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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 13:17

 

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Présentation, toponymie.

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   Kerlaz est une ancienne trève de Plonévez-Porzay devenue paroisse en 1874, puis commune en 1932. L'origine du toponyme est d'autant plus discutée qu'on ne dispose pas d'attestation avant la forme Kerlaz de 1653, suivie de Kerlas en 1670, Ker-las en 1780 et Kerlas en 1815. La tentation est grande de rapprocher ce nom du nom latin Oppidium Occisionis, le chateau du meurtre (occidio, onis, f. assassinat), mentionnée le 26 juin  1518 dans une délibération écrite en latin (mais traduite du breton en usage) du Général (ou Conseil de Fabrique) de Plonévez-Porzay et d'y voir, comme Abgrall et Peyron en 1915 dans leur Notice du Bulletin diocésain, l'étymologie bretonne kêr-, lieu fortifié et -lazh,  le meurtre. Ils reprenaient là les travaux de l'abbé Horellou, qui n'avait pas encore publié son "Kerlaz, son histoire, ses légendes, ses familles nobles" (1920) mais  qui signalait que le nom ancien était Treffri, ou Treffriot, et qu'il avait été modifié pour garder la mémoire du jour où, à la suite d'une rixe entre l'équipe de foot (alors nommé la soule, avec un ballon en pierre...) du village du Juch et celle de la future Kerlaz, la saine émulation sportive chère au Baron de Coubertin se transforma en un sanglant pugilat.

  "Non non,_ rétorquait le recteur de Plonevez-Porzay, Monsieur Pouchous, autre érudit local, ce n'est pas cela du tout, je vais vous raconter : c'était un dimanche, et voilà que les agents seigneuriaux s'en viennent tondre la laine des pauvres paroissiens et exiger d'eux le versement d'une nouvelle taxe ! Les kerlasiens voient rouge, ils lâchent le goupillon pour le sabre, ou pour la fourche ou le penn bazh, et massacrent les percepteurs indélicats (un dimanche, toud-même !). Monsieur le recteur voit tout-de-suite qu'ils viennent de commettre une grosse boulette, il prend lui-même la bannière dédiée à Sant Jermen et se met à la piétiner et la lacérer, puis il décroche la grande croix en argent, la fracasse contre le sol, la tord sur ses genoux, et réunit ses ouailles dégrisés pour leur déclarer : "on dira à M'sieur l'baron que ses gendarmes nous ont attaqué en pleine procession, qu'ils ont voulu s'emparer de nos reliques et de la bannière de Pardon, et que c'est pour défendre ces biens sacrés que nous avons affronté ses soldats !"  Voyant qu'il ne pourrait contester une si sainte version, le seigneur (peut-être Yvon du Quelen, baron du Vieux-Chastel) trouva sage de se contenter d'exiger le versement de son champart, et de son cens et  de son droit de moulin, du droit de four, ajouté aux arrérages du droit de pressoir, d'y adjoindre les novales sur les terres mises en friche, et de retrouver une facture impayée de quelques droits d'afforage sur des tonneaux mis en perce à la Saint-Jean et dont les droits de bouchon avaient été négligés. Pourvu qu'on n'oublie pas de lui apporter sa part des bénéfices du Pardon de juillet dernier, et il passait l'éponge. Ah, il ajoutait ceci : désormais, cet endroit se nommerait Kerlaz, et ce nom sinistre persécuterait les toponymistes de tout poil pendant des générations.

Source, cuisinée façon lavieb : http://catholique-quimper.cef.fr/opac/doc_num.php?explnum_id=36 

 

    Mais les linguistes suggèrent qu'il puisse s'agir d'une forme mutée du breton kerglas ( à St Jean-du-Doigt un lieu-dit Kerlaz était  noté Kerglas en 1543) qui signifie kêr-, village et -glas, "vert, bleu, gris". Ou bien -laz serait un nom de personne et Kerglaz serait "le village de Laz". Encore une fois, personne ne peut trancher le noeud gordien à défaut de forme attestée ancienne. On se consolera en pensant à la commune de Laz (13,5 km de Pleyben), qui ne parvient pas non plus à résoudre l'énigme de son nom, et qui, de guerre lasse, pense l'attribuer au vieux breton lath-, "baguette, lance", évoquant peut-être une borne ou un menhir.

 

 L'église .

Ce qui est sûr, c'est que l'église est dédiée à Saint Germain, le mérovingien (380-448), qui fut un si dévoué agent impérial et qui participa si bien aux conciliations territoriales entre Francs et Bretons qu'il fut nommé évêque d'Auxerre en mai 418. Certains le croient breton parce qu'il est né en "Armorique", mais il s'agit de l'Armorique gallo-romaine du Ve siècle, qui inclut Auxerre dans les cinq provinces lyonnaises, sénonaises et d'Aquitaine. D'autres croient qu'il évangélisa la Bretagne parce que, en 429, Céléstin Ier l'envoya avec Saint-Loup de Troyes lutter contre l'hérésie pélagique qui sévissait outre-Manche, mais c'est, bien-sûr, de la Grande-Bretagne qu'il s'agit. C'est au cours de ce voyage que, s'arrétant à Nanterre, il décela les saintes dispositions d'une enfant nommée Geneviève, qu'il consacra : elle devint Sainte Geneviève. 

  Saint Germain est aussi le patron de l'église de Pleyben, de Laz et de Plogastel-Saint-Germain, des chapelles de Plougonven ou de Saint-Martin à Morlaix ou des chapelles du temps jadis à Crozon ou Clohars-Carnoet (René Couffon). Il est fété le 31 juillet. Il appartient à la série des saints exorciseurs et guérisseurs ; à Glomel, devant sa statue, des parents suspendaient leur enfant épileptique par les pieds au dessus des fonts baptismaux. Aucun témoignage de ce type à Kerlaz, tant à l'église qu'à la fontaine de saint Germain, Dour feunteun Sant Germen.

   L'église conserve de sa construction au XVIe siècle son porche sud (1572, 1576), son ossuaire d'attache où ont été placés depuis les fonts baptismaux, et le chevet plat. Un arc de triomphe de 1558 donnait accès au cimetière, d'où des pierres tombales de 1539 ont été placées en dallage dans l'église.Au XVIIe, le pignon ouest a été reconstruit en 1620, 1630 et 1635 en l'ornant de colonnes supportant un fronton triangulaires. La chambre des cloches fut construite en 1635, la cloche date de 1644. L'une des deux tourelles d'escalier porte la date de 1677.

 

 

http://catholique-quimper.cef.fr/annuaires/patrimoine/K.html

http://www.douarnenez-tourisme.com/fr/bienvenue/dsp/771

 

I. LES INSCRIPTIONS 

Corpus chronologique :

[1541 ?? maîtresse-vitre (détruite) : « L'AN.. M. D XLI. FUST. FAICT. CE PANNEAU ».] non vérifié

1558 : arc de triomphe du cimetière.

1566 : socle de la statue de la Vierge.

1567 : Fonts baptismaux.

1569 : socle de statue de saint Sébastien, blason Quelen/Vieux-Chastel

1572 : porche sud. blason Quelen/Vieux-Chastel.

[1576 : tympan du porche sud] Couffon, non vérifié

1588 : élévation nord

Interruption lors des guerres de la Ligue.

1603 et 1606 : élévation nord

1620 : fronton du portail ouest

1630 : Tour du clocher

1631 : galerie du clocher 

1644 : cloche (disparue) 

1660 et 1671 : flèche .

1675 : tourelle sud

 

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A l'extérieur :

1.  Au dessus du portail ouest à fronton dans le cartouche supérieur gauche :

 

M:P : BOCER . P. DE  PLONEVE & C

P. BRELIVET. FAB 1620

 Horellou a lu : "M. P. BOCER : DE PLONIAFF. Y. LUCAS. F. BRELIVET. FA."

Je propose "Messire P. BOCER, recteur de Plonévez et P. BRELIVET, fabricien, 1620". Le nom des recteurs de Plonévez-Porzay est connu de 1517 à 1538 (Harlé de Quélen) puis en 1644  (Guillaume Vergoz) et à partir de 1657  (Jean Féburier  de 1657 à 1665, Jean Corentin Billuart de 1666 à 1700, Charles Pezron de 1755 à 1763 et Mathurin Le Maître à partir de 1764). 

 

BOCER est une forme de BOSSER. Le nom Bosser ou Le Bosser est courant à Plonevez-Porzay, et on peut retrouver par exemple un Guillaume le Bosser né en 1666. Brélivet est un anthroponyme attesté à Kerlaz, et qui figure toujours dans l'annuaire de cette commune.

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kerlas 4644c

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2. Sur la face ouest de la tour :

  Y (?) LVCAS : F : 1630  

Un Bernard Lucas a fait inscrire son nom en 1653 comme fabricien de l'année sur le calvaire du placître de la chapelle Sainte-Anne La Palud, qui dépend comme Kerlaz alors de la paroisse de Plonevez-Porzay. Le nom Lucas, toujours en vigueur à Kerlas, est ainsi attesté à Plonevez ; Sébastien Lucas est signalé à Kerlaz comme décédé avant 1760. Nous trouvons de nombreux Yves Lucas dans la paroisse, mais pas vers 1630.

Horellou décrit "un clocher à flèche élancée, portant la date de 1660, et flanquée de deux tourelles couronnées de pyramides aigües, dont l'une porte la date de 1671."

 

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kerlas 4645c

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Sur le linteau ouest de la chambre des cloches :

M.G. AVAN . RECTEVR .G.QUINIOV.F. 1631 

  Le seul nom compatible avec -AVAN me semble être PICHAVANT, attesté à Kerlaz et à Plonevez. (Un Jean Pichavant fut recteur de Meilars -Confort en 1691). J'ai bien conscience qu'il est difficile de transformer AVAN en Pichavant. La fontaine Saint-Germain (sur la route de Trezmalaouen) porte l'inscription bien lisible I. AVAN : F 1639 (avec un bel exemple de N rétrograde) : il ne peut donc s'agir d'une erreur. Mais nous apprenons qu'il s'agit du fabricien et non du recteur. Si le V se lit U, nous obtenons AUAN qui ne nous avance pas.

Je veux tenter l'hypothèse de lire KERAZAN, avec la graphie K/AZAN ; mais cela n'aboutit pas. Plus acrobatique, mais plus fructueuse,  l'hypothèse K[ER]MAVAN renvoie à une famille dont Tanguy III épousa Aliette de Quelen, dame du Vieux-Chastel.

QUINIOU est un nom toujours en usage à Plonevez-Porzay.

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kerlas 4646c

Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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date de 1671.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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LES CLOCHES.

3. Sur la cloche ouest  : "Nommée Marie-Françoise par François Marc et Marie-Anne Guidat--"...

4. Une cloche date de 1903 avec l'inscription  S.S LEON XIII pape,  Mgr Dubillard évêque de Quimper [1900-1907] , Abbé Charles Salou recteur, Guillaume Le Floch président Corentin Cornic trésorier. Elle a été fondue par Havard à Villedieu. Ornement : 2 coeurs enflammés, ceint de couronne d'épine.

5. L'autre date de 1879.

Une ancienne cloche datait de 1644. Elle portait l'inscription  S, GERMAIN . KERLAZ . 1644. LORS . ETOIT . RECTEUR . M'. GUILLAUME . VERGOZ . M- . HENRI . KERSALE. CVRE . E . IEAN . CARADEC. FABRIQUE.  Le nom de Guillaume Le Vergoz est également inscrit sur le calvaire de Sainte-Anne-La Palud, paroisse de Plonévez-Porzay dont il fut recteur de 1630 à 1656.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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LE PORCHE SUD : INSCRIPTIONS ET BLASONS.

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.kerlas 4648c

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Illustration Bruno Pilorget

Illustration Bruno Pilorget

Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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6. L'inscription lapidaire (leucogranite) du porche sud et ses blasons.

Cette inscription est remarquable par son esthétique. Elle débute sur la moitié du mur de gauche, et fait retour sur l'angle pour indiquer la date, au dessus de l'ange présentant un blason. 

La partie présente sur le mur occidental est sculpté en réserve sur trois blocs de pierre. Sa lecture n'est pas immédiate, d'autant qu'elle débute par le cartouche  inférieur et se complète par un petit cartouche au dessus. Surtout, les lettres gothiques  de belle taille, aux fûts  s'achevant en losange ou en fourche, sont animés d'une liberté plus habituelle sous la plume d'un secrétaire de chancellerie que sous le biseau. L'artisan, après avoir étendu avec insouciance les premières lettres, semble s'être aperçu trop tard qu'il allait manquer de place pour le nom propre, qu'il a collé au deux-points, dont il a bricolé le début CA, avant de reporter la fin DEC au dessus. En outre, il place la ponctuation en plein milieu du nom : "CARA:DEC". 

C'est bizarre, mais cela rend l'exploration de ces témoignages du passé passionnante, car on se prend à participer  avec empathie aux difficultés du sculpteur. Ah, ce n'est pas son jour. Et je l'entends même jurer ou maugréer (ce qui est presque pareil, me dit madame CNRTL).

Bref, nous finissons par lire : PHILIBERT : CARA : DEC F

Nous nous tournons maintenant tous ensemble vers la droite et nous lisons la date : 1572. Facile !

D'où la transcription "Philibert Caradec, fabricien en 1572", sur laquelle nous pouvons désormais travailler. 

Genenanet indique 277 occurrences de ce patronyme à Kerlaz, et 1171 à Douarnenez. Il vient du gallois Craddock.

Ce qui est plus intéressant, c'est que parmi les 6 nobles de Plonévez-Porzay présents à la Montre de Carhaix en 1481 figure Yvon Caradec, "archer en pal", et Henri Caradec, "en pal". La famille n'apparaît plus lors de la Montre de Quimper en 1562.

D'autre part, la cloche de 1644 portait l'inscription suivante : S, GERMAIN . KERLAZ . 1644. LORS . ETOIT . RECTEUR . M'. GUILLAUME . VERGOZ . M- . HENRI . KERSALE. CVRE . E . IEAN . CARADEC. FABRIQUE . Jean Caradec était donc fabrique ou fabricien en 1644. Cette fonction était confiée aux membres les plus aisés ou les plus notables d'une paroisse ou d'une trève.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.
Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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L'ange au blason sous la date de 1572.

Ce blason est muet. Il l'est peut-être depuis l'origine, faisant pendant à l'ange de droite.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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Vue générale de la porte intérieure.

C'est une porte moulurée, en plein cintre encadrée de pilastre et sommée d'une accolade à feuilles et fleurons. L'aisselle de l'accolade porte un visage en masque.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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Ange présentant le blason de Quelen-Vieux-Castel.

L'ange aux ailes éployées et à  la tunique plissée présente un blason mi-parti .

En 1 (c'est à dire dans la moitié gauche), les armoiries de Quelen, qui sont  burelé de dix pièces d'argent et de gueules.

En 2, les armoiries de Vieux-Chastel qui sont, et c'est amusant, presque semblable à trois fasces (ou burelles) accompagnées d'hermines 4, 3, 2, 1. 

Il faudrait reprendre cette photo à lumière frisante pour vérifier la présence des hermines ou mouchetures, que je devine en partie haute. J'ai décrit les armoiries de Jehan du Vieux-Chastel, abbé de Landévennec, ici :

http://www.lavieb-aile.com/2019/05/l-abbe-de-landevennec-jehan-du-vieux-chastel-et-la-cloche-de-1531-de-l-eglise-de-landevennec.html

 

Nous savons qu'en 1300, Geoffroy était seigneur du Vieux-Chastel. Son fils, Guillaume du Vieux-Chastel épousa, en 1335, Pleuzou de Quintin, fille de Geffroy II, sir de Quintin, et leur fille Aliette du Vieux-Chastel épousa en 1372  Yvon (Eon) de Quélen, gouverneur de Carhaix. Puis viennent Conan IV et Typhaine Quelennec, puis Yvon II et Jeanne La Jeune du Chastel, puis Olivier (v1440-1521) et Marie de Berrien, puis Jean de Quelen (1490-1547) et Jeanne de Troguindy, puis René et Marie du Bot. Leur fils Pierre (dont les dates correspondent à celle de 1572 qui nous concerne), décéda en 1586 sans descendance. La branche aînée des Quélen, baron de Vieux-Chastel,  a fini à leur fille Renée de Quélen, dame du Vieux-Chastel, qui épousa, vers 1590, Claude de Lannion, Sgr de Quinipilly. Pierre de Lannion, leur fils, prend le titre de baron de Vieux-Chastel ainsi que ses successeurs.

En conclusion, ce serait ici le blason affirmant, en 1572, les droits prééminenciers de la famille de Quelen-du Vieux-Chastel, du vivant de Pierre de Quelen.

Il correspond, en inversant les parti, à cette schématisation proposée par Michel Mauguin :

 

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Michel Mauguin : Histoire de Lez-kelen.

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Les inscriptions lapidaires, la statuaire et les sablières  de l'église Saint-Germain de Kerlaz.

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LES INSCRIPTIONS INTÉRIEURES.

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7. Socle de la statue de Saint Sébastien : armoiries Quelen/Vieux-Chastel 1569.

 La date de 1569 entourent dans un entrelacs les armoiries déjà découvertes sous le porche avec la date de 1572.  C'est sans doute un ré-emploi. Là encore, un nouvel examen avec un éclairage adapté révélerait peut-être les hermines des Vieux-Chastel.

 Quoiqu'il en soit, cela avance de 3 ans  la date de construction de l'église.

   En 1569, c'est le règne de Charles IX (1560-1574) qui a alors dix-neuf ans. Les guerres de religion aboutiront au massacre de la Saint-Barthélémy (24 août 1572). Puis viendront, de 1588 à 1598, les guerres de la Ligue en Bretagne, et les pillages de la Fontenelle, installé à l'île Tristan toute proche de Kerlaz.

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kerlas 8886c

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  8.    Sur le sol devant cette statue : 1539 : la date la plus précoce de toute l'église ? Elle proviendrait d'une dalle funéraire du cimetière réemployée comme pavement . Mais selon Horellou, "Lors du dallage de l'église, du temps de M. Latreille, on dut transporter du cimetière de Plonévez-Porzay un grand nombre de vieilles pierres, tombales qu'on utilisa comme dalles à Kerlaz."

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kerlas 8887c

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  9.   Sur le mur intérieur nord de la nef :

 IA : BRILIVET : FA 1603

Horellou a lu : "SEB. CAUNAN 1606. JEAN, BRELIVET. F. 1603"

Ce Jacques BRILIVET fabricien en 1603 renvoie au BRELIVET fabricien en 1620 et dont le nom est inscrit sur la tour.

Dans l'histoire de la construction de l'église, que ces inscriptions nous racontent, il y eut une première période en  1569-1572 et même 1588, puis une interruption liée aux violences de la Ligue, puis une reprise entre 1603 et 1620.

 

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kerlas 8938cc

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 10. Sur le même mur : une très belle inscription cachée par l'art saint-sulpicien, et par l'absence d'éclairage adéquat pour la mettre en valeur. Pourtant on voit les deux registres séparés par une barre, les lettres gothiques qui, au lieu d'être régulières, s'harmonisent avec le cadre, un beau R et un superbe H en onciale dont la hampe revient sous la ligne.  Ici ce serait  G.BOVRCH.1588 . Actuellement, c'est la forme Le Bourch qui est attestée à Plonevez-Porzay (annuaire Pages Blanches 2011).

  La graphie ressemble à celle de l'inscription du porche sud qui porte PHILIBERT CARADEC F; 1572 .

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kerlas-8951c.jpg

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  11. Sur le mur du bas-coté nord ont été ré-employées des pierres portant les inscriptions :

   H. COBNAN en onciale, hormis le N central. Elle est lue de façon avisée "H. CONNAN" dans le Nouveau Répertoire de René Couffon et Alfred Le Bars. Le patronyme Cobnan n'est pas attesté, mais le premier N a la forme des lettres b ou h .

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kerlas 8941c

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12. A coté dans la même graphie malhabile : H. LORANS : F

 

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kerlas 8944c

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13.   Les fonts baptismaux ont été placés dans l'ancien ossuaire d'attache. On lit tout autour de la cuve :LMVcLXVII. MOR : AVTRET : FAB , c'est-à-dire 1567 MOR : AUTRET : Fabricien. A comparer avec la date 1569 en chiffres arabes du socle de St Sébastien, et avec la graphie de la  date LMVccLXVI (1566) du socle de la Vierge.

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kerlas 8948cc

 kerlas 8950cc

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14. Un bénitier : 1779 Y G  dans un placard en creux, sur une cuve ornée de denticules et  posée sur un fragment de colonne réemployé.

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kerlas 8939c

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II. LES STATUES : 

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  1°) Saint Germain : 

       Statue en granit polychrome du XVIe-XVIIe située à gauche du choeur dans une niche en bois du XVIIe (?) siècle. Inscription non déchiffrée sur le socle. Le commentaire des Monuments Historiques lors de l'enquête 1978 indique, sous la référence 29001214 que c'est l'oeuvre du même atelier que la Vierge qui lui fait face à droite du Choeur dans une niche analogue et avance une datation du XVIe assortie d'un point d'interrogation.

  La niche associe, sur un beau travail de restauration de la menuiserie, des éléments classiques comme les colonnes cannelées à la base peinte en faux-marbre et les chapiteaux corinthiens,  avec des rinceaux qui se rejoignent en encadrant des armoiries épiscopales stylisées. Il subsiste un pot à feu,  symbole de charité qui voisine avec un décor floral.

 

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kerlas 8858c

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  Le saint est représenté comme il se doit en évêque, bénissant de la main droite, tenant la crosse à gauche, coiffé de la mitre, revêtu d'une lourde chasuble à orfroi, portant l'étole au dessus d'une tunicelle et d'une soutane ou d'une robe violette.

   Les deux fanons de la mitre, à frangés bouillon de cannetille or, encadrent le cou comme les barbes d'une coiffe bretonne.  

 

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   Il apparaît  que la hampe de la crosse épiscopale est tenue par l'intermédiaire d'un linge.  C'est le sudarium, parfois fixé à la hampe par un crochet aménagé par les motifs ornementaux . Il figure sur les armoiries des abbés et des prélats inférieurs aux évêques, qui ne portaient pas de gants initialement. Ce voile, autrement nommé velum ou panisellus, servait à éviter de toucher le bois ou le métal précieux avec des mains moites. 

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 Les gants épiscopaux ou chirothèques sont parfaitement représentés, avec l'anneau épiscopal (où un chrisme est ébauché) qui se porte au dessus, le motif doré en quatre-feuille sur le dos du gant, et le gland qui s'oppose aux plis de l'évasement sur le poignet. Mais quelque-chose ne va pas : un anneau épiscopal se porte à la main droite, et toujours sur l'annulaire alors que ce carré doré est placé sur les majeurs des deux mains. J'ai déjà noté cela à Plogonnec sur la statue de St Thurien  Église de Plogonnec : statues et bannières. Les premiers chrétiens portaient de nombreux anneaux, ornés de symboles christiques comme le poisson, la nef, et les dignitaires reprenaient l'usage romain des annuli sigillarii ou annuli signatarii pour frapper de leur sceau leurs documents : Clovis en confère le droit aux évêques, et saint Augustin fait allusion à cet usage. Les docteurs médiévaux portaient un anneau au pouce droit pour témoigner de leur doctorat.

   L'anneau épiscopal est remis à l'évêque lors de sa consécration en signe de l'étroite alliance qu'il contracte avec l'Église comme un époux. Mais autrefois il ne pouvait le porter à l'annulaire droit que lorsqu'il célébrait la messe, et ils le plaçaient au pouce le reste du temps. Aucun autre écclesiastique ne peut porter un anneau, du moins durant la messe. (Abbé André, cours de droit canon, article "anneau", 1860).

 Puisqu'il était porté au dessus du gant, il pouvait glisser, et il était parfois assuré par un deuxième anneau de sécurité.

 

  Dans l'église de Cast, une statue de Saint évêque montre également le sudarium, et une main gauche portant une bague sur le majeur et sur l'auriculaire.

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kerlas 8897c

 

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 2°) St Even :

  Selon Wikipédia, qui sait tout, Saint Even ou Ewen n'est autre que Saint Ouen, plus simplement nommé Dadon mais néanmoins chancelier ou référendaire (garde du sceau) du roi Dagobert et donc collègue de l'orfèvre Éligius, dit Saint-Éloi. 

   Mais selon Monsieur Pouchous,  le recteur de Plonevez-Porzay de 1832 à 1885 après avoir été celui de Rumengol, an aotrou person, ce Saint Even serait un ermite né à Quimper de parents nobles qui le chassèrent de leur manoir néobreton tant ils n'en pouvaient plus de le voir, à seize ans, réciter le chapelet au lieu d'aller jouer à la soule avec les autres, faire pénitence du samedi au jeudi en plus du vendredi réglementaire, donner aux mendiants l'argenterie armoriée familiale plutôt que de mettre le couvert, et regarder tristement sa mère en se signant lorsqu'elle allait danser. Maman  lui donna son argent de poche et Papa le jeta dehors. Bien-sûr, Even commença par s'agenouiller pour se recommander à Notre-Dame et à Saint Corentin,  puis chercha si bien qu'il trouva une famille éplorée pour distribuer ses économies, et le coeur et la bourse légère, il s'enfonça dans la forêt de Nevet (celle de Locronan) pour y camper et faire des feux de bois.  Et selon les termes de M. Pouchous " il vécut saintement dans son ermitage, il y mourut vénéré des voisins" et cette vie exemplaire lui valu, non seulement une statue à Kerlaz, mais une chapelle à son nom, et son pardon le troisième dimanche de septembre. (voir Abgrall & Peyron, Notice, Bdha 1915, p. 17).

  Indépendamment de cette tradition auriculaire précieusement recueillie par l'abbé, on peut aussi noter que Saint Even est le patron de la paroisse de Ploéven, Plou-Even, paroisse dont dépendait Kerlaz avant la création de celle de Plonevez-Porzay. 

  Dans les profondeurs de Koad-Nevet, ancien nemeton gaulois où tout baigne dans une mystérieuse ambiance druidique et sacrée se trouve la fontaine de saint Even, Feunteun Sant-Even, dont les eaux sont, c'est la moindre des choses, miraculeuses.

