Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 16:01

Les stalles (chêne, atelier picard, 1492-1500) de l'abbaye Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

 

 

.

 


 

 

Voir dans ce blog la description d'autres stalles :

 En Bretagne par ordre chronologique :

 

Hors Bretagne :

.

 

 

 

 

 

.

PRÉSENTATION

.

L'abbaye Saint-Lucien est une ancienne abbaye bénédictine située sur le territoire de la commune de Beauvais (Oise). Fondée à la fin du VIe siècle, plusieurs fois détruite (par les wikings) ou brûlée (Guerre de Cent ans), ou dévastée (en 1472), elle fut restaurée par son premier abbé commendataire Antoine du Bois, qui la dote, après 1492 d' un jubé sculpté en bois ainsi que de stalles et de nouveaux vitraux. Le 20 décembre 1790, l'abbaye est dissoute et les moines dispersés. Les biens de l'abbaye nationalisés sont mis en vente d'abord le 19 janvier 1791  L'abbaye est acquise par Michel de Boislisle, négociant à Beauvais. Les reliques de saint Lucien et de ses compagnons sont transférés à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais avant leur destruction en 1793. Dès 1791, la destruction de l'abbatiale est entamée. Les autres bâtiments conventuels sont détruits en 1810. Les bâtiments sont en grande partie ) détruits dans le courant du XIXe siècle.

 

.

Cette longue rangée de sièges solidaires entre eux a été commandée par l’abbé Antoine du Bois (1492-1507) pour l’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais.

"Un texte indique que ces stalles et le jubé furent commencés Ie 25 novembre 1492 et achevés en 1500. Ce texte fondamental est celui d'un moine de l'abbaye du XVIIe siècle, Dom Porcheron, et vaut la peine d'être reproduit puisque c'est pour l'instant notre seul élément de datation:

"des qu'il fut reconnu abbé de Saint-Lucien, il commença a travailler à la décoration de 1'abbaye. II n'y avait pas six mois que Jean de Villiers estoit mort lorsqu'il entreprit les chaises du chœur et le jubé. Cet ouvrage fut commence Ie 25 novembre de l'an 1492 et ne put estre achevé qu'en l'an 1500. Quiconque l'aura vu ne sera point surpris qu'il ait cousté huit ans. Le jubé surtout estonne tous les connoisseurs, quay qu'il ne soit que de bois.

 CIaire Fons note très justement que Dom Porcheron avait du lire des inscriptions apposées sur l'une ou 1'autre partie de l'ensemble. On peut supposer par exemple que les phylactères sculptes au bas de chaque jouée portaient de telles inscriptions; cependant, on doit se rappeler que 1'on ne pourrait entièrement se fier a ces inscriptions, même si elles existaient toujours, pour dater à coup sur l'ensemble, comme le montrent d'autres exemples. Dans Ie même temps (1492-1500), il fit donc réaliser un jubé de bois, dont il ne nous reste aucune trace, probablement parce qu'il avait été remplacé avant la Révolution par un nouveau jubé de marbre." (Le Pogam)

Elles ont été acquises par le Musée de Cluny en 1914 (N° Inventaire : Cl. 19601 à 19682 ; Cl. 19730 à 19732 ; Cl. 19755, Cl. 19756, Cl. 19776) : 

"L'abbaye fat détruite à partir de 1791, mais la démolition dut etre assez lente puisqu'en 1803, Ie préfet Cambry pouvait encore décrire les stalles. Ces demières furent d'ailleurs sauvées par 1'intervention de celui-ci. Originaire de Lorient, Cambry fut un des membres fondateurs de 1'Académie celtique (future Société des Antiquaires de France) avec Louis Millin et Alexandre Lenoir. Premier préfet de 1'Oise, il se signale par sa lutte contre le vandalisme et sauve de nombreux objets de la destruction.

II les décrit en 1803 (Description du département de I'Oise) et certains se trouvent aujourd'hui au musée du Moyen Age (les stalles de Saint-Lucien mais aussi une valve de miroir representant le Dieu d'amour) ou dans d'autres collection publiques (crosse d'Yves de Chartres dans la collection Carrand puis au Bargello à Florence). Cambry voulait fonder un musée à Beauvais pour exposer ces oeuvres, mais il dut finalement les emporter à Paris (dont les stalles?) ou il mourut en 1807.

Un compatriote injustement oublie aujourd'hui, Ie comte de Saint-Morys (1782-1817), acheta ces objets et bien d'autres, pour constituer une des premières collections d'objets médiévaux. Membre de 1'Academie celtique et ami des personnages mentionnés ci-dessus quoique leur cadet, il lança en particulier I'idee d'Antiquites nationales. II acheta les stalles de Saint-Lucien sur les conseils d'Hugues Barraud, ami de l'abbé Millin, conseiller de Mgr de La Rochefoucauld, 1'évêque de Beauvais, puis collectionneur pour lui-même après la Révolution.

Saint-Morys exposa les stalles dans le château qu'il se fit construire a Hondainville (vers Clermont-en-Beauvaisis) par Debret et Lebas a partir de 1814, dans le style néo-gothique, donc très en avance sur son temps. 

 

Les stalles sont alors vendues par sa veuve à son architecte et ami Debret en 1820 (apres une tentative infructueuse auprès d'un Anglais) pour la somme de 1900F (somme que Debret déclare inférieure au coût de stalles neuves... ) pour le choeur de Saint-Denis.

A Saint-Denis, les stalles de Saint-Lucien, ainsi que celles de Gaillon et les boiseries de la chapelle de Picardie, sont restaurées et remaniées probablement plusieurs fois par les architectes successifs de l'abbatiale, notamment Debret et Viollet-le-Duc. En particulier, on sait que Debret avait tendance à recomposer et découper les éléments anciens pour les réadapter, comme il 1'a fait pour les stalles et les boiseries de Gaillon. Plus respectueux du passé, Viollet-le-Duc déposa en 1873 dans les magasins de Saint-Denis de nombreux elements qui ne pouvaient prendre place parmi Ie mobilier de 1'abbaye, dont une grande partie des stalles de Saint-Lucien.

Tout ces éléments, sauf les stalles proprement dites de Gaillon, une rangée de stalles de Saint-Lucien et la chaire épiscopale composée à partir d'éléments de Saint-Lucien, sont attribués en bloc au musée de Cluny en 1889-1890 par la Commission des Monuments historiques (dont Ie musée dépendait alors comme la basilique). Ces pièces ne furent cependant pas exposées et furent déposées par Edmond Saglio, conservateur du musée de 1893 à 1903 au Louvre aupres de Molinier. Edmond Haraucourte les revendique cependant en 1907 et son successeur après de longs pourparlers, les oeuvres regagnent Cluny en 1913 et sont inventoriées progressivement.

Les 361 pièces appartenant aux trois ensembles sont inventoriées pêle-mêle (Cl. 19601 aCl. 19962), car on avait apparemment perdu toute connaissance sur leur provenance (1'inventaire remarque seulement que certaines oeuvres devaient provenir de Gaillon).

Une miséricorde, probablement volée ou égarée au cours du XIXe siècle et trouvée dans le commerce à Saint-Denis, est donnée au musée en 1919 (don Richter). D'autres éléments sont donc restés é Saint-Denis, incorporés dans la chaire épiscopale, qui est un bel exemple du processus de la création néo gothique, puisqu'elle comporte à la fois des morceaux des stalles de Saint-Lucien, des copies d'éléments authentiques et des créations originales. La miséricorde (un maréchal-ferrant) est ainsi la copie inversée et complétée de la miséricorde Cl. 16619. ; les deux appuie-mains (ange et personnage encapuchonné) sont des copies respectivement de Cl. 19659 (mais le décor de I'écoinçon est pris sur un autre motif) et de Cl. 19672. Les deux statuettes qui surmontent les montants, un prélat et un architecte, sont par contre des inventions du XIXe siecle, ce que traduit a la fois le choix des sujets et le style. II s' agit probablement de representer Antoine Du Bois et Ie maitre d'oeuvre des stalles, et à travers eux les figures emblématiques du commanditaire religieux et de 1'ouvrier laïque telles qu'elles se dessinent dans 1'oeuvre de Viollet-le-Duc." (Le Pogam)

.

Les miséricordes mesurent au maximum 28 cm de haut,  les piliers des stalles au maximum 150 cm.

Elles ont été décrites par Pierre-Yves Le Pogam, dans un article auquel je ferai de fréquents emprunts.

.

 

Rappel de quelques définitions générales .

Les stalles sont les sièges d'une communauté ecclésiastique (au Moyen Age, les cathédrales, les collégiales et les abbatiales sont dotées d'un clergé nombreux qui célèbre I'office sept fois par jour). On les rencontre généralement pour les grandes communautés, anciennes et riches, mais on connait aussi des exemples pour les institutions plus modestes. Disposées dans Ie chœur de 1'eglise, de chaque coté et se faisant face Ie long des murs nord et sud, elles sont Ie plus souvent réparties sur deux rangs dont le second domine le premier (stalles hautes et basses) et possèdent assez fréquemment un retour du coté de la nef Ie long du jubé. Normalement le siège de l'évêque ou de 1'abbé (qui se trouvait du côte de 1'evangile, donc a gauche au premier emplacement en haut, sur Ie retour) était plus solennel que les autres (chaire sculptée et ornée plus abondamment; dais proéminent).

Les stalles, souvent appelées "formes" ou "fourmes" dans les textes anciens, sont installées sur un bâti de bois ou charpente, lui-même normalement ancré dans le pavement de 1'eglise (mais les stalles étant rarement situées à leur emplacement originel, on ne peut guère l'observer, à moins de fouilles archéologiques).

Chaque stalle se compose d'un siège mobile, d'un dossier ou fond et est séparée des stalles voisines par une parclose qui comporte un appuie-mains, servant à se relever lorsqu'on est en position assise. Les parcloses supportent visuellement des accotoirs ou accoudoirs (ou encore museaux), qui prennent matériellement appui sur Ie bâti du fond, ou l'on s'appuie en position debout. Le dossier des stalles basses peut servir de prie-dieu aux stalles hautes. Le dossier de ces dernières monte plus haut pour former un dorsal, support privilégié du décor sculpté et peint.

Les miséricordes aussi pouvaient être peintes (cf. par exemple une miséricorde au Musée des Antiquités de la Seine-Maritime à Rouen). Les stalles hautes sont aussi pourvues de dais, au-dessus des dorsaux, qui ont souvent disparu. Aux extrémités latérales des stalles hautes et basses, ainsi qu'au milieu des stalles basses (car une interruption y est normalement ménagé pour faciliter l'accès aux stalles hautes), les parcloses font place à des jouées, panneaux de bois sculptées de scènes en bas-relief.

Le siège lui-même, lorsqu'il est relevé, permet une position presque assise, grâce a une tablette supportée par une console sculptée. Cet ensemble (tablette et console), parallèle au plan du siège, est nomme miséricorde ou patience, ce qui correspond bien à sa fonction. II faut savoir que la position assise pendant les offices, même temporaire, était déjà un tolérance de 1'Eglise, contre laquelle certaine prélats austères s'élevaient (Pierre Damien, XIe siècle). L'amélioration qui consiste à adjoindre au siège des stalles une miséricorde est par conséquent une tolérance supplémentaire. La miséricorde est donc un élément traditionnel des stalles des XIIIe-XVIe siècles, au point que la console est généralement pourvue d'un décor sculpté, lequel devait devenir a son tour la cible neuf que des critiques des réformateurs. Les stalles constituaient une richesse essentielle des églises et, parmi le mobilier, c'était sans doute un des éléments les plus soignes et les mieux entretenus.  Les stalles se rencontrent partout en Europe, de l'Italie à la Suède et du Portugal à la Pologne, mais les miséricordes sont normalement absentes  des stalles italiennes (sauf dans certains cas nordiques, Aoste qui se rattachent aux domaines des due de Savoie).

On a recense environ 3500 miséricordes en Angleterre et 4500 en France." (P.Y. Le Pogam)

 

.

.

LE PREMIER RANG DE DOUZE STALLES. 

.

1. L'orfèvre.

.

Cette miséricorde montre un homme qualifié d'orfèvre, bien qu'on le voit frapper de la monnaie sur une enclume, à califourchon sur son établi. Il porte un bonnet à pans rabattus, un manteau à larges revers d'encolure et de manches, et des bottes à bout rond et tige évasée.

À Saint-Lô au Moyen-Âge, "La matière première : lingots, anciennes monnaies, vaisselle, orfèvrerie… est fondue dans des fours. Les feuilles ou lames sont ensuite martelées. On y découpe des flans (de la taille des pièces)  avec de grands ciseaux.  Les flans étaient ensuite frappés au marteau, à l’aide de coins. Un échantillon est envoyé à Paris pour le jugement ou vérification. Plusieurs femmes travaillaient dans ces ateliers de province : les tailleresses. Elles avaient un statut rare dans la société du Moyen-âge. Autour du maître de l’atelier, on trouvait aussi : l’essayeur ; le tailleur-graveur ; les recuiteurs(ses) qui recuisent les flans avant la frappe ; les ajusteurs, et les maîtres monnayeurs qui frappent les flans. Mais aussi des gardes (officiers de contrôle), un procureur du roi, un greffier et des sergents. Tous jouissent de privilèges, dont le port de l’épée."

Les ateliers monétaires de l'Oise sont connus.

.

.

 

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

2. L'albalétrier.

.

Cet arbalétrier penché en avant bande son arme (appuyée contre sa ceinture) à l'aide d'un accessoire arciforme, crénelé au centre, l'étrier,  tiré des deux mains jusqu'à ce que la corde ne soit retenue par la "noix".

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

 

3. Un cavalier barbu à cheval.

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

4. Un couple enlacé, dans une voiture à bras,  tractée par un homme coiffé d'un chaperon.

 

Au centre, un arbre s'élève, peut-être non sans allusion à un arbre de vie, du bassin de la femme.

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

5. Un forgeron.

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

6. L'ivresse de Noé.

.

On connaît l'histoire, souvent représentée dans les cycles de la Genèse des porches bretons, et vue par saint Augustin comme prophétique du Christ outragé tandis que la vigne préfigure l'Eucharistie : Noé (Gn 9 20:27) ayant goûté avec trop de zèle à la vigne qu'il avait planté, s'est endormi sous sa tente, exhibant ses humbles génitoires. Son fils Cham le voit, et s'en moque et appelle ses frères, Sem et Japhet. Ceux-ci,  au contraire,  le couvrent (hébreu kacah) d'un manteau (simlah en hébreu) en marchant à reculons pour ne pas s'exposer à la vue de la honteuse nudité paternelle, et à la déchéance de sa fonction paternelle  : "ils ne la virent point".

À son réveil, Noé maudit Canaan (fils de Cham) qu'il condamne à être l'esclave de Sem et Japhet.

On notera que le geste de (se) couvrir d'un manteau est associé dans la Bible à l'idée de pardonner, ou d'expier (Livre de Jonas : Yom Kippour).

On notera aussi que les jambes croisées de Noé se retrouvent sur la scène homologue des porches bretons, comme expression du verbe "chanceler" lié à l'ivresse.

.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

.

.

 

.

 

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

7. Femme ramenant son mari ivre dans une brouette.

.

Les stalles préservent-elles la disposition d'origine ? Dans ce cas, cette scène doit être interprétée en tenant compte de son voisinage à l'Ivresse de Noé ; la femme protégerait son mari en le dissimulant à l'opprobre publique ; mais on ne constate, chez le bourgeois obèse, aucun signe d'ivresse, et pas d'avantage de signes de honte ou de remords.

Il ne faut pas se hâter à y voir la dénonciation du vice d'intempérance, mais plutôt une "drôlerie" semblable à celle que les chanoines souhaitent trouver sur leurs stalles, comme ils s'en égayaient sur les marches de leurs pieux manuscrits.

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

8. Le mari, armé d'un épieu, cherche l'amant de sa femme caché dans le four domestique. L'amant s'échappe vers la niche du chien, qui ronge son os.

.

Sous le regard bien contrit de son épouse, un homme s'approche de la bouche d'un four, armé d'une pique. Il est d'usage de lire cette scène en considérant que le mari trompé découvre l'amant, et va se venger. Mais ce dernier est si bien dégagé de cette épineuse situation  à l'extérieur du four (par quel orifice ?) qu'il me semble qu'il va s'échapper, et que la morale vaudevillesque, qui rit au dépens des cocus, va être sauve.

L'amant est-il tonsuré, ou bien coiffé d'un bonnet? La tête en bas (par renversement des valeurs), il s'apprête à saisir un objet dans la niche du chien, laquelle sert de soubassement au four.

Quelle histoire !

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0G4U6

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

9. Homme soufflant sur les ailes de son moulin.

.

Le motif pourrait vouloir faire rire au dépens d'un meunier bien benêt se préoccupant de faire tourner par son souffle les ailes de son moulin à vent, mais Le Pogam évoque le vieux dicton picard destiné aux bavards qui sont des vrais moulins à parole : "ch'meulin i torn".

