L'église Saint-Salomon de La Martyre X : les vitraux du chœur (vers 1540). La baie 2.
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- L'église Saint-Salomon de La Martyre I. L'Arc de triomphe (vers 1520) et le porche sud. (1430)
L'église Saint-Salomon de La Martyre II. Le bénitier de 1681.
L'église Saint-Salomon de La Martyre III. Les bénitiers de 1601 et 1619.
L'église Saint-Salomon de La Martyre. IV. L'ossuaire (1619). Les inscriptions. Les crossettes.
L'église Saint-Salomon de La Martyre. V. Les peintures murales. (vers 1450).
L'église Saint-Salomon de La Martyre VII. Les chapiteaux du chœur.
L'église Saint-Salomon de La Martyre VIII : les vitraux du chœur (vers 1540). La baie 0.
L'église Saint-Salomon de La Martyre IX : les vitraux du chœur (vers 1540). La baie 1.
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Les cinq baies du XVIe siècle (baies n° 0, 1, 2, 3 et 5) de l'église de La Martyre (Finistère) sont classés MH en 1906. Les trois baies du chœur (de gauche à droite les baies 1, 0, et 2) ont été restaurées en 2008-2009 par l'atelier Antoine Le Bihan de Quimper, la ferronnerie Hembolds de Corps-Nuds (35), et par l'Armoricaine de restauration de Plélo (22) pour la taille des pierres, sous la direction de l'architecte-en-chef des Monuments historiques Marie-Suzanne de Ponthaud.
Historique.
Si la nef de six travées a été achevée vers 1450, "le chœur fut rebâti au cours du deuxième quart du XVIe siècle, alors terminé par un chevet plat percé d'une large baie dotée d'une verrière." Gatouillat 2005). [ Selon Jean-Jacques Rioult (2007), le chevet plat fut reconstruit vers 1530 (en jaune sur le plan suivant) "sur le modèle à pans et pignons multiples dit "Beaumanoir" selon une mode nouvelle du premier quart du XVIe siècle". ]
"Vers 1760, les fenêtres du bas-coté sud furent modifiées et la partie orientale de l'église transformée en une abside à trois pans, campagne qui provoqua le remontage de la maîtresse-vitre du XVIe siècle suivant l'agencement actuel : la Crucifixion en triptyque qui en occupait le centre fut replacée en haut des lancettes de la nouvelle fenêtre d'axe, tandis que les panneaux latéraux qui l'entouraient, dissociés, étaient logés dans les deux baies latérales certains élargis de bordures blanches. Devant les sujets qui ont survécu, on observe que la verrière primitive comprenait un cycle de la Passion particulièrement développé, intégrant des scènes peu représentées dans la région. (la descente aux limbes, l'apparition du Christ à sa mère). Chaque représentation, surmontée d'ornements Renaissance, occupait en hauteur deux panneaux, ce qui laisse imaginer la monumentalité de la composition initiale. Placés à l'origine dans les angles de ce grand tableau, les portraits des donateurs sont maintenant relégués en baie 1 ; on y a reconnu avec vraisemblance le vicomte René Ier de Rohan (1516-1552, fils de Pierre, maréchal de Gié) et sa femme Isabeau d'Albret, fille de Jean, roi de Navarre, et de Catherine de Foix.L'importance de ces commanditaires justifie la qualité remarquable de leur don. Les modèles utilisés sont en partie identiques à ceux de la verrière de La Roche-Maurice (1539) mais l'exécution est ici bien plus soignée." (Gatouillat 2005)
L'œuvre est souvent daté de 1535, à la suite d'une allégation non confirmée de René Couffon (cf. baie 0), mais le Corpus Vitrearum la date "vers 1540".
Les 3 baies du chœur (baie 0 au centre, baie 2 à gauche et baie 1 à droite) sont attribuées à l'atelier Le Sodec, (Laurent et Olivier – 1er quart XVIe– et Gilles –1543–), maîtres-verriers de Quimper.
