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30 janvier 2023 1 30 /01 /janvier /2023 16:01

Les stalles (chêne, atelier picard, 1492-1500) de l'abbaye Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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Voir dans ce blog la description d'autres stalles :

 En Bretagne par ordre chronologique :

 

Hors Bretagne :

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PRÉSENTATION

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L'abbaye Saint-Lucien est une ancienne abbaye bénédictine située sur le territoire de la commune de Beauvais (Oise). Fondée à la fin du VIe siècle, plusieurs fois détruite (par les wikings) ou brûlée (Guerre de Cent ans), ou dévastée (en 1472), elle fut restaurée par son premier abbé commendataire Antoine du Bois, qui la dote, après 1492 d' un jubé sculpté en bois ainsi que de stalles et de nouveaux vitraux. Le 20 décembre 1790, l'abbaye est dissoute et les moines dispersés. Les biens de l'abbaye nationalisés sont mis en vente d'abord le 19 janvier 1791  L'abbaye est acquise par Michel de Boislisle, négociant à Beauvais. Les reliques de saint Lucien et de ses compagnons sont transférés à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais avant leur destruction en 1793. Dès 1791, la destruction de l'abbatiale est entamée. Les autres bâtiments conventuels sont détruits en 1810. Les bâtiments sont en grande partie ) détruits dans le courant du XIXe siècle.

 

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Cette longue rangée de sièges solidaires entre eux a été commandée par l’abbé Antoine du Bois (1492-1507) pour l’abbaye de Saint-Lucien de Beauvais.

"Un texte indique que ces stalles et le jubé furent commencés Ie 25 novembre 1492 et achevés en 1500. Ce texte fondamental est celui d'un moine de l'abbaye du XVIIe siècle, Dom Porcheron, et vaut la peine d'être reproduit puisque c'est pour l'instant notre seul élément de datation:

"des qu'il fut reconnu abbé de Saint-Lucien, il commença a travailler à la décoration de 1'abbaye. II n'y avait pas six mois que Jean de Villiers estoit mort lorsqu'il entreprit les chaises du chœur et le jubé. Cet ouvrage fut commence Ie 25 novembre de l'an 1492 et ne put estre achevé qu'en l'an 1500. Quiconque l'aura vu ne sera point surpris qu'il ait cousté huit ans. Le jubé surtout estonne tous les connoisseurs, quay qu'il ne soit que de bois.

 CIaire Fons note très justement que Dom Porcheron avait du lire des inscriptions apposées sur l'une ou 1'autre partie de l'ensemble. On peut supposer par exemple que les phylactères sculptes au bas de chaque jouée portaient de telles inscriptions; cependant, on doit se rappeler que 1'on ne pourrait entièrement se fier a ces inscriptions, même si elles existaient toujours, pour dater à coup sur l'ensemble, comme le montrent d'autres exemples. Dans Ie même temps (1492-1500), il fit donc réaliser un jubé de bois, dont il ne nous reste aucune trace, probablement parce qu'il avait été remplacé avant la Révolution par un nouveau jubé de marbre." (Le Pogam)

Elles ont été acquises par le Musée de Cluny en 1914 (N° Inventaire : Cl. 19601 à 19682 ; Cl. 19730 à 19732 ; Cl. 19755, Cl. 19756, Cl. 19776) : 

"L'abbaye fat détruite à partir de 1791, mais la démolition dut etre assez lente puisqu'en 1803, Ie préfet Cambry pouvait encore décrire les stalles. Ces demières furent d'ailleurs sauvées par 1'intervention de celui-ci. Originaire de Lorient, Cambry fut un des membres fondateurs de 1'Académie celtique (future Société des Antiquaires de France) avec Louis Millin et Alexandre Lenoir. Premier préfet de 1'Oise, il se signale par sa lutte contre le vandalisme et sauve de nombreux objets de la destruction.

II les décrit en 1803 (Description du département de I'Oise) et certains se trouvent aujourd'hui au musée du Moyen Age (les stalles de Saint-Lucien mais aussi une valve de miroir representant le Dieu d'amour) ou dans d'autres collection publiques (crosse d'Yves de Chartres dans la collection Carrand puis au Bargello à Florence). Cambry voulait fonder un musée à Beauvais pour exposer ces oeuvres, mais il dut finalement les emporter à Paris (dont les stalles?) ou il mourut en 1807.

Un compatriote injustement oublie aujourd'hui, Ie comte de Saint-Morys (1782-1817), acheta ces objets et bien d'autres, pour constituer une des premières collections d'objets médiévaux. Membre de 1'Academie celtique et ami des personnages mentionnés ci-dessus quoique leur cadet, il lança en particulier I'idee d'Antiquites nationales. II acheta les stalles de Saint-Lucien sur les conseils d'Hugues Barraud, ami de l'abbé Millin, conseiller de Mgr de La Rochefoucauld, 1'évêque de Beauvais, puis collectionneur pour lui-même après la Révolution.

Saint-Morys exposa les stalles dans le château qu'il se fit construire a Hondainville (vers Clermont-en-Beauvaisis) par Debret et Lebas a partir de 1814, dans le style néo-gothique, donc très en avance sur son temps. 

 

Les stalles sont alors vendues par sa veuve à son architecte et ami Debret en 1820 (apres une tentative infructueuse auprès d'un Anglais) pour la somme de 1900F (somme que Debret déclare inférieure au coût de stalles neuves... ) pour le choeur de Saint-Denis.

A Saint-Denis, les stalles de Saint-Lucien, ainsi que celles de Gaillon et les boiseries de la chapelle de Picardie, sont restaurées et remaniées probablement plusieurs fois par les architectes successifs de l'abbatiale, notamment Debret et Viollet-le-Duc. En particulier, on sait que Debret avait tendance à recomposer et découper les éléments anciens pour les réadapter, comme il 1'a fait pour les stalles et les boiseries de Gaillon. Plus respectueux du passé, Viollet-le-Duc déposa en 1873 dans les magasins de Saint-Denis de nombreux elements qui ne pouvaient prendre place parmi Ie mobilier de 1'abbaye, dont une grande partie des stalles de Saint-Lucien.

Tout ces éléments, sauf les stalles proprement dites de Gaillon, une rangée de stalles de Saint-Lucien et la chaire épiscopale composée à partir d'éléments de Saint-Lucien, sont attribués en bloc au musée de Cluny en 1889-1890 par la Commission des Monuments historiques (dont Ie musée dépendait alors comme la basilique). Ces pièces ne furent cependant pas exposées et furent déposées par Edmond Saglio, conservateur du musée de 1893 à 1903 au Louvre aupres de Molinier. Edmond Haraucourte les revendique cependant en 1907 et son successeur après de longs pourparlers, les oeuvres regagnent Cluny en 1913 et sont inventoriées progressivement.

Les 361 pièces appartenant aux trois ensembles sont inventoriées pêle-mêle (Cl. 19601 aCl. 19962), car on avait apparemment perdu toute connaissance sur leur provenance (1'inventaire remarque seulement que certaines oeuvres devaient provenir de Gaillon).

Une miséricorde, probablement volée ou égarée au cours du XIXe siècle et trouvée dans le commerce à Saint-Denis, est donnée au musée en 1919 (don Richter). D'autres éléments sont donc restés é Saint-Denis, incorporés dans la chaire épiscopale, qui est un bel exemple du processus de la création néo gothique, puisqu'elle comporte à la fois des morceaux des stalles de Saint-Lucien, des copies d'éléments authentiques et des créations originales. La miséricorde (un maréchal-ferrant) est ainsi la copie inversée et complétée de la miséricorde Cl. 16619. ; les deux appuie-mains (ange et personnage encapuchonné) sont des copies respectivement de Cl. 19659 (mais le décor de I'écoinçon est pris sur un autre motif) et de Cl. 19672. Les deux statuettes qui surmontent les montants, un prélat et un architecte, sont par contre des inventions du XIXe siecle, ce que traduit a la fois le choix des sujets et le style. II s' agit probablement de representer Antoine Du Bois et Ie maitre d'oeuvre des stalles, et à travers eux les figures emblématiques du commanditaire religieux et de 1'ouvrier laïque telles qu'elles se dessinent dans 1'oeuvre de Viollet-le-Duc." (Le Pogam)

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Les miséricordes mesurent au maximum 28 cm de haut,  les piliers des stalles au maximum 150 cm.

Elles ont été décrites par Pierre-Yves Le Pogam, dans un article auquel je ferai de fréquents emprunts.

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Rappel de quelques définitions générales .

Les stalles sont les sièges d'une communauté ecclésiastique (au Moyen Age, les cathédrales, les collégiales et les abbatiales sont dotées d'un clergé nombreux qui célèbre I'office sept fois par jour). On les rencontre généralement pour les grandes communautés, anciennes et riches, mais on connait aussi des exemples pour les institutions plus modestes. Disposées dans Ie chœur de 1'eglise, de chaque coté et se faisant face Ie long des murs nord et sud, elles sont Ie plus souvent réparties sur deux rangs dont le second domine le premier (stalles hautes et basses) et possèdent assez fréquemment un retour du coté de la nef Ie long du jubé. Normalement le siège de l'évêque ou de 1'abbé (qui se trouvait du côte de 1'evangile, donc a gauche au premier emplacement en haut, sur Ie retour) était plus solennel que les autres (chaire sculptée et ornée plus abondamment; dais proéminent).

Les stalles, souvent appelées "formes" ou "fourmes" dans les textes anciens, sont installées sur un bâti de bois ou charpente, lui-même normalement ancré dans le pavement de 1'eglise (mais les stalles étant rarement situées à leur emplacement originel, on ne peut guère l'observer, à moins de fouilles archéologiques).

Chaque stalle se compose d'un siège mobile, d'un dossier ou fond et est séparée des stalles voisines par une parclose qui comporte un appuie-mains, servant à se relever lorsqu'on est en position assise. Les parcloses supportent visuellement des accotoirs ou accoudoirs (ou encore museaux), qui prennent matériellement appui sur Ie bâti du fond, ou l'on s'appuie en position debout. Le dossier des stalles basses peut servir de prie-dieu aux stalles hautes. Le dossier de ces dernières monte plus haut pour former un dorsal, support privilégié du décor sculpté et peint.

Les miséricordes aussi pouvaient être peintes (cf. par exemple une miséricorde au Musée des Antiquités de la Seine-Maritime à Rouen). Les stalles hautes sont aussi pourvues de dais, au-dessus des dorsaux, qui ont souvent disparu. Aux extrémités latérales des stalles hautes et basses, ainsi qu'au milieu des stalles basses (car une interruption y est normalement ménagé pour faciliter l'accès aux stalles hautes), les parcloses font place à des jouées, panneaux de bois sculptées de scènes en bas-relief.

Le siège lui-même, lorsqu'il est relevé, permet une position presque assise, grâce a une tablette supportée par une console sculptée. Cet ensemble (tablette et console), parallèle au plan du siège, est nomme miséricorde ou patience, ce qui correspond bien à sa fonction. II faut savoir que la position assise pendant les offices, même temporaire, était déjà un tolérance de 1'Eglise, contre laquelle certaine prélats austères s'élevaient (Pierre Damien, XIe siècle). L'amélioration qui consiste à adjoindre au siège des stalles une miséricorde est par conséquent une tolérance supplémentaire. La miséricorde est donc un élément traditionnel des stalles des XIIIe-XVIe siècles, au point que la console est généralement pourvue d'un décor sculpté, lequel devait devenir a son tour la cible neuf que des critiques des réformateurs. Les stalles constituaient une richesse essentielle des églises et, parmi le mobilier, c'était sans doute un des éléments les plus soignes et les mieux entretenus.  Les stalles se rencontrent partout en Europe, de l'Italie à la Suède et du Portugal à la Pologne, mais les miséricordes sont normalement absentes  des stalles italiennes (sauf dans certains cas nordiques, Aoste qui se rattachent aux domaines des due de Savoie).

On a recense environ 3500 miséricordes en Angleterre et 4500 en France." (P.Y. Le Pogam)

 

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LE PREMIER RANG DE DOUZE STALLES. 

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1. L'orfèvre.

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Cette miséricorde montre un homme qualifié d'orfèvre, bien qu'on le voit frapper de la monnaie sur une enclume, à califourchon sur son établi. Il porte un bonnet à pans rabattus, un manteau à larges revers d'encolure et de manches, et des bottes à bout rond et tige évasée.

À Saint-Lô au Moyen-Âge, "La matière première : lingots, anciennes monnaies, vaisselle, orfèvrerie… est fondue dans des fours. Les feuilles ou lames sont ensuite martelées. On y découpe des flans (de la taille des pièces)  avec de grands ciseaux.  Les flans étaient ensuite frappés au marteau, à l’aide de coins. Un échantillon est envoyé à Paris pour le jugement ou vérification. Plusieurs femmes travaillaient dans ces ateliers de province : les tailleresses. Elles avaient un statut rare dans la société du Moyen-âge. Autour du maître de l’atelier, on trouvait aussi : l’essayeur ; le tailleur-graveur ; les recuiteurs(ses) qui recuisent les flans avant la frappe ; les ajusteurs, et les maîtres monnayeurs qui frappent les flans. Mais aussi des gardes (officiers de contrôle), un procureur du roi, un greffier et des sergents. Tous jouissent de privilèges, dont le port de l’épée."

Les ateliers monétaires de l'Oise sont connus.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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2. L'albalétrier.

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Cet arbalétrier penché en avant bande son arme (appuyée contre sa ceinture) à l'aide d'un accessoire arciforme, crénelé au centre, l'étrier,  tiré des deux mains jusqu'à ce que la corde ne soit retenue par la "noix".

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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3. Un cavalier barbu à cheval.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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4. Un couple enlacé, dans une voiture à bras,  tractée par un homme coiffé d'un chaperon.

 

Au centre, un arbre s'élève, peut-être non sans allusion à un arbre de vie, du bassin de la femme.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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5. Un forgeron.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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6. L'ivresse de Noé.

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On connaît l'histoire, souvent représentée dans les cycles de la Genèse des porches bretons, et vue par saint Augustin comme prophétique du Christ outragé tandis que la vigne préfigure l'Eucharistie : Noé (Gn 9 20:27) ayant goûté avec trop de zèle à la vigne qu'il avait planté, s'est endormi sous sa tente, exhibant ses humbles génitoires. Son fils Cham le voit, et s'en moque et appelle ses frères, Sem et Japhet. Ceux-ci,  au contraire,  le couvrent (hébreu kacah) d'un manteau (simlah en hébreu) en marchant à reculons pour ne pas s'exposer à la vue de la honteuse nudité paternelle, et à la déchéance de sa fonction paternelle  : "ils ne la virent point".

À son réveil, Noé maudit Canaan (fils de Cham) qu'il condamne à être l'esclave de Sem et Japhet.

On notera que le geste de (se) couvrir d'un manteau est associé dans la Bible à l'idée de pardonner, ou d'expier (Livre de Jonas : Yom Kippour).

On notera aussi que les jambes croisées de Noé se retrouvent sur la scène homologue des porches bretons, comme expression du verbe "chanceler" lié à l'ivresse.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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7. Femme ramenant son mari ivre dans une brouette.

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Les stalles préservent-elles la disposition d'origine ? Dans ce cas, cette scène doit être interprétée en tenant compte de son voisinage à l'Ivresse de Noé ; la femme protégerait son mari en le dissimulant à l'opprobre publique ; mais on ne constate, chez le bourgeois obèse, aucun signe d'ivresse, et pas d'avantage de signes de honte ou de remords.

Il ne faut pas se hâter à y voir la dénonciation du vice d'intempérance, mais plutôt une "drôlerie" semblable à celle que les chanoines souhaitent trouver sur leurs stalles, comme ils s'en égayaient sur les marches de leurs pieux manuscrits.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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8. Le mari, armé d'un épieu, cherche l'amant de sa femme caché dans le four domestique. L'amant s'échappe vers la niche du chien, qui ronge son os.

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Sous le regard bien contrit de son épouse, un homme s'approche de la bouche d'un four, armé d'une pique. Il est d'usage de lire cette scène en considérant que le mari trompé découvre l'amant, et va se venger. Mais ce dernier est si bien dégagé de cette épineuse situation  à l'extérieur du four (par quel orifice ?) qu'il me semble qu'il va s'échapper, et que la morale vaudevillesque, qui rit au dépens des cocus, va être sauve.

L'amant est-il tonsuré, ou bien coiffé d'un bonnet? La tête en bas (par renversement des valeurs), il s'apprête à saisir un objet dans la niche du chien, laquelle sert de soubassement au four.

Quelle histoire !

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0G4U6

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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9. Homme soufflant sur les ailes de son moulin.

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Le motif pourrait vouloir faire rire au dépens d'un meunier bien benêt se préoccupant de faire tourner par son souffle les ailes de son moulin à vent, mais Le Pogam évoque le vieux dicton picard destiné aux bavards qui sont des vrais moulins à parole : "ch'meulin i torn".

" Ainsi, l'homme soufflant sur les ailes d'un moulin pourrait être interprété comme une illustration de la folie; mais il n'illustre peut-être qu'une métaphore picarde: "Ch'meulin i'tourne",  ce qu'on peut rendre par "il fait tourner son moulin à paroles". Cette simple image populaire reste cependant étrange, précisément dans la mesure où elle visualise le jeu de mots, à la manière des Proverbes de Breughel."

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E6E6E

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10. La lutte au bâton à bouillie.

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Vue générale, en enfilade, des quatre stalles qui suivent :
 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0N493TK

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Photo RMN

 

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La lutte au bâton est fréquemment représentée, notamment en Bretagne sur les sablières.

Selon Fanch Peru, qui rappelle l'adage « Jeux de bâtons, jeux de Bretons » , les Celtes en général et les Bretons en particulier semblent avoir eu une sorte de prédilection pour les jeux de bâtons, notamment lors des pardons. On en décrit essentiellement deux, le bâton à bouillie (ar vazh-yod) et le bâton par le bout (ar vazh-a-benn).

 Le bâton à bouillie (ar vazh-yod)  met en présence deux concurrents assis par terre, face à face, les pieds calés contre une planche fixée à chant et tenant à deux mains par le travers un gros bâton. Pour gagner il faut amener l'adversaire de son côté ou l'obliger à lâcher le bâton.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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11. Le mendiant à la jambe de bois frappant à une porte.

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Vue des trois stalles (RMN) :

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RMN

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Il ne s'agit pas à proprement parler d'une prothèse, et l'homme n'est peut-être pas amputé (ou alors seulement sous le tiers inférieur de jambe) mais par l'effet de quelque gangrène, de quelque mal perforant ou autre pied bot, il ne peut appuyer son pied au sol : il pare à cela en utilisant une "échasse" soigneusement ficelée à la jambe par des lanières : l'articulation du genou est pliée et c'est elle, avec le haut de la jambe, qui s'appuie sur la console en berceau surmontant un pilon. Cette orthèse était légère et maniable.

Il vient peut-être  dans cette maison pour mendier, à moins que ce soit une représentation du "Messager boiteux", "der Hinkende Bote" (Hinckende Bothe) décrit en 1589 par Georg Rollenhagen dans une satire, avant que le personnage, tenant en main une lettre ne vienne illustrer les almanachs éponymes.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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12. Le Fou s'adressant à sa marotte.

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Ce Fou se reconnaît aux grelots placés aux extrémités des manches exagérément longues de son manteau. Il tient devant lui, comme s'il y contemplait son double, sa marotte, ce bâton singeant les sceptres, et surmonté d'une tête grotesque encapuchonnée comme lui.

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https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7ZW6

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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 Motifs hauts de la jouée.

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Un femme élégante devant sa maison. Sainte Anne ??

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L'emplacement au dessus des jouées est traditionnellement réservé aux thèmes religieux. Faut-il voir ici sainte Anne, devant sa maison (ou devant la Porte Dorée), attendant le retour de Joachim parti garder ses troupeaux ?

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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Paysage montagneux où paissent des troupeaux. Joachim ?

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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Vue générale du premier rang de stalles.

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 La jouée de ce rang de stalles. l'abbé Antoine du Bois en prière devant saint Antoine ermite. 

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L'abbé de Saint-Lucien, commanditaire de ces stalles, et qui ne porta jamais l'habit monastique, est représenté en jeune et riche seigneur agenouillé devant saint Antoine, qui lui prend les mains de sa main droite. Saint Antoine est identifiable par son ermitage (rochers et crucifix), par sa canne en tau et par son chapelet. En arrière-plan, une église, une chaumière et une forêt se rapportent sans-doute à l'abbaye.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_du_Bois

"Aux tentatives infructueuses d'accession d'Antoine du Bois à l'évêché de Beauvais (par opposition du chapitre) succéda celle de sa nomination comme premier abbé commendataire de Saint-Lucien de Beauvais, il devint ainsi le premier abbé séculier désigné par le roi et non pas élu par les moines.

Il deviendra évêque de Béziers de 1504 à 1537.

Antoine du Bois, né en 1471, meurt le 17 avril 1537, son cœur fut rapporté à l'abbaye Saint-Lucien de Beauvais, les religieux le firent solennellement inhumer au côté droit du grand autel de leur église et placèrent sur sa tombe un marbre blanc, taillé en cœur.

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Sur les jouées des stalles :

 "II existe six jouées conservées et deux attestées par la littérature. Ce nombre, plus le fait que deux d'entre elles possèdent un revers sculpté, atteste bien que les stalles formaient un ensemble important, à deux niveaux et probablement avec une ouverture au niveau des stalles basses. Ces jouées semblent avoir constitue deux cycles (repartis peut-être sur les deux cotes du chœur?), l'un consacre à saint Lucien, patron de l'abbaye, et ses compagnons et l'autre à saint Antoine, patron du commanditaire. Au musée se trouvent une jouée basse de chacun des deux cycles: envoi de saint Lucien et de ses compagnons par saint Pierre pour évangéliser les Bellovaques (la province gallo-romaine de Beauvais): Antoine Du Bois en prière devant son saint patron, Ie premier représenté sans supercherie comme un riche laïc. 

L'iconographie des jouées conservées a Saint-Denis comporte deux autres épisodes de chaque légende. Pour Ie cycle de saint Antoine: saint Antoine rencontre un centaure et l'ermite saint Paul (avec paysage au revers); saint Antoine voit 1'ame de saint Paul monter au ciel.

Dans la première de ces deux jouées, saint Paul est étrangement représenté comme un homme sauvage, ce qui vient probablement d'une contamination de cette iconographie courante à la fin du Moyen Âge.

Pour l'autre cycle: saint Lucien délivrant un possédé; exécution des saints Lucien, Maxien et Julien (avec paysage au revers).  Dans cette dernière jouée, on remarquera que, des deux compagnons de saint Lucien, l'un est représenté en prêtre, le second en diacre, contrairement à la chasse du musée, ou ils sont tous deux représentés en diacres. On a vu plus haut que cette hésitation iconographique, comme celle sur Ie nom des compagnons, correspond bien aux hésitations de 1'hagiographie. Par ailleurs, sur la jouée, le compagnon diacre est déjà en train de porter sa tête, ce qui montre que le miracle de "céphalophorie" est étendu de Lucien à ses deux compagnons, comme l'atteste aussi la chasse du musée.

D'après la description de 1803, il semble aussi qu'il existait au moins deux autres jouées: saint Antoine tente par une femme; saint Antoine agresse par deux démons. Les phylactères places au bas de chaque jouée devaient porter des explications peintes aujourd'hui disparues. Je reviendrai plus loin sur le sens de cette iconographie à propos des miséricordes. On peut par ailleurs se poser la question de savoir s'il existait aussi des dorsaux peints ou sculptes." (Le Pogam)

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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LE DEUXIÈME RANG DE ONZE STALLES.

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Photo de la salle dans l'ancienne disposition avant restauration du musée

RMN

 

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RMN

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 Deuxième jouée  : Envoi de saint Lucien et de ses compagnons Julien et Maxien par le pape pour évangéliser les Bellovaques (la province gallo-romaine de Beauvais).

 

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Le pape est assis sur une cathèdre et coiffé de la tiare. En arrière-plan, un paysage boisé et un pont. Saint Lucien est agenouillé sur un tapis, tête nue, l'aumônière à la ceinture, devant ses compagnons Lucien et Maxien. Ils portent la tonsure et une robe monastique à cordelière. Pour Y-P. Le Pogam, le pape serait saint Pierre lui-même.

Lucien de Beauvais, patron de l'abbaye qui en détenait les reliques, vécut au IIIe siècle et fut le premier évêque de Beauvais.

Originaire d’une famille romaine, il s’appelait Lucius comme son père mais changea en Lucien lors d’une prédication de saint Pierre. Il parcourt alors l’Italie pour prêcher. Vers 250, il est ordonné évêque par le pape qui l’envoie en Gaule : il s'installe à Beauvais et s'attache à évangéliser le Beauvaisis avec ses compagnons Julien et Maxien. Ses vertus, ses actions de chair et les miracles qu’il aurait accomplis dans la région auraient contribué à la conversion de près de 30 000 hommes.

 

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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13. Décembre : la tuée du cochon.

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Dans les calendriers des Livres d'Heures, ou des médaillons des cathédrales, le mois de décembre est illustré par l'abattage du cochon.

 

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14. Deux enfants nus jouant à s'affronter en tournois sur leur cheval-bâton.

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Ces deux enfants s'affrontent sur leur cheval-bâton dont plusieurs représentations sont disponibles au Moyen-Âge. Notamment sur une Présentation de Jésus au Temple exposée à Cluny.

 

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Heures d'Antoine le Bon, duc de Lorraine, exécutées en 1533.Folio 22v.

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https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7M2T

 

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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15. Le joueur de cornemuse.

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Ce joueur est assis. Jean-Luc Matte indique : "un bourdon d'épaule au pavillon endommagé, hautbois conique et court implanté de manière inhabituelle, porte-vent brisé".

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https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7UJC

Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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Vue générale des trois premières stalles de cette rangée.

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16. Acrobate en renversement postérieur sur la pointe d'une épée.

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Il s'agit bien entendu d'un exercice particulièrement périlleux. 

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RMN

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RMN

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17. Homme faisant rouler le Monde (globe terrestre) .

 

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Photo RMN

 

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18. Jeune homme transportant une futaille dans une brouette .

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https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0G6NJ

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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19 . Homme soutirant du vin d'un tonneau.

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20. Moine découpant une pièce de viande.

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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21. Un rôtisseur devant ses broches.

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https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0GWB3

Photo RMN

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22. Moine barattant du beurre.

 

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0G2K6

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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23. Un acrobate ou bateleur à la tunique feuillagée.

 

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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24.Un moine prêchant.

 

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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25. Un homme (chasseur ?) armé d'une pique.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L04E1C

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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LES APPUIS-MAINS.

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"Les appuie-mains représentent soit des personnages normaux voire positifs (anges, femmes/sibylles, hommes/prophètes) tenant souvent des livres ou des phylactères, symboles d'enseignement et d'autorité; soit au contraire des êtres grotesques (monstres, personnages contournés, obscènes, etc.). " (Le Pogam)

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Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.
Les stalles de Saint-Lucien de Beauvais exposées au Musée de Cluny.

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AUTRES MISÉRICORDES, NON EXPOSÉES : PHOTOS RMN.

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Deux ensembles de trois stalles étaient jadis exposés dans la chapelle de l'Hôtel de Cluny.

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Trois stalles  de Saint-Lucien de Beauvais, leurs quatre appui-mains et et leurs miséricordes : Truie et renard à l'orgue, porc jouant de l'orgue, feuillage.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/trois-stalles-porc-jouant-de-l-orgue-feuillage_bois-matiere

 

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Trois stalles exposées (quand?) à Cluny. Photo RMN

.)

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Une truie, coiffée d'un chaperon joue d'un orgue positif, et un renard actionne le soufflet.

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https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/misericorde-porcs-jouant-orgue.html

 

https://musicastallis.huma-num.fr/fiche.php?id=279

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Un porc ( ?) portant l'aumusse des chanoines joue de l'orgue positif. Personne n'actionne le soufflet.

L'orgue comporte 9 tuyaux. L'échine hérissée et le museau pointu me font douter de l'identification de l'animal.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/trois-stalles-porc-jouant-de-l-orgue-feuillage_bois-matiere

Cliché RMN Michel Urtado.

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Feuillage : deux feuilles (vigne ?, acanthe ?) séparées par une tige.

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https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/trois-stalles-porc-jouant-de-l-orgue-feuillage_bois-matiere

Photo RMN

 

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Trois stalles : Femme au miroir, homme...

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RMN

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Femme richement vêtue face au miroir, dénonciation de la coquetterie et du luxe.

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RMN

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Homme assis sur un coussin examinant un sac ou un vêtement (pantalon?).

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RMN

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Deux femmes discutant, l'une assise.

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RMN

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Une femme s'inclinant en écartant les mains, face à un homme portant un drapeau sur l'épaule droite.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E66HH

 

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Photo RMN

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Acrobate prenant son pied droit dans sa main, et se tournant vers l'arrière.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E9MOT

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Moine  implorant à genou un homme barbu (un seigneur) richement vêtu.

Ou bien sollicitant un prêt.

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L04DG3

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Photo RMN

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Deux miséricordes relevées : l'homme pousse le monde et un bateleur faisant le pont.
 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0N491PX

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Photo RMN

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Acrobate en renversement postérieur sur une épée.

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E7QTJ

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Photo RMN

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Un couple richement vêtu chevauchant , suivi d'un écuyer (?) ou homme portant un fouet.

 

 

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU05E621Y

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Photo RMN

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Saint Eustache traversant le torrent : à gauche et à droite, un lion et un loup enlèvent les deux enfants du saint.

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Voir sur ce thème hagiographique :

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https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L04UNH

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Photo RMN

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Un barbier.

