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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 11:03

                La Ségestrie florentine

          Segestria florentina (Rossi, 1790)

 

Plouzané, 10 avril 2012, 23h. 

encadrement de porte, maison.


 segestria 0171ccc

I. ZOONYMIE.

I)  Le nom de genre a été attribué par Latreille en 1804 dans Histoire naturelle générale et particulière des Crustacés et insectes, Paris 1804, vol. 7, p. 144-305.

 Il est dérivé du latin segestria, "litière", lui-même issu de seges, "champ de blé". Mais on trouve aussi segestris 1. "natte (de paille)", 2 :"couverture (en peau)", 3. "toile d'emballage", 4. "manteau d'étoffe grossière" . Il faut y voir une relation avec la forme de la toile en fourreau ou en tube de soie, les espèces ayant été regroupées sous le nom de "tubicoles".

    "Les Araneïdes qui composent ce genre sont tubicoles et vagabondes. Elles forment dans les interstices des murs et des rochers en plein air, ou dans les cavités souterraines une toile peu étendue, horizontale, à tissu serré, la partie supérieure de laquelle se trouve un tube cylindrique, où elles se tiennent immobiles. A l'embouchure de ce tube sont dirigés, exterieurement, des fils comme autant de rayons divergents. Le cocon est globuleux ou de forme ovoïde." (H. Lucas, Hist. Nat. Crust. 1840 p. 349)

 

2) Nom d'espèce :

 

a) Première description sous le protonyme d'Aranea florentina par Pietro Rossi (Florence 1738 - Pise 1804) dans sa Faune étrusque de 1790 : Fauna etrusca: sistens insecta quae in Provinciis Florentina et Pisana praesertim collegit. Liburni, vol. 2, p. 133.

 

Ce médecin et zoologiste italien a enseigné la logique puis les sciences naturelles à l'Université de Pise et est considéré comme le premier professeur de zoologie au monde. Grand systématicien, il a décrit 400 taxons.

 " n° 975 Aranea florentina

Long : 8 l, lat: 2 1/2 l

Nigra, pilosa, maxilis viridi-aeneis nitidis.

Tota hirsuta nigra. Palpi nigri pilosi. Maxillae validae lacertosae, aeneo-viridens nitentes. Thorax convexus, oblongus. Oculi sex magni prominentes, in fronte hoc modo :..: siti. Abdomen ovatum thorace paulo longius. Pedes hispidi ; tertii  paris breviores, antici toti nigri, antici subrufi. Habitat in uliginosus prope aquas"

http://www.biodiversitylibrary.org/item/53273#page/443/mode/1up

 

b)  Hahn, Die arachniden, 1831 : Segestria florentina :link

c) Walkenaer puis Hyppolyte Lucas : Segestria perfida ou segestria gracilis

link

   " Cette espèce file dans les trous des murs un tube de soie blanche, terminé à l'exterieur par un grand nombre de fils divergents qui sont autant de pièges tendus aux insectes dont elle fait ses proies. Lorsque le trou qu'elle a choisi est étroit, la couche de soie dont elle se revêt en prend la forme ; dans le cas contraire, elle proportionne l'ampleur de son tube à la grosseur de son corps, et elle le fixe par des soies nombreuses aux parois du mur. Au lieu d'être droit, ce tube renflé au milieu, étroit à l'ouverture, en pointe à l'extrémité, prend exactement la forme d'une nasse de pêcheur. C'est de cette espèce d'embuscade, les six premières paires de patte en avant, et les yeux attentifs, que cette espèce guette les insectes qui osent s'approcher de sa retraite". (H. Lucas, Hist. Nat. Crust. 1840 p. 349)


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 Cette espèce mesure 13 à 22 mm pour la femelle, alors que le mâle est plus petit, mesure 10 à 15 mm. L'abdomen est entiérement noir chez la femelle, parfois plus clair chez le mâle, ou chez les immatures. Les chélicères sont d'un vert irisé spectaculaire chez la femelle, et brun bronzé chez le mâle.

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  La morsure de la ségestrie est capable, par les toxines de son venin, de paralyser les proies qu'elle chasse la nuit (cafard, mites, abeilles, guèpes), et chez l'homme, elle provoque une réaction douloureuse mais sans danger.

 

 segestria 0155c

 

 

 

  J'ai apprécié ce site nommé Ballade chez les araignèes : http://dipode-vie.net/Arachnides/Segestriidae/Segestria/florentina.html

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Published by jean-yves cordier
9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 22:55

L'église Notre-Dame des Carmes

 

       à Pont-L'Abbé et les réalisations Le Minor

 

      L'église Notre-Dame des Carmes habillée par Le Minor.

       L'église possède  trois ensembles (au  moins, car je n'ai pas vu la nappe d'autel) venant de chez Le Minor : une bannière, un parement de buffet d'orgue, et les trois sièges sacerdotaux du choeur. Je terminerai par la bannière, qui me retiendra d'avantage. 

 

1. Les trois sièges du choeur : 

 

  Il s'agit d'un ensemble composé d'un fauteuil et de deux tabourets :

pont-labbe-eglise-carmes 2423v

 

     Le fauteuil :

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 pont-labbe-eglise-carmes 2420bb

 

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Les tabourets :


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  2. Le devant de buffet d'orgue :

 

Le grand orgue est, paraît-il, exceptionnel :  conservant certains des tuyaux du premier orgue de 1666, c'est un instrument  Beuchet-Debierre (1966-1968) agrandi par la manufacture Dargassies-Gonzales (1990) possédant 43 jeux pour trois claviers et pédalier, équipé d'une console mobile, transmissions électriques solid-state et combinateur électronique" (Wikipédia). Alors que depuis le XVIIe il était placé au fond de l'église sur la tribune, il a été installé en 1918 au dessus d'une grande baie qui communiquait jadis avec le couvent disparu, à droite du choeur.


pont-labbe-eglise-carmes 2426v

 

 

    Mais c'est le devant du buffet qui a retenu mon attention : le carton en a été dessiné par Bruno Le Folc'h, installé à Pont-L'Abbé, dessinateur de bandes dessinées ( Trois éclats blancs, 2004, Paysage au chien rouge 2007, Saint-Germain, puis roulez vers l'Ouest 2009, Chroniques outremers 2011-2012 ).

 

Il s'est inspiré de la bannière et des ornements des sièges, des jaunes et oranges des gilets bigoudens, du bleu de la grande rosace du vitrail, et les motifs bigoudens, plumes de paon et cornes de bélier  la portéeont pris l'apparence de notes de musiques dansant sur. Le site Topic Topos signale une inscription donnant le très beau  titre de "Symphonie pour une plume de paon". Je ne l'ai pas vu, et n'ai pas trouvé confirmation de cette inscription, mais c.'est bien trouvé.

   C'est une tapisserie de 4,50 m de long sur 70 cm de large qui a été installé en janvier 1995, sur la commande de l'Association des amis de l'orgue.


pont-labbe-eglise-carmes 2426vc

 

2'. La nappe d'autel.

également brodée par Le Minor, mais que je n'ai pas photographiée.

 

 3. La bannière :

 

  Elle date de 1960 et a été réalisée par le père André Bouler (1924, Quimperlé-1997). Elle est à l'origine de l'anecdote suivante : le peintre avait d'abord proposé un premier carton, mais le curé de l'époque (1956) le trouva trop moderne à son goût et Bouler du reprendre sa copie et concevoir un carton plus traditionnel. Mais Madame Le Minor trouva que ce premier jet ne devait pas être délaissé, et elle fit broder cette Notre-Dame des Carmes pour son propre compte : c'est ainsi qu'elle est actuellement exposée à la Boutique Le Minor du Quai Saint-Laurent, où l'autorisation de la photographier m'a été très gentiment accordée :

pont-labbe-eglise-carmes 2471x

 

 

 

       La bannière qui reçut l'agrément du commanditaire est celle-ci : sur fond de la couleur brune de l'habit des carmes, la Vierge à l'Enfant couronnée, enveloppée d'une chasuble, tient pendu autour de l'avant-bras droit le scapulaire. Celui-ci, une sorte d'étole, est une pièce séparée de la bannière proprement dite et cousue seulement à sa partie supérieure.


