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9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 21:51

  La Virgo paritura de l'église Sainte Thumette de Plomeur (29).

Je visitais la chapelle Notre-Dame-de-Tréminou à Plomeur, village voisin de Pont-l'Abbé en pays bigouden, quand une des saintes femmes qui animent ce sanctuaire me chuchota le tuyau : —vous n'avez pas été à l'église ? Nous avons une statue de la Vierge enceinte !

J'y courais, bien-sûr, aussi ardent à parcourir la lieue qui m'en séparait que les rois mages ou les bergers, et inquiet, non de devoir me défier de ma bonne étoile, non de ne plus trouver à mon arrivée qu'une simple Nativité ou l'une de ces Vierges allaitantes dont j'avais fait le tour en Finistère, que de trouver la porte fermée. Mais j'arrivais à temps. C'était encore l'Avent.

 Était-ce à dessein qu'elle était placée dans le contre-jour d'une grande baie triste, contre un mur ingratement peint de faux parpaings ? Voulait-on éviter une curiosité déplacée ? La statue culminait loin du regard, et, même grimpé sur le banc de messe, je ne pouvais la photographier qu'en une désagréable contre-plongée. Elle n'était pas à son avantage, la Bonne Mère. 

  C'était bien elle, indéniablement, et un indice m'en assurait : ce fameux bandeau de cheveux qui caractérise la plupart des Vierges allaitantes du Finistère, qui sert de voile facile à rabattre en arrière alors qu'un savant nouage passe derrière la nuque pour rassembler les longues mèches avant qu'elles ne s'épandent sur les épaules.

Vierges allaitantes : le bandeau de cheveu.


               eglise 0788c

 

Cette curiosité de l'iconographie mariale mérite la visite puisqu'on ne dénombre que vingt statues de Vierge parturiente en France, et 38 dans le Monde. En Bretagne, c'est la seule "Vierge enceinte". Le site Topic-Topos la nomme NOTRE-DAME-DE-LA-DELIVRANCE".

 

En sortant, j'eus une pieuse pensée POVR LES TRE SPASSEZ.

                    eglise 0800c


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Published by jean-yves cordier
8 octobre 2014 3 08 /10 /octobre /2014 22:15
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Published by Jy Cordier
5 octobre 2014 7 05 /10 /octobre /2014 21:43
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Published by Jy Cordier
3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 22:27

 

La chapelle Saint-Guénolé (ou de Trolez, anciennement Trefflez) à Briec (29).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous révez d'une petite chapelle de la campagne bretonne, dans son vallon...d'une vieille barrière devant un paysage à la Gauguin... d'un Christ presque jaune... ?

 Paul GAUGUIN   Paul GAUGUIN   Paul GAUGUIN

 J'avais, dans la fièvre qui me saisit lors des Journées du Patrimoine pour cumuler les visites, cherché autour du bourg de Briec une chapelle nommé -drôlement- "Trolez" (le tour du champ ?) j'avais quitté la route pour m' engager sur un chemin de terre entre deux hauts champs de maïs, encore inquiet de perdre mon temps sur une fausse piste, et puis, soudain, le temps s'est arrété.

J'avais devant moi la plus adorable chapelle, paisiblement accroupie au creux de son enclos, attendrissante par la douceur de ses formes, la chaleur de ses pierres et le camaieu de ses ardoises.

Le clocheton avec sa chambre de cloches à baie simple  et sa petite flèche octogonale paraissait d'autant plus accessible qu'un escalier courait le long du pignon occidental. Au flanc sud de la nef, la fenêtre à pignon orné d'un fleuron, de crochets et d'une crossette à figure de femme attirait le regard. En couverture de la sacristie à cinq pans, le bel éventail du toit avait la grâce d'une ombrelle.


118c

 

   A gauche, la Croix-calvaire m'attendait depuis le XVIè siècle, avec ses trois degrés, son socle à chanfrein dont la longue inscription conservait son mystère, son fût à consoles et sous la croix à branches rondes et fleurons-boules, deux saints prenaient appui sur un socle anthropomorphe. Le tic-tac de ma montre s'était transformé en de fluides mélodies, et je détaillais, captivé, les indices d'une enquête qui débutait. Qui était ce saint ? Le Guide de Maurice Dilasser m'y décrivait les statues de saint Guénolé et d'un moine (saint Antoine?), mais le grand chapeau et le bourdon amputé m'évoquait saint Jacques. J'ignorais encore que son double m'attendait.


