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19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 22:08

Les calvaires de Dirinon IV : la croix de Kerniouarn / Kerpierre (XVe siècle).

 

 

 

 

 

Voir la série sur Dirinon :

— L'enclos paroissial :

Le culte de sainte Nonne :

Les croix et calvaires de Dirinon :

 

 

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Rappel :

"Croix" : monument qui a la forme d'une croix.

"Calvaire" : à la croix s'ajoutent deux personnages sur des croisillons (souvent la Vierge et Jean) ou les deux croix des larrons, voire ("Calvaire monumental") les scènes historiées de la Passion.

Dirinon possède seize croix et calvaires, restaurés par les soins de recteur Guillermou entre 1956 et 1960 puis par la commune. Elles sont décrites par l'Atlas des croix et calvaires sous les n° 418 à 433.  Y-P. Castel distinguait en 1993 les croix simples (Croix de Mondragon n° 430, croix de Pen-ar-Run n°431, croix de Trébéolin n°432), les "Croix à Christ" (de Kerniouarn n°428, du bourg n°422, de Ty-Croas n°433, de Kermélénec n°424 et de Croas-Guénolé n°418), les six "Petits Calvaires" (de la Croix-Neuve n°419, de la Croix-Rouge n°420, du cimetière de l'enclos n°421, de la Grange ou Croas ar Vossen  n°423, de Lesquivit n°429), sans compter les 5 croix disparues signalées sur le cadastre.


 

 

 

 

 

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Situation.

Street View Maps

N 48°.382297, -4°.267537

En venant de Dirinon, prendre la route vers la voie express N165 passant par Lannuzel, et atteindre l'embranchement du hameau de Kerpierre. La croix se trouve alors à droite. La route vers Kerniouarn débute une cinquantaine de mètres plus loin. Mais sur les cartes du XIXe siècle, et même sur le Scan 50 IGN de 1950, seul le lieu-dit Kerniouarn est indiqué, avec la graphie Kerneouarn.

L'examen de la carte de Cassini (vers 1780) montre qu'au XVIIIe siècle, ce qui deviendra la Route Impériale N° 170 Lesneven -Landerneau-Daoulas-Le Faou (Route Nationale de Lesneven) n'existait pas, et que le voyageur allant à Daoulas pouvait passer alors par Dirinon sous la forme d'une route indiquée en marron sur la carte. Elle va de Lesneven à Landerneau et se termine à Daoulas  (alors qu'une route Lesneven-Landerneau-Le Faou passait par Saint-Urbain). On la suit, sur le territoire de Dirinon à partir de Landerneau  et on la voit passer par Kermélénec, Lannuzel, (longeant la chapelle Saint-Divy et les fontaines sacrées),  Kernéouarn, La Grange. Or, ce trajet est jalonné des croix de Kermélénec, Kerneouarn et La Grange, qui trouvent ainsi leur cohérence dans une unité de géographie humaine. Il est possible, par la fonction de juxtaposition des cartes IGN et Cassini, de suivre le trajet de cette route sur Cassini avec le curseur, et de constater que son trajet est encore attesté par des tronçons de chemin. 

Kernéouarn ou Kerniouarn signifie probablement "Le lieu habité par Nihouarn", le patronyme Nihouarn est la modification par article résiduel agglutiné de Yhouarn, provenant lui-même d'un saint ermite du XIe siècle, Ehuarn. On trouve Lanniouarn en Plouarzel. (D'après Albert Deshayes, Dict. des noms de famille bretons) Un lieu-dit Kerniouarn se trouve aussi à Melgven et à Le Trévoux.

 

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Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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Description.

Cette croix est décrite par l'Atlas de croix et calvaires du Finistère sous le numéro 428  comme une croix de kersanton de 4 m de haut, sur un emmarchement de deux degrés qui reçoit un socle cubique. 

Une plaque y est adossée avec l' inscription : RESTAURE AVEC TOUS LES CALVAIRES. MISSION 1957. Cela correspond à l'action du recteur François Guillermou en faveur des croix et calvaires de sa paroisse.

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La face ouest.

La croix du crucifix est de section hexagonale, à fleurons et à dais sommaire. La face occidentale porte un Crucifié très érodé. La couronne d'épine est faite d'un entrelacs de deux brins. Le Christ a la tête inclinée à droite, les cheveux longs, une barbe très courte, un pagne court à quatre plis croisés au milieu et noué à gauche. Les côtes sont inclinées en V à sommet xyphoïdien. Les pieds sont superposés en rotation interne. Les trois clous sont à tête prismatique.

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Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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La face est porte une Vierge à l'Enfant. 

La Vierge est couronnée, elle tient sur le bras gauche son Fils dont le visage est tourné vers le ciel. L'ensemble est si envahi par la lèpre de lichens blancs que cela crée une confusion désagréable.

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Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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Le socle.

C'est peut-être l'élément le plus intéressant, car il est décrit par l'Atlas d' Yves-Pascal Castel comme "avec cupules pour un jeu". Je me permet de reproduire ici le relevé graphique qui accompagne l'Atlas. on voit que l'un des coins du socle est creusé par une marche en trapèze, et qu'une vingtaine de cupules sont disposés selon un tracé géométrique évoquant vaguement celui du jeu du "drapeau anglais" :

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Faut-il y voir la récupération d'une pierre à cupules comme celle proche de la fontaine Sainte-Nonne ? Ces pétroglyphes, en écuelles parfois associées à des rigoles,  datent de l'époque mégalithique (Néolithique et Bronze) et sont parfois réparties pour former des figures schématiques ;  leur signification n'est pas connue.  Je n'abandonnerai pour ma part cette hypothèse qu'après le désaveu formel d'un archéologue.

Ou bien faut-il voir plutôt ici une authentique marelle , comme le suggère Yves-Pascal Castel dans un article de 1993 ?

J'imagine mal des paroissiens taillant un bloc de pierre et le creusant de cupules, uniquement pour pratiquer un jeu dont l'une des caractéristiques principales est de pouvoir se jouer partout et sans plateau spécifique, en traçant des lignes sur le sol ou ailleurs. Je les imagine encore moins récupérant sans vergogne  leur table de jeu pour y élever un calvaire. Et encore moins jouant avec leur pions au pied de la croix. En outre, la marche trapézoïdale resterait inexpliquée.

Pourtant, l'abbé Castel a relevé au total en Bretagne douze exemples de socles ou de marches  de croix creusés de cupules de diverses tailles. (En Bretagne Croix et Calvaires 1997 page 42) Elles n'adoptent un schéma marelliforme qu'à Dirinon, mais sont parfois alignées selon des lignes, des cercles irréguliers ou des points de dès ou de  dominos. Sans aucune régularité compatible avec un jeu précis.

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Yves Pascal Castel 1997 :

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Il me paraît séduisant de penser que les pierres à cupules ont été considérées comme des pierres sacrées à l'époque pré-chrétienne, puis christianisées au même titre que les menhirs l'ont été. Leur forme de cube aurait alors favorisé leur emploi comme socle de croix.

La "marelle" médiévale.

Elle ne doit pas être confondue avec le jeu enfantin consistant à suivre  à cloche-pied un palet de terre à ciel, et retour. On préférera, pour les différencier, le terme de "jeu de mérelles" ou "jeu du moulin". 

Selon Patricia Muhouse 1985,

"Parmi les innombrables jeux de société pratiqués dans l'Occident médiéval, le plus répandu, celui auquel on joue partout, à tout moment, dans toutes les classes de la société, n'est pas le jeu de dés — contrairement à ce qui est souvent affirmé — mais bien le jeu de marelle.

C'est le jeu de société par excellence, celui qui pendant plusieurs siècles emblematise le mieux l'activité ludique de la civilisation européenne. Contrairement aux dames, aux échecs et aux tables (un des ancêtres du backgammon actuel), il ne doit en effet rien à l'Orient. Il est en outre plus ancien que tous les jeux de cartes et moins réprouvé que les jeux de dés. A l'époque moderne, il prend le nom de jeu du moulin; et ses épigones contemporains sont le morpion (avec toutes ses variantes) et le jeu dit « du drapeau anglais ». Ainsi la marelle, inconnue de la plupart des historiens et des anthropologues, et très souvent absente des répertoires, manuels ou encyclopédies consacrés aux jeux de société, est-elle bien, dans la longue durée, le jeu de l'homme européen. A la différence des dés, la marelle n'est pas un jeu de hasard mais un jeu de réflexion. Elle oppose deux joueurs possédant chacun trois ou cinq (parfois neuf) pions qu'ils doivent essayer d'aligner (verticalement, horizontalement ou diagonalement) sur une figure géométrique de forme variable et dont les versions les plus employées au Moyen Age sont reproduites ici. Les joueurs jouent à tour de rôle en ne plaçant ou déplaçant qu'un pion à la fois sur la figure. Le vainqueur est celui qui le premier a réussi à aligner ses trois ou cinq pions sur une des lignes de cette figure. Du moins tels sont les principes généraux du jeu car il y a évidemment de nombreuses variantes, et une évolution des règles allant vers la diversification."

Le mot marelle est  rattachée à un préroman * marr- (pierre, caillou) et à la généralisation du féminin de merel, marel, "jeton, palet, pièce de monnaie".

La figure formée de trois carrés inscrits les uns dans les autres et coupés par leurs médianes est à l'origine de la chaîne mérellée des armoiries des anciens rois de Navarre, déjà étudiée dans ce blog à propos des vitraux de Chartres.

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Socle de la croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Socle de la croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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Socle de la croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Socle de la croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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Socle de la croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

Socle de la croix de Kerniouarn / Kerpierre, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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SOURCES ET LIENS.

— CASTEL (Yves-Pascal), "Dirinon", Atlas des croix et calvaires du Finistère.

http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/dirinon/dirinon.html

— CASTEL (Yves-Pascal), 1993 (3 septembre) Croix et calvaires de Dirinon

“0954 Dirinon, Croix et Calvaires... 03.09.93.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 21 février 2017, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/2456.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/71f7516bf9d58e7cc2eaa4246f072eb5.jpg

— CASTEL (Yves-Pascal), 1997, En Bretagne. Croix et Calvaires. Minihy Levenez

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c7ab1cc53d0ef299b5bb65ed3764d18c.pdf

—MULHOUSE (Patricia),  1985, Jeux (jeux) : La marelle Médiévales  Année 1985  Volume 4  Numéro 8  pp. 103-106

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Published by jean-yves cordier - dans Dirinon Calvaires
19 février 2017 7 19 /02 /février /2017 12:08

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Situation.

La croix dite de Kermélénec se situe à 2,5 km au nord du bourg, sur la route qui descend vers le Moulin du Roual,  juste après avoir franchi la voie ferré du TER Quimper-Landerneau, à 80 m d'altitude.. 

Lesquivithttp://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.264217&y=48.411925&z=15&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&mode=doubleMap

La carte de Cassini la place sur la route  Landerneau-Dirinon-Lannuzel-[Loperhet]-Daoulas, correspondant peut-être à une ancienne voie (voir site Voies romaines) .

Le hameau de Kermélénec (5 bâtiments), dans le vallon du ruisseau du Roual, se situe un peu plus au nord.

Toponymie :

– Keramelen : carte de Cassini (v. 1780) à proximité de "Le Millen". 

– Keramelenec : Carte d'Etat-Major 1820-1866

– Keramelenec : Scan50 historique de 1950

– Kermélénec : carte IGN

Le toponyme associant Ker, "lieu habité" au patronyme  Mélénec, pourrait se traduire par "Lieu habité par Mélénec", ou "exploitation rurale de Mélénec". Les noms en Ker- ont fleuri au Xe siècle. Mais le nom Mélénec renvoie au breton melen "jaune", et on consultera avec profit le site grandterrier.net qui propose pour le toponyme Mélénec : "Lieu planté de fleurs jaunes, ou du dénommé Meleneg, "le blondin".  "Melenec" est aussi le nom breton d'un passereau appelé "Verdier" en français, et on peut privilégier cette explication reliant les nom de lieux avec l'environnement naturel.

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    La croix est décrite dans l'Atlas des Croix et Calvaires du Finistère sous le n° 427 comme un édifice de kersanton de 5 m de haut, à trois degrés d'emmarchement recevant un socle cubique. Le fût est cylindrique, couronné par un nœud où se remarquent un blason et une inscription aiguisant la curiosité. Puis vient la croix à fleuron, avec le crucifix vers l'ouest et la Vierge à l'Enfant sur sa face est.

     

     

    Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Le Christ possède des caractéristiques qui pourraient faire évoquer à un néophyte comme moi, qui vient d'étudier  la croix de Croix Rouge,  l'atelier de Roland Doré : la couronne d'épines en double brin torsadé, la tête inclinée à droite, les yeux fermés, les cheveux longs, la barbe en pointe, les mains et pieds cloués par des gros clous pyramidaux, le pagne  ordonné en plis  précis et noué à gauche. Mais il manque le pan de pagne glissé sous l'étoffe et ressortant à droite. Surtout, il est très antérieur à la période d'activité de ce sculpteur, alors que sa date le place dans celle de Bastien et Henry Prigent (1527-1577), de Landerneau. Pourtant, Emmanuelle Le Seac'h, qui a dressé le catalogue raisonné de ces sculpteurs, n'y inclut pas cette croix. 

    Quelles sont les caractéristiques des Prigent ?

    "des pagnes volants, des mèches de cheveux décollées aux épaules, des barbes étagées". Bof.

    "Des torses aux côtes horizontales". Ah, oui.

    Sur la croix Prigent datée de 1556 de Kerabri en Lothey, le Crucifié a "les yeux clos et la bouche entrouverte". Oui, c'est bon.

    "Le nombril en forme de bouton". Ah, ça, c'est vraiment le cas!

    "Le pagne est noué sur le coté par une grande boucle."

    Mais tout cela ne remplace pas le coup d'œil et l'avis de l'expert. A Kermélénec, la croix n'est pas attribuée à un atelier.

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    Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    La face orientale : la Vierge à l'Enfant.

    Elle porte une couronne à fleuron. Elle présente une pomme à son Fils, qui tient également une sphère, correspondant à un globe du Monde.

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    Vierge à l'Enfant. Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Vierge à l'Enfant. Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Vierge à l'Enfant. Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Vierge à l'Enfant. Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Le blason.

    Le blason, présenté par deux anges, ne porte qu'un seul meuble : un calice. C'est donc celui d'un prêtre, qui n'y a pas ajouté ses initiales, comme sur la statue de saint Fiacre de la chapelle de Saint-Divy. Non par modestie, mais parce qu'il a fait graver une inscription qui comporte son nom.

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    Blason au calice de la croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Blason au calice de la croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    L'inscription et le chronogramme.

    Elle est écrite en lettres minuscule gothique, sur une ligne d'abord, puis sur deux lignes en lettres plus petites ; elle a été décryptée par Annie Le Men (1990) (je modifie sa lecture en lisant fayt et non fait. J'éprouve des difficultés à reconnaître "cette croix". Je donne ensuite ma transcription) :

    M P BODENES / CETTE CROIX /

                              A FAYT FAIRE / 1568

    "M[essire] Pre [tre] Bodenes a fait faire cette croix  [en] 1568.

    On peut comprendre aussi : Messire Pierre Bodenes.

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    Inscription "M[essire] P. Bodenes".  Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Inscription "M[essire] P. Bodenes". Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Inscription "fayt faire cette croix 1568".  Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Inscription "fayt faire cette croix 1568". Croix de Kermélénec (1568), Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    — LE MEN (Annie), 1990, "Armorial de la commune de Dirinon" Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. CXIX, pages 207 à 224.

    — CASTEL (Yves-Pascal), "Dirinon", Atlas des croix et calvaires du Finistère.

    http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/dirinon/dirinon.html

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon Calvaires
    18 février 2017 6 18 /02 /février /2017 17:32

    Les calvaires de Dirinon II. Le calvaire de la Croix-Rouge ou Creis Ru par l'atelier de Roland Doré (vers 1640).

     


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    Voir la série sur Dirinon :

    Les croix et calvaires : 

     

     

     

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    "Quinze croix et calvaires sont disséminés sur le territoire communal, datant selon les cas du Moyen-Âge au XXe siècle ; Croas-ar-Vossen date du XVe siècle, de même que le calvaire de Kerminouarn ; la croix de Comenec'h date du XVIe siècle, celle de Kerménélec [lire : Kermélénec] des environs de 1550, celle de Kergavarec de 1595, Beg-ar-Groas (la Croix rouge) des environs de 1640, celle du cimetière du XVII, la Croix-de-Pencran date de 1743, celle de Kerliézec du XIXe siècle" (Wikipédia "Dirinon")

    Les croix et calvaires sont décrites et numérotées 418 à 433 dans l'Atlas des Croix et Calvaires du Finistère.

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    Situation :

    Le lieu-dit La Croix Rouge se situe au nord-ouest du bourg, à proximité de la rive de l'Elorn (qui prend ici le nom de Rivière de Landerneau) sur une route venant  du Moulin du Roual et de Quillien, à une altitude de 110 m. La carte de Cassini (vers 1780) porte le toponyme de Creis Ru, qui se traduit, précisément par "Croix Rouge". Vers la carte de l'IGN et la carte de Cassini. La carte d'Etat-Major (1820-1866) porte le nom de Bec-ar-Groas, "Le promontoire de la croix", à ne pas confondre avec le lieu homonyme placé juste en face, sur l'autre rive de la Rivière de Landerneau. Les formes bretonnes Bec-ar-Groas et Creis-Ru témoignent d'une toponymie ancienne. Bec,  "Promontoire", peut faire allusion à une situation d'avant-garde, à l'ouest,  sur la colline où est établie Quillien, et qui culmine à 126 mètres.

    N.B: Marc Patay-Lejean voit dans "Croix-Rouge" un indice d'une occupation gallo-romaine.

    Cette croix ne marque pas aujourd'hui un croisement routier, mais l'embranchement de la route de la Croix-Rouge avec  un chemin vicinal. Par contre, la carte E-M montre une convergence en étoile de petites routes. Elle s'élève à proximité d'un hameau réduit à un ou deux feux (3 bâtiments sur la carte E-M, 4 sur la carte IGN). 

    Nous verrons que cette croix honore des saints protecteurs de la peste et de la lèpre. Cela m'a incité à chercher sans succès, si ce lieu était connu comme une maladrerie, une "madeleine", un hospitalet, un lazaret et encore si ce nom de Creis ru (ou Croas ru)  pouvait faire référence à un village de cacous. Tout au plus peut-on penser à la croix rouge de l'Ordre hospitalier des Templiers ou Moines Rouges.