 

   D'ailleurs, cette statue vient directement de la chapelle Saint-Even, tombée en ruine dans le bois de Nevet : c'est tout-à-fait lui, en habit monastique avec son bourdon de pélerin avec lequel il arpentait landes et taillis, garennes (Ar Waremm) et marais, empruntant hent-ar-Spern et hent-ar-Louarn, hent-ar-Maro et hent-ar-Kreiz, hent-ar-Stankou et hent-plas-ar-Lochou, tous ces chemins de Koad-Nevet.(http://www.ofis-bzh.org/upload/travail_fichier/fichier/69fichier.pdf)  .

  Elle est estimée datée du XVII-XVIIIe par les Monuments historiques, qui signalent une inscription de restauration à l'arrière : MARC F. 1885.

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3°) St Sébastien : (placé sur le socle daté 1569)

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... que les chanoines J.M. Abgrall et P. Peyron intitulèrent Ecce Homo pour un motif inexplicable, puisque les plaies sont celles des flèches du martyr de Saint Sébastien. A leur décharge, reconnaissons qu'il est inhabituel que les jambes du saint ne soient pas entravées et liées sur la colonne (aux allures de palmier) où les mains sont nouées, et encore plus inhabituel que l'éphèbe apollinien porte la barbe.  J'ai pourtant un doute puisque les Monuments Historiques y ont vu aussi en 1994 (ref PM 29000385) un Christ de Pitié ! J'examine comme un médecin légiste les onze ou douze plaies sanguinolentes, elles sont punctiformes, arrondies, elles ne peuvent correspondre à une flagellation par fouet (fut-il muni de boules de plomb) ou par branches d'épineux, et sont celles crées par la sagittation. Enfin, aucune couronne d'épine n'est présente. 

  Mais (rien n'est simple) les mêmes services MH classent sous la référence IM29001220 avec une notice rédigée par Jean-Pierre Ducouret un Saint-Sébastien statue en bois repeint daté "limite 16e-17e siècle (?)" de 140 cm avec la "mention du classement : s'agirait-il du Christ de Pitié, statue en bois de 1569 ?" dont la taille était de 131cm. 

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  4°)  Saint Michel terrassant le dragon : XVIe siècle.

 

  Certainement l'une des belles pièces de l'église, cette statue en bois peint de 1,08 m représente le chef des milices célestes brandissant son épée de feu et tenant de la main gauche la balance avec laquelle il pèsera nos âmes le jour fatal des ultimes bilans. (Un sortilège du Malin a rendu cette balance invisible).

  Cheveux longs à la mode du début XVIe, les lèvres peintes, il porte le manteau rouge à galon d'or qui le caractérise et dont il montre la doublure blanche à fleurs, au dessus de la courte armure Renaissance. N'étant pas expert, je ne m'aventurerai pas à décrire la tunique bleu-métal portant le christogramme IHS sans savoir s'il ne s'agit pas d'une brigandine, ce pourpoint de cuir recouvert de lames de métal superposées en tuiles et d'une finition extérieure en cuir, en velours ou en soie que tant de seigneurs bretons portent lors des Montres. Les canons d'avant-bras, les cubitières ou les genouillères rivetées sont peints de la même couleur métallique, alors que les cuissots, les grèves et solerets semblent remplacées par des chausses et des bas très ajustés sur de courtes chaussures. Les bandes dorées pourraient être damasquinées, ou seulement brodées. 

  Autour de la taille, une pièce protégeant bassin et trochanters  réunit braconnière et tassettes en une petite jupette bien seyante.

  Mais bien-sûr, la star involontaire est cet espèce de dobermann mâtiné de Pluto qui fait office de dragon et que son maître chatouille du pied, non sans provoquer moult aboiements et gémissements de plaisir.

 

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5°) Groupe de la crucifixion : la Vierge.

 

   Cette statue en bois de la Vierge fait partie d'une Crucifixion dont les trois éléments, vierge, crucifix et saint Jean, ont été séparés.

 

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6°) Groupe de la crucifixion : Saint Jean.

  Il indique qu'il est Jean l'évangéliste en tenant le livre de son évangile. D'habitude le manteau bleu est réservé à la Vierge et lui porte un manteau rouge, mais cette couleur est placée ici en doublure interne.  Il est imberbe, comme tout Jean l'évangéliste qui se respecte, et comme c'était la mode à la fin du XVe avec la coiffure page et l'association menton rasé-cheveux longs qui allait s'inverser vers 1520. Le cheveu est taillé court sur le front en une curieuse épilation des golfes temporaux formant une pointe, avant de libérer les mèches bouclées.

   La robe boutonnée comme une soutane est bordée en bas et aux manches  de fourrure.

 

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 III. Les sablières et les blochets.

  Elles valent à elles seules le détour, d'autant qu'elles ont été parfaitement restaurées en même temps sans-doute que le beau lambris de recouvrement de la charpente. Là, pas de boitier élécrique gris, pas de cables munis de cavaliers, pas de projecteurs mal placés, du beau travail.   Ces sculptures de chêne datent de la deuxiéme moitié du XVIe siècle et sont donc contemporaines des différentes inscriptions et statues que nous avons vu. 

        A la croisée du transept, quatre personnages vêtus de bleus contemplent le choeur. Le fait qu'ils soient barbus, sauf un (Jean) me fait penser aux quatre évangélistes.

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 Cet apôtre (?) semble singer par une frise de visages qui font les acrobates entre des angelots.

 

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   Le personnage suivant subit la même dérision de voir son portrait démultiplié par un écho visuel semblable aux éclats capricants d'un vaste rire.

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      Ici, c'est une figure ailée aux pommettes saillantes, chevelue, couronnée de feuilles, les mains jointes, à mi-chemin entre un chérubin et une renommée;

 

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   Le mystère et l'étrangeté, qui sont les charmes des sablières de nos chapelles, s'accentuent face à cette sorte de rébus où un cuir ou un drap est présenté à droite par une femme dépoitraillée comme une Bacchante et à gauche par une ange : deux mains, deux pieds, un cœur C'est un cartouche à cuir découpé des Cinq plaies du Christ, comme ceux réalisés par le Maître de Pleyben à Pleyben, ou  Sainte-Marie-du Ménez-Hom. On retrouve d'ailleurs, de ce Maître, la façon de faire tenir le coin du cartouche par un ange plein d'allant, comme celui de droite.

Mais là encore, le visage de la femme et celui de l'ange reprennent par ricochet ironique les traits du personnage qui se tient debout.

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Et que dire de ce visage coiffé d'un chapeau rond et que deux animaux écailleux encadrent ?

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On se  retrouve plus serein face aux  anges orants et adorants :

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SOURCES ET LIENS.

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— COUFFON (René), 1988.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/KERLAZ.pdf

En forme de croix latine, elle comprend une nef irrégulière de trois travées avec bas-côtés séparée par un arc diaphragme d'un transept spacieux, et un choeur peu profond accosté de deux sacristies. Le porche ouvre directement sur la nef, réduisant le bas-côté sud à une seule travée. Elle date des XVIè et XVIIè siècles. Le chevet plat est percé d'une fenêtre dont le remplage est semblable à celui de la fenêtre du transept de Pont-Croix. En 1880, elle contenait encore quatre panneaux d'une verrière datée 1541.

Le vaisseau est du type à nef obscure. Les grandes arcades ont des archivoltes très gauches pénétrant directement dans les piliers. Le mur nord de la nef porte les inscriptions : "IA. BRELIVET. F. 1603" et "G. BOVRCH. 1588". Des sablières sculptées et des blochets subsistent dans le choeur et dans le transept. Le porche porte l'inscription en lettres gothiques : "PHILIBERT. CARA. /DEC. F." (mur latéral), la date 1572 (à gauche de la porte) et celle de 1576 (tympan). Le portail ouest à fronton porte l'inscription : "M. P. BOCER. P. DE/ PLONEVE & C/P. BRELIVET. FAB. 1620".

La tour, datée à l'ouest "Y. LVCAS. F. 1630", est flanquée de deux tourelles d'escalier et porte une flèche très élancée (1671 ou 1675 sur le pan sud). Sur le linteau ouest de la chambre des cloches, inscription :"M. G. AVAN. RECTEVR. G. QVINIOV. F. 1631." ; "IAN. DOARE. F. 1675" sur la tourelle sud ; "H. CONNAN" et "H. LORANS. F" sur le mur du bas-côté nord (pierres remployées)

Mobilier : Mobilier de style néo-gothique, fin du XIXe siècle : maître-autel, chaire transformée en ambon, un confessionnal, stalles. Un second confessionnal du début du XIXe siècle. Fonts baptismaux en granit (C.), dans l'ancien ossuaire d'attache ; inscription : "L. MVcLXVII. MOR. AVTRET. FAB". Bénitier de pierre portant l'inscription : "1779. Y. G.". Statues - en pierre polychrome : dans des niches en bois polychrome ornées de pilastres, saint Germain évêque, XVIe siècle (C.), et Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Tréguron, datée "L. MVccLXVI (GV) IDAL. FABRI..." sur la console (C.) ; - en bois polychrome : groupe de la Crucifixion (le crucifix est séparé de la Vierge et de saint Jean), saint Sébastien, sans lien avec la date de 1569 sur la console (C.), saint Michel terrassant le dragon, XVIe siècle (C.), saint Even ; - en bois naturel : Vierge de la Médaille miraculeuse, vers 1950 ; - en plâtre peint : groupe de la Sainte Famille. Vitraux de l'atelier Léglise, 1917-1918 : Education de la Vierge, prédication du père Maunoir à Kerlaz, saints locaux et, dans les trois fenêtres du baptistère, épisodes de la persécution religieuse sous la Révolution. Orfèvrerie : Calice et patène en argent, il aurait appartenu à J.C. Billouart (1660-1679).

Cloche de 1644, elle porte l'inscription : "S. GERMAIN. KERLAZ. 1644. LORS. ESTOIT. RECTEVR. Mre. GVILLAVME. VERGOS. Mre. HENRI. KSALE. CVRE. E. IEAN. CARADEC. FABRIQVE.".

Trois dalles funéraires remployées dans le pavé de l'église : sur l'une, date de 1539, - sur une autre, l'inscription : "NOBLE/ MI. IOSE/PH COR/ENTIN/ BILLOVA(RT)/ 1679", et, sur la troisième : "1731/ MISSIRE/ IEAN/ LE BOT/ CVRE." (Ces pierres proviendraient de l’église ou du cimetière de Plonévez).

* L'arc de triomphe du cimetière porte la date de 1558 (C.) ; dans des niches, statues en pierre de saint Yves et de saint Germain. La croix du cimetière est aussi datée : "HIEROSME LE CARO. F. 1645" (C.). Fontaine Saint-Germain, sur la route de Trezmalaouen ; sur le fronton, "1639. I. AVAN. F." ; statue en granit du saint.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1915, B.D.H.A. 1915 : Notice sur Kerlaz

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/7985bcf61d3df7aee5988d08dd5558ee.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) Inscriptions gravées et sculptées sur les églises du Finistère.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

 

KERLAZ. A l'interieur du porche: .. ;PHILlBERT. Aux fonts baptismaux : L : MVc LXVII : MaR AUTRET· FAB. Sur le mur- nord: H : conNAN " Y . KERSALE ', ,F . H . LORENS' F. Croix du cimetiere : H[EROSME' LE . CAROF . 1645. Arc de lriomphe : 1558.

— HORELLOU (abbé) v.1920 : Kerlaz, son histoire, ses légendes, ses familles nobles (Brest, vers 1920)

http://infobretagne.com/kerlaz-eglise.htm

L'église de Kerlaz, sous le vocable de Saint-Germain-l'Auxerrois, a été construite à différentes reprises, à en juger d'après les différentes dates qu'on lit sur les murs. Elle est assez grande, mais irrégulière. Quoique d'ordre assez modeste, elle présente, dit M. le chanoine Abgrall, un caractère de noblesse et de distinction, surtout pour ce qui est de l'extérieur. Le portail ouest est surmonté d'un clocher à flèche élancée, portant la date de 1660, et flanquée de deux tourelles couronnées de pyramides aigües, dont l'une porte la date de 1671. Ces dates semblent en désaccord avec la physionomie gothique de tout cet ensemble, mais elles doivent cependant être vraies, car les profils de certaines moulures et des bandeaux horizontaux concordent avec le style de cette époque. La hauteur totale du clocher est de 40 mètres. La flèche est postérieure de plusieurs années à la base, sur laquelle on lit les dates de 1620 et 1630. Outre ces dates, le clocher porte diverses inscriptions. Au-dessus de la porte principale on lit : M. P. BOCER : DE PLONIAFF. Y. LUCAS. F. BRELIVET. FA. Les ouvriers de M. Gassis ont rendu plusieurs de ces inscriptions illisibles en voulant les rajeunir. Le clocher possédait jusqu'au rectorat de M. Salou une ancienne cloche portant l'inscription suivante : « 1644 : S. GERMAIN P. P. N. LORS ETAIT RECTEUR GUILLAUME VERGOZ ET HENRI KERSALE, CURE. J. CARADEC. F. ». Cette cloche était fêlée depuis longtemps et sa voix n'était guère harmonieuse ; malgré cela, la population était restée très attaché à cette relique de l'ancien temps, et lorsqu'il fut question de la remplacer, M. Salou, alors recteur de la paroisse, rencontra une opposition très sérieuse ; mais on se consola bien vite lorsqu'on entendit le nouveau carillon jeter aux quatre coins de la paroisse ses notes argentines et harmonieuses.

Sur la facade midi, fait saillie un porche qui est absolument dans la note gothique de la première moitié du XVIème siècle. A l'intérieur du porche, de chaque côté de la porte d'entrée de l'église, on voit des écussons portant les armoiries des Quélen-Vieux-Châtel. Sur le mur Ouest, à gauche quand on entre sous le porche, on lit le nom de PHILIBERT CARADEC. F. 1572.

Entre ce porche et l'angle de la façade ouest, était autrefois un petit ossuaire ajouré de deux baies moulurées, à cintres surbaissés. M. Latreille a transformé cet ossuaire en une élégante petite chapelle où se trouvent aujourd'hui les fonts baptismaux.

A l'intérieur de l'église, sur le mur nord, on lit : SEB. CAUNAN 1606. JEAN, BRELIVET. F. 1603 et plus loin la date de 1588.

L'église est pourvue d'un mobilier neuf, datant du temps de M. Latreille. Le maître-autel, les deux autels latéraux, la balustrade, la chaire à prêcher et le nouveau confessionnal sont en châtaignier sculpté et verni.

Les statues vénérées dans l'église sont saint Germain l'Auxerrois, patron de la paroisse, et Notre-Dame de Tréguron, qui est invoquée surtout par les mères et les nourrices qui ont besoin de lait pour leurs nourrissons. Outre ces deux grandes statues, on voit encore sur la façade Est, du côté de l'Epître, les statues de Jeanne d'Arc, de la Sainte-Famille, groupe bizarre et de mauvais goût, de saint Even et de saint Sébastien, que quelques-uns ont pris pour un Ecce Homo. Cette dernière porte sur son socle un écusson avec les armoiries des Quélen-Vieux-Châtel.

Sur la même façade, du côté de l'Evangile, on voit les statues du Sacré-Cœur, de saint Jean-Baptiste, de saint Michel terrassant un dragon, cette dernière provenant de la chapelle de Saint-Michel en Plonévez-Porzay. Plus loin, sur le mur nord, se trouve une autre statue très ancienne, ne portant pas de nom. On dit qu'elle est venue de la chapelle de Saint-Even.

On voyait, aussi autrefois, adossé au pilier midi, un groupe en pierre, très curieux et très primitif, représentant saint Hervé, le chanteur aveugle, guidé par son petit compagnon Guic'haran, qui conduit un loup en le menaçant d'un fouet armé de gros nœuds. Ce groupe provenait ide la chapelle de Saint-Mailhouarn, à Lesvren (Plonévez-Porzay). M. le chanoine Abgrall déplore à juste titre sa disparition de l'église de Kerlaz. Sous prétexte que c'était une œuvre de style un peu barbare, on a cédé, pour une destination profane, cette statue qui avait été vénérée pendant quatre siècles par les paroissiens de Kerlaz. En attendant sa rétrocession et sa réinstallation à la place qu'elle n'aurait jamais dû quitter, le R. P. Le Floch a eu la bonne et pieuse pensée de la reproduire aussi fidèlement que posible dans un des nouveaux vitraux.

La fenêtre absidale contenait autrefois, une maitresse-vitre qui a disparu. Elle était composée des sujets suivants : 1°) Couronnement d'épines ; 2° Notre Seigneur en croix entre deux larrons ; 3°) Descente de croix ; 4°) saint Jean-Baptiste présentant un chanoine donateur, avec un écusson portant « d'azur à trois poissons d'argent ». Au bas se trouvait cette inscription : « L'AN.. M. D XLI. FUST. FAICT. CE PANNEAU ». Le nouveau vitrail reproduit toutes ces scènes, à l'exception de la dernière.

Au milieu de la nef, en face de la chaire à prêcher, se trouvent deux pierres tombales qui pourraient faire croire au visiteur non averti qu'il y a là deux sépultures. La première porte l'inscription : « Jean Le Bot, curé de Kerlaz » ; la seconde : « Corentin Billova, etc. ». Le reste est illisible. D'après les renseignements fournis par M. l'abbé Briand, recteur de Plomeur, ce Corentin Billova est né à « Maner ar Goff », en Plomeur. Il fut pendant quelques années recteur de sa paroisse natale, d'où il fut transféré à Plonévez-Porzay, le 2 février 1666, et où il mourut le 11 juin 1700. La présence de cette pierre tombale à Kerlaz a fait croire à plusieurs que M. Billova y a été enterré. C'est une erreur. Cette pierre provient du cimetière de Plonévez-Porzay. Lors du dallage de l'église, du temps de M. Latreille, on dut transporter du cimetière de Plonévez-Porzay un grand nombre de vieilles pierres, tombales qu'on utilisa comme dalles à Kerlaz. La pierre tombale de M. Billova, qui méritait assurément un meilleur sort, se trouva du nombre. C'est ce qui explique sa présence à Kerlaz ; mais il ne faut pas en conclure autre chose, et croire, par exemple, que M. Billova, a été enterré à Kerlaz. L'autre pierre tombale vient du cimetière de Kerlaz, du tombeau de M. Le Bot, ancien curé de la trève.

Cimetière de Kerlaz.

Le cimetière de Kerlaz n'offre rien de particulier à signaler. C'est le vieux cimetière de campagne assis à l'ombre de l'église paroissiale. Kerlaz, quoique trève de Plonévez-Porzay, possédait de temps immémorial le privilège d'enterrer tous ceux qui mourraient dans la trève. Un petit arc de triomphe de tournure Renaissance, portant la date de 1558, donne entrée dans le cimetière. Deux niches renfermant deux anciennes statues en bois encadrent la porte d'entrée appelée « An or varo ». A l'angle sud se trouve un calvaire décapité. Au milieu du cimetière s'élève un autre calvaire d'une tournure plus artistique portant la date de 1645, avec, cette inscription : « HIERONYME CARO : F. ». Autrefois, dit M. Pouchous, on exposait les Reliques à toutes les foires de Pouldavid, sur la pierre qui est au-dessus de cette inscription, et qui était appelée pour cette raison : « Aoter ar Relegou », l'autel des Reliques. Au-dessous des pieds du Christ, il y a un écusson rongé par le temps, avec les armes de Lezarscoët. Le grand vitrail du transept Sud représente le P. Maunoir, debout sur les marches du Calvaire, prêchant aux paroisiens de Kerlaz la grande mission de 1658.

- Ass. Bret : Congrès de Douarnenez, 1965

— Dilasser (Maurice)  : Locronan et sa région (Paris, 1979).

— Site de la Mairie :

https://kerlaz.bzh/patrimoine/?lang=bzh

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Published by jean-yves cordier - dans Inscriptions Sablières
15 mars 2020 7 15 /03 /mars /2020 22:48

Les sablières (vers 1555) de l'église Sainte-Pitère de Le Tréhou . II. La scène de labour. Chapelle latérale sud.

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Voir sur l'église de Le Tréhou :

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—Sur  les sablières bretonnes : 

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Chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Parmi les sept sablières sculptées de l'église Sainte-Pitère du Tréhou, datant de 1555 environ, se trouve, dans la chapelle latérale sud, en face du retable, une pièce de bois représentant une scène de labour.

Cette dernière nécessite d'être montrée (c'est mon premier but), d'être décrite et analysée (mon deuxième but) avant d'être interprétée ou même comprise. Mais dans cette triple démarche, il est nécessaire de savoir que quatre scènes similaires, mais non identiques, ont été sculptées vers la même époque sur les sablières de Sainte-Marie-du Ménez-Hom,  Bodilis, La Roche-Maurice, La Martyre et Pleyben. Les six paroisses se placent sur une ligne nord-sud de 60 km dans le Léon et la Cornouaille. 

Dans cette paroisse qui doit sa richesse au commerce de la toile de lin, il serait logique d'y voir une expression du désir des habitants de témoigner de leur activité agricole. Cela va s'avérer plus compliqué.

La scène elle même est encadrée à sa gauche par  un masque de profil avec des tiges de fleurs et feuillages partant de sa bouche, puis un blochet (un ange présentant un phylactère muet). À sa droite, elle se termine contre un blochet d'angle représentant saint Augustin évêque d'Hippone. Je pars du postulat que ces éléments restent étrangers  à cette scène du labour et je ne m'y attarde pas.

Voici la vue générale des deux pièces de bois de la sablière S1 :

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le semeur.

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A gauche, contre le blochet, un homme — un paysan — se tient de face, bras écartés. La main droite est posée sur un sac aussi haut que lui, et la main gauche tient un panier muni d'une barre servant de poignée.

Sophie  Duhem y voit "un paysan [qui] sème des graines au Tréhou, derrière la charrue qu'entraîne le laboureur" (Duhem p.238) mais je ne retrouve pas ici le geste du semeur. 

Il est vêtu d'une tunique ou veste (chupenn) rouge plissée sous la ceinture de cuir et de chausses blanches; ses cheveux sont serrés par un bandeau (ou recouverts d'un bonnet court).

Faut-il l'intégrer à la scène du labour ? Sans-doute.

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Le geste du semeur de lin est présenté à Quintin  le 3 mai 2017 :

"Les semailles du lin, grand rendez-vous des amoureux de la petite graine, se sont déroulées samedi matin, au parc de Roz-Maria. Sur la parcelle au sol extrêmement bien travaillé, sur une terre la plus fine, la plus souple et la plus moelleuse possible, Maurice Le Dourneuf a multiplié les lancers de poignées de graines. L'ancien veille au grain et connaît la coutume qui dit que pour que « la plante se tienne bien droite, soit vigoureuse et soit dotée d'une belle filasse, il faut que neuf graines puissent tenir dans le sabot d'un cheval ». Le lin qui fait son lit dès la première nuit, est une plante à croissance rapide, reste trois mois en terre, grandit vite et a la taille d'un doigt au bout d'un mois. La future plante est exigeante et sera sans éclat si on ne l'installe pas entre le 25 et 30 avril. En cette période de lune rousse, de saints chevaliers et de dernières gelées printanières, la semaille a bénéficié d'une fenêtre météo idéale, le lopin sera séduisant après la Saint-Pierre, au moment de la floraison. "
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/quintin/maurice-le-dourneuf-le-semeur-de-roz-maria-03-05-2017-11497530.php#7zeiuMyeU0tAvDDp.99

"Pour Maurice Le Dourneuf, un mode de semailles ancestral, le plus simple qui soit, non pas en ligne et à demeure, mais à la volée par passées parallèles en un long geste circulaire."
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/quintin/maurice-le-dourneuf-le-semeur-de-roz-maria-03-05-2017-11497530.php#7zeiuMyeU0tAvDDp.99

 

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La scène de labour.

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La culture des céréales se faisait au moyen d'instruments spécifiques préparant le sol avant d'y enfouir la graine . La première étape, celle de la préparation du sol, diffère peu selon la nature des cultures céréalières, seigle, épeautre , etc. , mais elle est fondamentale . Pour les petites surfaces cette préparation du sol s'effectuait avec des outils manuels, bêche , houe , et pour les autres avec des instruments aratoires tractés par l'animal, il s'agit alors de l'araire et de la charrue.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le laboureur et sa charrue.

Le laboureur est penché en avant, un genou fléchi ; cette posture évoque l'effort exercé sur les manches de l'outil mais répond aussi aux exigences techniques d'une figuration sur une poutre étroite.

Il est vêtu d'une tunique courte, peinte ici en rouge, plissée dans sa moitié inférieure au dessous d'une ceinture jaune .  Il porte un bonnet sans bords, très court au dessus de cheveux mi-longs. Ses jambes sont couverts par des bas-de-chausses, et le bas des jambes ainsi que les chaussures ne sont pas visibles puisque la partie basse de la sablière n'est pas conservée.

Il tient, par une prise manuelle inversée, les deux mancherons, dont l'écartement est maintenu par une traverse.

 

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La charrue

 

 

 

 

Une charrue se distingue de l'araire par la présence d'un versoir, présence dont nous ne pouvons nous assurer ici. Le versoir est une pièce en bois, à l'origine placée d'un seul côté du soc, qui retourne la terre soulevée par celui-ci. Ce retournement ramène à la surface les couches profondes du sol et l'aère . Il enfouit en même temps la partie supérieure envahie de mauvaises herbes. C'est donc la présence ou non d'un versoir qui permet de distinguer les deux instruments et de connaître le degré de préparation du sol. Le coutre est pratiquement obligatoire dans le cas d'une charrue où sa fracture permet de bien séparer la partie du sol qui doit être retournée . La charrue est donc un instrument de travail dissymétrique , c'est la différence essentielle. Elle est généralement munie d'avant-train à roues car cela facilite le travail en donnant plus de possibilités, mais cela n'est pas obligatoire .

Il pourrait s'agir d'un "araire à avant-train à roues". La précision de la pièce sculptée est néanmoins suffisante pour reconnaître les mancherons et le timon.  Ce timon est percé de trous et, pour le raccourcir, on modifie l'emplacement de la cheville de traction dans ces trous. Sur cette cheville est accroché un cordage de traction qui est relié avec l'avant-train grâce à une chaîne.  La couleur bleu-métal indique   le soc ainsi que le coutre.

