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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 11:49

Jessé, Vierge et démone, et Immaculée Conception. Notre-Dame-de-Populo (Itron Varia Populo) à Landudal.

 

   La chapelle Notre-Dame-de-Populo à Landudal (29) conserve en son chœur une statue de la Vierge éponyme. Il s'agit d'une "Vierge à démone", selon l'expression de Louis Thomas reprise par Himoko Amemiya, ces deux auteurs ayant dressé le recensement de ce thème iconographique dans la statuaire bretonne. A mon tour, j'en collectionne les exemples avec excitation, d'autant qu'un grand nombre sont intégrés à des Arbres de Jessé qui sont mes motifs de prédilection. Mes découvertes récentes de Démones  sont celles de la chapelle de Kerdévot, de l'église de Plourin-les-Morlaix ou de l'église de Locquirec. L'intérêt est, entre autre, d'y déceler les indices de l'influence des "immaculistes", partisans de l'Immaculée Conception à une époque où ce n'était pas un dogme, mais un point de théologie débattu avec ardeur.  

 

  Or, à Landudal, quoique Jessé soit absent ainsi que son Arbre aux douze rois, il est évident que nous avons affaire à une Vierge de l'Immaculée Conception, car elle se tient sur un croissant de lune comme la Mulier amicta sole de l'Apocalypse. Surtout,  on peut lire sur une banderole les mots ESSE VIRGO CONCIPIET, citation du verset de la prophétie d'Isaïe Is 7:14 Ecce virgo concipiet et pariet filium et vocabitur nomen eius Emmanuel. "Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel". C'est la citation fondatrice du thème de l'Arbre de Jessé, mais c'est aussi, par l'affirmation de la virginité de la Mère du Méssie, un argument fort des thèses immaculistes, par une confusion entre la virginité biologique de la conception, et l'absence du péché originel de Marie.

Tout est donc limpide :

1°) Notre-Dame-de-Populo est représentée en Femme de l'Apocalypse Ap.12:1-5 

1 Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête [mulier amicta sole et luna sub pedibus eius  et in capite eius corona duodecim stellarum]; 2 elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement. 3 Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d'un diadème. 4 Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s'apprête à dévorer son enfant aussitôt né. 5 Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône

2°) Par la citation d'Isaïe 14:7, la virginité de cette femme est affirmée, ainsi que son lien avec la dynastie royale de David fils de Jessé.

3°) Cette Vierge est couronnée par deux anges, ce qui souligne à la fois son lien avec la Maison de David, et son appartenance à la royauté glorieuse de son Fils.

4°) la Mère et l'Enfant tiennent ensemble la tige d'une fleur, vraisemblablement un lys.

C'est une statue en bois polychrome de 1,70m de hauteur, datée du fin XVIe ? (C. Prigent) et située dans une niche du XVIIIe encadrée de deux colonnes torses ornées d'enroulement de vignes — feuilles, pampres et grappes—. La "démone" a la joue gauche écrasée par le soulier de la Vierge ; de sa longue chevelure émergent deux longues cornes ; Ses seins ne passent pas inaperçus, pas d'avantage que ses mamelons mais ils laissent la vedette au ventre gonflé et à son nombril épanoui. 


                   181c

 

                      182c

                            183cc

 

Tout est limpide ? 

Oui, mais regardons bien la photographie supra que j'ai prise légèrement de biais : on peut ainsi suivre la queue de la démone, malgré ses tons sombres. On la voit monter parallèlement à la jambe gauche de la Vierge jusqu'à la partie inférieure du la banderole. Alors, elle se recourbe comme l'extrémité d'une trompe d'éléphant et vient saisir le rouleau du phylactère ! Sur place, lorsqu'on peut faire varier le point de vue, c'est beaucoup plus évident que sur la photo.

 Cela veut dire qu'au lieu d'opposer radicalement le Mal démoniaque et le Bien marial, l'artiste a fait en sorte de créer une boucle : tête de démone / Soulier droit de la Vierge / Corps de la Vierge / Bras droit / Main droite de Marie/ Lis de la virginité/ Main droite de Jésus / Bras et corps de Jésus / Bras gauche et main gauche de Jésus / Texte ECCE VIRGO CONCIPIET / Queue de la démone / Ventre et poitrine / etc...

Celle que je dénomme "démone" pour reprendre la tradition, et surtout parce qu'elle n'est ni tout à fait l'Ancienne Ève ni tout à fait Satan, pourrait bien représenter le Péché Originel, que Marie rachète mais n'abolie pas. La boucle que nous venons de suivre comme un anneau de Moebius sans fin apparaît, grâce à l'artifice trouvé par le concepteur de l'œuvre, comme le cycle de la Rédemption, et Marie y tient le rôle de Médiatrice. Non pas la flèche sommitale inaccessible, mais la voie de passage par lequel le péché gravite (ce n'est peut-être pas correct sur le plan théologique), est racheté et revient. 

Ici, une circulation s'établirait entre la Nouvelle Ève et l'Ève pécamineuse dans une conception dynamique et en devenir du Salut. 


Discussion.

Je n'ai trouvé aucun indice direct d'une relation entre cette statue (sur laquelle les données scripturaires sont rares) et le culte de l'Immaculée Conception. 

La chapelle est datée par deux inscriptions lapidaires entre son début en 1539 (dédicace dans le chœur) et son parachévement en 1548 (transept sud). Mais elle contient des statues du XVe siècle. On attribue son nom au datif du latin populus,i, m. "peuple" dans le sens "construite pour le peuple", l'église paroissiale Saint-Tugdual se révélant trop petite par rapport à l'affluence attirée par le marché et les foires au XVIe siècle. On évoque aussi le latin populus,i, f.  "peuplier". Mais ces hypothèses ne tiennent pas compte de l'existence d'autres sanctuaires dédiés à cette Vierge : 

a) Chapelle de Notre-Dame-de-Populo à Vieu sur les hauteurs de Don, diocèse de Belley.A la sortie de Don, Notre Dame de Populo - Champagne-en-Valromey ain est une commune française, située dans le département de l'Ain en région Rhône-Alpes.

Cette chapelle, construite d'abord en aval du pont de Saint-Germain et tout à fait sur le bord du gouffre, au fond duquel mugissent les eaux réunies de l'Arvière et du Groin, fut transférée vers le milieu du XVIIe siècle, sur un monticule qui domine le village. Le prébendier qui la desservait était à la nomination du seigneur de Montaigre (à Linod). Il ne reste plus trace de la chapelle primitive, ni de la seconde, qui a été démolie au xixe siècle. L'emplacement de cette dernière est marqué par un gracieux monument, œuvre d'art et de goût, élevé par les soins de M. Agniel, curé de Vieu. La chapelle de Notre-Dame-de-Populo se trouve de nos jours  oratoire construit en 1862 en souvenir d'une chapelle édifiée près du pont du Diable.

 Je remarque qu'elle était fêtée le 8 décembre, fête de l'Immaculée Conception.

 

b) Bourg-en-Bresse : Chapelle Notre-Dame de Populo,  oratoire construit sur un mamelon en souvenir d'une chapelle.

c) Draguignan, Chapelle Notre-Dame de Populo construite par les frères Minimes en 1632.

d ?) Var, église de Barjols

Surtout, cette Notre-Dame de Populo est sans-doute la transposition de Madonna del Popolo, qui a donné son nom à l'église Santa-Maria del Popolo — Sainte-Marie-du Peuple— de Rome. Celle-ci a été reconstruite entre 1472 et 1477 par Sixte IV, le pape franciscain qui institua un culte de l'Immaculée Conception. Sixte IV eut deux cardinaux français, Charles de Bourbon (évêque de Lyon, directement lié à la collégiale de Moulins et sa chapelle de la Conception, et très attaché comme tous les Bourbons aux thèses immaculistes) et Pierre de Foix, évêque de Vannes. 

Citons encore la paroisse Madonna del Popolo de Vérone.

Il est donc très vraisemblable que le vocable de cette chapelle ne trouve pas son origine dans une anecdote locale, mais à un culte attesté en France et sans-doute liée à l'église de Rome. 

 

Poursuivons l'enquête :



                                LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES.

1. L'inscription de 1539.

188c.jpg

 

JEHAN Seigneur : de : Quelen : et : du vieulx : Chastel  : et damoyselle : Marie de K[er]goet : sa compaigne : ont faict : faire : ceste : chapelle en lhonneur de nostre Da [m]e de Populo : lan :  M:VccXXX:IX : Laurens : Luyen : Myseur.


      Selon l'un des recteurs de landudal, la légende veut que Jehan de Quélen, (dit "Seigneur de Quistinic"), ait entrepris un pèlerinage à Jérusalem (le "Grand pèlerinage" effectué souvent pour expier une faute grave). Tombé prisonnier des Turcs, il invoqua Notre-Dame-de Popolo, vénérée à Rome depuis 1099 en commémoration de la reconquête du Tombeau du Christ par les Croisés. Sauvé miraculeusement, il revint à Landudal accompagné d'un Turc.

       Voici ce qu'en dit le chanoine Abgrall 1901 :

 

 "L'église est sous le vocable de Notre-Dame-de-Populo. Ce vocable est-il antérieur à la construction de l'églis actuelle, qui remonte à 1539. A-t-il pour origine un pélerinage* quelconque d'un seigneur en Italie ?"

*[ou un voyage ? ]

 

.... "L'origine de cette chapelle a sa légende, comme si elle remontait aux Croisades, et cependant elle ne date que du commencement du XVIème siècle. Cette légende est empruntée à celle de Notre-Dame de Belean, au diocèse de Vannes. Voici comment elle était racontée par M. le comte de Kerguélen, vers 1855 : « Une tradition, encore toute vivante dans le pays, raconte que le Sr. de Quélen, se rendant en pèlerinage en Terre-Sainte, avec un domestique breton, fut fait prisonnier par les Turcs. Les pirates, poursuivis par un vaisseau du Roi, prirent le parti de se défaire de leurs prisonniers, et dans la pensée de les retrouver, les enfermèrent dans un coffre en bois qu'ils jetèrent à la mer. Dans cette situation critique, le Sgr. de Quélen fit voeu de bâtir une église à Notre-Dame de Populo, s'il échappait à ce danger. Après avoir été longtemps ballotté par les flots, le coffre sembla s'arrêter sur la terre ferme. " Seigneur, dit le domestique, je crois entendre chanter le coq de Kersaviou ". Des passants ont aperçu le coffre ; il s'ouvre sous leurs efforts, et les deux voyageurs se retrouvent dans leur paroisse de Landudal ». C'est bien l'histoire du chevalier du Garo à Bélean ; mais, pour Landudal, il y a une variante, ce n'est pas le domestique du seigneur qui l'aurait accompagné, mais bien son gardien, qui était turc, et qu'on s'empressa d'enterrer sur le lieu même où il fut trouvé, non loin du bourg, où l'on planta une croix qui s'y voyait encore, il n'y a pas longtemps, sur le chemin de Landudal à Briec, et s'appelait Croaz-an-Turc. Mais cette croix ne se saluait pas, par horreur pour la doctrine du Croissant. M. de Kerguélen ajoutait, selon les on dit de la paroisse, et ceci paraît plus vraisemblable, que « le chevalier de Quélen, fidèle à sa promesse, voulut faire bâtir une chapelle ; mais la fabrique s'y opposa, parce qu'il existait déjà une église au bourg, et qu'on ne voulait pas d'une charge inutile. Le Sr. de Kélen insista, en disant que la construction de cette chapelle inutile constaterait d'autant mieux le miracle qu'il voulait rappeler ». Le coffre qui avait ramené le Sgr. de Quélen fut longtemps conservé dans l'église de Notre-Dame de Populo, et s'y voyait encore au commencement du XIXème siècle ; mais, écrit M. du Marchallach, vers 1855, « il fut brûlé récemment sur les ordres du Curé de Briec, pour effacer un souvenir qui rattachait trop les paroissiens à leur trève de Landudal ».  


2.  Inscription de 1548 :

Au-dessus de la porte de l'aile sud du transept, porte avec moulures prismatiques dont l'accolade à crochets et fleuron coupe les pinacles, comme à Pleyben : "LAN M. Vc XLVIII. DECEDA. JEHAN. SEIGNEUR DE QUELEN. ET DU VIE CHASTEL. LORS. COMANCA. FRANCOYS : SON : FILS : ET : DAMOISELLE ANNE : DV : QUELENNEC : SA : COMPAIGNE : A : FAIRE : PARACHEVER : CESTE : CHAPELLE"

3. Porte nord.

"Le côté Nord est tout particulièrement remarquable par le grand développement du bras du transept, dans lequel on pénètre par une porte fort artistique accostée de deux pilastres ou deux grosses colonnettes rondes ornées de losanges en creux, avec tailloirs surmontés d'une couronne comtale d'où surgit la continuation du pilastre formant base de pinacle contournée en spirale, la pyramide de couronnement étant garnie de multiples crossettes. Au-dessus de la double nervure prismatique qui encadre la porte s'élève une riche contrecourbe saillante rehaussée de crochets en feuilles de chardon. Plus haut que le fleuron du sommet, une inscription gothique donne cette touchante invocation : "Maria Mater gratiae - Tu nos ah hoste protege". " (Chanoine J.M. Abgrall) 

4. Cuve baptismale.

A la fin du XIXème siècle, tout près de la porte Ouest, contre le mur d'angle du cimetière, se trouvait une cuve baptismale retirée de l'église, séparée de sa base par une rupture irrégulière du fût où on pouvait lire : "CE : PRESANT ... LAN : 1580".  

