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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:47

        Les églises des îles du Ponant VI.

              Eglise Notre-Dame-la-Blanche,

                   île d'Hoedic.

 

 

      Cet article doit tout au travail remarquable de l'Association Melvan http://www.melvan.org/ et à la publication par celle-ci de la monographie Notre-Dame-la-Blanche, église paroissiale de l'île d'Hoedic, 2011, dont les photographies sont de qualité bien supérieure aux miennes.  On me pardonnera les erreurs d'un amateur mal éclairé.




I. Présentation.

 

  L'église Notre-Dame-la-Blanche est située sur un monticule au Nord-Ouest du bourg, prés de l'ancien sémaphore, et bien visible pour les navires qui abordent l'île pour atteindre le port d'Argol. 

  La présence d'une chapelle sur Hoedic est attestée au XVIe siècle par le Grant routtier de Pierre Garcie Ferrande, publié en 1520, mais fondé sur des versions manuscrites de la fin du XVe. En effet, on y trouve cette description : "Sache que a Hudic y a une chappelle plus pres du bout d'amo(n)t que l'autre. Et en une poincte qu'est a devers su de l'isle en amont de la chappelle ya cinq ou six maisons." (Melvan, la revue des deux îles, n°9, 2012 p. 17). Si cette chapelle servait d'amer, c'est qu'elle était située sur un point élevé et visible de la mer en venant du continent: pourquoi pas déjà à l'endroit de l'église actuelle ?

  L'église actuelle a été précédée par un premier  édifice construit à son emplacement en 1706 par les militaires du génie de Belle-Île, et au frais de la Citadelle. Il s'agirait, dit-on, de racheter l'empoisonnement du prêtre de Hoedic, Christophe Lollinais par les soldats du fort de Beg Lalate furieux de se voir rationner en vin . Auparavant n'existait qu'un oratoire et une maison d' accueil au Paluden pour les prêtres desservants.

  Curieusement, cette première église de l'île fut baptisée "Notre-Dame-des-Neiges", mais dès 1711 on la rebaptisa Notre-Dame-la-Blanche¹. Elle est brûlée par les Anglais en 1746, restaurée avec l'aide des Etats de Bretagne et bénie en 1749. En 1802, Houat et Hoedic, relevant jusque là des ordres monastiques comme propriété de l'abbaye de St-Gildas-de-Rhuys (alors que les moines ont cessé de desservir l'île au XIVe siècle), sont érigées en paroisse. L'ile est alors rattachée à la commune de Belle-Île. Vers 1846, les militaires s'avisent de vouloir construire un fort sur l'emplacement de l'église, et rase celle-ci ; puis, ils décident de réaliser ce projet de Fort Louis-Philippe au centre de l'île, et ils reconstruisent sur le budget de l'Etat l'église qu'ils avaient démolie : c'est donc en 1853 que l'église actuelle est bâtie, par l'entreprise Bobo qui, parallélement, construit le fort, en pierre de taille, selon un plan en croix latine adossée à un reste de l'ancienne église, qui fera office de sacristie communiquant avec le choeur. Elle est bénie le 31 août 1853, en présence, bien-entendu, du capitaine du génie de Belle-Île. En 1860, la situation éminente de l'église entraine la construction, à proximité, d'un sémaphore. (et de nos jours, c'est l'héliport qui s'établit en contrebas).

  Cette construction du fort, même si celui-ci ne joua aucun rôle militaire,  aura au moins deux conséquences : les indemnités d'expropriation des précieuses terres agricoles permettra au recteur d'enrichir l'église d'un mobilier luxueux; et, d'autre-part, l'île s'ouvrira aux influences (très redoutée par le recteur) du continent.

   Grâce aux subsides du Ministère, l'église Notre-Dame-La-Blanche s'enrichie donc de statues, de tableaux d'autel, d'objets liturgiques, puis, avec l'arrivée du recteur Pierre-Louis Féchant entre 1865 et 1876, puis du recteur Raude,une grande commande est faite auprès d'une entreprise d'art religieux de Lorient, l'atelier Le Brun : l'ensemble des boiseries et lambris, la chaire et le confessionnal, la table de communion, le baptistère de marbre sculpté de bas-reliefs et enclos dans uns claustra de bois ajouré, trois statues de saint Paul, de saint Pierre et du Sacré-Coeur, l'autel en marbre de Carare, deux anges adorateurs du même marbre italien, un Christ en croix, un navire enfin, tout cela est acheminé de Lorient et installé par le directeur, Guillaume-Alphonse Le Brun, fils de Jean-Baptiste Le Brun qui fut, lui, sculpteur de la Marine à Lorient (1794-1852).

  En 1864 est institué par arrété préfectoral  le premier Conseil de fabrique, où sont nommés Jean Le Bayon, président, Marie Gildas Blanchet et Joseph Allanic. Il ne se réunira pas une seule fois en dix ans.

  L'île d'Hoedic ne se sépare de Belle-Île pour devenir une commune qu'en 1891 ; elle dépend du canton de Quiberon.

 

¹. Un toponyme "-la Blanche" est toujours susceptible d'avoir dérivé d'un toponyme gaulois bâti sur -vindo, "blanc, sacré" avec sa forme celte gwenn, galloise gwynn sur des lieux sacrès pré-chrétiens : source, éminence, etc...

 


      Liste incomplète  des prêtres et recteurs de l'île d'Hoedic (les dates isolées sont celles où la présence du recteur est attestée):

Pierre Blanchet, 1693- après 1728, desservant (qui deviendra curé de Quiberon)

Christophe Lollinais ?-1706.

Rio 1749, desservant

Puillon 1786

Jean Marion, desservant en 1776 ou 1786 ; en 1791, il fait partie des prêtres réfractaires. Il est  recteur de l'île de 1802 à 1822 (démisson pour rejoindre sa paroisse natale d'Arradon).

Pierre-Marie Glajan, 1822-1839. Né à St-Gildas de Rhuys ; Il fait construire le présbytère.

Joseph Rio, 1839-1849 avant d'être recteur de Bangor à Belle-Île.

...

Vincent Stephano, 1853-1857

Louis-Marie Raoul, 1857-1861 

Mathurin Costevec, 1861-1865

Pierre-Louis Féchant, 1865-1876

Joseph-Marie Raude, 1876-1895

Vincent-Marie Le Vu, 1892-1903

...

Alain le Blévec, 1910-..

Auguste Conan 4 juillet 1936-19 janvier 1946. (mobilisé en 1939 comme intendant de marine puis démobilisé à l'armistice).

M. Dano, 1946-


Jean Rio, 1953- puis recteur de Bangor à Belle-Île

...

Auguste Thomas 1960- , 1966

Marcel Le Mouel, 12 août 1966-1967

Louis Le Guilcher, 1967-1990 : 48ème recteur d'Hoedic.

Pierre-Yves Jourdan, 1990 -1999: premier recteur desservant à la fois Hoedic et Houat, et disposant de son propre canot, le Mea Culpa. Fils du doyen de la faculté de médecine de Montpellier Pierre Jourda, il était devenu moine à l'Abbaye d'En Calcat avant de renoncer à ses vœux ; il est alors hébergé par l'évêque de Vannes avant de se retirer en ermite sur l'Île Longue du Golfe du Morbihan (commune de Larmor-Baden) —il y est en 1981—, de  devenir recteur de l'île d'Arz, puis de Houat et Hoedic. Il est décédé le 9 juillet 2007.

PY_Jourda.jpgP-Y Jourda Image : http://jacbayle.perso.neuf.fr/livres/evenement.html

...

Jean-Noël Lanoë, 1999-2013 et plus..., recteur de Hoedic, Houat (et St-Pierre de Quiberon jusqu'en 2000)

 


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II. Les ex-voto et maquettes de procession.


        Deux maquettes sont suspendues dans la nef, et deux autres à la croisée du transept, de chaque coté. Une seule (l'Ange Gardien) est visible sur les carte-postales de 1963, et enfin la dernière n'apparaît pas sur les photographies de la monographie Melvan de 2011.

 

1.  L'Ange Gardien.

    Les archives paroissiales ont conservé la trace du versement effectué en 1879 de 433 F "pour un navire" au menuisier de Lorient Guillaume-Alphonse  Le Brun, le même qui fournissait dans le même temps les statues et le nouveau mobilier souhaité par le recteur Joseph-Marie Raude.

  C'est donc une maquette de commande, réalisée par un atelier spécialisé dans l'art religieux, mais dont le père était quand-même sculpteur de marine à l'arsenal de Lorient. Elle était sans-doute destinée à participer aux processions des fêtes, pardons et pardons de la mer, mais ne mérite pas d'être désignée sous le nom d'ex-voto.

 On pense qu'il s'agit d'un bâtiment du XVIIIe (?), l'Ange Gardien, un nom bien approprié à sa fonction actuelle.

Sa coque semble taillée en plein bois, et assez grossièrement ; de faux sabords sont peints, comme sur les navires de commerce qui feignaient être équipés de canons. Son nom est inscrit à l'arrière.

  Il est gréé en trois-mats barque, le mat d'artimon ne portant pas de hunier, mais pouvant hisser une brigantine à corne, voire un flèche.

Un trois-mâts nommé Ange Gardien est signalé, en 1856 à 1866. Un brick Ange Gardien de Saint-Malo est enregistré au Bureau Veritas 

L'église Saint-Patern de Sené renferme également un trois-mâts barque du XIXe siècle portant ce nom. Dans celle de Dampierre-sur-mer, c'est un navire du XVIIIe, classé MH, qui porte ce nom.

  Si le navire dont la maquette est exposée à Hoedic n'a pas existé, son nom est néanmoins plausible.



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      2. L'Espoir GV 7416.

  Il s'agit vraisemblablement d'un nom et d'une immatriculation fictive, les initiales GV correspondant au quartier du Guilvinec, mais le numéro et le nom n'étant pas retrouvé dans la réalité. Le nom L'Espoir peut avoir été choisi en relation avec le sens même de la démarche d'un marin faisant un voeu en situation de péril en mer.

  La maquette correspond très clairement à un dundee -thonier, comme ceux qui étaient armès par le port de Groix. Il s'agit d'un authentique ex-voto et non d'une maquette de procession, puisque ce modèle a été offert par le patron du thonier groisillon "Barque d'Yves" en remerciement de l'aide apportée par les pêcheurs de l'île lors du naufrage de ce thonier en 1951 sur les roches de Beg Melen au sud du port La Croix à Hoedic.

  Dominique Duviard ( Groix, l'Île des thoniers, Grenoble, 1978) donne les précisions suivantes sur ce "Barque d'Yves" : LGX 3942, dundee de 58,17 tonneaux, construit à Camaret en 1935, naufrage à Hoedic en 1951.

 Le site Les ex-voto marins http://www.ex-voto-marins.net/pages/lieupage56Hoedic.htm a obtenu auprès de l'incontournable association Melvan et de Michel Perrin des renseignements complémentaires : le chantier constructeur est le chantier Keraudren. Installé sur le sillon menant à N.D de Rocamadour à Camaret depuis 1892, repris en 1935 par Joseph Keraudren jusqu'à sa fermeture en 1969, et qui a construit une bonne part de la flottille de langoustiers mauritaniens camarétois.

Le patron était Yves Salahun, d'une famille d'armateur ou de capitaine implantée depuis longtemps à Groix.

Le navire ponté et gréé de deux mats mesurait 17,8m de long, 6,5m de large, 3,05m de creux ; en 1950, il avait été transformé en pinasse (chalutier à voile) à l'Arsenal de Lorient, motorisé par un moteur Man de 180-198 CV, pour pratiquer le chalutage en hiver et printemps et la pêche du germon entre juin et novembre.  

  Le récit de son naufrage a été raconté par Jean Le Pen à Henri Buttin, et on le trouvera sur le site que je vient de mentionner. J'en retiens que le drame a eu lieu en septembre, en pleine campagne de thon, par fort vent de suroît, alors que le navire ramenait une cargaison de 900 thons; l'équipage de 5 hommes avec le patron, s'était réfugié au presbytère chez le recteur. Le lendemain, il ne restait plus grand-chose du voilier, mais les marins récupérèrent 200 thons avant de regagner Groix.

 On peut se demander pourquoi le patron n'a pas offert une maquette de son propre voilier, et pourquoi la démarche traditionnelle de l'ex-voto (consigner le fait de mer avec précision pour témoigner de la grâce reçue, ici le sauvetage des cinq hommes) n'a pas été respectée.

 

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3.L'ACMIS (?) de Nantes.

  Son nom et son port d'attache  de la maquette récente de  ce trois-mâts carré figurent sur le tableau arrière et sur une flamme en haut du grand-mât. 

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      4. Le Yawl "Oiseau de feu".

 

   Il s'agit d'un des plus beaux voiliers de course, classé Monument historique depuis le 6 novembre 1992. J'ignore la raison de la présence de cette maquette.

  Long de 20,74m HT, 14,71m à la flottaison, avec une largeur au maître-bau de 3,96m et un tirant d'eau de 2,96m, il a été dessiné par Charles E. Nicholson et construit pour Ralf Hawkes, commodore du RORC, en 1937 par les chantiers Camper & Nicholson sous le nom de Firebird X : on ne pourrait imaginer de meilleurs augures. Il participe alors avec succès aux plus prestigieuses courses au large. Dans l'après-guerre, le cotre est transformé en yawl par Hugh M. Crankshaw puis il est cédé à J.E. Green avant d'être racheté en 1962 par Pierre Cointreau qui l'amena en Bretagne. Sous le nom de Flame II, il y navigua en croisière pendant 8 ans. De 1970 à 1973, il appartient à l'ancien ministre Henri Rey qui le rebaptise Vindilis II et le fait naviguer en Méditerranée

 C'est en 1973 qu'il est acheté par Michel Perroud : après une remise en état au chantier Pichavant de Pont-L'Abbé, il le nomme "Oiseau de feu", traduction de son nom d'origine. Mais en 1983, pendant un orage, le voiler amarré en rivière d'Auray rompt ses amarres et crève son bordé contre un parc à huîtres avant de couler. 

  Il est peu probable (mais pourquoi pas?) que la maquette soit l'ex-voto du sauvetage et de la restauration par le chantier Rameau d'Etel. 

  Pendant les six années suivantes, il navigue peu, mais en 1991 il est entièrement reconstruit à l'identique au chantier Raymond Labbé de Saint-Malo sous le contrôle de l'architecte Guy Ribadeau-Dumas qui lui dessine un nouveau gréement de yawl plus élancé avec 250m² de toile au près, 550 au portant.

  Possédé actuellement par l'armateur suisse L'Huillier, il navigue en course ou en charter en Méditerranée à partir de Cannes, son port d'attache.

 

 

 

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Oiseau de feu : complément.

  En octobre 2013, le recteur Jean-Noël Lanoé me signale que cette maquette est un don de Pierre Lembo : "C’est alors qu’il était skipper du bateau que Julien Lembo est décédé accidentellement en Méditerranée".

  Je retrouve alors rapidement sur le net :

  • le détail de l'historique du voilier (que j'avais résumé) sur le site www.loiseaudefeu.com qui signale : "Racheté par Pierre Lembo en 1989, il est envoyé à Saint-Malo pour une restauration totale au chantier Labbé, alors charpentier de marine le plus célèbre du pays. Le pont en pin est remplacé par du teck, les bordés, varangues et membrures abîmées sont  remplacées et les emménagements intérieurs reconstruits conformément à ceux de l’époque. L’architecte naval Guy RIBADEAU-DUMAS lui dessine un nouveau gréement plus élancé. Dès lors, Oiseau de feu porte 250m2 de toile au prés et 550 au portant."

     

  • Un message (s.d) de Julien Bembo sur le Livre d'Or de Jean-Noël Boué sur une Maquette de l'Oiseau de feu au 1/40e.
  • Le site Class Maïca qui signale :"Julien Bembo qui avait posé son sac à bord d'Acteia pendant la Semaine du Golfe 2005. Accidenté quelques semaines plus tard en Sicile, Julien repose désormais sous un château de sable que le petit muret du cimetière d'Hoedic protège juste ce qu'il faut de la brise marine. " 
  • Le site www.carnetsdevoyage.info qui rend hommage à Julien Lembo "propriétaire et skipper de l'Oiseau de feu qui, à l'aube de ses trente ans, a tragiquement disparu au large des îles éoliennes un soir de juillet 2005', et offre un superbe album de photographies de l'Oiseau de feu.

 

Inutile de dire que, dès lors, la maquette de l'Oiseau de feu suspendue sous la voûte de l'église de Hoedic devient autrement émouvante ; loin d'être une "décoration marine", elle témoigne, comme les ex-voto, d'un drame de la mer. Et la présence poignante toute proche, "sous un château de sable" de la tombe du skipper du voilier achève de souligner l'eternel, humble et audacieux défi que l'homme, générations après générations, lance à la mer.

 

III. Les statues.


   1. Chapelle latérale sud : La Vierge ETOILE DE LA MER.

Cette statue de bois polychrome fut, avec celle de St Goustan, la première à être commandée lors de la construction de l'église en 1853. Elle m'interesse par sa réference directe au monde marin : son nom d'Etoile de la Mer, traduction de Maris Stella est illustré par l'étoile qu'elle porte en diadème, et elle tient de la main gauche une ancre de marine par l'extrémité proximale de la verge, où se fixe l'organeau. C'est la classique "ancre à jas", même si le jas en question semble être ici absent (ou démonté puisque mobile) : symbole d'espérance et de dernier recours en cas de péril.

