Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 20:53

L'hélice d'un escorteur d'escadre à Lanvéoc (29).

Z' aimez les zélices ? J'en fait mes délices !

(sur l'air de "Tes laitues naissent-elles ? Oui mes laitues naissent").

.

Voir :

L'Hélice de la Jeanne-d'Arc à Morgat : entre Babar et Moby Dick.

Les 125 articles de mon blog sur le patrimoine de la Presqu'île de Crozon. ​

.

.

A 16h51 le mardi 15 mars 2016, Le Commandant L’Herminier F791, un aviso type A69, classe d’Estienne d’Orves spécialisé dans la lutte anti-sous-marine côtière, passait entre la Pointe du Gouin de Camaret et le phare du Minou pour s'apprêter à franchir le Goulet de Brest. Or, j'ignore tout de l'hélice de ce navire. C'est frustrant. On nous cache tout. (voir en fin d'article plus d'info)

.

L'Aviso Commandant-L'Herminier F791 rentrant au port à Brest.

L'Aviso Commandant-L'Herminier F791 rentrant au port à Brest.

.

Les dessous chics
C'est ne rien dévoiler du tout
se dire que lorsqu'on est à bout
c'est tabou (Serge Gainsb
ourg)

.

Quelques minutes auparavant, j'avais examiné, que dis-je, j'avais touché l'hélice d'un  escorteur d'escadre, réalisée en laiton haute résistance aux chantiers navals de Nantes, et je pouvais en donner le poids (10,5 T) et le diamètre (3,70 m). La Marine Nationale l'avait offerte à la ville de Lanvéoc qui, peut-être embarrassée par ce bibelot, l'avait posé sur un espace-vert urbain. Une question m'obséde encore : cette hélice a-t-elle réellement navigué? (l'absence du nom du "bâtiment de combat" sur la plaque de présentation apposée dans le square me taraudait).   En un mot, car cela lui confère toute sa valeur,  a-t-elle été portée ?

Les dessous chics 
ce sont des contrats résiliés 
qui comme des bas résillés 

ont filé.  (Serge Gainsbourg)

.

 

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

.

les dessous chics
c'est la pudeur des sentiments
maquillés outrageusement
rouge sang


 

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

.

les dessous chics
c'est se garder au fond de soi
fragile comme un bas de soie

 

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

.

les dessous chics
c'est une jarretelle qui claque
dans la tête comme une paire de claques 

 

.

DOSSIER TECHNIQUE.

Cette hélice a été réalisée par la Société Nantaise de Fonderie avec de l'acier Nantial. C'est avec cet alliage que seront fondues les hélices du paquebot France.

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

Hélice d'un escorteur d'escadre, Lanvéoc, photo lavieb-aile.

.

Cette société porte aujourd'hui le nom de Fonderie Atlantique Industrie. Son site permet de découvrir cet historique : 

http://www.fai-nantes.com/presentation.php

La société a été créée en 1908, par les frères BABIN - CHEVAYE, fils du dirigeant et fondateur des Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL).En 1918, la société s'agrandit et prend le nom de Nantaise de Fonderie. Elle continue à s'agrandir entre 1919 et 1921 en gardant sa spécialité fer et fonte.

En 1937, une fonderie de cuivre est créée parallèlement aux activités de fer et de fonte. Cette même année, la société se dote d'un four réverbère d'une capacité de 20 tonnes. A compter de cette date, la fonderie de cuivre se spécialise dans la fabrication d'hélices de bateau en alliage cupro-aluminium, alliage déposé sous le nom de "Nantial". 

Après de nouveaux agrandissement en 1952 et dans les années 60, la Nantaise de Fonderie est touchée par la crise pétrolière et le recul de la construction navale en France et en Europe.

En 1977, c'est le dêpot de bilan après diverses tentatives de reprise, c'est le groupe britannique LANGHAM Industrie, et sa filiale française, la Fonderie phocéenne à Marseille, qui reprend la société en ne gardant que l'activité "fonte de cuivre". Cette activité sera largement soutenue par le ministère de la défense (Direction des Constructions Navales - DCN) puisque l'entreprise est la seule en France capable de fondre des hélices pour des grands bâtiments comme ce fut le cas pour les portes avions Le Foch et le Clemenceau.

En 1989, suite à la baisse d'activité LANGHAM industrie cesse ces activités en France et l'entreprise devient FONDERIE de l'ATLANTIQUE sur l'impulsion de salariés repreneurs.

En mars 2000, la société est reprise par les BRONZES INDUSTRIES et devient FAI (Fonderie Atlantique Industrie).

.

Le diamètre indiqué est de 3,7 m et le poids de 9 tonnes. "Christian" m'indique en commentaire qu'il s'agirait peut-être de l'une des deux hélices du Colbert, l'autre exemplaire se trouvant à Bordeaux. Le Colbert, construit par la DCAN de Brest en 1953 et lancé en 1956, a été desarmé en 1991. Converti de 1993 à 2007 en navire musée à flot à Bordeaux, en attente de déconstruction, il a rejoint le Cimetière des navires de Landévennec de 2007 à 2016 (ci-dessous, en 2013, entre les escorteurs d'escadre DUPERRÉ et GALISSONIÈRE.) avant d'être conduit le 5 juin 2016  à Bassens, près de Bordeaux, pour y être démantelé par Véolia.

http://www.lavieb-aile.com/article-le-cimetiere-de-bateaux-militaires-de-landevennec-117060268.html

.

 

 Un article du Sud-Ouest du 7 décembre 2012 © PHOTO ARCHIVES « SUD OUEST »

montre une photographie de l'hélice du Colbert et en indique le diamètre (4,5m) et le poids (11 à 12 tonnes) .

L'hélice du Colbert en 1994 :

.

En 2013, une des hélices du Colbert était sur la base navale de Toulon où elle a été photographiée.http://www.anciens-cols-bleus.net/t5131p380-colbert-1956-croiseur

.

Sur cette photo, le diamètre de 4,50 m est indiqué à la craie. 

Conclusion : l'hélice de Lanvéoc, avec ses 3,70 m de diamètre, est a priori  plus petite que celle du Colbert. A suivre.

.

.

DOSSIER ARTISTIQUE.

Il est évident que ces hélices sont de véritables sculptures. Elles relèvent directement du patrimoine industriel, du patrimoine scientifique et du patrimoine maritime. C'est exactement le point de vue d'un chercheur de l'Université de Nantes, Jean-Louis Kerouanton, dans son article de 2009 : 

 Jean-Louis Kerouanton, « De la théorie au modèle : les hélices comme sculptures calculées, le cas des Fonderies de l’Atlantique à Nantes », In Situ [En ligne], 10 | 2009, mis en ligne le 19 mai 2009, consulté le 14 mars 2016. URL : http://insitu.revues.org/4266 ; DOI : 10.4000/insitu.4266.

En voici le résumé 

​"La découverte, l’étude et la sauvegarde partielle des bâtiments des anciennes « Fonderies de l’Atlantique » à Nantes en 2001-2002 ont permis également de révéler puis de conserver une extraordinaire collection d’objets de fonderie au sable correspondant à la fabrication des hélices et des pales d’hélice pour les plus gros navires commerciaux et militaires. La technologie de fonderie d’alliage de cuivre pour les hélices avait été adoptée en 1937 dans l’entreprise. L’ensemble des modèles en bois de pales d’hélice est d’abord apparu comme une accumulation de sculptures monumentales particulièrement épurées. L’étude technologique plus fine montre cependant que cette « beauté » réelle ne correspond nullement à la volonté d’un artiste mais relève uniquement des calculs liés pour chaque production à un projet de navire. Et c’est seulement le calcul qui permet d’expliquer les réalisations d’hélices monoblocs par troussage, sans modèle aucun ; il ne reste alors de traces que les outils du troussage. Il s’agit bien dès lors d’un patrimoine scientifique - la transposition matérielle d’un calcul mathématique - tout autant que d’un patrimoine technique et industriel. C’est cette particularité qui fait la grande originalité de l’ensemble conservé par la communauté urbaine, en attendant, nous l’espérons, une valorisation future." 

Ce qui m'a fasciné, c'est de découvrir les illustrations (© Jean-Louis Kerouanton)  de cet article : je retrouve devant ses images la même émotion esthétique qu'à Morgat ou à Lanvéoc.

 

les dessous chics
c'est des dentelles et des rubans
d'amertume sur un paravent
désolant 

 

.

.

.

 

 

Z'aimez les zélices? J'en ai encore attraper une petite, sur le sillon de Camaret.

http://www.lavieb-aile.com/article-le-sillon-a-camaret-nouvelles-images-du-cimetiere-de-bateaux-116872963.html

 

Hélice du langoustier-thonier Notre-Dame-des-Neiges, CM 231642, photo lavieb-aile.

Hélice du langoustier-thonier Notre-Dame-des-Neiges, CM 231642, photo lavieb-aile.

.

A propos du Commandant-L'Herminier.

Un article du Télégramme est paru... le 22 mars sous le titre Une femme à la barre de l'aviso. : pour en respecter le copyright, j'en donnerai l'incipit :

Quatre-vingts mètres de long, une étrave à couper au couteau et une coque passe-partout qui épargne rarement les estomacs des nouveaux venus. Bienvenue dans l'univers des avisos, devenus officiellement « patrouilleurs de haute de mer » depuis le retrait de leurs missiles mer-mer en 2009.
Si leur silhouette et leur conception rustique trahissent leur âge, les avisos continuent de rendre de nombreux services à la Marine. La plupart du temps, ils sont dédiés à l'entraînement et l'accompagnement des sous-marins. Mais ne comptez pas sur le commandant pour vous en apprendre davantage ! Parler de l'activité des avisos serait trop en dire sur les sous-marins chargés de la dissuasion nucléaire... La plupart du temps, ils participent à des missions côtières d'observation du trafic et de sécurisation des voies d'accès maritime.

...et la finale :

Femme pacha

« Ce genre de bateau reste une véritable école de la mer et de la Marine », confirme le commandant, le capitaine de corvette Audrey B. Les espaces réduits et le nombre encore important de personnes embarquées pour la taille permettent de créer une véritable dynamique d'équipage. Sur le L'Herminier, une seule femme à bord, le commandant en personne, sur un navire qui n'a jamais été féminisé. La quatre-galons est l'une des huit femmes commandant actuellement un navire militaire français.


© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/finistere/brest/l-herminier-l-aviso-fidele-au-poste-22-03-2016-11002128.php?xtor=EREC-85-[PartageTT]-20160322-[article]&utm_source=PartageTT&utm_medium=e-mail&utm_campaign=PartageTT#closePopUp#P7xkXBehiJib0iH4.99

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Crozon
15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 20:40

Un coq m'a dit.

Lorsque je séjournais avec deux amis au Monomotapa, j'ai entendu  ce proverbe  : "Si tu ne sais pas, demande au coq". En dernier ressort, la sagesse animale l'emporte sur l'intelligence de l'homme.

Aujourd'hui, j'ai croisé un coq blanc derrière son grillage. Il me dévisageait du coin de l'œil.

Un coq derrière son grillage, sentier côtier de la Pointe du Gouin, Camaret, photo lavieb-aile..

Un coq derrière son grillage, sentier côtier de la Pointe du Gouin, Camaret, photo lavieb-aile..

.

Je lui ai posé ma question. —Qu'est-ce qui ne va pas  ici ?

.

Telle fut sa réponse.

.

 

Bannière sauvage, faculté Victor Segalen, Brest, 11 mars 2016, photo lavieb-aile.

Bannière sauvage, faculté Victor Segalen, Brest, 11 mars 2016, photo lavieb-aile.

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 15:55

Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper IX : la baie n° 105 de Bertrand de Rosmadec.

.

Voir :

.

La baie n°105, fenêtres hautes du chœur, coté nord.

 

Cette baie  composée de 4 lancettes trilobées et d'un tympan à 12 ajours mesure 4,50 m de haut et 2,60 m de large. Chaque personnage ou groupe de personnages est placé devant des tentures rouges peintes de grands feuillages à nervures appuyées et feuilles de vigne , dans des niches à socles hexagonaux carrelés en noir et blanc, à montants en colonnes cannelées, et à dais coiffant les sujets d'une voûte ogivale. Ces motifs dissimulent presque complétement un "ciel" ou fond bleu qui apparaît surtout  derrière le fleuron des têtes de lancettes. Cette discretion du "ciel" permet un large emploi de la couleur bleue dans trois vêtements et un accessoire. Le rouge est reservé à la tenture, et les autres couleurs employées sont le vert clair, l'orange et le rouge lie-de-vin.

Baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, sur un plan de Chaussepied publié par Couffon 1988.

Baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, sur un plan de Chaussepied publié par Couffon 1988.

Descriptions des différents auteurs :

— Aymar de Blois 1820 : non consulté, mais il ferait de ce vitrail un don de l'évêque Gatien de Monceaux (Gatouillat 2005)

— Ferdinand de Guilhermy (1848-1862) :

"Quatre personnages, savoir : un saint moine, un saint évêque assistant un évêque agenouillé, vêtu de la chape et coiffé de la mitre, Vierge portant son fils, sainte Catherine, figures bien conservées."

— René-François Le Men (1877) page 24 :

" Vitrail de l’évêque Bertrand de Rosmadec. Quatre panneaux.

1er Panneau. — Un saint religieux, vêtu d’une longue robe blanche, et, portant une escarcelle ou aumônière de couleur bleue. Ce saint serait, d’après la tradition du chapitre de Quimper, saint Guénolé, premier abbé de Landévennec et contemporain de saint Corentin.

2e Panneau. — Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper de 1416 à 1445. Il est présenté à la Sainte Vierge par un saint évêque dont on ne distingue pas l’attribut, mais qui est probablement saint Corentin. Sur le prie-Dieu devant lequel il est agenouillé, est un petit écusson triangulaire portant ses armes, qui sont pallé d’argent et d’azur de six pièces.

3e Panneau. — Notre-Dame portant l’Enfant Jésus.

4e Panneau. — Sainte Catherine, la tête ornée d’une couronne. Elle était, d’après une tradition, issue des rois, de la Bretagne insulaire. Elle tient une roue, de la main droite. Catherine de Rosmadec, sœur germaine de l’évêque Bertrand avait épousé Guillaume de Lanros. "

—  Alexandre Thomas (1892)  page 119 :

"- Vitrail de Bertrand de Rosmadec 1. Saint Guénolé ; 2. Bertrand de Rosmadec présenté par saint Corentin ; 3. Notre-Dame ; 4. Sainte Catherine, patronne de la dame de Lanros, sœur de l'évêque Bertrand. "

— Louis Ottin [1896] page 173

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/n225/mode/2up

"1°) Religieux en blanc avec son sac bleu. 2°) Evêque D[onateu]r évêque 3°) Notre-Dame. 4°) Catherine toute en bleu."

— Françoise Gatouillat et Michel Hérold (2005) : cf. description des lancettes infra.

— Daniel Tanguy (2005) : cf

— Le Bihan (2007) http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6435433.html

"Saint Corentin et l'évêque Bertrand de Rosmadec

Au dessus du donateur qui serait Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper lors de la construction de la cathédrale,  se trouve un évêque. 

– Un possible saint Corentin, évêque de Quimper.

Il est probable que ce soit un saint Corentin, premier évêque de Quimper. La main droite gantée sur  le bois de sa crosse en verre incolore travaillé au jaune d'argent, dont la volute est à motif végétal, tandis que le noeud prend la forme d'une construction architecturale. il  pose la seconde main derrière le dos du donateur en geste de présentation. 
 Il revêt  la chape de couleur  verte, propre aux évêques, couleur qui  symbolise leur  indépendance et qu'on retrouvera chez des évêques dans les baies 116, 122 et131. Des orfrois, ici sans scène, aux motifs au jaune d'argent, descendent de l'encolure après l'avoir entouré. Sur la mitre aux deux cornes  apparaît une croix brodée.
 Cet évêque  tourne la tête de trois quart arrière, c'est à dire vers sainte Catherine, sa voisine de droite. La position de son corps déhanché et surtout l'inclinaison de sa tête n'est pas sans rappeler la Vierge de la Crucifixion de la baie 100. 

– Bertrand de Rosmadec, évêque et donateur.

Bertrand de Rosmadec, présenté ici de petite taille,  a pris la pose du donateur à genoux sur un coussin, ses mains jointes passent devant les bois  de sa crosse, au dessin très effacé, et de celle  de son présentateur.
 L'orfroi qui décore sa chape est très riche de dessins, et rejoint le prie-dieu où est visible un petit losange  encadré de deux autres motifs. C'est peut-être cela que Le Men avait dit voir : pallé d'argent et d'azur de six pièces.  Lors de la restauration de 1992 nous ne les avons pas trouvé, ni leurs couleurs ni leurs emplacements.
La position qu'a pris Bertrand de Rosmadec permet de découvrir un des deux fanons ( bandeau) de sa mitre qui tombe sur le haut de la chape. Celle-ci s'étale sur le sol..
Comme toutes les lancettes, pour fermer la niche, un rideau en verre rouge fleuri de damas dont certains de leurs traits  ont écaillé le couverte rouge de ce verre et laissent apparaître le support incolore de l'autre face."


 

 

 

 

Baie n°105, flanc nord  du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°105, flanc nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE A. SAINTE CATHERINE.

Sainte Catherine (tête moderne) en manteau bleu bordé de jaune d'argent tient la roue de son supplice (mais non de son martyre, car la roue crantée de lames acérées se brisa miraculeusement en blessant ses bourreaux). Elle tient aussi l'épée par laquelle elle fut décapitée. Sa couronne rappelle que la Légende Dorée de Jacques de Voragine fait d'elle la fille du roi Costus.

Il est inutile d'évoquer le prénom de Catherine de Rosmadec, sœur de l'évêque de Quimper, pour justifier sa présence : Catherine d'Alexandrie est la sainte la plus invoquée dans les verrières anciennes de Quimper (4 fois, autant que saint Michel, saint Paul et saint Jacques, et c'est aussi celle qui, avec sainte Marguerite et sainte Barbe, est la plus fréquemment retrouvée dans les vitraux, et aux premières places des Livres d'Heures, d'une part car elle appartient à la liste des 14 saint auxiliateurs pour protéger contre la mort soudaine sans sacrement et contre les dangers menaçant les femmes enceintes, mais d'autre part parce qu'elle, dans la représentation médiévale, une princesse de sang royal. La figure de cette vierge et martyre couronnée reprend pour elle la puissance de la Vierge reine des Cieux comme intercesseur : ici, les deux lancettes de Catherine et de la Vierge se répondent, avec le même port de tête, la même chevelure, le même manteau bleu.

Le duc Jean V attachait beaucoup d'importance à la couronne ducale, comme en témoignent les couronnes d'or qui se répêtent dans les fonds damassés de la baie 100 et de la baie 109. D'une façon générale, dans les vitraux les plus anciens de Quimper, les têtes couronnées abondent : ce sont celles de Dieu le Père (107), du duc et de la duchesse (101 et 102), de la Vierge (102, 105,110, 112 , des anciens rois de Bretagne (104), et de sainte Catherine (105, 106, 109 et 112). 

.

Sainte Catherine,  lancette A, baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Sainte Catherine, lancette A, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Sainte Catherine,  lancette A, baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Sainte Catherine, lancette A, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE B, SAINT CORENTIN (?) ET BERTRAND DE ROSMADEC (?).

On voit un saint évêque nimbé de jaune-orange (verre teinté dans la masse) "et vêtu de vert (nombreux collages et inclusions), tourné vers l'ouest et présentant un évêque donateur en chape bleue (tête moderne)" (Gatouillat, 2005).

Par déduction, Le Men a identifié ce donateur avec Bertrand de Rosmadec, dont l'épiscopat (1416-1444) correspond à la période estimée de création des vitraux (entre 1415 et 1424 ?), mais on peut aussi penser que son prédecesseur Gatien de Monceaux, qui a fait voûter le chœur de la cathédrale et apposer ses armoiries en clef de voûte, a pu participer à la commande du programme et se soit fait représenter sur un vitrail. Rien ne permet d'identifier formellement le donateur. Cette baie 105 est la première des quatre baies du nord du chœur, avant les fenêtres du rond-point . Ces verrières nord accueillent des figures de saint et des donateurs qui sont exclusivement des chanoines, et il paraît logique que l'évêque figure dans la première d'entre elles.

Le saint évêque n'est pas formellement identifiable non plus, et la proposition de Le Men qui y voit saint Corentin, premier évêque de Quimper, est seulement la plus probable.

La direction du regard et du visage de ce saint est curieuse, car elle est opposée à celle de son corps, et à celle du donateur, orientés vers le centre du chœur, et au sein du vitrail, vers la Vierge. 

.

Saint évêque présentant Bertrand de Rosmadec, lancette B, baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Saint évêque présentant Bertrand de Rosmadec, lancette B, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

 

Saint évêque présentant Bertrand de Rosmadec, lancette B, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Saint évêque présentant Bertrand de Rosmadec, lancette B, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

La chirothèque (le gant épiscopal) du saint est ornée, comme il se doit, sur le dos de la main d'une plaque de métal doré en quadrilobe, alors qu'une bague est portée sur le majeur. Une bague de même type est aussi enfilée sur le majeur du donateur.

Je remarque sur la poitrine du donateur un médaillon dans lequel s'inscrit un écu aux bandes horizontales blanches et noires. Des boucles dorées sont visibles au dessus. Je suggère d'y voir les armoiries palé d'argent et d'azur de six pièces  de la famille de Rosmadec, et la mitre et la crosse (ici à crochets) d'or d'un blason épiscopal. Ce détail est-il dû au zèle de l'atelier d'Antoine Lusson ou bien est-il authentique ?

Voir le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Potier de Courcy page 70.

.

 

Bertrand de Rosmadec, lancette B, baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Bertrand de Rosmadec, lancette B, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE C. SAINT YVES (ou saint Guénolé).

Cette lancettte était, jusqu'en 1990, placée en première position, à gauche. On y voit un religieux identifié comme saint Guénolé, fondateur de l'abbaye de Landevennec. Pourtant, le costume qu'il porte avec la coule blanche et le sac à procès bleu autour du bras, correspond à celui dans lequel est représenté saint Yves, soit dans les autres vitraux de la cathédrale,  soit dans les enluminures contemporaines de leur création. 

a) Voir le Bréviaire de Charles V (1364-1370) Bnf Latin 1052 folio 378 :

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08452549&E=765&I=61822&M=imageseule

b) Heures, folio 098,  vers 1415, Anne de Mathefelon priant saint Yves, Bretagne.

.

.

Lancette C, baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Lancette C, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

.

Ottin a donné dans son ouvrage Le Vitrail [1896] le dessin de sa copie de cette lancette au moment de sa restauration par Lusson en 1867-1869 :

.

Ottin, Le Vitrail [1896] planche VIII.

Ottin, Le Vitrail [1896] planche VIII.

.

 

Lancette C, baie n°105,  chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE D. VIERGE A L'ENFANT.

Gatouillat et Hérold (2005) décrivent cette Vierge à l'Enfant avec son nimbe vert (il est violet sur mes images), son manteau bleu galonné de jaune d'argent, et précisent que la tête de l'Enfant est ancienne, mais que celle de la Vierge est moderne. 

Tanguy Daniel décrit pour sa part le manteau vert-jaune de l'Enfant et le fruit qu'il tient dans sa main. [Une pomme de pin?].

Je compléterai en décrivant le voile au galon d'or de la Vierge, et sa robe damassée noir et or dont l'encollure à peine échancrée s'orne d'une frise d'entrelacs. 

.
.

Lancette D, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Lancette D, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

.

LES DAIS.

.

Dais de la lancette A, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Dais de la lancette A, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Dais de la lancette B, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Dais de la lancette B, baie n°105, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

.

 

SOURCES ET LIENS.

— Site infotout :

http://www.infotout.com/cathedrale_quimper/fenetreshauteschoeur.htm

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan) 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

 

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie. 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203, 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII 

ou blog du 10 février 2010 : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, 

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 9 juin 2007,  Blog sur la baie n°105

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6435433.html

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2009, Blog, article  sur les fonds damassés

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-29447240.html

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 15:13

Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper VIII : la baie n°104 du Juch.

.

Voir :

.

La baie n°104 de la baronnie du Juch, dernier vitrail sud du rond-point du chœur. Vers 1415 ; 1867-1869 Lusson ; 1992-1993 Messonnet.

Cette baie  composée de trois lancettes trilobées et d'un tympan à 6 ajours mesure 4,80 m de haut et 2,20 m de large. On la considère comme un don de la famille du Juch, en raison des armoiries d'azur au lion armé et lampassé de gueules en partie conservées sur les tabards des donateurs des deux premières lancettes (celles de la dernière sont de fantaisie)  . 

Puisque cette baie prend place à l'extrémité sud du rond-point axial du chœur, elle forme un ensemble cohérent avec les quatre autres baies de celui-ci. Or, les n°100, 101 et 102 où la Crucifixion est vénérée par le duc Jean V et son fils (101) et la duchesse Jeanne et sa fille (102) sont une expression directe du souci de Jean V d'asseoir son autorité et sa légitimité (après une lutte contre les Penthièvre et le très pieux Charles de Blois) par l'édification de sanctuaires où s'affichent son image et ses armoiries. La verrière n°103  place le pan nord de l'hémicycle sous la tutelle de saint Jean-Baptiste (patron avec Jean l'évangéliste du duc Jean et de la duchesse Jeanne), dernier prophète annonçant le Christ, de saint Pierre premier pape de l'Église, et de saint Paul premier théologien du Christianisme. On pouvait s'attendre à ce que la verrière n°104, placée en vis-à-vis sur le pan sud, soit celle de l'évêque Bertrand de Rosmadec, mais ce dernier a été en quelque sorte "rétrogradé" dans la baie suivante, n°105. Cela laisse à penser que les seigneurs du Juch étaient particulièrement puissants ou influents, soit auprès du duc, soit dans le diocèse de Cornouailles. On retrouve leurs armoiries, en parti, dans la baie 106 (donatrice).

 

La famille du Juch.

 Hervé du Juch et son fils Henri se succédèrent comme capitaine de Quimper. Voici les informations données par Pol Potier de Courcy dans son Nobiliaire et Armorial :

 " Juch (du), baron dudit lieu. sr de Toulancoat et de Porzmarc'h, paroisse dePlouaré,   –de Pratanroux, par. de Penhars, —du Mur, par. de Saint-Evarzec,— de Liscuit, par. de Laniscat, — de Troheir, par. de Kerfeunteun.

Réf. et montres de 1425 à 1536, dites par., év. de Cornouaille.

D'azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules (Sceau 1365). Devise : Bien sûr, et aussi : La non pareille.

 Le sire du Juch, à l'ost du duc à Ploërmel en 1294 ; Jean, évêque de Léon, décédé en 1369- Henri, chambellan du duc en 1419, épouse Jeannette le Barbu.

La branche ainée fondue en 1501 dans du Chastel, "etc...

—Actes :

- 11 août 1414 : "Monsieur Hervé du Juch et Monsieur Henri du Juch son père, Chevaliers, jurent fidélité au duc pour la capitainerie de Quimpercorentin dont ledit Monsieur Hervé estoit gouverneur." (Lobineau I, p.1634)

- Comptes 1-2- 1412 au 1-7-1414 : Henri du Juch Chambellan 100 livres par an.[...] Grand officier de la duchesse : Henri du Juch Chambellan du duc et Maître d'hôtel de la duchesse [...] p. 879 10 août 1413 Commissions du duc de Bretagne pour renouveller les trèves avec le roi d'Angleterre Nos Henricus du Juch miles, & Petrus de l'hospitali ... Henri du Juch notre Chivaler et Chambellan ...p. 881 Nos tres chiers et feaulx Chambellains le sire de Chasteaugiron notre Mareschal, le sire de Penhoet notre Amiral, le sire du Juch et Tritan de la Lande Gouverneur de la conté de Nantes. ...p. 1200 le 19 août 1427 Remise faite à Hervé du Juch notre Chambellan    (P.H Morice, Mémoires pour servir de preuves...pages 875 et suivantes)

- 1419 : somme allouée par le duc Jean V à Henri du Juch qui a été envoyé à Rouen auprès du roi d'Angleterre (Lobineau I p. 930) Etc..