" Ainsi, l'homme soufflant sur les ailes d'un moulin pourrait être interprété comme une illustration de la folie; mais il n'illustre peut-être qu'une métaphore picarde: "Ch'meulin i'tourne",  ce qu'on peut rendre par "il fait tourner son moulin à paroles". Cette simple image populaire reste cependant étrange, précisément dans la mesure où elle visualise le jeu de mots, à la manière des Proverbes de Breughel."

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E6E6E

.

.

.

.

.

.

.

10. La lutte au bâton à bouillie.

.

Vue générale, en enfilade, des quatre stalles qui suivent :
 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0N493TK

.

Photo RMN

 

.

.

La lutte au bâton est fréquemment représentée, notamment en Bretagne sur les sablières.

Selon Fanch Peru, qui rappelle l'adage « Jeux de bâtons, jeux de Bretons » , les Celtes en général et les Bretons en particulier semblent avoir eu une sorte de prédilection pour les jeux de bâtons, notamment lors des pardons. On en décrit essentiellement deux, le bâton à bouillie (ar vazh-yod) et le bâton par le bout (ar vazh-a-benn).

 Le bâton à bouillie (ar vazh-yod)  met en présence deux concurrents assis par terre, face à face, les pieds calés contre une planche fixée à chant et tenant à deux mains par le travers un gros bâton. Pour gagner il faut amener l'adversaire de son côté ou l'obliger à lâcher le bâton.

.

 

 

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

 

11. Le mendiant à la jambe de bois frappant à une porte.

.

Vue des trois stalles (RMN) :

.

 

RMN

.

Il ne s'agit pas à proprement parler d'une prothèse, et l'homme n'est peut-être pas amputé (ou alors seulement sous le tiers inférieur de jambe) mais par l'effet de quelque gangrène, de quelque mal perforant ou autre pied bot, il ne peut appuyer son pied au sol : il pare à cela en utilisant une "échasse" soigneusement ficelée à la jambe par des lanières : l'articulation du genou est pliée et c'est elle, avec le haut de la jambe, qui s'appuie sur la console en berceau surmontant un pilon. Cette orthèse était légère et maniable.

Il vient peut-être  dans cette maison pour mendier, à moins que ce soit une représentation du "Messager boiteux", "der Hinkende Bote" (Hinckende Bothe) décrit en 1589 par Georg Rollenhagen dans une satire, avant que le personnage, tenant en main une lettre ne vienne illustrer les almanachs éponymes.

.

 

.

 

.

 

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

12. Le Fou s'adressant à sa marotte.

.

Ce Fou se reconnaît aux grelots placés aux extrémités des manches exagérément longues de son manteau. Il tient devant lui, comme s'il y contemplait son double, sa marotte, ce bâton singeant les sceptres, et surmonté d'une tête grotesque encapuchonnée comme lui.

.

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7ZW6

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

 Motifs hauts de la jouée.

.

Un femme élégante devant sa maison. Sainte Anne ??

.

L'emplacement au dessus des jouées est traditionnellement réservé aux thèmes religieux. Faut-il voir ici sainte Anne, devant sa maison (ou devant la Porte Dorée), attendant le retour de Joachim parti garder ses troupeaux ?

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

Paysage montagneux où paissent des troupeaux. Joachim ?

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

Vue générale du premier rang de stalles.

.

.

.

.

 La jouée de ce rang de stalles. l'abbé Antoine du Bois en prière devant saint Antoine ermite. 

.

L'abbé de Saint-Lucien, commanditaire de ces stalles, et qui ne porta jamais l'habit monastique, est représenté en jeune et riche seigneur agenouillé devant saint Antoine, qui lui prend les mains de sa main droite. Saint Antoine est identifiable par son ermitage (rochers et crucifix), par sa canne en tau et par son chapelet. En arrière-plan, une église, une chaumière et une forêt se rapportent sans-doute à l'abbaye.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_du_Bois

"Aux tentatives infructueuses d'accession d'Antoine du Bois à l'évêché de Beauvais (par opposition du chapitre) succéda celle de sa nomination comme premier abbé commendataire de Saint-Lucien de Beauvais, il devint ainsi le premier abbé séculier désigné par le roi et non pas élu par les moines.

Il deviendra évêque de Béziers de 1504 à 1537.

Antoine du Bois, né en 1471, meurt le 17 avril 1537, son cœur fut rapporté à l'abbaye Saint-Lucien de Beauvais, les religieux le firent solennellement inhumer au côté droit du grand autel de leur église et placèrent sur sa tombe un marbre blanc, taillé en cœur.

.

Sur les jouées des stalles :

 "II existe six jouées conservées et deux attestées par la littérature. Ce nombre, plus le fait que deux d'entre elles possèdent un revers sculpté, atteste bien que les stalles formaient un ensemble important, à deux niveaux et probablement avec une ouverture au niveau des stalles basses. Ces jouées semblent avoir constitue deux cycles (repartis peut-être sur les deux cotes du chœur?), l'un consacre à saint Lucien, patron de l'abbaye, et ses compagnons et l'autre à saint Antoine, patron du commanditaire. Au musée se trouvent une jouée basse de chacun des deux cycles: envoi de saint Lucien et de ses compagnons par saint Pierre pour évangéliser les Bellovaques (la province gallo-romaine de Beauvais): Antoine Du Bois en prière devant son saint patron, Ie premier représenté sans supercherie comme un riche laïc. 

L'iconographie des jouées conservées a Saint-Denis comporte deux autres épisodes de chaque légende. Pour Ie cycle de saint Antoine: saint Antoine rencontre un centaure et l'ermite saint Paul (avec paysage au revers); saint Antoine voit 1'ame de saint Paul monter au ciel.

Dans la première de ces deux jouées, saint Paul est étrangement représenté comme un homme sauvage, ce qui vient probablement d'une contamination de cette iconographie courante à la fin du Moyen Âge.

Pour l'autre cycle: saint Lucien délivrant un possédé; exécution des saints Lucien, Maxien et Julien (avec paysage au revers).  Dans cette dernière jouée, on remarquera que, des deux compagnons de saint Lucien, l'un est représenté en prêtre, le second en diacre, contrairement à la chasse du musée, ou ils sont tous deux représentés en diacres. On a vu plus haut que cette hésitation iconographique, comme celle sur Ie nom des compagnons, correspond bien aux hésitations de 1'hagiographie. Par ailleurs, sur la jouée, le compagnon diacre est déjà en train de porter sa tête, ce qui montre que le miracle de "céphalophorie" est étendu de Lucien à ses deux compagnons, comme l'atteste aussi la chasse du musée.

D'après la description de 1803, il semble aussi qu'il existait au moins deux autres jouées: saint Antoine tente par une femme; saint Antoine agresse par deux démons. Les phylactères places au bas de chaque jouée devaient porter des explications peintes aujourd'hui disparues. Je reviendrai plus loin sur le sens de cette iconographie à propos des miséricordes. On peut par ailleurs se poser la question de savoir s'il existait aussi des dorsaux peints ou sculptes." (Le Pogam)

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

LE DEUXIÈME RANG DE ONZE STALLES.

.

Photo de la salle dans l'ancienne disposition avant restauration du musée

RMN

 

.

RMN

.

.

 Deuxième jouée  : Envoi de saint Lucien et de ses compagnons Julien et Maxien par le pape pour évangéliser les Bellovaques (la province gallo-romaine de Beauvais).

 

.

Le pape est assis sur une cathèdre et coiffé de la tiare. En arrière-plan, un paysage boisé et un pont. Saint Lucien est agenouillé sur un tapis, tête nue, l'aumônière à la ceinture, devant ses compagnons Lucien et Maxien. Ils portent la tonsure et une robe monastique à cordelière. Pour Y-P. Le Pogam, le pape serait saint Pierre lui-même.

Lucien de Beauvais, patron de l'abbaye qui en détenait les reliques, vécut au IIIe siècle et fut le premier évêque de Beauvais.

Originaire d’une famille romaine, il s’appelait Lucius comme son père mais changea en Lucien lors d’une prédication de saint Pierre. Il parcourt alors l’Italie pour prêcher. Vers 250, il est ordonné évêque par le pape qui l’envoie en Gaule : il s'installe à Beauvais et s'attache à évangéliser le Beauvaisis avec ses compagnons Julien et Maxien. Ses vertus, ses actions de chair et les miracles qu’il aurait accomplis dans la région auraient contribué à la conversion de près de 30 000 hommes.

 

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

13. Décembre : la tuée du cochon.

.

Dans les calendriers des Livres d'Heures, ou des médaillons des cathédrales, le mois de décembre est illustré par l'abattage du cochon.

 

.

 

.

.

14. Deux enfants nus jouant à s'affronter en tournois sur leur cheval-bâton.

.

Ces deux enfants s'affrontent sur leur cheval-bâton dont plusieurs représentations sont disponibles au Moyen-Âge. Notamment sur une Présentation de Jésus au Temple exposée à Cluny.

 

.

.

.

Heures d'Antoine le Bon, duc de Lorraine, exécutées en 1533.Folio 22v.

.

.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7M2T

 

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

15. Le joueur de cornemuse.

.

Ce joueur est assis. Jean-Luc Matte indique : "un bourdon d'épaule au pavillon endommagé, hautbois conique et court implanté de manière inhabituelle, porte-vent brisé".

.

.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7UJC

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

Vue générale des trois premières stalles de cette rangée.

.

.

.

16. Acrobate en renversement postérieur sur la pointe d'une épée.

.

Il s'agit bien entendu d'un exercice particulièrement périlleux. 

.

RMN

.

RMN

.

17. Homme faisant rouler le Monde (globe terrestre) .

 

.

.

Photo RMN

 

.

.

.

18. Jeune homme transportant une futaille dans une brouette .

.

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0G6NJ

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

.

.

19 . Homme soutirant du vin d'un tonneau.

.

.

.

.

20. Moine découpant une pièce de viande.

.

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

21. Un rôtisseur devant ses broches.

.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0GWB3

Photo RMN

.

.

.

22. Moine barattant du beurre.

 

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0G2K6

.

 

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

23. Un acrobate ou bateleur à la tunique feuillagée.

 

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

24.Un moine prêchant.

 

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

25. Un homme (chasseur ?) armé d'une pique.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L04E1C

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.

LES APPUIS-MAINS.

.

"Les appuie-mains représentent soit des personnages normaux voire positifs (anges, femmes/sibylles, hommes/prophètes) tenant souvent des livres ou des phylactères, symboles d'enseignement et d'autorité; soit au contraire des êtres grotesques (monstres, personnages contournés, obscènes, etc.). " (Le Pogam)

.

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

.

.
AUTRES MISÉRICORDES, NON EXPOSÉES : PHOTOS RMN.

.

.

Deux ensembles de trois stalles étaient jadis exposés dans la chapelle de l'Hôtel de Cluny.

.

Trois stalles  de Saint-Lucien de Beauvais, leurs quatre appui-mains et et leurs miséricordes : Truie et renard à l'orgue, porc jouant de l'orgue, feuillage.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/trois-stalles-porc-jouant-de-l-orgue-feuillage_bois-matiere

 

.

Trois stalles exposées (quand?) à Cluny. Photo RMN

.)

.

Une truie, coiffée d'un chaperon joue d'un orgue positif, et un renard actionne le soufflet.

.

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/misericorde-porcs-jouant-orgue.html

 

https://musicastallis.huma-num.fr/fiche.php?id=279

.

.

 

.

Un porc ( ?) portant l'aumusse des chanoines joue de l'orgue positif. Personne n'actionne le soufflet.

L'orgue comporte 9 tuyaux. L'échine hérissée et le museau pointu me font douter de l'identification de l'animal.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/trois-stalles-porc-jouant-de-l-orgue-feuillage_bois-matiere

Cliché RMN Michel Urtado.

.

.

Feuillage : deux feuilles (vigne ?, acanthe ?) séparées par une tige.

.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/trois-stalles-porc-jouant-de-l-orgue-feuillage_bois-matiere

Photo RMN

 

.

Trois stalles : Femme au miroir, homme...

.

RMN

.

Femme richement vêtue face au miroir, dénonciation de la coquetterie et du luxe.

.

RMN

.

.

Homme assis sur un coussin examinant un sac ou un vêtement (pantalon?).

.

RMN

.

Deux femmes discutant, l'une assise.

.

RMN

.

.

.

Une femme s'inclinant en écartant les mains, face à un homme portant un drapeau sur l'épaule droite.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E66HH

 

.

Photo RMN

.

 

 

.

.

Acrobate prenant son pied droit dans sa main, et se tournant vers l'arrière.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E9MOT

.

.

.

.

Moine  implorant à genou un homme barbu (un seigneur) richement vêtu.

Ou bien sollicitant un prêt.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L04DG3

.

Photo RMN

.

.

.

.

Deux miséricordes relevées : l'homme pousse le monde et un bateleur faisant le pont.
 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0N491PX

.

Photo RMN

.

.

.

 

Acrobate en renversement postérieur sur une épée.

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7QTJ

.

 

Photo RMN

.

.

.

Un couple richement vêtu chevauchant , suivi d'un écuyer (?) ou homme portant un fouet.

 

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E621Y

.

Photo RMN

.

.

.

 

Saint Eustache traversant le torrent : à gauche et à droite, un lion et un loup enlèvent les deux enfants du saint.

.

Voir sur ce thème hagiographique :

.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L04UNH

.

Photo RMN

.

.

Un barbier.

.

RMN

.

 

Un manœuvre remplissant sa manne

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0GLCM

.

.

 

Miséricorde des stalles provenant de l'église Saint-Lucien de Beauvais.
Vers 1492-1500.

Hauteur : 0.27 m

Rôtisseur

Mendiant

Un  homme tenant une pique

Le mari, la femme et l'amant caché dans le four

Moine débitant de la viande

manoeuvre remplissant sa manne

Moine prêchant : moine prêchant en chaire.

Moine implorant un homme barbu

Couple tiré en cariole ou voiture à bras

Acrobate en renversement postérieur sur une épée

 Saint Eustache traversant le torrent : à gauche et à droite, un lion et un loup enlèvent les deux enfants du saint.

Joueur de cornemuse

jeune homme poussant sa brouette chargée d'une futaille.

Lutte au bâton

Homme prenant un pied dans sa main.

L'abattage du cochon décembre

Fou et marotte

Femme promenant dans une brouette un gros homme qui boit

Une femme et un homme portant un drapeau sur l'épaule droite

couple chevauchant et ecuyer

Homme soufflant pour faire tourner les ailes d'un moulin

Enfants nus jouant au tournoi

 

 

.

 

SOURCES ET LIENS.

.

— Site ICONO-STALLA Misericordia

https://www.ru.nl/rich/networks/misericordia-international/

https://www.ru.nl/rich/networks/misericordia-international/publications/profane-arts-middle-ages/vol-vi-1-1997/

— FONS (Claire), 1975, L'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais : étude historique et archéologique . Non consulté

—HAMON (Etienne), 2016,« ‘Figurer et portraire pour passer le temps’. Dessin, homicide et rémission sur le chantier des stalles de Saint-Lucien de Beauvais » . La pensée du regard. Études d'histoire de l’art du Moyen Âge offertes à Christian Heck, Brepols, p. 201-212. non consulté.

— LE POGAM (Pierre-Yves), 1997,  Les stalles au musée national du Moyen-Age de l'hôtel de Cluny. The Profane Arts / les arts profanes, les stalles de Picardie, Misericordia International vol. VI n°1. 

https://www.ru.nl/rich/networks/misericordia-international/publications/profane-arts-middle-ages/vol-vi-1-1997/

— AUTRE LIENS.

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/stalles-saint-lucien-beauvais.html

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/onze-stalles-provenant-de-l-eglise-saint-lucien-de-beauvais_bois-matiere

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Stalles_st_LuCien_32476.jpg

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:0_Le_sommelier_-_Stalles_de_St-Lucien._de_Beauvais_-_Mus%C3%A9e_de_Cluny_%C3%A0_Paris.JPG

 

https://www.facebook.com/watch/?v=1309809592419916

https://twitter.com/idnum/status/1533505843496460289?lang=ar

.

Sur les stalles en général :

 

— ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.

https://docplayer.fr/68588694-Les-motifs-des-stalles-tout-particulierement-des-misericordes-sont-pour-une.html

 

—  BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).

http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html

file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf

 

—  BILLIET (Frédéric)  Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages

 

.—  BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI  century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p. 

— E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45

.—  BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric)  Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)

https://books.google.fr/books?id=7tThdObk0qwC&pg=PA78&lpg=PA78&dq=stalles+saint-pol-de-l%C3%A9on&source=bl&ots=tth0hiC8_3&sig=zZ9bwe1_Qj7cICq9VvvVWu8EHyY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiMjJnC-IvYAhXDDcAKHcx-DRk4FBDoAQhEMAU#v=onepage&q=stalles%20saint-pol-de-l%C3%A9on&f=false

 

http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm

 

 — KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.

— MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY

http://misericordia-international.blogspot.fr/

— LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12.
— LANGLOIS (E.-H.)  1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.

