Les sablières (J. Brellivet, 1564) de l'église de Plomodiern.
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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des corniches ("sablières") et autres pièces de charpente sculptées (blochets, abouts de poinçon) de Bretagne, les articles suivants :
L'église Saint-Mahouarn de Plomodiern (XVI-XVIIème siècle) a été presque entièrement reconstruite entre 1858 et 1864, et elle ne conserve du XVI et XVIIe siècles que son chevet, et son porche méridional.
Les éléments de datation de ces parties anciennes sont deux inscriptions sur bois peint des sablières de la nef (I : Brellivet : 1564) et du porche sud (I : Duz Fa : 1624) et les inscriptions sur pierre des statues des apôtres du porche, avec les dates de 1621 et 1624, accompagnées de divers noms. Enfin les dates de 1574 et 1597 sont parait-il portées au-dessus des arcades nord de la nef .
Tous ces éléments sont de compréhension et d'interprétation difficiles. Sophie Duhem, auteur de référence pour les sablières de Bretagne, a considéré que I. Brellivet était le nom du sculpteur des sablières de la nef; mais ne s'agit-il pas plutôt, comme c'est l'usage, et comme on le voit sous le porche, du nom du fabricien en poste pour l'année en question ?
Les deux cartouches portant les noms et les dates des sablières sont quasi identiques, alors que les dates de 1564 et 1624 ne permettent pas d'envisager un artisan commun. Le style des deux ensembles de sablières (nef et porche) est, sinon identique, du moins proche.
Les rapprochements avec d'autres ensembles de charpentes sculptées du secteur Presqu'île de Crozon, Pays du Porzay et Pays de l'Aulne s'avèrent également ardus. Sophie Duhem a vu dans J. Brellivet un sculpteur d'abord actif dans la région du Cap Sizun (Pont-Croix en 1554, Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun, chapelle Saint-Tugden à Primelin) puis à l'église de Saint-Nic entre 1561 et 1566. En effet, il est certain que c'est le même sculpteur qui a fait les sablières des églises des 2 communes voisines de Saint-Nic puis de Plomodiern. Son style se définit ainsi :
"Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons." (S. Duhem)
Mais "Brellivet" est-il aussi l'auteur du porche sud de Plomodiern ? Le rapprochement avec le porche sud de Saint-Nic permet de répondre affirmativement (malgré la date de 1624 du cartouche).
Au total, l'église de Plomodiern conserve un beau corpus de charpente sculptée datée de 1564, conservée en ré-emploi dans la nef du XIXe siècle, mais aussi sous le porche sud, avec 7 pièces de sablières, des blochets, des abouts de poinçons, témoignant de l'activité d'un sculpteur actif entre 1554 et 1564 soit dans la région du Cap Sizun (Finistère sud), soit en Porzay.
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Le préalable (mais encore faut-il prendre la peine de s'y livrer) est de mettre en ligne les documents photographiques, ce qui peut permettre ensuite les confrontations avec mes précédents relevés des sablières de la région.
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I. LA CHARPENTE DE LA NEF.
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La première énigme commence avec les armoiries bien en vue (et repeintes récemment) du nœud du dernier des entraits engoulés de la nef lambrissée. On pourrait le blasonner comme un écartelé aux premier et quatrième d'azur plein, , et aux deuxième et troisième bandé d'argent et de gueules.
Puisque la sablière de la nef porte la date de 1564, notons qu'à la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1562 étaient mentionnés : maître Yves de Tréanna, sr. de Lanvillo, ( d'argent à une mâcle d'azur), la dame du Rible (d'argent au chevron de gueules) ; la dame du Pratganec, ; Jehan du Tymeur, ; Bertrand Coatsquiriou, sieur de Bulguron ; le sieur de Coatsquiriou ; Henry Guyot ; Henry Guynemant.
Mais même si on reconnait les marques en I propre au menuisier de 1564, la peinture de ces armoiries ne datent-t-elles pas de la reconstruction du XIXe siècle ?
Je passe.
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Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Je décrirai les corniches sculptées et peintes en partant de l'angle nord du transept.
Blochet de l'angle nord-ouest du transept.
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Ce personnage coiffé d'un bonnet tient les mains près de sa gorge ; on remarque un cœur (suspendu à son cou ?). Saint Augustin ??
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Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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1. Frise de tulipes (?) et vignes avec grappes.
L'extrémité du cep est tenu par le bec d'un oiseau.On retrouve ce motif du pampre tenu par un oiseau à Saint-Nic, dans les chapelles Saint-Jean et Saint Côme et Saint-Damien. Surtout, les "tulipes" à deux feuilles se trouvent à l'identique dans le bras sud du transept de l'église de Saint-Nic.
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Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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2. Deux dragons affrontés.
Ces dragons ont des ailes et accessoires de queue évoquant des feuilles, et qui naissent de viroles. Ils encadrent un motif formé de deux banderoles croisées, et feuillagées. Deux volutes bleues occupent les extrémités.
Les deux bandes blanches et les volutes bleues portent des marques en I. Les écailles et verrues des dragons sont rendues par des entailles de ciseaux à bois, en coup d'ongle, par des entailles droites, par des perforations au foret, par des marques en I sur la queue.
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Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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3. Deux dragons opposés par la queue autour d'une volute verte.
Au centre, une banderole verte enroulée en volute est dotée d'appendices foliés ; elle porte des marques en I . De chaque coté, deux dragons s'opposent par la queue, mais leur tête se tourne vers le centre. Comme les précédents, il porte des bagues où se fixent en guise d'aile ou de queue des volutes en feuilles ou en plumes.Les marques de gouges et de forets de sculpteur sont à nouveau utilisées en ornementation. Cette façon de faire laisse imaginer que l'artisan est un menuisier plus habile à utiliser ses outils de découpe qu'à modeler le bois. On retrouve cela à Trégarvan, Saint-Jean en Saint-Nic, à l'église de Saint-Nic, etc.
Les couleurs associent à un rouge vermillon et à un jaune franc des teintes pastels comme le vert anis et le rose pâle, dont le dégradé donne un aspect nacré.
À l'extrémité, deux coquilles relève du vocabulaire Renaissance évoquant Vénus.
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Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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4. Cartouche présenté par deux hommes-dragons.
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Deux créatures associent une tête et un tronc humain avec un abdomen et une queue de dragons. Le visage de ces chimères est difforme, avec un nez camus, une gorge gonflée, et un œil énorme, vu de face, sous un front qui est peut-être un casque.
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Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Le cartouche à trois profondeurs porte des marques en I caractéristiques.
L'inscription est gravée et rehaussée de peinture blanche :
J: BRELLIVET : 1564.
Les lettres majuscule droites sont gravées par une main malhabile, par association de traits droits de même taille et de quelques courbes hémisphériques.
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a) le patronyme J. Brellivet.
Le prénom est sans doute Jean, mais peut-être Joseph ou Jacques. Le patronyme BRELLIVET correspond à la graphie actuelle BRELIVET. Albert Deshayes mentionne une première attestation à Quimper en 1534 avec la graphie BRILIVET, et donne son origine d'un ancien breton du cartulaire de Redon BLEUNLIUUET, avec le sens possible de "tête de l'armée", pour désigner un combattant.
Le site Geneanet signale que parmi les 21000 occurrences en France, 20000 se trouvent en Finistère, dont 15 000 en Finistère sud, 10000 autour de Locronan et Plogonnec, avec 5 pôles majeurs, Plogonnec-Locronan (3852), Plomodiern (2824), Le Faou-Hanvec (2441), Plouergat (2100), et Peumerit (1172). https://www.geneanet.org/nom-de-famille/BRELIVET
L'absence de qualificatif ne permet pas de savoir si ce cartouche porte le nom d'un menuisier, d'un fabricien (comme c'est l'usage), voire d'un recteur . Mais au XVIe siècle, il est rare que les artisans signent leur œuvre. C'est si rare que nous ne pourrions retenir cette hypothèse que si le nom était accompagné d'une mention de profession (menuisier, ymagier) ou de l'indication telle que "untel m'a fait". D'autre part, si cet artisan avait la prétention de signer son travail, il l'aurait sans doute fait également sur les autres chantiers où son style a été reconnu, et notamment sur le porche sud de l'église de Saint-Nic, qui est identique à celui de Plomodiern. Enfin, les données généalogiques sont en faveur du fait que ce "J. BRELLIVET" est natif de Plomodiern ou des alentours, ce qui s'oppose à l'idée que la paroisse aurait fait venir chez elle un sculpteur étranger qui aurait d'abord travaillé au Cap Sizun.
De même, les recteurs ne feront indiquer leur nom qu'un peu plus tard.
Je privilégie donc l'hypothèse de voir ici le nom du fabricien élu pour l'année 1564 afin de gérer la trésorerie et de commanditer et réceptionner les travaux.
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b) L'année 1564.
L'année 1564 peut être rapprochée des repères suivants pour les édifices de la région :
Calvaire de Trégarvan en 1527 (?).
Calvaire de Ploéven en 1550 (et Déploration de 1547).
Calvaire de Pleyben en 1555.
Porche sud de l'église de Saint-Nic en 1562.
Début de la construction de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern en 1570.
Début de la construction de la chapelle Saint-Sébastien en Plomodiern en 1573.
Début de construction de l'église de Ploéven (1574)
Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe en Ploéven en 1585.
Début de la construction de l'église de Trégarvan en 1590.
Début de la construction de la chapelle Saint-Nicodème en Ploéven en 1593.
Concernant les sablières, il faut signaler que les charpentes sculptées par le Maître de Pleyben à Pleyben, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Saint-Divy, et au château de Kerjean à Saint-Vougay sont un peu plus tardives que celles de Plomodiern et de l'église de Saint-Nic, entre 1567 et 1576.
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Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Les médaillons.
À gauche, un soldat est coiffé d'un casque argenté et porte une sorte de fraise à gros godrons (qui appartient bien à la mode vestimentaire sous Charles IX). À gauche, c'est sans doute son épouse, qui est coiffée d'un bonnet, (comme on le trouve vers 1565 sur un portrait de Catherine de Médicis), et qui porte une fraise.
"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente sont ornés de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches . Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). " Sophie Duhem
Voir les sablières de Guillaume Lamyon, Loguivy-Plougras, 1557 :
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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5. Deux dragons encadrant un médaillons losangique.
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Au centre, un médaillon losangique à fond jaune, avec les mêmes marques en I et les mêmes ponctuations, renferme un visage de putto.
Les dragons ne diffèrent des précédents que par la présence de 3 bagues ailées au lieu de 2.
À droite, un médaillon nous montre un personnage : un homme casqué, ou une femme coiffée d'un bonnet.
À gauche, une coquille.
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Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Sablières (1564) de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Deux blochets.
Un acrobate en renversement postérieur.
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Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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II. LA CHARPENTE DU PORCHE SUD.
Cette charpente offre au regard au dessus de la galerie des Apôtres (vers 1620) son lambris bleu parcouru de nervures vertes et rouges, ses deux corniches polychromes encadrées chacune de deux blochets, et de quatre culots sur le parcours des nervures.
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I. La sablière du coté oriental (partie droite du porche).
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Deux personnages chimériques, semblables à ceux qui tenaient déjà le cartouche de la nef, tiennent un cartouche identique, aux poignées trapézoïdales. Il semble donc que cette sablière a été réalisée par le même artisan qui a créé le cartouche "J. BRELLIVET 1564". Pourtant, ce nouveau cartouche porte l'inscription :
I : DUZ FA 1624
. Soit I : DUZ fabricien en 1624.
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Il faut assimiler le patronyme DUZ à la graphie plus répandue aujourd'hui de LE DU ; ce nom est attesté à Plomodiern à cette époque, avec ses variantes, et on peut peut-être assimiler le fabricien avec Yves DUZ, DU, DUFF, DEUF (LE), marié avec Marie GUYOT et père de Jean DUZ (DU, DUFF, DEUF (LE)), lequel est né vers 1642 et décédé le 13 janvier 1722 à Plomodiern. Il apparaît dans la généalogie d'Annick Gourmelen-Testu.
De plus, il est difficile d'accepter la datation au XVIIe siècle du porche, et de ses sablières, si on remarque l'identité des sculptures de ce porche avec celui de Saint-Nic, clairement daté de 1562.
