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18 juin 2016 6 18 /06 /juin /2016 13:09

Iconographie de saint Christophe : la verrière des Cordonniers de la cathédrale de Fribourg (Freiburg im Breisgau), 1320.

Freud et saint Christophe.

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I. La verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) du bas-coté sud de la nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320).

Cette verrière est faite de quatre lancettes ogivales.  La première est toute entière occupée par saint Christophe, alors que les trois autres sont chacune découpées en trois médaillons consécrés à la Passion (la dernière Cène, le Christ sur le Mont des Oliviers, son arrestation, le Christ devant le roi Hérode, la Flagellation, le Couronnement d'épines, la Croix, la Crucifixion et la Mise au tombeau . Enfin, chaque lancette porte en registre inférieure une marque de donation répétée deux fois : deux ours d'or de chaque coté, et deux bottes noires au centre. Ces bottes, à lacet rouge, sur un blason d'or forment  l'insigne de la guilde des Cordonniers, comme le spécifie l'inscription : DER. SCHUMACHER. ZUNFT. ZE. DEM. GULDIN. BERN  soit "La Guilde des Cordonniers --A l'Ours d'Or --"

Les blasons latéraux sont de sable à l'ours d'or passant (dressé sur ses pattes, de profil) armé et lampassé de gueules (ses griffes et sa langue sont d'un émail rouge), à la chaîne et au collier d'azur Ces blasons, ainsi que les mots "ze dem guldin bern"  m'ont intrigué longtemps, avant que je n'apprenne que les panneaux latéraux sont de création récente (20e siècle) et qu'ils représentent l'enseigne de la taverne "A l'Ours d'or" où la Guilde tenait ses réunions. 

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) ,  nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster) , nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Guilde des Cordonniers, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Guilde des Cordonniers, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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 Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Lancettes de la  Passion,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
Lancettes de la  Passion,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Lancettes de la Passion, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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LA LANCETTE DE SAINT CHRISTOPHE.

J'ignore si saint Christophe était considéré par les cordonniers comme leur patron, en plus de frères martyrs Crépin et Crépinien. Saint Christophe est le patron des pèlerins et plus largement des voyageurs, c'est à dire de gens qui usent leurs souliers.

Quoiqu'il en soit, le fait qu'il occupe à lui seul (avec son passager) l'ensemble des trois panneaux , cas presque unique dans la nef où les autres lancettes sont découpées en médaillons, témoigne de ce que le gigantisme du saint n'est pas escamoté, mais que, au contraire, il  est mis en valeur comme l'un de ses caractères essentiels. On sait que selon la Légende Dorée (1261-1266), Christophe était un géant païen nommé Reprobus, qui ne prit son nom de "Porteur de Christ" qu'après sa conversion lors du passage du guè. 

La date de la verrière (1320) place ce saint Christophe en tête de la chronologie de ma série iconographique, et peu de temps après que, selon D. Rigaux, se mettent en place les principales composantes de l'image. Ainsi, dès le début du XIVe siècle, nous trouvons ici :

  • la traversée du fleuve de la droite vers la gauche.
  • L'Enfant porté sur l'épaule gauche.
  • L'Enfant tenant le globe crucigère et bénissant,
  • La rotation du bassin puis du tronc du saint
  • L'orientation rétrograde de son regard vers le haut et l'arrière, cd'est à dire vers l'Enfant.
  • Le bâton de marche qui fleurit (ou qui reverdit)
  • Les pieds dans l'eau, et les poissons et êtres aquatiques malfaisants. 

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Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Saint Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Le regard de la Foi.

Je retrouve aussi dans ce vitrail ce regard de saint Christophe si particulier et si propre à cette iconographie, par lequel, saisi par le tourment (il succombe sous le poids incompréhensiblement lourd du bambin qu'il doit mener sur l'autre rive)  il se détourne soudain, lève les yeux, et, par l'échange de deux phrases, réalise qu'il porte le Maître du Monde. L'axe de son regard s'oppose à l'horizontalité de sa progression et accède à la fois à la verticalité et au renversement, à la con-version. L'Enfant-Christ regarde, lui, dans la direction de sa main qui bénit. 

A ces axes se mêlent ceux du bâton de marche, ici d'abord vertical comme une hampe, mais qui s'incline, à la fois pour épouser la courbe ogivale du sommet de lancette, mais aussi pour témoigner du changement de nature qui s'opère. La rigidité orgueilleuse et  ligneuse devient flexibilité, adaptation, mouvement d'un feuillage habile à se courber sans rompre, humilité, mais aussi vigueur animée par la sève, la vie. 

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Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
Saint Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

Saint Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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Les pieds dans l'eau.

Le changement de milieu (air / eau) est rendu par des ondulations en grisaille, selon des directions différentes pour chaque pièce. Sur le plan spirituel, il s'agit d'indiquer que la traversée du fleuve est un temps de rupture et d'exposition aux risques. L'eau est l'élément étranger, dangereux, celui de la perte des repères et de la stabilité, celui où l'on peut perdre pied et être emporté par l'impulsivité de tous ces courants représentés en lignes sombres. L'eau est en relation avec les forces démoniaques, profondes, basses, en relation avec les forces démoniaques, et, pour le souligner, le peintre-verrier à dessiné d'une part un gros poisson (imaginons un brochet) qui en dévore un autre plus petit, et d'autre part un véritable dragon à queue de serpent, ailé comme un hibou et à tête de diable.

 

 

int Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.
int Christophe portant le Christ,  Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

int Christophe portant le Christ, Verrière des Cordonniers (Schuhmacherfenster), nef de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau. (1320). Photographie lavieb-aile.

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DIGRESSION ET SABLES MOUVANTS. "Le Saint Christophe allemand".

     En 1896, Konrad Richter fit paraître dans le vol. V. I des  Acta Germanica, Organ für deutsche philologieBerlin, Mayer und Müller,  son article  de 243 pages sur « Der deutsche St. Christoph », où il menait une enquête parfaitement érudite et exhaustive sur le saint Christophe Allemand, et les bases et évolutions des textes de la Légende ou de l'iconographie christophienne en Allemagne. Il serait abusif de prétendre que je l'ai lu, malgré le vif désir que j'ai éprouvé de le faire ;  je fus peut-être rebuté par l'absence de toute illustration et par l'appareil proliférant des notes de bas de page ou note de pied (Fußnote ), mais surtout par mon absence de compréhension aisée de l'allemand

Il m'est impossible de deviner par quels hasards, par quelle boulimie de lecture, Sigmund Freud a pu lire cet indigeste pavé jusqu'à la page 223 ; mais peut-être, en 1920, après avoir écrit Au delà du principe du plaisir, souhaitait-il proposer à son psychisme un matériau aléatoire, et s'était-il donné comme consigne de se saisir, dans une bibliothèque, du premier ouvrage écrit l'année de la mort de son père, de l'ouvrir à la page 223 en fonction de calculs de numérologie hébraïque issue de la Gematria, et de lire la ligne 18 pour d'autres raisons encore. Toujours est-il qu'il prit connaissance de la note 1) de cette page 223, ou d'une partie seulement de cette note, et qu'il la cita dans le chapitre IV de son article Massenpsychologie und Ich-Analyse de 1921. Si on lit la traduction française de S. Jankélévitch paru en 1926, Psychologie collective et analyse du moi, en pensant qu'on comprendra mieux ainsi le rapport entre saint Christophe et "Suggestion et libido" (le titre du chapitre IV), prévenons rapidement le lecteur d'une possible désillusion.

Lorsqu'à un malade qui se montrait récalcitrant on criait : « Que faites-vous ? Vous vous contre-suggestionnez !», je ne pouvais m'empêcher de penser qu'on se livrait sur lui à une injustice et à une violence. L'homme avait certainement le droit de se contre-suggestionner, lorsqu'on cherchait à se le soumettre par la suggestion. Mon opposition a pris plus tard la forme d'une révolte contre la manière de penser d'après laquelle la suggestion, qui expliquait tout, n'aurait besoin elle-même d'aucune explication. Et plus d'une fois j'ai cité à ce propos la vieille plaisanterie : « Si saint Christophe supportait le Christ et si le Christ supportait le monde, dis-moi : où donc saint Christophe a-t-il pu poser ses pieds ? [Note 1 « Christophorus Christum, sed Christus sustulit orbem. Constiterit pedibus die ubi Christophorus? » Konrad Richter : Der deutsche St. Christoph, Berlin, 1896. Acta Germanica, V, 1.] ». 

Dans l'article original de Freud, nous avions :

Ich wiederholte mit Bezug auf sie die alte Scherzfrage [Fußnote]:

Christoph trug Christum,

Christus trug die ganze Welt,

Sag', wo hat Christoph

Damals hin den Fuß gestellt?"

Finalement, il semble plus simple de lire Konrad Richter directement, et sa note de la page 223, qui, par contraste, semble limpide. C'est lui qui parle de la blague bien connue (bekannte scherz) citée en latin, Christophorus Christum, sed Christus sustulit orbem. Constiterit pedibus die ubi Christophorus? et qui cite son auteur, Johannes Heidfeld, et son ouvrage, paru en 1600, le Sphinx théologico-philosophique. Limpide ? Pas tant que ça, car ce n'est qu'après cette citation en latin du texte (allemand) de Heidfeld que Richter donne le texte cité par Freud (Christoph trug Christum, [...] Damals hin den Fuß gestellt?"), texte écrit sur une "image" (une peinture murale ?) du saint à Tölz en Haute-Bavière et relevée à la page 13 d'un livre d'aphorismes et d'apoptegmes écrit par W. Hertz en 1882 Deutsche Inschriften an Haus und Geräth: Zur epigrammatischen Volkspoesie -(Bessersche Buchhandlung), Berlin, 237 pages !!

Konrad Richter s'est peut-être lui-même inspiré de Der Große Christoph, de Ferdinand Hautal,  (pseudonyme de J.F. Francke) paru à Berlin en en 1843 : voyez la page 44. 

Encore un effort : cherchons le texte original de J. Heidfeld.

Johannes Heidfeld (Heidfeldius), né à Waltrop près de Cologne en 1563, pasteur d'Ebersbach,  fut le premier professeur de théologie protestante au lycée d' Herborn. Il a publié Sphinx theologica-philosophica en huit éditions de 1600 à 1631   dans huit éditions, et son ouvrage a été extrèmement populaire. Il a été mis à l'Index dès 1616. Il a été écrit par un co-auteur, Johann Flitner

Je pars à la recherche de ce Sphinx :

Heidfeldius, Joannes, Waltorffensis. Sextium renata, renovata, ac longe ornatius etiam, quam unquam antea exculta Sphinx theologìco-philosophica. Adornavit, recensuit, et in theatrum totius orbis europaei ex parentis voluntate produxit Godefridus Heidfeldius Johannis F. Nassovius . Herborn, Christoph Rab (Corvinus), 1612, in-8°, [31], 823 p.

Je le trouve dans une édition de 1624 : voyez le chapitre XL  page 771 :

https://books.google.fr/books?id=RMdIAAAAcAAJ&dq=Sphinx+theolog%C3%ACco-philosophica.&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

C'est, comme la mention du Sphinx l'indique, une succession d'énigmes, de devinettes posées en chausses-trapes pour l'esprit, dans le domaine religieux. On trouve ainsi : "Est-ce le Christ qui porta la Croix, ou la Croix qui porta le Christ ?" (Hat Christus das Creutz / oder das Creutz Christum getragen) ou, juste avant le distique sur saint Christophe, un rébus sur les lettres du nom IEJUS. 

J'accède enfin au texte original :

Christum Sanct Christophorus tregt/

Christus sich mit der Welt belegt /

Drauff ist die Frag / sag du mirs nun 

Worauf denn der Christträger stundt.

https://archive.org/stream/derdeutscheschr00richgoog#page/n231/mode/2up

https://archive.org/stream/derdeutscheschr00richgoog#page/n231/mode/2up

En résumé, Freud a cité le texte allemand relevé à Tölz, et cité par Richter, mais il a donné en note de bas de page dans sa référence à Richter 1896 un texte latin attribué à Heidfeld 1600, alors que celui-ci a écrit en allemand !

Tout lecteur est comme un pèlerin qui, mené par la foi en l'Auteur, avance rapidement vers son but, sa Rome, son Compostelle, la fin du livre, sans réaliser que son âme ne gagnera le salut que par les pierres du chemin. C'est (les cordonniers de Fribourg le savaient !) l'usure des souliers qui fait le pèlerin et lui procure ses gages, et non sa présence finale dans les Lieux Saints. Or le lecteur trop pressé, s'il achoppe sur un passage, tourne la page car il est convaincu que l'Auteur, dans sa grande sagesse, va le mener vers la révélation du Sens. Parfois pourtant, il doit interrompre sa marche et se retourner vers l'Auteur : Que veux-tu dire ?

Que signifient  les quatre vers de Heidfeld ? C'est une simple plaisanterie sur la polysémie du mot Welt, le Monde.  Le Christ ne porte pas "le Monde", mais sa représentation,  le globe terrestre, la mappemonde avec, en son sommet, la croix : le globus cruciger. C'est le symbole de son pouvoir sur l'univers, ou aussi du poids du Péché du Monde, puisque la figure renvoie à la déclaration de saint Jean-Baptiste Ecce Agnus Dei, qui tolli peccata mundi, (Jn 1:29) "Voici l'Agneau de Dieu, qui soulève (qui enlève, qui ôte)  le Péché du monde". Le verbe tollo, is, ere signifie lever, soulever, enlever.

Dans sa traduction en latin, Richter traduit Welt (Monde) par le mot orbem (l'orbe) et affaiblit ainsi la blague assimilant Mappemonde et Monde.

Au delà de la plaisanterie, on peut voir, comme le fait Freud, une illustration de la difficulté à trouver un fondement, un point d'appui (comme Archimède : donnez-moi un point d'appui et un levier, et je soulèverai le monde !). Si Atlas porte le Monde (en réalité, le globe céleste), dis-moi sur quoi il prend appui ! Si le savant observe le Tout, dis-moi où est son point de vue ! Si Christophorus "qui porte le Christ", porte le Monde, où se situe-t-il lui-même ! Dans l'hypnose, si  les thérapeutes croient que la Suggestion est un Tout qui n'a besoin d'aucune explication, comment la justifier si elle échoue car le patient se contre-suggestionne ? Dans tout système de pensée totalitaire, qui se justifie par lui-même et dont la Fin justifie les moyens, dis-moi où est l'appui d'une justice ?

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En illustration, un tableau du Maître de  Meßkirch vers 1562 au Kunstmuseum de Bâle, image Andreas Praefcke, Wikipédia 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Hl_Christophorus_1562_Kunstmuseum_Basel.jpg

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SOURCES ET LIENS.

http://www.freiburgermuenster.info/html/content/die_fenster.html?t=55dfc6c14d149648d3240d2a789fb62b&tto=4a0b081b

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Schuhmacherfenster_(M%C3%BCnster_Freiburg)_jm2369.jpg

http://blogs.sciences-po.fr/recherche-icones-globe/2010/12/09/le-paradoxe-de-saint-christophe/

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe. Fribourg Vitraux
15 juin 2016 3 15 /06 /juin /2016 20:54

Les deux Vierges couchées de la cathédrale Notre-Dame de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne).

Maria im Wochenbett : Das Westportal am Freiburger Münster / Der Schmiedefenster im Freiburger Münster.

Voir aussi :

LES VIERGES COUCHÉES. 6 articles.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vierges-couchees-de-bretagne-2-chapelle-du-yaudet-a-ploulec-h-105555217.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-3-chapelle-de-kergrist-a-paimpol-105604068.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierge-couchee-calvaire-de-tronoen-a-saint-jean-trolimon-29-110465874.html

http://www.lavieb-aile.com/article-la-vierge-couchee-dans-les-nativites-des-livres-d-heures-113263711.html

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-la-cathedrale-de-chartres-112103311.html

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Je nomme "Vierge couchée" la Vierge qui, dans les Nativités, est allongée dans son lit d'accouchée avant les relevailles. Louis Réau les désigne sous le terme de "Vierge en gésine sur son lit d'accouchée", et le Bildindex de Marburg sous le terme allemand de "Maria im Wochenbett". Wikipédia y consacre un article sous le titre Maria in puerperio.  Saint Joseph se tient le plus souvent au pied du lit. J'ai déjà donné de nombreux exemples dans mes articles sur les spectaculaires Vierges au lit bretonnes, mais prenons ici comme exemple, puisque nous voilà en Allemagne, le tableau Die Geburt Christi de Conrad von Soest, qui date de 1404 : 

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Lors de ma visite de la cathédrale de Fribourg, j'ai découvert deux exemples de ces Vierges en couches, le premier dès l'entrée puisqu'il m'accueillait sur le tympan du porche principal, et le second — plein de cocasserie— sur le bas-coté nord de la nef. Finalement, passant du coq à l'âne, je me suis retrouvé lancé dans une enquête sur le bœuf de la crêche !

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LA VIERGE COUCHÉE DU TYMPAN du portail ouest.

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Le porche de la tour de la cathédrale de Fribourg  a été construit en même temps qu'a été exécutée sa décoration sculpturale,  à la fin du 13ème siècle. Il a été peint de couleurs vives à trois reprises en 1300, 1604 et 1889, et à nouveau entre 1999 et 2004. 

 

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a) Vue générale du porche.

http://www.zum.de/Faecher/G/BW/Landeskunde/rhein/freiburg/muenster/vorhalle1.htm

On remarque au centre, entre les deux portes, une Vierge placée au dessus de Jessé accroupi.

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Porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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b) Le tympan et ses trois registres.

 Le tympan associe un Jugement Dernier, et des scènes de la Vie de Jésus (Naissance et Passion). Au sommet, entre la Vierge et saint Jean, le Christ assis sur un trône, montrant ses plaies, et entouré d'anges portant les instruments de sa Passion.  Le registre sous-jacent est centré par un pélican (noir) nourissant ses petits de sa propre chair. Les douze apôtres l'entourent, tous assis, sur des petits nuages. En dessous d'eux vient le Christ crucifié, au dessus du crâne d'Adam, et à sa gauche le bon Centurion,  Longin, et neuf personnages enchaînés et entraînés ders la gueule du Léviathan. A sa droite se trouvent Marie et Jean, et d'autres personnages.