    Notons que la croix la plus ancienne de la commune porte le nom de Croas-ar-Vossen, "Croix de la peste".

    Le lieu tire-t-il son nom de sa croix, ou l'inverse? Le calvaire (qui ne porte aucune trace de couleur) était-il peint, ou a-t-il succédé à une croix vermillon ?

    Ne retenons que deux choses : la proximité de Landerneau (où Roland Doré avait son atelier) et l'accès maritime aux carrières de kersantite, le "marbre" des calvaires bretons, autour de Loperhet.

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    Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    Le calvaire est décrit dans l'Atlas des Croix et Calvaires du Finistère sous la référence Dirinon n°420, avec son massif cubique en schiste, son fût à pans, son croisillon portant deux statues géminées, et sa croix à branches rondes et à fleurons godronnés.    

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    Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    Je débuterai par la face orientale, car elle était placée à l'ombre lors de ma visite méridienne. Je rappelle que la tradition catholique oriente le Christ en Croix face au couchant, et qu'on trouve au verso une Vierge à l'Enfant, une Vierge du Calvaire, ou un couple de saints. 

    Ici, cette face orientale ne comporte aucun personnage à l'arrière du Crucifix ; à droite se tient saint Jean, et à gauche la Vierge éplorée, comme au pied des Calvaires des grandes Passions gothiques.

    Jean, qu'on reconnaît à son visage imberbe et à ses cheveux longs, se tient bras croisés. Il est pieds nus, comme tout apôtre. L'attitude bras croisés se retrouve sur les calvaires de Roland Doré à Seznec(Plogonnec), Notre-Dame de Kerluan (Chateaulin), Commana, Saint-Nicodème (Ploéven), Tinduff (Plougastel-Daoulas), Saint-Vendal (Douarnenez)

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    Saint Jean, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Saint Jean, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    La Vierge porte un grand manteau qui recouvre sa tête, et une robe serrée par une ceinture ; sa gorge est couverte par une guimpe. Ses yeux sont ouverts, son visage peu expressif ; seules ses mains,  jointes, doigts croisés, témoignent du caractère poignant de son affliction.

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    La Vierge, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    La Vierge, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Face principale.

    L'éclairage étant plus favorable, j'étudierai plus soigneusement la face occidentale.

    1. Le Christ en Croix.
    Il est barbu, les cheveux longs peignés comme ceux de Jean, les yeux fermés et la tête baissée, légèrement inclinée vers la droite. Il est vêtu d'un pagne. Les côtes, le nombril et la plaie du flanc sont figurées. Les pieds sont cloués par un seul clou à grosse tête polyédrique, pied droit sur le pied gauche.

    Les caractéristiques de la manière de Roland Doré sont selon E. Le Seac'h :

    a) la couronne d'épines aux deux brins enlacés en forme de carré

    b) le pagne, noué sur le coté gauche, soigneusement croisé avec un rabat sur le haut du tissu, un pan sorti sur le coté gauche et rentré sur le coté droit.

    c) le visage émacié, la barbe taillée en pointe; la moustache aux mèches fines ;  les veines du cou saillantes,

     d)le corps allongé, aux longs bras noueux,

    e) le torse presque rectangulaire avec les muscles de l'abdomen en forme de poire

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    Le Christ, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Le Christ, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Le titulus porte les lettres I.N.R.I, avec un point de séparation losangique .

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    Le Christ, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Le Christ, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Saint Roch.

    Il porte le chapeau à larges bords, la pèlerine et le bourdon des Romeux, car Roch se rendit en pèlerinage  de Montpellier à Rome avant d'exercer ses talents de médecin auprès des malades atteints de la peste bubonique. C'est sur le point de rentrer, à Plaisance, qu'il fut atteint à son tour par la peste noire. Il s'isola dans une forêt où un chien —le fameux Roquet — le nourrissait chaque jour d'un pain rond.

    Comme dans toute son iconographie, Roch soulève sa robe et montre le bubon ou scrofule, ici largement ulcéré, de sa cuisse gauche. A sa droite, son chien (?), dont la tête est brisée, prend les allures d'un singe ou d'un diable à la longue queue et au large postérieur.

    Il a ainsi mérité d'être invoqué non seulement contre la peste, mais aussi contre toutes les épidémies intitulées indistinctement de pestes, ou contre les épizooties. Bien que la ou les pestes , et la lèpre, soient des affections très différentes, saint Roch est aussi invoqué par les lépreux. Ainsi en 1622 à Saint-Pol-de-Léon, où, après une épidémie de peste dans le quartier de La Madeleine réservé aux  lépreux, une fontaine Saint-Roch et une chapelle Saint-Roch furent bâties . Ses statues abondent dans les chapelles et église bretonnes. (ici à Brennilis ; photo lavieb-aile)

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    Saint Roch, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Saint Roch, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Saint Sébastien.

    On connaît la tradition iconographique qui fait de ce saint protecteur de la peste (en raison des flèches qui le transpercèrent lors de son martyre) un jeune éphèbe apollinien triomphant par la foi des douleurs de ses blessures : c'est l'exemple même de la "belle indifférence" des grandes âmes à l'égard de la bave du crapaud, des chiens qui aboient ou des bourreaux qui s'échinent. Ce Sébastien-ci en est une spécimen parfait.

    Mais, parce qu'il côtoie le Christ, il en devient un double spéculaire saisissant : le même traitement d'une  chevelure accentuant son androgynie (chevelure d'ailleurs semblable aussi à celle de Jean) en lignes parallèles de peignage , le même torse nu, le même pagne aux plis et nœuds inversés en miroir, et des jambes semblables....

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    Saint Sébastien,  Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Saint Sébastien, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Une vue de coté permet de voir la corde qui lie ses mains derrière le dos, évoquant immédiatement le Christ à la Colonne.

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    Saint Sébastien,  Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Saint Sébastien, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Saint Sébastien,  Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Saint Sébastien, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Saint Sébastien,  Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Saint Sébastien, Calvaire de la Croix Rouge, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    DISCUSSION.

    1. Datation : je trouve les dates de 1630 (topic-topos), et 1640 (Atlas des Calvaires).

    2. Restauration : elle a été consolidée en 1989.

    3.Attribution. 

    Roland Doré, le virtuose du kersanton, a dirigé un atelier à Landerneau pour satisfaire les commandes de plus de 82 paroisses de 1618 à 1663. E. Le Seac'h estime qu'il a créé 50 calvaires. C'est à cet atelier qu'Yves-Pascal Castel, puis Emmanuelle Le Seac'h attribue ce calvaire de Croix-Rouge.

    "Les représentations du Christ

     

     

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    SOURCES ET LIENS.

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    —APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

    — Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm

    —  CASTEL (Yves-Pascal), "Dirinon" Calvaire n°420,  Atlas des croix et calvaires du Finistère, Société Archéologique du Finistère, Quimper Atlas en ligne :

    http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/dirinon/dirinon.html

     — CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère, Société Archéologique du Finistère, Quimper, 370 p.

    — CASTEL (Yves-Pascal), 1993, Croix et calvaires de Dirinon, Progrès de Cornouaille /Courrier du Léon 9 mars 1993

    0954 Dirinon, Croix et Calvaires... 03.09.93.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 5 février 2017, https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/2456.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/71f7516bf9d58e7cc2eaa4246f072eb5.jpg

    — COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    —FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages, pages 30 et 31.

    — LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle. Coll. "Art et Société" Presses Universitaires de Rennes.

    — TOPIC-TOPOS :

    http://fr.topic-topos.com/croix-rouge-dirinon

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon Calvaires
    17 février 2017 5 17 /02 /février /2017 21:13

    Les calvaires de Dirinon I : la croix du bourg (XVe siècle).

     

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    Voir la série sur Dirinon :

    — Le culte de sainte Nonne : 

    Les croix et calvaires de Dirinon :

     

     

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    Rappel :

    –"Croix" : monument qui a la forme d'une croix.

    –"Calvaire" : à la croix s'ajoutent deux personnages sur des croisillons (souvent la Vierge et Jean) ou les deux croix des larrons, voire ("Calvaire monumental") les scènes historiées de la Passion.

    Dirinon possède seize croix et calvaires, restaurés par les soins de recteur Guillermou entre 1956 et 1960 puis par la commune. Elles sont décrites par l'Atlas des croix et calvaires sous les n° 418 à 433.  Y-P. Castel distinguait en 1993 les croix simples (Croix de Mondragon n° 430, croix de Pen-ar-Run n°431, croix de Trébéolin n°432), les "Croix à Christ" (de Kerniouarn n°428, du bourg n°422, de Ty-Croas n°433, de Kermélénec n°424 et de Croas-Guénolé n°418), les six "Petits Calvaires" (de la Croix-Neuve n°419, de la Croix-Rouge n°420, du cimetière de l'enclos n°421, de la Grange ou Croas ar Vossen  n°423, de Lesquivit n°429), sans compter les 5 croix disparues signalées sur le cadastre.

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    Situation :

    N 48°.398056, O 4°.268148

    Dans le bourg de Dirinon, devant la Bibliothèque, le restaurant ouvrier Le Relais du Roual, voisin de la mairie, à 20 mètres de l'entrée dans l'enclos paroissial. Voir photo aérienne et carte IGN. Voir Street View Maps 11 rue de l'église.

    Description.

    Il est décrit par l'Atlas en ligne et interactif des croix et calvaires du Finistère, "Dirinon", sous la référence 422 (un dessin, pas de photo, consulté le 20/02/2017) comme étant en granite (socle, fût) et kersanton (crucifix), haut de 4,80 m et datant du XVe siècle. Au dessus d'un emmarchement à trois degrés est posé le socle portant la date de 1896 (mission). Le fût à pans est coiffé d'un chapiteau. La croix à section hexagonale, fleuronnée porte vers l'ouest un crucifix, et vers l'est une Vierge à l'Enfant.

    L'Atlas mentionne aussi "ange tenant le titulus" et "anges". Ce sont eux qui ont donné à ma visite tout son piment, et eux qui aimantaient mon regard, mais eux aussi qui m'ont mis en échec dans mon désir de les photographier. Aux pièges du contre-jour sur le ciel breton trop bleu s'est ajouté la prolifération des lichens.

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    Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    I. LA FACE OCCIDENTALE : LE CHRIST EN CROIX.

    Le Christ est représenté les yeux ouverts, la bouche étroite entrouverte, la tête très légèrement inclinée vers la droite et le bas, le menton triangulaire portant une barbe peu fournie, et ses cheveux longs, retombant en deux mèches devant les épaules, recouverts d'une couronne de deux brins tressés. 

    Cette croix est datée du XVe siècle, je dois donc tenter de la comparer aux autres calvaires contemporains. Un certain nombre de ses caractéristiques s'écartent radicalement du calvaire de Rumengol (vers 1433-1457 ), qui sert de "type" pour le travail du premier atelier du Folgoët : le pagne court (croisé sur le devant avec le pan droit passé en dessous et le pan gauche au dessus) ; les pieds en rotation interne ; les genoux non fléchis. La taille est moins fine, les côtes sont très apparentes, horizontales. Les fleurons de la croix sont formés de pétales, mais moins souples et gracieux qu'à Rumengol. 

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    Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    "L'Ange au geste bienveillant"

    Emmanuelle Le Seac'h 2014 utilise ces termes pour désigner, sous le ciseau de l'atelier du Folgoët (1423-1509) un ou des anges qui se penchent au dessus de la tête du Christ ou de la couronne de Marie sur les calvaires de Rumengol, de Plougoulm, ou sur un gisant de Guengat. Puis,  elle décrit les "anges de douceur" de l'atelier de Tronoën (1470), qui retiennent le voile de la Vierge dans sept Pietà, ou retenant les cheveux du Christ (Calvaires du Béron et du Moustoir de Châteauneuf-du-Faou), avec de très nombreux exemples d'"héritiers de la gestuelle de l'ange" sur des Pietà de granite du XVIe siècle. (Voir la Pietà de Saint-Sauveur du Faou ici en fin d'article). 

    Ici, un ange à la tête cerclée descend en un piqué impressionnant du fleuron sommital de la croix et tient ses petites mains devant ses épaules. Il ne tient pas réellement le titulus (inscription I.N.R.I en lettres gothiques), et il semble se précipiter avec sollicitude  au chevet du Fils. 

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    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Bien-sûr, on ne peut s'empêcher d'évoquer Proust visitant à l'Arena de Padoue les fresque de Giotto (1303-1305) : 

    Dans ce ciel transporté sur la pierre bleuie volaient des anges que je voyais pour la première fois [...]. Hé bien, dans le vol des anges, je retrouvais la même impression d’action effective, littéralement réelle, que m’avaient donnée les gestes de la Charité ou de l’Envie. Avec tant de ferveur céleste, ou au moins de sagesse et d’application enfantines, qu’ils rapprochent leurs petites mains, les anges sont représentés à l’Arena, mais comme des volatiles d’une espèce particulière ayant existé réellement, ayant dû figurer dans l’histoire naturelle des temps bibliques et évangéliques. Ce sont de petits êtres qui ne manquent pas de voltiger devant les saints quand ceux-ci se promènent ; il y en a toujours quelques-uns de lâchés au-dessus d’eux, et comme ce sont des créatures réelles et effectivement volantes, on les voit s’élever, décrivant des courbes, mettant la plus grande aisance à exécuter des « loopings », fondant vers le sol la tête en bas à grand renfort d’ailes qui leur permettent de se maintenir dans des positions contraires aux lois de la pesanteur, et ils font beaucoup plus penser à une variété disparue d’oiseaux ou à de jeunes élèves de Garros s’exerçant au vol plané, qu’aux anges de l’art de la Renaissance et des époques suivantes, dont les ailes ne sont plus que des emblèmes et dont le maintien est habituellement le même que celui de personnages célestes qui ne seraient pas ailés." (Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, 

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    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Ange de sollicitude et Christ en croix, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    LA FACE ORIENTALE : LA VIERGE À L'ENFANT.

    La Vierge porte au dessus de cheveux retombant sur les épaules une couronne à fleurons. Les yeux sont en amande, le visage rond. 

    Le manteau est maintenu comme une cape par un fermail aux boutons de fixation entourés d'une rosette. Le pan droit tombe verticalement sans être brisé par le moindre pli, sauf dans sa partie basse. Le pan gauche, à l'opposé, trace une large courbe sous le coude gauche avant d'être maintenu par le poignet droit et de retomber en un bel éventail de plis. La robe est cintrée à la taille, ses manches sont plissées. 

    L'Enfant est tenu sur l'avant-bras gauche de sa Mère, qui soutient aussi ses pieds de la main droite. Il est vêtu d'un manteau entrouvert sur ses jambes nues. Sa main droite est posée sur celle de sa mère.

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    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    L'ange de sollicitude.

    Ici encore, un ange est descendu des Cieux pour entourer de sa bienveillance la Vierge et son Fils. Il ne place pas, comme ailleurs, la couronne sur la tête de Marie, et ses mains tiennent une banderole, sans inscription.

    Mais il rivalise de maîtrise aérienne dans sa figure de voltige. Et lui aussi est fleuri de lichens épilithiques (ou endolithiques ? peu importe, c'est pour le plaisir d'aider les termes poussiéreux à prendre l'air).

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    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Les deux anges de sollicitude.  Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Les deux anges de sollicitude. Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Vierge à l'Enfant, Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    L'ange au pied de la croix.

    Est-ce vraiment un ange ? Les deux volutes latérales sont-elles ses ailes ? Il tient ses mains sur son ventre comme s'il serrait un objet sur son aube plissée, mais je ne distingue rien.

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     Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

    Croix du bourg, Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017

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    Un accident de 1993 met à bas les anges gracieux.

    Selon un article du Courrier du Léon de 1993 par Yves-Pascal Castel, un engin agricole a accroché sur le parking la croix en août 1993, pour la seconde fois puisqu'elle avait déjà été renversée en juin 1985. Une photographie  d'Annie Le Men montre les deux anges sculptés dans le même blog, à terre avec une aile brisée.

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    SOURCES ET LIENS.

    CASTEL (Yves-Pascal), "Dirinon", Atlas des croix et calvaires du Finistère.

    http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/dirinon/dirinon.html

     

    Glossaire illustré sur les formes d’altération de la pierre

    http://www.lrmh.fr/IMG/pdf/pier-cons-109.pdf

    — https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01244642/document

     

    — Laurence Galsomies 1995 Le rôle du facteur biologique dans l'altération des monuments historiques en granite (Bretagne)

     

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon Calvaires
    16 février 2017 4 16 /02 /février /2017 18:52

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    Selon la Buez Santez Nonn, Vie de sainte Nonne du dernier tiers du XVIe siècle, écrite en breton et longtemps conservée au presbytère de Dirinon, Nonne,  princesse galloise du Ve siècle  violée par  le roi Kérétic, s'enfuit en Armorique,  et  donna naissance à son fils Dewy ou Divy (ou David) dans les marécages de Dirinon. 

    "Puis elle vint à cause de cela en Bretagne, où elle vécut sans reproche, précisément à Dirinon, jusqu'à sa mort. Puis elle monta aux cieux. Son corps se trouve sans conteste entre Landerneau et Daoulas". (Buez Santez Nonn ,v.12 à 16)

    Après ma visite du reliquaire de sainte Nonne ( 1450), de son gisant (1450), de sa fontaine (1623), de la chapelle Saint-Divy (1702), j'arrive enfin à la fontaine Saint-Divy. Ma curiosité est aiguisée par deux attentes : observer de visu  le blason du seigneur de Lezuzan, pour comprendre son rôle dans la diffusion de ce culte. Et m'imprégner de l'atmosphère presque animiste du culte breton des sources, des eaux, des bois et des pierres.

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    Situation.

    Coordonnées GPS :N 48° 23.240 W 004° 15.625

    La fontaine est fléchée par des panneaux routiers (photo) . A partir de la D770 Daoulas-Dirinon et immédiatement après Kerverrot, prendre le chemin sur la droite à travers les bâtiments de ferme. La fontaine est en bas, retirée dans son enceinte au creux du vallon boisé , au sommet de la jolie courbe en crosse d'évêque qui apparaît sur la carte satellite MapsLe jour du pardon,  la procession partait du bourg, et se rendait  à la chapelle de Saint-Divy, puis passait par les fontaines de Sainte-Nonne et Saint-Divy.