L'examen des caractéristiques de la sculpture montre néanmoins des différences avec celle de la nef. Le cartouche n'est pas marqué de I et de points, les personnages n'ont pas cet œil d'horus ou ce front bombé i reconnaissables , le pagne jaune est sommaire, l'abdomen n'est pas sculpté d'écailles, les appendices foliaires des bagues sont réduits à une volute sans digitation. On retrouve pourtant sur la queue les perforations au foret, propre à l'artiste de 1564.
Il est possible de se demander si toute cette pièce n'est pas la copie, habile mais d'une main différente, d'une pièce originale (à la suite d'une détérioration), ce qui expliquerait que le fabricien ait mentionné son nom comme responsable de cette commande.
Il reste alors à savoir si c'est l'ensemble de la charpente du porche, ou seulement cette pièce de sablière, qui doit être attribuée au "plagiaire" et doit être datée de 1624. C'est ce dernier cas qui est le plus probable, car la mentalité de l'époque n'était pas de procéder à des restaurations de l'ancien si une remise à neuf en style contemporain pouvait être décidée.
Ou bien, le fabricien Le DUZ a utilisé ce cartouche pour signaler sa responsabilité du chantier principal, la réalisation des 12 statues d'apôtres du porche qui portent, gravées dans la pierre, les dates de 1624 et 1626.
Il est peu vraisemblable que la question soit jugée suffisamment importante pour faire financer une étude dendrochronologique...
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Blochet de gauche. Homme barbu tenant un écu muet.
Notez la tête-bûche au nez dégagé à l'herminette, le bonnet laissant passer les petites indentations des cheveux courts, la petite bouche, les yeux ronds, le cou puissant, la tunique à petits boutons, la pièce de charpente bien visible.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Blochet de droite. Tête d'homme.
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Cette tête est semblable à la précédente, mais le buste n'est qu'esquissé à coups de gouge. Une fois encore, nous avons affaire à un artisan qui ne cherche pas à dissimuler les traces de ses outils et des coups de taille par un fin ponçage et qui ne recherche pas les arrondis harmonieux , soit par choix et goût de l'esthétique de l'inachevé ou non finito (un peu précurseur, non ?), soit par manque de formation à un fini plus élaboré.
On remarquera le menton hypertrophique, en talon de sabot, une caractéristique que j'ai déjà noté à Trégarvan et à Saint-Nic sous la main d'un hypothétique "Maître de Saint-Nic" (1641-1676) . Ce qui complique mes efforts d'attribution, ou incite à les affiner.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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II. La sablière du coté occidental (partie gauche du porche).
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Deux dragons tiennent entre leurs têtes détournées un médaillon losangique semblable à celui de la nef. Comme lui, il contient la tête d'un putto , et il comporte deux "pommes" en partie basse.
Les dragons, au corps très long, comportent trois bagues ailées par des feuillages. En périphérie, deux coquilles.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Blochet de droite. Homme ou femme les mains posées sur un baudrier.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Blochet de gauche. Homme portant une large fraise.
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La fraise et les plis de l'habit sont taillés à la gouge en utilisant l'empreinte de l'outil.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Les culots des nervures.
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Un homme tenant un bol.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Homme tenant un livre.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Un buveur.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Un barbu.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Dieu le Père.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.
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QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON.
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A. LE PORCHE SUD DE L'ÉGLISE DE SAINT-NIC.
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LE CHOEUR ET LE TRANSEPT DE TRGARVAN.
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SOURCES ET LIENS.
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997. pages 142 à 146.
"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.
L'œuvre, datée de 1564, est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.
Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les lus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.
Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugden à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."
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— COUFFON (René), 1988, Notices sur les paroisses,
La chapelle de Saint-Laurent, en forme de croix avec un petit clocheton mur, est située à 1,500 mètres au Nord-Ouest du bourg de Pleyben , à une altitude de 85m. La fontaine alimente un ruisseau formant la rivière du Vernic, affluent de l'Aulne qui s'écoule du nord-est vers le sud-ouest.
On retrouve donc une situation fréquente, où le sanctuaire domine à près de 100 mètres d'altitude un cours d'eau boisé (Saint-Côme et Saint-Jean à Saint-Nic, Saint-Dispar à Dinéault, le bourg ou la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, la chapelle Saint-Nicodème à Ploéven, etc...) qui se jette vers l'Aulne ou vers la mer. Il succède souvent à un premier sanctuaire, voire à un ermitage, dont les traces sont suspectées plutôt que patentes.
Ces vallons souvent émaillés de moulins servaient de voies de communications, et la route actuelle qui relie la chapelle avec Pleyben suit le tracé du ruisseau.
La situation dominante du lieu est marquée par le toponyme du lieu bâti le plus proche, celui de Rozalghen (2019) dont les cartes donnent les variantes Rosalaguer (1820-1866), Rosalguen ?? (Cassini, v. 1770), Rosaleguen (1950), puisque la racine roz ou ros signifie colline (vieux-breton "tertre, hauteur"). C'est le cas de Rozarnou à Dinéault pour la chapelle Saint-Dispar.
"Le mot roz, signifiant montagne à pente généralement uniforme, sert à désigner Roz du (Botmeur), Roz ar yar (Plounéour), Roz an eol (La Feuillée), Roz ampaou (Brasparts). Les collines granitiques appelées roz forment une sorte de gradin entre les sommets et les bas-fonds marécageux. Ces roz étaient, à cause de la pente moins forte, les seules terres que l'homme pût cultiver au centre de l'Arrée. Ainsi depuis Botcador (en Botmeur) jusqu'à Tréludon s'étire une traînée de villages entourés d'un peu de verdure et de maigres champs. Par ex. le village de Kerbruc est abrité par trois roz : roz du, roz uihan et roz vras. Menez, c'est-à-dire la montagne au sommet arrondi, est moins fréquent : Les Menez et Menez quilliou en Plounéour. Reun est employé quand on considère la pente moyenne régulièrement inclinée : Le Reuniou (Berrien). "
Notice en ligne par l'enquête de l'Inventaire Général.
Édifice de plan en croix latine, avec bras de transept très allongés et chevet peu saillant. Chevet et bras nord étayés par d´imposants contreforts. Nef éclairée au nord par une seule ouverture en arc brisé. Bras de transept accessibles par des portes (en arc brisé au sud, plein cintre mouluré au nord) et éclairés par des fenêtres (deux au sud, une au nord) en arc brisé à réseau flamboyant. Maîtresse-vitre en arc brisé à réseau flamboyant. Porte de la sacristie dans-oeuvre en arc brisé. Sol couvert de dalles de schiste. Sablières sculptées (sauf dans la nef). Charpente à arbalétriers courbes et entraits retroussés à engoulants, clés pendantes sculptées (fleurons, têtes d´angelots). Blochets figurant des anges portant les instruments de la Passion à la croisée du transept.
Fontaine bâtie dans les années 1640 (date en partie illisible), remontée, couverte d´une voûte en plein cintre abritant une statue moderne..
granite , schiste , grès pierre de taille , moellon
L´édifice, comme toutes les chapelles communales, a bénéficié du don de Madame Le Douzen pour sa restauration (mobilier compris) en 1992. Vitraux réalisés en 1992 par M. Le Bihan de Quimper. Mobilier de grande qualité et d´intérêt patrimonial.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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I. L'HISTOIRE : LES INSCRIPTIONS.
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1°) La bulle d'indulgence de 1500 : une première restauration d'un édifice plus ancien.
On ne connaît rien de la fondation de la chapelle, mais elle doit remonter au-delà du XVIème siècle, puisqu’en l'an 1500, il était question de faire d’importantes réparation, comme en fait foi une bulle d’indulgences découverte aux Archives départementales et signée de 22 cardinaux, diacres et évêques.
Dans cette bulle, la chapelle est dite de Saint-Tugdual : on y signale les fêtes de Saint Marc, évangéliste, de Saint Tugdual, de Saint Laurent, de Saint Roch, comme y étant célébrées. La bulle est obtenue par Noble Fiacre Leinloët, clerc du diocèse de Quimper, en faveur des restaurations à effectuer à la dite chapelle.
Elle conserve de cette époque le plan en croix ainsi que plusieurs éléments (niche crédence nord, portes nord, sud et est, porte de la sacristie).
2°) Deuxième mention en 1652, registre paroissial.
On relève aux registres paroissiaux de l'an 1652 qu’on trouva sur l’autel de la chapelle « ung enffant emmailloté dans des drapeaux, dont on ne cognoit ny père ny mère, et qui estoit une fille ».
3°) En 1662, un document d'archive signale une nouvelle restauration : la chapelle est grandement reconstruite.
La bulle de 1500 fut utilisée à nouveau en 1662, lors d’une nouvelle restauration ; elle fut alors retranscrite, et la chapelle y est, cette fois, dite de « Monsieur Saint Laurent ».
Ce sanctuaire a porté les noms de Saint-Pabu ou Tugdual et de Saint-Laurent indifféremment, jusqu’en 1756, où elle s’est appelée définitivement chapelle de Saint-Laurent.
Le recteur de Pleyben était alors (de 1662 à 1682) Jean-Baptiste de Kerret, sieur du Carpont.
— Fils de Philippe de Kerret et de dame Julienne de Boisguehenneuc, seigneurs de Quillien, le Birit et autres lieux, Messire Jean-Baptiste de Kerret continua l'oeuvre d'ornementation, et d'embellissement commencée par Messire Coffec.
Il fit construire par les frères Le Déan, de Quimper, en 1666, le magnifique retable à tourelles du maître-autel, fit fondre sur place 4 cloches par Maître Hervé Léonard, fondeur, de Nantes.
En 1679, il passait marché avec le sieur Jégouïc, du Haut-Corlay, pour une grande horloge à placer dans la grande tour. Il eut soin également des âmes qui lui étaient confiées, en leur faisant donner deux missions par le Père Maunoir, en 1665 et 1676.
Il fit reconstruire, en 1662, la chapelle de Saint-Pabu (Saint-Laurent).
Les deux missions du père jésuite Julien Maunoir à Pleyben sont importantes à considérer, pour l'influence qu'il exerça sur la pratique religieuse, et, sans doute, sur les choix iconographiques qui s'ensuivirent. En 1665, il était accompagné de 50 missionnaires. Il mourut en 1683, et parmi les guérisons miraculeuses que G. Le Roux lui attribut après sa mort, il faut citer à Pleyben celle de Jean Pezron, qui avait été 13 ans sans marcher, de Louise Cozan, qui avait perdu la parole, et surtout celle du recteur René de Kerret (cf. infra), qui " avait été pendant trois ans entiers fort incommodé d'une fluxion à la gorge , sans pouvoir trouver de remède ; il se voua au P. Maunoir ; il commença une neuvaine à son cœur au collège de Quimper , et le troisième jour de la neuvaine il se trouva parfaitement guéri. Il signa sa déposition à Plevin , le 21 de Juin 1685". Ce qui démontre combien le clergé de Pleyben avait été fasciné par le missionnaire. (Source)
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3°) Réfection de la charpente en 1686, Guillaume Coadour étant fabricien.
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La première inscription est celle inscrite sur la sablière (ou corniche) du bras nord du transept. Elle signale la réfection de la belle charpente en carène inversée sous la direction du fabricien, Guillaume Coadour en même temps que les baies est.
On lit, gravé en creux dans un cartouche orné de volutes:
GVIL : COADOVR
FABRI : 1686
Soit Guillaume Coadour, fabricien en 1686.
Il s'agit sans doute de Guillaume Coadour, né en 1615, époux de Catherine PAIGE et père le 20 décembre 1642 d'Yvon et en 1644 de Marie Coadour (Généalogie Michel Charoupis). Les parrain et marraine d'Yvon étaient Yvon LE BORGNE et Margaritte Coadour.
Le recteur était alors René de Kerret, frère du recteur précédent, Matthieu de Kerret, et fils d'Alexandre de K. et de Claude Mahaut, seigneur et dame de Chasteaunoir en Braspart.
René de Kerret était né à Pleyben le 10 mars 1657, il fut recteur de Pleyben de 1685 à 1690 avant d'être nommé à Plouarzel. Il commanda à Thomas Dallam de nouvelles orgues pour l'église de Pleyben.
Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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4°) Réfection du pignon ouest en 1731 par I. Favennec.
L'inscription et la date sont portées au dessus de la porte ouest. La même année, le clocheton fut refait, avec obstruction de l´oculus.
L'inscription en lettres capitales romaines est en réserve dans un cartouche carré sur quatre lignes séparées par des réglures
FAITFA.
IREPAR. I .
FAVENN
ECF 1731
Soit FAIT FAIRE PAR I. FAVENNEC F 1731, soit Fait faire par I. Favennec, fabricien en 1731.
On peut suspecter le prénom IAN (Jean). Il appartient à une famille très souvent citée à Pleyben, soit comme fabricien (Nouel Favennec, fabrique de l'église Saint-Germain en 1725, inscrit son nom sur l'arc de triomphe), soit comme prêtre (Hierosme Le Favennec en 1595, Nouel Favennec entre 1695 et 1724), soit comme architecte et maçon ( maîtres François et son frère Germain Favennec, architecte et maçon, tous deux de Pleyben en 1718, puis Paul), soit comme habitant.
François Favennec demeure à Lelesguen.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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On comparera cette inscription avec celle conservée sur le linteau à coté de l'Office du Tourisme de Pleyben, autour d'un calice indiquant que son auteur est un prêtre ( Noël Favennec) :
FAIT : FAIRE : PAR
MIRE : N : FAVENNEC
PTRE : CVRE : LAN 1709.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Inscription de la cloche de 1776.
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La date est signalée par Couffon, je n'ai pu la lire sur mes photos.
J'AI ETE FONDUE A BREST EN [1776]
[YVES CANSOT] CURE ET RECTEUR DE SAINT LAURANT EN PLEYBEN
/ STE ---EUR MICHEL RANNOU FABRICIEN
Décor : un crucifix.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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L'inscription au dessus de la maîtresse-vitre : FAIT FAIRE PAR GUILLAUME LE MOULIN 1808 :
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Vendue pendant la Révolution, la chapelle de Saint-Laurent fut remise à la commune le 21 nivôse an X [janvier 1802], par Françoise le Gall, veuve de Guillaume le Moulin, de Kergogant, qui s’en était rendu acquéreur en secondes mains, le premier acquéreur se nommant Jacques Kergoat, de Botlan. Guillaume le Moulin l’avait achetée à ce dernier dans l’intention d’en empêcher la profanation.
Je n'ai pas photographié cette inscription.
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De 1724 à 1781, la chapelle reçut de fréquentes et coûteuses réparations : en 1861, elle était à peu près écroulée, et on dut la reconstruire en partie pour un devis de 2.500 francs.
Jadis il était de tradition que la procession du Saint-Sacrement se rendît du bourg à la chapelle, le dimanche dans l'octave du Sacre, où avait lieu le pardon de Saint Papu ou Tugdual. Aujourd’hui, seule la procession des Rogations s’y rend.
La chapelle était desservie par un chapelain, qui recevait 18 livres 15 sols par an pour ses fonctions.
Le pardon de Saint-Laurent a lieu le deuxième dimanche d'Août, aux environs de la fête du saint diacre (10 Août).
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LA STATUAIRE.
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On compte dans la chapelle abrite les statues de Saint-Laurent, la Vierge-Mère, saint Pierre, saint Pabu, saint Cado et saint Suliau, pour la plupart placés autour des trois autels de pierre.
Le maître-autel est accosté de deux niches soit enguirlandées de festons, soit munies de statuettes des apôtres .
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La statue de saint Pabu et sa niche : bois polychrome, XVIe siècle.
Saint Pabu, c'est saint Tugdual ou Tuwal, l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne ; il aurait débarqué à Trébabu au VIe siècle avec 72 religieux du Pays de Galles pour évangéliser les Bretons, il aurait fondé son ermitage à Saint-Pabu, etc...
Saint Pabu est représenté en évêque de Tréguier, dont il fut le premier prélat en 550.
La bordure de sa chape pluviale est ornée des figures en bas-relief de saint Etienne, saint Jean-Baptiste, un saint évêque, et saint Fiacre.
Sa niche comporte les figures en moyen-relief les douze apôtres ; on voit à gauche de bas en haut saint Thomas et son équerre, saint Simon et sa scie, saint Barthélémy et son coutelas, saint Jean et son calice, saint André et sa croix, saint Pierre et sa clef. À droite, saint Jacques et son bâton de foulon, un saint (Thaddée Jude ?) et son bâton, saint Matthieu et sa lance, saint Philippe et sa croix, saint Jacques le Majeur et son bourdon, et saint Paul avec son épée, en face de saint Pierre.
Au sommet, trois masques à linges et palmettes.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Laurent et sa niche. Bois polychrome, XVIIe.
Il porte la dalmatique de diacre, tient un livre, la palme du martyr et le grill de son supplice.
Niche à guirlandes.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Laurent, son livre, sa palme et son grill. Bois polychrome, XVIIe.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Laurent et son grill. Bois polychrome.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La Vierge à l'Enfant. Bois polychrome, fin XVe.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Cadou en abbé, XVIIIe (Couffon).
Ce gallois fonda l'abbaye de Llancarfan (où furent formés saint Brandan et saint Malo) et vint en Bretagne au VIe siècle avant de devenir évêque de Bénévent en Italie, où il fut assassiné par les Barbares.
Selon le BDHA, les statues de Saint Sulliau et de Saint Cadou proviennent de deux chapelles tombées en ruines et dédiées au culte de ces deux saints bretons.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Saint Suliau, bois polychrome, XVIe-XVIIe siècle.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Un des quatre évangélistes rédigeant son évangile, sans son symbole. Bois polychrome.
Il s'agit vraisemblablement de saint Marc, dont la fête était célébrée ici, comme l'atteste une bulle de 1500.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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L'évangéliste Marc et son lion. Kersantite polychrome.
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C'est, avec celle de la Vierge, la statue la plus remarquable. Saint Marc est assis sur un siège dont nous ne voyons que le montant gauche, montant à degrès sur lequel Marc pose le pied gauche.
Il est coiffé d'un bonnet rond singulier, puisqu'il se prolonge devant la poitrine par deux pointes et entoure le cou sous la barbe. Ce bonnet s'intègre à un camail plissé.
Il caresse son lion, qui est dressé sur ses postérieures tandis que les antérieures s'appuient sur le bras du fauteuil, et celui de l'évangéliste. La queue du lion, droite et longue, passe entre l'arrière-train en diagonale sur les pieds de Marc.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Inscription S. MARC PRIE POVR NOVS
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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LA CHARPENTE, SES ABOUTS DE POINÇON, SES BLOCHETS ET SES SABLIÈRES.
Pour s'en tenir à Pleyben et aux paroisses voisines, cette charpente datée de 1686 se place un siècle après celle de l'église de Pleyben et de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal, de la chapelle Sainte-Marie-du Ménez-Hom sculptées par les Maître de Pleyben entre 1570 et 1580 environ. Elle est postérieure à celle de l'église de Plomodiern (Brélivet 1564), . Par contre, elle se rapproche des dates de celle de la chapelle Saint-Côme à Saint-Nic, réalisée entre 1641 et 1675, ou de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic, datée de 1653, ou de celle de Trégarvan (1670), dont les sablières sont de la même main .
On retrouve ici, pour les éléments figurés, un style altéré mais néanmoins évocateur du sculpteur de ces chapelles, avec les angelots sculptés de face et les visages bilobés. Mais le décor y est fruste, répétitif. L'admirable travail du charpentier n'est pas, par bonheur, caché par un lambris.
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"A la croisée du transept, beau poinçon de charpente, sculpté et peint (des têtes d'anges sur les côtés, des armoiries à six besants en dessous) et deux blochets sur quatre conservés (anges porteurs de la croix et de la couronne d'épines). Seul le transept a gardé sa charpente ancienne, ses entraits engoulés et ses sablières sculptées ; sur l'une de celles-ci, à gauche du choeur, inscription : "GVIL. COADOVR/ FABRI. 1686". Au chevet, fenêtre flamboyante et, au pignon du transept sud, porte en anse de panier. Charpente en carène renversée avec sablières et anges-blochets." (Couffon)
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La clef pendante de la croisée du transept.
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Quatre anges présentent une couronne contenant, dans deux palmes, un blason à six besants.
Ces armoiries n'ont pas été attribuées. Elles diffèrent de celles de la famille du Bouëtiez de Kerorguen, qui posséda en 1553 la trève de Lannélec en Pleyben. Ils blasonnaient d'azur à deux fasces d'argent accompagnées de six besants d'or.
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Les anges, qui sont coiffés d'un diadème, ont un visage bilobé, en cosse d'arachide.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Les blochets de la croisée du transept : deux anges.
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1°) Ange présentant la croix.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Ange présentant un livre.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Les sablières et leur décor d'angelots.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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La charpente.
On comparera la charpente du transept avec celle de la nef.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
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Chapelle Saint-Laurent en Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.
PEYRON, Paul, . Pleyben (Notices des paroisses du diocèse de Quimper et de Léon). Dans : Bulletin de la commission diocésaine d´architecture et d´archéologie, 1938
— COUFFON, René, 1961, L'évolution de la statuaire en Bretagne après la guerre de succession du Duché - In: Mémoires. Société d'Emulation des Côtes-du-Nord vol. 97 (1961) p. 1-16
— INVENTAIRE GENERAL Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel),
La chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal : ses sablières et blochets, abouts de poinçons et réseaux de liernes, atelier du Maître de Pleyben dernier quart XVIe.
Les intérêts suscités par l'examen de la charpente lambrissée d'une église ou d'un chapelle sont multiples et participe de l'enquête détective : en préciser la datation par quelque indice, l'attribuer à un atelier connu, déchiffrer une inscription et en développer les données, ou en décrypter le matériel héraldique. Si possible, enrichir les publications antérieures de quelque découverte ou réflexion personnelle.
Eh bien, tous ces éléments sont réunis ici.
À la croisée du transept, un blason des Du Bot en alliance avec les Kergoët conclue à une datation pour cette charpente entre 1554 et 1567.
Ces déductions héraldiques doivent être confrontées à un autre indice : à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle, le chanoine Abgrall a mené une campagne très soigneuse de relevés épigraphiques des monuments religieux du Finistère ; la vérification de ces relevés lorsque les pièces sont encore conservées montre la fiabilité de ce qu'il a lu, tout comme son attention (rare) à la ponctuation. Or, il mentionne, pour la chapelle Saint-Sébastien, ceci : "Sablières, date de 1586" . On pourra vérifier, pour les autres inscriptions, que le chanoine était scrupuleux dans sa tâche.
Hélas, pour le coup, il s'agit d'une erreur, la date de la sablière est celle de 1686.
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Je considère que la charpente est placée sous la prééminence du couple Kergoët-Le Bot entre 1541 et 1567.
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La présence d'anges présentant les instruments de la Passion et les Cinq plaies oriente vers un atelier renommé et proche, celui du Maître de Pleyben, attribution confirmée par les cuirs à enroulement tendus par deux anges qui rappellent ceux de cet atelier (Kerjean, Sainte-Marie du Ménez-Hom, Saint-Divy, Bodilis, Roscoff) tout comme les blochets des quatre évangélistes. Cet atelier est considéré (S. Duhem) comme actif entre 1564 et 1580. Il s'agirait donc à Saint-Sébastien soit d'un atelier juste antérieur à celui de Pleyben, soit des premiers travaux de ce dernier. Cela est cohérent car nous ne trouvons pas ici la finesse d'exécution et l'envolée lyrique des anges, remarquables à Kerjean et Sainte-Marie-du Ménez-Hom.
Enfin, une inscription plus tardive dans la nef nous donne le nom du curé et du fabricien en 1686.
Comblés, non ?
D'autant que ces morceaux de puzzle s'ajustent à ceux apportés ailleurs, par exemple, par un riche corpus d'inscriptions lapidaires et de matériel héraldique.
Mais un bonus vous est réservé, avec de jolies surprises.
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LE CHOEUR ET LA CROISÉE DES TRANSEPTS.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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La chapelle est un édifice lambrissé qui comprend une nef de 3 travées avec bas côtés, un transept et un chœur peu débordant communiquant avec une sacristie octogonale.
