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30 juin 2015 2 30 /06 /juin /2015 20:27

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J'emprunte le plan de situation (avec la numérotion MH) au site http://quercus49.over-blog.fr/article-la-cathedrale-d-angers-les-vitraux-54448736.html, mais j'utiliserais la numérotation du Corpus Vitrearum :

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La Baie 117 : n° 15 du plan ci-dessus, mais MH 14.

Façade ouest du Transept nord

Voir http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Angers/Angers-zeStMaurice_14.htm

 

Il s'agit d'un vitrail d'André Robin daté vers 1451, comportant une lancette de 8,50 mètres de haut et 2 mètres de large, à deux registres. La datation, l'attribution à André Robin, la taille de la lancette et la composition sont les mêmes que pour les autres baies de ce transept, la baie 115 (Plan 14, M.H .15) et  la baie 109 (M.H 18). Ces baies ont en commun une "composition architecturale en grisaille et jaune d'argent, à grande tour percée à deux niveaux de niches tendues de damas et couvertes de voûtes à clefs pendantes abritant des figures, avec couronnement relié par des arcs-boutants aux pinacles" (Callias Bey & al.) Le registre supérieur est occupé par saint Christophe (inscription S. xystofor-) et par saint Eustache (inscription St Eutachii), alors que saint Rémi et sainte Marie-Madeleine occupent le registre inférieur.

De Farcy en donne la description page 158 sous le n°14 et précise que le chapitre avait demandé dans son marché passé en 1451 avec le vitrier « du vairre blanc, à ymages revestues de chappiteaulx ».

André Robin était le peintre verrier chargé de l'entretien des vitraux de la cathédrale d'Angers depuis 1434. On lui doit la réalisation des deux grandes rosaces des transepts de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Il reçut commande de l'évêché d'Angers pour ces vitraux, à la suite de l'incendie accidentel de la cathédrale survenu le 7 juillet 1451. Les travaux durèrent deux années. Ensuite il restaura les autres vitraux endommagés par l'incendie. Il travailla sur le chantier de la cathédrale en même temps que le maître d'œuvre Guillaume Robin. (Wikipédia)

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2°) Baie 117 :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Angers/Angers-zeStMaurice_14.htm

à coté de saint Eustache-- dans la baie 117. St Eutachii

Vitrail d'André Robin vers 1451 ; saint Rémi et sainte Marie-Madeleine au registre inférieur.

hampe non fleurie (ou feuillage non conservé)

Manteau rouge, habit bleu et vert

André Robin, maître verrier angevin du XVe siècle.

André Robin était le peintre verrier chargé de l'entretien des vitraux de la cathédrale d'Angers depuis 1434.

On lui doit la réalisation des deux grandes rosaces des transepts de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Il reçut commande de l'évêché d'Angers pour ces vitraux, à la suite de l'incendie accidentel de la cathédrale survenu le 7 juillet 1451. Les travaux durèrent deux années.

La rosace nord représente le Jugement dernier, avec quinze signes de la fin du monde, entouré des Travaux des mois. La rosace sud représente le Christ entouré des vieillards de l'Apocalypse au milieu des signes du zodiaque.

Ensuite il restaura les autres vitraux endommagés par l'incendie. Il travailla sur le chantier de la cathédrale en même temps que le maître d'œuvre Guillaume Robin.

Après 1452, André Robin reçut d'autres propositions de vitraux pour des monuments de la ville d'Angers. Il présenta un certain nombre de projets qu'il réalisa, notamment, en 1466, les vitraux de la grande lucarne de la bibliothèque de la cathédrale d'Angers, ceux de la chambre des comptes du château d'Angers ainsi que ceux de l'Abbaye Saint-Serge d'Angers.

Louis de Farcy, Jane Hayward et Gloria Gilmore-House sont les seuls chercheurs avant Karine Boulanger ayant publié une thèse sur la vitrerie de la cathédrale d’Angers. Avec Les Vitraux de la cathédrale d’Angers, l’auteur s’est penché à son tour sur une particularité du grand édifice : certains points n’avaient jamais été élucidés jusqu’alors. Aussi, après un lourd travail de recherche, elle apporte des éléments nouveaux sur les créations et leurs datations, ainsi que sur la production de chaque atelier depuis les années 1190 jusqu’au deuxième quart du XIIIe siècle. Retour dans le savoir-faire des maîtres verriers et dans l’histoire de la cathédrale d’Angers.

Karine Boulanger est déjà auteur de nombreuses études sur le vitrail au Moyen Age, notamment Le vitrail et les traités du Moyen Age à nos jours (Actes du XXIIIe colloque international du Corpus Vitrearum) et L'art du vitrail vers 1400 (CTHS, 2008). C’est avec le pleine connaissance de son sujet que l’auteur a analysé le rébus des œuvres restaurées, déplacées ou recomposées et souvent mal compris, afin de redonner aux vitraux d’Angers leur place dans l’histoire de l’Art.

Une entreprise délicate au regard de l’histoire même de la cathédrale. Elle a ainsi fait appel aux responsables des archives de Maine et Loire et des manuscrits de la bibliothèque municipale d’Angers, de la conservation des antiquités et objets d’arts, des archives diocésaines et du musée, entre-autres. La mise à plat des données historiques, matérielles et techniques mais aussi l’expertise des pièces par les restaurateurs contemporains fut aussi une aide précieuse pour l’auteur dans la compréhension même de l’iconographie.

Retrouver les emplacements d’origine

Ce n’est qu’après la reconstitution de l’histoire de l’édifice marquée notamment par les incendies de 1451 et de 1533, les destructions du XVIIIe siècle, la première restauration de 1858 et la bombe qui explosa tout près en 1944, sans omettre les déplacements de panneaux, que Karine Boulanger a pu analyser l’ensemble des décors vitrés. Grâce aux archives, aux fonds graphiques et iconographiques et par l’observation des œuvres, l’auteur a retrouvé l’emplacement d’origine d’un certain nombre de panneaux de la fin du XIIe siècle et de la première moitié du XIIIe siècle.

Elle nous révèle que les évêques et le chapitre ont beaucoup investi dans la création des vitraux de la cathédrale. Ils sont Hugues de Semblançay dont le don permis la fabrication de la presque totalité des vitraux de la nef à la fin du XIIe siècle, Raoul de Beaumont, à qui on doit les chefs-d’œuvre les plus célèbres du XIIIe siècle, Guillaume de Beaumont, son neveu ou Richard de Tosny. L’auteur nous renseigne aussi sur les conditions de fabrication des vitraux et de leur entretien, ainsi que sur le métier de peintre-verrier et sur le fonctionnement de la fabrique, mise en place dès le début du XIIIe siècle. Un livre dense qui vaut aussi pour sa partie iconographique de qualité, facilitant une meilleure compréhension de l’étude2°) Baie 117 :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Angers/Angers-zeStMaurice_14.htm

à coté de saint Eustache-- dans la baie 117. St Eutachii

Vitrail d'André Robin vers 1451 ; saint Rémi et sainte Marie-Madeleine au registre inférieur.

hampe non fleurie (ou feuillage non conservé)

Manteau rouge, habit bleu et vert

André Robin, maître verrier angevin du XVe siècle.

André Robin était le peintre verrier chargé de l'entretien des vitraux de la cathédrale d'Angers depuis 1434.

On lui doit la réalisation des deux grandes rosaces des transepts de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Il reçut commande de l'évêché d'Angers pour ces vitraux, à la suite de l'incendie accidentel de la cathédrale survenu le 7 juillet 1451. Les travaux durèrent deux années.

La rosace nord représente le Jugement dernier, avec quinze signes de la fin du monde, entouré des Travaux des mois. La rosace sud représente le Christ entouré des vieillards de l'Apocalypse au milieu des signes du zodiaque.

Ensuite il restaura les autres vitraux endommagés par l'incendie. Il travailla sur le chantier de la cathédrale en même temps que le maître d'œuvre Guillaume Robin.

Après 1452, André Robin reçut d'autres propositions de vitraux pour des monuments de la ville d'Angers. Il présenta un certain nombre de projets qu'il réalisa, notamment, en 1466, les vitraux de la grande lucarne de la bibliothèque de la cathédrale d'Angers, ceux de la chambre des comptes du château d'Angers ainsi que ceux de l'Abbaye Saint-Serge d'Angers.

Louis de Farcy, Jane Hayward et Gloria Gilmore-House sont les seuls chercheurs avant Karine Boulanger ayant publié une thèse sur la vitrerie de la cathédrale d’Angers. Avec Les Vitraux de la cathédrale d’Angers, l’auteur s’est penché à son tour sur une particularité du grand édifice : certains points n’avaient jamais été élucidés jusqu’alors. Aussi, après un lourd travail de recherche, elle apporte des éléments nouveaux sur les créations et leurs datations, ainsi que sur la production de chaque atelier depuis les années 1190 jusqu’au deuxième quart du XIIIe siècle. Retour dans le savoir-faire des maîtres verriers et dans l’histoire de la cathédrale d’Angers.

Karine Boulanger est déjà auteur de nombreuses études sur le vitrail au Moyen Age, notamment Le vitrail et les traités du Moyen Age à nos jours (Actes du XXIIIe colloque international du Corpus Vitrearum) et L'art du vitrail vers 1400 (CTHS, 2008). C’est avec le pleine connaissance de son sujet que l’auteur a analysé le rébus des œuvres restaurées, déplacées ou recomposées et souvent mal compris, afin de redonner aux vitraux d’Angers leur place dans l’histoire de l’Art.

Une entreprise délicate au regard de l’histoire même de la cathédrale. Elle a ainsi fait appel aux responsables des archives de Maine et Loire et des manuscrits de la bibliothèque municipale d’Angers, de la conservation des antiquités et objets d’arts, des archives diocésaines et du musée, entre-autres. La mise à plat des données historiques, matérielles et techniques mais aussi l’expertise des pièces par les restaurateurs contemporains fut aussi une aide précieuse pour l’auteur dans la compréhension même de l’iconographie.

Retrouver les emplacements d’origine

Ce n’est qu’après la reconstitution de l’histoire de l’édifice marquée notamment par les incendies de 1451 et de 1533, les destructions du XVIIIe siècle, la première restauration de 1858 et la bombe qui explosa tout près en 1944, sans omettre les déplacements de panneaux, que Karine Boulanger a pu analyser l’ensemble des décors vitrés. Grâce aux archives, aux fonds graphiques et iconographiques et par l’observation des œuvres, l’auteur a retrouvé l’emplacement d’origine d’un certain nombre de panneaux de la fin du XIIe siècle et de la première moitié du XIIIe siècle.

Elle nous révèle que les évêques et le chapitre ont beaucoup investi dans la création des vitraux de la cathédrale. Ils sont Hugues de Semblançay dont le don permis la fabrication de la presque totalité des vitraux de la nef à la fin du XIIe siècle, Raoul de Beaumont, à qui on doit les chefs-d’œuvre les plus célèbres du XIIIe siècle, Guillaume de Beaumont, son neveu ou Richard de Tosny. L’auteur nous renseigne aussi sur les conditions de fabrication des vitraux et de leur entretien, ainsi que sur le métier de peintre-verrier et sur le fonctionnement de la fabrique, mise en place dès le début du XIIIe siècle. Un livre dense qui vaut aussi pour sa partie iconographique de qualité, facilitant une meilleure compréhension de l’étude

2°) Baie 117 :

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Angers/Angers-zeStMaurice_14.htm

à coté de saint Eustache-- dans la baie 117. St Eutachii

Vitrail d'André Robin vers 1451 ; saint Rémi et sainte Marie-Madeleine au registre inférieur.

hampe non fleurie (ou feuillage non conservé)

Manteau rouge, habit bleu et vert

André Robin, maître verrier angevin du XVe siècle.

André Robin était le peintre verrier chargé de l'entretien des vitraux de la cathédrale d'Angers depuis 1434.

On lui doit la réalisation des deux grandes rosaces des transepts de la cathédrale Saint-Maurice d'Angers. Il reçut commande de l'évêché d'Angers pour ces vitraux, à la suite de l'incendie accidentel de la cathédrale survenu le 7 juillet 1451. Les travaux durèrent deux années.

La rosace nord représente le Jugement dernier, avec quinze signes de la fin du monde, entouré des Travaux des mois. La rosace sud représente le Christ entouré des vieillards de l'Apocalypse au milieu des signes du zodiaque.

Ensuite il restaura les autres vitraux endommagés par l'incendie. Il travailla sur le chantier de la cathédrale en même temps que le maître d'œuvre Guillaume Robin.

Après 1452, André Robin reçut d'autres propositions de vitraux pour des monuments de la ville d'Angers. Il présenta un certain nombre de projets qu'il réalisa, notamment, en 1466, les vitraux de la grande lucarne de la bibliothèque de la cathédrale d'Angers, ceux de la chambre des comptes du château d'Angers ainsi que ceux de l'Abbaye Saint-Serge d'Angers.

Louis de Farcy, Jane Hayward et Gloria Gilmore-House sont les seuls chercheurs avant Karine Boulanger ayant publié une thèse sur la vitrerie de la cathédrale d’Angers. Avec Les Vitraux de la cathédrale d’Angers, l’auteur s’est penché à son tour sur une particularité du grand édifice : certains points n’avaient jamais été élucidés jusqu’alors. Aussi, après un lourd travail de recherche, elle apporte des éléments nouveaux sur les créations et leurs datations, ainsi que sur la production de chaque atelier depuis les années 1190 jusqu’au deuxième quart du XIIIe siècle. Retour dans le savoir-faire des maîtres verriers et dans l’histoire de la cathédrale d’Angers.

Karine Boulanger est déjà auteur de nombreuses études sur le vitrail au Moyen Age, notamment Le vitrail et les traités du Moyen Age à nos jours (Actes du XXIIIe colloque international du Corpus Vitrearum) et L'art du vitrail vers 1400 (CTHS, 2008). C’est avec le pleine connaissance de son sujet que l’auteur a analysé le rébus des œuvres restaurées, déplacées ou recomposées et souvent mal compris, afin de redonner aux vitraux d’Angers leur place dans l’histoire de l’Art.

Une entreprise délicate au regard de l’histoire même de la cathédrale. Elle a ainsi fait appel aux responsables des archives de Maine et Loire et des manuscrits de la bibliothèque municipale d’Angers, de la conservation des antiquités et objets d’arts, des archives diocésaines et du musée, entre-autres. La mise à plat des données historiques, matérielles et techniques mais aussi l’expertise des pièces par les restaurateurs contemporains fut aussi une aide précieuse pour l’auteur dans la compréhension même de l’iconographie.

Retrouver les emplacements d’origine

Ce n’est qu’après la reconstitution de l’histoire de l’édifice marquée notamment par les incendies de 1451 et de 1533, les destructions du XVIIIe siècle, la première restauration de 1858 et la bombe qui explosa tout près en 1944, sans omettre les déplacements de panneaux, que Karine Boulanger a pu analyser l’ensemble des décors vitrés. Grâce aux archives, aux fonds graphiques et iconographiques et par l’observation des œuvres, l’auteur a retrouvé l’emplacement d’origine d’un certain nombre de panneaux de la fin du XIIe siècle et de la première moitié du XIIIe siècle.

Elle nous révèle que les évêques et le chapitre ont beaucoup investi dans la création des vitraux de la cathédrale. Ils sont Hugues de Semblançay dont le don permis la fabrication de la presque totalité des vitraux de la nef à la fin du XIIe siècle, Raoul de Beaumont, à qui on doit les chefs-d’œuvre les plus célèbres du XIIIe siècle, Guillaume de Beaumont, son neveu ou Richard de Tosny. L’auteur nous renseigne aussi sur les conditions de fabrication des vitraux et de leur entretien, ainsi que sur le métier de peintre-verrier et sur le fonctionnement de la fabrique, mise en place dès le début du XIIIe siècle. Un livre dense qui vaut aussi pour sa partie iconographique de qualité, facilitant une meilleure compréhension de l’étude

Baie 117 (1451), registre supérieur, Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Baie 117 (1451), registre supérieur, Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Baie 117 (1451), registre inférieur, , Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Baie 117 (1451), registre inférieur, , Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

On retrouve ici les éléments les plus habituels de l'iconographie de Saint Christophe, comme le manteau rouge dont un pan est emporté par le vent, la tunique courte (verte et bleue), le bandeau de martyr serré autour des boucles d'une foisonnante chevelure grise, la barbe elle-aussi grisonnante témoignant de l'âge du saint. L'Enfant, blond, à califourchon sur le géant, porte un manteau bleu sur une robe rouge. Il tient le globe crucifère de la main gauche et trace une bénédiction de la main droite. Son col, ses poignets et même sa cheville droite sont ornés de bijoux (collier, bracelets, etc.) à cercles d'or.

Le saint tient un bâton dont la hampe n'est pas fleurie (ou bien le feuillage n'a pas été conservé). Il traverse le cours d'eau figuré par du verre blanc à lignes concentriques de grisaille, sans présence de poissons ou d' êtres fabuleux. Alors que ses jambes se dirigent vers notre gauche, son corps se tourne et il lève les yeux vers Jésus, avec lequel il s'entretient sans-doute. Le verre blanc (visages, jambes, bâton, rivière) est rehaussé de jaune d'argent, mais aussi de sanguine (visage du saint).

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Saint-Christophe, Baie 117 (1451), André Robin , Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Saint-Christophe, Baie 117 (1451), André Robin , Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

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Saint-Christophe, Baie 117 (1451), André Robin , Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Saint-Christophe, Baie 117 (1451), André Robin , Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

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Si on le compare au saint Christophe de la baie 105, réalisé un siècle plus tard (vers 1550), on constate que la posture générale des deux figures est assez semblable dans les deux verrières, et que les éléments du récit sont identiques :

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Saint Eustache au milieu du fleuve.

Ce qui retiendra, dans ce saint Christophe de la baie 117 d'Angers, mon intérêt, ce sera son voisinage avec saint Eustache. Car on remarquera que sur le vitrail les deux saints trempent leurs pieds dans les mêmes eaux dont les tourbillons semblent emporter le flot du panneau gauche vers le panneau droit. Saint Eustache ne fait pas partie de mes saints familiers, je ne souhaite sa fête (le 20 septembre) à aucun Eustache et je ne trouve aucun nom célèbre portant ce prénom. A la différence de son voisin, il n'a pas accompagné ma jeunesse sous forme de porte-clefs ou de badge de tableau de bord sur ma Maserati, et nulle médaille d'Eustache ne s'est pendue à mon cou. Il ne possède aucun garage.

