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8 octobre 2015 4 08 /10 /octobre /2015 07:45

Le Cabinet de curiosité du Président de Robien au Musée des beaux-arts de Rennes. II, les peintures en trompe-l'œil de Jean Valette-Penot.

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L'intérêt des quatre trompe-l'œil de Jean Valette-Penot conservés au Musée des beaux-arts de Rennes réside dans le fait qu'ils ont été commandés par Christophe-Paul de Robien comme une représentation, mise en abyme, de son Cabinet. On y reconnaît plusieurs pièces attestées ou encore conservées, ce qui autorise à penser que les autres pièces appartenaient aussi à ce cabinet, ou à l'environnement familier du marquis.

Ce sont donc, pour celui qui étudie les Cabinets de curiosité du Siècle des Lumières, des documents qu'il s'agit de déchiffrer. Ce sont aussi vraisemblablement des témoins de la présentation des collections, dans des armoires fermées à clefs et équipées d'étagères.

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Collection de peinture du marquis Christophe-Paul de Robien, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile

Collection de peinture du marquis Christophe-Paul de Robien, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile

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I. La mort de B.,  goth.

Monsieur de A. chercha un guéridon sur lequel s'appuyer et n'en trouva point.  

Monsieur B. croisait les bras, réunissant ainsi ses boutons de manchette de nacre où son gras monogramme lui indiquait, en lettres gothiques, "B-B".

Pour tromper l'attente, il tendit à son voisin un paquet de Kréma, mais A. le regarda de manière offusquée :

— Eh, des Kréma ! Ne sommes-nous pas en 1754 ? Prenez plutôt l'un de ces Anis de Flavigny !

B. saisit deux de ces petites perles glacées fabriquées par les moines, et les croqua. 

Un valet portant la livrée du marquis de Robien les firent enfin entrer dans un vaste salon où les tableaux étaient exposés dans un accrochage serré ;  mais aussitôt, B.  fut pris d’étourdissements. Avait-il grimpé les trois étages trop rapidement ? L'air du Grenier que Robie avait choisi pour installer sa bibliothèque et son Cabinet était-il vicié ?  Il passa devant plusieurs tableaux et eut l’impression de la sécheresse et de l’inutilité d’un art si factice. Tous ces animaux empaillés par le taxidermiste dégageaient des humeurs qui étaient en train de l'empoisonner. Puis, revenant à l’optimisme, il se dit : « C’est une simple indigestion que m’ont donnée ces graines d'anis pas assez cuites, ce n’est rien » .

 

— Avez-vous rencontré le marquis ? Alors que je passais par l'orangerie  de son jardin, je l'ai aperçu examinant une de ses toiles à la lumière d'une fenêtre de l'étage.

— On le dit très amateur des petits maîtres flamands peints sur cuivre. Ah, voilà ses trompe-l'œil ! Ce sont eux que je veux voir.

— Celui-ci, qui est  de Jean Valette-Falgore, est une commande de De Robien : voyez la gravure d'Isaac  Sarrabat épinglée au dessus de bésicles : eh bien, l'original appartient aussi au Président. Et d'ailleurs, il a fait représenter ici tout l'attirail du parfait cabinetier .."

— Cabinetier ? 

— Oui, le possesseur d'un Cabinet de curiosité, comme Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville. nous trouvons ici un almanach, un compas,  une plume d'oie , des ciseaux, une loupe, l'étui du lorgnon, la gravure d'un chien et de son maître, une palette et ses pinceaux, une partition musicale... comme si nous étions devant son secrétaire.

 

 

Enfin B.  fut devant le trompe-l'œil, qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits reflets bleus, que le ruban rose était de satin, et enfin la précieuse écriture du tout petit papier plié et jauni. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit papier. « C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes dernieres lettres sont trop sêches, elle pensera que je suis de mêchante humeur, elle voudra me quitter, alors qu'lle m'est si précieuse, comme l'écriture de ce petit papier plié jauni.  » Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l’un des plateaux, sa propre vie, tandis que l’autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune. Il sentait qu’il avait imprudemment donné le premier pour le second. « Je ne voudrais pourtant pas, se disait-il, être pour les journaux du soir le fait divers de cette exposition. « 

Il se répétait : « Petit papier plié jauni avec une adresse à Rennes, petit papier de matière jaune.  » Cependant il s’abattit sur un canapé circulaire ; aussi brusquement il cessa de penser que sa vie était en jeu et, revenant à l’optimisme, se dit : « Ce sont ces graines d'anis de Flavigny, ce n’est rien.  » Un nouveau coup l’abattit, il roula du canapé par terre, où accourut un domestique. Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? 

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Jean Valette-Falgore, dit Valette-Penot (1710-1777), Trompe-l'œil à la gravure de Sarrabat, Musée des beaux-arts de Rennes, Inv 794-1-139, Photo (C) MBA, Rennes, Dist. RMN-Grand Palais / Adélaïde Beaudoin http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0O39XCA

 

 

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Monsieur de A. ne s'aperçut de rien. Il venait de retrouver C., dont l'amitié lui était d'un grand prix, et il poursuivit avec lui la conversation débutée avec B.

—  Le nœud de soie bleue,  les rubans roses, et le collier de perles, pourraient provenir plutôt de la marquise de Robien.

— Julienne de Robien-Kerambour ? Elle est décédée à Paris, en septembre 1742 ! Elle laissait sept enfants âgés de un à onze ans, alors qu'elle avait tout juste 26 ans.

— Alors, ce serait l'une de ces filles. D'ailleurs, en voici la preuve. Prenez ce feuillet plié et lisez-en l'adresse.

— "A Mademoiselle de Robien à l'hôtel de Robien Rennes". Je serai curieux de pouvoir en lire le contenu. Cela pourrait-être Louise-Joséphine, la fille aînée, née en 1733  deux ans après Paul-Christophe. Trop jeune pour porter des binocles. 

 — Ce serait un courrier de Louise-Joséphine, mais de quelle année ?  L'almanach nous renseignera peut-être. Que dit-il ?

— C'est à moi qu'il faudrait des lunettes ! ALMANACH NOUVEAU ..ANNÉE BISSEXTILE...ALMANACH DU PALAIS. Une année bissextile, ce serait 1744. Est-ce l' "Almanach nouveau pour l'année bissextile mil sept cens quarante quatre, exactement et diligemment supputé par Alexandre Des Moulins, avec l'almanach du Palais" ?

— Non, je parviens à lire ...cent quarante huit. C'est donc l'almanach de 1748. Louise-Joséphine avait alors quinze ans, l'âge des billets doux... 

— Tout cet attirail n'est donc pas celui d'un cabinetier, comme vous dîtes, mais celui d'une jeune fille noble : voyez le porte-épingle, ce petit coussin carré avec ses cordons pour le nouer au poignet gauche comme les vrais tailleurs. Voyez aussi l'étui de métal, qui contient certainement une dizaine de fines aiguilles. Les petits ciseaux sont faits pour ses doigts. Le petit livre relié est celui où elle écrit ses secrets. Tenez, les binocles, qui nous étonnait pour une âme si tendre, grossissent un mot particulier du titre de la gravure : PULCHRAE. "Belle". La petite dame n'a que ça en tête.

— Non, pensez plutôt que son père lui a offert ce dessin pour lui rappeler l'amour qu'elle a reçu de sa mère, car le titre, Mater pulchrae dilectionis, signifie "La Mère de la belle affection". Ou bien, il a voulu l'inciter à la Sagesse, car ces trois mots sont extraits d'un verset de l'Écclesiastique 24:18 et, si le passage peut être mis dans la bouche d'une mère, c'est en réalité Sagesse qui s'exprime  :

"Comme une vigne, j’ai donné des sarments pleins de grâce et mes fleurs sont des fruits de gloire et de richesse.  Je suis la mère du bel amour, de la crainte de Dieu et de la connaissance et aussi de la sainte espérance. J’ai reçu toute grâce pour montrer le chemin et la vérité. En moi est toute espérance de vie et de force." Eccl. 24:17-18.

— N'est-ce pas son portrait que le peintre a esquissé sur la page de titre de l'almanach, en dépit de toutes les conventions ?

— Dites aussi que c'est elle qui a cassé la vitre du dessin de cet homme au chapeau, qui apprend à son chien à faire le beau ! Une scène de genre charmante pour une adolescente.

 

 Le maître des lieux a présenté à coté de cette huile la gravure originale d'Isaac Sarrabat : 

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Mater Pulchrae Dilectionis,  gravure originale de Sarrabat : Musée des beaux-arts de Rennes Inv 794.1.2167 

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=AUTR&VALUE_98=SARRABAT%20Isaac&DOM=All&REL_SPECIFIC=3

 

 

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Trompe-l'œil à la médaille d'Anne de Bretagne par Jean Valette-Penot. 

Passons maintenant à un autre trompe-l'œil du même peintre, celui  à la médaille d'Anne de Bretagne. Pour le voir, il suffit de retourner la peinture précédente, au revers duquel  elle figure. [ En 1951, elle  en a été détachée et est exposée à part entière]. 

— Le bas-relief de marbre, encadré mériterait à lui seul une étude. En connait-on la source ?

— Pas à ma connaissance. [il ne figure pas sur l'inventaire des collections de Quéru]. Je vois cinq petits fripons obligeant un bouc à aller à la rencontre d'un masque derrière lequel se cache un autre gamin. Le nœud de satin vieux-rose est également précieux. Le cadre est soutenu par deux patères, auxquelles sont accroché à droite une paire de clefs et à gauche un morceau de papier froissé et corné portant quelques lignes d'écriture. Un bâton de cire y est attaché. 

— Est-ce-que ce ne serait pas une prouesse du peintre-trompeur ? Ne s'agit-il pas d'une gravure comme celle que j'ai vu dans la pièce voisine, Jeu d'enfans sur toile, esquice [recensée sur l'inventaire de 1794 n°119 et perdu depuis] et où une fausse cassure renforcerait l'illusion d'un marbre ?

— De toute façon, le jeu de ces garnements aux allures de putti m'évoque des toiles admirées chez d'autres collectionneurs. Tenez, je pense au décor de la boutique de la Marchande de gibier, par Gerrit Dou.

Gerrit Dou, La Marchande de volaille [et de lapin...] vers 1670. Huile sur bois, 58x46cm. Londres, National Gallery.

 

Wilhem van Mieris, Marchand de gibier, Louvre, 

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Palais Borghèse, "bacchanale avec six enfants jouant avec un bouc"

etc.., etc. http://www.proantic.com/display.php?mode=obj&id=54358

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Ou bien les marbres, très similaires à celui-ci, qui se retrouvent sur les trompe-l'œil de Le Motte...qui a avec Valette-Penot tant de poins communs que cela est bien étrange. Même planche de sapin aux nœuds abondants ; mêmes rubans de cuir ou de tissu tendus entre des clous de tapissiers; mêmes pêle-mêles ; même matériel de la vie quotidienne fait de bésicles, de lettres, de plumes, et d'encrier, de batonnet de cire, de pinceaux et de gravures.

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Jean-François de Le Motte, Trompe-l'œil au paysage :

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Le Motte, Nature morte en trompe-l'œil Musée de Strasbourg :

. Le Motte, Trompe-l'œil, Musée des beaux-arts de Dijon, (et son pendant à Grosbois-en-Montagne)

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0038/m013704_0005586_p.jpg

On comparera aussi avec les trompe-l'œil de Wallerant Vaillant (1624-1677) ?

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— Deux gourdes sont suspendues à un clou. L'une  a une large sangle rouge à boucle. L'autre, avec son cordon passant par deux œilletons, est une poire de poudre à fusil .

— En réalité, le fond est  la porte d'un placard : voyez la serrure et sa clef. En dessous, nous trouvons une peinture de style flamand ; un pêcheur avec sa ligne et son panier d'osier.

— Et enfin, la médaille d'Anne de Bretagne qui donne son nom à la peinture. De Robien possède bien-sûr la médaille qui a servi de modèle, et je vais vous la montrer, dans la vitrine voisine.

 

 

 

 

 

 

Jean VALETTE-PENOT  Trompe-l'oeil à la médaille d'Anne de Bretagne . inv 794.1.140 .  80 cm x 63cm ; huile sur toile. 

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0001/m021104_rimg0414_p.jpg

 

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Le petit tableau figurait (comme les autres objets peints ici) dans les collections de Christophe-Paul de Robien : c'est Le Marchand de Poisson de Adriaen Brouwer. Musée des beaux-arts de Rennes Inv.794.1.101

 

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Ah, voici la médaille. Une belle pièce de collection. Elle porte une inscription qui en indique l'histoire. +LVCDVN . RE.PUBLICA . GAVDETE . BIS . ANNA . REGNANTE . BENIGNE . SIC . FVI . CONFL . ATA . 1499 . A l'exergue, un lion passant à gauche.  

— Ce qui veut dire ?

—   "Lorsque la République de Lyon se réjouissait du second règne de la bonne reine Anne, je fus ainsi fondue" . Anne de Bretagne est représenté en buste, selon son profil gauche, le front largemlent épilé,  coiffée d'un voile court, sur lequel est posée la couronne royale. Dans le champ, à gauche cinq fleurs de lys, et à droite huit hermines, soit les armes à parti de France et de Bretagne. 

— Sait-on ce que comporte l'autre face ?

— Oui, c'est en fait la face principale, son avers, puisqu'y est gravé le buste du roi Louis XII sur champ semé de fleur de lis circonscrit de l'inscription + FELICE . LVDOVICO . REGNATE . DVODECIMO . CESARE . ALTERO . GAVDET . OMNIS . NACIO. Soit "Sous l'heureux règne de Louis XII, toutes les nations jouissent d'un autre César"

Cette médaille fut coulée et exécutée à Lyon. Modelée par Nicolas Leclerc et Jean de Saint-Priest, appelés "maîtres tailleurs d'images" selon un acte consulaire, d'après les dessins de  Jean Perréal (c. 1460-c. 1530), elle fut exécutée par les orfèvres Jean et Colin Lepère, puis fondue. Une  médaille, coulée en or, fut offerte à Louis XII et Anne de Bretagne le 15 mars 1500 par la ville de Lyon en l'honneur de leur visite. Cette  médaille, "la première de grande dimension et de haut relief, inspirée de l'art italien" (Mazerolle), illustre un moment de l'histoire de France et de la Bretagne: le mariage de Louis XII avec Anne de Bretagne, dont la cérémonie avait eu lieu à Nantes  le 8 janvier 1499 dans la chapelle du château.  L'exemplaire en or de cette médaille n'a pas été retrouvé, il a probablement été fondu, aussi n'existe-t-il que des spécimens en argent ou en bronze d'époque ou postérieurs. (d'après une notice sur ebay par le site breizh.antiques.art@gmail.com)

 

 

 

— Celui-ci, qui est de Jean Valette-Falgore, est une commande de De Robien : voyez la gravure d'Isaac  Sarrabat épinglée au dessus de binocles : eh bien, l'original appartient aussi au Président. Et d'ailleurs, il a fait représenter ici tout l'attirail du parfait cabinetier .."

— Cabinetier ? 

— Oui, le possesseur d'un Cabinet de curiosité, comme Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville. nous trouvons ici un almanach, un compas,  une plume d'oie , des ciseaux, une loupe, l'étui du lorgnon, la gravure d'un chien et de son maître, une palette et ses pinceaux, une partition musicale... Certes, le nœud de soie bleue,  les rubans roses, et le collier de perles, pourraient provenir  de la marquise de Robien.

— Julienne de Robien-Kerambour ? Elle vient de décéder à Paris, en septembre 1742 ! Elle laissait sept enfants, alors qu'elle avait tout juste 26 ans.

— Alors, ce serait l'une de ces filles. D'ailleurs, en voici la preuve. Prenez ce feuillet plié et lisez-en l'adresse.

— "A Mademoiselle de Robien à l'hôtel de Robien Rennes". Je serai curieux de pouvoir en lire le contenu. Cela pourrait-être Louise-Joséphine, la fille aînée, née en 1733  deux ans après Paul-Christophe. Trop jeune pour porter des binocles. Mais l'almanach nous renseignera peut-être. Que dit-il ?

— C'est à moi qu'il faudrait des lunettes ! ALMANACH NOUVEAU ..ANNÉE BISSEXTILE...ALMANACH DU PALAIS. Une année bissextile, ce serait 1744. Est-ce l' "Almanach nouveau pour l'année bissextile mil sept cens quarante quatre, exactement et diligemment supputé par Alexandre Des Moulins, avec l'almanach du Palais" ?

 

Jean Valette-Falgore, dit Valette-Penot (1710-1777), 

La gravure originale de Savarrat : Musée des beaux-arts de Rennes Inv 794.1.2167 

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=AUTR&VALUE_98=SARRABAT%20Isaac&DOM=All&REL_SPECIFIC=3

 

 

 

 

un autre trompe-l'oeil, à la médaille d'Anne de Bretagne, inv 794.1.140, figurait au revers de ce tableau et en a été détaché 80 H ; 63 L

Jean VALETTE-PENOT  Trompe-l'oeil à la médaille d'Anne de Bretagne .

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0001/m021104_rimg0414_p.jpg

 

 

 Trompe-l'œil à la paire de pistolets VALETTE-PENOT Jean

 

 

Image RMN :

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0O31QYL

 

 Trompe-l'œil à la statuette d'Hercule VALETTE-PENOT Jean

INV794-1-141 

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0O31QYL

 

Christophe-Paul de Robien est né près de Quintin en 1698 dans une riche famille de parlementaires bretons, présidents dits à mortier (du nom de leur chapeau prestigieux) de père en fils. Il meurt à Rennes en 1756. Le cabinet de curiosités est aujourd'hui visible au musée des beaux-arts de Rennes. Certaines pièces de cette collection sont aussi présentes au musée de Bretagne et pour les quelques éléments restant de l'histoire naturelle à l'Université de Rennes 1. La bibliothèque, composée de livres et manuscrits, est de son côté conservée dans la bibliothèque de Rennes Métropole. Quant aux collections de monnaies, elles ont aujourd'hui presque totalement disparu. La collection de peintures du président Robien constitue une des bases des collections du musée des beaux-arts de Rennes depuis la saisie révolutionnaire de 1794. L'une des particularités de cet ensemble de collections est d'avoir été réalisé par Christophe-Paul de Robien lui-même, mais aussi d'avoir été complété après sa mort par son fils Paul-Christophe Céleste de Robien (1731- 1799). Le président Robien achète tout d'abord de la peinture flamande. Le nombre d'œuvres qu'il possède est impressionnant. Cependant, si ce dernier laisse des témoignages écrits sur ses acquisitions d'histoire naturelle et d'archéologie dans un manuscrit en deux volumes en 1750, en revanche il ne laisse aucun commentaire sur ses peintures. On connait donc l'importance des collections dans l'univers personnel du président Robien puis de son fils. On perçoit rapidement le lien intime qu'il entretient avec ces objets archéologiques ou d'histoire naturelle. Mais que dire des peintures de cette collection ? L'exposition présentée au musée des beaux-arts de Rennes évoque l'accrochage des œuvres acquises par le Marquis de Robien. Les peintures sont exposées au mur, dans un accrochage serré, laissant peu d'espaces entre les œuvres. Très peu d'espace les sépare. L'éclairage est tamisé. On comprend qu'il s'agit d'un espace reconstitué : le sol imite le parquet Versailles à la mode au XVIIIe siècle, sur les murs on retrouve un décor fait de boiseries et le mobilier correspond au goût des classes aisées de cette époque. Nous sommes donc dans un salon identique à celui des Robien. Le salon est un espace réservé à la famille et aux proches. Nous ne sommes pas dans un espace public.

Le parlementaire ne fait pas mystère de ses acquisitions, de son goût pour les objets archéologiques, de son intérêt pour l'histoire naturelle, reflet de sa curiosité, de sa volonté de connaître, de comprendre le monde, de l'appréhender. Il laisse des témoignages écrits sur ces sujets. En revanche, il ne laisse aucun commentaire sur sa collection de peinture. L'hôtel particulier de la famille Robien est vaste (environ 470 m2 ) et les objets de la collection sont omniprésents. La famille vit dans une grande proximité avec les œuvres.

De la collection au musée : l'accrochage en question ou la question de l'accrochage ? Dans le cadre d'une visite avec des scolaires, l'exposition Chez Robien, Constellation des toiles peut être une base de réflexion sur la question de l'accrochage chez un particulier et/ou dans un musée. L'observation des différents lieux d'exposition du musée donne un ensemble d'informations qui peuvent être le point de départ de recherches sur les notions de conservation, de muséographie …

Peut-on imaginer une journée de grisaille à Rennes au XVIIIème siècle ? Depuis la rue, on verrait le Marquis à la fenêtre de son hôtel particulier et tenant à la main une peinture qu'il contemple à la lumière du jour… Évidemment on ne peut rien imaginer de comparable dans le musée aujourd'hui. Le lieu implique, en principe, de la part des spectateurs, une attitude bien différente.

Le musée change : trois documents montrent ici des évolutions importantes. Ces changements sont le reflet de conceptions différentes de l'espace muséal. Au contraire des musées d'anthropologie, les musées des beaux-arts adaptent leurs œuvres aux murs et en guise de "muséographie" ne font que de l'accrochage ! Le muséographe se limite à la qualité d'œuvres accrochées et… à la peinture des murs ! [2] La muséographie : des choix, des intentions Edward Hulton (1903 -1982) Vue intérieure du musée de Rennes vers 1900 1 er quart du XXème siècle Huile sur toile Musée des beaux-arts de Rennes Galerie des collections XVIIIe siècle en 1985 Galerie des collections XVIIIe siècle en 2015 La muséographie conduit les conservateurs à faire des choix. La richesse d'un musée n'est pas qu'affaire de quantité d'œuvres. Il faut sélectionner les œuvres dans certains cas pour mettre en évidence des notions de diversités ou dans d'autres cas pour montrer la complexité d'un courant artistique ou d'une période de l'histoire de l'art. Le musée effectue un travail scientifique qui permet de diffuser des connaissances artistiques et historiques. La démarche pour le public doit être alors pédagogique, accessible au plus grand nombre. Par sa politique de monstration, d'acquisition, le musée contribue à donner en partie à la peinture, à la sculpture ou à toute autre forme de création artistique un statut à l'œuvre d'art. En entrant dans les collections des musées, les œuvres deviennent inaliénables (elles ne peuvent pas être vendues), propriété de la communauté. Musée des beaux-arts de Rennes www.mbar.org 8 Le musée de Rennes en 1886 [3] La muséographie : montrer / conserver La muséographie engage des démarches de conservation. Conserver, c'est à la fois protéger et montrer. On connait la fragilité de certaines œuvres d'art, certains travaux ne supportent pas bien l'exposition prolongée à la lumière. La présence humaine est aussi souvent problématique : nous déplaçons involontairement de la poussière, nous émettons de la chaleur, notre respiration augmente de manière sensible le taux d'humidité des pièces que nous occupons. Et que dire du risque de dégradation volontaire ou même involontaire des œuvres ? Les dispositifs de conservation existent : mise sous vitre, vitrine, barrières… Ils peuvent être complexes, pour des raisons diverses, à mettre en place. Ils n'éliminent pas la totalité des risques. la muséographie évalue en permanence l'ensemble des problèmes que posent la fréquentation d'un public tout en se donnant pour mission l'accès de la culture au plus grand nombre. Le musée des beaux-arts de Rennes en 1960 Le musée des beaux-arts de Rennes en 2015 Le choix de l'accrochage entraîne une réflexion globale et des approches multiples. La lumière, la couleur des murs, la disposition des peintures et les espacements entre chaque œuvre, l'approche thématique ou chronologique sont des questions incontournables. En prenant une option plutôt qu'une autre, le musée invite le public à adopter une posture réceptive spécifique face aux œuvres : par exemple, il est dans la contemplation ou plus dans une démarche interrogative, sa vision est centrée sur une peinture, une sculpture unique ou sa vision est plus globale. Musée des beaux-arts de Rennes www.mbar.org 9

Du cabinet de curiosités à la collection privée, l'univers du collectionneur varie peu : l'objet choisi et déposé dans un ordre et une logique qui n'appartiennent qu'au collectionneur lui-même, la peinture accrochée au milieu d'autres œuvres sont la marque de l'intime. Par exemple, dans le cabinet de curiosités de Robien, la présentation était réalisée de façon analogique. La relation de la personne à l'œuvre, l'objet archéologique ou d'histoire naturelle est alors par nature singulière et s'inscrit dans la proximité. Le collectionneur peut afficher un besoin de possession insatiable : tout nouvel achat en entraîne un autre. Le musée opte plutôt pour une démarche scientifique rigoureuse et développe une politique d'acquisition. Mais le lieu n'a rien de figé : au travers des documents photographiques présentés dans ce dossier, on voit les évolutions parcourues par le musée. Le musée semble voué à une perpétuelle recherche. Chaque découverte, chaque avancée des connaissances entraînent de nouveaux besoins de monstration. L'accrochage raconte ces transformations de la pensée.

Jean Valette-Falgore, dit Penot (1710-1777) Né à Montauban en 1710, élève d'Antoine Rivalz à l'Académie de peinture de Toulouse, l'artiste, à l'exception d'un séjour à Rome, passa l'essentiel de sa carrière dans sa ville natale où il mourut en 1777.

Il se spécialisa dans la nature morte

a salle Roberto Longhi, confortable lieu de retraite, est néanmoins une gageure. C'est ce singulier défi qu'ont magnifiquement relevé les organisateurs d'une exposition de l'Institut national d'histoire de l'art, consacrée à Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville, un collectionneur du XVIIIe siècle, mi-savant, mi-artiste, très peu connu des non spécialistes, mais représentatif des érudits de son époque. L'exposition est un hymne à la nature et à l'intelligence humaine. Sous la direction de l'amateur distingué, le visiteur n'a qu'à se laisser guider pour pénétrer dans l'univers fascinant des cabinetiers. Dans le bel écrin de la Galerie Colbert est installé jusqu'au 27 juillet un cabinet d'histoire naturelle, tel qu'il aurait pu exister vers 1740. Il ne s'agit pas exactement de la reconstitution du cabinet de Dezallier d'Argenville lui-même dont les détails de l'ordonnancement ont été oubliés, mais plutôt d'un cabinet imaginaire, selon le modèle du musée imaginaire de Malraux.

Dans les années 1740, Dezallier d'Argenville avait déjà publié un traité de jardinage, réédité à plusieurs reprises, un traité des vernis à appliquer notamment sur les coquilles et une "Lettre sur le choix et l'arrangement d'un cabinet curieux", parue dans le Mercure de France. Ce dernier ouvrage a fait de lui une manière de théoricien de la muséographie, mot qu'il a d'ailleurs fait connaître à ses lecteurs. Car son penchant personnel avait conduit Dezallier d'Argenville à développer davantage une démarche pédagogique, instructive et scientifique qu'un goût égoïste pour les bizarreries de la nature ou les objets exotiques. Ses connaissances étaient multiples : outre les jardins, les pierres et les coquillages, il appréciait également les dessins et les peintures. Ce n'est pas le seul plaisir de la contemplation et de la possession d'objets rares qui le stimulait - même s'il ne le négligeait pas - mais également le goût du classement, la passion de la taxinomie et l'ambition de partager ses connaissances avec ses contemporains.

S'installer cabinetier, cette activité apparemment respectable, n'était pas sans périls au regard de la science. Une grande vigilance était requise. Les écueils à éviter ont été bien soulignés par Buffon. Dans sa Théorie de la terre (1749), le naturaliste fustige le manque de sérieux de certains d'entre eux. Il insiste sur les dangers menaçants : le manque de méthode dans l'établissement d'une collection ou, à l'inverse, l'esprit de système. Entasser des objets dans un bric à brac informe, ou les sélectionner selon un schéma préétabli sont deux démarches irrecevables, d'après lui. La seule méthode expérimentale acceptable résulte d'un mouvement de dialectique entre l'observation et la classification empirique. Quoique doté d'un esprit moins puissant que Buffon, Dezalier d'Argenville est manifestement parvenu à entretenir sa passion en évitant, à la fois, le risque du dilettantisme et celui du dogmatisme.

Dans le cabinet reconstitué pour l'exposition, un oiseau de paradis naturalisé, bien installé sur son perchoir, transporte  le visiteur vers des horizons lointains. Le naturaliste stipulait qu'il fallait présenter et conserver tous les spécimens de pierres, de coquillages ou d'animaux obtenus, à grand frais parfois, dans des meubles, également nommés cabinets, dotés de tiroirs et d'étagères et souvent ornés de vitrines. Le visiteur de l'exposition peut du reste admirer une série de huit dessins de Jean-Baptiste Courtonne, représentant avec une extrême précision les salles d'un cabinetier contemporain de Dezallier d'Argenville, nommé Joseph Bonnier de la Mosson. Dans son cas, la passion classificatoire va de pair avec un sens pratique développé et un goût prononcé pour l'ameublement spécialisé. Le visiteur s'étonne aussi d'apercevoir dans une peinture en trompe-l'œil de Jean Valette-Falgore, tous les instruments nécessaires au cabinetier : la loupe, les lunettes, la plume, les ciseaux, le compas, la palette de peinture avec les pinceaux, etc.

L'entreprise de classification du monde entreprise par le naturaliste aurait été incomplète si elle n'avait été décrite dans des livres, conçus comme d'indispensables compléments aux cabinets. L'histoire naturelle de Dezallier d'Argenville, publiée en 1742, antérieure de quelques années à celle de Buffon, était spécifiquement consacrée à la lithologie et à la conchyliologie. Elle a paru, enrichie de planches de dessins d'après nature, auxquels le naturaliste lui-même avait travaillé. Une gouache peinte vers 1810 par Alexandre Isidore Leroy de Barde, lui-même collectionneur de curiosités, d'habitude conservée au Louvre sous le titre, Choix de coquillages, est une des pièces maîtresses de l'exposition. Dans l'esprit de Dezallier d'Argenville, les œuvres d'art avaient toute leur place dans un cabinet curieux. Le catalogue, qui a pris la forme d'un abécédaire ou d'un dictionnaire, insiste sur les nouveautés apportées dans la langue française par les cabinetiers. Outre la décisive entrée "cabinet", le lecteur peut également découvrir les notices consacrées au mot "amateur", au terme "fossile", à l'expression "histoire naturelle"... Des entrées pour les mots "jardin", "numérotation", "vernis" sont également très précieuses. Le modèle de ce très riche catalogue est évidemment L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, publiée à partir de 1751. La singularité du précieux volume, introduit par Anne Lafont, consiste à resituer une démarche individuelle, telle que celle de Dezallier d'Argenville, dans un mouvement séculaire.

Cabinetier, une passion du XVIIIe siècle

Jeannine Hayat | Publication 30.08.2012

 

Naturaliste et historien de l’art, Antoine-Joseph Dezallier d’Argenville (1680-1765) fut membre de nombreuses académies scientifiques, auteur de traités sur la conchyliologie, d’une théorie du jardinage et de l’Abrégé de la vie des plus fameux peintres de toutes les écoles… (1745-1762), ainsi qu’un grand collectionneur qui possédait plus de cinq cents dessins et des spécimens naturels d’exception. Pour interroger cette figure centrale de la dynamique entre arts et savoirs au XVIIIe siècle, l’INHA a remis au jour la première fonction de l’un des espaces de la galerie Colbert, une ancienne boutique. L’exposition s’y organise autour d’un comptoir évoquant non seulement le long meuble à surface plane sur lequel les marchands échangeaient coquillages, estampes, tableaux et dessins, mais aussi l’implantation commerciale sur les côtes des colonies d’où provenaient ces étranges objets naturels, suggérant ainsi la soif de découverte du monde et l’ambition encyclopédique d’un esprit alerte et curieux.

VALETTE-PENOT Jean Trompe-l'œil à la statuette d'Hercule

VALETTE-PENOT Jean Trompe-l'œil à la paire de pistolets

VALETTE-PENOT Jean Trompe-l'oeil à la médaille d'Anne de Bretagne 

 

Médaille d'Anne de Bretagne,  Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile

Médaille d'Anne de Bretagne, Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile

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— Celui-ci fait la paire avec le précédent : c'est la même porte de placard, mais elle est ici ouverte, entre-baillée sur une plume. Quelle est son titre ?

— Trompe-l'œil à la paire de pistolets. Outre ces pistolets, on voit une perdrix (Une faisane, dites-vous?)  suspendue par les pattes, et l'artiste, qui, comme tout peintre-illusionniste ne manque pas d'humour, a placé le gibier au dessus d'une vieille gravure avec deux ou trois personnages. Le corsage de l'ange forme l' œil, et sa robe le nez, d'un visage louchant sur la bête dégouttant son sang.Les bords déchiquetés et cornés du papier composent d'autres profils inquiétants.

Deux autres gravures occupent le registre moyen : dans un tondo, un paysage à tour ou minaret, avec deux voyageurs devant un pont . Et un cavalier arrêté près d'une famille devant une cabane de pêche.

 En bas, le peintre se régale à placer tout son talent à nous faire croire à la réalité du lorgnon, du bâtonnet de cire à cacheter, ou des feuilles pliées, et d'agacer notre curiosité avec une sorte de cartelino.

 

 

 

Jean VALETTE-PENOT  Trompe-l'œil à la paire de pistolets.  Inv. 803.9.1. 

 

Image RMN :© Jean-Manuel Salingue 

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0O31QYL

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Est-ce un "cartelino", une signature du peintre sur une feuille de papier épinglée sur une œuvre ? L es quelques mots  semblent parfaitement lisibles, et on y a lu (Notice Joconde avec la mention B.G) :ALLX, MO S DUQUE DEL MEDINA SIDONIA 8E DIOS MA ADELANIADO MA DE ANDALUCIAMADRID (B.G.)

 

 Il semble possible d'améliorer cette transcription : A l Cxme, S. duque del Medina Sidonia 8e Dios ma[yor] adelantado mayor de Andalucia /  Madrid. Ce billet serait donc adressé "à son excellentissime Senior Duc de Medina Sidonia  8ème ... Grand Atelantado d'Andalousie, à Madrid.  

Selon l'article Wikipédia https://es.wikipedia.org/wiki/Adelantado_mayor_de_Andaluc%C3%ADa, le seul Atelantado Mayor d'Andalousie qui soit aussi duc de Medina Sidonia est "Juan Alonso Pérez de Guzmán y Suárez de Figueroa (1410-1468), Adelantado de Andalucía (III conde de Niebla y I duque de Medina Sidonia)".

Le duc de Medina Sidonia à l'époque du marquis de Robien était Pedro de Alcántara Pérez de Guzmán y Pacheco (1724 - 1777), 14ème duc.

Enfin, le 8ème duc de Medina Sidonia était Juan Manuel Pérez de Guzmán y Silva,  (1579-1636).

 

 

 Jean VALETTE-PENOT  Trompe-l'œil à la paire de pistolets.  Inv. 803.9.1 Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile

Jean VALETTE-PENOT Trompe-l'œil à la paire de pistolets. Inv. 803.9.1 Musée des beaux-arts de Rennes, photographie lavieb-aile

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 — Enfin, nous arrivons au dernier tableau, le Trompe-l'œil à la statuette d'Hercule. Toujours de Jean Valette-Penot. Cette  huile sur toile de 80 cm de haut et 63 cm de large portera le n° d'inventaire 794.1.141 pour nos lointains descendants.

C'est un placard à  trois étagères.

Sur la première tablette, deux verres à pied contiennent des monstruosités animales conservées dans un liquide. Tout l'art est de jouer avec les transparences, les reflets d'une fenêtre, l'opalescence des chairs mortes. Ces reflets de haute baies à petits carreaux recréent le volume des pièces du Cabinet.

— je pense aux " embrions d'enfans, tant naturels que monstrueux" que Dezallier d'Argenville a vu lors de sa visite du cabinet de curiosités, ou aux "dragons audacieux" que Desforges-Maillard chante poétiquement. Vous connaissez ces auteurs comme moi.

— Bien-sûr. Ah, j'oubliais : Une blague, ou une bobine en forme de poire est suspendue à un clou.

Sur la deuxième tablette, trois coquillages rappellent que le point fort de toute  collection d'histoire naturelle repose sur les Coquilles. Puis se voient un soldat, son épée et sa rondache. Un couteau pliant à manche d'ébène et à virole de laiton ; une vasque ébréchée ; un échantillon minéral. J'allais oublier la joueuse de vieille, en porcelaine.

Enfin l'étage inférieur, plus haut, abrite un pot en verre, au bouchon de liège protégé d'un papier et de sa ficelle. Lisez-vous l'étiquette ?  A sa droite se trouve un instrument scientifique en cuivre (une petite balance de précision). A sa gauche, un tube métallique , deux coquillages, un flacon de verre. Et la statue d'Hercule appuyé sur sa massue, sur un piédestal (Trouvée à Valencienne, elle avait été offerte au maréchal de Montmorency, alors au camp de Famars, et celui-ci l'avait donnée à de Robien en 1743).

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 Jean VALETTE-PENOT Trompe-l'œil à la statuette d'Hercule. Inv 794.1.141

© Louis Deschamps http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0O31QYL

 

"Christophe-Paul de Robien est né près de Quintin en 1698 dans une riche famille de parlementaires bretons, présidents dits à mortier (du nom de leur chapeau prestigieux) de père en fils. Il meurt à Rennes en 1756. Le cabinet de curiosités est aujourd'hui visible au musée des beaux-arts de Rennes. Certaines pièces de cette collection sont aussi présentes au musée de Bretagne et pour les quelques éléments restant de l'histoire naturelle à l'Université de Rennes 1. La bibliothèque, composée de livres et manuscrits, est de son côté conservée dans la bibliothèque de Rennes Métropole. Quant aux collections de monnaies, elles ont aujourd'hui presque totalement disparu. La collection de peintures du président Robien constitue une des bases des collections du musée des beaux-arts de Rennes depuis la saisie révolutionnaire de 1794. L'une des particularités de cet ensemble de collections est d'avoir été réalisé par Christophe-Paul de Robien lui-même, mais aussi d'avoir été complété après sa mort par son fils Paul-Christophe Céleste de Robien (1731- 1799). Le président Robien achète tout d'abord de la peinture flamande. Le nombre d'œuvres qu'il possède est impressionnant. Cependant, si ce dernier laisse des témoignages écrits sur ses acquisitions d'histoire naturelle et d'archéologie dans un manuscrit en deux volumes en 1750, en revanche il ne laisse aucun commentaire sur ses peintures. On connait donc l'importance des collections dans l'univers personnel du président Robien puis de son fils. On perçoit rapidement le lien intime qu'il entretient avec ces objets archéologiques ou d'histoire naturelle. Mais que dire des peintures de cette collection ? L'exposition présentée au musée des beaux-arts de Rennes évoque l'accrochage des œuvres acquises par le Marquis de Robien. Les peintures sont exposées au mur, dans un accrochage serré, laissant peu d'espaces entre les œuvres. Très peu d'espace les sépare. L'éclairage est tamisé. On comprend qu'il s'agit d'un espace reconstitué : le sol imite le parquet Versailles à la mode au XVIIIe siècle, sur les murs on retrouve un décor fait de boiseries et le mobilier correspond au goût des classes aisées de cette époque. Nous sommes donc dans un salon identique à celui des Robien. Le salon est un espace réservé à la famille et aux proches. Nous ne sommes pas dans un espace public. Le parlementaire ne fait pas mystère de ses acquisitions, de son goût pour les objets archéologiques, de son intérêt pour l'histoire naturelle, reflet de sa curiosité, de sa volonté de connaître, de comprendre le monde, de l'appréhender. Il laisse des témoignages écrits sur ces sujets. En revanche, il ne laisse aucun commentaire sur sa collection de peinture. L'hôtel particulier de la famille Robien est vaste (environ 470 m2 ) et les objets de la collection sont omniprésents. La famille vit dans une grande proximité avec les œuvres. Fabrice Anzemberg, "Chez Robien", 2015

 

LES TROMPE-L'OEIL.

Comme l'ont remarqué Mr de A. et son ami Mr C. ces trompe-l'oeil de Valette-Penot sont à rapprocher de ceux, très similaires, de Jean-François de Le Motte. Mais ce dernier aurait ici servi de modèle, puisque, actif à Tournai entre 1653 et 1685, il précède de près d'un siècle le peintre de Montauban, actif jusqu'en 1771 (médaillon à l'éffigie de Henri IV, Pau) et décédé en 1777.

Parmi la dizaine de trompe-l’œil attribués à Jean-François de Le Motte, notons : 

  • Trompe-l'oeil de Jean-François de Le Motte, 2e moitié 17e siècle, huile sur toile, Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin
  • Trompe-l'œil  conservés au Musée de Dijon ( inv. CA 692 et inv. 4347), 
  • Trompe-l’œil du Musée des Beaux-arts de Strasbourg (Inv. 1749),
  • Trompe-l’œil , musée des Beaux-Arts d’Arras ( inv. 945.94), 1667.

 

   

 Jean-François de Le Motte, Vanité et Trompe-l’oeil, 1676, huile sur toile, Dijon, Musée des Beaux-Arts, inv. CA 692. ; et Arras 1667.

 

A Tournai, De Le Motte ne pouvait ignorer les trompe-l'œil de Cornelius Norbertus Gijsbrechts, actif à Anvers en 1659 puis à Copenhague entre 1670 et 1672.  

    

 

Cornelius Norbertus Gijsbrechts, Trompe-l’oeil avec mur d’atelier et nature-morte, 1668, huile sur toile, Copenhague, Statens Museum for Kunst, inv. KMS st 537

Chez ces trois artistes ce sont les "quodlibet" qui sont les sujets des toiles. Les Quolibets ? Littéralement «tout ce qui plaira». L'équivalent de nos "pêle-mêle".  Ce sont, selon la mode du  17e siècle, ces assemblages fortuits de papiers pliés, de carnets et autres accessoires de correspondance fixés sur un mur,  sur quelques planches de sapin  sur lesquelles on clouait un ruban ou une lanière de cuir.  Leur peinture en trompe-l'œil prend valeur de  «vanité» mettant en scène la précarité des objets qui se dégradent et se déchirent. Chacun reprend ces fonds constitués par  assemblage de méchantes planches, piquées de nœuds, qui ne sont pas sans rappeler la caisse de sapin qui nous attend.

Chez ces trois artistes se retrouvent donc ces accessoires de correspondance (plume, encrier, lettres, notes griffonées sur un papier, cire à cacheter, cachet de cire, carnets, ouvrages) retenus par des rubans de cuir rouge cloués, et associés à des éléments de datation comme les almanach, ou à des memento mori comme les crânes.  Ce ne sont pas des Natures mortes, mais, si l'on peut dire, des "Cultures mortes", ces inscriptions identitaires qui participent aux traces mémorielles de nos existences et à leur mise en récit tout en en exprimant la fragilité dérisoire.

 

 

 

 

SOURCES ET LIENS.

ANZEMBERG (Fabrice), 2015) Chez Robien, Constellation des toiles . Approche plastique,  http://www.mbar.org/services/ressources/dossier%20peda_chez%20Robien.pdf

— http://www.mbar.org/PROG-AVRIL%202015-MBAR-web.pdf

BERGOT (François) Peintures de la collection Robien, Musée de Rennes, sd, Imp. Simon, Rennes, 103 pages.

— COULON (François), 2001, "La figure du pourvoyeur d'objets extra-européen"  Outre-mers Volume 88  Numéro 332  pp. 37-53 

 

http://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2001_num_88_332_3879

— QUARRE, (Pierre), 1960,  "Jean-François de Le Motte. peintre tournaisien de trompe-l'œil" RMN La Revue des arts. Musées de France 1960, n°3 1960 117-122

 

— Chez Robien, Constellation des toiles Catalogue de l'exposition, musée des beaux-arts de Rennes, 5 mai 2015 - 5 mars 2017 Commissariat général : Anne DARY Commissariat scientifique : François COULON, Éloïse FALAISE

Le temps des libertinages Catalogue de l'exposition, musée des beaux-arts de Rennes, 13 juin 2014 - 1 février 2015 Commissariat général : Anne DARY Commissariat scientifique : François COULON, Astrid HALLYNCK, Éloïse FALAISE 

— Catalogue Jooconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_8=LOCA&VALUE_8=RENNES&FIELD_10=DMIS&VALUE_10=2012/12/%2B

— Exposition "1740 : un abrégé du monde, savoirs et collections autour de Dezallier d'Argenville"., INHA, espace Colbert, 

 https://enfilade18thc.files.wordpress.com/2012/05/here.pdf

— Représenter les cabinets de curiosité :

https://picasaweb.google.com/115321625506777672497/RepresenterLesCabinetsDeCuriosites

— Trompe-l'oeil de Jean-François Le Motte : 

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=AUTR&VALUE_98=LE%20MOTTE%20Jean%2dFran%e7ois%20de&DOM=All&REL_SPECIFIC=3

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Published by jean-yves cordier
7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 18:48

Où étaient passés les papillons découpés des planches de l'Archetypa du Musée des Beaux-Arts de Rennes ? La solution de l'énigme.