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RMN

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Un manœuvre remplissant sa manne

https://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&IID=2C6NU0L0GLCM

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Miséricorde des stalles provenant de l'église Saint-Lucien de Beauvais.
Vers 1492-1500.

Hauteur : 0.27 m

Rôtisseur

Mendiant

Un  homme tenant une pique

Le mari, la femme et l'amant caché dans le four

Moine débitant de la viande

manoeuvre remplissant sa manne

Moine prêchant : moine prêchant en chaire.

Moine implorant un homme barbu

Couple tiré en cariole ou voiture à bras

Acrobate en renversement postérieur sur une épée

 Saint Eustache traversant le torrent : à gauche et à droite, un lion et un loup enlèvent les deux enfants du saint.

Joueur de cornemuse

jeune homme poussant sa brouette chargée d'une futaille.

Lutte au bâton

Homme prenant un pied dans sa main.

L'abattage du cochon décembre

Fou et marotte

Femme promenant dans une brouette un gros homme qui boit

Une femme et un homme portant un drapeau sur l'épaule droite

couple chevauchant et ecuyer

Homme soufflant pour faire tourner les ailes d'un moulin

Enfants nus jouant au tournoi

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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— Site ICONO-STALLA Misericordia

https://www.ru.nl/rich/networks/misericordia-international/

https://www.ru.nl/rich/networks/misericordia-international/publications/profane-arts-middle-ages/vol-vi-1-1997/

— FONS (Claire), 1975, L'abbaye de Saint-Lucien de Beauvais : étude historique et archéologique . Non consulté

—HAMON (Etienne), 2016,« ‘Figurer et portraire pour passer le temps’. Dessin, homicide et rémission sur le chantier des stalles de Saint-Lucien de Beauvais » . La pensée du regard. Études d'histoire de l’art du Moyen Âge offertes à Christian Heck, Brepols, p. 201-212. non consulté.

— LE POGAM (Pierre-Yves), 1997,  Les stalles au musée national du Moyen-Age de l'hôtel de Cluny. The Profane Arts / les arts profanes, les stalles de Picardie, Misericordia International vol. VI n°1. 

https://www.ru.nl/rich/networks/misericordia-international/publications/profane-arts-middle-ages/vol-vi-1-1997/

— AUTRE LIENS.

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/stalles-saint-lucien-beauvais.html

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/onze-stalles-provenant-de-l-eglise-saint-lucien-de-beauvais_bois-matiere

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Stalles_st_LuCien_32476.jpg

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:0_Le_sommelier_-_Stalles_de_St-Lucien._de_Beauvais_-_Mus%C3%A9e_de_Cluny_%C3%A0_Paris.JPG

 

https://www.facebook.com/watch/?v=1309809592419916

https://twitter.com/idnum/status/1533505843496460289?lang=ar

.

Sur les stalles en général :

 

— ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.

https://docplayer.fr/68588694-Les-motifs-des-stalles-tout-particulierement-des-misericordes-sont-pour-une.html

 

—  BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).

http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html

file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf

 

—  BILLIET (Frédéric)  Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages

 

.—  BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI  century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p. 

— E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45

.—  BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric)  Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)

https://books.google.fr/books?id=7tThdObk0qwC&pg=PA78&lpg=PA78&dq=stalles+saint-pol-de-l%C3%A9on&source=bl&ots=tth0hiC8_3&sig=zZ9bwe1_Qj7cICq9VvvVWu8EHyY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiMjJnC-IvYAhXDDcAKHcx-DRk4FBDoAQhEMAU#v=onepage&q=stalles%20saint-pol-de-l%C3%A9on&f=false

 

http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm

 

 — KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.

— MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY

http://misericordia-international.blogspot.fr/

— LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12.
— LANGLOIS (E.-H.)  1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.

— LEMÉ (K.) 1994,  Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21.
—  LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe

 http://www.theses.fr/1993PA040260

— LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996

— LEME-HEBUTERNE, (Kristiane). Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI. p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173

— PRIGENT (Christiane)   Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux, à l’époque romane et à l’époque gothique. « Représentations sculptées de danseurs et de jongleurs comme manifestation de la culture laïque dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique », in M.S.H.B., tome LXXI, 1994, p. 279-313.

https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

 

— TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.

— JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.

 

— SOISSONS

https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Stalles Miséricordes. Sculptures Beauvais
21 octobre 2016 5 21 /10 /octobre /2016 15:39

Le vitrail de la Galerie des dix Sibylles (1538-1539)  de la cathédrale de Beauvais par Jean et Nicolas Le Prince. Baie 323 sous la Rose du bras nord du transept.

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— Sur les Sibylles, voir :

 

 Sur les autres vitraux de La cathédrale  de Beauvais, voir :

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— Voir :L'église Saint-Étienne :

— Beauvais :

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LA BAIE 323 : LA ROSE OCCIDENTALE ET SES GALERIES.

Les vitraux dans les bras du transept de la cathédrale de Beauvais accueillent deux grandes verrières constituées chacune de deux galeries de saints et de prophètes, au sud (baie 324), et  de sibylles, au nord (baie 323). Ces deux thèmes, loin d'être isolés, se répondent mutuellement, les Prophètes bibliques étant considérés comme ayant annoncé au peuple Hébreu la venue du Christ, tandis que les Sibylles de l'Antiquité l'annonçaient aux "Gentils", les peuples païens du monde entier. Depuis 1481 avec Filippo Barbieri, chaque Sibylle avait été mis en correspondance avec un oracle, un Prophète dont le verset s'accordait à l'oracle, et avec un événement de la vie de la Vierge et de la Passion de son Fils. 

Comme la majeure partie de la décoration des cathédrales et églises chrétiennes, cette disposition relève de la typologie biblique.

"La typologie biblique est une doctrine théologique fondée sur le rapprochement entre une personne ou un événement de l'Ancien Testament (rarement aussi de la mythologie antique ou de légendes anciennes), le type et de leur antitype, personne ou événement du Nouveau Testament.

Cette méthode d'interprétation de la Bible consiste à rechercher la « promesse » et le « respect » : ce qui, dans l'Ancien Testament, est annoncé, s'accomplit dans le Nouveau Testament (également préfiguration)." (Wikipédia Typologie biblique)

Cette typologie, suggérée dès saint Paul à propos de la Bible hébraïque ("Ce sont des empreintes de choses à venir ; la réalité est à trouver dans le Christ." Col :2-17) a été développée par les Pères de l'Église.

Préambule : les dix Sibylles du portail nord.

Le fidèle qui pénétrait dans la cathédrale par le portail nord (actuellement fermé) recevait sur les deux vantaux une entrée en matière de cette pensée typologique : le sculpteur de Beauvais  Jean Le Pot y avait réalisé  à partir de 1530 (à peine avant la verrière) les statuettes en bas-relief  des quatre évangélistes, à droite, et de quatre docteurs de l'Église, à gauche : saint Augustin, saint Grégoire, saint Jérôme et saint Ambroise. Ces vantaux, toujours visibles, montrent qu'une Sibylle est placée entre chacune de ces statuettes. On trouve donc, intercalées, intégrées à ce corpus des huit piliers de l'Église, dix prophétesses antiques, ces mêmes dix Sibylles de la verrière qui domine ce portail.

Je n'ai pas pris de photographies de ce portail, mais on peut en trouver ici :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Pierre.htm

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/cathedrale/portailnord/portailnord.html

https://inventaire.picardie.fr/dossier/paire-de-vantaux-du-portail-nord-n-2/e48b2ebf-cd44-474c-b5c3-c021c49356f3

Nous y trouvons successivement  de gauche à droite :

- la sibylle Érythrée, portant une rose ;

- la sibylle de Cumes, portant un objet rond ;

- la sibylle Samienne, portant un berceau 

- la sibylle Persique, portant une lanterne ;

- la sibylle Libyque, portant une torche enflammée ;

- la sibylle Cimérienne, portant une une corne-biberon ;

- la sibylle Tiburtine, portant une main ;

- la sibylle Delphique, portant les clous et la couronne d'épines  ;

- la sibylle Agrippa entourant une colonne ;

- la sibylle Phrygienne, portant une croix-étendard .

Soit exactement, comme nous allons le voir, les mêmes sibylles que sur le vitrail, dans le même ordre et portant les mêmes attributs.

N.B Les stalles de la clôture de chœur de la Collégiale Saint-Etienne de Beauvais sont ornées de bas-relief du XVIe siècle représentant les 12  Sibylles  portant leur attribut sous des arcs Renaissance. Voir sur l'article Wikipédia la photo de Chatsam qui en montre six :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais#/media/File:Cloture_du_coeur_2.JPG

On distingue les attributs suivants sur cette image : La fleur (ou le flambeau) ; le fouet (Agrippa) ; le glaive (Europa) ; la lanterne (Persique) ; la colonne de Flagellation (Agrippa ?) ; un objet à sommet arrondi (Cumes ?).

 

 

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Retour à la baie 323.


Le vitrail nord a été endommagé en 1940. Y subsiste la galerie des sibylles de Jean et Nicolas Le Prince (maîtres verriers à Beauvais), posée en 1537-1538. Au-dessous trônait une rangée de séraphins «couleur de feu à six ailes» [Congrès archéologique de Beauvais de 1905]. Selon des témoignages anciens, la rose était ornée d'un soleil d'or ,sous la forme d'une figure humaine et dont les rayons remplissaient les divisions du remplage, sur un ciel d'azur semé d'étoiles et de séraphins, datant peut-être du 17e siècle, qui fut détruit en 1940. . En 1958, Max Ingrand a remplacé la galerie des séraphins par une rangée de Vierges folles et Vierges sages. La rose d'Ingrand représente maintenant un Jugement dernier.

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Baie 323 : la rose occidentale et ses galeries. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la rose occidentale et ses galeries. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie 323 : la rose du Jugement Dernier (Max Ingrand). Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la rose du Jugement Dernier (Max Ingrand). Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie 323 : la rose occidentale et la galerie des Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la rose occidentale et la galerie des Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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LA GALERIE SUPÉRIEURE DE LA BAIE 323 : DIX SIBYLLES.



 La rangée de sibylles du XVIe siècle est l'œuvre de Jean et Nicolas Le Prince (atelier d'Engrand Le Prince, maître-verrier auteur de l'Arbre de Jessé de Saint-Etienne de Beauvais ; cet atelier est réputé pour sa maîtrise du jaune d'argent). La galerie  a été posée dans le bras nord du transept en 1538-1539.

Historique

Dès l'achèvement du bras nord du transept, la vitrerie de la grande rose est commandée aux Le Prince. Jean Le Prince est payé en 1537 pour ses travaux sur la façade nord du transept et Nicolas Le Prince en 1538. Ils sont les auteurs des dix Sibylles garnissant les lancettes sous la rose, reprenant ainsi l'iconographie des vantaux du portail nord.  En 1958, Max Ingrand réalise de nouvelles verrières pour la rose (Jugement dernier) et pour la première galerie de lancettes (Vierges sages et Vierges folles).

Description

La façade nord du transept est abondamment vitrée : une grande rose surmonte deux galeries de dix lancettes chacune. Les lancettes de chaque galerie sont juxtaposées et assemblées par paire. Les lancettes de la galerie inférieure sont de tailles égales, tandis que les lancettes de la galerie supérieure présentent trois tailles différentes : les lancettes latérales étant les plus grandes et les deux lancettes centrales les plus petites. L'ensemble est en verre soufflé et les détails peints à la grisaille et au jaune d'argent. Dimensions approximatives : h = 2000 ; la = 780 (Corpus Vitrearum). 

 Dans la deuxième galerie dix sibylles prennent place sous des dais architecturaux modernes. La plupart des sibylles sont identifiables grâce à des inscriptions situées en dessous et grâce à leurs attributs (de gauche à droite) :

- la sibylle Érythrée, portant une rose ;

- la sibylle de Cumes, portant un objet rond ;

- la sibylle Samienne, portant un berceau (l'inscription située en dessous l'identifie comme la sibylle delphique) ;

- la sibylle Persique, portant une lanterne ;

- la sibylle Libyque, portant une torche enflammée  ;

- la sibylle Cimérienne, portant une une corne ;

- la sibylle Tiburtine, portant une main coupée ;

- la sibylle Delphique, portant les clous et la couronne d'épines (l'inscription située en dessous l'identifie comme la sibylle européenne) ;

- la sibylle Agrippa entourant la colonne de la Flagellation ;

- la sibylle Phrygienne, portant une croix-étendard.

Les Sibylles Hellespontique et  Europa sont donc absentes.

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Baie 323 : la galerie des 10  Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 : la galerie des 10 Sibylles. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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1°) La Sibylle d'Érythrée et la Sibylle de Cumes.

Inscription : Sibille erithree / Sibille cumane.

La Sibylle d'Érythrée et la Sibylle de Cumes. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle d'Érythrée et la Sibylle de Cumes. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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La Sibylle d'Erythrée.

- la sibylle Érythrée tient une rose.  Elle évoque ainsi l'Annonciation  parce qu'elle a proclamé qu'une vierge doit enfanter. En effet, comme le rappelle É. Mâle, "entre la Vierge et l'ange Gabriel, les peintres, depuis le XIIIe siècle, ne manquaient jamais de mettre un beau vase plein de roses blanches ou de lis."  C'est également une rose qu'elle tient dans les Heures de Louis de Laval. Elle est vêtue, assez simplement, d'une robe dorée moulante et à manches courtes,  laissant apparaître le col plissé d'une chemise, et un manteau vieux rose dont le pan droit est retenu par la main gauche. Sa coiffure est plus étudiée, c'est un balzo, bourrelet rembourré d'étoupe et recouvert de velours vert autour duquel s'enroulent les spires espacées d'un large ruban ; celui-ci s'achève par u nœud dont les brins frisés s'envolent. Elle est pieds nus, comme toutes les autres sibylles qui vont suivre.

 

— Le Prophète associé est  Ézéchiel dans Ez 44:2.: Porta haec clausa erit. La Porte close est une préfiguration de l'utérus clos de la Vierge, et donc de sa virginité. Ézéchiel est représenté en position  n°4 dans la galerie de la rose sud.

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La Sibylle d'Érythrée, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle d'Érythrée, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ézéchiel, baie 324. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ézéchiel, baie 324. Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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la Sibylle de Cumes.

 

Elle est vêtue d'une robe vert d'eau (vert foncé en partie basse) et d'un manteau rouge à pan rabattu sur le bras droit. Une broche en or est suspendu à un collier. Ses cheveux sont retenus par un foulard rose.

Elle porte un coquillage (?) tenu sur un linge. Le coquillage  représente la virginité de la Vierge. Cette Sibylle a annoncé qu'un enfant descendra du ciel.

En fait, l'objet ovale et beige ne ressemble nullement à un de ces coquillages nommés porcellena en italien, du fait de sa ressemblance avec la vulve de la truie (porcella), et là comme ailleurs, sa nature est resté une énigme. On peut y voir un petit pain, ou bien astucieusement un petit pain fendu qui a représenté parfois la plaie du flanc du Christ.  Mais ici, l'objet n'est pas fendu, et garde son mystère, comme d'ailleurs à Brennilis, ou dans le Diurnal de René II de Lorraine (1492-1493). On peut le comparer à cette gravure de l'Encomium trium Mariarum de Jean Bertaud datant de 1529 et reproduit par É. Mâle p. 271 fig. 140.

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La Sibylle de Cumes, in É. Mâle, L’Art religieux de la fin du Moyen Âge en France.

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La Sibylles de Cumes est associée au prophète Daniel et aux versets Dan 2:34-35. Daniel est placé en 5e position dans la galerie de la rose sud.

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La Sibylle de Cumes, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle de Cumes, Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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2°) La Sibylle de Samos et la Sibylle Persique.

— Inscriptions / Sibille delphic (l'inscription ne correspond pas à la sibylle représentée au-dessus)/ Sibille persique.

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Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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La Sibylle Samienne  porte un berceau parce qu'elle a annoncé la Nativité dans la crèche. Ce berceau est parfaitement dessiné, avec son piétement permettant la bascule, et ses barreaux. Il est semblable à ceux des Heures de Louis de Laval, des panneaux de Brennilis.

La sibylle est vêtue d'une robe blanche et d'un manteau parme. Ses cheveux sont retenus par une foulard blanc frangé d'or. Un rubis est suspendu à un collier en or. 

Son partenaire du coté sud est  le premier de la galerie des Prophètes  : c'est le roi David, le compositeur des Psaumes. Le verset choisi pour s'apparier avec la vaticination de la Sammienne est le Psaume 71:11. — Adorabunt eum omnes reges terrae ; omnes gentes servient ei. "Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront".

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La Sibylle de Samos et son berceau. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle de Samos et son berceau. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Le roi David, galerie des Prophètes, baie 324,  Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Le roi David, galerie des Prophètes, baie 324, Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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- la Sibylle Persique, porte une lanterne  symbolisant la lumière apportée par le Messie. Elle foule habituellement au pied le serpent de Genèse qui a abusé Ève, mais celui-ci n'est pas figuré. 

Elle est vêtue d'une robe vieux rose et d'un manteau vert cru. Ses cheveux blonds vénitiens sont tenus par un large diadème. Son pied gauche est posé sur un bloc de pierre ; le détail serait insignifiant si on ne le retrouvait pas sur les stalles de Saint-Etienne de Beauvais où Agrippa pose le pied sur ce qui ressemble à un livre.

Les deux sibylles sont tournées l'une vers l'autre.

La Persique est associée à la prophétie d'Osée Os 13:14. Osèe est en sixième position sur la verrière de  la galerie sud .

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La Sibylle Persique et sa lanterne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

La Sibylle Persique et sa lanterne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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3°) La Sibylle Lybique et la Sibylle Cimmérienne.

Inscription :  Sibille libique/ Sibille cim[...]

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Sibylles Lybique et Cimmérienne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Sibylles Lybique et Cimmérienne. Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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La sibylle Lybique  porte une torche enflammée qui symbolise la Lumière que la naissance du Sauveur a apporté au monde, faisant repousser les ténèbres. Sa tête est recouverte par un voile qui retombe sur ses épaules et son buste. Robe violette à ceinture rouge et manches vertes. Comme la Persique, elle pose le pied sur un cube de pierre. Le visage est sombre, témoignant de l'altération du verre.

Dans la galerie sud, son collègue le prophète Jérémie lui est associé, eu égard au verset Jr 23:5 Ecce dies veniunt "Les jours viennent, où je susciterai à David un germe juste" : ce "germe juste" de la Maison de David préfigure pour les chrétiens le Christ. 

 

Sibylle Lybique . Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Sibylle Lybique . Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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La sibylle Cimmérienne tient  une une corne ; cette dernière est en réalité un biberon  en forme de corne témoignant qu'elle a annoncé la venue d'une Vierge allaitant son Enfant.

Elle est coiffée d'un véritable casque d'or qui dénote avec le voile violet qui y est fixé. Les traits de son visage sont virils, surtout en raison de la force du nez. Sa robe blanche est sobre, quoique les manches vertes laissent échapper aux poignets les fronces d'une fine étoffe. Mais cela se complique sous la ceinture, avec un double rang de guirlandes et de glands, de perles, de macarons multicolores et  de parements d'orfroi, toute une quincaillerie bling-bling qui n'est portable que dans cette seule circonstance : un défilé de mode sous les voûtes d'une cathédrale. Elle étudie la position de ses pieds, celui de gauche en avant, celui de droite en retrait, à 90°.

Son compère en prophétie est Joël, pour le verset  Joël  2, 29 : In diebus illis effundam spiritum meum "En ces jours je répandrai mon esprit". Mais il est absent de la galerie sud.

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Sibylle Cimmérienne..Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Sibylle Cimmérienne..Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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4°) La Sibylle de Tibur et la Sibylle Delphique.

 

Inscription :Sibille tiburtine/ Sibille europe (l'inscription ne correspond pas à la sibylle représentée au-dessus).

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Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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La sibylle Tiburtine  porte une main  coupée qui symbolise la main du garde qui a souffleté le Christ au cours de la Passion. 

Elle est coiffée du turban de velours rouge lacé de ruban jaune d'or, et d'où s'échappent des mèches blondes,  elle tourne son beau visage vers sa voisine, elle a noué autour de sa robe verte une ceinture dorée, et posé sur ses épaules un manteau rouge : elle a fière allure.

Son prophète ? C'est Michée, que vous trouverez sous le nom de Micheas dans la galerie sud. 

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Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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- Ce n'est pas la sibylle Europe, mais bien la  Delphique qui, dans la tradition institué par Barbieri et surtout par les Heures de Louis de Laval, porte  la couronne d'épines. Mais tout est possible ! L'artiste lui a confié en outre les trois clous, autre Arma Christi ou instrument de la Passion du Christ . La Sibylle de Delphes avait prophétisé « un Dieu viendra pour mourir et il sera plus grand que les immortels ».

Elle porte sur sa tête brunie un champignon vert à faveur rouge. Une robe parme, recouverte d'une robe dorée damassée à motif de rinceau. Une ceinture rouge ^nouée à la diable semble s'échapper.

Elle va de pair avec le prophète Jérémie, déjà attribué pourtant à la Lybique. Mais ce n'est pas pour le même verset (j'allais écrire "pour la même danse") : il s'agit ici de Jérémie  31:21 : Revertere virgo Israhel revertere ad civitates tuas istas "Reviens, vierge d'Israël, Reviens dans ces villes qui sont à toi!"

[Europe sort, elle, avec Zacharias, qui est bien présent parmi les dix prophètes de la Galerie, en antépénultième position.

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Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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5°) La Sibylle Agrippa et la Sibylle de Phrygie.

Inscription : Sibille frigee / aome-nesp ---ci. (??)

 

 

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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 Au dessus de l'inscription Sibille frigée se voit une femme tenant dans ses bras une colonne. Elle nous fait face, avec ses cheveux blonds rassemblés sous un bourrelet vert très simple, son justaucorps vert laissant libre les manches rouges et jaunes, et les jupes superposées vert d'au et rouge. Je l'ai d'abord identifié comme la sibylle Agrippa, car celle-ci est associé à la scène de flagellation (attribut : le fouet), et qu'il s'agit très vraisemblablement ici de la colonne de flagellation, nouvel Arma Christi. Mais depuis que j'ai découvert sur les stalles de Saint-Étienne de Beauvais cette sibylle tenant la colonne à coté d'une authentique Agrippa tenant le fouet , je ne sais plus.

 

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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 On reconnaît ici la sibylle Phrygienne, portant l'étendard du Christ Ressuscité  : car c'est son attribut attitré. Pourtant, l'inscription sibille frigée est placé sous sa voisine. On imagine qu'il y a eu une belle salade lors de différentes restaurations plus ou moins qualifiées.

Elle est tournée vers sa voisine ; elle est coiffé d'un diadème compliqué d'une couronne. Robe mauve très pale, manteau vieux rose pale, 

 

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie 323 . Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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CONCLUSION.

L'étude des inscriptions, des attributs et des détails vestimentaires ne permet pas de proposer une interprétation particulière. Les attributs indiquent que les  artistes connaissent les travaux de leurs collègues (Jean Colombe pour les Heures de Louis de Laval), mais le nombre de dix, plutôt que douze, l'ordre de succession des sibylles, la non concordance entre les noms et les attributs ne permettent pas d'établir des liens avec les sibylles d'Amiens, d'Étampes, de Brennilis, par exemple.

 

 

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SOURCES ET LIENS.

1. Sur les Sibylles de la cathédrale de Beauvais.

— Laissez-vous conter la cathédrale de Beauvais : http://www.beauvais-cathedrale.fr/docs/vpah-cathedrale.pdf

—​​​​​​Les vitraux de la cathédrale :

 http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/cathedrale/vitraux/vitraux.html

Patrimoine-histoire.fr : 

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Pierre.htm

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-eStPierre_v15.htm

— DESJARDINS (Gustave 1865 Histoire de la cathédrale de Beauvais en ligne

 

—  PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Verrière figurée : Jugement dernier, les Sibylles, les Vierges sages et les Vierges folles (baie 323)

 

https://inventaire.picardie.fr/dossier/verriere-figuree-jugement-dernier-les-sibylles-les-vierges-sages-et-les-vierges-folles-baie-323/cb5f6d58-96c2-417a-b1b0-3baade3b9bf8

— GUILHERMY (Baron dee) BnF. NAF 6096. Papiers archéologiques du baron De Guilhermy. fol. 154

— BM Beauvais. Collection Bucquet-Aux Cousteaux, tome 26. p. 519

— BM Beauvais. Collection Bucquet-Aux Cousteaux, tome 28. p. 313

 

— BARRAUD, Pierre-Constant (Abbé), 1850. Description des vitraux des deux grandes rosaces de la cathédrale de Beauvais (XVIème siècle). Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. Beauvais : A. Desjardins, 1850, tome I. p. 225-246

—  BONNET-LABORDERIE, Philippe. La Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais. La Mie-au-Roy : GEMOB, 1978 (Histoire et architecture). p. 186 et 191

— FRANCE. Corpus Vitrearum Medii Aevi. Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais. Recensement des vitraux anciens de la France, vol. 1. Paris : éditions du CNRS, 1978. p. 181

— DESJARDINS, Gustave. Histoire de la cathédrale de Beauvais. Beauvais : Victor Pineau, 1865.

— LEBLOND, Victor. L'art et les artistes en Ile-de-France au XVIe siècle (Beauvais et Beauvaisis) d'après les minutes notariales. Paris : E. Champion, 1921. p. 30

— LEBLOND, Victor. La Cathédrale de Beauvais. Paris : Henri Laurens, 1926 (Petites monographies des Grands Edifices). p. 70-71

— PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, architecture, mobilier et trésor. Réd. Judith Förstel, Aline Magnien, Florian Meunier et al. ; photogr. Laurent Jumel, Thierry Lefébure, Irwin Leullier. Amiens : AGIR-Pic, 2000 (Images du Patrimoine, 194). p. 56

— PICARDIE. Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. La cathédrale Saint-Pierre de Beauvais,

https://inventaire.picardie.fr/dossier/la-cathedrale-saint-pierre/5cff9dd6-30a7-4d39-b709-5ddb6b03f1dd

— WOILLEZ, Emmanuel. Description de la cathédrale de Beauvais, accompagnée du plan, des vues et des détails remarquables du monument et précédée d'un résumé des principaux évènements qui s'y rattachent. Paris : Derache, Beauvais : Caux-Porquier, 1838. p. 14

Sur les Sibylles en général.

 

 

 

 

Dans les vitraux :

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm5601/sibylles.php

Baie 12 d'Ervy-le-Chatel (Aude), v1515 : 

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8601/eg_StP@Ervy_12.php

Article de Wikipédia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sibylle

https://it.wikipedia.org/wiki/Sibilla

ABED ( Julien) 2010, La Parole de la sibylle. Fable et prophétie à la fin du Moyen Âge, thèse de doctorat préparée sous la direction de Mme Jacqueline Cerquiglini-Toulet, soutenue le 13 mars 2010 à l’université Paris-Sorbonne.

https://peme.revues.org/85

BARBIERI (Filippo de) [Philippus de Barberiis] [Filippo Barberio], 1481,  [Discordantiae sanctorum doctorum Hieronymi et Augustini, et alia opuscula] ([Reprod.]) / [Philippus de Barberiis] , Bnf, Gallica :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k591531

— BELCARI (Feo), « Sacra rappresentazione » du mystère de l’Annonciation. Ce mystère fut joué à Florence, en 1471, à l’occasion de la visite du duc Galeazzo Maria Sforza. la première édition en parut à Florence, sans nom d’auteur, à la fin du xve siècle.

https://archive.org/details/bub_gb_ZTjxnHHEHGgC

http://www-personal.usyd.edu.au/~nnew4107/Texts/Fifteenth century_Florence_files/Belcari_Annunciation.pdf  

— BURON (Emmanuel), 2004, Oracles humanistes et rumeurs de la cour : Sibyllarum duodecim oracula de Jean Rabel, Jean Dorat et Claude Binet (1586) in La Sibylle. Parole et représentation sous la direction de Monique Bouquet et Françoise Morzadec. Presses Universitaires de Rennes p. 241-254.

 —CASTEL (Yves-Pascal), 2006, "Les 70 sibylles du Finistère", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère - T. CXXXV - 2006 pages 201 et suivantes

http://patrimoine.dufinistere.org/art2/index.php?art=ypc_sibylles 

CLERC (C de ), 1979, "Quelques séries italiennes de Sibylles", Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, fasc. 48-49 pages 105-127.

