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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 20:00

La chapelle de Bodonou à Plouzané.


  Avec mes remerciements à l'équipe qui m'a accueillit si gentiment.

bodonou 3095c

 

 

   Au centre d'un triangle tracé entre les villes de Plouzané, Saint-Renan et Guilers, l'Ildut forme une vaste zone humide ou marécageuse, actuellement occupée par les gravières, qui est un terrain privilégié pour les naturalistes brestois. Aussi y ai-je consacré quelques articles témoignant de mes découvertes des cygnes et de leurs cygnots, des ragondins, des libellules et des papillons, des hirondelles ou des rapaces :

les hirondelles de Bodonou

Bodonou : Raclée sans parole pour cygne muet

Le ragondin de Bodonou.

Pouillot véloce, Bodonou

Papillons d'Avril à Bodonou

Verdier d'Europe à Bodonou

Toilette du cygne à Bodonou

Bécassine des marais à Bodonou

Ducky contre Swanny(2) : les cygneaux de Bodonou.

11 mars: premières hirondelles de rivage à Bodonou.

Le phragmite des joncs à Bodonou.

Meutre à Bodonou : un géotrupe empalé.

 

  Mais chaque fois que je longeais la chapelle, passage obligé du randonneur, je la trouvais fermée : elle est pourtant ouverte chaque dimanche, et aujourd'hui, jour du Seigneur, je profitais pour la visiter.

  Le pardon a lieu le deuxième dimanche de septembre.

 


 DSCN3127c

 

bodonou 3087c

  Elle a été construite au 16e siècle en l'honneur de Notre-Dame sur un plan simple, une nef sans collatéraux, plus longue autrefois puisqu'on pense que le clocher était placé au milieu de l'édifice. Les archives mentionnent une restauration en 1732. Mais lors d'une restauration en 1822, l'abside fut supprimée, l'ancien arc diaphragme fut muré et devint le pignon qui supporte actuellement les deux flèches jumelles caractéristiques. Deux solides contreforts viennent soutenir ce pignon, crénelé par l'escalier d'accès aux cloches.

  Sous la Révolution, la chapelle, en très mauvais état, fut vendue à une famille Simon pour une valeur estimèe de 407 livres, puis  rachetée pour le compte de la fabrique par Yves Pailler, cultivateur à Kerandantec "dans l'intention d'empècher qu'elle ne fût détruite pour en enlever les matériaux, ce qui aurait pu arriver si les anciens propriétaires, préssés de vendre, avaient traités avec des personnes qui n'eussent pas eu le désir de remettre à la fabrique  en possession de cette chapelle dont les voeux des habitants de Plouzané sollicitent la restauration" (archives de l'évêché, in H. Pérennès). En 1822, Y. Pailler cède donc la chapelle à la fabrique contre la somme de 500 francs.

  Par ordonnance royale du 2 avril 1823, N.D. de Bodonou fut érigée en chapelle de secours.

   En 1931, la foudre (encore elle :  Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.) frappa la flèche nord. Un autre indice du raccourcissement de la chapelle, ce sont les deux cordes destinées à sonner les cloches, qui pendent désormais librement à l'extérieur, le long du pignon.

  La dernière restauration date de 1957-1959. Le vieux retable baroque vermoulu fut alors déposé, et on installa un maître-autel en granit de kersanton. Un projet de vitrail est actuellement discuté, le carton ne faisant pas l'unanimité.

  Son plan est rectangulaire avec trois entrées et deux fenêtres au niveau du choeur. Une petite sacristie s'élève du coté Est et renferme l'escalier à vis qui donnait accès au clocher.

 Une fontaine existait à une cinquantaine de mètres.

facade ouest :

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Facade sud :

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 Facade nord  et la sacristie:

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Facade nord :

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  Une pierre encastrée dans l'un des contreforts sud porte la date de 1544. Nous l'avons cherché en vain longtemps avec les bénévoles qui "étaient de garde" pour ouvrir le sanctuaire malgré le froid, jusqu'à ce qu'une dame plus initiée nous la désigne ; nous ne la voyions toujours pas. Là, là voyons ! Il fallut aller chercher l'escabeau pour découvrir le bloc de kersanton parmi les moellons, insigne mais modeste témoin de la dédicace camouflée par les lichens:

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L'année 1544 et la peste :

Connaître la date de construction est un élément important : 1544, nous sommes encore sous François Ier (qui meurt en 1547), et l'union de la Bretagne à la France a été conclue en 1532. On peut aussi confronter cette date à la légende qui se rapporte à Notre-Dame de Bodonou : celle-ci serait apparue, en pleine épidémie de peste, à un meunier pour lui demander une place sur sa charrette. A un certain endroit, elle demanda à descendre et déclara : "pour te récompenser, je te promets que la peste ne dépassera jamais cet endroit-ci". L' épidémies de peste la plus notable pour Plouzané, Guilers et Locmaria (où elle fit 53 victimes et entraîna la construction de la chapelle Saint-Sébastien) date de 1640. Les autres épidémies concernent d'autres localités, comme Daoulas en 1521, Quimper en 1564-1565, Plougastel en 1598, (lors de la Grande Peste de 1597-1599 qui fit un millier de victimes au total), Morlaix et le nord du Léon entre 1625 et 1640.

   Mais j'apprends (Y.P. Castel, AUCUBE 1977) que cette pierre a été placée ici lors d'une restauration, alors qu'elle provient d'un ancien calvaire disparu. Pour dater la chapelle, on s'appuie alors sur les éléments d'architecture les plus anciens, arc diaphragme, les trois portails, la fenêtre nord et le clocher à flèches géminées qui pourraient dater du XVe siècle (Y.P. Castel, id.), et sur la date 1560 du bénitier (voir infra).

  Enfin cette légende de la peste ressemble un peu trop à celle de Notre-Dame de Kerdévot qui évita à Ergué-Gabéric la propagation de la peste d'Elliant ; elle fut recueillie par le Docteur Dujardin auprès de M. Taburet de Saint-Renan qui la tenait de sa grand-mère... (in H. Pérennès). 


Les cloches :

   Avant de pénétrer dans la chapelle, j'examine les cloches à la recherche d'inscriptions : la seconde me comble par un très bel ensemble de N rétrogrades ( voir : Visite de Camaret et de ses inscriptions lapidaires ; tildes et N rétrograde .)

 

 

 

 

bodonou 5330c

  Je déchiffre ceci  :

MIre . CLAVDE . VENN . VICAIRE . DE . ST . RENAN . PAREIN. NOBLE  ..MAR

IEAL LE GAC . Sr . DE . KAMPARCQ . COMMANDANT . DE ..RENAN MARENE 

DEMOISFRANCOISE . DV . MESCAM . DAME . DE . KERSAINT . MARCHAND YVES 

HERVE . MENARD . GOVERNEVRS . DE . ST . YVES. L'AN 1692 ... MIL(ECE)

 

bodonou 5328c

 

 Les personnages et lieux cités sont :

  • Le vicaire Claude Venn 
  • Le Gac, sieur de Keramparc 
  • Françoise du Mescam, dame de Kersaint
  • Hervé Ménard, gouverneur de St-Yves 

1) Le vicaire Claude Venn signalé comme parrain :  (attesté dans un document cité par le Bull. Soc. Arch. Finist. 1936)

2) Le Gac, sieur de Keramparc : signalé comme marraine : 

3) Françoise du Mescam : il s'agirait de la fille unique héritière de François du Mescam sieur de Kerambellan et de Marie de Kerannou. Elle épousa Jacques de Coetnempren sieur de Querochant et de Kersaint, de la paroisse de Plouzévédé par contrat passé en la ville de Saint-Renan devant maître Guillou notaire le 4 septembre 1691.

 Une notice des Archives de France indique ceci :  "22AP, fond Kersaint et Coëtnempren:

 : La famille de Coëtnempren est originaire du pays de Léon, en Bretagne. Elle a eu pour berceau la seigneurie de son nom, située dans la paroisse de Trefflaouénan. Son premier représentant est Raoul, qui, en 1248, accompagne Pierre Mauclerc à la première croisade de saint Louis. La famille de Coëtnempren figure de 1426 à 1534 aux réformations et montres de la noblesse des diocèses de Léon, Tréguier et Saint-Malo. La souche se partage à une époque très reculée en branches dont on connaît mal le point de jonction. La branche des seigneurs de Kerdournant descend de Jacques de Coëtnempren, seigneur de Kergoulan, dans la deuxième moitié du XVIe siècle. A la fin du XVIIe siècle, un des descendants de Jacques de Coëtnempren recueille la seigneurie de Kersaint par héritage de son cousin germain René, fils de son oncle Tanneguy de Coëtnempren."

 

4) Hervé Ménard est donné comme Sieur de Nolières en 1698 dans des documents concernant St-Renan (Arch. Finist. liasse B 1789).

5) St-Yves : il s'agit-il vraisemblablement de l'hôpital saint-Yves de Saint-Renan, et non de celui de Brest, dont nous parlerons à propos de Pierre Quilbignon qui y fit une donation en 1534.

 

 

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La cloche plus petite porte l'inscription FAITE PAR  (UVEL ?) FRERES BREST 1829 (?) autour d'un crucifix.

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  Les bénitiers

  Je les mentionnent ici car ils apportent des indices historiques. Au nombre de trois, ils ont été placés par un prêtre qui a fait représenté un calice entouré de (ses) initiales Y VP autour d'un calice sur deux d'entre eux. 

  Voici le premier, situé à l'ouest à droite de la porte d'entrée : on remarquera la graphie particulière du Y, sur laquelle je m'interroge.

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  Il porte un blason frontal à six fasces, interprété comme représentant les armoiries des du Chastel "fascé d'or et de gueules de six pièces". En 1646, le Père Cyrille Le Pennec écrit à propos de la chapelle de Bodonou : "elle n'est pas beaucoup éloignée du manoir de Kerélec [...] la nomination du chapellain est aux puissants seigneurs du Chastel-Trénazan".(H. Pérennès). Il faut lire "du Chastel-Trémazan", le château de Trémazan en Landunvez étant le fief d'origine de l'une des quatre plus puissantes familles de Bretagne jusqu'à son extinction à la fin du XVIe siècle.

  H. Pérennès ajoute : "Bodonou constituait un gouvernement à la présentation des seigneurs du Chastel, valant 410 livres en 1583, à charge d'une messe basse dimanches et fêtes".

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  La face droite la plus à l'ombre porte l'inscription L.MdLV, L'an 1560, datation assez proche de la pierre venant du calvaire. 

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Le second bénitier est placé à gauche du choeur, près d'une autre porte.

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  Les armoiries des de Poulpiquet :

A coté du calice et des initiales Y VP, on découvre un blason portant trois merlettes, qui seraient de Poulpiquet. Les armoiries de Poulpiquet sont "d'azur à trois pies de mer d'argent, becquées et membrées de gueules", ce qui présente le double intérêt d'une part d'être des armes "parlantes", traduisant le nom de famille (poul piquet = la mare aux pies, Pol de Courcy), et d'autre part de faire apparaître en héraldique l'huitrier-pie (ou pie de mer) Haematopus ostralegus :

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Lien pour connaître cette famille et voir le blason : http://www.gwiler.net/cub/cubplouzane.htm#poulpiq

La devise des de Poulpiquet est euz a neubeut awalc'h, "de peu assez".

  D'autres familles portent des armoiries à trois merlettes : Penmarc'h de Coatenez (d'or à trois colombes d'azur, qui sont Colombier, mais seulement en écartelé), Le Vayer ( d'or à trois merlettes de sable), Le Garo de Keredec (d'or aux trois sarcelles de sable).

bodonou 3085c

 

 

  Ces éléments historiques étant présentés, nous pouvons élargir le regard et découvrir l'intérieur de la chapelle :

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Notre-Dame de Bodonou a toujours fait l'objet d'une grande dévotion, et son pardon reste de nos jours un temps fort de la communauté paroissiale. De nombreuses plaques ex-voto en attestent, dont la plus ancienne est celle-ci :

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La Vierge à l'enfant :

statue en kersanton polychrome, h : 1,45 m, première moitié du XVIe siècle. Socle gravé. 

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DSCN3085c

bodonou 3068c

 

Le socle :

il porte une roue à cinq rayons et l'inscription en lettres gothiques onciales :

                     o m :y : quilbigno

 interprété comme o Messire Yves ou Yvon Quilbignon (La première lettre n'est pas mentionnée par les différents auteurs hormis M. Floch qui y voit un -s-, mais cette lettre est bien présente et ressemble à un -o-)

   Y.P. Castel reprend H. Pérennès qui signale un maître Yves Quilbignon, seigneur de Coaténez, présent en 1534 à la montre de l'évêché de Quimper. Mais il fut précédé par Yvon Quilbignon, noble, de Ploëzané, qui figure à la montre de 1427, et par Yvon Quilbignon absent en 1503 de la montre en tenue à Lesneven, "excusé pour ce qu'il est des ordonnances du roi". Le manoir de Coatenez ou Coadenez est situé à 2,5 km au NE du bourg, et conserve un pavillon de défense et une habitation, datant du XVe siécle et appartenant alors à une branche cadette des Quilbignon avant de passer aux Bohier, Penmarc'h (1525, mariage de Charles de Penmarc'h avec Jeanne Quilbignon), Le Veyer de Kerandantec, sr du Parc en Rosnoen (vers 1640, mariage de Marie-Françoise de Penmarc'h avec François le Veyer), Guer de Pontcallec, Kerguiziou. Ce manoir était surnommé " le château du diable" et voisinait la feunten ar diaoul.

  Les seigneurs de Quilbignon possédaient la terre de Lanneuc, sur l'actuel Saint-Pierre-Quilbignon, ce qui leur donnait droit de prééminence sur la vitre, droit de tombe et d'enfeu en l'église de Saint-Pierre. En 1602, le seigneur de Coaténez fut amené à défendre ce droit face à Guillaume de Penmarc'h. (la paroisse primitive de Plouzané englobait Plouzané, Saint-Pierre-Quilbignon, Locmaria, et une partie de Saint-Renan).

  Un Prigent de Quilbignon fut notaire à Brest de 1510 à 1537.

   C'est Henri Pérennès qui compare la rouelle  à celle de sainte Catherine d'Alexandrie, mais cette comparaison ne vaut pas raison, et sa signification restait à trouver :  il est temps de reprendre ces éléments, à la lumière du document suivant : Michel Floch, Regard sur le passé de Saint-Pierre-Quilbignon, en ligne ici :link. et à l'aide du site suivant link

La famille de Quilbignon est présentée ainsi par Pol de Courcy:

Quilbignon (de), sr dudit lieu, par.de Saint-Pierre, -de Goëtenez, de Penamprat, de Coscastel, de Penhoët et de Pellinec, par. de Plouzané.  Réf. et monstres de 1427 à 1534, dites par. év. de Léon. Porte un croissant surmonté d'une molette. Pierre, fait une donation à Saint-Yves de Brest en 1534.

 Selon Michel Floch, dont l'étude est particulièrement approfondie, les armoiries sont "d'argent au croissant de gueules", croissant surmonté d'une molette d'éperon. "Les érudits ne sont pas d'accord sur cette roue, les uns y voient une étoile, les autres une roue dite de sainte-Catherine. La molette a d'ailleurs six branches et est percée en son centre, ce qui laisse supposer que les Quilbignon étaient chevaliers et avaient été aux Croisades."

