 1556 THOUMAS QUEMEN. TQ.

[*]Le premier monogramme est complexe, il contient un H (?), un O (ou Q, ou G), un R conscrit, un V ou Y.

Comme l'indique la référence math.xxvi, l'inscription cite deux versets de l'évangile de Matthieu :

tunc expuerunt in faciem eius et colaphis eum ceciderunt alii autem palmas in faciem ei dederunt dicentes prophetiza nobis Christe quis est qui te percussit

"Là-dessus, ils lui crachèrent au visage, et lui donnèrent des coups de poing et des soufflets en disant : Christ, prophétise; dis-nous qui t'a frappé." Matthieu 26:67-68.

La signature de Thomas Quéméner. (cf. Couffon ; Castel ; Le Bihan ; Le Guennec)
 

Le monogramme TQ et la signature Thoumas Quemen sont attribués à Thomas QUÉMÉNER , peintre verrier à Morlaix. Il est cité comme parrain dans les registres paroissiaux de Saint-Mathieu, de 1538 à 1549. C'est sans doute lui qui épouse Anne Colin, dont il a trois enfants entre 1544 et 1547.  En 1543-1544, Thomas Quemener répare les verrières de l'église Saint-Matthieu de Morlaix puis .  travaille aussi pour des réparations à la collégiale Notre-Dame-du-Mur de Morlaix en 1546, à N.D. de Ploujean à Morlaix à la même date

Le Bihan cite ce reçu concernant N.D. de Ploujean : ,"1546, avoir payé à Thomas Quemener, vitrier, la somme de sexante dis soulz pour quatre paneaulx de vitre blanche faicte en forme de losanges mis et sittués en une fenestre et lumière qui donne la clarté au chantereau (choeur) de ladite église."

 

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Inscription des lancettes C et D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription des lancettes C et D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription de la lancette C du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription de la lancette C du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription de la lancette D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription de la lancette D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Panneau C. La Dérision du Christ.

Les gardes et bourreaux accumulent les moqueries et les outrages.

Gatouillat et Hérold écrivent : "panneau bien conservé. Fin du XVIe s. ?"

Comme dans le panneau A, c'est une profusion de verres gravés rouges, bleus et verts.

Dans un article décisif de 1974, Roger Barrié a dressé un inventaire des verres gravés des vitraux de Bretagne occidentale au XVIe siècle. On y trouve d'abord les explications préliminaires : 

"Il ne peut y avoir de verres gravés que si ces verres ont été préalablement doublés. Pourquoi ce placage, source de contraintes pour le verrier ? Pour obtenir le verre rouge qui a existé anciennement sous la forme de deux couches, au moins, l'une incolore et l'autre rouge. La feuille de verre incolore, en jouant le rôle de support translucide, permet d'avoir une feuille de verre rouge amincie, car l'oxyde cuivrique est un colorant si envahissant qu'il rendrait opaque une feuille d'épaisseur normale teinte dans la masse . ...D'où l'idée d'user mécaniquement cette couche par endroits pour obtenir une ou deux couleurs de plus sur la même pièce de verre ; cela avait l'avantage d'épargner la coupe et d'affranchir le travail du peintre de la contrainte des plombs- . Ainsi l'invention purement .technique du placage qui était une nécessité pour le verre rouge, donna naissance au procédé mécanique de la gravure si commode pour figurer la finesse et la légèreté de petits détails. Le peintre sur verre est redevable au verrier d'une facilité qui n'est pas sans prolongements esthétiques. La pellicule rouge était entamée par une molette montée sur un tour, avec l'aide d'un mélange abrasif, émeri, eau ou huile . Quoique ce fût à partir de la fin du XVe siècle que la gravure devint d'un usage courant, comme l'ont montré des experts sérieux , les premiers exemples datés remontent vers le premier quart du XIVe siècle . Il faut remarquer que cette invention arrive après celle qui permettait de teindre en jaune le verre par application de sulfure d'argent. "

Les zones abrasées et rendues transparentes sont ensuite peintes, à leur revers, de jaune d'argent : "La coloration jaune des gravures est obtenue par l'application locale, à l'extérieur, de sulfure d'argent qui pénètre le verre à la cuisson ; mais les exemples ne manquent pas où cette teinture n'a pas pris. Le jaune d'argent possède un rayonnement qui respecte les limites de l'écran rouge qui le circonscrit : ainsi l'effet somptueux gagne en netteté".

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Puis, Roger Barrié donne la liste des onze sites bas-bretons présentant, à partir de 1530-1540, ces verres. Curieusement, la chapelle Saint-Herbot n'y figure pas. Il constate "la  permanence d'une grammaire élémentaire relevée ailleurs dès le début du XIVe siècle : lisérés simples ou doubles, pois qui se combinent ici en figures géométriques; les compositions à base de fuseaux qui imitent les crevés des vêtements de la fin du Moyen Age et de la Renaissance ont plus de légèreté et d'originalité ; de fines mouchetures jaunes éclairent toute une surface rouge."