    Le ruisseau qui alimente la fontaine (à 58 m d'altitude) se dirige vers trois bassins à l'est, puis vers une rivière qui descend plein sud vers le Moulin de Lesuzan avant de confluer avec la Mignonne et de former  la Rivière de Daoulas qui se jette dans la Rade de Brest.

    L'exploitation agricole voisine, l'EARL Kerverrot de Jean Trelhu se consacre à l'élevage de vaches laitières.

    La carte de Cassini (vers 1780) indique le hameau de Kerver[os] mais non (bien-sûr) la fontaine. La carte IGN montre la proximité de la chapelle Saint-Divy, plus élevée (80) à l'ouest, à Lannuzel.

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    Panneau routier, Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Panneau routier, Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    "La fontaine rustique de Saint-Divy à Dirinon est isolée au dévers d'un chemin de campagne Elle forme un enclos de 5,40 rn sur 5,80 m de plan carré avec un chevet à trois pans. L'enclos où l'on descend par un escalier de cinq marches est assorti d'un banc de pierre contre le mur oriental. L'édicule en pierres de taille s'ouvre par une arcature en plein cintre sous une toiture en bâtière dont les versants ont été mutilés. La statue de pierre de saint Divy est dans une niche portée par une console. L'eau du bassin s'écoule par un petit canal qui comporte un élargissement en cuvette et alimente un petit lavoir." Yves-Pascal Castel, 1999.

     

    Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Nous pouvons nous plaire à imaginer que cette fontaine a été construite sur la source  qui a jailli miraculeusement au Ve siècle, lorsqu'un prêtre cherchait en vain de l'eau pour baptiser le petit Divy, à qui sa mère venait de donner le jour : c'est ce que décrit la Vie de Sainte Nonne aux vers 1039-1098 (traduction du breton par Yves Le Berre)  :

    "Partons tous en cortège,

    En grande solennité et avec une foi ardente,

    Afin qu'il soit baptisé dans la foi,

    Avec des personnes dévotes pour parrains

    Et marraines. Créature digne d'admiration!

    Comme il est plaisant et plein d'agrément!

    Comme il est destiné à être prélat

    Et que son dessein est si inspiré,

    Il sera assurément baptisé comme il faut.

    Puisqu'il est de noble origine et de haute condition,

    Bénie soit l'heure sainte où il est né !

    Heureuse destinée à cet enfant !

    –Le Prêtre

    Que ce jour soit à tous égards favorablement,

    A cet enfant béni, à cet être admirable !

    Cet enfant sera assurément un maître

    Qui sera affable et modeste,

    Un homme vertueux et fort sage :

    Vous le constaterez, (gens de) basse Bretagne !

    Si l'on trouve de l'eau, nous le sauverons;

    Selon la promesse nous le baptiserons ;

    Nous le bénirons sans plus attendre.

    Il n'y a ici rien de ce qui est nécessaire

    Et je n'aperçois nulle part d'humidité

    Ni sur la terre ni dans le ciel ;

    aussi sommes-nous embarrassés.

    UNE SOURCE JAILLIT PAR MIRACLE

    Voici qu'a jailli une source,

    La plus merveilleuse et la plus opportune,

    Créée à l'instant, n'en doutez point!

    Nous allons l'ondoyer en grande solennité

    Avec cette eau qui est évidemment bénie

    Par l'heureuse destinée de l'enfant.

    (survient alors la BENEDICTION DE L'EAU DU BAPTEME OU DE LA SOURCE)

     

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    Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Une fontaine de guérison.

    Selon les témoignages, on adressait à saint Divy les enfants qui présentaient une  veine bleue dessinée entre les sourcils, signe considéré comme le présage de mort prématurée, trouble  appelé «le mal de Divy», et qui pourrait faire penser à la "mort subite du nourrisson". Le petit enfant était alors baigné dans la fontaine. Selon d'autres témoignages, on y trempait la chemise des enfants atteints de "coliques" . Si le linge surnageait, le petit était sauvé. S'il plongeait, il était condamné (Revue Française 1829 page 82). Paul Sebillot (qui s'inspire du Guide Joanne, 1867)  attribue plutôt ce pouvoir de guérison à la Pierre de Sainte Nonne, proche de la fontaine de la sainte. (Paul Sébillot, 1904-1906 Le Folklore de France. La Terre page 405).

    Je vais donc lire le Guide d'Adolphe Roanne (Itinéraire général de France : Bretagne 1867, page 286) : cet auteur décrit la Fontaine Sainte-Nonne, et sa Pierre qui guérit le Mal de saint Divy.Il ajoute : 

    "A 500 met. de distance, se trouve la fontaine de Saint-Divy, Elle parait plus ancienne que la précédente; son fronton porte les mêmes armes; sa niche renferme la statue de saint Divy revêtu d'habits pontificaux. et une multitude de petites croix de bois faites sur les lieux même sont fichés, par les pèlerin:», dans les interstices des pierres."

    Par contre, la Vie de Sainte-Nonne (Buez Santez Nonn) mentionne deux miracles survenus sur la source surgie miraculeusement pour le baptême de saint Divy : la guérison d'un aveugle (v. 1105-1122), et celle d'un homme hideux  "sans même un œil"  

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    L'Aveugle

    J'ai entendu dire, et je le crois,

    Qu'il y a (ici) une source qui jaillit ;

    Je désirer vivement laver

    A présent avec confiance mes yeux,

    Parce que je suis aveugle et misérable infirme,

    Outre ma face plate, qui est hideuse.

    ET IL SE LAVE LES YEUX

    A l'endroit précis où fut baptisé

    Le petit enfant nouveau-né

     

    Une excellente vue m'a été accordée.

    Grâce à Dieu, qui est le souverain de l'univers,

    Me voici guéri par son eau.

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    Statue de saint Divy, Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Statue de saint Divy, Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    La niche abrite une statue de saint Divy  revêtu de ses habits épiscopaux : cape pluviale et aube plissée, mitre auriphrygiate, crosse, chirothèques, anneau épiscopal, crosse, et sandales épiscopales. Notez la chevelure, une succession de boules évoquant les cheveux mêchés des anges du gisant de Sainte-Nonne, sculptés par le Maître du Folgoët.  Saint Divy était un moine de règle celtique, qui fonda un monastère à Ménévie, au sud-ouest du Pays de Galles. Il en devint évêque et abbé, et mourut en 588 ou 589.

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    Statue de saint Divy, Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Statue de saint Divy, Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Les statues et représentations de saint Divy dans l'église de Dirinon.

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    a) Sur le retable de la Trinité, à droite du chœur : un évêque, considéré comme saint Aubin, pourrait être saint Divy.

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    Statue dite de saint Aubin (saint Divy ?), Retable de la Trinité. Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Statue dite de saint Aubin (saint Divy ?), Retable de la Trinité. Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    b) La bannière du début du XVIIIe siècle représente saint Divy en évêque.

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    Bannière de Saint-Divy (début XVIIIe), église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Bannière de Saint-Divy (début XVIIIe), église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    c) Statue de saint Divy, kersanton. Église de Dirinon.

    Attribuée par E. Le Seac'h à Jean Le Bescont (vers 1664-1682), architecte-sculpteur qui a aussi réalisé les apôtres du porche. Son style se reconnaît aux orbites très rondes avec un fin contour ("grands yeux exorbités en amande") et une arcade sourcilière marquée. 

     

    Statue de saint Divy, kersanton. Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Statue de saint Divy, kersanton. Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Le blason des Maufuric.

    Comme la fontaine Sainte-Nonne,  la fontaine  Saint-Divy porte le blason des Maufuric. Cette famille possédait à Dirinon le manoir de  Lézuzan (qui passa aux  Pappe, sr de Vieux-Bourg, avant 1666 ; qui était tout près du Moulin de Lezuzan, et  est aujourd'hui détruit).  

    Le Nobiliaire et Armorial de Bretagne indique :

    MAUFURIC, sr de Lezuzan et de Keramborgne, par. de Dirinon.

    Réf. et montres de 1426 à 1481, dite par., év. de Cornouailles. D'azur au chevron d'argent, accomp. de trois huppes ou palles (oiseaux de mer) de même.

    Guy, abbé de Daoulas, t 1468. Moderne : Pappe-Vieux-Bourg.

     

    Le blason comporte un chevron, et trois oiseaux de profil, correspondant aux armes D'azur au chevron d'argent, accompagnées de trois huppes ou palles (oiseaux de mer) de même.

    Keramborgn (Keranhern sur la carte de Cassini) se trouve immédiatement à l'ouest de l'ancien manoir de Lezuzan. "Lezuzan" est non seulement un toponyme, mais aussi le nom de la rivière parallèle grossièrement à la D770, qui conflue à Daoulas avec la Mignonne et le Lohan venant d'Irvillac pour former la Rivière de Daoulas. Le ruisselet qui coule de la fontaine de Saint-Divy  se jette donc dans le Lezuzan qui, imperturbable, poursuit son cours nord-sud en passant par le Moulin Nédellec (créé vers 1847) et Rest-ar-C'hi-Du, Lésuzan (graphie IGN) et son moulin et enfin Guern-ar-Piked.

    La carte de Cassini montre bien, sous forme d'un gros boudin hachuré sépia, le relief de la région et objective mieux la vallée du Lezuzan, et ses nombreux moulins. En 1843, le Moulin de Lesuzan est cité parmi les 9 principaux moulins de Dirinon, avec ceux du Rouazle, de Kerliezec, de Poulguyon, de Lesquivit (Dictionnaire d'Ogée) . Or, les noms de ces moulins sont aussi ceux des familles nobles de Dirinon : les Huon de Kerliezec, Louët de Lesquivit, Coatnempren du Rouazle...et Maufuric de Lézuzan. La propriété terrienne passe surtout par le contrôle des cours d'eau et de leurs moulins, valeur économique majeure.

    Si le seigneur de Lezuzan possédait l'ensemble des terres du vallon éponyme, on comprend qu'il ait fait apposer ses armoiries sur les deux fontaines de guérison de Sainte-Nonne  et de Saint-Divy, à la fois pour exercer son contrôle et ses droits  sur les sites, et à la fois pour poursuivre le mécénat favorisant le culte de sainte Nonne à Dirinon. En effet, dès 1450 environ, Maufuric de Lezuzan avait contribué par ses dons à l'édification du reliquaire de Sainte-Nonne, et du gisant de Sainte-Nonne, et y avait  fait apposer son blason.

    Précisons aussi que cette famille possédait, jusqu'au début du XVIIIe siècle, une chapelle privative ("chapelle de Lezuzan") à gauche du chœur, à l'emplacement actuelle du retable du Rosaire.

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    Blason des Maufuric. Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Blason des Maufuric. Fontaine Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    https://archive.org/stream/bulletindiocsai00arcgoog/bulletindiocsai00arcgoog_djvu.txt

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1890,  « Sainte Nonn et saint Divy », Bull. soc. arch. Fin., t. XVII, 1890, p. 67 sq.

    APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

     

    — COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages.

    LE BERRE (Yves), CASTEL (Yves-Pascal ), TANGUY ( Bernard), 1999, Buez Santez Nonn Mystère breton, vie de sainte Nonne  préface LE MEN (Annie), CRBC / Minihi-Lenevez - 199 pages - 23x 28 cm - ISBN 2-908230-10-0

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/80d88f81a9a064fda9b122ff0d667bbc.pdf

    Site fontaine.bretagne

    http://fontaines.bretagne.free.fr/presentation.php?id=56

    Site Fontaines sacrées, fontaines de guérison  de Marthe Knockaert 

    http://martheknockaert.unblog.fr/category/fontaines-sacrees/fontaine-de-guerison/page/5/

    —http://site.erin.free.fr/Bretagne/Finistere/Dirinon.htm#FontaineStDivy

    — TOPIC-TOPOS :

    http://fr.topic-topos.com/fontaine-saint-divy-dirinon

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon
    15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 21:43

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    Le nom de la commune de Dirinon fait référence à sainte Nonne : Diri-non, c'est "les chênes [de] sainte Nonne".

     http://www.dirinon.fr/l-origine-du-nom-de-la-commune-de-dirinon.htm

    La commune est donc sous le double patronage des chênes et de sainte Nonne, donc d'un élément naturel mais très anciennement sacré, avec une princesse galloise du Ve siècle qui, entrée au couvent mais violée par  Kérétic, s'enfuit en Armorique et donna naissance à son fils Dewy ou Divy (ou David).

    Or, cette intrication d'un culte de la nature avec celui d'une mère et de son fils est un fil rouge très fertile, car ce ne sont pas seulement les chênes d'un territoire couvert de bois et de taillis ( forêt antique  de Talamon le long des rives de l'Elorn) qui s'y invitent, mais surtout les eaux de quatre fontaines sacrées et les multiples affleurements rocheux, dont trois pierres dédiées à sainte Nonne.

    Ce nouage du naturel et du sacré est très fortement ressenti par le marcheur qui se rend, comme moi, sur les traces de la sainte et de son fils, car leurs sanctuaires ont conservé une simplicité rustique remarquable. Pas de parkinge ni d'aires de stationnement, pas de "mobilier urbain", mais des bois, des sources et des rochers parmi lesquels se nichent quelque clocher ou quelque oratoire. 

    Ma visite débutera par une route boueuse entourée d'arbres, égayée par le meuglement de vaches et les ritournelles  des grives, mais elle s'achèvera par la découverte d'un couple établi dans un moulin au bord de l'eau, à Poulquijou.

    Tout nous sourit, tout resplendit, vaches et brebis viennent picorer le miel de nos habits Coui Coui Coui coui coui.

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    Situation :

    Au sein du hameau de Lannuzel, au sud du bourg de Dirinon. Carte Maps. tout près d'une exploitation agricole en élevage de vaches laitières (le GAEC Orcil),  près du passage de la voie ferré TER Landerneau-Quimper, près de l'entreprise Tech-nature (fabrication de cosmétiques : alginates Peel-off), sur la crête (alt. : 80 m) entre deux ruisseaux alimentant la rade de Brest, le Glanvez à l'ouest qui se jette dans l'anse de Penfoul en Loperhet , et, à l'est,  un affluent de la Mignonne qui forme la Rivière de Daoulas.

    La carte de Cassini (vers 1780) signale la chapelle (St Divi Chap.) entre les hameaux de Lannuzel et de Kerneouarn. 

    Le nom de Lannuzel est compris comme venant de l'ermitage d'un moine celtique nommé Uzel (Lann = ermitage / Uzel) qui y a été implanté au VIe siècle. Mais Uzel comme Huel signifie "en haut" et F. Falc'hun propose pour le nom Lannuzel : "pour Uann uzel, "le haut". Le hameau devint important avec les toponymes Lannuzel Creis, Lannuzel Uhella (d'en haut) et Lannuzel Izella (d'en bas) . Il serait à l'origine du patronyme Lannuzel ou Lanuzel. 

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    Panneaux routiers, Dirinon.

    Panneaux routiers, Dirinon.

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    L'entrée et son allée plantée de hêtres.

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    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Saint Divy est donc, selon la Buez Santez Nonn,  le fils de Nonne et de Kérétic (ou Xanthus), que la sainte mit au monde dans un marécage situé au sud de Dirinon : son berceau (une pierre creusée d'une fente) s'y voit encore. 

    Pour la tradition galloise, fondée sur la Vita  de Rhygyfarch,, voir :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/David_de_M%C3%A9nevie

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    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Je lis dans l'article "Dirinon" de Wikipédia qu'il y avait jadis à cet emplacement, une enceinte protohistorique ou lieu sacré de l'époque païenne.

    "La pierre d'angle sud-est sur laquelle repose le transept du sanctuaire semble être une stèle de l'âge de fer. ". 

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    La chapelle Saint-Divy porte trois inscriptions lapidaires de fondation ou de restauration, qui permettent de penser qu'elle fut  rebâtie  en 1702 sous la direction du fabrique Jean Diverres, réparée en 1778 sous la supervision de François Quenecadec, dotée d'une nouvelle cloche en 1782 et, alors qu'elle tombait en ruine au début du XIXe siècle, restaurée en 1824 (ou 1829). Il s'agit d'un édifice en forme de croix latine dont le clocheton porte l'inscription . En ruines en 1809, elle aurait dû être démolie sur accord de l'évêque pour en extraire les matériaux employés à réparer la chapelle de Sainte-Nonne, mais  elle a été restaurée en 1824 (ou 1829) ainsi que l'indique une plaque au-dessus de la porte latéral sud.

    Le pardon a lieu le dernier dimanche de juillet.

     

     

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    I. L'ÉLÉVATION OUEST : STATUE ET  INSCRIPTIONS.

     

     

    Façade ouest, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Façade ouest, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    La statue de saint Fiacre.

    Kersanton, XVIe (?)

    On admirera le talent de saint Fiacre, patron des jardiniers, qui réussit à faire pousser dans sa niche depuis des générations un prunellier, qui retrouvera ses feuilles puis ses fruits en été.

    Notez aussi l'effet créé par le capuchon du scapulaire rabattu sur l'arrière de la tête.

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    Statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    Statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    Comparez avec la statue de saint Fiacre à la chapelle Sainte-Nonne (photo lavieb-aile) :

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    Le blason : centré par un calice, il affirme que le donateur était un prêtre. Les initiales Y-G qui l'encadrent ne correspondent à aucun des curés et recteurs connus à Dirinon à cette époque si ce n'est Messire Guillaume Yven , vicaire perpétuel de la paroisse de 1687 à 1717, qui bénit en 1691 une cloche de la chapelle Sainte-Nonne.

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    Statue de saint Fiacre (détail), chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Statue de saint Fiacre (détail), chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    Les inscriptions

    L'une est placée au dessus de la statue, l'autre en dessous.

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    Inscriptions entourant la statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Inscriptions entourant la statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    Inscription supérieure. 

    Inscription sur une pierre de kersanton  sur deux lignes au sein de cartouches indépendants. Lettres majuscules romaines. Présence d'un N rétrograde. Ponctuation entre les mots par deux-points.

    IAN : DIVER-

    F :1702

    "Jean Diverres Fabricien en 1702".