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Le verso porte l'inscription Itron Varia Garmez Pedit Evidomp, "Notre-Dame des Carmes Priez pour nous".

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  Les motifs bigoudens : la plume de paon (Pléon plaven), le soleil, la corne de bélier (Kornou maout), la chaîne de vie (Chadenn ar bed), dont certains auraient été ramenés de Hongrie après les guerres napoléonniennes.

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pont-labbe-eglise-carmes 2414cx c

 

 

  L'artiste : André Bouler : 

 

  Le père jésuite André Bouler (1924-1997) développa précocement sa vocation de peintre, travaillant à Paris de 1949 à 1952 dans l'atelier de Fernand Léger, rencontrant l'abbé Morel et le père Couturier (fondateur de la revue Art Sacré), Jean Bazaine et Léon Zack. Parallèlement, il obéit à sa vocation religieuse qui le mène au Noviciat en octobre 1943 ; il termine sa formation de Jésuite et est ordonné en 1955 puis ouvre, avec la bénédiction de ses supérieurs, un atelier 35 rue de Sèvres à Paris, puis au 42 rue de Grenelle.

 

  Son art est qualifié de non-figuratif  animé de "vibration colorée". Parallèlement à la peinture pure, il participe à l'aménagement de quelques 69 chapelles et églises, à la création d'autels, de vêtements et ornements liturgiques, et,surtout peut-être, de 42 ensembles de vitraux dont ceux de Sainte Thérèse du Landais et Saint-Laurent de Lambezellec à Brest, de la chapelle Sainte-Marine à Combrit, de l'église Notre-Dame de Bénodet, de l'église de Goulven de de Bourg-Blanc.  Chapelle Sainte-Marine à Combrit : la Vierge allaitante et la bannière Le Minor.

 

 

 

Le motif : la transmission du scapulaire.

 

   Ce don du scapulaire est un motif central et fondateur de l'ordre du Mont Carmel. On sait ( Vitrail de Plogonnec III : la Transfiguration. ) qu'il date de l'apparition de la Vierge à Simon Stock à Londres en 1245 (ou 1251). 

 

  Simon Stock devint supérieur général des Carmes en 1245. Dans la nuit du 16 juillet 1245, il demande à Marie de prendre l'institution sous sa protection, et à l'aurore, celle-ci lui apparut au milieu d'anges et cerclée de lumière, vêtue de l'habit de l'Ordre et tenant dans sa main une étoffe marron qui était le scapulaire de l'Ordre. Elle le revêtit en disant à Simon : "Ceci est un privilège pour toi et pour tous les Carmes. Quiconque mourra en portant cet habit ne souffrira pas le feu éternel".

 

  A une époque où la plus grande peur est de mourir en état de péché sans être assisté d'un prêtre et sans recevoir les derniers sacrements, c'est un fameux bonus pour les Carmes d'être assuré d'échapper à l'Enfer par le seul port de cet accessoire.  La citation parle d'un habit, et je n'ai pas saisi clairement comment ce "scapulaire", du latin scapula, épaule,  qui était un vêtement composé de deux pans, parfois complété d'une capuche et porté sur l'habit, se transforma  en un sous-vêtement plus court, puis en une sorte d'écharpe brune, et enfin en deux rectangles d'une dizaine de centimètres de coté reliés ensemble par deux cordons, portés autour du cou afin que les deux plaquettes se trouvent prés de la poitrine. C'est en tout cas cet accessoire de la paramentique que les deux bannières représentent, la première (qui fut réfutée) d'une  façon sans-doute excessivement stylisée et qui frise l'irrespect en ressemblant à une corde à sauter.

 

  La place cruciale de cette apparition mariale est attestée, en l'église Notre-Dame des Carmes, à la fois par une statue et par un vitrail :

eglise 2428 c

 

 

 

 

 

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  Poursuivre la visite de l'église...

 

...ne manque pas d'intérêt, ne serait-ce que pour la Pietà qui se trouve à l'entrée, à gauche.

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Mais ne quittons pas les vitraux sans regarder la rosace : 


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Les confessionnaux du XVIIIe attribués à leur desservant :

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Les bannières anciennes : Le Sacré-Coeur;


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Des armoiries :


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Une Vierge à l'Enfant, blafarde :

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L'Annonciation : 


eglise 2446x

 

 

 

 

 

 

J'avoue que je ne suis pas satisfait de mes clichés, et que, loin des broderies pleines de vie et de couleur, je commence à me fatiguer, et à prendre ce Saint Sébastien du XVIe siècle pour un curiste d'une station thermale, sans-doute parce qu'il  "est placé dans un enfeu, à droite d'une piscine gothique" :


eglise 2439c

 

 

 

 

 ...de trouver à Saint Crépin et Saint Crépinien des allures de Dupont-Dupond,

eglise 2409v

 

 

 

 et de voir en Saint-Joseph et son fils (XVIIe) des danseurs de flamenco jouant de castagnettes :

eglise 2459c


 

 

 

  Le mauvais esprit me guette, Le Minor me manque, il est temps de m'arrêter.

 

 

 

  Je termine par la plume de paon, symbole d'immortalité. Portés devant le pape sous le nom de flabella, elles représentent par leurs ocelles la vigilance de l'oeil ouvert. La chute et la repousse des plumes en fait un symbole de résurrection. Les anges  en confectionnent leurs ailes.

 

  Plus tard, on y vit un signe d'ostentation, d'orgueil et de vanité.


pont-labbe-eglise-carmes 2414cx c


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       Par la plume de paon, le bigouden montre qu'il est fier.

 


 

                          D'avoir des brodeurs de talent.

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Published by jean-yves cordier
8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 23:20

            Les vitraux de Manessier,

              chapelle de Bonne-Nouvelle à Locronan.


Vitraux contemporains : voir aussi :

 Bazaine  à La Madeleine de Penmarc'h :

http://www.lavieb-aile.com/article-chapelle-de-la-madeleine-a-penmarc-h-les-vitraux-de-jean-bazaine-104010551.html

ou tout simplement les vitraux de Saint-Louis à Brest :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-l-eglise-saint-louis-de-brest-103429661.html

Jacques Le Chevallier à Gouesnou :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-arbre-de-jesse-de-l-eglise-de-gouesnou-et-les-autres-vitraux-117897470.html,

Gérard Lardeur à Langonnet :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-gerard-lareur-a-langonnet-104407243.html

ou Gérard Lardeur à Saint-Sauveur :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-contemporains-de-saint-sauveur-finistere-90229755.html



      Voir aussi la chapelle et ses statues :  Vierges allaitantes IX : Chapelle de Bonne-Nouvelle à Locronan.

 

Présentation de l'œuvre :

Pour une fois, je placerai les commentaires sur l'œuvre à la fin.

J'ai pris ces photos le matin, en avril, par temps couvert : chaque visite recrée un nouveau spectacle.      

Baie O ou Maîtresse-vitre :

 

                vitraux 2369x


Baie 2, à gauche du chœur :

               DSCN2641

 

Baie 1, à droite du chœur :

                                vitraux 2364c

Détail : la signature :

vitraux 2367c

 

 

 

Baie 3 : à droite, au dessus de la Déploration :

                            vitraux 2374cx

Baie 4 :

 

                                   vitraux 5189 xcx

Baie 5 :

                    DSCN2653

 

Baie 6 :

                          vitraux 2371xc

Au dessus du portail ouest et de la tribune :

                       DSCN2652

 

 

 

Commentaires.

I. Maurice Dilasser ( 1918-2005)

  Le chanoine Maurice Dilasser a été recteur de Locronan en 1974 à 1990, fonction qui le désigne comme le commanditaire de ces vitraux. Mais c'est surtout par son engagement pour la promotion de l'art sacré, et pour ses fonctions à la tête de la Commission d'art sacré qu'il est important de le citer comme premier auteur de ces verrières de Bonne-Nouvelle. 