CHAMPIER (Symphorien), 1503, "Les prophéties, dits et vaticinations des Sibylles, translatés de grec en latin par Lactance Firmian", 3ème partie de  La nef des dames vertueuses

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k79103w/f124.item.zoom

— DIURNAL DE RENÉ II DE LORRAINE , 1492-1493,  diurnale ad usum ecclesiae romanae diurnal de rené 2 de lorraine Bnf Latin 10491. Nancy. Artiste Georges Trubert. http://nossl.demo.logilab.fr/biblissima/id/Illumination/Mandragore/69433

EL ENIGMA DE LA SIBILA

https://sites.google.com/site/omnedecus/Home/art/el-enigma-de-la-sibila

GIUSTINIANI (Giulia), 2014 « Gli esordi critici di Emile Mâle : la tesi in latino sulle sibille »,Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge 

 http://mefrm.revues.org/1527 

HEURES DE LOUIS DE LAVAL , avant 1489,  Horae ad usum romanum Bnf Latin 920. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501620s/f42.item

 — HÜE (Denis), 2004, La Sibylle au théâtre, in Sibylle, parole et représentation, Presses Universitaires de Rennes p. 177-195 http://books.openedition.org/pur/30366

— JOURDAIN & DUVAL, 1845, -"Les Sibylles, peintures murales de la cathédrale d'Amiens", Mémoire de la Société des Antiquaires de Picardie Tome VIII pages 275-302 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4083456/f273.image

 

 

KRIEGER (Denis), Autour des vitraux d'Arnauld de Moles à la cathédrale Sainte-Marie d'Auch

(un dossier iconographique sur les Sibylles)

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/index_htm_files/Auch%20et%20les%20Sibylles.pdf

 —LAMBERT (Gisèle), Les premières gravures italiennes =  Les gravures de Baccio Baldini : une suite de 24 prophètes et 12 Sibylles .

http://books.openedition.org/editionsbnf/1365

LE VERDIER, (Pierre Jacques Gabriel,) 1884, Mystère de l'incarnation et nativité de Notre Sauveur et Rédempteur Jésus-Christ : représenté à Rouen en 1474, publié d'après un imprimé du XVe siècle Société des bibliophiles normands

https://archive.org/stream/mysteredelincarn01leve#page/n69/mode/2up

MÂLE  (Émile), 1925,  L'art religieux de la fin du Moyen Age en France  : étude sur l'iconographie du Moyen Age et sur ses sources d'inspiration  3e éd., rev. et augm. / Paris : A. Colin ,  p. 254-279.

https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml#page/252/mode/2up

https://archive.org/stream/lartreligieuxde00ml/lartreligieuxde00ml_djvu.txt

MÂLE  (Émile) , 1899, Quomodo Sibyllas recentiores artifices repraesentaverint [Texte imprimé] / E. Mâle,.. / Parisiis : E. Leroux , 1899  

MONTEIRO (Mariana), 1905, As David and the Sibyls says. A sketch of the Sibyls and the sibylline oracles  

https://archive.org/details/asdavidsibylssay00montrich

PASCUCCI (Arianna), 2011, L'iconografia medievale della Sibilla Tiburtina in Contributi alla conoscenza del patrimonio tiburtino, Vol. VIII, Liceo classico statale Amedeo di Savoia di Tivoli, 2011,

 http://www.liceoclassicotivoli.it/Pascucci_Sibilla_Tiburtina_2011.pdf

https://www.academia.edu/9789364/Liconografia_medievale_della_Sibilla_Tiburtina_di_Arianna_Pascucci_Tivoli_2011

RÉAU (Louis), Iconographie de l'art chrétien, II, Iconographie de la Bible, Ancien Testament, p. 420-430.

ROESSLI (Jean-Michel), 2002,  Catalogues de sibylles, recueil(s) de Libri Sibyllini et corpus des Oracula Sibyllina Remarques sur la formation et la constitution de quelques collections oraculaires dans les mondes gréco-romain, juif et chrétien Jean-Michel Roessli (Université de Fribourg, Suisse)  in E. NORELLI (ed.), Recueils normatifs et canons dans l'Antiquité. Perspectives nouvelles sur la formation des canons juif et chrétien dans leur contexte culturel. Actes du colloque organisé dans le cadre du programme plurifacultaire La Bible à la croisée des savoirs de l'Université de Genève, 11-12 avril 2002 (Lausanne, 2004; Publications de l'Institut romand des sciences bibliques 3), p. 47-68

http://www.concordia.ca/content/dam/artsci/theology/profiles/jean-michel-roessli-catalogues-sibylles.pdf

ROESSLI (Jean-Michel) , 2007 « Vies et métamorphoses de la Sibylle », Revue de l’histoire des religions :

 http://rhr.revues.org/5265

 — Sibyllae et prophetae de Christo Salvatore vaticinantes - BSB Cod.icon. 414 (1490-1500) http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00017917&pimage=00017917&suchbegriff=&l=fr

TASSERIE (Guillaume), 1499  Le Triomphe des Normans composé par Guillaume Tasserie traictant de la Immaculée Concepcion Nostre Dame

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k424472s

Le Triomphe des Normans traictant de la Immaculée Conception Nostre Dame est un mystère qui fut joué en 1499. Une seule copie de ce texte nous est parvenue, dans un manuscrit ayant appartenu jadis au Duc de la Vallière. La mise en ligne et la mise en page ont été assurées par Denis Hüe à l’Université Rennes

2http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/triomphe/triomphe.html

 

—BERTAUD (Jean) , 1529, Encomium trium Mariarum cum earundem cultus defensione aduersus Lutheranos [et alia opera : Sequitur Officium trium filiarum beatae Annae et ♦ De cognatione sacerrimi Ioannis Baptistae cum filiabus et nepotibus beatae Annae Libri tres ♦ expurgati et emuncti]

 

 

Tractatus Zelus Christi, Venise 1592

https://books.google.fr/books?id=eItlAAAAcAAJ&pg=PA44-IA1&lpg=PA44-IA1&dq=ensem+nudum+sibylla&source=bl&ots=mmZ9XSX-Hd&sig=mpqSs1Y5_ou3a9KrWaEIqX-w4eo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiS4_Ghx8nPAhXnDsAKHeLyAXEQ6AEIHDAA#v=onepage&q=ensem%20nudum%20sibylla&f=false

 

Description des sibylles de la rosace de la cathédrale de Beauvais par Jean et Nicolas Le Prince 1537 : 

https://archive.org/stream/beauvaissacathd00pihagoog#page/n95/mode/2up/search/sibylle

 

 

 


 

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Published by jean-yves cordier - dans Beauvais Vitraux Sibylles
5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 21:51

Je ne vais pas me fouler, je vais recopier — à la main — le texte d'Isabelle Isnard proposé par le site de la base Palissy des Monuments historiques :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM60000268

"Le vitrail a été donné à l'église par l'abbé Spey Broeck. Son classement a été demandé par le donateur. Il a été proposé au classement le 8 octobre 1984. A l'origine, il se trouvait dans une chapelle privée détruite pendant la guerre de 1914-1918. Ce vitrail sort des ateliers Van Doorne comme l'indique la présence du monogramme du maître. Le paysage de la scène est réalisé avec une grande minutie dans les détails qui n'est pas sans rappeler le travail d'Albrecht Dürer. Le panneau peut être daté du début du 17e siècle. h = 60 ; la = 40. Le panneau figuré est entouré d'une bordure de verre blanc décorée de motifs décoratifs en jaune d'argent. Sur le panneau figuré : Adam et Eve au centre de la composition cachent leur nudité et fuient sous les injonctions de l'ange représentés à gauche du panneau. La scène se déroule dans un paysage animé par de nombreux animaux dont un lièvre. "

Mais, direz-vous, qui est cet abbé Spey Broeck ? Lavieb va vous l'apprendre. Carlos Speybroeck fut le curé de la paroisse de Précy-sur-Oise de 1979 à 2011. Un historien érudit, puisqu'on lui doit Précy au fil de l'eau  et Précy-sur-Oise pendant la Révolution (1989). Mais aussi le membre de la Commission d'art sacré de l'Oise. 

Et le peintre Van Doorne, dites-nous un peu, Lavieb, de qui il s'agit ?

Je n'en sais rien. J'ai juste réussi à trouver les trois lettres AVD au dessus de la tête du lièvre. Je trouve une famille de sculpteurs et d'artistes de Malines, des Jan, des Martin, mais aucun peintre-verrier. Ce monogramme est proche de celui d'Albrecht Dürer AD. 

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Ma photo n'est pas meilleure que celle mise en ligne sur l'article Wikipédia par Chatsam, mais elle la complète.

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Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

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Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

Adam et Ève chassés du Paradis, vitrail de Van Doorne, début du XVIIe siècle, ancienne chapelle privée.

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Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 22:36

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais baie n° 6, Le Jugement Dernier .

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Voir :

L'église Saint-Étienne :

La cathédrale :

Beauvais :

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La baie n° 6 du Jugement Dernier  comporte  quatre lancettes lancéolées organisées en 2 registres, et un tympan à 8 mouchettes bilobées et 6 écoinçons.  Elle mesure 7,10 m de haut et 3,20 m de large.

Cette œuvre, datée vers 1522 et atribuée à Engrand Le Prince par J. Lafond,   a été restaurée par Roussel en 1878.

 

 

Selon la description donnée en 1999 par Isabelle Isnard pour la notice des Monuments historiques : 

"Le Jugement Dernier occupe les trois lancettes de gauche. A droite, l'Enfer, au centre saint Michel psychopompe et à gauche la résurrection des morts, leur séparation et les âmes des élus qui montent au ciel. Au dessus, le Christ Juge entouré de saint Jean-Baptiste, de la Vierge en prière et de deux anges sonnant la trompette. Dans le registre supérieur de la lancette de droite, des donateurs sont présentés par saint Pierre. Dans le registre inférieur, le panneau moderne présente le curé de Saint Etienne lors des restaurations de 1878. Au tympan, une Trinité dans la mouchette centrale et autour, dans les soufflets, des anges musiciens, le Soleil et la Lune. Restauration de Roussel en 1878. Le panneau représentant le curé en donateur est moderne. Transcription : " Roussel, 1878" http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM60003013

On apprend aussi que "cette verrière a été très restaurée au XIXe siècle. A l'origine le registre inférieur du vitrail d'Engrand exposait un certain nombre de corps nus qui ont choqué quelques bonnes âmes du XIXe. Ce registre a été supprimé. Les débris ont néanmoins été remis en place et restaurés par le maître verrier beauvaisien Roussel en 1878.". Mais les sources consultés n'indiquent pas la date de ce vandalisme poudibond et dévot. Stanislas de Saint-Germain indique en 1843 (page 70) que "les détails inférieurs ont été brisés récemment". Mais il en donne néanmoins une description qui peut laisser penser que la destruction du registre inférieur n'a pas été totale. Il y a là quelque chose d'incohérent et d'insuffisament précisé. Si des esprits prudes s'étaient offusqués de certains détails anatomiques, ils les auraient fait dissimuler ou ôter sans s'en prendre à l'ensemble des panneaux, comme les paroissiens bretons le firent des statues de Vierges allaitantes, dont la poitrine étaient rhabillées, ou les Italiens des peintures de Michel-Ange qui étaient corrigées. C'est d'ailleurs, sur l'autel de la Chapelle Sixtine, les personnages nus du Jugement Dernier (1536-1541) qui "bénéficièrent " des repeints de pudeur du "Braghettone" Daniel de Volterra.

 On sait certes aussi que Beauvais fut, au XVII et au XVIIIe, par son Lycée, un centre de rayonnement et d'enseignement du jansénisme. Mais selon Stanislas de Saint-Germain, les destructions eurent lieu au peu avant 1843.

Enfin, je trouve que le registre inférieur ne mérite pas le qualificatif d'Affreuse platitude" décerné par Jean Lafond dans le texte (par ailleurs remarquable bien entendu)   de  Jean Lafond en 1929 :

 

"Le vitrail du Jugement Dernier est contemporain de l'Arbre de Jessé [1522-1524], dont il forme pour ainsi dire le pendant, et l'on peut croire qu'Engrand Le Prince a pris dans son exécution une part prépondérante. La partie inférieure de la verrière a été mutilée par de bonnes âmes que choquaient les nudités de la Résurrection des Morts et de l'Appel des Élus. Le chanoine Barraud rapporte ce trait de vandalisme, non sans le flétrir très justement. En fait, seul le premier compartiment (qui représentait ce double sujet) a été entièrement détruit pour faire place à une composition moderne dont la décence ne compense pas l'affreuse platitude.

Le Pésement des Âmes, et l'Enfer, dans les travées voisines, ne sont que restaurées, fort mal d'ailleurs. Il faut admirer l'armure d'or et d'argent de l'archange aux ailes vertes , et – à gauche de la gueule de Léviathan qu'ouvre un monstrueux diable rouge –, une très belle tête de damné. Même le portrait du bon curé Potier est surmonté d'un excellent panneau décoratif qui rappelle le dernier vitrail de la chapelle de la Vierge.

A la partie inférieure de l'armure, est tracée l'invocation Sancte mi[ch]ael . Sur une jambière, on distingue les lettres A et (N) ?

Le registre supérieur est parfaitement conservé . Le Christ est assis sur l'arc-en-ciel, les pieds posés sur le globe du monde. Son large manteau rouge laisse voir les plaies de la Passion. Auprès de son visage nimbé de rayons d'or, on aperçoit d'un côté un lis et de l'autre un glaive. Ces symboles de la Miséricorde et de la Justice éclairent le geste du divin juge, qui bénit les élus, et abaisse la main gauche en signe de réprobation. A la droite du Christ est agenouillée la sainte Vierge, vêtue d'une robe violette et d'un manteau blanc broché d'or. Elle intercède pour les hommes en joignant les mains. De l'autre côté, c'est saint Jean-Baptiste, vêtu d'une peau de bête sur laquelle est jeté un manteau rouge. Sa tête barbue et chevelue, au profil maigre, au nez incurvé, est peinte avec cette grisaille brun clair dont nous avons déjà noté l'emploi dans le portrait présumé d'Engrand Le Prince [Arbre de Jessé].

Au dessus de ces deux personnages, des anges blancs, aux vastes ailes éployées, paraissent dans les nuages bleus et sonnent de grandes trompette recourbées. Un troisième ange, le soleil et la lune, occupent la pointe des lancettes.

A l'exception du dernier détail, toute cette ordonnance suit très fidèlement le modèle donné par Albert Dürer dans la Petite Passion sur bois (vers 1509-1511). On remarquera qu'elle n'occupe que trois compartiments : il fallait bien mettre le Christ au centre du tableau. Le peintre verrier s'est servi de la quatrième lancette pour loger le donateutr et sa femme sous une forte architecture d'or décorée de putti et de dauphins. Ces donateurs, dont les armoiries ont disparues, sont présentés par un majestueux saint Pierre.

Le tympan, fort intéressant, au point de vue de l'iconographie, met en scène, autour d'une Trinité environnée d'anges musiciens, saint Jean-Baptiste flanqué de deux personnages de l'ancienne loi, et la Vierge Marie qui forme avec deux saintes femmes un groupe délicieux. " (J. Lafond 1929 pages 79-80).

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Baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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I. REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Les trois panneaux de gauche forment un tout, dans lequel Engrand Le Prince se réapproprie avec talent le Jugement Dernier de Dürer dans sa série de la Petite Passion : ici, chez Le Prince, les trois personnages sont des entités autonomes comme trois foyers de radiations sacrées.

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Albrecht Dürer, Jugement Dernier de la Petite Passion.

Albrecht Dürer, Jugement Dernier de la Petite Passion.

Registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette A. La Vierge.

On  évoque la Vierge de la Déposition en baie n°0.

Lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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J'essaye de comprendre "comment c'est fait". Le verre blanc, chez Engrand Le Prince, n'est pas blanc-transparent, il est laiteux, crémeux, l'application de grisaille plus ou moins dense le transforme en une matière soulevée par par des modelés, des arêtes, des flux et des plis. Le plissé de la robe de l'ange, d'abord concentrique autour du tronc, frise et se gaufre sur les manches. Si l'on suit, comme dans le pavillon d'une oreille, les circonvolutions du trait blanc dont on pense qu'il est "enlevé" par quelque outil, on constate qu'il est doublé (comme dans la technique du triple trait du moine Théophile) par un trait gris sombre, et enfin on perd le tracé. 

Le visage obéit à d'autres lois. Il est passé au blanc comme celui d'une geisha ou d'un pierrot lunaire, et seuls quelques traits parcimonieux, denses, écrivent deux yeux, la ligne des narines et la clef de sol de l'oreille. Pourtant, le front est bombé, les joues sont gonflées, le regard est concentré. Rien n'indique comment nous viennent ces convictions.

Le jaune d'argent des cheveux  me retient à son tour. Ces cheveux, ce sont des nouilles, des pailles ou des herbes folles, un champ de blé peint par Van Gogh, ce sont des flammes et des flammêches, emportés par un coup de vent dégageant le front .

Me voilà aux ailes  maintenant : le verre vert est travaillé par des grisailles vaporeuses où le doigt de l'artisan vient d'abord tracer des  contours foliaires, avant que le manche d'un pinceau ne vienne zébrer la surface par des traits rapides pour exprimer les nervures alaires.

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Ange buccinateur annonçant le Jugement, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ange buccinateur annonçant le Jugement, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Je poursuis mon exercice avec le visage et le voile de la Vierge.

 

 

Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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L'étoffe dorée est damassée selon le motif propre à Engrand Le Prince et à son atelier : une palmette et des  "roues dentées" piquées par trois sur un pétale. Le cément jaune d'argent est dilué à gauche et se concentre sur le pan de droite pour devenir orange.

 

Damas de la robe de la Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Damas de la robe de la Vierge, lancette A, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Tête de la lancette A. Le Soleil anthropomorphe (visage de 3/4).

Ce soleil, comme la lune de la lancette D, indiquent la dimension cosmique du Jugement.

 

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Tête de la lancette A, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de la lancette A, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette B. Le Christ.

On passe toujours trop vite devant les œuvres... Je relis Jean Lafond :

"Le Christ est assis sur l'arc-en-ciel, les pieds posés sur le globe du monde. Son large manteau rouge laisse voir les plaies de la Passion. Auprès de son visage nimbé de rayons d'or, on aperçoit d'un côté un lis et de l'autre un glaive. Ces symboles de la Miséricorde et de la Justice éclairent le geste du divin juge, qui bénit les élus, et abaisse la main gauche en signe de réprobation."

Malgré deux visites de la verrière et de (très) longues heures passées à trier et sélectionner mes images et à rédiger cet article, je n'avais pas vu l'arc-en-ciel. Il est fait d'un verre bleu clair, assombri au pinceau d'un arc bleu au centre (grisaille ou émail ?) et d'une bordure au jaune d'argent en partie basse. Tout cela pour deux morceaux de verre de quelques cm².

L'éclat de lumière jaune, qui adopte la forme vague d'une étoile, est fait de six panneaux (avant la pose de plombs de casse) de verre blanc passés au jaune d'argent, avec une réserve en forme de croix autour de la tête, et des variations de densité du cément qui créent autour du Christ vainqueur de la mort cette radiance surnaturelle impressionnante. 

 

 

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Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Ce que je n'avais pas vu non plus, c'est le lis blanc : j'avais pris la tige verte pour une sorte d'éclair, et la corolle blanche m'avait échappé. Je VOIS  maintenant cette extraordinaire et inédite image du glaive dont la pointe touche l'oreille gauche, alors que la tige du lis semble s'échapper de l'oreille droite. Cela a la force d'une vision extatique, bouleversante ou renouvellante car les réflexions sur les significations possibles de cette composition sont infinies.

Le regard (ce regard qui troue des chairs blanches et qui est l'une des signatures immédiatement identifiables de l'atelier des Le Prince) est tourné vers la droite, vers le coté du jeune lis en fleur, de la main qui bénit et accueille les Élus, celui de la Miséricorde. Le glaive glacé de la Justice et de la Loi, métamorphosé par le passage par le Christ, transforme son intransigeance acérée et tranchante en la tendresse chaleureuse et  bienveillante du pardon. Est-il possible d'aller aussi loin dans la compréhension théologique du christianisme par l'expression d'une seule image ?

Que fait la main gauche ? Elle ne repousse pas, elle n'a aucune agressivité, elle semble vouloir calmer certains excès. Du coté gauche se tient Jean-Baptiste dans son vêtement de poils de chameau : le Précurseur est un exalté vivant dans le désert et se nourissant de sauterelles : c'est le dernier des Prophètes de l'Ancien Testament, un Élie redivivus. Dans le tympan, il est entouré de deux prophètes. Est-ce sa virulence que Jésus tempère de son geste apaisant ?

 Le lis, avec sa fleur immaculée, symbole de pureté, de virginité, est tourné vers la Vierge, la Nouvelle Éve.

 On semble voir ici l'illustration du verset de l'évangile de Jean 12:46-47 : 

 

"Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres.

 Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde point, ce n'est pas moi qui le juge; car je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde. "

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Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Tête de la lancette B. Ange adorateur.

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Tête de la lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de la lancette B, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette C. Saint Jean-Baptiste.

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Lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Tête de lancette C. La Lune anthropomorphe (un profil).

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Tête de lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de lancette C, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette D. Le couple de donateurs présenté par saint Pierre.

Saint Pierre est placé devant une tenture verte damassée, dans une niche qui l'isole des trois lancettes précédentes. Mais le motif du damas est le même que celui de la robe de la Vierge .

Staniaslas de Saint-Germain, en 1843, et Fanny Dénoix, en 1868, ne décrivent que saint Pierre et passent sous silence les donateurs, qui ne devaient donc pas être alors très visibles.

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Lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Tête de lancette D.

C'est un chef-d'œuvre de jaune d'argent. Dans la partie basse, quatre enfants nus en deux groupes semblables (un garçon bouclé, assis, tenant un bâton et faisant un signe de la main, auprès d'un compagnon au cheveux paille, soulevant des deux bras une sorte d'emblème). En haut, l'emblème en question, où deux poissons à gueule d'aigle s'affrontent en traçant un cercle, qui circonscrit un vase.

 

 

Tête de lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.
Tête de lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tête de lancette D, registre supérieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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II. REGISTRE INFÉRIEUR.

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On se rappelle que cette partie a été partiellement ou totalement détruite, et refaite avec des éléments modernes.

Registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette A. Les Élus appelés par un Ange.

Toujours le même motif de damas pour l'Ange.

Une femme portant une guimpe nous regarde presque malicieusement. C'est peut-être une donatrice, et  alors sans doute une religieuse.

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Lancette A, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette A, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette B.

L'archange Saint-Michel tient sa balance. A droite, un homme dont l'âme est trop lourdement chargé de péchés est déjà emporté par un diable, tandis que sur le plateau le plus haut, une femme (la compagne du damné) tend desespérément le bras pour le rattraper par le pied. En vain, bien-sûr. Une chrétienne qui regrette déjà son mari à l'entrée dans le Paradis, est-ce vraiment bien catholique ?

En 1868, le vitrail n'était pas si détruit que cela, puisque Fanny Dénoix en a laissé la description amusée suivante : 

"Au bas, s'opère le pèsement et la classification des âmes. Mais quel ingénieux combat ! Un mari, trop lourd d'iniquités, est repoussé vers l'abîme. Sa femme prédestinée, elle, s'efforce de le retenir, de l'entraîner chez les bienheureux ; et la pauvre épouse obligée de lâcher prise, abandonne au démon cette part de sa vie. La femme est comique d'épouvante, l'époux est inimitable de couardise."

 

Sur la pièce d'armure se lisent les mots Samcte Michael, mais on trouve aussi sur la cuissarde droite un superbe A, seule lettre distincte d'un groupe de trois.

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Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette C.

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Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette D.

Elle montre un saint et une sainte présentant un écclésiastique, en posture de donateur.

Le nimbe du saint (en tenue monastique mais tenant la crosse d'un abbé) porte l'inscription SANCTUS CNSTANCIANVS . Puis vient sainte Anne, avec le nimbe portant l'inscription SANCTA ANNA.

Il n'existe aucun "sanctus constancianus" . Il existe dix "Saint Constantin", mais aucun ne fut abbé. Saint Constant ou constance était sacristain de l'église Saint-Étienne d'Ancône. Quelle est la clef de ce mystère ?

 

Un cartel indique :

 L'an de N.S.J.C 1878 Mre Ctien POTIER Estant curé feit refaicter ceste vitre par J.E. ROUSSEL de la Corption des Maistres Peintres-Verriers de France à Beauvais.

 

L'abbé Potier était alors curé doyen de Saint-Étienne de Beauvais, et il a fait procéder à la restauration de cette vérrière par J.E. Roussel, peintre-verrier installé  37, rue Sainte-Marguerite, à Beauvais.  Actif de 1877 jusqu'à son décès en 1891, ce peintre était associé à T. Malhot, cartonnier. Louis Koch sera son successeur. On lui doit aussi les vitraux de la chapelle, Notre-Dame de Piété, à Auneuil en 1880

 L'abbé Potier était  chanoine honoraire de Beauvais dès 1863 . Il avait été (ou un homonyme)  premier vicaire de la cathédrale en 1852 et 1865. La Société Académique de l'Oise conserve encore ses "Sermons et discours choisis". Il nous regarde derrière ses lunettes cerclées et porte la tenue écclesiastique des chanoines, avec le surplis blanc aux manches et à la bordure aérées par une fine dentelle ; ses épaules sont chaudement recouvertes d'une courte pèlerine dont la fourrure blanche apparaît en périphérie, une sage et douillette précaution lorsqu'il faut rester durant l'office dans les stalles du chœur. La nommerez-vous "aumusse",  signe distinctif du canonicat ? Ou plutôt "Camail" ? Ou mozette ? Sachez qu' un espace sépare les deux pans du camail sur la poitrine, alors que la mozette se boutonne à ce niveau.

Quoiqu'il en soit, notre saint homme, émule peut-être de Prosper Mérimée, a souhaité imiter les inscriptions médiévales et multiplier les tournures désuettes sans se soucier du ridicule et du fautif. "Estant curé", il a "feit refaicter ceste vitre", mais, pour mieux singer ses prédecesseurs, il aurait du écrire "refaictier" ou "refetier", ou "reffaitier" et ainsi se conformer au Dictionnaire de Godefroy. Certes, celui-ci ne fut publié qu'en 1881 et je lui donne l'absolution, pourvu qu'il adopte une tête moins suffisante.

Les abréviations Mre Ctien   peuvent-elles être comprises comme Maître ou Messire Ctien Potier ? Quel est le prénom de l'abbé ? Chrétien ? 

Bingo, je finis par trouver la bonne réponse et par identifier du même coup le saint tutélaire : saint Constantien de Javron.

Constantien, ermite à Javron, est né en Auvergne devint moine à l'abbaye de Micy (Saint-Mesmin) près d'Orléans, où il fit la connaissance d'un compatriote, l'ermite saint Fraimbault. Ils  se retirèrent tous deux  vers 570 dans un ermitage de la forêt de Nuz. Saint Innocent, l'évêque du Mans, les accueille et favorise leur projet. Il oblige Constantien à recevoir la prêtrise afin qu'il joue un rôle missionnaire auprès des populations locales. Saint Domnole, le successeur de saint Innocent, lui assigne les mêmes fonctions. La réputation de sainteté de Constantien atteint le roi Clotaire qui vient lui rendre visite dans sa retraite. Le saint lui prédit la victoire contre les Bretons d'Armorique. Le moine mourut en 570 et il fut enterré à Javron où s'établit un prieuré dépendant du monastère Saint-Julien de Tours. Au XIe siècle, une partie de ses reliques, mises à l'abri à la cathédrale du Mans,   fut transportée par Hilduin  à l'abbaye de Breteuil, près de Beauvais. Il est  fêté le 1er décembre (dans le Maine) et le 2 décembre (à Beauvais), avec le titre d'abbé.

Voir Vie des saints du diocèse de Beauvais page 499-505.

Je trouve la confirmation du prénom de l'abbé à propos d'un monument qu'il fit dresser en son honneur dans l'église : dans  Une visite à Beauvais : historique, promenade dans la ville, les faubourgs, hommes célèbres du Beauvaisis  par Alexis Martin éditeur A. Hennuyer , Paris, 1894 il est fait mention "du monument élevé à la mémoire de Constancien Potier, curé de la paroisse, mort en 1870 [?] ".

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Lancette D, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Haut du panneau .

C'est certainement l'œuvre d'Engrand Le Prince. On y voit trois enfants nus, des feuillages et deux oiseaux.

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D (détail), registre inférieur, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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III. LE TYMPAN.

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Je renvois à la description de Jean Lafond citée supra .

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Ange musicien, tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Ange musicien, tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan, baie n°6 du Jugement Dernier, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 

 — CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

 

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

 

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond.

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

— VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61

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Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 21:56

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais. Baie n°12, Enfance de saint Étienne, et La Fontaine de Déité souveraine.

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Voir :

L'église Saint-Étienne :

La cathédrale :

Beauvais :

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Plan des vitraux du chœur (in Leblond et Lafond).

Plan des vitraux du chœur (in Leblond et Lafond).

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La baie n°12 est composite, associant un registre supérieur qui reçoit des vitraux anciens historiés par une bande de verre blanc légendée, et un registre inférieur qui simule, de loin, l'aspect général du précédent par des plages colorées. Haute de 6,40 m de haut et de 2,00 m de large, et située dans la chapelle Saint-Nicolas (autrefois Sainte-Catherine) au sud du chœur, elle est formée de 3 lancettes lancéolées et d'un tympan de 10 ajours, aux verres également anciens.. Mon attention se portera bien-sûr sur l'œuvre ancienne, datée de 1524 et attribuée grâce à un monogramme à Engrand (ou Enguerrand) Le Prince (voir introduction de l'article I de cette série).

 

La verrière a beaucoup souffert durant la Révolution, où l'église avait été utilisée comme grange à fourrage de 1793 à 1796.  Elle a alors perdu son registre supérieur, qui fut remplacé par du verre blanc lors d'une restauration dans le courant du XIXe siècle. Après un nettoyage et une remise en plomb  en 1907 par Delon, peintre-verrier, elle fut restaurée en 1950 par Jean-Jacques Gruber, et le registre inférieur fut placé en partie haute.

Ses trois lancettes sont consacrées à deux thèmes différents et, à priori, indépendants : la lancette A (première à gauche) et C (dernière, à droite) illustrent des scènes de l'enfance de saint Étienne, diacre et protomartyr. Au centre, la lancette B montre une Fontaine de Déité.

Je les présenterai d'abord telle que je les ai découvertes, avant d'exposer, en Discussion, les clefs d'interprétation suggérées par Louise Lefrançois-Pillion et Jean Lafond, et qui en font une œuvre passionnante.

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Lancette A.