    Les généalogistes mentionnent :

    Jean Diverres (1628-Dirinon1708) épousa Jeanne Caret. Ils eurent 5 enfants dont Nicolas (mars 1662 / 9 juin 1720) , probable auteur d'une inscription lapidaire comme fabricien de l'église Sainte-Nonne en 1713,  

    Jean Diverres, exerçant la profession de ménager, fils de Jean Diverres et de Jeanne Caret, né le 7 janvier 1663 à Dirinon, il épousa Marie Salaun le 26 février 1691, 

     

    Jean Diverres, fils de Jean Diverres (décédé av. 1695) et de Marguerite Elleouet, épousa à Dirinon en 1696 Catherine Le Gall, d'où 8 enfants de 1699 à 1717.

    N.B : François Diverres est signalé prêtre ou sous-curé de Dirinon en 1704.

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    Inscription de 1702 au dessus de la statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Inscription de 1702 au dessus de la statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    Inscription au dessous de la statue.

    F : QUENECADEC

    FABRIQVE : 1778.

     "F. Quenecadec, fabrique en 1778".

    Là encore, cela nous renvoie à une inscription de l'église paroissiale en 1756

    FAIT PAR JEAN /  QVENECADEC / ET IOSEPH  MVSE / LEC, FABRIQVE, L'AN 1756.

    Je notais alors : 

    Jean Quenecadec, né le 23 août 1725 à Dirinon et décédé au lieu-dit L'Isle à Dirinon le 3 décembre 1761 ; il est le fils de François Quenecadec et de Françoise Caret. Il est le frère aîné d'Hervé, Marie et Françoise Quenecadec. Il épousa en 1747 Marie Kernéis et eut cinq enfants. Voir généalogie G. Kerautret.

    Un de ses successeurs a inscrit sur le pignon de la chapelle de Saint-Divy l'inscription F. QVECADEC FABRIQVE 1778. Il s'agit sans-doute de François Quenecadec, né le 8 avril 1748 au lieu-dit L'isle à Dirinon. 

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    Inscription sous  la statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Inscription sous la statue de saint Fiacre, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    LE BRAS DU TRANSEPT NORD. INSCRIPTION DE 1824. 

     

    L'inscription est gravée sur le linteau de granite de la porte d'accès au bras nord du transept, et les deux pierres qui l'encadrent.

    —Linteau : 

    RESTAUREE 1824

    Y. MADEC M. N. MEVEL FP.

    Yves Madec, agriculteur à Poulescadec, fut maire de 1824 à 1830 et de 1839 à 1843.

     

    —Bloc de gauche:

    N. PENN Dt

    J. MACE V

    Nicolas Penn, de Plouënan, fut recteur de Dirinon de 1814 à 1858. J. Macé était peut-être son vicaire : il est signalé vicaire de Plouënan de 1825 à 1828.

     

    — Bloc de droite :

     

     MB DE MARIGNY

    Le vice-amiral de Bernard de Marigny, né le 1er février 1740 à Sées, décédé le 25 juillet 1816 à Brest, préfet maritime de Brest, marié avec Alexandrine-Gabrielle de Coëtnempren de Kersaint, habitait sous l'Empire le manoir de Lesquivit et fut maire de Dirinon entre 1808 et 1813. Il était propriétaire des fermes à Lannuzel. Grâce sa générosité il sauva la chapelle de Saint Divy de la démolition. 

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Bernard_de_Marigny

     

     

     

     

     

    Inscription de 1824, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

    Inscription de 1824, chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile.

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    LA CLOCHE DE 1782 ET SON INSCRIPTION CAMPANAIRE.

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    Cloche (1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cloche (1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Cloche (1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cloche (1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Inscription sur la faussure de cette cloche :

    ---DE MISSIRE LE GAC DU QUISTILLIC RECTEUR DE

    DIRINON M. VERGOS PRETRE ET CHAP DE ST AUBIN PARRAIN ET
    MICHEL MARTIN LE MENDOUR FABRIQUE ET CLAUDINE PRIGENT ---

    FAIT --- AN 1782. (hermine)

    Décor : Croix

     

    Ange-Christophe Le Gac de Quistillic fut recteur de Dirinon de 1773 à 1792 . Originaire de Plounéventer, il refusa le serment, ainsi que son vicaire, M. Cudennec ; en Mai 1792, il se retira à Plounéventer, retourna à Dirinon en Novembre 1794 jusqu'au mois de Ventose an IV (Février 1795) ; il fut soigné comme paralytique à l'hôpital de Landerneau, et revint à Dirinon pour y mourir le 23 Septembre 1795 (Abgrall 1907). Lire le travail d'André Croguennec qui reproduit l'acte de succession de ce prêtre.

    –Un Jean Vergoz fut prêtre à Dirinon de 1647 à 1671 ; le manuscrit, jadis conservé au presbytère de Dirinon, du Buez santez Nonn portait une mention " Mr. Vergoz pretre ". Mais le prêtre dont fait mention cette inscription était chapelain de la chapelle Saint-Aubin, aujourd'hui disparue depuis la Révolution. Elle était située jadis non loin du château de Lesquivit.

    – Cette cloche semble le seul témoin de l'existence de Michel Martin Le Mendour comme fabrique à Dirinon, et mes recherches sont vaines sur ce personnage.

    Y-P. Castel signalait en 1990  qu'une cloche "est déposée en mairie fondue en 1782 par Le Beurrier à Brest. Le cartouche qu'il adopte montre qu'il était aussi fondeur de canon pour le compte de la Marine". Il me semblait donc qu'il s'agisse d'une cloche différente.

    J'allais boucler cet article lorsque je découvris un autre papier d'Yves-Pascal Castel, dans le Courrier du Léon / Progrès de Cornouaille du 28 juin 1997, aux "Annonces légales et judiciaires" : "Pardon de Saint-Divy le 27 juillet" : 

     

    Quand au mois de mai, Michel Cann de Plounéventer a été appelé à consolider le petit clocher dont les pierres de disjoignaient, il a constaté que la cause de ce désordre était provoqué par la cloche qui n'était pas faite pour la loge où on l'avait naguère placée. Trop large, frottant contre les parois de l'étroite chambre, elle avait tendance à en bousculer les pierres.

    Or, existait, dans le vestibule de la mairie de Dirinon, une cloche ancienne sortie d'usage sans que personne apparemment ne sache sa provenance. Mesures prises, Michel Cann constata que moins large que l'autre celle-ci pourrait être utilisée.

    La cloche recueillie à la mairie marquée d'une fleur de lis, porte une longue inscription :

    J'AI ETE FAITE DU TEMPS DE MISSIRE LE GAC DU QUISTILLIC, RECTEUR DE DIRINON. M : VERGOS, PRETRE ET CHAP(ELAIN) DE ST : AUBIN. PAREIN ET MAREINE MICHEL MARTIN LE MENDOUR FABRIQUE ET CLAUDINE PRIGENT.

    FAITE A BREST LAN 1782.

    R. LE BEURRIEE MA FAIT.

    L'abbé Castel fit les mêmes recherche que moi pour identifier le recteur du Quistillic et la chapelle de Saint-Aubin. Grâce à l'aide d'Annie Le Men, maire de Dirinon, qui consulta les anciens registres de catholicité de la paroisse, il identifia Martin Lamendour, originaire de Lambézellec, installé dans le village voisin de Loperhet, et qui devint dirinonais par son mariage avec Marie Anne Le Gall de Kergleuziec, d'une famille d'avocats établis à Poulquijeau. Il constata que la signature de Martin Lamendour prouvait qu'il savait écrire. Martin Lamendour et son épouse eurent un fils, Yves Lamendour, né le 18 juillet 1787. 

    De même, il identifia la "mareine" Claudine Prigent, née le 1er mars 1752 et fille de Yves Prigent, meunier de Poulquijeau au confluent de l'Elorn.

    Kergleuziec et Poulquijeau (aujourd'hui Poulquijou) sont deux hameaux proche de Saint-Aubin au nord de l'étang du Roual sur la route dite "du vieux Moulin". Il est fait mention du moulin, mais aussi du manoir "de Poulquegeau".

    Voir sur la carte de Cassini la chapelle "St-Albin", le lieu-dit Keraleusiec et le symbole topographique du moulin de Poulquijeau .

    Voir sur la Carte d'Etat-Major 1820-1866 le même endroit.

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    Enfin Y-P. Castel décrit le cachet du fondeur R. Le Beurriée qui travaillait à l'arsenal de Brest : "composé de canons en sautoir et d'une cloche", il montrait la double casquette de cette dynastie de fondeurs, vraisemblablement originaires de Villedieu-les Poëles et établis à Brest après un passage à Vannes. Jean-François Beurriée de la Rivière fondit la cloche de Bodilis en 1718.

     

    — G-M. THOMAS,  1981, "Fondeurs de cloches du temps passé", Bulletin Société archéologique du Finistère : Fonte des cloches en Bretagne aux XVII et XVIII siècles: contrat entre la paroisse et le fondeur| les familles de fondeurs: les Le Beurriée de La Rivière, et essai de classification des cloches fondues par les Le Beurriée, les Le Moyne, les Le Soueff. 1981, vol. 109, pp. 263-274 (notes)

     

     

     

     

    Cloche (1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cloche (1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cloche (Le Beurriée, 1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cloche (Le Beurriée, 1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Cloche (Le Beurriée, 1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cloche (Le Beurriée, 1782) de la chapelle Saint-Divy à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    https://archive.org/stream/bulletindiocsai00arcgoog/bulletindiocsai00arcgoog_djvu.txt

     

    ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1890,  « Sainte Nonn et saint Divy », Bull. soc. arch. Fin., t. XVII, 1890, p. 67 sq.

    —APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

     

     

    — COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    —FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages.

    — LE BERRE (Yves), CASTEL (Yves-Pascal ), TANGUY ( Bernard), 1999, Buez Santez Nonn Mystère breton, vie de sainte Nonne  préface LE MEN (Annie), CRBC / Minihi-Lenevez - 199 pages - 23x 28 cm - ISBN 2-908230-10-0

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/80d88f81a9a064fda9b122ff0d667bbc.pdf

    — TOPIC-TOPOS http://fr.topic-topos.com/chapelle-saint-divy-dirinon

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon
    15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 13:50

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    Le culte de sainte Nonne à Dirinon et celui des pierres et des eaux. I : la fontaine  Sainte-Nonne (1623) et les trois pierres de sainte Nonne.

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    Voir la série sur Dirinon :

    — L'enclos paroissial :

    Le culte de sainte Nonne :

    Les croix et calvaires de Dirinon :

     

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    "Durant les siècles passés, la Buez santez Nonn a imprégné les paysages de la commune de Dirinon tout autant que la vie de ses habitants. Les anciens dirinonais avaient parfaitement intégré la vie de sainte Nonne et de son fils saint Divy. Il ne faisait aucun doute pour eux que la mère et le fils aient séjourné à Dirinon en des temps immémoriaux . Ici, supplantant un culte pré-chrétien, chaque pierre relate le souvenir de leur passage. A quelques pas de la fontaine, la pierre aux cupules, dite "Pierre de Sainte-Nonne" porte, dit-on, les traces des genoux de Nonne alors qu'elle s'arrêtait pour prier dans l'attente de la naissance de son enfant. La pierre est aujourd'hui encore couverte de petites croix de bois. Jouxtant la fontaine, le "berceau de saint Divy" est un éclat de roche qui se serait dilaté en son centre afin de former un berceau à 1' enfant. Culte de la pierre, culte de l'eau, à la fontaine, la source a jailli pour qu'une eau pure serve au baptême de 1' enfant promis à une sainte destinée. L'église elle-même fut bâtie au lieu choisi par Nonne. Une dalle de schiste, traînée par des boeufs, a défini l'emplacement de l'église et de son enclos. Elle est toujours visible sous la toiture de la face sud de la chapelle Sainte-Nonne. (Annie Le Men, 1999, préface à Buez santez Nonn).

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    Mon article présentera donc :

    • 1. la fontaine Sainte-Nonne à Dirinon.
    • 2. La pierre dit  "berceau de saint Divy" de cette fontaine
    • 3. La pierre à cupule dite "Pierre de Sainte-Nonne" à proximité
    • 4. la dalle de schiste de la chapelle Sainte-Nonne.

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    I. LA FONTAINE SAINTE-NONNE À DIRINON. 1623.

     

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    Situation.

    N 48° 39.17 W 004° 26.18 . Altitude 96 m environ. 

    À un kilomètre au Sud-Est de l'église de Dirinon. Lorsque, du bourg, on prend la route de Daoulas, un petit oratoire dédié à sainte Nonne signale l'embranchement vers une route qui descend en direction de Kerverrot. On la suit sur une centaine de mètres avant de trouver la fontaine, en bord de route. Les deux éoliennes de la ZAC de Lannuzel balisent le site.

    La photo aérienne IGN montre l'environnement boisé préservé des cultures agricoles, en isthme ou ruban   autour des routes, et, par comparaison avec la photo de 195-1960,  la relative conservation du paysage malgré l'installation de la ZAC. 

    La carte IGN permet de constater le regroupement des quatre sites consacrés au culte de sainte Nonne selon un axe sud-est autour de Bourg / Lannuzel / Kerverrot :

    • Chapelle Sainte-Nonne et sa Pierre de Sainte-Nonne.
    • Chapelle Saint-Divy
    • Fontaine Sainte-Nonne
    • Fontaine Saint-Divy

    La comparaison IGN / Carte de Cassini (v.1780) permet de voir que ce regroupement des quatre sites suit l'axe d'un des bras de la rivière du Lezuzan, celui qui longe la route ancienne Landerneau-Dirinon-[Loperhet]-Daoulas ("Chemin vicinal de Landerneau" ?)


    Description.
    La fontaine Sainte-Nonne est installée au centre d'un enclos rectangulaire de 9 m sur 5 m aux murs de pierre de taille dotés de bancs, et fermée par deux échaliers encadrés de piliers coiffés de chapeaux de gendarme.

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    Panneaux routiers en toponymie. Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Panneaux routiers en toponymie. Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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     Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    L'eau, en s'écoulant, remplit successivement trois bassins ovales qui vont en s'élargissant, à l'usage des fidèles qui peuvent y faire leurs ablutions ou y plonger un linge, car, comme pour toutes les fontaines sacrées, cette source est réputée avoir des vertus guérisseuses, en particulier pour les maux d'yeux. En curant la fontaine, il y a une trentaine d'années, on y a relevé un grand nombre de tessons dont quelques-uns de poterie vernissée de couleur vive.

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     Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    La source sacrée est abritée par une voûte en plein cintre, que recouvre un toit en pierre, dont le fronton porte la date de 1623 et les armes des seigneurs de Lezuzan. Au fond, une niche à coquille contient la statue de la sainte, voilée et lisant un livre.

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     Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Statue de sainte Nonne.  Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Statue de sainte Nonne. Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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     Fronton de la niche, fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Fronton de la niche, fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Les armoiries de Maufuric de Lezuzan.

    Les seigneurs de Lezuzan, propriétaires du Manoir et du Moulin du même nom, mais aussi vraisemblablement de larges terrains entourant le cours du Lézuzan avant que cette rivière ne conflue avec la Mignonne et ne forme la Rivière de Daoulas, furent les Maufuric puis les Pappe de Vieux-Bourg. 

    Les armoiries sont celles de Maufuric d'azur au chevron d'argent, accomp. de trois huppes ou palles (oiseaux de mer) de même.

    Cette famille est surtout connue par Guy ou Guyomac'h, qui fut abbé de Daoulas en 1468. C'est vers 1450 qu'elle participa au culte de sainte Nonne en faisant réaliser, avec trois autres familles nobles de Dirinon, le gisant de la sainte ainsi que son reliquaire en argent. Est-ce à la même époque qu'elle favorisa l'établissement sur ses terres du complexe cultuel associant les deux fontaines de Nonne et de Divy qui portent leurs blasons ? Certes cette fontaine porte la date de 1623, mais il s'agit peut-être d'une réfection d'un édifice plus ancien, ou de l'aménagement d'un site faisant l'objet de pratiques religieuses anciennes.

     

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    Armoiries de Maufuric de Lezuzan. Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Armoiries de Maufuric de Lezuzan. Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    II. LE "BERCEAU DE SAINT DIVY".

     

    La pierre dit "berceau de saint Divy" est "un bloc de quartzite dont la face supérieure présente des traces d'érosion météorique." (M. Le Goffic),  mesurant une soixantaine de centimètres et dont la face supérieure est traversée longitudinalement  par une fente en U.

    Elle se trouve devant la fontaine Sainte-Nonne, mais à l'extérieur de son enceinte. On croit y voir les traces des genoux de sainte Nonne imprimés comme dans de la cire lors de son accouchement dans la grande solitude de ce lieu désert de Dirinon, ou encore le berceau du petit enfant formé miraculeusement sous la pression des mains de la sainte sur le bloc de quartzite. C'est l'illustration du passage suivant de la Vie de Sainte Nonne (dernier tiers du XVIe siècle) :

     

    "Oz hars an men man damany

    so duet em studi an muyhaff

    pan eo duet an pret dre ditin

    ret eo dan naou glin anclinaff

    Nonita

    Ma daou dorn guenn harpet enhaff

    hac ef oz rannaf maz graf soez

    eguit lamet ah ma glachar

    euel e coar dre un argouez

    ha pa en guelaf ez graf souez

    gant carantez guirionez eo" (Buez Santez Nonn )

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    Voici ce passage, traduit par Yves Le Berre et replacé dans son contexte :

    "Nonne, accouchant

    Jésus, fils béni de Marie, porte-moi secours, je t'en prie, à cet instant !

    Mère chérie de Jésus, je te supplie de venir en aide à mon petit enfant !

    Accorde-moi ta grâce même, en sorte que mon petit enfant soit mis au monde.

    Je me sens si mal; je n'en puis plus d'être torturée par les douleurs et le travail.

    Si je ne suis pas très vite mère, je vais assurément rendre l'âme.

    En tout cas je ne vois personne. Ah ! Dieu, doux souverain, assistez-moi.

    Je n'aperçois âme qui vive et ne puis marcher davantage;

    Il n'y a ni femme mariée ni sage-femme pour me faire convenablement accouchement.

    En m'appuyant sur cette pierre opportune, apparue quand j'en avais le plus grand besoin,

    puisque l'heureux moment est arrivé, il faut que je m' agenouille.

    Nonne

    Mes deux mains pures posées sur elle, la voilà qui s'ouvre, à ma grande surprise,

    comme si elle était de cire, pour apaiser tout à fait ma douleur par un prodige.