— LEMÉ (K.) 1994,  Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21.
—  LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe

 http://www.theses.fr/1993PA040260

— LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996

— LEME-HEBUTERNE, (Kristiane). Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI. p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173

— PRIGENT (Christiane)   Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux, à l’époque romane et à l’époque gothique. « Représentations sculptées de danseurs et de jongleurs comme manifestation de la culture laïque dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique », in M.S.H.B., tome LXXI, 1994, p. 279-313.

https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

 

— TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.

— JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.

 

— SOISSONS

https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Stalles Miséricordes. Sculptures Beauvais
21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 15:39

Le vitrail de la Galerie des dix Sibylles (1538-1539)  de la cathédrale de Beauvais par Jean et Nicolas Le Prince. Baie 323 sous la Rose du bras nord du transept.

.

— Sur les Sibylles, voir :

 

 Sur les autres vitraux de La cathédrale  de Beauvais, voir :

.

— Voir :L'église Saint-Étienne :

— Beauvais :

.

.

.

LA BAIE 323 : LA ROSE OCCIDENTALE ET SES GALERIES.

Les vitraux dans les bras du transept de la cathédrale de Beauvais accueillent deux grandes verrières constituées chacune de deux galeries de saints et de prophètes, au sud (baie 324), et  de sibylles, au nord (baie 323). Ces deux thèmes, loin d'être isolés, se répondent mutuellement, les Prophètes bibliques étant considérés comme ayant annoncé au peuple Hébreu la venue du Christ, tandis que les Sibylles de l'Antiquité l'annonçaient aux "Gentils", les peuples païens du monde entier. Depuis 1481 avec Filippo Barbieri, chaque Sibylle avait été mis en correspondance avec un oracle, un Prophète dont le verset s'accordait à l'oracle, et avec un événement de la vie de la Vierge et de la Passion de son Fils. 

Comme la majeure partie de la décoration des cathédrales et églises chrétiennes, cette disposition relève de la typologie biblique.

"La typologie biblique est une doctrine théologique fondée sur le rapprochement entre une personne ou un événement de l'Ancien Testament (rarement aussi de la mythologie antique ou de légendes anciennes), le type et de leur antitype, personne ou événement du Nouveau Testament.

Cette méthode d'interprétation de la Bible consiste à rechercher la « promesse » et le « respect » : ce qui, dans l'Ancien Testament, est annoncé, s'accomplit dans le Nouveau Testament (également préfiguration)." (Wikipédia Typologie biblique)

Cette typologie, suggérée dès saint Paul à propos de la Bible hébraïque ("Ce sont des empreintes de choses à venir ; la réalité est à trouver dans le Christ." Col :2-17) a été développée par les Pères de l'Église.

Préambule : les dix Sibylles du portail nord.

Le fidèle qui pénétrait dans la cathédrale par le portail nord (actuellement fermé) recevait sur les deux vantaux une entrée en matière de cette pensée typologique : le sculpteur de Beauvais  Jean Le Pot y avait réalisé  à partir de 1530 (à peine avant la verrière) les statuettes en bas-relief  des quatre évangélistes, à droite, et de quatre docteurs de l'Église, à gauche : saint Augustin, saint Grégoire, saint Jérôme et saint Ambroise. Ces vantaux, toujours visibles, montrent qu'une Sibylle est placée entre chacune de ces statuettes. On trouve donc, intercalées, intégrées à ce corpus des huit piliers de l'Église, dix prophétesses antiques, ces mêmes dix Sibylles de la verrière qui domine ce portail.

Je n'ai pas pris de photographies de ce portail, mais on peut en trouver ici :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Pierre.htm

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/cathedrale/portailnord/portailnord.html

https://inventaire.picardie.fr/dossier/paire-de-vantaux-du-portail-nord-n-2/e48b2ebf-cd44-474c-b5c3-c021c49356f3

Nous y trouvons successivement  de gauche à droite :

- la sibylle Érythrée, portant une rose ;

- la sibylle de Cumes, portant un objet rond ;

- la sibylle Samienne, portant un berceau 

- la sibylle Persique, portant une lanterne ;

- la sibylle Libyque, portant une torche enflammée ;

- la sibylle Cimérienne, portant une une corne-biberon ;

- la sibylle Tiburtine, portant une main ;

- la sibylle Delphique, portant les clous et la couronne d'épines  ;

- la sibylle Agrippa entourant une colonne ;

- la sibylle Phrygienne, portant une croix-étendard .

Soit exactement, comme nous allons le voir, les mêmes sibylles que sur le vitrail, dans le même ordre et portant les mêmes attributs.

N.B Les stalles de la clôture de chœur de la Collégiale Saint-Etienne de Beauvais sont ornées de bas-relief du XVIe siècle représentant les 12  Sibylles  portant leur attribut sous des arcs Renaissance. Voir sur l'article Wikipédia la photo de Chatsam qui en montre six :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais#/media/File:Cloture_du_coeur_2.JPG

On distingue les attributs suivants sur cette image : La fleur (ou le flambeau) ; le fouet (Agrippa) ; le glaive (Europa) ; la lanterne (Persique) ; la colonne de Flagellation (Agrippa ?) ; un objet à sommet arrondi (Cumes ?).

 

 

.

Retour à la baie 323.


Le vitrail nord a été endommagé en 1940. Y subsiste la galerie des sibylles de Jean et Nicolas Le Prince (maîtres verriers à Beauvais), posée en 1537-1538. Au-dessous trônait une rangée de séraphins «couleur de feu à six ailes» [Congrès archéologique de Beauvais de 1905]. Selon des témoignages anciens, la rose était ornée d'un soleil d'or ,sous la forme d'une figure humaine et dont les rayons remplissaient les divisions du remplage, sur un ciel d'azur semé d'étoiles et de séraphins, datant peut-être du 17e siècle, qui fut détruit en 1940. . En 1958, Max Ingrand a remplacé la galerie des séraphins par une rangée de Vierges folles et Vierges sages. La rose d'Ingrand représente maintenant un Jugement dernier.

.

Baie 323 : la rose occidentale et ses galeries. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la rose occidentale et ses galeries. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie 323 : la rose du Jugement Dernier (Max Ingrand). Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la rose du Jugement Dernier (Max Ingrand). Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Baie 323 : la rose occidentale et la galerie des Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la rose occidentale et la galerie des Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

.

LA GALERIE SUPÉRIEURE DE LA BAIE 323 : DIX SIBYLLES.



 La rangée de sibylles du XVIe siècle est l'œuvre de Jean et Nicolas Le Prince (atelier d'Engrand Le Prince, maître-verrier auteur de l'Arbre de Jessé de Saint-Etienne de Beauvais ; cet atelier est réputé pour sa maîtrise du jaune d'argent). La galerie  a été posée dans le bras nord du transept en 1538-1539.

Historique

Dès l'achèvement du bras nord du transept, la vitrerie de la grande rose est commandée aux Le Prince. Jean Le Prince est payé en 1537 pour ses travaux sur la façade nord du transept et Nicolas Le Prince en 1538. Ils sont les auteurs des dix Sibylles garnissant les lancettes sous la rose, reprenant ainsi l'iconographie des vantaux du portail nord.  En 1958, Max Ingrand réalise de nouvelles verrières pour la rose (Jugement dernier) et pour la première galerie de lancettes (Vierges sages et Vierges folles).

Description

La façade nord du transept est abondamment vitrée : une grande rose surmonte deux galeries de dix lancettes chacune. Les lancettes de chaque galerie sont juxtaposées et assemblées par paire. Les lancettes de la galerie inférieure sont de tailles égales, tandis que les lancettes de la galerie supérieure présentent trois tailles différentes : les lancettes latérales étant les plus grandes et les deux lancettes centrales les plus petites. L'ensemble est en verre soufflé et les détails peints à la grisaille et au jaune d'argent. Dimensions approximatives : h = 2000 ; la = 780 (Corpus Vitrearum). 

 Dans la deuxième galerie dix sibylles prennent place sous des dais architecturaux modernes. La plupart des sibylles sont identifiables grâce à des inscriptions situées en dessous et grâce à leurs attributs (de gauche à droite) :

- la sibylle Érythrée, portant une rose ;

- la sibylle de Cumes, portant un objet rond ;

- la sibylle Samienne, portant un berceau (l'inscription située en dessous l'identifie comme la sibylle delphique) ;

- la sibylle Persique, portant une lanterne ;

- la sibylle Libyque, portant une torche enflammée  ;

- la sibylle Cimérienne, portant une une corne ;

- la sibylle Tiburtine, portant une main coupée ;

- la sibylle Delphique, portant les clous et la couronne d'épines (l'inscription située en dessous l'identifie comme la sibylle européenne) ;

- la sibylle Agrippa entourant la colonne de la Flagellation ;

- la sibylle Phrygienne, portant une croix-étendard.

Les Sibylles Hellespontique et  Europa sont donc absentes.

.

Baie 323 : la galerie des 10  Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la galerie des 10 Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

1°) La Sibylle d'Érythrée et la Sibylle de Cumes.

Inscription : Sibille erithree / Sibille cumane.

La Sibylle d'Érythrée et la Sibylle de Cumes. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle d'Érythrée et la Sibylle de Cumes. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

La Sibylle d'Erythrée.

- la sibylle Érythrée tient une rose.  Elle évoque ainsi l'Annonciation  parce qu'elle a proclamé qu'une vierge doit enfanter. En effet, comme le rappelle É. Mâle, "entre la Vierge et l'ange Gabriel, les peintres, depuis le XIIIe siècle, ne manquaient jamais de mettre un beau vase plein de roses blanches ou de lis."  C'est également une rose qu'elle tient dans les Heures de Louis de Laval. Elle est vêtue, assez simplement, d'une robe dorée moulante et à manches courtes,  laissant apparaître le col plissé d'une chemise, et un manteau vieux rose dont le pan droit est retenu par la main gauche. Sa coiffure est plus étudiée, c'est un balzo, bourrelet rembourré d'étoupe et recouvert de velours vert autour duquel s'enroulent les spires espacées d'un large ruban ; celui-ci s'achève par u nœud dont les brins frisés s'envolent. Elle est pieds nus, comme toutes les autres sibylles qui vont suivre.

 

— Le Prophète associé est  Ézéchiel dans Ez 44:2.: Porta haec clausa erit. La Porte close est une préfiguration de l'utérus clos de la Vierge, et donc de sa virginité. Ézéchiel est représenté en position  n°4 dans la galerie de la rose sud.

.

 

 

La Sibylle d'Érythrée, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle d'Érythrée, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ézéchiel, baie 324. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ézéchiel, baie 324. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

la Sibylle de Cumes.

 

Elle est vêtue d'une robe vert d'eau (vert foncé en partie basse) et d'un manteau rouge à pan rabattu sur le bras droit. Une broche en or est suspendu à un collier. Ses cheveux sont retenus par un foulard rose.

Elle porte un coquillage (?) tenu sur un linge. Le coquillage  représente la virginité de la Vierge. Cette Sibylle a annoncé qu'un enfant descendra du ciel.

En fait, l'objet ovale et beige ne ressemble nullement à un de ces coquillages nommés porcellena en italien, du fait de sa ressemblance avec la vulve de la truie (porcella), et là comme ailleurs, sa nature est resté une énigme. On peut y voir un petit pain, ou bien astucieusement un petit pain fendu qui a représenté parfois la plaie du flanc du Christ.  Mais ici, l'objet n'est pas fendu, et garde son mystère, comme d'ailleurs à Brennilis, ou dans le Diurnal de René II de Lorraine (1492-1493). On peut le comparer à cette gravure de l'Encomium trium Mariarum de Jean Bertaud datant de 1529 et reproduit par É. Mâle p. 271 fig. 140.

.

La Sibylle de Cumes, in É. Mâle, L’Art religieux de la fin du Moyen Âge en France.

.

La Sibylles de Cumes est associée au prophète Daniel et aux versets Dan 2:34-35. Daniel est placé en 5e position dans la galerie de la rose sud.

.

 

La Sibylle de Cumes, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle de Cumes, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

2°) La Sibylle de Samos et la Sibylle Persique.

— Inscriptions / Sibille delphic (l'inscription ne correspond pas à la sibylle représentée au-dessus)/ Sibille persique.

.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

La Sibylle Samienne  porte un berceau parce qu'elle a annoncé la Nativité dans la crèche. Ce berceau est parfaitement dessiné, avec son piétement permettant la bascule, et ses barreaux. Il est semblable à ceux des Heures de Louis de Laval, des panneaux de Brennilis.

La sibylle est vêtue d'une robe blanche et d'un manteau parme. Ses cheveux sont retenus par une foulard blanc frangé d'or. Un rubis est suspendu à un collier en or. 

Son partenaire du coté sud est  le premier de la galerie des Prophètes  : c'est le roi David, le compositeur des Psaumes. Le verset choisi pour s'apparier avec la vaticination de la Sammienne est le Psaume 71:11. — Adorabunt eum omnes reges terrae ; omnes gentes servient ei. "Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront".

.

 

 

La Sibylle de Samos et son berceau. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle de Samos et son berceau. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Le roi David, galerie des Prophètes, baie 324,  Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Le roi David, galerie des Prophètes, baie 324, Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

- la Sibylle Persique, porte une lanterne  symbolisant la lumière apportée par le Messie. Elle foule habituellement au pied le serpent de Genèse qui a abusé Ève, mais celui-ci n'est pas figuré. 

Elle est vêtue d'une robe vieux rose et d'un manteau vert cru. Ses cheveux blonds vénitiens sont tenus par un large diadème. Son pied gauche est posé sur un bloc de pierre ; le détail serait insignifiant si on ne le retrouvait pas sur les stalles de Saint-Etienne de Beauvais où Agrippa pose le pied sur ce qui ressemble à un livre.

Les deux sibylles sont tournées l'une vers l'autre.

La Persique est associée à la prophétie d'Osée Os 13:14. Osèe est en sixième position sur la verrière de  la galerie sud .

.

 

La Sibylle Persique et sa lanterne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle Persique et sa lanterne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

3°) La Sibylle Lybique et la Sibylle Cimmérienne.

Inscription :  Sibille libique/ Sibille cim[...]

.

 

Sibylles Lybique et Cimmérienne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Sibylles Lybique et Cimmérienne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

La sibylle Lybique  porte une torche enflammée qui symbolise la Lumière que la naissance du Sauveur a apporté au monde, faisant repousser les ténèbres. Sa tête est recouverte par un voile qui retombe sur ses épaules et son buste. Robe violette à ceinture rouge et manches vertes. Comme la Persique, elle pose le pied sur un cube de pierre. Le visage est sombre, témoignant de l'altération du verre.

Dans la galerie sud, son collègue le prophète Jérémie lui est associé, eu égard au verset Jr 23:5 Ecce dies veniunt "Les jours viennent, où je susciterai à David un germe juste" : ce "germe juste" de la Maison de David préfigure pour les chrétiens le Christ. 

 

Sibylle Lybique . Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Sibylle Lybique . Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

La sibylle Cimmérienne tient  une une corne ; cette dernière est en réalité un biberon  en forme de corne témoignant qu'elle a annoncé la venue d'une Vierge allaitant son Enfant.

Elle est coiffée d'un véritable casque d'or qui dénote avec le voile violet qui y est fixé. Les traits de son visage sont virils, surtout en raison de la force du nez. Sa robe blanche est sobre, quoique les manches vertes laissent échapper aux poignets les fronces d'une fine étoffe. Mais cela se complique sous la ceinture, avec un double rang de guirlandes et de glands, de perles, de macarons multicolores et  de parements d'orfroi, toute une quincaillerie bling-bling qui n'est portable que dans cette seule circonstance : un défilé de mode sous les voûtes d'une cathédrale. Elle étudie la position de ses pieds, celui de gauche en avant, celui de droite en retrait, à 90°.

Son compère en prophétie est Joël, pour le verset  Joël  2, 29 : In diebus illis effundam spiritum meum "En ces jours je répandrai mon esprit". Mais il est absent de la galerie sud.

.

 

.

Sibylle Cimmérienne..Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Sibylle Cimmérienne..Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

4°) La Sibylle de Tibur et la Sibylle Delphique.

 

Inscription :Sibille tiburtine/ Sibille europe (l'inscription ne correspond pas à la sibylle représentée au-dessus).

.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

La sibylle Tiburtine  porte une main  coupée qui symbolise la main du garde qui a souffleté le Christ au cours de la Passion. 

Elle est coiffée du turban de velours rouge lacé de ruban jaune d'or, et d'où s'échappent des mèches blondes,  elle tourne son beau visage vers sa voisine, elle a noué autour de sa robe verte une ceinture dorée, et posé sur ses épaules un manteau rouge : elle a fière allure.

Son prophète ? C'est Michée, que vous trouverez sous le nom de Micheas dans la galerie sud. 

.

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

- Ce n'est pas la sibylle Europe, mais bien la  Delphique qui, dans la tradition institué par Barbieri et surtout par les Heures de Louis de Laval, porte  la couronne d'épines. Mais tout est possible ! L'artiste lui a confié en outre les trois clous, autre Arma Christi ou instrument de la Passion du Christ . La Sibylle de Delphes avait prophétisé « un Dieu viendra pour mourir et il sera plus grand que les immortels ».