Il divise sa liste en deux sous-ensembles :

Le premier associe: Cuburien, La Roche-Maurice, Ploudiry, La Martyre (Jessé), Pont-Croix et de Lannédern.

"Le premier groupe présente une certaine unité stylistique [...]; ici, les gravures furent réservées à la Crucifixion. D'autre part, le jaune d'argent est, dans ce groupe, d'une excellente qualité : coloration soutenue et d'un rayonnement dense.

Le second groupe, plus tardif, a recours à des verres plaqués bleus et verts en plus du rouge. Il réunit : Saint-Pol, Lampaul-Guimiliau, Pleyben, Bannalec, La Martyre (Dormition).

" la teinture jaune est parfois assez pâle et les échecs y sont, semble-t-il, plus nombreux. D'une manière générale, le dessin moins appliqué est médiocre et le modelé semble obéir à une sorte de facilité du pinceau qui procède d'un travail rapide".

La présence de verres gravés rouges, bleus et verts à Saint-Herbot classerait donc cette verrière dans ce second groupe. 

L'auteur conclue en discutant les voies possibles d'introduction des nouveautés techniques et artistiques en Bretagne Occidentale : arrivée des influences flamandes et germaniques ( le romanisme)  par la mer, et notamment par Morlaix où les vierges à volets entre 1550 et 1590 sont un exemple de l'influence flamande dans la statuaire morlaisienne. Et pénétration des influences françaises par par la haute Bretagne :  l'influence stylistique des ateliers de Chartres, puis de Dreux après 1550 dans les vitraux manceaux et bretons, influence technique des ensembles importants aux confins du Maine et du Perche, Nogent-le-Roi et Alençon.

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Lancette C  du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette C du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Panneau D. Le Couronnement d'épines.

Christ restitué en 1886.

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Lancette D  du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette D  du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette D  du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette D du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

 

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3°) Les deux lancettes E et F de droite. Le Portement de croix.

 

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Lancettes E et F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancettes E et F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription des lancettes E et F.

ET BAIULANS SIBI CRUCEM EXIVIT IN EUM QUI DICITUR CALVARIE LOCUM

HEBRAICE. AUTEM GOLGOTHA UBI CRUCIFIXERUNT EUM ET CUM EO ALIOS DUOS

Il s'agit d'une citation tronquée de deux versets de l'évangile de Jean :

 et baiulans sibi crucem exivit in eum qui dicitur Calvariae locum hebraice Golgotha

 ubi eum crucifixerunt et cum eo alios duos [hinc et hinc medium autem Iesum] Jn 19:17-18

"Celui-ci, portant lui-même sa croix, sortit de la ville pour se rendre à l'endroit appelé «Lieu du Crâne» (en hébreu: «Golgotha»). C'est là qu'ils le crucifièrent, lui et deux autres".

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Inscription des lancettes E et F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription des lancettes E et F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription de la lancette E du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription de la lancette E du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Inscription de la lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Inscription de la lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette E. Le Portement de croix.

Selon Gatouillat et Hérold "Bien conservé, fin du XVIes?".

Présence de Jean et Marie en haut à gauche. Notez les  verres gravés rouges bleus et verts.

Je me suis amusé à rechercher quelques influences possibles en me basant soit sur la diagonale de la corde tendue entre le Christ et le soldat, soit sur la présence de la Vierge et de saint Jean :

— le retable de La Houssaye à Pontivy vers 1510

http://www.lavieb-aile.com/article-le-retable-de-la-chapelle-de-la-houssaye-a-pontivy-56-110123223.html

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— le Portement de croix de Hans Herbst, 1516, Karlsrühe

https://fr.wikipedia.org/wiki/Retable_de_Tauberbischofsheim#/media/File:Hans_Herbst_-_Dornenkr%C3%B6nung.jpg

— Le vitrail de l'hôtel de Cluny, vers 1500, conservé au Musée de Cluny

http://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/le-portement-de-croix-vitrail.html

 —le Grand Portement de croix de Schongauer,  1486

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951455w.r=

Mais la ressemblance la plus convaincante m'a semblé se faire avec le Retable de Buhl attribué à Martin Schongauer, et dans lequel on retrouve saint Jean et la Vierge  en arrière-plan.

photo Bernard Chenal in Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Portement_de_Croix#/media/File:Buhl_072.JPG

 

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Le Portement de croix, lancette E du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Le Portement de croix, lancette E du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Portement de croix, lancette E du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Le Portement de croix, lancette E du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Lancette F. Le Portement de croix.

Lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Portement de croix, lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Le Portement de croix, lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Portement de croix, lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Le Portement de croix, lancette F du registre supérieur, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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LES AJOURS AU DESSUS DES LANCETTES.
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Hucher y a restitué en 1886 les armoiries suivantes :

D'azur au chef d'or chargé de trois pommes de pin de gueules, qui est du Rusquec - de gueules au chef d'argent, qui est de La Marche de Bodriec - fascé de 6 pièces d'or et de gueules, qui est de Kerlech du Chastel du Rusquec - de sable à trois bandes fuselées d'argent, sans doute Le Forestier - d'argent à trois jumelles de gueules au franc canton d'or chargé d'un lion de sable qui est de Beryan ou Berrien-, d'argent au chevron de sable, avec trois quintefeuilles de même, qui est de Rosily de Méros.

 

La famille du Rusquec.

Dans un aveu de 1653, le sieur du Rusquec nous apprend qu'en l'église Saint-Herbaud sous le ressort de la juridiction Royale de Châteauneuf-du-Faou, il a plusieurs écussons dans la maîtresse-vitre et dans la nef, que la chapelle du costé de l'Evangile lui appartient à cause de la seigneurie de Kerasnou, et avoir droit de lizière, excabeaux et accoudoire, armoyeries en bosse de ses armes en la dite chapelle. Aux archives départementales de la Loire-Inférieure figure un aveu du chapelain de Saint-Herbot en 1700, le Sieur de Pennanech, aux termes duquel les sieurs du Rusquec ont droit de guet et de garde, au cours des huit jours du grand pardon et de la grande foire. A l'entrée de l'église, le capitaine reçoit une paire de gants neufs des mains du chapelain. Les soldats du guet pénètrent alors dans la chapelle, font la haie depuis la grande porte jusqu'au balustre de l'autel, puis le capitaine passe. entre ses soldats, pour aller baiser la patène: Il se retire ensuite avec le guet, qui continue à veiller jusqu'au lendemain de la grande foire.

Cette famille possédait  le manoir du Rusquec en Loqueffret ; après le pillage du château lors des combats de la Ligue, il  passa par mariage au Kerlech du Chastel.

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La famille de la Marche.

MARCHE (DE LA), en breton MARS (LE), sr dudit lieu, par. de Braspartz, —de Bodriec, de Poulforn et de Quistinic, par. de Locqueffret, — des Tourelles, par. de Lannédern, — du Botmeur, par. de Berrien, —de Lezergué et de Kerfors, par. d'Ergué-Gabéric.

Anc. ext., réf. 1670, neuf gén.; réf. et montres de 1426 à 1536, par. de Braspartz et Locqueffret, év. de Cornouailles.

De gueules au chef d'argent.

Anceau, vivant en 1380, père d'Henry, écuyer de la retenue de Tanguy du Chastel en 1422, marié à Perronnelle du Hilguy, dont : Anceau, qui accompagna le duc Pierre à la cour de Bourges en 1455, et épousa Constance du Botmeur ; François-Louis, chevalier de Saint-Lazare, laissa de Marie-Anne du Botmeur, qu'il avait épousé en 1715: 1° François-Louis, page du Roi en 1739, puis lieutenant des maréchaux de France; 2° Jean-François, lieutenant au régiment de la Reine (dragons), blessé à la bataille de Plaisance en 1746, puis abbé de Saint-Aubin-des-Bois en 1764 et évêque de Léon en 1772, t 1806.

La branche aînée fondue dans du Chastel-Mezle. La branche des Tourelles fondue dans Lezormel.

Famille du Rosily.

Possédait le manoir de Mesros : "Ce manoir se trouvait à environ six kilomètres à l'extrémité sud-est de la paroisse, dans un site admirable au dessus de l'Aulne. De l'autre côté de la rivière lui faisait face le manoir de Rosily, en Châteauneuf-du-Faou,: dont ne reste que quelques vestiges .."

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Armoiries en haut des lancettes, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Armoiries en haut des lancettes, maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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LA ROSE .

Création moderne par Hucher. Au centre le Christ en buste,  revêtu d'un manteau royal, puis dans le premier cercle les divers instruments de la Passion et les astres, dans le deuxième cercle les bustes des 12 apôtres,  et dans le cercle extérieur les symboles des 4 évangélistes, et 8 autres symboles chrétiens.

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Rose de la maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Rose de la maîtresse-vitre (1556) du chœur de la chapelle Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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SOURCES ET LIENS.

BARRIÉ (Roger) 1979 Étude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979 Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)

BARRIÉ (Roger) 1976, Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale , Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1976 Volume 83 Numéro 1 pp. 35-44

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

— CASTEL (Yves-Pascal),  Artistes en Bretagne: Dictionnaire des artistes, artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l'Ancien Régime , Yves P. Castel, ‎Georges-Michel Thomas - 1987 - ‎Page 302

CHAUSSEPIED (Charles),1914, Notice sur la chapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou,  Bulletin de la Société archéologique du Finistère T. XLI pages 128-139

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207714b/f191.image

— COUFFON (René), 1953, L'église de Saint-Herbot , Bulletin Monumental Année 1953 Volume 111 Numéro 1 pp. 37-50

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_1_3732

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur les paroisses du Diocèse de Quimper

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLONEVFA.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel) 2005, Les vitraux de Bretagne Corpus Vitrearum VII,  Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2005, 367 p. 