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De Saint-Eustache, en vérité, je ne connaît que les Orgues, et d'Eustache, que la Trompe. Ou bien, pour l'avoir mentionné quelques fois dans ce blog, j'en fais un de ces saints cynégétiques comme saint Hubert et saint Julien, ceux qui apercoivent  un cerf portant dans ses bois la croix du Christ qui va les mener au repentir et à la conversion.  En somme, pas du tout un saint "pieds-dans-l'eau".

C'est un tort. Je découvre, avec ce frémissement ravi qui accompagne les grandes révélations, que saint Eustache est, du moins en iconographie, très proche de saint Christophe, car on le représente très volontiers en train de traverser une rivière, comme sur ce vitrail, accompagné de ses deux fils. Il possède un autre point commun avec Christophe, car comme lui il appartient au cercle étroit des Quatorze Auxiliateurs.

Les images ont une fonction différente des textes dont elles dérivent. et, alors que dans la Vie de saint Eustache l'épisode de la rivière n'est pas le plus important, les illustrations confèrent à l'épreuve de la Traversée un rôle essentiel, isolé de son contexte. Les vignettes enluminées qui illustrent la Vie de saint Eustache sont classées par la base Mandragore de la Bnf selon huit items :  s. eustache chassant ; s. eustache devant le temple ; s. eustache épargné par le lion ; s. eustache et trajan ; s. eustache naviguant ; s. eustache nommé chef d'armée ; s. eustache perdant ses enfants ; s. eustache retrouvant les siens . Dans "s. eustache perdant ses enfants" , le saint est représenté au milieu des flots, les jambes dans l'eau, dans une situation d'entre-deux, alors que l'un de ses fils est attaqué, sur la rive où il l'a déposé, par un lion, alors que sur la rive de départ,  son second fils est saisi par un loup. Nous avons affaire ici à un typique "problème de passage de rivière"  ou un "Flussüberquerungsrätsel", autrement dit un " River Crossing Puzzle", ou "川渡り問題", ou un "Quebra-cabeça de travessia de rio" , ou comme on dit aussi un "ردشدن از رودخانه" comme celui du fermier, du loup, de la chèvre et du choux, bref il s'agit d'un 渡河問題. Casse-tête universel par lequel Dieu met à l'épreuve son serviteur, comme Homer le fut dans l'épisode Maggie s'éclipse, et que l'abbé de Cantorbéry  Alcuin a le premier soumis à notre sagacité au IXe siècle dans ses Propositiones ad acuendos juvenes. 

 Lorsque vous vous serez débattu avec le renard, l'oie et le sac de haricots, entrainez-vous sur lproblème de maris jaloux , dans lequel trois couples doivent traverser une rivière avec un bateau qui ne peut détenir plus de deux personnes,avec la contrainte qu'aucune femme ne peut être en présence d'un autre homme sauf si son mari est également présent. 

Puis, passez au  problème de cannibales et des missionnaires, où trois missionnaires et trois cannibales doivent traverser une rivière, avec la restriction qu' à tout moment lorsque les deux missionnaires et des cannibales sont debout sur ​​les deux rives, le nombre de cannibales ne peut pas dépasser les missionnaires.

Mais dans la Vie de saint Eustache,  le problème, au lieu d'être résolu,  s'expose au contraire sous le versant de son échec, et de la situation de désespoir entrainée par la situation aporétique du joueur paralysé. Le renard a mangé l'oie, la chêvre a mangé le chou et a été mangée par le loup, le mari est cocu et le missionnaire, en mauvaise position, est dans la marmite du cannibale. Eustache (qui est en réalité mis à l'épreuve dans sa foi  par Dieu qui lui refait le coup de Job), s'arrache les cheveux, ce que le vitrail montre fidèlement.

Lisons le cas auquel est confronté Eustache selon la Légende Dorée :

"Parvenu sur les bords d'un fleuve, il n'osa le passer avec ses deux fils à la fois, parce qu'il y avait beaucoup d'eau; mais en en laissant un sur la rive, il se mit en devoir de transporter l’autre; quand il eut passé le fleuve à gué, il posa par terre l’enfant qu'il avait porté, et se hâta de venir prendre l’autre. Il était au milieu du fleuve, lorsqu'un loup accourut tout à coup, saisit l’enfant qu'il venait de mettre sur la rive, et s'enfuit dans la forêt. Eustache, qui n'espérait pas le sauver, courut à l’autre : mais en y allant survint un lion qui s'empara du petit enfant et s'en alla. Or, comme il ne pouvait l’atteindre, puisqu'il n'était encore qu'au milieu du fleuve, il se mit à gémir et à s'arracher les cheveux. Il se serait laissé noyer, si la divine providence ne l’eut retenu. Des bergers, qui virent le lion emporter un enfant vivant, le poursuivirent avec leurs chiens, et Dieu permit que l’animal lâchât sa proie sans lui avoir fait aucun mal. D'un autre côté, des laboureurs se mirent à crier après le loup et délivrèrent de sa gueule l’autre enfant aussi sain et sauf. Or, bergers et laboureurs, tous étaient du même village et ils nourrirent les enfants chez eux. Eustache de son côté ignorait cela ; alors il s'en alla bien triste. " 

Dans la version en ancien français du Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, cela donne à peu près (la transcription est périlleuse) ceci :

"Il delaissa la reine et prist ses enfanz et vint a tres grant pleur a un fleuve. Et pour le seuron dennit de lyaue il nosa entrer ou fleuve a tout les .II. enfans. Mais en laissa .I. a la rive et lautre porta outre. Et li rive il revenoit arriere pour lautre porter outre , il fust en uuvu le fleuve et avoit lautre laissie de lautre p[er]t Vez ci que .I. lyon le ravi et l'emporta el lui. Et il desespere retourna pour esperance de l'autre. Mais li rive il sen aloitvez ci un lou et emporta lautre semblablement et sen ala. Et pour ce que il estoit ou un lieu du fleuve ne il ne pot avoir icelui. Il nsi ca a pleurer et plaindre et tirer ses cheveux et rompre. Et se voult gerer en lyaue. Mesme sue retint la pensee qui veoit avaut les cixses a venir. Et les pasteurs escoustrent lenfant au lyon avec leurs chiens. Et les areurs osterent aussi lautre au lou. Et ainsi les .II. enfans furent nourriz en une vue. Mais vraiement eustace ne le sotnne. Mais s'en ala a pleurs et a lermes en une ville et la garda par .XV. ans les champs des hommes."

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Lorsque je regarde à nouveau la verrière de la baie 117, je distingue désormais l'œil, l'oreille, puis le pelage blanc du loup près de l'enfant de droite, mais aussi la fourrure fauve du lion au dessus de l'enfant de gauche.

 

Saint Eustache, Baie 117, Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Saint Eustache, Baie 117, Cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

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Je peux comparer ce vitrail aux enluminures de la Bnf :

— Nouvelle acquisition française 15941 fol. 18, Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, 1370-1380

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8449688c/f43.item

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S. Eustache perdant ses enfants . Nouvelle acquisition française 15941 fol. 18, Miroir historial

S. Eustache perdant ses enfants . Nouvelle acquisition française 15941 fol. 18, Miroir historial

— Bnf Français 50 folio 371v, Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, 1463

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S. Eustache perdant ses enfants  , Bnf Français 50 folio 371v, Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, 1463

S. Eustache perdant ses enfants , Bnf Français 50 folio 371v, Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, 1463

 

 

Arsenal 5080    fol. 125,  Miroir historial par  Vincent de Beauvais   trad. Vignay  vers 1335 

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S. Eustache perdant ses enfants , Arsenal 5080    fol. 125,  Miroir historial par Vincent de Beauvais   trad. Vignay  vers 1335

S. Eustache perdant ses enfants , Arsenal 5080 fol. 125, Miroir historial par Vincent de Beauvais trad. Vignay vers 1335

 

Bnf Français 185 : « La Legende des Sains » [de Jacques de Voragine], traduction de « Jehan Belet »  folio 120r ci conmence la vie monseingneur saint eustace et de sa fame et de ses enfans Paris 2e quart 14ème siècle Jeanne de Montbaston

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84260029/f243.image

 

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S. Eustache perdant ses enfants, Bnf Français 185 : « La Legende des Sains » [de Jacques de Voragine], traduction de « Jehan Belet »  folio 120r  Paris 2e quart 14ème siècle

S. Eustache perdant ses enfants, Bnf Français 185 : « La Legende des Sains » [de Jacques de Voragine], traduction de « Jehan Belet » folio 120r Paris 2e quart 14ème siècle

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Français 241 folio 288v : Richard de Monbaston, Légende dorée de Jacques de Voragine traduit par Jean de Vignay, 1348

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S. Eustache perdant ses enfants, Français 241 folio 288v : Richard de Monbaston, Legende dorée de Jacques de Voragine traduit par Jean de Vignay, 1348

S. Eustache perdant ses enfants, Français 241 folio 288v : Richard de Monbaston, Legende dorée de Jacques de Voragine traduit par Jean de Vignay, 1348

 

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CONCLUSION.

La juxtaposition sur la même vitre et dans le même fleuve de saint Christophe et de saint Eustache par André Robin  incite à considérer avec plus de recul les deux épisodes de traversée de rivière de leur hagiographie. 

Sur le plan de l'iconographie chrétienne, ces figures pieds dans l'eau font évoquer au premier lieu le Baptème du Christ par Jean-Baptiste dans le Jourdain, soulignant que ces traversées sont initiatiques : soit de manière heureuse par la conversion du géant Reprobus en chrétien ou christo-phore, soit de manière éprouvante pour Eustache ("beaux épis, fécond") qui s'est fait auparavant baptisé avec sa femme Théopistie et ses deux fils Agapet et Théopiste, et qui perd successivement ses proches.

Il est inévitable d'y rapprocher la Traversée de la Mer Rouge par le peuple Hébreu guidé par Moïse, avec le caractère irrévocable d'un passage qui est une affiliation. Indirectement, les Traversées du désert peuvent aussi être évoquées. Mais à ces grands tableaux, je préfère la petite musique adjacente de Tobie, descendu sur la rive du fleuve le Tigre.

 

La situation d'entre-deux des protagonistes de l'iconographie prend ainsi une valeur propre  parce que les images sont des instantanés parcellaires, à la différence d'un épisode d'une légende scripturaire, et possèdent leur autonomie. Dégagés du contexte, souvent méconnu ou oublié, de leur récit de vie, ces personnages entre deux rives deviennent les représentants de situations psychiques particulières. 

Christophe sera, par sa force herculéenne, et par le succès de son franchissement de gué, le héros protecteur des passages de seuil, des portes, des ponts. La lecture des textes en ancien ou moyen français permet de retrouver, par la verdeur du vocabulaire, les forces mobilisées par ces moments ; ainsi dans l'expression "passer outre" utilisée là où nous dirions "passer de l'autre coté, sur l'autre rive". Cet "outre" sent encore le parfum de sa racine latine ultra et évoque un au-delà plus lointain et plus radical que le simple "autre coté". Le voyageur qui prend le train, le marin qui largue ses amarres, l'habitant qui franchit la frontière et s'expatrie, le pèlerin qui quitte l'étape pour la suivante, savent qu'ils vivent une aventure intérieure qui dépasse la simple notion de trajet. Ces mouvances de l'âme associent la joie ambiguë qui accompagne tout départ, l'angoisse et les incertitudes de toute navigation, la constante impatience d'atteindre l'escale, et la conscience que quelque chose, une fois le but atteint, aura été perdu. 

Christophe marche d'un bon pas : parmi tous les saints adeptes de l'ascèse, de la retraite, de l'abstinence, parmi toutes les vierges qui se refusent à leurs prétendants, parmi tous les martyrs qui subissent, le supplice passif de leur Passion, parmi les contemplateurs et les méditatrices priant devant le crâne et la bougie fumeuse, cet athlète fend la mer et les flots, cet énergumène porte un enfant sur ses épaules, et sa vitalité fait refleurir son bâton de marche. Nous aimons nous souvenir des moments où, nous aussi, nous avons, en riant, joué les bons géants en portant qui la petite sœur, qui le petit-fils, qui le jeune cousin à traverser le ruisselet qui lui semblait un fleuve.

Eustache est plus tragique car sa situation est bloquée. Il reste au milieu du fleuve, condamné à la passivité de l'impuissance. C'est l'élan qui se brise, l'accident qui fige soudain l'existence. Envahi par la culpabilité et le sentiment de déréliction, il s'arrache les cheveux. Il lui reste les yeux pour pleurer. On n'a pas envie d'être à sa place. Mais ces états d'âme dramatiques existent dans notre psychisme, soit mémorisés, soit redoutés, quand ils ne nous sont pas servis par une sombre prémonition.   

 

 

SOURCES ET LIENS.

http://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/5012-inventaire-general-des-richesses-d-art/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Anagnorisis#Anagnorisis_et_titillation_.C3.A9rotique_:_Abraham_et_sa_ni.C3.A8ce_Marie

 

Mystère de saint Eustache 1504

https://books.google.fr/books?id=4_lFsXAbh1IC&pg=PA17&dq=agapit+eustache&hl=fr&sa=X&ei=i_SUVaPqM4zZU9bDg7AM&ved=0CEQQ6AEwBw#v=onepage&q=agapit%20eustache&f=false

 

 Site Patrimoine-histoire :

 http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Angers/Angers-Saint-Maurice.htm

— Site The Medieval stained glass , Painton Cowen :

http://www.therosewindow.com/pilot/Angers/table.htm

 

— Inventaire général des richesses d'art de la France, Volume 4. 1907, Commission de l'inventaire général des richesses d'art de la France, E. Plon et cie. page 50-51 : en ligne INRA 

http://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/5012-inventaire-general-des-richesses-d-art/

— BOULANGER (Karine), 2001, Les vitraux de la cathédrale d'Angers, 303, Arts, recherches et créations, n° 70 Ed. Conseil régional des Pays de la Loire, Nantes, pp. 75-83

— BOULANGER (Karine), 2009, "Les Vitraux de la cathédrale d’Angers", Corpus vitrearum – France, « Monographies » III, Paris, CTHS, non consulté.

— CALLIAS BEY (Martine) , ‎Louis Grodecki, ‎Françoise Perrot - 1981 - ‎Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire page 292

— FARCY (Louis de), Monographie de la cathédrale d'Angers : Les immeubles ; pages 155 et 

http://1886.u-bordeaux3.fr/viewer/show/9604#page/n250/mode/1up

— GILMORE-HOUSE (Gloria) 1982, The mid-fifteenth century stained glass by André Robin in Saint-Maurice Cathedral, Angers, France xii, 336 p. : ill., maps. Bibliography: p. [199]-[211]. Thesis (Ph. D.)--Columbia University, 1982. Non consulté.

— GILMORE-HOUSE (Gloria), 1984, "Angers Cathedral : an early twentieth-century restoration of mid-fifteenth-century glass", Journal of Glass Studies Vol. 26 (1984), pp. 77-85  Non consulté.

 http://www.jstor.org/stable/24188800?seq=1#page_scan_tab_contents

— HAYWARD (J.) et GRODECKI (Louis), 1966, Les vitraux de la cathédrale d'Angers.  Bulletin Monumental, T. CXXIV, Jan.-Mars 1966. 8vo, pgs. 7-67,

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe.
29 juin 2015 1 29 /06 /juin /2015 10:23

La cathédrale Saint-Maurice  d'Angers renferme actuellement deux vitraux dans lesquels figure saint Christophe, la baie 105 (MH 26) du XVIe siècle,  et la baie 117  (M.H 15)

 

J'emprunte le plan de situation (avec la numérotation MH) au site http://quercus49.over-blog.fr/article-la-cathedrale-d-angers-les-vitraux-54448736.html, mais j'utiliserais la numérotation du Corpus Vitrearum :

 

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I. LA BAIE 105 (Baie 26 M.H).  

C'est une lancette à trois registres mesurant 7,75 m de haut et 1,35 m de large, restaurée en 1931. Cette une baie étroite à l'entrée de l'hémicycle du chœur  est associée à la baie 106 (MH 42, ou 34 sur le plan) de même taille, de même date (vers 1550) et de même provenance. Elle associe de façon composite un soubassement et une bordure du XIXe siècle, quatre panneaux très restaurés en registres inférieur  de bustes d'apôtres sous des arcades (saints Pierre, André, Barthélémy et Paul), et dans son registre supérieur la grande figure de saint Christophe sous une arcade ornée de motifs végétaux.  

La représentation de Christophe est conforme aux images contemporaines du XVIe siècle : sous un ciel bleu — notez l' étoile "en chef-d'œuvre" au dessus de la tête du saint —, le saint à taille de géant porte sur l'épaule gauche  l'Enfant en Sauveur du Monde (geste de bénédiction et globus cruciger) tandis qu'il s'aide d'une perche pour progresser dans la traversée du gué dont il est le passeur. La hampe est tenue main gauche en supination, ce qui est plaisant par évocation de la technique professionnelle assurée d'un nautonier.  La rive à atteindre se présente comme une falaise abrupte. Je retrouve les divers éléments déjà observés dans mes articles sur Séville. Ici, le saint a le visage d'homme mûr ou de vieillard, non nimbé, avec une longue barbe. La couleur de son manteau rouge à fermail est parfaitement conventionnel. Il recouvre une tunique bleue en haut et blanche en bas resserrée par une ceinture jaune. L'eau est figurée par du verre bleu, sans détail de dragons, de sirènes ni de poissons.

On peut ajouter que, comme dans les autres exemples iconographiques du XVIe siècle, la représentation n'est plus celle, frontale au regard apotropaïque, du XIVe, mais qu'elle est animée par une torsion qui démarre par les pieds de profil dirigés vers la rive, se poursuit par le bassin et les épaules qui se présentent de trois-quarts, et s'achève par le visage et le regard dirigé vers le haut et l'arrière, c'est à dire vers l'Enfant. aux traits trop restaurés pour savoir s'il regardait lui-aussi le saint.

En 1921, le chanoine Charles Urseau avait trouvé dans les traits du saint un je-ne-sais-quoi grossièrement canin qui l'avait conduit à y voir un Christophe cynocéphale, ce qui pouvait traduire des influences byzantines ou du moins primitives de l'hagiographie. Mais pour ma part, je ne lui trouve, à ce saint Christophe d'Angers, tout au plus que  le bon regard d'un brave toutou.

L'intérêt principale que je trouve dans cette baie tient en deux points, d'ailleurs liés l'un à l'autre. D'abord, bien formé à l'iconographie par mes précédents articles, je note une absence remarquable, celle du dévot ermite qui, ailleurs, éclaire de la lumière de la Foi saint Christophe dans la périlleuse aventure de sa conversion au Christ, en agitant sa lanterne sur la rive à atteindre. Point d'anachorète ici ? Si-fait, mais égaré dans une autre baie par les hasards du remontage de panneaux. Or, cette baie est la baie 106, dont nous savons qu'elle est la jumelle de la 105 . Le second intérêt est que ces deux baies proviennent du prieuré de Sainte-Croix-du-Verger. A suivre...après les photos.