Elle porte sur sa tête brunie un champignon vert à faveur rouge. Une robe parme, recouverte d'une robe dorée damassée à motif de rinceau. Une ceinture rouge ^nouée à la diable semble s'échapper.

Elle va de pair avec le prophète Jérémie, déjà attribué pourtant à la Lybique. Mais ce n'est pas pour le même verset (j'allais écrire "pour la même danse") : il s'agit ici de Jérémie  31:21 : Revertere virgo Israhel revertere ad civitates tuas istas "Reviens, vierge d'Israël, Reviens dans ces villes qui sont à toi!"

[Europe sort, elle, avec Zacharias, qui est bien présent parmi les dix prophètes de la Galerie, en antépénultième position.

.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

5°) La Sibylle Agrippa et la Sibylle de Phrygie.

Inscription : Sibille frigee / aome-nesp ---ci. (??)

 

 

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 Au dessus de l'inscription Sibille frigée se voit une femme tenant dans ses bras une colonne. Elle nous fait face, avec ses cheveux blonds rassemblés sous un bourrelet vert très simple, son justaucorps vert laissant libre les manches rouges et jaunes, et les jupes superposées vert d'au et rouge. Je l'ai d'abord identifié comme la sibylle Agrippa, car celle-ci est associé à la scène de flagellation (attribut : le fouet), et qu'il s'agit très vraisemblablement ici de la colonne de flagellation, nouvel Arma Christi. Mais depuis que j'ai découvert sur les stalles de Saint-Étienne de Beauvais cette sibylle tenant la colonne à coté d'une authentique Agrippa tenant le fouet , je ne sais plus.

 

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 On reconnaît ici la sibylle Phrygienne, portant l'étendard du Christ Ressuscité  : car c'est son attribut attitré. Pourtant, l'inscription sibille frigée est placé sous sa voisine. On imagine qu'il y a eu une belle salade lors de différentes restaurations plus ou moins qualifiées.

Elle est tournée vers sa voisine ; elle est coiffé d'un diadème compliqué d'une couronne. Robe mauve très pale, manteau vieux rose pale, 

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

CONCLUSION.

L'étude des inscriptions, des attributs et des détails vestimentaires ne permet pas de proposer une interprétation particulière. Les attributs indiquent que les  artistes connaissent les travaux de leurs collègues (Jean Colombe pour les Heures de Louis de Laval), mais le nombre de dix, plutôt que douze, l'ordre de succession des sibylles, la non concordance entre les noms et les attributs ne permettent pas d'établir des liens avec les sibylles d'Amiens, d'Étampes, de Brennilis, par exemple.

 

 

.

.

SOURCES ET LIENS.

1. Sur les Sibylles de la cathédrale de Beauvais.

— Laissez-vous conter la cathédrale de Beauvais : http://www.beauvais-cathedrale.fr/docs/vpah-cathedrale.pdf

—​​​​​​Les vitraux de la cathédrale :

 http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/cathedrale/vitraux/vitraux.html

Patrimoine-histoire.fr : 

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Pierre.htm

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-eStPierre_v15.htm

— DESJARDINS (Gustave 1865 Histoire de la cathédrale de Beauvais en ligne

 

—  PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Verrière figurée : Jugement dernier, les Sibylles, les Vierges sages et les Vierges folles (baie 323)

 

https://inventaire.picardie.fr/dossier/verriere-figuree-jugement-dernier-les-sibylles-les-vierges-sages-et-les-vierges-folles-baie-323/cb5f6d58-96c2-417a-b1b0-3baade3b9bf8

— GUILHERMY (Baron dee) BnF. NAF 6096. Papiers archéologiques du baron De Guilhermy. fol. 154

— BM Beauvais. Collection Bucquet-Aux Cousteaux, tome 26. p. 519

— BM Beauvais. Collection Bucquet-Aux Cousteaux, tome 28. p. 313

 

— BARRAUD, Pierre-Constant (Abbé), 1850. Description des vitraux des deux grandes rosaces de la cathédrale de Beauvais (XVIème siècle). Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. Beauvais : A. Desjardins, 1850, tome I. p. 225-246

—  BONNET-LABORDERIE, Philippe. La Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais. La Mie-au-Roy : GEMOB, 1978 (Histoire et architecture). p. 186 et 191

— FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978. p. 181

— DESJARDINS, Gustave. Histoire de la cathédrale de Beauvais. Beauvais : Victor Pineau, 1865.

— LEBLOND, Victor. L'art et les artistes en Ile-de-France au XVIe siècle (Beauvais et Beauvaisis) d'après les minutes notariales. Paris : E. Champion, 1921. p. 30

— LEBLOND, Victor. La Cathédrale de Beauvais. Paris : Henri Laurens, 1926 (Petites monographies des Grands Edifices). p. 70-71

— PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, architecture, mobilier et trésor. Réd. Judith Förstel, Aline Magnien, Florian Meunier et al. ; photogr. Laurent Jumel, Thierry Lefébure, Irwin Leullier. Amiens : AGIR-Pic, 2000 (Images du Patrimoine, 194). p. 56

— PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais,

https://inventaire.picardie.fr/dossier/la-cathedrale-saint-pierre/5cff9dd6-30a7-4d39-b709-5ddb6b03f1dd

— WOILLEZ, Emmanuel. Description de la cathédrale de Beauvais, accompagnée du plan, des vues et des détails remarquables du monument et précédée d'un résumé des principaux évènements qui s'y rattachent. Paris : Derache, Beauvais : Caux-Porquier, 1838. p. 14

Sur les Sibylles en général.

 

 

 

 

Dans les vitraux :

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm5601/sibylles.php

Baie 12 d'Ervy-le-Chatel (Aude), v1515 : 

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8601/eg_StP@Ervy_12.php

Article de Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sibylle

https://it.wikipedia.org/wiki/Sibilla

ABED ( Julien) 2010, La Parole de la sibylle. Fable et prophétie à la fin du Moyen Âge, thèse de doctorat préparée sous la direction de Mme Jacqueline Cerquiglini-Toulet, soutenue le 13 mars 2010 à l’université Paris-Sorbonne.

https://peme.revues.org/85

BARBIERI (Filippo de) [Philippus de Barberiis] [Filippo Barberio], 1481,  [Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini, et alia opuscula] ([Reprod.]) / [Philippus de Barberiis] , Bnf, Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k591531

— BELCARI (Feo), « Sacra rappresentazione » du mystère de l’Annonciation. Ce mystère fut joué à Florence, en 1471, à l’occasion de la visite du duc Galeazzo Maria Sforza. la première édition en parut à Florence, sans nom d’auteur, à la fin du xve siècle.

https://archive.org/details/bub_gb_ZTjxnHHEHGgC

http://www-personal.usyd.edu.au/~nnew4107/Texts/Fifteenth century_Florence_files/Belcari_Annunciation.pdf  

— BURON (Emmanuel), 2004, Oracles humanistes et rumeurs de la cour : Sibyllarum duodecim oracula de Jean Rabel, Jean Dorat et Claude Binet (1586) in La Sibylle. Parole et représentation sous la direction de Monique Bouquet et Françoise Morzadec. Presses Universitaires de Rennes p. 241-254.

 —CASTEL (Yves-Pascal), 2006, "Les 70 sibylles du Finistère", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - T. CXXXV - 2006 pages 201 et suivantes

http://patrimoine.dufinistere.org/art2/index.php?art=ypc_sibylles 

CLERC (C de ), 1979, "Quelques séries italiennes de Sibylles", Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, fasc. 48-49 pages 105-127.

CHAMPIER (Symphorien), 1503, "Les prophéties, dits et vaticinations des Sibylles, translatés de grec en latin par Lactance Firmian", 3ème partie de  La nef des dames vertueuses

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79103w/f124.item.zoom

— DIURNAL DE RENÉ II DE LORRAINE , 1492-1493,  diurnale ad usum ecclesiae romanae diurnal de rené 2 de lorraine Bnf Latin 10491. Nancy. Artiste Georges Trubert. http://nossl.demo.logilab.fr/biblissima/id/Illumination/Mandragore/69433

EL ENIGMA DE LA SIBILA

https://sites.google.com/site/omnedecus/Home/art/el-enigma-de-la-sibila

GIUSTINIANI (Giulia), 2014 « Gli esordi critici di Emile Mâle : la tesi in latino sulle sibille »,Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge 

 http://mefrm.revues.org/1527 

HEURES DE LOUIS DE LAVAL , avant 1489,  Horae ad usum romanum Bnf Latin 920. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501620s/f42.item

 — HÜE (Denis), 2004, La Sibylle au théâtre, in Sibylle, parole et représentation, Presses Universitaires de Rennes p. 177-195 http://books.openedition.org/pur/30366

— JOURDAIN & DUVAL, 1845, -"Les Sibylles, peintures murales de la cathédrale d'Amiens", Mémoire de la Société des Antiquaires de Picardie Tome VIII pages 275-302 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4083456/f273.image

 

 

KRIEGER (Denis), Autour des vitraux d'Arnauld de Moles à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch

(un dossier iconographique sur les Sibylles)

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/index_htm_files/Auch%20et%20les%20Sibylles.pdf

 —LAMBERT (Gisèle), Les premières gravures italiennes =  Les gravures de Baccio Baldini : une suite de 24 prophètes et 12 Sibylles .

http://books.openedition.org/editionsbnf/1365

LE VERDIER, (Pierre Jacques Gabriel,) 1884, Mystère de l'incarnation et nativité de Notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ : représenté à Rouen en 1474, publié d'après un imprimé du XVe siècle Société des bibliophiles normands

https://archive.org/stream/mysteredelincarn01leve#page/n69/mode/2up

MÂLE  (Émile), 1925,  L'art religieux de la fin du Moyen Age en France  : étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration  3e éd., rev. et augm. / Paris : A. Colin ,  p. 254-279.

https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml#page/252/mode/2up

https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml/lartreligieuxde00ml_djvu.txt

MÂLE  (Émile) , 1899, Quomodo Sibyllas recentiores artifices repraesentaverint [Texte imprimé] / E. Mâle,.. / Parisiis : E. Leroux , 1899  

MONTEIRO (Mariana), 1905, As David and the Sibyls says. A sketch of the Sibyls and the sibylline oracles  

https://archive.org/details/asdavidsibylssay00montrich

PASCUCCI (Arianna), 2011, L'iconografia medievale della Sibilla Tiburtina in Contributi alla conoscenza del patrimonio tiburtino, Vol. VIII, Liceo classico statale Amedeo di Savoia di Tivoli, 2011,

 http://www.liceoclassicotivoli.it/Pascucci_Sibilla_Tiburtina_2011.pdf

https://www.academia.edu/9789364/Liconografia_medievale_della_Sibilla_Tiburtina_di_Arianna_Pascucci_Tivoli_2011

RÉAU (Louis), Iconographie de l'art chrétien, II, Iconographie de la Bible, Ancien Testament, p. 420-430.

ROESSLI (Jean-Michel), 2002,  Catalogues de sibylles, recueil(s) de Libri Sibyllini et corpus des Oracula Sibyllina Remarques sur la formation et la constitution de quelques collections oraculaires dans les mondes gréco-romain, juif et chrétien Jean-Michel Roessli (Université de Fribourg, Suisse)  in E. NORELLI (ed.), Recueils normatifs et canons dans l'Antiquité. Perspectives nouvelles sur la formation des canons juif et chrétien dans leur contexte culturel. Actes du colloque organisé dans le cadre du programme plurifacultaire La Bible à la croisée des savoirs de l'Université de Genève, 11-12 avril 2002 (Lausanne, 2004; Publications de l'Institut romand des sciences bibliques 3), p. 47-68

http://www.concordia.ca/content/dam/artsci/theology/profiles/jean-michel-roessli-catalogues-sibylles.pdf

ROESSLI (Jean-Michel) , 2007 « Vies et métamorphoses de la Sibylle », Revue de l’histoire des religions :

 http://rhr.revues.org/5265

 — Sibyllae et prophetae de Christo Salvatore vaticinantes - BSB Cod.icon. 414 (1490-1500) http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00017917&pimage=00017917&suchbegriff=&l=fr

TASSERIE (Guillaume), 1499  Le Triomphe des Normans composé par Guillaume Tasserie traictant de la Immaculée Concepcion Nostre Dame

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k424472s

Le Triomphe des Normans traictant de la Immaculée Conception Nostre Dame est un mystère qui fut joué en 1499. Une seule copie de ce texte nous est parvenue, dans un manuscrit ayant appartenu jadis au Duc de la Vallière. La mise en ligne et la mise en page ont été assurées par Denis Hüe à l’Université Rennes

2http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/triomphe/triomphe.html

 

—BERTAUD (Jean) , 1529, Encomium trium Mariarum cum earundem cultus defensione aduersus Lutheranos [et alia opera : Sequitur Officium trium filiarum beatae Annae et ♦ De cognatione sacerrimi Ioannis Baptistae cum filiabus et nepotibus beatae Annae Libri tres ♦ expurgati et emuncti]

 

 

Tractatus Zelus Christi, Venise 1592

https://books.google.fr/books?id=eItlAAAAcAAJ&pg=PA44-IA1&lpg=PA44-IA1&dq=ensem+nudum+sibylla&source=bl&ots=mmZ9XSX-Hd&sig=mpqSs1Y5_ou3a9KrWaEIqX-w4eo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiS4_Ghx8nPAhXnDsAKHeLyAXEQ6AEIHDAA#v=onepage&q=ensem%20nudum%20sibylla&f=false

 

Description des sibylles de la rosace de la cathédrale de Beauvais par Jean et Nicolas Le Prince 1537 : 

https://archive.org/stream/beauvaissacathd00pihagoog#page/n95/mode/2up/search/sibylle

 

 

 


 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Beauvais Vitraux Sibylles
5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 21:51

Je ne vais pas me fouler, je vais recopier — à la main — le texte d'Isabelle Isnard proposé par le site de la base Palissy des Monuments historiques :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM60000268

"Le vitrail a été donné à l'église par l'abbé Spey Broeck. Son classement a été demandé par le donateur. Il a été proposé au classement le 8 octobre 1984. A l'origine, il se trouvait dans une chapelle privée détruite pendant la guerre de 1914-1918. Ce vitrail sort des ateliers Van Doorne comme l'indique la présence du monogramme du maître. Le paysage de la scène est réalisé avec une grande minutie dans les détails qui n'est pas sans rappeler le travail d'Albrecht Dürer. Le panneau peut être daté du début du 17e siècle. h = 60 ; la = 40. Le panneau figuré est entouré d'une bordure de verre blanc décorée de motifs décoratifs en jaune d'argent. Sur le panneau figuré : Adam et Eve au centre de la composition cachent leur nudité et fuient sous les injonctions de l'ange représentés à gauche du panneau. La scène se déroule dans un paysage animé par de nombreux animaux dont un lièvre. "

Mais, direz-vous, qui est cet abbé Spey Broeck ? Lavieb va vous l'apprendre. Carlos Speybroeck fut le curé de la paroisse de Précy-sur-Oise de 1979 à 2011. Un historien érudit, puisqu'on lui doit Précy au fil de l'eau  et Précy-sur-Oise pendant la Révolution (1989). Mais aussi le membre de la Commission d'art sacré de l'Oise. 

Et le peintre Van Doorne, dites-nous un peu, Lavieb, de qui il s'agit ?

Je n'en sais rien. J'ai juste réussi à trouver les trois lettres AVD au dessus de la tête du lièvre. Je trouve une famille de sculpteurs et d'artistes de Malines, des Jan, des Martin, mais aucun peintre-verrier. Ce monogramme est proche de celui d'Albrecht Dürer AD. 

.

Ma photo n'est pas meilleure que celle mise en ligne sur l'article Wikipédia par Chatsam, mais elle la complète.

.

 

Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

.

 

Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

.

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 22:36

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais baie n° 6, Le Jugement Dernier .

.

Voir :

L'église Saint-Étienne :

La cathédrale :

Beauvais :

.

La baie n° 6 du Jugement Dernier  comporte  quatre lancettes lancéolées organisées en 2 registres, et un tympan à 8 mouchettes bilobées et 6 écoinçons.  Elle mesure 7,10 m de haut et 3,20 m de large.

Cette œuvre, datée vers 1522 et atribuée à Engrand Le Prince par J. Lafond,   a été restaurée par Roussel en 1878.

