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29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 21:42

   

   Seigneur de Ste-Marie du Mont, et ami de Henri IV :

     "mon cousin" Henri-Robert Aux-Épaules.

              

 

  La vie est ainsi faite : vous entendez parler dans votre famille d'un lointain ancêtre mythique au drôle de nom, "des épaules", vous portez sur vos épaules à vous assez d'hérédité pour ne pas aller les charger d'un olibrius pareil, vous avez tout juste suffisamment de goût pour la généalogie pour vous intéresser aux Arbres de Jessé mais pas assez pour aller vous aventurer comme un baron perché dans le chêne inversé qui vous ramènerait au bon père Adam,  et puis vous entrez dans une église et vous vous trouvez nez-à-nez avec un seigneur qui porte ce nom saugrenu: Henri-Robert Des-Épaules. Non seulement vous voyez son nom, mais le bougre a trouvé le moyen de poser en chair et en os, ou du moins en marbre blanc, grandeur nature comme au Musée Grévin, et c'est le Choc : heurter, de front, la Réalité et l'Histoire comme Freud, sur l'Acropole le jour de son Malaise,; cela peut faire mal.

  C'est qu'il en impose, Henri-Robert ! Une vraie statue de Commandeur !

                         ste-marie-du-mont 5725c

 

  Approchez, je vais vous présenter : Euh, Henri-Robert ?

Il n'écoute pas, il est un peu sourdat ;  tenez, voici sa carte de visite :

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  A l'eternelle mémoire de Missire Henry Robert Aux Espaulles, Seigneur et patron fondateur de Ste Marye du Mont, Baron de Gye, Sr de Lieurré, L'Isle Marye et Le Chef Du Pont, Conseiller du roi en ses conseils d'estat et privé, Chevalier de son ordre, Gentilhomme ordinaire de sa chambre, Capitaine de Cinquante Hommes d'Armes de ses ordonnances, Lieutenant de sa Majesté aux Baillages de Rouen, Caux, Gisors etr Caen, Bailly et Gouverneur de Rouen, Carentan et Valongnes. Lequel, dés son enfance nourry au service de très invincible prince Henry le Grand IIIIe roi de France et de Navarre, l'assista en tous les sièges, rencontres, et batailles qu'il donna pour le recouvrement de son estat. sans avoir souillé ses mains, dans le sang froid, ny dans les injustes butins, ordinères durant le cours de ceste guerre civille. Ainsi sa valeur le rendit l'amour de son roy, et sa vertu les délices de sa patrye. Ce qui luy fist mériter que ce monarque honora sa fin, d'une longue suite de ses larmes, et qu'il aye continué depuis à le regretter, non avecq les parolles d'un maistre, mais avecq les plaintes d'un amy. Il Mourut dans le logis de sa Majesté à Fontainnebleau le dernier jour de novembre 1607 aagé de 46 ans et repose icy. Priés Dieu pour luy.

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  C'est l'occasion rêvée pour étudier de près le costume d'arme d'un gentilhomme de la Renaissance tardive. La fraise, typiquement Henri IV, et qui amorça son déclin vers 1579 ; elle est ici à plis serrés, touffus et non à godrons cousus en 8 réguliers. L'armure, et la façon dont elle se fixe avec de petits crochets latéraux (qui ne permettent pas, à la différence des sangles, les réglages ou la prise de poids...); ou la manière dont elle est aménagée à l'arrière, laissant apparaître la culotte... On peut comparer avec la tenue portée par Henri IV telle qu'on peut la découvrir au Louvre peinte par Pourbus :

                                         http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Henry_IV_of_france_by_pourbous_younger.jpg


Pour la partie supérieure, elle se compose

  • d'un plastron pour le torse, très busqué au niveau de l'arête centrale ce qui est une caractéristique de la fin du XVIe siècle afin de mieux résister aux armes à feu. Depuis Henri III  la pointe de l'arête descend plus bas vers la ceinture et s'accuse d'avantage.
  •  d'une dossière ;
  •  le plastron est recouvert autour du cou d'un gorgerin   fait de quatre éléments rivetés ensemble.
  •  Les épaules d'Aux-Épaules sont protégées par des spalières dont les pièces se chevauchent pour permettre les mouvements.
  •  Les cubitières protègent les coudes, puis l'avant-bras (peut-être avec des canons d'avant-bras très fins et ajustés) se termine, au poignet par des dentelles en fraises identiques à celle du cou.

 En dessous,

  • les tassettes ou gardes des flancs se prolongent par des cuissots aux lames articulés comme la carapace d'un homard.
  • les genouillères, fixées aux cuissots
  • les jambes semblent porter des bottes de cuir, qui remontent au dessus des genoux, 
  • et qui descendent comme des guêtres sur les souliers. Mais l'article "Houseaux" de Wikipédia me révèle l'existence de surbottes, dites "housseaux complets sans avoir pied", et du coup c'est moi qui perd pied.

Ajoutons une épée, ou une dague, qui pend au coté gauche, suspendue par une sangle de cuir travaillé.

 


 

  Le monument est-il d'époque ? Pendant la Révolution, il fut mis à l'abri par M. Frigoult de Liesville. On décrivait alors une tombe, surmontée de la statue de Aux-Épaules en capitaine entourée de deux Suisses. En 1842, le curé de Ste-Marie, l'abbé Louis, sollicitait la Société Française d'Archéologie pour faire refaire les statues des Aux-Épaules dans le choeur : l'oeuvre que nous admirons daterait-elle des années suivantes ?  

 

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             Le heaume avec son panache est si semblable à celui du bon roi dont on connaît le "Ralliez-vous à mon panache blanc" que l'on peut se demander s'il n'a pas servi de modèle au sculpteur du XIXème. Je nomme ce casque "heaume" mais cet accessoire a évolué depuis le Moyen-Âge pour prendre le nom de bassinet, de barbute, (fin XIVe)  d'armet, puis de salade (fin XVe), de bourguignotte (XVIe) et enfin de polonaise

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      Les gantelets : les doigts sont séparés depuis le XIVe siècle.

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  Si Henri-Robert Aux-Épaules a droit à son monument funéraire dans le choeur de l'église, à gauche, le coté noble, le "coté de l'évangile", c'est que les seigneurs de Ste-Marie-du-Mont y étaient certainement prééminenciers et y avaient  droit d'enfeu, et aussi sans-doute droit de banc, d'escabeau, d'accoudoir, ou d'inscrire leurs armoiries sur les vitraux. Car "Sainte-Marie" (c'est ainsi qu'on désignait le seigneur du lieu) portait d'or à la fleur de lis de gueules. Henri-Robert avait fait construire un vaste château aux deux ailes très longues ; Henri IV, ayant souhaité en voir les plans, eut ce mot qui est resté en mémoire à Ste-Marie-du-Mont : Ventre-saint-gris, mon cousin, cela ressemble à une paire de hauts-de-chausses! (Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie vol.1 p.14, 1825)  Cette demeure servit  de prison sous la Terreur pour le district de Carentan avant d'être démoli peu-après par le sieur Le Cauf qui en avait fait l'acquisition.


  Pourtant, cette famille, traditionnellement établie dans cette commune après qu'un chef viking ait fait le voeu de se convertir au catholicisme s'il réchappait à une tempête, fut l'une des premières qui embrassèrent le protestantisme, et à fournir des chefs au parti des Huguenots dans le Cotentin. C'est le père de Henri-Robert, Nicolas, qui fut le premier à adhérer aux thèses réformées ; il s'engagea dans la conjuration d'Amboise de mars 1560 où des gentilshommes tentèrent de s'emparer du roi François II afin de le soustraire à l'influence du Duc de Guise. Le complot fut déjoué et les conjurés furent arrêtés, noyés dans la Loire, pendus ou massacrés par la foule, la répression faisant près de 1500 morts, mais le Capitaine Sainte-Marie échappe aux pièges et revient, avec les contentinois qu'il guidait, chez lui. 

  Henri-Robert adopte les convictions paternelles avant d'abjurer en 1600, suivant avec retard son royal ami puisque Henri IV avait abjuré solennellement le protestantisme le 25 juillet 1593. Voici ce qu'écrit Pierre de l'Estoile (Journal des choses mémorables advenues durant le règne de Henry IV, Vol.2 p. 274 : 

  "Il avait toujours fait profession de la religion protestante, mais en 1598, il s'opposa formellement au dessein que Mrs de Bouillon, de La Trimouille et du Plessis avaient eu de faire comprendre l'église de Sedan parmi celles du Royaume : ce qui montrait bien qu'il n'avait guères d'union avec les principaux d'entre les Réformez. Or en l'année 1600, il résolut d'abandonner ouvertement la religion, soit que les promesses du roi eussent achevé de l'ébranler ou que sa vie libertine dont il ne voulait pas se corriger l'avertit de quitter de lui-même une Communion de laquelle il courait risque d'être retranché bientôt s'il ne l'était déjà. Cet homme se résolut donc à changer de religion [...] Sainte-Marie de Mont mourut à Fontainebleau le dernier jour de novembre 1607, et le roi qui, par un effet de l'amitié qu'il lui portait, lui avait donné un Emploi non nécessaire, et apparemment fort à charge à ses finances, ne voulut pas lui donner de successeur. Nous apprenons de la vie du Duc d'Epernon que Ste-Marie du Mont avai été Capitaine de Chevaux Légers jusqu'en 1589." Et encore : "Le Baron de Ste-Marie du Mont, d'ancienne Maison et allié dès 1487 dans celle des Comtes de Dreux, avait accompagné le nouveau roi Henri IV a son voyage de Dieppe en septembre 1589 à la tête de son Régiment d'Infanterie et s'était trouvé tôt après au siège du petit Andely, dans la Normandie." link

 

       

  Le patronyme Aux-Épaules.

   Ah, Ventre-saint-gris, c'est ce nom-là qui m'intrigue, et j'aimerais en savoir plus.

  A défaut de trouver une étude onomastique le concernant, ce sont les généalogistes nqui me procurent les clefs nécessaires : l'anthroponyme de mes aïeux serait une forme francisée du nom danois ou germanique ancien de l'ancêtre viking qui, un jour de 900, accosta avec son drakkar au Grand-Vey, bras de mer séparant la manche du Calvados à l'aiselle de la presqu'île du Cotentin. Ce nom est VIEUL "SCHE SULKEN". Le chef danois épousa la fille du Comte de Cotentin, la jeune Baudour, en 910, et fit souche ; le premier de ses descendants dont on trouve la trace est Albinus Ad Humeret, forme latine de "Aux-épaules" . Puis ce nom se transforme en DESHUMERES avec Roger Deshumères (existe en 976), et c'est au XIe siècle que le nom AUX-ÉPAULES est en usage. On note  la préposition Aux- suivi d'un terme anatomique avant un nom de noble, au lieu de la préposition "de" suivie d'un toponyme, et si habituelle qu'on la désigne sous le nom de "particule nobiliaire". Pourrions-nous trouver d'autres patronymes nobles construits avec "à, "au" ou "aux" ?