                          114c

 

L'autre face était à l'ombre, mais le saint imberbe, aux cheveux longs tenait un livre (ah, saint Jean ?) et un bâton (ah, non). Serait-ce Guénolé ?


                              113c.jpg

 

 

A droite, je jetais un coup d'œil rapide à la stèle christianisée de deux mètres : ah, les bonnes ondes du lieu avaient déjà conquis nos prédecesseurs !

 

                       117c

 

  En fait, ce qui m'attirait, c'était de franchir la petite porte cintrée et de découvrir l'intérieur.

Avant même de m' habituer à la pénombre relative, je vis, assis sur un banc, un homme long qui portait sa bretonnitude sur la figure ; il avait devant lui un gateau breton que son épouse avait sorti ce matin du four et il en proposait un morceau aux visiteurs au nom de l'Association des Amis de la Chapelle Saint-Guénolé. En ce saint lieu, la patisserie n'avait rien bien-sûr d'un étouffe-chrétien, mais néanmoins une verre de café vous était proposé pour l'arroser. Gentil, non ?

Mais notre hôte était en train de raconter le pélerinage qu'il avait réalisé à Saint-Jacques-de-Compostelle. Et il me désigna le coin gauche du chœur .

Là,  je reconnus sur une console Monsieur Saint Jacques, un sosie de la statue de la Croix de placître. 

Le socle portait l'inscription gothique S:JACOBE (et non S. JACOB~S Sanctus Jacobus indiqué par Dilasser), mais la pèlerine —ou du moins le manteau—, le bourdon, le chapeau et la besace portant la coquille emblématique permettaient d'identifier facilement le saint. Je crois même que le chapeau porte aussi de chaque coté de la coquille les bourdonnets (apparus dans la tenue du Jacquet au XVe), ces petits bâtons taillés en forme de bourdon.


                      089c

                        090c

 

 La console porte en belle graphie gothique l'inscription : LAN:MIL:Vcc:XL:IX :

...qui indique la date de 1549. Nous sommes donc sous le régne de Henri II et la Bretagne est réuni à la France depuis 1532. Cette date lapidaire confirme une datation de la chapelle dans la première moitié du XVIe siècle.

 Ces socles de pierre posés dans les deux angles du chœur, avec un bord libre suffisament épais (6-8 cm?) pour y inscrire une datation de fondation me semble assez propre au Finistère (une cartographie en serait intéressante) mais certaines ont conservé la niche de bois qu'elles supportaient. Ces niches étaient soit de simples caisses à parois évasées, soit des constructions richement décorées.  


088c

 

Les deux inscriptions semblent de la même main (les deux lettres -a) mais rien n'affirme formellement que ce support a toujours porté cette statue : le doute vient du compte-rendu de la visite du chanoine Abgrall au début du XXe siècle : cet observateur très attentif et scrupuleux ne décrit que les statues de saint Guénolé et de saint Philibert.

 

Saint Guénolé.

En vis à vis du coté droit du chœur se trouve un autre socle plus modeste et sans inscription, et une autre statue.

Le voilà, le grand saint Guénolé vénéré dans toute la Cornouailles et bien au delà, en tenue d'Abbé de landévennec avec mitre orfrayée. Qu dis-je "orfrayée" ? "Précieuse" plutôt, la plus riche avec ses gemmes, ses cœur floraux d'or sur fond de soie fine ! Celle qui n'est portée que lors des fêtes les plus solennelles.

 Comme la plupart des saints-abbés et saints-évêque, Guénolé a perdu sa crosse abatiale depuis longtemps et, sans hampe, ce qui en reste n'a guère d'allure. Mais sa chape (le terme de "pluvial" est particulièrement adapté ici) est somptueuse : verte, elle est orfrayée d'étoffe rouge ponctuée de pièces d'or et fermée par une "agraphe" cruciforme. En dessous, on voit  une chasuble à encollure ras-du-cou vert-bleu très finement damassée, et toute frangée d'or dans sa partie basse. Le long surplis n'apparaît qu'au dessus des pieds, ou plutôt des pantoufles de cérémonie. Le saint tient un codex, relié certainement en cuir ; cinq quatrelobes d'or y sont fixés, et le fermoir est également en or.

Vous partez ? Vous oubliez de regarder le pouce gauche de l'Abbé, et la bague portée par sa première phalange. Les mains sont certainement gantées, et un indice permet de l'affirmer : dés l'époque médiévale l'ouverture de ces "chirothèques" (un nom qui fait mon régal), la partie de ces gants qui se situe au poignet, s'évasait en une sorte de brassard où pendait un gland ; or, ce gland rouge est visible sous la main droite. 