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Je remercie Monsieur François Coulon, Conservateur du patrimoine du Musée qui a bien voulu me recevoir pour me présenter les planches du Musée, et partager ma curiosité.

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Voir dans ce blog :

Rappel.

On se souvient que, parmi les 23 planches de l'Archetypa studiaque (1592) d'Hoefnagel issues des collections du marquis Christophe-Paul de Robien (1698-1756) et conservées par le Musée des Beaux-Arts de Rennes, cinq présentent une intrigante étrangeté : l'un des insectes gravés (un papillon dans les cinq cas) a été découpé à la lame, puis, peut-être bien plus tard, remplacé par un autre, d'une autre espèce, et sans-doute dessiné par un autre auteur. Qui était l'auteur de ces découpages ? Un enfant malveillant ? Un collectionneur concurrent ? 

Une enquête a permis d'arrêter le coupable. Il a été remis en liberté.

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Le responsable des dégradations.

Il s'agit à l'évidence du Président de Robien lui-même. En-effet, j'ai retrouvé les cinq papillons dérobés aux planches d'Hoefnagel. Je rappelle qu'il s'agissait d'espèces autochtones et courantes :

 

Gonepteryx rhamni ("Le Citron") pour la planche I, 1.

 Aglais urticae ("La Petite Tortue")  I, 4.

 Macroglossum stellatarum ("Le Sphinx-colibri") I, 5.

 Inachis io ("Le Paon-du-Jour")  AncreI, 10.

un Nymphalidae que j'identifie comme Vanessa atalanta, le "Vulcain", AncreIV, 12.

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Ils n'étaient pas très loin, à quelques centaines de mètres du Musée, dans un manuscrit de la Bibliothèque des Champs Libres de Rennes. Ce manuscrit, portant la cote MS 0546, était le premier volume de la "Description historique des collections de son cabinet" ...par le Président De Robien lui-même.

Dans ce document, après la description de sa collection de Fossiles, de ses Minéraux et de ses Végétaux, l'auteur présentait ses Insectes, et, en premier, ses papillons Diurnes et Nocturnes. Le texte s'étend sur les pages 881 à 971 (pagination des "Tablettes rennaises" qui en donne la numérisation) et est illustré de 7 planches n° 126 à 132, avant de traiter les autres Insectes, puis les autres Animaux.

L'examen de la planche 126 montrait, parmi les 25 espèces représentées, le Citron, la Petite Tortue, le Paon-du-Jour, et le Vulcain transfuges des planches d'Hoefnagel. Le larcin était vite décelable, car le papier plus sombre du XVIe siècle était visible, malgré le soin que le Président, ou son secrétaire, avait pris pour contourer au plus près l'échantillon.

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Les images viennent des Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes ; elles sont indiquées comme libres de droit. Je les ai marquées de flèches après téléchargement.

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I. La planche 126 du MS 0546.

http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=42098#sessionhistory-BCVt6b56

 

 

 

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

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A. Gonepterix rhamni, le Citron.

 

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

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La planche de l'Archetypa I, 1 de Hoefnagel, avant et après découpe par de Robien.

a) la planche d'origine, telle qu'on la trouve dans les collections habituelles, avec la gravure du Citron.

Gonepteryx rhamni, planche I,1 de l'Archetypa studiaque intacte..
Gonepteryx rhamni, planche I,1 de l'Archetypa studiaque intacte..

Gonepteryx rhamni, planche I,1 de l'Archetypa studiaque intacte..

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b) La planche de la collection De Robien, découpée autour du papillon "Citron", de la famille des  Pieridae. Celui-ci a été ôté pour venir compléter l'illustration (planche 126) du manuscrit du collectionneur, dans lequel il décrit sa collection. A la place, c'est une espèce bien différente qui a été collée, et que j'identifie comme un Papilionidae du genre Zerinthia. Parmi les deux espèces françaises , Zerinthia rumina (Linné, 1758) "La Proserpine" et Zerinthia polyxena,(Denis & Schiffermüller, 1775), "La Diane", je me prononce pour la première, car c'est la première à être décrite, mais le critère le plus facile, l'absence de taches rouges sur les ailes antérieures, n'est pas utilisable ici. Dans les deux cas, ce ne sont pas des espèces qui se trouvent autour de Rennes, mais seulement dans le sud-est de la France.

 

 planche I,1 de l'Archetypa studiaque du Musée de Rennes.

planche I,1 de l'Archetypa studiaque du Musée de Rennes.

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Mais d'où vient l'image de substitution ? De la planche 126 du MS 0546, celle la même qui a hérité du Citron. Ou plutôt d'un exemplaire en double. En effet, si on regarde cette planche 126, on retrouve la copie du Zerinthia sp. dans la quatrième rangée, à droite.

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, détail par lavieb-aile.

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, détail par lavieb-aile.

 

Résumé. Nous avons le chassé-croisé :

-Gonepteryx rhamni dessiné et gravé par Hoefnagel dans l'Archetypa I,1 — —> collage sur planche 126.

- Zerinthia (dessiné et gravé par ??) présent sur la planche 126 — —> Archetypa I,1

On peut s'interroger encore. Qui a composé cette planche 126 ? Quel est l'auteur du dessin du Zerinthia [rumina]? Je ne le trouve ni chez Jonston (qui compile Mouffet et Aldrovandi), ni chez Mérian. 

Dans sa description du Papilio rumina (Systema Naturae 1758 p. 480) , Linné ne cite qu'une seule référence, celle de Catesby car. 2 p.95 t. 95 , et ajoute Habitat in Europa australis

En-effet, on trouve dans le tome 2 du  Natural history of Carolina, Florida, and the Bahama Islands du naturaliste anglais Mark Catesby, paru à Londres en 1743, à la page 95, le dessin en couleur de Zerinthia sur un Mancellinier.

 Mark Catesby (1743). The Natural History of Carolina, Florida and the Bahamas Islands (v2) page 95, détail.BHL. 

Mark Catesby (1743). The Natural History of Carolina, Florida and the Bahamas Islands (v2) page 95, détail.BHL. 

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Pourtant la gravure de la planche 126 n'est pas identique à l'illustration de Catesby.

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B. Inachis io, le Paon-du-Jour ; C. Vanessa atalanta, le Vulcain ; D, Aglais urticae la Petite Tortue

Je les traite tous les trois car ils sont voisins sur la planche 126 :

La flèche rouge indique les endroits où le papier d'origine trahit l'emprunt à l'Archetypa, et le collage

 

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

La planche 126 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

Les planches  de l'Archetypa, avant et après substitution.

(Les images "avant substitution" ne viennent pas des collections du Musée de Rennes, bien-sûr.)

1. Inachis io, le Paon-du-Jour.

 

 Inachis io, planche I,10 de l'Archetypa studiaque intacte, .
 Inachis io, planche I,10 de l'Archetypa studiaque intacte, .

Inachis io, planche I,10 de l'Archetypa studiaque intacte, .

 planche I,10 de l'Archetypa studiaque du Musée de Rennes.

planche I,10 de l'Archetypa studiaque du Musée de Rennes.

Là encore, comme pour la planche I,1,  le papillon de substitution est également présent sur la planche 126, au milieu de la dernière rangée. Sans-doute Vanessa cardui, la "Belle-Dame". Il est également présent sur la planche VIII du Livre des Insectes de Jan Jonston (1653), qui sera présentée infra. 

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2. Aglais urticae la Petite Tortue.

Aglais urticae,  planche I,4 de l'Archetypa studiaque intacte, détail
Aglais urticae,  planche I,4 de l'Archetypa studiaque intacte, détail

Aglais urticae, planche I,4 de l'Archetypa studiaque intacte, détail

planche I,4 de l'Archetypa studiaque de Rennes,  détail.

planche I,4 de l'Archetypa studiaque de Rennes, détail.

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Le papillon de substitution, qui est assez grossièrement proche d'une petite Tortue,  a pu être découpée dans la planche VIII de l'édition de 1653 du Livre des Insectes de Jan Jonston.:

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La numérotation de la planche diffère dans les éditions de 1653 (planche VIII) et de 1657 (planche VII). De plus, le sens des planches est inversé : je présenterai la première édition de 1653, dont les gravures sont de meilleure qualité.

 

  •  Historiae Naturalis de Insectis Libri III. De Serpentibus et Draconibus Libri II. : cum aeneis Figuris Ioannes Ionstonus Med. Doctor Concinnavit Francofurti ad Moenum Impensis Haeredum Merianorum, MDCLIII (Francfort, 1653).

http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/jonston/vol5/jpg/s001.html

  • Historiae naturalis de insectis libri 3, de serpentibus et draconibus libri 2, cum aeneis figuris, Joh. Jonstonus, med. doctor, concinnavit apud Ioannem Iacobi fil. Schipper (Amsterdam, 1657)

https://archive.org/details/bub_gb_avlNWf7vucoC

Le texte correspondant aux papillons débute page 28  et donne la description des 11 planches d'Aldrovandi (1602) et des espèces nocturnes puis diurnes de Thomas Mouffet (1634). Les 28 planches, insérées dans le texte en 1653, sont placées en fin du Livre des Insectes en 1657. Ce sont  sont une compilation des figures des différents auteurs (Aldrovandi, Mouffet). Les chenilles (eruca) sont présentées aux planches XX. à XXV.  Les papillons imagos font l'objet des planches V à VIII,  à savoir :

 

​​J'indique par une étoile rouge les espèces de la planche VIII qui ont été reprises par De Robien pour ses  planches de l'Archetypa.

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Planche VIII, Historiae Naturalis de Insectis Libri III, Jan Jonston 1653.

Planche VIII, Historiae Naturalis de Insectis Libri III, Jan Jonston 1653.

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3. Vanessa atalanta, le Vulcain.

Note. Dans l'édition critique de Vignau-Willberg 1994, ce papillon est identifié comme "Nymphalidae", sans précision, mais je pense qu'il est possible d'y reconnaître Vanessa atalanta. D'une part car c'est un papillon si courant et si spectaculaire que son absence serait étonnante, tant dans les planches de Hoefnagel que dans la collection de de Robien.

D'autre part car Hoefnagel a peint ce papillon de profil, ailes repliées, dans la planche XI d'Ignis et dans la planche XIV,  et ailes dépliées dans la  planche XIII (en bas à gauche):.

L'illustration d'Aldrovandi 1602, fig. 4  est bien plus sommaire que celle de l'Archetypa, mais elle bénéficie de la mise en couleur :

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Vanessa atalanta , planche IV,12 de l'Archetypa studiaque intacte, retouche lavieb-aile.s
Vanessa atalanta , planche IV,12 de l'Archetypa studiaque intacte, retouche lavieb-aile.s

Vanessa atalanta , planche IV,12 de l'Archetypa studiaque intacte, retouche lavieb-aile.s

planche IV,12 de l'Archetypa studiaque de Rennes,  détail.

planche IV,12 de l'Archetypa studiaque de Rennes, détail.

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Ce papillon se retrouve également dans la planche VIII du Livre des Insectes de Jan Jonston (1653). C'est le 6ème papillon de la colonne de droite . 

Il est parfaitement aventureux de l'identifier, mais je propose d'y voir un Apatura (Grand ou Petit Mars changeant). 

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Jan Jonston, Livre des Insectes, planche VII [VIII] colorisée.

Jan Jonston, Livre des Insectes, planche VII [VIII] colorisée.

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II. La planche 130. Le Macroglossum stellatarum

Notre dernier "perdu de vu" se retrouve en bas de la planche 130 :

 

La planche 130 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

La planche 130 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

E. Macroglossum stellatarum, le Sphinx-colibri ou Moro-Sphinx.

Dans son cas, le manieur de cutter a été obligé d'amputer le Moro-Sphinx de ce qui le caractérise, sa longue trompe qui lui donne son nom latin (Macroglossum = Grande trompe) et son nom vernaculaire qui le compare au Colibri.   Mais en 1748, aucun de ces noms ne lui avaient été encore attribués.

Macroglossum stellatarum planche 130 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

Macroglossum stellatarum planche 130 du MS 0546. Tablettes rennaises de la Médiathèque des Champs Libres de Rennes, retouche lavieb-aile.

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La planche de l'Archetypa avant et après substitution.

Sur la planche de Rennes, on voit bien les  antennes et la trompe du Moro-Sphinx préexistant.

Macroglossum stellatarum planche I,5 de l'Archetypa studiaque intacte.
Macroglossum stellatarum planche I,5 de l'Archetypa studiaque intacte.

Macroglossum stellatarum planche I,5 de l'Archetypa studiaque intacte.

planche I,5 de l'Archetypa studiaque du Musée de Rennes, détail.

planche I,5 de l'Archetypa studiaque du Musée de Rennes, détail.

Là encore, comme pour les planches I,1, et I,4,  le papillon de substitution est également présent sur la planche 126, à gauche de la troisième rangée. Mais on peut le trouver aussi dans la planche VIII de Jan Jonston (un peu au dessus du Grand Paon de Nuit).

Synthèse :

Gonepteryx rhamni ("Le Citron") de la planche I, 1 : ôté pour être placé sur la planche 126 du Manuscrit de de Robien (Ms 0546). Remplacé par Zerynthia sp., présent sur la même planche 126.

 Aglais urticae ("La Petite Tortue")  I, 4 : ôté pour être placé sur la planche 126 du Manuscrit de de Robien (Ms 0546). Remplacé par une autre espèce (proche d'Aglais urticae) provenant de la Planche VIII du Livre des Insectes de Jan Jonston.

 Macroglossum stellatarum ("Le Sphinx-colibri") I, 5 : ôté pour être placé sur la planche 130 du Manuscrit de de Robien (Ms 0546). Remplacé par une autre espèce présent sur la planche 126, mais aussi sur la Planche VIII du Livre des Insectes de Jan Jonston..

 Inachis io ("Le Paon-du-Jour")  AncreI, 10 : ôté pour être placé sur la planche 126 du Manuscrit de de Robien (Ms 0546). Remplacé par Vanessa cardui, la "Belle-Dame", présent sur la même planche 126...mais aussi sur la Planche VIII du Livre des Insectes de Jan Jonston..

Vanessa atalanta, le "Vulcain", AncreIV, 12 : ôté pour être placé sur la planche 126 du Manuscrit de de Robien (Ms 0546). Remplacé par une autre espèce (Apatura sp. ?)  trouvée dans la planche VIII du Livre des Insectes de Jan Jonston (1653).

 

 

 

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Conclusion.

Vers 1748, lorsque le Président à mortier Christophe-Paul de Robien rédigea le manuscrit de sa description de son immense collection d'histoire naturelle, il ne fit pas appel à un peintre ou un dessinateur-graveur comme l'avait fait Réaumur pour son Histoire des insectes, et comme le fera Etienne-Louis Geoffroy en 1762, et Gigot d'Orcy avec Engramelle et Ernst en 1779-1792, pour des ouvrages imprimés. Il utilisa son fond documentaire d'ouvrages spécialisés et en découpa soit les planches entières, soit, comme ici, les espèces qui lui manquaient.

Comme je le suspectais lorsque j'ai découvert le caractère atypique des planches de l'Archetypa du Musée de Rennes, les espèces remplacées indiquent, par leur utilisation détournée, qu'elles faisaient partie de la collection entomologique de De Robien. 

Certes, le renseignement n'est guère précieux, puisqu'il s'agit d'espèces aussi communes et ubiquitaires que le Citron, le Paon-du-Jour, la Petite Tortue et le Moro-Sphinx. Mais d'une part c'est en menant de telles recherches que des informations plus étonnantes peuvent, un jour, être découvertes. Et, surtout, l'émotion est grande de découvrir dans les armoires naturalistes bretonnes nos papillons de tous les jours, alors que d'autres collections s'enrichissaient surtout (c'est bien-sûr aussi le cas ici) des spectaculaires papillons exotiques, comme dans le Cabinet d'Histoire naturelle de l'Hôpital Maritime de Brest alimenté par les flottes royales, ou comme dans le Cabinet de Bonnier de la Mosson.

L'origine des dessins placés en remplacement sur l'Archetypa amputée est intéressante, car elle indique une source iconographique utilisée par De Robien : L'Historiae Naturalis de Insectis Libri III.de Jan Jonston, parue en 1653.

Le point de départ de ma curiosité a été de rechercher l'histoire des noms de papillons. Ici, nous nous situons dans la pré-histoire, à une époque où aucun nom français de lépidoptère n'avait été encore été créé, à quelques très rares exceptions mentionnées par Réaumur qui ne se souciait guère de nomenclature, mais des merveilles de l'organisation et des métamorphoses des insectes. 

Il est fascinant de tenter d'imaginer le fonctionnement cérébral de De Robien (ou des autres collectionneurs), repérant, identifiant, découpant et recollant, décrivant, échangeant peut-être des espèces de sa collection sans disposer du moindre nom pour les désigner. En 1758, avec Linné, le paradigme selon lequel Nomen est numen, "nommer c'est connaître" imposera son évidence. 

Derrière ces découpages de Rennes, un ancien paradigme, "posséder c'est connaître", est peut-être dissimulé.

SOURCES ET LIENS.

CATESBY (Mark), 1743. The Natural History of Carolina, Florida and Bahamas Islands (v2). London.

  •  Rare Book Room. http://www.rarebookroom.org/Control/catthg/index.html
  • Numérisé par BHL : http://www.biodiversitylibrary.org/item/126154#page/294/mode/1up

— JONSTON (Jan, (1603-1675)), : Historiae Naturalis de Insectis Libri III. De Serpentibus et Draconibus Libri II 

  • http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/jonston/vol5/jpg/s063.html
  • https://archive.org/stream/bub_gb_avlNWf7vucoC#page/n167/mode/2up

— MOUFFET (Thomas), 1634, 

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Published by jean-yves cordier - dans De Robien
7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 07:55

Les planches de l'Archetypa d'Hoefnagel de la collection De Robien, Musée des Beaux-arts de Rennes.

Le Président de Robien et les insectes.

Voir dans ce blog sur Hoefnagel :

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Introduction.

Le Musée des Beaux-Arts de Rennes conserve un lot de [23] planches issues des 48 planches de l'Archetypa studiaque Patris publiée par Jacob Hoefnagel en 1592. Ces planches proviennent des collections ou de la bibliothèque dite "de Robien" , du nom du Président à mortier de Rennes Christophe-Paul De Robien (1698-1756),  collections d'un Cabinet de curiosité réputé dès 1740, tant dans le domaine des arts que dans celui de l'histoire naturelle.

Après avoir tenté vainement de créer une "Académie des Sciences et Belles-lettres" à Rennes, il amassa une collection de statues, de tableaux, d'animaux, de plantes, de minèraux et divers objets rares ou précieux dans un Cabinet de curiosités dont  Il établit lui-même, en 1748, un inventaire des richesses, dans un manuscrit en plusieurs volumes. Christophe-Paul de Robien meurt en 1756, après avoir eu l'honneur d'être nommè, l'année précédente, Membre de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Berlin. Sa collection  est léguée à son fils (Paul-Christophe -Céleste); mais sous la Révolution, ce dernier fuit la France et ses biens sont confisqués en 1792.  Ils furent entreposés à Rennes, dans l'église de la Visitation. puis connurent diverses vicissitudes en attendant un nouveau toit : passage au Couvent des Carmélites en 1793,  "inventaire et récolement du Cabinet d'Histoire naturelle du sieur de Robien" par Quéru de la Coste  en 1794. En 1796, Pierre Queru est nommé Conservateur du "Cabinet d'histoire naturelle" de Rennes. Par la suite, ce qui fut conservé de ces collections et de sa bibliothèque  qui ont constitué le noyau fondateur de la bibliothèque municipale et des musées de Rennes. La personnalité de Christophe-Paul de Robien a sucité de nombreux travaux, dont la publication centrale de Gauthier Aubert. Chaque branche des arts et des sciences peut focaliser son attention sur le sujet qui est le sien. Dans le domaine de l'histoire naturelle, la Géologie a fait l'objet de l'étude de J.J. Chauvel et J. Plaine en 2002 . Mais l'Entomologie n'a pas bénéficié d'un intérêt semblable. En-effet, la vulnérabilité des insectes, les difficultés de leur conservation et les déboires de la transmission de ce patrimoine, font qu'aujourd'hui, nous ne conservons aucun échantillon entomologique.

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Difficultés et moyens de l'évaluation de la collection entomologique de De Robien.

Face à cette carence de matériel, force est de recourir à d'autres sources, les données écrites et les illustrations. Elles sont au nombre de quatre.

a) La description de sa collection par Paul-Christophe de Robien. Elle est conservée sous la référence Ms 0546-0547 à la Médiathèque de Rennes sous le titre « Description historique », rédigée par le président de Robien, « des collections conservées dans son cabinet ». On y dénombrerait selon Chauvel et Plaine 207 insectes. 

b) L'inventaire des collections en 1794. Il fait mention de 183 insectes.

c) Une planche III.4 de la Description historique, topographique et naturelle de l'ancienne Armorique par Christophe Paul de Robien :  manuscrit Ms 0312 de la Médiathèque de Rennes.

d) Les planches de l'Archetypa d'Hoefnagel appartenant au fond De Robien.

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Importance de l'Archetypa studiaque en entomologie.

Dans l'Archetypa , Jacob Hoefnagel (1575-1630) reproduit en gravure et diffuse par l'imprimerie les très nombreuses et méticuleuses études d'insectes d'après nature des enluminures de son père Joris Hoefnagel (1542-1601). C'est ainsi le premier ouvrage imprimé d'illustrations entomologiques. Sa date de parution en 1592 précède l'Histoire des Insectes d'Aldrovandi (De animalibus insectis libri septem) paru en 1602, qui comporte certes une description écrite des espèces mais  dont les gravures sont médiocres. L'Insectorium sive minimorum theatrum de Thomas Mouffet, préparé dès 1590, ne parut qu'en 1634  à Londres. Ce Theatrum est illustré de gravures sur bois tout aussi médiocres. Il présentait les collections du Suisse Conrad Gessner.

Les ouvrages qui suivirent, jusqu'à l'époque de De Robien, sont :

  • Entre 1662 et 1667 : Jan Goedart (1620-1668) fait paraître Metamorphosis et historia naturalis où il présente, par des gravures en taille-douce, les différentes phases de croissance des insectes.
  • 1669 : Jan Swammerdam (1637-1680), dans son Histoire naturelle des Insectes (Historia Insectorum generalis en latin), distingue les insectes à métamorphoses complètes et incomplètes et décrit avec soin ces transformations.
  • De 1696 à 1700, Antonio Vallisneri (1661-1730) fait paraître ses Dialoghi sopra la curiosa Origine di molti Insetti (Dialogues sur la curieuse origine de plusieurs insectes) avec lesquels il contribue avec Redi (1626-1697) et Malpighi, à démentir la croyance en la génération spontanée.

  • Maria Sibylla Meriam :Der Raupen wunderbare Verwandlung und sonderbare Blumennahrung. 1679

  • Maria Sibylla Meriam  Metamorphosis insectorum Surinamensium, 1705

1734 : Réaumur fait paraître le premier tome de ses Mémoires pour servir à l'Histoire des Insectes, l'un des plus grands ouvrages sur ces animaux du xviiie siècle.

1735 : première édition du Systema naturæ de Carl von Linné (1707-1778) qui ne comprend que quatre ordres d'insectes : les coléoptères, les gymnoptères, les hémiptères et les aptères. Sa classification est basée sur les ailes.

 

 

Etude des planches de l'Archetypa studiaque de Hoefnagel conservées à Rennes.

Ces planches n'ont pas fait l'objet de publication. Une (ou plusieurs) planche a été exposée  en 2008 dans l'exposition du Musée des Beaux-Arts de Rennes "Cleunay accroche les regards".

Elles sont présentées par le catalogue Joconde  comme des  "estampes par Jacob Hoefnagel selon des dessins de plantes et d'animaux de son père Georg [Joris]  Hoefnagel ; 20 planches d'une série de 48, Insectes, fruits et fleurs, Inv 794.1.2069 à Inv 794.1.2072, Inv 794.1.2078 à Inv 794.1.2082, Inv 794.1.5965 à Inv 794.1.5978. papier vergé (filigrané), burin. mesures en cm : H. 15.8 ; l. 20.8 "

On ignore si ces planches ont été acquises par Paul de Robien (1660-1744), président à mortier du parlement de Bretagne, et père de Christophe-Paul, ou, plus probablement, achetées par ce dernier.

 Elles sont issues d'une collection de 48 gravures de plantes, d'insectes et de petits animaux présentés ad vivum, conçue comme un ouvrage  divisé en quatre parties de douze plaques (chacune avec frontispice séparée) soit 52 gravures. Elles sont à la fois une œuvre fondatrice du naturalisme scientifique, et une vaste méditation religieuse et philosophique au gré des versets bibliques et  épigrammes poétiques ou humanistes qui encadrent (au dessus et au dessous) chaque gravure. Les thèmes principaux en sont la réflexion  sur la grandeur confondante de la Création (ou du Créateur) à travers les créatures les plus petites, et, par opposition à cette grandeur, sur le caractère éphémère de l'existence humaine  de l'homme emporté par le Temps.

Ces planches de Rennes n'offriraient pas d'autre intérêt pour l'entomologiste que celui, notable, de témoigner de la documentation réunie par De Robien en matière d'entomologie,  car ce volume de 48 planches de Hoefnagel est l'une des publications qui a fait autorité au XVIIe et XVIIIe siècle pour cette science, et Linné, en 1758, y fait référence dans ses descriptions.

Voir ici : Hoefnagel et les entomologistes du XVIIIe siècle.

Mais elles présentent aussi une singularité intriguante. Dans cinq planches, un papillon a été, assez grossièrement, découpé à la lame. En même temps, ou secondairement, le trou a été comblé par un papillon d'une autre espèce, et provenant d'un autre corpus de gravure. Ce collage est très soigneusement réalisé.

Le découpage de gravures issues de la littérature scientifique est courante pour De Robien, puisque l'illustration de sa Description de ses collections repose sur ce procédé (gravures de Nicolas Bonnart à Paris notamment). Néanmoins, le fait que dans ces gravures d'insectes et de reptiles, seuls les papillons fassent l'objet de cette pratique, pour y substituer d'autres espèces (tentative de réparation ? ), pourrait constituer un indice, ténu mais réel, sur la collection entomologique de De Robien.

A défaut de résoudre cette énigme, ou de l'utiliser dans sa valeur indicielle, un préalable était d'en donner une description. C'est le but de cet article.

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I. Liste des 23 planches détenues par le Musée des Beaux-arts de Rennes.

On constate qu'elles n'appartiennent qu'à la première et la quatrième  des quatre séries de 12 +1 planches (pars prima et pars quarta) . Aucune série n'est complète, avec 11 (10+titre) planches de la Pars prima, et 12 (11 +titre) planches de la pars quarta.

PARS PRIMA. Page de titre  Inv 794.I.5976

I, 1. Inv 794.I. 2071

I, 4. Inv 794.I.2072

I, 5. Inv 794.I.5973

I, 6. Inv 794.I.5971

I, 7. Inv 794.I.2081

Ancre I,8. Inv 794.I.2078

Ancre I, 9. Inv 2080

Ancre I, 10 .Inv 794.I.2082 

I, 11. Inv 794.I.5968

Ancre I, 12. Inv 794.I.5965

PARS QVARTA, Page de titre. Inv 794.I.2069.

Ancre IV, 1. Inv 794.I.5977

Ancre IV, 2. Inv 794.I.5976

Ancre IV, 3. Inv 794.I.5975

Ancre IV, 4. Inv 794.I.5974

Ancre IV, 5 Inv 794.I.2079

Ancre IV, 6.  Inv 794.I.5972

Ancre .IV, 7. Inv 794.I.5970

 IV, 8. Inv 794.I.5969

Ancre IV, 9. Inv 794.I.2070 . planche partiellement colorisée, les jonquilles sont peintes en jaune.

Ancre IV,11. Inv 794.I.5967

Ancre IV, 12. Inv 794.I.5966


 

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II. Liste des 5 planches découpées-collées

I, 1. Inv 794.I. 2071. Gonepteryx rhamni ôté / Zerynthia sp. ? collé.

I, 4. Inv 794.I.2072 . Aglais urticae ôté / ?? collé

I, 5. Inv 794.I.5973. Macroglossum stellatarum ôté / ?? collé

AncreI, 10 .Inv 794.I.2082 . Inachis io ôté / ?? collé

AncreIV, 12. Inv 794.I.5966. Nymphalidae ôté / ?? collé

 

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Je remarque que les espèces découpées sont des espèces familières et commune, notamment en Bretagne. Il resterait à trouver l'auteur des gravures de substitution, à identifier les espèces introduites, et à chercher à établir des liens avec les descriptions et les planches du manuscrit Ms 0546. A cette fin, j'ai étudié rapidement ce manuscrit dans un article à suivre.

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III. Description des planches.

 

Page de titre PARS PRIMA.  Adhuc Coelum voluitur

 

– Adhuc Coelum voluitur. "Le ciel tourne encore" : Erasme, Adage 1559 : "quoties significamus quoties adhuc superesse spem, & nondum omne tempus, quod melioris fortunae solet occasionem adducere, exactum esse, conveniet illud Theocritum ex Charit : (etc..)" : "Un  dicton qui peut être utilisé chaque fois que nous voulons signifier qu'il ya encore de l'espoir, et que le temps, qui habituellement apporte une meilleure fortune, le meilleur, n'a pas terminé sa course". Thème capital chez Joris Hefnagel, exilé de sa ville (Anvers) natale après que son père, diamantaire et protestant, ait été ruiné par les troupes espagnoles lors du sac de la ville en 1576. Comme beaucoup de Néerlandais, il devra chercher un mécène en Allemagne puis en Bohème.

– SOLI GLORIA TIBI  ["A toi, la seule Gloire"], autour d'un soleil où s'inscrivent les lettres hébraïques du tétragramme YAHVÉ, circonscrit par le zodiaque.

Proh temporis error.  "Hélas, l'incertitude du temps !".  Même allusion au contexte politique et religieux pour Joris Hoefnagel, d'abord peintre à la cour catholique du duc de Bavière, qu'il devra quitter en raison de ses convictions (ou de ses tiédeurs) religieuses.  En 1591, il avait été nommé artiste de cour pour l'empereur romain germanique Rodolphe II, qui était connu pour son cabinet de curiosités, et pour sa collection d'histoire naturelle.

– Archetypa stvdiaqve patris Georgii Hoefnagelii Iacobus F: genio duce ab ipso scalpta, omnibus philomusis amicé D: ac perbenigné communicatAnn. sal. XCII. Aetat. XVII. . Cum Prae : Cae : Mas

"Archetypes et versifications (ou Modèles et études) de Joris Hoefnagel, son père, présentées  par son fils Jacob, gravées sur cuivre sous la conduite de son "génie" et  communiquées en toute affection à tous les amis amateurs des Muses." Anno salutatis XCII Aetates XVII = En l'année du Salut [15]92 dans sa 17ème année".

– Francofurti ad Moenum

— Notice catalogue Joconde  : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110009038

 

— Image :http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110009038

Remarque :

Cette page de titre porte la mention Francofurti / ad Moenum et la date de 1592 (Ann : sal. XCII. Aetat : XVII). Il peut s'agir, parmi les 8 éditions décrites par Théa Vignau-Wilberg 1994, de la première édition. D'autres éditions plus tardives portent la mention  "Paulus Fürst Excudit in Norimberg" ou "Christoph Weigel excudit", ou "Ioh. Christoph Weigel excudit".

 

Voir exemple d'une édition II par Paulus Fürst à Nuremberg 

 http://sammlungen.mak.at/sdb/do/detail.state?inventarnr=KI%202526%20%20F-59%20S-3%20%20Z-2&langSelect=de

 

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— Planche I, 1.

- Dicite Deo quam terribili sunt opera tuo Domine in multitudine. Virtutis tuae mentientur tibi innimici tui, psa :65

Psaume 65 (66) :3 : "Dites à Dieu: Que tes œuvres sont redoutables! A cause de la grandeur de ta force, tes ennemis te flattent. Citation également utilisée par Hoefnagel  dans Ignis sur la partie basse de la feuille intercalaire de la planche XXXV (Hendrix, 1984, p. 272).

Il s'agit de l'adaptation d'un verset de l'Ecclesiastique (ou Sagesse de ben Sirah, ou Siracide) 51,23 : Danti mihi sapientam dabo Gloriam, "Je rendrai gloire à celui qui m'a donné la sagesse"

La formule utilisée ici se retrouve sur une estampe du Louvre gravée par J. Fris, mais qui n'est qu'une copie des planches d'Hofnagel éditées par Justus Sadeler (Anvers 1572-1620) vers 1614. 

On peut traduire cette formule littéralement comme "Tu m'as donné l'Art, je te rends gloire" ou avec Théa Vignau-Willberg : "to him who gave me my skill I shall give the glory,  "A celui qui m'a donné mon talent artistique, je vais rendre gloire". Un épigramme qui résume la posture affichée d'Hoefnagel dans l'Archetypa comme dans ses "Quatre Elements".

 

 

 

— Notice catalogue Joconde  http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110007555

 

— Image :http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0672/m021102_0004447_p.jpg

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— Remarque : l'image de  Gonepteryx rhamni a été ôtée, et remplacée par celle de   Zerynthia sp. ? 

ci-dessous l'image originale :

 

— d) Inventaire entomologique.

  • Mespilus germanica L.

  • Lepidoptera Arctiidae, chenille (L'Écaille chinée ou Callimorphe (Euplagia quadripunctaria) ?)

  • Lepidoptera [Pieridae  Gonepteryx rhamni L. = Le Citron] remplacé par Zerynthia : "Diane ?"

  • Littorhinomorpha Naticarius Stercusmuscarum (Gmelin, 1791)

  • Coleoptera Rhynchitiae

  • Coleoptera Dynastidae Megasoma elephas L. Scarabée-éléphant.

  • Coleoptera Dysticidae larve de Dytique (coléoptère aquatique)

  • Arachnoidea Araneidae

  • Hymenoptera Apidae Bombus

  • Gastropoda Deroceras "Limace"

 

e) Inventaire botanique :

  • Pyrus communis L. "Poire commune"

  • Spartium junceum L. "Spartier à tige de jonc", " (faux) Genêt d'Espagne"

  • Rosa sp… "Rosier" en fleur "Rose" et en fruit "Cynorrhodon"

  • Matthiola incarnata (L.) Giroflée des jardins

 


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— Planche I, 4.

-Qui sedet super gyrum terrae et habitatores / eius sunt sicut locustae Isa :40.

Isaïe 40:22 : "Or, pour celui qui siège sur son trône au-dessus du cercle de la terre,

ses habitants sont pareils à des sauterelles.".

Hoefnagel poursuit sa méditation sur les relations entre macrocosme (Deus sive Natura, dira plus tard Spinoza) et microcosme, entre l'Homme et les insectes éphémères, etc.

Cette citation figure aussi dans la planche  XXXXVI du volume Ignis des "Quatre Éléments".

- Sola perpetuo manent / subiecta nulli mentis atque animi bona /  florem decoris singuli carpunt dies.

La citation est empruntée à Octavie, pièce latine du Ier siècle attribuée à Sénèque, dans l'acte II vers 547-549. La phrase est adressée par Sénèque à Néron. Le philosophe Sénèque tente de dissuader Néron de répudier Octavie pour épouser Poppée,

  "il n'y a que les qualités de l'âme qui demeurent toujours et que rien ne peut corrompre; la beauté passe comme une fleur dont chaque jour flétrit l'éclat."  La traduction de M.E. Greslou est proposée en ligne par Philippe Remacle.

C'est une nouvelle insistance d'Hoefnagel, qui, tout en plaçant tout son talent à créer de la beauté à l'image spéculaire de la beauté de la Nature, souligne son caractère éphémère et futile. L'Homme est invité à ne pas s'arrêter à l'objet (de son désir et de son admiration) et à tourner ses louanges et sa gratitude vers le Créateur. Pourtant, le recours à la poésie latine et à la philosophie stoïque le place dans une démarche humaniste de la Renaissance plutôt que dans la filiation avec  les hymnes à la nature, strictement catholiques, des Franciscains.

Notice catalogue Joconde :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110007556

 

Lien image RMN http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0OP1FC7

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. Remarque : l'image de  Aglais urticae  a été ôtée, et remplacée par celle de  . ? 

Ci-dessous la planche originale :

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Inventaire zoologique.

 

  • Gastropoda Helicidae Valvata sp. (fluvialis ?) selon Vignau-Wilberg. Selon le site Hunting for snails, la figure de cet escargot est quelque peu stylisée, mais peut-être été modélisée avec à l'esprit une  espèce de Cepaea ou d'Arianta .

  • Mollusque marin

  • Lepidoptera Lycaenidae [Polyommatus ?] : "Azuré".

  • Lepidoptera Nymphalidae Aglais urticae "Petite Tortue", remplacé ici par une espèce non identifiable.

  •  Hymenoptera Cephidae . Symphytes, dont les larves, apodes, vivent en foreuses dans les tiges, les chaumes, les troncs.

  • Diptera

  • Diptera Tipulidae, "Tipule"

  •  Orthoptera. 

  • Coloptera Cantharidae (?)

Inventaire botanique.

 

  • Tulipa gesneriana L. "Tulipe". La tulipe symbolise l'orgueil et la vanité. Venue de Turquie (?), T. gesneriana est à l'origine de la plupart des tulipes cultivées.

  • Aquilegia vulgaris L. , "Ancolie commune". Fleur appartenant à la flore symbolique médiévale des enlumineurs associée à la mélancolie (par jeu sur le mot) ou au Saint-Esprit en raison de sa forme de colombe (cf. le nom anglais Colombine), alors que les "bonnes femmes" (la bonne renommée, buona fama) lui attribuait des vertus aphrodisiaques.

  • Physalis alkekengi "Coqueret alkékenge ou Lanterne ou  Amour-en-cage",

  • Papaver somniferum L. "Pavot à opium, Pavot des jardins". Une allusion possible à l'oubli provoqué par les plaisirs ? 

  • Cynara solymus L. "Artichaut"

 

 

 

Planche I. 5.

- Narrabo omnia mirabilia tua Domine psa :9

Psaume 9:2 : [confitebor tibi Domine in toto corde meo] narrabo omnia mirabilia tua

 

"[Je veux te glorifier, ô Eternel, de tout mon cœur,] je veux raconter tes merveilles." Hoefnagel reprend à son compte les paroles du Psalmiste, dans la continuité du Danti mihi Artem dabo gloriam de la planche I,1 : il voue son art d'enlumineur naturaliste à la mise en évidence des merveilles de la Création.

 -Quod invocatus lubenter coenito ! Musca sum.

Erasme, Adages 3643, page 980 iv.vii..43, Muscae. "J'aime me mettre à table sans être invité ! Je suis la Mouche !".

Ce Adage n'e semble pas avoir d'autre justification que celle de créer un lien avec les animaux moralisés : Hoefnagel puisera abondamment dans les Adages d'Erasme pour les inscriptions de ses Quatre Éléments. (Voir Ignis Planche LX  Quod invocatus caenitare amo musca sum, "Quand j'aime à être invité à dîner, je suis (comme) une mouche".)

 

 

 La sentence est ici justifiée par la présence d'une vilaine mouche bleue sur la pomme coupée. Comme chez Érasme, c'est l'homme qui est visé. Érasme écrit en commentaire :

 Μυῖαι olim dicebantur qui delectabantur aliena mensa, quos Plautus muribus comparat   semper alienum edentibus cibum. Apud Athenaeum libro sexto parasitus quispiam se muscae confert:

Λειπνεῖν ἄκλητος μυῖα, id est Quod invocatus coenitare amo, musca sum. Advolat enim hoc  insectum ad cibum alienum et aegre potest abigi. Apud eundem Hegesander narrat, cum Alexander dixisset se

 morderi a muscis – sic vocabat parasitos iamque conaretur illas abigere,Cinesias, unus eius ordinis qui forte 

aderat: Profecto aliae muscae siticulosae magis urgebunt te semel gustato tuo sanguine. Extat apologus de erinacio, qui voluit vulpi μυιοσόβης esse. Plautus in Mercatore deflexit ad hominem curiosum et ad omnia advolantem: 

Musca est meus pater, nihil pote illum clam haberi, Nec sacrum nec tam prophanum quicquam est quin adsit ibi ilico.

 

"Μυῖαι se disait autrefois de ceux qui mangeaient à d'autres tables, et que Plaute comparaient aux rats qui se nourrissaient du bien d'autrui. Dans le sixième livre d'Athénée, le parasite est comparé à la mouche : Λειπνεῖν ἄκλητος μυῖα, c'est-à-dire "Appelé (ou "invité"?) à dîner je suis une mouche." Cet insecte s'envole vers la nourriture d'autrui et peut difficilement être chassé. Une de fois de plus, c'est Hegesander [historien grec] qui raconte que, comme Alexandre se plaignait d'être mordu par les mouches — comme il surnommait les parasites— ...etc.." 

 

— Notice Catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110009033

— Image :http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0698/m021102_0005025_p.jpg

— Remarque  l'image de Macroglossum stellatum   a été ôtée, et remplacée par celle de ??

Ci-dessous l'image originale :

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- Inventaire zoologique :

  • Ephemeroptera "Éphémère". 
  • Crustacea squilla sp. "Crevette-mante", ou "Squille" ...imaginaire. Selon Natur und Volk: Bericht der Senckenbergischen Naturforschenden Gesellschaft, Senckenbergische Naturforschende Gesellschaft, 1936, qui reproduit cette figure centrale de la planche, cet insecte imaginaire serait une" créature imaginaire intermédiaire entre Notonecta, Forficulae aquaticae (!) et Locustae". Pour G. Fischer, Zoologischer Bericht, Volume 43, 1938, "Unter den sonst vorzüglichen Radierungen von Insekten des Georg Hoefnagel (Archetypa studiaque 1592) findet sich einabenteuerliches Bild von Squilla mantis, bei dem der Kopf direkt dem Telson aufsitzt. Das Bild kehrt wieder in  Johnston's Theatrum universale (1757), was beweist,wie zähe sich solche Irrtümer erhalten können..." : "une image aventureuse de Squilla mantis , dans lequel la tête repose directement la Telson. L'image est reprise dans le Theatrum Universale de Johnston, ce qui montre combien l'erreur peut être tenace "
     Le "Telson" est le nom que porte, chez les Squilles, la queue, composée de plusieurs articles pouvant s'ouvrir en éventail, fournissant ainsi une large nageoire pour une nage rapide. ( Wikipédia : Les squilles ont un corps allongé qui rappelle celui des langoustes, avec une épaisse carapace dorsale composée de plaques métamérisées.Les "crevettes-mantes" sont surtout reconnaissables à leurs pattes ravisseuses typiques, comparables à celles de la mante religieuse - d'où leur nom de crevette-mante bien qu'elles ne soient ni des crevettes, ni des mantes.).

​Cette curieuse figure provient du volume Aqua des Quatre Éléments de Hoefnagel, planche L. Or, l'enlumineur flamand n'a aucune propension à créer des animaux imaginaires, et il est au contraire le premier des miniaturistes à reproduire la réalité qu'il observe avec une exactitude obsessionnelle. Alors ?

http://www.nga.gov/content/ngaweb/Collection/art-object-page.69870.html

Joris Hoefnagel, Planche L. Aqua, Quatre Éments (1575-1585) https://rkd.nl/nl/explore/images/record?query=hoefnagel+aqua&start=35

  • Lepidoptera Sphingidae Macroglossum stellatarum L.  "Moro-Sphinx, Sphinx-colibri" remplacé ici par ?
  • Coleoptera Cerambycidae "Longicorne"
  • Gastropoda Planorbis sp. "Planorbe"
  • Diptera Brachycera "Mouche".
  • Arachnoidea Aranoidae "Araignée".

 

-Inventaire botanique :

  • Digitalis purpurea L. "Digitale pourpre".
  • Iris pseudacorus L. ou I. graminea L., "Iris jaune, Iris des marais" ou ( si couleur violette) "Iris à feuille de graminées"
  • Ribes rubrum L. " Groseiller à grappes".
  • Rosa gallica L. (?), "Rose de Provins"
  • Malus domestica L. , "Pomme".
  • Raphanus sativus L. var. niger :  "Radis noir"

— Planche I, 6.

- Me neque mas gignit neque fœmina concipit : autor / Ipse mei solus seminiumque mihi.

