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23 mai 2021 7 23 /05 /mai /2021 14:56

Les 8 espèces d' Odonates peintes par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575-1580). 

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— Voir dans ce blog sur Hoefnagel :

 

 

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— Voir sur l'Histoire de l'étude des Odonates et de leurs noms :

 ZOONYMIE DES ODONATES.

 Les articles précédents : 10 articles de généralités et 41 études de noms d' Anisoptères.

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ZYGOPTÈRES

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BIBLIO :

  • Bibliographie des articles de zoonymie des Odonates.


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PRÉSENTATION.

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Toute contribution participative sera la bienvenue

 

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INTRODUCTION.

La zoonymie est la science de l'étude des noms d'animaux, et la zoonymie des Odonates étudie l'origine et le sens des noms de Libellules. Or, même si cela me surprend encore, les noms des insectes ne datent officiellement que de 1758, lorsque Linné a procédé au grand baptême  zoologique dans la dixième édition de son Systema naturae, où il a créé le nom Libellula.

Bien-sûr, une démarche quasi archéologique peut retrouver quelques termes préalables, comme ceux de Libella (1550, pour une larve de libellule), et de Perla (1602, pour toutes les Libellules), mais, dissimulés dans des ouvrages savants, ils soulignent plutôt la grande aphasie  des langues du Monde pour désigner ces insectes féeriques. 

Nos ancêtres s'intéressaient-ils,  voyaient-ils même les petits animaux qu'ils ne nommaient pas ? 

Ce n'est que dans la seconde moitié du XVIe siècle, voire son dernier quart, que, dans une vaste opération de compilation des données des Anciens sur la Botanique et la Zoologie, associée à la constitution de collections thématiques systématiques, les naturalistes, souvent médecins, s'intéressèrent aux Insectes en France (Belon du Mans, Rondelet à Montpellier), en Italie (Aldrovandi à Bologne), en Suisse (Gessner à Zurich) ou en Flandres (Charles de l'Escluse). Néanmoins, la première publication, celle d'Aldrovandi dans son De animalibus insectis libri septem , attendra l'aube du XVIIe siècle, en 1602.

Dans le domaine de l'illustration, des insectes, et notamment des libellules, sont représentées sous forme d'enluminures en marge des Livres d'Heures, mais dans un but décoratif ou ludique et rarement dans un souci de rendre compte de la réalité.

Les bordures botaniques  enluminées du Grand Livre d'Heures d'Anne de Bretagne réalisé en 1505-1510 et peint par Bourdichon, contient un grand nombre de Libellules.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f480.item

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JORIS HOEFNAGEL ET LE VOLUME IGNIS

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Ignis, Animalia Rationalia et Insecta, est le premier volume d'un ensemble de quatre, décrivant les espèces animales, dont l'homme. Ils portent en titre, dans une volonté de décrire le Vivant comme un Tout, le nom des quatre éléments, Ignis (le Feu ), Terra (la Terre) pour les animaux terrestres (Animalia quadrupedia et Reptilia),  Aqua (l'Eau) pour les animaux aquatiques (Animalia Aquatilia et Cochiliata), et Aier (l'Air) pour les animaux aériens (Animalia Volatilia et Amphibia). Dans une reliure de cuir rouge à ferrures, ils regroupent 58 à 79 feuilles de vélin numérotés, peints à l'aquarelle et à la gouache à 'intérieur d'un ovale peint à l'or.  Chaque feuille reçoit une ou des inscriptions en latin qui ne qualifient pas les animaux, mais citent des aphorismes ou des poèmes. Les feuilles mesurent environ : 14.3 x 18.4 cm, ce qui indique la précision des miniatures pour chaque insecte.

Le volume Ignis est le plus riche, avec 79 dessins, y compris la page de titre. Cette dernière comporte les initiales G HF de Joris Hoefnagel (Georg Hufnagel).

Joris Hoefnagel (Anvers 1542, Vienne 1601) est un artiste flamand qui est l'héritier de l'école des miniaturistes ganto-brugeoise (Bréviaire Grimaldi 1510-1520), de la peinture flamande de natures mortes, et des fantasmagories décoratives du grotesque italien. Son souci de fidélité à la réalité observée fait merveille dans ses travaux de vues de villes et paysages illustrant le Civitates orbis Terrarum de Georg Braun et F. Hogenberg.

C'est au service du duc de Bavière Albert V, après 1577,  qu'il réalise son encyclopédie animale. Les volumes ont probablement été présentés par Hoefnagel à l'empereur Rodolphe II en 1590, lorsqu'il rentra à son service.

Datation : certaines feuilles contiennent des dates de 1575 et de 1582 ; certaines planches peuvent être antérieures à 1575 et certaines postérieures à 1582 (RDK)

 

 

Mais s'il s'inspire de gravures et dessins puisés dans la bibliothèque impériale de Prague pour les volumes II à IV, il semble bien avoir travaillé directement en observant des spécimens naturels pour le volume Ignis, réalisant les premières illustrations entomologiques de caractère scientifique, c'est à dire reproduisant au plus près la réalité de l'insecte observé.

J'ai déjà présenté ses planches présentant des papillons (Lepidoptera). Mais les Libellules (Odonata) illustrent 12 des 78 planches et on dénombre 16 dessins, et au total 12 ou 13 espèces différentes.

En effet, la détermination des spécimens permet de définir non seulement le genre, mais le plus souvent l'espèce représentée, ce qui n'avait (presque) jamais été le cas auparavant dans l'histoire de l'illustration entomologique.

En 2014,, l'entomologiste et passionné d'histoire de l'étude des Odonates Marcel Wasscher a reconnu parmi ces Libellules l'Orthetrum brunneum  de la planche 17, le Sympétrum du Piémont Sympetrum pedemontanum de la planche 47 , et  Aeshna cyanea de  la planche 53.

En 2015, malgré mon absence de connaissances entomologiques, j'ai  mis en ligne les planches d'Ignis, j'ai traduit et donné la source des inscriptions qu'elles comportaient, et j'ai tenté de dénombrer les espèces d'Insectes, et de les identifier, en lançant sur la toile cette bouteille à la mer susceptible de provoquer des discussions et critiques. Mais, n'appartenant pas à la communauté scientifique, je ne reçus aucun correctif.

Plus tard, dans un article non daté (dernière correction 6/12/2020) de World Odonata Web, Cyril Deliry publia, sans citer mon travail ni celui de Wasscher, 12 planches des Odonates d'Hoefnagel et donne une liste de 9 espèces + Coenagrion sp. Il indique qu'il pense que les espèces dépeintes proviennent de France.

Je reprends ici mon travail de 2015, en le centrant exclusivement sur les Odonates.

Le même travail peut être fait sur deux volumes de gravures issues des peintures de Joris Hoefnagel et publiées par son fils :

Hoefnagel Jacob, 1592, Archetypa studiaque Patris :

Hoefnagel, D. I. 1630. Diversæ insectarum volatilium icones ad vivum accuratißime depictæ. - pp. [1], pl. 1-16. [Amsterdam]. (N. I. Vißcher). 32 pages, 16 planches.

L'inventaire peut concerner les autres productions de Joris Hoefnagel comme son Mira calligraphiae monumenta (1591-1596), ou ses peintures conservées ici ou là.

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Liste  des espèces identifiées par M.  Wasscher  puis C.Deliry :

— Anisoptera

Aeshna cyanea, Aeshna mixta, Sympetrum depressiusculum, Sympetrum sanguineum, Sympetrum pedemontanum, Orthetrum brunneum.

— Zygoptera

Calopteryx virgo, Calopteryx splendens [non retrouvé par moi], Sympecma fusca, Coenagrion sp., 

 

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Planche 13. Libellula [depressa].

Sous réserve, détermination personnelle et du site NGA accompagnée d'un point d'interrogation.

https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69674.html

Libellula depressa est identifiable sur la gravure d'après Joris Hoefnagel .

https://rkd.nl/en/explore/images/121231

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 17. Orthetrum brunneum.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69678.html

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 18. Zygoptera.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69679.html

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 21. Coenagrion sp.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69683.html

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 34. Calopteryx virgo mâle.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69697.html

Linné cite dans sa description de Libellula virgo dans Fauna suecica de 1746 et 1761 la gravure d' Icones insectorum planche 11  donnée par Hoefnagel .

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 47. Sympetrum pedemontanum.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69711.html

 

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 49. Zygoptera sp.

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 53. Aeshna cyanea.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69718.html

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 54. Trois anisoptères.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69719.html

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Aeshna mixta.

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Sympetrum depressiusculum.

 

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Sympetrum sanguineum

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 55. Trois Calopteryx virgo femelles.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69720.html

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 63. Sympecma fusca.

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https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69729.html

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 64. Coenagrion sp.

https://www.nga.gov/collection/art-object-page.69730.html

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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II. Joris Hoefnagel  (1542-?1601; Mira calligraphiae, 1591-1596.

 

Le Livre de calligraphie  de l'empereur Rodolphe II a été enluminé en 1591-1596  par Joris Hoefnagel sur le Livre de modèle de calligraphie réalisé en 1561-62 par Georg Bocksay, secrétaire impérial de l'empereur Ferdinand I. Comportant 129 folios sur un vélin de très grande qualité, il est associé à un Alphabet, dont les folios 130 à 151 sont  également enluminés par Hoefnagel .  Ce petit volume détenu par le J. Paul Getty Museum a été édité en 1992 par Hendrix et Vignau-Wilberg, et une sélection de planches composent  deux autres publications de 1997, Nature illuminated et An Abecedarium, des mêmes auteurs.

Planches de l'Alphabet.

Planche 148 : 2 libellules imaginaires

Pl. 150 : 2 Anisoptères assez réalistes

 

folio 65 Odonata Zygoptera , Iris d'Espagne, Étoile de Bethleem (ornithogallum)

 

http://www.getty.edu/art/collection/objects/2350/joris-hoefnagel-and-georg-bocskay-damselflies-spanish-iris-and-star-of-bethlehem-flemish-and-hungarian-1561-1562-illumination-added-1591-1596/

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J. Hoefnagel, Mira calligraphiae, 1591-1596, folio 65 (détail)

 

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Folio 68 Odonata Zygoptera inidentifiable. Chenille,  Oeillet, Cerises, Mille-pattes.

http://www.getty.edu/art/collection/objects/2354/joris-hoefnagel-and-georg-bocskay-damselfly-carnation-firebug-caterpillar-carnelian-cherry-and-centipede-flemish-and-hungarian-1561-1562-illumination-added-1591-1596/

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J. Hoefnagel, Mira calligraphiae 1591-1596 folio 68

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Folio 74 Odonata Zygoptera imaginaire

http://www.getty.edu/art/collection/objects/2360/joris-hoefnagel-and-georg-bocskay-damselfly-carnation-insect-caterpillar-ladybird-english-walnut-and-marine-mollusk-flemish-and-hungarian-1561-1562-illumination-added-1591-1596/

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J. Hoefnagel, 1591-1596, Mirae calligraphiae folio 74 (détail)

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Folio 76 Odonata Anisoptera Aeshnidae Aeshna cyanea.

 

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https://img0.etsystatic.com/025/3/7677581/il_570xN.529231376_7p8o.jpg

http://www.getty.edu/art/collection/objects/2362/joris-hoefnagel-and-georg-bocskay-dragonfly-pear-carnation-and-insect-flemish-and-hungarian-1561-1562-illumination-added-1591-1596/

 

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Georg Bocksay (texte) Joris Hoefnagel (miniature), Mira calligraphiae monumenta (1561-1562 / 1591-1596), folio 76. Aquarelle, peinture d'or et d'argent, encre sur velin. J. Paul Getty Museum

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Folio 99 : Odonata Zygoptera Deux Demoiselles (accouplement imaginaire ?)

http://www.getty.edu/art/collection/objects/2386/joris-hoefnagel-and-georg-bocskay-damselflies-caterpillars-carnation-and-poet's-jasmine-flemish-and-hungarian-1561-1562-illumination-added-1591-1596/

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Joris Hoefnagel, 1591-1596, Mira calligraphiae, folio 99 (détail).

 

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III. Jacob Hoefnagel, Archetypa : 1592. 14 espèces d'Odonates.

Les 16 belles gravures représentent 302 insectes, soit 37 Coléoptères , 22 Orthoptères, 14 Odonates, 16 Névropères 72 Lépidoptères, 35 Hyménoptères, 78 diptères, 21 Hémiptères et 7 larves; du centre et du nord de l'Allemagne. Jacob Hoefnagel a utilisé les copies gravées des dessins de son père Joris.

tentative de présentation des Odonates :

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Pars I, planche 8 : Calopteryx virgo.

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Calopteryx, Joris Hoenagel, Archetypa Pars I planche 8.

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Pars I, Planche 10 : Libellulidae

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En 1840, Hagen identifie cette espèce comme Orthetrum cancellatum.

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Libellulidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque, 1592, Pars X planche 10.

 

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Pars I, Pl.11 : Calopteryx.

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Calopteryx, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque, 1592, pars I planche 11.

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Pars II, Pl.  3 : Aeshnidae.

Hagen proposait en 1840 Aeshna juncea .

Au vu de la similitude avec le spécimen représenté dans la planche LIII d'Ignis, identifié comme Aeshna cyanea ou Aeshne bleue par Marcel Wasscher, il parait logique de reprendre cette identification ici.

https://rkd.nl/nl/explore/images/record?query=wasscher&start=4

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Aeshnidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque 1592, Pars II pl. 3

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Pars II, Pl. 6 : Zygoptera.

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Zygoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque, 1592. Pars II planche 6.

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Pars II, 9 : Calopteryx.

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Calopteryx, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque 1592. pars II planche 9

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Pars III, planche 2 : Aeshnidae.

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Aeshnidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 2.

 

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Pars III, planche 3 : Anisoptera ??.

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Anisoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 3.

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Pars III, planche 4 : Anisoptera.

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Anisoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris Pars III planche 4.

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Pars III, planche 5 : Libellulidae.

H.A. Hagen a reconnu en 1840 Libellula depressa, comme Marcel Wasscher 2014 .

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Libellulidae,  gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 5.

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Pars III, planche 6 : Libellulidae.

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Libellulidae,  gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 6.

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Pars III, planche 6 : Calopteryx splendens.

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Calopteryx splendens gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars III planche 6.

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Pars  III, planche 10 : Zygoptera.

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Zygoptera, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris 1592 Pars III planche 10.

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Pars IV, planche 4 Libellulidae.

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H.A. Hagen proposait (avec un ?) Libellula Paedemontana (allioni), notre Sympetrum pedemontanum Müller in Allioni, 1766, ou Sympetrum du Piémont.  Gravée d'après Ignis planche XXXVII, dans laquelle Marcel Wasscher a reconnu en 2014  S. pedemonatum.

https://rkd.nl/nl/explore/images/120788

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Libellulidae, gravure d'après Joris Hoefnagel, Archetypa studiaque patris, 1592, Pars IV planche 4.

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IV. Jacob Hoefnagel 1630 Diversæ insectarum volatilium icones

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Hoefnagel, D. I. 1630. Diversæ insectarum volatilium icones ad vivum accuratißime depictæ. - pp. [1], pl. 1-16. [Amsterdam]. (N. I. Vißcher). 32 pages, 16 planches.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/5/mode/1up

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Planche 2 Aeshna cyanea

 

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/7/mode/1up

 

Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 6 Sympetrum pedemonatum

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/15/mode/1up

https://rkd.nl/nl/explore/images/record?query=wasscher&start=5

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 9. Deux Zygoptères

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/5/mode/1up

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 10 : Un anisoptera

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/23/mode/1up

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).
Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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planche 11 : Libellula depressa. Calopteryx splendens

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/25/mode/1up

https://rkd.nl/nl/explore/images/121231 identification par Marcel Wasscher, 2014

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 12. Un Anisoptera

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/27/mode/1up

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 13 : Une Libellule

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/29/mode/1up

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 14. Un anisoptera, un Zygoptera

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/30/mode/1up

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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Planche 16 . Un anisoptera.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/86576#page/35/mode/1up

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Les Odonates peints par Joris Hoefnagel dans Ignis (1575).

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SOURCES ET LIENS.

 

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OEUVRES  DE HOEFNAGEL

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— HOEFNAGEL (Joris), c. 1575/1580  Animalia Rationalia et Insecta (Ignis). 

HOEFNAGEL (Joris), 1580-1590, Missale romanum,  une copie du missel catholique romain pour l'archiduc Ferdinand II d'Autriche, comte de Tyrol (1529-1595).  658 pages Vienne,  Österreichische Nationalbibliothek (ONB) Cod. 1784

Numérisé en noir et blanc:

http://archiv.onb.ac.at:1801/view/action/nmets.do?DOCCHOICE=5091323.xml&dvs=1515513185085~814&locale=fr&search_terms=&adjacency=&VIEWER_URL=/view/action/nmets.do?&DELIVERY_RULE_ID=1&divType=&usePid1=true&usePid2=true

 

— HOEFNAGEL (Joris), 1591-1596. Mira Calligraphiae Monumenta

http://www.getty.edu/art/collection/objects/2386/joris-hoefnagel-and-georg-bocskay-damselflies-caterpillars-carnation-and-poet's-jasmine-flemish-and-hungarian-1561-1562-illumination-added-1591-1596/?dz=0.4711,0.2671,1.17

— HOEFNAGEL (Jacob.), 1592, "ARCHETYPA STUDIAQUE PATRIS/ GEORGII HOEFNAGELII / Iacobus F. Genio ... ac perbenigne communicat / Ann sal: xcii Aetat xvii"; "Cum prae: Caes: Mai.s"; 

Francofurti ad Mœnum :[Jacob Hoefnagel], Ann. sal. XCII. [i.e. 1592] Ætat. XVII.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/234192#page/5/mode/1up

http://art.famsf.org/joris-hoefnagel

http://docnum.u-strasbg.fr/cdm/fullbrowser/collection/coll13/id/72995/rv/compoundobject/cpd/73052

HOEFNAGEL (Jacob.), 1630, Diversæ insectarum volatilium : icones ad vivum accuratissmè depictæ per celeberrimum pictorem,  [Amsterdam] : Typis[que] mandatæ a Nicolao Ioannis Visscher

https://archive.org/details/diversaeinsectar00hoef

— HOEFNAGEL  dans la National Gallery of Art

https://www.nga.gov/global-site-search-page.html?searchterm=hoefnagel&searchpath=%252Fcontent%252Fngaweb%252Fcollection-search-result&pageNumber=1

http://www.nga.gov/content/ngaweb/global-site-search-page.html?
searchterm=hoefnagel&searchpath=%2Fcontent%2Fngaweb%2Fcollection-searchresult&pageNumber=1

— HOEFNAGEL  au Rijks Museum

https://www.rijksmuseum.nl/en/search?q=hoefnagel&v=&s=objecttype&ii=0&p=1

— HOEFNAGEL  sur RKD

https://rkd.nl/en/explore/images#filters[kunstenaar]=Hoefnagel%2C+Joris

https://rkd.nl/en/explore/images/record?filters[naam]=Hoefnagel%2C+Joris&query=&start=183

— HOEFNAGEL  à la Bibliothèque Nationale Autrichienne :

http://search.obvsg.at/primo_library/libweb/action/search.do?ct=facet&fctN=facet_creator&fctV=Hoefnagel%2c+J&rfnGrp=1&rfnGrpCounter=1&fn=search&indx=1&vl(1UI0)=contains&dscnt=0&tb=t&mode=Basic&vid=ONB&ct=search&search=1&srt=rank&tab=default_tab&dum=true&vl(freeText0)=hoefnagel&dstmp=1515514348627

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BIBLIOGRAPHIE.

 

HENDRIX (Lee),  VIGNAU-WILLBERG (Théa), Nature illuminated, Flora and Fauna from the court of the emperor Rudolf II. The J. Paul Getty Museum. 64 pages.

HENDRIX (Lee),  VIGNAU-WILLBERG (Théa), An Abecedarium. Illuminated alphabets from the court of the emperor Rudolf II. The J. Paul Getty Museum. 64 pages.

HENDRIX (Lee),  VIGNAU-WILLBERG (Théa), 1992,  Mira calligraphiae monumenta,  The J. Paul Getty Museum. 412 pages.

HENDRIX (Lee),  VIGNAU-WILLBERG (Théa),  Mira Calligraphiae Monumenta: A Sixteenth-Century Calligraphic Manuscript Inscribed by Georg Bocksay and Illuminated by Joris Hoefnagel, Volume 1, Getty Publications, 13 Aug, 1992.

LECLERCQ, J., THIRION, C., 1989 -" Les insectes du célèbre diptyque de Joris Hoefnagel (1591) conservé au musée des Beaux Arts de Lille" . Bull. Ann. Soc.R. belge Ent., 125, 302-308. 

— Masterworks from the Musee des Beaux- Arts, Lille 

 https://archive.org/stream/Masterworks

— OGILVIE (Brian W.) 2012 Attending to insects: Francis Willughby and John Ray

Notes and records of the Royal Society, DOI: 10.1098/rsnr.2012. http://rsnr.royalsocietypublishing.org/content/66/4/357

— OGILVIE (Brian W.) 2013 “The pleasure of describing: Art and science in August Johann Rösel von Rosenhof’s Monthly Insect Entertainment,” inVisible Animals, edited by Liv Emma Thorsen, Karen A. Rader, and Adam Dodd, accepted by Penn State University Press in the series “Animalibus: Of animals and cultures” http://www.philosophie.ens.fr/IMG/Ogilvie,%20Pleasure%20of%20describing%20%282013%29.pdf

— ANDROSSOV (Sergey ),  1994. Two Drawings by Hoefnagel, The Burlington Magazine, 136 (1095) : 369-372.

— VIGNAU-WILLBERG (Théa) 1994, Archetypae studiaque Patris Georgii Hoefnagelii 1592. Natur, Dichtung und Wissenschaft in der kunst um 1600. München, Staatl.

— VIGNAU-WILLBERG (Théa) Lee Hendrix, Thea Vignau-Wilberg, Mira Calligraphiae Monumenta: A Sixteenth-Century Calligraphic Manuscript Inscribed by Georg Bocksay and Illuminated by Joris Hoefnagel, Volume 1, Getty Publications, 13 Aug, 1992, p. 15-28

— VIGNAU-WILLBERG (Théa) Lee Hendrix and Thea Vignau-Wilberg, Nature Illuminated: Flora and Fauna from the Court of the Emperor Rudolf II, Getty Publications, 1997

WASHINGTON, NATIONAL GALLERY OF ART.

https://www.nga.gov/collection/artist-info.2569.html?artobj_artistId=2569&pageNumber=1

DELIRY (Cyril)

http://www.deliry.net/odonata/index.php/Hoefnagel_J._1575

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates Hoefnagel histoire entomologie - Hoefnagel
25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 15:13

Le Hibou harcelé par les oiseaux des Compertementen (cartouches) de Jacques Floris en 1564.

 

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Voir les autres parties : 

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Cet article est la suite de celui consacré au vitrail Ec3 du Musée de la Renaissance, auquel je renvoie.

Résumé : le motif du Hibou harcelé par les oiseaux figure sur ce vitrail en grisaille et jaune d'argent parmi un décor grotesque au dessus d'une allégorie de l'Air. La recherche d'un modèle parmi les gravures de grotesques du milieu du XVIe siècle amène à la découverte de trois motifs semblables dans l'œuvre gravée de Jacques Floris, parmi ses Veelderhande cierlijcke Compertementen profitelijck, ou "Différents cartouches ornés à usage des peintres, orfèvres, sculpteurs et autres artistes" gravés par Harman Müller et publiés en 1564 à Anvers par Hans Liefrinck. Ce sont ces planches que j'étudie ici.

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I. LA PAGE DE TITRE ET SON HIBOU AU MIROIR.

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https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/51475-redirection

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51475/?offset=#page=5&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

http://ceres.mcu.es/pages/ResultSearch?Museo=MT&txtSimpleSearch=Cartela%20ornamental%20con%20aves&simpleSearch=0&hipertextSearch=1&search=simple&MuseumsSearch=MT%7C&MuseumsRolSearch=18&listaMuseos=[Museo%20del%20Traje.%20Centro%20de%20Investigaci%F3n%20del%20Patrimonio%20Etnol%F3gico]

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1. Le cartouche.

Cette page est centrée par un cartouche à cuirs enroulés (selon une mode lancée par l'École de Fontainebleau après 1530) dont le texte est le suivant :

Veelderhande cierlijcke Compertementen profitelijck voor schilders goutsmeden beeldtsnijders ende ander consteraren, geinuenteert duer IACQVES FLORIS . Tantwerpen bij Hans Liefrinck sijsne te coope op die Lombarde veste int gulden turckhooft anno 1564.

Le graveur est mentionné en bas de feuillet : Harman Muller fecit. Il s'agit de  Hermann Jansz von Müller, né à Amsterdam en 1540  et décédé en 1617.

Cette gravure au burin sur papier vergé mesure 134 mm de haut sur 207 mm de large.

Ce titre peut se traduire par "Différents cartouches ornés à usage des peintres, orfèvres, sculpteurs et autres artistes", inventés par Jacques Floris. À Anvers chez Hans Liefrink , à l'enseigne de la Tête de Turc en la Lombardenveste.

Hans Liefrink est un imprimeur de gravures et de cartes de géographie, installé de 1556 à 1573 à cette adresse (notée ailleurs sub insigne Capitis Turci) après avoir été successivement  Au Lieurier blanc, rue des Lombaers, puis In den Witten Hasewint, ou Witte Yshondt,  Lombaerdeveste. Cette Lombardenvest était la principale implantation des graveurs et imprimeurs. Il demeurait In Gulden Turckhooft avec son épouse Catherine Cordier. Il a aussi travaillé pour Cornelis Floris.

https://www.academia.edu/35607837/Printing_Images_in_Antwerp_The_Introduction_of_Printmaking_in_a_City_Fifteenth_Century_to_1585

 

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2. Le décor inférieur.

 

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Il est sans doute significatif pour l'interprétation du motif du hibou de constater que toute la partie inférieure de cette page de titre réunit des objets emblématiques des peintres et dessinateurs : la palette et les pinceaux, le té et la règle, l'appuie-main à tampon, des godets en forme de coquillages (moules),  des brosses, deux compas, et, autour d'une médaille, une aiguille et un burin fin. À cela s'ajoute deux écus portant les mêmes armes, à trois écussons (les armes des Floris ??). Citons pour être complet le vase et son bouquet.

Autrement dit, sur ce frontispice, nous avons une sorte d' autoportrait de l'artiste  . Le Hibou harcelé s'y réfère.

 

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3. Le décor supérieur.

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a) la lampe et le sablier.

La lampe à la flamme claire est le symbole du Jour.

Le sablier représente le Temps, bien entendu, mais il faut remarquer ses ailes, qui sont celles d'une Chauve-souris à gauche (un animal  nocturne), et d'un oiseau à droite. Il faut également voir que de sablier est suspendu à une balance. Pour notre interprétation, je renvoie à mon étude de l'Allégorie de la Vie brève de Joris Hoefnagel, qui associait deux tableaux, l'un centré sur un sablier aux ailes de Chauve-souris sur une tête de mort, et l'autre centré sur un sablier surmonté par un ange, aux ailes d'oiseaux.

 http://www.lavieb-aile.com/2015/01/les-insectes-des-deux-allegories-de-la-vie-breve-de-joris-hoefnagel-1591-au-musee-de-lille.html

Nous avons donc des symboles de l'Existence, alternant le Jour et la Nuit et la Vie et la Mort.

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b) le corbeau et le coq.

Vu le contexte, je propose d'y voir le coq réveille-matin pour le Jour, et le corbeau noir pour la Nuit.

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4. Le Hibou au miroir entre sept oiseaux.

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Ce motif est une forme atténuée du Hibou harcelé par les oiseaux où tous les oiseaux ont le bec dirigé vers le rapace, puisqu'ici seuls deux oiseaux, aux becs les plus longs, ont une attitude agressive.  Un couple d'oiseau, sur un perchoir, se bécote, un autre discute, et un passereau se penche avec curiosité vers le hibou.

Le motif principal est plutôt celui du Hibou au miroir. On retrouve cette association dans le héros allemand Till Eulenspiegel (littéralement hibou-miroir), comme sur cette gravure où Till l'Espiègle tient le hibou dans une main et le miroir dans l'autre. Ce best-seller attribué à Herman Böte  a été édité pour la première fois en haut-allemand en 1510-1512 à Strasbourg par Grüninger. Puis il a connu un succès international à travers des traductions en néerlandais (dès ca. 1525 à Anvers par Michiel Hillen van Hoochstraten), en français (à Paris en 1530), en anglais (Anvers en 1520) et en polonais. Donc Jacques Floris devait connaître cet ouvrage.

C'est le récit picaresque d'un garçon voyageant en vagabond à travers le Saint-Empire germanique et faisant des farces, souvent scatologiques, aux personnes qu'il rencontre et exposant ainsi les vices, l'hypocrisie, l'avidité et la folle absurdité de ses contemporains (y compris les nobles et le pape), se comportant  comme un voyou et menteur, avant de mourir de la peste en 1350. 