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La baie 2.
Haute de 6,80 m et large de 1,85 m, la baie 2 est composée de 2 lancettes composites et d'un tympan à 4 ajours et 4 écoinçons. Les 12 panneaux regroupés ici sont originaires de plusieurs verrières, ceux de la Vie Glorieuse du Christ provenant de la maîtresse-vitre.
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Registre supérieur. Résurrection et Ascension.
Il regroupe deux panneaux venant de la baie 0 : le Christ de la Résurrection à gauche, et l'Ascension à droite.
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Christ de Résurrection. 1 panneau A6.
Emploi de verres rouges gravés.
Voir Dürer, Grande Passion (1510) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Passion#/media/File:D%C3%BCrer_-_Large_Passion_12.jpg.
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L'Ascension. 2 panneaux B5 et B6.
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Deux scènes d'une vie de saint (vers 1590-1600). Panneau A5 et B4.
Deux clercs et un laïc marchandant un bœuf ?
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Guérison d'un malade par saint Avertin (ou saint Yves).
Selon le chanoine Abgrall "Saint Avertin, coiffé d’un tricorne, soigne la tête d'un homme, qui a un genou à terre [Note : Saint Avertin était autrefois en grande vénération à La Martyre. Une chapelle, aujourd’hui détruite, lui était dédiée au Prieuré d'Irziri. Jusqu’à ces derniers temps, on venait encore s’agenouiller sur l'emplacement de sa chapelle, pour lui demander la guérison de maux de tête]."
Le "tricorne" est assimilable à une barrette de clerc. Le saint porte à la ceinture un fourreau, et semble tenir en main le manche d'une dague posée (enfoncée) sur la tête du "patient".
Avertin, nom francisé d'Aberdeen. Disciple de saint Thomas de Cantorbery, ou Thomas Beckett, il accompagna son évêque lors de son exil en France. Après le martyre de saint Thomas, saint Avertin revint en France et se fixa en Touraine pour y vivre la vie érémitique.
Voir ici le culte de Sant Everzin dans le Finistère (BDHA 1924).
Selon Louis Réau 1958 " Il était invoqué par les gens souffrant de maux de tête qu'on appelait avertineux : avertin était, en vieux français, synonyme de vertige."
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La Fuite en Égypte (même série que supra).
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Registre médian, partie gauche :
Apparition du Christ à la Vierge (en haut) combinée à l'Apparition à la Madeleine (en bas).
Apparition du Christ à sa mère combinée à l'Apparition à la Madeleine, baie 2, église de La Martyre. Photographie lavieb-aile.
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Apparition du Christ ressuscité à sa Mère.
Le Christ, dans une mandorle de gloire, tenant l' étendard et revêtu du manteau rouge de la Résurrection, montre les plaies de ses mains et du thorax à sa Mère. Cette dernière est plus basse, car elle est assise. Son visage est recouvert par un voile bleu, qui se prolongeait sans-doute par son manteau. La scène se passe dans sa chambre, dont nous voyons les arcades cintrées, le rideau rouge du lit, et quelques ustensiles (pichet et assiette).
Ce motif iconographique est particulièrement rare en Bretagne (ce serait son seul exemple). Pourtant, un rapide recensement retrouve la liste partielle suivante, qui montrera un point de départ flamand en 1445 (Van der Weyden), une reprise par Dürer en 1510, une diffusion dans le Nord et l'Est, mais aussi dans l'Ouest de la France (Rouen, Chartres) entre 1511 et 1530. C'est sous cette influence flamande, germanique et des verriers de Rouen que le motif surgit à La Martyre vers 1540.
La mandorle d'irradiation divine de la baie de La Martyre n'est pas présente dans le Retable de Van der Weyden, alors qu'elle figure, sous une forme proche, sur la gravure de Dürer. Par contre, les arcades de la chambre sont inspirées du Retable Miraflores.
Petite iconographie (coordonnées et liens en annexe).
a) Peinture et gravure.
