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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 11:32

              Vierges couchées (3) :

         chapelle de Kergrist à Paimpol.

 

Voir aussi : 

A. LES VIERGES COUCHÉES. 6 articles.

 

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vierges-couchees-de-bretagne-2-chapelle-du-yaudet-a-ploulec-h-105555217.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-3-chapelle-de-kergrist-a-paimpol-105604068.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierge-couchee-calvaire-de-tronoen-a-saint-jean-trolimon-29-110465874.html

http://www.lavieb-aile.com/article-la-vierge-couchee-dans-les-nativites-des-livres-d-heures-113263711.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-la-cathedrale-de-chartres-112103311.html

LES VIERGES ALLAITANTES. 12 articles.

http://www.lavieb-aile.com/article-virgo-lactens-ou-miss-nene-5-candidates-du-finistere-les-vierges-allaitantes-96615012.html

GROUPE DE SAINTE ANNE TRINITAIRE. 

Groupes dits de Sainte-Anne Trinitaire : l'ensemble de la vallée de l'Aulne

http://www.lavieb-aile.com/article-anne-trinitaire-de-la-vallee-de-l-aulne-102034812.html

Anne trinitaire de l'église de Guimaëc.

Anne trinitaire de l'église de Plougasnou.

Sainte-Anne trinitaire du Musée départemental de Quimper.

L'église du Vieux Bourg à Lothey : Anne trinitaire.

La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

Anne trinitaire de la cathédrale de Burgos

http://www.lavieb-aile.com/article-sainte-anne-trinitaire-de-burgos-118711405.html

 

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I. Présentation.

Le grand pardon est célébré en mai.

  La chapelle est connue des lecteurs de Pierre Loti puisqu'au chapitre XVII de Mon frère Yves, Loti, officier de La Sibylle, accompagne un ami matelot, Yves Kermadec, qui rentre chez lui à Plounez : sa chaumière est voisine de la chapelle de Kergrist : " Quand on est à la chapelle, disait-il, c'est tout près. On n'a plus qu'à tourner à gauche, deux cent pas, et on est chez nous".

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         La chapelle de Kergrist en Plounez, ancienne commune actuellement rattachée à Paimpol, date du XVe siècle mais elle a été restaurée en 1603, date où elle fut consacrée par l'évêque de Saint-Brieuc et l'abbé de Beauport, puis modifiée au XVIIIe siècle. Vendue à la Révolution, rendue au culte en 1807, bénéficiant d'une restauration importante en 1868, encore très endommagée à la fin de la guerre de 14-18, elle est alors remise en état par les paroissiens. En 1944, après avoir été touchée lors d'un raid aérien, elle doit être reconstruite. De son plan d'origine, elle a perdu son transept sud, ce qui explique en partie l'aspect encombré et mal agencé du retable que je viens visiter ici, celui de la Vierge couchée. En effet, les trois autels initiaux, ceux de Sainte Philomène, de N.D de Kergrist et de N.D du Yaudet, doivent trouver place sur la largeur de la nef et du transept nord, dont l'extrémité donne encore accès à la sacristie.

  Elle est entourée d'un placître doté d'un calvaire du XVIe siècle, et dispose d'une fontaine au nord-ouest

 


 

 

II. La Vierge couchée.

  Dans l'espace exigü qui lui est concédé, pas de retable monumental, pas de niche pour sainte Anne ou Joachim, tout juste un dais à guirlande et à deux pots-à-feu, trois angelots en couronnement, et dans l'ouverture de discrets rideaux de mousseline, deux blocs de bois sculptés aux couleurs blanches : l'un représente "la Vierge en gésine sur son lit d'accouchée", appuyée comme de coutume sur son coude droit et tournée (mais d'un quart) sur le coté dans la position des premiers allaitements, tandis que l'Enfant-Jésus ne nous montre que ses cheveux noirs afin de pouvoir téter. L'allaitement lui-même n'est pas visible, mais seulement nous voyons le beau geste de Marie prenant le menton de l'enfant et le guidant vers elle.

   L'autre bloc sculpté représente un personnage très proche de celui du Yaudet, mais ici dépourvu de couronne et de sceptre. Son manteau n'est plus peint en rouge et, en d'autres termes, saint Joseph (car c'est bien lui) n'est plus déguisé en roi ; il tourne son beau visage vers le ciel et semble rendre grâce, d'un geste de la main, pour cette naissance.

  Le naturel de cette posture, le joli mouvement des plis, la simplicité bonhomme des visages, l'absence de cette literie qui choquait, au Yaudet, par son coté kitch, l'absence même des fastes des retables, le dépouillement cistercien de la monochromie blanche confèrent à cette Nativité un charme émouvant. Inutile d'évoquer Isis, Cybèle ou la Virgo parturita gauloise pour comprendre que le mystère chrétien de l'avènement, dans une crèche de Béthléem, d'un Enfant-Dieu croise aussi, pour chaque être humain, l'émotion bouleversante de chaque naissance d'un petit d'homme, et la conviction qu'il se joue alors un évènement fabuleux qui le dépasse infiniment.

 

  

 

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  On trouve dans l'article de Georges Provost http://abpo.revues.org/1428 la reproduction d'une photographie qui montre une disposition des lieux très différente :

 

vierge-couchee-kergristc.png

 

III. Les statues et ex-voto.

 

L'autel consacré à sainte Philomène. 

Il porte des plaques votives avec la mention Merci à N.D. de Kergrist, témoignant de la confusion de l'ordonnancement. Ses niches reçoivent les statues d'un moine ou abbé  et de saint Yves.

DSCN3960.JPG

 

 

      Ex-voto : 

Cette goélette morutière de Paimpol (comme l'Étoile et la Belle Poule) porte l'inscription Kergrist PL.

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      Saint François ( selon l'inscription du socle)

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Sainte Philomène :

  Le culte de cette jeune vierge et martyre des premiers siècles s'est développé grâce à la dévotion du saint Curé-d'Ars en 1837, après que ses reliques aient été découvertes dans les catacombes de Priscilla puis transférées à Mugnano del Cardinale près de Naples. Son nom est issu d'une plaque qui portait la mention qualificative philomena theou, "aimée de Dieu".

  Sa présence dans cette chapelle est peut-être due au fait qu'elle soit la patronne du Rosaire Vivant et des Enfants de Marie Immaculé ; mais j'ignore la datation attribuée à cette oeuvre.

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Saint Yves :

 

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Notre-Dame de Kergrist.

Le maître autel qui prolonge la nef est encadré par la statue de N.D. de Kergrist, vraie patronne de la chapelle, et de saint ? à gauche, alors que la statue de sainte Marguerite est posée sur le coté gauche de l'autel.

 

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Sainte Marguerite .

  Elle sort de son dragon par la seule force de sa prière ; Shrek fait semblant de ne pas être dans la combine.

 

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Déploration :

 

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      Saint Sébastien :

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Statues dans la nef : 

Saint Éloi :

Dans sa tenue de maréchal-ferrant avec la tenaille et les clous.

 

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   Saint Julien.

 Cette statue, ainsi que d'autres, proviennent d'une ancienne chapelle Saint-Julien actuellement détruite. 

  Les lecteurs des Trois Contes de Flaubert connaissent la Légende de saint Julien l'Hospitalier, ce fils de seigneur qui s'adonnait à la chasse :

  "Il aimait, en sonnant de la trompe, à suivre ses chiens qui couraient sur le versant des collines, sautaient les ruisseaux, remontaient vers les bois ; et quand le cerf commençait à gémir sous les morsures, il l'abattait prestement, puis se délectait à la furie des mâtins qui le dévoraient, coupé en pièces sur sa peau fumante".

  Ils savent comment le chasseur, poursuivant un cerf, une biche et son faon, tue les deux derniers, puis enfin le grand cerf qui le maudit avant de succomber en disant "Maudit, maudit, maudit! Un jour , coeur féroce, tu assassineras ton père et ta mère !" Et comment, comme dans le mythe d'Oedipe, l'oracle se réalisera alors que Julien aura tout organisé pour le déjouer.

  La statue montre un homme vêtu d'une cuirasse et d'un manteau, tenant un épieu à gauche et un bouclier à droite. Mais celui-ci est orné d'une tête de cerf dans les bois de laquelle une tête apparaît: si cette tête est celle du Christ, il s'agit d'une contamination par les légendes de saint Eustache et de saint Hubert où les bois du cerf portent la croix du Christ. 

 

 

 

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IV. La bannière.

  Elle est dédiée à Notre-Dame de Kergrist et non à N.D du Yaudet, avec l'inscription Itron Varia Kergrist Pedet Evid-omp, sainte Vierge de Kergrist Priez pour nous. La Vierge de Kergrist est couronnée et présente l'Enfant-Jésus qui tient le globus crucigère.

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  Le verso de cette bannière est traité de façon beaucoup plus originale et souligne, comme l'ex-voto vu précédemment, que cette chapelle dessert une population maritime. On y voit, encadrée par quatre ancres, une étoile et une fleur, un trois-mats gréé de trois voiles carrées et équipé non pas d'un gouvernail d'étambot, mais de deux avirons tribord et babord, ce qui correspondrait à un navire antérieur au XIIIe siècle. 

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V. Les tableaux.

 

  Je donne à ces deux tableaux toute mon estime, et je suis frappé par leur qualité, les trouvant dignes des grands musées. J'ai été étonné de ne pas les trouver très étudiés, mais simplement mentionnés sur les sites en ligne. Quels en sont les auteurs ? Qui est F. Vali ? D'où proviennent ces oeuvres? 

1) Saint Marc écrivant son Évangile, F. Vali, 1656

  Inscription F. Vali fecit 1656 Ste Marce Ora pro nob~

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2) la Nativité ou la Vierge au fourneau.

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Inscriptions :

On lit : aier alit natum....seph somnum et de l'autre cotè Angelus auras ex... ast munus reddit... utrisque puer .

 

Ces inscriptions ont été coupées lors du réencadrement, mais l'abbé Guillotin de Corson (Les sanctuaires du pays de Paimpol, Revue de Bretagne et Vendée, 1889 (1) p. 108 link) les a relevé ainsi : Mater alit natum, Joseph somnum, angelus auras (ex) ast munus reddit utrisque puer. Je tente de traduire par "La mère nourrit son nouveau-nè, Joseph songe / un ange souffle ? tandis que deux groupes d'enfants rendent grâce."

