La chapelle Saint-Jacques de Merléac : les vitraux du 1er quart du XIVe et du début du XVe siècle des baies latérales. Baies 1, 2, 3, 5 et 7.
.
Sur cette chapelle, voir :
Sur les vitraux, voir :
.
.
Le visiteur qui se rend en la chapelle Saint-Jacques de Merléac voit son attention rapidement absorbée par l'architecture, par les peintures murales, par le lambris peint, par l'ensemble des statues en bois, et par la prestigieuse maîtresse-vitre de 1402. IL aura facilement tendance à négliger les vitraux des baies latérales (une baie au sud, 4 baies au nord), d'autant qu'elles résultent d'une vaste et complexe recomposition associant des pièces de panneaux du début du XVe siècle (proche de la date de 1402 inscrite sur la maîtresse-vitre), de rares éléments plus anciens datant des origines de la chapelle (en cours d'achèvement en 1317) et de mosaïques de pièces modernes en "bouche-trous". Cette réorganisation a été finalisée par l'atelier Hubert de Sainte-Marie en 1990.
S'il quittait la chapelle sans s'attarder sur ces vitraux, notre visiteur passerait à coté de la première manifestation de l'utilisation du jaune d'argent en Bretagne au premier quart du XIVe siècle. Et d'anges dont les phylactères portent des fragments d'oraisons rarement rencontrés.
C'est d'ailleurs l'erreur que j'ai commise, photographiant trop rapidement ces verrières que je croyais secondaires.
C'est en suivant pas à pas les explications données par Françoise Gatouillat et Michel Hérold que nous profiterons de tous les trésors qui nous attendent. J'y ajouterais un examen particulier des fonds damassés et de l'emploi du jaune d'argent.
Rappel 1 : le jaune d'argent (d'après Infovitrail)
Le jaune d’argent est une cémentation, coloration obtenue par des sels métalliques qui pénètrent dans la masse du verre pendant la cuisson. Il apporte une coloration pouvant aller du jaune très clair au brun orangé foncé.
Le jaune d'argent apparaît en Normandie et à Paris dès les premières années du XIVe siècle,
Le plus ancien exemple, en 1313, est visible dans les verrières de l'église paroissiale Saint-Pierre du Mesnil-Villeman.
Le jaune d'argent révolutionne la technique du vitrail et de la peinture sur verre car on peut désormais ajouter la couleur jaune sur une même pièce sans la séparer par un plomb.
On se sert du jaune d'argent pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres et les éléments architecturaux, les vitreries ornementales de losanges et les fenêtres en grisaille décorative dont certains détails sont rehaussés de jaune d'argent. Il s'applique généralement au revers de la pièce.
Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (sous forme de sulfure ou de chlorure ) et d'un cément (ocre ou argile calcinée) qui restera en surface après cuisson et sera retiré.
Il est important de savoir que lors de l'application, les ions argent sont encore incolores, car pour se colorer ils doivent se coaguler. Donc le peintre ne voit pas l'effet de ce qu'il fait lorsqu'il pose ce cément.
On obtient une cémentation plus foncée et plus colorée selon le sel employé, la concentration de sels, la durée et température de cuisson, la composition chimique du verre.
Comme le mélange se pose le plus souvent « à la goutte » (on l’étale à l'aide d'un pinceau mouilleur bien chargé), cela explique sans-doute qu'il forme, ici, des taches ou plages plus ou moins bien circonscrites. Après cuisson, l'aspect ressemble à une coloration dans la masse car aucune épaisseur n'est perceptible au touché.
Note 1 : le brunissement des verres anciens a rendu parfois aléatoire l'évaluation du jaune sur mes photographies.
Note 2 : dans les vitraux du XIVe siècle, (Lafond 1943, Lautier 2000) le jaune d'argent est parfois posé sur le coté interne du verre, du même coté que la grisaille. Il serait très intéressant de savoir si c'est le cas à Merléac.
.
Rappel 2 : les vitraux les plus anciens conservés en Bretagne (Gatouillat).
1265-1270 : Dol-de-Bretagne, cathédrale : 3 figures d'évêques en pied
vers 1290-1300 : Dol-de-Bretagne, cathédrale : baie 100 du chœur et bras du transept.
vers 1317 : Merléac (35), chapelle Saint-Jacques : panneaux des lancettes et tympan des baies 2 et 3. Grisaille et jaune d'argent sur verre blanc et fond de couleur.
premier quart XIVe : Pléboulle (22), chapelle du Temple : fragments d'un Tétramorphe. Grisaille et jaune d'argent sur verre blanc.
vers 1340 : église de Saint-Alban (22) : maîtresse-vitre, 9 scènes de la Passion. Présence en abondance du jaune d'argent.
1380-1390 : Dol-de-Bretagne, cathédrale : panneaux en bas de la maîtresse-vitre.
vers 1402 : Merléac (35), chapelle Saint-Jacques : maîtresse-vitre et panneaux des baies latérales.
vers 1400 : Saint-Servant-de-l'Oust (56), chapelle Saint-Gobrien : fenêtre majeure, quelques panneaux. Vitraux offerts par Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan, présence de M couronnés.
1410-1415 : Quimper, cathédrale : baies du chœur. Pupilles colorées au jaune d'argent.
vers 1423 : Runan, maîtresse-vitre. Pupilles colorées au jaune d'argent.
Ce rappel chronologique montre entre autre l'intérêt d'une comparaison des fonds damassés et de l'emploi du jaune entre Saint-Jacques de Merléac et la cathédrale de Quimper, à laquelle j'ai consacré de nombreux articles.
Vitraux du chœur II : Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109.
Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper. III. L'usage du jaune d'argent sur les vitraux des baies 110 et 112 (vers 1417). Anne trinitaire à Quimper.
http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-fonds-damasses-des-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-de-quimper.html
http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-des-baies-110-et-112-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper.html
.
.
La baie 1 éclaire l'autel de la chapelle du bas-coté nord. Début du XVe (v.1402) et 1990.
.
Haute de 2,60 m et large de 1,10 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en trois registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Rassemblant des panneaux composites du début du XVe siècle, sa composition actuelle en association avec des créations modernes date de 1990 (atelier HSM).
Quatre panneaux anciens de la baie 1 (Annonciation, Visitation, Adoration des Mages, Vierge à l'Enfant ) laissent supposer qu'à coté de la Passion et de la Vie de saint Jacques de la verrière d'axe, une ou plusieurs baies traitaient de la Vie de la Vierge et de l'Enfance du Christ. D'autres panneaux de la baie 2 (Circoncision, Présentation au Temple) entrent aussi dans cette série. Néanmoins, Gatouillat et Hérold signalent qu'aucune baie de l'édifice actuel ne semble correspondre à leurs dimensions, mais que la majorité des éléments anciens montés dans les baies latérales sont d'une facture homogène comparable avec la maîtresse-vitre datée de 1402.
Ce culte marial se retrouve repris avec le thème de la Vierge couronnée et avec les inscriptions des phylactères, ce qui inciterait à penser que tout ou partie de la chapelle de Saint-Léon a été placé initialement sous le patronage de Marie en co-patronat avec saint Jacques. C'est dans ce sens que j'ai interprété d'abord le M couronné de la bordure de la vitre axiale comme se référant à Marie.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La lancette A.
En bas : scène composée par l'atelier HSM de Quintin (Hubert de Sainte-Marie).
Au milieu : Annonciation.
En haut : Rois Mages.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) Composition d'Hubert de Sainte-Marie 1990.
La scène composée par l'atelier HSM en 1990 reprend en l'inversant le schéma global de l'Adoration des Mages, et recopie avec soin le motif à rinceaux polycycliques de ce panneau des Rois (que je note R1 pour me repérer).
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) Annonciation vers 1402 , avec d'importantes restaurations de 1990.
