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20 septembre 2016 2 20 /09 /septembre /2016 13:41

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Rappel.

L'église Notre-Dame est une ancienne chapelle tréviale de Loqueffret devenue église paroissiale en 1849. Une inscription en lettres gothiques à droite du maître-autel en indique la date de fondation de 1485 : " Y[ves] toux :  procureur lan mil CCCC IIII XX  + cinq  : au cõmenceme[n]t   de  ceste  chappele". Le terme de "procureur" indique la fonction d'Yves Toux comme fabricien, chargé de gérer le temporel d'une paroisse, c’est-à-dire ses biens et ses revenus, et de décider et surveiller les travaux de construction.  Dans les petites paroisses rurales, la fabrique est constitué d’une seule personne  nommé "procureur fabricien".

La verrière d'axe ou baie 0, datée vers 1500,conserve les armoiries de Louise de Berrien et de son époux Olivier de Quélen baron du Vieux-Chastel, décédé en 1521. On y trouve aussi les armoiries des parents et grands parents de Louise de Berrien, seigneurs de Brennilis : Henri de Berrien (marié à Louise du Juch) et Yvon de Berrien  (père d'Henri, marié en 1443 à Jeanne de Lezongar). 

La baie n°1, placée à gauche du chevet plat, était autrefois cîmée des mêmes armes de Berrien plein.

Située à gauche du chœur, sur le mur oriental du bras nord du transept, elle éclaire un autel et est encadrée par une statue de saint Divy, et par le groupe de saint Yves entre le riche et le pauvre.

Le vitrail.

La baie  mesure 2,50 m de haut et 0,90 m de large et est datée par Françoise Gatouillat et Michel Hérold (Corpus Vitrearum) de 1500-1510 ; ses 2 lancettes en plein cintre comportent chacune deux registres, consacrés à sainte Anne et saint Christophe à gauche, à un motif perdu et à saint Fiacre à droite. Dans le tympan, un soufflet (blason de Bretagne) est entouré de deux mouchettes (Saint Michel et sainte Marguerite). Elle a été restaurée par Gruber en 1967.

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Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE DE GAUCHE. PANNEAU SUPÉRIEUR. SAINTE ANNE PORTANT LA VIERGE EN SON SEIN.

 

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Le galon de la tenture suspendue en fond de niche porte l'inscription SAINCTE COMCEPTIO.

Sainte Anne se détache sur un fond rouge ; sa tête qui porte la guimpe, est voilée. Elle porte un manteau bleu qui s'ouvre sur une robe dorée damassée.

La pièce de verre jaune a été découpée en son centre pour y sertir une pièce de verre blanc, selon le procédé dit "en chef d'œuvre" pour en exprimer la difficulté. C'est sur ce verre blanc qu'est peint à la grisaille le buste d'une fillette nue, aux longs cheveux (jaune d'argent) : la Vierge Marie in utero. Des traits lumineux radiants entourent cette sainte présence. La fillette peut vouloir figurer l'enfant sous une forme embryonnaire stylisée, mais elle représente sans-doute, plus spirituellement, son âme incarnée. 

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Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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Iconographie :

De semblables représentations se trouvent :

  • Dans les  Heures à l'usage de Rouen de 1508 par Simon Vostre, et les Heures à l'usage du Diocèse d'Angers de 1510 par Simon Vostre. Dans ce dernier ouvrage, "Sainte Anne est figurée debout, entourée des emblèmes des Litanies. Elle écarte son manteau, et l'on aperçoit, dans son sein ouvert et rayonnant comme une auréole, la Vierge tenant l'Enfant. La gravure est la même dans les deux éditions de 1510 et 1530, avec cette seule différence que l'inscription : Necdum erant abyssi et jam concepta eram, qui se trouve sous les pieds de Sainte Anne dans la première, a été supprimée dans la seconde (G.H.  Luquet, "Représentation par transparence de la grossesse dans l'art chrétien",  Revue archéologique T. 19 1924 pp. 137-149.

     

  • à Douai : Sainte Anne concevant la Vierge (1515-1520), Bellegambe Jean (vers 1470-vers 1534) Musée de la Chartreuse. Selon le commentaire du Musée :  "Les premières figurations de la Vierge préservée du péché dès la conception, apparaissent au début du 15e siècle après que l’église eût approuvé en 1496 la doctrine de l’Immaculée Conception. En 1510, une gravure des Heures à l’usage du diocèse d’Angers, par Simon Vostre, en offre le premier exemple connu. Au second plan apparaîssent, sous des arcades, le pape Sixte IV ainsi que les cardinaux et évêques qui témoignent de la virginité d’Anne. Dans le paysage, on retrouve les scènes de la vie d’Anne et de Joachim:l’Offrande d’Anne aux pauvres et la Rencontre à la Porte dorée"

     

http://collection.musenor.com/images/douai/gD02042.jpg

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  • à Châteaudun, Vitrail, église Saint Valérien – Châteaudun. 1ère moitié XVIe. Scène voisine : le baiser de la Porte  Dorée. http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm2/eg_StValerien.htm
  • à Rouen,  Ste Anne enceinte de la Vierge, bois polychrome, musée des Beaux- Arts, https://fr.pinterest.com/pin/434315957791353619/
  • à l'église st Martin de Maast-et-Violaine , vitrail  http://www.cc-oulchylechateau.fr/zoom.asp?ID=444448
  •  à l'église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul à Marsac (Limousin) statuette du tabernacle du maître-autel 18e siècle (volée) http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM23000708
  • ​. dans les Heures à l'usage de Tours/Vie de sainte Marguerite vers 1490 Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0507 folio 186, au début de la prière Ave cujus conceptio. Enluminure par l'atelier de Jean Bourdichon, l'auteur des Grandes heures d'Anne de Bretagne.

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  • Dans les Heures à l'usage de Rome Tours, BM, Ms.2104 folio 121v. Enluminure attribuée à Jean Hey, l'auteur du Triptyque de Moulins. Origine : bourbonnais. Accompagne comme la précédente  l'oraison Ave cujus conceptio.

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A Francfort : Polyptyque Historische Museum http://ste.anne.trinitaire.online.fr/table-des-illustrations.php

 

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statue (statuette) : sainte Anne (?) enceinte, dite Vierge enceinte (tabernacle du maître-autel) localisation Limousin ; Creuse ; Marsac édifice 

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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Le  visage de la mère de la Vierge est beau et jeune, alors que les représentations habituelles mettent souvent en évidence les marques de son âge et son statut de grand-mère.  L'ensemble du visage et des vêtements pourraient être empruntés à des figures de la Vierge,  comme on peut en trouver des exemples dans les Grandes heures d'Anne de Bretagne.

Ce vitrail du début de 1500-1510 (ou avant 1498, pour tenir compte de l'inscription de Rloand de Berrien, recteur de Pleyben de 1492 à 1498) témoigne d'une double influence : le culte de sainte Anne, et celui de l'Immaculée Conception.

Le culte de sainte Anne.

Le récit de la conception miraculeuse de la Vierge par un couple âgé et stérile, Anne et Joachim, se trouve dans le Protévangile de Jacques et est repris dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine et dans le Speculum historiale de Vincent de Beauvais (XIIIe siècle). 

A la fin du XVe siècle, il est alors en pleine vogue et à la fois très récent, puisqu'il est peu connu avant cette période. La première paroisse bretonne sous l'invocation de sainte Anne date du XVIe siècle, la chapelle de Sainte-Anne-la-Palud de 1518, et l'apparition de la sainte à Auray de...1623. Le prénom Anne est donné dès 1470 en Europe, comme en atteste Anne Sforza (née en 1476), fille du duc de Milan, Anne de Beaujeu (née en 1461), fille de Louis XI, Anne d'Orléans (1464-), abbesse de Fontevrault, Anne de Foix (1484-), Anne de Graville (1490-), Anne de Rohan (1485), et bien-sûr Anne de Bretagne, (1477-). 

Son introduction dans la liturgie est tout aussi récent : si Urbain V, dès 1370, fait rajouter dans son Missel une messe en son honneur avec une miniature de la sainte et si Urbain VI l'étend à toute l'Église, en 1382, c'est en 1481, que le pape franciscain immaculiste Sixte IV fait ajouter la fête solennelle de sainte Anne au calendrier de l'Église romaine, le 26 juillet. En 1494 paraît le traité De laudibus sanctissimae matris Annae de Johannes Trithemius, abbé de Sponheim qui joue un grand rôle dans la propagation de son culte et soutient la thèse de la pureté (virginité) de sainte Anne. 

Dans les arts, c'est au XVIe siècle que se multiplient en Bretagne, et notamment dans le diocèse de Quimper, les groupes d'Anne trinitaire que j'ai étudiés ici :

​C'est de 1501 que date la première esquisse de La Vierge à l'Enfant avec sainte Anne de Léonard de Vinci, peint à Amboise, peut-être à la demande de François Ier.

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Le culte de l'Immaculée Conception.

Voir une synthèse claire ici : http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/la-maturation-du-dogme-de-limmaculee-conception#_ftn1

Ce culte est  en pleine discussion à la fin du XVe siècle entre ses partisans "immaculistes" et ses adversaires "maculistes", et divise alors les ordres mendiants. Les immaculistes sont les franciscains et les carmes, alors que les maculistes sont des dominicains. 

Cette polémique est étroitement liée au culte de sainte Anne : Anne et Joachim ont-ils eu une relation charnelle afin que la Vierge soit conçue ? Dans ce cas, selon la conception augustinienne liant l'acte sexuel (ou concupiscence) et la transmission de la Faute d'Adam et Éve, la Vierge n'a pas échappé au Péché Originel, sa conception n'est pas immaculée. Pour saint Bernard, par exemple, ce n'est pas la conception, mais la naissance de la Vierge qui est sainte (Nativité le 8 septembre), l'âme de la Vierge a été sanctifiée et purifiée du péché après la conception, et il n'est pas légitime d'instituer (comme c'est le cas depuis le XIIe s en Normandie puis en Bourgogne) une Fête de la Conception de Marie (le 8 décembre)".  On distinguera ensuite la conceptio seminum

qui entraina la souillure du péché, suivie de la conceptio naturarum ou infusion de l'âme, de la conceptio spiritualis, qui efface cette souillure...

Au contraire, la conception de la Vierge a-t-elle eu lieu par intervention divine lors de la rencontre de la Porte Dorée, eventuellement lors du baiser échangé par les époux (conception par les lèvres, de même que le Christ aurait été conçue "par l'oreille" de Marie —par les paroles de l'ange reçue par son oreille—)  ? Dès lors, en l'absence de relation charnelle, la Vierge peut avoir échappé à la transmission du Péché Originel : c'est la thèse immaculiste. 

 

La duchesse de Bourbon Anne de Beaujeu dite Anne de France, la sœur de Charles VIII, etait acquise à la thèse immaculiste, et deux œuvres en témoignent : le Triptyque du Maître de Moulins (1492-1493), et le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Moulins (après 1474). 

Voir :

http://www.lavieb-aile.com/article-le-vitrail-de-l-arbre-de-jesse-de-la-cathedrale-de-moulins-124389475.html

Aussi toute représentation de la Rencontre de la Porte Dorée, ou des Arbres de Jessé insistant sur la virginité de Marie, sont à considérer comme des prises de parti immaculistes dans ce débat.

Voir l'Annexe infra.

 

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La fête de la Conceptio beate mariae le 8 décembre figure aux calendriers :  des Heures d'Isabelle Stuart, duchesse de Bretagne (1442-1450) et épouse du duc François Ier Bnf NAL 588 folio 12r , des Heures de la même duchesse Isabeau d'Ecosse Horae usum romanum Bnf latin 1369 folio 13, des  Grandes heures d'Anne de Bretagne (folio 15r), des Heures de Charles VIII ou sur le Missel de Léon de 1526, dans la brève recherche que j'ai effectuée: cette fête est donc  honorée à la cour du duc de Bretagne et à celle du roi de France comme sans-doute dans les diocèses bretons. Le terme utilisé est Conceptio, et non Sanctificatio.

 

 

 

 

 

 

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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Dans ces conditions, la représentation du caractère sacré de Marie dans le ventre de sa mère est bien-entendu une Défense et Illustration de sa conception immaculée. Or, dans ce vitrail, le choix d'un verre jaune (couleur de la Divinité), le dessin des rayons lumineux, et l'isolement de la piece de verre par le procédé du chef-d'œuvre témoignent de cette nature sainte de Marie déjà in utero. Ce que soulignent les deux inscriptions : "Saincte conceptio[n]" (et non "sainte naissance"). Et Castae Connubiae, "Chaste mariage", chaste, sans relation sexuelle.

Notre-Dame de Breac-Ellis, la Vierge à la Démone ou Vierge de l'Apocalypse du retable de l'église de Brennilis participe elle aussi à la même prise de parti prosélytiste pour l'Immaculée Conception.

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Panneau supérieur de la lancette A, Sainte Anne enceinte. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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Chaque lancette  est composée de deux niches dont la plus haute est couronnée d'une coquille dont la voûte porte des crosses en feuilles d'acanthe repliées et rehaussées au jaune d'argent. Ce dôme est est surmontée d'une tourelle. Les fenêtres de celle-ci ont un remplage gothique.

Niche architecturée, la lancette A, . Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Niche architecturée, la lancette A, . Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE DE DROITE OU LANCETTE B. SAINT FIACRE.

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1. Panneau supérieur. Saint Joachim, ou Baiser de la Porte Dorée (perdu).

La niche  a perdu son contenu, remplacé par une tenture damassée moderne (vers 1900 ?). La coquille de la niche à godrons verts domine un galon de tenture portant les mots CASTAE CONNUBIAE, qui peut se traduire par "Chaste mariage". Il est donc probable que la scène qui était représentée était celle du Baiser de la Porte Dorée, et non, comme le suggèrent Gatouillat et Hérold (2005), un portrait de Joachim. On sait que ce baiser ou cette étreinte échangée entre sainte Anne et son mari Joachim, séparés mais avertis chacun par un ange de devoir se rendre devant la Porte de Jérusalem, passent pour être responsables à l'instant même de la conception de Marie. Cette conception doublement miraculeuse (d'une part en raison de la stérilité et du grand âge du couple ; d'autre part en raison de ce mode opératoire) renforce l'idée, qui deviendra un dogme, de la conception immaculée de Marie, d'est-à-dire exempte du Péché Originel.

 

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Panneau supérieur de la lancette B. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Panneau supérieur de la lancette B. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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2. Panneau inférieur. 

Dans celui-ci, Saint Fiacre est représenté en grisaille sur un fond damassé doré. Il tient ses attributs habituels, un livre et "une bêche" (Gatouillat 2005). Celle-ci ressemble  à la canne en T de saint Antoine, ou plutôt à une serpe de vigneron, à un émondoir ou à une binette, tenue par le fer. 

Le visage du saint semble de la même main que le visage de saint Christophe, son vis-à-vis de gauche.

Voir, pour l'inscription, la première partie de cet article consacré à saint Christophe.

Sur le culte et la Vie de saint Fiacre, voir 

http://www.lavieb-aile.com/2016/01/le-vitrail-de-la-vie-de-saint-fiacre-chapelle-saint-fiacre-le-faouet.html

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Saint Fiacre, panneau inférieur de la lancette B. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Saint Fiacre, panneau inférieur de la lancette B. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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Saint Fiacre, panneau inférieur de la lancette B. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Saint Fiacre, panneau inférieur de la lancette B. Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

Le soufflet sommital contient un écu de Bretagne réalisé par Gruber en remplacement des armes de Berrien signalées par Abgrall en 1904. La mouchette gauche contient un saint guerrier, par Gruber en 1967. Plus intéressante est la sainte Marguerite, vers 1500, la tête seule ayant été restaurée en 1967.

 

Tympan . Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Tympan . Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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Sainte Marguerite.

Elle se reconnait facilement par son attribut, le crucifix qui lui a permis de sortir du ventre du dragon ailé, écailleux, aux pattes palmées et au bec crochu.

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Sainte Marguerite yssant du dragon, mouchette de droite, tympan . Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

Sainte Marguerite yssant du dragon, mouchette de droite, tympan . Baie 1, bras nord du transept, église Notre-Dame, Brennilis, photographie lavieb-aile.

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ANNEXE.

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Voici des extraits d'un article de M-B. Dary sur un manuscrit liturgique lyonnais du XIIe siècle pour l'office de la fête de la Conception de la Vierge le 8 décembre. Je le mentionne car on va y trouver tous les thèmes de l'iconographie mariale, et, notamment, ceux de la Vierge foulant le serpent, de  l'arbre de Jessé, et de bien d'autres :

Marie-Bénédicte Dary étudie dans ce texte le Libellus de Lyon, preuve de l'adoption par le diocèse de Lyon de la Fête liturgique du 8 décembre et qui   jusqu’à preuve du contraire, peut être considéré comme celui que chantaient les chanoines fustigés par saint Bernard dans son Epistola CLXXIV : ad canonicos Lugdunenses de conceptiones.Mariae.