    Et ce spectacle, en vérité, me transporte d'amour :

    Voici que contre la pierre un être vivant a heureusement vu le jour.

    Ma douleur passée, je constate que c'est un beau garçon, plein de vie et bien conformé ;

    Il est tout mon trésor ; il faut tendrement que je le prenne dans mes bras.

    En voyant le ciel si pur et si lumineux, et vraiment si beau,

    Et le soleil aussi radieux qu'en été, je crois bien qu'il est béni!

    Je vais rendre grâces, à deux genoux, à la sainte Trinité,

    Puisque me voici bien aise d'être mère et que mon fils est heureusement venu au monde." (Traduction Yves Le Berre 1999 page 155)

     

    .

    Il est fort probable que la pierre de la fontaine était déjà l'objet d'un culte (très) ancien, et que la Buez Santez Nonn en intègre la présence dans la Légende pour justifier ce culte. 

    Jean-Marie Abgrall décrit cette pierre dans son article de 1890 consacré aux "pierres à empreintes" (9 exemples) et aux "pierres à bassin" (4 exemples). 

     

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    Pierre dite "Berceau de saint Divy", Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Pierre dite "Berceau de saint Divy", Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Pierre dite "Berceau de saint Divy", Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

    Pierre dite "Berceau de saint Divy", Fontaine Sainte-Nonne à Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    III. LA "PIERRE DE SAINTE-NONNE" OU PIERRE À CUPULES 

    Elle est parfois confondue avec la précédente dans les descriptions ou commentaires. 
    On découvre cette pierre en quartzite  sur le bord du chemin en terre qui gagne Lestrégognon, à une cinquantaine de mètres de la fontaine. Elle passerait facilement inaperçue, si l'attention n'était pas attirée par de petites croix de bois, grossièrement façonnées et liées par une tige de chèvrefeuille, ou de cailloux blancs et ronds. C'est alors qu'on distingue de nombreuse cupules, à demi emplies de mousses et de feuilles mortes, mais qui ne peuvent être façonnées que par l'industrie humaine. L'archéologue Michel Le Goffic en a donné une description scientifique en 1997 dans Brigantium, reprise dans le dossier précédant l'édition 1999 de Buez Santez Nonn :

    "Une pierre propitiatoire, objet d'un culte vivace, la pierre de sainte Nonne par Michel le Goffic

    C'est cependant une autre pierre, dite pierre de sainte Nonne, qui se trouve dans un bois de feuillus, au bord d'un vieux chemin de terre, à une cinquantaine de mètres de la fontaine, qui est le lieu propitiatoire le plus fréquenté du secteur. Il s'agit d'un bloc de quartzite gris, parcouru de nombreux filonnets de quartz et appartenant à la formation des schistes et quartzites de Plougastel (fig). Il mesure 1,85 rn de longueur, 0,90 rn de largeur moyenne et 0,70 rn de hauteur maximum. Sur la partie supérieure de la pierre, une surface assez plane est presque horizontale, montrant un très léger pendage vers le Nord. Sur cette surface se voient 10 cupules réalisées par frottement, deux circulaires de 30 et 40 mm de diamètre pour, respectivement, 7 et 5 mm de profondeur, et huit plutôt ovales, voire quadrangulaires à angles arrondis dont les dimensions sont comprises entre 35 et 77 mm et les profondeurs entre 12 et 20 mm; leur grand axe est orienté est-ouest (Le Goffic, 1997). Less anciens  de Dirinon nous racontent que ces cupules correspondraient aux empreintes des genoux de la Mên santez Nonne Dirinon, gwelet diwar c'horre hag a gostez."

    Le Goffic M., 1997 - Les cupules en relation avec les monuments mégalithiques du Finistère (Bretagne, France). Brigantium, volume 10, p. 355-375.

    Brigantum https://issuu.com/museocoruna/docs/brigantium10

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    J'ai rencontré de telles pierres à cupules soit sur le seuil de l'enclos de Sainte-Marie du Menez-Hom, soit sur le Pont Gaulois  de Crozon en Presqu'île de Crozon, mais elles ne faisaient pas l'objet de tels rites de formulation de vœux.

    Voir Le Pont Gaulois de Kervon à Crozon

    Voir la Pierre de Saint-Guénhaël à Lannester. Placée à coté de la fontaine, elle joue, avec ses 17 cupules, une fonction guérisseuse ou cultuelle. (ces cupules auraient été creusées selon la tradition par les pèlerins)

    Voir le site de Pascal Pannetier sur les pierres à cupules des Alpes.

    Voir sur le site T4-T5 Mégalithes  et les 23 sites du Finistère :

    Voir enfin la page 40 de En Bretagne. Croix et Calvaires d'Yves-Pascal Castel et les 12 relevés de cupules sur les socles des croix.

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    Route de Lestrégognon : à droite, la pierre à cupule "de sainte Nonne", Dirinon.  Photographie lavieb-aile février 2017.

    Route de Lestrégognon : à droite, la pierre à cupule "de sainte Nonne", Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Pierre à cupule "de sainte Nonne", Dirinon.  Photographie lavieb-aile février 2017.

    Pierre à cupule "de sainte Nonne", Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    Pierre à cupule "de sainte Nonne", Dirinon.  Photographie lavieb-aile février 2017.

    Pierre à cupule "de sainte Nonne", Dirinon. Photographie lavieb-aile février 2017.

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    IV. LA "PIERRE DE SAINTE-NONNE" DE LA CHAPELLE SAINT-NONNE.

     

    http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSite.aspx?NumSite=33858

     

    Cette pierre située en hauteur près de la crossette sud-ouest de la chapelle Sainte-Nonne, est selon la légende, la pierre que Sainte-Nonne fit transportée par des bœufs pour construire l'emplacement de son ermitage :

     

    Cette chapelle « a été primitivement l'église paroissiale. On voulait la bâtir à Gorré-Lan-Urvan, mais les murs étaient renversés à mesure qu'on les élevait, l'architecte reconnaissant là une intervention surnaturelle, fit poser une des pierres devant servir à l'édifice sur une charrette attelée de bœufs, qui se rendirent d'eux-mêmes à l'endroit que voulait la Sainte, et cette pierre se montre encore dans la chapelle. Chaque année, la veille du pardon de Dirinon, une lumière que personne ne paraît porter se rend de cette église à la chapelle de Saint-Divy et revient presqu'aussitôt accompagnée d'une autre qui bientôt après retourne seule d'où elle est venue. On paraît croire que ce sont sainte Nonne et son fils qui se rendent visite ». (Marteville , continuateur du "Dictionnaire de Bretagne" de Jean-Baptiste Ogée,  Dictionnaire historique d'Ogée, 1843. p. 230)

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    Pierre de Sainte-Nonne, chapelle Sainte-Nonne, enclos paroissial de Dirinon

    Pierre de Sainte-Nonne, chapelle Sainte-Nonne, enclos paroissial de Dirinon

    Le culte de sainte Nonne à Dirinon : la fontaine de Sainte-Nonne.
    Le culte de sainte Nonne à Dirinon : la fontaine de Sainte-Nonne.

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    SOURCES ET LIENS.

    — Site Mégalithes

    http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSite.aspx?NumSite=31045

    L'ensemble des pierres remarquables de Dirinon : 

    http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSiteProche.aspx?NumSite=33858&Page=Proche

    — Site Fontaines.bretagne.free

    http://fontaines.bretagne.free.fr/presentation.php?id=57 

     

     

    ABGRALL, J.M. 1890, Les pierres à empreintes, les pierres à bassin et la tradition populaire, Bulletin de la société archéologique du Finistère, Tome XVII, Quimper, pages 66-67.

     http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207610h/f153.image

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

    http://www.apeve.net/spip/spip.php?article83

    — WIKIPEDIA

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Nonne_de_Dirinon#/media/File:105_Dirinon.JPG

    — Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm

    — CARTWRIGHT (Jane), 2008,  "St Non : rape, sanctity and motherhood in Welsh and Breton hagiography", in Feminine Sanctity and Spirituality in Medieval Wales pages 97 à 121 University of Wales Press

    https://books.google.fr/books?id=5mlSxlL6eIEC&dq=Maufuric+de+L%C3%A9zuzan&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages, pages 30 et 31.

    — JOB AN IRIEN 2012,  Saint Divy et sainte Nonne, in Sur les traces de nos pères dans la foi au Pays de Galles , Minihy-Levenez, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/8ff12e9036c5aae714fde8574ae7f133.pdf

    — LE BERRE (Yves), CASTEL (Yves-Pascal ), TANGUY ( Bernard), 1999, Buez Santez Nonn Mystère breton, vie de sainte Nonne  préface LE MEN (Annie), CRBC / Minihi-Lenevez - 199 pages - 23x 28 cm - ISBN 2-908230-10-0

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/80d88f81a9a064fda9b122ff0d667bbc.pdf

     

    — ESNAULT(E),  1887, La vie de sainte Nonne,  Revue celtique pages 230-301 et 405-490

     http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6211035g/f245.item.r=%22sainte%20nonne%22

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6211035g/f419.item.r=%22sainte%20nonne%22

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon
    12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 11:25

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    LE GISANT DE SAINTE NONNE.

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    On voudra bien pardonner à mes photographies leur piètre qualité, sans accepter de les entendre accuser qui l'heure tardive d'une fin de journée d'un janvier breton, qui l'éclairage artificiel mal choisi, qui l'obscurité de la chapelle. Seul l'amateur jouant au photographe  derrière l'objectif en est responsable.

    Sur les traces d'un atelier ducal.

    Depuis le catalogue raisonné de la sculpture de Basse-Bretagne du XVe au XVIIIe siècle, dressé par Emmanuelle Le Seac'h dans sa thèse de 2010, de nombreuses œuvres sont attribuées au premier atelier connu, celui intitulé Grand atelier ducal du Folgoët actif de 1423 à 1509 sur les trois anciens diocèses de Léon, de Cornouaille et (pour deux œuvres) de Saint-Brieuc. Les réalisations principales du Premier Maître du Folgoët ou "atelier du père" débutent avec la Basilique du Folgoët dont les ducs de Bretagne Jean IV et Jean V puis François II, Pierre II et Arthur III, se poursuivent avec les porches de granite  de la cathédrale de Quimper, du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon, de Kernascleden ou de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, et par les porches de kersanton de l'église de La Martyre, de Rumengol. Outre tous les apôtres de ces porches, il a produit aussi bon nombre de statue de Vierges, de saints et de saintes, notamment au Folgoët. On lui doit aussi les calvaires de Rumengol (entre 1433 et 1457), de Plomodiern (de même date) et sans-doute celui de Dirinon (vers 1450).

    Mais l'atelier du Folgoët a aussi sculpté des gisants. Ce sont ceux de saint Ronan (1423-1433) à Locronan, de saint Jaoua en sa chapelle à Plouvien (vers 1423), de Jean de Kérouzéré en l'église de Sibiril (vers 1460). Et, à Dirinon, celui de sainte Nonne.

    Cet atelier se distingue par son unité stylistique qui associe des visages resserrés au niveau de la mâchoire, un menton épais, des pommettes rehaussés creusant les joues, des paupières doubles et en amande conférant un regard profond. Mais l'atelier se distingue aussi par leurs anges, caractéristiques par leur chevelure. Celle-ci se décline en deux types : soit en boules compactes mousseuses ou crêpées comme des éponges, soit en mèches arrondies, séparées en petites boules radiantes autour du crâne. Ces deux types sont difficiles à décrire mais très vite mémorisées visuellement. 

     

    Le tombeau est au milieu de la chapelle Sainte-Nonne de l'enclos paroissial de Dirinon, qui semble dès lors lui être entièrement consacrée. Il associe une dalle horizontale dans laquelle  le gisant proprement dit est sculpté, et une cuve faite de sept panneaux  verticaux conjoints. Du coté sud, un espace est aménagé entre deux de ces panneaux, qui laisse voir, sur le champ de l'un d'entre eux, un évêque. Des saints et apôtres sont sculptés sur les six plaques latérales autour d'un ange tenant un blason alors que la plaque transversale placée aux pieds de la sainte est sculpté d'un second ange tenant un blason. A la tête, il n'y a pas de plaque, sans-doute car le monument funéraire s'appuyait jadis sur un support ; on a réalisé un scellement au ciment.

    Il mesure 2,30 m de long sur 0,96 m de large et 1 m de haut. Il est en kersanton, facies sombre d'un grain plutôt gros. E. Le Seac'h le date "vers 1468" et les auteurs antérieurs "vers 1450".

    Il ne contient pas les ossements de sainte Nonne, et est simplement commémoratif. 

    Il a été restauré en 1998 par Pierre Floch, de Guéguon (56) et remis en place en mars 1999. 

    Nous disposons d'une gravure de Thierry frères datée de 1846, date de la parution des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France : La Bretagne, vol. 2 de Nodier et Taylor.

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    Je m'inspirerai, pour le décrire, des pages 89 et 90 de Le Seac'h 2014, elles-mêmes nourries de la lecture de Castel 1999.

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    I. LE GISANT.

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    La sainte est représentée allongée, la tête soutenue par un coussin, serrant un livre contre sa poitrine, et les pieds (ou plutôt les chaussures à bouts pointus ou poulaines, brisées à gauche)  foulant un dragon au cou large et au dos rond, qui crache des flammes entre ses pattes griffues.

    Le visage est ovale, les yeux sont ouverts, en amande, ourlés, avec les pupilles sculptées.  Les lèvres fines dessinent un sourire léger et serein. 

    La sainte est vêtue d'une tunique à col rond recouverte d'un manteau rabattu en voile au dessus de la tête. Un pan du manteau est calé sous le bras droit et forme une boule. Les plis s'évasent à partir de la taille.  

    La reliure du livre est équipée d'un fermoir. Sainte Nonne le porte avec grâce et respect, comme un livre saint présenté à une assemblée lors d'un office. 

     

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    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    "Pieusement, avec amour, dans un tombeau tout neuf, Digne d'elle et de belle facture, enterrons-la. Les Prêtres et les clercs Entre les deux grandes et majestueuses pierres, tous ensemble Portons-la maintenant, : acte saint et sacré ! C'est un lieu béni, aimable et charmant. Dans le domaine fort bien administré de Rivelen, Cet endroit fut désigné par la tradition, Par les hommes de savoir, qui sont toujours avisés. Ce lieu est désigné comme étant en propre son village; Et elle y aura une excellente demeure, une maison Où on viendra la prier avec une grande dévotion. On le nomme, par profond respect, Dirinon ; Elle y possède à la fois une chapelle et une église achevées et remarquables,

    Parce qu'elle a été vertueuse, sage et sainte. Enterrons-la ici- corps béni de la religieuse-, Près de la mer armorique, dans l'allégresse générale. Ses deux moitiés sont en lieu agréable, me semble-t-il : Son âme pure auprès de Dieu, qui est assurément le vrai souverain des astres ; Et son corps est enterré fort dévotement, Exactement entre Daoulas et la ville de Landerneau." (Buez Santez Nonn, vers 1501-1520 (dernier tiers XVIe siècle), traduction Yves Le Berre 1999)

     

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Des anges aux cheveux bouclés en boule comme sur les porches de la cathédrale de Quimper ou de La Martyre tirent les pans du drap qui recouvre le coussin, formant un élégant drapé aux plis amples où la tête de la sainte imprime son volume.

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    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    On remarquera l'encolure  assez sophistiqué de l'ange suffisamment caractéristique pour me rappeler que je l'ai observé aussi sur le porche de La Martyre. (photo lavieb-aile)

     

     

     

     

     

     

     

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    Les deux pointes d'un col très large devraient tomber sur les épaules et le thorax, mais elles sont repliées par un sévère pli arrondi pour former un U, un V ou un W et même (ici) un élégant Oméga. Puisque ce n'est ni le col cassé, ni le col  Claudine, ni le col Peter Pan ni le col Doily, ni le col rond ou le col en V, ni –tant s'en faut– le col bateau, et moins encore le col roulé ou le col à l'américaine, je le nommerai "Col Cassiopée" ou "Col Folgoët". 

    On retrouve ce col, et ces coiffures, sur les anges de l'Autel des Anges de l'église du Folgoët. Normal, puisque cet autel est l'œuvre du Maître du Folgoët, en 1445. Ou —pour le col Folgoët— sur la statue d'un saint évêque dans une niche du Folgoët. Ou sur les anges des voussures du porche de Saint-Herbot, à Plonevez-du-Faou. 

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    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Gisant de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    II. LA  CUVE.

    Les deux cotés longitudinaux sont composés de panneaux où sont sculptés au dessus d'une courte marge des personnages de 50 centimètres de haut. Je les décrirai en débutant par le coté droit de la face sud, mais j'aurais dû plutôt commencer par saint Pierre, placé sur la face opposée. Notons que l'ordre des panneaux ne respecte pas celui du Credo apostolique, et qu'il résulte peut-être de réaménagements successifs. 

    A. LA FACE SUD.

    On y voit les six apôtres, un ange et son blason au centre, et un saint évêque placé de champ.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    André et Jacques le Majeur sont tournés l'un vers l'autre et se regardent.

    1. Saint André et sa croix.

    Les bras de la croix sont discrètement galbés pour répondre à l'ampleur du drapé, également  croisé .

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    2. Saint Jacques le Majeur, son bourdon, son chapeau à coquille, sa besace, sa pèlerine, et un livre.

    Notez la barbe en masse spongieuse et moussue.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    3. Saint Jean-Baptiste, son agneau, sa tunique en poils de chameau.

    On voit qu'on parle à tort d'une série d'apôtres, puisque l'identification du Précurseur ne fait pas de doute. Nous aurons donc onze apôtres, et Jean-Baptiste. 

    Notez, de profil, le personnage coiffé d'une mitre et portant une aube et une dalmatique. Sa main droite est brisée. Découvert lors du démontage de 1998, il a été mis en évidence grâce à cet écart astucieusement aménagé par Pierre Floch.

     

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Ange porteur de blason martelé.

    Bel exemple de coiffure crêpée en éponge (spongia officinalis Linnaeus, 1759), et non moins bel exemple de Col Folgoët.

    Sur le blason, les traces de chevron et les silhouettes de trois huppes indiquent qu'il s'agit des armoiries de Maufuric de Lézuzan, un abbé de Daoulas qui mourut en 1468.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    4. Apôtre, tête recouverte d'un voile,  portant un livre.