Elle n'est pas si facile à interpréter, d'autant que la légende est en bonne partie perdue et remplacée par des caractères factices. Je parviens à lire :

 

Dens ung desert ung hermite habitoit

D t un ers bras sainct estienne ---

Le dit sainct home es son petit hermitage*

Aimable doulx estoit et pai---hui- --- [paisible ?]

Des apostres recut le sacrement

Des [scienses avoit] ----abandammet [remply].

(*) : selon Jean Lafond, "ce dernier mot a été rétabli à faux par le restaurateur"

C'est peu, mais cela indique qu'il s'agit d'une scène de l'enfance de saint Étienne ; et la phrase "des apostres reçut le sacrement " s'applique selon toute logique au passage des Actes des Apôtres 6:6 :

"Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables.Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge.En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole ». Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains".

Observant le vitrail, on interprète alors mieux la scène où cinq personnages dont l'un aux épaules couvertes d'une étole se penchent vers un petit enfant nimbé placé au dessus d'un bassin faisant office de fonts baptismaux .

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Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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 La lancette montre l'ermite mentionné par l'inscription levant les bras et traçant de la main droite un signe de croix (conjuratoire) vers un diable rouge tenant un enfant dans ses bras. Et, à droite, la scène du "baptême". 

Je n'ai pas pu retrouver la source de ces épisodes de la vie de saint Étienne, qui ne sont pas relatés dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine. En 1514, Vittore Carpaccio a peint Le Baptème de Saint Etienne, c'est un petit indice dans cette enquête. Dans l'iconographie, les représentations concernent la lapidation de saint Étienne (++++) , l'invention de ses reliques, son corps défunt gardé par les animaux, la vision de saint Étienne,  ou "Étienne et les rabbins"; certaines enluminures montrent "l'institution des sept diacres" par les apôtres (Paris Bnf Fr. 302 fol.295v), ou "l'ordination de saint Étienne (Bnf Latin 792 fol.36). L'exploration des bases de données Enluminures et Mandragore ne retrouve rien de comparable à ces panneaux.

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Dens ung desert ung hermite habitoit

D tun ers bras sainct estienne ---

Le dit sainct home es son petit hermitage

Aimable voulx estoit et pai---hui- ---

Des apostres recut le sacrement

Des ----abondammen

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette A, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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LANCETTE B.

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Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Là encore, l'inscription à demi effacée reste énigmatique. Elle semble expliquer l'acte de donation "l'an 1524" dans un contexte de famine, de disette par insuffisance des récoltes et chéreté de la vie, 

 

 

Jadis en monde ennuyeul /temps p~m--- xxxv ---de mortalite (ou : "mort dite")

En famine pareillement Car ---- mour Et semblablement sachent

Quan lan mil Vcxxiiii le ble --- pour verité la terre eust grande stérilité

----rut par accident de ---/ ceste chereté Auquel en say---variété

Ceste ve[rri] ere fut donée Et  --dict de la fontaine Marle-nt une voulenté saine

-el laua—use mise De Quine ---maneration

-eu-hon-auleur---

Jean Lafond a lu ensuite :

Ou est la nativité mise

De -------

-----pour son intention

Que pour remuneration

Que son benoist sauveur ih(esu)s

Luy

Que ses amys samblableme[n]t

 

En la fin ayent saulvement

 

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Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Le vitrail montre une fontaine, entourée de nombreux personnages, dont le plus remarquable est un jeune homme en manteau rouge et manches vertes, mains jointes. Ne s'agirait-il pas du donateur, en un habile jeu de mots entre son patronyme et la fontaine ? Trois femmes à coiffes et larges manches plissées me rendent également perplexes ; elles n'ont pas la posture de donatrices, mais elles consultent un ouvrage, l'une lisant sur l'épaule de l'autre. L'une d'elles tient une couronne, verte, bleue et rouge, semblable à celle avec laquelle, sur un autre vitrail, une femme se prépare à couronner un saint. Elles me font penser à trois fées.

Ce n'est que tardivement que je remarque, de l'autre coté de la margelle, une femme accoudée et mains jointes comme le donateur : la donatrice, bien-sûr, Jeanne de Bauldry, dame d'Ognon ! Entourée de ses six enfants ou petits enfants dont on distingue les têtes blondes.

 

Il resterait à identifier l'homme au chapeau rouge et manteau damassé d'or, qui montre à son interlocuteur en chapeau bleu les banderoles qui s'échappent de la vasque. 

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Comme m'y invite l'homme au chapeau rouge, j'observe la fontaine (un chef-d'œuvre de jaune d'argent et de grisaille bien digne d'Engrand Le Prince) : un fût central à quatre pans supporte une première vasque d'où deux grotesques à ventre rebondi font jaillirent de leur poitrine un liquide rouge. Le fût se poursuit, orné d'une charmante femme tenant un miroir et un peigne et surmonté d'une colombe, puis vient une vasque principale aux flancs décorés de rinceaux et de personnages.

Les quatre banderoles se lisent ainsi :

Amis, descendons en la fontaine,

de la Deité souveraine,

La source vient pour vérité

De ses deux mains pieds et costé

Cette "déité souveraine"  désigne Dieu trinitaire, mais c'est le Christ crucifié qui est celui qui alimente la source, par les plaies de ses mains, de ses pieds et de son flanc droit.  Il s'agit donc d'une fontaine mystique où s'écoule le sang du Christ assimilé et même identifié par l'eucharistie au vin de l'office chrétien.

Le thème de la fontaine mystique est très ancien puisque, sous la forme du  thème du Pressoir Mystique  (en latin torculus Christi),  il trouve son origine dans l'évangile de Jean «  Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron.» Jn 15:1. Une lecture typologique a trouvé des résonances avec des passages vétéro-testamentaires comme  Isaïe 63 mentionnant "les habits écarlates, le vêtement de fouleur au pressoir ", et avec le passage de l'Apocalypse « Le manteau qui l'enveloppe est trempé de sang ; et son nom ? Le Verbe de Dieu » (Ap 19, 13). Les Pères de l'Église Tertullien,saint Cyprien, saint Augustin, saint Grégoire puis Isidore de Séville ont développé cette image de la Passion comme Pressoir, les poètes latins comme Venance Fortunat  l'ont repris : « Entre tes bras s'enlace la vigne, d'où coule pour nous en abondance le doux vin qui a la rougeur du sang » (Poèmes II, 1).  La métaphore se répandit ensuite dans toute l'Europe, dans l'art pictural, associé au thème du Bain Mystique, dans le sang du Christ  : aspersion du Sang du Christ, Fontaine des vertus, Fontaine de grâce, Fontaine de vie.

On le trouve donc illustré partout, sur les chapiteaux de Vézelay, dans les enluminures, en peinture, etc... Je citerais d'une part le polyptique de  l'Agneau mystique des frères Van Eyck (Gand, 1432) et le Bain mystique de Jean Bellegambe à Lille (1510).

Dans un enrichissement de la métaphore, le sang divin qui, comme une source, nourrit, abreuve, irrigue l'humanité est assimilé au Verbe, et aux saintes Écritures, et les trois lectrices du vitrail illustrent sans-doute cette interprétation : en lisant le texte  sacré, elles boivent à la fontaine de Vie.

Mais ici, l'utilisation des termes "déité souveraine" signale une influence théologique particulière. La théologie de la Trinité de Thomas d'Acquin qui a repris, dans les écrits du Pseudo-Denys (Dionysius), la notion de Fontana deitas ou Fontaine de déité. Denys, (assimilé autrefois avec  Denys l'Aréopagite) l'emploie dans son ouvrage sur les Noms divins (de Divinis Nominis chapitre II, 5 et 7 : édition en ligne Philippe Remacle http://remacle.org/bloodwolf/eglise/denys/noms.htm)

V. Si les noms divins doivent s'appliquer avec distinction, ce n'est pas seulement lorsqu'il s'agit d'exprimer, comme j'ai fait plus haut, que les adorables personnes, dans leur parfaite union, conservent leur subsistance propre, mais aussi lorsqu'il faut marquer qu'en la génération éternelle toutes choses ne sont nullement réciproques. Ainsi, le Père seul est la source substantielle de la divinité ; et le Père n'est pas le Fils, et le Fils n'est pas le Père ; et la langue sainte attribue invariablement à chaque personne ses propriétés relatives. Voilà ce qu'il y a de commun et de distinct dans cette ineffable et indivisible nature.

VII. {...] Car nous ne connaissons les choses divines et ce que le ciel nous manifeste qu'autant que nous y participons; mais de dire ce qu'elles sont dans leur principe et dans leurs formes, c'est ce qui dépasse tout entendement, toute nature, toute science. Ainsi, lorsque nous nommons ce mystérieux océan de l'être, Dieu, vie, substance, lumière, ou Verbe, nous ne concevons autre chose que les grâces qui nous en viennent et par lesquelles la déification, l'existence . la vie ou la sagesse nous sont départies; mais pour lui, nous ne l'atteignons que par le repos complet des facultés de l'entendement, n'apercevant plus ni déification, ni vie, ni substance qui soutienne comparaison exacte avec celle cause première, suréminemment élevée par-dessus tout. Ainsi encore, nous avons appris des saintes Ecritures que le Père est la source de la divinité; que le Fils et l'Esprit sont, pour parler de la sorte, les fruits merveilleux de sa fécondité, et comme les fleurs et l'éclat de cette riche nature :  mais comment cela se fait-il, c'est ce qu'on ne peut ni dire, ni concevoir. (Rursus, quod Pater quidem est fontana Deitas, Filius autem et Spiritus Sanctus Deigenae deitatis (si ita oportet dicere) pullulationes divinae naturae, et sicut flores et supersubstantiala lumina, a sanctis eloquiis acceptimus.)

Dans une réflexion développée par les Pères de l'Église, Dieu a trois modes d'existence dans la même nature : le Père est la source ( ou la source de lumière, ou la plante, et le Fils et l'Esprit sont les fleuves, ou les rayons de lumière, ou les fleurs et les fruits : ils procèdent du Père.  Le Père est le premier principe, la puissance radicale, la fontaine de la Divinité,  le Verbe, qui est la raison, la lumière, la sagesse, la gloire, la splendeur du Père ; et l'Esprit-Saint, qui est le lien, l'amour infini entre les deux premières personnes" (in Martin Sabathé - 2011 ).

Dieu  décide de s'épandre dans la création. Dans ses rapports avec celle-ci, le Père , la première hypostase divine, Fons Deitatis, envoie vers elle le Fils et l'Esprit : .le Verbe (le Christ) est l'éternelle parole du Père, et la règle immuable de l'arrangement de l'univers. 

Le sujet peut être commenté à l'infini, mais ce qui importe ici, c'est de réaliser que la Fontaine peinte par Engrand Le Prince sur la baie n°12 n'est pas seulement une "Fontaine de Vie", comme on la trouve désigner ni une Fontaine eucharistique où le sang du Christ est visuellement assimilé à une source à laquelle les fidèles s'abreuvent, mais qu'elle se réfère à une théologie de la Trinité. Certes, la source qui alimente le bassin  vient pour vérité De ses deux mains pieds et costé,  mais la mention de la fontaine de la Deité souveraine, atteste qu'à ce thème du Pressoir Mystique vient se greffer une méditation trinitaire dont il serait passionnant de retrouver les traces dans les prédications, les pratiques dévotionnelles, l'iconographie du diocèse de Beauvais au début du XVIe siècle.

De même sans-doute, la banderole "Amis descendons" mérite réflexion, supposant par l'appellation Amis un groupe de laïcs engagés dans une démarche spirituelle propre, et dans l'injonction "descendons", là où on attendrait "buvons à", une volonté de se plonger dans l'Océan de l'Amour divin. 

En un mot, je m'interroge, sans disposer des capacités de répondre, sur l'influence de la mystique rhéno-flamande, et sur l'expression dans cette verrière d'une pratique dévotionnelle s'efforçant, par la participation affective avec les souffrances de la Passion, de parvenir à l'union de l'âme avec la Déité.

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Près de trente ans plus tard, en 1552, Jean Le Tellier fit don à l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche d'un vitrail le représentant avec son épouse au pied du Pressoir Mystique. La comparaison avec la baie n°10 de Beauvais est intéressante, d'autant plus que de nombreux vitraux de Conches ont été réalisés par l'atelier des Le Prince à Beauvais. 

Le vitrail du Pressoir Mystique, baie n°14 de l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche (Eure).

 

 

 

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette B, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

 

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LANCETTE C. 

 

 

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Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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L'inscription est ici encore plus lacunaire :

Sainct etienne ---

Et le temps –

Et qui lui

Di-v ---

Dni –Dieu --

Jean Lafond a lu (1929) des vers de dix pieds:

 

 

Sainct Etienne ---

---estoit saulz detour

Et l'enne[mi] ---

---[i]ncontinent

Et qu------

Mue en sang deva[n]t luy en sata[n]

D---

Qui souffriroit passion

---[hu]mblement

Avis pr---

---dieu---pro[m]ptem[ent]

---

Elle permet de s'assurer qu'il s'agit d'un épisode légendaire de la vie de saint Étienne.

C'est, malgré l'absence de nimbe, certainement lui qui est représenté sous la forme d'un enfant ou d'un très jeune homme, en tenue de pèlerin (comme l'indique le bourdon, la pèlerine et le chapeau dans le dos), traçant en guise d'exorcisme un signe de bénédiction devant un diable toutes griffes dehors sur un berceau. La scène se passe dans une pièce fermée et voûtée.

 

Parmi les trois spectateurs, une femme lève les mains en signe d'émerveillement, alors qu'un homme  en manteau rouge semble plus dubitatif. Le troisième personnage semble être un enfant, peut-être l'occupant du berceau. Je ne sais pas encore que très bientôt, dans ma Discussion, je vais lire la solution.

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Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Le "monogramme" d'Engrand Le Prince.

Sur le dressoir de la pièce, la lettre E, suivie de traits, a été lue EN, et cela fut (et est toujours) considéré par L. Lefrançois-Pillion, Jean Lafond et l'ensemble des autorités qui les recopièrent, comme le monogramme, ou la signature d'Engrand Le Prince, au même titre que le ENGR de l'Arbre de Jessé de la baie 4, l'E.L.P. de Montmorency, ou le probable (?) Engrant de la verrière de Roncherolles de la cathédrale de Beauvais. 

Si non e vero, ...

 

 

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Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Lancette C, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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TYMPAN.

 Au tympan, deux autres scènes de l' enfance de saint Étienne, et son martyr. 

 

 

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Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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La lapidation de saint Étienne, qui, à genoux, reçoit le soutien de l'apparition dans les cieux ouverts de Dieu en sa forme trinitaire. Deux anges adorateurs encadrent la scène.

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Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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Deux personnes à table face à un enfant. Nous reconnaissons les personnages de la lancette C :  saint Étienne face à ses parents ? Mais que signifie le geste d'exclamation du père devant cette coupe, vers laquelle se penchent les trois autres personnes ?

Un jeune pèlerin dans lequel nous reconnaissons volontiers saint Étienne verse l'eau du baptême sur la tête d'un vieillard debout dans une cuve. Là encore, nous reconnaissons les deux femmes (la mère et sa servante).. Sur une architecture Renaissance, on lit MATER DEI MEMENTO MEI ("Mère de Dieu souviens-toi de moi" : cette formule est récitée en réponse à la fin de l'Ave Maria). 

De chaque côté, un panneau avec  des cornes d'abondance et des putti qui jouent ou tentent d'attraper des oiseaux. 

 

 

 

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

Tympan, Baie n°12, chapelle Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, photographie lavieb-aile.

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DISCUSSION.

I. LA FONTAINE DE DÉITÉ.

Le donateur, Pierre de la Fontaine.

Une inscription dans la chapelle Saint-Nicolas rappelle que ce vitrail  a été donné en 1524 par Pierre de la Fontaine à une époque de grave disette. Celle-ci n'a pas dû concerner directement ce donateur, dont la fortune était considérable. Son ancêtre, argentier du roi, se prénommait Étienne, —détail à considérer —, et  fut nommé en 1353 Maître Enquêteur des Eaux et Forêts de France pour tout le royaume. 

Notre donateur est le fils aîné de Jean de la Fontaine, pannetier du duc d'Orléans et capitaine de Crespy-en-Valois, et de Jeanne de la Rémonde, dame de Berthinval. Lui-même, écuyer, seigneur des Fontaines et de Berthinval, capitaine de Crécy, épousa le 28 janvier 1479  Jeanne de Baudry, dame d'Oignon, de Malgenestre, de Villers-Saint-Frambourg et de Villers le Bel, Il reçoit par ce mariage le château d'Oignon. Son fils aîné Jean hérita du titre de seigneur d'Ognon. Il deviendra capitaine des chasses royales de la forêt d'Halatte en 1533, gouverneur de Crépy et Pont, conseiller du roi et maître d'hôtel du roi. Son second fils, Pierre de la Fontaine fut chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand-prieur de France en 1563, général des galères de la religion en 1565 ;  il mourut  le 30 novembre 1572 âgé de 83 ans et fut enterré à Moysi-le-Temple près de la Ferté-Milon.

 

 

La famille La Fontaine d'ognon porte Bandé d'or et d'azur de six pièces, les bandes d'or échiquetés de gueules de trois traits.

Selon l'article Wikipédia sur la Forêt d'Halatte Pierre de la Fontaine fut chargé de la capitainerie royale d'Halatte, un poste considérable lorsqu'on connaît l'importance de la vènerie pour les rois de France :

 « À partir de François Ier, les rois de France résident au château de Chantilly pour chasser en Halatte. En effet, la capitainerie royale d'Halatte, juridiction spéciale chargée de conserver le gibier, couvre non seulement Halatte mais aussi les forêts de Chantilly, Carnelle et Ermenonville. D'abord confiée au début du XVIe siècle à Pierre de la Fontaine, seigneur d'Ognon, cette charge est attribuée à Anne de Montmorency en 1520. »

Les rois viennent chasser au château d'Ognon où Pierre de La Fontaine  reçoit Louis XII en 1510. En 1520, c'est Jean de La Fontaine (fils de Pierre) qui devient capitaine des chasses royales de la forêt d'Halatte en 1533 et  qui accueille à Ognon le nouveau roi François Ier en 1526, du temps que le château royal de Senlis est encore utilisé.  Son fils Artus de La Fontaine-Solare hérite de ces charges et conserve les faveurs de quatre rois successifs : Henri II, François II, Charles IX et Henri III,"(Wikipédia, article château d'Ognon)

On peut se demander quelle disettte a motivée le don de Pierre de la Fontaine à la chapelle Saint-Nicolas de l'église de Beauvais. 

Un rapprochement avec la verrière de Roncherolles à la cathédrale de Beauvais.

En  juin 1522, deux ans avant le don du seigneur d'Oignon, Pierre de la Roncherolles  fit don à la cathédrale pour la chapelle Sainte-Barbe d'un vitrail le représentant avec son épouse Françoise d'Halluin au pied d'un Calvaire, présentés par saint Louis et saint François. Le vitrail montre aussi saint Hubert, patron des chasseurs, et saint Christophe. Or, le vitrail porte sur l'auréole de saint François une inscription, difficile à déchiffrer, mais qui comporte le mot "famine" : : L'AN MIL VC XXII DURANT LA FAMINE CAGR... E... ANT MORT CESTE VERRIERE. Lors de mon étude de cette verrière, j'ai détaillé comment les épidémies, les famines, et la guerre étaient attestées dans le diocèse de Beauvais dans les années 1522-1524. J'ai aussi souligné les rapports de la famille Roncherolles/d'Halluin avec la chasse à travers le culte rendu à saint Hubert.

Je remarque donc la concommitance (1522 et 1524) de ces deux dons de vitraux en situation de grave disette dans la région de Beauvais, et le rapport des deux familles donatrices avec la vènerie. (1)

Cette disette est confirmée par une délibération du 19 avril 1524, d'autant plus précieuse que Pierre La Fontaine y est cité comme bourgeois communier présent , « en laquelle assemblée a esté dict, exposé et remonstré que le blé estoit fort cher en ceste ville, et se plaignoit le peuple disant que les boullengers ne cuisaient pain suffisant pour le substenter et nourrir et en contreux se plaignaient les dits boullengers »( Archives munic. de Beauvais, Reg. Delib. BB13, fol. 165r. ). L. Lefrançois-Pillion précise que "la disette durait depuis 1522, aggravée de la peste et des contributions de guerre ; la mine de blé valait le 9 mars 1524 22 sols au lieu de 13 ou 15."

 

(1) Je remarque après coup que L. Lefrançois-Pittion fait la même observation page 378 de son article.

 

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II. L'ENFANCE DE SAINT ÉTIENNE.

La clef d'interprétation de ce vitrail a été donnée par Louise Lefrançois-Pillion dans un article de 1910. Elle a découvert à Sienne au Musée Städel de Francfort les fragments d'un autel siennois du XIVe siècle représentant des scènes analogues à celles de Beauvais, et une note du catalogue en rapportait la source à la Vita fabulosa sancti Stephani protomartyris (ca 1000)  manuscrit est conservé au Mont Cassin. 

1°) La légende. 

 

 

D'après ce texte, une version légendaire "écrite dans un latin barbare et avec une maladresse et une incohérence extraordinaire" Étienne, fils du couple assez âgé et stérile composé par Antiochus et Perpetua,  fut enlevé à Jérusalem dès le jour de sa naissance par Satan, qui plaça dans son berceau un affreux petit démon de substitution tandis qu'il allait déposer l'enfant à la porte de l'évêque Julien. Celui-ci entendant les vagissements du nouveau-né, sortit de chez lui et découvrit l'enfant allaité par une biche blanche qui prenant la parole, lui recommanda d'adopter l'enfant. L'évêque  adopta l'enfant en le nommant Nathanael et l'a élevé comme son fils avant de l' ordonner diacre . Devenu adulte, Etienne retourna dans son premier foyer et expulsa, d'un signe de croix, le démon qui avait pris sa place. Ordonné diacre par les douze Apôtres. Mais ses prêches lui attirèrent rapidement la colère des rabbins. Arrêté il est condamné à mort pour blasphème et lapidé. 

Tout cela a été confirmé et précisé dans un article de Beaudouin de Gaiffier et Guy de Terarvent, "Voleur d'enfants, à propos de la naissance des saints Etienne, Laurent et Barthélémy,"   Barcelona (1936) ; puis in Homenatge a Rubió i Lluch. Barcelona: Institut d’Estudis Catalans, 1939: II, 33-58 ;  puis Études critiques d'hagiographie et d'iconologie publiées à l'occasion du 70e anniversaire de B. de Gaiffier, Bruxelles, Société des Bollandistes 1967.

http://www.icatm.net/bibliotecabalmes/sites/default/files/public/analecta/AST_12/AST_12_33.pdf

 En voici le résumé.  "Au temps de César Auguste, vivait en Galilée un couple, Antiochus et Perpétue, qui se signalait par son obéissance à la loi et toutes sortes de bonnes œuvres. Cependant il n'avait pas d'héritier, malgré ses prières. Aussi la joie de la famille fut-elle grande, lorsqu'on apprit que Perpétue avait conçu. Elle mit au monde un fils et un ange l'avertit de l'appeler Étienne. Comme, pour fêter cet événement, toute la maison se trouvait réunie à table, Satan, profitant des ténèbres, entra dans la demeure sous une apparence humaine et se glissa jusqu'à l'endroit où Etienne avait été imprudemment abandonné à lui-même. Il le prit et mit à sa place une créature infernale. Puis, l'emportant par dessus les mers, il le déposa dans le royaume de Troie, à la porte de l'évêque Julien. L'enfant se mit alors à pleurer. Lorsqu'il perçut ces vagissements, l'évêque ne voulut tout d'abord pas croire à leur réalité. Il suspecta quelque tour du démon. Mais, ayant ouvert la porte, il vit un nourrisson qu'allaitait une biche. Celle-ci luí dit simplement: "Julien, prends cet enfant que le Seigneur t'envoie." Et ainsi fut fait Julien confia le nouveau-né à une nourrice et luí donna le nom de Nathanaël. Le temps venu, il l'instruisit dans la loi de Moise. L'enfant crut en science, en prudence, en vertu et dès le plus jeune âge, il eut, en signe de la faveur divine, le don des miracles. Une nuit qu'il dormait, I'ange du Seigneur luí apparut et lui dit: "Lève-toi, va en Judée ou se trouve la demeure de ton père et convertís en joie la tristesse qui y est entrée, le jour oú Satan t'a remplacé dans ton berceau par l'un de ses semblables." Étienne fit connaitre à l'évêque cette vision. Ce n'est pas sans peine que Julien se sépara de celui qu'il appelait Nathanaël et bénit son entreprise. Etienne alors prit un navire et, sous la conduite de l'ange, parvint à la maison paternelle. A son approche le diable crie et s'agite. Mais Étienne: "Je t'ordonne de dire qui tu es!" Le démon le supplie de l'épargner, lui promet la. mort de ses ennemis. Pour toute réponse Etienne fait amener du feu. A cette vue Satan se met à mugir, à imiter la voix de divers animaux et au milieu d'un fracas épouvantable disparait, pour ne plus revenir. Étienne se fait reconnaitre de ses parents. Toute la famille se réjouit de le voir si beau et plein d'une si douce sagesse." 

 

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2°) L'iconographie. 

a) la prédelle d'un retable peint par Andrea Vanni pour l'église Saint-Etienne a Sienne 

On voit  le nourrisson auréolé, allaité par la biche ;  au panneau voisin figure la lapidation de saint Étienne.

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Étienne nourri par une biche, prédelle de l'église Saint-Étienne de Sienne.

Étienne nourri par une biche, prédelle de l'église Saint-Étienne de Sienne.

 

b) Musée Städel de Francfort-sur-le-Main.

Il s'agit d'un ensemble de sept panneaux  attribués à un peintre de l'école siennoise du milieu du XIVe siècle (ou à l'école lombarde) 

 Le premier d'entre eux représente la chambre d'une accouchée. Un homme s'entretient avec la jeune mère; une messagère apporte un panier de linge et la garde a commis l'imprudence d'aller à sa rencontre jusqu'à la porte. Le diable en profite pour voler le nourrisson, dont on remarquera l'auréole (fig. 1), et le remplacer par un cambion [Dans la littérature occulte, les cambions sont des rejetons diaboliques nés d'un transfert de semence par les incubes et les succubes] cornu. Le ravisseur apparaît une fois encore, emportant sa proie à tire d'ailes.

Au panneau 2, le nourrisson, laché par le diable, qui continue sa course, est tombé à la porte d'un couvent, ou une biche blanche l'allaite. L'abbé, qu'un moine prend a témoin de ce spectacle, en reste confondu. La curiosité, l'étonnement et déjà la réprobation se peignent sur les visages (fig. 2). 

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Le diable substitue un démon à Étienne nouveau-né, qu'il lâche devant la porte de saint Julien. Panneaux du Musée Städel.
Le diable substitue un démon à Étienne nouveau-né, qu'il lâche devant la porte de saint Julien. Panneaux du Musée Städel.

Le diable substitue un démon à Étienne nouveau-né, qu'il lâche devant la porte de saint Julien. Panneaux du Musée Städel.

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Des années ont passé. Le panneau 3 montre le saint, dans le monastère ou le diable l'a laissé choir jadis, recevant de l'abbé la bénédiction, avant son départ, qui attriste l'assistance (fig. 3).

Le panneau suivant (fig. 4) représente le saint devant les murs d'une ville, renversant les idoles qui surmontent l'une des portes. Un seul texte, celui que contient le manuscrit du Mont Cassin et dont il sera question plus bas, rapporte cet épisode (p. 37, col. I in fine de l'édition citée). Il nous apprend qu'il s'agit d'une ville où saint Etienne avait à prêcher l'évangile.

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Panneaux 3 et 4.
Panneaux 3 et 4.

Panneaux 3 et 4.

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Le cinquième panneau offre une scène double. D'une part le saint revient a la maison paternelle. Devant le cambion, dont l'inquiétude est extrême, son visage s'arme de sévérité. Ses parents n'en peuvent croire leurs yeux (fig. 5).

D'autre part on assiste à l'holocauste du cambion dans la cour de la demeure en présence des personnages de la scène voisine. Les panneaux suivants (fig. 6, 7) établissent sans aucun doute qu'il s'agit du protomartyr,  saint Étienne. On le voit en effet  prêchant dans la synagogue et lapidé par les Juifs aux portes de Jérusalem, selon la parole des Actes des Apôtres (VI, 9 et 10; VII, 57-59).

Panneau 6 et 7 du Musée de Städel.
Panneau 6 et 7 du Musée de Städel.

Panneau 6 et 7 du Musée de Städel.