Le registre inférieur est celui qui nous concerne Il comporte une bande haute avec une Résurrection des morts, sortant de leur tombe à l'appel de quatre anges bucinateurs. Plus bas, la moitié gauche  comporte des scènes de la Passion : Judas pendu au figuier, saint Pierre coupant l'oreille du serviteur du grand prêtre, le Christ aux outrages, la Flagellation du Christ lié à la colonne.

Enfin, dans la partie droite de ce registre inférieur, une Nativité et l'Annonce faite aux bergers. Que nous allons regarder de près.

 

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Tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La Nativité et l'Annonce aux bergers.

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Nativité du tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Nativité du tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Annonce aux bergers.

A droite, un ange présente une banderole avec les mots ANNUCIO VOBIS, [les auteurs lisent ou ont lu ANNUNTIO] qui renvoient à l'évangile de Luc : Lc 2:8-15 :

  et ecce angelus Domini stetit iuxta illos et claritas Dei circumfulsit illos et timuerunt timore magno et dixit illis angelus nolite timere ecce enim evangelizo vobis gaudium magnum quod erit omni populo quia natus est vobis hodie salvator qui est Christus Dominus in civitate David et hoc vobis signum invenietis infantem pannis involutum et positum in praesepio et subito facta est cum angelo multitudo militiae caelestis laudantium Deum et dicentium gloria in altissimis Deo et in terra pax in hominibus bonae voluntatis

 "Il y avait dans la même région des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour y garder leur troupeau.  Un ange du Seigneur leur apparut et la gloire du Seigneur resplendit autour d'eux. Ils furent saisis d'une grande frayeur.  Mais l'ange leur dit: «N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple:  aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur qui est le Messie, le Seigneur.  Voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire.» Et tout à coup une foule d'anges de l'armée céleste se joignit à l'ange. Ils adressaient des louanges à Dieu et disaient:  «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, paix sur la terre et bienveillance parmi les hommes!»"

Mais on voit que la Vulgate utilise le terme "evangelizo" (annoncer une bonne nouvelle, proclamer) et non "annuntio", qui appartient à la version syriaque. On voit aussi qu'il manque un tilde : ANNU[N]CIO ou ANNU[N]TIO. La formule "Ecce annuntio vobis magnum gaudum" se retrouve dans les chants grégoriens en Italie au XIe siècle pour les offices de la Nativité (Florence, Plaisance) ou à Augsbourg, 1459. La leçon "Ecce anuncio vobis" se retrouve sur les enluminures de Livres d'Heures du XVe siècle : Miniature au début de tierce de la Vierge, Carpentras, BM ms 0052 f 050 ; Heures à l'usage de Châlons-en-Champagne, BM Lyon Ms 5146 f. 47v  Gloria in excelsis Deo anuncio vobis gaudium ; Livre d'heures à l'usage de Soissons. BM Lyon Ms 5142, XVe siècle, Anuncio vobis (gau)dium mag(num) 

 

L'ymagier ne manque pas d'humour dans sa mise en scène ;  le berger, portant un chapeau rond noué sous le menton par de longs lacets, une tunique sans manche proche des dalmatiques, des guêtres ou housseaux, tient attaché à son poignet par une  laisse impressionnante un solide molosse. Sa canne n'est qu'un bout de bois tordu.  Devant ses pieds se trouvent un bélier et un mouton tandis que deux chèvres broutent les feuilles d'une vigne (ou d'un arbre à gousses). 

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Annonce aux bergers, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Annonce aux bergers, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La Nativité. 

Dans l'évangile de Luc, la Naissance de Jésus est annoncée ainsi aux bergers :

 et hoc vobis signum invenietis infantem pannis involutum et positum in praesepio , "Voici à quel signe vous le reconnaîtrez: vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire."  Lc 2:12 .

 

Le récit est enrichi au VIIIe siècle dans l'Évangile du Pseudo-Matthieu chap. XIV : 

Le troisième jour de la naissance du Seigneur, la bienheureuse Marie sortit de la caverne , et elle entra dans une étable, et elle mit l'enfant dans la crèche, et le bœuf et l'âne l'adoraient . Alors fut accompli ce qui avait été dit par le prophète Isaïe : « Le bœuf connaît son maître, et l'âne la crèche de son Seigneur. » Ces deux animaux, l'ayant au milieu d'eux l'adoraient sans cesse. Alors fut accompli également ce qu'avait dit le prophète Kabame : « Tu seras connu au milieu de deux animaux. » Et Joseph et Marie demeurèrent trois jours dans cet endroit avec l'enfant".

Puis Jacques de Voragine le diffuse dans sa Légende Dorée du XIIe siècle 

Nous voyons ici de gauche à droite :

  • Un ange tenant un cierge, éclairant la crèche mais signifiant surtout que la venue  de l'Enfant s'assimile à l'apparition de la Lumière divine. 
  • La Vierge, couchée sous des draps damassés, le dos surélevé par un dossier et un coussin.
  • L'Enfant, cheveux courts, blonds et bouclés, tourné sur le coté droit, tient sa Mère par le bras.  
  • Deux anges  en adoration.
  • la mangeoire, en osier, ressemble à une clôture de jardin  : Le terme de la Vulgate  praesepio, "mangeoire" vient de  saepio "entourer d'une haie" ; il traduit le terme grec φάτνη phátnä et correspond à notre mot "crêche" : une mangeoire, et, par extension, l'étable. 
  • L'âne, regardant le bœuf qui mange la paille du berceau improvisé. Ce motif discrètement comique va trouver sa suite dans notre second exemple sur le vitrail de la nef, mais on peut aussi le retrouver, quasi identique à celui-ci, au tympan du porche de l'église de la Frauenkirche d'Esslingen.
  • un ange thuriféraire.
  • saint Joseph assis, pensif, la canne à la main et le bonnet cônique sur la tête.

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La Vierge couchée, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

La Vierge couchée, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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La Vierge couchée et son Fils, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

La Vierge couchée et son Fils, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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Saint Joseph, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

Saint Joseph, tympan du porche de la cathédrale de Fribourg-en-Brisgau, photographie lavieb-aile.

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LA VIERGE COUCHÉE DU VITRAIL DE LA NATIVITÉ, BAS-COTÉ NORD DE LA  NEF. 1320.

Nördliches Seitenschiff, Schmiedefenster.

La deuxième fenêtre du bas-coté nord de la nef est faite de trois lancettes de quatre panneaux. Comme les autres verrières, elle est offerte par des corporations d'artisans, ici les forgerons (schmied) dont le patron est saint Éloi, Eligius en latin. La lancette du milieu porte le blason des forgerons en bas (tenaille, marteau et serpent), saint Éloi ferrant un cheval dont il a coupé la patte au milieu, et une Crucifixion au sommet. Les lancettes latérales illustrent la Vie de la Vierge : Annonciation et Nativité à gauche, Visitation et Fuite en Égypte à droite. 

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La verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

La verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

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Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile
Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

Lancette centrale de la verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile

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La Nativité de la Verrière des Forgerons.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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La Vierge, assise dans son lit d'accouchée, la tête (nimbée et voilée) posée sur un oreiller bleu à carreaux, lève les bras vers son Fils. On croit d'abord qu'elle le soulève pour l'admirer ou joer avec lui, mais on comprend qu'en réalité, il est en train de tomber de la mangeoire en osier qui lui sert de berceau, car le bœuf, au lieu de manger le foin,  dévore l'une des extrémités des langes de l'enfant. Panique !

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Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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Face à ce petit accident, Joseph, d'habitude si passif et mélancolique,  a réagi promptement et, levant sa canne, il frappe (certainement avec douceur) le museau de l'animal gourmand.

 

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Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Forgerons (Schmiedefenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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Je dois ajouter qu'il y a une troisième Vierge couchée à la cathédrale de Fribourg, en croisillon sur la Verrière des Martyrs du bas-coté sud de la nef. Mieux, c'est, en plus, une Vierge allaitante. Des années 1270-1280.

Mais voilà, j'ai raté ma photo.

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Nativité, verrière des Martyrs (Märtyrerfenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

Nativité, verrière des Martyrs (Märtyrerfenster) de la cathédrale de Fribourg, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

http://www.michaelseeger.de/muenster/index.html

http://www.michaelseeger.de/muenster/ochs.html

http://www.ulrichengert.de/resources/PDF/Ulrich_Engert_Referenz_Corpus_Vitrearum.pdf

http://www.bildindex.de/obj20578989.html#|home

— ARONIKA (Markus), 2013,  Farbe und Licht, Geisliche Beschreibungen von Fenstern im Freiburger Münster, Promo Verlag.

—  KEMPF ( Friedrich), SCHUSTER ( Karl), 1906, Freiburger Münster : ein Führer für Einheimische und Fremde, Freiburg, Herdersche Verlagshandlung.

https://archive.org/stream/dasfreiburgermun00kemp#page/n7/mode/2up

— SCHÄFER (Hermann) Deutsche Geschichte in 100 Objekten, Piper ebooks, 9 nov. 2015 - 656 pages 

 https://books.google.fr/books?id=p5TVCgAAQBAJ&pg=PT111&dq=%22schmiedefenster%22&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwje1_WDpK_NAhVFrRQKHfXdD4EQ6AEIKTAB#v=onepage&q=%22schmiedefenster%22&f=false

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Published by jean-yves cordier - dans Vierges couchées Vitraux Fribourg
14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 10:50

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Cette baie située sur le transept nord, à gauche de la porte d'entrée, mesure 5,00 m de haut sur 2,20 m de large. La verrière (n°3 selon la numérotation du Corpus vitrearum) comporte 3 lancettes cintrées et un tympan à 5 ajours. Les lancettes s'organisent en deux registres, l'un consacrée à l'Adoration des Mages et l'autre, au dessus, à l'Adoration des Bergers. 

Les auteurs de l'Inventaire remarquent que les quatre baies du transept (n°1 à 4, soit celles du pignon et du mur des bras nord et sud) ont été réalisées par le même atelier quimpérois entre 1540 (Dormition, n°4), 1546 (Adoration des Mages, n°3), 1548 (Saint Jacques, n°2) et 1553 (Saint Laurent, n°1). Dans la même campagne fut réalisé le vitrail de Saint Éloi (1550). Les auteurs du Corpus Vitrearum attribuent aussi à l'atelier quimpérois la maîtresse-vitre de la Passion, qui daterait de 1560 et s'apparente avec celle de Saint-Goazec (1573), et le Baptême du Christ (milieu XVIe). 

La chapelle a donc été vitrée juste après sa reconstruction en 1535 par les Vieux-Chastel qui possédaient la motte féodale du Cranhuel  (Inscription lapidaire --CHAPELLE FUT FONDEE -- MVCXXXV .A.LONNEUR DE NOT. DAME. DU CRAN--.

L'homogénéité du style quimpérois, et celle de la fourchette temporelle (1540-1560) pendant le Concile de Trente et avant la Ligue, s'associent à celle du programme : 4 scènes de la Vie de Marie et de la Vie et de Passion du Christ occupent les points cruciaux de la croix latine du plan de la chapelle, tandis que 3 saints et martyrs sont vénérés dans les espaces intermédiaires.

Cette homogénéité du programme théologique ou hagiographique est renforcée par la sculpture avec les deux retables de la Vierge à l'Enfant et de la Trinité dans le chœur, le retable ou la niche à volets de Saint Laurent, les statues du Christ Sauveur, de la Vierge à l'Enfant, de saint Laurent, de saint Jacques et de saint Éloi (disparue).

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Vitraux anciens, annotés sur un Plan de la chapelle in Inventaire, 1969.

Vitraux anciens, annotés sur un Plan de la chapelle in Inventaire, 1969.

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La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

La verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR : ADORATION DES MAGES.

Ce registre est peu restauré, sauf le paysage, et le dais de la lancette centrale.

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Registre inférieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre inférieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Adoration des Mages, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Adoration des Mages, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Melchior et Gaspard.

Melchior est agenouillé devant l'Enfant. Il porte  sur le bord du manteau l' Inscription AVE:  GRATIA : PL[ENA].

Gaspard, debout, tient le vase contenant l'encens.

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Melchior, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Melchior, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Balthazar.

Il présente un pot rempli de myrrhe.

 

 

Balthazar, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Balthazar, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Vierge et Jésus, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Vierge et Jésus, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Un rapprochement s'impose avec les fragments d'une Adoration des Mages conservé dans l'église de Plogonnec dans la verrière de Saint-Sébastien (vers 1525) ; non seulement pour le sujet, et l'attitude des personnages, mais aussi pour les détails de la colonne et du chapiteau, ceux de l'architecture de la niche,  et pour l'étoile gravée. 

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Un autre détail est encore plus intéressant, c'est le petit garçon penché pour observer (cf registre supérieur) :

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Joseph porte un bonnet rouge, mais tient pourtant son chapeau sur sa poitrine.

Notez l'étoile en verre gravé.

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Joseph, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Joseph, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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REGISTRE SUPÉRIEUR. L'ADORATION DES BERGERS.

Les parties figurées sont modernes, sauf deux panneaux : l'Enfant et l'ange musicien au centre, le berger agenouillé au 1er plan dans la lancette droite. Le reste a été complété par Bonnot en 1915.

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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La Vierge et deux anges : panneaux modernes.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Bergers en adoration devant l'Enfant-Jésus dans son berceau.

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Registre supérieur, Adoration des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, Adoration des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Offrandes des bergers .

Un berger offre un oiseau dans une cage en osier : verre ancien.

 Un autre berger offre des œufs ou des fruits, un troisième un agneau, tandis que des anges joue de la musique. Panneaux modernes (1915).

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Les dais.

Comme J.M Abgrall l'a remarqué en 1896, ces dais à arabesques, très ornés surmontés de putti affrontés  sont semblables à ceux de la baie 10 de la Collégiale de Pont-Croix . Cette dernière, datée du 2eme tiers du XVIe siècle, comporte, comme ici, une Nativité avec la Sainte Famille, une Adoration des Mages et une Adoration des bergers. On y retrouve avec une ressemblance stricte avec la verrière de Spézet,   Melchior et Gaspard,  le berger offrant un oiseau en cage, l'ange jouant de la viole près du berceau, l'enfant curieux observant la scène au dessus du mur, etc..

 Voir 

http://www.infobretagne.com/pont-croix-eglise.htm

http://fr.topic-topos.com/vitrail-pont-croix 

https://www.flickr.com/photos/57485362@N00/13766459685/

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a) Baie de droite. 

Il comporte deux anges écrivains adossés et deux angelots joueurs confrontés ; un mascaron ; des guirlandes, des pots à feu, des rangées de perles...et des toiles d'araignées !

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Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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b) dais central.

Il porte, sous un masque animal et un buste, entre deux anges joueurs de viole,  dans un cartouche l'inscription :

NATIVI / TAS DOM / INI 1546.

La Bretagne est réunie à la France depuis 1532. Nous sommes alors à la fin du règne de François 1er, au sommet de la Renaissance française, et de la première École de Fontainebleau.

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Dais du registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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TYMPAN.

Panneaux peu restaurés.

Il représente la cour céleste. Au sommet, Dieu bénissant . dans les atours inférieurs, des groupes de saints ; dans les atours latéraux, des groupes d'anges.

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Tympan,  verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Tympan,  verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Tympan,  verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Tympan, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 —ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1909, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Leprince, 1909, et Société Archéologique du Finistère  1909 tome 36 - Pages 244 à 254.

http://soc.archeo.dufinistere.org/bulletin/index.php?gr=1909&art=saf1909_0294_0304#

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1891, Bulletin de la Société archéologique du Finistère page XXVI

https://archive.org/stream/bulletin78frangoog#page/n324/mode/2up

— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), Inscriptions...

 http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

— Bulletin monumental 1912 page 359 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k31102s/f468.item.zoom

— ARLAUX (Claire), 2006,  La chapelle de Notre-Dame du Krann à Spézet, Keltia graphic, Spézet, 46 p.

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, paroisse de SPEZET, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f826f4f6843f882615f0b205d5a0d99.pdf

 — GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum, Presses Universitaires de Rennes.

 

— OTTIN (Louis), s.d. (1896), Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, pages 244-246 (plan).

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/246/mode/2up

PERENNES (chanoine Henri), 1931, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Imprimerie Cornouaillaise, 1931 - E.O. - In -8, 14,5 x 22,5cm  ill. - 44 pages 

http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

 — Inventaire topographique : Finistère, canton [de] Carhaix-Plouguer / [publié par l'] Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Commission régionale de Bretagne. - Paris : Impr. nationale, 1969 - (Inventaire topographique ; 1) 1969.  - 2 vol. (XX-240, 186 p.)1, Texte ; 2, Illustration. - 2 cartes h.t. -  ; 31 cm. : 31 cm.. Vol. I pages77-80.

 Site Topic-topos :

http://fr.topic-topos.com/la-nativite-spezet

— Site Infobretagne

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux
14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 08:41

Les vitraux de Notre-Dame-du-Crann (Intron Varia ar C'Hrann) à Spézet : l'oculus du Christ sortant du tombeau (XVe siècle).

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Voir aussi :

Les retables de la Vierge et de la Trinité (XVIe) de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet (Finistère).

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Ce fragment d'un vitrail de la seconde moitié du XVe siècle, le plus ancien de la chapelle, a été remonté en 1912 par Albert Bonnot dans l'oculus du pignon occidental, de 0,60 m . Il provient soit de l'édifice précédent, soit de l'une des sept chapelles de Spézet, en ruine au début du XXe siècle. On y voit le Christ tenant l'étendard de la Victoire sur la Mort, nimbé de rouge, et bénissant. Il franchit la cuve du tombeau entre les lances des soldats endormis. Son manteau ou linceul blanc ourlé d'or (jaune d'argent) laisse voir la plaie de son flanc droit. La tête de l'un des soldats endormis a été restaurée.

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Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

Oculus du Christ ressuscité, chapelle Notre-Dame du Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 —ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1909, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, Quimper, Leprince, 1909,  et Société Archéologique du Finistère - 1909 tome 36 - Pages 244 à 254.

http://soc.archeo.dufinistere.org/bulletin/index.php?gr=1909&art=saf1909_0294_0304#

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, paroisse de SPEZET, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f826f4f6843f882615f0b205d5a0d99.pdf

PERENNES (chanoine), 

http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

ARLAUX (Claire),  1991, 2006,  La chapelle de Notre-Dame du Krann à Spézet, Keltia graphic, Spézet, 46 p.