 

 


                Du coté gauche du chœur.

Pour ne négliger aucun indice, précisons que la niche du coté de l'évangile abrite une statue de saint Guillaume. Elle est surmontée d'un médaillon représentant la Vierge, alors que la niche de N.D. de Populo est surmontée du médaillon représentant saint Jean. D'autres pensent qu'ils s'agit "des portraits des seigneurs donateurs".

 


                  163c.jpg

 

 



 



ANNEXE 

  Louis Thomas a recensé  19 Arbres de Jessé sculptés en Bretagne dont 6 en Finistère (outre Locquirec, Plounevezel, Plouzevedé/Berven, Plourin-les-Morlaix, St-Thégonnec, St-Yvi) dont un sous-groupe de 13 avec Démones.

  Ces Démones fascinent Louis Le Thomas, qui leur a consacré un article particulier, et les classe en deux figurations anthropomorphiques, celle de Démone-Serpent ou anguiforme, ou ophioure (ou "Echidna"), et celles, plus rares, de Démone-poisson (ou "Néreïde"). Il  voit dans ces formes qui "relèvent d'une gynécomorphie du Serpent de la tentation"  "l'occasion rare, dans l'iconographie religieuse; d'une étude du nu féminin, bustes et torses de démones ayant été, dans les Arbres de Jessé bretons, traités avec une verve évidemment complaisante et un réalisme particulièrement suggestif" car elles ont "pour attribut principal des mamelles orthomorphes, discoïdes, d'un galbe partout très exagéré" dont le mérite est néanmoins de consoler le fidèle des démons et démones de l'iconographie religieuse, très souvent affligées de mamelles pendantes, à titre péjoratif, et d'inspiration probablement monacale". Souvent, hélas, ces "exubérance mammaire a servi de prétexte à une chirurgie iconographique correctrice particulièrement tenace afin, presque partout, de réduire —sinon de supprimer— cette exubérance en pratiquant des amputations, alors qu'aux personnages "cacheurs" de Molière suffisait...le mouchoir".

 A la question qu'avait posé le chanoine Abgrall (Est-ce Éve ? Est-ce le serpent qui l'a trompé ?), Louis Le Thomas répond : c'est le Serpent, car il tend la pomme plutôt qu'il ne s'en saisit, mais aussi en raison de ses caractères chtoniens : main griffue, tête cornue, animalité.

 

Voir :

La Vierge à la démone de la chapelle de Kerdévot.

  L'Arbre de Jessé sculpté de l'église de Locquirec.

L'Arbre de Jessé de l'église de Plourin-les-Morlaix (Finistère).

L' arbre de Jessé de l'église de Saint-Aignan (56).

L'arbre de Jessé de la chapelle de La Trinité à Cléguerec (56).


Sources et Liens.

  — ABGRALL (Jean-Marie)  (1901) "Landudal , église, chapelle", Bulletin de la Société Archéologique du Finistère tome XXVIII page 115  

— AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 68-69. Version remaniée de la thèse de 1996.

— AMEMIYA (Hiroko) Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image  Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129 Résumé : Le thème principal de cette etude est de voir quel role la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joue au japon et en bretagne, a travers les recits relatifs a l'epouse surnaturelle. Pour la bretagne, les recherches s'etendent egalement sur l'iconographie religieuse representant l'etre semi-humain telles la sirene et la femme-serpent. La region conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siecles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'epanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux facons en bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'etudier leur compatibilite dans leur contexte socioculturel. Les recits qui traitent le theme du mariage entre l'etre humain et l'etre non-humain revelent la conception de l'univers d'une societe. L'autre monde ou les etres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la societe de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprematie du fondateur du japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mere du royaume maritime, alors qu'en bretagne, la destruction de la cite legendaire d'is est causee par une fille maudite nee d'une fee. Le premier volume de cette etude est compose de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Recits relatifs au mariage au japon et en bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxieme volume est un inventaire des differents types de representation semi-humaine en bretagne.

 

LE THOMAS (Louis), 1961 "Les Démones bretonnes, iconographie comparée et étude critique", Bulletin de la société Archéologique du Finistère t. 87 p. 169-221.

— LE THOMAS (Louis) 1963 "Les Arbres de Jessé bretons", première partieBulletin de la société Archéologique du Finistère 165- 196.

 — LE THOMAS (Louis) 1963, "Les Arbres de Jessé bretons", troisième partieBulletin de lasociété Archéologique du Finistère pp. 35-72.

 — LEPAPE (Séverine) 2004 Étude iconographique de l’Arbre de Jessé en France du Nord du xive siècle au xviie siècle Thèse Ecole des Chartes http://theses.enc.sorbonne.fr/2004/lepape

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Published by jean-yves cordier
23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 11:30

      

   Les roues à carillon de Bretagne ou Rod ar Fortun.

Églises de Confort-Meilars et de Locarn, chapelle de Saint-Nicolas de Priziac et chapelle de Quilinen (Landrévarzec). .


I. Église de Confort-Meilars.

   C'est l'une des sept roues en état de marche qui peuvent encore être admirées, toutes en Bretagne, dernier témoignage de cet instrument de musique d'origine bretonne que l'on trouve jadis très répandu dans les églises de France ou d'Europe. Une soixantaine de roue de ce type seraient répertoriées en France, en Bretagne, Savoie, Rousillons, Pyrénées Orientales, Bourgogne, ou encore en Allemagne, en Espagne ou au Portugal

  Elle mesure 1,75 m de diamètre, ce qui en fait l'une des plus grandes ( 1,10m à Locarn (22), 1m à Laniscat(22), 0,80m à Magoar, 0,60 m à Kerrien ) et comporte 8 rayons et douze clochettes.

Le visiteur, déjà satisfait d'avoir trouvé l'église ouverte, ce qui devient rare, se réjouit de découvrir, au lieu d'un rébarbatif panonceau "défense de toucher", un écriteau bienveillant qui lui donne les informations qu'il attend sur cet idiophone, mais qui l'incite aussi à l'utiliser ; il doit alors décrocher la chaîne fixée au pilier, se placer au centre d'un cercle gravé dans le dallage, et mettre en mouvement la roue, avec modération.

   Et il s'exécute, le visiteur ravi, il devient le joyeux carillonneur charmé d'entendre le doux ramage venant de la canopée ... qui ressemble au remue-ménage d'un quincaillier dans sa boutique. Je lis que les clochettes, les douze commères tintinnabulantes rassemblées comme les coups de minuit, les douze mois, les douze signes du Zodiaque ou les douze apôtres échelonnent leur timbre du do au do supérieur, sonnant respectivement le do (à 264 Hz), le do dièse, le ré, le mi bémol, le mi, le fa, le fa dièse, le sol, le sol dièse, le la (le fameux la de diapason à 440 Hz), le si bémol pour atteindre le si de 495 Hz, ce qui fait bien le compte de douze. Mais loin de reconnaître la petite mélodie qui  rappellerait à son oreille peu musicienne la comptine de son enfance "do-ré-mi-fa-sol-la-si-do-grattes-moi-la-puce-que-j'ai-dans-le-do", il ne reçoit du ciel, le touriste, qu'une pluie grinçante et rouillée de sons aigres, quoique non dénuée de ce charme des œuvres naïves.

  Il lui reste, c'est bien le moindre, à glisser son obole dans le tronc disposé à cet effet, en faisant bien tinter les pièces.

roue-et-sablieres 4930

 

roue-et-sablieres 4872c

 

roue-et-sablieres 4867

  

 

   La roue de carillon était utilisée lors des offices, "durant le Gloria" selon René Couffon, ou  lors de baptêmes,des fêtes et pardons. On la nommait en breton Rod ar Fortun, la roue de Fortune.

  Elle se prêtait aussi à un usage thérapeutique. La légende dit qu'elle fut offerte en ex-voto par Alain de Rosmadec et Jeanne de Chastel, les deux donateurs du maître-vitrail et les fondateurs de l'église, après la guérison de leur enfant muet. On rapporte aussi qu'on y menait des enfants atteints de troubles de la parole, pour faire tourner les clochettes au dessus de leur tête.

 Per Jakez Helias raconte dans son Cheval d'orgueil (Paris, Plon 1975 p. 124) que chez lui, lorsqu'on obtenait pas d'amélioration de son bégaiement ou de sa difficulté d'élocution en se rendant, comme son oncle, au pardon de la chapelle de Tréminou, où il s'agissait de faire sonner le mieux possible la monnaie que l'on mettait dans le tronc, on se rendait en char à boeuf vers l'église de Confort, où le carillon sonne beaucoup plus fort que vos piécettes. " Et on raconte l'histoire de celui qui n'a jamais soufflé mot de sa vie et qui, entendant le bruit des clochettes, s'écria soudain : "sell ta !" _ "Pegemend a drouz !". "Tiens ! Quel bruit cela fait ! ".

  Suivez bien les conseils de modération pour tourner la roue, car il n'y a pas si longtemps, une mère trop exigeante pour l'élocution de son fils aîné s'était rendue si souvent et avec tant de zèle sous la roue à carillon qu'elle se désespéra de  son fiston qui était devenu un bavard plus fieffé que le tailleur du village ! Il ne lui resta plus qu'à le ramener à Confort...et d'y tourner la roue à l'envers! (d'après Charuty G, le Fil de la parole, Ethnologie Française, vol.15 n°2, 1985 , cité par David Le Breton, du Silence, Métaillé, 1997).

   L'utilisation des cloches pour libérer la parole est ancienne, et si on les sonne lors des baptêmes, c'est sans-doute pour placer l'enfant et ses cordes vocales sous les heureuses auspices de leur joyeux dynamisme.  David Le Breton (ouv. cité) a trouvé en Buffon (Histoire Naturelle, T3 Histoire de l'Homme, 1804, p. 231) le récit de cet homme d'une vingtaine d'année, fils d'un artisan de Chartres qui sourd et muet de naissance, se mit à parler en quelques mois après avoir été surpris d'entendre des cloches qui sonnaient. Jadis, on entourait le cou des enfants d'un collier de grelots dont les sonnailles devaient écarter de lui les mauvais esprits et les miasmes néfastes. Vieilles sornettes... mais que faisons nous aujourd'hui en accrochant sur le berceau et en plaçant à portée de bébé les hochets, les boites à musique et les tapis d'éveil ?


   Cela nous amène à relier cette pratique  à d'autres pratiques thérapeutiques utilisant la cloche comme procédé de guérison de la surdité ou de la mutité, notamment en Bretagne. Cela fera un lien avec la réflexion menée autour des moyens de protéger les clochers de la foudre, par production de bruits :  Église Saint-Thurien à Plogonnec II : une inscription du tonnerre!.

 

II . Les autres Roues à carillons.

   Selon l'inventaire mené par Charles Fabre (DRAC) et Eric Sutter en fevrier 2011 pour la Société Française de Campanologie, il existe encore en France 77 roues à carillons, dont sept en Bretagne, 31 dans les Pyrénées Orientales , 17 en Savoie et Haute-Savoie, 8 en Bourgogne, 4 en Auvergne. Elles répondent aux noms locaux de Rouet, rouet liturgique, de rouelle ou treizain en Savoie, de rottler ou rodella en Rousillon, mais aussi de roue de Sainte-Catherine ou de roue de Saint-Martin, cette dernière appellation justifiée à Trémouille "car elle aurait servi à couvrir les cris de Saint-Martin de Tours lors de son martyr"!

  Le nombre des clochettes apparaît très variable, car même si beaucoup en comptent 12 ou 13, le chiffre varie de 6 à 24 (à Laniscat, Morbihan).

  1) Voici, par exemple, celle de l'église Saint Hernin à Locarn (Côtes d'Armor) : elle ne compte que onze roues.

roue 6734

  Elle est placée sur le mur nord du transept, beaucoup moins haut qu'à Confort, à deux mètres cinquante peut-être, et sa facture récente vient du fait qu'elle a été confectionnée par un menuisier pour remplacer l'ancienne, trop vétuste. Ici, rien n'incite à en jouer, ...surtout pas la corde aux torons usés. On se signale pas d'usage autre que liturgique.

2 ) La roue de carillon de Saint-Nicolas en Priziac (56) :

Chapelle St Nicolas en Priziac.

  Transept, bras nord, mur est : elle est située près de la charpente, en hauteur, le moyeu fixé dans la maçonnerie. Roue du XVIe siècle à sept rayons et à huit clochettes, à moyeu encastré dans un bâti scellé au mur, à brancard et manivelle. 

 

carillon 3226c

 


3) La Roue de Fortune et la Roue à carillon de la chapelle de Quilinen à Landrevarzec.

Merci à Daniel Kernaléguen et J.Y Bourhis qui ont présenté ces découvertes lors des Journées du patrimoine 2014.

1°) La roue de la vie du XVe.

La chapelle de Quilinen (Kilinenn) à Landrévarzec (29) est en cours de restauration et promet d'être une monument magnifique. Des fresques du XV ou XVIe siècles ont été découvertes à cette occasion, dont une roue de la Fortune sur le mur sud.