Rappel :

 

L'araire est composé de plusieurs éléments : le soc en métal qui ouvre le sol; le sep ou dental, pièce de bois sur laquelle est fixé le soc. Cette partie glisse généralement dans le sol;  le timon ou age , une longue tige de bois, droite ou courbe, qui assure la traction de l'ensemble , car il est relié soit au joug soit à l'avant-train; le ou les mancherons, parties en bois que le laboureur empoigne d'une ou de deux mains pour diriger l'instrument et modifier la profondeur du labour.  Il est  muni d'un coutre,  une pièce en métal en forme de couteau fixée sur le timon de telle façon que la partie coupante se trouve près du soc . Il fend la terre en deux quand celle-ci est soulevée par le soc et facilite ainsi le travail de l'araire pour certains sols;

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L'araire.

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 Le passage de l'araire à la charrue avec versoir et avant-train à roues s'est produit dans l'Europe du Sud-Est vers le VI-VIle siècle . Même si  deux instruments ont été utilisés concurremment et ensemble jusqu'au XXe siècle selon les régions et la nature des travaux, partons du postulat qu'il s'agit d'une charrue, vu l'ampleur de son attelage.

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http://histoire-geo-crecy.over-blog.com/article-la-vie-des-paysans-au-moyen-age-115255572.html

 

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Une araire : BnF Latin 14267, fol. 157, Décor marginal Petrus Lombardus (1095?-1160?). 1175-1200

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La suite de la charrue : l'avant-train et son timon.

 

 

Le timon repose sur un avant-train à roues, sur lequel il pivote entre deux traverses verticales. L'effort de traction des animaux s'effectue sur cet avant-train. Un "timon d'avant-train" prend la suite, et se termine par une traverse en T permettant l'attelage de la première paire de bœufs grâce à des cordages.

Ces cordages arrivent de part et d'autre de la tête des bœufs, peut-être sur un collier, bien qu'un joug ait peut-être disparu.

Ensuite, le timon se poursuit, de façon moins analysable pour moi. Il passe, par l'intermédiaire sans doute d'un très gros câble dont nous voyons les brins torsadés et le sertissage bleu-métal. Il s'articule à un joug qui accouple la deuxième paire de bœufs.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Il faut étudier la charrue, mais aussi les hommes qui l'utilisent, et, pour cela, nous devons passer en revue les divers documents iconographiques. Outre le conducteur, les mains appuyées sur les mancherons, nous voyons parfois un guide, placé à coté des animaux qu'il dirige d'un fouet.

 


 

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La charrue peinte dans les Très Riches Heures du duc de Berry (1440), miniature du mois de mars, musée Condé, Chantilly, ms.65, f.3 :

 

http://fardoise.eklablog.com/la-revolution-technologique-du-moyen-age-1-le-monde-rural-a114630558

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http://books.openedition.org/pup/3503?lang=fr

 

 

Nicolas de Lyra, Postilles sur la Genèse, Italie, entre 1395 et 1402, Paris, BN. Ms. lat. 364, f° 9.

 

 

http://mandragore.bnf.fr/jsp/classementThema.jsp

 

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-BnF Français 598, fol. 11, Cérès . 1403. Giovanni Boccaccio, (Boccace (1313-1375). ) De Claris mulieribus, traduction anonyme en français Livre des femmes nobles et renommees par le Maître des cleres femmes (13..-14..). Enlumineur Maître du Couronnement de la Vierge.

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L'attelage à deux paires de bœufs , + un bœuf de tête.

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Un attelage est tiré soit par des chevaux (qui nécessitent une plantation d'avoine), soit, comme ici,  par des bœufs.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La tête de l'attelage : l'accident.

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L'animal de tête (un bœuf a priori), attelé par un collier, est représenté incliné et comme soulevé tandis que ses pattes antérieures et son museau sont posés sur le bassin et le buste d'un personnage allongé, face tourné vers le haut.

Les bœufs tirent l'attelage en baisant la tête, ce qui justifie sans doute la présence d'un guide latéral ou de tête, et il est évident que celui (un valet de ferme) qui assure ce poste encoure de grands dangers. Ici, je pose l'hypothèse que l'homme a été renversé par le bœuf de tête, et qu'il a été grièvement blessé, ou qu'il a perdu la vie.

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Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Sablière S1, mur ouest de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Blochet : saint Augustin.

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Blochet de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Blochet de la chapelle latérale sud de l'église Sainte-Pitère, Le Tréhou (29). Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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DISCUSSION.
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Nous constatons le regroupement spatial  et temporel de 6 scènes de labourage sculptées sur des sablières dans le Finistère entre 1555 et 1575. Les 3 dernières sont attribuables au même artiste anonyme, désigné sous le nom de "maître de Pleyben". Les 6 paroisses sont situées en Haute-Cornouaille ou Bas-Léon, dans un rayon de 60 kms. Maps. La période correspond à l'âge d'or des Enclos Paroissiaux, âge d'or lui-même en relation avec la prospérité économique liée à la production, au tissage et et au commerce du lin et du chanvre. Les charrues sont de même type (un type qui n'a d'ailleurs connu d'évolution notable entre le Moyen-Âge et le XIXe) mais les attelages sont différents dans les 6 cas, par les animaux (chevaux ou bœufs) de trait ou par leur montage, procurant ainsi de précieuses données d'ethnologie rurale.

La raison d'être de ces scènes est, vraisemblablement, le désir des paroissiens de faire figurer leur activité et source d'enrichissement, désir accru par une émulation mimétique entre clochers.

Mais dans 3 cas (Le Tréhou, Sainte-Marie du Ménez-Hom et Pleyben), c'est un accident qui est montré, par lequel un des guides de l'attelage est écrasé par les animaux. Nous ignorons comment interpréter cela. Nous pouvons écarter l'interprétation donnée à Sainte-Marie du Ménez-Hom, certainement tardivement, et qui y voyait un miracle en lien avec le motif adjacent de cette sablière, une Fuite en Égypte. Ces trois scènes sont-elles commémoratives, soit d'un événement dramatique, soit d'une répétition locale de ce type d'accident. 

Il serait précieux de s'assurer que ce thème n'a pas été représenté ailleurs en France, sur les sablières ou sur un autre support, ou décrit dans la littérature de l'époque. 

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Récapitulatif du corpus.

a) Église du Tréhou v.1555. charrue à avant-train à roues, attelage de 2 paires de bœufs et 1 bœuf de tête, conducteur + 1 guide de tête, renversé par le bœuf.

b) Église Saint-Salomon de La Martyre (1560?).Charrue à avant-train à roues, et attelage à 2 chevaux + 2 bœufs + 2 chevaux +un maître d'attelage en tête. Pas d'accident.

L'église Saint-Salomon de La Martyre VI : les sablières (1560?).

c) église de La Roche-Maurice (vers 1560). Charrue à avant-train à roues, et attelage à 2 paires de chevaux +un maître d'attelage en tête. Pas d'accident ?.

d) Église de Bodilis. I. (Maître de Pleyben?, 1567).

Charrue à avant-train à roues, attelage à 4 chevaux. Un conducteur,1 guide de tête et un semeur en avant. Pas d'accident.

Les sablières de l'église de Bodilis. I. La scène des semailles et du labour (anonyme, 1567).

 

e) Chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom (Maître de Pleyben v.1575). Charrue à avant-train à roue, attelage de 4 chevaux un conducteur, 2 guides et un 3ème écrasé par l'attelage.

La charpente sculptée du collatéral nord de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern par le Maître de Pleyben (vers 1575).

f) Église de Pleyben ( Maître de Pleyben vers 1571) : haut de la nef coté sud. Charrue à avant-train à roue, attelage à 2 chevaux en couple + 1 cheval de tête. Un conducteur + un guide latéral. Accident (emballement du cheval de tête et écrasement du guide.

La charpente sculptée de l'église de Pleyben (vers 1571) par le Maître de Pleyben : le chœur et le haut de la nef. Sablières et  blochets.

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La Martyre.Photo lavieb-aile.

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église de La Roche-Maurice. Photo lavieb-aile

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Sablières (1567) de la nef de l'église de Bodilis. Photographie lavieb-aile août 2017.

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Sablières de Sainte-Marie du Ménez-Hom. Photo lavieb-aile.

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Sablière (vers 1571) du haut de nef, coté sud, de l'église de Pleyben.

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ANNEXE. 

Ma description de la sablières de Pleyben.

 La mort accidentelle du paysan écrasé par son propre attelage .

c) Le motif. Après avoir observé les sablières de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom (Plomodiern), il est facile de reconnaître l'épisode de la mort accidentelle du paysan écrase par son attelage, qui côtoyait, là-bas, la Fuite en Égypte.  Car la victime, étendue visage épouvanté tourné vers le ciel,  était plus facilement identifiable. Ici, c'est par analogie que l'on comprend que l'homme qui lève les bras juste derrière les chevaux a les jambes écrasées par la roue de la charrue, coincé entre le palonnier et la roue, et que son collègue assiste au drame en témoignant de son impuissance par ses bras écartés. Cet accident a peut-être été causé par l'étourderie du chef d'attelage, qui, au lieu de regarder ce qu'il fait, s'est retourné vers l'arrière pour observer dans le ciel quelque chose (mais certainement pas le blochet, qui n'appartient pas à ce récit).

L'attelage à trois chevaux  qui a été choisi associe deux chevaux de front, et le troisième devant les deux autres. Ce dernier, "qui marche dans la raie", et qui est trop éloigné pour être accessible au fouet du conducteur, n'est pas placé entre les deux chevaux noirs, mais sur le coté droit. 

Les chevaux sont attelés grâce à un collier d'épaule. Ils n'ont pas de mors.

La charrue à roue.

Les parties métalliques sont peintes en gris anthracite. La charrue se compose du "coultre tranchant" qui ouvre la terre et coupe verticalement la tranche à renverser, frayant le chemin au soc. La bande de terre est alors tranchée par l'aile du soc, qui casse les tiges, puis basculée vers la droite par le versoir. La charrue est guidée par deux mancherons (comme à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom) ou par un seul (comme ici). Le laboureur appuie dessus pour faire pénétrer le soc. Coultre et soc sont réunis à l'age, ou perche. 

Le sillon, tranchée ouverte dans le sol par la charrue, se nomme "raie". Et on nomme "guéret" la partie non encore labourée.

 

On distingue dans l'avant-train des charrues la roue de raie et la roue de guéret . La première roulait dans la raie, la seconde sur la terre non encore fraîchement labourée, c'est-à-dire sur l'ancien guéret. 

 Il reste quelque chose à comprendre. Les trois chevaux ont au moins une patte posée sur un élément architectural polygonal grisâtre (qui n'existe pas à Plomodiern). Le cheval de tête, qui a franchi cet obstacle, s'est emballé. Le cheval noir redresse la tête et semble hennir. 

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Le chanoine Abgrall avait indiqué, dans son analyse de cette scène à Sainte-Marie-du Ménez-Hom,, placée à coté de la Fuite en Égypte,  "La tradition du pays dit que c'est la traduction d'une légende d'après laquelle ces gens, labourant leur champ, se seraient moqués de la Sainte Vierge et de saint Joseph fuyant en Égypte, et auraient été punis sur le coup et blessés par leur chevaux pris d'une terreur panique.". Mais cette explication, suscitée sans-doute a posteriori aux habitants par la proximité des deux motifs, ne tient plus à Pleyben, où la Fuite en Égypte n'est pas représentée. D'autre part, cette tradition locale n'a jamais été confirmée par une autre source. 

A défaut de comprendre avec exactitude à quel récit ou quelle fable morale fait allusion ces deux scènes, je propose d'y voir l'illustration de la "mort accidentelle", telle qu'elle peut survenir pour frapper n'importe qui, menaçant d'emporter en Enfer un paroissien  de Pleyben (en majorité des agriculteurs) s'il n'est en règle avec les exigences de l'Église. 

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SOURCES ET LIENS.

APEVE

Sablières et statues : http://www.apeve.net/spip/spip.php?article141

BASE PALISY :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Le%20Tr%e9hou&DOM=Tous&REL_SPECIFIC=3

— DUBY (Georges), 1954, La révolution agricole médiévale , Revue de géographie de Lyon  Année 1954  Volume 29  Numéro 4  pp. 361-366 

http://www.persee.fr/doc/geoca_0035-113x_1954_num_29_4_2010

"Le premier grand changement est apporté vers la fin du VIIIème siècle avec l'introduction de l'assolement triennal, en remplacement de l'assolement biennal pratiqué depuis l'Antiquité. Il fonctionne de manière collective avec l'aménagement d'un saltus – friche, terre non cultivée, réservée à l'élevage – en proximité des forêts. La terre se régénère sur une durée plus longue et est fertilisée par l'élevage. Associée à la charrue, qui apparaît vers la même période, le défrichement va connaître un essor sans précédant à la période carolingienne. Son usage est attesté dès le Ve siècle, mais c'est avec la révolution agraire qu'elle va vraiment se répandre dans toute l'Europe. Contrairement à l'araire qui ne fait que scarifier la terre, la charrue est munie d'un versoir latéral qui rejette la terre, la retournant et créant ainsi un sillon plus profond. Associée à l'utilisation du fumier, elle va permettre de réellement augmenter le rendement. Le joug réservé aux seules bêtes à cornes depuis l'Antiquité, va être adapté ainsi au cheval et l'attelage a évolué progressivement depuis la fin de l'Empire romain." (blog Les dits de Fardoise http://fardoise.eklablog.com/la-revolution-technologique-du-moyen-age-1-le-monde-rural-a114630558)

 

COUFFON (René) 1988, .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/56a53f3ee05cfb4060f6a6fa70341225.pdf

DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes, 1997 - 385 pages, pages 169, 220, 231 à 236, etc.

 

"Le corpus rend compte du grand changement qui s'opère dans l'habillement autour du second quart du XVIe siècle. Jusqu'à cette époque, les vêtements portés sont conformes aux modèles de la garde-robe bas-médiévale européenne.

Le vêtement que porte l'homme du peuple à la fin du Moyen Âge est assez stéréotypé : il s'agit presque toujours d'une chemise ou jaque à manches longues, portée assez près du corps, fermé sur le devant par de gros boutons : ces derniers sont représentés avec précision par Jean Jouhaff à Trédrez, et remplacés à Grâces-Guingamp (1506) par un système de lacets croisés. Cette chemise, en général retenue à la taille par une ceinture (à La Martyre, Plougras, Le Quillio, Trémel (Ch. De Locquéméau), entre autres exemples) où sont parfois glissés des objets  (à Clohars-Fouesnant, La Roche-Maurice, Le Quilio), est portée sur une culotte serrée ou sur des collants « bas-de-chausses ».

Plusieurs modèles de chaussures apparaissent sur les décors. A Morlaix, un homme est chaussé de bootillons noués sur la cheville par des lacets, à Loc-Envel, un autre porte des souliers ouverts retenus par une bride passée sur le coup de pied, à Guimaëc, La Martyre et Ploërmel, les personnages ont des bottes hautes, dont l'usage était sans-doute plus fréquent chez les paysans aisés.

Chapeaux, bonnets, ceintures et chaussures sont les rares accessoires représentés sur les décors, en plus de deux exceptionnelles paires de lunettes sculptées sur les sablières conservées au Musée Dobrée à Nantes, et dans l'église de Loguivy-Plougras.

La plupart des individus sont coiffés de chapeaux à bords relevés, les autres de chaperons dont l'usage semble tardif comme en témoignent les petits pêcheurs des sablières de la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun (1554) et le laboureur de l'église de Bodilis (1567). Nous n'avons d'ailleurs pas noté de changement notable dans cette tenue « de base » parfaitement adaptée aux travaux manuels et utilisée semble-t-il sans interruption jusqu'à la fin du XVIe siècle.

Un autre type de vêtement apparaît sur les frises, dont l'emploi paraît aussi répandu que celui de la précédente tenue. Plusieurs personnages portent une tunique longue, ou robe courte, serrée à la taille par une ceinture. Quelques exemples ont été relevés sur des reliefs bas-médiévaux, et sur plusieurs sablières datées du XVIe siècle, voire plus tardives : les hommes vêtus de la sorte sont des paysans ou des laboureurs sur les poutres de La oche-Maurice, du Tréhou, de Guengatet de Magoar, et des musiciens, à Callac, Pluméliau et Cléguérec.

Alors que le vêtement populaire, la « tenue de travail », ne semble pas connaître de grands changement d'aspect jusqu'à la fin du XVIe siècle, les vêtements portés par les représentants des classes privilégiées sont, au contraire, plus variés." S. Duhem 1997 Page 233-234 :

 

ENLUMINURES : labour à la charrue ; labour et semailles

a) Sur Mandragore :

-Français 138, fol. 13, Jason semant les dents du dragon

-Français 331, fol. 106v, Jason semant les dents du dragon

-BnF Français 598, fol. 11, Cérès . 1403. Giovanni Boccaccio, (Boccace (1313-1375). ) De Claris mulieribus, traduction anonyme en français Livre des femmes nobles et renommees par le Maître des cleres femmes (13..-14..). Enlumineur Maître du Couronnement de la Vierge.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84521932/f32.item.zoom

-Français 1630, fol. 42, Renart et le laboureur

-Français 1630, fol. 42v, Renart labourant

-Français 12420, fol. 12, Cérès

-Français 12420, fol. 12, Cérès

-BnF Latin 14267, fol. 157, Décor marginal Petrus Lombardus (1095?-1160?). 1175-1200

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8541007m/f315.image

-BnF Latin 15675, fol. 3v, Massacre des serviteurs de Job

-Néerlandais 1, fol. 116v, Boèce et les paysans

 

b) sur Enluminures :

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER_TITLE&LEVEL=1&GRP=0&REQ=%28%28LABOUR%20A%20LA%20CHARRUE%29%20%3aSUJET%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=LABOUR%20A%20LA%20CHARRUE&SYN=1&IMAGE_ONLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=%27LABOUR%20ET%20SEMAILLES%27

CORROZET (Gilles), (1510-1568) Ung laboureur son lin semoit.:

 http://www.ruedesfables.net/de-lhirondelle-des-autres-oiseaux/

— CAHIERS LORRAINS, 1994, no 1 Mars Cahiers lorrains Archéologie et ethnologie le soc d'araire gallo-romain de tarquimpol réexaminé. 

http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/43284/CL_1994_1_3.pdf?sequence=1

 

— LALAUSE(de), 1784, Cours complet d’agriculture, Hôtel Serpente, 1784 (Tome troisième, p. 51-144).

https://fr.wikisource.org/wiki/Cours_d%E2%80%99agriculture_(Rozier)/CHARRUE

 

— LE LIN COTÉ NATURE :

https://www.lelin-cotenature.fr/FR/La-Bretagne-cultive-le-passe-et-prepare-l-avenir-110.html

 

—POLGE (Henri), 1967, L'amélioration de l'attelage a-t-elle réellement fait reculer le servage ? Journal des Savants  Année 1967  1  pp. 5-42 Fait partie d'un numéro thématique : Janvier-Mars 1967

https://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1967_num_1_1_1144

"Tout charroi animal suppose en tout temps et en tout lieu :

1° une surface ou un périmètre de déplacement, exploitation agricole, carrière de marbre, cirque, rue, route x, etc. ;

2° une, deux ou plusieurs bêtes de trait, habituellement des solipèdes ou des bovidés, plus rarement des cervidés ou des caméliens, des chiens, etc. Animaux qui diffèrent entre eux par leurs aptitudes naturelles et aussi, le cas échéant, par l'idée que l'on s'en fait ;

3° un dispositif d'attelage (attache des animaux et attache du véhicule) ;

4° une, deux, trois ou quatre roues, exceptionnellement plus, et une charge plus ou moins bien disposée par rapport à elles ;

5° un, deux ou plusieurs véhicules (train) qui diffèrent de construction selon les époques et de conception selon les usages auxquels on les destine ;

6° un, deux ou plusieurs conducteurs qui ont pour mission de stimuler, de guider, de freiner et d'arrêter le véhicule, soit qu'ils marchent à côté (petites vitesses), soit qu'ils se fassent porter (plus grandes vitesses) ;

7° un dispositif de freinage permettant d'agir soit sur les bêtes de trait, soit sur la voiture, soit sur les deux à la fois ;

8° éventuellement des accessoires divers, actifs (comme un tortoir) ou passifs (comme un marche-pied, un porte-fainéant, un siège, etc.).

Pour tendre les traits, le bœuf baisse la tête ; s'il sent une résistance accrue, il appelle sur son avant-train la majeure partie de sa masse tandis que son train postérieur ne sert qu'à donner au corps l'impulsion progressive (en marche arrière il est mal à l'aise) ; au contraire le cheval emploie sa force musculaire à s'appuyer plus ou moins fortement sur la bricole ou le collier au point qu'il tombe en avant si les traits viennent à se rompre. Il s'appuie sur les pieds de devant, mais plus fortement encore sur ceux de derrière, si bien qu'à la limite de son effort les pieds de devant touchent à peine le sol et qu'il a tendance à se cabrer. Donc le joug pour le bœuf et le collier d'épaules pour le cheval semblent les instruments de tirage les mieux conditionnés.

En longueur un attelage trop étiré vire difficilement, surtout en montée, où les animaux intermédiaires, entre la tête et la queue, risquent d'être déportés sur la corde, tandis qu'en descente, sauf frein efficace agissant sur le véhicule, les bêtes de timon peuvent être amenées à bousculer les bêtes de volée "

 

TRÉPOS (Pierre), 1961, Enquêtes sur le vocabulaire breton de la ferme , Annales de Bretagne  Année 1961  Volume 68  Numéro 4  pp. 601-698

http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1961_num_68_4_2141

 

— SOBRADO CORREA (Hortensio), 2004 " La fertilisation des terres dans la Galice de l’Ancien Régime (xviie-xixe siècle)"

https://www.cairn.info/revue-histoire-et-societes-rurales-2004-1-page-39.htm

—— WIKIPEDIA Le Tréhou

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Tr%C3%A9hou

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Le_Tr%C3%A9hou_Parish_close

Le Tréhou est situé dans le centre nord du département du Finistère, à l'ouest des Monts d'Arrée ; les altitudes les plus élevées se trouvent dans la partie sud-est du finage communal, atteignant 172 mètres à l'est-nord-est de Bodénan, mais descendant jusqu'à 36 mètres dans la partie aval de la vallée du fleuve côtier la Mignonne (ce cours d'eau limite au nord la commune), à l'ouest de la commune ; le bourg est vers 97 mètres d'altitude. Les vallées de la Mignonne et de plusieurs de ses petits affluents de rive gauche, notamment le ruisseau du Moulin du Pont, qui ont leur source pour la plupart dans la commune, encaissées, échancrent assez profondément le territoire communal qui est très vallonné.

Le paysage rural est traditionnellement bocager avec un habitat dispersé en hameaux et fermes isolées.

Le nom de la commune apparaît au xive siècle. Le Tréhou est probablement issu du morcellement de la paroisse de Ploudiry. Le nom de la localité est attesté sous les formes Treffou vers 1330, Trevou en 1363, Treffvou en 1446, Treffou en 1467 et 1618, Treffuou en 1481 et Le Treffvou en 1521. Le Tréhou vient du breton trevou (« la paroisse »)

La paroisse du Tréhou faisait partie de l'archidiaconé de Léon relevant de l'évêché de Léon et était sous le vocable de Sainte-Pitère, sous le patronage de Sainte Piterre. Elle avait comme trèves Tréflévénez érigée en paroisse en 1801 et Tréveur (ou Trévéreur), qu'elle a absorbée.

La culture du lin a été pendant longtemps la richesse du pays. Ce sont les juloded, paysans-marchands, producteurs du lin, qui dirigeaient la commune. Le Tréhou était au XVIIIe siècle au cœur de la zone toilière du Léon consacrée à la culture et à la transformation du lin et du chanvre : 27 kanndi y ont été dénombrés à ce jour ; selon les inventaires après décès la fréquence des métiers à tisser y était de 141,3 pour 100 inventaires, même si le lin n'y était apparemment assez peu cultivé et devait être souvent acheté ailleurs. Parmi les paysans-marchands, Guillaume Le Sanquer, de Leslurun, dont la fortune s'élève lors de son décès en 1727 à 23 738 livres selon son inventaire après décès ; celle d'un homonyme, décédé en 1733, s'élève à 27 788 livres et il donnait du travail à plusieurs tisserands.

 Repérable dès le XVe siècle, cette zone connaît son apogée au début des années 1680. Aux XVIe et XVIIIe siècles, époque des grands commerces entre la Bretagne et l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne et l’Amérique latine, alors que toutes les voiles des bateaux sont tissées en lin et en chanvre, les toiles crées, fabriquées dans le Haut-Léon, vont bénéficier d’un quasi-monopole sur le marché européen, créant ainsi une prospérité sans égale. Elle est le fait d’une petite caste de paysans-négociants, les juloded en breton, qui commercialisent leurs toiles essentiellement vers l’Angleterre via les ports de Morlaix principalement et de Landerneau. Par exemple en 1743, Morlaix reçoit 34 197 pièces de 100 aunes (soit 122 mètres) et Landerneau 10 027 ; en 1788, Morlaix en reçoit 18555 et Landerneau 2356.

Ils exploitent aussi des fermes dont la taille moyenne est de 15 à 40 ha alors que celle des autres paysans est alors, par exemple à Ploudiry, de 7 à 8 ha.

« La quasi-totalité de la production toilière est le fait de tisserands ruraux, et surtout de paysans-tisserands. Ceux-ci venaient prendre livraison du fil chez leur paysan-marchand, et ils revenaient quelques semaines plus tard rapporter leur pièce de toile. Il fallait environ un mois pour fabriquer une pièce de 122 mètres. En 1788, la zone toilière du Léon comptait un peu plus de 400 paysans-marchands et quelque 3 000 métiers à tisser (...) [Cette zone toilière] fabrique annuellement 80 000 pièces de toile de lin, soit près de 10 000 kilomètres. »

 Les marchands toiliers constituent alors l’élite sociale de la région : les "julots" (en breton juloded), à l’imitation des marchands hollandais de Morlaix, les "Julius". Implantés uniquement dans le Léon méridional ou Haut-Léon, proche des Monts d'Arrée, cette aristocratie paysanne (on parle parfois de "demi-nobles"), pratiquaient une véritable caste à très forte endogamie et jouèrent un rôle important lors de la « Renaissance bretonne », construisant églises avec un riche mobilier, calvaires et enclos paroissiaux, y compris à Plounéour-Ménez, même si ceux de certaines paroisses voisines sont plus célèbres. Ce sont ces juloded enrichis qui ont financé la construction et la réalisation des enclos paroissiaux du Léon, manifestation la plus visible de leur prospérité.

