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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:41

          Les églises des îles du Ponant III.

       Belle-île-en-mer, bourg de Locmaria.

 


I. Présentation.

 

  J'avais fait connaissance "sur le continent" avec saint Gurloës, premier abbé de l'Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé ( cf. sa statue à la chapelle Saint-Albin en Plogonnec), puis à Groix avec les possessions (prieuré St Gunthiern) que cette abbaye avait reçue en 1029 d'Alain Canhiart, Comte de Cornouailles, faisant de celle-ci la troisième en importance en Bretagne. Les moines de Sainte-Croix de Quimperlé avaient aussi des biens à Belle-Île, et ce sont eux qui fondèrent, en 1070, un premiere chapelle à Locmaria (ou "lieu consacré à Marie"). 

  J'imaginais une chapelle romane, mais  les apports des époques suivantes l'ont fort remanié, notamment en 1714 pour le  clocher-porche qui fut coiffé en 1808 d'un dôme ("en poivrière" pour les uns, "à l'impériale" pour les autres), et en 1868 pour la chapelle nord.

  Elle porte le nom de Notre-Dame de l'Assomption, mais on la surnomme "Notre-Dame-de-Bois-Tors" , non pas pour quelque maîtresse-poutre de guingois, mais à cause d'une légende qui veut qu'un navire hollandais ( l'église a été dévastée par les Hollandais en  1674) ayant brisé son mât, son équipage ait décidé d'abattre l'orme de la place de l'église pour le remplacer. La Vierge furieuse que l'on s'en prenne à l'ormeau de son placître vrilla le tronc d'arbre sitôt abattu.  Bonne leçon pour le charpentier du bord, qui choisira la prochaine fois du chêne ou du pin d'Orégon.

 


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      La nef et le chœur.

 

  Dans le cœur est suspendu un tableau de l'Assomption : réalisé ainsi qu'une Vierge à l'enfant par un disciple de Murillo, Il a été apporté, en 1802, par un prêtre vicaire de Locmaria réfugié en Espagne sous la Restauration, l'abbé Marchand.

 

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      II. Les ex-voto et maquettes de procession.

 

 1. Maquette de procession: 

- le "Pie IX",  maquette de procession portée jusqu'en 1939-1945. La maquette a été réalisée à Locmaria ; c'est un trois-mâts carré dont les soixante canons de sabord sont répartis sur deux ponts. Sa figure de proue est un ange.

  Il est à noter qu'une maquette portant le même nom est suspendu dans l'église de Trescalan à La Turballe : c'est un trois-mâts barque de 76 canons, dont la figure de proue est un buste du pape. 

 

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Ex-voto : 

1. La Léonie-Céline de Honfleur.

Reproduction d'une peinture sur verre 

  La peinture sur verre inversé ou "fixé sur verre" est une technique exigeante souvent utilisée en peinture traditionnelle : allégories en Allemagne, scènes bucoliques. Aux Pays-bas et en Flandres, cette technique a été utilisée pour des marines, des vues de port, des batailles navales et des naufrages; ce n'est donc pas un hasard si cet ex-voto était signé par Schoduyn, un nom de Dunkerque.

Julien Schoduyn figure dans un inventaire des artistes de peinture sous verre. En effet, avec d'autres peintres d'Ostende comme  Meseure, Nefors ou Weyts, il a appartenu à un groupe qui s'est développé localement après avoir découvert l'art du fixé sous verre auprès de Wieden Wenzeslans, marchand, originaire de Skalice, une ville tchèque, connu pour son travail du verre. . On peut trouver les oeuvres des ces "portraitistes de navires" aux musées d'Anvers (pour une grande part, de fixés sous verre), d'Ostende, des Beaux-Arts de Dunkerque et au Musée portuaire de cette même ville. (Source Afjet)

  Le titre "Situation de la Léonie-Céline Honfleur Captne Conan devant la barre de Bayonne dans la nuit du 18 décembre à onze heures du soir en 1857 J. Schoduin" décrit suffisament son sujet. Au premier plan  apparaît le brig du marin bellilois, un trois-mâts figurant en arrière plan, devant le port dont on aperçoit la tour à feu en signalant l'entrée. Il s'agit sans doute de la tour de la "Haille" qui fut détruite par les Allemands en 1943.

(Onomastique nautique : Léonie et Céline sont les deux soeurs de Thérèse de Lisieux, et Thérèse se rendit en 1887 dans la chapelle Notre-Dame de Grâces de Honfleur pour y demander d'être admise au Carmel. Cette coincidence est troublante puisque le Léonie-Céline de Honfleur est antérieur de plus de trente ans à ce voeu.)

  Il semble s'agir du même navire qui fit naufrage le 4 juin 1884 à Baubigny près de Carteret, et dont une partie de l'épave a été retrouvée en 1990 du coté de Barneville-Carteret puis  présentée au musée maritime de Régneville-sur-Mer :

  Cette goélette de cabotage de 76,24 tonneaux avait été lancée en 1854 pour un armateur de Belle-Île. Vendue en 1864 à l'armement Ruellan de Paimpol et rejaugée 69,32 tonneaux, elle navigue à la pêche morutière sur les Grands Bancs de Terre-Neuve jusqu'en 1868, où elle est réarmée au cabotage. Le 20 juin 1874, elle est achetée par Postel et Fils de Cherbourg mais le 2 avril 1881, elle vient s'échouer par gros temps sur les enrochements de Cherbourg. L'équipage est sauvé à marée basse. Achetée en 1883 par M. Mauger de Courseulles, elle fait naufrage à son quatrième trajet de retour de Swansea, à Baubigny.

  Le brion, la contre-étrave, une partie de la quille et des bordés ont été récupérés : bordés de 7 cm, coque doublée de zinc. Les membrures de forte section sont caractéristiques des navires pratiquant l'échouage. Ses dimensions sont 20,43m de long, 6,51m de large. 

  Comme toutes les goélettes (voir la Belle-Poule, construite sur les plans d'une goelette islandaise), elle dispose d'une voilure composée d'une grand-voile et d'une misaine, de trois voiles d'avant (trinquette, petit-foc et grand-foc) et d'un petit hunier, d'un petit perroquet, d'une flèche et d'une voile d'étai. Elle était menée par un équipage de quatre hommes.

Sources :

 http://www.archeosousmarine.net/bdd/fichetech.php?id=11406

http://patrimoine.manche.fr/fours-chaux-regneville-objets-details-N-B.asp?card=2664789

 

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2. L'Anastasie.

Gouache (copie de l'originale, volée).

Inscription : "Offert à Ste Anne Locmaria Belle Ile. L'Anastasie capt Loréal doubland les Casquets au nord à un mille avec un ouragan de Nord Après un voeu sur moment à St Anne gagnait Aurigny à corps perdu quelques temps après sains et saufs le 19 février 1876".

  Le navire — un brig — est en fuite, toutes voiles ferlées sauf le petit-foc et un hunier. On distingue 5 hommes sur le pont.

  Le style de cette gouache évoque un peu les peintures de Paul-Émile Pajot, marin-pêcheur et peintre naïf des Sables, avec l'ourlet aligné blanc des vagues qui déferlent.

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III. Les statues.


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La Vierge et l'Enfant.

Vêtue de blanc et de bleu, couleurs mariales par excellence, le manteau revenant en voile sur sa tête selon la coutume de Judée, elle tenait de la main droite le lys de sa virginité, tandis que son fils, joli poupon blond, tend la main vers l'Humanité. 

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Saint Joseph.

 C'est Pie IX (cf maquette suspendue) qui institua en 1870 saint Joseph patron de l'0201glise Universelle et fit de sa fête du 19 mars une fête solennelle.

  Il  a revêtu les mêmes couleurs que son Épouse. Sa statue a perdu aussi  le lys, attribut qui attestait de la pureté de son comportement de tuteur de la jeune Marie de Nazareth pendant qu'elle demeurait chez lui et qu'elle reçut la visite de l'Ange Gabriel, puis/et de l'esprit Saint. Il n'a pas non plus son équerre ou ses outils de menuisier. La perte de ses attributs teinte son regard d'un voile de mélancolie.

            locmaria 4980c

 


IV. Les vitraux.

   Consacrés à des scènes de la vie de Marie, ils sont l'œuvre, en 1989, de F. Le Nezet. Ce peintre-verrier de Vannes a réalisé aussi des verrières de la chapelle Saint-Cado à Belz, ou, en 2005, de l'église de l'île de Batz.

  Si mes renseignements sont exacts, Francis et Danielle Le Nezet, couple de peintres verriers, voient aujourd'hui leur vocation poursuivie par leur fils Maëlgad, qui exerce aussi en vitrail d'art à Vannes. 


L'Assomption.

 

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"Marie nous offre son fils".

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"Sainte Anne enseigne à Marie."

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Détail : Signature : F. Le Nezet, Troguern 1989.

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 Six sanctuaires et l'église de Locmaria  vue de l'Ouest. 

On lit le nom des chapelles : Kerdonis, Pouldon , Magourig, Arnaud, Kerouarh, Kerdavid, Douar er Huerhies. Cela correspond aux sites des hameaux correspondant. Douar er huerhies traduit litteralement en breton loc-maria par "le lieu de la Vierge".

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Vierge de l'Immaculée-Conception

au dessus d'une scène que je ne sais déchiffrer, mais où on reconnaît le mouillage de Locmaria, un bateau-pilote (reconnaissable à l'ancre dans la voilure), un navire de guerre au loin, et au premeir plan deux hommes en discussion : l'un est un marin-pêcheur et tient un aviron alors que l'autre est un paysan, tenant le collier de trait de l'un des trois chevaux qui sont dans le pré voisin. L'entrée du mouillage de Port Maria est bien représentée.


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V. Les autres éléments remarquables.

 

   "Ce tableau a été réalisé vers 1910 par un peintre de l'île résidant au Bugull , à la demande de l'abbé Baron, recteur de Locmaria. Il est très significatif et apporte un témoignage émouvant et réel de l'angoisse et de l'inquiétude des familles de marins face à la tempête. L'on aperçoit donc un brick dans une mer démontée. Sur la côte, au pied des rochers où viennent s'écraser les paquets de mer en furie, quatre femmes de Locmaria portant l'habit breton et la coiffe, dont l'une tient un enfant par la main, prient pour la sauvegarde des marins dans la tourmente, alors que des nuages leur sourit la Vierge Marie."

 

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Sources : http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=56114_1


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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:39

     Les églises des îles du Ponant II.

       Groix, chapelle St-Léonard à Quelhuit.

I. Présentation.

  Le prieuré St Léonard, chapelle située initialement dans le village de Quelhuit et non sur le tertre qu'elle occupe actuellement, est ancien (présent en 1615 selon Maurice Vincent, Petite Histoire de l'Île de Groix), mais il fut restauré après la Révolution par le recteur Le Livec (Marc de Livec, recteur de 1818 à 1827) puis par le recteur Lagneux ( recteur de 1827 à 1863). Son plan est celui d'une croix latine.

 

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II. Les ex-voto et maquettes de procession.

1. Patronne d'Arvor Gx 3702.

  Cette maquette de petite taille est celle d'un dundee thonier de construction camarétoise, en réalité immatriculé initialement LGX 3702, puis  GX 3702 à partir de 1946. Il figure dans la liste exhaustive des bateaux pontés inscrits à Groix qui figure dans l'ouvrage de Dominique Duviard Groix l'Île des Thoniers (Ed. Quatre Seigneurs 1978), mais sans aucun des renseignements qui accompagnent les autres unités. Mais si on se réfère aux thoniers immatriculés avant et après lui ( 3701 Noëlette-Jean, 3706 Alexandre Etesse, 3707 Nénette, ce sont des navires immatriculés en 1932, de 50 tonneaux environ, qui ont navigué jusqu'en 1953. Le premier fut construit à Camaret, le second, deux fois vainqueur des régates de Groix,  aux Sables d'Olonne, le troisième à Keroman (Lorient).

  La Patronne d'Armor fait donc partie de la dernière génération des dundees, construits alors que le cours du thon se maintenait très haut (l'année 1932 fut l'une des meilleures), ce qui encouragea la construction de voiliers qui ne navigueront que 100 jours par an, au  tonnage élevé (50 à 60 tonneaux), "dotés de grands élancements arrières (et parfois avant), très toilés, le grand-mat étant soutenu par un double capelage ( 4 haubans de chaque bord) ; la grand-voile à chute très verticale étant arisée à l'aide d'un mécanisme à rouleau." (D. Duviard, op. cité)

  Je ne vois sur la maquette que trois haubans, et pas de mécanisme de réduction de voilure à rouleau ; la bordure de grand-voile n'est pas libre, comme celle du Noëlette-Jean. 

  Avec une bonne vue, on distinguera au dessus de la pomme de mât une girouette en forme de thon, identique à celle qui remplace le coq au sommet de l'église de St-Tudy ! 

   "En 1934-35, la flotte de thoniers à voiles atteint son apogée en France. Sur les 774 dundees armant pour cette pêche, Groix se place encore au premier rang, avec 215 bateaux, devant Etel, 200 ; Concarneau, 163 ; Les Sables-d'Olonne, 83 ; Port-Louis, 65 ; l'Île d'Yeu, 62 ; Douarnenez, 41 ; Camaret, 23. Mais bien-vite l'armement groisillon périclite : les vieux bateaux disparaissent et ne sont pas remplacés. En 1938, on ne compte plus à Groix que 133 voiliers ; 83 en 1946 ; 54 en 1950 ; 25 en 1954 ; aucun en 1960." (D. Duviard, op. cité, p. 343).

  Gilbert Duval (voir commentaires ici) m'apprend que "en 1932, il appartenait à Joseph Guillaume, de Clavezic qui en détenait 3/8, Louis Yvon, Guérin Adam, Amélie Alain, Marie-Ange Guillaume et Marie Quéric 1/8 chacun." 

 

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2. Marcel, dundee thonier

 Michelle Bourret  (Le patrimoine des communes du Morbihan, 1, 1996) signale que ce "dundee Marcel fut construit en 1911 à Camaret ; il termina sa carrière en 1934, et son matricule véritable est le G 1434, puis le LGX 3115, et non le G 1913 qui évoque ici la date du don de l'ex-voto".

  L'immatriculation des navires de Groix a été LG  depuis 1856 où le Syndicat de Groix est rattaché à Port-Louis (Lorient), puis G depuis 1883 2 ans après que  Groix soit devenu quartier maritime. La numérotation repart alors à zéro. Elle devient LGX en 1927 où le quartier de Groix est devenu Préposat (ancienne dénomination des sous-quartiers) dépendant du quartier de Lorient, d'où la première lettre L, avec un changement de numéro d'immatriculation. Et enfin GX depuis 1946 après le nouvel essor du port de pêche, sans changement de numéro,  et désormais LO par rattachement à Lorient.

  On trouve aussi sur le site Topic Topos les informations complémentaires suivantes : " Cette grande maquette de dundee est une création de Marcel Le Nahennec, de Kerlo, patron de thonier, né en 1891 à Lorient et noyé lors de la grande tempête de 1930, à bord du dundee groisillon Deux Madeleines. Elle est habituellement portée sur des brancards, au moment du pardon de Quelhuit, par des jeunes de 14 à 15 ans le premier dimanche de septembre". 

  La tempête mentionnée est celle du 19 septembre 1930 où six dundees de Groix disparurent corps et biens, faisant 38 victimes et laissant 22 veuves et 26 orphelins. La plupart des thoniers ont été victimes d'un coup de mer d'arrière disloquant la voûte longue et basse qui était alors caractéristique des dundees thoniers. Un nouvel arrière dit "en cul de poule" ou "en canoë" fut alors adopté pour parer à ce point de vulnérabilité. La maquette montre un navire présentant cette voûte d'avant 1930.

La voilure établie est la même que celle du Patronne d'Arvor, foc, trinquette, grand-voile, flèche de grand-voile, tape-cul ; on note les trois bandes de ris dans la grand-voile. 