N'ayant pas trouvé ces renseignements sur le web, je donne ici une Biographie (d'après la notice nécrologique de Yann Celton, Bull Soc. Arch. Fin. Tome CXXXV, 2006 pp.433-435):

   Né le 22 mars 1918 à Lesneven, Maurice Dilasser est ordonné prêtre en 1942 puis nommé professeur à Lesneven avant de prendre de 1960 à 1964 les fonctions d'aumônier à Quimper à Sainte Anne et auprès des enseignantes chrétiennes. Supérieur de Saint-Yves de 1964 à 1965, il devient recteur de Tréboul de 1965 à 1969. Profitant du renouveau liturgique impulsé par Vatican II et sous l'influence des principes novateurs exposés par les pères dominicains Couturier et Régamey dans la revue Art sacré, il rénove radicalement l'intérieur de l'église de Tréboul, supprimant les peintures en trompe-l'-oeil fin XIXe qui dataient de la construction de l'édifice par l'abbé Abgrall en 1881-1884, supprimant le mobilier liturgique et les statues de plâtre produites en série par les entreprises de bondieuserie saint-sulpicienne, respectant les verrières datées de 1885-1901 des ateliers Megnen, Bordereau, Fenep et Florence complétées en 1948 par Lorin et Choisnard et en 1957 par des vitraux confiés à Pierre Toulhoat. 

   En 1969, il revient à Quimper comme aumônier de maison de retraite et il est nommé official diocésain (la même fonction que saint-Yves à Tréguier), un rôle d'avocat qu'il conserva toute sa vie.

   En 1974, et jusqu'en 1990, il devient recteur de Locronan, et il ajoute à cette fonction celle de recteur de Kerlaz en 1988.

Maurice Dilasser et l'art sacré.

  Maurice Dilasser est le frère de François Dilasser (1926-.), peintre contemporain  qui a réalisé les vitraux de Ty Mamm Doué à Quimper et de la chapelle Saint-Maudez à Guiscriff. 

    En 1949, l'évêque de Quimper, Mgr André Fauvel, attentif à la création contemporaine, crée une commission d'art sacré, dirigée par un (ou, actuellement, une) délégué(e) diocésain(e). Ses statuts seront publiés en 1983. C'est en 1979 que Maurice Dilasser rentrera dans cette commission, et il sera le délégué diocésain de la CDAS  pour neuf ans en 1990.

  A Locronan, il fait venir des artistes pour les exposer dans le Pénity. "Proche de Bazaine et de la Galerie de France à Paris, il fait venir ainsi Manessier, Le Moal, Viera da Silva, Arpad Szenes, Raoul Ubac, Pierre Tal-Coat, Serge Poliakoff, Elvire Jan entre les années 1974 et 1985, et se met en contact avec Pierre Soulages et avec les héritiers d'Yves Tanguy." Depuis 1980, il est le conseiller technique et artistique auprès de la CDAS dirigé par Yves Marzin qui en est plutôt l'économe, et il visite de nombreux chantiers. "Partisan de la non-figuration dans le vitrail, il fait travailler Bazaine dans les chapelles Chapel-ar-Zonc de Locronan et de la Madeleine à Penmarc'h, fait intervenir Manessier au Pouldu et à la chapelle de Bonne-Nouvelle, et approuve le choix de Kim en Joong (peintre dominicain, créateur de vitraux pour la cathédrale d'Évry) à la chapelle classée de Perguet en Bénodet. Il s'oppose aux tenants d'un art figuratif plus classique, au risque de frictions et d'incompréhension, préférant systématiquement des créations plus résolument contemporaines, envisageant de faire intervenir Marta Pan pour le baptistère de l'église Saint-Louis de Brest. Le figuratif peut cependant trouver place, comme ces vitraux de Nicolas Fédorenko réalisés à la chapelle Saint-Maudez à Lennon."

   "Suivant de près les chantiers diocésains d'église, il veille à la réalisation, et spécialement à l'aménagement intérieur des églises de Tourbian à Guipavas (1993), de Kerinou à Brest (1998). A Concarneau en 1996, il confie à son ami Bazaine la réalisation de la grande mosaïque du porche, à Quimper il confie la réalisation du mobilier liturgique de la cathédrale de Quimper nouvellement restaurée au sculpteur Pierre Manoli."

Il a fondé en 1983 l'Association du Patrimoine Religieux en Vie SPREV qui forme de nombreux jeunes à la fonction de guide des chapelles et églises bretonnes.

En 2005, il reçut la décoration de chevalier des arts et des lettres.


   On lui doit : 

  • Locronan, ed. Ouest-France 1983,
  • Loc Ronan et Tromènie,Maurice Dilasser et paroisse de Locronan, 1989
  • Locronan 1993
  • Antiquité de la petite Troménie de Locronan, Bull. Soc. arch. Finist. t. CVVIII, 1994, p. 254-261.
  • Locronan et sa région, Yves Gallo, Maurice Dilasser et U.B.O.,1979
  • Églises et symboles, ed du Signe, 1999
  • Sculpter la lumière, le vitrail contemporain en Bretagne Philippe Bonnet et Maurice Dilasser,1945-2000
  •  Patrimoine religieux de Bretagne Maurice Dilasser (dir.) Hervé Gusty Brest, Ed Le Télégramme, 2006,381 p.

 

 

 II. Alfred Manessier (Saint-Ouen dans la Somme 1911-1993)

   Trop connu pour que je m'étende d'avantage, je rappellerai que ce peintre non-figuratif animé d'une profonde foi catholique, très sensible aux lumières littorales et fluviales de la Baie de Somme, attaché à observer et à rendre les paysages naturels,  a développé une importante œuvre de vitrail depuis 1948. Il a été l'un des premiers à introduire l'art non figuratif dans les églises par sa verrière de Sainte-Agathe des Brézeux en 1948, et s'est initié aux techniques du verre ancien et plomb notamment auprès du maître-verrier François Lorin à Chartres. Il est l'auteur de 27 ensembles de vitraux, dont 16 en France et deux en Bretagne, à Locronan et en 1958 à la chapelle Notre-Dame de la Paix au Pouldu.

La verrière de Bonne-Nouvelle :

     C'est Maurice Dilasser qui a proposé  "le thème de Marie qui présente au monde d'hier, d'aujourd'hui et de demain la Bonne Nouvelle. Celui qui est venu après une longue attente... Marie dans le mystère de l'Annonciation, de la Visitation et de la  Nativité. Celui qui vient aujourd'hui apporter la lumière et la paix au milieu de nos incertitudes, de nos angoisses et de nos dissensions. Marie dans les jours cachés de Nazareth : "Heureuse celle qui a cru"... Celui qui viendra pour le salut des nations et qui nous réunira pour toujours dans la vie et la résurrection. Marie dans la gloire de l'Assomption".
     Ce à quoi Manessier répondra en déclarant le jour de la bénédiction lors de la petite Troménie en juillet 1985 :"Ces vitraux non figuratifs évoquent un mouvement qui part du chœur et continue avec les autres vitraux : c'est comme un manteau qui s'ouvre, un mouvement d'accueil qui vous tend les bras. Au fond le petit vitrail du pignon c'est l'écho du grand vitrail du chœur : c'est en quelque sorte la "bonne nouvelle". Dans le mouvement dessiné, le rythme est donné par les lignes de plomb" (in Hélène Claveyrolas, Les vitraux de Manessier dans les édifices historiqueslink)

 

III. Les ateliers Hermet-Juteau

  Le maître-verrier est l'atelier Lorin-Hermet-Juteau de Chartres. J'ai déjà présenté ici les vitraux d'Elliant et ceux de Carolles (50) par François Lorin  Les vitraux de Jacques Simon en l'église saint-Vigor de Carolles (50)

Costumes bretons d'Elliant : vitrail et statues.

  Il faut signaler que Manessier est l'auteur des vitraux de 1972-73 de la tombe de François Lorin au cimetière de Saint-Chéron à Chartres.

  Les vitraux sont réalisés en verre antique et plomb.

 

Leurs commentaires : 


   Maurice Dilasser : " Dans cette chapelle édifiée au milieu des maisons et des courtils de tisserands, [Manessier] a orchestré l'outremer de l'océan et l'azur nacré, l'ocre des terres et la gamme de verts bocagers en l'honneur de Marie et de son fils, le Verbe porteur de la bonne nouvelle. La transparence des verres sans grisaille est sensible au passage des nuages, qui jouent en contrepoint avec le graphisme élancé des plombs. Cependant, drapée dans son manteau bleu comme à la conque de torcello, la mère de Dieu habite souverainement le chevet de la chapelle. Présence aussi affirmée par sa densité chromatique que celle de la mosaïque vénitienne. Vision plus discrète qui se laisse découvrir et appeler. Le mouvement qui s'élève du panneau central aux flammes des fenêtres voisines évoque Notre-Dame-de-la-Miséricorde accueillant les enfants dans les plis de son manteau.