— WIKIPEDIA : article "Julod"

https://fr.wikipedia.org/wiki/Julod

"Le lin est en Bretagne une culture de printemps, semé traditionnellement aux alentours de la Saint-Georges (23 avril) ; il fleurit aux environs de la Saint-Pierre (sa fleur, couleur bleu lavande, ne dure guère plus d'une journée) et il est prêt à être récolté vers le 14 juillet. C'est une plante qui a besoin de beaucoup d'eau pour croître et qui aime des terres légèrement acides.

1ere année sarrazin semé en juin et récolté en septembre, 2ème année seigle ou froment semé en octobre ou novembre, 3ème année avoine

Dans le Léon, au Nord-Finistère, on peut toujours découvrir des maisons buanderies (ou kanndis) qui permettaient de blanchir les écheveaux de fils de lin. Il s'agissait de petites bâtisses en matériaux locaux, schistes ou granites. Elles comportaient un bassin alimenté en eau par un ruisseau et destiné à rincer le fil blanchi. Le blanchiment du fil de lin s'opérait avec de la cendre de hêtre, dans une cuve alimentée par de l'eau chauffée à la cheminée.
Environ 50 kanndis ont été retrouvés dans le pays de Landerneau- Daoulas et certains font l’objet d’un projet de restauration.

Dans les Côtes d'Armor, de nombreux villages recèlent encore des routoirs, bassins en pierre où l'on faisait rouir le lin. Ils étaient sur le trajet d'un cours d'eau et le rouissage avait lieu à ciel ouvert. Des pierres posées sur des planches permettaient de maintenir le lin immergé. Une quinzaine de jours suffisaient pour séparer les éléments fibreux et ligneux de la plante par dissolution de la pectine.
Au 19ème siècle, près de 3000 routoirs ont été dénombrés dans la région de Lannion. Depuis 2012, l'office de tourisme de la presqu'île de Lézardrieux propose des randonnées pédestres sur une boucle de 21 routoirs à lin.

Les musées présentent également de nombreux objets liés au lin: peignes à égrener le lin, brayes à lin pour broyer manuellement les tiges, broyeurs mécaniques ou moulins flamands, rouets, métiers à tisser, presses à lin, armoires à deux battants pour conserver les biens précieux de la maison dont certaines pièces de lin.
Un patrimoine bâti est toujours présent et témoigne d'un passé actif. On peut ainsi voir dans le Trégor des moulins à teiller le long des principaux cours d'eau: le Léguer, le Jaudy, le Trieux...
Enfin, le commerce des toiles a enrichi des négociants qui ont construit de belles demeures et  contribué à la richesse du patrimoine religieux: chapelles, églises, enclos paroissiaux."

 

WIKI-BREST : Histoire de la culture du lin dans le Pays de Landerneau

http://www.wiki-brest.net/index.php/Histoire_de_la_culture_du_lin_dans_le_Pays_de_Landerneau

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
3 février 2020 1 03 /02 /février /2020 23:34

La charpente sculptée (sablières et abouts de poinçon vers 1535, 2 pièces de sablières par le Maître de la nef de Plomodiern au milieu du XVIe siècle) de la nef  chapelle Saint-Tugen de Primelin.

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Voir :

Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 ("Jean Brellivet" ou maître de la nef de Plomodiern) :

En proximité avec celles-ci : les artisans anonymes du Cap Sizun au XVIe siècle :

— Et enfin :

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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PRÉSENTATION

Au lieu-dit Saint Tugen, sur le site d’une ancienne chapelle tréviale mentionnée en 1118, l'édifice actuel, long de 29m et large de 25m et dominé par une tour monumentale haute de 28m, a été construit vers 1535 par René du Menez seigneur de Lézurec et son épouse Marie du Fou. Devant l’affluence des pèlerins, il a été agrandi plusieurs fois entre 1610 et 1750. Marguerite d’Angoulême, sœur de François Ier et grand-mère d’Henri IV, y vint en pèlerinage. On trouve des dates inscrites,    comme " 1584 " dans la chambre des cloches, ou  "1595", sur une porte de  la pièce nord de la tour, avec le nom du recteur Henri Capitaine. La tour porte aussi les dates (C. Toscer) de son commencement en 1569 ["K.C. 1659" sur la tourelle d'escalier selon Abgrall ]et de son achèvement en 1582. 

La chapelle nord a été considérablement agrandie  en 1611 par les soins de l'arrière-petit-fils du fondateur, Alain du Ménez, gouverneur d'Audierne et époux de Marie de Gourcuff, et nous trouvons les  inscriptions à cette date avec les noms des fabriciens D. Mérour et F. Moal à l'extérieur de la porte nord  . En 1663, Estienne Ansquer fait graver son nom sur le bois de la porte du porche avec son titre de fabricien. La sacristie  fut construite en 1720-1721, et puis ensuite, de 1749, 1750, 1760  à 1773, la chapelle sud fut très remaniée ; le fabricien de 1750, Brénéol et celui de 1760  Yves Follic ou Follec y ont inscrit leur nom avec la mention "honoré homme".

Jean Brénéol, fabricien en 1766, a fait inscrire son nom dans la pierre à l'extérieur près de la porte.

Également à l'extérieur, sur le mur de la sacristie I. Brechonnet se signale, sans date, comme fabricien sous un buste d'homme surgissant de la façade.

Des lambris portent des peintures datées : un mariage  porte la date de 1705  et le nom du "fabrique" Yves Poulhasan. Un Baptême porte l'inscription "Messire I. Gloaguen curé de Primelin en 1705  baptise cet enfant nay depuis un moment"  Un cycle du Baptême du Christ, de la confirmation et de la confession sur la clôture des Fonts, datée de 1679 porte le nom du recteur Messire Yann Perennes et du fabricien Hervé Ploinec. Auparavant, en 1674, le même recteur Jean Pérénnès avait fait exécuter un ciel étoilé, Pierre Guéguen étant le fabricien de l'année. Et le même recteur a demander à un peintre Parader (Barader) une allégorie de la confirmation.

Le chanoine Abgrall signale aussi l'inscription Ian : Bitar : 1709 : F. sur le lambris

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 Quand la chapelle fut classée le 23 juillet 1909, il était temps, car elle était alors, dit-on, dans un état lamentable. Elle fut restaurée avec le concours des fidèles et d'un ancien missionnaire à Haïti, l'abbé Yves Velly.

Le matériel héraldique est riche. Notamment, de nombreux blasons sont présents sur les abouts de poinçons : ceux des familles du  Menez (seigneurs de Lézurec en Primelin) , Autret (seigneurs de Lézoualc'h en Goulien) , Keridiern (en Cléden-Cap-Sizun) , Saluden (seigneur de Kerazan en Cléden) , et d'autres non identifiés.

C'est un édifice de plan irrégulier précédé du massif de la tour, et comprenant un vaisseau de quatre travées avec bas-côtés et chevet plat. Au nord, au droit des trois dernières travées, une vaste chapelle en aile est  recoupée transversalement par deux arcades. Au sud, au droit de la dernière travée, une chapelle en aile, sur laquelle s'ouvre la sacristie, est alignée à l'est, comme la chapelle nord, sur le chevet de la nef.

"La nef, du type obscur, est lambrissée sur toute sa longueur. Les grandes arcades en tiers-point, de hauteur et de largeur différentes, ont leurs voussures pénétrant directement dans les piliers octogonaux. Les deux arcades édifiées en 1611, transversalement à la nef, lors de l'agrandissement de l'aile nord, sont en plein cintre avec importante clef en console. Elles reposent sur de courtes colonnes ioniques montées sur de hautes bases à corniches saillantes. Les chapiteaux ont leur tailloir décoré de volutes très développées. La plupart des fenestrages flamboyants accusent le début du XVIe siècle, mais une petite fenêtre du XIVe a été remployée dans l'aile nord. " (R. Couffon)

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La datation de la construction de l'édifice est importante pour préciser celle des sablières. Or la date de 1535 communément donnée n'a pas (Tosquer) de confirmation écrite. Mais elle est épaulée par  une pièce d'archive de 1539, qui mentionne la présence de cinq prêtres desservants la chapelle, preuve de son importance déjà grande, et de l'existence d'une couverture. 

La charpente de la nef, à lambris peint, est rythmée par cinq entraits, à engoulants et nœuds sculptés, ainsi que par des nervures qui sont animées chacune  par des abouts de poinçons en deux rangées latérales à mi-hauteur et un rang central. Je désignerai ces entraits de I à V d'est en ouest. 

J'ai compté 23 ou 24 de ces nervures (on multipliera ce chiffre par 3 pour évaluer le grand nombre des abouts de poinçon, et le travail de bénédictin de leur description exhaustive reste à faire), mais leur régularité est interrompue, entre les entraits II et III par deux nervures jumelles (très rapprochées) qui correspondent à la présence d'un blochet des deux cotés. C'est précisément à partir de ces blochets que le style des sablières se modifie brièvement, vers l'ouest, pour deux pièces sculptées par le Maître de la nef de Plomodiern vers 1544. Tout le reste appartient au style à masques espacés, un peu plus précoce.

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Aucun des auteurs de monographies ou notices  n'a décrit cet ensemble sculpté de la charpente : ni Chaussepied en 1809, ni  Velly en 1930, Couffon en 1988 et, ni Cosquer en 1987. 

Sophie Duhem, dans son étude des sablières de Bretagne, signale la chapelle Saint-Tugen à plusieurs reprises, mais ne donne pas de description détaillée de ses pièces. C'est néanmoins elle qui en ordonne le corpus en deux ensembles et qui attribue deux pièces à celui qu'elle nomme "Jean Brellivet" (maître de la nef de Plomodiern" pour moi), et c'est elle qui décrit les ateliers de menuisiers-sculpteurs de sablières très actifs en Finistère sud au début et milieu du XVIe siècle (cf. extraits infra).

Ma propre description ne sera que partielle, car basée sur des photos trop vite prises lors d'une excursion de la SAF.

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I. LES SABLIÈRES À MASQUES ESPACÉS ( VERS 1535 ).

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Au début du XVIe siècle, un artiste anonyme actif en Cornouaille adopte pour le décor sculpté des sablières  un style où celles-ci ne sont sculptées que par intervalle, de masques et de feuillages sur la pièce de bois qui est, sans l'intervalle, lisse et simplement moulurée. On trouve des exemples de ce style tout près d'ici,  dans la chapelle du Rosaire de l'église de Pont-Croix, mais aussi, selon S. Duhem, dans l'église de Combrit et , plus loin à l'est du Finistère, dans celle de Plonévez-du-Faou.

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-sablieres-des-chapelles-sud-de-notre-dame-de-roscudon-a-pont-croix.html

Ici, dans la chapelle Saint-Tugen de Primelin, ces masques correspondent à la retombée des nervures du lambris peint. Je numérote ces nervures, et donc ces masques, de 1 à 24 d'est vers l'ouest.

Les nombreux  abouts de poinçon sont sans doute contemporains de ces sablières. 

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Sud, nervure 1 : une rose.

Sud, nervure 2 : deux masques siamois

Sud, nervure 3 : une barque de pêche à trois matelots.

ENTRAIT I engoulé, décor à perforation. Poutre en deux portions assemblées  par un trait de Jupiter. Poulie au centre.

Sud, nervure 4 : 2 masques barbus.

Sud, nervure 5 : feuille d'acanthe.

Sud, nervure 6 : une rose (4 sépales, 4 pétales, un cœur)

Sud, nervure 7 : un masque humain, coiffé d'un béret, bouche triste.

ENTRAIT II, engoulé; Noeud à deux dragons (perforations)..

Sud, nervure 8 : feuille.

Sud, nervure 9 : masque humain barbu.

Sud, nervure 10 : masque humain à coiffure en U inversé.

Sud, nervure 11 (jumelle) : blochet : tête de lion.

Sud, nervure 12 et 13 :  deux dragons (style du Maître de la nef de Plomodiern)

ENTRAIT III engoulé. Écu au centre.

Sud, Masque féminin contre l'entrait

Sud, nervure 14 : feuille.

Sud, nervure 15 : masque féminin sous une coiffe.

Sud, nervure 16 : fleur (5 pétales, 5 sépales, 4 feuilles)

ENTRAIT IV semi-engoulé. Deux gueules affrontées au centre

 Sud, nervure 17 [ de part et d'autre de l'entrait] : feuille et rose.

Sud, nervure 18 : masque humain, femme échevelée.

Sud, nervure 19 : feuille d'acanthe.

Sud, nervure 20 :à préciser

ENTRAIT V engoulé (écu au centre) ; Sud, nervure 21, 

Sud, nervure 22 : à préciser

Sud, nervure 23 : à préciser

Sud, nervure 24 contre le mur : Blochet, dragon gueule ouverte langue tirée.

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Le coté nord.

Nord, nervure 1 :

Nord, nervure 2 :

Nord, nervure 3 : fleur (8 sépales)

Nord, nervure 4 : masque humain crachant deux feuilles

ENTRAIT I, engoulé.

Nord, nervure 5 : lion couché, tête tournée à gauche, queue revenant sur le dos.

Nord, nervure 6 : ange souriant, tenant un phylactère

Nord, nervure 7 : masque humain crachant deux feuilles

Nord, nervure 8 contre l'entrait : feuille 

ENTRAIT II, engoulé, à perforations.

Nord, nervure 8 contre l'entrait  : masque humain.

Nord, nervure 9 : masque léonin, bandeau occipital.

Nord, nervure 10 contre le blochet : masque léonin, bandeau occipital.

Blochet : gueule de dragon, décor à perforations.

Nord, nervure 12 et 13 :  deux dragons et médaillons (style du Maître de la nef de Plomodiern)

ENTRAIT III engoulé.

Nord, nervure 14 : feuille.

Nord, nervure 15 : écu.

Nord, nervure 16 : feuille à volutes latérales

ENTRAIT IV engoulé.

Nord, nervure 17 : à préciser

Nord, nervure 18 : à préciser

Nord, nervure 19 : masque de femme bouche ouverte.

Nord, nervure 20 : rose.

ENTRAIT V, engoulé.

Nord, nervure 20 sur l'entrait : feuille

Nord, nervure 21 masque humain cheveux en masses latérales.

Nord, nervure 22 : masque humain coiffé d'un bonnet.

Nord, nervure 23 contre le mur. Feuille d'acanthe.

Blochet : gueule de lion

 

 

 

 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Les nervures 3 et 4 et leurs sablières.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 2 : deux masques humains accolés.

Ces gueules patibulaires à la bouche  de travers et aux yeux torves sont néanmoins civilement coiffés d'un bonnet.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Une barque de pêche et trois pêcheurs.

C'est l'un des motifs les plus originaux de la chapelle, et un autre exemple  a déjà été analysé dans le chevet de l'église de Pont-Croix (mais dans la partie créée par le Maître de la nef de Plomodiern, vers 1544).

Cette barque à clins, sans gouvernail visible, laisse apparaître les têtes de trois matelots, à qui les yeux exorbités (maladresse de sculpteur ou parti-pris ?) confèrent des allures de revenants. Elle relève, de la part des paroissiens commanditaires (représentés par le fabricien) du désir de souligner l'importance du milieu maritime dans leurs modes de vie, puisqu'à l'époque,   et pour toute la région du Cap Caval de Penmarc'h à Audierne et Cap Sizun, le commerce par de forts rouliers, et la pêche permettent un développement économique considérable.

L'agrès visible à l'avant est vraisemblablement le mât, rabattu pour la pêche et visible également à Pont-Croix.

Les sablières de 1553 de la chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap-Sizun en offrent également un exemple où l'on retrouve la barque à clins, les trois pêcheurs, le mât incliné (mais aussi des poissons):

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-tremeur-trouguennour-cleden-cap-sizun/39ce641b-88bf-4768-b36e-dc58a7aef219

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:061_Cl%C3%A9den-Cap-_Sizun_Chapelle_Saint-Tr%C3%A9meur.jpg

 

Je renvois à mes commentaires sur la barque de Pont-Croix.

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-sablieres-du-chevet-de-l-eglise-notre-dame-de-roscudon-a-pont-croix.html

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Cliquez sur l'image.

Sablières (v. 1544) du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Sablières de Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun? Photo H. Moreau Wikipédia

 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 7 : un masque humain, coiffé d'un béret, bouche triste.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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L'entrait n° II : engoulants et nœud sculpté.

Cet entrait est remarquable par les deux gueules de dragons ou engoulants, avec les perforations au foret qui rendent les verrucosités de leur pelage, mais surtout par le nœud (sculpture centrale) ou deux petits dragons s'affrontent gueule à gueule.

Leurs ailes aux pennes taillés à la gouge ronde, et les multiples perforations des sinuosités serpentines de leur corps fin entrainent une confusion dans la lecture des formes, confusion tout à fait conforme au projet global de l'artiste, qui jette le trouble dans nos esprits rationnels pour nous emmener dans un monde intermédiaire et autre.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 9 : masque humain barbu.

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Ce visage est encadré par une chevelure et une barbe dont les mèches identiques sont repoussés par un vent frontal pour former une véritable crinière de lion. Et la taille du bois pour rendre ces mèches, en forme de 9, sera utilisée aussi pour les lions qui apparaitront plus loin. 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 10 : masque humain à coiffure en U inversé.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 15 : masque féminin sous une coiffe.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 18 : masque humain, femme échevelée.

C'est encore le même procédé d'animalisation de l'humain : le visage à l'ovale pur de la femme est encadré par des longues mèches enchevêtrées qui évoquent immanquablement des serpents.

 

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Sud, nervure 19 : feuille d'acanthe.

Cette élégante  feuille aux bords frisés peut évoquer une étoile.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Le coté nord.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 7 : masque humain crachant deux feuilles.

Bois polychrome, jaune pâle et bleu.

Cf infra.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 5 : lion couché, tête tournée à gauche, queue revenant sur le dos.

Bois,  polychromie jaune, bleu et rouge . La queue passe entre les pattes postérieures pour revenir sur le dos, où le fouet étale ses trois branches. La patte postérieure est marquée d'entailles de gouges pour rendre les mèches de pelage. La crinière est figurée par des rangées de volutes en 9999, dont le centre est peint de bleu. La gueule débonnaire du lion est ouverte sur une balle rosée qui est la langue. Il existe de fortes affinités entre cette façon de sculpter les lion, et celle utilisée par les tailleurs de pierre sur les façades et les crossettes des chapelles.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 6 : ange souriant, tenant un phylactère.

Le phylactère portait peu-être quelques mots peints.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 7 : masque humain crachant deux feuilles.

C'est encore un motif très habituel du vocabulaire des sculpteurs de sablière, et des sculpteurs sur pierre dès le XIIIe siècle sur les portails et chapiteaux romans. Il répond au goût de la métamorphose, et de l'alliance/confusion entre les genres animal (et humain) et végétal, accentué  par le succès des Métamorphoses d'Ovide. C'est une variante du "masque feuillu", phytomorphe où le visage est encadré, en guise de chevelure ou de barbe, par des feuilles. Par son aspect fantastique, on peut lui prêter un rôle apotropaïque (conjurant le mauvais sort, ou les esprits mauvais), les sablières formant alors autour de l'espace sacré, liturgique, une ceinture de protection intérieure à laquelle répond, à l'extérieur, celle des crossettes.

L'alternance de feuilles et de masques  humains sur ces sablières relèvent du même souci de fusion/confusion des genres, tout comme, plus loin, les masques anthropomorphes mais léonins.

https://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?id=8

https://www.sculpturesmedievales-cluny.fr/notices/notice.php?libre_Op=like&libre=masque&pos=4&id=80

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L'homme est coiffé d'une casquette aux oreillettes relevées.

On remarquera ici, mais aussi ailleurs, une intervention de restauration par laquelle un coin très effilé de bois a été introduit, peut-être dans une fissure, puis resculptée.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 8 sur l'entrait  : masque humain à facies  léonin.

La sculpture est traversée à mi-hauteur par une large pièce de bois taillée en sifflet et re-sculpée. Quoiqu'il soit difficile de faire la part des choses entre des fissures, cette pièce, et le décor, il semble que le pourtour du visage trace, en partie inférieure, des rayons, puis que vienne ensuite un bandeau occipital, et enfin une coiffure, ou plutôt une chevelure tirée en arrière.

Le bandeau occipital est fréquemment représenté en Finistère comme un accessoire qui rassemble les cheveux en arrière de la nuque avant de les laisser se répandre sur les épaules : on le vit sur des statues de la Vierge, de Marie-Madeleine ou plus rarement sur d'autres personnages. Est-ce cela que le sculpteur a figuré ici ?

L'aspect mi-humain mi-animal est dû aux lèvres épaisses (ce sera surtout le cas dans la sculpture suivante, au nez large et au menton fuyant, mais aussi à l'encadrement centrifuge du visage.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 9 : masque léonin, bandeau occipital.

 

Bois polychrome jaune pâle et bleu. Mêmes remarques que précédemment, mais la chevelure est divisée en deux masses latérales retenues par le bandeau.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Nord, nervure 10 : masque léonin, bandeau occipital.

 Bois polychrome jaune pâle et bleu. Troisième exemple du même motif, dans lequel les pommettes rondes et saillantes contrastent avec le petit menton en courge, avec un effet comique évident. Le fuseau de bois de réparation est ici plus bas.

Remarquez, sur le blochet, les perforations au foret utilisées pour rendre la peau verruqueuse du dragon, un procédé que reprendra le Maître de la nef de Plomodiern.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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II. LES SABLIÈRES À DRAGONS ET MÉDAILLONS (MAÎTRE DE LA NEF DE PLOMODIERN, VERS 1540 ? ).

Seule peut-être une expertise de la charpente, ou une compréhension de l'évolution du chantier (qui aurait selon C. Toscer débuté par le chevet) pourrait expliquer à la fois les deux nervures jumelles, la paire de blochet, et surtout la rupture de style dans deux pièces de sablières, qui abandonnent les masques et leurs répartitions sous les nervures pour un décor continu, associant dragons et médaillons. Ce décor est si caractéristique du sculpteur qui a réalisé  la nef et le porche sud de l'église de Plomodiern qu'on peut les lui attribuer sans hésitation. On reconstitue donc le parcours d'un artisan qui a d'abord œuvré au Cap Sizun, dans cette chapelle Saint-Tugen (en 1535, ou vers 1540? ), pour le chevet de l'église de Roscudon vers 1544, et pour la chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap-Sizun en 1553. Puis, il s'est rendu en Porzay 40 km plus au nord-est, pour orner la charpente de Plomodiern en 1564, ainsi que celle de la nef et du porche sud de l'église de Saint-Nic en 1562 et 1566.

Dans tous les cas, on retrouve des caractéristiques que j'ai déjà décrites pour les sites précédents.

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Vue d'ensemble, coté sud.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Les deux médaillons contiennent ce profil reconnaissable par son nez imposant, son œil d'horus, son casque (pour l'homme) et sa coiffe à perles (pour la femme), ainsi que le cercle du médaillon marqué à la gouge droite de I successifs et de perforations au foret

Les dragons sont aussi spécifiques par leurs feuilles-plumes attachés au corps par des anneaux, par leur grand œil de profil, leurs grandes oreilles, leur museau retroussé et, là encore, par les marques de gouge en C et en I, les perforations et les estafilades.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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Du coté nord ; putto tenant les queues de deux dragons, encadré par deux médaillons de profil.

Pas de surprise pour celui qui traverse la nef et qui retrouve, comme à l'école, le même vocabulaire soigneusement récité sous le regard du même couple emblématique. L'enfant barbu  nu, jambes écartées, coiffé de feuilles, retient les dragons par leur queue.

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Au nord ou au sud, il suffira d'observer les blochets ou les engoulants pour retrouver des coups de gouge et ses perforations au foret. Il n'y a pas de rupture de style entre ces dragons des poutres et ceux de ces pièces de sablières, ce qui incite à penser que ces dernières datent à peu près de la même époque, vers 1535-1540.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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QUELQUES ABOUTS DE POINÇON DE LA NEF.

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Un ange présentant un phylactère.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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L'acrobate en renversement postérieur.

Comme d'habitude, cet exercice, exécuté nu ou bien, comme ici, habillé, est l'occasion d'une exhibition virile. C'est aussi une expression du renversement des valeurs qui règne souvent  sous les lambris, entre faîte et sablières, les abouts de poinçon  étant vivement disputés entre les anges de toutes sortes (orants, chantants, musiciens, porteurs d'écu ou de phylactère, porteur d'instruments de la Passion), et d'un autre coté par des monstres, des humains difformes ou illustrant des vices, des musiciens, et des acrobates.

 

Le sujet est donc habituel, on en verra des exemples à Pleyben et à Grâces (cf liste de mes articles sur les sablières) .

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Un ange.

 

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Un ange porteur d'un écu muet.

(dans une conversation, parlez "d'ange scutifère").

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange porteur d'écu.

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Abouts de poinçon dAbouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.e la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Acrobate coiffé d'un bonnet à oreilles,  en renversement postérieur.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange présentant un écu muet.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange présentant un écu peint.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Ange porteur de phylactère.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Lion ou dragon.

Les perforations ornementales au foret, l'un des traits stylistiques de l'artiste auteur des sablières, blochets et entraits engoulés,  sont reprises ici pour rendre les particularités du pelage. La découpe  ovale doit correspondre à une réparation.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Deux roses.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Oiseau porteur d'écu.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Homme coiffé d'un bonnet, crachant des feuilles.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Homme tenant un arceau ou un phylactère ; à élucider.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Oiseau.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Feuilles.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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Homme buvant au tonnelet.

Je regrette que ma photo soit floue, car c'est l'un des  abouts de poinçon les plus truculents. On verra ce type de tonneau individuel , et ce type d'ivrognes, sur les sablières de Grâces par exemple.

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Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

Abouts de poinçon de la nef de la chapelle Saint-Tugen. Photographie lavieb-aile.

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 LES SABLIÈRES DE LA CHAPELLE NORD.

Et / ou: photos en désordre.

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Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

Sablières de la chapelle Saint-Tugen de Primelin. Photographie lavieb-aile .