— Site infobretagne :

http://www.infobretagne.com/spezet-chapelle-notredameducrann.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Vitraux
13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 12:23

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VUE GÉNÉRALE DU CHŒUR.

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Retables de la Vierge et de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retables de la Vierge et de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Retables de la Vierge et de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retables de la Vierge et de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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LE RETABLE DE LA VIERGE.

 

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Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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La Vierge et l'Enfant.

La Vierge est couronnée, ses cheveux châtain ruissellent en boucles sur ses épaules, elle porte une robe rouge à large encolure ronde, plissée à la taille, et un manteau d'or. Son front et ses sourcils sont épilés. Elle tient son Fils sur le bras droit, et un fruit (une figue ?) dans la main gauche. 

L'Enfant-Jésus  porte une robe d'or ; il bénit le monde de la main droite et tient l'orbe crucifère en insigne royal de la main gauche : c'est la figure du Salvator Mundi.

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La Vierge et l'Enfant, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

La Vierge et l'Enfant, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les anges musiciens.

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En partant du haut à droite : 

Ange ...

Ange battant la mesure ? Ange dansant le rap ? A mon avis, ange tenant jadis un phylactère en l'honneur de la Vierge.

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Ange rappeur, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange rappeur, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange tambourineur.

Il jouait peut-être en même temps de la flûte (pipeau).

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Ange tambourineur, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange tambourineur, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange joueur de vièle à archet.

Un manche, quatre cordes, pas d'ouïes, des échancrures en C, pas de clefs visibles, un archet en arc. 

Ange joueur de vièle à archet,  Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange joueur de vièle à archet, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange (tenant jadis un phylactère ?)

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Ange,  Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Du coté gauche, de haut en bas :

 

Ange hauboïste.

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Ange joueur de hautbois, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange joueur de hautbois, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange cornemuseux.

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Ange sonneur, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange sonneur, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

 

 

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Ange sonneur ("biniaouer"), Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange sonneur ("biniaouer"), Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les douze apôtres.

Ils sont placés dans des niches en plein cintre. On trouvede haut en bas :

 — à gauche, les apôtre Pierre, Thomas, Barthélémy, Philippe, Jacques le Majeur.

— à droite, les apôtres Paul, Jean, Simon, Mathias, Matthieu ou Jude, Jacques le Mineur.

Les vitraux de Notre-Dame-du-Crann à Spézet : l'Adoration des Mages et des Bergers ou Baie 3 (1546).

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spezet : la Dormition et le Couronnement de la Vierge, baie n°4 (vers 1535-1540).

Les vitraux de la chapelle Notre-Dame-du-Crann à Spézet: la verrière de saint Laurent (1548), baie n° 1. Le retable de saint Laurent.

Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les quatre évangélistes.

De gauche à droite Luc et son taureau, Marc et son lion, Jean et son aigle, et Matthieu et son ange.

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Les évangélistes, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Les évangélistes, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les prophètes Isaïe et Jérémie.

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Prophète Isaïe, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Prophète Isaïe, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Le prophète Jérémie.

Rien ne permet de l'identifier comme tel, si ce ne sont les usages de représenter Isaïe et Jérémie, notamment dans les Arbres de Jessé.

 

Prophète Jérémie, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Prophète Jérémie, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les six panneaux des volets : la Vie de la Vierge.

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1. Rencontre d'Anne et de Joachim devant la Porte Dorée de Jérusalem. Conception de la Vierge.

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Baiser d'Anne et Joachim devant la Porte Dorée, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Baiser d'Anne et Joachim devant la Porte Dorée, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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2. Naissance de la Vierge.

Sainte Anne donne naissance à Marie en présence de son mari Joachim.

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Naissance de Marie, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Naissance de Marie, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

 

 

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3. Présentation de Marie au Temple.

Anne et Joachim mène Marie au pied de l'escalier du Temple, où le grand prêtre va l'accueillir jusqu'à sa puberté.

La petite Marie a alors 3 ans. Sait-on quel était le nom du Grand prêtre du Temple de Jérusalem qui lui tend ainsi les bras?

Selon Wikipédia, il se nommait Simon, fils de Boethus d'Alexandrie, nommé par Hérode en -24 av. J.C et jusqu'à -5 av. J.C.  Ce Simon Ben Boëthus est le fondateur d'une véritable dynastie sacerdotale, et ses fils ou frère Yoazar et Eleazar lui succédèrent. C'est peut-être l'un d'entre eux qui lui sert d'assistant et qui se tient derrière lui sur ce panneau. Mais, mais ...

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¨Présentation de Marie au Temple, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

¨Présentation de Marie au Temple, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Surprise ! l'assistant du grand prêtre, au lieu de porter, comme son maître, des vêtements signalant son appartenance hébraïque (liée, pour les artistes de l'époque, à l'Ancien Testament), porte un surplis au dessus d'une robe noire, comme un prêtre du XVIe siècle. Mieux : il porte des binocles ! 

C'est la seconde paire de lunettes de la chapelle, car un apôtre de la verrière de la Dormition en arbore aussi une, et une belle !

Mais un Ben Boëthus portant bésicles, il n'y a qu'à Spézet que l'on voit cela ; à condition d'avoir bonne vue, car le détail est petit.

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¨Présentation de Marie au Temple (détail), Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

¨Présentation de Marie au Temple (détail), Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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4. Le Mariage de la Vierge avec Joseph.

 

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Mariage de la Vierge et de Joseph, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Mariage de la Vierge et de Joseph, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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5. L'Annonciation.

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L'Annonciation, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

L'Annonciation, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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6. La Visitation.

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La Visitation, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

La Visitation, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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L' Adoration des Rois Mages.

 

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Melchior offrant l'or, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Melchior offrant l'or, Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Joseph, Marie et le Mage Balthazar. Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Joseph, Marie et le Mage Balthazar. Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Couronnement du retable : Dieu le Père ...

Au sommet du retable, on a placé Dieu le Père vêtu de la chape, coiffé de la tiare et tenant l'orbe.Il est entouré de deux personnages non identifiés.

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Les retables de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet (Finistère).

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La prédelle : Prédication de saint Jean-Baptiste.

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Prédication de Jean-Baptiste, prédelle du Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Prédication de Jean-Baptiste, prédelle du Retable de la Vierge, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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LE RETABLE DE LA TRINITÉ.

 Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

 Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

 Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les anges musiciens.

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L'Ange jouant du tambourin.

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Joueur de tambourin,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Joueur de tambourin, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange jouant de la viole.

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Joueur de viole,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Joueur de viole, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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L'ange jouant du triangle.

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Ange joueur de triangle,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange joueur de triangle, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Le joueur de serpent.

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Ange serpentiste,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange serpentiste, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange jouant de la flûte traversière.

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Ange flûtiste,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange flûtiste, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange jouant de la harpe.

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Ange harpiste,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange harpiste, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange tenant l'échelle, l'un des instruments de la Passion.

Ange tenant l'échelle de la Passion,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange tenant l'échelle de la Passion, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Ange jouant de la viole.

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Ange violiste,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Ange violiste, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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  Les six panneaux des volets : scènes  de la Vie de Jésus. 

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1. La Nativité ; l'Adoration des bergers.

 

La Nativité ; l'Adoration des bergers. Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

La Nativité ; l'Adoration des bergers. Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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L'Adoration des mages.

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L'Adoration des Mages,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

L'Adoration des Mages, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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3. La Circoncision.

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La Circoncision,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

La Circoncision, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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4. La Fuite en Égypte.

 

 

La Fuite en Égypte,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

La Fuite en Égypte, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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5. Jésus parmi les docteurs de la Loi.

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Jésus parmi les docteurs,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Jésus parmi les docteurs, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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6. La Dormition de la Vierge

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Dormition de la Vierge,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Dormition de la Vierge, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les douze apôtres

Ils sont placés dans douze niches d'architectures différentes.

De haut en bas à gauche : saints Pierre (la clef), Jean (la coupe de poison), Philippe (la croix), Thomas (la lance), Mathias (la halebarde), Matthieu ou Jude (la hache).

De haut en bas à droite : saints Paul (l'épée), Jacques le Majeur (le bourdon),  André (la croix en X), Jacques le Mineur, Simon (la scie), et Barthélémy (la peau).

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Les douze apôtres,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.
Les douze apôtres,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Les douze apôtres, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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Les retables de la chapelle Notre-Dame-du-Crann de Spézet (Finistère).

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La Résurrection.

En haut : le Christ vainqueur de la Mort, vêtu du manteau rouge, entre un ange tenant la colonne de la Passion et un ange adorateur.

En bas : la Sortie du tombeau parmi 4 légionnaires romains frappés de stupeur.

La Résurrection,  Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

La Résurrection, Retable de la Trinité, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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La prédelle.

Le martyre de saint Jean l'Évangéliste.

Selon la tradition, saint Jean aurait été amené d'Éphèse à Rome, chargé de fers, sous l'empereur Domitien. Il fut condamné par le sénat à être jeté dans l'huile bouillante. Cette condamnation fut exécutée devant l'actuelle Porte Latine. Il en sortit plus frais et plus jeune qu'il n'y était entré. (Nominis)

Martyre de saint Jean, prédelle de l'autel, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

Martyre de saint Jean, prédelle de l'autel, Notre-Dame du Crann (Spézet), photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 —ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1909, Chapelle de N.-D. du Crann en Spézet, •Quimper, Leprince, 1909, et Société Archéologique du Finistère  1909 tome 36 - Pages 244 à 254.

http://soc.archeo.dufinistere.org/bulletin/index.php?gr=1909&art=saf1909_0294_0304#

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, paroisse de SPEZET, Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1f826f4f6843f882615f0b205d5a0d99.pdf

— PERENNES (chanoine), 

http://www.saintgoazec.com/public/upload/file/bd129a3e102efe309069ffc860992d51.pdf

— ARLAUX (Claire), 2006,  La chapelle de Notre-Dame du Krann à Spézet, Keltia graphic, Spézet, 46 p.

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes
11 juin 2016 6 11 /06 /juin /2016 20:19

La verrière de l'Arbre de Jessé de la cathédrale Saint-Gatien de Tours, ou baie 202 (vers 1250-1275).

Voir sur ce thème :

Les sculptures :

Et les vitraux :

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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

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Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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PRÉSENTATION.

La baie 202 appartient aux quinze baies hautes du chœur, (baies 200 à 214), et parmi celles-ci aux quatre baies du rond-point (201 à 204) qui entourent la Passion de la baie d'axe 200. Elles datent du 3e quart du XIIIe siécle, et leur réseau s'inspire des formes de la Sainte-Chapelle de Paris (1243-1248). Les baies sont conçues à  assez grande échelle, (six registres par lancettes) avec des personnages peu nombreux et ainsi adaptées à leur éloignement du sol, car la voûte du chœur culmine à 34 mètres. Trois baies donnent des indications temporelles par leur signatures. La baie 201 fut offerte par Geoffroy Freslon, évêque du Mans de 1258 à 1270. La baie 203 mentionne "Jacques évêque de Nantes",  or Jacques de Guérande , ancien doyen de Tours fut évêque de 1264 à 1267. La baie 213 porte les armoiries de Vincent de Pirmil, archevêque de Tours de 1257 à 1270. Cette fourchette de 1258 à 1270 correspond à la fin du règne de Louis IX (Saint Louis), une dizaine d'année après la septième croisade, lors de la reconstruction du chœur par Étienne de Mortagne entre 1236 et 1279 : le chevet est achevé en 1267, permettant alors que les reliques de Saint Maurice (la cathédrale portait alors son nom) y soient transférées. Les verrières sont peut-être dues à un certain "Richard le Vitrier" (Richardi Vitrarii), mentionné sur un rôle des cens payés pour l'occupation des maisons situées dans le cloitre. Il y est voisin de l'architecte Étienne de Mortagne et d'un certain Mathei le Cortepoinctier, que nous allons retrouver.

 Depuis l'exemple de Suger qui plaça, en 1244,  le vitrail de  l'Arbre de Jessé dans la chapelle axiale dédiée à la Vierge, à coté du vitrail de l'Enfance du Christ, toutes les cathédrales placèrent  Jessé sur l'axe médian de l'édifice, à la première ou seconde place à coté de  la Vierge ou du Christ : Chartres vers 1150, Soissons en 1212, Angers vers 1230,  le Mans en 1235, Beauvais en 1240,  Amiens en 1242. 

 

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A Tours, les cinq verrières du rond-point forment un ensemble honorant les personnages religieux de tout premier plan pour les chanoines de la cathédrale. Au centre, la baie 200 est consacrée à la Passion :  elle est encadrée à droite — au sud — par la verrière de Jessé, et à gauche, par la baie 201 consacrée à saint Maurice, premier patron de la cathédrale. Le rond-point s'achève à droite par la baie 204 de la Vie de saint Martin, et à gauche par la baie 203 de la Vie de saint Pierre.

La baie 202 dite Verrière de l'Arbre de Jessé et de l'Enfance du Christ, comporte trois lancettes trilobées et un tympan à 3 trilobes. Elle mesure 10,50 m de haut et 2,40 m de large. Au dessus d'un registre inférieur où sont présentés les drapiers donateurs, l 'Arbre de Jessé occupe la lancette centrale, et son tronc né de la poitrine du patriarche allongé s'élève en quatre mandorles occupées successivement par deux rois de Juda, la Vierge, et le Christ. Les deux lancettes comportent chacune six médaillons hexagonaux. Le fond général de toute la verrière est rouge,  mais le fond des médaillons et mandorles est bleu. Un trait blanc souligne le montage des formes géométriques hexagonales et ovales.

  La grande originalité de la verrière de Tours est de placer, latéralement à cette présentation de la royale généalogie de Jésus, non des prophètes développant des références avec l'Ancien Testament (Saint-Denis, Chartres, Soissons, Beauvais), mais des scènes de la Vie de Marie (Annonciation, Visitation, Annonce aux bergers, Nativité, trois scènes des Mages, Présentation au temple, Massacre des Innocents, Fuite en Égypte) montrant comment la Vision prophétique de Jessé se réalise  dans les épisodes trouveront leur accomplissement dans le Sacrifice du Christ. La seule référence franche à l'Ancien Testament se trouve dans le tympan, avec le Sacrifice d'Abraham, mais en réalité, dans l'Évangile de Matthieu et dans les évangiles apocryphes, les épisodes de la vie de Jésus et de Marie servent à renvoyer à des citations prophétiques, notamment d'Isaïe. La verrière a pu être considérée  comme un livre d'images pour illettrés, destiné aux fidèles, (quoique ceux-ci n'avaient pas accès au chœur), mais en réalité elle est bien trop haute pour leur être accessible. C'est plutôt un "power point" extrèmement savant, la synthèse d'une pensée théologique sur l'accomplissement des textes prophétiques par le Christ et sur la place de la Vierge ( par son Immaculée Conception) dans le plan du Salut, un exposé que l'on a voulu sacraliser en l'inscrivant sur le verre, traversé par la lumière solaire c'est à dire à l'irradiation divine.

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La baie 202, plan du chœur, cathédrale de Tours, annoté d'après plan Wikipédia.

La baie 202, plan du chœur, cathédrale de Tours, annoté d'après plan Wikipédia.

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REGISTRE INFÉRIEUR. LES DONATEURS.

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Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Matthieu le Cortepoinctier, Donateur.

 

Cette verrière est signée : Matth. D. dat. ist. vit. m(l) .

Transcription : Matheus de..dat istam vitram, "Matthieu D. donna cette verrière".

Ce Matthieu est coiffé d'un court bonnet et vêtu d'un manteau à capuchon dont la manche, non enfilée, retombe en laissant apparaître sa doublure, peut-être fourrée. Il peut s'agir en fait d'un chaperon.

On a suggéré que ce donateur pouvait être Mathei le Cortepoinctier, qui occupait l'une des maisons situées dans le cloître de la cathédrale à coté de l'architecte Étienne de Mortagne et d'un verrier, Richard le Vitrier. Selon Salmon, "Bourassé et Manceau ont vu des marchands pelletiers dans les personnages du panneau placé entre les deux donataires : c*est cependant bien une étoffe rouge à raies jaunes, noires et blanches que les marchands mesurent. Le compartiment supérieur du panneau est moins explicite, mais on y reconnatt encore plutôt une étoffe blanche qu'une fourrure. Il en résulte que le donataire Mathieu appartenait plutôt à la corporation des courtepointiers, qui vendaient des étoffes piquées et brodées, qu'à celle des pelletiers, et qu'ainsi notre attribution offre la plus grande probabilité. "

Pour Godefroy, dans son Dictionnaire, le cou[r]tepointier est simplement « celui qui fabrique des coutepointes », celles-ci étant « des couvertures de lit ouatées et piquées » (nom composé de coute ""lit de plume, couette", mais le terme désignait aussi celui qui les vend. La communauté des Maître-Marchands Courtepointier, Neustrés et Coustiers fut réunis en 1636 à celle des tapissiers , et auparavant, le terme englobait les marchands de tapisserie, ou plus généralement les marchands de "meubles de tissus", le tissu d'ameublement.  Aujourd'hui, "le courtepointier ou la courtepointière coupent et cousent des tissus de différentes sortes pour confectionner des décorations d'intérieur: rideaux, tentures, couvre-lits, stores, nappes, ainsi que des duvets, des coussins ou des housses de matelas. Le courtepointier ou la courtepointière travaillent généralement assis ou debout pour la coupe de grandes pièces de tissus. Dans des ateliers de décoration, ils collaborent au sein de petites équipes composées d'un décorateur ou d'une décoratrice d'intérieurs et deux ou trois collègues." (Wikipédia)

https://archive.org/stream/achivesdelartfr00chengoog#page/n332/mode/2up/search/cortepoinctier

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le donateur Mathieu, Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

le donateur Mathieu, Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Les drapiers et pelletiers ou fourreurs.

1. Drapiers.

En bas, deux artisans mesurent une toile rouge à rayures bleu et jaune à l'aide d'une aune (une règle mesurant quatre pieds), tandis qu'un personnage ( une femme ?) vêtu d'une cape lui recouvant la tête semble diriger l'opération par un signe de la main.