 

 

 

 

Baie 105, Saint Christophe, saint Pierre et saint André, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Baie 105, Saint Christophe, saint Pierre et saint André, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

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Baie 105, Saint Christophe, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Baie 105, Saint Christophe, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

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Baie 105, Saint Christophe (détail)  cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

Baie 105, Saint Christophe (détail) cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile.

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La baie 106 et l'ermite à la lanterne.

 

La Baie 106, date également de ca.1550 et mesure également 7,75 x 1,35m. Elle adopte la même composition avec une figure principale en registre supérieur ( saint Pierre sous une arcade surmontée de deux anges tenant une coquille) et quatre bustes d'apôtres dans deux registres médians, saint Thomas et saint Jacques le Mineur (partie haute du registre médian) , saint Jean et saint Jacques le Majeur (partie basse du registre médian). Il est vraisemblable que le même artiste soit l'auteur de saint Christophe et de saint Pierre. Mais à la différence de la baie 105, on trouve ici en  registre inférieur un ermite portant une lanterne et saint évêque. Sans l'associer précisément à la figure de saint Christophe, Martine Callias Bey & al. indiquent que cet ermite "provient de la baie 105".

Le moine solitaire tient ici un bâton, ce qui en fait un pèlerin ou un marcheur, mais s'écarte du schéma habituel.

 

Il semble donc nécessaire d'associer, dans notre esprit, le saint Christophe de la baie 105 et l'ermite de la baie 106 dans une verrière initialement plus large, accueillant peut-être les douze apôtres.

 

Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

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Saint Pierre, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

Saint Pierre, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

Saints Jean et Jacques le Majeur. vers 1550, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile
Saints Jean et Jacques le Majeur. vers 1550, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

Saints Jean et Jacques le Majeur. vers 1550, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

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Ermite tenant une lanterne et un bâton, vers 1550, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

Ermite tenant une lanterne et un bâton, vers 1550, Baie 106, cathédrale d'Angers, photo lavieb-aile

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La provenance des deux baies : la chapelle du prieuré de Sainte-Croix-du-Verger.

 

Les deux baies  105 et 106 étaient occupées au XIXe siècle par les vitraux de saint Maurice et de la Vierge, mais le chapitre s'est plaint au conseil de fabrique en 1852 que le chœur se trouvait assombri de la pose très récentes de ces verres trop fortement colorés, et demanda des modifications pour que les chantres puissent lire sans bougie durant les offices en plein jour. On déplaça donc ces vitraux pour les remplacer en 1895 par le Saint Christophe et le Saint Pierre actuel. (De Farcy page 155).

Ces deux verrières provenaient de la chapelle du prieuré de Sainte-Croix-du-Verger,  et avaient été placées, après la destruction du château du Verger en 1776-1783,   dans l'abside du chœur, parmi les lancettes du XIIIe siècle, ce qui faisait "le plus mauvais effet". En 1895, on mis à la place la "Vie de Jésus" du XIIIe.

Ces baies 105 et 106 rassemblent donc des verres qui proviennent de la chapelle du  prieuré de Sainte-Croix-du-Verger à Seiches-sur-le-Loir (Maine-et-Loire), chapelle consacrée par Jean de Rély, confesseur de Charles VIII et évêque d'Angers, en 1494.

De la même chapelle provenaient aussi deux autres verrières de la cathédrale, occupant les baies 122 et 130 et représentant saint Maurice et une Crucifixion, décrites par de Farcy pages 152-153, avant d'être détruites par un bombardement de 1944.

Selon de Farcy page 153, les biens de cette chapelle furent mis en vente, et certains vitraux furent acquis par le vitrier en charge de l'entretien de la cathédrale, et/puis vendus par son successeur le vitrier Tournon à des collectionneurs comme  Grille (un vitrail représentant un évêque et un ange debout l'un face à l'autre, vendu en 1829 ; 23 panneaux de cette chapelle dans le cabinet Grille) et Mordret (dont un qui représentait le Maréchal de Gié agenouillé, se situait jadis près du maître-autel).

Le grand collectionneur et dessinateur de vitraux Gaignières en donne deux exemples, dans le fonds conservé par la Bnf et disponibles sur Gallica : 

 

  • Vitrail de la chapelle du château du Verger, du coté de l'Évangile proche le grand autel dans le chœur, où est représenté un chevalier à genoux portant une cotte armoriée de Rohan Gié : c'est Pierre de Rohan]  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6934915g

     

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  • Vitrail de la chapelle du château du Verger, du coté de l'épître, sur lequel est représentée une dame agenouillée : c'est Françoise de Penhoët, première femme de Pierre de Rohan . http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b69349179.r=Vitrail+de+la+chapelle+du+ch%C3%A2teau+du+Verger.langFR

 Les vitraux sont donc antérieurs au 15 juin 1503, date du mariage de Pierre de Rohan avec Marguerite d'Armagnac, après la mort de Françoise de Penhoët qu'il avait épousée en 1476. 

Selon Bernard de Monfaucon, "les mêmes vitres nous font voir les trois fils du Maréchal de Gié et de Françoise de Penhoët, à genoux et priant Dieu, savoir Charles de Rohan, qui fut seigneur de Gié et continua la postérité ; François de Rohan, qui fut archevêque de Lyon ; et Pierre de Rohan, qui se maria et eut des enfants". Thrésors des Antiquitez de la couronne de France, p. 20.  ,

Au total, en ajoutant  les trois précédentes verrières du chœur consacrées au donateur et à sa famille les deux baies 105 et 106 de la cathédrale (issues peut-être d'une seule verrière) et les deux baies 122 et 130 de la cathédrales aux vitres détruites en 1944, ce sont sept baies qui viennent préciser notre documentation.  Martine Callias Bey & al. signalent aussi page 309 un Calvaire, une Vierge, saint Jacques, comme autant d'éléments perdus. Je mélange peut-être à tort la "chapelle du château du Verger" et la "chapelle du prieuré de Sainte-Croix-du-Verger".  Deux vitraux actuellement dans la chapelle du Lord Maire de Bristol représentent un faucon et un chien avec écu de Rohan-Gueméné..

Le château, et non plus la chapelle, possédait aussi ses vitres "de cristal" (Gaignères) :

  • Vitrail où sont rassemblées des armoiries et des devises http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6937701p.r=%22ch%C3%A2teau+du+Verger%2C%22.langFR

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  • Vers 1512, Charles de Rohan, fils de Pierre de Rohan, commanda pour le chœur de la chapelle une tenture en cinq pièces des Anges aux instruments de la Passion, aujourd'hui conservée au chœur de la chapelle du château d'Angers.​ Cela montre la magnificence de la chapelle.

  •  

 

 


Rappel : glané sur la toile (cf. sources et liens)

 

  • ....Au xve siècle, Pierre de Rohan fera édifier à Seiches-sur-le-Loir, Maine-et-Loire, un grand château, le château du Verger, qui sera par la suite, en partie détruit par le cardinal de Rohan : Il a été construit durant la deuxième moitié du xve siècle et la première moitié du xvie siècle par Pierre de Rohan-Gié, maréchal de France, et l'architecte Colin Biart. Le domaine et le château ont été construits pour le maréchal de Gié à son retour d'Italie. Après 1504, le maréchal néglige ses autres domaines pour embellir le Verger. C'est là que fut signé le Traité du Verger stipulant que l’héritière du duché de Bretagne ne peut se marier sans l’accord du roi de France. De 1776 à 1783, le château est démantelé par le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg. (Wikipédia)

    •  ...il l’avait fait bâtir peu de temps après avoir acquis, le 9 mars 1482, le vieux castel du Verger, sis en la paroisse de Seiches, résidence qui par ses soins et ses larges dépenses devint bientôt la plus imposante du pays. (J.L. Deuffic)

      ....Le nom apparaît pour la première fois en 1274 (Célestin Port). Ce serait en 1320 que la chapelle aurait été fondée par un des seigneurs de la région. A quelques mètres du château du Verger, cet édifice avait été intégré au prieuré Sainte Croix du Verger (Prieuré fondé par Pierre de Rohan lors de la construction du château en 1493, et où il fut enterré). La dernière restauration de la chapelle date de 1985".

      ...Le 2 août 1791, le district de Baugé procéda à la vente du mobilier du prieuré du Verger 

      ... Prieuré de l'ordre des Mathurins...

      ...Dotée de précieuses reliques...

    • Un lien entre la Bibliothèque de Rohan et le vitrail de saint Christophe ?

  •    L'étude de la baie 105, déjà intéressante sur le plan iconographique, a vu son intérêt s'accroître lors de l'ajout du motif de l'ermite à la lanterne de la baie 106, puis de la découverte de la richesse du Prieuré de Sainte-Croix-du-Verger, et de l'inventaire partiel de sept à dix témoignages de ses vitraux. Outre Pierre de Rohan,  Jeanne de Penhoët et leurs trois fils Charles, François et Pierre, on remarque la grande figure de saint Pierre, bien compréhensible puisque elle se réfère au prénom du fondateur, et la non moins grande figure de saint Christophe, à coté de huit apôtres. 

    Une hypothèse permet peut-être d'éclairer ces derniers motifs  à la lumière de l'inventaire dressé par Jean-Luc Deuffic de la bibliothèque de Rohan Soubise. En effet, l'ouvrage suivant, du XVe siècle y est signalé :

    Histoire de la Bible & de plusieurs saints, entr'autres des Apôtres ; de s. Christophe, en vers ; s. Georges, en vers ; le Trou de s. Patrice, & la patience de Griselidis, marquise de Salmes (sic, pour Saluces) ; sainte Julienne, en vers, (de la fin du quatorzième siècle). In-f° Ms sur vélin, avec des miniatures à chaque sujet. 78 miniatures par un suiveur du Maître de l'Apocalypse de Berry.

    Outre la proximité, dans le titre, de "entr'autres des Apôtres ; de s. Christophe" qui évoque le contenu des baies 105 et 106, ce qui est intéressant est la mention d'une légende versifiée de saint Christophe. Ne peut-on suggérer que la possession d'un tel poème  a incité le Maréchal de Gié à en donner une illustration en vitrail, éventuellement inspiré de l'enluminure correspondante de son manuscrit ? Cette légende occupe les 12 pages des folios  f. 174 à f. 186 . Christophe. « Seigneurs Jay oy dire souvent en aucuns lieux // Que a bien commencier on doit appeler dieux  // Et la vierge sa mere qui a le cuer piteux … » .

    Or, cet incipit Seigneurs j'ay oy dire souvent en aucuns lieux  est connu (P. Meyer p. 344) comme appartenant à une Vie de saint Christofle de 746 vers en quatrains d'alexandrins, du XIVe siècle notamment contenu dans Bnf fr. 25549. Ce manuscrit de 108 feuillets contient une Bible Abrégée, la Vengeance Vespasien, les Enseignements Saint Louis, la Vie de Saint Louis, la Vie de Saint Christofle (ff. 70-90) et le Purgatoire Saint Patrice

     

      Meyer cite deux autres versions versifiées de l'hagiographie, l'une en octosyllabes du XIIIe siècle En nom de sainte Trinité, et l'autre, de 200 vers environ, du XIVe siècle, Bnf  fr.1555 f. 126v Poy a de bien en ceste siecle mortal.

     

    Les légendes en prose sont contenues dans des recueils de Vies de saints. Paul Meyer cite le Bnf nouv. acquis. fr 10128 fol. 96 Mout puet estre liez a qui Nostre Sires donc tant de sa grace qu'il ne li desplest mie a oïr les paroles qui de lui sont et les vies des seinz martyrs . Dans ce recueil de 42 légendes, la Vie de saint Christophe vient en 17ème position après celle des apôtres, seulement précédée par les légendes des saints Longin, Sébastien, Georges et Vincent, ce qui souligne son importance. Cette place se retrouve dans les autres manuscrits étudés par P. Meyer page 407, 410, 412, 417, 436 et 439. Dans une Notice sur le Ms Bnf 6447 traduisant divers livres de la Bible et divers vies de saints, P. Meyer donne l'extrait suivant : (Fol. 182) Ci commence li vie et li martyres monsignor S. Cristofie. Molt puet estre liés a cui Nostre Sires donc tant de sa grasce qu'il ne li desplaist mie a oïr les paroles ki de lui sont et les vies des sains martirs qui mort rechurent por essaucier la sainte loi et la sainte creance Nostre Signor. En cel tans ke sainte Eglise conmença a montepliier et li saint home preechoient de novel, estoit uns hom ki Cristofles estoit apielés, sages de toutes doctrines et poissans de toutes vertus. Cil hom estoit nés de Genoragie, une contrée, et si estoit dessamblables a tous cels dou pais de cors et de viaire et de parole, et por ce fu il envoiés par nostre signor Jhesucrist en la terre de Syre preechier et amonester les gens qu'il se baptizaissent. Mais premiers fu baptiziés et reçut la grâce Nostre Signor qu'il autrui renouvelast eu la sainte ewe de baptesme. ..

Si je pouvais consulter le texte du poème de l'ouvrage de la bibliothèque de Rohan au château du Verger, ou, à défaut, celui du manuscrit Bnf Fr 25549 qui lui est identique si on en juge sur l'incipit, je pourrais dresser un parallèle entre le texte, et le vitrail. Mais je n'ai pas trouvé accès à ces textes. J'utiliserai un moyen indirect : selon Graham Runnalls, ce poème, initialement écrit "dans la première moitié du XIVe siècle, peut-être même plus tôt" a servi de modèle à la rédaction d'un Mystère de saint Christofle" rédigé dans la seconde moitié du XIVe siècle, et publié entre 1515 et 1517 à Paris par la veuve de Jehan Trepperel. Deux exemplaires de l'édition de ce Mystère, c'est-à-dire cette pièce de théatre, sont conservées à la Bnf sous la cote Réserve Yf1606 , et le texte en a été établi et annotè par  G. Runnals. Cet auteur remarque que le Mystère, et donc le Poème qui lui sert de source, ne sont pas une versification de la Vie de saint Christophe qui apparaît dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine, et dans sa traduction par Jean de Vignay : tout en suivant de près la Légende Dorée,     Le Mystère de Saint Christofle  "suit le conte de Jean de Vignay non seulement dans ses grandes lignes, mais aussi dans quelques détails. Pourtant, il y a suffisamment de divergences entre notre mystère et le conte de la Légende Dorée pour nous empêcher d'affirmer que notre dramaturge ait employé Jean de Vignay comme source. Par exemple, certains éléments de la légende traditionnelle sont modifiés: le roi est effrayé par une tempête (dans la Légende Dorée, c'est un jongleur qui l'effraye, en répétant le nom du diable); le texte de Yf 1606 ne fait aucune allusion aux scènes de la Légende Dorée où le roi, et ensuite le diable, refusent de révéler à Rebrèbe le nom de la personne dont ils ont peur; l'ermite recommande à Rebrèbe de prier et de se faire baptiser (dans la Légende Dorée, I'ermite lui recommande de prier et de jeûner, mais Rebrèbe s'y refuse); la voix du Christ se fait entendre une seule fois (trois fois dans la Légende Dorée); et on peut relever d'autres changements et différences. Il est évident qu'il faut chercher ailleurs la source du Mystère de Saint Christofle."

 

: je vais donc y lire le passage consacré à la Traversée du gué : 

 http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/christof/chritxt1.htm

 

Saint Michel remonte au Ciel; Christofle revient à l'ermite.

316 Baptesme, ce debvés sçavoir

320 Sans que je diray avant.

324 Qui a ton col passer vouldront

328 Et se tu le faiz vrayement, 
     Celluy verras visiblement

332 Je y vois et n'en partiray

336  En allant la.

340 S'il te plaist dysie (?)

344 Sus mon col monte.

348 Pour vray le dy.

352  Tu ne me sembles qu'une pelote. 

356Enfant, je ne sçay vrayement

360 Et les jambes, tant es pesant.
                                        Dieu

364  Si doibs sçavoir.

368 Mais quant m'oultre passé auras.

372 Puisque de l'eaue sommes hors.

376 A mon advis.

380 Et si as tu; scais tu comment ?

384 Et vint sa bas en une vierge,

388La fut homs Dieu, c'est verité;

392 Ensemble tous communement

396  Je vueil que plus cy ne demeures,

400  Devant contes, devant roys, 

404 Adieu, mon pere esperitable,

408  De Paradis.

412 Ma voulenté et mon desir

416  Sire, impetre moy eloquance,

  • Beau pere, j 'ay prins vrayment 

    • S. Cristofle

    Or me faictes celuy vëoir 
    Dont mon cueur a tant desir. 

    Christofle, il te fault assavoir,

    • L ' ermite

    Vois tu celle riviere grant? 
    Ilec demours yras 
    Et tous ceulx oultre passeras

    Et qui pour Dieu te requerront. 
    Tien cest bourdon; metz en ta main 
    Si t'en apoye a ton besoing. 

    Que tu demandes.

    Sire, puisque tu le commandes,

    • S. Cristofle

    Jamais, tant que veü l'auray. 
    Icy vouldray faire un mesnaige; 
    De celuy seray le passaige,

    Christofle s'installe près de la rivière; bientôt Dieu arrive, 
    sous la forme d'un enfant qui veut traverser.

    • Christofle amy, de venir sa, 
      Pour Dieu, te vueilles avancer, 
      Et moy oultre l'eaue passer,

      • Dieu

    Actens, ne t'en ennuie mye. 
    Je m'en vois a toy par dela, 
    Et toy, qui veulx passer deça,

    • S. Cristofle

    Christofle, ne puis a brief conte, 
    Car tu es mallement hault.
    Aulcun lieu amonter me fault;

    • Dieu

    -Adonc flechit son corps.

    • Je te monteray; sié toy ci, 
      Qui m'as donné ceste avanture.

      • S. Cristofle

      A ! com es povres de charnure; 

    Deulx vingz come toy en une hotte
    Emporteray, ce m'est advis. 
    Je m'en vois sans long devis. 

    Si tu joues d'enchantement, 
    Mais tu poises come pelon en masse. 
    Advis rn'est que le dos me casse

    Ne t'en va mye merveillant, 
    Christofle, se grant sens t'abonde, 
    Quant sur toy portes tout le monde;

    Comment puis tant force avoir ? 
    Saincte Marie !

    Ne le te diray ore mye,

    • S. Cristofle

      Dieu

    Bien apercevoir tu t'en pourras,
    Certainement.