  Selon cet auteur encore, mais qui ne donne pas ses sources, la chapelle de Bodonou "qui existait en 1501 fut édifiée par la haute et puissante dame de Laneuc, douairière de Coaténez, qui fut mariée à un seigneur de Quilbignon". Celle-ci est plutôt fondatrice d'un oratoire en l'honneur de N.D du Rosaire non loin de Bodonou.

En l'èglise Saint-Yves des Carmes à Brest se trouvait une statue de saint-Yves dont le socle portait des écussons avec un croissant surmonté d'une molette à six branches et de l'inscription P : Quilbignon. 1534 fit faire l'image.  Pierre Quilbignon offrit donc cette statue en complément de la donation faite la même année à l'hôpital Saint-Yves de Brest


bodonou 3080c

 

      Cette vue montre l'arc diaphragme muré sur lequel on a disposé cinq statues. Jadis, un petit retable  à colonnes et fronton les intégrait dans des niches, mais il était en trop mauvais état et il a été déposé et remplacé par un autel  et un crucifix en kersantite :

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Vierge à l'enfant "Notre-Dame de Bodonou":

Bois, hauteur 1,10m, XVIIe 

bodonou 5320c

 

      Sainte Barbe :

Bois polychrome, hauteur 1m, XVIIe siècle.

  Une paroisienne me confie qu'elle la reconnaît "à son phare" (sans-doute celui de l'Île Vierge).

 Comme on l'a vu, la vigilance de Madame sainte Barbe dans sa mission de protéger le clocher de l'orage fut prise à défaut une nuit de 1931 : sans-doute quelqu'un qui n'avait pas payé son cierge ce jour là.

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Saint Joseph :

Bois polychrome, hauteur 0,95 m, XVIIe, toujours affligé d'un lys géant soulignant sa pureté.

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Saint Gouesnou :

Bois polychrome, hauteur 0,85 m, XVIIIe.

L'origine possible du nom de Bodonou est Bot Gouesnou, "village de Gouesnou", formule qu'emploie l'aveu du Chastel de 1505 (H. Pérennès).

  L'identification de saint Gouesnou n'est pas certaine, et H. Pérennès y voit " un évêque, genre Louis XIV, coiffé d'une haute mitre". Mais la chapelle de la Trinité à Plouzané abritait une statue de Saint-Gouesnou.


bodonou 5322c

 

Saint Bernard (?)

      Bois, hauteur 0,95 m, XVIe siecle : "un saint moine vêtu d'une coule à long plis, aux manches très amples, tenant un bâton terminé par une croix" (H. Pérennès), qui évoque assez bien "Saint Bernard préchant la seconde Croisade à Vézelay en 1146", que nous montrait nos livres d'histoire.

bodonou 5323c

 

La pierre de l'age de fer christianisée:

  Une pierre antique (stèle de l'age de fer pour Pérennès, gallo-romaine ? pour Y-P Castel) se découvre à une cinquantaine de la chapelle ; c'est un fut en forme de cône polygonique de 2 mètres, qui a été installée lors de la restauration de 1959 sur les instance du Dr Dujardin alors qu'elle était auparavant utilisée comme pierre d'angle d'une grange d'une ferme de Milizac, dont elle garde deux trous servant de gond pour une porte.  Elle est surmontée d'une petite croix récente.

  Gravée en creux sur toutes les faces de ce lech, une inscription en breton a été relevée partiellement par Y-P. Castel : link n°2412 :

DANAON--FO/ NISO BET---N / NE SI DOMP QUET MARO / NE CHOMO QUET / PEDIT EVIDOMP / NIO PET ------ / GANT DOVE INC / ANET / ...

  La traduction donne : "Nous fûmes vivants, nous ne resterons pas dans la mort. Priez pour nous le Seigneur incarné."

Coté ouest :

058x.jpg

coté est :

 DSCN3143c

 

Croix de Bodonou

1,40 m.

  Placée contre la talus au croisement de l'allée d'accès avec la route, elle posséde des branches très courtes à larges chanfreins. J'aime son aspect massif mais rendu élégant par sa section octogonale.

  En 1977, Y.P. Castel proposait une datation incertaine du XVIe, mais l'inventaire de son Atlas des croix et calvaires link n° 2411 propose désormais la période du haut Moyen Âge (?).

DSCN3126c

  Sources :

 

   Yves-Pascal Castel, Sylvaine Lozac'h, Commune de Plouzané, Le Patrimoine architectural et les sites, AUCUBE, 1977 p. 25-30.

 

   Chanoine H. Pérennès, Plouzané et Locmaria-Plouzané, monographie des deux paroisses, Rennes imprimerie bretonne 1942.

 

   Feuillet explicatif mis à la disposition des "pélerins, randonneurs, marcheurs, visiteurs occasionnels" gracieusement dans la chapelle.

 

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Published by jean-yves cordier
17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 16:42

                Ancienne gare à Crozon :

             Papillons de jour du 17 avril.

Date : 17 avril 2012.

Lieu : étang de Kerloc'h, ancienne gare.

  L'année dernière, le 13 avril 2011, j'avais écrit cet article :  Encore de nouveaux papillons à Crozon : La petite Violette, le Point-de-Hongrie et la Mégère. Aujourd'hui, on prend les mêmes et on recommence... avec une surprise en prime.

1. Le Point-de-Hongrie  Erynnies tages (Linnaeus, 1758) :

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2. La pieride du navet Pieris napi (Linnaeus, 1758):

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3. La mégère Lasiommata megera (Linnaeus, 1767) :

   J'avais observé les tout-premiers couples le 13 mars sur les talus de pierre sèche des sentiers littoraux de Plomoguer, mais la journée était exceptionnelement chaude. 

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4. La Petite violette Clossiana dia (Linnaeus, 1767) :

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5. Le Machaon Papilio machaon Linnaeus, 1758 :

 

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6. Les intrus :

a) le grillon champêtre Gryllus campestris Linnaeus, 1758:

 Sur le bord abrupt d'un talus sud.  A noter que selon la liste obsnorm, les premiers chanteurs de Normandie ont été observées le 16 avril près de Carolles (à Jullouville) et le 20 avril à Siouville. Le Finistère est ex-aequo.

 

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b) L'Agrion  porte-coupe enallagma  cyathigerum :

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c) La petite nymphe à corps de feu Pyrrhosoma nymphula (Sulzer, 1776):

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d) Une syrphe : une helophile ?

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Published by jean-yves cordier
16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 10:50

 

    Chapelle de La Madeleine à Penmarc'h:

   Le Beau n'est pas un luxe, mais une nécessité et un droit

 

             Les vitraux de Jean Bazaine.

 

 

  Dans ma vie de peintre, je suis passé insensiblement des formes aux forces.

 

 

Vitraux contemporains : voir aussi :

 

 Bazaine à Locronan chapelle ar Sonj :

Les vitraux de Jean Bazaine à la chapelle Ty ar Zonj de Locronan (29).

Manessier à Locronan, 

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-manessier-a-locronan-chapelle-de-bonne-nouvelle-103071184.html

  les vitraux de Saint-Louis à Brest :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-l-eglise-saint-louis-de-brest-103429661.html

Jacques Le Chevallier à Gouesnou :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-arbre-de-jesse-de-l-eglise-de-gouesnou-et-les-autres-vitraux-117897470.html,

Gérard Lardeur à Langonnet :  

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-gerard-lareur-a-langonnet-104407243.html

ou Gérard Lardeur à Saint-Sauveur :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-contemporains-de-saint-sauveur-finistere-90229755.html


Père André Bouler à Sainte-Marine (29) :

Chapelle Sainte-Marine à Combrit : la Vierge allaitante et la bannière Le Minor.

Père André Bouler à Concarneau :

La chapelle de Notre-Dame de Bon Secours à Concarneau (29).

Mosaïque de Jean Bazaine :

La mosaïque de Jean Bazaine à l'église St-Guénolé de Concarneau (29).

 

.

Région de Penmarc'h. Voir aussi :

La chapelle de la Madeleine à Penmarc'h : Bannière et statues. 

Les vitraux de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h (29). Vitraux contemporains de Jacques, Anne et Guy Le Chevallier, et vitraux du XVIe siècle. 

Les deux bannières de la chapelle St-Trémeur au Guilvinec (29). J.M. Pérennec et Le Minor.   

 La Virgo paritura de l'église Sainte Thumette de Plomeur (29). 

Papillons de nuit à Plomeur.

Sortie à PLozevet ( Finistère Sud) avec Bretagne Vivante  

La chapelle Notre-Dame-de Tréminou à Plomeur (29) : la bannière, les vitraux, etc. 

 Chapelle de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon. La vierge couchée du calvaire. La bannière Le Minor. La statuaire. Saint Saturnin. Les vitraux de Petit.

L'église Notre-Dame des Carmes à Pont-L'Abbé et les réalisations Le Minor.

Dom Robert à Pont-L'Abbé : Le Minor confronté à Aubusson.

Le vitrail de la Vie de Jésus de l'église Notre-Dame de Confort à Confort-Meilars :

Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église Notre-Dame du Confort à Confort-Meilars :

Les Roues à carillon de Confort-Meilars, de Locarn, de Priziac et de Quilinen (Landrévarzec). 

 

 

                             vitraux 0709c

 

 

   Si vous avez la chance, comme je l'ai eu le 15 avril 2012 pour la journée du Patrimoine, de trouver ouverte la porte de la chapelle de la Madeleine à Penmarc'h, et si une surabondance de grâce vous accorde d'y être accueillis par Madame Andro au nom des Amis de la Madeleine, vous écouterez un exposé si passionnant sur les vitraux de Jean Bazaine que soudain, vous vous sentirez vous aussi un Ami, un Amoureux de la Madeleine et tenu par un lien de complicité chaleureuse avec l'esprit de cet artiste. 

 

 

  Elle commencera par raconter comment Jean Bazaine ( 1904-2001) avant d'être la personnalité majeure de la nouvelle École de Paris avec Fernand Léger ou Soulages parvient en 1936 à vendre une œuvre : pour fêter cela, il décide d'acheter une voiture et de partir avec son épouse "cap à l'Ouest" : ils arrivent ainsi un soir d'octobre à Saint-Guénolé-Penmarc'h par un de ces coups de vent de noroît qui jamais ne renoncent  à défier ici  le phare d'Eckmülh : terribles, hurlants, parfaitement inhumains. Madame Bazaine  n'a qu'une idée, "cap à l'est", mais l'artiste est têtu et il sort réserver une chambre à l'Hôtel de la Mer face aux rochers de Saint-Gué. Le lendemain matin, c'est un nouveau monde, lavé, tout neuf qui s'offre à leurs regards, c'est la Baie d'Audierne comme elle sait être belle, exposant sa palette de bleus, et Jean Bazaine décide de s'installer à Penmarc'h, installant vers 1950 un atelier à Saint-Guénolé où il résidera 6 mois par an quand il ne sera pas à Clamart, jusqu'à sa mort en 2001. (Dans le n° 56 d'Ar Men, le peintre raconte cet épisode, mais c'est la rencontre, en arrivant après quinze heures de trajet et quelques pannes, d'un groupe de gaillards sur le port, tous habillés en rouge, "un rouge superbe", qui provoqua l'exclamation de Madame Bazaine : "Sauvons-nous vite, c'est un pays de sauvage !"). 

 

  Voici ce qu'il écrit en janvier 1999 à propos de ces vitraux : 

       " Les six vitraux qui éclairent la chapelle de la Madeleine en Penmarc'h, j'en ai commencé la réalisation il y a maintenant vingt ans et j'y ai travaillé pendant deux ans. 

     "Je crois n'avoir jamais eu plus de bonheur à chercher les divers mouvements d'orchestration lumineuse d'un thème que dans cette petite chapelle isolée du début du XVe siècle que j'avais trouvé presque en ruines, mais toute animée du chant des oiseaux qui la peuplaient. Cela pour une raison simple.

    "Elle se trouve au coeur de la Bretagne, plus exactement du pays bigouden, dont la lumière est devenue peu-à-peu, depuis bientôt trois-quart de siècle _sait-on pourquoi ?_ l'élément vital de ma peinture, c'est-à-dire de moi-même.

    " C'est avec cette lumière que j'étais appelé, comme on dit, à jouer. Dès-lors, il n'était plus question "d'intérioriser" dans l'espace concentré du vitrail la lumière environnante, mais d'y laisser sourdre ce que celle-ci m'avait apporté au cours des années.

   " Ce qui a permis à un ami "complaisant" de m'écrire que le paysage alentour se trouvait, de son coté, tout imprégné de la présence des vitraux." 

      ( in : Sculpter la lumière, le vitrail contemporain en Bretagne 1945-2000, Château de Kerjean, p. 42).

  L'histoire se poursuit : s'étant pris d'affection pour la pointe de Penmarc'h, le peintre cherche un moyen de donner un témoignage des liens qui se sont tissés entre lui, cette terre et ses habitants, d'y laisser en héritage un testament artistique, mais offrir un tableau ne semble pas la solution, et comme il apprécie depuis longtemps la chapelle de la Madeleine, et quoiqu'il ne soit pas croyant, il lui vient l'idée d'y réaliser des vitraux ; il en parle au recteur Mr Lebeul, qui en parle au diocèse, tout le monde est enthousiaste, les habitants trouvent formidable d'installer de beaux vitraux dans leur sanctuaire, et Bazaine dessine un projet de six cartons. Mais ce sont les Bâtiments de France (administration des Beaux-Arts) qui ne sont pas d'accord pour placer une verrière contemporaine dans un édifice qu'ils viennent de restaurer dans le style XVIe. Chacun fait intervenir ses relations, on se regroupe, on négocie, on vend des crêpes et des autocollants, et finalement l'accord est donné. Les verrières sont installées, et les vitraux de la Madeleine sont inaugurés le 26 juillet 1981.

 

  Ainsi racontée avec la verve que j'ai dit, c'est une belle histoire, mais il me faut, pour ma propre compréhension de cette oeuvre, réaliser que ces vitraux sont en réalité inscrits dans un récit plus vaste : le double cheminement, individuel de Jean Bazaine dans le champ de la religion et de la spiritualité ; et collectif de l'Église dans son accueil des artistes contemporains pour la décoration des  lieux de culte.

  Jean Bazaine, pensée, spiritualité et religion.

Oh oh, vais-je traiter, en parfait béotien, d'un tel sujet ? Non, mais je prends juste des notes qui soulignent que Bazaine ne fait pas cette œuvre sans avoir derrière lui déjà une longue pratique de la réflexion sociale, contestataire ou spirituelle, et une expérience en matière de vitraux. 