LE BIHAN (Jean-Pierre), 2008,  "SaintHerbot, Plonévez-du-Faou", blog du maître verier quimpérois  Jean-Pierre Le Bihan :

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/page/38

 

 L E GUENNEC (Louis), 1928, Vieux nom?, Vieux souvcnir:» Quelques anciens Peintres Morlaisiens (PREMIER ARTICLE La Resistance Croix de Morlaix 4 août 1928

http://mnesys-viewer.archives-finistere.fr/accounts/mnesys_cg29/datas/medias/collections/bibliotheque/presse/4MI042/FRAD029_4MI_042_1928_08_04_001_1928_08_25_004.pdf

 — PÉRENNÈS (Henri), 1942, Monographie de la paroisse de Plonévez-du-Faou. Imprimerie bretonne (Rennes) 55 p.: ill.; 21 cm.  Pérennès Henri, “Plonévez-du-Faou : monographie de la paroisse,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 19 mars 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/9799.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bd492284b708d27c6305fbdba8d5639a.pdf

PEYRON (Chanoine), 1910, "Églises et chapelles",  Bulletin de la Société archéologique du Finistère T. XXXVII pages 165-167.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207696j/f215.image

Infobretagne "Enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou"

http://www.infobretagne.com/enclos-saint-herbot.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Saint-Herbot Vitraux
19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 19:00

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Si  le porche sud de la chapelle de Saint-Herbot fut construit entre 1498 et  1509, et si le porche ouest fut achevé en 1516, par contre les deux chapelles encadrant le chevet datent de 1545. Celle de gauche est dédiée à sainte Barbe et celle de droite à saint Yves.

La chapelle Saint-Yves porte en clé de voûte MDXLV (1545) et MIS HI GARO GOVN (Messire Henri Garo gouverneur de la fabrique?) . Elle est éclairée par un vitrail de 1556, et deux niches à volets encadrent ce vitrail de l'élévation est, qui domine un autel de pierre. La chapelle est séparée du chœur par les boiseries du chancel.

J'en décrirai les deux niches de Saint Corentin et de saint Yves, puis le vitrail de saint Yves.

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I. LA NICHE À VOLETS DE SAINT YVES ENTRE LE RICHE ET LE PAUVRE .

Cette niche appartient, par son sujet, à l'ensemble de  111 groupes de saint Yves entre le Riche et le Pauvre ou "Groupes de saint-Yves" recensés par Virginie Montarou en Bretagne, dont 89 subsistant à notre époque. Parmi ces 111 œuvres, se trouvent  38 statues, 12 retables, 13 bas-reliefs, 11 tableaux, 9 calvaires, 3 bannières et 13 vitraux. 35 de ces groupes datent de la période 1500-1599. 

On peut citer (Hamon) dans les Côtes-d'Armor, les statues de la cathédrale de Tréguier, de l'église de Minihy-Tréguier, de celle de Louannec, des chapelles du Port-Blanc (en Penvénan) et de Lannegan (en Lanrivain) ; dans le Finistère : celles des églises de Pleyben, du Folgoët, de Huelgoat, de La Roche-Maurice, d'Irvillac, ainsi que les chapelles de Saint–Vénec ( en Briec) , du Cloître ( en Pleyben), de Saint-Thélau ( en Leuhan), de Notre-Dame de Quilinen (en Landrévarzec), de Saint Herbot (en Plonevez-duFaou). Ou les retables représentant, selon la technique du bas-relief, saint Yves entre le riche et le pauvre dans l'église de Loguivy-lès-Lannion, ou encore dans celle de Gouesnou ( avant sa destruction durant la Seconde Guerre Mondiale). Ou les tableaux de l'église paroissiale de Louannec, des chapelles de Kerfons (en Ploubezre) ou de Kernivinen (en PerrosGuirec).

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Cette niche en bois polychrome contient une statue en ronde-bosse de saint Yves et deux volets où le Riche et le Pauvre sont sculptés en bas-reliefs. Elle est classée aux Monuments historiques depuis le 25 janvier 1963. Elle est datée de la seconde moitié du XVIe siècle, par approximation à partir de la date de la chapelle et de son vitrail. Nous verrons que la datation 1620-1640 est plus appropriée.

Par son thème, elle associe à la fonction dévotionnelle  propre à la demande d'intercession (vraisemblablement pas ici pour une confrérie de Saint-Yves qui n'est pas attestée et qui était réservée aux juristes), une fonction de critique de la corruption du corps des juges et avocats, et une demande de protection contre les excès de pouvoir des puissants.  

 

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Niche de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Niche de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Saint Yves est représenté non pas dans sa fonction de prêtre (recteur de Louannec), mais dans  celle d'official, ou juge professionnel des affaires ecclésiastiques. 

Il porte  le camail assorti du rabat ecclésiastique (rappelant le capuchon ou chaperon médiéval) , le surcot blanc recouvrant la cotte talaire, au dessus de souliers de cuir noirs.  