    Dessens, dessens, inellement,

    • S. Cristofle

    Oncques mais cuivre, ors 
    Aportez tant ne me greva, 
    Ne si pesant ne me sembla,

    Christofle, il t'est bien advis, 
    Je t'ay desja bien enhorté, 
    Car tout le monde as porté, 

    • Dieu

    Je suis celluy certainement 
    Qui ciel et terre et mer crea, 
    Qui pour toy es cieulx trespassa,

    Que feis de deïté consierge.
    Car en la vierge descendy, 
    De qui virginement nasqui.

    Ne la chair ne fut deïté 
    Ne la deïté chair aussi, 
    Tant furent comprinsez ci

    En Crist de sauvabtent ( ?) 
    Je suis des fors honoré et prins,
    Pourquoy tu as baptesme prins.

    Mais veulx qu'aultrement labeures.
    Je vueil que mon nom prescher voises 
    Devant bourgois, devant bourgoises,

    Et que par le tourment des roys, 
    Que te fera* pour moy sentir, 
    Tu puisses la vie digne offrir. 

    Pour avoir gloire perdurable 
    Je te donne ma benisson, 
    Et si m'en vois en la maison

    -Adonc se mest a genouIx.

    • S. Cristofle

      A ! Sire, a toy louer tousdis 
      Doy bien mettre mon intention; 
      Certes, toute ma façon,

    Sont et seront a toy servir. 
    Je vois pour ton nom* exaulcer 
    En celle ville la prescher.

    Dieu remonte au Ciel; Christofle quitte 
    la rivière et s'approche d'une ville.

    • Et me donne telle fïance 
      Que ta loy puisse estre exaulcee 
      Par moy et l'ambe avancee. (?)

      -Adonc va prescher.

 

Dans ce texte, à la différence de celui de Jean de Vignay, Jésus n'annonce pas à Christophe que son bâton va fleurir lorsqu'il sera revenu dans sa "maisonnette". Le miracle de la verge refleurie ne survient qu'au vers 540, plus de cent vers après la traversée, tandis que Christophe prie Dieu et lui demande un signe. Une femme qui l'observe constate la refleurie miraculeuse. Elle court à la ville pour en témoigner devant la foule, et devant les chevaliers de l'empereur Dagus. Voici les vers 531-563 :

S. Cristofle : Sy me fault mettre a genouillons / En aourant mon createur. /Sire Jesus, par vo doulceur / Vous m'avez cy reconforté. / Ce baston sec cy ay planté / En ceste place devant moy. /Tresdoulx Dieu, se c'est vostre otroy / Que vostre nom voise preschant, / Et la vostre foy exaulsant,/ Si me monstrez en ceste place  / Vertus qui soit, de vostre grace, / Que ce baston sec puist florir / Par devant moy, et reverdir./ Hé! Sire, Dieu, de cueur louer / Vous doy je bien et reclamer. / Or scay je bien que vous m'aymés, / Quant les vertus vous me monstrez./ Jamais ne tourment ne martire : Ne doubteray, c'est au vray dire, / La montance* d'ung vieil coudray. / Ainçois tous apresté seray / De tout souffrir.

La femme : Meshuy roses ne quiers cueillir / Ains m'en iray tantost sans guille / Plus tost que pourray a la ville/ Ceste vertu manifester. Doulce gent, vueillez escouter / La noble vertu qu'ay veüe. / À un baston tout sec planté ;/Mais tantost quant son Dieu prïé, /Il porta fueilles et reverdist. / Ce bel miracle pour luy fist /  Son Dieu, qui est roy souverain.

Bien qu'elle ne soit pas mentionnée comme telle par G.A. Runnalls, il s'agit, pour l'iconographie, d'une différence de taille avec la Légende Dorée, car alors, sur l'image dans laquelle Christophe porte l'Enfant et franchit le fleuve, il tient en main un simple bourdon ou une perche de passeur, et non un tronc coiffé d'une sommité verte, ou un palmier, comme dans les peintures d'Espagne présentées jusqu'ici. Or, à Angers, c'est un bâton sec sans feuillage qui figure sur le vitrail de la baie 105. J'avais d'abord pensé que le vitrail avait été amputé de l'extrémité du bâton, mais j'y vois maintenant un argument pour penser que la source de ce vitrail est le poème en vers, et non le texte en prose de la Légende Dorée en français.

Dans le second Mystère Saint Christofle, celui de Chevalet de 1527, le "signe" du bâton miraculeux est traité comme dans la Légende Dorée, annoncé juste après la traversée dans les vers 8012-8020, et qui est exposé dans les vers 8434-8437.

 

.

Il me semble que j'ai été, une fois de plus, fort long. Je reporte l'étude du second vitrail dédié à saint Christophe — la baie 117 d'André Robin —  à un deuxième article.

SOURCES ET LIENS.

— Site Patrimoine-histoire :

 http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Angers/Angers-Saint-Maurice.htm

Site The Medieval stained glass , Painton Cowen :

http://www.therosewindow.com/pilot/Angers/table.htm

Sainte-Croix-du-Verger : http://start1g.ovh.net/~matheflo/verger.htm

— Inventaire général des richesses d'art de la France, Volume 4. 1907, Commission de l'inventaire général des richesses d'art de la France, E. Plon et cie. page 50-51 : en ligne INRA 

http://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/5012-inventaire-general-des-richesses-d-art/

— Université de Rennes II : Mystère de saint Cristofle selon Bnf Réserve Yf 1606, texte établi et présenté par Graham A. Runnalls

http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/christof/Chri_int.htm

BOULANGER (Karine), 2001, Les vitraux de la cathédrale d'Angers, 303, Arts, recherches et créations, n° 70 Ed. Conseil régional des Pays de la Loire, Nantes, pp. 75-83

 BOULANGER (Karine), 2009, "Les Vitraux de la cathédrale d’Angers", Corpus vitrearum – France, « Monographies » III, Paris, CTHS, non consulté.

— CALLIAS BEY (Martine) , ‎Louis Grodecki, ‎Françoise Perrot - 1981 - ‎Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire page 292

DEUFFIC (Jean-Luc), 2015 : Essai de reconstitution d'une collection de manuscrits médiévaux‎ > ‎

La bibliothèque de Rohan Soubise 

https://sites.google.com/site/bibliothequerohan/home/v-identifications

— ERLANDE-BRANDENBURG (Alain) 1974, À propos d'une exposition. La tapisserie de chœur des anges porteurs des instruments de la Passion, dans la chapelle du château d'Angers Journal des savants 1974   Volume   1 pp. 62-69

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1974_num_1_1_1296#

—   LE MYSTÈRE DE SAINT CHRISTOFLE  (Bibliothèque Nationale,  Réserve Yf 1606 ; entre 1512 et 1517) Texte établi et présenté par  Graham A. Runnalls, Textes littéraires, collection dirigée par Keith Cameron XI  En ligne sur le site de l'Université de Rennes http://www.sites.univ-rennes2.fr/celam/cetm/christof/Chri_int.htm

— FARCY (Louis de), Monographie de la cathédrale d'Angers : Les immeubles ; pages 155 et 

http://1886.u-bordeaux3.fr/viewer/show/9604#page/n250/mode/1up

— GILMORE-HOUSE (Gloria) 1982, The mid-fifteenth century stained glass by André Robin in Saint-Maurice Cathedral, Angers, France xii, 336 p. : ill., maps. Bibliography: p. [199]-[211]. Thesis (Ph. D.)--Columbia University, 1982. Non consulté.

— GILMORE-HOUSE (Gloria), 1984, "Angers Cathedral : an early twentieth-century restoration of mid-fifteenth-century glass", Journal of Glass Studies Vol. 26 (1984), pp. 77-85  Non consulté.

 http://www.jstor.org/stable/24188800?seq=1#page_scan_tab_contents

HAYWARD (J.) et GRODECKI (Louis), 1966, Les vitraux de la cathédrale d'Angers.  Bulletin Monumental, T. CXXIV, Jan.-Mars 1966. 8vo, pgs. 7-67,

 — MEYER ( Paul), 1906,., Les Légendes Hagiographiques en Français dans l'Histoire Littéraire de la France, vol.33, pp. 328-458, Paris . 1906.   page 344 : https://archive.org/stream/histoirelittra33riveuoft#page/344/mode/2up 

URSEAU (Chanoine Charles-Théodore -  ,1860-1940) , 1921, "Contribution à l'iconographie de saint Christophe", Actes du Congrès d'Histoire de l'Art (1921), Presses Universitaires de France, Paris, 1924 p. 168-169: à propos d'un saint Christophe cynocéphale du XVIe siècle à la cathédrale d'Angers.

— URSEAU (Chanoine Charles-Théodore -  ,1860-1940) , 1921 A propos d'un vitrail de la cathédrale d'Angers  - In: Mémoire de la Société d'Agriculture Sciences et Arts d'Angers Ser. 5, vol. 24 (1921) p. 17-27

 

 

 

http://www.therosewindow.com/pilot/Angers/table.htm
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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe.
28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 21:49

 La Giralda à Séville ! Aussi photographiée que notre Tour Effel ! Clic, clac, un beau sourire au premier plan,et vite en route vers les tapas de Santa Crux ou le tour de la ville en fiacre. 

Pourtant, les plus perspicaces remarqueront : "mais il y a  quelque chose de marqué en haut" ! ...et les moins myopes répondront "Oui, il y a marqué PROVERBI8 !"

"Ca veux dire quoi, P'pa, dis ?" 

"Euh...ça doit être comme un proverbe sur Séville, comme sur la carte postale que tu as achetée : Quien no ha visto Sevilla no ha visto Maravilla "Qui n'a pas vu Séville n'a pas vu la Merveille"  .

"Mais pourquoi y-a un 8 après Proverbi ? Papa, dis ?

" Manges ta  glace sinon elle va fondre."

Avec des jumelles, on voit qu'il existe une sorte de virgule ou de croisillon et qu'il faut lire PROVERB,18.

La ville aux dix-huit proverbes ? Je rajoute Quien va a Sevilla perdie su silla  "Qui va à Séville perd sa chaise (sa place)" . Il en manque 16 !

Giralda, Séville. Photo lavieb-aile.

Giralda, Séville. Photo lavieb-aile.

On peut trouver la réponse à cette énigme sur internet, et on découvre que l'inscription est une référence au chapitre 18 du Livre des Proverbes de la Bible. Si, maintenant, on tourne, dans le bon sens, autour de la cathédrale pour tenter de lire ce qui est inscrit sur les quatre cotés, on obtient : TURRIS FORTISSIMA NOMEN DNI PROVERB. 18.

Dans le chapitre 18 du Livre des Proverbes, on constate que la citation provient du verset 10 :

turris fortissima nomen Domini ad ipsum currit iustus et exaltabitur (Proverbio 18:10)

La traduction par Louis Segond ou par la Bible de Jérusalem est la suivante :  "Le nom de l`Éternel est une tour forte; Le juste s`y réfugie, et se trouve en sûreté.". Les versets précédents évoquent, par contraste, la ruine ( causée par la bouche de l'insensé,  ou par la paresse), alors que les versets suivants montrent que la richesse et l'orgueil sont des protections illusoires  : 11 "La fortune est pour le riche une ville forte; Dans son imagination, c`est une haute muraille.12 "Avant la ruine, le coeur de l`homme s`élève; Mais l`humilité précède la gloire."  

La personne qui a choisi cette portion de verset (un chanoine du chapitre de la cathédrale ?) a sans-doute recherché les occurences bibliques du mot Turris, comme dans le Psaume 60:4 Quia factus es spes mea turris fortitudinis a facie inimici « Car tu es pour moi un refuge, une tour forte, en face de l’ennemi. ». Mais il a du sélectionner  un texte lapidaire, si possible en quatre mots, un vers carré pour les quatre cotés de la tour, et dont les quatre mots pouvaient, lus isolément, être comme des épithètes signifiant par eux-mêmes. Puis la référence a été répartie par l'épigraphe selon la séquence Proverb,18 / Turris / Fortissima / Nomen D[omi]ni.   

Le texte issu de la Sagesse attribuée à Salomon fut placé à près de 100 mètres au dessus de la ville, ce qui constitua certainement un record d'altitude pour un verset biblique.

On connaît l'histoire de cette tour, qui fut d'abord érigée en 1184-1198 par Ahmed ben Baso et Ali de Gomara comme un minaret de 94 mètres pour la grande mosquée ; après la reconquête de Séville en 1248 par Ferdinand III elle servit de clocher pour la cathédrale, mais en 1356 un tremblement de terre lui ôta son couronnement de cuivre. De 1558 à 1568, l'architecte Hernán Ruiz Jiménez coiffe la tour d'une chambre des cloches ou Campanario, et c'est en 1568 que la colossale statue de la Foi triomphante est posée, culminant, avec ses sept mètres, à 104 mètres de hauteur.

L'inscription date donc de 1560 environ. 

Le chiffre 8 de la référence PROVERB,I8 n'est pas sans rappeler la devise de Sévile, NO8DO, donnée à la cité par Alphonse X de Castille. 

PROVERBIO,18 / TURRIS. Giralda, Séville, photo lavieb-aile.

PROVERBIO,18 / TURRIS. Giralda, Séville, photo lavieb-aile.

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FORTISSIMA, Giralda, Séville, photo lavieb-aile.

FORTISSIMA, Giralda, Séville, photo lavieb-aile.

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NOMEN DNI, Giralda, Séville, photo lavieb-aile.

NOMEN DNI, Giralda, Séville, photo lavieb-aile.

 

La Giralda vue par Joris Hoefnagel dans le Civitates Orbis Terrarum vol. V.

Je me souvenais que j'avais lu cette inscription  chez l'ami Hoefnagel, qui a dessiné la tour ...en 1565, et j'ai été recherché le document. L'éditeur en a placé les deux dessins de chaque coté d'une vue de San Juan de Aznalfarache, une ville dominant le Guadalquivir à proximité de Séville.

Source de l'image :

http://www.sanderusmaps.com/en/our-catalogue/detail/164142/antique-map-of-sevilla-gerena-by-braun--hogenberg/shoppingcartadded/

http://www.sanderusmaps.com/detail.cfm?c=5779

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 Hoefnagel entoure le couronnement de la tour de l'inscription TURRIS FORTISSIMA NOMEN DOMINI, qu'il y a relevée, et accompagne son document du texte suivant : 

"Ici nous te représentons séparément la tour de la grande Église de Séville pour son insigne beauté et structure : laquelle a été bâtie de briques avec une telle magnificience et somptuosité qu'elle ravit en admiration ceux qui la regardent par le Maures lorsqu'ils renoyent toute l'Espagne. Au dedans il y a une vis de degrés par laquelle un homme à cheval peut commodément monter aux galeries qui sont au haut de la tour. Quant à la plus haute partie d'icelle où sont les cloches, ce sont les Chrétiens qui l'ont accomodée et embellie. A l'entour du chapiteau sont engravés les mots pris du XVIII. chap. TURRIS FORTISSIMA NOMEN DOMINI. Au fin dessus sur la pointe est une statue d'airain, de la grosseur du naturel, représentant la foi qui se tourne à tous vents."

On s'étonne de ne pas y trouver le mot  Proverb., mais il s'agit de la version de l'édition en français ; je cherche alors  le texte original  en latin, où on lit :

TURRIS FORTISSIMA NOMEN DOMINI, Proverb. XVIII.

Je constate donc que dans ce commentaire par Braun de l'illustration de Hoefnagel, il y a eu une erreur d'interprétation du rédacteur qui, au lieu de transcrire fidèlement l'inscription TURRIS FORTISSIMA NOMEN DNI PROVERB.18  que nous lisons sur la tour, a placé le dernier mot en italique et le nombre 18 en chiffre romain.

On peut s'étonner aussi de voir la statue décrite comme "la foi qui se tourne à tous vents" : bien que cela corresponde à la réalité et au surnom de Giralda puis de Giraldillo que les habitants lui donnèrent dès le début du XVIIe siècle, il s'agit d'un raccourci irrévérencieux, voire même provocateur.

Pour l'instant, la tour est désignée comme TURRIS TEMPLI MAIORIS HISPALENSIS, "Tour de la Grande Église de Séville".

Enfin, Hoefnagel donne, sur le coté droit, une vue éclatée ou ouverte de la base de la tour et montre deux piétons et un cavalier qui montent les escaliers de la tour, avec cette fière mention : Observavit ac delineavit Georgius Houfnaglius - Anno 1565. Et nous avons vu que Braun décrivait "une vis de degrés par laquelle un homme à cheval peut commodément monter aux galeries qui sont au haut de la tour". Pourtant, la caractéristique bien connue de la Giralda est de ne pas disposer d'escaliers, mais d'une rampe à pente douce de 35 volées, et on ne manque jamais d'ajouter que  cela permettait au muezin de se rendre à son sommet à cheval pour les cinq appels quotidiens à la prière. 

Puisque Hoefnagel était à Séville au moment même où les travaux atteignaient leur stade final, on peut se demander s'il a réellement observé ce qu'il a dessiné, ou s'il s'est fondé sur des témoignages. Pourtant, sa règle d'or (La Nature est mon seul maître) est d'être fidèle à ce qu'il observe. Or, on peut avoir une preuve qu'il a corrigé son esquisse de 1565 par des dessins et témoignages ultérieurs, puisque la Giralda ne fut installée qu'en 1568, 3 ans après le séjour de Hoefnagel à Séville. Pour installer cette statue de 7 mètres (4 mètres sans son piédestal) pesant 1015 kg, alors la plus grande sculpture en bronze de la Renaissance en Europe,  il a fallu certainement mettre en place de solides et volumineux échafaudages. Les deux dessins de Hoefnagel sont des reconstitutions qui se veulent plausibles de la réalité, mais ne possèdent pas la fidélité d'un document photographique.

. "L'architecte de la Giralda conçut une tour carrée de 13,61 mètres de côté, en se servant pour les fondations et la partie basse de la tour, de pierres issues de monuments romains. Le reste fut bâti en brique, comme souvent dans l'architecture almohade.  En réalité, il s'agit de deux tours imbriquées l'une dans l'autre : une tour de côté plus réduit s'inscrit dans le carré plus vaste de la tour extérieure. L’espace compris entre les deux structures est occupé par un escalier sous forme de rampe de pente douce à 35 volées, servant à accéder à la terrasse supérieure. Le choix d’une rampe plutôt que de marches devait permettre de monter à cheval (une tradition populaire prétend que le muezzin étant âgé, il lui fallait pouvoir monter à dos de mule). La tour intérieure est par ailleurs occupée par plusieurs pièces réparties sur cinq niveaux." (Wikipédia)

 

 

 

La Giralda (détail) en 1565 par Joris Hoefnagel, in Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg 1598 Volume V planche 35. Copyright sanderusmaps.com.

La Giralda (détail) en 1565 par Joris Hoefnagel, in Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg 1598 Volume V planche 35. Copyright sanderusmaps.com.