  • Jean Bazaine  a rencontré vers 1932 Pierre Bonnard qui a reconnu en lui un héritier possible ; rappelons que Bonnard a fait partie avec Sérusier Vuillard et Maurice Denis des Nabis, qui cherchaient à retrouver le caractère sacré de la peinture et la mission spirituelle de l'art, se passionnaient pour l'occultisme, l'ésotérisme et la spiritualité, s'ouvraient aux influences orientales (japonisme), et se préoccupaient de marier l'art et l'artisanat sous forme de tapisseries, papiers peints, décors, mais aussi vitraux. Mais l'oeuvre tardive de Bonnard est plus intimiste, cherchant toutes les possibilités d'exploiter la lumière et de rendre par les couleurs les impressions sensorielles d'un lieu. On retrouve cette idée lorsque Bazaine, refusant l'étiquette d'art "abstrait", déclare : "ce que je peins est l'aboutissement d'une émotion que j'ai éprouvée devant la nature".
  • Il a également rencontré Emmanuel Mounier, fondateur du personnalisme, animé par une foi chrétienne convaincue, conférencier à l'école des cadres d'Uriage. De 1934 à 1938, il a collaboré à sa revue Esprit, qui, sans être une revue chrétienne, recherche une voie intermédiaire entre fascisme et communisme dans un humanisme communautaire. En effet, la revue s'appuie sur un groupe d'artistes tels que Lurcat, Gromaire, Roger Leenhardt  et Bazaine.
  • C'est encore Mounier qui est à l'origine du mouvement Jeune France en 1940 sous le régime de Vichy. Présidé par Alfred Cortot, il réunissait des intellectuels, des hommes de théâtre, et les peintres (Manessier, Jean Le Moal, Bazaine, Jean Bertholle, quatre artistes qui créeront des vitraux en Bretagne) dans le projet d'une nouvelle politique culturelle moderne avec organisation de concerts, d'expositions et de manifestations. Jean Bazaine est l'un des cadres puisque c'est lui qui est chargé de l'organisation de la section Arts Plastiques. En juillet 1941, Mounier, qui a introduit dans ce mouvement des personnalités et des objectifs déplaisant pour le régime du maréchal Pétain et un esprit de résistance, est exclu, puis Jeune France est dissous en juillet 1942. 
  • Cet esprit de résistance est orchestré par Jean Bazaine lorsqu'il organise au printemps 1941 la première manifestation d'avant-garde française au mépris de l'hostilité des nazis à " l'art dégénéré" : c'est l'exposition "Vingt jeunes peintres de tradition française" à la galerie Braun, dont les protagonistes se placent dans la tradition de l'art roman et de ses techniques (émaux cloisonnés, tapisserie, vitraux) tout autant que du fauvisme, du cubisme et de leurs prolongements abstraits. Derrière ce titre lénifiant se cachait le travail "judéo-marxiste" (Jean Bazaine) de  tous ceux qui développeront la peinture non figurative, et les membres de la Nouvelle École de Paris.
  • Les vitraux et réalisations d'art sacré:  
  •  En 1937, il réalise un premier vitrail pour une chapelle privée. En 1942, il rencontre le Père Couturier, ancien élève des Ateliers Sacrés de Maurice Denis et directeur de la revue L'Art Sacré depuis 1937 qui lutte contre l'académisme, "les poncifs architecturaux, les plâtres "sulpiciens", les similis d'orfèvrerie, la décalcomanie décorative ou figurative sur verre usuel" (M. Dilasser) qui détournaient l'Église de l'art vivant et creusaient le fossé entre les artistes et architectes contemporains et le soi-disant art religieux. Ce dernier l'intègre à l'équipe d'artistes qu'il réunit quelque soit leur confession pour faire de l'église Notre-Dame de Toute-Grâce du Plateau d'Assy de Maurice Novarina un manifeste pour ses conceptions de l'art sacré, avec Georges Rouault, Pierre Bonnard, Fernand Léger, Jean Lurcat, Henri Matisse, Georges Bracque, Jacques Lipchitz ou Marc Chagall. Jean Bazaine y réalise trois vitraux.
  • 1951 : mosaïque de la façade de l'église d'Audincourt (Doubs) du même architecte, Novarina.
  • 1954 : vitraux du baptistère d'Audincourt
  • 1957 : vitraux inspirés des mystères glorieux de la chapelle du Père Joseph Wresinski, lieu historique de fondation du mouvement ATD Quart Monde sur le camp des sans-logis de Noisy-le-Grand. Dans le même temps, l'épouse du peintre, Catherine de Seyne créait une troupe de théâtre pour les adolescents. Lorsque le "bidonville" a été supprimé en 1969, les habitants ont remonté la petite chapelle en préfabriqué pièce par pièce. En 1983, Bazaine a illustré le livre "Paroles pour demain" du Père Wresinski. 
  • 1958 : nouvelle collaboration avec Novarina à l'église de Villeparisis (Seine-et-Marne)
  • 1964-69  : il réalise huit vitraux de l'église Saint-Séverin à Paris sur le thème des sept sacrements.
  • 1969 : tapisserie L'eau et le Sang pour l'église Cran-Gévrier (Haute-Savoie) de Novarina
  • 1970 :vitraux aux Arcs (Var), 
  • 1976 vitraux du château de Penguilly (22) 
  • 1976 :  il proteste contre la restauration des vitraux de Chartres et crée avec Manessier l'Association pour la défense des vitraux de France
  • 1977 : vitraux de la chapelle Ti-ar-Zonj à Locronan placés sous le thème du vent
  •  1981 :  vitraux de la chapelle de Berlens en Suisse,
  • 1984-1988 : vitraux de la cathédrale de Saint-Dié.

 

      Vitraux de la Madeleine et renouveau de l'art sacré en Bretagne :

  De même qu'aucun des artistes majeurs de notre temps n'auraient pu réaliser leurs œuvres dans les églises contemporaines sans l'impulsion du Père Marie-Alain Couturier et sans la maturation de l'Église qui "devait d'abord remettre en cause sa perception d'un monde en mutation, comprendre les aspirations diffuses de celui-ci et proposer le message de l'Évangile dans un langage adapté à la culture de chaque peuple. Le concile Vatican II a entrepris cette mise à jour et en a précisé les orientations. Sa réforme s'est attachée d'abord au renouveau liturgique. La constitution Sacrosanctum concilium  a voulu faire de l'assemblée liturgique une manifestation de l'Église dans son aspect visible et son mystère profond : à cette fin, elle stimulait la participation unanime des fidèles par l'usage de la langue vernaculaire dans la proclamation de la Parole, dans le dialogue entre prêtres et fidèles ; en outre, elle rénovait prière et musique et organisait le lieu même de l'assemblée pour favoriser sa réunion autour de l'autel et autour du célébrant comme un signe de la présence du Christ ressuscité au milieu de ceux qui prient en son nom. De là découle une nouvelle conception de l'édifice, de ses signes extérieurs et de son organisation intérieure, de son mobilier et de sa lumière. Ainsi naît une architecture novatrice : au plan gothique, développé en longueur pour l'échelonnement hiératique de l'assemblée, tend à se substituer un plan en éventail, favorable au rassemblement autour du livre de la parole et de la table eucharistique. Ainsi se propose l'aménagement des édifices anciens dont le sanctuaire s'ouvre sur le transept pour esquisser un mouvement semi-circulaire, suggestif d'une assemblée non de sujets mais de convives."(Chanoine Dilasser, Sculpter la lumière, 2000).

  Cette longue mais splendide citation était nécessaire pour expliquer la conversion (au sens spatial du terme) et les changements de paradigmes qui préparèrent l'installation des verrières contemporaines dans les sanctuaires. Et c'est précisément l'auteur de ces lignes, Maurice Dilasser, qui sollicita Jean Bazaine pour la chapelle de Ti-ar-Zonj à Locronan dont il était le recteur, puis qui permit au peintre de réaliser la verrière de La Madeleine ("oui, c'est l'abbé Dilasser qui m'a fait obtenir cette commande", revue Ar Men n° 56 p. 71).

   La Commission Diocésaine d'Art Sacré de Quimper, crée en 1949 par Mgr Fauvel "qui, après le long épiscopat de Mgr Duparc, introduisait pastoralement son diocèse dans un monde nouveau (id)" a opté, depuis ses premiers choix audacieux de Saint-Louis de Brest, pour l'art contemporain et non figuratif. 

  C'est la rencontre de peintres engagés,  d'un clergé ouvert au progrès, et d'associations locales de fidèles délibérément avides d'innovations esthétiques, qui permit de convaincre une administration encore parfois acquise au conservatisme académique ( "Ce parti conduisit l'administration à promouvoir un style figuratif souvent bien mièvre, illustrant jusqu'à la caricature le poncif d'un art breton folklorique et archaïsant", Philippe Bonnet, Sculpter la lumière, 2000, p. 17)

    Un vitrail est une œuvre à quatre mains : administration ; diocèse réunissant dans sa Commission clergé, professionnels et fidèles ; peintre cartonnier ; maître-verrier. Chacun doit tenir son rôle, et M. Dilasser insiste sur celui du diocèse dans l'élaboration d'un programme. Il précise qu'à La Madeleine, ce n'est pas Bazaine qui a décidé du thème iconographique centré sur le personnage de Marie-Madeleine : "Cette composition de La Madeleine, déclenchée par une initiative de la commission diocésaine et la proposition d'un thème, est issu librement de l'inspiration de l'artiste, de sa méditation évangélique, de sa fréquentation du site et de son expression personnelle. Elle fut accueillie par les gens du village, malgré son secret langage, car le peintre prit le temps d'éclairer sa démarche disposant chacun à cheminer vers le sens, à travers formes et couleurs. L'accueil communautaire de cette belle oeuvre confirme l'importance des rencontres préalables avec les artistes, d'un dialogue familier avec le projet ; ils établissent la confiance et disposent les esprits à s'ouvrir à une forme d'art qui passait pour étrangère et inaccessible." (M. Dilasser, Sculpter la lumière, 2000, p. 36)

 Sur le rôle de Maurice Dilasser, voir aussi  Les vitraux de Manessier à Locronan, chapelle de Bonne-Nouvelle.

 

 

 

 

 

      II. Les vitraux :

  Il me paraît essentiel de mentionner d'abord le nom du maître-verrier : il s'agit de Bernard Allain, qui a réalisé aussi les cartons de Jean Le Moal (notamment à la cathédrale de Saint-Malo et à Saint-Servant -sur-Oust), ceux de Léon Zack à Issy-les-Moulineaux, qui a formé de nombreux maîtres-verriers et qui fut professeur aux Beaux-Arts. 

Les cartons de ces vitraux se trouvent au musée des beaux-arts de Quimper.

Le cursus de ces verrières débute par le vitrail près de la porte d'entrée, suit le coté sud jusqu'au choeur et revient vers le fond de la chapelle et l'unique vitrail nord. Bien qu'il fut non-croyant, Jean Bazaine a lu soigneusement dans les Évangiles les textes qui avaient trait à Marie-Madeleine afin d'en traduire les éléments de spiritualité qui le marquaient. C'est pour cela que j'ai détaillé ces textes dans la première partie  La chapelle de la Madeleine à Penmarc'h : bannière et statues.

 

1. Le premier vitrail prés de la porte d'entrée (baie 5) :

 

Il évoque un portrait de Marie-Madeleine à travers sa chevelure transformée en une flamme montant vers le ciel. Les formes ondulent et dansent avec souplesse. Chacun des morceaux de verre taillés en fuseaux, navettes, croissants ou demi-lunes est placé verticalement, noué comme dans une natte avec le voisin en mariant les tons châtains, roux, fauves et ocres évoquant le feu d'une femme ardente avec le blanc d'une spiritualité dépouillée. On remarquera que sur chaque pièce colorée est appliquée une grisaille qui vient en moduler la lumière, et que la disposition de cette grisaille, loin d'être stéréotypée, est travaillée comme peut l'être, sur un tableau, la touche de pinceau. Observer ces grisailles permet de prendre conscience du travail et du métier de Jean Bazaine.

  Chaque vitrail est organisé en écho réciproque, souvent en diagonale, avec un deuxième : celui-ci préfigure le dernier (qui lui est presque vis-à-vis) où ce blanc de la transmutation spirituelle a mûri et s'est organisé en Forme, à la suite de la rencontre du Christ ressuscité, mais sa couleur rouge se retrouve dans le vitrail n°3.

    Pour celui qui a en mémoire les textes évangéliques, l'évocation de la chevelure de la sainte s'associe immédiatement à celle du parfum, et les volutes des boucles de cheveux se transforment en effluves capiteuses ; puis vient aussitôt l'effusion des larmes, l'écoulement liéerateur du chagrin, ou du remords, ou du bonheur inouï de se sentir accueillie, aimée et pardonnée au delà des fautes ou des troubles de la vie ; aussi ces boucles, ces effluves, ces larmes deviennent-ils embrasement chaleureux et amour rayonnant. 

  De même que les couleurs du vitrail ne cessent d'évoluer avec autant de rapidité que, sur la côte bretonne, la lumière et les couleurs du ciel et de la mer, de même les émotions que suscitent ces vitraux varient selon l'état d'âme et selon l'heure, basculent en leur contraire et battent de leur vagues le flux et le reflux de leur beauté.

 

                                              vitraux 2792c

 

 

2. Le second vitrail sud (baie 3)

 

Il représente l'atmosphère du Golgotha, une composition dominée par la forme oblique de la croix, mais dont les éléments acérés et blessant ont la violence d'une vitre fracassée dans le sang versé. Bazaine le décrit comme celui "où les bleus dominent, c'est le Golgotha, on voit une amorce de croix sur la droite et une descente dramatique de violets". Il répondra aux bleus du vitrail en diagonal (n° 5) de la robe de Madeleine.

               vitraux 2813c

 

3. Le troisième vitrail sud ( baie 1) : le lundi de Pâques.

  Dés potron-minet, dans la belle lumière de l'aube, Marie de Magdala se hâte de se rendre au tombeau, accompagnée de Marie:

" Après le sabbat, à l'aube du premier jour de la semaine, Marie la Magdaléenne et l'autre Marie allèrent voir le tombeau. Et voilà qu'il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur, étant descendu du ciel, s'approcha, roula la pierre, et s'assit dessus. Son aspect était brillant comme l'éclair, et son vêtement blanc comme la neige".(Mat. 28, 1-3)

 

  "et prenant la parole, l'ange dit aux femmes : vous, ne craignez rien. Car je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n'est point ici car il est ressuscité, comme il l'avait dit ; venez, et voyez la place où il était". (Mat. 28, 5-6)

 

" Et voici que Jésus se présenta devant elles et leur dit : Salut!"

 

" Elles s'approchèrent, saisirent ses pieds et se prosternèrent devant lui". (Mat. 28, 9)

 

 

   C'est un peu délicat de le souligner, mais Marie-Madeleine et les pieds de Jésus, c'est tout un roman. Elle leur porte une vénération absolue. Mais Bazaine ne représente pas une paire de pieds, ni Madeleine avec sa robe bleue pleurant de joie, ni ses cheveux, mais la dilatation d'un cœur bouleversé par l'inespéré. 

  Le bleu, le blanc et le rouge sont des couleurs que Bazaine n'a cessé de marier pour exprimer le tremblement intérieur des émotions, le tremblement des lumières du littoral, le tremblement de la musique (Tremblement du temps, Hommage à Schubert, huile sur toile 1989 ; Peinture bleu, blanc, rouge, article de 1943), mais ici le rouge, qui prend la prédominance, tremble et scintille d'un soleil qui se lève. Un grand soleil intérieur.

 

 

DSCN2920c

 

4. La maîtresse-vitre : la réssurection.

  Il est identique aux autres par cette façon d'assembler des fuseaux colorés en lignes de forces, mais celles-ci jaillissent ici comme un torrent ascensionnel avec ses veines violettes d'une part, jaune-orangé de l'autre, pour culminer en ce que le peintre nomme "le rose à l'or" : On l'appelle rose à l'or parce que jadis il rentrait de l'or dans sa composition, je crois. J'aime bien cette couleur, c'est une couleur très mystique qui se nuance du rouge au rose" (Ar Men n°56).