  J'ai trouvé cette statue de Maris Stella dans toutes les églises et chapelles des îles du Ponant, et dans de nombreux sanctuaires du littoral breton, et ce qualificatif de Marie, issu des litanies, semble être celui que les marins préfèrent, celui sous lequel ils invoquent la Vierge.

  Sur le lambris bleu ciel frappé d'hermines du choeur sont peints les premiers mots de la prière AVE MARIS STELLA dans un phylactère, surmontant l'ancre dûment équipée de son jas fixe sur lequel se pose un coeur enflammé. 

  Je rappelle que l'église est dédiée à Notre-Dame-La-Blanche, transformation de Notre-Dame-des-Neiges ; néanmoins, aucune statue n'est consacrée à cette Vierge, dont la représentation doit être difficile. Ce nom est aussi celui d'une chapelle de Theix, à 10 km de Vannes, d'une chapelle de Guérande, ou d'une chapelle de Bourges. 

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2. Chapelle latérale nord : Saint Goustan

  C'est donc, selon l'importance, la seconde statue, et le second personnage de l'église, son patron après Notre-Dame. Il tient un crucifix, sans-doute pour mentionner son rôle d'évangélisateur, et un poisson, qui fait allusion au "miracle du poisson" illustré aussi dans le vitrail.

  Vers 1890, le recteur Le Vu demande que la paroisse fête chaque année la Saint-Goustan, le 27 novembre, par une procession. Puis il commande en 1895 les vitraux racontant quelques scènes de la vie de ce saint, avant d'obtenir l'année suivante, le 27 novembre 1896, la translation sur l'île d'une relique provenant du tombeau du saint, récemment ouvert dans l'abbaye saint-Gildas-de-Rhuys. La relique est placée au centre d'un reliquaire d'orfévrerie en forme d'ostensoir, et ce reliquaire est renfermé dans un petit meuble vitré nommé cabinet.

 

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3. Sainte Anne et saint Joachim.

Chapelle latérale sud

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      4. Saint Michel-Archange

  Il tient, c'est inhabituel, un crucifix plutôt qu'une lance ou une épée, mais il terrasse la bête immonde aisément, du pied droit. Le dragon regrette le bon temps du Jurassique, où les siens vivaient en paix avec les ornitischiens, les sauropodes et les camarasaures, broutant les cycadales fraichement éclos et les succulents bennetittales.

 

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IV. Les vitraux.

1. Les vitraux contemporains.

Réalisés en dalle de verre éclatées et ciment à l'abbaye d'En Calcat (Tarn) et posés en 1993.


  Il faut replacer ces vitraux dans le cadre du "renouveau de l'Art Sacré", initié dès 1935 par la Revue d'Art Sacré dans la suite des Ateliers d'Art Sacré de Maurice Denis en 1919, et marqué par l'exposition Vitraux et tapisseries modernes  au Petit-Palais en 1939 : il faut suivre le fil conducteur qui mène des dominicains Marie-Alain Couturier et Raymond Pie Régamey vers les artistes contemporains engagés politiquement et notamment Jean Lurcat, de ces artistes vers la construction de la chapelle du Plateau d'Assy qui sert d'oeuvre-manifeste(1950) puis des tapisseries de Jean Lurcat vers l'atelier de Dom Robert, dominicain de l'Abbaye d'En Calcat, dans le Tarn. Pendant que Dom Robert de Chaunac ouvre cet atelier en 1958, le père Ephrem Socard, fils de maître-verrier, crée en 1950 l'atelier de dalles de verres d'En Calcat, développant cette technique novatrice des "dalles de verre" et devenant le maître du peintre-verrier toulousain Henri Guérin qui applique cette technique à l'architecture civile.

  L'abbaye d'En Calcat, qui se fait aussi connaître dans le renouveau de la Musique Sacrée, tient donc une place centrale, au moment du tournant liturgique de Vatican II, en matière d'Art Sacré. A partir des années 1960, le Père Ephrem forme à son atelier de vitrail le Père Denis Hubert, qui lui succéda en 1985 jusqu'en 1999. Frère David reprend alors l'atelier jusqu'en 2009.

  La technique joue sur la découpe et le coloris de verres  (plus de 2000 nuances disponibles) fabriqués dans les fourneaux de G. Albertini à Montigny-les-Cormeilles, et sur l'épaisseur du joint, qui reprend le rôle graphique du plomb.

  J'ignore si d'autres réalisations de cette abbaye sont visibles en Bretagne. La présence de cinq baies en dalle de verre d'En-Calcat dans l'église d'Hoedic est une sorte d'hapax technikemon où se rencontre (ou se heurte), plus encore qu'en la chapelle de la Madeleine à Penmarc'h avec les vitraux de Bazaine, la fine pointe de l'art contemporain avec l'art assez naïf de la foi bretonne, les commandes para-sulpiciennes d'un recteur en plein exercice de théocratie insulaire, et l'air marin des navires suspendus en ex-voto. Le grand souffle troublant de Vatican II et de l'art sacré a placé ici côte-à-côte les vitraux d'A. Meuret, où des bretons et bretonnes en coiffes et chapeau rond, chupenn et bragou braz  se prosternent à genoux, avec la spiritualité lumineuse, rythmée et abstraite du Père Ephrem Socard.

Le Père Denis Hubert est venu à Hoedic poser la première pierre le 18 mars 1993. (information communiquée par le recteur Jean-Noël Lanoé)

 


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Une étrange plaque de donation.

 

 Sous un vitrail sud, une plaque du 2 juillet 1994 nous indique que ces vitraux ont été "offerts par le Petit Futé  lors du baptême du Numa, César, Scipion".  Je ne retrouve alors pas d'information sur ce qui pouvait être un navire de pêche (j'avais omis de noter les virgules qui séparent les trois noms), et l'énigme me poursuit jusqu'en octobre 2013.

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  A cette date, l'association Melvan signale  à ses membres que "Le 1er prix national du mécénat populaire a, pour cette année, été accordé à la souscription pour la restauration de l’église d’Hoedic, très menacée. Cette belle distinction (5 000 €) sera remise le 20 novembre 2013 Porte de Versailles, dans le cadre du salon des collectivités. « Avec 250 donateurs ayant versé 25 000 € la mobilisation a été exceptionnelle pour une île qui compte moins de 100 habitants » se félicite Dominique Le Brigand, de la fondation du patrimoine.". 

  Cette nouvelle vient m'inciter à reprendre mes recherches. J'interroge Pierre Buttin, qui interroge lui-même les membres de l'association, et même le recteur Jean-Noël Lanoé, qui se propose de consulter les registres de catholicité de la paroisse, tout en doutant fort que l'Église ait accepté de baptiser un paroissien d'un prénom si peu catholique.

 

  Ils sont en réalité trois, trois fils nommés Numa, César, et Scipion, les trois fils (leur sœur se nomme Cléopâtre) de Dominique Auzias, le fondateur en 1976 des guides Le Petit Futé.

 

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Il faut savoir que  l'éditeur-voyageur, originaire de Carcassonne, berceau de la famille Auzias depuis des siècles, a racheté le domaine viticole de ses aïeux, le château Auzias-Paretlongue, à Pennautier. Or, on peut lire dans l'historique de ce vignoble http://www.auzias.fr/p3.html la mention suivante : "1998 Numa, César, Scipion et Cléopâtre Auzias succèdent à Anne de Ginestet-Puivert, née Castel et descendante des frères Castel et rattachent à Paretlongue le vignoble voisin de Villedubert appartenant à leur grand-mère paternelle." Le même site vous présentera, après la cuvée Monsieur et la cuvée Madame, la Cuvée Numa, rouge 1998, puis  Cuvée Cesar rouge 1998, Cuvée Cléopâtre rouge 1998 (réservée à l'Amérique du Nord) ...et Cuvée Scipion rouge 1998, réservée à Hong Kong et à la République Populaire de Chine. 

  L'histoire complète de cette donation est aussi riche que passionnante. Je la place en Annexe pour la clarté de la visite de l'église.

 

 

 

2. Les vitraux d'A. Meuret, Nantes, 1895. 

 

  Ils ont été commandés par le recteur Vincent-Marie Le Vu (en fonction de 1892 à 1903) pour 900 F. à l'atelier Antoine Meuret de Nantes.
  Le recteur a théoriquement le choix entre près de 150 ateliers en province en France, mais certains sont de telles institutions, pour ne pas dire industries, qu'elles sont peu contournables : Champigneulle à Bar-le-Duc avec 125 employés,  Bazin-Latteux dans l'Oise (60 employés), Lorin à Chartres, dont je rencontre si souvent les éxécutions (53 employés), Hucher-Rathouis du Mans (40), et enfin le plus proche, Meuret-Lemoine et ses 32 employés. C'est donc cet atelier, qui vient de travailler à la cathédrale de Vannes, qui emporte le marché.

  Quand au thème, il est choisi par l'actualité, puisqu'au début des années 1890, on vient de découvrir lors de fouilles de l'ancienne abbatiale de Saint-Gildas de Rhuys le tombeau de saint Goustan, et que les os du saint ont été identifiés par sa blessure au pied ( Goustan, fait prisonnier à 18 ans par des pirates, avait été abandonné sur l'île d'Ossa (Ouessant, ou plutôt Houat) à cause de cette blessure ; puis Felix l'avait recueilli, et conduit à Rhuys).

  Saint Goustan, Gunstan ou san Sten (que l'on rapproche du breton ar stean, l'étain) est né en Cornouaille britannique en 974. Sa vie est contée par frère Albert Le Grand, de Morlaix, dans sa Vies des saincts de la bretaigne armorique, Nantes 1637 link . Il dit s'être documenté dans les anciens légendaires manuscrits de Saint-Gildas de Rhuys. Enlevé par des pirates pour servir de gabier, et priant Dieu pendant sa longue captivité nautique, "il lui arriva une grosse défluxion sur un pied, lequel luy enfla tellement qu'il ne se pouvait remuer" ( c'est, Freud ne s'y serait pas trompé, une forme commune du complexe d'Oedipe, du grec oedipos, pied enflé.) "De sorte que le capitaine du navire, voyant q'uil n'en pouvait plus tirer de service, le fit mettre à terre à la coste de Léon." Il prie Dieu de le guérir, et se rend auprès de saint Pol de Léon, avnt d'aller en pélerinage  à Rome. Revenu en Bretagne, "et résolu de faire divorce avec le monde", il se rend à l'abbaye Saint-Gildas de Rhuys où Félix le reçoit parmi ses moines ; recherchant une vie plus solitaire encore, il se retire sur "l'île d'Hoüadic" avec un compagnon nommé Budic (Budoc).

 

Première baie 

  • Saint Goustan bénit la première colonie.Les moines de Rhuys se préoccupèrent de coloniser les îles alors désertes en y conduisant des familles de la Presqu'île de Rhuys, et c'est Goustan qui les accompagne à Hoedic alors que Félix se retire en ermite à Houat. Il est difficile de comprendre pourquoi Antoine Meuret, qui travaillait à Nantes et avait déjà vu des navires, a dessiné un voilier qui ressemble au mariage d'une coque avec une poule (les faucons s'y laissent prendre).
  • Saint Goustan chasse le démon d'Hoedic.C'est bien-sûr la première tâche à accomplir, surtout après deux siècles où les bandes de viking ont sévi. Mais, selon Albert Le Grand, ce ne fut pas si facile, car le diable, "crevant de rage de se vor défié par ce jeune homme" lui présentait des spectres et des fantômes horribles ; Gustan les faisait disparaître d'un simple signe de croix, mais restait sur ses gardes et ne se promenait qu'avec un bénitier à la main. Bien lui en pris, car c'est déguisé en homme que le démon l'aborda et lui proposa me mettre un terme à ses privations et macérations. Lassé de ne pas convaincre, il tombe le masque et s'énerve : "Quoi ! N'est-ce pas assez à vous autres moines de nous avoir chassé de tout le reste du monde, sans que vous veniez nous persécuter jusque dans les îles les plus stériles et inhabités ?" Qui se souciera enfin de cette menace pour la biodiversité ? Mais on dit que, sur quelques roches de Pen Men ou des Cardinaux, l'espèce pourrait se reproduire encore; ailleurs, elle vit masquée, indécelable, à nos cotés.

             Satan se vengea en lui jouant un vilain tour : il se transforma en un cheval qui trainait son licol, et, bien-sûr, Goustan, posant son bénitier se saisit de la longe : le satanée cheval tira si fort qu'il blessa le saint à l'épaule.

 

                      hoedic 4943

 


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      Deuxième baie : 

  • S. Goustan apaise la tempête.    On dit qu'il apaisa une tempête, mais l'histoire exacte est, selon le frère Albert, qu'une flottille de navires du Comté de Cornouailles (ce détail est attesté sur le vitrail d'Hoedic où le nom "Cornouailles" est inscrit à la proue du canot) fut contraint de mouiller en rade d'Hoedic pour attendre des vents favorables ; mais ceux-ci se faisaient attendre, et les marins supplièrent Goustan d'employer ses talents de thaumaturge à faire tourner le vent, lui promettant, en cas de réussite, "qu'ils luy feroient présent d'un habit complet"; le marché conclu, et le bon vent obtenu, les navires allèrent "faire leur emplète " à saint-Nazaire, mais revenus devant Hoedic, ils refusèrent de s'arréter,pour profiter du vent portant. C'est alors seulement, pour les punir et à la demande du saint très-puissant en météorologie, que la tempête se leva, jetant les navires vers les rochers de l'île. Le capitaine comprit sa faute, prit son annexe, amena au saint son habit de belles étoffes de Nantes, et la flottille put repartir.

                Les matelots, sur le navire en perdition, portent le bonnet effectivement porté par les marins bretons. Le capitaine, qui amène le baluchon de bélinges, de Noyales ou de Crées, et son second portent aussi ce bonnet, une marinière à capuchon ou une veste en toile cirée, mais des bragou, guêtres et chaussures qui ne sont peut-être pas appropriées à la navigation.

              L'artiste a repris, pour le navire, le même modèle de bateau à proue ornithoïde.

  • Le miracle du poisson. Certains disent que, déposé sur l'île d'Ossa par les pirates, Goustan survécut grâce à un poisson que Dieu lui apportait. Mais selon la Vie de saincts dee bretaigne armorique, c'est à Hoedic que l'affaire se passa. Saint Budoc était tombé malade ; Gustan le presse de manger, alors que, précisément, les deux ermites n'ont rien à manger depuis longtemps. Il se rend sur le rivage, se met à genoux, "& incontinent un gros Marçouin, nageant à fleur d'eau, se vint rendre à lui & expira à ses pieds". Ils firent bombance, et envoyèrent le surcroit à leurs frères de Rhuys.

      Une autre fois, le même procédé ne réussit pas, et Goustan en tenta un autre : "levant le bas de sa robe, fit signe à un navire qui cinglait à pleines voiles". Devant ce spectacle peu commun d'un moine soulevant sa robe, le navire se détourna et leur offrit des vivres.

 

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V. Les autres éléments remarquables.

  1.La girouette, en forme de bar, et (on est une île de pêcheurs ou on ne l'est pas) le faîtage du chevet couvert d'ardoises "posées en arête de poisson".

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2. Le Chemin de croix sur plaque de cuivre (ou de tole) commandé par le recteur Raude en 1883 aux établissements Louis Chovet de Paris. Déposé en 1964 par le recteur Thomas pour une ouevre plus moderne, il a été restauré  et réinstallé en 1986 à la demande d'Henri Buttin, historien de l'église, sans-doute pour "son style représentatif de cette époque".

3. Le tryptique Grecoïde placé dans le transept sud ressemble à une copie d'un Greco avec une Crucifixion, l'Annonciation et la Vierge à l'Enfant : c'est une peinture sur toile , réalisée en décor d'u film l'Incorrigible de Philippe de Broca, tourné en 1975 avec Belmondo. Le peintre-décorateur Éric Moulard en a fait don au recteur.

4. Les armoiries épiscopales et papales du lambris qui donnent une fourchette de date de réalisation de 1878 à 1897 : la voûte lambrissée a été peinte par l'atelier A.G. Le Brun en 1878 et 1879, traitée en ciel étoilé enrichi de fleurs de lys et d'hermines. Deux autres blasons accompagnent ces armoiries, dont l'un représente un calice et une hostie.

  • à droite du choeur, armoiries de Mgr Jean-Marie Becel , évêque de Vannes (1865-1897) : d'hermines à la croix d'azur, auquelles est parfois suspendue la croix de sa légion d'honneur. Devise :Caritas cum Fide.
  • à gauche du choeur en vis-à-vis, armoiries du pape Léon XIII (1878-1903), d'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartiers d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout.

 

 

ANNEXE. La donation des vitraux de l'abbaye d'En-Calcat.

      Remerciements à Dominique Auzias pour cette histoire, et pour les vitraux.

Comme je l'ai écrit plus haut en racontant comment j'ai fini par comprendre le sens de la plaque de donation des vitraux d'En-Calcat, cette histoire est aussi riche que passionnante. Elle m'a été raconté le lendemain même de ma découverte, par Dominique Auzias lui-même, lors d'un entretien téléphonique alors que, de retour de ses vignobles de Chine (Chateau Reifeng-Auzias), il attendait un vol vers l'Amérique. 

 Ne comptez pas sur moi pour abréger ce récit, mais plutôt de l'enrichir de toutes les paperolles possibles.