— Données généalogiques :

  • Henri du Juch (1300-?), d'où :
  • Hervé du Juch (décédé en 1369 en Espagne, inhumé aux Cordeliers de Quimper) mariè à Marguerite de Pratanroux (1330-1380)
  • Henri du Juch 1360- 17 juillet 1427 (Seigneur de Pratanroux, capitaine de Quimper en 1414), marié à Catherine de Kerguegant de Kervéguan 1360-1430 (Dame de Sugnensou), d'où
  • Hervé du Juch décédé le 1er mai 1462 - Quimper, Seigneur de Pratanroux, capitaine de Quimper en 1418, marié avec Béatrix de La Forest (†1436) , d'où :
  •  Henri du Juch ( -† Mûr 5 octobre 1480) marié avec Marguerite du Juch (†1494), d'où
  •  Hervé du Juch, (- 4 septembre 1501) Seigneur de Pratanroux, inhumé aux Cordeliers de Quimper.
  • Raoul du Juch, (-11 octobre 1534) Seigneur de Pratanroux
  • La dernière à porter le nom de cette seigneurie illustre fut Marie du Juch, dame du Chastel et de Coëtivy qui se maria en 1501 avec Tanguy, seigneur du Chastel et de Trémazan.
 

— Alliances : Henri du Juch et C. de Kervégan eurent aussi trois filles :  Louise du JUCH 1380- Mariée avec Jean du QUÉLENNEC 1375-. Jeanne du JUCH 1410- Mariée avec Guillaume IV de PLOËUC 1410-1444/. Et  Jeanne du JUCH Mariée avec Riou de ROSMADEC

Le Men cite Jean du Juch, ami du seigneur de Nevet, 1377.

—Le château du Juch, l'église et la commune actuelle du Juch près de Douarnenez:

Le Juch s’est développé autour d’un château, aujourd’hui ruiné.  Le Juch est une ancienne trève de Ploaré et dépendait autrefois de l'ancien évêché de Cornouaille. Le Juch est érigé en paroisse par ordonnance royale du 16 août 1884 et en commune en 1889.  Les seigneurs du Juch — en latin Jugum ou De Jugo (en 1254 et 1325) , en breton ar Yeuc'h « la butte »— tirent leur nom du château éponyme situé sur un éperon dominant la vallée du ruisseau du Ris (ou rivière de Névet). Abusivement appelés barons, ils ont le rang de banneret. Ils agrandirent leurs possessions par mariage et se hissèrent au plus haut dans la hiérarchie du duché de Bretagne, en devenant hommes de confiance, successivement de Jean IV de Bretagne et de Jean V de Bretagne, au début et au milieu du xve siècle.

 Les seigneurs du Juch furent donc les fondateurs et bienfaiteurs de l' église du Juch, mais ils étaient aussi fort attachés aux Pères Cordeliers de Quimper et ils possédaient dans leur église une chapelle dite du Juch, puis du Chastel, dans laquelle ils demandaient le plus souvent à être inhumés. Le nécrologe du couvent publié par M. Trévédy (1888) nous apprend que les restes d'Hervé du Juch, illustre chevalier, mort en Espagne, furent transportés aux Cordeliers de Quimper en 1369. 

— "Le blason représentant les alliances de ces deux familles est toujours visible sur l’un des vitraux de la belle chapelle Notre Dame de Kerdévot en Ergué-Gabéric. Après avoir appartenu aux du Chastel le château du Juch entra dans la propriété des seigneurs Gouyon, Rosmadec, Nevet et Franquetot de Coigny. On distingue le lion du Juch sculpté dans la voûte du porche de l’église du Juch."

 

 

Les descriptions du vitrail.

 

— Aymar de Blois (1820) :

Je n'ai pas accès à ce texte. L'auteur décrirait deux seigneurs de Juch et saint Henry empereur. Selon D. Tanguy, cet auteur a lu (vu) dans l'actuelle lancette A les armoiries de gueules à un château de trois tours d'argent qu'il attribue "à la maison de Tréouron-Vieux-Chatel, paroisse de Plonéour-Lanvern"

—Guilhermy (1848-1862) :

 "Deux donateurs assortis de leurs  patrons en mauvais état."

— Le Men (1877) :

" Vitrail de la baronnie du Juch, en la paroisse de Ploaré. Trois panneaux.

 1er Panneau. — Un chevalier armé et une dame à genoux présentés par un saint évêque. Le chevalier porte sur sa cotte rouge une croix d’or cantonnée de 4 coquilles de même. Ce sont des armoiries de fantaisie. Ce panneau a été entièrement refait lors de la restauration des vitraux en 1867. Il devait contenir l’image de saint Hervé ou de saint Henry, prénoms de plusieurs seigneurs du Juch.

2e Panneau. — Chevalier armé et dame à genoux présentés par saint Giquel (Judicaël), roi des Bretons, vêtu d’or et d’hermines, qui porte une bannière d’azur chargée d’un lion d’argent orné et lampassé de gueules. Les mêmes armes se voient sur la cotte bleue du chevalier. Ce sont les armes des barons du Juch, dont la devise était : Bien-sûr, et aussi : La Non-pareille. La dame est vêtue d’une robe de gueules (rouge) sur laquelle est un château de trois tours d’argent. Ces armoiries sont celles de la maison de Tréouron-Vieux Châtel, en la paroisse de Plonéour-Lanvern. Hervé, sire du Juch, était capitaine de Quimper, en 1414, et son fils Henry, y exerçait la même charge en 1418. C’est, comme on l’a dit, de cette époque que datent les vitraux du chœur.

3e Panneau. — C’est la reproduction du précédent. Ce panneau a été refait par M. Lusson, sans beaucoup de frais d’imagination, comme on peut le voir. "

— Alexandre Thomas (1892)

NEUVIÈME FENÊTRE. -Vitrail du Juch (côté Sud)  Un évêque présentant un chevalier et une dame. - Panneau moderne, fantaisie de M. Luçon ; 2. Hervé du Juch, capitaine de Quimper en 1414, et sa femme, de la famille de Tréouron-Vieux-Châtel, tous deux agenouillés et présentés par saint Judicaël, successivement moine et roi de Bretagne ; 3. Henri du Juch, fils d'Hervé, capitaine de Quimper en 1418, et sa femme, présentés également par saint Judicaël qui, avant la restauration du vitrail, n'était pas ainsi représenté deux fois de suite. Armes du Juch : d'azur au lion d'argent orné et lampassé de gueules 

— Louis Ottin (1880 ? [1896] :

1°) St Ronan evesque ermite (couronné). – 2°) St Houel … roi couronné. – 3°) St Hervé. Ces trois saints ont chacun un donateur et une donatrice agenouillés devant eux (l'une des plus belles fenêtres de l'église).

— Françoise Gatouillat et Michel Hérold (2005) :

"Largement restitué ; parties anciennes : dais et vêtements des personnages de la lancette centrale (complété d'après celle-ci dans le reste de la baie au XIXe siècle puis au XXe)."

 

— Tanguy Daniel (2005) :

"Restauration de Lusson en 1867-1868, dans laquelle ne subsistent que quelques éléments du XVe siècle, dans les lancettes a et b ; la lancette c est due à Lusson dans son intégralité. L'ordre actuel n'est pas celui que donnaient Le Men et Thomas (c, a, b)". 

"Les dais sont reconstitués à partir du dais de la 3e lancette qui, en mauvais état lors de la restauration de 1992-1993, a cependant pu servir de modèle à ceux des deux premières lancettes."

Discussion.

Guilhermy décrit deux donateurs avec chacun son patron : on suppose donc qu'il a vu deux lancettes. Il ne mentionne pas le caractère royal des saints patrons. C'est la seule description avant restauration (je n'ai pas eu accès au texte d'Aymar de Blois).

Le Men décrit le vitrail après sa restauration par Lusson, et après leur repose ; il ne cite pas les inscriptions (et sans-doute celles-ci sont trop éloignées pour qu'ils les déchiffre). Comme souvent, il n'épargne pas Lusson de ses critiques, notamment pour n'avoir pas suivi ses instructions, ici celle de placer saint Hervé ou saint Henri dans la première lancette (notre lancette C). 

L'abbé Thomas suit souvent le texte de Le Men ; il visite la cathédrale sans jumelles et sa description de deux saints Judicaël n'est pas fiable. Ce qu'il voit, ce sont deux saints couronnés semblables, mais il n'a pas accès aux inscriptions. 

La description de Louis Ottin est très fiable, d'une part parce qu'elle est précise, d'autre part parce qu'elle cite littéralement les inscriptions sans les extrapoler, et surtout parce qu'il a directement participé, comme membre de l'atelier d'Antoine Lusson, à la restauration de 1867. Tous les calques et tous les dessins qu'il a copié lors de ce chantier se sont avérés d'une fidélité irréprochable. Enfin, son érudition n'est pas celle d'un archiviste, d'un historien amateur d' héraldique ou d'un religieux, mais celle d'un peintre-verrier. Néanmoins, sa description est équivoque, car si elle concernait seulement les vitraux anciens, elle ne mentionnerait pas la lancette C, entièrement moderne. 

Alors que Jean-Pierre Le Bihan a laissé des documents témoignant de l'état de la vitre lors de sa restauration des baies du coté nord du chœur, son collègue Messonnet ne l'a pas fait, et nous ignorons dans quelle mesure les inscriptions ont pu être modifiées, et quel était l'état des verres.

Parmi les auteurs du XXIe siècle, aucun n'a donné le relevé complet des textes des trois banderolles. 

 

La baie 104 dans le rond-point du chœur, ajouté sur plan Chaussepied in Couffon 1988.

La baie 104 dans le rond-point du chœur, ajouté sur plan Chaussepied in Couffon 1988.

.

 

La baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

La baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

La baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

La baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

La baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

La baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

.

LA LANCETTE A : SAINT HERVÉ.

Inscription : S.herve hermite.

  Le saint est nimbé et couronné, en armure recouverte d'un tabard aux armes d'hermine plain (duché de Bretagne depuis Jean III en 1316). Il tient un étendard aux armes du donateur. Cette composition est pleine d'invraisemblance, car saint Hervé, ermite aveugle, et qui refusa le titre d'abbé, ne fut jamais roi. A contraio, si l'inscription est moderne, mais qu'il s'agit d'un roi, il ne s'abaisserait pas à tenir la hampe de l'étendard de son vassal. Rien ne s'arrange si on en croit L. Ottin, pour qui l'inscription indiquait St Ronan evesque et hermite, puisque saint Ronan, qui vécut en ermite dans le Porzay, ne porta jamais de couronne.

 

 .

Lancette A,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette A,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Le couple de donateurs.

Le verre de la tête du donateur a été déposé par l'atelier de Lusson puis vendu sous forme d'un panneau d'antiquaire, retrouvé par Françoise Gatouillat : il s'agit de la tête du coin inférieur droit : 

.

Tous les auteurs citent Le Men et décrivent les armoiries du Juch d'azur au lion d'argent armé et lampassé de gueules, mais pourtant nous ne voyons ni sur le tabard ni sur l'étendard les griffes et la langue rouges justifiant le terme armé et lampassé de gueules.

.

Lancette A,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE B. SAINT GIQUEL.

Inscription : St GICQUEL R- de BRET[AGNE].

Judicaël (né vers 590 - mort le 16 ou 17 décembre 647/652)  ou Gaël ou Giguel ou Gicquel ou Juzel est un saint breton. Fils du roi Judhaël de Domnonée  (un royaume qui occupait alors le nord de l'Armorique). A la mort de son père vers 605, Judicaël, pourtant le fils aîné et l'héritier, préféra se retirer au monastère Saint-Jean de Gaël que saint Méen venait d'ériger. Il quitta cependant le monastère pour prendre la direction du royaume de Domnonée puis avoir quitté sa charge, termina sa vie au monastère de saint Méen. Alain Bouchart  en 1514 dans ses « Grandes Chroniques », complète la liste des « Rois de Bretagne » dont l'origine remonte à Geoffroi de Monmouth en y incluant dans la descendance de Conan Mériadec un 10e roi à qui il attribue le nom du roi historique de Domnonée; Judicaël.  

Je rappelle que Ottin a lu (sur l'ancien panneau ?)  Houel et non Gicquel et qu'il n'a pu déchiffrer la suite. Hoël Ier de Bretagne, fils illégitime d’Alain II de Bretagne et d’une noble nommée Judith, fut comte de Nantes et duc de Bretagne de 960 à 981. Il fut le père de Judicaël de Nantes.

.

Lancette B,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Louis Ottin a donné dans son ouvrage Le Vitrail (s.d, [1896]) planche VI le dessin de cette lancette . Curieusement, on y lit distinctement le texte restauré : S. Giquel : R : de Bretha[igne].

.

 

Lancette B copiée par Louis Ottin, Le Vitrail [1896], Planche VI page 60bis.

Lancette B copiée par Louis Ottin, Le Vitrail [1896], Planche VI page 60bis.

.

Lancette B,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE C. SAINT RONAN.

.

Inscription : S. ronan esveque.

 

Lancette C,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Dais.

à trois gâbles à crochets, couronnés d'un fleuron, rehaussés de jaune d'argent, au dessus d'une voûte ogivale éclairée par des trilobes.

 

Lancette C,  baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

CONCLUSION.

L'ignorance dans laquelle nous nous trouvons sur le contenu de cette verrière lors de sa création vers 1415-1424, et la destruction de l'héraldique des tympanslors de la Révolution ne permet pas d'aller très loin dans son analyse. Elle comportait bien des donateurs, certains portant les armoiries de la famille du Juch, présentés par des patrons, tous tournés vers le centre du chœur c'est à dire vers la Crucifixion de la baie 100 encadrée par la famille ducale. La présence des seigneurs du Juch (a priori de Henri et de son fils Hervé) en première place juste après la verrière 102 de la duchesse Jeanne est parfaitement en phase avec les fonctions de Chambellans et ambassadeurs du duc, et de gouverneurs et Capitaines de Quimper qui étaient alors les leurs. Une dizaine d'années auparavant, alors que les voûtes du chœur s'achevaient, Jehan de Poulmic, gouverneur de Quimper en 1404, avait vu ses armoiries placées sur une clef de voûte médiane juste après celle de Jeanne de France, de son fils François, et de l'évêque Gatien du Monceau. C'est en 1413 que Henri du Juch était entré au conseil du duc, et en 1414 qu'il était devenu Capitaine de Quimper, Chambellan du duc et Maître d'hôtel de la duchesse.

Les saints tutélaires étaient-ils saint Hervé ou l'empereur Henry ? Portaient-ils des couronnes ? Les couples de la famille du Juch étaient-ils précédés par un premier panneau rappellant l'attachement du duc Jean V aux prérogatives royales et à la couronne, comme l'atteste encore celle qui figure sur le fond damassé de la baie 100 ? S'est-il efforcé d'affirmer, comme Alain Bouchard dans ses Grandes Croniques, qu'il avait été précédé dans ses fonctions par des Rois de Bretagne mythiques et saints ? Si ce fut le cas, cette revendication d'une tutélarité royale trouvait parfaitement sa place en baie n°104, dans ce saint des saints que représente le rond-point du chœur d'une cathédrale.

Jean Kerhervé (in D. Tanguy, 2005 pages 14-15) signale que, pour concurrencer Charles de Blois qui, le premeir avait compris l'intérêt de l'association du politique et du religieux, Jean IV s'était soucié d'associer son image à celle des saints les plus populaires dans le duché (Corentin, Brieuc, Pol, Patern, Tugdual, Gildas, Méen, Armel ou Ronan). "Il en va de même des saints rois du haut Moyen-Âge, insignes prédecesseurs des ducs, que la renommée a fait élever sur les autels, comme Judicaël ou Salomon, dont le duc ordonne, le 3 septembre 1393, de faire "enchasser partie des reliques" . 

En 1130, les reliques de Judicaël retrouvées, après un passage à l’abbaye Saint-Florent de Saumur, avaient rejoint l’abbaye de Saint-Méen : elles firent  renaître le culte de Judicaël, probablement aux dépens de celui de saint Méen, fondateur de l’abbaye. Vers 1474, un bras-reliquaire, aujourd’hui conservé dans la sacristie de l’église de Paimpont, est commandé par le duc de Bretagne à un orfèvre régional vers 1453. Le couple ducal, François II de Bretagne et Marguerite de Foix, en aurait fait don à l’occasion de leur mariage vers 1474.

.

 

 


 

.

SOURCES ET LIENS.

— Site infotout :

http://www.infotout.com/cathedrale_quimper/fenetreshauteschoeur.htm

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan) 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

 

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie. 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203, 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII 

ou blog du 10 février 2010 : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, 

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 9 juin 2007,  Blog sur la baie n°111

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6788764.html

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2009, Blog, article  sur les fonds damassés

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-29447240.html

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 14:25

Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper VII : la baie n°111.

.

Voir :

​.

.

Baie n°111, première travée du coté nord du chœur. 

C'est une fenêtre de 4,50 m de haut et 2,60 m de large, faite de 4 lancettes trilobées de 4 panneaux chacune, et d'un tympan à 3 grands quadrilobes. Les lancettes accueillent deux saints, Antoine et Jacques le Majeur, et une sainte martyre présentant un chanoine à la Vierge à l'Enfant de la dernière lancette. 

Les points remarquables sont par exemple les gravures de repèrage, la qualité des verres (commun avec la baie 109), et celle des fonds.

En effet, les personnages sont situés dans des niches à socle carrelé et dais architecturés, à l'intérieur desquelles une riche tenture damassée semble accrochée par les coins supérieurs alors qu'elle s'incurve en son bord supérieur. Un seul motif ( une palmette) est répétée par le biais d'un pochoir. La tenture est alternativement bleue, rouge, rouge, et bleue.

Description des différents auteurs  : 

— Aymar de Blois, 1820,  :

  «  Les panneaux représentent, l'un Notre Dame, l'autre le Chanoine donateur à genoux, présenté par un St qu'on ne distingue pas bien, le 3° St Jacques apôtre distingué par son bourdon et son chapeau garni de coquilles et le St Antoine ayant un cochon près de lui qui est son attribut. Même observation que cy devant pour l'effigie du donateur. » 

— Guilhermy 1848-1862 :

« Un saint s'appuyant sur un bâton, peut-être saint Antoine, un saint en costume de cardinal, peut-être saint Jérôme, un saint martyr assistant un donateur en chape bleue, la Vierge portant son fils sur ses bras »

 

— Le Men, 1877 : 

 

"1er Panneau. — Saint Antoine et son cochon. 2e Panneau — Saint Jacques de Compostelle, appelé au Moyen Âge en Bretagne, saint Jacques de Turquie, reconnaissable à son bourdon et à son chapeau garni de coquilles. 3e Panneau. — Un chanoine à genoux présenté à la Sainte-Vierge par un saint martyr. Le haut de ce panneau a été refait. 4e Panneau. — La Sainte-Vierge portant l’enfant Jésus dans ses bras."

— Thomas, 1892 (après restauration par Lusson):

1. Saint Antoine, patriarche des moines d'Orient; 2. Saint Jacques le Majeur ; 3. Un chanoine agenouillé présenté par un saint martyr; ~- Notre-Dame.

 

— Jean-Pierre Le Bihan, 1992, lors de la restauration :

Dépose de cette baie,  en vue d'une restauration. Il nous manque 6 panneaux entiers,  sur les 12, composants le vitrail. Il s'agit  entre autres, de deux têtes de lancettes,   de deux dais et du  panneau inférieur du saint Antoine. Deux têtes sont à reprendre, celle de saint Antoine et celle de la Vierge." Cf infra lancette par lancette.

— Gatouillat et Hérold, 2005. Cf infra lancette par lancette.

— Yves-Pascal Castel, 2005. Cf infra lancette par lancette.

.

La baie 111 sur un plan dessiné par Chaussepied (in Couffon et Le Bars, 1988)

La baie 111 sur un plan dessiné par Chaussepied (in Couffon et Le Bars, 1988)

.

 

Baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

.

 

Baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

.

LANCETTE A, SAINT ANTOINE.

— Gatouillat (2005) :

saint Antoine (verre blanc peint en grisaille et jaune d'argent, nimbe et livre rouges ; très restauré sauf le bas du panneau supérieur ; dais moderne).

— Le Bihan 2009 .

"Nimbé de rouge, présenté devant une tenture jaune à damas, saint Antoine revêt le costume de l'ordre des Antonins, au ton gris, avec capuchon. Il porte la barbe, et tient un livre rouge, à la tranche dorée, dans sa main droite, au pouce énorme,  pouce qui est à rapprocher de  celui que l'on retrouve chez le saint Jean Baptiste de la baie 103. De l'autre main, il s'appuie   sur sa canne en tau,  insigne de sa dignité.  En bas,une tête de cochon apparaît sur la droite du saint, dans un panneau de la restauration de  1992-1993. Cet animal est le symbole du démon de la luxure. On retrouve saint Antoine dans la baie 116 et dans les églises de Saint-Divy et Plogonnec pour le Finistère et Langast, dans le Morbihan avec une vie de ce saint."

  

 

 

Lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

Lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile

.

 

Verre d'origine (XVe) de la tête de saint Antoine, collection privée, Angoulême, publié par Gatouillat 2009.

Verre d'origine (XVe) de la tête de saint Antoine, collection privée, Angoulême, publié par Gatouillat 2009.

.

 

Dais de la lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Dais de la lancette A, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE B, SAINT JACQUES LE MAJEUR.

— Gatouillat (2005) :

"saint Jacques le Majeur, en manteau blanc bordé de jaune d'argent et tunique rouge, chapeau jaune teint dans la masse orné d'une coquille blanche mise en plom (assez bien conservé)" 

—  Le Bihan (2007)

"Saint Jacques de Compostelle. Il est penché sur un livre grand ouvert qu'il tient délicatement de la main droite couverte d'un pan de son manteau de voyage. Ce manteau blanc  dont deux pans tombe presque jusqu'à terre est orné d'un galon  jaune dont le  motif d'ornementation est fait d'une série d'enroulements couronnés d'une volute, imitant la crête d'une vague ( Flots grecs),. Dessous, apparaît une robe de couleur rouge qui bien qu'elle tombe jusqu'à terre laisse apparaître les doigts de pieds du saint. Le bourdon de pèlerin de Compostelle, mais sans escarcelle, est maintenu sous son bras gauche, permettant ainsi à la main d'accompagner la lecture. Il se protège la tête avec un large chapeau brun orné de la coquille Saint-Jacques. Derrière, grand nimbe rouge vertical. Se détachant sur la tenture verte. Le sol d'origine, en partie, est de grands damiers noirs et blancs mis de biais.

On le retrouvera à la baie 124 de la nef de la cathédrale (*) et  ailleurs, dans le Finistère, à Notre-Dame du Crann en Spézet, dans le Morbihan, à Merléan et à Boqueho pour les Côtes d'Armor."

(*) et baie 112.

 .

 

Saint Jacques, lancette B, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques, lancette B, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Saint Jacques, lancette B, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Saint Jacques, lancette B, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Verre ancien  de ta tête de saint Jacques de la baie 111, Collection privée, Angoulême, in Gatouillat 2009.

Verre ancien de ta tête de saint Jacques de la baie 111, Collection privée, Angoulême, in Gatouillat 2009.

.

LANCETTE C. Sainte martyre et donateur.

 

— Gatouillat (2005) :

"Sainte martyre en robe teintée de jaune d'argent sous un manteau vert doublé de blanc (tête refaite), et un donateur en surplis blanc et manteau bleu clair (bien conservé)."



—Le Bihan (2007)

Vierge patronne d'un chanoine
L'attribution du saint présentant le chanoine est difficile car, Le Men et Alexandre  Thomas parlent  d' « un saint martyr », comme  Aymar de Blois, mais avec réserve :  «Un  St qu'on ne distingue pas bien »
La tête qui était en place lors de la dépose en vue de la  restauration de 1992-93 était celle d'une femme nimbée. Etait-elle l'œuvre de Lusson ou d'une restauration suivante ? On ne peut vraiment  statuer.
 Il pourrait s'agir d'une pièce de Lusson, très effacée et qui aurait été reprise plus tardivement. Cette retouche a rapporté les grisailles manquantes, mais le passage au four du visage,  pour la seconde fois, avec des jaunes d'argent anciens n'a pas donné les résultats escomptés. Il a fallu l'a remplacer lors de la dernière restauration. Il fut donc rétabli un visage de femme.
Et le choix se révéla bon, car la pièce au dessous révéla une fin de natte de cheveux au jaune d'argent du XVe, et un chemisier ou haut de robe blanche avec des broderies elles aussi au jaune d'argent.
Il s'agit donc une Vierge ayant comme seul attribut la palme du martyr  et portant une robe verte doublé de blanc. Tandis que la main droite tient la tige de la palme,  l'autre main repose le long du dos du donateur, auquel aucun des trois historien de la cathédrale n'a pu fournir une identité.
Comme les autres chanoines de ce choeur, il est à genoux directement sur le sol, les mains jointes, tourné vers la Vierge Marie qu'il implore. Il n'y a pas  prie-Dieu, ni coussin, objets que nous trouverons dans le transept et la nef, en fin de siècle. Il a revêtu la chape de couleur bleue que l'on retrouve pour les deux donateurs chanoine et évêque précédents. Elle est ornée d'un galons semé d'olives et de perles blanches en enlevés sur fond de jaune d'argent. L'aube blanche aux larges manches s'écrasent en de nombreux plis sur le sol, ici de damier gris et blanc."

 

.

Sainte Marie-Madeleine et donateur,  lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Sainte Marie-Madeleine et donateur, lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Sainte Marie-Madeleine et donateur,  lancette C, baie n°107, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Sainte Marie-Madeleine et donateur, lancette C, baie n°107, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Sainte Marie-Madeleine et donateur,  lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Sainte Marie-Madeleine et donateur, lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Chanoine donateur,  lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Chanoine donateur, lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

LANCETTE D. VIERGE A L'ENFANT.

— Gatouillat (2005) :

"Vierge à l'Enfant (bien conservé ; grisaille et jaune d'argent sur sur verre blanc sauf le nimbe et le haut de la robe rouges ; style voisin de celui des donateurs des baies n°110 et 112). "

— Le Bihan (2007) :

Vierge à l'enfant.
C'est un personnage élancé, portant une petit tête à l'aspect serein, drapé dans un ample manteau blanc aux nombreux plis et au galon de couleur jaune garni de grosses olives, que l'artiste nous présente ici. Rien de commun avec les autres Vierges à l'enfant, si ce n'est ce duo mère enfant. Ici Il est tout nu, assis sur le bras droit de sa mère, bras et main recouverts, délicatesse, d'un pan du manteau. Même intention que saint Jacques pour le livre des écritures La main droite de Marie fait le geste de lui tenir le genou.  Il l'écoute, la tête couronnée de cheveux d'or, tournée vers Elle. Il pose sa main gauche contre sa joue et le droite a pris un geste de dialogue.  La tache rouge du bustier de la robe force la lumière de l'enfant et de la mère. Il fait très sérieux.
Elle ne porte pas le voile des mères, elle laisse flotter ses cheveux en nattes dorées sur ses épaules, attribut des vierges. Un nimbe rouge très foncé,  de forme ronde, immense, comme on ne le verra plus dans le reste de la cathédrale, l'accompagne sur une tenture de damas bleu.  "

.

 

Vierge à l'Enfant,  lancette D, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, lancette D, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Vierge à l'Enfant,  lancette D, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, lancette D, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Vierge à l'Enfant,  lancette D,baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, lancette D,baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

DAIS ET SOCLES.