 

 

Selon la description donnée en 1999 par Isabelle Isnard pour la notice des Monuments historiques : 

"Le Jugement Dernier occupe les trois lancettes de gauche. A droite, l'Enfer, au centre saint Michel psychopompe et à gauche la résurrection des morts, leur séparation et les âmes des élus qui montent au ciel. Au dessus, le Christ Juge entouré de saint Jean-Baptiste, de la Vierge en prière et de deux anges sonnant la trompette. Dans le registre supérieur de la lancette de droite, des donateurs sont présentés par saint Pierre. Dans le registre inférieur, le panneau moderne présente le curé de Saint Etienne lors des restaurations de 1878. Au tympan, une Trinité dans la mouchette centrale et autour, dans les soufflets, des anges musiciens, le Soleil et la Lune. Restauration de Roussel en 1878. Le panneau représentant le curé en donateur est moderne. Transcription : " Roussel, 1878" http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM60003013

On apprend aussi que "cette verrière a été très restaurée au XIXe siècle. A l'origine le registre inférieur du vitrail d'Engrand exposait un certain nombre de corps nus qui ont choqué quelques bonnes âmes du XIXe. Ce registre a été supprimé. Les débris ont néanmoins été remis en place et restaurés par le maître verrier beauvaisien Roussel en 1878.". Mais les sources consultés n'indiquent pas la date de ce vandalisme poudibond et dévot. Stanislas de Saint-Germain indique en 1843 (page 70) que "les détails inférieurs ont été brisés récemment". Mais il en donne néanmoins une description qui peut laisser penser que la destruction du registre inférieur n'a pas été totale. Il y a là quelque chose d'incohérent et d'insuffisament précisé. Si des esprits prudes s'étaient offusqués de certains détails anatomiques, ils les auraient fait dissimuler ou ôter sans s'en prendre à l'ensemble des panneaux, comme les paroissiens bretons le firent des statues de Vierges allaitantes, dont la poitrine étaient rhabillées, ou les Italiens des peintures de Michel-Ange qui étaient corrigées. C'est d'ailleurs, sur l'autel de la Chapelle Sixtine, les personnages nus du Jugement Dernier (1536-1541) qui "bénéficièrent " des repeints de pudeur du "Braghettone" Daniel de Volterra.

 On sait certes aussi que Beauvais fut, au XVII et au XVIIIe, par son Lycée, un centre de rayonnement et d'enseignement du jansénisme. Mais selon Stanislas de Saint-Germain, les destructions eurent lieu au peu avant 1843.

Enfin, je trouve que le registre inférieur ne mérite pas le qualificatif d'Affreuse platitude" décerné par Jean Lafond dans le texte (par ailleurs remarquable bien entendu)   de  Jean Lafond en 1929 :

 

"Le vitrail du Jugement Dernier est contemporain de l'Arbre de Jessé [1522-1524], dont il forme pour ainsi dire le pendant, et l'on peut croire qu'Engrand Le Prince a pris dans son exécution une part prépondérante. La partie inférieure de la verrière a été mutilée par de bonnes âmes que choquaient les nudités de la Résurrection des Morts et de l'Appel des Élus. Le chanoine Barraud rapporte ce trait de vandalisme, non sans le flétrir très justement. En fait, seul le premier compartiment (qui représentait ce double sujet) a été entièrement détruit pour faire place à une composition moderne dont la décence ne compense pas l'affreuse platitude.

Le Pésement des Âmes, et l'Enfer, dans les travées voisines, ne sont que restaurées, fort mal d'ailleurs. Il faut admirer l'armure d'or et d'argent de l'archange aux ailes vertes , et – à gauche de la gueule de Léviathan qu'ouvre un monstrueux diable rouge –, une très belle tête de damné. Même le portrait du bon curé Potier est surmonté d'un excellent panneau décoratif qui rappelle le dernier vitrail de la chapelle de la Vierge.

A la partie inférieure de l'armure, est tracée l'invocation Sancte mi[ch]ael . Sur une jambière, on distingue les lettres A et (N) ?

Le registre supérieur est parfaitement conservé . Le Christ est assis sur l'arc-en-ciel, les pieds posés sur le globe du monde. Son large manteau rouge laisse voir les plaies de la Passion. Auprès de son visage nimbé de rayons d'or, on aperçoit d'un côté un lis et de l'autre un glaive. Ces symboles de la Miséricorde et de la Justice éclairent le geste du divin juge, qui bénit les élus, et abaisse la main gauche en signe de réprobation. A la droite du Christ est agenouillée la sainte Vierge, vêtue d'une robe violette et d'un manteau blanc broché d'or. Elle intercède pour les hommes en joignant les mains. De l'autre côté, c'est saint Jean-Baptiste, vêtu d'une peau de bête sur laquelle est jeté un manteau rouge. Sa tête barbue et chevelue, au profil maigre, au nez incurvé, est peinte avec cette grisaille brun clair dont nous avons déjà noté l'emploi dans le portrait présumé d'Engrand Le Prince [Arbre de Jessé].

Au dessus de ces deux personnages, des anges blancs, aux vastes ailes éployées, paraissent dans les nuages bleus et sonnent de grandes trompette recourbées. Un troisième ange, le soleil et la lune, occupent la pointe des lancettes.

A l'exception du dernier détail, toute cette ordonnance suit très fidèlement le modèle donné par Albert Dürer dans la Petite Passion sur bois (vers 1509-1511). On remarquera qu'elle n'occupe que trois compartiments : il fallait bien mettre le Christ au centre du tableau. Le peintre verrier s'est servi de la quatrième lancette pour loger le donateutr et sa femme sous une forte architecture d'or décorée de putti et de dauphins. Ces donateurs, dont les armoiries ont disparues, sont présentés par un majestueux saint Pierre.

Le tympan, fort intéressant, au point de vue de l'iconographie, met en scène, autour d'une Trinité environnée d'anges musiciens, saint Jean-Baptiste flanqué de deux personnages de l'ancienne loi, et la Vierge Marie qui forme avec deux saintes femmes un groupe délicieux. " (J. Lafond 1929 pages 79-80).

.

 

.

 

Baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

I. REGISTRE SUPÉRIEUR.

.

Les trois panneaux de gauche forment un tout, dans lequel Engrand Le Prince se réapproprie avec talent le Jugement Dernier de Dürer dans sa série de la Petite Passion : ici, chez Le Prince, les trois personnages sont des entités autonomes comme trois foyers de radiations sacrées.

.

Albrecht Dürer, Jugement Dernier de la Petite Passion.

Albrecht Dürer, Jugement Dernier de la Petite Passion.

Registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette A. La Vierge.

On  évoque la Vierge de la Déposition en baie n°0.

Lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

J'essaye de comprendre "comment c'est fait". Le verre blanc, chez Engrand Le Prince, n'est pas blanc-transparent, il est laiteux, crémeux, l'application de grisaille plus ou moins dense le transforme en une matière soulevée par par des modelés, des arêtes, des flux et des plis. Le plissé de la robe de l'ange, d'abord concentrique autour du tronc, frise et se gaufre sur les manches. Si l'on suit, comme dans le pavillon d'une oreille, les circonvolutions du trait blanc dont on pense qu'il est "enlevé" par quelque outil, on constate qu'il est doublé (comme dans la technique du triple trait du moine Théophile) par un trait gris sombre, et enfin on perd le tracé. 

Le visage obéit à d'autres lois. Il est passé au blanc comme celui d'une geisha ou d'un pierrot lunaire, et seuls quelques traits parcimonieux, denses, écrivent deux yeux, la ligne des narines et la clef de sol de l'oreille. Pourtant, le front est bombé, les joues sont gonflées, le regard est concentré. Rien n'indique comment nous viennent ces convictions.

Le jaune d'argent des cheveux  me retient à son tour. Ces cheveux, ce sont des nouilles, des pailles ou des herbes folles, un champ de blé peint par Van Gogh, ce sont des flammes et des flammêches, emportés par un coup de vent dégageant le front .

Me voilà aux ailes  maintenant : le verre vert est travaillé par des grisailles vaporeuses où le doigt de l'artisan vient d'abord tracer des  contours foliaires, avant que le manche d'un pinceau ne vienne zébrer la surface par des traits rapides pour exprimer les nervures alaires.

.

 

Ange buccinateur annonçant le Jugement, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ange buccinateur annonçant le Jugement, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Je poursuis mon exercice avec le visage et le voile de la Vierge.

 

 

Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

L'étoffe dorée est damassée selon le motif propre à Engrand Le Prince et à son atelier : une palmette et des  "roues dentées" piquées par trois sur un pétale. Le cément jaune d'argent est dilué à gauche et se concentre sur le pan de droite pour devenir orange.

 

Damas de la robe de la Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Damas de la robe de la Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Tête de la lancette A. Le Soleil anthropomorphe (visage de 3/4).

Ce soleil, comme la lune de la lancette D, indiquent la dimension cosmique du Jugement.

 

.

Tête de la lancette A, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de la lancette A, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette B. Le Christ.

On passe toujours trop vite devant les œuvres... Je relis Jean Lafond :

"Le Christ est assis sur l'arc-en-ciel, les pieds posés sur le globe du monde. Son large manteau rouge laisse voir les plaies de la Passion. Auprès de son visage nimbé de rayons d'or, on aperçoit d'un côté un lis et de l'autre un glaive. Ces symboles de la Miséricorde et de la Justice éclairent le geste du divin juge, qui bénit les élus, et abaisse la main gauche en signe de réprobation."

Malgré deux visites de la verrière et de (très) longues heures passées à trier et sélectionner mes images et à rédiger cet article, je n'avais pas vu l'arc-en-ciel. Il est fait d'un verre bleu clair, assombri au pinceau d'un arc bleu au centre (grisaille ou émail ?) et d'une bordure au jaune d'argent en partie basse. Tout cela pour deux morceaux de verre de quelques cm².

L'éclat de lumière jaune, qui adopte la forme vague d'une étoile, est fait de six panneaux (avant la pose de plombs de casse) de verre blanc passés au jaune d'argent, avec une réserve en forme de croix autour de la tête, et des variations de densité du cément qui créent autour du Christ vainqueur de la mort cette radiance surnaturelle impressionnante. 

 

 

.

Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Ce que je n'avais pas vu non plus, c'est le lis blanc : j'avais pris la tige verte pour une sorte d'éclair, et la corolle blanche m'avait échappé. Je VOIS  maintenant cette extraordinaire et inédite image du glaive dont la pointe touche l'oreille gauche, alors que la tige du lis semble s'échapper de l'oreille droite. Cela a la force d'une vision extatique, bouleversante ou renouvellante car les réflexions sur les significations possibles de cette composition sont infinies.

Le regard (ce regard qui troue des chairs blanches et qui est l'une des signatures immédiatement identifiables de l'atelier des Le Prince) est tourné vers la droite, vers le coté du jeune lis en fleur, de la main qui bénit et accueille les Élus, celui de la Miséricorde. Le glaive glacé de la Justice et de la Loi, métamorphosé par le passage par le Christ, transforme son intransigeance acérée et tranchante en la tendresse chaleureuse et  bienveillante du pardon. Est-il possible d'aller aussi loin dans la compréhension théologique du christianisme par l'expression d'une seule image ?

Que fait la main gauche ? Elle ne repousse pas, elle n'a aucune agressivité, elle semble vouloir calmer certains excès. Du coté gauche se tient Jean-Baptiste dans son vêtement de poils de chameau : le Précurseur est un exalté vivant dans le désert et se nourissant de sauterelles : c'est le dernier des Prophètes de l'Ancien Testament, un Élie redivivus. Dans le tympan, il est entouré de deux prophètes. Est-ce sa virulence que Jésus tempère de son geste apaisant ?

 Le lis, avec sa fleur immaculée, symbole de pureté, de virginité, est tourné vers la Vierge, la Nouvelle Éve.

 On semble voir ici l'illustration du verset de l'évangile de Jean 12:46-47 : 

 

"Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres.

 Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde point, ce n'est pas moi qui le juge; car je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde. "

.

 

Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Tête de la lancette B. Ange adorateur.

.

 

Tête de la lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de la lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette C. Saint Jean-Baptiste.

.

 

Lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Tête de lancette C. La Lune anthropomorphe (un profil).

.

 

Tête de lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette D. Le couple de donateurs présenté par saint Pierre.

Saint Pierre est placé devant une tenture verte damassée, dans une niche qui l'isole des trois lancettes précédentes. Mais le motif du damas est le même que celui de la robe de la Vierge .

Staniaslas de Saint-Germain, en 1843, et Fanny Dénoix, en 1868, ne décrivent que saint Pierre et passent sous silence les donateurs, qui ne devaient donc pas être alors très visibles.

.

Lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Tête de lancette D.

C'est un chef-d'œuvre de jaune d'argent. Dans la partie basse, quatre enfants nus en deux groupes semblables (un garçon bouclé, assis, tenant un bâton et faisant un signe de la main, auprès d'un compagnon au cheveux paille, soulevant des deux bras une sorte d'emblème). En haut, l'emblème en question, où deux poissons à gueule d'aigle s'affrontent en traçant un cercle, qui circonscrit un vase.

 

 

Tête de lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.
Tête de lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

.

II. REGISTRE INFÉRIEUR.

.

On se rappelle que cette partie a été partiellement ou totalement détruite, et refaite avec des éléments modernes.

Registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette A. Les Élus appelés par un Ange.

Toujours le même motif de damas pour l'Ange.

Une femme portant une guimpe nous regarde presque malicieusement. C'est peut-être une donatrice, et  alors sans doute une religieuse.

.

Lancette A, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette A, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette B.

L'archange Saint-Michel tient sa balance. A droite, un homme dont l'âme est trop lourdement chargé de péchés est déjà emporté par un diable, tandis que sur le plateau le plus haut, une femme (la compagne du damné) tend desespérément le bras pour le rattraper par le pied. En vain, bien-sûr. Une chrétienne qui regrette déjà son mari à l'entrée dans le Paradis, est-ce vraiment bien catholique ?

En 1868, le vitrail n'était pas si détruit que cela, puisque Fanny Dénoix en a laissé la description amusée suivante : 

"Au bas, s'opère le pèsement et la classification des âmes. Mais quel ingénieux combat ! Un mari, trop lourd d'iniquités, est repoussé vers l'abîme. Sa femme prédestinée, elle, s'efforce de le retenir, de l'entraîner chez les bienheureux ; et la pauvre épouse obligée de lâcher prise, abandonne au démon cette part de sa vie. La femme est comique d'épouvante, l'époux est inimitable de couardise."

 

Sur la pièce d'armure se lisent les mots Samcte Michael, mais on trouve aussi sur la cuissarde droite un superbe A, seule lettre distincte d'un groupe de trois.

.  

.

 

Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette C.

.

 

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Lancette D.

Elle montre un saint et une sainte présentant un écclésiastique, en posture de donateur.

Le nimbe du saint (en tenue monastique mais tenant la crosse d'un abbé) porte l'inscription SANCTUS CNSTANCIANVS . Puis vient sainte Anne, avec le nimbe portant l'inscription SANCTA ANNA.

Il n'existe aucun "sanctus constancianus" . Il existe dix "Saint Constantin", mais aucun ne fut abbé. Saint Constant ou constance était sacristain de l'église Saint-Étienne d'Ancône. Quelle est la clef de ce mystère ?

 

Un cartel indique :

 L'an de N.S.J.C 1878 Mre Ctien POTIER Estant curé feit refaicter ceste vitre par J.E. ROUSSEL de la Corption des Maistres Peintres-Verriers de France à Beauvais.

 

L'abbé Potier était alors curé doyen de Saint-Étienne de Beauvais, et il a fait procéder à la restauration de cette vérrière par J.E. Roussel, peintre-verrier installé  37, rue Sainte-Marguerite, à Beauvais.  Actif de 1877 jusqu'à son décès en 1891, ce peintre était associé à T. Malhot, cartonnier. Louis Koch sera son successeur. On lui doit aussi les vitraux de la chapelle, Notre-Dame de Piété, à Auneuil en 1880

 L'abbé Potier était  chanoine honoraire de Beauvais dès 1863 . Il avait été (ou un homonyme)  premier vicaire de la cathédrale en 1852 et 1865. La Société Académique de l'Oise conserve encore ses "Sermons et discours choisis". Il nous regarde derrière ses lunettes cerclées et porte la tenue écclesiastique des chanoines, avec le surplis blanc aux manches et à la bordure aérées par une fine dentelle ; ses épaules sont chaudement recouvertes d'une courte pèlerine dont la fourrure blanche apparaît en périphérie, une sage et douillette précaution lorsqu'il faut rester durant l'office dans les stalles du chœur. La nommerez-vous "aumusse",  signe distinctif du canonicat ? Ou plutôt "Camail" ? Ou mozette ? Sachez qu' un espace sépare les deux pans du camail sur la poitrine, alors que la mozette se boutonne à ce niveau.

Quoiqu'il en soit, notre saint homme, émule peut-être de Prosper Mérimée, a souhaité imiter les inscriptions médiévales et multiplier les tournures désuettes sans se soucier du ridicule et du fautif. "Estant curé", il a "feit refaicter ceste vitre", mais, pour mieux singer ses prédecesseurs, il aurait du écrire "refaictier" ou "refetier", ou "reffaitier" et ainsi se conformer au Dictionnaire de Godefroy. Certes, celui-ci ne fut publié qu'en 1881 et je lui donne l'absolution, pourvu qu'il adopte une tête moins suffisante.

Les abréviations Mre Ctien   peuvent-elles être comprises comme Maître ou Messire Ctien Potier ? Quel est le prénom de l'abbé ? Chrétien ? 