                       086c

      Pour l'instant, c'était du gateau (Breton), mais cela se Corse avec cette inscription dont personne n'a proposé d'interprétation. Rien ne s'oppose à ce que j'aille m'y casser les dents moi aussi. Cela ressemble à une écriture gothique textura, avec ses futs épais, ses empattements en losange des jambages et ses ascendantes fourchues, mais on note l'absence des double-points de l'inscription précédente, et l'association avec des lettres courbes. (ne vous laissez pas abusé par mon verbiage, je n'y connais rien et je me débrouille ici avec mon couteau-suisse). La partie en ombre débute-t-elle par un d ? La première lettre de la partie éclairée est un -l, suivie d'un -n, puis d'un c dans lequel s'inscrit un -t, suivi d'un -o, d'un -u et d'une lettre bizarre suivie encore d'une sorte d'abréviation qui peut remplacer -us.

Et mon tout, c'est ??? "dmo lnctou?us." qui ne veur rien dire. Je passe la main au candidat suivant.

 

 


087c

 

 

      Je n'avais encore rien vu car, au dessus de la porte de la sacristie, m'attend une inscription plus corsée encore que le café qui m'a été offert et dont je commence à comprendre la nécessité :


082c

 

 

Aie aïe aïe ! E.T téléphone maison -E.T téléphone maison...allo allo ? allo ?

D'accord, il y a la date de 1636, correspondant à la construction de la sacristie. Sous Louis XIII. 

Mais sinon, ce sont des lettres lancées pêle-mêle : grandes lettres comme un L, I ou K, E . Lettres moyennes comme le R. petites lettres comme le D, S, O et C. 

Qui connaît le nom du fabricien de Trefflez en 1636 ?

 

Ruminant l'amertume de mes échecs, je passe à l'œuvre voisine, en bois polychrome : une Adoration des mages du XVIe siècle, pleine de couleur et de naïveté, qui vient d'être restaurée : c'est bien-sûr le fragment d'un ensemble plus complet, et je suggère de voir Joseph dans le personnage barbu placé derrière la Vierge. Il manque alors un des trois rois. C'est un tableau surprenant par le caractère longiligne des personnages, par le coté naïf de leurs traits,  mais si on observe Melchior (le mage le plus agé, qui offre l'or, et qui est à genoux), on remarque un collier en chaînons rectangulaires assez caractéristique. Les deux chapeaux sont également assez remarquables, rappellant celui de Charles VII dans son protrait par Fouquet en 1450. Influence flamande ou bourguignonne ?

 

                        091c


Charles VII ; Louis XI et son chapeau de bièvre (castor) entouré de médailles 

  Louis XI.Portrait anonyme (XVe siècle). Brooklyn Museum, New York.

 

 

Une énigme : les deux mains gauches du roi mage bleu.

    Si on regarde bien, on constate que la main droite du mage bleu est en réalité une main gauche. Est-ce une maladresse de l'artiste, ou bien, et cela semble soudain très logique, cette main ne serait-elle pas celle du troisième mage présentant lui aussi son offrande. Nous aurions ainsi Melchior prosterné offrant son or, Gaspard en bleu tendant sa coupe pleine d'encens de la main gauche, et, à l'extrème gauche, "hors champ", Balthasar dont seule la main gauche tenant le vase de myrrhe serait visible, passant devant le ventre de Gaspard. Comme il serait intéressant de disposer d'une photographie plus ancienne !

Précisément, Yves Le Cœur a pris, en 1996, une photographie de ce panneau, et c'est lui qui m'a fait remarquer ces deux mains gauches révélatrices de l'ancienne présence de Balthasar. A l'époque, une restauration dévouée avait fourni à Gaspard un bras droit à la manche plissée qui tentait de raccorder cette main ectopique et de la lui attribuer,  mais on voit bien que cette manche factice n'est pas cohérente avec la pélerine du roi, aussi a-t-elle été ôtée lors de la dernière restautation. 



                      P1080100--1-c.jpg

 

 


Voilà, j'ai terminé mon tour des plus belles pièces de la chapelle, et je peux prendre un peu de recul, admirant la charpente avec poutres transversales, qui n'est pas dissimulée par un lambris.