  On voit, au centre du navire, les tréteaux blancs sur lesquels seront pendus les thons pêchés.

  L'ouvrage de D. Duviard précise le tonnage du navire ( 41,99 Tx soit huit tonneaux de moins que la Patronne d'Arvor), sa "fin de carrière en 1934 (CC, Ex Cancale 660)". Gilbert Duval, dans son commentaire de cet article, précise qu'il a été vendu en 1934 à Cancale sous l'immatriculation CC660. L'immatriculation de Concarneau est CC et celle de Cancale était CAN.

 

 De 1850 à 1908, aucun voilier ponté de Groix n'avait été construit à Camaret. Depuis 1908, avant la construction du Marcel en 1911, 9 autres dundees venaient de Camaret. Au total, les dundees sortant des chantiers de Camaret et inscrits à Groix sont moins d'une vingtaine. La plupart ont été construits aux Sables d'Olonne.

 


 

 

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III. Les statues.

 Statue de saint Léonard.

 Saint Léonard est un saint légendaire du Ve siècle qui aurait été converti par Saint Rémi, et aurait obtenu de Clovis le droit de visiter, et d'octroyer la liberté à tout prisonnier qu'il déciderait. C'est ainsi le saint patron des prisonniers. Il devint ensuite moine près d'Orléans, puis ermite avant de fonder lui-même une abbaye près de Noblac. Il est donc figuré ici en tenue d'Abbé, avec la mitre à fanons, et la crosse. Cette statue est portée en procession sur un brancard lors des fêtes.

  

 

 

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Sainte Brigitte.

  Au XVIIe siècle, à Groix, une chapelle Sainte-Brigitte existait au Moustero.

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? St Albin ? St Méloir ? 

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 Pietà. 

 

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      Saint Sauveur.

    Au XVIIe siècle, parmi les 17 chapelles de Groix, l'une était vouée à saint Sauveur, entre Loctudy et Kerclazedic.

  La première présence religieuse sur l'île fut celle des moines de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé qui avait fondé le prieuré de Saint-Guthern. Or, cette abbaye avait été fondée par saint Urlou et douze autres moines venant de l'abbaye de Saint-Sauveur à Redon. 

 

                                                 quelhuit 5315c


IV. Les vitraux.

Non remarqués par le photographe...

V. Les autres éléments remarquables.

Le toponyme "Quelhuit".

L'élément le plus remarquable de la chapelle St-Léonard de Quelhuit est certainement ce toponyme, "Quelhuit". On est vite intrigué par la présence, comme l'inclusion d'une fleur connue dans un morceau d'ambre, du chiffre huit qui nous est si familier mais dont la familiarité s'altère et se teinte d'étrangeté au son de cette devinette semblable à un cri de sterne caugek : quelhuit ? quelhuit ? quelhuit ?

  D'une façon générale, l'ïle de Groix est un paradis non seulement pour les géologues, mais aussi pour les amateurs de toponymie ; certes ils n'y trouveront aucun nom en plou- ou en tre-, tous décimés comme par un cataclysme (le passage des vikings ?) pour ne laisser apparaître que les ker- ou les loc-, mais les productions du dialecte groisillon l'enchanteront, à commencer par la partition de l'île en deux secteurs, l'une à l'est, religieuse, civilisée nommée Primiture ou Pimitur, celle des patrons de pêche s'opposant à celle de l'ouest, Piwisi la sauvageonne, au parler rocailleux (gravelleg) où se recrutent les bons matelots. Le village de Quelhuit en fait partie, ainsi que, sur le littoral, la roche affleurante dite Le petit-sec de Kelhuit, bonheur des plongeurs.

  Trop influencé par ma lecture de La Recherche, j'ai d'abord cru à une influence normande et à la découverte ectopique de la racine -thuit ou -huit, du vieux normand tuit, twit,"essart, défrichement", du norrois thveit comme dans Bracquetuit, Vautuit, Bois-Tortuit, Le Thuit-Simier ou dans les nombreux autres exemples que les scandinaves ont laissé derrière eux. 

  On se souvient en effet que dans Sodome et Gomorrhe, Marcel Proust décrit comment, dans le salon estival des Verdurin, à La Raspellière, les convives débattent de toponymie, puis comment Brichot, professeur à la Sorbonne, explique au narrateur combien l'ancien curé de Balbec, dont l'ouvrage est très estimé par Mme de Cambremer, s'était égaré dans son analyse étymologique des noms de lieu : " " Carquethuit et Clitourps, dont vous me parlez, sont, pour le protégé de Mme de Cambremer, l'occasion d'autres erreurs. Sans-doute il voit bien que carque, c'est une église, la kirche des allemands. [...] Mais pour tuit, l'auteur se trompe, il y voit une forme de toft, masure, comme dans Criquetot, Ectot, Yvetot, alors que c'est le thveit, essart, défrichement, comme dans Braquetuit, Le Thuit, Regnetuit, etc..."

  Mais hélas, j'allais devoir renoncer à faire de Quelhuit un cousin du fameux port de Carquethuit, diamant, avec Guermantes et Balbec, de l'onomastique proustienne. 

  Les noms que nous entendons pour la première fois, parce qu'ils sont voilés de mystère, nous séduisent et nous attirent à eux, et tout en cheminant à leur rencontre, nous recueillons la myrrhe, l'encens et le santal, l'indigo ou la cochenille, la turquoise ou le saphir que nous leur apportons pour les parer ; ce ne sera pas toujours aussi pompeux mais jamais, pourtant, nul nom n'aura paru devant nous sans qu'il ne reçoive sa teinte, son parfum et sa flagrance. Puis, certains, très rapidement, se dépouillent de ces emblèmes pour s'habiller civilement du savoir acquis. L"énigme que ces sphinx nous posaient une fois résolue par la compréhension de leur signification, ils sont des exuvies deshabités de leurs charmes, des outils commodes mais vulgaires. Pourtant, lorsque c'est l'étymologie qui en fourni les clefs, ce sont vers d'autres mondes  qu'ils nous mènent. La déception que son déchiffrement suscite se féconde en de nouveaux rêves, se réchauffe à la libido sciendi. L'interprétation étymologique des toponymes vient briser le lien trop bête entre signifiant et signifié, et se met à brouiller la réalité qui éclate dans de nouvelles et secrètes polyphonies des sens. 

L'orthographe elle-même se met à trembler, à perdre sa rigueur dogmatique : on découvre qu'on parle du menhir de Kelhuit, mais du village de Quelhuit, que la carte de Cassini de Thury (levée de 1757 à 1790) écrivait Kerhuit.

  Si j'ai vu s'effondrer les allures scandinaves que j'avais prêté à ce nom et si les deux orbes réunies du chiffre 8 se sont envolées comme deux ailes, c'est que l'origine bretonne en est parfaitement définie : le mot signifie "la coudraie", l'endroit où poussent les coudriers. Il appartient en effet aux "formations végétales en -IT, OUET, issues de la terminaison -ITUM et Etum", selon le titre de l'article de Gildas Bernier (Annales de Bretagne Année 1971, volume 78 n° 78-4 pp.661-678) http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391x_1971_num_78_4_2574

        C'est sur ce procédé de dérivation issu du bas-latin et associant le nom d'un arbre à la terminaison collective -etum, -itum que cet auteur peut retrouver 228 noms bretons de lieux représentant des formations arbustives, des ensembles de hêtres (Faou : Le Faouët ou Hallec : Elléguët, Halgouët, Hallegot), de sureau (Scao : Scaouët), d'épines (Spern : Spernoet, Spernot), de charmes (carpinetum : Carnoët), et enfin, dans notre exemple, de coudriers, Colo.

 Pour cette arbre, outre notre Quelhuit grésillon, parmi 18 exemples, 11 sont  construits sur Colo -itum, comme Bodelhuit à Guern (56), Guellouit à Melrand, Kerguelhouit à Maël-Carhaix (29), Le Nelouit à Missirac (56), ou encore, Quelvy, Quelvik, Roch Quilvit, Quillivit , contre un seul construit avec -etum, Le Nelhouët. D'autres sont formées sur Corylus, coudrier, ou Coryletum, dès 858, comme Colroit, Colroet et Colruit  jusqu'à Courrouet (1438).    

  Le remarquable site d'Enguerrand Gourong sur l'histoire de Groix : link rapproche ce toponyme du vieux breton "coilguid", associant  coll, "coudrier, et guid, "arbres", ou encore de la forme kerwezid, de kelwez, collectif pour coudrier et "id", terminaison collective issue de -etum. Il retrouve les exemples de Quel vide ou Ogée-Quelvide, écart de Gourin (56), de Quelvite, hydronyme de Guiscriff.

 

   On comprendra mieux la fréquence de ces coudraies si on sait que sous le nom de coudrier, Corylus, L. 1753 se cache pour le profane le noisetier de nos campagnes. Le site Wikipédia sur le noisetier signale "Jadis, le noisetier était considéré comme une plante magique associée à la magie blanche./.../ Dans Tristan et Iseut, l'amour n'existe que si le coudrier peut s'enlacer au chèvrefeuille ; dans le cas contraire les deux disparaissaient . Le coudrier a toujours été source d'histoires magiques. Il était utilisé pour des incantations par les druides. Il a été utilisé par les sourciers", et une branche de noisetier taillée en fourche pour détecter l'eau souterraine "remonte à l'époque des Celtes.

   C'est dire, connaissant l'importance du culte des arbres et du rôle des bosquets sacrès chez les celtes, l'intérêt de la constatation de Gildas Bernier 'article cité, p. 676) :

  "Ce toponyme, attesté par 18 exemples dans toute la zone bretonnisée à un moment quelconque, est attaché parfois à des lieux humides où poussait le noisetier, mais le pouvoir quasi-magique de la baguette de coudrier entre les mains du sourcier et les superstitions disparues ou blamâble auquelles cet arbre servait de support (d'après l'Encyclopédie de Diderot) nous montre aussi la vertu particulière attachée à cette essence. Nous avons remarqué la triple coïncidence entre un toponyme se rapportant au coudrier et l'existence d'un édifice chrétien ". Ce sont la chapelle du Guellhouit à Melrand, où se tient un pardon marial chaque année en juillet ; la chapelle-basilique de Notre-Dame de Quelven (56) avec sa statue de Vierge ouvrante et son important pélerinage ; et la chapelle du prieuré St-Léonard à Quelhuit sur l'île de Groix et lieu de culte marial : ce qui amène l'auteur à se demander " s'il n'y a pas eu là christianisation de lieux de culte païens".

 

Au recensement de 1906, le village de Quelhuit comptait 36 maisons, 36 ménages, 163 âmes (contre 836 au bourg).




 

 

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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 20:37

          Les églises des îles du Ponant I.

    Île de Groix, l'église Saint-Tudy au bourg.


I. Présentation.

  L'église paroissiale Saint-Tudy est célèbre pour sa girouette en forme de thon, affirmant de loin que l'île doit son développement à la pêche du thon germon (thon blanc) de 1870 à 1940 en devenant le premier port français d'armement de thonier. Le sanctuaire initial a été reconstruit entièrement en 1850 par le recteur Lagueux, lui donnant sa forme de croix latine.  Cette réussite explique que nous entrions ici dans une riche et grande église du style néo-xxl en vigueur au XIXe, aux murs traités en faux-marbre ou peint en blanc cassé, aux statues sulpiciennes, qui feraient oublier le charme des petits ports bretons si certains détails ne rappelaient la vocation maritime et les traits insulaires de cette église. Ce sont eux que j'ai recherchés.




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II. Les maquettes de procession.

  Rien n'indique qu'il s'agisse d'ex-voto proprement dit (des oeuvres réalisées après la réalisation d'un voeu, ou par les rescapés d'un naufrage), et les deux maquettes de thoniers ont plutôt été données à la paroisse pour être portées en procession lors des fêtes religieuses ou du pardon pour honorer le passé maritime de l'île et pour protéger les marins et leur flottille.

1. Le Stiren ar Mor Gx 3287 (Étoile de la Mer)

Dundee thonier de 45,95 Tx construit aux Sables d'Olonnes en 1927 pour Groix. Première immatriculation G 1631 puis LGX 3287. Fin de carrière en 1943, Concarneau 2987. Il n'a donc pas pu, sauf erreur, naviguer sous les lettres GX instituées en 1946. Maquette de Mr Louis Charles Gueran en 1991, don à la paroisse. 

  La réalisation est soigneuse, comme on pouvait s'y attendre, et on remarque des détails comme les deux bandes de ris de la trinquette et de la voile de tapecul. Les voiles de tissu rouge rappellent que les marins passaient leur voile de travail au tan, poudre d'écorce de chêne, pour leur conférer une meilleure résistance ; souvent, seules les voiles de régate étaient blanches.

  Ce type de voilier de travail est nommé dundee (prononcer dindé) non en raison du port d'Ecosse, mais par francisation  d'un terme anglais assez flatteur, dandy (élégant) par lequel les britanniques désignaient ce nouveau gréement apparu vers 1860. Ce sont des cotres à tapecul, mais dont la voile du mât arrière (d'artimon, de tapecul)  voit son écoute renvoyée non pas à l'extrémité d'une bôme articulée sur le mât, comme sur d'autres yawls, mais à celle d'une "queue de malet", espar fixe dépassant à l'arrière du navire. Cette queue de malet, qui se retrouve aussi sur les lougres qui ont précédés les dundees, est donc caractéristique. Pour les profanes, c'est le bout de bois qui dépasse tout en arrière, sous la voile. 

 


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2. Dundee thonier :

Sans matricule, mais d'allure plus ancienne. On note trois voiles d'avant.

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III. Les statues.


Je me contenterai de montrer celle de sainte Bernadette.    

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IV. Les vitraux.

 On trouve deux ensembles de vitraux : ceux réalisés en 1976 par Pierre du Vorsent, maître-verrier de Lorient qui a réalisé aussi, entre-autres, ceux de la chapelle St-Léonard à Ploemeur en 1980 ou ceux de Locmiquelic en 1970, et d'autres, plus anciens, assez typiques de la première moitié du XXe siècle, dont j'ignore l'auteur. 

 

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      Vitrail de l'apparition de la Vierge à Bernadette Soubirou en 1858 dans la grotte de Massabielle à Lourdes :

La Vierge prononce la phrase Je suis l'immaculée-Conception,mais c'est en réalité en patois qu'elle s'est adressée à Bernadette en disant "Que soy era Immaculata Councepciou".

  Le culte rendu à Groix à la Vierge de Lourdes est manifeste, puisque la chapelle sud lui est consacrée (voir "statues").

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Vitrail de la pêche miraculeuse.

  qui a tout-à-fait sa place dans cette paroisse de marins-pêcheurs qui , avec une flottille de près de 300 thoniers en 1914, a connu un développement économique exceptionnel grâce à la pêche du thon et de la sardine.

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V. Les autres éléments remarquables.

  1. Réuni dans la chapelle des fonds baptismaux désormais vitrée, un "trésor de sacristie" est constitué d'éléments d'orfèvrerie, de paramentique et d'objets du culte.

 

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Moule à hostie (ou "fer à hostie"): 

On distingue les motifs gravées sur le pain azyme , dont le Christ en croix entouré du monogramme IHS. Après cuisson sur un feu clair, on les découpait au rondeau. Elles étaient fabriquées par les Clarisses et les Carmélites, mais le presbytère disposait peut-être d'un fer?

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Vitrine avec la barrette du recteur.

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Ostensoir à six médaillons et encensoirs: 

 

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Burettes :

présentées par l'enfant de choeur, elles serviront à trois reprises lors de l'office, notamment pour que le prêtre se lave les mains lors du "lavabo", du nom de l'extrait du psaume 25 qu'il prononce alors (lavabo inter innocentes manus meas et circumdabo altare tuum domine, "je laverai mes mains en signe d'innocence pour approcher de ton autel Seigneur").