  1. L'Alumnat d'En-Calcat.

Savez-vous ce qu'est un "alumnat" ?  Le mot vient du latin alumnus, "disciple", et il désigne "dans quelques ordres religieux, un établissement secondaire réservé à leur propre recrutement" (Larousse). Si vous cherchez sur la toile alumnat d'Encalcat, vous trouverez des quantités de référence sur des enregistrements de chœurs de garçon chantant, avec les moines d'En-Calcat, des chants grégoriens ; mais ce sera à peu près tout.

L'abbaye Saint-Benoît d'En-Calcat  a été  fondée en 1890 par Dom Romain Banquet (1840-1929) parallèlement à une fondation de bénédictines à Dourgne, l'abbaye Sainte-Scholastique. En-Calcat devient abbaye en 1894.  Dès octobre 1890, l'abbé Romain et ses frères accueillirent des enfants, les alumni, considérés comme  de véritables postulants, ou "prè-postulants" qui de ce fait faisaient partie de la communauté et en partageaient la règle ; et on comprend que beaucoup d'entre eux ne restaient pas plus de quelques semaines à quelques mois.

  En 1903, la loi sur les congrégations de 1901 contraint les moines et leurs alumni au nombre réduit, à prendre l'exil pour l'Espagne, à Parramon. Des élèves sont repris par les parents ne tolérant pas ce départ à l'étranger, d'autres recrues arrivent, permettant de reconstituer l'alumnat, puis repartent face aux conditions très rudes. En 1907, huit enfants viennent de France et le collège reprend. En 1908, la communauté s'installe dans l'ancienne abbaye San Pedro de Besalú ; quatre petits aveyronnais orphelins de mère sont conduits par leur père M. Guillaume à l'alumnat. L'effectif est de 16 en 1906, de 22 (chiffre record depuis la fondation) en 1907, puis de 26, mais beaucoup ne restent que quelques mois et seuls 5 rentrent au noviciat. Devant ces difficultés, Dom Romain décide d'accueillir désormais des enfants pour leur scolarité, en dehors de tout projet de recrutement, les parents ayant l'assurance que leur enfant recevra au sein de la communauté religieuse un enseignement et une éducation chrétienne de qualité. L'alumnat change de statut et devient alors une école monastique. Elle accueille les quatre fils du Colonel De Chabannes, dont trois deviendront moines.

En 1918, la communauté revient à En-Calcat. 

  Je manque d'information jusque dans les années 1950, où je trouve en ligne le témoignage d'un alumni : "A cette époque l'abbaye disposait d'un "alumnat", petit collège de trente enfants ; j'y ai passé quatre ans de ma vie de 1946 à 1950 (Père abbé Dom Marie, Père Maître : Père Jean Marie) ... Nous sommes rentrés 12 en 6° (c'était la nombre maximal) mais nous n'étions plus que 8 en 5°,  6 en 4° ; nous rentrâmes à trois en 3° ... classe que je terminais seul, X. nous quitta en milieu d'année et XX. eut un accident  et ne termina pas l'année

Le régime de l'Abbaye ne convenait pas à tous ; on ne sortait que 3 fois par an: le lendemain de Noël, le lendemain de Pâques, et le 14 Juillet ; Le dortoir n'était pas chauffé, nous servions tous la messe tous les jours (Il y avait alors 70 prêtres à l'abbaye), il était interdit de parler, sauf en récréation et en classe ...nous correspondions par signes, comme les moines avec lesquels nous prenions nos repas au grand réfectoire ... écoutant les lectures : à midi la bible, le soir un livre  suivi de la suite de "La règle de Saint-Benoît" que j'ai du entendre 5 ou 6 fois. 

Les "anciens d'En-Calcat" ne sont guère plus de 200, et, compte tenu du recrutement qui se faisait de bouche à oreille, nous étions pratiquement tous cousins et ceux qui ne sont pas encore sur la base devraient y atterrir un jour ou l'autre ....La communauté, conduite par le Père Abbé Dominique HERMANT (1965-1978) vit activement le grand renouveau insufflé par le Concile de Vatican II : que ce soit la redécouverte de l’importance de la lectio divina (étude de la Parole de Dieu), ou l’adaptation à l’économie moderne ... Mais Il n'y eut plus d'alumnat ... Quel dommage pour tous !"

  Le Père Lambert, Benoît Kampé de Fériet, y fut professeur de mathématique. On mentionne aussi que "Dès le début de son séjour à En Calcat, dom Urbain organise, forme et dirige la schola d'enfants, tout en assurant quelques cours à l'Alumnat du monastère. Il supplée le maître de choeur dom Maur Sablayrolles, souvent appelé au dehors". Je ne retrouverais pas d'autre information, si ce n'est la mise en vente d'un Cours simplifie d'anglais, a l'usage des eleves de l'alumnat de l'abbaye de st. benoît d'en calcat, fasc. n° 1 par Frère PAUL-GABRIEL, Edité par Abbaye de St. Benoît d'En Calcat, Dourgne, 1941 (amazon). 

 Quelques anciens élèves mentionnent leur scolarité à l'alumnat, comme Arnaud Ramière (1939), ou Bernard de Monès.

Lorsqu'il ferma ses portes, en 1966, le collège formait encore une trentaine d'élèves.

 

2. Dominique Auzias, élève de l'Alumnat d'En-Calcat.

 Dominique Auzias, fondateur des guides du Petit-Futé en 1976 est issue d'une vieille famille de propriétaires viticoles de Carcassonne. Il a été élevé, comme ses frères, à l'Alumnat d'En-Calcat dont l'école comprenait alors 15 élèves. On pourrait tout redouter de telles écoles monastiques, qui m'évoquent les écoles coraniques, ou les moinillons en guenille des monastères tibétains, mais Dominique Auzias ne semble pas garder un mauvais souvenir d'un établissement où le travail scolaire n'occupait que la moitié de l'emploi du temps, l'autre moitié, selon la formule monastique Laborare orare est, "travailler c'est prier" étant consacré au travail manuel. Or, à l'époque, il ne s'agissait de rien d'autre que de participer, auprès de Dom Robert, à la réalisation de ses célèbres tapisseries ; et ainsi, le jeune Dominique, se souvient à 12 ans, d'avoir dessiner le coq que Dom Robert plaça au coin d'une tapisserie. [En examinant les œuvres de Dom Robert, le coq le plus proche de cette description serait celui de l'aquarelle de la "Vierge de la chapelle de l'Alumnat".]

  On imagine combien cette fréquentation d'un grand artiste a pu être stimulante, lorsque l'on sait que, par ailleurs, le "vitrier" était le Père Ephrem, le maître de musique était Dom Clément (Maxime Jacob). On peut ajouter la présence de Dom Marie-Alain Rivière, O.S.B., travaillant aux cotés de Dom Clément pour le renouveau de la musique sacrés (on pourra lire son étude de l' "épisema horizontal" dans la musique grégorienne si on veut s'en convaincre). A travers lui, c'est toute la belle-famille d'Alain-Fournier l'auteur du Grand Meaulnes  qui est représenté : lui-même est le fils d'Alain-Fournier et de son épouse Isabelle Rivière ; ou sa sœur Jacqueline, religieuse. Et l'oncle de Dom Marie-Alain Rivière n'est autre que Jacques Rivière, l'ami, confident et correspondant d'Alain-Fournier avant de devenir, entre autres, le patron de la NRF et l'éditeur de Proust. Voilà seulement quelques éléments illustrant l'émulation artistique de l'abbaye à cette époque. 

  C'est à cette occasion qu'il fit la connaissance de Claude Jourda, alias "Frère Pierre-Yves Jourda". 

3. Une rencontre dans le Morbihan.

  Pierre-Yves Jourda mit un terme à ses vœux à l'abbaye d'En-Calcat et fut "recueilli" quelques temps par l'évêque de Vannes ; dans les années 1980, il vécut en ermite sur la petite île Longue du golfe du Morbihan, devant Larmor-Baden, puis il fut nommé recteur de l'île d'Arz.

  En même temps, Dominique Auzias a épousé Nathalie ; sa belle-famille possédait une propriété dans le golfe du Morbihan au Logéo (entre Sarzeau et Arzon), et lors d'un séjour de vacances, il eut la surprise de retrouver le Père Jourda. Celui-ci lui proposa de baptiser le premier enfant du couple, prénommé Numa, dans l'église de l'île d'Arz, ce qui fut fait.

  Lorsqu'un second enfant, prénommé César, vint au monde, le père Jourda était devenu recteur de Houat et Hoedic, et, tout naturellement, le baptême eut lieu à Hoedic. 

  De la même façon, le jour où il fallu baptiser Scipion, on organisa la traversée ; c'était presque devenu une habitude que de larguer le mouillage du voilier de plaisance au Logéo pour mettre le cap vers Hoedic avec le courant de marée, les grands-parents prenant la vedette à Port-Navalo ; de célébrer la cérémonie à l'église ; d'offrir un "pot"  au fort de l'île ; puis d'amorcer le retour sans tarder avec le flot, de passer Méaban et Ker Pen Hir, de saluer l'Île Longue en pensant à son ancien ermite, de profiter des courants devant Berder et Ar Gazec pour, en fin de journée, reprendre le mouillage du Logéo.

  Quand à  Cléopâtre, la petite dernière, elle fut baptisée ailleurs.. 

4. Des vitraux en remerciement.

  Lorsque Dominique Auzias voulut témoigner de sa gratitude, il demanda au Père Jourda ce qui pourrait être fait ; celui-ci songeait à donner de nouveaux vitraux à l'église. Et, tout naturellement, les deux "Anciens d'En-Calcat" songèrent à s'adresser à l'atelier de vitrail de l'abbaye. C'était alors, depuis la mort du Père Ephrem, le Père Denis Hubert qui faisait office de maître-verrier, mai Dominique Auzias participa au carton. Il se souvient de trois thèmes associant l'histoire d'En-Calcat et le monde des marins: le premier rappelle les bérets à pompon rouge des matelots ; le second est une allégorie de la navigation, une vague de vaisseaux se dirigeant vers le ciel, et le troisième est dédié à la féminité.

5. De drôles de prénoms.

 Le premier prénom attribué, celui de Numa, est une reprise du prénom d'un glorieux ancêtre, Numa Gaydes d'Aygues Vives. Celui-ci, qu'une municipalité a qualifié un peu rapidement d'Amiral,  était directeur du Génie Maritime, c'est à dire officier de la marine, mais non officier de marine, seul autorisé à recevoir le grade d'amiral.

Gayde Numa Émile Prosper, Directeur du Génie maritime Né le 9 août 1856 à TRÈBES (Aude) - Décédé le 22 février 1944 à AIGUES-VIVES (Aude). 
Élève de l'École polytechnique le 1er novembre 1877, Élève du Génie maritime le 1er octobre 1879. Au 1er janvier 1881, à l'École d'application du Génie maritime de CHERBOURG. Ingénieur de 2ème classe le 7 novembre 1881. Ingénieur de 1ère classe le 10 novembre 1883. Au 1er janvier 1885, 1886, port BREST. Ingénieur en chef de 2ème classe le 27 novembre 1891. Le 31 janvier 1892, Sous-chef de la 2ème Section (constructions neuves et premier armement) de la Direction des constructions navales à BREST. Idem au 1er janvier 1894. Chevalier de la Légion d'Honneur le 30 décembre 1895. Aux 1er janvier 1897, 1899 (nomination du 2 décembre 1895), en résidence à PARIS, Attaché au service technique des constructions navales du Ministère de la Marine. Ingénieur en chef de 1ère classe le 14 novembre 1899. Au 1er janvier 1900, même affectation. Idem au 1er janvier 1906. Officier de la Légion d'Honneur le 13 juillet 1906. Ingénieur général de 2ème classe le 13 décembre 1907. Au 1er janvier 1911, à PARIS, Directeur du service de la surveillance des travaux confiés à l'industrie (nomination du 13 juillet 1908); Membre de la Commission des machines et du grand outillage. Commandeur de la Légion d'Honneur le 31 décembre 1913. Idem au 1er janvier 1915. Ingénieur général de 1ère classe le 25 mai 1916. Aux 1er janvier 1917, 1918, à PARIS, Adjoint à l'Inspecteur général des constructions navales LOUIS; Président de la Commission centrale des marchés industriels; Membre du Comité consultatif des demandes et exonérations de pénalités. Au 1er janvier 1921, Inspecteur général des constructions navales; mêmes fonctions. Grand Officier de la Légion d'Honneur le 30 janvier 1921.

  Un domaine viticole dans le Haut-minervois,  un cru, et une rue d'Aigues-Vives portent son nom, ainsi que ce titre usurpé d'amiral. (Chateau l' Amiral, Avenue de l'Amiral Guayde, Aigues-Vives ).

On sait mieux que Numa, ou  Numa Pompilius était le deuxième des sept rois mythiques de la monarchie romaine. 

 

  Ce premier né Auzias portant ce prénom, on imagine bien que les parents ne pouvaient faire autrement que de nommer César le second, et Scipion le cadet, avant de décerner à la jeune dernière le prénom de Cléopâtre.

  Le Père Jourda, avant de les baptiser, avait tenté de trouver des saints apostoliques et romains sous le patronage desquels les placer ; et il avait réussi paraît-il à trouver un saint César ; Scipion n'avait pas, par contre, d'équivalent.

  Ce sont leur prénoms d'État Civil, mais ils portent aussi les prénoms bien chrétiens (voire royal pour le premier) de Louis, Maxime, Camille, et Élisabeth. 


      A propos de Pierre-Yves Jourda.

  Le père Jean-Noël Lanoé a bien voulu me donner les précisions suivantes :

 "Concernant Pierre-Yves Jourda, quelques ajustements.

Il a quitté son abbaye d’En Calcat pour tenter une expérience érémitique, en accord avec ses supérieurs. Il s’est d’abord installé dans l’île de La Jument, située dans le Golfe sur le territoire d’Arzon, mais le port qu’il utilisait a été d’emblée Larmor-Baden. Sur La Jument, il assurait aussi la surveillance des parcs ostréicoles. Assez vite (je n’ai pas de dates), il quitte La Jument et vient s’installer à l’Ile Longue, sur le territoire de Larmor. Là, il bénéficie de la vedette mise à sa disposition par le Comte de Liraut propriétaire de l’île. Il a travaillé un temps à la pêche, d’abord avec un pêcheur d’Arzon (Lulu Bonnec), puis il a fait une brève tentative seul. A cette occasion, il est devenu « inscrit maritime ». Mais il est vite devenu le passeur pour transporter les visiteurs de Larmor à Gavrinis et son célèbre Tumulus. Il était donc toujours moine bénédictin. Mais ses supérieurs et l’évêque de Vannes, constatant sans doute qu’il était de moins en moins ermite, lui ont proposé de prendre la paroisse de l’Ile d’Arz. Et c’est à cette période qu’il a été relevé de ses vœux religieux et « incardiné » au Diocèse de Vannes. Il n’était donc plus moine bénédictin mais prêtre « séculier » du Diocèse de Vannes. Et c’est à ce titre qu’il est par la suite devenu Recteur de Houat et Hoëdic de 1990 à 1999. De là, il a été nommé Recteur de Merlevenez, Nostang et Saint Hélène. En 2006, il s’est retiré dans une maison qu’il possédait à Plouharnel, tout en étant en liens étroits avec l’abbaye de Kergonan. Et en 2008, à l’occasion d’un déplacement à Greno

ble pour une ordination sacerdotale dans une famille amis  (famille d’ailleurs qu’il avait connue à Hoëdic), il a fait un grave malaise, on lui a découvert une importante tumeur au cerveau et il est décédé peu après.

Je l’ai bien connu pas  seulement parce qu’il est mon prédécesseur. Mais comme je suis originaire de Larmor-Baden, j’ai eu l’occasion de le rencontrer peu de temps après son arrivée à La Jument et nous sommes toujours restés en lien.

Pierre-Yves Jourda, premier recteur inscrit maritime.

Pierre-Yves Jourda a dû se déclarer inscrit maritime quand il a travaillé à la pêche avec Lulu Bonnec et ce statut a été nécessaire quand il faisait le passeur de Gavrinis. A Houat et Hoëdic, le fait d’être « inscrit » lui donnait droit au carburant « dédouané » (prix professionnel) et cela lui a aussi permis d’obtenir l’autorisation de transporter des « passagers », en l’occurrence les scolaires d’Hoëdic scolarisés au Collège des iles du Ponant à Houat.

Sur le nom du canot.

Le nom « Mea Culpa », une trouvaille ! A l’évidence choisi pour le jeu de mot « coule pas ». Mais l’origine est dans la prière du « je confesse à Dieu » en latin. Dans la prière, au début de la messe,  les fidèles se frappent la poitrine par trois fois en disant « c’est ma faute, c’et ma faute, c’est ma très grande faute », en latin « mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa », (d’où l’expression courante « battre sa coulpe »). Et ce nom a eu beaucoup de succès quand une souscription a été lancée dans les médias (y compris Thalassa)  : « un canot pour not’recteur ». En fait d’ailleurs, la souscription n’a payé qu’une partie du bateau, le reste ayant été payé par Pierre Legris*  (Legris entreprise), ami très proche de Pierre Yves.