  "Les autres fenêtres sont accordées à d'autres mouvements de l'âme : "Pluie diaphane de grâces au nord, au sud gravité de rouges et de violets déplorant le sang versé, au dessus du groupe de Kersanton où Marie reçoit le corps de son enfant". 


   Alfred Manessier : " Les trois vitraux du chœur répondent précisément à un même  thème : la proclamation de la Bonne-Nouvelle qui s'exprime dans un mouvement d'ouverture, de bras ouverts. C'est peut-être une allusion au paysage, à l'ouverture de la Baie de Douarnenez qui est si proche de l'église. 

  "Les quatre vitraux de la nef, plus modestes, sont des vitraux d'accompagnement. Ils n'ont pas de thème précis. Leur style est plus simple, comme d'ailleurs le dessin des verrières. Le vitrail rouge accompagne une sculpture de la descente de croix ; le petit vitrail de la tribune est un écho du chœur, ses couleurs sont tirées de la palette du chœur ; les deux autres comportent des grisailles, le plus clair est marin.

  "Les vitraux du chœur et ceux de la nef ont été conçus dans deux styles différents -style que l'on retrouve dans l'architecture même du lieu, le chœur n'étant pas du même style que la nef. Cette opposition est également présente dans le dessin des verrières. 

  " Les vitraux apportent dans la chapelle toute une joie de couleur. Il y aura de la couleur partout, changeante avec le soleil et la lumière qui ne sont pas constamment les mêmes. 

  "Les vitraux ont la sensiblité des oursins. Il n'y a rien de plus vivant que les vitraux."

 

Le renouveau des vitraux en Bretagne :

Présentant "le vitrail contemporain en Bretagne 1945-2000", le catalogue "Sculpter la Lumière" de l'exposition du château de Kerjean dresse la liste à peine croyable de plus de 1000 vitraux contemporains créés dans cette période par 119 artistes différents. Et ce n'est pas fini !



 




 

 



 


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Published by jean-yves cordier
5 avril 2012 4 05 /04 /avril /2012 17:38

           Ma visite de Locronan

                  Les bannières.

 


  I. Les bannières anciennes :

Trois bannières anciennes sont visibles dans l'église, correspondant aux deux "chapelles" latérales de l'église à droite et à gauche du choeur avec leur autel et leur retable, dédiées l'une au Rosaire et l'autre à Saint Eutrope, et à la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.

  Elles ne sont pas datées, mais on peut penser qu'elles ont été réalisées au début du XXe siècle.

  1. Notre-Dame du Rosaire : Reine des Vierges

lien : http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=45 page 147

  En 1645, une confrérie du Rosaire a été fondée à Locronan, qui a obtenu une chapelle latérale à gauche du choeur pour la dédier à ce culte. En 1668, elle commandait à Maurice Le Roux, peintre et sculpteur de Landerneau un retable pour l'autel. De 1724 à 1738, 761 fidèles s'étaient fait inscrire à cette confrérie, chiffre considérable pour une population, très stable jusqu'à nos jours, de 768 habitants en 1793. Cette confrérie disposait d'un fabrique (François Bellec en 1766).

  On peut rapprocher cette date de création de la confrérie des missions du père Maunoir, lequel est venu prêcher à Locronan en 1651, 1659 et 1679.

 

  Au verso, la bannière est consacrée à Sainte Thérèse avec la phrase fameuse "Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre."




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2. Saint Eutrope:

Cette bannière est en rapport avec l'ancienne chapelle de Saint-Eutrope et son hôpital adjacent, mais aussi avec la première station de la grande Tromènie. 

  Il s'agit d'un personnage énigmatique ou légendaire,  premier évêque de Saintes, au IIIe siècle, mais aussi contemporain de Jésus dont il serait le treizième apôtre ;  vénéré dans le sud-ouest et le centre-ouest de la France, on rapporte qu'un noble breton, Maurice de Kergloaguen, (mariage en 1446) seigneur de Rosampoul près de Morlaix et gouverneur de Saintonge qui introduisit son culte en la commune actuelle de Plougonven, d'où il s'étendit. Le diocèse de Quimper célébra sa fête jusqu'en 1542, date à laquelle elle y renonça en considérant que le saint était un étranger. 

 L'eglise de Locronan a dédié au saint une chapelle et un hôpital, au XVe siècle, un autel avec son retable à droite du choeur, et elle possède dans son Trésor un reliquaire en forme de coffret du XVIe siècle. 

   La chapelle a sans-doute été attribuée a un autre culte après 1542, puisqu' au XVIIe siècle, une frérie du Sacre (confrérie du Saint-Sacrement ?) est mentionnée en même temps que celle du rosaire.

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Au verso, la bannière est dédiée à Saint Maurice.

 

2. Notre-Dame de Bonne-Nouvelle :

  Cette bannière est en rapport bien-sûr avec la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle à Locronan :  Vierges allaitantes IX : Chapelle de Bonne-Nouvelle à Locronan.

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  Le verso est dédié à Sainte Anne, double hommage à la maternité.

 

II. Les bannières contemporaine de Pierre Toulhoat et Le Minor.

 

  La bannière de 1953.

  C'est la toute première bannière brodée par Le Minor, qui a été créée pour la Grande Troménie de 1953, celle qui, sous l'initiative de l'abbé Combot, vit s'instituer le jeu scénique de Saint Ronan.  Elle porte les inscriptions Parrez Lokorn 1953  Sant Korantin Pedit evidomp, "Paroisse de Locronan 1953, Saint Corentin Priez pour nous", avec le saint représenté en évêque du diocèse de Quimper, comme on peut le voir sur la gauche du maître-autel de l'église, et son fameux poisson  qui rappelle à la fois la légende où Dieu envoie un poisson miraculeux pour nourrir Corentin pendant sa période érémitisme, mais aussi le Christ selon le symbole tiré du grec ancien ichtus, "poisson"  acronyme de lettres grecques signifiant Jésus Christ Dieu Fils Sauveur. Le motif de broderie bigoudène dit d'"arête de poisson" (drein pesk) est bien-entendu largement utilisé, mais aussi les palmettes, les rosettes, les coeurs et les volutes, les chaînes de vie, les soleils (rond plein), les feuilles de fougère (boud radenn) et les cornes de bélier (kornou maout). sur les motifs de broderie du costume breton, voir ici : link)

 Pierre Toulhoat, né en 1923 à Quimper, est un "ouvrier d'art" multicartes qui travaille le métal (bijoux, orfèvrerie, médailles), le verre sous forme de vitraux avec l'atelier Le Bihan Saluden, la faïence avec Keraluc, et enfin le tissu avec ses foulards, ses costumes, son linge de maison ... et ses bannières.

  On mesure la rupture de sa création artistique par arpport aux bannières d'autrefois, dont les plus anciennes sont de très précieuses oeuvres, mais dont celles du XIXe et première moitié du XXe siècle tombent sous le coup des critiques de la production saint-sulpicienne, quasi industrielle et standardisée (on changeait le nom du saint patron) sur catalogue, malgré que le travail de broderie et de passementerie (cannetilles, perles et verroterie) souvent éffectué par des carmélites soit admirable de minutie.



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      On remarque les deux clochettes suspendues sous la bannière.

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Le verso : 

Il porte l'inscription : ADOROMP DOUE E SAKRAMANT AN AOTER qui signifie "Adorons Dieu, dans le sacrement de l'autel ". Deux anges sont prosternés devant une stylisation d'un ostensoir, qui devient un soleil, la force cosmique fondamentale, ou l'embrasement de l'Amour. 


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Il s'agit de l'un des cantiques bretons incontournables, un chant de communion qui est entonné lors des pardons :

Adoromp holl, e sakrament an Aoter

Gwir Vab Doue, Jezuz hon mestr, hon Salver

Speredou evurus, priñsed eus e balez

Adorit-eñ ganimp, meulit-eñ da james, meulit-eñ da james

  Adorons tous, dans le sacrement de l'autel,

Le vrai Fils de Dieu, Jésus notre maître, notre Sauveur,

Esprits bienheureux, princes de son palais,

Adorez-le avec nous, louez-le à jamais, louez-le à jamais.