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Bannières : 

Bannière de la paroisse, ou envers d'une bannière de Jeanne d'Arc, puisque la formule "De par le Roy du ciel" est la devise de Jeanne d'Arc, et que les motifs de l'épée, de la couronne et des rameaux de chêne (et d'olivier ?) lui sont propres.

 

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  "Hatoup" terme nautique breton signifiant "tout-dessus", "toutes voiles dehors", est la devise de l'Île de Groix témoignant de sa détermination courageuse. Elle est placée sous les armoiries de la commune :

  • " Parti : au un d'argent à cinq moucheture d'hermine de sable posées en sautoir.
  • ...Au deux d'azur à un bateau de pêche aussi d'argent équipé de gueules, accompagné à senestre d'une falaise de sinople issante du flanc et surmontée d'un phare d'argent allumé de gueules ; à la bordure aussi d'argent.
  • ...Une ancre de sable brochante sur la partition et la bordure, l'organeau soutenu à dextre par un lion de mer et à senestre par un requin, les deux aussi d'argent."

 

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  La brodreie montre un thonier en pêche, qui a abaissé ses tangons afin de faire travailler six lignes équipées d'hameçon. Il a établi la trinquette mais non le foc, la grand-voile (et la flêche de grand-voile visible sur le deuxième dundée), et la voile de tapecul. Des lettres sont peintes à l'avant : CJQ ??

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 Bannière de sainte Thérèse. 

Bannière de la Vierge au dessus de la carte de Groix :  : Guerhiez vari steren er mor goarnet enezenn, Vierge Marie étoile de la mer protégez l'île

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Chasuble-violon pour la couleur  liturgique rouge. 

 

 

 

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Chape de couleur verte pour les temps ordinaires de la liturgie. 

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2. Maître-autel contemporain.

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3. Tabernacle "marin".

  Le tabernacle décoré d'un poisson est placé dans un encadrement constitué d'une ancre avec son jas et  d'un fragment de mât gréé d'une poulie ; l'ancienne poulie profite ici d'une pieuse retraite, mais ses réas et ses joues de bois rêvent encore des garants et des dormants dont elle composait moults palans et cartahus simples ou doubles, forces itagues ou caliornes, sans parler des bredindins, où les dormants des poulies se rejoignent tendrement sur le même crochet. Ah, où sont passées les bredindins de jadis ?

  

  C'est un fanal  babord qui fait office de veilleuse de Saint-Sacrement.

  Tout cela rappelle combien l'accastillage et le gréement d'un navire, comme le navire lui-même, et le poisson qu'il pêche ont alimenté la symbolique religieuse.

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4. Confessionnal "M. le recteur" et escalier hélicoïdal.

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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 15:53

     La chapelle de La Lorette à Plogonnec.

 

      la chapelle Notre-Dame-de-Lorette, édifice de style néogothique en forme de croix latine sur plan de l'architecte Le Bigot (1872) a remplacé une chapelle du XVème siècle située au bord de la rivière Steir en contrebas. Elle aurait été fondée  par un seigneur de Rubihan (ou Rubien) : emporté par le courant alors qu'il traversait à cheval la rivière, il aurait imploré Notre-Dame de La Lorette de lui accorder son secours.  Ces seigneurs de Rubian sont attestés en 1426, où le manoir d'Alain Rubian, fief d'évêque, figure à la réformation. Plus tard, ils se retirèrent en Penquelennec en Peumerit, et le manoir passa  aux mains des seigneurs de Kerviher.

  Le 31 décembre 1834 a lieu une "donation entre vifs de la chapelle de la Lorette en Plogonnec par Yves Nihouarn de Kerganape [Kerganpé], René Le Berre de Korédan, de René Philippe de Rubihan et de Claude Philippe de Trébourez  à Nicolas Cornic [de Kerlagat] chef actuel de la fabrique de Plogonnec demeurant à Kerlagat. La dite chapelle appartient aux donateurs pour l'avoir acquis par acte notaire le 8 avril 1809 au sieur Joseph du parc demeurant à Quimper. 4E68/Notaire [Claude Henry Joseph] Damey de Plogonnec Archives du Finistère. Le document est complété par les indications accompagnant les signatures et qui signale jean Joncour, cultivateur, témoin.  On peut penser que la chapelle avait été désaffectée et mise en vente à la Révolution, puis acquise par les habitants voisins pour la rendre au culte. Il s'agit bien-sûr de l'ancienne chapelle.

  Le 10 mars 1872 a lieu devant Maître Henri Marie Damey, notaire "la donation par Laurent Hervé Pennarun recteur à Plogonnec à la fabrique de Plogonnec d'un champ nommé Cozqueper et d'un petit champ de terre froide appelé Hent Coz. La présente donation est faite à la charge à la dite fabrique de faire construire sur les champs une chapelle dédiée à Notre Dame de la Lorette." Le recteur avait acquis ces terres en les achetant à Hervé Bezic (?) et Marie-Anne Cosmao, sa femme.

Note : "Le Foll" me poste ce commentaire le 5/09/2017 à propos de cet Hervé "Bezic" :

 " Il s'agit, en fait, d'Herve BOZEC dont voici le relevé de leur mariage:
Mariage - 09/06/1861 - Plogonnec
LE BOZEC Hervé
Cultivateur, âgé de 27 ans , né le 6/4/34 à Plogonnec
Domicilié à Kerivoal
fils de Jean Hervé, âgé de 58 ans et de Marie Anne LE MAO, Cultivatrice , âgée de 24 ans 
Notes époux : Mère Kerivoal
COSMAO Marie Anne
Cultivatrice, âgée de 18 ans , née le 18/11/42 à Plogonnec
Domiciliée à Pennavern
fille de Henri René, décédé le 22/7/43 à Plogonnec et de Jeanne Louise SEZNEC, Rentière , âgée de 48 ans 
Notes épouse : Mère Pennavern
Témoins : Lui : Louis le Quellec 38a beau frère cult Plog Contrat de mariage :30/5/61 "

  Le culte de Notre-Dame de Lorette est italien avant d'être breton : C’est par une notice écrite en 1472 par Pietro Giorgio di Tolomei, dit le Teramano, que l’on connaît l’histoire de la « Maison de Lorette » : il n’y avait plus de chrétiens en Palestine ; en 1291 la maison de Marie à Nazareth est transportée par des anges d’abord en Croatie (Dalmatie), puis en 1294 par-delà l’Adriatique vers Recanati dans une propriété appartenant à Loreta (Lorette). La « Maison de Lorette » devient alors un lieu de pèlerinage et de miracles. Ainsi, en 1462 (1464), le cardinal Pietro Barbo, atteint de la peste, en revient guéri et est élu pape en 1464 sous le nom de Paul II, conformément au message de la Vierge qui lui était apparue là-bas en songe. Un culte se développe à Notre-Dame-de-Lorette. En 1632 un office propre à Notre-Dame-de-Lorette s’ajoute au calendrier liturgique le 10 décembre.

  En Finistère, on la vénèrait en l'église de Rédéné (pays de Quimperlé), à Notre-Dame de Lorette de Lanriec près de Concarneau, à la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal (Chateaulin) ou en l'église de Plouhinec prés d'Audierne, mais ce n'est qu'à Plogonnec qu'une chapelle porte son nom. En Bretagne, on trouve une chapelle votive à Comblessac (35), Le Quillio (22).

 Le sanctuaire du bord du Steir était sans-doute voué à une autre Notre-Dame, mais sur la carte de Cassini (XVIIIe), le lieu se nomme La Lorete. Rapidement, sur la réputation de guérir de la fièvre, des pèlerins vinrent si nombreux que, tous les sept ans, il fallait remplacer la marche d'acier du portail, usée par le passage des fidèles. Le culte est réactivé à partir de la reconstruction du nouveau sanctuaire, avec le grand pardon se célèbre le second dimanche d'Août, le petit pardon le dernier dimanche de Mai, et la Semaine religieuse se fait régulièrement l'écho de son pèlerinage dès 1890. Des cantiques sont composés : Quelques strophes de ce chant cantique breton de 1872 : E kichenik ar ster vras tre daou venez huel, - En amzer goz, on tadou d’oa savet eur chapel, - Savet eur chape! vian d’an Itron Varia, - A roet o devoa dezi vit hano Loreta. Chapel Intron Loreta zo savet a nevez - Savet gant tud Plogonec, francoc'h war ar menez. / E peb leac’h voa Loreta anavezet bars pell, - A bep tu e tiredjer da bedi er chape!, - Kement a dud a zeue, mar des bet lavaret - E vije a bep seiz vloas eun treujou diruset.

Henri Pérennès signalait trois cantiques bretons édités chez de Kerangal, Quimper. Les deux premiers datant de 1872 : Kantikou Loreta, Histor ar chapel, le troisième portant l'imprimatur du 14 Janvier 1893.

 

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I. Le vitrail.

Il est intéressant par son thème, mais aussi par les détails qui s'y trouvent et par sa signature.

1°) Le thème est indiqué par l'inscription Gwerc'hez vari diwalit ho pugale. Vierge Marie protège les enfants, formule qui prend tout son sens dans l'après-guerre. La Vierge ouvre son manteau bleu étoilé qu'elle étend en protection au dessus du registre inférieur représentant la paroisse, la chapelle et ses habitants.

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2°) Détail : le Pardon à Plogonnec.

  Une étoile (venant du manteau de la Vierge) domine la scène où une procession de bretons et bretonnes en costume traditionnel glazig pénètre dans le sanctuaire. Deux bannières sont visibles.

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3°) La signature.

C'est une signature plurielle qui mentionne le nom du cartonnier, A. Noël et les noms de l'atelier du maître-verrier, Le-Bihan Saluden, ainsi que la date Quimper 1946 nous plaçant ainsi juste après la Seconde Guerre Mondiale. Au nom de l'atelier s'ajoute celui de deux autres artistes, Y. Dehais et P. Toulhoat, ainsi qu'une indication latine, laboraverunt, "y ont travaillé".

  Une autre "signature" est figurée, c'est le logo carré contenant un poisson et les initiales B.S avec la mention Quimper 1946.

 — André Noël, peintre et cartonnier de ce vitrail  a réalisé avec l'atelier Saluden Le-Bihan un vitrail de l'église de Locoal-Mendon (56). Le blog de J.P. Le Bihan indique que ce cartonnier habitant Paris rue Saint-Séverin, ami de Paul Sérusier de l'école de Pont-Aven a travaillé aussi avec d'autres verriers dont Jacques Simon de Reims. Entré comme cartonnier auprès de l'atelier Le Bihan-Saluden, ami également de Sérusier, mené par Yves Le Bihan et ouvert à Quimper dès la Libération, l'atelier de Brest tenu depuis 1907 par Madame Anna Saluden ayant été détruit par les bombardements.

 

— Yves Dehais (Nantes 1924, Nantes 2013), sorti de l'École des Beaux-Arts de Nantes, a collaboré aux débuts de la manufacture de faïence Keraluc de 1945 à 1948. Formé à la technique du vitrail à l'atelier Saluden-Le-Bihan il a ouvert son propre atelier de vitraux à Nantes 44 rue de la Bastille en  1948 avec l'aide d'un compagnon du devoir. Il élabore de nombreux vitraux d'églises pour le Diocèse de Nantes et au-de là du Département, ainsi que pour des maisons particulières. En 1986, lors de sa retraite, il créa l'Association Art & Culture dont il fût le Président jusqu'en 2008. 

— Pierre Toulhoat a également collaboré à l'atelier Le-Bihan-Saluden comme peintre cartonnier.

— les autres compagnons formés à l'atelier d' Yves Le Bihan sont alors Nicol, Roger Louval, Guy Gouzard et Charles Grall.

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4°) Le tympan

renferme des armoiries d'azur, à l'agneau pascal d'argent, au chef cousu d'hermines . L'agneau ne tient ni banderole, ni étendard. On peut les rapprocher de celles  du chapitre de la cathédrale : d’azur à l’agneau pascal d’argent tenant une croix d’or à la banderole d’argent, ou plus vraisemblablement à une part de celles de   Monseigneur Duparc  évêque de Quimper de 1908 au 08.05.1946 et qui se blasonnent Parti : 1) d’azur à l’agneau d’argent – 2) d’or au lion de sable, tenant une crosse – Slt) un chef d’hermines. Devise : Meulet ra vezo jezuz krist (que soit loué Jésus-Christ).  

 

II. Notre-Dame de  Lorette.

 Chanoine Pérennès, 1940 : "Parmi les statues anciennes, il y a une Vierge-Mère, vêtue d’une longue robe sans ceinture, finement ciselée et dorée : c’est Notre-Dame de Lorette".

  L'iconographie des statues de Notre-Dame de Lorette est intrigante ; ici, elle est coiffée d'une tiare, et vêtue d'une robe grossièrement conique, flottante, ornée de quatre bandes horizontales rouges et bleues qui portent des joyaux ronds ou losangiques. Ailleurs, c'est souvent une Vierge noire, portant un Enfant à tête noire. Mais la statue typique, celle qui est produite en série pour la dévotion, est très particulière ; c'est elle que l'on découvre à l'extérieur au dessus du porche occidental. La Vierge couronnée y est comme emmaillotée de bandelettes pour mouler une forme générale conique évasée en cloche vers le bas ; sur la surface lisse du plâtre ou d'une pierre fine, cinq dessins en croissant de lune s'étagent de façon décroissante vers le haut jusqu'à atteindre une forme en demi-cercle, coiffée d'un dernièr croissant convexe dans le sens opposé aux autres. 

  C'est la Virgo Lauretana de la Santa Casa, dont j'ai trouvé les reproductions sous forme de médailles ou de statuettes mais dont je n'ai pas trouvé d'indication sur le modèle original, ni d'explication sur cette forme et sur ces curieux motifs. :

une image trouvée sur le net :

 "

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III. La bannière Le Minor.    

      Voir :  Les bannières Le Minor.

 

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IV. Les statues.

  Je lis que la chapelle abritait les statues de Notre-Dame de Lorette, saint Tugen (actuellement Eugène), saint Cado, sainte Barbe et saint Michel. Mais c'est bien un Saint Laurent que je découvre, doté, en guise de grill, d'un véritable radiateur de fonte qui ferai pâlir de jalousie plus d'un de nos adeptes du barbecue dominical. 

 

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Quand à ce Saint Michel, il avait perdu la lance par laquelle il terrassait le dragon ; une paroissienne a trouvé sans-doute une balance à fléau qui ne servait plus dans sa cuisine et l'affaire fut réglée pour le grand soulagement du diablotin joufflu, cornu et à la queue fourchue qui trouvait lassante l'existence sous cette épée de Damocles. Mais non : le chanoine Perennes dans sa Notice le décrivait déjà ainsi :"un assez beau saint Michel, aux ailes dorées et éployées tenant sa balance de Balanser an eneou, et frappant de sa lance le hideux dragon qui se tord à ses pieds ". En 1940, il avait encore sa lance, et déjà sa balance !

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VI Les sablières.

 

   Elles datent de la chapelle primitive du seigneur Rubian. Elles alternent les monstres aux gueules de caïman, les bacchus menant des bacchanales, les fables animalières (le chat et le renard, peut-être tiré du Roman de Renart), les énigmes allégoriques (l'homme aux oreilles mangées par les corneilles ou craves) quelque rébus peut-être (homme caressant l'arrière-train d'un féroce mâtin), les masques entre deux gerbes de blé...

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Sources et liens.

 

Site de la Mairie :http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm

Site infobretagne. http://www.infobretagne.com/plogonnec.htm

Henri Pérennès, Notice sur Plogonnec, Bulletin diocésain d'Histoire et d'Archéologie du Diocèse de Quimper 1940 http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=61

 

Sophie Duheim   « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest   1998 Volume   105  pp. 53-69 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 14:54

               Chapelle St-Albin à Plogonnec. 

  Le village de Saint-Albin (ou sant alc'houen), sur la commune de Plogonnec, se trouve à 8 km à l'est du bourg, sur les confins de Kerfeunteun.