— Rogier van der Weyden, Retable Miraflores, ca. 1445
— Rogier van der Weyden, Apparition du Christ à sa Mère ca 1496,
— Albrecht Dürer, Petite Passion 1509-1511 — Triptyque de Châtillon-sur-Chalaronne (Ain), 1527.
— Gregório Lopes, Apparition du Christ à la Vierge, 1540, Setúba
— Triptyque de l'église de Saint-André-les-Vergers (Aube) XVIe
— Cristoforo Casolani, v.1552-1606, chœur de Sainte-Marie-Des-Monts
— Le Guerchin, église Saint-Nom-de-Dieu, Cento, 1629, Cento, Pinacothèque Municipale
— Nicolas Halins actif 1513-1540, Vallant-Saint-Georges,
b) Sculpture
— Amiens, stalles de la cathédrale, 1508-1522.
—Chartres, Cathédrale, tour du chœur, 1516-1517.
— Brou (Bourg-en-Bresse, Ain): église Saint-Nicolas-de-Tolentino, chapelle de Marguerite d'Autriche : retable des Sept Joies de la Vierge , vers 1528.
— Champagne (Troyes ?), retable du Louvre, 2nd quart XVIe.
— Pleyben, chapelle Notre-Dame de Lannelec : Maître-autel XVIIe siècle.
c) Vitraux.
—Mons (Belgique), Vitrail de la Collégiale Saint-Waudru, 1511.
— Ceffonds (Haute-Marne), église Saint-Rémi : Vie Glorieuse du Christ 1511-1513
— Châlons-en-Champagne (Marne), Vitrail du collatéral nord de la Collégiale Notre-Dame-en-Vaux . 1526.
— Brou (Bourg-en-Bresse, Ain): église Saint-Nicolas-de-Tolentino, Vitrail entre 1527 et 1529.
— Rouen Vitrail de la Vie Glorieuse du Christ qui clôt le cycle de la Passion 1520-1530
— Saint-Aspais Melun Baie 0, verrière des Apparitions du Christ, XVIe siècle.
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La scène suivante, l'Apparition du Christ à Marie-Madeleine, est basée sur un texte évangélique, Jean 20:11-18. Elle forme un ensemble avec la précédente, mais aussi avec le panneau de la Descente aux Limbes, avec celui de l'Ascension, et avec d'autres scènes non représentées (ou non conservées), comme l'apparition aux Pèlerins d'Emmaüs, aux onze apôtres, à saint Thomas incrédule. Toutes les apparitions du Christ ressuscité sont vues d'une part comme des témoignages historiques qui attestent de la réalité de la Résurrection, et d'autre part comme les épisodes de la Vie Glorieuse qui couronnent les temps précédents de l'Incarnation et de la Rédemption.
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Noli me tangere : apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine (fragment).
Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine, baie 2, église de La Martyre. Photographie lavieb-aile.
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Partie inférieure. Mise au Tombeau et Descente aux Limbes.
1. Mise au Tombeau.
En arrière-plan, saint Jean et la Vierge, une sainte femme et Joseph d'Arimathie tenant un flacon d'onguent.
Au premier plan, de gauche à droite sainte Marie-Madeleine, le Christ (nimbe avec verres rouges gravés), Joseph d'Arimathie (toujours à la tête du Christ), une sainte femme, et Nicodème (toujours aux pieds).
Les fragments de deux ou plusieurs panneaux se trouvent ici utilisés.
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2. Descente aux Limbes.
Ce thème reprend celui qui figure sur les peintures murales du Jugement Dernier du chœur de l'église.
Comparez avec :
– Dürer, Grande Passion :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grande_Passion#/media/File:D%C3%BCrer_-_Large_Passion_11.jpg
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TYMPAN.
Macédoine d'éléments divers avec, au centre, un fragment d'une scène retaillée, le Festin d'Hérode (2ème moitié XVIe) , issu d'un cycle d'une Vie de Jean-Baptiste. De gauche à droite, Salomé, sa mère Hérodiate, et le roi Hérode, autour de la tête coupée de Jean-Baptiste.