  S'agissant d'un chant de communion, il est logique de retrouver les épis de blé et la grappe de raisin à la partie basse.

 

2. la bannière de 2007 :

  Il s'agit de la treizième bannière dessinée par Toulhoat pour Le Minor . Elle est dédiée au saint patron de Locronan, Saint Ronan, avec la mention Parrez Lokorn, Sant Ronan Pedit evidomp.

  On lit encore Kee tramor Dan arvoric, en dessous d'une scène où un ange guide le misainier de Ronan qui quitte l'Irlande et qui navigue "à travers les mers vers l'Armorique".

Azeahadi an aviel  : l'ange indique l'endroit où Ronan doit accoster pour évangéliser les bretons : à proximité du Menez Hom.

  Il est entouré de paroissiens de divers corps de métiers, et on distingue la mère de famille et son enfant,le laboureur, la fileuse, le bûcheron, la prêtre ou le moine, les outils de l'architecte ou du maçon. 

  En dessous se lit AD 2007, année de Dieu 2007, et PA OA FRANÇOIS SAVINA PERSON, qui désigne le commanditaire, le père François Savina, curé de Locronan qui, le 8 juillet 2007, mena la procession à travers les rues, les champs et les chemins sur les traces de Saint Ronan en passant par les douze étapes de la Grande Tromènie.


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  Le verso de la bannière porte l'inscription Oll Zent Ha Sentezet eus ar Baradoz Pedit evidomp, ce que je me traduis par : Tous les saints et saintes du Paradis, Priez pour nous (?)

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 Douze saints sont représentés :  Ce sont, dans le désordre, les douze stations de la Troménie, où Plas ar chor'n, l'endroit où la corne du boeuf du  saint se brisa, est désigné par le saint lui-même.
  • Sant Maoris, Saint Maurice.
  • Sant Telo, Saint Théleau, correspondant à la chapelle du même nom à Plogonnec,
  • Sant Ronan,
  • Sant Yann, Saint Jean,
  • Sant Gwenolé, Saint Gwénolé
  • Sant Ouen, Saint Ouen patron de Quéménéven,
  • Sant Miliau, Saint Milliau dont la statue vient de Plonevez-Porzay
  • I.V Kélou mad, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, et la chapelle éponyme
  • Santez Anna ar Palud, Sainte Anne-la-Palud, dépendant de la paroisse de Plonévez-Porzay,
  • Sant Eutrope,
  • Ecce Homo, dont la statue marque la station nommée "le père éternel",
  • Sant Gremen, Saint-Germain, saint patron de Kerlaz

En dessous se voit le blason de Locronan, les ciseaux témoins de la richesse de la ville est due à l'industrie de la toile et aux tisserands. Puis, les armoiries de la Bretagne, et la châsse des reliques de saint Ronan.
Enfin on trouve la signature de l'artiste, Toulhoat, et de la maison Le Minor, qui broda la bannière.
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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 21:57

              L'église de Locronan.

 

A. La chapelle du Pénity :

 

1.  la Déploration.

Groupe en kersantite polychrome du XVIIe.

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Piédestal  :

Deux bas-reliefs en kersantite  sont consacrés aux apparitions du Christ ressuscité , à Marie-Madeleine, puis aux pèlerins d'Emmaüs.

  1. Noli me tangere :

Sainte Madeleine vient avec un flacon de parfum, et rencontre Jésus ressuscité, habillé en jardinier. Elle lui dit "Rabouni !" mais Jésus lui dit Noli me tangere, "ne me touches pas".

  2. Les témoins d'Emmaüs :



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2. Saint Louis

 

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3. La Pietà :

statue en bois du XVIe siècle.

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4. Saint Michel :

  Peseur des âmes, il rappelle à chacun l'heure du Jugement Dernier.

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6. Les vitraux de la chapelle du Penity :

 

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B. L'église proprement dite :


5. Saint Roch et son chien :

L'inscription gothique a été déchiffrée (par M. Le Men, notamment) comme portant le nom de R. Guilimin précédé de la date de 1509. On lit M Vcc IX 

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6. Sainte Marie :

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7. Saint Christophe :

      Il y avait, daté de 1709, un autel dédié à Saint Christophe du coté nord.


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8. Sainte Barbe et sa tour : 

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9. Saint Herbot

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10. Saint Antoine :

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11. Sainte Marie-Madeleine en figure de la Mélancolie:

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12. Saint Maurice : 

 

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13. Saint Yves :

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14. Saint Mathurin :

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   Dans le choeur :

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      15. La Vierge 

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      16. Saint Jean :

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    17.  La niche de gauche : saint Corentin et son poisson:

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18. La niche de droite : Saint Ronan


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19 : les vitraux du choeur :


 

 

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  Le mobilier :

Confessional :

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 La chaire de St Ronan :

réalisée en 1707 par Louis Bariou, maître menuisier à Quimper, elle illustre par dix médaillons situés entre la cuve et la rampe la vie de Saint Ronan.

  Louis Bariou (v. 1638-Quimper 17 octobre 1730) est aussi l'auteur de la chaire à prêcher (1679-1680) de l'église paroissiale de Crozon , et lors du contrat qu'il passa en 1706 "tant pour lui que pour son gendre" avec Louis Moreau, sieur de Rosaven syndic perpetuel de la paroisse, il s'engagea à réaliser une chaire à prêcher conforme en tout à celle de Crozon, mais en remplaçant les médaillons de la vie de Saint Pierre par ceux consacrés au mystère de Saint Ronan.

 Elle est décrite par la fiche IM 29001249 rédigée par J.C. Ducouret et C. Quillivic du Service Régional de l'Inventaire Bretagne comme composée d'un culot soutenant une cuve à six pans, un escalier tournant, dorsal à retour latéral, abat-voix à six pans, couronnement sommé d'un ange, h = 550, la =180, pr = 280. L'ornementation est faite de feuilles d'acanthes, de feuillages, de volutes, de chutes végétales, de fleurs et de bouquets, de corne d'abondance et de guirlandes. 

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Sur la porte qui donne acces à la chaire est inscrit :

EN : 1707 : V : D : M : M.RIN : SENE : V. PPL

M : L. HALNAY : CVRE

HERVE : MARHIC FABRIQVE 

En 1707 Vénérable et Discret Messire Mathurin Sené Vicaire Perpetuel Messire L Halnay Curé Hervé Marhic Fabrique.

Mathurin Sené est également mentionné sur la fontaine de la chapelle Bonne -Nouvelle : Vierges allaitantes IX : Chapelle de Bonne-Nouvelle à Locronan.

Louis Halnay fut curé de Locronan de 1707 à 1711

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Médaillons de 3 à 10 :

 

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Inscription sur la porte de sacristie avec un N rétrograde:

MIre . F : LE . HÉ : V : PPll. 

M : A : BIHAN : F : 1679

"Messire F. Le Hé Vicaire perpétuel M. A. Bihan Fabricien 1679".

  François Le Hé est connu pour avoir signé l'acte de déces de René de Nevet le 14 avril 1676, comme je l'ai détaillé lors de ma visite des vitraux de Kerlaz, et comme le rappelle l'inscription lapidaire de la pierre funéraire qui va suivre :  Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie. 

  En 1665, les paroissiens rentrèrent en conflit avec François Le Hé et refusaient de lui payer les fondations ducales, estimant que cela relevait du Prieur. Mais l'évêque les condamna à payer le vicaire lorsqu'il officiera les marids et vendredis, fera les prières et les processions, 40 sols 20 d par jour, et lorsqu'il ne fera qu'assister, 15 sols ; et aussi 15 sols pour les vêpres du samedi. Ils furent contraint à acquitter la somme de 614 livres, réduite à 426 livre par compromis avec le vicaire.

source :link

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La dalle funéraire des seigneurs de Nevet :

Voir :  Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie.

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Pour terminer, le cadran solaire :

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Source : Bulletin diocesain d'histoire et d'archéologie 1925, p. 128 Notice sur Locronan par MM. Pondaven et Abgrall http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=45

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 19:41

               L'Aurore de la cardamine

                        à Crozon

 

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 3 avril 2012, étang de Kerloc'h, ancienne gare. 