 

Ceci dit, et pour la petite histoire, le lendemain du jour où il avait pris possession de son bateau, Pierre-Yves est venu me chercher au port du Crouesty pour  la prédication de  la Saint Gildas à Houat (29 Janvier). Et en me ramenant à Arzon le soir, il m’a passé la barre et a fait le tour du propriétaire sur le Mea Culpa. Il m’a dit qu’il trouvait qu’il y avait beaucoup d’eau dans ses coffres. Le lendemain, en faisant route entre les deux îles « Mea culpa » a failli couler ! Le presse étoupe faisait l’eau, pas assez serré !!!  "

 

* Le père Jourda était effectivement très ami avec Pierre Legris, chef d'entreprise dont le fils né en 1951 porte le prénom de Pierre-Yves et a été baptisé par le père Jourda. Pierre-Yves Jourda, actuellement P.D.G du groupe familial Legris Industries, spécialiste des fluides, a acheté l'île de Govéan dans le Golfe du Morbihan, avec sa superbe plage juste en face...du Logéo.

 


 

Sources, références et liens.

BUTTIN, Pierre. d'après les articles de Henri Buttin , Notre-Dame-la-Blanche : église paroissiale de l'île d'Hoedic / Buttin, Pierre, Préface  de Jean-Noël Lanoë,  Melvan : Ille-d'Hoedic, 2011. - (32 p. : ill. en coul. ; 24 cm.)

 JOURDA, Pierre-Yves. "L'Ile aux chevaux entre Houat et Hoedic". Bulletin et mémoires de la Société polymathique du Morbihan, 1998, 124 , p. 269-279.

JOURDA, Pierre-Yves, participation (Jean Noli p. 21, etc...)à  Les îles de Bretagne sud, approche bibliographique / sous la dir. d'Eric Auphan ; ill. Catherine Bayle. - Quimper : Bibliographie de Bretagne ; Ouessant : Culture, Arts et Lettres des Îles, 2001. - 304 p. : ill., cartes ; 21 cm. 

JOURDA Pierre-Yves, « Là-haut, est-ce qu'il y aura des îles ? », Cahiers Henri Queffélec, n° 2, Paris, 1994

 JULLIEN Claude-François, "Un canot' pour notre recteur", Nouvel Observateur, 27 décembre 1990 en ligne.(Récit de la souscription pour l'achat d'un canot pour le recteur Pierre-Yves Jourda).

 

Sur l'Abbaye Saint-Benoît d'En-Calcat.

CAULET Serge, En-Calcat et la loi du 1er juillet 1901 sur les associations,

 http://www.researchgate.net/publication/47464088_En_calcat_et_la_loi_du_1er_juillet_1901_sur_les_associations

 

Dans ce blog lavieb-aile : 

1) Les autres églises et chapelles des îles du Ponant :

Les églises des îles du Ponant I. Groix, Saint-Tudy.

Les églises des îles du Ponant II. Groix, chapelle de Quelhuit.

Les églises des îles du Ponant III. Belle-île-en-mer, Locmaria.

Les églises des îles du Ponant IV. Belle-île-en-mer, église St-Nicolas à Sauzon

Les églises des îles du Ponant V. Bourg de l'île de Houat.

Les églises des îles du Ponant VII. L'Île-aux-Moines.

Les églises des îles du Ponant VIII. L'île d'Arz.


2) Vitraux contemporains : voir aussi :


Bazaine à Penmarc'h :

  Chapelle de la Madeleine à Penmarc'h : les vitraux de Jean Bazaine.

Manessier à Locronan, 

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-manessier-a-locronan-chapelle-de-bonne-nouvelle-103071184.html

  les vitraux de Saint-Louis à Brest :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-l-eglise-saint-louis-de-brest-103429661.html

Jacques Le Chevallier à Gouesnou :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-arbre-de-jesse-de-l-eglise-de-gouesnou-et-les-autres-vitraux-117897470.html,

Gérard Lardeur à Langonnet :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-gerard-lareur-a-langonnet-104407243.html

ou Gérard Lardeur à Saint-Sauveur :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-contemporains-de-saint-sauveur-finistere-90229755.html



 

 Voici la Vierge de la Chapelle de l'Alumnat :

      Autres oeuvres de Dom Robert

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:45

        Les églises des îles du Ponant V.

         L'église St-Gildas, île de Houat.

I. Présentation.

 L'église Saint-Gildas date de 1746-1766, remplaçant une ancienne chapelle ; elle fut dotée de chapelles latérales en 1834, d'une sacristie, d'un choeur et d'un transept en 1840, et de sa tour-clocher en 1856. En 1962, la sacristie est déplacée à l'extérieur . 

  Les murs blancs de sa façade sud participent  à former la place de la Mairie, centrée par le Monument aux Morts. Cette année (2012), une exposition de photographie de pêcheurs en action par Xavier Dubois s'affichait sur les murs.

  Sa façade nord donne sur le cimetière, qui surplombe l'entrée du port St-Gildas ; et, que l'on vienne de la Grande Plage (Treac'h ar Gouret) ou que l'on remonte du port, elle offre sa silhouette familière que l'on repérait déjà comme un amer, en naviguant vers l'île.


  

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II. La maquette de procession.

 Il ne s'agit pas d'un ex-voto, liè à un voeu et à un évenement de mer, mais d'une maquette offerte pour être portée en procession pour le 15 août lors des fêtes de la mer et pour la St-Gildas le 29 janvier. Elle est datée du quatrième quart du XIXe siècle, et le site Les ex-votos marins http://www.ex-voto-marins.net/pages/lieupage56Houat.htm la décrit comme un navire de guerre, un trois-mâts carré armé de 94 canons en  deux rangées de sabord et une autre rangée de pont. D'autres parlent d'une "goelette". Les trois mats semblent équipés pour recevoir une voile aurique, à la différence des trois-mats carrés. On remarque que le navire était motorisé puisqu'un emplacement pour l'hélice est aménagé devant le gouvernail. Le grand pavois est établi, ainsi qu'une longue flamme aux couleurs nationales.

 

 

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III. Les statues.

1. Maris stella.

  Je retrouverai cette statue dans chaque église des îles du Ponant, tenant une ancre. Elle illustre un qualificatif de la Vierge Marie dans les litanies : Maris stella, "Étoile de la mer", bien-sûr très adaptée à ces paroisses de pêcheur situées en pleine mer.


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2. Sainte Anne, Éducation de la Vierge:

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3. Saint Gildas.

 

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IV. Les vitraux.

  Ils datent de 1962 et ont été réalisés par un artisan de Rennes ; ils ont été restaurés en 2006.

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V. Les autres éléments remarquables.

1. Les bannières

Bannière paroissiale Parrez-Houat.

  Au dessus du monogramme SG, elle représente saint Gildas en tenue d'Abbé.

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Bannière   "Notre-Dame de la Garde, protégez nos marins."

La Vierge couronnée a pris place dans un bateau.

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2. Éléments marins au pied de la statue de Maris stella:

Couronne de coquillage (dont des étoiles de mer Asterias rubens faisant allusion à  maris stella) ; bouquet de fleurs des dunes (immortelle Helichrysum stoechas et queue-de-lièvres Lagurus ovatus) bouée de sauvetage reprenant l'invocation de la bannière "Notre-Dame de la Garde protégéz nos marins".

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3. Tableau au dessus du choeur : La mort de saint Gildas.

  La Vie de saint Gildas repose sur une part historique puisque l'existence de cet ecclésiastique émigré de Grande-Bretagne est attestée notamment par son sermon De Excidioet Conquestu Brittaniae : il serait né en 490. La tradition rapporte qu'après un pélerinage à Rome, il passa sept années à l'abbaye de St-Gildas de Rhuys, juste en face au nord de Houat. Puis il prit un an la tête de l'abbaye de Llancarfan pour remplacer saint Cadoc, établit un ermitage dans le Somerset, avant de revenir à Rhuys, où il mourut. 

  Plus précisément, selon la Vie des saincts de la bretaigne Armorique par Albert Le Grand (1636), " Saint Gildas, sentant approcher la fin de ses jours, se retira dans l'île de Hoüath, avec deux ou trois de ses religieux, où il vescut en grande abstinence, silence et recollection, s'estant entièrement démis du Gouvernement de son Monastère. Une nuit, après ses longues veilles & oraisons, comme il se fut jeté sur son pauvre grabat, un Ange luy révéla en songe que dans huit jours, il devoit estre délivré de la prison de son corps, à ces bonnes nouvelles, il s'éveilla et rendit grâces à Dieu ; le matin, après la messe, il déclara à ses confrères la révélation qu'il avait eue, lesquels le mandèrent incontinent à Rhuys. Cette nouvelle attrista extrêmement les religieux de Rhuys, la plupart desquels allèrent voir leur saint Père & bon Abbé, pour recevoir sa bénédiction & ses dernières instructions. Sa mort prochaine ayant esté révélée aux religieux du monastère de S. Hydultus en Cornouailles d'outremer, son pays natal, plusieurs s'embarquèrent & vinrent le visiter en son isle d'Hoüalth, lesquels, l'ayans trouvé fort malade, environnent son pauvre lit pour ouïr ses dernières instructions qu'il leur donna ; puis se fit porter en la chapelle, où, s'étant confessé au prieur de Rhuys, il receut le S. Viatique & l'Extrème-Onction & s'adressant à ses moynes, leur dist : "Je vous supplie mes frères de n'entrer an aucune altercation touchant ce mien corps, quand j'aurais rendu l'esprit ; mettez mon corps en un  batteau, et, sous ma teste, posez la pierre laquelle m'a toujours servy de chevet pendant ma vie ; qu'aucun de vous ne demeure dans le batteau, mais poussez-le en pleine mer, et le laissez aller où il plaira Dieu, lequel luy pourvoira sépulture où bon luy semblera : or le Dieu de paix et de dilection demeure toujours avec vous".

 


        On le voit donc entouré de ses moines, de l'évêque de Vannes, mais aussi de sainte Tréphine accompagnée de son fils Trémeur. On sait que cette sainte qui avait été décapitée par son mari Conomor avait été ressuscitée par Gildas.

  Sur le galon de la robe de Trephine peut se lire l'inscription Hyacinthe Jarno- Presbyter-Haec- fecit-anno 1881- Orate-Pro-Mih.

  L'Abbé Hyacinthe Jarno est un peintre de Port-Louis qui était alors aumonier au pénitencier de Palais à Belle-île (site Topic-topos)

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4. Blason 

 Signé M. DEGOUZO, il porte la date 1962 et la devise Kentoc'h mervel (eget bezan saotret), "Plutôt mourir" (que la souillure).

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VI. Le cantique Buhé Sant Geltas :


1 ) Cheleuet, pobl a Houad, chonjet en hon kalon,

E buhé Sant Geltas, hou skuir hag hou Patron,

Sellet ean el hou skuir, eit real hou puhé,

Hag avel hou Koarnour ha Patrom dirak Doué.

(2-27...)

PEDEM :

Sant Geltas, hur Patrom, gredus en hou pedamb;

Dirak en Eutrou Doué hou peet chonj ahanamb;

Goulennet aveit homb, eit hou pobl, hou Houadis, 

He hrès de vonet ol genoh d'er baraouiz


 



 

VII. Et encore...


Quelques vues du port :

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Panneau de chalut :

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La pause :

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:42

Les églises des îles du Ponant IV.

Belle-île-en-mer, église St-Nicolas à Sauzon.

I. Présentation.

   Succédant à une ancienne chapelle prieurale déjà dédiée à saint Nicolas (l'évêque de Smyrne  est le patron des marins), l'église saint-Nicolas a été édifiée en 1894 dans un style néo-romane en granit et tuffeau de Loire par l'architecte nantais le Diberder. Elle reçut de nouveau vitraux après la seconde guerre mondiale. Elle a été restaurée dans les années 2000 (chœur, maître-autel, mobilier liturgique, chaire), et les cloches, qui s'étaient tues pendant sept ans, ont de nouveau pu rythmer la vie du port en 2007.



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II. Les  maquettes de procession.

 Les renseignements proviennent du remarquable site www.ex-voto-marins.net

1.  Le premier est un trois-mâts carré de commerce du 19ème siècle, suspendu à la voûte de l'église. Cette maquette était jadis une maquette portée en procession jusqu'en 1950. Elle a été réalisée d'après les normes de l'architecture navale par un marin, guetteur au sémaphore d'Er Hastellig en Sauzon, Clément Granger, vers l'année 1895.

L'ex-voto, armé de faux sabords, est un navire de la célèbre compagnie maritime Bordes de Nantes, dont le pavillon flotte en tête du premier mât. Il a pour nom "Saint-Nicolas" et pour port "Sauzon".

 

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2.  Le sloop St-Nicolas BI 634.

   "Le deuxième ex-voto est une chaloupe sardinière, elle aussi ex-voto de procession. Sa taille est assez significative. Le canot non ponté, gréé en sloop, date du début du 20ème siècle. Il porte une immatriculation propre à l'île ainsi que le nom de Saint -Nicolas. Ce canot est la réplique des derniers sardiniers bellilois dont l'original de cette maquette avait été construit au profit de Monsieur Nicolas Houchoua.

Après la restauration de ce sardinier typique de Belle-Ile, une association locale a décidé de reconstruire un sloop de pêche, à l'identique de la maquette. Ainsi est née la "Belliloise" présentée lors de l'évènement nautique "Brest 92". "

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III. Les statues.

Notre-Dame du Rosaire.


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IV. Les vitraux.

  On interprétera ceux-ci en tenant compte des lignes suivantes, écrites par l'archiviste P. Le Men : dans l'édifice qui a précédé celui-ci, " Les autels latéraux étaient dédiés au Sacré-Coeur, à la sainte Vierge et à sainte Anne. Il y avait jadis les confréries du Saint-Sacrement, du Rosaire, de la Passion, de Saint-Eloi, de Saint-Roch et de l'Ange-gardien. Cette église a été remplacée par une jolie église romane bâtie en 1894. Elle a la forme d'une croix latine, avec bas côtés et vitraux peints. Les chapelles de frairies étaient celles de Saint-Michel, de Saint-Gildas, et plusieurs autres, mais il n'en existe plus une seule. " Hormis Saint-Éloi et saint Roch, on retrouve ces différents cultes dans l'église actuelle, complétés par des dévotions plus propres à la fin du XIXe siècle.

1. Vitraux de Robert Briand.

  Ce maître-verrier de Rennes est connu pour sa réalisation des verrières de la cathédrale Saint-Pierre de Vannes, de l'église Saint-Etienne de Rennes (1952), de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle à Lorient (1947-1951), de 8 verrières à Combourg (1963-1978), de l'église de Langouët (1955), de Ploemeur (1982).


1. "Hommage filial du recteur et des fidèles Année mariale 1954"

2. "St. Don Bosco et St. Dominique Savio. Offert par les familles Robino et Thomas". 

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3. Vitrail de l'Immaculée Conception.

 

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4. Saint Pierre patron des pêcheurs : "famille Désiré Thomas".

5. Saint Nicolas et les trois petits enfants sortant du saloir. 

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6. Saint Joseph  (?) "Melles Servo. Famille Auguste Thomas. Abbé Gallen. R. Briand".

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7. Saint Yves "Offert par Melles Ferrand et les familles François Guéguan et L. Le Fur". Signature Briand.

 

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 8. Saint Jean Baptisant le Christ : "Offert par les paroissiens".

9. Saint Joachim. "Offert par la Congrégation Ste Ve. La L.F.A.C."

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II. Vitraux d'Antoine Meuret.

On peut dater ces vitraux de la période 1894-1896 :

 

Antoine MEURET peintre et verrier ( 1817- 1896 )

En 1874, il fonde avec son ami Félix Lemoine son atelier, rue Ogée à Nantes. L'atelier est important puisqu'on y compte 32 employés et apprentis. Les vitraux sont alors signés A.Meuret et F.Lemoine ( A.M. et F.L).

Félix Lemoine se retire dans les années 1880-1882. La signature devient "Maison A.Meuret, peintre verrier à Nantes".

 A.Meuret  dessinait lui-même toutes les compositions qui sortaient de son atelier.

Les vitraux peuvent être classés en 3 catégories :

1.- Représentation d'un Saint : le personnage est debout, en pied, assez figé, avec ses attributs : clés pour St Pierre, le lys pour St Joseph, l'épée pour St Paul, etc...Le personnage est souvent figuré dans une fenêtre d'église ou de cathédrale.

2.- Représentation d'une scène, exemple Jean Baptiste qui prêche, avec plusieurs personnages et en fond, un paysage : c'est beaucoup plus vivant et le peintre s'exprime mieux.

3.- Les grisailles : figures géométriques colorées et serties dans le plomb, avec toute une palette de couleurs différentes d'un vitrail à l'autre, soulignées de traits rouges parfois ou de cabochons pour bien faire ressortir les couleurs. Le tout entouré d'une guirlande multicolore.  

On retrouve le travail de Meuret dans beaucoup d'églises de Loire-Atlantique et  dans des églises des départements voisins.

1. Saint Dominique ? "Don de l'abbé Le Petit."

2. Ange et enfant : l'Ange Gardien.   L'archange Gabriel et  Tobie attrapant, au bord du tigre, un "gros poisson" ou bien ce serait plutôt saint Gildas, ermite insulaire à Houat nourri miraculeusement par un poisson ou un dauphin échoué sur la grève. "Vitraux d'A. Meuret. Don des familles Le Bihan et Bambdé."