Elle y expose les Matines, les Laudes et l'office Gaude mater ecclesie :

 Les Matines : a théologie éxégétique mariale qu'elles contiennent est présentée en trois points :

 

 

 1°) Tout d’abord, la conception de Marie s’inscrit dans l’histoire du salut, présentée essentiellement dans le premier nocturne de façon chronologique ; cette génération est même l’accomplissement de la promesse de Dieu au peuple juif.

Marie est ainsi la nouvelle Ève, dont la conception efface la faute de la première femme Ant. 1 : eius conceptio que delet Eue maculam.

Et si Ève obéit au serpent, la Vierge, en revanche, lui a foulé la tête Ant. 2 (Gn 3, 15) : cui Eua obediuit / hec serpentis caput triuit.

 Marie fut annoncée par les prophètes  (Ant. 3 : a prophetis precinitur) à travers les images du buisson ardent qui effraya Moïse (Ant. 4 (Ex 3, 2) : rubus incorruptus / Moysen qui terruit, celle du rameau d’Aaron qui porta du fruit  (Ant. 5 (Nb 17, 23) : uirga Aaron fructifera) ; et par le biais du prophète Isaïe, c’est sa conception elle-même qui fut révélée (Ant. 6 (Is 11, 1) : Isayas ille diuus / secretorum dei riuus / uirge mouens mentionem / pandit hanc conceptionem.)

Marie est elle-même issue de la lignée des prophètes et des rois, digne rejeton d’une race royale et pontificale ( V./ 1 : germine regali et pontificali) :  R./ 10 : « De la semence des patriarches, de la race des prophètes, elle fait reverdir la magnifique lignée des rois et des pontifes » (patriarcharum semine / prophetarum origine / regum atque pontificum / genus uernat magnificum). Le terme de vernat possède le sens de « reverdir », de « redevenir vert comme au printemps ». Une plante à ce moment-là est identique à celle qu’elle était durant l’hiver, mais elle recouvre brusquement toute sa vigueur et sa jeunesse. De même la Vierge, par toutes ses perfections, rajeunit l’arbre généalogique dont elle est issue et lui redonne vie.

Elle sortit de la lignée d’Abraham (R./ 2 : Abraham stirpe.), elle, le rameau issu de la racine de Jessé (R./ 4 (Is 11, 1) : uirga Iesse de radice).

Marie est présentée comme le fruit de la promesse 60, de celle faite à Abraham ( Ant. 8 : « Cette promesse est accomplie » (Hoc promissum est impletum). 61. Ibid., Ant. 7 : Abrahe fit promissio.), promesse de fécondité qui s’épanouit en Marie, vigne (Ant. 9 et 10 : ista uitis est Maria) et fruit de la vigne, grappe de raisin (Ant. 11 : hec est bothrum. Peut-être est-il possible de voir, dans l’antienne 12 qui honore Nazareth, des noms de « parfaite cité » et de « ville fécondée », l’image de la fleur. En effet, d’après saint Jérôme, « Nazareth » veut dire « fleur ». Il y aurait ainsi successivement les images de la vigne, du fruit et de la fleur.)  .

2°) Ensuite, la conception de Marie est placée au cœur du mystère de l’Incarnation puisqu’elle doit être la Mère du Christ (R./ 10 : Christique mater efficitur.) et de Dieu ( R./ 12 : « et Dieu décréta qu’il serait ton fils » (decreuitque Deus filius esse tuus). Le répons 8 évoque « le ventre gonflé de Marie [qui] porte la lignée de Dieu » (nam Marie pregnans aluus / dei prolem baiulat).) , grâce à l’action du Saint-Esprit (V./ 8 : « l’Esprit Saint la couvrit de son ombre et la rendit mère » (Lc 1, 35 : Sanctus obumbravitque huic / Spiritus et gravidavit)).

3°)  Enfin, Marie est également placée par sa maternité divine au cœur du mystère de la Rédemption. Par elle, c’est le salut qui vient au monde. Il est certes apporté par le Christ, mais entré dans le monde grâce à la soumission de Marie, à la parfaite pureté de son esprit  et de son corps dont la virginité a été préservée avant comme après l’enfantement.(prose : « S’étant fait chair par toi, il viendrait en aide au monde de ceux qui étaient en perdition » (per quam mundo factus caro / subueniret perditorum).) R./ 5 : « la voix [prophétique] a dit que le Sauveur monterait et qu’il visiterait les ténèbres de l’Égypte » (Is 19, 20) : (vox dixit ascendere / saluatorem Egyptique / tenebras invisere). R./ 7 : « elle qui à travers sa soumission répandit la grâce sur le monde » (que per obedientiam / mundo refudit gratiam). R./ 7 : « ... et le fardeau écrasant des crimes n’accabla pas son esprit » (cuius mentem non grauauit / onus premens scelerum)..  R./ 12 : « ni en entrant, ni en sortant, il ne porta atteinte à la fermeture » (nec ingressu nec egressu / violavit clausulam), allusion au porche oriental du Temple (Ez 44, 1-3). Le verset 6 parle des « verrous de Marie » (claustra Marie). Cette image de la fermeture figure la virginité, celle d’une femme qui ne s’est jamais ouverte à aucun homme.

 

Les laudes sont dans la suite de ce qui précède, découlant de la place exceptionnelle de Marie dans l’histoire de la Rédemption. On y chante la Vierge dans l’économie du salut. Elle délivre, sauve et accorde même le pardon (74. Laudes, Ant. 1 : « [ta conception] nettoie les fautes, dénoue le lien de l’antique origine, redonne la joie aux affligés, accorde aux criminels le pardon » (neuum tergit nexum soluit / uetuste originis / mestis reddit leticiam / dat criminosis ueniam). ) Elle alloue sa protection aux croyants (Ant. 2 : « Que nous soyons toujours protégés par toi afin que nous ne tombions pas dans le péché » (in offensis ne labamur / a te semper protegamur)). Sans que le mot soit employé, et bien qu’il existe à l’époque pour désigner ce rôle de la Vierge, il s’agit de dire que Marie est médiatrice entre les hommes et le Christ.

 

La richesse théologique de l’office Gaude mater ecclesie, au simple regard de sa construction, est tout à fait admirable. Il y est dit et démontré, figures de l’Ancien Testament à l’appui, que Marie dans sa conception est au centre du salut du monde apporté par le Christ. Le début de sa vie utérine est le commencement du Salut. Marie est aussi au centre du salut de l’homme et peut donc intervenir comme partie prenante à la libération de chaque homme. Cet office est également remarquable de pédagogie : on veut amener les fidèles à croire au bien-fondé de la fête de la Conception et à avoir une réelle dévotion mariale en ayant recours à la Vierge, médiatrice de toutes grâces. Pour ce faire, on s’appuie sur les Écritures, seule méthode utilisée alors pour argumenter et seule source de connaissance de Dieu et des mystères de la foi. L’office Gaude mater ecclesie célèbre une génération quasi désincarnée. Aucune référence n’est faite aux géniteurs, seulement au Créateur. Aucun renvoi aux parents, mais aux ancêtres, aux ascendants. En écartant ainsi la génération elle-même, ce n’est plus l’événement historique qui est glorifié, mais le fait spirituel. Ce n’est pas tant le commencement de la vie de Marie qu’on veut honorer que le début du salut du monde . La perspective d’ensemble est donc bien christocentrique, en dépit de formules qui tendraient à faire croire que l’on accorde à Marie un rôle jusqu’alors réservé au Christ, unique sauveur et unique médiateur entre les hommes et le Père. "

 

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SOURCES ET LIENS.

Blog du maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan. mars 2007

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6197893.html

Site Infobretagne contenant les texte des chanoines Peyron et Abgrall :

http://www.infobretagne.com/brennilis.htm

Inventaire descriptif de l'église de Brennilis fait pendant l'été 1983. Tapuscrit conservé à la bibliothèque du diocèse de Quimper.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/71e51d7ff370034408d2b2e0ebdb6061.pdf

ABGRALL, Notices, Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie BDHA 1904 page 95-101 et 318-319. :

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/af488ed0b5ac10edd2fb9441496254a9.pdf

— COLLOMB (Pascal), 2012, « L’inscription liturgique de la Conceptio beate Marie dans le calendrier diocésain - Le cas lyonnais (xiie-xvie siècle) », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 10 | 2012, mis en ligne le 18 avril 2012, consulté le 21 septembre 2016. URL : http://acrh.revues.org/4355 ; DOI : 10.4000/acrh.4355 

COMBOT (recteur de Brennilis) Note sur l'église de Brennilis, 1856, cité dans BDHA

COUFFON , Le Bars, Nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, 1988 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8f6bfc6f028b1a3a6cf67e7cd7c3578f.pdf

DARY ( Marie-Bénédicte), 2011,  Aux origines de la « Fête aux Normands », la liturgie de la fête de la Conception de la Vierge Marie en France (XIIe-XIIIe siècles).

http://www.academia.edu/7141087/Aux_origines_de_la_Fe_te_aux_Normands_la_liturgie_de_la_fe_te_de_la_Conception_de_la_Vierge_Marie_en_France_XIIe-XIIIe_sie_cles_

— DARY ( Marie-Bénédicte), 1997, La fête de la Conception de la Vierge Marie: son introduction en France et ses premiers développements: XIIème-XIIIème siècles.. Thèse de Lettres et Sciences Humaines sous la direction d'André Vauchez.

http://www.academia.edu/3344874/La_f%C3%AAte_de_la_Conception_de_la_Vierge_Marie_son_introduction_en_France_et_ses_premiers_d%C3%A9veloppements_XII%C3%A8me-XIII%C3%A8me_si%C3%A8cles

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum vol. VII, Presses Universitaires de Rennes page 118.

PÉRÉNNES (Henri), 1939, Pleyben le Clergé, BDHA 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1939.pdf

PEYRON, 1910, Eglises et chapelles, Bulletin Société archéologique du Finistère t. XXXVII pp. 293-294.

Bulletin Société archéologique du Finistère 1993.

THELAMON (Françoise) 2011, Marie et la "Fête aux Normands": Déovtion, images, poésie. Univ Rouen Havre, 2011 - 352 pages

https://books.google.fr/books?id=hwA9AgAAQBAJ&dq=Epistola+ad+canonicos+Lugdunenses&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— De la liturgie à la dévotion privée. DRAC Aquitaine.

http://manuscrits-drac.bnsa.aquitaine.fr/les-oeuvres-de-l-esprit/les-livres-religieux/de-la-liturgie-a-la-devotion-privee.aspx

 

 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Brennilis.
13 août 2016 6 13 /08 /août /2016 19:04

La chapelle Notre-Dame-du-Haut (1950-1955) à Ronchamp (Haute-Saône) : Le Corbusier sculpteur de Lumière. Rendre visible en cachant, ou révéler l'invisible.

« L'architecture est le jeu, savant, correct et magnifique des volumes sous la lumière ». (Le Corbusier).

"L'architecture [...] est l'un des genres qui fut créé pour manifester par soi et en soi un cycle entier d'émotions dont le plus intense viendra du rayonnement mathématique (proportions)

dans lequel le jeu plastique est symphonique (volumes, couleurs, matières, lumière)." (Le Corbusier)

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Lors de ma visite de la chapelle de Ronchamp, j'ai, en parfait néophyte, admiré les procédés par lesquels Le Corbusier a traité la lumière comme un matériau à part entière :  le « mur de lumière » est le point culminant de sa démarche.

J'ai débuté ma visite, bien-sûr, par l'extérieur.

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LA CHAPELLE VUE DE L'EXTERIEUR.

Elle est bâtie sur l'emplacement d'une chapelle de pèlerinage (Notre-Dame de Septembre) dédiée à la Nativité de la Vierge, (fête le 8 septembre), et située depuis le XIe siècle sur la colline de Bourlémont face à quatre horizons : la plaine de la Saône à l'Ouest, la chaîne des Vosges à l'Est avec la trouée de Belfort, les ultimes contreforts du Jura au sud et une petite vallée au nord. 

Croisée de quatre horizons, pèlerinage : le lieu est fait pour l'homme qui marche et explore le paysage. Le Corbusier nous y convie à une promenade architecturale  et conçoit son œuvre comme "un jeu joué" suscitant la sensation architecturale par la déambulation du visiteur : je pense aux Jeux  et aux Mystères médiévaux mettant en scène le drame de la Passion, je pense aussi aux déambulations rituelles qui se déroulent autour des lieux sacrés depuis l'aube de l'humanité.

La visite est donc une démarche active où "on approche, on voit, on s'intéresse, on s'arrête, on apprécie, on tourene autour, on découvre. On ne cesse de recevoir des commotions diverses, successives. Et le jeu joué apparaît." (L.C)

C'est une visite avec les sens, avec les muscles, avec les arbres qui bruissent et les nuages qui passent, avec le temps qu'il fait et  et avec le temps qui passe, avec les interactions du corps et des volumes du terrain et du bâti. Le Corbusier s'est inspiré de la mosquée de Sidi Brahim à El Atteuf en Algérie : la blancheur de lait de chaux des murs arrondis joue avec la rugosité du crépi, les murs percés d'embrassures semblent parfois des porte-voix criant joyeusement leurs appels, ou composent des yeux ou un nez à cet  animal  familier aux allures de jouet d'enfant.

Le visiteur-pèlerin débute sa marche par l'ascension d'une voie en pente, avant de parvenir devant la façade sud. 

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La façade sud. 

Elle est incurvée (concave) et inclinée, surplombée par la voûte en carapace de crabe (pour moi : en double carène de voilier) et percée de ces ouvertures toutes différentes de formes qui sucitent  mon intérêt. J'y reviendrais, mais pour l'instant je note la porte monumentale et émaillée, ou encore, à ma gauche, ce qui m'apparaît encore comme un clocher et qui sert en réalité non à diffuser le son de cloches mais à capter la lumière du nord vers l'intérieur. 

Les façades s'incurvent dans les trois plans de l'espace avec la souplesse fluide  des organismes vivants et on ne sait plus si on les suit ou si ce sont elles qui vous accompagnent. J'ai dû rectifier, en me fondant sur l'horizon, l'axe de beaucoup de mes photographies, comme je suis souvent amené à le faire lorsque je prends des photos sur un bateau  qui gîte : perte de certains repères. 

 Je contourne le bâtiment sur la droite.

 

 

 

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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L'angle sud-est.

Sentiment de drôlerie, de liberté audacieuse de l'architecte, comme devant un danseur-clown. Jubilation intérieure.

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Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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La façade est : le chœur extérieur et l'esplanade.

Elle est concave également, ouverte,  comme pour mieux accueillir les pèlerins qui se rassemblent le 15 août pour l'Assomption et le 8 septembre pour la Nativité de la Vierge. L'acoustique du chœur est excellente et le prêtre peut s'adresser à près de 2000 personnes sans micro. Le mobilier liturgique (autel, chaire) est de béton, le matériau roi de Le Corbusier. L'esplanade accueille parfois 10 000 pèlerins. 

Une lucarne abrite une statue en bois polychrome de la Vierge à l'Enfant de la fin du XVIIe siècle ; pivotante, elle peut être orientée vers l'intérieur.

 

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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L'angle nord-est.

C'est selon cet angle qu'il me semble qu'un monocoque géant est venu se poser sur un ber de béton blanc.

 

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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La façade nord.

Après la concavité des façades sud et est, celle-ci est convexe.

 

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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La porte d'entrée nord.

La porte nord, la seule en fonction en dehors des pèlerinages, est construite, comme de nombreuses structures de Ronchamp, selon les proportions du "Modulor"  , système de proportions basées sur les mesures du corps (tête-pied = 1,83 m) et le nombre d'or, et auquel il soumet l’ensemble de ses réalisations. 

 

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , document remis au visiteur, annoté par  lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , document remis au visiteur, annoté par lavieb-aile.

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LA CHAPELLE VUE DE L'INTÉRIEUR.

 

" En bâtissant cette chapelle, j'ai voulu créer un lieu de silence, de prière, de Paix, de joie intérieure. Le sentiment du sacré anima notre effort.
Des choses sont sacrées, d'autres ne le sont pas, qu'elles soient religieuses ou non." (
Le Corbusier)

Nota : les photographies sont "interdites" à l'intérieur. J'ai obtenu une autorisation de l'administration (AONDH).