  La chapelle date du XVe siècle ; l'édifice vendue à la Révolution est rachetée en 1809 par les paroissiens, les sieurs Cariou, Seznec et Le Noac'h, qui l'offrent ensuite à la fabrique le 10 octobre 1828. En 1950, la chapelle est reconstruite, à l'exception du clocher du XVIe, par M. Lachaud, qui prolonge la nef par un transept de dimension plus importante et crée une sacristie, conservant l'ancienne fenêtre du chevet, gothique à deux lancettes trilobées, comme ouverture du mur du transept nord. Comme le dit un document, "le reste du bâtiment reprend avec plus ou moins de bon goût des éléments et matériaux contemporains" "épurant" l'aspect intérieur, mais préservant une statue de Vierge primitive du XVIe siècle, les statues de la Vierge à l'Enfant, de  St Albin, St Gurloës, St Sébastien et de  Ste Barbe. Ces statues se trouvaient auparavant dans des niches, réalisées en 1696 où les comptes mentionnent les sommes versées à Jean Le Berre, menuisier et François Morvan, sculpteur. En 1699, ces statues, et les autels furent peintes par Guillaume Nicolas, qui reçut 93 livres.

  La chapelle était, au XVIIe siècle, desservie par un chapelain qui percevait 20 sols pour ses messes le premier jour de l'an, le dimanche gras, le lundi et mardi de Pâques, et 10 sols pour sa messe de la Chandeleur et le jour du pardon, le 1er mars. Plus tard, le pardon eut lieu le premier dimanche de septembre, comme c'est toujours le cas aujourd'hui.

  En 1940, H. Pérennès pouvait encore lire l'inscription H : H : Y : OLLIVIER : 1728 sur la sacristie du XVIIIe siècle. 

 

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Inscription DERVE : F 1667

  Le patronyme Le Dervé est attesté à Plogonnec (Hervé Le Dervé, décédé le 22 juin 1688 à Plogonnec, père d'Hervé Le Dervé, né le 13 juillet 1673, etc...)

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Statue de saint Albin en évêque : Albin, ou Aubin, fut l'un des  premiers évêques d'Angers.

Il resterait à expliquer pourquoi une chapelle lui est dédiée à Plogonnec.

 

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 Vierge à l'Enfant.

En 1940, H. Pérennès décrit face à la statue de St Albin, " à gauche, dans une niche à colonnes torses et dont le socle porte MI RE RENE HENAF 1698, une très jolie vierge, simplement drapée : Itron Varia ar c'helou mad." (Bulletin Diocésain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper 1940 n° 61 p. 156 link) René Hénaff ne figure pas dans la liste des recteurs de Plogonnec, puisqu'en 1698, c'étaient Louis des Hayeux puis Claude Salaün qui exerçaient cette fonction. Quand à Itron Varia ar c'helou mad, il s'agit de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, parfois invoquée ou remerciée pour une naissance.

  Par contre, c'était dans la nef qu'il pouvait admirer " sur un socle de granit où est inscrite la date 1576 [date la plus ancienne], une Vierge en bois, presque plate".


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Notre-Dame des Portes (?)  

 

 

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      Saint Sébastien.

  Il trouvait place jusqu'en 1940 au moins dans une niche à volet. Pour une fois, Sébastien n'est ici ni blond, ni vraiment beau, et malgré son maillot de bain, il ne ressemble pas du tout à un surfer. Mais il garde sa belle indifférence aux flèches de ses bourreaux.

                 st-albin 5563c

 

Saint Gurloës, ou Urlou, Hurlou, Eurlo, 

   Je l'avais confondu d'abord avec un saint Roch. Quelle erreur, car saint Roch montre sa cuisse gauche et son bubon de peste et se fait accompagner par son chien Roquet, alors que saint Urlou, lui, montre son genou droit enflé par la goutte, droug sant Ourlou en breton. En outre, point de toutou pour saint Urlou. Le saint abbé est invoqué non seulement pour ces accès microcristallins d'acide urique, mais aussi contre les maux de tête  et les rhumatismes, ou contre les "maux de rein", sans préciser s'il n'agit que sur les crises de lithiase urique. On s'attendrait plutôt à ce qu'il montre son gros orteil, mais le bon moine n'était point podagre, ou laissait à un confrère le soin de cette forme trop répandue de goutte.

  Ce moine de Saint-Sauveur de Redon du XIe siècle  et premier abbé de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé accéda aux fonctions de prieur de Redon, puis, à la suite d'un rêve du Comte de Cornouailles Alain Canhiart, il s'en alla fonder un monastère à Quimperlé, où il  s'établit avec douze de ses moines. On la nomma abbaye Sainte-Croix de Quimperlé, et le Comte de Cornouailles  octroya à l'abbaye un fief seigneurial comprenant, entre autre, Belle-Île et Groix (Saint-Ghutiern). Le 14 septembre 1029, il fut béni premier abbé par l'évêque de Nantes Orscand.

  Vingt-huit ans et vingt jours après, le Père Abbé Urlou mourût. En odeur de sainteté, si bien que les moines plaçèrent ses reliques dans la crypte de l'abbaye, et lui élevèrent un tombeau, confiant sur leurs relations avec le pape Grégoire VII pour l'élever à son titre de saint Gurloës. Hélas, les papes se suivent mais ne se ressemblent pas, et Urbain II refusa la canonisation  en arguant sur l'absence de témoignage de miracles, et de synode plénier. Ce que ne fit pas Urbain, le peuple breton le fit, et les paroissiens de Clohars-Carnouët, Le Faouët, Languidic et Lanvénéguen élevèrent des chapelles en l'honneur de leur saint. On voit aussi sa statue à St Ivy, chapelle N.D.-de-la-Route, ou à Bannalec.

 Finalement, il fut béatifié par le pape qui le déclara bienheureux. 

 Ici, saint Urlou est représenté en Abbé, avec la crosse (restaurée récemment sans-doute car le chanoine Pérennès ne voyait qu'un "bâton") , la mitre, un livre, mais pieds nus. Il relève la chape et la tunicelle pour dévoiler son genou. 

 

 

               st-albin 5564c

 

Sainte Barbe.

   On reconnaît la vierge bien connue, toujours attachée à sa pieuse lecture et toujours aussi déterminée à subir tous les martyrs que son père ou que le Prévot veut bien, dans son sadisme, inventer plutôt que de renoncer à ses voeux de célibat et à son attachement aux dogmes de la religion, que le diacre Valentin était venu lui enseigner. Près d'elle, la tour où elle fut séquestrée, et les trois fenêtres de la Sainte Trinité. Voir par exemple  Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, Ste Barbe.

 

                st-albin 5566c

 

 

Le calvaire du XVIIe siècle a été relevé en 1984.

  On (H.P) relevait jadis sur le socle l'inscription I. KNALEGVEN . F , soit I(ves?) Kernaleguen, fabricien. Les généalogistes citent Yvon Kernaleguen, né en 1612 de Joannis Kernaleguen. Il s'agit d'un des patronymes importants de la commune de Plogonnec, puisqu'il se retrouve sur les murs de l'église Saint-Thurien ( pour désigner un fabricien de 1581) ou de la chapelle St-Pierre où un membre de cette famille était fabricien en 1591. Corentin Kernaleguen fut recteur de la paroisse de 1804 à 1805. Kernaleguen est aussi un toponyme, celui d'un lieu-dit de Plogonnec.

  Cette Vierge couronnée tenant l'Enfant-Jésus à droite et un livre dans la main gauche évoque Notre-Dame-des-Portes, telle qu'elle est vénérée à Châteauneuf-du-Faou. L'Enfant tient une pomme. 


                st-albin 5567c

 

 


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Published by jean-yves cordier
12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 14:17

   La chapelle St-Thégonnec à Plogonnec.

 

 


  Lors de ma visite, j'ai recherché les éventuelles inscriptions (1701, à droite de la baie du pignon ouest), puis j'ai examiné les statues du choeur (St Thégonnec et St Égarec) ou de la nef ( celle de sainte Marguerite), mais j'ai vite constaté que l'élément remarquable était cette source dont les eaux s'écoulaient à l'intérieur de la chapelle en son mitan, la traversaient transversalement avant de réapparaître près de la porte sud et suivre un trajet linéaire imposé par un agencement de dalles. 

   Revenu chez moi, j'ai lu le texte que propose le site de la mairie de Plogonnec ici : http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm, et j'ai trouvé celui-ci si bien rédigé et si instructif que je ne peux qu'y renvoyer, et me permettre d'en recopier la description de la fontaine. 

 

 

 


                                 st-thegonnec 5471c

 

st-thegonnec-5475v.jpg

 

                                               st-thegonnec 5467c

 

st-thegonnec 5469c

 

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                                                st-thegonnec 5458c         st-thegonnec 5459c

 

  "L'édifice rectangulaire datant de 1701 semble très vraisemblablement avoir été établi sur un lieu de culte antique, où l'eau tenait un rôle essentiel. Il s'agissait probablement d'un ensemble de rituels dédiés à la déesse païenne Sirona dite aussi Dirona. Cette hypothèse est étayée par la présence de deux fontaines qui sourdent non loin l'une de l'autre ." (site de la mairie)

 

 

st-thegonnec 5450c

  "Le mur nord accueille une petite fontaine qui fait toute l'originalité de cet édifice; Elle comprend un premier bassin hémisphérique encastré dans une niche en arc outrepassé dont le fond est orné par le socle destiné à recevoir la statuette de saint Egonnec. Un second bassin circulaire permet aux fidèles de faire leurs ablutions. Il déborde ensuite dans une conduite forcée faite de grandes dalles au travers de l'édifice" ( site de la mairie)

                                      st-thegonnec 5465c

"Le filet d'eau jaillit ensuite à l'extérieur par un déversoir situé au bas de la porte de la façade Sud, puis s'écoule par une autre conduite dallée et enterrée au travers du placître. Cette eau est réputée pour guérir les fièvres. Plus loin dans le placître un petit escalier de pierre conduit à une seconde fontaine logée sous une grande dalle. Cette fontaine aujourd'hui tarie , est dédiée à saint Egarec. On y soignait les maux d'oreilles."

 

 


                                   st-thegonnec 5466c

 

    Le nom de cette déesse Sirona, Thirona ou Dirona dériverait  d'une racine celtique stir- qui a donné steren en breton, "étoile" : son nom signifierait "astral" ou "stellaire". Ce serait une déesse lunaire (équivalent de Diane), parèdre d'un  Grannos solaire formant un couple indissociable du panthéon gaulois. Les statues de Sirona la représentent souvent tenant un serpent ou coiffée d'un bandeau portant un serpent. Un autel votif à Sirona a été découvert en 1833 dans le pays de Dinan. 

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Published by jean-yves cordier
11 août 2012 6 11 /08 /août /2012 13:36

La chapelle de St Pierre à Plogonnec.

 

  Voir les précédents articles sur Plogonnec:

Église de Plogonnec : statues et bannières.

Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.

Les vitraux de Plogonnec I : Saint Sébastien

Les vitraux de Plogonnec II : le Jugement dernier.

      Vitrail de Plogonnec III : la Transfiguration.

  Les vitraux de Plogonnec IV : Vitrail de la Résurrection.

 

Vierges allaitantes X : La chapelle St-Denis de Seznec à Plogonnec. 

La chapelle St-Thegonnec à Plogonnec.

  I. Présentation.

DSCN4643c

   La chapelle St-Pierre de Plogonnec a été édifiée, en bordure du bois de Névet, sur l'ancien site de la chapelle seigneuriale des seigneurs de Névet. Ceux-ci occupèrent une place de premier plan dans la région depuis Hervé Ier (av.1270-1309) jusqu'à Malo Ier (1699-1721), accédant au titre de baron au XVIe siècle, puis à celui de marquis au XVIIe, et aux fonctions de gouverneur de Quimper ou à celle de colonel du ban et de l'arrière-ban de Cornouaille. Leur premier château se trouvait sur la paroisse de Plogonnec, mais en raison de démêlés avec l'évêché de Quimper, ils le démontèrent pour le rebâtir de l'autre coté de la forêt de Nevet, à Lezargant sur la paroisse de Kerlaz.  C'est là ( Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 3ème partie.) que j'ai découvert la vié édifiante de René de Névet. 

  Claude Ier de Névet ( baron de Névet et seigneur du lieu de 1585 à 1597) épousa en juillet 1585 Elisabeth d'Acigné. Il se soucia de reconstruire l'ancienne chapelle seigneuriale, et y apposa une plaque commémorative où on peut lire  ceci :

Clavigeri templi quod longum diruit aevm

Claudius hic Nemeus primo fundamenta jecit

Tertius Henricus Francos cum jure regebat

Pontifice et summo Sixto tum presule Carlo

Ac humil(is) pastor Lodoicus sacra ministra(ba)t 1594.

  On admira les très nombreuses lettres conjointes (TE, AV, HE, NR , etc...), on notera la forme abréviative 9 pour remplacer la finale -us (prim9, terti9, Henric9, Lodoic9), on s'amusera du mot presule, qui, après avoir désigné pour les romains le chef des danseurs dirigeant les choeurs de danse puis "le chef, le président" désigne ici l'évêque !

st-pierre 5477c

  Vous ne serez pas plus long que moi pour résoudre la petite énigme des premiers mots Clavigeri templi, que le bon chanoine Pérennès avait traduit (BDHA 1940 p. 154, note 23) par "le temple du Porte-clefs". Clavigeri, c'est bien-sûr de Saint-Pierre qu'il s'agit, et nous traduisons donc :

 La chapelle de St-Pierre étant tombée de vétusté,

Claude Premier de Névet en jeta les fondations 

Sous le régne de Henri III roi de France,

Sous le pontificat de Sixte (V) et l'épiscopat de Charles (du Liscoat)

Et durant le saint ministère de l'humble recteur Louis (Le Noy) 1594.

  Tout concorde ... presque puisque Louis Le Noy ne fut recteur qu'à partir de 1596 (et jusqu'en 1623, juste avant Guillaume Toulguengat et René Seznec dont les noms sont sculptés à la chapelle de St-Denis en Seznec), ou encore puisque Sixte Quint ne fut pape que de 1585 à 1590. Charles du Liscoat fut bien évêque de Quimper de 1583 à 1614, mais Henri III ne régna que de 1574 à 1589. On en conclue que le texte fut rédigé avant 1589, ce qui est cohérent avec une autre  inscription lapidaire Belinger 1588.

  La chapelle en forme de croix latine a donc été construite entre 1588 et 1594 pendant la guerre de la Ligue, sous Henri IV ; puis son pignon Ouest fut repris au XVIIe siècle (dates 1614 et 1616) alors que la sacristie porte la date de 1674 et le clocher du XVIIIe siècle (dates 1765 et 1769). 

  


 

II. Les inscriptions extérieures.

1. Le clocher  

  Construit au cours du XVIIIe siècle, il est à balustrade, cantonné de canons de pierre faisant office de gargouille et doté d'une tourelle contenant l'escalier d'accès à la chambre des cloches. Il fut frappé par la foudre en 1992 et restauré en 1995.

  Au dessus des cloches, un dôme bulbe est surmonté d'un lanternon. On y lit :   HENRY . OMNES DE . ROSAVEN F. 1?75, RENE . LE . HENAFF / DE KHERVAN . F. 1765

  Il faut lire : Henri Omnes de la ferme de Rosaven, et  René le Henaff, de la ferme de Kerhervan ; actuellement orthographiée Kerherven, elle est toujours (selon le web) en exploitation par un GAEC de Kerherven au lieu-dit Kererven.


 

                st-pierre 5503c

 

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Sur la tourelle d'accès : LE DOARE CHAPALAIN 1769 / E. PHIL/LIPPE : F

  Les patronymes Le Doaré, Chapalain et Phillipe sont attestés à Plogonnec


 

st-pierre 5519c

 

 

Le pignon Ouest de la chapelle : 

  Elle est de pure inspiration Renaissance et en décline le vocabulaire architectural : volutes terminant les contreforts, colonnes galbées et cannelées, chapiteaux ioniques supportant un fronton triangulaire sous lequel se lit une date 16??, porte à voussure bloquée par une clef feuillagée en agrafe.