    Nous pouvons le nommer au choix Thomas, Jude dit Thaddée ou Simon, et peut-être Matthias. 

     

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    5. Apôtre, tête recouverte d'un voile,  portant un livre.

    Matthias. Ou Simon, ou  Jude dit Thaddée ou  peut-être Thomas. 

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    6. L'apôtre Jean.

    Sa chevelure choucroute ou afro pourrait en abuser pour Patty Bouvier, mais le calice de poison qu'il tient de la main gauche et sur lequel il trace une bénédiction révèle qu'il s'agit du grand saint Jean, l'évangéliste et le visionnaire de Patmos.  Son menton imberbe renforce si besoin notre conviction.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    B. LA FACE NORD DE LA CUVE.

    Décrite de droite à gauche.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    7. Saint Jacques Le Mineur.

    Identifié grâce à son bâton, le "foulon" qui fut employé pour son martyre. Cheveux crêpés, barbe spongieuse bifide.

     

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    8 et 9. Deux apôtres tenant chacun un livre.

    Mais l'artiste les a distingué par un détail. Saurez-vous le découvrir ?

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Deuxième ange tenant un blason.

    Ces anges ne sont ni thuriféraires, ni céroféraires, ni naviculaires, ni cruciféraires, ni orants, ni musiciens, ni hématophores, ni porteurs des Arma Christi. Il manque manifestement un nom pour désigner leur fonction de porteur d'écu, alors, comment les désigner ? Inventez-moi  les anges "scutoféraires"!

    Celui-ci est conforme au spécimen-type, avec sa chevelure spongiforme, ses ailes largement étalées et, surtout, son col en Oméga. Il en est fier et il amorce un sourire. L'écu a été bûché comme ceux de ses collègues, mais l'iconoclaste adepte de la Révolution à coup de marteau a oublié la patte antérieure de ce qui ne peut être qu'un lion. Cet oubli nous indique que ces armoiries étaient celles des Simon de Kerbringal de sable au lion d'argent armé et lampassé de gueules.  Nous reviendrons sur cette donnée héraldique.

     

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Col Folgoët en oméga, gros plan.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    10. Saint Bartélémy avec son couteau de dépeçage.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    11. Saint Paul avec son épée et son toupet.

    Pour E. Le Seac'h et Y-P. Castel, il s'agit de saint Philippe. Je renvoie aux instances les plus officielles (Drac Haute-Normandie) pour protester. L'épée est l'attribut de saint Paul, à la rigueur celui de l'apôtre Matthieu. Saint Philippe se reconnaît à sa croix à longue hampe. Paul désigne ici cette épée car elle fut l'instrument de sa décollation.

    Surtout, sous le ciseau du Maître du Folgoët si prompt à proposer à ses clients des chevelures en champignons, cette pelote de couturière posée sur un front dégarni ne peut être dépourvue d'arrière pensée identificatrice. Or, seul Saint Pierre et saint Paul sont connus pour leur calvitie fronto-temporale au dessus d'un front bombé. D'autre part, saint Paul se tient habituellement à coté de saint Pierre. 

    Voir Saint Paul sur les vitraux de Quimper (1415-1420)

    Saint Pierre et saint Paul sur les vitraux de la cathédrale du Mans (vers 1430)

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    12. Saint Pierre et sa clef.

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Les apôtres pourraient être réunis en binômes selon leur façon de se tourner ou de se détourner de leur voisin.

    E. Le Seac'h fait remarquer que

    "Les plis des étoffes  tous différents – plis verticaux, à volutes, à godets, – donnent un tombé lourd et épais aux vêtements. Les pans des manteaux sont drapés au niveau des manches et cachent toujours une main, de droite ou de gauche. Les barbes et chevelures des anges sont crêpées comme au Folgoët, à Quimper et à La Martyre. Elles forment une masse dense que le sculpteur a piquée pour donner une impression de boucle. Les apôtres vont tête nue ou coiffée d'un chapeau (Jacques le Majeur) ou du capuchon de leur pèlerine."

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    C. LE COTÉ EST.

    Ange présentant l'écu des Maufuric de Lézuzan.

    La plaque de kersanton est sculpté d'un ange porteur d'un écu martelé. Je n'insiste ni sur le col Folgoët ni sur la colonie capitale de Spongiaires, pour remarquer plutôt que ces anges n'ont pas de pieds, et flottent sur des nuées ou dans les frous-frous du drapé de leur aube. L'examen attentif du martèlement de l'écu n'a pas permis de déceler les meubles qui ont été abolis.

     

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    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Cuve du tombeau de sainte Nonne (1450), kersanton, atelier du Maître du Folgoët. Chapelle Sainte-Nonne, Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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      LE RELIQUAIRE DE SAINTE NONNE.

     

    Placée dans la vitrine d'orfèvrerie depuis 1995, la châsse-reliquaire en argent recouvert d'or (vermeil) de sainte Nonne  date de la même époque que le gisant, vers 1450, ce qui la place parmi les plus anciennes orfèvreries du patrimoine breton.

    "Le corps rectangulaire coiffé d'une toiture à pans ornée d'un cabochon de cristal est porté par quatre lionceaux, qui,  comme pour d'autres reliquaires de l'époque, sont considérés comme les symboles de la vigilance. Sur les côtés rythmés par d'étroits contreforts se découpent des fenêtres aux remplages de style gothique flamboyant. Une frise de quatre-feuilles court sur la crête du toit. Une autre entoure sa ligne basse. Au milieu du faîtage se dresse une petite statuette de saint Divy en évêque. La relique, un fragment d'os long (tibia ?) est roulée dans deux morceaux de soie ancienne de couleur brune, dont l'un est semé de fleurettes. Le sceau de cire rouge de Jean-Marie de Poulpiquet de Brescanvel, évêque de Quimper de 1824 à 1840, "trois pies sur fond d'azur", maintient le lacet noir qui lie le tout. Dans la châsse on trouve aussi des authentiques émanant de Pierre-Vincent Dombideau de Crouseilhes, évêque de Quimper de 1805 à 1823. Le reliquaire est enfermé dans un écrin de cuir damasquiné aux fleurs de lis et aux rosaces."  Yves-Pascal Castel.


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    Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    On peut la voir dans son écrin sur cette photo du Ministère de la Culture. Exposé dans la vitrine, il apparaît aussi sur cette photo :

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    Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) et son écrin en cuir damasquiné. Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) et son écrin en cuir damasquiné. Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Elle porte le poinçon le plus ancien de la jurande de Morlaix, aux deux hermines accompagnées de la lettre M.

     

     

    Schéma du poinçon de la Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) . Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Schéma du poinçon de la Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) . Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    La statue de saint Divy en évêque.

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    Statuette de saint Divy. Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) . Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Statuette de saint Divy. Chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) . Église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Les quatre blasons des donateurs.

    "Quatre écus armoriés dont l'un a gardé des traces d'émail, encadrent la fenêtre à gauche de la façade: 1) "d'or au chevron d'azur accompagné de trois trèfles de même", qui est Goulezre ; 2) "de sable au lion d'argent armé et lampassé de gueules", qui est Simon de Kerbringal ; 3) "d'azur au chevron d'argent accompagné de trois huppes ou palles de même", qui est Maufuric de Lézuzan ; 4) "d'or à trois fasces d'azur cantonné à dextre d'un trèfle de même", qui est Rouazle. Ces familles, possessionnées à Dirinon et dans les environs, se désignent ainsi comme les commanditaires du précieux objet."

    Or, les traces de deux de ces blasons figurent sur les plaques du tombeau de sainte Nonne, alors qu'un autre blason est trop martelé, et qu'un quatrième blason existait peut-être sur la plaque actuellement manquante. Les quatre familles ont-elles participé à la commande des deux œuvres honorant sainte Nonne?

     

    Fenêtre gauche de la chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Fenêtre gauche de la chasse reliquaire de Sainte-Nonne (v. 1450) à Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    REMARQUES SUR LES BLASONS ET LES FAMILLES .

    1°) Maufuric de Lézuzan.

    "d'azur au chevron d'argent accompagné de trois huppes de même"

    Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Pol Potier de Courcy :

    MAUFURIC, sr de Lezuzan et de Keramborgne, par. de Dirinon.

    Réf. et montres de 1426 à 1481, dite par., év. de Cornouailles. D'azur au chevron d'argent, accomp. de trois huppes ou palles (oiseaux de mer) de même.

    Guy, abbé de Daoulas, t 1468. Moderne : Pappe-Vieux-Bourg.

    L'avocat Guy ( ou Guido,  Guyomarch, Guillaume, Guiomarc'h) Maufuric de Lézuzan, fut élu abbé de Daoulas en 1441 et le demeura  jusqu'en 1468. Il obtient du pape Innocent X le droit de porter la mitre. Lui-même figure sur les voussures du porche de La Martyre, et ses armes figurent :

    • sur la grosse cloche de Daoulas

    •  dans la même commune, sur une croix à double face de l'abbaye, datée vers 1450.

    •  sur la fontaine Sainte-Nonne à Dirinon (1623)

    • sur la fontaine de Saint-Divy à Dirinon

    http://fr.topic-topos.com/croix-de-lezuzan-daoulas Croix de Lézuzan, Daoulas

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:148_Dirinon_Fontaine_Sainte-Nonne.JPG

    Atlas des croix et calvaires du Finistère Daoulas N°400.

    http://croixetcalvaires.dufinistere.org/commune/daoulas/daoulas.html

    A la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1481 qui s'est tenue à Carhaix les 4 et 5 septembre, revue militaire à laquelle tous les nobles devaient participer munis de l'équipement en rapport avec leur fortune, les nobles suivants de Dirinon étaient présents :

    • Hervé le Courtois en brigandine et voulge

    • Hervé Maufuric pour lui et son père en chavalier arbalètrier en brigandine

    • Alain le Louet par Jehan son fils archer en brigandine.

    • Injonction d’un archer Louys Huon archer en brigandine

    • Jehan Simon archer en brigandine

    • Maître Jehan Kuerguélen en brigandine et pertuisane

    • Guillaume le Sal pour la veuve Jehan Brennalen archer en brigandine

    • Jehan Tanguy en pal, estoc et voulge

    • Riou Gourhezre en brigandine et voulge

    • Hervé Jaffreiz archer en brigandine. Injonction de trousse

    Hervé Maufuric figure dans les Mémoires de Pierre-Hyacinthe Morice parmi les membres présents lors de la fondation des Cordeliers de Landerneau en 1488 par Jehan II de Rohan : Herveao Maufuric de Lesusam Domino temporali dictae diocesis Corisopitensis,  accompagné de Noble homme Guillaume Kergoët seigneur du dit lieu,  pour un acte dressé devant frère Yvon de Bersoche, prieur de Saint-Thomas de l'Ordre des Augustins (qui, redoutant la concurrence des mendiants,  n'autorise l'installation des frères qu'en échange d'une promesse de soixante sous de rente annuelle), et  Alanus (Alain) Le Louet, procureur du vicomte de Rohan, qui engagea tous ses biens pour permettre aux franciscains de s'installer à Landerneau. (le portrait d'Alain du Louet figurait en baie 8 des vitraux du Folgoët).

    L'année suivante, l'acte de fondation fut ratifiée par le chapitre de Notre-Dame de Daoulas, : "le 9 Mars de l'année suivante par le Chapitre de N. D. de Daoulas, auquel estoient présens Fr Guill. le Lay Abbé , Fr. Jean Tartoux Prieur  claustral, Louis de Locpriac, Alain Kerulguen, Alain Maufuric, François Kersulguen, Religieux Profès du-dit Monastère, assemblés capitulairement ."

    2°) Simon de Kerbringal.

    De sable au lion d'argent armé et lampassé de gueules. Devise : c'est mon plaisir.

    Calvaire du cimetière de l'enclos de Dirinon (1450) : Le nœud porte les blasons des familles Du Louët, Sr. de Lesquivit : d'or à trois têtes de loup de sable arrachées de gueules, et Simon de Kerbringal.

    Conclusion.

    Il faut donc réunir sous le même regard trois monuments religieux  de Dirinon, tous trois datés (par estimation) des années 1450, tous trois porteurs d'armoiries et reliés à des familles nobles locales et tous trois rassemblés dans l'enclos paroissial : le calvaire de Dirinon et le tombeau de Sainte Nonne  ont en commun le même matériau, le même sculpteur (Maître du Folgoët) et des armoiries de Simon de Kerbringal. Le gisant et le reliquaire ont en commun le culte de sainte Nonne, et les armoiries de Maufuric de Lezuzan et de Simon de Kerbringal. Les éléments réunis à partir de ces deux dernières familles nous amènent non seulement à la noblesse locale de Dirinon (cf. la Montre de 1481), mais aussi à l'Abbaye de Daoulas dont Maufuric fut l'abbé et dont Dirinon était un ancien prieuré. 

    D'autre part,il faut placer le gisant et le reliquaire dans un ensemble plus vaste consacré sur la paroisse de Dirinon à sainte Nonne et à son fils Divy : j'en classe les éléments selon un ordre chronologique

    • Reliquaire de sainte Nonne (v.1450)

    • Gisant de sainte Nonne (v.1450-1468)

    • Chapelle Sainte-Nonne (1577)

    • Statue de sainte Nonne (1588 ? élévation ouest de l'église).

    • Fontaine Sainte-Nonne (chronogramme 1623 ; blason des Maufuric)

    • Fontaine de Saint-Divy (s.d ; blason des Maufuric)

    • Vie de sainte Nonne : dernier tiers du  XVIe siècle selon Yves Le Berre (mais copié d'un manuscrit antérieur).

    On voit donc que cet article en appelle d'autres : à suivre!

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    SOURCES ET LIENS.

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

    http://www.apeve.net/spip/spip.php?article83

    — WIKIPEDIA

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Nonne_de_Dirinon#/media/File:105_Dirinon.JPG

    — Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm

    — CARTWRIGHT (Jane), 2008,  "St Non : rape, sanctity and motherhood in Welsh and Breton hagiography", in Feminine Sanctity and Spirituality in Medieval Wales pages 97 à 121 University of Wales Press

    https://books.google.fr/books?id=5mlSxlL6eIEC&dq=Maufuric+de+L%C3%A9zuzan&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages, pages 30 et 31.

    — LE BERRE (Yves), CASTEL (Yves-Pascal ), TANGUY ( Bernard), 1999, Buez Santez Nonn Mystère breton, vie de sainte Nonne  préface LE MEN (Annie), CRBC / Minihi-Lenevez - 199 pages - 23x 28 cm - ISBN 2-908230-10-0

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/80d88f81a9a064fda9b122ff0d667bbc.pdf

    — CASTEL (Yves-Pascal ), 1999. Dirinon : retour du tombeau de sainte Nonne :

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/b881fe63c357382f1d53e4c0e0462b3d.jpg

    — CASTEL (Yves-Pascal ), 28 novembre 1998 Restauration du tombeau de sainte Nonne

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/9de83afb278ad95b353fa550ab28e418.jpg

    — ESNAULT(E),  1887, La vie de sainte Nonne,  Revue celtique

     http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6211035g/f245.item.r=%22sainte%20nonne%22

    — TOPIC-TOPOS:

    http://fr.topic-topos.com/gisant-de-sainte-nonne-dirinon

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon
    7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 09:15

    L'enclos paroissial de Dirinon VI. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

     

    Je remercie François Le Men qui m'a guidé dans cette visite.

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    Voir la série sur Dirinon :

     

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    Sur les sablières de Bretagne, taper ce mot sur "Rechercher" en haut à droite.

    Sur les peintures des églises et chapelles bretonnes, taper ce mot sur "Rechercher" en haut à droite.

    Note : pour des raisons évidentes de communication, je conserve le terme admis et bien établi de "sablière" là où le terme de "corniche" peut apparaître plus approprié.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    I. LES POINÇONS SCULPTÉS.

    Ces pièces de bois (je ne suis pas sûr du terme*) représentent des anges portant les instruments de la Passion. *Clef pendante concerne les voûtes de pierre.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    1. Le marteau de la crucifixion.

    Le premier a été amputé pour recevoir le sommet de la croix d'une Poutre de Gloire aujourd'hui disparue.

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    2. La colonne de flagellation.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    3. La croix.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    4. Les verges de la flagellation.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    5. La couronne d'épines.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    LES SABLIÈRES  DE LA NEF.

    Sur la voûte, entre chacune des six poutres, chaque espace du lambris est peint de quatre saints à gauche et de quatre saintes, à droite, dans les loges délimitées par les nervures. Ces peintures ont été réalisées en 1715 par Pierre Bechennec* et François de Launay.  J'identifierai  les saints et saintes en regard de chaque sablière. Je ne décrirai pas tout le décor sculpté, mais je choisirai certains motifs.

    *De ces deux artistes, on ne connait que le travail réalisé à Dirinon. François (de)  Launay, fils de René de Launay et de Jeanne Desfois, était l' époux de Catherine Jeanne Ferelloc originaire de Plouarzel, dont il eut six enfants entre 1687 et 1703 ; il était  maître doreur entretenu au port de Brest. Un autre  François Launay, de Recouvrance, sculpta et dora le maître-autel et diverses boiseries de Saint-Thégonnec en 1738.

    Un Charles-André Launay, sculpteur à Brest, habitait  Recouvrance en 1775.

     Pierre Bechennec épousa Marguerite Guermeur ; le couple eut sept enfants nés de 1714 à 1728, le sixième, Jacques, étant né le 26 octobre 1726 et baptisé à Notre-Dame, paroisse de Recouvrance. Bulletin SAF 1993

     

    II. LES SABLIÈRES NORD DE LA NEF.

    1. Première corniche.

    Elle débute par un blochet (récent) d'un moine.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Deuxième corniche.

    Peinture du lambris correspondant :

    • Saint (râteau)
    • Saint Fiacre
    • Saint (épée).
    • Saint (épée).

     

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Troisième corniche.

    Peinture du lambris correspondant :

    • Saint Christophe.
    • Saint Sauveur
    • Saint Pierre
    • Saint Claude.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Quatrième corniche.

    Peinture du lambris correspondant :

    • Saint Jean-Baptiste
    • Saint Robert
    • Saint Etienne
    • Saint François.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Cinquième corniche.

    Peinture du lambris correspondant :

    • Saint Haubin
    • L'Ange Gardien
    • Saint Antoine
    • Saint Parfait.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Date de 1623.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Sixième corniche.