Cette roue qui tourne dans le sens des aiguilles d'une montre emmène d'abord avec elle un beau chevalier convaincu d'être élevé vers la réussite. 

001c

 

Plus haut, on discerne un autre personnage au sommet de sa gloire. Il est en armure, et on voit bien ses chaussures à bouts pointus, caractéristiques du XVe siècle.

Mais plus bas, à droite, en voici un qui dégringole tête la première... et tout en bas le mort n'a plus que son cadavre pour pleurer.

                          003c.jpg

 

Or, sur le mur du nord, en vis-à-vis de cette roue, on voit la trace de la fixation d'une ancienne Roue à carillon, dont la rotation a usé la paroi :

006c


Cette roue a aussi été fixée sur le mur voisin, au dessus d'une fresque, et il en reste son bâti, et aussi une trace circulaire d'usure au dessus du dais:

007c

Une ancienne carte-postale de Le Doaré montre la roue à carillon, déposée et entreposée contre un mur. Elle est en métal, comporte huit rayons, dont deux ou trois sont brisés, et on ne voit plus de clochettes.


4) La Roue de Notre-Dame de Comfort en Berhet (Côtes-d'Armor)

  Vous ne la verrez pas, car elle a disparu, supprimée par le recteur Bricquir qui n'appréciait pas de voir son église transformée en stand de loterie, mais elle est connue car elle était associée à une statue de saint, le "Saint de la roue" ou Santic ar rod et qu'elle fonctionnait comme une roue de la chance : le Vicomte Hervé du Halgouët, auteur en 1909 d'un article Carillons d'église et roues de fortune dans la Revue de Bretagne n°41, 44-50 et 70-79 en emprunte la description à Jollivet, 1855. Ce n'était pas une roue fixée aux murs, mais  c'était l'attribut du saint dont la statue était placée à droite de l'autel. Par un mécanisme actionné de la sacristie (par le bedeau ?) Santic ar rod  semblait "faire tourner une roue presque aussi grande que lui et toute entourée de clochettes qui produisent un étourdissant carillon quand la roue est en mouvement, ce qui a lieu d'ordinaire pendant l' élévation."

   Hervé du Harcouët feint de n'y voir qu'une forme "des sonnettes ordinaires de l'autel" ..."appelées par l'harmonie des sons, à marquer la pompe de certaines cérémonies et à remémorer aux fidéles les instants les plus solennels des mystères sacrés".

   En effet, les sonnettes de choeur, ou carillons de sacristie, (à trois ou quatre timbres) intervenaient pendant les offices liturgiques, l'enfant de choeur devant marquer de deux coups distincts le moment où le célébrant étend les mains sur le calice, de trois coups celui de l'èlevation de l'hostie consacrée, de trois coups encore l'élévation du calice, de trois coups le moment où le Sanctus était entonné.

   Mais notre Vicomte sait très bien que les paroissiens de Berhet furent furieux lorsque le recteur remplaça leur Santig ar rod par une clochette, et qu'un artisan s'empressa de réaliser une copie de leur saint carillonneur. Et il sait très bien aussi que ce n'était pas uniquement lors de la messe qu'on lui demandait de sonner, et que les bretons venaient de loin interroger sa Roue ; "on payait à chaque fois deux sous"..." selon l'endroit où s'arrétait la roue, le présage était favorable ou non" ( Geistdoerfer in G. Dotin, Annales de Bretagne, 36, 1 : 136-138). D'ailleurs, Hervé du Halgoüet transmet le témoignage du recteur de La Trinité de Quéven, M. Plunian qui lui a expliqé comment les Morientais venaient en son sanctuaire "consulter la fortune par l'entremise de la roue : s'ils réussissent à la faire tourner sans arrêt, la fortune sera favorable. Si elle s'arrête brusquement la fortune sera contraire. Ils font les mêmes questions et leur donnent les mêmes significations qu'aux tables tournantes".

  A Trémouille (Auvergne) on rapporte  aussi que la Roue de Saint-Martin posséde la faculté de prédire un époux aux jeunes-filles en mal de mari : il suffit de mettre en branle la roue, d'attendre qu'elle s'arrête : si la grosse cloche s'immobilise en position haute, la mariage est assuré dans l'année.

5) du Santig ar rod au Tarabara ?

C'est sur la foi de Françoise Le Roux (Les Druides, C. Guyonvarc'h et F. Le Roux, Ouest-France, 1986, p.148) que je rapporte l'existence en Bretagne d'une sorte de crécelle "variante du carillon dit Santig ar rod" nommée Tarabara, une roue dont les clochettes auraient été remplacées par des dents qui viennent heurter un butoir et qui s'utilisait à l'église lorsque l'usage des cloches était proscrit.

6) Le Tu-pe-tu : version littéraire de Santig ar rod.

Dans son recueil de poème de 1873 Les Amours jaunes, le peu clérical et grinçant Tristan Corbière  publie Saint Tupetu de Tu-Pe-Tu, qui est présenté par le texte en prose suivant (Wikisource):


C’est au pays de Léon. – Est une petite chapelle à saint Tupetu. (En breton : D’un côté ou de l’autre.)

Une fois l’an, les croyants – fatalistes chrétiens – s’y rendent en pèlerinage, afin d’obtenir, par l’entremise du Saint, le dénouement fatal de toute affaire nouée : la délivrance d’un malade tenace ou d’une vache pleine ; ou, tout au moins, quelque signe de l’avenir : tel que c’est écrit là-haut. – Puisque cela doit être, autant que cela soit de suite... d’un côté ou de l’autre – Tu-pe-tu.

L’oracle fonctionne pendant la grand’messe : l’officiant fait faire, pour chacun, un tour à la Roulette-de-chance, grand cercle en bois fixé à la voûte et manœuvré par une longue corde que Tupetu tient lui-même dans sa main de granit. La roue, garnie de clochettes, tourne en carillonnant ; son point d’arrêt présage l’arrêt du destin : – D’un côté ou de l’autre.

Et chacun s’en va comme il est venu, quitte à revenir l’an prochain... Tu-pe-tu finit fatalement par avoir son effet.

Puis débute la poésie : 


Il est, dans la vieille Armorique,
Un saint – des saints le plus pointu –
Pointu comme un clocher gothique
Et comme son nom : Tupetu.

[...]

 

 

Il tient sa Roulette-de-chance
Qu’il vous fait aller pour cinq sous ;
Ça dit bien, mieux qu’une balance,
Si l’on est dessus ou dessous.

C’est la roulette sans pareille,
Et les grelots qui sont parmi
Vont, là-haut, chatouiller l’oreille
Du coquin de Sort endormi.

 


Sonnette de la Providence,
Et serinette du Destin ;
Carillon faux, mais argentin ;
Grelottière de l’Espérance...

Tu-pe-tu – D’un bord ou de l’autre !
Tu-pe-tu – Banco – Quitte-ou-tout !
Juge-de-paix sans patenôtre...
Tupetu, saint valet d’atout !

 

 

       Chacun a dénoncé là un saint imaginaire, caricature anticléricale et antireligieuse dénonçant les superstitions, mais l'allitération en T rappelle l'inscription de Plogonnec à saint Thuriau et donc le bruit de crécelle de la roue qui tourne en éloignant les mauvais esprits, alors que ce Saint Tupetu n'est pas si éloigné du Santig ar rod qui lui a, très certainement, servi de modèle.

  La traduction de Tu-pe-tu par "d'un coté ou de l'autre" me semble plus parlante si on la complète par "pile ou face".

  Sur le bâti de la roue de carillon peinte de Saint-Nicolas de Pélerm (22), deux têtes ont été fixées de part et d'autre du moyeu, qui me semblent représenter les deux faces de la Fortune.

7) La dénomination de Roue de Fortune.

  Elle est signalée dans quatre communes des Côtes d'Armor dans l'inventaire de Charles Fabre et Eric Sutter, qui ne mentionne pas le terme breton de Rod ar fortun.

  Cette appellation est différente de celle de Roue de la Fortune, et elle se réfère à un thème iconographique où elle est une allégorie du destin, du sort, du cours de la vie qui mène indifféremment les riches ou les pauvres, après la culmination de leur existence, vers la mort.

  Le pavement du Duomo de Sienne en offre une représentation superbe.

 La dixième carte du Tarot de Marseille lui est consacrée.

8) Les roues de carillon : une paramusique ?

   J'ai traité des trois fonctions de ces roues à carillon, variables selon les paroisses :

- usage liturgique

      - Lors de la messe comme une sonnette de chœur.

      - Lors des célébrations festives : baptêmes, mariages, pardons.

      - Lors des périodes où les cloches sont proscrites.

- usage thérapeutique :

       - essentiellement contre les problèmes de mutité et troubles du langage.

- usage de prédiction (Roue de Fortune).

   Néanmoins, on peut voir un quatrième usage, comme instrument de "paramusique"  car il faut bien parler du son produit par ces "idiophones", puisque c'est bien l'élément caractéristique de ces instruments de produire des sons peu musicaux, non mélodiques, produits par des clochettes de facture grossière très différentes des clairs carillons des enfants de chœur ou des sonneries des campaniles.   Il n'est pas indifférent de constater que, dans de nombreuses paroisses, elles étaient utilisées à la place des sonnettes de sacristie pendant les trois jours de la Semaine Sainte où les cloches sont proscrites.

  J'emprunte le terme à Claudie Marcel-Dubois ( La Charivari, actes de la table-ronde d'avril 1977) : "par le terme paramusique, on désignera les phénomènes sonores organisés volontairement _notamment en temps rituel_ et se situant à la frontiére du son musical et du signal bruit".

  Sous la plume de Brigitte Alzieu, (Val d'Isère jadis et naguère) je trouve cette description de l'utilisation du "treizain" ou roue à carillon de Val d'Isère : 

   " ...puis arrive la Semaine Sainte, suivie de la grande fête de Pâques. Lors des offices précédant le dimanche, les cloches sont muettes. On sonne alors le treizain, cette roue à treize clochettes placée dans le chœur. Pour l'office des Ténèbres, les enfants apportent des crécelles (krezin) et des cornes de bouc. A la fin des psaumes, ils sont autorisés à user de leurs instruments bruyamment. Ce brouhaha rappellerait le tremblement de terre et le tonnerre qui suivirent la mort du Christ et servirait aussi à expulser les démons. Pour une fois que l'on peut faire du bruit à l'église, les enfants ne s'en privent pas."

   Je souligne l'expression "faire du bruit" : se différenciant de la musique, une production sonore particulière est destinée à produire un vacarme, un tintamarre, un tapage, basé sur le martelement de casseroles, le bris de marmites en terre, le son de conques, l'utilisation de racloirs et claquoirs , crécelles, hochets, (de rhombes dans les sociétés primitives), les détonations de pétard, coups de fusils, fusées, canons, dans un beau chahut qui marque à la fois toute situation de transition exposant aux dangers de déstructuration d'un groupe et toute situation d'écart par rapport à la norme : Nouvel-An, Carnaval, mariage, décès, orage, épidémie,charivari, etc...

  Cela rejoint la grande peur médièvale  de l'irruption, lors de ces failles du calendrier ou des conditions atmosphériques, du Diable et de ses démons, de fantômes ou de chasseurs maudits, eux-mêmes accompagnés de vacarme terrifiant, comme dans les récits de la Mesnie Hellequin et autres Chasse Annequin, et on trouve dans le Roman de Fauvel la description de la charette de Hellequin et de ses roues à cliquet (Citation par Claude Lecouteux):

     Et dans le chariot se trouvait

     Un engin de roues de charrettes

     Très fortes, raides et très bien faites,

     Et au tournis qu'elles faisaient

     Six barres de fer entre-heurtaient

     Qui au moyeu étaient cloutées

     Et bien attachées : Écoutez !

     Si grand bruit et si variable,

     Si laid et si épouvantable,

     Au choc qu'elles faisaient sonner

     Qu'on n'eût pas ouï Dieu tonner.


   En Allemagne, Autriche et Suisse, durant la Semaine Sainte,les enfants parcourent les rues avec des crécelles nommées Ratsche ou Rätschen ; mais dans le clocher de la cathèdrale de Rottenburger, 

http://www.domglocken.de/raetschen/index.html

deux machines à cliquet servent à émettre une paramusique propre à témoigner du séisme que représente la mort du Christ, et illustrent l'Évangile de Matthieu, 27, 50-54 :

        Jésus poussa de nouveau un grand cri, et rendit l'esprit.

        Et voici, le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent,

        Les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent.

        Étant sortis des sépulcres, aprés la résurrection de Jésus, ils entrèrent dans la ville, et apparurent à un grand nombre de personnes.

        Le centenier et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, ayant vu le tremblement de terre et ce qui venait d'arriver, furent saisis d'une grande peur.

Usage thérapeutique ou rituel des cloches et clochettes.


   Pestem fugo. 

On lit dans l'article Wikipédia "cloche" que son symbolisme est lié à la perception du son et à l'ouïe, par exemple en Inde où elle reflète la vibration primordiale, ou en Chine où elle est associée au bruit du tonnerre... et que le bruit des cloches a universellement un pouvoir d'exorcisme et de purification, éloignant les influences néfastes. Sur les cloches de nos clochers, une inscription a été  extrémement répandue dans tout le pays dés le XVème siècle (par exemple : Montpellier 1456) : 

                     Laudo Deum verum, plebem voco,

                     Congrego clerum, defunctos ploro,

                           Pestem fugo, festa decoro. (et parfois : Fulgura frango)

   

 " Je chante le vrai Dieu, j'appelle le peuple, je rassemble le clergé, je pleure les morts, je chasse la foudre, je célèbre les fêtes." et parfois "j'écarte la foudre".