" Je ne suis ni engendré par un homme ni conçu par une femme:  Dieu est à lui seul lui-même mon  créateur et ma semence" (Trad.selon les traductions allemande et anglaise de Vignau-Wilberg 1994. Je traduirai plutôt la seconde phrase par "je suis moi-même mon seul auteur et ma semence")  D'après Thomas Mouffet 1634, p. 150, le dystique est de Joachim Camerarius (1534-1598), qui envoya  à Thomas Penny un dessin du spécimen de Scarabée Rhinoceros du cabinet du duc de Saxe :

"Cantharorum lege faeminam non habet, sed ipse sua sibi faber est formae et faetum solo sibi genitum producit, quod Ioch. Camerarius F. non inscite expressit, cum ad Pennium hujus insecti iconem é Ducis Saxoniae rerum naturalium penu mitteret, his versibus : Me neque […] seminumque mihi » "

Voir la discussion par Théa Vignau-Willberg 

Le terme Cantharorum (du latin Cantharus, grec Kantharos), "Scarabée" désigne indifféremment le Lucane et le scarabée rhinocéros, ou le bousier, scarabée sacré des Egyptiens. Dans le volume Ignis d'Hoefnagel, celui-ci place face à l'enluminure de la planche V d'un scarabée rhinoceros, sur la feuille intercalaire, l'inscription Cornubus armatus generat se Cantharus upsum [ipsum?] / Christus homo suimet , solus origo fuit. A:S.”  : " le Scarabée doté de cornes se régénère lui-même, (comme) le Christ homme est sa seule et propre origine ". Autrement dit, le Christ ne tient pas sa nature d'homme de la Vierge, mais de lui-même. Les initiales A.S  corresponderaient à "artifex / auctor scripsit", "composé par l'artiste".

L'idée que le scarabée est un insecte auto-générateur provient peut-être de l'_Hieroglyphica_ de Horapollon, dans son édition originale, ou ses rééditions de 1518, 1534, 1538, 1542 :

Traduction française d'Horapollo:

10. [Comment ils représentent ce qui naît seul.]

Voulant signifier ce qui naît seul, ou le devenir, ou le père, ou le monde, ou l'homme (le mâle), ils peignent un scarabée.
a) Ce qui naît seul, parce que cet animal s'engendre de soi-même sans être porté par une femelle. Car il est seul à être engendré de la façon suivante. Lorsque le mâle veut procréer des petits, il prend de la fiente de boeuf et (en) fabrique une boule ayant une forme semblable à celle du monde. Il roule celle-ci de ses parties postérieures du levant au couchant, regardant lui-même vers le levant, afin de reproduire la figure du monde : en effet, celui-ci est porté de l'est vers l'ouest, tandis que le cours des astres est dirigé de l'ouest vers l'est. Ayant donc creusé un trou, il y enterre la boule pour vingt-huit jours, c'est-à-dire le nombre de jours pendant lesquels la lune fait le tour des douze signes du zodiaque. Pendant qu'elle demeure sous terre, la descendance des scarabées prend une forme vivante. Le 29e jour, ayant découvert la boule, le scarabée la jette dans l'eau – car on pense que ce jour-là est celui de la conjonction de la lune et du soleil et aussi celui de la naissance du monde. Lorsque celle-ci (la boule) s'est ouverte dans l'eau, les animaux, c'est-à-dire les scarabées, en sortent.
b) Le devenir, pour la raison susdite.
c) Le père, parce que le scarabée tire son origine exclusivement de son père.
d) Le monde, parce que sa naissance est semblable à celle du monde.
e) L'homme (le mâle), parce qu'il n'a pas de descendance féminine. Il y a trois espèces de scarabées.[...] 

Voir le commentaire d'Horapollo  par  Piero Valeriano en 1556 [Michael Isengrin] et 1557 "Per Thomam Guarinum":

page 60 De Scarabeo , Generatio _Hieroglyphica, Siue De sacris Aegyptiorum, aliarumque gentium literis commentarij Ioannis Pierij Valeriani Bolzanij Bellunensis_Pierio Valeriano; Celio Augustino Curione.  Basileae*: . *Bâle est le lieu de beaucoup de publications humanistes au 16ème siècle.

 

Le scarabée est donc pour Hoefnagel (qui reprend la tradition  ésotérique, très répandue dans la Renaissance, mais aussi le  symbolisme chrétien  de la résurrection), une figure du Christ  comme une auto-générateur. C'est un symbole de la parthénogenèse, se référant ainsi au Christ, qu'il soit un Scarabée rhinocéros, un Scarabée élephant,  ou un Lucane cerf-volant.

On notera que le Lucane est représenté ailes  et élytres écartées dans un parallélisme avec la figure du Christ en croix ; d'autre part, cet insecte, par ses mandibules, se rapproche du Cerf, animal christophore dans l'hagiographie des saints Hubert, Eustache ou Julien.

On remarquera aussi la Grenade, symbole immémorial de vie et de fertilité, et, dans la tradition catholique, symbole du Christ. (Wikipédia

 

 

- Habet et MVSCA splenem et FORMICAE sua bilis inest.

"La mouche aussi a une rate, et la fourmi de la bile", la rate étant, dans la théorie des humeurs,  considérée comme le siège de la mélancolie (le "spleen") sécretant la "bile noire" chez les  atrabilaires ,  et la bile (jaune) secrétée par le foie étant l'humeur des "bilieux" doté de force violente. Curieusement, Vignau-Wilberg fait de la rate le siège du rire. Dans tous les cas, cet Adage d'Érasme souligne que les êtres les plus petits sont susceptibles de ressentir des émotions . Voir la Planche LXXV du volume Ignis des Quatre Eléments d'Hoefnagel, où il reprend cette formule.

  Voir Desiderius Erasmus, Adagia, Chiliades,  (opus 1508) 2407. III, V, 7.

Habet et musca splenem

Ἔχει καὶ ἡ μυῖα σπλῆνα, id est Habet et musca splenem.

Simillimum illi: Et pueri nasum rhinocerotis habent. Item illi: Ἔνεστι καὶ μύρμηκι χόλος, id est Inest et formicae bilis. Olet fecem.

Cette citation d'apparence banale, en reconnaissant aux animaux les plus petits la capacité de ressentir des émotions, rompt la césure ontologique entre Humanité et Animalité : la Nature en sa diversité est un miroir (Speculum naturale) où l'être humain peut se reconnaître, éprouver le trouble des correspondances inattendues, être envahi par le sentiment d'appartenance à un Tout, méditer sur les sympathies de chaque microcosme reflétant le macrocosme.

 

— Notice Catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110009031

— Image RMN http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0698/m021102_0009861_p.jpg

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Inventaire zoologique.

  • Lepidoptera Satyridae [Maniola justina Myrtil]
  • Lepidoptera 
  • Lepidoptera Arctiidae [Spilosoma lubricipeda L. Écaille tigrée]
  • Lepidoptera Chenille
  • Coleoptera Lucanidae Lucanus cervus  Linnaeus, 1758, "Lucane Cerf-volant". La gravure reprend le dessin de l'enluminure du volume Ignis d'Hoefnagel, planche VII, et sera répétée sur la planche II,1 de l'Archetypa.
  • Coleoptera Staphylinidae Paederus 
  • Diptera Brachycera "Mouche"
  • Gastropoda Strombus sp. Mollusque marin.
  • Hymenoptera Formicidae , Fourmi.
  • Orthoptera Ensifera
  • Arachnoidea Araneidae "Araignée"
  • Arachnoidea Araneidae Opilio sp. "Opilion"

Inventaire botanique.

  • Punica granatum L. "Grenadier commun"
  • Punica granatum L. "Grenade"
  • Lilium sp. Lis
  • Viola tricolor L. "Pensée sauvage".
  • Prunus avium L. "Merises".

 

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— Planche I, 7.

-Amicitijs non utendum ut flosculis, tamdiu gratis, / quamdiu recentibus

 "On ne devrait pas traiter ses amis comme on traite les fleurs, qui ne sont appréciées que lorsqu'elles sont fraîches".

Hoefnagel avait déjà noté cette pensée dans Ignis, sur la feuille intermédiaire de la planche LXIII, qui porte l'inscription Flos Cinis, et se rapporte donc aux fleurs. (Hendrix 1984 page 275).

Nous sommes donc conduit à méditer sur les deux fleurs fixées par un faux œilleton dans le faux-cadre, et à la façon dont cet Iris et cette Orchidée déploient avec exubérance la chorégraphie, déjà frappée par le Temps, de leurs pétales. Le thème classique de la fragilité de la beauté féminine et du caractère caduque des amours est ainsi appliqué à l'Amitié, thème très important pour Hoefnagel et qui apparaît déjà dans le titre du recueil dédié aux amis des Arts, omnibus philomusis amicé.

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-Tam de inuidis laboro quam de Ranis palustribus.

 "Je me soucie des envieux autant que des grenouilles du marais."

 Desiderius Erasmus, Adagia, Chiliades, 3, 2076 (opus 1508) 2076. III, I, 76. Minus de istis laboro quam de ranis palustribus.

"Μέλει μοι τὼν τοιοuτων οὐδέν, ἧττον τῶν ἐν τοῖς τέλμασι βατράχων, id est Nihilo maior mihi  rerum istarum cura quam ranarum in limo versantium. Proverbialis hyperbole qua significamus  nihil omnino ad nos pertinere negotium. Recte dicetur et in obtrectatores quorum oblocutiones  dicemus nos fortiter contemnere. Siquidem ranae tametsi assidue obganniant oblatrentque  praetereuntibus et odiosam illam cantionem iterent sine fine, βρεκεκεκὲξ κοὰξ κοάξ, tamen nemo commovetur. Ad hoc facit quod Origenes Aegyptias ranas dialecticorum et sophistarum  garrulitatem interpretatur in decretis pontificiis."

Face aux coups du sort et de l'adversité, Hoefnagel prône depuis longtemps la Patience (c'est le titre de son premier album de dessin), l'endurance (il a adopté comme emblème le clou de maréchal-ferrant, Nagel qui figure dans son nom), et la conviction que sa mission de défense et d'illustration des arts et de la connaissance le place au dessus des attaques des ignorants.  C'est ce dont témoigne son emblème du Hibou aux pinceaux et au caducée, le Hibou étant depuis Dürer une image christique de l'oiseau supportant sans broncher les attaques des autres oiseaux [voir, au Musée des beaux-arts, provenant de la collection De Robien, le tableau de Jan van Kessel l'Arbre aux oiseaux http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0001/m021104_rimg0074_p.jpg]

L'épigramme figurait déjà sur la planche LXIII des Quatre Éléments dans la version conservée au Kupferstichkabinett  de Berlin. Précisément, le monogramme emblèmatique de l'artiste est placé en haut de cette planche, sous forme d'un G d'or (Georgius)  traversé par un clou (Nagel).

J'ai largement illustré cette attitude de résistance passive face à la persécution des Néerlandais et des Protestants dans les derniers articles proposés en lien au début de cet article.

 

 

— Notice Catalogue Joconde :http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110007559

— Image :http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0OPZ3U7

 

 

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Inventaire zoologique.

  • Lepidoptera, chenille
  • Lepidoptera, chenille
  • Lepidoptera Satyridae [ Maniola jurtina Myrtil ?]
  • Orthoptera Acrididae Oedipoda germanica (?) "Oedipode à ailes rouges" (Vignau-Willberg) ou   Oedipoda caerulescens L. "Oedipode bleu" (lavieb-aile)

     

  • Odonata Zygoptera "Demoiselle", 
  • Hymenoptera Ichneumonidae Rhyssa (?) [Rhysse persuasive ??
  • Diptera Brachycera "Mouche".
  • Coleoptera Coccinellidae "Coccinelle"
  • Coleoptera Cerambycidae Strangalia Longicorne [ Rutpela maculata "Lepture tachetée" ??]
  • Heteroptera.
  • Gastropoda Valvata piscinalis "Valvée porte-plumet"
  • Ranidae Rana esculenta ou Pelophylax esculentus "Grenouille verte, Grenouille comestible"

 

Inventaire botanique.

  • Iris Graminea L. 
  • Cypripedium calceolus L. "Sabot de Vénus"
  • Malus domestica BORKH. , "Pomme".
  • Fragaria vesca L., "Fraisier des bois".
  • Corylus maxima Mill. "Noisetier de Lambert", fruits (N.b : une femelle du Balanin des noisettes Curculio nucum a rendu visite au fruit de gauche et y a pondu sa larve)

 

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— Planche I,8.

- FLOS CINIS.

"Les fleurs finissent en cendres". Hoefnagel reprend un adage d'Érasme :

Desiderius Erasmus, Adagia, Chiliades, 4, 3612 (opus 1508)3612. IV, VII, 12.:

"Flos cinis.Divus Augustinus libro adversus Petiliani litteras II, cap. LXVI irridens quod  adversarius iactaret quod suorum animabus impletum esset coelum, corporum memoria terrae floruissent, respondit: Sane de corporibus eorum multorum terrarum flores videmus, sed, sicut solet dici, flos cinis. Donatistae suos qui sibi manus attulissent quive provocassent alios ut ab eis  occiderentur, ni mallent occidi, in numerum martyrum referebant, eorum monumenta  frequentantes, unde flores illos cinerem vocat. Dici solitum videtur in fugacitatem  humanae vitae. Hodie floret iuventus, cras erit in sepulchro. Et iuxta prophetam: Omnis caro  foenum."

 Érasme cite lui-même "le divin Augustin" (l'évêque d'Hippone) et son livre contre le donatiste Petilianus, évêque de Circa, chapitre 66.  Contra litteras Petiliani Livre II*  : pour rappeler la fugacité de la vie humaine. Le jeune qui fleurit aujourd'hui, demain il sera dans la tombe. Comme le dit le dicton, Flos cinis, les fleurs terminent en cendre ; et, selon le prophète, "la chair est comme l'herbe""

 * "Plane si non dictum esset, Beati qui persecutionem patiuntur propter iustitiam; sed dictum esset, Beati qui se ipsos praecipitant: implerent coelum martyres vestri. Sane de corporibus eorum multos terrarum flores videmus, sed sicut solet dici, flos cinis.(Saint Augustin)"

Hoefnagel a mentionné cette adage dans la planche LIII d' Ignis , et dans le Schriftmusterbuch ou livre de modèle de calligraphie conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne, folio 54 (Vignau-Wilberg, 1994).

Le thème de la fragilité de l'existence confronté à la pérénité de la Nature poursuit son développement.

 

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- Lilia agros, virtusque viros, cœlum astra coronant  : / Vt leo vir fortis dulce et amare bibit.

"Les Lis ornent les champs, la vertu orne l'homme ; les astres  ornent le ciel : comme le lion, un homme vertueux boit à la fois l' amer et le suave"

J'ai déjà traité de ce distique dans l'article suivant :

Les Hermathena d'Égide Sadeler (1595) de Nicolas Stopio (1566) et de Pietro Bembo (1555) . A propos d'une inscription de Joris Hoefnagel.

Il est au centre d'une enquête complexe que je peux résumer ainsi : 

La gravure bien connue de l'Hermathena (1597) d'Egidius Sadeler sur une idée de Hoefnagel trouve sa source dans une autre gravure, réalisée dès 1550 pour l'imprimeur et libraire Gualtero Scoto de Venise et son associé le poète et homme d'affaire Nicolas Stopio, tous les deux flamands, pour la page de titre des livres qu'ils publient. On la retrouve dans un livre d'emblèmes de Girolamo Ruscelli paru à Venise en 1566, Le imprese illustri con espositioni et discorsià la page 284. L'emblème d'Hermathena y est dédié par Nicolas Stopio à son frère Guillaume. Dans le texte de deux pages qui commente cet emblème, Nicolas cite deux vers dont il attribue la paternité à un autre de ses frères, médecin, le Dr Martin Stoppius, célèbre botaniste,qui occupe à la fin de sa carrière le poste de doyen de la faculté de médecine de Vienne en 1554 et 1581, année de son décès. Il aurait obtenu de Ferdinand Ier le droit de faire figurer ces deux vers parmi ses armoiries. 

Or — et tout l'intérêt est là — ces vers qui n'appartiennent pas à une œuvre connue et qui ont peut-être été composés pour l'usage privé du médecin, ont été cités à trois reprises par Joris Hoefnagel comme inscription de ses peintures : dans Archetypa studiaque, Pars I tab. 8, sur la planche qui nous intéresse ; dans le Schriftmusterbuch de Vienne, folio 47 ;  et dans ses Quatre éléments (National Gallery of art, Washington), Animalia quadrupedia et reptilia,Terra planche X. Cette dernière œuvre étant la plus précoce (1575-1585), elle indique que Hoefnagel a eu connaissance de ces deux vers avant l'année 1585. 

On notera que l'Hermathena (le couple d'Hermes et d'Athena) est identique à l'emblème d'Hoefnagel, le Hibou au caducée (Hermes= caducée / Athena =Hibou). 

Quoiqu'il en soit de cette appropriation par Hoefnagel de l'emblème de Nicolas Stoppio et du distique de Martin Stopius ( tous les deux néerlandais nés à Alost ou Aalst sous le nom de De Stoop), les deux vers reviennent sur le parallèle entre les fleurs des champs, et l'homme. Mais l'homme est aussi (par sa vertu) mis en parallèle avec les astres éternels du monde supralunaire. Et avec  le roi des animaux, le lion. Végétaux, animaux, humains et astres sont des parties du même Tout et des correspondances établissent entre eux une sympathie. 

Surtout, l'homme, comme le lion, boit le sucré et l'amer : il sait endurer les épreuves en attendant les jours suaves.

 

 

 

 

— Notice catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110007557

— Image RMN : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0673/m021102_0004444_p.jpg

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Inventaire zoologique.

  • Lepidoptera Geometridae ??
  • Lepidoptera Sphingidae Agrius convolvuli  (Linnaeus, 1758) "Sphinx du Liseron"
  • Lepidoptera Sphingidae (?) chenille)
  • Lepidoptera Tortricidae "Tordeuse"
  • Lepidoptera Nymphalidae (Heliconidae) chrysalide
  • Lepidoptera 
  • Heteroptera Pentatomidae (?) "Punaise"
  • Heteroptera Pentatomidae (?) "Punaise", larve.
  • Odonata Zygoptera Calopterygidae Calopteryx  "Calopteryx" femelle
  • Hymenoptera Symphyta Tenthredinidae "Tenthrède"
  • Arachnoidea Araneidae [Araneus diadematus Épeire diadème ?].
  • Gastropoda Planorbidae Gyraulus sp. "Planorbe"
  • Hylidae Hyla arborea (Linnaeus, 1758) "Rainette verte"

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Inventaire botanique.

  • Lilium candidum L. "Lis blanc"
  • Rosa gallica L.  "Rose de Provins".
  • Matthiola incarnata L. . BR "Giroflée des Jardins, Giroflée Rouge"
  • Prunus persica (L.) Batsch "Pêche"
  • Pisum sativum L. "Pois cultivé".

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Planche I, 9.

Ipsa dies aperit : conficit ipsa dies.

Ausonius (c. 310 – c. 395)De rosis nascentibus, "De la naissance des roses" Les Idylles XIV vers 40.

Tot species tantosque ortus variosque novatus

una dies aperit, conficit ipsa dies.

"Formes, naissances, multiples métamorphoses
Issues d’un même jour qu’un même jour consume ! "(Trad. Lionel-Edouard Martin, 2013).

L'enlumineur anversois continue à expliciter son propos sur la brièveté de la vie et de la beauté, sur l'imminence de la mort, sur la fraternité des destins qui unit les diverses formes de la Vie. Rien de mortifère ni de moralisateur chez lui, mais plutôt l'expression d'une émotion quasi animiste, ou un profond sentiment d'harmonie entre les choses, les êtres, et l'artiste.

Le vers d'Ausone est amputé de son premier mot, par rapport à la version actuelle, au profit d'une concision fermée en boucle où le mot dies, "jour", ouvre le vers, puis revient le clore. Hoefnagel n'est pas à l'origine de cette variante, et il a suivi le texte de sa source. Voir note 40 ici. Ce poème était attribué longtemps à Virgile ( voir ici sous la forme novatus, dies aperit).

La devise Una dies aperit / conficit una dies est citée et illustrée à la page 24 du livre d'emblème de Ruscelli Le imprese illustri del s.or Ieronimo Ruscelli. de 1584. comme le Motto de Mgr Federico Cornaro, évêque de Padoue (1577-1599).

Elle apparaît aussi dans l'emblème XVII de Federico Vescovo de Bergame dans les Emblèmes de Battista Pittoni  Imprese di diversi principi, duchi, signori, e d’altri personaggi et huomini illustri di Battista Pittoni pittore vicentino. Con alcune stanze, sonetti di Lodovico Dolce (Venedig 1602) (1562), Venedig 1568 emblème XVII : une rose avec Una dies aperit. 

Il y est fait mention, attribuée à Virgile, dans Rime de gli Academici Occulti con le loro imprese et discorsi, Brescia 1568, page 25 sous la forme d'un Motto  Una dies aperit.

 

Cesare Ripa en fait la devise de sa figure où une femme tient d'une main une rose, de l'autre une seiche, et sur la poitrine un insecte. Celui-ci est désigné comme l'Hémérobio, "petit animal volatil", "une espèce de mouche assez grande, et aussitôt morte que née" car "par  elle nous est pareillement signifiée la courte durée de la vie, qui, comme dit Antiphon, est la prison d'un seul jour, puisque tous les autres y sont compris"

C. Ripa, Iconologie page 200  ; Iconologia page 361

 

Cesare Ripa / Chevalier d'Arquin 1625

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Hoefnagel a déjà utilisé ce vers d'Ausone pour la Planche L du volume Ignis des Quatre Éléments, mais aussi pour son Allégorie de la Vie brève du Musée des beaux-arts de Lille, qui date de 1591 (avec une "Belle-Dame" (papillon diurne) et deux roses, l'une épanouie et l'autre fanée). Hoefnagel ne connaît pas seulement ce vers isolé, mais l'ensemble du poème sur Les Roses, dont il donne sous forme de distiques de larges extraits. C'est ce qui rend étonnant l'absence de roses sur la planche de l'Archetypa. Sans-doute a-t-il souhaîté se dégager du stéréotype, et donner —paradoxalement— l'exemple de la Belle-de-nuit (qui ne s'ouvre que la nuit) en illustration de l'ipsa dies aperit. Son travail se révèle, à chaque analyse des détails, extrémement approfondi. De même, la grosse "mouche" qui est placée au centre entre les deux calices des fleurs doit sans-doute se référer à l' "Hémérobio" de Cesare Ripa. 

— Notice catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110007558

http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0OPORX5

 

 

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Inventaire zoologique.

  • Lepidoptera Chenille de papillon diurne
  • Lepidoptera Lycaenidae (Thecla betulae "Thécla du Bouleau" : identific. lavieb).
  • Coleoptera Curculionidae Curculio "Charançon ou Balanin"
  • Diptera Nematocera 
  • Diptera Asilidae "Asilidé ou Mouche à toison"
  • Hymenoptera Vespidae Polistes (?) "Poliste"
  • Arachnoidea Araneidae Pholcus phalangoides  "Le Pholque phalangide"
  • Gastropoda Limacidae Limax maximus "la Limace léopard" (13 cm de long).

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Inventaire botanique.

  • Mirabilis jalapa L. "Belle de nuit". Si l'identification de cette plante est confirmée, sa présence est remarquable car la date  généralement admise pour son exportation des Andes péruviennes en Europe est celle de 1596, même si la version anglaise de Wikipédia en donne la date de 1540 , et la version allemande celle de 1525. Cette plante issue du Pérou ou du Mexique a été nommée Solanum mexiocanum par Bauhin 1623 et Admirabilis peruviana par Clusius en 1583,(Charles de l'Escluse, Pannon. p. 395)  "Merveille du Pérou" . Elle doit ce nom à sa caractéristique, alors inconnue en Europe, de s'ouvrir la nuit et de se fermer durant la journée.
  • Citrus aurantium L.  "Bigaradier, Oranger amer" . Un agrume et un rameau en fleur.
  • Prunus avium L. "Merisier, Cerisier des oiseaux" : deux drupes et un rameau.
  • Prunus armeniaca L. "Abricot".

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I, 10. MVS NON VNI FIDIT  ANTRO

— Notice Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110007560

Image RMN : http://www.photo.rmn.fr/C.aspx?VP3=SearchResult&VBID=2CO5PC0OPZ3U7

 

 

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Remarque : le Paon du Jour inachis io a été découpé en amputant l'inscription, et remplacé par (un papillon de fantaisie ?). Voir la planche originale :

http://library24.library.cornell.edu:8280/luna/servlet/detail/CORNELL~1~1~43293~97003432:Mus-Non-Uni-Fidit-Antro,-plate-four

ou bien 

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Inventaire zoologique.

Inventaire botanique.

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I, 11. versicolor coluber / NOLI IRRITARE CABRONES

 

— Notice Catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110009028

— Image : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0698/m021102_0004993_p.jpg

 

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Inventaire zoologique.

Inventaire botanique.

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I, 12. Regem locustae non habent, et egretiur Vniversa per turmas suas

— Notice Catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110000159

— Image : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0698/m021102_0005023_p.jpg

 

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Cet exemple peut nous permettre de découvrir une planche entièrement colorisée (Bibliothèque universitaire d'Uppsala):

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Inventaire zoologique.

Inventaire botanique.

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PARS QVARTA, Page de titre.

Inv 794.I.2069.

— Notice Catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=APTN&VALUE_98=%20Robien%20marquis%20de&NUMBER=45&GRP=0&REQ=%28%28Robien%20marquis%20de%29%20%3aAPTN%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=200&DOM=All

— Image RMN : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0676/m021102_2069_p.jpg

— Remarque : porte la date 1592. 

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Inventaire zoologique.

Inventaire botanique.

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IV, 1. Hoc variare, decus mundi est : hac gloria summi Artificis

Inv 794.I.5977

— Notice Catalogue Joconde : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=02110009037

— Image : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0698/m021102_0005030_p.jpg

SOURCES ET LIENS.

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Les identifications zoologiques et botaniques sont reprises de l'édition annotée de l'Archetypa par Vignau-Wilberg 1994.

.

— http://museum.univ-rennes1.fr/museo/Historique/fsPdeRobien.htm

 

— CHAUVEL (Jean-Jacques ) et PLAINE (Jean)  2002,  Géologie et archéologie bretonne  Le président de Robien (1698 1756), un précurseur au temps des Lumières COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) (séance du 11 décembre 2002) TRAVAUX DU  COMITÉ FRANÇAIS D'HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE  - Troisième série -  T.XVI (2002) http://annales.org/archives/cofrhigeo/robien.html

—  DÉZALLIER-D'ARGENVILLE (Antoine-Joseph),  1742. L'histoire naturelle éclaircie dans deux de ses parties principales

Ancre https://books.google.fr/books?id=zjoVAAAAQAAJ&pg=PA212&dq=insecte+robien&hl=fr&sa=X&ved=0CDcQ6AEwAmoVChMIsOOfk-WvyAIVhNgaCh3-OAHx#v=onepage&q=insecte%20robien&f=false

— AUBERT, (Gauthier). Un collectionneur provincial vu par ses contemporains : le Président de Robien (1698-1756) Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 1998, v.105, numéro 105-4, p.37-57. Disponible sur Persée.fr 

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_4_4005

— AUBERT, (Gauthier). 2001. Le président de Robien, gentilhomme et savant dans la Bretagne des Lumières. Collection Art et Société. Presses universitaires de Rennes. 396 p.

 

— AUBERT, (Gauthier).2006, « Les échecs du président de Robien sont-ils révélateurs ? Ou les déboires culturels d’une capitale provinciale au XVIIIe siècle ». Dans Histoire, économie & société, 2006/3. Disponible sur Cairn.info http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=HES_063_0355

 

— BERGOT (François), 1962, Bergot Note sur la collection de tableaux du président de Robien au musée de Rennes, Annales de Bretagne  Année 1962  Volume 69  Numéro 1  pp. 153-159

http://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1962_num_69_1_2150

 HOULBERT, ( C.)1933. Le Musée d’histoire naturelle de Rennes. Imprimerie Oberthur, Rennes. 242 p.

— LEBRUN ( François), 1975, Christophe-Paul de Robien, Description historique, topographique & naturelle de l'ancienne armorique  [compte rendu] Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1975  Volume 82  Numéro 2  pp. 230-232

— CANARD, BERNARD, YSNEL, RICHARD Un reflet de l’histoire de la ville : Les collections scientifiques de Rennes 1 

http://www.placepublique-rennes.com/2010/03/un-reflet-de-l%E2%80%99histoire-de-la-ville-les-collections-scientifiques-de-rennes%C2%A01/

— VEILLARD, (J.-Y)., 1972  « Catalogue des objets d'archéologie armoricains de la collection du Président de Robien ". Musée de Bretagne, 1972. 55p.

— LE TALLEC (Laure), 2014, Château et collections de Robien.

 http://www.masterpatrimoine.fr/v2/actualites/patrimoine-et-collections/543-chateau-et-collections-de-robien.html

Manuscrits de Robien :

1°) Description historique, topographique et naturelle de la Bretagne, enrichie de plans, cartes, dessins...vers 1756, Mss 310-312, par Christophe-Paul de Robien.

 http://www.bibliotheque-rennesmetropole.fr/collections/patrimoine/la-galerie-des-tresors/manuscrits-du-president-de-robien/

http://www.bibliotheque-rennesmetropole.fr/?id=405

Médiathèque des Champs Libres de Rennes Ms 0309 = 1ère et 2è partie : http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=47128

Ms 0310 = Illustrations du Ms 0309 : 

http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/doclist?fpsearch=ms+0310&fuse_thesaurus=true#sessionhistory-ready

Ms 0311 = 2e volume http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/detail?docid=47224#sessionhistory-ready

Ms 0312 = Planches d'illustrations du Ms 0311.

http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/doclist?fpsearch=ms+0310&fuse_thesaurus=true#sessionhistory-nZVx7v9M

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2°) « Description historique », rédigée par le président de Robien, « des collections conservées dans son cabinet ».  Médiathèque des Champs Libres de Rennes Ms 0546-0547    

Le texte : http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/doclist?fpsearch=ms+0310&fuse_thesaurus=true#sessionhistory-6qoV8WxB

Les planches : http://www.tablettes-rennaises.fr/app/photopro.sk/rennes/doclist?fpsearch=ms+0310&fuse_thesaurus=true#sessionhistory-lG1eUeri

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Planches de l'Archetypa.

 

Images :

RKD : https://rkd.nl/en/explore/images#filters[kunstenaar]=Hoefnagel%2C+Jacob

http://bibliodyssey.blogspot.fr/2008/06/archetypal-nature.html

http://www.virtuelles-kupferstichkabinett.de/index.php?currentWerk=10034& : renseigner "archetypa"

 

http://docnum.u-strasbg.fr/cdm/fullbrowser/collection/coll13/id/72995/rv/compoundobject/cpd/73052

Autres Planches Hoefnagel.

http://www.nga.gov/content/ngaweb/Collection/artist-info.2569.html?artobj_artistId=2569&pageNumber=1

Identification zoologique :

— Site Lepinet identification des papillons. http://www.lepinet.fr/especes/nation/lep/index.php?e=p&id=39210

— LES DIFFERENTES ESPECES D'ESCARGOTS EUROPEENS http://www.gireaud.net/especes.htm

— Hunting for snails ~ snails in art https://huntingforsnails.wordpress.com/tag/joris-hoefnagel/

Symbolique médiévale :

— FETTWEIS (Geneviève), Les Fleurs dans la peinture des XV, XVI, et XVIIe siècle, Musée royaux des Beau-Arts de Belgique,

http://www.extra-edu.be/pdf/GF_Fleurs_10nov.pdf

.

Bibliographie Générale.

 

 ÉRASME, Adagia (1508) Textes présentés par le Groupe Renaissance Âge Classique (GRAC - UMR 5037) Jean-Christophe SALADIN Lyon 2010  in Corpus Corporum,  Université de Zürich http://www.mlat.uzh.ch/MLS/xanfang.php?tabelle=Desiderius_Erasmus_cps4&corpus=4&lang=0&allow_download=

.

HENDRIX (Lee) ),1984,  “Joris Hoefnagel and the Four Elements: A Study in Sixteenth-Century Nature Painting.” Ph.D. dissertation. Princeton: Princeton University, 1984.

— HENDRIX (Lee) VIGNAU-WILBERG (Thea) 1992 Mira calligraphiae monumenta: A Sixteenth-Century Calligraphic Manuscript Inscribed by Georg Bocskay and Illuminated by Joris Hoefnagel

HOEFNAGEL (Jacob), 1630, Diversæ insectarum volatilium : icones ad vivum accuratissmè depictæ per celeberrimum pictorem [Amsterdam] : Typis[que] mandatæ a Nicolao Ioannis Visscher , 44 p.

https://archive.org/stream/diversaeinsectar00hoef#page/n3/mode/2up

.

— JORINK (Eric) 2010 Reading the Book of Nature in the Dutch Golden Age, 1575-1715, Leiden, Koningklijke Brill NV. Numérisé par Google

.

— JORINK (Eric) 2006  Het ‘Boeck der Natuere’ Nederlandse geleerden en de wonderen van Gods schepping 1575-1715 Primavera Press Leiden: numérisé dbnl 

http://www.dbnl.org/titels/titel.php?id=jori009boec01

.

— LINNÉ, (Carl) 1758, Systema naturae :http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

http://en.wikipedia.org/wiki/Neuroptera_in_the_10th_edition_of_Systema_Naturae

.

 — NERI (Janice) 2011  The Insect and the Image: Visualizing Nature in Early Modern Europe, 1500-1700, University of Minnesota Press.

.

 WILLBERG VIGNAU-SCHUURMAN (Theodora Alida Gerarda) 1969  Die emblematischen Elemente im Werke Joris Hoefnagels. Leiden : Universitaire Pers, 1969.Leidsche Kunsthistorische reeks, deel, Nr.2.

.

— VIGNAU-WILBERG (Thea) 2007,  "IN MINIMIS MAXIME CONSPICUA. Insecten darstellungen um 1600 und die anfänge der entomologie", in Early Modern Zoology: The Construction of Animals in science, literature and the Visual Arts publié par Karel A. E. Enenkel,Paulus Johannes Smith , Volume 7,Numéro 1 pp. 217-243. numérisé Google

.

— VIGNAU-WILBERG (Thea), 2013  Pieter Holsteijn The Younger 1614-1673. Alderhande kruypende en vliegende gedierten. Diverse Crawling and Flying Animals (Englisch) Taschenbuch Daxer & marschall munich 2013

 http://daxermarschall.com/cms/upload/catalogues/Insects_DaxerMarschall.pdf

— les escargots dans Archetypae https://huntingforsnails.wordpress.com/2014/05/03/120-hoefnagel-1592/

 — Les escargots dans Allégorie d'Hoefnagel :https://huntingforsnails.wordpress.com/2014/04/01/89-joris-hoefnagel/

Site RKD Netherlands :

https://rkd.nl/nl/explore/images/record?query=ignis+hoefnagel+berlin&start=0

Site National Gallery of Art Washington : 

http://www.nga.gov/content/ngaweb/Collection/artist-info.2569.html?artobj_artistId=2569&pageNumber=1

 

 

 

CHARMANTIER (Guy), Crustaceans in art, in Treatise on Zoology - Anatomy, Taxonomy, Biology. The Crustacea ..., Partie 2 publié par J.C. von Vaupel Klein, pp.139-187. https://books.google.fr/books?id=5kv3AwAAQBAJ&pg=PA162&lpg=PA162&dq=squilla+hoefnagel&source=bl&ots=I77kySmyvd&sig=DLWYk53lTjtGT1ubIZQbhnq43fY&hl=fr&sa=X&ved=0CCIQ6AEwAGoVChMIiuvmke29yAIVBT0UCh18PwaZ#v=onepage&q=squilla%20hoefnagel&f=false

 


 


 

AUBERT G.-Le Président de Robien, gentilhomme et savant dans la Bretagne des Lumières. Collection Art et Société.Presses universitaires de Rennes. 2001, 396 pages.

— AUBERT, (Gauthier). « Les échecs du président de Robien sont-ils révélateurs ? Ou les déboires culturels d’une capitale provinciale au XVIIIe siècle ». Dans Histoire, économie & société, 2006/3. Disponible sur Cairn.info http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=HES_063_0355

-« Un collectionneur provincial vu par ses contemporains : le Président de Robien (1698-1756) ». Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 1998, v.105, numéro 105-4, p.37-57. Disponible sur Persée.fr

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Published by jean-yves cordier
6 octobre 2015 2 06 /10 /octobre /2015 07:59

Zoonymie de l'Azuré des Cytises Glaucopsyche alexis (Poda, 1761)

La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, animal et ónoma, ὄνομα, nom) est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leur signification, leur étymologie, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

 

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

 

 

 

Résumé. 

 

 

—  Glaucopsyche, Scudder, 1872. Glaucopsyche : des mots grecs glaucos "bleu" et psukhê, "papillon" : "Papillon bleu". Scudder indique ainsi que son nouveau genre appartient à la famille des Polyommatinae, désignée sous le nom "Blues" par les Anglo-saxons. La description  originale de Scudder ne mentionnant pas la couleur bleue turquoise, pourtant caractéristique, de la base des ailes postérieure de l'espèce alexis (qui n'est pas l'espèce-type) , ce n'est pas par elle que le nom trouve son origine, comme le suggerait Emmet.  

— alexis, (Poda, 1761) :  En 1746, Linné avait créé pour deux Lycènes les noms d'Alexis et de Corydon, deux bergers et amants grecs de la Deuxième Églogue de Virgile  Il ne les reprit pas dans le Systema Naturae de 1758, où il regroupe les Lycènes sous la phalange des Plebejus. En 1761, l'autrichien Poda, admirateur de Linné,  reprend pour les Plebejus rurales ( littéralement, "campagnards") qu'il a découvert autour de Graz les noms de Corydon et d'Alexis, donne à trois autres espèces les noms d'autres bergers de cette Églogue (Amyntas et Menalcas), et à une quatrième celui du berger Tytirus de la Première Églogue. Et en 1762, Geoffroy crée le nom d'Amaryllis, la bergère dédaigneuse de ces pastoureaux. 

— Notre nom de "Azuré des Cytises" est une création de Gérard Christian Luquet en 1986 ; celui-ci proposa aussi "Le Revers turquoise", très expressif mais qui ne s'imposa pas.   Auparavant, le nom de Papilio alexis ou Polyommate alexis était utilisé pour une autre espèce, notre Polyommatus icarus,  tandis qu'au contraire nos aïeux désignèrent un temps Glaucopsyche alexis sous le nom  de  "Polyommate cyllarus" Godart, 1821.

 Cyllarus désigne actuellement une sous-espèce. Son nom est celui d'un Centaure tué par les Lapithes (Ovide, Met. XII). Son épouse Hylonomé se donna la mort.

 

 

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1. Famille et sous-famille.

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a) Famille des Lycaenidae, William Elford Leach, 1815. Les Lycénides ou Lycènes.

 

       Leach, William Elford, 1790-1836  "Insecta" pp. 329-336."Entomology". pp 646-747 in D. Brewster éditeur, Brewster's Encyclopaedia Edinburgh, [Edinburgh, volume 9, 1, 04/1815 pp. 57-172  : selon Sedborn 1937] [Philadelphia, E. Parker,1816? selon BHL Library]  page 718. [ Article publié anonymement et attribué à Leach, qui avait annoté son propre manuscrit]

La famille Lycaenidae tient son nom du genre Lycaena de Fabricius (1807). Elle comprend les Blues ou Azurés, les Coppers ou Cuivrés et les Hairstreaks ou Thécla, et nos Argus :

  • Sous-famille des Theclinae Butler, 1869 : [Thiéclines : Théclas ou Thècles et Faux-Cuivrés].

  • Sous-famille des Lycaeninae [Leach, 1815] : [Lycénines : Cuivrés].

  • Sous-famille des Polyommatinae Swainson, 1827 : [Polyommatines : Azurés, Argus et Sablés].

​.

b) Sous-famille des  Polyommatinae Swainson, 1827.

Elle tient son nom du genre Polyommatus créé par  Latreille en 1804; "Tableau méthodique des Insectes" in Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle appliqué aux arts, principalement à l'Agriculture et à l'Économie rurale et domestique, par une Société de naturalistes et d'agriculteurs ; avec des figures des trois Règnes de la Nature, Paris : Deterville, an XII [1804] 24 (6) p. 185 et 200, espèce-type: Papilio icarus Rottemburg.

Polyommatus vient du grec polus "beaucoup", et omma, ommatos, "œil" : c'est un qualificatif du géant Argos qui disposait de cent yeux, dont cinquante étaient toujours ouverts. C'est lui que la jalouse Héra envoya surveiller Io, transformée en génisse après ses amours avec Zeus.

  Ce nom est en rapport avec les nombreux ocelles des ailes des papillons bleus.

Cette sous-famille contient, en France, 18 genres :

  •  Leptotes Scudder, 1876

  • Lampides Hübner, [1819]  

  • Cacyreus Butler, 1897

  • Cupido Schrank, 1801

  • Celastrina Tutt, 1906

  • Maculinea Eecke, 1915 

  • Pseudophilotes Beuret, 1958

  • Scolitantides Hübner, [1819]

  • Iolana Bethune-Baker, 1914

  • Glaucopsyche Scudder, 1872

  • Plebejus Kluk, 1780 

  • Aricia [Reichenbach], 1817

  • Plebejides Sauter, 1968

  • Eumedonia Forster, 1938

  • Cyaniris Dalman, 1816

  • Agriades Hübner, [1819]

  • Lysandra Hemming, 1933

  • Polyommatus Latreille, 1804.

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2. NOM DE GENRE : Glaucopsyche Scudder, 1872.

 

a) Description originale : 

Glaucopsyche Scudder, 1872 :  "A systematic Revision of some of the American Butterflies ; with brief notes on those known to occur in Essex County, Mass." 4th Annual Report of the   Trustees Peabody Academy of  Sciences of Saalem [1871], 1872 page 54.

 

 — l'auteur :

 Samuel Hubbard Scudder (1837-1911). Cet entomologiste américain est l'auteur de The Butterflies of the Eastern United States and Canada, en trois volumes. Mais sa description du genre Glaucopsyche est donnée dans "A systematic Revision of some of the American Butterflies ; with brief notes on those known to occur in Essex County, Mass." 4th Annual Report of the   Trustees Peabody Academy of  Sciences of Saalem [1871], 1872 page 54.

Sa biographie ici : http://www.nasonline.org/publications/biographical-memoirs/memoir-pdfs/scudder-samuel.pdf

— Type spécifique désigné par Scudder: Polyommatus lygdamus   Doubleday, 1841, Entomologist 1: 209.    [BHL] espèce nord-américaine.

Description originale: 

"GLAUCOPSYCHE nov. gen.

Tyoe LYCAENA LYGDARNUS Doubl. (sic, pour lygdamus)

Head small ; front nearly flat, below considerably tumid, as broad as the front view of the eyes, sarcely half as high again as broad ; eyes delicately and sparsely pilose, with very short hairs ; antennae considerably longer than the abdomen, composed of about 31 joints, of which twelve form the club ; palpi slender, compresssed, scarcely more tan half as long again as the eye. Fore tibiae two-thirds the length of the hind tibiae ; middle pair one-sixth shorter than the hinder ones ; first superior branch of the subcostal nervure of fore wings arising somewhat beyond the middle of the upper border of the cell ; the second midway betwen this and the origin of the first inferior branch ; cell somewhat more than half as long as the wing."

On remarque que Scudder ne donne pour son genre aucune indication de couleur, alors que Doubleday utilisait plusieurs adjectifs de couleur dans sa description originale de l'espèce-type : nitidé caeruleis ; fuscis ; caeruleo ; cinereis (bleu brillant ; brun ; bleu : gris-cendre).

Synonymes : phaedrotes

 

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 Sous-genres 

 Ce genre renferme 2 sous-genres en France :

  • Glaucopsyche melanops (Boisduval, [1828]) . Azuré de la Badasse.

  • Glaucopsyche alexis (Poda, 1761) . Azuré des Cytises.


 

 

Origine et signification du nom Glaucopsyche .

 

Janssen page 44 :

"glaucos, -schitterend ; psuchè (letterlijk ; adem, ziel) geliefde van Eros."

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 —  A.M. Emmet (1991) page 151 :

"λαυκοσ (glaukos), bluish green, grey ; ψωχή  (psykhe), a butterfly , since the soul in personnification was represented with the wings of a butterfly : from the underside coloration which is pale grey with the basal area green". 

Hans A. Hürter (1998) pages 336-337 : 

"Als Scudder einen Namen für neue Gattung innerhalb der Familie Lycaenidae, Bläulinge, brauchte, übersetzte er einfach den begriff "Bläuling", oder "blauer Schmetterling" ins Griechische : ή γλαυκοψωχή  , latinisiert Glaucopsyche."

Luquet in Doux & Gibeaux 2007 page 202 :

"du grec glaucos, "vert glauque", ou "gris" et psyché, âme, l'âme étant personnifiée dans la Grèce antique sous la forme des ailes d'un papillon. La première partie du mot fait allusion aux couleurs du revers des ailes postérieures."