Le chanoine honoraire décrivait ainsi ce tableau comme une toile peinte qu'on dit être de l'école espagnole, et intitulée par le peuple comme le Ménage de la sainte Vierge : "on y voit Marie faisant elle-même de la bouillie dans un petit poêlon tandis que saint Joseph berce le divin Enfant ; plusieurs anges aident à la Sainte famille, l'un attise le feu, un autre le souffle, un troisième apporte du charbon."

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Published by jean-yves cordier - dans Vierges couchées
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 11:20

Chapelle de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon.

             La vierge couchée du calvaire.

                   La bannière Le Minor.

                      La statuaire.

                    Saint Saturnin.

                  Les vitraux de Petit.

 

Voir aussi : 

A. LES VIERGES COUCHÉES. 6 articles.

 

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vierges-couchees-de-bretagne-2-chapelle-du-yaudet-a-ploulec-h-105555217.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-3-chapelle-de-kergrist-a-paimpol-105604068.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierge-couchee-calvaire-de-tronoen-a-saint-jean-trolimon-29-110465874.html

http://www.lavieb-aile.com/article-la-vierge-couchee-dans-les-nativites-des-livres-d-heures-113263711.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-la-cathedrale-de-chartres-112103311.html

LES VIERGES ALLAITANTES. 12 articles.

http://www.lavieb-aile.com/article-virgo-lactens-ou-miss-nene-5-candidates-du-finistere-les-vierges-allaitantes-96615012.html

GROUPE DE SAINTE ANNE TRINITAIRE. 

Groupes dits de Sainte-Anne Trinitaire : l'ensemble de la vallée de l'Aulne

http://www.lavieb-aile.com/article-anne-trinitaire-de-la-vallee-de-l-aulne-102034812.html

Anne trinitaire de l'église de Guimaëc.

Anne trinitaire de l'église de Plougasnou.

Sainte-Anne trinitaire du Musée départemental de Quimper.

L'église du Vieux Bourg à Lothey : Anne trinitaire.

La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

Anne trinitaire de la cathédrale de Burgos

http://www.lavieb-aile.com/article-sainte-anne-trinitaire-de-burgos-118711405.html

 

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I. Le calvaire : la Vierge couchée de la Nativité.

  La représentation d'une Vierge couchée est ici d'autant plus interessante que Tronoën ou Tronoan ( Tro-an-aon, "trève ou lieu placé au bord d'une rivière") est un ancien lieu de culte dédié à Vénus à l'époque gallo-romaine : venant de l'oppidum de Tronoën,  le sol a livré des monnaies romaines et gauloises ainsi que de nombreuses figurines en terre cuite blanche représentant Vénus Anadyomène, exposées au musée de saint-Germain-en-Laye. Ce culte païen a disparu au VIe siècle avec l'arrivée de chrétiens venus de Grande-Bretagne

 

Musée départemental breton de Quimper :

 

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  La chapelle a été construite sur l'emplacement d'un ancien temple romain au milieu du XVe siècle par  des "moines soldats", les "Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem", après qu'ils aient été chassés de Palestine. Ils reçurent pour mission de défendre la côte de Penmarc'h à la Pointe de Raz.

 

Le calvaire à mace et frise est le plus ancien de Bretagne, mais on en ignore le commanditaire, et seul l'examen des costumes a permis de proposer la date de 1450 comme celle de son édification. Il faut l'imaginer dans sa polychromie d'origine, proposant aux fidèles un vrai Évangile de pierre qui se lit, à partir de l'Annonciation, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. 

  Mais je m'interesse aujourd'hui (un jour de pluie, peu favorable à mes photographies) à sa face nord consacrée, dans le registre inférieur, à la Nativité. Après la scène de la Visitation à gauche, on voit trois blocs de kersanton qui reprennent les éléments retrouvés dans les autre nativités à Vierge couchée. 

  

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  En effet, après le boeuf et l'âne dans leur étable, on voit saint Joseph dans sa posture songeuse ou endormie, le front sur la main et le coude sur le genou. Un bloc de pierre différent représente la Vierge, dont la tête repose sur un coussin. Le lit est figuré par un tressage d'osier ou de lattes, dans la partie inférieure et l'extrémité gauche. Les cheveux très longs sont disposés en deux nattes un peu naïves sur les épaules. Marie est nue, du moins jusqu'à la poitrine puisque les draps la recouvrent en dessous. Les deux bras, au dessus du drap, sont tendues, paumes vers le haut, vers l'Enfant-Jésus dont la précocité est rendue par l'artiste en le présentant comme un garçon de sept ans, pleinement conscientr de sa mission de Sauveur du Monde. Il en tient le globe dans la main gauche tandis qu'il désigne l'étage supérieur du calvaire où la croix de la Rédemption l'attend. 

  Le bloc de kersanton suivant est sculpté des trois rois mages : le premier est, c'est la tradition, le plus agé et il est barbu ; il a oté par respect sa couronne. Le suivant porte la couronne à fleuron et montre l'étoile qui les a guidés vers Bethléem. Il porte une tunique courte, mais fourrée, et aux manches très amples, au dessus de collants. Son voisin, également couronné, porte un manteau aux manches tombantes. Ce sont ces costumes, ainsi que les chauusures à poulaine visibles sur d'autres faces, qui ont permis la datation entre 1450 et 1470, sous Louis XI.

 

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II. La bannière le Minor.

 

1. Face consacrée au calvaire sous le titre TRONOEN avec l'inscription :

Ravo gant gwad Jezuz diwallet va ene evid ar vuhez peurbaduz. (Que le sang de Jésus protège mon âme une vie heureuse ?)

  En bas, on trouve les signatures Le Minor et Toulhoat.

  Six anges prennent soin du Christ agonisant, trois recueillant le Précieux Sang des cinq plaies dans  quatre calices, un épongeant le front ensanglanté par la couronne d'épine (sixième écoulement de sang), et deux présentant un écu : celui de la Bretagne (hermine) et l'autre de Saint-Jean-Trolimon? (croix pattée, qui figure sur les armoiries de la commune ).

 

saint-jean-trolimon 8499c

 

 

      2. Face consacrée à la paroisse de Saint-Jean-Trolimon.

Inscription PARREZ SANT YANN, Paroisse Saint-Jean, puis en bas AD1993 (Anno Dei 1993), et les signatures Le Minor et Toulhoat, et enfin Paoah. Sergent. Person.

 Image : la Vierge de l'Immaculée Conception, surplombant la représentation de la chapelle Notre-Dame de Tronoên et de son calvaire.

 

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 Cette bannère a été brodée en 1993 par Cécile le Roy de la maison Le Minor de Pont-L'Abbé sur un carton de Pierre Toulhoat, alors que l'abbé Sergent était recteur de Saint-Jean-Trolimon.

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Les statues.

 

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Saint Jean :

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Notre-Dame de Tronoën:

Cette Vierge à l'Enfant,  couronnée provient de l'ancien calvaire mutilé de Saint-Evy .

 

 

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Sainte Barbe 

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Anges adorateurs sur leur nuage.

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Lavieb-aile vous révèle la fixation de leurs ailes, que ces anges ôtent lorsqu'ils ne volent pas (j'avais cru d'abord qu'il s'agissait d'anges-tirelires, qu'on place près de la crèche et qui disent merci avec la tête) :

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      Saint Sernin (ou Saturnin).

On peut s'étonner de trouver ici la figure inhabituelle du premier évêque de Toulouse, vers 250.  Le site Topic-topos http://fr.topic-topos.com/saint-sernin-saint-jean-trolimon explique que c'est la Légende dorée qui a fait de Saturnin, martyr du IIIe siécle, un adolescent tenant la tunique du Christ lors de son baptème dans le Jourdain, puis que, par rapprochement phonétique possible avec le lieu-dit Santurnel, à Plomeur, son culte s'est répandu dans le pays bigouden, avec une statue dans l'église Saint-Jean-Baptiste (de Trolimon?), et une autre à Combrit.

  Mais la Légende dorée de Jacques de Voragine en 1266  mentionne Saturnin comme "ordonné évêque par les disciples des apôtres" et envoyé à Toulouse où il fut lié à la queue d'un taureau et précipité du haut de l'escalier du Capitole.http://www.abbaye-saint-benoit.ch/voragine/tome03/175.htm

  Je retrouve par contre, dans la Fleur des Vie des saints publiée en 1687 et 1712 par le père jésuite Ribadeneira link le récit où Saturnin, premier prélat de Toulouse, fils d'un roi de Péloponèse, et devenu disciple de saint Jean Baptiste, assista au baptème de Jésus : "et même il gardoit la robe de Nostre-Seigneur pendant que saint Jean le baptisoit". La source citée est le Livre 9, chapitre 6 de Bernard Guidonis (1261-1331), ou Bernard Gui, inquisiteur de Toulouse et évêque de Lodéve. L'ouvrage cité est le Speculum sanctorale de 1329 (Bibliothèque Municipale,Toulouse, ms.480, f° 248v-254).

  Il y eut d'abord, autour d'un personnage historique martyrisé lors de la persécution de Dèce en 250, puis la lègende transforma ce personnage en un disciple du temps des apôtres, un des discipuli apostolorum,  envoyé par saint Pierre en Gaules : cette modification daterait de Grégoire de Tours dans son Liber in gloria martyrium, et Césaire d'Arles (mort en 542) dans son De mysterio sanctae trinitatis. (le même phénomène "d'apostolisation" a concerné saint Denis, qui, de martyr parisien, est devenu contemporain des apôtres au fil de l'élaboration de sa légende)

  De fil en aiguille, je remonte l'hagiographie de saint Saturnin, découvrant les Gesta saturnini écrits en 900 : leur auteur, un clerc d'Auch, reprend chaque passage de l'évangile qui mentionne la présence d'un disciple autour du Christ, et soutient que c'était Saturnin, présent à la multiplication des pains, au lavement des pieds, à la Cène, à la Réssurection, lors des apparitions du Christ, etc...  A la même époque est écrit la Passion interpolée, où sont intercalées au récit de la Passion des miracles de Saturnin guérissant Austria, la fille du gouverneur Antonius en la trempant dans les fonts baptismaux ou la lépreuse Quiriace. Au début du Xe siècle est aussi écrite une Passion rimée, reprise un siècle plus tard par Borellus et décrivant la mission toulousaine du saint et son voyage en Espagne. Plus tard paraissent des libelli, petits livrets destinés aux fidèles, et vers le XIIIe siècle, le Corpus Saturnini est ainsi constitué, tel que Bernard Gui ("Guidonis") le reprendra et le complétera par le récit de la révélation des reliques au XIIIe siècle pour le lectionnaire des dominicains de Toulouse dans sa Vita et Passio saturnini. (Source : Thèse d'Anne-Véronique Gilles-Raynal link).