 

                   093c

 

 

Trefflez : de l'ancien breton treb- "village" et -les, "château".

La chapelle Saint-Guénolé, dite aussi de Trolez, anciennement Trefflez, située à 3 kilomètres sud de l'église de Briec était l'église tréviale de Landrévarzec avant l'érection de Landrévarzec en paroisse et le rattachement de Trefflez à Briec. Elle avait fonds baptismaux (datés de 1642) et cimetière et porte la date de 1636 au dessus de la porte intérieure de la sacristie. Mais en nos chapelles, les sacristies ont été ajoutées au flanc sud-est des édifices après le Concile de Trente et la chapelle daterait elle-même de 1520-1550. Elle est de plan rectangulaire avec bas-coté nord de deux travées sur la moitié de la longueur. Les deux arcades en tiers-point du bas-coté pénètrent directement dans le pilier central cylindrique. 

On remarque les deux autels en pierre de taille avec sur le maître-autel un tabernacle à quatre colonnettes dont la porte est ornée d'un Christ (? St Jean ?) portant livre et calice, et dans le mur latéral nord du chœur, un sacraire (niche fermée où le Saint-Sacrement était conservé, jusqu'au concile de Trente qui a imposé d'y substituer le tabernacle). 

Les Fonts baptismaux sont en granit, comme les deux Bénitiers dont le plus grand est en forme de calice. Armoire ancienne à la sacristie.

L'importance donné à saint Jacques a pu laisser penser que la chapelle de Trolez était une étape sur le Chemin de Compostelle. J'ai dit que le chanoine Abgrall décrivait seulement deux statues, celle de saint Guénolé et de saint Philibert. M. Dilasser décrit, lui, à la fin du XXe siècle, outre saint Jacques le Majeur, les statues anciennes en pierre polychrome de saint Guénolé dont le socle porte une inscription et celle de saint Philibert avec livre et crosse, puis les statues en bois polychrome du Christ en croix , de saint Laurent , d'un saint prêtre en chasuble (Mathurin?) et, au presbytère, deux Vierges Marie, saint Sébastien, saint évêque.


Copié-collé :

 

 ...La fête patronale s'y célèbre le 4ème Dimanche de Juillet. On y honore saint Guénolé et saint Philibert, et les pèlerins demandent la guérison des maux d'estomac. La chapelle, qui n'a qu'un seul autel, et conserve encore son baptistère et son cimetière, porte la date de 1636...

...Trefflez, donnée par Gradlon à Landévennec avec d'autres terres en échange du privilège d'être enterré à Landevennec, relevait avec Landrévarzec de cette abbaye qui avait droit de présenter à ce bénéfice. ..

  ..."Le Cartulaire de Landévennec nous apprend que le roi Gradlon, à l'occasion de la mort de son fils Rivelen, donna à saint Guénolé de Landévennec, en Brithiac, trois trefs de sa propriété appelée Guodmoch : Tref Les et sept villages, Solt Gneuer, Tref Bugdual, Tref Marchoc et sept villages, Caer Gurhouen, Pen Hischin, Busitt, Lan Hoedleian, Chnech Crasuc, Sulian, Lisi, an Laedti, Ludre Sirfic, Caer Deuc, Bot Tahauc, Tref Cann, sept villages et une parcelle do terre in Moelian. La plupart de ces noms de terre existent encore.

Au XIème siècle, le consul Hoël donna à saint Corentin la terre de Bremuden, en Briziec, et, en 1220, l'évêque Renaud confirma la donation de la paroisse faite par ses prédécesseurs au Chapitre. Le 18 Octobre 1249 (Cart. 56, f° 3), intervenait un accord entre le Chapitre et l'abbé de Landévennec qui restituait les droits paroissiaux injustement enlevés au Chapitre, en Briec, sur les terres de Brenmoden, Kerigou, Kerdifed, Caergoloff, Caerloduic, Moustaer, Berrentguent,Tamgadou, Kervidou, Runlaharon, Guetheloc, Lennoloc, Kenecrasoc, et sur toute la terre de Tréflès. ".....

 

Conclusion :

On aura compris que cet article  exprime toute ma gratitude pour l'accueil reçu le 21 septembre 2014 lors des Journées du Patrimoine et mon admiration pour le travail réalisé par l'Association des Amis de la chapelle de Saint-Guénolé.

Sources et liens.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076654/f220.image

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Published by jean-yves cordier
3 octobre 2014 5 03 /10 /octobre /2014 11:40
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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 20:13
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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 11:31
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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 08:40

Les vitraux de François Dilasser à la chapelle de Ty-Mamm-Doué.