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ANNEXE L'APPARITION DU CHRIST À SA MÈRE.
1. Thème scripturaire. |
—Voir Mimouni 2011. La croyance en l'Apparition du Christ à sa Mère est défendu par Rupert de Deutz et Eadmer de Canterbury au XIIe siècle ...
—Voir JEAN-PAUL II, 1997, "Catéchèse de Jean Paul II sur l'apparition du Christ à sa mère".
L’idée selon laquelle le Christ serait apparu à la Vierge après sa Résurrection est peu répandue dans les sources textuelles. Les évangiles canoniques n’en font pas mention, pas plus que les évangiles apocryphes à l’exception du Livre de la Résurrection de Jésus-Christ par l’apôtre Barthélemy
—Le Livre de la Résurrection de Jésus-Christ par l'apôtre Barthélémy est un apocryphe copte rassemblant des traditions d'origines diverses, probablement pour un usage liturgique, et exprimant la piété de la communauté copte des V et VIe siècles. La traduction est faite sur un texte établi à partir de trois manuscrits : Londres, British Library, Oriental 6804; un manuscrit fragmentaire conservé en divers feuillets des manuscrits coptes de Paris (12917, 61.51.63.31.33-36.66), Vienne (K 9424 et Κ 9425) et Berlin (16083); un autre manuscrit fragmentaire conservé en divers feuillets des manuscrits coptes de Paris (12917, 59.60.32; 78, 5-8).
— Livre de la Résurrection de Jésus-Christ par l'apôtre Barthélemy, in Écrits apocryphes chrétiens Tome I Trad. de différentes langues par un collectif de traducteurs. Édition publiée sous la direction de François Bovon et Pierre Geoltrain 1997 Bibliothèque de la Pléiade, n° 442
— L'Évangile de Barthélemy, d'après deux écrits apocryphes traduit et annoté par Jean-Daniel Kaestli, Pierre Chérix Brépols, 1993 - 281 pages
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" Le dimanche matin, alors qu'[il faisait sombre],encore, les saintes femmes sortirent pour aller au tombeau... Elles se tenaient dans le jardin de Philogène le jardinier. ...Le Sauveur vint en leur présence, monté sur le grand char du Père de l'Univers. Il s'écria dans la langue de sa divinité : « Mari Khar Mariath ! », ce qui se traduit par « Mariham, la mère du Fils de Dieu ». Or, Marie comprit la signification de la parole et elle dit : « Hramboun[ei] Khatiathari Miôth ! », ce qui se traduit par : « Le Fils du Tout-Puissant, le Maître et mon Fils ! » " (in Mimouni p.147) Cette théophanie est l’occasion de longues louanges que le Ressuscité adresse à sa mère. À la demande de cette dernière, il bénit le ventre qui l’a porté. Pour finir, Jésus ordonne à sa mère d’aller apporter la bonne nouvelle de sa Résurrection aux disciples, un rôle qui est traditionnellement dévolu aux saintes femmes ou, dans la tradition johannique, à Marie-Madeleine.
— Dans la Vie de la Vierge de Maxime le Confesseur l’apparition a lieu aux abords du sépulcre et Marie assiste à la Résurrection de son Fils. Sa présence en ce lieu s’inscrit dans la continuité du récit de la Mise au tombeau, dans lequel l’auteur indique que Marie reste près du tombeau pour prier après que le corps du Christ a été enseveli. À la suite de cette première apparition, la Vierge retourne dans la maison de Jean où Jésus lui apparait encore à plusieurs reprises.
— saint Ambroise (340-397), dans son traité sur la virginité ( Liber de Virginitate ) écrit " Vidit ergo Maria resurretionem Domini: et prima vidit, et credidit " ( "donc Marie vit la résurrection du Seigneur : elle le vit d' abord et elle a cru " )
— JACQUES DE VORAGINE, XIIIe siècle, Légende Dorée, Résurrection de Notre-Seigneur.