Au Moyen Âge, cette profession était exercée entre autres par de riches bourgeois. Ceux-ci organisent la production du tissu en contrôlant plus ou moins toute la filière de production textile " (Wikipédia) 

Ces panneaux peuvent être comparés à ceux de Chartres  de la baie n°5 ou verrière de Jacques le Majeur qui sont si proches qu'ils semblent avoir servis de modèles. 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Chartres_-_Vitrail_de_l%27histoire_de_la_vie_de_saint_Jacques_le_Majeur_-_Drapiers.JPG?uselang=fr

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/scene_02.php

2. Fourreurs.

En haut, un artisan présente une étoffe à un couple. La femme, au premier plan, est coiffée d'un touret. Elle tend ou palpe le tissu de la main gauche et semble donner son accord de la main droite. Les vêtements et coiffure du couple correspondent à ceux portés par les deux donateurs latéraux, ce sont donc eux qui sont représentés négociant dans les échopes d'un drapier puis d'un fourreur.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Chartres_-_Vitrail_de_l%27Histoire_de_saint_Jacques_le_Majeur_-_Fourreurs.JPG?uselang=fr

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/05_vitrail_vie_st_jacques_majeur/scene_01.php

La pièce de fourrure est sans-doute une pièce de vair (écureuil petit-gris), et le motif qui  symbolise cette étoffe est proche du motif héraldique du "vair".

On peut penser qu'à coté du courtepointier Matheus et de son épouse Dionisia, les drapiers et les pelletiers  ont participé à la donation du vitrail.

 

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Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

La donatrice Denise . 

Inscription  DIONISIA : UXOR :  SUA ; "Denise son épouse".

La femme est coiffée du touret, noué sous le menton. Comme son époux, elle lève vers l'axe central et le sommet de la verrière ses deux mains jointes qui se détachent en clair sur une masse sombre et ronde correspondant soit à un objet, soit à la mise en plomb.

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La donatrice Denise, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

La donatrice Denise, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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DEUXIÈME REGISTRE ; JESSÉ.

  • Annonciation
  • Le Songe de Jessé
  • Visitation

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2e registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

2e registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation.

La scène se limite à l'essentiel : l'ange Gabriel tendant la main, un phylactère, la Vierge inclinant la tête. Dans le fond bleu, cinq couleurs : rouge, blanc, vert, jaune, vieux rose.

Source :

Verrière de l'Enfance de Jésus à Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_01.php

Verrière de la Vie de la Vierge à Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/28b_vitrail_vie_vierge/scene_13.php

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Annonciation, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Annonciation, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Le Songe de Jessé.

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L'ancêtre de la lignée des rois de Juda est représenté selon un schéma constant depuis le vitrail de Suger à Saint-Denis : allongé ou plutôt adossé sur des coussins en décubitus latéral droit, enveloppé dans un manteau rouge, sous une lampe témoignant du fait qu'il ne dort pas, mais qu'il songe. Le tronc de l'Arbre qu'il voit dans ce songe s'élève, très droit, depuis ce qu'il est convenu d'appeler sa hanche.

Jessé à Chartres : http://a403.idata.over-blog.com/3/43/88/27/epigraphie-tilde/chartres/vitraux/arbre-de-Jesse/arbre-de-Jesse-6784c.jpg

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Jessé songeant, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Jessé songeant, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Visitation.

Plus encore que dans l'Annonciation, le récit est réduit à l'essentiel, deux femmes nimbées dont l'une tient un livre sur son ventre et l'autre tend les bras pour étreindre sa voisine. Cela suffit, ces formes codées renvoient au récit de la Visitation dans l'Évangile de Luc Lc 1:39-45.

Notons que la fête liturgique de la Visitation fut établie  par saint Bonaventure pour les franciscains en 1263, dans les années où fut crée ce vitrail.

Source : Chartres, verrière de l'Enfance du Christ :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_02.php

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Visitation, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Visitation, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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TROISIÉME REGISTRE. 1er ROI DE JUDA.

  • Annonce aux bergers.
  • 1er Roi de Juda.
  • Nativité

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3e registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

3e registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Annonce faite aux bergers.

Un ange sort des nues et tend un phylactère à un berger coiffé d'un chaperon. Ses moutons et sa chêvre paisent à ses pieds. Un personnage chenu, appuyé à une canne correspondrait d'avantage à Joseph.

Le modèle semble être la verrière de la Vie de la Vierge de Chartres.

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/28b_vitrail_vie_vierge/scene_16.php.

Voir aussi la verrière de l'Enfance du Christ de Chartres:

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_04.php

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Annonce aux bergers, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Annonce aux bergers, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Roi de Juda (David)

Rien n'indique ici qu'il s'agit de David fils de Jessé et premier roi de cette dynastie. Ce roi couronné et barbu se tient aux rameaux de l'Arbre, et ses pieds y prennent également appui. Manteau lie-de-vin à rever jaune, robe verte.

Comparer avec le 1er roi de l'Arbre de Jessé à Chartres :

http://a54.idata.over-blog.com/3/43/88/27/epigraphie-tilde/chartres/vitraux/arbre-de-Jesse/arbre-de-Jesse-6785c.jpg

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Roi de Juda, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Roi de Juda, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Nativité.

Là encore, le modèle semble pris à la verrière de la Vie de la Vierge de Chartres, avec inversion du carton ou du dessin copié.

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/28b_vitrail_vie_vierge/scene_15.php

La Vierge est allongé, mais lève le bras vers le berceau de son Fils. Celui-ci a été placé sur un support en arche ; il est réchauffé par le souffle du bœuf et de l'âne. Joseph est appuyé sur sa canne, mais il est plus dynamique que sur le modèle chartrain et berce aussi l'enfant. 

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Nativité, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Nativité, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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QUATRIÈME REGISTRE. 2e ROI.

  • Les Mages devant Hérode.
  • 2ème Roi de Juda.
  • Voyage des Mages.

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3e registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

3e registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Les Mages devant Hérode.

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Sources :

Verrière de l'Enfance du Christ à Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_05.php

Verrière de la Vie de la Vierge de Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/28b_vitrail_vie_vierge/scene_18.php

Saint-Denis :Grodecki page 41 : 

https://books.google.fr/books?id=N4gj5jFFAIgC&pg=PA151&lpg=PA151&dq=%22mages+%22+vitrail&source=bl&ots=XjSY-OYvbJ&sig=3dsIqWGWXJVsYWa3Tb3UwBgppC8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiRoOm_yaTNAhVHtBoKHRM7C4E4ChDoAQhBMAg#v=onepage&q=%22mages%20%22%20H%C3%A9rode&f=false

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Les mages devant Hérode, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Les mages devant Hérode, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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2ème Roi de Juda (Salomon).

Ce roi est identique au précédent, exception faite de la position du bras droit et des teintes des vêtements. On tend à y voir Salomon, fils de David, petit-fils de Jessé.

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Roi de Juda, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Roi de Juda, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Voyage des Mages chevauchant.

Les trois mages se guident sur l'étoile (non figurée ici) dans leur chevauchée. 

A Saint-Denis (panneau perdu remplacée par une chevauchée de Gérente au XIXe), et à Chartres, ils sont représentés à pied :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_07.php

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Voyage des Mages, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Voyage des Mages, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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CINQUIÉME REGISTRE. LA VIERGE.

  • Adoration des Mages.
  • La Vierge.
  • Présentation au Temple.

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Cinquième registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Cinquième registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Adoration des Mages.

Sources : Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/verrieres_hautes/vh_114/lg_03.htm.

Adoration des mages, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Adoration des mages, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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La Vierge.

La Vierge, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

La Vierge, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Présentation de Jésus au temple.

Sources :

Verrière de l'Enfance du Christ de Chartres:

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_09.php

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Présentation au Temple, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Présentation au Temple, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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SIXIÈME REGISTRE. LE CHRIST.

 

Sixième registre,  baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Sixième registre, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Le Massacre des Innocents.

Source : comme les précédents, cette scène   est ici simplifiée pour se réduire à une sorte d'emblème ou de signe de reconnaissance renvoyant le chanoine placé dans le chœur à un corpus scripturaire bien connu. On ne voit ici que deux soldats d'Hérode et deux enfants, sns décor architectural, et les mères ne sont pas figurées. Comparer avec :

Verrière de l'Enfance du Christ à Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_10.php

Verrière de la Vie de la Vierge à Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/28b_vitrail_vie_vierge/scene_20.php

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Massacre des Innocents,  baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Massacre des Innocents, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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Le Christ.

La comparaison avec l'Arbre de Jessé de Chartres montre, là encore, une simplification, puisque l'artiste n'a conservé que trois des sept colombes symbolisant les Dons de l'Esprit renvoyant au verset d'Isaïe 11:2. Par contre, le Christ tient ici un livre dans la main gauche.

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/49_vitrail_arbre_jesse/scene_06.php.

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Le Christ,  baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Le Christ, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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La Fuite en Égypte.

Sources :

Verrière haute de Chartres :

http://www.vitraux-chartres.fr/verrieres_hautes/vh_114/ld_03.htm

Verrière de l'Enfance du Christ à Chartres:

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux/50_vitrail_incarnation_et_enfance_christ/scene_11.php.

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Fuite en Égypte, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Fuite en Égypte, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

Les trois médaillons montrent trois scènes du Sacrifice d'Abraham : Isaac, en haut, porte le bois de son propre sacrifice (comme Jésus portera la Croix). Abraham, à droite, lève l'épée sur son fils Isaac ligoté sur le bûcher. L'ange, à gauche, désigne au patriarche le bélier qui va se substituer à l'enfant.

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Tympan, Sacrifice d'Abraham,  baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

Tympan, Sacrifice d'Abraham, baie 202, Arbre de Jessé et Enfance du Christ, cathédrale Saint-Gatien de Tours, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm4/eg_StGatien_c.htm

http://professor-moriarty.com/info/fr/sec/vitraux/p%C3%A9riode-avant-19%C3%A8me-si%C3%A8cle/cath%C3%A9drale-tours-arbre-jess%C3%A9-cath%C3%A9drale-tours

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Tours/Tours-Saint-Gatien_v4.htm

https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle/Cath%C3%A9drale

— BOURASSÉ (Abbé Jean Jacques ), 1849, Verrières du choeur de l'église métropolitaine de Tours : dessinées et publiées par J. Marchand,... Texte par MM. Bourassé et Manceau, Paris : Vve Didron ; et Tours : l'auteur, 1849.

SALMON, , "Documents sur quelques architectes et artistes de l'église cathédrale de Tours," Mémoires de la Société archéologique de Touraine: Série in 80, Volumes 3 à 4, 1847, pp. 130-135

ou Archives de l'art français, tome II par Philippe de Chennevières, 1852-1853, pages 322-323 ;

— GRODECKI (Louis), PERROT (Françoise), 1981,  Les Vitraux du Centre et des pays de la Loire, Corpus vitrearum. France. Série complémentaire, Recensement des vitraux anciens de la France II, Centre national de la recherche scientifique

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Published by jean-yves cordier - dans Arbre de Jessé
7 juin 2016 2 07 /06 /juin /2016 16:03

La peinture murale du calendrier liturgique circulaire médiéval (vers 1320) de l'église de Vieux-Thann (Haut-Rhin).

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Voir aussi :

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Il s'agit d'un cercle de 3,20 m de diamètre inscrit dans un carré. Un document donne toutes les informations souhaitées et je le recopie ici :

I. Le remarquable document explicatif placé dans l'église.

"C'est lors du percement d'une baie gothique, puis de l'élévation du clocher, que cette fresque a été recouverte d'une épaisse couche de plâtre, la cachant aux yeux de tous. En 1991, la restauration du monument a permis de mettre à jour dans l'avant-chœur ce calendrier liturgique.

Il s'agit de l'unique exemplaire connu d'un calendrier circulaire d'époque médiévale, sous forme d'ue fresque murale polychrome.

Un perpétuel recommencement.

La représentation du temps, sous forme d'ue cercles concentriques renvoie à l'idée que la vie est un perpétuel recommencement, dans le cycle des mois et des saisons. Dans l'espace central, on distingue en partie le visage d'un ange, fixant le centre de la fresque, où devait probablement se trouver le Christ, maître du temps et de l'histoire.

En partant du centre, on observe :6 anneaux concentriques :

l'anneau des travaux des mois.

L'anneau des jours du mois, leur nom et leur nombre, avec une représentation des principales fêtes patronales mensuelles.

L'anneau des lettres dominicales a, b, c, d, e, f et g, correspondant à chacun des jours de la semaine

L'anneau des saints du mois. 

— Enfin, l'anneau rassemblant le nom de ces saints.

Aux quatre coins de la fresque, on suppose que les quatre évangélistes étaient représentés. Seul saint Matthieu est reconnaissable en haut à droite.

Lecture du calendrier.

Chaque jour correspond à une lettre dominicale, qui change suivant l'année. Pour pouvoir lire le calendrier, il suffit de savoir à quelle lettre correspond le dimanche de l'année en cours."

Un système de représentation des jours consiste à leur attribuer une lettre au lieu des traditionnels appellations lundi, mardi, etc.. Elles sont attribuées pour une année donnée. On fait correspondre successivement chacune des sept premières lettres (, B, C, D, E, F, et G) à chacun des jours de l'année. En commençant par A le p1er janvier et en répétant le cycle tous les sept jours. La lettre dominicale est dans ce système la lettre qui correspond aux dimanches (pour l'année considérée). Si l'année est commune, l'opération s'effectue en une fois et se termine par A le 31 décembre. En effet le 31 décembre est placé 364 jours plus tard que le 1er janvier. Or 364 est divisible par 7 (364 = 52 x 7). Premier et dernier jour de l'année ont donc la même lettre. Un jour de la semaine se voit affecter la même lettre tout au long d'une année donnée. La lettre dominicale est la lettre affectée au dimanches pour cette année. Si l'année est bissextile, l'opération s'effectue en deux temps. On procède normalement jusqu'au 29 février, auquel correspond toujours D. Ensuite on attribue la lettre D au premier mars epuis on remrend le cycle (E, F, etc.). Que l'année soit ou non bissextile, une date donnée se voit donc toujours attribuer la même lettre dans ce système."

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Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Document exposé dans l'église, Communauté de commune Pays de Thann.

Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Document exposé dans l'église, Communauté de commune Pays de Thann.

Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Document exposé dans l'église, Communauté de commune Pays de Thann.

Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Document exposé dans l'église, Communauté de commune Pays de Thann.

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Mes photographies et mes efforts de décryptage.

L'ensemble de la fresque.

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Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Le coin supérieur gauche.

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Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Discussion.

 

Je n'ai pas trouvé d'autre source de documentation sur ce calendrier, et je dois donc tenter seul la poursuite de son analyse. 

Les éléments les plus identifiables sont pour moi le laboureur et sa charrue, pour les mois, et la scène de l'Annonciation, pour les Fêtes. Or, l'Annonciation correspond au 25 mars. Dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, le mois de Mars est illustré par un paysan derrière sa charrue à versoir tirée par deux bœufs. De même dans le Calendrier des Bergers du XVe siècle.

Donc, le cône temporel le mieux visible de ce calendrier correspond à Mars.

 

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Annonciation (25 mars) et labourage, calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (25 mars) et labourage, calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Parmi les saints, je reconnais le nom de saint Benoît, S. Benedictus : c'est le 21 mars qu'était célébré l'anniversaire de sa mort. Je reconstitue la liste suivante :

Ste Migud ?? Cheveux longs . Tient une épée ou une lame sur l'épaule

S. Fridolin ?? : 5 ou 6 mars

S. Gregorius. Saint Grégoire le Grand, pape fêté le 12 mars et représenté avec la colombe du Saint-Esprit près de l'oreille.

S. ---rerus. Tient un outil à long manche

S. Longus ---  Saint Longin ? 15 mars

S. Rimi ou Riopidi in apt

Bref, le résultat est de piètre qualité.

 

 

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Mois de mars d'un Livre d'Heures :

 

Mois de Mars, Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Mois de Mars, Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Le mois précédent : Février.

 

Mois de Février, Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Mois de Février, Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Le  mois d' Avril.

Je lis "Avrell". Le dictionnaire Godefroy atteste avrill, averill ; je trouve sur le net, en patois, avrell  .

 

Le mois d'Avril, Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

Le mois d'Avril, Calendrier circulaire médiéval de l'église Saint-Dominique, Vieux-Thann. Photographie lavieb-aile.

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LES CALENDRIERS LITURGIQUES ; LES CALENDRIERS CIRCULAIRES.

Selon G. Comet, "Il y a quelques rares antécédents à cette forme circulaire du calendrier :

  • la mosaïque moyen-orientale de Beisan, au VIe siècle;
  • le manuscrit grec n° 1291 à la bibliothèque du Vatican à Rome (ixe siècle)
  • et, seule image occidentale de ce type, la mosaïque de pavement de la cathédrale d'Aoste, XIIe siècle,
  • Mais en Allemange au XIIe siècle, un manuscrit présente toute l'année sur une seule page avec une disposition qui a eu grand succès par la suite, au XVe siècle: les mois sont placés en cercle, autour de l'année qui occupe le centre du dessin. le Computus, qui vient à la suite des Annales Zwifaltenses minores, Stuttgart, Wùrttembergischen Landesbibliothek, Cod. Hist. 20 415. Cf. Borries-Schulten. : Janvier chasse encore le lièvre, juin évoque le labour de jachère. Janvier est à l'horizontale à gauche et la lecture se fait dans le sens des aiguilles d'une montre . Comput, Cod. hist. 20415, Zwiefalten, ca. 1162, Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart.
  • Sur un Calendrier circulaire en 1485, janvier est en bas à gauche (le bifrons), la lecture se fait dans le sens des aiguilles d'une montre. Février est un vieillard qui cahuffe ses pieds à un feu, mars est représenté par un vigneron bêchant sa vigne, avril est consacré à la taille des vignes, alors que la charrue de labour correspond à juin. Barthélémy de Glanville, Le propriétaire des choses, Lyon, 1485. Bibliothèque de Besançon, xvie siècle, in Duby [1975], t. 2, p. 184. 65. Voir ici page 33.

 

Calendrier circulaire de Zwiefalten, Comput, Cod. hist. 20415, Zwiefalten, ca. 1162, Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart., in Comet 1992, Le Paysan...

Calendrier circulaire de Zwiefalten, Comput, Cod. hist. 20415, Zwiefalten, ca. 1162, Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart., in Comet 1992, Le Paysan...

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Calendrier circulaire de 1485, Barthélémy de Glanville, Le propriétaire des choses, Lyon, 1485 in Georges Comet 1992, Le Paysan...