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La Giralda (détail) en 1565 selon Joris Hoefnagel, in Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg 1598 Volume V planche 35.Copyright cartotecadigitselon

La Giralda (détail) en 1565 selon Joris Hoefnagel, in Civitates Orbis Terrarum de Braun et Hogenberg 1598 Volume V planche 35.Copyright cartotecadigitselon

 

The plate illustrates three sites in the immediate vicinity of Seville, framed on either side by views of the Giralda, the famous bell tower of Seville cathedral. Still the city's most familiar landmark, the Giralda is shown on the left in a faÇade view, while on the right a cut-away view reveals the tower's internal staircase, a ramp that could be ridden up on horseback. The Giralda was originally the minaret of the Mezquita Major, commenced in 1172. After the Reconquista, however, the Moorish mosque was replaced by the cathedral of Santa Maria de la Juan de Aznalfarache, southwest of Seville. During the Muslim Al-Andalus period (from the 8th cent. onwards) it was called Hisn-al-Faray, which means "castle with a view" and is the origin of today's Aznalfarache. The castle in question was built in 1196/97. In 1248, after being reconquered from the Moors, the site passed to the Order of St John (San Juan) of Jerusalem, hence the first part of the town's name. The middle view shows the hilltop village of Gerena, northwest of Seville. The town goes back to a Roman settlement and many Roman remains are still to be found there. These include sections of an aqueduct, which carried water to the Roman city of Italica. The aquaduct and the ruins of Italica are probably the subject of the lower view. Italica was founded in 206 BC by Publius Cornelius Scipio Africanus and was used as a quarry after the arrival of the Moors in 711. As a vanitas motif above the tombs, Hoefnagel has included an antique motto taken from the Appendix Vergiliana and widespread within humanism: Vivitur ingenio caetera mortis erunt - "Genius live on, all else is mortal." (Taschen)

La plaque illustre trois sites dans le voisinage immédiat de Séville, encadrée de chaque côté par des vues de la Giralda, le célèbre clocher de la cathédrale de Séville. Encore monument le plus familier de la ville, la Giralda est indiqué sur la gauche dans une vue de la façade, tandis que sur la droite une vue en coupe révèle escalier intérieur de la tour, une rampe qui peut être monté sur cheval. La Giralda était à l'origine le minaret de la mosquée Major, a débuté en 1172. Après la Reconquista, cependant, la mosquée mauresque a été remplacé par la cathédrale de Santa Maria de la Juan de Aznalfarache, sud-ouest de Séville. Au cours de la période musulmane d'Al-Andalus (du 8 cent. Suivants) il a été appelé Hisn al-Faray, qui signifie «château avec une vue" et est à l'origine de Aznalfarache d'aujourd'hui. Le château en question a été construit en 1196-1197. En 1248, après avoir reconquis sur les Maures, le site est passé à l'Ordre de Saint-Jean (San Juan) de Jérusalem, où la première partie du nom de la ville. Le point de vue du milieu montre le village perché de Gerena, au nord-ouest de Séville. La ville remonte à une colonie romaine et de nombreux vestiges romains sont encore à trouver là-bas. Ceux-ci comprennent des sections d'un aqueduc qui amenait l'eau à la ville romaine d'Italica. L'aqueduc et les ruines d'Italica sont probablement le sujet de la vue inférieure. Italica a été fondée en 206 avant JC par Publius Cornelius Scipion l'Africain et a été utilisé comme carrière après l'arrivée des Maures en 711. Comme un motif vanitas-dessus des tombes, Hoefnagel a inclus une devise antique tiré de l'appendice Vergiliana et généralisée au sein de l'humanisme: Vivitur ingenio caetera mortis erunt - "Genius vivre, tout le reste est mortel." (Taschen)

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La devise de Séville : Nomen Domini ou No-madeja-do ?

 

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L'inscription NOMEN DNI de l'un des cotés de la Giralda amène à s'interroger sur le sens de la devise de Séville, NO8DO. Selon l'article de Wikipédia https://es.wikipedia.org/wiki/NO8DO, 

 

l'explication la plus courante considère que la devise est un rébus où le 8 doit être considéré comme un écheveau de laine, madeja en espagnol. On le lit donc "No madeja do", ce qui peut se comprendre comme "Ne m'a pas laissé", et, par extension "Elle ne m'a pas abandonné". Il suffit alors de mettre cette phrase dans la bouche du roi Alphonse X comme une expression de sa satisfaction de voir Séville lui rester fidèle en 1283, pendant la guerre de succession contre son fils Don Diego. 

La première apparition et la première mention de la devise figurerait dans un manuscrit de Gonzalo Argote de Molina datant de 1588 nommé Repartimiento de Sebilla. Dans une première version, l'auteur interprète la devise comme un éloge de la bonne gestion publique (sans madeixas, sans embrouille ?), et c'est dans une seconde version corrigée qu'il la rapporte au soutien apporté par Séville à Alphonse X. En outre, le NO8DO figure sur la page de couverture, mais cela pourrait correspondre à une désignation de l'ouvrage par les deux mots de son Incipit, In Nomen Domini. Plus tard, en 1671, l'explication traditionnelle liée à Alphonse X est reprise dans les Annales Ecclésiastiques de  Diego Ortiz de Zuniga.

Mais une autre interprétation considère que le 8 n'est qu'un nœud, ou une liaison reliant les syllabes initiales de In Nomen Domini  : "Le nom de Dieu", ou, "Au nom de Dieu". Selon l'auteur, cette devise figurait sur d'autres blasons de villes médiévales, comme à Londres avec Domine dirige nos, ou à Vejer de la Frontera avec In Nomine Dei, Amen.

D'autres auteurs font appel à des théories ésotériques, et finalement, cette devise apparaît un écheveau plus embrouillé que le nœud gordien.

Nous nous garderons néanmoins de le trancher, mais cela n'empêchera pas l'amateur de jeux de lettres et de mots, lorsqu'il regardera désormais la frise épigraphique de la Giralda, son PROVERBI8 et son NOMEN DNI,  de le relier par simple plaisir avec le fameux NO8DO. Avec un nœud en huit, par exemple.

 

 

 

SOURCES ET BOITE A LIENS.

 

IMAGES :

 

——  Civitates orbis terrarum édition originale en latin:

Volume V : Civitates orbis terrarvm (5): Vrbivm Praecipvarvm Mundi Theatrvm Qvintvm: [Coloni[a]e Agrippin[a]e. 20. die Septemb. Anno M.DC.XVII.][Coloniae Agrippinae], [1599?]

http://www.sanderusmaps.com/detail.cfm?c=5779

Ancre -- Edition française du Civitates Orbis Terrarum  : National Library of Spain Biblioteca Digital Hispanica

http://catalogo.bne.es/uhtbin/cgisirsi/0/x/0/05?searchdata1=binp0000281545{001}

t. 1. Théâtre des cités du monde. Premier volume 

http://catalogo.bne.es/uhtbin/cgisirsi/6tRit3lVyR/BNMADRID/132080028/18/X001/XTITLE/a4303555

-- t. 2. Théâtre des principales villes de tout l'univers. Second volume --

t. 3.Théâtre des cités du monde  Livre troisième des principales villes du monde 1581

http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000069196&page=1

-- t. 4.Théâtre des cités du monde Livre quatrième des principales villes du monde. 1583

http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000069194&page=1

-- Theatre des Principales Villes de tout L'Univers Material cartográfico : Cinquième Volume : http://bdh-rd.bne.es/viewer.vm?id=0000068788&page=1

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Séville
26 juin 2015 5 26 /06 /juin /2015 20:27

Le Musée des Beaux-Arts de Séville : cloîtres et azulejos.

Museo de Bellas Artes de Sevilla : Claustro y azulejos.

Voir dans ce blog à propos de Séville :

— Sur le Musée des Beaux-Arts :

— Sur Séville :

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Les concepteurs du Musée des Beaux-Arts de Séville ont eu la bonne idée d'orner les cloîtres et salles de l'édifice avec des céramiques récupérées de couvents confisqués : cela transforme la visite des œuvres d'art (un moment souvent éprouvant où le touriste arpente d'interminables succession de salles) en un moment de charme, semblable à celui qu'il a pu connaître (le dit touriste) à la Casa de Pilatos ou à l'Alcazar, les deux autres hauts-lieux de collection d'azulejos. Orangers et ombres fraîches, buis taillés et vasques, cyprès et petits oiseaux, arcades et colonnes, voici que se joue, plutôt que les Jeux d'eaux à la Villa d'Este, les Azulejos dans les cloîtres de la Merced.

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Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
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Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

"Notre-Dame-de-la-Merci", un Ordre d'échange ou de rachats de prisonniers.

L’édifice qui abrite le Musée des Beaux-Arts est en effet l’ancien couvent de la Merced Calzada de la Asunción, ce qui nous plonge dans une aventure bien passionnante de moines et chevaliers. Nous sommes au XIIIe siècle après la Reconquista ; les Arabes n'occupaient plus alors que le royaume de Grenade, mais  leurs pirates capturaient les chrétiens et les menaient en Afrique du Nord pour les réduire en esclavage ou en obtenir rançon, tandis que les chrétiens menaient des raids pour capturer les musulmans. 

   Les prisonniers étaient échangés contre rançon, sinon ils étaient vendus comme esclaves. Au XIIIe siècle, en plus des épices, des esclaves constituaient l'un des produits de la commerce florissant entre les ports chrétiens et musulmans. Il fallait donc des organismes chrétiens et musulmans pour mener les tractations et récolter les fonds nécessaires au rachat. Dès 1194, l' Ordre des Trinitaires ou Mathurins fut créé en France en 1194, s'engageant à consacrer un tiers de leurs revenus au rachat des captifs emprisonnés par les païens. Des monastères et hôpitaux furent fondés en Espagne. Puis en 1219, le français Pierre Nolasque (1158-1259, Pedro Nolasco pour les espagnols), fils d'un riche drapier normand,  fonda avec l'accord du roi Jacques Ier d'Aragaon  l’ordre de Notre-Dame de la Merci ou Ordre des Mercédaires (Orden de la Merced). Les "mercédaires" prononçaient les trois vœux traditionnels des ordres réguliers : pauvreté, chasteté et obéissance, mais aussi un quatrième vœu plus audacieux encore : être prêts à se livrer en otage si c'était le seul moyen de libérer les captifs. Ils se livrèrent à ce « marché » — c'est le sens étymologique du latin mercedem — jusqu'à ce que disparaisse la piraterie. C'était un Ordre associant aux moines des chevaliers qui s'illustrèrent dans la conquête des Baléares en 1229, et de Valence en 1238, et dont les premiers supérieurs (ou Généraux) furent des chevaliers. 2700 captifs furent parait-il rachetés du vivant de Pierre Nolasque, et 70.000 durant la période d'activité de l'Ordre.  À partir de 1317, l'ordre de la Merci perdit son caractère militaire, et il sera assimilé en 1690 à un ordre mendiant, participant à l'évangélisation du Nouveau-Monde. 

L'Ordre fonda un couvent à Séville après la conquête de la ville en 1248, sur des terres données par Ferdinand III : ce premier édifice, de style mudéjar,  fut démoli au XVIIe siècle à l'initiative de Frère Alonso de Monroy, général de l'Ordre de 1602, pour laisser place à un nouvel ensemble. Les travaux, sont alors menés par l’architecte Juan de Oviedo y de la Bandera, à partir de 1603 à 1612 pour la partie principale, tandis que les bâtiments conventuels s’élèvent progressivement au cours des cinquante années suivantes, créant un des plus beaux exemples de maniérisme andalou. Les niveaux de l'église  et des  trois élégants cloîtres sont reliés par un escalier monumental.

La construction de l’église s’achèva en 1612. En 1835, les moines sont expulsés et leur couvent confisqué par la couronne. Après 1841, date à laquelle l'ancien couvent devient un musée ouvert au public, l’édifice connaît trois grandes phases de restauration. Entre 1942 et 1945, le patio de las Conchas est ouvert sur le site de l'ancienne sacristie; entre 1985 et 1993, le bâtiment est complètement rétabli et adapté aux nombreuses demandes d'un espace d'exposition moderne.

L’intérieur s’ordonne sur deux niveaux, autour de deux cloîtres ceints de galeries à arcades, et de deux patios. Ces quatre espaces sont agrémentés de plantations diverses et de pièces d’eau. 

  • Le cloître de la Citerne (Claustro del Aljibe ) qui est le premier que l'on découvre.

  • le charmant Petit cloître ou Cloître des Buis (Claustro de los Bojes ).

  • le Grand Cloître (Clautro Mayor), centre de vie de l'ancienne communauté monastique.

  • le patio des Coquilles,( los Conchas).

 

 

 

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Musée des Beaux-Arts de Séville, image Maps Google.

Musée des Beaux-Arts de Séville, image Maps Google.

Les cloîtres du Musée des Beaux-Arts de Séville, image Maps Google.

Les cloîtres du Musée des Beaux-Arts de Séville, image Maps Google.

 

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Mais avant de découvrir ces patios du paradis, nous devons passer au purgatoire et prendre notre ticket au guichet d'entrée.

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I. Le hall d'entrée ou guichet des touristes.

Le visiteur achète son billet dans un vestibule décoré de panneaux carrelés. Mais, trop pressé de pénétrer dans les salles d'exposition, ou préoccupé de trouver les vestiaires ou de chercher son portefeuille, il risque de franchir trop rapidement ce seuil ; d'autre part, les installations vitrées qu'imposent la muséologie et la sécurité, et les préposés qui les occupent, masquent partiellement (ou largement) les plinthes d'azulejos. Quitte à perdre ma place dans la queue, je vais, pour ma part, prendre tout mon temps (en réalité, je suis passé sans rien regarder et c'est en fin de visite que, attendant la famille partie aux toilettes, j'ai eu tout le temps nécessaire).

 

 Les céramiques réunies ici  proviennent du couvent dominicain San Pablo et sont attribuées à  Hernando de Valladares (j'expliquerai qui c'est). Notamment, on peut reconnaître sur l'arche d'entrée qui sépare ce vestibule du Cloître de la Citerne  deux chiens noir et blanc tenant dans leur gueule un flambeau : c'est, comme on le sait sans-doute, l'un des attributs de saint Dominique,  puis l'emblème de son Ordre. Dominique de Guzman naquit en Vieille Castille, et sa mère eut avant sa naissance en1170 une étrange vision d'un chien tenant une torche et prêt à répandre le feu sur la terre. Il s'agit du feu de la Foi, et non des bûchers de l'Inquisition. (Celui qui goûte, comme moi, les jeux de mots peut apprécier de savoir qu'on voit aussi dans ce chien une allusion au Chien de Dieu, Domini canis qui s'entend dans le nom "Dominicain"). Ces deux chiens entourent le monogramme christique IHS surmonté d'une croix, placé dans un cuir avec les trois clous de la Passion.

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Faïences par Hernando de Valladares de l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Faïences par Hernando de Valladares de l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

 

Le couvent dominicain de San Pablo el Realdont il ne reste aujourd'hui que l'église de la Magdalena, a été fondé par Ferdinand III en 1248-1255. L'édifice a été dévasté par le feu en 1350, puis rebâti par Pierre le Cruel. A la fin du XVe siècle, avant la découverte de l'Amérique, il a accueillit les de bureaux imposants de l'Inquisition avant que la sinistre institution ne s'installe à Triana au Castillo de San Jorge . Le couvent servit alors de noviciat et de centre de formation des prédication pour les missionnaires partant évangéliser le Nouveau Monde. Le 30 Mars 1544 Frère Bartolomé de las Casas, connu par sa défense des droits des Indiens, y fut  consacré évêque de Chiapas -Mexique-. L'église médiévale a été détruite en 1690. Le couvent a été confisqué en 1838. 

 

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Les armoiries de Guzman.

La composition en azulejos comporte aussi deux armoiries, qu'on commencerait à décrire comme d'azur aux deux paniers échiquetés d'or et d'azur, portant des feuillages d'or, à la bordure alternant des tours d'or sur champ de gueules [avec une petite porte d'azur ]et des lions rampants d'or  sur champ d'argent". Il faudrait encore préciser que les paniers sont marquées par trois bandes blanches (pardon, "d'argent"). Et, surtout, s'apercevoir que les "feuillages" sont, en réalité, trois horribles dragons crocodilesques dardant une longue langue brune. Les seules armoiries ressemblant à cela sont celles d'un quartier du blason figurant sur le grand retable de la cathédrale de Séville, offert par le comte de Baños vers 1700. 

 

Heureusement, j'ai assez travaillé sur la Vue de Séville 1588 par Hoefnagel et je peux identifier ici, non des paniers (cestas), mais des "chaudrons guingolés" ou caldera gringolata en espagnol, c'est-à-dire que je retrouve ici, sous la couronne ducale, les armoiries de la Maison des Medina Sidonia : on attribuera le changement de couleurs du chaudon aux impératifs du fabriquant d'azulejos, ou à une impardonnable fantaisie. Elles sont actuellement les armes de la ville de Mellila, et on les blasonne "armas sobre campo de azur, dos caldeiras jaqueladas en oro y gueules, gringoladas de siete Serpientes en sinople, puestas al palo, bordadura de las Armas Reales de Castilla y León, de nueve piezas de gueules, con castillos de oro, alternadas, con nueve piezas de plata con leones de gueules".


 

 

Le fondateur de cette Maison est Alonso Pérez de Guzmán  "el bueno' (1256-1309); en plaçant ces armoiries ici, les dominicains créent un lien entre saint Dominique de Guzman et cette Maison, ce qui n'est pas historiquement fondé.  

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Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Au dessus de l'arcature, nous découvrons un panneau qui comporte aussi les deux chiens noir et blancs, et qui vient donc aussi de San Pablo, On y lit une inscription :ESTA CAPILLA Y SANC- VARIo / MANDo HAZE LA MADRE MAY / A LA ORIVANDE ESPINAÑO

...que je lis comme Esta capilla y sanct vario mando haze la madre may a la orivande espinaño (ou : ...orivan de espin año). Je n'en n'ai trouvé aucune citation épigraphique.

Elle est placée sous un blason couronné avec deux angelots tenant une palme,  et une tête de putto. Le motif central noir et blanc à huit étoiles, quatre flèches et une croix fleur-de-lysée reste à identifier. Nous allons le retrouver plus loin, ce n'est donc pas un simple ornement. Je l'assimile au blason dominicain "d'argent chapé de sable" à la croix fleur-de-lysée noire et blanche et à l'étoile à huit branche propre à saint Dominique.