Les Kergoët, seigneurs prééminenciers, sont à l'origine de cet édifice . L'édifice composite porte les traces de trois campagnes de construction
a) La plus ancienne affecte le transept et le choeur, le gros oeuvre et la charpente, les grandes arcades de la nef et le portail ouest, se situe dans la seconde moitié du 16e siècle. Par leur style, les arcades et le portail ouest appartiennent à cette même campagne.
-a1 : les armoiries relevées sur le chevet (Jean de Kergoët et Perrine de Kerpaën) suggèrent la période 1541-1550.
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-a2 : sur le mur est du bras nord du transept et la croisée du transept les armoiries de Kergoët et du Bot suggèrent la période 1554-1567.
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b) Dans le dernier quart du 17e siècle, une importante campagne de reconstruction affecte la nef et sa charpente ainsi que le clocher-porche occidental. Le mur du bas-côté sud est réalisé en 1685 ; la charpente et du lambris de couvrement date de 1686. Le clocher-porche refait en 1694 intègre l'ancien portail de style gothique flamboyant. Ces dates sont confirmées par l'écu de la façade ouest aux armes des Kergoët et du Dresnay (René François de Kergoët et sa femme née du Dresnay), qui indiquent la fin du 17e siècle et le début du 18e siècle. Le retable du bras sud du transept porte les mêmes armes associées à la date 1706-1707. Enfin le retable axial est un peu plus tardif (après 1710) car il porte les armes des du Chastel face à celle de Kergoët. Cette campagne est marquée par la personnalité du recteur Yves Coquet et des artisans qu'il choisit, Jean Le Seven et Jean Cevaër.
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c) La troisième et dernière campagne concerne la sacristie construite contre le chevet en 1742, date portée accompagnée de nombreuses inscriptions. On peut y inclure le confessionnal portant la date de 1766 et le nom du recteur Guillaume Le Léon.
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Copyright François Dagorn Inventaire Général.
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Clef de la croisée du transept : ange présentant les armoiries de KERGOËT en alliance avec DU BOT.
L'ange aux cheveux blonds et à la tunique rouge très plissée présente les armoiries des Kergoët, seigneurs prééminenciers du lieu, en alliance avec celle de la famille du Bot.
Le blason est divisé en quatre quartiers : en 1 et 3 les deux haches rouges sur fond blanc se blasonnent d’argent à deux haches d’armes — ou "consulaires" — adossées de gueules , qui sont Du Bot. Mais ces armes sont affectées d'un lambel en chef. En 2 et 4 les losanges rouges sur fond blanc surmontées des quatre choux à la crème s'énoncent d'argent à cinq fusées rangées et accolées de gueules, accompagnées en chef de quatre roses de même, qui sont de Kergoët.
Déduction : il y eut un mariage entre les deux familles, et le mari qui place ses armoiries et 1 et 3 était un Du Bot.
Solution : le mariage en 1554 de Gilette de Kergoët et de Michel du Bot.
Gilette était la fille de Guillaume II de Kergoet (+ vers 1530) et de Françoise de Tregain ; elle était veuve de René de Saint-Allouarn. ses grands-parents étaient Pierre de Kergoet (+ vers 1510), écuyer et maître, sieur de Trohemboul, Coetperennes, Lesaon et Catherine de Launay demoiselle du Guilly (épousée en 1499).
Cette branche aînée des Kergoët n'ayant pas d'héritier mâle, Gillette, dame du Guilly, paroisse de Lothey transmet en 1567 le titre de Kergoët à son cousin Alain. En effet, Pierre de Kergoët avait un frère cadet, Jean de Kergoet (+ vers 1550), baillif de la Cour royale de Chateaulin, sieur de Lesaon et de Guilly qui épouse le 27/8/1541 Perrine de Kerpaen , héritière noble de Bernard Kerpaien, sieur de Prategaumeur. Ils n'ont qu'un seul enfant: Alain de Kergoët , qui épousa Julienne de Trégain, et ils eurent pour enfants François, Thomas et Françoise.
Le couple Jean de Kergoët et Perrine de Kerpaen a placé ses armoiries sur le calvaire et sur le chevet de la chapelle, indiquant une datation du 2ème quart du XVIe siècle.
Donc cette charpente est datable entre 1554 et 1567.
Les mêmes armoiries se retrouvent à l'extérieur, sur le mur est du bras nord du transept, ce qui confirme que non seulement la charpente, mais aussi l'édifice lui-même relève de cette datation.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Autres abouts de poinçons remarquables.
Les 62 abouts de poinçon (ou "poinçons pendants") sont pour la plupart feuillagés. Certains sont figurés.
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1°) Ange volant.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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2°) Acrobate en renversement postérieur obscène.
Cet "inévitable acrobate indécent" (abbé Y-P. Castel, frère G. Leclerc) réalise devant nous le grand renversement postérieur, bien plus accentué que le Supta Vajrasana .
Cet exercice est très habituel aux acrobates qui se suspendent aux abouts de poinçon des charpentes bretonnes, et on le trouvait déjà sur les modillons romans. Il est également pratiqué par leurs homologues en pierre, qui tiennent le rôle de crossettes des mêmes édifices.
Il consiste à se renverser en arrière, on l'aura compris, et à attraper ses chevilles (ou ici ses cuisses) pour que les pieds encadrent la tête au dessus des oreilles. J'y ai renoncé.
Beaucoup s'y livrent en tenue de ville, mais le fin du fin est de présenter cette posture en étant totalement nu.
Dès lors, certains spectateurs se trouvent mieux placés que d'autres : on conseille aux autres de se déplacer.
Le peintre chargé de la dernière restauration a placé un indice rouge pour aider chacun à y retrouver ses repères anatomiques.
Le Maître de Pleyben les a sculptés aussi bien que ses collègues sculpteurs. Voici quelques exemples :
De face, il ressemble à un ange, mais ne vous y trompez pas.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Cet acrobate ne quitte pas des yeux son maître, qui lui tire la langue sur le dernier about de poinçon.
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Les quatre blochets de la croisée du transept : le Tétramorphe.
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Les attributs des quatre Évangélistes cantonnent la croisée.
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1°) Blochet de l'angle sud-est : Le taureau de saint Luc.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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2°) Le lion de saint Marc tenant un phylactère sortant de sa gueule.
Selon Castel et Leclerc, e lion remarquable a été réalisé en 1997 par Georges Le Ber, sculpteur de Sizun a qui avait été confié la restauration de la charpente.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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3°) L'aigle de saint Jean.
On notera ses ailes enroulées (permettant une sculpture en une seule pièce de bois), que nous allons retrouver immédiatement.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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4°) Blochet de l'angle nord-ouest : l'ange de saint Matthieu tenant un phylactère.
À nouveau, les ailes enroulées.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Les sablières coté sud du chœur.
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1°) Martyre de saint Sébastien.
La scène est placée au dessus de la niche de statue de saint Sébastien, qui lui est postérieure, et qui la masque.
Elle est encadrée par deux profils semi-humains qui crachent une tige végétale foliée.
Deux archers en tunique à manches courtes bouffantes et haut-de-chausse, ou braies, bouffantes et plissées. Saint Sébastien, seulement vêtu d'un pagne, est lié à un arbre. Cette scène, emblématique, est également représentée sur le calvaire.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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La sablière n'est complètement accessible au regard que depuis un échafaudage et lors de travaux : je dois emprunter le cliché de Bernard Bègne (copyright) pour l'Inventaire Général région Bretagne IVR53_20092900484NUCA :
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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2°) Fragment d'une chasse.
Même encadrement entre des masques crachant des feuilles, et même difficulté à examiner la sablière depuis le sol, d'où le même recours au cliché de Bernard Bègne.
La partie visible montre un jeune cerf poursuivi par un chien. La partie cachée montre d'abord le buste d'un chasseur armé d'un épieu, et sonnant dans une trompe enroulée, puis un autre chien portant un collier.
Nous voyons aussi le blochet : un ange ou un saint homme [dans une barque ?].
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Autre sablière : deux masques de profil crachant les tiges de rinceaux se terminant en gueules animales.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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LA CHARPENTE DU TRANSEPT NORD ET SES SABLIÈRES.
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1°) Sablière du coté est : cartouche à enroulement .
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Deux anges nus, de face, ailes déployées, jambes écartées car saisis en pleine course, cheveux bouclés en boules, tiennent chacun d'une main l'extrémité haute d'un "cuir à enroulement" tout en calant l'autre extrémité de leur pied. L'autre main tient la boucle d'un lien d'étoffe qui passe derrière le cartouche ; Ce lien forme ensuite une autre boucle qui sort par deux orifices (peu distincts) dans le corps du cartouche. Ainsi, les deux anges sous-tendent-ils le cartouche pour en présenter le motif central.
Ce motif s'inscrit lui-même dans le cercle de nouveaux enroulements. Ce sont trois cercles dorés entrelacés. Cela rappelle l'emblème d'Henri II aux trois croissants, mais il s'agit des "anneaux borroméens" (du nom de la famille Borromeo, alliance de trois familles italiennes). C'est ici pour moi un symbole religieux de la Trinité.
Cette interprétation se justifie si on considère que l'ensemble des motifs des cartouches à enroulements de l'atelier du Maître de Pleyben sont religieux et christiques, et que le décor de l'environnement de cette sablière (blochet aux Cinq Plaies, sablière en vis à vis avec la Couronne d'épines) est de thème religieux.
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Pour Sophie Duhem, au contraire "les sculpteurs des entrelacs compliquées des sablières de Saint-Ségal et de Guenguat se seront sans doute inspirés de quelque image d'un maître italien, tel Nicoletto da Modena, apprécié des ornemanistes pour ses figures géométriques."
Cette auteure, référence princeps en matière de sablière, signale un rapprochement avec l'atelier du "maître anonyme de Pleyben" (selon sa propre dénomination), sculpteur qui introduit dans l'ornementation le thème des stigmates (ou Cinq Plaies) et place sur les sablières et blochets des anges présentant les instruments de la Passion. Elle écrit en effet :
"Les choix de l'anonyme de Pleyben ont obtenu un certain succès localement : dans trois chapelles de la paroisse (chapelles de la Trinité, de Guenilly et de Saint-Laurent), les blochets sont les supports de grandes figures d'anges portant les instruments du supplice. À quelques kilomètres, la chapelle Saint-Sébastien à Saint-Ségal abrite une charpente ancienne (XVIe) ayant fait l'objet de remaniements en 1686. Les attributs des évangélistes occupent les angles de la croisée, une sablière porte un cuir orné d'une couronne d'épines, et sur un blochet un ange soutient un cartouche où se dresse une grande croix sur laquelle est posée la couronne d'épines. À ses pieds sont représentés les stigmates et le cœur. A proximité, une figure céleste tient les clous et le marteau."
Mais à mes yeux, c'est le cartouche en forme de cuir à enroulement, et plus encore la façon dont les anges le maintiennent par des linges, qui évoque immédiatement les mêmes motifs présents à Kerjean, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, à Saint- Divy et à Pleyben sous le ciseau du Maître de Pleyben.
Rappel : LE SCULPTEUR SUR BOIS DIT LE "MAÎTRE DE PLEYBEN".
Vers 1580, un sculpteur anonyme, désigné aujourd'hui sous le nom de convention de "Maître de Pleyben", réalisa les sculptures de la charpente de la chapelle du château de Kerjean, en Saint-Vougay, à la demande de Louis Barbier, seigneur de Kerjean. Un véritable chef-d'œuvre, influencé par l'École de Fontainebleau qui avait introduit vers 1535 le motif décoratif du cuir découpé à enroulement, et par la diffusion du style de la Seconde Renaissance française dans des recueils de gravures : le prospère Léon était largement ouvert à l'Europe par ses ports de Landerneau, Morlaix et Roscoff.
Cet artiste a reçu ce nom car on lui attribue aussi une partie des sablières de l'église de Pleyben, en Haute Cornouaille vers 1564 et 1571. On reconnaît aussi son style sur la charpente de l'église de Saint-Divy, dans le Léon, et dans la chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom en Plomodiern, située à 23 km de Pleyben et 70 km de Kerjean.