Calendrier circulaire de 1485, Barthélémy de Glanville, Le propriétaire des choses, Lyon, 1485 in Georges Comet 1992, Le Paysan...

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SOURCES ET LIENS.

— COMET (Georges), 1992, Les calendriers médiévaux, une représentation du monde in Journal des savants  Année 1992  Volume 1  Numéro 1  pp. 35-98

http://www.persee.fr/docAsPDF/jds_0021-8103_1992_num_1_1_1552.pdf

 

— COMET (Georges), 1992, Le Paysan et son outil. Essai d'histoire technique des céréales (France, VIIIe - XVe siècle), Publications de l'École française de Rome  Année 1992  Volume 165 http://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1992_mon_165_1

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Published by jean-yves cordier
6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 07:55

Le vitrail de la Vigne de Jessé et la Vie de Marie (1466) à l'église Saint-Dominique de Vieux-Thann (Haut-Rhin).

Voir aussi :

La peinture murale du calendrier liturgique circulaire médiéval (vers 1320) de l'église de Vieux-Thann (Haut-Rhin).

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J'ai étudié dans ce blog 36 Arbres de Jessé, mais jamais je n'en n'avais rencontré un semblable à celui de Vieux-Thann, dans lequel les rois de Juda et les prophètes cèdent la place à six scènes de la Vie de la Vierge, et où les tiges et branches de l'arbre sont remplacées, au cœur du vignoble de Rangen, par des sarments de vigne.

Les sculptures :

Et les vitraux :

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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

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INTRODUCTION.

Adossée à Thann, située à la sortie de la vallée de la Thur au niveau de son débouché sur la plaine d'Alsace par le cône de déjection de l'Ochsenfeld, Vieux-Thann se situe dans le vignoble de Rangen. Le Rangen est le plus méridional des grands crus d'Alsace. Montaigne en faisait déjà l'éloge :

  « Vinsmes souper à Tane, quatre lieues, première ville d’Allemagne, sujette à l’empereur, très belle. Lendemain au matin, trouvâmes une belle et grande plene, flanquée à main gauche de coutaux pleins de vignes, les belles et les mieux cultivées, et en telle estendue que les Guascons qui estoient la disoint n’en avoir jamais veu tant de suite. ».

"L'église Saint-Dominique de Vieux-Thann est l'un des plus anciens sanctuaires mariaux d'Alsace, fondée en 991 par l'évêque de Strasbourg. Elle était réputée en tant que lieu de pèlerinage de la confrérie des Ménétriers, des tisserands et des vignerons de Haute Alsace. L'édifice dispose de deux vitraux remarquables : celui de la baie axiale du chœur, dont la partie haute représente la Passion du Christ sous les armes d'Autriche, des Ferrette et de Bourgogne et celui de la Vierge ou de l'Arbre de Jessé (1466), sans doute le plus beau d'Alsace. Le chœur abrite une custode murale du XVe siècle servant de tabernacle. Mais le Saint-Sépulcre, en grès jaune, l'un des plus beaux d'Alsace, est le joyau de l'édifice.

Un plan daté peut être consulté dans l'église. "

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DESCRIPTION .

 

 

La verrière de 4,00 m de haut et 1,20 m de large a été offerte en 1466 en l'honneur de la Vierge Marie par Jean Müller, prévôt du chapitre de Thann et par Nicolas Wolffach, curé de Thann, après l'achèvement de la seconde reconstruction de l'église en 1444-1445. La baie, initialement à deux formes séparées par un meneau et sommées d'un trilobe a été transformée au 19e siècle (?) en une fenêtre à une forme et au sommet en arc brisé; La verrière a été restaurée en 1873 par Petit-Gérard, réparée  en 1924 par Ott Frères, déposée pendant la Seconde Guerre Mondiale et restaurée en 1945. La bordure à fleur d'églantier est moderne. C. Block a publié le schéma de l'état de conservation, globalement excellent des verres, signalant ceux qui ont été remplacés, comme le visage de saint Étienne.

 Elle se présente dans l'église de Saint-Dominique sous l'aspect de huit panneaux rectangulaires et de deux panneaux terminés en forme.  Au-dessus des donateurs, six scènes de la Vie de la Vierge s'inscrivent dans l'enroulement des sarments de vigne, jaillis de la poitrine de Jessé : Naissance de la Vierge et Annonciation ; Nativité et Adoration des Mages ; Dormition de la Vierge et Couronnement 

 

Baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

 Baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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PARTIE INFÉRIEURE : LES DONATEURS.

Les deux donateurs et leur patron sont tous tournés vers  l'extérieur, ce qui est incohérent et fait supposer que ces deux bases des lancettes ont été interverties (celle de droite était à gauche et réciproquement). C. Block a reconstitué sur le papier la verrière logique, et a constaté que cette disposition satisfaisait alors aussi d'autres exigences, comme celles des points de fuite qui sont doubles et divergents actuellement, alors qu'ils se confondraient en un seul, central, sur l'axe médian. 

 

 

 Baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

1. Panneau de gauche. Jean Müller présenté par saint Étienne.
 Jean Müller, prévôt de la collégiale de Saint-Thiébaut à Thann, est présenté par saint Étienne, premier martyr.

Un prévôt est un titre hiérarchique équivalent au terme de doyen : il s'agit  de la première dignité dans le cas du chapitre d'une cathédrale ou d'une collégiale.


Un phylactère porte l'inscription suivante en lettres gothiques et avec abréviations par tildes :


Maria.ma~r. gr~e. Mater.

misericor~ie

–Transcription : Mater maria gratiae Mater misericordiae

–Traduction : "Marie Mère de grâce Mère de Miséricorde.

La bande inférieure porte le texte suivant : 

M.Johañes müller. Ppsit9. Ecc[l]e s~ti theobaldi . Año . Dñi. Lxvi /

Transcription :Johannes Müller praepositus ecclesia sancti theobaldi . Anno 1466. 

Traduction : "Jean Müller prévôt de l'église Saint Thiébault 1466."

Jean Müller avait été le dernier prévôt du chapitre de Saint-Amarin (Haut-Rhin), que le concile de Bâle transféra à Thann, le 30 juin 1442 ; il fut le premier de Saint-Thiébaut et présida celui-ci l’espace de vingt-sept ans . En tête de son nom se trouve un petit écusson d’argent, timbré de sa lettre initiale M de sable en caractère majuscule gothique. 

Les deux chanoines se partagent les versets du Maria, mater gratiae, l'est l'hymne traditionnel pour le petit office de la Sainte Vierge Marie pour les Petites Heures  des Heures canoniales : les deux chanoines devaient les réciter régulièrement.

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Jean Müller présenté par saint Étienne, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Jean Müller présenté par saint Étienne, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Nous avons ici une belle illustration de la douillette  aumusse canoniale :  

Originairement, elle est une coiffure-capuchon de fourrure descendant de la tête sur les épaules. Supplantée comme coiffure par la barrette, elle se mettait généralement sur les épaules quand on pouvait se couvrir de la barrette ; on l'ôtait des épaules et on la mettait sur le bras gauche quand on devait se lever. Presque disparue, elle était très répandue jusqu'à la fin du xviiie siècle. Elle se portait avec le surplis, soit toute l'année, soit l'été seulement, au lieu de la chape choraled'hiver.

Elle se porte encore en hiver, dans certains chapitres cathédraux, au nord des Alpes, où elle a pris la forme d'une courte pèlerine de fourrure, analogue à la mosette ou au camail, agrafée sous le menton et munie d'un petit capuchon.

 

L'aumusse est seulement en vair - blanc nuancé de gris -, en petit-gris, ou en fourrure noire ou brune, l'hermine ou les autres fourrures blanches n'étant pas admises car considérées comme marques des dignités supérieures. De son bord inférieur pendaient souvent de petites queues de la même fourrure. (Wikipédia)

Par contre, j'ignore la signification du cordon à deux brins pendants par devant, deux fois noués ensemble avant de retomber et de se terminer par des glands .

Saint Étienne porte, comme il se doit comme premier diacre de l'Église, la dalmatique (damassée bleue) sur le surplis, et l'étole . Les deux marrons posés sur sa tête tentent de représenter des pierres, celles qu'il a reçu lors de sa lapidation. C'est le premier martyr de la Chrétienté, un protomartyr. Il en porte la palme.

"L'application de grisaille au revers [à l'extérieur] des pièces est très limitée : comme au XIIIe et XIVe siècle, elle permet parfois de tracer les motifs décoratifs des étoffes, ce qu'on fit dans le damas de la dalmatique de saint Étienne."

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Jean Müller, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Jean Müller, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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2. Nicolas Wolfach, curé de Vieux-Thann, présenté par saint Jérome.

Nicolas Wolfach est présenté par le docteur de l’Église, saint Jérôme, portant le costume des cardinaux et accompagné d’un lion. 

Nicolas WOLFACH , originaire du pays de Bade, et précédemment chanoine de Saint-Amarin, était curé (Vicarius perpetuus) de Vieux-Thann et de son annexe de Thann en 1443, il devint le premier curé-chanoine de Thann en 1457, et  Prévot du chapitre à partir de 1471. C’est le chanoine Wolfach qui aurait, selon Lempfrid, constitué l'Historia et Légendea St. I Thobaldi, rassemblé et écrit la suite des  Tomus miraculorum Sancti Theobaldi, relatant, à partir de 1405, 215 miracles attribués à Saint-Thiébaut. Il est mort le 12 mars 1488 (Inventaire de 1682, p. 8 ; 1573, p. 25, 37 ; archives départementales Colmar, Stift Thann, boîte 15, Gr. Thanner 668), ou le 22 mars 1486 selon M. Tschamser cité par C. Block. Il est accompagné de ses  armes d’azur au loup ravissant d’argent, tenant entre les dents un oison  de même

 

 

L'inscription indique : 

Tu nos. ab. Hoste ptege. i.

hora . Mortis. Suspice

 

–Transcription : Tu nos ab hoste protege et hora mortis suspice

– Traduction : "Protège moi de l'ennemi et reçois moi à l'heure de ma mort. "

La bande inférieure porte le texte suivant : 

Nicola9 wolfach plbñus et canon/cus hui eccle . Año. Dñi lxvi

–Transcription : Nicolaus Wolfach plebanus et canonicus hui ecclesia. Anno Domini 1466.

–Traduction : "Nicolas Wolfach plébane et chanoine de l'égise. Année du Seigneur 1466.."

Le terme Plebanus "pléban" issu de plebs "peuple" et signifiant d'abord "paroissial" désigne un chanoine en charge d'un clergé paroissial vivant en communauté selon la même règle, en tant que prêtre séculier.

Note : Il apparait aussi sur un vitrail du bas-coté nord de Saint-Thiébaut à Thann, antérieur d'une dizaine d'années à celui-ci (vers 1455). Présenté également par saint Jérôme, Nicolas Wolfach tient un phylactère où est inscrit O Mater Dei Mis-- (ou pour les experts du Patrimoine O Maler der mich). Il est accompagné par l'inscription [Wolf]ach plebanus huius ecclesie . Il était placé agenouillé à droite du vitrail de la Vierge à l'enfant sur lequel se trouve le début de l'inscription : ANNO DM mccccl (V) NICC (I) AUS, ce qui donne pour le texte complet Anno domini 1450 ou 1455 Nicolaus Wolfach plebanus huius ecclesiae , "[offert en ] l'année du Seigneur 145[5] par Nicolas Wolfach, pléban de cette église".

 

 
 
Nicolas Wolfach présenté par saint Jérôme,, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Nicolas Wolfach présenté par saint Jérôme,, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Les visages masculins de saint Jérome et des deux donateurs contrastent avec les visages féminins qui seront décrits plus bas :

"Ces visages, aux traits vigoureux, sont fortement expressifs et individualisés ; leur contour est ondulé de manière à suggérer les pommettes, le creux de la joue, l'enflure du pli qui se forme autour de la bouche. Le visage est modelé par des lumières "enlevées", et les ombres sont posées en hachures fines, très souvent verticales. enfin on n'hésite pas à tracer par des lignes les traits du visage : plis des paupières et de la bouche. Les cous sont inexistants, les chevelures assez libres" (C. Block)

Les nuances du verre sont obtenues par une application de grisaille :

"...une application de grisaille sur la face interne du verre, application sûre sans jamais être sêche. C'est une grisaille au ton chaud de gris-brun, plus opaque dans les traits pleins ; elle prend quelquefois un ton presque rosé, comme il apparaît dans la cape de Nicolas Wolffach. Son application se distingue nettement de celle de la seconde moitié du XIVe ou du début du XVe siècle en Alsace ; elle sert ici de demi-teinte raffinée, posée au blaireau et enlevée au putois, ce qui ne permet plus de cerner, ou de tracer au trait, des poches d'ombre délimitées. Les traits nécessaires sont fins  dans les grandes lignes, doublés par d'autres traits fins si besoin est, qui se multiplient et se rapprochent pour former une ombre . Les ombres modelantes sont rarement couvrantes : elles sont obtenues par des hachures parallèles très souvent verticales à la manière de la technique du dessin (visage de saint Jérôme).". (C. Block)

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Nicolas Wolfach , baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Nicolas Wolfach , baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Nicolas Wolfach, église Saint-Thiebaut de  Thann :

 

Nicolas Wolfach , église Saint-Thiebaut, Thann. Photographie lavieb-aile.

Nicolas Wolfach , église Saint-Thiebaut, Thann. Photographie lavieb-aile.

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REGISTE INFÉRIEUR. JESSÉ ET SA VIGNE ; NAISSANCE DE LA VIERGE ET ANNONCIATION.

"La fenêtre est consacrée à la sainte Vierge et présente l’arbre de Jessé, mais d’une manière toute différente de celle que l’iconographie sacrée a adoptée depuis le douzième siècle. Au lieu de porter les ancêtres du Christ et de terminer par la fleur traditionnelle qui s’épanouit dans la figure de Marie avec l’Enfant, l’arbre, qui est ici un cep de vigne, issant de la poitrine du vieillard Jessé, forme avec ses ramifications le cadre des principaux événements de la vie de la Vierge. Se détachant du pied,
les sarments chargés de fruits et riches en feuillages viennent entourer comme autant de médaillons la naissance de Marie, l’annonciation faite par l’ange, la naissance du Verbe, l’adoration des mages, la mort ou la dormition de la Vierge et son couronnement dans le ciel. Dans les rinceaux supérieurs, on aperçoit des anges qui agitent des encensoirs." (Straub, 1876)

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La Vigne de Jessé , baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

La Vigne de Jessé , baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Jessé, le Riesling et le Gewurtzstraminer ? Ou le Pressoir Mystique ?

  Jessé est figuré avec une couronne, alors que le propriétaire de troupeaux de brebis à  Béthléem n'est nullement roi : c'est son fils David, puis son petit-fils Salomon, son arriere-petit-fils Roboam et une dynastie de quinze rois de Juda qui accédèrent au trône, jusqu'à la déportation à Babylone. Cette couronne est ici metonymique de cette royale descendance qui, dans les Arbres de Jessé, placent trois, six ou douze de leurs membre sur les branches de l'arbre généalogique qui mène à Joseph "de la maison de David" et à Jésus, ou, par une approximation théologiquement louable, à la Vierge portant son Fils. 

Car c'est à cette aventure spirituelle qui va donner au monde, à partir de sa semence, de son ventre, un Sauveur, que pense Jessé allongé sur son coude droit, à demi endormi, laissant filer les développements de son songe comme les  surgeons de ses nombreux rejetons. 

Fils d'Obaz, lui-même fils de Boaz (celui de Booz endormi !) et de Ruth la Moabite (l'émigrée, l'étrangère), il est le contemporain du prophète Samuel, mais il est sans-doute dotée d'une solide préscience puisqu'il devine ce qu'un autre prophète dira à l'un de ses lointains descendants, le bon roi de Juda Ezechias (-716/-687) , 13e du rang, et à son fils le vilain, impie et impénitent Manassé. Ce prophète se nomme Isaïe  et, c'est drôle, il porte le même nom que lui (Jessé ou Iessé = en hébreu יִשַׁי = Išaï), et ce qui est encore plus drôle, c'est qu'il annoncera dans ses prophéties exactement ce qu'il est en train de voir en songe : 

 

"Puis un rameau sortira du tronc d'Isaï [c'est lui, Jessé], Et un rejeton naîtra de ses racines.  L'Esprit de l'Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l'Éternel.  Il respirera la crainte de l'Éternel; Il ne jugera point sur l'apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.  Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture sur les malheureux de la terre; Il frappera la terre de sa parole comme d'une verge, Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. La justice sera la ceinture de ses flancs, Et la fidélité la ceinture de ses reins. Le loup habitera avec l'agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau; Le veau, le lionceau, et le bétail qu'on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira. La vache et l'ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte; Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille. Le nourrisson s'ébattra sur l'antre de la vipère, Et l'enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte; Car la terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.  En ce jour, le rejeton d'Isaï Sera là comme une bannière pour les peuples; Les nations se tourneront vers lui, Et la gloire sera sa demeure. Dans ce même temps, le Seigneur étendra une seconde fois sa main, Pour racheter le reste de son peuple, Dispersé en Assyrie et en Égypte, A Pathros et en Éthiopie, A Élam, à Schinear et à Hamath, Et dans les îles de la mer. Il élèvera une bannière pour les nations, Il rassemblera les exilés d'Israël, Et il recueillera les dispersés de Juda, Des quatre extrémités de la terre."

Wouah, que du bon, il va engendrer un Sauveur, mieux, LE Messie, et il se forge déjà une félicité qui lui fait voir le loup embrassant l'agneau, la panthère couché avec le chevreau, et tout ça. 

A-t-il abusé du Silvaner ? Nous allons le voir. 

 

 

 

 

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La Vigne de Jessé, baie n°7, Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

La Vigne de Jessé, baie n°7, Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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En effet, l'artiste a représenté Jessé entouré de feuilles de vigne, de pampres et de juteuses grappes de raisin. Ce réseau des sarments crée des médaillons réguliers, symétriques, qui se réunissent sur l'axe médian en deux parenthèses ou mandorles, dans une ordonnance opposant le fond bleu des médaillons et le rouge de la vigne. 