"Le nom allemand d’Eulenspiegel évoque la chouette et le miroir, objets fétiches du personnage. Par ces symboles il s'inscrit dans une tradition critique fréquente au Moyen Âge, à travers le personnage du fou ou du bouffon détenteurs de sagesse. La chouette est l'animal associé à Athena dans la mythologie grecque. Le thème du miroir renvoie à l'inversion, ainsi qu'à celui du portrait des contemporains. Ainsi, à travers ses aventures ou ses propos, le bouffon révèle une vérité sociale, mais renverse aussi, littérairement, l'ordre établi par la moquerie des puissants." (Wikipedia)

Cette chouette et ce miroir forme un rébus identitaire qui apparaît constamment dans les pages de titre.

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Page de titre de l'une des premières éditions (1515)

 

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En 1563 est publiée à Amsterdam  une édition en latin avec le titre Ulularum speculum. alias triumphus humanae stultitiae, vel Tylus Saxo, nunc primum latinitate donatus ab Johanne Nemio.  

http://digital.onb.ac.at/OnbViewer/viewer.faces?doc=ABO_%2BZ165084608

La page de titre est illustré par un hibou  se mirant dans un miroir. Une maxime est inscrite dans l'encadrement : MEMENTO VT SAPIENS FIAS CVM VLVLIS VLVLARE. Ce qui peut se traduire par "Souviens-toi que tu deviens sage en ululant (hurlant) avec les hiboux". (latin Ulula, ae, f. chat-huant, effraie, et ululo, avi, atum are, "hurler, vociférer").

 

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Ulularum speculum. alias triumphus humanae stultitiae, vel Tylus Saxo, nunc primum latinitate donatus ab Johanne Nemio. Amsterdam 1563.

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Le thème du hibou ululant devant son miroir est d'une riche polysémie, qui en explique le succès. Le hibou est une figure de la stupidité ( l'Etymologicum Teutonicae Linguae de Cornelius Kilianus Dufflaeus, publié par Plantin en 1598, donne page 677  pour le mot néerlandais " wl "  le sens ulula, noctua (hulotte, hibou) et, métaphoriquement celui de homo stolidus et improbus , "l'homme fou ou méchant". Le titre de l'ouvrage Ulularum speculum, peut se traduire par Le miroir du Hibou, mais aussi Le miroir du Fou, d'où le sous-titre  alias triumphus humanae stultitiae, "ou le triomphe de la bêtise humaine".

 

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Cette inversion spéculaire de la Folie renvoie les contemporains à la publication par Érasme en 1511 de L'Éloge de la Folie ou Stultitiae Laus  ; ou à celle de La Nef des fous (Stultifera navis) par le strasbourgeois Sébastien Brand en 1494, enrichie à Strasbourg dans une version éditée par Grüningen ; ou de l'Exorcisme des fous de Thomas Murner en 1512.  Derrière le renversement carnavalesque des valeurs et le miroir déformant du mundus inversus et perversus, se cache une sagesse paradoxale.

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Enfin, la chouette est plus anciennement l'emblème d'Athéna et de la Sagesse, et le miroir qu'elle tient peut être celui de l'introspection et du connais-toi toi-même.

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Pour en revenir au choix de Jacques Floris de couronner son cartouche de cette figure emblématique, il faut considérer que si le rôle de l'artiste est de créer une image du Monde, donc de le dupliquer, il peut revendiquer le miroir comme propre à son art ; et , par ailleurs, que les planches de grotesques introduites par cette page de titre vont introduire le spectateur dans ce monde du renversement des codes, des représentations et des hiérarchies qui a surgi tel un volcan lors de la découverte des décors de la Maison Dorée de Néron. 

L'hybridation systématique des formes, propre à l'art grotesque, crée une mise en cause de la systématisation rationnelle du monde séparant le réel en Humain, Animal, Végétal et Artefact. Ici, les visages humains deviennent des masques-feuilles, les visages féminins parent des corps de chevaux ou de chèvres, les hommes sont singés, les "cuirs" perdent leur aspect de dépouille de veau au profit de construction architecturale ; les proportions sont renversées, et un lion peut devenir plus petit qu'un papillon, etc, etc. Le Grotesque nous introduit donc bien dans un monde inversé et perverti, le monde d'Alice au pays des merveilles, celui de la distorsion des représentations et de la confusion des limites. Eulenspiegel n'est donc pas loin.

Et il est d'autant moins loin que ces dessins sont espiègles (on sait que cet adjectif provient du nom de Till Eulenspiegel), pleins de fantaisie légère, d'ironie et de dérision.

Le Hibou, ramassé sur lui-même, contemple son image dans le miroir, et cette image aux deux yeux désemparés est attendrissante et pitoyable. Les oiseaux qui l'entourent semblent moins soucieux de le harceler que de le plaindre.

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II. LA PLANCHE "DIVINITÉ MARINE AU SEIN D'UN CARTOUCHE À CUIRS DÉCOUPÉS".

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51475/?offset=#page=11&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Le cartouche circulaire renferme une divinité marine mâle assise sur un serpent de mer à gueule de dragon. Nu dans un paysage lacustre, il dresse d'un bras malhabile un voile vaguement gonflé par le vent, et son regard exprime la détresse d'un personnage mal habitué à jouer le rôle d'une Néréide. Bref, il joue faux son personnage de la mythologie , et ce désaccord est bien grotesque si ce n'est facétieux.

Le même cartouche est équipé de bras latéraux dont les épais cuirs découpés reçoivent deux pots de fleurs.

Perché sur cet appareil, un corbeau tient dans son bec un cordon où est suspendu un bivalve ; un serpent s'en échappe.

Dans la même posture, à droite, c'est un perroquet huppé qui tient suspendu une seiche qui nous fixe de ses yeux glauques.

D'autres cordons supportent les instruments du dessinateur.

Dans la partie haute, deux cygnes adoptent une posture agressive, (c'est le fameux cou "en col de cygne") .

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Le Hibou entre quatre oiseaux.

 

Il s'est installé, pour endurer son sort , sur le portique supérieur du cartouche, et il suffit de le regarder pour rire de sa pauvre mimique. Des quatre oiseaux qui l'entourent, seuls trois dirigent leur bec vers lui. L'impression de harcèlement est tempérée par le comportement désinvolte du quatrième. 

Et ces animaux semblent, tout comme la Divinité marine, ne pas bien connaître le rôle qui leur est assigné, ou n'y adhérer qu'à moitié, comme des acteurs dont le jeu comique est de laisser transparaître la duplicité de la scène et d'y figurer en abyme en laissant deviner les coulisses.

L'artiste ne s'y présente moins soucieux de s'y présenter en victime incomprise des vulgaires, que de sourire avec nous de ces mises en scènes.

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III. JACQUES FLORIS PAR COPIER-COLLER.

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Autrefois dans l'église des Récollets, à Anvers, se trouvait le tombeau de la famille Floris, où on lisait, sous l'écusson de la jurande anversoise, une longue épitaphe que je traduis du flamand :

"Ici sont enterrés Cornelis de Vrint, autrement dit Floris, marchand de pierres, mort en 1538, le 17 septembre; Et sa femme Marguerite Goos, morte en 1577, le 11 octobre;
Et son fils François Floris, peintre, mort en 1570, le 1er octobre;

Et son autre fils Cornelis Floris, sculpteur et architecte, mort en 1575, le 20 octobre; Avec sa femme Elisabeth Michiels, morte en 1570, le 23 avril;
Et Jacob Floris, peintre verrier, mort en 1581, le 8 juin; Avec Mechtel Jacobsen, sa femme, morte en 1580;

Et Suzanne, fille de Cornelis Floris, et Cornelis Floris, fils de Cornelis, peintre et sculpteur, mort en 1615, le 12 mai, et Jean Floris, fils de Cornelis le troisième, mort le 2 mai 1650.

Priez Dieu pour leurs âmes."

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1. Un peintre-verrier.

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Je débute donc par la fin la vie de Jacque Floris pour souligner qu'il était alors qualifié de peintre-verrier (glassschriver). Nous apprenons la date de sa mort le 8 juin 1581, le nom de son épouse Mechtel Jacobsen. Il est le fils de Cornelis I Floris et le frère de Cornelis II, architecte et sculpteur, et de Franz Floris, peintre.

Tous les vitraux qu'il a réalisés sont perdus.

Selon J. Helbig en 1944, 

 

"Jaekes De Vriendt dit Floris, né en 1524, franc-maître (ghelaesscriiver) en 1551, devint vers 1567 le verrier officiel de la ville d'Anvers, dont il répara les verrières, d'une part à l'église Saint-Jacques en 1569 sous le gouvernement du duc d' Albe et, d'autre part, à I'Hôtel de viIle en 1576 après la Furie espagnole. Il travaillait en 1579 à  l'abbaye Saint-Michel, alors qu'y résidait Guillaume le Taciturne. Ce prince lui fit orner ses résidences anversoises, à l'époque où Alexandre Farnèse s'efforçait de reprendre le pouvoir dans les Pays-Bas méridionaux. Des maisons de gildes militaires, la Bourse, la Citadelle, l'Engelsche Panhl eurent aussi des fenêtres historiées de sa main. En 1773, il arrivait malheur au vitrail de la Nativité, dont il avait orné la chapelle des Aumôniers à la cathédrale.  Cet artiste est au nombre des dix peintres-verriers cités par Guichardin parmi les meilleurs du XVIe siècle. Plus d'une fois on a tenté, mais sans succès, d'attribuer à Jacques Floris des verrières conservées dans notre pays."

 

Selon C. van Cauwenberghs en 1891 :

"Le peintre sur verre JACQUES DE VRIENDT, surnommé Floris, que l'ordre chronologique nous amène ensuite, mérite une sérieuse attention. Il appartient à la célèbre famille des artistes anversois de ce nom et était le plus jeune fils de l'architecte et tailleur de pierre Corneille De Vriendt le vieux, et de Marguerite Goos.

La nature qui avait admirablement doué ses trois frères le sculpteur et architecte Corneille le Jeune, le peintre François Ier et le céramiste-émailleur Jean, s'était plue à le favoriser également de ses dons. Cari Van Mander, parlant de Jacques Floris dans sa vie des peintres, range cet artiste parmi les excellents peintres sur verre de son temps. Malheureusement son œuvre étant perdue, l'éloge de Van Mander ne trouve plus autrement sa sanction que par les données insuffisantes de quelques archives et les gravures faites d'après ses ordonnances. L'examen critique auquel nous nous sommes livré, redresse plus d'une erreur d'une notice sur ce maître dans la biographie nationale et, par contre, restitue à celui-ci quelques ouvrages, secondaires si l'on veut, mais qui ont le mérite de le faire paraître sous son véritable jour.

Ses parents, mariés en 1516, habitaient depuis le 6 novembre de l'année suivante au rempart des Tailleurs de pierre, la maison « de Steenrotse » (le Rocher), aujourd'hui le N°11, qui leur appartenait. Très probablement est-ce là que Jacques Floris vit le jour, vers ou en 1524. La date de sa naissance, restée longtemps une énigme, est ici de la dernière importance, en ce qu'elle procure un argument irréfutable pour faire justice de certaines assertions controuvées. Elle est déterminée par un acte de notoriété du 1er juillet 1577, délivré devant échevins en faveur d'un ouvrier verrier nommé Arnold Snellaert, dans lequel Jacques Floris, le premier comparant, déclare lui-même être âgé en ce moment de 53 ans. Ce document décisif se trouve corroboré par un acte de vente du 29 décembre 1541, dans lequel les trois fils mineurs de Marguerite Goos, veuve de Corneille De Vriendt, sont représentés par leur frère aîné Corneille et leur oncle, le sculpteur Claude De Vriendt « in den name en als momboiren van Frans, Janne en Jacobe De Vriendt, des voirs.Cornelis bruederen, die zy hier inné vervangen by consente van de weesmeesters deser stadt ».

On ignore près de quel maître Jacques Floris reçut l'enseignement artistique ; le Liggere ne contient que sa réception comme franc-maître, arrivée en 1551, sous le décanat de Gommaire Van Eerenbroeck et de Chrétien Van den Queeckborne. Notre artiste, qui était en ce moment âgé de 27 ans, est recensé sur le registre avec l'attribution de peintre sur verre : « Jackes Floris, ghelaesscryver », de même qu'un peintre-verrier nommé François Jacops, reçu dans le courant de cette année.

Nous avons dit que les ouvrages de peinture de Jacques Floris sont tombés sous la faux du temps.

Si l'on pouvait admettre une tradition accréditée, notre artiste aurait débuté par un véritable chef-d'œuvre. Nous voulons parler du splendide vitrail du Jugement dernier qui occupe la large baie du frontispice occidental de l'église Ste.-Gudule à Bruxelles, et que des auteurs les plus autorisés ont été unanimes à lui attribuer jusqu'à ce jour. Or, un simple rapprochement de dates, fera voir que cette assertion est sans aucun fondement. Ce vitrail, un des plus importants de la Belgique, autant par son étendue que pour la combinaison savante des groupes et la beauté du coloris, fut établi en 1528, aux frais d'Erard de La Marck, prince-évêque de Liège, décédé en 1538. Le millésime de la donation se lit, en effet, entre le portrait et les armoiries et quartiers dudit prélat.

Faut-il insister beaucoup pour démontrer que notre artiste, âgé de quatre ans au moment du placement de la verrière, et de quatorze ans, à peine, au décès du donateur, soit resté parfaitement étranger à cette peinture magnifique ? A moins que l'on n'objecte que Floris, à une époque ultérieure, aurait entièrement refait le vitrail, en lui conservant la date de l'exécution primitive. Encore même cette hypothèse invraisemblable ne tient-elle en présence du style de la composition, qui trahit, à n'en pas douter, un maître ayant été témoin du déclin de l'école gothique, aux lois de laquelle son œuvre n'a pu entièrement se soustraire.

Si nous avons établi à l'évidence que ce monument ne peut raisonnablement être attribué à Jacques Floris, à plus forte raison lui contestons-nous la paternité d'un vitrail de 1471, représentant l'Adoration des bergers, qu'on voyait autrefois à l'église Notre-Dame à Anvers, près des fonts baptismaux ; et n'acceptons que sous toute réserve l'exécution qu'on lui prête d'un autre Jugement dernier, figuré dans une verrière de l'abbaye de Solesmes. Enfin, il ne faut pas être critique d'art, pour juger que la série de vitraux anciens de la cathédrale de Tournai, est évidemment bien antérieure au temps de ce maître.

De ces constatations, faites dans l'intérêt de la vérité historique, doit-on déduire que Jacques Floris, célébré par un écrivain contemporain et réputé artiste de premier ordre, ait été incapable de produire des œuvres de haute valeur ? Bien loin de là. Nous voyons, au contraire, dans ces attributions, quelque erronées qu'elles soient, un indice sérieux d'un talent supérieur, dont la tradition s'est chargée de transmettre la mémoire aux générations, et que nous regrettons vivement de ne pouvoir mettre en pleine lumière. Car, au fait, Jacques Floris, bon dessinateur et homme de génie, a certainement influencé sur le style et le goût de son époque, que porta à un si haut degré de perfection son frère aîné Corneille, le célèbre sculpteur. Ensuite, de tous les artistes de son espèce, il est, peut-être, le premier qui songea à divulguer par la gravure ses études et motifs de composition.

Un premier recueil grand in-octavo de treize compositions décoratives, gravées par Jean Liefrinck, intitulé : « Velderhande cierlijke compertimenten, parut en 1564. Il fut suivi, trois années plus tard, d'une collection de 35 feuilles du même format, portant ce titre assez bizarre : « Compertimenta pictoriis flosculis et manubiis bellicis variegata, auctore Jacobo Floris. — Hier. Coock, 1567, Pet. Merecinus, sc. » .

Vers l'époque de l'édition de ce dernier album, Jacques De Vriendt devint le verrier et le vitrier officiel de la ville [Stadtgelaesmaecker) en remplacement de Jean Ysewyns. Probablement est-ce en cette qualité qu'il restaura, en 1569, la verrière dite de la Ville, l'église St.-Jacques à Anvers, dont l'entretien aura incombé à la commune. Les comptes de cette collégiale relatent que les marguilliers, voulant témoigner leur satisfaction de l'habileté avec laquelle il s'était acquitté de sa tâche délicate, lui offrirent un petit banquet le 31 octobre, de même qu'au facteur d'orgues Ange Van der Veken, qui avait rendu des services à la fabrique.

Puis, après le violent incendie du nouvel hôtel de ville en 1576, allumé par la fureur des troupes espagnoles, le magistrat chargea Jacques Floris du replombage et de la remise à neuf de tout le vitrage du bâtiment. Le compte s'élevait à 241 livres, 10 escalins, 6 deniers artois, dont 105 livres lui avaient été payées à valoir, lorsqu'il fut soldé en 1577 en vertu d'une ordonnance collégiale du 10 décembre de l'année précédente. Deux années plus tard, il restaura les vitrages et les verrières de l'abbaye St. -Michel, où séjournait alors Guillaume, prince d'Orange et de Nassau, et ceux des deux autres résidences du Taciturne, place de Meir et à la citadelle. Il fit également, cette année des réparations pour une somme importante, aux verrières de l'Engelschen pant, rue du Prince.

L'élan nouveau donné à la décoration monumentale des constructions privées, par la réédification, en style classique, de l'hôtel de ville, trouva aussitôt écho près des gildes et serments. Ceux-ci ayant la plupart leur siège d'association dans le voisinage de la Grand'Place, se piquèrent de contribuer à l'aspect pittoresque de cette dernière, en rivalisant souvent de luxe et de richesse dans la reconstruction des façades de leurs locaux. La ville encouragea ce mouvement en intervenant dans les frais de décoration de plusieurs d'entre eux. C'est de cette époque surtout que datent ces vitraux d'appartements, que mentionnent si souvent les comptes de la ville.

L'exécution de ces ouvrages appartint naturellement de droit au peintre-verrier officiel. Nous voyons ainsi que Jacques Floris, d'après une résolution collégiale du 30 mars 1580, toucha vingt-quatre livres artois, prix de deux verrières qu'il avait faites et placées dans les fenêtres de la salle des réunions du nouveau local du Vieux Serment de l'Arc ; et, d'après une ordonnance du 6 octobre de la même année, trente livres artois, pour deux autres vitraux peints, aux armes de la ville, destinés au nouveau local des Arquebusiers. Nous pourrions multiplier ici ces citations, si nous ne craignions de fatiguer le lecteur.

Le registre des admissions de St.-Luc ne nomme qu'un seul élève de maître Floris : c'est Daniel Durtant, reçu à son atelier en 1555, qui semble être resté en-dessous des limites de son art. Jacques De Vriendt dit Floris habitait une maison des Gasthuisbemden (depuis la rue Léopold). Il avait épousé Mathilde Jacobsen, qu'il perdit en 1580; lui-même ne la survécut que jusqu'au 8 juin de l'année suivante et, comme elle, fut inhumé au couvent des Récollets, dans la sépulture de la famille De Vriendt. Six années seulement après la mort de l'artiste, la ville liquida à ses héritiers deux mémoires, l'un concernant des ouvrages faits pour la ville depuis le 1er juin jusqu'à fin mai 1581, d'une importance de 139 livres, 9 escalins, 9 deniers de gros artois ; l'autre ne s'élevant qu'à 20 livres, 4 escalins, 9 deniers, pour le placement des verrières au nouveau local de la Bourse .

Jacques Floris a, paraît-il, eu un homonyme, qui florissait à Anvers pendant la première moitié du XVIIe siècle, et laissa quantité d'ouvrages en sa ville natale. Nous en parlerons au chapitre suivant. [...]

Les artistes qui précèdent auraient eu pour contemporain un peintre-verrier nommé JACQUES FLORIS II, qu'on suppose être le fils de l'éminent artiste dont nous avons assez longuement entretenu le lecteur. Le baron de Reiffenberg, dans son mémoire précité sur la peinture sur verre dans les Pays-Bas, attribue à ce peintre douze des vingt-sept vitraux entourant jadis le cloître du couvent des Grands Carmes à Anvers. Ils furent peints de 1592 à 1619 et retraçaient l'histoire du prophète Elie."

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2. Son œuvre gravée.

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Jacob Floris de Vriendt, ou Jacques Floris (1524-1581)  s'attache particulièrement à vulgariser les types de la décoration arabesque basée sur le système des Compertimenta, ou Cartouches. Ses gravures sont signées des initiales I.F ou IA.F. .

Selon Guilmard :

"—Une suite de douze pièces en largeur, intitulée : Weelderhande cierlyke compertimenten, etc., duer laqves Floris. Anvers, Hans Liefrinck ex. Anno 1564. Et vers le bas : Hermann Muller fecit. Riches Cartouches ornés de cuirs, de découpures contournées et d'ornements, sur fond haché horizontal. — BIBLIOTH. DE BRUXELLES. — BIBLIOTH. DE PARIS, dans le volume Cartouches, H d. 46, et dans les collections Foulc et Carré.

—Une suite en hauteur, intitulée : Compertimenta pictoris flosculis manvbiis que Bellicis veriegata, autore Jacobo Floro Antuer, Michel van Lochon ex. Ces pièces représentent des Cartouches, des Trophées et des Montants, sur fond haché diagonalement de gauche à droite. 
 Nous en trouvons huit à la BIBLIOTH. DE PARIS, dans le Livre
des Cartouches, H d. 46; six à la BIBLIOTH. DE L'ARSENAL, et quatorze dans la collection Foulc.
— Une suite On lit sur une des pièces:H. Cock excvde, I56J. Cartouches moyens en largeur et en hauteur, avec figures de la Fable au milieu. Vu onze pièces. — Collection Foulc.
— Une suite Petits Cartouches dont les milieux contiennent aussi des figures de la Fable. Vu huit pièces. Collection Foulc.
—Trois petites pièces, Cartouches en hauteur. Laet. de. Cock . Coken . 1566.
—Une pièce, deux Cartouches en longueur, contenant des Trophées d'armes. 7. F.
—Une pièce, Compartiment pouvant servir à l'ornementation d'un plafond.
— Une pièce, titre contenu dans un Cartouche, même format que les deux premières suites : Compertimentorvm quod vocant mvltiplex genvs lepidissimis historiolis poetarumqve fabellis ornavtm. 1566. Ce titre ne porte pas le nom de Floris.
— Une pièce, Cartouche, même format et même genre, avec attributs de la mort et sentence latine au milieu.
Ces sept dernières pièces font aussi partie de la collection Foulc; elles sont, ainsi que celles que nous citons après la deuxième suite, sur fond haché diagonalement de gauche à droite.

Les compositions de ce Maître sont de meilleur goût et plus légères d'ornementation que celles de Corneille Floris."

Parmi les trois séries principale de cartouches, j'ai présenté déjà celle  de 1564.

Celle de 1566 porte le titre de Compertimentorvm quod vocant mvltiplex genvs lepidissimis historiolis poetarumqve fabellis ornavtm. 1566. La bibliothèque de l'INHA en publie le frontispice et 9 planches.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/51475-panneaux-cartouches-trophees

Celle de 1567 porte le titre de Compertimenta pictoriis flosculis, etc., auctore JACOBO FLORO Hier. Cock 1567, P. Merecinus sc. Elle est mise en ligne par la Bibliothèque Nationale d'Espagne.

J'étudierai une planche dite Memento mori qui se retrouve sur les deux sites : ou y trouve deux hiboux....

 

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3. La planche dite du Memento mori des Compertimenten de Jacques Floris, et ses deux hiboux.

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https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51475/?offset=#page=32&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?lang=en&id=0000008777

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Le cartouche est centré par l'inscription suivante : Accensam lucernam nemo moleste[,]  fert extinctam dolent omnes [:] Ita nasci iucundum mori inamabile P/ AVE

 

C'est une citation tirée de Parabolae sive simila d'Erasme , publiée  1515, 1525, 1528, 1540 et 1551. Elle est elle-même une adaptation des oeuvres morales de  Plutarque. Comment la traduire ? Personne ne porte tristement une lanterne allumée, et tous s'affligent de la porter éteinte. Ainsi, nais dans la joie et meurt dans l'affliction".

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Cette opposition entre la Vie et la Mort est illustrée en bas par les pelles et pioches du fossoyeur, les ossements et les crânes, ainsi que par le vase ébréché d'où s'échappe un serpent. Et en haut par les lampes suspendues, les quatre papillons et les deux flambeaux où des éphémères viennent se brûler.

L'ensemble du cartouche a l'allure d'une stèle funéraire dont le titulaire serait désigné par le médaillon supérieur. On y trouve le blason aux trois écussons, déjà mentionné sur le frontispice du Veelderhande cierlijcke Compertementen , mais ces armoiries sont timbrées d'un cimier au sablier ailé : c'est une autocitation des sabliers ailés des autres planches, et c'est la revendication par l'artiste de cet emblème.

Le médaillon s'inscrit dans une croix portant un crâne en haut, deux papillons de chaque coté (symboles de la brièveté de la vie) et des deux hiboux en bas, à coté de deux masques emplumés.

Les hiboux ont les yeux caves, pour signifier qu'ils sont aveugles (en plein jour).

Placés dans cet ensemble, ils renvoient à la Nuit et à l'Obscurité, et, par opposition à la Lumière, à la Mort.

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Cet ensemble emblématique évoque fortement la miniature de Joris Hoefnagel pour la Messe des Morts du  Missale Romanum datant de 1581-1590

 

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Missale Romanum, folio 637 Vienne, Österreichische Nationalbibliothek, image in Vignau-Wilberg (1969).

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Biblioteca Nacionala de Espana

Biblioteca Nacionala de Espana

Biblioteca Nacionala de Espana

Biblioteca Nacionala de Espana

INHA

INHA

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4. Sa famille.

"Les premiers membres connus de la famille, alors appelés de Vriendt, étaient maçons actifs à Bruxelles au 15ème siècle. L'un d'eux, Jan Florisz de Vriendt, a quitté sa ville natale et s'est installé à Anvers c. 1450. Son nom patronymique «Floris» est devenu le nom de famille habituel des générations suivantes, bien que la forme originale «de Vriendt» puisse encore être trouvée dans les documents officiels jusqu'à la fin du XVIe siècle. Le petit-fils de Jan Floris, Cornelis Floris I (décédé en 1538), avait un atelier de maçon au Steenhouwersvest, à Anvers, où il se spécialisait dans la taille des pierres tombales. Au début, il a été aidé par les deux aînés de ses quatre fils, mais plus tard ils ont tous choisi une profession artistique plus distinguée: Cornelis Floris II est devenu sculpteur et architecte, Frans Floris Ier peintreJan Floris potier et Jacques Floris peintre de vitraux. Les quatre fils ont rejoint la Guilde de St Luc à Anvers. Avant cela, en 1533, leur oncle Claudius Floris (décédé après 1548), le plus jeune frère de leur père et probablement aussi le premier professeur de Cornelis II, était également devenu membre de la Guilde. Aucune œuvre de Claudius Floris ne survit, mais son nom apparaît souvent dans les archives d'Anvers, par exemple parmi les artistes qui restaurèrent et redécorèrent la cathédrale d'Anvers après l'incendie de 1533. En 1538, il utilisait apparemment déjà des motifs d'ornement de la Renaissance. Qu'il puisse même les avoir appris de première main lors d'une visite en Italie est suggéré par la forme à l'italienne de son nom, «Clauderio», qui est parfois donnée dans des documents. leur oncle Claudius Floris (décédé après 1548), le plus jeune frère de leur père et probablement aussi le premier professeur de Cornelis II, était également devenu membre de la Guilde. Aucune œuvre de Claudius Floris ne survit, mais son nom apparaît souvent dans les archives d'Anvers, par exemple parmi les artistes qui restaurèrent et redécorèrent la cathédrale d'Anvers après l'incendie de 1533. En 1538, il utilisait apparemment déjà des motifs d'ornement de la Renaissance. Qu'il puisse même les avoir appris de première main lors d'une visite en Italie est suggéré par la forme à l'italienne de son nom, «Clauderio», qui est parfois donnée dans des documents. leur oncle Claudius Floris (décédé après 1548), le plus jeune frère de leur père et probablement aussi le premier professeur de Cornelis II, était également devenu membre de la Guilde. Aucune œuvre de Claudius Floris ne survit, mais son nom apparaît souvent dans les archives d'Anvers, par exemple parmi les artistes qui restaurèrent et redécorèrent la cathédrale d'Anvers après l'incendie de 1533. En 1538, il utilisait apparemment déjà des motifs d'ornement de la Renaissance. Qu'il puisse même les avoir appris de première main lors d'une visite en Italie est suggéré par la forme à l'italienne de son nom, «Clauderio», qui est parfois donnée dans des documents. par exemple parmi les artistes qui ont restauré et redécoré la cathédrale d'Anvers après l'incendie de 1533. En 1538, il utilisait apparemment déjà des motifs d'ornement de la Renaissance. Qu'il puisse même les avoir appris de première main lors d'une visite en Italie est suggéré par la forme à l'italienne de son nom, «Clauderio», qui est parfois donnée dans des documents. par exemple parmi les artistes qui ont restauré et redécoré la cathédrale d'Anvers après l'incendie de 1533. En 1538, il utilisait apparemment déjà des motifs d'ornement de la Renaissance. Qu'il puisse même les avoir appris de première main lors d'une visite en Italie est suggéré par la forme à l'italienne de son nom, «Clauderio», qui est parfois donnée dans des documents."