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c)  Fresque de la cathédrale de Prato (Toscane).

http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-15-16e-siecles/filippo-lippi.html

 

"L'histoire de saint Etienne sur la muraille d'en face a, dans la partie haute, encore plus souffert que celle de saint Jean. Les scènes que Fra Filippo a interprétées dans la première fresque sont tirées d'une légende apocryphe.  À la naissance de saint Etienne le diable est venu mettre un autre enfant dans son berceau et l'a emporté ; il l'a ensuite abandonné dans une campagne déserte au milieu des rochers; mais une biche s'est trouvée là, qui a nourri le petit Étienne; puis une femme charitable est passée qui l'a recueilli et l'a confié a un saint prêtre. Malgré la dégradation, on peut suivre l'histoire dans la fresque. Dans une alcôve, dont la frise est fort jolie, la jeune mère est nonchalamment étendue sur son lit ; elle regarde du coté du berceau sans se douter que cet enfant n'est plus le sien. D'autres femmes sont là, dont une arrive avec une corbeille sur la tête. Elles ne voient rien, mais un enfant, qui est peut-être un frère ainé d'Etienne, est assis derrière la nourrice, le visage tourné vers l'affreux ravisseur, et les mouvements de ses bras et de ses jambes indiquent sa frayeur. Ce que l'on distingue du diable nous fait voir la rapidité avec laquelle il fait la substitution. Son bras droit allongé pose le faux Étienne dans le berceau; son bras gauche serre contre sa poitrine l'enfant qu'il emporte et dont l'auréole nous révèle l'identité ; le buste incliné et le mouvement des jambes nous montrent combien ce grand voleur est agile. Dans la partie gauche de la fresque, la biche n'est plus qu'un animal un peu informe ; le visage de la jeune femme qui remet l'enfant au prêtre est dans une obscurité ou on ne distingue plus qu'une coiffure en forme de bonnet d'évêque et le haut d'une petite église avec son clocher."  (Urbain Mengin, Les deux Lippi, I, 1932, p.56)

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d) Le retable Granollers ( province de Barcelone, Espagne).

https://es.wikipedia.org/wiki/Retablo_de_San_Esteban_Protom%C3%A1rtir_(Granollers)

Actuellement au Musée d'art de Catalogne (Barcelone), il comporte  six scènes liées à saint Étienne, dont les deux premières nous concernent : Le retable de Granollers comporte deux panneaux ; nous y voyons successivement le petit Étienne d'abord enlevé dans son berceau par le diable, tandis que sa nourrice sommeille, puis déposé sur le seuil d'un monastère, où une biche est agenouillée pres de lui au grand émerveillement de l'abbé. 

— Naissance de St Etienne. L' Usurpation de St Etienne nouveau-né par le diable .

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Ancre — Saint Étienne abandonné devant la porte de l'évêque Julien / puis ordionné diacre.

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3°) Les manuscrits.

Deux manuscrits de la Vita sancti fabuleuse Stephani protomartyris sont conservés, donnant deux versions différentes :  le plus ancien et le plus fantaisiste est le manuscrit nº CXVII, de la Bibliothèque du Mont Cassin du onzième siècle. Il a été publié dans la Bibliotheca Casinensis (III. Florilegium, p. 36-38). Le second, ou Ms. 158 de la Marcienne, du XVe siècle, est conservé à la Bibliothèque Saint-Marc de   Venise. 

Louise Lefrançois-Pillion a publié le texte latin du manuscrit du Montecassino

Voici, proposé par le père de Gaiffier, celui du  texte de la bibliothèque Marcienne de Venise, manuscrit latín, 158, XIV /XVe siecle, fol. 327-328v. Cf. Joseph Valentinelli, Bibliotheca manuscripta ad S. Marci Venetiarum, t. Il (1869), p. 176-77. 

[Fol. 327, col. 2.] 13 Cum Cesar Augustus arcem teneret imperii et terra luda romano pareret imperio simulque legem mosaycam custodiret, in Chana Galilee exstitit quidam nomine Antiochus polens bonis operibus et diviciis multis plenus cum uxore sua nomine Perpetua. Hii sunt usque ad annos multos circa viginti quattuor vel XX conunorantes domino serviebant et se ipsos in omni iusticia irreprehensibiles conservabant· Cunque non haberent heredem, apud Dominum continuis orationibus petebant ut eis filium concedere dignaretur, nam verentes maledictionem legis oblationem offerre cum aliis templum sanctuarii intrare timehant, ne a contribulibus suis obprobrium paterentur. Ipsis autem sic diu orantibus permissum est per spiritum sanctum non sine tocius familie gaudio ut mulier in utero filium conciperet preoptatum. Apropinquante autem partus tempore cum mulier masculum peperisset una cum viro suo vidit angelum Dei sibi clara voce dicentem : "Parvulus hic natus Stephanus est vocandus." Et recte Stephanus [ tam] grece quam latine dicitur corona, sed hebraíce dicitur norma vel regula. Fuit enim corona, id est principium martirum in novo Testamento sicut Abel in Veteri; fuit autem norma id est exemplar pro Christo sanctis aliis paciendi. Cumque de prole nata tota domus gaudio repleretur nocturno tempore venit Sathan in figura hominis ceterisque escentibus et domum silenter introiens, ubi Stephanus erat, ad locum ubi iacebat impudenter accessit et tollens Stephanum in brachiis suis, loco eius, ut sic familiarn contristaret, ydolum in eius lectulo colocavit. Qui egrediens detullit ipsum per medium mare portans ipsum in Troianum regnum ante hostium pontificis Iuliani, ibique pannis involutum deposuit et recessit. Tune infans sic in terra positus cepit vocem flebilem et lacrimosam emittere. Cumque lulianus audisset vocero parvuli, dixit: " Fletus pueri est." Cui ministri sui respondentes dixerunt: "Non pater et domine, credendum est quod vox pueri sit, cum sit nox, sed fantasma potius inimicorum." Dumque sic tempus pertransiret, pontifex surnpno reficitur et ecce dominus cervam nimis candidam preparavit, que puero materno more lac ubere suo dedit ante hostium luliani. Cumque pontifex surrexxisset a sumpno fretum 2 cerve audivit, qui admirrans intra se, venit ad hostium ut videret quódnam esset. Et cum aperuisset hostium vidit cervam candidam nimis custodire viscera pueri vagientis. Tune timor et pavor irruit super eurn et dixit: "Deus eterne, qui absconditorum es cognitor et divina misteria revellas et manifestas [fol. 327v] in terra et per angelum tuum Noe nunciare voluisti, ut altare tibi hedificaret ac ut in eodem holocausta tibi offeret, manifesta nunc tua potenti virtute, ita ut si fantasma est illud quod video. vel cerno protinus fugiat atque discedat." Tune oratione finita aperta est lingua cerve et more humano loquebatur dicens : "Suscipe, Iuliane, parvulum nutriendum quem tibi misit Dominus te sibi preparaos in hoc loco." Ad hanc vocem sanctus pontifex exilaratus brachiis suis puerum de terra elevaos, benedixit Deum et dixit: "Deus meus, gratias tibi ago, quia dedisti mihi unum filium sine peccato." Tune hebrea nutrice inventa, eum sibi tradidit, cum summa cura et diligentia nutriendum, cui nomen imposuit Nathanael. Cumque ablactationis tempus advenisset, stetit coram luliano pontifice qui eum more paterno dilexit, instruxit atque in omni lege mosayca perdocuit. Crevit autem cito puer plenitudine temporis et cepit hebraicas literas scire. Aperuit autem ei Deus cor in omni mandato, lege et cultu divino. Eratque mirabilis scientia prudentia et omni legis observantia coram cunctis, in ipsa etiam puericia miracula in populo faciens atque signa. N octe vero quadam, eo dormiente, apparuit ei angelus Domin~ dicens ei : "Surge et vade in Iudeam, quia ibi est domus patris tui. Et pone gaudium in ea propter tristitiam magnam que in ea consistit. Nam ibi est figura Sathane, quam dyabolus in lectulo suo posuit, dum te de cunabulis ab inde portavit." Cum autem beatus Stephanus, qui et Nathanael nominabatur, verbum audisset solicitus venit ad Iulianum petens benedictionem ab eo. Cui pontifex ipse respondit : "Quo, fili, pergis? Prius expecta scire Domini voluntatem." Cui Stephanus, qui et Nathanael, visionem angelicam enarravit. Tune Iulianus tristis efectus, quia dimitere eum nollebat adiecit: "Post quam voluntas Dei est, fili, accede ad me et dabo tibi benedictionem." Cumque Stephanus, qui et Nathanael, reverenter accessisset, ait Iulianus cum gemitu: "Deus qui omnia nosti, qui benedictionem Abraham dedisti et dixisti : M:ultiplicabo semen tuum sicut stelas b celi, ita multiplicet gratiam et benedictionem, sapientiam et inteligentiam ut tandem simul ante conspectum divine maiestatis valeamus admitti." Et post haec intravit beatus Stephanus naviculam, et sic angelo duce pervenit in Galileam et demum usque in domum patris sui. Cumque in foribus patris sui stetisset, ecce fremitus demonis mirabilis excitatur de ydolo in tantum quod ad lamentum et fleturn . familia consurgeret universsa. Tune beatus Stephanus prostratus in terram se tota mente contulit ad orandum. Qua oratione finita, dixit cum ]acrimis patri suo et matri sue, eis ignorantibus quod filius suus esset: "Unde hec tristitia vestra venit, quae ínter vos esse videtur ?" Illi vero ignorantes quis esset, flentes dixerunt: "Dominum Deum pro filiorum semine precabamur et hanc nobis tristitiam contulit propter gaudium." At beatus Stephanus figuram sathanae intuens ait : "Aiuro te [fol. 327 v, col. 2] per Deum vivum et verum ut dicas nobis quis es." Cui demon ipse respondit: "N oli e me molestare et ego interficiam omnes inimicos tuos." Tune beatus Stephanus iussit ignem adduci coram se. Cumque ignis fuisset aportatus, cepit Sathanas ipse stridere et mugitus facere sicut thaurus et omnes voces facere vel emittere bestiarum. In quo quidem sonitu ac mugitu statuam ex toto contrivit nec ibídem ulterius apparuit. Tune beatus Stephanus dixit cum ingenti gaudio parentibus suis: "Ego sum filius vester, quem Sathanas tullit de lectulo vestro, se in eodem colocans loco mei." Ad quam vocem tota exultavit familia eius pulchritudinem intuentes ac in eo dulcedinem sapientie admirantes. Facto autem mane diei sequentis perrexit d vadens ubi iurisperiti congregabantur. Et Gamalielem doctorem inveniens cum discipulis suis cum eisdem de divine legis observantia conferrebat. Erat autem Saulus unus ex hiis, qui de lege cum Stephano disputabat, dolens et invidens multum quod Stephanum superare non poterat. Curo igitur per Iudeam et Galileam discureret disputando quadam die Philippus qui erat de Bethsayde eum reperiens dixit ei: "Ego et socii mei invenimus mesiam quern scripssit Moyses in lege et prophetis e, Yhesum filium Ioseph a Nazareth." Cui Stephanus, qui et Nathanael, responrfü: "A Nazareth potest aliquid boni esse ?" Dicit ei Philippus: "Veni et vide." Vidit Yhesus Nathanaelem venientern ad se et ait: "Ecce vere israelita, in quo dolus non est." Dicit ei Nathanael: " Unde me nosti ?" Respondit Yhesus et dixit ei: " Priusquam te Philippus vocaret cum esses sub ficu vi di te." Respondit N athanael: "Yhesu, Raby tu es filius Dei, tu es rex Israel." Respondit Yhesus et dicit ei: "Quia dixi tibi vidi te sub ficu credis, maius hiis videbis." Et dixit ei : "Amen, amen dico vobis videbitis celum apertum et angelos dei ascendentes et descendentes super filium hominis 3 ." Tune Stephanus, qui et Nathanael, ex legis scientia quam habebat et inspiratione divina tactus et instructus, legi Christi et fidei aquievit ac eius fidem in ludea et Galilea predicare cepit verbis et moribus. Adfuit sibi in sompniis angelus domini dicens : "Vade Stephane, predica in Assia verbum Dei, in Cilicia et Alexandria et Cinerensia, nam ibi ·doctor eris." Et ecce dum venisset ad portam civitatis, timor irruit super eum. Tune ille gemens et orans dixit: "Domine Deus omnipotens, qui dignatus es servis tuis concedere salutem, dignare me salvare in hac civitate ab omni hoste iniquo." Cumque introisset f civitatem vidit portantes hominem in ferettro mortuum et turbam civitatis plorantem super eum. Qui bus ait ipse: "Deponite eum." At illi deposuerunt illum. Et ille expansis manibus ad celum orabat dicens : "Domine Deus omnipotens in cuius g nomine cuneta resurgunt, qui ex nichilo cuneta creasti fac hominis istius animam ad corpus suum redire, ut isti infideles credant in te, Domine, quia tu es Deus meus et non est allius praeter te, Domine." Et cum hoc dixisset homini, resurrexit. Et cum resurrexisset [fol. 329] dixit ad beatum Stephanum: "O beatissime iuvenis, vidi te principem magnum coram domino Deo tuo et principem milicie sue. N am, tua oratione completa cito venientes angeli ad corpus meam animam attulerunt." Cumque post hoc predicare et disputare cepisset convertit quattuor civitates ad aulam Dei, id est Cirenensiam, Alexandriam, Ciliciam et Asiam, atendentes et videntes ·in eo prudentiam et mirabilia quae faciebat. Hic postmodum in ludeam revertes dum coram Anna et Cayfa Ierosolimis praedicaret nongentos viros convertit ad Christum, exceptis parvulis et mulieribus. Hic ex merito sue sanctitatis et prudentie post Christi passionem ah apostolis est in dyaconem ordinatus et ministrum ac in eodem modo pro fide Christi primus a ludeis extitit lapidatus -

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Retour à Beauvais.

Après avoir découvert cette Vie fabuleuse de saint Étienne et la manière dont elle a été illustrée, l'interprétation de la lancette C devient limpide : elle représente le diacre qui, de retour chez ses parents, chasse le démon qui occupait (depuis des années !) son berceau. On comprend l'ébahissement de la maman et l'ahurissement du papa. Imaginez que cela vous arrive ! Néanmoins, la posture du père semblait indiquer un autre contexte.

Par contre, la lancette A n'est pas éclaircie pour autant. Faut-il suspecter une variante dans laquelle Satan, emportant le petit Étienne dans ses bouges et envisageant d'ôter à Dieu ce serviteur, voit ses plans contrecarrés par la rencontre imprévue avec un ermite planqué dans un désert et qui l'oblige, par un signe de croix, à abandonner sa proie ? L'ermite était-il en réalité initialement l'évêque Julien, et l'inscription en légende serait-elle trompeuse, car écrite selon une compréhension erronée des cartons du peintre ?

De même, point de biche allaitante à Beauvais, et point non plus de scène de ravissement de nourrisson dans son berceau. Mais, comme le suggère L. Lefrançois-Pillion, ces scènes occupaient sans doute les panneaux détruits. 

La Vita fabulosa n'explique pas non plus les scènes mystérieuses du tympan. Jean Lafond voit dans la scène du baptême "Saint Étienne baptisant son père", ce qui est séduisant. Le tableau voisin, avec le père qui lève les bras au ciel devant son plat, reste inexpliqué. Peut-être un jour, une nouvelle madame Lefrançois-Pittion réunira-t-elle la somme de hasards et d'érudition nécessaire pour en dévoiler le mystère.

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Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais baie n° 6, Le Jugement Dernier 


 

http://www.lavieb-aile.com/2016/04/les-vitraux-anciens-de-l-eglise-saint-etienne-de-beauvais-baie-n-6-le-jugement-dernier.html.

SOURCES ET LIENS.

— Tenture de saint Étienne au Musée de Cluny :

http://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/tenture-histoire-saint-etienne.html

— Famille de Pierre de la Fontaine :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_d%27Ognon

https://fr.wikipedia.org/wiki/For%C3%AAt_d%27Halatte

 Anselme (de Sainte Marie), 1733,  Histoire Généalogique Et Chronologique De La Maison Royale De France, Des .grands maistres des eaux-et-forêts de France Paris, page 848 

https://books.google.fr/books?id=ptpDAAAAcAAJ&dq=%22Pierre+de+la+Fontaine%22+ognon&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

—Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 

 — CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond

— LEFRANCOIS-PILLION (Louise) 1910, "Le vitrail de la fontaine de vie et de la nativité de saint Étienne à l'église Saint-Étienne de Beauvais", Revue de l'Art ChrétienTome LX, Honoré Campion, Paris, Lille Desclée, de Brouwer et Cie. pages 367-378.

https://archive.org/stream/revuedelartchr60lilluoft#page/n419/mode/2up

 

 

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

— VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61

 

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Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 16:25

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« Baptême du Christ » et « Sainte Barbe » (baie n° 14, en quatre lancettes), œuvre anonyme de 1550, recomposée, les registres non figurées étant modernes

Cette fenêtre de quatre lancettes ogivales et d'un tympan de 8 ajours , est recomposée, associant un seul registre ancien  historié central et deux bandes horizontales de verres  en mosaïque. On y voit le baptême du Christ dans les trois lancettes de gauche, avec le Christ au centre, l'ange qui tient ses vêtements à sa droite et saint Jean-Baptiste à sa gauche. Dans la lancette de droite, une sainte tient une épée dont la pointe pénêtre dans la poitrine d'un homme à terre. Une tour à trois fenêtres permet de l'identifier comme sainte Barbe. Un inconnu prénommé Jean a fait faire ce vitrail pour la chapelle Saint-Jean. 

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Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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L'ange tenant la tunique du Christ.

 

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Le Christ dans le Jourdain recevant le baptême .

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Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Saint Jean-Baptiste versant l'eau du Jourdain sur la tête du Christ.

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Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Sainte Barbe.

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Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°14, Baptême du Christ, chapelle Saint Jean-Baptiste, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

—Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

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4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 01:40

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais. Baie n°19, Notre-Dame de Lorette. (vers 1530).

Voir :

L'église Saint-Étienne :

La cathédrale :

Beauvais :

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Le vitrail de  Notre-Dame de Lorette  ou baie n° 19, est une œuvre de Pierre Le Prince datée de 1530 environ. Haute de 6,10 m et large de 3,50 m, la verrière est divisée en 10 lancettes (A, B, C, et D) en arc brisé composées chacune de deux registres, et d'un tympan de 10 ajours.  La verrière illustre la légende de Notre Dame de Lorette.

 

 

Baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Cadre temporel : 1530 : régne de François Ier : épiscopat de Charles Villiers de L'Isle-Adam. Le nouveau chœur gothique flamboyant de Saint-Étienne de Beauvais a été inauguré en 1522.

Rappel (d'après Wikipédia) : La Sainte Maison de Lorette (en italien Santa Casa  della Madonna di Loreto) est la maison où, selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ fut conçu du Saint-Esprit au sein de la Vierge Marie.  Elle est vénérée dans la ville de Loreto, dans la province italienne d'Ancône.

Selon la tradition, en 1294, devant l'avancée des Sarrasins sur les Lieux Saints,  Dieu fit miraculeusement transporter la Sainte Maison de Nazareth en Croatie, sur le mont Rauniza, avec l'aide de ses anges. Dans la maison, les villageois trouvèrent une statue représentant Notre-Dame couronnée et tenant l'Enfant-Jésus. Puis, la Sainte Maison aurait été de nouveau transportée sur l'autre rive de l'Adriatique par deux anges  avec deux autres étapes rapprochées avant le site ultime de Recanati, près d’Ancône, où elle aurait été recueillie par une dame nommée Lorette le 10 décembre 1294. C'est de là que provient l'histoire de Notre-Dame de Lorette. Les litanies de Lorette furent composées par le cardinal Savelli en rapport avec l'événement.

En 1488, l’évêque de Recanati confia la desserte du sanctuaire à une congrégation de Carmes réformés. Par la bulle In sublimis du 21 octobre 1507, Jules II plaça Lorette sous la tutelle directe du Saint Siège.

En 1468, à la demande de l'évêque de Recanati, la construction d'une grande basilique débute : elle se poursuivra jusqu'en 1587. Les papes Pie II, Paul II, Sixte IV, Clément VII, Léon X et Sixte V furent parmi les premiers souverains pontifes à reconnaître officiellement ce prodige. Le sanctuaire de Lorette fut élevé en cité mariale et épiscopale et est depuis lors devenu l'un des plus importants lieux de pèlerinage de l'Europe.

En 1525 a lieu la première rédaction d’une Virginis lauretanae historiae, qui fixe le récit légendaire de ce transport, quelques années après l’approbation pontificale de la légende en 1507. 

En 1550 paraît en italien l'Historia della traslatione della santa Casa della Madonna a Loreto par Girolamo Angelita,Giulio C. Galeotti.

En 1598, le père jésuite italien Orazio Torcellini (1545-1598)  publie Lauretanae historiae libri quinque .

 

 

 

Culte en France au XVIe siècle.

Louis XII et Anne de Bretagne se rendirent en pèlerinage à Lorette en 1504 ? lors de l'échec de la conquête du royaume de Naples (à vérifier).

En 1599 paraît à Paris L'histoire mémorable de Nostre Dame de Lorette traduction en français du Lauretanae historiae d'Orazio Torcellini ( en latin Horatius Tursellinus , en français Horace Turcelin).  

Culte à Beauvais au XVIe siècle.

 Une confrérie de la Santa Casa de Lorette a été fondée dans l'église Saint-Etienne en juillet 1523. Son siège était fixé dans la première chapelle nord du choeur de l'église. La fenêtre de cette chapelle a reçu peu de temps après, sans doute vers 1530, plusieurs panneaux illustrant la légende de la Santa Casa.

Analyse critique. 

Selon les historiens, comme  le grec Haris Koudounas, la Sainte Maison (qui vient effectivement de Palestine) se trouvait à Pyli, en Thessalie, du temps du despote Jean Ange Comnène, dans la basilique de Porta Panagia. Elle aurait été "en réalité" envoyée de Nazareth par le prince byzantin Nicéphore Ier Doukas (Nicéphore Ange-Commène, despote d'Épire de 1267 ou 1268 à 1297) en 1291, puis réassemblée à Lorette en 1294 en cadeau  de mariage à sa fille Itamar Ange-Comnène Dukas  avec Philippe Ier d'Anjou, prince de Tarente et fils du roi de Naples Charles II .

Cette hypothèse se fonde sur une copie du  Chartularium Culisanense dont l'authenticité reste discutée.

 

 

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Baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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 La verrière est organisée en deux registres sous lesquels court une bande légendée en verre blanc. Au sein de ces registres, les lancettes sont regroupées deux par deux, composant quatre tableaux au total.  La lecture  se fait  de haut en bas et de gauche à droite, et ces tableaux vont suivre les étapes de la translation de la maison (1) d'abord en Croatie ("Esclavonie", puis (2)  en Italie à Recanati au "Bois de Laurette" où les brigands attaquent les pèlerins, puis (3) sur les terres des frères Rinaldi qui se la disputent, et enfin (4) à son emplacement actuel à deux lieues de Recanati.  Dans le tympan, les anges portent la maison de la Vierge. 

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REGISTRE SUPÉRIEUR.

Ce registre est opposé par Jean Lafond 1929 p.98 au registre inférieur qu'il date de 1550 et qu'il attribue à l'école de Fontainebleau:

 Plus anciens d'une vingtaine d'année, les panneaux supérieurs se rattachent étroitement, au contraire, à l'ensemble des vitraux de Saint-Étienne. Si la grande figure de la Vierge a une certaine allure italienne qui engageait les vieux historiens de Beauvais à en attribuer le « dessein » à Raphaël, la femme agenouillée devant la Santa Casa est vêtue comme la Salomé de Saint-Vincent de Rouen. Un cartouche appliqué sur un contrefort, dans le même tableau, porte les initiales L.P.L. dont le Dr Leblond a donné la première interprétation exacte en découvrant l'existence du peintre-verrier Pierre Le Prince.

Le style de Pierre Le Prince est celui d'Engrand, avec moins d'accent et, si l'on veut, plus de douceur. La grammaire décorative est la même, mais l'élève n'a pas l'exubérance ni la prodigieuse virtuosité de son devancier. A noter, à côté de verdures modelées par grandes masses, quelques feuillages dessinés. L'emploi d'un verre pourpre tirant sur le rose paraît devoir être retenu parmi les principaux caractères du vitrail de la Santa Casa.

Nous sommes tentés d'attribuer à Pierre Le Prince deux beaux vitraux de l'église de Remérangles (canton de Clermont), saint Gengoul et la Vierge de Pitié.

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Registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancettes A et B : la Santa Casa en Esclavonie (Dalmatie).

Dans la campagne, à l'abri d'un grand arbre, plusieurs personnages, dont une femme agenouillée au premier plan, un cierge à la main, considèrent la "Sainte Maison". C'est une église blanche décorée de statues, de vases, et d'une balustrade de style Renaissance. Devant la porte, sur un siège doré placé sur deux marches violettes, la Vierge est assise, portant sur ses genoux l'Enfant nu, qui tend les bras en avant et tourne les yeux vers sa mère. Elle est vêtue d'une robe rouge et d'un manteau bleu. Un petit voile blanc couvre sa tête nimbée d'or. 

Cette étape de la Sainte Maison de Nazareth est celle de Rauniza, entre Tersatz et Fiume en Dalmatie, le 10 mai 1291, et cela durant trois ans et demi, jusqu'au 10 décembre 1294.

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https://archive.org/details/MN5112ucmf_1

https://books.google.fr/books?id=sMY-AAAAYAAJ&dq=fr%C3%A8res+rinaldi+lorette&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

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Baie A et B, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie A et B, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Panneau A.

a) Inscriptions :

A gauche : les lettres PL S. (Pierre Le Prince ?)

En dessous : Esclavonie

De la  tres digne chapelle C'est la /

cha[m]bre  t sa[in]ctment La Glorieuse Vi[er]g[e] mere et--

-here che [De] Gabriel le salue hu[m]bleme[n]t..

On lit aussi, au sein de cette inscription mais sur des verres différents, les mots : Honneur de la --+ le + prieur --.

 Jean Lafond considère que c' est "un fragment interpolé paraissant conserver le nom d'un donateur". Il ajoute : "Mais à  quel vitrail appartient-il ?". Je noterai seulement que dans le récit d'Horace Turcelin, François Prieur porte témoignage de l'existence de la Maison.

On note aussi un autre fragment avec les lettres a / pb.

b) Notez les manches en damas d'or et étoffe verte de la Vierge.

Notez aussi le travail au jaune d'argent du montant d'architecture, où le décor est alternativement jaune sur verre blanc, ou blanc par mise en réserve du verre passé au jaune.

c) la maison et la statue.

Orazio Torcellinus décrit page 9 la Maison comme rectangulaire, "de pierre vulgaire, le haut agréablement lambrissé en voûte, divisés par petits carrés, tous peints et enduits  d'azur enrichis d'étoiles d'or brillantes, comme en quelque ciel. Au dessous de ce lambris paraissent  un peu éminents et alignés au dessus les murs [...] des demis-cercles aboutissant les uns aux autres et ornés et décorés par le milieu de petits vases ou  culs de lampe peints." Sur le haut des murs se voyaient le reste de fresque des saints mystères de la Nativité. La description se poursuit par celle d'une porte, d'une fenêtre, d'une petite cheminée et d'une petite armoire, Là, il y avit une caisse, ou tabernacle, avec des colonnes réunis par des arcs en demi-lunes. Devant ce tabernacle, la statue en bois de cèdre de la Vierge, debout, tenant son Fils. Elle avait la face de couleur argentée mais noircie par la fumée des cierges. Elle portait une couronne de pierreries, et ses cheveux s'épandaient sur son cou et ses épaules nues. Elle était couverte d'une robe comme d'or, avec une ceinture assez large et par dessus un manteau bleu ciel.

Bien que la Vierge soit représentée ici assise, il est possible de retrouver dans le travail des peintres-verriers de Beauvais un certain nombre des détails décrits ci-dessus.

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Panneau B :

Inscription : Esclavonne

Observez le verre rouge gravé sur la manche de la femme agenouillée.

Et le damas au motif "des trois roues dentées" propre au Le Prince.

Ou le damas de la robe de la femme à genoux :  à palmette et rinceaux.

Et puis le petit personnage observant la scène derrière la balustrade d'un bèlvédère. Un ermite ? Un émissaire des responsables politiques et religieux (le Préteur Frangipan et l'évêque Alexandre)? 

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Baie A, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie A, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie A, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie A, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancettes C et D .

Le tableau suivant présente la Santa Casa dans le "bois de laurette"  à Recanati. Le nom du bois est expliqué soit par les arbres qui y poussent, des lauriers, soit par le nom d'une dévote propriétaire, Laureta ou Loreta. La Sainte Maison y restera huit mois à partir du 10 décembre 1294.

L'ermite Paul.

Le panneau C montre, en haut, un ermite en prière, et son ermitage doté d'une cloche. En dessous, deux brigands détroussent un pèlerin et l'un d'eux le frappe d'un couteau. Chacun de ces détails correspond —bien-sûr— à un épisode de la légende. L'affluence de pèlerins, chargés d'offrandes, attire la convoitise de brigands qui détroussent les voyageurs, en profitant de la situation isolée, en pleine forêt, de la Casa. Les vols s'aggravent d'homicides. Cette situation déplait à la Vierge, qui déplore les risques que son nouveau sanctuaire fait courir à ses fidèles, surtout que ceux-ci hésitent désormais à s'y rendre. Les pèlerins se raréfient, de même que leurs dons. C'est là la cause d'un nouveau déménagement. 

L'ermite est bien décrit dans la légende, où il joue un rôle crucial. Il se nomme Paul, ou Paul della Selva [Paul de la forêt ?]. Il intervient à deux moments, et la question de savoir s'il s'agit du même ermite dans les deux cas reste irrésolue.

a) Le premier était semble-t-il retiré dans les bois de Lorette, puis a suivi  la Santa Casa dans  sa translation. Il constate que, le jour de la Nativité de la Vierge, une grande lueur vient illuminer la Sainte Maison. Après dix années de dévotion, la Vierge se révèle à lui et lui indique son souhait d'être particulièrement vénérée à cette date (le 8 septembre).