Première solution : ce vitrail est offert par le syndicat des vignerons de la vallée de Thur pour assurer la promotion de leurs crus. Chacun sait que les vins d'Alsace portent les noms des sept cépages : le Silvaner aux grains jaune d'or, le Riesling blanc aux reflets verts, le Muscat blanc ou rose, le Pinot blanc aux baies blanches, le Pinot gris aux baies brun-violacé ( avec des reflets gris, si on veut), le Gewurtzstraminer aux fruits roses ou rouges, et le Pinot Noir dont les grains violets presque noirs se voilent de pruine.

Effectivement, du bas en haut du vitrail, les sarments (d'ivrogne ?) produisent des grappes blanches, jaunes, rouges ou noires.

Objection : les donateurs, nous les connaissons. Pas plus portés sur la bouteille que tous les autres chanoines, mais, par contre, éminents par leurs pieuses qualités spirituelles et par leur dévotion à la Vierge et à son Fils.

Deuxième solution, qu'il faut adopter sans barguinage. La vigne représente l'Eucharistie, et même, le Christ, qui a dit "Je suis la vigne, et vous les sarments" (Jn 15:5), ou "Je suis la vraie vigne, et mon Père le Vigneron" (Jn 15:1). 

Ah, mais le vitrail prend alors une ampleur extraordinaire ! Cette sève qui s'élève et nourrit les six épisodes de la Vie de Marie, Jean Müller et Nicolas Wolfach l'assimileraient au sang du Christ versé lors de la Passion, mais aussi au vin de l'Eucharistie qui par transubstantiation devient le sang du Rédempteur. La pensée théologique sous-jacente est foisonnante, dites-moi ! Cela rejoint le grand thème du Pressoir Mystique, celui de l'Agneau Mystique du polyptyque de Gand, celui de la Fontaine de Vie ! C'est le Torculus  Christi dans sa version dyonysiaque ! 

 

Le quoi ?

 Le Torculus Christi, la Croix comme Pressoir ! Voyez ici :

 

–Le vitrail du Pressoir Mystique, baie n°14 de l'église Sainte-Foy de Conches-en-Ouche (Eure).

http://www.lavieb-aile.com/2016/04/le-vitrail-du-pressoir-mystique-baie-n-14-de-l-eglise-sainte-foy-de-conches-en-ouche-eure.html

– Ou bien le vitrail de la Fontaine de la Déïté souveraine de Beauvais :

http://www.lavieb-aile.com/2016/04/les-vitraux-anciens-de-l-eglise-saint-etienne-de-beauvais-baie-n-12-la-fontaine-de-vie.html

— Allo, allo, ici, c'est le prophète Isaïe. Vous ne pouvez omettre de parler ici de mes versets Is. 63:2-3. Car lorsque j'interroge ": Pourquoi donc vos vêtements sont-ils rouges, comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir au temps de la vendange ? (Is 63, 2), le Seigneur répond : « J'ai été seul à fouler le vin; aucune homme ne s'est trouvé avec moi » (Is 63, 3).

— Si vous voulez, Isaïe, mais je vais conclure par ce vers de Venance Fortunat, mieux approprié à notre vitrail :

« Entre tes bras s'enlace la vigne, d'où coule pour nous en abondance le doux vin qui a la rougeur du sang » (Venance Fortunat,Poèmes II, 1)

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Retour à nos moutons.

La tête de Jessé est posée sur un coussin bleu au beaux damas, damas à rinceaux et feuillages qui se retrouvent sur son manteau mauve. Son manteau se referme sur une confortable fourrure. 

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La Vigne de Jessé, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

La Vigne de Jessé, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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La Vigne de Jessé, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

La Vigne de Jessé, baie n°7 , Arbre de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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La Naissance de la Vierge.

 La Vierge, virgo en latin, se rapproche de virga "rameau" et appelle la citation d'Isaïe 11:1 : Egredietur virga de radice Iesse, et flos de radice ejus ascendet : "Puis un rameau sortira du tronc d'Isaï [Jessé], Et un rejeton naîtra de ses racines.". Cela n'a pas échappé à Fulbert, chanoine puis évêque de Chartres dans son poème pour la Nativité : Stirps Iesse virgam produxit, virgaque florem ; et super hunc florem requiescit Spiritus almus. Virgo Dei Genitrix virga est, flos Filius eius. Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. : "La souche de Jessé a poussé une tige, et la tige une fleur, et sur la fleur l’Esprit fécond s’est reposé ! La tige, c’est la Vierge, la Mère de Dieu, et la fleur, c’est son Fils. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit. "

Comment ces vers pourraient-ils ne pas s'imposer dans l'esprit des deux chanoines de Thann alors qu'ils sont intégrés, sous forme de repons, à la liturgie de la Nativité et à celle de l'Assomption, lorsqu'ils regardent ces panneaux où toutes les scènes sont entourés — comme dans des lettrines d'enluminures— par l'orbe parfait d'un sarment, d'une tige, d'un rameau vert, en un mot une verge :  virga

 Pour l'anecdote, virga "verge" a donné virgula, notre virgule, "petite verge".

"La scène de la naissance de Marie offre quelques gracieux costumes et des particularités à remarquer pour la literie, le mobilier, etc." "L"artiste s'est beaucoup attaché aux petits détails décrivant les galons dorés des coussins, les fibres du bois de lit, les carreaux du sol, les belles nuances dans le rouge de la couverture (C. Block).

Le fond bleu est découpé par un damas foliaire. Le point de fuite du sol carrelé est, très approximativement, centré par la Vierge. Sainte Anne porte la guimpe (elle est âgée, la naissance de Marie tient du miracle). Sa voisine est la matrone, qui a aidé à l'accouchement. Elle porte ses longs cheveux blonds ramassés dans la couronne d'un coquet touret noué sous le menton. Une troisième, en mauve et qui porte un voile, prie (ou s'émerveille). La petite Marie, nimbée, riche déjà de sa chevelure d'or,  les mains jointes, prie.

Verre rouge : trop dense pour être utilisé dans les mêmes épaisseurs que les autres verres colorés (il ne laissserait plus passer la lumière et semblerait noir), il doit être très fin, mais doublé d'un verre blanc pour assurer sa solidité :

"Les verres rouges sont généralement utilisés doublés, la pellicule colorée tantôt tournée vers l'intérieur (auquel cas le verre blanc présente une forte attaque de l'extérieur), tantôt vers l'estérieur (la péllicule rouge est alors très bien conservée ; cf. la cape de Dieu le Père dans le Couronnement, la couverture dans cette Naissance). "

 

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Naissance de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Naissance de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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"Le type de visage le plus caractéristique dans cette verrière est celui des faces féminines et poupines, aux joues bien rondes et tirées au dessus de l'œil avec un petit menton rond pointant au bout, saillant et bien dessiné ; les yeux ronds, mais non globuleux, sont vus dans leur plastique avec une paupière inférieure toujours marquée d'une lisière de lumière ; la distance entre la bouche et le nez est généralement grande ; la bouche, souriante par les deux fossettes latérales, offre une lèvre supérieure qui mord avec un petit V au mileiu d'une lèvre inférieure bien arrondie et dessinée. Le cou est généralement très fin, rond et modelé, avec une fossette centrale. Le nimbe est rond. Ce type de visage est traité à la grisaille douce, éclaircie au putois pour arrondir les volumes ; quelques traits marquent les sourcils fins, la paupière supérieure, le nez, la bouche. Les ombres, données par de toutes petites hachures parallèles, se situent au dessus de la paupière supérieure et sous l'inférieure, le long du nez, de la bouche et du cou. Les lumières ourlent la paupière inférieure, les deux lignes entre nez et bouche, un peu le contour de la bouche." (C. Block) 

"Les coloris choisis, s'ils sont denses et contrastés, apparaissent rarement à l'état pur. Les surfaces du verre sont soigneusement choisies de manière à faire correspondre les nuances claires, ou les hasards d'un verre doublé, par exemple, avec les parties saillantes des images. C'est ainsi que l'on a obtenu un effet de grande subtilité dans les dégradés de la couverture de sainte Anne" (id.)

"Le plus souvent, la grisaille est appliquée en fonction des "enlevés" par lesquels on désire faire vibrer la lumière des images. Dans la grisaille opaque, ils servent à décrire les rinceaux du fond, les damas des coussins ; dans les couvertes plus fines, les enlevés à l'aiguille rappellent les recherches d'effets de la gravure pour le tracé des carreaux au sol, des fleurs, des fibres du bois, ; ces enlevés deviennent, quand le sujet s'y prête, plus libre (pour les barbes et les chevelures par exemple), voire nerveux (pour le sol et les bergers de la Nativité)" (ibid.)

 

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Naissance de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Naissance de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation.

Nous ne sommes plus dans une chambre, mais devant un gazon égayé de rosettes d'ancolies. Le fond bleu reste le même que dans la chambre de sainte Anne. L'archange Gabriel, au front ceint et orné d'une gemme,  porté par ses ailes aux ocelles de paon, s'est agenouillé devant Marie. Tenant un bâton fleurdelysé (la pureté du lys, l'attestation du pouvoir divin, mais aussi un rappel de la racine de Jessé qui fleurit en Marie), et lui tend  un parchemin muni de trois sceaux. Cette façon de s'exprimer est très rare pour Dieu, qui préfère la parole (fécondation par l'oreille), ou les phylactères, ou les lettres gothiques allant en pont ou en volute de l'ange à la Vierge, mais il doit avoir ses raisons impénétrables (allusion aux sept sceaux de l'Apocalypse ??). Comme d'habitude, Marie est à la fois surprise dans sa lecture pieuse, ravie par l'apparition du beau messager, et très émue par le rayon lumineux qui la frappe ou par la colombe de l'Esprit qui lui vient. Elle s'exclame : "je suis la servante du Seigneur". Entre les deux protagonistes, le vase, saturé de symboles sur la conception immaculée et la naissance sans blessure, et le lys, dans sa blancheur immaculée. 

C. Block a retrouvé le motif du parchemin muni de sceaux "dans les régions plus orientales du Tyrol, ou de la Bavière" : retable de Schloss, Tyrol, vers 1370 ; Innsbruck, Fernandeum ; Annonciation du Maître de Saint-Sigmund (Jakob Sunter) vers 1420, où l'ange agenouillé tient un pli fermé à trois sceaux ; Annonciation du Maître de l'autel de la Vierge d'Unterlimpurg à Saint-Urban, vers 1460, Stuttgart, Landesmuseum.

 

 

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L'Annonciation, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

L'Annonciation, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.
L'Annonciation, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

L'Annonciation, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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REGISTRE MOYEN. NATIVITÉ ET ADORATION DES MAGES.

"Pour le technicien, il peut être intéressant de savoir qu’une tête, mais une seule dans tout le vitrail, celle de saint Joseph dans la scène de la nativité du Sauveur, accuse le passage de la pierre ponce, avec laquelle l’artiste a enlevé l’émail du verre rouge, pour pouvoir supprimer un plomb." (Straub, 1876)

Le verre doublé permet des effets de gravure : le visage de Joseph ressort en clair sur la pièce de verre doublé dont le rouge a été conservé pour le capuchon.

 

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Nativité et Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Nativité et Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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La Nativité 

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Nativité, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Nativité, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Nativité, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Nativité, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Les bergers jouant à la "soûle à la crosse" ("choule" en Normandie).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Soule_(sport)#cite_note-7

Ce motif est fréquent parmi les bergers de la Nativité dans les enluminures. On le trouve aussi en sculpture sur le tympan de La Martyre, dans le Finistère. Les  crosses sont souvent confondues avec des houlettes, dont la tenue serait fort bizarre. Ce jeu, le soûle à la crosse, est à l'origine du golf, du croquet ou du  criket. Le Ancreroman de Renart en fait état au XIIe siècle : Li vilein qui sont à la çoule...

N.B : à la réflexion, des bâtons et houlettes sont représentées ainsi avec un partie inférieure élargie et arrondie (par exemple le bâton d'un berger sur le vitrail de la Nativité de Spézet (29)) .

 

 

Bergers jouant à la soûle, Nativité, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Bergers jouant à la soûle, Nativité, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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L'Adoration des Mages.

 

 

Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Parmi les trois mages, Melchior, le plus âgé, est vêtu de vert ; agenouillé, sa couronne posée dans l'herbe, il offre une cassette pleine d'or, vers lequel  l'Enfant tend les bras. Ce présent symbolise la puissance royale.

Gaspard attend, debout, son tour tout en désignant du doigt l'étoile. Il tient un objet d'orfevrerie semblable à un vase, mais auquel est suspendue une corne. Je suggère d'y voir une lampe à encens, un encensoir. L'encens honore la divinité de l'Enfant. Le visage, la couronne posée sur un turban et surtout la barbe mal taillée et drue du mage et sa chevelure en crinière de lion accentue l'aspect exotique du roi venu d'Arabie.

 

Balthasar est un jeune poupin vêtu d'une tunique au dessus d'une pelisse. Il n'a pas ni le visage noir ni la boucle d'oreille habituelle au roi d'Asie ou d'Afrique. Il tient un vase rempli de myrrhe, qui honore le Christ comme Rédempteur victorieux de la mort.

"On emploie beaucoup le jaune d'argent, au revers des pièces, pour ponctuer d'or les surfaces très blanches des vêtements, ou de l'architecture, pour colorer les cheveux et barbes, détailler les objets (cordelettes des coussins, orfèvrerie, livres), pour fixer une couleur supplémentaire sur les supports bleus (gazons fleuris d'ancolies et de violettes, cordelettes des coussins) ou mauves (boutons du costume de Jessé). Le degré d'intensité du jaune d'argent varie de manière à offrir trois variantes de tons." (C. Block)

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Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Adoration des Mages, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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REGISTRE SUPÉRIEUR. DORMITION ET COURONNEMENT. 

 

Dormition et Couronnement de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Dormition et Couronnement de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Dormition 

A la mort de la sainte Vierge, les douze apôtres sont présents; saint Pierre asperge le corps d’eau bénite, saint Jean tient la palme .

La conservation particulièrement mauvaise de la cape mauve de l'apôtre laiise penser que ce verre a été doublé, le verre blanc tourné vers l'extérieur. (C. Block)

 

 

 

 

 Couronnement de la Vierge, Au couronnement, Dieu le Père et Dieu le Fils reposent les pieds, chacun sur un globe transparent comme du cristal, dans lequel on distingue des rochers émergeant de la mer. 
Dormition de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Dormition de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Dormition de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Dormition de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Christiane Block tente de décrire un style propre à un "Maître de la Dormition de Vieux-Thann" :

"Visage, cou, auréole étirée vers le haut, sont généralement décrits sur la même pièce de verre et détaillés par la seule grisaille ou le jaune d'argent. Les traits féminins sont plus durs que ceux du groupe précédent (Naissance de la Vierge) ; l'ensemble est moins rond, les yeux moins saillants ; la bouche, aux lèvres bien séparées par une ligne horizontale, prend une expression plus virile. Les ombres sont principalement indiquées par des hachures verticales. L'artiste qui exécute ces visages séduit surtout  par la diversité des expressions qu'il prête aux Apôtres, l'observation de leurs gestes : les Douze sont tous différents, avec des visages familiers comme ceux de Jean et de Pierre, mais d'autres aussi, inattendus et intrigants, comme celui de l'apôtre dont on ne voit plus guère qu'une paire de sourcil, celui de l'extrême droite aux yeux d'ascète et à la bouche immense, celui enfin qui enfouit son visage dans ses mains. L'artiste révèle son goût pour les profils. Sans aucun doute exécuta-t-il aussi le groupe des rois mages : on y retrouve son penchant pour la description fine d'un ensemble d'éléments importants réunis sur une même pièce de verre, son attirance aussi pour les gestes inhabituels, (profils comme dans la Dormition), ou intimes, voire même son goût pour l'insolite peut-être, si l'on veut bien se laisser aller à contempler l'étrange visage du mage montrant l'étoile."  

 

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Dormition de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Dormition de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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 Couronnement de la Vierge.

 "Au couronnement, Dieu le Père et Dieu le Fils reposent les pieds, chacun sur un globe transparent comme du cristal, dans lequel on distingue des rochers émergeant de la mer. " (Staub

 Couronnement de la Vierge, baie n°7, Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, baie n°7, Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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Couronnement de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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SOMMET DE LA LANCETTE.

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Sommet de la  baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Sommet de la baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Anges thuriféraires, sommet de la  baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Anges thuriféraires, sommet de la baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Ange thuriféraire, sommet de la  baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

Ange thuriféraire, sommet de la baie n°7 , Vigne de Jessé et Vie de la Vierge (1466), église Saint-Dominique, Saint-Thann. Photographie lavieb-aile.

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ÉTUDE ICONOGRAPHIQUE (C. BLOCK).

1. Recherche des Sources  :

a.Le vitrail du chœur de la Collégiale de Berne (1448- 1451)...

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/67/Berne_cath%C3%A9drale_verri%C3%A8re_du_choeur.jpg

... est comparable à celui de Vieux-Thann par le fait que les sarments d'une vigne de Jessé entourent des épisodes de la Vie de Jésus (et, par la même, certains épisodes de la Vie de Marie). Mais il en diffère par un traitement typologique qui les mets en parallèle, de chaque coté de chaque médaillon, à des scènes de l'Ancien Testament.

b. La vigne de Jessé se retrouve au XIIIe :

  • dans les vitraux des Dominicains de Strasbourg replacés dans la chapelle Saint-Laurent de la cathédrale.

  • dans la fenêtre axiale de Saint-Dionys d'Esslingen.

c. Enluminures représentant Jessé : 

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=JESSE

d. Pour la Dormition :

  • Retable Lösel à Mulhouse.

  • Dormition de Bourguillon, vers 1466.

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Note personnelle :

Cette originalité du vitrail de Vieux-Thann, qui consiste à remplacer, au dessus de Jessé endormi, les rois de Juda,  et latéralement, les prophètes, par des scènes de la vie de la Vierge trouve une origine précoce (troisième quart du XIIe siècle) dans la verrière de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Tours, qui associe aux rois David et Salomon dix scènes de la Vie de Jésus et de Marie. 

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/la-verriere-de-l-arbre-de-jesse-de-la-cathedrale-de-tours.html

 

 

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2. L'analyse technique et stylistique de Christiane Block.