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SOURCES ET LIENS.

 

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA00006352

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM29002735

 — ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Inscriptions gravées et sculptées dans le Finistère, BSAF, t. 43 p. 88-89.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f150.image

 

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

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— Congrés archéologique de France 1956

— CHAUSSEPIED (Charles), 1809, Revue de Bretagne de Vendée & d'Anjou, Volume 42.

LA CHAPELLE DE SAINT-TUGEN EN PRIMELIN (finistère)

La chapelle de Saint-Tugen est un petit édifice assez remarquable situé dans un site pittoresque, au milieu de beaux arbres et non loin de la côte et du bourg de Primelin. Bon nombre d'artistes et d'archéologues, qui s'intéressent à ce monument, se sont justement émus de son état de délabrement, et l'un d'eux, M. Bernard, en a publié, l'année dernière, une savante notice historique qui mieux encore contribuera à faire connaître cet édifice et sur laquelle nous ne reviendrons pas. Nous nous associons à son vœu et à celui de tous ceux qui ont souci de la conservation de nos œuvres d'art, pour obtenir le classement de cette chapelle parmi les monuments historiques.

Ce monument, d'un plan assez irrégulier, mesure intérieurement 29 mètres de long de l'est à l'ouest, sur une largeur de 11 mètres 30 à la base du clocher, et 24 mètres au mur du chevet. Il se compose d'une entrée voûtée accolée de deux réduits d'où partent les escaliers ; d'une nef avec bas-côtés, de transepts et d'un chœur terminés par un même mur droit, enfin d'un porche et d'une sacristie au sud. 

Cette chapelle est de deux époques distinctes, c'est-à-dire que, bâtie au commencement du XVI* siècle, elle fut considérablement agrandie et remaniée au siècle suivant. Les transepts existaient-ils primitivement ? c'est possible, mais ils devaient être plus saillants. L'édifice devenant insuffisant pour l'affluence des pèlerins qui s'y pressaient en foule à certaines époques de l'année, on démolit presque toute la partie orientale pour la reconstruire sur de plus vastes proportions. Le large transept nord est séparé par deux arcades plein cintre ornées de clefs à consoles et retombant sur des piliers massifs d'ordre ionique à chapiteaux aux volutes très développées dans le style jésuitique. La partie la plus intéressante à l'intérieur est la voûte d'arête sous la tour reposant sur de hautes et minces colonnettes dégagées, placées dans les quatre angles de la partie centrale. En raison de l'importance, de cette tour et de la flèche qu'elle devait supporter, les murs et les arcs qui la reçoivent ont une grande épaisseur et sont bien contre-butés principalement au sud par un énorme contrefort.

La plus grande richesse de cet édifice réside à l'extérieur. La façade occidentale est perche d'une belle porte ogivale surmontée d'une accolade et d'un gable flammés. Elle est encadrée de quatre contreforts ornés de niches à dés et culs-de-lampe garnis de statues, les plus rapprochas s'élevent dans toute la hauteur delà tour et sont couronnés de pinacles et de fleurons. Au-dessus de l'entrée, une élégante balustrade repose en encorbellement sur une corniche richement sculptée. La tour proprement dite est percée sur chacune de ses faces de longues et étroites fenêtres à multiples colonnettes et séparées par de petits linteaux dans leur hauteur. Une autre balustrade termine la plate-forme sur laquelle repose un lanternon polygonal bien postérieur à la construction du clocher et sans grand caractère; il remplace la flèche qui ne fut jamais exécutée. Aux angles de la balustrade se vpientles substructions des pinacles qui devaient s'élever autour de la flèche centrale. Au sud de la façade occidentale est une tourelle surmontée d'une belle flèche à pans ornée de crochets ; cette tourelle renferme le premier espalier conduisant à la galerie extérieure, puis de là, à un autre escalier placé à l'angle nord-ouest qui mène alors à la plate-forme supérieure.

Après le clocher et la façade ouest lui servant de soubassement, le porche placé au sud est la partie la plus intéressante et la plus riche de cette chapelle II est bâti sur un plan carré, flanqué de contreforts d'angle ornés de niches et de statues, et couronnés de,pinacles fleuronnés. Le tympan de l'arcade d'entrée est ajouré dans le genre de ceux des édifices de cette région, les parois intérieures des murs latéraux sont garnies de niches accouplées assez profondes pour recevoir des statues. La façade de ce porche est aussi très décorée, les remparts du pignon sont surajoutés d'une crête — sorte de balustrade ajourée —, et un gable à crochets accompagne l'accolade qui couronne l'arcade avec d'élégantes colonnettes supportant des statues.

Malheureusement cette chapelle, mal entretenue, faute de ressources suffisantes est dans un état déplorable et les toitures menacent de s'effondrer. Les bois des charpentes ainsi que les planches qui constituent les voûtes lambrissées sont vermoulus, tombent en poussière ou sont disjoints de toute part ; les ardoises, naturellement mal retenues, se détachent les unes après les autres et achèvent les ruines des parties hautes. Dans le bas-côté sud, juste en face de l'entrée du porche, s'est fait un trou béant dans la couverture par où l'eau tombe dans un puits, et qui offre de plus le grand danger pour les personnes qui pénètrent dans l'édifice de recevoir ardoises ou chevrons sur la tête. L'humidité qui s'infiltre dans les murs par suite de l'état des toitures désagrège petit à petit les maçonneries. Nous avons remarqué de nombreuses fissures, notamment au clocher.

Si l'on veut conserver ce joli monument, si l'on veut préserver les fidèles et les visiteurs d'accidents imminents, il est indispensable et urgent d'y entreprendre dès maintenant les travaux de première nécessité, nous voulons dire la réfection complète des charpentes et des couvertures. — Cela exécuté, nous aurons déjà fait beaucoup pour empêcher la ruine de l'édifice; nous pourrons alors plus tard, quand les fonds nous le permettront, songer aux restaurations des façades et de l'intérieur. Mais pour que toutes ces choses puissent être mises en chantier, il nous faut l'aide et l'appui des Pouvoirs publics. Aussi attirons-nous l'attention de l'administration des Beaux-Arts sur la chapelle de Saint-Tugen, souhaitant qu'elle classe cet édifice parmi les monuments historiques pour conserver ainsi à la postérité un des beaux exemples de notre architecture nationale et bretonne si appréciée aujourd'hui. Quimper le 17 Mai 1909.

COUFFON (René) 1988, Notice sur Primelin

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PRIMELIN.pdf

"CHAPELLE SAINT-TUGEN (C.) Edifice de plan irrégulier comprenant, précédé du massif de la tour, un vaisseau de quatre travées avec bas-côtés et chevet plat. Au nord, au droit des trois dernières travées, vaste chapelle en aile recoupée transversalement par deux arcades ; au sud, au droit de la dernière travée, une chapelle en aile, sur laquelle s'ouvre la sacristie, est alignée à l'est, comme la chapelle nord, sur le chevet de la nef. Il est dû à la munificence des seigneurs de Lézurec et fut commencé vers 1535 par René du Ménez et Marie du Faou, dont les armes décorent plusieurs clefs du lambris. Terminé à la fin du XVIè siècle, il fut agrandi en 1611 par les soins de l'arrière-petit-fils du fondateur, Alain du Ménez, gouverneur d'Audierne et époux de Marie de Gourcuff. Durant tout le XVIIe siècle, l'on s'occupa de l'embellissement de la chapelle ; puis, au XVIIIe siècle, l'on construisit en 1720-21 la sacristie, répara en 1749 la chapelle sud, qui fut à nouveau consolidée en 1773 ; et en 1770-1772, l'on restaura la tour. La chapelle fut classée le 23 juillet 1909, alors dans un état lamentable. Elle fut restaurée avec le concours des fidèles et d'un ancien missionnaire à Haïti, l'abbé Yves Velly, qui se fixa à Saint-Tugen en 1913 et y mourut le 8 mars 1933. A l'intérieur, le porche ouest, par lequel on pénètre dans la nef, était anciennement voûté sur ogives. Il donne accès à deux chambres latérales dont celle du nord, dite prison de Saint-Tugen, servait à enfermer les personnes enragées pour attendre la mort. La nef, du type obscur, est lambrissée sur toute sa longueur. Les grandes arcades en tiers-point, de hauteur et de largeur différentes, ont leurs voussures pénétrant directement dans les piliers octogonaux. Les deux arcades édifiées en 1611, transversalement à la nef, lors de l'agrandissement de l'aile nord, sont en plein cintre avec importante clef en console. Elles reposent sur de courtes colonnes ioniques montées sur de hautes bases à corniches saillantes. Les chapiteaux ont leur tailloir décoré de volutes très développées. La plupart des fenestrages flamboyants accusent le début du XVIè siècle, mais une petite fenêtre du XIVè a été remployée dans l'aile nord."

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. Pont-Croix cité aux pages 18 ; 19 ; 63 (mutilations des sablières) ;  84 (atelier de sculpture sur pierre) ; 139 ; 141 à 143 ; 156 ; 179 ; 239 ; 267 ; et 301. Voir les pages  142 à 146 pour les sablières attribuées à "Bréllivet".

 

"Le Cap-Sizun : un chantier en effervescence.

Les grands chantiers architecturaux du Cap Sizun sont commencés au cours du Moyen-Âge avec l'édification de la collégiale Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix puis de la chapelle Saint-Tugen à Primelin au siècle suivant, celle des ornemanistes, sculpteurs de statues ou de retables, et peintres de tableaux. Parmi eux, les charpentiers-sculpteurs, bâtisseurs et décorateurs à la fois, ont su trouver au Cap Sizun des occasions d'exercer leurs talents.

 

L'anonyme de Plonévez-du-Faou, première moitié du XVIe siècle :

_Chapelle Saint-Tugen à Primelin, 1ère (ou 2ème) moitié du XVIe s, partie ouest de la nef. Tête d'homme coiffé d'un chapeau. La sculpture représente des visages joufflues, souvent expressifs , coiffés de chapeaux à rebords ou de bonnets qui laissent dépasser des chevelures bouclées.

_Église de Plonévez-du-Faou, 1ère moitié du XVIe siècle. Sablières plutôt postérieures à celles de Primelin. Bustes masculins ou féminins grimaçants, séparés par des feuilles de vigne denticulées, avec un travail très recherché des expressions, des positions et des tenues vestimentaires. L'inclinaison des têtes est caractéristique, comme les modelés des visages aux joues potelées, les boucles agglutinées des cheveux, les chapeaux hauts aux bords fendus ou le traitement des chevelures féminines. Par rapport à Primelin, on trouve en plus des figures de fous en buste, coiffés de capuchons dentelés à oreilles d'âne et de petits animaux.

L'anonyme de Combrit vers 1549.

-Saint-Tugen à Primelin, nef, vers le milieu du XVIe siècle, avec des sculptures présentées à la manière ancienne, disposées à intervalle réguliers sur la sablière, puis bras du transept nord quelques années plus tard, avec des sculptures disposées en frise. Reconnaissable aux fourrures des animaux, aux rebords des végétaux formant des boucles agglomérées. Visages ronds souvent coiffés de chapeaux aux rebords évasés. Thèmes médiévaux mêlant des têtes grimaçantes et des figures dans des positions grotesques.

-Combrit en 1549.

Moutons (lions) aux crinières bouclées. Scène de pêche dans le transept sud comme à Pont-Croix et Cléden-Cap-Sizun. Mais aussi influence Renaissance avec des portraits en bustes dans des médaillons.

-Chapelle Sainte-Marine à Combrit. Scène de pêche également.

-Plomeur, chapelle de Tréminou. Ensemble de sablières inspirées des décors réalisés à Combrit (mais avec plus de maladresse), notamment les figures de dragons ont les mêmes caractéristiques.

L'œuvre de Jean Brellivet vers 1544-1564. (page 142)

"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.

L'œuvre, datée de 1564,  est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.

Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les plus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.

Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."

 

Les sculpteurs anonymes de Pont-Croix. (page 143)

Également localisés dans la région du Cap Sizun, les travaux d'un sculpteur anonyme décorent l'église de Pont-Croix.

a) Quelques sablières anciennes placées dans le bras sud du transept présentent des décors qui datent très probablement du début du XVIe siècle. Les figures principales sont constituées de bustes féminins et masculins coiffés de chapeaux et de turbans. Des représentations d'une facture très proche apparaissent dans les sanctuaires de Fouesnant et de Penmarch semblant attester un déplacement de sculpteur jusqu'au sud du diocèse.

b) L'église de Pont-Croix abrite un autre ensemble de sablières, placées à la jonction des deux chapelles du bas-coté sud sans doute au moment des modifications apportées à l'édifice au milieu du XVIe siècle. Le travail d'ornementation est élaboré, composé d'images de dragons déglutissant des végétaux, de personnages grotesques et de grylles monstrueux à plusieurs têtes. Il semble que l'auteur de cet ouvrage ait participé à la décoration de s poutres de l'église de Confort, située à quelques kilomètres de là. La conception de cet ensemble est très hétérogène mais on reconnaît à l'observation de quelques détails la facture de Pont-Croix. Les représentations, que l'on retrouve également dans l'église de Plouhinec, attestent les contacts visuels, et par conséquents la circulation des sculpteurs dans la pointe du Cap Sizun à cette époque." (S. Duhem)

 

— TOSCER (C.), 1987, La chapelle Saint-Tugen en Primelin, SHAB.p. 336-342.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/548345e82aa077.10302388/1987_24.pdf

— VELLY (Yves), 1930,   Velly Yves, “Saint Tugen et son église : joyau architectural du Cap-Sizun, monument historique monographie & explication de ses nombreux et merveilleux symbolismes,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 3 février 2020, https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/3472. .

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c3dcdf77786c24d8a65eed75a1f067f4.pdf

Wikipedia

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Primelin_%2829%29_Chapelle_Saint-Tugen_Int%C3%A9rieur_02.JPG

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières Chapelles bretonnes.
22 janvier 2020 3 22 /01 /janvier /2020 19:36

Les deux ensembles de sablières (début XVIe ? et 1659) de l'église de Landévennec .

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Voir :

sur Landévennec:

 

Sur les ateliers de sculpture des charpentes du centre-Finistère :

—Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 ("Jean Brellivet" ou maître de la nef de Plomodiern) :

—En proximité avec celles-ci : les artisans anonymes du Cap Sizun au XVIe siècle :

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—Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), attribution par S. Duhem :

 

— Attribution personnelle au Maître de Pleyben :

— Sur les réalisations d'un hypothétique Maître de Saint-Nic (1641-1676) :

Et aussi :

tous mes articles sur les sablières.

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PRÉSENTATION.

L'église de Landévennec.

"Elle comprend un clocher encastré à une chambre sans galerie, puis une nef sans bas-côtés séparée par un arc diaphragme d'un choeur à chevet plat ; ce choeur communique lui-même par deux arcades avec une chapelle nord en aile. L'édifice date en majeure partie du XVIIè siècle et a été restauré au XIXè siècle. Le clocher  porte la date de 1652 et les armes de l'abbé Pierre Tanguy, le porche des baptêmes celle de 1699 ; enfin, la sacristie est datée 1740. L'intérieur est lambrissé avec entraits engoulés. Les deux arcades en plein cintre reposent sur des tailloirs." (René Couffon)

 

"Dans sa structure, l´édifice semble remonter à la fin du 15e ou au début du 16e siècle. De cette époque datent le porche sud, l´arc diaphragme séparant la nef du choeur, des vestiges de sablières de la nef, la charpente (poinçons, entraits, blochets) ainsi que quelques baies bouchées (nef, chevet). La pierre encastrée dans la partie supérieure du chevet porte la date de 1652 ainsi que les armoiries de Pierre Tanguy, abbé de Landévennec. La façade occidentale et le clocher sont érigés en 1659 et portent les mêmes armoiries que le chevet. La date de 1699 figurant sur le pignon du porche correspond à un remaniement. La sacristie a été rajoutée en 1740. Le portail monumental remonte à la seconde moitié du 17e siècle. L´ensemble a été fortement restauré à plusieurs reprises, notamment au 19e siècle et en 1969. "(C. Douard)

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Les sablières de cette église n'ont pas été étudiées. Sophie Duhem, auteure de référence, n'en parle pas dans son ouvrage issue de sa  thèse de 1997. Christel Douard date (citation supra) les sablières de la nef et autres éléments sculptés de la charpente de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle.

Or, il existe manifestement deux ensembles de sablières, puisque un premier ensemble sur les deux cotés de la nef est recouvert, le long d'une partie du mur nord de la nef, par un second ensemble, qui ne comprend que deux pièces (planches). 

On comprend volontiers que cette charpente sculptée n'ait pas retenu l'intérêt des spécialistes (ou des visiteurs) car, hormis les beaux entraits engoulés, le reste des éléments est très discret, et recouvert d'une peinture uniforme jaune.

J'aurais volontiers fait à mon tour l'impasse sur leur description, si je n'y avais pas reconnu, comme un visage familier, un motif à raisins grappillés par les oiseaux que j'avais déjà décrit successivement à Trégarvan et dans les deux chapelles de Saint-Nic, et si je n'avais affublé péremptoirement l'auteur anonyme de ces sculptures du titre pompeux de "maître des chapelles de Saint-Nic".

Pour dire vrai, et pour vérifier une fois de plus qu'on ne sait pas voir le réel, j'avais d'abord reconnu le motif du pampre qui développait ses montagnes russes aux grappes grenues, mais l'absence des oiseaux me troublait. Travaillant sur mes photos tel un trappeur du Canada, je finis par mettre la main, victoire, sur un premier volatil, puis, encore longtemps après, l'autre vint se percher avec une évidence malicieuse sur le rinceau. Ils sont dans les vignes les moineaux !

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Or, le démembrement par atelier des réalisations sculptées a été superbement initié par Sophie Duhem, mais c'est à nous qu'échoit la mission de le poursuivre. D'une part pour permettre d'évaluer l'itinéraire et la sphère d'activité d'un artisan, d'autre part pour préciser parfois des datations.

C'est le cas à Landévennec, puisque ce prétendu maître des sablières des chapelles de Saint-Nic a travaillé entre 1641 et 1676 :

Nous sommes donc amenés à penser que ces deux pièces de sablières datent de cette époque, et à les mettre en relation avec une date de 1659 inscrite dans une pierre sur le mur qu'elle domine.

Nous pouvons alors reporter sur une carte l'activité de ce sculpteur, sur une distance de 40 kilomètres environ, et sur une période de 35 ans.

Nous pouvons aussi avoir une vision plus large de la succession de ces ateliers dans la région de Pleyben à Argol (voir les liens vers les articles dédiés) :

1. Atelier dit "de Jean Brellivet" actif à l'église de Plomodiern et à l'église de Saint-Nic entre 1561 et 1566, après avoir sculpté vers 1554 les sablières de l'église  Pont-Croix et des chapelles de Saint-Tugen en Primelin et Saint-Trémeur en Cléden-Cap-Sizun.

2. Atelier du "maître de Pleyben" actif de 1567 à 1576 à l'église de Pleyben, à Sainte-Marie-du Ménez-Hom en Plomodiern, ou à Saint-Sébastien en  Saint-Ségal, mais aussi au nord de l'Élorn à l'église de Bodilis, à celle de  Saint-Divy et ou au château de Kerjean en Saint-Vougay (et sans-doute à l'église de Roscoff.

3. Atelier d'un "maître des chapelles de Saint-Nic"  actif un siècle plus tard sur 4 sites très proches.

 

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Nef  de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Nef de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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I. LES SABLIÈRES DE 1659, PAR LE "MAÎTRE DES CHAPELLES DE SAINT-NIC"

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Dans la partie orientale de la nef (celle dans laquelle on pénètre en entrant, et qui est séparée par un rideau de la partie arrière), la façade qui se présente au visiteur aussitôt la porte franchie  est la façade nord. Elle accueille un beau retable de saint Jean-Baptiste, et une statue du Christ-Roi. 

Mais il est important de remarquer, à mi-hauteur, une pierre portant une inscription, en réserve dans deux cartouches de largeur et de hauteur un peu différente. Le cartouche supérieur ne se laisse pas déchiffrer, et je prendrai mes rêveries pour une réalité en prétendant y voir SALAUN AN, ou même SALAUN FAB, après avoir lu QA: ---NAN. Mais ce qui est sûr, c'est la leçon du cartouche inférieur, après un espace vierge (ou martelé) : la date est clairement celle de 1659

Si cette date n'est pas relevée par Abgrall (pourtant grand amateur d'inscriptions lapidaires), si elle n'est pas rencontrée dans la nef par René Couffon dans sa Notice (qui écrit en 1959 "Le clocher porte à l'intérieur la date de 1659 , l'abside celle de 1652 et les armes de l'abbé Pierre Tanguy, le porche des baptêmes celle de 1699", puis en 1988  "L'édifice date en majeure partie du XVIIè siècle et a été restauré au XIXè siècle. Le clocher  porte la date de 1652 et les armes de l'abbé Pierre Tanguy, le porche des baptêmes celle de 1699 "; )  , ou par Christel Douard dans sa note pour l'Inventaire Général (qui donne cette date de 1659 pour le clocher et la façade occidentale, avec les armoiries de l'abbé de Landévennec), elle est mentionnée à cette place dans la nef par l'auteur de la belle description de l'église dans l'article Wikipédia sur la commune.

J'ai déjà été confronté à ces difficultés lors de la rédaction de mon article sur la façade occidentale, qui porte, pour moi, un blason de Jacques Tanguy daté de 1693.

Ce chronogramme lapidaire pose 2 questions : 1. La pierre a-t-elle été déplacée de son emplacement initial? 2. La date de 1659 peut-elle s'appliquer aux sablières ?

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Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

élévation nord de la nef  de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

élévation nord de la nef de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Inscription lapidaire  de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Inscription lapidaire de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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C'est à la jonction entre ce mur et le lambris peint en bleu que l'on peut découvrir deux  sablières (à proprement parler, des corniches") presque superposées. La plus récente (puisque elle recouvre partiellement l'autre) est la plus belle, car une tige y trace une sinuosité régulière, et y libère des feuilles et des grappes. C'est donc un pampre de vigne. Les feuilles sont larges et indentées pour la plupart, et les grappes rassemblent leurs grains de raisins en épis denses et acuminés. Deux oiseaux picorent les fruits. Elle se compose de deux pièces uniformément peintes d'un jaune moutarde.

Ces pièces ne vont pas jusqu'au mur diaphragme séparant la nef du transept, elles ne dépassent pas le sommet du fronton triangulaire du retable, peut-être parce qu'une extrémité a été perdue. D'autre part, leur partie inférieure est engagée dans la maçonnerie et échappe à notre examen. 

Juste avant le fronton du retable, nous découvrons un ange, de face, ailes largement étendue. Sa tête est belle quoique sculptée assez grossièrement, sans sourcils, avec de petits yeux, une petite bouche, et une pyramide nasale sommaire. C'est sa chevelure qui se remarque, en large fer à cheval entaillé de petites marques en amande, comme une tête primitive, voire égyptienne.

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Vue générale de gauche à droite.

Première pièce. Le premier oiseau grappille la 3ème grappe. Les grains de celles-ci sont taillés en pointe de diamant, et alignés en damier. Les ailes de l'oiseau portent des marques de gouge pour rendre les plumes.

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Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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L'ange, ailes étendues.

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Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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L'oiseau gourmand.

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Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Le deuxième oiseau .

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Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières (vers 1659 ?) de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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DISCUSSION.

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1. La chapelle Saint-Jean sur la commune de Saint-Nic : sa charpente est datée de 1653.

http://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-chapelle-saint-jean-a-saint-nic-son-pardon-de-la-saint-jean-sa-fontaine-et-sa-statuaire.html

La charpente de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile 23 juin 2018.

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2. Le bas-coté nord (vers 1670-1675) de la chapelle Saint-Côme de la commune de Saint-Nic:

http://www.lavieb-aile.com/2018/07/les-sablieres-1641-1675-de-la-chapelle-saints-come-et-damien-a-saint-nic.iii.les-sablieres-des-bas-cotes-et-leurs-blochets.html

 

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Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.
Sablières et blochets (1675) du bas-coté nord de la chapelle Saints Côme -et-Damien, à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juillet 2018.

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3. L'église paroissiale de Trégarvan.

 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

 

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Certes, nous pourrions trouver des différences, et je ne remarque pas à Landévennec les trous de foret utilisés pour rendre les effets de plumage sur les oiseaux.

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II. LES SABLIÈRES D'UNE PÉRIODE ANTÉRIEURE AUTOUR DE LA NEF.

Elles sont plus simples, puisque les éléments figurés ne s'y trouvent qu'aux extrémités des pièces de bois, mais pourtant, celles-ci sont soignées, et dotées d'une moulure.

D'autres enquêtes montreront peut-être un jour des sablières identiques permettant d'autres regroupements stylistiques.

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Dans la partie centrale de la nef, au dessus du retable de saint Joseph, un petit lapin se cache d'un chien qui le chasse. L'autre pièce est encadrée par deux feuilles.

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Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Dans  la même partie de la nef, coté sud.

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Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Le mur nord de la nef, salle du fond. Deux visages.

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Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Deux engoulants des entraits.

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Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Partie centrale de l'entrait médian de la nef.

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Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Sablières de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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Pour finir avec un bonus, voici deux détail d'un chapiteau placé en ré-emploi (C. Douard) comme support de la statue du Christ-Roi.

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Culot de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Culot de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Culot de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Culot de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Culot de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

Culot de l'église de Landévennec. Photographies lavieb-aile janvier 2020.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL 1917 : Chanoines Jean-Marie Abgrall et Paul Peyron, "[Notices sur les paroisses] Landévennec", Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Quimper, 17e année 1917, p. 129-142, 161-170, 193-203, 225-236.

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1917.pdf

— COUFFON (René), 1988, Notice sur Landévennec

— DOUARD (Christel), l'Inventaire du Patrimoine :

http://w.bretania.fr/EXPLOITATION/Bretania/doc/GERTRUDE/IA29004724

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-notre-dame-landevennec/a3d63319-2d8e-427e-b84e-2b0c7cf106e0

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00090041

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. / Sophie Duhem ; préf. d'Alain Croix  Les sablières sculptées en Bretagne : images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. / préf. d'Alain Croix- Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997, 385 p.-[16] p. de pl. en coul. : ill. en noir et en coul. ; 24 cm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33703824/f21.image.texteImage

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Land%C3%A9vennec#%C3%89glise_Notre-Dame_de_Land%C3%A9vennec

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20 janvier 2020 1 20 /01 /janvier /2020 11:39

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La première chapelle du bas-coté sud.