 

 

  J'avais découvert la personnalité de Maurice Dilasser pour comprendre  comment, depuis l'immédiat après-guerre, la Bretagne et particulièrement le Finistère s'était enrichi de vitraux faisant appel à de grands artistes contemporains. J'ai visité les verrières de l'église Saint-Louis de Brest, celles de la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle de Locronan  et celles, voisines, de la petite chapelle Ar Sonj par Manessier, celles de Jean Bazaine à la chapelle de la Madeleine à Penmarc'h : à chaque fois, j'avais réalisé que ces réalisations étaient dues à la détermination d'un chanoine de Quimper : Maurice Dilasser.

Or, ce chanoine passionné d'Art Sacré, de vitraux et de modernité avait un frère, François Dilasser, que chacun connait en Bretagne pour être devenu l'un des grands peintres contemporains de notre région. 

Pas étonnant que le Père Dilasser ait demandé à son frère de réaliser les vitraux de la chapelle de Ty-Mamm-Doué, paroisse de Kerfeunten à Quimper. Je guettais depuis longtemps l'occasion de les découvrir.

 Les données biographiques sur François Dilasser sont —et seront de plus en plus —abondantes ; mais celles sur Maurice sont plus rares, et je donne ici en annexe la biographie que j'avais dressé en avril 2012 ici : http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-manessier-a-locronan-chapelle-de-bonne-nouvelle-103071184.html. Approfondir la compréhension du travail d'un grand commanditaire d'Art Sacré en Finistère dans le seconde moitié du XXe siècle me paraît être l'élément le plus enrichissant de ma visite.

 

 

I. LES VITRAUX.

Ils occupent deux baies, l'une en façade sud (n° 8 selon les règles du Corpus Vitrearum), l'autre en élévation sur le pignon occidental. Ils résultent de la collaboration en 1995 du peintre François Dilasser (1926-2012) et du maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan de Quimper.

 

Baie 8. 

Deux lancettes jumelles de quatre panneaux et un tympan à trois ajours.

Les étoiles du firmament / Marie, "Étoile du matin".

                                             dilasser 0486c

 

 

« Il est des lieux où un parti s'impose d'emblée. Ici, à Ty-Mamm-Doué, ce n'est pas le cas, dans la mesure où l'édifice a déjà des vitraux d'époques et de styles différents.

Ce qui m'a guidé au départ, c'est que c'est un lieu sacré avec un passé que l'on sent bien. Ce n'est pas une cathédrale historique, c'est la chapelle des pardons locaux, l'atmosphère est intime, recueillie dans son cadre d'arbres et de verdure.

Pour moi, le vitrail est avant tout, trouant l'opacité des murs, une fenêtre : faire entrer la présence du ciel, de sa lumière ; parfois, par des dépolis ou des grisailles, rendre sensibles les passages du soleil et de l'ombre, le mouvement du paysage discernable alentour : j'aime que l'édifice ne soit pas coupé de l'extérieur.

Je n'ai pas voulu me fixer de thèmes à l'avance : comme toujours quand je peins ou je dessine, c'est au cours du travail que le thème est apparu, mais, même alors, j'ai voulu que rien ne soit trop défini ou explicité. Le travail de la lumière passant dans les formes a peu à voir avec les mots, les formes restent équivoques (riches de possibles).

Venues progressivement à la surface, elles se sont peu à peu structurées autour du thème « étoile » (thème déjà présent, sporadiquement, dans mon travail à cette époque. Ty-Mamm-Doué étant dédié à la Vierge, j'ai pensé aux « litanies » : « Tour d'ivoire, Arche d'alliance, Étoile du matin, Rose mystique », à quelque chose de répétitif... J'ai voulu que les étoiles et l'espace dans lequel elles gravitent évoquent le firmament, le mouvement des astres, l'univers, l'infini, et à travers tout cela la création du monde, la Genèse. Et curieusement, alors que j'avais vu tout d'abord dans les vitraux préexistant des motifs décoratifs abstraits, j me suis aperçu après-coup qu'y figuraient des étoiles, ainsi peut-on relier les vitraux du XIXe siècle à ceux d'aujourd'hui.

Voilà donc mes « thèmes d'inspiration » qui n'ont pas été, encore une fois, le point de départ de ma recherche mais le fruit même du travail, c'est la forme, en se construisant, qui génère le sens.