Son style ? On le distingue à ces cuirs découpés à enroulements, car il faufile dans les découpes des linges et des cordages dont il confie les extrémités à des anges ou autres personnages. Ses anges aussi sont caractéristiques, avec une coiffure faite de mèches rondes cerclant la périphérie du visage, et avec une tunique aux plis prononcés, bouffante à la taille en formant une ligne sinueuse, avant de s'évaser vers les pieds avec une grande liberté. Ajoutons que les manches de ses tuniques s 'évasent en larges couronnes au dessus des coudes, qui sont globuleux. Ses personnages en pieds (Évangélistes ou Sibylles, notamment) ont en commun un visage fin, ovale, avec des nez longs et fins, de grands yeux aux pupilles en creux, des bouches fines, des manches bouffantes, ou, pour les femmes, des bandeaux de cheveux.
Mais ce sont surtout ses motifs iconographiques qui se répètent en tableaux stéréotypés : mascarons zoomorphes ou anthropomorphes sur le plan profane, guirlandes et frises à petits pois, musiciens, et, sur le plan religieux, des thèmes plus christiques que mariaux : Sainte Face, Tunique du Christ, Plaies du Christ, Instruments de la Passion, Rencontre de la Samaritaine. Et les Sibylles, à Kerjean et à Pleyben.
Sa période d'activité ? : un chronogramme de la sablière du transept de Pleyben indique "1571". Sophie Duhem propose pour Pleyben la fourchette 1564-1571. Guy Leclerc propose celle de 1571-1580. Dans la première hypothèse, Pleyben aurait précédé les trois chantiers de Kerjean, Plomodiern (Ménez-Hom) et Saint-Divy de 10 à 20 ans, qui seraient des œuvres de maturité du Maître. Dans la seconde, les quatre chantiers sont pratiquement contemporains.
J'ai reconnu les mêmes caractéristiques en l'église de Bodilis, puis de Roscoff, sans bénéficier de la caution de S. Duhem.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Le blochet de l'angle nord-est : l'ange aux Cinq Plaies.
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L'ange (aux ailes enroulées) porte dans ses mains un panneau rectangulaire. Sur celui-ci, une croix est encerclée par la Couronne d'épines. Plus bas, le cœur rouge et les 2 mains jaunes forment, avec les 2 pieds moins visibles, le motif des Cinq Plaies reçues par le Christ lors de sa Passion.
L'atelier du Maître de Pleyben a sculpté ce motif de la croix et de la couronne dans un cartouche de la chapelle de Kerjean, de l'église de Pleyben, et dans un autre de la chapelle de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, ou à Saint-Divy, ou à Roscoff.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Le blochet controlatéral : ange tenant le marteau de la Passion.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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La sablière et les blochets du mur ouest.
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Le blochet de gauche est celui de l'Ange de Matthieu, déjà décrit. Le blochet de droite est un ange portant un blason effacé.
La sablière est encadrée par deux masques de profil crachant les tiges d'un rinceau. Les feuillages de celui-ci se relient deux à deux, puis vient un masque, cette fois ci de face, tenant aussi dans sa bouche la tige foliée. Enfin, au centre, nous retrouvons le fameux motif du cartouche à type de cuir à enroulement présenté par deux anges nus. Au centre de ce cartouche, la Couronne d'épines.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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LE BRAS SUD DU TRANSEPT.
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Les éléments sculptés de sa charpente semblent moins intéressants car ils sont masqués par le retable. J'ai d'abord remarqué la grosse poulie en about de poinçon. Dans d'autres sanctuaires, une poulie est encore en usage pour hisser une pièce dévotionnelle de procession, telle qu'une bannière ou un ex-voto, mais on peut aussi penser, avec Castel et Leclerc, à un lustre.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Dans l'angle sud-est, un blochet représente un pélican.
... ou du moins un oiseau, tête baissée sur sa poitrine (un aigle pour Castel et Leclerc).
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Mais le mur oriental doit être examiné soigneusement.
D'une part, des moignons de blochets ou de poutres témoignent de modifications importantes.
D'autre part, des tronçons de sablières anciennes apparaissent entre le couronnement des retables.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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1°) Scène cochonne du coté gauche.
À première vue, seul un cochon (ou un animal dont le groin est doté d'un crochet), est visible, gueule ouverte. Curieusement, une sorte de crinière forme une selle sur sa tête.
On voit aussi une chaussure et une jambe, menacées par la gueule de la bête.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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En se déplaçant, on constate que la jambe est celle d'un acrobate, qui joue également la scène du renversement et de l'exhibition. Heureusement pour les âmes dévotes, elle est dissimulée.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Plus près du chœur, une tête de mouton (ou de chèvre ?) est facile à voir. Mais le personnage voisin, qui tient une banderole, est plus difficile à voir.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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LA NEF : XVIIe SIÈCLE.
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Dans le dernier quart du XVIIe siècle, une importante campagne de reconstruction affecte la nef et sa charpente ainsi que le clocher-porche occidental. Plusieurs inscriptions datent avec précision cette campagne. Le mur du bas-côté sud est réalisé en 1685, en témoigne la porte de style classique portant l'inscription suivante : "S : SEBASTIEN PRIE POUR NOUS 1685". L'inscription gravée sur la sablière nord de la nef révèle la date de la charpente et du lambris de couvrement, le nom du curé de la chapelle (et non du recteur) et du fabricien (commanditaire et trésorier du chantier) : "M. F. CVNIAT. CVRE : CH : LHARIDON : FA. 1686".
Il faut lire : Messire François CUNIAT, curé et Charles Lharidon, fabricien en 1686.
a) François CUNIAT, prêtre.
Messire François CUNIAT (ou CUNIAL) est attesté dans les terriers de la paroisse en 1682:
Un couple Yves Deniellou et Catherine CUNIAL est attesté la même année à Saint-Ségal.
b) Charles Lharidon, fabricien.
Mentionné dans le Terrier en 1682 :
LHARIDON, Charles (+) x CORBIER, Placide (+) dt Lannédern, 1682-10-07 , Père et mère d'Anne LHARIDON (x Louis LYDOU) , de Margueritte LHARIDON (xAllain GUIOMARCH), d'Yvon et de Nicollas LHARIDON ci-avant..
Le cadran solaire daté 1694 est signé I. Lharidon.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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L'entrait à engoulants aux armes de Kergoët sur le nœud central.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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La poutre de Gloire.
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L'entrait est joliment sculpté d'entrelacs polychromes. Il est composé de deux pièces de bois assemblé par le "trait de Jupiter" bien connu des charpentiers de marine qui l'utilisait pour la quille des navires.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Le Christ.
On notera les deux pans volants du périzonium (le pagne), "qui rattachent ce Christ à l'art des pays du nord de la seconde moitié du XVe siècle" (Castel et Leclerc). On retrouve ces pans flottants sur les crucifix de la chapelle Saint-Adrien de Plougastel et de la chapelle du Passage de la même commune.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Charpente sculptée de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juin 2019.
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Restauration.
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La charpente et son lambris ont été restaurés en 1997 (Georges Le Ber à Sizun).
En 2013-2017, les trois retables, classés en 1914, ont été restaurés par les entreprises A.R.T (Stéphane Saint-André ) pour la maçonnerie, Le Ber (Erwan Le Ber) pour la menuiserie d'art et sculpture, et Coréum Polychrome pour la peinture et dorure ( Vincent Chérel ) sous la direction de madame Marie-Suzanne de Ponthaud, architecte en chef des Monuments historiques, secondée par Françoise Godet-Boulestreau et de la DRAC (Christine Jablonski) , la commune étant représentée par le maire, André Le Gall, et son adjointe au patrimoine et à la culture, Virginie Foutel.
Le diagnostic préalable réalisé par Yves Gilbert (Ateliers de la Chapelle) avait révélé que parties des sculptures n’étaient tenues que par un usage de colle ou papier mâché placés au XIXème siècle ,
Dans la même campagne 2013-2017, les peintures murales de 1818 ont été restituées et protégées par Géraldine Fray (56).
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SOURCES ET LIENS.
— CASTEL (Yves-pascal), LECLERC, (Guy),s.d, La chapelle Saint-Ségal, son calvaire, ses retables, ed. Commune de Saint-Ségal.
— DUHEM, (Sophie), 1997. Les sablières sculptées en Bretagne. Images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.). Collection Arts et Société. Presses universitaires de Rennes, 1997.
— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988. p. 418-419
L'Aulne maritime, ou Rivière de Châteaulin, creuse, dans sa progression rêveuse mais avide d'en finir avec une course de 144 km, une large et profonde ria où elle dessine quelques derniers méandres ; ce sont eux qui font toute la beauté du paysage qu'un promeneur peut découvrir du haut du Bélvédère (152 m), à Rosnoën. Le fleuve vient de recevoir son dernier affluent en rive droite, la Douffine, à Pont-de-Buis, mais accepte encore une dernière contribution en rive gauche, celle des eaux du Garvan, et ses saumons.
C'est précisément ce Garvan qui donne son nom à Trégarvan, de tref , "village", en en délimitant le territoire à l'est .
Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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J'ai utilisé en complément de mes clichés les ressources de GEOPORTAIL / REMONTERLETEMPS avec les cartes IGN, d'Etat-Major, de Cassini, et les photos aériennes.
C'est ce ruisseau du Garvan, qui descend des pentes du Ménez-Hom (330 m) en alimentant des moulins, qui, associé au "ster" du Cosquer, va dessiner ce chapeau de gendarme de Trégarvan.
Une dernière photo de l'Aulne en amont de Trégarvan nous permet de comprendre que les habitants qui ont inscrit leur nom sur les murs de l'église au XVI et XVIIe siècle étaient de riches cultivateurs, ou des meuniers.
Pourtant, Marteville et Varin écrivait encore en 1853, dans la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée :
"Trégarvan, commune formée de l'ancienne trève d'Argol, sans desservance. Limit. : N. rivière de Châteaulin ; E. Dinéault, anse de Garvan ; S. Saint-Nic ; Dinéault ; O. Argol.
Principaux villages : Goulenes, Brigneun, Toulargloët, Kerfréval, Le Cosquer. Superficie totale 972 hectares, dont les principales divisions sont terres labourables : 201 ha. Près et pâtures : 16 ha. Bois : 8 ha; vergers et jardins : 8ha. Landes et terres incultes 711 hectares. Quatre moulins à –au, Kerfréval, Le Cosquer et du Garvan. "Cette commune est peut-être celle de toute la Bretagne qui a le plus de landes : celles-ci couvrent plus de 7/10e de son territoire. On parle breton."
La première édition, de 1778, décrivait Trégarvan avec Argol, mais dans des termes comparables :
"Argol ; située entre des montagnes ; à 7 lieues au Nord-Nord-Ouest de Quimper, son Evêché, à 41 lieues trois quarts de Rennes ;& à 2 lieues un tiers du Faou , la Subdélégation. On y compte 1050 communiants, y compris ceux de Trégarvan, sa trêve. Elle ressortit à Châteaulin, & la Cure est présentée par l'Abbé de Landevenec.
Ce territoire , couvert de montagnes serrées les unes contre les autres & plein de landes , ne contient que des terres stériles , Il vous en exceptez quelques-unes limées au Nord & à l'Est, qui produisent du froment & autres grains."
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L'Aulne et l'embouchure du Garvan. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.
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COMMUNICATIONS.
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La carte de Cassini (fin XVIIIe) montre que les voies de communication longent l'Aulne par les routes Châteaulin-Dinéault-Telgruc-Crozon au sud, Braspart-Quimerc'h-Rosnoën-Térenez au nord. Deux "passages" traversaient le fleuve du nord au sud, à Térenez et à La Forest entre Rosnoën et Dinéault, comme le suggèrent — sans indiquer les passeurs — les voies qui s'interrompent sur les deux rives.
Aux XVIe - XVIIIe siècles, période de construction de l'église tréviale, Trégarvan est à l'écart relatif de ces voies, sauf par sa proximité du Passage La Forest-Maison-Blanche.
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Géoportail remonterletemps.
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La carte d'Etat-Major de 1820-1866 montre la même chose. Notez la rareté du bâti sur la colline (42 m et 78 m) qui domine Trégarvan, et l'indigence des chemins conduisant à Le Passage, entre Rosnoën et Dinéault.