I. LE MUR DE LUMIÈRE.

Le contraste avec l'extérieur est saisissant : après avoir fait le tour d'un vaste édifice et avoir évoqué une cathédrale de plein-air à la croisée des grands horizons, on pénètre dans l'intimité douce et silencieuse d'une chapelle de taille humaine. Renversement immédiat des bases. Dehors primait le blanc, et nous baignions dans la lumière alors qu'elle n'était perceptible que dans ses jeux avec les volumes : la lumière servait les formes. Tout le contraire à l'intérieur. Le matériau, c'est la Lumière, une matière surnaturelle imperceptible à l'extérieur, et aussi imperceptible dans tous les intérieurs architecturaux où les larges "baies vitrées" nous la laisse ignorer. Pour différencier les deux, j'attribue une majuscule à cet élément nouveau : Lumière.

Cette inversion des valeurs est aussi un paradoxe puisque la lumière est définie (Larousse) comme "la clarté émise par le soleil, qui éclaire les objets et les rend visibles", alors qu'ici le soleil est occulté, et que la Lumière est rendue visible par les objets architecturaux.

Ce paradoxe n'est pas sans rapport avec la métaphysique de la lumière qui, depuis le Pseudo-Denys (La Hierarchie Céleste) et surtout depuis les vitraux de Suger à Saint-Denis, a guidé les bâtisseurs des sanctuaires gothiques :   car si le Christ est Verbe, Parole, il est aussi Lumière, et la réception / non réception de cette Lumière par l'humanité et l'Incarnation vue comme Descente de la Lumière  fait l'objet de l'incipit de l'Évangile de Jean:

 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.

 Elle était au commencement avec Dieu.

 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.

 En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue.

Il y eut un homme envoyé de Dieu: son nom était Jean.

 Il vint pour servir de témoin, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui.

 Il n'était pas la lumière, mais il parut pour rendre témoignage à la lumière.

Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme.

Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point connue. (Jn 1:1-

Note : Ma visite, et mon article, se veulent dégagés de tout présupposés et de toute adhésion à une foi religieuse, mais simplement guidés par ma curiosité, et par le sens du Sacré propre à tout être humain.  Mais la mystique de la lumière ne peut qu'enrichir la compréhension de ce que Le Corbusier (athée mais mettant son art au au service de la Commission de l'Art sacré) nous donne à voir. Chacun peut la considérer selon son point de vue, et ainsi Jérome Cottin, sur le site Protestantisme Images, prend appui sur  "les fortes racines protestantes du Corbusier (né à la Chaux-de-Fond, en territoire réformé) " pour écrire :

"... le  primat d’un l’espace "vide", le jeu d’une lumière "pure" sur les formes, sont certes un acquis de la modernité esthétique, mais sont aussi typiques d’une spiritualité protestante et plus précisément réformée. Le vide, l’espace, l’intériorité, l’absence de couleurs, une iconographie réduite à des signes, tout cela est constitutif de l’esthétique réformée que Le Corbusier connaissait, avait vécue, et qu’il a su reformuler dans un langage plastique neuf. Les deux chapelles "enroulées" au Nord et au Sud, marquées par une esthétique du vide, et véritables "pièges à lumières", sont de magnifiques exemples d’une spatialité (et non sacralité) réformée, malgré et peut-être grâce à la catholicité du lieu. En ce sens, on peut considérer la chapelle de Ronchamp comme une expression artistique à la fois moderne et œcuménique. " (Etudes Théologiques et religieuses 2007/3 t.82 p. 164)

 

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Le mur-verrière (selon l'heureuse formulation d'Yves Bouvier),  dresse sa façade sud convexe vers l'intérieur comme une pyramide à base inférieure. Son épaisseur permet de construire des appareils de captation de la lumière sous forme de parallélépipèdes s'élargissant de l'extérieur vers l'intérieur (en vase optique) ou de l'intérieur vers l'extérieur (en entonnoir) selon des angles variés et des formes  diverses, carrées, rectangulaires verticales et horizontales.  Des dalles de verre (une technologie développée aussi vers 1950 par Ephrem Socard à l'abbaye d'En Calcat) sont enchassées dans une feuillure de béton, à des profondeurs variables : le plus souvent "au fond" de la boîte à Lumière, mais parfois aussi près du bord intérieur. 

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Images Visicert et les dimensions comparées au Modulor (silhouette noire).

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II ne s'agit, pour Le Corbusier,  pas de vitraux, mais de vitrages, au travers desquels on peut voir passer les nuages ou remuer les feuillages des arbres et même circuler les passants. Ce changement de vocable est peut-être une rupture ou une distanciation vis à vis des verrières qui, depuis le XIIe siècle, magnifient les baies des sanctuaires gothiques,  mais c'est aussi un signe d'un changement de paradigme. Le vitraux sont, depuis Suger, le support d' affirmations théologiques  mises en image (vitrail "anagogique", Arbre de Jessé, exposés typologiques etc). Traversés par la lumière solaire, ces objets changent de nature et, "élevent l'esprit du monde matériel au monde immatériel * " : leur irradiation vient mettre en lumière le centre du chœur, l'autel et les objets d'orfévrerie qui y sont placés. 

*Suger, à propos du vitrail du moulin de saint Paul : Una quarum de materialibus ad immateria excitans : "L'une d'elle, élevant l'esprit de ce qui est matériel à ce qui est  immatériel , montre l'apôtre Paul tournant la meule ...".

 Les verres sont transparents et uniformes, ou encore divisés par des "meneaux" de béton, ou recevant des inscriptions mariales en grisaille noire. Celles-ci peuvent aussi être lues comme des hommages profanes à la Femme en lien avec les éléments cosmiques que sont la Mer le Soleil et les astres : "Marie" ; "Marie brillante comme le soleil", "pleine de grâce", "bénie entre toutes les femmes", mère de Dieu", "étoile du matin", ou bien, sur un fond vert paradoxal, "la mer".

"Je n'ai jamais rien fait de religieux —écrivit à propos de Ronchamp Le Corbusier— mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu résister...et j'ai pensé à ma mère, femme de courage et de foi". 

 Les verres reçoivent aussi des dessins stylisés de fleurs, d'oiseaux, d'étoile, ou d'une lune. 

La couleur est utilisée avec parcimonie : les verres recoivent des éléments rouge, vert, jaune ou bleu dont la fonction est de colorer les parois de la boite optique de reflets. Les parois de ces boites sont de ce blanc grenu qui couvre les murs, mais certaines semblent peintes tant le rayonnement du verre coloré les embrasent.

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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La mer.

 

 

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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La mer, vue extérieure.

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La mer, mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

La mer, mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Un oiseau.

 

 

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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"marie".

 

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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"marie", vue extérieure.

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"marie", mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

"marie", mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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Le vitrage de la lune.

Vitrail de la lune,  mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Vitrail de la lune, mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Le vitrage de la lune à visage humain sur fond bleu, avec deux nuages,  le seul signé et daté par Le Corbusier, ( 14 mai 1955), a été brisé (1000 fragments) le 18 janvier 2014 pour dérober le contenu d'un tronc de quête (vide). Il est donc provisoirement remplacé par une copie. Les travaux de restauration ont permis de découvrir que les verres utilisés étaient disparates, provenant de récupération (miroitier ?) : dalle de verre, verres de vitrines de 10 mm, verres de signalisation SNCF... peinture et même goudron. Le remplacement définitif, évalué à 7500 Euros sera confié à Pierre-André Parot et supervisé par Dominique Ballard et Claudine Loisel du Laboratoire de recherche des Monuments historiques.

 

Vitrail de la lune,  mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Vitrail de la lune, mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Vue extérieure.

mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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"étoile du matin".

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Vue extérieure.

 

"étoile du matin",  mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

"étoile du matin", mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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"Marie brillante comme le soleil".

"Marie brillante comme le soleil", le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

"Marie brillante comme le soleil", le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Au total, cette architecture diaphane peut évoquer l'art des moucharabieh (photo : Alhambra de Grenade), et des claustras à motifs géométriques.

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Ici, ce sont les pans en trapèze, en triangle, qui s'entrecroisent, délimités par des angles vifs des contrastes de gris et de blancs.

Elle fait apparaître à l'intérieur de la chapelle ces rais solaires qui, lorsqu'ils surgissent sous les nuées, ont été depuis toujours  vus comme des théophanies.

Elle suscite aussi dans l'atmosphère de Ronchamp des phénomènes lumineux flottants, diffusés  par les amas de poussières ou des plages d'humidité sous forme de malicieux fadets et feux-follets fantomatiques, disparus aussitôt apparus.

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le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.
le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

le mur de lumière, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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II. LES FENÊTRES ET PORTES À OBTURATION.
La manière dont les baies des façades est et nord ont été réalisées m'a fasciné. Une fois de plus, c'est très simple : trois vanteaux de béton sont placés en chicane devant l'ouverture.  Deux baies se succèdent, la disposition des vanteaux est inversée : deux éléments latéraux extérieurs et un élément central interne en bas, et l'inverse au dessus.

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Baie de la façade est, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Baie de la façade est, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Le résultat, vu de l'intérieur, est passionnant : les volets se dressent comme des colonnes, soit gris sombre, soit gris clair, dans un hiératisme très sobre, alors que la Lumière les contourne dans un flamboiement éblouissant. Les valeurs de gris varient selon le nuage qui passe ou selon l'heure du jour. En haut, deux cornes blanches se découpent sur la voûte.

En somme, Le Corbusier a ouvert des fenêtres, puis s'est empressé de les masquer ! On comparera cette attitude à celle qu'il adopta au couvent de la Tourette, dont il dirigea la construction en 1956-1959 : on y trouve "devant les fenêtres du couvent aux extrémités des couloirs de distribution, des "fleurs de béton", c'est-à-dire des formations de béton dressées en face des grandes fenêtres des couloirs, comme pour en gâcher la vue. En réalité, Le Corbusier estimait que si une fenêtre donne directement sur un paysage, on finit très vite par l'oublier et ne plus y prêter attention. Le Corbusier a ainsi eu l'idée de ces "fleurs" afin que, pour pouvoir voir le paysage, le passant dans le couloir soit obligé de se pencher à la fenêtre et ainsi fasse plus attention au paysage environnant." (article Wikipédia) .

Baie de la façade est, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Baie de la façade est, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Lorsque, un mois plus tard, j'ai vu au Musée de Rennes la toile intitulée Le Nouveau-né de Georges De La Tour, j'ai immédiatement rapproché cette vue de la fenêtre de Ronchamp avec la main de la femme approchant une bougie près de l'enfant : j'ai retrouvé cette audace de masquer la source de lumière, ainsi que cette luminescence qui diffuse autour des formes. J'y ai surtout retrouvé cette ambiance de silence et de méditation devant le mystère de la Nature vivante. 

 

Georges De La Tour, Le Nouveau-né , vers 1648, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile.

Georges De La Tour, Le Nouveau-né , vers 1648, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile.

Georges De La Tour, Le Nouveau-né , vers 1648, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile.

Georges De La Tour, Le Nouveau-né , vers 1648, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile.

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Les baies de la façade nord. 

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Baie de la façade nord, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Baie de la façade nord, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Baie de la façade nord, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Baie de la façade nord, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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III. LE TRAIT DE LUMIÈRE DE L'UNION MUR / VOÛTE.

Un autre coup de génie de l'architecte est d'avoir laissé un espace vide  de 10 cm entre les murs sud et est (coté solaire) et la voûte. Cela crée une rampe lumineuse naturelle délimitant comme des zébrures divines les contours de l'espace de prière. 

En effet, le mur sud n'est pas porteur mais il comporte des poteaux supportant la voûte.

Les lignes architecturales sont ainsi déterminées par la Lumière qui fait office du crayon de l'architecte traçant son esquisse sur un plan. Le génie du créateur est sublimé, ce qu'il a prévu et pré-su se réalise de façon trancendante, mais dans une inversion des valeurs, le noir du trait de crayon sur la page blanche devenant rai blanc dans l'obscurité. 

Sur le monument aux Français morts pour la paix en 1944, on retrouve cette graphie en creux, en lettres de vide ou de lumière. 

 

Bien-sûr, tout architecte aménage dans l'espace clos de son édifice des "ouvertures" pour l'éclairage et l'aération. Mais ici, la dialectique du Clos et de l'Ouvert est celle de la Prière, celle du cœur pénétré par la surnature, de l'intime en résonnance avec le Divin. Deux fois dans la journée, les sœurs clarisses qui se sont établies sur le site de Ronchamp occupent les stalles d'Iroko qui sont baignées par les percées de la lumière et s'y agenouillent,  et alors, la relation entre la Lumière sculptée et la Prière devient évidente.

Une autre relation se révèle ici, celle qui se noue entre Lumière et Silence. Elle ne s'explique peut-être pas, mais elle se ressent avec force.

 

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 Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Écriture en creux, monument aux Français morts pour la paix en 1944, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Écriture en creux, monument aux Français morts pour la paix en 1944, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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IV. LE TRAIT DE LUMIÈRE ENCADRANT LA PORTE SUD. 

Selon le même procédé, deux saignées encadrent le portail sud. 

Portail sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Portail sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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V. LES PUITS DE LUMIÉRE DES TROIS AUTELS / CHAPELLES LATÉRALES.

Alors que la lumière est un transport d'énergie sans transport de matière, constituée de l'ensemble des ondes électromagnétiques d'origine solaire perçues par la vision humaine , et que l'eau est au contraire un corps chimique, matériel, la notion de "puit de lumière" rapproche la lumière d'une matière qu'on est amené à puiser comme l'eau. 

Dans sa version la plus simple, c'est une ouverture zenithale et tournée vers le ciel comportant une entrée ou zone de collecte, un conduit ou zone de transmission et une sortie ou zone de diffusion. Voir "Conduit de lumière" sur Wikipédia.

Cette métaphore est trop simple pour évoquer le dispositif créé par Le Corbusier. Il comporte certes, comme l'inverse d'un puit, une cheminée ou tour en demi-cylindre (le "clocher" qui m'est apparu au début de ma visite). Sa face ronde rassemble la lumière alors que sa face droite, verticale, est tournée vers une orientation cardinale précise et recevra les rayons solaires d'une seule direction. Cette face droite a une fonction de capteur, c'est "l'entrée" du dispositif.  La tour de la façade sud est orientée vers le nord, alors que les entrées des deux tours jumelles de la façade nord sont adossées, l'une tournée vers le soleil levant, l'autre vers le soleil couchant. 

Mais la lumière qui y pènêtre est transformée  par les ouvertures de l'"entrée" : une fente verticale, et une "grille" horizontale à volets fragmentant la lumière en multiples reflets de tonalité différente.

Pour le visiteur et le fidèle, c'est la "sortie" qui est spectaculaire. Elle éclaire les trois autels de trois chapelles adjacentes en les nimbant d'une atmosphère impressionnant de recueillement et, une fois de plus, de silence. La métamorphose de lumière en Lumière est impressionnante. 

Je décrirai donc trois puits de lumière.

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La chapelle sud. 

L' entrée de son puit est orientée vers le nord, elle ne reçoit donc pas la lumière solaire directe, mais la lumière du jour. Celle-ci tombe en cône blanc sur l'autel et son officiant, ou, en l'absence de ce dernier, sur une croix et une bougie allumée.

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Chapelle sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chapelle sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Chapelle sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chapelle sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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Chapelle sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chapelle sud, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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La chapelle nord-ouest.

Le capteur est tourné vers l'occident et les lumières du couchant. 

Chapelle nord-ouest, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chapelle nord-ouest, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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La chapelle du nord-est.

Son capteur lui amène la lumière du soleil levant. Les parois du puit sont peintes en rouge sang. 

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Chapelle nord-est, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chapelle nord-est, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Après cette expérience, Le Corbusier, avec son assistant Iannis Xenakis, utilisera au couvent de La Tourette d'autres procédés d'éclairement, de concentration et de guidage de la lumière. Il est interessant d'en glaner sur le net les diverses descriptions :

"Réalisée avec une économie drastique, l'église en forme de quadrilatère fait l'objet d'un programme spécifique sur la lumière. Il s'agit d'un lieu plutôt sombre, car éclairé uniquement avec des fentes horizontales murales, l'essentiel de la lumière venant elle de la crypte (sur laquelle donne l'église). Cependant, ces fentes, parées de vitrages, ont été orientées selon la position du soleil et assurent ainsi un éclairage constant de l'intérieur. De plus, le haut du mur de l'église orienté vers l'ouest est troué sur toute sa longueur d'une large fente, qui permet au soleil couchant d'été d'éclairer pleinement l'église et de teindre la moitié du plafond en orange."