 

 Le style de cette verrière n'est pas homogène. Christiane Block y a reconnu le style de deux artistes :

—De l'un  dépendent la conception générale de l'œuvre et donc probablement les cartons. Sa composition reste archaïque et traditionnelle et son style se situe dans la lignée de certaines peintures sur bois du milieu du xve siècle, marquées par l'influence de Conrad Witz. Elle le désigne comme le "Maître principal de la Vie de la Vierge du Vieux-Thann".

— De l'autre, relève principalement l'expression d'un style plus affirmé et plus original, dans lequel nle dessin tient une place importante pour tout ce qui touche aux contours, aux attitudes, à la technique  Collaborateur du Maître principal, il lui fut réservé, en raison de son habileté supérieure, les personnages aux attitudes plus tourmentées et les portraits. On pourrait l'appeler le « Maître de la Dormition ».

Le style de cette verrière développe les tendances apparues en 1455 dans les vitraux du bas-côté nord de la collégiale de Thann. En fait les parentés stylistiques les plus évidentes s'établissent avec un vitrail typologique de la collégiale de Berne (1448- 1451) et celui de la Genèse, à Zetting (1434-1447). Le « Maître principal » est très proche de l'artiste qui exécuta le retable Lösel (Musée historique de Mulhouse) : la scène de la Dormition de la Vierge en est une transposition si fidèle que Christiane Block se demande si le peintre du Retable n'a pas conçu le vitrail de Thann. Quant au « Maître de la Dormition », il s'identifie peut-être avec l'artiste qui exécuta la Dormition de la Vierge entre 1464 et 1466 pour l'église de Bourguillon (aujourd'hui au Musée historique de Bâle).

Ainsi "le peintre du retable Lösel a conçu tout le vitrail de la Vie de la Vierge qu'il exécuta en grande partie. Il fut aidé dans sa tâche par le « Maître de la Dormition » qui travaillait à la même époque aux vitraux de Bourguillon, que l'on a souvent attribués à Michel Glaser"

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La Dormition du Retable Lösel (Musée historique, Mulhouse) volet droit Photo Claude Menninger:

 

 

 

 

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SOURCES ET LIENS.

BLOCK (Christiane), 1970, "Le vitrail de la Vie de la Vierge de Vieux-Thann et sa place dans la peinture du Rhin supérieur, au XVe siècle", Revue de l'art, 1970, n°10, p. 15-29, 19 fig.

— ERLANDE-BRANDENBURG (Alain), 1971, . "Le vitrail de la Vie de la Vierge de Vieux-Thann". In: Bulletin Monumental, tome 129, n°3, année 1971. pp. 209-210; http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1971_num_129_3_7145

— ROUGE (Charles), Vitrail à Vieux Thann 1466 -- 1909 -- images. ... Image; Vitrail à Vieux Thann 1466 Rouge, Charles. Illustrateur 

STRAUB (A), 1876, "L'église du Vieux-Thann et ses vitraux". Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace — 2.Sér. 9.1874/75(1876) 

 http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/bmha1874_1875/0243?sid=34baebc67984a814e45186a9fe9c5b33

— Base Palissy : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IM68001346

— 

http://www.ville-thann.fr/Culture-Tourisme-Patrimoine/Histoire/Personnalites-illustres/WOLFACH-Nicolas/(language)/fre-FR

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Published by jean-yves cordier - dans Arbre de Jessé
5 juin 2016 7 05 /06 /juin /2016 19:17

Les peintures murales de la chapelle Saint-Léger de la collégiale Notre-Dame de Beaune.

Voir aussi:

La tenture de la Vie de la Vierge de l'église Notre-Dame de Beaune.

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Dans l'été de 1901, un membre du conseil de fabrique de la collégiale Notre-Dame, F. Mathieu, découvrit sous le badigeon de la chapelle Saint-Léger  des traces de peintures murales. 

"La chapelle Saint-Léger avait été décorée au quinzième siècle par le cardinal Jean Rolin, évêque d'Autun, fils du célèbre chancelier, et archidiacre de Notre-Dame. En 1470, au moment où se rallumait la guerre entre Louis XI et Charles le Téméraire, il avait fui sa ville épiscopale menacée par les troupes royales, et s'était retiré à Beaune; le chapitre reconnaissant d'une fondation de 800 écus d'or faite à l'église, l'accueillit avec honneur, mit à sa disposition le logement qui avait été celui de Guigone de Salins, la deuxième femme du chancelier, et lui concéda l'usage de la chapelle Saint-Léger. Le cardinal la fit décorer de peintures où il mit son portrait, de vitraux à ses armes et annonça même qu'il la destinait à sa sépulture, ce qui ne se devait pas exécuter. Sa munificence ne s'arrêta pas là ; il contribua à la peinture renouvelée de la riche imagerie du portail exterminée à la Révolution, et fit élever le jubé qui n'existe plus. Enfin, il chargea le chapitre de faire exécuter à ses frais une tenture en tapisserie, la Vie de la Vierge, destinée aux grandes solennités à orner le pourtour du sanctuaire. Cette tenture existe encore, toutefois elle ne devait pas être exécutée du vivant du cardinal ; plus tard le projet fut repris par l'archidiacre Hugues Le Coq, qui se servit manifestement des patrons — nous dirions aujourd'hui des cartons, mais les modèles de ce temps étaient peints sur toile — commandés pour être traduits en tapisserie." (H. Chabeuf) 

 

 En 1474, le chapitre commande au peintre dijonnais Pierre Spicre "les patrons des histoires de Notre Dame" destinées au choeur. Les termes du marché stipulent que le cardinal Rolin y sera représenté "ainsi qu'il est au tableau de la chapelle Saint-Ligier à Beaune que a fait ledit maistre". L'attribution à Spicre repose sur ce texte, dont l'interprétation suscite des objections, le mot tableau évoquant un panneau peint plutôt qu'une peinture murale. Voir A. Erlande-Brandenburg, 1976.

 « Sera aussy paint mains jointes » mondit seigneur le cardinal, ainsy qu'il est au tableau de la chapelle  Saint Legier, à Beaune, qui a fait ledit maislre feu... emprès  de luy et  son chapeau de cardinal devant luy », lit-on dans le marché fait au nom du chapitre, le 13 septembre 1474, entre Antoine de Salins, doyen, Antoine Grignard et A. de Salins, chanoines, et Pierre Spicker , peintre à Dijon, pour les patrons des futures tapisseries."

Ces peintures ont été restaurées en 1975-1976 par l'ARCOA (Atelier régional de Conservation Restauration d'Oeuvres d'Art) et Hiso Takahashi.

On décrit trois ensembles : 

  • Mur ouest de la chapelle : la Résurrection de Lazare.
  • Mur : sainte Marthe et sainte Marie-Madeleine.
  • Mur est : la Lapidation de saint Étienne.

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I. La Résurrection de Lazare.

 Sur le mur ouest de la chapelle : la Résurrection de Lazare, évoque le saint patron du diocèse d'Autun dont le cardinal Rolin était l'évêque. Il illustre le miracle relaté dans l'Évangile de Jean Jn 11:1-45 :

 

 

Il y avait un homme malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa soeur. C'était cette Marie qui oignit de parfum le Seigneur et qui lui essuya les pieds avec ses cheveux, et c'était son frère Lazare qui était malade. Les soeurs envoyèrent dire à Jésus: Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade. [...]  Jésus, étant arrivé, trouva que Lazare était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre et, comme Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ,  beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. [...] Jésus frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre. C'était une grotte, et une pierre était placée devant. Jésus dit: Otez la pierre. Marthe, la soeur du mort, lui dit: Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là. Jésus lui dit: Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu? Ils ôtèrent donc la pierre. Et Jésus leva les yeux en haut, et dit: Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé.  Pour moi, je savais que tu m'exauces toujours; mais j'ai parlé à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé. Ayant dit cela, il cria d'une voix forte: Lazare, sors! Et le mort sortit, les pieds et les mains liés de bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus leur dit: Déliez-le, et laissez-le aller. Plusieurs des Juifs qui étaient venus vers Marie, et qui virent ce que fit Jésus, crurent en lui."

Voici la description qu'en a laissé Henri Chabeuf en 1903 : 

 

 "La composition remplit ou plutôt remplissait l'espace entier inscrit dans l'arc brisé, et descend même un peu plus bas que les consoles d'où jaillissent les nervures. Mais le quart, environ, du sujet manque à gauche du spectateur ; une réfection ancienne de la maçonnerie a aboli toute trace de peinture en cette partie qu'une ligne verticale et nette sépare de ce qui a été conservé. Sur le devant, au centre à peu près de la composition, Lazare, rappelé à la vie et tourné à gauche, se soulève d'un sarcophage ouvert en marbre rougeàtre. La figure a malheureusement disparu presqu'en entier, on voit seulement la partie médiane et nue du corps enveloppé par le bas dans un linceul blanc dont un pan retombe en dehors ; le ressuscité a les mains jointes, et penché sur lui, saint Pierre enlève les dernières bandelettes de l'ensevelissement.

Derrière le Christ devait se tenir debout un groupe d'apôtres, mais cette partie a entièrement disparu, et c'est une perte des plus regrettables. D'abord parce que la lacune détruit l'équilibre de l'ensemble et atteint même en arrière le contour du Christ; ensuite parce que si nous en jugeons par les cinq apôtres subsistant à droite, les figures effacées devaient être de la plus grande beauté. Celui qui, conformément à la tradition iconographique, est au premier rang, saint Jean, me paraît de tous points admirable ; imberbe, et seul des apôtres, même dans l'extrême vieillesse, il sera toujours représenté ainsi, la tête chargée d'une épaisse chevelure, le disciple bien-aimé incline son noble visage attentif, non au miracle qui s'accomplit, sa foi n'a pas besoin de voir, mais au geste du maître, tandis que, ses mains s'enlacent distraites, à la hauteur de la ceinture. La justesse de l'attiiude, la vérité de la draperie qui, à demi retenue par le bras droit, se brise en plis d'une noblesse digne des maîtres ombriens, enfin, par-dessus tout, la grâce sereine du visage, appartiennent au plus grand art flamand, au plus grand art tout court. Le surplus de la paroi, les deux tiers environ, est rempli de la foule des spectateurs."(H. Chabeuf) 

 

Résurrection de Lazare,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Résurrection de Lazare, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Douze personnages, dix hommes et deux femmes, dispersés paisiblement sur deux rangs, ceux du second dominant de beaucoup ceux du premier, assistent au miracle. La plupart dans une attitude assez indifférente, quelques-uns ne regardent pas ou même détournent la tête. Le peintre a bien cherché à leur faire prendre quelqu'intérét à l'événement, mais sans réussir à les grouper dans un sentiment commun et actif. Ainsi à droite un gros Turc imberbe, à turban, fait placidement face au spectateur ; la main gauche passée dans sa ceinture, il esquisse de la droite un geste imprécis ; en un mot, l'idée générale t'ait absolument défaut. Du reste, toutes ces figures semblent étudiées sur la vie môme, ce sont des portraits où nous retrouvons les types familiers à l'art septentrional du temps, mais le peintre les a pris tels qu'ils s'offraient à lui et sans arriver à les incorporer à l'action. Tout de, même, cette naïveté, cette gaucherie, si l'on veut, valent encore mieux que le pathétique conventionnel et gesticulant de l'âge dit classique. Les costumes ne sont pas moins intéressants que les types; voici des bonnets de feutre coniques comme on en voit dans certains portraits du quinzième siècle, le prétendu Charles le Téméraire de Bruxelles, par exemple, qui est plutôt Antoine, le grand Bâtard de Bourgogne, un peu plus jeune que dans le panneau de Chantilly.

Un personnage du second rang, il regarde celui-là, porte le chapeau à grands bords retroussés, la coiffure des Juifs, du prophète Zacharie dans la statue du monument dit le Puits de Moïse ou des Prophètes, à l'ancienne Chartreuse de Dijon. Seuls, au premier plan, un homme et deux femmes ont un rôle de spectateurs actifs dans le drame divin; une grosse commère vue de face, à coiffure faite de linges compliqués, suppute sur ses doigts la durée, de l'ensevelissement :  Plus rapprochée du sépulcre, une autre femme vêtue d'un riche damas à grands dessins comme on les aimait alors, la tête abritée sous un capuchon faisant pèlerine, se détourne, la main étendue, comme pour écarter la vision du mort, et se bouche le nez. C'est la traduction du : Dicit et Martha soror ejus qui mortuus fuerat : Domine, jam fœtet, quatriduanus est enim. JOAMNES, cap. xi, f. 39.

Un personnage en longue dalmatique de drap d'or ramagée de fleurs bleues et coiffé d'amples linges faisant couvre-nuque, la rassure en lui montrant le miracle déjà accompli. Ces femmes sont certainement Marthe et Marie, les deux sœurs du ressuscité, mais le peintre s'est montré ici plus réaliste qu'il ne convenait. Comme dans les tapisseries dn temps, le terrain est fait de gazon semé de fleurettes; selon une coutume très ordinairement suivie chez les Juifs, le tombeau de Lazare se trouvait dans un jardin, mais c'était une grotte creusée dans le roc et fermée par une énorme pierre s'encadrant exactement dans la feuillure de la porte, non un sarcophage à la mode païenne. Ainsi sera le sépulcre neuf où, bien peu de semaiues après- la scène de Béthanie, Joseph d'Arimathie déposera le corps du Christ. En arrière et en haut, sans le moindre souci de la perspective, se profile une ville toute hérissée de tours et de hautes toitures ; le chemin qui y conduit passe par une coupure de la première enceinte crénelée, la fausse braie, et ondule vers la seconde porte ouverte entre deux tours rondes à faîtes aigus. 

Quelle est cette ville représentée, bien entendu, comme une forteresse du quinzième siècle? Serait-ce Jérusalem? C'est possible."

 

Résurrection de Lazare,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Résurrection de Lazare, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Résurrection de Lazare,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Résurrection de Lazare, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Résurrection de Lazare,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Résurrection de Lazare, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Résurrection de Lazare,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Résurrection de Lazare, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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II. Sainte Marthe et sainte Marie Madeleine.

 

"La sainte Marthe est très dégradée et ne présente plus que des traces, suffisantes toutefois, à nous en faire reconnaître la beauté à demi ruinée. On distingue cependant, la tête à la coiffure de linges plissés, les mains qui tiennent un bénitier et une palme, la tarasque enfin qu'elle foule aux pieds; le fond est de montagnes aux formes bizarres. " (H. Chabeuf)

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Sainte Marthe,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Sainte Marthe, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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"Mieux conservée est la sainte Madeleine, et de l'avis de tous elle doit être tenue pour une des plus belles choses que l'art médiéval ait laissées en Bourgogne; le vêtement est fort riche, un manteau bleu brodé d'or, recouvre une robe à fleurs d'or qui tombe cannelée pour s'amonceler en beaux plis cassés autour des pieds, la main droite tient le vase à parfums, la gauche, le livre ouvert qui sont les caractéristiques de la sainte. La tête un peu penchée — les deux figures sont tournées vers la fenêtre où était sans doute peint un Christ ou une Vierge — montre sous une abondante chevelure crespelée ruisselant sur les épaules un pur et doux visage plus français, semble-t-il, que flamand. On remarquera que la robe ouverte en carré laisse voir le cou et même un peu de la poitrine ; dans le fond, une montagne abrupte portant un château à quatre tours. Cette figure, la perle de tout cette décoration, peut soutenir la comparaison avec n'importe quelle autre du même temps et du même art. La triple moulure creuse qui enserre la fenêtre est peinte dans le style des bordures prodiguées par les enlumineurs du temps aux pages des manuscrits ornés. Dans la première gorge au fond de pourpre à la fois sombre et chaud, ce beau ton de rouge rabattu de violet, qui est propre au quinzième siècle, montent de souples rinceaux entremêlés de phylactères où se lit la devise du cardinal : Deum time. Dans l'azur de la seconde ce sont des plantes à feuilles de chêne d'un vert éclatant et doux, à grosses fleurs retombantes. Ces fresques, d'un éclat merveilleux, nous montrent ce qu'étaient dans leur jeunesse les grandes pages décoratives qui couvrent les murailles des édifices italiens." (H. Chabeuf) 

 

Sainte Madeleine,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Sainte Madeleine, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Sainte Madeleine,  chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Sainte Madeleine, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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III. La Lapidation de Saint Étienne.

Sur le mur est de la chapelle, le martyre de saint Etienne, fait allusion au fait que le cardinal Rolin était titulaire de l'église romaine de San Stefano in Monte Celio. Le personnage agenouillé à gauche serait le doyen du chapitre, Henri de Salins, en pendant à la figure très lacunaire du cardinal Rolin.

"Richement velu en diacre, agenouillé, les mains jointes, la tète nimbée rejetée en arrière, le jeune saint a déjà reçu une pierre, mais prie toujours ; c'est le moment suprême où les cieux s'ouvrent visibles pour le recevoir. [...]. Malheureusement l'enduit est tombé ou a été détruit clans toute la partie de droite, supprimant l'apparition de la gloire divine, et même la ligne verticale de séparation entre ce qui est et ce qui n'est plus, coupe environ un sixième de la scène terrestre. Derrière le martyr — dans toutes les représentations de cette scèrië, les bourreaux frappent le jeune diacre par derrière — se voit debout un des bourreaux improvisés, il porte un turban, un vêtement collant mi-partie rouge et bleu brodé d'or, et se prépare à lancer une grosse pierre ; la physionomie est féroce, l'attitude et le geste parfaitement exprimés sont bien ceux de l'homme qui veut porter un coup avec le maximum de sa force. Même précision dans le mouvement d'un personnage du premier plan et vêtu comme le premier, qui ramasse une pierre; mais tout en étant reconnaissable dans son ensemble, cette figure est fort dégradée. La composition, simple et d'un beau caractère, ne remplit en hauteur que les deux tiers de l'arc ; au-dessous s'étend un riche parement figuré, un dossier, comme on disait alors, en drap d'or damassé avec une bordure feinte d'orfèvrerie gemmée de pierres précieuses. Il était tenu par deux anges debout, à longues ailes et en robes blanches, dont il subsiste un entier au côté de l'évangile ; malgré un défaut de régularité dans les traits, il est fort beau. Enfin, au-dessous, agenouillé et les mains jointes, voici, peint en petites proportions, un homme d'église vêtu d'un manteau noir avec capuchon, doublé de rouge, et que recouvre une aube blanche ; cette figure a malheureusement beaucoup souffert dans la partie inférieure. Il est manifeste que nous avons là, mis à la place d'honneur, un personnage important; serait-ce le cardinal? On l'a cru d'abord   [mais] il se pourrait que Jean Rolin, se considérant dans la chapelle de la collégiale comme un simple dignitaire du chapitre, eût cédé la préséance au doyen, ce serait alors Antoine de Salins dont nous aurions l'image agenouillée. "(H. Chabeuf)

 

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Lapidation de saint Étienne, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Lapidation de saint Étienne, chapelle Saint-Léger, Collégiale Notre-Dame de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— CHABEUF (Henri) 1903, Les peintures de la chapelle Saint-Léger à Notre-Dame de Beaune. Mémoires de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d'Or, Dijon, 22 pages  

http://www.bm-dijon.fr/documents/MEMOIRES%20CACO/1832-2001/1901-1905-014-08-113-134-1385947.pdf

— Base Palissy : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM21000185

 — ERLANDE- BRANDENBURG (  Alain), 1976, "La tenture de la Vie de la Vierge à Notre-Dame de Beaune". In: Bulletin Monumental, tome 134, n°1, année 1976. pp. 37-48; doi : 10.3406/bulmo.1976.2659 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1976_num_134_1_2659

— La collégiale Notre-Dame de Beaune: Côte-d'or, Éditions du patrimoine, 1997 - 63 pages.