  La régle est de ne pas mettre en majuscule la particule "de" , mais ici nous écrivons

"Aux-Épaules" et non "aux Épaules".


 Brève généalogie d'Henri-Robert (Aux-Epaules) et de Jean-Yves (Cordier) son cousin.

1) De Sche Sulken à Henri-Robert, sans descendance mâle :

  • Vieul Sche Sulken, vikking, //910 Baudour de Costentin
  • Albinus Ad Humeret, //940 Moraille de la Rivière
  • Roger Deshumères dit Aux-Épaules //976 Laetitia Crespin
  • Rodulphe Aux-Épaules,// 1015 Beatrix de Malletot
  • Michel Deshumères // 1069 Maheut de Manneville
  • Guillaume Aux-Épaules (†1212) // 1160 Jacqueline de Vassy.
  • Albin A († 1254) // Denise de la Haye
  • Richard, Sr de Ste-Marie-du-Mont, existe en 1263 // Luce du Hommet
  • Guillaume, chevalier banneret, // 1309 Jeanne des Moustiers
  • Philippe
  • Guillaume (1346-1395) // Colette de Tilly
  • Guillaume ( - 1395) // Raoulette Tessin de la Roche Tesson
  • Richard ( -1463)  // 1444 Jeanne de Surienne
  • Georges, ecuyer (1450-1524) // Magdeleine de Dreux, descendant des capétiens
  • Charles (1480-1561) // Anne Gousset
  • Nicolas, chevalier (-1577) // 1557 Françoise de Mouchy
  • Henry-Robert (1562-1607) // Jeanne de Bours, dame de Gennes.
  • Judith et Sarah

2) De  Georges Aux-Épaules à Jean-Yves aux frèles épaules mais découvrant qu'il descend d'un viking et d'un capétien !

  • Georges Aux-Épaules, écuyer (1450-1524) //Madeleine de Dreux descendant de Louis VI 
  • Jacqueline Aux-Épaules  (ca 1478-) //1448 Jacques d'Orglandes (1448-1530)
  • François d'Orglandes (1500-1574) // Catherine de Pontbellanger
  • Antoine d'Orglandes (1573-1619) // Marthe de Saucey (ca 1575-)
  • Jacques d'Orglandes (1603-1672) // 1623 Anne de Caignou (1640-1726)
  • Nicolas d'Orglandes (1665-1758) Comte de Briouze // Catherine de Savonnière (1668-1694)
  • Anne-Catherine d'Orglandes (1693-1759) // René-François de Saint-Genys (1673-1738)
  • Charles Anne de Saint-Genys (1724-1797), baron d'Hommeaux // Éléonore de Forsanz (1724-)
  • Sophie de Saint-Genys (1757-1841) // Jean-Baptiste Le Roy de Brée (1745-1796)
  • Frédéric Le Roy de Brée (1789-1876) // Henriette Godart d'Isigny (1788-1849)
  • Françoise Fanny Le Roy de Brée (1818-1892) // Edme Foisil (1806-1875) notaire
  • Henri Foisil (1849-1908) avocat // Louise Guérin (1858-1920)
  • Magdeleine Foisil (1886-1965) // Paul Sourdat (1881-1959)
  • Annick Sourdat // Michel Cordier (1914-1998)
  • Jean-Yves Cordier, qui a ainsi fait la démonstration de ses allégations !

Notes : 

  1. Un sieur  Aux-Épaules Guillaume ?) est cité dans la liste des gentilhommes qui, en 1423, au commencement du règne de Charles VII, se sont immotalisés dans la défense du Mont-Saint-Michel.
  2. La famille d'Orglandes porte d'hermines, à six losanges de gueules, une tête de levrette en cimier. link Elle porte le nom de la commune de la Manche située à 20 km à l'ouest de Ste-Marie-du Mont. François d'Orglandes était Chevalier de l'Ordre du roi, Gentilhomme ordinaire de la Chambre, Capitaine des Vicomtés et Chatelleneries de Carentan et de Saint-Sauveur, Seigneur de Prétot, etc... Son fils Antoine est l'auteur de la branche des barons puis comtes de Briouze, seigneurs de St-Martin-les-Hébert ; il participa aux luttes de la Ligue, défendant Avranches assiégè par les troupes royales puis rejoignant le Duc de Merceur.
  3. Sources :  http://gw1.geneanet.org/garric?lang=fr;p=francois;n=d+orglandes

                             http://geneahist-goupil.over-blog.com/article-14666038.html

                       http://www.wikimanche.fr/Henri-Robert_Aux-%C3%89paules

:

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Published by jean-yves cordier
29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 17:20

        Les vitraux commémoratifs du débarquement à Utah Beach : 

     Église de l'Assomption de Ste-Mère-Église.

 

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  Sur le toit en bâtière de l'église a été installé un mannequin d'un parachutiste dont les suspentes se sont accrochées à l'un des pinacles. Chacun connaît sans-doute l'aventure de John Steele, du 505th Infantry Regiment, qui, blessé, ne put contrôler sa descente et qui resta accroché dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 pendant que les combats faisaint rage sur la place. Ce monument commémore l'évènement que le film Le Jour Le Plus Long a rendu célèbre.

 

L'intérieur de l'église, le choeur :

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Les vitraux ont été réalisés par le maître-verrier Gabriel Loire (1904-1996). Cet élève des Beaux-Arts à Angers a travaillé à partir de 1926 dans l'atelier de Charles Lorin (sur cet artiste voir ici par exemple les vitraux de Carolles :  Les vitraux de Jacques Simon en l'église saint-Vigor de Carolles (50)  ) à Chartres jusqu'en 1946 où il ouvre son propre atelier dans cette ville. Il est l'auteur de quelques 450 édifices français, mais sa diffusion fut internationale. 

II. Le Vitrail des parachutistes.

Il est situé dans l'absidiole nord du transept, et il a été offert par les vétérans du 505e régiment de la 82ème division aéroportée (Airbone) à l'occasion du 25ème anniversaire du Débarquement.

 La baie cintrée est composée de 12 panneaux que l'on peut décrire en trois registres, mais avant de les décrire, il faut observer l'arc en plein-cintre qui court d'un bord à l'autre, et qui est fait de pièces rectangulaires : on constatera que sur de nombreuses pièces grises, brunes ou sépia, ce sont des visages d'hommes et de femmes, parfois de soldats casqués qui sont assemblés  pour composer une chaîne de solidarité anonyme : en bas, c'est le village qui est représenté, avec des façades toutes différentes, des barrières, des escaliers ou des portes.

 A gauche, de haut en bas

  • Le Lion de Belgique renvoie à la Campagne d'Ardennes en Belgique en janvier 1945 de la 82ème Airbone.
  • L'écusson de la 82éme : le sigle AA bleu sur fond rouge rappelle que la division fut créée en 1917 avec des hommes de tous les États d'USA, d'où la devise All Americans. En 1942 cette division d'infanterie devient la première division aéroportée américaine, intégrant le 504ème et le 505ème Régiment parachutiste.
  • La colombe de la paix.
  • Les nouvelles armoiries de Ste-Mère-Église dont les deux parachutes représentent la 82ème Airbone et la 101ème Airbone : au dessus d'un léopard d'or, l'église, où s'inscrivent les lettres A et M est encadrée par les deux parachutes.
  • La date du débarquement : 6 juin 1944, où les troupes sautent sur le flanc ouest des plages du débarquement pour assurer aux troupes et au matériel débarquées les accès à travers les marais de Carentan.
  • La Croix de Lorraine témoigne de la Campagne de France de la 82ème.
  • L'inscription : A la mémoire de ceux qui par leur sacrifice ont redonné la liberté à Ste-Mère-Église / To the memory at what who have througt their sacrifice liberated Ste-Mère-Église.

 

 

Au centre : 

  • En haut, l'insigne des parachutistes
  • Un fond de verre blanc dont les plombs tracent des parachutes stylisés.
  • Saint-Michel Archange patron des parachutistes terrassant le dragon et brandissant son glaive. Son manteau aux tons gris-brun et bordeaux n'est pas sans évoquer un parachute, et une tenue camouflée. 
  • En dessous, un insigne associant les parachutes et les planeurs.
  • Puis l'inscription Ils sont revenus / They have come back encadrant l'ancre de l'Espérance, le coeur, symbole de la Charité, et le ciboire, symbole de la Foi.

 

A droite, de haut en bas :

  • Le rameau d'olivier, symbole de paix mais représentant plutôt ici pour la 82éme division  sa campagne d'Italie et le débarquement en Sicile de 1943.
  • L'écusson du 505ème régiment (un léopard ailé) et le slogan Ready, "prêt". La nouvelle devise du régiment, H-minus, tient au fait que le saut sur la Normandie a eu lieu avant l'heure H prévue pour le largage. Les opérations sur Ste-Mère-Église ont valu au régiment une citation présidentielle. C'est à ce régiment qu'appartenait John Steele (cf supra).
  • La tulipe renvoie à la campagne de Hollande de la 82ème division lors de l'opération Market Garden de septembre 1944.
  • La date 6 juin 1969 vient en symétrie ave la date de gauche pour marquer le 25ème anniversaire.
  • Puis viennent les anciennes armoiries de Ste-Mère-Église, où figure un drakkar
  • Puis l'inscription : 25ème anniversaire des vétérans du 505ème 82 ème Airbone Division / 25th Anniversary of the veterans of the 505th 82nd Airbone Division
  • et tout en bas, la signature du maître-verrier et la date de 1972.

 

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III. Le vitrail du Débarquement.

Situé au dessus du portail, il comporte 15 panneaux dans une baie légèrement ogivale.

  La Vierge à l'Enfant occupe l'axe vertical médian de la partie haute, partie céleste mais constellée non seulement par les corolles des parachutes, mais aussi par des cercles blancs correspondant aux hélices de neuf bombardiers. Des faisceaux qui évoquent les tirs qu'essuyèrent les avions et les parachutistes dans la nuit du 5 au 6 juin. L'Enfant s'agrippe à sa Mère, comme effrayé par tant de violence. Un parachutiste au premier plan donne à voir son équipement (parachute ventral, pistolet, poignard) dans un instantané de sa descente tandis qu'à gauche, deux autres se préparent à toucher le sol français: on retrouve les maisons de Ste-Mère.

  L'inscription dit ceci : Ce vitrail a été exécuté avec le concours de Paul Renaud de Ste-Mère à la mémoire de ceux qui par leur courage et leur sacrifice ont libéré Ste-Mère-Église et la France.

 Un écusson représente le Cotentin en rouge et un parachute blanc.

 

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Published by jean-yves cordier
29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 13:12

L'église Notre-Dame de Carentan (Manche).