Les "canons de lumière" et les "mitraillettes de lumière" :

"La crypte absidiole, adjacente à l'église (l'église domine la crypte comme un balcon) est elle relativement colorée, comparé à la sobriété des autres bâtiments. Son éclairage est lui traité au moyen d'un dispositif multiple de puits de lumière, conçus comme des cheminées. Ils sont métaphoriquement appelées « canons à lumière », car ils permettent un excellent éclairage de la crypte. L'église est accolées d'une crypte et d'une sacristie qui forment le transept, lui donnant un plan en croix latine."

"L'église fait l'objet d'un programme spécifique sur la lumière. Son éclairement et celui des chapelles en  absidioles, est traité au moyen d'un dispositif multiple de puits de jour conçus comme des cheminées, métaphoriquement appelées « canons à lumière » car produisant l'effet detâches lumineuses concentrées et projetées sur le sol — (le « tir » de lumière se fait vers son intérieur dans lequel on a choisi de se re-former, de se renfermer…)". (Wikipédia)

Les "mitraillettes de lumière" sont des prismes de béton  en pentagone orientées d'après les axes lumineux du solstice d'été pour faire rentrer dans la nef principale par une fente le long de la sacristie. 

Iannis Xenakis, compositeur et architecte, s'est particulièrement impliqué dans la création harmonique des « pans de verre ondulatoires », vitrages verticaux sertis dans des panneaux géométriques (en claustra) de béton qui illuminent certaines parties telles que les galeries du cloître.

Lire plus : Philippe Potié, Le Corbusier. Le Couvent Sainte-Marie  de la Tourette.

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VI. LES TROUS CARRÉS DU CHOEUR.

Des embrassures en trous de boulin sont percées dans le mur est,  autour de la vitrine de la statue de la Vierge, comme une douzaine d'étoiles. 

 

 

 

 

Le chœur, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

Le chœur, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp , photographie lavieb-aile.

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VII. LE CHANDELIER.

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Chandelier et vitrages,  Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

Chandelier et vitrages, Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

PAULY (Danièle), 2008, Le Corbusier. La Chapelle de Ronchamp: la Chapelle de Ronchamp

Birkhäuser,  108 pages.

https://books.google.fr/books?id=JHVlCwAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

BOUVIER (Yves), COUSIN (Christophe), 2014,  Ronchamp, une chapelle de lumière, CANOPÉ, Besançon.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 21:57

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet : la Passion de la baie d'axe. (vers 1560).

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Voir aussi les vitraux de la chapelle :

Les retables de la Vierge et de la Trinité (XVIe) de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet (Finistère).

Les vitraux de Notre-Dame-du-Crann (Intron Varia ar C'Hrann) à Spézet : l'oculus du Christ sortant du tombeau (XVe siècle).

Les vitraux de Notre-Dame-du-Crann à Spézet : l'Adoration des Mages et des Bergers ou Baie 3 (1546).

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spezet : la Dormition et le Couronnement de la Vierge, baie n°4 (vers 1535-1540).

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet: la verrière de saint Laurent (1548), baie n° 1. Le retable de saint Laurent.

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet: la verrière de saint Jacques le Majeur (1548) ou baie n°2.

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet: la verrière de saint Éloi (1550).

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet : le Baptême du Christ (v.1550)

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Voir aussi les Passions des vitraux du Finistère au XVIe siècle :

La Passion de Spézet appartient à la cinquantaine de verrières de la Passion réalisées dans le Finistère, le plus souvent pour la maîtresse-vitre, au XVIe siècle, notamment par un important atelier quimpérois, celui de Laurent et Olivier puis Gilles Le Sodec.

Toutes ces Passions sont comparables par leurs cartons, leur facture et leur type d'ornement. La thèse de Roger Barriè est consacrée à leur étude. Plusieurs sont décrites dans mon blog : Locronan, Penmarc'h, Lanvénégen, Ergué-Gabéric, Plogonneg, Quimper, La Roche-Maurice, La Martyre, Guengat, Saint-Nic, Gouezec, Quéménéven etc. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

​Et dans le Morbihan:

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Chœur de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Chœur de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La baie n°0 occupe le chevet plat de la chapelle : cette maîtresse-vitre haute de 4,50 m et large de 3,00 m comporte 4 lancettes trilobées de 57 cm de large organisées en trois registres, soit 12 panneaux relatant les principaux épisodes de la Passion. Dans le registre inférieur, une séquence de petits dais Renaissance répète un motif de moulure en chapeau de gendarme autour d'un blason de Bretagne (moderne) avec des putti joueurs de tambourin.  Un tympan de 13 mouchettes et 10 écoinçons est consacré à la Résurrection des Morts. 

Le vitrail a été remis en plomb en 1738, restauré par Alfred Bonnot en 1918, puis par l'atelier Le Bihan de Quimper en 2001 (grâce au prix du Pélerin Magazine remporté par l'Association de sauvegarde du Patrimoine Spézetois).  

Les auteurs de l'Inventaire remarquent que les quatre baies du transept (n°1 à 4, soit celles du pignon et du mur des bras nord et sud) ont été réalisées par le même atelier quimpérois entre 1540 (Dormition, n°4), 1546 (Adoration des Mages, n°3), 1548 (Saint Jacques, n°2) et 1553 (Saint Laurent, n°1). Dans la même campagne fut réalisé le vitrail de Saint Éloi (1550). Les auteurs du Corpus Vitrearum attribuent aussi à l'atelier quimpérois la maîtresse-vitre de la Passion, qui daterait de 1560 et s'apparente avec celle de Saint-Goazec (1573), et le Baptême du Christ (milieu XVIe). 

La chapelle a donc été vitrée juste après sa reconstruction en 1535 par les Vieux-Chastel qui possédaient la motte féodale du Cranhuel  (Inscription lapidaire --CHAPELLE FUT FONDEE -- MVCXXXV .A.LONNEUR DE NOT. DAME. DU CRAN--.

L'homogénéité du style quimpérois, et celle de la fourchette temporelle (1540-1560) pendant le Concile de Trente et avant la Ligue, s'associent à celle du programme : 4 scènes de la Vie de Marie et de la Vie et de Passion du Christ occupent les points cruciaux de la croix latine du plan de la chapelle, tandis que 3 saints et martyrs sont vénérés dans les espaces intermédiaires.

Cette homogénéité du programme théologique ou hagiographique est renforcée par la sculpture avec les deux retables de la Vierge à l'Enfant et de la Trinité dans le chœur, le retable ou la niche à volets de Saint Laurent, les statues du Christ Sauveur, de la Vierge à l'Enfant, de saint Laurent, de saint Jacques et de saint Éloi (disparue).

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR.

 

 

Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Entrée dans Jérusalem.

Moitié inférieure complétée.

L'"ânon" (Luc 19:30) a pris ici l'allure d'un jeune cheval blanc. La bouche de ce dernier, comme saisie par le rire, évoque celles des chevaux de l'atelier Le Sodec de Quimper.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La nuit au Jardin de Bethsémani ou  Mont des Oliviers.

Deux têtes d'apôtres restaurées.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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L'arrestation de Jésus à Behsémani : le baiser de Judas ; Pierre coupant l'oreille de Malchus le serviteur du grand-prêtre. 

Malchus restauré.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La Cène.

Partie inférieure complétée.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième registre.

 

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Jésus devant  Caïphe.

Le grand prêtre énumère (en les comptant sur ses doigts) les arguments de la condamnation. 

Dessin semblable à celui de l'église de Saint-Nic, inversé et sans le petit chien ; l'élément architectural est semblable.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La Flagellation. 

Bien conservé. Emploi de sanguine pour le corps du Christ.

Celui-ci est marqué de marques à trois pointes, correspondant aux traces laissées, selon la supposition de l'artiste,  par les barbes de métal dont les plombs des lanières du fouet ou flagrum sont équipées, lorsqu'il ne s'agissaient pas d'osselets pointus, ou de plombs en H. Mais cet artiste n'avait pas l'expérience technique des bourreaux romains, lesquels s'entrainaient dans le gymnasium flagri pour donner les coups à des endroits précis, et qui évitaient la flagellation de la face ventrale pour ne pas causer de suffocation par traumatisme pulmonaire indirect ("Flagrum" Wikipédia note 7). Les fouets équipés de molettes d'acier sont visibles sur la gravure de Martin Schongauer :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951445h/f1.item.zoom

Ces marques sont figurées sur le corps du Christ, par exemple, sur le vitrail de la Passion de Saint-Nicolas-du-Pélem (v.1470-1480) :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-saint-nicolas-du-pelem-123306146.html

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Flagellation, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Flagellation, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Flagellation, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Flagellation, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Le Couronnement d'épines.

Grande pièce restaurée dans la tunique du Christ.

 

Christ aux outrages, verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Christ aux outrages, verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Christ aux outrages, verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Christ aux outrages, verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Ecce Homo.

Bien conservé.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Ecce Homo, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Ecce Homo, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Troisième registre.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Comparution devant Pilate.

Peu restauré.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Le Portement de Croix.

Sainte Véronique est au premier plan à droite, essuyant le visage du condamné avec un linge. Simon de Cyrène est derrière le Christ.

Peu restauré.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La Crucifixion.

avec Marie-Madeleine éplorée au pied de la Croix, et Marie en pâmoison. Scène intacte, non restaurée.

 

Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La Résurrection.

Trés bien conservé.

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Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN : le Jugement Dernier.
 

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Tympan, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tympan, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Au sommet, dans une irradiation lumineuse, Dieu bénissant, au dessus d'un blason aux armes de la Bretagne (pièce en bouche-trou déjà décrite à cet emplacement en 1847), est encadré par la Vierge et par Saint Jean (tête restaurée). En dessous, des anges bucinateurs (*) annoncent de leurs trompettes l'heure de la Résurrection des Morts et du Jugement.

(*) Et non "tenant les instruments de la Passion" (Corpus vitrearum p.196)

 

Tympan, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tympan, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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A gauche, les Élus sortent de terre (un frais gazon) et tendent les bras aux anges qui les portent vers les Cieux.

 

 

Tympan, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tympan, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet. Photographie lavieb-aile.

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A droite, les Damnés sont poussés par les fourches des démons vers la gueule vipérine du Léviathan.

 

Tympan, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tympan, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Tympan, Verrière de la Passion  (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tympan, Verrière de la Passion (vers 1560), chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet. Photographie lavieb-aile.

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DISCUSSION.

 

Claire Arlaux écrit dans sa remarquable monographie de 1991 que "ce vitrail est d'inspiration flamande. Il reprend une gravure d'un élève de l'école de Dürer, Jost de Negker, comme le vitrail de l'église de La Roche Maurice dans le Finistère nord, daté 1539 et signé d'un maître verrier quimpérois. " Mais l'attribution, par René Couffon, de la Passion de La Martyre ( "La peinture sur Verre en Bretagne au XVIe siècle", Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne. Page 31 et 35) a été démentie par Roger Barrié puis par le maître-verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan.

En effet, Jost de Negker (c. 1485-1544) n'est pas un dessinateur, mais seulement un graveur sur bois, et un éditeur. Il a gravé les dessins de Hans Burgkmair, Albrecht Altdorfer et de Leonhard Beck

Parmi les 167 gravures de cet artiste conservées et mises en ligne par l'Albertina de Vienne, aucune ne représente une scène de la Passion.

 

Par ailleurs, il n'est pas possible de rapprocher directement les 12 scènes de la Passion de Spézet avec les gravures de la petite Passion ou de la Grande Passion de Dürer, ni avec celles de Schöngauer. Néanmoins il est admis que l'inspiration provient "des Passions rhénanes de l'école de Dürer" (Inventaire ...Carhaix) 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ecce_homo#/media/File:SchongauerEcceHomo.jpg

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ecce_homo#/media/File:Albrecht_D%C3%BCrer_-_Ecce_Homo_(No._8)_-_WGA07303.jpg

Ce vitrail présente une analogie étroite avec la Passion de l'église (très voisine) de Saint-Goazec, vitrail qui a été restauré et remis en place en mai 2016, et qui est daté de 1573.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n42/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

 

 

— PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

— http://fr.topic-topos.com/la-passion-du-christ-spezet


 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
23 juin 2016 4 23 /06 /juin /2016 17:32

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Cette baie n°5 (selon la numérotation du Corpus vitrearum) est située sur le bas-coté nord de la nef,  et mesure 2,40 m de haut sur 1,80 m de large. La verrière comporte 3 lancettes cintrées divisées en trois panneaux et un tympan à 5 ajours. Elle représente le Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste et date du milieu du XVIe siècle. Elle est bien conservée et a été restaurée comme les autres en 1918 par Alfred Bonnot, qui est intervenu surtout sur les panneaux supérieurs des lancettes. Les visages ont été refaits.

Les auteurs de l'Inventaire remarquent que les quatre baies du transept (n°1 à 4, soit celles du pignon et du mur des bras nord et sud) ont été réalisées par le même atelier quimpérois entre 1540 (Dormition, n°4), 1546 (Adoration des Mages, n°3), 1548 (Saint Jacques, n°2) et 1553 (Saint Laurent, n°1). Dans la même campagne fut réalisé le vitrail de Saint Éloi (1550). Les auteurs du Corpus Vitrearum attribuent aussi à l'atelier quimpérois la maîtresse-vitre de la Passion, qui daterait de 1560 et s'apparente avec celle de Saint-Goazec (1573), et le Baptême du Christ (milieu XVIe). 

La chapelle a donc été vitrée juste après sa reconstruction en 1535 par les Vieux-Chastel qui possédaient la motte féodale du Cranhuel  (Inscription lapidaire --CHAPELLE FUT FONDEE -- MVCXXXV .A.LONNEUR DE NOT. DAME. DU CRAN--.

L'homogénéité du style quimpérois, et celle de la fourchette temporelle (1540-1560) pendant le Concile de Trente et avant la Ligue, s'associent à celle du programme : 4 scènes de la Vie de Marie et de la Vie et de Passion du Christ occupent les points cruciaux de la croix latine du plan de la chapelle, tandis que 3 saints et martyrs sont vénérés dans les espaces intermédiaires.

Cette homogénéité du programme théologique ou hagiographique est renforcée par la sculpture avec les deux retables de la Vierge à l'Enfant et de la Trinité dans le chœur, le retable ou la niche à volets de Saint Laurent, les statues du Christ Sauveur, de la Vierge à l'Enfant, de saint Laurent, de saint Jacques et de saint Éloi (disparue).

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Les vitraux, annotés sur un plan de l'Inventaire, 1969.

Les vitraux, annotés sur un plan de l'Inventaire, 1969.

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Baie du bas-coté nord de la nef, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Baie du bas-coté nord de la nef, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Les lancettes.

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Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Un ange tient la tunique du Christ et deux antres anges s'extasient.

 

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Le Christ, à demi immergé dans les eaux du Jourdain,  reçoit cette eau lustrale sur la tête. Notez les poissons, et l'ondoiement du fleuve.

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Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Saint Jean-Baptiste.

Il porte la robe en poils de chêvre qui le caractérise.

 

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN

"d'après un carton souabe".

Dieu le Père bénissant,en buste au centre. Concert d'anges musiciens en périphérie.  

 

Tympan de la Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan de la Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Deux anges jouent de la viole à archets. Sur chaque coté, un chœur angélique est réuni autour d'une partition à la notation fantaisiste. Un ange joue du luth.

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Tympan de la Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Tympan de la Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan de la Verrière du Baptême du Christ (v.1550), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 —ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1909Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Leprince, 1909,  et Société Archéologique du Finistère - 1909 tome 36 - Pages 244 à 254.

http://soc.archeo.dufinistere.org/bulletin/index.php?gr=1909&art=saf1909_0294_0304#

— ARLAUX (Claire),  1991, 2006,  La chapelle de Notre-Dame du Krann à Spézet, Keltia graphic, Spézet, 46 p.

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, paroisse de SPEZET, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f826f4f6843f882615f0b205d5a0d99.pdf

GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

— PERENNES (chanoine), 

http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

 

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Published by jean-yves cordier - dans Spézet Vitraux
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 21:45
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Avec ses 2,70 m de haut et ses 1,50 m de large, la baie n°1 (la première des fenêtres à gauche de la baie d'axe) éclaire par l'est le bras nord du transept. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan à 3 ajours. La verrière qui la ferme est consacrée au martyre de Saint Laurent, diacre de l'église de Rome au IIIe siècle. Les six panneaux des lancettes sont organisés en deux registres, le registre inférieur montrant le saint sur le grill qui est devenu ensuite son attribut, et le registre supérieur les juges et les spectateurs du martyre. La verrière n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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 REGITRE INFÉRIEUR.

 

 

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Le peintre-verrier s'est inspiré ici d'une gravure de  Marc Antoine Raimondi, Le Martyre de Saint Laurent d'après un lavis de Baccio Bandinelli (1525) : voir la gravure numérisée par Gallica et datant de 1527. 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6953442w.r=

Mais il a peint des cuirasses sur le corps musculeux des bourreaux, et un pagne autour des reins du saint. 