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Géoportail remonterletemps.
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La carte au 1/50000 de 1950 indique enfin un enrichissement du bâti sur le petit promontoire, et mentionne clairement le bac et la route (ex Chemin de Grande Communication) Le Faou-Dinéault passant par le bac, dûment indiqué.
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Géoportail remonterletemps.
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PRÉSENTATION.
D'après Chrystel Douard 2010.
Relevant dès le 11e siècle de l´abbaye bénédictine de Landévennec et trève de la paroisse d´Argol, Trégarvan est érigé en commune en 1792 et devient paroisse indépendante en 1842.
Aucun tissu urbain n'existe avant la seconde moitié du 19e siècle. En 1831, l'ancienne chapelle tréviale devenue ensuite église paroissiale, entourée du cimetière, se situe dans un secteur dépourvu de toute construction. Une demi douzaine de maisons dont l'ancien presbytère est construite à la fin du 19e siècle dont deux à usage temporaire d'école communale et plusieurs à usage de commerce. Le presbytère, aujourd'hui désaffecté, conserve un élément sculpté ancien remployé au-dessus de la porte nord provenant peut-être de l'église et portant des armoiries associées à une crosse et une mître d'abbé, peut-être celles d'un abbé de Landévennec. La mairie, petit bâtiment à pièce unique, est construite en 1907, peut-être, comme le groupe scolaire à Kergroas (actuellement Musée de l'Ecole Rurale en Bretagne), d'après le projet de l'architecte A. Marie, de Brest. En 1930, le cimetière a été légèrement agrandi vers le sud et l'ouest et quelques maisons d'habitation ont été bâties au sud de l'église dans la période de l'entre-deux-guerres .
En 1965, une monographie succinte, rédigée par le ministère de la construction dans le cadre de la préparation d´un « plan sommaire d´urbanisme révèle une population éparse mais plus concentrée autour du bourg. Entre 1936 et 1962, la population diminue de 27 %. Parmi les 51 exploitations agricoles recensées en 1946, 44 subsistent en 1965 (contre cinq en 2009). Les 968 hectares du territoire communal sont alors composés de 367 hectares de terres labourables, de 56 hectares de prés, de 10 hectares de vergers, de 25 hectares de bois et de 477 hectares de landes, ces dernières couvrant presque la moitié de la commune. On y cultive la pomme de terre et les céréales.
Le bateau-vapeur liant Brest à Port-Launay, hors service dans les années 1960, faisait longtemps escale à Trégarvan pour permettre aux touristes de gravir le Ménez-Hom. En 1965, le potentiel touristique de la commune était perçu comme un atout. On comptait alors une cinquantaine de mouillages de bateaux et quatre cafés-épiceries dont deux au bourg et deux à Kergroas et Pont-Carvan. Situé dans la partie sud-ouest du Parc Naturel Régional d´Armorique, Trégarvan (arrondissement et canton de Châteaulin) fait partie de la Communauté de Communes du Pays de Châteaulin et du Porzay (Châteaulin, Dinéault, Saint-Nic, Plomodiern, Plonévez-Porzay, Ploéven, Quéménéven, Cast et Saint-Coulitz, Port-Launay). A dominante rurale et résidentielle, la commune se distingue par la qualité de de ses espaces naturels remarquables dont l´Aulne maritime et le Ménez-Hom, site classé depuis 2004, « en raison des ses caractères pittoresque et légendaire ». La commune couvre une superficie de 968 hectares et comptait 146 habitants au 1er janvier 2009. Avec plusieurs gîtes ruraux et un village de vacances, la commune est aujourd'hui tournée vers le tourisme rural, en lien avec l'attrait exercé par l'Aulne et le Ménez-Hom.
Un recensement des objets mobiliers conservés dans l´église, non reconduit dans le cadre de la présente enquête (fiches descriptives, photographies), avait été réalisé en 1977 ; il est disponible au centre de documentation du patrimoine (Région Bretagne). Trégarvan conserve des éléments patrimoniaux identifiés et dignes d´intérêts parmi lesquels figurent le Musée de l´Ecole Rurale en Bretagne, remarquable au niveau régional, ainsi que l´église paroissiale Saint-Budoc récemment restaurée et mise en valeur. Les hameaux de Goulénez, Stanquélen, Kerfréval, Keryé, Brigneun et Toul ar Gloët conservent des éléments significatifs de l´architecture rurale de la commune.
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Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.
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L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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"Plan en croix latine à trois vaisseaux datée par inscription de 1527 ; 1590 ; 1629 ; 1658 ; 1670 ; 1696 ; 1706 ; 172. Gros-œuvre en granite ; kersantite ; grès ; appareil mixte ; pierre de taille ; moellon toit à longs pans ; croupe ; noue ; pignon ; flèche en maçonnerie Charpente : lambris de couvrement."
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
Vue générale de l'Aulne maritime en amont de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES.
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Palissy :"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
À l'extérieur, les inscriptions lapidaires portent les dates de 1629, 1658, 1696 et 1698, et les patronymes des fabriciens B[e]uzec Capitaine, N. Le Scoarnec, Y. Scoarnec et F. Moro.
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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capitaine 1629.
2°) Sur le mur de la sacristie. N. Le Scoarnec 1658.
3°) Au dessus de la porte ouest. Y. Scoarnec
4°) Sous la galerie du clocher, côté sud. F : MORO 1696 "
5°) Le cadran solaire de 1698.
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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capiten 1629.
Lettres capitales romaines ; fût perlé (I) . Ponctuation de séparation des mots par trois points. Pierre de Logonna (microdiorite quartzique).
Longueur 50 cm, hauteur 40 cm
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BVZEC : CA
PITEN : F
1629.
"BUZEC : CAPITEN : F[ABRICIEN] 1629."
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BUZEC est vraisemblablement le prénom du fabricien, c'est une forme de Budoc.
Le patronyme CAPITAINE est très commun à Trégarvan.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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2°) Sur le mur de la sacristie.
Lettres capitales romaines.
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N : LESCO
ARNEC :
FAB : 1658.
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"N : LE SCOARNEC : FAB[RICIEN] : 1658."
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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3°) Élévation occidentale, au dessus de la porte .
Lettres capitales romaines.
Y : SCOARNEC : F.
"Y[ves] SCOARNEC F[ABRICIEN].
Sans date, mais la tour que soutient ce mur est datée de 1696.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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4°) Sous la galerie du clocher, côté sud.
F : MORO 1696 " (ou 1690 ?)
Microdiorite quartzite. Lecture douteuse du patronyme. Les auteurs de la notice de la base Palissy ont lu : "NORD 1696", ce qui est encore plus douteux.
Je propose d'y voir une graphie pour MOREAU . Par exemple, on trouve dans la généalogie de Philippe Mérour Jean Moreau, père de Yves Moreau (décédé après 1699), lui-même père (?) de Jeanne Moreau, née à Dinéault le 10/02/1699 et décédée à Trégarvan (Cosquer) le 21/05/1771, qui épousa Jean Capitaine. Leurs enfants Corentin, Marie, Jeanne Catherine et Magdelaine ont vécu à Trégarvan, soit au Cosquer, soit à Brigneun.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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5°) Le cadran solaire de 1698.
Chambre des cloches. Schiste. cadran rayonné central, numérotation arabe de droite à gauche 7, 6,5,4,3,2,1 -fleur-11,10,9, 8, 7, 6, 5.
Registre supérieur : cercle au monogramme christique I.~H S , le tilde surmonté d'une croix. Chronogramme 1698 entourant le motif religieux.
L'inscription haute est partiellement (et sans doute volontairement) effacée, laissant lire ---N: ---:FA.
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Voir :Yves-Pascal CASTEL, L'iconographie religieuse sur les cadrans solaires du Finistère, d'après Jean-Paul Cornec, Pierre Labat-Ségalen, «Cadrans solaires en Bretagne», Skol Vreizh, 2010
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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II. LE CALVAIRE DE 1527.
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Description par Yves-Pascal Castel :
3022. Trégarvan, église, g. k. 1527. Trois degrés. Socle à cavet: MVCXXVII - - - FABRIQVE, écu usé. Fût à pans, griffes hautes. Croisillon aux anges, écu aux trois pommes de pin et à la crosse. (Alain de Trégain, de Briec, abbé commendataire de Landévennec). Croix, crucifix, anges au calice. [YPC 1980] http://croix.du-finistere.org/commune/tregarvan.html
Le calvaire de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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III. LES STATUES EN KERSANTON DE L'ENTRÉE.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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1°) La Pietà aux anges de compassion. Kersanton, XVIe siècle.
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inscrit au titre objet 2003/01/09
h = 97 ; la = 105 ; pr = 36. "La Vierge agenouillée prie devant la dépouille de son fils soutenue par deux anges de part et d'autre du corps." Notice base Palissy.
Cette œuvre appartient donc au groupe des "Pietà aux anges de douceur", ou plus généralement aux crucifix où le Christ mort est assisté par deux anges. Voyez par exemple mon commentaire sur la Pietà de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou, où je donne une synthèse de l'iconographie.
Ici, l'ange de gauche soutient tendrement la tête du Christ, tandis que le deuxième ange enveloppe d'un linge les pieds.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
h = 135 ; la = 57 ; pr = 50 Saint Budoc en pied, en tenue d'évêque, tient la crosse de la main droite.
b) Saint Budoc : Evêque fêté le 9 décembre
"Dans sa vie de saint Guénolé, écrite entre 850 et 885, Gurdisten reprend une tradition ancienne, selon ses propres paroles, quand il nous décrit Budoc comme "ministre angélique, richement doué de savoir, remarquable par sa droiture, que tout le monde de ce temps considérait comme l'une des plus fermes colonnes de l'Eglise". Budoc était le "maître" de l'Ile Lavret (Laurea), où Gwénolé fut, dès son enfance, élevé comme son disciple. Avec Maudez puis Budoc, nous sommes à la fin du 5e siècle et à l'aube de la grande expansion du monachisme chez nous : monachisme d'ermites où chacun a son "peniti" ; et, quand il s'agira d'un monastère, l'abbé continuera souvent à vivre en ermite (voir Goulven, Goeznou, Gwénolé) ; l'influence orientale reste prépondérante. Le culte de saint Budoc est couramment lié à celui de saint Gwénolé.
Saint Budoc (ou Beuzec) était le patron de l'ancienne paroisse de Beuzec-Cap-Caval (aujourd'hui en Plomeur). Il est toujours le saint patron des églises paroissiales de Beuzec-Cap-Sizun, Beuzec-Conq (en Concarneau), Trégarvan, Plourin-Ploudalmézeau et Porspoder." https://diocese-quimper.fr/fr/se-ressourcer/les-saints/story/917/saint-budoc
Saint Budoc, fils de sainte Azénor, fille du roi de Brest donna son nom à la paroisse de Beuzec.
Les pêcheurs, obligés de lutter avec la mer ne croient pas avoir de meilleurs patrons que sainte Azénor voguant sans voiles et sans rames et son fils saint Beuzec, Buzec ou Budoc (littéralement le noyé, ou sauvé des eaux) .
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On comparera cette statue à celle de saint Guénolé (disciple de Budoc) en abbé (kersanton, vers 1520) dans l'ancienne abbaye de Landévennec ; il tient également la crosse de la main droite.
Il est plus exact d'écrire que saint Budoc, si on admet cette identification non fondée, est représenté en abbé et non en évêque. Il s'agit peut-être aussi d'une statue de saint Guénolé, puisque nous sommes ici sur une possession de l'abbaye de Landévennec.
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Plaque émaillée à l'entrée du cimetière. Photo lavieb-aile.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La reliure ou couverte du livre qu'il tient porte cinq cercles placés en quinconce.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La mitre est également orné de de groupes de cinq fleurons en quinconce placés de chaque coté d'une bande verticale médiane décorée d'un fleuron et de deux languettes.
La mitre porte bien entendu des fanons.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Nous pouvons remarquer aussi que :
La crosse est tenue à droite, le crosseron (à crochets) orienté de façon axiale.
Cette crosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium.
Des bagues sont enfilés sur chaque doigt long de la main droite (comme la statue de saint Guénolé à Landévennec).
Un manipule pend au poignet gauche, avec son gland de passementerie.