 

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3. Christ en croix, "don de M. Tanguy, Vicaire". Christ du Sacré-Cœur, "Voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes", et, en dessous, apparition et Révélations reçues par sainte Marguerite-Marie Alacoque, sœur visitandine de Paray-le-Monial. "Don de l'abbé Granger". Nativité, "don de la famille A. Portugal".


 

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4. Saint François. "Don de Melle Françoise Guillemette.

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V. Les autres éléments remarquables.

Tableau : l'Assomption.

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:41

          Les églises des îles du Ponant III.

       Belle-île-en-mer, bourg de Locmaria.

 


I. Présentation.

 

  J'avais fait connaissance "sur le continent" avec saint Gurloës, premier abbé de l'Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé ( cf. sa statue à la chapelle Saint-Albin en Plogonnec), puis à Groix avec les possessions (prieuré St Gunthiern) que cette abbaye avait reçue en 1029 d'Alain Canhiart, Comte de Cornouailles, faisant de celle-ci la troisième en importance en Bretagne. Les moines de Sainte-Croix de Quimperlé avaient aussi des biens à Belle-Île, et ce sont eux qui fondèrent, en 1070, un premiere chapelle à Locmaria (ou "lieu consacré à Marie"). 

  J'imaginais une chapelle romane, mais  les apports des époques suivantes l'ont fort remanié, notamment en 1714 pour le  clocher-porche qui fut coiffé en 1808 d'un dôme ("en poivrière" pour les uns, "à l'impériale" pour les autres), et en 1868 pour la chapelle nord.

  Elle porte le nom de Notre-Dame de l'Assomption, mais on la surnomme "Notre-Dame-de-Bois-Tors" , non pas pour quelque maîtresse-poutre de guingois, mais à cause d'une légende qui veut qu'un navire hollandais ( l'église a été dévastée par les Hollandais en  1674) ayant brisé son mât, son équipage ait décidé d'abattre l'orme de la place de l'église pour le remplacer. La Vierge furieuse que l'on s'en prenne à l'ormeau de son placître vrilla le tronc d'arbre sitôt abattu.  Bonne leçon pour le charpentier du bord, qui choisira la prochaine fois du chêne ou du pin d'Orégon.

 


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      La nef et le chœur.

 

  Dans le cœur est suspendu un tableau de l'Assomption : réalisé ainsi qu'une Vierge à l'enfant par un disciple de Murillo, Il a été apporté, en 1802, par un prêtre vicaire de Locmaria réfugié en Espagne sous la Restauration, l'abbé Marchand.

 

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      II. Les ex-voto et maquettes de procession.

 

 1. Maquette de procession: 

- le "Pie IX",  maquette de procession portée jusqu'en 1939-1945. La maquette a été réalisée à Locmaria ; c'est un trois-mâts carré dont les soixante canons de sabord sont répartis sur deux ponts. Sa figure de proue est un ange.

  Il est à noter qu'une maquette portant le même nom est suspendu dans l'église de Trescalan à La Turballe : c'est un trois-mâts barque de 76 canons, dont la figure de proue est un buste du pape. 

 

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Ex-voto : 

1. La Léonie-Céline de Honfleur.

Reproduction d'une peinture sur verre 

  La peinture sur verre inversé ou "fixé sur verre" est une technique exigeante souvent utilisée en peinture traditionnelle : allégories en Allemagne, scènes bucoliques. Aux Pays-bas et en Flandres, cette technique a été utilisée pour des marines, des vues de port, des batailles navales et des naufrages; ce n'est donc pas un hasard si cet ex-voto était signé par Schoduyn, un nom de Dunkerque.

Julien Schoduyn figure dans un inventaire des artistes de peinture sous verre. En effet, avec d'autres peintres d'Ostende comme  Meseure, Nefors ou Weyts, il a appartenu à un groupe qui s'est développé localement après avoir découvert l'art du fixé sous verre auprès de Wieden Wenzeslans, marchand, originaire de Skalice, une ville tchèque, connu pour son travail du verre. . On peut trouver les oeuvres des ces "portraitistes de navires" aux musées d'Anvers (pour une grande part, de fixés sous verre), d'Ostende, des Beaux-Arts de Dunkerque et au Musée portuaire de cette même ville. (Source Afjet)

  Le titre "Situation de la Léonie-Céline Honfleur Captne Conan devant la barre de Bayonne dans la nuit du 18 décembre à onze heures du soir en 1857 J. Schoduin" décrit suffisament son sujet. Au premier plan  apparaît le brig du marin bellilois, un trois-mâts figurant en arrière plan, devant le port dont on aperçoit la tour à feu en signalant l'entrée. Il s'agit sans doute de la tour de la "Haille" qui fut détruite par les Allemands en 1943.

(Onomastique nautique : Léonie et Céline sont les deux soeurs de Thérèse de Lisieux, et Thérèse se rendit en 1887 dans la chapelle Notre-Dame de Grâces de Honfleur pour y demander d'être admise au Carmel. Cette coincidence est troublante puisque le Léonie-Céline de Honfleur est antérieur de plus de trente ans à ce voeu.)

  Il semble s'agir du même navire qui fit naufrage le 4 juin 1884 à Baubigny près de Carteret, et dont une partie de l'épave a été retrouvée en 1990 du coté de Barneville-Carteret puis  présentée au musée maritime de Régneville-sur-Mer :

  Cette goélette de cabotage de 76,24 tonneaux avait été lancée en 1854 pour un armateur de Belle-Île. Vendue en 1864 à l'armement Ruellan de Paimpol et rejaugée 69,32 tonneaux, elle navigue à la pêche morutière sur les Grands Bancs de Terre-Neuve jusqu'en 1868, où elle est réarmée au cabotage. Le 20 juin 1874, elle est achetée par Postel et Fils de Cherbourg mais le 2 avril 1881, elle vient s'échouer par gros temps sur les enrochements de Cherbourg. L'équipage est sauvé à marée basse. Achetée en 1883 par M. Mauger de Courseulles, elle fait naufrage à son quatrième trajet de retour de Swansea, à Baubigny.

  Le brion, la contre-étrave, une partie de la quille et des bordés ont été récupérés : bordés de 7 cm, coque doublée de zinc. Les membrures de forte section sont caractéristiques des navires pratiquant l'échouage. Ses dimensions sont 20,43m de long, 6,51m de large. 

  Comme toutes les goélettes (voir la Belle-Poule, construite sur les plans d'une goelette islandaise), elle dispose d'une voilure composée d'une grand-voile et d'une misaine, de trois voiles d'avant (trinquette, petit-foc et grand-foc) et d'un petit hunier, d'un petit perroquet, d'une flèche et d'une voile d'étai. Elle était menée par un équipage de quatre hommes.

Sources :

 http://www.archeosousmarine.net/bdd/fichetech.php?id=11406

http://patrimoine.manche.fr/fours-chaux-regneville-objets-details-N-B.asp?card=2664789

 

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2. L'Anastasie.

Gouache (copie de l'originale, volée).

Inscription : "Offert à Ste Anne Locmaria Belle Ile. L'Anastasie capt Loréal doubland les Casquets au nord à un mille avec un ouragan de Nord Après un voeu sur moment à St Anne gagnait Aurigny à corps perdu quelques temps après sains et saufs le 19 février 1876".

  Le navire — un brig — est en fuite, toutes voiles ferlées sauf le petit-foc et un hunier. On distingue 5 hommes sur le pont.

  Le style de cette gouache évoque un peu les peintures de Paul-Émile Pajot, marin-pêcheur et peintre naïf des Sables, avec l'ourlet aligné blanc des vagues qui déferlent.

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III. Les statues.


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La Vierge et l'Enfant.

Vêtue de blanc et de bleu, couleurs mariales par excellence, le manteau revenant en voile sur sa tête selon la coutume de Judée, elle tenait de la main droite le lys de sa virginité, tandis que son fils, joli poupon blond, tend la main vers l'Humanité. 

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Saint Joseph.

 C'est Pie IX (cf maquette suspendue) qui institua en 1870 saint Joseph patron de l'0201glise Universelle et fit de sa fête du 19 mars une fête solennelle.

  Il  a revêtu les mêmes couleurs que son Épouse. Sa statue a perdu aussi  le lys, attribut qui attestait de la pureté de son comportement de tuteur de la jeune Marie de Nazareth pendant qu'elle demeurait chez lui et qu'elle reçut la visite de l'Ange Gabriel, puis/et de l'esprit Saint. Il n'a pas non plus son équerre ou ses outils de menuisier. La perte de ses attributs teinte son regard d'un voile de mélancolie.

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IV. Les vitraux.

   Consacrés à des scènes de la vie de Marie, ils sont l'œuvre, en 1989, de F. Le Nezet. Ce peintre-verrier de Vannes a réalisé aussi des verrières de la chapelle Saint-Cado à Belz, ou, en 2005, de l'église de l'île de Batz.

  Si mes renseignements sont exacts, Francis et Danielle Le Nezet, couple de peintres verriers, voient aujourd'hui leur vocation poursuivie par leur fils Maëlgad, qui exerce aussi en vitrail d'art à Vannes. 


L'Assomption.

 

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"Marie nous offre son fils".

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"Sainte Anne enseigne à Marie."

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Détail : Signature : F. Le Nezet, Troguern 1989.

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 Six sanctuaires et l'église de Locmaria  vue de l'Ouest. 

On lit le nom des chapelles : Kerdonis, Pouldon , Magourig, Arnaud, Kerouarh, Kerdavid, Douar er Huerhies. Cela correspond aux sites des hameaux correspondant. Douar er huerhies traduit litteralement en breton loc-maria par "le lieu de la Vierge".

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Vierge de l'Immaculée-Conception

au dessus d'une scène que je ne sais déchiffrer, mais où on reconnaît le mouillage de Locmaria, un bateau-pilote (reconnaissable à l'ancre dans la voilure), un navire de guerre au loin, et au premeir plan deux hommes en discussion : l'un est un marin-pêcheur et tient un aviron alors que l'autre est un paysan, tenant le collier de trait de l'un des trois chevaux qui sont dans le pré voisin. L'entrée du mouillage de Port Maria est bien représentée.


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V. Les autres éléments remarquables.

 

   "Ce tableau a été réalisé vers 1910 par un peintre de l'île résidant au Bugull , à la demande de l'abbé Baron, recteur de Locmaria. Il est très significatif et apporte un témoignage émouvant et réel de l'angoisse et de l'inquiétude des familles de marins face à la tempête. L'on aperçoit donc un brick dans une mer démontée. Sur la côte, au pied des rochers où viennent s'écraser les paquets de mer en furie, quatre femmes de Locmaria portant l'habit breton et la coiffe, dont l'une tient un enfant par la main, prient pour la sauvegarde des marins dans la tourmente, alors que des nuages leur sourit la Vierge Marie."

 

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Sources : http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=56114_1


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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:39

     Les églises des îles du Ponant II.

       Groix, chapelle St-Léonard à Quelhuit.

I. Présentation.

  Le prieuré St Léonard, chapelle située initialement dans le village de Quelhuit et non sur le tertre qu'elle occupe actuellement, est ancien (présent en 1615 selon Maurice Vincent, Petite Histoire de l'Île de Groix), mais il fut restauré après la Révolution par le recteur Le Livec (Marc de Livec, recteur de 1818 à 1827) puis par le recteur Lagneux ( recteur de 1827 à 1863). Son plan est celui d'une croix latine.

 

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II. Les ex-voto et maquettes de procession.

1. Patronne d'Arvor Gx 3702.

  Cette maquette de petite taille est celle d'un dundee thonier de construction camarétoise, en réalité immatriculé initialement LGX 3702, puis  GX 3702 à partir de 1946. Il figure dans la liste exhaustive des bateaux pontés inscrits à Groix qui figure dans l'ouvrage de Dominique Duviard Groix l'Île des Thoniers (Ed. Quatre Seigneurs 1978), mais sans aucun des renseignements qui accompagnent les autres unités. Mais si on se réfère aux thoniers immatriculés avant et après lui ( 3701 Noëlette-Jean, 3706 Alexandre Etesse, 3707 Nénette, ce sont des navires immatriculés en 1932, de 50 tonneaux environ, qui ont navigué jusqu'en 1953. Le premier fut construit à Camaret, le second, deux fois vainqueur des régates de Groix,  aux Sables d'Olonne, le troisième à Keroman (Lorient).

  La Patronne d'Armor fait donc partie de la dernière génération des dundees, construits alors que le cours du thon se maintenait très haut (l'année 1932 fut l'une des meilleures), ce qui encouragea la construction de voiliers qui ne navigueront que 100 jours par an, au  tonnage élevé (50 à 60 tonneaux), "dotés de grands élancements arrières (et parfois avant), très toilés, le grand-mat étant soutenu par un double capelage ( 4 haubans de chaque bord) ; la grand-voile à chute très verticale étant arisée à l'aide d'un mécanisme à rouleau." (D. Duviard, op. cité)

  Je ne vois sur la maquette que trois haubans, et pas de mécanisme de réduction de voilure à rouleau ; la bordure de grand-voile n'est pas libre, comme celle du Noëlette-Jean. 

  Avec une bonne vue, on distinguera au dessus de la pomme de mât une girouette en forme de thon, identique à celle qui remplace le coq au sommet de l'église de St-Tudy ! 

   "En 1934-35, la flotte de thoniers à voiles atteint son apogée en France. Sur les 774 dundees armant pour cette pêche, Groix se place encore au premier rang, avec 215 bateaux, devant Etel, 200 ; Concarneau, 163 ; Les Sables-d'Olonne, 83 ; Port-Louis, 65 ; l'Île d'Yeu, 62 ; Douarnenez, 41 ; Camaret, 23. Mais bien-vite l'armement groisillon périclite : les vieux bateaux disparaissent et ne sont pas remplacés. En 1938, on ne compte plus à Groix que 133 voiliers ; 83 en 1946 ; 54 en 1950 ; 25 en 1954 ; aucun en 1960." (D. Duviard, op. cité, p. 343).

  Gilbert Duval (voir commentaires ici) m'apprend que "en 1932, il appartenait à Joseph Guillaume, de Clavezic qui en détenait 3/8, Louis Yvon, Guérin Adam, Amélie Alain, Marie-Ange Guillaume et Marie Quéric 1/8 chacun." 

 

quelhuit 5298c

 


2. Marcel, dundee thonier

 Michelle Bourret  (Le patrimoine des communes du Morbihan, 1, 1996) signale que ce "dundee Marcel fut construit en 1911 à Camaret ; il termina sa carrière en 1934, et son matricule véritable est le G 1434, puis le LGX 3115, et non le G 1913 qui évoque ici la date du don de l'ex-voto".

  L'immatriculation des navires de Groix a été LG  depuis 1856 où le Syndicat de Groix est rattaché à Port-Louis (Lorient), puis G depuis 1883 2 ans après que  Groix soit devenu quartier maritime. La numérotation repart alors à zéro. Elle devient LGX en 1927 où le quartier de Groix est devenu Préposat (ancienne dénomination des sous-quartiers) dépendant du quartier de Lorient, d'où la première lettre L, avec un changement de numéro d'immatriculation. Et enfin GX depuis 1946 après le nouvel essor du port de pêche, sans changement de numéro,  et désormais LO par rattachement à Lorient.

  On trouve aussi sur le site Topic Topos les informations complémentaires suivantes : " Cette grande maquette de dundee est une création de Marcel Le Nahennec, de Kerlo, patron de thonier, né en 1891 à Lorient et noyé lors de la grande tempête de 1930, à bord du dundee groisillon Deux Madeleines. Elle est habituellement portée sur des brancards, au moment du pardon de Quelhuit, par des jeunes de 14 à 15 ans le premier dimanche de septembre". 

  La tempête mentionnée est celle du 19 septembre 1930 où six dundees de Groix disparurent corps et biens, faisant 38 victimes et laissant 22 veuves et 26 orphelins. La plupart des thoniers ont été victimes d'un coup de mer d'arrière disloquant la voûte longue et basse qui était alors caractéristique des dundees thoniers. Un nouvel arrière dit "en cul de poule" ou "en canoë" fut alors adopté pour parer à ce point de vulnérabilité. La maquette montre un navire présentant cette voûte d'avant 1930.

La voilure établie est la même que celle du Patronne d'Arvor, foc, trinquette, grand-voile, flèche de grand-voile, tape-cul ; on note les trois bandes de ris dans la grand-voile. 

  On voit, au centre du navire, les tréteaux blancs sur lesquels seront pendus les thons pêchés.

  L'ouvrage de D. Duviard précise le tonnage du navire ( 41,99 Tx soit huit tonneaux de moins que la Patronne d'Arvor), sa "fin de carrière en 1934 (CC, Ex Cancale 660)". Gilbert Duval, dans son commentaire de cet article, précise qu'il a été vendu en 1934 à Cancale sous l'immatriculation CC660. L'immatriculation de Concarneau est CC et celle de Cancale était CAN.

 

 De 1850 à 1908, aucun voilier ponté de Groix n'avait été construit à Camaret. Depuis 1908, avant la construction du Marcel en 1911, 9 autres dundees venaient de Camaret. Au total, les dundees sortant des chantiers de Camaret et inscrits à Groix sont moins d'une vingtaine. La plupart ont été construits aux Sables d'Olonne.

 


 

 

quelhuit 5300c

 

quelhuit 5302c

III. Les statues.

 Statue de saint Léonard.