 

I. les cloches des Saints bretons.

  Cinq clochettes dites cloches à main bretonnes, cloches préromanes ou celtiques sont conservées en Bretagne :

 - a) Celui qui visite l'église de Locronan (29) peut voir en la chapelle du Penity un objet de dinanderie en cuivre martelé, cabossé, aux rivets arrachés, à l'anse et au battant de fer, daté du XI ème siècle : c'est la Cloche de Saint Ronan, portée en procession lors de la Troménie. Comme celles qui vont suivre, elle  servait à guérir les fidèles de la surdité par imposition.

 - b) La cloche de Saint Symphorien à Paule (VIème siècle) se trouve en l'église Saint-Paule (22) mais vient de la chapelle Saint-Symphorien ruinée. Elle nous y est présentée comme renvoyant " au modèle de cloches à main primitives des îles britanniques, particulièrement d'Irlande, qui constituent un élément spécifique de la liturgie celtique du haut Moyen-Âge. Censée guérir des migraines, celle-ci attirait autrefois les malades; la cloche était alors sonnée et imposée sur la tête de chaque pèlerin."

 -  c) La cloche ou bonnet de Saint Mériadec-de-Stival à Pontivy (56) est, elle-aussi, réputée guérir les surdités, et lors du pardon de Saint Stival, elle est appliquée sur la tête des fidèles, selon une tradition du "bonnet de Saint Mériadec" attestée sur des peintures murales du XVème siècle. C'est une cloche de cuivre battu de 21 cm, classée monument historique comme les autres , et portant une inscription PIR TURFIC IS TI et le chiffre 1571. Elle est datée du XI ou XIIème siècle.

  Elle a été volée en mars 2009 dans le presbytère de la basilique Notre-Dame de la Joie, et retrouvée en août 2009.


cloche meriadec

 

d) Cloche de Saint Goulven à Goulien (Cap Sizun, 29): c'est une clochette datée du 9ème siècle (?) qui est sensée être l'une des trois cloches que Saint Goulven fit faire après qu'il eût miraculeusement transformé 3 poignées de terre en or. Mais elle n'est qu'en bronze et fonte, à pans plats, haute de 20 cm.

 

 

- e) à l'église Saint-Paul Aurélien de Saint-Pol de Léon est conservé la Cloche de Saint-Pol, si puissante pour guérir les maux de tête ou d'oreille qu'en 1629, Monseigneur Rieux dut exhorter ses chanoines à refuser l'imposition pour ne tolérer que son "auscultation". elle était utilisée initialement comme un gong, puis elle fut munie d'une bélière et suspendue dans une niche. Elle est datée du VIème siècle.

cloche st pol

   Elle serait l'une des sept cloches du roi Marc, que celui-ci utilisait pour chasser les esprits malfaisants ou l'avertir de leur approche, et que le Roi, que Pol Aurélien était venu baptiser, refusa pourtant au saint homme.  Albert le Grand nous dit que, revenu chez lui, " voicy entre les pescheurs du Comte, qui lui apportoient la teste d'un gros poisson qui avoit esté pris au rivage de l'Isle, dans laquelle on trouva la clochette dont il était question, laquelle Guythurus donna à S. Paul ; cette cloche se garde encore au Thresor de la Cathédrale de Leon, au son de laquelle on tient que plusieurs malades ont esté gyeris & un mort ressuscité."

On peut rajouter à cette liste de cloches dûment répertoriées par les Monuments Historiques la cloche de Saint Coledoc, ou Saint Ké, jadis conservée à Douarnenez, celle de Saint Cado, que Saint Gildas devait offrir au pape mais qui ne voulut sonner que dans les mains de Cado, celle de Saint Guiriec signalée par Bernard Tanguy comme venant de Perros-Guirec et conservée aux Archives des Côtes d'Armor,, celle de Saint Guénolé, transportée par les moines de Landevennec à Montreuil-sur-mer pour la protéger des invasions normandes et qui faisait des miracles, jusqu'en 1793 où elle fut détruite. Ou encore en quittant la Bretagne, on peut citer la Saüfang de fer battu de la cathédrale de Cologne, celle de Sainte Godeberthe à Noyon, celle de saint Patrick, ou bien le Casque de  Saint Grat à Vailhourles (12), dont on coiffait les aliénés pour les guérir, tout comme on faisait de la cloche de Saint Fillon dans le comté de Perth.

 

 

 

 

 

  En conclusion, ces Roues de carillon sont précieuses et fascinantes par leur polysémie inextricable, par leur part de mystère, et par le monde merveilleux ou grinçant qu'elles entrouvrent pour nous.

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Published by jean-yves cordier
23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 10:46
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Published by Jy Cordier
23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 10:09

            Les 45  bannières le Minor :

 

N.B Je place ici cet article débuté en avril 2012 et réactualisé depuis. Je remercie Monsieur Gildas Le Minor qui a bien voulu me communiquer la liste des bannières sorties des ateliers dirigés par sa grand-mère, par son père puis par lui-même dans ce qui dessine une très belle aventure artistique et spirituelle ancrée dans le pays breton. Aventure désintéressée ? Que non ! Il obtient, dit-il, une indulgence d'un an de purgatoire à chaque bannière réalisée !

 

 

  Jadis, les bannières étaient réalisées en série, et les fabriciens ou le recteur commandaient une bannière de Sainte-Thérèse, du Sacré-Coeur, de Jeanne-d'Arc, ou de leur saint patron dont il fallait préciser s'il s'agissait d'un ou d'une martyre, ou d'un saint-évêque : c'est la mention du nom qui différait. Mais depuis 1953, où l'entreprise de broderie à la main Le Minor et l'artiste Pierre Toulhoat s'unirent pour créer la bannière de Locronan, tout a changé, et chaque bannière est une vraie création artistique. C'est aussi, à chaque fois, une aventure humaine et spirituelle, lors du financement, de la conception, du choix de l'artiste, des retouches, ou, enfin, de la bénédiction lors du pardon. 

   N'ayant vécu aucune de ces aventures, j'ai parfois réussi à retrouver quelques informations sur l'histoire de ces bannières, dont l'attrait pour les Associations de sauvegarde ou les équipes paroissiales a été croissant.

 

I. La Maison Le Minor à Pont-L'Abbé.

 

   Les origines de Le Minor seraient à peu-prés les mêmes que celles de la confection de dentelles en pays bigouden : rappelons que c'est pour faire face à la famine de 1845-1849 en Irlande, the Irish Potato Famine liée au mildiou, que se développa la guipure d'Irlande au crochet, puis que, face à la crise sardinière en Cornouaille en 1903, des femmes remarquables, dames d'oeuvre préoccupées de la misère qui s'abat brutalement dans les familles de pêcheurs, reprennent les techniques dentellières au fuseau et à l'aiguillée que religieuses et femmes du monde expertes en ouvrage de dame avaient transposées au crochet et créent des ateliers de dentelle dans un pays qui ignorait cette tradition afin d'apporter un complément de ressources aux ménages. En 1911, ce sont plus de 4000 ouvrières qui s'adonnent à cette activité en Bretagne Sud. Leur travail fut commercialisé dans le monde entier.

 

   En 1936, Anne-Marie Cornic (28 janvier 1901 à Plonevez-Porzay-Pont-L'Abbé 1984), fille de commerçants en costumes bretons et épouse du patron des Grands Moulins de Pont-L'Abbé Louis Le Minor, préoccupée de voir disparaître le costume breton traditionnel et les compétences des brodeuses et tisserands, et de savoir que les femmes employées dans les conserveries manquaient de travail une fois la saison finie, ouvrit un atelier d'habillage de poupées. Présent dès l'année suivante à l'exposition universelle de Paris, l'atelier acquiert un réel succès auprès de l'écrivain Colette, de clients aussi célèbres que Caroline Kennedy, Eisenhower ou le Prince Rainier de Monaco, avec une collection de 250 modèles différents, tous réalisés de manière entièrement artisanale et traditionnelle.

 

  La production profite des Congés payés, les vacanciers prenant l'habitude de ramener des régions où ils séjournent une poupée qu'ils offrent ou qu'ils collectionnent. De 1937 à 1980, ce sont même 400 modèles de costumes bretons et d'autres régions de France ou des pays étrangers qui habillent les poupées : costume adulte ou d'enfant, costumes historiques, mignonettes de chez Petitcollin, Nobel, Jumeau, SFBJ, Huard ou Clelia, poupons ou poupées de taille variée sortis d'un atelier qui emploie 400 salariés en 1945. 

      La pénurie de celluloïd incite l'entreprise à se diversifier durant la Seconde Guerre Mondiale en se tournant vers la broderie à la main, produisant du linge de table, des sacs, des costumes folkloriques. C'est l'époque où Mathurin Méheut dessine la nappe "La mer". En 1947, Pierre Toulhoat dessine le célèbre foulard Penmarc'h, vite indissociable du costume bigouden. En 1950, Madame Le Minor lance une gamme de bustes et de coiffes miniatures.

       Dans les années 1970, Madame Le Minor confie l'entreprise à ses deux fils Jacques et Jean ; la production du kabig le Minor, vêtement traditionnel des goémoniers en drap de laine à l'aspect feutré fait la renommée de l'entreprise qui compte près de 500 salariés. En 1982 la Manufacture de Bonneterie Lorientaise rachète la marque et produit toute la partie vestimentaire, mais en 1987, le petit-fils Gildas Le Minor reprend la confection de broderie main et le linge de table (une vingtaine de gamme d'imprimé et autant de brodés).

      On trouve aujourd'hui au 5 quai Saint Laurent à Pont-L'Abbé la Boutique Le Minor, avec un choix de nappes, sets de table, torchons, plateaux, panneaux brodés, mais produisant aussi des vêtements sacerdotaux et des bannières, ou des costumes traditionnels pour les particuliers ou les cercles celtiques.

 Le Minor et la création artistique.

   La société a su collaborer avec des artistes et des designers réputés : Pierre Toulhoat, Mathurin Méheut qui a signé la première nappe imprimée, René-Yves Creston à l'origine du lancement du "kabig", Nelly Roddi qui conçue la ligne Pont-L'Abbé de linge de table imprimé, Gaëlle Le Fur, Jacques Godin, et la styliste Gwen Le Gac avec sa collection "sardines".

   Les tapisseries brodées ont été conçues pour reprendre à l'aiguille les motifs des tapisseries de basse-lisse de Dom Robert, ami de Jean Lurcat. Elles partagent avec les tapisseries d'Aubusson le privilège du statut et de l'appellation d'oeuvre d'art , entièrement à la main, tirage limité à huit exemplaires portant chacun la signature de l'artiste et un numéro. Outre Dom Robert, les oeuvres ont porté les signatures de Picart Le Doux, Simon Chaye, Alain Cornic, François Lesourt, Jean Renault, Dominique Villard, Caly, ou Patrice Cudennec.

Les brodeuses et brodeurs :

Jean-Michel Pérennec est employé depuis 1989 à la broderie à la main, alors que Patricia Cassard s'occupe de la broderie sur machine Cornely.

 

Le Bolduc.

Bolduc ? drôle de nom, qu'est-ce-que c'est que ce truc ? Vite, mon dictionnaire breton : rien. Cherchons dans le Wiktionnaire :

"Ruban décoratif pour ficeler et enrubanner des paquets contenant des cadeaux, etc. Étymologie :  Altération de Bois-le-Duc (’s-Hertogenbosch), ville du Brabant septentrionale en Hollande, où l'on fabriquait ce type de ruban. Dès le XVIIe siècle le nom fut altéré en bolduc (en linguistique, cet amuïssement est nommé syncope)."  

Des rubans ? Je cherche des images bien nettes sur le net : "Dévidoires à Bolduc". Bolducs de mariage" .

 

       

 

Quel rapport avec les bannières ? Cherchons encore :

 « bolduc » : un certificat d’authenticité comportant un numéro d’enregistrement, la signature du lissier et celle du représentant officiel de la certification,
Le bolduc est une pièce de tissu ou de papier toilé cousu sur l’envers d’une tapisserie contemporaine.

 

Le décret 67-454 du 10 juin 1967 prenant effet le 1er janvier 1968, a été décidé pour les tapisseries entièrement tissées à la main sur les métier haute et basse lisse dont le tirage est limité à 8 exemplaires y compris les exemplaires artiste. Une tapisserie d’Aubusson récente (copie d’ancien ou création contemporaine) est accompagnée de son bolduc.

Les bannières de la Maison Le Minor étant des œuvres d'art, elles portent chacune à leur revers leur Bolduc ou Certificat d'authenticité.

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II. Les bannières Le Minor :    

 

N;b : le lien en dessous de chaque titre renvoie à un article plus complet de mon blog.

 

N° 1. Locronan : 1953, Pierre Toulhoat :

Ce fut la première : il y en a plus de quarante aujourd'hui.

Ma visite de Locronan : les bannières.

 

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2. Sainte-Anne d'Auray, A. Bouler, 1954 .