On retrouve Paul l'ermite dans le récit d'Horace Turcelin (Orazio Torcellini) :

"Il y avait un certain homme solitaire, nommé Paul, vénérable pour son abstinence et sainteté de vie, surnommé «  de la forêt », en laquelle il avait commencé d'habiter, tout depuis le premier avènement de cette sacrée maison en Italie. Celui-ci donc après que la sainte maison eût quitté la forêt, délibéré pareillement d'abandonner la place, s'était bâti au prochain bois une petite logette en lieu assez opportun, et duquel on pouvait facilement voir et aborder la sainte et sacrée maisonnette, en laquelle par une coutume de longtemps prise, il allait tous les jours adorer Dieu et sa mère, au lieu où ses pieds avaient reposé. Paul donc en sa petite logette, à la vue de cette sainte et sacrée Chapelle, comme s'il eût été devant la Vierge, insistant comme de coutumes en prières et méditations des choses célestes, remarqua plusieurs fois une flamme céleste étendue de long en large à la forme d'une grand comète, environnant la maison de la Vierge : et observant de près la chose, et le temps, trouva que le cinquième des Ides de Septembre, c'est à dire le jour même de la Nativité de la Vierge tous les ans environ la quatrième veille, il tombait une grande quantité de feu du ciel, qui couvrait d'une splendeur égale la couverture de la maison, et peu après se retirer pareille en haut d'où elle était venue. Paul à un spectacle tant excellent demeura tout étonné, épris d'une volupté et délectation immense. Et comme il était d'une simplicité signalée, il estimait que la Vierge en espèce de flamme, descendait du ciel en sa maison natale, pour y célébrer la nativité et son enfance. Désireux donc de voir de plus près une chose si grande, il commence à chercher et à épier un temps à propos, et rien ne lui semblait à venir plus long que ce jour. L'an révolu, incontinent que la flamme céleste commence à paraître, d'un pied léger et non paresseux, il accourt pour voir de ses yeux comme il croyait, et saluer à son gré et commodité la reine du ciel, environnée des Anges et de son train céleste. Mais approchant, lorsqu'il semblait atteindre l'espérance de plus près et presque la devancer, d'autant plus la flamme commençait à s'amoindrir, et enfin s'évanouissant, se dérober à ses yeux, délaissant trompé le spectateur de trop crédule espérance. Son esprit donc, comme si devant lui-même tout ce feu se fut écoulé, brûlait d'un soin et désir plus ardent, ignorant en somme, ce que cette flamme céleste pouvait signifier. Et dix années écoulées, avaient déjà pris leur place dedans le rien du passé, que tous les ans et en même jour ce feu céleste s'épandant sur ce toit sacré, trompant l'espérance du voyant, avait embrasé sa poitrine dévote et pieuse. Enfin à force de prières s'étant rendu Dieu favorable, il obtient ce qu'il désirait. La nuit sommeillant lui fut révélé divinement, que cette flamme céleste tous les ans, au jour de la Nativité de la Vierge retournait environner sa maison natale, d'autant que la Vierge même voulait, que cette journée fut en ce lieu sur toutes autres recommandables, solennellement fêtée et célébrée, en cérémonies notables. Paul donc, qui (ou touche é de quelque religion, ou, comme on croyait, y ayant été obligé par la Vierge, lors de la vision en son repos), avait caché sous silence ce spectacle admirable jusqu'à ce jour s'achemine, avec diligence, à Recanati, raconte à l'évêque et aux majeurs de la cité la chose ainsi qu'elle s'était passée. Paul, pour l'opinion qu'on avait de sa rare sainteté , en était plus recommandable, quoiqu' auteur d'une chose grande et importante. L'Évêque donc ému, tant de l'autorité du personnage que du temps et de la chose qui se présentait à lui, ne méprisa pas les choses célestes et ne les tint pas pour vains. Le fait aussitôt divulgué, ceux de Recanati se sentent invités à tenir le jour de la Nativité de la Vierge pour le plus célèbre et solennel, en sa maison et chambrette très auguste et vénérable. Ce qui a fait que de là en avant les peuples tant voisins qu'éloignés soit à l'imitation de ceux de Recanati, où fuyants la renommée du miracle, choisissent principalement et trop plus volontiers le mois de Septembre pour venir à Lorette, qu'un autre temps, et de fait y abordent alors à grand foule, pour célébrer le jour natal de la Vierge. 3

page 35 

https://books.google.fr/books?id=6S5KAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=hermite&f=false

b) Un autre ermite (ou le même) mérite aussi par ses prières la visite en songe de la Vierge, qui  le confirme dans sa foi de la sainte translation, tout en le chargeant d'en avertir le peuple de Récanati. Il les persuade de réunir seize d'entre eux en Esclavonie et en Galilée  pour réunir les preuves irréfutables du miracle. Voir H. Tursellinus chapitre XII p. 27.

c) Un autre "Paul de la forêt", qui vivait dans les bois de Lorette, a suivi la Maison dans sa translation : il est l'auteur d'une Relation au roi de Sicile Charles II, des translations de la Sainte Maison datée du 8 juin 1297 , et dans laquelle il raconte les trois dernières translations.
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Ces éléments incitent à examiner le vitrail avec attention pour y déceler un indice. L'ermite en prière est-il tourné vers une grande lueur au dessus de la Maison de la Vierge ? Je ne trouve pas de confirmation de cette idée.

 

Inscription : En haut : Le bois de laurette.

En bas, dans la bande de légende :

Mise estoit bien e[n] ce l ---Transmize fut pour ceu- / Ou deulx frere 

Dans le panneau D, la statue de la Vierge est placée dans une chapelle à fenêtres grillagées. Marie est assise et tient l'Enfant.  Devant la porte, où sont inscrits les mots Salve Regina celi ("Salue, Reine des Cieux"), trois femmes sont agenouillées, et l'une d'elles  tient un cierge. Cette dernière est sans-doute "une certaine riche et pieuse matronne de récanati nommée Laurette". Dans l'ogive, deux anges portent la Santa Casa vers une troisième destination.

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Baie C et D, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie C et D, registre supérieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR.

Ce registre est présenté ainsi par Jean Lafond 1929 p.98 :

Les tableaux inférieurs représentent la Sancta Casa sur les terres des frères Grinaldi, qui ne tardent pas à se disputer à main armée les offrandes apportées par les pèlerins, puis établie sur son emplacement actuel, à deux lieues de Recanati après une dernière translation miraculeuse. Ils forment avec le reste du vitrail un contraste qui saute aux yeux : leur coloris éteint, le ciel gris clair, les fabriques blanches, les ruines romaines, le costume antique, tout cela les apparente aux vitraux de Saint-Gervais de Paris, de Saint-Maclou de Pontoise et d' Écouen où triomphe l'esthétique des maîtres italiens de Fontainebleau. L'ouvrage est d'ailleurs superbe, et d'une rare pureté de style. Il date des environs de 1550. Son auteur nus demeure inconnu. Touchait-il aux Le Prince de près ou de loin ? La parenté, en tout cas, ne s'étendait pas aux œuvres, , car nous n'apercevons ici aucun des traits qui appartiennent en propre à l'école de Beauvais.

 

 

Registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancettes A et B. Translation dans la propriété des frères Rinaldi

Huit mois après sa seconde translation, en 1294, la Sainte Maison se déplace de mille pas et gagne le sommet d'une colline de la propriété des frères Siméon et Étienne Rinaldi de Antiquis.

A gauche et en haut, la Vierge et son Fils sont assis devant le pignon de la Santa Casa, dont on reconnaît le toit en V. A droite, deux anges ouvrent les bras en signe de louange. Le ciel et les visages sont de verre blanc. Les couleurs sont le bleu, le rouge, le vert et le jaune, mais aussi le vieux rose (un peu décoloré).

Au dessous, 11 personnages dont 5 sont casqués et sont donc des soldats, et deux sont étendus, morts, au premier plan. A droite, deux hommes plus agés, barbus et dont l'un porte le bonnet à plume et l'épée (un noble) contemple les défunts. 

Au centre, un cartouche ne porte qu'une demi inscription (la partie basse est absente) qui n'est sans doute qu'un simulacre lors d'une restauration.

Le texte de la légende explique que les deux frères Rinaldi, après une bonne entente initiale, se sont déchirés pour la possession ou le contrôle des immenses bénéfices et des offrandes des pèlerins. Sur le vitrail, le très haut vase d'or, vers lequel deux soldats tendent une main, représente l'objet de cces convoitises.

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Lancettes A et B, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancettes A et B, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C et D.

Quatrième et dernière translation : la Maison quitte la colline des frères Rinaldi et est transportée par les Anges à la distance d'un jet de pierre, au milieu de la voie publique qui conduit de Récanati au rivage de la mer. 

A l'arrière-plan, des fabriques (celle de gauche, à colonnes et entablement est peut-être inspirée d'éléments architecturaux réels de Lorette), un tunnel, et une femme nue penchée ver une (?) femme âgée. Quelquues touches de jaune d'argent subsistent dans les feuillages.

La Santa Casa d'après une gravure de 1539. Ce revêtement en marbre a été conçu en 1509  par Bramante et réalisé vers 1519. Placée à l'intérieur de la Basilique construite entre 1468 et 1587, la Sainte Maison est un ensemble de trois murs jadis adossées à une grotte.

Sur le vitrail, La Santa Casa est bien visible. Elle est en pierre, rectangulaire, avec un toit en pente couronné en son centre par un clocheton à colonnades, coupole et flêche. La statue de la Vierge et de son Fils est installée devant la porte cintrée. De nombreux pèlerins l'entourent.

Le peintre-verrier a pu prendre très librement  modèle sur des gravures et des pendentifs métalliques à l'usage des pèlerins, telle cette  plaquettes de bronze doré d'environ 13 centimètres de longueur, ornées ou non de l'inscription "LORETA" ainsi que d'une image de la Vierge à l'Enfant assise devant une représentation stylisée de la basilique soutenue par des anges. Cf Musée national de la Renaissance

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Lancettes C et D, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancettes C et D, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette  D, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette C , registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C , registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette A, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette A, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette B, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B, registre inférieur, baie n°19, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

— http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM60003022

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 

 — CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— CAILLAU (Armand Benjamin),  1843, Histoire critique et religieuse de Notre-Dame de Lorette, Paris, Vaton, Volume 1,  435 pages 

https://books.google.fr/books?id=sMY-AAAAYAAJ&dq=fr%C3%A8res+rinaldi+lorette&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— CHEVALIER (Ulysse), 1906, Notre-Dame de Lorette, étude historique sur l'authenticité de la Sancta Casa, Paris, Picard.

https://archive.org/stream/MN5112ucmf_1/MN5112ucmf_1_djvu.txt

 

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

 — FABRE (Pierre-Antoine), 2008  « L’esclavonie, escale sur la route de l’Occident ? », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques [En ligne], 41 | 2008, mis en ligne le 17 novembre 2011, consulté le 16 avril 2016. URL : http://ccrh.revues.org/3408 ; DOI : 10.4000/ccrh.3408 

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond.

—LE POGAM ( Pierre-Yves),2001, "Deux coffrets à estampe des environs de 1500, l'un indédit, l'autre méconnu", in Etudes d'histoire de l'art offertes à Jacques Thirion, Honoré Champion, Paris. page 105 -123. 

https://books.google.fr/books?id=xJa6vqu8to4C&dq=paul+ermite+lorette&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— MARTORELLI (Pietro Valerio)  évêque de Monte Feltro.; Bartolomeo Zucchi; Orazio Torsellino Teatro istorico della santa casa nazarena della B. Vergine Maria : e sua ammirabile traslazione in Loreto ..Roma : Nella Stamparia di Antonio de ́Rossi, 1732-1735.

https://books.google.fr/books?id=mtShOxvV6tgC&hl=fr&source=gbs_similarbooks

https://archive.org/stream/teatroistoricode02mart#page/n3/mode/2up

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

— VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61



 



 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
4 avril 2016 1 04 /04 /avril /2016 01:36

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais. Baie n°18, Vie de saint Eustache.

 

 

 

 

Voir :

L'église Saint-Étienne :

 

 

La cathédrale :

Beauvais :

 

Saint Eustache : 

 

 

 

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Présentation.

La baie n°18 comporte 4 lancettes ogivales et un tympan de 12 ajours. Elle mesure 6,40 m de haut sur 3,30 m de large. Intitulée vitrail des «Scènes de la vie de saint Eustache» ou "de Malinguehen", elle se distribue en deux parties verticales, celle de gauche ( lancettes A et B) étant divisée en deux registres légendés, et celle de droite (lancette C et D) en trois registres légendés. Malgré une distribution compliquée, car échelonnée dans le temps (comportant des panneaux de 1553, 1554 et 1572), globalement, la partie haute et le tympan illustrent la vie de saint Eustache, alors que les parties basse et moyenne présentent trois familles de donateurs, celle des marchands de draps Jehan de Malinguehen en 1553, Eustache de la Croix en 1554, et Mahiot Brocard en 1572, agenouillés devant le Christ de douleur de l'extrême gauche.

Cette baie éclaire la chapelle de Saint-Eustache, dont les murs sont couverts par des plaques indiquant qu'à diverses époques plusieurs membres de la famille de Malinguehen, dont on remarque les armoiries dans les inscriptions, y ont été inhumés : Nicolaus de Malinguehen, décédé en 1630, Petrus, décédé en décembre 1680, et Pierre, décédé le 4 octobre 1704. Cette chapelle était le siège de la Confrérie de saint-Eustache, qui aurait été fondée par Jean de Malinguehen. Voir https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Mobilier_de_l%27%C3%A9glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

Histoire de l'exécution :

Trois verrières sont ici associées, correspondant à deux sujets, trois donateurs et trois dates différentes. Les trois verrières rentrent peut-être dans un projet commun élaboré dès le début par les membres de la confrérie de Saint-Eustache.

En 1553, le marguillier et marchand-drapier Jean de Malinguehen a offert quatre panneaux de vitrail dans lesquels il s'est fait représenter avec sa famille. Ces panneaux étaient destinés à la chapelle Saint- Eustache, siège de la confrérie Saint-Eustache, dont Jean aurait été le fondateur. Pourtant, il s'est fait représenter devant le Christ présentant les espèces de l'Eucharistie. En 1554, un autre marguillier de l'église, Eustache de la Croix, également marchand-drapier, donna le sujet principal de la verrière, la vision de saint Eustache. Le 13 mai 1572, Romain Buron, maître verrier demeurant à Gisors passa un marché avec le marchand Nicolas Brocard demeurant à Beauvais pour fournir deux verrières historiées, une partie avant la Toussaint 1572 et l'autre partie avant Noël 1572. Ces verrières représentent des scènes de la vie de saint Eustache et des donateurs, notamment Mahiot Brocard, père de Nicolas Brocard et Huguette de Bray, sa femme.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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LES DEUX LANCETTES A ET B DE GAUCHE.

Ces lancettes associent en registre supérieur la Vision de saint Eustache, devant laquelle sont agenouillés Eustache de la Croix et sa famille, et en registre inférieur le Christ présentant l'Eucharistie, devant lequel prient Jean de Malinguehen et les siens.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR DES LANCETTES A ET B.

Ce registre montre le donateur Jean de Malinguehen présenté par saint Jean-Baptiste et agenouillé avec sa famille devant le Christ.

1. Le Christ et l'Eucharistie.

 

Ce n'est pas, comme on peut le lire,  un Christ de douleur stricto sensu (il ne sort pas du tombeau, sa tête n'est pas baissée, ses traits n'expriment pas la douleur) ; la posture avec une jambe en avant est celle du Christ réssuscité tenant l'oriflamme de la victoire sur la mort et vêtu du manteau rouge. Le Christ porte la couronne d'épine, le pagne ou perizonium, et expose la plaie du flanc et clle de la main droite. Il est placé sur une base de verdure devant une niche cintrée.  IL désigne de la main  le calice et le pain de l'Eucharistie. 

L'inscription de la bande légendée fait directement allusion à ces Saintes Espèces : QUI MENGE ---, et renvoie à l'évangile de Jean : Jn 6:56 "Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui ".

Elle a été lue ainsi : : « qui mange ma chair (et boit mon) sang dignement » .

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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2. Le donateur Jean de Malinguehen.

Face à ce Christ eucharistique, et dans une niche symétrique à la précédente,  la présence de Jean-Baptiste est fort logique puisque celui-ci, vêtu de sa tunique jaune et d'une ample robe rouge, présente l'Agneau et l'étendard de la Croix : la phrase Voici l'Agneau de Dieu est donc tacitement citée. La présence de saint Jean-Baptiste s'explique aussi, bien entendu, comme saint patron du donateur. 

  Le marchand d'étoffe Jehan de Malinguehen est figuré ici vêtu du costume de maire de Beauvais, fonction qu'il occupa en 1550 : il porte la robe rouge et violette des maires et pairs de Beauvais. Barbu (le visage et la barbe sont rehaussés de jaune d'argent), il est agenouillé, mains jointes, devant son Livre d'Heures posé sur le prie-dieu. Celui-ci adopte la forme d'un meuble rectangulaire dont le flanc porte un blason aux armes familiales,  d'argent, à un fer à moulin de sableUn fer de moulin ou "anisse" est, en héraldique, un meuble comportant deux crochets en forme de C dos à dos.

La bande de verre blanc inférieure porte la légende suivante : 

« Jehan de Malinguehen naguères maire a donné ce(s)te partie de voirrière et se recommande à vos bon(n)es prières". 

Selon l' Armorial spécial de France d'Aimé d' Agnières, traitant des Malinguehen, 

" Cette famille, originaire du comté de Nivelle, était représentée en 1284 par Robert de Malin guehen ; ses armes étaient de gueules, a trois fers à moulin d'or; mais, en 1334, elle dut porter d'argent, à trois fers à moulin de sable, en signe de deuil perpétuel. En 1416 Robert fut obligé de s'expatrier et de venir en France, pour s'être révolté contre Jean de Bourgogne, son prince. C'est de lui que descend la branche actuellement en France; quant aux autres branches établies en Belgique, en Autriche et en Prusse, leur filiation ne peut être suivie que jusqu'en 1684, sur la généalogie dressée par le baron de Launay, signée et approuvée par les quatre héraults d'armes du Brabant, du Luxembourg, de la Flandre, du Hainaut et indiquant en filiation directe tous les membres de la famille, leurs titres et leurs charges depuis 1284 jusqu'en 1684.

Depuis 1284, la filiation de la branche française, ses titres et ses charges sont prouvés par les contrats de mariage. Avant cette époque, l'on trouve à la cinquième croisade un de Malinguehen (Flandre, charte de Damiette 1218) et deux au siège d'Oisy, en 1254.

Dans son histoire du Cambrésis, Carpentier inscrit cette famille comme une des patrices.

D'Hozier lui donne d'azur, qui est France, à un fer à moulin d'argent, armoiries qui furent données, par une ordonnance de 1698 à Pierre, en récompense de ses services; mais la famille préféra reprendre d'argent, à trois fers à moulin de sable.

La devise étant complètement illisible sur les titres, Pierre prit en 1686 celle qui figure sous les armes.

Les titres de la famille sont en France [...] seigneurs, en France, d'Ipre, Troussure, Fouquerolle, Evasseau, Viel-Rouen, Bretizel, Hodenquen-Bosc, Ranival, la Vallée, Sertival, Douy;

Elle a donné plusieurs abbés, des officiers distingués dont un maître de camp, un grand fauconnier de Jean I er de Brabant, des gouverneurs du château de Gemappe, des conseillers aux États de Flandre, un chambellan du Brabant, des maïeurs de Nivelle, deux secrétaires de Charles-Quint, un contrôleur de la maison du roi, un envoyé extraordinaire d'Isabelle d'Autriche dans différentes Cours, un président du conseil de l'amirauté de Flandre, un député de la noblesse belge vers Philippe III, un chancelier de la reine de France, Anne d'Autriche, plusieurs maires de Beauvais, un gouverneur du Catelet, des conseillers du roi à Beauvais et un au Châtelet, des présidents, lieutenants généraux civils et militaires au bailliage et siège présidial de Beauvais."

Devise : Faict ce que vouldrait avoir faict quand mourra.

Jean de Malinguehen est suivi de ses quatre fils. J'ai quelques difficultés à trouver une cohérence dans les diverses données biographiques et généalogiques. Voici des bribes éparses. Selon A. de Saint-Germain, il demeurait à l'hôtel de l'Étamine. Le 15 décembre 1553, il fit donation à Hierosme de Malinguehen son fils écolier étudiant en l'Université de Paris, de plusieurs pièces de terre à Thibivillers, en faveur de l'étude du dit écolier. Ses parents étaient Jean Minet de Malinguehen  †1553 et Jeanne le Messier Le Vasseur.  Il fut maire de Beauvais en 1550.  Un autre  Jean de Malinguehen fut le premier juge-consul après la création de la jurisdiction consulaire vers l'année 1565. De son premier mariage avec Marguerite de Caen, fille de Jean de Caen, riche marchand, bourgeois de Beauvais, seigneur du fief des Marmousets, et de Jeanne Godin, il eut huit enfants, six filles dont une nommée Marguerite, et deux fils. De son second mariage avec Jeanne de Monténescourt, originaire d'Amiens, il eut trois autres enfants, deux fils et une fille. Jehan de Malinguehen mourut de la peste en 1578 ; il fut inhumé sous le porche de l'église Saint-Étienne dont il était l'un des marguilliers. Une épitaphe de cuivre fut placée sur sa tombe. Par testament du 8 août 1578, fait devant Eustache Pastour, son curé, il laissait au couvent des Sœurs-Grises un pré au terroir de Grandcamp, à charge d'un obit à l'issue duquel, après la mort de sa fille, les sœurs devaient chanter le Libéra, six psaumes du Miserere, et le De profundis sur la tombe de Marguerite de Malinguehen.

On signale aussi  Jehan de Malinguehen, Seigneur d'Ypres marié avec  Françoise de Bonnières eut une fille (Marie) et deux fils (Jean, †1630 Jean, seigneur d'Ypres, la Petite-Foret, qui fut chancelier, et Pierre  †1635 Décédé en 1635 Seigneur de Douy, Conseiller du Roi).

 

Les plaques dans l'église font mention de:

Nicolas de Malinguehen eques Dum vixit Dominus de Troussures dcd i.XI.1630

Pierre de Malinguehen décédé le 4 10 1704 épousa Marie Bailet décédé le 26 03 1728

Petrus de Malinguehen décédé en  decembre 1680

 

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE SUPÉRIEUR DES LANCETTES A ET B.

Ces panneaux présentent la Vision de saint Eustache, et un couple de donateur représenté à une échelle moindre.

1. La Vision de saint Eustache.

 Eustathe, qui portait initialement le nom de Placidas, était un excellent général romain , païen de religion mais très humain et charitable, qui vivait à l'époque de l'empereur Trajan. Sa Vision entraîna sa conversion au christianisme. Cet épisode appartient déjà à la plus ancienne recension de la légende, à savoir la Vie et Passion grecque de saint Eustathe (BHG 641), composée entre le Ve et le VIIe siècle. Un jour que le général Placidas, encore païen, chassait avec sa suite dans la montagne, il rencontra une harde de cerfs, dont un lui parut plus grand et plus beau que les autres. Distançant ses compagnons, il le poursuivit pour le tuer mais vit, quand il l'eut rattrapé, un crucifix qui brillait entre ses cors. Alors le cerf, recevant du Seigneur le pouvoir de parler en son nom, lui dit : « Placidas, pourquoi me poursuis-tu ? Je suis le Christ, que tu honores sans le savoir, et je suis venu sous cette forme pour te sauver et, à travers toi, sauver aussi tous les idolâtres ». Devant ce miracle, ayant reconnu le vrai Dieu, Placidas se convertit avec sa femme et ses deux fils. La nuit même, il se fit baptiser avec les siens par le « prêtre des Chrétiens «  et reçut le nouveau nom d'Eustathe. 

Le saint est représenté chassant dans des forêts aux pentes abruptes, accompagné d'autres cavaliers. Il vient d'être saisi de stupeur devant l'apparition du cerf blanc portant le crucifix (crucifère) et est tombé de cheval, un genoux à terre parmi ses chiens. Il porte l'épée, une lance et sa trompe de chasse. La légende indique :  " Comment sainct Eustace fut co[n]verti à la foy de Jesuscrist. 1554."

Jean Lafond a écrit en 1929 (p. 109) : 

"C'est l'imitation libre d'une estampe fameuse d'Albert Dürer, qui inspira à Engrand Le Prince le beau saint Hubert du vitrail de Louis de Roncherolles, à la cathédrale de Beauvais (1522) et à un de ses disciples une splendide verrière de Saint-Patrice de Rouen (1543). Ici, la technique est un peu laborieuse, mais très sûre et l'effet décoratif fort heureux. On peut attribuer cette belle page, non pas comme on l'a fait autrefois à Engrand Le Prince, dont les derniers travaux connus sont de 1538 et dont on perd la trace en 1547, mais à Nicolas Le Prince, à qui Eustache de la Croix commanda en 1558 un bas-relief du Trespassement de la Vierge qu'on voit encore, afrfreusement mutilé, dans le mur extérieur de l'église.

Il y a de curieuses ressemblances entre la Vision de saint Eustache et la Vocation de saint Pierre, ne seraient-ce que ces vols d'oiseaux qui ponctuent le ciel au dessus des arbres dépouillés. Mais c'est dans le tympan qu'apparaît surtout la parenté des deux vitraux voisins."

Pour Alain Boureau (1982) :

"La conversion de Placide reprend et cite celle de Saul de Tarse, le futur Paul, telle que la rapportent les Actes des Apôtres (IX, 3) : Saul, persécuteur des chrétiens, voit une lumière surnaturelle sur la route de Damas ; la terreur le jette à terre, comme Placide. Le Seigneur demande à Saiil, comme à Placide : « Pourquoi me persécutes-tu ? », puis l'instruit rapidement du processus qui doit le conduire à la vérité. Un autre passage des Actes (X), le récit de la conversion de Corneille, est cité explicitement dans la Passion grecque et repris dans toutes les versions postérieures : Corneille, lui aussi, a su mériter sa conversion par une pratique païenne de la vertu chrétienne de miséricorde.

La force symbolique de l'image du cerf joue en deux sens dans la sensibilité médiévale ; l'animal figure à la fois le Sauveur et le sauvé, le pasteur et le catéchumène, Jésus et Placide. Dans le psaume XLI, le cerf dans l'eau représente l'âme à la recherche de Dieu. Les mentalités médiévales voient en cette eau celle du baptême, comme le manifestent les sculptures des bases de piliers en l'église ď Ainay à Lyon. La fin du cerf pourchassé renvoie à la mort initiatique du baptême. Mais cet aspect sacrificiel de la mort du cerf, sensible dans les images de cerfs broutant la grappe eucharistique, telles qu'elles apparaissent en l'église Saint- Jouin de Marnes, orientent aussi le processus symbolique vers la figuration du Christ. La course du cerf évoque, enfin, l'activité apostolique, selon l'interprétation que Tertullien donne du psaume LIX (« Mes ennemis m'ont entouré comme une bande de chiens ») et de Habaquq 3,19 : « Yahvé est ma force ; il donne à mes pieds l'agilité des cerfs et des biches. » Cette riche symbolique se trouve donc associée en même temps à Jésus, à Placide le catéchumène et à Eustache le confesseur ; à la fin du Moyen Age, quand le récit perdra de sa force, elle sous-tendra les légendes d'Hubert et de Julien. "

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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"L'écusson blanc qu'on voit à gauche porte un monogramme où on a vu jadis la signature d'Engrand Le Prince et plus récemment celle du peintre verrier Pierre Pia. Nous ne croyons pas qu'il se rapporte à l'auteur de cette verrière" (Jean Lafond 1929 p. 109)

 

 

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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2. Le cerf crucifère. Eustache de La Croix et son épouse Françoise de Nully.

Sous le grand cerf blanc et le crucifix de ses bois, le marchand-drapier Eustache de La Croix est présenté agenouillé à son prie-dieu au pied duquel figurent ses armoiries de gueules au chevron d'or chargé de trois étoiles d'argent, accompagné en chef de deux trèfles d'or et en pointe d'une croisette d'argent soutenue d'un croissant de même. Il est accompagné de son épouse Françoise de Nully. L'inscription indique : 

"Eustace marchant et bourgois de Beauvais a donné ceste verrière peschés / 1554 ".

Eustache de La Croix a épousé Françoise de Nully (Parents : Pierre de Nully 1488-1549 &  Marguerite Poquelin †1563). On lui connaît un fils, Eustache de La Croix. 