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome01/056.htm
« On croit que J.C. apparut avant tous les autres à la Vierge Marie, quoique les évangélistes gardent le silence sur ce point. L'Eglise romaine paraît approuver cette opinion puisque, au jour de Pâques, la station a lieu à Sainte-Marie-Majeure. Or, si on ne le croit pas en raison qu'aucun des évangélistes n'en fait mention, il est évident qu'il n'apparut jamais à la sainte Vierge après être ressuscité, parce qu'aucun évangéliste n'indique ni le lieu ni le temps de cette apparition. Mais écartons cette idée qu'une telle mère ait reçu un pareil affront d'un tel Fils.
Peut-être cependant les évangélistes ont-ils passé cela sous silence parce que leur but était seulement de produire des témoins de la Résurrection; or, il n'était pas convenable qu'une mère fût appelée pour rendre témoignage à son Fils : car si les paroles des autres femmes, à leur retour du sépulcre, parurent des rêveries, combien plus aurait-on cru que sa mère était dans le délire par amour pour son fils. Ils ne l’ont point écrit, il est vrai, mais ils l’ont laissé pour certain : car J.C. a dû procurer à sa mère la première joie de sa résurrection; il est clair qu'elle a souffert plus que personne de la mort de son Fils; il ne devait donc pas oublier sa mère, lui qui se hâte de consoler d'autres personnes. C'est l’opinion de saint Ambroise dans son troisième livre des Vierges : « La mère, dit-il, a vu la résurrection; et ce fut la première qui vit et qui crut ;Marie-Magdeleine la vit malgré son doute. » Sedulius s'exprime comme il suit en parlant de l’apparition de J.-C. : Semper virgo manet, hujus se visibus astans Luce palan Dominus prius obtulit, ut bona mater, Grandia divulgans miracula, quae fuit olim Advenientis iter, haec sit redeuntis et index . "Le Seigneur apparaît à Marie toujours vierge tout aussitôt après sa Résurrection, afin qu'en pieuse et douce mère, elle rendit témoignage du miracle. Celle qui lui avait ouvert les portes de la vie dans sa naissance, devait aussi prouver qu'il mail. quitté les enfers. (Carmen Paschale, v, p. 361.)". "
— Meditationes Vitae Christi PSEUDO-BONAVENTURE Voir Bnf Italien 115 gallica
Dans les Méditations sur la vie du Christ [ Méditations 257-258, 2nd quart XIVe ] , le récit de l’apparition du Christ à sa mère possède une véritable vocation narrative et s’enrichit de nombreux détails. Au matin du dimanche qui suit la mort du Christ, Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et Salomé se rendent au sépulcre, conformément au récit évangélique de Marc. La Vierge, quant à elle, reste à la maison et prie Dieu avec ferveur pour qu’il lui accorde la joie de revoir son Fils. C’est alors que Jésus lui apparait, revêtu de vêtements blancs. « Son visage est serein ; il est beau, glorieux, joyeux ». Marie s’agenouille pour adorer le Christ ressuscité mais celui-ci s’agenouille également devant sa mère. Après s’être relevés, ils s’embrassent, « visage contre visage », et la Vierge enlace étroitement son Fils. Tous deux s’assoient ensuite et conversent pendant un moment. Le récit s’achève avec le départ de Jésus qui doit aller consoler Marie-Madeleine car elle vient de constater la disparition de son corps au sépulcre. (S. Ferraro 2012)
— IGNACE DE LOYOLA, Exercices spirituels.
Bien que ces écrits soient postérieurs au vitrail de La Martyre, et que les Pères Jésuites ne s'installèrent à Rennes qu'en 1604, à Quimper depuis 1619, à Vannes en 1631 et à Brest en 1686, il est intéressant de découvrir que dans ses Exercices spirituels, saint Ignace (1491-1556) parle de l’apparition du Christ ressuscité à Notre-Dame en deux endroits : au début de la quatrième semaine (Ex. 218-225) et dans le livret des « Mystères de la vie du Christ Notre-Seigneur » (Ex. 299-312).