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Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Je suis toujours, nez en l'air, en train de regarder l'arche du couvent de San Pablo, sans me décider à passer dessous pour débuter ma visite du Musée, et le gardien s'interroge. Moi aussi : est-ce à lui que je dois demander le sens des deux aigles couronnés blancs tenant dans leur bec un encrier ?  Ce motif accompagne généralement, dans les enluminures médiévales, et sans la couronne, la figure de saint Jean rédigeant son évangile ou son Apocalypse à Patmos. Or, le couvent des dominicains est dédié à saint Paul (San Pablo), et non à Jean. Peut-être une allégorie de l'étude des textes sacrés, et de la prédication ?   

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Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares sur l'arche de l'ancien couvent Saint-Paul, XVIIe siècle, hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Toujours là ? 

AncreAncre Oui, car j'ai promis de tenter d'apprendre quelque chose sur l'artiste  Hernando de Valladares. A quoi sert de voyager si ce n'est pour élargir son esprit et muscler ses neurones? 

Mais ce ne sera pas long. J'apprends (http://www.arrakis.es/~ramoscor/sigloxvii.html) que simultanément aux potiers d'origine italienne (Francisco Niculoso et ses successeurs), une famille de potiers andalous, les Valladares, a acquis une grande popularité au cours des dernières années du XVIe siècle et la première moitié du XVII. Son fondateur est Juan Valladares, né en 1530 dans la province de Séville à Aznalcázar, et installé à Triana Calle del Marqués (1574). Hernando, qui est dit "maestro de hacer loza", ou "maître en faïence"  est son fils.  Il eut lui-même deux fils, Hernando et Benito, qui furent actifs jusqu'au milieu du XVIIe siècle, sans que l'on puisse facilement discerner les travaux d'Hernando père et  fils : on parle d'"atelier (taller) d'Hernando Vallidares". Ils participèrent à la décoration de nombreux bâtiments civils et ecclésiastiques effectuées ou modifiées à ce moment à Séville, ainsi qu'en  dehors de la ville comme à Cordoue et Grenade, Evora, Lisbonne. Leur production pour le Nouveau-Monde fut importante, attestée au Mexique ou au Pérou. Parmi les œuvres emblématiques de cet atelier, on trouve le devant d'autel  du couvent de l'Assomption dédié aux des saintes Justa et Rufina et conservé au Musée des Beaux-Arts de Séville,  ou les panneaux de la chapelle de las animas de l'église de San Lorenzo de Séville, le devant d'autel au pot de lys de la même église (vers 1609), .. Cet atelier est aussi mentionné au Monastère de Santa Paula, à la Chartreuse de las Cuevas, à l'Apeadero de l'Alcazar (1609), pour les plinthes de la nef de l'église Santa Clara ( Devant du maître-autel 1622 ), à Lima en 1604 pour les couvents de Saint-Dominique et de Saint-François.

 

Ceci étant appris, je tourne autour de la guichetière et de l'agent d'accueil et je photographie les plinthes et pilastres visibles dans leurs stands :

 

 

 

Azulejos par Hernando de Valladares,XVIIe siècle, Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares,XVIIe siècle, Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle, Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle,  Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Azulejos par Hernando de Valladares, XVIIe siècle, Hall d'entrée, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Découvrons désormais, enfin !, le cloître dont nous apercevions delion la douce lumière : 

I. Le Cloître de la Citerne ou  Claustro del Aljibe.

Son nom d'"Aljibe" vient de l'arabe hispanique algúbb, dérivé lui-même de l'arabe classique  gubb. La citerne, normalement enterrée entièrement ou en partie, est destinée à recevoir l'eau de pluie s'écoulant des toits. Ce patio d'usage domestique communiquait avec d'autres cours plus petites qui ont disparu.

Certes, avec son pavage ocre-rouge, ce n'est pas le havre de verdure annoncé, et on puiserait sans-doute en vain à la citerne qui lui donne son nom, mais on découvre déjà la disposition adoptée par l'architecte : des colonnes toscanes...

Des quoi ?

Des colonnes d'ordre toscan, utilisé par les anciens Romains (Etrusques) avant qu'ils n'adoptent les ordres grecs dorique (contemporain de l'ordre toscan), ionique et corinthien. Les architectes italiens de la Renaissance les remirent à l'honneur, par exemple au Palais Pitti de Florence. Sa hauteur fait sept fois son diamètre. Elle est remarquable par sa simplicité, d'autant plus dépouillée qu'elle est se passe de piédestal, et que son chapiteau se limite au filet d'une astragale et à un bref tailloir sans talon. (Claude Perrault page 42) Chaque fût de marbre reçoit la courbe en plein cintre des arcatures.  Puis vient l'étage aux fenêtres rectangulaires séparées par des pilastres plats. Et le deuxième étage, ouvert, aéré et ombragé répète le rythme de la colonnade du rez-de-chaussée. La peinture saumon tendance abricot souligne l'élégance du décor. 

La cour a la forme d'un trapèze irrégulier de 9 à 10 m sur 9 à 12 m sur les côtés, soit quatre arcades sur trois cotés, et cinq arcades sur un coté. 

image wikiwand.

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Comme on le voit, des plinthes d'azulejos entourent le patio. Mais, surtout, la Vierge du Rosaire fait l'admiration de tous. ce bijou de céramique a été réalisé par Cristobal Augusta en 1577 pour le couvent de Madre de Dios, en s'inspirant d'une peinture de Luis de Vargas. Une œuvre à ne pas manquer, mais que j'ai oublié de photographier. 

 

Patio de la Citerne, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Patio de la Citerne, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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II. Le Cloître des Buis (El Claustro de los Bojes)

 Le Cloître des Buis a été dessiné par Juan de Oviedo et construit autour de 1612. Il est également connu sous le nom de Cloître du Réfectoire (Claustro del Refectorio) car il communiquait avec cette pièce par son côté sud . Son plan est rectangulaire et quelque peu irrégulier, mesurant 12 à 13 mètres par 19, et un développement de cinq et de sept baies, et il se compose de deux niveaux. En bas reviennent les fines colonnes toscanes  de marbre blanc et les arcs de plein cintre du patio de l'Aljibe alors que l' étage est construit comme un piano nobile avec de hautes fenêtres à balcon, dont deux sont coiffées d'un fronton triangulaire et une, au centre, d'un fronton cintré.  La peinture des motifs muraux est ici le rouge brique.   

Je compte sept arcades d'un coté et cinq arcades sur le coté le moins long. Autour d'un bassin central, les buis y sont taillés en motifs topiaires de quinconces d'un demi mètre de haut délimitant d'étroites allées.

 

On ne trouve pas ici de plinthes d'azulejos, mais une Vierge, que je n'ometterais pas de photographier à ma prochaine visite.

 

Cloître des Buis, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Cloître des Buis, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Cloître des Buis, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Cloître des Buis, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

 

III. Le Grand cloître ou Claustro Mayor.

le Grand cloître (Claustro Mayor),  se compose de deux niveaux:

  • Inférieure formée par des arcs qui s'abaissent sur deux colonnes de marbre

  • Supérieur, rénovée en 1724 par Leonardo de Figueroa , qui se profile en balcons encadrés par des pilastres ioniques.

Il communique avec l'église par deux entrées ainsi qu'avec le Cloître des Buis. Il  a été conçu par Juan de Oviedo. Il était le centre de la vie quotidienne de la communauté. Mesurant   22 mètres  sur 24, avec un développement de cinq à six arcades, on y retrouve les colonnes, mais elles sont ici doubles et prennent apppui  sur un muret orné d'azulejos.. L' étage, dissimulé par les cyprès et les orangers, a été  rénové par  Leonardo de Figueroa en 1724 ; il alterne de hautes fenêtres à balcons avec  des pilastres ioniques. Comme dans les autres cours, les lignes générales sont soulignées par contraste entre les murs blancs et la peinture ocre rougeâtre des pilastres et de festons rectilignes.


 

 

 

III. Le Grand cloître ou Claustro Mayor.

  • le Grand cloître (Clautro Mayor), qui se compose de deux parties:

    • Inférieure formée par des arcs qui s'abaissent sur deux colonnes de marbre

    • Supérieur, rénovée en 1724 par Leonardo de Figueroa , qui se profile en balcons encadrés par des pilastres ioniques.

 

Le cloître Grand ou principal est fixé sur le côté droit de l'église avec qui communiquait par deux entrées, par croisière et de la faible chœur. Parallèlement à cela le cloître de Bojes hausses, aussi appelé le réfectoire par communiquer son mur sud avec cet appareil. Une troisième cour, la citerne, le moment accédé au Musée était à l'origine la maison, et a cédé la place à sa gauche pour d'autres tribunaux ont aujourd'hui disparu. Un quatrième petit patio de taille avec des colonnes, appelé Académies, qui est le centre d'une zone adjacente à la zone de saisie, et que, une fois a été occupée par les académies Séville. De la cour de l'Académie, il a été adhéré à la sacristie, qui existe encore, et de là à la chapelle principale de l'église et de la sacristie, qui a brûlé en 1785 et a finalement été démoli avec l'occupation française. Actuellement, l'espace occupé par la sacristie est appelé cour de coquillages. Le Cloître Grande a été conçu par Juan de Oviedo, et transformé en son étage par Leonardo de Figueroa en 1724. Il était le centre de la vie quotidienne la communauté et est le plus grand monastère du 22 par 24 mètres côté, avec un développement de cinq à six baies. La partie inférieure du corps est composée d'arcs sur des colonnes doubles de marbre reposant sur ​​un banc recouvert de céramique base de panneaux, où des trous sont ouverts. Le deuxième étage, rénové par Figueroa, est en brique, avec séparés par des pilastres ioniques vous avitoladas balcons; les ouvertures sont encadrées par la couleur moulures droites filets ocre. Souligne à l'ensemble du contraste entre les murs blancs et les piliers rouges et l'ocre des festons rectilignes. Ce cloître est connecté à l'église par deux linteaux couvre et par un autre vain, il est passé dans la cour des buis

 





Su construcción comenzó en 1602 y se ejecutó en estilo barroco sevillano.


El convento se articula en tomo a varios claustros con una escalera imperial que articula los tres principales " llamados Claustro Grande, de los Bojes y del Aljibe - , en torno a los que se sitúan las estancias fundamentales del edificio, ahora convertidas en las salas del Museo, y que junto con la iglesia constituyen los elementos más destacados de la Merced.


El claustro Grande o principal queda adosado al lado derecho de la iglesia con la que comunicaba a través de dos accesos, por crucero y por el coro bajo. Paralelo a éste se levanta el claustro de los Bojes, también llamado del Refectorio por comunicar su pared sur con esta dependencia. Un tercer patio, el del Aljibe, por el que actualmente se accede al Museo, era primitivamente el más doméstico, y daba paso a su izquierda a otros patios hoy desaparecidos. Hay un cuarto patio de pequeñas dimensiones con columnas, llamado de las Academias, que es el centro de un sector adyacente a la zona de entrada, y que antaño fuera ocupado por las academias sevillanas. Desde el patio de las Academias, se accedía a la antesacristía, que aún se conserva, y desde ella a la capilla mayor de la iglesia, y a la sacristía, que se quemó en 1785 y finalmente fue demolida con la ocupación francesa. En la actualidad, el espacio que ocupó la sacristía es el llamado patio de las Conchas.


El Claustro Grande fue trazado por Juan de Oviedo, y transformado en su piso alto por Leonardo de Figueroa en 1724. Era el centro de la vida cotidiana de la comunidad y es el más amplio del monasterio, de 22 por 24 metros de lado, con un desarrollo de cinco por seis intercolumnios. El cuerpo inferior está formado por arcos de medio punto sobre columnas pareadas de mármol que descansan sobre un zócalo corrido cubierto por paneles cerámicos, en el que se abren algunos huecos. La segunda planta, reformada por Figueroa, es de ladrillo, con balcones separados por pilastras jónicas pareadas avitoladas; los vanos se enmarcan con molduras de filetes rectilíneos de color almagra. Destaca en el conjunto el contraste entre los paramentos blancos y las pilastras rojizas y el almagra de los festones rectilíneos.


Este claustro se comunica con la iglesia por dos portadas adinteladas y a través de otro vano, se pasa al patio de los Bojes.


La construction a commencé en 1602 et a été exécuté dans le style baroque de Séville.


Le couvent est articulé prendre plusieurs cloîtres avec un escalier impérial qui relie les trois principaux "appelé grand cloître, les buis et Aljibe - autour du noyau reste du bâtiment se trouvent, aujourd'hui transformée en chambres de musée, et avec l'église sont les points forts de Merced.


Le cloître Grand ou principal est fixé sur le côté droit de l'église avec qui communiquait par deux entrées, par croisière et de la faible chœur. Parallèlement à cela le cloître de buis, aussi appelé le Réfectoire de communiquer son mur sud avec cet appareil augmente. Une troisième cour, la citerne, le moment accédé au Musée était à l'origine la maison, et a cédé la place à sa gauche pour d'autres tribunaux ont aujourd'hui disparu. Un quatrième petit patio de taille avec des colonnes, appelé Académies, qui est le centre d'une zone adjacente à la zone de saisie, et que, une fois a été occupée par les académies Séville. De la cour de l'Académie, il a été adhéré à la sacristie, qui existe encore, et de là à la chapelle principale de l'église et de la sacristie, qui a brûlé en 1785 et a finalement été démoli avec l'occupation française. Actuellement, l'espace occupé par la sacristie est appelé cour de coquillages.


Le Cloître Grande a été conçu par Juan de Oviedo, et transformé en son étage par Leonardo de Figueroa en 1724. Il était le centre de la vie quotidienne de la communauté et est le plus grand monastère de 22 par 24 mètres de côté, un développement de cinq à six compartiments. La partie inférieure du corps est composée d'arcs sur des colonnes doubles de marbre reposant sur un banc recouvert de céramique base de panneaux, où des trous sont ouverts. Le deuxième étage, rénové par Figueroa, est en brique, avec séparés par des pilastres ioniques vous avitoladas balcons; les ouvertures sont encadrées par la couleur moulures droites filets ocre. Énoncée dans le contraste entre les murs blancs et ocre rougeâtre de pilastres et de festons rectiligne.


Ce cloître est relié à l'église par deux linteaux couvertures et d'un autre vain, il est passé dans la cour des buis.

IV Patio de las Conchas.

Connu comme Patio de las Conchas, où quatre cyprès actuel, il est une recréation des années 40 du XXe siècle, où dans son jour était l'ancienne sacristie du couvent de la Miséricorde. 
Au centre, un bassin avec une fontaine, des nénuphars et les poissons, espace heureux et cool.

 

  LA COLLECTION D'AZULEJOS.

http://leyendasdesevilla.blogspot.fr/2011/08/el-museo-de-bellas-artes-de-sevilla-i.html

El vestíbulo está decorado con paneles de azulejería procedentes de conventos sevillanos desamortizados. Destacan los procedentes del Convento del
Pópulo y el arco de acceso al Claustro del Aljibe, realizado hacia 1600 por Hernando de Valladares para el Convento de San Pablo. En el Claustro del Aljibe se halla el panel cerámico de la Virgen del Rosario, realizado por Cristóbal de Augusta en 1577 para el Convento de Madre de Dios.
Le vestibule est décoré avec des panneaux de tuiles de Séville couvents confisqués. Faits saillants du Couvent Pópulo et l'arche d'entrée du Cloître de Aljibe, fait autour de 1600 par Hernando de Valladares pour le Convento de San Pablo. Dans le Cloître de Aljibe panneau en céramique de la Virgen del Rosario, menée par Christopher Augusta en 1577 au couvent de la Mère de Dieu est.

DEVS ET SPIRITVM RECTVM .COR MVNDVM .

Deus et spiritum rectum cor mundum

Psaume 51:12 Miserere

Cor mundum crea in me, Deus, et spiritum rectum innova in visceribus meis. Créez en moi un cœur pur, mon Dieu, et renouvelez au-dedans de moi un esprit de droit.

 

INPLEPATE RQVOD – DIXISTI – NOS.TVISIVVA NSPRECIPVS -

Inple pater quod dixisti nos tuis iuvans precipus

O spem miram O spem miram quam dedisti mortis hora te flentibus, dum post mortem promisisti te profuturum fratribus: Imple Pater quod dixisti, nos tuis iuvans precibus. Qui tot signis claruisti in aegrorum corporibus, nobis opem ferens Christi, aegris medere moribus. Imple Pater quod dixisti, nos tuis iuvans precibus.”

 

 

Voir Christobal Augusta à l'Alcazar http://www.panoramio.com/photo/93808402 et surtout http://www.retabloceramico.net/bio_augustacritobalde.htm

 

Comparer à l'Alcazar de Séville de 1578 http://www.panoramio.com/photo/93808427

 

Cloître principal, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Cloître principal, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Cloître principal, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Cloître principal, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.
Cloître principal, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Cloître principal, Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

IV Patio de las Conchas.

 

Connu comme Patio de las Conchas, avec ses quatre cyprès, sa fontaîne, son bassin à nénuphar et ses poissons, c'est une création des années 1940 , là où se trouvait  l'ancienne sacristie du couvent de la Miséricorde. 
Eh oui, mais il devait être fermé, et je ne l'ai pas vu. 

Rendez-vous à la case   Pinterest.com, ou passez un tour.

 

  LA COLLECTION D'AZULEJOS.

 

Tourisme (CNRTL) : Activité d'une personne qui voyage pour son agrément, visite une région, un pays, un continent autre que le sien, pour satisfaire sa curiosité, son goût de l'aventure et de la découverte, son désir d'enrichir son expérience et sa culture. Le tourisme se distingue du voyage en ce qu'il implique dans le fait du voyageur, d'une part le choix délibéré du but, d'autre part le souci de satisfaire son agrément (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 13). − P. analogie. Faire du tourismeExercer une activité en dilettante, en dehors de tout professionnalisme.

Revenons à nos chers carreaux de faïence. J'en ai cueilli un certain nombre le long des plinthes des cloîtres. Un inventaire complet s'imposait, mais, privilège du touriste,  je m'en suis dispensé. Dites-moi merci.

Je débuterai par trois ensembles qui portent des inscriptions religieuses.

 

 

 

Azulejos, provenant d'un couvent dominicain. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, provenant d'un couvent dominicain. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Nous lisons ici :   INPLEPATE RQVOD DIXISTI ~ NOS.TVISIVVA / NSPRECIPVS ~

Soit : Inple pater quod dixisti nos tuis iuvans precipus.

Il s'agit d'un passage de l'Antienne à saint Dominique O spem miram , repons chanté par les Dominicains aux matines ou aux complies, comme le O Lumen Ecclesiae.

O spem miram quam dedisti mortis hora te flentibus, dum post mortem promisisti te profuturum fratribus: Imple Pater quod dixisti, nos tuis iuvans precibus. Qui tot signis claruisti in aegrorum corporibus, nobis opem ferens Christi, aegris medere moribus. Imple Pater quod dixisti, nos tuis iuvans precibus.”