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Les deux poutres est et ouest portent un décor sculpté où prédominent les dragons  à queue dotée d'une gueule, et qui menacent ou dévorent des épis ou des humains tout en crachant des langues de feu. La proximité est donc forte, sur le plan thématique, avec les sablières du chevet (vers 1544), mais nous ne retrouvons pas ici les caractéristiques du "maître de la nef de Plomodiern" propres à ces dernières. Par exemple, les trous de foret, marques de gouges en C et en I ou les médaillons sont absentes, et le bois (non peint) est soigneusement poncé et poli tandis que les reliefs linéaires à type de nervures sont fines et soigneuses.  Nous avons affaire à un sculpteur de charpente bien averti des différentes réalisations qui décorent les monuments du Cap Sizun et du sud du Finistère, qui a enrichi sa mémoire visuelle et ses carnets de croquis des travaux effectués ailleurs, mais qui affirme son style. Il est peut-être l'auteur des sablières les plus orientales  de Confort-Meilars.

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"L'église de Pont-Croix abrite un autre ensemble de sablières, placées à la jonction des deux chapelles du bas-coté sud sans doute au moment des modifications apportées à l'édifice au milieu du XVIe siècle. Le travail d'ornementation est élaboré, composé d'images de dragons déglutissant des végétaux, de personnages grotesques et de grylles monstrueux à plusieurs têtes. Il semble que l'auteur de cet ouvrage ait participé à la décoration des poutres de l'église de Confort, située à quelques kilomètres de là. La conception de cet ensemble est très hétérogène mais on reconnaît à l'observation de quelques détails la facture de Pont-Croix. Les représentations, que l'on retrouve également dans l'église de Plouhinec, attestent les contacts visuels, et par conséquents la circulation des sculpteurs dans la pointe du Cap Sizun à cette époque." (S. Duhem)

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1. La poutre du coté est.

Deux registres.

 Six dragons à queue céphalisée (donc 12 gueules au total) dévorent ou menacent des êtres humains, des épis, ou un chien, lorsqu'ils ne crachent pas des flammes ou des rubans. Les blochets ajoutent à ce total trois dragons, l'un dévorant une tête humaine, les autres présentant un écu bûché.

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1. Le blochet de gauche: dragon tenant dans sa gueule un humain.

Ce blochet est d'un grand intérêt car il éclaircit l'interprétation du motif du dragon dans l'ornementation médiévale et Renaissance des monuments religieux. Si les dragons sont quasi constants en Bretagne, et notamment en Finistère, au XV et XVIe siècle, et si on ne les compte plus à l'intérieur sur les sablières, les blochets ou sur les entraits sous forme d'engoulants, et à l'extérieur sur les crossettes ou sur les façades, leur tête souvent débonnaire et leur attitude n'incitent pas à prendre vraiment au sérieux la peur théâtralisée et baroque qu'ils voudraient susciter. Bien-sûr, ils menacent souvent (notamment à Pont-Croix) des figures humaines ou semi-humaines de leurs crocs acérés, mais ni l'animal ni l'humain ne semblent vraiment croire à l'acte qu'ils mettent en scène. Le dragon est-il une figure du Diable ? Ou de la Mort ? S'inscrit-il dans une pensée chrétienne rappelant aux paroissiens les risques pour leur âme d'une conduite peccamineuse ? Annoncent-ils les tableaux que les missionnaires comme Michel Le Nobletz puis le père Maunoir  vont peindre au XVIIe siècle pour conduire les fidèles dévoyés vers les confessionnaux ?

Au contraire, relèvent-ils de la résurgence de croyances animistes, ou celtes, ou ésotériques ?

J'en doute fort, et j'y vois plutôt une farce gaillarde, l'expression pleine d'entrain de paysans adoptant une mode d'ornementation très en vogue, car ils en apprécient, précisément, la neutralité : dans les espaces intermédiaires qui échappent au champ liturgique, ils laisseraient une place à l'imaginaire. Mais de façon néanmoins très codée, voire ritualisée, puisque les artisans sculpteurs répètent, chacun avec son talent et ses inventions stylistiques, des modèles communs.

Ces animaux fabuleux sont à rapprocher de ceux qui figurent sur les armoiries : leur présence est plus emblématique que signifiante (en terme de croyance) ou narrative, même s'ils renvoient aux dragons foulés par saint Michel, asservis par saint Pol-de-Léon, et à celui dont sainte Marguerite s'est libérée.

Ici, ce dragon semble bien prendre son rôle de grand méchant loup très au sérieux, et la créature humaine (ou ce qui en reste, disons l'âme) n'en mène pas large. Ce passage à l'acte n'est pas fréquent pour des bêtes qui se contentent habituellement d'ouvrir  une large gueule, voire de tendre une langue gourmande vers les humains. Pourtant, dans une paroisse voisine, à Confort-Meilars, un blochet de la charpente de Notre-Dame de Confort est identique à celui-ci, ce qui incite à créer un cousinage (de date ou d'auteur) entre les deux réalisations sculptées. La même scène est représentée selon S. Duhem sur un blochet de l'église de Plouhinec (même secteur géographique, même époque) ainsi qu'à Bieuzy en 1560.

Nous tenons donc ici un détail qui a une haute valeur sémiologique pour le pisteur en patrimoine monumental.

Le style est néanmoins différent dans cette chapelle de Pont-Croix par rapport à Confort-Meilars. Certes, le haut du museau se retrousse en volute, l'œil est large et de face, mais le haut du corps accumule des nodosités creusées en leur centre, comme des petites pommes resserrées, pour rendre les pustules infectes de la bête. Le sourcil forme un éventail de plumes.

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Partie gauche.

En haut : un chien aboie contre un animal, né de la queue d'un dragon ailé. Épillet et bouton floral d'un rinceau.

En bas : un masque humain de 3/4 est léché par un dragon né de la queue d'un dragon ailé. Épillet et  et bouton floral d'un rinceau.

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Scène suivante :

En haut : le rinceau est bûché (ou usé), puis apparaît une gueule de dragon, crachant une tige à épis de grains.

En bas : le rinceau naissait en fait de la gueule d'un dragon, mêlé à des volutes (langues de feu ?). Là encore, il s'agit d'un dragon ailé à queue céphalisée, où l'autre gueule lance également des langues de feu.

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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De l'autre coté du blochet central.

En haut, la pièce a été entièrement bûchée, nous devinons seulement le cheminement d'un rinceau.

En bas, un rinceau s'échappe d'une deux hommes se battent (l'un frappe l'autre avec un bâton ), mais le premier est avalé par sa chevelure par le dragon de gauche, tandis que la victime des coups de bâton, à la figure vultueuse, voit son bras gauche avalé par le dragon de droite.

 

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Le blochet central : deux dragons présentant un blason(bûché).

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Le blochet de droite (moderne).

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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2. La poutre du coté ouest.

Deux registres.

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Pièce de droite.

Restauration récente avec remplacement de parties.

En haut (entièrement moderne ?) un lion et un dragon aux extrémités et un dragon à queue céphalisée crachent une tige à épillets.

En bas, un dragon ailé crache une tige à épillet picorée par un oiseau. Un masque humain de profil crache à son tour un épillet. À gauche, un lion (moderne) présente un écu avec un lion de la pièce de gauche.

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Pièce de gauche.

Dragons ailés et lions crachant des tiges à épis.

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Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (milieu XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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La chapelle du Rosaire du bas-coté sud.

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Les corniches sculptées des retombées ouest et est du lambris peint nous offrent un exemple d'une façon de faire très différente des frises précédentes, puisque les pièces de bois montrent à intervalle régulier des têtes en haut-relief d'hommes et de femmes dont les coiffes ou chaperons enturbannés supportent une tablette, inoccupée.

 

Sophie Duhem  les datent du début du XIVe siècle et remarquent leur parenté avec celles de Fouesnant et de Penmarc'h.

" Quelques sablières anciennes placées dans le bras sud du transept présentent des décors qui datent très probablement du début du XVIe siècle. Les figures principales sont constituées de bustes féminins et masculins coiffés de chapeaux et de turbans. Des représentations d'une facture très proche apparaissent dans les sanctuaires de Fouesnant et de Penmarch semblant attester un déplacement de sculpteur jusqu'au sud du diocèse." (S. Duhem)

http://www.lavieb-aile.com/article-les-sablieres-et-poin-ons-de-l-eglise-notre-dame-et-saint-michel-de-quimperle-123158720.html

Seuls les blochets à gueule de dragons créent un lien avec les autres charpentes de Pont-Croix.

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Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières (début XVIe) de l'église de Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

 

 

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COUFFON (René)

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e2b9737d7806ae456f45f5edb17ba812.pdf

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_82/Notre_Dame_de_Roscudon_et_lAtelier_de_Pont_Croix_.pdf

https://m.shabretagne.com/scripts/files/51d0571f3eb5e5.73808665/1951_01.pdf

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. Pont-Croix cité aux pages 18 ; 19 ; 63 (mutilations des sablières) ;  84 (atelier de sculpture sur pierre) ; 139 ; 141 à 143 ; 156 ; 179 ; 239 ; 267 ; et 301.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 16:40

Les sablières (v. 1544) du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix.

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Voir des sablières d'un style comparable:

— L'église Saint-Nicaise de Saint-Nic:

 

L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):

—L'église de Confort-Meilars (sablières de 1528-1544 dans un style proche):

— Enfin, voir  :

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Sur Notre-Dame de Roscudon, voir :

INTRODUCTION.

Sophie Duhem a attribué au sculpteur des sablières de l'église de Plomodiern, — à qui elle donne le nom de Jean Brellivet d'après une inscription datée alors que c'est pour moi le nom du fabricien en titre en 1564 — plusieurs autres ensembles de sablières qui lui sont antérieures, d'abord dans la région du Cap-Sizun (à une trentaine de kilomètres plus au sud) tant à Pont-Croix vers 1544 qu' à la chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap-Sizun en 1554, ou  à la chapelle Saint-Tugen de Primelin, puis à l'église de Saint-Nic (voisine de Plomodiern).

Effectivement, on y retrouve des traits stylistiques bien particuliers, dans des décors où les dragons tiennent la première place, se livrant à des dévorations et menaces à l'égard des humains. L'un de ces traits est l'existence de feuilles-plumes, parfois fixées à des anneaux, colliers ou ceintures, qui poussent sur les corps des dragons, des grylles (animaux chimériques à plusieurs têtes)  mais aussi des "humains", dans une confusion entre les trois Règnes. Un autre trait est l'emploi de marques de gouges, en C, en I ou en glissades pour rendre les écailles, les stries, les verrues des animaux, les marques des médaillons ou les collerettes des personnages. On reconnait aussi du premier coup d'œil ces hommes allongés bras tendus et présentant ( à Plomodiern et Saint-Nic) des cartouches à inscription. Citons aussi la présence de masques (souvent à l'extrémité des pièces de bois) ou de médaillons occupés par des couples en coiffe, casque et costume Renaissance. 

Après avoir visité et photographié les sablières de Plomodiern et de Saint-Nic, et m'être plu à suivre à la trace en vrai pisteur du patrimoine ces empreintes d'un artiste du temps jadis, j'ai décrit celles de Confort-Meilars (dans le Cap-Sizun), dont le style est proche mais non identique, et me voilà à Pont-Croix.

Là, je découvre une charpente lambrissée à trois ensembles différents de charpente sculptée.

a) Dans la Chapelle du Rosaire, l'artiste a représenté des masques d'homme et de femmes de face, coiffés , se détachant de la pièce de bois où ils sont séparés par des espaces plans, non sculptés. Sophie Duhem les date du début du XVIe. Mauvaise piste pour ma chasse, mais elle mériterait, une autre fois, d'être remontée pour en retrouver la famille.

b) Dans la chapelle adjacente (quelle est son nom ?), à l'ouest, quatre pièces de bois sont joliment sculptés avec des lions, des dragons et des grylles : la parenté avec le sculpteur de Plomodiern s'établit par cette thématique, mais le style est différent (et peut-être plus proche des réalisations de Confort-Meilars). Elles dateraient du milieu du XVIe siècle.

c) À l'extrémité orientale de l'église, au centre du chevet, la toiture retombe sur deux corniches qui se font face ; et là, pas d'erreur, c'est bien le pseudo Jean Brellivet (le "Maître de la nef et du porche de Plomodiern", si on veut) qui y a fait ses armes. De même,  sur le pan sud du chevet, deux pièces sont de la même main,  C'est donc vers cet ensemble de six pièces que je dois me pencher (si on peut dire, pour des détails placés tout en haut des murs).

J'aurais tendance à rattacher à ces sculptures de corniches , bien que je ne sois plus couvert par l'autorité  des écrits de S. Duhem, la tribune d'orgue de l'église, le buffet étant classée MH ; en effet, j'y retrouve les dragons caractéristiques.

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29002943

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29001223

Note : la charpente a été restaurée en 2007, "et des pièces de sablières ont été resculptées".

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Datation. 

Sophie Duhem adopte la date de 1544. En effet, c'est selon Couffon entre 1528 et 1544 que comme à Notre-Dame de Confort, , grâce aux libéralités d'Alain de Rosmadec et de Jeanne du Chastel, le choeur fut  agrandi avec transformation de l'ancien chevet plat en chevet à noues multiples. Le couple s'est marié en 1528, Alain de Rosmadec est décédé en 1560. Jeanne du Chastel est décédée en 1544, or, elle est représentée avec son mari sur le vitrail de la grande verrière, dont les fragments sont conservés actuellement dans la chapelle du Rosaire. Ce sont ces données biographiques qui conduisent René Couffon à cette datation. Par ailleurs, les réalisations du maître des sablières de Plomodiern sont datées par inscriptions en 1564 à Plomodiern et 1562-1566. La date de 1544 pour les sablières de Pont-Croix, même si elle se base sur des estimations fragiles, peut être considérée comme plausible.

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LES QUATRE PIÈCES DU  CHEVET PRINCIPAL (VERS 1544, maître des sablières de Plomodiern) .

 

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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I. Chevet, au dessus de la travée sud. Deux pièces et trois blochets.

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Blochet : personnage tenant un rouleau.

Première pièce : deux médaillons (hommes casqués, de profil) encadrant deux dragons enfeuillagés et un masque (homme-feuille).

Blochet central : gueule de dragon.

Deuxième pièce : scène de pêche (trois hommes dans une barque et six poissons) ; créature semi-humaine accroupie tenant la queue de deux dragons enfeuillagés.

Blochet : femme mains jointes.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : personnage tenant un rouleau.

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Ce personnage aux cheveux à petites mèches serrées est coiffé de ce qui peut être un bonnet carré (de recteur ou de docteur). Il porte un manteau à plis épais, sur une chemise au col particulier. Le bras droit n'est qu'ébauché, et c'est la main gauche qui tient un rouleau, ou le manche d'un objet.

Du visage, auquel deux grands yeux confère une allure pensive, nous remarquons le menton très rond, la bouche étroite mais lippue, et le nez aux larges narines.

On le comparera au blochet du pan sud du chevet, où le personnage porte un bonnet carré intact.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Première pièce : deux médaillons (hommes casqués, de profil) encadrant deux dragons enfeuillagés et un masque (homme-feuille).

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Dès le premier médaillon, nous reconnaissons le style du maître de la nef de Plomodiern, avec ce cadre entaillé de marques en I (à empattement), et ce profil à l'œil d'horus, immense, à pupille creuse et à paupière soulignée par un double trait. 

Nous reconnaissons aussi le nez en patate au dessus d'un menton fuyant.

Le chapeau rond à large bord antérieur et postérieur n'a pas l'allure franche d'un casque : c'est, aussi bien, la coiffure civile d'un bourgeois.

Le haut du manteau, aux plis marqués, évoque également les médaillons plomodiernais ou saint-nicais que voici :

 

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Médaillon masculin, nef de l'église de Plomodiern.

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Médaillon féminin, nef de l'église de Plomodiern.

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Sablières de l'église de Saint-Nic. Photo lavieb-aile.

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Ici, nous avons de chaque coté deux médaillons masculins, et non un couple. Les deux médaillons sont identiques, quoique le nez du personnage de droite soit encore plus typique que celui de gauche.

Sur le dessin du cadre circulaire vient se mouler celui de l'oreille d'âne  du dragon, et la volute d'une feuille-plume complète le cercle. C'est une façon de souligner combien les êtres humains (miroir tendus aux paroissiens ) étaient menacés par les forces animales prêtes à les dévorer. Il est tentant d'y voir une représentation des dangers encourus par les âmes des chrétiens et des tentations de la chair, mais  loin d'être un prêche à la moraline pesante, c'est plutôt un clin d'œil amusé où les enjeux sotériologiques ne sont pas pris au sérieux. Cet espace intermédiaire entre l'espace liturgique du chœur et les cieux échappe à la religion.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Vient ensuite le premier dragon, avec son œil d'horus qui fait parenté avec celui de l'humain, dans un souci de brouiller les limites spécifiques qui domine cette production.  Selon le même principe de confusion animal-végétal, des appendices foliaires s'échappent du corps, tandis que les lignes du museau et de la langue se métamorphosent en volutes comme des feuillages, ou des plumes. À y regarder de près, le dragon est bien équipé d'une aile nervurée, comme de règle, mais celle-ci est si réduite et si entourée des boucles végétales qu'elle en est dissimulée.

Immédiatement, nous repérons aussi les marques de gouge en C qui rendent les écailles de l'animal. 

Nous pourrions décrire aussi un ruban aux marques en I et y voir une banderole (produit manufacturé humain), si l'habileté de notre artiste ne mêlait pas ces volutes aux autres pour mieux  emmêler  notre plume interprétative.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Au centre, un masque dont le centre est humain mais qui, aplati au rouleau à pâtisserie,  s'étale en feuilles pointues.

Ne quittons pas ce moustachu sans remarquer l'encadrement fait d'éléments cycliques, puisque ceux-ci portent des marques faites au foret de menuisier. Constatation précieuse, puisqu'à Plomodiern et ailleurs, ces marques de foret appartiennent au vocabulaire routinier du sculpteur.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Le deuxième dragon nous permet de réviser notre acquis : les feuilles-plumes, les banderoles, l'aile nervurée (en fleur de lys), la queue bifide comme celle d'un poisson-feuille, les dents de loup, le museau et la langue retroussés en vrille, etc.

Disons un mot de la peinture rouge du fond (et des dents) et de la peinture crème des éléments sculptés, un procédé  qui se retrouve à peu près à Saint-Tugen en Primelin mais qui diffère de la riche polychromie utilisée à Plomodiern, Saint-Nic, ou Confort-Meilars .

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet central : gueule de dragon.

Deuxième pièce. 1.  scène de pêche (trois hommes dans une barque et six gros poissons) ; 2. créature semi-humaine accroupie tenant la queue de deux dragons enfeuillagés.

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Le blochet est de la même main, comme en témoigne les marques de gouge et de foret.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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1.  scène de pêche (trois hommes dans une barque et six gros poissons) .

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La scène de pêche présente un intérêt majeur. On ne la trouve, par le même atelier ni à Plomodiern ni à Saint-Nic, mais bien à Primelin (et, selon S. Duhem, à la chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap Sizun): donc uniquement au Cap Sizun. 

Au total, sur les sablières, ces scènes de pêche (ou du moins maritimes) sont au nombre de sept.

  •  Église de Combrit, 1549,  [par un sculpteur proche de celui de Plomodiern, l'"anonyme de Combrit" (S. Duhem), actif aussi à Saint-Tugen de Primelin] : 2 barques et 7 ou 8 poissons.
  • Chapelle Sainte-Marine de Combrit,
  • Chapelle Saint-Michel Douarnenez (pêche au filet). 
  • église de Cléden-Cap-Sizun
  • chapelle Saint-Trémeur de Cléden-Cap-Sizun (maître de la nef de Plomodiern)
  • Église de Pont-Croix (maître de la nef de Plomodiern)
  • Chapelle Saint-Tugen de Primelin.

Cette représentation de barques et de poissons sur les sablières,   uniquement au Cap Sizun et nulle part ailleurs en Bretagne, est à rapprocher des sculptures sur pierre de navires et de poissons sur les façades des églises de la même région, s'ornent de navires (plus souvent des carvelles que des barques de pêche), à l'église de Penmarc'h, à la Tour-Carrée de Penmarc'h, à l'église Notre-Dame de Confort de  Confort-Meilars, à Saint-Rumon d'Audierne ,  à la chapelle Saint-Yves et à l'église Saint-Collodan de Plogoff, ou à Cléden et Goulien . "On rapporte  qu'en  1590, en pleine période des Guerres de religion, sur 849 navires ayant fréquenté le port de Bordeaux, 80 venaient du Cap Sizun et 55 de Penmarc'h. Vers la fin du xvie siècle et au début du xviie siècle, des bateaux d'Audierne s'aventuraient jusqu'aux Canaries ainsi qu'en Méditerranée, et au milieu du xviie siècle, Audierne possède 150 chaloupes de pêche et compte environ 2 300 habitants" (Wikipédia). Lire   J. Peuziat,  "Navires de pierre (sculptures des églises bretonnes),” Le Chasse-marée n° 15 (1985) p. 34-47, ou Ch. Villain-Gandossi, Le navire médiéval à travers les miniatures https://books.openedition.org/pur/107810

 

 

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Description.

On y voit trois hommes dans une barque non pontée, à clins ou, du moins, dont le franc-bord est rehaussé. Ils sont vêtus d'un vêtement ample mais serré à la taille par une ceinture, et leur tête est recouverte par un capuchon se dressant en pointe et recouvrant les épaules, comme un chaperon. On imagine ces protections en toile huilée. L'un, à l'avant, tient des deux mains  une gaffe ou un harpon ramenant l'un des poissons. Celui du milieu tire vers lui une ligne, qui est interrompue par le bûchage dont la sculpture a été victime, mais qui se retrouve à gauche, amenant au bord un gros poisson.

Sophie Duhem estime qu'il s'agit de sardines, la pêche alors florissante sur les côtes bretonnes, mais on peut penser aussi à des thons.

Le pêcheur de gauche, bras écartés, a le geste professionnel des pêcheurs à la ligne en mer, mais sa main droite est proche des filins d'un mât et de la voilure, abattus pour la pêche. Plus vraisemblablement, cette main droite manœuvre la barre, dont la partie arrière est visible au dessus du safran.

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Barque de pêche, sablières de Saint-Tugen à Primelin. Photo lavieb-aile.

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Sablières de Sainte-Marine à Combrit. Photo lavieb-aile

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Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h : une chaloupe non pontée armée de deux avirons pêche divers poissons ; outre les rameurs, le patron et le matelot.Photo lavieb-aile

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Les sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix.

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2. créature semi-humaine accroupie tenant la queue de deux dragons enfeuillagés.

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La créature, probablement nue, est coiffée d'une couronne évasée. On la comprend mieux en la 

comparant  avec la scène homologue, dans la chapelle Saint-Tugen de Primelin :

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f de la chapelle Saint-Tugen à Primelin. Photo lavieb-aile

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : femme mains jointes.

En très bon état : restaurée ou restituée ? Elle est surmontée d'une colombe en about de poinçon : est-ce la Vierge ?

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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II. Chevet, au dessus de la travée nord. Deux pièces et trois blochets.

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Blochet : personnage bras tendus (tête perdue)

Première pièce : deux médaillons (hommes casqués, de profil) encadrant deux dragons enfeuillagés et un masque (homme-feuille). (Reprise de la pièce sud)

Blochet : gueule de dragon.

Deuxième pièce : deux médaillons encadrant deux dragons à queue céphalisée; autour d'un médaillon central.

Blochet : homme tenant un bâton.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : personnage bras tendus (tête perdue).

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Première pièce : deux médaillons (hommes casqués, de profil) encadrant deux dragons enfeuillagés et un masque (homme-feuille). (Reprise de la pièce sud)

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : gueule de dragon.

Le blochet identique à son vis-à-vis est de la même main, comme en témoigne les marques de gouge et de foret.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième pièce : deux médaillons encadrant deux dragons à queue céphalisée; autour d'un médaillon central.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : homme tenant un bâton.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Les abouts de poinçons.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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LES DEUX PIÈCES DU  PAN SUD DU CHEVET (VERS 1544, maître des sablières de Plomodiern) .

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Blochet : gueule de dragon.

Première pièce : masque mi-humain enrubanné.

Blochet : homme tenant une banderole ou étole.

Deuxième pièce : deux dragons à queue céphalisée, et deux médaillons.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Première pièce : masque mi-humain enrubanné.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : homme tenant une banderole ou étole.

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Le bonnet carré et l'étole (si c'en est une) plaiderait pour l'hypothèse d'y voir un prêtre ; mais il serait étonnant que le recteur de Pont-Croix se soit fait représenter ici.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième pièce : deux dragons à queue céphalisée, et deux médaillons.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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LA DEMI-PIÈCE DU COTÉ EST DU PAN SUD DU CHEVET (VERS 1544, maître des sablières de Plomodiern) .

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

Sablières du chevet de l'église Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photographie lavieb-aile.

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CONCLUSIONS.

Il est passionnant de suivre, grâce aux indices thématiques et stylistiques, l'activité d'un atelier de sculpture sur bois actif au milieu du XVIe siècle dans la région du Cap Sizun à Pont-Croix, Primelin et Cléden-Cap-Sizun puis au nord du Porzay à Plomodiern et Saint-Nic, puis d'en déceler l'influence directe sur les sablières de Confort-Meilars, et enfin d'observer des rebondissements thématiques liés aux scènes de pêche autour du Cap.

Il est également passionnant de voir comment se développe, au gré des talents de chaque artiste, le thème du dragon, si souvent repris qu'il est presque emblématique des sablières finistériennes (comme aussi des crossettes en pierre). Sur 1895 pièces de sablières du Finistère recensées par S. Duhem, les animaux fantastiques sont présents dans un quart de celles-ci. Nous ne disposons pas du chiffre par sanctuaire, mais rares sont les ensembles de sablières d'une église ou d'une chapelle qui ne comporte pas un ou plusieurs dragons. Ils représentent 7,2 % des pièces, mais il faut y ajouter les engoulants des entraits (10%) , les blochets (non recensés dans cette étude), les dragons à plusieurs têtes classés comme grylles, etc. L'originalité du maître des sablières de Plomodiern est de les montrer abondamment végétalisés par des feuilles-plumes et d'insister sur la proximité de leur gueule envers les humains. 