 

st-pierre 5507cd

A gauche du portail : J. JONCOVR 1616

  On n'omettra pas de noter le N rétrograde du patronyme : 

st-pierre 6037c

 

 

 

A droite du portail : Y. MAP . F. 1614.

st-pierre 5506c

 

 

 

 

Porte latérale facade sud : 

      La Facade sud est de style gothique

Sur la porte : COSMAO F QUAG (?) 1784 

 

st-pierre 5497x

 

  Au dessus, encadrant le pinacle gothique : Y. QVEO C 1608 FA (Y. QVEO FA 1608, correspondant au patronyme Le Quéau ).


st-pierre 5527c

 

 

 

 


Porte gothique du transept sud :

st-pierre 5502c

 

Facade ouest du transept sud : BELINGER 1588 H. LAGALLAY 

DSCN4631c

 

Sur le pignon de la chapelle sud : QVERNALEGVEN : FA: 1591

  La famille Kernaleguen est attestée à cette date à Plogonnec (Yvon Kernaleguen, né en 1612 de Joannis Kernaleguen)

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Au dessus de la fenêtre de la sacristie au  nord : M . Y. NIHOVARN PRESTRE  ET CHAPELAIN : G. LE DOARE : F 1674


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III. l'intérieur.

 

 

 

   Le choeur est composé d'un maître-autel à retable et de deux niches abritant les statues de St-Pierre à gauche et de Notre-Dame à droite. Cet ensemble a été réalisé en 1677 par l'atelier Le Déan de Quimper, puis le retable a été repeint par maître Hauteville de Locronan en 1694. 

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  On raconte que ce sont les filles d'un des derniers seigneurs de Névet qui ont servi de modèles pour les deux femmes encadrant le tabernacle ; et il faut reconnaître que les traits de ces deux anges thuriféraires sont suffisamment caractéristiques pour se prêter à cette supposition. Ce serait alors, en 1677 les filles de René II de Névet et d'Anne de Guyon Matignon...qui eurent, de mémoire, un fils et une fille !

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Notre-Dame du Bon-Secours, Itron Varia guir zicour.

 

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  Saint Pierre, St Pêr. 

Les armoiries qui surmontent la niche sont, selon Henri Pérennès, "de fantaisie". Le saint et apôtre "clavigère" est saisi en plein mouvement de présentation de la clef de notre salut, en grande tenue de premier évêque de Rome et de premier pape selon le dogme de la primauté pontificale.

 

               st-pierre 5487c

  

Dans le bras de transept nord : Sainte Anne dans une scène de Sainte éducation.

 Anne, la tête couverte d'un pli de son manteau, assise, "apprend à lire" à Marie, debout, les cheveux libres comme toute jeune fille. Elle lui indique plutôt, dans les saintes Écritures, comment les prophètes ont annoncé sa destinée et celle de son Fils. Les mains de la mère et de la fille se rejoignent, co-optant résolument le rôle qui leur est dévolu dans le plan divin de l'Incarnation. Sous le pied de sainte Anne, la tête d'un angelot rappelle que c'est un ange qui a annoncé à chacune d'entre Elles leur virginale nativité.

 

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  Au sud, dans le bras de transept, la statue  de la Vierge de l'Apocalypse. 

  Ou plutôt celle de la Vierge de l'Immaculée-Conception, comme l'indique l'inscription en breton Mari, conçevet hep pec'het.

  Elle foule la démone qui entoure vainement l'orbe de sa queue serpentine autour des pieds de la Nouvelle Éve. Cette démone posséde les traits habituels qu'elle présente sur les arbres de Jessé bretons, la tête dressée mi-arrogante mi-spasmée de douleur et les seins "discoïdes" plats car stériles mais suffisamment marqués pour affirmer sa féminité malèfique.

 

          DSCN4623c

  Dans le bras sud du transept également, saint Jean présentant son Évangile.

 

            DSCN4624c

 


 Dans la nef, un beau Christ en croix.

 

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Les sablières :

 

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 Près de la porte du transept sud, un bénitier a été confectionné en récupérant le croisillon d'un calvaire portant l'inscription RECTEVR 1644 : c'est René Seznec qui était "pour lors", responsable de ce saint ministère. Sur le fût, l'emblème des armoiries des seigneurs de Nevet, un léopoard morné (blason " d'or au léopard morné de gueules") . Je rappelle qu'un lion est nommé "lion" en héraldique s'il sa tête est de profil, et "léopard" s'il sa tête est, comme ici, de face.  Et que ce léopard est dit "morné" s'il est dépourvu de griffes, de langue et de dents (mais sans être dépourvu de sexe, ce qui serait particulièrement infâmant). La position normale du lion est d'être "rampant" (dressé sur l'une des pattes arrière) et celle du léopard est d'être "passant", avec le corps de profil, allongé en appui sur trois pattes.

  En 1644, c'était le baron Jean III de Nevet (1616-1647) qui tenait le château de Lezargant avec son épouse Bonaventure de Liscoët.

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III le calvaire.

  Il a été édifié en 1644 par Roland Doré, et qui dit Roland Doré, de Landerneau, dit kersanton bien-sûr. C'est un réassemblage héteroclyte d'élements provenant d'un calvaire antérieur.

  Il est décrit ainsi par l'atlas des croix et calvaires du Finistère coordonné par Y. P. Castel : 

1559. Saint-Pierre, g.f. 4m. 1644, XXe s. Trois degrés, corniche. Socle hémisphérique, inscription sur deux lignes : QVID TIBI MORTIFEROS PEPERIT SIC XPS DOLORES QVID QVOQVE VESTE TVA SPOLIAVIT. AMOR. (D'Où vient que tu soufffres, O Christ, jusqu'à en mourir, d'où vient que te vilà nu, vêtements arrachés ? La seule réponse est Amour). Statues géminées : Vierge-Paul, Jean-Pierre. Croix de granite récente, crucifix métal.

J'ai omis de photographier l'inscription latine, difficilement lisible mais dont je découvre le texte magnifique. J'ai photographié saint Pierre et saint Paul.

st-pierre 5523c

 

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Source http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=61

http://www.mairie-plogonnec.fr/histoire-des-chapelles.htm

http://fr.topic-topos.com/chapelle-saint-pierre-plogonnec


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Published by jean-yves cordier
8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 19:41

           

   Les vitraux de l'église de Saint-Ouen

           des Iffs ( seconde partie).

 

  J'ai décrit la maîtresse-vitre consacrée à la Passion. L'église des Iffs est comparée dans sa forme à une croix archiépiscopale dont les deux branches seraient formées par quatre chapelles : celles du transept sont dites chapelle de Montmuran à gauche (au nord) et chapelle de saint-Yves à droite. Deux chapelles plus bas dans la nef sont dites chapelle de la Vierge au nord, et chapelle Saint-Fiacre au sud. Chacune est ornée de vitraux, que je vais décrire.

 

I. La chapelle sud, dite de Coligny ou de Saint-Yves.    

  Édifiée à la fin du XVe siècle par la famille de Laval, et de forme hexagonale, elle rassemble trois verrières : celle de la Conversion de saint Paul à gauche , celle consacrée à Suzanne et les vieillards au fond, et à droite une baie consacrée à saint Yves.

 

Baie 2 : Conversion de Saint-Paul, ou Scène de bataille.

 

Une lancette de 2,40 m  de haut et 1,20 m de large. 

  Il est décrit actuellement depuis l'article d'A. Svahn de 1930 comme la Conversion de saint Paul sur le chemin de Damas à la tête d'une troupe armée : Saül est renversé avec son cheval par l'effet de l'apparition du Christ et de ses anges, tels qu'ils apparaissent dans la partie supérieure. Né juif mais pétri de culture grecque, Saül /Paul était citoyen romain, et c'est ainsi qu'on comprend son costume d'officier romain et la présence anachronique de l'aigle bicéphale.

  On avait pu y voir jadis "la prise de Mantes par Du Guesclin", le drapeau jaune et rouge chargé d'une aigle éployée de sable rappelant l'écusson de l'illustre connétable : d'argent à l'aigle éployée de sable, membrée et becquée de gueules, à la cotice de même brochant. Du Guesclin avait épousé l'héritière du château de Montmuran, Jeanne de Laval.

  Selon Roger Barrié, ce vitrail, attribué à un atelier vitréen de 1550-1560, fait référence à l'école de Fontainebleau par le dynamisme de sa composition, le traitement des arrières-plans en sanguine, grisaille et jaune d'argent, et le traitement des costumes. Il ajoute que "l'usage de grandes pièces de verres, l'abus des sanguines, les verres gravés, et même l'aigle bicéphale sont révélateurs d'un style identique à celui de la verrière de la Passion à Champeaux près de Vitré".

  Les verres gravés en question sont ceux des cuirasses rouges pontuées de points blancs gravés.

 L'atmosphère violente de l'arrière-plan, où des bandes armées parcourent la campagne autour de villes fortifiées, évoque celle des guerres de religion (1562-1598).

Le théme est illustré en vitrail à Séville en 1560, à Chartres église Saint-Aignan en 1540, à Beauvais en 1548.

      Dans tous les cas, le chevalier désarçonné et son cheval sont vus au premier plan, en fuite, point de vue que reprendra le Caravage en 1600 dans le domaine pictural.

                    vitrail-bataille 4407v

 

 

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vitrail-st-yves 5764v

 

 


Baie 6 : Vitrail de saint Yves.

Une lancette de 2,40 m de haut et 1,20 m de large. Il date ? de 1587 mais a été très restauré par Tournel.

                                 vitrail-st-yves 4408v

 

 Sous un encadrement en forme d'arc de triomphe, deux anges portent un écu ceint du collier de l'Ordre de Saint-Michel, aux armes mi-parti (moderne) de France et de Bretagne. L'examen rapproché n'est pas favorable à ces panneaux, révélant des visages lourds, une main presque bote. On estime que l'écusson du XIXe a remplacé les armes de la famille de Montmorency-Laval.


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Deux autres putti retiennent les pans d'une étoffe suspendue à un bouclier : sur celui-ci, saint Michel terrasse le dragon, et tient lui même un bouclier avec l'inscription QUIS UT DEUS ?, "Qui est comme Dieu?", traduction littérale de l'hébreu Micha'el : cette question dédaigneuse s'adresse à Satan / dragon vaincu.

  De l'autre main, les anges retiennent la grande tenture verte qui sert de fond au portrait en pied de saint Yves. Il est représenté en official de Tréguier, coiffé d'une barrette cramoisie, vêtu d'un surplis frappé d'hermine recouvert d'un  camail rouge ; cette couleur se retrouve sur le manteau et/ou la soutane.  On s'étonne de ses chaussures blanches et or, aussi luxueuses que des pantoufles pontificales : c'est saint Yves avant qu'il ne renonce à cette pompe vestimentaire et ne distribue ses vêtements cléricaux aux pauvres, ou c'est saint Yves représenté par un imagier du XVIe siècle selon les stéréotypes de son temps. Ces pantoufles et cette tenue rouge expliquent qu'au XIXe siècle on ait pu voir dans ce personnage un "cardinal donateur".

  Saint Yves est entre le riche et le pauvre ; ou, plutôt, entre deux groupes de personnages. À sa droite, le pauvre avec son fils et peut-être sa femme : tête nue, visage émacié, il tend son placet témoignant de la justesse de sa cause, et Yves Hélory se tourne vers lui et tend la main vers ce document. Curieusement, le sac, en forme d'aumônière à gland, qui pend au poignet du pauvre surprend par son caractère luxueux.

  De l'autre coté, c'est, plus qu'un riche, un grand Seigneur entouré des siens. Il est coiffé d'un bonnet à plumet, porte un collier en chaînons d'or, il est vêtu de culottes bouffantes à large ruban doré, d'un court manteau violet doublé de fourrure sur une veste d'apparat aux manches à crevés et au col blanc et or. Ce seigneur porte l'épée à la ceinture ; c'est un haut personnage, un noble, alors que les "riches" de l'iconographie courant semblent d'avantage appartenir à la classe des bourgeois marchands. Il porte la barbe courte qui s'est imposée à la Cour depuis François Ier. Le site de l'Inventaire régional signale qu'on a pu reconnaître dans les traits du riche un portrait de Gaspard de Coligny, seigneur de Montmuran après son mariage avec une héritière de la maison de Montmorency-Laval. Le site topic-topos décrit le "riche" "en costume hollandais typique du XVIe siècle,  représenté sous les traits de François de Coligny, fils de l'amiral assassiné la nuit de la Saint-Barthélemy. La pièce d'or porte la date de 1587, ce qui donne à penser que François de Coligny a fait restaurer ou du moins réparer le vitrail, en effet le visage et la main du riche y figurant avaient pu être brisés, peut-être lors des affrontements des guerres de Religion." 

   L'écu d'or qu'il propose représente une somme importante, et il faut au saint de Kermartin une indépendance d'esprit considérable pour s'en détourner.

 

vitrail-st-yves 5765v

 

       Le Corpus vitrearum  apprend que, selon une description des fragments réalisée avant la  restauration du XIXe, on lisait une inscription sur cette pièce d'or : CARLES DE VALO, évoquant Charles de Blois, prétendant au trône de Bretagne qui fit canoniser le saint en 1347. On y lisait aussi la date de 1587, dont on hésite à faire la date de création, ou seulement de restauration, du vitrail. Les auteurs du dossier de l'Inventaire, déjà cité, sont formels : cette date est trop tardive pour cette composition qu'ils datent de 1550, "franchement Renaissance avec recherche de l'effet monumental, traitement des visages en modèles larges et peu appuyés, caractéristique d'une époque où la peinture sur verre se rapproche de la peinture sur chevalet".

 J'aurais traduit sans-doute naïvement CARLES DE VALO par Charles de Valois (1270-1325), contemporain de saint Yves (1250-1303). C'est le père de Philippe VI de Valois. Il ne fut pas roi de France lui-même, mais comte de Valois (et roi titulaire d'Aragon). Philippe de Valois est intervenu auprès du pape lors du procès de canonisation.

 

 

 

Baie 4  : Vitrail de Suzanne et les vieillards.

 

 

      Haut de 3,90m et large de 1,90m, il est composé de trois lancettes à trois registres  et d'un tympan à trois ajours et écoinçons .

  La légende de la chaste Suzanne y est raconté en douze épisodes à lire de haut en bas et de gauche à droite, chaque panneau étant légendé par une inscription en lettres gothiques.

 Cette histoire  constitue le 13e chapitre du livre de Daniel dans la Vulgate (De liberatione castae Susannae) littéralement "De la libération de la chaste Suzanne".

  Ce théme est utilisé par la Contre-Réforme comme l'image de l'Église injustement calomniée, puis justifiée par Dieu aux yeux de tous. En peinture, ce thème est vu aussi comme une possibilité pour les artistes de traiter un thème érotique et de représenter Suzanne largement dénudée : ce n'est pas le cas sur les vitraux.

  Le vitrail est attribué ( R. Barrié, JJ. Rioult, Inventaire) à Michel Bayonne ou à son atelier avec une datation de 1540-1550.

  Le thème a été adapté pour le théâtre religieux   comme l'atteste, dans l'inventaire d'Anne de Bretagne du 16 août 1495, un Accoustrement de la saincte Suzanne, suite de cinq pièces. En 1625, Jean-Pierre Camus publia Roselis ou l'histoire de Saincte Suzanne 

 

 

                                vitrail-ste-suzanne 4410c

 

 

I. Tympan.


  Dans l'ajour supérieur, Suzanne, entourée de ses servantes, est figurée comme l'épouse de Joakim, riche et pieux bourgeois de Babylone. On (site topic-topos) décrit son costume comme typiquement hollandais.