    Peinture du lambris correspondant :

    • Saint Laurent.
    • Saint Pol, patron du diocèse de Léon, à la limite duquel se trouve Dirinon
    • Saint Corentin, patron du diocèse de Cornouaille
    • Saint Divy.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Sixième corniche sud.

    • Sainte Nonne
    • Sainte Cécile
    • Sainte Anne.
    • Sainte Angèle.

     

     

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Cinquième corniche sud.

    • Sainte
    • Sainte
    • Sainte Marie-Madeleine
    • Sainte Barbe.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Quatrième corniche sud.

    • Sainte 
    • Sainte abesse
    • Reine et  Martyre
    • Reine et  Martyre

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    Troisième corniche sud.

    • Sainte Jeanne
    • Sainte Catherine
    • Sainte Marguerite
    • Sainte Agathe

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Deuxième corniche sud.

    • Sainte Lucie.
    • Sainte Pétronille
    • Sainte Véronique
    • Sainte Apolline.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Première corniche sud.

    La singularité de cette sablière a été soulignée : il n'est pas courant de trouver sculpté un trophée de guerre avec une cuirasse pénétrée par un sabre, un faisceau de licteur romain,, une lance, une trompette, un bouclier portant une croix, un heaume , un  tambour,  et un oriflamme monté sur une lance et portant la croix de résurrection, le tout encadrant un masque et placé sur un cuir.  

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Blochet de sainte Anne éducatrice.

     

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Sur le mur ouest : le diable voit rouge.

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    LE BAS-COTÉ NORD.

    Très (bien) restauré.

    Première et deuxième corniche. Les anges musiciens.

    Ange joueur de guitare.

     

     

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Ange joueur de viole à archet.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Ange joueur de flûte traversière.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Voir aussi l'ange joueur de cornemuse, que Jean-Luc Matté n'a, bien-entendu, pas laissé passer :

     

    http://jeanluc.matte.free.fr/fichdk/dirinon.htm

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.
    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    LE BRAS SUD DU TRANSEPT.

    Il est le fruit d'une restauration / reconstitution récente..

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    COMPLÉMENT. LES LAMBRIS PEINTS DES BRAS DU TRANSEPT.

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    Transept sud. Les Apôtres. 

    • Saint Pierre
    • André
    • Barthélémy
    • Judde

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Transept sud. Saints:

    • Henri
    • Bernard
    • Grégoire
    • Athanase
    • Augustin
    • Ambroise.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Transept nord. Les Apôtres.

    • Philippe
    • Matthieu
    • Thomas
    • Thaddée
    • Jacques
    • Paul.

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Transept nord. Les Pères de l'Église

    • Bazile
    • Jean Chrysostome
    • Hilaire
    • Jérôme
    • Thomas d'Acquin

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    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    Hors sujet en conclusion.

     

    L'enclos paroissial de Dirinon V. Les sablières (1623),  les blochets et poinçons.

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    SOURCES ET LIENS.

    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, in Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

    http://www.apeve.net/spip/spip.php?article85

     

    BARRAL I ALTET (Javier), 1987, Décor peint et iconographie des voûtes lambrissées de la fin du Moyen Âge en Bretagne, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres  Année 1987  Volume 131  Numéro 3  pp. 524-567. http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1987_num_131_3_14524

    http://www.persee.fr/docAsPDF/crai_0065-0536_1987_num_131_3_14524.pdf

    Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm

     

    — COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages, pages 30 et 31.

    — TOPIC-TOPOS

    http://fr.topic-topos.com/sabliere-dirinon



     

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    Published by jean-yves cordier - dans Dirinon Sablières
    4 février 2017 6 04 /02 /février /2017 22:48

    L'enclos paroissial de Dirinon IV : les bannières anciennes (XVIIIe siècle) de l'église Sainte Nonne.

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    Je remercie François Le Men pour son accueil chaleureux, érudit et passionné.

    Sur Dirinon, voir :

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    L'église Sainte-Nonne de Dirinon possède deux bannières du XVIIIe siècle, classées au titre des monuments historiques. Celles-ci appartiennent au corpus de 43 bannières classées datant de l'Ancien Régime en Basse-Bretagne, très majoritairement dans le nord (Léon et Trégor) et étudié par C. Guillou.

    Je décrirai donc, sans compétence mais en m'appuyant notamment sur les publications de cet auteur:

    1. La bannière de l'Assomption / de Saint Divy.

    2. La bannière de la Crucifixion / Rosaire.

    Cet ensemble est bien représentatif du corpus, puisqu'il associe les quatre motifs majeurs : la dévotion au Christ (Crucifixion) et à la Vierge (Assomption), au saint patron (Saint Divy) et à une Confrérie ( Rosaire) : bannières liturgique, paroissiale, et de confrérie.

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    Le support.

     

    "L'archétype des bannières basses bretonnes, c'est un tableau de velours brodé, porté en procession, qui doit être vu de loin, comme tout signe de ralliement. Le support doit donc être très haut, un mât qui peut atteindre quatre mètres, pour permettre la visibilité, mais aussi la lisibilité de l'image, ce qui suppose une traverse horizontale solidement fixée, afin que la bannière se rapproche autant que faire se peut d'un tableau en promenade. On y adjoint des haubans, des cordelières en passementerie, pour faire face aux coups de vent : qu'ils soient de soie, d'or ou d'argent ne doit pas faire illusion, ce sont d'abord des cordages qui doivent permettre de redresser la bannière par grand vent. Le porteur maladroit qui laisse sa bannière faire ventouse est bien aise du renfort de ses deux acolytes manœuvrant en force les agrès. Les extrémités de la traverse sont agrémentées de deux grosses pommes de bois, dorées voire peintes de couleurs vives. Ce sont parfois des boules recouvertes de passementerie, dont l'origine, est inconnue : pen baz lorsque le bois est nu, amortisseur des heurts et des coups lors des rixes, dont Georges Provost a relevé la survenue pour des motifs pieux ou de rivalité villageoise. " (C. Guillou, 2010)

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    1. Bannière n° 1 de l'Assomption /  de saint Divy. 

    Bannière de procession classée MH au titre d'objet le 15 juillet 1993. Tissu rouge uni brodé de  1,70 m  de haut et 1,10 m de large daté du 1er quart du XVIIIIe siècle (données de l'Inventaire PM29003832  ), très restaurée.

    A. L'Assomption. 

    —Fond : tissu de velours rouge uni pailleté de sequins et orné en périphérie de 12 fleurs brodées à quatre pétales.

    —Sujet :  la Vierge, couronnée, bras ouverts, monte parmi les nuées, soutenue par deux anges et deux angelots. Les visages, bras et jambes sont en tissu rapporté et peint, 

    "Les superbes Assomptions, portée par 4 anges, de Locquénolé et de Hengoat  reprennent un modèle connu de Poussin. Peint en 1649, reproduit en gravure dès l'année suivante, ce qui facilite les copies soit sous forme de tableau soit sous forme de bannière : l'image étant alors détourée, ne conservant que les personnages, au détriment du paysage. 

    "On est frappé aussi par la rapidité d'adoption de certains modèles comme l'Assomption de la Vierge. Réalisée par Poussin à Rome en 1649, la reproduction gravée intervient dès 1650. Elle est copiée en l'église de Saint Thégonnec, traduite en bannière à Locquénolé, et à Hengoat, à une date indéterminée, vraisemblablement entre le dernier quart du XVIIe et le tout début du XVIIIe par un atelier inconnu de très grande qualité. L'Assomption à deux anges et un angelot [?] de Dirinon, a les bras ouverts et moins d'élan. (inspirée du Titien ?). Mais la rénovation lui a fait, sans nul doute, perdre de son caractère et de son charme." (C. Guillou 2010)

    Les nuées et les auréoles sont brodées selon le procédé de la couchure :

    De Saint-Aubin* écrit à propos de la broderie en couchure que « Comme les points de soie de la couchure paroissent beaucoup , on lui donne le nom de la figure que ces points expriment par leur rencontre ; ainsi on dit couchure de deux points , en chevron , en losange , en serpenteau , &c » et ajoute qu’on fait « … des fonds entiers de grands ronds tournés en spirale … en les commençant chacun par leur centre. Ces ronds en se mêlant les uns dans les autres , reçoivent différents rayons de lumière dont le mélange est fort agréable…» comme le montre clairement la reproduction ci-dessus.* Saint-Aubin (Charles-Germain de), 1770 L'art du brodeur, , réédité par le Los Angeles County Museum of Art, Los Angeles, 1983. Cité par http://www.plaisirstextiles.com/

     

    "– Couchure simple : Fils métalliques groupés, placés à plat à la surface du tissu, sans le traverser, et maintenus par des points de fixation disposés en quinconce. Lorsque ces points de fixation forment des motifs (damiers, chevrons, à bâtons rompus ) c'est une couchure à point de figure;

    – Couchure de fils textiles : le principe et le même. Comme elle est employée le plus souvent pour de grandes surfaces, les points de fixation se font en deux temps : d'abord de longs points couchés par-dessus, et perpendiculairement, à la série de fils initiaux Ce sont les barres (ou barrettes) de fixation). Puis fixation de ces points perpendiculaires, en plusieurs endroits, par de petits points souvent invisibles qui, cette fois, traversent le support. Les sols d'herbe des scènes de Calvaire, sont des couchures. Les longs traits blancs sont les restes des anciennes barres de fixation : l'âme des fils. Les travaux savants autour de la Tapisserie de Bayeux ont remis en évidence ce point un peu passé de mode. La technique de la couchure est économe en fil (un seul passage de fil noble, les fils de fixation pouvant être de matériaux moins riches). Elle a été utilisée dans quasiment toutes les civilisations. Les bannières utilisent la couchure en rond ou en spirale en argent clair pour les nuées, en or sombre brun rouge en arrière fond. Voire pour l'anatomie des personnages. Comme toute broderie qui a recréé un nouveau fond, les couchures peuvent être rebrodées. L’or nué, très utilisé au Moyen Âge, est une couchure d’or servant de support à des broderies au point passé de soies multicolores." (C. Guillou 2010)

    —Bordure : galons d'or.

    — Gousset : non cousu sauf aux extrémités : La bande supérieure forme gousset, dans lequel passe la traverse horizontale.

    — Lambrequin : à cinq festons (rectangle + pointe triangulaire) galonnés et frangés de cannetille. Chaque feston est orné d'un fleuron,  bouquet de fleurs, de métal et de soie. La fleur réunit 16 pétales autour d'un cœur rouge quadrillé. Au creux des festons étaient suspendus des sortes de pompons de passementerie plissée, dissimulant des clochettes en bronze. 

    — Clochettes : non.

    — Support : en bois, sans prétention et sans-doute récent.

     

     

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    Assomption, Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Assomption, Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Vues de détails.

    Des serpentins de fil sont cousus au dessus du tissu brodé, entourant les parties en tissu peint, ou traçant les lignes des plis des vêtements.

    Les visages peints sont opalins, d'un réalisme appliqué mais suranné.

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    Assomption (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Assomption (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Le nimbe est formé de deux teintes de fils placés en lignes concentriques, et maintenus par des points de fixation radiants, "en soleil".

    La couronne semble un élément rapporté par dessus le fond ; elle comporte des fils d'or et d'argent.

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    Assomption (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Assomption (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    B. Saint Divy.

    Très restaurée.

     

    —Fond : velours brun-rouge semé de sequins dorés et de six bouquets au fil d'or et d'argent.

    —Sujet : diverses étoffes brodées ; satin rose (mains) et saumon (revers de la chape) ; visage peint.

    Saint Divy, patron de la paroisse avec sa mère sainte Nonne. Mais aucun attribut, aucune inscription ne permet d'identifier ce saint, qui est représenté de façon stéréotypé comme un saint évêque. Christiane Guillou a souligné combien ce qu'elle nomme "évêques « modèle » de la Réforme tridentine" se ressemblent tous : 

     

    "Quelques bannières anciennes portent inscrit, entre les passants du gousset, le nom de leur patron, comme Goulven ou Suliau. A Coatascorn on révère Maudez, à Grâces Léonard (le seul à ne pas être d'origine galloise ou bretonne), à Sizun c'est Suliau, à Plougourvest Paul Aurélien, mais toutes leurs bannières sont semblables, à quelques infimes détails près, alors que chaque paroisse pense détenir un objet original, unique. Sur fond de velours rouge, de velours jaune clair ou au contraire très sombre, se déploient des fleurons au-dessus d'un sol verdoyant et fleuri, d'esprit identique aux sols sur lesquels reposent les croix des Crucifixions ou les Donations du Rosaire. Un évêque s'avance. De l'évêque il a les attributs : la mitre, la crosse, les vêtements sacerdotaux, la croix pectorale, le tout richement brodé comme il sied à un membre du haut clergé. il n'est pas statique comme Paul Aurélien de Lampaul-Guimiliau. Il va vers la droite du tableau, en se servant de sa crosse comme d'un bâton de marche tenu de la main gauche . Sans prétendre à l'exhaustivité, les recherches faites, tant dans les galeries des musées que dans les ouvrages d'art, semblent prouver que cette utilisation de la crosse comme bâton de marche est peu fréquente, voire rare, ce qui tend, selon nous, à démontrer que le parti choisi est assumé, et volontairement démultiplié"

    Saint Léonard à Grâces : "Ses vêtements accompagnent le mouvement, qui est sûr mais non précipité. A preuve, les plis de la soutane, du surplis qui suivent un même tracé : un léger arrondi déporté vers l'arrière. La main droite étendue à l'horizontale, au niveau de la taille, entraîne le pluvial qui se soulève à hauteur de l'épaule, élargissant visuellement la carrure, conférant importance et majesté au personnage. Seul le visage contrarie ce mouvement vers l'avant : il est lui, légèrement tourné vers l'arrière, regard dirigé vers le bas. On devine un interlocuteur invisible, en léger contrebas, non sans doute parce qu'il est plus petit, mais parce qu'il s'agit de quelqu'un ou de quelques uns qui lui doivent respect, en l'occurrence les fidèles. C'est un personnage dominant, mais son autorité est bienveillante à en croire l'expression de son visage. La main droite étendue pose question. Patrick Savidan y voit une main enseignante, à l'image de la main de Dieu, les trois premiers doigts allongés et les autres pliés, figuration classique de l'argumentation. Mais Léonard est main nue, et les clichés des autres évêques les montrent main gantée, ce qui est sans doute plus conforme à la pompe ecclésiastique mais rend le geste moins lisible – il peut alors tout aussi bien être interprété comme une invite à le suivre. La mitre, et l'importante auréole qui mord sur l'encadrement, accentuent cette sorte de déséquilibre, expression du dynamisme du personnage, souligné par l'inclinaison du bâton de la crosse. Enseignant ou guide, c'est bien l'évêque de la Réforme catholique, telle qu'elle se met en place en Bretagne, bien au-delà du personnage de Léonard, ermite, (qui fut baptisé par Rémi mais jamais évêque) partageant le sort des saints traditionnels bretons qu'on les nomme Suliau, Goulven ou Maudez. Savidan suggère comme date de confection de la bannière de Grâces, 1635, année de l'arrivée des dominicains à Guingamp.  Les images véhiculées par les bannières ne sont pas celles des saints populaires. On y rechercherait vainement la trace des humbles moines (ou chefs de clan) venus d'outre-manche. Ce sont au contraire des évêques issus de l'aristocratie et, comme elle, vêtus de splendeur."

    "On doit souligner surtout la perte d'identité des patrons bretons des paroisses. A part ceux des trois paroisses du pays des enclos, ils sont tous transformés en membres anonymes du Haut Clergé. C'est une image savante et... romaine donc internationale de l'évêque. Ailleurs ou à une autre époque on parlerait d'entreprise systématique d'acculturation. Plus de moines-évêques!. ... Les vieilles semi-légendes sont éradiquées. ..On peut penser que, en Basse-Bretagne, l'abondance et l'univocité des nouvelles images suffisent à diffuser la doctrine de la Réforme, sans recours aux destructions des statues des saints populaires, ni des Trône de Grâce par exemple." (C. Guillou)

     

     

    —Bordure : sur trois cotés, bande de 10 cm environ de velours rouge brodé or et argent d'un rinceau de fleurs à quintefeuilles, et lys stylisé aux coins.

    " Le fond achevé est calé par une bordure d'une dizaine de centimètres de large : une bande brodée, placée qui se déploie sur trois ou quatre côtés, parfois seulement sur deux . Son absence est caractéristique des scènes, des tableaux de taille exceptionnelle. Les motifs sont soit des fleurs semblables à celles du panneau central mais reliées en guirlande, soit un motif non figuratif. Les angles prennent la forme de la fleur de lys stylisée. Si le motif est floral, la fleur est proche soit de celle qui orne les festons du lambrequin, soit de l'une de celle des bouquets. On voit aussi apparaître une énigmatique fleur-fruit (saint Pierre de Locmélar) en couchure en rond, d'où émergent quatre gros pistils. Des feuilles enroulées prennent la forme des gisehs indiens. Les rameaux se superposent, s'entrecroisent, savoir faire de brodeur. Le plus souvent d'un ton contrasté - rouge si le panneau est vert, vert si le panneau est rouge- ce cadre de tissu cale la bannière-tableau et lui confère une grande élégance .C'est en particulier le cas de tous les « saint Pierre, portier du ciel » comme des « saints Evêques de la Réforme » et pourrait être comme la signature des bannières basse bretonnes, commune aux Landais de Lannion ( Tréflez ) aux Tuberville de Quimper ou Morlaix (le Cloître-Pleyben) et à Marzin de Guingamp pour Grâces . Outre leur fonction esthétique ces bandes rapportées participent à la consolidation de l'ouvrage en répartissant le poids du tissu et les tensions qui s'exercent sur les fils de chaîne comme de trame. En outre, et les concepteurs l'avaient sans doute prévu, la place des consolidations ultérieures est ainsi préparée, on constate que la plupart de ces cadres sont aujourd'hui renforcés d'un fort galon ( Le Minihy-Tréguier)." (C. Guillou 2010)

    — Gousset : cf. Assomption.

    — Lambrequin : cf. Assomption. Fleurs à trois pétales émergeant d'un bouquet.

     

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    Saint Divy, Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Saint Divy, Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Détails.