        Où on voit le Vitrail du Débarquement, et moult  autres détails qu'il m'a plu d'y adjoindre alors qu'ils n'avaient rien à faire là.

 

   Je me suis rendu dans l'église Notre-Dame de Carentan pour photographier ses vitraux anciens ; mais j'ai constaté qu'ils ont déjà été mis en ligne avec beaucoup de soins sur ce site : http://saintleon-carentan-50.catholique.fr/vitraux_eglise_nd/vitraux_eglise_nd.htm 

  Et puis  ces très belles verrières ont beaucoup souffert, et ne sont parfois qu'un puzzle disparate de fragments. Alors j'ai choisi de ne donner à voir ici que le vitrail commémoratif du débarquement américain du 6 juin 1940 sur la plage voisine d'Utah Beach. Mais je n'ai pas résisté à regarder aussi les inscriptions du XVIIe, si belles, et puis encore...mais commençons par le vitrail.

 Le vitrail commémoratif du Débarquement alliè à Utah Beach.

  Il m'interesse pour des raisons historiques, mais aussi pour des raisons affectives : j'ai passé dans la ferme de Brécourt des moments inoubliables de ma prime enfance, accueilli par mon oncle et parrain Louis Cordier et ma tante "Guite" (Marguerite de Vallavieille) pour profiter du bon air de la campagne et découvrir la vie d'une ferme normande. Or, on le sait mais je l'ignorais à l'époque, le manoir de Brécourt avait été le siège d'un épisode assez rude du Débarquement allié : link et, concernant Michel de Vallavieille, frère cadet de Marguerite et fondateur du Musée d'Utah Beach : link .

  Ce vitrail m'intéresse aussi parce qu'il a été réalisé en 1955 par Paul Bony et son épouse Adeline Hébert-Stephens, dont j'ai déjà rencontré une réalisation, celle de l'église Saint-Louis de Brest : Les vitraux de l'église Saint-Louis de Brest : 2) commentaires.

 

 


  Des travaux en cours avec l'établissemnt d'un échafaudage expliquent la qualité médiocre du cliché.

                        carentan 5675c

  La baie est formée de quatre lancettes de sept panneaux chacune, et d'un tympan. 

  Dans le tympan, la Vierge à l'Enfant est entourée de deux personnages auréolés, deux saints tenant des objets que je n'ai pu identifier.

 Les lancettes consacrent six de leurs panneaux à un registre supérieur où figurent de gauche à droite :

  • Un saint, assis présentant les armoiries de Carentan (d'argent à l'aigle éployé de gueules, accosté de neuf billettes de même, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or). En dessous est inscrit : ...Carentan 6 juin 1944. Dans la partie supérieure, un ange agenouillé, et dans les deux derniers panneaux, six parachutes stylisés au jaune d'argent.
  • Jeanne-d'Arc, la libératrice du Royaume, en cuirasse et robe blanche frappée de croix, tenant son oriflamme. Au dessus, comme dans chaque lancettes, les six parachutes sont disposés géométriquement, comme s'ils descendaient dans le ciel normand.
  • Saint-Michel, patron des parachutistes, terrassant le dragon, l'ennemi métaphorique, et portant sur sa cuirasse la croix des Croisades. Son index désigne le ciel.
  • En symétrie par rapport à la lancette gauche, celle de droite montre également un ange en prière, puis un saint tenant un blason : c'est l'insigne d'épaule de la 101st Airbone Division, celui qui vaut à ses soldats le surnom de Screaming Eagle ou Aigles Hurlants. A la base, l'inscription 101ème Division Aéroportée : cette division célèbre fut parachutée en arrière de la côte pour assurer la jonction avec la 4éme division d'infanterie américaine débarquée à Utah Beach.

 

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Le registre inférieur aligne sur un fond de ciel rouge embrasé quatre scènes : la première à gauche montre un parachutiste, en tenue camouflée, en position de combat avec, en arrière-plan, un clocher et des parachutes dans le ciel ; sur la seconde, un homme vêtu de vert porte l'index à l'oeil tandis qu'une femme étreint ses deux enfant souriants. La troisième semble montrer un homme en uniforme vert foncé et une femme (infirmière) soignant un homme à terre, en veste bleue. Le quatrième échappe à mon cliché, mais le site sur les vitraux de Carentan précise qu'il évoque le Dr Simon, médecin de Carentan qui soigna 70 civils pendant les six jours de la bataille de Carentan.

 Le vitrail est signé en bas à gauche. Il a été financé par le produit de la vente des épaves américaines des plages du débarquement.

  Au lendemain du débarquement, la libération de Carentan était cruciale pour contrôler ce verrou entre Utah et Omaha Beach, mais la ville est protégée par les rivières et les canaux qui sont autant de barrières naturelles. La bataille de Carentan eut lieu du 8 au 12 août 1944 

 

J'ai admiré par ailleurs :

La Statue de Ste Catherine : pierre de Caen, XVe siècle, hauteur 1,00m.

                                carentan 5677c


Le tableau sur Le Martyre de saint Gorgon Bois, XVI-XVIIe siècle :

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  Gorgonus ou Gorgon est un saint martyr romain de l'époque de Dioclétien dont il était l'un des officiers. Il fut enterré avec son camarade Dorothée de Nicomédie dans une nécropole de la via Labicana à Rome.

 

Scènes de la vie de saint Pierre : la remise des clefs ; le martyre à Rome ; peinture à l'huile sur chêne, XVIe siècle :

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L'épitaphe de Laurent Cornavin :

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Épitaphe de Mr Laurens Cornavin prêtre natif et bourge(ois) en ce lieu de Care(n)ten.

Ci gist Laurens Cornavin, prêtre choriste en ceste église, lequel de coeur droict et bénin eut plus de XVI ans l'entremise des mortuaires et du plat s'acquita(n)t deume(n)t de sa charge. Prions Jésus nostre avocat que de ses pechez le décharge : et qu'au céleste firmament où dure la gloire éternelle son âme qui est immortelle puisse voir Dieu parfaictement. Amen.

Il décéda le 18 June de Avril : 1601.

 

   Le patronyme Cornavin est attesté, un notaire de Carentan se nommant Jean Cornavin en 1678.


  Épitaphe de Robert Le Rocquez :

carentan 5691c


Épitaphe de M(essir)e Robert Le Rocquez prestre :

O toy passant qui marches ce to'm)beau

Baissant tes yeux sus ceste dure pierre

Arreste-toi, non pour voir en la terre

Ce qu'elle enclôt qui n'est ni bo(n) ni beau

Les os d'un mort i sont avec la peau

Tous putrefaitz, ce qui ton coeur p(ar)terre

Ce cors poudreus qu'elle retie(n)t en serre

Est indigne de ieter au corbeau.

Mais plustost voi de l'oeil de la pe(n)sée

L'ire et douceur du gra(n)d Dieu bala(n)cée

Sur les mortelz dormans au monume(n)t

recorde toi que toute Humaine race

Co(m)paroistra un iour deva(n)t sa face

Pour recevoir son dernier Jugeme(n)t.

  1660                   RCR

FORS DIEU TOUT PASSE

  Robert Le Rocquez est un poète de la Manche né et mort à Carentan ; prêtre et docteur en théologie, il est l'auteur d'un poème en octosyllabe dédié à François de Valois, fils aîné de Henri II. 

  Il est aussi l'auteur de

  1. Le Miroir de l'Éternité comprenant les sept aages du monde, les quatre monarchies et diversité des règnes d'iceluy,..., Caen, Pierre Le Chandelier 1589, in-8°, 350p. C'est un traité d'histoire, mentionnant les hommes illustres de chaque siècle, louant Marot, Rabelais, Ronsard, Du Bellay, 
  2. Le Triomphe et les trophées de Jésus-Christ, 1593
  3. Les Premières oeuvres...1605, recueil de sonnets publié par son neveu Robert Le Rocquez.

  Il est mort en 1559 ou en 1560, et, ce qui est curieux, l'épitaphe placée actuellement sur un pilier nord de l'église où il fut inhumé près de la chaire  porte assez distinctement la date de 1660. On peut penser qu'elle fut en réalité placée par son neveu, en 1660, ce qui expliquerait les initiales RLR, Robert Le Rocquez, placées en bas à droite.

Source : Wikimanche : http://www.wikimanche.fr/Robert_Le_Rocquez

  Je ne peux lire cet épitaphe, dont on admirera la graphie et dont on remarquera les tildes abréviatifs remplaçant le "n", sans l'entendre selon la déclamation et la gestique baroque.

Remarquez aussi le p barré abréviatif de p(ar)terre, qui se lit par- ou per-. Je suggére de comprendre "ce que ton coeur parterre" en fonction du sens de la locution "faire un parterre" attestée en 1630, "faire une chute", et de comprendre "ce qui fait chuter ton coeur, ce qui le fait chavirer, ce qui le retourne", bref "ce qui met ton coeur par terre".



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Published by jean-yves cordier
27 août 2012 1 27 /08 /août /2012 07:56

      Chapelle Saint Guenolé à Plougastel:

        sainte Gwenn aux trois mamelles.

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 Cet article fait suite à :  Vierges allaitantes V : Saint-Venec à Briec : sainte Gwen Trois-mamelles et ses fils.

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I. Présentation.

  Le vaste territoire de la paroisse de Plougastel et ses 157 villages est divisé selon une double partition, celle des 6 Kordennad, et celle des 23 Breuriez, confréries des défunts du Moyen-Âge héritières des "tud" claniques celtes. 

  Parmi les six kordennad(ou) (du breton "corde"), la chapelle de St-Guénolé n'appartient ni à celle de Saint-Jean, ni à celle d'Illien, qui a Ste Christine, ni celle Douar-Bihan avec la chapelle de St-Claude, ni celle de Feunteun-Wenn et sa chapelle éponyme, ni encore malgré sa proximité celle de Larmor, qui est celle des pêcheurs de Porsmeur, de l'Auberlac'h ou du Caro, autour de la chapelle St-Adrien. Non, St-Guénolé est la chapelle du kordennad de Rozegat, qui a son port, le Tinduff, et une deuxième chapelle, celle du Trémeur.

  Chaque chapelle, jadis desservie par un Kure (vicaire) spécifique, organise son propre pardon, celui de St-Guénolé ayant lieu le premier dimanche de mai.

  Un passage au Musée du Patrimoine et de la Fraise de Plougastel permet de visualiser cela sur une carte, et sur un beau diorama :

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St Guénolé est au premier plan sur la gauche.

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Musée du Patrimoine et de la Fraise.

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  Dans la partition des 23 Breuriez, St-Guénolé s'inscrit dans celui de Rozegat, et c'est donc avec les habitants de Pennaneac'h-Rozegat, de Keralkun, de Keramenez, de Skivieg, de Kereven, de  Kergarvan, Keralgui, Traonliors, Kerlaurans et Runavel qu'à la Toussaint, on respectera lors du rituel du breuriez la tradition de bara an anaon ou pain des trépassés en partageant le pain bénit, et celle du gwezen an anaon ou arbre des trépassés en vendant celui-ci aux enchères pour faire dire des messes à l'intention des défunts. 