Cette tenue  se rapproche de celles décrites par les contemporains interrogés lors du procès de canonisation en 1330, trois décennies après la mort du saint :

"Malgré cela il se contentait en tout et pour tout d'un long surcot et d'une cotte talaire faits d'une grossière étoffe blanche, bon marché, appelée burell. [...]. Il avait aux pieds de grands souliers à courroies, comme les Cisterciens, sans bas." (Alain Soyan, témoin n°6)

" De jour il allait revêtu d'un long surcot et d'une cotte talaire faits d'étoffé blanche qu'on appelle kordet ou burell, sans quoi que ce soit comme fourrure. A même sa peau il portait un cilice." (Geoffroy de saint-Léan)

Certes, la cotte a été peinte (ou repeinte ?) en noir pour se rapprocher de la soutane pots-tridentine, et le surcot en blanc pour ressembler au surplis.

Yves Hélory est coiffé du bonnet carré aux cornes caractéristiques, adopté comme couvre-chef officiel par les gens de justice à partir du XVIème siècle : ce couvre-chef deviendra plus-tard la  barrette.

Il tient dans la main gauche un parchemin contenant sans-doute une requête présentée par un plaideur pauvre, qu'il accueille avec faveur, ou bien la plaidoirie qu'il compte soutenir.

 

 

Pierre Le Baud rappelle ses origines nobles, «  lequel Yves, combien qu’il fust de tresnobles parens, puis son travail d’Advocat des poures (pauvres) & misérables personnes, réduisant de toutes ses forces les litigans à paix & concorde. » 

Juriste, saint Yves l'est indubitablement par sa formation, qui fait de lui un professionnel du Droit de haut niveau, doublement licencié à la fois en Droit Canonique et en Droit Civil romain, — "utrumque jus" ( i.e. : "Les deux droits" ) — à l'issue d'un baccalauréat en Théologie. Il se place ainsi bien au-dessus de la multitude des praticiens en fonction auprès des innombrables tribunaux seigneuriaux du Moyen Age, à une époque où nul n'était encore besoin d'un quelconque diplôme universitaire pour être recruté comme magistrat au sein d'une juridiction inférieure, et encore moins pour s'établir avocat . Originaire de Trèguier, il a suivi ses études à l'Université de Paris,avant d'accepter d'abord la charge d'Official que lui proposait l'Archidiacre de l'Evêque de Rennes, et, trois ans plus tard, vers 1284, d'occuper la même charge à Tréguier à l'appel de l'Evêque, Alain de Bruc. 

En tant qu'Official, Yves Hélory est amené à connaître non seulement de toutes les affaires concernant les clercs de différents degrés (y compris les éventuelles accusations de crime), mais encore de l'ensemble des causes intéressant les veuves, les orphelins et les "misérables personnes" de façon générale, qui sont légalement autorisées à se mettre sous la protection de la Justice ecclésiastique dans l'hypothèse d'une carence du magistrat civil normalement compétent. De même, c'est devant l'Officialité de Tréguier que sont portées les affaires dites "mixtes", qui présentent à la fois un caractère séculier et une dimension religieuse : c'est le cas, par exemple, de toutes les difficultés d'application des dispositions des contrats et des engagements, lorsque leur valeur probatoire a été solennellement renforcée par un serment sur de saintes reliques, selon la pratique courante de l'époque ; il en va de même des contestations portant sur des dispositions de dernières volontés (notamment des legs), et surtout de toutes les "causes matrimoniales" : empêchement au mariage pour consanguinité, crime de bigamie, séparation de corps ou de bien, rupture abusive de fiançailles… etc. (Hamon 2003)

Les témoignages sur son souci de mettre ses compétences au service des démunis sont nombreuses. Retenons celle du Père Abbé du monastère de Bégard :

C'est le cas "d'une femme qui demandait un jeune homme en mariage : Dom Yves, sachant cette femme dans son droit, défendait sa cause pour l'amour de Dieu ; le jeune homme disait à Dom Yves des paroles d'injures, le traitant de coquin et de truand, [mais il] supportait cela avec patience… ne répondant rien et se contentant de sourire, défendant comme à l'accoutumée la cause de sa paroissienne ; comme elle n'avait pas de quoi payer les mémoires dont elle avait besoin, il demandait aux notaires de [les] établir pour l'amour de Dieu, et les y engageait".