  Le rose à l'or ? Je voulais en savoir plus, et j'en trouvais la mention ici : link "Les couleurs obtenues sont désignées par des numéros mais certains termes étalons sont utilisés pour désigner une teinte précise : ainsi le rouge signal, le vert pré, l'isly (une turquoise bien précise), le jaune d'or plus cher que le ton uni, le pourpre de cassius, ancienne dénomination du rose à l'or obtenu avec des oxydes de métal précieux"

  On en signale l'emploi à Vence par Matisse (qui paya de sa poche le surcoût entraîné), et par son élève François Rouan à Nevers qui utilise un rose à l'or soufflé et plaqué sur un verre incolore.

 

                          vitraux 2808c

 

5. Le vitrail du bas-coté gauche (baie 2) : Noli me tangere.

  C'est la rencontre entre Madeleine et le Christ en son corps transfiguré par la résurrection, mêlant le violet mystique à la palette des jaunes. Je retrouve la problématique évoquée devant le vitrail de la Transfiguration à Plogonnec : Vitrail de Plogonnec III : la Transfiguration. : comment rendre un corps dont la matière est énergie pure, transformée par l'alchimie spirituelle en une irradiation, un don rayonnant ?

   Jésus connaît la puissance de ce feu, et recommande à Marie-Madeleine : Noli me tangere, ne me touche pas. 

  Madeleine, comme l'aveugle Bartimée (Marc 10, 51)  vient de l'appeler Rabbouni (rhabboni en grec,tiré de l'araméen que parlaient  Jésus et Marie-Madeleine), "Mon Maître" ! Rabbouni est, par rapport à Rabbi qui est utilisé ailleurs dans les Évangiles, une amplification du titre par l'adjonction d'un nun emphatique. Plus que "mon maître", ce sont les mots "Mon Dieu" qui viennent à se lêvres : un face-à-face avec la divinité, et comme Moïse c'est bien face à un buisson ardent qu'elle se trouve ; "Alors, Moïse  se voila la face, car il craignait de fixer son regard sur Dieu".

  Ce vitrail est le plus "figuratif" des six, et on discerne très bien Madeleine en robe bleue entraînée par un mouvement de retrait face à la puissance embrasante de la divinité, et dont l'être commence déjà à se métamorphoser sous l'effet de la vocation, l'appel qui lui est lancé : "Va vers mes frères et dis-leur".

  Noli me tangere... Un des sommets de la mystique occidentale, qui reste indissociable du souvenir du jour où, à Florence, au couvent San Marco, je me suis trouvé dans la cellule dépouillée où l'œuvre de Fra Angelico attendait dans la lumière toscane.

  Les œuvres les plus fortes sont souvent celles qu'on découvre dans un lieu tout simple, très naturel, dans le silence que rompt un chant d'oiseau : ici, à la Madeleine, ou bien à l'étage donnant sur le cloître de San Marco.

 

                     vitraux 2809c

 

6. Le vitrail nord (baie 4) : Madeleine transfigurée.

  Le feu divin l'a touché, et il ne reste plus rien de la matière bleue dont elle était revêtue : elle n'est plus faite que du rouge du matin de Pâques et de l'or de la parole du Christ et  les cellules curvilignes des pièces de verre qui formaient sa chevelure, ses parfums ou les plis de sa robe deviennent des corolles, des coupes débordants, des paumes jointes, les rameaux d'un arbre. Elle n'est plus qu' extase, réception et don.

  

 

 

                                DSCN2925c

 

 

  Lorsqu'il a appris le décès de Jean Bazaine le 4 mars 2001, le mouvement Aide à toutes détresse-Quart Monde fondé par Joseph Wrésinski, a déclaré : Les pauvres ont perdu un vrai ami, qui avait compris que le beau n'est pas un luxe, mais un droit et une nécessité pour les plus défavorisés. 

  En effet, Jean Bazaine avait écrit à propos des vitraux de Noisy-le-Grand : " La première conquête de l'individu, c'est la conscience de sa dignité d'homme. Je pense que ces modestes vitraux où certains n'auraient pu voir que l'inutilité, la gratuité de l'œuvre d'art en un lieu où manque le pain, la population de Noisy-le-Grand a senti qu'ils n'étaient rien d'autre que l'affirmation de leurs droits irréductibles à une conscience plus élevée".

   

 

  Sources :

 

Rencontre avec Jean Bazaine à Penmarc'h, revue Ar Men n°56, Scop Le Chasse-Marée, janvier 1994, pp.64-75.

 

Sculpter la lumière, le vitrail contemporain en Bretagne 1945-2000, Château de Kerjean

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Published by jean-yves cordier
16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 10:48

       La chapelle de la Madeleine à Penmarc'h :

                Bannière et statues.

 

      I. La chapelle :

  La chapelle de la Madeleine tirait son intérêt premier d'être un témoignage historique sur les anciennes léproseries médiévales. Soigneusement remise en état par Les Amis de la Madeleine après plusieurs détériorations liées notamment à la rivière qui la traverse, elle abrite un ensemble de statues consacrées à Marie-Madeleine, à sa soeur Marthe et à leur frère Lazare. Récemment, elle s'est enrichie d'un splendide ensemble de vitraux de Jean Bazaine qui traitent, sur le mode non-figuratif, de Marie-Madeleine. Enfin, une bannière Le Minor représentant Marie-Madeleine a été réalisée en 2010. 

   Cet édifice qui est devenue un joyau du pays bigouden nous donne ainsi l'occasion d'approfondir la connaissance de l'hagiographie de sainte Madeleine.

 

 

 

Vue du chevet et de la maîtresse-vitre; à l'opposé, le pignon ouest est surmonté d'un clocher à jour, terminé par une flèche et dont l'accès s'effectue par des escaliers extérieurs.

statues 2783c

 

   Près du hameau de Lescors à Penmarc'h, l'emplacement de la chapelle correspond à un ancien culte celte, organisé autour de la Pointe de la Torche et dont attestaient jadis des alignements de menhirs proches. On peut découvrir ces mégalithes "de Lestriguiou" à 250 mètres au nord de la chapelle. Ce fut ici le plus important alignement du Finistère, un "petit Carnac" de quelques 600 pierres encore visibles au début du XIXe siècle. On en voit une cinquantaine qui ont été redressées en 1989 (ils avaient été enterrés pour ne pas géner les cultures) le long des chemins par une association, sans prétention d'exactitude scientifique mais en témoignage de l'importance de ce site. Il y avait jadis quatre rangs de pierres parallèles, sur plus d'un kilomètre. (d'après ce blog :http://voyageautretombe.over-blog.com/article-22263059.html )

 

 

 

Puis le lieu abrite dès le XIIIe siècle une  léproserie : les lépreux ou "ladres"  ou "cagots" mis au ban de la société y vivaient à l'écart, mais disposaient d'une chapelle dédiée à saint Étienne.

  La lèpre qui prit une grande importance au Moyen Âge dès le Xe siècle est sans-doute assez éloignée de la maladie peu contagieuse, responsable de mononévrite, de troubles trophiques et de mutilations des extrémités, due au bacille de Hansen, que nous désignons sous ce nom : nous ignorons ce que nos ancêtres intitulaient "lèpre", englobant peut-être les dermatoses suintantes chroniques, les artérites, le lupus tuberculeux, les lésions de l'ergotisme avec les cas authentiques de lèpre. (M. Trévien, J.C. Sournia, les léproseries en Bretagne, Ann. Bret. 1968  link ).

  Les léproseries, créées sous l'égide des évêques, des monastères ou des seigneurs et fonctionnant grâce à des dons et legs, consistaient en un regroupement de huttes, puis de maisons autour d'une source ou d'un puit, d'une chapelle, et d'un cimetière. Les habitants avaient le droit d'y cultiver la terre, ou d'exercer des métiers réservés, dont le plus répandu était celui de cordier. Lorsque la "maladrerie" était entourée d'une enceinte, les familles des malades, ou les personnes dévouées, apportaient leurs dons par un tourniquet, afin d'éviter tout contact.


  Saint Étienne est connu pour son martyr par lapidation cité dans les Actes des Apôtres, mais c'est un saint thaumaturge responsable de guérisons miraculeuses ; et je note qu'à Caen, la Maladrerie portait le nom de "maison des lépreux ou d'"hôpital Saint-Étienne". On (Wikipédia) cite que les fleurs, posées sur l'autel dédié à ce saint, possédaient le pouvoir de guérir les malades. Ici, à Penmarc'h, l'autel avait été construit au dessus d'une source, dont les eaux traversaient l'église d'est en ouest avant d'atteindre la fontaine de Feunteun Sant Pustoc'h et celle de Sant Stefen: c'est ainsi que cette eau acquérait des vertus curatrices envers les maladies de la peau.

  Un mention sur ce nom de Sant Pustoc'h : cet hagionyme, si on me passe ce néologisme, vient du breton puster, "pustule", et il s'agit de l'un de ces noms et l'un de ces saints forgés de toute pièce par une effet de langue pour répondre aux besoins du culte : on avait besoin d'un saint guérisseur de pustule, eh bien voilà Sant Pustoc'h ! (Mireille Andro, 1994, Les fontaines dans le sud-ouest du pays bigouden, Mem. de maîtrise d'histoire (inédit), J.Y. Éveillard dir. U.B.O, Brest, 2 vol.). Cette fontaine porte aussi le nom de Feunteun Intron Varia an Delivrans, ce qui fait penser que les femmes s'y rendaient pour que l'accouchement se passe bien, comme à feunteun an delivrans de Trévars. Cette fontaine semble donc se dédoubler dans ses fonctions, tantôt dédiée à Sant Pustoch contre les maladies (on transmettait au saint la maladie d'un enfant en faisant porter quelques instants à sa statue la chemise du petit malade, et le mal était ainsi "fixé", ou bien on posait la chemise d'un patient et on regardait si elle surnageait, signe de guérison), et tantôt réservée aux parturientes. (Mireille Andro, Les fontaines du sud-ouest du pays bigouden, in Fontaines, puits, lavoirs en Bretagne, CRBC-UBO, Brest 1998).


  Au XVIe siècle, la petite chapelle est agrandie et dédiée (à la suite d'un voeu ) à sainte Marie-Madeleine. Celle-ci est la patronne des lépreux car celle est, selon l'évangile de Jean, la soeur de Lazare. 

  En réalité, c'est un peu plus compliqué et il faut revenir aux textes pour comprendre l'histoire de famille que les statues de la chapelle, sa bannière et ses vitraux vont nous raconter. 

1. Marie, Marthe et Lazare :

  a) Nous avons d'abord dans les évangiles deux Lazares : Lazare de Béthanie, et Lazare le juste, sorte de Job couvert d'ulcères qui, dans Luc 16, 19-31, se nourrit des miettes qui tombent de la table du mauvais riche. "Et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères".  Ce dernier, qui le jour de sa mort sera reçu bras ouvert par Abraham aux Cieux, pourrait sembler un candidat idéal pour devenir le saint patron des lépreux, mais pas du tout, c'est l'autre qui reçut leurs faveurs, et comme personne ne pense que ces deux Lazares ne font qu'un, lorsque nous parlerons de Lazare, il ne sera pas question du scrofuleux de la parabole du Mauvais riche.

 b) Lazare de Béthanie vit dans une bourgade de la banlieue de Jérusalem (sur le Mont des Oliviers) avec sa soeur Marthe et sa soeur Marie, et tous les trois sont d'excellents amis de Jésus. En lisant Luc 10, 33-42, nous avons appris que Marthe est la parfaite maîtresse de maison toujours angoissée d'avoir oublié un couvert à poisson en mettant la table, et qui reçoit Jésus en s'affairant sans-cesse, tandis que Marie est la contemplative qui reste assise à écouter le Seigneur. Et  nous jubilons un peu lorsque Jésus s'adresse à Marthe pour lui dire : "Marthe, Marthe, tu t'agites et t'inquiètes pour beaucoup de choses. Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée". J'aime d'autant plus cette citation car mon père affectionnait de la déclamer à tort ou à propos, pour le seul plaisir d'accentuer la liaison finale en disant  "elle ne te sera point tôter".

   c) Plus tard, dans Jean 11, 1-44, nous lisons comment Jésus, averti que Lazare est gravement malade, se rend à Béthanie, mais arrive trop tard : Marthe vient en courant (bien-sûr) lui annoncer que Lazare est mort, alors que Marie est restée, elle, assise dans la maison à pleurer. Jésus la fait appeler et elle se jette à ses pieds en lui disant "Seigneur, si tu eusses été ici mon frère ne serait pas mort". Jésus décide alors de ressusciter Lazare et se rend à la grotte où est le tombeau. "Ayant dit cela, il cria d'une voix forte Lazare, sors! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit : déliez-le, et laissez-le aller."

 d) Ce texte de Jean commence par "C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade". Mais Jean situe la scène de l'onction quelques temps plus tard (Jean 12, 1-4) :

  "Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare, que Jésus avait ressuscité d'entre les morts. On lui fit là un repas. Marthe servait. Lazare était l'un des convives. Alors Marie, prenant une livre d'un parfum de nard pur, de grand prix, oignit les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison s'emplit de la senteur du parfum."

2. La femme pécheresse de Naïm dans Luc 7, 37-38 :

   Jésus, qui vient de ressuscité le fils unique de la veuve de Naïm, une ville de Galilée, est reçu dans la maison de Simon le pharisien; là, alors qu'il est à table, 

"Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pds de Jésus. Elle pleurait ; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis elle les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum."

3. Marie de Magdala dans Luc 8, 2 :

" Les douze étaient avec lui et quelques femmes qui avaient été guéries d'esprits malins et de maladies : Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons."  

  Le texte ne dit pas que ce Magdala est une ville,, mais le rapprochement a été fait avec  la ville de Galilée du bord du lac de Tibériade nommée Migdal,  forme de l'hébreu mighdal qui signifie "tour".

  La forme latine Magdalena, "de Magdala" a donné notre prénom Madeleine.

4. Marie de Magdala, la disciple du Christ :

  Cette Marie magdalena est mentionnée plusieurs fois parmi les disciples qui entourent le Christ:

  • soit au calvaire (Marc 15, 40-41 ; Matthieu 27, 55-56 ; Jean 19, 25-28 :" Près de la croix se tenait sa mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie de Magdalena" ).
  • Soit lors de l'ensevelissement et la mise au tombeau (Marc 15, 46-47 ; Matthieu 27, 59-61)
  • soit lors de la constatation du tombeau vide et de la Résurrection (Marc 16, 1-11 ; Matthieu 28,1-10, Luc 23, 55, Jean 20, 1-18) "Les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus accompagnèrent Joseph, virent le sépulcre et la manière dont le corps de Jésus y fut déposé, et, s'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums. [...] A leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres. Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala ..." (Luc 23, 55 à 24, 11) 
  • soit lors du tête à tête de Marie-Madeleine avec le Christ ressuscité (Jean 20,1)

"Et, le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rendit au sépulcre dès le matin, comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était ôtée. [...] Femme pourquoi pleures-tu Qui cherches-tu ? Elle, pensant que c'était le jardinier, lui dit : Seigneur, si c'est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai. Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! C'est-à-dire : Maître ! Jèsus lui dit : Ne me touches pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". (Jean 20, 15-18).