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  La chapelle est située à l'aisselle de l'Anse de l'Auberlac'h face à la chapelle St-Adrien ; deux ruisseaux l'encadrent, dotés chacun de leur lavoir et débouchant l'un au lieu-dit Pennaster ("bout de la rivière) et l'autre vers Penn an Neac'h (penn -extrémité et nec'h ou krec'h colline : extrémité de la colline) Rozegad. Ces toponymes ne sont pas indifférents puisque d'après le Cartulaire de Landevennec, (IX-XIe siècle), c'est un homme riche du nom d'Eucat (que l'on retrouve dans le nom  Rozegat, le tertre ou la colline d'Eucat) qui, au VIIe ou au IXe siècle, fit don de la partie de ses terres nommée Lan Eluri à l'Abbaye de Landevennec pour s'assurer le repos éternel. Un lieu de culte y fut édifié et dédié au saint patron de l'abbaye, saint Guénolé. Le premier élément de datation de l'édifice actuel est une poutre de la nef, portant le chiffre de 1514 ; cette nef du XVe siècle a été complétée au XVIIe siècle par un clocher, un transept et un choeur, comme en témoigne une inscription sur le pignon est portant les mots : M :I :  LE GALL P . I: CARIOV : 1706 reprenant des patronymes  répandus sur la presqu'île de Plougastel. (Il est à noter que sur un calvaire de St-Claude portant la date de 1706 on trouve gravé M: LE GAL VIKERE ; et on rapporte que Corentin Le Gall fut prieur-recteur de 1710 à 1718. Le M . précédent un patronyme est s régulièrement réservé au recteur, avec le sens de "Messire").

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Le calvaire en kersanton porte à sa base  l'inscription 1654 : L : ARGAL. Faut-il y voir Ar Gall, forme bretonnante de Le Gall ? Ce patronyme, qui représente avec les Kervella une foret partie de la population de Plougastel, désigne l'étranger, le Français, celui qui vient du pays gallo. Par contre, le patronyme Gall vient de l' irlandais signifiant "bravoure".

Les statues géminées qui encadrent le Christ en croix montrent, coté ouest, saint Guénolé en tenue d'Abbé et saint Pierre tenat sa clef et un livre; une erreur a sans-doute été commise au remontage de ces statues, puisqu'en toute logique c'est la Vierge et saint Jean qui encadrent le Christ. Au pied de la Croix, deux anges "hématophores" au sourire lutin recueillent le Précieux Sang dans un calice. 

  Au centre, coté est, de l'autre coté de la croix à branches rondes et fleurons godronnés, on trouve la Vierge à l'Enfant.

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II. Le transept, bras nord.

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  Depuis que j'ai découvert à la chapelle Saint-Venec de Briec la statue de sainte Gwenn Teir Bronn (aux trois mamelles), ma curiosité principale va vers le retable du bras nord du transept, où m'attend, à coté d'une statue de saint Louis, un nouvel exemple iconographique de polymastie.

 

Retable de saint Louis, bois polychrome, XVIIe siècle.

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  Pour accentuer mon impatience, je commence par découvrir le volet "gauche" de ce retable du XVIIe : on y voit un personnage féminin non identifié, à la longue chevelure brune cerclé par une couronne de perles, le cou également orné d'un collier de perles, et vêtu d'une longue robe or à revers rouge, recouverte d'une tunique blanche, d'un justaucorps à pointe, rouge rehaussé d'or, et d'un manteau bleu. Et s'il s'agissait de la Vierge ? Elle repose, comme sainte Gwenn, sur un socle au dessus d'une gracieuse tête d'angelot.

  A coté, saint Louis (statue d'1,30 m) porte la couronne royale bien-sûr, le camail d'hermine, le sceptre, le collier ressemblant à celui de l'ordre de Saint-Michel ( "fait de coquilles lassées l'une à l'autre d'un double las") mais celui-ci ne fut créé que par Louis XI. Ce collier aux coquilles de Saint-Jacques dorées porte une croix de Malte et se rapporterait plutôt à l''Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

  Il tient dans la main droite, par l'intermédiaire d'une sorte de sudarium frappé d'hermines,, la Couronne d'Epine qu'il avait racheté en août 1238 pour 40 000 livres tournoi après que le dernier empereur latin de Constantinople l'ait mise en gage auprès d'un banquier vénitien pour garantir ses emprunts. Il l'installa dans la Sainte Chapelle en 1248.

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  Voici donc sainte Gwenn, ou Gwendoline, la mère des deux jumeaux nés Outre-Manche, Guethenoc et Jacut, et de saint Guénolé nè en Bretagne armoricaine et pour lequel Dieu la pourvut généreusement d'un troisième sein, d'où son nom breton de Santez Gwenn he teir vammen. Mais ici, contrairement à la chapelle de Saint-Venec en Briec, la statue est de petite taille (0,60m), et les trois enfants voraces ne permettent pas de compter les tétons et de vérifier si le compte est bon...

  Je renvois à mon article sur sainte Gwenn de St-Venec pour les explications complémentaires ; une chapelle Sainte Guen lui est dédiée à Saint-Tugdual, Morbihan.

  La présence de cette statue est parfaitement logique pour honorer la mère de saint Guénolé, Mamm sant Gwenolé.

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  Ce n'est que sur un panneau du Musée de la Fraise que je finis par trouver la confirmation de ce qui semblait évident : "A St-Guénolé on venait prier sainte Gwenn pour l'abondance du lait des nourrices". C'est par contre à Notre-Dame de La Fontaine-Blanche que l'on vient demander la fécondité.

 

Dans l'angle de ce transept, on trouve aussi une statue en bois  de saint Pierre bénissant, coiffé de la tiare et portant, comme de bien-entendu, sa clef.

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III. Le transept, bras sud

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La niche de saint Caradec ; XVIIe.

  Cette niche n'est pas symétrique de celle de saint Louis, mais présente une statue en ronde bosse au centre, celle de saint Caradec, entourée de deux bas-reliefs représentant à gauche saint Goulven et à droite saint Gouesnou. Les trois saints bretons sont représentés de façon stéréotypée en saint-évêque avec mitre, crosse, cape et geste de bénédiction, sans attribut caractéristique. Il existe trois différents saints Caradec, dont l'un, passeur débauché de l'abbaye de St-Jacut, voit son âme sauvé par saint Jacut et saint Guéthénoc, qui ne sont autres que nos deux jumeaux téteurs de leur mère Gwenn. 

  Au dessous, on lit les inscriptions correspondantes :

  • 1658 Sainct GOVLVEN.
  • Sainct CARADEC
  • Sainct GOVENO

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Les armoiries :

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La niche de saint Caradec est surmontée de ces armoiries, que le livre consacré au Patrimoine Religieux de la commune décrit comme , Mi-parti au premier De gueules au chef d'azur chargé d'une Croix de Malte de gueules au second d'azur au chevron de gueules accompagné de trois roses d'argent ??? 

 Entourée du collier de l'Ordre de Saint-Michel, l'écu correspondant à la partie gauche me paraît correspondre aux armoiries de la famille de Gouzabat , qui portent écartelé d'argent et d'azur, le premier quartier chargé d'une croix ancrée de gueules, surchargée de cinq coquilles d'argent et dont la devise est "uniment". Ces seigneurs de Kerverny ( Kervern?) sur la paroisse de Plougastel étaient aussi seigneurs de Kerropartz au Tréhou, de Penalan à Plourin. Ils étaient aussi seigneurs de Chef-de-Ville et De l'Estang. Ils se présentent aux réformations de 1446 à 1534, par. de Tréhou.

Le Nobiliaire de Courcy précise : "Henry, vivant en 1446, épouse Jeanne Guimarc'h". 

Au début du XVIe siècle, cette famille s'allie à la puissante famille Du Chastel (mariage Jean Gouzabatz, écuyer et Françoise Du Chastel).

  L'autre moitié de l'écu pourrait se lire actuellement d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux roses d'or, et en pointe de ?  

  Il s'agirait, pour résoudre l'énigme, de trouver le personnage commun à ces deux familles, et concerné par l'Ordre de Saint-Michel : je n'ai pas trouvé la solution.

En février 2018, Jean-Luc Deuffic me communique la solution : " il s'agit de Guillaume de Gousabatz marié à Françoise Le Mercier de Beaurepos (armes: De gueules (alias d’azur) au chevron d’argent accompagné en chef de 2 quintefeuilles (ou roses) de même et en pointe d’une cloche d’or bataillée de sable) ."

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  Dans l'angle du transept se trouve encore une autre statue de saint-évêque, dont on ignore le nom. 

 

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IV. Le choeur.

Rappellons que ce choeur, avec son chevet plat a été édifié au XVIIe siècle et que la date de 1706 du pignon doit correspondre à ces travaux.

  Le grand retable du maître-autel serait attribué à Yann Cevaer (?, Loperec-1717, Pleyben), à qui on doit les retables de Loperec (retable du Rosaire, après 1693), Pleyben ( retable du Rosaire, 1698), Saint-Sébastien en Saint-Segal  (retable du maître-autel). Il a été démonté en 1898 par les habitants pour être stocké dans des hangars ouverts jusqu'en 1905, puis restauré en 1993 ( par Jean-Luc de La Bernadie, de Brest pour les boiseries, et par André Miossec, du Passage à Plougastel pour les peintures et dorures) mais ce remontage ne fut que partiel et la partie haute (trinité, angelots, guirlandes) attend en lieu sûr une décision à venir .

  Les deux statues les plus latérales sont celles de saint Augustin et de saint Laurent, alors que celles du centre mesurant respectivement 1,70 et 1,60 m représentent saint Guénolé à gauche et saint Thomas à droite.

  Saint Guénolé est le saint patron des oculistes après avoir rendu la vue à sa soeur Clervie; plus précisément il lui rendit ses yeux, qu'une oie avait gobés.

 C'est aussi le patron des épouses des marins pécheurs : déjà tout un programme, mais on vient aussi le solliciter lorsque la pluie menace les récoltes : c'est dire que par ici, le pauvre homme ne prend pas beaucoup de repos .

D'autant que d'autres trouvent le moyen de le déranger aussi contre les névralgies et les maux de tête.

  Bref, il a bien mérité sa place la place d'honneur dans le retable de sa chapelle. 

 

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Saint Augustin est représenté avec une longue et large barbe noire ; il présente son coeur d'une main et tient son livre de l'autre ; la présence de ce dernier est facile à comprendre tant les Confessions de l'évêque d'Hippone sont célèbres. Mais le coeur ?

    Il est sans-doute là pour rappeller combien saint Augustin a su écrire sur le thème de l'Amour tout en regrettant de l'avoir fait. Car il écrit bien, le sévère ascète :

 Nondum amabam sed amare amabam, et amans amare quod amarem qoerebam.