Il est très difficile d'ajouter un commentaire à quelque chose que l'on a fait. J'espère simplement que dans ce travail on sentira la vie que j'ai voulu y mettre. Que la lumière des vitraux s'accordera à ce lieu habité, un lieu de paix dans notre monde de bruit et d'agitation, un lieu où l'on puisse (comme le dit le cinéaste Youri Norstein) « attendre son âme ». François Dilasser, décembre 1998 in Maurice Dilasser,  Sculpter la Lumière page 46.

 

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Baie occidentale.

Baie ogivale à 12 panneaux.


dilasser 0483c

 


      LES ANNEXES.


MAURICE DILASSER ( 1918-2005):  ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES

 

 Maurice Dilasser (1918-2005),  Prêtre du diocèse de Quimper et Léon - Responsable de la Commission diocésaine d'art sacré,  chanoine de Quimper, recteur de Locronan,  fondateur de la SPRED (Association du Patrimoine Religieux en Vie) et auteur de nombreux ouvrages sur l'Art Sacré et le patrimoine religieux breton,  chevalier des arts et lettres.

  Le chanoine Maurice Dilasser a été recteur de Locronan en 1974 à 1990, fonction qui le désigne comme le commanditaire des vitraux de la chapelle N.D. de Bonne-Nouvelle . Mais c'est surtout par son engagement pour la promotion de l'art sacré, et pour ses fonctions à la tête de la Commission d'art sacré qu'il est important de le citer.

N'ayant pas trouvé ces renseignements sur le web, je donne ici une Biographie (d'après la notice nécrologique de Yann Celton, Bull Soc. Arch. Fin. Tome CXXXV, 2006 pp.433-435):

   Né le 22 mars 1918 à Lesneven, Maurice Dilasser est ordonné prêtre en 1942 puis nommé professeur à Lesneven avant de prendre de 1960 à 1964 les fonctions d'aumônier à Quimper à Sainte Anne et auprès des enseignantes chrétiennes. Supérieur de Saint-Yves de 1964 à 1965, il devient recteur de Tréboul de 1965 à 1969. Profitant du renouveau liturgique impulsé par Vatican II et sous l'influence des principes novateurs exposés par les pères dominicains Couturier et Régamey dans la revue Art sacré, il rénove radicalement l'intérieur de l'église de Tréboul, supprimant les peintures en trompe-l'-oeil fin XIXe qui dataient de la construction de l'édifice par l'abbé Abgrall en 1881-1884, supprimant le mobilier liturgique et les statues de plâtre produites en série par les entreprises de bondieuserie saint-sulpicienne, respectant les verrières datées de 1885-1901 des ateliers Megnen, Bordereau, Fenep et Florence complétées en 1948 par Lorin et Choisnard et en 1957 par des vitraux confiés à Pierre Toulhoat. 

   En 1969, il revient à Quimper comme aumônier de maison de retraite et il est nommé official diocésain (la même fonction que saint-Yves à Tréguier), un rôle d'avocat qu'il conserva toute sa vie.

   En 1974, et jusqu'en 1990, il devient recteur de Locronan, et il ajoute à cette fonction celle de recteur de Kerlaz en 1988.

Maurice Dilasser et l'art sacré.

  Maurice Dilasser est le frère de François Dilasser (1926-2012), peintre contemporain  qui a réalisé les vitraux de Ty Mamm Doué à Quimper et de la chapelle Saint-Maudez à Guiscriff. 

    En 1949, l'évêque de Quimper, Mgr André Fauvel, attentif à la création contemporaine, crée une commission d'art sacré, dirigée par un (ou, actuellement, une) délégué(e) diocésain(e). Ses statuts seront publiés en 1983. C'est en 1979 que Maurice Dilasser rentrera dans cette commission, et il sera le délégué diocésain de la CDAS  pour neuf ans en 1990.