En juillet 1558, un contrat a été établi par les marchands Pierre de la Croix "l'aîné" et Eustache son fils, pour faire réaliser une sculpture de la Dormition par Jehan Pol (ou Pot) et Nicolas Le Prince. Le contrat est passé en présence d'Antoine de La Croix, chanoine de Saint-Étienne de Beauvais. : 

 

"Comparurent personnellement Jehan Pol (sic) et Nicolas le Prince, maistres tailleurs d'ymages, demourans à Beauvais, lesquelz, l'un pour l'autre et chacun d'eulx seul et pour le tout, sans division, promettent à Pierre de la Croix l'aisné, marchand aud. Beauvais, ce acceptant par Eustache de la Croix, aussy marchand, son fils, de faire et tailler bien et suffisamment l'histoire du Trespassement de la Vierge Marie, de pierre avec les douze apostres, deux ymages, l'une de saint Pierre et l'autre de sainte Margueritte, qui présenteront deux priantz audedans et au bout ? de lad. histoire, avec deux armories en chappeau de triumphe, le tout armorisé à la discrétion dud. de la Croix et faire le tout selon la place et haulteur de la massonnerie de la cloizon tenant entre la chappelle Nostre Dame de Laurette et l'huis du cœur de l'église Saint Estienne dud. Beauvais, pour illecq asseoir et poser icelle histoire, bien et suffisamment faite et parfaite, comme dict est, au dict de gens en ce congnoissans, aux despens desd. respondans, en dedans le jour de Toussaintz prochain venant, çurséant jusques au jour de Noël ensuivant. Les d. respondans seront tenuz de faire et tailler icelle histoire en la massonnerie de lad. église estant dedans la cymetière ; en laquelle histoire seront tenuz faire deux aultres ymages à la discrétion dudit de la Croix, qui seront pozées sur deux entrepiedz de lad. massonnerie, aussi suyvant icelle massonnerie; et ce, moyennant la somme de quarante livres tz que led. Eustache de la Croix pour son père a promis payer ausd. respondans au jour de la livraison de lad. histoire pozée et assize aud. lieu. Fait et passé aud. Beauvais, le XXIII de juillet mil Vc cinquante huit, présens Mr Anthoine de la Croix, prebtre, chanoine et président de l'église Saint-Vaast, Esloy de la Vallée, maistre masson de lad. église et Martin Thilloy, aussy masson (Note de V Leblond : Cette sculpture existe encore, mais très mutilée, dans le mur extérieur de l'église, un peu au-dessous et à droite de la Roue de Fortune du transept septentrional. — Le chapitre s'appelait de Saint- Vaast; l'église et la paroisse portaient le nom de Saint-Etienne. )" (cité par V. Leblond p. 106

https://archive.org/stream/lartetlesartiste00lebl#page/106/mode/2up/search/eustache

Selon un manuscrit tardif cité par V. Leblond, un crucifix de la chapelle de Saint-Eustache aurait été offert par" Mr De La Croix, des Trois-Lanternes". La Cour des Trois Lanternes existe toujours à Beauvais à proximité de la cathédrale, mais la rue des Trois-Lanternes est devenue la rue du Lion-Rampant (les deux noms proviennent d'enseignes). Charles VI y avait établi un hôtel royal des monnaies en 1383.

Un Jehan de La Croix, bourgeois de Beauvais, est cité en 1566.

Pierre de La Croix, marchand à Beauvais, est mentionné en 1584.

 

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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LANCETTES C ET D.

1. Registre inférieur : deux familles de donateurs.

Ce registre poursuit dans le plan horizontal celui des lancettes A et B pour former un ensemble daté de 1553 et offert par la famille de Malinguehen.

Lancette C :  Marguerite de Caen, première épouse du maire de Beauvais, et ses six filles sont présentées par sainte Marguerite dont on voit le crucifix et la queue de son dragon. L'inscription se lit ainsi « Nul n'est travail de loing venir Venir aux biens pour succéder Vous voyez et si cognoissez Qu'il n'y a faute d'héritiers. »

Lancette D : Jeanne de Monténescourt est présentée par saint Jean l'Évangéliste.

Le saint est identifié par son visage imberbe, son manteau rouge, la coupe de poison d'où sortent des serpents, et par son aigle; mais la palme qu'il tient vient sans-doute d'une recomposition tardive.

La donatrice est vraisemblablement la seconde épouse de Jean de Malinguehen, Jeanne de Monténescourt,  originaire d'Amiens, dont il eut trois autres enfants, deux fils et une fille. Jeanne est représentée avec sa fille.

L'inscription mentionne la sage devise de Jean de Malinguehen, " Faict ce que tu voudras avoir feict quand tu mourras. " L'an 1553.

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  Dans la travée voisine, Marguerite de Caen, première femme du maire de Beauvais, et ses six filles sont escortées par sainte Marguerite. Grossièrement rimée, l'inscription est pleine d'une fierté justifiée : « Nul n'est travail de loing venir Venir aux biens pour succéder Vous voyez et si cognoissez Qu'il n'y a faute d'héritiers. »

Marchand d'étoffes Maire de Beauvais 1550-1552

https://books.google.fr/books?id=aB8RirybuWIC&pg=PA62&lpg=PA62&dq=Jean+de+Malinguehen+maire+de+Beauvais&source=bl&ots=rk8X5swKOv&sig=4sq7-t9Nkd7cs5PVwHQ4-Dm3Fe4&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjL5p24267MAhWGWBQKHXUeD_QQ6AEIMzAF#v=onepage&q=Jean%20de%20Malinguehen%20maire%20de%20Beauvais&f=false

'ogives, est fort int"ressante par la hardiesse et la l"g"ret" de sa construction; mais ce qu'il y a surtout de remarquable ce sont les vitraux; Les quatre panneaux inf"rieurs repr"sentent: i*J"sus Christportant sa croix et montrant le calice; 2* " c"t"" saint Jean-Baptiste pr"sente au Sauveur les donateurs parmi lesquels Jehan de Malinguehen; 3* sainte Marguerite foulant au pied le dragon, conune il est d'usage de la repr"senter; au-dessous, deux donateurs et saint Jean rEvangéliste avec deux donatrices et cette légende pleine de sagesse: " Faict ce que tu voudras avoir feict quand tu mourras. " L'an 1553.

Ce Jean de Malinguehen, du 2* panneau, fut maire de Beauvais en 1550 et en devint le premier juge-consul lors de la création, par Henri III, de la juridiction consulaire en 1 564. Sur son prie-dieu on voit les armes des Malinguehen qui sont d'argent " anille (fer de moulin), de sable. Le reste de la verri"re est consacr" " la vie de saint Eustache. Les $* et 6* panneaux, qui sont admirables de dessin, de couleur et d'"clat, montrent conunent saint Eustache fut " c"verti " la foy de J"sus-Christ ".Eustache "tait pa"en, chef de la cavalerie de l'empereur Trajan.Un jour, " la chasse, il rencontra des cerfs; le plus grand d'entre euxportait entre les cornes une croix resplendissante et une voix lui cria: " Pourquoi me poursuis-tu? " Eustache se prostern"t et se convert"t. 7* panneau: Le Pillage de la maison d'Eustache par les Païens; 8" et 9* panneaux :e. Sa Résignation et sa Fuite. Eustache, sa femme et ses.

Partie i"u Vitrail Costumes du XVI" si"cl" 39 " deux enfants sont dans le costume des gens de qualité du milieu du XVIe siècle. (La petite figure ci-dessus donne le croquis du deuxi"me de ces panneaux.) ib* panneau: Les Donateurs de cette partie de verri"re. Mahiot Brocard qui trespassa le cinqui"me jour d'avril 1552. Priez Dieu pour lui (1575).

Les huit lobes flamboyants du haut de la fenêtre se rapportent également à saint Eustache: son baptême, son martyre et celui de sa famille dans le taureau d*airain; sa sépulture, etc.

 

 

 

 

/ Soudain il en partit au plus hault des montaignes, / or il erroit aux boys loing des gens et bruyct, / ores dedans les prés et parmi les campaignes, / de sa femme et enfans seulement estant suyct. / Après ses biens brulez et toute sa finance, / Sainct Eustache rendit ses lieux les plus secrets / en suivant le bon Job l'honneur de patience / Graces en re à Dieu sans soupirs et regrets. / Mahiot Borcard a conné cette vitre lequel trespassa le 5e jour d'avril 1552. Prize Dieu pour Luy. / Jehan de Malinguehen naguère maire a donné cette partie de verrière et se recommande a vos bonnes prières ".

 
Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE MÉDIAN DES LANCETTES C ET D.

Il prolonge sur le plan horizontal le registre médian des lancettes A et B de la Vie de saint Eustache, mais cette partie est offerte par un troisième donateur, Mahiot Brocard en 1575.

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1.Groupe de gauche (lancette C). Saint Eustache en fuite avec sa famille.

 Saint Eustache fuyant les malheurs décrits dans le registre supérieur, s'est retiré dans un écart pour se consacrer, en compagnie de son épouse et de ses deux enfants, à la prière.

Inscription : Après ses biens brullez et toute sa finance, / Sainct Eustache rendit -s lieux les plus secrets / en suivant le bon Job l'honneur de patience / Graces a n[ot]re  Dieu sans soupirs et regretz.

"On [y] retrouve avec plaisir le Romain Buron des meilleurs jours. S'est-il servi d'un vieux carton en le mettant seulement à la mode ? En tout cas, il a emprunté à Dick Vellert l'arc de triomphe d'une de ses plus célèbres estampes, : le saint Bernard, qu'il avait déjà copié quarante ans plus tôt dans un vitrail du chœur de Conches.

En peignant saint Eustache en fuite avec sa famille, l'artiste a pris de grandes libertés avec le texte de la Légende Dorée, et du marché de 1572. Il a revêtu ses personnages des plus somptueux atours, et comme les visages sont peints avec une exquise finesse, à l'aide de trois tons de grisaille, ce tableau supporte la comparaison avec les plus beaux portraits du XVIe siècle français. Le décor de marbre a été réalisé en bariolant le verre blanc de noir, de jaune, d'ocre rouge , de bleu et, semble-t-il, de violet : toutes les dangereuses ressources dont les peintres disposaient à cette époque avancée." (Lafond 1929 p.112)

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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2. Lancette D. Mahiot Brocard et son épouse Huguette de Bray.

Dans un décor de colonnades de marbre évoquant l'intérieur d'un sanctuaire, un couple richement vêtu est agenouillé, mains jointes. Comme pour les autres donateurs, un blason est peint à la base du prie-dieu, bleu avec un élément central (un feu ?) jaune et trois trèfles blancs. Jean Lafond le lit" d'azur au poulet à la broche au naturel environné de flammes, accompagné de trois trèfles d'argent 2 et 1. On voit qu'il s'agit d'armes parlantes." En effet, le nom brocart, "Étoffe de soie, brochée d'or, d'argent (cf. brocatelle)" et dont on on rencontre souvent la graphie brocard est emprunté à l'ital. broccato attesté d'abord comme participe passé du verbe broccare , dérivé de brocco « pointe de fer », du lat. broccus, v. broche) .

 L'inscription indique : "Mahiot Brocard a donné ceste vitre lequel trespassa le XIXe jour d'avril 1572. Priez Dieu pour Luy. 1575."

 

 "Dans le panneau des donateurs, la figure de Mahiot Brocart n'est guère moins remarquable [que dans la scène précédente], si celle de Huguette a été refaite anciennement." (Lafond 1929) 

Victor  Leblond a publié en 1921 le contrat établi le 13 mai 1572 (moins d'un mois après le décès) entre le fils de ce donateur, Nicolas Brocard,  et le maître verrier Romain Buron :

https://archive.org/stream/lartetlesartiste00lebl#page/186/mode/2up/search/mahiot

 

 

13 mai 1572 : « Comparut personnellement Romain Buron, maistre vitrier demourant à Gisors, lequel recongnut avoir promis et par ces présentes promet à Nicolas Brocard, marchant demeurant à Beauvais, à ce présent et acceptant, de faire et fournir deux espaces de vittres estans en la chappelle Saint Eustache, en l'église Saint Estienne dud. Beauvais, et en icelles deux espaces historyer comme une pestilence mortelle assaillit les serviteurs et chambrières de monseigneur saint Eustache et les occyst tous, et peu de temps aprez tous ses chevaulx et toutes ses bestes moururent soudaynement, et comme aucuns des compaignons dud. monseigneur saint Eustache entrèrent par nuyct en sa maison et ravyrent et emportèrent or et argent et le despouillèrent de toutes autres choses, mesmes que luy, sa femme et enfanz s'en fuirent par nuict tous nudz de biens, et comme nonobstant toutes lesd. adversitez mon seigneur saint Eustache rendit grâces et louanges? à Dieu, et au dessoubz desd. hystoires pour mettre et hystorier deux priantz qui seront pourtraictz au mieulx que led. Buron pourra faire les personnes de feu Mahiot Brocard, père dud. Nicolas et Huguette de Bray, sa femme, et au dessoubz desd. Priantz et le tout rendre et livrer, faict et parfaict d'aussi bonnes estoffes et matières que les autres vittres estans en lad. chappelle, assavoir la moictyé desd. hystoires en dedans le jour de Toussaintz prochain venant, et l'autre moictyé le jour de Noël prochain venant; et moyennant ce led. Brocard sera tenu et promet aud. Buron, ce acceptant, de luy bailler et payer au feur et à mesure qu'il besongnera, assavoir dix huit sous pour chacun pied desd. vittres; lesquelles estoffes et matières dessusdites led. Buron sera tenu livrer à ses despens, hors mis le fer, lequel fer led. Brocard sera tenu livrer avecq le plattre qu'il conviendra. » 

Or, Romain Buron  est un peintre verrier français (Gisors, actif entre 1534 et 1575), principal disciple d'Engrand Leprince et auteur, entre autres, de nombreuses verrières à Sainte-Foy de Conches-en-Ouche ou encore à la Collégiale Notre-Dame des Andelys. Les frères Guillaume et Romain Buron furent vraisemblablement formés par leur père Jean, mais également par Engrand Le Prince, maître verrier de Beauvais dont nous avons encore une œuvre dans l’église de Gisors.

 En 1555, Romain Buron créa deux vitraux de saint Gervais et saint Protais (les saints patrons de la  ville) agrémentés des armes du roi et de la ville de Gisors et de trois fleurs de lys d’or sur fond d’azur. Le roi Henri II « fut estonné de voir que si promptement l’on avait fait cet ouvrage qui est la vitre sur notre maistre-autel et en fut bien content… ». 

"Sans-doute grâce à l 'équipement laissé par Tassin Burel et aux vitraux créés dans les chapelles Saint-Claude et Saint-Crépin en 1521 et 1560 respectivement par Engrand et Nicolas Le Prince, un atelier se créa à Gisors, dirigé par Jean Buron, documenté de 1521 à 1560. En 1543, il réalise une verrière peinte à Gisors, consacrée à la vie de Saint Luc. Les deux fils de Jean Buron, Guillaume et Romain, prirent sa succession et exécutèrent, dans les années 1560, au moins cinq verrières historiées pour les fenêtres hautes de la nef et pour les baies des chapelles, toutes perdues. Romain, encore actif l'année de sa mort en 1589, ne travailla comme peintre-verrier pour la fabrique de Gisors qu'à partir de 1558, alors qu'il était en âge de travailler dès 1531.C'est au second quart du XVIe siècle qu'appartiennent les verrières documentées ou signées de Saint-Etienne de Beauvais et des Andelys qui ont permis de reconnaître la main de Romain Buron dans les verrières de Gisors, du chœur de Conches et de Jumièges. Les attributions ds panneaux de Gisors et de Conches, confirmées par des initiales R.B. correspondraient à la phase précoce de sa carrière, consacrée à une commande privée." (d'après E. Hamon)

 Les quatre panneaux de la baie n°18 furent réalisée en trois ans, entre 1572 et 1575. Il semble bien que la Légende de saint Eustache soit demeurée incomplète jusque là.

Quelques détails.

1. Nicolas Brocard est peut-être aussi le donateur d'une verrière de l'église de Marissel, proche de Beauvais. Il est qualifié de prêtre et il est un très généreux donateur – 20 écus d'or, puis 200 écus d'or– et commanditaire de cette église. Mais ici, Nicolas Brocard est qualifié de marchand.

2. Victor Leblond cite à 37 reprises le nom de la famille Brocard ; Jean le Pot, le fils, tailleur d'images, marié avant 1565 à Agnès Brocard. Il y avait, en 1560, deux Jean Le Pot, le père et le fils, tailleurs d'images ; Jean le Pot le père est mort en 1563 (il a son épitaphe à Saint-Etienne) ; Nicolas le Prince, son gendre, travaillait avec lui, en 1558 ;  Thomas le Pot, peintre, était frère de Jean le Pot le fils ; ce Jean le Pot, tailleur d'images, marié à Agnès Brocard (de Beauvais), eut un fils, Nicolas, en 1565.

3. En juin 1558, Jean Le Pot père et son gendre Nicolas Le Prince ont affaire à un laboureur du nom de Guillaume Brocard : 

 6 Juin, a Comparurent Jehan Pol (sic), tailleur d'ymaiges et Nicolas le Prmce, son gendre, aussi de pareil estât, demourans à Beauvais. lesquelz, l'un pour l'autre et chacun d'eulx pour le tout, promettent à Guillaume Brocard, laboureur demourant hors et près la Poterne Saint-Andry dud. Beauvais, présent et ce acceptant, de faire et livrer en l'église de Marissel lès Beauvais, les ymaiges du sépulcre de Nostre Seigneur Jésus Crist, de pierre procédant de la carrière Saint Estienne,, etc.

4. Le contrat nous donne la description et le sens des deux panneaux qui sont placés au registre supérieur. Or, ces descriptions sont extraites textuellement de la Légende Dorée de Jacques de Voragine. Il s'agit d'un des rares cas de verrière pour lequel nous disposons, preuve à l'appui,  de la source scripturaire donnée en sujet par le commanditaire. Le texte de la Vie de saint Eustache dans la Légende Dorée est disponible ici (abbaye-saint-benoit.ch) dans sa traduction de l'abbé Roze en 1902, http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/162.htm 

Voici le passage correspondant à la commande : "Quelques jours s'étant écoulés, la mort, sous la forme d'une peste, se déchaînant sur tous ses serviteurs et ses servantes, les moissonna tous : peu de temps après, tous ses chevaux et tous ses troupeaux moururent subitement. Alors des scélérats, voyant ces ravages, se ruèrent pendant la nuit sur sa maison, emportèrent tout ce qu'ils trouvèrent, et pillèrent l’or, l’argent et tous ses autres biens : lui-même, avec sa femme et ses fils, rendit grâces à Dieu et s'enfuit tout nu.: pour échapper à la honte, ils allèrent en Egypte. Tout ce qu'il possédait fut anéanti par la rapine des méchants."

 Comme le signale Alain Boureau 1982, :

La légende d'Eustache, en chrétienté, apparaît tardivement et disparaît précocement, malgré un vif succès. On peut distinguer trois moments dans cette brève existence littéraire.

- La diffusion (VIIIe-XIe siècle) . les premières traces de la vie d'Eustache ne se repèrent qu'au vnie siècle, à un moment où le grand légendier occidental paraît déjà constitué. Le texte des Passions grecque et latine circule en Occident et en Orient entre le vine et le xe siècle. Au xe siècle, le succès du récit en Occident se mesure au nombre des manuscrits en latin -, une traduction en anglo-saxon se répand à cette époque.

-L 'apothéose (XIIe -XIIIe siècle) : la plupart des langues vernaculaires de l'Europe accueillent le récit. Les grands légendiers latins compilés par les prêcheurs au cours du XIIIе siècle lui font une place d'honneur (Jean de Mailly, Vincent de Beauvais, Jacques de Voragine) . La légende prospère particulièrement dans le domaine français : on connaît douze manuscrits en prose française renvoyant à quatre types différents, onze versions en vers, sans compter la vie écrite au début du xine siècle par Pierre de Beauvais . On apporte de Rome les reliques du saint au début du хпе siècle, en l'abbaye de Saint-Denis, avant de les transférer en 1223 dans une nouvelle châsse ; à cette occasion, on consacre au saint une paroisse de Paris, élevant à ce titre une ancienne chapelle de sainte Agnès, dépendant jusque-là de Saint-Germain-Г Auxerrois. Les représentations iconographiques de la vie du saint se développent au même rythme : selon le relevé effectué par Louis Réau , on trouve au xie siècle une figuration, cinq au xiie siècle, neuf au хше siècle, trois au xive siècle, trois au xve siècle.

- Une désaffection progressive (XIVe -XXe siècle) : la légende perd de sa popularité ; elle n'est plus racontée à l'époque moderne et contemporaine, comme en témoigne le catalogue d'Aarne et Thompson, qui ne signale de versions populaires nombreuses qu'en Lithuanie . La tradition se conserve sans éclat à l'intérieur de l'Église ; ainsi, le récit se lit dans le grand recueil des Gesta Romanorum, somme des anecdotes édifiantes du Moyen Age, compilée au xive siècle ; le compilateur en reproduit la trame inchangée, mais la double d'un commentaire exégétique serré, selon les tendances symbolistes du siècle . 

 

 

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE SUPÉRIEUR DES LANCETTES C ET D.

1. Lancette C. Vie de saint Eustache : la destruction des biens d'Eustache.

La scène correspond à la commande par Nicolas Brocard déjà citée :"comme [lire : "Comment"] une pestilence mortelle assaillit les serviteurs et chambrières de monseigneur saint Eustache et les occyst tous, et peu de temps aprez tous ses chevaulx et toutes ses bestes moururent soudaynement, et comme aucuns des compaignons dud. monseigneur saint Eustache entrèrent par nuyct en sa maison et ravyrent et emportèrent or et argent et le despouillèrent de toutes autres choses, mesmes que luy, sa femme et enfîanz s'en fuirent par nuict tous nudz de biens, et comme nonobstant toutes lesd. adversitez mon seigneur saint Eustache rendit grâces et louanges à Dieu"

A. de Saint-Germain cite la Légende Dorée selon une version ancienne qui permet de vérifier que Nicolas Brocard en a recopié le texte pour sa commande:

"Ce prodige changea soudain le cœur de  Placide ; et lors, poursuit la légende, Placide, sa  femme et ses deux fils allèrent à l'évesque de Romme qui les baptisa à grant ioye, et appela Placide Eustache; sa femme Théospite, et ses fils Agapet et Théospit. Et peu de tems après, une pestilence mortelle assaillit ses serviteurs et ses chambrières et les occit tous : ses chevaux et ses bêtes moururent soudainement : et puis aucuns qui avaient été ses compagnons entrèrent par nuit en sa maison, et ravirent et emportèrent or et argent et le dépouillèrent de toutes autres choses. » (Légende Dorée)

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k/f83.item.r=mahiot.texteImage

Ce dernier trait est le seul dont le peintre se soit em- 
paré, mais pour rendre le tableau plus dramatique, il 
y ajouta la foudre qui, déchirant les nues, incendie la 
villa du légionnaire. 

 

 

Inscription : 

Comme les faulx amys desloyaulx,

D'un certain mal vould—se fortune,

Bruslerent les maisons, chasteaux

Que Sainct Eustache as … leztune

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Pour Jean Lafond, ces panneaux n'ajoutent rien à la renommée de Romain Buron, car ils sont d'aspect confus et terne car l'artiste a abusé des couleurs d'émail, qui s'appliquent sur le verre blanc, mais au dépens de sa transparence.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette D. Vie de saint Eustache.

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Inscription :

Soudain il en partit au plus hault des montaignes,

or il erroit aux boys loing des gens et bruyct,

 ores dedans les prés et parmi les campaignes,

 de sa femme et enfans seulement estant suyct. / 

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Là où on s'attendrait à voir Eustache et les siens représentés dans une tenue dépouillée voire sauvage dans un décor sylvestre, et se livrant aux errances, à l'ascèse et aux pieuses méditations, l'artiste les a peints somptueusement vêtus, sous le décor d'un palais Renaissance.  Ce choix, qui s'applique aussi aux panneaux du registre médian, lancette C, crée une con,fusion facheuse avec les groupes de donateurs. Jean Lafond mentionne aussi que "le buste et la tête de saint Eustache ont été très mal refaits à une époque déjà ancienne". 

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

 

Les huit lobes flamboyants du haut de la fenêtre se rapportent également à saint Eustache: son baptême, son martyre et celui de sa famille dans le taureau d*airain; sa sépulture, etc.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Saint Eustache distribuant des aumônes aux pauvres

 

 

 

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Saint Eustache part avec sa femme et ses enfants vers l'église où toute sa famille est baptisée par un évêque.

Légende dorée Bnf fr.245 f.152 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8425999d/f311.item.zoom.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Saint Eustache refuse de sacrifier aux idoles (panneau moderne)

Sur l'ordre de l'empereur Adrien, des bourreaux l'attachent à une potence et lui enfoncent des lames brûlantes dans les flancs.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Saint Eustache est jeté avec sa femme et ses fils dans un taureau d'airain rougi au feu.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Saint Eustache armé de l'épieu, avec son chien, tentant sans succés de sauver son fils emporté par un lion.

Voir Bnf NAF 15941 f.18 Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8449688c/f43.item.zoom

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Mise au tombeau.

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Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°18, Vie de saint Eustache, église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 — BOUREAU ( Alain), 1982, "Placido Tramite. La légende d'Eustache, empreinte fossile d'un mythe carolingien". In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 37ᵉ année, N. 4, 1982. pp. 682-699; doi : 10.3406/ahess.1982.282881 http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1982_num_37_4_282881 

 

 — CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LAFOND (Jean), 1942, cf. Van Moe Emile-A. Jean Lafond. "Romain Buron et les vitraux de Conches. L' énigme de l'inscription «Aldegrevers »."  Bayeux, impr. Colas (1942). (Extrait de l'Annuaire normand, 1940, 1941.). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1942, tome 103. pp. 271-272; http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1942_num_103_1_460361_t1_0271_0000_2

 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

https://archive.org/stream/lartetlesartiste00lebl#page/2/mode/2up

— LEBLOND (Dr Victor), LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond.

LHUILLIER (Victor,)1896   Petit Guide Illustré du Visiteur de L'Église Saint-Etienne de Beauvais.

http://www.forgottenbooks.com/readbook_text/Petit_Guide_Illustre_du_Visiteur_de_LEglise_Saint-Etienne_de_Beauvais_1200144100/29

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

— VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61

—WYZEVA (Teodor), 1910, La légende dorée / le bienheureux Jacques de Voragine ; traduite du latin d'après les plus anciens manuscrits avec une introduction, des notes, et un index alphabétique, par Teodor de Wyzewa Perrin (Paris) 1910  1 vol. (XXVIII-478 p.-[1] f. de front.) ; in-16. Chapitre CXXXVII pages 524 et suivantes.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k202210w/f559.image



 

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Published by jean-yves cordier - dans Beauvais
3 avril 2016 7 03 /04 /avril /2016 22:10

La baie n°0 occupe, comme son numéro l'indique, le centre de la chapelle axiale du chœur, chapelle à cinq pans qui fut désignée sous le nom de Chapelle de la Vierge et qui est connue aujourd'hui sous celui de Chapelle du Saint-Sacrement. Dans cette abside, cette fenêtre est encadrée par la baie n°1 à gauche, les Scènes de la Vie du Christ, et par la baie n°2 à droite, les Scènes de la Vie de la Vierge et de la Vie du Christ, pour réaliser un triptyque cohérent centré sur le Fils de Dieu et sa Mère, alors que les autres baies latérales sont consacrées au culte des saints.

Elle se distingue des autres par la simplicité de sa seule lancette en plein cintre. Mesurant 1,50 m de haut et 1,20 m de large, elle est divisée par quatre barlotières horizontales et trois verticales en 12 panneaux, mais elle se lit selon deux registres : celui du bas n'occupe qu'un quart de la hauteur et présente un couple de donateurs, et celui du haut montre, non pas une "Mise au tombeau" ni une "Déposition", comme on peut le lire, mais une Déploration. 

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE SUPÉRIEUR. DÉPLORATION.

 

Le  Christ mort est allongé sur un linceul au pied de la croix, avec Joseph d'Arimathie à sa tête, et une sainte femme à ses pieds . Marie est debout près de lui, en manteau bleu et robe rouge, mains jointes, éplorée. Saint Jean l'évangéliste est à sa droite, bien identifiable à son visage imberbe et à son manteau rouge. Vêtu d'une robe au riche tissu damassé d'or, il croise les bras sur sa poitrine et sa posture à demi penchée témoigne de son affliction. Le troisième personnage, qui lui fait face à gauche de la Vierge, est plus difficile à identifier. Je la considère comme Marie-Madeleine, en raison de la richesse, ici exubérante, de sa mise, en raison de ses cheveux blonds qui s'échappent de son escoffion à couronne et à huves,  de ses bijoux en or et du collier large à angelots qui recouvre ses épaules, des crevés de ses manches et de son manteau damassé au revers moucheté. Certes, ce sont bien là les goûts raffinés qui la caractérisent avant qu'elle ne s'adonne au repentir et à l'ascèse dans une grotte de Sainte-Baume ou devant une bougie à la mèche fumeuse. Mais le peintre y a été un peu fort, et, ce faisant, il s'est trahi. Ce ne peut être qu'un membre de la famille Le Prince, Engrand ou quelqu'un des siens, car aucun autre verrier ne se livrerait à un tel exercice de style au jaune d'argent. On notera au passage que les fuseaux blancs des crevés sont réalisés par gravure d'un verre rouge doublé.

 

En arrière-plan, un paysage urbain représente symboliquement Jérusalem.

 

ce vitrail est considéré comme étant inspiré voire copié de la Déploration du Christ ou Glimm Lamentation d' Albrecht Dürer (vers 1500) conservé à l' Alte Pinakothek de Munich. Pourtant, les différences sont si frappantes que je n'ai peut-être pas trouvé la source à laquelle il est fait allusion.

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Sainte Marie-Madeleine.

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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La luxuriance des étoffes de la sainte éclipserait presque les remarquables portraits de femmes éplorées et l'art avec lequel le drapé du voile est rendu par des nuances de grisaille : ce drapé devient une extériorisation du tremblement spasmodique des sanglots réprimés et du ruissellement tout intérieur des larmes.

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE INFÉRIEUR : COUPLE DE DONATEURS.

 De chaque coté d'un écu présenté par deux angelots, un donateur et une donatrice sont agenouillés à leur prie-dieu recouvert d'un drap bleu damassé et qui porte leur livre d'Heures. Mains jointes, ils participent par un exercice de dévotion à la souffrance de Marie devant son Fils, par cette spiritualité de la compassion (souffrir-avec) et ce culte marial qui se sont développés depuis le XII-XIIIe siècle. C'est sans-doute la récitation intérieure et la méditation sur chaque strophe du Stabat Mater dolorosa :

Elle était debout, la Mère, malgré sa douleur,
En larmes, près de la croix ,
Tandis que son Fils subissait son calvaire.