 "je n'aimais pas encore mais j'aimais à aimer, et aimant à aimer je cherchais un objet à aimer" dit-il pour décrire son adolescence

 C'est aussi Augustin l'auteur de la sentence  suivante :

Semel ergo breve praeceptum tibi praecipitur, Dilige, et quod vis fac  ( Ep. Johannis ad parthos, livre VII, 8 (PL 35, 2033) :

" Dieu vous donne une règle bien brève : "Aime, et fais ce qui te plais." "

 

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Saint Laurent en habit de diacre tient le grill de son martyre.

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  On pensait que ces panneaux sculptés en bas reliefs représentaient le Christ et la Vierge, mais la restauration révèle qu'il pourrait s'agir du profil de deux donateurs : 

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V. La Nef (XVIe).

C'est la partie la plus ancienne de la chapelle, dont le chevet se situait jadis, dans un plan rectangulaire simple, à la jonction actuelle avec le transept. Sombre avec ses petites fenêtres (dont deux en oculus) et ses deux portes basses encadrées de Kersanton, elle est rythmée par ses poutres, dont deux à engoulants (la troisième, qui porte la date 1514, est à l'abri en un autre lieu). L'une des poutres est une poutre de gloire.

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Statue en bois de saint François, XVIe siècle.

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  On remarque la corde à trois "nœuds de capucin" représentant la Sainte Trinité et qui caractérise les "cordeliers"; les stigmates ; et le N rétrograde de la graphie St FRANCOIS.

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      Statue en bois de sainte Claire ( XVIe siècle): 

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La présence dans cette chapelle de Claire d'Assise (1194-1253), disciple de St François et fondatrice de l'Ordre des Clarisses, en face de celle de St François témoigne de l'emprise de l'ordre des Franciscains dans ce sanctuaire fondé par les moines de Landevennec, qui, eux,  ont adopté depuis 818 la régle de Saint Benoît. 

  Revenons sur les Cordeliers : cette appellation qui désigne les Franciscains de France date de la septième Croisade menée entre 1244 et 1254 par saint Louis, lequel aurait admiré le zèle au combat contre les Sarrasins de ces moines à la robe de bure brune, au capuchon arrondi, qui étaient "de corde liès" et dont l'Ordre venait d'être créé en 1210.

  On comprend qu'il existe une relation entre les deux statues de ces ordres mendiants et celle de saint Louis dans le retable nord. Au début du XIVe siècle, cinq couvents de Cordeliers existaient en Bretagne ; l'un se situait sur l'Île Vierge à l'Aberwrac'h, l'autre à Quimper auquel appartint Jean Discalceat, le Santig Du qui lutta tant contre la peste. Une épidémie de peste a-t-elle suscité ce culte ?

Sainte Claire est classiquement représentée en habit de bure avec la corde à trois noeuds, tenant un lys (chez les peintres de Sienne ou d'Ombrie), l'ostensoir avec lequel elle repoussa les Sarrasins sur les remparts d'Assise, une lampe à huile ou une lanterne (c'est la patronne des aveugles...et des brodeuses qui s'usent les yeux au travail). Ici, elle tient un livre, et de la main gauche l'amorce d'une croix mutilée qui témoigne du véritable amour qu'elle porta pour le crucifix. Un voile recouvre sa tête, rappelant qu'elle renonça à sa chevelure et que saint François lui-même lui coupa les cheveux.

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La Poutre de Gloire.

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        C'est une oeuvre du XVIIe, belle mais sans surprise...si on excepte le N rétrograde du titulus. Plus exactement, le Christ daterait du XVIe et les deux autres statues du XVIIe.

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L'ex-voto.

  J'aurais aimé en apprendre d'avantage sur cette maquette de navire en grand pavois, dont on sait qu'elle a "été réalisée par un marin à son retour de Chine, sain et sauf, au début du (XXe) siècle". Il pourrait s'agir d'un membre du Corps expéditionnaire de Chine envoyé pour faire face à la guerre des Boxers, lequel Corps termina sa mission en 1901.  Les navires qui y participèrent, comme le croiseur d'Entrecasteaux lancé en 1896, ne ressemblaient bien-sûr pas à cette lourde goelette armée de dix canons. 

  Je m'interroge aussi sur la présence des deux éléments à franges qui pendent à l'avant. 

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  Merci à l'Association des Amis du Breuriez de Rozegat, qui assure l'ouverture de la chapelle les dimanches d'août.

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Published by jean-yves cordier
26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 21:23

 

 Exposition temporaire du Musée de la Fraise à Plougastel : Coq ou Killog ? Détail fascinant du costume féminin.


 


      Et nous appelons "coquettes" les poules qui se panardent devant le coq ; et métaphoriquement les femmes qui veulent être cajolées. Gilles Ménage, Dictionnaire, 1694.

    Le diable est dans les détails. Proverbe.

 

 

                           killog 6835c


   Lorsque je suis rentré pour visiter le Musée de la Fraise de Plougastel, j'ignorais tout du Killog ; sinon, j'aurais remarqué, dans le dos de la Plougastéloise dont la silhouette m'accueillait à l'entrée, certain détail bien caractéristique, qui me saute aux yeux désormais : une sorte de petite queue, un pli d'étoffe légèrement coquin car attirant non seulement le regard mais stimulant aussi le désir de prise, et qui porte, dans la patrie des fraises, ce nom de killog qui signifie en breton "le coq" (sous la forme Kilhog  dans le dictionnaire Gériadur). Les oiseaux, c'est bien connu, s'attrapent en leur versant du sel sur la queue ; mais les jeunes-personnes de Plougastel ?  Je ne sais pas, mais si j'ai appris ici quelque chose, c'est qu'il faut les contourner  avant de les aborder.

  killog 6841c

 

killog 6839c killog 6840c

  Sous la houlette d'Anne-Marie Le Gall, mémoire vive du costume local et organisatrice de l'exposition, je vais découvrir, par des panneaux, dans des vitrines, sur des mannequins, ou à travers des croquis relevé par René-Yves Creston, la raison d'être et toute la déclinaison selon les époques et selon les âges de cet accessoire du corselet .

  Mais d'abord, quelques exemples :

  Ici, le corselet bleu (le krapoz ) est passé par-dessus la camisole  (saë-nozvert-billard. A la taille, deux fronces de tissus sur chaque coté encadrent le galon qui borde un pli sagittal roidement campé au milieu, le fameux killog.

 

 killog-6797.JPG

 Là, le même killog montre son rôle allégué, qui est de retenir les rubans du tablier (tavenjer). La jupe (lostenn) gris-noir  apparaît en dessous, montée sur des fronces ou rides très serrées et régulières de 10 cm, s'arrétant au niveau des hanches. 

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      Traditionnellement, le corselet ( un justaucorps très échancré aux emmanchures et lacé par devant) est en "drap amazone", un drap cati, c'est-à-dire tondu et lustré qui présente au toucher un tissu bien clos, bien serré, d'un grain et bien fin imitant la peau, proche du casimir utilisé pour les pantalons et gilets.

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  Les rubans de soie à motifs floraux fabriqués à Lyon avait tant de succés auprès des Plougastelenn qu'ils finir par porter le nom de "ruban de Plougastel". Ces dames les achetaient lors des pardons, en même temps que des épingles, des coeurs à accrocher en pendentif et autre objet si tentant de ce que nous nommons pacotille. 

  D'autres galons venaient de Bohème.

  C'est le moment de rappeller que notre terme de galanterie n'est pas étranger à celui de galon, et d'ailleurs, en tchéquie, c'est lui qui signifie "mercerie". Plus sérieusement, galanterie provient de l'ancien verbe galer, "dissiper (en plaisir)" venant lui-même de la forme franque wala, "bien" et du gallo-romain wallare, "se la couler douce". Bien que cela soit discutable (voir les définitions du Trésor de la langue Française), le terme galonner (attesté dès 1160) puis celui de  galon ( 1379) pourraient dériver également du verbe galer, galoner qui signifie à l'origine "orner les cheveux avec des rubans, des fils d'or ou d'argent" correspondant alors un peu à "faire le galant" ou "bien s'amuser".

 

Inutile de confondre pour autant galon vert et vert galant.

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  D'après le dessin de René-Yves Creston  (Femme de Plougastel, de dos, Musée d'Art et d'Histoire de St-Brieuc): le killog est bleu clair.

                             killog 6822c

 

  On l'aura compris : le killog est cette pièce brodée, rigidifiée par une âme de zinc puis plus tard de carton, encadrée de deux rabats ou godrons, qui pointe dans le dos de ces dames à la manière "d'une queue ou d'un croupion de coq" (sic). Son rôle est de soutenir les rubans du tablier ou tavenjer, mais il contribue aussi au parfait maintien du costume.

  Cette utilité pratique ne peut guère cacher qu'il s'agit aussi, ou surtout, d'un élément de coquetterie. De même que cet accessoire, l'adjectif "coquet, coquette" est dérivé du mot "coq", par référence au comportement fier et fringant de cet animal toujours dressé sur ses ergots, et le terme français "coquet" qualifie dpuis 1643 le souci de plaire. Et les ruses les plus efficaces des coquettes sont celles qui sont les plus discrètes et qui semblent renier leur but ultime pour le rendre plus imparable.

  On remarquera que le mot "coquet" attire vite à lui le mot "coquin", qui , sans en être un cousin étymologique, s'apparente volontiers dans son acceptation de "malicieux, espiègle", au domaine sémantique de la coquetterie.

Les dignes Plougastéloises jureront sans-doute que leur killog n'a rien à voir avec le "Suivez-moi-jeune-homme", ces deux pans de dentelle que les femmes du XIXe laissaient flotter derrière leur robe. Et Mr le Recteur n'aurait certes pas autorisé un colifichet aussi ostensiblement destiné à n'être qu'un accroche-coeur. Pourtant ce killog apparaît bien comme un "Attrape-moi-si-tu-peux" très efficace.

  Cet accessoire de mode a d'ailleurs une autre essentielle fonction, que nos étiquettes et code-barres ont mal remplacé, celle d'une signalétique précise et rigoureuse pour afficher de nombreux renseignements :

  • L'époque : au début, les corselets étaient plus grands, et les killogs également, puis leur taille a diminué. Mais alors que les couleurs vives du corselet laissaient place, après la Grande Guerre, au noir du costume de deuil, le ruban malicieux a compensé cette rigueur par d'avantage de couleur, de fantaisie et de vivacité.
  • L'âge : ruban coloré (rose) pour les jeunes, il est brodé ton sur ton  au fil bleu (foncé) ou noir après 50 ans.
  • Le statut : en cas de deuil, une jeune-femme va recouvrir son killog d'un tissu noir, alors qu'une veuve plus âgée portera un killog brodé au fil noir. 