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 19:23

               Chrysalide de Pieride :

                       Pieris brassicae ?

Crozon, L'Aber, 3 avril 2012 :

Contre le mur de la maison, que les chenilles escaladaient chaque soir à l'automne : cette chrysalide de Piéride du chou a hiverné. On note le fin filament de soie qui l'arrime verticalement (la photo suivante a été basculée de 90°) sur le mur, et qui passe au dessus des futures ailes.

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 09:43

Groupes de Sainte-Anne trinitaires

du Musée départemental de Quimper.

 

  Le seul but de cet article est de compléter mon iconographie des statues bretonnes de Sainte-Anne trinitaires.

 

1. Fin du XVIe siècle, provenant du dépot de l'évêché de Quimper.

                     musee-departemental 1531c

 

2. XIII -XIVe siècle, chapelle du manoir de Trévarez, St-Goazec.


                          musee-departemental 1533c

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 20:54

        L'église du Vieux Bourg à Lothey :

               Anne trinitaire.

 

Voir d'abord  L'église du Vieux Bourg à Lothey et ses statues.

 

  La niche qui abrite le bas-relief du XVIe siècle en bois polychrome de Sainte Anne est placée à droite du choeur, du coté de l'épître, en vis à vis de celle de saint Jean. Elle est surmonté d'un ovale peint en bleu mais où se découpent cinq "fusées" qui ne peuvent être que les cinq fusées rangées et accolées accompagnées de quatre roses de même" qui sont de Kergoët : un restaurateur bien intentionné aura peint en "azur" ce qui était rouge, "de gueules", et on comprend alors les roses adjacentes, mêlées de marguerites ou de fleurs sp.

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Ce groupe en bois polychrome du XVIe siècle mesure 95 cm de haut, 55cm de large et 27 cm de profondeur.

  Le bas-relief montre deux femmes assises. L'une, placée un peu plus haut que l'autre, la tête recouverte d'un voile verdâtre ou guimpe est Sainte Anne la mère de Marie, laquelle est représentée avec de longs cheveux dénoués, retombant sur les épaules et devant la poitrine. La couronne qui repose sur ces cheveux semble être une fine tresse dorée.

  Ces deux femmes ont la tête légèrement inclinée sur la gauche et leur regard, un peu rêveur, est dirigé vers le bas et la droite. Ce jeu des regards est particulier, inhabituel, Anne notamment semble à la fois feuilleter son livre, présenter un fruit à son fils, sans rien perdre de son émission préférée sur le poste de télévision placé en bas à droite. Mais comme cela est légèrement anachronique, je laisse à chacun le soin d'imaginer une autre explication.

  La mère de Marie est vêtue d'une grande robe rouge à larges manches tandis que sa fille porte une robe de ton écru, à décolleté rectangulaire. Sur les genoux de la Vierge se tient le troisième personnage de ce groupe trinitaire, l'Enfant-Jésus dont le corps et le regard sont tendus dans une direction oblique vers le haut et la droite qui conduit à un triangle presque central de la sculpture.

Ce triangle est constitué sur le bord droit d'une belle grappe de raisin, pointée vers le haut ; et trois mains forment les trois coins, main de l'enfant en haut, saisissant le fruit pour le presser, main de la grand-mère proposant la grappe, et main de Marie soutenant le bras de son fils pour guider sa prise et participer à son acte.

  A coté de ce point nodal de la composition, la main gauche de Sainte Anne tourne la page du livre qu'elle tient sur ses genoux, et la main droite de Marie, que la menotte de l'enfant vient tenir fermement, soutient les fesses du garçonnet.

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    Ce groupe  appartient à l'ensemble d'une dizaine d'oeuvres semblables d'Anne trinitaire de la moyenne vallée de l'Aulne. Mais Guy Leclerc a montré (Bull. Soc. Arch. Finist. CXXXXIV, 2005 pp 68-72) qu'une oeuvre en réalise un double presque parfait, alors qu'elle se trouve aux Îles Canaries, et qu'elle a été fabriquée à Anvers !

  Il s'agit de la Sainte Anne Trinitaire de l'église paroissiale san Francisco de Asis à Santa Cruz sur l'île de La Palma, et qui porte (ainsi que cela a été découvert par hasard en juillet 1998 par un restaurateur lors d'un gazage contre les insectes), la marque de la guilde d'Anvers. Elle est datée vers 1510-1525. Elle mesure 115cm de haut pour Sainte Anne, 94 cm pour la Vierge, 27 cm pour l'Enfant ; elle est en bois polychrome essentiellement dorée.

 http://www4.gent.be/sintpietersabdij/05_El_Fruto/extra_fruto3_fr.htm

 

  Cette découverte laisse présumer que la statue de Lothey a été réalisée à la même date et par le même atelier d'Anvers, bien que les personnages soient de taille plus petite d'une vingtaine de centimètres à Lothey, (Anne 87 cm contre 115, Marie 80 cm contre 90, Jésus 21 cm contre 27).

  Certes les relations économiques, politiques et artistiques entre la Bretagne et la Flandre au XIVe, XVe et XVIe siècles sont parfaitement établies, mais Guy Leclerc fait aussi remarquer qu'une vingtaine d'année avant la date présumée de cette sculpture, le seigneur de Guilly en Lothey, Hervé de Launay, était sieur de Port-Launay, le port qui assurait, sur l'Aulne maritime, le débouché vers l'Océan, la Manche et la Mer du Nord : ce qui procurait au commanditaire potentiel des contacts avec la Flandre.

 

Interprétation religieuse de l'oeuvre:

  a) Cette "trinité" de la Grand-mère, la Mère de Dieu et l'Enfant-Jésus peut être considérée en parallèle de la Sainte Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit selon la théologie de l'Incarnation pour illustrer comment se sont unies la nature humaine et la nature divine en la personne du Christ. En 1519 à Chartres, à l'époque même de fabrication de l'Anne Trinitaire de Lothey, Jehan Soulas sculpte sur le pourtour du choeur de la cathédrale la rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem, là où les époux échangèrent, selon la Légende Dorée,  le baiser d'où naquit, selon la prédiction de l'ange, la Vierge Marie : la pensée médiévale voyait dans cette conception par un baiser, "sans semence d'homme", la preuve de la virginité miraculeuse d'Anne, et de la conception de Marie par l'intervention divine. 

  La croyance en une conception virginale de l'enfant Marie par Anne accompagne celle de sa naissance échappant au péché originel, c'est-à-dire l'immaculée conception de la Vierge : croyance discutée pendant tout le Moyen-Âge mais réaffirmée par le Concile de Trente.

  b) En même temps l'oeuvre peut se lire, un peu comme un arbre généalogique, selon un axe de filiation honorant Sainte Anne, de la famille de David, en illustrant sa descendance.

c) Ces trinités célèbrent le chiffre trois, mais introduisent toujours à coté des trois personnages des attributs qui orientent l'interprétation théologique du trio dans une direction particulière. Ici, à Lothey, deux attributs sont présents : le livre, et la grappe de raisin.

  • Le livre peut être considéré comme celui de l'Ancien Testament, l'histoire juive du Salut qui se clôt avec Anne avant que ne débute, avec Marie, le Nouveau Testament.
  • Il est remarquable que le livre de l'iconographie de sainte Anne soit presque toujours un livre ouvert en son milieu (alors que les évangélistes ou les apôtres ou les Pères de l'église portent plutôt des livres fermés) : il est le double symbole de la lecture, et de l'enseignement. Anne est souvent représentée apprenant à lire à sa fille, plus rarement à son petit-fils, illustrant le rôle éducatif du parent ; mieux, elle devient (beaucoup plus que Saint Joseph) la représentante du Parent en tant que tuteur, exemple et  initiateur. Anne est à la fois , prosaïquement, le modèle de la Mère de famille, puis spirituellement,celui de l'Éducatrice chrétienne, et enfin  le modèle de la lecture prophétique, déchiffrement de l'Ancien Testament pour initier sa fille à la mission qui l'attend. Ce rôle est celui qu'illustrent les Éducations de la Vierge, duo mère-fille. Sur 60 statues du diocèse du Mans, 57 ont le livre comme attribut : il est ouvert dans 53 cas ; c'est souvent un abécédaire  link
  • Enfin Sainte Anne est figurée en train de tourner une page, et annonçant ainsi la page qui va se tourner pour l'humanité dans l'histoire du Salut. 
  • La  grappe de raisin est un symbole de l'eucharistie, elle évoque la grappe mystique écrasée sous le pressoir (torculus christi) durant la Passion du Christ, son sang étant le jus de raisin puis le vin de l'eucharistie rachetant les âmes du péché. Présentée ici par Anne éducatrice et prophétique, elle est saisie par l'enfant dont le bras est guidé par la main de sa mère. Ainsi les deux femmes apparaissent ainsi comme actrices essentielles du sacrifice christique, mais leur regard détourné indique qu'elles n'en sont que les vecteurs, et que c'est en partie à leur insu que se réalise le Plan Divin : par leurs corps et par leurs gestes mais, pour ainsi dire, sans que cela ne les regarde, ou lisant ailleurs les instructions qu'elles reçoivent et qu'elles exécutent.