Le phylactère porte des fragments de l'inscription AVE MARIA GRATIA PLENA ("Salut Marie pleine de grâces") , et les pages du livre ouvert des fragments de ANCILLA DOMINI / FIAT MIHI SECUNDUM (Ecce ancila domini, fiat mihi secundum verbum tuum : "Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole").
La Vierge et Gabriel portent un bandeau perlé. Marie, est figurée de face, mais le visage de trois-quart, comme une jeune fille surprise dans sa lecture et qui se tourne subitement vers la droite. Sa posture est hanchée avec l'abdomen projeté en avant, selon les critères de la mode de l'époque. Sa ceinture est ornée de motifs réguliers à six perles réunies en fleur.
Le fond damassé rouge porte des larges feuilles nervurées aux digitations profondes et arrondies. (je le repère sous le sigle F1)
Jaune d'argent : chevelure, bijoux (bandeau, collier, perles de la ceinture), lys, tranche du livre, bases, bagues et et chapiteaux des colonnes, cœur des fleurs de l'architrave. On voit, sur les perles de la ceinture par exemple, que la tache jaune déborde le contour de la perle centrale qu'elle souhaite colorer.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Les visages sont dessinés ainsi : une ligne trace un sourcil et le contour du nez avec sa narine. Un autre trait dessine le second sourcil et l'arête du nez. Les deux yeux bien ouverts sont en amande plus effilée vers l'extérieur avec une pupille noire et une conjonctive en croissant blanc. Surtout, des cernes concentriques tracent les deux paupières et le pli palpébral supérieur.
Le philtrum n'est pas oublié, au dessus d'une bouche étroite en largeur mas aux lèvres pulpeuses, presque en cul-de-poule si je m'autorisais cette licence.
Trois lignes de composition : la diagonale pleine d'élan de l'ange, l'arc de cercle tout en retenue et en recul de Marie, et la verticale du vase, du lys et du phylactère, qui sépare et réunie les deux protagonistes.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
c) Les Rois mages.
Ces trois rois viennent d'une Adoration de l'Enfant-Jésus dans la crèche, selon le schéma habituel où le plus âgé, Melchior (barbe blanche, calvitie) est agenouillé devant l'enfant et a ôté sa couronne, suivi de Balthazar et Gaspard, debout en attendant leur tour La coupe remplie de pièces d'or (moderne ?) est bien visible dans les mains de Melchior qui en ouvre le couvercle. Les deux rois ne diffèrent pas entre eux (si ce n'est la fourrure d'hermine du dernier), mais on retrouve ici le motif présent sur les porches de Le Folgoët (vers 1423) et de Rumengol (vers 1468), celui où le deuxième roi lève la main vers l'étoile et se tourne vers le troisième roi pour la lui montrer.
Je retrouve sur les visages de Balthazar et Gaspard les traits que je viens de décrire dans l'Annonciation, avec les cernes des yeux, mais pour ces portraits masculins la narine est plus développée et la bouche plus rare.
Le fond damassé R1 apparaît ici sous sa forme originale : rinceau dessinant des volutes tracés au compas et libérant des vrilles ou des feuilles à trois lobes.
Jaune d'argent : pièces d'architecture, couronnes, pièces d'armures, colliers, coupe et monnaie d'or, chevelures et barbes, ainsi que la robe entière de Melchior.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Sur la robe de Melchior, qui émerge du manteau au niveau de la manche droite, sont figurées deux lettres Y au jambage fleuronné, et dont le point est un losange. Cela reste pour moi une énigme que je soumets aux lecteurs.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
.
La lancette B (c'est celle de droite).
En bas: scène composée par l'atelier HSM de Quintin (Hubert de Sainte-Marie).
Au milieu : la Visitation.
En haut : la Vierge couronnée.
.
a) Composition de Hubert de Sainte-Marie 1990.
Un personnage allongé, la tête sur un oreiller (allusion à Jessé ?). Fond R1 qui fournit ainsi un relevé idéal du pochoir du damassé ancien.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) La Visitation.
Le cadre architectural est le même que celui de l'Annonciation. La Vierge porte le même bandeau perlé que dans l'Annonciation, la même robe, serrée par une ceinture, etc. Le style des visages est le même (bouche d'Elisabeth en W avec lippe). Les nimbes sont en verres colorés (en croisant les couleurs rouge et bleue des robes).
Le corps de Marie, enceinte, est très mince ; il suit la forme d'un S très allongé verticalement. Celui de sa cousine vient se mouler dans les sinuosités en vis à vis, mais il est plus massif et plus bas, pour souligner le pieux respect d'Elisabeth devant le premier tressaillement, première manifestation de la divinité incarnée.
Fond damassé R1 (moderne en haut à droite).
Jaune d'argent : chevelure, bijoux (bandeau, collier, perles de la ceinture), bases, bagues et et chapiteaux des colonnes, cœur des fleurs de l'architrave, manche de la robe d'Elisabeth.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
c) La Vierge à l'Enfant.
La Vierge couronnée, est assise sur une cathèdre et porte son fils sur le bras droit. Le détail charmant réside dans la manière dont l'enfant au beau visage joufflu entoure le cou de sa mère du bras droit et caresse avec la main gauche, par jeu, les anglaises dorées.
Fond damassé R1 : rinceau dessinant des volutes tracés au compas et libérant des vrilles, ou des feuilles à trois lobes.
Dais architectural : comparable à ceux de l'Annonciation et de la Visitation, prouvant que ce panneau appartenait à la même séquence.
Jaune d'argent : chevelure, bijoux (bandeau, collier, perles de la ceinture), couronne, cercle du nimbe, une sorte de nuée au dessus de ce nimbe, bases, bagues et et chapiteaux des colonnes, cœur des fleurs de l'architrave, ornements du siège. Mais aussi une "coulée" plus terne sur la bouche et le coin des lèvres de Marie, qui, s'il s'avérait délibéré, témoignerait d'un désir de spiritualisation ou de divinisation.
.
La baie 1, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le tympan de la baie 1.
Trilobe de gauche : une sainte.
Trilobe de droite : un saint en adoration
Quadrilobe : Le Christ crucifié .
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) Le trilobe de gauche : une sainte.
La couleur bleue du manteau peut laisser penser qu'il s'agit de la Vierge.
Le fond damassé rouge évoque ici des feuilles d'érables que je code F2. Trois teintes de rouge et orange.
Jaune d'argent : collier.
.
Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) Le trilobe de droite : un saint en adoration.
ou montrant les stigmates (François d'Assisie ?).
Le fond damassé rouge évoque ici des groupes de feuilles d'érables F2.
.
Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
c) Le quadrilobe : le Christ crucifié.
Le soleil et la lune renvoient à ce passage de l'évangile : Luc 23:44-45 :
Il était déjà environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure. Le soleil s'obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.
Il y a aussi "une esquisse de paysage" (Gatouillat).
Deux anges hématophores (qui recueillent le sang du Christ dans des calices), ont le front ceint d'un bandeau perlé.
Je remarque la position des doigts du Christ.
Fond damassé bleu : feuilles aux indentations arrondies ou plus aigues. Disons F1.
Jaune d'argent : chevelures, nimbe, ailes, croix, calices, soleil.
.
Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Un carton de restauration "Forme A" collé sur le visage du Christ.
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Un ange hématophore. Que porte-t-il dans la main droite ?
.
La baie 1, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La baie 2 (vers 1402 ; vers 1317 ; 1990) éclaire l'autel du bas-coté sud.
.
Haute de 2,60 m et large de 1,10 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en deux registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.
.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La lancette A (celle de gauche).
En bas : La Présentation au Temple .
En haut : Circoncision.
.
a) La présentation au Temple.
Largement complétée par Hubert de Sainte-Marie, elle renferme néanmoins le groupe de Marie, Joseph et Jésus devant un livre portant des caractères hébraïques.
Fond : R1
Jaune d'argent : architecture, nimbe crucifère de Jésus, vêtements sacerdotaux, et peut-être d'autres rehauts plus difficile à étudier.