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Cornelis Floris a publié en 1548-1550 à Anvers des planches de coupes, nefs et amphores

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/51312-coupes-buires-nefs-amphores?offset=7

Cornelis Floris a fait graver en 1554 et 1557 une série de planches de Cartouches réunis en recueil factice de 17 planches dans la collection Doucet  : Veelderleij niewe inuentien van antijcksche sepultueren diemen nou zeere ghebruijkende is met noch zeer fraeije grotissen en Compertimenten zeer beqwame voer beeltsniders antijcksniders schilders en alle Constenaers 1557 / libro secundo Cornelis floris inventor. 1554

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/36058-cartouches-grotesques

Voir aussi :

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51487/?offset=11#page=5&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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CONCLUSION.

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Les trois planches aux hiboux de Jacques Floris s'éclairent mutuellement, ainsi qu'elles éclairent la lecture du vitrail Ec23 du Musée de la Renaissance d'Ecouen, et forment une source possible de l'emploi des emblèmes de Joris Hoefnagel, né à Anvers.

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SOURCES ET LIENS.

— BIBLIOTHEQUE NUMERIQUE INHA

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51475/?offset=#page=11&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

 

— CAUWENBERGHS Clément van), 1891, Notice historique sur les peintres-verriers d'Anvers du XVe au XVIIIe siècle, Anvers : H.& L. Kennes.

https://archive.org/details/noticehistorique00cauw/page/34/mode/2up?q=floris

— Biblioteca Digital Hispanica Biblioteca Nacional de Espana (BNE), Jacques Floris [Compertimenta pictoriis flosculis manubiisque bellicis variegata]

http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000008777

— GUILMARD 1880 Les maitres ornemanistes, v. 1 p. 478, n. sept.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6122798r/f511.item.texteImage

— HELBIG (J.), 1944, Belgisch tijdschrift, Jacques Floris va-t-il enfin se révéler ?

 

https://www.acad.be/sites/default/files/downloads/revue_tijdschrift_1944_vol_14_3-4.pdf

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f3/Print%2C_Plate_from_Compertimenta_Pictoriis_Flosculis_Manubiis_que_Bellicis_Variegata%2C_1567_%28CH_18572383%29.jpg

— HOLSTEIN, 1952, Dutch and flemish, vol. VI

—SCHOY, (Auguste), 1838-1885, Histoire de l'influence italienne sur l'architecture dans les Pays-Bas page 169

https://archive.org/details/histoiredelinflu00scho/page/168/mode/2up?q=floris

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Published by jean-yves cordier - dans Hoefnagel Vitraux Grotesques
21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 09:37

Un nouvel exemple du Hibou harcelé par les oiseaux : un vitrail (v. 1550-1560) du Musée de la Renaissance du château d'Écouen.

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Leur attitude au sage enseigne
Qu'il faut en ce monde qu'il craigne
Le tumulte et le mouvement
. Baudelaire, Les hiboux.

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Voir les autres parties : 

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Voir aussi sur les collections du musée national de la Renaissance d'Écouen:

 

Sur les vitraux provenant du château d'Écouen :

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Sur les grotesques et la Renaissance :

. Voir sur  l'art des grotesques de la Renaissance en Bretagne par ordre chronologique :

 etc.

 

 

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RÉSUMÉ.

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1. Je découvre sur le vitrail Ec3  du Musée de la Renaissance d'Écouen un nouvel exemple du Hibou harcelé par les oiseaux. Ce vitrail en grisaille, sanguine et jaune d'argent associe deux unités jadis distinctes, en haut L'Air ou le Vent et en bas Jupiter. Il relève des grotesques de la Renaissance, diffusées d'abord en Italie, puis en France, par Georges Ier d'Amboise à Gaillon puis par l'Ecole de Fontainebleau après 1530.

2. Je consulte la notice du Musée où je lis  "On est frappé par l'emprunt plus que probable, pour la composition d'ensemble et les motifs, aux gravures d'Androuet du Cerceau (plusieurs fois réimprimées entre 1550 et 1566) et, pour la figure de Jupiter, à une estampe de René Boyvin. Les motifs employés, animaux fantastiques, grotesques, palmes, cuirs, sont tout droit issus de l'École de Fontainebleau." Il en va de même du vitrail  Ec4 consacré à la Terre et à Mars. La provenance de ces vitraux est inconnue, "mais le château d'Écouen est une hypothèse probable". C'est de ce château que provient la série de l'Histoire de Psyché, aujourd'hui remontée au château de Chantilly et datant de 1542-1544.

3. La même notice  date ces vitraux Ec3 et Ec4 de 1550-1560, période de parution des recueils de gravure de ces deux artistes. 

4. Après avoir échouer à trouver des hiboux chez Androuet du Cerceau et René Boyvin, je les trouve sur des illustrations  de  Jacques Floris gravées par Harman Müller en 1564 . Ce frère de deux artistes mieux connus, (Cornelis et Frans), inscrit comme eux à la Guilde Saint-Luc d'Anvers, était un peintre mais aussi un peintre-verrier (dont les vitraux sont perdus). Les verriers flamands étaient réputés, tant ceux de Bruxelles que d'Anvers, et en Angleterre William Sandys commanda vers 1522-1524 à Bernard Van Orley et Pieter Coecke les vitraux de la chapelle du Saint-Esprit de Basingstock (remontés dans la chapelle The Vyne, Hampshire). Avant 1538, Anne de Montmorency avait fait appel, pour le pavement de son château de Fére-en-Tardenois, au faëncier anversois Guido Andries. Arnoult de Nimègue, actif à Rouen, Conches, Saint-Lô, Louviers  et Les Andelys (J.Lafond), est inscrit à la Guilde Saint-Luc d'Anvers à partir de 1513 et y vit jusqu'à sa mort vers 1540.

5. Doit-on placer ces illustrations de Jacques Floris parmi les sources possibles de cette verrière ? Peut-on même lui attribuer ces vitraux ? Ou, du moins, considérer que ce motif aux hiboux témoigne d'une influence nordique ?

6. De toute façon, le thème iconographique du Hibou harcelé se trouve enrichi d'une verrière et de plusieurs gravures du milieu du XVe siècle.

7. Après avoir rédigé cela, je découvre le Hibou harcelé sur un projet par Giovanni da Udine du pilastre VII des Loges de Raphaël (1517-1519), et sur le dessin du pilastre relevé en 1772 par Giovanni Volpato. Un oiseleur est au pied d'un arbre, tandis que le hibou sert d'appât. Les connaissances naturalistes de Giovanni da Udine ont été soulignées par Natsumi Nonaka 2012. Voir en annexe.

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PRÉSENTATION.

 

La verrière qui a suscité mon intérêt est l'un des deux vitraux à personnages mythologiques cote Ec3 L'Air et Jupiter et cote Ec4 La Terre et Mars. tous les deux mesurent 1,10 m de haut et procèdent  de la réunion, lors d'un remontage, de deux panneaux haut et bas.

Parmi les deux panneaux du vitrail Ec3, c'est celui dit "L'Air", soit le panneau supérieur, qui présente, en doublon, le motif du "Hibou harcelé par les oiseaux" dont je dresse peu à peu l'iconographie sur ce blog.

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Le thème iconographique.

Commençons par préciser que le Hibou se distingue de la Chouette par ses "oreilles", des aigrettes de plumes. Mais que cette distinction n'a pas grand intérêt pour notre sujet car la tradition populaire du harcèlement, ou Concert d'oiseaux, n'en tient pas compte et concerne autant le "huant" que la chouette.

Je résumerai ce motif en disant qu'il il décrit le comportement agressif fictif d'oiseaux diurnes harcelant en bandes et bruyamment un hibou isolé, et considéré comme aveugle, du moins en plein jour. Les oiseaux s'en prennent notamment à ses yeux aux pupilles d'or.

Il devient alors la figure de l'incompris solitaire et clairvoyant accablé par la foule vulgaire, avec le double versant de sa souffrance, et de son stoïcisme.

Mais la scène renvoie aussi à une technique de chasse où le rapace, attaché à un piquet sous un buisson, attire les oiseaux par son cri. Le chasseur a disposé ses pièges (filets ou glue) alentour. Cette chasse "à la pipée" devient la métaphore de la tromperie. Ainsi, dans Le Roi Modus, le Huant est la figure des grands seigneurs qui manipulent le peuple en sous-main. Les peintres du XVIIe passent de la cynégétique à la morale et  remplacent le hibou par une coquette disposée par le Diable pour attirer les galants.

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Mais à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle dans l'Allemagne du Nord et les Pays-Bas, c'est la première figure que je trouve illustrée, celle de la victime. Ainsi, sur cette gravure de Martin Schongauer. Dans la confusion des rinceaux, nous distinguons mal quatre oiseaux perchés et piaillant en partie haute, mais nous finissons par les trouver. Mais une vue de détail va nous révéler qu'un oiseau plus petit est parvenu devant le hibou et agresse ses yeux de son bec.

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Rinceau d'ornements au hibou et aux oiseaux : estampe signée MS [M. Schongauer]  Schongauer, Martin (1450?-1491), graveur.

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Rinceau d'ornements au hibou et aux oiseaux : estampe signée MS [M. Schongauer]  Schongauer, Martin (1450?-1491), graveur. Droits Gallica.

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Ou bien, dans ces deux estampes du néerlandais dit Monogrammiste M.H, le hibou figure le pauvre soldat déguenillé ou le pèlerin : seul sur la route lorsqu'il traverse les riches villages :

https://www.rijksmuseum.nl/en/search/objects?p=1&ps=12&involvedMaker=Monogrammist+MH+(graveur)&st=Objects&ii=1#/RP-P-1933-609,1

 

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Monogrammiste M.H, graveur (1500-1549).

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Voici le texte de l'inscription :

Hibou suis maulgré la canaille

De ses oyseaux grans et menuz

Qui me vexent et donne la bataille

A leur porte tant et pluz

Ce non obstant ay prins mon armeure

Et me mets en ordre comme pellerin

Qui soubs ombre de vertu pure

Pourchasse aux oyseletz la malle fin.

 

Pas sans cause me haysent les oyseaulx

Car je les attrape par manière de vertu

Et combien que meschante quelque faulx

Si est ce que le simple est prins au glu

Entre les Inocens et qui ne me congloist

Mescogneu puis prouffiter aulcunement

Mais celluy qui ma nature voit

Toujiours pour hibou me tient.

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Voici maintenant la gravure de Dürer : Der Eülen seyndt alle Vögel neydig und gramm " Tous les oiseaux sont envieux et agressifs contre le Hibou".

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Un dessin d' Albert Dürer vers 1515 Eule, von Vögeln angegriffen , Kunstsammlungen der Veste Coburg

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Et enfin, la miniature de Joris Hoefnagel pour le Schriftmusterbuch (livre de modèles d'écritures) de G. Bocksay (vers  1571-1573; 1591-1594)Kunsthistorisches Museum, Vienna , inv./cat.nr 975,  folio 20. Le hibou (emblème de Minerve, la sagesse) tenant le caducée (emblème de Mercure, le messager) devient la représentation de l'artiste anversois exilé dont la Vertu supporte l'hostilité.

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Hibou au caducée harcelé par les oiseaux, Joris Hoefnagel enlumineur, Georg Bocskay calligraphe, Schriftmusterbuch .

 

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 LE VITRAIL, DESCRIPTION.

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Il résulte de l'association après coup d'un panneau mythologique dédié à Jupiter et d'un panneau thématique sur les éléments naturels, ici l'Air.

 

 

 

 

 

 

 

 

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

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Le panneau mythologique.

Il montre Jupiter assis sur son aigle (!), tenant la foudre, sous un pavillon et un cartouche à foudre entrecroisée, dans un décor de palmes (olivier?), de guirlandes, de couronnes et de miroirs, mais aussi de deux masques de profil.

Deux hybrides tiennent les palmes : ces accortes servantes de Diane (le croissant au front) sont féminines jusqu'au ventre, au dessus d'un appendice fin, sinueux et enfeuillagé.

Cette composition rappelle beaucoup le Jupiter entre ses deux hybrides (masculins)  attribué au graveur angevin René Boyvin (1530-1598) ou plus surement à son maître Pierre Milan (actif entre 1542 et 1556) mais tiré d'un dessin de Léonard Thiry, artiste flamand (il est né à Bavay, et devint franc-maître à Anvers en 1533 ) actif à Fontainebleau en 1536 d'abord pour la galerie François Ier avec Fiorentino Rosso puis avec le Primatice. Thiry a travaillé pour des graveurs ( le Livre de la conqueste de la Toison d'or gravé par Boyvin en 1563), a dessiné des vitraux , et il a contribué à la diffusion du style bellifontain en Flandres, où il décède, à Anvers vers 1550. Son œuvre qui se compose de sujets mythologiques ou de compositions ornementales, a été largement gravée, par Léon Davent, Pierre Milan ou René Boyvin ou Jacques Androuet du Cerceau.

Le Jupiter appartient aux 16  planches des Panneaux d'ornements animés des divinités du paganisme, gravés par Boyvin, datant de 1563.

https://archive.org/details/bnf-bpt6k6557892z/page/n79/mode/2up?q=ornements

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Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

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Le panneau supérieur : l'Air.

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Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

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Le personnage allégorique, l'Air (ou le Vent).

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C'est un jeune homme vêtu d'une tunique courte et bouffant à la taille, et d'une cape qu'il tient à sa gauche comme une voile que le vent soulève. Il porte des jambières. Tourné vers sa droite, il souffle un petit nuage.

Il est entouré de créatures aériennes : passereaux, échassiers, hiboux, masque anthropomorphe ailé, ou abeilles. Des pots à feu sortent des fumées sans doute parfumées. En haut, deux hybrides de face associent la tête d'un oiseau, le tronc et les jambes humaines et des ailes de papillon. En bas, deux autres hybrides, de profil, ont la tête et le tronc d'humains (dont la chevelure est emportée par le vent), des ailes de papillons, et le bas du corps remplacé par un artéfact aux découpes métalliques.

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Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

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Les hiboux harcelés par les oiseaux.

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Les deux vignettes sont quasiment identiques : sous un pavillon,  les hiboux sont posés sur un support et déploient leurs ailes. Cinq ou six oiseaux convergent vers eux, le bec ouvert. Deux échassiers sont posés sur le toit de la tente.

Cela suffit à identifier notre thème du Hibou harcelé. Il reste à l'utiliser comme indice ou hameçon à la recherche d'autres exemples parmi les planches de grotesques du XVIe siècle.

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Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

Vitrail Ec3 (v.1550-1565) du Musée de la Renaissance d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

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Les auteurs de planches gravées de grotesques.

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La première suggestion, proposée par les auteurs de la Notice (et du cartel) de ce vitrail est Jacques Ier Androuet du Cerceau (v.1515-1585), qui fit un séjour en Italie entre 1530 et 1534. On lui doit 20 planches de Compartiments (vers 1542-1545), des Petites arabesques ou Grotesques (Orléans, 1550) et les 60 planches du second volume des Petites Grotesques ( Paris, 1562) ; (André Welscher 1566), ajoutant 10 planches aux 50 précédentes.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/51243-jacobus-androuetius-du-cerceau-lectoribus-s-nihil-aliud-semper-cogitanti-et-molienti-mihi

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/1798-redirection

J'ai eu beaucoup de plaisir à examiner ces planches les unes après les autres, car elles mettent en scène avec une folle imagination quantité  d'animaux, de petits personnages  et d'hybrides, et leur cousinage avec notre vitrail est évidente. Mais je n'y ai trouvé ni chouette ni hibou.

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J'ai ensuite feuilleté avec la même attention le recueil factice de 24 planches de grotesques d'Enéa Vico de 1541 (avec les Trophées de Polidoro Caldara de 1581). L'avant-dernière planche montrait un hibou ailes déployées, mais non harcelé.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/21770-redirection

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J'ai continué à explorer les collections Jacques Doucet de l'INHA

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/21770/?offset=#page=27&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Le recueil factice des grotesques de Cornelis Floris proposait des planches de deux volumes de  1554  et  1557, dont le titre en néerlandais indiquait les livres premier et second d'une collection de "compartiments", c'est à dire de cartouches.

J'ai dû redoubler d'attention, car les 17 planches multipliaient les oiseaux réels ou imaginaires mais aussi mille inventions cocasses qui tentaient de me distraire. Mais non, j'en suis sûr, sur les centaines et centaines d'êtres de toute sorte, il n'y avait aucun hibou. Et moins encore de chouette.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/36058/?offset=5#page=1&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Les 45 planches de grotesques (datées de 1546 ou 1550) de Cornelis Bos (+1556) et Cornelis Metsys (+1556 ?) restaient dans la même veine. J'avait toutes mes chances. Mais toujours ni hibou ni bouhi.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/19126/?offset=1#page=5&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Parmi les 121 feuillets de  Cartouches, vases, bijoux, grotesques réunissant 8 séries différentes de Cornelis Floris et Léonard Thiry, entre 1542 et 1600, je découvre deux petites chouettes parmi les Grottesco, autour d'Héraclès, puis quatre regardant une femme tenant une corne d'abondance, puis une seule au dessus d'un cavalier:

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51487/?offset=9#page=170&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51487/?offset=#page=174&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51487/?offset=#page=187&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

 

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Sur la planche 10 des dix planches (entre 1540 et 1562) de Domenico del Barbiere (Dominique Florentin), je trouve enfin un exemple de Hibou harcelé par cinq oiseaux.

Ce peintre, graveur et sculpteur d'origine italienne entra au service de François Ier et d'Henri II.

 

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51303/?offset=12#page=14&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Grotesque planche 10, Domenico del Barbiere (entre 1542 et 1560), bibliothèque INHA

 

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Dans les 121 planches (vers 1561-1571) de Jean Delaune, deux hiboux ailes écartées, mais nullement harcelés.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/49730/?offset=9#page=77&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Je n'ai rien trouvé non plus ici :

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/52762-sculptures-et-dessins

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Bien entendu, je ne pouvais consulter l'ensemble des planches de grotesques des collections mondiales ! Je ne possédais pas le Bratsch illustré !  J'ai consulté le site Omnia, et les planches de la Bibliotheca di Archeologia e Storia dell'arte di Roma, et, revenant plus tôt dans le XVIe sicle, j'ai regardé les peintures de la Domus Aurea, les fresques de Raphaël et de Giovanni da Udine au Vatican (1517-1519), feuilleté les travaux de Nicolleta da Modena, d'Agostino Veneziano ou du Maître au Dé Bernardo Daddi. J'ai visité la Galerie François Ier de Fontainebleau, et les boiseries (1530-1535) de Francesco Scibec de Carpi , auxquelles je consacrerai un article. Et j'ai admiré la façade du château de Gaillon.

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Finalement, c'est bien sur le site de l'INHA, mais en m'écartant de l'onglet "grotesques" que j'ai trouvé mon bonheur, sous le titre  Panneaux, cartouches, trophées : recueil factice de Jacques Floris, dans le volume intitulé Veelderhande cierlijcke Compertementen profitelijck voor schilders goutsmeden beeldtsnijders ende ander consteraren, geinuenteert duer IACQVES FLORIS . Tantwerpen bij Hans Liefrinck sijsne te coope op die Lombarde veste int gulden turckhooft anno 1564. Harman Muller fecit. Le hibou harcelé apparaît sur la page de titre, et sur une planche représentant une divinité marine mâle au sein d'un cartouche à cuirs découpés et au décor de grotesques.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51475/?offset=#page=5&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/viewer/51475/?offset=#page=11&viewer=picture&o=bookmark&n=0&q=

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Je montre ces images, et, pour préserver votre patience, je vous retrouve dans un prochain article dédiée à ces planches de Jacques Floris, et à leur auteur.

 

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CONCLUSION.

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La scène du Hibou harcelé apparaissant dans un décor de grotesques sur la partie supérieure du vitrail Ec3 du Musée de la Renaissance d'Écouen, et provenant sans doute du château d'Écouen, propriété d'Anne de Montmorency, possède une réelle valeur d'indice, puisque ce motif iconographique est très rare dans l'ensemble des gravures de grotesques susceptible d'avoir servies de modèles, qu'elles soient italiennes, françaises ou néerlandaises.

La découverte du même motif, à deux reprises, dans des cartouches de Jacques Floris datant de 1564, incite à proposer d'une part que cet artiste d'Anvers ait fourni le modèle de ce vitrail, mais aussi d'autre part qu'il ait pu en être l'auteur, puisqu'il est connu comme peintre-verrier.

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Page de titre de Veelderhande cierlijcke Compertementen (cartouches), illustrateur  Jacques FLORIS ; graveur Harman Müller ; imprimeur Hans Liefrinck,   1564.

Page de titre de Veelderhande cierlijcke Compertementen (cartouches), illustrateur Jacques FLORIS ; graveur Harman Müller ; imprimeur Hans Liefrinck, 1564.

Cartouche à la divinité marine,  illustrateur  Jacques FLORIS ; graveur Harman Müller ; imprimeur Hans Liefrinck,   1564.

Cartouche à la divinité marine, illustrateur Jacques FLORIS ; graveur Harman Müller ; imprimeur Hans Liefrinck, 1564.

Cartouche à la divinité marine,  illustrateur  Jacques FLORIS ; graveur Harman Müller ; imprimeur Hans Liefrinck,   1564.

Cartouche à la divinité marine, illustrateur Jacques FLORIS ; graveur Harman Müller ; imprimeur Hans Liefrinck, 1564.

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ANNEXE.

Voici le Hibou harcelé sur un projet par Giovanni da Udine du pilastre VII des Loges de Raphaël (1517-1519), et sur le dessin du pilastre relevé en 1772 par Giovanni Volpato. Un oiseleur se dissimule au pied d'un arbre, tandis que le hibou sert d'appât, et que les oiseaux attirés se posent sur les branches enduites de glue. Les connaissances naturalistes de Giovanni da Udine ont été soulignées par Natsumi Nonaka 2012. qui donnent de ce pilastre deux illustrations en sa figure 4:8.

.Droits  Cambi casa d'aste

Giovanni Volpato (1733-1803) , relevé d'un pilastre des Loggia de Raphael dû à Giovanni da Udine.

 

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SOURCES ET LIENS.

— Notice du Musée de la Renaissance.

"L'Air et Jupiter Ile-de-France vers 1550 H : 1,10m EC 3

Ces deux panneaux aujourd'hui assemblés par une ligne de plomb horizontale sont de provenance inconnue. Le panneau supérieur est une représentation allégorique de l'air, tandis que le niveau inférieur figure le dieu antique Jupiter. D'un point de vue technique, le réseau de plomb a été simplifié à l'extrême : les carrés de verre peints sont juxtaposés comme des carreaux de faïence. Cette sobriété souligne bien le nouveau caractère des vitraux. Ils ne sont plus les tapisseries plus ou moins transparentes qui jouaient avec la lumière. Ils l'invitent à entrer à flots, tout en gardant un caractère éminemment décoratif. Le verrier manie d'ailleurs la grisaille, la sanguine et le jaune d'argent avec une maîtrise extraordinaire. Du point de vue du style on est frappé par l'emprunt plus que probable, pour la composition d'ensemble et les motifs, aux gravures d'Androuet du Cerceau (plusieurs fois réimprimées entre 1550 et 1566) et, pour la figure de Jupiter, à une estampe de René Boyvin. Les motifs employés, animaux fantastiques, grotesques, palmes, cuirs, sont tout droit issus de l'École de Fontainebleau. Deux autres panneaux "cousus" selon le même principe, La Terre et Mars, font également partie des collections du Musée d'Écouen.

 

Une évocation de l'art du vitrail au sein d'une histoire du Château d'Écouen ne serait pas complète si l'on ne rappelait qu'une des richesses de la demeure du Connétable de Montmorency fut jadis la série des 44 vitraux en grisaille illustrant les Amours de Psyché et de Cupidon d'après la fable d'Apulée. La galerie qui les abritait, située au 1er étage de l'aile ouest du château, en a conservé le nom : elle est la galerie de Psyché. Cet ensemble exceptionnel par son ampleur et son homogénéité, fut réalisé par un artiste sans doute parisien, mais resté anonyme et qui s'inspira d'une suite gravée par le Maître au Dé, proche de Raphaël et actif entre 1532 et 1550. Encore une fois l'estampe jouait ici un rôle majeur : celles-ci servirent aussi de modèle à Léonard Limosin pour deux séries d'émaux, à des tapisseries, à des majoliques d'Urbino des années 1540. Pour servir de légende aux vitraux, Anne de Montmorency commandera la traduction française des vers latins d'Apulée. Déplacés du Château d'Écouen en 1793, les 44 vitraux furent installés provisoirement vers 1848 au château de Chantilly, puis définitivement dans les années 1880, dans une galerie construite pour eux."

https://musee-renaissance.fr/arts-du-feu-16#:~:text=Ces%20deux%20panneaux%20aujourd'hui,figure%20le%20dieu%20antique%20Jupiter.

— BARTSCH (Adam von) Le peintre graveur, par Adam von Bartsch, vol. 13, 14 et 15 Vienne 1802-1821

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96054629.texteImage

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96054503.texteImage

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96081448.texteImage

— LES COLLECTIONS DOUCET DE LA BIBLIOTHEQUE NUMERIQUE DE L'INHA.

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—  SCHWARZ (Heinrich)/ Volker Plagemann, article »Eule«, dans: Reallexikon zur Deutschen Kunstgeschichte, Vol. VI (1970), Sp. 267–322


http://www.rdklabor.de/ w /? oldid = 88725

— SOCIÉTÉ SUISSE DE RECHERCHE EN SYMBOLIQUE Schweizerische Gesellschaft   für Symbolforschung.

http://www.symbolforschung.ch/jagd.html

—SCHOY (Auguste), 1879, Histoire de l'influence italienne sur l'architecture dans les Pays-Bas page 169

https://archive.org/details/histoiredelinflu00scho/page/168/mode/2up?q=floris

 

— MAGNE (Lucien), Les vitraux de Montmorency et d'Ecouen, Firmin Didot 1888

https://archive.org/details/lesvitrauxdemont00magn

—ROBERT-DUMESNIL, Le Peintre-graveur, vol.8 ; René Boyvin.
https://archive.org/details/bnf-bpt6k6557892z/page/n79/mode/2up?q=ornements

—Bibliothèque INHA Panneaux d'ornements.

https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/22139-panneaux-d-ornements

— Autres sources.

https://www.acbx41.com/article-l-air-et-jupiter-vitrail-chateau-d-ecouen-87343861.html

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Hoefnagel Renaissance Grotesques
8 mai 2015 5 08 /05 /mai /2015 10:49

Le motet Mirabar solito de Rore dans le livre de chœur enluminé Mus. Ms B. de Munich (1559). Un travail à quatre mains des flamands Nicolo Stopio, Cipriano de Rore, Johannes Pollet, et du munichois Hans Mielich .

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— Source des images :

a) Par copie d'écran de la Bibliothèque Digitale de Munich MDZ : Mus. Ms. B I

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00037180/images/index.html?id=00037180&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrsewqxdsydenewq&no=41&seite=275

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00037180/images/index.html?id=00037180&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrsewqxdsydenewq&no=39&seite=277

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00037180/images/index.html?id=00037180&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrsewqxdsydenewq&no=24&seite=286

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00037180/images/index.html?id=00037180&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrsewqxdsydenewq&no=23&seite=287

b) Images en couleur : Bildergalerie de la BSB, Bibliothèque Nationale Bavaroise, en ligne.

https://opacplus.bsb-muenchen.de/metaopac/search?View=default&db=100&id=BV035450724

c) Livre de commentaire par Samuel Quichelberg Munich, 1564

Mus. Ms. B II, CIM 209, Declaratio picturarum imaginum acquorumqumque, ornamentorum, in libro Motetorum celeberrimi musici cypriani de Rore :

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=5&seite=7

— Source de documentation :

La source princeps est la thèse de Jessie Ann Owens, résumée dans son article :https://www.academia.edu/8145200/Cipriano_de_Rores_New_Years_Gift_for_Albrecht_V_of_Bavaria_A_New_Interpretation

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Petit préambule.

Cet article fait suite à (ou participe à) l'étude de l'Allégorie aux Nymphes avec vue de Munich et de Landshut de Joris Hoefnagel , Allégorie qui possède de nombreux points de convergence avec l'œuvre étudiée ici : Hoefnagel est, comme miniaturiste à la cour du duc Albert V, le successeur de Hans Mielich ; il cite indirectement Nicolo Stopio en reprenant en emblème du Hibou au Caducée l'Hermathena créée par ce dernier ; il inscrit le nom de de Rore à coté de celui de Orlando Lasso sur des partitions qui renvoient aux manuscrits enluminés Mus.Ms. A et Mus. Ms. B de la bibliothèque ducale ; il peint une vue de Munich et une vue de Landshut au sommet et au pied de son enluminure, semblables à celles que nous allons découvrir ici ; il a enluminé deux livres de calligraphie de Georg Bocksay qui sont les équivalents des manuscrits copiés par Johannes Pollet. Enfin, il appartient aussi au nombre des artistes néerlandais qui, après un séjour en Italie, sont entrés au service des ducs de Bavière.

Joris Hoefnagel et son premier Hibou au Caducée-pinceau dans l' Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579)

 

                                     LE MANUSCRIT MUS. Ms. B.