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 Marc Antoine Raimondi, Le Martyre de Saint Laurent d'après Baccio Bandinelli, 1525,  http://parismuseescollections.paris.fr/petit-palais/oeuvres/le-martyre-de-saint-laurent-d-apres-baccio-bandinelli-bartsch-104-bartsch#infos-principales

Marc Antoine Raimondi, Le Martyre de Saint Laurent d'après Baccio Bandinelli, 1525, http://parismuseescollections.paris.fr/petit-palais/oeuvres/le-martyre-de-saint-laurent-d-apres-baccio-bandinelli-bartsch-104-bartsch#infos-principales

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Inscription : charles quãpion :  fabrique.

Il faut comprendre : "Charles Campion, fabricien". On sait que les fabriciens étaient élus ou nommés pour un mandat d'un an pour gérer le budget de la paroisse, contrôler les recettes et les dépenses, décider et mener à bien tous les travaux, qu'ils soient liés à des réparations ou, comme ici, à des embellissements.  Le poste était confié à une personne honorablement connue, aux revenus aisés : souvent, dans les paroisses bretonnes, à des agriculteurs exploitant une ferme importante. 

La famille Campion est établie à Spézet et les généalogistes mentionnent ainsi un Yvon Campion né à Spézet vers 1545.

 

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Date : mil Vcc LXVIII : 1548.

La chapelle fut reconstruite en 1535 sur une ancienne chapelle par "Metre H. Bouet Vicaire et I. Loscoat P. Fa biefiturs".

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur .

 

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Le panneau manque de verticalité, et l'empereur Valérien, qui était dessiné par Bandinelli comme une auguste divinité jupitérienne, se transforme ici en un nain sans majesté ; de même, ses conseillers passeraient volontiers pour les pauvres et infirmes qui assistèrent au supplice de saint Laurent. 

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.
Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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TYMPAN

Le réseau est consacré à la Sainte Trinité : le Saint Esprit sous sa forme de colombe est adoré par un cecle de chérubins, le Christ tient la croix et un livre où sont inscrites les lettres SOSM / M.MI / OMM / MMN / MOM // SPSP / MOSP / MIOZ / OMM / …, et Dieu le Père tient l'orbe et un livre avec les lettres : TOMRN / MEMOI / RIVI OEI / OPERA SEPVL // METV / A / POR / REMT / OPERI / SVPE.

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Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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DISCUSSION.

   Ce qui différencie et même oppose, dans la religion catholique, la torture d'avec le martyre, c'est que si la torture est une tentative d'asservissement visant à briser la résistance psychique d'un individu (tentative dont l'efficacité redoutable suscite la terreur), le martyre est la miraculeuse inefficacité des tortures infligées, la négation de leur force opérante par la puissance de la Foi. Si les martyres sont représentés avec tant de complaisance dans les sanctuaires, ce n'est pas pour témoigner des souffrances endurées par les saints, mais de la puissance de Dieu. J'en veux pour preuve que dans les sculptures et peintures, ce n'est pas la douleur des victimes qui est dépeinte, mais, au contraire, l'absence de tout effet produit par les tortures. Torture inopérante, indifférence du saint et rage des bourreaux constituent les bases de l'iconographie du martyre. 

C'est évident avec sainte Catherine, les lames de la roue se détachant pour blesser les bourreaux. C'est évident dans le contraste entre les traits grimaçants des bourreaux et la sérénité des saintes Agathe, Barbe et Apolline dont les statues sont si fréquentes. C'est vrai pour saint Étienne et pour saint Sébastien sur lequel nous allons revenir. Mais le martyre de saint Laurent en donne une expression magnificiée par les paroles étroitement associées à la scène et par lesquels le saint nargue l'impuissance de l'empereur : "Apprends, misérable, que tes charbons sont pour moi un rafraîchissement, mais qu’ils seront pour toi un supplice dans l’éternité", ou bien « Voici misérable, que tu as rôti un côté, retourne l’autre et mange. »

Voici des extraits de la Légende Dorée :

Laurent lui dit : « Quel est celui qu’on doit adorer? Est-ce le créateur ou la créature? » Dèce irrité le fit frapper avec des fouets garnis de plomb, appelés scorpions, et on lui mit devant les yeux tous les genres de tortures. Comme l’empereur lui commandait de sacrifier afin qu’il échappât à ces tourments, Laurent répondit : « Malheureux! ce sont des mets que j’ai toujours désirés. » Et Dèce lui dit : « Je sais que c’est par les secrets de la magie que tu te joues des tourments, mais tu ne sauras te jouer longtemps de moi. J’en atteste les dieux et les déesses; si tu ne sacrifies, tu périras dans des tourments sans nombre. » Alors il commanda qu’on le frappât très longtemps avec des fouets garnis de balles de plomb. Mais Laurent se mit’ à prier en disant : « Seigneur Jésus, recevez mon esprit. » Alors il se fit entendre une voix du ciel que Dèce ouït aussi : « Tu as encore bien des combats à soutenir. » Dèce rempli de fureur s’écria: « Romains, vous avez entendu les démons consolant ce sacrilège, qui n’adore pas nos dieux, ne craint pas les tourments et ne s’épouvante pas de la colère des princes. »
Il ordonna une seconde fois qu’on le battît avec des scorpions. Laurent se mit à sourire, remercia Dieu et pria pour les assistants. On apporta donc, des instruments de supplices de tous les genres. Alors Dèce dit à Laurent: « Ou tu vas sacrifier aux dieux, ou cette nuit finira avec tes supplices. » Laurent lui répondit : « Ma nuit n’a pas d’obscurités, mais tout pour moi est plein de lumière. » Et Dèce dit : « Qu’on apporte un lit de fer afin que l’opiniâtre Laurent s’y repose. »

Les bourreaux se mirent donc en devoir de le dépouiller et l’étendirent sur un gril de fer sous lequel on mit des charbons ardents et ils foulaient le corps du martyr avec des fourches de fer. Alors Laurent dit à Valérien: « Apprends, misérable, que tes charbons sont pour moi un rafraîchissement, mais qu’ils seront pour toi un supplice dans l’éternité, parce que le Seigneur lui-même sait que quand j’ai été accusé, je ne l’ai pas renié; quand j’ai été interrogé, j’ai confessé Jésus-Christ ; quand j’ai été rôti, j’ai rendu des actions de grâces. » Et il dit à Dèce d’un ton joyeux : « Voici misérable, que tu as rôti un côté, retourne l’autre et mange. » Puis remerciant Dieu : « Je vous rends grâce, dit-il, Seigneur, parce que j’ai mérité, d’entrer dans votre demeure. » C’est ainsi qu’il rendit l’esprit.  

En statuaire, saint Laurent est représenté avec un grill semblable à une grille de barbecue, mais l'instrument est en réalité un lit de fer. Le saint y est donc allongé, ce qui permet au peintre de montrer qu'il s'y repose. 

Ainsi l'image va-t-elle opposer trois topos : le bien-être paradoxal et la patience du martyr ; la vanité des efforts et gesticulations des bourreaux ; la rectitude autoritaire mais bafouée des puissants. C'est, déjà, ce qui se montre dans les trois figures de la Passion du Christ : la Comparution devant Pilate, les Outrages et la Flagellation.

Or, ce sujet donne l'occasion, avec une belle régularité et souvent de manière caricaturale, à une opposition entre trois modes corporels : souple beauté du corps saint, selon les canons les plus éprouvés de la statuaire grecque et donc valorisée dans sa statique. Force musculeuse et mouvements quasi gymniques des bourreaux. Immobilité hiératique du Pouvoir, figé dans les statuts de son rôle.

Saint Laurent devient ainsi un doublon de saint Sébastien, l'éphèbe recevant avec une belle indifférence les flêches de ses archers sur son corps nu.

Si ces représentations sont souvent outrées, c'est qu'elles relèvent de la théâtralité. Cette-ci hérite des tréteaux médiévaux, mais est passée des Mystères données sur les parvis, au Théâtre lui-même. 

Dans le dessin de Baccio Bandinelli, écrit S.J. Campbell  Ancre"Laurent repose plutôt sereinement sur son grill, mais il est  entouré d'un tourbillon d'anatomies agitées et en équilibre précaire, comme si la sensation de tourment s'était déplacée depuis ce centre tranquille, jusque dans le registre de ces corps plutôt dans que dans le sien. [...] Pas moins de onze bourreaux nus apparaissent au premier plan de la composition [...] contrebalancés par la gravitas des observateurs lourdement drapés que Bandinelli a disposés au tiers supérieur de son dispositif architectural.  

Mais près d'un siècle auparavant, Fra Angelico opposait aussi, sur les fresques de la chapelle Nicoline du Vatican (1447-1451), opposait déjà en trois registres  la sereine et nargueuse horizontalité du saint avec la laborieuse chorégraphie des bourreaux et la verticalité stérile de Valérien et de Dèce.

C'est dans pendant le Concile de Trente (1545-1563), précisément en 1548 (la date de ce vitrail) que la représentation des Mystères furent interdits. De même, lors de ce Concile, qui prépare la Contre-Réforme, les peintres (et verriers) seront appelés à plus de bienséance afin de réduire la charge érotique des scènes, et de veiller à ce que les fidèles ne soient pas distraits par les corps dénudés et suggestifs.

 

Sur ce vitrail de Spézet,  le peintre a repris des figures de la gravure de Raimondi en les découpant pour les faire entrer dans les dimensions réduites du vitrail, ce qui rompt la cohérence de la composition, mais surtout, en  habillant de pièces de cuirasse étincelantes les volumes anatomiques, il s'est certes conformé aux vœux des autorités ecclésiastiques mais a affaibli la rhétorique traditionnelle de ce Martyre.

A l'inverse, le Bronzino s'inspirera de Bandinelli pour son propre Martyre de saint Laurent peint en 1565-1569, (ci-après), mais ce sera pour déshabiller d'avantage les corps, (y compris ceux de l'empereur et de ses barons) pour exagérer leurs postures en "fusionnant le ballet et le bain turc" selon une théâtralité manièriste qui "transforme son thème tragique et violent en une fusion artificielle et sublime de gymnastique et de ballet déployée sur une scène antique". 

A mes yeux, cette gymnastique, ces chorégraphies, cette absence de pathos et de tragique ne sont pas propres au Bronzino, mais au Martyre de Saint Laurent  ; inversement, le verrier de Spézet les a atténués.

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LE "RETABLE" DE SAINT LAURENT.

En 1931, le chanoine Pérennès écrivait : "Toujours au transept Nord, sur un socle de pierre où est sculptée une tête de femme, on voit la statue d'un personnage en habits sacerdotaux, qui doit être Saint Yves." . Il ne fait pas mention d'une statue de saint Laurent  ou de ses volets sculptès.

Aujourd'hui, à gauche du vitrail de la baie n°1, une niche à volets abrite une statue de saint Laurent, en tenue de diacre (aube, dalmatique rouge bordée d'or, manipule), tenant un livre dans la main gauche, alors que la main droite a perdu l'objet qu'elle tenait, vraisemblablement un grill.

La statue est posée sur un culot de granit où deux chiens assaillent la tête d'un animal.

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Culot, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.
Culot, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Culot, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Volets de gauche.

Les volets (chacun en deux parties articulées) sont consacrés à la vie de saint Laurent.

Légende Dorée :

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome02/118.htm

Volets de gauche, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Volets de gauche, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Volets de droite.

 

Volets de droite, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Volets de droite, niche à volets et statue de saint Laurent, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n324/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

 —CAMPBELL (Stephen J.), 2013, , « Polémique de Contre-Réforme et Contre-Esthétique Maniériste », Images Re-vues [En ligne], 11 | 2013, mis en ligne le 15 janvier 2014, consulté le 22 juin 2016. URL : http://imagesrevues.revues.org/3144 

— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

 

GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

 

— PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

— Légende de Saint Laurent dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine ET fresque de Fra Angelico au Vatican :

http://www.saintlaurentorleans.com/saint-laurent-martyr-dapres-la-legende-doree-de-jacques-de-voragine/

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 20:43

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Avec ses 2,70 m de haut et ses 1,50 m de large, la baie n°2 (la première des fenêtres à droite de la baie d'axe) éclaire par l'est le bras sud du transept. Elle comporte deux lancettes cintrées et un tympan à 3 ajours. La verrière qui la ferme est consacrée au martyre et au transfert des reliques de saint Jacques le Majeur. Les six panneaux des lancettes sont organisés en deux registres. La verrière n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot : le panneau inférieur droit a été complété et le reste est bien conservé.

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 la verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

la verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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D'après la tradition, la chapelle était une étape pour les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle qui traversaient la Bretagne, lorsque ceux-ci partaient de Saint-Pol-de-Léon ou de Locquirec. Cette voie, passant par Morlaix, Spézet, Gourin, et Le Faouët rejoignait à Quimperlé la voie débutant à la Pointe Saint-Matthieu et se poursuivant par Brest, le Faou, et Chateaulin. 

http://www.bretagne-rando.com/stjacquesdecompostelle.php

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Saint Jacques est également représenté par une statue en bois polychrome du XVIe siècle, où il trône en majesté, bourdon dans la main droite et phylactère dans la main gauche. C'est le modèle galicien, dont on trouve 14 exemples en Bretagne du XIVe au XVIe siècle (J. Roudier), dont 1 vitrail (Merléac), 7 statues en pierre (dont Merléac), et 5 statues en bois (Tréméven, Boquého -perdue-, Spézet, Merléac, et Pont-Croix) . Mais ils s'inspirent des statues de Santiago en Maxestade de Galice : 

«L’image de Saint-Jacques assis, en majesté ou en chaire, apparaît pour la première fois dans la cathédrale de Compostelle dans une sculpture créée par le Maître Mateo pour le meneau du Portique de la Gloire (1188 env.). Cependant, ce type iconographique ne sera pas très fréquent. Saint-Jacques est présenté comme apôtre (tunique et cape, pieds nus et un phylactère ou livre sacré), mais assis sur une somptueuse chaise ou trône.

Le phylactère présente normalement un texte faisant allusion à sa mission évangélisatrice; ainsi, sur la sculpture du Portique de la Gloire, on peut lire la phrase Misit me Dominus («Le Seigneur m’a envoyé»).

La crosse en forme de «Tau» qu’il soutient dans une de ses mains était la forme traditionnelle des bâtons cérémoniaux que les archevêques portaient et il rappelait la houlette utilisée par les apôtres lors de leurs marches pour diffuser les enseignements du Christ. Ainsi, la crosse favorisait l’idée de la mission apostolique demandée directement par Jésus à Saint-Jacques. Elle servait aussi à intensifier l’importance de Compostelle comme siège épiscopal.

 Le texte  Hic est Corpus Divi Iacobi Apostoli et Hispanorum Patroni («Ici gît le Corps du Divin Apôtre Saint-Jacques Patron des Royaumes Hispanique») apparaît inscrit sur son phylactère. Postérieurement, en 1250 environ, une autre sculpture en pierre de la même image est taillée pour une chapelle de la même cathédrale mais, cette fois-ci, elle est couronnée, en symbolisant l’Apôtre qui règne. Quant à ce modèle iconographique, on peut voir sur saint Jacques différents éléments qui identifient les pèlerins: l’escarcelle, la calebasse, la pèlerine ou le chapeau. Les représentations de Saint-Jacques assis ne vont pas au-delà du XVe siècle. Mis à part la zone d’influence de la Galice, il y a peu d’exemplaires en France, quelques uns en Bretagne, peut- être en raison de l’intensité des pèlerinages maritimes réalisés depuis cette région." http://museoperegrinacions.xunta.gal/sites/default/files/pdf/PDF_FRANCES/SALA-7-FRANCES-2011.pdf

Iconographie galicienne :

— Galego: Santiago en maxestade (anónimo, ca. 1340). Procede da igrexa de Santiago de Ribadavia (Ourense) e formou parte da exposición "O Camiño, a Orixe", na Cidade da Cultura de Santiago de Compostela (2015). auteur Lameiro Wikipédia

https://gl.wikipedia.org/wiki/Ficheiro:Santiago,_Cidade_da_Cultura,_Cami%C3%B1o,_a_Orixe_01-13b.JPG

 

— Exposición Camino El Origen. Museo Gaiás. Santiago de Compostela 13-03 a 13-09 2015. Parte 2.

http://1000-lugares-en-galicia.blogspot.fr/2015/09/exposicion-camino-el-origen-museo-gaias-santiago-parte-2.html

 

— Parteluz del pórtico de la Gloria de la catedral de Santiago de Compostela.  MarisaLR - Travail personnel https://es.wikipedia.org/wiki/Camino_de_Santiago#/media/File:Parteluz_de_l_p%C3%B3rtico_de_la_Gloria.jpg

 

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Saint Jacques en majesté, statue en bois polychrome du XVIe siècle, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques en majesté, statue en bois polychrome du XVIe siècle, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Il est logique de débuter la lecture du vitrail par le tympan.