Bingo, je finis par trouver la bonne réponse et par identifier du même coup le saint tutélaire : saint Constantien de Javron.

Constantien, ermite à Javron, est né en Auvergne devint moine à l'abbaye de Micy (Saint-Mesmin) près d'Orléans, où il fit la connaissance d'un compatriote, l'ermite saint Fraimbault. Ils  se retirèrent tous deux  vers 570 dans un ermitage de la forêt de Nuz. Saint Innocent, l'évêque du Mans, les accueille et favorise leur projet. Il oblige Constantien à recevoir la prêtrise afin qu'il joue un rôle missionnaire auprès des populations locales. Saint Domnole, le successeur de saint Innocent, lui assigne les mêmes fonctions. La réputation de sainteté de Constantien atteint le roi Clotaire qui vient lui rendre visite dans sa retraite. Le saint lui prédit la victoire contre les Bretons d'Armorique. Le moine mourut en 570 et il fut enterré à Javron où s'établit un prieuré dépendant du monastère Saint-Julien de Tours. Au XIe siècle, une partie de ses reliques, mises à l'abri à la cathédrale du Mans,   fut transportée par Hilduin  à l'abbaye de Breteuil, près de Beauvais. Il est  fêté le 1er décembre (dans le Maine) et le 2 décembre (à Beauvais), avec le titre d'abbé.

Voir Vie des saints du diocèse de Beauvais page 499-505.

Je trouve la confirmation du prénom de l'abbé à propos d'un monument qu'il fit dresser en son honneur dans l'église : dans  Une visite à Beauvais : historique, promenade dans la ville, les faubourgs, hommes célèbres du Beauvaisis  par Alexis Martin éditeur A. Hennuyer , Paris, 1894 il est fait mention "du monument élevé à la mémoire de Constancien Potier, curé de la paroisse, mort en 1870 [?] ".

.

 

 

 

 

 

Lancette D, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Haut du panneau .

C'est certainement l'œuvre d'Engrand Le Prince. On y voit trois enfants nus, des feuillages et deux oiseaux.

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

III. LE TYMPAN.

.

Je renvois à la description de Jean Lafond citée supra .

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Ange musicien, tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ange musicien, tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

SOURCES ET LIENS.

 

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 

 — CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

 

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

 

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond.

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

— VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 21:56

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais. Baie n°12, Enfance de saint Étienne, et La Fontaine de Déité souveraine.

.

Voir :

L'église Saint-Étienne :

La cathédrale :

Beauvais :

.

.

 

Plan des vitraux du chœur (in Leblond et Lafond).

Plan des vitraux du chœur (in Leblond et Lafond).

.

La baie n°12 est composite, associant un registre supérieur qui reçoit des vitraux anciens historiés par une bande de verre blanc légendée, et un registre inférieur qui simule, de loin, l'aspect général du précédent par des plages colorées. Haute de 6,40 m de haut et de 2,00 m de large, et située dans la chapelle Saint-Nicolas (autrefois Sainte-Catherine) au sud du chœur, elle est formée de 3 lancettes lancéolées et d'un tympan de 10 ajours, aux verres également anciens.. Mon attention se portera bien-sûr sur l'œuvre ancienne, datée de 1524 et attribuée grâce à un monogramme à Engrand (ou Enguerrand) Le Prince (voir introduction de l'article I de cette série).

 

La verrière a beaucoup souffert durant la Révolution, où l'église avait été utilisée comme grange à fourrage de 1793 à 1796.  Elle a alors perdu son registre supérieur, qui fut remplacé par du verre blanc lors d'une restauration dans le courant du XIXe siècle. Après un nettoyage et une remise en plomb  en 1907 par Delon, peintre-verrier, elle fut restaurée en 1950 par Jean-Jacques Gruber, et le registre inférieur fut placé en partie haute.

Ses trois lancettes sont consacrées à deux thèmes différents et, à priori, indépendants : la lancette A (première à gauche) et C (dernière, à droite) illustrent des scènes de l'enfance de saint Étienne, diacre et protomartyr. Au centre, la lancette B montre une Fontaine de Déité.

Je les présenterai d'abord telle que je les ai découvertes, avant d'exposer, en Discussion, les clefs d'interprétation suggérées par Louise Lefrançois-Pillion et Jean Lafond, et qui en font une œuvre passionnante.

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

Lancette A.

Elle n'est pas si facile à interpréter, d'autant que la légende est en bonne partie perdue et remplacée par des caractères factices. Je parviens à lire :

 

Dens ung desert ung hermite habitoit

D t un ers bras sainct estienne ---

Le dit sainct home es son petit hermitage*

Aimable doulx estoit et pai---hui- --- [paisible ?]

Des apostres recut le sacrement

Des [scienses avoit] ----abandammet [remply].

(*) : selon Jean Lafond, "ce dernier mot a été rétabli à faux par le restaurateur"

C'est peu, mais cela indique qu'il s'agit d'une scène de l'enfance de saint Étienne ; et la phrase "des apostres reçut le sacrement " s'applique selon toute logique au passage des Actes des Apôtres 6:6 :

"Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables.Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge.En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole ». Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains".

Observant le vitrail, on interprète alors mieux la scène où cinq personnages dont l'un aux épaules couvertes d'une étole se penchent vers un petit enfant nimbé placé au dessus d'un bassin faisant office de fonts baptismaux .

.

 

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 La lancette montre l'ermite mentionné par l'inscription levant les bras et traçant de la main droite un signe de croix (conjuratoire) vers un diable rouge tenant un enfant dans ses bras. Et, à droite, la scène du "baptême". 

Je n'ai pas pu retrouver la source de ces épisodes de la vie de saint Étienne, qui ne sont pas relatés dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. En 1514, Vittore Carpaccio a peint Le Baptème de Saint Etienne, c'est un petit indice dans cette enquête. Dans l'iconographie, les représentations concernent la lapidation de saint Étienne (++++) , l'invention de ses reliques, son corps défunt gardé par les animaux, la vision de saint Étienne,  ou "Étienne et les rabbins"; certaines enluminures montrent "l'institution des sept diacres" par les apôtres (Paris Bnf Fr. 302 fol.295v), ou "l'ordination de saint Étienne (Bnf Latin 792 fol.36). L'exploration des bases de données Enluminures et Mandragore ne retrouve rien de comparable à ces panneaux.

.

 

 

 

 

 

Dens ung desert ung hermite habitoit

D tun ers bras sainct estienne ---

Le dit sainct home es son petit hermitage

Aimable voulx estoit et pai---hui- ---

Des apostres recut le sacrement

Des ----abondammen

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

.

 

 

 

 

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

LANCETTE B.

.

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

Là encore, l'inscription à demi effacée reste énigmatique. Elle semble expliquer l'acte de donation "l'an 1524" dans un contexte de famine, de disette par insuffisance des récoltes et chéreté de la vie, 

 

 

Jadis en monde ennuyeul /temps p~m--- xxxv ---de mortalite (ou : "mort dite")

En famine pareillement Car ---- mour Et semblablement sachent

Quan lan mil Vcxxiiii le ble --- pour verité la terre eust grande stérilité

----rut par accident de ---/ ceste chereté Auquel en say---variété

Ceste ve[rri] ere fut donée Et  --dict de la fontaine Marle-nt une voulenté saine

-el laua—use mise De Quine ---maneration

-eu-hon-auleur---

Jean Lafond a lu ensuite :

Ou est la nativité mise

De -------

-----pour son intention

Que pour remuneration

Que son benoist sauveur ih(esu)s

Luy

Que ses amys samblableme[n]t

 

En la fin ayent saulvement

 

.
 

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

Le vitrail montre une fontaine, entourée de nombreux personnages, dont le plus remarquable est un jeune homme en manteau rouge et manches vertes, mains jointes. Ne s'agirait-il pas du donateur, en un habile jeu de mots entre son patronyme et la fontaine ? Trois femmes à coiffes et larges manches plissées me rendent également perplexes ; elles n'ont pas la posture de donatrices, mais elles consultent un ouvrage, l'une lisant sur l'épaule de l'autre. L'une d'elles tient une couronne, verte, bleue et rouge, semblable à celle avec laquelle, sur un autre vitrail, une femme se prépare à couronner un saint. Elles me font penser à trois fées.

Ce n'est que tardivement que je remarque, de l'autre coté de la margelle, une femme accoudée et mains jointes comme le donateur : la donatrice, bien-sûr, Jeanne de Bauldry, dame d'Ognon ! Entourée de ses six enfants ou petits enfants dont on distingue les têtes blondes.

 

Il resterait à identifier l'homme au chapeau rouge et manteau damassé d'or, qui montre à son interlocuteur en chapeau bleu les banderoles qui s'échappent de la vasque. 

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

Comme m'y invite l'homme au chapeau rouge, j'observe la fontaine (un chef-d'œuvre de jaune d'argent et de grisaille bien digne d'Engrand Le Prince) : un fût central à quatre pans supporte une première vasque d'où deux grotesques à ventre rebondi font jaillirent de leur poitrine un liquide rouge. Le fût se poursuit, orné d'une charmante femme tenant un miroir et un peigne et surmonté d'une colombe, puis vient une vasque principale aux flancs décorés de rinceaux et de personnages.

Les quatre banderoles se lisent ainsi :

Amis, descendons en la fontaine,

de la Deité souveraine,

La source vient pour vérité

De ses deux mains pieds et costé

Cette "déité souveraine"  désigne Dieu trinitaire, mais c'est le Christ crucifié qui est celui qui alimente la source, par les plaies de ses mains, de ses pieds et de son flanc droit.  Il s'agit donc d'une fontaine mystique où s'écoule le sang du Christ assimilé et même identifié par l'eucharistie au vin de l'office chrétien.

Le thème de la fontaine mystique est très ancien puisque, sous la forme du  thème du Pressoir Mystique  (en latin torculus Christi),  il trouve son origine dans l'évangile de Jean «  Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.» Jn 15:1. Une lecture typologique a trouvé des résonances avec des passages vétéro-testamentaires comme  Isaïe 63 mentionnant "les habits écarlates, le vêtement de fouleur au pressoir ", et avec le passage de l'Apocalypse « Le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang ; et son nom ? Le Verbe de Dieu » (Ap 19, 13). Les Pères de l'Église Tertullien,saint Cyprien, saint Augustin, saint Grégoire puis Isidore de Séville ont développé cette image de la Passion comme Pressoir, les poètes latins comme Venance Fortunat  l'ont repris : « Entre tes bras s'enlace la vigne, d'où coule pour nous en abondance le doux vin qui a la rougeur du sang » (Poèmes II, 1).  La métaphore se répandit ensuite dans toute l'Europe, dans l'art pictural, associé au thème du Bain Mystique, dans le sang du Christ  : aspersion du Sang du Christ, Fontaine des vertus, Fontaine de grâce, Fontaine de vie.

On le trouve donc illustré partout, sur les chapiteaux de Vézelay, dans les enluminures, en peinture, etc... Je citerais d'une part le polyptique de  l'Agneau mystique des frères Van Eyck (Gand, 1432) et le Bain mystique de Jean Bellegambe à Lille (1510).

Dans un enrichissement de la métaphore, le sang divin qui, comme une source, nourrit, abreuve, irrigue l'humanité est assimilé au Verbe, et aux saintes Écritures, et les trois lectrices du vitrail illustrent sans-doute cette interprétation : en lisant le texte  sacré, elles boivent à la fontaine de Vie.

Mais ici, l'utilisation des termes "déité souveraine" signale une influence théologique particulière. La théologie de la Trinité de Thomas d'Acquin qui a repris, dans les écrits du Pseudo-Denys (Dionysius), la notion de Fontana deitas ou Fontaine de déité. Denys, (assimilé autrefois avec  Denys l'Aréopagite) l'emploie dans son ouvrage sur les Noms divins (de Divinis Nominis chapitre II, 5 et 7 : édition en ligne Philippe Remacle http://remacle.org/bloodwolf/eglise/denys/noms.htm)

V. Si les noms divins doivent s'appliquer avec distinction, ce n'est pas seulement lorsqu'il s'agit d'exprimer, comme j'ai fait plus haut, que les adorables personnes, dans leur parfaite union, conservent leur subsistance propre, mais aussi lorsqu'il faut marquer qu'en la génération éternelle toutes choses ne sont nullement réciproques. Ainsi, le Père seul est la source substantielle de la divinité ; et le Père n'est pas le Fils, et le Fils n'est pas le Père ; et la langue sainte attribue invariablement à chaque personne ses propriétés relatives. Voilà ce qu'il y a de commun et de distinct dans cette ineffable et indivisible nature.

VII. {...] Car nous ne connaissons les choses divines et ce que le ciel nous manifeste qu'autant que nous y participons; mais de dire ce qu'elles sont dans leur principe et dans leurs formes, c'est ce qui dépasse tout entendement, toute nature, toute science. Ainsi, lorsque nous nommons ce mystérieux océan de l'être, Dieu, vie, substance, lumière, ou Verbe, nous ne concevons autre chose que les grâces qui nous en viennent et par lesquelles la déification, l'existence . la vie ou la sagesse nous sont départies; mais pour lui, nous ne l'atteignons que par le repos complet des facultés de l'entendement, n'apercevant plus ni déification, ni vie, ni substance qui soutienne comparaison exacte avec celle cause première, suréminemment élevée par-dessus tout. Ainsi encore, nous avons appris des saintes Ecritures que le Père est la source de la divinité; que le Fils et l'Esprit sont, pour parler de la sorte, les fruits merveilleux de sa fécondité, et comme les fleurs et l'éclat de cette riche nature :  mais comment cela se fait-il, c'est ce qu'on ne peut ni dire, ni concevoir. (Rursus, quod Pater quidem est fontana Deitas, Filius autem et Spiritus Sanctus Deigenae deitatis (si ita oportet dicere) pullulationes divinae naturae, et sicut flores et supersubstantiala lumina, a sanctis eloquiis acceptimus.)

Dans une réflexion développée par les Pères de l'Église, Dieu a trois modes d'existence dans la même nature : le Père est la source ( ou la source de lumière, ou la plante, et le Fils et l'Esprit sont les fleuves, ou les rayons de lumière, ou les fleurs et les fruits : ils procèdent du Père.  Le Père est le premier principe, la puissance radicale, la fontaine de la Divinité,  le Verbe, qui est la raison, la lumière, la sagesse, la gloire, la splendeur du Père ; et l'Esprit-Saint, qui est le lien, l'amour infini entre les deux premières personnes" (in Martin Sabathé - 2011 ).

Dieu  décide de s'épandre dans la création. Dans ses rapports avec celle-ci, le Père , la première hypostase divine, Fons Deitatis, envoie vers elle le Fils et l'Esprit : .le Verbe (le Christ) est l'éternelle parole du Père, et la règle immuable de l'arrangement de l'univers. 

Le sujet peut être commenté à l'infini, mais ce qui importe ici, c'est de réaliser que la Fontaine peinte par Engrand Le Prince sur la baie n°12 n'est pas seulement une "Fontaine de Vie", comme on la trouve désigner ni une Fontaine eucharistique où le sang du Christ est visuellement assimilé à une source à laquelle les fidèles s'abreuvent, mais qu'elle se réfère à une théologie de la Trinité. Certes, la source qui alimente le bassin  vient pour vérité De ses deux mains pieds et costé,  mais la mention de la fontaine de la Deité souveraine, atteste qu'à ce thème du Pressoir Mystique vient se greffer une méditation trinitaire dont il serait passionnant de retrouver les traces dans les prédications, les pratiques dévotionnelles, l'iconographie du diocèse de Beauvais au début du XVIe siècle.

De même sans-doute, la banderole "Amis descendons" mérite réflexion, supposant par l'appellation Amis un groupe de laïcs engagés dans une démarche spirituelle propre, et dans l'injonction "descendons", là où on attendrait "buvons à", une volonté de se plonger dans l'Océan de l'Amour divin. 

En un mot, je m'interroge, sans disposer des capacités de répondre, sur l'influence de la mystique rhéno-flamande, et sur l'expression dans cette verrière d'une pratique dévotionnelle s'efforçant, par la participation affective avec les souffrances de la Passion, de parvenir à l'union de l'âme avec la Déité.

.

Près de trente ans plus tard, en 1552, Jean Le Tellier fit don à l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche d'un vitrail le représentant avec son épouse au pied du Pressoir Mystique. La comparaison avec la baie n°10 de Beauvais est intéressante, d'autant plus que de nombreux vitraux de Conches ont été réalisés par l'atelier des Le Prince à Beauvais. 

Le vitrail du Pressoir Mystique, baie n°14 de l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche (Eure).

 

 

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

 

.

LANCETTE C. 

 

 

.