C'est la scène de Noli me tangere, "ne me touche pas", sujet de l'un des vitraux de Bazaine.

 5. Sainte Marie-Madeleine de l'église chrétienne d'Occident.

  Saint-Augustin (354-430) puis  Grégoire le Grand (540-604) dans ses Homélies sur l'Évangile (Homiliae in Evangelium 25) assimilèrent Marie de Béthanie avec la pécheresse de Naïm et avec Marie de Magdala , et le père du chant grégorien fut ainsi le père de ce personnage légendaire, Marie-Madeleine, pécheresse repentie et disciple préférée de Jésus, caractérisée par ses longs cheveux, son flacon de parfum, par son élégance, et par sa présence au pied de la Croix lors de la Passion, lors de la Mise au tombeau, et surtout, le lundi de Pâques, lors de sa rencontre avec le Christ ressuscité. Cette Marie-Madeleine, cette Sainte Madeleine fut vénérée dans l'Église d'Occident sans que la véracité de son existence ne fut remise en cause pendant 14 siècles, malgré Lefèbvre d'Étaples au XVIe siècle  par Paul VI en 1969, qui énonce que ce n'est pas la pécheresse que l'Église vénère, mais la disciple de Jésus. 

   Si les spécialistes de l'exégèse sont d'accord pour dénoncer la confusion entre les différentes Marie, c'est pourtant la Sainte Marie-Madeleine de la tradition catholique qui est représentée par les statues ou les vitraux, et à laquelle s'est adressée la vénération des fidèles : légendaire ou non, c'est elle qui a donné son nom à cette chapelle de Penmarc'h, c'est elle qui l'anime.

  C'est aussi elle qui selon sa légende, face aux persécutions d'Hérode, quitta Bethanie et la Palestine en bateau avec Marthe, Lazare, Marie Jacobé soeur de la Vierge, Marie Salomé mère des apôtres Jacques et Jean, Maximin l'un des 72 disciples et débarqua en Camargue. Maximin se dirigea vers Aix, Lazare se rendit à Marseille dont il devint le premier évêque, Marthe alla à Tarascon, les deux Marie restèrent avec Sara leur servante fonder les Saintes-Maries de la Mer, et Madeleine se retira dans le massif de la Sainte-Baume pour vivre en ermite pendant trente ans pour épancher sa douleur. Elle fut enterrée à Saint Maximin-la-Sainte-Baume, où son tombeau d'abord gardé par des moines cassianites devint le troisième tombeau de la chrétienté après la découverte des reliques en 1279.

  A l'époque carolingienne la fête de la sainte est fixée le 22 juillet. Le prénom "Madeleine" apparaît au IXe siècle.

  L'abbaye de Vézelay, fondée en 860, est placée sous l'égide de sainte Madeleine à partir du XIe siècle après que l'abbé Geoffroy ait convaincu les fidèles que les reliques de Sainte Madeleine y étaient conservées. 

  Au XIIIe siècle, Jacques de Voragine publie la légende de "Sainte-Marie-Madeleine, pécheresse" au chapitre 95 de sa Légende Dorée.

 

6. La figure de Marie-Madeleine dans l'iconographie.

  Marie-Madeleine associe par les différents aspects du personnage de l'évangile et de son enrichissement légendaire de multiples figures, qui furent soulignés et illustrés tour à tour :

  • La prostituée, la femme symbolisant le péché sexuel et la luxure, et reprenant la figure de la mauvaise Éve : d'où, indirectement, la diabolisation possible de la sexualité, voire de la féminité.
  • La femme des sept démons, des sept péchés capitaux, figure de l'humanité frappée par le péché mais pardonnée par le Christ
  • La femme repentante, rachetant son péché par ses larmes et par son amour quasi sacrificiel pour le Christ.
  • La femme sauvage, versant féminin de Jean-Baptiste, dénudée, seulement couverte par ses très longs cheveux, vivant son remords ou son chagrin dans la solitude du désert ou dans une grotte, 
  • La femme riche, élégante, raffinée caractérisée par les vêtements et surtout son flacon de parfum, et dont le nom (mighdal, "tour"donc "château") évoque la noblesse.
  • la figure de la mélancolie : Madeleine lors d'un exercice de mortification contemple les symboles des vanités de sa vie de courtisane, ou de la vie temporelle : crâne, bougie qui se consume, bijoux, et médite sur le caractère dérisoire et futile de ces biens d'ici-bas par rapport à l'importance de faire son salut et de gagner la vie éternelle.


7. Et les lépreux ?

 Hormis le lien de famille avec Lazare, j'ignore pourquoi exactement sainte Madeleine est devenue la patronne des lépreux, ou peut-être plus précisément des léproseries. 


     D. Iogna-Prat :La genèse du culte de Marie-Madeleine : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1992_num_104_1_3217

 

  La chapelle.

  Un premier édifice rectangulaire consistant en une simple nef sans bas-cotés a été bâti dans le style roman au XVe (date 1410 sur le coté sud-ouest de le nef). Les lépreux y entendaient l'office à l'écart des autres paroissiens, dans la partie ouest, séparés par une barrière en bois. 

 Au XVIe siècle, une augmentation de la population de "cacous" imposa un agrandissement du lieu : le clocher fut déplacé au dessus du pignon ouest, renforcé de contreforts, le mur est fut abattu et remplacé par un arc diaphragme et on construisit un batiment de style gothique à chevet plat avec choeur à trois travées avec unique bas-coté gauche, dont la belle  porte est actuellement murée. Cette augmentation du nombre des malades entraina l'établissement d'autres lazarets, à Plovan et à Pont L'Abbé (chapelle de la Madeleine détruite en 1970, remplacée par des toilettes publiques).  A La Madeleine, une grille de fer séparait l'église en deux parties : celle d'ouest, correspondant à l'ancienne chapelle romane, était réservée aux lépreux.  

  Le pignon oriental fut percé d'une large baie, conforme aux prescriptions de l'école d'architecture de Pont-Croix, qui faisait autorité et dont les tailleurs de pierre ont signé leur passage par leur marque spécifique d'un motif en frise. 

  En 1809, elle a été vendue comme bien national à Pierre Durand, maire de Penmarc'h, puis restituée à la paroisse en 1819.

  La rivière qui traverse d'est en ouest le sous-sol a toujours été responsable d'une humidité considérable qui a entrainé à de multiples reprises la ruine de la chapelle. C'était le cas, bien attesté, en 1890, où une rénovation quasi totale (vitraux, charpente, toiture) fut menée à bien. Mais en 1928, un orage fit tomber la foudre sur le clocher, lequel s'effondra sur la toiture en la détruisant. En 1933, une nouvelle remise en état est décidée, mais on poussa le zèle jusqu'à lambrisser la charpente, ce qui en supprima si bien la ventilation qu'elle s'ecroula brutalement un beau jour.

  Quoiqu'elle fut classée en 1956 par les Monuments historiques, elle était alors réduite à ses murs, une ruine où les gamins du voisinage venaient jouer, lorsque dans les années 1960, Edmond Michelet, alors ministre de la culture, et qui possédait une maison à Penmarc'h depuis 1930, décida sa restauration. Des crédits furent alloués, des projets élaborés, les habitants furent sollicités pour débrousailler le placître et la chapelle et regrouper les pierres...jusqu'au changement de ministre et la suspension des crédits. Enfin, une équipe de Compagnon de France fut envoyée par les Bâtiments de France, lesquels rénovèrent la charpente en 1966-68 dans le plus pur style XVIe siècle, poutres en chêne chevillée de bois, remarquable travail qui n'eut pas son équivallent pour la maçonnerie. Là, pour remonter les murs, point de maîtres maçons, pas de tailleurs de pierre, mais les bonnes volontés improvisées localement à coup de ciment ou de parpaings. Dommage, mais voilà enfin, en 1970, la chapelle "hors d'eau", et bien ventilée puisqu'il n'y avait ni porte ni vitre aux fenêtres ! 

  C'est alors que se situe la grande aventure de la réalisation des vitraux par Jean Bazaine : ce que nous découvrirons dans l'article consacré à ce chef d'oeuvre.

 

  Ces éléments historiques sont issus des notes prises lors d'une visite remarquablement guidée par Mme Andro, de l'association des Amis de la Madeleine, lors de le Journée du Patrimoine du 15 avril 2012. Que l'on me pardonne toute erreur de compréhension ou de transmission de son exposé aussi vivant et passionné que passionnant.

 

II. Les statues    

      Marie-Madeleine :

Bois polychrome

  Elle apparaît ici comme une femme riche, habillée "dernier cri", maquillée, les sourcils épilés en arc, le front épilé également. Sous un manteau violet (couleur de la pénitence) aux larges manches, elle porte une robe dorée constellée de quatrefeuille, robe courte qui dévoile largement une tunique blanche ornée et ourlée d'or. L'encollure n'autorise aucun décolleté, mais montre les rabats d'une chemise blanche et or, qui apparaît aussi aux manches.

  C'est ici la femme aux parfums qui est donnée à voir, sans aucun élément évoquant le chagrin, le remords, ou le péché. 

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Les deux attributs principaux sont le flacon de parfum, et la chevelure. Le flacon est suffisamment précieux pour laisser imaginer la valeur du nard qu'il contient : c'est une pièce d'orfévrerie d'or et d'argent, aux flancs torsadés.

  La chevelure est également torsadée, déroulant ses volutes sur les épaules et vers les reins au lieu de le maintenir sagement attachée, ce qui est le symbole de la liberté (passée) de ses moeurs. Elle est recouverte d'un voile fait de ce tissu blanc rayé que j'ai retrouvé sur les vierges allaitantes. Ce tissu posséde certainement un nom qui en préciserait la provenance, mais je l'ignore. Au dessus du front, une rose d'or symbolise peut-être la pureté conférée par le repentir et la conversion, à moins qu'il ne soit là que comme un bijou luxueux. 

  Le maquillage des yeux et des lèvres est outré, mais faut-il l'attribuer à la sainte elle-même, ou au zèle du dernier de ses restaurateurs ?

 

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Sainte Marthe

  Est-ce vraiment elle ? Elle ne porte aucun des attributs que l'on pourrait lui imaginer, le plateau ou la table roulante, le chiffon à poussière ou la tête-de-loup, le tuyau d'aspirateur ou la raquette à battre les tapis. Pourtant l'étymologie de son nom, l'araméen martã signifie "maîtresse de maison, hotesse". Freud aurait pu la donner en exemple d'un cas de psychose de la ménagère pour traiter sa patiente Ida Bauer, alias Dora, dont la mère était sévèrement atteinte. (Fragmenjts d'une analyse d'hystérie, Cinq psychanalyses, 1905).

  En y regardant de près, on voit que les mains de Marthe tenaient jadis un manche à balai, qui n'a pas été conservé.

   En réalité, le véritable attribut de sainte Marthe est la Tarasque, la bête féroce (une araignée peut-être ?) qu'elle captura à Tarascon en l'enlaçant de sa ceinture. Mais point de tarasque ici, nous sommes dans le Finistère et non dans le Midi.

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Saint Lazare

Bois polychrome, XVIIIe siècle.

frère de Marthe et de Marie, porte sa tenue de premier évêque de Marseille. Rien ne le différencie d'un autre saint-évêque, rien n'évoque son petit séjour outre-tombe, dont il semble revenu sans crier gare, le teint frais et le regard bleu ciel.


 

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      Un diacre : saint Étienne. 

Bois polychrome, XVIIe siècle.

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Pietà.

Bois polychrome, fin XVe (R. Couffon) ou 4ème quart XVIe (fiche PM 29001625 des Monuments historiques), classée.


DSCN2943c

 

      Saint Yves

représenté ici en official ou juge écclésiastique, comme à l'église paroissiale Saint-Nonna.

 " En official ", facile à dire, mais trouver une description fiable du costume de l'official du XIIIe siècle, c'est autre chose. L'article, comme toujours trés documenté et à la riche iconographie, de Yves-Pascal Castel dans la publication de CRBC et des Presses Universitaires de Rennes de 2004 Saint-Yves et les Bretons, ne m'a pas donné d'éléments précis, et surtout, aucune des statues décrites ou photographiées ne montrent cette cocarde blanche qui semble, sur la statue de La Madeleine comme à Saint-Nonna, l'attribut de sa fonction.

  L'iconographie de saint Yves, vêtu dans ses fonctions de recteur ( de Trédrez ou de Louannec) ou dans celle d'official, apparaît en réalité très variable : robe rouge, carmail d'hermine, soutane, tunique orné d'hermine, cotte et surcot complété d'un capuchon, coiffures diverses.



 

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La statue de saint Yves à Saint-Nonna : sur l'épaule gauche cette fois-ci, la large galette blanche cousue sur une bande de tissu fixée au cou. 

  Si vous pouvez éclairer ma lanterne, n'hesitez pas !

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  Yves Hélory de Kermartin a été nommé official du Diocèse de Tréguier en 1284 et a exercé cette fonction pendant 20 ans. 

  Ici, il porte comme coiffure une sorte de bonnet rond, et non la "barrette" ou bonnet carré.

  Au dessus de la sage chemise blanche, il porte un camail qui recouvre ses épaules et est orné de franges dorées dessinant des créneaux. Et puis une robe noire, simple, aux manches larges, descendant jusqu'aux pieds chaussés de chaussures noirs sans boucles.  Dans la main, il tient le rouleau de sa plaidoirie.

 

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III. La bannière : 

  Elle a été réalisée à la demande de l'association des Amis de la chapelle de la Madeleine, présidée par Pierre Gloaguen, pour le pardon du 25 juillet 2010 et un article du Télégramme de Brest nous apprend que le trésorier Antoine Tirily a du réunir une somme de 8000 à 9000 Euros. Le carton a été confié à Jakes Derouet, qui avait déjà conçu celle de la chapelle de Lannelec  Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, la Vierge. 

  Une bannière de procession est en réalité composée de deux pans de tissu brodés, qui peuvent être exposés de façon indépendante.

   1. La première face :

Une face est consacrée à Saint Étienne, à qui la chapelle romane initale (XIIIe siècle) était vouée : on voit ce diacre tenir fermement un livre qui témoigne de son érudition et de sa volonté de défendre la fidélité aux Écritures. La lecture du chapitre 7 des Actes des Apôtres montre Étienne s'en prenant aux vingt-trois membres du Sanhédrin en s'appuyant sur la Bible pour leur montrer qu'ils ont repoussé les prophètes et se sont opposés au Saint-Esprit pour adorer des veaux d'or. C'est lorsqu'il les traite d' "hommes au cou raides, incirconcis de coeur et d'oreilles" et qu'il déclare :" lequel de vos prophètes vos pères n'ont-ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui annonçaient d'avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtiers" qu'ils le conduisirent à l'écart de la ville et qu'ils le lapidèrent. Et les témoins déposèrent leurs vêtement au pied d'un jeune homme nommé Saul, qui n'est autre que Saint Paul, du temps où il persécutait les chrétiens.

  On voit donc les pierres qui fusent de partout, les éclairs venant du ciel, et Étienne pris dans un très beau mouvement qui entraîne avec lui manteau, cordon de ceinture, étole et surplis , dans l'accession au martyr.