Gatouillat, 2005 :

Dais lisses et plats, à tourelles hexagonales ornées de trois grands gâbles teintés de jaune d'argent, arcs-boutants au sommet. 

 

— Jean-Pierre Le Bihan (2007)

"Derrière cette tenture, accrochée par les deux côtés, aux piliers des colonnettes apparaît, et pour toutes les lancettes de cette baie, un choeur d'église avec une baie du chevet à deux lancettes  et oculus vitrés de montage losangé."

[...] "Le dais 
Il est le plus élancé de  ces baies hautes du côté nord ; Avec les pièces du XVe siècle encore restées dans les lancettes c et d, un dais original était aisé à recomposer, Il était impossible de se servir de ce qui restait de la restauration du XIXe siècle. Toutes les pièces en verre incolore  étaient barbouillées de grisaille recuite et de jaune d?argent soit devenu pales soit arrivé au rouge le plus lourd.
Deux pinacles encadrent une tour dont trois faces sont visibles. Chacune de ces faces est ornée d?un  gable avec fleuron, crochets et ajouré d?un quadrilobe. Le gable central est entouré de deux pinacles.  Les crochets sont  traduits décorativement  par une succession de trois grosses perles jaunes, les deux extrêmes étant plus fines.
Au dernier étage, un clocher est entouré de quatre pinacles d?or qui démarrent comme lui  d?une tour, modèle réduit du premier étage, celle ci confortée par arcs boutants et culée."



 

 

.

 

Ce vitrail fut sans dénomination, jusqu?à la sortie de l?ouvrage récent sur les vitraux de cette cathédrale.
:
                C?est une baie à quatre lancettes trilobées dont chaque lancette est composée de quatre panneaux de vitrail. Elle se trouve être le sixième des baies hautes du côté nord en partant de la baie d?axe. 

Deux historiens de la cathédrale nous ont donné chacun leur description.
 Le relevé d?Aymar de Blois, de 1820, d?après  le registre,  plus ancien, du chanoine  de Boisbilly donne :
 «  Les panneaux représentent, l?un Notre Dame, l?autre le Chanoine Donateur à genoux, présenté par un St qu?on ne distingue pas bien, le 3° St Jacques apôtre distingué par son bourdon et son chapeau garni de coquilles et le St Antoine ayant un cochon près de lui qui est son attribut. Même observation que cy devant pour l?effigie du donateur. » 

. En 1877, la description de Le Men donne ;1er Panneau (lancette) - Saint Antoine et son cochon. 2° Panneau (lancette) - Saint Jacques de Compostelle, appelé au moyen âge en Bretagne, saint Jacques de Turquie, reconnaissable à son bourdon et à son chaperon garni de coquilles. 3° Panneau (lancette) - Un chanoine à genoux présenté à la Sainte-Vierge par un saint martyr. Le haut de ce panneau a été refait. 4° Panneau(lancette)- La Sainte-Vierge portant l?Enfant Jésus dans ses bras.


                                1992. 

Dépose de cette baie,  en vue d?une restauration. Il nous manque 6 panneaux entiers,  sur les 12, composants le vitrail

Il s?agit  entre autres, de deux têtes de lancettes,   de deux dais et du  panneau inférieur du saint Antoine. Deux têtes sont à reprendre, celle de saint Antoine et celle de la Vierge.

 Les gravures de repère.

Dans cette baie les gravures de repère sont extrêmement nombreuses, ce qui rend cette baie intéressante.

Devant le nombre de pièces qui constituent un vitrail, les verriers avaient trouvé la solution de graver au dos des pièces de verre des signes, qu?ils soient alphabétiques ou graphiques. ; chaque pièce étant maniée par les auteurs plus d?une dizaine de fois depuis la coupe jusqu?à la mise en plomb. 

Pour notre travail de restauration, cette façon de procéder nous a souvent été utile pour redonner une place à une pièce ; les restaurations précédentes les ayant parfois mélangé 
         Inventaire de ces gravures de repère.

La première lancette, celle saint Antoine, est la plus pauvre de cette baie, avec une seule gravure  dans la tête de lancette.. Le dessin est d'un graphisme proche d?un grain de café dont la fente se prolonge sur la droite. On ne peut en trouver plus, car deux des panneaux sont portés manquants.  Pour le troisième panneau, le buste de saint Antoine, il y a peu de pièces anciennes: 5, et elles sont reconnaissables.

La seconde lancette, celle de saint Jacques présente dans les deux panneaux du bas,  des petits s, et c, ainsi qu' un Is. Dans le second panneau, il y a  un e, un ZC et un S, ce dernier etant reproduit quatre fois sur les pièces du buste de saint Jacques. 

Dans la troisième lancette, celle du chanoine donateur, le panneau du bas  présente trois  X, le panneau avec le dais :  ZI, IS, trois 4 et un V, un  L, et un  X.  Cette dernière lettre est probablement une pièce provenant d?un autre panneau, procédé fréquent lors des restaurations

Dans la lancette de la Vierge à l? enfant, le premier panneau possède 6 gravures prenant comme base une croix. Le second panneau, il s?agit de 8 gravures prenant comme base un Y. Ce Y et ce X sont repris 12 fois dans le panneau du dais.Les gravures y sont plus ou moins grandes, suivant la taille de la pièce. Seules deux pièces anciennes ne sont pas gravées. A noter que la tête de la Vierge, reconnaissable, ne porte aucun repère.


Saint Antoine, 

Nimbé de rouge, présenté devant une tenture jaune à damas, saint Antoine revêt le costume de l?ordre des Antonins, au ton gris, avec capuchon. Il porte la barbe, et tient un livre rouge, à la tranche dorée, dans sa main droite, au pouce énorme,  pouce qui est à rapprocher de  celui que l?on retrouve chez le saint Jean Baptiste de la baie 103, 

De l?autre main, il s?appuie   sur sa canne en tau,  insigne de sa dignité1. s En bas,une tête de cochon apparaît sur la droite du saint, dans un panneau de la restauration de  1992-1993. Cet animal est le symbole du démon de la luxure. On retrouve saint Antoine dans la baie 116 et dans les églises de Saint-Divy et Plogonnec pour le Finistère et Langast, dans le Morbihan avec une vie de ce saint.

  

Saint Jacques de Compostelle.

 Il est penché sur un livre grand ouvert qu?il tient délicatement de la main droite couverte d?un pan de son manteau de voyage. Ce manteau blanc  dont deux pans tombe presque jusqu'à terre est orné d?un galon  jaune dont le  motif d?ornementation est fait d?une série d?enroulements couronnés d?une volute, imitant la crête d?une vague (. Flots grecques),. Dessous, apparaît une robe de couleur rouge qui bien qu?elle tombe jusqu'à terre laisse apparaître les doits de pieds du saint. Le bourdon de pèlerin de Compostelle, mais sans escarcelle, est maintenu sous son bras gauche, permettant ainsi à la main d?accompagner la lecture. Il se protège la tête avec un large chapeau brun orné de la coquille. Saint-Jacques. Chapeau brun avec coquille Saint-Jacques. Derrière, grand nimbe rouge vertical. Se détachant sur la tenture verte. Le sol d?origine, en partie, est de grands damiers noirs et blancs mis de biais.

On le retrouvera à la baie 124 de la nef de la cathédrale, .et  ailleurs, dans le Finistère, à Notre-Dame du Crann en Spézet, dans le Morbihan, à Merléan et à Boqueho pour les Côtes d?Armor. 



Vierge patronne d?un chanoine

L?attribution du saint présentant le chanoine est difficile car, Le Men et Alexandre  Thomas parlent  d? « un saint martyr », comme  Aymar de Blois, mais avec réserve :  «un  St qu?on ne distingue pas bien »

La tête qui était en place lors de la dépose en vue de la  restauration de 1992-93 était celle d?un femme nimbée. Etait-elle l??uvre de Lusson ou d?une restauration suivante ? On ne peut vraiment  statuer.
 Il pourrait s?agir d?une pièce de Lusson, très effacée et qui aurait été reprise plus tardivement. Cette retouche a rapporté les grisailles manquantes, mais le passage au four du visage,  pour la seconde fois, avec des jaunes d?argent anciens n?a pas donné les résultats escomptés. Il a fallu l?a remplacer lors de la dernière restauration. Il fut donc rétabli un visage de femme.

Et le choix se révéla bon, car la pièce au dessous révéla une fin de natte de cheveux au jaune d?argent du XVe, et un chemisier ou haut de robe blanche avec des broderies elles aussi au jaune d?argent.

Il s?agit donc une Vierge ayant comme seul attribut la palme du martyr  et portant une robe verte doublé de blanc. Tandis que la main droite tient la tige de la palme,  l?autre main repose le long du dos du donateur, auquel aucun des trois historien de la cathédrale n?a pu fournir une identité.

Comme les autres chanoines de ce choeur, il est à genoux directement sur le sol, les mains jointes, tourné vers la Vierge Marie qu?il implore. Il n?y a pas  prie-Dieu, ni coussin, objets que nous trouverons dans le transept et la nef, en fin de siècle. Il a revêtu la chape de couleur bleue que l?on retrouve pour les deux donateurs chanoine et évêque précédents. Elle est ornée d?un galons semé d?olives et de perles blanches en enlevés sur fond de jaune d?argent. L?aube blanche aux larges manches s?écrasent en de nombreux plis sur le sol, ici de damier gis et blanc.

Vierge à l?enfant.

C?est un personnage élancé, portant une petit tête à l?aspect serein, drapé dans un ample manteau blanc aux nombreux plis et au galon de couleur jaune garni de grosses olives, que l?artiste nous présente ici. Rien de commun avec les autres Vierges à l?enfant, si ce n?est ce duo mère enfant. Ici Il est tout nu, assis sur le bras droit de sa mère, bras et main recouverts, délicatesse, d?un pan du manteau. Même intention que saint Jacques pour le livre des écritures La main droite de Marie fait le geste de lui tenir le genou.  Il l?écoute, la tête couronnée de cheveux d?or, tournée vers Elle. Il pose sa main gauche contre sa joue et le droite a pris un geste de dialogue.  La tache rouge du bustier de la robe force la lumière de l?enfant et de la mère. Il fait très sérieux.

Elle ne porte pas le voile des mères, elle laisse flotter ses cheveux en nattes dorées sur ses épaules, attribut des vierges. Un nimbe rouge très foncé,  de forme ronde, immense, comme on ne le verra plus dans le reste de la cathédrale, l?accompagne sur une tenture de damas bleu. Derrière cette tenture, accrochée par les deux côtés ,aux piliers des colonnettes apparaît, et pour toutes les lancettes de cette baie, un choeur d?église avec une baie du chevet à deux lancettes  et oculus vitrés de montage losangé. 
Dais de la  lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Dais de la lancette C, baie n°111, coté nord du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

GRAVURES DE REPÈRE.

— Jean-Pierre Le Bihan :

"Dans cette baie les gravures de repère sont extrêmement nombreuses, ce qui rend cette baie intéressante. Devant le nombre de pièces qui constituent un vitrail, les verriers avaient trouvé la solution de graver au dos des pièces de verre des signes, qu'ils soient alphabétiques ou graphiques ; chaque pièce étant maniée par les auteurs plus d'une dizaine de fois depuis la coupe jusqu'à la mise en plomb. 
Pour notre travail de restauration, cette façon de procéder nous a souvent été utile pour redonner une place à une pièce ; les restaurations précédentes les ayant parfois mélangé 

 Inventaire de ces gravures de repère.
La première lancette, celle saint Antoine, est la plus pauvre de cette baie, avec une seule gravure  dans la tête de lancette.. Le dessin est d'un graphisme proche d'un grain de café dont la fente se prolonge sur la droite. On ne peut en trouver plus, car deux des panneaux sont portés manquants.  Pour le troisième panneau, le buste de saint Antoine, il y a peu de pièces anciennes: 5, et elles sont reconnaissables.
La seconde lancette, celle de saint Jacques présente dans les deux panneaux du bas,  des petits s, et c, ainsi qu' un Is. Dans le second panneau, il y a  un e, un ZC et un S, ce dernier etant reproduit quatre fois sur les pièces du buste de saint Jacques. 
Dans la troisième lancette, celle du chanoine donateur, le panneau du bas  présente trois  X, le panneau avec le dais :  ZI, IS, trois 4 et un V, un  L, et un  X.  Cette dernière lettre est probablement une pièce provenant d?un autre panneau, procédé fréquent lors des restaurations
Dans la lancette de la Vierge à l' enfant, le premier panneau possède 6 gravures prenant comme base une croix. Le second panneau, il s'agit de 8 gravures prenant comme base un Y. Ce Y et ce X sont repris 12 fois dans le panneau du dais.Les gravures y sont plus ou moins grandes, suivant la taille de la pièce. Seules deux pièces anciennes ne sont pas gravées. A noter que la tête de la Vierge, reconnaissable, ne porte aucun repère."

.

Jean-Pierre Le Bihan, 1993, article paru dans le Bulletin de la S.A.F page 277, détail.

Jean-Pierre Le Bihan, 1993, article paru dans le Bulletin de la S.A.F page 277, détail.

.

REGROUPEMENTS STYLISTIQUES des vitraux du chœur.

(Selon K. Macias-Valadez et Gatouillat 2009 et 2013)

— Verre blanc nacré peu sensible aux altérations, où figurent des personnages en grisaille et jaune d'argent : n°109 et 111.

—Groupe aux motifs architecturaux rehaussés au jaune d'argent analogues avec des motifs à double perle : baies 100, 105, 109 et 111.

— Visage de la Vierge de la lancette D rehaussé de jaune d'argent (œil, narine, menton) comme les figures des baies 110 et 112.

— Longs cils de la Vierge de la lancette D : aussi retrouvés sur trois autres têtes anciennes. 

 

.

SOURCES ET LIENS.

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan) 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

 

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie. 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203, 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII 

ou blog du 10 février 2010 : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, 

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 9 juin 2007,  Blog sur la baie n°111

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6788764.html

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2009, Blog, article  sur les fonds damassés

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-29447240.html

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 14:20

.

LA BAIE n°107, TROISIÈME TRAVÉE DU CHOEUR, COTÉ NORD (1415 ; 1869 ; 1993).

Haute de 4,50 m et large de 2,60 m, elle comporte 4 lancettes trilobées formées chacune de 4 panneaux et un tympan à 10 ajours.

Documentation : Comment a-t-elle été décrite depuis le XIXe siècle ?

— Aymar de Blois (vers 1820) décrit :

 "La Trinité, Notre Dame, St Pierre , et le chanoine donateur à genoux présenté par un Saint dont on ne distingue pas les attributs. La destruction des Ecussons ne permet plus de connoître de quelle maison étoit le Chanoine. Les Chanoines sont le plus ordinairement représentés en chape ; on en voit pourtant quelques uns en surplis, mais c'est le très petit nombre ; il est même rare que cela soit autrement, quoiqu'on puisse voir quelques exceptions à cette règle, même dans l'église de Quimper. "

— En 1877, Le Men écrit (p.23-24) :

" 1er Panneau. — Un chanoine à genoux, revêtu d’une chape bleue, et présenté par un saint dont on n’a pu reconnaître l’attribut.

2e Panneau.— Saint Pierre, apôtre, tenant d’une main un livre et de l’autre une clef.

3e Panneau. — Saint Paul, apôtre, tenant une épée à la pointe en bas.

4e Panneau. — La Sainte-Trinité représentée de la manière suivante : Dieu le Père assis, tient son Fils crucifié entre ses genoux, et le Saint-Esprit, sous la forme d’une colombe, est posé sur le bras droit de la Croix. Cette manière de représenter le symbole de la Trinité, était populaire au Moyen Âge. Il en reste d’assez nombreux exemples dans l’évêché de Quimper, à Kerfeunteun, à Plogonnec, à Spézet, etc. Mais le plus ordinairement la colombe est figurée, les ailes déployées, sur la poitrine on sur la tète du Père Éternel.

Les quatre écussons qui sont au bas des panneaux de ce vitrail, y ont été mis sur mes indications pour  remplacer ceux qui s’y trouvaient auparavant et qui ont été détruits. Ils portent les armes de Pierre du Quenquis, ou du Plessix-Nizon, de Jacques Buzic, d’Olivier de l’Hôtellerie et de Jean de Tréanna, tous quatre chanoines de la cathédrale à l’époque où ont été faits les vitraux du chœur en 1417 et 1418. Ces armes sont : l° pour du Plessix : d’argent au chêne de sinople englanté d’or, au franc canton de gueules chargé de deux haches d’armes adossées d’argent en pal ; 2° pour Buzic : écartelé aux 1 et 4, d’or au léopard de gueules, qui est Nevet, aux 2 et 3, de gueules à six annelets d’argent 3, 2, 4, qui est Buzic ; devise : Comzit mad (parlez bien) ; 3° pour l’Hôtellerie : d’argent à trois jumelles de sable, accompagnées de dix étoiles de gueules 4, 3, 2, 1 ; 4° pour Tréanna : d’argent à la macle d’azur ".

N.B : Le Men indique que les armoiries ont été mises "sur ses indications", et non parce qu'elles étaient attestées dans le passé. En bon archiviste, il a choisi parmi les noms des chanoines mentionnés dans les actes du chapitre à la période 1417-1418. 

— Vers  1896, Louis Ottin donne dans son ouvrage général sur Le Vitrail des illustrations puisées dans les calques des anciens vitraux déposés en 1867-69 par Lusson et remplacés par des copies fidèles. Sa description de cette baie se lit page 173 :

1°) Saint Jean-Baptiste avec une peau de loup sur la tête/

2°) Saint Pierre.

3°) Saint Paul.

4°) Trinité.

 

 

— Selon l'abbé Alexandre  Thomas (1892):

1. Le chanoine Pierre du Quenquis présenté par un Saint;

2. Saint-Pierre;

3. Saint-Paul;

4. La Trés-Sainte Trinité. Le Père Éternel, assis et vêtu en empereur, tient entre les mains la croix à laquelle est attaché le Sauveur; le Saint-Esprit est représenté soas la forme d'une colombe posée sur le ·bras droit de la croix. Au-dessus de Dieu le Père, deux petits anges sont en adoration.

Des armoiries figurent à la partie inférieure de ces quatre panneaux:

1°. Du Quenquis ou du Plessix-Nizon : d'argent au chêne de sinople, au franc canton de gueules chargé de deux haches d'armes d'argent adossées en pal. J'ai déjà signalé le chanoine Pierre du Quenquis comme un des plus insignes bienfaiteurs de la cathédrale; c'est la quatrième fois que nous trouvons ses armes.

2° De Buzic: écartelé aux 1 et 4 d'or au léopard de gueules (Névet) ; aux 2 el 3, de gueules à six annelets d'argent 3, 2, 1 (Buzic). Ces armoiries rappellent ici le chanoine Jacques Buzic.

3° De l'Hôtellerie : d'argent à trois jumelles de sable, accompagnées de dix étoiles de gueules 4, 3, 2, 1. Armoiries du chanoine Ollivier de l'Hôtellerie.

4° De Tréanna : d'argent à la macle d'azur. Armoiries du chanoine Jean de Tréanna."

— En 1979 paraît un article général de Katia Macias-Valadez, sans analyse baie par baie.

— La description de Couffon et Le Bars 1988 donne :

 Pierre du Quenquis

a chanoine Pierre de Quenquis à chape bleue, présenté par X

b saint Pierre , livre et clef.

c saint Paul, épée

d Trinité : le Père assis présente son fils crucifié.

les écussons Du Quenquis, de Buzic (Névet-Buzic), de L’Hotellerie, de Tréanna sont de 1867 

— En 2005, nous disposons de la description des auteurs (F. Gatouillat et M. Hérold) du Corpus vitrearum, et de ceux (Yves-Pascal Castel pour cette baie) d'une monographie sur les vitraux de Quimper.

–Selon Gatouillat 2005 :"Panneaux inférieurs à socles anciens timbrés d'armoiries qui avaient disparues avant 1850, reconstituées à partir des informations données par Le Men, archiviste de Quimper. Ce sont celles des chanoines de Pierre de Quenquis, Jacques Buzic, Olivier de l'Hostellerie et Jean de Tréanna.

Niches à dais arrondis aux voûtes visibles surmontées d'entablemens horizontaux à quadrilobes  et tourelles en poivrière, sommées d'une accumulation  de toitures et de drapeaux. Tentures unies, de teintes variées, accrochées en rectangle. Personnages plus élancés que dans la baie voisine n° 109."

– Selon Y-P. Castel, "Restauration en 1992 par Antoine Le Bihan, en particulier de la tette du Père et la colombe. ... Les fonds alternent rouges ett bleus. L

— En 2007, Jean-Pierre Le Bihan, qui a restauré cette baie en 1992-1993, consacre un article de son blog à la baie n°107. (voir infra pour le détaildes lancettes) :

"L'état en 1992,  près de 120 ans après la dernière grande restauration, n'était pas si mauvais que cela et certaines pièces de cette restauration du XIXe siècle ont pu être conservées, leurs grisailles, que cela soit au trait ou en lavis, ayant tenues. "

— En 2009 et 2015, Françoise Gatouillat rédige un article et un chapitre d'ouvrage aux vitraux du chœur, avec quelques mentions de la baie 107.

 

.

 

 

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE A. SAINT JEAN-BAPTISTE et un donateur.

 

Pendant longtemps, le saint n'a pas été identifié. Quant au donateur, Thomas ou Le Bihan le donnent comme Pierre de Quenquis, alors que les armoiries (mais qui datent de Lusson) sont celles du chanoine Olivier de l'Hôtellerie. En fait, nous ne pouvons que présumer de l'identité de ce chanoine en chape bleue,  sans nous appuyer sur les armoiries, qui ont été choisies arbitrairement par René-François Le Men. C'est l'occasion de découvrir quelques membres du chapitre cathédrale du début du XVe siècle. Ce dernier était composé au XVe siècle d'un Doyen qui était, de Droit, l'Abbé de l'Abbaye de Daoulas, de cinq autres Dignitaires, qui étaient le Grand Archidiacre  ou de Cornouaille (Alain de Penquelennec en 1400), le Grand Chantre, le Trésorier, l'Archidiacre de Poher (ou Poukaer), et le Théologal ; et de douze Chanoines qui avaient des Paroisses à leur présentation, et du Bas Choeur.

Gatouillat 2005 : "Saint Jean-Baptiste, encapuchonné dans sa peau de chameau  traitée en jaune d'argent comme la robe de sparterie qu'elle recouvre, présentant un chanoine donateur en surplis blanc  et manteau bleu à motifs peints au jaune d'argent (bien conservé)."

Y-P. Castel 2005 : "Le donateur, le seul de cette fenêtre, est un chanoine en chape bleue, à genoux, les mains jointes. Derrière lui, Jean-Baptiste, avec l'agneau pascal et l'étendard de la Résurrection, est revêtu  d'un grand voile qui lui couvre la tête. [sic]. En dessous, armoiries du chanoine Olivier de l'Hôtellerie, d’argent à trois jumelles de sable, accompagnées de dix étoiles de gueules 4, 3, 2, 1  ".

Le Bihan, 2007 :
    " Nous avons le droit ici à un Jean Baptiste, au nimbe  de couleur verte, très différent de celui de la baie 103, se détachant  sur une tenture rouge.  
Est-ce sur la demande du donateur que l'artiste lui a fait revêtir une simple peau de bête dont la tête, servant de coiffure, pointe son museau au dessus du visage de l'intercesseur . 
Celui ci repose sa main droite près de l'épaule du chanoine.  L'agneau  pascal, portant le nimbe, est assis sur le livre au sept sceaux que porte saint Jean Baptiste. Il tient entre ses pattes  la croix de résurrection et dresse son museau et le regard  vers le visage de Jean Baptiste
Le possible donateur de ce vitrail : Le chanoine Pierre du Quenquis,  à genoux les mains jointes dans la pose des orants, porte une chape  de couleur bleue garnie de broderies. Comme saint Jean Baptiste, il se tourne et vers saint Pierre et vers la Sainte Trinité qui trône de face.".

Les armoiries sont celles de la famille Abraham, de l'Hôtellerie, dont le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Potier de Courcy donne les indications suivantes :

 "Abraham, sr de l’Hôtellerie, par. de Ploufragan, — de la Ville-Angevin, par. de Pordic, — de Bélestre, par. de Saint-Alban. — du Closmenier, par. de Coëtmieux.

Réf. et montres de 1423 à 1513, dites par., év. de Saint-Brieuc.

D’argent à trois jumelles de sable, accomp. de dix étoiles de gueules, 4.3. 2. et 1 (Sceau 1381).

Perrot, ratifie le traité de Guérande en 1381.   La branche de l’Hôtellerie fondue en 1510 dans Visdelou."

 

Le chanoine Olivier de l'Hôtellerie apparaît dans une délibération du chapître du 30 mai 1408 : "Le chapitre se réunit donc de nouveau, le 30 mai, dans la matinée. Les chanoines présents étaient : Guillaume de Kaer (1)73, bachelier-ès-lois, archidiacre ; Bertrand de Rosmadec, trésorier, maître-ès-lois et bachelier en décrets ; Olivier de l’Hotellerie, licencié-ès-lois ; ", etc.

Le Men mentionne aussi:

  "François de L’Hôtellerie, qui figure dans les actes comme chanoine de la cathédrale, pendant presque toute la seconde moitié du XVe siècle, dut contribuer à la construction de la chapelle Saint-François (1464-1485). Depuis la fin du XIVe siècle, une des prébendes de la cathédrale, appartenait à Olivier de L’Hotellerie, qui était, je suppose, oncle de François, auquel il transmit son canonicat, comme c’était assez l’usage à cette époque. Le nom patronymique des sieurs de L’Hotellerie, était Abraham. Cette famille, originaire de l’évêché de Saint- Brieuc, avait pour armes : d’argent à 3 jumelles de sable accompagnées de 10 étoiles de gueules 4, 3, 2 et 1, Ces armoiries se voient encore avec une cotice de …brochant, sur deux des meneaux de la fenêtre de cette chapelle. François de L’Hotellerie y fonda une chapellenie dont il laissa le patronage, à l’official de Cornouaille, On a mutilé, il y a quelques années, l’enfeu de cette chapelle, dont l’arcade surbaissée portait des écussons aux armes de L’Hotellerie"

Plus intéressant, Le Men rapporte un acte de 1424 qu'il traduit du latin (notre chanoine apparaît sous le nom d'Oliviero Hospitis): 

"1424. — Le 26 juillet de cette année, fête de sainte Anne, fut commencée la « nouvelle œuvre » des tours de la façade de la cathédrale. La première pierre fut posée par l’évêque Bertrand de Rosmadec, revêtu de ses ornements épiscopaux, et par Jean de Langueouez,  chevalier, chargé par le duc Jean V de le représenter dans cette cérémonies en présence de vénérables maîtres Jean Le Marc’hec, trésorier, Olivier de l’Hôtellerie, Jean de Treanna, Raoul Le Blanc (autrement Penquelennec), Pierre du Quenquis, Bertrand Symon, Jean Hascoed, procureur de la fabrique et gouverneur de la « nouvelle œuvre, » et Guillaume Maucousu, tous chanoines de la cathédrale, et d’un grand nombre d’habitants de la ville et de la campagne. "

 

.