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Le duc Albert V de Bavière était passionné par les Arts comme mécène et comme collectionneur acharné, fasciné par tout ce qui venait d'Italie. C'était, pour ce que l'on en sait, un bon musicien, et il possédait, comme les autres ducs et empereurs, un chœur ou un orchestre pour la Chapelle de cour, Hofkapelle, dirigé par un maître de choeur. La chapelle de la Résidence ducale datait de 1630 (la chapelle actuelle date essentiellement de Maximilien II). L' Orchestre d'État de Bavière ( Bayerische Staatsorchester), qui est aujourd'hui  l'un des plus prestigieux orchestres du monde entier, est aussi des plus anciens puisque son origine remonte à l'année 1523, lorsque Ludwig Senfl fut placé à la tête du  Münchner Kantorei  . En 1563, Orlando di Lasso fut embauché en tant que chef d' orchestre de la Münchner Hofkapelle. Le répertoire se composait alors principalement de musique d'église.

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.http://www.residenz-muenchen.de/englisch/museum/hofkapel.htm .

.Orlando de Lassus menant sa formation, Hans Mielich, Mus. Ms. A II (1) image 186

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035009/images/index.html?id=00035009&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=3&seite=186

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 Le Maître des chœurs disposait de chanteurs triés sur le volet venus de toute l‘Europe et les meilleurs instrumentistes virtuoses italiens, qui constituaient la chapelle du duc.  Sur l'enluminure de Hans Mielich représentant Orlando de Lasso dirigeant sa formation de chœurs de cour à la Hofkapelle,  Bernhard Rainer, de l'ensemble Profeti della Quinta, Dolce risonanza, a pu constater que la formation se composait de six chanteurs (hommes), de deux instruments bassistes parmi les chanteurs et de 13 instruments mélodiques : 6 instruments à vent et 7 instruments à cordes :  cornemuse, cervelas, flûte et flûte basse, fifre, trombone basse, cornet à bouquin (cornetto muto, cornetto alto), et virginal, luth, violons, viole. Le violon se jouait selon la technique "sans menton", l'instrument tenu seulement de la main gauche. Le cornet à bouquin ( Zink, Cornetto) est, à la Renaissance, l'instrument roi pour l'interprétation de la partie soprano, que seul le violon parvient à en concurrencer la virtuosité ; les instruments sont de plus en plus sinueux et serpentins en allant du  cornet muet (presque droit) au cornet alto puis au cornet ténor. Avec son alter ego la sacqueboute (le trombone) ces instruments étaient considérés comme les plus aptes à imiter la voix humaine. Enfin le cervelas (Rackett), de la famile du basson, est, sous ses aspects comiques, un instrument très intéressant : la grosse anche double y est reliée à un canal replié sur lui-même neuf fois à l'intérieur d'un cylindre percé de trous unis deux à deux : la colonne d'air très longue permet d'obtenir un son grave et bourdonnant 

 

  Parmi les dépenses considérables effectuées par le duc pour sa musique de cour, figurent  trois manuscrits richement reliés et richement enluminés dont deux contiennent des œuvres de Roland de Lassus et un celle de Cipriano de Rore. Ce dernier, l'actuel Mus. Ms B de la Bibliothèque Nationale de Bavière fut le premier à être réalisé (il fut achevé en 1559) et servit de modèle précurseur aux deux volumes du Mus. Ms A (1563-1570) contenant les Psaumes pénitentiels de de Lassus. Ces livres somptueux ne servaient pas aux musiciens, mais étaient considérés à juste titre comme des trésors destinés à l'usage privé du duc, à être montrés à d'illustres visiteurs, et à participer à sa gloire pour la postérité. Le troisième manuscrit  illustré par Mielich et copié par Jean Pollet contient les Lectiones ex Propheta Job et les  Prophetiae Sibyllarum de Roland de Lassus  aujourd'hui à la  Bibliothèque Nationale de Vienne, cote Vienna 18.444 

 

Le Mus. Ms B est un livre de chœur contenant 26 motets de 4 à 8 voix de Cipriano de Rore copiés sur vélin par Johannes Pollet ; 82 de ses 304 pages sont enluminées par l'artiste de cour Hans Mielich, soit, outre les armoiries ducales, les portraits d'Albert V et d'Anne d'Autriche, de Hans Mielich et de Cipriano de Rore,  le début des pièces musicales et le début de leurs sections. Au volume principal s'akjoute un volume de commentaires rédigé par Samuel Quickelberg.

Ces motets forment un mélange hétérogène de 20 motets sacrés et 6 motets profanes. La plupart étaient déjà connus, et la bibliothèque de Bavière — reflet de celle du duc,   conserve une premiere édition musicale de de Rore par Gardano, Venise 1544,  ses Stances de Pétrarque de 1548, le Premier livre de madrigal (Venise, 1552) et le Second livre de madrigal (Venise, 1551) ainsi que 15 autres éditions postérieures au manuscrit qui nous intéresse. 

  Parmi ces partitions, le motet à six voix Mirabar solito possède un statut particulier d'une part parce qu'il n'avait pas été connus auparavant, d'autre part parce qu'il a été écrit spécialement pour Albert V comme hommage . Pour J.A. Owens, ce serait un cadeau de nouvel an du compositeur pour le remercier de ses bienfaits. Sa place particulière lui vaut d'être le seul décrit par Massimo Troiano, le chanteur napolitain à la cour de Bavière, dans le compte-rendu qu'il donne de ce manuscrit en 1568.

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I. LE TEXTE DE NICOLAS STOPIO.

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Ce poème se compose de deux parties de huit vers en distiques élégiaques. Il a été composé par Nicolas Stopio, poète et agent d'affaire né à Alost (Aalst en néerlandais) dans les Flandres et rapidement installé à Venise où, proche des imprimeurs vénitiens, il servit les intérêts des frères  Ulrich et Hans Jacob Fugger, puis ceux d'Albert V de Bavière. Il est décédé en, ou vers, 1570. 

Argument : Un narrateur anonyme s'émerveille d'entendre les Muses chanter plus joyeusement que d'habitude, et, s'approchant, il constate que celui qui justifie cette gaieté n'est pas Apollon, mais  le duc Albert V de Bavière, que les Muses acclament. Dans la seconde partie, ce sont les Muses qui prennent la parole pour témoigner de leur admiration pour le duc, et dire combien elles se réjouissent des bienfaits qu'il leur apportera : elles l'acclament à nouveau.

En un mot, le duc Albert est comparé —avantageusement— à Apollon car il favorise les arts, représentés par les neuf Muses.

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Mirabar solito laetas magis esse Camœnas,

Atque agitare novis gaudia tanta modis.

Accede ut videam festive an Phoebus Apollo

Exultans hilares duceret ipse choros.

Ast alium video, longe Phoebo mage gratum

Cui vidi intentas advigilare Deas.

Acclamant concordi, animo, vox omnibus una,

Vivat hic Albertus Dux modo Bavariae.

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Virtutum ante alios in quo genus omne relucet,

Splendor et Heroum est, verus et unus honos.

Gratior hic nobis, Phebo ter maximus ipso

In nos haud similis, ut suus estat amor

Ornamur virtute sua tuum voce canora

Jure choragus erit, noster et ipse Deus.

Indefessem igitur laudes glomeremus ovantes

Vivat in aeternum Dux modo Bavariae


 

"Je me suis étonné de ce que les Muses étaient plus joyeuses que d'habitude

et qu'elles chantaient  avec grande joie de nouvelles chansons

Je me suis approché pour voir si Phoebus Apollon lui-même,

exultant d'une humeur festive, conduisait les chœurs joyeux.

Mais je vis quelqu'un d' autre qui m'est plus cher encore que Phoebus,

celui pour qui je voyais les déesses garder une vigilance constante.

Elles clamaient ensemble dans un seul accord et d'une seule voix:

Vive Albert, duc de Bavière.

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Les vertus brillent chez lui plus que chez tout autre,

Il a la splendeur du héros, il est le seul vrai honneur.

Lui, le trois fois plus grand, il nous est plus cher que Phoebus lui-même;

Rien n'égale son amour envers nous.

Nous sommes embellies par sa vertu; et avec sa voix harmonieuse

il va à juste titre diriger notre chœur et être notre dieu.

Par conséquent nous entonnons inlassablement ses louanges et nous l'applaudissons:

Puisse l'actuel duc de Bavière vivre éternellement."


 

Discussion. 

Il est admis que Nicolas Stopio a composé ce poème pour l'accession du duc au titre de duc, en 1550. L'adverbe modo de la formule Dux modo Bavariae a été considéré par Bernhard Meier, auteur des huit volumes de l'Opera Omnia de Cipriano de Rore,  dans son sens de "récemment, tout juste", et la formule a été traduite par "le tout nouveau duc de Bavière". Pourtant (Gaffiot) cet adverbe peut aussi signifier "maintenant" (presently en anglais). La composition de ce poème pourrait être plus tardive, et dater de 1558, année où il aurait été soumis à l'inspiration du musicien. On sait que Cipriano de Rore s'est très certainement arrêté à Munich en mars-avril 1558, où il lui a peut-être été remis ; J.A. Owens suggère qu'il a pu aussi être adressé à de Rore par Hans Jacob Fugger dans un courrier en fin 1558. Le rôle de Fugger comme superviseur et intermédiaire est probable.

Le thème d'Apollon et les Muses est exploité par Stopio depuis l'une de ses principales publications (1555),  celle qui fit sa célébrité (Conrad Gessner la mentionne), le Panegyricum de 60 folios dédié à Jeanne d'Aragon et à son fils Marc-Antoine Colonna. Certaines de ces pièces se termine par la formule Vivat [Vivat in aeternum Felix Ioanna Aragona Quae nunc luce sua fert bona puncta bonis]. On y trouve les hommages rendus à  : "Roma in Caroli V Caesaris 1536" ;   à  Marie d'Autriche (reine de Hongrie et gouverneur des Pays-Bas espagnols de 1531 à 1555) ; à  Franciscum Venerium ; à Cosme de Médicis ; à  Adrian Wyllaert (folio 39v-40r) ; à Lucrèce d'Este, fille du duc de Ferrare Hercule II ; à Ursula von Harrach, première épouse de Hans Jacob Fugger ; à Gaspara Stampae (poétesse latine installée à Venise, 1523-1554), en épicédion ; au Cardinal Petro Bembi, en épicédion*; à Ferdinand d'Autriche ; à Hans Jacob Fugger (folio 45v), au cardinal Christophorum Mardrucium ; au cardinal Ottonem Truxes ; ad amicum absentem ; à Pierre-François Contarini, Patriarche de Venise ; au médecin Julio Alessandrino (1506-1590) ; Ad desidiosos, Vecordes ; In Simulatam Amicitiam ; In Deformem, et Nasutum ; In Eos qui rationis expertes ; Elegiam ad Lauram de Zona ; Ad Detractores et id Genus. Fin folio 60v.

** Épicédion : dans la poésie grecque ou latine, poème d'oraison funèbre.

Ces recueils d'Éloges étaient fréquents et on peut rapprocher celui-ci avec les Orationes duodecim de  Girolamo Falletti, (1558) ; les  Orationes de Cynthius Jean-Baptiste Giraldi (Ferrare, 1554). 

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&bandnummer=bsb00002170&pimage=39&v=100&nav=&l=en

 

Il est intéressant de rapprocher l'éloge (ou encomium) d'Albert V avec celui de Stopio pour Adrian Willaert (1490-1562) pour plusieurs raisons. D'une part, cet encomion de 18 distiques élégiaques est construit sur un dialogue entre Apollon et les Muses, et se termine par   Vivat perpetuo felix cum dis ADRIANUS vivat, ut est clarum nomen et usque suum. D'autre part,  ce musicien est un des maîtres de Cipriano de Rore ; d'autre part, ce dernier lui rendit hommage funèbre dans son motet Concordes adhibete publié en 1566, qui débute par Concordes adhibete animos, Musae, inclita turba. (Constatez ensemble, Muses,foule célèbre,) et s'achève par Vive Adriane decus Musarum, Vive Adriane (Vive Adrien, héraut des Muses, vive Adrien). On voit que le parallèle entre tout artiste ou tout amateur d'art (philomusis, pour reprendre une épithète utilisée par Stopio) et Apollon, ou la présentation du récipiendaire de l'éloge comme fêté par les Muses, est un topos répandu.

Ce portrait du duc Albert en nouvel Apollon trouve son prolongement dans la décoration murale des résidences de Munich et de Landshut à la fin du XVIe siècle (Salle d'Apollon de Landshut).

Nicolo Stopio n'est nullement un inconnu à la cour d'Albert V et dans les milieux musicaux. Ce serait plutôt l'homme de plume à qui on fait facilement appel pour les panégyriques, d'autant qu'il semble connaître à-peu-près tout le monde. Il a été l'homme d'affaire de l'imprimeur Daniel Bomberghen, il s'est fait remarquer par Vésale (lettre à Oporinus de septembre 1542), il s'est chargé de l'impression par G. Scoto des œuvres du cardinal Bembo (1550-1553), il est suffisament bien introduit à Venise pour rendre visite à Titien et le conseiller des rectifications de sa Vénus et Adonis (<1553), il a été l'avviso (agent d'information, plus ou moins secret) de la couronne britannique (1562) mais surtout des frères Urich et Hans Jacob Fugger (1561-1563), il compose des poèmes descriptifs pour les cartouches des cartes géographiques des imprimeurs vénitiens comme Ruscelli (1559 ; 1563) ou sert d'intermédiaire à Nicolas Postel dans la vente de ses manuscrits arabes (1555), et, plus tard, il fournira quantités d'antiquités d'Italie au duc Albert et à son fils, et il composera en 1568 les poèmes que Roland de Lassus mettra en musique pour les somptueuses noces de Guillaume de Bavière et de Renée de Lorraine.  En 1565, il écrit le poème d'introduction des Sacrae Lectionnes. La même année, il écrivit un poème de douze lignes pour le mariage le 5 décembre d'Alphonse II de Ferrare avec Barbara d'Autriche (Lux clara exoritur). Pour l' année 1550 ou les années précédentes (puisque B. Meier propose cette date de rédaction), on ne connaît aucun lien entre Stopio et le duché de Bavière. C'est encore vrai d'ailleurs pour l'année 1558 que je suggère. Par contre, entre 1561 et 1570, les liens avec Hans-Jacob Fugger, Roland de Lassus, et Albert V sont étroits.

Stopio semble avoir  rencontré  Hans Mielich lorsque celui-ci  a rendu visite à Titien en Italie, comme il le relate dans une lettre de 1567 à Hans Jacob Fugger : il date cette visite de 1552-1554 (Hope, 1997). Voir, en bibliographie, un extrait de l'article de Jansen 1987 où Stopio apparaît  particulièrement chargé de procurer à la cour de Bavière des instruments de musique et des musiciens italiens (et sans-doute des éditions de musique).

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II. LA MUSIQUE DE CIPRIANO DE RORE.

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La présentation de Samuel Quichelberg :

Cantionus autor. Cantionum autorem esse Cyprianum de Rore, item sumptuosarum pictuarum Illustrissimus Principem Albertum Bavaria ducem extitisse necessario in ipso titulo praemissimus. Sed ex ? haec reliqua admonenda fuere, de ys quorum non poenitendus labor accessit.

Le compositeur franco-flamand Cyprien de Rore (en italien Cipriano de Rore), né à Renaix ou Ronre en 1515 et mort à Parme en 1565, est rentré au service du duc Hercule d'Este à Ferrare en 1547 et jusqu'en 1559 comme maître des chœurs. Il n'a jamais été au service du duc de Bavière.

 

Il appartient, comme Adrian Willaert, à la quatrième génération de  l'école franco-flamande,  Roland de Lassus, appartenant à la cinquième génération.

Mirabar solito est un motet de six voix. Les six voix sont notées DQB et SAT, ce qui correspondrait à Discant, Quintus, Bassus (Basse), Superius (ou soprano ?) , Alto et Tenor (ténor).

 

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III. LES ENLUMINURES DE HANS MIELICH.

 Samuel Quickelberg le présente ainsi :

Imaginus inventor. Imaginum itaque pictor inuentorque fuit Johannes Muelich Monaccesis artifex celeberrimus, qui idem vulgo Vicentz. Maler ab am fui valde usitato nomine dicebatur, cuius opera illustrissimus princeps Albertus in posterus quoque, multis animis in huius generis libris depingendis usus est.

 "Inventor d'image . Les images et les peintures sont du peintre et inventeur  Jean Mielich célèbre artiste de Munic, qui est aussi connu sous le nom courant de peintre de Vicentz [Vincent ; Zentz ] participe à la postérité de l'illustrissime prince Albert par les illustrations qu'il a peint sur ses livres [??].

Voir dans mon blog son autoportrait et sa devise :

http://www.lavieb-aile.com/2015/05/autoportrait-de-hans-mielich-ne-sutor-ultra-crepidam.html

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Hans Mielich (1516-1573) est, comme son père et son grand-père, un peintre munichois ; il se forma à Ratisbonne auprès de Albrecht Altdorfer (Ecole du Danube) ce qui explique la place donné aux paysages (ici, les deux vues de ville) dans sa peinture. Sur l'incitation du duc Guillaume IV, il séjourne à Rome en 1541 (et/ou en 1552-1553 où il rend visite à Titien), et se forme au maniérisme italien. Il s'inscrit à la corporation munichoise des peintres en 1543, et en devient le chef en 1558.  il travailla pour une clientèle privée, mais le duc Albert V lui commanda à partir de 1546 de plus en plus d'œuvres et le prit en amitié.

Le manuscrit Mus. Ms B comporte 82 enluminures de sa main, mais le Mus. Ms A est encore plus riche puisque chacune des pages y est enluminé par Mielich.

Les neuf pages de la partition comportent quatre enluminures, présentées en doubles pages à chaque début des deux sections, pages 257-258 pour Miramar solito voix DQB et voix SAT et pages 267-268 pour Virtutum ante alios voix DQB et SAT.

Le texte des motets, les inscriptions et de toutes les enluminures du manuscrits sont scrupuleusement décrites par Samuel Quickelberg. Sa description de Mirabar solito se trouve, pour les amateurs de latin,  aux pages 167-171 (page 81-84 de sa pagination) de la mise en ligne par MDZ :

— Première partie page 167-171 : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=22&seite=167

— Deuxième partie : page 172-176 : 

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=23&seite=172


 

1. Première partie : Mirabar solito.

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1a. Première enluminure de la première partie, les voix DQB.

 

Dans la partie haute, Apollon conduit le char du Soleil. Au milieu, Albert V et son épouse Anna rendent visite aux Muses. En dessous, une vue de Munich.

 

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a) Le registre supérieur.

Apollon conduisant le char du Soleil.

Dans Homère, Apollon est qualifié de l'épithète  φοῖϐος / Phoibos,  littéralement « le brillant », et les Anciens assimilèrent le dieu Apollon avec le Soleil, et le désignèrent sous le nom de Phoebus. Ou bien, ayant foudroyé le dieu Soleil, il fut condamné par Zeus à en conduire le char. Nous le voyons donc mener les rênes du quadrige et stimuler les chevaux de son fouet.

Quickelberg cite Poste[r]a nocturnos Aurora remouerat ignes / Solque, pruinosas radys siccauerat herbas Ovide Metam. IV 80 . Je donne un extrait élargi pour mieux en goûter la poésie charmante : "[4,80] et s'envoyaient des baisers que retenait le mur envieux. Le lendemain, à peine les premiers feux du jour avaient fait pâlir les astres de la nuit; à peine les premiers rayons du soleil avaient séché sur les fleurs les larmes de l'Aurore, ils se rejoignaient au même rendez-vous."

Trois putti volent dans la marge haute en présentant des couronnes de lauriers, deux autres jouent ? avec un jeune homme allongé. Un cheval se cabre dans la marge droite. 

La lettre D sert de cerceau pour un putti qui la traverse.  Un homme athlétique et barbu s'entoure d'un drap vert, sorte de banderole que son homologue retient aussi du coté droit. Quickelberg nous explique qu'il s'agit de Vertumnus, dieu romain du changement des saisons et de la croissance des plantes, capable de changer de forme à volonté (par contagion avec le verbe latin vertere "tourner") : il y voit un emblème du peintre, capable de donner forme à des quantités d'objets divers.

La partie musicale est délimitée par une chaîne en or renforcée aux angles par des ferrures. La lettre capitale M de Mirabar est peinte à la feuille d'or. La lettre I est enjolivée. La portée a cinq lignes, un nombre qui n'est fixé que depuis la Renaissance. Quels sont les signes en début de portée ? Outre le bémol, je conclue à une clef d'ut puis une clef de fa, en toute incompétence. 

http://dictionnaire.metronimo.com/index.php?a=term&d=1&t=2060

 

The letter, addressed to Duke Albrecht and sent from Ferrara on 5 January 1559, contains important information about de Rore’s connections with Albrecht and the Munich court (fol. 31r ) Illustrissime princeps, et clementissime domine. Cum superioribus diebus ex flandria in Italia mad meos rediissem, inveniliteras a Viro Magnifico Joanne Jacobo fuggero ad me scriptas ex quibus intellexi, redditam fuisse celsitudini tuae Missam illamquam in discessu meo pollicitus eram, Necredditam solum, sed et gratam, et ea, quaquidem sperabam, gratiosi animi promptitu-dine acceptam fuisse, (fol. 31r "Most illustrious prince, and most merciful lord. When in the last few days Ireturned home to Italy from Flanders, I found a letter from the excellent Hans JakobFugger, from which I understood that the Mass I had promised at my departure had been delivered to Your Highness, and not only had it been delivered, but had pleased you and been received with that readiness oa gracious spirit that I had hoped for."

Magna hercle, ea me res laetitia affecit,cum quia valde cupio, in hac arte istius liberali professione, in qua hactenus non sinelabore atque industria versatus sum, ostenderecelsitudini tuae quanti faciam multa ipsius acpraeclara in me singularis benevolentiae signa:

"Truly that caused me great pleasure, both because I very much desire, in the free profession of this art, in which up to now I have been engaged with no want of effort and hard work, to show Your Highness how much I value your many outstanding "

Cipriano de Rore’s New Year’s Gift for Albrecht V of Bavaria

2(Je vous envoie ces versets fixés à l'harmonie avec leurs rythmes ou mètre poétique). Toutefois, dans sa lettre 1559, clausus »apparaît comme partie d'un ensemble de phrase -" suisque numeris absolutum "-qui signifie "complète à tous égards" . Holford-Strevens suggère que les termes ne sont pas utilisés de manière technique, mais dans un sens littéraire plus générale. Je suis d'accord avec son interprétation et pense qu'il est prudent de cesser d'essayer d'extraire l'identité de la composition de cette sentence en essayant de donner, le module ', clausus », et, le ratio harmonicae' significations techniques et d'accepter que de Rore peut tout simplement VHA e été disant en très écouler langue Ery:«Je ai mis ce texte en musique ".Une lecture attentive du reste de la lettre 1559 ainsi que d'une meilleure compréhension de certaines des caractéristiques de Mus.ms. B permet d'offrir une autre suggestion concernant l'identité de de'Rore cadeau sainsi qu'un nouvelle interprétation de son accompagne le g illuminations. Comme deviendra claire, la musique et le texte se combinent avec représentation visuelle de transmettre importants des messages sur Albrecht comme patron. Le manuscrit doit donc être considéré non seulement comme une source pour la musique de de Rore, mais dans le cadre de l'auto-façonnage de Albrecht comme un souverain

.La composition en question est le motet à six voix Mirabar solito. Ce ne est pas par hasard que cette pièce très a été distinguée par Massimo TRoiano dans sa description de la, "cose notabili" de Munich: "Une Carte 257, vi è un fatto Mottetto en lode di esso Alberto, et une Carte 267, la séconda parte "

Troiano, qui a été probablement travaillé à partir du commentaire de Quickelberg, pro-FOURNIS le texte et identifié le poète et compositeur; malheureusement, il n'a rien dit sur les illuminations de ces pages.Le poème, qui se compose de deux huit strophes en ligne distique élégiaque, a été composée par le poète flamand et l'art revendeur Nicolaus Stopius pour 'Albrecht adhésion s en 1550

.Mirabar solito laetas magis esse

Camoenas Atque agitare Novis gaudia Tanta modis.

Accedo ut videam, fête un Phoebus Apollo Exultans hilares duceret ipse Choros.

Ast alium vidéo longe Phoebo mage [Mub: magis] gratum,intentas Cui de vidi advigilare DEAS.Acclamant Concordi animo, vox omnibus una:. Vivat hic Albertus Dux modo Bavariae

(2.) pars

Virtutum ante dans aliosquo genre omne relucet

Splendor ut Heroum is veruset unus honos.

Gratior hic nobis Phoebo ter maxime ipso

,Dans nos haud similis, utsuus extat Amor.Ornamur virtutesua, tum voce Canora,Iure choragus erit noster et ipse Deus.Indefesse igiturlaudes Glomeremus ovantes:. Vivat in aeternum dux modo Bavariae

"je me émerveillais que les Muses étaient plus joyeux que d'habitude et ont chanté d'une si grande joie avecde nouvelles chansons. Je me suis approché pour voir si Phoebus Apollon lui-même, exultant dans festif humeur, a conduit les chœurs joyeux. Mais je ai vu une autre beaucoup plus cher pour moi que Phoebus, une pour qui je ai vu les déesses me maintien d'une surveillance constante. Ils ont crié ensemble dans un accord et d'une seule voix: Vive Albert de Bavière.En lui toutes sortes de vertubrille, ci-dessus tous les autres, voyant qu'il est la splendeur de héros et le seul vrai honneur. Lui, le trois fois plus grand, est plus cher pour nous que Phoebus de soi-même; il n'y a rien comme son amour envers nous. Nous sommes embelli par sa vertu; puis avec voix harmonieuse, il sera à juste titre diriger notre chœur et être notre dieu. Par conséquent nous entassons inlassablement ses louanges comme nous l'applaudissons: Que le nouveau duc de Bavière vivre éternellement ".

Le narrateur anonyme décrit à la première personne une scène qui semble incompréhensible pour lui:les Muses sont plus heureuses que d'habitude. Son explication: quelqu'un plus cher encore que Apollo les dirige. Vive Albrecht! Les quarts de seconde strophe de la première par. fils singulier au pluriel Cette voix collective est maintenant que des Muses eux-mêmes: Albrecht nous est plus cher que Apollo, il dirigera notre chœur, nous allons chanter ses louanges. Albrecht Vive t! De Rore reçu ce texte au cours de la préparation de Mus.ms. B, probablement en 1558. Le datant de 1550, l'année de l'adhésion de Albrecht, proposé par Bernhard Meier sur la base du texte ("dux modo Bavariae"), semble peu probable, étant donné la preuve codicologique discuté ci-dessous

Si de Rore avait composé un hommage à Duke Albrecht en 1550, sûrement la composition aurait été disponible à Munich et une partie des plans depuis le début; à la place, le cadre est l'une des pièces ajoutées à la fin du manuscrit. Il semble probable que Hans Jakob Fugger envoyé le poème dans la lettre que de Rore reçu quand il est retourné en Italie à la fin de 1558 ("quand, dans les derniers jours je suis rentré à l'Italie de la Flandre, je ai trouvé une lettre de l'excellent Hans Jakob Fugger, à partir de laquelle je ai compris que la messe que j'avais promise à mon départ avait été livrée à Votre Altesse [...] »). Il aurait également pu être donné à lui quand il était à Munich en 1558.