 L'ajour gauche la montre épiée par les vieillards alors qu'elle prend son bain. Ces vieillards ont été établis juges cette année là, et ces hauts personnages qui fréquentent la propriété de Joakim, se sont épris de la belle épouse. Suzanne a fait fermer les portes de son jardin et a fait préparer un bain parfumé d'huiles et d'onguent : elle se croit seule, et ignore que les vieillards se sont cachés.

L'ajour droit décrit les vieillards pressant Suzanne de céder à leurs proposition, et le refus de la fidèle épouse.

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                         vitrail-ste-suzanne 5753c

 

 

II. Registre supérieur.

       les scènes s'inscrivent sous des niches à coquille bleue teintée de jaune d'argent sur fond rouge, et sont elle-mêmes couronnées de dais reposant sur des culots, et portant chacun une inscription.

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1. Comment les vieillards accusent Suzanne d'adultère

 
Vois, les portes du jardin sont fermées, personne ne nous aperçoit, et nous brûlons d’amour pour toi ; consens donc à notre désir et sois à nous.

Si non, nous nous porterons témoins contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles

  Les deux vieillards portent tous les attributs des personnages biblique vétéro-testamentaire dont on veut souligner le judaïsme : longue barbe, chapeau conique à oreillette, aumônière.

  Suzanne porte une robe damassée jaune-orangée recouverte par un très lourd tablier (restauré au XIXe ?) surchargé de gemmes. Sa coiffe est suffisamment caractéristique pour qu'un spécialiste puisse sans-doute la dater.

 

                                      vitrail-ste-suzanne 5750c

 

2. Jouachim mari de la sainte la conduit devant les vieillards.

Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher brillante, fille d’Helcias, femme de Joakim. » Et on envoya aussitôt.

Elle vint avec ses parents, ses fils et tous ses proches.

Or Suzanne, avait les traits délicats et une grande beauté.

Comme elle était voilée, les juges méchants commandèrent qu’on lui ôtât son voile, pour se rassasier de sa beauté.

        Suzanne est face à son mari, avec son fils et sa fille, dont on observe le bonnet, rappelant celui que portaient les fillettes bretonnes. Là encore, la coiffe de Suzanne est intéressante à observer.

 

                                    vitrail-ste-suzanne 5751v

 

3. Comment la sainte fut condamnée à être lapidée par les vieillards.

 

 

Les vieillards dirent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, elle est entrée avec deux jeunes filles et, après avoir fait fermer les portes du jardin, elle a renvoyé les jeunes filles.

Et un jeune homme qui était caché est venu à elle et a fait le mal avec elle.

Nous étions dans un coin du jardin ; en voyant le crime, nous avons couru à eux, et nous les avons vus dans cette infamie.

Nous n’avons pu prendre le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé.

Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. Voilà ce que nous attestons. »

La foule les crut, parce que c’étaient des vieillards et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.

       Cette scène de foule montre comment la barbe longue et le chapeau conique participent à la stigmatisation des vieillards, puisque les cinq autres hommes portent des visages glabres et des couvre-chefs si plats ou si ronds que c'est presque caricatural.

  Suzanne porte les mêmes vêtements que sur le panneau A3 initial.

 

                                     vitrail-ste-suzanne 5752c

 

 

2 . Registre moyen.

 

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4. Comment Daniel fist retornes Suzanne disant que estoit po..

 


Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel.

Il cria à haute voix : « Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! »

Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit : « Que signifie cette parole que tu dis-là ? »

Daniel, se tenant au milieu d’eux, dit : Êtes-vous donc insensés à ce point, enfants d’Israël, de faire mourir une fille d’Israël sans examen, sans chercher à connaître la vérité ?

Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. »

  Le jeune Daniel paraît vraiment très jeune ; ses beaux cheveux blonds le démarquent des autres, comme un signe d'élection divine, et sa robe blanche souligne son innocence et sa pureté. Suzanne est menée au supplice par deux soldats (on voit deux lances) et par des officiers à cheval. L'élégance de la riche juive de Babylone est ici encore plus manifeste, et sa coiffure peut être détaillée : le front est épilé très en arrière, les cheveux très travaillés sont ramenés par une résille en deux macarons, et la coiffe elle-même ressemble fort à un balzo, ce turban que j'ai détaillé ici : Chapelle de la Fontaine Blanche à Plougastel : le culte de la fécondité.


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5. Comment Suzanne fu condamnée par les vieillards.

 

Alors le peuple retourna en hâte, et les anciens dirent à Daniel :

« Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse. » Daniel dit au peuple : « Séparez-les loin l’un de l’autre, et je les jugerai. »

Quand ils furent séparés l’un de l’autre, Daniel en appela un et lui dit : « Homme vieilli dans le crime, les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi,

toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et relâchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste.

Eh bien, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s’entretenant ensemble. » Il répondit : « Sous un lentisque. »

Daniel dit « Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car l’ange de Dieu qui a déjà reçu l’arrêt divin va te fendre par le milieu. »

 

 

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6. Comment ....les vieillards devant la (santance)  daniel

 

Après l’avoir renvoyé, il ordonna d’amener l’autre, et il lui dit « Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté d’une femme t’a séduit et la passion a perverti ton cœur.

C’est ainsi que vous en agissiez avec les filles d’Israël, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité.

Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris s’entretenant ensemble. »

Il dit : « Sous un chêne. » Daniel lui dit : « Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car l’ange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu, afin de vous faire mourir. »

Alors toute l’assemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.

 

  Autre scène de foule (neuf personnages) dans laquelle le vieillard lubrique et malhonnête, confronté à la vérité personnifiée par  Daniel dont la jeunesse est radieuse, devient pathétique par le seul fait qu'il soit représenté tête nue, avec les cheveux clairsemés.


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3. Registre inférieur.

  Le soubassement de ce registre est traité au jaune d'argent en ornements de rinceaux et de dauphins.

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7. Comment les vieillards furent condamnés par Daniel.

 

    " Puis ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal qu’eux-mêmes avaient voulu faire à leur prochain ;

afin d’accomplir la loi de Moïse, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là. "

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8. Comat dy maines les deulx villars.

 


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9. Comment les viellars furent lapidez par la santance Daniel.

 

Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous ses parents, parce qu’il ne s’était trouvé en elle rien de déshonnête.

Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite des temps.

Le roi Astyage ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse reçut le royaume.


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      Comparer : Suzanne et les vieillards, Saint-Etienne Bar-sur-Seine

Id, Chapelle Saint-Eustace, St-Maclou à Pontoise Iere moitié XVIe

Id, Troyes.

 

II. La chapelle de Montmuran au Nord.


Mur est : Baie 1 : Verrière de la Vie de la Vierge  Annonciation et Adoration des Mages .

   Cette verrière datée vers 1535 se compose de deux lancettes trilobées à deux registres et un tympan à un ajour ; elle mesure 2,20 m de haut et 1,15m de large.

   Don de Guy XVII de Laval ?

 

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registre supérieur : Annonciation.

 La Vierge est placée à gauche, agenouillée sous un dais à pavillon bordé de franges polychromes et aux pentes bordées de deux angelots. Dans une perspective inhabituelle mais intéressante, elle est tournée vers un prie-dieu du coté opposé à celui par lequel survient l'ange, et le mouvement de rotation qu'elle effectue pour le regarder et l'entendre accentue l'atmosphère de soudaineté et de surprise dans laquelle se déroule cette Annonce.

  L'ange Gabriel porte le sceptre fleurdelisé autour duquel s'enroulent, sur un phylactère, les mots AVE (MARIA) GRACIA PLENA. Il désigne de la main droite la colombe fécondatrice du Saint-Esprit. Au sol est posé le traditionnel vase contenant trois lys martagon non épanouis, mais prometteurs. Selon un shéma habituel, la robe et la ceinture de Gabriel sont animés par un mouvement ondoyant de plis qui témoigne de la vivacité de l'irruption du messager divin. 

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                                         vitrail-annonciation 5775v

 

                                         vitrail-annonciation 5776v

 

 

Registre inférieur. l'Adoration des Mages.

 Le panneau de droite montre Joseph debout, Marie assise tenant l'Enfant sur les genoux, et le visage du roi Melchior qui offre des pièces d'or dans un calice.

 A coté d'un concert spirituel donné par trois anges brille l'étoile qui guida les mages. On observera comment elle est découpée par la forme même du plomb.

A gauche, on voit debout les rois Gaspard qui porte l'encens et  Balthazar qui porte la myrrhe.

  Selon une tradition que j'ai déjà relevée ici  Éloge de l'omission : Le titulus dans l'Annonciation d'Ambrogio Lorenzetti., l'oreille de Balthazar porte la boucle d'oreille que la société médiévale (et ici, Renaissance) considérait comme un signe de marginalité ou d'étrangeté : ici, c'est une façon de souligner, comme les lèvres charnues ou le nez épaté, ou les courts cheveux crépus apparaissant sous le turban, l'origine mauresque du roi. Bien qu'une iconographie de ce roi reste à écrire, on remarque qu'il est ici imberbe, ce qui fait aussi partie de ses caractères discriminants. Enfin, on peut remarquer qu'il tient dans la main gauche le manche d'un poignard ou d'un cimeterre.

 

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                                                vitrail-annonciation 5774v

 

                                        vitrail-annonciation 5773v

 

      Selon Roger Barriè, "Cette verrière, en particulier le registre inférieur, présente un travail pictural particulièrement soigné qui associe dans le modelé des visages (exemple: Roi Mage, Maure) le ton local de grisaille plus ou moins épaisse et des enlevés à la brosse. Cette habileté de modelés est aussi servie par 1'habileté de 1a découpe des nombreux plombs, délimitant les différentes pièces de vêtements ."

 

Mur nord : Baie 3 : Verrière de la vie de la Vierge et de Jésus.

Elle est datée vers 1535 (1536 ?) et se compose d'une seule lancette de trois registres et de six panneaux. Elle mesure 2,30m de haut et 1,20 m de large; Elle résulte d'une recomposition à partir d'un cycle plus développé.


                                   vitrail-vie-de-marie 4395c


1. registre supérieur : l'Assomption.

  La Vierge couronnée, cheveux longs ruisselants jusqu'à la taille, robe rouge et manteau bleu, s'élève dans les Cieux, accueillie par quatre anges qui se répartissent les couleurs bleu, rouge, vert pâle et violet dans un fond d'irradiation lumineuse jaune.


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2. Registre supérieur

a) Présentation du Christ au Temple.

 

Luc 2,21 et sqq.

« Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l'enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l'ange lui avait donné avant sa conception. Quand arriva le jour fixé par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi présenter en offrande le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes »

  Cette cérémonie est interprétée comme le rite juif du rachat du premier né, mais ce dernier exigerait selon Exode 13:13) un agneau, alors que les deux tourterelles correspondant seulement à la purification de Marie (Lévitique 12:8).

 

                    vitrail-vie-de-marie 5803c


b) Présentation de Marie au Temple.

  La scène est décrite dans le Protévangile de Jacques chapitre VII : 

   "L'enfant atteignit l'âge de trois ans et Joachim dit : "Appelez les vierges sans tache des Hébreux et qu'elles prennent des lampes et qu'elles les allument et que l'enfant ne se retourne pas en arrière et que son esprit ne s'éloigne pas de la maison de Dieu." Et les vierges agirent ainsi et elles entrèrent dans le temple.

Et le prince des prêtres reçut l'enfant et il l'embrassa et il dit : "Marie, le Seigneur a donné de la grandeur à ton nom dans toutes les générations, et, à la fin des jours, le Seigneur manifestera en toi le prix de la rédemption des fils d'Israël."

Et il la plaça sur le troisième degré de l'autel, et le Seigneur Dieu répandit sa grâce sur elle et elle tressaillit de joie en dansant avec ses pieds et toute la maison d'Israël la chérit. » 

 En haut des marches,l'officiant est en tenue sacerdotale de grand-prêtre et porte la couronne d'or, nezer ou tzitz.


                       vitrail-vie-de-marie 5804v

 

Registre inférieur :

 

a) Nativité.

Joseph tient une chandelle dont il protège la flamme, selon l'iconographie diffusée par la Nativité de Robert Campin (1420-25). Marie est à genoux et se prosterne, les mains croisées sur la poitrine. Trois anges entonnent les cantiques d'un concert divin, alors que trois autres anges veillent en Adoration sur l'Enfant. Celui-ci, nimbé, est couché sur le dos sur un linge au dessus d'un panier d'osier et d'un peu de paille. L'étable est un mélange de murs de pierres aux ouvertures en arceau, et d'une charpente en bois.

  Dans l'une des ouvertures se dessinnent l'âne et le bœuf ; dans l'autre, deux bergers dont l'un est à genoux, tenant sa houlette, alors que l'autre, debout, tient une cornemuse dont on distingue (sauf erreur) l'outre, le chalumeau (hautbois) évasé en pavillon et le porte-vent.

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b) Circoncision.

 L'acte rituel est détaillé de façon presque anatomique, peut-être par le restaurateur du XIXe, mais regardons plutôt Joseph, qui détourne les yeux pour échanger un regard attendi avec son épouse, ou encore les femmes du second plan, aux coiffes traitées au jaune d'argent : l'une d'elle tient un enfant emmailloté qui pourraît être le futur Jean-Baptiste.

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  Selon Roger Barrié, "la présence de plusieurs têtes sur la même plaque de verre indique bien un relachement de l'art du maître-verrier que confirme le shématisme un peu hâtif des modelés".

 

    

IV. Chapelle de la Vierge au nord : Baie 5. Les Saints.

 


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a) Tympan.

 

 Au sommet  siège Dieu le Père tenant son Fils en croix ; au dessous, sainte barbe (tenant sa tour) et sainte Madeleine (tenant le flacon de parfum) sont représentées en grisaille et jaune d'argent. Les écoiçons contiennent des fragments étoilés et d'anciennes boudines*.

* Boudine : "partie centrale d'une cive [feuille de verre soufflé cylindrique] où le pontil [barre de fer arrondie en boule à son extrémité] laisse une trace [en cul de bouteille] lors de sa mise en forme".

 

 

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b) Registre médian

 

Saint Fiacre, saint Jean-Baptiste  et un saint guerrier.

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Saint Fiacre.

  Le saint moine, patron des jardiniers reconnaissable à sa bêche et à son livre, est vêtu d'un scapulaire à capuchon sombre sur sa robe blanche, et  la tonsure.

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Saint Jean-Baptiste.

 

   Traité comme les autres en grisaille et jaune d'argent, il se reconnaît par le livre et l'agneau, par ses pieds nus et la peau de bête dont il est vêtu sous sa tunique.

 

                                          vitrail-ste-catherine 5782c

 

Saint guerrier.

 

   Peu de traits distinctifs permettraient d'identifier ce chevalier en armure et tenant une lance dont l'auréole indique la sainteté : saint Georges ? saint Adrien ?

 

                                            vitrail-ste-catherine 5783c

 

 

 

 

 

 


c) Registre inférieur

 

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Sainte Marguerite d'Antioche

  La sainte patronne des femmes en couche sort du ventre du dragon ailé qui l'a avalé en utilisant son crucifix comme seul bistouri, témoignant de la force opérante de la Foi.

   

                                 vitrail-ste-catherine 5786v

 

 

Sainte Barbe

 

Cartouche daté nommant les fabriciens de la commande : "1536 M.G.DENOUAL ET GUION DU CHESNE TRESORIERS FIRENT FAIRE CESTE VITRE.

  Les généalogistes signalent: 

1)  François DENOUAL, Sieur de Bois Billiais, né ? en 1490

  • Guillaume Denoual (1545-1580), Sieur de la Billiais de la Rivaudais et Lieutenant de Tinteniac, né aux Iffs , 
  •  Jean Denoual, ca 1582-1632, Sieur du Bois de la Billiais, né et marié aux Iffs

2) Julien DUCHESNE, Sieur de la Toutenais, des Iffs marié avant 1612. 

S'il ne s'agit pas exactement de nos fabriciens, cela permet de les situer.