LE TYMPAN.

Au sommet, Dieu le Père accueille l'âme de l'apôtre, représentée sous forme d'un homme nu, barbu et nimbé.

A droite, a lieu la décollation de saint Jacques, vêtu d'une cape rouge, tenant le bourdon et coiffé du chapeau de pèlerin à coquille Saint-Jacques . Deux paires de bourdonnets sont fixès en croix de chaque coté de la coquille.

 A gauche, décollation du scribe Josias devant Hérode Agrippa.

 Jacques, fils de Zébédée et frère aîné de l'apôtre Jean, est le seul apôtre dont la mort est rapportée dans le Nouveau Testament : « Il (Hérode) fit périr par le glaive Jacques, frère de Jean. » (Actes, XII:2) 

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur. 

Décapité, le corps du saint est embarqué par ses disciples dans un bateau sans gouvernail sous la protection d'un ange. 

La barque accoste devant une ville de Galice (c'est bien-sûr  Compostelle)  gouvernée par la reine païenne Lupa, "La Louve" . La roche devient molle comme de la cire et se moule (en forme de coquille) autour du corps. 

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur.

 Sous une frise architecturale formant dais :  transfert des reliques de saint Jacques sur un char tiré par deux taureaux jusqu'au palais de la reine Lupa.  

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

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Inscription : la partie gauche, devenue illisible, a été remplacée par des caractères fantaisistes mais Ottin (s.d, [1896]) a lu iiil vXL viij charles champion.

De même, en 1891, Abgrall a lu la date de mil Vc XLVIII (1548) suivi de Charles Quampion fabrique. 

Il s'agit du même fabricien qui a commandité et inscrit son nom et la date 1548 sur la baie de saint Laurent à gauche de la baie axiale. 

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Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Jacques le Majeur (1548), chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet, photographie lavieb-aile.

 

 

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n42/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

— OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

 

 

PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 20:30
Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Avec ses 2,50 m de haut et ses 1,10 m de large, la baie n° 6 en arc brisé éclaire le bas-coté sud de la nef. Elle comporte deux lancettes cintrées de trois panneaux et un tympan à 3 ajours (2 mouchettes et 1 soufflet). La verrière qui la ferme est consacrée au miracle de Saint Éloi ferrant et replaçant le pied coupé d'un cheval. Elle n'a été que peu restaurée, en 1918, par l'atelier parisien d'Alfred Bonnot : le soubassement a été complété à droite. On y note l'emploi de sanguine et de jaune d'argent.

On sait  sans-doute qu'en Bretagne, saint Éloi est invoquè pour la protection des chevaux, patrimoine essentiel des agriculteurs. La chapelle conservait autrefois une statue de saint Éloi. Un pardon lui fut consacré à partir de 1912 , près de la fontaine, pour concurrencer celui de la chapelle de Saint-Hervé à Gourin où les éleveurs et paysans avaient coutûme de se rendre en septembre pour baigner les chevaux.

Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Baie n°6 : Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Lancette A, panneau médian : saint Éloi ferrant la patte coupée.

"Ce vitrail se trouve dans le bas-côté Sud. Avant d'être élevé, en 640, au siège· épiscopal de· Noyon, saint Eloi avait été orfèvre à la cour de Clotaire II. Patron des orfèvres, il est devenu le patron des forgerons, des maréchaux-ferrants, et aussi des chevaux. Au diocèse de Quimper, plusieurs Pardons de chevaux se célèbrent en son honneur : à Saint-Eloi, Ploudalmézeau, Ploudaniel, Saint-Vougay, Plougourvest, Plouyé, Plouzévédé, Clohars- Fouesnant, Baye,  etc... · Dans notre vitrail, saint Eloi est occupé à ferrer un cheval. Coiffé d'une toque violette, il est vêtu d'un justaucorps bleu, ·d'une casaque rouge, porte des hauts-de-chausses violets. et des bas-de-chausses jaunes. A ses pieds, on voit un marteau et un fer à cheval. Son compagnon, coiffé d'une toque rouge, est habillé d'un justaucorps rouge, d'une casaque bleue, d'un tablier blanc, et porte des hauts et des bas-de-chausses de couleur jaune. Pendant qu'il tient la jambe du cheval, dont saint Eloi a détaché le pied, celui-ci s'emploie à ferrer le membre détaché. C'est ici un trait Iégendaire. Selon les données de la tradition populaire, saint Eloi ferrait un cheval, quand un étranger, se présentant, lui dit : «Je vois que vous ne savez pas bien votre métier. Pour bien ferrer un cheval, il faut lui détacher le pied, y mettre le fer, puis le rattacher à la jambe dont il était séparé.» Et l'étranger, joignant l'exemple au conseil, ferra lui-même le cheval de la façon susdite. Au premier coursier qu'on lui amena, saint Eloi voulut, pour le ferrer, user du même procédé. Quand il tenta de rattacher le pied à la jambe, il échoua piteusement. C'est qu'il ne jouissait pas de la Toute  Puissance de celui qui lui avait donné la leçon, et qui était le Seigneur Jésus lui-même."  (H. Pérènnes) 

Voir la légende racontée par Luzel : https://fr.wikisource.org/wiki/L%C3%A9gendes_chr%C3%A9tiennes/Saint_%C3%89loi_et_J%C3%A9sus-Christ

La Légende Dorée de Jacques de Voragine ignore saint Éloi, et les versions complétées et tardives, qui incluent ce saint, ne mentionne que ses talents d'orfèvre, et sa nomination comme évêque de Noyon. Voir la Légende Dorée traduite par  Les enluminures des Livres d'Heures et des traductions de la Légende Dorée du XVe siècle le représentent en saint évêque. (il est alors fêtée le 25 juin). Voir les 16  enluminures de Mandragore.

L'article de Wikipédia  donne une version plus précise du miracle de saint Éloi et cite notamment le rôle de l'enseigne prétentieuse d'Éloi avant sa conversion : Éloi, maître sur maître, maître sur  tous avant que Jésus ne lui donne la leçon d'humilité par laquelle il devra reconnaître que seul  le Christ est "maître sur tous".

Cet article signale que cette légende est d'origine allemande : à Fribourg, le vitrail homologue de celui de Spézet date de 1320.

Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

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A Fribourg, à Spézet,  la compréhension du miracle est ambiguë, car tout donne à penser que c'est saint Éloi (nimbé) qui procède brillamment à la pose du fer sur la patte coupée, sous le regard ébahi des assistants. 

 Beaune sur la tapisserie du 3e quart du XVe siècle des Hospices, l'ambiguïté persiste, car un chevalier présente le cheval, dont la patte est coupée, à la Vierge portant l'Enfant.

Pourtant, on peut penser que le maître-ferrant nimbé n'est autre que le Christ, que le chevalier derrière lui est saint Georges, et que le prétentieux Éloi est peint sur la lancette B, tenant la deuxième patte et observant la leçon qui lui est donnée.

Notez le cheval de gauche, audacieusement dessiné en fuite.

 

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Le Christ ferrant, Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Le Christ ferrant, Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Inscription de la date : 1550.

Notez aussi le sol avec pavés tracés à la sanguine.

" Au-dessous des pieds du saint, on lit la date de 1550 « à laquelle correspond admirablement le costume des deux opérateurs et des deux propriétaires de chevaux qui sont à l'arrière-plan. On y trouve, en effet, toutes les particularités du règne de Henri II : petit toquet élégant, pour la coiffure, justaucorps, casaquin, hauts et bas-de-chausse collants. Les poses et les physionomies des personnages sont également en conformité  avec les peintures et sculptures de cette époque, de même que les petits ornements d'architecture qui forment les bases et les couronnements des deux baies et qui rappellent les motifs décoratifs de quelques-uns de nos porches » (Abgrall, p. 13 ). " (H. Pérènnes) 

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Selon mon hypothèse, voici donc le bon Éloi, pas encore converti — ou plutôt sur le point de l'être — à l'humilité évangélique et au renoncement à l'hubris. (J'entends Nietsche qui fulmine).

Ce serait alors amusant de constater que le nimbe christique prend la place le plumet dont le panache orgueilleux fait la roue sur la tête des autres personnages et même de leur monture.

C'est un peu comme dans la légende de saint Christophe, où le moment de la Conversion est celui où le géant trouve son maître, et où ce moment est fixé par une iconographie stéréotypée. dans les deux cas, (mais je ne le comprends, dans le cas d'Éloi, qu'aujourd'hui) cette conversio, ce renversement des valeurs et de l'âme passe par un jeu de regard : celui, éloquent, d'Éloi. 

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Notez le mors du cheval, dont les longues branches sont très dures à la bouche de l'animal.

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Le monogramme V.D qui se lit sur l'enclume est considérée comme la signature de Vincent Desportes.  Des maîtres-verriers de ce nom sont mentionnés à  Châteauneuf-du-Faou . (Congrés archeol. de France 1956 p. 217). Un Vincent Desportes répara en 1588 les verrières de Moncontour (Infobretagne). 

Néanmoins, un I est inscrit à l'intérieur du V et du D (comme dans l'abréviation de D[omin]i) : s'il s'agit d'une signature, le prénom et le nom devraient se terminer par un -i-.

Les outils du maréchal-ferrant sont, pour déferrer,  la mailloche, le dégorgeoir,  et la tricoise (la tenaille), et, pour ferrer, d'une forge et de son  enclume, du brochoir, de  la rape demi ronde, la rénette, et de la rape plate. Le brochoir sert ...à brocher, c'est à dire à enfoncer les clous : c'est lui que tient le Christ. Une extrémité est bifide pour extraire les clous : on le voit sous l'enclume.

Voir aussi saint Éloi et ses outils à  la chapelle de Tréguron (Gouezec) 

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Au sommet des lancettes : deux anges accroupis jouant de la flûte traversière.

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Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de saint Éloi, chapelle Notre-Dame -du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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TYMPAN 

Dans les soufflets du tympan figurent trois jolis anges , dont deux (peu restaurés) ont les mains jointes sur la poitrine.   

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SOURCES ET LIENS.

 

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie) 1909 : La chapelle de Notre-Dame du Crann en Spézet (Bulletin de la Société archéologique du Finistère).

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n42/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

— COUFFON (René) LE BARS (Alfred), 1988, Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper et de Léon, Quimper, Association diocésaine, 551 p.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SPEZET.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

 

 

— PÉRENNÈS (chanoine Henri), 1931, La chapelle Notre-Dame-du-Crann en Spézet, Quimper, imprimerie cornouaillesse. Reprise des articles du BDHA de 1930-1931

 http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

— Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1903 page 290:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k109982z/f297.image

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux Spézet
19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 16:47

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PRÉSENTATION.

Éclairant le bras sud du transept, la verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, de 5,00 m de haut et 2,05 m de large, à 3 lancettes et un tympan de 5 ajours, est organisée en tableaux superposés, la bordure de nuées de celui du haut empiétant sur l'encadrement architectural de celui du bas. 

 

Vue du bras sud du transept, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.
Vue du bras sud du transept, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Vue du bras sud du transept, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

 

 

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR.
Sous une large voûte en caissons peuplée d'anges, la Vierge étendue sur son lit,est  veillée par les apôtres. Saint Jean tient la palme que l'ange Gabriel lui a remis. Saint Pierre (reconnaissable à son fameux toupet), avec une étole croisée sur la poitrine, lit une oraison funèbre sur le pontifical. Un apôtre brandit une croix processionnel et un encensoir, un autre asperge le corps d'eau bénite.

Selon Jean-Pierre Le Bihan, "Elle est encadrée ou surmontée d’une sorte de portique ou arcade architecturale portée sur un entablement et des pilastres à chapiteaux corinthiens. L’  ensembIe. .du tableau est composé d’après les données le la Légende dorée et offre beaucoup de rapports avec le panneau flamand du retable de Kerdevot, en Ergué-Gabéric."

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Saint Pierre.

 

Saint Pierre, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Apôtre priant.

Cet apôtre dessiné dee profil et priant dvant un livre rappelle celui du retable Lösel de Mulhouse.  Photo Claude Menninger. Notez dans ce panneau le Christ tenant l'âme de sa mère.

Voir aussi la Dormition de Vieux-Thann .

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/le-vitrail-de-la-vigne-de-jesse-et-la-vie-de-marie-a-vieux-thann-haut-rhin.html

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Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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L'apôtre au goupillon d'eau bénite.

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Apôtre au goupillon, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Apôtre au goupillon, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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L'apôtre aux bésicles.

Dans la chapelle, un panneau  nous signale la rareté de la présence de cet accessoire, mais on le retrouve sur une Dormition de l'église de Villeneuve-sur-Yonne datant aussi du XVIe siècle.

http://catholique-sens-auxerre.cef.fr/eglises/villeneuvesyonne.htm

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... ou bien sur la Dormition de la Chapelle-Janson (35) sur un vitrail de 1558 du maître-verrier rennais  Michel Bayonne :

http://fr.topic-topos.com/la-dormition-de-la-vierge-la-chapelle-janson 

...ou sur le nez de saint Matthieu sur le vitrail de la Dormition de 1594 de l'église Saint-Maudez de Duault (22) :

http://fr.topic-topos.com/la-dormition-de-la-vierge-duault 

...ou bien dans une Dormition d'Hans Holbein-le-Vieux de 1492 :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hans_Holbein_the_Elder_-_The_Dormition_of_the_Virgin_-_Google_Art_Project.jpg

.... et René Couffon a pu considérer dans un article de 1943 du MSHAB qu'au contraire, la présence de lunettes était de règle sur les Dormitions du XVIe siècle ! 

Dans La Mort de la Vierge de Martin Schongauer, (<1491), elle sont tenues à la main près du livre.

Rappelons que c'est sur le Tryptique de Bald Wildungen de Conrad von Soest, daté de 1403, que l'on trouve sur une Pentecôte la plus ancienne peinture de lunettes au nord des Alpes. Sur le nez d'un apôtre. 

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L'apôtre aux bésicles, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

L'apôtre aux bésicles, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Apôtres lisant une oraison.

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Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

REGISTRE MOYEN. 

Le Christ apparaît en buste dans une mandorle d'or au sein de nuées : il tient dans ses bras l'âme de Marie, représentée comme une fillette vêtue d'un voile de gaze.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Le Christ tenant dans ses bras l'âme de la Vierge.

Les rayons blancs sont gravés das le verre rouge doublé.

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Le Christ tenant dans ses bras l'âme de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Le Christ tenant dans ses bras l'âme de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. LE COURONNEMENT DE LA VIERGE.

Sur toute la largeur des lancettes, dans des nuées peuplées d'anges, la Vierge en Assomption est couronnée par des anges et par la Trinité : le Christ à gauche bénissant et tenant le globe, et Dieu le Père à droite tenant une couronne. 

Les thèmes de l'Assomption et du Couronnement sont associés à celui de la Dormition dans un vitrail du XIIe siècle de la cathédrale d'Angers, mais dans des médaillons distincts.

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1966_num_124_1_4229#bulmo_0007-473X_1966_num_124_1_T1_0020_0000

 

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ bénissant et tenant l'orbe.

Le verre rouge du nimbe est gravé pour tracer les irradiations blanches.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge couronnée.

 

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Dieu le Père présentant une couronne à la Vierge.

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Dieu le Père, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Dieu le Père, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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Chœur des anges et ange jouant du hautbois.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Tête d'ange.

 

Registre supérieur, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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III. LE TYMPAN.

Il a été restitué en 1916 , succédant à une vitrerie blanche qui remplaçait peut-être des armoiries. La colombe du saint-Esprit occupe l'ajour supérieur, et des anges musiciens les autres ajours.

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Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

Verrière de la Dormition et du Couronnement de la Vierge, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet. Photographie lavieb-aile.

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DISCUSSION.

La discussion s'appuiera sur l'étude remarquable de l'iconographie que fit Joseph Duhr en 1950. Il situe l'origine du culte de la "Koimésis" (Dormition) en Orient au VIe siècle grâce au développement du culte marial sous l'empereur Justinien et place le texte Dormitio Dominae nostrae.de Jean, évêque de Thessalonique (ou "pseudo-Jean" selon les auteurs récents) comme récit fondateur . Il oppose "l'art byzantin, qui nous fait voir la Vierge déjà morte, et l'art occidental qui nous la dépeint agonisante ou mourante".  