"Quatrième semaine Premier jour Première contemplation Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apparut à Notre-Dame."
"Le premier prélude est l'histoire de la contemplation. Ici, je me rappellerai comment, Jésus ayant rendu le dernier soupir sur la Croix, son corps resta séparé de son âme, sans cesser d'être uni à la Divinité; comment son âme bienheureuse, unie aussi à la Divinité, descendit aux enfers, délivra les âmes des Justes et revint au Sépulcre; comment, enfin, le Sauveur, étant ressuscité, apparut en corps et en âme à sa Mère bénie. Le second est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me représenterai la disposition du saint Sépulcre, et la maison où se trouve Notre-Dame; considérant en particulier les appartements qui la composent et spécialement la chambre et l'oratoire de la Mère du Sauveur. Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cet exercice, je demanderai la grâce de ressentir une vive allégresse et une joie intense de la gloire et de la joie immense de Jésus-Christ, notre Seigneur. Le premier, le second et le troisième point seront les mêmes que dans la contemplation de la Cène. Dans le quatrième, je considérerai comment la Divinité, qui semblait se cacher dans la Passion, paraît et se manifeste dans la Résurrection par des effets de puissance et de sainteté qui n'appartiennent qu'à elle. Dans le cinquième, je considérerai comment Notre-Seigneur Jésus-Christ exerce auprès des siens l'office de consolateur, le comparant à un ami qui console ses amis.Je terminerai par un ou plusieurs colloques conformes au sujet de la contemplation, et je réciterai le Notre Père."
Ces "exercices" montrent que les verrières, loin d'être décoratives, sont des supports de méditations spirituelles, de participation imaginative, visuelle et sensorielle ou affective de la Vie du Christ.
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2. Iconographie détaillée.
(Voir aussi J D. Breckenridge 1957 et site Imaginem Dei )
a) Peinture et gravure.
— Rogier van der Weyden, Retable Miraflores, ca. 1445. Berlin, Gemaeldegaleris
https://fr.wikipedia.org/wiki/Retable_de_Miraflores#/media/File:Rogier_van_der_Weyden_-_The_Altar_of_Our_Lady_(Miraflores_Altar)_-_Google_Art_Project.jpg
Dans l'image , nous voyons que, comme cela est décrit dans le Miroir de la vie bienheureuse de Jésus - Christ (Meditationes Vitae Christi) , Marie était en prière quand Jésus est apparu. Son livre de prière se trouve sur le banc à côté d' elle. Elle est tombée à genoux et lève les mains en signe de surprise ou de prière. Jésus se tient à côté d' elle, enveloppée dans un manteau rouge, les plaies de ses mains, les pieds et le côté clairement visible. Les deux figures sont positionnés dans un cadre gothique comme une porte. Derrière eux , on peut voir dans un plus grand espace ouvert, une salle voûtée avec des colonnes et du carrelage. Il y a des fenêtres et une porte ouverte qui donne sur un paysage de jardin tranquille où Jésus peut être vu sortant de la tombe en présence d'un ange et des gardes endormis. Au loin, les trois femmes peuvent être vues en train d'approcher. Cela donne à penser que l'apparition de la Vierge se passe en même temps que l'événement de la Résurrection, ce qui en fait la première apparition de Jésus ressuscité.