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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 19:21

        Groupes dits de Sainte-Anne Trinitaire :

               l'ensemble de la vallée de l'Aulne

 


      Introduction.

sources :link

               link

  La Bretagne voue à Sainte-Anne un culte si particulier qu'on a pu qualifier la mère de Marie de Mamm goz ar Vretoned, "grand-mère des bretons" ( Job an Irien et Y.P. Castel, Santez Anna, mamm goz ar Vretoned, Sainte Anne et les Bretons Minihi Levenez, 1996). Si la dévotion des bretons est devenue considérable après que la sainte soit apparue en 1623 à Yves Nicolazic, date de fondation du sanctuaire de Sainte-Anne d'Auray et de son pèlerinage, elle est très antérieure à cette date et remonterait au VIe siècle. Certes le prénom Anne (Anna en breton) n'apparaît pas en Bretagne avant le XVe siècle et le prénom de la Duchesse Anne (1477-1514) lui aurait été transmis par Anne de Beaujeu. Certes encore le prénom de la mère de la Vierge ne lui était pas attribué avant le VIIIe siècle, et si en 1381 Urbain VI autorisa sa fête pour toute l'Angleterre, ce n'est qu'en 1584 que Grégoire VIII fixa sa fête au 26 juillet pour toute la chrétienté. En 1622, Grégoire VX en faisait un fête chômée, et les apparitions à Nicholasic commencèrent l'année suivante.

  Les statues qui vont être étudiées sont du XVIe siècle, et donc antérieures à cette date charnière de 1622. Elles représentent trois personnages groupés, Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant-Jésus, sous le nom de groupe d' Anne trinitaire (ou Trinités mariales)  représentation qui n'est pas, loin s'en faut, propre au Finistère. Mais le long de la moyenne vallée de l'Aulne, sur une quarantaine de kilomètres entre Carhaix et Châteaulin, sept groupes rassemblent des caractéristiques qui incitent à les considérer comme un ensemble cohérent. Géographiquement, ce Bassin de Châteaulin traversé par l'Aulne après sa rencontre avec son affluent l'Hyère, est une dépression entre Monts d'Arrée au nord et Montagnes Noires au sud, ancien golfe marin aux riches terres sédimentaires, qui offre des paysages doucement ondulés sillonnés de vallons verdoyants, alternant les prairies et les champs, les haies plantées, et le cours paisible du fleuve.

   De l'ouest à l'est, de Châteaulin à Saint-Hernin, 7 groupes trinitaires peuvent y être relevés, même si on est tenté d'y ajouter quelques autres exemples excentrés (8 à 10) :

1. Châteaulin, chapelle Notre-Dame.

2. Lothey, église du Vieux-Bourg.

3. Gouezec, chapelle de Tréguron.

4. Saint-Thois, église St-Éxupère.

5. Saint-Gouazec, Le Moustoir, chapelle de la Madeleine.

6. Châteauneuf-du-Faou, église Saint-Julien.

7. Saint-Hernin, ossuaire.

8. Edern, chapelle Notre-Dame de Hellen (idem).

9. Daoulas, chapelle Sainte-Anne.

10 Quéménéven, fontaine de Kergoat.



 

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En 1991, Guy Leclerc publia une première étude du groupe de Châteaulin et énuméra les différents exemples de l'Ensemble de la Vallée de l'Aulne dans Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (pp 150-154).

  En 2005, le même auteur, actuel vice-président de la Société Archéologique du Finistère, publiait dans le Bulletin (Bull.S.A.F. Tome CXXXIV, pp 68-72) un nouvel article indiquant l'origine flamande du modèle.

 

Caractères communs :

les caractères qui sont communs à ces groupes statuaires sont : 

  • la position assise de sainte Anne et de la Vierge,
  • La taille presque semblable d'Anne et de Marie, mais avec une différence au profit d'Anne,
  • La coiffure d'Anne, constituée par, un voile,
  • la présence d'au moins un de ces objets : fruit, livre, globe terrestre.
  • les dimensions générales du groupe, avec une hauteur proche de 1,30m.

Seule la statue de Châteauneuf crée un écart, la Vierge étant de taille trés inférieure à celle de sa mère. 

Le matériau n'est pas le même pour tous, le groupe de Châteaulin étant en pierre, et celui de Lothey en bois.

  La signification religieuse et spirituelle, qui fait tout l'intérêt de ces sculptures, provient de la circulation qui s'établit entre les trois personnes par le biais "d'objets transitionnels", si on peut emprunter à Donald Winnicot et détourner cet élément essentiel de la relation mère-enfant : dans chaque groupe, la grappe de raisin, symbole eucharistique du don que Jésus devra faire de sa chair, la pomme, rappel de la pomme de la Genèse, mais aussi du sein maternel nourricier, le globe terrestre, symbole de la descente du Dieu sauveur pour le rachat de l'humanité, et le livre, symbole du Verbe et aussi du passage de l'Ancien au Nouveau Testament, créent une dynamique de don et de contre-don, et témoignent de la chaîne de transmission suivante :

  • Dieu a envoyé son ange à Anne et Joachim pour donner la vie à Marie
  • Dieu a envoyé son ange à Marie pour qu'elle porte Jésus,
  • Jésus a donné sa chair et son sang pour sauver l'humanité
  • le Verbe ou le message évangélique continue à être délivré par l'intercession agissante des deux femmes.


 

      1. Châteaulin, chapelle Notre-Dame :


Jésus tient la pomme dans la main droite, et tend la main gauche vers la grappe de raisin présentée par Anne, alors que Marie guide le bras et participe ainsi, véritable co-rédemptrice, à réaliser le dessein de Dieu. Anne tourne la page des Livres Saints.

  Les cheveux d'Anne sont couverts par un voile qui les circonscrits, alors que ceux de Marie, couronnée, ruissellent librement comme une source productive.

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 2. Église du Vieux-Bourg, Lothey :

L'église du Vieux Bourg à Lothey : Anne trinitaire.

Bois polychrome, XVIe

La pomme est absente et Jésus tend la main vers le bras de sa mère comme pour rechercher son soutien ; un triangle est formé par les trois mains qui se rejoignent autour du dessein eucharistique représenté par la grappe mystique.

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3. Chapelle Notre-Dame de Tréguron, Gouezec :

Vierges allaitantes I : N.D de Tréguron à Gouezec, la chapelle et ses saints.

  C'est ici le livre qui est au premier plan, représentant d'abord le rôle d'apprentissage rempli par Anne, qui est pleine de vie et très présente : la prévalence de la grand-mère comme éducatrice non seulement de la Vierge, comme dans les duos nommés Éducation de la Vierge, mais aussi de l'Enfant rédempteur, ouvre des perspectives nouvelles. 

  Ici, les trois mains se rejoignent autour de Livre, Biblos, pour rappeler que le Christ est le Verbe qui s'est fait chair. Le globe terrestre rappelle cette incarnation qui est descente sur la terre du Très-Haut.

 Sur le socle, les deux paires de pied sortant comme sous un rideau de scène de l'étoffe des robes soulignent, avec un leger effet comique, la solidarité féminine entre mère et fille dans le jeu des ressemblances mutuelles.

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4. Saint-Thois, église St-Éxupère :

L'église Saint-Exupère de Saint-Thois : les statues; le manipule.