  Outre deux églises à Toulouse, de nombreuses églises lui sont consacrées dans le Midi, notamment dans le Quercy, mais un culte lui est aussi rendu à Tours, à Chartres, etc...

  Au Moyen-Âge, il est invoqué pour les étourdissements, ou pour soigner les moutons atteints de la maladie du tournis, pour la raison calembouresque que son nom populaire, Atorne ou Atournis, issue du latin Saturninus, s'y prête.

  En Bretagne, on trouve sa statue en évêque à Belz (église Saint-Saturnin). Par contre, ce motif iconographique de Saturnin en porteur de tunique semble très rare en France, où les sculptures montrent le plus souvent le supplice sur les marches du Capitole, ou le taureau. Je ne trouve comme autre exemple que la statue de Combrit (29) dans la chapelle Saint-Vennec.

 

 

                                     saint-jean-trolimon 8525c

 

On trouve aussi à Combrit, en la chapelle Notre-Dame de la Clarté, un bel exemple de statue de ce saint, dénommé Sant Urnel :

                         Notre-Dame-de-la-Clarte 2532c

 

 

 Ultérieurement, lors d'une visite de la cathédrale de Chartres et de son "tour de choeur" , cette découverte de la légende de saint Sernin/Saturnin me permit de décrypter immédiatement la scène du Baptème du Christ suivante :

 

 

 tour-du-choeur 9860cc

        Pourtant, Jacques Baudoin analyse cette oeuvre de Nicolas Guybert (v.1543) en y voyant "le Christ assisté d'un ange tenant sa tunique" (Normandie-Île-de-France, la sculpture flamboyante, p. 288). Effectivement, dans l'iconographie, on trouve des baptèmes du Christ où c'est un ange qui est le porteur de la tunique*, et, à contrario, lorsque le personnage est dépourvu d'ailes, comme ici, on estime qu'il s'agit d'un ange aptère ; mais n'est-ce-pas par méconnaissance de la légende de saint Saturnin ?

  A Chartres, en tout cas, saint Saturnin est représenté, tiré par le taureau sur les marches du Capitole, parmi les saints de la baie latérale gauche dite des Martyrs, du Portail Sud. 

*Bicci di Lorenzo (1373-1452), Le Baptème du Christ, Nantes, Musée des Beaux-Arts.

* Ottavio Vannini (1585-1643), Le Baptème du Christ, Nantes, Musée des Beaux-Arts.

Un exemple d'ange porteur de tunique : Livre d'heures de Catherine de Rohan et Françoise de Dinan, Rennes, Médiathèque Les Champs Libres, Ms0034 folio 72 : Le Baptème du Christ :

 

                      BIB-20080912-063.img

 

 

 

 

 Vitraux de Michel Petit (1990).

  Selon le blog de Jean-Pierre Le Bihan, ils ont remplacé, dans la maîtresse-vitre, des vitraux du peintre-verrier morlaisien Jean-Louis Nicolas (1816-1899).

  Michel Petit (Évreux 1934-.) est un maître-verrier diplomé des Beaux-Arts à Paris : c'est auprès de l'atelier de Jacques Le Chevallier qu'il se formera à l'art du vitrail, avant d'ouvrir en 1963 son atelier à Thivars, prés de Chartres. S'il est plus particulièrement connu pour ses restaurations de vitraux anciens dont ceux des  cathédrales de Chartres, Bourges, Coutances ou Tours, c'est aussi un créateur inovant dont la première réalisation fut en résine polyester à l'église Saint-Léger de Saint-Germain-en-Laye, avant d'employer la dalle de verre (Sainte-Bernadette à Angers) et de figurer parmi les précurseurs de la peinture du verre par thermoformage (Centre culturel de Ducey, Manche, 1998). Depuis 1970, il se consacre à la recherche de techniques de conservation et restauration de vitraux avec le Laboratoire des monuments historiques. 

  Parmi ses créations en verre antique, il faut citer l'église Saint-Gervais de Falaise et ses 200 m² de verrières sur le thème de la Jérusalem Céleste.

  Trés attentif à situer le fruit de son imagination  en cohérence avec l'histoire, l'architecture et le décor du lieu, mais aussi à sa lumière et à son environnement, il donne une importance particulière au théme du dialogue du ciel et de la mer (Thivars, 1986), de la course du soleil entre ciel et mer (église romane de Martinvast, Manche, 1993), tout en s'inspirant des cantiques spirituels ( cantique de Daniel "Béni sois-tu dans le firmament du ciel" à Martinvast, Ave Maris Stella à Rosnoën).

  Nous ne sommes donc pas surpris de lire le texte suivant,  dactylographié et affiché à l'intérieur de la chapelle avec la mention "M. Petit, maître-verrier 1990" :

  "La chapelle Notre-Dame de Tronoën était pourvue au XIXe siècle de vitreries géométriques incolores et aujourd'hui disparues; la lumière devait y être brutale. La restauration récente des polychromies imposait au Maître-Verrier une lumière diffuse neutre. Il y avait donc obligation d'emploi de verres incolores légèrement réchauffés de dorés pour assister la polychromie et créer l'équilibre avec les bleus dominants de la coloration des vitraux. L'iconographie dense, riche et souvent dramatique du célèbre calvaire accueille et retient l'attention de quiconque entre dans la chapelle, il ne semblait pas désirable de traiter les vitraux sur un mode figuratif, d'autant que la chapelle possède une statuaire très présente."

" Par contre cet édifice proche de la mer et dédié à la Vierge suggère naturellemnt le double thème de la Vierge et de la mer évoqué dans l'hymne Ave Maris Stella, Dei Mater alma "Salut Étoile de la mer, Mère de Dieu très pure, toujours vierge, heureuse porte des cieux".

"Enfin deux baies, l'une au nord, l'autre au sud, sont traitées dans des colorations plus chaudes pour s'accorder à la polychromie de l'édifice : fonds clairs, ocre rouge et coloration de points dorés et turquoise, couleurs complémentaires."

  "Les verres ont été peints une première fois pour développer les jaunes d'argent puis ont été peints à l'émail bleu turquoise ou jaune léger pour leur donner une vie plus intense. Ils ont été "bouillonés" ensuite afin de leur donner, à l'extérieur, une matière légèrement translucide diffusant une lumière nacrée.

"L'idée d'une présence discrète des vitraux en harmonie avec l'architecture, et la volonté de soutenir une prière mariale au coeur du visiteur en ont animé la création".

  

 

  

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vierges couchées
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 11:13

             La Vierge couchée : occurrence dans les Nativités enluminées des Livres d'Heures manuscrits conservés à la Médiathèque de Rennes.

 

Voir aussi : 

A. LES VIERGES COUCHÉES. 6 articles.

 

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vierges-couchees-de-bretagne-2-chapelle-du-yaudet-a-ploulec-h-105555217.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-3-chapelle-de-kergrist-a-paimpol-105604068.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierge-couchee-calvaire-de-tronoen-a-saint-jean-trolimon-29-110465874.html

http://www.lavieb-aile.com/article-la-vierge-couchee-dans-les-nativites-des-livres-d-heures-113263711.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-la-cathedrale-de-chartres-112103311.html

LES VIERGES ALLAITANTES. 12 articles.

http://www.lavieb-aile.com/article-virgo-lactens-ou-miss-nene-5-candidates-du-finistere-les-vierges-allaitantes-96615012.html

GROUPE DE SAINTE ANNE TRINITAIRE. Nombreux articles.

Groupes dits de Sainte-Anne Trinitaire : l'ensemble de la vallée de l'Aulne

http://www.lavieb-aile.com/article-anne-trinitaire-de-la-vallee-de-l-aulne-102034812.html

Anne trinitaire de l'église de Guimaëc.

Anne trinitaire de l'église de Plougasnou.

Sainte-Anne trinitaire du Musée départemental de Quimper.

L'église du Vieux Bourg à Lothey : Anne trinitaire.

La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

Anne trinitaire de la cathédrale de Burgos

http://www.lavieb-aile.com/article-sainte-anne-trinitaire-de-burgos-118711405.html

 

.

 

      Aucune photographie ne m'est personnelle, elles proviennent toutes de la Médiathèque Les Champs Libres, par téléchargement des pages disponibles ici :http://www.bibliotheque-rennesmetropole.fr/actualite-des-collections/tresors/les-collections-numerisees/    

© Bibliothèque Rennes Métropole  

  Les images sont dues à Central Studio.

I. Livre d'Heures à l'usage de Dol.

      Nativité, Livre d'Heure à l'usage de Dol, XVe siècle, artiste inconnu, miniature mi-page, Rennes Ms 0028,  folio f.61.

 

BIB-20060406-015.wmg

 

  La Vierge, enveloppée dans son manteau bleu qui recouvre sa tête, est allongée sur un lit tendu de rouge, adossée à des coussins, et à demi-tournée vers la gauche ; l'Enfant-Jèsus, au nimbe crucifère, nu à coté de sa mère, se tourne vers saint Joseph en lui tendant les bras. Celui-ci est, pour une fois, plus éveillé et moins mélancolique que d'habitude et il ébauche même un geste vers le couple mère-fils ; il reste néanmoins en retrait, séparé de la dyade par la diagonale rouge du lit, isolé dans le vert d'un pré aux fleurs stylisées, devant un paravent d'osier qui le sépare de l'âne et du bœuf. Son bonnet jaune indique son judaïsme. Un bassin et une cruche témoignent du fait que l'accouchement vient d'avoir lieu. Le vrai Père a pris l'aspect d'une pluie de rayons solaires dont il inonde avec bienveillance la scène.

Le début du Psaume de David Deus in aduitorium meum intende vient à la suite d'une lettrine D enluminée.

 

II. Livre d'Heures de la famille d'Epinay.

Nativité, Livre d'Heures de la famille d'Epinay, 1430-1450, miniature mi-page, artiste inconnu, Rennes MS0033, folio F.65. BIB2007.1030-016.