 Saint Léonard est un saint légendaire du Ve siècle qui aurait été converti par Saint Rémi, et aurait obtenu de Clovis le droit de visiter, et d'octroyer la liberté à tout prisonnier qu'il déciderait. C'est ainsi le saint patron des prisonniers. Il devint ensuite moine près d'Orléans, puis ermite avant de fonder lui-même une abbaye près de Noblac. Il est donc figuré ici en tenue d'Abbé, avec la mitre à fanons, et la crosse. Cette statue est portée en procession sur un brancard lors des fêtes.

  

 

 

quelhuit 5309c

Sainte Brigitte.

  Au XVIIe siècle, à Groix, une chapelle Sainte-Brigitte existait au Moustero.

quelhuit 5310xc

 

? St Albin ? St Méloir ? 

quelhuit 5311c

 

 

 Pietà. 

 

quelhuit 5314c

 

      Saint Sauveur.

    Au XVIIe siècle, parmi les 17 chapelles de Groix, l'une était vouée à saint Sauveur, entre Loctudy et Kerclazedic.

  La première présence religieuse sur l'île fut celle des moines de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé qui avait fondé le prieuré de Saint-Guthern. Or, cette abbaye avait été fondée par saint Urlou et douze autres moines venant de l'abbaye de Saint-Sauveur à Redon. 

 

                                                 quelhuit 5315c


IV. Les vitraux.

Non remarqués par le photographe...

V. Les autres éléments remarquables.

Le toponyme "Quelhuit".

L'élément le plus remarquable de la chapelle St-Léonard de Quelhuit est certainement ce toponyme, "Quelhuit". On est vite intrigué par la présence, comme l'inclusion d'une fleur connue dans un morceau d'ambre, du chiffre huit qui nous est si familier mais dont la familiarité s'altère et se teinte d'étrangeté au son de cette devinette semblable à un cri de sterne caugek : quelhuit ? quelhuit ? quelhuit ?

  D'une façon générale, l'ïle de Groix est un paradis non seulement pour les géologues, mais aussi pour les amateurs de toponymie ; certes ils n'y trouveront aucun nom en plou- ou en tre-, tous décimés comme par un cataclysme (le passage des vikings ?) pour ne laisser apparaître que les ker- ou les loc-, mais les productions du dialecte groisillon l'enchanteront, à commencer par la partition de l'île en deux secteurs, l'une à l'est, religieuse, civilisée nommée Primiture ou Pimitur, celle des patrons de pêche s'opposant à celle de l'ouest, Piwisi la sauvageonne, au parler rocailleux (gravelleg) où se recrutent les bons matelots. Le village de Quelhuit en fait partie, ainsi que, sur le littoral, la roche affleurante dite Le petit-sec de Kelhuit, bonheur des plongeurs.

  Trop influencé par ma lecture de La Recherche, j'ai d'abord cru à une influence normande et à la découverte ectopique de la racine -thuit ou -huit, du vieux normand tuit, twit,"essart, défrichement", du norrois thveit comme dans Bracquetuit, Vautuit, Bois-Tortuit, Le Thuit-Simier ou dans les nombreux autres exemples que les scandinaves ont laissé derrière eux. 

  On se souvient en effet que dans Sodome et Gomorrhe, Marcel Proust décrit comment, dans le salon estival des Verdurin, à La Raspellière, les convives débattent de toponymie, puis comment Brichot, professeur à la Sorbonne, explique au narrateur combien l'ancien curé de Balbec, dont l'ouvrage est très estimé par Mme de Cambremer, s'était égaré dans son analyse étymologique des noms de lieu : " " Carquethuit et Clitourps, dont vous me parlez, sont, pour le protégé de Mme de Cambremer, l'occasion d'autres erreurs. Sans-doute il voit bien que carque, c'est une église, la kirche des allemands. [...] Mais pour tuit, l'auteur se trompe, il y voit une forme de toft, masure, comme dans Criquetot, Ectot, Yvetot, alors que c'est le thveit, essart, défrichement, comme dans Braquetuit, Le Thuit, Regnetuit, etc..."

  Mais hélas, j'allais devoir renoncer à faire de Quelhuit un cousin du fameux port de Carquethuit, diamant, avec Guermantes et Balbec, de l'onomastique proustienne. 

  Les noms que nous entendons pour la première fois, parce qu'ils sont voilés de mystère, nous séduisent et nous attirent à eux, et tout en cheminant à leur rencontre, nous recueillons la myrrhe, l'encens et le santal, l'indigo ou la cochenille, la turquoise ou le saphir que nous leur apportons pour les parer ; ce ne sera pas toujours aussi pompeux mais jamais, pourtant, nul nom n'aura paru devant nous sans qu'il ne reçoive sa teinte, son parfum et sa flagrance. Puis, certains, très rapidement, se dépouillent de ces emblèmes pour s'habiller civilement du savoir acquis. L"énigme que ces sphinx nous posaient une fois résolue par la compréhension de leur signification, ils sont des exuvies deshabités de leurs charmes, des outils commodes mais vulgaires. Pourtant, lorsque c'est l'étymologie qui en fourni les clefs, ce sont vers d'autres mondes  qu'ils nous mènent. La déception que son déchiffrement suscite se féconde en de nouveaux rêves, se réchauffe à la libido sciendi. L'interprétation étymologique des toponymes vient briser le lien trop bête entre signifiant et signifié, et se met à brouiller la réalité qui éclate dans de nouvelles et secrètes polyphonies des sens. 

L'orthographe elle-même se met à trembler, à perdre sa rigueur dogmatique : on découvre qu'on parle du menhir de Kelhuit, mais du village de Quelhuit, que la carte de Cassini de Thury (levée de 1757 à 1790) écrivait Kerhuit.

  Si j'ai vu s'effondrer les allures scandinaves que j'avais prêté à ce nom et si les deux orbes réunies du chiffre 8 se sont envolées comme deux ailes, c'est que l'origine bretonne en est parfaitement définie : le mot signifie "la coudraie", l'endroit où poussent les coudriers. Il appartient en effet aux "formations végétales en -IT, OUET, issues de la terminaison -ITUM et Etum", selon le titre de l'article de Gildas Bernier (Annales de Bretagne Année 1971, volume 78 n° 78-4 pp.661-678) http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391x_1971_num_78_4_2574

        C'est sur ce procédé de dérivation issu du bas-latin et associant le nom d'un arbre à la terminaison collective -etum, -itum que cet auteur peut retrouver 228 noms bretons de lieux représentant des formations arbustives, des ensembles de hêtres (Faou : Le Faouët ou Hallec : Elléguët, Halgouët, Hallegot), de sureau (Scao : Scaouët), d'épines (Spern : Spernoet, Spernot), de charmes (carpinetum : Carnoët), et enfin, dans notre exemple, de coudriers, Colo.

 Pour cette arbre, outre notre Quelhuit grésillon, parmi 18 exemples, 11 sont  construits sur Colo -itum, comme Bodelhuit à Guern (56), Guellouit à Melrand, Kerguelhouit à Maël-Carhaix (29), Le Nelouit à Missirac (56), ou encore, Quelvy, Quelvik, Roch Quilvit, Quillivit , contre un seul construit avec -etum, Le Nelhouët. D'autres sont formées sur Corylus, coudrier, ou Coryletum, dès 858, comme Colroit, Colroet et Colruit  jusqu'à Courrouet (1438).    

  Le remarquable site d'Enguerrand Gourong sur l'histoire de Groix : link rapproche ce toponyme du vieux breton "coilguid", associant  coll, "coudrier, et guid, "arbres", ou encore de la forme kerwezid, de kelwez, collectif pour coudrier et "id", terminaison collective issue de -etum. Il retrouve les exemples de Quel vide ou Ogée-Quelvide, écart de Gourin (56), de Quelvite, hydronyme de Guiscriff.

 

   On comprendra mieux la fréquence de ces coudraies si on sait que sous le nom de coudrier, Corylus, L. 1753 se cache pour le profane le noisetier de nos campagnes. Le site Wikipédia sur le noisetier signale "Jadis, le noisetier était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche./.../ Dans Tristan et Iseut, l'amour n'existe que si le coudrier peut s'enlacer au chèvrefeuille ; dans le cas contraire les deux disparaissaient . Le coudrier a toujours été source d'histoires magiques. Il était utilisé pour des incantations par les druides. Il a été utilisé par les sourciers", et une branche de noisetier taillée en fourche pour détecter l'eau souterraine "remonte à l'époque des Celtes.

   C'est dire, connaissant l'importance du culte des arbres et du rôle des bosquets sacrès chez les celtes, l'intérêt de la constatation de Gildas Bernier 'article cité, p. 676) :

  "Ce toponyme, attesté par 18 exemples dans toute la zone bretonnisée à un moment quelconque, est attaché parfois à des lieux humides où poussait le noisetier, mais le pouvoir quasi-magique de la baguette de coudrier entre les mains du sourcier et les superstitions disparues ou blamâble auquelles cet arbre servait de support (d'après l'Encyclopédie de Diderot) nous montre aussi la vertu particulière attachée à cette essence. Nous avons remarqué la triple coïncidence entre un toponyme se rapportant au coudrier et l'existence d'un édifice chrétien ". Ce sont la chapelle du Guellhouit à Melrand, où se tient un pardon marial chaque année en juillet ; la chapelle-basilique de Notre-Dame de Quelven (56) avec sa statue de Vierge ouvrante et son important pélerinage ; et la chapelle du prieuré St-Léonard à Quelhuit sur l'île de Groix et lieu de culte marial : ce qui amène l'auteur à se demander " s'il n'y a pas eu là christianisation de lieux de culte païens".

 

Au recensement de 1906, le village de Quelhuit comptait 36 maisons, 36 ménages, 163 âmes (contre 836 au bourg).




 

 

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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:37

          Les églises des îles du Ponant I.

    Île de Groix, l'église Saint-Tudy au bourg.


I. Présentation.

  L'église paroissiale Saint-Tudy est célèbre pour sa girouette en forme de thon, affirmant de loin que l'île doit son développement à la pêche du thon germon (thon blanc) de 1870 à 1940 en devenant le premier port français d'armement de thonier. Le sanctuaire initial a été reconstruit entièrement en 1850 par le recteur Lagueux, lui donnant sa forme de croix latine.  Cette réussite explique que nous entrions ici dans une riche et grande église du style néo-xxl en vigueur au XIXe, aux murs traités en faux-marbre ou peint en blanc cassé, aux statues sulpiciennes, qui feraient oublier le charme des petits ports bretons si certains détails ne rappelaient la vocation maritime et les traits insulaires de cette église. Ce sont eux que j'ai recherchés.




bourg 5076


II. Les maquettes de procession.

  Rien n'indique qu'il s'agisse d'ex-voto proprement dit (des oeuvres réalisées après la réalisation d'un voeu, ou par les rescapés d'un naufrage), et les deux maquettes de thoniers ont plutôt été données à la paroisse pour être portées en procession lors des fêtes religieuses ou du pardon pour honorer le passé maritime de l'île et pour protéger les marins et leur flottille.

1. Le Stiren ar Mor Gx 3287 (Étoile de la Mer)

Dundee thonier de 45,95 Tx construit aux Sables d'Olonnes en 1927 pour Groix. Première immatriculation G 1631 puis LGX 3287. Fin de carrière en 1943, Concarneau 2987. Il n'a donc pas pu, sauf erreur, naviguer sous les lettres GX instituées en 1946. Maquette de Mr Louis Charles Gueran en 1991, don à la paroisse. 

  La réalisation est soigneuse, comme on pouvait s'y attendre, et on remarque des détails comme les deux bandes de ris de la trinquette et de la voile de tapecul. Les voiles de tissu rouge rappellent que les marins passaient leur voile de travail au tan, poudre d'écorce de chêne, pour leur conférer une meilleure résistance ; souvent, seules les voiles de régate étaient blanches.

  Ce type de voilier de travail est nommé dundee (prononcer dindé) non en raison du port d'Ecosse, mais par francisation  d'un terme anglais assez flatteur, dandy (élégant) par lequel les britanniques désignaient ce nouveau gréement apparu vers 1860. Ce sont des cotres à tapecul, mais dont la voile du mât arrière (d'artimon, de tapecul)  voit son écoute renvoyée non pas à l'extrémité d'une bôme articulée sur le mât, comme sur d'autres yawls, mais à celle d'une "queue de malet", espar fixe dépassant à l'arrière du navire. Cette queue de malet, qui se retrouve aussi sur les lougres qui ont précédés les dundees, est donc caractéristique. Pour les profanes, c'est le bout de bois qui dépasse tout en arrière, sous la voile. 

 


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2. Dundee thonier :

Sans matricule, mais d'allure plus ancienne. On note trois voiles d'avant.

bourg 5094c

III. Les statues.


Je me contenterai de montrer celle de sainte Bernadette.    

bourg 5082

 


IV. Les vitraux.

 On trouve deux ensembles de vitraux : ceux réalisés en 1976 par Pierre du Vorsent, maître-verrier de Lorient qui a réalisé aussi, entre-autres, ceux de la chapelle St-Léonard à Ploemeur en 1980 ou ceux de Locmiquelic en 1970, et d'autres, plus anciens, assez typiques de la première moitié du XXe siècle, dont j'ignore l'auteur. 

 

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      Vitrail de l'apparition de la Vierge à Bernadette Soubirou en 1858 dans la grotte de Massabielle à Lourdes :

La Vierge prononce la phrase Je suis l'immaculée-Conception,mais c'est en réalité en patois qu'elle s'est adressée à Bernadette en disant "Que soy era Immaculata Councepciou".

  Le culte rendu à Groix à la Vierge de Lourdes est manifeste, puisque la chapelle sud lui est consacrée (voir "statues").

bourg 5081

Vitrail de la pêche miraculeuse.

  qui a tout-à-fait sa place dans cette paroisse de marins-pêcheurs qui , avec une flottille de près de 300 thoniers en 1914, a connu un développement économique exceptionnel grâce à la pêche du thon et de la sardine.

bourg 5136c

V. Les autres éléments remarquables.

  1. Réuni dans la chapelle des fonds baptismaux désormais vitrée, un "trésor de sacristie" est constitué d'éléments d'orfèvrerie, de paramentique et d'objets du culte.

 

bourg 5098c

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Moule à hostie (ou "fer à hostie"): 

On distingue les motifs gravées sur le pain azyme , dont le Christ en croix entouré du monogramme IHS. Après cuisson sur un feu clair, on les découpait au rondeau. Elles étaient fabriquées par les Clarisses et les Carmélites, mais le presbytère disposait peut-être d'un fer?

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Vitrine avec la barrette du recteur.

bourg 5116v

 

Ostensoir à six médaillons et encensoirs: 

 

bourg 5109cc

Burettes :

présentées par l'enfant de choeur, elles serviront à trois reprises lors de l'office, notamment pour que le prêtre se lave les mains lors du "lavabo", du nom de l'extrait du psaume 25 qu'il prononce alors (lavabo inter innocentes manus meas et circumdabo altare tuum domine, "je laverai mes mains en signe d'innocence pour approcher de ton autel Seigneur").

bourg 5127c

Bannières : 

Bannière de la paroisse, ou envers d'une bannière de Jeanne d'Arc, puisque la formule "De par le Roy du ciel" est la devise de Jeanne d'Arc, et que les motifs de l'épée, de la couronne et des rameaux de chêne (et d'olivier ?) lui sont propres.

 

bourg 5120c

 

  "Hatoup" terme nautique breton signifiant "tout-dessus", "toutes voiles dehors", est la devise de l'Île de Groix témoignant de sa détermination courageuse. Elle est placée sous les armoiries de la commune :

  • " Parti : au un d'argent à cinq moucheture d'hermine de sable posées en sautoir.
  • ...Au deux d'azur à un bateau de pêche aussi d'argent équipé de gueules, accompagné à senestre d'une falaise de sinople issante du flanc et surmontée d'un phare d'argent allumé de gueules ; à la bordure aussi d'argent.
  • ...Une ancre de sable brochante sur la partition et la bordure, l'organeau soutenu à dextre par un lion de mer et à senestre par un requin, les deux aussi d'argent."

 

bourg 5119c

bourg 5100c

  La brodreie montre un thonier en pêche, qui a abaissé ses tangons afin de faire travailler six lignes équipées d'hameçon. Il a établi la trinquette mais non le foc, la grand-voile (et la flêche de grand-voile visible sur le deuxième dundée), et la voile de tapecul. Des lettres sont peintes à l'avant : CJQ ??

bourg 5105c

 

 

 Bannière de sainte Thérèse. 

Bannière de la Vierge au dessus de la carte de Groix :  : Guerhiez vari steren er mor goarnet enezenn, Vierge Marie étoile de la mer protégez l'île

bourg 5107c  bourg 5108c

 

Chasuble-violon pour la couleur  liturgique rouge. 

 

 

 

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Chape de couleur verte pour les temps ordinaires de la liturgie. 

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2. Maître-autel contemporain.

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3. Tabernacle "marin".

  Le tabernacle décoré d'un poisson est placé dans un encadrement constitué d'une ancre avec son jas et  d'un fragment de mât gréé d'une poulie ; l'ancienne poulie profite ici d'une pieuse retraite, mais ses réas et ses joues de bois rêvent encore des garants et des dormants dont elle composait moults palans et cartahus simples ou doubles, forces itagues ou caliornes, sans parler des bredindins, où les dormants des poulies se rejoignent tendrement sur le même crochet. Ah, où sont passées les bredindins de jadis ?

  

  C'est un fanal  babord qui fait office de veilleuse de Saint-Sacrement.