Sainte-Anne d'Auray : les bannières.

 

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3. Saint-Jean-du-Doigt, 1957, Jo Le Corre :

Les inscriptions et les bannières de l'église de Saint-Jean-du-Doigt.

  Ses deux faces sont consacrées à saint Jean-Baptiste, sans inscriptions.

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4. Pont L'Abbé, église des Carmes, 1960, Le Bouler :

L'église Notre-Dame des Carmes à Pont-L'Abbé habillée par Le Minor.

 

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5.  SANTE BERNADETTE / CONFORS MEILARS / 1960.

 

6 ) SAINT SIMILIEN / NANTES / 1965 / P.TOULHOAT

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7) ND DU DRENNEC / CLOHARS FOUESNANT / 1984.1985 / P.TOULHOAT

 

La bannière Le Minor de la chapelle du Drennec en Clohars-Fouesnant (29). 

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8. Combrit, chapelle Sainte-Marine, 1987, P. Toulhoat :

Chapelle Sainte-Marine à Combrit : la Vierge allaitante et la bannière Le Minor.

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9) ST CORENTIN. ST POL / DIOCESE QUIMPER / 1988 / P.TOULHOAT

 

10) SAINTE ANNE LA PALUD / PLONEVEZ-PORZAY / 1990 / A.BOULER

 

11) SAINT EFFLAM / KERVIGNAC / 1990 / P.TOULHOAT

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 12. Saint-Nic, église Saint-Nicaise, 1990, Pierre Toulhoat.

La bannière paroissiale de Saint-Nic (29).

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                       MG 7951c

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 13) SAINT ROCH / LOCADOUR / KERVIGNAC / 1991 / P.TOULHOAT

 

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14.Le Faouët, chapelle Saint-Fiacre, 1991, Toulhoat :

 

  Elle représente au recto saint Fiacre  patron des jardiniers avec sa bêche, la chapelle Saint-Fiacre à ses pieds. On lit A.D 1991, Toulhoat Le Minor.

 Le verso est consacré à la Vierge et à la paroisse du Faouët.

 

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Un beau détail de passementerie : 

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14) SAINT FIACRE / LE FAOUET / 1991 / P.TOULHOAT

 

15) SAINT KERRIEN / QUERRIEN / 1992 / P.TOULHOAT

 

16) SAINT ANNE / GUIMILIAU / 1992 / P.TOULHOAT

 

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17. Saint-Jean-Trolimon, Chapelle N.D.de Tronoën, 1993, Pierre Toulhoat.

Carton de Pierre Toulhoat. Brodeuse Cécile le Roy.

Inscription : 

TRONOEN Ravo Gant Gwaz Jezuz Diwallet Va Ene Evid Ar Vuhez Peurbaduz.

PARREZ SANT YANN AD 1993 Le Minor /Toulhoat . PAOHA SERGENT PERSON

 

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saint-jean-trolimon 8500c

 

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18) BAPTÊME DU CHRIST / BATZ SUR MER / 1997 / P.TOULHOAT

 

19) SAINT TRECHMEUR / GUERLESQUIN / 1997 / P.CAMUS

 

20) SAINTE ANNE / HOSPITALIERS DU FINISTERE / 1997

 

21) SANTEZ BARBA / LENNON / 1998 / Bruno LE FLOC'H

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22. Plogonnec, chapelle de La Lorette, 1998, P. Camus

Carton de P. Camus.

Brodeur : J.M. Pérennec.

Commanditaire : Les Amis de La Lorette.

Recteur en fonction: G. Léon.

                    la-lorette 5585c

 

                       la-lorette 5586v

 

 

23) BANNIERE DU TRO BREIZ / SAINT POL DE LEON / 2000 / J.RENAULT

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24) SANT ALAR / LANHOUARNEAU / 2002 / C.LE FUR

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25) SANT TELO / LEUHAN / 2004 / Y.G.MOULLEC

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26) SANT C'HIREG / PERROS GUIREC / 2005 / P.CUDENNEC

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27. Lanrivain, chapelle N.D du Guiaudet, 2006:

Cartonnier : ?

Brodeur : J.M. Perennec

Commanditaire : Association de Sauvegarde du Guiaudet, "l'abbé Caroff étant recteur".

 

bannieres 3604cc

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bannieres 3605c

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DSCN3718

 

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28) SAINT MARCEL / SAINT MARCEL / 2006

 

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29. Plougasnou, église Saint-Pierre, Jakes Derouet, 2006 :

Compléments sur l'église Saint-Pierre de Plougasnou :

  La face principale represente le patron de la paroisse en tricot rayé avec son filet de pêche, alors que le verso est consacré à saint Samson. Le certificat d'authenticité honore les brodeuses, A.M. Fleiter et P. Cassard.

  Patricia Cassard est, chez Le Minor, particulièrement chargée des broderies sur machine Cornely.

                banniere 3552c

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                     banniere 3567c

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DSCN3626

 

 

 

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30. Locronan 2007, Pierre Toulhoat :

Ma visite de Locronan : les bannières.

bannieres 3899c

 

 

31 . N° 31 :  2008 :  Pleyben, chapelle de Lannelec : Jakes Derouet :

Vierges allaitantes VII : Chapelle de Lannelec à Pleyben, la Vierge.

vierge 9415c

 

                        vierge 9417c

 

 

 

32. 2008 :  église Saint-Pierre de Plonevez-du-Faou, Annick Quéffellec :

L'église Saint-Pierre de Plonevez-du-Faou : bannières

              bannieres 0101c

 

         bannieres 0105c

 

 

 

33) ND DES CROIX SEPT SAINTS / ERQUY / 2010 / R.BUDET

 

34) SAINT VENDAL / POULDAVID / 2010 / B.OLLIVIER

 

 

35. 2008 : chapelle de la Madeleine à Penmarc'h, Jakes Derouet :

                       banniere 2916c

 

                      banniere 2975c

 

 

36) ND DE LA PAIX / LE POULDU-CLOHARS CARNOET /2012 / C. HUART

 

37) SAINT FIACRE / PLOUHINEC MORBIHAN / 2012 / J. DEROUET

 

38) SAINTE ANNE DU PAYS BLANC / LA TURBALLE / 2012 / J. DEROUET

 

39.  2014, Chapelle de Saint-Trémeur au Guilvinec Jakes Derouet.

Les deux bannières de St-Trémeur au Guilvinec.

Carton Jakes Derouet, Brodeur Jean-Michel Pérennec. Commanditaire Association Gwarez chapel sant Trevel.

                 bannieres 0648c

 

                          bannieres 0653c

 

40.  2013, Sainte-Anne-la-Palud à Plonevez-Porzay, D. Passard.

La bannière Le Minor de Sainte-Anne-la-Palud.

 

                            247c

 

                       255c

 

 

 

 

41) ANNE DE BRETAGNE / ASSOCIATION BRETONNE 1843 / 2014 / J.DEROUET

Voir : bannière de l'Association Bretonne

 

 

42. Août 2014 : Guidel, les Sept chapelles. Patrice Cudennec. 

  La bannière Le Minor de Guidel.

                          022c

 

 

                                   012c

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 43) SAINT YVES / LE POULIGUEN / 2014 / P. CUDENNEC.

http://www.lavieb-aile.com/2019/05/la-banniere-le-minor-de-la-paroisse-saint-yves-de-la-cote-sauvage.html

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photo lavieb-aile

 

 

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Photographie lavieb-aile

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44) SAINT-YVES-DES-BRETONS à Rome.

http://styvesdesbretons.canalblog.com/

 

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45. NOTRE-DAME LA BLANCHE À GUÉRANDE. Dominique Passat 2016.

http://www.lavieb-aile.com/2019/08/la-banniere-le-minor-de-guerande.html

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Photographie lavieb-aile août 2019.

Photographie lavieb-aile août 2019.

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Photographie lavieb-aile août 2019.

Photographie lavieb-aile août 2019.

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Et ce n'est pas fini !

Plougastel-Daloulas, carton de Dominique Plassat.

https://www.ouest-france.fr/bretagne/plougastel-daoulas-29470/avec-son-association-les-bannieres-revivent-5136329

 

 

 

liste récapitulative : 

 

LISTE DES BANNIÈRES REALISÉES AUX ATELIERS LE MINOR

DEPUIS 1953

 

 

1) SAINT CORENTIN / LOCRONAN / 1953 / P.TOULHOAT

 

2) SAINTE ANNE / AURAY / 1954 / A.BOULER

 

3) ND DES CARMES / PONT-L'ABBE / A.BOULER

 

4) SANTE BERNADETTE / CONFORS MEILARS / 1960

 

5) SAINT JEAN BAPTISTE / SAINT JEAN DU DOIGT / 1965 / J.LE CORRE

 

6 ) SAINT SIMILIEN / NANTES / 1965 / P.TOULHOAT

 

7) ND DU DRENNEC / CLOHARS FOUESNANT / 1984.1985 / P.TOULHOAT

 

8) SAINT MARINE / COMBRIT / 1987 / P.TOULHOAT

 

9) ST CORENTIN. ST POL / DIOCESE QUIMPER / 1988 / P.TOULHOAT

 

10) SAINTE ANNE LA PALUD / PLONEVEZ-PORZAY / 1990 / A.BOULER

 

11) SAINT EFFLAM / KERVIGNAC / 1990 / P.TOULHOAT

 

12) SAINT NICAISE / SAINT NIC / 1990 / P.TOULHOAT

 

13) SAINT ROCH / LOCADOUR / KERVIGNAC / 1991 / P.TOULHOAT

 

14) SAINT FIACRE / LE FAOUET / 1991 / P.TOULHOAT

 

15) SAINT KERRIEN / QUERRIEN / 1992 / P.TOULHOAT

 

16) SAINT ANNE / GUIMILIAU / 1992 / P.TOULHOAT

 

17) ND DE TRONOEN / SAINT JEAN TROLIMON / 1993 / P.TOULHOAT

 

18) BAPTEME DU CHRIST / BATZ SUR MER / 1997 / P.TOULHOAT

 

19) SAINT TRECHMEUR / GUERLESQUIN / 1997 / P.CAMUS

 

20) SAINTE ANNE / HOSPITALIERS DU FINISTERE / 1997

 

21) SANTEZ BARBA / LENNON / 1998 / B.LE FLOC'H

 

22) ND DE LORETTE / PLOGONNEC / 1998 / P.CAMUS

 

23) BANNIERE DU TRO BREIZ / SAINT POL DE LEON / 2000 / J.RENAULT

 

24) SANT ALAR / LANHOUARNEAU / 2002 / C.LE FUR

 

25) SANT TELO / LEUHAN / 2004 / Y.G.MOULLEC

 

26) SANT C'HIREG / PERROS GUIREC / 2005 / P.CUDENNEC

 

27) SAINT GREGOIRE / LE GIAUDET. LANRIVAIN / 2006

 

28) SAINT MARCEL / SAINT MARCEL / 2006

 

29) SAINT PIERRE / PLOUGASNOU / 2006 / J.DEROUET

 

30) SAINT RONAN / LOCRONAN / 2007 / P.TOULHOAT

 

31) SAINT HERBOT / PLONEVEZ DU FAOU / 2008 / A.QUEFFELEC

 

32) ND DE LANNELEC / PLEYBEN / 2008 / J.DEROUET

 

33) ND DES CROIX SEPT SAINTS / ERQUY / 2010 / R.BUDET

 

34) SAINT VENDAL / POULDAVID / 2010 / B.OLLIVIER

 

35) ND DE LA MADELEINE / PENMARC’H / 2010 / J.DEROUET

 

36) ND DE LA PAIX / LE POULDU-CLOHARS CARNOET /2012 / C. HUART

 

37) SAINT FIACRE / PLOUHINEC MORBIHAN / 2012 / J. DEROUET

 

38) SAINTE ANNE DU PAYS BLANC / LA TURBALLE / 2012 / J. DER 0OUET

 

39) SAINT PIERRE – SAINT NICOLAS / LE GUILVINEC / 2013 / J. DEROUET

 

40) SAINTE ANNE LA PALUD / PLONEVEZ-PORZAY /2013 / D. PASSAT

 

41) ANNE DE BRETAGNE / ASSOCIATION BRETONNE 1843 / 2014 / J.DEROUET

 

42 ) SAINT PAUL-SAINT PIERRE / GUIDEL / 2014 / P. CUDENNEC

 

43) SAINT YVES / LE POULIGUEN / 2014 / P. CUDENNEC

 

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22 septembre 2014 1 22 /09 /septembre /2014 21:31

Les deux bannières de la chapelle St-Trémeur au Guilvinec (29). J.M. Pérennec et Le Minor.

 

                        I. La bannière de 2008.

La charmante chapelle de Saint-Trémeur doit son nom à un saint breton du VIe siècle dont le nom, trech meur, signifie "le grand vainqueur". Il était le fils du terrible Conomor, comte du Poher et roi de la Domnonée.

Tu perds la tête, ma pauvre chérie !

Conomor le Maudit avait trouvé une élégante solution au problème de la contraception en tuant ses épouses à chaque fois qu'elles attendaient un enfant. Avec sa quatrième et dernière, Tréphine, fille de son alliè Warioch, ce fut une autre paire de manches car elle s'enfuit pour accoucher de son fils. Retrouvée par Conomor, qui la décapita illico, elle poursuivit sa route en portant sa tête jusqu'à ce que Saint Gildas ne la lui replace sur les épaules. 