  Le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements — Tome XXIV. Rennes, donne de ce manuscrit la description suivante : 190 feuillets (plus un feuillet liminaire A en papier)... Quatorze grandes miniatures à pleine page — Au verso du feuillet de garde 1, on lit, en caractères majuscules lapidaires : AN 1603. A MADAME : LA : MARQUISE : DE : VAUCOULLEUR : SES : HEVIRES : ENLVMINÉES : APPARTIENNENT : DONNÉES : PAR SON : FIDEL : MARY : CHARLES : DESPINAY : MARQUIS DE VAUCOULLEUR, SEIGNEUR D'YVEGNAC, PLUMAUGAT, LACHÈSE. JHESUS MARIA. (La Bibliothèque de Rennes possède un livre d'heures, imprimé par Gillet Hardouin en 1503, provenant de la même famille, et où on lit, folio 7, cette note marginale : « Ce quinziesme octobre 1600, hault et puissant mesyre Charles Despinay, marquis de Vaucoulleur, espoussa... Marye de Chachanay, à Duretal. Dieu leur doint des enfans. » C'est à cette Marie de Chachanay que le manuscrit fut offert en 1603. L'écusson de la famille d'Épinay, d'argent, au lion coupé de gueules et de sinople, est peint aux folio 27 ro , 28 ro , 52 vo , 64 vo , 71 ro , 101 ro ; ces armes figurent également dans un canton d'un écu peint à la fin du manuscrit, accompagnées des monogrammes  et  (double lambda). — Le premier feuillet de garde A, en papier, porte, au recto, l'inscription : « Dom Jan Mevel, recteur, prestre digne. 1673 »

Dimensions : 184 × 128 mm

Reliure : Reliure maroquin rouge, estampillée au dos et sur les plats, en lettres d'or, au double monogramme, alternant dans des losanges à cordelières. Coins et fermoirs en cuivre.

  Je ne parviens pas à retrouver des informations précises sur cette famille bretonne d'Epinay ou d'Espinay, dont un membre, Robert, fut Grand maître d'Hôtel de Bretagne à la cour du duc François Ier en 1448. Des monogrammes entrelacent les lettres V et A, les lettres doublées LL (lambda) avec AA. Je ne saurais même pas si la protectrice de Rousseau, Louise d' Epinay, en fait partie !

 

 

 

                                           BIB-20071030-016.wmg

                                           BIB-20071030-016.wmg détail

L'enluminure surmonte la citation partielle du Psaume 70 (69) Deus in adiutorium meum intende, Domine ad adiuvandum me festina; confundantur et revereantur qui quaerunt animam meam," Qu’ils soient honteux et confus, ceux qui en veulent à ma vie ! Qu’ils reculent et rougissent, ceux qui désirent ma perte !"

  La crèche est un enclos entouré d'une palissade d'osier, dans lequel un toit de chaume est supporté par quatre madriers. Joseph, l'air pensif, s'appuie sur une canne; la Vierge, vêtue d'une tunique rouge et de son manteau bleu qui la couvre sous la taille, est tournée sur le coté gauche vers son Fils, placé tête bêche, nu mais la tête cerné par une auréole crucifère, tendant les bras vers sa mère. Il est encadré par l'âne et le bœuf. Deux bergers, dans l'herbe tendre, lèvent les bras en signe d'émerveillement. Ces bergers sont repris à l'identique dans un médaillon de la marge, sous deux cigognes (ou hérons), mais aussi plus bas, dans un champ, tenant chacun un instrument aratoire, près d'un paon : on suppose, bien qu'ils lui tournent le dos, qu'ils répondent aux injonctions de l'ange aux ailes ocellées qui leur fait coucou en haut et à gauche. On trouve encore dans la marge des fraises des bois, des fleurs de bleuets, des acanthes, des sortes de faînes.

 

 

 

 

 

III . Livre d'Heures de Béatrice de Rieux, XIVe siècle.

La Nativité, Livre d'Heures de Béatrice de Rieux, XVe siècle, artiste inconnu, 1390. MS2044 folio F.57v. BIB 20080827-004.

  Le manuscrit Horae secundum usum Namnetensem vel Dolensem, France (Tours), ca 1390-1400, latin et français, parchemin 186x128 cm, 262 ff, 16 peintures,  a été exécuté pour Béatrice de rieux, fille de jean de Rieux, Maréchal de France et seigneur d'Issé, et de Jeanne de Rochefort. Elle épousa Jean de Rougé, seigneur du Theil de Bretagne, puis, devenu veuve en 1417, elle se retira à Issé.

  Ses armoiries, d'azur à neuf besants d'or, figurent sur la robe de la commanditaire, sur l'enluminure du folio 189v où elle est agenouillée devant la Vierge.

 

 

BIB-20080827-004.wmg corrigé

 

  Sur un fond à damier bleu, rouge et or semblable au fond de la Nativité précédente, la Vierge est allongée sur le coté droit, le visage appuyé sur la main droite, selon un schéma très habituel pour le thème des Vierges couchées ; elle porte une chemise rouge et le manteau bleu qui couvre la tête, cachant les cheveux. Elle tourne le dos à l'Enfant qui, langé, nimbé, se repose (un oeil ouvert) sur un haut berceau rectangulaire. L'âne et le bœuf veillent sur lui Une fois de plus, Joseph porte la canne, la barbe, le chapeau ou bonnet juif, et, toujours placé en écart, il médite. Les postures sont figées, et celle de la Vierge, notamment, évoque les représentations analogues des tympans des cathédrales (Chartres, Sens). 

 

      IV. Livre d'Heures du XVe siècle.

Adoration des bergers, Livre d'Heure du début du XVe siècle, produit en Bretagne, artiste inconnu. MS0029, Folio F.47.

                          BIB-20060406-026.wmg

 

  Cette scène diffère légèrement car il ne s'agit plus d'une Nativité, mais d'une Adoration des Bergers. Le Psaume est toujours le même, Deus in abuitorium, Ps 70.

  La Vierge est à demi-assise dans un vrai lit, dans de bons draps recouvert d'une couverture rouge frappée de motifs d'or, et ce lit semble trouver place dans la chambre d'un château ou d'une chapelle médiévale au style gothique, sous un riche dais, un ciel de lit rouge et or. Mais, curieusement, on a introduit ici deux animaux, l'âne et le bœuf, et on a dressé une palissade d'osier tressé pour que cela ressemble à une pauvre étable de campagne. 

  Personne ne s'y trompe, et la Vierge aux cheveux longs est habillée d'une robe bleue bien ajustée à ses formes, bien cintrée à la taille ; elle montre à l'Enfant le Livre, celui qu'il lui reste à accomplir, mais dont ils connaissent tous les deux les lignes ; c'est d'ailleurs un livre où, en palimpseste, se déchiffre l'Ancien Testament et ses préfigurations du temps à venir.

  L'Enfant a beau être nu, il est déjà très averti de cela, et il désigne à sa mère les bergers venus l'adorer, et que l'étoile envoyé par son Père a guidé jusqu'à eux ; et il les bénit, d'un geste assuré.

  Ce sont des bergers, mais bien vêtus d'une robe longue et d'une chape qui réchauffe leurs épaules ; leurs cheveux sont coupés à la mode du temps, raie médiane, nuque dégagée. L'un d'eux n'a pas quitté sa serfouette.

  Saint Joseph porte un costume assez identique, mais sa tête chenue est recouverte d'un capuchon. Sa canne en T et sa barbe grise en pointe ne le rajeunissent vraiment pas, et il est un peu ailleurs, regardant le bœuf qu'il caresse distraitement. J'éprouve pour lui une sympathie secrète et un peu apitoyée.

 

                                     BIB-20060406-026.wmg 2

 

 

 

  En conclusion, on découvre dans ces Nativités aux Vierges allongées du post-partum de nombreux points communs qui définissent un type iconographique, mais chaque scène est différente, sans stéréotypie, et l'une marque son originalité avec le Livre, l'autre avec l'allaitement, l'autre peint la pluie d'or de la Volonté divine, mais, dans tout les cas, le miracle d'une naissance virginale et sans conception laisse le pauvre Joseph ahuri, abasourdi, frappé de stupeur. C'est trop fort pour lui, ça le dépasse.

Je terminerai en m'attardant sur un manuscrit, le Livre d'heures de Prigent de Coëtivy.

IV. Livre d'Heures de Prigent de Coëtivy.

Livre d'Heures de Prigent de Coëtivy, manuscrit Rennes MS1511, vers 1400, artiste Le Maître de Troyes ; production en Champagne.

Folio F.45, La Nativité photo IRHT-CNRS BIB2008090920.

                            BIB-20080909-020.img

     BIB-20080909-052.img

 

 

 

1°) Prigent VII de Coëtivy (1399-1450).

  Les seigneurs de Coëtivy sont originaires de Plouvien (Bourg-Blanc), dans le Léon. (voir http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Coetivy.pdf)

Prigent VII est le fils d'Alain III de Coëtivy et de Catherine du Chastel, .

  Comme son oncle Tanguy du Chastel, et grâce à lui, Prigent devint un proche du roi Charles VII : conseiller et chambellan du roi, amiral de France en 1439, capitaine de la Rochelle et de Rochefort, il est aussi par son mariage avec Marie de Rais seigneur de Retz.

 

  Prigent appartient à une famille de bibliophiles.  Son frère Olivier est réputé par son Livre d'Heures qui a donné son nom à l'auteur parisien des enluminures, le maître des Heures de Coëtivy. Son autre frère Alain IV, surnommé le Cardinal d'Avignon, un personnage considérable, est un grand amateur de livres 

Lui-même possédait dans sa bibliothèque selon L. Delisle, outre ce Livre d'heures, la traduction du Miroir historial de Vincent de Beauvais par Jean de Vignay Livre XXV-XXXII (BNF, ms Fr 52) et Livre IX-XIV (Fonds Lansdowne n° 1179), le livre de Meliadus de Leonnois par Rusticien de Pise (BNF ms.fr. 340), le livre des cas des nobles hommes et femmes par Boccace (Chantilly, Bibl. du château, ms 0858), le Trésor des Histoires, les Chroniques de France, deux autres livres d'Heures (dont celui conservé à Dublin, Chester Beatty Library, W ms 82), le Livre de Tristan, le Livre de Lancelot et le Livre de Guyron le Courtois enluminés par Jean Haincelin, le Roman de la Rose, Boece, la légende Dorée, au total une vingtaine d'ouvrages précieux.

 

2°) Le Livre d'Heures de Prigent de Coëtivy.

 

 C'est la plus belle pièce acquise par la bibliothèque de Rennes. Ce manuscrit avait été examiné par Léopold Delisle link en 1897 avant qu'il ne soit acquis en Angleterre. Il en décrivait les 150 grandes miniatures, et notamment la trentaine consacrée à la Vierge, en écrivant "il faut, à coup sûr, les classer parmi les plus gracieuses productions de l'art français du milieu du XVe siècle". Il le datait d'avant 1444.