Perrein et al (2012) page 231 : 

"du grec glaucos, "glauque, bleu-vert", allusion à la teinte basale des ailes postérieures, et psukhê, "âme"."

 

 

 

Discussion.

Comme souvent, c'est l'helléniste allemand Hans Hürter qui donne le commentaire le plus juste : "Comme Scudder avait besoin d'un nouveau  nom de genre au sein de la famille Lycaenidae,  il a traduit simplement le terme "Bleu", ou "papillon bleu" en grec: ή γλαυκοψωχή, forme latinisée en  Glaucopsyche.

Il n'est nullement nécessaire de traduire "psyche — ψυχή, psukhê— par "âme" et d'y voir une métaphore du papillon créée par Scudder, puisque le terme grec désigne à la fois le papillon, et l'âme humaine. (si on souhaîte des références, voir la thèse de Goudi, Etude motivationnelle de la zoonymie dialectale dans les variétés linguistique de l'ile de Lesbos (Grèce) ). le papillon constitue un symbole de l'âme dans l'antiquité grecque, et est associé à l'héroïne Psyché, amante d'Eros.

De même, le grec glaucos n'est pas fidélement représenté par le latin glaucus, "glauque, verdâtre", qui a donné notre "glauque". Dans la mythologie, Glaukos est le fils de Minos et de Pasiphae. En grec, glaucos qualifie la couleur de la mer. "La mer nous regardait de son œil tendre et glauque" écrira plus tard Apollinaire. Les historiens des couleurs peuvent gloser sur l'interprétation de glaucos et ses rapports au bleu, au verdâtre et au blanchâtre, mais ces subtilités sont inutiles ici. Comme le pense Hürter, Scudder a trouvé dans son dictionnaire une traduction grecque pour "papillon bleu", il y a trouvé glaucos et psukhê, a créé son nom de genre et il est passé à autre chose.

Conclusion : Glaucopsyche : des mots grecs glaucos "bleu" et psukhê, "papillon" : "Papillon bleu". Scudder indique ainsi que son nouveau genre appartient à la famille des Polyommatinae, désignée sous le nom "Blues" par les Anglo-saxons. 

La description  originale de Scudder ne mentionnant pas la couleur bleue turquoise, pourtant caractèristique, de la base des ailes postérieure de l'espèce alexis (qui n'est pas l'espèce-type) , ce n'est pas par elle que le nom trouve son origine.  J'ai souligné que Scudder ne donne pour son genre aucune indication de couleur, alors que Doubleday utilisait plusieurs adjectifs de couleur dans sa description originale de l'espèce-type : nitidé caeruleis ; fuscis ; caeruleo ; cinereis (bleu brillant ; brun ; bleu : gris-cendre). La proposition de A. M. Emmet (1991) reprise par Luquet et Perrein de voir dans glaucos "une allusion à la teinte basale des ailes postérieures" ne peut être retenue, l'interprétation du nom de genre étant ici parasitée par le phenotype de l'espèce qui nous est familière en Europe.

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 3.  NOM D'ESPÈCE : Glaucopsyche alexis (Poda, 1761).

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Papilio alexis Poda, 1761 :   Poda, N. 1761. Insecta Musei Græcensis, quæ in ordines, genera et species juxta systema naturæ Caroli Linnæi. digessit Nicolaus Poda, e societate Jesu, philosophiae doctor, et  matheseos professor, prostant apud Joannem Baptistam Dietrich, Bibliopolam, Graecii [= Graz], typis haeredum Widmanstadii. Anno MDCC. LXI. (Widmanstadius). 127 pp. page 77

 

Description par Poda: 

"Alexis. 47. P[apilio]. P[lebejus]. alis integerrimis fuscis subtus cinereis : primoribus subocellis quinque, posticis obsoletis duobus.

In disco alarum primorum subocelli quinque contigui, magnitudine crescentes, & macula solitaria oblonga, lunata margine decolore."

 

b) l'auteur et sa description.

 

"Nicolaus (ou Nikolaus) Poda von Neuhaus, né le 4 octobre 1723 à Vienne et mort le 29 avril 1798 dans cette même ville.

Il fait ses études d’abord à l’Akademische Gymnasium puis à l’université à partir de 1739. Il rejoint la Compagnie de Jésus le 22 novembre 1740. Il étudie à Leoben en 1742, à Klagenfurt de1743 à 1746, à Judenburg en 1747, les mathématiques à nouveau à Vienne de 1748-1749 et la théologie de 1750 à 1753.

Après avoir obtenu le troisième ordre à Judenburg en 1754, il commence à enseigner à Klagenfurt en 1755, puis à Linz en 1757, puis à l’université jésuite de Graz de 1758 à 1765. À Graz, il est aussi le conservateur de l’observatoire et commence une collection d’histoire naturelle. De 1766 à 1771, il est professeur à l’université de Schemnitz en Hongrie.

Il fait paraître en 1761 à Graz Insecta Musei Graecensis premier ouvrage purement entomologique à suivre la nomenclature binomiale de Carl von Linné (1707-1778).

Il s’installe à Vienne après l’interdiction de l’ordre en 1773. À cette date, il ne publie plus sous son nom. Il semble qu’il est l’auteur, ou le coauteur avec Ignaz von Born (1742-1791), de Monachologia... en 1783, sous le pseudonyme de Physiophilus. Il s’agit d’une satire réalisée comme un ouvrage d’histoire naturelle.

Il est le confesseur de l’empereur Léopold II.

Outre une collection de minéraux, il avait constitué une importante collection d’insectes dont on a perdu la trace." (Wikipédia)

Le titre Insecta Musei Graecensis se traduit par "Insectes du Musée de Graz", où le mot Musée est à comprendre comme  Collection d'Histoire Naturelle. Précédée d'une citation d'Aldrovandi, sa Préface se réfère explicitement au Systema Naturae de Linné.  Les insectes sont répartis en 7 Ordres : 1. Coleoptera ; 2. Hemiptera ; 3. Lepidoptera ; 4. Neuroptera ; 5. Hymenoptera ; 6. Diptera ; 7. Aptera. Poda décrit dans cet ouvrage 79 nouveaux taxons.

 

 

c) Localité et description

Localité-type : "Ad Graecium" dans la description de Poda : Graz, Styrie, Autriche

 

Selon Dupont et al. 2013, "Cette espèce a une répartition paléarctique. Elle est présente dans presque toute la France. Les chenilles s’observent sur diverses Fabaceae. "

Selon Wikipédia, "

"C'est un petit papillon qui présente un dimorphisme sexuel, le dessus du mâle est bleu, celui de la femelle est marron avec une suffusion de bleu plus ou moins importante.

Le revers est gris beige pâle un suffusé de bleu vert et orné d'une ligne de gros points noirs cernés de blancs sur l'aile antérieure, et d'une ligne de petits points noirs cernés de blancs sur l'aile postérieure.

Il vole en une génération, d'avril à juin.

Ancre Les chenilles sont soignées par les fourmis en particulier Lasius alienus, Formica cinenaria, Formica fusca, Formica nemoralis, Formica pratensis,Formica selysi, Crematogaster auberti, Tapinoma erraticum et Myrmica scabridonis, sans toutefois que ce comportement soit obligatoire pour la survie de l'espèce.

Son habitat est constitué de prairies fleuries jusqu'à 1 200 mètres." 

Taxonomie :  Turati, E. & Verity, R. 1911 (1910). Faunula valderiensis nell'alta valle del Gesso (Alpi marittime). Bullettino della Societa entomologica Italiana, 42: 170-265.  page 260. [http://www.biodiversitylibrary.org/page/10377444]

 

 

 

d) synonymes (INPN) et sous-espèces.

  • Glaucopsyche alexis alexis (Poda, 1761) 

  • Glaucopsyche alexis cyllarus (Rottemburg, 1775) 

  • Glaucopsyche alexis latina Hartig, 1939 

  • Glaucopsyche alexis maritimalpium Verity, 1928  Verity, R. 1928. Races paléarctiques de Grypocères et de Rhopalocères à distinguer et homonyme à remplacer. Bulletin de la société entomologique de France, 8: 140-144.  page 141. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55523660/f14.image.pagination.r=Bulletin%20de%20la%20Soci%C3%A9t%C3%A9%20entomologique%20de%20France.langFR]

  • Glaucopsyche alexis pauperella Sagarra, 1926 :   Sagarra, I. (de) 1926. Anotacions a la lepidopterologia iberica IV (1). Butlletí de la Institució Catalana d'Història Natural, 2(6): 128-139.  page 138. [http://bibdigital.rjb.csic.es/ing/Libro.php?Libro=1486&Pagina=142]

  • Glaucopsyche alexis pauper Verity, 1928 : Glaucopsyche cyllarus pauper Verity, 1919 :  Verity, R. 1919. Seasonal polymorphism and races of European Grypocera and Rhopalocera. The Entomologist's record and journal of variation, 31(2): 26-31. page 29. [http://www.biodiversitylibrary.org/page/30076308]

  • Glaucopsyche cyllarus maritimalpium Verity, 1928 

  • Glaucopsyche cyllarus pauperella Sagarra, 1926 

  • Glaucopsyche cyllarus pauper Verity, 1919 

  • Lycaena alexis alpina Turati & Verity, 1911 : Turati, E. & Verity, R. 1911 (1910). Faunula valderiensis nell'alta valle del Gesso (Alpi marittime). Bullettino della Societa entomologica Italiana, 42: 170-265.  page 260. [http://www.biodiversitylibrary.org/page/10377444]

  • Lycaena cyllarus (Rottemburg, 1775) 

  • Nomiades cyllarus (Rottemburg, 1775) 

  • Papilio alexis Poda, 1761 

  • Papilio cyllarus Rottemburg, 1775 : Rottemburg (1775) : 20.  Rottemburg, S. A. V. 1775. Anmerkungen zu den Hufnagelischen Tabellen der Schmetterlinge. Erste Abtheilung. Der Naturforscher, 6: 1-34. page 20.

 

Verity (1928) : Verity, R. 1928. Races paléarctiques de Grypocères et de Rhopalocères à distinguer et homonyme à remplacer. Bulletin de la société entomologique de France, 8: 140-144.  page 141.

[http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55523660/f14.image.pagination.r=Bulletin%20de%20la%20Soci%C3%A9t%C3%A9%20entomologique%20de%20France.langFR]

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Sous-espèces :

LERAUT retient la présence de six sous-espèces en France :

- alexis Poda, 1761. 

- cyllarus Rottemburg, 1775. Localité-type : Allemagne. 

- latina Hartig, 1939. Localité-type : Formia, Latina, Italie. 

- maritimalpium Verity, 1928. Localité-type : Thermes de Valdieri, Piémont, Italie.

- pauper Verity, 1928. Localité-type : Florence, Toscane, Italie. 

- pauperella Sagarra, 1926. Localité-type : Llinas, Catalogne, Espagne. 

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c) Origine et histoire du nom alexis

 

 —  A.M. Emmet (1991) page 151 :

" the name of a shepherd in Virgil's Eclogues"

— Hans A. Hürter (1998) page 338 :

"Welchen Träger des Namens Alexis der Erstbeschreiber Poda  1761 bei der Benennung der Art im Sinn hatte, ist uns nicht überliefert ; man könnte den griech. Dieser annehmen, da von den vier hier vorgestellten Alexis über ihn vergleichsweise am meisten bekannt ist." [...]

— Luquet in Doux et Gibeaux (2007) page 202 :

"Alexis, nom d'un pâtre grec dans les Églogues de Virgile".

— Perrein et al. (2012) page 231 :

"Alexis est le nom d'un berger cité par Virgile dans ses Églogues".

 

Discussion.

1°) L'origine de ce nom remonte à Carl Linné lui-même : il l'avait attribué à un lycaenidé dans son Fauna suecica, sa Faune de Suède de 1746. 

Voir :

 Noms des Papillons diurnes (rhopalocères) créés par Linné dans le Systema Naturae de 1758 et dans la Fauna suecica de 1746

 

Carl Linnaeus, Caroli Linnaei medic. & botan. prof. Upsal ... Fauna Svecica, sistens animalia Sveciae regni : Quadrupedia, Aves, Amphibia, Pisces, Insecta, Vermes, distributa per classes & ordines, genera & species, cum differentiis specierum, synonymis autorum, nominibus incolarum, locis habitationum, descriptionibus insectorum. Stockholmiae :Sumtu & literis Laurentii Salvii,1746. page 232-248.

En 1746, Linné n'avait pas encore adopté le système de dénomination dont il fera usage dans son Systema Naturae de 1758, et où les noms des petits papillons , regroupés dans la phalange des Plebeji, sont liés plutôt à l'histoire grecque et romaine, et non pas à la mythologie. Dans sa Fauna suecica, il tente des séries dénominatives, dont, pour les numéros 784 à 787, des noms liés au milieu des bois et des paturages grecs. Faunus, Satyre, et surtout Alexis et Coridon font référence à la poésie bucolique initiée par le grec Théocrite, mais surtout développée par le latin Virgile.  Du temps de Linné, les Églogues de Virgile sont connus alors par cœur par les étudiants. Dans le nouveau système de 1758, toute la nomenclature sera fondée sur la mythologie (et non plus sur les bergers et bergères) et sur le monde grec. Si Virgile apparaît, c'est pour son épopée l'Énéide, non pour son œuvre bucoliques.

784 : Faunus. "Le Faune".

785 : Satyrus. "Le Satyre".

786 : Coridon. "Corydon", berger des Bucoliques de Virgile (2ème Églogue).

787 : Alexis. "Alexis", beau berger dont Corydon est amoureux (2ème Églogue).

[et 803 : Argus oculatus. "Argus ocellé". 804 : Argus fuscus. "Argus brun". 805 : Argus myops. "Argus myope" 806 : Argus caecus. "Argus aveugle"]

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2°) En 1758, Linné ne reprend pas ce nom dans son Systema Naturae, mais les entomologistes européen ont lus la Fauna suecica et été influencés par les noms créés.  Ainsi à Paris, Geoffroy avait, en 1762, créé les noms Silène, Bacchante, Tircis, Corydon, Myrtil, Satyre, Procris, Céphale, pour poursuivre l'heureuse veine bucolique débutée par le savant suédois.  Silène, Bacchante et Satyre sont liés au milieu sylvestre de Faune et Satyre de Linné, alors que, dans le cortège de Corydon viennent d'autres héros des pastorales d'inspiration virgilienne comme Tircis, Myrtil, Almaryllis.

C'est aussi le cas  de l'autrichien Nicolaus Poda. Examinons, parmi les 79 taxons dont il a la paternité, ceux des Lycénidés. 

Les Plebeji, Parvi débutent à la page 75 avec les Plebejii rurales (qui reprend la systématique de Linné), lesquels comportent les espèces n° 39 à 51 : 

Betulae ; Pruni ; Argus ; Argiolus ; Arion ; Sylvius ; Rubi ; Tityrus ; Alexis ; Coridon ; Virgaureae ; Menalcas ; Sylvestris ; Amyntas 

Les noms SylviusTityrus ; Alexis ; Coridon ; Menalcas ; Sylvestris ; Amyntas   sont attribués à Poda. Or, on constate que ce dernier s'est placé en parfaite filiation nomenclaturale à l'égard de Linné, dont il a suivi d'une part l'intention de donner au Plebeji rurales (Les Plébéiens ruraux) des noms liés à la campagne grecque, mais aussi d'autre part de reprendre et de poursuivre la série bucolique débutée par Linné dans Fauna suecica. Sylvius, dans l'Éneide de Virgile, est le fils posthume d'Énée, qui est nommé ainsi car il est né dans les bois (latin sylvius = bois). Sylvius et Sylvestris sont liés à Faune et Satyre de Linné. Ensuite, Poda reprend les noms Alexis et Coridon délaissé par Linné, et les complète par ceux de Tityrus, Menalcas, et Amyntas, qui sont autant d'autres bergers grecs des Églogues des Bucoliques de Virgile. Tityrus est le nom d'un pâtre de la première Églogue de Virgile, gardant ses brebis et jouant de la flûte en s'entretenant avec Mélibée. Alexis, Corydon, Menalcas, et Amyntas 

Deuxième Églogue : Formosum pastor Corydon ardebat Alexin,

Itinera electronica : http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/virg_bucoliques/lecture/2.htm

[2,1] Le berger Corydon brûlait pour le bel Alexis, les délices de son maître, et il n'avait pas ce qu'il espérait. Seulement il venait tous les jours sous les cimes ombreuses des hêtres épais; là, seul,[2,5] sans art, il jetait aux monts, aux forêts cette plainte perdue: "O cruel Alexis, tu dédaignes mes chants, tu n'es point touché de ma peine; à la fin, tu me feras mourir. Voici l'heure où les troupeaux cherchent l'ombre et le frais; où les vertes ronces cachent les lézards; [2,10] où Thestylis broie l'ail et le serpolet odorants, pour les moissonneurs accablés des feux dévorants de l'été. Et moi, attaché à la trace de tes pas, je n'entends plus autour de moi que les buissons qui retentissent, sous un soleil ardent, des sons rauques des cigales. Ne m'eût-il pas été moins dur de supporter les tristes colères

[2,15] et les superbes dédains d'Amaryllis? Que n'aimé-je Ménalque, quoiqu'il soit brun, quoique tu sois blanc? O bel enfant, ne compte pas trop sur la couleur: on laisse le blanc troène, on cueille la noire airelle. Tu me méprises. Alexis, et tu n'as souci de savoir qui je suis,[2,20] combien je suis riche en troupeaux, combien en blanc laitage. Mille brebis paissent pour moi sur les monts de Sicile; l'été, l'hiver, le lait nouveau ne me manque pas. Je chante les airs que chantait, quand il appelait ses troupeaux, Amphion de Thèbes sur le haut Aracynthe.[2,25] Je ne suis pas si affreux; je me suis vu naguère sur le rivage, dans la mer calme et unie; et si le miroir des eaux ne nous trompe jamais, je ne craindrais pas, te prenant pour juge, Daphnis pour la beauté. O qu'il te plaise seulement d'habiter avec moi ces pauvres campagnes, et nos humbles chaumières; de percer les daims,[2,30] et de chasser devant toi, avec la verte houlette, la bande pressée de nos chevreaux. Avec moi dans les forets tu imiteras Pan sur tes pipeaux. Pan le premier a enseigné à joindre ensemble par la cire plusieurs chalumeaux; Pan protège et les brebis et les bergers. Ne crains pas de blesser avec la flûte ta lèvre délicate:[2,35] pour apprendre mes airs, que ne faisait pas Amyntas? J'ai une flûte formée de sept tuyaux d'inégale hauteur, qu'autrefois Damétas m'a donnée en propre: en mourant il me dit: "Tu es le second qui l'aies." Ainsi dit Damétas; Amyntas n'en fut-il pas sottement envieux?

[2,40] De plus, j'ai trouvé au fond d'un périlleux ravin deux petits chevreuils tachetés de blanc; chaque jour ils épuisent les mamelles de deux brebis: je les garde pour toi. Il y a longtemps que Thestylis me presse de les lui amener; et elle les aura, puisque tu n'as que du dédain pour mes présents.

[2,45] Viens, ô bel enfant! Voici les nymphes qui t'apportent des lis à pleines corbeilles; pour toi une blanche naïade cueillant de pâles violettes, les plus hauts pavots, et le narcisse, les joint aux fleurs odorantes de l'anet; pour toi entremêlant la case et mille autres herbes suaves,

[2,50] elle peint la molle airelle des couleurs jaunes du souci. Moi-même je cueillerai les blanches pommes du coing au tendre duvet, et des châtaignes, qu'aimait mon Amaryllis: j'y joindrai la prune vermeille; elle aussi sera digne de te plaire. Et vous aussi, lauriers, myrtes si bien assortis, je vous cueillerai,[2,55] puisqu'ainsi rassemblés vous confondez vos suaves odeurs. Tu es sot, Corydon; Alexis ne veut pas de tes présents; et si les tiens le disputaient à ceux d'Iolas, Iolas ne te cèderait pas. Malheureux, qu'ai-je dit? Je suis perdu d'amour; j'ai déchaîné l'auster sur les fleurs, j'ai lancé le sanglier fangeux dans les claires fontaines.

[2,60] Ah! qui fuis-tu, insensé? Les dieux aussi ont habité les forêts; le Troyen Pâris était berger. Que Pallas aime les hauts remparts qu'elle a bâtis: nous, que les bois nous plaisent par-dessus tout. La lionne à l'oeil sanglant cherche le loup; le loup, la chèvre; la chèvre lascive, le cytise en fleurs:

[2,65] et toi, Corydon te cherche, ô Alexis! chacun suit le penchant qui l'entraîne. Vois, les boeufs ramènent le soc levé de la charrue; et le soleil, qui descend, double les ombres croissantes: et moi je brûle encore. Est-il quelque répit à l'amour? Ah! Corydon, Corydon, quelle démence est la tienne?

[2,70] La vigne, unie à cet ormeau touffu, reste à demi-taillée: que ne prépares-tu plutôt quelque ouvrage utile à tes champs? que ne tresses-tu le jonc et le flexible osier? Tu trouveras un autre Alexis, si cet Alexis te dédaigne."

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Conclusion : En 1746, Linné avait créé pour deux Lycènes les noms d'Alexis et de Corydon, deux bergers et amants grecs de la Deuxième Églogue de Virgile  Il ne les reprit pas dans le Systema Naturae de 1758, où il regroupe les Lycènes sous la phalange des Plebejus. En 1761, l'autrichien Poda, fidèle à Linné  reprend pour ses Plebejus rurales ( littéralement, "campagnards")  les noms de Corydon et d'Alexis, donne à trois autres espèces les noms d'autres bergers de cette Églogue (Amyntas et Menalcas), et à une quatrième celui du berger Tytirus de la Première Églogue. Et en 1762, Geoffroy crée le nom d'Amaryllis, la bergère dédaigneuse de ces pastoureaux. 

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d) Origine du nom de la sous-espèce cyllarus 

 

Papilio cyllarus Rottemburg, 1775 Der Naturforscher 6 : 20

 

— Hans A. Hürter (1998) page :

In seinem 12. Buche beschreibt Ovid die Kämpfe zwischen einzeinen Kentauren und Lapithen, dabei als Einlage den Tod des jungen Kentaurenliebespaares Cyllarus und Hylonome. Dieses "zierlich erzählte und rührende Intermezzo soll dem Leser inmitten des Mordens eine Ruhepause gewähren ...(Ovid, S. 844)

— Perrein et al. (2012) page 232 :

"Dans la mythologie grecque, Cyllaros est un jeune Centaure d'une grande beauté, aimé de la Centauresse Hylonomé.

 

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Discussion.

Le sort tragique du centaure Cyllare (Cyllarus) est raconté par Ovide dans le livre XII des Métamorphoses. Il était, comme Centaure, aussi beau qu'Alexis comme berger. "Ta croupe est élégante, ton poitrail noble et relevé; ton poil a le noir luisant du jais; ta queue et tes jambes sont d'une blancheur éclatante," Et  Hylonomé, la plus belle des femmes-jument, était son épouse. Lorsqu'elle apprend sa mort  lors des noces de Pirithoos elle se donne la mort.  

"Dans cette mêlée terrible, ta beauté ne put te sauver, ô Cyllare. Tu étais beau, si un Centaure peut l'être ; ta barbe commençait à peine à paraître, et la couleur en était dorée ; de tes épaules une chevelure dorée descendait jusqu'au milieu de tes flancs ; une fleur de vigoureuse jeunesse brillait sur ta figure ; ton cou, tes épaules, tes mains, ta poitrine rappelaient les heureuses proportions d'un beau corps sculpté par un habile artiste ; ce qu'il avait du cheval était aussi parfait que ce qu'il avait de l'homme : donnez-lui un cou et une tête, et il sera digne de Castor, tant sont admirables et sa croupe et ses flancs élevés ; tout son corps est plus noir que la poix ; mais ses jambes et sa queue sont d'une éclatante blancheur. Beaucoup de jeunes filles de sa race recherchèrent son alliance : une seule put lui plaire, Hylonomé, la plus belle des filles des Centaures ; seule elle put captiver Cyllare par ses caresses, par son amour. Leurs corps sont aussi beaux que peut l'être celui d'un Centaure : l'ivoire lisse leurs blonds cheveux, qu'ils ont soin d'entremêmer de roses, de violettes, de romarin, et quelquefois de lys éclatants. Deux fois, chaque jour, ils vont plonger leurs membres dans les eaux qui coulent des bois de Pagasée ; deux fois l'onde purifie leur corps ; leurs épaules, leurs flancs sont couverts des plus belles dépouilles des hôtes des forêts. Un amour égal les réunit ; tous deux ils errent ensemble sur les montagnes ; ensemble ils goûtent le frais dans les antres profonds, ensemble ils étaient venus aux festins des Lapithes ; ils combattaient ensemble. Un javelot, parti du côté gauche (quelle main le lança, on l'ignore) vient te frapper, ô Cyllare ! au dessous de l'endroit où la poitrine s'attache au cou ; le trait a effleuré le coeur. Cyllare le retire ; à l'instant son corps est devenu froid ; il chancelle. Hilonomé reçoit dans ses bras les membres inanimés de son époux ; sa main veut fermer la blessure ; elle approche sa bouche de la bouche de Cyllare, et ses lèvres veulent retenir l'âme qui s'enfuit ; enfin, elle voit qu'il est mort, elle prononce des paroles que le bruit des combattants ne laisse pas arriver jusqu'à mes oreilles, puis elle se précipite sur le trait qui blessa Cyllare, et meurt en embrassant son époux." http://www.mediterranees.net/litterature/ovide/metamorphoses/livre12.html

     

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              II. NOMS VERNACULAIRES.

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L'étude du nom vernaculaire débute avec le nom créé par Gérard Luquet en 1986. Auparavant, le nom de Papilio alexis ou Polyommate alexis est utilisé pour une autre espèce, notre Polyommatus icarus,  tandis qu' au contraire notre Glaucopsyche alexis est désigné sous le nom de Lycaena cyllarus . Les auteurs qui suivent viendront seulement illustrer ces propos.

 

 

I. Les Noms français. 

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A. "Polyommate Alexis = Polyommatus icarus"

L'étude de ce nom doit maintenant être associée à d'autres, avec lesquels il est tissé selon des motifs compliqués; En 1763, Scopoli a donné à  notre Polyommatus icarus le nom de Papilio alexis. 

Ce nom a été repris par Hübner et par Ochsenheimer, puis par les auteurs français du début du XIXe.

1. Polyommate alexis Latreille et Godart 1819

Latreille et Godart Encyclopédie méthodique, 1819, Paris : Vve Agasse tome 9, page 690 : ce nom, qui reprend celui de Scopoli, de Hübner et d'Ochsenheimer, désigne ici notre Polyommatus icarus

 

Cet article permet de disposer de l'ensemble des références bibliographiques sur cette espèce, notamment par les auteurs germaniques, autrichiens ou suisses.

Latreille avait crée en 1804 le genre des Polyommates ("à plusieurs yeux", un équivalent d'Argus), défini par "des palpes inférieurs de longueur moyenne, ou courts". (Considérations générales sur l'ordre des insectes p. 355).

En 1818, dans le Nouveau Dictionnaire vol. 27, Latreille décrit l'Hespérie Alexis, Papilio Alexis de Hübner et Ochsenheimer, l'Argus bleu et l'Argus brun de Geoffroy, l'Argus bleu et l'argus bleu-violet d'Engramelle.

 

 

2. Le Polyommate alexis, Godart 1821,

      Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d'Europe, Paris : Crevot 1821/1823, page 212, illustration peinte par Vauthier et gravée par Lanvin  . 

https://books.google.fr/books?id=rG9KTVkkAEIC&pg=PA212&lpg=PA212&dq=alexis+argus+geoffroy&source=bl&ots=c4FY3x9anh&sig=ZbhzZTV0l0fUGsSmyiDhDFZswX0&hl=fr&sa=X&ved=0CDIQ6AEwBGoVChMIrYy-wb-tyAIVh9gaCh0J4wxo#v=onepage&q=alexis%20argus%20geoffroy&f=false

Le nom renvoie là encore au Papilio alexis de Hübner et à l'Argus bleu et à l'Argus Brun de Geoffroy.

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B. Papilio cyllarus, Polyommate cyllarus, Lycaena cyllarus.

1. Polyommate Cyllare, Latreille.

 

2. Polyommate cyllarus Latreille et Godart 1819.

Latreille et Godart Encyclopédie méthodique, Paris : Vve Agasse tome 9, page 702 n° 244. Nombreux synonymes : Dymus, Damoetas, Bronte, Phobos. 

Papilio alexis Poda figure parmi les nombreuses références.

3. Polyommate Cyllarus, Godart 1821.

      Jean-Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons d'Europe, Paris : Crevot 1821/1823, page 222 n° 83 planche 11 et planche 11 quart fig. 3, 

La chenille est décrite ainsi que la chrysalide.

4. Lycaena Cyllarus.

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Published by jean-yves cordier
30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 07:49

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La chapelle Saint-Sébastien est située sur la commune de Le Faouët, ( Morbihan) au lieu-dit de « Saint-Sébastien », à 50 mètres de la route menant du Faouët à Rostrenen, entourée de bosquets sur le plateau qui domine la vallée de l' Ellée.

Inscription de fondation.

La construction de la chapelle a commencé en 1598 comme l'atteste l'inscription en caractères romains  sur une pierre encastrée dans le parement externe du mur Nord :

 

« CESTE CHAPELLE FUT TR / OVEE . LE . 22 . IOVR :  DE / IVILLET .  ET COMMANCE / LE .  21 DE .  SEPTEMBRE /  1598 .  I POVLIQVIN GOVE / RNEVR ET RECTEVR. »

Cette inscription est accostée et surmontée d'un motif d'anneaux en chaîne formant frise.  Au dessus,  frise de godrons surmontés d'une corniche en talon. Juste en dessous de cette inscription se trouve la date 1599.

J'ignore comment les experts interprètent la phrase "la chapelle fut trovée" : fut-elle trouée ? ou bien trouvée ? 

La date correspond au règne de Henri IV  (1589-1610), et à la fin des Guerres de religion, puisque  l'Edit de Nantes a été promulgué en avril 1598, précédé en mars de la prise de Dinan et de la soumission des ligueurs bretons.Soumission des ligueurs bretons . En 1589 et 1598, le duc de Merceur avait tenté de se constituer une principauté autonome. (Françoise, la fille du duc de Mercœur épousera César de Vendôme, fils du roi et de Gabrielle d'Estrées). En 1595, Guy de Fontenelle s'était emparé du château de Crémenec en Priziac et écumait la région de Priziac et du Faouët.

Cette date est tardive si on la compare à celle de la reconstruction, au Faouët, de la chapelle Saint-Fiacre (1450), ou de l'édification de la chapelle Sainte-Barbe (1498, voûtée en 1512). Aussi pense-t-on que Saint-Sébastien a peut-être été construite,  entre 1598 et 1608,  sur un édifice plus ancien dont les seuls vestiges sont les écus réemployés dans les vitraux. Il s'agit des écus parti de France et de Bretagne,  des Bouteville (d'argent à cinq fusée de gueules) plein timbré d'une couronne comtale et encadrées de palmes, et parti de Bouteville (brisé d'une cotice d'azur) et de ?. Or, les Bouteville ne sont plus seigneurs du Faouët depuis le mariage de l'héritière du titre Jeanne de Bouteville, avec le marquis de Goulaine en 1559.

 

Nous allons découvrir dans les sablières les dates de 1600 (deux fois) et 1608, indiquant que la charpente a été terminée au plus tard en 1608, dix ans après le début du chantier.

La couverture, la charpente, le lambris, et les vitraux ont été restaurés de 1920 à 1939.

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Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Inscription de fondation, porte nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 écu parti de France et de Bretagne, armoiries  pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
 écu parti de France et de Bretagne, armoiries  pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

écu parti de France et de Bretagne, armoiries pleines timbrées d'une couronne comtale des Bouteville. Armoiries parti de successeurs de Bouteville et de ?, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

La chapelle, dédiée à Saint Sébastien protecteur de la peste, a probablement été bâtie en réaction à l'épidémie de peste de 1598, que relate le chanoine Jean Moreau dans ses Mémoires des guerres de la Ligue en Bretagne

Photo Wikipédia Lanzonnet

 

La chapelle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1934.

 

L'édifice est en forme de croix latine, à large nef unique et chœur polygonal (trois pans et une travée droite à larges croisillons). Des contreforts angulaires sont amortis par des pinacles et ornés de gargouilles sculptées. Le chevet à trois pans-pignons est de type "Beaumanoir" du nom des maîtres d'œuvre  originaire de la région de Morlaix, mais dont l'influence s'étend jusqu'ici. On peut y voir une belle poutre de gloire. Le mobilier est constitué de quatre niches-crédences, un bénitier, un autel, un maître autel et un retable. Mais l'édifice est surtout remarquable par le décor de ses sablières.

La charpente : L'espace intérieur est couvert par une charpente lambrissée en berceau plein cintre nervuré, à fausses voûtes d'ogive sur la croisée et l'extrémité du chœur. Ligne de faîte ornée de boutons moulurés ; entraits à engoulants, sablières historiées, blochets et culots du chœur figurés. Ainsi, un siècle après la construction de la chapelle Sainte-Barbe, la voûte a été abandonnée, mais on a cependant conservée les piles de la croisée, le colonettes du transept et les culots en tas-de-charge du chœur, en leur donnant la fonction de supports des blochets et des retombées des fausses voûtes. ces retombées semblent découler directement de l'influence locale des chapelles de Saint-Fiacre et de Sainte-Barbe. (d'après Inventaire Général, 1975)

 

 

Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.
Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.

Situation ; Plan en croix latine de la chapelle Saint-Sébastien, (d'après Inventaire Général, 1975) Le Faouët.

Inscription de la niche-crédence du mur sud du chœur.

 

POVLIQUIN 155[-].

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LES SABLIÉRES.
Elles font la réputation de cette chapelle, et les motifs de la danse bretonne et du joueur de cornemuse, de la chasse au sanglier, du jeu de bâton, ou du martyre de Sébastien font l'objet d'études spécialisées. Mais je n'ai pas trouvé, en ligne, d'étude systématique des 22 sablières exécutées entre 1600 et 1608 par Gabriel Brenier. Ce dernier s'est inspiré, pour divers motifs, du jubé de la chapelle saint-Fiacre du Faouët.

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SABLIÉRES DE LA NEF.

Nous avons affaire, je crois, à une charpente "à chevrons-formant-fermes" à la voûte, non lambrissée aujourd'hui, en carène : les entraits découpent les sablières en ensembles (correspondants aux travées ) qui ont leur propre cohérence iconographique.  Je compte ainsi quatre ensembles pour chaque coté de la nef, le dernier (vers le chœur) étant de moitié plus court. Je les décrirai d'ouest en est, en avançant vers le chœur. Dans mon décompte, je pars de la première sablière décorée, sans tenir compte de la travée de la tribune.


 

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I. Sablières du coté nord de la nef.

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  • Décor géométrique

  • Chaîne de danseurs et danseuses.

  • Jeu du bâton breton, et inscription.

  • Masque et rinceaux.

 



 

Les sablières portent plusieurs dates ainsi que l'inscription :

« FAICT PAR GABRIEL BRENIER L'AN 1608. »

Sablières et entraits ,  coté nord de la nef, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablières et entraits , coté nord de la nef, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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1. Composition géométrique.

 

Frise de sept carrés divisés par des diagonales et ponctuées de ronds en cruex et en bosses. Décor périphérique de quadrilobes et de tirets en I.

 

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Sablière première travée nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière première travée nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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2. Chaîne ouverte de danseurs et danseuses.

C'est sans-doute la scène la plus connue, notamment grâce à une exposition organisée par l'association Dastum. Une sarabande est menée par conduite  à droite d'un joueur de cornemuse.

Pris sur Wikipédia : " Les costumes portés par les personnages sont représentatifs de ceux portés par l'aristocratie et la bourgeoisie au tout début du xviie siècle. Les danseurs de la sarabande portent chapeau à bords relevés, pourpoint et culotte bouffante tandis que les danseuses sont coiffées d'une barrette terminée en pointe sur le front. L'une d'entre-elle, celle au centre, porte même busc à la taille, fraise et larges jupons"

 

Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Chaîne de danse ouverte, ,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Chaîne de danse ouverte, , nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

La danse est menée par un joueur de cornemuse.

Jean-Luc Matte a recensé plus de 40 données iconographiques de cornemuses en Morbihan, dont 4 au Faouët. Il n'a bien-sûr pas oublié le joueur de Saint-Sébastien : "cornemuseux jouant pour une chaîne ouverte où alternent danseuses et danseurs. A l’opposé du cornemuseux, un personnage fantastique, assis à terre, tient la main de la dernière danseuse et une chope de l’autre main. 1 bourdon d'épaule à deux raccords"

Ce musicien a figuré, inversé, sur la couverture du catalogue de l'exposition "Instruments du diable, musique des anges", Dastum, Musée de Bretagne à Rennes et Musée de la Cohue à Vannes, 1999 :

http://dastum.org/index.php?id_product=54&controller=product

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On le comparera à celui qui joue sa musique diabolique sur le jubé de Saint-Fiacre du Faouët, et à celui qui officie sur la tribune de la chapelle Saint-Yves de Priziac.

Sonneurs, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, 1480-1492, photographie lavieb-aile.

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Joueur de cornemuse, chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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Anges  joueurs de cornemuses, vitrail baie 2, chapelle sainte-Barbe, Le Faouët.Photographie lavieb-aile.

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En somme, ces sonneurs dont le talent endiablé et irresistible de faire danser a été dénoncé par les recteurs bretons depuis des siècles  ne sont nulle part plus nombreux que dans les églises et les chapelles. 

 

 

Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Le Diable prend note des personnes présentes à la fête.

Le Diable possède de nombreux traits animaliers : œil de bœuf,  groin de porc, cornes dépassant de son chapeau rond, tignasse hirsute, oreilles pointues, pattes fourchues. Pourtant, il se dissimule sous un vêtement fort civil, et il porte à la ceinture son plumier et son encrier. Il tient ses comptes des futurs pensionnaires de l'Enfer sur une tablette, tandis que galamment il tient la main d'une cavalière. 

 

Sarabande, diable et joueur de cornemuse,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sarabande, diable et joueur de cornemuse, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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3. Troisième travée. Jeu du bâton breton, et inscription.

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a) Jeu de bâton breton.

Deux hommes tête-bêche luttent pour la possession d' un bâton. Ils sont vêtus d'un pourpoint, de braies (bouffantes et peut-être à crevés pour celui de gauche), de guêtres, et, pour l'un d'entre eux, de chaussures.

Il s'agit sans-doute de la représentation d'un jeu de pardon, modifiée pour résoudre la difficulté technique imposée par la sablière.

  Selon Fanch Peru, qui rappelle l'adage « Jeux de bâtons, jeux de Bretons » , les Celtes en général et les Bretons en particulier semblent avoir eu une sorte de prédilection pour les jeux de bâtons, notamment lors des pardons. On en décrit essentiellement deux, le bâton à bouillie (ar vazh-yod) et le bâton par le bout (ar vazh-a-benn).

1. Le bâton à bouillie (ar vazh-yod)

Ce jeu met en présence deux concurrents assis par terre, face à face, les pieds calés contre une planche fixée à chant et tenant à deux mains par le travers un gros bâton. Pour gagner il faut amener l'adversaire de son côté ou l'obliger à lâcher le bâton.

2. Le bâton par le bout (ar vazh-a-benn)

Portés à plat ventre par quatre solides gaillards pendant que d'autres leur tirent sur les pieds, les concurrents serrent à deux mains dans le sens de la longueur un bâton de taille moyenne. Le vainqueur est celui qui garde le bâton en main.

On lit dans « Contes populaires des anciens Bretons », de Théodore de la VILLEMARQUÉ (Paris, 1842, p. 288), la description suivante :

« COMBAT DU BATON.
Ce genre d’escrime était en usage dans le pays de Galles avant le dix-septième siècle. A cette époque, les ministres de la religion prétendue réformée l’abolirent avec les autres jeux nationaux gallois, qui sont maintenant remplacés par les orgies du cabaret. Il existe encore en Bretagne, dans certaines paroisses rurales, notamment en Cornouaille, et la manière dont on le pratique, semblerait autoriser à croire qu’il n’était point étranger, dans le principe, aux vieilles institutions celtiques.
La nuit de la fête des Morts, des jeunes gens et des jeunes filles qui se sont donné le mot, se rendent secrétement dans une chapelle écartée ; on allume des cierges, on récite des prières, on chante des cantiques en l’honneur des trépassés ; puis un vieillard, généralement le sorcier du pays, qui a le privilège d’assister à la lutte et de la présider, crie trois fois : Lis ! lis ! lis ! Aussitôt un cercle se forme ; deux champions y entrent : parfois ils sont armés chacun d’un penn-baz, ou casse-tête, et la lutte s’engage selon les règles ordinaires du combat au bâton ; mais le plus souvent, ils n’en ont qu’un seul, et se le disputent à force de bras, assis à terre en face l’un de l’autre. Le bâton reste au vainqueur, et le vaincu a la honte de recevoir la bascule de la main des jeunes filles. »

 

 

Troisième travée : jeu de bâton breton,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Troisième travée : jeu de bâton breton,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Troisième travée : jeu de bâton breton, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

b) Inscription.

Deux anges présentent un rouleau où est inscrit « FAICT : PAR : CA / BRIEL . BRENIER /  : LAN 1608. »

Les "deux points" sont en fait des points triples.

Gabriel Brenier n'est pas connu autrement que par cette inscription.

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sablière de la troisième travée,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
sablière de la troisième travée,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

sablière de la troisième travée, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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4. Hémi-travée : tête et rinceaux.

Tête d'homme au nez épaté et aux yeux équarquillés, tonsuré (ou coiffé d'un chapeau de paille) au chef surmonté de trois feuilles. Barbe, ou fraise. De sa bouche partent deux tiges qui se déroulent en rinceaux à feuilles (lancéolées) et à fleurons.

Ce motif est repris plus loin.

tête et rinceaux.  dernière travée,  nef coté nord,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

tête et rinceaux. dernière travée, nef coté nord, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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II. Sablières du coté sud de la nef.

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Première travée : Masque avec godrons divergents.

La tête coiffée d'un chapeau rond est ailée.

 

 nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Deux hommes endormis tête bêche.

Cette sculpture a un sens qui nous échappe. Un autre jeu breton ? La position symétrique des corps, l'appui des deux pieds l'un contre l'autre,  la posture dite "du songeur", main soutenant la tête, nous interrogent.

 

 
nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Chasse ou frise d'animaux.

nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Animal à tête anthropomorphe tenant un rouleau.

 
nef coté sud,  chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

nef coté sud, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

SABLIÉRES DES BRAS DU TRANSEPT.

I. Bras nord du transept.

1°) Le coté est.

a) sablière de gauche, au dessus de la fenêtre.

A gauche, trois personnages à genoux. Le premier, à capuche et bure, présente un livre. Le second, également encapuchonné, pose sa main sur la tête nue du troisième, barbu, qui lui fait face. Cette scène est interprétée comme " saint Martin baptisant un catéchumène " ou comme "scène d'exorcisme".

Dans un cartouche, Inscription datée : 1600 / LE : 26 D / E : IV / IN

qui est transcrite comme : "1600, le 26 de juin". 

Un cerf (? deux oreilles et un bois ; sabots) se tourne gueule ouverte vers l'inscription.

Deux anges tiennent un cartouche. Inscription en lettres latines I :

POV / LIQV / IN : R : I / HOARN / ER M C H R

(dernière ligne douteuse)

Nous retrouvons ici le nom du recteur I[ann] Pouliquin déjà relevée avec la date de 1598 sur l'inscription lapidaire. Si on l'associe au cartouche précédent, cela peut donner "1600, le 26 de avril Iann Pouliquin Recteur,  Iann Hoarner [---]"

 

L'orthographe Pouliquin est attestée en variante de la forme commune Pouliquen. La famille Le Hoarner est attestée au Faouët par les généalogistes : couple Guillaume Le Hoarner  1643-1698 / Jacquette Laour. La variante plus commune est Houarner ou Le Houarner, Le Hoüarner

 

 

 

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, 1600, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

b) Sablière de l'hémi-travée du centre.

(sauf confusion d'image)

Chasse : chien poursuivant un cerf.

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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2°) Le coté ouest.

 

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II. Bras sud du transept.

1°) Coté est.

L'entrait la divise en une sablière entière, et une demi-sablière jusqu'au pilier de la croisée.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

a) Sablière au dessus de la fenêtre. 

de gauche à droite :

 

— Inscription dans un rouleau tenu par deux anges agenouillés (manches bouffantes)  :

I : PO / LIQV / IN : P : R : DE : MEz

Je propose la transcription suivante : "I[ann] Pouliquin Prêtre ? Recteur de Mez", mais le -z final est vraisemblablement une abréviation.