 

  A. Anne-Duportal signalait en 1898 que "les Duchesne et Denoual appartenaient à deux vieilles familles de la paroisse qu'on y retrouve jusqu'à la révolution. La famille Denoual y a même encore des représentants. De Guyon Du Chesne, nous ne connaissons que le nom, nous le trouvons parrain dans un acte de baptême en 1530. Peut-être était-il de la trève de Saint-Brieuc, dont les registres nous manquent. Maître Guillaume Denoual avait épousé demoiselle Anne GICQUEL ; il était sans-doute fils ou neveu de cet autre Guillame Denoual  qui fit bâtir en1513 la tour de l’église de ST BRIEUC (Orain, Géographie pittoresque du département d'Ille-et-Vilaine). Nous trouvons encore à coté de lui dans le registre des Iffs d'autres Denoual, ses fils ou petit-fils, alliès par mariage aux diverses familles nobles du pays: François, époux de demoiselle Anne Le Roux ; Guillaume, sieur de la Biliays, marié à jehanne de Lines, fille de Gilles, sieur de lÉtang Breilmarin, et de Jehanne Guinguéné ; Michel, à demoiselle Jehanne Guezille, etc..."

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077718/f148.image.r=iffs.langFR

Les armoiries "écartelé au 1.et 4. de gueules à trois coquilles d'argent, au 2. et 3. d'argent à deux roses de gueules et une fleur de lis de même" sont celles des Guinguéné, sans-doute originaires de l'ancienne église de La Chapelle-Chaussée en partie démolie en 1830" (Corpus Vitrearum, d'après R. Couffon). Les armes de la famille Guinguené sont effectivement "de gueules à trois coquilles d'argent". La seconde partie est donnée comme étant les armes de N de Thibout, ecuyer ??

Sainte Barbe présente ses trois attributs : la tour à trois fenêtres, la palme du martyre, et le livre.

                                  vitrail-ste-catherine 5785v

 

 Anne éduquant la Vierge.


                                  vitrail-ste-catherine 5784v

 

  A propos de cette verrière, Roger Barrié écrit :

"Dans le registre supérieur 'l'évanouissement des couleurs, 'la progression du blanc, le trait ferme, le modelé élégant, les architectures, les jeux de fonds, étoffes et dais attestent la deuxième moitié du XVe siècle. Pour le registre inférieur, la montée des couleurs, la richesse des fonds damassés, la liberté dans I'usage du jaune d'argent (dragon), les arcatures correspondent bien à la date de 1536. Ces trois panneaux d'un style trés proche de la verrière n°3 devaient faire partie d'un grand vitrail de la vie de la Vierge, dépecé pour garnir les fenêtres de la chapelle de Montmuran"

  " Les trois panneaux du XVe siècle ont été probablement déplacés, dès le XVIe siècle et peuvent provenir de la chapelle Sud, ou chapelle  Saint-Fiacre. Le registre inférieur a été installé en 1536, peu de temps aprés l'érection d'un autel à la Vierge dans une ancienne chapelle débaptisée"

 

V.  au sud : Baie 10 : verrière de la Transfiguration et de saint Jean-Baptiste.

 

  Datée vers 1530, elle se compose de quatre lancettes trilobées et d'un tympan à 7 ajours et mesure 4,00m de haut et 2,50 m de large.

 Roger Barrié écrit à son sujet que "la sonorité des couleurs, le style tout-à-fait léonardesque des figures, revu par les peintres de Pays-bas, rattachent cet ensemble au groupe des vitraux cornouaillais, bien que le rayonnement des couleurs indique une autre provenance que la Basse-Bretagne."

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Tympan :

 

  Sous une colombe (moderne) du Saint-Esprit , huit anges se répartissent les ajours, dont six tiennent des phylactères. On y lit GLORIA IN EXCLECIS DEO ET IN TERRAM, 


transfiguration 4417c

 

Registre supérieur.

  Les 1ère et 3ème têtes de lancettes renferment des ornements Renaissance surmontant des coquilles teintées. La 2ème tête représente Dieu le Père bénissant avec un phylactère disant "HIC EST FILIUS MEUS DILECTUS IN QUO MIHI (bene complacui)", citation de Matthieu 3, 7 "Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : celui-ci est mon fils bien aimé en qui j'ai mis toute mon affection".

  La dernière tête de lancette est remplie de deux putti tenant une lanterne.

 

  Les trois lancettes de gauche sont consacrées à la Transfiguration, sur fond rouge semé de petites nuées bleues, limité par des pilastres ornés de candélabres supportant quatre poissons*, symboles christiques, et des guirlandes, typique de la première Renaissance.

* désignés comme "dauphins" par les experts.

La 1ère lancette  représente Moïse en buste, sur une nuée, en  tunique damassée, tenant une épée et les tables de la Loi (inscription au jaune d'argent) ; les "cornes" traditionnelles de Moïse sont présentes. Puis vient le Christ transfiguré dans une gloire aux rayons ondoyants gravés dans le verre rouge et peints au jaune d'argent, alternant avec des langues de feu peintes. Le nimbe est également en verre gravé.   Elie, en bleu, sur son nuage,  en buste, est en adoration.

  La lancette de droite représente la décollation de saint Jean-Baptiste ; les manches de Salomé et la culotte du bourreau sont en verre rouge gravé.

Registre inférieur

Au dessous se trouvent les saints Pierre, Jean et Jacques le Majeur. Un phylactère en boucle porte une inscription difficile à déchiffrer mais qui correspond à la phrase prononcée par Pierre dans Matthieu 17, 4 :Domine bonum est nos hic esse si vis faciamus hic tria tabernacula tibi unum et Mosi unum et Heliae unum, " Seigneur, il est bon que nous soyons ici; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie."

   A droite se trouve une donatrice protégée par son ange gardien, mais qui est récente (XIX ou début XXe) malgré une fausse patine.


 


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Les armoiries.

   Dans des niches ouvrant sur des arcs surbaissés, des anges présentent les armoiries des Montmorency-Laval pleines au milieu et en alliance sur le coté, ceintes du collier de l'Ordre de Saint-Michel. Un procès-verbal de 1750 les décrivait alors dans la maîtresse-vitre.

 

  Les armoiries des Montmorency sont D'or, à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d'azur (4, 4, 4 et 4) (les alérions sont le souvenir de seize bannières ennemies prises au combat)  . La branche de Montmorency-Laval porte De Montmorency (cf),  la croix chargée de cinq coquilles d'argent.

  Les armoiries "en alliance" pourraient être décrites comme "Ecartelé au I et IV d'azur à trois fleurs de lys d'or chargé d'un bande camponnée de gueules et d'argent, , au II et III d'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur ordonnés 2 et 2 et chargée de cinq coquilles d'argent, sur le tout de gueules au lion d'argent.", en s'inspirant de celles de Guy de Laval, (1338) évêque de Quimper et du Mans.

 


 

transfiguration 5787v

 

transfiguration 5788v

 

 


Baie 12. Nef : Verrière de l'Arbre de Jessé.

 Quatre lancettes trilobées

et un tympan à cinq ajours forment cette verrière de 4 mètres de haut et 2,70m de large. Si elle est datée du milieu du XVIe siècle, elle a été recomposée et complétée au XIXe siècle (en 1889) comme l'atteste la signature suivante : "Lecomte et Colin, Rennes, au temps du recteur Joseph Fixot, restaurateur de l'église, Ed. Plaine recteur adjoint" . 

  Je n'ai photographié que la partie supérieure qui réemploie des fragments d'un Arbre de Jessé, provenant peut-être de la baie 10 de l'église de Louvigné-de-Bais, qui est daté de 1548.

 

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Sources et liens:

  Françoise Gatouillat et Michel Hérold, Les Vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum Vol. VII, Presses Universitaires de Rennes, 2005, pp. 243-247.

Patrimoine.région-bretagne, le site de l'Inventaire, P.Y. Castel Les Iffs, Sommaire objets mobiliers, 1993 et Dossier vert par Roger Ballié et J.J. Rioult, 1989.

Alfred Anne-Duportal L'église des Iffs, vitraux, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine 1889, T.19  p. 97-113

Le vitrail de la Passion, église des Iffs (Ille-et-Vilaine) Svahn, A. Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine. - Rennes    1932 

 

Le vitrail de la Chaste Suzanne (église des Iffs - Ille-et-Vilaine). Svahn, A. Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine. - Rennes    1931 

Un vitrail de l'église des Iffs (Ille-et-Vilaine). Raison, Abbé Bulletin et Mémoires de la Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine. - Rennes    1930 

 

 

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 19:17

        Les vitraux de l'église Saint-Ouen,

          Les Iffs (Ille-et-Vilaine). 

 

 

 La construction de l'église paroissiale des Iffs débute au XVe siècle sous l'impulsion des seigneurs de Laval, propriétaires du château de Montmuran, et se poursuit au XVIe siècle. C'est dans la première moitié du XVIe siècle que sont réalisés les neuf verrières de l'église qui éclairent le chœur et les quatre chapelles. Deux d'entre elles (la Passion et la Chaste Suzanne) sont attribuées au peintre-verrier de Rennes Michel Bayonne, très actif alors dans la région.

 

 Les vitraux des chapelles seront étudiées dans une seconde partie  Les vitraux de l'église des Iffs ( seconde partie : les chapelles).  

 

Le vitrail de la Passion en Baie 0.

   Il est composé de 4 lancettes trilobées où 5 registres se répartissent de haut en bas, et d'un tympan à 9 ajours. Hauteur 5,50m, largeur 2,60m. Il a été offert par Guy XVI de Laval, dont les armoiries figuraient à l'origine au bas des lancettes latérales. 

  Ce personnage appartient à la longue lignée des Guy de Laval qui débuta au XIe siècle, et plus précisément à la troisième branche de la maison de Laval, celle des Monfort-Laval qui avait succédé avec Guy XIII de Laval à celle des Laval-Montmorency. 

  Sous ce nom traditionnel de Guy XVI de Laval se cache Nicolas de Laval-Montfort (1476-1531), comte de Laval, baron de Vitré, vicomte de Rennes, mais aussi seigneur de Tinténiac et, par là, possesseur du manoir de Montmuran, aux Iffs. Il était chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, gouverneur et Lieutenant-général en Bretagne, amiral de Bretagne et capitaine de Rennes. Il portait d'or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d'azur ordonnés 2 et 2 et chargée de cinq coquilles d'argent. Son père avait toujours été fidèle à la cause bretonne, et Anne de Bretagne prit le fils en affection.

  Le fils qu'il eut d'Anne de Montmorency, Guy XVII de Laval, ou Claude de Monfort-Laval décéda en 1547 : sa soeur Charlotte, héritière, porta la terre de Montmuran dans la maison de Châtillon en épousant l'amiral Gaspard de Coligny

 

 

  Cette verrière a été restaurée plusieurs fois au XVII et XVIIIe siècle, puis en 1852-1862 par l'atelier nantais Échappé, puis de 1910 à 1913 par l'atelier Tournel frères. Le dossier de l'Inventaire donne le schéma détaillé d'authenticité des verres, établis par Colette Dréan

  Datée vers 1545, elle est attribuée par ses violets sombres, ses verts et ses rouges orangés à l'atelier de Michel Bayonne ou Baionne, de Rennes, sur des cartons d'inspiration flamande. Michel Bayonne est l'auteur des vitraux de La Ferrière, Saint-Gondran, La Baussaine, Moulins et Beignon.


                              vitrail-passion 4390c

 

 

 

Le tympan.

 

En sommité, le Christ en gloire dans les nuées. Puis le cortège des Élus, les saintes femmes à gauche derrière Marie, les saints à droite. En dessous, le Jugement Dernier. Les écoinçons sont occupés par des anges. 

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   Tympan, ajour inférieur droit .

Les damnés enfourchés par les diables dans la gueule du Léviathan. Au centre, un ange buccinateur souffle dans la trompette du Jugement Dernier.

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      Jugement Dernier :

Saint Michel Archange procède à la pesée des âmes, celle des damnés étant emportées par le diable.

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Les lancettes.

        les quatre lancettes de 20 panneaux se décrivent, de gauche à droite et de bas en haut, en trois registres inférieur, moyen et supérieur de l'entrée à Jérusalem jusqu'à la Mise au tombeau.

 

I. Registre inférieur. 

 

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  L'entrée à Jérusalem 

  Cette vitre illustre les textes synoptiques Matthieu 21, 1-8, Marc 11, 1-10,  Luc 19, 28-40 On remarque un personnage grimpé dans un arbre ; cela relève d'une confusion avec un autre texte décrivant Zaché grimpé dans un sycomore pour mieux voir Jésus. Cette "confusion" est devenue une tradition iconographique, comme on peut le constater sur la fresque de Giotto en la chapelle des Scrovegni à Padoue (1304-1306) ou sur la frise du déambulatoire de Notre-Dame de Paris (XIVe).

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Jésus chassant les marchands du temple.


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Le repas chez Simon le Pharisien

Illustration de Luc 7, 36-50 : sous le regard indigné de Simon le Pharisien et de ses amis, Jésus laisse la prostituée Marie Madeleine l'approcher : Luc 7,38-39 :

  "Et voici une femme, qui dans la ville était une pécheresse. Ayant appris qu'il était à table dans la maison du Pharisien, elle avait apporté un vase de parfum. Et se plaçant par derrière, à ses pieds, tout en pleurs, elle se mit à lui arroser ses pieds de ses larmes ; et elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baiser, et les oignit de parfum. 

   " A cette vue, le Pharisien qui l'avait convié se dit en lui-même : "Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu'elle est : une pécheresse."

 

 

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Judas et les trente deniers.

   Matthieu 12, 14-15 : "Alors l'un des Douze, appelé Judas Iscariote, se rendit auprès des grands prêtres et leur dit : "Que voulez-vous me donner, et moi je vous le livrerai ? " Ceux-ci lui versèrent trente pièces d'argent."

  On retrouve les traits qui stigmatisent la traîtrise et l'appât de gain de Judas, et, par généralisation pour la société médiévale, des juifs : la couleur jaune, les cheveux roux. C'est Michel Pastoureau (Une histoire symbolique du Moyen-Âge, Seuil) qui attire l'attention sur l'apparition vers l'époque carolingienne de cette chevelure ou de cette barbe couleur du renard, du démon, couleur mélangée au lieu d'être franche, et qui incite à la suspicion. La sensibilité médiévale l'attribue aussi à d'autres traîtres ou personnages de mauvaise réputation comme Caïn, Saül, ou Ganelon.

 Selon Michel Pastoureau, les attributs possibles de Judas sont nombreux: "petite taille, front bas, masque bestial ou convulsé, peau sombre, nez crochu, bouche épaisse, lèvres noires (à cause du baiser accusateur), nimbe absent ou bien également de couleur noire (chez Giotto, par exemple), robe jaune, gestualité désordonnée ou dissimulée, main tenant le poisson volé ou la bourse aux trente deniers, démon ou crapaud entrant dans sa bouche, chien placé à ses côtés. Comme le Christ, Judas ne peut pas ne pas être identifié avec certitude. L'un après l'autre, chaque siècle l'a pourvu de son cortège d'attributs, au sein desquels chaque artiste a été libre de sélectionner ceux qui s'ac­cordaient le mieux avec ses préoccupations iconographiques, ses ambitions artistiques ou ses intentions symboliques. Un seul attribut, toutefois, est presque toujours présent à partir du milieu du XIIIe siècle : la chevelure rousse."..." être roux constitue un de leurs caractères iconographiques ou déictiques les plus remarquables, au point que peu à peu cette chevelure rousse s'étend à d'autres caté­gories d'exclus et de réprouvés : hérétiques, juifs, musulmans, bohémiens, cagots, lépreux, infirmes, suicidés, mendiants, vaga­bonds, pauvres et déclassés de toutes espèces. La rousseur dans l'image rejoint ici les marques et les insignes vestimentaires de couleur rouge ou jaune que ces mêmes catégories sociales ont réel­lement dû porter, à partir du XIIIe siècle, dans certaines villes ou régions d'Europe occidentale. Elle apparaît désormais comme le signe iconographique premier du rejet ou de l'infamie : la couleur de l'autre."