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

La figure la plus étonnante de cette baie est celle de saint Jean-Baptiste, dont la tête est coiffée par celle de la peau de chameau dont il est vêtu. Lors de mon examen des trois  lancettes de la baie n°103 où Jean-Baptiste est encadré par saint Pierre et saint Paul, j'avais poursuivi une réflexion sur la place donnée au culte de saint Jean-Baptiste ​dans le  programme iconographique de la cathédrale de Quimper : saint Pierre y est tourné non vers le Christ en croix de la baie 100, comme l'ensemble des autres personnages de ces verrières, mais vers Jean-Baptiste. Or, c'est exactement la même chose dans cette baie n°107 où (lancette B), saint Pierre est représenté de face mais tourne la tête vers saint Jean. Autre point commun, nos retrouvons dans cette baie les deux apôtres Pierre et Paul . J'ai écrit dernièrement ceci :

Saint Jean-Baptiste, le Précurseur annonçant le Christ, est représenté 10 fois dans les  verrières du XVe siècle. Après le Christ (25 occurrences) et la Vierge (13 fois ) mais avant Jean l'Évangéliste (7 fois) et saint Pierre (7 fois), il est présent bien d'avantage que saint Corentin, le patron de la cathédrale qui n'est représenté que 4 fois.

Nous sommes donc amenés à considérer saint Jean-Baptiste comme le saint de premier plan pour la cathédrale de Quimper au XVe siècle. 

Une hypothèse simple peut faire le lien entre ce saint et les prénoms du duc Jean V et de son épouse Jeanne de France, qui sont chacun présentés autour de la baie n°100 l'un par Jean l'Évangéliste et l'autre par Jean-Baptiste. Jean-Baptiste viendrait inscrire le prénom et le pouvoir ducal par sa représentation dix fois répétée, comme un emblème au même titre que la cordelière et le culte de saint François pour le duc François. 

Mais, dans la mesure où le saint est représenté non pas lorsqu'il baptise le Christ, mais de façon stéréotypée, tenant l'Agneau de la Rédemption, cela conduit à s'interroger sur une affirmation théologique sous-jacente, par une influence du chapître cathédrale, de l'évêque, ou en relation avec les enseignements et prêdications du début du XVe siècle. 

On avouera que cela dépasse mes compétences. Je note que le polyptique de l'Agneau mystique des frères van Eyck, achevé en 1432, a été commandé et débuté à peu près à la même époque, et que le registre supérieur montre le trio Marie / Père trinitaire /Jean-Baptiste  (alors que les Crucifixions et Poutre de Gloire montrent le trio Marie / Christ / Jean l'Évangéliste), et que le registre inférieur est centré par l'adoration de l'Agneau Mystique. 

Cette théologie de l'Agneau passe par la lecture de l'évangile de Jean 19:31-37 qui renvoie à Zacharie 12:10-14, ainsi qu'à la lecture de l'Apocalypse 1:7.

Voir aussi la lancette B de la baie 102 (Jean-Baptiste présentant la duchesse Jeanne), la lancette B de la baie n°110,  la lancette D de la baie n°113 et la  lancette D de la baie n°128 (vers 1496)

Cette nouvelle représentation de saint Jean Baptiste reprend le motif (constant sur les 6 autres exemples étudiés) de l' Agneau au nimbe crucifère, tenant l'étendard de la Rédemption, mais ici l'agneau est tenu assez tendrement contre la poitrine (et non — comme l'affirme pourtant Le Bihan— présenté sur le Livre de l'Apocalypse,). Le saint adopte, pour cette prise manuelle, une position érigée de l'index qui évoque celle qui, dans l'iconographie du XVIe siècle, sera l'un de ses principaux attributs, l'index levé vers le ciel exprimant alors l'annonce prophétique de la venue d'un Rédempteur.

Mais l'élément original est bien cette tête de chameau coiffant le saint : elle accentue et radicalise la caractérisation de Jean-Baptiste comme être sauvage, elle le situe dans un entre-deux entre le monde animal et le monde humain, de la même façon que saint Christophe présenté comme un Géant. Ce qui rapproche ces deux saints dans la représentation que leur donne le XVe siècle, c'est qu'il sont l'expression de  forces vitales pré-humaines. Christophe est surtout doté d'une force musculaire extraordinaire, mais (dans la Légende), il se déclare incapable de prier ou de jeûner, c'est-à-dire d'actes cultuels civilisés. De même, Jean se nourrit de sauterelles et de miel sauvage et s'habille de peaux de bêtes. Dans les deux cas, ils sont liés à l'eau (traversée du gué pour l'un, baptême par immersion dans le Jourdain pour l'autre), c'est à dire à des forces profondes et incontrôlées.

Les iris des yeux du saint sont teintés au jaune d'argent, comme dans les baies 106, 108 et 109. C'est pour moi une expression de la puissance surnaturelle irradiante du personnage.

Je propose  une  pause dans l'examen de la baie n°107 pour un distrayante petite revue iconographique sur saint Jean-Baptiste dans les enluminures. Rien de plus facile, il suffit d'explorer le site des images  de la Bnf :  Mandragore Classement thématique / Christianisme / S.jean.baptiste, pour trouver 280 images numérisées. Mais on constate vite que les images de notre héros le représentent souvent lors de sa naissance, lors du baptème du Christ, lors de ses prédications et, enfin, lors de sa décollation sur l'ordre d'Hérode. Nous ne nous intéresserons ici qu'aux peintures de "Jean-Baptiste dans le désert". Parmi celles-ci, je chercherai celles qui précèdent les vitraux de Quimper (vers 1417). 

a) La première qui me retient est le folio 188 du Pèlerinage de Vie Humaine de Guillaume de Digulleville, Bnf Fr. 376, de la fin du XIVe siècle.  Jean Baptiste est représenté avec des cheveux longs et chenus, une barbe blanche, pieds nus, seulement vêtu d'un vêtement de poils. Il tient l'Agneau sur le bras gauche, et le désigne de l'index de la main droite. Voilà donc l'origine de l'index tendu du vitrail de Quimper, sous sa forme première que je vais retrouver constamment sur les enluminures.

b) Toujours au XVe siècle (vers 1475), le folio 104 du Bnf Lat. 18014 appartient aux Petites heures de Jean de Berry, orae ad usum parisiensem, enluminé à Bourges. Les goûts et créations artistiques du duc de Berry dans un but de mécénat politique ont sans-doute inspirés les artistes de l'entourage du duc de Bretagne,  c'est donc un document intéressant.   Jean-Baptiste ne porte pas de peau de bête, mais un manteau bleu. Il tend l'index vers l'Agneau posé sur le bras gauche, mais celui-ci porte le nimbe radié et tient l'étendard, et il s'inscrit dans un orbe selon un shéma très ancien.

c) Toujours au XIVe siècle, jetons un coup d'œil au folio 23 du Bnf Fr. 400 : Jean-Baptiste est vêtu d'une peau en haillon, mais là encore il désigne de l'index l'Agneau, inscrit dans l'orbe centrée par l'étendard.

On voit bien que le modèle dont s'est inspiré le peintre sur verre à Quimper est fixé dans ses principales caractéristiques dans les enluminures des Livres d'Heures et autres livres de dévotion. Il suffirait de continuer à explorer le site Mandragore pour s'en convaincre définitivement. Ce stéréotype va se poursuivre au XVe et XVIe siècle.

Quittons la Bnf pour les trésors des Bibliothèques Municipales recensées sur le site Enluminure. Je sélectionne "Saint Jean-Baptiste dans le désert", et j'obtiens 102 réponses. Si je restreins à la période 1200-1420, je n'obtiens plus que 24 réponses soit 16 manuscrits. La plupart font figurer le saint pieds nus, barbu,  vêtu d'une robe de poils animaux, et présentant l'Agneau de l'index droit. Dans la moitié des cas, l'Agneau s'inscrit dans l'orbe.

Avignon - BM - ms. 0190 Folio 053 Orbe

Besançon - BM - ms. 0028 folio 110 Orbe

Cambrai BM - ms. 0190 folio 136 v Orbe

Carpentras - BM - ms. 0057 folio 067 Livre

Charleville-Mézières - BM - ms. 0107 f.361. Orbe

Châteauroux - BM - ms. 0002 folio 208

Orléans - BM - ms. 0144 folio 093

Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0413 folio 208

Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0416 folio 297

Paris - Bibl. Mazarine - ms. 0469 folio 056

Paris - Bibl. Sainte-Geneviève - ms. 1130 (Pèlerinage de Jésus-Christ Guillaume de Digulleville).

Reims - BM - ms. 0230 folio 153 

Tours - BM - ms. 0013 folio 151 (saint tenant une palme)

Valenciennes - BM - ms. 0838 folio 191 Orbe

 

Vesoul - BM - ms. 0027 folio 107.

Je présente ma sélection, par ordre chronologique :

.

 

Cambrai BM 090 f. 136  Epistolaire de la cathédrale de Cambrai; vers 1266

.

Reims - BM - ms. 0230 f.153 Missel à l'usage de l'abbaye Saint-Nicaise de Reims XIIIe  

 

.

Carpentras BM 0057 folio 067 Heures. 1400-1410.

 

.

Paris Bibliothèque Mazarine 0416 folio 297, Missel à l'usage du prieuré Saint-Martin-des-Champs de Paris, 1408.

 

 

.

J'ajouterai quatre autres exemples postérieurs aux vitraux du chœur de Quimper, soit parce qu'ils proviennent d'heures à l'usage de Rennes, soit parce que Jean-Baptiste présente l'Agneau sur un livre (cf. baies de Quimper)

Paris Bibliothèque Mazarine 0506 folio 128 Heures à l'usage de Rennes vers 1460 ?

 

 

.

Orléans - Musée hist. et arch. - A 5826 folio 145 Heures à l'usage de Rennes ? vers 1440-1450 : 

.

 

 

 

.

Riom - BM - ms. 0076 f.061  Heures à l'usage de Sarum  XV-XVIe Flandres ?Jean, vêtu d'une mélote et d'un manteau rouge, désigne l'Agneau couché sur un livre. Animaux aux pieds de Jean : licorne, lion et monstre.

 

 

 

Tours BM ms 2104 folio 61 Heures à l'usage de Rome vers 1510

 

.

Dans l'ensemble des enluminures examinées, je n'ai jamais observé que saint Jean-Baptiste ait la tête recouverte d'une tête animale.

Avant de conclure, intéressons-nous à cette fameuse peau de bête, ou à ce vêtement tissé de poils, qui est encore parfois désigné sous le nom de "mélote" (du grec) " peau de brebis ") par référence à la tenue des premiers  anachorètes d'une part, et à la tenue du prophète Elie d'autre part. Précisément, on peut penser que si les enlumineurs et les peintres verriers ne manquent jamais d'indiquer que Jean-Baptiste porte cet habit, c'est pour souligner qu'il est le nouvel Élie, comme cela est dit dans les Évangiles où Élie est le prophète le plus fréquemment cité. Dans l'Évangile de Jean, on rapporte que les pharisiens demandent à Jean le Baptiste ceci : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n'es pas le Christ ni Élie, ni le prophète ? » Dans l'évangile de Matthieu, on lit :

Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, pour préparer ton chemin devant toi. Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en emparent.Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean et, si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir.

 

 

Cette identité est déniée par Jean le Baptiste « Qu'es-tu donc? Lui demandèrent-ils. Es-tu Élie? Il dit: Je ne le suis pas ».  L'ange Gabriel affirme pourtant, avant la naissance de Jean-Baptiste, qu'il aura l'esprit et la puissance d'Élie (Luc 1:17)

 C'est  leur costume fait de peaux de bêtes qui permet d'assimiler Jean-Baptiste et Élie . Élie est le Prophète de Yahweh, Dieu d'Israël, face au dieu des Cananéens, Baal : c'est le prophète   qui s'envole aux cieux dans un tourbillon. Il est surtout l'annonciateur du Messie à la fin des temps.

Il est  originaire de la ville de Tishbé : « Élie, le Thischbite," s'est retiré dans le désert près d'un torrent affluent du Jourdain, buvant l'eau du torrent et  ravitaillé en nourriture par des corbeaux. Le vêtement d'Élie est mentionné dans le Deuxième livre des rois 1:8 :

Achazia leur dit : Quel air avait l’homme qui est monté à votre rencontre et qui vous a dit ces paroles ? Ils lui répondirent : C’était un homme vêtu de poil et ayant une ceinture de cuir autour des reins. Et Achazia dit : C’est Élie, le Thischbite. (at illi dixerunt vir pilosus et zona pellicia accinctis renibus qui ait Helias Thesbites est).

Le manteau (pallium) d'Élie joue aussi un rôle clef après sa montée aux cieux, dans la désignation d'Élisée comme successeur (2 Rois 2:8 et 14) : entre ses mains, ce manteau, roulé et jeté contre le Jourdain, "partage ça et là les eaux" pour en permettre la traversée à sec (tulitque Helias pallium suum et involvit illud et percussit aquas quae divisae sunt in utramque partem et transierunt ambo per siccum).

. On peut donc dire que cet habit animal et sauvage de Jean-Baptiste atteste et rend métonimiquement visible sa puissance prophétique : sa peau de chameau empruntée à Élie assure à son kérygme "Ecce agnus dei" sa vérité incontestable. Dans la même image, le vêtement de poil d'une part, et l'Agneau désigné par l'index d'autre part, sont indissociables.

 

 

 

 

.

 

Heures à l'usage de Sarum

Lancette A, saint Jean-Baptiste, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, saint Jean-Baptiste, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette A, saint Jean-Baptiste, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, saint Jean-Baptiste, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE B. SAINT PIERRE.

  Saint Pierre, immédiatement identifiable à la très grande clef qu'il tient en diagonale, et au livre qui est son attribut comme tout apôtre, est vêtu d'un manteau rouge sur un surplis blanc rehaussé de jaune d'argent. Une banderole tourne autour de sa tête nimbée de vert et déploie son inscription :    [ST] PIERRE / LAPOTRE. Le visage est barbu, les yeux semblent teintés de jaune d'argent, comme le sont quelques boucles de cheveux .   Le panneau du bas porte les armoiries du chanoine Pierre de Quinquis  ou du Plessix-Nizon : d'argent au chêne de sinople, au franc canton de gueules chargé de deux haches d'armes d'argent adossées en pal.

—Gatouillat, 2005 page 177:

"Saint Pierre tourné vers l'ouest, nimbe vert, grand manteau pourpre sur une tunique blanche, cheveux teintés de petites touches de jaune d'argent. Phylactère formant arc au dessus de sa tête, inscription illisible (peu restauré)."

 

— Le Bihan, 2007

 "Du travail de restauration : Ici aussi nous avons  fourni peu de pièces en 1992, car un grand nombre de celles fournies par le peintre verrier Lusson, restaurateur du XIX°, a été conservé. Notre  travail  de restauration a surtout consisté en des incrustations d'éléments de pièces peintes et cuites en raccord de ton. Par contre, le blason  d'argent, au chêne de sinople ensanglanté d'or, a du être repris mais les deux haches en gravures sur verre plaqué rouge ont été conservées.
Le personnage
Un phylactère, volant, au texte indéchiffrable, qui doit se lire Pierre  Apôtre, part de l'extrémité de la  grosse clef que l'apôtre tient  levé de la main  gauche. Tandis que sa droite tient le livre des écritures
Il est habillé d'un grand  manteau rouge, proche d'une chape, qu'il porte sur une aube blanche,  tombant jusqu'au sol.
Cet apôtre tourne la tête  sur la droite, prenant la même pose du possible saint Pierre de la baie 105.  On ne sait qui il regarde dans la lancette précédente, soit  le donateur, soit le saint Jean-Baptiste. C'est peut-être vers le premier, car ce chanoine se prénomme Pierre, si l'on en croit Alexandre Thomas. On comprend mieux alors  la scène du donateur de la scène suivante.
Quant à saint Pierre, sa silhouette au manteau rouge et nimbe vert se détache sur la tenture bleue. 
Les phylactères des deux lancettes
Le graphisme en courbe des deux phylactères est assez intéressant. Chez saint Paul, cette courbe semble l'enfermer, le protéger de l'extérieur,  le concentrer dans sa réflexion, alors que chez saint Pierre, elle ouvre la  possibilité d'une conversation avec le chanoine donateur. "

.

Concernant Pierre de Quenquis, nous lisons dans le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Pol de Courcy tome II 

PLESSIS (DU) , en breton QUENQUIS (DU) , sr dudit lieu, par. de Nizon, — de Missirien, par. de Kerfeunteun, — de Kerfors et de Lezergué, par. d'Ergué-Gabéric.

Anc. ext., réf. 1669, huit gén. ; réf. et montres de 1426 à 1562, dites par., év. de Cornouailles.

D'argent au chêne de sinople englanté d'or, au franc canton de gueules chargé de

deux haches d'armes adossées d'argent en pal.

Yves, vivant en 1427, épouse Marie de Villeblanche.

La branche aînée fondue en 1690 dans Feydeau, puis Hersart; la branche de Missirien fondue dans Autret ; la dernière branche fondue dans La Marche. Le sr de Kerhouaz, paroisse de Lesbin-Pontscorff, débouté à la réformation de 1671. Le sr de Penfrat, débouté au conseil en 1700.

La paroisse de Nizon se trouvait au nord-ouest de Pont-Aven, à 30 km de Quimper. Le toponyme Plessis qui signifie clôture de branches tressées, a pris le sens de "motte féodale" ou de manoir fortifié.

Pierre de Quenquis fut reçu chanoine de la cathédrale le 20 janvier 1415. Il décéda en 1459, et son tombeau fut placé dans la chapelle Saint-Corentin ( depuis, chapelle Saint-Paul).   Ses armes sont aussi sculptées sur l'un des deux écussons des clefs de voûte du bas-coté nord de la nef, et en deux écussons accolés, à la naissance de la voûte du porche du  portail nord. 

.

J'émets des réserves sur l'authenticité de l'inscription gothique. Elle ne pouvait en aucun cas servir aux fidèles à identifier le saint, d'une part parce qu'ils n'avaient pas accès au chœur, d'autre part parce qu'ils n'avaient pas de jumelles, et enfin parce que la clef suffisait à donner la réponse. Il me paraît plus probable que le phylactère contenait une oraison, et, notamment, l'article du Credo attribué à cet apôtre. Cette remarque vaut aussi pour saint Paul dans la lancette voisine. Si les inscriptions étaient devenues illisibles au XIXe siècle, Antoine Lusson a pu les remplacer par des indications peu inspirées, en lettres néo-gothiques. En effet, la ressemblance est forte entre ces apôtres enrubannés de phylactères, les figures des enluminures du Credo apostolique et prophétique du Psautier de Jean de Berry par André Beauneveu (1380-1400), ainsi que celles, plus tardives qu'à Quimper, des vitraux de la baie n°217 de la cathédrale du Mans : 

.

.

 

Lancette B, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE C. SAINT PAUL.

— F.  Gatouillat 2005 :

"Saint Paul muni de l'épée (tête moderne), manteau vert très restauré et tunique blanche. Phylactère disposé comme précédemment (assez bien conservé)."

— Y-P. Castel, 2005 :

 "Saint Paul en tunique verte, livre en main droite, épée pointe en bas dans la gauche. La large banderole, qui, en montant, s'enroule autour de l'auréole, se lit en partant du bas : SAINT POUL (sic) : APOTRE. Au dessous, armoiries du chanoine Jacques Buzic : écartelé au 1 et 4, d'or au léopard de gueules , qui est Névet, ; aux 2 et 3, de gueules à six annelets d'argent, 3, 2, 1, qui est Buzic.Leur devise était Comzit mad (Parlez bien , ou dites du bien)"

 

— Le Bihan, 2007 :

"Sur cette lancette, nous avons, en 1992, remplacé très peu de pièce. Nous  pouvons  cependant signaler la fourniture de pièces peintes pour la tête du saint Paul, son nimbe et la partie de rideau au-dessus, deux pièces de la robe verte, sept pièces des colonnettes, une pièce du dais et quatre pièces du socle. Quand au blason, il a suffi de le doubler d'une pièce peinte pour lui rendre sa jeunesse.

La description du saint et l'épée

 De sa main gauche, saint Paul étreint l'épée qui est ici présentée la pointe en bas  Certes, ce glaive, attribut, rappelle l'instrument avec lequel il fut décapité, mais Il fait aussi allusion à un passage de l'épître aux Hébreux, IV. 12, où Saint Paul déclare que la parole de Dieu est plus efficace et pénétrante qu'un glaive à deux tranchants, l'état du verre ne permet pas une bonne lecture.
Le Livre.
Si sa main droite n'est pas visible sous le pli du manteau, cela semble intentionnelle. Saint Paul n'ose toucher le livre qui est doctrine, apostolat et prédication. Ce livre  doit être toujours entrouvert chez saint Paul, par respect pour la Parole Sainte qu'il contient. Cette façon de l'envelopper dans un pli de son manteau se voit dès les premiers siècles dans diverses mosaïques. 
Un ample manteau répond au bleu du nimbe orné d'entrelacs. Un phylactère monte de la droite de la lancette et se courbe au-dessus de lui pour revenir vers l'arrière de son crâne. On peut y lire difficilement le nom de Paul, apôtre."

Le chanoine Jacques Buzic.

Le Nobiliaire et Armorial de Bretagne de Potier de Courcy indique :

Buzic, sr de Lespervez, par. de Plonéour, — de Kerdaoulas, par. de Dirinon, — de Kerinec, par. de Poullan.

Anc. ext. réf. 1669, huit gén., réf. et montres de 1426 à 1562, dites par., et par. de Peumerit-Cap-Caval et Plovau, év. de Cornouaille.

Ecartelé aux 1 et 4 : d’or au léopard de gueules, qui est Névet ; aux 2 et 3 : de gueules à six annelets d’argent, 3. 2. 1., qui est Buzic. Devise :Comzit mad (parlez bien)

Mazéas, vers 1400 Léonore de Coëthamon ; Alain, épouse en 1455 Jeanne de Névet, dame de Kerdaoulas ; Jean, chevalier de l'ordre en 1650.

Fondu en 1695 dans Goësbriand.

Yvon Buzic apparaît en 1377 comme "ami et parent du sire de Nevet" .

Les seigneurs de Nevet ayant refusé en 1350 de reconnaître les prétentions des évêques de Quimper, il s’en suivit un procès qui fut porté devant le parlement de Paris, et qui, dura vingt-sept ans, comme on l’a vu plus haut. Ce fut seulement en 1377 que, par un accord passé le 15 juillet, entre Geoffroy Le Marhec et Jean de Névet, écuyer, tuteur d’Hervé, sire de Névet, son neveu, le droit de bail prétendu sur les terres de cette seigneurie, fut changé en celui de rachat, de l’avis et du consentement de Jean du Juch, Riou de Rosmadec, Guy, vicomte du Faou, Eon de Treziguidy, Guillaume de Rosmadec, Guillaume de Tregouguen, Raoul de Lanros, Salaun de Logmenguen, Yvon Buzic, et de plusieurs autres amis et parents du sire de Nevet. (Le Men, 1877)

J'offre ici encore l'image de la baie n°217 de la cathédrale du Mans en comparaison :

 

.

Lancette C, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

LANCETTE D. SAINTE TRINITÉ

— Gatouillat, 2005 :

"Trinité souffrante, le Père vêtu de bleu et portant une couronne d'or aux perles reservées sur fond de jaune d'argent, tenue par deux anges (celui de droite restauré, tête du Christ moderne, le reste assez bien conservé)."

— Y-P. Castel 2005 :

"Dieu le Père couronné, assis en majesté en grand manteau bleu,  tient la croix du Fils, la colombe de l'Esprit-Saint au sommet de la croix.. Deux anges s'inclinent de part et d'autre  de sa couronne. " 


— Le Bihan, 2007 :

"Tout d'abord, nous n'y avons  rien trouvé concernant cette colombe,  vue par les historiens,  qui aurait été posée sur le bras droit de la croix.  Il s'agit d'une erreur de lecture d'une pièce car il s'agissait en fin de compte de la main droite du Père Eternel dont  l'index et le médius sont dressés . Par contre, un emplacement laissée par les pièces anciennes existait et  la peintre verrier Lusson, croyant bien faire, y avait fourni un INRI.  Nous avons fait l'échange et avons installé à la place la queue de la colombe, image du Saint Esprit. Le reste du corps  de ce Saint Esprit trouvait alors sa place dans une tête démesurée que ce peintre verrier avait fourni pour remplir l'espace au-dessus de la barlotière.
Dieu le Père, dont la seconde main, celle de gauche,  soutient la traverse de la croix, est vêtue d'un manteau de couleur bleue sur une robe blanche dont on aperçoit un morceau sur le côté droit du Christ. 
 Le corps de ce crucifié  était complet  lors de la dépose en 1989,  seule une partie du visage faisait défaut.  Dans la croix de couleur jaune, ici jaune d'argent sur verre incolore, la traverse horizontale est en bois rond  veiné alors que le bras vertical est en bois raboté. Des éléments du fauteuil où est assis le Père Eternel, se voient à droite et à gauche de la robe, par contre en verre jaune XIIIe. 
Sur le fond rouge, ou le nimbe vert se découpe autour de la couronne à fleurons exécutée au jaune d'argent, deux petits anges,  en vis à vis, sont  en adoration. Ils sont accompagnés de trois petits nuages, et terminent cette composition par une courbe. " 

Le chanoine Jean de Tréanna.

voir la présentation de ce chanoine et de sa famille dans mes études des baies n° 106, 108, 110, 112, 116 et 124, où figurent les armoiries d'argent à la macle d'azur. Sur les verrières du coté nord du chœur (coté de l'évangile) ne figurent que des saints et plus rarement des chanoines, mais jamais de laïcs (hormis le duc et son fils de la baie 101) alors que les seigneurs de la famille de Tréanna et leur épouse occupent les baies du coté sud (numéros pairs).

.

Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

3.

 

Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

LES SOCLES ET LES DAIS.


Le Bihan, 2007 :"Deux socles du XVe  siècle sont absents et les blasons de ces panneaux comme les sols sont l'œuvre du peintre verrier Lusson, comme il est dit plus haut, ils étaient soit effacés soit brisées. Les socles prennent le même type de balustrades mais non ajourées que la baie 103, avec les petits plants de fleurs dans les coins inférieurs."

Y-P. Castel, 2005 : "Les dais sont de hautes archittectures montrant l'intéreiur d'un édifice gothique avec ses baies, ses voûtes, ses arcs  et aussi l'extérieur avec un clocheton flanqué de tourelles séparées par des pinacles."

.

Dais de la lancette A, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Dais de la lancette A, baie n°107, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

SOURCES ET LIENS.

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan) 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

 

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)",  Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie. 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203, 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. 

LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimper à Castelnau-Bretenoux",  Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII 

ou blog du 10 février 2010 : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, 

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 9 juin 2007,  Blog sur la baie n°107

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6510626.html

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper.
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 13:53

Comme les autres baies du chœur de la cathédrale de Quimper, la baie 103 a été vitrée en 1415-1420 pendant l'épiscopat de Bertrand de Rosmadec alors que Jean V et Jeanne de France étaient duc et duchesse de Bretagne. Avec en vis-à-vis la baie offerte par la famille du Juch (n°104), elle ferme latéralement le rond-point à cinq pans autour de la baie axiale de la Crucifixion (n°100) et les baies où le duc et son fils François (baie n°101), la duchesse et sa fille Isabelle (baie n°102) figurent comme donateurs et affirment leur influence politique.

Ces cinq baies caractérisées par leur 3 lancettes (les 8 autres fenêtres hautes du chœur en ont 4)  forment-elles une unité théologique ou politique ? Le programme de cette baie n° 103 s'intègre-t-il dans le projet de mobilisation des édifices cultuels au service de la propagande des Monfort et de l'élite qui se met à leur service ?

 

 

 

 

.

 

 

Les 5 vitraux du rond-point du chœur, ajoutés à un plan de Chaussepied publié in Couffon et Le Bars 1988.

Les 5 vitraux du rond-point du chœur, ajoutés à un plan de Chaussepied publié in Couffon et Le Bars 1988.

.