  Tout cela rappelle combien l'accastillage et le gréement d'un navire, comme le navire lui-même, et le poisson qu'il pêche ont alimenté la symbolique religieuse.

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4. Confessionnal "M. le recteur" et escalier hélicoïdal.

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bourg 5139v

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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 15:53

     La chapelle de La Lorette à Plogonnec.

 

      la chapelle Notre-Dame-de-Lorette, édifice de style néogothique en forme de croix latine sur plan de l'architecte Le Bigot (1872) a remplacé une chapelle du XVème siècle située au bord de la rivière Steir en contrebas. Elle aurait été fondée  par un seigneur de Rubihan (ou Rubien) : emporté par le courant alors qu'il traversait à cheval la rivière, il aurait imploré Notre-Dame de La Lorette de lui accorder son secours.  Ces seigneurs de Rubian sont attestés en 1426, où le manoir d'Alain Rubian, fief d'évêque, figure à la réformation. Plus tard, ils se retirèrent en Penquelennec en Peumerit, et le manoir passa  aux mains des seigneurs de Kerviher.

  Le 31 décembre 1834 a lieu une "donation entre vifs de la chapelle de la Lorette en Plogonnec par Yves Nihouarn de Kerganape [Kerganpé], René Le Berre de Korédan, de René Philippe de Rubihan et de Claude Philippe de Trébourez  à Nicolas Cornic [de Kerlagat] chef actuel de la fabrique de Plogonnec demeurant à Kerlagat. La dite chapelle appartient aux donateurs pour l'avoir acquis par acte notaire le 8 avril 1809 au sieur Joseph du parc demeurant à Quimper. 4E68/Notaire [Claude Henry Joseph] Damey de Plogonnec Archives du Finistère. Le document est complété par les indications accompagnant les signatures et qui signale jean Joncour, cultivateur, témoin.  On peut penser que la chapelle avait été désaffectée et mise en vente à la Révolution, puis acquise par les habitants voisins pour la rendre au culte. Il s'agit bien-sûr de l'ancienne chapelle.

  Le 10 mars 1872 a lieu devant Maître Henri Marie Damey, notaire "la donation par Laurent Hervé Pennarun recteur à Plogonnec à la fabrique de Plogonnec d'un champ nommé Cozqueper et d'un petit champ de terre froide appelé Hent Coz. La présente donation est faite à la charge à la dite fabrique de faire construire sur les champs une chapelle dédiée à Notre Dame de la Lorette." Le recteur avait acquis ces terres en les achetant à Hervé Bezic (?) et Marie-Anne Cosmao, sa femme.

Note : "Le Foll" me poste ce commentaire le 5/09/2017 à propos de cet Hervé "Bezic" :

 " Il s'agit, en fait, d'Herve BOZEC dont voici le relevé de leur mariage:
Mariage - 09/06/1861 - Plogonnec
LE BOZEC Hervé
Cultivateur, âgé de 27 ans , né le 6/4/34 à Plogonnec
Domicilié à Kerivoal
fils de Jean Hervé, âgé de 58 ans et de Marie Anne LE MAO, Cultivatrice , âgée de 24 ans 
Notes époux : Mère Kerivoal
COSMAO Marie Anne
Cultivatrice, âgée de 18 ans , née le 18/11/42 à Plogonnec
Domiciliée à Pennavern
fille de Henri René, décédé le 22/7/43 à Plogonnec et de Jeanne Louise SEZNEC, Rentière , âgée de 48 ans 
Notes épouse : Mère Pennavern
Témoins : Lui : Louis le Quellec 38a beau frère cult Plog Contrat de mariage :30/5/61 "

  Le culte de Notre-Dame de Lorette est italien avant d'être breton : C’est par une notice écrite en 1472 par Pietro Giorgio di Tolomei, dit le Teramano, que l’on connaît l’histoire de la « Maison de Lorette » : il n’y avait plus de chrétiens en Palestine ; en 1291 la maison de Marie à Nazareth est transportée par des anges d’abord en Croatie (Dalmatie), puis en 1294 par-delà l’Adriatique vers Recanati dans une propriété appartenant à Loreta (Lorette). La « Maison de Lorette » devient alors un lieu de pèlerinage et de miracles. Ainsi, en 1462 (1464), le cardinal Pietro Barbo, atteint de la peste, en revient guéri et est élu pape en 1464 sous le nom de Paul II, conformément au message de la Vierge qui lui était apparue là-bas en songe. Un culte se développe à Notre-Dame-de-Lorette. En 1632 un office propre à Notre-Dame-de-Lorette s’ajoute au calendrier liturgique le 10 décembre.

  En Finistère, on la vénèrait en l'église de Rédéné (pays de Quimperlé), à Notre-Dame de Lorette de Lanriec près de Concarneau, à la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal (Chateaulin) ou en l'église de Plouhinec prés d'Audierne, mais ce n'est qu'à Plogonnec qu'une chapelle porte son nom. En Bretagne, on trouve une chapelle votive à Comblessac (35), Le Quillio (22).

 Le sanctuaire du bord du Steir était sans-doute voué à une autre Notre-Dame, mais sur la carte de Cassini (XVIIIe), le lieu se nomme La Lorete. Rapidement, sur la réputation de guérir de la fièvre, des pèlerins vinrent si nombreux que, tous les sept ans, il fallait remplacer la marche d'acier du portail, usée par le passage des fidèles. Le culte est réactivé à partir de la reconstruction du nouveau sanctuaire, avec le grand pardon se célèbre le second dimanche d'Août, le petit pardon le dernier dimanche de Mai, et la Semaine religieuse se fait régulièrement l'écho de son pèlerinage dès 1890. Des cantiques sont composés : Quelques strophes de ce chant cantique breton de 1872 : E kichenik ar ster vras tre daou venez huel, - En amzer goz, on tadou d’oa savet eur chapel, - Savet eur chape! vian d’an Itron Varia, - A roet o devoa dezi vit hano Loreta. Chapel Intron Loreta zo savet a nevez - Savet gant tud Plogonec, francoc'h war ar menez. / E peb leac’h voa Loreta anavezet bars pell, - A bep tu e tiredjer da bedi er chape!, - Kement a dud a zeue, mar des bet lavaret - E vije a bep seiz vloas eun treujou diruset.

Henri Pérennès signalait trois cantiques bretons édités chez de Kerangal, Quimper. Les deux premiers datant de 1872 : Kantikou Loreta, Histor ar chapel, le troisième portant l'imprimatur du 14 Janvier 1893.

 

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I. Le vitrail.

Il est intéressant par son thème, mais aussi par les détails qui s'y trouvent et par sa signature.

1°) Le thème est indiqué par l'inscription Gwerc'hez vari diwalit ho pugale. Vierge Marie protège les enfants, formule qui prend tout son sens dans l'après-guerre. La Vierge ouvre son manteau bleu étoilé qu'elle étend en protection au dessus du registre inférieur représentant la paroisse, la chapelle et ses habitants.

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2°) Détail : le Pardon à Plogonnec.

  Une étoile (venant du manteau de la Vierge) domine la scène où une procession de bretons et bretonnes en costume traditionnel glazig pénètre dans le sanctuaire. Deux bannières sont visibles.

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3°) La signature.

C'est une signature plurielle qui mentionne le nom du cartonnier, A. Noël et les noms de l'atelier du maître-verrier, Le-Bihan Saluden, ainsi que la date Quimper 1946 nous plaçant ainsi juste après la Seconde Guerre Mondiale. Au nom de l'atelier s'ajoute celui de deux autres artistes, Y. Dehais et P. Toulhoat, ainsi qu'une indication latine, laboraverunt, "y ont travaillé".

  Une autre "signature" est figurée, c'est le logo carré contenant un poisson et les initiales B.S avec la mention Quimper 1946.

 — André Noël, peintre et cartonnier de ce vitrail  a réalisé avec l'atelier Saluden Le-Bihan un vitrail de l'église de Locoal-Mendon (56). Le blog de J.P. Le Bihan indique que ce cartonnier habitant Paris rue Saint-Séverin, ami de Paul Sérusier de l'école de Pont-Aven a travaillé aussi avec d'autres verriers dont Jacques Simon de Reims. Entré comme cartonnier auprès de l'atelier Le Bihan-Saluden, ami également de Sérusier, mené par Yves Le Bihan et ouvert à Quimper dès la Libération, l'atelier de Brest tenu depuis 1907 par Madame Anna Saluden ayant été détruit par les bombardements.

 

— Yves Dehais (Nantes 1924, Nantes 2013), sorti de l'École des Beaux-Arts de Nantes, a collaboré aux débuts de la manufacture de faïence Keraluc de 1945 à 1948. Formé à la technique du vitrail à l'atelier Saluden-Le-Bihan il a ouvert son propre atelier de vitraux à Nantes 44 rue de la Bastille en  1948 avec l'aide d'un compagnon du devoir. Il élabore de nombreux vitraux d'églises pour le Diocèse de Nantes et au-de là du Département, ainsi que pour des maisons particulières. En 1986, lors de sa retraite, il créa l'Association Art & Culture dont il fût le Président jusqu'en 2008. 

— Pierre Toulhoat a également collaboré à l'atelier Le-Bihan-Saluden comme peintre cartonnier.

— les autres compagnons formés à l'atelier d' Yves Le Bihan sont alors Nicol, Roger Louval, Guy Gouzard et Charles Grall.

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4°) Le tympan

renferme des armoiries d'azur, à l'agneau pascal d'argent, au chef cousu d'hermines . L'agneau ne tient ni banderole, ni étendard. On peut les rapprocher de celles  du chapitre de la cathédrale : d’azur à l’agneau pascal d’argent tenant une croix d’or à la banderole d’argent, ou plus vraisemblablement à une part de celles de   Monseigneur Duparc  évêque de Quimper de 1908 au 08.05.1946 et qui se blasonnent Parti : 1) d’azur à l’agneau d’argent – 2) d’or au lion de sable, tenant une crosse – Slt) un chef d’hermines. Devise : Meulet ra vezo jezuz krist (que soit loué Jésus-Christ).  

 

II. Notre-Dame de  Lorette.

 Chanoine Pérennès, 1940 : "Parmi les statues anciennes, il y a une Vierge-Mère, vêtue d’une longue robe sans ceinture, finement ciselée et dorée : c’est Notre-Dame de Lorette".

  L'iconographie des statues de Notre-Dame de Lorette est intrigante ; ici, elle est coiffée d'une tiare, et vêtue d'une robe grossièrement conique, flottante, ornée de quatre bandes horizontales rouges et bleues qui portent des joyaux ronds ou losangiques. Ailleurs, c'est souvent une Vierge noire, portant un Enfant à tête noire. Mais la statue typique, celle qui est produite en série pour la dévotion, est très particulière ; c'est elle que l'on découvre à l'extérieur au dessus du porche occidental. La Vierge couronnée y est comme emmaillotée de bandelettes pour mouler une forme générale conique évasée en cloche vers le bas ; sur la surface lisse du plâtre ou d'une pierre fine, cinq dessins en croissant de lune s'étagent de façon décroissante vers le haut jusqu'à atteindre une forme en demi-cercle, coiffée d'un dernièr croissant convexe dans le sens opposé aux autres. 

  C'est la Virgo Lauretana de la Santa Casa, dont j'ai trouvé les reproductions sous forme de médailles ou de statuettes mais dont je n'ai pas trouvé d'indication sur le modèle original, ni d'explication sur cette forme et sur ces curieux motifs. :

une image trouvée sur le net :

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III. La bannière Le Minor.    

      Voir :  Les bannières Le Minor.

 

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IV. Les statues.

  Je lis que la chapelle abritait les statues de Notre-Dame de Lorette, saint Tugen (actuellement Eugène), saint Cado, sainte Barbe et saint Michel. Mais c'est bien un Saint Laurent que je découvre, doté, en guise de grill, d'un véritable radiateur de fonte qui ferai pâlir de jalousie plus d'un de nos adeptes du barbecue dominical. 

 

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Quand à ce Saint Michel, il avait perdu la lance par laquelle il terrassait le dragon ; une paroissienne a trouvé sans-doute une balance à fléau qui ne servait plus dans sa cuisine et l'affaire fut réglée pour le grand soulagement du diablotin joufflu, cornu et à la queue fourchue qui trouvait lassante l'existence sous cette épée de Damocles. Mais non : le chanoine Perennes dans sa Notice le décrivait déjà ainsi :"un assez beau saint Michel, aux ailes dorées et éployées tenant sa balance de Balanser an eneou, et frappant de sa lance le hideux dragon qui se tord à ses pieds ". En 1940, il avait encore sa lance, et déjà sa balance !

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VI Les sablières.

 

   Elles datent de la chapelle primitive du seigneur Rubian. Elles alternent les monstres aux gueules de caïman, les bacchus menant des bacchanales, les fables animalières (le chat et le renard, peut-être tiré du Roman de Renart), les énigmes allégoriques (l'homme aux oreilles mangées par les corneilles ou craves) quelque rébus peut-être (homme caressant l'arrière-train d'un féroce mâtin), les masques entre deux gerbes de blé...

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Sources et liens.

 

Site de la Mairie :http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm

Site infobretagne. http://www.infobretagne.com/plogonnec.htm

Henri Pérennès, Notice sur Plogonnec, Bulletin diocésain d'Histoire et d'Archéologie du Diocèse de Quimper 1940 http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=61

 

Sophie Duheim   « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest   1998 Volume   105  pp. 53-69 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 14:54

               Chapelle St-Albin à Plogonnec. 

  Le village de Saint-Albin (ou sant alc'houen), sur la commune de Plogonnec, se trouve à 8 km à l'est du bourg, sur les confins de Kerfeunteun.

  La chapelle date du XVe siècle ; l'édifice vendue à la Révolution est rachetée en 1809 par les paroissiens, les sieurs Cariou, Seznec et Le Noac'h, qui l'offrent ensuite à la fabrique le 10 octobre 1828. En 1950, la chapelle est reconstruite, à l'exception du clocher du XVIe, par M. Lachaud, qui prolonge la nef par un transept de dimension plus importante et crée une sacristie, conservant l'ancienne fenêtre du chevet, gothique à deux lancettes trilobées, comme ouverture du mur du transept nord. Comme le dit un document, "le reste du bâtiment reprend avec plus ou moins de bon goût des éléments et matériaux contemporains" "épurant" l'aspect intérieur, mais préservant une statue de Vierge primitive du XVIe siècle, les statues de la Vierge à l'Enfant, de  St Albin, St Gurloës, St Sébastien et de  Ste Barbe. Ces statues se trouvaient auparavant dans des niches, réalisées en 1696 où les comptes mentionnent les sommes versées à Jean Le Berre, menuisier et François Morvan, sculpteur. En 1699, ces statues, et les autels furent peintes par Guillaume Nicolas, qui reçut 93 livres.

  La chapelle était, au XVIIe siècle, desservie par un chapelain qui percevait 20 sols pour ses messes le premier jour de l'an, le dimanche gras, le lundi et mardi de Pâques, et 10 sols pour sa messe de la Chandeleur et le jour du pardon, le 1er mars. Plus tard, le pardon eut lieu le premier dimanche de septembre, comme c'est toujours le cas aujourd'hui.

  En 1940, H. Pérennès pouvait encore lire l'inscription H : H : Y : OLLIVIER : 1728 sur la sacristie du XVIIIe siècle. 

 

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Inscription DERVE : F 1667

  Le patronyme Le Dervé est attesté à Plogonnec (Hervé Le Dervé, décédé le 22 juin 1688 à Plogonnec, père d'Hervé Le Dervé, né le 13 juillet 1673, etc...)

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Statue de saint Albin en évêque : Albin, ou Aubin, fut l'un des  premiers évêques d'Angers.

Il resterait à expliquer pourquoi une chapelle lui est dédiée à Plogonnec.

 

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 Vierge à l'Enfant.

En 1940, H. Pérennès décrit face à la statue de St Albin, " à gauche, dans une niche à colonnes torses et dont le socle porte MI RE RENE HENAF 1698, une très jolie vierge, simplement drapée : Itron Varia ar c'helou mad." (Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper 1940 n° 61 p. 156 link) René Hénaff ne figure pas dans la liste des recteurs de Plogonnec, puisqu'en 1698, c'étaient Louis des Hayeux puis Claude Salaün qui exerçaient cette fonction. Quand à Itron Varia ar c'helou mad, il s'agit de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, parfois invoquée ou remerciée pour une naissance.

  Par contre, c'était dans la nef qu'il pouvait admirer " sur un socle de granit où est inscrite la date 1576 [date la plus ancienne], une Vierge en bois, presque plate".


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Notre-Dame des Portes (?)  

 

 

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      Saint Sébastien.

  Il trouvait place jusqu'en 1940 au moins dans une niche à volet. Pour une fois, Sébastien n'est ici ni blond, ni vraiment beau, et malgré son maillot de bain, il ne ressemble pas du tout à un surfer. Mais il garde sa belle indifférence aux flèches de ses bourreaux.

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Saint Gurloës, ou Urlou, Hurlou, Eurlo, 

   Je l'avais confondu d'abord avec un saint Roch. Quelle erreur, car saint Roch montre sa cuisse gauche et son bubon de peste et se fait accompagner par son chien Roquet, alors que saint Urlou, lui, montre son genou droit enflé par la goutte, droug sant Ourlou en breton. En outre, point de toutou pour saint Urlou. Le saint abbé est invoqué non seulement pour ces accès microcristallins d'acide urique, mais aussi contre les maux de tête  et les rhumatismes, ou contre les "maux de rein", sans préciser s'il n'agit que sur les crises de lithiase urique. On s'attendrait plutôt à ce qu'il montre son gros orteil, mais le bon moine n'était point podagre, ou laissait à un confrère le soin de cette forme trop répandue de goutte.