L'illuminateur, Hans Mielich, comme de Rore, face à la tâche de répondre au texte. Il a choisi de mettre en évidence les trois personnes ou groupes mentionnés dans le poème: Albrecht, Apollon et les Muses. Il a dû faire face à deux contraintes: la nécessité d'adapter les illuminations dans les vides espaces autour de six parties vocales et à intégrer les initiales qui ont identifié les voix (DQB sur la gauche, sur la droite SAT) pour les pages 257 à 258 et la lettre de capital V ("Virtutum") pour chaque voix aux pages 267 à 268. Il a choisi comme sujet principal pour la première ouverture (pages 257-258) Albrecht et les Muses. (Voir Plaques 1et 2.) Le bloc principal la gauche le montre avec Anna surrounde d parles Muses, chacun identifié par son nom. Un putto dans le Q initiale se maintient deux couronnes avec des phrases du texte: "VIVAT HIC ALBERT» et «DVX MODO Bavari". Sur l'option page composite, Albrecht se assied couronné, tandis que les Muses danser autour de lui; couronnes annoncent ses vertus: "FORTITV [DO] clementia PRVDENTIA Ivstitia LIBERALITAS BONITAS VERITAS VICTORIA MANSVETO Temperantia ". Au sommet de la page sur la gauche, est Apollon et le char du soleil, face à droite, Diana et le char de la lune. Au bas de la page, sur le territoire de Albrecht: une vue de Munich (à gauche) et l'Isar de la rivière et Landshut (À droite).la seconde ouverture (pages 267-268) présente une série de scènes mythologiques. (Voir Plaques 3 et 4.) À première vue, la liste des scènes peut sembler étrange parce que pas tous d'entre eux semblent être liées aux Muses. page 2671. Minerva visite les Muses. Les Muses lui montrer la fontaine sacrée; Pegasus3. Pegasus montres Apollo faire de la musique de l'eau se écoulant à travers un ensemble de tuyaux4. (En bas) Les géants sont vaincus par les dieux5. (Marge de gauche) Vénus et Cupidon 6. (Marge droite) Amalthée Page 2681. La bataille des dieux et des géants2. Les Muses chanteret changer le Piérides en pies3. Ceres semble agriculteurs semer leurs champs4. (En bas) Proserpina cueille les fleurs; Le Rapt de Proserpine; Ceres change le garçon qui l'avait raillé en lézard5. (Marge droite) HéphaïstosT o cette listeon pourrait ajouter une scène mythologique de la page 257: (Au milieu) Pyrenaeus chasse Muses. Mielich, et ​​peut-être un collaborateur, se il avait aider à la conception du plan pour les illuminations,conçu une structure ingénieuse pour cette ouverture qui a échappé à même le commentateur, Samuel Quickelberg. Quickelberg cite une ligne de Porphyre pour la première image, une d'Ovide pour la deuxième, celle de Virgile pour la troisième, comme se il cherchait autorité compétente. Il peut avoir été consulte un ouvrage de référence, comme à son habitude gest cette interprétation; ils comprennent Thomas 1587 ", une chanson ou à Dieu: un Psalme chanté le luth, ou une chanson chantée par à la voix "; Coote 1596 "chanson heauenlie"; Florio 1598 "un Psalme, une chanson de remerciement-giuing et de louange à Dieu, un Psalme chanté à l'psalterie, ou une chanson chantée par la voix "Mais il n'a pas reconnu que toutes les histoires se insèrent dans la grande histoire cyclique de Minerva de la visite à l'Muses, du Livre cinquième du Ovide Métamorphoses (Ll. 250-678). (Voir Figure 1.) La nécessité de s'adapter à tant d'histoires dans des espaces contraints par les exigences de notam- musicaletion signifiait que Mielich ne pouvait pas (ou choisi de ne pas) représentent la commande d'Ovide du récit par des moyens spatiaux. Mais un spectateur familier avec la structure narrative du métamorphoses d'Ovide trouverait tout ce qu'il faut pour suivre l'histoire 'Minerva visite à l'Muses s Fontaine de Pegasus Histoire de Pyrenaeus d'arrivée o - f Magpies: histoire des Sœurs Pierian - concours de chant - Sœurs Pierian: histoire de la bataille des Go ds et Giants - Muses : Histoire de Ceres viol de Propserpina la colère de Ceres aux Taunting Boyautres histoires - Les Muses gagner le contest - Les Pierian Sœurs sont transformés en pies - Minerva lea ves la Muses

Figure 1: Structure de «Minerva Visitez s àles Muses

Merci aux illuminations pour les deux ouvertures de

Mirabar solito

, Le manuscrit célébre Albrecht, avec Apollon et les Muses, des images ainsi que des mots et de la musique. Dans cette lumière, deux passages de la lettre de de 'Rore lettre semblent particulièrement saillant:1) la référence aux Muses ("ayant convoqué les Muses à mon aide") 2) l'invocation d'Apollon pour aider à l'inspiration créatrice («Pour parmi les autres œuvres que j'ai écrites à divers moments, je me permets de déclarer Votre Altesse que pendant une longue période. rien n'a sortiront de l'atelier de mon esprit qui plaît et me satisfait plus Il est donc évident que la règle de l'art, Apollo, était là pour me aider comme je réfléchissais alors; l'aide de que Dieu, comme vous le savez, ne est pas le cas généralement à un homme ou à tout moment. Si je me suis trompé dans cette affaire, et peut-être trop bien penser de moi-même,ou il est absolument vrai que je pense, Votre Altesse, quand vous avez entendu le travail, sera en mesure de juger de la bonne volonté. Car je apprécie votre jugement vif et précis, surtout dans cette forme de l'activité intellectuelle ").

Il peut être pas un hasard si de Rore invoque Apollon son inspiration et appelle les Muses tout en invitant Albrecht de juger son œuvre. Cette lettre doit sûrement être considérée comme une corroboration de Mirabar solito comme un don de de Rore. Sa déclaration "Car en effet, je ai jugé digne pour de nombreuses raisons d'être offert à la fois à vos oreilles et à vos yeux "est plus difficile à interpréter. Il est en effet prometteur Albrecht qui il aimer ce qu'il voit ainsi que ce qu'il entend. Veut-il dire qu'il a composé la pièce en utilisant "la peinture de mot"? Doit-on conclure qu'il connaissait l'illumination spécifique qui ont été prévus ou simplement qu'il était conscient de la prepartion d'un illuminé manuscrit de sa musique? Pourrait-il être décrit le plaisir de la musique Albrecht de voir venir à la vie à travers illuminations tout entendre PERFORmed

Mirabar solito est un bon candidat pour d'autres raisons aussi. Ce est la seule composition dans le manuscrit associée spécifiquement avec Albrecht. Un de seulement cinq unica en Mus.ms. B, il satisfaisantEPE la condition d'être réservé exclusivement à l'usage de Albrecht . La seule autre motet de ce type est Donec gratus eram tibi .preuves codicologique fournit un dernier argument. Mus.ms. B, à la différence du projet plus tard,impliquant la modale de Lasso commandé psaumes de la pénitence dans Mus.ms. Un ou contemporaine projet impliquant ses Leçons du Travail et de la Prophetiae Sibyllarum (Vienne, Mus.ms. 18,744), n'a pas été composé comme un ensemble. Les motets sont hétérogènes en date de composition, le nombre de voix, et le type de texte (laïque, de consécration, de dévotion, liturgique). Le contenu et la possibilitérale l'ordre des motets a connu des changements au cours de la période de création du manuscrit tion . Une composition a été enlevé:, une pièce de cinq voix non identifiée fin "et dans saecula. saeculorum Amen "Deux ont été ajoutés - Donec gratus eram tibi et Mirabar solito. Ce est clair à partir de discontinuités dans la foliation et la présence de pages blanches; Une fois qu'une page a été illusion résilié, il ne était plus possible d'ajouter de la musique de l'autre côté sans endommager la peinture.Les deux sont également écrits sous la forme plus tard, de la main de Pollet, sensiblement différente du début du formulaire utilisé ailleurs dans le manuscrit. Surtout parce que les deux sont également unica, je argue que de Rore aurait contribué deux compositions au projet de Albrecht. L'argument le plus fort contre l'identification des Mirabar solito que de nouvelle année de Rore dedon est la description de la pièce comme «psalmum modèle ISTUM", qui Lowinsky considérée comme cruciale pour identifier Beati omnes Qui timent Dominum., Psalmus »se réfère généralement à les Psaumes de David Je ai expliqué pourquoi Beati omnes Qui timent Dominum, le seul psaume en ce sens dans le manuscrit, ne semble pas un candidat probable. Pour le don d'être Mirabar solito ,, Psalmus 'doit avoir des interprétations supplémentaires. En fait, il est prouvé que cela pourrait signifier une chanson, soit sacrée ou profane. L'indication la plus claire de cette utilisation vient de l'un des principaux latinistes du XVIe siècle, Baptiste Spagnoli (Spagnoli). Dans son Apologeticon, Il écrit: «Sed quid de vocabulis is concertatio, cum eandemrem esse constat quam Graeci, psalmum 'et, Hymnum' dicunt, nos, 'appellamus et carmen, contre '? "(Mais pourquoi litige sur les termes lorsque il est de notoriété publique que ce que les Grecs nom de «psaume» et «hymne» est la même chose que nous appelons «chanson» et «versets»?) . Plusieurs des définitions trouvées dans le précoce Moderne base dictionnaires anglais (EMEDD) sug- aussi . Un exemple plus récent est la première définition donnée dans l'Oxford AngleterreDictionnaire çais:1. Dans un sens général: Toute chant sacré qui est ou peut être chanté en culte religieux; un hymne:esp. l'utilisation biblique. (En quot. C 1175 appliquée à l'Creed.) Par ailleurs, plus généralement, toute chanson ouode d'un caractère sacré ou graves .Il est également peut citer plusieurs cas précis où s, Psalmus »se réfère à un texte autre que le Livre biblique de psaumes. Par exemple, Augustin a écrit la Psalmus contra partem Donati ,décrit par Schaff comme "une chanson populaire sans polémique mètres régulière, destinée à compenser les chansons des donatistes ", Psalmus » a également été utilisé pour désigner Quicunque vult , Athanase croyance, dans les documents conciliaires en 1240 et 1255, et à des cantiques évangéliques. Ducange aussi in-inclut comme une catégorie des psaumes, des textes composés par des poètes autres que David.tions qui ont été prévus ou simplement qu'il était conscient de la prepartion d'un illuminé manuscrit de sa musique? Pourrait-il être décrit le plaisir de la musique Albrecht de voir venir à la vie à travers illuminations tout entendre PERFORmed?

https://www.academia.edu/8021841/THE_SIGNIFICANCE_OF_Mus._Ms._B_AS_A_SOURCE_FOR_THE_MOTETS_OF_CIPRIANO_DE_RORE?login=jycordier@gmail.com&email_was_taken=true

https://www.academia.edu/8145200/Cipriano_de_Rores_New_Years_Gift_for_Albrecht_V_of_Bavaria_A_New_Interpretation

Music Printing in Renaissance Venice: The Scotto Press (1539-1572)

Par Jane A. Bernstein

https://books.google.fr/books?id=oAxcodFDXDAC&pg=PA206&lpg=PA206&dq=lasso+scotto&source=bl&ots=PRb0GjOCbb&sig=rYcnMAHFyd8YJDITPBLRS6fSZXs&hl=fr&sa=X&ei=AAA-VbHUHoLKaJ2ygagM&ved=0CCQQ6AEwAA#v=onepage&q=stoppio&f=false

ttps://books.google.fr/books?id=zsuFLfxg_bwC&pg=PA4&dq="ioannes+pollet"&hl=fr&sa=X&ei=XiVCVbPeAobkUb23gbgH&ved=0CFYQ6AEwBw#v=onepage&q=%22ioannes%20pollet%22&f=false

¬Orlandi ¬Lassi sacrae cantiones (vulgo motecta appellatae) quinque vocum ...

Par Orlando di Lasso

https://books.google.fr/books?id=2i77ZJwDIQwC&pg=PT2&dq=%22ioannes+pollet%22&hl=fr&sa=X&ei=widCVZPJOYOAU42bgcgF&ved=0CCYQ6AEwATgK#v=onepage&q=%22ioannes%20pollet%22&f=false

...

https://books.google.fr/books?id=e7JrnPSy8JwC&pg=PA31&lpg=PA31&dq=landshut+hoefnagel&source=bl&ots=Za78lKxHO3&sig=gHBFBSsjYJRBCZS9sca1oQyaOek&hl=fr&sa=X&ei=8-s5Vbn_HtbfaqaegYAI&ved=0CDcQ6AEwAw#v=onepage&q=landshut%20hoefnagel&f=false

Mirabar solito laetas magis esse Camaenas,

Atque agitare novis gaudia tanta modis.

Accede ut videam festive an Phoebus Apollo

Exultans hilares duceret ipse choros.

Ast alium video, longe Phoebo mage gratum

Cui vidi intentas advigilare Deas.

Acclamant concordi, animo, xox omnibus una,

Vivat hic Albertus Dux modo Bavariae.

Virtutum ante alios in quo genus omne relucet,

Splendor et Heroum est, verus et unus honos.

Gratior hic nobis, Phebo ter maximus ipso

In nos haud similis, ut suus estat amor

Ornamur virtute sua tuum voce canora

Jure choragus erit, noster et ipse Deus.

Indefessem igitur laudes glomeremus ovantes

Vivat in aeternum Dux modo Bavariae

I marveled that the Muses were more cheerful than usual
and sang of such great joy with new songs
I approached to see whether Phoebus Apollo himself,
exultant in festive mood, led the merry choruses.
But I saw another much dearer to me than Phoebus,
one for whom I saw the goddesses maintaining a constant vigil.
They shouted together in one accord and with one voice:
Long live Albrecht, Duke of Bavaria.

In him every kind of virtue shines forth, above all others,
seeing that he is the splendor of heroes and the one true honor.
He, the thrice greatest, is dearer to us than Phoebus himself;
there is nothing like his love towards us.
We are embellished by his virtue; then with harmonious voice
he will rightly lead our chorus and be our god.
Therefore let us unwearyingly pile up his praises as we applaud him:
May the new Duke of Bavaria live forever.

Je me suis émerveillé que les Muses étaient plus joyeux que d'habitude

et a chanté de cette grande joie avec de nouvelles chansons

Je me suis approché pour voir si Phoebus Apollon lui-même,

exultant dans l'humeur festive, conduit les chœurs joyeux.

Mais je vis un autre beaucoup plus cher pour moi que Phoebus,

celui pour qui je vis les déesses le maintien d'une vigilance constante.

Ils ont crié ensemble dans un accord et d'une seule voix:

Vive Albrecht, duc de Bavière.

En lui toutes sortes de la vertu brille, ci-dessus tous les autres,

voyant qu'il est la splendeur du héros et le seul vrai honneur.

Lui, le trois fois plus grand, est plus cher que Phoebus lui-même;

il n'y a rien comme son amour envers nous.

Nous sommes embelli par sa vertu; puis avec voix harmonieuse

il va juste titre diriger notre chœur et être notre dieu.

Par conséquent nous entassons inlassablement ses louanges comme nous l'applaudissons:

Que le nouveau duc de Bavière vivre éternellement.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB,  registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.

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b) le registre moyen.

 

Le duc Albert et la duchesse Anne rendent visite aux Muses. Hans Mielich en a donné le portrait à la page 3 et 4 du recueil, ce qui permet de les reconnaître. Au dessus d'eux, dans la lettre Q de la voix Quintus, un ange tient deux couronnes dans lesquels sont inscrits les mots VIVAT HIC ALBERTvs et   DVX MODO BAVARIae. Face au couple ducal on compte huit Muses, car la neuvième, Terpsichore, (la Danse) est placée dans la marge droite, flottant sur deux cygnes, et tenant  sa lyre. Euterpe (la Musique) est agenouillée et joue de la viole de gambe.  Erato (la Poésie lyrique) , agenouillée également, prend avec un compas des mesures sur un globe terrestre. Derrière elles, debout, Melpomène joue de la trompette, sa voisine (Clio ?) joue de la bombarde (dont la fontanelle est reconnaissable), puis une muse (Polymnie?) joue de la sacqueboute (ou du serpent) . Thalie tient le triangle et Calliope joue de la guitare. Derrière le duc Albert, Uranie tient une sphère armillaire et un octant, alors quelle se sert de la lettre B comme d'une armoire pour y exposer un cube et un polyèdre

Quickelberg y a lu ce distique :

Clio, Thalia, Erato, Polyhynnia, Terpsichorque,

Calliope, Euterpe, Melpomene, Vrania.

Mais attention ! Deux hommes quasi nus rampent entre les deux partitions ! Ces voyeurs concupiscents sont le barbare Pyrenée et l'un des siens, qui projettent d'abuser des jeunes femmes et, comme Ovide nous le racontera dans le Livre V,290 des Métamorphoses, Pyrenée  s'en tirera mal : 

Seque jacit vecors e summae culmine turris ; Et cadit in vultus , discussique ossibus oris : tundit humum moriens scelerato sanguine tinctam

 

    "Quelque route que vous preniez, je la prendrai moi-même". Il dit, et, furieux, s'élance, se précipite, et, brisé dans sa chute, il arrose la terre de son sang odieux."

 

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB,  registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

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c) le registre inférieur .

Vue de Munich.

Hans Mielich poursuit l'éloge du duc Albert comme mécène en représentant, vue de l'est,  la ville qu'il a contribué à embellir, Munich, dont on reconnaît l'Isar traversée par un pont, et les deux tours rondes jumelles (domes, 1525) de la cathédrale ou Frauenkirche, et le clocher de l'église Saint-Pierre. La ville est entourée de murailles fortifiées par des tours. Le massif bâtiment  de droite est le Neuevest, le vieux château gothique ducal, dans lequel vont être aménagés la Résidence, son Antiquarium (1568) et sa Grottenhof (1581-1586), ainsi que les Jardins ducaux (Hofgarten). Pour Quickelberg, le peintre a choisi ce point de vue précisément pour montrer ces jardins, qui sont déjà ou seront aménagés en parterres selon le style français, lui-même hérité du style italien.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB,  registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

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Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix DQB,  registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

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1b. Deuxième enluminure de la première partie, les voix SAT.

Cette deuxième planche fait face, sur la double page, à la précédente, et elle lui répond par symétrie. Ainsi, face à Apollon et le char du soleil se trouve Diane et le char de la nuit. Au concert donné par les Muses au duc et à la duchesse, debout, succèdent les danses des Muses devant le duc assis. Enfin la ville de Lanshut (la résidence du prince, fils du duc) prend la place de la ville de Munich. On découvre avec une satisfaction gourmande comment, de même que de Rore avait su coller au texte,  l'illuminateur, Hans Mielich a du faire face aux contraintes imposées par la présence de la partition, les vides qui séparent les trois voix, ou l'obligation de placer les lettres S, A, et T ) l'intérieur de l'image. En brillant artiste, Mielich a su dépasser ces contraintes en jouant avec elles. on remarquera avec quel brio il a transformé ces trois lettres en objets de sa peinture, sans qu'elle ne perde leur lisibilité.   

 

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a) vue générale.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT. Droits réservés MDZ Munich.

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b) registre supérieur.

Dans le ciel étoile de ce deuxième volet, Diane au front ceint du croissant lunaire mène d'une main sûre le char de la Nuit, attelé d'un cheval noir et d'un autre blanc. Le talent avec lequel la lettre S est utilisée pour former une des roues du char, et un montant en coquille servant d'accoudoir à la déesse chasseresse, fait mon bonheur. Pourtant, le dessin n'a rien d'improvisé, mais répond aux régles établies par Cesare Ripa pour la représentation du Char de la Lune (Carro della Luna), un bige tiré par un cheval noir et un cheval blanc. De même, le voile blanc qui flotte au dessus d'elle est un élément iconographique parfaitement conforme aux conventions. 

C'est sous ce même aspect que la déesse apparaît dans la Chambre de Diane du Palais de la Résidence de Landshut, dans une peinture de 1540 (G. de Tervarent).

 Un Amour lui décoche (en vain, bien-sûr) une flèche, puis, dans la marge supérieure, deux putti tendent des guirlandes portant les mots ORAM VITAS . Le coin supérieur droit est un Olympe où une déesse (Minerve ?) se penche sur le balcon de la partition, accompagnée d'autres divinités, de Mercure au casque ailé tenant le caducée, et de Zeus jouant l'équilibriste sur les ailes de son aigle noir.

Mirabar solito Iere partie, voix SAT, registre supérieur. Droits MDZ Munich.

Mirabar solito Iere partie, voix SAT, registre supérieur. Droits MDZ Munich.

b) le registre moyen.

Nouvelle surprise et nouvelle source d'admiration : la lettre A devient ici une pavillon (une tente d'apparat) et la lettre T un portique soutenant un trône de triomphe. Albert V y est assis, sous ses armoiries, encadré par deux hommes sauvages échappés d'un blason et coiffé des caques héraldiques. Il est présenté comme un empereur romain entouré d'enseignes (comme on en voit sur l'arc de Constantin avec l'aigle romain et les lettres SPOR) et ses  couronnes de laurier clament ses vertus : J.A. Owens y a lu  "FORTITV [DO] clementia PRVDENTIA Ivstitia LIBERALITAS BONITAS VERITAS VICTORIA MANSVETO Temperantia ". 

Devant lui, les "Camènes" — formule poétique pour désigner les Muses et éviter de se répéter—  ont posé leurs instruments et leurs accessoires d'astronomie ou de géographie et se livrent, sur la musique de Terpsychore qui a gardé sa lyre, à des  danses lascives en passant si besoin derrière l'écran de la partition. On ne les reconnaît plus individuellement, mais elles sont toutes là, je les ai compté. 

Mirabar solito Iere partie, voix SAT, registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

Mirabar solito Iere partie, voix SAT, registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

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c) Le registe inférieur.

La rivière Isar, dont la couleur verte est caractéristique, prend sa source au nord-ouest de l'Autriche, arrose d'abord Munich, puis Freising, avant d'atteindre Landshut, puis de se jeter dans le  Danube. Landsut, à 70 km au nord-ets de Munich, a été la capitale du duché de Bavière-Landshut, avant que celui-ci ne soit  réuni avec la Bavière-Munich pour ne faire qu'un seul duché.  Landshut devient ainsi la résidence du prince héritier. Albert V et Anne d'Autriche y on vécu de 1546 à 1550, et leur fils, Guillaume y a séjourné avec sa femme Renée de Lorraine jusqu'en 1579. Albert et Guillaume, tous les deux follement passionnés par les Arts, qui conduirent leur duché à la ruine, firent du vieux chateau médiéval de Trausnitz, qui domine sur le Hofberg la ville, un palais de style italien aux murs splendidement décorés de fresque et un jardin somptueux, qui fut le cadre de représentations musicales et théâtrales de goût italien.

Le peintre montre la rivière pointant le grand V de ses rives vers la ville et vers le clocher de l'église Saint-Martin, le plus haut clocher en brique au monde. Pas de bateau sur l'Isar, mais un radeau de bois flottant, le flottage étant alors un élément important de l'économie fluviale menant le bois de Wolfratshausen jusqu'à Munich, Landshut, et le Danube. Ces radeaux sont également visibles sur les deux Vues de ville du Civitates orbis Terrarum d'après les dessins de Hoefnagel. Aujourd'hui encore, les radeaux reconstitués  attirent des quantités de touristes !

 

 

 

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT,  registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

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Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT,  registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, Iere partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

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2. Seconde partie.

La seconde partie s'éloigne de la représentation littérale du texte  et choisi de s'inspirer des Métamorphoses d'Ovide dans l'épisode de Minerve chez les Muses, et du Concours de chant entre les Muses et les Piérides. http://bcs.fltr.ucl.ac.be/METAM/Met05/Met-05-250-437.htm

"Minerve quitte Persée et se rend sur l'Hélicon, où l'attire le renom de la source de Pégase. Les neuf Muses, et singulièrement Uranie, l'accueillent avec admiration. L'une d'elles se met à raconter comment Pyrénée, décrit comme un impie, voulut les violer au cours de leur voyage vers le mont Parnasse, et comment elles s'envolèrent pour lui échapper, en provoquant indirectement la mort de l'hypocrite. (5, 250-293)

Ensuite, une muse, dont le nom n'est pas cité, apprend à Minerve que les pies, dont le bavardage intrigue la déesse, étaient antérieurement les neuf filles de Piérus. Ces Piérides, fières et sûres d'elles, étaient venues défier les Muses en leur proposant un concours de chant arbitré par des nymphes, concours dont l'enjeu était la possession des sources de l'Hélicon et des plaines de l'Émathie. (5, 294-314)

La muse rapporte ensuite la prestation de la porte-parole des Piérides, laquelle chante la mise en fuite des dieux du ciel par le Géant Typhée et leur arrivée en Égypte, où diverses métamorphoses leur avaient permis d'échapper à leur agresseur. (5, 315-331)

Après une brève transition, la narratrice retrace la contribution de Calliope, représentante des Muses. Après un hommage à Cérès, déesse de l'agriculture, Calliope transporte le lecteur en Sicile : l'île écrase sous sa masse le Géant Typhée, dont les soubresauts inquiètent et attirent sur terre le roi des enfers. (5, 332-361)" (Résumé par Bibliotheca Classica Selecta).

 

Nous allons retrouver ces différents épisodes dans les deux enluminures.

 

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2a. Première enluminure de la Seconde Partie, les voix DQB.

a) Vue générale.

 

 

Hans Mielich, Mirabar solito, II. ème partie, voix DQB. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, II. ème partie, voix DQB. Droits réservés MDZ Munich.

b) registre supérieur.

Ce registre est occupé par la lettre D de la voix de Discantus, et par la partition de cette voix, limitée à Virtutum Gratior hic nobis Phebo. Minerve apparaît ici à dans la lettre D, à travers laquelle elle se penche pour s'observer elle-même à l'étage du dessous. Elle tient une lance de tournoi. Par convention, nous nous trouvons ici sur les hauteurs du mont Hélicon (en Béotie, près de Thébes), décrit par Hésiode dans sa Théogonie comme le lieu de villégiature des Muses :« Pour commencer, chantons les Muses héliconiennes, reines de l'Hélicon, la grande et divine montagne. Souvent, autour de la source aux eaux sombres et de l'autel du très puissant fils de Cronos, elles dansent de leurs pieds délicats. Souvent aussi, après avoir lavé leur tendre corps à l'eau du Permesse ou de l'Hippocrène ou de l'Olmée divin, elles ont, au sommet de l'Hélicon, formé des chœurs beaux et charmants, où ont voltigé leurs pas. »

 L'Hippocrène (du grec hippos, « cheval » et krêné, « source ») vient de jaillir sous l'effet d'un coup de sabot de Pégase, le cheval ailé de Persée, né du sang de la Méduse. Minerve, qui vient de l'apprendre, saute de la lettre D pour en savoir plus.

Elle descend prestement, puisque la voilà qui arrive dans le cadre entre les deux partitions, où elle est accueillie par le chœur des neuf Muses.  

Ovide, Les Métamorphoses V, 250-268

 

"Elle s'arrête sur ce mont, et tient ce langage aux doctes sueurs : «La Renommée a porté jusqu'à mes oreilles la nouvelle de cette fontaine que Pégase aux ailes rapides a fait jaillir de terre sous ses pieds vigoureux ; elle est l'objet de mon voyage : j'ai voulu voir cette merveille opérée par le coursier qui naquit sous mes yeux du sang de sa mère».

Uranie lui répond :

uera tamen fama est: est Pegasus huius origo  fontis' et ad latices deduxit Pallada sacros. 

«Quel que soit le motif qui te fait visiter nos demeures, ô déesse ! ta présence remplit nos âmes de joie ; la renommée dit vrai : c'est à Pégase que nous devons cette source». A ces mots, elle conduit Pallas vers l'onde sacrée. La déesse admire longtemps ces eaux que le pied de Pégase a fait sortir de la terre, et, promenant ses regards autour des bois sacrés et des antiques forêts, des grottes et des prairies émaillées de fleurs, elle trouve les filles de Mnémosyne également heureuses de ce séjour et de leurs études. "

Uranie l'emmène voir la fontaine (dans le texte d'Ovide) ou désigne (dans l'image) de la main Pégase qui cabriole —il a le sabot vif— dans la lettre Q de Quintus. Mais en même temps, on remarque la présence de pies qui jacassent derrière Minerve, ce qui n'a pas échappé à cette sagace déesse.

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Hans Mielich, Mirabar solito, II ème partie, voix DQB, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, II ème partie, voix DQB, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.

c) registre moyen.

C'est l'étage de la partition Q, qui comporte le texte complet : Johannes Pollet le débute par une lettrine V de l'initiale dorée de Virtutum, suivi d'une lettre i ornementée , puis d'un texte qui fait largement usage d'abréviations: tilde abrégeant Virtutum en Virtut~u ou Spelndor en spl~edor , apostrophe abrégeant ante en ant', terminaison -us remplacé par le signe ressemblant à un 9 (gen9 pour genus, ver9 pour verus, un9 pour unus). Ces partitions n'étaient pas destinées aux chanteurs, mais j'ignore si les partitions "réelles" comportaaient l'usage de ces abréviations, qui compliquaient la lecture des chanteurs.

Virtutum ante alios in quo genus omne relucet,

Splendor et Heroum est, verus et unus honos.

Gratior hic nobis, Phebo 

Les marges latérales accueillent les armoiries de Bavière, une niche où s'abritent Vénus et son diablotin farceur de fils, et, de l'autre coté, la prude Diane (ou plutôt, selon Quickelberg, Amalthée).

Dans le cadre entre les deux voix D et B, on trouve un garçon tenant une flûte de pan, ainsi que Pégase. Ce garçon serait-il Chrysaor, le frère de Pégase (Ovide, IV, 786), ou bien Persée lui-même ? A ses pieds se voient une couronne de laurier et un livre ouvert. Jessie Ann Owens résoud l'énigme en expliquant qu'il s'agit de Pégase apprenant à Apollon à faire de la musique avec de l'eau s'écoulant à travers un ensemble de tuyaux. C'est en effet ce que signale Quickelberg, rappelant qu'Apollon est l'inventeur de la musique et du chant, et qu'il est le maître des Muses  et citant lui-même "Virgile" ...bien que ce Pseudo-Virgile soit de nos jours identifié comme étant Ausone. Vous me suivez ?

Le texte de Quickelberg est :

Apollinis fistula carminus flumina emittunt : ob id Pegasus attonitus obstupescit. Notum enim Apollinem carminus et musices inventore fuisse, et musis in Helicone praefuisse, et ad canendus excitasse. Ut apud Virg. :

 

mentis Apollineae vis has mouet undique Musas 

Le texte d'Ausonius dans son Idylle XX signifie :

"L'âme et la verve d'Apollon inspirent toutes ces Muses :[assis au milieu d'elles, il réunit en lui-seul tous leurs mérites]"

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Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix DQB, registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix DQB, registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

d) registre inférieur.