Alors, son âme gémissante,
Toute triste et toute dolente,
Un glaive transperça.

Qu'elle était triste, anéantie,
La femme entre toutes bénie,
La Mère du Fils de Dieu !

Dans le chagrin qui la poignait,
Cette tendre Mère pleurait
Son Fils mourant sous ses yeux.

Les armoiries d'azur aux trois roses d'argent, à la cordelière nouée autour d'un annelet d'or et à la lettre D (l'autre initiale étant manquante) n'ont pas été attribuées, et sont peut-être des armes parlantes de fantaisie.

On apprécie aussi sur ce cliché la minutie avec laquelle le linceuil a été décoré d'une frise-labyrinthe centrée par des croix .

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°0, chapelle axiale du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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C'est donc un bel exemple du talent exceptionnel d'Engrand Le Prince et de son atelier : on retrouve ici tout ce qui le caractèrise : les fond bleus peints à la grisaille d' architectures fantastiques, les admirables voiles des saintes femmes, la beauté des coloris, la qualité des brocarts , l' harmonie de la composition, et le registre du jaune d'argent déployé du l'orange flamboyant au jaune pâle.

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SOURCES ET LIENS.

— Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

— Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

— Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

—Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

— DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

— HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

— LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

— LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

— LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond

— PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

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2 avril 2016 6 02 /04 /avril /2016 03:10
 

Dans la chapelle Saint-Pierre, la baie n° 16 mesure 6,60 m de haut et 3,40 m de large. Elle comporte 4 lancettes cintrées  et un tympan de 8 ajours . Le vitrail est organisé en deux registres chacun doté d'une bande de verre blanc où s'inscrit un texte de légende. Les lancettes sont désignées de gauche à droite par une lettre A, B, C et D .

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM60003019

 

 

 

 

 

 

 

Plan des vitraux du côté sud du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais ; d'après J. Lafond, 1929.

Plan des vitraux du côté sud du chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais ; d'après J. Lafond, 1929.

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La chapelle saint-Pierre et la baie n°16, photographie lavieb-aile.

La chapelle saint-Pierre et la baie n°16, photographie lavieb-aile.

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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I. LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette A ET B. La vocation de saint Pierre et de saint André.

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Lancette A

La Vie de saint Pierre commence par le début : comment il fut, avec son frère André, appelé par Jésus alors qu'il pêchait ,comme le raconte l'Évangile de Matthieu 4:18-20, sur le lac de Galilée,  :

Un jour qu'il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères: Simon (qu'on appelle aussi Pierre), et André, son frère, qui lançaient un filet dans le lac, car ils étaient pêcheurs.  Il leur dit:
    ---Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.

 Ils abandonnèrent aussitôt leurs filets et le suivirent.

Ce lac, d'une superficie de 160 km2 , aux eaux poissonneuses, verra d'autres épisodes de la vie de saint Pierre comme la tempête apaisée (Lc 8, 12,25), la pêche miraculeuse (Lc 5, 4-6), ou la dernière apparition aux disciples alors qu'il était ressuscité (Jn 21, 1s), qui sont ainsi cités par allusion.

L'inscription s'étendait au bas des deux lancettes, mais seule la partie correspondant à la lancette A est conservée :

Iésus voiant les deux frères germains / ---

Car tel grand bien ie vous metray es mai[n]s / ---

Elle est citée par Stanislas de Saint-Germain (1843), par Louis Pihan (1885) et par Jean Lafond (1929).  

 

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Dans la partie supérieure, sont dessinés trois saints, et nous reconnaitrons les deux premiers dans la lancette B : saint André, aux cheveux châtain dressés comme des flammes, et saint Pierre, cheveux et barbe blanches. Ils marchent sur un chemin délimité par un plessis d'osier, et se dirigent vers la droite, peut-être vers la rive du lac. Le troisième personnage est sans doute saint Jacques fils de  Zébédé, ou son frère Jean, puisqu'ils furent appelés à suivre Jésus immédiatement après l'appel lancé à Pierre et à André.

La lancette A se suffit donc à elle-même pour illustrer le texte évangélique. 

On remarque l'étrangeté de l'arrière-plan, un château féodal en ruine, hanté par de sombres oiseaux qui se poursuivent. Il me paraît vraisemblable qu'il ne faut pas y voir une relation avec la scène représentée. Ce décor relève à mon sens de l'habitude de l'atelier Le Prince de peindre en grisaille sur un verre bleu des monuments de la région de Beauvais. 

Enfin, on remarque le masque (un visage féminin) dans un cuir maintenu par des consoles.

 

Lancette A, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette B. 

Elle est considérée comme une suite de la lancette précédente, Pierre et André, en train de pêcher, levant la tête à l'appel de Jésus. Mais comme les deux frères figurent sur la lancette A, et comme la fin de la légende dit Car tel grand bien ie vous metray es mai[n]s / --- , je propose d'y voir peut-être aussi la Pêche miraculeuse (Luc 5:1-11). Jean Lafond confirme mon intuition, puisqu'il suggère qu'une estampe du maître anversois Dirick Vellert, la Pêche Miraculeuse de 1523, a pu servir de modèle. Il indique que cette estampe a été reproduite dans L'Art flamand et hollandais, 1907, p.115 dans une étude de M.N. Beets sur le graveur jadis connu sous le nom de "Maître de l'Étoile", Dietrich ou Théodore van Staren ou van Stern dont le monogramme comporte une étoile encadrée des lettres D et S. Cette estampe figurait selon le guide de Léon Rosenthal, 1928, dans les collections des Musées du Palais des Arts de Lyon salle 32.

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Un paysage maritime.

La scène donne l'occasion à l'artiste de placer en arrière-fond un magistral paysage maritime : les rives de droite sont plantées d'un saule-pleureur et bâties de places-fortes, mais, sur l'eau, évoluent sept ou huit navires de haute mer. La manière dont ils sont disposés évoque l'art des cartographes. Notons que le vitrail date de 1548, il est donc antérieur au Theatrum Orbis Terrarum d'Abraham Ortelius (première édition en 1570), qui diffusera par l'imprimerie les cartes géographiques.

 

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Lancette B (détail), baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette B (détail), baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Galéasses et galères, lancette B (détail), baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Galéasses et galères, lancette B (détail), baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Carte de Palestine (détail), Theatrum Orbis Terrarum 1570.

Carte de Palestine (détail), Theatrum Orbis Terrarum 1570.

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Bien antérieur au vitrail de Beauvais, je peux citer le célèbre vitrail du Palais Jacques Cœur à Bourges (vers 1450), dans la Salle des Galées  située au premier étage, entre la salle d'apparat et le comptoir ou la chambre des évêques. Il est le seul survivant de " sis grands panneaux de vistres où sont des galées et navires en peinture fort belle ", selon l'état de 1636, .

Il représente selon les auteurs,  un cogge ( un navire marchand)  ou  une " galée ", ou bien une "nef" : c'est un navire de type rond, doté d'un gouvernail d'étambot, gréé d' une seule voile carrée sur un mât unique, et  portant les armes de Jacques Cœur sur la balustrade du château arrière du bateau et dans un oriflamme. Sa silhouette de profil est dessiné en arrière-plan. Le propriétaire se penche vers une barque  qui peut être son annexe, le bateau du pilote local, ou un messager d'un comptoir.
 

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Vitrail de la Salle des Galées du Palais Jacques Cœur, vers 1450, photographie lavieb-aile.

Vitrail de la Salle des Galées du Palais Jacques Cœur, vers 1450, photographie lavieb-aile.

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Le navire du vitrail de Beauvais dispose, lui, de deux mâts (et peut-être un troisième masqué). Il est bordé à clins et est gréé de deux voiles carrée. On distingue aussi le château arrière à toits en pente, et le château avant, et la gabie pour la vigie. Parc ontre, on ne voit ni rames, ni gouvernail.

On le comparera  à la galéasse qui, toujours dans la Chambre des Galées du Palais Jacques Cœur, est présentée en bas relief de pierre au dessus de la porte de sortie . La galéasse avait 3 mâts et une voile carrée et une autre latine. Elle était mue par plus de 100 rameurs.

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Bas-relief de la Salle des Galées du Palais Jacques Cœur, vers 1450, photographie lavieb-aile.

Bas-relief de la Salle des Galées du Palais Jacques Cœur, vers 1450, photographie lavieb-aile.

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Sur le vitrail de Beauvais se voit aussi un navire à deux mâts et 8 rames ; les cinq autres bateaux, plus lointains, sont comparables aux deux premiers. Tous les arrières sont ronds (comme les caraques nordiques) et non carrès (comme les galions et caravelles méditérranéennes). 

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LANCETTE C ET D. Vision de saint Pierre à Joppé.

Lancette C.

C'est l'illustration du texte des Actes des Apôtres 10:9-23 repris en  11:1-18 : C'est cette vision symbolique qui décidera saint Pierre à baptiser le centurion Corneille et à prêcher l'Évangile aux païens. 

 

11:1 Les apôtres et les frères qui étaient dans la Judée apprirent que les païens avaient aussi reçu la parole de Dieu.

2 Et lorsque Pierre fut monté à Jérusalem, les fidèles circoncis lui adressèrent des reproches,

3 en disant: Tu es entré chez des incirconcis, et tu as mangé avec eux.

4 Pierre se mit à leur exposer d'une manière suivie ce qui s'était passé.

5 Il dit: J'étais dans la ville de Joppé, et, pendant que je priais, je tombai en extase et j'eus une vision: un objet, semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, descendait du ciel et vint jusqu'à moi.

6 Les regards fixés sur cette nappe, j'examinai, et je vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles, et les oiseaux du ciel.

7 Et j'entendis une voix qui me disait: Lève-toi, Pierre, tue et mange.

8 Mais je dis: Non, Seigneur, car jamais rien de souillé ni d'impur n'est entré dans ma bouche.

9 Et pour la seconde fois la voix se fit entendre du ciel: Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé.

10 Cela arriva jusqu'à trois fois; puis tout fut retiré dans le ciel.

11 Et voici, aussitôt trois hommes envoyés de Césarée vers moi se présentèrent devant la porte de la maison où j'étais.

12 L'Esprit me dit de partir avec eux sans hésiter. Les six hommes que voici m'accompagnèrent, et nous entrâmes dans la maison de Corneille.

13 Cet homme nous raconta comment il avait vu dans sa maison l'ange se présentant à lui et disant: Envoie à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre,

14 qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison.

15 Lorsque je me fus mis à parler, le Saint Esprit descendit sur eux, comme sur nous au commencement.

16 Et je me souvins de cette parole du Seigneur: Jean a baptisé d'eau, mais vous, vous serez baptisés du Saint Esprit.

17 Or, puisque Dieu leur a accordé le même don qu'à nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, pouvais-je, moi, m'opposer à Dieu?

18 Après avoir entendu cela, ils se calmèrent, et ils glorifièrent Dieu, en disant: Dieu a donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu'ils aient la vie.

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 Inscription : 

Sai[n]ct Pierre esta[n]t captif e[n] la prison … Luy portans bestes à grand foison ». 

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Lancette C, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Je souhaite focaliser mon attention sur deux détails. Le premier est le motif "aux trois roues dentées" de l'étoffe damassée de la tunique de saint Pierre, car il se retrouve constamment sur les verrières de l'atelier Le Prince. Le second, plus notable, est l'utilisation de "verres vénitiens" pour les cinq colonnes de la loggia. J'ai cru m'être offert  la petite satisfaction de croire le reconnaître seul, puis de chercher "verre vénitien Beauvais" sur le moteur de recherche, et de parvenir à un article de Michel Hérold, Le verre des vitraux (XV-XVIe siècle) approche méthodologique, qui indique en note :

Lafond Jean, 1962, « La technique du vitrail : aperçus nouveaux », dans Arts de France, II, p. 248. Un excellent exemple d’imitation de verre vénitien à l’aide de jaune d’argent et d’émaux peut être signalé dans la scène de la vision de saint Pierre à Joppé de Saint-Étienne de Beauvais (baie 16, 1548)."

Autrement dit, j'avais tout faux, il s'agissait d'une imitation. J'espère que vous ignorez tout du verre vénitien et que je vais faire sensation avec cette citation :

"Seul le soufflage en manchon autorise la fabrication de ces verres précieux, appelés verres vénitiens, ou à filets colorés. Ils sont produits à la façon des verres creux dits filigranés : leur principe est d’intégrer des baguettes, ou des fils de verre, le plus souvent rouges, mais aussi bleus, rose violet, ou autres, dans le verre blanc encore en fusion du manchon en cours de façonnage. On reconnaît ces verres à leur absence de relief et à la régularité des stries globalement parallèles et rectilignes, qui ne peuvent suivre, même dans leur usage le plus habile, ni les choix de coupe, ni le détail du dessin. Ces sortes de « rubans » de couleur sont intégrés dans la matière même du verre, mais en restant le plus souvent en surface ou presque. Avec ces repères, il n’est pas possible de confondre verres vénitiens et travaux de gravure sur verre ou encore avec la peinture à l’émail, qui cherchent souvent à les imiter. En France, ces verres sont repérables d’une façon significative à partir des années 1460 environ, et ne sont plus guère employés au-delà de la décennie 1540-1550. Ils sont vraisemblablement très coûteux, si bien que leur usage désigne des verrières dont l'exécution a bénéficié de soins et de moyens financiers particulièrement importants. "

L'imitation de ces rubans de couleur en utilisant des émaux est, de la part du peintre-verrier de Beauvais, non pas la preuve d'un caractère radin, mais celle de sa maîtrise technique. En effet, à la différence du jaune d'argent, qui est une couleur de cémentation, les émaux sur verre  sont des couleurs vitrifiables composées de verre de couleur broyé en poudre, mélangé à des borosilicates et à un liant. Le bleu et le vert sont les premières couleurs inventées suivies du violet et du rouge. Or, les émaux sur verre les plus anciens représentés dans des vitraux, le  bleu et le violet datent de 1532 et sont visibles dans les verrières de l'église paroissiale Saint-Pierre de Montfort-l'Amaury.  A partir de la seconde moitié de la Renaissance, l'utilisation d' émaux translucides (bleu, vert puis violet suivis du rouge) permettra la juxtaposition de plusieurs teintes transparentes sur un seul morceau de verre. Ils sont appliqués le plus souvent sur l'envers des pièces à peindre. Après cuisson, l'émail présente une couche superficielle colorée, brillante, translucide à transparente. Voir infovitrail.com

L'utilisation des émaux sur un vitrail de 1548, avec des couleurs où je distingue du bleu, mais aussi du rouge et de l'orange, est en soit remarquable par la précocité de la date. Mais l'habileté nécessaire pour les disposer en ligne et de façon concentrique me semble fabuleuse. Mais je ne suis pas spécialiste.

 

 

 

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Lancette C, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Revenons au sujet du vitrail. Il est aisé de constater que saint Pierre n'est pas peint en posture de Vision extatique ou de prophétique. Il est en train de courir, il se précipite, son manteau rouge emporté par son élan, le pied et la jambe gauche saisis en pleine foulée par l'artiste. Qu'est-ce-qui lui arrive ?

Relisons les Actes :

Et voici, aussitôt trois hommes envoyés de Césarée vers moi se présentèrent devant la porte de la maison où j'étais.

12 L'Esprit me dit de partir avec eux sans hésiter.

Au rez-de-chaussée, deux des trois "hommes de Césarée" frappent à la porte.  Ceux-ci ont été envoyés par le centurion Corneille qui en a reçu l'injonction par un ange qu'il a vu en rêve. Ce sont deux domestiques, et un de ses soldats (celui qui porte un bonnet à plume ?). L'un d'entre eux est revêtu d'un chapeau aux allures de turban et il porte dans son dos, amarré par des lanières, une tête de lion qui est une pièce de sa cuirasse (cf. registre inf. lancette D). 

La scène représentée ici n'est nullement anecdotique. D. Marguerat en fait "un sommet du livre des Actes", car elle représente, pour son auteur (saint Luc), "un évenement dont les répercussions sont considérables et la portée sans limites. Par l'admission du païen Corneille dans la communauté, Pierre ouvre les portes de l'Église à tous les Gentils"

Lors de son séjour à Joppé (Japho, Jaffa, Tel-Aviv), à 48 km au sud de Césarée, Pierre habite dans la maison de Simon le tanneur, qui exerce un métier sale et réprouvé, immonde selon les textes juifs (Ketuboth 7:10) car les tanneurs, au contact avec le sang des dépouilles animales, sont impurs chroniquement. Voir Daniel Marguerat page 357. Simon est  installé à l'écart de la ville, près de la mer (Actes. 10)

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Lancette D.

Cette lancette possède son autonomie, puisqu'elle présente la Vision de Joppé. Sous un masque placé dans un cartouche, comme les trois autres lancettes, Dieu le Père lève une main et envoie sa parole dans une trouée des nuées : "Ce que Dieu a déclaré pur, ce n'est pas à toi de le considérer comme impur. " (Actes 10:15).

Quatre angelots soutiennent la nappe blanche (pureté) où sont tous les quadrupèdes, tous les reptiles et tous les oiseaux ; et l'artiste se révèle un maître en peinture animalière .

En dessous, nous voyons la ville de Joppé, et un homme qui s'apprête à y entrer, épée à la ceinture et plume au bonnet. Un soldat envoyé par Corneille ?

 

 

Lancette D, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette D, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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II. REGISTRE INFÉRIEUR.

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette A et B. «Le martyre de saint Pierre crucifié la tête en bas devant Néron».

Les deux lancettes vont de paire, comme le montre la guirlande qui court de l'une à l'autre, tenue par deux têtes de chiens.

Lancette A. 

Cette scène est l'illustration de la Légende Dorée de Jacques de Voragine, telle qu'elle apparaît dans les plus anciens manuscrits en latin, et dont voici la traduction par Teodor de Wyzewa (1910, p.319) :

"Et Pierre, quand il fut en face de la Croix, dit : « Mon maître est descendu du ciel sur la terre, aussi a-t-il été élevé sur la croix. Mais moi, qu'il a daigné appeler de la terre au ciel, je veux que, sur la croix, ma tête soit tournée vers la terre et mes pieds vers le ciel. Car je ne suis pas digne de mourir de la même façon que mon maître Jésus. » Et ainsi fut fait. Cependant, le peuple, furieux, voulait tuer Néron et le préfet, et délivrer l'apôtre : mais celui-ci les priait de ne pas empêcher son martyre.

Et alors Dieu ouvrit les yeux de ceux qui pleurait ; et ils virent des anges debout avec des couronnes de roses et de lys et Pierre, debout entre eux, recevait du Christ un livre dont il lisait tout haut les paroles."

Un soldat surveille le supplice, à droite, main sur la hanche.

Le détail de la crucifixion tête en bas (qui entre dans le cadre d'une mystique du renversement)  ne figure pas dans les extes canoniques, mais dans un texte apocryphes du IIe siècle, les Actes de Pierre, (XXXII) dont la première mention se trouve chez Eusèbe (Histoire ecclésiastique, III, III, 2). Pourtant il est cité par Hippolyte, Origène et plusieurs autres. Il semble avoir été composé en 190 environ, en Syrie ou en Palestine. On n'en possède pas le texte complet, mais divers recoupements permettent d'en reconstituer les trois quarts. La plus grande partie nous est parvenue dans une version latine appelée Actes de Verceil (Actus Vercellenses)  Ms : Biblioteca capitolare, Verceil, Italie (Ms 158) à cause du lieu où fut découvert le manuscrit. Le véritable titre en est Actus Petri cum Simone

Selon ce texte,  Pierre prêche l'Évangile à Rome, , rassemble les disciples, organise l'Église dont il est le premier évêque. Il est arrêté lors des persécutions ­antichrétiennes de Néron, et martyrisé, le même jour que saint Paul. Paul, citoyen romain, est décapité, alors que Pierre est condamné au supplice de la croix.

Inscription :

[Pi]erre estant en

qu peuple

Pour

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette B. Néron assistant à l'exécution de Pierre.

La composition de la scène est calquée sur celles qui, dans les Passions, confrontent Jésus avec Caïphe et Ponce Pilate. Les emprunts à ces Passions sont nombreux, comme le bonnet oriental, le ciel hérissé de lances, et  le  chien au pied du trône : on retrouvera ces détails notamment sur les gravures de Dürer

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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L'inscription, sur un cartouche portant la date de 1548,  est énigmatique :

 maistre pendu

a denffer sera

re . 1548.

Il faut la compléter par celle de la lancette A : 

[Pi]erre estant en maitre pendu

qu peuple a denffer sera

Pour ------------------re . 1548.

Nous pouvons imaginer : Pierre étant en croix dans le sens inverse de son maitre pendu le  peuple réclama qu'on le libère. Pour ses crimes  l'empereur Néron sera envoyé en Enfer Pour ------------------re . 1548.

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

 

 

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Lancette C et D. La conversion de saint Paul.

Là encore, les deux lancettes vont de paire, réunis par la guirlande qui court de l'une à l'autre, tenue par deux masques en croissant .Elles ont aussi en commun les petits animaux (chiens, lapins, perdrix ou canards) en frise dans la partie basse au dessus de  l'inscription rimée suivante :

Sainct Paul tombée à terre à la / renverse  Oyant la voix véhémente

crier Saulle Saulle par trop me contro / verse Les yeux en hault se print à s'escrier

Hélas mon Dieu de moy q[ue] veulx tu faire / Co[n]tent je suis de mon mal satisfaire. 1548.

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Lancette C. La conversion de saint Paul sur le chemin de Damas.

L'épisode est bien connu. Rappelons le texte des Actes des Apôtres 9:1-9

Cependant Saul, respirant encore la menace et le meurtre contre les disciples du Seigneur, se rendit chez le souverain sacrificateur, et lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que, s'il trouvait des partisans de la nouvelle doctrine, hommes ou femmes, il les amenât liés à Jérusalem. Comme il était en chemin, et qu'il approchait de Damas, tout à coup une lumière venant du ciel resplendit autour de lui. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Il répondit: Qui es-tu, Seigneur? Et le Seigneur dit: Je suis Jésus que tu persécutes. Il te serait dur de regimber contre les aiguillons.Tremblant et saisi d'effroi, il dit: Seigneur, que veux-tu que je fasse? Et le Seigneur lui dit: Lève-toi, entre dans la ville, et on te dira ce que tu dois faire. Les hommes qui l'accompagnaient demeurèrent stupéfaits; ils entendaient bien la voix, mais ils ne voyaient personne. Saul se releva de terre, et, quoique ses yeux fussent ouverts, il ne voyait rien; on le prit par la main, et on le conduisit à Damas. Il resta trois jours sans voir, et il ne mangea ni ne but.

En haut, Dieu, ou le Christ tenant l'étendard de la victoire de la Croix, rompt les nuées pour apparaître au cavalier Saul. celui-ci est  en armure et cape de commandement rouge, comme un officier de cavalerie, mais avec un bonnet qui signale qu'il est juif et qu'il est au service du grand sacrificateur pour la persécution des chrétiens. Il tombe à la renverse. Ses hommes sont visibles en arrière-plan, poursuivant les chrétiens.

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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Lancette D

Les deux cavaliers (avec une belle étude de croupe peut-être inspirée par le Grand Cheval de Dürer, 1505) sont sans doute les membres de la troupe de persécuteurs de chrétiens menés par Saul. 

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Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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III. TYMPAN.

Nous avons à l'extrême gauche Saint Paul conduit au supplice par son bourreau.  

Puis La Décollation de saint Paul devant l'empereur Néron. Le bourrreau porte une culotte  de deux couleurs (bleu et rouge) différentes : cette hétérogénéité est la  caractéristique des métiers marginaux ou réprouvés avant d'être adoptée par les lansquenets. Saint Paul porte la robe damassée aux motifs déjà étudiés propre aux Le Prince.

A droite se déroule une scène bizarre : saint Paul (avec son damas doré) et saint Pierre (avec son manteau rouge) , la tête nimbée de rayons incandescents, arrivent devant l'entrée d'un bâtiment où les attend un personnage au visage simiesque ou satanique, qui tient une lance (une masse d'arme). Selon l'abbé Barraud, c'est L'Apparition de Saint Pierre et de saint Paul à Néron, mais Jean Lafond ne se montre pas plus convaincu que nous, puisque "Néron" n'est pas vêtu comme dans les autres panneaux.  

A l'extrême droite, "on a voulu voir saint Pierre en prière." (J. Lafond).

Au dessous, Saint Pierre et saint Paul sont ensevelis côte à côte par leurs disciples.

 

 

Les vitraux anciens de l'église Saint-Étienne de Beauvais baie n° 6, Le Jugement Dernier  (vers 1522)

Tympan de la baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

Tympan de la baie n°16, chapelle Saint Pierre, chœur de l'église Saint-Étienne de Beauvais, photographie lavieb-aile.

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CONCLUSION.

Jean Lafond a attribué cette verrière à l'atelier des le Prince, et on retrouve un certain nombre des caractéristiques des peintre-verriers de Beauvais : la maîtrise du jaune d'argent, les fabriques d'arrière-plan peints en grisaille sur verre bleu, le damas à trois roues dentées, la riche palette de couleurs. "La date de 1548 convient bien à ce vitral, qui sort peut-être de l'atelier de Nicolas Le Prince" (Jean Lafond 1929 p.102)  On comparera avec fruit la grande rose Sud de la cathédrale, exécutée par Nicolas Le Prince en 1551, et les tympans de la baie n°16 (Saint Pierre) et n°18 (Saint Eustache), ou la baie n°9, signée de Nicolas Le Prince.

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 SOURCES ET LIENS.

 

Les vitraux de l'église Saint-Etienne sur le site de l'Association Beauvais Cathédrale  ABC :

 http://www.cathedrale-beauvais.fr/nouveausite/saintetienne/vitraux/vitrauxste.html

Le site www.patrimoine-histoire :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Beauvais/Beauvais-Saint-Etienne.htm

Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-%C3%89tienne_de_Beauvais

Site therosewindow

http://www.therosewindow.com/pilot/Beauvais-st-etienne/table.htm

 

— BARRAUD. - Descriptions des vitraux de l'église Saint-Etienne de Beauvais. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, 1852-1855, II - 4, p. 537-598.

 

  CALLIAS-BEY (Martine) , Véronique CHAUSSÉ , Françoise GATOUILLAT ,Michel HÉROLD, 2001, Les Vitraux de Haute-Normandie, Corpus vitrearum ; Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Commission régionale Haute-Normandie. Nombreuses pages sur l'atelier Leprince, 48-49 etc.

DANJOU (1847), Note sur les vitraux de l'église Saint-Étienne de Beauvais,  Société académique de l'Oise. Mémoires de la Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise. 1847 (T1) page 62.

http://visualiseur.bnf.fr/ark:/12148/cb32813221g/date1847

— DÉNOIX (Fanny Descampeaux Dénoix des Vergnes ) Beauvais ...Description matérielle : In-18, III-194 p. Édition : Beauvais : tous les libraires , 1868. 2e éd., page 125 et suivante.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65168165/f138.image

HÉROLD (Michel), 1995, L'atelier des Leprince et la Normandie, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen , Rouen, musee des beaux-arts , 190 pages, p. 44-5

HÉROLD (Michel),  2005, Le verre des vitraux (xve-xvie siècles) Approche méthodologique, colloque organisé par l'association Verre et Histoire, 13 au 15 octobre 2005.

http://www.verre-histoire.org/colloques/verrefenetre/pages/p307_01_herold.html

LAFOND (Jean), 1943, Pratique de la peinture sur verre à l'usage des curieux suivi d'un essai sur le jaune d'argent et d'une note sur les plus anciens verres gravés [s. n.] (Rouen) 

— LAFOND (Jean), 1962, La technique du vitrail, aperçus nouveaux, dans Art de France, vol. II, p. 246-248. 

LEBLOND (Dr Victor),1921, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle  d'après les minutes notariales  . Beauvais & Beauvaisis. Paris : E. Champion ; Beauvais : Imprimerie départementale de l'Oise, 1921. 352 p.-VII, VII pl. ; 25 cm.

LEBLOND (Dr Victor) LAFOND (Jean) 1929, L'Eglise Saint-Etienne de Beauvais. / [Dr.] V[ictor] Le Blond. étude sur les vitraux par Jean Lafond.  Paris. 1929 38 grav. et 1 plan  pages 65-118.

LEBLOND , 1924, Nicolas le Prince, verrier et tailleur d'images  : un artiste Beauvaisin au XVIe siècle / Dr Victor Leblond

 

PERROT (Françoise), GRODECKI (Louis), 1978, Les vitraux de Paris, de la région parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais , Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France Centre national de la recherche scientifique, 1978 - 275 pages

— PIHAN, (abbé L.), 1885,  Beauvais Sa Cathédrale, Ses Principaux Monuments. Beauvais 1885 page 157.

https://archive.org/stream/beauvaissacathd01pihagoog#page/n180/mode/2up

 

— SAINT-GERMAIN (Stanislas de ), 1843, Notice historique et descriptive sur l'église Saint-Etienne de Beauvais page 61 et suivantes.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6517959k.r=%22saint-etienne%22

VASSELIN (Martine), 2000, « Les donateurs de vitraux au XVIe siècle en France : leurs marques et leurs représentations », Rives nord-méditerranéennes [En ligne], 6 | 2000, mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 06 avril 2016. URL : http://rives.revues.org/61

— WYZEWA (Teodor de ), La légende dorée / le bienheureux Jacques de Voragine ; traduite du latin d'après les plus anciens manuscrits avec une introduction, des notes, et un index alphabétique, par Teodor de Wyzewa  Perrin, Paris 1910   1 vol. (XXVIII-478 p.-[1] f. de front.) ; in-16  

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k202210w/f352.image

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