       Le visage de sainte Anne garde la vivacité du groupe précédent, et les mêmes coussins se retrouvent également. Pourtant, malgré la proximité des statues deTréguron et de Saint-Thois, le livre a ici disparu, pour recentrer le message autour de l'eucharistie. Anne a nourri sa fille, Marie a allaité Jésus, le Christ donne son sang, dans un grand flux de générosité sacrificielle et salvatrice. La pomme parle de l'ambivalence de ce fruit qui est à la fois symbole du péché et de la sexualité, car ce fruit introduit Éve et le Malin dans la dramaturgie du Salut, mais qui est à la fois Le fruit par excellence, la fructification, le don productif et la transmission de la Vie.

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 5. Église Saint-Julien, Châteauneuf-du-Faou :

L'église Saint-Julien et Notre-Dame à Châteauneuf du Faou.

 

   La scène est plus étrange et déroutante par son coté irréaliste voire fantastique où l'ancêtre tient sa fille et son petit-fils comme deux poupées, deux marionnettes qu'elle semble mettre en scène autour d'un livre, ce qui crée une situation d'égalité de Marie et de Jésus. Si on oubliait l'identité des personnages, on pourrait voir deux enfants apprenant à lire, un frère et sa grande  soeur. Il faut par un effort rétablir l'interprétation correcte et y voir Marie apprenant à lire à son fils sous le regard d'Anne.

   Ce qui est troublant sur le plan théologique retrouve toute la force de l'expérience vécue lorsqu'on pense qu'aux yeux d'une grand-mère, sa fille devenue mère reste toujours son enfant, reste toujours sa petite fille.

  Là encore, le jeu des pieds est drôle à observer, avec les petits pieds sur les petites jambes de l'Enfant-Jésus, les moyens pieds sur des moyennes jambes de la Mère de Dieu, et les grands pieds sur des grandes jambes de la grand-mère.

 

Par rapport aux groupes où les deux femmes adultes ont à peu-prés la même taille, que j'intitulerai de type I, je nommerai type II cette disposition où Marie adulte puisque mère est représentée avec une taille d'enfant proportionnellement à sa mère.

 


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6. Chapelle de la Madeleine, le Moustoir à Saint-Goazec

http://fr.topic-topos.com/groupe-de-sainte-anne-saint-goazec

  Il s'agit donc d'un exemple de mon "type II".

  L'effet de drôlerie involontaire est encore accentué par le caractère naïf et presque maladroit de ce groupe, par la grimace d'Anne, par la couronne posée de guingois sur la tête de Marie.

  J'ai mentionné trois personnages, et trois objets, le livre, la grappe et la pomme/globe. Mais il existe un quatrième objet qui est le siège sur lequel Anne est assise. Si on s'interroge sur son rôle, on réalise qu'il joue, par sa raideur hiératique, celui de trône, et qu'il doit provenir des lointains héritages pré-chrétiens avec des Déesses-Mères, des grandes figures tutélaires de la féminité réunissant les significations de Déméter, de Cybèle et d'Astarté. On décrit ainsi "Cybèle assise majestueusement sur un trône, vêtue d'un chiton et d'un himation, et, en tant que déesse chtonienne, portant sur la tête le calathos. Comme protectrice des villes, elle porte une couronne en forme de tour crénelée" (in Divinités d'Asie Mineure sur le littoral de la Mer Noire, M.M. Kobylina, 1976)

7. Ossuaire de Saint-Hernin.

Ce groupe est cité par Guy Leclerc dans son article de 1991.

  Il est décrit ainsi  (Inventaire Général des Monuments, Carhaix-Plouguer p. 70) : Groupe : Sainte Anne enseignant à lire à la Vierge enfant, debout et couronnée ;  sainte Anne assise, tient l'Enfant Jésus bénissant et portant le globe, sur son genou gauche, et écrase sous ses pieds une femme aux seins nus, à queue de serpent, tenant une pomme. Fin XVIIe (Catalogue National des Arts et Traditions populaires, juin-sept. 1951). Bois, polychromie, h. 1,32. Sur le livre, inscription : "STE ANNE PRIEZ POUR NOUS LE 21 JLET 1870. DÉPART DES SOLDATS POUR PRUSSE"

(M.H. 1931) A rapprocher du groupe des Vierges terrassant des Éves-serpents. Provient de l'ossuaire de Saint-Hernin.

 Je n'ai pu le visiter qu'en août 2012 :  La sainte Anne Trinitaire de Saint-Hernin (29) et la guerre de 1870.

                        st-hernin 6053x

8. Chapelle Notre-Dame à Edern

http://catholique-quimper.cef.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_notices/edern.pdf

  Je n'ai pas trouvé l'occasion de me rendre dans cette chapelle, qui n'est ouverte que sur demande.

9. Chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.

  Bien que ce groupe à trois personnages soit bien différent de ceux de l'Ensemble de la vallée de l'Aulne puisque les trois personnes sont sculptés  en statues indépendantes, il me semble intéressant de l'inclure dans cette étude par la présence du tabernacle remplaçant ici la grappe de raisin avec la même signification : la même dynamique s'établit en une vaste boucle des bras et des mains, des corps et des regards, boucle qui inclut l'assemblée des fidèles, et l'humanité entière ; les deux femmes participent à part entière au geste rédempteur de l'Enfant bénissant et portant le Monde, alors que, invisible, montré-caché, le Corps  eucharistique du tabernacle sert de point d'appui et de base de sa Royauté.

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  10. Quéménéven, Fontaine de la chapelle de Kergoat :

  La fontaine est particulièrement émouvante à découvrir car il faut s'écarter du bourg de Kergoat, longer des champs, pénétrer dans un bois aux troncs moussus vénérables et s'imbiber de forces telluriques et aquatiques très prégnantes avant de découvrir, dans un décor de fées des romans arthuriens, ce groupe de pierre finalement très altéré, mais où l'on retrouve bien le triangle du Don autour des mains, de la grappe, de la pomme et du livre Anne tourne la page des Livres Saints


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AUTRES EXEMPLES EN FINISTERE:

11. Église Notre-Dame à Collorec 

Statue en bois polychrome, mauvais état. h = 1,25 m, 17e : Sainte-Anne est assise, tenant la Vierge et Jésus sur ses deux genoux comme deux enfants ; Marie, couronnée, tient le livre qu'elle semble présenter à son fils, lequel tient un globe terrestre d'une main et bénit de l'autre.

  C'est un autre exemple de type II.

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12. Chapelle Sainte-Anne à Lampaul-Guimiliau :

http://fr.topic-topos.com/sainte-anne-trinitaire-lampaul-guimiliau

  Ce groupe fait exception car Marie y est représentée plus grande que sa mère, dans une scène pleine de vie mais où aucun objet n'ajoute une signifcation symbolique.

  C'est aussi le premier groupe où les personnages sont représentés debout.

13. église de La Martyre 

   Ce sera le deuxième exemple où Anne et Marie sont debout. Pas de livre, pas de grappe, mais un globe terrestre brandi par l'Enfant.

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14 Eglise de Saint-Sauveur (29)

  Un groupe assis, de type II intermédiaire, avec le livre et la pomme/monde. 

  Je remarque que dans les types II, sainte Anne englobe Jésus et Marie de ses bras, et qu'elle ne participe plus dés lors à la présentation des attributs.


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15. église Saint-Nonna de Penmarc'h:

  La statue est bien abimée, il semble que la tête de l'Enfant ait été recollée à l'envers, mais ce nouvel exemple de type II m'a semblé particulièrement émouvant. 

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16. Chapelle Saint-Diboan, Trémeven :http://fr.topic-topos.com/groupe-de-sainte-anne-trinitaire-tremeven-pays-de-quimperle

  Un type II très simple où les trois personnages sont placés l'un derrière l'autre par ordre de taille, et où Anne pose les mains d'un geste émouvant car très maternel sur les épaules de sa fille?

17. église Saint-Pierre, Riec-sur-Belon :http://fr.topic-topos.com/sainte-anne-trinitaire-riec-sur-belon

  Un groupe qui fait exception puisque sainte Anne, tenant un livre dans son rôle d'éducatrice, entoure de son bras droit Marie qui est représentée en Vierge allaitante.

 


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Published by jean-yves cordier

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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