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Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

— martyre de saint Sébastien.

Ce motif où deux archers se faisant face vise le saint martyr placé au milieu d'eux se retrouve dans un groupe sculpté de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, ou à l'entrée de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal (29)

Martyre de saint Sébastien, sablière du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Martyre de saint Sébastien, sablière du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Je propose ici une photographie du retable de Saint-Sébastien de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët. Il date du milieu du XVe siècle ; le  Retable cadre fait corps avec la pile nord-ouest de la croisée h = 142 ; la = 167 . Sébastien, comme dans le modèle le plus fréquent, est nu à l'exception d'un pagne court dont la ceinture est lacée. Attaché à une colonne, il sourit, indifférent aux flêches que les soldats dont il était l'officier tirent à bout portant. Les archers sont vêtus d'un costume  époque Charles VII,. L'ornementation latérale est faite de rosettes et de pampres ; le socle du bourreau de droite porte un décor à rosettes.

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Martyre de saint Sébastien, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Martyre de saint Sébastien, Chapelle Saint-Fiacre, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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b) Sablière près de la croisée.

Frise d'une banderole pliée en zig-zag, avec 5 hommes bras étendu, en costume "d'époque". Cheveux courts, frisés, coupés au bol (clercs ?). veste à l'encolure très serrée sur un col en V (fraise pour le n°2 ?) et aux manches bouffantes aux épaules. Visages ronds, aux yeux ronds et au sourire stéréotypé.

Inscription G: BRENI / ER DICT FERR / 1600.

Il s'agit du charpentier Gabriel Brenier, qui a signé la sablière de la nef nord avec la date 1608. Il fut donc actif ici de 1600 à 1608.

Un Jean Brenier est attesté par les généalogistes avec les dates 1575-1626, parmi d'autres exemples postérieurs affirmant que Gabriel Brenier est un artisan local.

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Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

2°) Coté ouest.

Au dessus d'une porte.

a) Frise en bande pliée à sept anges.

Même motif en ruban replié en zig-zag, mais sans inscription. Il s'agit ici d'anges, dont la coiffure est la même que les clercs de la sablière du coté est, mais dont les vestes, sauf dans un cas, ne sont pas fermés par une ligne médiane. la ligne de drapé, qui se casse en épingle à cheveux au creux de chaque angle, est très élégante.

 

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Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

b) Renard attaqué par des poules.

 

 

Un renard entré dans la basse-cour a saisi une poulette par le cou, mais deux oiseaux (a posteriori des poules) l'assaillent en mordant ses oreilles de leur bec tandis qu' un coq le mord sur l'arrière-train.  

 

Goupil attaqué par les poules, Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Goupil attaqué par les poules, Sablière du bras sud du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Cette scène est célèbre, d'autant que le thème de Goupil (ou Renart) et les poules est fréquent dans les sablières et autres sculptures bretonnes. Sophie Duhem, docteur en Histoire à Rennes 2 puis maître de conférences en Histoire de l'art moderne à l'Université de Toulouse-Le-Mirail, y a consacré un article dont je donne les extraits suivants : 

DUHEM (Sophie), 1998, « Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle  

 

"Le renard se démarque de ses congénères par sa nature maléfique.

Mais Renard est surtout connu pour le rôle de premier plan qu'il joue dans la vaste épopée qui porte son nom. Ce roman satirique, rédigé par des clercs successifs entre 1170 et 1250, remporte un vif succès en France et donne naissance à un genre parodique où le monde animal présente un reflet de la société humaine et de ses excès. C'est ce monde que parcourt le goupil, et ce sont ses aventures que bon nombre d'artistes trouvent plaisir à illustrer dans les divers domaines de l 'art, tout au long du Moyen Âge. Ainsi Renard apparaît à de nombreuses reprises dans la sculpture bretonne, sur des supports de bois qui remontent pour les plus anciens à la fin du XVe siècle, et sur quelques décors de charpentes plus tardifs, pour certains datés du milieu du XVIIe siècle !

Les aventures de Renaît qui inspirent ces représentations sont certainement bien connues des populations bretonnes, sans cloute véhiculées par les conteurs et les conteuses lors des veillées. Noël du Fail évoque à plusieurs reprises le goupil dans les descriptions qu'il fait du milieu paysan des campagnes rennaises au X VIe siècle.

Renart prêchant les poules, une image appréciée des artisans bretons à la fin du Moyen Âge.

L'illustration d'un thème original, celui de Renart prêchant les poules, apparaît sur quelques décors de bois. Cette image présente le goupil revêtu d'un habit monacal, placé debout dans une chaire et s 'adressant à une assemblée de poules attentives.

La figure caricaturale de l'animal travesti en moine doit être rattachée aux écrits satiriques inspirés du roman ; Ysengrimus, un manuscrit réalisé en Flandres vers 1150 évoque déjà la figure de l 'animal travesti en moine — ici le loup Ysengrin — qui annonce celle plus tardive de Renart camouflé, jouant sournoisement de cet artifice pour tromper son entourage.

Une illustration de Renart apparaît sur le jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, décoré par le sculpteur Olivier Le Loërgan dans les années 1480. La saynète située au niveau de la clôture, face à la nef, raconte en quatre épisodes les péripéties de Renart. À gauche, il est monté en chaire, prêchant les gelines placées face à lui. Il dévore l'une d'elles sur le relief suivant ; les autres volailles se regroupent et l'attaquent, et dans la dernière scène, aidées du coq, écorchent vif le goupil. Plus que l'envers parodique de l'enseignement prêché par l'Église, il a conféré consciemment ou non à son discours une portée moralisatrice dont témoigne la fin tragi-comique du faux moine, écorché par les poules.

La figure insolite de « Renart escorché »

Un épisode particulier, associé aux représentations de Renart prêchant, met en scène un goupil écorché, cruellement dévêtu de sa fourrure par les poules courroucées. À nouveau, le thème semble puiser ses racines dans le fonds littéraire de l'épopée satirique rapportant l'histoire du goupil : ainsi, la chasse qui s'engage contre le renard est-elle surtout motivée par l'espoir de le déposséder de son manteau.

L'animal apparaît sur la face est du jubé de la chapelle Saint-Fiacre au Faouët, dans la bouche d'un homme qui escorche le renard .

Renart, acteur de saynètes comiques sur les reliefs sculptés des XVIe et XVIIe siècles

En marge des thèmes anciens, des images de Renart dans le cadre de séquences comiques ornent les sablières plus tardives, datées des XVIe et XVIIe siècles. L'animal est cette fois pourchassé par une fermière pour avoir dérobé poissons et saucisses.

Le thème de la paysanne frappant l'animal avec sa quenouille est connu des illustrateurs de manuscrits et des sculpteurs depuis le XIIIe siècle. 

Dépourvus de modèle iconographique défini, il semble que les artisans se soient inspirés des images sculptées dans les bourgs voisins — les supports sont localisés — tout en les enrichissant de détails puisés dans leur propre fond culturel. L'observation de ces exemples conduit également à un constat : le choix des sculpteurs s'est davantage porté au XVIe siècle sur les épisodes comiques plutôt que sur les images intellectualisées de Renart prêchant ou de Renart écorché.

Le renard et les poules : la naissance d'un modèle stéréotypé (XVIe-XVII siècles)

 Les représentations inventives que nous avons présentées ne constituent pas l'essentiel des images du goupil sculptées sur les sablières des XVIe et XVIIe siècles. Le thème du renard attaquant les poules, isolé du cycle narratif de Renart prêchant dans lequel il était inséré à la fin du Moyen Âge, apparaît sur de nombreux décors. Dans la chapelle Saint-Sébastien au Faouët, où la charpente est précisément datée de 1600-1608, une poutre de belle facture montre l'animal aux prises avec plusieurs gélincs: il tord le cou à l'une d'entre elles mais cstassailli de tous côtés par des volailles de grande taille qui dévorent ses oreilles et piquent son arrière-train. Les décors stylisés de la charpente sculptée de l'église de Trémeur présentent des figures enchevêtrées parmi lesquelles se distinguent quelques poules et plus loin Renart attrapant l'une d'elles.

Si le thème de l'animal en quête de nourriture et dévorant sa proie est fréquent dans la décoration des sablières, la vengeance des volailles apparaît peu, en dehors des représentations anciennes montrant le goupil écorché. Une sablière de Gourin illustre néanmoins la fin tragique de l'animal : la facture de l'ensemble est très rudimentaire, mais la séquence est des plus insolites ! D'un côté un coq apparaît, de l'autre le Goupil, suspendu horizontalement, empalé sur deux broches .

Pourtant, sur bien des reliefs la saynète est réduite à sa plus simple expression, celle d'une image stéréotypée montrant la poule menacée par le prédateur.

L'étude de ces images laisse entrevoir le changement des goûts qui s'opère entre la fin du XVe siècle et le XVIIe siècle dans le milieu des sculpteurs sur bois. Jusqu'au début du XVIe siècle, les artisans s'accommodent parfaitement de la représentation satirique du renard qu'ils insèrent de façon cohérente et réfléchie dans leurs programmes décoratifs. L'absence de représentations sur les sablières postérieures à 1 5 1 3 accuse une désaffection pour le thème, alors qu'apparaît l'image plus distrayante du goupil et de la paysanne. Si quelques artisans traitent de manière personnelle et originale cette nouvelle représentation, et ceci jusqu'au milieu du XVIIe siècle 31, la plupart simplifient le thème originel, créant ainsi l'image binaire et stéréotypée de type renard I poule. Cette simplification iconographique amène une remarque : elle est l'expression d'un désintérêt des sculpteurs pour les séquences narratives, un désintérêt qui est probablement lié à une incompréhension des modèles originaux. La méconnaissance des récits épiques et satiriques aurait graduellement détourné les sculpteurs des représentations élaborées de Renart, en vogue dans les ateliers bretons à la fin du Moyen Âge."

"INVENTAIRE Images de Renart dans la sculpture sur bois bretonne.

— Représentations de Renart prêchant aux poules et de Renart écorché : Le Faouet (Ch. St-Fiacre, v. 1480), Le Faouët (Ch. Ste-Barbe, XVIe s.), Grâces-Guingamp (1506-1512), Plumelec (Ch. St-Aubin, 1513), Saint-Gilles-Pli- geaux (XVe-XVIe s.), Tréflévenez (XVIe s.). 

— Représentations de Renart et la fermière et variantes : Cléguérec (Ch. de laTrinilé, milieu XVIe s.), Guilligomarc'h (Ch. St-Éloi, XVIe s.), Meslan (1527), Ploërdut (Ch. de Crénenan, 1652), Plougras (Ch. du Cimetière, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Pont-Aven (Ch. de Trémalo, XVIe s.), Saint-Nicolas-du-Pé- lem (Ch. St-Éloi, milieu XVIe s.), Séglien (Ch. St-Jean, XVIe s.) .

— Renart et les poules : Callac (Ch. St-Treffrin, XVP/XVIF s.), Châtelaudren (Ch. Notre-Dame-du- Tertre, XVIe s.), Edern (Ch. du Niver, XIXe-XXe s.?), Le Faouët (Ch. St-Sebastien, 1600-1608), Gourin (XVIe s.), Guern (Ch. de Quelven, XVe-XVIc), Guimiliau (lere moitié du XVIIe s.), Landerneau (Ég. Si-Thomas, XVIe s., représentation disparue), Landudal (XVIe-XVIP s.), Langast (Ch. St-Jean, XVIe s.), Lanvénégen ( XVIe s.), Magoar (XVIe s.), Neuillac (Ch. de Carmes, XVIe s.), Plévin (Ch. St-Abibon, XVIIe s.), Plouay (Ch. de Locmaria, XVIe s.), Plourac'h (XVIe s.), Le Quillio (Ch. St-Maurice, XVIe s.), Séglien (Ch. de Locmaria (XVIe s.), Suscinio (Château, fragment provenant de l'église de la Roche-Bernard, XVIe s.), Trémeur (milieu XVIe s.) 

— Autres images de Renart : Daoulas (Abbaye, XVe s.), Hopîtal-Camfrout (XVIe s.), Loqueffret (XVIe s.)." (S. Duhem)

Nous avons donc ici un Renart attaquant les poules, et attaqué par les poules et le coq, dans le cadre d'un cycle narratif dont les divers épisodes, détaillés à la chapelle Saint-Fiacre et rappelés à la chapelle Sainte-Barbe du Faouët, devait être suffisamment connu des paroissiens pour  que la scène fonctionne comme rappel de l'ensemble, et comme mascotte surdéterminée par des interprétations libres.

Voici l'image que j'avais admiré à Saint-Fiacre, et qui sert manifestement de modèle ici. Je la place entre la scène précédente (Renart prêchant) et  la scène suivante (Renart dépecé par les poules et le coq). Cliquez sur l'image.

 

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Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile

Renart et les poules, jubé de la chapelle saint-Fiacre, Le Faouët, photographies lavieb-aile

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Le chœur. 

I. sablière du coté nord.

Sablière du coté nord du chœur, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du coté nord du chœur, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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a) Tête à front ceint  ou masque dont la bouche donne naissance à deux tiges se terminant en spirales

Motif voisin de celui de la nef nord.

Armoiries parti de France et de Bretagne comme sur les vitraux. 

 

 

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du bras nord du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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b) Deux hommes tête-bêche soufflant dans une trompe à la destination équivoque.

L'instrument à embouchure mince  descend et passe entre les jambes avant de remonter près de l'épaule et de conduire le pavillon près de l'oreille, L'un des hommes a le front ceint d'un bandeau .

Notez les traces de polychromie.

Sophie Duhem y reconnaît une busine. On peut évoquer aussi le tournebout (cromorne, krummhorn), mais on reconnaîtra qu'il s'agit alors d'une version caricaturale.

 

 

 

 

 

 

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du chœur , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Sablière du chœur , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière du chœur , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Sablières du chœur coté sud. Frise de quatre médaillons à bustes d'hommes.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Les oubliés.

Le diable est venu mélanger mes photos et les séparer de leur lieu d'origine. Chœur, transept nord, nef sud, saurez-vous retrouver leurs places ? 

 

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Chasse au sanglier.

C'est une scène rare où nous voyons un chasseur enfoncer son épieu dans la gueule d'un sanglier assailli par un chien.

Sablières, inscriptions et pardon de la chapelle Saint-Sébastien au Faouët (56).

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Masque tirant la langue et menacé par deux dragons (queue portant une tête).

Tête fantastique, des plantes poussant de son crâne.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Deux dragons aux queues entrelacées.

Armoiries de Bouteville.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Scène de chasse.

Un homme (rabatteur ?) sonne de la trompe et tient une pique. Deux chiens, reconnaissables à leur collier, poursuivent deux animaux sauvages, sur un fond de feuillage.

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Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Sablière , chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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BLOCHETS DE LA CROISÉE DU TRANSEPT.

Les quatre blochets de la croisée du transept ont été réalisés en 1939 par A Jaffré, restaurateur de la chapelle.

inscription de restauration, prolongement de la sablière nord du chœur au pied du blochet nord-ouest.

FAICT PAR JAFFRE A LAN : 1939

 
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 chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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1°) Blochet nord-est.

Une jeune homme, agenouillé, se tient les chevilles. Son visage est fin, féminin, mais ses cheveux bouclés en flammes courtes pourraient faire évoquer la toison d'un faune  ou d'un démon. Il porte un baillon. Une veste courte, sans col, est fermée par deux boutons et resserrée par une ceinture.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Blochet sud-est.

Femme agenouillée, tenant ses chevilles,  tournée vers la charpente  mais  tournant la tête vers la croisée du transept,

 

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

 

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Blochet nord-ouest :

Femme portant l'écu aux armes des Bouteville.

 

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

 

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Blochet sud-ouest.

femme enlacée par un serpent.

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Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Blochets de la croisée du transept, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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La statue de saint Sébastien.

Descendue de son socle le jour du pardon pour être portée en procession.

 

Statue de saint Sébastien, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Statue de saint Sébastien, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Sébastien, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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La procession de pardon (20 septembre 2015).

Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.
Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

Procession de pardon, 20 septembre 2015, chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët. Photographie lavieb-aile.

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Le Comité de sauvegarde de la Chapelle Saint-Sébastien, présidée par Patrick Le Petitcorps, organise le  pardon de Saint-Sébastien le 3e dimanche de septembre au profit de la rénovation de la chapelle (messe-repas et animations toute la journée). Samedi 19 et dimanche 20 septembre 2015, Patrick Le Petitcorps et son équipe sont intervenus en marge du pardon pour animer la fête profane, avec  concours de palets organisé par le Palet faouëtais, randonnées pédestres libres. À 11 h, messe le dimanche à 11 h, repas, et v ers 15 h 30, fest-deiz avec Didoënn et Le Dour-Gloaguen. Sur place, vente de crêpes. 

http://www.ouest-france.fr/saint-sebastien-dernier-pardon-de-la-saison-3701674

Le dernier pardon de la commune se déroulera, ce week-end, autour de la chapelle Saint-Sébastien. Depuis quelques jours, les bénévoles du comité de sauvegarde sont sur place pour préparer les lieux, les services techniques de la commune ayant procédé à une fauche de l'herbe sur les terrains qui accueilleront les pèlerins ce week-end. Fest-deiz et visite de la chapelle Le programme des festivités débutera samedi, à 14 h, avec un concours de palets sur route. Dimanche, dès 9 h, rendez-vous pour des randonnées libres au départ de la chapelle, avant la procession, vers 10 h 30-10 h 45, qui sera suivie de la messe dans la chapelle, à 11 h. À midi, sera servi le repas, un rôti de porc cuit à l'ancienne au four à pain (tarif : 11 €). Tout au long de la journée, il sera possible de découvrir l'histoire de la chapelle et de ses statues avec Catherine Zuber, artiste qui a participé à la réalisation des statues de la Vierge à l'Enfant et celle de saint Roch. Il sera aussi possible de découvrir les magnifiques sablières sculptées qui ornent la chapelle. Puis, à 15 h 30, ce sera le fest-deiz animé par Didoënn et le duo Le Dour-Gloaguen. En fin de journée, animation musicale avec Disco 2000. Toute la journée, vente de crêpes et buvette.
http://www.lefaouet.fr/index.php/Details/Comite-de-sauvegarde-de-la-chapelle-Saint-Sebastien.html

 

 

Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile
Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile

Le duo Le Dour-Gloaguen. Pardon profane de la chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët, photographies lavieb-aile

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SOURCES ET LIENS.

— Chapelle Saint-Sébastien du Faouët  Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Saint-S%C3%A9bastien_du_Faou%C3%ABt

— Topic-topos : http://fr.topic-topos.com/sablieres-le-faouet-pays-du-roi-morvan

— Costume Henri IV : http://www.ac-grenoble.fr/argouges/v1/PEDAGOGI/Costume/Henriquatre.htm

DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe sPresses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index  

— DUHEM (Sophie), 1998, "«Quant li goupil happe les jélines... », ou les représentations de Renart dans la  sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle"  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1998  Volume 105  Numéro 1  pp. 53-69 http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1998_num_105_1_3972

Inventaire General des monuments et richesses artistiques de la France,  Morbihan. Cantons le Faouët et Gourin, Paris Imprimerie Nationale 1975. XII + 680 p. Notice sur Saint-Sébastien : pp 51-53. Photos et plan pp 323-329.

— PERU (Fanch), 1985, "Les jeux de pardon en Bretagne", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1985  Volume 92  Numéro 3  pp. 309-326

http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1985_num_92_3_3194

 

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Published by jean-yves cordier - dans Le Faouët.
26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 22:14

Les peintures murales de la chapelle de Locmaria er Hoët à Landévant (56). Sa charpente polychrome armoricaine, ses statues, et sa cloche.

Peintures murales : voir sur ce blog :

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Monsieur Jean-Jacques RIOULT, Conservateur en chef du patrimoine, Responsable du pôle connaissance-expertise du Service de l'Inventaire général du patrimoine culturel de Rennes, nous a fait découvrir le 26 septembre 2015 la chapelle de Locmaria er Hoët, avec les derniers développement des recherches concernant les peintures murales récemment mises à jour et restaurées, et de la charpente peinte, du type "Charpente armoricaine". L'Association de la chapelle, et madame l'Adjointe au Maire chargée des affaires culturelles, nous accueillaient avec sourires, gâteaux et café...

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J'en donnerai quelques images. Toutes les erreurs du texte doivent m'être attribuées.

J'ai emprunté aussi des documents parmi ceux qui sont affichés en documentation dans la chapelle.

La chapelle de Locmaria-er-Hoët, inscrite au titre des Monuments Historiques, est le plus ancien édifice religieux de la commune de Landévant. Elle a été édifiée au XIIe siècle et remaniée aux XVIe et XVIIe siècles, avant de devenir une étape du Tro-Breizh et du pèlerinage vers Sainte-Anne-d'Auray . Le village était jadis le lieu le plus peuplé de l'actuel territoire landévantais à en juger par de nombreux vestiges (briques) dans son sol. Certaines de ces briques sont encore inclus dans la base des murs de la chapelle. Ce site dominait la voie romaine de Nantes à Quimper. Le nom de Locmaria n'apparaît qu'au XIe siècle, mais indique une dévotion à la Vierge. Aucun saint breton n'est honoré dans cette chapelle. Au nord de la chapelle, se dresse une croix de granit qui daterait de 1732.

En 2009, la couverture a été refaite et les décors de la charpente ont été reconstitués à l'identique grâce aux traces de peinture conservées. Cette charpente et ses peintures du XIVe et XVe siècle sont considérées comme exceptionnelles.

Puis, jusqu'en 2012, les peintures murales furent restaurées avec des pigments naturels par Joël Marie, venant de Saint-Gilles (50), et Jimmy Corso, venant de Nantes .

" Il s'agit d'un édifice en forme de croix latine avec chœur à chevet plat qui a subi en 1638 [?] une restauration qui a profondément transformé la nef, où pourtant ont subsisté d'importants vestiges de la construction romane. Chaque croisillon est séparé du carré par une double arcade brisée reposant au milieu sur une courte colonne à chapiteau formé de plusieurs tores et tailloir décoré, et de chaque côté sur des colonnes engagées. Une seule arcade identique, mais plus large sépare la nef du transept. Du côté du choeur, les colonnes engagées marquent seules la séparation. Deux contreforts d'angle cernés de larmiers saillants épaulent le mur du chevet. Le chevet est percé d'une grande fenêtre à réseau flamboyant. Subdivisé en quatre lancettes trilobées, le nouveau vitrail posé en 1992 représente un arbre de Jessé. Les armoiries du vitrail sont celles des familles Kerdevenez, Kaer, et Le Val. Les quadrilobes du tympan sont datés du XVème siècle. Dans le mur du choeur se trouve une crédence du XVème siècle en arc brisé.. On y remarque une piscine du XVème siècle et les autels de pierre des croisillons, également du XVème siècle" (d'après Infobretagne)

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Visite de la chapelle le 26 septembre 2015. Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Visite de la chapelle le 26 septembre 2015. Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Visite de la chapelle le 26 septembre 2015. Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Visite de la chapelle le 26 septembre 2015. Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Visite de la chapelle le 26 septembre 2015. Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

I. Vue générale.

 

 Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
 Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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II. Les sculptures des chapiteaux ; la polychromie des arcades moulurées.

Les arcades moulurées viennent retomber sur des colonnes par l'intermédiaire de chapiteaux.

La peinture utilise trois couleurs naturelles : l'ocre rouge, l'ocre jaune et le blanc (chaux). Dans les moulures, l'ocre rouge enfonce les creux alors que l'ocre jaune souligne les reliefs en les faisant ressortir. Le noir, absent ici, est utilisé avec beaucoup de parcimonie, est issu du charbon de bois.

Un chapiteau porte des têtes animales et humaines qui témoignent d'un remploi des chapiteaux romans de l'ancienne chapelle, car, sur le visage humain, la façon de dessiner l'œil par le volume du nez enforme de corne est forcément antérieur au XIVe siècle.

Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Chapiteaux,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Chapiteaux, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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III. Les peintures murales.

Les plus anciennes dateraient, selon l'avis de Christian Davy, spécialiste des peintures murales au Service de l'Inventaire des Pays de la Loire, de la fin du XIIIe siècle, ou du début du XIVe. Au XVe siècle, la chapelle a été modifiée : le chœur a été agrandi par prolongation des murs goutterreaux originaux. De cette époque date le deuxième cycle, celui du chœur.

Les peintures sont consacrées à des scènes de la Vie de Jésus et de Marie, ou à des scènes théologiques comme la Réssurection des morts. Le cycle est très incomplet car il manque très approximativement 75% du décor.

 

  • Repas de Jésus chez Simon (ou ? La Cène) : croisée du transept, sud. Début XIVe.
  • Entrée de Jésus dans Jérusalem : chapelle nord. Début XIVe.
  • Réssurection des morts, mur diaphragme ouest. Début XIVe.
  • Miracle du champ de blé. (chœur) : XVe. 
  • Fuite en Egypte. (chœur) : XVe
  • Couronnement de Marie.(chœur) : croisée du transept, ouest. XVe.

 

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1°) La peinture de la chapelle nord, au revers de l'arcature jumelle la séparant de la croisée du transept. Entrée du Christ à Jérusalem.

Jean-Jacques Rioult fait remarquer "les très beaux drapés très souples". Il détaille l'emploi de trois valeurs de dégradés d'ocres : L'ocre rouge saturé est presque brun ; l'ocre moins chargé est bordeaux, puis on trouve un ocre rouge délavé. de même l'ocre jaune saturé est orangé, l'ocre jaune moyen est jaune, la teinte délavée est jaune pâle.

La scène de l'Entrée triomphale et solennelle de Jésus dans Jérusalem est quasi constante dans les enluminures des  Bibles et se retrouve aussi dans les vitraux. Elle se base sur le récit des Évangiles synoptiques  de Matthieu 21,1 - 9, Marc 11,1 - 10, Luc 19, 28 - 40, et de l'Évangile de Jean 12, 12 - 15. Elle est célébrée dès le IXe siècle dans la liturgie le Dimanche des Rameaux. Les textes rapportent qu'à proximité de la fête de la Pâque juive, Jésus décide de faire une entrée solennelle à Jérusalem, et organise son entrée en envoyant deux disciples chercher à Bethphagé un ânon (selon saint Matthieu, Jésus précise que l'ânon se trouve avec sa mère l'ânesse, précision qui ne se retrouve pas dans les évangiles selon saint Marc et saint Luc). Il entre à Jérusalem sur une monture pour se manifester publiquement comme le messie que les juifs attendaient. C'est une monture modeste comme l'avait annoncé le prophète pour montrer le caractère humble et pacifique de son règne. Une foule nombreuse venue à Jérusalem pour la fête l'accueille en déposant des vêtements sur son chemin et en agitant des branches coupées aux arbres, ou rameaux.

L'iconographie l'associe avec l'épisode de Luc 19:1-10 où Zachée, chef des collecteurs d'impôt,  se juche dans un sycomore pour voir Jésus passer ; interpellé par celui-ci, il s'engage à donner la moitié de ses biens aux pauvres et à réparer quatre fois les torts qu'il a pu commettre à autrui.

Nous ne voyons ici que les pieds de douze personnages (les apôtres, et saint Pierre en premier), puis les pattes de l'ânon (et les jambes de Marie ?) et la partie inférieure du Christ, puis un habitant de Jérusalem étendant un vêtement. Il s'agit d'une tunique, dont la partie basse est ornée de fleurs.

Voir une synthèse de l'iconographie ici : 

http://cedidoca.diocese-alsace.fr/bible-en-images/nouveau-testament/le-cycle-de-la-passion/lentree-a-jerusalem/

On y trouve notamment deux peintures murales françaises : a)  Nohant-Vic (Indre), église Saint-Martin. Fresque du mur sud du Chœur. XIIè siècle. b) , peinture murale de l’église Saint-Quentin à Tournai (vers 1375-1400). Tournai, Musée d’histoire et d’archéologie. 

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Croquis des peintures, affiché dans la chapelle. Droits réservés.

Croquis des peintures, affiché dans la chapelle. Droits réservés.

Entrée de Jésus dans Jérusalem, chapelle nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Entrée de Jésus dans Jérusalem, chapelle nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Entrée de Jésus dans Jérusalem, chapelle nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Entrée de Jésus dans Jérusalem, chapelle nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Entrée de Jésus dans Jérusalem, chapelle nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Entrée de Jésus dans Jérusalem, chapelle nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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                  Les peintures du chœur.

Chaire à prêcher suspendue et son escalier en échelle de meunier) et les premières peintures du mur septentrional.

Chaire à prêcher suspendue et son escalier en échelle de meunier) et les premières peintures du mur septentrional.

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Croquis des peintures, affiché dans la chapelle. Droits réservés.

Croquis des peintures, affiché dans la chapelle. Droits réservés.

 

 

2°) Les peintures du chœur. Le miracle du champ de blé.

La légende dite du champ de blé, de la moisson,  ou du moissonneur  est un épisode apocryphe très populaire jusqu'au Concile de Trente, de l'enfance cachée du Christ dont la source littéraire reste aujourd’hui encore inconnue. Ni Vincent de Beauvais ni Jacques de Voragine ne la reprenne.  Il a inspiré les enlumineurs et les verriers, les sculpteurs et les peintres. Emile Mâle, qui n'en retrouve le récit que dans un incunable tardif  (XVe), en signale les enluminures dans Bnf Lat . 1158 et 921.( (E. Mâle, L'art religieux du XIIIe siècle en France, 4ème édition, p.285-287).

 

–Voir :Joseph Vendryes "Le miracle de la moisson en Galles"   Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres  Année 1948  Volume 92  Numéro 1  pp. 64-76 http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1948_num_92_1_78220. Ce texte donne trois peintures murales présentant ce miracle, à Lanslevillard (Savoie) vers 1470, à Grézillé (Maine-et-Loire) et à Saint-Maurice-sur-Loire (Loire) . Ce dernier exemple date de la fin du  XIIIe siècle et est placé "sur l'intrados de deux arcades".

–Voir : http://classes.bnf.fr/ema/grands/ca064.htm

Ludolphe de Saxe, Vita Christi, atelier de Jean Colombes, région de Bourges, avant 1486Paris, BnF, département des Manuscrits, Français 177, fol. 45 
Selon le "Miracle du moissonneur", la Sainte Famille, dans sa fuite, rencontre un paysan en train de semer. L'Enfant Jésus met la main dans le semoir et jette une poignée de blé dans le champ. Le blé lève miraculeusement. Lorsque des soldats d'Hérode interrogent le paysan, faucille en main, pour savoir s'il a vu une femme qui portait un enfant, il répond l'avoir croisée lorsqu'il ensemençait son champ. En entendant cette réponse, les poursuivants renoncent à rattraper les fugitifs qu'ils supposent déjà bien loin.

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– En Bretagne, le thème est illustré, plus tard que dans cette peinture de Landévant, dans le Livre d'Heures du duc François II qui date de 14701, et dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne par Bourdichon, folio 76v..

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– Basilique d'Avioth (Meuse) : http://www.bernardrobert.fr/2012/06/

Portail sud de l'église Notre-Dame, fin XIVe

 

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Joachim Patinir, Repos pendant la Fuite en Egypte, Minneapolis.

http://artifexinopere.com/?p=4469

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– Joachim Patinir, Patinir. Le repos pendant la fuite en Egypte (v. 1520). Huile sur bois, 121 × 177 cm, Musée du Prado:

http://www.rivagedeboheme.fr/medias/images/patinir..le.repos.pendant.la.fuite.en.egypte.-v..1520-.jpg

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–  Joachim  Patinir. La fuite en Egypte (v. 1524). Huile sur bois, 51 × 96 cm, musée de L'Hermitage, Saint-Pétersbourg : http://www.rivagedeboheme.fr/pages/arts/peinture-15-16e-siecles/joachim-patinir.html

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Miracle de la moisson, in La Fuite en Egypte, Grandes Heures d'Anne de Bretagne, folio 76v, par Jean Bourdichon. Image Gallica

Miracle de la moisson, in La Fuite en Egypte, Grandes Heures d'Anne de Bretagne, folio 76v, par Jean Bourdichon. Image Gallica

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Miracle du champ de blé, chœur,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Miracle du champ de blé, chœur,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Miracle du champ de blé, chœur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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3°) Les peintures du chœur. La Fuite en Égypte.

 

"L’évangéliste Matthieu raconte qu’à Bethléem, sous le règne du roi Hérode, Marie, femme de Joseph, mit au monde son fils Jésus, conçu de l’Esprit Saint, et que « les mages d’Orient » reconnurent en lui « le roi des Juifs ». Ils vinrent alors l’adorer et lui offrir des présents (Matthieu 1, 18-2, 12). L’évangéliste poursuit : 
Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte ; restes-y jusqu’à nouvel ordre, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, de nuit, et se retira en Egypte. Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode (Matthieu, 2, 13-15).
Le roi Hérode comprit qu’il avait été trompé et craignant pour son pouvoir, il ordonna de tuer tous les enfants à Bétel et dans les alentours. Joseph et sa famille restèrent alors en Egypte, jusqu’à ce que l’ange lui ordonnât, après la mort d’Hérode : 
« Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël » (…) Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, et il entra dans la terre d’Israël. (Matthieu 2, 20-21) 
Il n’est pas nécessaire d’être un connaisseur en histoire de l’art pour se rendre compte que la majorité des « Fuites en Egypte » telles que nous les connaissons dans l’art européen depuis le haut Moyen Age jusqu’à nos jours, diffère par la diversité des scènes représentées et la richesse de leurs détails, de la description austère de l’évangile de Matthieu. Alors que le haut Moyen Age cherchait lentement et difficilement, un schéma visuel représentant avec clarté et lisibilité le texte biblique (mosaïque de l’église Santa Maria Maggiore à Rome ; peintures murales de Castelseprio), celui-ci se fixa dans une forme stable vers le 8e siècle. Un groupe formé par Marie avec Jésus sur l’âne, et Joseph ouvrant ou fermant la marche, avance, généralement de gauche à droite. Ainsi sont représentées toute une série de « fuites en Egypte » du 9e au 12e siècles, comme le relief en bois de l’église Sainte-Marie-du-Capitole à Cologne, du milieu du 11e siècle. Ces œuvres restent caractéristiques dans leur composition qui laissent apparaître une divergence entre l’orientation du groupe (parallèle à la surface de la peinture ou du relief) et celle de la Madone avec l’enfant (tournée de face). Il provient de l’opposition entre le tableau de culte et la recherche narrative, représentée par l’âne vu de profil ; autrement dit, c’est la vision frontale cultuelle contre le profil de la narration." 

http://www.unhcr-centraleurope.org/czech/vystava/2fr_text.htm

 

Le  décor d'arrière-plan à losanges rouges tracés au double trait d'or et ornés de rosaces évoque celui des enluminures contemporaines. Marie et son Fils sont portés par l'âne, qui est guidé par Joseph. Les troits personnages sont nimbés, mais, si les couleurs sont fidèles, une discrimination affecte le nimbe de Joseph, lequel n'a pas obtenu l'or.

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La Fuite en Égypte, chœur,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

La Fuite en Égypte, chœur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

 

 4°)  Les peintures du chœur. Le couronnement de la Vierge.

Comparer avec :

Cossé-en-Champagne (Mayenne), église paroissiale, chapelle méridionale. Le Couronnement de la Vierge. Phot. Davy, Christian. © Christian Davy, 2012.

Couronnement de la Vierge, chœur,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Couronnement de la Vierge, chœur,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Couronnement de la Vierge, chœur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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5°) Les peintures du chœur. Fragment .

La partie basse était également peinte, comme en témoigne ce fragment au réseau de damassé.

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Fragment du registre inférieur, mu gauche du chœur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Fragment du registre inférieur, mu gauche du chœur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

 

6°)  Le Repas chez Simon, Croisée du transept sud.

Cène, ou Repas chez Simon, Croisée du transept sud, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Cène, ou Repas chez Simon, Croisée du transept sud, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Cène, ou Repas chez Simon, Croisée du transept sud, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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7°) Le Jugement Dernier.

Pour le découvrir, le fidèle ou le visiteur assis dans le transept doit se retourner et lever les yeux vers le mur séparant le transept de la nef, le "mur diaphragme ouest". Cet emplacement semble curieux, mais  j'en trouve l'explication sur Wikipédia :

"Le thème du Jugement dernier n'apparaît guère avant le xie siècle  et n'occupe la première place qu'au xiiie siècle. En Occident, on le trouve d'abord au revers des façades, comme un avertissement aux fidèles. Puis il occupe les rosaces occidentales, c'est-à-dire celles dominant les portails d'entrée de la façade principale des églises orientées (comme à la cathédrale de Chartres ou à la cathédrale de Laon, etc.). "

La chapelle fut délibérement divisée en trois espaces cloisonnés : le chœur, seulement éclairé par la maîtresse-vitre, était réservé au clergé. Le transept, séparé par une cloison de bois dont l'ancrage est encore visible dans les piliers latéraux, était l'espace des nobles. Il incluait le bras nord aménagé en chapelle préminencière ou privative pour la famille Du Val. Enfin, l'arc diaphragme ouest séparait le transept de la nef, qui accueillait le peuple. Le tableau à visée pédagogique s'adresse donc aux familles nobles, afin de leur rappeler qu'ils devront rendre compte de leur conduite sur terre.

Pourtant, on ne trouve pas ici de représentation du Jugement lui-même : Saint Michel n'est pas représenté, avec la pesée des âmes, pas plus que l'accueil des élus par les anges, et des damnès par les démons. Le thème en est plutôt la Réssurection des morts, d'après divers textes :

"Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : "Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges." Mt 25, 41

 "J’ai vu aussi les morts, les grands et les petits, debout devant le trône. On ouvrit des livres, puis encore un autre livre, le livre de la vie. Les morts furent jugés selon ce qu’ils avaient fait, d’après ce qui était écrit dans les livres. (Apocalypse 20, 12)"

"... quand retentira le signal au dernier jour. Il retentira, en effet, et les morts ressusciteront, impérissables, et nous serons transformés" (1 Co 15, 52) 

Comparer avec :

Ruillé-sur-Loir (Sarthe), église paroissiale, nef, mur occidental. Peintures murales cachées par la construction de voûtes à l’époque moderne. Phot. Giraud, Patrice. © Conseil régional des Pays de la Loire, service du patrimoine, 2004. IVR52_20047200492NUCA

http://insitu.revues.org/docannexe/image/10792/img-22.jpg

 

On peut  décrire cette peinture selon deux registres horizontaux.

Croquis des peintures, affiché dans la chapelle. Droits réservés.

Croquis des peintures, affiché dans la chapelle. Droits réservés.

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Jugement Dernier, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Jugement Dernier, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Registre supérieur : En sommité, le Christ en gloire adoré par deux personnages.

Le Christ, aux cheveux longs et au visage barbu ceint du nimbe crucifère, étend les bras. Il est nu sous le manteau de gloire, et la plaie de la lance de Langin marque son flanc droit, alors que les plaies des mains ne sont pas visibles. Les yeux sont dessinés mais les pupilles ne le sont pas, ce qui confère lui un aspect troublant, mi-endormi et mi-mystique. La bouche concave, les plis du front et le nez droit et fort donnent une impression sévère.

Des étoiles à quatre branches placent la scène dans les Cieux. Deux personnages sont agenouillés sur les cotés, mains jointes. Seule la moitié du visage de celui de droite est conservée, avec une chevelure ramassée latéralement où l'ocre rouge trace des boucles et des mèches. Cet homme imberbe peut correspondre à saint Jean, et, dès lors, le personnage situé à gauche ne peut nêtre que la Vierge. 

Jugement Dernier, registre supérieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Jugement Dernier, registre supérieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Jugement Dernier, registre supérieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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Le registre inférieur. La Réssurection des morts.

De chaque coté, mais seulement bien visible à droite, deux anges buccinateurs réveillent de leurs longues trompes les morts, qui sortent de leurs tombeaux et se dressent sur leur séants.

 

Jugement Dernier, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Jugement Dernier, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Jugement Dernier, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Jugement Dernier, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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Résurrection des morts, Registre inférieur, scène centrale.

Cette scène résiste à ma tentative de compréhension. Certes, les quatre personnages inférieurs sont, clairement, des "morts" qui sortent de leur tombeau à l'appel des anges. Mais les deux anges sont plus énigmatiques. L'un tient un bâton ou un montant de bois de la main gauche, et une sorte de piquet de bois de la main droite. L'autre tient un marteau doté d'un pied-de-biche ("marteau de coffreur") dans la main gauche, et élève la main droite. Derrière lui, deux montants en bois, disposés perpendiculairement, forment une sorte de portique.

Jean-Jacques Rioult suggère, en se référant à Louis Réau, Iconographie de l'art chrétien, T. II vol. 2, que les anges sont en train de préparer le trône du Jugement.

Neanmoins, j'ai parcouru la base Enluminures du site http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr,

...avec les entrées "Résurrection des morts", ou "Jugement Dernier", ou "marteau", sans trouver une image d'anges construisant un portique ou un trône. Par contre, j'ai trouvé de nombreuses enluminures du XIIIe et XIVe siècle dans lesquelles le Christ en gloire, entouré de Marie à sa droite et Jean à sa gauche, est accompagné de deux anges : l'un tient une lance, et l'autre une croix. La réunion de la lance et de la croix forme grossièrement un "portique". Cette lance et cette croix appartiennent aux "instruments de la Passion", et   ces anges tiennent dans leur autre main soit trois clous, soit la couronne d'épine. 

Certes, dans les images de Christ en gloire, je n'ai  trouvé un ange tenant un marteau que dans une seule enluminure (Carpentras). Cet instrument, qui apparaît constamment dans les mains de Nicodème dans les Descentes de croix et Dépositions, figure aussi parfois dans les Instruments de la Passion.

Bien que le montant de bois de droite ne soit pas exactement une croix, je propose néanmoins de voir ici deux anges tenant, à gauche les clous de la Passion et la lance de Longin, et à droite le marteau de la crucifixion, et la croix, tronquée.

Cette fois-ci, je vais présenter la peinture murale d'abord, et les rapprochements iconographiques ensuite.

 

, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.Résurrection des morts,

, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.Résurrection des morts,

, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.Résurrection des morts,
, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.Résurrection des morts,

, registre inférieur, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.Résurrection des morts,

Quelques enluminures : succesivement en diorama:

  • Beaune, BM ms 0039 f.174v, Psautier-heures, milieu XIIIe
  • Besançon, BM ms 0054 f.21 vers 1260
  • Besançon BM ms 0579 f.002v Mystère de Jour du Jugement , XIVe
  • Carpentras, BM ms 0057 f.071, Heures, vers 1400-1410. (Le marteau et les clous sont entourés d'un repère rouge).
  • Bibl. Mazarine, 0870 f.044 Somme-le-Roi, 1295.
  • Bibl. Ste-Geneviève ms 0021 f.112 Bible Historiale, entre 1320 et 1337.

 

Résurrection de morts avec instruments de la Passion.
Résurrection de morts avec instruments de la Passion.
Résurrection de morts avec instruments de la Passion.
Résurrection de morts avec instruments de la Passion.
Résurrection de morts avec instruments de la Passion.
Résurrection de morts avec instruments de la Passion.
Résurrection de morts avec instruments de la Passion.

Résurrection de morts avec instruments de la Passion.

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IV. LA CHARPENTE.

Image http://www.detourdartenpaysdauray.com/visite-%C3%A0-la-carte/land%C3%A9vant/

 

Une grande partie de l'exposé de Mr Rioult fut consacrée à la charpente polychrome.

La famille Du Val.

Proche de la route de Landévant à Baud, le château du Val daterait de la fin du XVème siècle.

 Cette famille est présente à Landévant au XIVème siècle.  Les armoiries de la famille du Val  sont « d’argent à deux fasces de sable à la bordure de gueules besantée d’or ». Les deux fasces de sable rappellent les armoiries de la famille du Garo (« D’argent à deux fasces de sable ») et les besants d’or la famille de Camarec (De gueules à cinq besants d’or au chef d’hermines ») ou celle des Malestroit (« De gueules à neuf besants d’or »). La bordure serait donc une brisure adoptée par un cadet du Garo.

On trouve ces armoiries à l'extrémité du rampant du pignon oriental.

Dans l’ancienne église de Landévant, l’autel nord  dédié à Saint Martin était la possession des seigneurs du Val. 

Jean-Jacques Rioult émet l'hypothèse que la décoration de la charpente, à une époque médiévale où tout est codé selon une sémiologie qui nous échappe, peut très bien reprendre les armes des Du Val, avec leurs fasces de sable , c'est-à-dire des traits noirs, sur un fond d'argent, c'est-à-dire blanc, et à la bordure de gueules, c'est-à-dire rouge.

Armoiries de la famille Du Val, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Armoiries de la famille Du Val, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Sur des photographies de 1921 (coll. privé), on voit que la charpente avait reçu un lambris masquant la partie haute : celui-ci a été déposé.