.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) La Présentation au Temple (qualifié de Circoncision par Gatouillat).
La présence d'une servante portant dans un panier les deux tourterelles de l'offrande rituelle me conduit à y voir une Présentation. Bras du prêtre récent.
Dais architectural à cul-de-four jaune.
Fond : R1 ??
Jaune d'argent : rayons du nimbe crucifère.
.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Lancette B.
En bas : panneau en macédoine contenant un buste de sainte.
En haut : décollation de sainte Barbe.
.
a) Le panneau moderne.
.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) La Décollation de sainte Barbe.
Un roi portant sceptre et couronne donne l'ordre (index gauche) à un bourreau de trancher la tête de la sainte. Ce dernier a empoigné la chevelure pour dégager la nuque et lève son glaive. Barbe (ou Barbara) attend pieusement son martyre, les mains jointes.
Fonds : R1 .
Jaune d'argent : architecture, couronne et sceptre, chevelures.
.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le panneau représentant le roi maintenant à genoux la vierge et future martyre Barbe pour la soumettre au glaive, tandis que le soldat dégage la chevelure afin de frapper la nuque, présente à nos esprits curieux deux détails pour les satisfaire.
D'une part, les chaussures de l'homme sont "à la poulaine", avec leurs pointes fines, longues et pointues. Exactement comme sur les enluminures des manuscrits du duc de Berry ou de ses frères, réalisées à la fin du XIVe siècle ou au premier quart du XVe.
Voyez le mois de janvier des Très Riches Heures (1411-1416).
D'autre part, mais sans s'éloigner du thème vestimentaire, ces chaussures ainsi que les chausses gaînant les jambes sont dépareillées par leur couleur, "mi-parti" , selon un mode introduite à la moitié du XIVe siècle, mais dont l'enluminure de Janvier des Très Riches Heures offrent de très beaux exemples (voir aussi le fauconnier d'Août).
J'ai montré que cette tenue bariolée était souvent employée, dans les représentations de la Passion, pour stigmatiser les bourreaux : voir ma description du retable de La Houssaye à Pontivy. Sur ce vitrail, c'est aussi un bourreau qui porte ces chausses "parti-coloured". Mais on peut opposer à cela que, dans les Très Riches Heures, ce sont les seigneurs de l'entourage ducal qui portent ces tenues.
.
.
Le tympan. Premier quart du XIVe, recomposé.
Dans les deux trilobes : animaux fantastiques dans des cages à mouches.
Quadrilobe : Vierge couronné et anges
.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) Les trilobes.
Gatouillat et Hérold décrivent des "animaux fantastiques sur fond de cages à mouches, du 1er quart du XIVe siècle, (déplacés, bouche-trous)." Je cherche la définition de ce terme : "On nomme Cage à mouches les zones de vitrail revêtues de très fines hachures afin de leur donner un aspect grisé et qui, observées de près, ressemblent à des cages à insectes."
Les animaux ont des allures de lions ou de dragons. Puisque ce sont là nos verres les plus anciens, je les observe avec attention, en pivotant l'image pour mieux les comprendre. Le jaune d'argent semble utilisé largement, en plage uniforme pour colorer non seulement l'animal, mais aussi le fond hachuré.
.
Le trilobe gauche.
.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
.
Sur ce panneau, il s'agit clairement d'un dragon, avec ses yeux proéminents, ses crocs, son museau plissé, son dos hérissé d'épines, ses pattes griffues et sa queue, tachetée de pustules, qu'il semble tenir entre ses pattes (comme sur les crossettes de Landivisiau ou de Pencran). Il retourne la tête vers l'arrière pour mugir.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le brunissement n'empêche pas de reconnaître ici le même animal dans la même posture.
Au total, on peut donc conclure à trois dragons identiques.
.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) Le quadrilobe.
Quatre anges entourent la tête de la Vierge. Nous voyons vite que l'ange du lobe supérieur est très restauré de façon récente. Ce quadrilobe est le résultat d'une recomposition "récupérant" trois anges du premier quart du XIVe siècle et remontant dans l'œil de cette structure la tête de la Vierge couronnée. Nous avons donc ici, après les six animaux fantastiques, un nouvel exemple de ces vitraux posés peu après l'achèvement de la chapelle en 1317.
.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Puisque ce sont de vrais reliques de l'art des verriers bretons, je zoome au maximum. Chaque ange trilobite (oui, je me permets) tient dans les mains un objet. C'est une couronne pour celui de la loge basse, un livre peut-être pour celui de droite. Ou bien une couronne pour chacun ? Le plus beau, quoiqu'un peu boudeur, est l'ange du bas. C'est lui qui porte les plus belles teintes, dorées ou aurore, du jaune d'argent.
.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La tête couronnée de la Vierge, quadrilobe du tympan de la baie 2.
Il faudra se souvenir de cette insistance sur le thème du couronnement de Marie, symbole de l'élection divine, lorsqu'il sera nécessaire d'effectuer une synthèse thématique. Je rappelle qu'il était déjà présent en baie 1, registre supérieur droit.
Tympan de la baie 2, bas-coté sud de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La baie 3 (vers 1317 ; vers 1402 ; 1990) éclaire le coté gauche de la chapelle nord.
Haute de 2,60 m et large de 1,10 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en quatre registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Lancette A.
Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990).
Troisième registre : tête couronnée ou à bandeau (vers 1317).
Quatrième registre : Crucifixion (vers 1317).
Les parties figurées des troisièmes et quatrièmes registres sont intégrées dans un cadre architectural tronqué et sont serrées entre des bordures à fleurs de lys en partie anciennes.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a et b) Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990) sur le thème de la Vierge.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La moitié supérieure de la lancette A.
.
.
c) Troisième registre : Panneau composite (1er quart XIVe ; vers 1402 ; 1990).
Il contient notamment une tête féminine couronnée ou portant un bandeau.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
d) Quatrième registre : Le Christ crucifié entre la Vierge et saint Jean (1er quart XIVe).
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La lancette B.
Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990).
Troisième registre : saint Jean-Baptiste (vers 1317).
Quatrième registre : Vierge à l'Enfant.
Les parties figurées des troisièmes et quatrièmes registres sont intégrées dans un cadre architectural tronqué et sont serrées entre des bordures à fleurs de lys en partie anciennes.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a et b) Premier et deuxième registre : composition d'Hubert de Sainte-Marie (1990) sur le thème de la Vierge à l'Enfant.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Moitié supérieure de la lancette B.
.
.
c) Troisième registre : saint Jean-Baptiste (vers 1317).
C'est l'un des panneaux les plus précieux puisqu'il appartient aux éléments les plus anciens.
A coté d'un grand arbre, le saint est vêtu de sa peau de chameau (de sa robe en poils de chameau) ; sa tête et son regard sont tournés vers sa gauche. Il était peut-être placé à gauche d'une scène centrale. Il porte d'Agneau de Dieu sur l'avant-bras droit ; il le désigne de l'index gauche, pour illustrer son affirmation Ecce Agnus Dei.
On le comparera, plus de trois-quart de siècle plus tard, au vitrail homologue de la chapelle Saint-Gobrien (Saint-Servant-de-l'Oust) datant de 1400 environ, où le saint adopte, de façon moins hiératique, la même posture et la même latéralité, mais où l'arbre est remplacé par un fond damassé à longues lanières de feuillages. Voir aussi la baie 103 de la cathédrale de Quimper et la baie 107 (1417). Ou les statues de pierre (Daoulas, 1423).
Ce qui est remarquable, c'est que l'agneau, une patte levée, portant la croix s'inscrit dans un cercle, qui pourrait symboliser l'hostie. J'ai tiré profit de sa comparaison avec le vitrail de la cathédrale de Chartres (abside, 1210-1225 ) où se retrouve la même disposition, et où l'auteur de l'article Wikipédia se livre à une analyse intéressante.