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IV. LE CLOCHER ET SES TÊTES.
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L'église paroissiale de Trégarvan partage certaines caractéristiques géologiques et stylistiques avec d'autres édifices religieux du Parc Naturel Régional d'Armorique. On retrouve, par exemple, des flèches à arêtes sculptées figurant des têtes humaines entre autres, à Landévennec (église paroissiale), à Dinéault (chapelle Saint-Exupère de Loguispar), à Brasparts (église paroissiale Notre-Dame et Saint-Tugen) ou encore à Pleyben (chapelle de la Madeleine). (d'après C. Douard)
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La galerie de la tour est cantonnée par quatre têtes, (deux têtes humaines et deux têtes animales), et l'élévation ouest est encadrée de deux crossettes (un ange et une sirène) : elles seront étudiés dans un article propre.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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V. LE CLOCHER : LES DEUX CLOCHES.
LA CLOCHE MARIE JOSEPH ANNA (1880).
Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Cette cloche a été fondue, comme celle de la chapelle Saint-Jean et celle de Guengat, celle de l'hospice de Châteaulin, celle de la chapelle Saint-André d'Ergué-Gabéric (1854) par Jean Fondeur, de Quimper, en 1880. Haute de 70 cm, elle porte en ornementation un Salvator Mundi, et l'inscription :
PAROISSE DE TREGARVAN M. JOSEPH BARBOU RECTEUR J. M. MOAL MAIRE HERVE LAGADEC TRESORIER JE M'APPELLE MARIE JOSEPH ANNA JEAN MEROUR PARRAIN MARIE LAGADEC MARRAINE L'AN 1880
JEAN FONDEUR QUIMPER
LA CLOCHE DE 1859.
Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude
Egalement fondue par Jean Fondeur à Quimper, et haute de 76cm, elle est ornée d'une Vierge, d'une gloire et d'une étoile, avec l' inscription :
PAROISSE DE TREGARVAN MR POLIQUEN RECTEUR MM J. M. MOAL MAIRE J. CAPITAINE ADJOINT M. H. MOAL TRESORIER S. J. L. NICOLAS P. ALL LAGADEC F. P. J. LOUIS BATANY M. J. N. MEROUR
JEAN FONDEUR A QUIMPER 1859
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Elles sont ornées en début de ligne par des manicules dont l'index et l'auriculaire sont tendus vers des couronnes ou O.
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VI. UNE CROSSETTE.
Angle sud-est : un chien (?) attaquant sa proie.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.
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Trégarvan, est une ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841. Son église est en forme de croix latine, comprenant une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un chœur profond terminé par un chevet à trois pans. L'édifice présente des restes du XVIe siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIe siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept. (Couffon)
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES : 1706 et 1590 (?).
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1°) dans l'évasement du mur nord au dessus du 2ème pilier de la nef.
Un bloc de pierre sombre, de 53 cm sur 28 cm en deux fragments :
M : Y : CAPITAI
NE : P : I : GOVEOC
A : MARC : 1706 (ou A : MARO)
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M : Y : CAPITAINE : P : I : GOVEOC / A : MARC : 1706.
Interprétation possible : "Messire Yves Capitaine Prêtre, I. Goveoc et A. Marc (fabriciens), en 1706."
a) le nom Capitaine est attesté comme nous l'avons vu. La lettre M précédant l'initial du prénom m'incite à y voir le titre messire qui précède le nom des recteurs, et la lettre P la mention "prêtre", mais aucun prêtre de ce nom n'est mentionné dans la paroisse d'Argol, dont Trégarvan est la trève jusqu'en 1842. Un "Yves Capitaine " est mentionné à Trégarvan, mais un peu plus tardivement puisque ses parents sont nés en 1704 et 1699.
b) le patronyme GOVEOC n'est attesté, ni à Trégarvan ou Argol, ni comme patronyme en France. Nous trouvons en Bretagne Le Govec (diminutif de Le Goff : Le Goffic, Le Govic, Le Gouic, Le Govec). Peut-être une graphie dérivée de (LE) CORREOC ? Dans cette famille où Jean est attesté en 1685 à Dinéault, Anna Le Correoc épousa Yves Capitaine, et décéda à Brigneun, Trégarvan, en 1772.
c) A : MARC ou MARO pourrait correspondre aux patronymes Le Maro, Le Marchou, Le Marc'h, Le Marc, dérivé du breton marc'h, "cheval".
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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2°) Dans l'évasement du mur nord au dessus du 3ème pilier de la nef (1570 ? 1590 ?)
Elle semble être un fragment d'une inscription plus complète. Elle est elle-même traversée par une fissure (comblée de mortier ?). Les lettres latines sont irrégulières. On trouve des lettres conjointes liant entre eux le nom et le prénom, et un N rétrograde. La lecture est hasardeuse, notamment celle de la date, pourtant cruciale.
70 cm x 43 cm.
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Je lis
YVOCAPYTE
ETON : 1570
Couffon a lu : " YVO CAPITE.../PETON. 1590. "
On peut penser à Yvon Capiten (Capitaine) , et , peut-être au patronyme Peton ou Petto
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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LES SABLIÈRES ET BLOCHETS : 1670 (NEF) et 1720 (CHOEUR).
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1°) Les sablières de la nef.
Si les trois travées découpent la nef, ce sont cinq entraits (poutres transversales que je numérote 1 à 5 d'ouest en est)) qui scandent la charpente lambrissée. Des pannes sablières sculptées s'intercalent entre les entraits, de la tribune de l'ouest jusqu'au chœur. Les premières ne sont ornées que d'une frise de tulipes, sans intérêt. Les pièces anciennes débutent après le premier pilier et le troisième entrait.
Je décrirai d'abord les sablières du coté nord, d'ouest en est.
a) Les sablières de la nef du coté nord.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet nord, contre le troisième entrait.
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C'est un personnage peut-être féminin, taillé dans une pièce de bois rectangulaire comme une poutre, sans aucune extension latérale. De ce fait, les cotés sont rabattus ; ils ressemblent à deux feuilles nervurées, mais pourraient être les ailes d'un ange.
Ce personnage est vêtu d'une tunique boutonnée de haut en bas, et serré au cou par une fraise courte mais cet habit est peu réaliste.
Deux éléments stylistiques doivent être notés :
a) le menton en godet ou en rideau forment avec les joues rondes un contraste particulier. Ce détail se retrouve sur le bas-coté sud de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic en 1661.
b) les trous forés assez profondément pour représenter les yeux et les boutons. Ils sont soigneusement exécutés, très réguliers, et nous allons les retrouver régulièrement. J'émets l'hypothèse qu'ils ont pu servir de mortaise pour des éléments décoratifs colorés.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Première sablière nord ancienne, entre le 3ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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Cette frise est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.
Elle se double d'une étroite frise inférieure, faite de pampre avec ses grappes.
Trous pour les yeux de l'angelot et de l'oiseau.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Deuxième sablière nord ancienne, entre le 4ème et le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Inscription sur la frise inférieure, à droite.
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I MAZEAV FA : 16 / 76
René Couffon a lu : " M : I : MAZEAV : FA : 1676. sur la corniche du choeur "
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Les généalogistes signalent à Trégarvan Budoc Mazeau, décédé le 2 février 1718. Ou un Jean Mazeau, compatible avec l'initiale I de Ian, dont le fils Nicolas s'est marié en 1717.
L'inscription, placée dans la frise sous-jacente à la sablière ornée, et tracée en capitales romaines très géométriques, est comparable à celles de la nef de la chapelle Saint-Côme à Saint-Nic, datées de 1641. Les lettres elles-mêmes sont identiques, hormis le A dont la traverse est droite à Saint-Côme, et en V ici. .
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Les sablières anciennes de la nef , coté sud, du chœur vers l'ouest.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Troisième sablière sud ancienne, après le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Deuxième sablière sud ancienne, entre le 5ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Première sablière sud ancienne, entre le 4ème et le 3ème entrait. Deux dragons affrontés attachés par un anneau entourant le cou.
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Cette pièce est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.
Les caractéristiques en sont ici :
les écailles du corps traités, selon les zones, par deux entailles différentes, soit en coup de biseau, soit en ligne irrégulière et sinueuse.
Les plages du corps lisses, dépourvues d'écailles,
les langues dont le caractère épineux est figuré par un aspect foliaire.
Le fouet des queues traité comme des épis ou des grappes.
Les trous des pupilles.
Toutes, sauf les langues foliées, sont présentes à Saint-Nic.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet sud, en avant du 3ème entrait. Ange ?
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Menton en galoche ou godet (cf. supra)
Vêtement stylisé, non réaliste.
Trous d'ornementation pour les yeux, la collerette et la ceinture.
La collerette en larges pétales , comme celle d'un Pierrot, se retrouve sur les blochets de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de Saint-Nic.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Les six blochets et les sablières du chœur (1720 et 1750).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°1.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°2.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière entre les blochets 2 et 3.
Inscription : IA 1750.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°3.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Inscription entre les blochets 3 et 4 :
I : F. MASEO : CVRE : BVJOC : LEPAN : FABICN
La notice Palissy mentionne : "sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
René Couffon a lu : " I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef."
Le chronogramme 1720 a pu être détruit lors de restauration, puisque la corniche s'arrête là, avant une pièce de bois récente. Néanmoins, il faut bien lire LEPAN et non LERAN, d'une part par constatation de la photo, d'autre part car le patronyme LE PANN est attesté à Trégarvan.
On transcrira donc : I : F : MASEO : CURÉ : BUDOC : LE PAN[N] : FABRI[QUE] [1720]
ou" I.F. Mazeau curé, Budoc Le Pann fabricien (1720 ?)"
Je ne trouve pas d'information sur Budoc Le Pann, mais la famille Le Pann est attestée à Argol, (Bodogat) et à Trégarvan (Yves Le Pann, 1689-1742, père de Michel, père d'Alain qui épouse Marie Mazeau en 1780 à Trégarvan).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°4.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière entre les blochets 4 et 5.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°5.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet du chœur n°6.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Les sablières du faux-transept sud.
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Blochets et sablières de la chapelle latérale sud (Sainte-Marguerite).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet de gauche.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière de gauche, coté ouest du faux-transept. Deux dragons affrontés tête reliées par un anneau.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sablière de droite, coté ouest du faux-transept. Frise à pampre, oiseaux.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Oiseau picorant les grappes : notez les trous d'ornementation.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Blochet de droite du faux transept sud. Ange et inscription MARIA.
Inscription MARIA avec les deux premières lettres jointes comme dans le monogramme marial. Le personnage en buste est un ange, dont les ailes se devinent sur les cotés et dont le col est stylisé en collerette à la Pierrot.
Cou large, menton en godet, trous pupillaires.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Synthèse : les sablières de Trégarvan et l'atelier de Saint-Nic.
Les sablières sculptées de l'église de Trégarvan sont, finalement au nombre de six pièces : deux dans la nef nord, deux dans la nef sud et deux dans la chapelle sud. J'exclus les autres pièces, celle du début de la nef, aux successions de "tulipes", et celles du chœur, en frise géométriques dont seules les inscriptions datées (1720 ? et 1750) sont dignes d'intérêt.
Ces six pièces sont non seulement homogènes mais aussi répétitives, puisqu'on n'y trouve que deux motifs : celui des dragons affrontés et liés, et celui des pampres aux grappes picorées par les oiseaux, de part et d'autre d'une tête d'angelot.
À cet ensemble ne s'applique pas les dates de 1720 et 1750, mais la date de 1676 associée au nom du maître d'ouvrage le fabricien I. MAZEAU.
Nous devons attacher à cet ensemble de six sablières les 12 blochets (deux dans la nef, six dans le chœur et quatre dans la chapelle sud) car ils sont tous cohérents sur le plan stylistique et qu'ils ont des caractères de style communs avec ces sablières : utilisation de trous pour les pupilles et le décor, menton en godet, double contour des yeux en amande, lignes sinueuses ornementales, stylisation non réaliste des vêtements.