  A Locronan, il fait venir des artistes pour les exposer dans le Pénity. "Proche de Bazaine et de la Galerie de France à Paris, il fait venir ainsi Manessier, Le Moal, Viera da Silva, Arpad Szenes, Raoul Ubac, Pierre Tal-Coat, Serge Poliakoff, Elvire Jan entre les années 1974 et 1985, et se met en contact avec Pierre Soulages et avec les héritiers d'Yves Tanguy." Depuis 1980, il est le conseiller technique et artistique auprès de la CDAS dirigé par Yves Marzin qui en est plutôt l'économe, et il visite de nombreux chantiers. "Partisan de la non-figuration dans le vitrail, il fait travailler Bazaine dans les chapelles Chapel-ar-Zonc de Locronan et de la Madeleine à Penmarc'h, fait intervenir Manessier au Pouldu et à la chapelle de Bonne-Nouvelle, et approuve le choix de Kim en Joong (peintre dominicain, créateur de vitraux pour la cathédrale d'Évry) à la chapelle classée de Perguet en Bénodet. Il s'oppose aux tenants d'un art figuratif plus classique, au risque de frictions et d'incompréhension, préférant systématiquement des créations plus résolument contemporaines, envisageant de faire intervenir Marta Pan pour le baptistère de l'église Saint-Louis de Brest. Le figuratif peut cependant trouver place, comme ces vitraux de Nicolas Fédorenko réalisés à la chapelle Saint-Maudez à Lennon."

   "Suivant de près les chantiers diocésains d'église, il veille à la réalisation, et spécialement à l'aménagement intérieur des églises de Tourbian à Guipavas (1993), de Kerinou à Brest (1998). A Concarneau en 1996, il confie à son ami Bazaine la réalisation de la grande mosaïque du porche, à Quimper il confie la réalisation du mobilier liturgique de la cathédrale de Quimper nouvellement restaurée au sculpteur Pierre Manoli."

Il a fondé en 1983 l'Association du Patrimoine Religieux en Vie SPREV qui forme de nombreux jeunes à la fonction de guide des chapelles et églises bretonnes.

En 2005, il reçut la décoration de chevalier des arts et des lettres.

 

   On lui doit : 

  • Locronan, ed. Ouest-France 1983,

  • Loc Ronan et Tromènie,Maurice Dilasser et paroisse de Locronan, 1989

  • Locronan 1993.

  • Un pays de Cornouaille: Locronan et sa région - Volume 1 Maurice Dilasser - 1979

  • "Antiquité de la petite Troménie de Locronan", Bull. Soc. arch. Finist. t. CVVIII, 1994, p. 254-261.

  • Locronan et sa région, Yves Gallo, Maurice Dilasser et U.B.O.,197

  • Antiquité de la petite Troménie de Locronan Maurice Dilasser in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Vol. 123,  (1994)

    Considérations sur un rituel de la grande troménie de Locronan de 1768 / Maurice Dilasser 9

  •  La cathédrale Saint-Corentin, Quimper / Collectif 

  • Églises et symboles, ed du Signe, 1999 (Trad. Chiese e simboli / Maurice Dilasser) 

  • Sculpter la lumière, le vitrail contemporain en Bretagne Philippe Bonnet et Maurice Dilasser,1945-2000 COOP BREIZH , (juillet 2004)

  •  Patrimoine religieux de Bretagne Maurice Dilasser (dir.) Hervé Gusty Brest, Ed Le Télégramme, 2006,381 p.

  •  Guide de la sauvegarde des chapelles / Maurice Dilasser 
  • "L'église de Guengat / Maurice Dilasser in Association Bretonne et Union Régionaliste Bretonne [1947-....], , du 1990 (06/1991) 

  • "Les enclos paroissiaux" / Maurice Dilasser in Chroniques d'Art sacré, N° 61 de Printemps 2000 (03/2000)
  • "La mort et ses monuments chrétiens" Maurice Dilasser in Chroniques d'Art sacré, N° 58 de Eté 1999 (06/1999)
  • "La mosaïque de Jean Bazaine à Concarneau"  Maurice Dilasser in Chroniques d'Art sacré, n° 51, Automne 1997 (09/1997)
  •  "Le nouveau mobilier cultuel de la cathédrale de Quimper"  Maurice Dilasser in Chroniques d'Art sacré, N° 63 de Automne 2000 (09/2000) (éd. Centre national de pastoral liturgique Comité national d’art sacré)  

 

  

 

 

    

                                        

 

              La Commission Diocésale d'Art Sacré.

Selon les statuts de la Commission diocésaine d’Art Sacré (CDAS), approuvés à Lourdes en 1991 par l’Assemblée plénière de l’Episcopat,, "Ayant reçu mission de l’Évêque du diocèse, la Commission d’Art Sacré a pour rôle de veiller à l’aménagement des lieux de culte, en application des normes liturgiques, ainsi qu’à la conservation du patrimoine artistique contenu dans les édifices cultuels. Elle doit promouvoir la création artistique et favoriser la formation des fidèles dans le domaine de l’art sacré"

Les commissions diocésaines d'art sacré trouvent leur fondement dans le canon 1216 du code de droit canonique où sont définis leur mission liturgique .