Le jaune d'argent est largement utilisé pour la peau du chameau, le nimbe, l'arbre, les fleurs de lys, etc.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
d) Quatrième registre : Vierge à l'Enfant .
F. Gatouillat indique "également du XIVe siècle". Mais très restaurée.
.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le tympan de la baie 3.
Son étude s'avère passionnante.
Trilobe de gauche : personnage barbu porteur d'un phylactère
Trilobe de droite : ange porteur de phylactère.
Quadrilobe sommital : Vierge de l'Apocalypse.
Il s'agit de panneaux du début du XVe siècle conservés à leur emplacement initial, "sauf peut-être le personnage du trilobe de gauche". Ils sont donc contemporains de la maîtresse-vitre (1402).
.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) Trilobe de gauche.
Un saint personnage (nimbe), barbu, vêtu d'une robe bleu et faisant un geste d'énonciation de la main droite, tient un phylactère où se lisent les mots
: EGO : ---S INDI MULIER AMICTA SOLIE.
Je discuterai des inscriptions après avoir examiné le second trilobe, mais disons tout de suite que le saint personnage représenté ici serait Dieu lui-même, et que ce serait lui qui prononce la phrase latine.
Fonds damassé : R1
Jaune d'argent : discret sur la chevelure et la barbe, et le col. Présent aussi sur les extrémités de la banderole.
.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) trilobe de droite : ange à phylactère.
Cet ange, très beau, porte le bandeau perlé déjà noté (Annonciation, Visitation, etc.). Sa main entrouverte indique une énonciation, ce qui renforce le texte du phylactère. Le col est remarquable, il doit être interprété comme celui de l'amict qui est placé au dessus de l'aube. Il est brodé d'orfrois et sa pointe se termine par une broche de cinq perles. Il m'évoque le col des anges sculptés dans le kersanton à partir de 1423 par le Maître du Folgoët.
Fond : un feuillage vert de type F1.
Jaune d'argent : chevelure et amict.
Inscription :
: QUE EST ISA / : QUE : ASCENDIT : SICUT :
On notera le deux-points de séparation, aux points réunis par une fine ligne en S, caractéristique de nombreuses inscriptions gothiques lapidaires de Bretagne.
.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Les inscriptions des deux phylactères : l'office de l'Assomption (15 août).
1°) Le texte présenté par Dieu, indi mulier amicta solie (sic) est une citation de l'Apocalypse de Jean chapitre 12 :
Signum magnum apparuit in caelo Mulier amicta sole et luna sub pedibus eius et in capite eius corona duodecim stellarum Apocalypse 12:1
"Un grand signe apparut dans le ciel.Une femme revêtue du soleil et la lune sous les pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles."
Le personnage barbu et nimbé ne peut être saint Jean, qui est toujours représenté imberbe.
La Mulier amicta sole ou Femme de l'Apocalypse désigne couramment la Vierge après son assomption.
Mais dans la liturgie, ce verset Ap.12:1 est repris dans l'Introït de l'office de la fête de l'Assomption Beatae Mariae Virginis Assumptio. Comme tel, il est recensé dans les chants grégoriens, et figure dans les bréviaires et antiphonaires.
2°) Le texte tenu par l'ange Que est isa que ascendit sicut est extrait du Cantique des Cantiques chapitre 6:
Quae est ista quae ascendit sicut aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata? Le Cantique des Cantiques 6:9
Quelle est celle-ci qui s’élève, comme l’aurore à son lever, belle comme la lune, exquise comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ?
Mais c'est également un cantique grégorien , et un verset figurant dans l'office de l'Assomption. Il figure dans l'antiphonaire d'Hartker des moines de Saint-Gall (Suisse) daté vers 990-1000. Dans ce manuscrit, il occupe la page 105, dans un ensemble dont le titre, page 104, est In Mat[utina] Laudibus. Ant. Assumpta est Maria in caelum gaudent Angeli V. : laudentes benedicent Dominum
https://books.google.fr/books?id=lo8tI1G-aNcC&pg=PA145&dq=que+ascendit+sicut&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjGo6XakbfWAhUFQJoKHX3qCc0Q6AEIJzAA#v=onepage&q=que%20ascendit%20sicut&f=false
.
c) Le quadrilobe : la Vierge de l'Apocalypse.
La Vierge est couronnée (c'est la troisième fois que nous en trouvons une représentation), les pieds sur un croissant de lune (et luna sub pedibus eius ), et entourée de rayons solaires divergents (amicta sole, revêtue du soleil). Sa tête est inclinée et tournée vers la gauche, son regard également dirigé vers la gauche.
Elle est une figure parfaitement conformes à la description de la Femme de l'Apocalypse du chapitre 12, et elle illustre par sa beauté ( belle comme la lune, exquise comme le soleil) les deux versets inscrits dans les trilobes. Le tympan tout entier est donc consacré à Marie en gloire après son Assomption, ce qui incite à se poser cette question : la verrière d'où proviennent tous ces panneaux n'était-elle pas toute entière dédiée à la Vierge de l'Assomption ?
,
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Plus inattendue est la palme (assez stylisée : est-elle ancienne ?) que Marie tient en sa main gauche. En réalité, il faut peut-être y voir le roseau du Christ de dérision
Car le plus étonnant est le Christ porté, comme un Enfant-Jésus, sur le bras droit. C'est un Christ de pitié ou Christ aux liens, représentation de Jésus attendant son supplice après la Comparution devant Pilate, après avoir été flagellé, couronné d'épines, revêtu d'un manteau pourpre et que ses bourreaux lui aient fait tenir un roseau en guise de sceptre.
Ici, le Christ au nimbe crucifère est assis, le corps penché, le visage triste, les mains liées croisées sur les genoux.
Si on considère que le thème principal de la verrière est la royauté de Marie, Regina cœli, l'association de sa représentation glorieuse à celle de son fils souffrant et à la royauté bafouée peut relever d'une haute méditation spirituelle laissant comprendre qu'elle aurait acquis cette accès direct à la gloire de Dieu à travers les souffrances de son Fils. Sa couronne serait indissociable de la Couronne d'épines.
On remarquera que l'inclinaison du corps du Fils est reprise par celle de la tête de la Mère.
.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 3, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La baie 5 (vers 1402 ; 1990) éclaire la nef du bas-coté nord .
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Haute de 2,60 m et large de 1,08 m, elle se compose de deux lancettes trilobées organisées en deux registres et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.
Selon Gatouillat et Hérold, les lancettes, consacrées à des grisailles décoratives à motifs végétaux et animaux en grisaille et jaune d'argent, rythmées de fermaillets de couleur et entourées de bordures alternant des pièces de couleur et des couronnes, associent trois panneaux entièrement modernes avec des pièces originales de grisaille très dégradées et pour les panneaux inférieurs, des éléments divers. Des parties des grisailles décoratives des lancettes se trouvaient auparavant dans les baies 1 et 2. Des compléments neufs importants ont été apportés.
.
Nous retrouvons ici la décoration de la moitié inférieure de la maîtresse-vitre, qui comprend également les fermaillets polychromes et géométriques évoquant des fleurs, un quadrillage losangique en verre blanc peint de grisaille et de jaune d'argent à motifs naturalistes et une bordure symbolique.
.
.
Lancette A, de bas en haut.
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) panneau inférieur (ancien).
Bordure à couronnes, pièces de verre rouge et fleurs aux pétales alternativement blancs sur jaune et jaune sur blanc. Alternance de couronnes peintes par deux teintes, jaune clair et orangé, du jaune d'argent . Les couronnes alternent des fleurons et des perles soulevées sur tige. Pourtour de perles blanches.
Les losanges tous identiques reprennent deux motifs de la maîtresse-vitre, l'un à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle, et l'autre à oiseau de proie, bec sur la poitrine.
Le fermaillet orange, de dessin complexe, associe un carré, deux cercles concentriques, deux navettes formant une croix, dont il resterait à décrire le décor grillagé.