Cette baie mesure 4,80 m de haut et 2,20 m de large et dispose de 3 lancettes trilobées, composées chacune de 4 panneaux, et d'un tympan de 6 ajours (2 trilobes et 4 quadrilobes).  Il faut lever les yeux au delà des arcades, du triforium et de la galerie de circulation à quadrilobes pour voir, avec  de bonnes jumelles, les trois saints qui nous observent de haut dans leurs niches architecturés : saint Paul, saint Jean-Baptiste et saint Pierre. Plus haut, le tympan est une copie de la création de Lusson (tous les tympans du XVe ont été détruits à la Révolution), avec ses anges musiciens inspirés de l'Arbre de Jessé de la cathédrale d'Autun.

"Du vitrail d'origine, il ne reste que très peu de pièces : la majeure partie de la composition est l'œuvre de Lusson en 1867-1869 " (Tanguy Daniel, 1995). les socles et dais sont l'œuvre de Le Bihan en 1992-1993, ou, plus précisément, le dais est "conservé à gauche [lancette A], restauré au centre, et moderne à droite" (Gatouillat, 2005).

En 1820, Aymar de Blois écrit que "l'une des lancettes est détruite et que les deux autres représentent des éléments  des apôtres St Pierre et St Paul ».

Guilhermy, qui visita Quimper en 1848 et 1862, décrit : "Saint Jean-Baptiste et saint Pierre".

  En 1877, Le Men la décrit ainsi page 24 : " Trois panneaux. 1er Panneau — Saint Paul, apôtre. 2e Panneau. — Saint Jean-Baptiste (panneau neuf(*)). 3e Panneau. — Saint Paul, apôtre." . (*) Pour Katia Macias-Valadez, Le Men n'a pas pu vraiment observer les verrières démontées dans l'atelier, et il se trompe en croyant que saint Jean-Baptiste est "neuf" alors que c'est le personnage qui contient le plus de parties anciennes. 

Puis l'abbé Thomas corrige : " Saint Paul ; 2. Saint Jean-Baptiste ; 3. Saint Pierre. ". 

Le verrier Louis Ottin (1880, publié en 1896) qui a travaillé sur ce chantier, donne des informations plus fiables : "1°) St Paul. – 2°) St Jean-Baptiste. – 3°) St Pierre avec l'inscription sur un listel qu'il tient à la main : Ecce agnus Dei qui tollit peccata mundi. L'architecture basse et trapue de cette fenêtre qui comporte des têtes d'anges avec de longues plumes en guise de corps est des plus sauvages."

Jean-Jacques Gruber signale en 1952 que "toutes les restaurations du XIXe siècle, dont la grisaille n'avait pas été fixée à la cuisson, ont dû être reprises et recuites".

Nous disposons du témoignage précieux de Jean-Pierre Le Bihan, qui donne dans son blog des indications sur sa restauration de 1992-1993.

Selon Katia Macias-Valadez 1997 :

"La baie 103 semble en fait être une verrière remaniée. En effet, les dais d'architecture, surmontés de séraphins aux ailes plumées dans les têtes de lancette, ne se raccordent pas avec le registre suivant. Il manque toute une section architecturale entre les dais et les personnages puisque les gâbles des trois pans sont coupés dans le bas. Et comme les socles ont été entièrement refaits, il est difficile de savoir s'ils étaient aussi importants dans la lancette et, par conséquent, de savoir s'ils enlevaient de la place dans les dais, comme c'est le cas dans les baies 110 et 112.

.

 

 

Coup d'œil vers la baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Coup d'œil vers la baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Coup d'œil vers la baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Coup d'œil vers la baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

LA LANCETTE A : SAINT PAUL.

.

Le socle à carrelage noir et blanc est moderne (restauration en 1993 par l'atelier Jean-Pierre Le Bihan). C'est la lancette qui comporte le moins de pièces anciennes, ceux-ci se trouvant dans la tunique jaune, dans le manteau bleu du saint et dans le dais. 

Selon le blog de Jean-Pierre Le Bihan

"Le personnage de saint Paul est entièrement de 1992-1993 si ce n'est cinq  petites pièces. Visage barbu surmonté d'un nimbe vert , il est vêtu d'une robe jaune sous un manteau bleu où la pièce d'origine en est la pointe.
 De la main gauche, il tient  la poignée de son épée, ici effilée,  dont l'extrémité se découpe sur le rideau de damas au fond rouge. Un livre à fermeture est présenté de la main droite.
Etat du vitrail en 1992
Dans les premières années du XIXième siècle, les  écrits des historiens citès plus haut, signalent que "l'une des lancettes est détruite et que les deux autres représentent des éléments  des apôtres St Pierre et St Paul »
Lors de la dépose de cette baie et des travaux de restauration en 1992,par l'atelier de jean pierre le bihan,il n'a été trouvé, du saint Paul,    comme pièce d'origine, que la poignée de son épée, la pointe du manteau bleu, entourée de  trois pièces de sa robe jaune, une pièce de colonnette et sept pièces d'architectures du dais dont l'angelot formant fleuron."

 

 

 

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Le dais.

Ce serait le seul ancien des trois. Comment le décrire ? J'y vois une forme hémi-hexagonale encadrée de pilastres, avec trois gâbles à crochets, le gâble central étant triangulaire et couronné d'un séraphin et les deux latéraux en forme lancéolée, et couronnés d'un fleuron. Il forme au dessus de la tête nimbée une niche à trois arcades rythmées par des fleurons à quatre pétales et des culots à perles. Eh eh, pas facile ! Aurais-je la moyenne ?

Ah, je trouve la description de Le Bihan. Comment s'y prend-il ?

"Des dais, qui ont le grand avantage d'être identique. il  restait, en 1992-1993, juste assez de pièces d'origine pour établir un spécimen type.
Il s'agit donc d'un dais trapu, présentant au premier et seul étage, trois côtés dont deux fuyants. Deux colonnes adossées, avec cul de lampe, à base carrée, et surmontées d'un chapiteau, les séparent.
Sur chaque  face est dessiné un gable à l'angle plus ou moins aigu, les deux à gauche et à droite, se terminant par un fleuron, le central par un socle supportant un ange habillé de plumes. Le ciel qui apparaît derrière eux est bleu pour les deux de côtés et rouge pour le central. "

.

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

La tête de saint Paul n'a peut-être pas été perdue, car Katia Macias-Valadez signale qu'elle pourrait correspondre à celle d' "un médaillon avec une tête de saint barbu dont le regard est dirigé vers le bas"  conservé au Musée d'art de Pittsburgh, en Pennsylvanie, et dont la corrosion par cratère et dont les mesures correspondraient  au portrait-robot. Elle serait reproduit dans Stained glass before 1700 in American Collections : Mid-Atlantic and Southeastern Seabord States (Corpus Vitrearum Checklist 2), Washington, National Gallery of art, 1987, p. 182. Françoise Gatouillat confirme en 2009 cette information et précise que cette tête avait été achetée à Paris en 1922. Mais je n'ai pas trouvé d'illustration de cette tête paulinienne.

On admirera aussi les fonds, caractéristiques des fenêtres hautes du chœur à l'exception des trois baies à fonds damassés : leurs larges feuilles profondément indentées qui montent verticalement le long du personnage sont particulièrement décoratives ici.

 

.

 

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Saint Paul, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Enfin, on admirera le socle réalisé par Le Bihan en parcourant son blog :

"Des socles, comme on l'a dit plus haut,  il ne restait  donc que les pièces dix-neuvième du vitrail du  peintre verrier Lusson, pièces dont il ne restaient plus que le graphisme des plombs,des grisailles aux traits et au lavis complètement délavées.  Il a été donc été décidé, lors de notre restauration de 1992-1993, de reprendre  la composition que ce peintre verrier avait proposée. Tout nous fait penser à croire qu'il en ait eu entre les mains quelques pièces, peut-être irrécupérables à l'époque.
 Les sols sont  donc à base de demis losanges  et d'un damier noir et blanc, présenté de face, puis de biais "

.

Socle, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Socle, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

LANCETTE B : SAINT JEAN-BAPTISTE.

"La lancette centrale est plus haute  de quelques centimètres et donne ainsi au saint Jean-Baptiste une stature plus importante que les deux autres apôtres. qui sont saint Paul et saint Pierre. Cette importance est peut être voulue, il est celui qui annonce la venue du Messie. Il porte l'Agneau, nimbé, sur le bras gauche, sa jambe gauche sort d'une peau de chameau dont il est vêtu. Une robe rouge, couleur du martyr, comme son nimbe, descend sur la droite. Un phylactère où il est écrit : Ecce Agnus Dei, qui tollit peccata mundi  (voici l'Agneau de Dieu qui efface le péché du monde) court autour de la partie haute du personnage " (Jean-Pierre Le Bihan, Blog, 2007)

Selon Françoise Gatouillat (2005), les panneaux sont peu restaurés, avec un grand nombre de pièces anciennes, alors que Le Bihan ne signale avoir trouvé lors de sa restauration qu' "un élément de son genoux entouré de sa peau de bête jaune".

.

Lancette B, saint Jean-Baptiste, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, saint Jean-Baptiste, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

L'image suivante est extraordinaire. Elle trouve sa source dans le texte de l'Évangile de Matthieu suivant lequel  ipse autem Iohannes habebat vestimentum de pilis camelorum et zonam pelliciam circa lumbos suos esca autem eius erat lucustae et mel silvestre, " Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage". Nous passons ici du vêtement en poils de chameau à la peau de chameau elle-même, et c'est la queue du camélidé qui serpente sans vergogne entre les jambes augustes du Précurseur.

Lancette B, saint Pierre, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, saint Pierre, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, saint Jean-Baptiste, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, saint Jean-Baptiste, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Le dais restauré.

.

 

Lancette B, dais à séraphin, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, dais à séraphin, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.
LA LANCETTE C : SAINT-PIERRE.

 

 

 

 

Lancette C, saint Pierre, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, saint Pierre, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

.

Selon le blog de Jean-Pierre Le Bihan (2007) :

"A sa gauche,  saint Pierre, présenté de profil, est tourné vers lui [Jean-Baptiste].  
Cette tête ayant disparu nous l'avons refaite suivant un dessin du livre du verrier Ottin.  De sa robe jaune et de son manteau vert nous n'avions qu'une seule pièce  d'origine, comme il est indiqué plus bas.
Avec ses deux clés, il a le pouvoir d'ouvrir et de fermer les portes du paradis. Le plus souvent, il porte ces deux clés l'une contre l'autre et rarement comme ici, l'une tournée vers le sol, l'autre vers le ciel. Ce personnage, n'est pas sans rappeler, mais plus trapu, par sa pose de profil,par le tombé de son manteau vert et son épaule jaune, le saint Jean de la baie 100. Même atelier ? on ne peut être certain, mais même esprit.

Chez saint Pierre,pour les pièces du XV°, nous avons trouvé: la clé ascendante, un  petit élément de la clé descendante, deux éléments de la tenture à damas rouge, la partie haute de sa robe jaune ainsi que la partie basse.Il en était ainsi d'un petit élément  haut de son manteau vert, d'un petit élément du sol carrelé noir et blanc, de trois pièces de colonnettes. "

.

Louis Ottin, copie par calque de la tête de saint Pierre de la baie 103, Le Vitrail page 168 fig.163.

Louis Ottin, copie par calque de la tête de saint Pierre de la baie 103, Le Vitrail page 168 fig.163.

.

Lancette C, saint Pierre, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, saint Pierre, baie 103, chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

CONCLUSION.

1. Hommage aux verriers.

Je commencerai en admirant le travail des restaurateurs, et notamment de l'atelier de Jean-Pierre Le Bihan, car si chaque détail est remarquablement dessiné et peint, l'ensemble est parfaitement composé. Six couleurs sont utilisées, le bleu, le rouge et le jaune, le pourpre, le bleu-vert et le vert. La fidélité à l'œuvre ancienne est optimale, basée chez Lusson et Ottin sur des copies soigneuses des verres trop encombrés de plombs de casse et trop encrassés et corrodés pour être (à l'époque *) reposés en prenant le soin de réaliser des calques, et basée chez Le Bihan sur une longue expérience des vitraux bretons, une érudition et une étude attentive des textes et des indices. * Jusqu'en 1970, le seul moyen de réparer un verre brisé était de glisser un plomb dans la fente.

Pour accroître encore cette admiration, on peut examiner une seconde fois les photographies en s'intéressant à la maîtrise de la disposition des barlotières et vergettes ( la tringlerie ou serrurerie) qui fixent les panneaux en contournant les plombs. Dans l'ouvrage Les Vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper, Le Bihan explique :

"Pour permettre la mise en place de doubles verrières, —vitrail ancien et verrière de doublage — et pour des raisons d'équilibre et de résistance au flambement, une option à balancier à doubles pannetons traversant le fer central et les feuillards a été adoptée. Ces barlotières doubles ont été exécutées en fer galvanisé peint de trois couches glycero. Un fer à T, dans le bas de chaque lancette, maintenant le premier panneau, assure l'ouverture de la ventilation basse. Pour la ventilation haute, en plus des aérations ouvertes à chaque barlotières, une ou deux des pièces du sommet de la lancette ont été posées de biais, cachant ainsi l'ouverture."

Il faut réaliser d'abord le travail de dépose des verres, de suppression des plombs de casse (le vitrail passe alors en moyenne de 21 kg/m2 à 13 kg/m2) et de collage, de nettoyage par bains successifs, bain de chlorure de potassium, utilisation d'acide oxalique, de doublage de verres trop brisées, de thermoformage d'un verre de doublage, de remise en plombs, de masticage à l'huile de lin et au blanc de Meudon, sur les deux faces et plomb par plomb, de créations de pièces de verres neuves peintes à la grisaille et au jaune d'argent. Puis la repose, la protection extérieure par une seconde verrière de doublage posée, comme pour la verrière ancienne, avec des vergettes en forme. 

.

2. Réflexion sur le programme iconographique.

Je reviens à un détail : saint Pierre est tourné non vers le Christ en croix de la baie 100, comme l'ensemble des autres personnages de ces verrières, mais vers l'ouest. Vers Jean-Baptiste.

Saint Jean-Baptiste, le Précurseur annonçant le Christ, est représenté 10 fois dans les  verrières du XVe siècle. Après le Christ (25 occurrences) et la Vierge (13 fois ) mais avant Jean l'Évangéliste (7 fois) et saint Pierre (7 fois), il est présent bien d'avantage que saint Corentin, le patron de la cathédrale qui n'est représenté que 4 fois.

Nous sommes donc amenés à considérer saint Jean-Baptiste comme le saint de premier plan pour la cathédrale de Quimper au XVe siècle. 

Une hypothèse simple peut faire le lien entre ce saint et les prénoms du duc Jean V et de son épouse Jeanne de France, qui sont chacun présentés autour de la baie n°100 l'un par Jean l'Évangéliste et l'autre par Jean-Baptiste. Jean-Baptiste viendrait inscrire le prénom et le pouvoir ducal par sa représentation dix fois répétée, comme un emblème au même titre que la cordelière et le culte de saint François pour le duc François. 

Mais, dans la mesure où le saint est représenté non pas lorsqu'il baptise le Christ, mais de façon stéréotypée, tenant l'Agneau de la Rédemption, cela conduit à s'interroger sur une affirmation théologique sous-jacente, par une influence du chapitre cathédrale, de l'évêque, ou en relation avec les enseignements et prédications du début du XVe siècle. 

On avouera que cela dépasse mes compétences. Je note que le polyptyque de l'Agneau mystique des frères van Eyck, achevé en 1432, a été commandé et débuté à peu près à la même époque, et que le registre supérieur montre le trio Marie / Père trinitaire /Jean-Baptiste  (alors que les Crucifixions et Poutre de Gloire montrent le trio Marie / Christ / Jean l'Évangéliste), et que le registre inférieur est centré par l'adoration de l'Agneau Mystique. 

Cette théologie de l'Agneau passe par la lecture de l'évangile de Jean 19:31-37 qui renvoie à Zacharie 12:10-14, ainsi qu'à la lecture de l'Apocalypse 1:7.

Cela va m'inciter à examiner la baie n°107, dans laquelle Jean-Baptiste coiffé d'une peau de bête et un donateur retrouve saint Pierre et saint Paul devant le Père trinitaire ( Trône de grâce). Je ne vous en dis pas plus.

.

 

 

SOURCES ET LIENS.

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan) 

 BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de Boisbilly, Arch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

 COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

 DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)",  Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie. 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al., La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203, 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 

 GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. 

LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimper à Castelnau-Bretenoux",  Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005,  Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.

— LE BIHAN (Jean-Pierre.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII 

ou blog du 10 février 2010 : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, p.524-525

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007,  Blog sur la baie n°103

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-6774151.html

— LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

— OTTIN (Louis), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

 THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, Quimper 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

— YEURCH (Bertrand) 2012, "Les premières entrées épiscopales en Bretagne ducale", Britannia Monastica  16, 2012, p. 93-161. https://www.academia.edu/1949697/Les_premi%C3%A8res_entr%C3%A9es_%C3%A9piscopales_en_Bretagne_ducale

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper
13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 11:05

.

Je poursuis mon étude des 13 vitraux du début du XVe siècle (vers 1417) des fenêtres hautes du chœur de la cathédrale de Quimper : j'ai commencé par les 3 vitraux du rond-point offerts par le duc et la duchesse de Bretagne. Les dix autres ont été offerts par diverses grandes familles du diocèse, qui ont fait appel à 5 ou 6 peintres-verriers différents (Macias-Valadez, 1997 ; Gatouillat, 2015), dont la "main" peut être suspectée, par exemple selon la forme des dais, l'usage de grisailles (100, 109 et 111), les fonds damassés (100 et 109), le jaune d'argent en touche sur le visage (110 et 112), ou sur l' iris des yeux (109, 106 et 108). C'est ce dernier détail que je propose de découvrir sur les deux baies 106 et 108.  Un autre point commun les réunit, la présence de marques de repères gravées sur la face extérieure des verres, signalés par le maître-verrier quimpérois jean-Pierre Le Bihan :

 

.

I. LA BAIE 106. Troisième travée du chœur coté sud.

La baie à 4 lancettes et tympan à 3 trilobes et 6 quadrilobes mesure 4,50 m de haut et 2,60 m de large. Elle date des années 1417-1424 et a été largement restaurée par Lusson vers 1867-1869, puis par Messonnet de Quintin en 1992.

Elle est décrite comme " vitrail de la baronnie de Pratanras (Pennars)" en raison de la présence en lancette C et D d'un couple portant les armoiries de la famille de Lezongar, seigneur de Pratanras, mais on y trouve aussi un seigneur de Tréanna en lancette A et de Bodigneau en lancette B. Les saints personnages sont saint Yves, sainte Marie-Madeleine, l'apôtre Bartholomé et sainte Catherine.

Les lancettes diffèrent, parfois, par leur ordre et par leur contenu, de la description donnée par la Monographie de Le Men en 1877 reprise par Thomas en 1892 (après la restauration par Lusson), et  de celle de Couffon et Le Bars(1988) avant la restauration de 1992 , mais aussi parfois de celle de Gatouillat (2005) et de Yves-Pascal Castel (2005) publiée après ces restaurations. Des modifications et interversions de panneaux sont donc intervenues depuis, comme en témoigne cette indication de Françoise Gatouillat 2013 p. 186 : "Les alliances figurées n'aident guère à préciser leur identité [des donateurs] d'autant que l'ordre primitif des portraits a pu être changé : deux chevaliers, l'un à cotte timbrée de la macle d'azur des Tréanna, présenté par un saint tonsuré [actuelle lancette A de la baie 106], l'autre portant les armes de Bodigneau et protégé par saint Hervé [actuelle lancette D de la baie 108], ont notamment été intervertis en 1993 pour équilibrer les compositions des baies n°s 106 et 108 ". Mais même cette précision est difficile à interpréter. Aucune des descriptions des différents auteurs que je viens de citer ne correspond à l'état actuel, et la synthèse des différents textes aboutit à un imbroglio inextricable. 

 Je donne ici la description de Le Men (1877) :

 

N° 25. Dixième fenêtre (sud). Vitrail de la seigneurie de Pratanras, en la paroisse de Penhars. Quatre panneaux.

1er Panneau. — Chevalier armé. à genoux, vêtu d’une cotte de sable chargée d’une aigle impériale d’argent membrée et becquée d’or, présenté par un saint. Ce panneau est une restauration moderne. On y voyait autrefois l’image de saint Guénolé, premier abbé de Landévennec.

2e Panneau. — Dame à genoux, vêtue d’une robe bleue à corsage jaune, partie bleue au lion d’argent, qui sont les armes du Juch, et partie noire (ou sable) à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée d’or. Ces dernières armes sont, celles de la seigneurie de  Bodigneau. La dame est présentée par sainte Catherine.

3e Panneau. Chevalier armé à genoux, vêtu d’une cotte d’arme d’azur chargée d’une croix d’or cantonnée à dextre d’une fleur de lys de même, présenté par un saint armé d’une épée [Le couteau de saint Bartholomé ?]. Ce sont les armes des Lezongar, seigneurs de Pratanras.

4e Panneau. — Dame à genoux vêtue d’un surcot bleu portant les mêmes armes. C’est une restauration moderne. Il ne restait dans ce panneau, de l’ancien vitrail, qu’un fragment représentant le buste de sainte Catherine. [Thomas : " Une dame portant les mêmes armoiries. Armes de Pratanras: d'azur à la croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même.". Couffon : " dame portant les mêmes armoiries".]

Les soufflets ou compartiments du tympan de cette fenêtre contenaient trois écussons des armes pleines ou en alliance des seigneurs de Pratanras, c’est-à-dire : 1° d’azur à la croix d’or ; 2° parti des mêmes armes et de sable à la fasce échiquetée d’argent et de gueules ; 3° parti de Pratanras et d’azur à trois mains dextres appaumées d’argent chargées d’une cotice de gueules (brisure de Guengat)."

 

Baie 106, cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 106, cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Baie 106, cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 106, cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

La présence de marques  gravées sur la face extérieure des verres, a été signalée par le maître-verrier quimpérois jean-Pierre Le Bihan ; elles étaient destinées à faciliter le repérage des pièces lors de la fabrication et du montage.

" ces marques de  repère, une par pièce d'origine. parfois, la même marque dans  tout un panneau. d'autre fois, tout au long de la lancette, chaque lancette ayant ainsi son signe de reconnaissance. Ceci est relevé  dans les fenêtres 106, 108 et 110; on découvre aussi sur un panneau, la marque d'un restaurateur du XIX°siècle, qui est un M entouré d'un 0.   Pour la 106, il est proposé un e, un c, un O barré d'un l au centre, ainsi qu'un triangle. Sur la 112 deux O dont un couronnant une croix, ainsi qu'un 6 . " 

.

 

.

Extrait de l'article de Jean-Pierre Le Bihan, Bull. S.A.F 1993.

Extrait de l'article de Jean-Pierre Le Bihan, Bull. S.A.F 1993.

.

BAIE 106, LANCETTE A. Saint Yves et le seigneur de Tréanna.

La niche architecturée est occupée par un saint dont la tonsure et l'habit blanc nous indique qu'il s'agit d'un moine, ou du moins d'un écclesiastique.L'inscription en lettres gothiques indique S. yvo : il s'agit donc de saint Yves. Le rapprochement se fait avec la lancette C de la verrière n°112 étudiée précedemment, et à propos de laquelle j'avais montré que l'habit blanc et la graphie Yvo étaient attestés dans le Livre d'Heures d'Anne de Mathefelon, un manuscrit d'origine bretonne datant de 1425. J'avais aussi montré le lien associant saint Yves avec la famille de Tréanna, dont l'ancêtre fondateur est Yves de Tréanna. Il n'est pas inutile de compléter ce point de vue par un  éclairage sur l'importance accordée au culte de St Yves par le duc Jean V, soit à la cathédrale de Nantes où un portail entier est dédié sur son ordre  à Yves Hélory de Kermartin (canonisé en 1347), soit à la cathédrale de Tréguier. Fait prisonnier en février 1420 par les Penthièvre, et détenu pendant cinq mois, le duc Jean V  fit vœu, s’il sortait sain et sauf, d’offrir à saint Yves son poids d’argent, destiné à lui édifier un tombeau. Peu après sa libération, il entreprit la construction dans la cathédrale de Tréguier de la chapelle connue sous le nom de chapelle du Duc, qui devait abriter les reliques de saint Yves. Jean V  y fut inhumé en 1451, selon son souhaît énoncé en  1421  en raison de" la très singulière dévotion que nous portons au très glorieux Monseigneur saint Yves, duquel le corps gist en l'église de Tréguier " 

 Dès 1890, La Borderie avait donné une interprétation pertinente de la pensée politique du duc Jean V : « mettre le triomphe des Montforts sous le patronage du grand official (saint Yves, official de Tréguier], et donner pour témoin, pour garant, pour appui au bon droit de cette dynastie l'incorruptible champion de la justice et du droit » .

On a remarqué depuis longtemps que ce saint est tourné de manière incongrue vers l'ouest, du coté opposé au centre du chœur, ce qui ne peut s'expliquer autrement que par une transposition depuis les verrières du coté nord.

.

 

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Saint Yves est représenté en grisaille ; il est vêtu de la longue robe blanche à manches évasées, il désigne de l'index droit un livre  tandis qu'il présente le donateur de la main gauche ; à son bras gauche est suspendu un sac à procès. C'est le seul attribut qui le distingue dans sa fonction, à défaut du rouleau de parchemin, ou du bonnet de recteur.

http://fonds-saintyves.fr/IMG/jpg/st-yves_alain_bouchard.jpg

Plusieurs croix en X sont retrouvés disséminés sur le verre .

Selon Gatouillat 2005, "saint diacre en chape verte (inscription nominative ?)  présentant un chevalier à cotte d'argent au meuble illisible (buste de celui-ci ancien, comme le vêtement du saint, dont la tête d'origine est conservée hors du monument). "

 

 

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Le seigneur est figuré en grisaille dans la posture de donateur stéréotypée de tous ces vitraux du chœur : en armure, portant l'épée, agenouillé sur un sol à carrelage bicolore, mains jointes, tourné vers le centre du chœur et la Crucifixion de la baie 100. Ses cheveux blonds (jaune d'argent) sont coupés selon la mode "au bol" de l'époque. Il porte au dessus d'une cotte de maille un tabard blanc portant un grand losange bleu dans lequel s'inscrit un autre losange blanc. Cette marque bleue est la "macle", du latin macula "petite tache" mais aussi "marque", et ici, maille en losange tirant sa forme des cottes de maille. Elle inscrit ici les armoiries  des Tréanna   Ce sont les armes d'argent à macle d'azur des seigneurs de Tréanna, dont la devise était : Sine macula macla  "la macle sans flétrissure". 

 

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Le dais, le socle et le fond.

Dais couronné de 9 tourelles en poivrière, perlées, où flottent 4 étendards. Rehauts de jaune d'argent sur les fenêtres à petits losanges, la toiture des tourelles et leur culot. Cette partie évoquant une batisse fortifiée se prolonge par les montants des panneaux sous-jacents, lesquels s'appuient sur un socle  hexagonal au sol quadrillé en losanges noirs et blancs.

Mais ces allures fortifiées contrastent avec la partie inférieure du dais, qui évoque l'intérieur d'un édifice religieux, avec des voûtes à larges nervures, une clef de voûte (jaune d'argent), un quadrilobe et des fenêtres au vitrage losangique (surtout visible sur la lancette C). 

Les fonds des quatre lancettes sont successivement bleu, vert, rouge et bleu, en verre uni altéré par la corrosion. Ce fond fait figure d'une tenture derrière les personnages, ornée dans sa partie haute d'une bordure jaune à motifs géométriques.

Tout ces éléments n'avaient pas resisté au temps et ont été créés par Lusson au XIXe siècle. Il s'est inspiré  des dais de la baie 107.

 

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 106, LANCETTE B. Sainte Marie-Madeleine.

La sainte n'est pas mentionnée par les auteurs du XIXe siècle, alors que son nom s'inscrit clairement en lettres gothiques Ma / mada / le / nne. Elle est reconnaissable par sa longue chevelure blonde et par son flacon de parfum. 