— Rogier van der Weyden, Apparition du Christ à sa Mère ca 1496, Metropolitan Museum of New-York
http://www.photo.rmn.fr/archive/08-511088-2C6NU0I5NSUX.html
— Albrecht Dürer, Petite Passion 1509-1511.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Petite_Passion#/media/File:
— Triptyque de Châtillon-sur-Chalaronne (Ain), 1527.
http://www.cnap.fr/l%E2%80%99%C5%93uvre-la-plus-ancienne-du-fonds-le-triptyque-de-ch%C3%A2tillon-sur-chalaronne-ain
— Gregório Lopes, Apparition du Christ à la Vierge, 1540, Setúba
— Triptyque de l'église de Saint-André-les-Vergers (Aube) XVIe. Apparition du Christ à Marie, Descente aux Limbes, Apparition du Christ à Madeleine.
https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Troyes/Saint-Andre-les-Vergers-Saint-Andre.htm
— Cristoforo Casolani, v.1552-1606, chœur de Sainte-Marie-Des-Monts
— Le Guerchin, église Saint-Nom-de-Dieu, Cento, 1629, Cento, Pinacothèque Municipale
— Nicolas Halins actif 1513-1540, Vallant-Saint-Georges,
b) Sculpture
— Chartres, Cathédrale, tour du chœur, 1516-1517.
http://www.cathedrale-chartres.fr/tdc/scenes/scene_33.php
— Brou (Bourg-en-Bresse, Ain): église Saint-Nicolas-de-Tolentino, chapelle de Marguerite d'Autriche : retable en albatre des Sept Joies de la Vierge , vers 1528.
http://www.france-voyage.com/photos/photos-monastere-royal-brou-2112.htm
— Champagne (Troyes ?), retable du Louvre, 2nd quart XVIe.
— Pleyben, chapelle Notre-Dame de Lannelec : Maître-autel XVIIe siècle.
c) Vitraux.
—Mons (Belgique), Vitrail de la Collégiale Saint-Waudru, 1511.
— Ceffonds (Haute-Marne), église Saint-Rémi : Vie Glorieuse du Christ 1511-1513
http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supplement/ceffonds_saint_remi.htm
— Châlons-en-Champagne (Marne), Vitrail du collatéral nord de la Collégiale Notre-Dame-en-Vaux . 1526.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4c/Ch%C3%A2lons-en-Champagne_%2851%29_Coll%C3%A9giale_Notre-Dame-en-Vaux_Vitrail_1.jpg
— Brou (Bourg-en-Bresse, Ain): église Saint-Nicolas-de-Tolentino, Vitrail entre 1527 et 1529.
http://www.france-voyage.com/photos/photos-monastere-royal-brou-2112.htm
— Rouen Vitrail de la Vie Glorieuse du Christ qui clôt le cycle de la Passion 1520-1530 «Atelier Rouennais».
https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm |
— Saint-Aspais Melun Baie 0, la verrière des Apparitions du Christ, XVIe siècle (baie 0) est aujourd'hui considérée comme une oeuvre du maître verrier parisien Jean Chastellain. Le carton de la scène inférieure, "L'Apparition du Christ à sa mère", peut être attribué au peintre Gauthier de Campes.
http://www.wikiwand.com/fr/%C3%89glise_Saint-Aspais_de_Melun
Dürer, Petite Passion
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SOURCES ET LIENS.
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— Extrait de l'émission Des Racines et des Ailes : la restauration des vitraux du chœur avec Antoine Le Bihan et Marie-Suzanne de Ponthaud
https://www.youtube.com/watch?v=0LbuTIMc1pU
— Blog du maître-verrier Le Bihan à Quimper : la restauration des 3 vitraux du chœur
https://www.youtube.com/watch?v=0LbuTIMc1pU
—ABGRALL (Jean-Marie), 1897, La Roche-Maurice La Martyre Ploudiry Livre d'or des églises de Bretagne. Edition d'Art, 1897. Description : In-8, 8 pages plus 8 photos,
— BARRIÉ (Roger), 1976, Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale , Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1976 Volume 83 Numéro 1 pp. 35-44
http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796
— BARRIÉ (Roger), 1978, Étude sur le vitrail en Cornouaille au XVIe siècle. Thèse de troisième cycle. UHB. UER des Arts. Rennes, 2 tomes
— BARRIÉ (Roger) , 1976, "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Volume 83 Numéro 1 pp. 35-44
http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796
— BRECKENBRIDGE (James D.),1957, "Et Prima Vidit": The Iconography of the Appearance of Christ to His Mother The Art Bulletin Vol. 39, No. 1 (Mar., 1957), pp. 9-32 https://www.jstor.org/stable/3047680?seq=1#page_scan_tab_contents
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred) , 1988, La Martyre, Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.