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) panneau médian.
Bordure à couronnes et pièces de verre rouge. Alternance de couronnes peintes au jaune d'argent et de couronnes orange. Pourtour de perles blanches.
Les losanges tous identiques reprennent un motif de la maîtresse-vitre, à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle.
Le fermaillet rouge et orange, de dessin finalement assez complexe, associe un carré, deux cercles concentriques, deux boucles formant une croix, etc.
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
c) Panneau supérieur.
Bordure à couronnes et pièces de verres rouge, bleu et vert. Les couronnes sont peintes au jaune d'argent. Cadre intérieur de perles blanches.
Les losanges tous identiques reprennent un motif de la maîtresse-vitre, à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle.
Le fermaillet est bleu et jaune, proche des précédents, mais l'élément central est quadrillé par des lignes blanches entrecroisées tracées par enlevage.
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Lancette B, de bas en haut.
.
a) panneau inférieur droit.
Bordure à couronnes (de taille supérieure au rectangle qui les accueille), décor géométrique et floral, et pièces de verre bleu. Cadre intérieur de perles blanches.
Les losanges reprennent des motif de la maîtresse-vitre, associant celui "à svastika de feuilles", à deux oiseaux différents. Dans un cas, c'est un oiseau à ailes arciformes, vu de face ailes déployées, et dans l'autre une sorte de pie vue de profil. Plusieurs losanges sont quadrillés d'un réseau tracé en enlevé au petit bois. Les feuilles des éléments de la rangée inférieure ne sont pas trifoliés, mais à cinq folioles.
Le fermaillet rouge, orange et jaune, associe deux carrés, deux cercles concentriques, un cercle central dont l'intérieur est occupé par une fleur, ...
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) panneau médian (moderne).
.
Bordure à couronnes et pièces de verre bleu. Cadre de perles blanches.
Les losanges tous identiques reprennent un motif de la maîtresse-vitre, à quatre feuilles de chêne à trois lobes s'inscrivant en svastika dextrogyre sur un cercle.
Le fermaillet est bleu et jaune.
.
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
c) Panneau supérieur droit (ancien).
Bordure à couronnes (de taille supérieure au rectangle qui les accueille), et pièces de verre bleu, vert et rouge. Cadre intérieur de perles blanches.
Les losanges reprennent des motif de la maîtresse-vitre, associant celui "à svastika de feuilles", à deux oiseaux différents. Dans un cas, c'est l'oiseau de proie de profil et au bec sur la poitrine déjà observé, l'autre est un oiseau ailes déployées et tête tournée vers sa droite.
Trois losanges reçoivent un carroyage par traits enlevés au petit bois.
Le fermaillet diffère des précédents, c'est un cercle rouge où s'inscrivent les quatre feuilles vertes d'une fleur jaune centrale.
.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le tympan de la baie 5.
Trilobes : anges thuriféraires et porteurs de phylactères;
Quadrilobe : ange portant une couronne et Vierge couronnée enlevée au ciel par deux anges (restaurations)
.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) le trilobe gauche.
Inscription DIFUS-- DE[O] GRACIA U (sous réserve).
.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le fond damassé à larges feuilles aux indentations arrondies.
.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) le trilobe droit.
Inscription VENI DILECTA MEA QUIA IA[M] DISPOSUI P.
La recherche de cette inscription sur le moteur de recherche renvoie au texte suivant :
Veni dilecta mea quia iam disposui petitiones (peticiones) tuas consummari , "venez ma bien-aimée, parce que j'ai résolu d'accomplir toutes vos demandes"
Il appartient à un ensemble d'oraison sur la croix et sur la Passion du Christ, et plus particulièrement à l'Oraison des sept paroles du Christ en croix de Bède le Vénérable dont voici deux versions :
veni, dilecta mea, quia iam disposui penurias tuas consummari; veni ut mecum ascendas cum angelis sanctis meis in ... 123 Ps.-Beda: Oratio de septem verbis Domini in cruce (Leroquais 1927, II, 342);
Veni, amica mea, et dilecta [mea], quia iam disposui peticiones tuas consummare ; veni, mecum vt sedeas cum angelis meis, et sanctis in regno
Cette oraison, Oratio venerabilis Bede de septem versibus Christi in Cruce pendentis pouvait figurer dans des livres d'Heures du XVIe siècle, , comme les Heures de Notre-Dame à l'usage de Tours, d'après les répons des morts (fol. 113v), Bibliothèque Sainte-Geneviève Ms 2709 ou comme le Livre de prières, à l'usage des Guillelmites, Bibliothèque Sainte-Geneviève Ms 2721.
On trouve aussi notre citation dans des ouvrages plus contemporains de ce vitrail:
— Dans les Horae ad usum Sarum, Rouen c.1430 folio 255-257.
— dans le Psautier de Burnet (The Burnet Psalter) du XVe siècle au folio 70v sous la forme Veni amica mea <et> dilecta\ mea sponsa mea quia iam disposui peticiones\
— Ou bien au folio 128 du livre d'Heures MS Ff.6.8 de la Cambridge University Library, provenant de Bruges, et datant du 1er quart du XVe siècle.
— dans un incunable catalan , Horae secundum ordinem sancti Benedicti Barchinone Johannes Luschner 1498 (?) folio 17v-18r (Rosa Maria Subirana Rebull 1991,Els orígens de la litografia a Catalunya, 1815-1825)
— dans un "orationnel manuscrit de la bibliothèque de séminaire d'Auch"
— dans les suffrages des Horae Eboracences page 141 (Heures d'York imprimées en 1531)
.
Il est nécessaire à mon propos de présenter les résultats des recherches que, détective du Net, j'ai mené avec passion et gourmandise pour apaiser ma curiosité d'autant plus aiguisée que j'avais à l'esprit les oratorio de Pergolèse (1730), de Haydn (1787), de Charles Gounod (1855) et de César Franck (1859), sans jamais avoir vu mentionné ce texte. Sans lire l'ouvrage que Timothy Radcliffe a consacré à ce thème en 2004, j'ai néanmoins appris que cette dévotion aux Sept paroles remonte au XIIe siècle, et à un commentaire de St Bonaventure ; ce sont les franciscains qui ont popularisé ce type de méditation. L'oraison aux pouvoirs fabuleux jouera un grand rôle dans la piété médiévale, rattachée au thème des 7 plaies du Christ.
.
La prière attribuée à Bède le Vénérable sur les sept paroles du Christ en croix.
a. En latin. (j'indique entre crochet les variantes (en italique), et la source évangélique) avec une traduction en français qui fleure bon son XIXe siècle.
Oracio venerabilis Bede presbiteri de septem verbis Christi in cruce pendentis quam oracionem quicumque eam cotidie devote dixerit flexis genibus nec diabolus nec malus homo ei nocere poterit nec in fine morietur inconfessus. Et per triginta dies ante obitum suum videbit gloriosam virginem Mariam in auxilium sibi preparatam. Ista oracio bona et devota dicenda est de sancta cruce cum magna devotione sicut in sequenti folio pluribus bene patebit.
"La prière du Vénérable Bède, prêtre, concernant les sept mots que Christ a prononcé sur la croix. Celui qui le dit tous les jours, à genoux, ne peut être blessé ni par le diable ni par les hommes méchants, et ne mourra pas sans confession. Et dans les trente jours avant sa mort, il verra la glorieuse Vierge Marie lui venir en aide. Cette prière doit être dit avec une grande dévotion."
Venerable homme Beda prestre fit et composa l'oroison devote qui s'ensuit sur les sept paroles lesquelles nostre seigneur Jhesus Christ dit en l'arbre de la crois.
. Domine Jesu Christe, qui septem verba ultimo vitae tuae in cruce pendens dixisti, ut semper illa sacratissima verba in memoriam habeamus : Rogo te per virtutem illorum septem verborum, ut mihi parcas omnia peccata mea, quidquid peccavi aut commisi.