Ou celui de son ami d'enfance, alors âgé de 90 ans, clerc et jurisconsulte à la paroisse de Pleubian   :

 "Dom Yves s'est comporté dans ses fonctions d'Official d'une manière sainte et juste, rendant à chacun la Justice rapidement sans faire de choix ni de différences entre les personnes : en vertu de sa charge d'Official, il percevait le tiers de l'émolument afférent au droit de sceau de la Cour de Tréguier, et il en prélevait de larges aumônes pour les pauvres ; il ramenait à la paix et à la concorde, selon ses moyens, les parties qui lui soumettaient leurs litiges et les autres – quels qu'ils fussent – qui avaient entre eux un différend".  "Messire Yves fut pieux et compatissant, car il plaidait gratuitement pour les pauvres, les mineurs, les veuves, les orphelins et les autres personnes misérables ; il soutenait leur cause, il s'offrait à les défendre même sans en avoir été prié : aussi l'appelait-on l'"Avocat des Pauvres et des misérables"… C'est bien gratuitement qu'il plaidait, car de nombreux misérables me l'ont rapporté, en se félicitant chaleureusement du concours que leur avait prêté Messire Yves".(témoignage de Jean de Kec'rhoz, témoin n°1)

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Niche à volets de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Niche à volets de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Pauvre.

Tout le talent de l'artiste est de souligner ... la pauvreté du Pauvre, mais aussi d'évoquer la justesse de sa cause. Ainsi, les pieds-nus, les vêtements déchirés, le bâton faisant allusion à quelque infirmité s'associent à l'attitude déférente, humble, et emprunté, au regard fuyant ou timide, au bonnet ôté de la tête, à la main placée devant la bouche, et au talon gauche soulevé, par manque d'aplomb (ou handicap). 

Les couleurs de ses vêtements indiquent aussi son statut social : point de chemise blanche ni de couleur vive, mais des tons écrus, pour la tunique, les braies, ou les houseaux en grosse toile armée de bois.

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Niche à volets de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Niche à volets de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Riche.

Tout son rôle est d'afficher son opposition avec le Pauvre. Il conserve son chapeau sur la tête ; il affiche des couleurs ostensibles et regarde le spectateur avec assurance.

Il porte une perruque (ou des cheveux longs et bouclés),   une moustache et une barbiche qui relèvent de la mode en vigueur sous Louis XIII, et même précisément de la période 1620-1640, si j'en crois le site Coiffures historiques Alain Ducher

 – La mode, sur le visage est à la moustache en pointe de poignard à bords très relevés, ou en croc, ou ébouriffée, très fine ou épaisse.

 Les moustaches en pointes de poignard viennent du troubadour de Louis XIII qui avait des moustaches faisait l’admiration à la cour, et ceci du début à la fin du règne.

 Les courtisans se mirent au goût du Roi qui aimait la coiffure de sa perruque aux cheveux noirs descendant jusqu’aux épaules, mollement bouclée a partir de la mi-longueur, sa chevelure était partagée en deux sur le milieu de la tête, coiffure plate avec une frange courte, il avait la belle moustache en croc ainsi que la barbiche pointue au menton la Royale.

Après 1630 il y a diminution de la moustache et la barbiche devient plus petite et fine et vers 1640 elles furent rasées, la pilosité sur le visage va disparaître pour deux siècles.

Le chapeau de feutre est également Louis XIII. La cape flottante rouge et or est pendue sur l'épaule droite, et ses manches restent vides. La chemise fine forme un col en rabat boutonné sur la ligne médiane. Les manches sont tailladées au niveau du creux du coude. Les hauts de chausse bleus sont à revers or. Les bas de soie bleus ont de larges revers rouges. Les souliers noirs sont ornés d'un nœud de ruban doré.

Le Riche tient une bourse pleine en guise de placet, et tend en vain une pièce d'or au juge  intègre.

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Niche à volets de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Niche à volets de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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II. LA NICHE DE SAINT CORENTIN.

Saint-Herbot était une ancienne paroisse de l'évêché de Cornouaille avant d'être rattaché à Plonevez-du-Faou. La statue rend hommage à saint Corentin, premier évêque légendaire de Quimper.

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Niche à volets de saint Corentin,  chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Niche à volets de saint Corentin, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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LE VITRAIL DE SAINT YVES ENTRE LE RICHE ET LE PAUVRE (1556).

 

Elle occupe la baie 2 (numérotation du Corpus Vitrearum) et mesure 3,50 m de haut et 1,80 m de large. Elle comporte trois lancettes cintrées de trois panneaux maintenues par  deux barlotières, et un tympan à 5 ajours.

Restauration et état.

 

Cette verrière a été restaurée vers 1716 par Claude LEROUX, peintre vitrier de Telgruc habitant le manoir de Kérédan, qui déposa cinq panneaux et refit  la tête du saint,  puis en 1886 par la Manufacture du Carmel du Mans sous la direction d'Eugène et de Ferdinand   HUCHER, à la demande de l'abbé CARADEC. On lit le nom de HUCHER sur l'inscription en bas à gauche. Gatouillat et Hérold précisent : "Tête de lancette centrale, soubassement et panneaux inférieurs restitués par Hucher et fils"

Le Bihan 2008 signale une restauration par HUBERT SAINTE-MARIE en 1973 .

Elle fut enfin restaurée en 1987 par Jean-Pierre LE BIHAN avec pièces doublées et collées. Selon ce dernier, il reste à peine le quart des pièces de la verrière d’origine. En 1987, la verrière était jugée en très bon état, puisqu'il s'agit surtout d’une reconstitution du XIXe siècle.