"O Merveilleux espoir donné par vous à ceux qui vous pleuraient à l'heure de votre mort, lorsque vous promîtes qu'après le trépas vous viendriez en aide à vos frères. Accomplissez, ô Père, ce que vous avez dit, en nous secourant par vos prières. V. Vous qui vous êtes illustré par tant de miracles en faveur des malades, apportez un remède à nos âmes souffrantes, en nous secourant par vos prières."

Ces mots entourent un blason couronné identique à celui découvert dans le vestibule, et que je commence à comprendre : la croix fleur-de-lysée emblématique noire et blanche est doublée d'une autre croix décalée de 45°, ce qui forme ainsi une étoile à huit branches, autre emblème de l'Ordre. Voir wikipédia

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O Spem miram, Azulejos, provenant d'un couvent dominicain. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

O Spem miram, Azulejos, provenant d'un couvent dominicain. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Dans ce deuxième panneau, une fois de plus, j'ai fait fort : je n'ai pas photographié tout le texte !

Je lis néanmoins DEVS ET SPIRITVM RECTVM .COR MVNDVM , soit Deus et spiritum rectum cor mundum, ce qui suffit à identifier le verset 12 du  Psaume 51, le Miserere.

Cor mundum crea in me, Deus, et spiritum rectum innova in visceribus meis. "Créez en moi un cœur pur, mon Dieu, et renouvelez au-dedans de moi un esprit de droit."

L'idéal serait d'identifier le cardinal titulaire des armoiries (le galero n'est vert que par un impératif technique). 

Plinthe de patio,  Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Plinthe de patio, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Psaume 51 Miserere, Azulejos, provenant d'un couvent dominicain. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Psaume 51 Miserere, Azulejos, provenant d'un couvent dominicain. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Ave Maria, Azulejos, provenant d'un couvent confisqué. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Ave Maria, Azulejos, provenant d'un couvent confisqué. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Cet élégante composition associe trois symboles de la Virginité de Marie, les lys ; le vase ; et les perles avec un phylactère où se lisent les mots de l'Ave Maria : . AVE R--A--CIA PLENA DOMIN-M TECUM.

 

 

Ave Maria, Azulejos, provenant d'un couvent confisqué. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Ave Maria, Azulejos, provenant d'un couvent confisqué. Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

 

Quelques autres azulejos des plinthes des cloîtres et patios.

Je débute par des éléments sur l'histoire de la céramique sévillane réunis pour ma gouverne sous forme d'une macédoine de diverses lectures sur la toile.  Si cela peut être utile...

« Azulejo » est un mot d'origine arabe employé en Espagne et au Portugal pour désigner un carreau de faïence, c'est-à-dire un carreau de terre cuite recouvert d'un émail stanifère opaque. Dans ces deux pays, on fit dès le XIIIe siècle un usage fréquent d'azulejo pour revêtir et orner murs, sols, fontaines, plafonds ou cheminées. Cet art suppose donc  la colaboration d'un potier et d'un céramiste. 

Cet art de l'Orient a été introduit en Espagne par les Arabes, avec une techique initiale assemblant des morceaux de carreaux découpés (« Alicatado »), comme on peut en voir de magnifiques exemples à l'Alcazar de Séville ou, surtout, àl'Alhambra de Grenade. Les schémas ornementaux répondent à l'impératif  islamique de ne pas représenter des figures, et sont fondamentalement géométriques. A ces alicatados ont succédé la technique dite « cuerda seca » de cloisonné où les pigments sont placés dans des espaces séparés délimités sur la terre cuite. Elle  permettait de réaliser des motifs  en lignes droites,  imitant les alicatados, mais n'était pas adapté pour les dessins à lignes courbes.  Aux environs des années 1500, le procédé de la cuerda seca fut remplacé par celui de l'arista ou cuenca où le cloisonnement se fait par moulage (moule en bois puis métallique) de l'argile molle : les alvéoles sont rempllies d'oxydes métalliques. Avec la Renaissance, à la fin du XVe siècle s'est développée en Italie la technique de la majolique ; on fabrique plats ou vases de terre cuite émaillés avec des décors colorés très élaborés : rinceaux, personnages, grotesques, etc. La ville de Faenza, centre de production important, donna le mot « faïence » en français. Des carreaux commencent à y être décorés de ces décors, peints sur l'argile comme sur une toile, ce qui élargit la palette (bleu, jaune clair, jaune foncé, vert, brun, blanc, noir, violet) et permet le clair-obscur et le dégradé . D'une production artisanale complexe mais répétitive, on passe à une activité artistique, et la technique permet de créer. de grands panneaux décorés à thèmes figuratifs et narratifs.

Triana est depuis toujours à  Séville, sur l'autre rive du fleuve, le quartier des potiers, qui exploitent les gisements d'argile entourant la Chartreuse de Cartuja dans la vallée du Guadalquivir et fabriquent des jarres d'huiles, des tonneaux de vin, des plats  et autres poteries. L'activité est ancienne, puisque les deux sœurs martyres patronnes de la ville, sainte Juste et sainte Rufine, exercaient selon la tradition cette profession de potiers. C'est à Triana que l'art des azulejos connut ses développements les plus spectaculaires.

 Séville est alors en pleine expansion par l'afflux continu de la richesse à partir des fonds du Nouveau Monde après la découverte de l'Amérique en 1492  :  l'augmentation de la demande d'azulejos est considérable  tant au niveau local, par l'afflux des marchands, des banquiers, des marins, des soldats, etc., qu'à l'étranger, pour  fournir les monuments des nouvelles colonies. Vers 1498, s'établit à Séville un peintre italien de majoliques formé à FlorenceFrancesco Niculoso, dit Niculoso Pisano car il est originaire de Pise. Depuis son atelier de Triana, il va introduire en Espagne la technique de la majolique et va brillamment l'appliquer à l'azulejo. Les premières œuvres connues de Niculoso Pisano sont la pierre tombale d'Inigo Lopez dans l'église de Santa Anna, à Triana (1503), et le retable de la Visitation. de l'Alcazar de Séville (1504). Son atelier se poursuit sous la direction de ses fils Juan Bautista et Francisco, auxquels se sont ajoutés bientôt d'autres maîtres potiers comme Diego Rodriguez de San Román .

 

Après la mort de Francesco Niculoso en 1529, c'est l'atelier des frères  Diego et Juan Polido en 1530-1540 va prendre le relais : ils réalisent ainsi les céramiques de la Casa Pilatos de Séville, et ceux des jardins de l'Alcazar.

Le XVIIe siècle est caractérisé par une grande diversité de sujets : scènes religieuses, de chasse, de guerre, scènes mythologiques ou satiriques. Les sources d'inspiration sont variées, mais elles sont surtout librement transposées, mélangées et interprétées. Les peintres d'azulejos s'inspirent de gravures ornementales venues d'Europe, en particulier les « Grotesques », motifs profanes de la Rome Antique réinterprétés par le peintre Raphaël au XVIe siècle pour décorer le palais du Vatican. Ces grotesques ont un caractère fantastique qui sera largement repris et mélangé à des thèmes religieux notamment. C'est l'époque des colonies et l'inspiration provient également des indiennes, tissus exotiques imprimés en provenance des Indes utilisés comme devant d'autel, que les peintres adaptent à la symbolique catholique. 

La taille des carreaux est en général de 12 x 12 cm.

 Le renouveau vient d' un potier d'Anvers, Frans Andries, résident de Triana, lorsqu'il s'associe en 1561 avec  un potier  de Triana nommé Roque Hernandez , pour lui apprendre  à fabriquer des carreaux et faïences peintes dans les couleurs et le style de Pise, en échange de l'utilisation de ses fours. 

Un  fils de Roque Hernandez, nommé Cristobal de Augusta,  a été embauché en 1575 pour réaliser les magnifiques salons  de Charles Quint de l'Alcazar de Séville. C'est lui qui a créé le groupe de la Virgen del Rosario signalé dans le Patio de la Citerne.  On trouve  aussi ses réalisations au palais gothique de l'Alcazar de Séville, dans les couvents de San Clemente et San Augustin, au Monastère de San Francisco et Santa Maria de Tentudía .  Voir Christobal Augusta à l'Alcazar http://www.panoramio.com/photo/93808402 et surtout http://www.retabloceramico.net/bio_augustacritobalde.htm

Dans les dernières décennies du XVIe siècle surviennent de grands changements dans le style de décoration de azulejos, en grande partie sous l'influence de la conception "vénitienne" des rinceaux  répétitifs inspirée par les tissus, après l'arrivée à Séville de céramistes génois attirés par la rapide prospérité de la ville. Parmi les immigrés génois, il faut nommer Thomas Pesaro (fils de Francesco da Pesaro, qi avait un atelier de céramique à Gênes depuis 1520), qui est arrivé à Séville avant 1569, établissant son Ollería dans une maison qui avait appartenue à Hernando Colomb, le fils du découvreur de l'Amérique. Deux de ses fils,  Francisco et Guisepe, ont suivi les traces de leur père, de sorte que Gusepe a maintenu  l'atelier sévillan de Pesaro au moins jusqu'en 1615, tandis que Francisco a voyagé au Mexique pour ouvrir une  boutique à Puebla de los Angeles. L'atelier Pesaro était  liés à d'autres génois tels que Francisco Salomon, Virgilio Cortivas, Bernardo Cerrudo, Bernardino Seirullo ou Ghirlandi. 

Ainsi, à la fin du XVIe siècle, les dessins sont une fusion des entrelacs mudéjares et des motifs  inspirés des tissus importés de Venise, avec des motifs réalisés par la juxtaposition de quatre carreaux.  On y trouve , venant de l'art des grotesques de la Renaissance  des chérubins, des chandeliers, des corbeilles de fleurs, des animaux fantastiques et des feuillages, des pilastres à atlantes et cariatides,  utilisant une palette de couleurs associant le bleu, le vert, le blanc, le noir, l'orange, le jaune et l'orange foncé. 

Au début du XVIIe siècle Séville connaissait encore une activité constructive intense. De nombreux monastères ont été construits ou restaurées, décorant les finitions avec des azulejos, notamment par l'atelier de Hernando  Valladares.

 

Tout ceci pour dire qu'au Musée des Beaux-Arts de Séville, les azulejos datent du XVIIe siècle, et relèvent donc des techniques, du style d'ornement et de la palette d'influence "pisane" puis  gênoise.

Dans le Grand Cloître, les bases des colonnes jumelées sont ornées de panneaux à décor géométrique, encadrés de pilatres à atlantes. (diaporama)

Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.
Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.
Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.
Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.
Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Pilastres à atlantes, Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.
Pilastres à atlantes, Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Pilastres à atlantes, Azulejos à l'aplomb des colonnes jumelées du Grand Cloître, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Les plinthes des autres cloîtres et patios :

 

Pilastres à atlantes, Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Pilastres à atlantes, Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

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Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

Azulejos, Musée des Beaux-Arts, Séville. Photo lavieb-aile.

SOURCES ET LIENS.

Dépliant-guide du Musée :

http://www.museodebellasartesdesevilla.es/espanol/grupos/descargas/folletos/es.pdf

Retablo ceramica. http://www.retabloceramico.net/5672.htm

 — Leyendas de Sevilla 2011, El Museo de Bellas Artes I : el edificio 

http://leyendasdesevilla.blogspot.fr/2011/08/el-museo-de-bellas-artes-de-sevilla-i.html

— http://www.azulejos.fr/

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Published by jean-yves cordier - dans Séville
23 juin 2015 2 23 /06 /juin /2015 21:28

Catherine et Sébastien au Musée des Beaux-Arts de Séville : le retable de San Benito de Calatrava (vers 1480).

J'ai déjà présenté le retable de San Benito de Calatrava présenté au Musée des Beaux-Arts de Séville dans mon article sur saint Christophe, et j'ai déjà dit que ce retable est fait de quatre tableaux peints sur bois et présentant chacun deux Saints : successivement saint Jérôme et saint Antoine de Padoue, saint André et saint Jean-Baptiste, saint Antoine l'ermite et saint Christophe, et enfin sainte Catherine et saint Sébastien. Les trois derniers appartiennent à la liste des "Saints auxiliateurs", et sont fameux pour la protection qu'ils dispensent dans un certain nombre de périls du corps et, surtout, de l'âme.

Petite iconographie de Saint Christophe à Séville. I : le retable du couvent San Benito de Calatrava.

Ici, je veux témoigner de l'extraordinaire admiration ressentie lorsque je suis parvenu face au quatrième panneau, où m'accueillaient Catherine et Sébastien. Pour compenser les longueurs barbantes de mes articles habituels, je serai ici d'une discrétion rare. Je m'éclipse.

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Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Quatrième panneau, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Quatrième panneau, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Sainte Catherine d'Alexandrie.

Sainte Catherine d'Alexandrie, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Sainte Catherine d'Alexandrie, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Sainte Catherine d'Alexandrie, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Sainte Catherine d'Alexandrie, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Dans la partie inférieure, Cartherine terrasse un homme couronné et l'épée même qui a servie à la décapiter, et qui est devenue son attribut,  est pointée sur le front royal. On peut penser qu'il s'agit de l'empereur Maxence, qui a donné l'ordre de son martyre, ou bien le roi Costus, père de Catherine. Quoiqu'il en soit, il est en facheuse posture. 

Sainte Catherine d'Alexandrie, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Sainte Catherine d'Alexandrie, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Saint Sébastien.

 

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Le nimbe porte l'inscription SANT SABASTIAN MARTI[R].

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Registre inférieur, qui permet d'admirer le carrelage au dessin complexe.

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480),  Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

Saint Sébastien, Retable du chapitre de l'église San Benito de Calatrava (vers 1480), Musée des Beaux-Arts de Séville, photo lavieb-aile.

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Published by jean-yves cordier
22 juin 2015 1 22 /06 /juin /2015 21:07

Le Baiser de la Porte Dorée à la cathédrale de Burgos.

En 2013, ma visite de la chapelle Sainte-Anne de la cathédrale de Burgos m'avait permis de constater la place centrale tenue par la rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem dans l'Arbre de Jessé.

L'Arbre de Jessé de la cathédrale de Burgos.

En 2014, devant l'Arbre de Jessé de Moulins, j'avais constaté l'importance de ce thème dans l'établissement du culte de l'Immaculée Conception :

L'Arbre de Jessé de la cathédrale de Moulins, l'Immaculée Conception : la Rencontre de la Porte Dorée. Le vitrail de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Moulins et la Rencontre de la Porte Dorée : la Vierge conçue par un baiser ?

   Visitant à nouveau la cathédrale de Burgos cette année, je remarque dans le retable de l'autel principal du chœur une image encore plus explicite de cet échange de baiser devant la Porte Dorée.  Sur cette image empruntée à Wikipédia, la scène en question se trouve dans la loge de gauche du deuxième registre. Juste au dessus se trouve un groupe d'Anne trinitaire (Anne + Marie + Jésus)

«Retablo Mayor Burgoscat» de RAntonio - Trabajo propio. Disponible bajo la licencia CC BY-SA 3.0 vía Wikimedia Commons - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Retablo_Mayor_Burgoscat.jpg#/media/File:Retablo_Mayor_Burgoscat.jpg

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Je ne reviens pas sur le récit, que j'ai longuement présenté avec son iconographie. Dans cette image, Joachim se présente, venant des montagnes où il élevait ses troupeaux, à la Porte Dorée. Un serviteur l'accompagne, tenant un agneau.  Anne,  de son coté, également prévenue par un ange de se présenter à ce rendez-vous qui devrait permettre de résoudre enfin la  stérilité qui frappe douloureusement le couple qui s'est senti maudit de Dieu, est accompagnée de sa servante et confidente. Mais ce qui est fabuleux dans cette image, c'est que, des deux époux qui s'élancent l'un vers l'autre, avant même leur étreinte, avant l'échange d'un baiser, une tige verte se développe de chacun d'entre eux. Les deux tiges s'entrelacent entre leur ventre ou leur poitrine (la scène est située en hauteur et le spectateur ou photographe est en contreplongée), s'élèvent et se réunisse pour  s'épanouir en une fleur blanche. Ces tiges et cette fleur ressemblent exactement à celles qui figurent sur l'Arbre de Jessé  de la chapelle Sainte-Anne. 

De la fleur naît ou s'élève la Vierge couronnée tenant son Fils.

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Rencontre de la Porte Dorée, Retable de l'autel principal, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

Rencontre de la Porte Dorée, Retable de l'autel principal, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

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Rencontre de la Porte Dorée, Retable de l'autel principal, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

Rencontre de la Porte Dorée, Retable de l'autel principal, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

Je montre ici le groupe d'Anne trinitaire qui le surmonte et qui complète ce récit généalogique :

 

Anne trinitaire, Retable de l'autel principal, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

Anne trinitaire, Retable de l'autel principal, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

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Enfin je propose ici un autre exemple de la Rencontre de la Porte Dorée dans une chapelle de la cathédrale. Celle-ci renferme donc trois représentations de cette Rencontre (sur l'Arbre de Jessé ; sur le retable principal ; et ce dernier exemple), ce qui montre l'importance de cette Rencontre dans le culte de la Vierge, et de sa Nativité.

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Rencontre de la Porte Dorée, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

Rencontre de la Porte Dorée, cathédrale de Burgos, photo lavieb-aile.

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Published by jean-yves cordier - dans Porte Dorée
21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 13:26

Iconographie de saint Christophe : la cathédrale de Burgos.

Voir :

 

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Lorsque j'ai présenté le San Cristobal du retable de San Benito de Calatrava dans mon premier article, j'en ai profité pour faire un tour d'horizon des représentations du saint en Espagne, et j'avais mentionné la présence de deux peintures à la cathédrale de Burgos, une fresque du XIVe siècle, et une huile du XVIIIe (?) siècle. Me voici rendu sur place pour les admirer.

Elles sont situées dans le transept sud, à l'intérieur du Portail du Sarmental, soit l' indice 1 (entrada)  du plan proposé par Wikipédia :

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A vrai dire, l'œuvre la plus ancienne est assez ingrate à photographier à cause de l'obscurité, de sa grande taille, des conditions imposées aux touristes (pas de flash, pas de pied)  et de son état peu spectaculaire. Encadrée par deux colonnes, elle est tracée sur toute la hauteur du mur, sur 8 mètres de haut. Voici mon cliché : je mise sur votre compréhension.

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Fresque de saint Christophe, XIVe siècle, Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

Fresque de saint Christophe, XIVe siècle, Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

 

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Cette fresque monumentale n'a été découverte qu'en 2005,  et elle avait perdu la polychromie de son état d'origine. Comme elle était placée juste à coté de l'immense toile de saint Christophe que nous allons ensuite découvrir, on en a déduit que le chapitre avait voulu, après les directives de la Contre-Réforme, remplacer cette œuvre trop païenne par une œuvre religieusement correcte. Il est intéressant de noter que selon l'historien de la cathédrale Martinez y Sanz, "depuis des temps immémoriaux" se trouvait sous la peinture un banc portant le nom de "Banc de Saint-Christophe" (Poyo de San Cristobal) et qui servait à rendre la justice.