  Il est difficile, sur un vitrail où le jaune d'argent est le cément principal, dont l'emploi est général pour rehausser ou orner un verre blanc, modifier la couleur d'un verre, rendre les chevelures, et où ce jaune s'associe à cette grisaille particulière nommée sanguine en raison de sa couleur roussâtre qui est utilisée pour rendre les carnations, d'attribuer une valeur sémiologique aux teintes jaunes ou rousses d'un panneau ; dans les clichés précédents, les cheveux traités en jaune sont ceux de Marie-Madeleine, la pécheresse, mais aussi, systématiquement, ceux de saint Jean. La robe ou tunique jaune, sous un manteau bleu, caractérise saint Pierre, alors que la même robe damassée jaune (ou or) est portée par la Vierge sous un manteau bleu. 

  Les grands prêtres sont présentés ici comme des notables vénérables, sans stigmatisation outrancière ; le trait qui semble constant pour caractériser les pharisiens ou, plus généralement, les juifs semble être ici la barbe longue. 

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 Wikipédia link fait remarquer que 30 est, pour la Gématria, la valeur numérique du nom Jehudah. "Si on va par là", je constate que 30 est aussi la valeur numérique des mots hébreux signifiant "supercherie, mensonge", "trompeur", "Juda, Juifs, Judée".link

 

Le Lavement des pieds :

 

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La Cène :

Où Judas est représenté roux comme de coutume, tenant la bourse de sa trahison ; Son manteau, jaune bien-sûr, prend par le jeu de ses plis la forme d'un visage grimaçant. On reconnaît Pierre à son front dégagé, Jean imberbe dormant aux cotés du Christ.

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Jésus au Mont des Oliviers

 avec, sur un rocher, la coupe eucharistique, allusion à Marc 14, 36 : "Il disait : Abba, Père, toutes choses te sont possibles, écartes de moi cette coupe !" Il est accompagné de Pierre, de Jean et de Jacques ; l'épée au coté de Pierre rappelle Jean, 18, 11 : "Remets ton épée dans le fourreau. Ne boirai-je pas la coupe que le Père m'a donné à boire ?"

 

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Le baiser de Judas.

  Où on voit Pierre tenant le glaive, et Malchus, à terre, tenant son oreille  droite : Jean 18, 10 : " Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l'oreille droite. Ce serviteur s'appelait Malchus."

Malchus vient du grec Malchos et de l'hébreu Mélek, "roi".

Le "souverain sacrificateur" ou chef sacrificateur est celui qui, choisi parmi les membres de la tribu d'Aaron, doit une fois par an le jour de l'expiation, entrer dans le Saint des Saints afin d'y offrir des sacrifices pour ses péchés et ceux du peuple. C'est lui qui préside le Sanhédrin ou conseil suprême. La fonction, héréditaire, est reçue à vie.

Le Christ fut appelé Souverain sacrificateur par Paul dans l'épître aux Hébreux.

  Judas tient fermement la bourse qui témoigne de sa trahison : l'avarice et l'appât du gain sont les principaux traits qui s'attachent à sa personne.

 

 

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Le registre moyen.

 

 Quatre scènes  se détachent sur un fond rouge soulignant l'aspect dramatique de la Passion ; la tunique violet-pourpre du Christ y a été systématiquement restaurée, sans-doute en raison d'une dégradation importante du coloris. 

   Les couleurs prédominantes des huit  scènes de la Passion sont le rouge et du bleu, le pourpre-violet (restauré) étant réservé au Christ, le vert aux éléments et personnages accessoires, et le jaune aux bourreaux, ou aux prêtres et à Pilate.

   Dans l'ensemble de la verrière, trois catégories de personnages sont distingués, catégories qui sont aussi présentes dans le texte lui-même, et que les mises en scène des Passions médiévales ont du encore caractériser d'avantage : Jésus, ses apôtres et disciples, d'une part. Les "pharisiens", les juifs qui sont choqués par les propos et la conduite du Christ ou qui redoutent le messianisme qu'il suscite, d'autre part. Et les hommes de paille, les soldats romains, la foule devenue hostile, les "bourreaux". 

  Ceux du premier groupe sont vêtus de robes et de manteaux, portent une barbe courte et ont la tête non couverte, et les pieds nus.

  Les membres du  second groupe sont vêtus plus richement, avec camail d'hermine, ou accessoire d'or, et, presque systématiquement, portent la barbe longue et un couvre-chef.

  Ces deux groupes ont des vêtements amples et flottants, à l'opposé du groupe suivant.

  Dans le troisième groupe, on porte des bas, des hauts-de-chausses aux braguettes avantageuses, un pourpoint très ajustée,  comme les lansquenets de la Renaissance.

 

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Comparution devant Anne.

 http://books.google.fr/books?id=8k0_AAAAcAAJ&pg=PA346-IA2&lpg=PA346-IA2&dq=grand+prêtre+mitre&source=bl&ots=iJxcX7pO1Y&sig=Q8Z4gyEC2KgdAtgkfdDR8uV_ezY&hl=fr&sa=X&ei=APn9T6isB8-JhQet4tRX&ved=0CE4Q6A 

       Sur ces panneaux, Jésus comparaît devant quatre personnages différents, et je pense que c'est seulement en se basant sur les Évangiles que les commentateurs (C. Dréan et R. Barré sur le site de l'Inventaire) les nomment successivement Anne, Caïphe, Hérode et Pilate.

  Cela pourrait conduire à des longs développements. D'une part en raison des Évangiles eux-mêmes : les textes synoptiques disent que Jésus fut conduit d'abord devant "le souverain scarificateur" (nommé, dans Matthieu 26,3, Caïphe) chez qui les anciens le Sanhédrin et les scribes s'étaient rassemblé, puis devant Pilate, puis Hérode Antipas, puis "au prétoire" (palais d'Hérode ?) puis devant Pilate. Jean (JN 18, 13) écrit pour sa part que "Ils l'emmenèrent d'abord chez Anne, car il était le beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là", puis Jn 18,24 "Anne l'envoya lié à Caïphe, le souverain sacrificateur".

  Donc :

soit  Caïphe —> Pilate —> Hérode —> prétoire —> Pilate.

soit  Anne —> Caïphe —> prétoire Pilate —>flagellation soldats épine, pourpre —>Pilate.

 

  Le personnage qui est représenté ici porte une tiare ornée d'un croissant : peu importe que cette tiare corresponde historiquement au turban de lin (Mitznefet) et à la plaque d'or portant les mots "consacré à l'Eternel" : le personnage représenté est le grand-prêtre, le souverain sacrificateur en fonction, et donc il s'agit de Caïphe. Anne, son beau-père, est peut-être celui qui est représenté à l'arrière en robe blanche et or  comme une "éminence grise" influente. 

 


   

 

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 Comparution devant Caïphe (?).

        Les attributs de ce notable sont la longue barbe, la main de justice, le chapeau conique portant une chaîne d'or. Le manteau et la robe sont comparables à celle du panneau précédent.

  La main de justice me semble devoir être attribuée à un personnage qui détient un pouvoir exécutif, essentiellement Pilate, éventuellement Hérode, mais non Caïphe ou Anne.

  La tunique blanche du Christ est différente de celle des autres panneaux : elle est plus courte, avec in col en V, un boutonnage médian, et porte un galon d'or en partie inférieure.

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 Comparution devant Hérode.

 

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Dérision du Christ.

        La même incertitude que précédemment (Anne ? Caïphe ? Pilate ? Hérode?) persiste pour l'identité des commanditaires de la peine subie, qui portent tous les deux une riche coiffure et des habits doublés de fourrures : je penche pour Pilate, en raison de la Main de justice, puisque le grand-prêtre, les pharisiens ou les membres du Sanhédrin n'ont pas de pouvoir exécutif. On les retrouve sur les images suivantes.

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La Flagellation

  On voit l'opposition entre les trois groupes que je viens de décrire : le Christ au centre porte la barbe et les cheveux longs, il est lié par les poignets et le cou à la colonne de supplice.. Le soldat romain porte un casque et une cuirasse semblable à celle d'un chevalier médiéval, alors que le flagellateur, à la posture de fier-à-bras de foire, porte des vêtements très ajustés et la braguette qui était à la mode au XVIe siècle jusqu'en 1580. Cette coque, adoptée par les soldats pour protéger leurs génitoires, était devenue un faire-valoir à usage de poche pour ranger son mouchoir ou sa bourse.

  Les postures sont bien différentes : passivité résolue du Christ, passivité complice des notables, déploiement d'une dynamique agonistique pour les bourreaux.

  .

 

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Le couronnement d'épine

        C'est le moment pour moi de comprendre cette image, que l'on retrouve dans toutes les Passions des vitraux bretons et sur tant de gravures du Moyen-Âge.

  Sur toutes ces images, deux ou quatre soldats appliquent la couronne en la forçant sous l'effet de presse de roseaux ou de tiges flexibles, qui, immanquablement, forment une croix spectaculaire au dessus de la tête de la victime. Cet exercice de force transforme la scène en une démonstration sportive, une exercice d'athlète où des diagonales sont autant de lignes de force et les corps des soldats autant d'instantanés des tractions exercées, s'opposant à l'immobile résistance du corps du Christ. Autrement dit, une interprétation symbolique s'impose pour décrypter le sens de ces contraintes rayonnantes et dynamiques pesant de toutes leurs forces viriles contre la sérénité souriante, patiente et déterminée du premier apôtre de la non-violence.

   Je remarque aussi le large emploi des "crevés" sur les hauts-de-chausses, l'encollure, les manches ou les tuniques, par extravagance et non-conformité arrogante inspirée des modes vestimentaires des lansquenets.

surhttp://peintures.murales.free.fr/fresques/France/PACA/Hautes%20Alpes/Plampinet/stsebastien.htm  vers 1550

  • Vitrail église Sainte-Madeleine de Troyes, début XVIe, voir l'article de Jacky Provence et sa réflexion parallèle à la mienne sur les couleurs utilisées ici :link
  • Martin Schongauer,(Shestak n° 12) 4ème quart XVe link
  • Jan Baegert link
  • Titien, Le Couronnement d'épine, Louvre, 1542.link
  • Le Caravage, Le Couronnement d'épine, Vienne, 1603, link

 

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Comparution devant Pilate

        Il n'y a pas d'hésitation : celui-ci est bien Pilate, puisqu'il se lave les mains.

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      Portement de la Croix.


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registre supérieur : 

 

  Sous des arcs en anse de panier surmontés de petits dais Renaissance, dans un encadrement teinté de jaune d'argent. Dans les têtes de lancettes, des niches abritent des statues ou des vases au creux d'une coquille encadrée de puttis; l'une des statues représente une sainte martyre, l'autre un saint chevalier tenant un oriflamme avec la lettre A (saint Adrien ?).

 

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La crucifixion

Un centurion romain et un prêtre ou notable juif assistent à l'exécution de la sentence, alors que les murailles de Jérusalem se voient en arrière-plan.

 

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Le Christ en croix.

entre la Vierge et saint Jean. Au pied de la croix, un crâne rappelle que l'histoire de la Sainte Croix débute par le tombeau d'Adam.


 

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La Déposition de croix 

  On remarquera le N rétrograde du titulus.

La Vierge en pamoison, saint Jean, Nicodème et Joseph d'Arimathie.


 

 

 

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La Mise au tombeau.

   La Vierge, saint Jean (en rouge), les trois saintes femmes (dont Marie Madeleine), Nicodème portant les pieds et Joseph d'Arimathie soutenant la tête. Au fond, les trois croix du Golgotha.

 

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 15:58

 

          L'église Saint-Ouen des Iffs : quelques images des sculptures.

 

  L'église des Iffs mériterait un article d'une autre ampleur , mais on trouvera sans-peine sa description sous des plumes autorisées. Je l'ai visité pour ses vitraux, et je me contente ici de montrer quelques clichés des statues et sculptures qui m'ont séduites.

Voir : Les vitraux de l'église des Iffs : première partie, La Passion.

Les vitraux de l'église des Iffs ( seconde partie : les chapelles).

Statue de sainte Catherine.

Mur ouest, Pierre polychrome de 80 cm de haut, 1ère moitié 15ème siècle.

Classée MH 19 avril 1966.

 Après avoir identifié Catherine d'Alexandrie par ses attributs (roue, épée, terrassement du roi Maximien), on s'attachera à étudier les traits originaux qui font la valeur de cette statue, à commencer par cette ceinture symbolique de la virginité préservée de la sainte malgré les contraintes exercées par l'empereur Maximien, et qui, ici, s'enroule autour de l'épée qui décapita la sainte en un résumé de son martyre. Un autre élément dramatique est la manière par laquelle Maximien désigne de la main la plaie de son cœur épris. 

 Pour aller plus loin, il faut lire l'étude qu'en donne C. Dréan pour l'Inventaire en 1985:

  "Cette statue, d'une composition ramassée, réunit un grand nombre d'éléments, dans le même épannelage. (exemple de la représentation réduite de l'empereur et de la roue brisée). C'est un drapé ample ; grande recherche du plissé, plis tuyautés du surcot, plis repassés en zig-zag, des pans du manteau, plis cassés et anguleux de la cotte.

Visage en amande, aux pommettes saillantes remontées haut sur les yeux, nez fin et allongé, lèvres minces, menton bien marqué et recourbé, front haut, très dégagé, chevelure aux larges boucles rejetées en arrière. Les mains, aux doigts effilés, à section carrée, ceux de la main gauche transparaissent sous un pan du vêtement du manteau. Recherche de variété dans 1e drapé, réelle qualité plastique du visage,  exactitude des détails, (le fermail aux boutons en forme de rose, la cordelière repassée et pendant en un long sautoir double réuni par un coulant,  ceinture décorée d'appliques fleuronnées). L'ensemble laisse apparaître une oeuvre de grande qualité, très probablement influencée par 1e style des albâtres anglais : ces doigts effilés, les pieds du petit personnage, dans le prolongement de la jambe sont autant de détails caractéristiques  "

 

 

 

 

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Statue de saint Hubert.

 

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     Bas-reliefs des stalles : les douze apôtres.

  Les stalles sculptées datent du XVIe siècle.

 

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Bénitier

 

Une cuve octogonale monolithe de granite du XVe siècle a été remontée sur une base carrée du 17e siècle ou du 18e siècle. H :117 cm, diamètre 73 cm.

  Son intérêt vient de son inscription, et de son ornementation.

  L'inscription  en lettres gothiques en bordure supérieure de la cuve  est encadrée par un "deux-points" en S : " : ce .[ fut fait * l'an. Mil .  quatre . cts. l. et VIII :", "ceci fut fait en 1458".

* les transcriptions semblent avoir toutes omis de lire deux mots qui se trouvent au dessus de feuilles de chêne : je lis peut-être " tous . deci "

 

  L'ornementation sculptée associe des animaux avec des feuilles d'arbre : feuilles de chêne sur un rameau, de châtaignier, de marronnier, hermines, fleurs de lis,  chien ou renard  et lapin assis jouant du serpent.

Pour le site topic-topos.com  ". À l'origine, il s'agirait d'une cuve baptismale provenant de la chapelle de Montmuran. Un bas-relief représente un lièvre jouant de la trompette, symbolisant le chrétien qui nargue le démon, évoqué sous la forme d'un chien. Les feuilles de laurier font référence à la gloire du chrétien, celles du chêne à la force de sa foi. L'hermine et la fleur de lis rappellent que l'église appartient à un fief placé sous la suzeraineté du duché de Bretagne et de la couronne de France."

 

 


 

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      Les blochets :

      Les sablières peintes, les poutres et leurs engoulants ne manquent pas d'intérêt mais j'ai choisi de photographier quatre blochets curieux aux visages simiesques ou bestiales et aux gestes des bras expressifs mais mystérieux. 

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                            sablieres 5816c

 

 

 

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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