Tu quoque mi filii.

Trémeur  fut alors confié par sa mère  au monastère de Rhuys pour y être élevé par saint Gildas.  Mais hélas,  Il fut tué par son père, qui l'ayant trouvé qui se promenait à la campagne, un dimanche après l'office, lui coupa la tête. Il fut enterré à Sainte-Tréphine près de Laniscat (Côtes-d'Armor). C'est alors qu'il devint, pour l'éternité, et pour le plus grand bien des migraineux, ce saint céphalophore qui, comme saint Denis, porte sa tête devant lui.

Vous connaissez cela, puisque je l'ai dèjà raconté en image lors de mon étape à la chapelle Sainte-Tréphine :  Chapelle Sainte-Tréphine à Pontivy.

Mais ce rappel était nécessaire pour ceux qui viennent d'arriver, afin qu'ils puissent comprendre la première bannière que commanda le Comité d'animation de la chapelle.

I. La face verte (couleur du coin de campagne où vous découvrirez la chapelle)

Sur une face, on voit, dans la famille Perlaboul, la mère, avec l'inscription SANTEZ TRIPHIN PEDIT EVIDOMP. 

Au dessous, on lit ANNO D(omini) 2008,

et de l'autre coté TRESADENN NEUDADUR J.M. PERENNEC, qui indique que Jean-Michel Pérennec (le brodeur de la maison Le Minor qui réalise toutes leurs bannières) s'est chargé non seulement de la broderie (neudadur) mais aussi du carton, le dessin (tresadenn). Et la réalisation de cette bannière n'est pas passée par Le Minor, mais de gré à gré entre J.M. Pérennec et le Comité.

                   bannieres 0647c

 

2) La face rouge (couleur du martyre et du sang).

SANT TREMEUR D'AN DUD AR VRO ROIT HO PENNOZ signifie " Aux gens du pays donnez votre bénédiction". Belle légende pour une bannière.

Le cruel Konomor est à gauche, sur son cheval blanc, avec une barbe rousse, et, comme dans un film d'épouvante, sa hache et son sabre tout dégoulinants de peinture rouge. 

De l'autre coté, son ennemi juré sant Gweltaz (saint Gildas) avec une barbe rousse lui aussi, et des lunettes noires qui ne doivent pas être faites exprès. Gildas n'a pas peur parce qu'il est protégé par la croix celtique ; il le nargue en faisant coucou de la main.

PARREZ AR GELVENEZ veut dire "paroisse du Guilvinec". 

Mais PA.OA.AN.AO G. CANN. PERSON est plus mystérieux, alors que cela signifie "Quand G. Cann était curé ". Georges Cann a été recteur du Guilvinec de 1997 jusqu'en 2009, date à laquelle il a été nommé à Gouesnou.

                       bannieres 0661c


                    bannieres 0662c

      Comparez avec la bannière de la chapelle Saint-Trémeur de Guerlesquin (sur Wikipédia) :

Le verso de la même bannière de Guerlesquin , coté Sainte Tréphine (sur Marikavel):

                          

 

                  II. La bannière de 2013.

 

  Pour les Guilvinistes, rudes marins-pêcheurs (Le Guilvinec est le premier port de pêche en France avec plus de 100 navires et plus de 400 inscrits) qui ont choisis pour armoiries de leur commune le  crabe de gueules senestré d'une langoustine du même,  et le bateau de pêcheur d'or  sur à la bande ondée d'argent et d'azur, cette histoire du fiston et de sa maman filant doux leur histoire de matriarcat fusionnel au détriment de l'amour conjugal ne les concerne peut-être plus beaucoup. Eux qui ont comme devise Dalc'h mad ! ("Tiens bon!") sont réputés avec leur tête bien vissée sur les épaules, des vrais penn-kalet, et, en confession, ils doivent sans-doute avouer que lorsqu'ils sont à bord en train de lutter contre les éléments tout en tranchant la tête des lottes, raies et églefins, ils se reconnaissent plus dans le grand Konomor que dans la fluette Tréphine. Faudrait pas confondre bigouden et bigoudis.

  Bref, quelqu'en soient les raisons, en 2013, ils demandèrent une nouvelle bannière, en passant cette fois-ci par la maison Le Minor (Pont-L'Abbé n'est pas loin) : il y aurait saint Nicolas, le patron des marins, et de l'autre coté saint Pierre, patron des pêcheurs, pour enfoncer le clou. Qu'on y mette des bateaux, des marins avec leur chupen et leurs bottes et des poissons, des vagues et des filets, et que cela sente la marée d'un coté et l'air du large de l'autre !

  Le cartonnier, c'est Jakes Derouet, qui a déjà dessiné sept à huit bannières paroissiale ; ce  septuagénaire retraité de l'imprimerie est un ardent défenseur des couleurs bretonnes, et vit à Plomelin, tout près d'ici. Le brodeur, c'est l'incontournable Jean-Michel Pérennec.

Voici le fruit de leur travail.

1) Saint Nicolas.

 Il suffit de lire :

SANT NIKOLAS PATRON SAVETOURIEN AR MOR SIKOURIT AHANOM*

"maomp" vont d'ar strad ! **

Parrez ar Guelvenec               Perennec

Anno D. 2013.

*Saint Nicolas Patron des sauveteurs en mer aidez-nous !

** Nous périssons !

Et il y a autant de poissons qui sautent sur les vagues que dans les rêves d'un patron de canot, il y a des paquets de mer, un chalutier avec sa guérite, en avarie moteur avec le patron qui fait hou hou, et son collègue de la S.N.S.M qui lui crie Dalc'h mad.

Je ne sais pas si Fañch, Jobic et Ewen, des anciens qui se retrouvent sur le banc de la jetée, se reconnaissent en voyant saint Nicolas déguisé en robe et dentelles avec, aux pieds, des méduses rouges de plagiste, mais qu'importe ! C'est très réussi, et le jaune marié au noir sonne comme un air de bombarde.

 

                          bannieres 0648c

 

2) Saint Pierre.

 

Là aussi il y a de la mer, les poissons, les embruns, et ... saint Pierre en tunique de marin chypriote et en robe plissée, tenue censée correspondre à l'équivalent du kabig et du ciré pour les pêcheurs du lac de Tibériade. 

La belle idée, c'est ce filet qui ramène une belle marée de cœurs rouges, pour illustrer les versets de Matthieu 4:18-19

 18 Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André, son frère, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs. 19 Il leur dit: Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes.

SANT PÊR
PATRON AR BESKETAERIEN DIWALLIT AHANOM

Le Minor J. Derouet

Saint Pierre, patron des marins-pêcheurs, protégez-nous.

 

                           bannieres 0653c

 

 

Le certificat d'authenticité.

Comme toute bannière Le Minor ( celle-ci porterait le n°39 ), un certificat est cousu au dos :

Cette bannière dédiée à saint Pierre et à saint Nicolas a été entièrement brodée à la main aux Ateliers Le Minor à Pont-L'Abbé par J.M. Pérennec sur un dessin de Jakez Derouet. Cette bannière est réalisée à l'initiative de l'Association Gwarez Chapel Sant Trevel. Monsieur l'abbé [ François] Le Roux étant recteur de la paroisse du Guilvinec.

Le gérant de la Sarl Le Minor Juin 2013.

signatures de [Gildas Le Minor], J.M. Pérennec et Jakes Derouet.


bannieres 0651c

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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 21:07

La maîtresse-vitre de la chapelle Sainte-Cécile à Briec (29).

  Merci à René Pétillon président du Comité de sauvegarde, qui m'a accueilli durant la Journée du Patrimoine, et qui projette de faire installer (vers 2015-2016) un vitrail dans la baie 2. Les cartons en sont d'Hortense Damiron (Malakoff). Le projet a obtenu le grand prix "Pélerin" du patrimoine et une aide de 3000 €. 


Baie 0 ou Verrière du Calvaire et de sainte Cécile.

Datation : vers 1500 et 2ème quart XVIe siècle (ensemble remanié vers 1540 ?).

Quatre lancettes trilobées et tympan à 3 ajours et six écoinçons.

Hauteur :3,50 m largeur 2,50 m

277c

 

 

                            LES LANCETTES.

N.b la partie la plus basse est cachée par l'antependium.

288c

 

1) Lancette A ( de gauche) :

la Vierge, manteau bleu servant de voile, robe pourpre,  dans une niche à dais gothique important, socle intégrant une inscription de datation [mil] VccX (Gatouillat 2011 ; non retrouvé lors de ma visite, ni par Le Bihan en 1980). Panneaux partiellement restaurés, avec des fragments interpolés (panneau du buste vers 1500, complétement moderne en dessous).

 

                        282c

 


2)  lancette B :

Christ en croix (tête traitée à la sanguine), entouré de deux anges en prières* debout sur des colonettes. tertre avec des ossements d'Adam  (vers 1540, peu restauré). Le panneau inférieur est moderne.

*Ces deux anges sont accompagnés d'une pièce de verre bleu ; n'étaient-ils pas d' anges recueillant le sang du Christ, remaniés ?

— Le restaurateur J.P. le Bihan fait remarqué que les deux os du pied de la croix sont sertis "en chef d'œuvre" (sans que la pièce ne soit reliée par des plombs aux autres plombs : elle est sertie dans le verre qui la reçoit).

— Le panneau 2 (au dessus du crâne) porte une vue de paysage urbain (Jérusalem) à l'arrière-plan.

279c


3) Lancette C :

  saint Jean, très restauré. Notez le damassé de la robe dorée (et les deux boutons à l'échancrure), et le mantelet pourpre à col et à manches d'hermine, inhabituel. Cela suggère, fort judicieusement à mon sens, à J.P. Le Bihan qu'il s'agit du portrait d'un donateur, dans l'attitude habituelle de l'orant mains jointes.

                                           284c

 La belle tête est finement peinte, la grisaille étant hachurée comme par une technique de graveur. Selon Gatouillat et Hérold, elle a été refaite au XIXe siècle Le Bihan fait remarquer la courte barbe ; il ne peut s'agir alors de saint Jean.

307c

 

                         313c

4) Lancette D :

sainte Cécile avec l'orgue portatif à sept tuyaux et la palme du martyre, debout dans un édicule identique aux lancettes A et C . Daté vers 1500, restauré au XIXe siècle, et en 1981 (date en bas à droite) notamment la tête ; instrument ancien. Manteau rouge à fermail en pierrerie bleue;  robe dorée au damassé identique à celle de saint Jean. Le fond bleu est aussi damassé.


                              287c

TYMPAN.

Trois écus modernes fantaisistes (1981). Écoinçons marqués d'un monogramme IMAS au cœur transpercé de clous, et à la croix.

 289c

 

Restaurations.

— Le vitrail a été restauré vers 1840 par le verrier quimpérois Cassaigne (Le Bihan).

—La verrière n'a pas été déposée pendant la Guerre de 39-45.

— Elle a été restaurée en 1981 par le maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan qui en donne l'état avant restauration sur son blog.

Sources et liens.

— ABGRALL (Jean-Marie) 1890 "Chapelle de Sainte-Cécile, en Briec", Bulletin de la Société archéologique du Finistère t. XVII Quimper p. 260-264. 

  — ABGRALL (Jean-Marie), PEYRON, 1903, "Sainte-Cécile", « Eglises et chapelles » , Bulletin de la Société archéologique du Finistère t. XXX p. 148 

— GATOUILLAT (Françoise) HÉROLD (Michel) 2005 Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum recensement VII, Presses Universitaires de Rennes, 361p, pages 120-121.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1980 ? Blog http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7047662.html

WIKIPEDIA Chapelle Sainte-Cécile


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21 septembre 2014 7 21 /09 /septembre /2014 19:54

La Communion de Judas : antependium devant d'autel du XVIIe de la chapelle Sainte-Cécile à Briec (29).

Classé au titre d'objet MH le 14 novembre 1991.

Datation : première moitié du XVIIe.

La Communion de Judas ! Je me souviens avoir découvert ce thème iconographique en avril dernier sur la maîtresse-vitre de Lanvénégen (Morbihan) puis de l'avoir retrouvé sur les stalles de la sacristie de la cathédrale du Mans. De l'avoir évoqué devant ces Cènes où Judas tend la main vers le même plat que Jésus, révélant ainsi sa trahison. Mais je le retrouve sur un antependium ("devant d'autel") du 17e siècle conservé dans la chapelle sainte-Cécile de Briec (Finistère).

 Le 'antependium devant d'autel en question est un panneau de bois polychrome de 2,20m de large sur 0,74m de haut, sculpté en bas relief et actuellement placé au dessus de l'autel, sous la maîtresse-vitre.

 Cette Cène mérite un examen détaillé (cliquez pour agrandir) ; Jésus se détache nimbé sur un linge tendu derrière lui, et Jean tel un garçonnet s'est glissé entre ses bras. A la droite du Seigneur, Pierre sans-doute en discussion avec un autre apôtres. Car les douze sont réunis en groupe de deux, sauf Jean, et sauf Judas. On voit que le groupe est surpris en pleine agitation, et les disciples font de grands gestes expressifs avec leurs grosses mains de pêcheurs ; c'est que Jésus vient de leur annoncer que l'un d'entre eux va le trahir, et chacun témoigne de sa surprise, proteste auprès de son voisin de son innocence, et évoque mezzo voce ses soupçons. Six d'entre eux ont encore la serviette autour du cou, car ils sont en plein repas comme en témoignent les coupes et les cruches ainsi que l'agneau pascal dans son plat.