Parmi les membres de la CDAS du diocése de Quimper et Léon, je citerai le père  Gusti Hervé,  président de l'association SPREV  et Jeanie Kernec, qui, après avoir exercé la pneumologie au C.H.R. de Rennes, retraitée depuis l’an 2000, est devenue membre de la Commission d’art sacré du Finistère depuis 2003, chargée par le diocèse de Quimper de l’inventaire des textiles et vêtements liturgiques de 2004 à 2010.

 

 

                       L’association SPREV

"L’association Sauvegarde du patrimoine Religieux En Vie (SPREV)  a été créée en 1984,  sous le régime de la loi 1901, par le père Maurice Dilasser, curé de Locronan.

Elle a son siège à la Maison diocésaine à Quimper (29), 41 bvd Kerguelen.

Implantée dans les cinq départements de la Bretagne historique (Finistère, Côtes-d’Armor, Morbihan, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique), elle veut contribuer au maintien en vie, au développement et à la meilleure connaissance du patrimoine cultuel et culturel de l’Eglise catholique. Elle s’est donnée une « clef » comme emblème, car elle propose l’accès au langage sacré des lieux et objets religieux. La SPREV n’a pas seulement le souci de conserver des architectures et des objets mobiliers, d’en faire apprécier la beauté et d’en éclairer l’histoire, comme on le fait dans les musées.

Tout en attirant l’attention des visiteurs et des fidèles sur leur aspect culturel, elle veut expliquer leur fonction liturgique et les présenter comme des témoignages personnalisés d’une foi chrétienne appelée à marquer chaque siècle de son empreinte. L’édifice est une maison d’Eglise et les objets sont l’héritage vivant que notre génération est appelée à transmettre et à enrichir de ses propres créations liturgiques et artistiques. C’est dans cet esprit que la SPREV a organisé un service d’accueil et de visites commentées.

Ce service revêt la forme de permanences pour la visite d’édifices prestigieux, et de soirées du patrimoine pour découvrir sous un autre angle, et si possible dans un cadre festif (concert, illumination), une église ou une chapelle. La présence ordinaire des guides dans les centres de découverte est organisée seulement durant la saison estivale : juillet et août (exceptionnellement du 15 juin au 15 septembre).

Sauvegarde du Patrimoine Religieux En Vie 41 Bd de Kerguelen 29101 QUIMPER 

 Tel : 02 98 64 58 81."

Lire dans Ouest-France Gustave Hervé, un prêtre amateur d'art et de voyages 27 juin 2014


                                      ART ET FIDES. 

La SPREV est membre de l'association ART ET FIDES dont elle est l'une des trois associations régionales (avec Pierre & Vie en Bourgogne et Chiese aperte nella Diocesi di Aosta, en Italie). Il existe aussi une vingtaine d'associations locales (et non régionales) en France principalement mais aussi en Belgique et Italie.

 

Le site iconographique est celui créé par le Service national de la pastorale liturgique et sacramentelle émanant de la Conférence des évêques de France.  : www.narthex.fr 

 

 

 


Sources et liens.

Quelques autres articles sur les vitraux contemporains en Bretagne :


 Bazaine  à La Madeleine de Penmarc'h :

http://www.lavieb-aile.com/article-chapelle-de-la-madeleine-a-penmarc-h-les-vitraux-de-jean-bazaine-104010551.html

 les vitraux de Saint-Louis à Brest :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-l-eglise-saint-louis-de-brest-103429661.html

Jacques Le Chevallier à Gouesnou :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-arbre-de-jesse-de-l-eglise-de-gouesnou-et-les-autres-vitraux-117897470.html,

Gérard Lardeur à Langonnet :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-gerard-lareur-a-langonnet-104407243.html

ou Gérard Lardeur à Saint-Sauveur :

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-contemporains-de-saint-sauveur-finistere-90229755.html

— DILASSER (Maurice)), 2000 Sculpter la Lumière. Le vitrail contemporain en Bretagne, 1945-2000 Neo éditions, Centre International du Vitrail page 46

 http://lebihanvitraux.over-blog.fr/photo-1468316-CD2-05--029_jpg.html

 

 


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Published by jean-yves cordier
1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 22:58
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29 septembre 2014 1 29 /09 /septembre /2014 22:38
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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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