  Il renferme les devises de Prigent de Coëtivy, DAME SANS PER* parfois accompagné d'une feuille de fougère, et HÉLAS,BELLE MERCI tracé sur un disque blanc.

 *  Dame sans per est d'usage fréquent dans la poèsie et la chanson médiévale, de Christine du Pisan à Eustache Deschamps : ex : dame sans per, en qui est ma speranche.

  Le livre est remarquable par l'importance des "suffrages", ou invocation aux saints, puisqu'on compte une trentaine de saints.

Le manuscrit est passé à la mort de Prigent VII à sa veuve, puis à son frère Alain qui y a coiffé les armes de son chapeau de cardinal, puis à une famille Becmur ou Becmeur, de Basse-Bretagne. Il a été acheté à la fin du XIXe siècle par Henri Yates Thomson. Il a été acquis à l'Hôtel Drouot (catalogue de vente 10 décembre 1992).

  Sa reliure est de veau sur ais de bois, estampes à froid, décor de bandes verticales à la roulette, avec traces de fermoirs et de cabochons. (jadis, selon toute vraisemblance, elles étaient "couvertes de velours cramoisi brochées d'or, à fermoers ; mises en une bourse de cuyr rouge"... "doublée ladicte couverture de satin cramoisy"..."et sur icelles Heures, dix clous d'or en manière de rozes fermantes en un grant fermouer d'or en manière de roze." (Delisle)

  Les armoiries de Coëtivy, fascées d'or et de sable de six pièces sont peintes sur  les marges d'un grand nombre de pages (L.Delisle).

      Une enluminure montre (folio 251) le commanditaire (armoiries non identifiables) agenouillé devant saint Michel, une autre (f. 255) son épouse agenouillée devant saint Jean-Baptiste. Les saints et saintes représentés sont Pierre et Paul, Jean, Philippe, Barthélémy, Barnabé, Matthieu, Matthias, Jude Thaddée et Simon, Thomas, André,  Antoine, Claude de Besançon,   sainte Catherine d'Alexandrie, sainte Madeleine, Marguerite d'Antioche, sainte Anne avec la Vierge, les quatre évangélistes. L' ange Gabriel est aussi représenté. Ces personnages se détachent avec leur attribut sur divers fonds géométriques, soit à losanges bicolores et or, soit à grands carrés monochromes damassés ou tracés d'entrelacs d'or.

  Le texte s'organise  en deux étroites colonnes de 13 lignes au centre d'un encadrement de baguettes laissant place à de larges bordures. Dans le cadre central, sous la colonne de texte, des animaux (cerfs, chien, licorne, renard, belette, lievre) se pourchassent par deux derrière un arbre. Les bordures sont occupées par des rinceaux végétaux luxuriants, dont les tiges donnent abri à des anges musiciens et à de nombreux type d' oiseaux.

  

 

3°) L'auteur des enluminures : le Maître des Heures de Troyes.

 Alors que son frère Olivier fait réaliser ses heures par un enlumineur de Paris, influencé par l'art flamand, Prigent s'est adressé à un artiste de Troyes.

L' exposition Les Très riches heures de Champagne http://www.interbibly.fr/virtuelles/trhc/index.html donne les renseignements suivants sur le Maître des Heures de Troyes.

Cet artiste anonyme apparaît au début du XVe siècle ; installé à Troyes, il réalise le chef d'oeuvre qui lui vaut son nom, un luxueux livre d'Heures exécuté pour un couple de riches bourgeois, les Berthier. Etienne de Giry, évêque de Troyes jusqu'en 1426, lui confie la réalisation des enluminures de son Pontifical (BNF Ms latin 962), tandis qu'un bourgeois de Troyes fait réaliser un manuscrit conservé à la Médiathèque de Troyes (MAT ms 3713). Il travaille ensuite pour des mécènes de Sens et de Chalons et éxécute aussi le décor du Missel de l'église d'Ervy-le-Chatel (BNF ms latin 864).

  Dans ses compositions, il privilégie l'équilibre et l'harmonie des formes. Ses personnages, un peu statiques, sont impeccablement dessinés. Les figures, sans épaisseur ni modelés se détachent sur des fonds abstraits richement ornés ; il se remarque par un goût prononcé pour la profusion décorative, tapissant le fond de ses miniatures et le vêtement de ses personnages de motifs variés. Son style au graphisme fluide est encore influencé par l'enluminure parisienne de la fin du XIVe siècle. Il se distingue ainsi du Maître de Rohan, qui travaille à Troyes après 1420 mais dont le style influencé par le Maître de Boucicaut est tourmenté et expressionniste, ou du Maître du Missel de Troyes, au milieu du XVe siècle, au style réaliste influencé par l'art flamand.

 

 

3°) L'enluminure de la Nativité    

        On conviendra que ce qui frappe le spectateur, c'est, avant la Vierge, la figure de saint Joseph: assis à terre au pied du lit, endormi, les cheveux hirsutes, sans auréole, il ressemble presque à un animal placé devant une auge. Cette façon dépréciative de traiter Joseph est courante au Moyen-Âge par différents moyens, qu' on l'affuble de rayures ou de vêtements de couleur jaune ou que l'on souligne son judaïsme. 

     L'auvent arrondi au dessus de la tête de la Vierge est retrouvé dans la Nativité du Livre d'Heures du Maître de Troyes Troyes MAT ms 1317, mais aussi dans la Nativité des Heures à l'usage de Chalons conservé à Carpentras, Bibliothèque Inguimbertienne, MS 52 fol. 43 du maître du Walters 219, réalisé à Chalons vers 1420.

 La Vierge est allongée sur le coté droit, vêtue du manteau bleu qui recouvre sa tête, alors que Jésus, sur la paille d'un berceau en osier, semble vouloir attirer son attention par des gestes.


 

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Published by jean-yves cordier - dans Vierges couchées
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 11:12

             La Vierge couchée : occurence dans les Nativités enluminées des Livres d'Heures manuscrits conservés à la Médiathèque de Rennes.

 

      Aucune photographie ne m'est personnelle, elles proviennent toutes de la Médiathèque Les Champs Libres, par téléchargement des pages disponibles ici :http://www.bibliotheque-rennesmetropole.fr/actualite-des-collections/tresors/les-collections-numerisees/    

© Bibliothèque Rennes Métropole  

  Les images sont dues à Central Studio.

I. Livre d'Heures à l'usage de Dol.

      Nativité, Livre d'Heure à l'usage de Dol, XVe siècle, artiste inconnu, miniature mi-page, Rennes Ms 0028,  folio f.61.

 

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  La Vierge, enveloppée dans son manteau bleu qui recouvre sa tête, est allongée sur un lit tendu de rouge, adossée à des coussins, et à demi-tournée vers la gauche ; l'Enfant-Jèsus, au nimbe crucifère, nu à coté de sa mère, se tourne vers saint Joseph en lui tendant les bras. Celui-ci est, pour une fois, plus éveillé et moins mélancolique que d'habitude et il ébauche même un geste vers le couple mère-fils ; il reste néanmoins en retrait, séparé de la dyade par la diagonale rouge du lit, isolé dans le vert d'un pré aux fleurs stylisées, devant un paravent d'osier qui le sépare de l'âne et du bœuf. Son bonnet jaune indique son judaïsme. Un bassin et une cruche témoignent du fait que l'accouchement vient d'avoir lieu. Le vrai Père a pris l'aspect d'une pluie de rayons solaires dont il inonde avec bienveillance la scène.

Le début du Psaume de David Deus in aduitorium meum intende vient à la suite d'une lettrine D enluminée.


II. Livre d'Heures de la famille d'Epinay.

Nativité, Livre d'Heures de la famille d'Epinay, 1430-1450, miniature mi-page, artiste inconnu, Rennes MS0033, folio F.65. BIB2007.1030-016.

  Le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements — Tome XXIV. Rennes, donne de ce manuscrit la description suivante : 190 feuillets (plus un feuillet liminaire A en papier)... Quatorze grandes miniatures à pleine page — Au verso du feuillet de garde 1, on lit, en caractères majuscules lapidaires : AN 1603. A MADAME : LA : MARQUISE : DE : VAUCOULLEUR : SES : HEVIRES : ENLVMINÉES : APPARTIENNENT : DONNÉES : PAR SON : FIDEL : MARY : CHARLES : DESPINAY : MARQUIS DE VAUCOULLEUR, SEIGNEUR D'YVEGNAC, PLUMAUGAT, LACHÈSE. JHESUS MARIA. (La Bibliothèque de Rennes possède un livre d'heures, imprimé par Gillet Hardouin en 1503, provenant de la même famille, et où on lit, folio 7, cette note marginale : « Ce quinziesme octobre 1600, hault et puissant mesyre Charles Despinay, marquis de Vaucoulleur, espoussa... Marye de Chachanay, à Duretal. Dieu leur doint des enfans. » C'est à cette Marie de Chachanay que le manuscrit fut offert en 1603. L'écusson de la famille d'Épinay, d'argent, au lion coupé de gueules et de sinople, est peint aux folio 27 ro , 28 ro , 52 vo , 64 vo , 71 ro , 101 ro ; ces armes figurent également dans un canton d'un écu peint à la fin du manuscrit, accompagnées des monogrammes  et  (double lambda). — Le premier feuillet de garde A, en papier, porte, au recto, l'inscription : « Dom Jan Mevel, recteur, prestre digne. 1673 »

Dimensions : 184 × 128 mm

Reliure : Reliure maroquin rouge, estampillée au dos et sur les plats, en lettres d'or, au double monogramme, alternant dans des losanges à cordelières. Coins et fermoirs en cuivre.

  Je ne parviens pas à retrouver des informations précises sur cette famille bretonne d'Epinay ou d'Espinay, dont un membre, Robert, fut Grand maître d'Hôtel de Bretagne à la cour du duc François Ier en 1448. Des monogrammes entrelacent les lettres V et A, les lettres doublées LL (lambda) avec AA. Je ne saurais même pas si la protectrice de Rousseau, Louise d' Epinay, en fait partie !


 


BIB-20071030-016.wmg

BIB-20071030-016.wmg détail

L'enluminure surmonte la citation partielle du Psaume 70 (69) Deus in adiutorium meum intende, Domine ad adiuvandum me festina; confundantur et revereantur qui quaerunt animam meam," Qu’ils soient honteux et confus, ceux qui en veulent à ma vie ! Qu’ils reculent et rougissent, ceux qui désirent ma perte !"