La planche 29 de la publication de S. Duhem montre la fréquence de ces représentations de dragons sur les sablières. J'en donne la partie concernant le Finistère., en cerclant les deux foyers d'activité de notre sculpteur.

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Sophie Duhem, Les sablières bretonnes, 1997 (détail).

 

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À cet atelier va succéder, dix à vingt ans plus tard, l'atelier du Maître de Pleyben, actif non seulement à Pleyben et Plomodiern, mais aussi plus au nord à Saint-Divy, Saint-Vougay, Bodilis, et peut-être Roscoff. Dans les deux cas, nous voyons comment un sculpteur (ou un atelier) peut étendre son activité de site en site, dans un rayon d'une trentaine de kilomètres, et sur une période d'activité d'une vingtaine ou trentaine d'années, en développant un style et une thématique parfaitement individualisée, ce qui n'exclut pas que des travaux plus attentifs puisse y reconnaître plusieurs mains, ou plusieurs périodes.

Là encore, j'emprunterai un document à l'ouvrage de Sophie Duhem :

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Sophie Duhem, Les sablières sculptées... 1997, représentations des ateliers et de leur diffusion.

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SOURCES ET LIENS.

 

 

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— COUFFON (René)

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e2b9737d7806ae456f45f5edb17ba812.pdf

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_82/Notre_Dame_de_Roscudon_et_lAtelier_de_Pont_Croix_.pdf

https://m.shabretagne.com/scripts/files/51d0571f3eb5e5.73808665/1951_01.pdf

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. Pont-Croix cité aux pages 18 ; 19 ; 63 (mutilations des sablières) ;  84 (atelier de sculpture sur pierre) ; 139 ; 141 à 143 ; 156 ; 179 ; 239 ; 267 ; et 301. Voir les pages  142 à 146 pour les sablières attribuées à "Bréllivet".

 

"Le Cap-Sizun : un chantier en effervescence.

Les grands chantiers architecturaux du Cap Sizun sont commencés au cours du Moyen-Âge avec l'édification de la collégiale Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix puis de la chapelle Saint-Tugen à Primelin au siècle suivant, celle des ornemanistes, sculpteurs de statues ou de retables, et peintres de tableaux. Parmi eux, les charpentiers-sculpteurs, bâtisseurs et décorateurs à la fois, ont su trouver au Cap Sizun des occasions d'exercer leurs talents.

 

L'anonyme de Plonévez-du-Faou, première moitié du XVIe siècle :

_Chapelle Saint-Tugen à Primelin, 1ère (ou 2ème) moitié du XVIe s, partie ouest de la nef. Tête d'homme coiffé d'un chapeau. La sculpture représente des visages joufflues, souvent expressifs , coiffés de chapeaux à rebords ou de bonnets qui laissent dépasser des chevelures bouclées.

_Église de Plonévez-du-Faou, 1ère moitié du XVIe siècle. Sablières plutôt postérieures à celles de Primelin. Bustes masculins ou féminins grimaçants, séparés par des feuilles de vigne denticulées, avec un travail très recherché des expressions, des positions et des tenues vestimentaires. L'inclinaison des têtes est caractéristique, comme les modelés des visages aux joues potelées, les boucles agglutinées des cheveux, les chapeaux hauts aux bords fendus ou le traitement des chevelures féminines. Par rapport à Primelin, on trouve en plus des figures de fous en buste, coiffés de capuchons dentelés à oreilles d'âne et de petits animaux.

L'anonyme de Combrit vers 1549.

-Saint-Tugen à Primelin, nef, vers le milieu du XVIe siècle, avec des sculptures présentées à la manière ancienne, disposées à intervalle réguliers sur la sablière, puis bras du transept nord quelques années plus tard, avec des sculptures disposées en frise. Reconnaissable aux fourrures des animaux, aux rebords des végétaux formant des boucles agglomérées. Visages ronds souvent coiffés de chapeaux aux rebords évasés. Thèmes médiévaux mêlant des têtes grimaçantes et des figures dans des positions grotesques.

-Combrit en 1549.

Moutons (lions) aux crinières bouclées. Scène de pêche dans le transept sud comme à Pont-Croix et Cléden-Cap-Sizun. Mais aussi influence Renaissance avec des portraits en bustes dans des médaillons.

-Chapelle Sainte-Marine à Combrit. Scène de pêche également.

-Plomeur, chapelle de Tréminou. Ensemble de sablières inspirées des décors réalisés à Combrit (mais avec plus de maladresse), notamment les figures de dragons ont les mêmes caractéristiques.

L'œuvre de Jean Brellivet vers 1544-1564. (page 142)

"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.

L'œuvre, datée de 1564,  est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.

Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les plus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.

Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."

 

Les sculpteurs anonymes de Pont-Croix. (page 143)

Également localisés dans la région du Cap Sizun, les travaux d'un sculpteur anonyme décorent l'église de Pont-Croix.

a) Quelques sablières anciennes placées dans le bras sud du transept présentent des décors qui datent très probablement du début du XVIe siècle. Les figures principales sont constituées de bustes féminins et masculins coiffés de chapeaux et de turbans. Des représentations d'une facture très proche apparaissent dans les sanctuaires de Fouesnant et de Penmarch semblant attester un déplacement de sculpteur jusqu'au sud du diocèse.

b) L'église de Pont-Croix abrite un autre ensemble de sablières, placées à la jonction des deux chapelles du bas-coté sud sans doute au moment des modifications apportées à l'édifice au milieu du XVIe siècle. Le travail d'ornementation est élaboré, composé d'images de dragons déglutissant des végétaux, de personnages grotesques et de grylles monstrueux à plusieurs têtes. Il semble que l'auteur de cet ouvrage ait participé à la décoration de s poutres de l'église de Confort, située à quelques kilomètres de là. La conception de cet ensemble est très hétérogène mais on reconnaît à l'observation de quelques détails la facture de Pont-Croix. Les représentations, que l'on retrouve également dans l'église de Plouhinec, attestent les contacts visuels, et par conséquents la circulation des sculpteurs dans la pointe du Cap Sizun à cette époque." (S. Duhem)

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 17:59

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— Voir sur l'église Notre-Dame de Confort-Meilars :

 

 

 

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— Voir des sablières d'un style comparable:

— L'église Saint-Nicaise de Saint-Nic:

 

L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):

— Enfin, voir  :

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INTRODUCTION.

Ces sablières n'ont pas été décrites ni étudiées en propre. L'abbé L. Rolland mentionne dans sa description de l'église "Au bas des lambris, on aperçoit des sablières élégamment sculptées. Courant le long des nefs, elles représentent, parmi des animaux fantastiques, la salamandre, de François Ier.". Il est repris en 1933 par C. Parcheminou : "Au bas du lambris, on aperçoit des sablières élégamment sculptées courant le long de la nef. Elles représentent, parmi des animaux fantastiques, la salamandre de François ler. D'immenses gueules de monstres mordent les poutres transversales ."

Couffon, en 1988, mentionne les "Sablières sculptées au-dessus de la quatrième arcade et dans les collatéraux."

Un feuillet distribué dans l'église vers 1988 et cité non sans ironie par S. Duhem décrivait « une belle tête de mandarin chinois, deux incas à la bouche toute ronde, (…) des gauchos à la Colombie, un annamite, un mongol (…).

Enfin, Sophie Duhem, auteure de référence pour les sablières de Bretagne, les cite en 1988 sans les décrire, pour suggérer un rattachement à un atelier actif à Pont-Croix et Plomodiern entre 1544 et 1566, ce que j'étudierai en conclusion.

Leur datation ne peut être déduite que de celle de la charpente, elle-même liée aux dates de construction qui sont imprécises et évaluées entre 1528 et 1560, ou 1528 et 1544, en s'appuyant sur une inscription de fondation de la face nord du chevet "EN. LAN. MVCSXXVIII." (1528). Nous pouvons nous aider de la datation des vitraux du chevet, estimée par Gatouillat et Hérold pour la baie 0 (arbre de Jessé offert par Alain de Rosmadec) vers 1530, tandis que la baie 2 (déplacée en baie 6) porte par inscription la date de 1554. En définitive, entre les deux chronogrammes attestés par inscription, celui de 1528 (chevet) et celui de 1554 (vitrail), je choisis ce dernier, plus cohérent avec les autres ensembles de sablière de même style.

 

Les services du Patrimoine n'ont mis en ligne, sur la base gertrude, que l'étude du calvaire et ses statues par Larhantec.

 

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DESCRIPTION.

 

L'église comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés et un chœur terminé par un chevet à noues multiples de type Beaumanoir. Du type à nef obscure, l'édifice est lambrissé en berceau avec entraits apparents ; les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers.

La quatrième travée de la nef  est celle où, du coté nord, est fixée la roue à carillon que chacun repère immédiatement. La corniche de sa charpente lambrissée est sculptée , des cotés nord et sud, de part et d'autre de l'entrait qui traverse horizontalement la nef. Nous trouvons donc là quatre pièces sculptées, deux au nord et deux au sud.

Plus à l'est, dans le chœur, les deux murs parallèles qui précèdent les trois pans coupés sont également coiffés chacun d'une pièce de sablière.

Enfin, deux petites pièces encadrent une lucarne.

Si j'ai été clair, le lecteur aura compris que l'église offre principalement à l'amateur six sablières sculptées, quatre dans la nef et deux dans le chœur... Trois au nord (N1, N2 et N3 d'ouest en est) et trois au sud  (S1, S2 et S3). Plus les pièces accessoires.

Le plus simple est de partir de la Roue à carillon, et de tourner dans le fameux sens des aiguilles d'une montre à gousset : N1, N2, N3, S3, S2, et S1.

 

 N1. Trois masques et une frise de vigne avec ses grappes. Bois polychrome.

 N2. Deux masques crachant deux dragons à tête semi-humaine. Bois polychrome.

N3 : Grylle (dragon à deux queues, dont une céphalique) mangeant du raisin ; deux anges. Bois peint d'un enduit "chocolat" avec traces de peinture bleue sous jacente.

S3 : créature semi-humaine dont le pied est avalé par un grylle. Deuxième grylle symétrique en miroir. Epillet. Bois peint de couleur chocolat.

 S2. La pièce débute par un masque de profil coiffé d'un bonnet à grelot, puis vient un grylle, un semi-humain vêtu de blanc, et enfin un dragon à queue céphalisée. Bois polychrome (blanc, bleu et rouge) sous l'enduit chocolat.

S1. La pièce est centrée par un masque humain de face coiffé d'un bonnet bleu et portant la barbe. À sa droite vient un grylle à tête de bonne femme grimaçante. À sa gauche un pampre, dont les grappes sont dévorées par un dragon à gueule de loup, ailes nervurées, et queue couverte de pustules, et entortillée.

Autres pièces : 

-Homme allongé, bras en avants, coiffés d'un bonnet de fou. Feuilles-plumes fixées à des colliers.

-Dragon à feuille-plumes croquant une grappe.

 

 

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I. QUATRIÈME TRAVÉE DE LA NEF, COTÉ NORD.

Deux pièces N1 et N2 séparées par l'entrait et encadrées par des blochets.

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La pièce N1. Trois masques et une frise de vigne avec ses grappes. Bois polychrome.

À l'ouest un blochet à feuille (vigne ?). À l'est, l'entrait à engoulant.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Au centre, un masque humain de face à barbe  bifide, coiffé d'un bonnet plat de couleur bleue.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Sur le coté droit, deux masques humains de profil, coiffé du chaperon.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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La pièce N2. Deux masques crachant deux dragons à tête semi-humaine. Bois polychrome.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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À gauche, un masque à la face lunaire crache la queue d'un dragon au corps partiellement bûché mais dont on voit les épines et verrucosités, et une collerette de plumes. La tête guillerette  serait humaine si elle n'était coiffée d'une crête acérée de dents.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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À droite, un masque humain de profil, coiffé d'un chaperon vert à pointe et queue exubérante libère de sa bouche un dragon ou poisson (pas de pattes). Cette créature a une tête semi-humaine coiffée d'une crête s'achevant en queue entortillée.

 

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Au centre, les deux têtes s'affrontent en tenant chacune l'extrémité de la crête de son vis-à-vis, ce qui contribue à accentuer la confusion et la dissolution des limites : confusion des formes, ambiguïté des êtres, suppression des séparations entre les règnes végétal, animal et humain.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Le blochet : une gueule de dragon tenant une tête d'homme.

C'est un élément très intéressant, puisque le dragon tient entre ses dents la tête terrifiée d'un humain. Est-ce le Mal emportant l'âme d'un mécréant ?  Une simple dramatisation du décor accentuant le motif des "engoulants" ? 

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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II. CHEVET, COTÉ NORD. UNE PIÈCE N3 ET DEUX BLOCHETS.

N3 : Grylle (dragon à deux queues, dont une céphalique) mangeant du raisin ; deux anges. Bois peint d'un enduit "chocolat" avec traces de peinture bleue sous jacente.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Le blochet ouest est délicat à interpréter : un être (ailé ?) désigne de l'index un objet ovoïde (poisson?).

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.
Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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À gauche, un dragon ailé mange les raisins d'un pampre. Mais ce dragon aux longues oreilles et  au corps lisse porte un collier strié, tandis que ses ailes nervurées sont implantées sur l'arrière-train. Sa queue se transforme en un nouvel arrière-train avec ses pattes postérieures, et lui-même doté d'une queue portant un collier. Et enfin, cette deuxième queue s'achève par une tête semi-humaine, de profil. Bref, c'est un grylle.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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À droite, une tête d'ange au centre de ses deux ailes, puis un ange tenant un phylactère.

Le blochet oriental est une tête d'ange.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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III. CHEVET, COTÉ SUD. UNE PIÈCE S3 ENTRE DEUX BLOCHETS.

Blochet oriental : tête d'ange.

S3 : créature semi-humaine dont le pied est avalé par un grylle. Deuxième grylle symétrique en miroir. Epillet. Bois peint de couleur chocolat.

Blochet ouest : tête de dragon.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Du coté gauche, un "homme" dénaturé par des appendices foliaires ou de plumes, brandit un objet qui forme une crosse, comme un panache de plume. Ses appendices, deux feuilles indentées, sont fixés autour du ventre par une ceinture crénelée. Ses jambes sont nues.

Ce motif nous est connu, car il appartient au vocabulaire d'un sculpteur de sablières qui a travaillé à Plomodiern en 1564, pour le porche sud et la nef de l'église. Une inscription datée sur ces sablières a incité S. Duhem à le nomme J. Brellivet (alors que je pense qu'il s'agit plutôt du nom du fabricien), et c'est sous ce nom qu'elle décrit un corpus identifiable aussi à Saint-Nic en 1562 et 1564, et auparavant à Pont-Croix en 1544, à la chapelle Saint-Tugen de Primelin (après 1533) et celle de Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun  en 1554.

Il se caractérise par des créatures humaines au gros œil de profil, au front proéminent au dessus d'un menton fuyant, et emplumés de feuilles-plumes attachés à des ceintures. Toujours allongés et de profil, ils tiennent souvent, en paires, un cartouche à poignées.

Ses dragons portent aussi  des appendices foliaires fixés sur des colliers ou ceintures à la queue et aà l'arrière-train.

Une autre caractéristique est l'emploi de la gouge (droite ou creuse) pour réaliser des séries de marques en C (pour faire les écailles) ou en I, et du foret pour exécuter des séries de cupules (les verrues des dragons). L'artiste utilise aussi les longues empreintes de la gouge creuse pour rendre les plumes ou la collerette de blochets mal dégrossis, et au cou épais.  Ces caractéristiques ne sont pas retrouvées à Confort-Meilars.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Le grylle attrape le pied gauche de l'homme. Sa tête de dragon ou d'oiseau se prolonge par un corps aux rainures vrillées, corps  doté de quatre feuilles-plumes en crochets. La queue est céphalique, avec une tête coiffée d'un "chapeau" (d'une crête) à prolongement frontal et postérieur en volutes.

La volute postérieure se croise en crochet avec la partie homologue de la coiffure de la queue d'un deuxième grylle, qui, à droite, mange un gros épi. Et ce dernier naît d'une tige à double rang de feuilles, reprenant ainsi les formes des feuilles-plumes des grylles et de l'homme, dans un nouvel exemple de confusion malicieuse des règnes.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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IV. QUATRIÈME TRAVÉE DE LA NEF, COTÉ SUD.

 

Deux pièces S1 et S2 séparées par l'entrait et encadrées par des blochets.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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-Blochet complexe. 

-La pièce S2. Elle débute par un masque de profil coiffé d'un bonnet à grelot, puis vient un grylle, un semi-humain vêtu de blanc, et enfin un dragon à queue céphalisée. Bois polychrome (blanc, bleu et rouge) sous l'enduit chocolat.

-Entrait à engoulant.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Le masque de profil, aux cheveux longs et raides, est coiffé d'un bonnet dont la corne, projetée en avant, s'achève en balle (grelot ?), ce qui évoque un fou ou acrobate. Il embrasse la petite tête d'oiseau d'un grylle aux longues écailles et aux feuilles-plumes habituelles. La queue de ce grylle  s'achève en tête coiffée d'un bonnet bleu enrubanné.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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L'homme (ou créature semi-humaine) au centre tend les bras vers la chevelure du grylle, et l'empoigne. Il semble porter un bonnet carré. Il est vêtu d'une tunique blanche plissée, bouffante à la taille. Ses jambes sont repliées en grenouille, mais il n'échappe pas à la morsure du  dragon qui le poursuit.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Ce très beau dragon appartient au style de "Brellivet" par ses oreilles d'âne, son grand œil d'horus et sa collerette de plumes, mais il s'en éloigne par  un corps soigneusement poncé, et non entaillé de coups de gouges. Il est équipé d'ailes de chauve-souris. Sa queue se termine par une tête (c'est très commun parmi les dragons bretons), mais cette tête singe le masque de profil de début de pièce, et la queue du grylle.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Pièce S1. Elle est centrée par un masque humain de face coiffé d'un bonnet bleu et portant la barbe. À sa droite vient un grylle à tête de bonne femme grimaçante. À sa gauche un pampre, dont les grappes sont dévorées par un dragon à gueule de loup, ailes nervurées, et queue couverte de pustules, et entortillée.

Le blochet est une face lunaire, taillée en console.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Le bas-coté sud ("transept").

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Pièce de gauche. Homme allongé, bras en avants, coiffés d'un bonnet de fou. Feuilles-plumes fixées à des colliers.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Pièce de droite. Dragon à feuille-plumes croquant une grappe.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Blochet : buste de femme tenant un objet (ses genoux ?).

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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Masque crachant des feuilles.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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AUTRES PIÈCES.

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Jeune garçon en sarrau plissé soufflant dans une chalemie qui génère des feuilles.

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Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

Sablières de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars. Photographie lavieb-aile mai 2019.

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CONCLUSION.

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J'ai compté

7 masques, de face et de profil.

4 dragons, la plupart dotés d'une queue céphalisée.

4 grylles (chimère mi-humaine, mi-animale)

3 hommes (ou créatures semi-humaines) allongés, 

2 "anges".

Le point le plus remarquable est l'homogénéité de ce décor sculpté, déclinant en 6 à 8 pièces finalement le même motif, celui de dragons ou de dragons-grylles menaçant de dévoration des hommes, tout cela sous le signe de la métamorphose entre êtres humains, animaux,  animaux fantastiques et végétaux par le biais de l'ingestion réciproque. Les frontières entre espèces sont défaites par le double truchement d'anneaux de feuilles-plumes, et des queues prenant visage humain.

L'interprétation de ce décor, en opposition avec les motifs religieux (cultuels ou hagiographiques), ne peut être donnée. Au mieux, elle peut être suggérée, mais chaque proposition ou hypothèse soulevée se rit d'elle-même tant elle est en deçà de ce qui est représentée. Un charme évident naît de cette indétermination de ce qui est donné à voir, mais ce charme n'appartient pas au domaine du fantastique, ni de la poétique, et ni encore du folklorique ou du transgressif.

Pour retrouver un terrain plus argumenté, il faut souligner l'intérêt des rapprochements stylistiques avec les sablières de Pont-Croix, Cléden-Cap-Sizun et Primelin, toutes communes voisines ou proches de Confort-Meilars, et de Plomodiern et Saint-Nic, plus éloignées au nord du Porzay. Les hommes allongés bras tendus en avant, presque nageant ou volant dans l'étroite bande de bois, ont sur un visage de profil  le même œil vu de face, de taille excessive, le même front en melon et le même menton fuyant. La métamorphose par des feuilles-plumes prenant naissance par des colliers ou anneaux est également caractéristique.

Pourtant, dans ce corpus, Confort-Meilars se distingue par les corps lisses des dragons, par un goût du travail bien poncé soulignant des volumes musculeux.

On voit combien le travail d'analyse des sablières, si superbement établi pour toute la Bretagne par Sophie Duhem, peut encore être affiné, notamment pour le Finistère, par la confrontation de dossiers iconographiques comme celui que je propose ici.

Enfin, il doit sortir de ce cadre pour s'enrichir de la comparaison avec les œuvres de sculpture sur pierre contemporaines, comme les crossettes souvent riches en dragons (mais pas à Confort-Meilars).

 

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SOURCES ET LIENS.

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— COUFFON (René) & LE BARS (Alfred), 1988, Notices

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/MEILARS.pdf

"Suivant la généalogie de la Maison de Rosmadec, l'édifice actuel fut bâti en même temps que l'ancienne église de Landudec, entre 1528 et 1544, par les soins d'Alain de Rosmadec et de sa femme Jeanne du Chastel. La date de fondation inscrite sur la face nord du chevet, "EN. LAN. MVCSXXVIII. LE. SECOND. DIMANCHE. DAVST", vient confirmer cette assertion, mais les nombreux poissons et les caravelles sculptées sur le tympan du portail ouest montrent la participation importante des pêcheurs et armateurs, comme à Roscoff et à Penmarc'h.  Au cours de la construction, il y eut repentir, les deux premières travées ayant une largeur légèrement supérieure aux deux dernières.

L'édifice actuel comprend une nef de quatre travées avec bas-côtés et un choeur terminé par un chevet à noues multiples. De part et d'autre du clocher encastré sont deux réduits : côté sud, ossuaire ajouré de deux baies et donnant sur l'intérieur ; côté nord, chapelle des fonts. Le pignon ouest est percé à la base par un portail influencé par celui de Saint-Corentin, mais les voussures ne sont décorées par aucune guirlande de feuillages.

Le chevet, du type Beaumanoir, est contrebuté par des contreforts ajourés d'un quatre-feuilles du plus heureux effet. L'un des remplages renferme une fleur de lys, les deux autres sont flamboyants.

Du type à nef obscure, l'édifice est lambrissé en berceau avec entraits apparents ; les grandes arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers ; elles sont simplement épannelées dans les deux premières travées et bien moulurées dans les deux dernières.

Sablières sculptées au-dessus de la quatrième arcade et dans les collatéraux.

Arcs diaphragmes sur la nef et les bas-côtés entre la troisième et la quatrième arcade.

BIBL - B.D.H.A. 1933 : Notice (par l'abbé Parcheminou) - J. Rolland : La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) - R. Couffon : Notre-Dame de Confort (S.F.A. C.A. 1957) - R. Grand : L'art roman en Bretagne (Paris, 1958) - Ass. Bret. : Congrès de Douarnenez, 1965

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes : Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997.  pages 3 ; 19 : 143 et 179. Voir les pages  142 à 146 pour les sablières attribuées à "Bréllivet".

 

"Quelques représentations exceptionnelles [de scènes sexuelles] doivent être signalées : une scène de masturbation apparaît dans la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une sculpture damée laisse deviner deux figures enlacées se présentant mutuellement leurs organes à Brennilis, et, à Confort-Meilars, un petit homme est coiffé d'un chapeau à crête phallique" (p. 179)

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"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.

L'œuvre, datée de 1564,  est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.

Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les plus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.

Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."

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— ROLLAND (J.), 1922,  La chapelle Notre-Dame de Confort (Saint-Brieuc, 1922) : in Infobretagne 

http://www.infobretagne.com/meilars-confort-chapelle.htm

— PARCHEMINOU (Corentin), 1933, Meilars-Confort, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie (BDHA)

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/295fd408ca344ed8913a9ae63b8516cd.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 13:32

Les sablières (1566) de la nef et du transept de l'église de Saint-Nic.

 

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Les sablières de l'église Saint-Nicaise  de Saint-Nic. Le porche sud (1562).

Voir sur la commune de Saint-Nic :

— L'église Saint-Nicaise :

 

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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

 

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— La chapelle Saint-Jean :

 

— L'église de Trégarvan (sablières de 1670 par le Maître de Saint-Nic) :

L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):

 

 

Enfin, voir  :

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LES SABLIÈRES DE LA NEF.

Elles succèdent à celles du porche sud, réalisées par le même artisan en 1562, et également à celles de la nef et du porche de l'église de Plomodiern, réalisées en 1564 toujours par le même artisan dont le style se reconnait assez facilement (voir les articles précédents).

Elles sont datées par l'inscription lapidaire du mur nord de la nef, qui porte le nom du fabricien de l'année et le chronogramme 1566 : M : LE : PARLANT : 1566.

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Les entraits (poutre entre les deux cotés de la nef) ont été coupés, il n'en reste qu'un tronçon de 20 cm. Ces tronçons divisent néanmoins l'ensemble des sablières de la nef en différentes "pièces" de corniches (que je nomme "sablières" selon l'usage consacré). Les sablières figurées sont au nombre de 4 du coté nord de la nef, alors qu'il n'y en n'a qu'une du coté sud. Seuls les cotés ouest des transepts sont sculptés, soit 4 pièces.

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LES SABLIÈRES DU COTÉ GAUCHE (ou NORD) DE LA NEF.

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Sablière n°1 : partiellement cachée par la tribune. Angelot et dragon. 

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°2 : Angelot et quatre dragons liés par le col. 

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Les dragons ailés portent les marques au ciseau à bois caractéristiques de l'artisan de Saint-Nic et de Plomodiern, associées avec les perforations au foret qui figurent les verrucosités. Deux dragons ont des ailes nervurées de chauve-souris, les autres des ailes foliacées en volutes indentées.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°3 : Hommes-dragons tenant un cartouche entre deux médaillons. 