C'est celui de la voix B ou Bassus, bien lourde puisque la partition, comme l'île de Sicile du texte d'Ovide, écrase de tout son poids le géant Typhée.

 En marge, un double  entrelacs en nœud de carrick.

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix DQB, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

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2b. Deuxième enluminure de la Seconde Partie, les voix SAT.

Cette enluminure est consacrée au Chant des Muses et à celui des Piérides. 

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT. Droits réservés MDZ Munich.

a) registre supérieur.

Le cadre du bref texte de la voix de Soprano (même texte que pour le Discantus) est entouré d'un mélange hétéroclite rassemblant  un aigle-dragon, une vache  ou un taureau, et une chèvre. A gauche, on assiste à une scène de combat .

Tout s'éclaire si on lit le texte d'Ovide. Minerve s'étant étonnée d'entendre des oiseaux qui chantaient avec une voix humaine, les Muses lui expliquent que les neuf filles du roi Pierus les ont défié dans un concours de chant, réclamant les sources d'Hippocrène et d'Aganippe en cas de victoire.  

huc quoque terrigenam uenisse Typhoea narrat 
et se mentitis superos celasse figuris; 
"duxque gregis" dixit "fit Iuppiter: unde recuruis 
nunc quoque formatus Libys est cum cornibus Ammon; 
Delius in coruo, proles Semeleia capro,  
Ovide, Metam. V, 320-330

"Alors, se levant la première sans avoir été désignée par le sort, celle des Piérides qui proposa le défi chante la guerre des dieux, exalte injustement la gloire des géants, et rabaisse celle des immortels ; elle raconte comment Typhée, sorti des entrailles de la terre, fit trembler les habitants du céleste séjour, les mit tous en fuite, et les força de chercher un asile jusque dans les plaines de l'Egypte et sur les bords du Nil aux sept embouchures ; elle ajoute que, toujours poursuivis par ce monstrueux enfant de la Terre, les dieux revêtirent, pour se cacher, des formes mensongères. «Jupiter, dit-elle, était le chef de ce troupeau, et c'est depuis ce temps que la Lybie, lui donnant des cornes recourbées, l'adore sous le nom d'Ammon ; le dieu de Délos se changea en corbeau, le fils de Sémélé en bouc, la soeur de Phébus en chatte ; la fille de Saturne devint une blanche génisse, Vénus se cacha sous l'écaille d'un poisson, et Mercure sous les ailes d'un ibis».

Ainsi chanta la fille de Piérus en s'accompagnant de la lyre."


C'est donc le combat du géant Typhée et de ses compères contre les dieux , puis les métamorphoses de Jupiter en taureau, de Vénus en poisson, d'Apollon en corbeau (ici aux allures d'aigle), de Bacchus en bouc, qui sont ici représentés.
 

 

En dessous, un arbre anthropomorphe peut correspondre à la métamorphose de Daphné transformé en laurier.

Nous retrouvons ensuite  les Muses, réunient en chœur autour d'un pupitre dont le lutrin n'est autre que la lettre A de la voix d'Alto, décrivant à Minerve (qui me semble absente) comment les Piérides ont été transformées en pies : et le peintre les montre dans les différents aspects de leur métamorphose, les unes nues, les bras devenus des ailes ; les autres en robe longue, mais à tête d'oiseau ; ou inversement à tête humaine et à corps de pie ; ou entièrement pies tentant maladroitement de voler entre deux portées ; ou enfin à droite, en corps nu et féminin affublé d'une tête d'oiseau.

 

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre supérieur. Droits réservés MDZ Munich.

c) registre moyen.

 

 

Les Muses racontent aussi comment le barbare Pyrène les a attiré dans son palais et comment il a tenté de les abuser ; comment, poursuivies au somet d'une tour,  elles s'envolèrent, et comment le forcené, entrainé par sa fureur, se jeta dans le vide et tomba tête la première sur le sol ou il se tua.

Tandis que Minerve "s'assied  à l'ombre, sous le feuillage qu'agite un léger souffle", elles expliquent comment ce fut Calliope qui releva le défi lancé par les Piérides,au son des cordes de sa lyre plaintive, en rendant hommage à Céres : Cérès a, la première, ouvert le sein de la terre avec le fer recourbé de la charrue ; l'homme lui doit ses premiers fruits, des aliments plus doux, et ses premières lois ; toute chose est un bienfait de Cérès " : c'est la scène représentée dans la marge gauche et l'encart entre les deux partitions.

—  Calliope transporte le lecteur en Sicile : l'île écrase sous sa masse le Géant Typhée, dont les soubresauts inquiètent et attirent sur terre le roi des enfers. (5, 332-361) : c'est la scène représentée en bas de l'enluminure précédente. 

— Pluton, dieu forgeron des enfers (marge de droite)  enlève Proserpine, fille de Céres, malgré Cyané, métamorphosée en source  (5, 362-437).

— Pluton, le souverain des enfers, s'attardant en Sicile, éveille l'attention de Vénus, car ce dieu est resté célibataire. Dès lors, elle charge Cupidon de rendre Pluton amoureux de Proserpine, deux êtres qui jusque là avaient échappé à la domination de la déesse de l'amour. Cupidon aussitôt perce d'une de ses flèches le coeur de Pluton. (5, 362-384). C'est le sens de la présence de Vénus et de Cupidon dans la marge du registre moyen de l'enluminure précédente. Dès lors, sa vis-à-vis devait être Proserpine.

 

 

 


 

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre moyen. Droits réservés MDZ Munich.

d) registre inférieur.

— Près de la ville de Henna, Pluton enleva la candide Proserpine, qui cueillait des fleurs dans un cadre idyllique. Malgré les appels désespérés de l'enfant à sa mère Cérès, le dieu l'emporta à travers la Sicile jusqu'à Syracuse. (5, 385-408).  La nymphe Cyané, qui a reconnu Proserpine, veut barrer la route au ravisseur, lui reprochant non sa passion, mais sa manière d'agir ; furieux, le dieu fend la terre avec son sceptre, et, se frayant un passage vers le Tartare, s'y engouffre avec son char. Cyané, inconsolable, ne tarit pas ses larmes, et progressivement est métamorphosée en fontaine. (5, 409-437). 

Hans Mielich a représenté à droite le tableau champêtre de la cueillette des fleurs par la fille de Céres, puis, à gauche, la scène où on voit Pluton saisir à bras-le-corps Proserpine et l'installe sur son char, tandis que Cyané, le corps à demi métamorphosé, tend vainement les bras.

 "Non loin des remparts d'Enna est un lac profond qu'on appelle Pergus ; jamais le Caystre, dans son cours, n'entendit chanter plus de cygnes sur son rivage : des arbres touffus couronnent ses eaux et les enveloppent au loin d'un rideau de verdure, qui ferme tout accès aux traits de Phébus, et répand une agréable fraîcheur ; la terre que baigne cette onde est émaillée de fleurs aussi brillantes que la pourpre de Tyr. Là règne un éternel printemps : c'est dans ce bocage que Proserpine cueille, en se jouant, la violette et le lis éclatant de blancheur ; avec toute la vivacité de son âge, elle en remplit sa corbeille et son sein ; elle se hâte, à l'envi de ses compagnes, de moissonner les plus belles fleurs. Un seul instant suffit au roi des Enfers pour la voir, l'aimer et l'enlever, tant l'Amour a de hâte ! La déesse tremblante appelle d'une voix plaintive sa mère et ses compagnes, mais plus souvent sa mère. Elle déchire les long plis de sa robe, d'où tombent les fleurs qu'elle a cueillies ; tant la simplicité accompagne sa jeunesse ! Dans son malheur même la jeune fille s'afflige de la perte de ses fleurs. Le ravisseur pousse son char, excite chacun des coursiers par son nom, et secoue les sombres rênes sur leur cou et sur leur crinière. Il franchit dans sa course les lacs profonds, les étangs de Palice, dont les eaux exhalent l'odeur du soufre, et bouillonnent au sein de la terre entr'ouverte ; il traverse les campagnes où les Bacchiades, originaires de Corinthe, que baigne une double mer, fondèrent une ville entre deux portes d'inégale grandeur."

A droite, Quickelberg interprête la présence d'une femme et d'un enfant comme la description de la colère de Céres transformant un garçon éffronté en lézard  :

Tandis que Cérès boit à longs traits, un enfant au cœur dur la regarde avec audace, s'arrête devant elle, et rit de son avidité. Cérès ne peut souffrir cette insulte et jette sur l'enfant, qui parle encore, le reste de son breuvage. Au même instant, son visage se couvre de taches légères. Ses bras amincis descendent vers la terre. Une queue termine son corps, qui se rétrécit, pour qu'il ne puisse nuire. Il est changé en lézard. La vieille en pleurs s'étonne de ce prodige; elle veut le toucher; mais il rampe, il fuit, il se cache dans des trous obscurs; et les taches sur sa peau, semées comme autant d'étoiles, lui ont fait donner le nom de Stellion.  (Ovide, Métam. V:450-460)

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

Hans Mielich, Mirabar solito, IIème partie, voix SAT, registre inférieur. Droits réservés MDZ Munich.

IV. LE COPISTE JOHANNES POLLET.

a) Selon Samuel Quichelberg, 

http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00035317/images/index.html?id=00035317&fip=eayaenyztsxdsydeayaqrsqrseayawxdsyd&no=7&seite=9,

Notarum exarator : Notarum et textus exarator nigrossatorue fuit Johannes Pollet, poeta ex Flandria ortus, inter musicos Illustrissimi principis sustentatus

"Copie de musique  : la graphie des notes de musique et des textes [à l'encre noire ??] fut faite par Jean Pollet, poète né en Flandres, soutien des musiciens de l'Illustre Prince."

Noter l'emploi d'exarator (verbe exaro, [ex-aro] "labourer profondément, creuser un sillon", et, chez Cicéron, "graver sur la cire", d'où "écrire"). le terme exarator est d'emploi rare, depuis le XIe siècle, pour désigner le rédacteur d'actes, à coté de scriptor et de notarius. Il sera repris par Linné pour un hyménoptère parasite ou ichneumon, Spathius exarator Linnaeus, 1758. Les femelles de ces Braconidae sont dotées d'une longue tarière ou ovopositeur qui a peut-être suscitée la comparaison de l'insecte avec un secrétaire de chancellerie portant sa plume. La poésie éclate avec d'autant plus de vivacité lorsqu'elle surgit à l'improviste de la collision entre la Nature, et l'imagination d'un naturaliste, à son insu.

 

Il signe ses copies ( sous 18 distiques latins de dédicace du Livre de motets ou Sacrae Cantiones de Roland de Lassus publiés à Nuremberg en 1562, puis à Venise par Gardano 1565, et du Premier livre de Motet de Lassus  publié chez Gardano à Venise en 1569) du nom de Johannes Pollet insulensis. En 1571, il est à Anvers, et signe Jean Pollet, Lillois comme l'indique sa copie des Chansons de Jean de Castro : "Chansons à quatre parties, composées et mises en musique par M. Jean de Castro ; escriptes en Anvers, par Jean Pollet, lillois, demourant audict Anvers, anno 1571 » (Gallica : http://gallicalabs.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9063641w/f4.item )

 

  Selon Bossuyt, sa femme Sara était née à Delft, et, à sa mort prématurée, Castro a composé une élégie à trois voix,  "Uxor Joannis Pollet Sara", qui fut publiée en 1574. Ignace Bossuyt a suggéré en 1997 que le motet de Lasso Praesidium Sara puisse être un épithalame pour le mariage des époux Pollet.

I. Bossuyt distingue ce Johannes Pollet insulensis de ses homonymes, le prètre Jean Pollet de Bruges, qui était zangmeester de l'église Saint-Jacques en juin 1555. Deux ans plus tard, il fut muté à l'église San-Salvador ou Saint-Sauveur, où il devint chapelain en 1558 et chanteur (hoogcanter) en 1559. Entre janvier et avril 1559, il signe comme magister cantus. Le 17 avril, il est accusé de négliger ses responsabilités envers les garçons de chœur et d'être souvent absent des offices.

 

Ignace Bossuyt signale aussi le juriste François Pollet (Douai, c.1519/20-1548 et Raphael Pollet (Courtrai 1509?-c.1563) et Jan Pollet (Courtrai c;1500 ?-Lille 1556), frère de Raphael, chanoine de la collégiale Saint-Pierre de Lille et conseiller de Philippe II.

Dans une lettre du 23 août 1563 adressée au cardinal Granvelle, Hans Jakob Fugger, alors au service du duc, demande que des sanctions soeint prises envers " certo Jhan Pollet" qui a enfreint l'interdiction de copier la musique de Roland de Lassus, propriété privée du duc. [ Cela repose pour moi la question des homonymies : si Pollet était laïc, et marié, pourquoi les sanctions passeraient-elles par un cardinal ?] Antoine Perrenot de Granvelle était archevêque d'Arras jusqu'en 1561 et archevêque de Malines de 1561 à 1584, date où il fut nommé archevêque de Besançon. L'archevêché de Malines venait d' être créé en 1561 au dépens des diocèses de Cambrai et de Liège. 

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V. ULRICH SCHNIEP.

Dans sa présentation des auteurs du manuscrit Mus. Ms. B, Samuel Quichelberg mentionne, après le musicien, le peintre et le copiste, un dernier intervenant :

Libri compacturem exornator. Librum auratis claustris (si quis hoc forte etiam quaerat) es munimentis suis artificiosis ornavit Ulricus Schniep, eiusdem principis solariorum es oricalci faber peritissimus, Monaci eo tempore civis.

Tentative de traduction :" Reliure et ornementattion extérieure du livre. Les fermoirs en or du livre sont dues à l'artiste Ulrich Schniep, le réputé fabriquant de cadran solaire en métal doré, alors bourgeois de Munich."

Le fabriquant d'instruments astronomiques Ulrich Schniep est né dans le  Wiesensteig (près d' Ulm) et fut actif à partir de 1545. Son savoir-faire a été remarqué par de riches clients comme le duc Albrecht et l'empereur Maximilien . Dès 1551, l'empereur Charles V lui a accordé le privilège d'un blason comportant un cadran solaire polyédrique Schniep et le slogan "Asteranimos und Kundtpassmacher"'. En 1554, Ulrich Schniep est venu  à Munich où il a formé des apprentis comme son fils Alexis Schniep et Markus Purmann. Plus de cinquante instruments (principalement des cadrans solaires et des instruments de  visée, mais aussi des horloges et pendules) sont connus, le premier datant de 1553 et le dernière de 1588. Pour le duc Albert V, il a fait plusieurs cadrans solaires, ainsi que des instruments de musique et des accessoires. Ses œuvres ont eu  largement  accès au  Kunstkammer du du, et dans l'inventaire de 1598 on cite un compas, une planispère, („Ain Meßing verguldt Instrument auf einer runden fläche, zu aller meßerey, auf dem Boden ein Compas, darunder ein Planispherium, oben auf mit einem Windtleuffl in form eines delphins, von Ulrich Schnieppen in München gemacht“) :http://www.kunstkammer.com/de_seiten/frameobjekt.php?idnr=102

 Ulrich Schniep est mort dans le début de l'été 1588.

Effectivement, la reliure actuelle est décrite comme la reliure d'origine, seulement restaurée en 1963 : elle est  de cuir doré estampillé rouge sur des planches de bois, renforcée de coins, décorée d' agrafes, de 5 armoiries de' Albert V, duc de Bavière, et de ses  initiales «AH» [= Albrecht Herzog] en laiton doré. Cette reliure a été faite par Kaspar Ritter, mais les ornements métalliques sont d' Ulrich Schniep. (Source : http://www.diamm.ac.uk/jsp/Descriptions?op=SOURCE&sourceKey=2225)

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Reliure du Mus. Ms. B, Kaspar Ritter et Ulrich Schniep ; Droits réservés MDZ Munich.

Reliure du Mus. Ms. B, Kaspar Ritter et Ulrich Schniep ; Droits réservés MDZ Munich.

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Le détail de la serrure montre (l'image a été renversée pour mieux la décrypter) une femme nue à demi-assise — sans doute une figure de déesse (Vénus ; Diane observée par Actéon ?) sous l'arceau du voile qui forme dais—, un masque sous un dais identique, peut-être deux autres visages en haut et en bas, et en pilastre, deux pommes de pin dont l'une manquante.

Reliure du Mus. Ms. B, : serrure (image inversée), Ulrich Schniep ; Droits réservés MDZ Munich.

Reliure du Mus. Ms. B, : serrure (image inversée), Ulrich Schniep ; Droits réservés MDZ Munich.

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Le coin inférieur de la reliure est renforcé par une plaque métallique ornée d'un réseau d'entrelacs centré par une étoile de David, rappel peut-être du titre d'Asteranimos qui figure dans la devise de Schniep.

Reliure du Mus. Ms. B. Coin en métal doré, Ulrich Schniep ; Droits réservés MDZ Munich.

Reliure du Mus. Ms. B. Coin en métal doré, Ulrich Schniep ; Droits réservés MDZ Munich.

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ANNEXE I . 

 Le poème d'éloge funèbre composé par Nicolo Stopio pour Adrian Wyllaert (1555).

Ad Musas Vos, Heliconiades, dulcissima turba, sorores, unanimes melicum condecorate chorum. Respondent Musae Calliope, Polyhymnia, Terpsichore, Urania « adsum », Melpomene, Euterpe, Clio, Thalia, Erato. Ad Musas, ut unaquaeque suofungatur officio  Gesta canens Clio, quid erat die Musica quondam ; maestà licet tua sint, die quoque, Melpomene ; lascivis parcas numeris, facunda Thalia ; hue ades, Euterpe, flatibus ede sonos ; Terpsichore, adde modos, Geticus quos repperit Orpheus ;  quidque, Erato, sit amor gestibus ede sacris ; Calliope, tua maiestas heroa nee absit ; harmoniam caeli proferet Urania ; da manibus placidos et voce, Polymnia, gestus ; Tu fer ovans Paean, Thrax citharoede, novum ;  Ut Charitesque hilari suaves dent pectore voces convoca eas Ciaria, Phoebe canore, lyra. Phoebus Vos, Heliconiades, gratíssima turba, sorores, hue properate prius quam venit atra dies. Heu nimis atra dies erit et lacrimabile fatum,  odeon linquet cum pater ipse chori.

Perpetuis vivus celebretur laudibus a quo omne decus vobis, gloria perpes adest. Spiritus et cum se carnis mole exuet ista, ducite ad Elysios muñera grata choros.  Musica iam longos varie lacerata per annos dulcis adest veris enucleata modis ; praeceptis veteres hanc involvunt tenebrosis verbaque pro factis sola relieta iacent. Iuppiter at nostri sortisque misertus acerbae  caelitus emisit dona petita suis. Randria ter felix hoc almo muñere digna sola reperta fuit quae patefecit iter. Divini sitiens puro de fonte Adriani mellifluo ardentem nectare pelle sitim. Musarum chorus concors  Vivat perpetuo felix cum dis ADRIANUS vivat, ut est clarum nomen et usque suum.

ANNEXE II. 

Mirabar solito, un cadeau de Nouvel-An pour Albert V ?

Cipriano de Rore a adressé le 9 janvier 1559 une lettre en latin au duc Albert, lui présentant ses vœux tout en lui offrant une pièce musicale de sa composition, qu'il décrit mais ne nomme pas. La lettre, en latin, a été traduite en anglais par Leofranc Holford-Strevens pour  J.A. Owens dans l'article qu'elle consacre à l'hypothèse que le cadeau en question correspond à Mirabar solito.

 "Most illustrious prince, and most merciful lord. When in the last few days I returned home to Italy from Flanders, I found a letter from the excellent Hans Jakob Fugger, from which I understood that the Mass I had promised at my departure had been delivered to Your Highness, and not only had it been delivered, but had pleased  you and been received with that readiness o a gracious spirit that I had hoped for. Truly that caused me great pleasure, both because I very much desire, in the free profession of this art, in which up to now I have been engaged with no want of effort and hard work, to show Your Highness how much I value your many outstanding manifestations of singular kindness towards me, and also because I ascertained from most certain evidence when I was still in Germany that, amongst the other mathematical disciplines, Your Highness both by nature and by choice embraced music with marvelous zeal, as being superior to the rest, and bestowed peculiar favor on its adepts. And this caused me, as soon as I had returned, to decide that I must work hardto preserve and confirm this favorable inclination of Your Highness towards the renewers of musical art by some new service. As I think, I have been successful enough in the task I undertook. For, having summoned the Muses to my aid, I have reduced this psalm to these melodies that you see, and have composed it not unpleasingly, fully complete, on the contrapuntal principle [or ‚in accordance with the laws of music’]. I send it to Your Highness, begging you over and over again to deign to think well of it, and receive it as a happy omen of this new year. For indeed I have judged it worthy for many reasons of being offered both to your ears and to your eyes. [fol. 31 v] For amongst the other works I have written at various times, I venture to declare to Your Highness that for a long time nothing has come forth from the workshop of my mind that pleases and satisfies me more. It is thus readily apparent that the ruler of the art, Apollo,was there to help me as I pondered then ; assistance from that god, as you yourself know, does not generally happen to any man or at any time. Whether I am deceived in that matter, and perhaps think too well of myself, or it is as absolutely true as I think, Your Highness, when you have heard the work, will be able to judge with good will. For I value your keen and precise judgement above all in this form of intellectual endeavor..Mean while I humbly commend myself to Your Highness, praying with all my heart to Christ Best and Greatest that he may allow you to live unscathed to as great an age as Nestor, and rule over your peoples in peace. Farewell. At Ferrara, on the Nones of January in the year of our salvation One thousand Five hundred and fifty-nine."

Your Illustrious Highness’ Most devoted Cipriano de Rore

Traduction médiocre tentée par mes soins :

"Très Illustre Prince, et seigneur très miséricordieux. Lorsque, dans les derniers jours, je rentrai chez moi des Flandres en Italie , j'ai trouvé une lettre de l'excellent Hans Jakob Fugger, à partir de laquelle j'ai compris que la messe que j'avais promise à mon départ avait été remise à Votre Altesse, et que non seulement  elle avait été livrée, mais qu'elle vous avait plu et avait été reçue avec autant d'empressssement et de grâce que je l'avais espéré. Nouvelles qui m'ont  causées beaucoup de plaisir, à la fois parce que je désire beaucoup m'engager, dans la libre profession  dans laquelle je suis jusqu'à maintenant  sans épargner les efforts et le travail acharné, pour montrer à Votre Altesse combien j'apprécie les nombreuses manifestations  de sa la bonté singulière envers moi, et aussi parce que, ayant  constaté de  preuves certaines alors je séjournais  en Allemagne, parmi les autres disciplines mathématiques, Votre Altesse a embrassé à la fois par la nature et par choix  la musique avec un zèle admirable, comme étant supérieure à tout le reste, et accordait ses faveurs particulières à ses adeptes. Et cela m'a convaincu, sitôt revenu, de me décider à travailler durement à préserver et à confirmer cette inclination favorable de Votre Altesse vers les rénovateurs de l'art musical par quelque  nouvelle production. J'ai eu, si je ne me trompe pas, assez de succès dans la tâche  que je me suis fixée. Car, avoir convoqué les Muses à mon aide, j' ai réduit ce psaume de ces mélodies que vous avez vu et j'ai composé ceci, qui n'est pas déplaisant, et est entièrement bâti  sur le principe du contrepoint [ou, dans le respect des lois  de la Musique]. Je l'envoie à Votre Altesse, vous priant, encore et encore de daigner  le considérer avec bienveillance, et le recevoir comme un heureux présage de cette nouvelle année. Car en effet je l'ai jugé digne pour de nombreuses raisons d'être offerts à la fois à vos oreilles et à vos yeux.  Parmi les autres œuvres que j' ai écrit pour vous à plusieurs reprises, je me permets de déclarer à Votre Altesse que rien n'est sorti de l' atelier de mon esprit depuis longtemps qui ne me plaît et me satisfait d'avantage. Il est donc  évident que le maître des régles  de l'art, Apollon, était là pour m' assister au moment où j'y réflechissais; une aide que ce dieu ne procure, comme vous le savez vous-même, ni à chaque homme ni en tout temps. Même si je me suis trompé dans cette affaire, et si j'ai peut-être pensé trop bien sur mon propre compte, je reste  absolument convaincu que, Votre Altesse, lorsque vous aurez entendu le morceau, sera en mesure de la juger davec bienveillance. Car j' apprécie votre jugement vif et précis, surtout dans cette forme de démarche intellectuelle Je me recommande humblement à Votre Altesse, priant  avec tout mon cœur le Christ Bon et Juste Qu'il veuille vous permettre d'atteindre indemne un âge aussi grand que celui de Nestor, et de régner sur vos peuples dans la paix. Adieu. A Ferrare, sur le neuvième jour de Janvier de l'année de notre salut et en mille cinq cent cinquante-neuf. Le plus dévoué à votre Illustre Altesse,  Cipriano de Rore"

Quelle est l'œuvre qui accompagnait cette lettre ? Puisque le compositeur parle d'un psaume, Edward Lowinski a proposé en 1989 le Beati omnes qui tement Dominum, motet du Mus. Ms. B qui reprend le psaume 128.  La phrase latine qu'il semble important de comprendre est celle-ci : 

Convocatis enim in auxilium Musis, psalmum istum in hos quos vides modulos redegi, suisque numeris absolutum, ad harmonicae  non iniucunde rationem composui.

J. A. Owens la traduisit d'abord dans sa thèse  par "For, the Muses having been assembled for assistance, I rendered this psalm in these modulos which you see, and I composed it complete with its  numeris  according to a not-unpleasing system of harmonics.", et E. Lowinski par "Having called the Muses to my aid, I have rendered that psalm into the form of these motets that you see, and when it was thematically completed, I set it to a not unpleasant harmonic idiom“. Mais numeris peut aussi être compris comme décrivant soit un rythme musical, soit un mètre poètique

 J.A. Owens écarte l'hypothèse de voir dans le "psaume" en question le Beati omnes, qui n'a rien d'extraordinaire, qui circulait déjà parmi les amateurs, dont le style ne relève pas de celui des œuvres "tardives" de de Rore, et dont l'enluminure ne fait nullement allusion au duc. Elle se penche donc sur les deux seules pièces composées seulement pour le duc Albert, l'Ode d'Horace Donec gratus eram, et l' éloge de Scopio Mirabar solito

L'un des arguments les plus convaincants est d'ordre codicoligique : l'étude de la foliation, d'une modification d'un motet qui est incomplet, et de l'insertion de pages blanches révèle que le recueil a été modifié peut avant la fin de sa réalisation, alors que les enluminures avaient déjà débutées, pour insérer ces deux dernières pièces. De même, le style graphologique du copiste diffère : une première manière est caractéristique de tous les motets du Mus. Ms. B sauf Donec gratus eram et Mirabar solito ; une seconde manière est propre d'une part à ces deux derniers motets; d'autre mart aux deux manuscrits de Roland de Lassus, Mus. Ms. A et Vienna 18.444. 

 

SOURCES ET BOITE A LIENS.

BERGQUIST (Peter) 2006,   Orlando Di Lasso Studies page 165   Google

— BOSSUYT (Ignace) 1994, "The copist Jan Pollet and the theft in 1563 of orlandus Lassus « secret »  Penitential Psalms " From Ciconia to Sweelinck: Donum Natalicium Willem Elders, ed. Albert Clement, Eric Jas (Amsterdam and Atlanta ; Rodopi) pages 261-7

https://books.google.fr/books?id=OW0ktdIxMoIC&pg=PA261&lpg=PA261&dq=Ignace+Bossuyt,+Copyist+Jan+Pollet&source=bl&ots=xyuNNQsM9B&sig=zX7FWHMqClbGVgRO2QRx7um0zmY&hl=fr&sa=X&ei=HsZMVf7TNYPjUZG0gcgI&ved=0CCYQ6AEwAQ#v=onepage&q=Ignace%20Bossuyt%2C%20Copyist%20Jan%20Pollet&f=false

— GUTKNECHT (Dieter), 2009,  Musik als Sammlungsgegenstand Die Kunstkammer Albrechts V (1528-1579) in München Wiener Musikgeschichte: Annäherungen - Analysen - Ausblicke ; Festschrift ... publié par Julia Bungardt,Maria Helfgott,Eike Rathgeber,Nikolaus Urbanek, pages 43-66.

https://books.google.fr/books?id=sh3X7YoDq2wC&pg=PA54&lpg=PA54&dq=%22johannes+milichius%22+mielich&source=bl&ots=vfaECHachT&sig=fN9eHzcVeZzB1AckNDKXukn9sU8&hl=fr&sa=X&ei=pzBPVauZL8bbU9bdgagE&ved=0CCEQ6AEwAA#v=onepage&q=%22johannes%20milichius%22%20mielich&f=false

— JANSEN (Dirk Jacob), 1987, "Jacopo Strada et le commerce d'art" Revue de l'Art Volume   77 pp. 11-21, traduit par Jérôme Coignard

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1987_num_77_1_347647

 "La recherche des objets merveilleux. était pour un erudii contemporain du grand antiquarius amateur et négociant du XVIe siècle la raison être de la collection la mémoire Ulrich Middeldorf. Au cours de année 1567 Titien commen peindre le portrait de l'antiquaire Jacobo Strada  Celui-ci appartenait la maison de empereur Maximilien II mais il était alors employé à acquérir une célèbre collection de sculptures antiques appartenant au pratricien vénitien Andréa Loredan pour le compte du beau-frère de empereur le duc Albrecht de Bavière . C'est principalement ce portrait avec quelques documents qui s'y rapportent publiés par Crowe et Cavalcasene qui ont amené à faire de Jacopo Strada le prototype du marchand art professionnel aussi représentatif du commerce de son temps qu'un Duveen ou un Wildenstein dans la première moitié de ce siècle. C' est le même portrait et la même idée reçue qui inspiré Sir John Pope- Hennessy un jugement extrêmement négatif sur le caractère de Strada. Ce tableau montre Strada obséquieusement penché au-dessus une table tenant une statuette de marbre et il présente avec déférence quelque mécène sur la droite ... les traits contrastent avec la splendeur du vêtement ils sont mesquins et marqués par la fourberie et par un empressement un genre particulièrement déplaisant. Ce jugement sévère explicitement attribué artiste lui-même semble se limiter au caractère de Strada mais en fait reflète plutôt le dédain de intellectuel pour qui tire profit des œuvres d' art dont la profonde valeur spirituelle ne peut et ne doit s'exprimer en termes d'argent .Toutefois on se gardera de fonder sa conception de la fonction et de importance du commerce de art au xvic siècle sur les pratiques courantes de nos jours. Une reconsidération du cas Strada pourra apporter une meilleure compréhension de ces phénomènes, reconsidération qui hélas restera incomplète puisque ses activités comme marchand art où plutôtd' agent confidentiel nous sont presque uniquement connues travers les commissions il reçut du duc Albrecht vers la fin des années 1560 c'est-à-dire sur une période ne couvrant guère que quatre ou cinq années de sa vie.