  Parmi les inscriptions, on lit Ar Valaden, transcription en breton de "La Madeleine", puis  Le Minor, la célèbre Maison de broderie de Pont-L'Abbé, et enfin J.M.Pérennec suivi d'une sorte d'étoile.

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  Cette dernière mention est intéressante car elle indique pour une fois le nom du brodeur, Jean-Michel Pérennec, qui a brodé depuis 1989 les bannières Le Minor ; or c'est à ma connaissance  la première bannière qui l'honore.

  Le brodeur Jean-Michel Pérennec

  Dans la revue Ar Micheriou Coz d'avril-mai 2004 sur les brodeurs se trouvent quelques éléments sur ce professionnel. "Né en 1957 d'un père glazic et d'une mère bigoudenne", J.M. Pérennec montre très tôt un intérêt marqué pour l'art et l'artisanat, mais intègre une carrière dans la banque tout en se consacrant pendant ses loisirs à recopier les motifs de broderie des costumes anciens, et en apprenant la broderie blanche, celle des coiffes, auprès d'une de ses voisines du Guilvinec, Marie Le Bec née Simon.

 En 1980, la commission broderie de la confédération culturelle bretonne Warl Leur voit le jour grâce à Viviane Hélias, Geneviève Jouanic, Raymond Yaouanc, Marie Le Bec, Mimi Kerloc'h...et Jean-Michel Pérennec pour guider les groupes traditionnels afin qu'ils réalisent leurs costumes et leurs coiffes: dés 1982 son savoir-faire l'amène à intervenir lors de stages de la fédération War'leur, puis à mettre en place une initiation à la broderie au sein du Musé Départemental Breton de Quimper. Il est alors sollicité par le groupement culturel de la municipalité, il intervient à Landerneau, et ce bénévole très actif songe à faire de la broderie son métier.

  C'est en 1989 qu'il quitte la banque pour entrer chez Gildas Le Minor, à l'étage de l'atelier de Pont-L'Abbé, poursuivant une activité d'enseignement au Relecq-Kerhuon, ou auprès des enfants du Centre Rosquerno de Pont-L'Abbé. Chez Le Minor, il a travaillé avec Cécile Le Roy puis avec Christelle Baron. 

  Il est aussi le président de la Maison de la broderie et de la dentelle bigoudène à Plonéour-Lanvern, association de plus de 70 adhérents. 

 

     Alors que la broderie sur coiffe était réservée aux femmes, parce qu'elle exigeait des doigts fins, la broderie sur drap était un métier d'homme, complémentaire de celui des "tailleurs d'habits", qui sillonnaient le pays pour confectionner les costumes à domicile. Au XIXe siècle, la corporation des tisserands et tailleurs d'habits était extrémement importante, mais tandis que les tisserands se voient remplacès assez tôt par des marchands de tissu, les tailleurs et les brodeurs restent encore nombreux au début du XXe siècle et à Pont-L'Abbé on dénombrait 70 tailleurs (on ne peut distinguer entre tailleur et brodeur) et apprentis en 1901, 4 tailleuses et 54 brodeuses. Les apprentis en question sont des garçonnets de 8 à 9 ans qui tirent l'aiguille  tout le long du jour pour acquérir, après un long ue formation auprès du maître, la capicité de réaliser un travail parfait. Dès 1911 cette population décline, la guerre de 1914-18 accentue les choses d'autant que le deuil vient chasser les couleurs des costumes. Le costume n'est plus porté, le coût des matières premières augmente, les ateliers ferment, les brodeuses se reconvertisent en dentelieres mieux rémunérées. 

   Jean-Michel Pérennec marche sur les traces d'hommes hauts en couleur, et dont certains restent des figures mémorables, comme Per Canevet qui se rendit célèbre pour avoir travaillé Place de l'Opéra, exposé dans une vitrine de La Grande Maison du Blanc en décembre 1948, pour Le Minor. Et Vincent Nicolas, dit "le Protestant", ou les frères Louis et Nicolas Cossec.  Mais le grand maître, Ar Mestr Bras, ce fut Laouig Jégou, né à Plonéour-Lanvern en 1863, et qui donna son nom à un point utilisé pour l'entourage des napperons, le "point Laouig Jégou". C'est lui qui fut choisi pour broder l'habit d'académicien de Charles Le Goffic.

 

 

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  Sur la bannière de la Madeleine,Jean-Michel Pérennec a travaillé pendant deux mois.

 

 2. La seconde face :

  Ce serait le recto, si on admet qu'étant consacrée à sainte Madeleine, Santez Mari-Madalen, à qui est dédiée la chapelle depuis le XVIe siècle, elle porte les couleurs de la chapelle.

  La sainte est placée dans une diagonale ascendante vers la droite, où elle tend le flacon de parfum vers le corps crucifié du Christ. La chevelure est littéralement aspirèe vers le pied ensanglanté, et sur le visage, une larme est là pour rappeller l'épisode où elle a baigné de ses larmes les pieds de Jésus puis les a essuyé de ses cheveux.

   Cette chevelure est une référence aux couleurs du vitrail de Bazaine qui la transforme en un feu sacré.

  C'est donc Marie-Madeleine lors de la Passion qui est ici illustrée, Madeleine éplorée, embrasée par le chagrin.

  

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        Sur les autres bannières Le Minor: voir :  Les bannières Le Minor.

 

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Published by jean-yves cordier
14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 14:51

        Menophra abruptaria (Thunberg, 1792)

                 la Boarmie pétrifiée.

 

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Published by jean-yves cordier
14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 14:45

Opisthograptis luteolata (Linnaeus, 1758 )

                  la Citronelle rouillée.

006c

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Published by jean-yves cordier
14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 08:11

 

 L'église Saint-Monna de Logonna-Daoulas :

          Inscriptions, statues, bannières...

                       et saint Isidore

         dans son beau costume  breton.

 

 

 

Saint Isidore.

    Patron des paysans, il est représenté dans son costume du dimanche sur cette statue du XVIIe siècle.  La datation de cette oeuvre est importante, puisqu'elle apporte un document iconographique sur le costume régional d'une classe sociale, et je trouve sur la fiche de Protection PM 29000524 des Monuments historiques consacrée aux 4 statues de saint Isidore, la Vierge à l'Enfant, saint Monna, saint Yves, que celles-ci sont attribuées à l'atelier d'Anthoine et datent du dernier quart du XVIIe siècle, soit 1675-1699. Il s'agirait de cet Anthoine qui a signé le Sépulcre de Lampaul-Guimiliau (Anthoine fecit) en 1676, et qui a réalisé quatre statues à L'Hopital-Camfrout (Christ, Vierge, saint Jean, saint Yves).

    Si on lit René-Yves Creston, (Le Costume breton, écrit entre 1953 et 1958, ed Tchou 1978, p. 30), on apprend que nous ne disposons pas de documents matériels sur les costumes bretons avant la Révolution en dehors des sculptures sur bois des sablières, d'ornementation de meubles, qui ne nous montrent "que des costumes d'origine française et plus particulièrement de l'époque Louis XIII", et que c'est sous cette forme qu'apparurent à la fin du XVIIIe les costumes masculins des paysans bretons, sans existence de modes locales ou régionales, le phénomène de fragmentation des modes n'apparaissant qu'après la Révolution.

   Philippe Le Stum, dans son introduction de l'ouvrage de Yann Guesdon (Costumes de Bretagne, ed. Palantines, 2009) conteste cette notion en écrivant page 12 : "On a longtemps supposé que la diversification locale des costumes ne datait que de l'extrême fin du XVIIIe siècle "...mais "le dépouillement et l'analyse des sources d'Ancien-Régime, effectués principalement par Marie-Thérèse Sclippa dans une thèse soutenue à Brest en 1982 dément cette croyance en une rupture post-révolutionnaire"..."faisant remonter la multiplication de formes locales du vêtement populaire breton au moins au début du XVIIIe siècle, et très vraisemblablement avant cette date". 

   Plus loin, cet auteur cite le travail mené par Marie-Dominique Menant, chercheur à l'Inventaire régional de Bretagne, pour classer et analyser les représentations des saints Fiacre et Isidore, tous deux protecteurs de l'agriculture et représentés dans le costume paysan contemporain du sculpteur. 


  J'ai examiné ici les statues d'Elliant  Costumes bretons d'Elliant : vitrail et statues. et de Brélès Église de Brélès : anges musiciens et Isidore en costume breton.


   Comment est habillé ce fermier qui vient, faucille en main, offrir une gerbe de blé? 


 

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  En partant du bas (la statue est placée en hauteur...d'où ma photo en contre-plongée) on remarque les chaussures à boucles d'argent, les guêtres qui semblent de cuir mais qui étaient le plus souvent de toile, boutonnée sur le coté, qui ne couvrent pas les chaussures ;  la culotte bouffante de drap blanc semblable aux bragou braz ; le gilet de drap bleu fermé sur le coté droit par une douzaine de boutons ronds en métal ; la ceinture de flanelle, rouge, comparable au turban mais portée ici très haut.

  La veste est longue (comme dans l'habit à la française), dotée de larges poches au rabat fermé par deux boutons arrondis dorés, de manches à revers. Elle reste ouverte malgré le double alignement de boutons (boutons convexes comme nos boutons de blazer). Le col est relevé dans le cou autour du col de chemise blanche, laquelle épanouit sa corolle après avoir été sévèrement fermée par un joli petit bouton d'or:


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   Bien-sûr, on remarque le collier de grosses perles dorées auquel est suspendu une croix.

 

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  En résumé, ce costume fin XVII n'est pas très éloigné, pour un néophyte, de celui que porteront deux ou trois cent ans plus tard les paysans de Logonna.

  Logonna-Daloulas est placé par R.Y. Creston dans la guise de la presqu'île de Plougastel (p. 138) : le costume masculin y est décrit avec un seul gilet et une veste à manche, entièrement bleues.

 

La statue de saint Yves.

  Elle serait donc contemporaine de celle de saint Isidore, et réalisée par l'atelier Anthoine. Une confrérie de saint Yves est attestée par ses comptes, conservés pour la période de 1764 à 1790 dans les archives départementales.

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La Pietà :

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Les bannières :

Bannière de Saint Monna :

 

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Bannière de Jeanne d'Arc :

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Bannière de Saint Jean :

 Sant Yan Badezour pedit evidomp, "Saint Jean Baptiste priez pour nous".

  Elle porte les armoiries de la Bretagne,  et celle de Mgr Duparc évêque de Quimper et du Léon de 1908 à 1946.

  Les armoiries papales correspondent à celles de Benoît XV, Giacommo della Chiesa, pape de 1914 à 1922. Ce sont des "armes parlantes", sortes de rébus qui traduisent en images le nom du possesseur. Elles sont tranchée d'azur et d'or à l'église d'argent couverte de gueules brochant sur le tout, au chef d'or à l'aigle issant de sable.  L'église traduit ainsi le nom Chiesa.

  La devise n'est pas mentionnée ici, il s'agit de "in te, Domine, speravi ; non confundar in aeternum", "En toi, Seigneur, j'ai mis mon espérance ; que je ne sois jamais confondu". C'est la dernière phrase du Te Deum, hymne chrétien des jours de gloire.

 

La bannière peut donc être datée entre 1914 et 1922.

 

  Cette bannière est sans-doute celle de la chapelle Saint-Jean-Baptiste, du XVIIe à Logonna. Elle dépendait prohibitivement de la seigneurie de Rosmorduc et en porte les armoiries.


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Bannière de sainte Anne :

D'hor Mam santez Anna,"à notre mère sainte Anne".

  Il s'agit des premiers mots du cantique breton qui débute ainsi :

  D'hor Mamm santez Anna

D'an Itron Varia

D'hor Salver benniguet

Ni vo fidel bepred

Hor c'halon baour mantret

gant glac'har hag enkerz

Ni a zo daoulinet

Dirazoc'h-c'hwi, Gwerc'hez

 "A notre Mère Sainte Anne, à Marie, Notre-Dame, à notre sauveur béni, nous serons toujours fidèles."



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Les vitraux :

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 L'ange aux cinq plaies :

 traditionnel blason des carriers "aux mains meurtries" :

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Les inscriptions lapidaires :

  Nombreuses sont celles qui datent d'une importante période de modification de l'église, vers 1700. Les fabriques ou fabriciens qui sont mentionnés, Quillien, Herrou, Guermeur, Madec, sont des familles honorables de la paroisse, et le fond des archives départementales possède une série nombreuse de fondations allant de 1609 à 1742 dans lesquelles les noms de Herrou et Guermeur reviennent souvent. Par exemple: "1615 : fondation de 2 livres 8 sols faite à la fabrique de Logonna par René le Herrou à la charge de faire célébrer un obit le jour et fête de saint René et le prochain dimanche ensuivant".  Yves Herrou en 1601, Charles Herrou de 3630 à 1645,  Gabriel Herrou de 1641 à 1643, furent recteurs  de Logonna.

  Jeanne Guermeur fut la marraine de la cloche Hyacinthe-Jeanna de 1769...posée par "Corentin Quillien du moulin à mer".  Jeanne Fily, femme de Charles Guermeur, de Rungléo avait été celle de la cloche Monna de 1641.

  Le bénitier porte l'inscription IHS . Maria. F. GUERMEUR. LA. FAIT. FAIRE. I. THOMAS. F.1693



 

GVILLAVME : QVILLIEN : YVES : HEROV : FABRIQVE : 1701

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F : MADEC : M : 

logonna-daoulas 5239c

 ? 1566 sur kersantite :

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       GVILLAVME QVILLIEN DV COET ET YVON LE HERROV LE EVY DEMENCVIT 1701

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      M : MADEC : M : GVERMEVR : FABRIQVE : 1700

logonna-daoulas 5248c

 

Le Pieuré-cure de Logonna était un bénéfice dépendant de l'abbaye de Daoulas. 

 Le Nobilial de de Courcy donne :

Clévédé, sr de Coëtbihan, par. de Kerlaz (etc... sans citer Logonna), d'argent à deux lions affrontés de gueules, tenant une lance d'azur de leur pattes de devant.

  Le Bdha donne la liste des prieurs de Logonna, parmi lesquels :

"Paul Gourgon de Clévédé, Sr de Kergadoret, prieur de logonna, prit possession de son siège le  25 août 1700; il mourut le 30 juillet 1733 et fut inhumé dans l'église de Logonna". 

 

1710 LE Sr DECLEVEDE PRIEVR DE LOGONNA :

logonna-daoulas 5251c

LE Sr DECLEVEDE PRIEUR DELOGoNNA : 1715 :

 

logonna-daoulas 5252c

N'ENTRE : ICI : QVAVEC : CRAINTE : CAR : CEST : LA : MAISON DV SEIGNEVR DIEV :

logonna-daoulas 5245c

 

Armoiries sur l'ossuaire :

La famille de Rosmorduc s'est fondue dans Le Gentil après le mariage en 1608 d'Anne de Rosmorduc, fille de Michel, sr du dit-lieu et d'Isabeau le Jeune, avec Allain du Gentil seigneur de Coatninon et de Pencran. Elle eut trois fils, dont l'aîné, Jacques de Gentil donna une riche postérité : ses descendants possèdent encore le manoir de Rosmorduc.

  Sur la famille Le Gentil, voir : Vierges allaitantes III : Quillidoaré, la légende du Marquis de Pontlez et l'histoire.  