 

275c

 

 

Mais au centre, il y a cette diagonale tracée par les bras rouges du Christ, qui isole dans un face-à-face Jésus et Judas, avec Jean entre eux deux. Jésus tend une bouchée de pain (que l'artiste a représenté rond comme une hostie), et Judas, surpris de se voir démasqué par ce geste, cache la bourse aux trente deniers derrière son dos. Devant lui, le couteau pointe sa lame vers le traître.

Plus tard, il y aura le "baiser de Judas". Deux moments complexes et troublants où le face-à-face de l'innocent et de son ami et traître s'associe avec un moment fort de l'intimité. Donner à manger. Recevoir la nourriture. Embrasser. Recevoir le baiser. Savoir, des deux cotés, que le pire est commis, et que la condamnation à mort est engagée. 

 

272c

 

Rappel :

1) à Lanvénégen (vers 1510-1525):

Voir  Le vitrail de la Passion de Lanvénégen (56). avec sa discussion iconographique.

lanvenegen 8991v

 

 

2) Au Mans, stalles de la sacristie (première moitié XVIe siècle):

Les stalles de la sacristie de la cathédrale du Mans.

stalles 1578c

 

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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 19:36

 

La bannière de Annaïg Le Berre à la chapelle de Ty Mamm Doué, paroisse de Kerfeunteun à Quimper.

 

  Annaïg Keriven-Le Berre est une artiste aux dons multiples (illustratrices de livres, auteurs de pastels, de dessins à la mine de plomb, de poèmes illustrés et mis en musique) mais qui, par sa formation de licier à Angers en haute et basse lisse*, est particulièrement connue pour ses création de tapisseries brodées. Née le 23/03/1947 à Morlaix, elle eut longtemps un atelier d'Art sacré à Saint-Pol-de-Léon, à l'ombre de la cathédrale, et, si je comprends bien, à l'Île Callot de Carantec. Son Atelier d'Art Annaïg est désormais installé à Taulé, rue de la Corniche devant la baie de Morlaix.  

*La première technique permet un travail sur l'endroit de la tapisserie, en vertical, la seconde permet un travail sur l'envers sans voir le travail réel, à l'horizontal ; l'artiste mixte ces techniques.

« Ma technique, explique-t-elle, c'est la broderie sur lin. Je crée d'abord mon dessin, que je brode au passé-plat, puis par-dessus au point de Bayeux. Je peins les visages à l'huile, j'ai repris cette idée des bannières processionnelles. Je trouvais très difficile d'obtenir quelque chose de satisfaisant autrement ». (Ouest-France 5-12-2013)

 

 

 

Après avoir travaillé pour le Père Abjean au service de la chapelle Notre-Dame de Callot  (antépendium, chasuble, étole ..) en 2010, elle a réalisé une bannière  pour la chapelle Saint-Etienne de Monistrol d'Allier ; mais c'est en 2012-2013, à la demande du Comité d'animation de la chapelle de Ty Mamm Doué (Maison de la Mère de Dieu), qu'elle a brodé les deux faces de la nouvelle bannière de procession, qui a été inaugurée lors du pardon du 7 juillet 2013.

Mesurant 1,40m sur 0,80m, elle a demandé pas moins de six cents heures de travail !

 

1) Le recto représente SANTEZ MARI MAMM DOUÉ, la sainte Mère de Dieu (dont la forme bretonne Mamm Doué souligne la grande tendresse maternelle), une Vierge à l'Enfant librement inspiré de la statue vénérée dans la chapelle. On remarque cette technique du visage peint qui confère par ses modelés une présence et une expression presque photographique.

Mais Mamm Doué tient aussi dans ses bras les paroissiens qui mènent leur procession de Pardon du premier dimanche de juillet dans leurs beaux costumes traditionnels, portant la Croix et les Bannières. 

Cliquez pour agrandir.

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Les couleurs marient "le brun de l'Argoat et le bleu de l'Armor", avec une belle palette de bruns, ocres, vert-brun, brun-roux, etc. Mais l'oiseau est, avec le visage féminin, un motif récurrent de l'artiste, évocateur de vie, de légèreté, de chant et d'élévation.

bannieres-ty-mamm-doue 0589c

 

La bordure qui reste dans ces tons neutres d'humus en les mariant à divers gris argentés montre deux oiseaux et des feuilles de chêne ou à leurs glands, et ceux qui se sont rendus à Ty Mamm Doué comprennent bien pourquoi. 

 

2) Le verso  porte l'inscription TAD MANER.

"Tad Maner", c'est ainsi que l'on désigne en breton le père Julien Maunoir, O.P (1606-1683), l' "apôtre de la Bretagne" qui l'évangélisa au pas de charge en 400 missions. Et ces missions, que j'ai déjà décrite dans mon article sur Kerlaz  Vierges allaitantes IV, Kerlaz, église Saint-Germain, les vitraux, 1ère partie..  n'étaient pas des promenades pieuses, mais de vrais opérations concernant plusieurs paroisses, faisant appel à de très nombreux prêtres chargés de confesser en continu pendant des journées entières, utilisant le support pédagogique de tableaux présentant les tourments de l'enfer qui menaçaient les récalcitrants ( ces tableaux nommés Taolennou et testés avec succès par le père Michel Le Nobletz) et s'achevant par une dramaturgie de la Passion. 

Or, le Bienheureux (il fut béatifié en 1951), s'il parlait latin et grec qu'il enseignait au collège de Quimper, ne parlait pas le breton, car il était né en pays gallo. Il s'est donc mis à apprendre le breton avec une telle détermination qu'il deviendra bientôt l'auteur en breton  d'un catéchisme et dès 1641 d'un recueil de cantiques dont le titre seul montre les progrès accomplis : "Canticou spirituel hac instrutionou profitable evit disqui an hent da vont dar Barados. Composed gant an Tat Julian Maner Religius eus ar Gompagnunez Iesus, corriget ganta a nevez en Edition pemzegvet man".

 Où ce diable d'homme trouvait-il ces capacités ? Quel était son truc ? 

  Ici, chacun sait qu'un jour qu'il s'était rendu, quittant son Collège pour une sainte escapade, à la chapelle de Ty Mamm Doué (dont il ne savait même pas encore traduire le nom) pour confier à Marie son ambition de s'inscrire à des cours de breton, un ange apparut pour poser un angélique index sur ses lèvres : aussitôt, Julien Maunoir se sentit transformé ; et montant en chaire dans la chapelle vide, il improvisa son premier prêche en breton avec autant d'aisance qu' un apôtre ayant reçu le Paraclet. La preuve : Diapo.

                                          

 

La chapelle, qui s'enorgueillit à juste titre d'avoir été le lieu d'élection de la Mère de Notre-Seigneur pour réaliser ce miracle, se devait de rendre hommage sur sa bannière au père des Missions. Comme l'ange est remplacé dans les récits locaux par une Colombe du Saint-Esprit, c'est donc le Père Maunoir et sa colombe qui figurent, au dessus de la chapelle, sur l'autre face de la bannière. Lui aussi est entouré par la procession en drap bleu et coiffes blanches.

 

 

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3) Depuis sa première participation au pardon de juillet 2013, la bannière claque fièrement au vent à chaque grande occasion, soit sur son terrain, soit en déplacement, comme ici au Pardon de Kerdévot où je l'ai admirée.

 

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Proposition 1 : Une bannière est une tapisserie brodée.

Une bannière relève, dans sa période de gestation, de la fusion de trois éléments : le travail des doigts ; celui du cœur qui y infuse l'art et l'esprit ; et le temps passé.

a) la main.

Annaïg Le Berre emploie le point passé et le point de Bayeux. Le point passé plat sert au remplissage : il peut être droit ou oblique, repiqué ou empiétant. Voyez La-boutique-du-tricot ou Marie-Claire. Le point de Bayeux semble plus compliqué bien que ce soit aussi un point de remplissage : il "se fait à trois temps après le point de tige "point lancé, barrettes et picots". N'essayez pas sans placer la trousse de pharmacie à proximité.

 Les doigts et le temps marchent de pair, et rien n'est plus beau pour en parler que notre mot d'ouvrage  : ces travaux d'aiguille de femmes au Cœur simple (Flaubert : "Madame Aubain, assise, travaillait à son ouvrage de couture") mais qui évoquent la patience de Pénélope. Quoiqu'ayant la même étymologie (le latin opus, eris —avec la tonalité musicale qu'a pour nous le mot "opus"), que le mot "œuvre",  "ouvrage" a pris une direction féminine, modeste et laborieuse ; maintenu tout près du corsage, l'ouvrage s'est naturellement allié au cœur. "Avoir le cœur à l'ouvrage".

Pour le temps, les comptables veulent toujours connaître le nombre d'heures passées. — 600 heures. — Ah, c'est beaucoup! disent ces amateurs de quantités, de kilogrammes, de kilomètres-heures et de productivité. Plusieurs mois. Mais ce temps-là ne se compte pas, et celle qui a déjà brodée sait qu'elle n'a pas vu le temps passer. Temps s'arrête et regarde par dessus votre épaule.

 

 b) Le cœur

  Le cœur, c'est précisément ce qui ne se voit pas quand le travail avance au ras du tapis, mais qui pénètre point après point. Disons que dans une bannière, le travail manuel est le fil de chaîne, et l'élan sacré son fil de trame : le motif spirituel n'est révélé que lorsque l'on lève le nez pour un recul qu'on espère salutaire.

Je n'omets pas les yeux, mais ils sont du coté du cœur, et il suffit de voir les yeux d'Annaïg Le Berre sur une vidéo pour que cela soit une évidence.

 

Proposition 2 : une bannière n'est pas une tapisserie brodée.

Sitôt échappée de l'atelier, la bannière renie son ancien statut et rentre en communauté. Elle y fera tapisserie pendant de longs mois entre les murs humides d'un sanctuaire, mais dans un état d'hibernation pendant lequel elle s'absente dans l'Ailleurs. 

 Jeune, saturée d'énergie spirituelle par sa brodeuse, elle ne pense qu'à s'élever et s'échapper vers les beaux cieux bretons et ses nuages du rêve. Il faut la dresser.

 Et on la dresse sur une forte hampe, et les porteurs la tiennent serrée par les cordons tressées de sa traverse. Il faut apprendre à voler à deux mètres du sol, s'habituer aux foules ou aux canticou du Père Maunoir. Elle doit se faire à son rôle d'étendard, devenir le point de convergence des regards et le point de ralliement d'une paroisse. Elle relève désormais de la vexillologie, c'est tout dire. Elle doit aussi apprendre "le salut des bannières" lorsqu'elle croise l'emblème d'une autre paroisse.

 Elle, une tapisserie ? Plutôt l'étrange alliance d'un cerf-volant à ailes courtes, d'une icône et d'un drapeau.

Du point de Bayeux, elle est passée au Point d'orgue. Une sacrée aventure.

 

 

 

                                        ANNEXE.

Dom Guy-Alexis Lobineau Les vies des saints de Bretagne et des personnes d'une éminente piété qui ont vécu dans cette province Rennes, 1725

  "A un quart de lieue de Quimper, assez près du chemin de Châteaulin, il y avait une chapelle dédiée à la sainte Vierge, et appelée en breton Ti-Mam-Doué, c'est-à-dire Maison de la Mère de Dieu, où les professeurs du collège menaient tous les ans leurs écoliers en pèlerinage pour les mettre sous la protection de Marie. Maunoir, allant à cette chapelle, se trouva l'esprit uniquement occupé de tout ce que le Père Bernard lui avait dit du besoin qu'avait la Basse-Bretagne d'ouvriers évangéliques. Une vue intérieure lui représenta les diocèse de quimper, de Tréguier, de Léon, et de Saint-Brieuc, comme une carrière ouverte à son zèle ; et dans le moment il sentit former dans son cœur la langue bretonne. Arrivé à la chapelle, avec ces mouvements qui lui faisaient une douce violence, il s'offrit à Dieu qui l'appelait, et le supplia, puisqu'il le destinait à l'instruction de ces peuples, de lui apprendre à parler leur langue. Il s'adressa ensuite à la sainte Vierge, et il lui dit avec confiance : « Ma bonne Maîtresse ! Si vous daigniez m'apprendre vous-même le breton je le saurais en peu de temps, et je serais bientôt en état de vous gagner des serviteurs. » Après cette prière, Maunoir rendit compte de ses dispositions au Père Bernard, et l'assura qu'il apprendrait la langue du pays, aussitôt qu'il aurait eu la permission. On la demanda pour lui : elle lui fut donnée le jour de la pentecôte, jour auquel les apôtres avaient reçu le don des langues ; après huit jours seulement d'étude, il parla l'une des langues les plus difficiles au monde, assez bien pour pouvoir faire le catéchisme à la campagne, et au bout de quelques mois il s'exprimait en breton si parfaitement q'il prêchait en cette langue sans préparation.