"Seigneur Jésus-Christ, qui avez prononcé sept paroles aux derniers moments de votre vie, suspendu à la Croix, pour que ces sept paroles sacrées restassent toujours dans notre mémoire, je vous prie, par la vertu de ces sept paroles, de me pardonner tous mes péchés, toutes les fautes que j'ai commises."
1. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Pater ignosce crucifigentibus me, fac ut amore tui ego parcam omnibus malefacientibus mihi.
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : Père, pardonnez à ceux qui me cruciflent, [Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font : Lc 23,34], faites que je pardonne pour l'amour de vous à tous ceux qui me font du mal."
2. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti latroni : Hodie me cum eris in paradiso, fac me in hac vita ita vivere ut in hora mortis meae dicas mihi : Hodie mecum eris in coelo [in paradiso].
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit au larron : Aujourd'hui, tu seras avec moi en Paradis, [Lc 23,43 ] faites que je me conduise de telle sorte en cette vie que vous me disiez à l'heure de ma mort : Tu seras avec moi aujourd'hui dans le Ciel."
3. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti matri tua; : Mulier, ecce filius tuus; deinde dixisti discipulo : Ecce mater tua, fac ut me societ amor tuus et caritas tua vera.
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit à votre mère : Femme, voilà votre fils, et ensuite au disciple : Voilà votre mère, [Jn 19,26-27] faites que votre amour et votre vraie charité m'associe à cette famille vénérée."
4. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Hely, Hely lamazabactani, quod significat : Deus meus, Deus meus, ut quid dereliquisti me? fac me ita vivere ut non derelinquas me in quacumque tribulatione aut angustia. [ Fac me dicere in omni tempore tribulacionis et angustie mee, Pater mi domine mi miserere michi peccatori adiuva me et dirige me rex meus et deus meus qui tuo proprio sanguine me redemisti.]
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit: Eli, Eli, lamma sabacthani, c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avais-vous abandonné ? [Mt 27,46 / Mc 15 ;34], faites-moi la grâce de vivre de telle sorte que vous ne me délaissiez dans aucune tribulation ni dans aucune angoisse."
5. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Scicio, scilicet salutem animarum sanctarum que in limbo inferni fuerunt adventum expectantium, fac me [ ita vivere] ut ego [semper] sciciam te fontem aque viventis, et fontem aeterni luminis [toto cordis desiderio ad amandum].
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : J'ai soif, [Jn 19,28 ] c'est-à-dire du salut des âmes saintes qui étaient dans les limbes, attendant votre arrivée, faites que je vive en ayant soif de vous, fontaine d'eau vive, foyer d'éternelle lumière."
6. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Pater, in manus tuas commendo spirilum meum, fac me ita vivere et sic omnia mandata tua custodire et adimplere, ut in obitu meo perfecte possim tibi dicere : Pater, in manus tuas commendo spiritum meum. [Fac me ut in obitumeo perfecte et licite tibi dicere possuim, In manus tuas domine commendo spiritum meum. Respice me venientem ad te quia nunc constituisti ultimum tempus meum. ]
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : Père, entre vos mains je remets mon esprit, [Lc 23,46], faites moi la grâce de vivre de telle sorte de garder et accomplir si bien vos commandements, que je puisse à ma mort vous dire en toute vérité : Mon Père, entre vos mains je remets mon esprit. "
7. Domine Jesu Christe, sicut tu dixisti : Consummatum est, quod significat, labores et dolores quos pro nobis peccatoribus suscepisti [sustinuisti] jam finisti, fac ut audire merear illam dulcissimam vocem tuam dicentem michi: Veni, amica mea dilecta, quia disposui petitiones tuas consummari. [veni, mecum vt sedeas cum angelis meis, et sanctis in regno meo epulari iocundari et commorari per infinita seculorum secula Burnet Psalter ]
"Seigneur Jésus-Christ, comme vous avez dit : Tout est consommé, [Jn 19,30] c'est-à-dire que vous étiez à la fin des travaux et des douleurs que vous aviez embrassés pour nous pauvres pécheurs, faites que je mérite d'entendre de votre bouche cette parole si douce : Venez, mon amie, ma bien-aimée, parce que j'ai résolu d'accomplir toutes vos demandes." [viens t'asseoir à mes cotés parmi mes anges pour festoyer, te réjouir et t'arrêter (séjourner) pour les siècles des siècles]
.
b. En moyen français.
Rapportées par Jean Sonet ou Pierre Rézeau, les prières françaises des Sept paroles du Christ en croix constituent un exemple remarquable de la dévotion au Christ en croix à la fin du moyen âge.
Susan Boynton en a donné une version, basée sur les 10 manuscrits disponibles, pour la plupart du XVe siècle : M : Montbrison (Loire), Musée d'Allard, Ms. B, f. 131-137 ; Livre d'heures à l'usage de Lyon, XVe siècle. A : Avignon, Bibl. Mun., Ms. 210, f. 136v-140 v; Livre d'heures d'usage non déterminé, xve siècle. G : Gap, Bibl. de l'Évêché, Ms. sans cote, f. 211-218; Livre d'heures à l'usage de l'Abbaye d'Ambronay (ancien diocèse de Lyon, actuellement dans le diocèse de Belley), XVe siècle (version incomplète). GRj : Grenoble, Bibl. Mun., Ms. 160 (8803), f. 120-123 v ; Livre d'heures à l'usage de Rome, XVe siècle. GR2 : Grenoble, Bibl. Mun., Ms. 149 (6507) ; f. 182v-183; Livre d'heures d'usage non déterminé, xive siècle, avec des additions des xve et xvie siècles (dont les « Sept Paroles ») (version incomplète). O : Oxford, Bodleian Libr., Ms. lat. lit. F 15, f. 95 v-98 v ; Livre d'heures à l'usage de St-Pierre de Genève, xve siècle (version franco-provençale) . P.: Paris, Bibl. Nat., lat. 1191, f. 133v-137; Livre d'heures à l'usage de Paris, xve siècle. Rj : Rouen, Bibl. Mun. 362 (Y 143), f. 58-62 ; Livre d'heures à l'usage de Paris, xve siècle. R2 : Rouen, Bibl. Mun. 361 (A 579), f. 23 v-26 v ; Livre d'heures à l'usage de Paris, xve siècle.
Je ne citerai que la septième parole, qui est celle de notre inscription du vitrail :
Septième parole : "Jhesus, en qui trestout bien est, com disis : « Consummatum est », c'est-a-dire que les labours, les misères et les douleurs que pour nous a voluz souffrir en la croix a tresgrant mártir sont finees présentement, je te requier tres humblement que quant venra au jugement, je puisse [ouyr] ta doulce voix, disans a moy a haulte voix : « Vien t'en, m'ame, vien t'en, m'amie ; ta penitence est complie. Monte lassus en paradix avec mes anges et amys, quar je t'ay [fait] a ma semblance. Vien demourer en alegrance en mon royaulme delectable, [ou auras joie pardurable] », au quel royaulme parvenir nous doint Jhesus a son plaisir."
Boynton Susan. Les sept paroles du Christ en croix (Sonet 967). In: Romania, tome 111 n°441-442, 1990. pp. 266-273; doi : 10.3406/roma.1990.1655 http://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_1990_num_111_441_1655
Autre lien :
De septem verbis christi in cruce de Bède, dans la Patrologie de Migne. (PL 94 0561B)
Benedictum sit dulce nomen Domini Dei nostri Iesu Christi, et dulcissimae virginis Mariae matris eius in aeternum et ultra. Amen.