  La crèche est un enclos entouré d'une palissade d'osier, dans lequel un toit de chaume est supporté par quatre madriers. Joseph, l'air pensif, s'appuie sur une canne; la Vierge, vêtue d'une tunique rouge et de son manteau bleu qui la couvre sous la taille, est tournée sur le coté gauche vers son Fils, placé tête bêche, nu mais la tête cerné par une auréole crucifère, tendant les bras vers sa mère. Il est encadré par l'âne et le bœuf. Deux bergers, dans l'herbe tendre, lèvent les bras en signe d'émerveillement. Ces bergers sont repris à l'identique dans un médaillon de la marge, sous deux cigognes (ou hérons), mais aussi plus bas, dans un champ, tenant chacun un instrument aratoire, près d'un paon : on suppose, bien qu'ils lui tournent le dos, qu'ils répondent aux injonctions de l'ange aux ailes ocellées qui leur fait coucou en haut et à gauche. On trouve encore dans la marge des fraises des bois, des fleurs de bleuets, des acanthes, des sortes de faînes.

 

 

 

 

 

III . Livre d'Heures de Béatrice de Rieux, XIVe siècle.

La Nativité, Livre d'Heures de Béatrice de Rieux, XVe siècle, artiste inconnu, 1390. MS2044 folio F.57v. BIB 20080827-004.

  Le manuscrit Horae secundum usum Namnetensem vel Dolensem, France (Tours), ca 1390-1400, latin et français, parchemin 186x128 cm, 262 ff, 16 peintures,  a été exécuté pour Béatrice de rieux, fille de jean de Rieux, Maréchal de France et seigneur d'Issé, et de Jeanne de Rochefort. Elle épousa Jean de Rougé, seigneur du Theil de Bretagne, puis, devenu veuve en 1417, elle se retira à Issé.

  Ses armoiries, d'azur à neuf besants d'or, figurent sur la robe de la commanditaire, sur l'enluminure du folio 189v où elle est agenouillée devant la Vierge.

 


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  Sur un fond à damier bleu, rouge et or semblable au fond de la Nativité précédente, la Vierge est allongée sur le coté droit, le visage appuyé sur la main droite, selon un schéma très habituel pour le thème des Vierges couchées ; elle porte une chemise rouge et le manteau bleu qui couvre la tête, cachant les cheveux. Elle tourne le dos à l'Enfant qui, langé, nimbé, se repose (un oeil ouvert) sur un haut berceau rectangulaire. L'âne et le bœuf veillent sur lui Une fois de plus, Joseph porte la canne, la barbe, le chapeau ou bonnet juif, et, toujours placé en écart, il médite. Les postures sont figées, et celle de la Vierge, notamment, évoque les représentations analogues des tympans des cathédrales (Chartres, Sens). 

 

      IV. Livre d'Heures du XVe siècle.

Adoration des bergers, Livre d'Heure du début du XVe siècle, produit en Bretagne, artiste inconnu. MS0029, Folio F.47.

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  Cette scène diffère légèrement car il ne s'agit plus d'une Nativité, mais d'une Adoration des Bergers. Le Psaume est toujours le même, Deus in abuitorium, Ps 70.

  La Vierge est à demi-assise dans un vrai lit, dans de bons draps recouvert d'une couverture rouge frappée de motifs d'or, et ce lit semble trouver place dans la chambre d'un château ou d'une chapelle médiévale au style gothique, sous un riche dais, un ciel de lit rouge et or. Mais, curieusement, on a introduit ici deux animaux, l'âne et le bœuf, et on a dressé une palissade d'osier tressé pour que cela ressemble à une pauvre étable de campagne. 

  Personne ne s'y trompe, et la Vierge aux cheveux longs est habillée d'une robe bleue bien ajustée à ses formes, bien cintrée à la taille ; elle montre à l'Enfant le Livre, celui qu'il lui reste à accomplir, mais dont ils connaissent tous les deux les lignes ; c'est d'ailleurs un livre où, en palimpseste, se déchiffre l'Ancien Testament et ses préfigurations du temps à venir.

  L'Enfant a beau être nu, il est déjà très averti de cela, et il désigne à sa mère les bergers venus l'adorer, et que l'étoile envoyé par son Père a guidé jusqu'à eux ; et il les bénit, d'un geste assuré.

  Ce sont des bergers, mais bien vêtus d'une robe longue et d'une chape qui réchauffe leurs épaules ; leurs cheveux sont coupés à la mode du temps, raie médiane, nuque dégagée. L'un d'eux n'a pas quitté sa serfouette.

  Saint Joseph porte un costume assez identique, mais sa tête chenue est recouverte d'un capuchon. Sa canne en T et sa barbe grise en pointe ne le rajeunissent vraiment pas, et il est un peu ailleurs, regardant le bœuf qu'il caresse distraitement. J'éprouve pour lui une sympathie secrète et un peu apitoyée.


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  En conclusion, on découvre dans ces Nativités aux Vierges allongées du post-partum de nombreux points communs qui définissent un type iconographique, mais chaque scène est différente, sans stéréotypie, et l'une marque son originalité avec le Livre, l'autre avec l'allaitement, l'autre peint la pluie d'or de la Volonté divine, mais, dans tout les cas, le miracle d'une naissance virginale et sans conception laisse le pauvre Joseph ahuri, abasourdi, frappé de stupeur. C'est trop fort pour lui, ça le dépasse.

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Published by jean-yves cordier
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 07:22

              Les Vierges couchées

     de la cathédrale de Chartres.

  Cet article s'inscrit dans la succession de ceux que j'ai écrits précédemment sur les Vierges en gésine dans le patrimoine religieux de Bretagne et dans les livres d'Heures. Plus généralement, il s'inscrit dans une étude sur les éléments de la maternité de la Vierge avec la succession d'articles de ce blog sur les Vierges allaitantes de Cornouailles. Voir par exemple  Vierges couchées de Bretagne : Le Yaudet, Guiaudet et Kergrist. et les 5 articles suivants, et  Virgo lactans ou miss Néné ? Les candidates du Finistère. Les Vierges allaitantes. et les articles à suivre.

 

Source : http://www.cathedrale-chartres.fr/portails.php.

Photos Lavieb-aile.

 

   S'il est un sanctuaire qui, dés son origine, fut placé sous le signe de la Vierge parturiente, c'est bien la cathédrale de Chartres. En effet, si la première cathédrale date de la fin du IVe siècle, la tradition, recueillie par les soins de l'évêque Jean Lefevre en 1389 dans la Vieille Chronique (Tractatum de aliquibus nobilitatem et antiquam fundationem carnotensis ecclessiae tangentibus)  précise qu'elle avait été précédée par un temple fondé avant même la naissance de la Vierge et dédié par les habitants à Virgo pariturae, "la Vierge qui enfantera", car ils croyaient à la venue du Christ issu d'une Vierge ; l'église en question était desservie par les pontifes des idoles.  La Légende précise encore que la Vierge ainsi vénérée était encore à venir, qu'elle n'était pas enore née et que sa statue n'honorait que son avènement prochain. Un prince du pays de Chartres, Priscus, approuvant ce culte aurait fait faire une statue d'une Vierge portant un enfant en son giron, et cette statue aurait été vénérée dans un lieu secret à coté des idoles, à l'endroit précis où se trouve l'actuelle crypte. La légende dit aussi qu'après l'Ascension du Seigneur, la Vierge étant toujours vivante, saint Pierre envoya pour évangéliser les Gaules saint Savinien et saint Potentien, qui résidèrent à Sens. Ceux-ci déléguèrent saint Edoald et saint Altin, qui se rendirent à Orléans, puis à Chartres où ils firent de nombreuses conversions, trouvèrent l'église déjà fondée en l'honneur de la Mère du Sauveur, la sanctifièrent et nommèrent, en 33 ap. J.C, un premier évêque, nommé Aventin. Il stipula que la Vierge Marie soit nommée Dame de Chartres, domina carnotensis, et celle-ci opéra des miracles.

  Cette fondation de Chartres du vivant même de la Vierge avait été affirmée en 1330 par le comte de Dreux, en 1356 par un acte de Jean le Bon, et en 1367 par Charles V, ou en 1388 par Pierre de Craon.

 

  On voit que la préexistence d'un ancien temple gaulois et païen ou d'une ancienne statue de déesse-mère gallo-romaine, loin d'être nièe, est reconnue par l'Église comme la préfiguration prophétique de l'Histoire Sainte. Pourtant aucune certitude n'est établie sur ces anciens éléments de culte.

    Si c'est la potentialité d'enfantement qui est alors l'objet du culte, ce fut par la suite aussi l'enfantement lui-même, puis l'allaitement qui fut vénéré, à Chartres comme ailleurs comme le montre l' hymne O Gloriosa domina attribué à Venance Fortunat, et chanté à Matines et à Laudes: 

O gloriosa domina, Excelsa super sidera, Qui te creavit provide, lactas sacrato ubere ! Quod Eva tristis abstulit Tu reddis almo germine.

  En réalité, la cathédrale de Chartres est, dans son programme iconographique comme dans l'esprit de Fulbert, vouée au mystère de l'Incarnation et place la Vierge à l'Enfant au centre de cette méditation.

 

  Nous ne sommes pas étonné de trouver sur les portails de la cathédrale deux représentations de la Vierge parturiente, ou Vierge en couche, ou Vierge en gésine sur son lit d'accouchée. 

  "Elle est née de parents choisis d'En-Haut, elle a splendidement brillé par ses vertus privilégiées. Elle a donné le jour au Sauveur qui l'a glorifiée au ciel, et elle n'a jamais cessé d'exercer son parrainage en notre faveur, hommes de cette terre". Fulbert de Chartres, Sermo IV, in Nativitate B.V.M. PL 141 320p.


1. Le portail occidental ou Portail Royal.

Le Portail Royal est divisé en trois baies : c'est la baie de droite qui renferme la scène qui nous intéresse.

 C'est le portail le plus ancien puisqu'il n'a pas été détruit par l'incendie de 1194, et il date de 1142-1150. La Baie droite est consacrée à l'Incarnation.

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Dans cette baie de droite, nous examinons le tympan, où trône sous la main de Dieu Marie Theotokos, Vierge couronnée portant le Fils. Dans ce tympan, où deux linteaux sont superposés, c'est le linteau 1 qui nous concerne. Il est composé successivement des scènes de l'Annonciation, de la Visitation, de la Nativité au centre, et de l'Annonce aux bergers. 