 

 

  Muni de ces codes, il nous reste  à nous perdre avec délice dans le labyrinthe des couleurs et des étoffes :

 

killog 6836c

killog 6800c

killog 6801c

 

killog 6802c

 

killog 6804xc

 

killog 6808c

 

killog 6809c

 

killog 6812c

 

 

      On note ici  l'apparition de perles :

killog 6829c

 

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 Pour finir, voilà le killog qu'Anne-Marie Le Gall préfère : une broderie au fil noir sur l'étoffe noire. Ton sur ton, c'est le fin du fin, un raffinement du costume que personne ne voit  mais dont la présence remplie sa propriétaire de fierté ; c'est celui des dames d'un certain âge.

  C'est peut-être plus encore : lorsque le désir de plaire devient moins fort, la coquetterie devient une éthique, le tuteur d'une exigence personnelle, et  le killog peut servir à maintenir sans concession une droiture, l'affichage d'un cap , et, quoique en carton ou en zinc, une "âme". Bref, il s'inscrit comme la cryptographie d'un slogan acquis dans l'enfance auprès des parents et transmis fidélement, en même temps qu'on "met les épingles" ou qu'on redresse un mauvais pli : quoiqu'il arrive, avoir de la tenue !

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  Merci à l'équipe du Musée de la Fraise pour son accueil. Non, le Killog n'est pas mort, et il chante ici, l'espace d'un été, un fameux et glorieux Cocorico. 

 

 


J'ai trouvé des informations également dans Costumes de Bretagne, Yann Guesdon, Ed Palantines 2011, pp. 166-174. Mais toutes les erreurs sont de moi.

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Published by jean-yves cordier
26 août 2012 7 26 /08 /août /2012 20:44

     Le calvaire monumental de Plougastel

            en maquette de polystyrène.

  Fabriquée en 2004 par Noël Gouennou pour le 400ème anniversaire de son modèle, lequel fut édifié en 1602-1604 par les Plougastélois pour remercier Dieu d'avoir mis fin à l'épidémie de peste de 1598, cette maquette au 1/6e du fameux monument du placître de Plougastel  a été repeinte en 2012, puis remorquée des rives de l'Elorn jusqu'au Port de Brest, où elle représenta la commune lors des fêtes maritimes des Tonnerres de Brest. 

  Elle est actuellement (août 2012) sur le parking du Centre Leclerc. 

  Ils en ont vu d'autres, les 182 personnages de ce drame de la Passion décidé par le seigneur de Kererault et financé par lui, non pas s'il survivait à la Peste, mais s'il en était la dernière victime ! Car détruit sous la Terreur, restauré au XIXe et XXe pour être bombardé en 1940, le monument a même figuré à Paris avec les calvaires de Pleyben et de St-Thégonnec, et le jubé du Faouët, à l'Exposition Universelle de 1878.

 

    Ce n'est néanmoins pas sans une certaine émotion, et même sans une émotion certaine, que l'on découvre la Cène, le Lavement des Pieds, le Jardin des Oliviers et le Portement de Croix, apparaissant comme des personnages d'un film d'animation ou d'un parc d'attraction sur un parking de Centre Commercial ! Mais rien d'impossible en la Capitale des Fraises.

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  On peut découvrir l'original, en kersantite et belle pierre jaune de Logonna, sur le site http://www.infobretagne.com/plougastel-daoulas-calvaire.htm

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Published by jean-yves cordier
16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 15:29

        L'Île de Groix : quel manège ! Le manège de 1910 fait rêver petits-zé-grands.

 

 

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  Sur la place du village, devant l'église et près du vieux puits,  le Manège de l'Île de Groix s'est installé pour l'été, comme chaque année. 

 

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...Et chaque annèe, il y en a un qui n'en revient pas de voir ça sous ses pieds, c'est le marin en tenue gris-bleu horizon du monument aux morts, qui semble du coup transformé en un petit soldat de plomb échappé d'une boite de jouets :

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 Comme chaque année ? Oui, depuis que Régis Masclet, voici près de trente ans, a restauré le carrousel en bois fabriqué en 1910. Ce publiciste de Rennes venu de Cambrai, où son père était président des Ducasses, ces grandes fêtes populaires, est passionné de manèges forains rétros et en a récupéré et restauré depuis ce premier coup d'essai à Groix toute une collection, avec des chevaux de bois, des vélocipèdes de cuivre, des manèges à thème, des balançoires en grands bateaux de bois,  des chenilles de monstres chinois, des sulkys à pédales et des chaises volantes ; le plus ancien datant de 1860 et le plus récent de 1960.

 

  Est-ce le vieux manège qui a fait tourner la tête de la petite place du bourg selon un air de fête? Les devantures des magasins prennent des allures de dessins d'enfant, et personne ne se prend trop au sérieux.

 

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Pas de doute : ces mélodies foraines  de limonaire qui s'échappent de la boite à musique de Régis Masclet ont mis toute la place en fête : 

 

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  Alors, il est temps d'aller tourner autour du carrousel et de mourir d'envie d'avoir quatre ou cinq ans, de tendre son ticket au Monsieur et d'attendre, avec le coeur qui bat, le premier tour de piste : eh bien, en voiture messieurs-dames, ou plutôt en motocyclette, en poisson, en girafe, en canot à moteur, en cygne, en avion, en grosse cocotte (non, c'est un coq !), en locomotive, en âne, en autruche ou, surtout, convoitée par chacun, en Voiture-de-Pompier : "Hatoup", Tout-dessus !

 

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  Pendant que tourne manège, la roue tourne également, la roue de tombola qui désignera le gagnant d'un tour gratuit :

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  Et le gagnant est...   La voiture des pompiers ! Allez, c'est reparti pour un tour les enfants !

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  Pour respecter le droit à l'image, j'oterai bien-entendu toute photographie à la moindre demande.

 

  Merci à l'Association des commerçants de Groix qui a fait en sorte que le manège soit désormais installé de Pâques à fin septembre. L'affiche du manège est un tirage de linogravure de Hans van Döhren, chercheur en biochimie à Berlin né en 1948, qui passe depuis 1978 ses vacances à Groix et qui y expose ses oeuvres de peintre, et surtout linograveur .

 

  Ces images ont été prises le 2 août 2012, juste avant un mémorable concert du groupe La Galoupe.

 

 

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 08:56

                Île de Groix:

       Inscription Maritime et N rétrograde .

 

 

   Lorsque l'on monte la sévère côte de la rue du Général de Gaulle qui mène du port de Groix au bourg, on passe devant l'Ecomusée, puis devant la créperie bien nommée "Au repos de la montée" (ex salle de danse "chez Adam" avec piano automatique) et devant le célèbre bistrot Ti Beudeff, avant de parvenir à l'embranchement de la rue des thoniers : ouf!


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C'est là ( rue des thoniers, pas chez Ti Beudeff) que l'on peut admirer la façade des bâtiments de l'Inscription Maritime. 

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        Voisinant le symbole de deux ancres croisées, on découvre, avec la poignée de main de la solidarité, l' inscription suivante :

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   Il faut néanmoins un regard attentif pour remarquer que, dans cette devise qui est celle des mouvements coopératifs, non seulement les mots se succédent sans espacement entre eux, mais surtout que les N présentent cette barre de direction inversée qui les fait nommer N rétrogrades. 

  S'ils furent fréquents au XV-XVIe siècles, ils sont exceptionnels à l'ére moderne, et plus rares encore que les escargots à coquille senestre, et non dextre.

   Groix est devenu quartier maritime en 1881, avec 105 navires armés au thon et autant de sardiniers. Le bureau du Commissaire et du Syndic se trouvait alors place du Leurhé face à la mairie ( Roger Pichon, L'Île des sorcières), puis /ou à l'emplacement de l'actuel Hotel (site de'Enguerrand Gourong). Le local que nous voyons fut construit sur l'initiative de M. Priol, chef du sous-quartier maritime (ou "préposat) en 1935 pour les membres de la Mutuelle-Avaries, en pleine apogée de la flottille de  pêche qui comptait alors 215 dundees: le bureau était ainsi plus proche du port.

  "Bâti en 1937 à l'initiative de Monsieur Jean Le Priol, officier d'Administration par la Mutuelle des Armateurs Groisillons pour abriter les gens de mer.

  A cette date le bureau de l'Inscription Maritime etait un Préposat, créeé en 1926 avec pour directeur Mr Jean Le Priol. Ce Préposat a été supprimé en 1945. Pendant toute cette période soit pendant 19 ans dans une époque particulièrement chargée en évenements dramatiques, Jean Le Priol a eu la lourde tâche de gérer ce bureau dont dépendait le plus grand port thonier de France , sa flottille de dundees forte de 200 unités pour un millier d'hommes équipages.  Pendant la même période fonctionnant en lien avec le préposat, le service des Pensions de marins était assuré par Madame Joséphine Yvon, trésorière de l'Etablissement des Invalides de la Marine." (plaque apposée sur le bâtiment)

  

  Les navires de Groix furent immatriculés LG (Lorient Groix) depuis 1856 où le syndicat de Groix est rattaché à Port-Louis puis  G depuis 1883, avec une numérotation nouvelle. Ils furent immatriculés LGX en 1927, avec un nouveau numéro, lorsque le quartier maritime, dépendant de Nantes, fut rétrogradé au statut de sous-quartier (ou "préposat") de celui de Lorient . En 1946, Groix retrouva son plein quartier et l'immatriculation GX, avant d'être intégré au quartier de Lorient avec le matricule LO.

 Ici, la maison Les Caramels de Groix ont repris comme fond, grâce à une belle réalisation graphique, une immatriculation (fantaisiste) GX 40709. Elle porte la signature Rouquin Marteau 1811, l'entreprise de William Duviard longtemps installé près du cinéma et proposant d'originales boites à lettres en forme de canot breton avant de gagner les quais de Port-Tudy.

  On remarque la graphie particulière des chiffres : ce sont les caractères à barbe, décrits dans Ar Vag tome 1. Les chiffres 1, 4 et 7 étaient estimés non pêchants parce que trop droits et raides, et les superstitieux pensaient qu'ils portaient la poisse ; peut-être  y-avait-il aussi parmi les marins plus d'amoureux des jolies choses que de superstitieux, mais l'habitude fut prise, d'abord à Douarnenez puis vers toute la Bretagne sud jusqu'à l'Île d'Yeu de corriger ces chiffres en les ornant de "barbes", des crochets arrondis en forme d'hameçon. Les lettres comme le A ou le R en profitèrent aussi, puis tout un alphabet se constitua, particulièrement soigné et esthétique.

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  L'Inscription Maritime a été supprimée en 1952, cédant la place aux Affaires Maritimes. Elle avait été instituée par Colbert pour permettre l'enrolement des marins sur les vaisseaux du roi selon un système des Classes imposant un roulement d'embarquement, et assurant, en Bretagne exclusivement, le paiement de la solde en période à terre. L'inscription Maritime ne concernait pas uniquement les marins, mais plus globalement les "gens de mer", qui devaient s'inscrire obligatoirement entre 18 et 50 ans. On nomme "gens de mer" toute personne amené à travailler sur un navire de mer, quelque soit sa compétence.