Attribution.

Ce vitrail est attribué par PÉRENNÈS 1942 puis par COUFFON 1953, sur la foi d'un monogramme T.Q, au maître-verrier morlaisien Thomas QUÉMÉNEUR, à qui on doit quelques travaux à la collégiale du Mur en 1546 (J-P. Le Bihan). René COUFFON précise même que ce peintre-verrier était l'époux de Jeanne COLLIN. J-P. Le Bihan précise :

"Thomas Quéméner,  peintre verrier de Morlaix. C’est sans doute lui qui épouse Anne Colin, dont il a trois enfants, entre 1544 et 1547. Il est aussi cité comme parrain dans les registres paroissiaux de Saint-Mathieu de 1538 à 1549. En 1543, il répare les verrières de l’abbaye du Relec, à Plonéour-Menez, celles de Saint-Mathieu de Morlaix en 1544-1545, celles de Notre-Dame-du-Mur en 1546.".

Je me méfie des affirmations péremptoires de Couffon, reprises par tous mais souvent non confirmées. Gatouillat et Hérold se contente d'écrire que "l'hypothèse peut être acceptable, mais ne peut valoir pour l'ensemble" des trois baies et notamment pas pour la Passion du chœur. Je n'ai pu retrouver ce monogramme sur cette baie, et encore moins le comparer à ceux des autres travaux de ce verrier.

...P.S. En réalité, je découvre le monogramme T Q, parfaitement visible et accompagnant la signature explicite "Thoumas quemen" sur la maîtresse-vitre. J'en dirais plus dans mon article sur celle-ci.

 

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Iconographie.

— Parmi les 111 groupes de saint Yves dénombrés par Virginie Montarou en Bretagne, se trouvent 13 vitraux.

— Le Fonds Saint-Yves dénombre 7 vitraux dédiés à saint Yves, dont trois seulement du XV et XVIe siècle  : Boquého (22) Chapelle N-D de la Pitié, fragment, 1460 ;  Moncontour, (22), église N-D et Saint-Mathurin, 1537 ; Saint-Herbot , 1556 ; et Tréméven (29), église Saint-Méen, 1550. Mais seuls ceux de Moncontour et de Saint-Herbot sont des groupes de saint-Yves. J'ajoute à cette liste le vitrail des Iffs, église Saint-Ouen, de 1587.

— En définitive, le vitrail de Saint Yves entre le Riche et le Pauvre de Saint-Herbot est l'un des trois seuls exemples de ce thème en Bretagne au XVIe siècle ou auparavant, avec les deux vitraux suivants :

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Le tympan

Il date de 1886 . Dans les trois soufflets centraux,   deux anges  tiennent des  banderoles et un ange lit un parchemin; deux écoinçons blancs sont à droite et à gauche de la tête de lancette centrale.  Je ne le souhaitai pas m'y attarder, mais le texte des banderoles est intéressant.

—En haut, l'ange tient le texte PROMPTUS ERAS JUSTAS MISERORUM SUMERE CAUSAS.

Cette citation se trouve dans les "Saints" du Père Cahier, à l'article "Avocats", "St-Ives (Yvon ou Yves),  page 107, dans la note de bas de page "on trouve parfois cette inscription sous les estampes qui le représentent" . Elle est aussi citée dans un Supplementum comme  appartenant à l'éloge suivant :

Yvo pater legum, custos, rotector, et amplum

Egregiumque decus, cui se debere fatentur,

Jura tuo toties sunt debellata furore,

promptus eras justas miserorum sumere causas. 

 

— A gauche, je lis : YVO IS PRO QVOD AVOCAS PROMPTUM SENTIT AVXILIVM, début de l'antienne du second Nocturne de l'Office de la fête de Saint Yves Confesseur. Là encore, la source en est  "Les Caractéristiques des Saints" du Père Cahier, puisé dans le Bréviaire de Quimper, mais plus précisément dans l'Essai d'iconographie de Gaultier du Mottay, puisé dans le Bréviaire de Saint-Brieuc. 

 Charles Cahier Caractéristique des saints dans l'art populaire Poussielgue 1867 vol. 1 page 107 :

https://archive.org/stream/caractristique00cahiuoft#page/106/mode/2up

 Gaultier du Mottay Essai d'iconographie L. Prud'homme, 1869 page 140

https://archive.org/stream/essaidiconograp00mottgoog#page/n160/mode/2up/search/Yvo 

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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La lancette centrale : saint Yves.

Assis sous une niche à coquille sous un grand agencement architectural, saint Yves, nimbé, porte la barrette, le camail violet, une épitoge blanche au dessus d'une robe de couleur rouge. La tête inclinée comme un prêtre dans son confessionnal, il lève une main bienveillante vers le Pauvre placé à sa gauche. De l'autre main, il tient un recueil juridique, sans doute le Livre des décrets.