Les armoiries de la famille Le Gentil sont : D'azur au serpent volant d'or lampassé de gueules, avec la devise Spargit unde quaque venenum alors que celles de Rosmorduc sont d'argent à trois roses de gueules, boutonnées d'or.

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Les mêmes armoiries sur l'entrée de la maison voisine, en alliance avec celle de Rosmorduc.

 

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     A l'intérieur de l'église, actuellement placée juste devant et en dessous de saint Isidore, j'avais pu observé ces armes :

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Lien : Henri Pérennès Notice sur Logonna-Daoulas Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Bdha, , 1928, p. 1, 65 et  127 :http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=48

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Published by jean-yves cordier
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 11:27

            Requiem pour une vanesse,

        la Petite tortue Aglais urticae (L. 1758).

 

        Oeuf, chenille, chrysalide, imago, la vie du papillon n'est qu'une mort réitérée, l'envol léger de l'éphémère au dessus du monde pesant, vanité des vanités, souffle qui passe et qui trépasse. Mais les choses les plus graves ne sont pas les plus durables, et l'échange d'un baiser est parfois, sur toute une vie, la seule éternité. Cette vanesse valait bien une messe.

   La petite tortue Aglais urticae hiverne dans les greniers, les maisons ou sous les rochers, puis s'accouple vers mars afin que la femelle aille pondre ses oeufs sur quelque ortie du voisinage. Mais en ce trois avril, les imago qui avaient choisi  l'église de Ploudiry comme abri semblaient  n'avoir pas su trouver la sortie.

  L'un tenait encore vaillamment le coup et tachait d'emprunter les bleus du vitrail du XVIe siècle pour raviver ses couleurs:

 

 

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  Mais pour d'autres, c'était la dernière heure : posée sur le saint Missel, Petite tortue méditait sur la finitude de l'existence, tels ces papillons que les artistes font figurer sur leurs manuscrits enluminés (une Grande tortue sur le Livre d'Heures d'Hastings, vers 1470, Wikipédia http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Les_papillons_dans_la_peinture#section_1):

Fichier:Hastings book of the hours.jpg

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Grande Tortue Nymphalis polychloros , Jan van Kessel 1653 , http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Jan_van_Kessel_001.jpg

Fichier:Jan van Kessel 001.jpg

 

   Voici ce symbole de l'âme peint ici en trompe-l'oeil par l'artiste anonyme sur le livre ouvert à la page de la Missae defunctorum in commemoratione omnium fidelium defunctoris, Messe des défunts en commémoration pour tous les fidèles défunts 

   Artefact mélancolique, il tente encore de faire illusion par le lustre de ses couleurs défuntes. N'y touchez pas, il est brisé.

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Petite tortue Aglais urticae Cornelis Kick, http://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Cornelis_Kick_01.jpg

Fichier:Cornelis Kick 01.jpg

 

  Là, il est venu en sommité des armoiries de Mgr Duparc (1857-1946), évêque du diocèse de Quimper et du Léon, supervisant la devise Que soit loué Jésus-Christ des couleurs noir et rouge de la mort et de la resurrection.

 

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  Mais seule sa foi peut le sauver : pour lui, la messe est dite, alléluia.

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 23:34

Les vitraux de l'église Saint-Louis de Brest.

 


      Cet ensemble de vitraux posés entre 1958 et 1962 n'a pas d'unité de thème et de style car il a été conçu par quatre artistes différents avec liberté de choix des motifs, mais il trouve sa cohérence en témoignant de l'élan créatif de l'art sacré dans l'immédiat après-guerre. Il est un  précieux témoignage de la période 1950-1960 qui précède Vatican II (1962-1965), évènement majeur de l'histoire de l'Église contemporaine marqué par un grand souffle de lberté et de rénovation.

 Je les montre ici dans un première partie sans commentaires, comme pour faire silence autour de la musique des couleurs : 


          1. Les vitraux de Jacques Bony. 


 

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 Maurice Rocher, Les Saints.


 

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Paul Bony, Scènes de la vie de Saint Louis (1957):


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Léon Zack, 1962, chapelle du Saint-Sacrement :


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      L'autel de Philippe Kaepellin :

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Chapelle du Saint-Sacrement : l'ange et la Vierge à l'Enfant.

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La chapelle adjacente :

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 23:33

   Les vitraux de l'église Saint-Louis de Brest.

 

 

 

   Les années de l'Après-Guerre eurent, pour l'histoire des vitraux, une grande importance en raison du travail considérable qui y fut effectué et du patrimoine dont nous avons hérité : il s'agissait, pour les maîtres-verriers, de reposer les 50.000 m² de verrières anciennes mises à l'abri au début du conflit (en procédant aux restaurations qui s'imposaient), de remplacer par de nouvelles créations les verrières du XIXe qui avaient été laissées en place et que les bombardements avaient détruites, d'appareiller les églises construites de novo sur les ruines d'édifices anciens, et enfin d'habiller de vitraux les constructions nouvelles rendues nécessaires par l'augmentation de population. Ce corpus fut, pour une centaine de vitraux, l'oeuvre de grands artistes, mais aussi d'artisans verriers (un millier). Déjà, des informations précieuses sur les commanditaires, les ateliers ou les peintres, leurs cartons et leurs courriers, les anecdotes ou les motifs théologiques qui sous-tendent leurs thèmes disparaissent des mémoires orales ou des archives. Chaque détail est précieux.

 

 

    Le contexte : renouveau de l'Art sacré et Reconstruction.  

        Cet ensemble de vitraux posés entre 1958 et 1962 n'a pas d'unité de thème et de style car il a été conçu par quatre artistes différents avec liberté de choix des motifs, mais il trouve sa cohérence en témoignant de l'élan créatif de l'art sacré dans l'immédiat après-guerre. Il est un  précieux témoignage de la période 1950-1960 qui précède Vatican II (1962-1965), évènement majeur de l'histoire de l'Église contemporaine marqué par un grand souffle de liberté et de rénovation.

  Il s'enracine dans une réaction qui avait débuté bien auparavant contre l'académisme dans l'art, et contre la médiocrité esthétique et symbolique de la production sulpicienne de l'ornementation des sanctuaires et sa miévrerie stéréotypée, déjà amorcée par Huysmans. Il faudrait remonter à la Société des Amis de Saint-Jean pour le renouveau de l'art chétien fondé en 1832 par Lacordaire, et sa Revue de l'art chrétien, remonter surtout aux Ateliers d'Art Sacré (1920-1964) ouverts à Paris par Georges Desvallières avec le soutien de Maurice Denis. Ces Ateliers basés sur l'esprit du compagnonnage et la réunion de l'art et de l'artisanat vont stimuler la création de fresques, de mosaïques, de gravures sur bois, de broderies, et bien-sûr de vitraux. 

  Il faudrait s'attarder sur les Chantiers du Cardinal, cette oeuvre créée en 1931 par le cardinal Verdier pour édifier chapelles et églises dans la banlieue parisienne, puis rappeller le contexte de l'après-guerre et les grands chantiers de reconstruction des églises. 

 Il faudrait, avec d'autres compétences que la mienne, retracer le parcours de l'Église évoluant du Syllabus de Pie X, avec sa condamnation du libéralisme et son antimodernisme sur le chemin qui la conduira à l'aggiornamento de Jean XXIII, de Paul VI et de Vatican II dans un nouveau projet d'ouverture au monde, d'action sociale et d'entrée dans la modernité.

  Mais il faut surtout parler de l'un des premiers membres des Ateliers d'Art Sacré, le dominicain Marie-Alain Couturier (1897-1954), ancien élève de Maurice Denis,  qui dirigea en 1935 avec Pie Raymond Régamey la revue Art Sacré (1935-1969) en évoluant vers une rupture avec les Ateliers d'Art Sacrés en déclarant obsolètes les choix esthétiques  effectués. 

  C'est cette revue qui se consacra à la fois à l'art et à la spiritualité qui va dénoncer d'une part  l'académisme dominant basé sur les Prix de Rome entretenant le passéisme et la médiocrité, l'art néo-médiéval et néo-gothique ; et d'autre part le manque de formation et l'incompétence esthétique des ecclésiastiques commanditaires des oeuvres. Luttant contre le conservatisme qui inspire les constructions architecturales, il va demander que l'on fasse d'avantage appel aux grands artistes contemporains, quelles que soient leurs convictions religieuses, arguant que "tout art véritable est sacré", et proclamant "aux grands hommes les grandes oeuvres".

  Quelques constructions inspirées directement de cette mouvance voient le jour et servent de phares alimentant les controverses et stimulant les créateurs en osant faire appel aux grands talents artistiques de l'époque, quelques soient leurs convictions:

  • L'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce d'Assy en Haute-Savoie (1937-1946), par l'architecte Novarina, décorée par Rouault, Bonnard, Léger, Lurcat, Matisse, Bazaine, Bracque, Chagall, Lipchitz.
  • La chapelle dominicaine de Vence (1949-1951) décorée par Matisse.
  • l'église du Sacré-Coeur d'Audincourt (1949-1951), conçue par Novarina dans la banlieue ouvrière de Montbéliard et Sochaux et décorée par Bazaine, Jean Le Moal et Fernand Léger.

A ce trio emblématique s'ajoutèrent bien d'autres églises et chapelles :

  • Chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp par Le Corbusier (1950-55)
  • Eglise de Bréseux (Doubs), vitraux de Manessier
  • Église de Carsac (Dordogne), chemin de croix de Léon Zack

L'entreprise, très contestée, et qui heurte bien-sûr les tenants du traditionalisme intégriste fut cependant exaltante par le paradoxe même d'amener des artistes athées et de conviction communiste, comme Fernand Léger, à réaliser pour l'art religieux parfois le meilleur de leur oeuvre. C'est la grandeur de ce paradoxe qui transparaît dans cette citation de Fernand Léger : " C"ets le même homme, au millimètre près, qui a réalisé les panneaux de l'ONU et les vitraux d'Audincourt. Je ne me suis pas dédoublé. Magnifier les objets sacrés, clous, ciboires ou couronne d'épine, traiter le drame du Christ, cela n'a pas été pour moi une évasion... J'ai simplement eu l'occasion inespérée d'orner de vastes surfaces selon la sticte conception de mes idéaux plastiques. Je désirais apporter un rythme évolutif de formes et de couleurs pour tous, croyants et non-croyants, quelque chose d'utile accepté aussi bien par les uns que par les autres, du seul fait que la joie et la lumière se déverse dans le coeur de chacun." P.L. Rinuy, link

  L'instruction du Saint-Office vient condamner le 30 juin 1952 le recours à des artistes qui ne soient pas animés d'une foi profonde ; la Commission des évêques de France précise qu'on n'a "pas le droit de présenter des déformations qui risqueraient de choquer le peuple fidèle (allusion au beau Christ de Germaine Richier à Assy, déplacé par décision de l'évêque) et d'apparaître aux profanes comme indigne des personnes et des mystères représentés ou même injurieuse pour eux." (cité par P.L. Rinuy, op cité).

 Ce sont des problèmes de fond qui sont alors posés : l'oeuvre sacré est-elle une cathéchèse, la mise en image des dogmes comme sous l'impulsion du Concile de Trente, ou bien cherche-t-elle à provoquer chez celui qui la contemple un élan spirituel et une  participation active à une démarche religieuse ?

   Ou encore : l'Église, dans ses choix artistiques, doit-elle nier le caractère tragique du monde contemporain et exclure la mise en image  de la souffrance et du désarroi de l'être au motif qu'elle y apporte une réponse et y fonde une une espérance?

 

   L'Après-Guerre et l'Art sacré en Finistère :

Là encore, je me contente de dégager quelques points :

  • 1929-1945: création de l'Atelier Breton d'Art Chrétien autour de James Bouillè.
  • Épiscopat de Mgr Fauvel de 1946 à 1968: succédant au long épiscopat du pétainiste Mgr Duparc ( de 1908 à 1946), Mgr André Fauvel encourage l'ouverture au monde contemporain dans le domaine artistique.
  • 1949 : création de la Commission Diocésaine d'Art Sacré de Quimper.

L'église Saint-Louis de Brest : édification: 

  Le 14 août 1944, l'ancienne église Saint-Louis bâtie en 1688 est incendiée par les Allemands : après la Libération, alors que la ville est reconstruite sur ses décombres sous la direction de Jean-Baptiste Mahon, la municipalité choisit pour la nouvelle église Saint-Louis le projet de l'architecte brestois Yves Michel. La première pierre de ce qui est le plus grand sanctuaire reconstruit après-guerre est posée le 29 janvier 1955 par Mgr Fauvel ; le chantier s'achèvera à Noël 1957, et Mgr Fauvel consacrera l'église les 27 et 28 avril 1958.

    Parmi les décisionnaires, une équipe diocésaine est acquise aux conceptions de la revue Art Sacré, et bien décidée à tourner le dos aux entreprises spécialisées dans le prêt-à-porter de l' industrie religieuse  : 

  • Monseigneur Fauvel lui-même,
  • l'abbé Joseph Le Beux, ex-professeur de dessin et d'histoire au petit séminaire de Pont-Croix et  directeur de la Coopérative de reconstruction des églises sinistrées du Finistère à la suite de l'abbé le Gall,
  • le chanoine Helou, secrétaire général de l'évêché,
  • le chanoine Balbous, curé-archiprêtre de Saint-Louis surtout célèbre comme fondateur du Stade Brestois. 

Ce sont eux qui vont suivre le conseil de la revue Art Sacré et effectuer un voyage d'étude pour découvrir les églises modernes de France et de Suisse, puis solliciter l'aide de Dom Delaborde et de Dom Le Corre, de Solesmes, qui leur proposera les  noms des grands artistes de l'art sacré  français : le sculpteur Philippe Kaeppelin ( qui créera le grand calvaire en bois qui domine le choeur), et les peintres et verriers Maurice Rocher, Paul et Jacques Bony. Plus tard, Léon Zack pour la chapelle du Saint-Sacrement, et le maître-verrier quimpérois Jean-Pierre Le Bihan pour la chapelle annexe, furent choisis.  D'autres conseils furent trouvés auprès du Père Morel,  peintre et critique d'art familier des artistes. 


 

 

        1. Mur ouest, vitraux de Jacques Bony. 


  Ils occupent le long mur du coté ouest en deux séries, supérieure presque au sommet, et inférieure à trois  mètres du sol. Ils composent en vingt panneaux une mélodie faite de l'abstraction pure du jeu de la lumière à travers des pièces géométriques colorées, un travail nourri du cubisme.

Jacques Bony (1918-2003) entra à l'École des arts décoratifs en 1943, puis crée son premier vitrail l'année suivante et rejoint son frère Paul également peintre-verrier, (voir infra) à l'atelier Hébert-Stephens. Délégué au Recensement des Monuments de la France de 1944 à 1946,  il a rénové des vitraux pour des églises de Franche-Comté de 1946 à 1950,  realisé les vitraux de Matisse, Rouault, Braque, ou a travaillé sous la direction de Jean Bazaine pour la cathédrale de Saint-Dié de 1984 à 1986, mais pour ses oeuvres personnelles, il a conçu de purs filtres diffusant la couleur et la lumière. De 1949 à 1954, en tant que secrétaire de la revue L'Art Sacré, il milite avec les Pères Couturier et Régamey pour le renouveau de l'art sacré par l'introduction de l'art contemporain à l'intérieur des églises. Il participa à la reconstruction d'églises en Normandie et en Franche-Comté.