Domine Iesu Christe Fili Dei vivi, qui septem verba ultimo vitae tuae in cruce pendens dixisti, ut semper illa sanctissima verba in memoria habeamus, rogo te, per virtutemillorum septem verborum, ut mihi parcas et indulgeas, quidquid peccavi et commisi per septem peccata mortalia, vel ex eis procedentia, scilicet de superbia, avaritia, luxuria,invidia, ira, gula et acedia. (0561C) Domine Iesu Christe Fili Dei vivi, sicut tu dixisti, Pater, ignosce crucifigentibus me, fac ut ego amore tuo parcam cunctis mihi mala facientibus;et sicut tu dixisti matri tuae, Mulier, ecce filius tuus, deinde dixisti discipulo tuo, Ecce mater tua, fac ut matri tuae me societ amor tuus et charitas vera: et sicut tu dixisti latroni,Hodie mecum eris in paradiso, fac me ita vivum, ut in hora mortis dicas mihi, Hodie mecum eris in paradiso. Et sicut dixisti, Heli, Heli, Lamma Sabachtani, hoc est, Deusmeus, Deus meus, ut quid dereliquisti me, fac me dicere in omni tempore angustiae et tribulationis meae, Pater mi Domine, miserere mihi peccatori, rege me Rex meus et Deusmeus, qui tuo proprio sanguine me redemisti. Et sicut tu dixisti, sitio, scilicet salutem animarum sanctarum, quae in limbo erant, adventum tuum exspectantium, fac ut egosemper sitiam te diligere, fontem aquae viventis, fontem aeternae lucis, et ut toto corde desiderem te. Et sicut tu dixisti, Pater, in manus tuas commendo spiritum meum, fac utin hora mortis meae perfecte et libere possim dicere tibi, Pater, in manus tuas, commendo spiritum meum. Recipe me venientem ad te, quia non constituisti certumtempus vitae meae, et sicut tu dixisti, Consummatum est, quod significat et dolores, quos pro nobis miseris peccatoribus susceperas, iam finiri: fac ut in egressu animae meaeaudire valeam illam dulcissimam vocem tuam, Veni anima mea dilecta, quia iam disposui penurias tuas consummare: Veni ut mecum conscendas cum sanctis et electis meis in regno meo epulari, iocundari, et commorari per infinita saecula saeculorum. Amen.
Il me faut maintenant souligner que, dans le texte de la septième parole, le fragment qui est inscrit sur le vitrail, Veni, amica mea, dilecta mea, quia disposui fait référence directe au Cantique des Cantiques, dans lequel les injonctions "amica mea", dilecta, et l'impératif Veni constelle le texte. Ainsi 4:1 quam pulchra es amica mea quam pulchra es oculi tui columbarum Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes , 4:7 tota pulchra es amica mea et macula non est in te , ou 4:8 veni de Libano sponsa veni de Libano veni coronaberis de capite Amana Viens avec moi du Liban, ma fiancée, Viens avec moi du Liban ! Regarde du sommet de l'Amana.
Dans la dernière strophe de la prière, le fidèle évoquant sa propre mort et le moment terrible de ses derniers instants en méditant sur le cri "Tout est consommé" trace soudain un tableau très tendre de sa vie au Ciel. Il se voit devenir l'amante désirée par son Seigneur, qualifiée de bien-aimée (amica), de chérie (dilecta), et conviée à un banquet somptueux (epulari) et à des réjouissances (iocundari) dans un vocabulaire propre à la jouissance des sens, tout ceci parmi les anges dont on imagine la beauté lumineuse, les chants et la musique.
La citation des septem verbi, dans le contexte de cet ensemble de baies de Merléac.
Le premier contexte, c'est celui de la Vierge couronnée et de son Assomption. Le second con-texte, texte voisin, c'est celui d'une première référence au Cantique des Cantiques avec l'inscription de la baie 3 Quae est ista quae ascendit sicut aurora consurgens, pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata? Le Cantique des Cantiques 6:9 pour rapporter les éloges amoureux de Salomon à sa belle à la Vierge de l'Apocalypse : Dieu est l'amant, et Marie sa bien-aimée.
C'est donc à Marie que l'ange thuriféraire — porte parole de Dieu — adresse les mots Veni dilecta mea quia iam disposui petitiones en les détournant de l'oraison du Pseudo-Bède.
Et le quadrilobe, qui montre Marie couronnée transportée par deux anges, complète ou "réalise" cette inscription.
.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le quadrilobe de la baie 5 : l'Assomption de la Vierge.
Comme pour nous persuader encore que ces verrières illustraient la fête, l'office ou le culte de l'Assomption, par l'assimilation de Marie à l'Épouse de Dieu qu'il rappelle en son royaume au terme de son existence ici-bas, le quadrilobe montre Marie couronnée élevée aux Cieux par deux anges qui la portent dans son linceul, tandis qu'un autre ange porte sa couronne.
L'assimilation entre l'Assomption et des Noces, mais aussi avec le Couronnement de la Vierge comme reine des Cieux et reine des anges est implicite, mais insistante.
C'est la raison pour laquelle j'interprète les couronnes des bordures (de ces baies et de la maîtresse-vitre) comme des couronnes de la Vierge, dans une signification spirituelle et liturgique, et non historique, héraldique, ou liée au "chiffre" d'Olivier de Clisson.
L'ange le plus bas porte l'amict, au col en U, déjà remarqué, ainsi que le bandeau perlé, et un nimbe crucifère.
Les deux anges latéraux sont des chérubins, à deux paires d'ailes et le corps recouvert de plumes.
Jaune d'argent : chevelures, bandeaux, couronne, rémiges des ailes,.
Fond : uni.
.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Les chérubins tenant le linceul.
.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 5, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
.
La baie 7 (vers 1402 ; 1990) éclaire la nef du bas-coté nord .
Haute de 2,60 m et large de 1,08 m, elle se compose de deux lancettes trilobées et d'un tympan à deux trilobes et un quadrilobe sommital. Comme les autres, elle associe des panneaux composites du début du XVe siècle dans une disposition fixée en 1990.
Selon Gatouillat et Hérold, les lancettes renferment des grisailles décoratives modernes avec couronnement de dais architecturaux dans les têtes de lancettes.
.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Les lancettes : tous les panneaux, modernes, sont identiques.
.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Les têtes de lancette et leur fond damassé.
.
La lancette A (de gauche) : sur le sommet d'une arcade à crochets (perdue hormis son fleuron) se dresse une tour crénelée coiffée d'un toit. Autour de ce beau travail en grisaille et jaune d'argent, je m'attarde à admirer les fonds damassés. Sur un verre rouge, la grisaille très noire car très concentrée est appliquée uniformément puis ôtée avec le manche d'un pinceau, "au petit bois", ou avec d'autres outils. Ce sont des rinceaux montant leurs tiges serpentines avant de libérer une fleur de cinq à sept folioles. De charmantes vrilles naissent à l'aisselle des tiges et aventurent hardiment leurs drôles de tortillons. Le peintre n'a tracé aucune hélice (les spires ne se croisent pas) en circumnutation, mais des segments discontinus en arc de cercle de concavité opposée. Le modèle botanique, s'il en est un, n'est pas la vigne ; est-ce la Bryone dioïque, dont les enroulements sont symétriques et alternés ?
.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Coté gauche de la tête de lancette A.
.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Coté droit de la tête de lancette A.
Le sommet des pinacles du dais architectural dresse ses extrémités, en tiges d'asperge ou en grelot.
.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
La baie 7, bas-coté nord de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
Le tympan de la baie 7 : encore l'Assomption.
Trilobes : anges porteurs de phylactères et de couronnes (patrons retournés).
Quadrilobe : ange thuriféraire et 2 anges enveloppant le corps de la Vierge dans un linceul . (quelques bouches-trous).
.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
a) le trilobe de gauche. Ange portant un phylactère et une couronne.
.
L'inscription indique : VENI SPONSA XXI [CHRISTI] ACCIPE CORONAM
Il s'agit de l'incipit du cantique grégorien :
Veni sponsa Christi, accipe coronam,
quam tibi Dominus preparavit in aeternum :
pro cuius amore sanguinem tuum fudisti.