Selon Gatouillat 2005 : "Sainte Madeleine (tête moderne, inscription nominative de part et d'autre) présentant une donatrice (tête moderne, vêtement ancien, armorié parti du Juch et Botigneau ?)".

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Marie-Madeleine, lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Marie-Madeleine, lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

La donatrice, aux cheveux ramassés sur les tempes par une résille sous un touret orné de perles, est vêtue d’une robe à corsage jaune au dessus des armoiries d'azur au lion d'argent,  qui sont les armes du Juch, et parti  de gueules à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée d’or, armes erronées de la seigneurie de  Bodigneau puisque d'une part l'aigle esployée de leurs armoiries est becquée et membrée de gueules, et qu'elles se détachent sur un champ de sable (et non de gueules comme ici).

Les seigneurs du Juch sont figurés principalement dans la baie 104. Les armoiries de Bodigneau et du Juc'h figuraient ensemble, et avec celles de Tréanna sur les vitraux et sculptures de l'église de Clohars-Fouesnant, paroisse dont sont originaires les seigneurs de Bodigneau. On trouvait aussi l'association Bodigneau-Juc'h sur les vitres de la chapelle du Perguet à Bénodet.

Le vitrail ancien a été copié par calque par Louis Ottin lors de sa dépose et de son remplacement par une copie vers 1869.

 

.

 

 

Louis Ottin, Le Vitrail, figure 48.

Louis Ottin, Le Vitrail, figure 48.

.

 

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 106, LANCETTE C. Saint Bartholomé.

L'apôtre Bartholomé est identifiable par son attribut, le coutelas par llequel il fut dépecé, et par l'inscription indiquant S. Bartho / lo / me[us]. Il s'agit sans-doute du saint portant une épée décrit par Le Men.

Selon Gatouillat et Hérold 2005 : 3e lancette: saint Barthélemy (tête moderne) présentant un donateur en cotte aux armes de Pratanras, « d'azur à la croix d'or » (tête originale conservée hors du monument). .

 

 

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Le seigneur qu'il présente est remarquable par l'iris de ses yeux teintés au jaune d'argent. Son tabard porte les armoiries d'azur à la croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même de la famille de Lezongar, seigneurs de Pratanras. La "fleur de lys" est ici réduite à un losange.

 

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

La tête ancienne qui a servi de modèle est sans-doute celle qui, vendue par l'atelier de Lusson, a été montée dans la partie médiane basse d'un panneau d'antiquaire (collection particulière, Paris) :

 

.

Le dais architecturé.

.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 106, LANCETTE D. Sainte Catherine.

Selon Gatouillat et Hérold 2005 : "  sainte Catherine (figure moderne sauf le buste et la roue), et une donatrice dite Catherine de Botigneau (tête moderne, celle d'origine conservée hors du monument) ."

L'inscription en lettres gothiques indique S./  Kathe / ri / na. Sainte Catherine d'Alexandrie se reconnaît à sa couronne, à sa roue de supplice équipée de lames d'acier, 

.

 

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

V.

 

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

La donatrice est comparable à celle de la lancette B, mais sa robe porte les armoiries de Lezongar  d'azur à la croix d'or cantonnée à dextre d'une fleur de lys de même, Mais, ici plus encore que dans la baie C, la fleur de lys est réduite à un losange jaune. Rappellons qu'il s'agit d'une restauration du XIXe siècle.

 

 

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

.

II. LA BAIE n° 108. Quatrième travée du chœur coté sud. Les seigneurs de Tréanna et de Bodigneau.

Comme la précédente, il s'agit d'une baie de 4,50 m de haut et 2,70 m de large, composée de 4 lancettes et  d'un tympan à 10 ajours, datant de 1417-1424, restaurée par Antoine Lusson en 1867-1869 puis par Messonnet en 1992. Elle porte les couleurs des seigneurs de Tréanna, d'argent à la macle d'azur, famille originaire d'Elliant, à 20 km à l'est de Quimper, et celle des seigneurs de Bodigneau, de Clohars-Fouesnant, à 15 km au sud de Quimper.

Le Nobiliaire et Armorial de Pol de Courcy indique :

Tréanna (de), sr dudit lieu et de Botbodern, par. d’Elliant, — de Lanvilliau, par. de Ploraodiern, - de Moros, par. de Lanriec, — du Leuré et de Penanes’h, par. de Saint-Nic, — de Kervern, par. de Dirinon, — de Brignon, — de la Bouêxière, — de Pensornou, par. de Carantec, — de Coëtlespel, par. de Plouédern. -Anc. ext. chev., réf. 1668, huit gén.; réf. et montres de 1426 à 1)62 , par. d’Elliant, Plomodiern, Lanriec, Dirinon et Plouédern, év. de Cornouaille et Léon.

D’argent à la macle d’azur.

Yves, vivant en 1400, épouse Amice de Kerbescat ; Yves, combattit à la bataille de Formigny en 1450 et était capitaine de Concarneau en 1177 ; un chevalier de l’ordre en 1022 ; un page du Roi en 1741.

La branche aînée a porté la seigneurie de Tréanna dans la famille deTinténiac, puis Harquin et Muzillac ; la branche de Pensornou, fondue en 1755 dans Coëtlosquet ; la dernière branche fondue dans Kergariou.

A l'époque de la réalisation de ces vitraux, Jean II de Tréanna était  chanoine du chapitre de Quimper  (de 1394 à 1424) ; le 26 juillet 1424, il assiste à la fondation des tours de la cathédrale en présence de l'évêque Bertrand de Rosmadec. La macle qui figure à la voûte du chœur sur la nervure de gauche du rond-point (dans un éventail autour des armoiries du duc Jean V) lui correspond vraisemblablement. Avant lui, Yves était official (juge écclesiastique) du chapitre entre 1328 et 1348 et Jean I entre 1330 et 1342. Cette famille a participé à la donation des baies 106, 107, 108, 110, 112, pour la première campagne de création de vitraux dans le chœur, et des baies 116 et 124 lors de la campagne de réalisation des vitraux du transept et de la nef 70 ans plus tard. La baie 116, précisément, a été offerte en 1496 par Geoffroy de Tréanna, chanoine de Quimper et recteur de Crozon. Lors de l'édification de la façade occidental, les armoiries familiales furent sculptées au dessus du tympan au coté de celles de trois autres grands vassaux de l'évêque Bertrand de Rosmadec. 

 Les saints invoqués pour leur patronage sont deux saints évêques ( saint Nicolas et saint [P-van]), un saint non identifié et un saint moine (saint Hervé).

N° 26. Onzième fenêtre (sud). Vitrail de la seigneurie de Tréanna, en la paroisse d’Elliant,. Quatre panneaux.

1er Panneau. — Chevalier armé, à genoux, vêtu d’une cotte blanche chargée d’une macle d’azur, présenté par un saint évêque. Ce sont les armes des seigneurs de Tréanna, dont la devise était : Sine macula macla. Il ne restait dans ce vitrail, avant sa restauration, que la parti e inférieure des personnages.

2e Panneau. — Chevalier armé, à genoux, vêtu d’une cotte blanche chargée de trois fasces ondées d’azur (fascé, ondé d’argent et d’azur ?), présenté par un saint qui tient une bannière aux mêmes armes. Comme la partie supérieure de ce panneau manquait avant sa restauration, le fragment que l’on a pris pour une hampe de bannière était probablement le bâton d’une crosse.

3e Panneau. — Chevalier dans l’attitude des précédents, vêtu d’une cotte blanche portant de sable à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée de gueules (Bodigneau), présenté par un saint évêque.

4e Panneau. — Chevalier vêtu comme celui du premier panneau, et portant, comme lui, une macle d’azur sur sa cotte blanche, présenté par un saint religieux, peut-être saint Bernard.

 

Selon Thomas :

Onzième fenêtre. - 1"· Vitrail de Tréanna

1. Un seigneur de Tréanna présenté par un saint évêque ;

2. Un chevalier portant armoiries et bannière sorties de l'imagination du peintre-verrier ;

3. Un seigneur de Bodigneau présenté par un saint évêque ;

4. Un seigneur de Tréanna présenté par un saint moine vêtu de blanc ; probablement saint Maurice de Carnoët. 

Selon Couffon et Le Bars :

108 vitrail de la seigneurie de Tréanna

a un évêque présentant un chevalier à genoux à la cotte blanche chargée d'une macle d'azur - sine macula macla - de Tréanna (panneau de Lusson).

b saint à la bannière armoriée présentant un chevalier à genoux à la cotte blanche chargée de trois fasces ondées d'azur.

c saint évêque présentant un chevalier aux armes des Bodigneau cf 106 a.

d saint Maurice de Carnoët (?) présentant un seigneur de Tréanna. 

.

Comme dans la baie n°106, ce vitrail a été fort détérioré, et il ne restait avant la restauration d'Antoine Lusson, que la partie inférieure des personnages de la lancette A et B, ainsi que la plus grande partie de la lancette C. 

.

 

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 108, LANCETTE A. 

"Saint évêque (buste moderne)  présentant un chevalier (assez bien conservé)" (Gatouillat 2005). 

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

a) Saint évêque. 

L'inscription en lettres gothiques indique S. ni / a / o / lois. Yves-Pascal Castel propose judicieusement d'y lire le nom de saint Nicolas. 

 

Saint Nicolas, Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Saint Nicolas, Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

b) donateur.

Chevalier en armure, au visage jeune, mains jointes, agenouillé devant une tenture verte, et portant sur son tabard la macle d'argent à l'intérieur d'une macle d'azur le désignant comme un membre de la famille des Tréanna.

 

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Le modèle copié par Louis Ottin alors qu'il travaillait à la restauration de la verrière avec Lusson :

 

Louis Ottin, Le vitrail, figure 43.

Louis Ottin, Le vitrail, figure 43.

.

 

Louis Ottin, le Vitrail figure 167.

Louis Ottin, le Vitrail figure 167.

Lancette A, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette A, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

Dais.

Dais rehaussé de jaune d'argent, à trois gables couronnés d'un fleuron et centrés par un quadrilobe ou multilobe, au dessus d'une voûte à croisée d'ogives et de fenêtres à verres losangiques. 

Dais de la lancette A, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Dais de la lancette A, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 108, LANCETTE B. 

Gatouillat et Hérold (2005) la décrivent comme "un saint barbu tenant un étendard et présentant un seigneur (têtes modernes)" alors que Le Men   suggère de voir dans la hampe de la bannière la restauration d'une probable crosse d'évêque ; Yves-Pascal Castel ajoute " cela cadrerait avec l'inscription S. DE / RIE.(saint Derrien ?) ". Pour ce dernier auteur,   le chevalier revêt une cotte blanche chargée de trois fasces ondées d'azur. Ce pourrait être la reproduction incorrecte des armes de la famille des Langueouez : fascé ondé d'or et d'azur au chef de gueules. Ces dernières armes se remarquent à la voûte de la nef de la cathédrale.

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette B, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 108, LANCETTE C. 

.

Gatouillat 2005 : "Saint évêque présentant un seigneur de Bodigneau selon Thomas (assez bien conservé ; cheveux teintés de jaune d'argent)".

"Chevalier vêtu d'une cotte blanche portant de sable à l'aigle impériale d'argent becquée et membrée de gueules (Bodigneau) présenté par un saint évêque  inscription S:P---DAU ou VAN (?)" (YPC 2005)

 

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette C, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

BAIE 108, LANCETTE D. 

.

"Saint diacre tourné vers l'ouest (inscription SY ?...; tête d'origine conservé en dehors du monument), et un seigneur de Tréanna en cotte armoriée "d'argent à la macle d'azur " (assez bien conservé." (Gatouillat 2005 p.177). 

"Le chevalier, vêtu comme celui du premier panneau et portant comme lui une grande macle d'azur sur sa cotte blanche, est présenté par un moine, un livre dans la main droite dont l'identité semble confirmé par l'inscription SH / ERV / US. Saint Hervé ..." (Yves-Pascal Castel 2005 p.65).

Aucune de ces deux descriptions ne correspond à l'état actuel de la lancette, même en tenant compte de l'interversion avec la lancette A de la baie n°106.

L'inscription est délicate à décrypter mais la leçon de Y-P. Castel est inexacte, et on lit S: her / ve / us, si on accepte d'interpréter la première lettre du prénom comme un -h- et  les lettres -n- comme des -v- ou des -u-.  Mais dans ce cas, le saint ermite aveugle  breton serait dépourvu de ses attributs caractéristiques : son bâton, son guide Guiharan et son loup apprivoisé. 

 

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

La tête ancienne du saint,  (au centre de la rangée supérieure) conservée sur un "panneau d'antiquaire", Paris , collection privée.

.

Sa copie en calque par Louis Ottin lorsqu'il travaillait avec Lusson à la restauration des baies :

Calque d'une tête, Louis Ottin, Le Vitrail,  figure 165.

Calque d'une tête, Louis Ottin, Le Vitrail, figure 165.

.

 

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

Lancette D, baie 108, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.

.

 

SOURCES ET LIENS.

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

 

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)


 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de BoisbillyArch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

 

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

 BRUNEL (Christian), 2004, La réédification du tombeau de saint Yves : l’histoire au service de l’Église. In Saint Yves et les Bretons: Culte, images, mémoire (1303-2003), sous la direction de Jean-Christophe Cassard et Georges Provost, Presses Universitaires de Rennes p. 111-123 http://books.openedition.org/pur/22403?lang=fr

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON (René) LE BARS ( Alfred) 1988,  Diocèse de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988, 551 p.  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315

 GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", " Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie. 

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al.La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens."Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

 

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes. 

LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimper à Castelnau-Bretenoux",  Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

 

— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005,  Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.

— LE BIHAN (J.-P.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII 

ou blog du 10 février 2010 : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-vitraux-et-leurs-gravures-de-repere-en-bretagne-44640076.html

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, p.524-525

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

 

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007,  Blog 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7003763.html

 

 LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

 MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

 OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

— YEURCH (Bertrand) 2012, "Les premières entrées épiscopales en Bretagne ducale", Britannia Monastica  16, 2012, p. 93-161. https://www.academia.edu/1949697/Les_premi%C3%A8res_entr%C3%A9es_%C3%A9piscopales_en_Bretagne_ducale

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper
12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 21:59

L'une des caractéristiques les plus intéressantes des vitraux bretons est l'utilisation du jaune d'argent pour teinter les iris des personnages, comme dans la baie 106 et 107, ou d'un dragon, comme dans la baie 109. Mais l'utilisation qui est faite du pigment jaune dans les baies 110 et 112 est si originale que Katia Macias-Valadez a désigné leur auteur sous le nom de "Maître du jaune d'argent".

 

LA BAIE 110. 

Elle mesure 4,50 m de haut et 2,60 m de large et comporte quatre lancettes trilobées et un tympan de 10 ajours. Ce serait, d'après Le Men et Thomas, un don de la famille Bodigneau, de Clohars-Fouesnant. 

.

 

 

LANCETTE A.

Un saint évêque en chape pourpre galonnée. La mitre est ancienne. La tête a été copiée par Lusson sur un modèle encore conservé dans une collection privée parisienne, et ces deux documents permettent d'affirmer  que le jaune d'argent qui souligne les sourcils, la paupière supérieure, la narine gauche, et le menton sont bien dûs au pinceau de l'artiste du début du XVe siècle.

.

 

Tête d'évêque du vitrail d'origine, coll.privée, in Gatouillat 2009

Tête d'évêque du vitrail d'origine, coll.privée, in Gatouillat 2009

Copie de la tête du vitrail d'origine par Antoine Lusson, dépôt de la cathédrale, in Gatouillat 2009

Copie de la tête du vitrail d'origine par Antoine Lusson, dépôt de la cathédrale, in Gatouillat 2009

.

L'évêque présente une donatrice coiffée d'un petit atour de tête vert ou bleu turquoise sur des cheveux temporaux postiches (truffeaux) ramassés par une résille en et vêtue d'une robe verte à plastron blanc. Tête moderne, jupe complétée. Selon Le Men, page 29 : "Dame à genoux, vêtue d’une robe blanche portant parti au 1 : d’argent à la mâcle d’azur (Tréanna) ; au 2 : d’argent à la bande engreslée de sable. ". Seule la bande engrêlée de sable est aujourd'hui visible.

Puisque les vitraux anciens encore conservés nous permettent de vérifier que les vitraux "modernes" (vers 1869) de Lusson sont fidéles aux verres anciens qu'il a déposés, nous pouvons supposer que les touches de jaune d'argent du visage de la donatrice (sourcil, narine, lèvre, menton) sont conformes à la peinture du verrier du XVe siècle, à moins que le visage de la noble donatrice ait été détruit (sous la Révolution?) et que Lusson ait procédé par extrapolation du visage de l'évêque.

 

Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.
Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Donatrice Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Donatrice Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

 

Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

LANCETTE B.

Fond rouge très restauré.

Saint Jean l'Évangéliste nimbé de vert porte un manteau blanc drapé, au dessus d'une robe bleu-vert. Les cheveux blonds bouclés et l'absence de barbe permettent d'identifier l'apôtre Jean, comme surtout le calice d'où sortent six serpents-dragons faisant référence au miracle racontés dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine : Pour prouver à Aristodème et aux Éphésiens la supériorité du christianisme sur le culte des idoles, Jean, sommé de boire une coupe de poison, en avale le contenu d'un trait et n'en est absolument pas incommodé, tandis que les deux goûteurs désignés pour tester ce poison s'écroulent foudroyés en quelques secondes (ils seront ensuite ressuscités par le saint).

 

 

Saint Jean présente un chevalier en armure,  portant l'épée, et  sur son tabard les armes de la famille de Bodigneau, de sable à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée de gueules. Le fief de cette famille se trouve dans la paroisse de Clohars-Fouesnant (à 15 km au sud de Quimper), où s'élève le château de Bodigneau, ou Botigneau, Bodignio ou Bodinio. Le Nobiliaire ou Armorial de Bretagne de Pol Potier de Courcy indique :

Botigneau (de), sr dudit lieu et de Kergoat, par. de Clohars-Fouesnant, — de Brunault, par. de Trébrivant. Réf. et montres de 1426 à 1562, par. de Clohars, év. de Cornouaille.

D’azur à l’aigle éployée d’or. Devise : À l’adventure.

Le nom ancien de cette famille est Droniou ; Jean Droniou, épouse Louise du Vieux-Chatel, dame de Brunault, dont : Alain, marié en 1562 à Marie de Kergorlay, père et mère de Jeanne, fille unique héritière, épouse de François de Kerc’hoënt.

En 1426, le domaine de Botigneau  est tenu en 1426 par Jehan Droniou.

Vers 1500, cette famille fit édifier les vitraux de l'église Saint-Hilaire de Clohars-Fouesnant, avec leurs armes en supériorité, et Pierre de Bodigneau et Marie de Tréanna s'y font représenter en donateurs (Abgrall, Notice).  Voir Iconographie de saint Christophe.

En 1424, lors de la construction de la façade occidentale, le blason du seigneur de Bodigneau est sculpté sur le tympan du portail, avec celle des trois autres nobles qui ont le privilège de porter le siège de l'évêque Bertrand de Rosmadec : les seigneurs de Nevet (Plogonnec), de Guengat et Du Quélennec (Le Faou). C'est dire qu'il s'agit alors d'une famille de tout premier plan en Cornouaille. Par contre, en 1480, lors de l'entrée épiscopale de Guy de Bouchet, les quatre seigneurs qu'accueillirent dans la cathédrale étaient Jean du Quélennec, Henri,seigneur de Névet, Guillaume, seigneur de Ploeuc,  et Guyomarch, seigneur de Guengat. Bodigneau avait donc laisser la place à de Ploeuc.

Les verres du chevalier, avec sa coupe de cheveux caractéristique de l'époque, sont bien conservés, hormis le panneau inférieur où la zone des genoux et le socle sont modernes. Les mêmes rehauts de jaune d'argent se remarquent au mêmes endroits du visage que sur la lancette A, les sourcils, la narine, la paupière, la lèvre et le menton.

.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

LANCETTE C.

Elle est similaire à la lancette B, mais c'est ici saint Jean-Baptiste qui présente le donateur. Ce saint est, en fréquence, le premier représenté dans les vitraux du XVe siècle, avec dix occurences, très souvent en binôme avec Jean l'Evangéliste (sept occurences), et je me demande si il faut y voir l'influence du couple ducal de Jean V et de Jeanne de France. Ces dix représentations sont assez identiques, Jean tenant un agneau lui-même porteur de l'oriflamme de la ressurection et la croix du sauveur du Monde dont il clamait l'avènement. Ici, comme ailleurs (baie 115, 123, 124), l'agneau est disposé sur un livre. Partout, l'artiste n'omet pas de faire valoir le vêtement fait d'une peau de bête (poils de chameau selon l'Évangile, peau de lion souvent ) : le saint vit dans la solitude du désert entourant le Jourdain, où il baptise par immersion, il se nourrit de miel et de sauterelles (Mt 11:18). Membre d'une famille sacerdotale (il est le fils de Zacharie), il prône la purification du corps et il est peut-être assimilable à un nazir ou nazaréen, qui a fait vœu d'ascétisme selon les prescriptions bibliques de Nombre 6: 1-21 ; ainsi, il observerai la règle "Un rasoir ne passera pas sur ta tête", et ce serait le sens des cheveux longs et de la barbe représentés sur le vitrail. 

La robe en poil de chameau (on voit des bouclettes qui évoquent un pelage d'animal)  du saint est teintée de jaune d'argent. Sa partie inférieure disparaît sous une tenture bleue (son manteau ??) devant laquelle se détache le donateur.

Lancette C, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Le seigneur de Bodigneau est identique à la lancette B, mais ses armoiries sont assez bien conservées.

.

 

Lancette C, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

LANCETTE D.

Les têtes de la Vierge et de son Enfant sont modernes, mais on y remarque le même emploi de jaune d'argent sur les traits des visages. 

La Vierge est très proche de la sainte Catherine de la baie 112, mais cela sera comparé plus loin.

 

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

L'Enfant tient dans les mains un objet jaune et blanc que je n'ai pas identifié.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

La donatrice est coiffée d'un touret vert vêtue d'un corsage pourpre-brun. Sa jupe armoriée parti Bodigneau et Tréanna inciterait à découvrir, vers 1417, un mariage entre ces deux familles, mais je n'ai trouvé que celui, mentionné vers 1500, du couple figurant sur la verrière de la chapelle nord de l'église de Clohars-Fouesnant entre Pierre de Bodigneau et Marie de Tréanna selon l'aveu de Cheffontaine de 1758. 

Son visage est le seul à ne pas bénéficier du jaune d'argent.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

LES DAIS.

Ils sont sensiblement identiques dans les quatres lancettes, et sont divisés en trois pinacles aigus, à quadrilobes, sans rehauts de jaune d'argent.

Il y a absence de continuité et de cohérence du décor entre le fond de la niche composée du socle, des montants et des fonds d'une part, qui s'arrête avec la barlotière, et d'autre part les dais, qui semblent incomplets puisqu'on n'y trouve pas la retombée des voûtes et le remplage habituel.

Les socles sont anguleux.

Les fonds.

Ils alternent la couleur rouge et la couleur bleue, avec un motif en large feuille découpée de profondes digitations, grimpant verticalement.

Dais de la lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Dais de la lancette A, baie n°110, coté sud du chœur de la cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

II. LA BAIE 112. CHOEUR COTÉ SUD.

Les chercheuses Françoise Gatouillat et Katia Macias-Valadez ont souligné que cette baie 112 forme un ensemble avec la baie 110 : non seulement on y retrouve les mêmes familles de donateurs, mais encore le même usage du jaune d'argent, les mêmes dais architecturaux qui semblent amputés de leur partie inférieure et se raccordent mal avec les registres sous-jacents. De plus, le même carton me semble avoir été utilisé pour leur lancette D.

Comme la précédente, elle mesure 4,50 m de haut et 2,60 m de large et comporte quatre lancettes trilobées et un tympan (à 12 ajours ici).  Ce serait selon le relevé de Le Men en 1877 un don des familles de Bodigneau, de Tréanna et de Trémic.

Mais il existe une différence de taille : les personnages sont traités majoritairement en grisaille (comme les baies n°109 et 111), les pièces colorées étant réservées à certains vêtements, aux fonds et au contre-fond uni des têtes de lancettes. La source d'inspiration des peintres sur verre a largement été puisée dans les enluminures des Livres d'Heures et autres livres de dévotions, ou les saints figurent dans des niches ou devant des fonds quadrillés, sur un sol carrelé, et où le livre débute souvent en présentant le couple de donateur et ses armoiries, mais à la fin du XIVe et le début du XVe siècle, les artistes adoptèrent volontiers la technique en grisaille, à l'instar des peintres flamands sur le dos des volets des retables (L'Agneau Mystique de Van Eyck date de 1432).

.

Baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.
Baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

 

LANCETTE A.

L'apôtre Jacques le Majeur, en robe pourpre, porte un manteau blanc qui forme un pan bizarre en avant de la donatrice. Il n'est identifiable que par la coquille de son chapeau.

Le jaune d'argent est utilisé pour le livre, le chapeau du saint avec coquille en réserve, le galon de son col sur la pièce du cou, 

 

.

 

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

La donatrice est vêtue d'une robe blanche qui porte des motifs héraldiques en forme d'étoiles rouges à centre jaune, et aussi un triangle blanc inscrit dans un triangle bleu. Le Men y a reconnu "une demi-mâcle d’azur et une molette de gueules" , et les a attribués à "une alliance des familles de Tréanna et de Lanros. Cette dernière seigneurie était dans la paroisse d’Ergué-Armel."

Les armoiries de Tréanna sont d'azur à la macle d'argent et celle de Lanros d'or à une molette de gueules

Le jaune d'argent est utilisé ici pour les cheveux de la dame, ramassés par une résille sous son touret coloré.

 

 

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette A, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

LANCETTE B. 

 

1°) Sainte Anne, sa fille et son petit-fils.

L'archiviste Le Men voyait ici "la Vierge, tenant l’Enfant Jésus dans ses bras", mais il s'agit en réalité d'un groupe dit  d'Anne trinitaire (figure de la sainte moderne, Vierge et Enfant ancien), correctement  reconnu par Gatouillat et Hérold 2005,  Philippe Bonnet 2003, mais difficilement et dubitativement par Yves-Pascal Castel 2005. 

Un examen attentif découvre d'abord que la sainte porte la guimpe, attribut de la Mère de la Vierge alors que Marie porte traditionnellement les cheveux libres ou couverts d'un voile qui n'encadre pas le visage. Puis on constate que l'enfant qu'elle tient porte une couronne ; malgré l'aspect corrodé du verre, on admire ses traits gracieux et féminins : il s'agit de Marie, aux cheveux blonds ondulants. Enfin, une paire de jambes, un dos et un bras indiquent la présence de l'Enfant-Jésus, de taille inférieure à celle de sa mère Marie. La tête se devine, portant un nimbe crucifère.

Des touches de jaune d'argent sont appliquées sur la paupière, la narine, le menton de sainte Anne (composition par Antoine Lusson). Le pigment colore aussi les cheveux, la robe et la couronne de Marie, et aussi une pièce de verre placée près de la main de l'Enfant.

Ainsi recomposée et dégagée mentalement des scories de l'altéraion du verre ancien, le dessin du groupe trinitaire acquiert une beauté exceptionnelle.

Voir mes articles sur les groupes d'Anne trinitaires de Bretagne :

Dans la vallée de l'Aulne. (29)

Au Musée de Quimper (29)

A l'église de Plourin-les-Morlaix (29)

A l'église de Plougasnou

A l'église de Guimaëc

L'église du Vieux Bourg à Lothey : Anne trinitaire.

La chapelle Sainte-Anne à Daoulas.(29)

A la cathédrale de Burgos (Espagne)

A l'église de Bannalec (29)

A Saint-Hernin (29)

Voir aussi la belle collection du Musée des Trésors de la Basilique Sainte-Anne-d'Auray (56)

.