Comme c'était dans la paroisse de Cuzon, où est située la chapelle Ti-Mam-Doué, qu'il avait reçu les premiers mouvements de sa vocation, ce fut elle aussi qui eut les prémices de son zèle ; et pour rendre en quelque sorte hommage à la Mère de Dieu d'un bien qu'il reconnaissait tenir d'elle, il commença à catéchiser en breton dans la chapelle même. Après avoir instruit Cuzon, il passa aux chapelles voisines, et ne pouvant, à cause de sa classe, leur donner que les fêtes et les dimanches, il en instruisait deux par jour en faisant le catéchisme dans l'une le matin et le soir dans l'autre. De cette sorte, en deux mois, trois paroisses qui contenaient chacune plus de deux mille personnes, se trouvèrent suffisamment catéchisées."

 

 

Liens et sources :

— Blog du Comité d'animation :http://tymammdoue.canalblog.com/

— http://leberreannaig.blogspot.fr/2008/06/bannire-de-saintetienne.html

 

— http://leberreannaig.blogspot.fr/2010/03/art-sacre.html

 

Ouest-France 18 juin 2013 

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Published by jean-yves cordier
19 septembre 2014 5 19 /09 /septembre /2014 21:02

Les bannières, c'est comme les papillons. Le Grand Pardon de Kerdévot.

I. Les bannières d'Ergué-Gabéric.

Lorsqu'en avril dernier j'ai découvert dans l'église d'Ergué-Gabéric, ouverte à mon intention mais sombre, déserte et froide encore au début d'un timide printemps, les bannières de la paroisse adossées aux murs,   Les bannières de la paroisse d'Ergué-Gabéric (29) : Tonkin!, j'étais comme un entomologiste découvrant dans un Cabinet de curiosité les tiroirs d'une collection de lépidoptère et s'émerveillant devant des espèces rares ou non encore décrites : passionnantes, certes, mais poussièreuses, à demi-grises . Mortes entre quatre épingles.

  Imaginez le même chasseur de papillon batifolant le nez au vent et découvrant à la mi-septembre une trentaine d'Azurés Porte-queue (Lampides boeticus) butinant un massif de pois de senteur en compagnie de papillons des paroisses voisines comme la Grisette,  l'Azuré de la Bugrane ou le Collier-de-Corail, chacun dans son costume aux couleurs de son "pays" et certains en couple (le papillophile dit : "in copula"), et d'insectes invités à goûter le nectar nouvellement tiré comme la grosse abeille charpentière Xylocopa violacea, ou la non moins grosse abeille solitaire Megachile maritima

  Ce serait pour lui une toute autre fête.

  C'est exactement avec la même fébrilité festive et gourmande incapable de savoir où donner de la tête que je me suis rendu au Pardon de Kerdévot, la chapelle la plus fameuse d'Ergué-Gabric ; elles étaient toutes là, les bannières vertes de Kerdévot ou de Fatima, la bannière rouge de Saint-Michel et celle de Notre-Dame de Kerdévot, la rose bonbon d'Itron Maria Kerdevot, et, bien-sûr, la bannière cerise du Tonkin, accompagnée de formes juvéniles encore blanches pour les petits enfants.

D'abord, elles avaient été rassemblées sur un tréteau où, comme les chevaux du Palio de Sienne avant le départ de la course, elles piaffaient dans l'air chaud de l'après-midi (la Procession était prévue à 15 heures), entourées de leurs équipes qui les étrilaient ou redressaient un ruban, ajustait un flot de cannetilles rebelles. Et les Jockey se préparaient aussi, fiers d'arborer les couleurs de leur Quartier !

 

 


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Comme leurs couleurs étaient plus vives ! Comme  la Vierge s'était faite belle ! Comme la soie brillait !  Et comme le Jésus battait des mains et riait !

 


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Je découvrais des bannières que je n'avais pas vu, ou dont une face m'était restée cachée : comme cette Anne éducatrice avec son inscription D'HOR MAM SANTEZ ANNA.

Celle-ci est le titre d'un cantique D'hor Mamm Santez Anna / D'an Itron Varia / D'hor Salver benniget / Ni vo fidel bepred  "A notre Mère Sainte Anne, à Marie, Notre-Dame, à notre Sauveur béni, nous serons toujours fidèles"

 


 

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J'en retrouvais d'autres avec l'émotion des retrouvailles, parce que, une seule fois, j'avais planché à en décrypter les énigmes :


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Celle-ci, dédiée au Sacré-Cœur en souvenir de la Guerre 1914-1918, était un travail de broderie magnifique :

C'est l'envers de la bannière de Saint-Michel.


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Celle-là portait dans sa sobriété toute la souffrance des Prisonniers de la Guerre 1939-1945 :

ERGUE VRAZ ANAOUDEGEZ VAD TUR

 FND PRIZONNIER A.P 1945.

"Ergué-Gabéric Reconnaissance éternelle"

C'est l'envers de la bannière de Fatima.


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Ah ! Le Tonkin 1885 ! Toute une histoire !

 

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Et la bannière de saint Guinal, que je n'avais pas vu à l'église car elle est l'envers de celle Notre-Dame de Kerdévot :

SANT GUINAL HOR PATRON PEDIT EVIDOMP 

"Saint Guinal notre patron Priez pour nous".

La bannière porte, outre les couleurs de la Bretagne,  les armoiries d'azur à trois épis de blé d'or, tigés et à la feuille ployée d'argent de Mgr François-Virgile Dubillard (1900-1907). La devise du prelat Deus adjuvat me et son cri Qui seminat in benedictionibus n'y figurent pas.

A droite se trouvent le monogramme CS qui reste à déchiffrer (Christus ?).

 En bas, deux initiales P.N. "(probablement N comme Nédélec :  La bannière fut l'objet d'une donation de François Nédélec de Kergoant après un vœu d’intercession au début de la dernière guerre mondiale pour la protection des soldats membres de la famille." (grandterrier.net). 


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L'équipe de porteurs de cette bannière pour 2014 est composée de paroissiens aux noms bien bretons :


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Mais lorsque sur le signal d'un maître de cérémonie (le "Fabricien"), elles prirent leur envol, ah mon vieux, quel spectacle ! Poussées par la brise, battant l'air chaud de leurs ailes rutilantes, maintenues avec peine par des manœuvriers qui en tempéraient l'enthousiasme en ajustant leur orientation, elles se poursuivaient avec ferveur, s'inclinaient, bondissaient et parfois, sous l'effet d'un changement de porteur, tressautaient pour mieux repartir dans la danse, engaillardies par un cantique, ennivrées d'encens et de l'odeur mielleuse des cierges et, surtout, ivres de la sève d'une liberté nouvelle.

Les hommes, cette excitation animale et guillerette les génaient, et ils la tempéraient d'une gravité majestueuse et recueillie. 

 

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  Mais cette gravité n'atteignait ni les jeunes générations, ni les femmes de la commune.

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Outre les porteuses de bannières, il y a aussi les porteuses des brancarts des statues de la Vierge.

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Les Gabéricois et Gabéricoises ont invité bien-sûr à leur pardon les paroisses de Cornouailles : on y rencontre Elliant, Kerfeunteun avec la nouvelle bannière de Ty-Mamm-Doué, Quimperlé, Pouldavid. Etc...

Quelques photos en pêle-mêle des beaux costumes.


 

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Published by jean-yves cordier
19 septembre 2014 5 19 /09 /septembre /2014 11:55

L'Arbre de Jessé de l'Abbaye de Saint-Riquier (XVIe siècle).

 

Voir dans ce blog lavieb-aile les articles consacrés aux Arbres de Jessé de Bretagne:  

Les sculptures :

Et les vitraux : 

Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

 

Vue de la façade et de la tour Wikipédia

Image illustrative de l'article Abbatiale de Saint-Riquier

  L'Arbre de Jessé de Saint-Riquier occupe le tympan du portail occidental, de l'ancienne abbaye bénédictine de Saint-Riquier, fondée dans la première moitié du VIIe siècle. L'abbaye fut incendiée en 1131, reconstruite par l'abbé Gilles de Machemont (1257-1292) ruinée successivement par les Bourguignons et par les Armagnacs en 1421, puis incendiée à nouveau en 1475 et 1487. Elle est alors reconstruite par l'abbé Eustache le Quieux et son successeur Thibaut de Bayencourt avant d'être incendiée en 1554 par le fils de Charles Quint, le futur Philippe II ; elle resta ruinée jusqu'à la seconde moitié du xviie siècle , où elle fut presque entièrement restaurée dans par l’abbé Charles d'Aligre.

   Afin de dater cet Arbre de Jessé, je retiens que la façade occidentale et sa tour sont dues  à l'abbé Thibaut de Bayencourt qui y plaça ses sculptures entre 1511 et 1536 lorsque l'ancienne façade fut remplacée. De part et d'autres de la grande accolade qui surmonte le tympan, sont figurés les deux abbés Eustache le Quieux (1479-1511) et Thibaut de Bayencourt (1511-1538), tous 2 agenouillés et priants.

J'en déduis la datation 1511-1536 pour cet Arbre. Il relève, au seuil de la Renaissance, du gothique flamboyant, sous le règne de Louis XII et de François Ier.

Afin de préciser maintenant le contexte iconographique de la façade afin de placer l'Arbre dans un programme théologique  cohérent, je prends note que sur la grande accolade qui couronne le portail central, se trouve une représentation de la Trinité sous forme d'un trône de Gloire. De chaque côté, les statues de dix apôtres sur deux registres. Au sommet du grand gâble est sculpté le Couronnement de la Vierge. En haut du clocher, Saint Michel avec à sa droite Adam et Eve et à sa gauche Moïse et Élie. 

Je note aussi que le tympan du portail sud est décoré de sculptures se rapportant à l’histoire de la Vierge Marie, on y voit Anne et Joachim, la Nativité de Marie, l’Annonciation, la Nativité, l’Adoration des Mages.

Le programme donne donc la première place à la célébration de la royauté de la Vierge (Jessé + Couronnement + ascendance davidique d'Anne et Joachim + adoration des Rois).

 

Le tympan est traité comme celui d'une verrière, l'entrelacs des branches et les personnages qui y sont installés découpant des ajours comme le remplage d'une baie. Ces jours sont comblés par des verres losangés (et jadis, selon Juls Corblet, par des vitraux peints. Ce fenestrage ajouré est, en soi, remarquable.

La dentelle de pierre était vraisemblablement peinte, et il faudrait imaginer le spectacle polychrome des manteaux rouges, bleus ou jaune, celui des parures à l'or scintillant, des carnations tendres et des cheveux blonds ou bruns parcourus par le vert déploiement des branches et des feuillages.

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II. L'axe central : Jessé / la Vierge à l'Enfant.

                            arbre-de-Jesse 4986c

Jessé.

"Suspendu devant lui un écusson aux armes de France, dont les fleurs-de-lis ont été effacées ; il ne reste que le cordon de l'Ordre de Saint-Michel".

                          arbre-de-Jesse 4987d

 

La vierge à l'Enfant.

  Elle est au centre d'une mandorle de rayons de feu, les pieds posés sur un croissant de lune : cette référence à la Femme de l'Apocalypse 12:1 ou Mulier amicta sole et luna sub pedibus ejus ("femme revêtue de soleil") confirme que cet Arbre de Jessé s'inscrit dans un culte de l'Immaculée Conception. Ce culte a été reconnue par le pape Sixte Iv en 1476 et affirmé comme dogme par les docteurs de la Sorbonne en 1496.

Malgré la corrosion de la pierre, on peut admirer la tenue vestimentaire somptueuse de la Vierge, son visage de statue antique, et sa luxuriante chevelure.

                            arbre-de-Jesse 4988c

 

Les six rois du coté droit.

Ils portent tous un collier  de chaînons rectangulaires comme emblême royal. Chacun est vêtu différement, mais souvent en seigneurs Renaissance, avec des tuniques courtes au dessus de jambes nues (ou recouvertes de chausses fines) 

Ceux-ci portent leur sceptre. 

         arbre-de-Jesse 4990c

 

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Le roi David, identifié à sa harpe, débute la série en bas et à droite de l'Arbre. Il est en position "de chevalier servant", un genoux à terre , en allégeance envers le Messie et sa Mère. Il porte une couronne.

 

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Les six rois (?) du coté gauche.

  Bien que les auteurs aient tous décrits douze rois répartis à droite et à gauche sur les ramures de l'arbre, un simple examen suffit à constater que seuls les personnages de droite portent des vêtements, des coiffures, des sabres ou les regalia propres aux rois. A gauche, les personnages portent des tenues ecclésiastiques et hébraïques antiques, des longues barbes (pour quatre d'entre eux), des aumônières, des franges rituelles, et adoptent des postures maniérés exemptes de noblesse. En un mot, ce sont des Prophètes. Bien-sûr, ils ne devraient pas apparaître sur les fleurons de l'Arbre comme des descendants de Jessé, qu'ils ne sont pas, et ils devraient se tenir à l'écart, comme dans les vitraux de Saint-Denis, Chartres, Soissons, le Mans, Beauvais du XIIe et XIIIe siècle. Mais pourtant, force est de constater la réalité des choses.

 

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Sources et liens.

 

— CORBLET (Jules) 1860  Etude iconographique sur l'arbre de Jessé, page 23.

— GILBERT (Antoine.Pierre-Marie) 1836  Description historique de l ́église de l ́ancienne Abbaye Royale de saint Riquier...page 68

 

 http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/striquier/pages/facade.html


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