Dilexisti iustitiam, et odisti iniquitatem :
propterea unxit te Deus, Deus tuus,
oleo laetitiae prae consortibus tuis.
Specie tua, et pulchritudine tua intende,
prospere procede, et regna.
"Viens, épouse du Christ, reçois la couronne
que le Seigneur t'a préparée pour l'éternité :
lui pour l'amour de qui tu as répandu ton sang.
Vous avez aimé la justice, et haï l’iniquité :
c’est pour cela que Dieu, votre Dieu, vous a oint de l’huile d’allégresse,
en préséance à ceux de votre condition.
Dans votre éclat et votre beauté,
avancez, marchez au succès et régnez."
Ce premier vers est une référence évidence au Cantique des Cantiques 4:8 veni de Libano sponsa veni de Libano veni coronaberis de capite Amana "Viens avec moi du Liban, ma chérie, viens avec moi du Liban! Regarde du sommet de l'Amana,", dans lequel coronaberis, 2 éme personne singulier futur indicatif passif de corono "couronner, assister à un festin la tête couronnée", mais qui traduit l'hébreu Ro'sh "tête, sommet, crête (de montagne) et fidèlement traduit par Segond par "regarde du sommet" incite, dans cette forme latine, à passer au sens de "reçois la couronne".
Le cantique figure dans l'Antiphonaire d'Hartker Cod. Sang.391 de la bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall datant de 990-1000, issu de Comm. Virginum folio 189. Je rappelle que nous y avons déjà trouvé la source du cantique Que est isa que ascendit sicut du trilobe de la baie 3.
La thématique de l'Épouse du Christ, appelée aux Cieux dans une Assomption qui est aussi un Couronnement, se trouve donc une fois encore affirmée, d'autant que l'ange qui présente ce phylactère tend une couronne.
Fond damassé bleu : R1, à vrilles et feuilles trifoliées regroupées.
Jaune d'argent : couronne, aile.
.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
b) Trilobe de droite du tympan de la baie 7. Ange portant un phylactère.
Le texte de l'inscription du phylactère est le même : VENI SPONSA CHRISTI ACCIPE CORONAM.
Comme son voisin, l'ange au front ceint d'un bandeau perlé est vêtu d'une cape brodée d'or. Il porte l'amict au col en U ou en Oméga, bien visible ici.
Fond damassé bleu : R1 à vrilles et feuilles trifoliées regroupées..
Jaune d'argent : couronne, aile, cheveux, orfrois.
.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Trilobe droit du tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
c) Quadrilobe de la baie 7 : l'Assomption.
.
Comme dans une reprise du quadrilobe de la baie 5, le corps de la Vierge est soutenu par deux anges sur le linceul de sa Dormition, et accueilli par un ange thuriféraire. Les anges portent la même tenue que dans les trilobes.
.
.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
L'ange thuriféraire ( qui se sert de l'encensoir ou thuribulum) est aussi un ange naviculaire, puisqu'il tient de la main droite la navette contenant les grains d'encens à brûler. L'encens (latin thus, du grec θύος ,thúos "parfum" mais aussi "victime") est extrait de Boswellia sacra.
Les trois chaînes sont peintes par un large trait de grisaille noire, sur lequel des petits crochets en E alternativement inversés sont dessinés par enlevage au petit bois. Même technique d'enlevage pour le bandeau perlé.
La chevelure est rendue souple et dynamique par un mouvement emportant les mèches vers la gauche .
.
Tympan de la baie 7, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
La baie 9 éclaire le fond ouest du bas-coté nord de la nef.
Je ne la décrirai pas.
.
la baie 9, bas-coté nord de la nef de la chapelle Saint-Jacques à Merléac. Photographie lavieb-aile septembre 2017.
.
CONCLUSION.
.
La conclusion semble s'imposer : loin d'avoir affaire à cinq verrières d'intérêt secondaire, aux thèmes iconographiques dispersées par les recompositions et les compléments modernes, nous avons ici un ensemble d'intérêt majeur à tout point de vue.
Sur le plan de l'histoire des vitraux bretons et de la technique de la peinture sur verre, la présence de panneaux du premier quart du XIVe siècle est à elle seule très précieuse.
Sur le même plan, les panneaux plus nombreux qui datent du début du XVe siècle sont également parmi les plus anciens de notre patrimoine de vitraux de Bretagne.
Mon examen des fonds damassés ne m'a permis de retrouver que deux ou trois cartons ou pochoirs. Cela permet néanmoins de constituer une base qu'il faudra comparer aux fonds des verrières du XVe siècle. Quelques liens au passage :
Fond damassé F1 et F 2 :
baie 105 de Quimper http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-ix-la-baie-n-105.html
baie 103 de Quimper : http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-ix-la-baie-n-105.html
L'attention portée à l'emploi du jaune d'argent n'a pas été aussi fructueuse que je l'espérais, et je n'ai trouvé ici ni rehaut des pupilles (que j'ai cru remarquer sur la maîtresse-vitre), ni rehaut d'autres parties du visage comme je l'ai observé à la cathédrale de Quimper.
Surtout, j'ai été récompensé, comme on l'aura compris, par l'analyse thématique et scripturaire de cet ensemble, qui met en évidence l'expression d'une dévotion à la Vierge couronnée de l'Assomption. Á mes yeux, la mention sur ces verres du début du XVe siècle de citation de cantiques grégoriens liés à la Vierge de l'Apocalypse et à l'Assomption est passionnante, et l'application de l'oraison des Sept paroles du Christ du Pseudo-Bède à Marie, Épouse accueillie et fêtée éclaire de manière fascinante la mystique mariale du XVe siècle.
Si je ne devais conserver que quelques images, je garderais l'Enfant caressant les cheveux de sa Mère de la baie 1, les visages des anges de la baie 3, et, par dessus tout, la Vierge du tympan de la baie 3, tenant dans ses bras le Christ de Pitié, bouleversante image de Pietà glorieuse, peut-être unique en iconographie.
.
.
SOURCES ET LIENS.
— COUFFON (René), 1935,
— FERRAND (Jessica) 2013, Le phénomène de brunissement des vitraux médiévaux : critères d’identification et nature de la phase d’altération.THÈSE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ PARIS-EST ÉCOLE DOCTORALE SIE Laboratoire Géomatériaux et Environnement . Université Paris-Est, 2013. Français. ¡ NNT : 2013PEST1174 ¿.
https://hal.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/962174/filename/TH2013PEST1174_complete.pdf
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. pages 80-82
— GESLIN DE BOURGOGNE (Jules-Henri), "l'église Saint-Jacques à Saint-Léon de Merléac", Bull. et Mém. Soc. Émulation Côtes du Nord, t. II, 1865, p.1-17.
— JUREZ (Yann), 1992, Les vitraux de la chapelle Saint-Jacques à Merléac (Côtes d'Armor), Mémoire de DEA, Paris-Sorbonne,. 1992 80 p 221 ill. (non consulté)
— JOLLIVET (Benjamin-Philibert ) 1859 Les Côtes-du-Nord: histoire et géographie de toutes les villes et communes ...page 475
https://books.google.fr/books?id=EtOuBHQQ0z0C&pg=PA476&dq=Les+vitraux+de+la+chapelle+Saint-Jacques+%C3%A0+Merl%C3%A9ac&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiHp8HW1r7WAhUlK8AKHZRpCNIQ6AEIPjAE#v=onepage&q=Les%20vitraux%20de%20la%20chapelle%20Saint-Jacques%20%C3%A0%20Merl%C3%A9ac&f=false
— LAFOND (Jean), 1943, Essai historique sur le jaune d'argent.
— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental Année 2000 Volume 158 Numéro 2 pp. 89-107
http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371
.
http://chapelle-merleac.weebly.com/verriegraveres.html
http://www.vitrailfrance.com/nosrestaurations6.html
http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm10101/eg_StJacques@Merleac.php
.