  Pour présenter Jacques et Paul Bony son frère, il faut parler de l'atelier Hébert-Stevens, ouvert en 1924 rue de Bagneux (Paris 6e) et qui fut dès sa création un lieu de rencontre pour Maurice Denis, Georges Devaillières, Valentine Reyre, le Père Couturier, ou Georges Gallet. C'est là que Georges Rouault, Marcel Gromaire et Jean Bazaine firent réaliser leurs premiers vitraux dès 1939. Or Paul Bony rejoint cet atelier en 1934, y fait la connaissance d' Adeline Hébert-Stevens qu'il épouse,  et son frère Jacques Bony les rejoint tout naturellement dans ce qui devient un des lieux de réalisation de vitrail pour la restauration de monuments historiques ou pour les architectures contemporaines.  En 1939, Jean Hébert-Stevens et Marie-Alain Couturier organisent au Petit-Palais l'exposition Tapisseries et vitraux modernes en commandant des œuvres à Gromaire, Bazaine et Rouault. C'est lors de cette exposition que le père Devémy, curé d'une chapelle de Haute-Savoie et qui cherche à orner sa chapelle  est frappé par la spiritualité d'un vitrail de Rouault : rentré à Assy, il constate que les dimensions de ce Christ aux Outrages correspondent exactement à l'ouverture qu'il fallait orner, c'est le "miracle d'Assy", point de départ, après que Rouault ait offert son œuvre, de la grande aventure de Notre-Dame d'Assy...

   Ce "miracle" fut aussi déterminant pour les frères Bony puisque Paul réalisa alors en vitrail quatre tableaux de Rouault, et les cartons des premiers vitraux de Chagall, de Berçot et de Brianchon, puis créa deux verrières au Plateau d'Assy, avant de devenir le verrier attitré de Matisse, notamment pour la chapelle de Vence.

  En Bretagne, il a créé 14 vitraux pour l'église Notre-Dame du Relecq-Kerhuon (1958), 6 vitraux pour l'église saint-Armel de Ploermel (1956-1964), 12 vitraux de l'église de la Sainte-Croix au Conquet (1960 et 1970)


 

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      Pour les vitraux suivants, je n'ai pas trouvé d'information sur leur auteur :


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 Mur est : vitraux de Maurice Rocher, Les Saints 1957.

    Avec Maurice Rocher (1918-1995), nous rencontrons l'un des derniers élèves de Maurice Denis dans ses Ateliers d'Art Sacré de 1936 à 1939. Il est décrit par le site http://www.mauricerocher.org/ comme l'un des grands expressionnistes du XXe siècle à la peinture sombre et dépouillée dans la lignée de Goya, Soutine ou Bacon, qui a perdu la foi après Vatican II et dont l'oeuvre religieuse dans les églises de Normandie et les Chantiers du Cardinal n'était qu'un gagne-pain, avant de développer vers 1970 une oeuvre plus personnelle revenant sur des thèmes récurrents, les Suppliciés, les églises anthropomorphes les couples, les notables ou les visages matières...

    Mais s'il est plus connu pour son oeuvre de chevalet, ses vitraux ont pourtant une grande place : initié dans l'atelier Hébert-Stephens et de Pauline Peugniez l'épouse de Jean Stephens (nous ne cesserons de voir se croiser les données concernant nos artistes), il fut cofondateur avec J. Le Chevallier du Centre d'Art Sacré rue Furstemberg dont il dirige l'atelier de peinture et de dessin de 1948 à 1952. Vingt-cinq églises de Basse-Normandie et une centaine d'autres dans le monde lui doivent leurs verrières (par exemple Guernes (Yvelines), Saint-Sauveur à Beaumont-en-Auge, le Templo Expiatorio de la Guadalajara  au Mexique). En Bretagne, on lui doit à Brest les vitraux de la chapelle de Keraudren, à Châteaulin les vitres de la chapelle de Kerfeunteun, celles du séminaire de Ste-Anne-d'Auray, celles de l'abbaye de Landevennec , de la maison mère des soeurs à Kermaria, du chevet de l'église de l'Île Tudy, de l'abbaye de Kergonan à Plouharnel, de la chapelle des soeurs de Guilmarais à Vitré, et 14 vitraux et deux roses en la basilique Sainte-Anne à Ste-Anne-d'Auray.

  Onze verrières de 15 mètres de haut suffisamment lumineuses pour éclairer la nef échelonnent leurs personnages de quatre mètres le long des 220 m² de surface. Si le choix est figuratif, il est suffisamment stylisé dans leur graphisme noir sur une bande colorée pour rester en harmonie avec la facade opposée. On intitule parfois cette séquence Les Sept Saints Fondateurs, mais on n'y trouve que trois saints bretons qui succèdent aux grandes figures de la Bible et des Évangiles.

  Outre le noir, trois couleurs sont privilègièes : le rouge, le jaune, et le violet, sous forme d'une bande de fond, mais aussi sous celle d'un rectangle isolé, motif monochrome comme une note de musique tintant à part.

Chaque personnage est accompagné d'un ou deux attributs, la lyre de David, les clefs de saint Pierre, connus de tous. 

  Enfin, le fond n'est pas "blanc" : vu de près, c'est un travail important de structuration des rythmes  par des effets grillagés de "plombs" rectilignes dont la direction horizontale ou verticale et dont la densité varie selon l'effet recherché.

  


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De la nef vers le choeur : Abraham, Moïse, David, Jean-Baptiste, Saint Pierre :

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...Saint Paul, Saint Jean l'Évangéliste, Saint Corentin, Saint Pol de Léon, Saint Guénolé, Saint Yves :

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      Le maître-verrier : Jacques Degusseau.

  Jacques Degusseau (1910-1977) a créé son atelier à Orléans en 1945. Il employait sept à huit ouvriers et réalisa quelques trois cent chantiers autour d'un intéret marqué pour la dalle de verre et la collaboration de plusieurs artistes majeurs comme Jacques Le Chevallier, Léon Zack, Philippe Kaeppellin, Simone Flandrin-Latron, et, principalement Maurice Rocher. Ce dernier étant parisien, Degusseaux achète en 1955 un atelier dans le 15e, square Desnouettes; il s'y installera définitivement en 1977. Son fils Gérard suivra sa voie, auprès de Jacques Le Chevallier puis de Max Ingrand.


Source : http://www.centrechastel.paris-sorbonne.fr/archives_orales_vitrail_article.pdf

 

Paul Bony, Scènes de la vie de saint Louis (1957):

Paul Bony (Le Mans, 1911-1982) Arts appliqués, licence de l'institut d'art appliqué et d'archéologie

   J'ai dit comment Paul Bony était devenu le gendre de Jean Herbert-Stevens. Avec son épouse Adeline, il a pris la succession de l'entreprise, rue de Bagneux devenue rue Jerrandy à Paris, qui a participé à la réalisation des vitraux de plus de 180 églises de Normandie, 86 en Alsace, 12 à Paris, etc...

  Il a réalisé en Bretagne des vitraux de l'église Saint-Marc à Brest en 1951, 18 vitraux à St-Pierre-Quilbignon à Brest en 1949-56, 3 vitraux à la chapelle Saint-Pierre de Lossulien du Relecq-Kerhuon, et des verres pour l'église Sainte-Thérèse à Nantes.

  Son épouse Adeline Bony a créé un vitrail à Brest pour la chapelle Notre-Dame-du-Bon-Port.

  Maurice Dilasser a écrit (sculpter la lumière, 2000) qu'un commanditaire devait savoir donner aux artistes dont il sollicitait le travail créatif un théme et  des directives et comment, à Saint-Louis de Brest où on donna carte blanche aux créateurs, ils " se répartirent les emplacements, conçurent eux-mêmes le programme, le plan de lumière et déterminèrent le langage figuratif ou non et les thèmes de leur figuration". Le chanoine prudent n'en écrit pas plus, mais on peut deviner que ce sont ces Scènes de la vie de saint Louis  qui lui semblaient les moins accordées à l'ensemble. C'est du moins mon avis, et l'écart est grand entre les réalisations des deux frères.

    Le site Topic-topos, toujours bien informé, signale que sur cette verrière de 100 m², l'artiste a repris un ensemble de neuf vitraux réalisés quelques annèes plus tôt pour l'église de Saint-Pierre-Quilbignon. On y honore le patron de la paroisse et le symbole de l'union de la monarchie de droit divin et de l'Église, en reprenant les poncifs des vitraux historiques du XIXe dans des images d'Epinal qui ne sont pas sans rappeler les illustrations de Joubert pour la collection Signe de Piste pour défendre l'idéal chevaleresque. Saint Louis est victime de la peste sous sa tente devant Tunis lors de la 8e croisade, ou rend la justice sous son chêne, ou bien porte la couronne d'épine, crée la Sainte-Chapelle, entouré de symboles monarchiques, militaires et héraldiques  propres à combler un vexillographe collectionneur d'emblèmes de l'Ancien-Régime. Et il faut avouer que lorsque les officiers de marine, dont c'est la paroisse, assistent en grande tenue à un office dominical, au coté de leurs épouses et des enfants blonds et sages dont les regards montent fascinés vers le saint Roi en armure, cela a de l'allure ! 

   C'est, dira-t-on, la moindre des choses d'honorer Saint-Louis en son église. Certes, mais pour citer à nouveau Dilasser, Délégué de la Commission d'Art Sacré  : "Lors de la commande, la consultation locale penche le plus souvent en faveur de vitraux historiés, par besoin de lire et d'interpréter les thèmes, pour renouer peut-être avec ce temps où la lecture des vies édifiantes accompagnait les veillées familiales. Par réaction conservatrice face aux courants multiformes, les garants du patrimoine veulent prolonger dans leur église la tradition de ces personnages aux visages anonymes, aux poses conventionnelles, identifiable à leur seul attribut. Malgré les exhortations de l'église pour rattacher et soumettre les pratiques dévotionnelles au culte du Christ mort et ressuscité, un courant particulariste donne aujourd'hui encore regain aux saints locaux, dont on désire retrouver les figures peintes comme des portraits de famille dans la chapelle du village. [...] Mais quel peintre fera de ces récits littéralement interprétés une nourriture spirituelle tonique, un soutien pour assumer sa vie sans évasion, un cadre pour la célébration actuelle du mystère pascal ?" ( Sculpter la lumière, les vitraux contemporains en Bretagne, château de Kerjean, 2000)

  Yann Celton constate dans son article pour Ar Men que, quoique les architectes aient soulignès que cette verrière ouest avait comme fonction essentielle "d'éclairer l'autel du choeur plus fortement que la nef, l'artiste, libre de s'exprimer à sa guise, réalisa une composition assez sombre" (p. 70), ce qui confirme l'opinion de Dilasser sur les dangers du "carte blanche".

Le calvaire en bois avec son Christ de quatre mètres de haut sculpté par Philippe Kaepellin, reçoit son éclairage naturel de la verrière réalisée par Paul Bony et son éclairage artificiel des projecteurs:

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Léon Zack, 1962, chapelle du Saint-Sacrement :

    Léon Zack (1882-1980), né à Nijni-Novgorod en Russie, participe au Futurisme puis émigre en 1919 vers Constantinople, Florence, Rome, Berlin avant de se fixer à Paris en 1923 : il prend la nationalité française en 1938. Juif non pratiquant, il doit se cacher pendant la Seconde Guerre Mondiale dans un village de l'Isère, et en 1941 il se convertit au christianisme. 

  Outre son oeuvre principale en peinture, qu'il expose dans de nombreux salons, il emploie son talent à illustrer des livres de bibliophilie, à créer des tapisseries, des décors d'opéra. Ses premières toiles abstraites datent de 1953.

  Dans le domaine des vitraux, il est l'auteur de 60 panneaux non figuratifs à l'église Notre-Dame-des-Pauvres d'Issy-les-Moulineaux en 1954-1955, avant de créer dans les années 1955-1965 une trentaine de verrières comme celles du séminaire de Keraudren, de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Paris (1965), l'abbaye de la Prée à Ségry (1961), abbaye N.D. de Protection à Valognes (1957).

  Il est aussi l'auteur d'autres oeuvres d'art sacré : chemins de croix sculptés, mosaïques à Dortmund, autel de l'église Saint-Jacques à Paris.


  En 1958, le chanoine Pailler, curé-archiprêtre de Saint-Louis (et qui devint peu après évêque) avait demandé à l'artiste un vitrail abstrait créant une atmosphère de joie et de recueillement. 

Lèon Zack  y voyait " un plongeon dans les espaces et les profondeurs de cet océan infini qu'on appelle la peinture, où l'eau nous porte si fort qu'on ne fait pas de grands efforts pour nager" : quelque chose comme le "sentiment océanique" dont Romain Rolland s'entretenait avec Freud, une plongée dans le grand Tout où le moi se dilue ; ou quelque chose de ce que cherchait la mystique rhènane et les béguines :

  Deviens comme un enfant

Deviens sourd, deviens aveugle ! 

Le quelque-chose que tu es 

Doit devenir néant ;

Toute chose, tout néant 

Doit être dépassé

Laisse le lieu, laisse le temps

Laisse aussi les images,

Va sans chemin

Sur l'étroite montée :

Ainsi tu parviens sur les traces du désert.

O mon âme,

Sors, entre en Dieu,

Englouti tout ce qui est mien

Dans le néant de Dieu,

Abîme-toi dans les eaux sans fond !

Si je fuis loin de Toi

Tu viens à moi ;

Si je me perds je Te trouve,

O Bien suressentiel ! 

Cantique de la Trinité ou Dreifaltigkeitslied, anonyme, seconde moitié XIIIe siècle ed. K. Bartsche 1858.



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Dans la chapelle du Saint-Sacrement, l'autel en cuivre est de Philippe Kaeppellin. Il se détachait initialement sur le fond d'une tapisserie de l'artiste polonais Jean Olin représentant les instruments de la Passion.

 

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Chapelle du Saint-Sacrement : l'ange et la Vierge à l'Enfant.

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La chapelle adjacente et Jean-Pierre Le Bihan.

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  Les vitraux de cette "chapelle de secours" ou chapelle ouest ont été réalisés par Jean-Pierre Le Bihan sur ses propres cartons, ou, pour le chevet, sur ceux de Jean-Michel Vallaud, de l'atelier Le Bihan.

Maître-verrier quimpérois, il est né le 26 juillet 1934, et a suivi l'enseignement du Centre d'Art Sacré et Monumental à Paris, avant d'ouvrir son atelier en 1963. (lire : Revue Ar Men n° 34, avril 1991). Il est l'auteur d'un blog très riche en informations sur les vitraux de Bretagne :  http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17876459.html

  Alors que cet artiste reste très modeste sur ses créations, et que son travail à Saint-Louis semble souvent passé sous silence, c'est en pénétrant dans cette chapelle qui a l'architecture ingrate d'un hall (simple pièce rectangulaire) que j'ai ressenti le plus fort plaisir esthétique, celui d'un bain de lumière joyeuse, tonique, exaltante et musicale.

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Sources :

   Yann Celton, Revue Ar Men n° 62.

Maurice Dilasser, Sculpter la lumière, le vitrail contemporain en Bretagne 1945-2000.

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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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