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 Nous ne nous concentrons que sur la scène de la Nativité, et éventuellement aux bergers.

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 La scène de la Nativité est décrite ainsi par le site dédié à la cathédrale (source citée): http://www.cathedrale-chartres.fr/portails/portail_royal/baie_droite/linteau1_02.php

"Marie repose sur un lit à la manière des Vierges parturientes d'origine orientale. Elle pose une main sur son ventre pour indiquer qu'il s'agit bien d'une naissance humaine. Elle porte l'autre main à son oreille pour dire qu'elle a entendu la parole. C'est parce qu'elle a su entendre et a eu la foi qu'elle a pu enfanter. "Elle a entendu et elle a cru" (Saint-Augustin)". Ses yeux sont tournés vers la petite corbeille placée au dessus du lit où repose l'Enfant emmailloté comme au Moyen-Âge. Sa tête a malheureusement disparu. Joseph est présent à la tête du lit où sa main repose en signe de protection. Il veille sur la famille , c'est sa mission paternelle. On ne voit plus que des traces de la tête de l'âne et du bœuf qui étaient à l'origine placés au dessus de l'Enfant."


2. Le portail Nord.

De même que le Portail Royal, le portail Nord est divisé en trois baies : c'est cette fois-ci la baie de gauche que nous allons admirer. Nous sommes au cœur de notre sujet puisque cette baie est aussi celle de l'Incarnation, consacrée à la concrétisation de la Promesse faite par Dieu à son peuple d'un Sauveur : ici est illustré l'affirmation du symbole de Nicée : "Engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme".


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Dans cette baie, nous observons le tympan, et dans ce tympan, le linteau.

Au passage, nous constatons que ce tympan est consacré à l'Adoration des Mages, où Marie, assise sur un trône, tenant son Fils, est honorée dans l'épanouissement glorieux de sa maternité.

 

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 Le linteau est divisé en deux parties : celle de droite est consacrée à l'Annonce faite aux bergers, et nous constatons vite le parallélisme avec le portail sud. Mais ici, six anges tiennent une banderole de part et d'autre d'un pilier central, symbole christique qui fleurit en feuilles de la vigne eucharistique. Nous voyons aussi que Joseph est placé dans la scène de droite, à l'écart, appuyé sur un bâton ou une canne. Il est assis au pied du lit, qu'il regarde. Il ne participe en rien à la Nativité dont il n'est que le témoin privilégié.

  La Vierge en gésine, allongée sur son lit d'accouchée, vêtue d'une tunique, la tête recouverte d'un voile qui cache la quasi-totalité de sa chevelure, se redresse grâce à l'appui de coussins et de la forme du lit ; elle désigne de la main gauche l'Enfant. Celui-ci a trouvé place dans la mangeoire de l'âne et du bœuf, qui posent leur museau sur le corps emmailloté du Nouveau-né.

  Un accessoire évasé est suspendu à droite. C'est paraît-il une lampe, métaphore de la lumière que Jésus apporte au monde.

  Le visage de la Mère de Dieu n'a pas cette grâce souriante et radieuse de certaines représentations, et la partie basse, large pour ne pas dire lourde, évoque celui des Matrones romaines.

http://www.cathedrale-chartres.fr/portails/portail_nord/baie_gauche/linteau.php

 

Le vitrail de la Nativité des baies du Portail Royal (XIIe siècle).

 

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La baie 114, lancette droite : Nativité.

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Published by jean-yves cordier
13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 21:11

     Orchidées sauvages de Crozon.


  Mes identifications s'appuient sur le remarquable guide Les Orchidées en Presqu'île de Crozon de Paule et André Ragot mais sont celles d'un débutant et sujettes aux erreurs. Ces auteurs ont cartographiè depuis 1995 23 espèces d'orchidées sur les 34 recensées en Bretagne, avec une estimation globale de près de 200 000 pieds sur la Presqu'Île, et quelques sites très riches comme la zone Lostmarc'h-la Palud, et l'Anse de Dinan. Je m'attarderai sur l'un d'eux.

  La "cuvette aux orchidées".

Un site est d'intérêt particulier : il s'agit de ce qui a acquis la dénomination de "cuvette aux orchidées" . Celle-ci se situe dans l'Anse de Dinan, au sein des dunes intra-dunales de Kersiguenou. Elle est d'origine anthropique puisqu'elle a profité de  l'implantation d'une ancienne carrière de sable qui, à la fin des années 1960, répondait à l'importante demande de sable nécessaire au bétonnage de la base opérationnelle de l'Île Longue. Cette étendue de 7000 m² de surface et d'un mètre de profondeur a été ainsi mise à nu, ce qui a favorisé le développement d'espèces pionnières comme les orchidées. On y dénombre actuellement douze espèces différentes, dont deux plantes d'intérêt communautaire, le Liparis de Loesel, identifié pour la première fois en 1999 et le Spiranthe d'été , mais aussi l'Orchis moucheron, l'Orchis des marais, l'Orchis pyramidal, l'Orchis de Fuchs, l'Orchis incarnat, l'hybride Fuchs / Incarnat, l'Orchis à fleurs lâches, etc... En outre, on trouverait (dossier Natura 2000 FR5300019) à Kersiguénou la carotte sauvage de Gaudeceau, la Renouée de Ray, la Renouée maritime, ou selon le Conservatoire de Brest (M. Goret, 2009) Cynoglossum officinale et Equisetum variegatum dont c'est l'unique station du massif armoricain.

  La population de Liparis de Loesel qui atteignait plus de 1000 pieds en 2002 y est soigneusement suivie ( MAGNANON S, ANNEZO N., 2002 ou MANAC'H A.,  1993, Note sur les orchidées de Kersiguénou (Crozon-Finistère), ERICA, n°4 ) notamment par le Conservatoire de Botanique de Brest, et le site qui est la propriété Espace Naturel Sensible (ENS) du Conseil Général bénéficie d'une gestion par un programme multipartenarial associant fauchage avec exportation, coupe des saules, arrachage manuel des petits pieds d'herbe de la pampa, arrachage mécanique des pieds plus gros, raclage-étrépage, gyrobroyage.


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L'Orchis à fleurs lâches Anacamptis laxiflora (Lam.) M.C. Chase, 1997.

Lieux : Kersiguenou et Trésigneau.

Dates : 7 et 13 mai 2012.

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Anacamptis laxiflora et femelle de Polyommatus icarus (Azuré commun, Azuré de la Bugrane) :

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Anacamptis laxiflora et Lycaena Phlaeas (Cuivré commun) :

 

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l'Orchis pyramidal Anacamptis pyramidalis (L.) Rich., 1817 

Lieu : Lostmarc'h puis la Palud.

date :  24 mai 2012.

Kersiguenou, 12 juin 2012, à profusion.

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Le Serapias à petites fleurs Serapias parviflora Parl., 1837.

Lieu : Trésigneau.

Date : 13 mai 2012.

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La Listère à feuilles ovales Listera ovata (L.) R.Br., 1813: 

Kersiguenou, 7 mai 2012.

 

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  L'Orchis des bruyères Dactylorhiza maculata ericetorum .

St Hernot, tourbière, 22 mai 2012

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L' Orchis de Fuchs Dactylorhiza fuchssi (Druce) Soó, 1962

Il a été nommé en hommage à Leonhart Fuchs (1501-1566), botaniste allemand célèbre et professeur de médecine à l'Université de Tübingen.

Kersiguenou, 12 et 16 juin 2012

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L' Orchis incarnat Dactylorhiza incarnata (L.), Soô, 1962

Kersiguenou, 12 juin 2012.

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L' Hybride d'Orchis de Fuchs et d'Orchis Incarnat Dactylorhiza fuchssi x incarnata.

   Lorsque je suis rentré de ma récolte photographique du 12 juin, j'ai été incapable de m'y reconnaître correctement entre les différents clichès de Fuchs, d'Incarnat et des images restantes.

Je suis donc retourné sur le terrain avec le petit livre de Paule et André Rageot et j'ai mis de l'ordre dans mes idées:

                                        IMGP0477c

    L'Orchis de Fuchs a des feuilles maculées, il m'est apparu plus petit (alors qu'il peut atteindre 25-40 voire 60 cm!) et moins fourni en fleurs que les deux autres , et ces fleurs étaient roses pâles. Au cours de la floraison, les fleurs du haut ne sont pas encore ouvertes, ce qui donne une forme triangulaire à l'inflorescence. Je m'attachais à retrouver l'aspect effilé et plus long du lobe médian du labelle. Les dessins sobres à l'encre violette faisaient prédominer les lignes plutôt que les points ou tirets.

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L'orchis incarnat était celui dont les feuilles, hautes, verticales, pointues, n'étaient pas maculées. Les pieds étaient  plus haut que l'espèce  précédente, et ses fleurs, de couleur plus soutenue, plus lilas-mauve que rose, denses, serrées entre elles, possédaient un labelle plus long qui retombait verticalement; il était parsemé de petits points, et je  voyais surtout cette ponctuation plutôt que "le dessin en double boucle" donné comme caractéristique par Rageot & Rageot. 

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L'Hybride Fuchs x incarnata était nettement plus haut et son inflorescence était cylindrique. Les feuilles maculées me permettaient d'être sûr de ne pas le confondre avec l'incarnat, mais ses fleurs étaient aussi très différentes, avec un dessin à base de lignes roses. 

Sur cette photo, l'orchis incarnat est à gauche (*) et les hybrides à droite, beaucoup plus haut (**).

 

 

 

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Voici donc mes clichés de ce fameux hybride : 

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L'Épipactis des marais Epipactis palustris (L.) Crantz, 1769.

Kersiguenou, 12 juin 2012

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l'Ophrys abeille Ophrys apifera Huds., 1762.

Kersiguenou, 22 mai 2012

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   Le Liparis de Loesel Liparis Loeselii (L.) Rich, 1817.

  Lieu : Kersiguenou

Date : 1er juillet 2012

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L'Orchis moucheron Gymnadenia conopsea (L.) R. Br., 1817.

 

Lieu : Kersiguenou

Date : 1er juillet 2012

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 Un autre site : La Palue :

 

1. Ophrys sphegodes,

            l'Ophrys araignée à La Palue (Crozon).

 

                                                 Tous mes remerciements vont à Michel David, président de la section locale de Bretagne Vivante.