  Dirigées par un Commissaire aux classes sous Colbert, les Inscriptions Maritimes le seront ultérieurement par un Administrateur secondé par un syndic des gens de mer.

 

 

  Signalez-moi mes erreurs, je ne suis qu'un amateur!


 

 


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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:49

          Les églises des îles du Ponant VIII.

            L'église de la Nativité de Notre-Dame                  en l'île d'Arz.

 


I. Présentation.

  L'armateur ou le promoteur de voyages à thème qui déciderait —mais oui, pourquoi pas ? — d'organiser une croisière "A la découverte des églises des îles du Ponant" devrait se garder de sous-estimer la durée de l'escale à l'île d'Arz, dans le Golfe du Morbihan, car cette dernière étape est l'une des plus passionnantes.  

  L'église dédiée à la Nativité de Notre-Dame ( correspondant à la fête religieuse du 8 septembre) est en effet très ancienne (seconde moitié du XIIe siècle), et le carré du transept ainsi qu'une partie de la nef est du plus beau style roman. En 1396, 1412 et 1553, comme l'atteste des dates inscrites sur les sablières, le chœur a été entièrement refait. Au XVIIe siècle, on ajoute une chapelle au transept nord, puis en 1836 on reconstruit la sacristie et une partie de la nef.

  Actuellement, on découvre l'église, lorsqu'on vient du port, par son chevet gothique à trois pignons.


  L'une des surprises est de ne trouver, dans les statues, sculptures, inscriptions, maquettes, et verrières, aucune représentation du thème iconographique de la Nativité de la Vierge-Marie, auquel l'église est dédiée, thème pourtant bien représenté dans les Bibles imagées, Livres d'Heures et surtout dans les Légendes Dorées, où l'on voit sainte Anne, en présence de Joachim, et assister de sages-femmes, donner naissance à Marie.

 

 

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La nef 

 

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II. Les maquettes de procession.

      Il n'y a pas, à proprement parler, d'ex-voto.

1. La "Jeanne d'Arc".


h = 150 ; la = 180, datant de la 1ère moitié du 19e siècle

  C'est une maquette de procession d'un navire de guerre — une frégate à deux batteries de dix canons de chaque coté  gréé en trois-mâts barque —,  réalisée très soigneusement, et très soigneusement restaurée, d'abord en 1961, puis en 2012 après 500 heures de travail par Jean-Yves Hilliquin d'Arradon. La coque n'est pas pleine, mais monté sur membrures en lattes de bois.  

   Son nom est inscrit à tribord et à bâbord avant et à la poupe, en lettres d'or. C'est un nom de dévotion, ne correspondant pas à un navire ayant navigué (? Une frégate de 52 canons a été construite à Brest en 1818, et mis à flot le 25 août 1820, elle est armée l'année suivante, à la station du Levant (elle est alors commandée par Delamare de Lamellerie), avant de devenir bâtiment amiral de la division navale des Antilles. En 1830, elle participe à l'expédition d'Alger, et ramène, après la prise de la ville, le Dey Hussein à Naples (CV Lettré). Rayée des listes de la flotte le 26 octobre 1833, elle est alors réutilisée comme bâtiment de servitude, avant d'être définitivement condamnée en 1834.)

   Un manuscrit plié et ficelé dans un canon de poupe a permis d'apprendre que la maquette a été réalisée par Paul Le Fol, et qu'elle a été exposée dans l'église à partir du 14 mars 1839. 

       La coque est noire et blanche, la carène verte ; le pont est marron. Les mantelets des sabords sont rouge. Cinq baleinières sont en place, deux petites de part et d'autre du grand mât, deux plus grandes en arrière au niveau du mât d'artimon, et une grande suspendue derrière le château arrière. Elles sont peintes en blanc.

 

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 2. Goélette aurique  des années 1930.

  On ignore qui fit don de cette maquette, ou de quel voilier il s'agit ; tout-au-plus reconnaît-on le style des yachts de course des années 1900-1930.

 

La coque peinte en blanc est en bois plein, la quille est lestée de plomb, et le safran est manœuvrable. Onze hublots sont répartis sur le coté, laissant présumer un navire de (très) grande taille.

   Les voiles d'avant sont divisées en foc volant (ou yankee), foc, petit foc et trinquette,. Un flèche est établi au dessus de la misaine.

La quille a une forme échancrée en ouvre-boite bien particulière, et, de même, l'étrave, brusquement tronquée au niveau de l'arc-boutant de beaupré, est caractéristique, ce qui devrait permettre de retrouver ce voilier.

On le comparera, afin d'imaginer ses dimensions et la surface de voilure de ce qui devient parfois une véritable cathédrale de toile, avec les goelettes auriques suivantes :

  • Bluenose, J.W.Rose, 1921, 49mHT, 1036 m² de voilure,
  • Hoshi, Nicholson, 1909, 22m (en restauration au chantier du Guip de Brest actuellement).
  • Eleonora, Herreshof, 1910, 49,40m HT, 1125 m²,
  • Mariette, Herreshof, 1915, 42 m H.T, 750m²,
  • Meteor IV, Max Oertz, 1909, 47,20m H.T, 1390m² !
  • Orion, Nicholson, 1910, 986 m²,
  • Sunshine, William F. Fife II Jr, 1901, 33,40 m H.T, 474 m²,
  • Altaïr, William F. Fife III Jr, 1931, 39,21 m H.T, 634 m²
  • Zaca, G. Rotch, 1930, 
  • Puritan, J. Alden, 1930, 36 m HT
  • Lelantina, J. Alden, 1937, 25,56m HT

 

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III. Les statues.

 

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Ile-d%27Arz&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=3

1. N.D d'Espérance.

   Bois, seconde moitié XIXe siècle, h = 1,10m. Avec ses coloris pastels (lie-de-vin délicatement harmonisé au turquoise), son regard mystique, le réalisme de ses formes, la théâtralité de ses gestes, semblables à ceux que les actrices de l'époque (Sarah Bernard) maîtrisaient avec un art stéréotypé, cette statue est caractéristique de la production des ateliers semi-industriels d'Art Religieux comme Cachal-Froc, ou des ateliers plus locaux comme Le Brun à Lorient. C'est Notre-Dame de l'Espérance, dont l'ancre symbolise la vertu chrétienne de l'espérance en une vie meilleure, mais où les femmes de marins (l'île d'Ars surnommée l'île aux Capitaines, fournissait à la marine marchande une part de ses marins) pouvait trouver, dans une belle image nautique, espoir dans le retour de leurs maris. La plus grosse ancre d'un navire, celle qui n'est souvent pas à poste mais qu'on réserve aux situations désespérées, s'appelle "l'ancre de miséricorde", et sert de dernière chance, tout comme la promesse d'un ex-voto à l'église de la paroisse, en cas de perdition. C'est dire combien le lexique nautique et le vocabulaire religieux nouent des liens  aussi étroits  que ceux qui relient le destin d'un équipage et l'histoire d'une âme.


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2. Sacré-Cœur de Marie.    

Le culte du Sacré-Cœur s'est développé, après les révélations reçues par Sainte Marguerite-Marie Alacoque en 1675, à propos du Cœur du Christ, et son image montrant son cœur, comme on le voit ici dans le réseau de la maîtresse-vitre, est plus courante que celle-ci, qui montre la Vierge désignant, de la main gauche, l'irradiation chaleureuse de son amour. On pense d'abord à la Congrégation des Religieuses du Sacré-Cœur de Marie, qui a formé dans ses écoles "du Sacré-Cœur" tant de filles aux vertus chrétiennes.

  Ce culte du Sacré-Cœur de Marie a suivi les révélations faites en 1646 à Marie des Vallées, née à Coutance. Il fut encore encouragé par les apparitions de la Vierge aux enfants de Fatima en 1917, recommandant la dévotion au "Cœur immaculé de Marie".

  Le catalogue Cachal-Froc 1895 propose plusieurs modèles de "Sacré-Cœur de Marie". 

 

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IV. Les vitraux

Ornant les ouvertures du chevet, ils sont l'œuvre d'ateliers différents. 

1. Baies 0, 1, 2 : Vitrail d'E. Laumonnier.

a) Baie 0 : Vierge de l'Immaculée-Conception secourant un navire en perdition.

La Baie 0 est à trois lancettes avec réseaux. Son vitrail porte la signature E. Laumonnier, Vannes, 1903.

Il s'agit d'Ernest-Victor Laumonnier, (1851 à Parthenay-1920) actif de 1881 à 1914 à Vannes.

Inscription à l'Inventaire régional 

Le vitrail représente la Vierge de l'Immaculée-Conception (Vierge à l'Enfant couronnée, portant le sceptre-lys,  les pieds posés sur le globe, foulant le serpent, au centre du croissant de l'apocalypse). Elle apparaît, dans les nuées, entourée de quatre anges et de six chérubins, à un matelot de la Marine qui lui offre en ex-voto une maquette de trois-mâts carré ; une femme en costume breton présente son enfant à la Vierge. Au centre, la scène de naufrage qui motive cet ex-voto montre un trois-mâts carré identique au modèle réduit, en perdition par gros temps, mais qui a conservé toute sa voilure, y compris. Il est au portant, mais la houle vient de travers.

  Dans le réseau, le Christ du Sacré-Cœur est au sommet, et des anges présentent la fameuse inscription "Voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes."

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Les verrières 1 et 2, non photographiées, sont consacrées aux quatre saints évangélistes.       

 

      2. Chapelle latérale : Sainte-Thérèse-de-Lisieux 

  Sainte Thérèse-de-l'Enfant-Jésus, parvenue au Ciel,  reçoit des roses des mains de la Vierge et de l'Enfant-Jésus et les répand sur l'humanité, en l'occurrence sur la Place Saint-Pierre de Rome représentée dans la partie inférieure.

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3) Étoile de la mer, Priez pour nous.

Vitrail signé de "H. Uzureau Maître-verrier" Nantes, 1944.

Henri Uzureau appartient à la "Maison Uzureau" déjà active depuis 1883 (Vitrail d'Art, 3 rue d'Erlon, Nantes) :

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Le vitrail représente Maris Stella ,l'Étoile de la mer, une invocation quasi constante dans toutes les églises et chapelles des îles du Ponant. La corde que tient la Vierge est celle de l'ancre de l'Espérance. Saint Donatien et Saint Rogatien sont deux jeunes martyrs de Nantes sous Dioclétien : ils tiennent donc, ici, la palme du martyre, et se placent sous la protection mariale. Le lien avec la ville de Nantes est donc clair, et dans le contexte, évoqué par les dates inscrites, de la seconde Guerre Mondiale, c'est une allégorie de Nantes se plaçant sous la protection de Marie.