 

Lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Sainte Anne trinitaire, lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Sainte Anne trinitaire, lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Vient ensuite le chevalier (très restauré) en armure, agenouillé, mains jointes, vêtu d’une cotte bleue et d'un manteau blanc sur lequel Le Men décrit une rose de gueules (Trémic). Signalons que Le Men , dont la Monographie paraît en 1877, n'a pas vu les vitraux qu'il décrit et dont il a demandé la réalisation par Lusson. Thomas décrit, en suivant Le Men, "un seigneur de Trémic, présenté par Notre-Dame".

 

Lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette B, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

.

LANCETTE C.

.

Nous voyons un saint religieux,  qui porte un habit composé d'une longue robe blanche et, recouvrant les épaules et les bras, d'un capuce.

Le buste est ancien. On relève le jaune d'argent sur les cheveux du saint, sur la tranche du livre, mais non sur le visage.

Une banderole indique un nom, mais sa lecture est ardue. Elle débute à gauche par ST~S, "SANCTUS", puis se poursuit à droite par  -' IIUO. 

Les saints religieux honorés en Bretagne, et notamment par le duc Jean V sont saint Vincent-Ferrier et saint Yves. Ce dernier était mentionné à l'époque sous le nom de Sanctus YVO. Dans le Livre d'Heures d'Anne de Mathefelon, un manuscrit d'origine bretonne, l'oraison O Yvo incola britannie "O Yves qui résida en Bretagne" montre la graphie en usage en 1425. En outre, l'enluminure montre un saint Yves très proche du saint du vitrail quimpérois.

.

 

 

Bourges, Musée du Berry Ms 1924-4-1 folio 98 : Anne de Mathefelon priant saint Yves.

.

N.b : Dans la baie 106, saint Yves est figuré présentant, comme ici, un seigneur de Treanna ; mais son identification est claire : il est tonsuré, la banderole porte les mots S. YVO et le saint porte un sac contenant des manuscrits, propre à sa fonction d'official du diocèse de Tréguier.

.

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

I.

Saint Yves présente le seigneur de Treanna (son tabard porte une mâcle d'argent sur fond d’azur) en armure, l'épée ceinte, à genoux. Le visage de l'ecuyer porte les rehauts de jaune d'argent habituels sur le sourcil, la paupière, le menton.

Le prénom Yves est répandu (ou vénéré) dans la famille de Treanna. Un extrait des registres de la Chambre de reformation de 1668 concernant Jean de Treanna indique que cette famille se tenait comme descendante d'Yves de Treanna et d'Amou de Querbescat, proprietaire de la terre et seigneurie de Quervern, qui vivoient en l’an 1409, [...] dont issut Yves de Treanna, qui épousa Jeanne de Coatenezre , etc

 

.

 

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette C, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

LANCETTE D.

Le panneau supérieur de cette lancette est assez bien conservé. On y voit sainte Catherine, et, devant son épaule gauche, tenue dans la main drapée par la manche, la roue de son supplice, représentée, avec un luxe de détail, avec les lames qui y sont fixées. "Les pupilles et narines des personnages sont teintés de jaune d'argent" (Gatouillat et Hérold 2005). Le pigment s'étale même sur l'œil gauche de la sainte, touche la lèvre  et la pointe du menton.

 

.

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

La donatrice est à genoux, vêtue d’une robe blanche parti au 1 : de sable à l’aigle impériale d’argent becquée et membrée de gueules (Bodigneau) ; au 2 : d’argent à la rose de gueules (Trémic). 

 

Selon le Nobiliaire et Armorial de Pol Potier de Courcy, 

Trémic (de), sr dudit lieu, par. de Combrit, — de Kcranysan et de Lespervez, par. de Plonéour,— de Peuanrun.

Anc. ext., réf. 1669, neuf gén. ; réf. et montres de 14?6 à 1536, dites par., év. de Cornouaille.

D’argent à la rose de gueules.

Alain, croisé en 1248 (cab. Courtois) ; Henry, vivant en 1144, père d’lVon, vivant en 1460, marié à Jeanne de Saint-Juzel ; Henry, fils des précédents, époux d’Hélène le Gallou, père et mère de Christophe, marié à Louise le Coing, dame de Keranysan ; Jean, chevalier de l’ordre, épouse en 1633 Renée l’Honoré ; un contre-amiral honoraire en 1825.

Fondu dans Boisberlhelot.

.

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Lancette D, baie n°112, coté sud du chœur, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Comparaison de la Vierge de la lancette D de la baie 110 et de sainte Catherine de la lancette D de la baie 112.

Si on compare ces deux lancettes, on constate qu'un seul carton a pu être utilisé, et que la tête de l'Enfant, cerclée du nimbe, de l'une a laissé place à la roue de l'autre. Si on s'en tient aux seules têtes, les traits du visage sont les mêmes, la chevelure et la couronne également, et la forme en raquette de la pièce de verre est identique.

 

 

Comparaison de la Vierge de la lancette D de la baie 110 et de sainte Catherine de la baie 112.
Comparaison de la Vierge de la lancette D de la baie 110 et de sainte Catherine de la baie 112.

Comparaison de la Vierge de la lancette D de la baie 110 et de sainte Catherine de la baie 112.

.

Dais gothiques rayonnants: niches hérissés de pinacles, de structure lourde, aux voûtes apparentes (en verre blanc non teinté de jaune d'argent).

Fonds : à larges motifs de feuillages. Alternance traditionnelle de la couleur bleue et rouge, mais la lancette B fait exception puisque le rouge laisse la place à un pourpre pâle.

Socles polygonaux  sols dallés vus en perspective en grisaille et jaune d'argent .

Marques de repère. Selon le maître-verrier Jean-Pierre Le Bihan, "Les fenêtres hautes du choeur présentent sur la face extérieure ces marques de  repère, une par pièce d'origine. parfois, la même marque dans  tout un panneau. d'autre fois, tout au long de la lancette, chaque lancette ayant ainsi son signe de reconnaissance. Ceci est relevé  dans les fenêtres 106,108 et 110; on découvre aussi sur un panneau, la marque d'un restaurateur du XIX°siècle, dui est un M entouré d'un 0  Pour la 106, il est proposé un e, un c, un O barré d'un l au centre, ainsi qu'un triangle. Sur la 112 deux O dont un couronnant une croix, ainsi qu'un 6 ".

.

CONCLUSION.

Je citerai Katia Macias-Valadez (p. 226-227) :

"...l'usage spécial du jaune d'argent pour rehausser les sourcils, les paupières, le bout du nex, les lèvres et parfois le menton sur certains visages. Cette particularité qui reste des plus fascinantes étant donné son originalité révèle une bonne maîtrise de la technique de la peinture sur verre. En effet, le jaune d'argent est constitué de sels d'argent contenus dans un colorant ocre ; translucide lors de son application sur le revers de la pièce de verre, il devient jaune à la cuisson. [...] Le jaune d'argent est très pratique puisqu'il permet de représenter sur la même pièce de verre deux couleurs différentes sans avoir à recourir au plomb. Apparu au début du XIVe siècle, il est généralement utilisé pour faire les cheveux, les barbes et parfois l'iris des yeux et des motifs ornementaux. A Quimper, les artistes en ont fait un usage, que l'on ne retrouve dans aucun autre exemple, français, anglais ou breton, qui nous soit parvenu. Voulaient-ils suggérer le volume de ces parties ? Ou tout simplement caractériser davantage leurs personnages ?"

Dans les baies 106 et 108, ce sont les iris (j'utilisais, à tort sur le plan anatomique, le mot "pupille" repris à F. Gatouillat) des personnages qui sont teintés aux sels d'argent, et dans la baie 109 ce sont les iris du dragon diabolique terrassé par saint Michel. Mon hypothèse concernant ces "pupilles" jaune d'or, développée à propos de cet usage à Runan et à Malestroit, est qu'il s'agit de montrer la nature spirituelle ou sacrée, saintes, des personnages. Si on doit expliquer aussi son emploi pour le dragon, je dirai que ces yeux dorés rendent explicite le fait que nous ne sommes pas dans le monde naturel d'ici-bas, mais dans le monde surnaturel des Cieux. Les touches jaunes des visages viennent également, sur un mode original, placer  les personnages dans cet autre monde : les saints tutélaires parce qu'ils s'y trouvent déjà, les donateurs parce qu'ils sont irradiés et spiritualisés par leur patronage, parce qu'ils accèdent  dans le chœur (le centre des énergies spirituelles de la cathédrale, jadis fermé aux laïcs par un jubé), et parce qu'ils sont agenouillés tournés vers la scène centrale de la Crucifixion, où le Christ en croix leur assure leur rédemption.

Cet emploi du jaune d'argent renvoie donc, à mon sens, à un procédé analogue à celui des fonds dorés par les peintres des icones orthodoxes, ou pour rester dans la chrétienté catholique, par les peintres primitifs italiens de Florence ou de Sienne comme Cimabué, ou encore à l'usage du nimbe doré autour de la tête des saints.

.

.

SOURCES ET LIENS. 

 

 

Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

 

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)


 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de BoisbillyArch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

 

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

 COUDOUIN (André), 1981, « L'âge d'or de la soierie à Tours (1470-1550) » Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1981  Volume 88  Numéro 1  pp. 43-65

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1981_num_88_1_3035

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON et LE BRAS,  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", " Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie.

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al.La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens." Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie. 

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

— GRODECKI (Louis), Baudot Marcel, Dubuc René, 1968, -"Les vitraux de la cathédrale d'Évreux."  In: Bulletin Monumental, tome 126, n°1, année 1968. pp. 55-73. doi : 10.3406/bulmo.1968.4898 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898  

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes.  Les baies n'y sont pas numérotées et distribuées en cinq lieux : Vitraux de la chapelle des fonts, vitraux de la Nef, vitraux du transept, vitraux du chœur, vitraux de la chapelle terminale. 

LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimepr à Castelnau-Bretenoux",  Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38. 

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

 

— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005,  Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.

— LE BIHAN (J.-P.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, p.524-525

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

 

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007,  Blog 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7003763.html

 

 LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

 MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242. 

 OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, 170 pages,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

— YEURCH (Bertrand) 2012, "Les premières entrées épiscopales en Bretagne ducale", Britannia Monastica  16, 2012, p. 93-161. https://www.academia.edu/1949697/Les_premi%C3%A8res_entr%C3%A9es_%C3%A9piscopales_en_Bretagne_ducale

 



 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper
11 mars 2016 5 11 /03 /mars /2016 10:01

Les vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper II.

Les fonds damassés des vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper (vers 1417). Baie 100 et 109. Recension d'autres fonds semblables sur les vitraux de la fin du XIVe et début du XVe siècle. Illustrations par des lampas de Lucques.

.

Voir aussi :

Voir d'autres fonds damassés :

.

Je consacrerai aux  vitraux du chœur de la cathédrale de Quimper les articles qu'ils méritent, mais le sujet est trop vaste, et je veux me "limiter" (c'est, pourtant, un sujet infini) aux fonds des vitraux du début du XIVe siècle inspirés des soieries italiennes.

Ils sont exposés de la manière la plus ostensible aux visiteurs ou aux fidèles, puisqu'ils occupent les  trois lancettes de la fenêtre d'axe, ou  baie 100,  qui dominent le chœur, dans l'axe principal du sanctuaire. Mais ce sont  les fenêtres hautes de la cathédrale, et leur examen exige une bonne paire de jumelles, ou ...le reportage photo réalisé ici au téléobjectif (Canon 400mm + multiplicateur de focale x 2, ou, mieux,  Leica V-lux 114 ).

La baie 100 est une copie du vitrail d'origine réalisé vers 1417 sous le duc Jean V, principal commanditaire. L'original est conservé aujourd'hui au château de Castelnau-Bretenoux. Nous sommes donc certains d'avoir affaire au décor ancien.

Cette baie de la Crucifixion est composée de trois lancettes, A, B et C, occupées par la Vierge (sur fond bleu), le Christ en croix (fond rouge) et saint Jean (fond rouge), dans une alternance des fonds bleus et rouge déjà habituelle dans les enluminures médiévales.

.

 

Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

L'examen des fonds permet d'identifier un motif de base, reproduit par pochoir sur l'ensemble de la surface. Ce motif associe :

  • deux oiseaux à huppe, tenant chacun dans son bec une banderole,
  • une palmette,
  • une couronne présentée par deux aigles tenant dans leur bec un rinceau.

Le verrier Jean-Pierre Le Bihan, qui a créé le vitrail actuel, donne sur son blog le relevé par calque suivant, provenant du vitrail d'origine :

Puis-je être plus précis ? Les oiseaux ébouriffés peuvent être des perroquets ou des griffons, et je choisis cette dernière hypothèse. J'aimerais faire de la couronne une couronne ducale, rendant hommage au commanditaire Jean V, mais elle s'apparente plus à une couronne de marquis, selon la représentation héraldique. La palmette est épanouie en trois étages, elle s'associe aux rinceaux. Le verre bleu est badigeonné de grisaille sauf à l'endroit des pochoirs, et les dessins ainsi mis en réserve sont peints au trait de grisaille, selon deux variantes, le trait simple et le quadrillé. 

En voici un exemple qui nous servira d'archétype, pris sur la lancette A :

.

Fond damassé, lancette A, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Fond damassé, lancette A, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Une fois que l'œil est formé pour reconnaître ces éléments, il l'identifie rapidement malgré sa fragmentation imposé par le personnage central et le décor associé.

Mieux, il le reconnaît aussi sur la robe de la Vierge, assez complet dans la partie basse entre les pans du manteau, mais présent aussi dans la partie haute.

.

Robe de la Vierge, lancette A, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Robe de la Vierge, lancette A, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

La Vierge, lancette A, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

La Vierge, lancette A, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Ah, l'examen des vitraux devient tout de suite plus amusant, et, assis avec vos jumelles sur une des chaises assemblées devant l'autel, vous poussez des grognements gourmands et des piaffements excités : vos voisines et voisins vous dévisagent sévèrement.

Allons voir la lancette B, vous dites-vous in petto.

C'est pire : au plaisir d'admirer le dessin superbe du visage du Christ s'ajoute désormais le charme de la reconnaissance d'un décor familier. Heimlich en allemand. 

Plaisir décuplé par le manque et l'esthétique du fragment. For-Da, c'est le jeu de la bobine, coucou le voilà / il n'est plus là.

.

 

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

 

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Vite, à la lancette C, celle de saint Jean !

.

Saint Jean, lancette C, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Saint Jean, lancette C, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

 

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.
Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

Crucifixion, lancette B, Baie 100, cathédrale de Quimper, photo lavieb-aile.

.

Eh, où courez-vous, Philinte ? Je vous devine : vous allez  observer, sur les vitres voisines, comment les fonds sont faits. Par lesquelles allez-vous commencer ? Par les baies qui encadrent la baie centrale ? C'est peine perdue, ces baies 101 et 102 sont des créations du XIXe siècle, et de longues feuilles à digitations y flottent comme en des champs de laminaires.  Par les deux autres baies du rond-point , la 103 et la 104 ? Mauvaise pioche encore, ce ne sont que feuilles de philodendron. Tournez, Philinte, tournez autour du déambulatoire et levez les yeux vers les huit autres baies du chœur et vous m'en direz des nouvelles ! Ces fonds princiers de la baie 100 ne peuvent être imités et vous perdrez votre temps, voyons !

Quoi ? Vous me tirez la manche, vous me conduisez vers le coté sud, vous tendez le doigt  vers une baie nord de la deuxième travée ? 

.

La Baie n°109.

.

 

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

Cette baie a été vitrée lors de la même campagne de 1417 environ, et elle appartient aux huit baies à quatre lancettes (les baies du rond-point, 100 à 105, n'en n'ont que trois). Du coté nord du chœur, nous trouvons principalement un seul saint personnage, alors qu'au sud les saints présentent des donateurs. Donc, ici, nous trouvons deux saintes (Catherine et Marguerite) et deux saints (Julien (?) et Georges).  Trois d'entre eux appartiennent à la liste des 14 "saints auxiliateurs", dont l'intercession est sollicitée lors de dangers mortels, sainte Catherine d'Alexandrie vierge et martyre protégeant des dangers de la grossesse, sainte Marguerite d'Antioche vierge et martyre de ceux de la délivrance, et saint Georges de Lydda, martyr, étant le patron des chevaliers. Leur présence est constante dans les Livres d'Heures, et ce coté nord du chœur peut être assimilé aux pages de ces livres d'oraison, dont il reprend les principales enluminures.

Précisément, dans les enluminures des Livres d'Heures du début du XVe siècle, les saints et saintes sont figurés de façon stéréotypée, avec leurs attributs (la roue et l'épée pour sainte Catherine, le dragon et le crucifix pour Marguerite, le dragon pour Georges à cheval et en tenue de chevalier) : ils se tiennent fréquemment sur un sol carrelé, et se détachant devant une tenture damassée. 

.

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

L'alternance de la couleur bleue et rouge des fonds n'est pas rigoureuse ici, mais elle est présente.

 

Maintenant que nous disposons d'une vue rapprochée des vitraux, nous reconnaissons notre motif archétypal, celui du fond damassé de la baie 100, mais il est encore plus morcelé. C'est, néanmoins, le même pochoir qui a été utilisé.

.

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

 

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

Le fait que nous retrouvions ici le même fond que sur la baie d'axe oblige d'une part à renoncer à l'hypothèse qui suggérait que ce décor luxueux distinguait, par un honneur particulier, la scène de la Crucifixion de toutes les autres représentations de saints. Mais par ailleurs, ce fait crée entre les deux baies 100 et 109 des liens privilégiés. Sont-ils seulement issus du même atelier de verriers ? 

Mais, voilà Philomène qui nous rejoint, avec sa paire de jumelles. Que vient-elle faire ?

— Je m'intéresse à ce n° 109. Avez-vous remarquez la beauté du verre ? Comme je l'ai lu sous la plume de Françoise Gatouillat, pour cette verrière, comme pour la n°111, les personnages sont traités largement en grisaille et jaune d'argent, (à l'exception du  verre bleu  de la tunique de saint Julien), et ces personnages, comme les niches sont faites dans un verre blanc nacré peu sensibles aux altérations. 

— Autrement dit, nous avons un point commun reliant le n°100 et le n°109, et un autre, le verre blanc nacré en grisaille, qui relie les n° 109 et 111. Mais le n°111 comporte 4 donateurs présentés par saint Antoine et son cochon, saint Jacques le Majeur, et la Vierge.  Climène, Climène, viens nous aider !

— Vous aider ? Moi, je suis ici pour les pupilles jaunes, peintes au jaune d'argent, que j'ai vu à Kerdevot (Ergué-Gabéric), à Runan, au Mans dans la baie 217,  à Malestroit, à Sées (Orne), que j'ai découvert ici dans la baie 107 dans les yeux de saint Jean-Baptiste et de saint Pierre, et que je viens de découvrir dans cette baie n° 109... dans les yeux du dragon terrassé par saint Georges ! Débrouillez-vous avec ça !

.

Lancette A. Sainte Catherine.

 

Sainte Catherine, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Sainte Catherine, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

Lancette B. Sainte Marguerite.

.

Sainte Marguerite, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Sainte Marguerite, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

Lancette C. Saint chevalier 

Le fond de la lancette C ne semble pas comporter le motif aux oiseaux et à la couronne qui nous préoccupe. C'est un saint chevalier portant sur sa cotte de maille un tabard bleu marqué d'une croix et de fleurs de lis d'or. Il tient une lance où flotte un oriflamme aux mêmes couleurs que le tabard, et on les retrouve aussi sur l'écu.

 

.

Saint "Julien", baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Saint "Julien", baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

 

Saint Georges, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Saint Georges, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

Saint Michel (considéré communément comme saint Georges).

.

 

Saint Georges, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Saint Georges, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

 

Lancette D, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Lancette D, baie n°109, 2ème travée, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

—Tiens, voici notre ami grec Virgile Damétas ! Alors, toujours passionné par les dais, Virgile ? 

— Bien-sûr, car ils permettent des regroupements qui donnent matière à réflexion. Ici, nous avons des dais à trois pans avec des gables, des fleurons et des quadrilobes ; Ces motifs sont rehaussés au jaune d'argent selon un dessin en double chevron. Ces traits sont propres aux dais des baies 100, 105, 109 et 111. Or, je vous rappelle que le fonds damassé réunit le n°100 et 109, la qualité des verres les n° 109 et 111,  la grisaille les n° 100, 109 et 111. 

—Toujours fasciné par les bulles ?

— Oui, ces dais ont un autre point commun, c'est d'être orné de doubles perles peintes au jaune d'argent, que l'on trouve aussi sur les montants et sur les socles, mais qui envahissent ici le dais comme des bulles de savon ! Et appréciez aussi la densité différente du jaune, qui va de l'or à l'orange.

— Ah, montre-nous des images, quand même !

.

 

 

Dais de la baie n°109, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.
Dais de la baie n°109, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Dais de la baie n°109, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

 

Dais de la baie n°109, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.
Dais de la baie n°109, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

Dais de la baie n°109, nord du chœur, cathédrale de Quimper, lavieb-aile.

.

DISCUSSION

Résumé : les  fonds damassés créés vers 1417  sur la baie 100 et la baie 109 de la cathédrale de Quimper,  se rapprochent de ceux des vitraux d'autres cathédrales réalisés au début du  XVe siècle, à Évreux, Bourges, Le Mans, Caen, Saint-Lô, ou à Saint-Maclou de Rouen, à Louviers, à Saint-Germain-village (Eure). Les pochoirs qui ont servi à les réaliser  (à Quimper,  motifs de couronnes, de rubans, de feuillages et d'oiseaux affrontés), sont inspirés par les luxueuses soieries de Toscane et notamment par les lampas de Lucques.

 

1. Les fonds damassés au pochoir des vitraux du XVe siècle.

"Les damas sont les grands dessins à ramages qu'on mettait sur les vêtements des personnages ainsi que sur les tentures et les draperies, à l'époque surtout qui nous occupe. Ces ornements étaient alors obtenus, le plus fréquemment, à l'aide d'une simple teinte unie qui, enlevée par place, donnait l'aspect d'une étoffe damassée, c'est-à-dire dont le dessin serait brillant tandis que le fond paraîtrait mat. Le motif d'ornementation le plus souvent employé pour cet usage est une sorte de grenade, se répétant à droite et à gauche en diagonale. Certains damas sont faits au trait, d'autres se détachent en jaune sur fond blanc, d'autres encore sont gravés sur verre rouge ou d'autre couleur, mais plus rarement. Ce mode de décor est d'une grande richesse. Certains damas sont faits au pochoir. Le pochoir est une feuille de cuivre très mince, percée à jour suivant un dessin, et à l'aide de laquelle l'artiste enlève, sur les vitraux, la couche de grisaille qui y a été couchée préalablement. Il lui suffit pour cela de brosser vigoureusement, avec une brosse courte et dure, et seulement aux places où le cuivre n'existe pas. Les Suisses, pour faire les damas de fond de leurs armoiries, se sont souvent servis du pochoir. " (Louis Ottin page 66)

.

Quelques exemples.

Katia Macias-Valadez fait observer que le motif des baies 100 et 109 de Quimper "peut être observé aussi à la cathédrale d'Évreux, dans la baie 205, où sont représentés saint Thibaut de Marly, abbé cistercien, et saint Taurin. La coule de l'abbé et la chape de l'évêque sont décorées de rinceaux et d'oiseaux aux ailes déployées, motif que l'on retrouve aussi sur le fond des lancettes". Je trouve une illustration de la baie 203  (dite de Bernard Cariti)  dans l'article de Louis Grodecki 1968  page 63 (auteur qui suggère une datation de 1415-1420, alors que Gatouillat et Hérold proposent 1408-1415) , puis dans un article Image Wikipédia: la figure de l'oiseau aux ailes déployées et mordant la tige du rinceau est très proche de celle de Quimper, mais il n'y a pas de couronne. Notons que l'évêque représenté est assimilé à Thibaud de Malestroit, évêque de Tréguier puis évêque de Quimper de 1384 à 1408, juste avant Gatien de Monceaux qui fit construire les voûtes du chœur de la cathédrale.  

.

 

.

Puis, Katia Macias-Valadez signale aussi les fonds damassés "très raffinés avec des oiseaux  à la cathédrale de Bourges (chapelle Trousseau) et à la maîtresse-vitre de l'église de Runan (Côtes-d'Armor)".

Concernant l'église de Runan, il me suffit de me reporter à ma description de la maîtresse-vitre  : on commencera à constater les points communs avec Quimper (datation proche, même influence du pouvoir ducal de Jean V, même programme iconographique associant une Crucifixion entre la Vierge et saint Jean à sainte Catherine et sainte Marguerite). Tous les fonds ne sont pas facilement examinables, car les verres rouges sont assombris, mais la lancette où figure saint Pierre comporte un oiseau très proche de celui de Quimper.

.

.

La chapelle fondée par le chanoine Trousseau  vers 1403-1404 dans la cathédrale de Bourges, (source images ici) et Article Wikipédia ici , est éclairée par  la baie n°27 , dont le vitrail à quatre lancettes a dû être réalisé entre 1404 et 1409. Il représente une Vierge assise avec l'Enfant sur ses genoux. Devant elle, agenouillée et priante, la famille Trousseau présentée par saint Jacques le Majeur (lancette C), un saint diacre (lancette B) et une sainte martyre couronnée et tenant une palme (lancette A).

Lancette C, Chapelle Trousseau, Bourges

 

.

Je trouve d'autres informations sur ces fonds sous la plume de Martine Callias Bey et ‎Véronique David dans Les Vitraux de Basse Normandie, 2006. Et justement, à propos des vitraux de Saint-Lô (Manche)‎, je lis page 153:

   "La verrière des apôtres [baie 10, vers 1420-1425] présente des figures isolées, de proportion moyennes, comparables aux figures de la verrière du Vast des années 1410, avec laquelle elle présente de nombreux points communs, notamment la figure de saint Jean-Baptiste. Les fonds sont damassés sur des modèles tirés des tissus lampassés ornés d'oiseaux fantastiques affrontés d'inspiration orientale, très caractéristique du début du premier quart du siècle ; le dessin est précis et dépouillé de lavis annexes. Une comparaison de style s'impose avec les verrières hautes de la cathédrale de Quimper, datées des années 1410-1415." [Notons, dans cette baie 10, les pupilles colorées au jaune d'argent de l'agneau de Jean-Baptiste, comme dans la baie 107 de Quimper, ou comme à Runan, Ergué-Gaberic, Malestroit, etc..]

Page 39, je lis encore :

"Le développement de l'industrie textile et de la broderie à la fin de la guerre de Cent Ans, notamment à Saint-Lô, à Caen, à Louviers ou à Rouen, induit un goût prononcé pour les tissus brodés et damassés utilisés pour les vêtements ou les tentures de fond, rappelant les courtines qui étaient tendues dans les églises aux jours de fête. Les motifs pouvaient être répétés au moyen de pochoirs rigides ou de planches dessinées et calquées sur les vêtements réels. Ces damas reproduisaient les tissus d'inspiration orientale, fabriqués à Lucques, en Italie, dès la fin du XIIIe siècle, et exportés dans toute l'Europe ; ces dessins de feuillage stylisés, fleurs, cygnes, perroquets, ou créatures fabuleuses affrontées, se retrouvent autour de 1400 et dans le premier quart du XVe siècle, notamment à Notre-Dame de Saint-Lô, à Saint-Maclou de Rouen, à la cathédrale et à Saint-Taurin à Évreux ; l'observation des différentes sortes de damas facilite la datation des verrières, entre le début du XVe siècle où ils représentent de petits animaux fantastiques affrontés au milieu de rinceaux végétaux sinueux "enlevs" sur la grisaille, et la seconde moitié du siècle, caractérisés par de plus grands motifs simplifiés, peints au pochoir, ou parfois cernés de plombs."