Bien on puisse formuler de séduisantes hypothèses sur importance de Strada dans la vie artistique la Cour Impériale et plus généralement au sein des Erblände des Habsbourg de telles hypothèses ne sont que des déductions tirées du rôle qu' il joua à Munich. 

I. Stoppio rival manqué de Strada.

L'empereur avait prêté pour la première fois son antiquaire au duc de Bavière en 1566 lorsque Strada fut envoyé Rome l'année suivante il allait faire plusieurs voyages à Venise. Sa principale mission était de procéder à l' acquisition de vastes quantités d'antiquités principalement des sculptures. Fortement influencé par exemple et les idées de Hans Jacob Fugger, son Hofkammerpräsident et le premier mécène important de Strada, et par des membres de l'entourage de Fugger, Albrecht réunissait à Munich un ensemble de collections qui présentait déjà un caractère institutionnel plutôt que privé Cet ensemble consistait en un Kunstkammer encyclopédique, une grande bibliothèque et une collection d'antiquités dont l' ampleur et la qualité étaient sans égal au nord des Alpes. L'installation du Kunstkammer venait de achever tandis que la bibliothèque et Antiquarium devaient être abrités dans un second bâtiment spécialement conçu à  cet effet et dont la conception revient probablement Strada.

 La source la plus importante sur ces collections consiste en plusieurs dossiers conservés au Bayerischen Hauptstaatsarchiv de Munich. Ces Libri Antiquitatum qui contiennent des correspondances des comptes et des documents variés sont connus et consultés au moins depuis la fin du xvine siècle et quelques longs extraits en ont été publiés parfois sans grande précision Les documents se rapportant directement aux commissions reçues par Strada se trouvent dans les trois premiers volumes de ses lettres au duc et à Fugger des brouillons de leurs réponses quelques comptes des listes objets disponibles etc.

L.A = Libri Antiquitatum Munich Haupststaatsarchiv Kurbayern usseres Archiv 4851-4856

 Le deuxième volume des Libri Antiquatum  contient des lettres écrites de Venise par un autre agent employé par Fugger pour le compte du duc, le poète et érudit Niccolo Stoppio, un Flamand italianisé.  Les rapports réguliers de Stoppio fournissent un écho très vivant quoique partial des occupations de Strada durant ses séjours  à Venise. Stoppio natif d'Aelst dans la Flandre mais résidant depuis longtemps à Venise envoyait Fugger des nouvelles sous forme de bulletins hebdomadaires dans esprit des Fuggerzeitungen et faisait suivre la correspondance de Fugger à Bologne, Florence, et Rome. En outre il lui fournissait des livres et des manuscrits en particulier des manuscrits de Grèce relativement faciles trouver à Venise ainsi que divers produits de luxe tels que des gants des savons et même des médecines composées après ses propres recettes. Sa véritable spécialité semble avoir été la musique.  Non seulement  il envoyait des instruments mais encore il engageait des musiciens et des facteurs instruments pour la Cour de Bavière. Bien que manifestement il ne fût pas riche ni même aisé ni par ticulièrement illustre il semble avoir été un homme de lettres respecté et avoir connu la plupart des princi paux artistes et literati vénitiens Cependant Stoppio devait profondément ressentir le contraste entre sa position et celle de Strada lequel était une vieille connaissance. Strada n'était pas un erudii comme Stoppio si même il avait pu fréquenter peut-être une université dans sa jeunesse.

Bien que sa formation principale était celle un orfèvre Strada était un aristocrate fort riche avec une position favorable et officielle reconnue la première cour séculière de la chrétienté et il était considéré du moins par certains comme le Titien Portrait de Jacopo Strada Vienne Kunsthistorisches Museum premier antiquaire Europe. On ne saurait s'étonner que Strada à cause de son caractère impérieux et de son attitude parfois arrogante ne gagna pas la sympathie de Stoppio qui en outre avait nourri quelque illusion d'obtenir pour lui-même la commission très lucrative dont Strada fut chargée. Mais l'antipathie de Stoppio se mua bientôt en une jalousie haineuse eu égard de la réussite de Strada dans ses rapports presque hebdomadaires avec Fugger. Stoppio ne taisait rien qui pût selon lui discréditer Strada aux yeux de son protecteur et ainsi indirectement à ceux du duc Albrecht Il l'accusa de payer des prix exorbitants pour les antiquités qu'il acquérait pour le compte du duc, de se conduire sans tact avec les nobles vénitiens auprès de qui il faisait ses achats et de manquer de jugement professionnel et érudition Il alla reprocher Strada une prétendue faute orthographe. Insistant enfin sur le peu estime que selon lui les Vénitiens avaient pour Strada il opposait sa réputation auprès des Allemands qui plus confiants et honorables reale di natura que les Italiens étaient par là même plus facilement bernés est ces appréciations négatives de Strada connues seulement travers les extraits de correspondance de Stoppio que font écho des condamnations comme celles de Pope-Hennessy .Cette confiance est déplacée comme le démontre le ton vindicatif de cette correspondance dans son ensemble et surtout le fait que Fugger un des mécènes les plus intelligents et les plus judicieux du siècle ait ignoré presque complètement les institutions de Stoppio. Dans une lettre du 30 mars 1569 ( L.A 4852 ff 228 et suiv.) Fugger qui séjournait alors dans la maison de Strada à Vienne réfute les accusations de Stoppio puis cesse écrire à Stoppio jusqu'à la mort soudaine de celui-ci quelques mois plus tard.

— Sur Stoppio voir  Von Busch Renate Von Busch Studien zur deutschen Antiken- Sammlungen des 16 Jahrunderts thèse Tübingen 1973 Vienne Kunsthistorisches Museum  page 116 n°48.

 

— La Biblioteca Ambrosiana de Milan conserve quelques poèmes de Stoppio (voir Paul Oskar Kristeller Iter Italicum I, Londres et Leyde 1965, pp 287 302 et 307). 

— HOPE, (Charles) 1997, " Hans Mielich at Titian's studio",  Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 1997, 60. Dans la littérature concernant Hans Mielich, la notion que le peintre s'est rendu à Rome en 1541 est en grande partie considérée comme un fait établi. C. Hope cite la transcription d'une partie d'une lettre du marchand d'art Nicolò Stoppio à Hans Jacob Fugger (14 décembre 1567) qui établit que Mielich visité l'atelier du Titien à Venise entre 1552 et 1554. Cela semble également la date la plus probable pour la visite de Mielich à Rome. Dans sa lettre, Stopio signale qu'il avait vu  le  tableau Vénus et Adonis maintenant au Prado, et qu'il avait fait deux suggestions pour l'amélioration de la peinture, que Titien avait suivi. Vénus et Adonis est daté c.1553.

 

MEIER (Berhard), 1975, Cipriani Rore Opera Omnia , vol. 6: Motets , American Institute of Musicology (=CMM  14/6).

— MIELICH (Hans) 1559, Mus. Ms. B, Bayerische Staatbibliothek : motets de Cipriano de Rore Oeuvre en ligne (en noir et blanc) ici : http://daten.digitale-sammlungen.de/~db/0003/bsb00037180/images/index.html?id=00037180&fip=ewqeayaewqfsdrxdsydxdsydenw&no=32&seite=1

— OWENS (Jessie Ann), 1978, The signifiance of Mus. Ms. B as a source for the motets of Cipriano de Rore 

https://www.academia.edu/8021841/THE_SIGNIFICANCE_OF_Mus._Ms._B_AS_A_SOURCE_FOR_THE_MOTETS_OF_CIPRIANO_DE_RORE

— OWENS (Jessie Ann), 2004, Cipriano de Rore's New Year's Gift for Albrecht V of Bavaria:a new interpretation : d'après sa thése de 1979 in : Die Münchner Hofkapelle des 16. Jahrhunderts im europäischen Kontext. Bericht über das internationale Symposium der Musikhistorischen Kommission der Bayerischen Akademie der Wissenschaften in Verbindung mit der Gesellschaft für Bayerische Musikg ..., 2004, 30 p. (2004, August 2-4)

https://www.academia.edu/8145200/Cipriano_de_Rores_New_Years_Gift_for_Albrecht_V_of_Bavaria_A_New_Interpretation

— OWENS, (Jessie Ann) 1979 : An Illuminated Manuscript of Motets of Cipriano De Rore (München, Baierische Statsbibliothek, Mus. Ms. B) - Phil. D. diss. Princeton University Press, 1979 (non consulté)

— PAJUR (Astrid), 2012, Spectacular Marriages: Early Modern Festival Books and the 1568 Wedding of Wilhelm V of Bavaria and Renata of Lorraine,  History Dissertation, University of Edinburgh 

https://www.academia.edu/5774753/Spectacular_Marriages_Early_Modern_Festival_Books_and_the_1568_Wedding_of_Wilhelm_V_of_Bavaria_and_Renata_of_Lorraine

— SCHILTZ (Katelijne et N. Meeùs), 2003, "Giunto Adrian fra l'anime beate : Une quintuple déploration sur la mort d'Adrien Willaert" Musurgia, Vol. 10, No. 1 (2003), pp. 7-33.

https://www.academia.edu/7926001/Giunto_Adrian_fra_l_anime_beate_Une_quintuple_d%C3%A9ploration_sur_la_mort_d_Adrien_Willaert

— SCHILTZ (Katelijne)  2005, "Harmonicos magis ac suaves nemo edidit unquam cantus": Cipriano de Rores Motette Concordes adhibete animos Archiv für Musikwissenschaft, 62. Jahrg., H. 2. (2005), pp. 111-136

https://www.academia.edu/6714368/_Harmonicos_magis_ac_suaves_nemo_edidit_unquam_cantus_Cipriano_de_Rores_Concordes_adhibete_animos

 

— SCHILTZ (Katelijne), 2014, "Cipriano de Rore's a voci pari Motets: Sources, Context, Style", in Cipriano de Rore  at the Crossroads, Munich, 20-21 mars 2014 (non consulté).

http://www.uni-regensburg.de/philosophie-kunst-geschichte-gesellschaft/musikwissenschaft/medien/rore-tagung/flyer_cdr.pdf

— SCHILTZ (Katelijne), 2005 "Harmonicos magis ac suaves nemo edidit unquam cantus“: Cipriano de Rores Concordes adhibete animos,  Archiv für Musikwissenschaft 62 (2005), 111–136

https://uni-regensburg.academia.edu/KatelijneSchiltz/Articles-and-book-chapters

 

— STOPIO (Nicolo) 1556 "Nicolai Stopii In funere reverendiss. Cardinalis Bembi Epicedion" in : Petri Bembi patritii Veneti, scriptoris omnium politissimi disertissimique, quaecunque usquam prodierunt, opera : in unum corpus collecta, & ad postremam autoris recognitionem diligentissime elaborata, quorum catalogum versa pagina monstrabit : Cum rerum & vocum memorabilium Indice, in operis calcem reiectoBasileae : [Michael Isengrin] 1556

http://www.e-rara.ch/bau_1/content/pageview/62975

— STOPIO (Nicolo) ou STOOP, (Nicolaas de),1555, Panegyricvm Nicolai Stopii Alostensis Flandri Carmen De laudibus diuae Ioannae Aragonae ad Illustriss. & excellentiss. eius filium Marcum Antonium Columnam Marsiae Ducem inuictiss. Florence.

http://bildsuche.digitale-sammlungen.de/index.html?c=viewer&lv=1&bandnummer=bsb00002170&pimage=00001&suchbegriff=&l=en

—  TROIANO ( Massimo Troiano) Dialoghi, ne'quali si narrano le cose piu notabili fatte nelle nozze dello page 42-47, 121, 139, 147. https://books.google.fr/books?id=JtNcAAAAcAAJ&pg=RA1-PT18&dq=stopio+nicolo&hl=fr&sa=X&ei=67VAVbD_Fcfiaor6gLgB&ved=0CE4Q6AEwBw#v=onepage&q=stopio%20nicolo&f=false

— TROIANO ( Massimo) 1568 Discorsi delli triomfi, giostre, apparati, e delle cose piu notabile fatte nelle sontuose nozze dell' illustrissimo & eccelentissimo Signor Duca Guglielmo. primo genito del generosissimo Alberto quinto, Conte Palatino del Reno, e Duca della Bauiera, alta e bassa, nell' anno 1568 a 22. di Febraro. Compartiti in tre libri, con una dialogo, della antichita del felice ceppo de Bauiera. Alla serenissima Regina Christierna Danismarchi  ...Montano page 67-68 et 165

https://books.google.fr/books?id=TzRgAAAAcAAJ&dq=de+rore+stopio&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— DIAMM, Digital Image Archive of Medieval Music : http://www.diamm.ac.uk/jsp/Descriptions?op=SOURCE&sourceKey=2225

— VIGNAU-WILBERG (Théa), 2006 In Europa zu Hause – Niederländer in München um 1600, Hirmer.pp. 102-103.

— Editions de Cipriano de Rore à la Bibliothèque Nationanle Bavaroise  :

http://www.digitale-sammlungen.de/index.html?c=autoren_index&l=de&ab=Rore%2C+Cipriano+de

A propos de Johannes  Pollet :  

 — Orlando di Lasso, Orlandi Lassi sacrae cantiones (vulgo motecta appellatae) quinque vocum ..  https://books.google.fr/books?id=2i77ZJwDIQwC&pg=PT2&dq=%22ioannes+pollet%22&hl=fr&sa=X&ei=widCVZPJOYOAU42bgcgF&ved=0CCYQ6AEwATgK#v=onepage&q=%22ioannes%20pollet%22&f=false

Pour m'initier à la musique franco-flamande :

http://classic-intro.net/introductionalamusique/Renaissance12.html

—  Profeti della Quinta, dolce risonanza, dir : Florian Wieninger

You tube : https://www.youtube.com/watch?v=uJO0NVH0D60

 

http://www.dolcerisonanza.at/cd-projekte/musica_reservata/index_fr.htm :

— The Seven Penitential Psalms and Laudate Dominum de caelis  Par Orlando di Lasso 

https://books.google.fr/books?id=NWPdOJWL0CMC&printsec=frontcover&dq=Lasso,+Orlando+di+-+Musica+Reservata&hl=fr&sa=X&ei=QndMVc68FYGAU7iygYAJ&ved=0CCgQ6AEwAQ#v=onepage&q=Lasso%2C%20Orlando%20di%20-%20Musica%20Reservata&f=false

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Hoefnagel
22 avril 2015 3 22 /04 /avril /2015 22:39

Joris Hoefnagel et son premier Hibou au caducée: L' Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) .

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Sur Joris Hoefnagel, voir dans ce blog :

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Dans un article précédent, Le Hibou au Caducée chez Joris Hoefnagel, je présentais

cinq peintures de Hoefnagel au Hibou et/ou au caducée:

  • Missale romanum folio 332, Deuxième Dimanche après Pâques, 39 x 28,5 cm. 1582-1590.

  • Missale romanum folio 637, Messe des Défunts, 1590

  • Schriftmusterbuch folio 20, 18 x 13,2 cm, "Hibou attaqué", 1594-1598

  • Grotesque inventaire n°1519, 17 x 13,2 cm, sans date

  • Allégorie pour l'amitié d' Abraham Ortélius, 11,7 x 16,5 cm, 1593.

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J'ai découvert un nouvel exemple, plus précoce, sur cette Allégorie aux deux Nymphes, et je l'ai étudié  dans un article séparé :

Joris Hoefnagel et son premier Hibou au Caducée-pinceau dans l' Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) . 

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J'étudie maintenant l'enluminure dans sa globalité.

Il s'agit de l' Allégorie aux deux Nymphes, avec les vues de Munich et de Landshut datée de 1579. Elle est conservée au Kupferstichkabinett du Staatliche Museen de Berlin, sous le n° d'inventaire KdZ 4804 , et sous le titre de Ansicht von München und Landshut in reicher allegorischer Umrahmung .

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On peut l'examiner en ligne sur le site de NKD :

https://rkd.nl/en/explore/images/record?query=joris+hoefnagel+allegorie&start=11

Mais Théa Vignau-Wilberg en a donné une reproduction de bonne qualité dans son livre de 2006 In Europa zu Hause – Niederländer in München um 1600, et c'est la photographie de ce document que j'exploite ici.

Je suis aussi redevable des 455 pages de texte de cet ouvrage dans lequel j'ai largement puisé.

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Je la décrirai en trois registres, le registre supérieur où s'affiche la Vue de Munich ; le registre médian principal avec la scène allégorique encadrée de bordures emblématiques ; et le registre inférieur avec la Vue de Landshut. Je présenterai ensuite, en guise de fiches documentaires, la cour ducale de la Maison de Wittelsbach, et les données historiques, celles concernant les partitions de musique, etc.... Joris Hoefnagel a peint cette miniature pour le cabinet d'art (Kunstkammer) du duc de Bavière Albert V, mais celui-ci décéda le 24 octobre 1579. 


 

Joris Hoefnagel, Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

                                        DESCRIPTION.

Aquarelle et gouache sur vélin  de 235 x 180 mm (423 cm2) ; feuille d'or, ligne d'encadrement noire. 

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I. REGISTRE SUPERIEUR : Vue de Munich.

   Le cadre. La vue de Munich apparaît dans un cadre certes formé de branches mortes, mais dont l'examen révèle la complexité. Tout en donnant l'illusion d'un encadrement  vraisemblable, il est irréaliste puisque les branches traversent, en haut, les volutes d'un élément de bois ou de métal doré tandis qu'elles se métamorphosent, de chaque coté, en une chimère . En bas, elles se terminent autour de la couronne ducale.

La vue de Munich permet de voir l'Isar au premier plan, traversée à gauche par un pont : c'est grâce à ce pont et au commerce du sel, que la ville doit son développement. Parmi les nombreux clochers, on reconnaît facilement les deux tours de la Frauenkirche, la cathédrale ; les autres sont identifiables grâce à la légende de la gravure du Civitates, qui en a été tirée. 

Blasons et devises.

Le panorama de la ville est encadré à gauche par le blason de la Maison des Wittelsbach fuselées en bande d'azur et d'argent. A proximité, dans l'entrecroisement en trophée d'une lance et d'une croix, un cartouche montre un lion allongé près d'un agneau avec les mots "parcere suiectis". A ce décor répond, du coté droit, les armoiries de Munich sous la forme d'un moine  en robe noire et chaussures rouges tenant un livre dans sa main gauche et bénissant de la main droite : au IXe siècle, le village de « Munichen » (bei munichen,"chez les moines" en vieil-allemand) a vu  le jour  près d'une abbaye bénédictine du VIIIe siècle. Le médaillon contient voisin une représentation d' Hercule terrassant le lion de Némée, et porte les mots et debellare superbos. Il est placé au sein d'un trophée inspiré des cartouches de Hans Floris avec un casque de style grotesque, des armes enrubannées et autres accessoires. Les Wittesbach considéraient descendants d'Hercule ; le "lion couché"  est une de leurs figures emblématiques.

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a) Portrait (de fiançaille) du duc Albert V  à 17 ans par Hans Mielich. Au deuxième collier est suspendu un lion couché, le "liegenden Löwen". 

http://www.hdbg.de/portraitgalerie/gemaelde-4301-zoom.php

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b) Portrait d'Albert V en 1555 par Hans Mielich. Un lion couché ou  "liegenden Löwen" est représenté derrière lui.

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c) armoiries des Wittesbach

http://de.wikipedia.org/wiki/Wittelsbach

 

 

     

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d) Les armes des Wittesbach par Hoefnagel  au dessus de la gravure représentant Landshut dans le Civitates Orbis Terrarum volume III : 

 

e) Le blason de Munich  :  http://de.wikipedia.org/wiki/M%C3%BCnchen

 

En réunissant les deux inscriptions, on obtient  une citation de  l'Enéide de Virgile (VI, 853) Parcere subjectis et debellare superbos "Protéger les faibles et frapper les arrogants" (ou "pardonner aux vaincus et dompter les rebelles"), qui  était l'une des devises du duc Albrecht V. Cette devise était parfois illustrée par  "Un lion embrassant une brebis et un autre lion dompté par son maître", ce qui permet de comprendre le cartouche de gauche, et le lien avec l'emblème du lion couché..

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Joris Hoefnagel, Vue de Munich, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Vue de Munich, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

 

 

II. REGISTRE MEDIAN.

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1. Le dais couronné.

La couronne ducale, frappée d'hermines, vient coiffer un dais ou pavillon dont le bandeau noir porte en lettre majuscules or les mots TV DECVS OMNE TVIS

En 1551, Claude Parradin avait publié dans ses Devises héroïques (Lyon, Jean de Tournes er Guillaume Gazeau) cette citation Tu decus omne tuis.  La  figure montrait une main tenant une langue arrachée. Dans l'édition de 1557, et un épigramme l'accompagnait, faisant allusion   à un geste héroïque de Lysimaque arrachant la langue d'un lion qui l'attaquait, avant de l'étrangler. L'édition de 1621 l'accompagnait de la traduction "Tu es l'honneur des tiens", et d'une allusion à Hercules dans sa victoire du lion de Némée. Une édition est parue à Anvers en 1583. 

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http://www.emblems.arts.gla.ac.uk/french/facsimile.php?id=sm816_p149

 

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La présence de cette devise est logique ici, puisque elle glorifie le courage du  duc Albert V tout en faisant référence au lion de Némée et à la devise précédente.

Néanmoins,  il s'agit initialement d'une citation de la cinquième Églogue des Bucoliques de Virgile, vers 34 (site Philippe Remacle, trad. Nisard) :

instituit; Daphnis thiasos inducere Bacchi, 

et foliis lentas intexere mollibus hastas. 
Vitis ut arboribus decori est, ut uitibus uuae, 
ut gregibus tauri, segetes ut pinguibus aruis, 
tu decus omne tuis. Postquam te fata tulerunt, 

[5,35] ipsa Pales agros atque ipse reliquit Apollo. 
Grandia saepe quibus mandauimus hordea sulcis, 
infelix lolium et steriles nascuntur auenae; 
pro molli uiola, pro purpureo narcisso 
carduos et spinis surgit paliurus acutis.

"Daphnis qui nous apprit à conduire les choeurs de Bacchus, à enlacer de pampres gracieux de souples baguettes. Comme la vigne est la parure des arbres, les raisins de la vigne; comme le taureau est l'orgueil du troupeau, les moissons l'ornement des grasses campagnes; de même, ô Daphnis, tu l'étais de nos bergeries. Depuis que les destins t'ont enlevé,  Palès elle-même, Apollon aussi a quitté nos champs. Souvent dans ces sillons à qui nous avions confié des grains superbes, il ne croît plus que la triste ivraie et toutes les herbes stériles; à la place de la douce violette, du narcisse pourpré, s'élèvent le chardon, et la ronce aux épines aiguës. "

on trouve aussi les traductions "Vous fûtes la gloire de nos hameaux", ou "Tu fus la gloire des tiens" (Charpentier, 1859).

Toutes ces traductions emploient le passé simple, car, dans ce dialogue , Menalque et Mopsus déplorent la mort du berger Daphnis et en chantent l'éloge. Le texte est précédé par

 

 

"Une mort cruelle avait ravi Daphnis à la lumière; les nymphes le pleuraient: coudriers, claires ondes, vous fûtes témoins de leur douleur, lorsque, tenant embrassé le misérable corps de son fils, une mère désolée accusait la rigueur et des dieux et des astres. Dans ces jours, ô Daphnis, aucun berger ne mena ses boeufs, au sortir des pâtis, se désaltérer dans les fraîches rivières; ses troupeaux ne goutèrent même pas de l'eau des fleuves, ne touchèrent pas à l'herbe des prés. Les lions mêmes de la Libye, ô Daphnis, ont gémi de ta mort; les sauvages monts, les forêts nous le redisent encore. C'est Daphnis qui nous apprit à atteler au char les tigres d'Arménie;

et il est suivi par : 

"Jonchez la terre de feuillage, bergers; couvrez ces fontaines d'ombrages entrelacés: Daphnis veut qu'on lui rende ces honneurs. Élevez-lui un tombeau, et gravez-y ces vers: "Je suis ce Daphnis connu dans les forêts et jusques aux astres, berger d'un beau troupeau, moins beau que le berger." 

Il est donc possible que l'enluminure ait été réalisée lors, ou juste après le décès du duc Albert en octobre 1579, et que les mots Tu Decus Omne Tuis   soient un éloge funèbre "Tu fus la gloire de ton duché". Cela, bien entendu, changerait la lecture du reste de la peinture.

Ce bandeau noir est prolongé vers le bas par des draperies largement cloutées, décorées de deux aigles noirs bicéphales et des couleurs rouge et blanche des Habsbourg et donc du Saint-Empire Germanique (L'empereur est alors Rodolphe II).

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2. La scène centrale.

Dans un jardin clos (évoquant immédiatement le locus amoenus antique et ses avatars médiévaux) deux femmes aux amples vêtements tiennent des vases remplis de lys. L'une, de face, regarde le spectateur, tandis que l'autre, vue de 3/4 arrière, tourne dans une vrille son bassin vers la droite puis ses épaules et son visage vers la gauche pour se présenter en faux profil. Elles sont séparées par le tronc tortueux d'un laurier, symbole de la gloire, dont les branches sommitales supportent la lettre majuscule A qui rend hommage au nom du duc Albert V (Albrecht), voire, en même temps, à son épouse Anna. 

En arrière plan, le jardin est fermé par des claies. Il est divisé en parterres carrés délimités par des lignes de buis nains taillés, chaque carré, que l'on nommait "carreau" étant planté selon un dessin géométrique différent et centré par un  vase portant des fleurs. 

Ce type de jardin  apparu en Italie (villa de Poggio Reale), a été importé en France au début du XVIe siècle à Amboise, Blois et Gaillon par Charles VIII et Louis XII, et Jacques Androuet du Cerceau en a relevé les plans dans son Plus excellents bastiments de France en 1576-1579. Le jardin médiéval et ses quatre carrés centrés par une fontaine et plantés de simples à visée thérapeutique ou d'assaisonnement devient un espace de représentation dont les motifs ornementaux sont admirés d'un point de vue plus élevé, dans le cadre d'une promenade. C'est un décor de théâtre pour les festivités qu'on y donne. C'est aussi — surtout depuis l'entrée des bulbes exotiques, les tulipes et jacinthes — un cabinet de curiosité à ciel ouvert où le prince collectionneur de plantes rares les propose à l'admiration dans ce qui correspondrait à des armoires, des "chambrettes" et "lieux de réserve" . 

A la fin du XVIe siècle ont été inventés les "parterres à carreaux rompus" ou "parterres allemands" décrits dans le Thresor des parterres de l'univers  Genève,1629, par Daniel Loris, médecin au service des ducs de Wurtemberg.

Dans la résidence ducale de Trausnitz, Guillaume V en même temps qu'il faisait construire une aile italienne, fit agrandir en 1580 les jardins équipées de fontaines, ajouta des vergers, des cascades,  installa une volière, fit venir des animaux sauvages en liberté, etc... (B. Susan Maxwell page 99).

Mais la miniature date de 1579, elle célèbre Albert V, et il nous reste à comprendre quel est son sens allégorique. 