 

Photographies de 1921 exposées dans la chapelle ; droits réservés.
Photographies de 1921 exposées dans la chapelle ; droits réservés.

Photographies de 1921 exposées dans la chapelle ; droits réservés.

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Un diaporama a présenté les travaux universitaires de Corentin Olivier,

  Les charpentes armoricaines : inventaire, caractéristiques et mise en œuvre d'un type de charpente méconnu.

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La charpente de Locmaria est classée par Corentin Olivier comme une "Charpente armoricaine" , "à fermes et à pannes", par opposition aux charpentes "à chevrons formant fermes". Les secondes, très courantes, et aux arbalétriers très rapprochées, donnent un aspect "en carène de bateau". Le voligeage y est posé directement sans l'intermédiaire de pannes (pièces longitudinales horizontales). Au contraire, dans les charpentes "à fermes et pannes", utilisées à partir du milieu du XIVe siècle (dendrochronologie) et jusqu'au milieu du XVIesiècle,  les arbalétriers donnent appui à des pannes qui épaulent des chevrons. Deux jambes de force relient les arbalétriers à l'entrait, et composent avec un faux-entrait cintré une forme en voûte caractéristique. Jambes de forces et faux-entraits exercent des forces de compression.

On distingue les formes :

  • à poinçon long et faux-entraits cintrés,
  • à poinçon long et faux-entraits droits, comme ici dans le chœur de Locmaria,
  • à poinçon court et faux entraits droit, comme ici dans la nef à Locmaria.

En Bretagne, on  trouve les charpentes armoricaines surtout en Haute-Bretagne dans le diocèse de Rennes (avec une majorité d'église) et dans le diocèse de Vannes (avec une majorité de chapelles). Dans le Finistère, où cette charpente se retrouve principalement sur une bande littorale, les chapelles prédominent au sud, et les édifices civils au nord.

 Voici le texte d'une présentation disponible en ligne : 

"Le bois est le matériau du Moyen Âge. Il est présent à chaque instant de la vie des gens de l’époque, quel que soit leur niveau social ou leur corps de métier. Il n’est donc pas étonnant de voir que l’architecture médiévale dans le nord-ouest de la France lui consacre une place primordiale. Le matériau est employé sous toutes ses formes pour chacune des étapes de la construction. De fait, le charpentier tient une place aussi importante que celle du maçon. Cependant comme le rappelle Frédéric Epaud1 notre perception du bois dans l’architecture reste limitée car le matériau occupe bien souvent dans notre culture latine une position secondaire par rapport à la pierre2 . Pourtant l’étude des charpentes est essentielle pour comprendre l’histoire d’un édifice et son évolution dans le temps, notamment par la dendrochronologie. Par ailleurs, les charpentes dans l’architecture médiévale, de par leurs formes et leurs techniques de mises en œuvre, nous éclairent sur le niveau social des propriétaires, les fonctions des pièces qu’elles couvrent, leurs évolutions technologiques, les différenciations régionales, etc. L’inventaire et l’étude des charpentes armoricaines fait suite à un travail de mémoire universitaire de master archéologie de deux années. Ce système de couvrement à fermes et pannes, appelé charpente armoricaine, se retrouve dans des édifices de hauts rangs comme les chapelles, églises et manoirs de la fin du XIVe au début du XVIe siècle dans l’ensemble du Massif armoricain. Tout comme il existe des édifices plus riches et imposants que d’autres, les charpentes armoricaines partagent ces disparités. Ces charpentes en chêne se distinguent par l’emploi de bois de fortes sections, utilisant des bois courbes et présentant toujours un intrados. La richesse de leurs décors finement sculptés nous prouve qu’elles étaient faîtes pour être vues. Elles avaient donc une fonction ostentatoire et de prestige indéniable. L’étude des charpentes armoricaines permet en combinant l’archéologie du bâti et la dendro-archéologie d’éclairer nos connaissances sur l’histoire d’un bâtiment et son évolution dans le temps." Corentin Olivier  Master 2, Université Rennes 2 UMR 6566 « CReAAH »  http://www.creaah.univ-rennes1.fr/IMG/pdf/journee_umr_mars_2015.pdf

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Ferme de charpente armoricaine, d'après Corentin Olivier (Copyright C. Olivier)

Ferme de charpente armoricaine, d'après Corentin Olivier (Copyright C. Olivier)

 L'entrait est soumis à des forces qui tendent à le fléchir, alors que le poinçon est soumis à une traction qui tend à le détacher de l'entrait. Certains charpentiers choisissaient pour l'entrait des arbres de talus, concaves, et ils les plaçaient avec la convexité vers le haut pour s'opposer au fléchissement (Ex. Saint-Nicolas en Penvénan, 22) 

"Le choix entre le système à chevrons-porteurs et celui à fermes et à pannes peut résulter de plusieurs facteurs tant culturels que techniques. S'il est possible de voir dans le choix de la charpente à chevrons-porteurs une plus grande facilité pour lambrisser les combles et ainsi imiter la voûte de pierre en berceau brisé, l'influence de la matière première a pu également être un facteur déterminant. Elle utilise un nombre de bois important mais de section réduite où chaque pièce correspond à un jeune chêne. A l'opposé, la charpente à fermes et à pannes emploie en principe un moindre nombre de billes mais de plus forte section. Ces billes qui devraient être plus âgées et d'un volume important, semblent avoir été plus difficiles à obtenir pendant le Moyen Age. Les charpentes à fermes et à pannes libèrent plus facilement l'espace, dégageant de toutes pièces intermédiaires un volume de stockage ou de logement. Toutefois, la mise en place d'un lambris ou d'un hourdis nécessite dans ce cas l'installation d'une structure complémentaire.

Le problème du choix culturel se ressent beaucoup mieux en Bretagne. En effet, on y constate l'emploi à la même période de charpentes à chevrons-porteurs sur la plupart des églises tandis que la totalité des maisons urbaines et des manoirs est quant à elle couverte par des charpentes à fermes et à pannes (Raynaud, 1987 ; Douard et al, 1993 ; Leloup, 1996, 2002). Cette divergence en fonction du type d'édifice peut résulter d'un modèle importé ou de constructions plus prestigieuses" Jean-Yves Hunot , 2004

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Après s'être assuré que l'auditoire avait bien assimilé la distinction entre ces deux types de charpente, Jean-Jacques Rioult a poursuivi la lecture du diaporama de C. Olivier qui détaillait les types d'assemblage, à tenon et mortaise ou en assemblage à mi-bois bloqués par un ergot, ce qui a permis à chacun de savourer les termes techniques d'entures entre les pannes, (les pannes atteignent une vingtaine de mètres), de chaperon sur pied de poinçon. Le vocabulaire s'enrichit aussi avec la liste des outils (cognée, doloire, herminette, scies, plane, départoire, tarière à cuillère, ciseaux, bisaigüe (?), tandis que des images montrent que les traces des outils sont encore visible sur les fermes à lumière rasante.

Les pièces de bois étaient marquées lors du préassemblage au sol pour guider l'assemblage en hauteur. On utilisait la "rainette" :

Voir sur ce forum les photos et   "l'alphabet du charpentier" :

http://www.forum-outils-anciens.com/t5765-RAINETTE-BAILLE-VOIE.htm

 

 

De beaux exemples de charpentes à fermes et à pannes ont été découverts récemment, parfois lors de la déposition de lambris :

  • Notre-Dame de Penhors à Pouldreuzic (29), avec une spendide rosace à quatre lobes, véritable chef-d'œuvre de charpentier, et avec quatre types de fermes différents.
  • Locmaria de Ploemel (Ria d'Etel, 56)
  • Locmaria de Nostang (Ria d'Etel, 56)
  • Saint Cado , Nostang
  • Bieuzy, Nostang
  • Saint-Cado, Belz : abside.
Charpente polychrome, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Charpente polychrome, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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V. LA CLOCHE.
"JE M'APPELLE JULES-MARIE" . Elle  a été fondue par Paul --- à Villedieu-les-Poëles en 1847. Son parrain est JULIEN LE FORMAL et sa marraine ANNE-MARIE PR---. Elle pèserait 86 kg.

La cloche Jules-Marie,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

La cloche Jules-Marie, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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VI. QUELQUES STATUES.

Lors de ma visite, j'ai admiré les deux Vierges à l'Enfant, et le Christ en croix.

Vierge à l'Enfant, entrée nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, entrée nord, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, bras sud du transept. 

Tête de l'Enfant restaurée. Beau déhanché de la Vierge. Elle est couronnée, les cheveux retenus par un voile particulier auqule j'ai consacré un article.

http://www.lavieb-aile.com/article-vierges-allaitantes-le-bandeau-de-cheveu-101326653.html

La Vierge tenait dans la main un objet : fleur ?. Elle est vêtu d'un manteau bleu doublé d'hermines, sur une robe dorée à encolure ronde.

 

 

 

Vierge à l'Enfant, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Vierge à l'Enfant, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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Christ en croix.

Christ, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Christ, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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Saint Augustin et saint Louis,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.
Saint Augustin et saint Louis,  Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

Saint Augustin et saint Louis, Chapelle de Locmaria er Hoët, Landévant. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXES. REVUE DE PRESSE.

Voir l'ensemble du dossier sur http://carolanco.free.fr/Carolan&C/Locmaria.html

 

— http://www.bretagne.bzh/upload/docs/application/pdf/2012-04/patrimoine_bati_et_paysages_la_ria_detel.pdf

 

— http://www.ouest-france.fr/les-peintures-murales-de-la-chapelle-locmaria-restaurees-1150044

Les peintures murales de la chapelle Locmaria restaurées

Landévant - 19 Novembre 2012

De gauche à droite : M. Le Neillon, maire ; M.Cardin, architecte ; M. Goas, maître d'oeuvre ; Yolande Hémon, trésorière du comité de la chapelle ; Joël Marie, restaurateur ; Fay Hurley, élue et Jimmy Lothoré, adjoint à la culture. |

Trois tranches de travaux

La chapelle Locmaria er Hoët fait partie de ces perles du patrimoine pour lesquelles le public n'a pas fini de s'émerveiller. Les récents travaux de restauration de ses peintures murales devraient inciter les visiteurs, amateurs et spécialistes, à revenir sur les lieux de ces si belles découvertes. La persévérance des membres du comité de la chapelle pour remettre en valeur le lieu et partir en quête de ses secrets les mieux enfouis a porté ses fruits. « Les trois tranches de travaux s'élèvent à 384 446 €. Le conseil général, le conseil régional et la Drac ont apporté leur soutien financier à hauteur de 77 %. La charge pour la commune représente 22 %, soit 72 053 € » précise Jean-François Le Neillon, maire.

Peintures murales

« Nous sommes allés assez loin dans la restauration des peintures murales. Il faut que cela soit compréhensible par le plus grand nombre, sinon cela ne concerne que les érudits »explique Léo Goas-Straaijer, architecte. M. Cardin, architecte des Bâtiments de France, a aussi assisté à la réception des travaux.

Quelques élus, Joël Marie, restaurateur des peintures murales avec Jimmy Corso et Yolande Hémon, trésorière du comité de la chapelle, ont redécouvert l'ensemble et ont discuté du meilleur éclairage à poser maintenant pour mettre en valeur les fresques. Le dégagement de celles-ci a eu lieu il y a deux ans et les restaurateurs ont ensuite oeuvré pendant quatre mois. La couleur envahit le choeur. En 2009, les peintures de la charpente avaient aussi été refaites.

La fuite en Egypte

« L'autorisation de restituer les cadres a permis aux restaurateurs de donner l'ampleur du décor » raconte M. Goas, face à cette scène sur le mur nord du choeur, peinte autour de 1510-1520, lorsqu'ils ont déplacé le mur du chevet pour faire un coeur plus grand. La scénographie de la fuite en Egypte se termine par le couronnement de la Vierge.

Par ailleurs, les drapés sous ce décor n'ont pas été restitués et le registre supérieur a laissé lui aussi des traces. « Pendant notre travail, nous trouvions toujours des écailles de recouvrement. Nous avions la base et puis nous avancions en peaufinant pour en retrouver le maximum » explique Joël Marie, passionné par ce travail de fourmi.

http://www.ouest-france.fr/les-secrets-de-la-chapelle-locmaria-se-revelent-peu-peu-1354745

Ouest-France 23 août 2012. Les secrets de la chapelle Locmaria se révèle peu à peu.

Les Amis de la chapelle Locmaria-er-Hoët organisent leur pardon dimanche 26 août. À une époque pas si lointaine, celui-ci durait une journée et demi, avec jeux de boules, chapiteaux, etc. « Et puis la formule a été allégée », raconte Yolande Hémon, trésorière de l'association depuis 1996 et voisine de l'édifice, qu'elle aime faire découvrir aux visiteurs de passage. « Je suis rentrée de plain-pied dans le côté patrimoine », dit-elle. À l'époque des travaux de charpente, en 2009, elle pressent même que la chapelle, dont elle a toujours apprécié l'atmosphère particulière, a encore des secrets à livrer.

La résurrection des morts

Les peintures murales du XIIIe siècle révélées et dégagées par la suite lui donnent aujourd'hui raison. Les deux restaurateurs à l'oeuvre depuis plusieurs semaines en ont vu d'autres. « Mais là, nous sommes sur de l'exception, surtout en Bretagne ! La Sarthe, l'Anjou et la Mayenne sont plus riches dans ce style de peintures », explique Joël Marie. En effet, s'il n'était pas rare que les églises aient toujours un minimum de décor à l'époque, c'est d'en trouver aujourd'hui qui l'est plus. La thématique elle-même est rare. La mode des pierres apparentes, par exemple, a fait des dégâts.

Venu de Saint-Gilles, dans la Manche, Joël exerce cette activité depuis bientôt trente ans, surtout en peinture monumentale. 98 % de l'activité de ces deux restaurateurs de peintures murales s'applique au patrimoine religieux. Jimmy Corso, de Nantes, a aussi beaucoup fait dans le statuaire : « Quand on restaure, on imite la matière usée. Cela n'a rien à voir avec le décor. »

 Rénover, c'est remettre à neuf et c'est justement ce que ne font pas Joël et Jimmy. Avec leurs pigments naturels, il leur faudra encore une semaine après le pardon pour terminer la peinture du mur diaphragme ouest représentant la résurrection des morts. Après les concertations entre les différents partenaires de ce chantier de restauration, « c'est la peinture qui dirige », raconte Jimmy, qui, s'il est un artiste dans l'âme, s'en remet complètement aux éléments laissés par le passé. « Si nous n'avons pas de traces, nous n'inventons pas. » Dans une prochaine étape, les restaurateurs s'intéresseront aux deux fragments dans le coeur sur les thèmes de la fuite en Égypte et du couronnement de la Vierge.

 


 

Photo copyright Ouest-France

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SOURCES ET LIENS.

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Jean-Jacques RIOULT est l'auteur de :

 

 Canton de Malestroit, Morbihan / Ministère de la culture et de la communication, Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France [Service régional Bretagne] ; [réd. par Marie-Dominique Menant et Jean-Jacques Rioult] / Rennes : Institut culturel de Bretagne , 1989 

L'hôtel de Blossac à Rennes / Jean-Jacques Rioult / Rennes : Service régionnal de l'inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France , 1989 

Rennes médiéval [Texte imprimé] / [Dominique Irvoas-Dantec, Jean-Jacques Rioult] / Rennes : Ed. "Ouest-France" , 1991 

 L'hôtel de la Préfecture à Rennes [Texte imprimé] / [publ. par la]Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne, Service régional de l'Inventaire ; texte : Jean-Jacques Rioult ; photographies : Guy Artur et Norbert Lambert / Paris : Inventaire général , 2001 

Les orfèvres de basse Bretagne [Texte imprimé] / [Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, Région de Bretagne] ; [réd. par] Yves-Pascal Castel, Denise Dufief-Moirez, Jean-Jacques Rioult... [et al.] ; avec la collab. de Jacques Berroyer, Stéphane Caroff, Colette Dréan ; photogr., Guy Artur, Norbert Lambart / Rennes : Association pour l'Inventaire de Bretagne , DL 1994 

Bretagne d'or et d'argent : les orfèvres de basse Bretagne : [exposition], Abbaye de Daoulas, [2] juillet-[15] septembre 1994, Paris, Musée du Luxembourg, 7 octobre 1994-1er janvier 1995 / [textes Jean-Jacques Rioult, Denise Dufief-Moirez] ; [photogr. Guy Artur, Norbert Lambart] / [Rennes] : Association pour l'Inventaire de Bretagne , cop. 1994 

 Les orfèvres de haute Bretagne [Texte imprimé] / Jean-Jacques Rioult et Sophie Vergne ; avec la participation de Denise Dufief-Moirez ; sous la direction scientifique de Catherine Arminjon et Francis Muel / Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2006, cop. 2006 

Bretagne gothique [Texte imprimé] : l'architecture religieuse / Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult / Paris : Picard , impr. 2010

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Christian Davy est l'auteur de :

 

— DAVY (Christian) 2012, « Le cheval et son cavalier dans la peinture murale des XIe-XIIIesiècles », In Situ [En ligne], 18 | 2012, mis en ligne le 31 juillet 2012, consulté le 27 septembre 2015. URL : http://insitu.revues.org/9724 ; DOI : 10.4000/insitu.9724

— DAVY (Christian) 2013,« La prospection des peintures murales des Pays de la Loire », In Situ [En ligne], 22 | 2013, mis en ligne le 15 novembre 2013. URL : http://insitu.revues.org/10792 

 

Bibliographie :

 

— HUNOT (Jean-Yves),2004, L'évolution de la charpente de comble en Anjou : XIIe - XVIIIe siècles [article] Revue archéologique de l'ouest  Année 2004  Volume 21  Numéro 1  pp. 225-245.

http://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_2004_num_21_1_1180

— HUNOT (Jean-Yves), 2009, « Frédéric Épaud, De la charpente romane à la charpente gothique en Normandie. Évolution des techniques et des structures de charpenterie aux XIIe-XIIIe siècles » [compte rendu] Bulletin Monumental  Année 2009  Volume 167  Numéro 4  pp. 402-403

http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2009_num_167_4_7371_t34_0402_0000_2

Extrait :

"La troisième partie, consacrée à l’évolution architecturale des charpentes, met en évidence deux grands ensembles découlant de principes très différents : la charpente dite romane à laquelle succéda la charpente dite gothique. La structure à chevrons-formant-fermes de la charpente romane se compose de fermes indépendantes identiques pourvues d’un entrait. Les raidisseurs au sein des fermes reportent les charges sur l’entrait. Les fermes, espacées d’un mètre environ, induisent une charge sur toute la longueur des murs. La pente de toit, en moyenne de 44°, va progressivement atteindre 52° à la fin du XIIe siècle. L’assemblage à mi-bois en demi-queue d’aronde, le seul utilisé dans la première moitié du XIIe siècle, est doté d’un ergot au milieu de ce siècle. Au même moment, l’assemblage à tenon et mortaise est réservé au pied de chevron. Pour compenser la transmission des charges sur l’entrait et non sur les murs, la section de ce dernier est renforcée. Ces charpentes étaient masquées au regard par un plafond, dont seules subsistent les rainures d’insertion du lattis hourdé, comme à la chapelle Saint-Lazare de Gisors (1224) ou l’abbatiale de Boscherville. La charpente gothique apparaît dès le milieu du XIIe siècle et cohabite avec la romane. Aucune filiation n’apparaît entre les deux principes. La charpente gothique pourrait être liée à la nouvelle architecture qui tend à concentrer les charges sur des supports. Ainsi, la charpente gothique n’est plus la juxtaposition de fermes identiques mais constitue des structures tramées maillées de fermes principales dotées d’un entrait espacées de 4 à 6 m. Les travées ainsi formées sont dotées de fermes secondaires régulièrement réparties. Aucun contreventement longitudinal ne stabilise ces charpentes dont les versants atteignent progressivement 60° à la fin du XIIIe siècle. Les fermes secondaires sont plus rapprochées avec un entraxe moyen de 62 cm. L’assemblage à mi-bois en demi-queue d’aronde disparaît, en même temps que les écharpes, vers 1250 au profit de l’assemblage à tenon et mortaise. D’autres évolutions sont apportées aux assemblages avec l’embrèvement simple ou avec tenon en demi-queue d’aronde pour reprendre les efforts à la base du poinçon. Avec ces structures gothiques, apparaît la charpente voûtée de profil polygonal, en plein cintre ou en arc brisé. Pour l’auteur il ne s’agit pas d’une «voûte du pauvre » mais d’une solution technique répondant aux disponibilités locales. Dans ces charpentes gothiques, différentes dispositions, comme les écharpes, sont testées pour reporter les charges sur les murs. La section des entraits est réduite. Les charpentiers tentent, dès le milieu du XIIIe siècle, de contenir son fléchissement au moyen d’un faux poinçon comme à Bayeux (1224-1225). Toutefois, depuis la fin du XIIe siècle, des fermes sont déjà bien triangulées telle à la nef de Rouen (1195). Ces premières charpentes gothiques restent dépourvues de contreventement. À Gisors, en 1224 ou dans la nef de Rouen (1227-1232), des liernes reliant les poteaux des fermes sont censées reporter les charges sur les fermes principales. Les premiers contreventements sous forme de liens obliques apparaissent dans les années 1225. La chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen (1315-1316) témoigne de l’apparition de la faîtière dans les premières décennies du XIVe siècle dans les charpentes à chevrons-formant-fermes.

F. Épaud aborde ensuite la question de l’origine des pannes : genèse régionale ou héritage antique ? Les premières pannes sont introduites dans les charpentes à chevrons-formant-fermes des granges comme celle de la commanderie Sainte-Vaubourg (1216-1220) ou des halles de Saint-Pierre-sur-Dives (vers 1220-1230). À la même époque, les premières charpentes à fermes et à pannes sont attestées sur la grange abbatiale de Bonport (1228) ou celle de Heurteauville (1237-1243). Il est difficile de voir un éventuel lien entre ces dernières et les charpentes à chevrons-formant-fermes dotées de pannes. Ainsi la triangulation des fermes de la grange de Bonport ne trouve aucune filiation avec les charpentes antérieures et encore moins avec les modèles antiques qui auraient perduré dans le sud de la France. Sans l’apport de la dendrochronologie, ces structures médiévales à fermes et à pannes, contreventées par une faitière et de grands liens, auraient été attribuées au XVIe ou au XVIIe siècle. Il en est de même des granges et halles sur poteaux. Au-delà de l’évolution formelle, les facteurs ayant influencé le choix entre le système à chevrons-formant-fermes roman puis gothique et celui à fermes et à pannes sont abordés au travers de l’économie des bois. La charpente romane utilise une grande part de bois de faible diamètre et un moindre nombre de grosses sections. Dans la charpente à chevrons-formant-fermes gothique, la proportion de grosses sections est plus réduite. Le volume de bois des charpentes à fermes et à pannes, particulièrement celui de forte section, varie énormément d’une structure à l’autre. Ces éléments, comme le souligne l’auteur, incitent à rester prudent quant aux déterminismes ayant conduit au développement des charpentes à fermes et pannes. C’est sans doute la quantité de bois disponibles qui a guidé le choix."

OLIVIER (Corentin), 2014,   Les charpentes armoricaines : inventaire, caractéristiques et mise en œuvre d'un type de charpente méconnu. Master 2 d'archéologie  Université de Rennes 2.

http://www.bretagne.bzh/upload/docs/application/pdf/2015-03/2e_ap_patrimoine_olivier.pdf

 ROSENZWEIG (Louis), 1863, Répertoire archéologique du Département du Morbihan rédigé sous les auspices de la Société Polymathique de ce Département par M. Rosenzweig. Paris, Imprimerie Impériale, 1863. page 45-46, « Landévant».

 

ROSENZWEIG (Louis), 1863, Répertoire archéologique page 46

ROSENZWEIG (Louis), 1863, Répertoire archéologique page 46

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes.
25 septembre 2015 5 25 /09 /septembre /2015 08:26

La chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual (56).

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Voir :

L'arbre de Jessé de la chapelle Saint-Guen en Saint-Tugdual (56).

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La chapelle Saint-Guénael, au village de Saint-Guen,est située à 3 kilomètres au sud-ouest du bourg de Saint-Tugdual. Elle était le siège d'une trève avant la Révolution.

Datation : 1540, sous le règne d' Henri II, un peu avant le concile de Trente.

Seigneurs fondateurs (prééminenciers ?) : les seigneurs de Kersalic et de Kerminizic :

— Alleno, sr de Kersalic, par. de Saint-Tugdual, — du Guern, par. de Gourin, — de * Saint-Alouarn, par. de Guengat, — de Kerguignen, — de Trogoazien, — de Trévien, par. de Theix, — du Lindreuc, par. de Noyal-Pontivy, — de Penmené, par. de Baud, — de Kersperlan par. de Pluméliau.

Anc. ext. réf. 1669, huit gén. réf et montres de 1448 à 1562, par. de Pluméliau et Saint-Tugdual, év. de Vannes, Gourin, Éliant et Moëlan, év. de Cornouailles.

D’argent à trois hures de sanglier de sable, arrachées de gueules. Devise : Mad é quélen é peb amzer. (Un conseil est bon en tout temps.)

Geoffroy, sr de Kersperlan, épousa vers 1460 Catherine de Guernarpin, dont Louis, marié en 1487 à Jeanne le Grand, dame de Kersalic.

Pol Potier de Courcy Nobiliaire et armorial de Bretagne 1890 (1, pp. 4-515).

— Beaujouan, sr de Kermadio, par. de Kervignac, — de Kerminizic, par. de Saint-Tugdual, év. de Vannes.

De sinople à cinq coquilles d’argent. (Arm. 1696).

Un auditeur des comptes en 1588 et un maître en 1661 ; un sénéchal d’Hennebont en 1597.

La branche de Kerminizic fondue vers 1600 dans Lagadec puis Talhouèt de Severac.

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Potier_de_Courcy_-_Nobiliaire_et_armorial_de_Bretagne,_1890,_tome_1.djvu/93

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I. Présentation générale.

 Il s'agit d'un édifice en forme de croix latine, en style ogival du XVIème siècle avec chœur peu profond, à chevet plat. Un clocheton carré, amorti d'une flèche octogonale, et percé de baies à linteaux droits, s'élève sur le pignon occidental. Un escalier extérieur, au sud, y conduit à la chambre des cloches. Celle-ci est éclairée de baies à linteaux sur corbelets surmontés de gargouilles d'angle et de pinacles.  La décoration extérieure est toute flamboyante, et les rampants sont ornés de crochets.

 Au Sud, un petit ossuaire, daté du XVIème siècle, est accolé à la chapelle. Une sacristie a été ajoutée après le Concile de Trente dans l'angle méridional entre le chevet et le bras sud du transept

 

La chapelle est couverte d'une charpente aux sablières grossièrement sculptées de personnages et d'animaux. 

 
Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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L'ossuaire s'ouvre par une large baie divisée par quatre arcades s'appuyant sur des balustres sculptés.

 

Ossuaire, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.
Ossuaire, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Ossuaire, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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II. La cloche.

 

JE ME NOMME LOUISE JE ME NOMME / LEON XIII PAPE

PARRAIN : JEAN-MARIE ---/ JEAN-MARIE BECEL EVEQUE

MARRAINE : LOUISE SIVY-- / LOUIS HELLEGOUARCH MAIRE

FRANCOIS LE GOUCEC RECTEUR / PIERRE JAFFRE PRESIDENT

 St TUGDUAL 1895 / LOUIS LE RAVALLEC TRESORIER

Fonderie CH. DROUOT DOUAI NORD

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Je n'ai pas trouvé mention ni du maire Louis Hellegouarch, ni du recteur  François Le Goucec. Louis Le Ravallec est le triste héros de la Gwerz de Louis de Ravallec, qui raconte son meurtre, mais cela n'a rien n'a voir avec cette cloche, ni avec le trésorier de la paroisse.

Les Drouot sont une grande famille de  fondeurs de cloches du Bassigny actifs dès la fin du XVIIIe siècle, très actifs en Belgique (gros bourdon de Tournai), 
Une biographie des Drouot du Bassigny est disponible sur le site 

 http://tchorski.morkitu.org/13/drouot.htm

On y lit :

 

 

Les Drouot perpétuent depuis l’aube de la tradition campanaire en Bassigny une coutume de fonte en itinérance, comme les Hemony, les Causard, les Farnier. Ils passent de village en village à la recherche de commandes auprès des fabriciens et des évêchés. C’est ainsi que Paul commence le métier, alors âgé de 17 ans, aux côtés de son père Joseph Drouot. Ces voyages s’établiront jusqu’en 1855, où des cloches d’assez faibles tonnages voient le jour. L’avènement des chemins de fer le poussera au choix judicieux d’établir une fonderie à Douai, au faubourg Notre-Dame. Auparavant, son père y avait acheté un lopin de terre, dans le clair espoir de sédentariser un atelier. Cette petite usine sera finalement assez rapidement installée à Sin-Le-Nôble, une petite ville du pourtour de Douai, pour des raisons de praticité. Sans pour autant posséder d’acte écrit, il est certain qu’en 1857, cet atelier était fonctionnel.

Joseph Drouot abandonnant le métier en 1862, les travaux mèneront par nécessité vers une courte collaboration avec son frère Charles-Clément ; Par la suite et dès 1863, la fonderie sera dirigée seul et de main de maître jusqu’en 1883. Les années s’échelonnant au gré de commandes toujours plus pressantes, d’autres collaborations auront lieu de manière éparse, dont celle avec son neveu Charles Drouot. L’activité sans cesse grandissante provoque un certain nombre de bouleversements majeurs imminents, la fonderie de Sin-Le-Nôble devant peu à peu exigüe

En 1886, une succursale est crée à Tournai, elle était située à la rue du Nord. Pleinement investi en ce projet, c’est en cette période que la fonderie de Sin-Le-Nôble sera cédée à Charles Drouot. 

 

Charles, représentant de la quatrième et dernière génération des Drouot, est mort on 1901, après avoir dirigé une dizaine d'années la fonderie de Douai. 

 

D'autres cloches bretonnes sont sorties de ces fonderies, dont deux des trois cloches de la chapelle Saint-Tugen à Primelin (29), datant de 1895 et portant la signature de H. Drouot.

 

 

 

 

Cloche La Louise de la fonderie Charles Drouot de Douai, 1895. Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Cloche La Louise de la fonderie Charles Drouot de Douai, 1895. Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Cloche La Louise de la fonderie Charles Drouot de Douai, 1895. Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Cloche La Louise de la fonderie Charles Drouot de Douai, 1895. Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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III. Inscription de fondation.

Une inscription extérieure au croisillon Nord stipule :"Le VIIIe jour de aout l'an mil Vc karante fut dedié ceste chapelle -------".

Inscription de fondation du 8 août 1540,  Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Inscription de fondation du 8 août 1540, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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IV.Les sculptures extérieures.

1°) En façade Sud, la nef s'ouvre sur une fenêtre à pignon triangulaire, souligné de piliers reposant sur des reliefs figurant respectivement un lion et un dragon.

 

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Fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Le dragon, ailé, semble avaler son aile de sa gueule. Sa queue forme une boucle sur elle-même avant de se terminer sous la forme d'une tête tirant la langue ou crachant le feu. Une queue céphalophore pourrions-nous dire.

On remarquera que ce dragon est enchaîné au rampant par une laisse de gros maillons sphériques. Cette chaîne en collier de perle se retrouve à l'identique autour du corps des autres animaux posté sur le bord de la toiture.

 

 

Dragon de la fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.
Dragon de la fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Dragon de la fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Son vis-à-vis est un lion, aux yeux globuleux et à l'arrière-train fin.

 

Lion de la fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Lion de la fenêtre sud, Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Les chiens-lion du pignon est.

Du chien, ils ont la gueule, mais leur queue particulièrement longue est celle du lion.

L'un porte un harnachement complexe. L'autre a des pattes qui ressemblent à des racines, et une queue effrontément phalloïde. Le troisième, qui grimpe le long du rampant, nous tourne le dos. 

 

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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2°) Saint Michel psychopompe.

Une statue de Saint-Michel terrassant le dragon domine le chevet Saint Michel. Elle est datée par approximation de la fondation de la chapelle. 

Elle présente l'intérêt remarquable d'inclure la figure d'un jeune personnage qui se hisse vers le saint à son coté gauche, en prenant appui sur un socle. On considère qu'il s'agit de l'âme d'un élu. En effet, l'archange est celui qui, lors du Jugement Dernier, pèse les âmes et le poids de leurs péchés pour ne livrer accès au paradis qu'aux âmes élues et pour livrer les autres, damnées, aux tourments de l'enfer.

Dans ce rôle, il remplit donc une fonction "psychopompe", qui guide les âmes vers l'au-delà.

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Du pied, il terrasse le dragon, mais je discerne mal le détail de cet animal.

Saint Michel psychopompe, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint Michel psychopompe, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Saint Michel psychopompe, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint Michel psychopompe, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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V. Les statues intérieures.

Ce sont des statues en bois polychrome du XVIe ou XVIIe siècle :

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1°) Dans le chœur.

a) Saint Adrien de Nicomédie, à gauche.1er quart 16e siècle.

Classé MH 02 octobre 1951

 Selon la notice de l'Inventaire, "Il tient l'enclume, et terrasse un dragon". Mais il s'agit plutôt d'un lion.

Voir ici ma photo de la statue de saint Adrien avec son enclume en la chapelle Saint-Adrien, commune de Saint-Barthélémy, 56:  La chapelle Saint-Adrien à Plougastel (2) Les statues. Le culte de saint Adrien pour la santé de ses intestins.

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Voir aussi l'enclume et le lion d'Adrien à Saint-Vaast de Boran-sur-Oise :

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lancette (2) ; mouchette (3) ; écoinçon (2)

 

dimensions

dimensions non connues

iconographie

figures (saint Christophe : portant : Enfant Jésus : ruisseau, sainte Barbe, sainte Catherine, saint : homme : attribut : cierge) ; en encadrement : décor d'architecture ; figures bibliques (ange : orant, I.H.S., ange : musicien : assis) ; figures bibliques (Dieu le Père, ange, musicien, phylactère) Description : Dieu le Père et les anges musiciens dans les mouchettes ; l'un des personnages, celui avec un cierge, au cours d'un remaniement fut refait et couronné abusivement ; sauf saint Christophe, les personnages portent un livre avec des inscriptions. inscription concernant une restauration : RESTAURE L'AN 1903 MR LE MAGUET RECTEUR ET VINCENT SIVY TRESORIER

commentaire iconographique

 

état

oeuvre restaurée

inscription

inscription concernant une restauration

précision inscription

inscription concernant une restauration : RESTAURE L'AN 1903 MR LE MAGUET RECTEUR ET VINCENT SIVY TRESORIER

 


lancette (2) ; mouchette (3) ; écoinçon (2)

 

dimensions

dimensions non connues

iconographie

figures (saint Christophe : portant : Enfant Jésus : ruisseau, sainte Barbe, sainte Catherine, saint : homme : attribut : cierge) ; en encadrement : décor d'architecture ; figures bibliques (ange : orant, I.H.S., ange : musicien : assis) ; figures bibliques (Dieu le Père, ange, musicien, phylactère) Description : Dieu le Père et les anges musiciens dans les mouchettes ; l'un des personnages, celui avec un cierge, au cours d'un remaniement fut refait et couronné abusivement ; sauf saint Christophe, les personnages portent un livre avec des inscriptions. inscription concernant une restauration : RESTAURE L'AN 1903 MR LE MAGUET RECTEUR ET VINCENT SIVY TRESORIER

commentaire iconographique

 

état

oeuvre restaurée

inscription

inscription concernant une restauration

précision inscription

inscription concernant une restauration : RESTAURE L'AN 1903 MR LE MAGUET RECTEUR ET VINCENT SIVY TRESORIER

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

groupe sculpté : saint Joseph et l'Enfant Jésus

1er quart 18e siècle

 

 

 

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue (petite nature, d'applique) : saint Adrien

1er quart 16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue (petite nature) : saint Guen (?)

17e siècle (?)

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue (petite nature, d'applique) : saint Tremeur

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue (petite nature) : saint Barthélémy

1er quart 16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue (petite nature) : saint Sébastien

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

croix : Christ en croix, crucifix

1er quart 17e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue (petite nature, d'applique)

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue : saint Jean l'Evangéliste (?)

2e moitié 17e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statuette d'applique

limite 15e siècle 16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

statue : saint Michel terrassant le dragon

2e quart 16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

Le mobilier de la chapelle Saint-Guénaël

 

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

bénitier

2e quart 18e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

niche : Arbre de Jessé

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

sablière, blochet

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

verrière (verrière à personnages)

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

verrière (verrière figurée)

16e siècle

 

 

56

Saint-Tugdual

chapelle Saint-Guénaël

verrière (verrière héraldique)

16e siècle

 

Saint Adrien, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint Adrien, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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b) Saint Guen ? 17e siècle

Classé MH 1982/01/26 . Revers plein ; h = 120 ; figure (saint : moine, lecture, livre : ouvert) ; Sujet non identifié : saint Guen ou saint Guenael, moine cistercien ou bénédictin, revêtu d'une robe à ceinture, petit capuchon de couleur sombre. Manque main droite et attribut, fentes sur la base, écaillage de la polychromie

 

 

 

 

Saint Moine,  Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint Moine, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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2°) Dans les bras nord du transept.

a) saint Jean l'Evangéliste (?) 2e moitié 17e siècle

b) Saint Sébastien. Classé MH 16 mars 1996 H=1,10 m

 

Bras nord du transept,  Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Bras nord du transept, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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 Saint Jean, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint Jean, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Saint Sébastien, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint Sébastien, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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3°) Dans le bras sud du transept.

On remarquera le superbe oculus flamboyant, à quatre mouchettes, deux soufflets et quatre écoinçons. Etait-il vitré ? En 1863, Rosenzweig signale "aujourd'hui bouché".

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Je ne suis pas parvenu à identifier les statues. La base Palissy signale :

a) Saint Trémeur statue brûlée en 2006.

b) Saint Simon, h = 1,30 m

c)  saint Barthélémy 1er quart 16e siècle ; Classé MH 16 mars 1996

attribut couteau, livre. H=1,20 m

Transept sud,  Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Transept sud, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Saint, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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Saint, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Saint, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

 

 

VI. Les vitraux anciens.

 

Après l'incendie, la chapelle a reçue des vitraux contemporains dont le carton est dû à Michel Caron.

Un article paru dans Ouest-France le 11 septembre 2008 sous la plume de Christian Gouérou donne les informations suivantes :

"La chapelle profanée retrouve ses vitraux. Ouest-France 11 septembre 2008 :

http://www.ouest-france.fr/la-chapelle-profanee-retrouve-ses-vitraux-191991

"Charpente effondrée, murs noircis exposés au vent et à la pluie, l'incendie et la profanation de la chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual avaient choqué le public. Détruit dans la nuit du 29 au 30 janvier 2006, l'édifice bâti en 1540 a été reconstruit à l'identique. Saint-Guen retrouve son éclat. Dimanche, jour du pardon, elle aura retrouvé quatre vitraux sur les cinq baies qui la composent.

Michel Caron, artiste plasticien de 60 ans, ancien enseignant de l'art du vitrail à Chartres, a dû plusieurs fois remettre l'ouvrage sur le métier. Il a commencé son travail de création en 2005. Au moment de l'incendie, deux vitraux sont en place. Deux autres attendent dans la sacristie. Les quatre baies créées par l'artiste ne résistent pas aux flammes. Pas plus que le vitrail historique de la cinquième fenêtre et quelques fragments historiques de vitraux anciens. « J'ai donc recommencé mon travail de 2005 avec un nouveau projet. »

Ce printemps, l'artiste doit encore reprendre sa création : la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) lui demande d'intégrer des fragments historiques de l'ancien vitrail, en partie sauvés des flammes. « Une première fenêtre a été posée pour l'inauguration de la reconstruction en juillet 2007. En septembre 2007 alors que l'exécution des baies suivantes est en cours, il y a eu une interruption due à la possibilité de sauvegarder certains des panneaux historiques », explique Michel Caron. « Le processus a repris fin février 2008. Cette réinstallation a nécessité de décaler une partie de la composition et de refaire certains panneaux. »

Loin des vitraux d'antan

À quelques jours du pardon, l'artiste se demande quel regard le public portera sur sa création ? On est loin des vitraux d'antan qui avaient vocation à raconter l'histoire religieuse. Michel Caron a un parti pris « minimaliste » qui peu dérouter. Il n'a travaillé qu'avec des verres transparents industriels sur lesquels il peint au jaune d'argent un ensemble inspiré d'une crucifixion du XVe, relevée dans un édifice en Bretagne. « Avant l'incendie, je me souviens de la première impression que m'a laissée la chapelle, son espace intérieur lumineux dû en partie à l'absence de vitraux ! » Cette transparence inspire sa recherche.

« Il s'agit d'une commande pour édifice public historique. L'échange de début ne peut pas se faire avec la totalité des futurs interlocuteurs, le public, les fidèles », justifie le plasticien. « C'est un travail qui tient compte du sacré, du style, de la fonction, du contemporain, de l'histoire. Mais, la réflexion de l'artiste se heurte le plus souvent au regard surpris ou désorienté de l'interlocuteur. »

Ni figurative ni abstraite, la création contemporaine se fond dans la chapelle de 1540. Les baies parlent toujours d'une même histoire : le triomphe de la lumière sur les ténèbres." Christian GOUEROU.

 

 

 Les fenêtres sont en ogive, avec des meneaux en flammes et en fleurs de lis . Dans ce réseau de style flamboyant  se voyaient encore avant l'incendie  quelques fragments de vitraux du XVIème siècle, représentant dans la nef l'Annonciation avec devises gothiques et saint Christophe, et dans le chœur diverses armoiries des Aléno et des Rouxel ("écusson écartelé au 1 et 4 d'argent à trois hures de sanglier de sable, au 2 et 3 d'azur au lion ailé d'argent". Rosenzweig, 1863). Le vitrail de la fenêtre Sud est restauré en 1903 et représentait saint Louis, saint Christophe, sainte Barbe et sainte Catherine. Un fragment de vitrail du chevet représentait Jésus au milieu des docteurs de la Loi.

Le vitrail de la baie Sud a été restauré après 2006, et devrait, grâce aux efforts de l'Association, être remis en place en 2016. Il est décrit ainsi sur le site de la base Palissy :

figures (saint Christophe : portant : Enfant Jésus : ruisseau, sainte Barbe, sainte Catherine, saint : homme : attribut : cierge) ; en encadrement : décor d'architecture ; figures bibliques (ange : orant, I.H.S., ange : musicien : assis) ; figures bibliques (Dieu le Père, ange, musicien, phylactère) Description : Dieu le Père et les anges musiciens dans les mouchettes ; l'un des personnages, celui avec un cierge, au cours d'un remaniement fut refait et couronné abusivement ; sauf saint Christophe, les personnages portent un livre avec des inscriptions. inscription concernant une restauration : RESTAURE L'AN 1903 MR LE MAGUET RECTEUR ET VINCENT SIVY TRESORIER."

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Une image est disponible sur le site Topic-topos :

http://fr.topic-topos.com/vitraux-saint-tugdual

 

 

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VII. Bénitier 

 On  remarque une piscine flamboyante et un curieux bénitier en granit à huit pans du XVIème siècle. La cuve en est divisée en neuf compartiments troués à leur base par des orifices permettant la circulation de l'éventuelle eau bénite qui y était versée. Mais est-ce réellement un bénitier ? Deux visages humains coiffés d'un bonnet en ornent les angles. Une inscription sur un coté de la margelle mentionne la date de 1737.

L'objet est classé Mh depuis le 3 octobre 1994. La base Palissy le décrit ainsi sous la référence PM56001187 :

"Bénitier creusé dans un chapiteau ? Cuve quadrangulaire aux angles abattus, les deux pans antérieurs ainsi formés étant décorés d'une tête grossière. L'intérieur de la cuve est divisé en neuf cuvettes dont cinq, en croix, sont carrées et les quatre restantes en forme de triangle. Pied mouluré. h = 52 ; la = 69 "

Rosenzweig signalait en 1863 : "grande analogie avec les bénitiers de Locmaria et de Saint-Fiacre en Melrand"

Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Autres éléments.

 

Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Sablières, Chapelle Saint-Guen,  Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

Sablières, Chapelle Saint-Guen, Saint-Tugdual, photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

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— http://pays.carnac.free.fr/lucopdf/saint-tugdual.pdf

LA TULLAYE (Hélène de), Saint-Tugdual

 http://sauvegardeartfrancais.fr/photos_realisations/NoticeSAINT-TUGDUAL.PDF 

— ROSENZWEIG, 1863,  Répertoire archéologique du Département du Morbihan rédigé sous les auspices de la Société polymathique dude ce Département par M. Rosenzweig. Paris, Imprimerie Impériale, 1863. page 110, « Saint-Tugdual »

— L' Association des Amis de Saint-Guen, actuellement présidée par Madame Christine Bernard organise le pardon annuel le deuxième dimanche de septembre, et invite des artistes à exposer leurs œuvres, par exemple lors des Journées du Patrimoine. Elle assure aussi des visites commentées ou conférences.