http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/MARTYRE.pdf
http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4bc495e8ae261523262138b91718a386.pdf
— COUFFON (René), 1945, La peinture sur Verre en Bretagne au XVIe siècle", Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne. p.35
http://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffaede742.09604269/1945_02.pdf
— FERRARO (Séverine), 2012. "L’apparition du Christ ressuscité à sa mère" in Les images de la vie terrestre de la Vierge dans l’art mural (peintures et mosaïques) en France et en Italie : des origines de l’iconographie chrétienne jusqu’au Concile de Trente. Art et histoire de l’art. Université de Bourgogne, 2012.
https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-00841816/document
— FONS DE KORT, s.d, [1975], La Martyre, l'église, par Fons de Kort.
— GATOUILLLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) pages 144-146.
— GIANNELLI (Ciro) 1953, Témoignages patristiques grecs en faveur d'une apparition du Christ ressuscité à la Vierge Marie, Revue des études byzantines Année 1953 Volume 11 Numéro 1 pp. 106-119
http://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1953_num_11_1_1076
— HENNAUX (Jean-Marie),2004, « En apparaissant à la Vierge Marie, le Christ ressuscité a fondé son Église », Nouvelle revue théologique, 1/2004 (Tome 126), p. 33-48.
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— JEAN-PAUL II, 1997, "Catéchèse de Jean Paul II sur l'apparition du Christ à sa mère "
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—KERDREL (Audren de), 1880, « Rapport sur les excursions faites à La Martyre, La Roche-Maurice et Pencran pendant le congrès de Landerneau » in Bulletin archéologique de l'Association bretonne page 382
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2074767/f424.item.zoom
« Les vitraux du collatéral nord portent la date de 1562, et non celle de 1567, comme l'a lu M. de Courcy. Ils sont remarquables de dessin et de couleur, et nous avons surtout admiré la scène du crucifiement parfaitement conservée et d'un faire très pur. Un personnage, portant une cotte d'armes, de gueule semée de macles, à genoux auprès d'un évêque , son patron sans-doute, a particulièrement attiré notre attention. C'est évidemment un Rohan. »
— KEROUANTON (Abbé), 1933, « Notice sur La Martyre », in “Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie 1933,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 1 janvier 2017,
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— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2006, Une famille de verriers en Bretagne [les Le Sodec]
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— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2006, Jost de Negker, un mythe qui a la vie dure
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— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, Presses Universitaires de Rennes, p. 298-299.
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— MIMOUNI (Simon), 2011 , Les traditions anciennes sur la Dormition et l'Assomption de Marie: Études littéraires, historiques et doctrinales, Supplements to Vigiliae christianae, Leiden, Boston Brill, chapitre IV « Apparition du Christ ressuscité », pages .
— OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages, 4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. Page 249.
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— POTIER DE COURCY, mention des vitraux de la Martyre in Bulletin archéologique de l'Association bretonne 1849 page 23
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2074644/f24.item.zoom
— RIOULT (Jean-Jacques), 2009, La Martyre, église Saint-Salomon Paris : Société française d'archéologie, 2009 , 7 p. : ill. en noir et blanc, couv. ill en coul. ; 27 cm. (Congrès archéologiques de France, ISSN 0069-8881) In : Congrès archéologique de France, 165e session, 2007 : Finistère / Société française d'archéologie, p. 143-149.
—https://en.wikipedia.org/wiki/La_Martyre_Parish_close
— APEVE, "La Martyre" sur le site de l'Association :
http://www.apeve.net/spip/spip.php?page=page&id_rubrique=3&id_article=99