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Il s'agit exactement du motif présent sur les porches sud de Saint-Nic et de Plomodiern. Mais hélas, le cartouche ne porte ici aucune inscription. L'œil démesuré de l'homme-dragon, son nez proéminent, son menton fuyant, ses marques figurant les taillades de ses vêtements, les marques en I ou en ( nous sont donc familières. On retrouve sur les médaillons les deux personnages de profil, a priori un couple, portant la fraise, et coiffés d'un casque ou d'un bonnet.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°4 (angle du transept) : masque humains et animaux isolés.

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Cette pièce (comme les trois suivantes) sont moins facilement attribuable à la même main que les sablières précédentes, hormis le grand œil de profil. 

On trouve successivement une tête de bélier (ou de mouton), une feuille de figuier, une tête de femme et une tête de chat.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SABLIÈRES DU COTÉ DROIT (ou SUD) DE LA NEF.

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Sablière n°4 du coté sud (angle du transept) : masque humains et animaux isolés.

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Une tête d'animal près d'une tête de femme grimaçant de toutes ses dents.

Une tête d'homme moustachu coiffé d'un turban.

Une tête de femme coiffée d'un hennin à cornes (dit "en papillon) propre au XVIe siècle.

Un chien blanc et brun (ou un porc).

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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LES SABLIÈRES DU TRANSEPT.

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LE BRAS NORD DU TRANSEPT.

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Sablière n°1 formant l'angle nord-ouest du transept : masque humains et animaux isolés.

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un visage féminin.

Une scène mal identifiable mais inconvenante.

Une tête d'homme coiffé d'un bonnet, tenu par les oreilles par deux petits dragons.

Voir sur ce dernier motif les sablières de Guengat

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-ii-statues-sablieres-et-inscriptions-122885782.html .

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°2  du coté nord-ouest du bras nord : masque humains et animaux isolés.

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Une feuille.

Une tête de bélier.

Deux dragons verticaux affrontés langue contre langue.

 

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SABLIÈRES DU BRAS SUD DU TRANSEPT, coté ouest.

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Sablière n°1 et 2 frise de fleurs (tulipes à quatre feuilles).

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Cette frise se retrouve dans la nef de l'église de Plomodiern, ce qui incite à l'attribuer au même artisan que l'ensembles des sablières précédentes, plutôt que d'y voir un ajout plus tardif.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : Aigle (?).

Cet oiseau à tête de cheval n'a a priori guère d'intérêt, et passe facilement inaperçu dans l'ombre de son enfoncement. Pourtant, il ressemble beaucoup aux trois oiseaux des bas-cotés de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic, en  B17 et B20  de ma description ; or, ceux-ci datent de 1641-1675. 

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Chapelle Saint-Côme et Saint-Damien

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Chapelle Saint-Côme et Saint-Damien

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 21:23

Les sablières de l'église Saint-Nicaise  de Saint-Nic. Le porche sud (1562).

 

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Voir sur la commune de Saint-Nic :

— L'église Saint-Nicaise :

 

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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

 

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— La chapelle Saint-Jean :

 

— L'église de Trégarvan (sablières de 1670 par le Maître de Saint-Nic) :

—L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):

 

— Plus largement :

 

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Le mur intérieur du porche sud de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic porte une belle inscription sculptée sur la pierre, qui indique la date de sa construction en 1561.

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Le porche a reçu sa charpente l'année suivante, comme l'indique le cartouche d'une sablière, portant la date de 1562. Le menuisier et ymagier qui a égayé les deux sablières de dragons et de chimères a réalisé en 1564 un travail identique dans l'église de Plomodiern, à 5 kilomètres au sud-est.

En 1566, la nef de l'église fut construite, et reçut sa charpente peu de temps après, avec, là encore, des sablières et des blochets figurées. Eut-on recours au même artisan pour la nef, puis les transepts, que pour le porche ? Le prochain article, qui présentera cette charpente sculptée, tentera de répondre.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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LE COTÉ DROIT DU PORCHE.

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Au dessus des six niches à dais, vides de statues, une pièce de bois sculptée réunie deux blochets figurés.

Cette sablière comporte un cartouche central, tenu par deux hommes-dragons, liés chacun par la queue à un  dragon ; deux médaillons encadrent ce motif.

Dans ces personnages qui tiennent le cartouche, nous retrouvons les traits de leurs homologues de la nef et du porche de l'église de Plomodiern, tant dans la morphologie des visages (un front bombé, un "œil d'horus", un nez camus et un menton fuyant) que dans les bagues d'où partent, en guise d'ailes, d'ailerons ou de queue, des volutes ou panaches indentées comme des feuilles. Le thorax est entaillé de lignes longitudinales, de coups de gouge  et de perforations (pour rendre les verrucosités des dragons) et l'abdomen est marqué de coups de gouges en demi-cercle alternant avec des perforations au foret. Ces caractéristiques sont typiques du style et de la manière de faire de l'artisan des sablières de Plomodiern ( à qui Sophie Duhem donne le nom de Brellivet, alors que je pense que c'est le nom du fabricien), style qui se retrouve aussi dans la région du Cap-Sizun.

L'anneau qui relie deux à deux les queues des dragons se retrouve fréquemment sur les sablières de la région, mais aussi sur les ornementations en pierre des porches sculptés par  Bastien Prigent à la même période.

Cette période de réalisation du porche est connue avec précision par le cartouche aux poignées trapézoïdales  car on lit la date 1562 gravée en haut à gauche. Une inscription non plus gravée, mais sculptée en réserve est moins lisible; elle indique peut-être AVE MARIA (ma première hypothèse) mais plus vraisemblablement LE PARLÃT, nom d'un fabricien clairement inscrit dans la nef. Les marques en I sont visibles malgré les couches de peinture sur les poignées.

Les deux têtes de dragons ont les mêmes proportions et le même dessin qu'à Plomodiern, avec un grand œil ovale, des oreilles d'âne, une gueule de loup aux rangs de dents pointues et une belle langue rouge.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Les deux médaillons sont également issues du vocabulaire habituel de l'artisan de Plomodiern, et j'ai déjà cité à leur propos ce texte de Sophie Duhem :

"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente [du corpus étudiées par S. Duhem dans sa thèse, soit 1,7%] sont ornées de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches . Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). "  Sophie Duhem 

Voir les sablières de Guillaume Lamyon à Loguivy-Plougras en 1557 : 

http://www.lavieb-aile.com/2018/03/les-sablieres-1541-1557-de-l-eglise-saint-emilion-de-loguivy-plougras-22.html

 

C'est dire si (malgré, sur ma photo,  les toiles d'araignées que je n'ai pu ôter), il ne faut pas négliger d'observer cette alternance de marques en I et de perforations.

Les personnages sont ceux de Plomodiern : un couple (malgré ici la  distinction bien faible des deux genres) porte un bonnet (une coiffe ou un casque) et une fraise à épais godrons.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Le blochet de gauche est un homme coiffé d'un bonnet en diabolo et vêtu d'une pèlerine, dont le col aux belles lignes laisse deviner une petite fraise blanche. Rien ne permet d'affirmer la fonction de ce personnage ou de l'identifier.

Ce blochet diffère de ceux  du porche de Plomodiern, dont une partie était à peine dégagée de la poutre par des traits de gouge, et dont le menton était hypertrophié.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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L'autre blochet est sculpté en tête de dragon.

Dans les deux cas, l'exécution relève de la même main que la sablière.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Le lambris est indenté par deux culots, dont l'un est à motif végétal et l'autre représente un personnage tenant un phylactère portant des marques en I. Le bonnet, le visage dévoré par l'œil, la petite fraise blanche, nous retrouvons nos détails stylistiques.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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LE COTÉ GAUCHE DU PORCHE.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Un enfant nu (un putto) bras et jambes écartés tient par leur oreille deux dragons.

Nous aurons le plaisir de vérifier comme sur une check-list que les marques de ciseau (droit ou courbe) et de foret sont bien présentes, de même que les yeux aux larges pupilles, etc.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Et nous retrouvons nos personnages de profil dans leur médaillon, avec ici un bonnet marqué d'un pli (ou d'une visière).

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Le blochet de droite est identique à celui qui lui fait face : un personnage à la toque de juge (ou de marmiton) plissée, à la pèlerine protégeant bien les épaules, et au sourire un peu benêt.

Et le blochet de gauche est, pourquoi changer, une tête de dragon.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Les culots représentent deux têtes d'hommes barbus, à la gueule un peu de travers, mais que rien ne permet d'identifier. Néanmoins, le grand œil à la pupille en rondelle nous prouve que l'ensemble des sculptures de la charpente est de style homogène.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Bul. Société archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

EGLISE SAINT-NICAISE (I.S.) L'édifice actuel, en forme de croix latine, comporte une nef irrégulière avec bas-côtés de trois travées au nord et de quatre travées au sud, un transept et un choeur profond à chevet plat. Il date de la seconde moitié du XVIe siècle. Du type à nef obscure, il est lambrissé sur sablières sculptées. Les grandes arcades pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Entre deux arcades du côté nord, inscription : "M. LE. PARLAT. FA. 1566." Et sur un pilier du bas-côté sud : "I. C. P. 1536 (?)." Le clocher, du type cornouaillais à une chambre de cloches sans galerie, porte la date de 1576 ; il fut réparé en juin 1790 par Hervé Chapron, de Pleyben. Sur le portail ouest en tiers-point et à voussures sous accolade, date de 1570.

Le porche latéral du midi, lambrissé, est daté 1564 sur le gable ; ses sablières sont décorées de chimères et de grotesques. Il renferme douze niches latérales, aujourd'hui vides, pour les Apôtres ; l'une d'elles est datée 1620 ; à l'extérieur, cadran solaire de 1614.

Situé à l'ouest du porche, l'ossuaire d'attache à trois baies trilobées du XVIe siècle, ouvert maintenant sur l'église, sert de fonts baptismaux.

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997.

— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 08:49

 

Les sablières (J. Brellivet, 1564) de l'église de Plomodiern.

 

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des corniches ("sablières") et autres pièces de charpente sculptées (blochets, abouts de poinçon)  de Bretagne, les articles suivants :

 

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Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), voir :

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Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 :

Sur les réalisations d'un hypothétique Maître de Saint-Nic (1641-1676) :

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Mahouarn de Plomodiern (XVI-XVIIème siècle) a été  presque entièrement reconstruite entre 1858 et 1864, et elle ne conserve du  XVI et XVIIe siècles que son chevet, et son porche méridional.

Les éléments de datation de ces parties anciennes sont deux inscriptions sur bois peint des sablières de la nef (I : Brellivet : 1564) et du porche sud (I : Duz  Fa : 1624) et les inscriptions sur pierre des statues des apôtres du porche, avec les dates de 1621 et 1624, accompagnées de  divers noms. Enfin  les dates de 1574 et 1597 sont parait-il portées au-dessus des arcades nord de la nef .

Tous ces éléments sont de compréhension et d'interprétation difficiles. Sophie Duhem, auteur de référence pour les sablières de Bretagne, a considéré que I. Brellivet était le nom du sculpteur des sablières de la nef; mais ne s'agit-il pas plutôt, comme c'est l'usage, et comme on le voit sous le porche, du nom du fabricien en poste pour l'année en question ?

Les deux cartouches portant les noms et les dates des sablières sont quasi identiques, alors que les dates de 1564 et 1624 ne permettent pas d'envisager un artisan commun. Le style des deux ensembles de sablières (nef et porche) est, sinon identique, du moins proche. 

Les rapprochements avec d'autres ensembles de charpentes sculptées du secteur Presqu'île de Crozon, Pays du Porzay et Pays de l'Aulne s'avèrent également ardus.  Sophie Duhem a vu dans J. Brellivet un sculpteur d'abord actif dans la région du Cap Sizun (Pont-Croix en 1554, Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun, chapelle Saint-Tugden à Primelin) puis à l'église de Saint-Nic  entre 1561 et 1566. En effet, il est certain que c'est le même sculpteur qui a fait les sablières des églises des  2 communes voisines de Saint-Nic puis de Plomodiern. Son style se définit ainsi :

"Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons." (S. Duhem)

Mais "Brellivet" est-il aussi l'auteur du porche sud de Plomodiern ? Le rapprochement avec le porche sud de Saint-Nic permet de répondre affirmativement (malgré la date de 1624 du cartouche).

Au total, l'église de Plomodiern conserve un beau corpus de charpente sculptée datée de 1564, conservée en ré-emploi dans la nef du XIXe siècle, mais aussi sous le porche sud, avec 7 pièces de sablières, des blochets, des abouts de poinçons, témoignant de l'activité d'un sculpteur actif entre 1554 et 1564 soit dans la région du Cap Sizun (Finistère sud), soit en Porzay. 

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Le  préalable (mais encore faut-il prendre la peine de s'y livrer) est de mettre en ligne les documents photographiques, ce qui peut permettre ensuite les confrontations avec mes précédents relevés des sablières de la région.

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I. LA CHARPENTE DE LA NEF.

 

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La première énigme commence avec les armoiries bien en vue (et repeintes récemment) du nœud du dernier  des entraits engoulés de la nef lambrissée. On pourrait le blasonner comme un écartelé aux premier et quatrième d'azur plein, , et aux deuxième et troisième bandé d'argent et de gueules. 

Puisque la sablière de la nef porte la date de 1564, notons qu'à la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1562 étaient mentionnés : maître Yves de Tréanna, sr. de Lanvillo, ( d'argent à une mâcle d'azur), la dame du Rible (d'argent au chevron de gueules) ; la dame du Pratganec,  ; Jehan du Tymeur,  ; Bertrand Coatsquiriou, sieur de Bulguron ; le sieur de Coatsquiriou ; Henry Guyot ; Henry Guynemant.

Mais même si on reconnait les marques en I propre au menuisier de 1564,  la peinture de ces armoiries ne datent-t-elles pas de la reconstruction du XIXe siècle ?

Je passe.

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Entrait   de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

 

 

 

Entrait   de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait   de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Je décrirai les corniches sculptées et peintes en partant de l'angle nord du transept.

Blochet de l'angle nord-ouest du transept.

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Ce personnage coiffé d'un bonnet tient les mains près de sa gorge ; on remarque un cœur (suspendu à son cou ?). Saint Augustin ??

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Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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1. Frise de tulipes (?) et vignes avec grappes.

L'extrémité du cep est tenu par le bec d'un oiseau.On retrouve ce motif du pampre tenu par un oiseau à Saint-Nic, dans les chapelles Saint-Jean et Saint Côme et Saint-Damien. Surtout, les "tulipes" à deux feuilles se trouvent à l'identique dans le bras sud du transept de l'église de Saint-Nic.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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2. Deux dragons affrontés.

Ces dragons ont des ailes et accessoires de queue évoquant des feuilles, et qui naissent de viroles. Ils encadrent un motif formé de deux banderoles croisées, et feuillagées. Deux volutes bleues occupent les extrémités.

Les deux bandes blanches et les volutes bleues portent des marques en I. Les écailles et verrues des dragons sont rendues par des entailles de ciseaux à bois, en coup d'ongle, par des entailles droites, par des perforations au foret, par des marques en I sur la queue.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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3. Deux dragons opposés par la queue autour d'une volute verte.

Au centre, une banderole verte enroulée en volute est dotée d'appendices foliés ; elle porte des marques en I . De chaque coté, deux dragons s'opposent par la queue, mais leur tête se tourne vers le centre. Comme les précédents, il porte des bagues où se fixent en guise d'aile ou de queue des volutes en feuilles ou en plumes.Les marques de gouges et de forets de sculpteur sont à nouveau utilisées en ornementation. Cette façon de faire laisse imaginer que l'artisan est un menuisier plus habile à utiliser ses outils de découpe qu'à modeler le bois. On retrouve cela à Trégarvan, Saint-Jean en Saint-Nic, à l'église de Saint-Nic, etc.

Les couleurs associent à un rouge vermillon et à un jaune franc des teintes pastels comme le vert anis et le rose pâle, dont le dégradé donne un aspect nacré.

À l'extrémité, deux coquilles relève du vocabulaire Renaissance évoquant Vénus.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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4. Cartouche présenté par deux hommes-dragons.

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Deux créatures associent une tête et un tronc humain avec un abdomen et une queue de dragons. Le visage de ces chimères est difforme, avec un nez camus, une gorge gonflée, et un œil énorme, vu de face, sous un front qui est peut-être un casque.

 

 

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Le cartouche à trois profondeurs porte des marques en I caractéristiques.

L'inscription est gravée et rehaussée de peinture blanche :

J: BRELLIVET : 1564.

Les lettres majuscule droites sont gravées par une main malhabile, par association de traits droits de même taille et de quelques courbes hémisphériques.

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a) le patronyme J. Brellivet.

Le prénom est sans doute Jean, mais peut-être Joseph ou Jacques. Le patronyme BRELLIVET correspond à la graphie actuelle   BRELIVET. Albert Deshayes mentionne une première attestation à Quimper en 1534 avec la graphie BRILIVET, et donne son origine d'un ancien breton du cartulaire de Redon  BLEUNLIUUET, avec le sens possible de "tête de l'armée", pour désigner un combattant.

Le site Geneanet  signale que parmi les  21000 occurrences en France, 20000 se trouvent en Finistère, dont 15 000 en Finistère sud, 10000 autour de Locronan et Plogonnec, avec 5 pôles majeurs, Plogonnec-Locronan (3852), Plomodiern (2824), Le Faou-Hanvec (2441), Plouergat (2100), et Peumerit (1172).  https://www.geneanet.org/nom-de-famille/BRELIVET

L'absence de qualificatif ne permet pas de savoir si ce cartouche porte le nom d'un menuisier, d'un fabricien (comme c'est l'usage), voire d'un recteur . Mais au XVIe siècle, il est rare que les artisans signent leur œuvre. C'est si rare que nous ne pourrions retenir cette hypothèse que si le nom était accompagné d'une mention de profession (menuisier, ymagier)  ou de l'indication telle que "untel m'a fait". D'autre part, si cet artisan avait la prétention de signer son travail, il l'aurait sans doute fait également sur les autres chantiers où son style a été reconnu, et notamment sur le porche sud de l'église de Saint-Nic, qui est identique à celui de Plomodiern. Enfin, les données généalogiques sont en faveur du fait que ce "J. BRELLIVET" est natif de Plomodiern ou des alentours, ce qui s'oppose à l'idée que la paroisse aurait fait venir chez elle un sculpteur étranger qui aurait d'abord travaillé au Cap Sizun.

De même, les recteurs ne feront indiquer leur nom qu'un peu plus tard. 

Je privilégie donc l'hypothèse de voir ici le nom du fabricien élu pour l'année 1564 afin de gérer la trésorerie et de commanditer et réceptionner les travaux.

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b) L'année 1564.

 

L'année 1564 peut être rapprochée des repères suivants pour les édifices de la région  :

  • Calvaire de Trégarvan en 1527 (?).

  • Calvaire de Ploéven en 1550 (et Déploration de 1547).

  • Calvaire de Pleyben en 1555.

  • Porche sud de l'église de Saint-Nic en 1562.

  • Début de la construction de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern en 1570.

  • Début de la construction de la chapelle Saint-Sébastien en Plomodiern en 1573.

  • Début de construction de l'église de Ploéven (1574)

  • Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe en Ploéven en 1585.

  • Début de la construction de l'église de Trégarvan en 1590.

  • Début de la construction de la chapelle Saint-Nicodème en Ploéven en 1593.

Concernant les sablières, il faut signaler que les charpentes sculptées par le Maître de Pleyben à Pleyben, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Saint-Divy, et  au château de Kerjean  à Saint-Vougay sont un peu plus tardives que celles de Plomodiern et de l'église de Saint-Nic, entre 1567 et 1576.

 

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Les médaillons.

À gauche, un soldat est coiffé d'un casque argenté et porte une sorte de fraise à gros godrons (qui appartient bien à la mode vestimentaire sous Charles IX). À gauche, c'est sans doute son épouse, qui est coiffée d'un bonnet, (comme on le trouve vers 1565 sur un portrait de Catherine de Médicis), et qui porte une fraise.

 

 

"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente sont ornés de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches . Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). "  Sophie Duhem 

Voir les sablières de Guillaume Lamyon, Loguivy-Plougras, 1557 : 

http://www.lavieb-aile.com/2018/03/les-sablieres-1541-1557-de-l-eglise-saint-emilion-de-loguivy-plougras-22.html

Voir les sablières de Saint-Nic :

L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives. 1561-1566, etc

 

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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5. Deux dragons encadrant un médaillons losangique.

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Au centre, un médaillon losangique à fond jaune, avec les mêmes marques en I et les mêmes ponctuations, renferme un visage de putto.

Les dragons ne diffèrent des précédents que par la présence de 3 bagues ailées au lieu de 2.

À droite, un médaillon nous montre un personnage : un homme casqué, ou une femme coiffée d'un bonnet.

À gauche, une coquille.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1564)  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1564) de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Deux blochets.

Un acrobate en renversement postérieur.

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Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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II. LA CHARPENTE DU PORCHE SUD.

Cette charpente offre au regard au dessus de la galerie des Apôtres (vers 1620) son lambris bleu parcouru de nervures vertes et rouges, ses deux corniches polychromes encadrées chacune de deux blochets, et de quatre culots sur le parcours des nervures.

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I. La sablière du coté oriental (partie droite du porche).

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Deux personnages chimériques, semblables à ceux qui tenaient déjà le cartouche de la nef, tiennent un cartouche identique, aux poignées trapézoïdales. Il semble donc que cette sablière a été réalisée par le même artisan qui a créé le cartouche "J. BRELLIVET 1564". Pourtant, ce nouveau cartouche porte l'inscription :

I : DUZ FA 1624

. Soit I : DUZ fabricien en 1624.

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Il faut assimiler le patronyme DUZ à la graphie plus répandue aujourd'hui de LE DU ; ce nom est attesté à Plomodiern à cette époque, avec ses variantes, et on peut peut-être assimiler le fabricien avec Yves DUZ, DU, DUFF, DEUF (LE), marié avec Marie GUYOT et père de Jean DUZ (DU, DUFF, DEUF (LE)), lequel est né vers 1642 et  décédé le 13 janvier 1722 à Plomodiern. Il apparaît dans la généalogie d'Annick Gourmelen-Testu.

https://gw.geneanet.org/gourmelenat?lang=fr&pz=vincent+bruno&nz=testu&ocz=1&p=yves&n=duz+du+duff+deuf+le

De plus, il est difficile d'accepter la datation au XVIIe siècle du porche, et de ses sablières, si on remarque l'identité des sculptures de ce porche avec celui de Saint-Nic, clairement daté de 1562.

L'examen des caractéristiques de la sculpture montre néanmoins des différences avec celle de la nef. Le cartouche n'est pas marqué de I et de points, les personnages n'ont pas cet œil d'horus ou  ce front bombé i reconnaissables , le pagne jaune est sommaire, l'abdomen n'est pas sculpté d'écailles,  les appendices foliaires des bagues sont réduits à une volute sans digitation. On  retrouve pourtant sur la queue les perforations au foret, propre à l'artiste de 1564.

Il est possible de se demander si toute cette pièce n'est pas la copie, habile mais d'une main différente, d'une pièce originale (à la suite d'une détérioration), ce qui expliquerait que le fabricien ait mentionné son nom comme responsable de cette commande. 

Il reste alors à savoir si c'est l'ensemble de la charpente du porche, ou seulement cette pièce de sablière, qui doit être attribuée au "plagiaire" et doit être datée de 1624. C'est ce dernier cas qui est le plus probable, car la mentalité de l'époque n'était pas de procéder à des restaurations de l'ancien si une remise à neuf  en style contemporain pouvait être  décidée.

Ou bien, le fabricien Le DUZ a utilisé ce cartouche pour signaler sa responsabilité du chantier principal, la réalisation des 12 statues d'apôtres du porche qui portent, gravées dans la pierre, les dates de 1624 et 1626.

Il est peu vraisemblable que la question soit jugée suffisamment importante pour faire financer une étude dendrochronologique...

 

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de gauche. Homme barbu tenant un écu muet.

Notez la tête-bûche au nez dégagé à l'herminette, le bonnet laissant passer les petites indentations des cheveux courts, la petite bouche, les yeux ronds, le  cou puissant, la tunique à petits boutons, la pièce de charpente bien visible.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de droite. Tête d'homme.

Cette tête est semblable à la précédente, mais le buste n'est qu'esquissé à coups de gouge. Une fois encore, nous avons affaire à un artisan qui ne cherche pas à dissimuler les traces de ses outils et des coups de taille par un fin ponçage et qui ne recherche pas les arrondis harmonieux , soit par choix et goût de l'esthétique de l'inachevé ou non finito (un peu précurseur, non ?), soit par manque de formation à un fini plus élaboré.

On remarquera le menton hypertrophique, en talon de sabot, une caractéristique que j'ai déjà noté à  Trégarvan et à Saint-Nic sous la main d'un hypothétique "Maître de Saint-Nic" (1641-1676) . Ce qui complique mes efforts d'attribution, ou incite à les affiner.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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II. La sablière du coté occidental (partie gauche du porche).

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Deux dragons tiennent entre leurs têtes détournées un médaillon losangique semblable à celui de la nef. Comme lui, il contient la tête d'un putto , et il comporte deux "pommes" en partie basse.

Les dragons, au corps très long, comportent trois bagues ailées par des feuillages. En périphérie, deux coquilles.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de droite. Homme ou femme les mains posées sur un baudrier.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de gauche. Homme portant une large fraise.

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La fraise et les plis de l'habit sont taillés à la gouge en utilisant l'empreinte de l'outil.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Les culots des nervures.

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Un homme tenant un bol.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Homme tenant un livre.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Un buveur.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Un barbu.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Dieu le Père.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON.

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A. LE PORCHE SUD DE L'ÉGLISE DE SAINT-NIC.

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Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.

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LE CHOEUR ET LE  TRANSEPT DE TRGARVAN.

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Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.

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SOURCES ET LIENS.

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997.  pages 142 à 146.

 

 

"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.

L'œuvre, datée de 1564,  est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.

Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les lus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.

Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugden à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."

 

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— COUFFON (René), 1988, Notices sur les paroisses, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLOMODIE.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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