Exposition 2015 :

http://www.ouest-france.fr/lart-lhonneur-la-chapelle-saint-guen-3714708

— Base Palissy :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER_TITLE&LEVEL=1&GRP=0&REQ=((Saint-Tugdual)%20%3ALOCA%20)&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Saint-Tugdual&SYN=1&IMAGE_ONLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=200&DOM=Tous

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes.
21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 23:28

L'arbre de Jessé de la chapelle Saint-Guen en Saint-Tugdual (56).

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Introduction.

"Il sortira un rejeton de la tige de Jessé et un surgeon naîtra de sa racine. Et l'esprit du Seigneur se reposera en lui". C'est cette prophètie d'Isaïe 11,1-2 que les artistes médiévaux vont combiner avec la généalogie de Jésus telle qu'elle apparaît dans les évangiles synoptiques (Matthieu 1,1 et Luc 3, 23-38), pour représenter Jessé, le père du roi David donnant naissance à un arbre sur les branches duquel sont installés les douze rois de Juda avant de culminer dans le Christ.

Sur les verrières des cathédrales (celle de St Denis inaugura l'iconographie) ou des églises, sur leur portail, dans les Livres d'Heures, sur les hauts et bas-reliefs de pierre ou de bois, Jessé sera debout, assis ou couché et souvent assoupi comme s'il contemplait en songe sa descendance. Les prophète Isaïe et Jérémie (pour sa prophétie "En ce temps-là je susciterai dans la race de David un rejeton, héros de la justice", Jérémie 33, 15) l'accompagneront souvent, les douze rois, souvent en réduction, s'installeront sur les branches, conduisant soit au Christ, soit à la Vierge tenant l'Enfant. Des anges ou des colombes seront placés autour d'eux.

Parmi les 34 exemples iconographiques que le Dr Louis le Thomas a relevé en Bretagne ( dont 13 vitraux, 2 niches, 15 haut-reliefs), trois thèmes se dégagent :

  • Le thème christique, où le Christ trône au sommet de la ramure,

  • Le thème marial I , où c'est la Vierge qui culmine, tenant l'Enfant dans ses bras,

  • Le thème marial II, où la Vierge à l'Enfant, debout, est au centre, encadrée par deux rameaux latéraux sur lesquels sont placés les deux groupes de six rois de Juda.

En Bretagne, les arbres de Jessé en vitrail comportent en majorité Jessé assis ou plus rarement debout, alors que Jessé est couché dans l'ensemble des haut-reliefs. Parmi les quinze haut-reliefs bretons, treize introduisent la figure d'une démone, cornue, à la poitrine dénudée, tenant une pomme, et allongée. Ce sont ceux de Cléguerec, Duault, Guimaëc, Loc-Envel, Locquirec, Ploerdut, Plounevezel, Plourin-Morlaix, St-Aignan, St-Thégonnec (niche), Saint-Guen à St-Tugdual, St-Yvi et Tredrez. La totalité de ces arbres bretons sont du XVIe siécle, hormis 5 arbres datant du XVIIe.

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Voir sur ce blog :

I. Les Arbres de Jessé.

Explorant les représentations de l'Arbre de Jessé en Bretagne, en rayonnant à partir du Finistère, j'ai traité successivement de 15 vitraux et de 8 groupes sculptés ; j'ai ensuite traité d'autres œuvres en France et en Espagne. Voici la liste des Arbres de Jessé de mon blog, avec les liens nécessaires, :

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Les sculptures :

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Les vitraux.

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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

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II. Les Vierges à Démone.

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Le haut-relief de l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Guen, paroisse de Saint-Tugdual.

1. Généralités.

Emprunté par copiè-collé au site Fondation Pays de France.

http://www.ca-fondationpaysdefrance.org/fondation4/index.php/component/cdf/?controller=articles&view=articles&task=getArticlesItem&id_cdf_content=548&id_cdfgd=10

"La chapelle Saint Guen, de style gothique (1540) est le fleuron de la région de Guéméné-sur-Scorff. Entourée de son cimetière, elle a été édifiée par les seigneurs de Kersalic et de Kerminisy sur leurs terres, avec des façades sculptées et un clocher à base carrée surmonté d’une flèche octogonale. La chapelle Saint Guen et son ossuaire sont inscrits aux Monuments Historiques depuis 1927. A l’intérieur, des statues, croix, et un arbre de Jessé du 16e s sont également protégés.

La chapelle, en cours de restauration, devait être inaugurée le 7 juillet 2006. Mais dans la nuit du 29 au 30 janvier 2006, un incendie criminel fit disparaître son toit et une grande partie du mobilier. La croix du 16e siècle brûla, et les vitraux modernes entreposés dans la sacristie fondirent. Cinq statues furent retrouvées plantées la tête en bas dans le cimetière. Une autre (Saint Trémeur) manquait à l’appel.

Des inscriptions sataniques (pentagrammes, croix renversées, chiffre 666 peint sous l’autel) furent retrouvées sur place, faisant suite à une série de profanations dans la région : destruction du calvaire de Kernével en Rosporden, tombes profanées à Mellac (Morbihan) et à Saint-Thurien (Finistère), vitraux brisés à Guiscriff (Morbihan). Le jeune couple arrêté à Rezé (Loire-Atlantique) déclara avoir agi "par haine de toutes les religions".

Les habitants furent très éprouvés par l’incendie, qui portait directement atteinte à leurs racines et à leur histoire. La commune et les membres de l’association ont malgré tout poursuivi leur projet, afin de faire de la chapelle Saint Guen un symbole de tolérance et de non violence, et un centre d'animation de la région, avec visites commentées et expositions. Elle est le point de départ et de croisement des circuits de randonnée locaux.
La renaissance de la chapelle Saint Guen a été célébrée le 21 juillet 2008. Elle a bénéficié d'un soutien du Crédit Agricole du Morbihan et de la Fondation Pays de France."

La chapelle après l'incendie : Crédit : Association des Amis de Saint Guen

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2. L'Arbre de Jessé avant l'incendie de 2006. Images et descriptions.

Le site Topic-topos propose cette photographie, où la caisse est plus complète qu'actuellement et dispose notamment :

  • d'un fronton flanqué d'éléments latéraux semi-circulaires.

  • sur les montants latéraux, de deux pièces qui ne semblent ni des gonds, ni des vases,

  • d'une ferronnerie équipée de pique-cierges.

Par contre, la couronne (signalée en 1996 par Danigo) est déjà manquante.

 : http://fr.topic-topos.com/arbre-de-jesse-saint-tugdual

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Jusqu'en 2006, le haut-relief était placé dans le chœur,  encastré dans une niche de maçonnerie du mur de gauche, soit le coté le plus sacré, celui où  l'Évangile était lu. Bien que la chapelle soit, par son nom, dédié à saint Guen (ou Guénaël), elle était donc placée sous le patronage de la Vierge.

L'œuvre est classée Monuments historiques à titre d'objet depuis le 7 décembre 1912, et a donc été étudiée par les services de l'Inventaire général. Je trouve deux notices différentes :

1°) sous la référence PM 56001185, et à la date de versement du 3 octobre 1994, la description est donnée d'une œuvre restaurée, du XVIe siècle : "Dais à trois pans décorés de mascarons dans des rinceaux et soutenu par deux balustres à feuillages. Le dais renferme une niche à fond plat sur lequel sont fixées de petites plaques sculptées en bas relief figurant les sept rois couronnés qui entourent de chaque côté la statue de la Vierge portant l'enfant. Le tout surmonte le Jessé couché soutenant l'arbre. " et dont les mesures sont : h = 198 ; la = 186 (Dimension de la Vierge : h = 96) ; Dimension des deux figures de Jessé et du Malin réunies : h = 77. Dimension moyenne des figures : h = 30 


 

2°) Sous la référence IM 56002536 par Marie-Madeleine Tugores et Claude Quillivic, nous trouvons les données suivantes : " niche-arbre de Jessé " " Matériaux :bois : taillé (décor en demi-relief, décor en haut relief), peint (polychrome). Iconographie : figure (Arbre de Jessé) ; Arbre de Jessé (Eve, Vierge à l'Enfant, Enfant Jésus : nu, en encadrement : ange : en vol, phylactère, roi, Prophète) ; en encadrement : ornementation (balustre, rinceaux, angelot, feuillage, croix). Description : 3 frontons semi-circulaires couronnent l'ensemble.Manque la banderole que portaient les 3 anges au dessus de la Vierge ".

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Le haut-relief est mieux décrit par Joseph Danigo en 1996 :


 

  "Au mur nord a été fixé un large cadre à fond bleu, bordé de colonnettes à fuseaux, avec, en bas, un étroit soubassement masqué par un porte-cierges en fer forgé et, à son sommet, une sorte de dais orné de rinceaux dorés. La niche contient un Arbre de Jessé plus original que celui de N.D. de Crénénan. Étendu et appuyé sur le bras droit, le patriarche Jessé au noble visage repousse du pied une démone nue qui lui tend une pomme. De son corps sort un tronc qui se divise en deux branches. Elles montent verticalement, soutenant les rois couronnés, sceptre en main, vêtus de culottes bouffantes et de pourpoints à crevés. Au milieu se dresse la Vierge Marie au visage gracieux enveloppée de son manteau doré. Elle porte son Enfant sur le bras gauche et de la main droite lui caresse les pieds. Au bas se tiennent les deux grands prophètes Isaïe et Jérémie, et, au plus haut, de chaque coté, deux anges déploient des phylactères. Au sommet planent trois autres, celui du milieu tenant une couronne. Cette habile composition, récemment restaurée, constitue un petit chef-d'œuvre du XVIe siècle, riche en couleurs, sur lequel on ne veillera jamais trop."

Malgré la qualité de cette description, on notera que les inscriptions des phylactères ou des vêtements n'ont pas été relevés.

La sculpture a été aussi décrite en 1961 par L. Le Thomas, qui mentionne aussi "au sommet , Père Éternel (?) flanqué d'Anges (2) enturbannés, avec trompettes romaines".


 

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3. L'Arbre de Jessé en 2015.

 

Ma visite lors de la Journée du Patrimoine le 20 septembre 2015 me permet de photographier et d'examiner l'œuvre, restaurée après les dégats de l'incendie.

Il s'agit, dans la classification du Dr Le Thomas, d'un "thème marial II " , où la Vierge à l'Enfant, debout, est au centre, encadrée par deux rameaux latéraux sur lesquels sont placés les deux groupes de six rois de Juda. Parmi ceux-ci, cet Arbre appartient au groupe "à démone", et accueille 25 personnages, dont la Vierge et son Fils, 7 anges, 2 prophètes, 12 rois de Juda, Jessé, et la Démone. 

Parmi ces personnages, Jessé, les douze rois, la Vierge et son Fils, et les deux prophètes appartiennent à l'archétype de l'Arbre tel qu'il évolue depuis le XIIe siècle. Ici, les prophètes sont entourés de phylactères qui portaient sans-doute à l'origine les citations permettant de les identifier comme Isaïe et Jérémie. Le verset qui est à l'origine du thème est celui d'Isaïe 11:1 et egredietur virga de radice Iesse et flos de radice eius ascendet  "Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. " 

Le second verset clef de ce thème se trouve aussi dans le Livre d'Isaïe 7:14,  propter hoc dabit Dominus ipse vobis signum ecce virgo concipiet et pariet filium et vocabitis nomen eius Emmanuhel . Il est explicitement cité dans l'Evangile de Matthieu 1:22 : "Tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète :Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.".

   La métaphore arbustive et florale se développe autour des mots virga (rameau, tige), radice ("racine, souche") et flos ("fleur"), et autour du jeu entre les mots virga et virgo, "tige" et "vierge". Fulbert de Chartres reprend ce thème dans son Hymne pour l'Épiphanie, dont le deuxième verset est le suivant : Virga dei genitrix virgo est flos filius eius.

La présence de Jérémie est classique, en vertu peut-être de son verset prophétique  Jérémie 23,5 : Ecce dies veniunt, dixit Dominus, suscitabo david germen justum : "Le temps vient, dit le Seigneur, où je susciterai à David une race juste : un roi régnera qui sera sage, qui régnera selon l'équité, et qui rendra la justice sur la terre". Mais souvent, selon F. Gay, ce sont les versets de son disciple Baruch qui lui ont été attribués (Baruch 3:36-38)


 

 

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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A la partie inférieure, Jessé, le patriarche, est allongé sur des coussins bleus à glands de passementerie or. Il dort, ou plus exactement, il fait un songe, car un dormeur ne pourrait conserver la position qu'il a adopté, allongé sur le coté, la main droite servant d'oreiller. Comme tout propriétaire terrien éleveur de moutons, il pense à ses enfants et rêve de leur réussite ou de leur capacité de poursuivre la grandiose entreprise qu'il a conçu. Son fils accédera au trône ! le fils de son fils se maintiendra à la tête du royaume, et encore et encore pendant des générations !  Cette floride filiation se développe comme un arbre qui naît de son ventre et se dresse avec vigueur.

La Démone (je lui attribue une majuscule car elle est le type du genre) a des traits chtoniens et reptiliens, avec ses pattes crochues, mais ses grandes oreilles et ses cornes la désignent comme une créature de Satan. Elle tient d'ailleurs la pomme de la tentation d'Adam et Éve. Bien que Jessé la repousse du pied, elle relève la tête avec arrogance et semble déterminée à mener à bien son entreprise maléfique. 

Cette créature a particulièrement intéressé Louis Le Thomas, qui la décrit ainsi : "Démone au torse dénudé et cambré. Visage féminin, Mamelles discoïdes, exubérantes, la gauche très retouchée. Pomme dans la main droite."

Hiroko Amemiya, actuellement chercheuse, et responsable de la section japonais  à l'Université de Rennes 2, a consacré sa thèse soutenue à Paris en 1996 aux Figures maritimes de la déesse-mere. Etude comparée des traditions populaires japonaises et bretonnes. Son deuxième volume de cette thèse est in inventaire des différents types de représentations semi-humaines de démones en Bretagne, et a été publié sous le titre Vierge ou Démone aux éditions Keltia Graphic en 2005. Les pages 132-133 de cet ouvrage sont consacrées à la "chapelle Sainte-Guen" (sic), avec une photographie noir-et-blanc qui date sans-doute de 1995-1996, et qui se rapproche de celle du site Topic-topos (supra). Elle mentionne que "la représentation semi-humaine n'était pas peinte de la même couleur qu'actuellement, ce que prouve la photo présentée par Victor-Henry Debibour dans son ouvrage : L'Art de Bretagne, publié en 1979. Son corps l'était en jaune de terre, ses cheveux en gris, ses yeux , sa bouche et ses mamelons en vermillon." (p. 133)

Sur cette photo, il est frappant de constater que la pomme tenue par la Démone ressemble à un sein.

 

La Démone, chapelle Saint-Guen, Victor-Henry Debibour , L'Art de Bretagne, 1979. Droits réservés

La Démone, chapelle Saint-Guen, Victor-Henry Debibour , L'Art de Bretagne, 1979. Droits réservés

Jessé et la Démone, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Jessé et la Démone, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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La Démone, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

La Démone, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Les douze rois ne sont pas nommés, mais chaque fidèle sait qu'il est invité à y reconnaître les fils de Jessé qui ont occupé le trône du royaume de Juda .

Rappel : à la mort de Salomon, fils de David et petit-fils de Jessé, le royaume est divisé en deux :  DixTribus d'Israël se rassemblent dans le nord pour former le nouveau Royaume d'Israël, dirigé par Jéroboam Ier, tandis que la tribu de Juda et la tribu de Benjamin forment autour de Jérusalem au sud un royaume de Juda. Une grande partie des Lévites consacrés au Temple de Jérusalem rejoignent également le royaume de Juda. Le royaume existe de -931 jusqu'en -587, quand le roi babylonien Nabuchodonosor II détruit Jérusalem.  

Ces rois de Juda sont énumérés dans l'Évangile de Matthieu et dans celui de Luc : 

Matthieu 1 :6-16 : "Isaï [c'est-à-dire Jessé] engendra David. Le roi David engendra Salomon de la femme d’Urie ; Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abia ; Abia engendra Asa ; Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ; Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz ; Achaz engendra Ézéchias ; Ézéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ; Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone. Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel .Zorobabel engendra Abiud ; Abiud engendra Éliakim ; Éliakim engendra Azor ; Azor engendra Sadok ; Sadok engendra Achim ; Achim engendra Éliud ; Éliud engendra Éléazar ; Éléazar engendra Matthan ; Matthan engendra Jacob ; Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ."

Ce sont donc  le roi David, son fils  Salomon , puis  Roboam ;  Abia ;  Asa ;  Josaphat ; Joram ;  Ozias ; Joatham ;  Achaz ;  Ézéchias ;  Manassé .

Comme d'habitude, seul David est identifiable par sa harpe, et les autres portent tous indifféremment la couronne et le sceptre.

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Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Rois de Juda, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Rois de Juda, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Six rois de Juda, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Six rois de Juda, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge.

Elle est représentée de face, regardant le fidèle, et tenant son Fils nu. Ses longs cheveux blonds, non recouverts par un voile, sont détachés et tombent sur les épaules. Elle est vêtue d'une robe dorée à revers bleu et à encolure en V au dessus d'une chemise à encolure carrée. Le manteau au plissé élégant semble jaune d'or, mais un examen rapproché révèle des traces de peinture rouge mordorée, et un réseau de fins traits bleus correspondant peut-être à un damassé.

 

 

Vierge à l'Enfant, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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 Vierge à l'Enfant, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Les inscriptions.

a) Les anges porteurs de phylactères.

Les quatre anges latéraux porteurs de chandeliers sont enrubannés d'un phylactère dont l'inscription est lisible. Je déchiffre : Joue maris --ll- / Dei Ma--- atque / oeli x-- coeli p -- / Semper virgo.

Il n'en faut pas plus pour identifier le texte d'origine, modifié par la retranscription des restaurateurs. C'est la première strophe de l'hymne marial Ave  maris stella :

Ave maris stella,
Dei mater alma
Atque semper virgo
Felix caeli porta

"Salut, étoile de la mer
Mère nourricière de Dieu
Et toujours vierge,
Bienheureuse porte du ciel"

 

Cette constatation offre plusieurs intérêts, dont le premier est de créér un lien avec l'Arbre de Jessé de l'église de Saint-Aignan, qui comporte la même inscription. Cette paroisse se trouve à une cinquantaine de kilomètres. Le deuxième intérêt est d'illustrer l'importance hic et nunc du culte marial et, notamment, de l'adhésion à la thèse de la conception immaculée de la Vierge.

Ave Maris Stella est une hymne catholique à la Vierge Marie, attestée depuis le IXe siècle, attribuée à Venance Fortunat (530-609), et qui est  chantée dans l'Office divin et dans le petit office de la Sainte Vierge, ainsi qu'aux vêpres et dans le bréviaire romain lors des fêtes de la Vierge Marie. Elle figure ainsi aux Vêpres de la fête de la Conception de la Vierge. Dans le "Petit office de la Sainte Vierge", l'hymne succède  à un capitule récitant le verset d'Isaïe Egredietur virga de radice Jesse. le capitule est une courte lecture tirée de la Bible et qui est faite au cours de l'office, à la suite de la récitation des psaumes) . 

Si on considère la liturgie de la Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, fêtée le 8 décembre, institutionalisée depuis 1477 par décision de Sixte IV, instituée par Pie IX en 1854 après proclamation du dogme de l'I.C., , mais déjà célébrée en France depuis la fin du XIVe siècle après les travaux théologiques de l'aumônier de Charles VI Pierre d'Ailly, nous trouvons :

  •  la lecture du Livre de la Genèse narrant la tentation d'Ève par le serpent.
  • en prose : Virga tota speciosa Tota spinis carens rosa, Tu plena virtútibus.Mille donis tu decóra,  Solem præis nunc auróra, Exuis nos lúctibus.Radix Iesse, fons signátus,  Soli Deo patens hortus,  Tu virgo, quæ páries.Evæ Virgo reparátrix,  Et serpéntis interféctrix,  Tu vitam concípies.Corpus orbis conditóri, Lac et tuo nutrítóri, Pórríges virgíneum. Nobis, Virgo quæ concépta, Dotes inater tot adépta,  Non neges auxílium.  Amen. Allelúia. : "Vierge, vous êtes toute belle, Comme une rose sans épines, Possédant toutes vertus.Enrichie des dons de la grâce, Aurore annonçant le soleil, Vous nous sortez de nos peines.Souche de Jessé, Source close,  Jardin réservé au Seigneur, Vous serez la Vierge Mère. En réparant la faute d’Ève,  Et foulant aux pieds le serpent, Vous enfanterez la vie.Vous donnez corps au Créateur  Votre lait virginal nourrit  Celui qui vous nourrira.Vierge Mère, à peine conçue  Vous avez reçu tous les dons ; Venez à notre secours ! Amen. Alléluia !"
  • la lecture de l'Évangile de Matthieu donnant la Généalogie du Christ.

On peut donc considérer les Arbre de Jessé à Démone de Bretagne comme de véritables liturgies en image développant l'argumentation de l'Immaculée Conception en soulignant combien la Vierge accomplit certes la prophétie d'Isaïe, mais également "répare  la faute d' Ève" et , en foulant le serpent, détourne dans un sens rédempteur le verset de Genèse 3:15 où Dieu dit au serpent "Je susciterai l'hostilité entre toi-même et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci t'écrasera la tête, et toi, tu lui écraseras le talon." Par cette introduction de la Démone-Serpent dans l'iconographie de l'Arbre de Jessé (elle ne figure pas dans les Arbres du XIIe-XIVe siècle), la Vierge devient aussi la Femme de l'Apocalypse de Apocalypse 12. C'est pourquoi on la trouve souvent représentée sur le croissant de lune sur les autres exemples bretons.

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b) Les inscriptions du manteau de la Vierge.

Le manteau de la Vierge est couvert d'inscriptions, devenues quasiment indéchiffrables. On les trouve :

  • sur le galon du pan inférieur qui monte en diagonal à partir du pied droit. Lettres bleues sur fond or entre deux lignes bleues.  On y lit la lettre A.

  • sur le galon du pan opposé, qui descend en diagonale plus douce le long de la jambe gauche. Lettres bleues sur fond or entre deux lignes bleue .On y lit le mot ROSA - -A- - - - -

  • La manche droite porte en des caractères de même couleur des lettres que je ne déchiffre pas.

  • La manche gauche porte de la même façon le mot FLOR[E]- -

  • Le pli courbe qui relie le poignet droit et la manche gauche comporte sur fond bleu des traces de calligraphie.

Le mot FLOR peut correspondre à un ancien FLOS, renvoyant à la citation d'Isaïe Et flos de radice eius ascendet. ou aux multiples commentaires de ce verset par les Pères de l'Église. Ainsi, pour saint Jérome, Virga Mater est Domini simplex, pura, sincera, nullo extrinsecus germine coaherente, & ad similitudinem Dei unione fœcunda. Virgae flos Christus est, dicam ego flos campi, et lillium convallium. "Cette tige (virga), c'est la Mère du Seigneur, tige pure, simple, sincère, sans aucun germe de dehors, mais féconde, comme Dieu, par son unité. La fleur de cette tige, c'est le Christ, que je dis être la fleur du champ et le lis des vallées. "

J'ai déjà signalé qu'au XIe siècle, Fulbert de Chartres reprend ce thème dans son Hymne pour l'Épiphanie, dont le deuxième verset est le suivant : Virga dei genitrix virgo est flos filius eius. Saint Bernard, et saint Bonaventure reprendront cette interprétation d'Isaïe : La Vierge est la tige, et le Christ en est la fleur.

Manche de la Vierge, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Manche de la Vierge, Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Pan gauche du manteau de la de la Vierge (image pivotée), Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Pan gauche du manteau de la de la Vierge (image pivotée), Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Les anges de la partie supérieure.

Il semble vraisemblable que l'ange du milieu tenait une couronne au dessus de la tête de la Vierge, puisque Joseph Danigo le signale. Pourtant, Louis le Thomas ne signale pas cet ange dans son décompte pourtant précis, et ne compte que "quatre anges accostant la Vierge" et, au sommet, autour du Père Éternel, "deux anges enturbannés avec trompettes romaines". Les anges latéraux actuels ont bien la posture d'anges tenant une banderole. 

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Le haut de la niche.

Il comporte en bas-relief trois têtes de chérubin et deux mascarons.

 

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

Arbre de Jessé, vers 1540, chapelle Saint-Guen à Saint-Tugdual. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison avec les autres groupes sculptés de Bretagne. 

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En 1961, Louis Le Thomas décrivait 34 Arbres de Jessé bretons, dont 13 verrières et 21 arbres sculptés (haut-reliefs, niches à volets et bas-reliefs).

Voici la liste de ces 21 Arbres de Jessé sculptés :

  • Cléguerec, Chapelle de la Trinité, Morbihan. XVIIe 

  • Confort-Berhet, église N-D. de Confort, Côtes d'Armor, XVIe

  • Duault, Chapelle Saint-Jean de Landugen, Côtes d'Armor, XVIe

  • Guimaec, presbytère, Finistère, fragment

  • Loc-Envel, église Saint-Envel, Côtes d'Armor, XVIe

  • Locquirec, église Saint-Jacques, XVIIe

  • Ploerdut, Chapelle Notre-Dame à Crénénan, Morbihan, XVIe siècle

  • Plouegat-Moysan, presbytère, Côtes d'Armor, XVIe, fragment

  • Plounevezel, Chapelle Sainte-Catherine, Finistère, XVIe-XVIIe

  • Plourin-Morlaix, église Notre-Dame, Finistère, XVI

  • Plouzévédé, Chapelle Notre-Dame de Berven, Finistère, XVIe

  • Priziac, Chapelle Saint-Nicolas, Morbihan, XVIe

  • Saint-Aignan, église Saint-Aignan, Morbihan, XVIe

  • Saint-Thégonnec, église Notre-Dame et Saint-Thégonnec, Finistère, XVIe

  • Saint-Tugdual, Chapelle Saint-Guen (ou Saint-Guénaël), Morbihan, XVIe

  • Saint-Yvi, église Saint-Yvi, Finistère,

  • Trédrez, Chapelle de Locquémeau, Côtes d'Armor, XVIe

  • Tréverec, église Saint-Véran, Côtes d'Armor, XVIIe

  • Trinité-Porhoet, église de la Trinité, Morbihan, XVIe ?

  • Plouegat-Moysan, ancienne église, fragment au Musée départemental de Quimper.

  • Plouharnel, Chapelle Notre-Dame des Fleurs, bas-relief en albâtre, XVIe

On remarque que les paroisses de Cléguérec, Saint-Tugdual, Ploerdut et Priziac  appartenaient autrefois  au même doyenné, celui de Kemenet-Guégant ou Guéméné-Guingant, présidé par Guéméné-sur-Scorff, et que les verrières de l'Arbre de Jessé sont présentes dans d'autres paroisses du même doyenné, à Melrand, et Guern.

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J'ai étudié, avant de rendre visite à la chapelle Saint-Guen, sept de ces sculptures. 

Il s'agit de trois œuvres du Finistère et trois du Morbihan, placées dans tous les cas dans des niches en bois, plus ou moins bien conservées. Les compositions elle-mêmes ont perdu certains de leurs éléments (perte, vol), ce qui affaiblit la valeur de l'analyse comparative, d'autant que les altérations puis les restaurations  réalisées dans le passé ont pu faire disparaître de précieux indices.

Ces  hauts-reliefs bretons sont tous du modèle "en chandelier" avec Vierge au centre encadrée par  deux groupes de rois. David tient sa harpe dans tous les cas.  Jessé est constamment allongé, soit en décubitus droit, soit en décubitus gauche, tête soutenue par la main, mais les yeux sont soit ouvert, soit fermés. 

La Démone est présente dans cinq cas sur six, toujours à demi-allongée et redressant la tête, et brandissant la pomme dorée. Ses traits de monstruosité animale, reptiliens ou de serpents, sont plus ou moins marqués, et c'est en elle que l'imagination propre  de l'artiste s'est le plus affirmée. 

La Vierge est installée sur un croissant de lune dans trois cas, selon le type de la Vierge de l'Apocalypse en relation avec le dogme, alors discuté, de l'Immaculée Conception. Elle est couronnée par les anges à Saint-Aignan, Priziac, Cléguérec et Trédrez. Le ou les prophètes ne sont présents qu'à Saint-Aignan.

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Saint-Aignan (56)

 

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Saint-Nicolas en Priziac (56) :

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Notre-Dame de la Trinité de Cléguerec (56), datant de 1594  :

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Locquirec (29) :

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Saint-Thégonnec (29) datant de 1610  :

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Trédrez (22), datant de 1520 :

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Parmi les sites que je n'ai pas encore visités, j'ai trouvé sur la toile les photographies de :

Confort-Berhet : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=REF&VALUE_98=PM22001519

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Duault, chapelle Saint-Jean , Landugen.

http://fr.topic-topos.com/vierge-de-larbre-de-jesse-duault

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Ploerdut, Chapelle Notre-Dame de Crénénan.

http://fr.topic-topos.com/arbre-de-jesse-ploerdut

 

 

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Plouharnel, chapelle Notre-Dame des Fleurs.

http://fr.topic-topos.com/arbre-de-jesse-plouharnel

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Plounevezel, Chapelle Sainte Catherine :

Pas d'image. Voir :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palsri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PM29001485

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/fa47d847e93e21ee4e7770baf2eea244.pdf

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Plouzévédé, site Topic-topos : http://fr.topic-topos.com/arbre-de-jesse-plouzevede

 

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Saint-Yvi : http://fr.topic-topos.com/vierge-de-jesse-saint-yvi

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Trévérec, Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, provenant de la chapelle de Pontmin :

http://fr.topic-topos.com/notre-dame-de-bonne-nouvelle-treverec

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Trinité-Porhoët, église de la Trinité.

http://fr.topic-topos.com/arbre-de-jesse-la-trinite-porhoet

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Une autre sculpture a  échappé aux recherches de Louis Le Thomas :

RostrenenChapelle de Campostal, Côtes d'Armor, XVe

http://fr.topic-topos.com/image-bd/france/22/arbre-de-jesse-rostrenen.jpg

 

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SOURCES ET LIENS.

 

http://marikavel.org/bretagne/guemene-sur-scorff/accueil.htm

extrait de Philippe Jouët & Kilian Delorme.

AMEMIYA (Hiroko) 2005, Vierge ou démone, exemple dans la statuaire bretonne, Keltia éditeur, Spézet. 269 p. page 68-69. Version remaniée de la thèse de 1996.

— AMEMIYA (Hiroko) Figures maritimes de la déesse-mère, études comparées des traditions populaires japonaises et bretonnes thèse de doctorat d'études littéraires, histoire du texte et de l'image  Paris 7 1996 sous la direction de Bernadette Bricout et de Jacqueline Pigeot. 703 pages Thèse n° 1996PA070129 "Résumé : Le thème principal de cette etude est de voir quel role la femme non-humaine - et notamment la femme qui appartient au monde maritime - a joue au Japon et en Bretagne, a travers les recits relatifs à l'epouse surnaturelle. Pour la Bretagne, les recherches s'etendent egalement sur l'iconographie religieuse representant l'etre semi-humain telles la sirene et la femme-serpent. La region conserve dans ses chapelles de nombreuses statues des xvie et xviie siecles figurant ce type faites par des artisans locaux. L'imagination populaire s'epanouit ainsi dans la femme non-humaine de deux facons en Bretagne : dans l'expression orale et dans l'expression plastique ce qui nous offre une occasion inestimable d'etudier leur compatibilite dans leur contexte socioculturel. Les récits qui traitent le thème du mariage entre l'etre humain et l'etre non-humain revelent la conception de l'univers d'une societe. L'autre monde ou les etres de l'autre monde sont en effet une notion fonctionnelle qui permet a la societe de maintenir l'ordre interne par une intervention externe fictive : la suprematie du fondateur du Japon s'explique par la transmission d'une puissance surnaturelle par sa mère du royaume maritime, alors qu'en Bretagne, la destruction de la cite légendaire d'is est causee par une fille maudite née d'une fee. Le premier volume de cette etude est compose de trois parties : i. L'autre monde dans la tradition populaire au japon, ii. Recits relatifs au mariage au japon et en Bretagne, iii. Iconographie d'une femme semi-humaine. Le deuxieme volume est un inventaire des differents types de representation semi-humaine en Bretagne."

— DANIGO ( Joseph) 1996,  Eglises et chapelles du pays de Guéméné : 2ème partie  - U.M.I.V.E.M. : Lanester, 1996. - 195 p. ; ill. en n. et bl., carte ; 20 cm 

DEBIDOUR (Victor-Henry),1979, L'Art de Bretagne, Paris, Arthaud, p. 48.

—  DOBBY (Margaret), Le motet et l'Arbre de Jessé, Une métaphore qui met en lumière la complexité des relations entre profane et sacré au Moyen Age

http://pdf.actualite-poitou-charentes.info/086/Actu086oct2009_37-39..pdf

— FOURNIÉ (Eléonore), LEPAPE (Séverine), 2012,« Dévotions et représentations de l’Immaculée Conception dans les cours royales et princières du Nord de l’Europe (1380-1420) », L’Atelier du Centre de recherches historiques [En ligne], 10 | 2012, mis en ligne le 11 mai 2012, consulté le 24 septembre 2015. URL : http://acrh.revues.org/4259 ; DOI : 10.4000/acrh.4259 

—  LEPAPE (Séverine), 2009,  « L’Arbre de Jessé: une image de l’Immaculée Conception ? »,Médiévales [En ligne], 57 | automne 2009, mis en ligne le 18 janvier 2012, consulté le 22 septembre 2015. URL : http://medievales.revues.org/5833 

 LE THOMAS (Louis), 1961 "Les Démones bretonnes, iconographie comparée et étude critique", Bulletin de la société Archéologique du Finistère t. 87 pp. 169-221.

— LE THOMAS (Louis) 1963 "Les Arbres de Jessé bretons", première partieBulletin de la société Archéologique du Finistère pp. 165- 196.

 — LE THOMAS (Louis) 1963, "Les Arbres de Jessé bretons", troisième partieBulletin de la société Archéologique du Finistère pp. 35-72.

 — LEPAPE (Séverine) 2004 Étude iconographique de l’Arbre de Jessé en France du Nord du xive siècle au xviie siècle Thèse Ecole des Charteshttp://theses.enc.sorbonne.fr/2004/lepape


 

 

 

 

http://www.vannes.maville.com/actu/actudet_-A-Saint-Tugdual-la-chapelle-renait-de-ses-cendres_12-427869_actu.Htm

Inventaire régional :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER_TITLE&LEVEL=1&GRP=0&REQ=((Saint-Tugdual)%20%3ALOCA%20)&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Saint-Tugdual&SYN=1&IMAGE_ONLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=200&DOM=Tous

 http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/palissy_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Saint-Tugdual&NUMBER=21&GRP=0&REQ=%28%28Saint-Tugdual%29%20%3aLOCA%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=200&DOM=Tous

Ouest France, 3 juin 2013 
Exposition à la chapelle Saint-Guen Saint-Tugdual 

Ouest France, 10 octobre 2012
Saint-Tugdual. La chapelle Saint-Guen s'anime de chants bretons

Vannes, maville.com
A Saint-Tugdual, la chapelle renaît de ses cendres

Le Télégramme, 8 juin 2011
Saint-Guen. Aux choeurs de la chapelle

Libération, 6 février 2006
En Bretagne, les croisés du satanisme courent toujours

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Published by jean-yves cordier - dans Arbre de Jessé
20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 21:12

Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1.

M. Yann Celton, bibliothécaire de la bibliothéque diocésaine de Quimper à l'évêché rue de Rosmadec, a présenté cette année aux visiteurs lors des Journées Européennes du Patrimoine les douze tableaux de mission du XVIIIe dits "série de Plouguerneau 1".

J'en donne ici les images, en attendant qu'ils soient mis en ligne dans le cadre du remarquable effort de numérisation de cette bibliothèque.

Le but immédiat est de compléter l'iconographie de mon article sur la tribune de la chapelle Saint-Yves de Priziac.

Les peintures à l'huile de 65 cm sur 46 cm de cet ensemble de 12 tableaux de mission dits taolennou associent 8 Cœurs et 4 Tableaux des Fins dernières. Elles portent une légende inscrite en bas de page, et citée ici entre guillemets.

Mes images prise lors d'une visite sont imparfaitement cadrées. Elles ont été retouchées pour être moins pâles, et mieux lisibles, que les originaux.

1. L'état de péché .

« Peinture d'un homme en etat de Péché.»

Inscription concernant l'iconographie : Orgueil, Luxure, Gourmandise, Paresse, Colère, Envie, Avarice (chaque terme accompagne la représentation un animal censé le symboliser : respectivement le Paon, le Bouc, le Cochon, la Tortue et l'Escargot, le Lion, le Serpent, et le Crapaud ).

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« Peinture d'un homme en etat de Péché.»Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

« Peinture d'un homme en etat de Péché.»Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

2.  L'attrition.

« L'etat d'un homme qui pense sérieusement au mauvais état de sa conscience, et qui commence à en être touché. »

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2.  L'attrition. Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

2. L'attrition. Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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3. La contrition :

« L'etat d'un homme vivement penetré du regret de ses péchés et de douleur d'avoir offensé Dieu. »

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3. La contrition : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

3. La contrition : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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4. La Pénitence :

« L'etat d'un homme qui fait Pénitence, et qui en pratique les œuvres qui sont les prières, les Aumones et les Jeunes. » Inscription : Si Vous ne faites penitence vous perirez tous (en haut à gauche). Inscription : Il faut que les Vaincus deviennent Victorieux (en haut à droite).

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4. La Pénitence . Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

4. La Pénitence . Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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5. Le retour vers le mal :

« L'état d'un homme qui ayant quitté ses péchés se relache de ses bonnes résolutions et se laisse vaincre par les tentations du diable du monde, et de la chair. »

 

5. Le retour vers le mal : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

5. Le retour vers le mal : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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6. La rechute :

« L'etat d'un homme dans lequel le Diable étant rentré victorieux avec 7 autres diables, ils y établissent leur demeure. »

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6. La rechute : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

6. La rechute : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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7. La mort du pêcheur : 

« L'etat miserable d'un Pecheur à l'heure de la mort au Jugement de Dieu »

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7. La mort du pêcheur : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

7. La mort du pêcheur : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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8. L'enfer :

«  Petit crayon de l'etat malheureux et eternel d'un Damné (au bas du tableau). »

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8. L'enfer :  Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

8. L'enfer : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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9. La persévérance :

« L'etat du cœur d'un homme qui persévère dans la fuite du mal et dans la pratique du bien. »  Inscription : il n y aura que celui qui aura combattu qui sera couronné (banderole tenue par l'ange à gauche).

Inscription : qui persévérera jusque la fin sera sauvé (banderole tenue par l'ange à gauche). Inscription : Qui est-ce qui est comme Dieu (banderole dans le coeur à gauche) qui nous separera de la charité de Jesus Christ (banderole dans le coeur à droite) Jesus mon amour (au centre du coeur).

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9. La persévérance : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

9. La persévérance : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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10. La dévotion :

« L'etat d'un homme qui s'etant purgé de ses péchés s'adonne à la pratique des vertus et à l'amour de Dieu. »

Inscription : Foi, Esperance, Charité, humilité, Liberalite, Charité, Sobriété, Patience, Diligence (autour du coeur).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10. La dévotion : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

10. La dévotion : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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11. La mort du juste : 

 « L'etat heureux d'un homme de bien a l'heure de la mort au Jugement de Dieu »

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. 11. La mort du juste :  Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

. 11. La mort du juste : Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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12. Le Salut ;

 "Petit crayon de l'etat bienheureux et eternel d'un homme qui est sauvé" 

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12. Le Salut ; Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

12. Le Salut ; Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

SOURCES ET LIENS :

Topic-topos

http://fr.topic-topos.com/taolenn-quimper

http://fr.topic-topos.com/bibliotheque-quimper

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Published by jean-yves cordier
20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 21:08

La Tribune des péchés capitaux de la chapelle Saint-Yves à Priziac (56).

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Voir dans ce blog :

a) sur le sculpteur Alphonse Le Brun :

Les églises des îles du Ponant VI. Eglise Notre-Dame-la-Blanche, île d'Hoedic.

L'église de Langonnet

b) sur les chapelles de Priziac :

La chapelle Saint-Nicolas à Priziac

c) dans la même veine :

Formidable ! Les blochets de l'église Saint-Edern à Plouedern.

d) sur les Missions du père Maunoir :

Église Saint-Germain à Kerlaz : des vitraux édifiants.

e) sur les tableaux de mission :

Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1. XVIIIe siècle

J'étais passé plusieurs fois devant cette chapelle sans jamais la trouver ouverte. Mais son style néogothique ne m'incitait pas à la découvrir, d'autant que la notice de la base Mérimée ne me laissait pas en espérer des découvertes extraordinaires :

 "1882 Lebrun (maître de l'oeuvre)  inscrit MH : 1975/10/29 :Cette chapelle est un bon exemple d'architecture néogothique de la fin du 19e siècle. Elle remplace l'ancienne chapelle du manoir de Kergoat, détruite en 1881. C'est un édifice en croix latine avec chevet plat et transepts peu saillants. Le mur pignon s'ouvre par un portail à arc en tiers-point surmonté d'un vitrail circulaire. A l'intérieur, la tribune exécutée par Lebrun comporte une frise qui évoque les sept péchés capitaux. Dans les écoinçons des arcs sont représentés des personnages signifiant les vices. Voûte en berceau de bois avec section d'arc en tiers-point. Les voûtes du carré du transept sont montées sur ogives de bois. Haut clocher à entablement avec deux étages d'ouvertures et gâbles ouvragés".

L'article Wikipédia ajoutait :

"L'édifice, de style néo-gothique, s'inspire pour la structure et le décor des édifices du xve siècle et du xvie siècle mais emprunte au xixe siècle son exceptionnel développement en hauteur et la sécheresse de ses formes. " (Wikipédia)

La porte étant fermée, j'avais fait le tour du bâtiment et j'étais reparti.

Le 20 septembre dernier, lors de mes pélégrinations de la Journée Européenne du Patrimoine, je trouvais la porte ouverte, et, sans conviction, je m'arrêtais. "La sècheresse de ses formes", me rebutait.

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 Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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Plus perspicace, j'aurais remarquer combien, autour des deux chambres de cloche, se menait dans les hurlements et aboiements sauvages une chasse folle, comme si les bêtes qui s'y poursuivaient étaient, par leur charivari, les gardiennes d'un lieu...très particulier. 

 
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
 Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Clocher à double étage de cloche, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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A l'intérieur, je ne vis d'abord que le triste tableau d'une chapelle typique du XIXe siècle, aux boiseries pseudo-gothiques sombres, aux statues sulpiciennes, aux murs peints de fausses pierres, et aux bancs de bois verni accueillants comme des pensum. La maîtresse-vitre n'avait qu'un mérite, celui de laisser entrer de la lumière pour réchauffer cette antre humide.

 

Le chœur et la moitié orientale de la nef, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Le chœur et la moitié orientale de la nef, Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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Je me retournais pour partir lorsque je vis, sous la rosace occidentale, une tribune où six personnages debout me regardaient. 

Me rapprochant, j'allais découvrir le plus truculent pastiche de l'art de nos imagiers médiévaux. Je n'en compris pas tout de suite la distribution, et mon regard était happé par les couleurs vives (des verts anis et des rouges framboise) et les singulières allures des protagonistes perchés à deux ou trois  mètres du sol.

 

La tribune. Vue occidentale de la Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
La tribune. Vue occidentale de la Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La tribune. Vue occidentale de la Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La tribune reposait sur trois arcades au cintre à peine brisé, et cinq colonnes à chapiteaux où prospérait l'acanthe. Deux hommes et deux femmes s'étaient installés à l'aisselle des arcs. Dans l'entablement qui suivait, on voyait une frise de sept personnages  accroupis, gênés de devoir trouver place dans un espace si exigu. L'étage de la tribune était fermé par une clôture aussi ajourée qu'un moucharabieh, où deux musiciens menaient la danse de l'étrange assemblée. 

Je venais d'admirer, sur une sablière de  la chapelle Saint-Sébastien du Faouët, le diable et un musicien encadrant une chaîne de danseurs et danseuses. Et j'avais vu, dans chaque chapelle bretonne, les représentations du démon prendre mille formes dans les parties hautes des édifices. 

Sablière, Chapelle Saint-Sébastien, Le Faouët (56) 

 

Je compris donc que je me trouvais devant un tableau dans lequel, comme sur les taolennoù ancien, les fidèles trouvaient la dénonciation de leurs vices, et les formes cachées des œuvres du Mâlin.