"3 juillet 1940" : sur le plan historique, c'est la date de Mers-el-Kébir (la flotte anglaise coule une escadre française).

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4) Vitrail de L. Léglise.


Il est signé L. Léglise Paris 1935. J'ai découvert les vitraux de Gabriel Léglise (peintre-verrier à Paris) à Kerlaz (29), mais cet atelier a été actif dans les années 1915-1918. Il existe aussi un A. LEGLISE, peintre verrier, boulevard Roquelaure, à Auch, (père du précédent ?)

  Le vitrail représente, dans sa partie supérieure, Sainte Anne éducatrice, c'est-à-dire apprenant à lire à Marie. Dans la partie inférieure, deux jeunes dont l'un, les mains jointes, prient face à une statue de Sainte-Anne éducatrice, tandis que l'autre peut-être, creuse avec une pelle et découvre cette statue : est-ce une allusion à Nicolasic et la statue de Sainte-Anne d'Auray ?

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V. Autres éléments remarquables : 


1. Les chapiteaux romans : 

  Le massif carré du transept aux arcatures en cintre brisé repose sur des piles d'angle à colonnes engagées. Ses chapiteaux tous différents sont sculptés de motifs végétaux associés à des figures mi-animales, mi-humaines où on hésite à reconnaître des béliers ou des ovins. Leurs cornes très visibles en font des représentations diaboliques de la partie pécamineuse de l'être humain.

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2. Les sablières et la charpente :

 

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 De 1396 à 1412, la charpente de la nef fut entièrement refaite par Jehan Pierre, charpentier de l'Ile d'Arz : "L'an mil IIIcc IIIIxx XVI fut ceste yglise par Johan Pierrs, charpent. d'Art, lan mil CCCC et XII Iohan piers charpenter, fut ceste yglèse clocsée". 

En 1553, on refit la charpente du choeur : l'unscription indique  L. M. Vcc L. III. le VIe jour de apvril fu commence le bouais de ce (coeur) d'Ars, miseur P. de Venetis. (on peut peut-être lire aussi " L.M. Vcc L. III le Ve iour de Aprpril fu co(m)mecé le bouah ce ce (cœur) d'ars IIII ps de Vontis"): illustrations ci-dessous :

  

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3. "Descente de  Croix".

   Huile, h = 3,50m, l = 2,10m . Inscrite MH 01/02/1983. C'est un tableau de Jean-Vincent L'hermitais (1700-1758), peintre de Vannes . Cette toile destinée initialement au maître-autel date de 1754, elle est selon le site de la mairie la copie inversée d'une toile de 1679 de Charles le Brun exposée au Musée des Beaux-Arts de Rennes, et selon l'Inventaire régional, la copie inversée d'une toile de Rubens.

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Source :

Site Infobretagne 

Site Topic-topos.

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:48

         Les églises des îles du Ponant VII.

       L'église Saint-Michel de l'Île-aux-Moines.

 

 

 Sur un ancien sanctuaire dépendant de la paroisse d'Arradon du XIIe siècle et déjà dédié à Saint-Michel —il occupe une hauteur — ce qui explique toponyme Locmiguel du bourg , l'église a été reconstruite en 1826 par le recteur Le Gouguec sur les plans d'un architecte de Vannes, Brunet-Debaines. Le clocher est repris en 1836, puis le chœur est agrandi en 1872.  

 

 

I. Présentation.

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II. Les ex-voto et maquettes de procession.

 datent du XIXe

L’église paroissiale possède trois maquettes d’ex-voto : deux maquettes de procession encadrant le vitrail de Saint-Georges, la première étant un trois-mâts barque, a priori une frégate de 28 canons, le "Saint-Michel", datant de la deuxième moitié du 19ème siècle et la seconde étant un thonier-dundee appelé lui aussi "Sant Mikaël", saint patron de l’île. Ce thonier fait référence à l’époque où l’ile était forte de quatre unités armées pour la pêche au thon en 1938.

La troisième maquette est un trois-mâts barque, l’Auguste Briel, réalisée par le sculpteur Félix Briel, datant de 1906. Il s’agit d’une frégate armée de deux bordées de 29 canons ainsi que de trois canons à la poupe et deux canons de sabord.

1. L'Alexandre Briel.

 Maquette classée par les Monuments historiques au titre d'objet le 21 01 1981. Elle date de 1906 et est l'œuvre du sculpteur Félix Briel. Ce trois-mâts barque (et non "trois-mâts carré) est  une frégate armée de deux batteries de 29 canons, trois canons à la poupe et deux sabords de retrait à l'arrière ; les canons, au fût noir à gueule rouge, sont armés, les mantelets de sabords ne sont pas apparents. Le pont et le gaillard arrière sont peints en rouge, la coque en noir avec deux lignes de batterie blanches ; la carène est bleu-roi. Le tableau arrière est encadré de rouge.

Le gouvernail n'est pas articulé. Deux embarcations de sauvetage sont arrimés sur leurs bers au niveau duu gaillard arrière. La mâture est composée des trois mâts (misaine, grand-mât, artimon) peints en blanc pour les bas-mâts, équipés chacun de hune ; du mât de beaupré, très apiqué;  de vergues et bôme peints en blancs.

  Outre le pavillon français et le pavillon en tête de mât d'artimon, le navire arbore un pavois  de douze pavillons.

 On remarquera la forme de l'étrave et de la piéce arrondie qui sert à la prolonger. (fausse guibre ??), et, toujours à l'étrave, le long arc-boutant de martinguale (en blanc), le "dolphin striker" des anglais.

  

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 Dans la chapelle des saints, située à droite et dédiée à saint-Michel se trouvent deux  autres maquettes de procession :

2. Trois-mâts barque Le Saint-Michel.

Coque blanche au dessus de la flottaison, carène verte, cette frégateest armée de 28 canons. Le nom du navire est un nom de culte, et ne correspond pas à un bateau réel : ce n'est pas un ex-voto, remerciant Dieu ou ses saints d'un vœu exaucé, et où le fait de mer est précisément rapporté avec le lieu, la date, les circonstances et le nom du navire. C'est, comme les deux autres maquettes, un bateau de procession destinée à être portée le jour du pardon, ou des fêtes principales (15 août).

  Le grand pavois, somme de tous les pavillons du Code International des Signaux (alphabet et chiffres), a été établi. L'étiquette navale impose qu'un ordre soir respecté, qui est :"E Q 3 G 8 Z 4 W 6 P 1 I apercu T Y B X 1er substitut H 3eme substitut D F 2eme substitut U A O M R 2 J O N 9 K 7 V 5 L C S"

 

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3. Le Sant Mikael GX 203.

  Dundee thonier groisillon "tout-dessus" avec des voiles récemment restaurées apparemment: foc et trinquette à l'avant, grand-voile (à deux bandes de ris) et son flèche, voile de tapecul  et flèche de tapecul ! 

 

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III. Les statues.

     1. Saint-Pierre.

  Une statue de saint, c'est comme une devinette : "une clef, un poisson, l'étrave d'un bateau, et je me trouve à l'Île-aux-Moines, qui suis-je ?" La clef, c'est Saint-Pierre ; le poisson, c'est saint Corentin, quand on est en Cornouailles. Ici, cela doit être saint Gildas, qui, lors de son ermitage à Houat, fut miraculeusement nourri d'un poisson échoué sur la grève. Non, c'est bien saint Pierre, le saint patron des pêcheurs, héros de la pêche miraculeuse et de la marche sur les eaux du lac.


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2. Saint Michel.    

  Terrassant le dragon, ce pouvait-être saint Georges, mais les ailes d'archange affirment qu'il s'agit de saint Michel.

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3. Vierge à l'Enfant.

La Vierge est couronnée et voilée, elle tenait peut-être un objet de la main droite; l'Enfant-Jésus de face, tient un livre.

  Le support de la statue est un ange en adoration, mains jointes.

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IV. Les vitraux.

sont l'œuvre de l'atelier Maumejean-Hernanos (Madrid et Hendaye) et datent de 1930 : le même atelier est responsable, dans un esprit "art déco" des mosaïques du chœur.

 


V. Les autres éléments remarquables.


    1. Buste de saint Vincent Ferrier.


 Saint Vincent Ferrier (dominicain espagnol, grand prédicateur et décédé à Vannes en 1419 après avoir évangélisé le pays vannetais en 1418) a été canonisé en 1455. Des miracles lui donnèrent une réputation de grand thaumaturge. C'est le patron du pays vannetais, et les chanoines de la cathédrale de Vannes se sont battus pour pouvoir conserver la relique de son corps.

    Or, l'église renferme un buste en bois de poirier, du milieu du XVIème siècle, provenant de la cathédrale de Vannes et donné par les chanoines à une îlienne, Jeanne Touzé de Grandisle en 1780. Le mois suivant, elle en fit don à l'église de sa paroisse. Délaissée en 1842 dans la sacristie, remisée en 1872 dans la tour de l'église puis dans le grenier du présbytère, la statue était dans un tel état de délabrement quand elle fut retrouvée trente ans plus tard par le recteur Allaniou qu'il fallut se résoudre à n'en conserver que le buste, qui fut  installé en 1902. Monseigneur Latieule, Évêque de Vannes, accorda une parcelle notable des ossements du grand Saint, dans un reliquaire qui fut placé avec le buste contre un des piliers du chœur, dans une niche en chêne sculpté.

 On est frappé par le réalisme des traits émaciés du dominicain, dont ce serait la représentation la plus ancienne.

Documents : 

  Dans un livre de  Henri de Lagarde Montlezun se lit ceci : "Dans l’ouvrage de P.Nicol sur cette statue, on lit le passage suivant, extrait du registre des délibérations capitulaires :

« Le Vendredy premier septembre mil sept cent quatre vingt, ont été présents en chapitre Messieurs de Douhet, Duchesne, de la Pommeraye, de Grimaudet, Blanchet et de Keroignant, tous chanoines assemblés pour délibérer de leurs affaires, après le son de la cloche fait par trois fois à la manière accoutumée ; sur ce qui a été représenté par M. de Douhet que Madame Le Gris souhaiterait fort qu’on lui donne le Buste de Saint-Vincent Ferrier, qui était ci-devant placé sur l’autel du Tombeau et qui est maintenant dans une des chapelles de l’église cathédrale. Le Chapitre a saisi avec plaisir cette occasion de reconnaître le zèle avec lequel Madame le Gris s’est toujours appliquée à la décoration de la chapelle de Saint-Vincent Ferrier et luy a unanimement accordé le buste par elle désiré ».
Le Dimanche 8 Octobre 1780, la statue du Saint fut « avec un grand éclat transportée à l’Isle aux Moines, et déposée dans l’église tréviale, en la chapelle de Saint-Michel  "


              ile-aux-moines 5351c

 

 

2.  Tableau : Vierge du Rosaire.

 

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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