Ai-je parlé trop rapidement, pour les damas de Quimper, de l'emploi de pochoirs ?

Les mêmes auteures ajoutent (je pense en le lisant aux baies 100, 109 et 111 de Quimper caractérisées par ses personnages en grisailles) que "la prédilection pour les camaïeux de la miniature parisienne contemporaine, les "portraits d'encre" et les "demi-grisailles" illustrés par le Maître de Bedford vers 1420-1430 ou le Maître de Dunois vers 1460, trouve un relais dans la vogue croissante des verrières en grisaille".  J'ajouterai l'influence plus précoce des grisailles d'André Beauneveu dans les 24 enluminures qui ouvrent le Psautier de Jean de Berry (entre 1386 et 1400).

Dans le même ouvrage, page 41, on lit :

"Les motifs de phénix aux ailes déployées, tournés alternativement vers la droite ou vers la gauche, mordant de leur bec des rinceaux végétaux entrelacés, sont réalisés d'après des soieries fabriquées à Lucques sur des modèles orientaux ; nous les avons déjà évoqués à Notre-Dame de Saint-Lô et à la cathédrale d'Évreux et nous les retrouvons aussi dans le fond des verrières de Simon Aligret et de Pierre Trousseau à la cathédrale de Bourges (Cher) au début du XVe siècle, à Saint-Germain-Village (Eure) ou encore à Saint-Corentin de Quimper. Les voyages des artistes et des œuvres d'art, la circulation de recueils de modèles peuvent expliquer ces ressemblances."

Cet inventaire semble, par sa précision, exhaustif, mais j'ai déjà décrit les fonds de la baie n°217 de la cathédrale du Mans consacrée au Credo apostolique et datée de 1430-1435. 

Même remarque concernant la baie 17 de la cathédrale de Sées (Orne) mais le vitrail date de 1370, ce qui le place presque en tête de la liste chronologique. Il représente le chapelain donateur Oudin de Troyes, venu à Sées avec son évêque confesseur du roi Jean, au pied des saint Nicolas. Le motif du lampas repose sur deux oiseaux à huppe postérieure et longue queue, affrontés autour de rinceaux.

Enfin, dans un texte de 2009 (Congrès archéologique de France), Françoise Gatouillat signale aussi ces fonds dans l'abbatiale normande de Bonport. Je retrouve une photographie RMN d'un dessin de Gustave Moreau sous le titre  Vitrail de l’abbaye de Bonport représentant Gilles Malet et sa femme , Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236, mais le dessin original de Fichot est beaucoup plus intéressant. L'église de l'abbaye , une abbaye de cisterciens fondée en 1190, n'existe plus aujourd'hui, mais le vitrail fut « dessiné et gravé par E. Hyacinthe Langlois de Pont de l'Arche d'après un vitrail de l' abbaye de Bonport conservé par lui ». Cette gravure est datée de 1814 dans le Musée des monuments français d'Alexandre Lenoir (Musée des monuments français, Paris 1821, in 8°, t. VIII, p. 93, p. 289. ). Un demi-siècle plus tard, Charles Fichot en fit une nouvelle reproduction d'après « un dessin original colorié » communiqué à Guiffrey par Albert Lenoir, fils d'Alexandre, qui avait hérité les portefeuilles de son père. Mais en 1861 déjà, on ignorait le sort de cette verrière. (J.B. de Vaivre,page 229, 1978).  Gilles Malet était bibliothécaire de la Librairie royale de Charles V de 1369 jusqu'à sa mort en 1411, mais le vitrail a été offert en 1383, si on se fonde sur l'information que "Le 23 octobre 1383, Gilles Malet et Nicole de Chambly firent dans cette abbaye une fondation à laquelle ils affectèrent 33 livres, 6 sols et 8 deniers de rente, assise sur les halles et les moulins de Rouen" (Bibl. nat., ms. fr. 26283, f° 108, in J.B. de Vaivre ). Nous obtenons donc une double information, temporelle (celle de la date à laquelle ces tentures étaient à la mode), et spatiale désignant la cour royale  parisienne, comme lieu de cette mode.

.

 

 Vitrail de l’abbaye de Bonport (Eure) représentant "Gilles Malet et sa femme", Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236,  dessin de Charles Fichot  . Google books

Vitrail de l’abbaye de Bonport (Eure) représentant "Gilles Malet et sa femme", Le Magasin pittoresque, 1861, p. 236, dessin de Charles Fichot  . Google books

 

.

Si nous récapitulons, nous avons la liste chronologique suivante : 

  • Cathédrale d'Évreux, chapelle du Rosaire, baies 15, 17 et 19 : 1360-1370. 
  • Cathédrale de Sées,  baie 17 (1370)
  • Abbatiale normande du Bonport, Pont-de-l'Arche (Eure) (1383)
  • Sainte-Chapelle de Bourges (1390-1400) et les relevés des fonds par Des Méloizes 1891.
  • Chapelle Saint-Jacques de Saint-Léon, Merléac (Cötes d'Armor), baie 0, 1402 : panneaux de la Flagellation et de la Crucifixion ; panneau de la Prédication de saint Jacques. 
  • Cathédrale de Bourges chapelles Trousseau (vers 1409) et Aligret (avant 1415).
  • Cathédrale d'Évreux, baies 203 et  205 (1408-1415) 
  • Église Saint-Taurin d'Évreux 
  • Église de Saint-Germain-Village (Eure) 
  • Cathédrale de Quimper (vers 1417)
  • Église Notre-Dame de Runan (Côtes-d'Armor), baie 0, 1423.
  • Église Notre-Dame de Saint-Lô (1420-1425)
  • Cathédrale du Mans baie n° 217 (vers 1430)
  • Saint-Maclou à Rouen (Baie 5, baie 21 par ex.) (1437-1517)

​La forte prédominance de la région Ouest (Normandie et Bretagne) ne doit être considérée qu'avec prudence car elle peut être affectée par un biais de recrutement. 

A titre indicatif, les fonds des volets du Retable de Flémalle de Robert Campin   daté entre 1425 et 1428 offrent un bel exemple de décor inspirés des lampas de Lucques.

.

LES SOIERIES ITALIENNES ; LES LAMPAS DE LUCQUES.

Maintenant que nous avons bien étudié le sujet, il reste à découvrir les étoffes qui ont servi de modèle aux peintres-verriers. Ce sont des soieries luxueuses, dont la fabrication n'était pas encore maîtrisée en France au début du XVe siècle. En 1466 Louis XI tente sans succès de créer une manufacture de soie à Lyon, mais l'industrie lyonnaise ne débutera que sous François Ier. En 1470, Louis XI obtient un meilleur résultat à Tours, et l'âge d'or des soieries tourangelles durera de 1470 à 1550 (A. Coudouin, 1981).

Donc, vers la fin du XIVe et le début du XVe siècle, les soieries parviennent en France par les grandes foires, comme celles de Champagne et de Lyon. Mais les trésors des cathédrales conservent avec un soin jaloux des vêtements plus anciens, offerts par des princes : ces étoffes (byzantines, perses ou arabes) peuvent aussi avoir servi de modèle aux artistes. 

Rappel : 

La technique de fabrication du fil de soie à partir du cocon de ver à soie est découverte en Chine  sous la dynastie des Shang (XVII° -XI° siècles av JC). Les motifs chinois sont les phenix, les dragons et les bancs de nuages.  Longtemps demeurée monopole chinois, elle est importée à grand frais par l'Empire romain jusque vers le VI° siècle av. J.C. 

Au IIe siècle et surtout au IVe-Ve siècle, où le métier "à la tire" permet de fabriquer des étoffes plus larges et de nouveaux motifs,  l'Iran sassanide contrôle la partie occidentale de la route de la soie et exporte la soie brute ("soie grège") et la culture du ver à soie sur le mûrier.  Les décors s'organisent en médaillons ou dans des réseaux de losanges encadrant des oiseaux. Une grande place est laissée au répertoire animal, les animaux portant fréquemment des rubans flottants (pativ), symboles de pouvoir royal. Il existe aussi des motifs purement ornementaux (palmettes ailées, composites, grecques, en forme de pique), grenade (symbole de fertilité), rinceaux simples, méandres, zigzags, arcs végétaux. Certains motifs peuvent se rapporter à une symbolique royale , comme les oiseaux -faisans, paons, aigles, canards- portant le pativ dans le bec ; Enfin, quelques motifs sont simplement des sujets plaisants, comme peut-être le couple de canards portant un même pativ dans leur bec, que l'on peut lier avec le motif chinois du couple de canard symbole de félicité conjugale. 

 

.

Musée national d'Iran

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_soie

.

La soie existe en Europe depuis le IVe siècle dans le monde byzantin (l'Égypte est byzantine jusqu'en 640). La technique du tissage de la soie est ensuite transmise à la civilisation musulmane, où elle prospère durant le Moyen Âge. C'est par ce biais que le tissage de la soie est introduit dans le monde médiéval chrétien. Quand Roger de Hauteville conquiert la Sicile musulmane, dans la deuxième moitié du XIe siècle, il en conserve en partie la culture et il se crée alors une civilisation originale, nommée culture arabo-normande. Le royaume sicilien de Frédéric II s'effondre en 1250, et alors que jusqu'au XIIIe siècle, le tissage de la soie en Europe chrétienne se limitait à la Sicile, elle se diffuse vers Lucques, Venise, et d'autres villes italiennes. Un autre canal de transmission est l'Espagne musulmane.

L'Italie contrôle le commerce de la soie du XIVe au XVIe siècle. Au XIe siècle a lieu une première tentative de séricuture dans la vallée du Pô, puis à Salerne, alors que les mûriers sont cultivés par les immigrants juifs, grecs et arabes. Ce sont les juifs de l'Italie du sud qui introduisent l'art du tissage à Lucques à partir de l'an 1000, mais la ville connaît la prospérité au XIIe siècle et exporte ses soieries en France par les foires de Champagne.

Les motifs sont d'abord des cocardes (médaillons) contenant des animaux et oiseaux stylisés représentés par paire, puis les cocardes disparaissent ; une des spécialités est le galon de petits motifs répétitifs d'oiseaux ou autres animaux. Au XIVe siècle les soies chinoises mongoles Yuan introduisent les palmettes, qui se développeront à type de grenades et de chardons, d'ananas et d'artichaut.

Lucques n'est pas la seule ville italienne renommée pour ses soieries, et Florence se rend célèbre pour son Sendal, un velours rouge écarlate car teinté par le kermès. Elle utilise aussi la teinture rouge  "oricello"  à base d'algues de Méditerranée. Venise privilégie bien-sûr le commerce de la soie, et Gênes est célèbre par le velours polychrome qui porte son nom.

Les noms des étoffes sont riches : on distingue les samits , les damas, les brocards, les taffetas ou les baldachins. Lucques est connue pour ses "lampas".

- Samit (Larousse) Tissu de soie uni ou façonné présentant à l'endroit et à l'envers des flottés de trame régulièrement liés en sergé. (Venus d'Orient, ces tissus, très en faveur aux XIVe et XVe s., étaient fabriqués en Italie dès le XIIe s.)

- lampas (Larousse) Tissu façonné, en soie, à riches décors formés par des flottés de trame régulièrement liés par une chaîne supplémentaire dite de liage.

- Le lampas (Wikipédia) est une étoffe assemblant des fils de soie, et souvent d'or et d'argent, dont les motifs sont en relief. Cette étoffe somptueuse est façonnée sur des métiers à la tire. 

Le lampas est un cousin germain du damas, dont la particularité est l'emploi de deux chaînes ayant deux structures distinctes, une pour le décor à dominante trame et une pour le fond de satin à dominante chaîne de liage. 

 

.

Afin de documenter ma recherche sur les motifs retrouvés sur les vitraux de Quimper ou de l'Ouest de la France, j'ai longtemps cherché des images d'échantillons de lampas de Lucques. La meilleure source en ligne  est la collection du Musée de Cluny. J'ai repris les échantillons les plus évocateurs à mes yeux du sujet que je me suis fixé, et j'ai porté notamment mon attention sur les oiseaux (griffons ou non) tenant dans leur bec un rinceau ou, mieux, un ruban flottant que je suis fier de nommer désormais de son nom sassanide de "pativ". 

 

.

— Châsse de saint Potentien,  Trésor de la cathédrale de Sens, samit, provenant d'Istanbul, XIIe siècle. Le décor bleu et rouge, sur fond violacé, se compose de médaillons à la couronne ornée de caractères pseudo-kufiques. À l'intérieur se présentent des oiseaux affrontés qui se retournent ainsi que des griffons, adossés de part et d'autre de fleurons. D’autres oiseaux disposés de chaque côté d'un arbre de vie meublent les écoinçons 

http://www.qantara-med.org/qantara4/public/show_document.php?do_id=945

.

 

 

.

— Etoffe iranienne. Tissu en velours de soie lamé de fils d’or d’inspiration Sassanide (double lion ailé et arbre de vie, le "Homa", dans des médaillons ronds, avec des oiseaux affrontés à huppe entre les médaillons). Le tissage précieux de velours de soie bleue lamée de fils d’or sur un fond crème est très fin. XV-XVIIe siècle iranien ?

http://www.furnishyourcastle.com/fr/antiquites-a-vendre-moyen-oriental/objet-art-tous-styles/sassanide/antiquite-etoffe-iranienne-tissu-de-velours-de-soie-precieux-inspiration-sassanide-homa-lion-et-oiseaux-9960.php

.

 

—. Lampas Wikipédia Musée de Cluny XIVe siècle

 

.

 

— Musée de Cluny 3061

Fragment de lampas à décor de phénix insérés entre des rangées de palmettes contresemplées

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC7SJS3FM&SMLS=1&RW=1066&RH=516

 

.

— Musée de Cluny CL22537Lampas diapré broché d'or, Lucques, XVe  Aigles affrontés

.

 

 

Lampas diapré broché d'or, Lucques, vers 1400

Musée de Cluny CL3065 Egypte Syrie lampas 

.

Musée de Cluny CL21858b  Lampas Iran 2ème moitié  XIVe. Phenix et pampre d'or sur fond bleu

 

 

— Musée de Cluny  CL13278 Lampas broché d'or de Sicile XIVe siècle 

 

 

 

CL3060 Gazelles adossées Italie 4e quart 13e siècle-1er quart 14e siècle ; fragment de diapre blanc broché d'or à décor de gazelles, perroquets et de palmettes.

 

.

—CL3063 textile BROCHé Lucques baudequins (?) aux antilopes et aux chiens au milieu de végétaux stylisés

 

— Musée de Cluny CL3086

.

CONCLUSION.

a) Le motif du fond des vitraux de la baie 100 et 109 de Quimper se révèle être partiellement d'origine sassanide, avec ses oiseaux affrontés tenant dans leur bec un ruban flottant , le "pativ". Ce thème a été repris dans les lampas de Lucques, et ce sont ces soieries qui ont été à la mode en France dans le dernier quart du XIVe et le premier quart du XVe siècle, notamment à la cour du roi Charles VI. Les spécimens de lampas de Lucques de cette époque permettent de retrouver ce thème des oiseaux affrontés tenant soit des tiges végétales, soit plus rarement des rubans, et celui des palmettes et des rinceaux. Seule la couronne n'est pas retrouvée, ce qui peut suggérer qu'il s'agit d'un ajout délibéré du peintre-verrier, peut-être à la demande du commanditaire, le duc de Bretagne Jean V et son épouse.

b) Les exemples d'un décor analogue, à oiseaux affrontés et végétaux, sont attestés dans les vitraux de douze édifices de 1370 à 1437, en Normandie (possession des rois de France), dans le duché de Bretagne de Jean V, gendre du roi de France, et à Bourges, capitale du duché du Berry de Jean Ier, fils du roi de France Jean II. Dans cinq cas, les vitraux se trouvent dans des cathédrales.

c) Au sein de ce groupe de dix sites, d'autres regroupements peuvent être effectués autour de différents points communs : les pupilles jaunes du dragon de la baie 109 se retrouvent à Runan, à Sées, au Mans. Les apôtres, enrubannés d'un phylactère, de la baie 217 du Mans évoquent ceux d'autres baies de Quimper. 

c) Une hypothèse, encore parfaitement gratuite (c'est le privilège d'un blog) est de voir dans l'intégration de ces lampas de Lucques comme modèle de fond de vitrail un usage né dans les ateliers parisiens sous l'influence de la cour du roi Charles VI, étendu aux édifices normands, repris par rivalité mimétique par les ducs Jean de Berry et Jean V de Bretagne, comme si ces motifs étaient réservés aux princes ou à leur entourage proche par privilège. La duchesse Jeanne de France, épouse du duc Jean V depuis 1396 mais fille de Charles VI, a pu être attaché à ce type de décor et l'imposer  dans les édifices que le duc fit bâtir pour affirmer son pouvoir. 

d) Une hypothèse plus audacieuse serait de proposer que les trois baies du rond-point de Quimper (100 à 103) aient résulté des décisions du couple ducal (il y est représenté avec deux enfants), mais que la duchesse Jeanne de France ait commandité la baie 109. L'absence de donateur sur cette baie est un argument accessoire, la présence de deux saintes particulièrement invoquées par les femmes est un argument plus sérieux. La fonction première d'une duchesse (ou d'une reine ou d'une épouse d'un membre de la noblesse) étant alors de donner naissance à un fils héritier du titre, la recherche de protection contre les dangers de la grossesse et de l'accouchement était une affaire de premier plan. Plus encore, ces saintes avaient atteint un statut quasi officiel de protection du pouvoir royal, comme en témoigne indirectement que le fait que ce soient leurs voix (avec celle de saint Michel) que Jeanne d'Arc aient entendues en 1425 pour délivrer la France et aider le "roi de Bourges". Notons que les dernières des quatre filles du couple furent prénommées Marguerite (1412 † 1421) et Catherine (1417 † ap. 1444). Notons aussi que le portail sud de la cathédrale de Quimper est nommé Portail de la Duchesse Jeanne, parce qu'il porte ses armoiries : mais on le nomme aussi Portail Sainte-Catherine, en raison de la statue de la sainte à la roue, placée à sa gauche.

 Surtout, l'identification communément admise pour les deux autres saints me semblent mériter discussion. Celui que l'on présente comme saint Georges pourrait bien être saint Michel, car l'examen attentif montre la présence d'une paire d'ailes derrière l'armure. Le personnage de la lancette C est désigné comme étant saint Julien, contre toute vraisemblance. Ce saint chevalier  portant les couleurs d'azur aux fleurs de lys d'or du royaume  de France, et une grande croix d'or sur son tabard et son écu évoque difficilement un autre saint que saint Louis. Ce dernier est présent sur la baie 127 de la cathédrale du Mans, baie plus tardive mais dont les points communs avec les vitraux de Quimper sont notables. 

http://www.lavieb-aile.com/article-le-vitrail-du-credo-apostolique-de-la-cathedrale-du-mans-ou-baie-217-du-transept-nord-123658379.html

Certes, en 1417, les relations entre le duc Jean V et le dauphin Charles sont complexes, conduisant au coup dans le dos du Traité de Saint-Maur en septembre 1418 conclu avec le duc de Bourgogne Jean Sans Peur. 

.

 

 

.

SOURCES ET LIENS.

 

 

—Cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Inauguration du portail occidental, 12 décembre 2008   : http://www.sdap-finistere.culture.gouv.fr/fichiers/dossiers/mon8-fasciculecathedrale2008v2ds.pdf

ANDRÉ (Augustin), 1878, De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne, Rennes, Plihon, in-8°, 281 p.  (Extr. des Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. XII.) page 299-304.

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077642/f326.image

 

— AYMAR DE BLOIS (1760-1852), vers 1820. On doit à ce neveu du chanoine de Boisbilly une description des vitraux vers 1820. 

A. de Blois, héritant de ce registre de Boisbilly, en fait don à l'évêque André, le 5 janvier 1804, mais le ré-annote en 1820 et 1821 et donne alors la description des vitraux et leur état. Il le remit de nouveau à l'évêque de Quimper, Mgr Graveran, le 5 septembre 1842 "pour l'usage de la cathédrale ". Il rajoute  "malade d'une fluxion, charge son fils Louis de le remettre à l'évêque". (J-P. Le Bihan)


 

— BOISBILLY (Jean-Jacques-Archibald le Provost de la Boexière ,Chanoine de), vers 1770, Registre de BoisbillyArch. Dioc. Quimper,  ,

 Jean-Jacques Archambault Provost de Boisbilly (1735-1786). Docteur en théologie de la Sorbonne, vicaire général du diocèse de Rennes, il était abbé commandataire du Tronchet et chanoine de Quimper. Il possédait une des plus érudites bibliothèques de Quimper et on lui doit par ailleurs un plan de la cathédrale dressé en 1770 qui est une des sources les plus importantes sur la cathédrale avant la Révolution. Il avait dessiné l'architecture des fenêtres de la cathédrale en pleine page de 1770 à 1772. Ce travail  devait être complété par la suite avec les dessins des vitraux, mais il fut malheureusement appelé à d'autres fonctions.

"La cathédrale de Quimper, qui figure au nombre des Monuments historiques du département du Finistère, n’a été jusqu’ici l’objet d’aucune publication de quelque importance. Vers l’année 1770, l’abbé de Boisbilly, syndic du chapitre de Quimper, avait, en vue d’une histoire de ce monument, réuni de nombreuses notes, et fait dresser un plan de l’église avec ses chapelles et ses autels. Dans sa réunion générale du 14 mai 1772, le chapitre le « pria de continuer l’ouvrage qu’il avait commencé sur la description détaillée de l’église cathédrale, » et décida « qu’il en serait fait un registre particulier. » (1)1 Sur ces entrefaites, l’abbé de Boisbilly fut appelé à Rennes pour prendre part aux travaux de la Commission intermédiaire des États de Bretagne dont il faisait partie. Les affaires importantes et multipliées de la Province ne lui permirent pas de mener à bonne fin son entreprise. Ses notes furent perdues, et il n’est resté comme souvenir du projet qu’il avait formé, qu’un registre grand in-folio, qui contient avec le plan de la cathédrale, les dessins au trait de ses fenêtres, dessins qui devaient être complétés par la peinture des vitraux. M. de Blois (de Morlaix), neveu de l’abbé de Boisbilly, a fait hommage de ce registre à Mgr l’évêque de Quimper, le 5 septembre 1849. Avant de s’en dessaisir, il avait pris le soin d’écrire au-dessous des dessins des fenêtres, une description sommaire des vitraux qu’elles contenaient encore en 1820 et 1821, mais à cette époque beaucoup étaient entièrement détruits. " (R-F. Le Men)

 

— BONNET (Philippe) 2003, Quimper, la cathédrale, Zodiaque, Paris 

 COUDOUIN (André), 1981, « L'âge d'or de la soierie à Tours (1470-1550) » Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1981  Volume 88  Numéro 1  pp. 43-65

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1981_num_88_1_3035

— COUFFON (René), 1963,  « Etat des vitraux de la cathédrale Saint-Corentin au milieu du XIXe siècle par le baron de Gulhermy », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, tome LXXXIX, p. XCVII-CII

— COUFFON et LE BRAS,  http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/Quimper.pdf

— DANIEL (Tanguy), (dir.), Anne Brignandy, Yves-Pascal Castel, Jean Kerhervé et Jean-Pierre Le Bihan, 2005,  sous la direction de, Les vitraux de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper,  Presses Universitaires de Rennes / Société Archéologique du Finistère,  287 p. (ISBN 978-2-7535-0037-2).

— GALLET (Yves), Les ducs, l’argent, les hommes ? Observations sur la date présumée du chevet rayonnant de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper (1239) p. 103-116 http://books.openedition.org/pur/5315

— GALLET (Yves), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. L'architecture, (XIIIe-XVe sièle)", " Actes du Congrès Archéologique de France  2007 de la Société Française d'Archéologie.

 — GATOUILLAT (Françoise), 2013,  "Les vitraux de la cathédrale" , in Quimper, la grâce d'une cathédrale, sous la direction de Philippe Bonnet et al.La Nuée Bleue, Strasbourg, page 185-203

 — GATOUILLAT (Françoise), 2009, "Quimper, cathédrale Saint-Corentin. Les vitraux anciens." Actes du Congrès  Archéologique de France 2007 de la Société Française d'Archéologie.

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 172.

GRODECKI (Louis), Baudot Marcel, Dubuc René, 1968, -"Les vitraux de la cathédrale d'Évreux."  In: Bulletin Monumental, tome 126, n°1, année 1968. pp. 55-73. doi : 10.3406/bulmo.1968.4898 http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898 

— GUILHERMY (Ferdinand de), 1848-1862,  Notes sur les diverses localités de France, Bnf, Nouv. acquis. française 6106 folio 335v et suivantes.

Le baron de Guihermy, membre de la Commission des Arts, visita Quimper le 2 octobre 1848 et rédigea un mémoire d'après ses notes. Nommé membre de la Commission des Monuments Historiques en 1860, il entreprit un voyage en France et séjourna à Quimper du jeudi soir 28 octobre 1862 au samedi 30 à midi et compléta alors ses premières notes.  Les baies n'y sont pas numérotées et distribuées en cinq lieux : Vitraux de la chapelle des fonts, vitraux de la Nef, vitraux du transept, vitraux du chœur, vitraux de la chapelle terminale. 

LAFOND (Jean), 1962," Le Christ en croix de la cathédrale de Quimepr à Castelnau-Bretenoux",  Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France p. 36-38.

 — LA VALLÉE, 1847,  "Essai sur les vitraux existant dans les églises du canton de Quimper", Bulletin archéologique de l'Association bretonne, t.I, p. 263-277.

 

— LE BIHAN (J.-P.), J.-F. Villard (dir.), 2005,  Archéologie de Quimper. Matériaux pour servir l’histoire, t. 1 : De la chute de l’Empire romain à la fin du Moyen Âge, Quimper, 2005.

— LE BIHAN (J.-P.) 1993,, -"Gravures de repère sur les vitraux bretons des XVe et XVIe." Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXII

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1995, « La restauration des verrières hautes de la cathédrale de Quimper, » Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXIV, p.524-525

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 1997,« La verrière n°100 de la cathédrale Saint-Corentin de Quimper », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, T.CXXVI, p. 175-201.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007,  Blog 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7003763.html

 

 LE MEN (René-François), 1877, Monographie de la cathédrale de Quimper [XII-XVe siècle], Quimper. p.21,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1e08593c46eb46336af146045b16d0f4.pdf

— MACIAS-VALADEZ (Katia), 1997, "Les vitraux des fenêtres hautes de la cathédrale de Quimper : un chantier d'expérimentation et la définition d'un style quimpérois", Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, t. LXXV, p. 204-242.

 OTTIN (L.), Le Vitrail, son histoire, ses manifestations diverses à travers les âges et les peuples, Librairie Renouard, H. Laurens éditeur, Paris, s.d. [1896] In-4°, 376 pages,  4 planche en couleurs, 15 phototypies, 12 planches en teinte hors texte, 219 gravures, de signatures, marques et monogrammes. 

https://archive.org/stream/levitrailsonhist00otti#page/42/mode/2up

— THOMAS (Abbé Alexandre), 1892, Visite de la cathédrale de Quimper. Arsène de Kerangal, 170 pages,  p.117,

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c9d5dca31c276caf2782d0a4b99a85ce.pdf

 — THOMAS (Abbé Alexandre) 1904,  La cathédrale de Quimper, 1904, J. Salaun, 97 pages, p.51

— VAIVRE (Jean-Bernard de), 1978, Monuments et objets d'art commandés par Gilles Malet, garde de la librairie de Charles V Journal des savants,Volume 4  Numéro 1 pp. 217-239

http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1978_num_4_1_1376


 

 

Partager cet article
Repost0
Published by jean-yves cordier - dans Quimper

Présentation

  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
  • Contact

Profil

  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

Recherche