Manifestement, le sculpteur, promu maître d'œuvre de la reconstruction de la chapelle, s'était fait plaisir, et, las de voir les réalisations des lointains prédécesseurs qu'il admirait être mangées par les vers, perdre leurs couleurs ou sommeiller dans des recoins obscurs, il avait voulu réunir de façon bien visible toutes les drôleries anciennes. Peut-être avait-il obéi aussi aux demandes du recteur de Priziac soucieux de l'édification de ses ouailles ?

Mais il est temps d'entrer, à notre tour, dans la danse.

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I. LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX.

Les sept péchés capitaux sont, pour l'Église et sans hiérarchie,  la luxure , la paresse, l’orgueil, l’envie, la gourmandise, la colère , et  l’avarice.  Les retrouvons-nous ici ? 

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1°) La Luxure. Le Bouc.

Le premier personnage est un homme-bouc, dont seul le visage hirsute conserve des traits humains. Il tient serrée dans la main gauche une bourse. Cela pourrait être l'Avarice, ou bien le Diable achetant de ses deniers les âmes vulnérables. Mais selon une tradition qui remonte au XVIIe siècle, le bouc est associé à la Luxure.
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Je compris donc que je me trouvais devant un tableau dans lequel, comme sur les taolennoù ancien, les fidèles trouvaient la dénonciation de leurs vices, et les formes cachées des œuvres du Mâlin.

Manifestement, le sculpteur, promu maître d'œuvre de la reconstruction de la chapelle, s'était fait plaisir, et, las de voir les réalisations de ses lointains prédécesseurs qu'il admirait être mangées par les vers, perdre leurs couleurs ou sommeiller dans des recoins obscurs, il avait voulu réunir de façon bien visible toutes les drôleries anciennes.

Mais il est temps d'entrer, à notre tour, dans la danse.

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I. Les sept péchés capitaux.

Les sept péchés capitaux sont pour l'Église  l’orgueil,L’avarice. l’envie, la colère , la luxure , la gourmandise, la paresse, 

1°) 

 

Le Diable,   ou la Luxure, Tribune des Péchés capitaux,  (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Le Diable, ou la Luxure, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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2°) La Paresse. La Tortue. 

Un homme est étendu sur son lit (on voit le drap) et s'étire en baillant. Il est associé à la Tortue, qui se cache partiellement derrière sa tête.

Ce paresseux porte les cheveux longs (comme les paysans bretons du XIXe), un chapeau de feutre à large bord sans galon, un gilet blanc sur une chemise blanche au haut col cassé, un pantalon bleu à trois boutons à la cheville, et une paire de sabots.

Le costume.

Priziac appartient au "pays Pourlet", (voir carte) aussi nommé "pays de Guéméné-sur-Scorff" ou Bro Mil Bouton [Pays des Mille Boutons]. En 1882, les paroissiens de Priziac portent donc le costume masculin réputé pour ses très nombreux boutons, dont Alphonse Le Brun nous  donne différents exemples.

 

Je trouve les descriptions suivantes : http://endrohanterdro.blogspot.fr/2012/03/pourleth-pourlet.html

 

"En 1920, les hommes portent le costume noir dit des Mille boutons de 1920 ; en laine Mérinos presque entièrement recouvert de bandes de velours. C'est typiquement le costume du Pays Pourlet .
Le gilet dont les deux côtés se croisent sur la poitrine est garni de deux rangées de boutons argentés très serrés, la veste est également garni de 2 rangées de boutons si rapprochés les uns des autres que cette particularité à fait donner à la mode pourleth le nom de Mille Boutons. 
Le costume homme aux Mille Boutons est l’un des plus riche de Bretagne

En 1870-1900, nous retrouvons les hommes portant le costume de lin blanc et le bragou berr (pantalon long) ou aussi, plus souvent, un pantalon gris cendré la plupart du temps porté avec des guêtres en laine et une ceinture en laine ou en cuir ornée d’un fermoir. Le chapeau rond était en velours à larges guises arrière sans boucle.

Style et influences des costumes masculins du pays pourlet du XIXè siècle.

Le chupenn (veste) de Guémené : ses larges godrons évasés par le bas sont un souvenir de la Renaissance. Peu à peu le chupenn a diminué de longueur , mais son ampleur s’est maintenue.

 

En pays pourlet, les premiers chupenn et gilets que nous connaissions sont coupés dans un gros droguet de laine blanche, brute et piquée sur une forte toile intérieure. Une large tresse de coton noir entoure le col du chupenn et celui du gilet, soulignée par deux bandes larges de velours noir. De chaque côté de la poitrine s’aligne une rangée de boutons de métal blanc se touchant ou se recouvrant partiellement les uns les autres."

J'ai déjà décrit, sous le sobriquet de "mouton blanc", ce costume dans mes articles :

Brulat-Pestivien : un lutrin anthropomorphe en costume breton "Mouton Blanc"

Guiscriff : un lutrin anthropomorphe en costume breton.

Ici, nous voyons, sur le chupenn, quatre rangées de huit boutons, plus les six boutons sur les manches fendues. 

On peut se demander si la carapace de la tortue, traitée comme des alignements de pastilles rondes et vertes, n'est pas une allusion spéculaire ironique à cette tenue vestimentaire. Mais non, cette moitié de grosse noix adepte de la petite vitesse sert d'attribut au péché de paresse depuis des lustres. Elle partage (on l'aurait deviné)  ce privilège avec l'escargot, mais je n'ai pas assez bien cherché ce gastéropode lors de ma visite. Esprit d'escalier, va !

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La Paresse, Tribune des Péchés capitaux,  (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La Paresse, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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3°) L'Orgueil. Le Paon.

L’Orgueilleux est accompagné de son animal emblématique, le Paon. 

Il porte un costume Mil Bouton noir aux boutons jaunes, mais il est curieusement pieds-nus. Au dessus de cet habit, il porte une courte mais ostentatoire cape rouge fixée sur l'épaule, comme une épitoge, par un fermail. La fraise qui entoure son cou comme un Pierrot Gourmand semble se prolonger en un jabot plissé. Le comique vient du bicorne, au panache rubicond, car sa forme est imitée par celle des moustaches.

 

Quelqu'un saura peut-être dire à quelle tenue vestimentaire, ou à quelle fonction ce déguisement correspond. Ce n'est pas, malgré le bicorne, celle d'un bedeau ou "Suisse" des églises de jadis. Ni le Gendarme de Guignol.

 

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L'Orgueil, Tribune des Péchés capitaux,  (1882),  Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

L'Orgueil, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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4°) L'Envie. Le Serpent.

Cette femme forme avec l'Orgueilleux un couple qui se fait face au centre de l'entablement. Monsieur était accompagné du Paon, elle s'entoure du Serpent, un animal vert et jaune aux yeux rougeoyants qui darde sa langue bifide vers son sein droit.

Elle porte, en symétrie avec son compagnon, un voile rose attaché à son épaule gauche par un fermail rubis. Cette grosse cerise dans la crème chantilly trouve son double un peu plus bas, dans les sous-vêtements blancs, en position ambiguë. Le métonyme d'un Tout ?

Malgré mon absence de connaissance, ne peut-on reconnaître sur sa tête une coiffe plissée recouverte d'un capot  ? Je lis qu'à ce kapot ribot était fixé à l'arrière un large mantelet triangulaire rouge. 

Le serpent évoque trop la malignité de la tentation à laquelle Adam et Ève ont succombé pour ne pas voir là une allusion au péché de la chair, et donc à la luxure. Malgré la sage coiffe , la chemise n'est-elle pas ouverte en un décolleté éloquent ? 

Lors d'une exposition au Palais du Luxembourg consacrée à "Fragonard amoureux. Galant et Libertin",Guillaume Faroult soulignait la valeur des plis comme métaphore des voluptés et des tourments des émotions en proie à la morsure du désir, détaillant sur les toiles  le plissé sensuel des étoffes, l'éblouissement blanc des draps en désordre balafré d'un plissement rose. Mais regardons ici les torsions en orbe du serpent et, surtout, les flammes agitées de l'étoffe rose : Alphonse Le Brun y exprime quelque-chose d'analogue.

 

Pourtant, selon le catéchisme des Péchés enseigné par les Tableaux de Mission (cf. infra), et son bestiaire,  le serpent n'est pas associé à la Luxure, mais à l'Envie.

 

 

L'Envie, Tribune des Péchés capitaux,  (1882),  Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

L'Envie, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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5°) La Gourmandise. Le Cochon.

Le Glouton a eu les yeux plus gros que le ventre ; il dévore pourtant de bel appétit une grappe de raisin. Sa queue de cochon trahit son péché mignon, mais hélas terriblement mortel , Gula, la Gourmandise.

 

 On retrouve ici le chapeau noir, la veste Mil Bouton blanche, porté avec des bragou braz (pantalon plissé s'arrêtant au genou) sur des guêtres de laine et des sabots de bois de hêtre (Botoù koad ou Botez koëd ?). Ou bien faut-il parler de brageu ber de bure marron pour le pantalon, et de guêtres de berlinge brune ou chaucheu ? C'est compliqué.

La Gourmandise, Tribune des Péchés capitaux,   (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La Gourmandise, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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6°) La Colère. Le Lion.

Colère s'arrache les cheveux et piétine la vaisselle (verre et assiette sur une nappe). Son visage  est le centre de l'explosion radiale d'une crinière de cheveux et de poils, car l'animal associé à son vice est le lion irascible. La couleur de son costume à boutons est sans-doute choisie pour se rapprocher du pelage léonin, et la nudité de ses pieds complète la métamorphose animale. 

 

On retrouve l'étoffe (une sorte de cravate) rouge emportée par le vent incontrôlable de sa fureur.

 

La Colère, Tribune des Péchés capitaux,   (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La Colère, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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7°) L'Avarice.

Son visage exprime l'anxiété de la perte. De quoi s'est-il coiffé ? De lingots ? De liasses de billets ? Pour lui aussi, la métamorphose animale est bien avancée, puisque la moitié inférieure de son corps est transformée (bœuf ?) et que ses favoris sont taillés comme deux cornes inversés.

 

L'animal associé à l'avarice est, dans la tradition des prédicateurs bretons, le crapaud. C'est ici le seul écart à cette tradition. L'Avarice était aussi (bien-sûr) associé au Chameau, mais le postérieur de notre personnage n'est pas celui d'un camélidé.

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L'Avarice, Tribune des Péchés capitaux,   (1882),  Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

L'Avarice, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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II. LES QUATRE ALLÉGORIES DES VICES.

Sur leur piliers, quatre personnages nous présentent leur leçon de morale.

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1°) Le Diable Rouge.

Il est torse-nu sous sa veste provocatrice. Il a délaissé les sabots pour des botoù ler, des chaussures en cuir. Pas de bagou braz bouffant, mais une culotte ajustée au plus près du corps. Son visage est, comme celui de Monsieur Colère, le centre d'une crinière solaire. Son sourire est une grimace prête à rugir. Il tient à l'envers et de la main gauche un crucifix, et il piétine le Livre Saint. C'est l'ennemi du clergé, un athée pourfendeur de la religion, un "Rouge"


 

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Le Diable Rouge, Tribune des Péchés capitaux,  (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Le Diable Rouge, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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2°) La Mauvaise mère. Reniement.

Comment interpréter ce que nous voyons ? Une femme soigneusement habillée, portant la coiffe aux longues ailes, lève les yeux au ciel et semble protester de son innocence par un geste de la main gauche. Mais en même temps, sa main droite est posée sur la tête d'un enfant qu'elle semble repousser. Nie-t-elle être sa mère ?

La Mauvaise mère, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La Mauvaise mère, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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3°) L'Intempérant. Alcool, tabac et jeu.

Ici, tout est facile à comprendre. Ce jeune homme est gris, tout-à-fait gris. En Bretagne, on dirait qu'il est bu. Ses yeux glauques se ferment à moitié. Il tient son pichet de vin, certainement vide, mais aussi sa pipe de terre, et laisse filer son jeu (dix de pique, dix de cœur, dix de carreau, et as de trèfle).

 

C'est encore un "mouton blanc".

L'Intempérant,  Tribune des Péchés capitaux,  (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
L'Intempérant,  Tribune des Péchés capitaux,  (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

L'Intempérant, Tribune des Péchés capitaux, (1882), Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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4°) La Menteuse. Duplicité.

Sous sa coiffe à longues ailes, elle se démasque : mais son œil gauche dément ce que dit le droit. Elle tient un voile brun. A son coté gauche, un chat nous fixe de ses yeux rouges. Rien, ici, n'est honnête. Elle est la Duperie.

La Duperie,  Tribune des Péchés capitaux,  (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

La Duperie, Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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III. LE GARDE-CORPS DE LA TRIBUNE ET SES DEUX MUSICIENS.

Les deux musiciens qui animent la fête sont bien connus, car ils ont été étudiés par les musicologues de l'association Dastum et par Jean-Luc Matte. Le couple de sonneurs évoque bien-sûr pour nous les fest-noz ou la danse, mais pour l'Église et les fidèles, il évoquait surtout les débauches, le renversement des valeurs, la corporéité et donc l'animalité. Aussi le joueur de bombarde est-il souvent représenté en sculpture sous forme animale d'un lièvre, âne, bouc ou cochon. Ici, cette transformation concerne le joueur de "biniou". 

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1°) Le sonneur, ou  joueur de bombarde, à tête de chien.

 

Costume : identique aux précédents, avec chapeau rond, cheveux longs, veste de droguet blanc à "mille" boutons d'argent, bragou , guêtres, sabots.

Il était représenté dans l'exposition Dastum (cf. infra)

 http://www.dastum.org/panorama/fete/exposition/Salle_3/Fete_Exposition_E01S03P03b.htm

Joueur de bombarde, Tribune des Péchés capitaux,  (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
Joueur de bombarde, Tribune des Péchés capitaux,  (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Joueur de bombarde, Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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2°) Le joueur de cornemuse.

Il figure dans l'inventaire de l'iconographie de la cornemuse menée par Jean-Luc Matte : "Biniou assez réaliste, chalumeau assez long pour un biniou (à petit pavillon) mais en proportion avec la bombarde. Bourdon d'épaule."

 

Il illustrait , dans l'exposition organisée par Dastum, la salle "Mauvaise réputation de la cornemuse et des sonneurs" :

"Mais c'est surtout au cours du XVIIème siècle que l'Eglise entreprend un vaste mouvement de réforme morale et religieuse.

Les occasions de danses et de rencontre sont suspectées d'atteinte à la morale et la pression hostile aux danseurs et plus encore aux sonneurs devient forte à partir du milieu du XVIIème siècle.

Les « cartes du monde » et les « tableaux de mission » (taolennoù) constituent un matériel pédagogique, mis en œuvre à cette époque par les prédicateurs bas-bretons, en vue d'évangéliser les fidèles par l'image, afin de leur indiquer le chemin à suivre pour gagner leur salut.

Les images de la cornemuse ou du hautbois, au même titre que celles du violon ou de l'accordéon au XXème siècle, instruments évoquant trop précisément les plaisirs du corps, sont utilisées pour dénoncer la danse et la luxure, la débauche et l'alcoolisme.

 

A partir du XIXème siècle, la cornemuse figure en bonne place dans les tableaux de mission, entourée d'autres symboles, pour dénoncer les vices ou l'orgueil censés être caractéristiques des sonneurs."

Joueur de cornemuse, Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
Joueur de cornemuse, Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Joueur de cornemuse, Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Alphonse Le Brun, qui avait participé entre 1862 et 1869 à la restauration du fameux jubé de Saint-Fiacre au Faouët, s'est peut-être inspiré du couple de sonneur qut en occupe un angle du coté du chœur. C'est de ce coté que sont figurés certains péchés capitaux et vices, comme le vol (de fruit dans un arbre), l'ivresse (un homme vomissant un porc), la luxure (un homme et une femme). Des acrobates tête en bas et des animaux grotesques y sont largement représentés.

Sonneurs, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, 1480-1492, photographie lavieb-aile.

Sonneurs, Jubé de Saint-Fiacre, Le Faouët, 1480-1492, photographie lavieb-aile.

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3°) Têtes de Diable et d' animaux.

Les deux joueurs de musique sont entourés d'un peuple de 16 bêtes menaçantes issues d'un bestiaire diabolique.  Au centre, entre les deux musiciens, un aigle-hibou aux yeux de braise étend ses ailes. Sous la rambarde du garde-corps ajouré trouvent place 6 têtes sculptées aux yeux rouges, dont celles d'un diable, d'un chien, d'un lion verdâtre. Le long des montants descendent six serpents verts et jaunes tenant dans leur gueule une pomme.  Au pied du garde-corps rampent de gauche à droite un lézard, un serpent, un crapaud, et un lézard.

Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Garde-corps de la Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Garde-corps de la Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.
Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Garde-corps de la Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

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Garde-corps de la  Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

Garde-corps de la Tribune des Péchés capitaux, (1882) Chapelle Saint-Yves, Priziac, photographie lavieb-aile.

IV. DISCUSSION.

 

 

Introduction.

La chapelle était  "probablement" (Inventaire général) une dépendance de la seigneurie proche de Kergoat [de Kergoët] et portait encore au XVIIe siècle les armes du Dréors et de Crémenec en Priziac au-dessus de la porte ouest. Héritière après 1850 des terres de Kergoat , Charlotte Anne Sidonie Harrington en fait entreprendre la reconstruction  selon les plans du sculpteur lorientais Alphonse Le Brun (ou Lebrun). J'ignore qui décida du programme de décoration intérieure : la propriétaire  (dont j'ignore tout) ? Le sculpteur ? Le  recteur de Priziac ?

a) Sidonie Harrington et sa famille.

Sidonie Harrington s'est mariée avec Paul Roussin (né le 18 août 1841 - Nantes (44), décédé le 13 juillet 1886 à l’âge de 44 ans), Officier de marine, maire de Combrit en 1874. Paul Roussin est le fils du peintre Victor Roussin et de Sophie Adamson.

Elle même  est la fille de Armand Harrington .et de Sidonie Radegonde Marie Le Mintier (mariage le 22 mai 1849 à Rennes). 

Elle est la petite fille de Armand Joseph Harringtondirecteur des contributions indirectes à Châteaulin et de son épouse Anne Louise de Carné-Marcein, et l'arrière-petite fille de Louis Joseph Harrington, établi à Dinan Saint-Sauveur.

Le frère d'Armand Joseph (le grand-oncle de Sidonie) est  Emmanuel Calixte Harrington  ( époux de Catherine Lowell et fils d' Henriette Renée Grignard de Champsavoy), acquéreur en 1822 du château de Lanniron, ancienne résidence d'été des évêques de Cornouaille sur les bords de l'Odet. Ce gentilhomme d'origine britannique  mort à Londres le 3 juin 1833 est décrit comme  joueur, noceur et buveur., mais aussi comme un homme de goût qui entreprit la reconstruction du château  et lui donna son aspect actuel. " Il remodela le manoir, fit disparaître les tourelles et réduisit le bâtiment du XVe siècle, ajouta l’aile orientale de la façade et édifia la terrasse avec son harmonieuse colonnade et son double escalier et donna ainsi à l’ensemble d’élégantes proportions s’alliant à une simplicité distinguée et néo-classique [napoléonien]." .http://lanniron.com/le-domaine-en-bretagne/histoire/

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Elle est la nièce de Mélanie Harrington, née à Ploneis en 1792, laquelle épousa à 22 ans Auguste Felix du Marc'h Allac'h, propriétaire du château de Pérennou dans l'anse de Combrit. Le mariage ut célébré dans l’église de Plonéis. : Quarante ans plus tard, en souvenir de cette union, Auguste fit don à cette église d’un vitrail, qui se trouve au chevet, du côté de l’épître, et porte les armes des du Marc'hallac'h et des Harrington. Ils eurent trois enfants.  Après la mort de sa femme et de trois enfants, Auguste Felix du Marc'hallac'h, en 1851, entra au Séminaire de Quimper, et trois ans plus tard, le 30 Juillet 1854, il reçut la prêtrise des mains de Monseigneur Graveran . Il  fut vicaire général, du diocèse de Quimper, Protonotaire apostolique (1808-1891) ,recteur des Glénans, paroisse dont il avait obtenu la création, de  1871 à 1883, De 1873 à sa mort en 1891 il fut vice-président de la Société Archéologique du Finistère.  Il mourut le 16 Août 1891 et fut inhumé au cimetière de Plomelin. Sur sa tombe se dresse un beau monument en fin granit, armorié de son blason : d’or à trois arceaux de gueule. . Il fonda le Bulletin de l’enseignement, transformé par ses soins en 1886 en Semaine religieuse du diocèse de Quimper et de Léon. Mgr du Marc’hallac’h, fut maire de Plomelin de 1806 à 1830.

Voir :

  • http://www.infobretagne.com/plomelin.htm
  • http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/1617d9f95b96e0a6453d5ef48a594318.pdf
  •  http://pdbzro.com/pdf/penanros.pdf page 283.
  • https://fr.wikipedia.org/wiki/Auguste_du_Marhallac%27h

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b) Alphonse Le Brun.

Alphonse Le Brun a procuré les meubles et les statues de l'église de l'île d'Hoedic. Il a sculpté en 1858 le cheval du roi Gradlon et une statue en granité grisâtre, de demi-relief dans la cathédrale de Quimper. En 1888, il exécuta sur les plans de l'architecte parisien Madeline la tribune de l'église d'Arzon (56). On lui doit aussi  à Saint-Marcel (56) les statues en bois polychrome de la Vierge à l'enfant et du pape saint Marcel, la chaire, les boiseries du chœur, et la grille des fonts baptismaux.

Alphonse le Brun a travaillé à la décoration des navires de la Marine. Il a travaillé aux églises de  Baden, Priziac, Pont-Scorff, Guidel, Guéméné, Saint-Avé, Séné, Theix, Meilars, à la production de statues ou de mobilier (tribune, chaire à prêcher) au 4ème quart du XIXe siècle.

 


​Ces éléments ne nous nous éclairent guère sur la compréhension du programme de cette tribune. J'ai d'abord cru à une plaisanterie, une "drôlerie" comme on en trouve dans les marges des pieux manuscrits médiévaux, ou sur les sablières des chapelles bretonnes. Les artistes n' hésitent pas, sous prétexte de représenter les dangers qui guettent les âmes si elles s'éloignent de l'espace sacré du chœur, à sculpter des scènes grivoises ou scatologiques  ou des fables animalières. Mais non. Malgré la verve du sculpteur, nous avons ici une pure leçon de morale, une catéchèse en image,  directement issues des traditions des prédicateurs bretons. Ce sont elles que nous devons maintenant découvrir.

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Un péché, un animal.

L'association, dans l'iconographie, d'un péché et d'un animal est ancienne, puisqu'elle remonte aux Pères de l'Église, et s'enracine sur des versets bibliques. Néanmoins, elle a été systématisée à partir du XIVe siècle lorsque l’Eglise catholique lance sa grande entreprise de culpabilisation. En Bretagne, elle est traditionnellement attribuée à Michel Le Nobletz (Plouguerneau, 1577-1652) et à son successeur Julien  Maunoir (1606-1683)  lors de ses quelque 500 missions à travers la Bretagne . Ces deux jésuites soucieux d'évangélisation utilisèrent des cartes, supports pédagogiques graphiques simples , proches de la bande dessinée, d'abord conçus comme des cartes de navigation spirituelle.

L'Église possède déjà une longue tradition d'utilisation de l'image à fin d'enseignement  par les sculptures des portails et des calvaires ou par les vitraux. Et en Bretagne, déjà Vincent Ferrier a inspiré au fidèle par ses prédications l'horreur du péché, et a décrit avec des termes imagés et des torrents de larmes les peines de l'enfer. Mais tout change avec le Concile de Trente (1545-1563) qui, face au protestantisme, insiste sur la mission pastorale du clergé.

1°) Les premières cartes  inventées par le père Michel Le Nobletz 

Les cartes de Dom Le Nobletz ne sont pas réellement des tableaux de mission, même s'ils en sont les précurseurs et qu'ils portent le même type de message. Ils s'en distinguent par plusieurs aspects : par leur utilisation, non dans un cadre de mission à proprement parler, mais pour un usage familier. Les archives conservées attestent de l'usage qu'il en faisait, en tout petit comité devant des paroissiens, et notamment des dévotes soigneusement choisies pour diffuser elles-mêmes le message, devant un public familier. Ils se distinguent également des tableaux de mission par leur variété de niveau d'illustration des chemins de la foi, en fonction du type de public visé, par la variété de leurs types iconographiques, correspondant à des utilisations diverses, et par les conditions de leur fabrication, totalement artisanale et individuelle, répondant à une commande extrêmement précise jusque dans ses moindres détails. Les cartes à dominante géographique portent la patte des cartographes du Conquet, comme Alain Lestobec, qui en a signé plusieurs ; une autre, Françoise Troadec, a vraisemblablement réalisé les premières cartes. D'autres collaborateurs, peut-être plus occasionnels, ont recopié les cartes d'origine ; la deuxième version du Désirant, la carte mêlée, le Pater, sont des copies assez maladroites. Les cartes subsistantes ne donnent qu'une faible idée d'une production qui semble avoir été très abondante, malgré un temps d'utilisation assez restreint (entre 1625 et 1639 environ). Le recensement des textes de Dom Le Nobletz permet d'évaluer à 70 le nombre de cartes réalisées. De ce corpus subsistent actuellement 14 cartes,.  . Le seul évêché de Quimper a conservé 14 cartes (sans que l'on puisse déterminer avec certitude si ces exemplaires sont réellement des originaux), représentant 12 sujets différents (deux étant desdoubles,  copies de l'époque). Les cartes conservées sont toutes sur des peaux de moutons, mais à l'origine elles semblent, au moins certaines, voir été peintes sur du bois.

 

Elles   auraient été peintes entre 1613 et 1639. Elles furent peintes par les cartographes  Françoise Troadec, ou Allain Lestobec (qui en signe trois), appartenant à l'"Ecole de cartographie du Conquet".

Rappel : L'école de cartographie du Conquet est une authentique pépinière de cartographes maritimes précurseurs en leur domaine, et dont l'un des fondateurs fut Guillaume Brouscon , l'auteur d'un manuscrit intitulé Traité de navigation datant de 1543, d'un Manuel de pilotage à l'usage des pilotes bretons datant de 1548, ainsi que de  quatre Almanachs pour marins (Un almanach est un calendrier où l'on peut connaître les phases lunaires ou encore la durée des jours). Le Conquet tirait son importance de son voisinage avec l'abbaye de Saint-Matthieu, et de l'importance du commerce de la Bretagne ducale avec l'Europe du Nord ; ce commerce perdra de son importance au XVIIe siècle.

  Dr  L. Dujardin-Troadec. — Les cartographes bretons du Conquet. La navigation en images 1543-1651 

Voir mon article sur la carte de Bretagne d'Argentré.

Parmi ces cartes se trouve L'Exercice quotidien pour tout homme chrétien qui désire parvenir à la vie éternelle, signé d'Alain Lestobech = 92,5 ; la = 73,5. 1633. Parchemin (mouton) peint. .Evéché de Quimper. Cette carte est divisée en 30 rectangles représentés sur cinq colonnes. Elle se lit horizontalement à partir de la première case en haut à droite, et comprend trois séries successives, visuellement séparées par des colonnes. Outre une échelle, une roue de la fortune, vingt cases sont occupées par des cœurs. Les sept péchés mortels y sont personnalisés dans les dernières cases, avec un animal emblématique  : 

 

  • Le Péché d'Envie : un chien et un crâne

  • Edvarice

  • Le Vice de Luxure : le bouc

  • Superbite 

  • Gourmandise : le cochon

  • Paresse : l'âne [et la tortue selon Roudaut et al.]

  • Cholère : le loup 

 

N.b le mot breton superbite est mentionné comme synonyme d'orgueil dans la Meditation var an Orgouil de Claude Guillaume Marigo dans son Abrege eus an aviel gant meditationou, Quemper, 1832.

“ Ces sept animaux symbolisent les sept péchés mortels. Le paon symbolise l’orgueil, le crapaud l’avarice, le bouc la luxure, le serpent l’envie, le porc la gourmandise, le lion la colère, l’escargot la paresse ” (Kerneau, f° 9 r°).

“ Le crapaud symbolise l’avaricieux. Cette bête laide vit toujours dans la terre et de la terre ; et l’homme avare ne pense qu’aux choses terrestres ” (Kerneau, f° 12 r°). “ La luxure (…) Ce péché abject est symbolisé par le bouc qui est le plus puant et le plus paillard des animaux ” (Kerneau, f° 14 r°).

“ L’envie (…) Elle est représentée par le serpent, parce que c’est sous cette apparence que le démon vint tenter Eve au Paradis terrestre ” (Kerneau, f° 15 v° et 16 r°).

“ On compare l’homme gourmand au porc qui ne cherche que l’occasion de contenter son corps ” (Kerneau, f° 16 r°). 

“ Avec raison, l’homme coléreux est comparé à un lion en fureur. Noli esse in domo tuâ, sicut leo evertens domesticos tuos (Eccli : 4) (…). Un homme en colère ne connaît personne ; il perd la raison ; il est semblable au serpent qui est constamment prêt à mordre, et au lion qui n’attend que d’être attaqué pour se battre. Beaucoup de personnes coléreuses sont aussi en apparence tranquilles, mais pour peu qu’on les offense, elles commencent à écumer comme des chiens enragés ” (Kerneau, f° 17 r°). 

Les péchés mortels, in Exercice quotidien pour tout homme chrétien,  (détail), Carte de Michel Le Nobletz, XVIIe siècle.

Les péchés mortels, in Exercice quotidien pour tout homme chrétien, (détail), Carte de Michel Le Nobletz, XVIIe siècle.

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2°) Les taolennoù ou Tableaux de mission. Vincent Huby (1608-1693).

Plus tard, en 1655, Vincent Huby, jésuite né à Hennebont,  devenu Supérieur d'une "maison de retraite" (un Centre où on se rend pour méditer et approfondir sa foi) à Vannes, s'inspirera de ces cartes comme outils de reconquête spirituelle, sa prédication se donnant à partir d'une série de douze " images morales" dont quatre représentent les fins dernières (mort du pécheur, enfer, mort du juste, paradis) et huit des cœurs allégoriques.  Ces 12 "tableaux énigmatiques" ou  taolennoù (souvent attribués au père Maunoir) utilisent fréquemment des représentations d'animaux pour mieux faire passer le message religieux à destination d'un public populaire souvent analphabète. Il s'agit d'estampes en taille douce de 44 cm sur 58,5 cm imprimées à Paris. Plus petites que les cartes de Le Nobletz, elles sont néanmoins  lisibles de loin pour un public plus nombreux, mais, par leur recours à l'abstraction et au symbolisme, elles ne s'inscrivent plus dans la culture maritime et bretonne. En effet, elles trouveraient leur source, pour les Vices, les Passions et les Vertus, dans l'Iconologia de Cesare Ripa (1593), et, pour les tableaux des Fins dernières, dans les Artes Morendi.

Bien que le succès de ces tableaux ait largement dépassé la Bretagne, c’est pourtant dans la région, et surtout auprès des fidèles bretonnants, qu’il a été important et durable. Jusqu’au milieu du XXe siècle, lors des missions bretonnes, des taolennerien (“ tableauteurs ”) ont continué de commenter diverses séries de tableaux.

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3°) Une série de 12 tableaux dite de Plouguerneau 1 (XVIIIe)

La bibliothèque de l'évêché de Quimper conserve une série de 12 taolennou, dite de Plouguerneau 1, datée du XVIIIe siècle, et classée MH au 14 avril 2005. Les reproductions de ces tableaux ont été exposés en été 2015 à la chapelle de Ty-Mamm-Doué de Quimper. Comme les images ne sont pas disponibles en ligne, je leur consacre un article à suivre.

Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1. XVIIIe siècle

Le second tableau nous montre, sous l'incitation d'un ange garden qui lui présente un crâne sur lequel méditer, et grâce à l'intervention de l'Esprit Saint, un homme, barbu, tourne ses yeux vers le bas en introspection. Un œil (la conscience) s'entrouvre dans son cœur rose qui s'enflamme de flammèches inspiratrices. Sous la conduite d'un diable dépité, les sept péchés, représentés par sept animaux, s'écartent de façon centripète. Ce sont :

  • le crapaud pour l'avarice,
  • le serpent pour l'envie,
  • le lion pour la colère,
  • la tortue pour la paresse,
  • le cochon pour la gourmandise,
  • le bouc pour la luxure,
  • le paon pour l'orgueil. 

 

2. L'attrition. Douze tableaux de mission de l'évêché de Quimper ; la série de Plouguerneau 1., photographie lavieb-aile

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4°) Les taolennou commentés par François Kerleau, recteur de Plougonven en 1783.

Il s'agit d'un manuscrit récemment déposé au Centre de Recherche Bretonne et Celtique  et daté de 1783. Ces “ Notes pour l’explication des tableaux des missions et retraites ” sont entièrement en breton à l’exception de leur titre.

 “ Ces sept animaux symbolisent les sept péchés mortels. Le paon symbolise l’orgueil, le crapaud l’avarice, le bouc la luxure, le serpent l’envie, le porc la gourmandise, le lion la colère, l’escargot la paresse ” (Kerneau, f° 9 r°).

“ Le crapaud symbolise l’avaricieux. Cette bête laide vit toujours dans la terre et de la terre ; et l’homme avare ne pense qu’aux choses terrestres ” (Kerneau, f° 12 r°).

“ La luxure (…) Ce péché abject est symbolisé par le bouc qui est le plus puant et le plus paillard des animaux ” (Kerneau, f° 14 r°).

“ L’envie (…) Elle est représentée par le serpent, parce que c’est sous cette apparence que le démon vint tenter Eve au Paradis terrestre ” (Kerneau, f° 15 v° et 16 r°).

“ On compare l’homme gourmand au porc qui ne cherche que l’occasion de contenter son corps ” (Kerneau, f° 16 r°).

 “ Avec raison, l’homme coléreux est comparé à un lion en fureur. Noli esse in domo tuâ, sicut leo evertens domesticos tuos (Eccli : 4) (…). Un homme en colère ne connaît personne ; il perd la raison ; il est semblable au serpent qui est constamment prêt à mordre, et au lion qui n’attend que d’être attaqué pour se battre. Beaucoup de personnes coléreuses sont aussi en apparence tranquilles, mais pour peu qu’on les offense, elles commencent à écumer comme des chiens enragés ” (Kerneau, f° 17 r°).

5°) Paul Peyron.

Parmi les "tableauteurs" figure le chanoine Paul Peyron (1842-1920), à qui est attribuée une série de onze tableaux retrouvée à Combrit, et qui fut dans-doute utilisée lors des missions paroissiales de 1919 et 1924.

L'article Wikipédia donne les images de sept tableaux en couleur 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tableaux_de_mission#/media/File:019_Julien_Maunoir_taolennou_1_L%27attrition_du_p%C3%AAcheur.JPG.

 

 6°) Les Taolennou ar Mission de l'abbé Balanant.

L'abbé François-Marie Balanant (1862-1930), prédicateur finistérien,

Source : http://bibnum.univ-rennes2.fr/items/show/21

I. Er pec'hed marvel.

L'homme en état de péché mortel. Les sept animaux sont les mêmes que précedemment, mais l'escargot remplace la tortue. 

Notez les attributs des Vices, qui complètent les sept animaux :

  • le miroir
  • la cornemuse
  • les cartes à jouer
  • la table avec la nourriture, et la boisson.

L'ange et l'Esprit-Saint préparent le siège de ce cœur pêcheur en l'entourant des flammes de l'inspiration spirituelle.

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II. Ann Atrision.

"Au cours des siècles les théologiens développèrent une distinction entre la 'contrition' qui est un repentir motivé par l’amour de Dieu, et l’'attrition', repentir motivé par des raisons humaines (en particulier la crainte du châtiment divin). Autrement dit : la ‘contrition parfaite’ et la ‘contrition imparfaite’ (ou ‘attrition’)." (Wikipédia)

Notez la présence de la table (de cabaret), de la bouteile et des verres, et des cartes à jouer.

 

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III. Ar gwir Gontrision. 

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V. Ann ene o tristei d'ar pec'hed.

.Les animaux sont attaquées par les flammes du Saint-Esprit ; le couple lubrique est séparé par les démons. Sous l'œil évéillé de la conscience et sous l'étoile, le cœur purifié accueille la croix christique et les instruments de la Passion. 

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En couleur.

L'exposition Les Missions bretonnes, Tableaux de mission en Bretagne du XVIIe au XXe siècle.présentées en 2015 à Ty-Mamm-Doué montrait des tableaux attribués à l'abbé Balanant . On y trouve, en plus des animaux symboliques, des illustrations des vices comme un masque, des romans et des journaux .

 

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 Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 1. L'état de péché. 2. L'attrition.
 Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 1. L'état de péché. 2. L'attrition.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 1. L'état de péché. 2. L'attrition.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 3. l'attrition. 4. La contrition.
Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 3. l'attrition. 4. La contrition.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 3. l'attrition. 4. La contrition.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 8. L'enfer. 7, la mort du pêcheur.
Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 8. L'enfer. 7, la mort du pêcheur.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 8. L'enfer. 7, la mort du pêcheur.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin).  9. La dévotion. 10, la persévérance.
Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin).  9. La dévotion. 10, la persévérance.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin). 9. La dévotion. 10, la persévérance.

 Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin).11, la mort du juste.12, Le Salut.
 Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin).11, la mort du juste.12, Le Salut.

Tableaux présentés à l'exposition Tableaux de Mission" 2015 (Commissaire Françoise Oudin).11, la mort du juste.12, Le Salut.

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7°) Le témoignage de leur utilisation au XXe siècle.

Du XVIIe au XXe siècle, de nombreux recteurs 'tableauteurs" et membres de congrégations utilisèrent les tableaux de Vincent Huby, les commentèrent par des "explicacion an tolennou" les copièrent en les modernisant et les adaptèrent. 

Pierre Jakez Hélias, Mission de 1923 en pays bigouden.

En 1923, l’enfant Pierre-Jakez Hélias est fortement impressionné, lors d’une mission donnée dans sa paroisse, par la présentation des taolennou, les tableaux utilisés lors des missions et des retraites : “ Chacune porte le dessin d’un grand cœur surmonté d’une tête […]. La tête revêt diverses expressions selon le contenu du cœur. Sur le premier tableau, celui-ci est occupé par le paon de l’orgueil, le bouc de la luxure (qu’est-ce que c’est donc, la luxure ?), le cochon de la gourmandise, la tortue de la paresse, le tigre de la colère, la vipère de l’envie et le crapaud de l’avarice, les sept bêtes entourant un diable ailé, cornu, barbu, griffu, penaud, avec une fourche pour sceptre ”Pierre-Jakez Hélias, Le cheval d’orgueil. Mémoires d’un breton du pays bigouden, Paris, Plon, 1975, p. 144-145. 

. Évoquant la mission de 1923, il écrit : “ Au travers du chœur, attachées à une corde comme des linges raides et bariolés, se balancent doucement devant nous les douze Tables du Père Maunoir ”Cité par Roudaut et al.

 
 Pierre-Jakez HÉLIAS , 1975,   "Le cheval d’orgueil. Mémoires d’un breton du pays bigouden", Paris, Plon, 1975, p. 144-145.

Pierre-Jakez HÉLIAS , 1975, "Le cheval d’orgueil. Mémoires d’un breton du pays bigouden", Paris, Plon, 1975, p. 144-145.

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Les recteurs bretons, la musique et les sonneurs.

 

La musique, les recteurs n'ont rien contre. Bien souvent, ils en composent, ou écrivent les paroles, comme le faisait le père Maunoir lui-même, qui écrivit de nombreux cantiques. Mais leurs bêtes noires, ce sont les couples de sonneurs. Ouvrons encore le Cheval d'orgueil

«— Attention ! Voilà le recteur de Landudec !

Le recteur de la paroisse voisine est un homme terrible qui ne supporte pas que l'on danse après la nuit tombée car le diable, dit-il, se glisse alors parmi les danseurs. Même quand une noce se fait dans une ferme éloignée de son église, il épie le biniou et la bombarde qui s'entendent au moins sur un quart de lieu. Si le bruit persiste après le coucher du soleil, il se rue hors de son presbytère, se hâte vers l'aire de danse, la soutane retroussée, et disperse furieusement les danseurs. Notre recteur à nous ne va pas jusque-là, mais il interdit les danses de nuit sous peine de damnation éternelle. Il en veut surtout au jabadao, réputé immodeste. Les prêtres,en général, tiennent à l'œil les sonneurs que condamnait déjà la Vieille Coutume de Bretagne. Ils sont toujours aussi bons chrétiens qu'ils semblent l'être, les recruteurs jurés du Diable. » Pierre-Jakez Hélias, 1975.

Plus tard, les prêtres n'apprécieront pas non plus l'accordéon, qu'ils surnommeront la boest an diaoul, "la boite du diable". 

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Conclusion.

 

On voit que la tribune de la chapelle Saint-Yves n'est pas due au talent de caricaturiste d'un sculpteur cherchant à amuser la galerie par un pastiche haut en couleur des drôleries médiévales que recèlent les sablières, mais que son programme obéit à une tradition pastorale bien implantée dans le clergé breton, celle des tableaux de mission. Alphonse Le Brun a réussi à transformer les images peintes des taolennoù de Vincent Huby en leur donnant par le relief plus de force de conviction, et plus de pouvoir didactique. Il a repris à son compte des tableaux de mission de la fin du XIXe siècle, qui associait à la figure animale des sept péchés mortels la représentation des vices de l'alcoolisme, du tabagisme, des jeux, ou de la dissimulation trompeuse. L'ancienne dénonciation de la débauche qui accompagnait les bals menés par les sonneurs a trouver sous ses ciseaux à bois une forme exemplaire. Enfin le "diable rouge" témoigne de la participation de l'Église du XIXe siècle à des choix politiques opposés à l'athéisme républicain et, à fortiori, aux avancées du socialisme. Aujourd'hui, on peut  admirer la force expressive de cette tribune, et  y voir le témoin d'un  moment historique particulièrement "daté".

SOURCES ET LIENS.

— Site officiel de la mairie de Priziac. 15 photos.

http://www.priziac.com/asp/histoire/default.asp?idx=2&idhistoire=175

Site Topic-topos :

  •  http://fr.topic-topos.com/chapelle-saint-yves-priziac
  • http://fr.topic-topos.com/tribune-priziac
  • http://fr.topic-topos.com/detail-de-la-tribune-priziac

Base Mérimée :

  • http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00091591

— Daouzek taolen ANN TAD MANER Tableaux symboliques composés pour les missions bretonnes par D. Michel Le Nobletz et le P. Maunoir. Tours, Alfred Cattier éditeur, 1897.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bc1d63f9f436db6887747369183b7a94.pdf

Exposition Dastum.

http://www.dastum.org/panorama/fete/exposition/Salle_3/Fete_Exposition_E01S03P03.htm

— Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Morbihan: cantons Le Faouët et Gourin : texte et illustration. Commission régionale de Bretagne - 1975

—  PIROTTE Jean, SAPPIA Caroline et SERVAIS Olivier (dir.) Images et diffusion du christianisme. Expressions graphiques en contexte ...

— BALANANT (Abbé A.) 1899, Taolennou ar mission / displeget gand ann aotrou Balanant http://bibnum.univ-rennes2.fr/items/show/21

  

—  DELUMEAU (Jean), 1983, Le péché et la peur. La culpabilisation en Occident XIIe-XVIIIe siècles, Paris, Fayard, 1983, p. 167. 

HÉLIAS ( Pierre-Jakez), 1975,   Le cheval d’orgueil. Mémoires d’un breton du pays bigouden, Paris, Plon, 1975, p. 144-145. 

MATTE (Catherine et Jean-Luc), Iconographie de la cornemuse,

 http://jeanluc.matte.free.fr/invpbis.htm#priziac

OUDIN (Françoise); 2015, Les Missions bretonnes, Tableaux de mission en Bretagne du XVIIe au XXe siècle.Exposition, dont Françoise Oudin est l'instigatrice,  à la chapelle de Ty-Mamm-Doué de Quimper

 ROUDAUT (Fãnch), CALVEZ ( Ronan), 2003, "Les animaux dans les taolennou. Une image globalement négative. Regards étonn´es : de l’expression de l’altérité à la construction de l’identité". Mélanges offerts au Professeur Gaël Milin, Association les Amis de Gaël Milin, pp.27-40, 2003. https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00441825/document

Version en breton : https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-00441827/document

—  ROUDAUT ( Fañch), CROIX ( Alain), BROUDIC (Fañch) , 1988, Les chemins du Paradis / Taolennou ar Baradoz, Douarnenez, Le Chasse-Marée.

—  ROUDAUT ( Fañch), 2002, “ Jean-François Grall, curé de Crozon, tableauteur ”, Avel Gornog, Crozon, n°10, juillet 2002, p. 27-32. 22. 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes.

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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