L'art byzantin présente la mort de Marie  dans ses aspects les plus solennels et les plus pathétiques :  la Vierge, morte déjà, est étendue sur un lit de parade, revêtue de son grand manteau de reine, les mains croisées sur la poitrine, endormie dans l'amour et la paix. Et, à côté d'elle, Jésus, majestueux, tient entre ses bras l'âme de Marie, sous la forme d'un petit enfant, éclatant de lumière; sur le point de la remettre aux deux anges descendus du ciel. 

L'art occidental décrit la Dormition en la rapprochant d'une cérémonie liturgique funèbre célébrée par les apôtres : l'idéalisme et de la grandeur byzantine cède la place  à un réalisme un peu lourd, sentimental, mais une piété sincère et profonde transfigurent ces rites et leur donnent un sens plus élevé et plus spirituel. Surtout (pour ce qui nous concerne), la scène va finir par être amputée de la réception de l'âme de la Vierge par le Christ.

Néanmoins, les deux traditions conservent de nombreux points communs. 

Je me propose de focaliser l'étude du vitrail de Spézet sur quelques points.

1°) Saint Jean et la palme. 

Cette palme tenu par Jean tient un rôle important. Elle provient d'un palmier du paradis, a été remise par saint Michel à la Vierge, qui l'a à son tour remise à l'apôtre Jean. Elle est le gage de la promesse faite par le Christ de venir en personne accueillir Marie dans les Cieux :

 Selon Jean de Thessalonique, "Trois Jours avant son départ définitif, Marie reçoit la visite du grand ange, qui n'est autre que saint Michel. L'envoyé de Dieu lui annonce que, ce laps de temps écoulé, « elle déposerait son corps» . Il lui remet également une branche cueillie sur un palmier du paradis, gage de l'amitié de Dieu, gage aussi de sécurité et de salut. « Cette branche, lui recommande le messager céleste, confie-la aux apôtres pour qu'ils la portent devant toi pendant le parcours du cortège funèbre, en chantant des hymnes ». Il lui apprend que les apôtres, réunis autour d'elle avant sa mort, pourvoiront à sa sépulture. Enfin, il lui révèle que, les trois jours écoulés, il reviendra, mais non pas seul ; Dieu lui-même descendra auprès d'elle, escorté de toutes les armées angéliques qui chanteront en sa présence. Qu'elle prenne soin, insiste-t-il une nouvelle fois, de garder précieusement la branche de palmier (le brabêîon»). Une visite au mont des Oliviers, ordonnée par l'ange, achève la journée. De retour à la maison, Marie adresse une prière à Jésus, où elle lui rappelle sa promesse de venir lui-même en personne la prendre à son heure dernière ; et de ne pas abandonner ce soin aux puissances angéliques. Le lendemain, Marie convoque parents et connaissances, pour lui prêter assistance en tenant une lampe allumée entre leurs mains. Les voyant réunis, elle les exhorte à prier . — Sur ces entrefaites, Jean arrive de Sardes (d'Ephèse, dit le Pseudo-Méliton), porté sur une nuée. Marie recommande à Jean de prendre soin de sa sépulture et de préserver son corps contre les machinations des princes des prêtres, résolus de livrer ses restes aux flammes. Elle lui montre l'habit spécial dont elle devra être revêtue après sa mort, ainsi que la branche de palmier apportée par l'ange. «Tu la porteras, précise-t-elle, devant la litière funèbre." Les onze autres apôtres arrivent à leur tour, sur l'aile des nuées. Et Jean les informe du départ prochain de la Vierge"

 

2°) L'accueil de l'âme de Marie par le Christ.

a) Le résumé du récit de Jean de Thessalonique:

"Et voici que le Seigneur, en grande gloire, se présenta, (porté) sur une nuée du ciel, escorté de la. multitude des anges et de l'armée céleste, innombrable. Il entra dans la chambre où Marie se trouvait, accompagné de Michel et de Gabriel; les autres anges, à l'extérieur, entouraient la demeure et chantaient les louanges de Dieu. En entrant, le Sauveur trouva les apôtres autour de Marie. Les ayant salués, il embrassa chacun d'eux ; puis il embrassa sa Mère». Celle-ci le remercia d'être venu lui-même prendre son âme. « Qui suis-je, conclut-elle humblement, pour être gratifiée d'une telle gloire et d'un tel honneur ». « Après ces mots, elle remet, dans un sourire, son âme sans tache, précieuse et sainte, entre les mains du Seigneur, son Fils. L'ayant reçue, le Maître la fit passer aux mains de ses glorieux anges Michel et Gabriel. "Et les apôtres contemplèrent l'âme de Marie qui avait la forme d'un corps humain, pourvu de tous ses membres, mais sans sexe. « Elle était blanche, plus éclatante infiniment, que le soleil ». 

On voit que le peintre-verrier, en représentant l'âme de la Vierge, en a donné une peinture fidèle à ce texte du VIe siècle. Il a aussi été inspiré par de nombreux artistes et une longue tradition :

b) La tradition iconographique :

Dans l'art byzantin, au monastère de Daphni près d'Athènes au XIe siècle, ou sur la mosaïque de Mortarana en Sicile (v. 1150)  la Dormition inclut la figuration du Christ descendu en personne auprès du lit pour recevoir l'âme de Marie figurée comme un petit enfant emmailloté et remis aux archanges Michel et Gabriel.  On la retrouve encore en 1423 au mont Athos. En Occident, le Christ acceuille l'âme de sa mère au XIIIe siècle à la cathédrale de Chartres (au tympan du portail central de la façade nord) et à celle de Strasbourg (tympan de la porte gauche du portail sud). Au XIVe, sur la Dormition de Giotto (v.1313) "Les anges, debout, majestueux et graves, contemplent la petite Vierge qui, entre les bras de Jésus, lui tend ses petites mains avec une grâce charmante.". De même, sur le panneau de la Maesta de Duccio (1308). Ou dans la Dormition de Fra Angelico (1431).

Mais cette représentation disparaît de la gravure de Dürer dans sa série de la Vie de la Vierge de 1510.

3°) Le rôle des apôtres.

Le texte de Jean de Thessalonique le précise ainsi, après que les apôtres aient été miraculeusement rassemblés et transportés par des nuées autour de la Vierge  :

« Pierre était assis du côté de la tête, et Jean du côté des pieds de la Vierge. Les autres apôtres se tenaient autour de la couche. Vers la troisième heure (minuit) un grand coup de tonnerre retentit dans le ciel, et un parfum ineffable (se fit sentir), si bien que sous l'action de ce parfum excessif, tous ceux qui entouraient la couche de Marie furent envahis par le sommeil, à l' exception des apôtres et de trois vierges, à qui Marie avait demandé de veiller avec elle, pour être les témoins de sa faiblesse et de sa gloire".

La tradition byzantine peint donc les apôtres, rassemblés autour du lit, la plupart du temps formant deux groupes, l'un à la tête, l'autre aux pieds de la Vierge; saint Pierre, au chevet et saint Jean, au côté opposé (pas toujours cependant) ; parfois les trois vierges; le parfum ineffable qui envahit la chambre de -Marie, évoqué par un encensoir agité par saint Pierre.

En Occident, des détails nouveaux s'introduisent dans l'image traditionnelle.  Pierre ne tient plus l'encensoir. Une croix de procession, deux chandeliers, et un livre font leur apparition dans l'Evangéliaire de Henri II (1002-1024) , et dans une miniature d'un graduel d'Osnabrûck (fin du XIIe siècle), Pierre tient le bassin d'eau bénite et l'aspersoir. Chez Giotto, Pierre, au chevet, ne tient plus l'encensoir mais, revêtu de l'étole, il récite dans un livre les prières liturgiques, et ce sont deux autres apôtres qui sont pourvus de l' encensoir et de la navette; Jean, au pied de la couche, tient en mains la branche de palmier. Entraînés par cet exemple, les artistes postérieurs nous feront presque toujours voir, dans la suite, saint Jean muni de la palme précieuse que les orientaux lui confiaient uniquement pour précéder le cortège funèbre .

Notons l'introduction du motif de la lecture d'un livre, puisque c'est par ce motif que l'introduction des bésicles s'imposera.

 En 1510, sur la gravure de Dürer, Saint Pierre, coiffé d'une mitre, asperge la mourante d'eau bénite; un autre apôtre, à côté de lui, récite, dans un rituel sans doute, les prières des agonisants; pendant que saint Jean, tout près s'efforce de fixer le cierge béni, allumé, dans la main droite défaillante de Marie. A l'avant-plan, un apôtre, à genoux, revêtu de la chasuble, tient en main la hampe élancée d'une croix de procession, et un autre, penché vers lui, tient un encensoir. 

 

 

 

 

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SOURCES ET LIENS

— ARLAUX (Claire), 2006, La chapelle de Notre-Dame-du-Krann à Spézet, ed. Keltia Graphic.

DUHR (Joseph), 1950, La « dormition » de Marie dans l'art chrétien , Nouvelle Revue théologique 72, pages 135-157.

http://www.nrt.be/docs/articles/1950/72-2/2156-La+%C2%AB%26nbsp%3BDormition%26nbsp%3B%C2%BB+de+Marie+dans+l'art+chr%C3%A9tien.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, page 197.

— MIMOUNI (Simon ), 2011,  Dormition et l'Assomption de Marie: Études littéraires, historiques et doctrinales, Brill, 382 p.

https://books.google.fr/books?id=0wXhXwG_l4sC&dq=dormition+athos&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux
19 juin 2016 7 19 /06 /juin /2016 10:42

Iconographie de saint Christophe : dans le chœur et les chapelles rayonnantes de la cathédrale de Fribourg (Freiburg im Breisgau). 1512-1524. Chorfenster ; Freiburger Münsterchores ; Hochchor; Kapellenkranz.

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Voir :

— Sur Fribourg-en-Brisgau :

— Sur saint Christophe :

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I. Huitième Fenêtre haute du chœur, coté nord. Baie n°7. 

Huitième fenêtre du coté nord du chœur. 215 x 268 cm. Vers 1512-1520 ?? Travail attribué "probablement" par C. Hermans à Hans Gittsmann, alias Meister Hans von Ropstein  (ou Raperstein).

La 4e fenêtre nord du chœur  datée de 1512 porte le nom de  Ropstein der Glaser ; une autre est datée  de 1511-1513 et on y  lit les noms de "meister Hansen von Ropstein und Jakob Wechtlin und Diedrich Fladenbacher glaser.". Une troisième est datée de Pâques 1310, une autre porte le nom de «Jacob Wechtlin» (membre de la famille du célèbre peintre Wechtlin). Les vitraux ont été posés peu de temps après que le  chœur ne soit terminé et avant même son investiture. 

On y voit sainte Marie-Madeleine, saint Christophe, saint Jean et l'apôtre saint Jacques le Majeur.

 

https://archive.org/stream/dasfreiburgermun00kemp#page/144/mode/2up

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Quatre blasons de donateurs.

Inscription : "Sigmund von Valckenstein und Christoph von Valkenstein und Ursula von Embs sin ehlich gemahl, denen Gott gnad."

— Voir la famille suisse Falckenstein sur Wikipédia : https://de.wikipedia.org/wiki/Falkenstein_(schweizerisches_Adelsgeschlecht)

Sigmund von Falkenstein (1477-25 juin1533),  fils du second mariage de Thomas de Falkenstein avec Amelia von Weinsberg, appartient à la branche installé en Brisgau et en Alsace.  Il possédait en 1499-1506 le château de Sneeburg  en Ebringen (aujourd'hui Breisgau-Hochschwarzwald). En 1506 , il épousa  la veuve Helena, fille de Hans von Hohenems. Le dernier représentant mâle de la famille, Johann Christoph von Falkenstein était l'un des trois enfants  de Sigmund et de Veronika von Embs, la veuve de Georg von Eberstein  (Maximilien, Jean-Christophe et Anne) ; il a été d' abord mentionné en 1523. Il était conseiller impérial, président du gouvernement autrichien devant Ensisheim et gouverneur suprême du Sundgau et Breisgau. Il est décédé en 1559. (données sous réserve)

— Voir la famille von Embs, de Franconie, sur Wikipédia :

https://de.wikipedia.org/wiki/Embs

En 1523, la famille possédait le château de Berolzheim.

 

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Blasons de la 8e Fenêtre haute du nord du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Blasons de la 8e Fenêtre haute du nord du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La lancette de saint Christophe.

S. CRISTOFERUS

Bien que saint Christophe soit représenté, pour des raisons évidentes, à la même échelle que les autres saints, sa nature de géant apparaît par des traits de sauvagerie : pieds et jambes nues (alors que l'eau du gué n'est pas figurée), pieds larges, musculature forte, prise manuelle solide des poignets (main droite en supination, main gauche en pronation), visage fort, barbe non taillée, tunique nouée à la ceinture par une bande de tissu.

Exception rare dans l'iconographie, le saint passeur et son petit passager ne sont pas représentés de profil, en progression vers la gauche, mais de face, comme observés depuis la rive qu'ils doivent atteindre, d'où ces jambes écartées, ce pied droit en ouverture prononcée, cette diagonale du bâton qui participent à témoigner de l'effort en cours. 

Le bourdon est semblable à un arbre arraché, tout aussi sauvage et brut que son maître, et il ne présente encore aucun signe de la reverdie miraculeuse que le divin Enfant est en train d'annoncer pour attester de son pouvoir sur la nature, et, par métonymie, sur le Monde.

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Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre haute du chœur, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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II. Fenêtre de la quatrième chapelle rayonnante du chœur. 1524.

Chapelle des Lichtenfels et des Krozingen.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01299726/document

 

Saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Inscription "Christophorus de Crotzingen anno 1524".

Le donateur est agenouillé devant saint Christophe. Il porte le surplis et l'aumusse en pelisse des chanoines. Il était vicaire de la cathédrale.  Les armoiries associent la roue noire sur fond blanc des Krozingen, et les ailes rouges du maréchal von Delsberg, famille de la mère du donateur.

Saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Jacques présentant le donateur Trudbert von Krozingen et ses épouses.

Trudbert von Krozingen, le frère du chanoine Christophe, est agenouillé avec ses deux épouses Anna Bechtoldin et Margareta von Graben. Inscription : «Truprecht von Krozingen und Anna Bechtoldin und  frow Margareta von Graben sin elige gemahel 1524.»

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Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre  de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques présentant le donateur à saint Christophe, Fenêtre de la chapelle Krozingen, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La partie droite de la quatrième chapelle : la famille Lichtenfels.

A gauche le chanoine Corneille de Lichtenfels (décédé en 1535) agenouillé devant saint Germain, abbé au VIIe siècle de Moutier-Grandval (Jura); Une inscription précise : «Cornelius de Lichtenfels, ecclesiae Basileensis- scholasticus  et canonicus». Sa tombe se trouve dans la chapelle. Ses armes associent celles des Lichtenfels et celles de sa mère, la roue des Krozingen. 

Armoiries des Lichtenfels :  les ailes et la hache d'or sur fond noir .

"Lichtenfels, Cornelius I de (?- 7 août 1535) a été le prévôt du chapitre de Moutier-Grandval de 1511 à 1535 et plusieurs fois vice-doyen du chapitre cathédral de Bâle entre 1505 et 1531. Fils de Wofgang de Lichtenfels (Wurtemberg). A deux fils, Wilhelm et Cornelius (prévôt de 1539 à 1564). Décédé le 7/8 septembre 1535. Etudes à Fribourg (1479) et à Tübingen (1493). Chanoine de Bâle dès 1488. En 1504, il est mentionné comme remplaçant à Moutier de Jean Burckard, et en 1507 de Jean Lib. En 1511, ce dernier résigne sa charge de prévôt en faveur de L. qui est nommé par le pape la même année. C'est à son époque qu'a lieu le déménagement du chapitre de Moutier à Delémont (printemps 1534), suite à la Réforme. La première mention en tant que vice-doyen du chapitre de Bâle date du 11 juillet 1505. D'autres suivront sous les décanats de Pierre de Hertenstein (1506?-1515) et de Nicolas de Diesbach (1516-1531). Ecolâtre du chapitre (1509-1535) probablement en 1509 déjà, il dut alors faire face à deux provisi nommés par le pape (mais qui n'entrèrent jamais en possession de cette fonction), contre lesquels il s'imposa totalement après le 4 mai 1511. En 1528, dispute avec Paracelse. En 1533, le chapitre s'oppose à une nouvelle nomination de L., alité, comme vice-doyen pour Lib." Dict. du Jura, https://diju.ch/f/notices/detail/3985

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Saint Germain et le Christ Sauveur, Fenêtre  de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Germain et le Christ Sauveur, Fenêtre de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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A droite, le donateur Hans von Lichtenfels, ses épouses Maria von Landegg et  Anastasia Pfewin von Riepur   agenouillés devant le Christ Sauveur. 