 

 

  Selon l'excellent guide Les orchidées en Presqu'île de Crozon de Paule et André Rageot, l'Ophrys sphegodes est la première orchidée  que l'on puisse observer en Presqu'île, de la fin mars à mi-avril. Une station dans les arrière-dunes de La Palue est régulièrement suivie et, cette année 2013, on y comptait sept à huit pieds : c'est dire la fragilité de cette implantation dans un site extrémement apprécié des surfeurs ou des randonneurs, et menacé par l'embrousaillement de parcelles, privées ou publiques, jadis cultivées et donc entretenues, mais qui sont vite envahies par l'ajonc, le prunus ou le saule.

 Les conditions ont été éprouvantes pour les plantes cet hiver et en ce début de printemps où les températures matinales étaient proches de 2°C. Aussi des rosettes prometteuses ont vu leur floraison grillée par le gel.

  Les images que je donne sont celles des deux fleurs "présentables" dans ces conditions, et on trouvera ailleurs des images de spécimens aux tiges et feuilles moins pâles.


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 2. L'Ophrys brun silloné

           Ophrys sulcata P. DEVILLERS & J. DEVILLERS-TERSCHUREN 1994,

21 avril 2013

 

 

 

 

 

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Origine du nom :

du latin sulcata, "silloné", en raison du sillon longitudinal très prononcé des fleurs, qui se prolonge jusqu'au lobe central.

 

Il procède d'une publication dans Les Naturalistes Belges, supplément Orchidées Hors-série : Devillers, P. & Devillers-Terschuren, J. 1994.- Essai d’analyse systématique du genre Ophrys. Natural. belges 75 (Orchid. 7 suppl.): 273-400.  

 C'est une espèce méditerranéo-atlantique du groupe fusca (brun), qui atteint en Bretagne, et a fortiori à la pointe de la Presque-Île de Crozon, sa limite septentrionale.

 

Liens : 

Le site de François Seïté et Brigitte Lorella

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Published by jean-yves cordier
12 mai 2012 6 12 /05 /mai /2012 23:03

 

    La Cordulie bronzée Cordulia aenea

       et la libellule fauve Libellula fulva

           à Crozon

Lieu ; étang de Kerloc'h à Crozon

date : 12 mai 2012.

  Deux espèces précoces d'anisoptère, qui partageaient le même terrain de chasse et les mêmes zones d'atterrissage.

 

I. Cordulie bronzée Cordulia aenea (Linnaeus, 1758) Downy Emerald :

 Jeune (proche de l'emergence, les yeux n'ont pas encore leur beau vert émeraude) mâle.

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II. Libellule fauve Libellula fulva Müller, 1764 Scarce Chaser:

 

Jeune femelle : 

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Published by jean-yves cordier
11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 22:56

            Plouezoc'h, 6 mai 2012 :

     Gomphe joli, Gomphus pulchellus Selys, 1840

 

Nom scientifique :

  • nom de genre : Gomphus, Leach, 1815 du grec gomphos, "clou, coin, cheville", en raison de la forme en massue de l'abdomen des mâles.
  • nom d'espèce : Gomphus pulchellus, Selys, 1840, Monographie des Libellulidées d'Europe : 83, Roret, Paris. du latin pulchellus, "joli, charmant". Le nom avait été choisi par Stephens qui l'attribua à un specimen de sa collection, mais sans le décrire. voir : http://books.google.fr/books?id=0BQOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

 

  Les ailes brillantes témoignent d'une émergence récente.

 

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Published by jean-yves cordier
10 mai 2012 4 10 /05 /mai /2012 20:47

 

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         Église de Guimaëc : Anne trinitaire.

 

    Ce groupe de bois polychrome du XVIIe siècle est placé à gauche de la chapelle de la Vierge, chapelle latérale gauche de l'église, alors qu'à droite de l'autel de chapelle se trouve les statues de saints Côme et Damien, taillé selon René Couffon dans la même pièce de bois.

    Sainte Anne est ici debout, tenant son livre fermé sous le bras droit. Les deux femmes sont placées l'une derrière l'autre, tournées de trois-quart vers la gauche, assez semblables par le voile qui recouvre leur tête, par leur visage aux joues rondes et rubicondes, mais la Vierge est de taille inférieure presque de moitié par rapport à sa mère, le sculpteur ayant trouvé l'artifice de la placer debout sur une sorte de tabouret afin que les trois visages de la grand-mère, de la mère et de l'enfant s'alignent en un cône. Les deux bras repliés puis  les deux pans à large courbe des étoffes participent à former dans sa partie basse cette large diagonale du cône, définitivement souligné par le galon doré des manteaux, dont la ligne se poursuit jusqu'aux pieds de l'Enfant-Jésus. Celui-ci rompt le mouvement levogyre des corps en nous faisant face pour nous bénir de la main droite, tout en maintenant à gauche ce globus crucigère qui le désigne comme Salvator Mundi, Sauveur du Monde.

   Si on considère la partie basse, on peut voir les socles des pieds des deux femmes comme les  degrés d'un escalier, d'une échelle spirituelle qui, à travers le mystère de la conception virginale de Marie dans le baiser de la Porte Dorée, puis à travers celui de la conception virginale de Jésus lors de l'Annonciation (avec intervention dans les deux cas d'un ange) réalise le dessein divin de l'Incarnation. Le chérubin sculpté sous les pieds de la Vierge, et celui qui s'affiche au sommet des rinceaux de la niche, ne sont pas seulement décoratifs, et si l'on sourit de voir les faces joufflues des Putti reprendre, comme un leitmotiv, les rougeurs épanouies des saints personnages qu'ils accompagnent, on comprend aussi qu'ils balisent un espace sacré 


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      N.B : selon René Couffon (Nouveau Répertoire des Églises et Chapelles ), le presbytère renferme un autre groupe trinitaire où Anne présente une grappe de raisin à Jésus que la Vierge porte sur ses genoux : il provient de la chapelle du Christ.

 

Poursuivre la visite :

Saint Côme et Damien (XVIIe), les frères jumeaux, chirurgiens qui ne se faisaient pas payer : ils ont bien mériter qu'on les qualifient d'anargyre, qui n'acceptaient pas d'argent. C'était il y a très longtemps (au IIIe siècle) et très loin d'ici (en Arabie).

   Ils respirent la santé, et leurs bonnes couleurs (dues aussi aux vertus du bon air breton) font de la publicité pour leur clinique.

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Mes autres coups de coeur, dans le désordre :

L'Ange buccinateur du Jugement Dernier, à la place de l'ancienne chaire :

avec l'inscription Surgite mortui, venite ad Judicium : Levez vous, les morts, et paraissez au Jugement.

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  Ce qu'il reste d'un arbre de Jessé (conservé dans la sacristie) :

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 Avant 1963, le Dr Louis le Thomas l'avait vu au presbytère, déjà réduit à la Vierge-Mère, Jessé et la Démone : seuls ces deux derniers demeurent aujourd'hui les témoins d'une belle oeuvre.  Le tronc de l'arbre débute son élévation, prenant racine dans la poitrine du père de David. La Démone à torse dénudé se tient cambrée et redressée, comme sur l'arbre de St-Aignan, et avance sa main, ou plutôt sa patte réduite à une serre tridactyle étreignant un objet énigmatique (L. Le Thomas).

  La Vierge était, paraît-il, "frustre" et l'ensemble "écrouté" : sans regret.

Il provient de la chapelle du Christ, qui date du XVIe siècle.

 

  La Vierge à l'Enfant :

Cette vierge couronnée provient de la chapelle Sainte-Rose de Lima. 

 

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Christ en croix vêtu d'une robe

  venant de la chapelle du Christ, au nord du bourg  : le Christ porte une robe pourpre et la couronne fleurdelysée.

 

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 Joseph d'Arimathie

provenant de la chapelle du Christ ; il provient d'un Sépulcre et tient le suaire.

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Saint Laurent

également déplacé ici depuis la chapelle du Christ, il tient le grill de son supplice

 

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Saint Dominique 

 de la chapelle du Christ, accompagné de son chien.

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Saint Mélar : XVIe

  : il tient en main une prothèse main-poignet , celle que l'on lui fit réaliser après que son oncle lui ait coupé la main droite et le pied gauche. Miraculeusement, il parvenait à faire remuer les doigts de cette prothèse d'airain.

  Fils du roi Miliau (celui de Guimiliau) il porte la couronne royale qui lui serait revenu de droit si son oncle n'avait pas assassiné le père et mutilé le fils avant de le faire décapité. Ici, il a encore la tête sur les épaules, comme à Lanmeur mais à Plouezoch la paroisse voisine il est représenté en saint céphalopode, portant sa tête sous le bras.

Une chapelle Saint-Mélar du XVIIe était en ruine sur la paroisse en 1880 et a été rasée en 1903. Mais cette statue proviendrait, là encore, de la chapelle du Christ (R. Couffon).


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Saint Eloi 

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Saint Maëc :

 

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Saint Fiacre :


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Saint François d'Assise :

provenant de la chapelle Notre-Dame de la Joie.

 

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Sainte Rose de Lima :

Une chapelle sainte-Rose de Lima, actuellement détruite, existait à Poul-Roudou, et dépendait de la seigneurie de Kervéguen.

  Sainte Rose de Lima (Lima,1586-1617) est la patronne des Amériques et la première sainte du Nouveau Monde, canonisée en 16

 

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Tableau de Saint Roch et de Saint Éloi,

"tableau sans mérite signé "BLEVIN 1790" " (R. Couffon) ; une chapelle saint-Roch, détruite, a servi de mairie à la fin du XIXe siècle.

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Published by jean-yves cordier
9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 22:01

      L'église Saint-Pierre de Plougasnou (2)

    Autres statues ; bannières.

 

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Statue de saint Pierre, patron de l'église, et cadran solaire.

 

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 Cadran à 24 rayons ; signification ? 

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Deux anges portant des armoiries :

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II. Statues :

Évêque 

Chêne polychrome, XVIe, provient de la chapelle St-Sébastien à Kermouster :


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Saint Samson

Chêne polychrome, XVIe, provient de la chapelle Saint-Sébastien à Kermouster :

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Saint Sébastien: 

Chêne polychrome, XVIIe, provient de la chapelle St-Sébastien de Kermouster :

 

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 Autre statue de saint Sébastien :

Chêne polychrome, fin XVIe, provient de la chapelle Saint-Sébastien à Kermouster.

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      II. Bannières :


Bannière Le Minor,

  juillet 2006, sur des cartons de Jakes Derouet, et brodée par A.M. Fleiter et P. Cassard. Elle est consacrée à Saint Pierre et à Saint Samson.

 

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Bannière de l'Immaculée Conception :

XXe ?

 

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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