  Ce moine de Saint-Sauveur de Redon du XIe siècle  et premier abbé de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé accéda aux fonctions de prieur de Redon, puis, à la suite d'un rêve du Comte de Cornouailles Alain Canhiart, il s'en alla fonder un monastère à Quimperlé, où il  s'établit avec douze de ses moines. On la nomma abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, et le Comte de Cornouailles  octroya à l'abbaye un fief seigneurial comprenant, entre autre, Belle-Île et Groix (Saint-Ghutiern). Le 14 septembre 1029, il fut béni premier abbé par l'évêque de Nantes Orscand.

  Vingt-huit ans et vingt jours après, le Père Abbé Urlou mourût. En odeur de sainteté, si bien que les moines plaçèrent ses reliques dans la crypte de l'abbaye, et lui élevèrent un tombeau, confiant sur leurs relations avec le pape Grégoire VII pour l'élever à son titre de saint Gurloës. Hélas, les papes se suivent mais ne se ressemblent pas, et Urbain II refusa la canonisation  en arguant sur l'absence de témoignage de miracles, et de synode plénier. Ce que ne fit pas Urbain, le peuple breton le fit, et les paroissiens de Clohars-Carnouët, Le Faouët, Languidic et Lanvénéguen élevèrent des chapelles en l'honneur de leur saint. On voit aussi sa statue à St Ivy, chapelle N.D.-de-la-Route, ou à Bannalec.

 Finalement, il fut béatifié par le pape qui le déclara bienheureux. 

 Ici, saint Urlou est représenté en Abbé, avec la crosse (restaurée récemment sans-doute car le chanoine Pérennès ne voyait qu'un "bâton") , la mitre, un livre, mais pieds nus. Il relève la chape et la tunicelle pour dévoiler son genou. 

 

 

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Sainte Barbe.

   On reconnaît la vierge bien connue, toujours attachée à sa pieuse lecture et toujours aussi déterminée à subir tous les martyrs que son père ou que le Prévot veut bien, dans son sadisme, inventer plutôt que de renoncer à ses voeux de célibat et à son attachement aux dogmes de la religion, que le diacre Valentin était venu lui enseigner. Près d'elle, la tour où elle fut séquestrée, et les trois fenêtres de la Sainte Trinité. Voir par exemple  Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, Ste Barbe.

 

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Le calvaire du XVIIe siècle a été relevé en 1984.

  On (H.P) relevait jadis sur le socle l'inscription I. KNALEGVEN . F , soit I(ves?) Kernaleguen, fabricien. Les généalogistes citent Yvon Kernaleguen, né en 1612 de Joannis Kernaleguen. Il s'agit d'un des patronymes importants de la commune de Plogonnec, puisqu'il se retrouve sur les murs de l'église Saint-Thurien ( pour désigner un fabricien de 1581) ou de la chapelle St-Pierre où un membre de cette famille était fabricien en 1591. Corentin Kernaleguen fut recteur de la paroisse de 1804 à 1805. Kernaleguen est aussi un toponyme, celui d'un lieu-dit de Plogonnec.

  Cette Vierge couronnée tenant l'Enfant-Jésus à droite et un livre dans la main gauche évoque Notre-Dame-des-Portes, telle qu'elle est vénérée à Châteauneuf-du-Faou. L'Enfant tient une pomme. 


                st-albin 5567c

 

 


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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 14:17

   La chapelle St-Thégonnec à Plogonnec.

 

 


  Lors de ma visite, j'ai recherché les éventuelles inscriptions (1701, à droite de la baie du pignon ouest), puis j'ai examiné les statues du choeur (St Thégonnec et St Égarec) ou de la nef ( celle de sainte Marguerite), mais j'ai vite constaté que l'élément remarquable était cette source dont les eaux s'écoulaient à l'intérieur de la chapelle en son mitan, la traversaient transversalement avant de réapparaître près de la porte sud et suivre un trajet linéaire imposé par un agencement de dalles. 

   Revenu chez moi, j'ai lu le texte que propose le site de la mairie de Plogonnec ici : http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm, et j'ai trouvé celui-ci si bien rédigé et si instructif que je ne peux qu'y renvoyer, et me permettre d'en recopier la description de la fontaine. 

 

 

 


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  "L'édifice rectangulaire datant de 1701 semble très vraisemblablement avoir été établi sur un lieu de culte antique, où l'eau tenait un rôle essentiel. Il s'agissait probablement d'un ensemble de rituels dédiés à la déesse païenne Sirona dite aussi Dirona. Cette hypothèse est étayée par la présence de deux fontaines qui sourdent non loin l'une de l'autre ." (site de la mairie)

 

 

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  "Le mur nord accueille une petite fontaine qui fait toute l'originalité de cet édifice; Elle comprend un premier bassin hémisphérique encastré dans une niche en arc outrepassé dont le fond est orné par le socle destiné à recevoir la statuette de saint Egonnec. Un second bassin circulaire permet aux fidèles de faire leurs ablutions. Il déborde ensuite dans une conduite forcée faite de grandes dalles au travers de l'édifice" ( site de la mairie)

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"Le filet d'eau jaillit ensuite à l'extérieur par un déversoir situé au bas de la porte de la façade Sud, puis s'écoule par une autre conduite dallée et enterrée au travers du placître. Cette eau est réputée pour guérir les fièvres. Plus loin dans le placître un petit escalier de pierre conduit à une seconde fontaine logée sous une grande dalle. Cette fontaine aujourd'hui tarie , est dédiée à saint Egarec. On y soignait les maux d'oreilles."

 

 


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    Le nom de cette déesse Sirona, Thirona ou Dirona dériverait  d'une racine celtique stir- qui a donné steren en breton, "étoile" : son nom signifierait "astral" ou "stellaire". Ce serait une déesse lunaire (équivalent de Diane), parèdre d'un  Grannos solaire formant un couple indissociable du panthéon gaulois. Les statues de Sirona la représentent souvent tenant un serpent ou coiffée d'un bandeau portant un serpent. Un autel votif à Sirona a été découvert en 1833 dans le pays de Dinan. 

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Published by jean-yves cordier
11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 13:36

La chapelle de St Pierre à Plogonnec.

 

  Voir les précédents articles sur Plogonnec:

Église de Plogonnec : statues et bannières.

Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.

Les vitraux de Plogonnec I : Saint Sébastien

Les vitraux de Plogonnec II : le Jugement dernier.

      Vitrail de Plogonnec III : la Transfiguration.

  Les vitraux de Plogonnec IV : Vitrail de la Résurrection.

 

Vierges allaitantes X : La chapelle St-Denis de Seznec à Plogonnec. 

La chapelle St-Thegonnec à Plogonnec.

  I. Présentation.

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   La chapelle St-Pierre de Plogonnec a été édifiée, en bordure du bois de Névet, sur l'ancien site de la chapelle seigneuriale des seigneurs de Névet. Ceux-ci occupèrent une place de premier plan dans la région depuis Hervé Ier (av.1270-1309) jusqu'à Malo Ier (1699-1721), accédant au titre de baron au XVIe siècle, puis à celui de marquis au XVIIe, et aux fonctions de gouverneur de Quimper ou à celle de colonel du ban et de l'arrière-ban de Cornouaille. Leur premier château se trouvait sur la paroisse de Plogonnec, mais en raison de démêlés avec l'évêché de Quimper, ils le démontèrent pour le rebâtir de l'autre coté de la forêt de Nevet, à Lezargant sur la paroisse de Kerlaz.  C'est là ( Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie.) que j'ai découvert la vié édifiante de René de Névet. 

  Claude Ier de Névet ( baron de Névet et seigneur du lieu de 1585 à 1597) épousa en juillet 1585 Elisabeth d'Acigné. Il se soucia de reconstruire l'ancienne chapelle seigneuriale, et y apposa une plaque commémorative où on peut lire  ceci :

Clavigeri templi quod longum diruit aevm

Claudius hic Nemeus primo fundamenta jecit

Tertius Henricus Francos cum jure regebat

Pontifice et summo Sixto tum presule Carlo

Ac humil(is) pastor Lodoicus sacra ministra(ba)t 1594.

  On admira les très nombreuses lettres conjointes (TE, AV, HE, NR , etc...), on notera la forme abréviative 9 pour remplacer la finale -us (prim9, terti9, Henric9, Lodoic9), on s'amusera du mot presule, qui, après avoir désigné pour les romains le chef des danseurs dirigeant les choeurs de danse puis "le chef, le président" désigne ici l'évêque !

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  Vous ne serez pas plus long que moi pour résoudre la petite énigme des premiers mots Clavigeri templi, que le bon chanoine Pérennès avait traduit (BDHA 1940 p. 154, note 23) par "le temple du Porte-clefs". Clavigeri, c'est bien-sûr de Saint-Pierre qu'il s'agit, et nous traduisons donc :

 La chapelle de St-Pierre étant tombée de vétusté,

Claude Premier de Névet en jeta les fondations 

Sous le régne de Henri III roi de France,

Sous le pontificat de Sixte (V) et l'épiscopat de Charles (du Liscoat)

Et durant le saint ministère de l'humble recteur Louis (Le Noy) 1594.

  Tout concorde ... presque puisque Louis Le Noy ne fut recteur qu'à partir de 1596 (et jusqu'en 1623, juste avant Guillaume Toulguengat et René Seznec dont les noms sont sculptés à la chapelle de St-Denis en Seznec), ou encore puisque Sixte Quint ne fut pape que de 1585 à 1590. Charles du Liscoat fut bien évêque de Quimper de 1583 à 1614, mais Henri III ne régna que de 1574 à 1589. On en conclue que le texte fut rédigé avant 1589, ce qui est cohérent avec une autre  inscription lapidaire Belinger 1588.

  La chapelle en forme de croix latine a donc été construite entre 1588 et 1594 pendant la guerre de la Ligue, sous Henri IV ; puis son pignon Ouest fut repris au XVIIe siècle (dates 1614 et 1616) alors que la sacristie porte la date de 1674 et le clocher du XVIIIe siècle (dates 1765 et 1769). 

  


 

II. Les inscriptions extérieures.

1. Le clocher  

  Construit au cours du XVIIIe siècle, il est à balustrade, cantonné de canons de pierre faisant office de gargouille et doté d'une tourelle contenant l'escalier d'accès à la chambre des cloches. Il fut frappé par la foudre en 1992 et restauré en 1995.

  Au dessus des cloches, un dôme bulbe est surmonté d'un lanternon. On y lit :   HENRY . OMNES DE . ROSAVEN F. 1?75, RENE . LE . HENAFF / DE KHERVAN . F. 1765

  Il faut lire : Henri Omnes de la ferme de Rosaven, et  René le Henaff, de la ferme de Kerhervan ; actuellement orthographiée Kerherven, elle est toujours (selon le web) en exploitation par un GAEC de Kerherven au lieu-dit Kererven.


 

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Sur la tourelle d'accès : LE DOARE CHAPALAIN 1769 / E. PHIL/LIPPE : F

  Les patronymes Le Doaré, Chapalain et Phillipe sont attestés à Plogonnec


 

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Le pignon Ouest de la chapelle : 

  Elle est de pure inspiration Renaissance et en décline le vocabulaire architectural : volutes terminant les contreforts, colonnes galbées et cannelées, chapiteaux ioniques supportant un fronton triangulaire sous lequel se lit une date 16??, porte à voussure bloquée par une clef feuillagée en agrafe.

 

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A gauche du portail : J. JONCOVR 1616

  On n'omettra pas de noter le N rétrograde du patronyme : 

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A droite du portail : Y. MAP . F. 1614.

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Porte latérale facade sud : 

      La Facade sud est de style gothique

Sur la porte : COSMAO F QUAG (?) 1784 

 

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  Au dessus, encadrant le pinacle gothique : Y. QVEO C 1608 FA (Y. QVEO FA 1608, correspondant au patronyme Le Quéau ).


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Porte gothique du transept sud :

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Facade ouest du transept sud : BELINGER 1588 H. LAGALLAY 

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Sur le pignon de la chapelle sud : QVERNALEGVEN : FA: 1591

  La famille Kernaleguen est attestée à cette date à Plogonnec (Yvon Kernaleguen, né en 1612 de Joannis Kernaleguen)

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Au dessus de la fenêtre de la sacristie au  nord : M . Y. NIHOVARN PRESTRE  ET CHAPELAIN : G. LE DOARE : F 1674


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III. l'intérieur.

 

 

 

   Le choeur est composé d'un maître-autel à retable et de deux niches abritant les statues de St-Pierre à gauche et de Notre-Dame à droite. Cet ensemble a été réalisé en 1677 par l'atelier Le Déan de Quimper, puis le retable a été repeint par maître Hauteville de Locronan en 1694. 

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  On raconte que ce sont les filles d'un des derniers seigneurs de Névet qui ont servi de modèles pour les deux femmes encadrant le tabernacle ; et il faut reconnaître que les traits de ces deux anges thuriféraires sont suffisamment caractéristiques pour se prêter à cette supposition. Ce serait alors, en 1677 les filles de René II de Névet et d'Anne de Guyon Matignon...qui eurent, de mémoire, un fils et une fille !

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Notre-Dame du Bon-Secours, Itron Varia guir zicour.

 

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  Saint Pierre, St Pêr. 

Les armoiries qui surmontent la niche sont, selon Henri Pérennès, "de fantaisie". Le saint et apôtre "clavigère" est saisi en plein mouvement de présentation de la clef de notre salut, en grande tenue de premier évêque de Rome et de premier pape selon le dogme de la primauté pontificale.

 

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Dans le bras de transept nord : Sainte Anne dans une scène de Sainte éducation.

 Anne, la tête couverte d'un pli de son manteau, assise, "apprend à lire" à Marie, debout, les cheveux libres comme toute jeune fille. Elle lui indique plutôt, dans les saintes Écritures, comment les prophètes ont annoncé sa destinée et celle de son Fils. Les mains de la mère et de la fille se rejoignent, co-optant résolument le rôle qui leur est dévolu dans le plan divin de l'Incarnation. Sous le pied de sainte Anne, la tête d'un angelot rappelle que c'est un ange qui a annoncé à chacune d'entre Elles leur virginale nativité.

 

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  Au sud, dans le bras de transept, la statue  de la Vierge de l'Apocalypse. 

  Ou plutôt celle de la Vierge de l'Immaculée-Conception, comme l'indique l'inscription en breton Mari, conçevet hep pec'het.

  Elle foule la démone qui entoure vainement l'orbe de sa queue serpentine autour des pieds de la Nouvelle Éve. Cette démone posséde les traits habituels qu'elle présente sur les arbres de Jessé bretons, la tête dressée mi-arrogante mi-spasmée de douleur et les seins "discoïdes" plats car stériles mais suffisamment marqués pour affirmer sa féminité malèfique.

 

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  Dans le bras sud du transept également, saint Jean présentant son Évangile.

 

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 Dans la nef, un beau Christ en croix.

 

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Les sablières :

 

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 Près de la porte du transept sud, un bénitier a été confectionné en récupérant le croisillon d'un calvaire portant l'inscription RECTEVR 1644 : c'est René Seznec qui était "pour lors", responsable de ce saint ministère. Sur le fût, l'emblème des armoiries des seigneurs de Nevet, un léopoard morné (blason " d'or au léopard morné de gueules") . Je rappelle qu'un lion est nommé "lion" en héraldique s'il sa tête est de profil, et "léopard" s'il sa tête est, comme ici, de face.  Et que ce léopard est dit "morné" s'il est dépourvu de griffes, de langue et de dents (mais sans être dépourvu de sexe, ce qui serait particulièrement infâmant). La position normale du lion est d'être "rampant" (dressé sur l'une des pattes arrière) et celle du léopard est d'être "passant", avec le corps de profil, allongé en appui sur trois pattes.

  En 1644, c'était le baron Jean III de Nevet (1616-1647) qui tenait le château de Lezargant avec son épouse Bonaventure de Liscoët.

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III le calvaire.

  Il a été édifié en 1644 par Roland Doré, et qui dit Roland Doré, de Landerneau, dit kersanton bien-sûr. C'est un réassemblage héteroclyte d'élements provenant d'un calvaire antérieur.

  Il est décrit ainsi par l'atlas des croix et calvaires du Finistère coordonné par Y. P. Castel : 

1559. Saint-Pierre, g.f. 4m. 1644, XXe s. Trois degrés, corniche. Socle hémisphérique, inscription sur deux lignes : QVID TIBI MORTIFEROS PEPERIT SIC XPS DOLORES QVID QVOQVE VESTE TVA SPOLIAVIT. AMOR. (D'Où vient que tu soufffres, O Christ, jusqu'à en mourir, d'où vient que te vilà nu, vêtements arrachés ? La seule réponse est Amour). Statues géminées : Vierge-Paul, Jean-Pierre. Croix de granite récente, crucifix métal.

J'ai omis de photographier l'inscription latine, difficilement lisible mais dont je découvre le texte magnifique. J'ai photographié saint Pierre et saint Paul.

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Source http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=61

http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm

http://fr.topic-topos.com/chapelle-saint-pierre-plogonnec


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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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