 



"Chaque personnage est dans une niche avec socle colonnes et dais. Saint Yves est au centre assis dans une stalle dont le fronton a une coquille verte. Il est sensiblement tourné vers la droite, action qui est encore augmentée par la position de son visage, de trois quart droite et penchée. Ce visage, travaillé à la sanguine est celui d’un homme mûr aux yeux noirs et à l’oreille à l’écoute. Il est coiffé d’une barrette noire à trois cornes, inscrit dans un nimbe rayonnant Son attention à l’écoute est encore appuyé par le geste de la paume ouvert de la main droite, parabole transmettant la parole à l’oreille. La gauche tient serré entre ses doigts un livre de loi de couleur jaune et fermé. Il porte sur les épaules un camail noir. Dessous il revêt une robe rouge aux manches serrées et un surplis blanc aux manches larges roulées aux coudes. Ses pieds reposent sur la marche de la stalle. Le sol à demis losanges vert anglais et noir est le même pour les deux autres niches." (Jean-Pierre Le Bihan).

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Pauvre.

"Le pauvre est celui vers lequel saint Yves se tourne. Il arrive d’un pas timide, courbé, de trois quart gauche. Son chapeau ramené contre sa poitrine par la main gauche . Il a franchi le porche cintré du lieu, porche qui s’ouvre sur un fond vert anglais. Il porte des chausses et des collants bleus clairs et est habillé d’une robe de couleur ocre ou manteau, tout simple et propre. Le visage incliné porte des cheveux longs. " (Jean-Pierre Le Bihan)

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Le Riche.

"Tout autre est le riche, chapeauté de rouge Il est debout de profil droit, vêtu d’un lourd et long manteau bleu doublé d’hermine sur une robe elle aussi bleu aux manches rouges. Il parle. Il est entrée par une simple porte rectangulaire." (Jean-Pierre Le Bihan)

 

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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Détail du dais de la niche.

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Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

Vitrail de saint Yves entre le Pauvre et le Riche, chapelle saint-Yves de la chapelle Saint-Herbot. Photographie lavieb-aile mars 2017.

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ENLUMINURES des Bibliothèques Municipales françaises selon le site enluminure.culture.fr

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— Bourges AD G00061 folio 002 1536-1548

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— Bourges Musée du Berry, Heures d'Anne de Mthefelon folio 098 vers 1415-1420.

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—Saint Yves plaidant. Mâcon BM 0003 folio 256 in Légende Dorée de Jacques de Voragine traduit par Jean de Vignay, vers 1470.

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SOURCES ET LIENS.

Infobretagne "Enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou" 

http://www.infobretagne.com/enclos-saint-herbot.htm

— CHAUSSEPIED (Charles),1914, Notice sur la c hapelle de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou,  Bulletin de la Société archéologique du Finistère T. XLI pages 128-139

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207714b/f191.image

COUFFON (René), 1953, L'église de Saint-Herbot , Bulletin Monumental Année 1953 Volume 111 Numéro 1 pp. 37-50

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_1_3732

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur les paroisses du Diocèse de Quimper

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLONEVFA.pdf

— FONDS SAINT-YVES Les représentations de saint Yves.

http://fonds-saintyves.fr/Les-representations-de-saint-Yves

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel) 2005, Les vitraux de Bretagne Corpus Vitrearum PUR, Rennes, 2005, 367 p. 

— HAMON ( Thierry), 2003, "Saint Yves et les Juristes" Revue « Armorik », Editions Anagrammes, Perros-Guirec, 2003, n° 1, pp. 120-139.

http://partages.univ-rennes1.fr/files/partages/Recherche/Recherche%20Droit/Laboratoires/CHD/Membres/Hamon/Saint%20Yves%20et%20les%20Juristes.pdf

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2008,  "SaintHerbot, Plonévez-du-Faou", blog du maître verier quimpérois  Jean-Pierre Le Bihan :

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/page/38

 

— LE GUILLOU (J-P.) 1989, "Saint Yves : ceux qui l'ont connu témoignent, ceux qu'il a guéris racontent (enquête de canonisation)", Henry, Pédernec, 1989

http://fonds-saintyves.fr/IMG/pdf/enquete_canonisation_avec_illust.pdf

 

— MONTAROU (Virginie), 2003, Saint Yves entre le riche et le pauvre, in Saint Yves et les Bretons, culte, images, mémoire (1303-2003), Presses Universitaires de Rennes

https://books.openedition.org/pur/22412?lang=fr

—  MONTAROU (Virginie), 1998, Saint Yves entre le riche et le pauvre. L’évolution de sa représentation iconographique en Bretagne auxxvie et xviie siècles, mémoire de maîtrise, 2 vol., université Rennes 2, 1998.

PÉRENNÈS (Henri), 1942, Monographie de la paroisse de Plonévez-du-Faou. Imprimerie bretonne (Rennes) 55 p.: ill.; 21 cm.  Pérennès Henri, “Plonévez-du-Faou : monographie de la paroisse,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 19 mars 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/9799.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bd492284b708d27c6305fbdba8d5639a.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Saint-Herbot

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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