Ces six sablières et ces douze blochets de 1676 peuvent, par ces caractéristiques, être attribuées au sculpteur d'une partie des sablières de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic, réalisées en 1653 sous la direction du recteur Guillaume Perfezou, M. Kervarec étant fabricien, et où les deux mêmes motifs des pampres à angelots et oiseaux et de dragons affrontés sont réalisés à l'identique. Et au sculpteur des sablières des bas-cotés de la chapelle Saint-Côme, à Saint-Nic, réalisées en 1661 et 1670-1675 sous la direction du même recteur Perfezou, tandis que R.G Marzin était fabricien en 1661 et Alain Roignant en 1675 ; et où les mêmes motifs des sablières s'associent au caractères des blochets, notamment le caricatural menton en godet.
Faut-il déduire des inscriptions datées de Saint-Côme que le sculpteur était cet Alain Roignant, qui se signale à deux reprises comme "charpentier" ? C'est ce que suggérait Sophie Duhem dans sa thèse de 1997 :
"Un autre compagnon se joint aux ouvriers [ Olivier Guillosou et Jacques "Bolesec en 1641 et 1646] , une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier.
Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670."
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Avec plus de prudence, mais en me basant sur des critères stylistiques précis et un corpus d'images placées en ligne, je propose de définir un atelier, celui du Maître de Saint-Nic, actif entre 1661 et 1676 entre les deux chapelles de Saint-Nic et l'église de Trégarvan.
Il reste à définir la filiation entre cet atelier et celui qui avait réalisé les sablières de la nef de Saint-Côme en 1641-1646. Par la parenté entre l'inscription MAZEAU FA 1676 et celles des sablières de la nef (et non plus des bas-cotés) de Saint-Côme, ou par la présence d'ornementation par trous dans le corps des dragons de cette nef, je suis tenté d'étendre l'activité de cet atelier à la période 1641-1676. Définir, dans cet atelier, les différentes "mains", sera la tâche suivante.
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LA STATUAIRE.
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I. Les statues du chœur.
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1°) Saint Budoc. Pierre polychrome. XVIIe
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Le saint est représenté en évêque avec mitre rouge et or, chirothèque, pantoufles épiscopales, cape, surplis et soutane, mais il tient le bâton pastoral en forme de croix simple, sans crosse ni double traverse.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Saint Sébastien.
Ce saint était invoqué contre la peste, ou les épidémies apparentées, tout comme saint Roch (infra).
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Saint Roch et son chien Roquet.
Le médecin de Montpellier Roch, en costume de pèlerin de Rome, montre sa plaie bubonique, tandis que son chien Roquet,, miraculeusement, lui apporte chaque jour le secours d'un morceau de pain.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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La chapelle nord et le retable de saint Étienne.
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Base Palissy.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Prédelle : la lapidation de saint Étienne.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
Attribut : son habit d'Antonin, son cochon et son chapelet. Il manque la cloche et le tau, mais c'est le livre que devait tenir la main gauche.
Hauteur 90 cm, largeur 34 cm, profondeur 25. Inscription peinte S. ANTON.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Statues de la chapelle sud.
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La Pietà. Bois (chêne) polychrome, XVIe.
Base Palissy Yves-Pascal Castel et Claude Quillivic
1960/02/23 : classé au titre objet
Statue d'applique à revers évidé, haute de 90 cm et large de 40 cm. La Vierge est assise, les mains jointes, le corps de son Fils étendu en arc sur ses genoux.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Sainte Marguerite issant du dragon. Bois polychrome, XVIIe.
Sainte Marguerite sort miraculeusement du dos du dragon qui l'avait avalé, et qui tient encore dans sa gueule l'extrémité du manteau bleu à revers rouge.
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Ses cheveux sont retenus par un bandeau postérieur, de même étoffe que le manteau.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Statue du bas-coté nord de la nef. Dieu le Père.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
" grès peint faux granite ; cuve carrée, sur pied, avec piscine accolée de moindre hauteur, base commune ornée de moulures ; dimensions : h = 95" (Castel et Quillivic)
L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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LES BANNIÈRES DE PROCESSION.
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Dans la tribune :
Velours rouge brodé
SAINT PIERRE PRIEZ POUR NOUS.
SACRÉ COEUR DE JÉSUS SAUVEZ LA FRANCE.
Cette bannière peut être datée de la Grande Guerre 1914-1918 par son inscription votive patriotique.
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Bannières de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
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Bannière de sainte Anne et de Notre-Dame de Lourdes.
Soie brodée, début XXe (?)
a) Bannière de sainte Anne.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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Bannière de Notre-Dame de Lourdes.
inscription N-D DE LOURDES P.P. NOUS [Priez pour nous]
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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Bannière de la guerre de 1914-1918 et de sainte Jeanne d'Arc.
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Soie brodée et peinte, cannetille. Début XXe.
a) Bannière de la guerre de 1914-1918.
Inscription DON DES PAROISSIENS CONSOLATRICE DES AFFLIGÉS GUERRE 1914-1918.
La Vierge.
Une religieuse en cornette (probable sœur de la congrégation des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul) se penche sur le bras gauche garotté d'un blessé dont elle pose le pansement.
Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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b. Bannière de Jeanne d'Arc.
Inscription JHESUS MARIA.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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Bannière de Notre-Dame de Lourdes et de l'ange gardien
a) Bannière de l'ange gardien : soie rouge. Inscription SOYEZ MON GUIDE.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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b) Bannière de Notre-Dame-de-Lourdes.
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N-D. DE LOURDES PRIEZ POUR NOUS.
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Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.
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La plaque tombale du dernier grenadier de Napoléon.
"Michel Hicher, grenadier de la garde impériale, est décédé à Trégarvan le 8 août 1857. En 2014, la plaque a été .redorée :
« Ici repose Michel Hicher né à Plonévez-Porzay, grenadier du 1er régiment de l'ex-garde impériale, Chevalier de la Légion d'honneur, décédé à Trégarvan le 8 août 1857 à l'âge de 86 ans ».
Deux articles de Jean-Jacques Kerdreux et de Patrick Jadé ont donné tous les renseignements sur ce grenadier : présentées dans « Avel Gornog » n°22 d'août 2013.
Michel Hicher est né en 1771, au moulin de Lesvren en Plonévez-Porzay, dans une famille de meuniers de Dinéault (moulin de Tréfiec depuis 1760). Il fut enrôlé comme soldat de la Révolution lors de la levée en masse de 1794. ll devient fusillier du 1er bataillon des Ardennes.
Mesurant plus de 1,70 m, il devint grenadier dans l'armée d'Italie, sous les ordres de Napoléon Bonaparte.
Dans la 106e demi-brigade, il participe à la défense de Gènes en avril-juin 1800. Il est en Autriche en 1805, 1809, puis intègre le 1er régiment de grenadiers à pied de la garde impériale, l'une des quatre seules unités de la Vieille Garde et "la plus valeureuse de tous les temps". Cette unité accompagne Napoléon jusqu'à Moscou, et parvient à garder un ordre à peu près régulier pendant la retraite de Russie.
Puis c'est la campagne d'Allemagne en 1813, puis la campagne de France en 1814, au cours de laquelle Michel Hicher reçoit la Légion d'honneur le 2 avril 1814, juste avant l'abdication de Napoléon le 6 avril. Il participe à la campagne de Belgique en 1815 mais est absent à Waterloo le 18 juin.
En 1815, après 23 ans et 6 mois de service dont 23 ans de campagne, il revient à Dinéault comme cultivateur. Il se marie le 25 septembre 1918 à Dinéault avec Laurence Bescou de Trégarvan et s'installe à Brigneun (Trégarvan). Il aura cinq enfants et aujourd'hui, plusieurs de ses descendants habitent la commune.
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Cimetière de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.
"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"
— CASTEL, Yves-Pascal. Atlas des croix et calvaires du Finistère. Société archéologique du Finistère, 1980. Quimper, p. 356-357.
— CHAURIS, Louis. (2015) Pour une géo-archéologie du Patrimoine : Pierres, carrières et constructions en Bretagne. Revue archéologique de l ouest p. 259-283
https://journals.openedition.org/rao/925?lang=en
La langue bretonne emploie quelques termes pour désigner les roches, mais ceux-ci s’avèrent dans l’ensemble peu précis. Ainsi, la dolérite, appelée mein houarn ou menhouarn (pierre de fer), en raison de sa ténacité, n’est aucunement un minerai de ce métal. En presqu’île de Crozon, lorsqu’elles est altérée, la même roche est dénommée men rouz (pierre rousse) du fait de sa teinte ; plusieurs parcelles l’évoquent ainsi à Crozon : « Men roux » (section 36, n° 1364 à 1374) et « Parc Men roux » (section n° 36, n° 1375). Parfois, (à Trégarvan ou à Dinéault), les cultivateurs appellent la dolérite « Kerzanton », confusion éminemment fâcheuse (Chauris et Kerdreux, 2000). Il est rare qu’en breton le toponyme indique la nature de la pierre de manière relativement précise.
— CHAURIS, L., KERDREUX, J.-J., 2000 – La dolérite : une pierre de construction singulière en presqu’île de Crozon, Avel Gornog (Crozon), 8, p. 18-23.
On trouve de la dolérite par exemple dans certains gisements affleurants dans le centre de la Bretagne et notamment près du village de Plussulien sur le site de Quelfennec qui est connu comme étant l'un des principaux sites de fabrication de haches polies de la période Néolithique qui s'exportèrent dans tout l'ouest de la France.
—CHAURIS, Louis. Un projet de haut fourneau à Trégarvan au XIXe siècle. Dans : Les Cahiers de l´Iroise, n° 147. Brest, 1990, p. 156-163.
— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred), 1988,, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.;
"TREGARVAN Ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841.
EGLISE SAINT-BUDOC En forme de croix latine, elle comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un choeur profond terminé par un chevet à trois pans.
L'édifice présente des restes du XVIè siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIè siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions :
" BVZEC : CAPITEN : F : 1629. " au pan sud du chevet,
" N : LE SCOARNEC. FAB. 1658. " sur le mur de la sacristie,
" M : I : MAZEAV : FA : 1676. " sur la corniche du choeur,
" 1696 " et " MORO. F. " sous la galerie du clocher, côté sud, -
" M : Y : CAPITAINE : P :/I : GOVEOC : A : MARC : 1706. " sur un pilier de la nef,
" YVO CAPITE.../PETON. 1590. " sur un autre pilier de la nef,
" I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef,
" MI CAPITEN PBRE. " sur une sablière du choeur.
L'accès au clocher est extérieur. Une galerie à forte balustrade classique entoure la chambre de cloches. Au sommet des gables de la flèche, mascarons ; autres mascarons sur les arêtes. Ossuaire d'attache à deux baies. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept.
Mobilier Maître-autel en tombeau galbé. - Deux autels latéraux : au sud, petit retable à quatre colonnes lisses ; au nord, retable à deux colonnes torsadées évidées, représentation en bas-relief polychrome de saint Etienne dans le panneau central, et martyre du diacre dans la prédelle. Fonts baptismaux de granit."
Statues anciennes
- en pierre polychrome : saint " BVDOC " ;
- en bois polychrome : Dieu le Père portant la tiare et assis sur son trône, XVIIe siècle (porche),
-saint Pierre,
-saint Sébastien, XVIIe siècle (C.),
-saint Roch, XVIIe siècle (C.),
-sainte Marguerite, XVIIe siècle (C.),
-saint Antoine ermite, XVIIe siècle,
-Vierge de Pitié, XVIe siècle (C.),
-Christ en croix, XVIe siècle ;
- en bois doré : Immaculée Conception (statuette de procession), XVIIIe siècle.
Trois vitraux figuratifs dans le choeur, vers 1946.
Cadran solaire de 1698.
A l'entrée de l'enclos, deux statues en kersanton :
Vierge de Pitié à genoux, contemplant son Fils étendu à terre et dont deux anges soutiennent la tête et les pieds ;
- saint Budoc en évêque.
Dans l'enclos, calvaire aux sculptures rongées par le temps, consoles vides ; sur le socle : " M Vc XXVII.
— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 60 et 147.
— — OGEE, Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne. 1ère édition 1778-1780. Nouvelle édition, revue et augmentée par MM. A. Marteville, et P. Varin, avec la collaboration principale de MM. De Blois, Ducrest de Villeneuve, Guépin de Nantes et Lehuérou. Rennes, 1843, p. 917.