 

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

L'inscription est ici encore plus lacunaire :

Sainct etienne ---

Et le temps –

Et qui lui

Di-v ---

Dni –Dieu --

Jean Lafond a lu (1929) des vers de dix pieds:

 

 

Sainct Etienne ---

---estoit saulz detour

Et l'enne[mi] ---

---[i]ncontinent

Et qu------

Mue en sang deva[n]t luy en sata[n]

D---

Qui souffriroit passion

---[hu]mblement

Avis pr---

---dieu---pro[m]ptem[ent]

---

Elle permet de s'assurer qu'il s'agit d'un épisode légendaire de la vie de saint Étienne.

C'est, malgré l'absence de nimbe, certainement lui qui est représenté sous la forme d'un enfant ou d'un très jeune homme, en tenue de pèlerin (comme l'indique le bourdon, la pèlerine et le chapeau dans le dos), traçant en guise d'exorcisme un signe de bénédiction devant un diable toutes griffes dehors sur un berceau. La scène se passe dans une pièce fermée et voûtée.

 

Parmi les trois spectateurs, une femme lève les mains en signe d'émerveillement, alors qu'un homme  en manteau rouge semble plus dubitatif. Le troisième personnage semble être un enfant, peut-être l'occupant du berceau. Je ne sais pas encore que très bientôt, dans ma Discussion, je vais lire la solution.

.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

Le "monogramme" d'Engrand Le Prince.

Sur le dressoir de la pièce, la lettre E, suivie de traits, a été lue EN, et cela fut (et est toujours) considéré par L. Lefrançois-Pillion, Jean Lafond et l'ensemble des autorités qui les recopièrent, comme le monogramme, ou la signature d'Engrand Le Prince, au même titre que le ENGR de l'Arbre de Jessé de la baie 4, l'E.L.P. de Montmorency, ou le probable (?) Engrant de la verrière de Roncherolles de la cathédrale de Beauvais. 

Si non e vero, ...

 

 

.

 

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

TYMPAN.

 Au tympan, deux autres scènes de l' enfance de saint Étienne, et son martyr. 

 

 

.

 

.

 

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

La lapidation de saint Étienne, qui, à genoux, reçoit le soutien de l'apparition dans les cieux ouverts de Dieu en sa forme trinitaire. Deux anges adorateurs encadrent la scène.

.

 

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

Deux personnes à table face à un enfant. Nous reconnaissons les personnages de la lancette C :  saint Étienne face à ses parents ? Mais que signifie le geste d'exclamation du père devant cette coupe, vers laquelle se penchent les trois autres personnes ?

Un jeune pèlerin dans lequel nous reconnaissons volontiers saint Étienne verse l'eau du baptême sur la tête d'un vieillard debout dans une cuve. Là encore, nous reconnaissons les deux femmes (la mère et sa servante).. Sur une architecture Renaissance, on lit MATER DEI MEMENTO MEI ("Mère de Dieu souviens-toi de moi" : cette formule est récitée en réponse à la fin de l'Ave Maria). 

De chaque côté, un panneau avec  des cornes d'abondance et des putti qui jouent ou tentent d'attraper des oiseaux. 

 

 

 

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

.

DISCUSSION.

I. LA FONTAINE DE DÉITÉ.

Le donateur, Pierre de la Fontaine.

Une inscription dans la chapelle Saint-Nicolas rappelle que ce vitrail  a été donné en 1524 par Pierre de la Fontaine à une époque de grave disette. Celle-ci n'a pas dû concerner directement ce donateur, dont la fortune était considérable. Son ancêtre, argentier du roi, se prénommait Étienne, —détail à considérer —, et  fut nommé en 1353 Maître Enquêteur des Eaux et Forêts de France pour tout le royaume. 

Notre donateur est le fils aîné de Jean de la Fontaine, pannetier du duc d'Orléans et capitaine de Crespy-en-Valois, et de Jeanne de la Rémonde, dame de Berthinval. Lui-même, écuyer, seigneur des Fontaines et de Berthinval, capitaine de Crécy, épousa le 28 janvier 1479  Jeanne de Baudry, dame d'Oignon, de Malgenestre, de Villers-Saint-Frambourg et de Villers le Bel, Il reçoit par ce mariage le château d'Oignon. Son fils aîné Jean hérita du titre de seigneur d'Ognon. Il deviendra capitaine des chasses royales de la forêt d'Halatte en 1533, gouverneur de Crépy et Pont, conseiller du roi et maître d'hôtel du roi. Son second fils, Pierre de la Fontaine fut chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand-prieur de France en 1563, général des galères de la religion en 1565 ;  il mourut  le 30 novembre 1572 âgé de 83 ans et fut enterré à Moysi-le-Temple près de la Ferté-Milon.

 

 

La famille La Fontaine d'ognon porte Bandé d'or et d'azur de six pièces, les bandes d'or échiquetés de gueules de trois traits.

Selon l'article Wikipédia sur la Forêt d'Halatte Pierre de la Fontaine fut chargé de la capitainerie royale d'Halatte, un poste considérable lorsqu'on connaît l'importance de la vènerie pour les rois de France :

 « À partir de François Ier, les rois de France résident au château de Chantilly pour chasser en Halatte. En effet, la capitainerie royale d'Halatte, juridiction spéciale chargée de conserver le gibier, couvre non seulement Halatte mais aussi les forêts de Chantilly, Carnelle et Ermenonville. D'abord confiée au début du XVIe siècle à Pierre de la Fontaine, seigneur d'Ognon, cette charge est attribuée à Anne de Montmorency en 1520. »

Les rois viennent chasser au château d'Ognon où Pierre de La Fontaine  reçoit Louis XII en 1510. En 1520, c'est Jean de La Fontaine (fils de Pierre) qui devient capitaine des chasses royales de la forêt d'Halatte en 1533 et  qui accueille à Ognon le nouveau roi François Ier en 1526, du temps que le château royal de Senlis est encore utilisé.  Son fils Artus de La Fontaine-Solare hérite de ces charges et conserve les faveurs de quatre rois successifs : Henri II, François II, Charles IX et Henri III,"(Wikipédia, article château d'Ognon)

On peut se demander quelle disettte a motivée le don de Pierre de la Fontaine à la chapelle Saint-Nicolas de l'église de Beauvais. 

Un rapprochement avec la verrière de Roncherolles à la cathédrale de Beauvais.

En  juin 1522, deux ans avant le don du seigneur d'Oignon, Pierre de la Roncherolles  fit don à la cathédrale pour la chapelle Sainte-Barbe d'un vitrail le représentant avec son épouse Françoise d'Halluin au pied d'un Calvaire, présentés par saint Louis et saint François. Le vitrail montre aussi saint Hubert, patron des chasseurs, et saint Christophe. Or, le vitrail porte sur l'auréole de saint François une inscription, difficile à déchiffrer, mais qui comporte le mot "famine" : : L'AN MIL VC XXII DURANT LA FAMINE CAGR... E... ANT MORT CESTE VERRIERE. Lors de mon étude de cette verrière, j'ai détaillé comment les épidémies, les famines, et la guerre étaient attestées dans le diocèse de Beauvais dans les années 1522-1524. J'ai aussi souligné les rapports de la famille Roncherolles/d'Halluin avec la chasse à travers le culte rendu à saint Hubert.

Je remarque donc la concommitance (1522 et 1524) de ces deux dons de vitraux en situation de grave disette dans la région de Beauvais, et le rapport des deux familles donatrices avec la vènerie. (1)

Cette disette est confirmée par une délibération du 19 avril 1524, d'autant plus précieuse que Pierre La Fontaine y est cité comme bourgeois communier présent , « en laquelle assemblée a esté dict, exposé et remonstré que le blé estoit fort cher en ceste ville, et se plaignoit le peuple disant que les boullengers ne cuisaient pain suffisant pour le substenter et nourrir et en contreux se plaignaient les dits boullengers »( Archives munic. de Beauvais, Reg. Delib. BB13, fol. 165r. ). L. Lefrançois-Pillion précise que "la disette durait depuis 1522, aggravée de la peste et des contributions de guerre ; la mine de blé valait le 9 mars 1524 22 sols au lieu de 13 ou 15."

 

(1) Je remarque après coup que L. Lefrançois-Pittion fait la même observation page 378 de son article.

 

.

II. L'ENFANCE DE SAINT ÉTIENNE.

La clef d'interprétation de ce vitrail a été donnée par Louise Lefrançois-Pillion dans un article de 1910. Elle a découvert à Sienne au Musée Städel de Francfort les fragments d'un autel siennois du XIVe siècle représentant des scènes analogues à celles de Beauvais, et une note du catalogue en rapportait la source à la Vita fabulosa sancti Stephani protomartyris (ca 1000)  manuscrit est conservé au Mont Cassin. 

1°) La légende. 

 

 

D'après ce texte, une version légendaire "écrite dans un latin barbare et avec une maladresse et une incohérence extraordinaire" Étienne, fils du couple assez âgé et stérile composé par Antiochus et Perpetua,  fut enlevé à Jérusalem dès le jour de sa naissance par Satan, qui plaça dans son berceau un affreux petit démon de substitution tandis qu'il allait déposer l'enfant à la porte de l'évêque Julien. Celui-ci entendant les vagissements du nouveau-né, sortit de chez lui et découvrit l'enfant allaité par une biche blanche qui prenant la parole, lui recommanda d'adopter l'enfant. L'évêque  adopta l'enfant en le nommant Nathanael et l'a élevé comme son fils avant de l' ordonner diacre . Devenu adulte, Etienne retourna dans son premier foyer et expulsa, d'un signe de croix, le démon qui avait pris sa place. Ordonné diacre par les douze Apôtres. Mais ses prêches lui attirèrent rapidement la colère des rabbins. Arrêté il est condamné à mort pour blasphème et lapidé. 

Tout cela a été confirmé et précisé dans un article de Beaudouin de Gaiffier et Guy de Terarvent, "Voleur d'enfants, à propos de la naissance des saints Etienne, Laurent et Barthélémy,"   Barcelona (1936) ; puis in Homenatge a Rubió i Lluch. Barcelona: Institut d’Estudis Catalans, 1939: II, 33-58 ;  puis Études critiques d'hagiographie et d'iconologie publiées à l'occasion du 70e anniversaire de B. de Gaiffier, Bruxelles, Société des Bollandistes 1967.

http://www.icatm.net/bibliotecabalmes/sites/default/files/public/analecta/AST_12/AST_12_33.pdf

 En voici le résumé.  "Au temps de César Auguste, vivait en Galilée un couple, Antiochus et Perpétue, qui se signalait par son obéissance à la loi et toutes sortes de bonnes œuvres. Cependant il n'avait pas d'héritier, malgré ses prières. Aussi la joie de la famille fut-elle grande, lorsqu'on apprit que Perpétue avait conçu. Elle mit au monde un fils et un ange l'avertit de l'appeler Étienne. Comme, pour fêter cet événement, toute la maison se trouvait réunie à table, Satan, profitant des ténèbres, entra dans la demeure sous une apparence humaine et se glissa jusqu'à l'endroit où Etienne avait été imprudemment abandonné à lui-même. Il le prit et mit à sa place une créature infernale. Puis, l'emportant par dessus les mers, il le déposa dans le royaume de Troie, à la porte de l'évêque Julien. L'enfant se mit alors à pleurer. Lorsqu'il perçut ces vagissements, l'évêque ne voulut tout d'abord pas croire à leur réalité. Il suspecta quelque tour du démon. Mais, ayant ouvert la porte, il vit un nourrisson qu'allaitait une biche. Celle-ci luí dit simplement: "Julien, prends cet enfant que le Seigneur t'envoie." Et ainsi fut fait Julien confia le nouveau-né à une nourrice et luí donna le nom de Nathanaël. Le temps venu, il l'instruisit dans la loi de Moise. L'enfant crut en science, en prudence, en vertu et dès le plus jeune âge, il eut, en signe de la faveur divine, le don des miracles. Une nuit qu'il dormait, I'ange du Seigneur luí apparut et lui dit: "Lève-toi, va en Judée ou se trouve la demeure de ton père et convertís en joie la tristesse qui y est entrée, le jour oú Satan t'a remplacé dans ton berceau par l'un de ses semblables." Étienne fit connaitre à l'évêque cette vision. Ce n'est pas sans peine que Julien se sépara de celui qu'il appelait Nathanaël et bénit son entreprise. Etienne alors prit un navire et, sous la conduite de l'ange, parvint à la maison paternelle. A son approche le diable crie et s'agite. Mais Étienne: "Je t'ordonne de dire qui tu es!" Le démon le supplie de l'épargner, lui promet la. mort de ses ennemis. Pour toute réponse Etienne fait amener du feu. A cette vue Satan se met à mugir, à imiter la voix de divers animaux et au milieu d'un fracas épouvantable disparait, pour ne plus revenir. Étienne se fait reconnaitre de ses parents. Toute la famille se réjouit de le voir si beau et plein d'une si douce sagesse." 

 

.

2°) L'iconographie. 

a) la prédelle d'un retable peint par Andrea Vanni pour l'église Saint-Etienne a Sienne 

On voit  le nourrisson auréolé, allaité par la biche ;  au panneau voisin figure la lapidation de saint Étienne.

.

Étienne nourri par une biche, prédelle de l'église Saint-Étienne de Sienne.

Étienne nourri par une biche, prédelle de l'église Saint-Étienne de Sienne.

 

b) Musée Städel de Francfort-sur-le-Main.

Il s'agit d'un ensemble de sept panneaux  attribués à un peintre de l'école siennoise du milieu du XIVe siècle (ou à l'école lombarde) 

 Le premier d'entre eux représente la chambre d'une accouchée. Un homme s'entretient avec la jeune mère; une messagère apporte un panier de linge et la garde a commis l'imprudence d'aller à sa rencontre jusqu'à la porte. Le diable en profite pour voler le nourrisson, dont on remarquera l'auréole (fig. 1), et le remplacer par un cambion [Dans la littérature occulte, les cambions sont des rejetons diaboliques nés d'un transfert de semence par les incubes et les succubes] cornu. Le ravisseur apparaît une fois encore, emportant sa proie à tire d'ailes.

Au panneau 2, le nourrisson, laché par le diable, qui continue sa course, est tombé à la porte d'un couvent, ou une biche blanche l'allaite. L'abbé, qu'un moine prend a témoin de ce spectacle, en reste confondu. La curiosité, l'étonnement et déjà la réprobation se peignent sur les visages (fig. 2). 

.

Le diable substitue un démon à Étienne nouveau-né, qu'il lâche devant la porte de saint Julien. Panneaux du Musée Städel.
Le diable substitue un démon à Étienne nouveau-né, qu'il lâche devant la porte de saint Julien. Panneaux du Musée Städel.

Le diable substitue un démon à Étienne nouveau-né, qu'il lâche devant la porte de saint Julien. Panneaux du Musée Städel.

.

Des années ont passé. Le panneau 3 montre le saint, dans le monastère ou le diable l'a laissé choir jadis, recevant de l'abbé la bénédiction, avant son départ, qui attriste l'assistance (fig. 3).

Le panneau suivant (fig. 4) représente le saint devant les murs d'une ville, renversant les idoles qui surmontent l'une des portes. Un seul texte, celui que contient le manuscrit du Mont Cassin et dont il sera question plus bas, rapporte cet épisode (p. 37, col. I in fine de l'édition citée). Il nous apprend qu'il s'agit d'une ville où saint Etienne avait à prêcher l'évangile.

.

 
Panneaux 3 et 4.
Panneaux 3 et 4.

Panneaux 3 et 4.

.

Le cinquième panneau offre une scène double. D'une part le saint revient a la maison paternelle. Devant le cambion, dont l'inquiétude est extrême, son visage s'arme de sévérité. Ses parents n'en peuvent croire leurs yeux (fig. 5).

D'autre part on assiste à l'holocauste du cambion dans la cour de la demeure en présence des personnages de la scène voisine. Les panneaux suivants (fig. 6, 7) établissent sans aucun doute qu'il s'agit du protomartyr,  saint Étienne. On le voit en effet  prêchant dans la synagogue et lapidé par les Juifs aux portes de Jérusalem, selon la parole des Actes des Apôtres (VI, 9 et 10; VII, 57-59).

Panneau 6 et 7 du Musée de Städel.
Panneau 6 et 7 du Musée de Städel.

Panneau 6 et 7 du Musée de Städel.

.