Peintures murales de la chapelle Bolin (chapelle Saint-Léger) à l'église collégiale de Deaunc, par F. Mathieu, membre de la Société d'Histoire et d'Archéologie. Extrait des mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Beaune i901. Beaune, imprimerie Arthur Batault, i902, in 8° de 12 pages, avec 2 planches héliographiques et 2 lithographies.'

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Published by jean-yves cordier - dans Beaune
25 mai 2016 3 25 /05 /mai /2016 17:20

Le vitrail des cent visages (2015) de Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot à la chapelle Sainte-Catherine de la cathédrale de Strasbourg. Baies 22 et 24.

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Lors de ma visite de la cathédrale de Strasbourg et de ses vitraux anciens (XIIe au XIVe siècle) ou contemporains (la Vierge de l'Apocalypse de Max Ingrand de 1956), je faillis passer à coté d'une verrière qui venait, pourtant, d'être tout juste installée, en septembre 2015, pour le Millénaire de la fondation (1015).

En effet, celle-ci éclaire, sur le mur ouest du transept sud, la chapelle Sainte-Catherine, mais cette étroite chapelle, en retrait, largement fermée par des grilles, ne propose pas un angle de vue avantageux à celui qui, après avoir admiré l'horloge astronomique, regagne rapidement le bas-coté de la nef.

Néanmoins, ayant deviné par une vue latérale derrière des barreaux de fer forgé les hautes verrières,  et attiré par leur modernité, je trouvais l'entrée, l'accès à l'autel et au retable. Je me retournais : deux lancettes trilobées de taille inégale (la baie 22 mesure 9 m de haut et la baie 24 seulement 8,70 m) s'offraient à ma contemplation avec une sorte de grand papillon rouge, une main dressée, et un flot de lumière à travers du verre blanc.

Le "papillon" était en fait la tunique d'un Christ dont se distinguait surtout le visage barbu au regard grave, la main droite levée en bénédiction, et la main gauche posée comme sur le rebord de la baie.

Je trouvais cela frais, charmant, aéré, juvénile. J'allais ressortir après avoir pris de rapides clichés, lorsque j'observai par le mode zoom de mon appareil une particularité singulière : les modulations chamois ou sépia des volumes du visage étaient en réalité composées par la réunion d'une centaine de photographies de visages d'hommes et de femmes.

Aussitôt, la force de l'œuvre me frappa par son évidence : l'humanité du Christ s'enraçinait dans le visage de chaque humain. Le visage et le regard surtout rayonnaient  de la vie de cent visages, de cent regards, de cent histoires individuelles, d'un tissu de relations humaines et  de paroles échangées. 

J'eu aussitôt envie d'en apprendre plus sur cette œuvre ; cela tombait bien, un dossier de presse et de nombreux documents et sites étaient accessibles en ligne.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Plan des vitraux de la cathédrale et localisation des baies 22 et 24 dans la chapelle Sainte-Catherine.

Plan des vitraux de la cathédrale et localisation des baies 22 et 24 dans la chapelle Sainte-Catherine.

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I. LA LANCETTE DE DROITE.

Après avoir découvert le nom de l'auteur des cartons — la photographe et plasticienne Véronique Ellena (Bourg-en-Bresse, 1966) — et celui du maître-verrier —Pierre-Alain Parot (Dijon, 1950) dont l'atelier est installé au château d'Aiserey près de Dijon—, la première information qui m'occupa fut d'apprendre que le visage du Christ était copié (photographié ?) d'après un tableau de Hans Memling, le Christ bénissant de 1481 conservé à Boston. Vite, j'en cherchai la reproduction en ligne. Le peintre de Bruges avait privilégié l'humanité de Jésus, en reprenant le cadrage , le fond noir, l'appui d'une des mains en trompe-l'œil sur le cadre, de ses portraits individuels réalisés pour les membres de la société civile entre 1465 et 1496, mais au lieu d'une pose de 3/4, il avait choisi un portrait parfaitement frontal, comme si l'exacte rectitude et symétrie du visage participait de la divinité du personnage. Seule la main droite saisie dans l'exquise élégance d'une bénédiction donnait un élément d'identification. Malgré tout, à une époque où tous les hommes ont le menton strictement rasés (cela changera dès 1500, voir l'Autoportrait en Christ de Dürer), la courte, bifide, et timide barbe rousse peut être aussi considérée comme un indice. En réalité, nous n'hésitons pas une seconde à identifier le portrait.

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Bref, ce Christ bénissant de Memling a pu être choisi en raison de la profonde humanité qui s'en dégage, comme support idéal pour le projet conçu par la plasticienne. Celle-ci ne conserve que le regard profond et empathique, le nez, les lèvres charnues et le doux sourire, le menton et le V de l'encolure de la tunique. La main gauche est placée sur la ligne centrale, et la main droite transférée sur la lancette voisine. Tous ces éléments picturaux conservent la couleur blanc crème et la patine de l'ancienne peinture à l'huile, et ce n'est qu'à lexamen aux jumelles  que les photographies de visages, réellement incorporées aux traits christiques, se révèlent.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

À l’occasion du Millénaire de la fondation de la Cathédrale de Strasbourg, l’État – ministère de la Culture et de la Communication, propriétaire du monument, a engagé une procédure de commande publique artistique pour la création d’un vitrail contemporain. Deux baies non ouvragées située dans la chapelle Sainte-Catherine, sur le mur ouest du transept sud, ont été retenues pour accueillir l’œuvre. Outre les services du patrimoine et de la création du ministère de la culture et de la communication, un comité de pilotage réunissait des représentants de la ville de Strasbourg, du musée de l'Oeuvre NotreDame, de l’Archevêché ainsi que l’architecte en chef des monuments historiques en charge de la cathédrale. A l’issue d’un appel public à candidature, le comité a retenu le projet de Véronique ELLENA, artiste française née en 1966, présenté en association avec le maître verrier, Pierre-Alain PAROT. L’artiste a été pensionnaire de l’Académie de France à Rome - Villa Médicis. Son projet, original et novateur, s’inscrit dans un patrimoine millénaire et côtoie des vitraux du XIVème siècle. Cet environnement a été le point de départ de son élaboration et la structure du vitrail contemporain, tant sur la forme que sur le fond, répond à celle des vitraux anciens. La proposition de Véronique ELLENA repose sur une continuité visuelle entre les deux baies. Composé de plusieurs centaines de petites photographies, le vitrail évoque pour une part la beauté et la diversité du monde, en référence à sainte-Catherine d’Alexandrie. La jeune érudite, née selon La légende dorée à Alexandrie à la fin du IIIème siècle, aurait tenu tête à de grands philosophes et affirmé devant l’empereur Maxence : “… tu admires des ornements précieux que le vent envolera comme de la poussière. Admire plutôt le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, admire les ornements du ciel, comme le soleil, la lune et les étoiles : puis quand tu auras compris qui est leur maître adore-le, glorifie-le : car il est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs”. Dans l’autre partie de la baie, le même principe est retenu. Mais aux beautés de la nature succèdent des portraits de femmes et d’hommes d’aujourd’hui, de tous âges et de toutes conditions, photographiés en début d’année à Strasbourg. Ils forment ensemble le visage unique du Christ recomposant un tableau de Hans Memling. On peut les découvrir de près, mais c’est lorsqu’on s’en éloigne qu’ils apparaissent dans leur plénitude. En quittant la chapelle, la figure monumentale du Christ, n’étant plus visible que d’un seul axe, évoque une apparition, comme un appel. La réalisation de ce projet fait appel à une technique innovante d’impression d’émaux sur verre. Le travail de création s'est poursuivi ensuite avec les techniques traditionnelles du vitrail, de mises en plomb et de rehausse avec des verres antiques, composant ainsi une seconde peau sur le vitrail primitif.  

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.
Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Memling_Christ_giving_blessing.jpg

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Hans Memling, Le Christ bénissant (détail), 1481, Fine Museum of arts, Boston, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Memling_Christ_giving_blessing.jpg

Hans Memling, Le Christ bénissant (détail), 1481, Fine Museum of arts, Boston, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Memling_Christ_giving_blessing.jpg

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Ce qui se révèle aussi, c'est l'utilisation des barlotières maintenant les panneaux et des plombs unissant les pièces de verre : cela devient ici un réseau réctiligne, en large encadrement noir et fines lignes semblables à des cordages d'instrument de musique. Rien n'est du au hasard puisque deux des cadres (ceux des avant-derniers panneaux) sont plus larges. On pourrait discuter sans relache sur l'effet produit. Effet de grille ? De barreaux de prison ? De structure rythmique pour la mélodie des formes ? Mise à distance de la divinité, ou au contraire médiation ? Le Tout reste pour nous Néant s'il n'est pas délimité, Pour consulter le ciel à la recherche de présage, l'augure romain (successeur de l'haruspice étrusque) prenait  un bâton recourbé ne présentant aucun nœud, son lituus, et traçait dans le ciel un périmètre sacré à l'intérieur duquel il entrerait en relation avec la divinité : le templum. Daniel Arasse a rappelé jadis que la contemplation trouvait dans ce périmètre, ce templum, son étymologie. En latin, contemplari signifie "regarder attentivement, déchiffrer par la pensée".

Le vitrail est un art original, bien distinct de la peinture puisque la lumière divine (deus sive natura n'y est pas réfléchie, mais que celle-ci traverse le verre et révèle l'œuvre ; c'est le verre et le réseau de plomb qui font  de cette lumière un message (un signe) que nous recevons. 

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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Il reste ensuit au spectateur à contempler cette incorporation des photographies traitées sur le mode sépia. Véronique Ellena a fait poser 250 Stasbourgeois et Strasbourgeoises en début de l'année  2015. "Toutes classes confondues, y compris des sans-abri, des patissiers et des chanoines, des enfants ". Les photographies sont, paraît-il, mieux visibles si on regarde le vitrail de l'extérieur, où le rendu du verre est mat. Une technologie novatrice d'impression à partir de poudre d'émail a permis d'utiliser les clichés photographiques. En passant par l'imprimante géante à émail d'une filiale bavaroise de Saint-Gobain (Glassolution à Deggendorf), la matrice informatique est revenue sur une dalle de verre chez le maître-verrier qui a créé une sorte de seconde peau avec cet émaillage, mais aussi des mises en plomb, ajouts de grisailles colorées, des rehausses avec du verre antique soufflé à la bouche (verrerie de Saint-Just-sur-Loire). 

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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II. LA LANCETTE DE GAUCHE.  L'Hymne au paysage, une référence à sainte Catherine.

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Dans la lancette A (celle de gauche), l'artiste a repris dans le registre inférieur l'épaule droite et la main droite du Christ traçant sa bénédiction dans le tableau de Memling, créant ainsi une continuité avec la lancette B, mais les onze panneaux supérieurs figurent, de loin, un ciel. L'examen rapproché montre que ce "ciel" est une mosaïque présentant la Nature et ses animaux occupant les Airs, les Eaux et la Terre. 

"La proposition de Véronique Ellena repose sur une continuité visuelle entre les deux baies actuellement non ouvragées de la chapelle Sainte-Catherine. Composé de plusieurs centaines de petites photographies, le vitrail évoque pour une part la beauté et la diversité du monde, en référence à sainte-Catherine d’Alexandrie. La jeune érudite, née selon La légende dorée à Alexandrie à la fin du IIIème siècle, aurait tenu tête à de grands philosophes et affirmé devant l’empereur Maxence :

“… tu admires des ornements précieux que le vent envolera comme de la poussière. Admire plutôt le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, admire les ornements du ciel, comme le soleil, la lune et les étoiles : puis quand tu auras compris qui est leur maître adore-le, glorifie-le : car il est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs”.

Dans les vitraux historiques de la chapelle figurent les Apôtres et deux femmes, Marie-Madeleine et Marthe. Sainte-Catherine est présente par sa parole dans le vitrail contemporain"

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.
Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.
Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.
Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

Vitrail des cent visages (2015), Véronique Ellena et Pierre-Alain Parot, chapelle Sainte-Catherine, cathédrale de Strasbourg. Photographie lavieb-aile.

 

 

 

Christ bénissant, Hans Memling, 1481, Museum of Fine Arts, Boston

L’oeuvre a été insérée dans la chapelle Sainte-Catherine, située dans le bras sud du transept. Érigée entre 1340 et 1371 sur l’ordre de l’évêque Berthold de Bucheck (évêque de 1328 à 1353) par le maître d’œuvre Gerlach (1339-1371), petit-fils de l’architecte Erwin, elle est structurée comme une châsse et se compose de deux travées ouvertes par de grandes baies. Elle est ornée d’un programme de vitraux hagiographiques représentant les apôtres et les saintes Marie-Madeleine et Marthe; ces verrières ont été réalisées au XIVe siècle par le peintre verrier Johann de Kirchheim. Seules les baies ouest, déposées au XVIIe siècle, manquent à l’appel. La chapelle Sainte-Catherine constitue aujourd’hui un ensemble cohérent dans l’architecture et l’histoire de la cathédrale, modifié au XVIe siècle au niveau des voûtes, puis par la destruction d’un sépulcre et de deux baies au XVIIe siècle.

 

À l’occasion du Millénaire de la fondation de la Cathédrale de Strasbourg, l’État – ministère de la Culture et de la Communication, propriétaire du monument, a engagé une procédure de commande publique artistique pour la création d’un vitrail contemporain. Deux baies non ouvragées située dans la chapelle Sainte-Catherine, sur le mur ouest du transept sud, ont été retenues pour accueillir l’œuvre. Outre les services du patrimoine et de la création du ministère de la culture et de la communication, un comité de pilotage réunissait des représentants de la ville de Strasbourg, du musée de l'Oeuvre NotreDame, de l’Archevêché ainsi que l’architecte en chef des monuments historiques en charge de la cathédrale. A l’issue d’un appel public à candidature, le comité a retenu le projet de Véronique ELLENA, artiste française née en 1966, présenté en association avec le maître verrier, Pierre-Alain PAROT. L’artiste a été pensionnaire de l’Académie de France à Rome - Villa Médicis. Son projet, original et novateur, s’inscrit dans un patrimoine millénaire et côtoie des vitraux du XIVème siècle. Cet environnement a été le point de départ de son élaboration et la structure du vitrail contemporain, tant sur la forme que sur le fond, répond à celle des vitraux anciens. La proposition de Véronique ELLENA repose sur une continuité visuelle entre les deux baies.

Composé de plusieurs centaines de petites photographies, le vitrail évoque pour une part la beauté et la diversité du monde, en référence à sainte-Catherine d’Alexandrie. La jeune érudite, née selon La légende dorée à Alexandrie à la fin du IIIème siècle, aurait tenu tête à de grands philosophes et affirmé devant l’empereur Maxence : “… tu admires des ornements précieux que le vent envolera comme de la poussière. Admire plutôt le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils renferment, admire les ornements du ciel, comme le soleil, la lune et les étoiles : puis quand tu auras compris qui est leur maître adore-le, glorifie-le : car il est le Dieu des dieux et le Seigneur des seigneurs”. Dans l’autre partie de la baie, le même principe est retenu. Mais aux beautés de la nature succèdent des portraits de femmes et d’hommes d’aujourd’hui, de tous âges et de toutes conditions, photographiés en début d’année à Strasbourg. Ils forment ensemble le visage unique du Christ recomposant un tableau de Hans Memling. On peut les découvrir de près, mais c’est lorsqu’on s’en éloigne qu’ils apparaissent dans leur plénitude. En quittant la chapelle, la figure monumentale du Christ, n’étant plus visible que d’un seul axe, évoque une apparition, comme un appel. La réalisation de ce projet fait appel à une technique innovante d’impression d’émaux sur verre. Le travail de création s'est poursuivi ensuite avec les techniques traditionnelles du vitrail, de mises en plomb et de rehausse avec des verres antiques, composant ainsi une seconde peau sur le vitrail primitif.  

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SOURCES ET LIENS.

 

— DRAC Alsace : http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine/Actualites/Actualites-archivees/Monuments-historiques/Un-vitrail-contemporain-pour-le-millenaire

—Dossier de presse du vitrail du Millénaire :

 

http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine/Actualites/Actualites-archivees/Monuments-historiques/Un-vitrail-contemporain-pour-le-millenaire

—article du Pèlerin :

http://www.pelerin.com/Histoire-Patrimoine/Strasbourg-le-vitrail-aux-cent-visages

— Site de Caroline Blondeau-Morizot  onditmedieval :

http://onditmedievalpasmoyenageux.fr/nouvelle-querelle-des-anciens-et-des-modernes-le-vitrail-aux-cent-visages/

— Site de Pierre-Alain Parot : http://www.atelier-parot.fr/album-photos/veronique-ellena/

— Site de Véronique Ellena : http://veronique-ellena.net http://veronique-ellena.net/portfolio/
— Site du millénaire de la cathédrale de Strasbourg : http://www.1000cathedrale.strasbourg.eu

— http://www.glassismore.com/core/content.php?&option=viewitem&id=42&rd=1249&le=120

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Cathédrale de Strasbourg

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