Les deux nymphes semblent copiées de quelque modèle antique ou de la Renaissance italienne, car les deux poses ne semblent pas harmonisées, comme si elles résultaient de la juxtaposition de deux croquis indépendants, collectés par Hoefnagel lors de ses voyages ou trouvés dans des ouvrages. L'une des femmes est pied-nus, l'autre est chaussée de sandales légères, et toutes les deux  ont le pied gauche en arrière, talon soulevé. Elles sont saisies lors de la marche ou de la danse. Comment ne pas évoquer la fameuse et chère Gradiva, héroïne de la nouvelle de  Wilhem Jensen (1903) ?  Comment ne pas entendre dans sa mémoire les lignes suivantes :

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" Cette sculpture représentait, au tiers de sa grandeur nature, une femme encore jeune en train de marcher. Visiblement, elle avait dépassé le stade de l’adolescence, mais ce n’était pas encore une adulte: c’était une vierge romaine d’environ vingt ans. Elle ne rappelait en rien les bas-reliefs si nombreux de Vénus, de Diane ou de toute autre déesse de l’Olympe, pas davantage ceux de Psyché ou d’une nymphe. [...] . Ce n’était pas par la beauté de ses formes que la jeune femme retenait l’attention , mais bien par quelque chose que l’on ne voit pas souvent dans les statues antiques, j’entends cette grâce naturelle et simple de la jeune fille qui, semblait-il, lui insufflait la vie. Sans doute cette impression provenait-elle surtout de l’attitude dans laquelle l’artiste l’avait représentée: la tête légèrement penchée en avant, la main gauche relevant un peu la robe extraordinairement plissée qui lui couvrait le corps de la nuque aux chevilles, ce qui laissait apparaître des pieds chaussés de sandales. Le gauche était en avant et le droit, prêt à le rejoindre, ne touchait à peine le sol que de la pointe des orteils, tandis que la plante et le talon se dressaient presque à la verticale. Ce mouvement évoquait l’agilité en même temps que la légèreté de la démarche chez cette jeune femme en mouvement, mais aussi une tranquille confiance en soi. Et c’est cette légèreté d’oiseau, associée à la fermeté de l’attitude, qui lui conférait cette grâce toute particulière."

 

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On sait que Gradiva correspond à la danseuse antérieure du  bas-relief des Aglaurides, conservé au musée Chiaramonti à Rome. La belle jeune-femme qui a fait fantasmé Freud et ses cohortes d'émules autant que les vrais amateurs de littérature porte la chiton descendant aux chevilles, sans ceinture ; le "drapé mouillé" y est plus pudique que dans la statuaire du maniérisme post-classique.  Hoefnagel a-t-il, comme Jensen, été inspiré par une sculpture de l'une des danseuses athéniennes, les déesses chtoniennes Aglaure, Hersé, Pandrose, dont le nom évoque la lumière et la rosée, et qui se virent), se voient confier la garde du petit Érichthonios – le « Très Chthonien » – l'enfant né du vain désir d'Héphaistos pour Athena ?

Euripide les a décrit en train de danser sur le flanc Nord de l'Acropole, non loin du Pythion, point de départ de la voie sacrée reliant Athènes à Delphes. Sur une colonne conservée au Musée de Delphes, elles entourent un acanthe,  et elles apparaissent comme la personnification de la terre arable, l'acanthe symbolisant leur rôle dans la croissance des végétaux. Elles y sont habillées d'un chitoniskos (tunique courte) et portant un kalathos, vase à base étroite et à col généreux qui est un symbole traditionnel de fertilité. Les pieds nus, suspendues en l'air et le bras levé. 

 Certes, Hoefnagel ne s'est pas rendu en Grèce, et il n'a pu admirer la Colonne aux acanthes, de Delphes, qui a inspiré à Claude Debussy le premier de ses Préludes. 

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Nous pourrions aussi penser que l'artiste flamand s'est inspiré des ménades, ces prêtresses de Dionysos qui adoptent aussi des attitudes de danseuses au talon levé. Mais les transes des bacchanales ne correspondent pas à l'Allégorie étudiée ici.


 

 

Enfin, parmi cent autres exemples, nous pourrions évoquer plus simplement l'une des Nymphes du Printemps de Botticelli : ces nymphes seraient alors les Hespérides gardant le mythique jardin aux fruits d'or.

 

Sandro Botticelli, Primavera (détail) 1478-1482. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Printemps_%28Botticelli%29

Sandro Botticelli, Primavera (détail) 1478-1482. http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Printemps_%28Botticelli%29

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Dans la peinture de Hoefnagel, les femmes portent une tunique courte sur un chiton ou une robe descendant aux chevilles, et serrée au dessus de la taille par une ceinture. Les bras ou avant-bras sont nus, l'étoffe légère et flottante, aux motifs floraux, étant fixée par une broche au dessus de l'épaule, ou maintenue par un bandeau au niveau du bras. L'une des femmes porte un bandeau dans les cheveux.  Le vase qu'elle portent a la forme d'une corne d'abondance (cornucopia), et contient des lys martagon.

 Revenons en arrière, allons par sauts et gambades : on va toujours trop vite pour admirer les œuvres d'art. Il faudrait, comme Daniel Arrasse,  se faire enfermer dans un musée  en tête à tête avec la peinture, et en laisser  les ferments agir. Ou bien, comme ces amateurs de bordeaux ou de vin de Champagne, se réunir à quelques philomusis pour partager les émois de notre dégustation. Ainsi, je ne peux quitter cette nymphe qui soulève chorégraphiquement le talon sans évoquer les termes par lesquels Jensen décrit la démarche de Gradiva : lente festinans.

 

Cet oxymore se fâne lorsqu'on le traduit. Il perd de son bouquet lorsqu'on l'inverse en la forme plus fréquente mais impérative, et donc sêche, du Festina lente, "Hâte-toi lentement" de l'Adage d'Érasme, de la devise d'Alde Manuce accompagné de l'ancre au dauphin, ou de cet autre emblème au crabe tenant un papillon. Lente festinans est plus suave, il dit les hanches qui se balancent, le mollet qui se tend et l'allure du voilier dans la houle. J'entends ma mémoire qui chante la Passante de Baudelaire : définition exacte de lente festinans

Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

 

Festinans est le participe présent du verbe festino, "se hâter" ; cette forme en -ans crée une rime sonore interne avec lente et confère à l'expression une coloration  d'arantium, celle-là même que Proust avait choisi pour le nom de Madame de Guermantes : " la lumière orangée qui émane de cette syllabe "antes"(Du côté de chez Swann - Combray - page 284).. Je le vois se presser vers la fête comme un feston orange, goûtant en gourmand l'impatience latente.

Joris Hoefnagel, Nymphes aux lys, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Nymphes aux lys, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Les deux nymphes dans le jardin.

Joris Hoefnagel, Les deux nymphes dans le jardin.

En conclusion provisoire, l'examen de cette scène centrale nous permet de décrire deux personnages féminins porteuses de cornes d'abondance remplies de lys, dont la tenue évoque celles des femmes de l'antiquité grecque, dont le pied gauche soulevé avec vivacité évoque le mouvement de marcheuses (Gradiva = "celle qui marche"), peut-être lors d'une procession, ou de danseuses (Aglaurides, Ménades ou Hespérides), alors que le jardin clos, de style Renaissance tardive est la représentation idéale du locus amoenus proche de l'Eden chrétien ou du Jardin des Hespérides antiques, non sans rappeler pour l'humaniste le souvenir du Banquet religieux d'Erasme, et non sans introduire les notions de mise en ordre soigneuse et agencée de la Nature par l'Homme. Dans tous les cas, la symbolique principale est celle de la fécondité et de l'Âge d'or, la symbolique secondaire est celle de la Grâce ou de la Beauté, et la troisième celle de l'Ordre comme facteur d'équilibre. J'oubliais l'olivier pourtant central, symbole de Paix. Tout pourrait se résumer dans le mot grec de κόσμος  kósmos, « le monde ordonné » , décrit par Platon dans le Gorgias comme l'état où "le ciel et la terre, les Dieux et les hommes sont liés entre eux par une communauté, faite d’amitié et de bon arrangement, de sagesse et d’esprit de justice". Un aspect féminin florissant et dansant du kósmos .

 

Mais la clef de l'allégorie nous attend au registre inférieur.

 

 

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3. La bordure de gauche.

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Ce hibou emblématique tenant un caducée formé d'un pinceau, et  posé sur le casque de Minerve, est entourée de deux palettes de peintre. C'est donc le peintre lui-même qui s'approprie, pour lui-même ou pour sa discipline, l'emblème. Le hibou est entouré d'une couronne d'olivier, tandis qu'un serpent au corps entortillé au dessus de lui le menace, vainement, de sa gueule sifflante, et qu'un oiseau huppé au bec crochu l'attaque du coté gauche. Nous avons donc ici réuni les éléments qui réapparaitront dans les occurences iconographiques suivantes et qui font de cet animal l'expression de la volonté de paix, confronté sans cesse aux agressions de l'ignorance et du Mal, et mettant avec une persévérance obstinée au service de la paix les talents de son art. 

Ce hibou au caducée surmonte un blason divisé en quatre quartiers par deux équerres et une règle. les quartiers sont occupés par un canif-grattoir, un pinceau, deux burins et un maillet. Soit les outils du peintre, du dessinateur, du graveur, et de l'architecte ou, plus surement, du géographe-topographe. Hoefnagel associe-t-il ici tous les artistes des arts décoratifs, ou bien décline-t-il les différentes fonctions de peintre, de graveur, et de chorographe qu'il a exercé, notamment à coté du géographe Ortélius ?

Ce blason est entouré, en guise de collier de la Toison d'Or, des lettres du mot VIRTUS auxquelles est suspendu un vase embrasé ou pot-à-feu, symbole d'enthousiasme et de charité, lui-aussi transpercé par un pinceau. Ce pot-à feu est, à la fois, un cœur enflammé.

Plus bas, deux cornucopia débordent de fruits.

Voir l'interprétation de cet emblème dans l'article qui lui est consacré. Précisons seulement que Hoefnagel s'est inspiré du motif emblématique de l'Hermathena (union de Minerve et d'Hermés) créé par Nicolas Stopio, agent d'Albert V à Venise pour approvisionner son Antikarium d'objets d'arts en vente en Italie, mais aussi poète versé dans les épigrammes encomiastiques : nous retrouverons ce flamand aux talents multiples au chapitre "musique". Hoefnagel a su transformer la figure un peu pompeuse de l'Hermathena en celle, familière, d'un Hibou peintre aux traits plus humains que les divinités antiques.

Ajoutons –encore!– que le caducée est l'attribut des Légats (ou Ambassadeurs)

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Le caducée, attribut de la Paix ?

Le caducée a perdu de sa force expressive depuis qu'il désigne un macaron de pare-brise, une marque d'appartenance ou de reconnaissance professionnelle des médecins (il  n'y a alors qu'un seul serpent autour du bâton d'Asclepios) ou des pharmaciens, voire, de nos jours, des infirmières et des aides soignantes, des coiffeuses et, plus généralement, de tous les travailleurs à domicile. 

Mais le véritable caducée, à deux serpents, "tient son nom du latin caduceus (« caducée, baguette du héraut »), lui-même emprunté anciennement au dorien καρύκιον, karukion, de même sens, qui fait κηρύκειον, kêrukeion en grec attique,"  (Wiktionnaire) : ce nom est dérivé de κῆρυξ, kērux (« héraut ») apparenté à κηρύσσω, kērussō (« annoncer »). Il n'en faut pas plus pour penser que Hoefnagel, en transformant son pinceau en  caducée, c'est se donner comme but de faire une peinture "kérygmatique", vouée à "proclamer à haute voix" (c'est le sens du grec ancien κήρυγμα / kérugma), et d'annoncer tel un héraut (grec κῆρυξ / kêrux, le « héraut »)  la profession de foi fondamentale des humanistes. 

Le caducée fut, chez les Grecs, la marque distinctive des ambassadeurs et des hérauts. Les premiers apparaissent chez Homère  : ils se nomment Eurybates et Talthybius et Agamemnon les envoient voir Achille et lui réclamer la restitution de la belle esclave Briseis. Uniques détenteurs de l'inviolabilité diplomatique, symbolisée par leur kerykeion, les hérauts sont appelés à remplir les fonctions d'émissaires en période d'hostilités : à ce titre ils sont préposés à déclarer la guerre et, en cas de défaite, à demander au vainqueur une trêve pour relever les mortsPar extension de son association avec  Hermès, le caducée est aussi un symbole reconnu du commerce et de la négociation, deux domaines dans lesquels échange équilibré et la réciprocité sont reconnus comme des valeurs essentielles.

Quand aux deux serpents, certains les considèrent comme provenant de l'image d'un dieu à l'ère pré-anthropomorphique.

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Joris Hoefnagel, Hibou au Caducée, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Hibou au Caducée, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Hibou au Caducée, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Hibou au Caducée, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

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4. La bordure de droite.

Cette bordure est construite en symétrie de celle de droite, et l'appareil d'arcatures, de volutes et de faux encadrement est le même. C'est un sablier qui est suspendu au portique supérieur, alors que quatre oiseaux (passereaux) se sont posés dans des branchages pour y chanter. 

Plus bas, vient une tête animale (ours ? lion ?) entourée de deux ailes, puis une lyre à neuf cordes (la lyre est l'instrument d'Apollon, qui commande aux neuf Muses), puis un médaillon enrubanné décoré d'un cygne (cf. le "chant du cygne"), et enfin un vase rempli de fleurs.

On comprend que, si le coté gauche était celui des arts visuels, le coté droit est celui de la musique et du chant. C'est pourquoi la lyre est entourée d'une couronne de fleurs où s'enroulent des partitions de musique. On y lit les noms d' "ORLANDO LASSVS " et de "CIPRIANO [da] RORE"

Cyprien de Rore et Roland de Lassus sont deux compositeurs franco-flamands, célèbres pour leurs madrigaux et motets. Je fais ici une salade niçoise des articles Wikipédia :

— L'aîné est Cyprien de Rore.

 

Il est né à Ronse, une ville flamande de l'ouest de Bruxelles en 1515 ou en 1516  et  mort à Parme, en 1565. Installé en Italie ( Brescia, Venise) , il entre au service du duc Hercule II d'Este à la cour de Ferrare comme maître des chœurs. Il compose de nombreuses œuvres non seulement pour la famille d'Este , mais aussi pour les classes supérieures religieuses et laïques de l'Europe. En Mars 1558 Rore est rendu en  Flandre en passant par  Munich. Il fut très apprécié à la cour du duc  Albrecht V comme en témoigne de nombreuses miniatures du peintre de la cour Hans Mielich, mais n'y travailla jamais comme musicien de cour . Quand Hercule meurt en 1559, Cyprien de Rore travaille au service de Marguerite de Parme à Bruxelles et de son mari, le duc de Parme Ottavio Farnese. En 1562, il est choisi comme maître des chœurs à Saint-Marc de Venise, mais démissionne en 1564 et retourne à Parme où il décède.

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— Roland de Lassus (ou Orlando di Lasso, Orlande de Lassus , est né à Mons en 1532 et mort à Munich le 14 juin 1594.

 Il est très vite inscrit comme « enfant de chœur », c'est-à-dire comme enfant chantant dans le chœur de l'église, et sa voix exceptionnelle attirait les convoitises, si bien qu'il fut à trois reprises l'objet de tentatives d'enlèvement. À l'âge de douze ans, il quitte les Pays- Bas avec Ferdinand Ier Gonzague et se rend à Mantoue, en Sicile, et plus tard Milan, où il reste de 1547 à 1549. Il travaille à Naples  en tant que chanteur et compositeur au début des années 1550, puis  s'installe à Rome, où il travaille pour Cosme Ier de Médicis, grand-duc de Toscane. En 1553, à Rome, il devient maître de chapelle de la basilique Saint-Jean-de-Latran.En 1555, il retourne aux Pays-Bas et ses premières œuvres sont publiées à Anvers en 1555 ou 1556.

En 1556, il rejoint la cour d'Albert V de Bavière, qui désire s'entourer de musiciens prestigieux à l'instar des cours des princes italiens. En 1558, il épouse Regina Wäckinger, la fille d'une dame d'honneur de la duchesse . En 1563, Lassus est nommé maître de chapelle à Munich. Il demeure au service d'Albert V et son héritier, Guillaume V de Bavière, jusqu'à sa mort. 

Son art fut d'emblée reconnu et Roland de Lassus était, dès le milieu du siècle, surnommé le « divin Orlande » par le poète Ronsard, ou « Prince de la musique ». Il est annobli en 1570 par l'empereur Maximilien II, un fait rare pour un compositeur. Le pape Grégoire XIII le fit chevalier. En 1571 et en 1573, le roi Charles IX de France, grand amateur de musique, l'invita à la Chapelle royale.

À la fin des années 1570 et 1580, Roland de Lassus a effectué plusieurs voyages en Italie, où il a été en contact avec les styles et tendances les plus modernes. Dans les années 1590, sa santé commença à décliner.. Ses dernières œuvres sont souvent considérées comme majeures : le grand cycle pénitentiel de madrigaux spirituels un ensemble de 21 madrigaux spirituels  connu sous le nom Lagrime di San Pietro (« Les larmes de Saint Pierre »), , et publié à titre posthume en 1595.

Lassus est décédé à Munich le 14 juin 1594, le jour même où son employeur avait décidé de se séparer de lui pour des raisons financières.

Roland de Lassus est l'un des compositeurs les plus prolifiques, polyvalents et universels de la Renaissance tardive. Il a écrit plus de 2 000 œuvres dans tous les genres en latin, français, italien et allemand. Il s'agit notamment de 60 messes complètes, une quantité considérable de Missae breves, « Messes brèves », destinées à des services de courte durée , 530 motets ( dont sa série de 12 motets intitulé Prophetiae Sibyllarum) ; 175 madrigaux italiens et villanelle ; le grand cycle pénitentiel de madrigaux spirituels de 1594, les Lagrime di San Pietro, qu'il a dédié au pape Clément VIII ;  150 chansons françaises et 90 lieder allemands, sans oublier la mise en polyphonie des mélodies du psautier catholique de Caspar Ulenberg (1588), et sa version des Psaumes de pénitence de David (Psalmi pœnitentiales Davidis, 1584) l'une des plus célèbres de toute la Renaissance. Plusieurs de ses motets ont été composés à l'occasion de cérémonies, comme on pouvait s'y attendre de la part d'un compositeur de la cour qui avait à offrir de la musique lors des visites de dignitaires, des mariages, des traités et autres événements d'État. 

Pendant cette période de conflits religieux, Roland de Lassus est resté catholique, sur un mode pragmatique et tolérant. La Contre-Réforme catholique, qui, sous l'influence des Jésuites, avait atteint un sommet en Bavière à la fin du xvie siècle, aura une influence notable sur le travail de Lassus, dans sa musique liturgique de rite romain.

En réalité, ces partitions ne font pas allusion directement à ces deux musiciens (le premier n'appartenant nullement à la cour d'Albert V), mais à trois trésors de bibliophilie, trois manuscrits enluminés réalisés à la demande d'Albert V, d'une valeur inestimable, et qui devaient faire sa fierté. Des partitions de musique avaient été recopiées sur vélin par le chanoine Lillois Jean Pollet (scribe des Motets de Lassus dès 1562) puis enluminées en fonction du texte par Hans Mielich, prédécesseur de Hoefnagel. Le premier volume est composé d'œuvres de Cipriano de Rore, les deux autres d'œuvres de Roland de Lassus. Ce qui est honoré par Hoefnagel, c'est donc le rôle de mécène d'Albert V à la fois vis-à-vis de la musique, mais aussi à l'égard des peintres miniaturistes. Mais les paroles des pièces maîtresses de ces ouvrages sont  des poèmes épidictiques de Nicolas Stopio, agent d'Albert V à Venise, ...l'auteur de l'Hermathena qui a inspiré à Hoefnagel son Hibou au Caducée. 

L'axe horizontal passant par les deux Nymphes ne relie donc pas seulement les arts picturaux de gauche avec les arts musicaux de droite, en hommage au mécénat ducal, mais crée un riche réseau de référence et d'hommage aux artistes qui, tous, sont d'origine flamande (Cipriano de Rore, Rolland de Lassus, Ioannes Pollet, Nicolas Stopio, Hans Mielich et Joris Hoefangel).

 


 

 

 

Joris Hoefnagel, les oiseaux chanteurs, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, les oiseaux chanteurs, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Lyre et guirlande aux partitions, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, Lyre et guirlande aux partitions, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

 

III. REGISTRE INFÉRIEUR.

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1. La clef de l'Allégorie.

Un phylactère est déroulé en dessous de la scène allégorique et porte le texte suivant : ECCE TIBI LILA PLENIS FERVNT NY[M]PHAE CALATHIS.

Ce texte est vite identifiable comme tiré des vers 45 et 46 de la deuxième Eglogue de Virgile (site Philippe Remacle) : 

2,45] Huc ades, o formose puer, tibi lilia plenis
ecce ferunt Nymphae calathis
; tibi candida Nais,
pallentis uiolas et summa papauera carpens,
narcissum et florem iungit bene olentis anethi;
tum casia atque aliis intexens suauibus herbis

[2,50] mollia luteola pingit uaccinia caltha.
ipse ego cana legam tenera lanugine mala
castaneasque nuces, mea quas Amaryllis amabat;
addam cerea pruna — honos erit huic quoque pomo —
et uos, o lauri, carpam et te, proxime myrte,

[2,55] sic positae quoniam suauis miscetis odores.
Rusticus es, Corydon; nec munera curat Alexis
nec, si muneribus certes, concedat Iollas.
heu heu, quid uolui misero mihi? floribus Austrum
perditus et liquidis inmissi fontibus apros.

 

"[2,45] Viens, ô bel enfant! Voici les nymphes qui t'apportent des lis à pleines corbeilles; pour toi une blanche naïade cueillant de pâles violettes, les plus hauts pavots, et le narcisse, les joint aux fleurs odorantes de l'anet; pour toi entremêlant la case et mille autres herbes suaves, [2,50] elle peint la molle airelle des couleurs jaunes du souci. Moi-même je cueillerai les blanches pommes du coing au tendre duvet, et des châtaignes, qu'aimait mon Amaryllis: j'y joindrai la prune vermeille; elle aussi sera digne de te plaire. Et vous aussi, lauriers, myrtes si bien assortis, je vous cueillerai, [2,55] puisqu'ainsi rassemblés vous confondez vos suaves odeurs."

Placé dans le contexte , cette phrase n'exprime que les vaines tentatives d'un amant malheureux, le berger Corydon, pour attirer le jeune Alexis qui semble mépriser les charmes de la vie champêtre en sa compagnie. Virgile a composé cet églogue à 26 ans, en s'inspirant de la 11ème Idylle du poète grec Théocrite, le Chant du Cyclope. Dans ce Chant, le cyclope Polyphème se plaint du dédain de la nymphe marine Galathée : qu'il aimerait lui offrir le lis éclatant et le rouge pavot !.

Isolé de son contexte, elle peut servir de compliment ; ainsi, sur un forum de langues anciennes, en 2006, une jeune femme qui vient de réussir l'agrégation avec un 12 en latin sur un texte de Sallustre remercie ses interlocuteurs :

"Vos conseils sur les versions latines qui parvenaient sur ce forum morcelées et analysées dans tous les sens m'ont permis de vaincre mes démons et de réussir l'agrèg ! Alors merci à tous pour votre aide, et particulièrement à Oncle Fétide et Julia. "

Et "Julia" répond :

"Euge!* Papae !**  Merci pour la bonne nouvelle !: Vous m'illuminez ma journée ! Quelle bonne idée de nous annnoncer votre succès ! Et avec un 12 en latin : à l'agreg c'est beau ! Tibi lilia plenis ecce ferunt nymphae calathis.".. 

*Hurrah !

**" interjection qui exprime l'admiration : oh, oh ! diantre ! peste !" (Gaffiot)

Nous pouvons donc dire maintenant que Hoefnagel a peint, non les Aglaurides, non les Ménades, mais des Nymphes aux bras chargés de lys dans un cadre bucolique et virgilien. Cela ne l'empèche pas d'avoir puisé ses modèles ailleurs.

S'il s'agit d'un hommage posthume, si la miniature a été réalisé après le décès du duc Albert V, et si la citation de la Cinquième églogue doit se comprendre comme "Toi qui fus notre gloire", alors, la citation de la deuxième églogue s'adresse au défunt parvenu au Paradis et accueilli par les lys de la félicité immortelle. La scène centrale est bien alors celle d'un Eden de version antique, un Jardin des Hespérides où l'élu est accueilli par les Nymphes. Si il s'agit d'un éloge ou même d'une commande du duc déjà malade, Tu decus omnis tuis célèbre son courage et sa détermination à faire taire les lions récalcitrants, tandis que Tibi lila plenis  le comble du florilège des louanges qui lui sont dues en tant que mécène des artistes (à gauche) et protecteur des musiciens (à droite) ou comme bâtisseur et embellisseur des villes de Munich (en haut) et de Landshut (en bas).

Dans tous les cas, la citation de Virgile affirme que ces Nymphes ouvrent le cortège des Récompenses, de la moisson estivale après le labeur des semaisons,  du praemium virtutis ou Récompense de la vertu. Plus tard, Hoefnagel a conçu (comme inventor) une série de gravure pour Egide Sadeler II : OCCASIO, HERMATHENA, PRAEMIUM. A l'Occasion (la bonne fortune) succède Hermathéna (le Concept mis en application grâce au savoir-faire) puis Praemium, la rayonnante et fructifère Récompense . Elle aussi a le pied léger, elle aussi est lente festinans, elle aussi est généreuse de ses formes grâce à un effet de "tunique plaquée par le vent", une version éolienne du "chiton mouillé". Elle résulte du Mérite (c'est le sens de la devise Dat Deus omne bonum, sed non per cornua taurum ).

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http://www.harvardartmuseums.org/art/241925

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2. Les Naturalia.

Hoefnagel a consacré ce registre inférieur aux insectes, d'une part, et aux animaux exotiques d'autre part. Il s'agit sans-doute là encore d'un éloge des collections de Naturalia et des Curiositas du Kunstkammer du duc. On sait qu'Albert V avait fondé en 1565 l'un des plus importants cabinets d'art d'Europe à Munich, et que ses collections de quelques 6000 pièces égalait les collections du Château d'Ambras à Innsbruck et celles de l'Electeur de Saxe à Dresde. Albert V puis Guillaume V constituèrent un trésor similaire à Landshut, rassemblant des objets d'art, des articles exotiques et des curiosités insolites dans la Jeune Chambre d'Art du chateau de Trausnitz. Lorsqu'il succéda à son père et qu'il quitta Landshut, Guillaume V l'emporta avec lui à Munich. Le musée de Trausnitz en a reconstitué quelques vitrines. 

Dans le texte de présentation de la Vue de Munich du Civitates, Georg Braun signale que  "en la vieille cour du duc sont nourris  tigres, lions, lynx, et pour le présent douze lions, dont les femelles font souvent des lionceaux"

Lorsque Hoefnagel s'interessa à l'histoire naturelle et fit des insectes l'un des sujets principaux de ses enluminures, il put donc tirer profit des naturalia rassemblés à Munich et à Trausnitz, ainsi qu'à Ambras auprès de l'archiduc Ferdinand de Tyrol.

http://www.burg-trausnitz.de/englisch/kunst/index.htm

  

 

 

  

 

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Hoefnagel rassemble donc dans la partie inférieure de son enluminure des animaux : de gauche à droite un singe, une mouche, un agrion (Zygoptera), un criquet (Caelifera, Orthoptera), une chenille "hérisonne" (Arctidae ?, Lepidoptera), deux papillons, une libellule (Libellulidae, Anisoptera, Odonata) et un perroquet. 

 

Le papillon le plus haut est très proche du Machaon représenté par Aldrovandi page 237 de son livre De Insectis.

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Aldrovandi, Insectis pl. I fig. 5 et 6 : futur papilio machaon L.

Aldrovandi, Insectis pl. I fig. 5 et 6 : futur papilio machaon L.

Joris Hoefnagel, insectes et perroquet, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel, insectes et perroquet, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel,Vue de Landshut, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

Joris Hoefnagel,Vue de Landshut, in Allégorie aux deux Nymphes avec les vues de Munich et de Landshut (1579) , in Vignau-Wilberg 2006.

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3. La Vue de Landshut, et l'inscription-signature.

 

a) La vue paysagère : la chasse au cerf.

Basée sur un dessin préparatoire qui sera décrit plus bas, elle est complétée par une scène de chasse qui se déroule sur la colline de Klausenberg : à droite, un cavalier sur un cheval blanc porte un court manteau rouge à col de fourrure. Supposons qu'il s'agit du duc Albert V. Il est rejoint par un autre chasseur vêtu de rouge, coiffé d'un chapeau à plume, qui porte des gants semblables à ceux d'un fauconnier ; il monte un cheval à robe sombre. Est-ce le prince Guillaume ? Ce n'est pas une chasse au gibier de plume, mais une chasse au cerf, et ce dernier, poursuivi sur ces pentes, a trouvé son passage barré par des baches blanches tenues par des piquets. Il s'enfuit donc vers le bas, vers les rives de l'Isar, et sera donc plus vulnérable . Malgré la petite taille du détail, on distingue ses bois imposants qui font honneur aux chasseurs.

 

 

b) la signature.

Le bord inférieur porte l'inscription  Inventio opusque Georgii Hoefnaglii natura magistra. Monaci A[nno] 1579 .

Soit "Création et œuvre de Joris Hoefnagel, natura magistra. Munich, année 1579".

 

On remarque d'une part que Hoefnagel revendique son s