    "Divy, le saint patron de Dirinon est éclatant, par la grâce d'un satin rose qui double le pluvial en lamé doré orné de paillettes, remplaçant les broderies initiales.

    Etait-ce un choix cornélien soit une bannière remisée au fond d'un placard soit cet objet quasi nouveau ? en l'absence d'informations sur l'original, que Couffon qualifie seulement d'ancien, on ne peut que dresser constat. Le problème n'est pas récent, déjà le BDHA évoquait « les deux vieilles bannières restaurées ou presque renouvelées [BDHA 1907 notice Dirinon, p. 193] » (C. Guillou)

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    Saint Divy, (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Saint Divy, (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Couchures métalliques : je les décrirai comme je peux :

    Le nimbe du saint est réalisé par des cercles concentriques de fil d'or et d'argent  couchés par des points de fixation en rayons de soleil.

    La mitre est, elle, réalisée par  l'application sur la toile de lames ou fins rubans métalliques gris maintenus par faufilage d'un fil de fixation.

    Ces dessins sont circonscrits par un cordon (textile ou métallique) lui-même fixé par faufilage.

    L'orfroi de la chape est rendu par des entrelacs d'un cordonnet gris (âme de coton entouré de tissu)

    Etc...

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    Saint Divy, (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Saint Divy, (détail), Bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Cette bannière n'est pas, on s'en doute, une œuvre isolée, mais elle s'intègre à un ensemble liturgique et cultuel d'une part, à une collectivité paroissiale d'autre part, et à une histoire locale. Ainsi, Saint Divy est figuré sur cette bannière car si Dirinon, (1173), "ecclesia Sanctae Nonnitae," (1218)  , ancien prieuré de l'abbaye de Daoulas, tirerait son nom de Sainte Nonne, la paroisse voue également un culte à son fils Saint Dewi, patron du Pays de Galles, qui a sa chapelle à Lannuzel et sa fontaine à Kerverrot, mais aussi sa statue dans la nef. Et c'est sans-doute lui qui figure, à coté de saint Corentin, dans une niche du retable de la Trinité, devant lequel la bannière trouve sa place traditionnelle. La chapelle date de 1702, alors que le retable et la bannière sont tous deux datés de la même époque, au début du XVIIIe siècle. 

    Moine de règle celtique, saint Divy fonde un monastère à Ménévie, au sud-ouest du pays de Galles. Il en devient évêque-abbé, et meurt en 588 ou 589.

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    Statue de saint Divy, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Statue de saint Divy, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Retable de la Trinité et bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Retable de la Trinité et bannière n° 1 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    2. La bannière n° 2 de la Crucifixion / Rosaire. 

    Bannière de procession datée du 1er quart du XVIIIIe siècle classée MH au titre d'objet le 15 juillet 1993. Tissu rouge uni brodé de 1,65 m de haut et 1,05 m de large.   (données de l'Inventaire PM29003833 ), très restaurée. 

    — Support : traverse en bois soignée, aux belles pommes de bois peint en doré  et aux glands de passementerie.  Hampe surmontée d'une croix pattée en métal.

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    A. Crucifixion.

    —Fond : Tissu de velours uni semé de sequins dorés et orné de quatre bouquets et deux fleurs, or et argent.

    —Sujet : Crucifixion.  Sol de velours gris associant rocailles et fleurs, et crâne ("d'Adam") et ossements en tissu peint. Christ en croix au dessous du titulus INRI. Le corps et le titulus sont peints, la croix, le nimbe et le perizonium sont brodés (couchure).

    "Les Crucifixions sont nombreuses, près d'une trentaine (27/43) Pour tous le même schéma, le même traitement : un seul « poncif » a servi de modèle, à des ateliers différents. La croix est solidement fixée par des coins dans un sol fleuri, vue en très légère contre plongée car on en voit l'épaisseur. Ce parti permet de mettre en évidence les yeux levés du Christ, crucifixion d 'avant l'instant de la mort, lorsqu'il prononce ses derniers mots « tout est achevé ». Le sang qui coule du côté rappelle le coup de lance, donné après la mort (Jean 19 v 31-35 ), cette contradiction, qui valut à certains peintres des difficultés de diffusion de leurs oeuvres, ne semble pas troubler les dessinateurs de bannière, qui pour accentuer le symbolisme, donnent aux gouttes de sang la forme d'une grappe de raisin ( Plougourvest ). Les fidèles d'aujourd'hui semblent ignorer ce qui leur paraît des subtilités sans objet. Les deux pieds sont posés côte à côte. Un crâne est au pied de la croix, sur l'herbe, parfois accompagné des deux tibias croisés, rappelant que le lieu de la crucifixion s'appelait Golgotha, le lieu du Crâne. On a pu y voir aussi le symbole d'Adam, enfin racheté par la mort du Christ. Plus certainement, pour les croyants de cette époque, ce crâne, se détachant sur l'herbe verte, toutes dents dehors, est une évocation de leur propre fin dernière On sait l'importance des ossuaires et reliquaires d'attache dans toute cette région immédiate. Le Christ est, on l'a signalé, le plus souvent peint sur toile fine, parfois rebrodée de points de traits soulignant l'anatomie, parfois en points fendus comme une peinture à l'aiguille. " (C. Guillou 2010)

    —Bordure : sur les cotés droit et gauche, fin galon frangé de cannetille.

    — Gousset : constitué de cinq bandes alternativement rouge et or

    — Lambrequin : cinq  festons arrondis sont bordés d'une large frange de cannetille , au creux desquels sont suspendus en sortes de pompons des glands de passementerie et cannetille, qui dissimule des clochettes en bronze.

    "Les lambrequins des bannières sorties des ateliers Landais, Tuberville, Marzin sont découpés en cinq festons ronds, très réguliers, dont les creux reçoivent quatre clochettes de bronze. Dorées à Plougourvest, elles sont le plus souvent dissimulées par une jupe de passementerie. Frangés de cannetille et galonnés d'or, ornés d'un motif extrait d'un fleuron, les lambrequins assument la double fonction d'orner élégamment le bas de la bannière et d'améliorer sa tenue au vent."

     

     

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    Crucifixion, Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Crucifixion, Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Crucifixion, Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Crucifixion, Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Détails.

     

    Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Crucifixion (détail), Bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    B. Rosaire.

     

    —Fond : Velours rouge semé en quinconce de petits séquins argentés. 

    —Sujet :   "Donation du Rosaire", bannière de confrérie. Il s'agit de la traduction brodée du retable  qui accompagne la fondation d'une confrérie. C. Guillou en dénombre 10 sur les 43 bannières de son étude.

     

    "D'après certains auteurs, la Bretagne a connu de très bonne heure la pratique du Rosaire : le chevalier-moine Alain de la Roche  la propagea dans le pays de Dinan dès le XIIIe siècle. Que la Bretagne ait entendu les sermons d'Alain de la Roche, ou qu'elle ne les ait connus que par des résumés transcrits par ses confrères dominicains, il est certain qu'en cette province il fit des adeptes, puisque ce fut à la demande du duc François II et de la duchesse Marguerite de Foix que, le 12 mai 1479, le pape Sixte IV promulgua une bulle approuvant la dévotion du Rosaire et accordant des indulgences aux fidèles qui le réciteraient.

    Les confréries du Rosaire sont, de toutes les associations de Basse-Bretagne, celles qui ont laissé le plus grand nombre de monuments de leurs générosités ; mais ces monuments ne sont pas anciens, car elles ne commencèrent à se répandre que vers 1630. Etablies dans la plupart des paroisses, elles survécurent à la Révolution; mais elles se montrèrent moins actives et moins généreuses au XVIIIe siècle que pendant le siècle précédent.

    C'était le privilège de l'ordre des Dominicains d'établir la confrérie dans les différentes paroisses, mais c'était toujours à la condition que la confrérie aurait dans l'église son autel particulier, surmonté d'une représentation peinte ou sculptée de la sainte Vierge remettant le chapelet à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne. Ce tableau principal, ou ce groupe en bas-relief ou en haut-relief, était généralement entouré de quinze médaillons représentant les quinze mystères." (Bienheureux Alain de la Roche

    "  Le schéma iconique est le même que celui des tableaux, mais simplifié, sans les médaillons des mystères. La Vierge au centre, assise, tenant l'enfant assis sur son genou droit. L'enfant se penche vers Dominique à genoux, en habit noir et blanc de son ordre, symétriquement, Catherine pareillement vêtue, mais couronnée d'épines. Tous deux tiennent à la main un bouquet de fleurs blanches. Des divers attributs dont sont parfois enrichis les nombreux tableaux ne restent que l'orbe au sol et deux fois au moins le livre ouvert. " (C. Guillou 2010)

    —Bordure : fin galon et franche de cannetille

    — Gousset : cf. Crucifixion.

    — Lambrequin : cf. Crucifixion. Bouquet à fleur à cinq pétales blancs.

    — Similitude : avec la bannière de la Crucifixion/Rosaire de l'église Sainte-Ediltrude à Tréflez, datée de 1761

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    Rosaire,  bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Rosaire, bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Rosaire, détails.  Tête de la Vierge.

    La tête est peinte sur toile fine cernée d'un cordon marron. Le nimbe traité en couchure alterne des cordons marron clair à points de fixation radiants  et de grands sequins argent tenus par un fil concentrique.

     

    Tête de la Vierge, Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Tête de la Vierge, Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Détail : l'Enfant-Jésus.

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    l'Enfant-Jésus. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    l'Enfant-Jésus. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Détail : Sainte Catherine de Sienne .

    Sainte Catherine de Sienne . Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Sainte Catherine de Sienne . Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Saint Dominique de Guzman.

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    Saint Dominique de Guzman.  Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Saint Dominique de Guzman. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Détails : anges des nuées.

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    Un ange des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Un ange des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Autre ange.

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    Un ange des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Un ange des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Couchure concentrique des nuées.

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    Couchure concentrique des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Couchure concentrique des nuées. Détail de la bannière du Rosaire, (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    L'un ces cinq  glands de cannetille, dissimulant une clochette.

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    Gland de cannetille de la  bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Gland de cannetille de la bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Clochette de la  bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Clochette de la bannière n° 2 (1700-1725) de l'église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    La bannière du Rosaire dans son contexte.

    Comme la bannière de saint Divy placée devant sa statue devant le retable de la Trinité, à droite du chœur, celle-ci est placée devant l'autel du bras nord du chœur, face au retable du Rosaire.

    Note : Couffon indique "Retable du Rosaire, autrefois maître-autel : il fut commandé le 26 septembre 1724 à Fenestre, sculpteur à Quimper, ainsi qu'un retable du Saint-Sacrement." Cette commande survient peu après l'agrandissement de l'église et l'élargissement du transept, en 1712-1714. 

    Mais les statues de saint Dominique et de sainte Catherine ont été attribuées en 1988 par Y-P. Castel à Jean Berthoulous ou Bertoulous, sculpteur qui eut son atelier à Morlaix en 1630 (porte du tabernacle de Sainte-Melaine 1639) avant de le transférer sur Brest. Il est l'auteur des retables de Plougastel-Daoulas (Rosaire, 1654), Saint-Thégonnec (1668), Sizun (Rosaire,1655),  Plougasnou (Rosaire, 1667-1668), Saint-Jean-du Doigt (1646-1647).

    Comparer avec le retable du Rosaire de Crozon par Maurice Le Roux, 1664.

    La date retenue par Couffon n'est pas complètement compatible avec cette attribution des deux sculptures à Jean Berthoulous : cela suppose un réemploi depuis un retable antérieur.

    J'ajouterai que les auteurs de la monographie de l'APEVE signalent la particularité de la Vierge à l'Enfant : "l'enfant semble sortir d'une poche". or, cette particularité, qualifiée de "Vierge kangourou" est aussi propre à Jean Berthoulous et on la retrouve à Plougastel, Sizun, Plougasnou. Ce sont donc les trois statues de la Vierge, de saint Dominique et de sainte Catherine qui proviennent d'un retable antérieur du au ciseau de Berthoulous.

     

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    Retable du Rosaire, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Retable du Rosaire, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Retable du Rosaire et sa bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Retable du Rosaire et sa bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    3. AUTRES BANNIÈRES.

     

    a) Bannière de Sainte Nonne (moderne)

    Bannière de Sainte-Nonne, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Bannière de Sainte-Nonne, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    Bannière de sainte Nonne : recto, l'Immaculée Conception et le monogramme marial MA.

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    Bannière de Sainte-Nonne, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Bannière de Sainte-Nonne, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    b) 

    Bannière de sainte Anne éducatrice, bas-coté sud

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    Bannière de sainte Anne éducatrice, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

    Bannière de sainte Anne éducatrice, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2016.

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    L'ARMOIRE À BANNIÈRES.

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    Les bannières de l'église de Dirinon sont, comme ailleurs, conservées dans une "armoire à bannière", meuble singulièrement adapté à cet usage par sa forme en T. La partie haute est une armoire habituelle, mais elle s'accorde avec une partie basse semblable au coffre d'une horloge. Ainsi, les bannières sont rangées sur leur support, la hampe se logeant dans la partie étroite bien-sûr. Elles trouvent place au bas de la nef et accueillent les bannières qui ne sont pas "à poste", dans le chœur. Certaines armoires sont anciennes, datant du XVIIe siècle et parfois datées, mais celle de Dirinon est en bois vulgaire et date sans-doute du début du XXe siècle. 

    Aujourd'hui encore, l'armoire de Dirinon renferme six bannières en plus des quatre qui sont soit dans le chœur ou dans la nef. Elles ont été restaurées  (simple nettoyage) voici une dizaine d'années, et la restauratrice a pris le soin de les placer dans une housse de toile blanche portant une description sommaire. Bannière de Sainte Thérèse ("Puie de rose et monogramme ST), de la Sainte Famille, de sainte Bernadette, de la Congrégation des Enfants de Marie...

     

     

     

    Armoire à bannière,  église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Armoire à bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Armoire ouverte et presque vidée de son contenu.

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    Armoire à bannière,  église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

    Armoire à bannière, église Sainte-Nonne de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Détail de la bannière de la Sainte Famille / An Itron Varia (face verte et face bleue).

    On y trouve :

    1) les armoiries épiscopales et la devise en breton de Mgr Duparc :

     Adolphe-Yves-Marie Duparc né le 05.02.1857 à Lorient, évêque de Quimper le 11.02.1908. = le 08.05.1946 à Quimper.

    Armes : Parti : 1) d’azur à l’agneau d’argent – 2) d’or au lion de sable, tenant une crosse – Slt) un chef d’hermines. Devise : Meulet ra vezo jezuz krist (que soit loué Jésus-Christ).

    2) Les armoiries papales de Pie X :

    Pie X (Giuseppe Sarto), pape de 1903 à 1914

    D'azur à l'ancre de sable posée sur une mer d'argent et d'azur accompagnée en chef d'une étoile d'or, au chef d'argent au lion d'or léopardé et ailé, tenant un évangile ouvert de même portant le texte "PAX TIBI MARCE EVANGELISTA MEUS" en lettres de sable.

    Par conséquent, cette bannière a été réalisée entre 1908 et 1914. C'est en 1901 que Mgr Dubillard, évêque de Quimper et du Léon de 1901 à 1908, décida  d'instaurer une Commission diocésaine d'histoire et d'archéologie, laquelle fut dotée du Bulletin diocésain d'Histoire et d'Archéologie, le fameux BDHA . Le premier recensement des bannières du diocèse, qui en signale 2 à Dirinon sans les décrire, date également de 1901. Cela créa bien-entendu une émulation  pour de nouvelles réalisations.

     

     

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    Détail de la bannière de la Sainte Famille (1908-1914), église de Dirinon.  Photographie lavieb-aile 2017.

    Détail de la bannière de la Sainte Famille (1908-1914), église de Dirinon. Photographie lavieb-aile 2017.

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    Bannière récente.

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    L'enclos paroissial de Dirinon IV : les bannières anciennes (XVIIIe siècle).

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    SOURCES ET LIENS.


    — ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1907, Notice sur les paroisses : Dirinon, Bulletin Diocesain d'Histoire et d'Archéologie, Quimper.

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bdd181929b72800d010461e5f4ff222d.pdf

    —APEVE (Association pour la Promotion des enclos paroissiaux de la vallée de l'Élorn), 2013, "Dirinon", texte, photos, mise en page : François LE MEN, Jean PRZYGODA, Pierre CHAMARD-BLOIS.

    — Infobretagne "Enclos paroissial de Dirinon" : http://www.infobretagne.com/enclos-dirinon.htm

    https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/71f7516bf9d58e7cc2eaa4246f072eb5.jpg

    COUFFON (René) & LE BRAS (Alfred), 1988, "Dirinon" Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.

    "Bannière du XVIIe siècle : Crucifixion et, au revers, Vierge du Rosaire. - Autre bannière ancienne, celle de saint Divy, avec, au revers l'Assomption."

    http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/DIRINON.pdf

    —FALC'HUN (Chanoine François), 1986, Dirinon, Editions Ouest-France, 32 pages.

     

    — CASTEL (Yves-Pascal) , DANIEL T., THOMAS G.-M., 1987,  Artistes en Bretagne. Dictionnaire des artistes artisans et ingénieurs en Cornouaille et en Léon sous l’Ancien Régime, Quimper, Société archéologique du Finistère. 

    — GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2010. Les bannières religieuses en Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les ”vieilles” bannières. 79 pages + 38 illustrations hors texte Ceci est le chapitre d’une thèse en cours. 2010.

    https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00546728/document

     

    L'ASSOMPTION, À DEUX ANGES et un angelot de Dirinon, a les bras ouverts et moins d'élan. (inspirée du Titien ?). Mais la rénovation lui a fait, sans nul doute, perdre de son caractère et de son charme."

    — GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2013. Les bannières religieuses , une approche du catholicisme bas-breton. Thèse de doctorat d'histoire de l'art sous la direction d'Yvon Tranvouez. UBO Brest / CRBC.

    www.theses.fr/2013BRES0070.pdf

    — GUILLOU HEMELIN (Christiane) 2016, Les bannières de Basse-Bretagne, Société des Amis de Louis Le Guennec.

    — LE BER (Georges) / PROVOST (Georges) 2003, Plougastel-Daoulas, Sizun, Plougasnou : trois retables du Rosaire de Jean Berthouloux. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère (132, p. 229-252). 

    — Site de la commune :

    http://www.dirinon.fr/l-origine-du-nom-de-la-commune-de-dirinon.htm

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