 

c)  Fresque de la cathédrale de Prato (Toscane).

http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-15-16e-siecles/filippo-lippi.html

 

"L'histoire de saint Etienne sur la muraille d'en face a, dans la partie haute, encore plus souffert que celle de saint Jean. Les scènes que Fra Filippo a interprétées dans la première fresque sont tirées d'une légende apocryphe.  À la naissance de saint Etienne le diable est venu mettre un autre enfant dans son berceau et l'a emporté ; il l'a ensuite abandonné dans une campagne déserte au milieu des rochers; mais une biche s'est trouvée là, qui a nourri le petit Étienne; puis une femme charitable est passée qui l'a recueilli et l'a confié a un saint prêtre. Malgré la dégradation, on peut suivre l'histoire dans la fresque. Dans une alcôve, dont la frise est fort jolie, la jeune mère est nonchalamment étendue sur son lit ; elle regarde du coté du berceau sans se douter que cet enfant n'est plus le sien. D'autres femmes sont là, dont une arrive avec une corbeille sur la tête. Elles ne voient rien, mais un enfant, qui est peut-être un frère ainé d'Etienne, est assis derrière la nourrice, le visage tourné vers l'affreux ravisseur, et les mouvements de ses bras et de ses jambes indiquent sa frayeur. Ce que l'on distingue du diable nous fait voir la rapidité avec laquelle il fait la substitution. Son bras droit allongé pose le faux Étienne dans le berceau; son bras gauche serre contre sa poitrine l'enfant qu'il emporte et dont l'auréole nous révèle l'identité ; le buste incliné et le mouvement des jambes nous montrent combien ce grand voleur est agile. Dans la partie gauche de la fresque, la biche n'est plus qu'un animal un peu informe ; le visage de la jeune femme qui remet l'enfant au prêtre est dans une obscurité ou on ne distingue plus qu'une coiffure en forme de bonnet d'évêque et le haut d'une petite église avec son clocher."  (Urbain Mengin, Les deux Lippi, I, 1932, p.56)

.

d) Le retable Granollers ( province de Barcelone, Espagne).

https://es.wikipedia.org/wiki/Retablo_de_San_Esteban_Protom%C3%A1rtir_(Granollers)

Actuellement au Musée d'art de Catalogne (Barcelone), il comporte  six scènes liées à saint Étienne, dont les deux premières nous concernent : Le retable de Granollers comporte deux panneaux ; nous y voyons successivement le petit Étienne d'abord enlevé dans son berceau par le diable, tandis que sa nourrice sommeille, puis déposé sur le seuil d'un monastère, où une biche est agenouillée pres de lui au grand émerveillement de l'abbé. 

— Naissance de St Etienne. L' Usurpation de St Etienne nouveau-né par le diable .

.

.

Ancre — Saint Étienne abandonné devant la porte de l'évêque Julien / puis ordionné diacre.

.

.

3°) Les manuscrits.

Deux manuscrits de la Vita sancti fabuleuse Stephani protomartyris sont conservés, donnant deux versions différentes :  le plus ancien et le plus fantaisiste est le manuscrit nº CXVII, de la Bibliothèque du Mont Cassin du onzième siècle. Il a été publié dans la Bibliotheca Casinensis (III. Florilegium, p. 36-38). Le second, ou Ms. 158 de la Marcienne, du XVe siècle, est conservé à la Bibliothèque Saint-Marc de   Venise. 

Louise Lefrançois-Pillion a publié le texte latin du manuscrit du Montecassino

Voici, proposé par le père de Gaiffier, celui du  texte de la bibliothèque Marcienne de Venise, manuscrit latín, 158, XIV /XVe siecle, fol. 327-328v. Cf. Joseph Valentinelli, Bibliotheca manuscripta ad S. Marci Venetiarum, t. Il (1869), p. 176-77. 

[Fol. 327, col. 2.] 13 Cum Cesar Augustus arcem teneret imperii et terra luda romano pareret imperio simulque legem mosaycam custodiret, in Chana Galilee exstitit quidam nomine Antiochus polens bonis operibus et diviciis multis plenus cum uxore sua nomine Perpetua. Hii sunt usque ad annos multos circa viginti quattuor vel XX conunorantes domino serviebant et se ipsos in omni iusticia irreprehensibiles conservabant· Cunque non haberent heredem, apud Dominum continuis orationibus petebant ut eis filium concedere dignaretur, nam verentes maledictionem legis oblationem offerre cum aliis templum sanctuarii intrare timehant, ne a contribulibus suis obprobrium paterentur. Ipsis autem sic diu orantibus permissum est per spiritum sanctum non sine tocius familie gaudio ut mulier in utero filium conciperet preoptatum. Apropinquante autem partus tempore cum mulier masculum peperisset una cum viro suo vidit angelum Dei sibi clara voce dicentem : "Parvulus hic natus Stephanus est vocandus." Et recte Stephanus [ tam] grece quam latine dicitur corona, sed hebraíce dicitur norma vel regula. Fuit enim corona, id est principium martirum in novo Testamento sicut Abel in Veteri; fuit autem norma id est exemplar pro Christo sanctis aliis paciendi. Cumque de prole nata tota domus gaudio repleretur nocturno tempore venit Sathan in figura hominis ceterisque escentibus et domum silenter introiens, ubi Stephanus erat, ad locum ubi iacebat impudenter accessit et tollens Stephanum in brachiis suis, loco eius, ut sic familiarn contristaret, ydolum in eius lectulo colocavit. Qui egrediens detullit ipsum per medium mare portans ipsum in Troianum regnum ante hostium pontificis Iuliani, ibique pannis involutum deposuit et recessit. Tune infans sic in terra positus cepit vocem flebilem et lacrimosam emittere. Cumque lulianus audisset vocero parvuli, dixit: " Fletus pueri est." Cui ministri sui respondentes dixerunt: "Non pater et domine, credendum est quod vox pueri sit, cum sit nox, sed fantasma potius inimicorum." Dumque sic tempus pertransiret, pontifex surnpno reficitur et ecce dominus cervam nimis candidam preparavit, que puero materno more lac ubere suo dedit ante hostium luliani. Cumque pontifex surrexxisset a sumpno fretum 2 cerve audivit, qui admirrans intra se, venit ad hostium ut videret quódnam esset. Et cum aperuisset hostium vidit cervam candidam nimis custodire viscera pueri vagientis. Tune timor et pavor irruit super eurn et dixit: "Deus eterne, qui absconditorum es cognitor et divina misteria revellas et manifestas [fol. 327v] in terra et per angelum tuum Noe nunciare voluisti, ut altare tibi hedificaret ac ut in eodem holocausta tibi offeret, manifesta nunc tua potenti virtute, ita ut si fantasma est illud quod video. vel cerno protinus fugiat atque discedat." Tune oratione finita aperta est lingua cerve et more humano loquebatur dicens : "Suscipe, Iuliane, parvulum nutriendum quem tibi misit Dominus te sibi preparaos in hoc loco." Ad hanc vocem sanctus pontifex exilaratus brachiis suis puerum de terra elevaos, benedixit Deum et dixit: "Deus meus, gratias tibi ago, quia dedisti mihi unum filium sine peccato." Tune hebrea nutrice inventa, eum sibi tradidit, cum summa cura et diligentia nutriendum, cui nomen imposuit Nathanael. Cumque ablactationis tempus advenisset, stetit coram luliano pontifice qui eum more paterno dilexit, instruxit atque in omni lege mosayca perdocuit. Crevit autem cito puer plenitudine temporis et cepit hebraicas literas scire. Aperuit autem ei Deus cor in omni mandato, lege et cultu divino. Eratque mirabilis scientia prudentia et omni legis observantia coram cunctis, in ipsa etiam puericia miracula in populo faciens atque signa. N octe vero quadam, eo dormiente, apparuit ei angelus Domin~ dicens ei : "Surge et vade in Iudeam, quia ibi est domus patris tui. Et pone gaudium in ea propter tristitiam magnam que in ea consistit. Nam ibi est figura Sathane, quam dyabolus in lectulo suo posuit, dum te de cunabulis ab inde portavit." Cum autem beatus Stephanus, qui et Nathanael nominabatur, verbum audisset solicitus venit ad Iulianum petens benedictionem ab eo. Cui pontifex ipse respondit : "Quo, fili, pergis? Prius expecta scire Domini voluntatem." Cui Stephanus, qui et Nathanael, visionem angelicam enarravit. Tune Iulianus tristis efectus, quia dimitere eum nollebat adiecit: "Post quam voluntas Dei est, fili, accede ad me et dabo tibi benedictionem." Cumque Stephanus, qui et Nathanael, reverenter accessisset, ait Iulianus cum gemitu: "Deus qui omnia nosti, qui benedictionem Abraham dedisti et dixisti : M:ultiplicabo semen tuum sicut stelas b celi, ita multiplicet gratiam et benedictionem, sapientiam et inteligentiam ut tandem simul ante conspectum divine maiestatis valeamus admitti." Et post haec intravit beatus Stephanus naviculam, et sic angelo duce pervenit in Galileam et demum usque in domum patris sui. Cumque in foribus patris sui stetisset, ecce fremitus demonis mirabilis excitatur de ydolo in tantum quod ad lamentum et fleturn . familia consurgeret universsa. Tune beatus Stephanus prostratus in terram se tota mente contulit ad orandum. Qua oratione finita, dixit cum ]acrimis patri suo et matri sue, eis ignorantibus quod filius suus esset: "Unde hec tristitia vestra venit, quae ínter vos esse videtur ?" Illi vero ignorantes quis esset, flentes dixerunt: "Dominum Deum pro filiorum semine precabamur et hanc nobis tristitiam contulit propter gaudium." At beatus Stephanus figuram sathanae intuens ait : "Aiuro te [fol. 327 v, col. 2] per Deum vivum et verum ut dicas nobis quis es." Cui demon ipse respondit: "N oli e me molestare et ego interficiam omnes inimicos tuos." Tune beatus Stephanus iussit ignem adduci coram se. Cumque ignis fuisset aportatus, cepit Sathanas ipse stridere et mugitus facere sicut thaurus et omnes voces facere vel emittere bestiarum. In quo quidem sonitu ac mugitu statuam ex toto contrivit nec ibídem ulterius apparuit. Tune beatus Stephanus dixit cum ingenti gaudio parentibus suis: "Ego sum filius vester, quem Sathanas tullit de lectulo vestro, se in eodem colocans loco mei." Ad quam vocem tota exultavit familia eius pulchritudinem intuentes ac in eo dulcedinem sapientie admirantes. Facto autem mane diei sequentis perrexit d vadens ubi iurisperiti congregabantur. Et Gamalielem doctorem inveniens cum discipulis suis cum eisdem de divine legis observantia conferrebat. Erat autem Saulus unus ex hiis, qui de lege cum Stephano disputabat, dolens et invidens multum quod Stephanum superare non poterat. Curo igitur per Iudeam et Galileam discureret disputando quadam die Philippus qui erat de Bethsayde eum reperiens dixit ei: "Ego et socii mei invenimus mesiam quern scripssit Moyses in lege et prophetis e, Yhesum filium Ioseph a Nazareth." Cui Stephanus, qui et Nathanael, responrfü: "A Nazareth potest aliquid boni esse ?" Dicit ei Philippus: "Veni et vide." Vidit Yhesus Nathanaelem venientern ad se et ait: "Ecce vere israelita, in quo dolus non est." Dicit ei Nathanael: " Unde me nosti ?" Respondit Yhesus et dixit ei: " Priusquam te Philippus vocaret cum esses sub ficu vi di te." Respondit N athanael: "Yhesu, Raby tu es filius Dei, tu es rex Israel." Respondit Yhesus et dicit ei: "Quia dixi tibi vidi te sub ficu credis, maius hiis videbis." Et dixit ei : "Amen, amen dico vobis videbitis celum apertum et angelos dei ascendentes et descendentes super filium hominis 3 ." Tune Stephanus, qui et Nathanael, ex legis scientia quam habebat et inspiratione divina tactus et instructus, legi Christi et fidei aquievit ac eius fidem in ludea et Galilea predicare cepit verbis et moribus. Adfuit sibi in sompniis angelus domini dicens : "Vade Stephane, predica in Assia verbum Dei, in Cilicia et Alexandria et Cinerensia, nam ibi ·doctor eris." Et ecce dum venisset ad portam civitatis, timor irruit super eum. Tune ille gemens et orans dixit: "Domine Deus omnipotens, qui dignatus es servis tuis concedere salutem, dignare me salvare in hac civitate ab omni hoste iniquo." Cumque introisset f civitatem vidit portantes hominem in ferettro mortuum et turbam civitatis plorantem super eum. Qui bus ait ipse: "Deponite eum." At illi deposuerunt illum. Et ille expansis manibus ad celum orabat dicens : "Domine Deus omnipotens in cuius g nomine cuneta resurgunt, qui ex nichilo cuneta creasti fac hominis istius animam ad corpus suum redire, ut isti infideles credant in te, Domine, quia tu es Deus meus et non est allius praeter te, Domine." Et cum hoc dixisset homini, resurrexit. Et cum resurrexisset [fol. 329] dixit ad beatum Stephanum: "O beatissime iuvenis, vidi te principem magnum coram domino Deo tuo et principem milicie sue. N am, tua oratione completa cito venientes angeli ad corpus meam animam attulerunt." Cumque post hoc predicare et disputare cepisset convertit quattuor civitates ad aulam Dei, id est Cirenensiam, Alexandriam, Ciliciam et Asiam, atendentes et videntes ·in eo prudentiam et mirabilia quae faciebat. Hic postmodum in ludeam revertes dum coram Anna et Cayfa Ierosolimis praedicaret nongentos viros convertit ad Christum, exceptis parvulis et mulieribus. Hic ex merito sue sanctitatis et prudentie post Christi passionem ah apostolis est in dyaconem ordinatus et ministrum ac in eodem modo pro fide Christi primus a ludeis extitit lapidatus -

.

Retour à Beauvais.

Après avoir découvert cette Vie fabuleuse de saint Étienne et la manière dont elle a été illustrée, l'interprétation de la lancette C devient limpide : elle représente le diacre qui, de retour chez ses parents, chasse le démon qui occupait (depuis des années !) son berceau. On comprend l'ébahissement de la maman et l'ahurissement du papa. Imaginez que cela vous arrive ! Néanmoins, la posture du père semblait indiquer un autre contexte.

Par contre, la lancette A n'est pas éclaircie pour autant. Faut-il suspecter une variante dans laquelle Satan, emportant le petit Étienne dans ses bouges et envisageant d'ôter à Dieu ce serviteur, voit ses plans contrecarrés par la rencontre imprévue avec un ermite planqué dans un désert et qui l'oblige, par un signe de croix, à abandonner sa proie ? L'ermite était-il en réalité initialement l'évêque Julien, et l'inscription en légende serait-elle trompeuse, car écrite selon une compréhension erronée des cartons du peintre ?

De même, point de biche allaitante à Beauvais, et point non plus de scène de ravissement de nourrisson dans son berceau. Mais, comme le suggère L. Lefrançois-Pillion, ces scènes occupaient sans doute les panneaux détruits. 

La Vita fabulosa n'explique pas non plus les scènes mystérieuses du tympan. Jean Lafond voit dans la scène du baptême "Saint Étienne baptisant son père", ce qui est séduisant. Le tableau voisin, avec le père qui lève les bras au ciel devant son plat, reste inexpliqué. Peut-être un jour, une nouvelle madame Lefrançois-Pittion réunira-t-elle la somme de hasards et d'érudition nécessaire pour en dévoiler le mystère.

.

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais baie n° 6, Le Jugement Dernier 


 

http://www.lavieb-aile.com/2016/04/les-vitraux-anciens-de-l-eglise-saint-etienne-de-beauvais-baie-n-6-le-jugement-dernier.html.

SOURCES ET LIENS.

— Tenture de saint Étienne au Musée de Cluny :

http://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/tenture-histoire-saint-etienne.html

— Famille de Pierre de la Fontaine :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_d%27Ognon

https://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%AAt_d%27Halatte

 Anselme (de Sainte Marie), 1733,  Histoire Généalogique Et Chronologique De La Maison Royale De France, Des .grands maistres des eaux-et-forêts de France Paris, page 848 

https://books.google.fr/books?id=ptpDAAAAcAAJ&dq=%22Pierre+de+la+Fontaine%22+ognon&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

—Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 

 — CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond

— LEFRANCOIS-PILLION (Louise) 1910, "Le vitrail de la fontaine de vie et de la nativité de saint Étienne à l'église Saint-Étienne de Beauvais", Revue de l'Art ChrétienTome LX, Honoré Campion, Paris, Lille Desclée, de Brouwer et Cie. pages 367-378.

https://archive.org/stream/revuedelartchr60lilluoft#page/n419/mode/2up

 

 

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

— VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 16:25

.

« Baptême du Christ » et « Sainte Barbe » (baie n° 14, en quatre lancettes), œuvre anonyme de 1550, recomposée, les registres non figurées étant modernes

Cette fenêtre de quatre lancettes ogivales et d'un tympan de 8 ajours , est recomposée, associant un seul registre ancien  historié central et deux bandes horizontales de verres  en mosaïque. On y voit le baptême du Christ dans les trois lancettes de gauche, avec le Christ au centre, l'ange qui tient ses vêtements à sa droite et saint Jean-Baptiste à sa gauche. Dans la lancette de droite, une sainte tient une épée dont la pointe pénêtre dans la poitrine d'un homme à terre. Une tour à trois fenêtres permet de l'identifier comme sainte Barbe. Un inconnu prénommé Jean a fait faire ce vitrail pour la chapelle Saint-Jean. 

.

.

 

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

L'ange tenant la tunique du Christ.

 

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Le Christ dans le Jourdain recevant le baptême .

.

 

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Saint Jean-Baptiste versant l'eau du Jourdain sur la tête du Christ.

.

 

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

Sainte Barbe.

.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

.

SOURCES ET LIENS.

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

—Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

Partager cet article
Repost0