Inscription : «Hans von Lichtenfels und frow Maria von Landegg, und frou Anastasia Pfewin von Riepur, sin elyge gemach.»

Les armoiries de Maria von Landeck, première épouse, est le blason des Schnewlin. Celles d'Anastasia  Pfauin von Rüppurr, sont deux clefs d' argent sur fond rouge.

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Fenêtre  de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Fenêtre de la chapelle Lichtenfels, v.1524, cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 — Die Schützengesellschaften zu Freiburg im Breisgau 1846 https://books.google.fr/books?id=dh5mAAAAcAAJ&dq=christoph+von+Krozingen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— HERMANS (Clara et Claus), 2014,  Die Glasgemälde des Freiburger Münsterchores und ihr Meister Hans von Ropst https://books.google.fr/books?id=gk6QAwAAQBAJ&dq=Christophorus+de+Krozingen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

—  KEMPF ( Friedrich), SCHUSTER ( Karl), 1906, Freiburger Münster : ein Führer für Einheimische und Fremde, Freiburg, Herdersche Verlagshandlung.

https://archive.org/stream/dasfreiburgermun00kemp#page/n7/mode/2up

— MÜLLER (Johann Nepomuk), 1839, Führer durch die erzbischöfliche Dom- und Münsterkirche zu Freiburg im Breisgau. 

https://books.google.fr/books?id=8ac5AAAAcAAJ&dq=Ursula+von+Embs&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— SCHOLZ (Harmut) BECKSMANN (Rüdiger), 2010, Die mittelalterlichen Glasmalereien in Freiburg im Breisgau

— SCHREIBER (Par Johann Heinrich) 1826 Das Münster zu Freiburg im Breisgau page 28

https://books.google.fr/books?id=BehhAAAAcAAJ&dq=Christophorus+de+Crotzingen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe. Fribourg Vitraux
18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 13:09

Iconographie de saint Christophe : la verrière des Cordonniers de la cathédrale de Fribourg (Freiburg im Breisgau), 1320.

Freud et saint Christophe.

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I. La verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) du bas-coté sud de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320).

Cette verrière est faite de quatre lancettes ogivales.  La première est toute entière occupée par saint Christophe, alors que les trois autres sont chacune découpées en trois médaillons consécrés à la Passion (la dernière Cène, le Christ sur le Mont des Oliviers, son arrestation, le Christ devant le roi Hérode, la Flagellation, le Couronnement d'épines, la Croix, la Crucifixion et la Mise au tombeau . Enfin, chaque lancette porte en registre inférieure une marque de donation répétée deux fois : deux ours d'or de chaque coté, et deux bottes noires au centre. Ces bottes, à lacet rouge, sur un blason d'or forment  l'insigne de la guilde des Cordonniers, comme le spécifie l'inscription : DER. SCHUMACHER. ZUNFT. ZE. DEM. GULDIN. BERN  soit "La Guilde des Cordonniers --A l'Ours d'Or --"

Les blasons latéraux sont de sable à l'ours d'or passant (dressé sur ses pattes, de profil) armé et lampassé de gueules (ses griffes et sa langue sont d'un émail rouge), à la chaîne et au collier d'azur Ces blasons, ainsi que les mots "ze dem guldin bern"  m'ont intrigué longtemps, avant que je n'apprenne que les panneaux latéraux sont de création récente (20e siècle) et qu'ils représentent l'enseigne de la taverne "A l'Ours d'or" où la Guilde tenait ses réunions. 

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) ,  nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) , nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Guilde des Cordonniers, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Guilde des Cordonniers, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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 Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Lancettes de la  Passion,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
Lancettes de la  Passion,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la Passion, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE DE SAINT CHRISTOPHE.

J'ignore si saint Christophe était considéré par les cordonniers comme leur patron, en plus de frères martyrs Crépin et Crépinien. Saint Christophe est le patron des pèlerins et plus largement des voyageurs, c'est à dire de gens qui usent leurs souliers.

Quoiqu'il en soit, le fait qu'il occupe à lui seul (avec son passager) l'ensemble des trois panneaux , cas presque unique dans la nef où les autres lancettes sont découpées en médaillons, témoigne de ce que le gigantisme du saint n'est pas escamoté, mais que, au contraire, il  est mis en valeur comme l'un de ses caractères essentiels. On sait que selon la Légende Dorée (1261-1266), Christophe était un géant païen nommé Reprobus, qui ne prit son nom de "Porteur de Christ" qu'après sa conversion lors du passage du guè. 

La date de la verrière (1320) place ce saint Christophe en tête de la chronologie de ma série iconographique, et peu de temps après que, selon D. Rigaux, se mettent en place les principales composantes de l'image. Ainsi, dès le début du XIVe siècle, nous trouvons ici :

  • la traversée du fleuve de la droite vers la gauche.
  • L'Enfant porté sur l'épaule gauche.
  • L'Enfant tenant le globe crucigère et bénissant,
  • La rotation du bassin puis du tronc du saint
  • L'orientation rétrograde de son regard vers le haut et l'arrière, cd'est à dire vers l'Enfant.
  • Le bâton de marche qui fleurit (ou qui reverdit)
  • Les pieds dans l'eau, et les poissons et êtres aquatiques malfaisants. 

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Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Saint Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Le regard de la Foi.

Je retrouve aussi dans ce vitrail ce regard de saint Christophe si particulier et si propre à cette iconographie, par lequel, saisi par le tourment (il succombe sous le poids incompréhensiblement lourd du bambin qu'il doit mener sur l'autre rive)  il se détourne soudain, lève les yeux, et, par l'échange de deux phrases, réalise qu'il porte le Maître du Monde. L'axe de son regard s'oppose à l'horizontalité de sa progression et accède à la fois à la verticalité et au renversement, à la con-version. L'Enfant-Christ regarde, lui, dans la direction de sa main qui bénit. 

A ces axes se mêlent ceux du bâton de marche, ici d'abord vertical comme une hampe, mais qui s'incline, à la fois pour épouser la courbe ogivale du sommet de lancette, mais aussi pour témoigner du changement de nature qui s'opère. La rigidité orgueilleuse et  ligneuse devient flexibilité, adaptation, mouvement d'un feuillage habile à se courber sans rompre, humilité, mais aussi vigueur animée par la sève, la vie. 

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Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Saint Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Les pieds dans l'eau.

Le changement de milieu (air / eau) est rendu par des ondulations en grisaille, selon des directions différentes pour chaque pièce. Sur le plan spirituel, il s'agit d'indiquer que la traversée du fleuve est un temps de rupture et d'exposition aux risques. L'eau est l'élément étranger, dangereux, celui de la perte des repères et de la stabilité, celui où l'on peut perdre pied et être emporté par l'impulsivité de tous ces courants représentés en lignes sombres. L'eau est en relation avec les forces démoniaques, profondes, basses, en relation avec les forces démoniaques, et, pour le souligner, le peintre-verrier à dessiné d'une part un gros poisson (imaginons un brochet) qui en dévore un autre plus petit, et d'autre part un véritable dragon à queue de serpent, ailé comme un hibou et à tête de diable.

 

 

int Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
int Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

int Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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DIGRESSION ET SABLES MOUVANTS. "Le Saint Christophe allemand".

     En 1896, Konrad Richter fit paraître dans le vol. V. I des  Acta Germanica, Organ für deutsche philologieBerlin, Mayer und Müller,  son article  de 243 pages sur « Der deutsche St. Christoph », où il menait une enquête parfaitement érudite et exhaustive sur le saint Christophe Allemand, et les bases et évolutions des textes de la Légende ou de l'iconographie christophienne en Allemagne. Il serait abusif de prétendre que je l'ai lu, malgré le vif désir que j'ai éprouvé de le faire ;  je fus peut-être rebuté par l'absence de toute illustration et par l'appareil proliférant des notes de bas de page ou note de pied (Fußnote ), mais surtout par mon absence de compréhension aisée de l'allemand

Il m'est impossible de deviner par quels hasards, par quelle boulimie de lecture, Sigmund Freud a pu lire cet indigeste pavé jusqu'à la page 223 ; mais peut-être, en 1920, après avoir écrit Au delà du principe du plaisir, souhaitait-il proposer à son psychisme un matériau aléatoire, et s'était-il donné comme consigne de se saisir, dans une bibliothèque, du premier ouvrage écrit l'année de la mort de son père, de l'ouvrir à la page 223 en fonction de calculs de numérologie hébraïque issue de la Gematria, et de lire la ligne 18 pour d'autres raisons encore. Toujours est-il qu'il prit connaissance de la note 1) de cette page 223, ou d'une partie seulement de cette note, et qu'il la cita dans le chapitre IV de son article Massenpsychologie und Ich-Analyse de 1921. Si on lit la traduction française de S. Jankélévitch paru en 1926, Psychologie collective et analyse du moi, en pensant qu'on comprendra mieux ainsi le rapport entre saint Christophe et "Suggestion et libido" (le titre du chapitre IV), prévenons rapidement le lecteur d'une possible désillusion.

Lorsqu'à un malade qui se montrait récalcitrant on criait : « Que faites-vous ? Vous vous contre-suggestionnez !», je ne pouvais m'empêcher de penser qu'on se livrait sur lui à une injustice et à une violence. L'homme avait certainement le droit de se contre-suggestionner, lorsqu'on cherchait à se le soumettre par la suggestion. Mon opposition a pris plus tard la forme d'une révolte contre la manière de penser d'après laquelle la suggestion, qui expliquait tout, n'aurait besoin elle-même d'aucune explication. Et plus d'une fois j'ai cité à ce propos la vieille plaisanterie : « Si saint Christophe supportait le Christ et si le Christ supportait le monde, dis-moi : où donc saint Christophe a-t-il pu poser ses pieds ? [Note 1 « Christophorus Christum, sed Christus sustulit orbem. Constiterit pedibus die ubi Christophorus? » Konrad Richter : Der deutsche St. Christoph, Berlin, 1896. Acta Germanica, V, 1.] ». 

Dans l'article original de Freud, nous avions :

Ich wiederholte mit Bezug auf sie die alte Scherzfrage [Fußnote]:

Christoph trug Christum,

Christus trug die ganze Welt,

Sag', wo hat Christoph

Damals hin den Fuß gestellt?"

Finalement, il semble plus simple de lire Konrad Richter directement, et sa note de la page 223, qui, par contraste, semble limpide. C'est lui qui parle de la blague bien connue (bekannte scherz) citée en latin, Christophorus Christum, sed Christus sustulit orbem. Constiterit pedibus die ubi Christophorus? et qui cite son auteur, Johannes Heidfeld, et son ouvrage, paru en 1600, le Sphinx théologico-philosophique. Limpide ? Pas tant que ça, car ce n'est qu'après cette citation en latin du texte (allemand) de Heidfeld que Richter donne le texte cité par Freud (Christoph trug Christum, [...] Damals hin den Fuß gestellt?"), texte écrit sur une "image" (une peinture murale ?) du saint à Tölz en Haute-Bavière et relevée à la page 13 d'un livre d'aphorismes et d'apoptegmes écrit par W. Hertz en 1882 Deutsche Inschriften an Haus und Geräth: Zur epigrammatischen Volkspoesie -(Bessersche Buchhandlung), Berlin, 237 pages !!

Konrad Richter s'est peut-être lui-même inspiré de Der Große Christoph, de Ferdinand Hautal,  (pseudonyme de J.F. Francke) paru à Berlin en en 1843 : voyez la page 44. 

Encore un effort : cherchons le texte original de J. Heidfeld.

Johannes Heidfeld (Heidfeldius), né à Waltrop près de Cologne en 1563, pasteur d'Ebersbach,  fut le premier professeur de théologie protestante au lycée d' Herborn. Il a publié Sphinx theologica-philosophica en huit éditions de 1600 à 1631   dans huit éditions, et son ouvrage a été extrèmement populaire. Il a été mis à l'Index dès 1616. Il a été écrit par un co-auteur, Johann Flitner

Je pars à la recherche de ce Sphinx :

Heidfeldius, Joannes, Waltorffensis. Sextium renata, renovata, ac longe ornatius etiam, quam unquam antea exculta Sphinx theologìco-philosophica. Adornavit, recensuit, et in theatrum totius orbis europaei ex parentis voluntate produxit Godefridus Heidfeldius Johannis F. Nassovius . Herborn, Christoph Rab (Corvinus), 1612, in-8°, [31], 823 p.

Je le trouve dans une édition de 1624 : voyez le chapitre XL  page 771 :

https://books.google.fr/books?id=RMdIAAAAcAAJ&dq=Sphinx+theolog%C3%ACco-philosophica.&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

C'est, comme la mention du Sphinx l'indique, une succession d'énigmes, de devinettes posées en chausses-trapes pour l'esprit, dans le domaine religieux. On trouve ainsi : "Est-ce le Christ qui porta la Croix, ou la Croix qui porta le Christ ?" (Hat Christus das Creutz / oder das Creutz Christum getragen) ou, juste avant le distique sur saint Christophe, un rébus sur les lettres du nom IEJUS. 

J'accède enfin au texte original :

Christum Sanct Christophorus tregt/

Christus sich mit der Welt belegt /

Drauff ist die Frag / sag du mirs nun 

Worauf denn der Christträger stundt.

https://archive.org/stream/derdeutscheschr00richgoog#page/n231/mode/2up

https://archive.org/stream/derdeutscheschr00richgoog#page/n231/mode/2up

En résumé, Freud a cité le texte allemand relevé à Tölz, et cité par Richter, mais il a donné en note de bas de page dans sa référence à Richter 1896 un texte latin attribué à Heidfeld 1600, alors que celui-ci a écrit en allemand !

Tout lecteur est comme un pèlerin qui, mené par la foi en l'Auteur, avance rapidement vers son but, sa Rome, son Compostelle, la fin du livre, sans réaliser que son âme ne gagnera le salut que par les pierres du chemin. C'est (les cordonniers de Fribourg le savaient !) l'usure des souliers qui fait le pèlerin et lui procure ses gages, et non sa présence finale dans les Lieux Saints. Or le lecteur trop pressé, s'il achoppe sur un passage, tourne la page car il est convaincu que l'Auteur, dans sa grande sagesse, va le mener vers la révélation du Sens. Parfois pourtant, il doit interrompre sa marche et se retourner vers l'Auteur : Que veux-tu dire ?

Que signifient  les quatre vers de Heidfeld ? C'est une simple plaisanterie sur la polysémie du mot Welt, le Monde.  Le Christ ne porte pas "le Monde", mais sa représentation,  le globe terrestre, la mappemonde avec, en son sommet, la croix : le globus cruciger. C'est le symbole de son pouvoir sur l'univers, ou aussi du poids du Péché du Monde, puisque la figure renvoie à la déclaration de saint Jean-Baptiste Ecce Agnus Dei, qui tolli peccata mundi, (Jn 1:29) "Voici l'Agneau de Dieu, qui soulève (qui enlève, qui ôte)  le Péché du monde". Le verbe tollo, is, ere signifie lever, soulever, enlever.

Dans sa traduction en latin, Richter traduit Welt (Monde) par le mot orbem (l'orbe) et affaiblit ainsi la blague assimilant Mappemonde et Monde.

Au delà de la plaisanterie, on peut voir, comme le fait Freud, une illustration de la difficulté à trouver un fondement, un point d'appui (comme Archimède : donnez-moi un point d'appui et un levier, et je soulèverai le monde !). Si Atlas porte le Monde (en réalité, le globe céleste), dis-moi sur quoi il prend appui ! Si le savant observe le Tout, dis-moi où est son point de vue ! Si Christophorus "qui porte le Christ", porte le Monde, où se situe-t-il lui-même ! Dans l'hypnose, si  les thérapeutes croient que la Suggestion est un Tout qui n'a besoin d'aucune explication, comment la justifier si elle échoue car le patient se contre-suggestionne ? Dans tout système de pensée totalitaire, qui se justifie par lui-même et dont la Fin justifie les moyens, dis-moi où est l'appui d'une justice ?

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En illustration, un tableau du Maître de  Meßkirch vers 1562 au Kunstmuseum de Bâle, image Andreas Praefcke, Wikipédia 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hl_Christophorus_1562_Kunstmuseum_Basel.jpg

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SOURCES ET LIENS.

http://www.freiburgermuenster.info/html/content/die_fenster.html?t=55dfc6c14d149648d3240d2a789fb62b&tto=4a0b081b

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Schuhmacherfenster_(M%C3%BCnster_Freiburg)_jm2369.jpg

http://blogs.sciences-po.fr/recherche-icones-globe/2010/12/09/le-paradoxe-de-saint-christophe/

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe. Fribourg Vitraux

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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