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Description.

La partie toute supérieure est effacée. Le saint est présenté frontalement, et son regard fixe le spectateur. Il est nimbé, barbu (non sans une ressemblance christique). Il tient une perche dont nous ne pouvons savoir si elle se termine par les feuillages de palmier de la légende. Il porte comme pèlerine le manteau court (jusqu'aux genoux) traditionnel, au dessus d'une chemise, mais, détail plus original, il porte aussi des manchettes à quatorze boutons.

L'Enfant, pour ce que l'on en voit, est également présenté frontalement, et devait aussi fixer le fidèle. Il porte le globus cruciger, et devait tracer une bénédiction.

Il n'est peut-être pas exclu que la peinture ait porté jadis une inscription à visée protectrice. Je n'ai trouvé aucune étude scientifique ou aucun article sur cette peinture.

Je n'en aurai même pas fait état si je ne m'étais attaché à retrouver des exemples de la pierre meulière et des pèlerins accrochés à la ceinture du saint, motifs que j'ai explorés en détail après les avoir découverts au Musée des Beaux-Arts de Séville. Or, un agrandissement de mon image permet de discerner ces éléments à Burgos :

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D'abord, la meule de moulin. 

Selon J. Hernado Garrigo , outre à Burgos, des images de San Cristobal doté d'une pierre de moulin peuvent être vues à Madrid dans un retable du XIVe siècle du Musée du Prado (collection Varez Fisa), à Salamanque sur les peintures murales de San Marcos et de la vieille cathédrale ( à la sortie du cloître), à Rejas de San Esteban (Soria), paroisse de Saint-Martin, à Ségovie à San Juan de los Caballeros, à Tordesillas à l'entrée ( chapelle mudéjar ) de l'église de Santa Clara , à Séville au Musée des Beaux-Arts, ou au monastère de Santa Paula , à Barcelone au Musée Mares  une image gothique exemptés de San Cristobal de Entreviñas (Zamora) conservés au Musée Marès à Barcelone, en province de Zamora en l'église  de Santa Maria del Azogue  de Benavente  — cf. photo infra —, et, sous forme d'une sculpture du XVI siècle, sur la façade de San Andrés de Cotillo (Cantabria). Il faut ajouter à cette liste la peinture monumentale découverte récemment à Séville dans l'église paroissiale Santa Maria de la Oliva de Lebrija, et a été restaurée par l'équipe de  Blanca Guillen de la Faculté des Beaux-Arts  de Séville. (Voir pour les images mon article de la Petite iconographie I). Soit une douzaine d'exemples en Espagne.

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Selon l'interprétation édifiante de Pacheco, cette roue de moulin représente "le contrepoids et le lest de l'humilité" ( «el contrapeso y lastre de la humildad»).   

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Fresque de saint Christophe, XIVe siècle (détail), Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

Fresque de saint Christophe, XIVe siècle (détail), Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

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Puis les trois "pèlerins", comme on les désigne. Mais ici, leur tenue vestimentaire est particulière ; l'un, qui porte un scapulaire à capuchon, tient un bâton que l'on peut, certes, considérer comme un bourdon de pèlerin. Il semble discuter avec ses compagnons en faisant un geste avec l'index. Je restais sur ma faim, attendant de trouver une explication mieux fondée sur leur présence, jusqu'à ce que je découvre l'article de Grau-Lobo (1994-95) qui en recense les exemples iconographiques, en donne les illustrations, et fait de saint Christophe un Homo viator sur les chemins de pérégrination.

 

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Fresque de saint Christophe, XIVe siècle (détail), Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

Fresque de saint Christophe, XIVe siècle (détail), Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

.La partie basse de la peinture a son importance :  l'eau (à défaut de la couleur qui a disparu) n'est visible que par la présence d'un trait horizontal, mais six poissons nagent dans l'eau du fleuve autour des pieds nus. Au dessus de la ligne horizontale, des formes en étoile représentent sans-doute des plantes. Le fait que l'eau soit clairement représenté montre que cette peinture illustre la version du corpus légendaires incluant la traversée du gué (et non une version plus primitive où l'accent est mis sur son martyre).

Avec cette peinture, nous avons la preuve de ce que nous avions appris à la cathédrale de Séville sans avoir accès à la peinture ancienne : on trouvait dans les cathédrales d'Espagne, peintes près d'une entrée, des figures monumentales de saint Christophe qui possédaient un pouvoir apotropaïque, c'est-à-dire protecteur contre la mort sans confession, les épidémies de pestes ou les dangers des voyages ou même tout franchissement périlleux de seuil (gué, pont, passage épineux) par la seule vision de son image et, en particulier, de son regard frontal, associé à la récitation ou la lecture d'une formule latine ou vernaculaire en vers léonin exprimant la réalité de cette protection. Liées à des héritages de superstitions ou de croyances pré-chrétiennes et aux légendes de géants, ces peintures qui tombaient trop facilement sous le coup des critiques des Protestants furent remplacées, à partir du XVIe siècle, par des  peintures qui supprimaient le regard frontal du saint grâce à une rotation élégante du tronc et de la tête, qui débarrassaient Christophe des attributs trop féeriques, comme la meule et les pèlerins transportés à la ceinture, et qui excluaient les formules "magiques" de protection. 

 

Juste à coté de la fresque précédente, nous trouvons un grand tableau placé au dessus d'une porte et consacré également au même sujet. Malgré la taille du tableau, le saint ne mesure pas plus de la moitié de son alter ego voisin.

La peinture, de 5 mètres de haut, a été réalisée par Pedro de Reoyo en 1677 pour 62.764 maravedis :

 

 "En el brazo del crucero á la parte del mediodia hay un cuadro de San Cristóbal notable por su magnitud. Hubo antes otro del mismo Santo que pintó en 1677 Pedro de Reoyo por 62,764 maravedises: estaba ya muy ajado y en 1771 obtuvo un devoto licencia para renovarle, la que el Cabildo le otorgó á condición de que se hiciese una cosa buena y decente: probablemente los artistas juzgarán que no se cumplió la condición. Debajo del cuadro estuvo de inmemorial lo que se llamaba el poyo de San Cristóbal: hablaré de él en la parte segunda, porque suscita recuerdos históricos (XX). Mas allá del poyo de San Cristóbal estuvo la capilla de Santa Marina, de la que se dará alguna noticia cuando se hable de su fundador Obispo Don García, y también en el número XXI" Martinez y Sanz page 93-94

"Debajo del cuadro estaba el poyo de San Cristóbal, como se llamaba de inmemorial; y en él tenian en tiempos muy remotos su audiencia los jueces del Cabildo, que, como es sabido, tuvo hasta el Concordato de 1851 la jurisdicción civil y criminal, con ciertas limitaciones, respecto á los individuos de la iglesia. Es creíble que el poyo ó banco estuviera de alguna manera resguardado ó adornado; pues en escrito de 1393 se habla de uno de los pilares del poyo de San Cristóbal. También los Alcaldes de Burgos tenian su audiéncia en la iglesia ó edificios adyacentes."  Martinez y Sanz page 272

— Traduction Google améliorée ! "Dans le transept du côté sud, il ya une peinture de Saint-Christophe notable pour son ampleur. Il était autrefois l'un des Saint-même peint en 1677 par Pedro de Reoyo 62,764 maravedises: il était en très mauvais état et a obtenu en 1771 une licence consacrée à renouveler, dont le Conseil a accordé à la condition qu'une bonne et décente chose ferait: sans doute artistes jugé que la conversion n'a pas été atteint condition. Sous l'image était de immémoriaux ce qu'on a appelé le banc de San Cristobal: Je vais parler de lui dans la deuxième partie, parce qu'elle soulève souvenirs historiques (XX). [...] Sous la peinture était le banc de San Cristobal, comme on l'appelait depuis les temps immémoriaux; et il avait dans l'ancien temps les juges d'audience du Chapitre, qui, comme on le sait, a pris le Concordat de 1851, la juridiction civile et criminelle, avec certaines limitations à l'égard de personnes dans l'église. Est-il crédible que le banc ou dans une banque abri a été ornés ou deux; puis en 1393 écrit que nous parlons de l'un des piliers du banc de San Cristobal. Le Maire de Burgos a également tenu son audience dans l'église ou bâtiments adjacents."

 

Description.

 

Saint Christophe est vu de face, mais tourne son visage et son regard vers l'Enfant, qui le regarde également. Hasard ou pas, les couleurs traditionnelles du XIVe siècle (rouge pour le manteau ou la tunique et vert pour témoigner de la puissance de renouveau) laissent la place au bleu et à l'ocre. Le bâton n'est pas non plus miraculeusement reverdi et a perdu sa houppe de feuillage ou de palmes, dont le jaillissement fécond a peut-être semblé trop explicite aux yeux attentifs des chanoines du Chapitre. Bien-sûr, la meule de géant gargantuesque n'a pas été admise, pas plus que les bonshommes serrés derrière la ceinture. Il persiste seulement, dans l'eau, une baleine qui a pu paraître innocente mais qui est une cousine des dragons et monstres aquatiques que le saint a affronté. Une autre tête sort de l'eau entre les jambes de Christophe, rappellant celle du "poisson" de la peinture du XIVe siècle, ou rappellant surtout la sirène se peignant dans un miroir, exactement au même emplacement entre les jambes du San Cristóbal, dans une peinture murale (XVIes) du transept sud de Santa María del Azogue de Benavente (Zamora). Les redoutables poissons et baleines des eaux troubles du fleuve ont quelque chose à voir avec la féminité, la sexualité et le péché mortel qui y est lié.

 

L'Enfant porte l' attribut du Sauveur du monde (globe surmonté de la croix) et bénit le Monde ; il n'est pas nimbé, pas plus que Christophe. Son manteau rose pâle est déployé comme un pétale ou une coquille sur sa gauche.

L'Église est bien présente. D'abord par la tour à quatre clochetons et le clocher de la cathédrale ; ensuite par la façade d'une autre église en contrebas ; et encore par  l'ermite guidant les pas du saint en tenant une lanterne, symbolisant les lumières de la Foi.

Enfin, à droite, on voit le géant, portant une besace, et des gens agenouillés devant lui. 

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Saint Christophe portant l'Enfant, XVII siècle, Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant, XVII siècle, Cathédrale de Burgos. Photo lavieb-aile.

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Source des images de Santa María del Azogue de Benavente (Zamora)

 http://epmencia.blogspot.fr/2011/07/san-cristobal-patron-de-los-conductores.html

Dialnet-AguaPasadaQueMueveMolino-4151949.pdf

San Cristóbal (détail),  Santa María del Azogue de Benavente (Zamora).  Première moitié du XVIe siècle.
San Cristóbal (détail),  Santa María del Azogue de Benavente (Zamora).  Première moitié du XVIe siècle.

San Cristóbal (détail), Santa María del Azogue de Benavente (Zamora). Première moitié du XVIe siècle.

 

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SOURCES ET LIENS.

cathédrale de Leon : http://www.diariodeleon.es/noticias/cultura/san-cristobal-llega-otra-orilla_849527.html 

— GRAU LOBO, Luis (1994-1995): “San Cristóbal, Homo Viator en los caminos bajomedievales: avance hacia el catálogo de una iconografía particular”, a Brigecio, 4-5, p. 167-184. http://dialnet.unirioja.es/servlet/articulo?codigo=1402347

— JUAN CORDERO RUIZ. San Cristóbal, pintura mural 

Juan Cordero Ruiz, Lebrijano y Catedrático Emérito de la Univerisidad de Sevilla 

http://www.lebrijadigital.com/web/secciones/27-museo-de-arte/175-san-cristobal-pintura-mural

HERNANDO GARRIDO (José Luis), 2012, Agua pasada que mueve molino...: notas sobre iconografía y cultura tradicional About mills: note on culture and traditional iconography Museo Etnográfico de Castilla y León Studia Zamorensia, Vol. XI, 2012 255-278, ISSN 0214-376X  

dialnet.unirioja.es/descarga/articulo/4151949.pdf

HERNANDO GARRIDO, (José Luis) 2012. “Sobre el San Cristobalón de Santa María del Azogue en Benavente (Zamora): ¿Pero hubo alguna vez sirenas en los ríos Órbigo y Esla a inicios del siglo XVI”. RF, 2012, 366, pp. 3-32. http://www.funjdiaz.net/folklore/07ficha.php?ID=3662

— LLOMPART (Gabriel), 1965, «San Cristóbal como abogado popular de la peregrinación medieval », RDTP, XXI, 1965, 293-313 (Non consulté)

— MARTINEZ Y SANZ (Manuel), 1866, Historia del Templo Catedral de Burgos : escrita con arreglo a documentos de su archivo / por el Dr. Manuel Martínez y Sanz Burgos : Imprenta de don Anselmo Revilla, 1866 . XIV, 320 p. ; 17 cm page 93.

https://archive.org/stream/historiadeltemp00sanzgoog#page/n112/mode/2up/search/+cristobal

— MUELA (Juan Carmona ) Iconografía de los santos pages 92-95 https://books.google.fr/books?isbn=8470904418 

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe.
21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 08:50

Dans ce tableau (huile sur toile) dont je n'ai pour l'instant trouver ni la datation, ni l'auteur, ni la provenance, mais dont on peut deviner qu'elle est  du XVIIe siècle, le saint est saisi en plein mouvement, au moment où il pose le pied sur la rive après avoir franchi le fleuve, comme à la cathédrale de Séville (1584) ou à celle de Burgos (XVIIe). Le San Cristobal de Mateo Perez d'Alesio à la cathédrale de Séville a sans-doute servi de modèle, puisque les points communs sont très nombreux : même position des pieds (pied droit, postérieur,  de profil, et pied gauche antérieur et  de face), même tunique fermée par les mêmes rubans, même manteau disposé semblablement, même visage jeune et beau de Christophe, même Enfant dont la robe tourbillonne en arche autour de la tête, même bâton qui fleurit en palmier, etc... Au jeu des sept différences, nous noterons la couleur de la tunique, blanche et non rose, et la couleur des cheveux et de la barbe, chatains foncé et non blonds. Le bandeau a perdu sa belle couleur verte. L'Enfant est finement nimbé. L'arrière-plan diffère aussi, et si on discerne l'ermite, il est plus discret, placé plus bas, et sans que l'on sache si il tient encore une lanterne. 

 

"Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus", Alcazar, Séville.

"Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus", Alcazar, Séville.

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"Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus", Alcazar, Séville.

"Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus", Alcazar, Séville.

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"Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus", Alcazar, Séville.

"Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus", Alcazar, Séville.

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 07:02

Petite iconographie de Saint Christophe à Séville, III. Le vitrail d'Arnaud de Flandres fils de la cathédrale (1546). Baie 55.

 Iconografía de San Cristóbal en Sevilla III :  Arnao de Flandes Hijo,  la vitrales de San Cristóbal (1546) sobre la portada de Campanillas en la catedral. Vidrieras n° 55.

Voir :

​Je poursuis mon examen des images de saint Christophe à Séville et, après avoir visité le Musée des Beaux-Arts, puis la grande peinture murale de la cathédrale, je lève les yeux vers les verrières où m'attend en baie 55 (numérotation du Corpus Vitrearum), au dessus de la Porte de Campanillas (repère n°5 du plan Wikipédia), l'œuvre d'Arnaud de Flandres. Réalisé en 1546, ce vitrail me place donc à mi-parcours entre les deux œuvres précédentes de 1480 et 1584, en pleine Renaissance, sous le règne de Charles Quint (1516-1556), et pendant le Concile de Trente (1545-1563). 

 

https://ca.wikipedia.org/wiki/Catedral_de_Sevilla#/media/File:Planocatsevilla.jpg

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Description.

La baie ogivale de 7,80 m de haut et 2,16 m. de large est découpée par deux barlottières verticales et huit barlottières horizontales en vingt-sept panneaux, consacrés à deux registres : en haut, en médaillon de tympan la Vierge à l'Enfant, et en sujet principal saint Christophe portant l'Enfant-Jésus. les deux registres prennent place dans un encadrement d'éléments Renaissance avec des colonnes cannelées à chapiteau corinthien, des entablements antiques, des pots-à-feu, des crossettes et des têtes de chérubins, des frises d'orbes, tous essentiellement en verre blanc rehaussé de jaune d'argent. Les couleurs sont le rouge, le bleu et le vert, rarement le parme, peut-être le vieux-rose (l'éclairage artificiel de la baie crée des reflets qui faussent les couleurs naturelles).

 

 

Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

La Vierge à l'Enfant.

Le médaillon du tympan se détache sur un fond de verre rouge : la Vierge, vêtue de la conventionnelle robe bleue, les cheveux blonds dénoués tombant sur les épaules, se penche sur l'Enfant endormi, nimbé, et dont la nudité est légèrement recouverte par un voile tenue par sa mère. Les deux personnages sont entourés d'une irradiation dorée cernée par des nuées bleues. 

Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe

Par contraste avec la taille de la Vierge,  la taille de géant de saint Christophe est immédiatement perceptible. Comme les deux autres œuvres avec lesquelles je le compare, il est vu de trois-quart gauche, et non dans l'ancienne et hiératique frontalité du corps et du regard, en plein mouvement de traversée du fleuve, dans une rotation de plus de 120° du corps puisque le pied droit est de profil, pointé vers la rive de gauche, et que le visage, et ancore plus le regard, sont orientés vers l'arrière. La perche qui lui sert de bâton trace une diagonale très dynamique, mais le miracle de sa reverdie est peu distinct, le feuillage vert de son extrémité étant masqué par le cintre supérieur. A la différence des deux autres œuvres, Christophe porte une barbe longue et blanche et des cheveux blancs qui  font de lui un vieillard digne, et non un jeune et fringant gaillard. Il est nimbé, et porte au dessus d'une courte tunique verte et d'une chemise bleue, un manteau rouge vif dont les pans soulignent la vivacité de sa détermination.

L'Enfant, nimbé également, trace la bénédiction et porte le globe surmonté d'une croix, éléments qui le qualifie comme Salvator Mundi. Il semble regarder vers le saint, et, comme au Musée des Beaux-Arts, les deux regards ont des directions opposés.

En arrière-plan se voient des murailles et un clocher dans un paysage montagneux. Dans les eaux du fleuve s'observent des roseaux, mais surtout un animal à la queue fourchue et à la tête de dragon, apparenté à d'autres poissons et sirènes similaires signalés dans l'iconographie et considérés comme témoignant des dangers affrontés par le saint. C'est peut-être le détail le plus original de cette image, et celui qui relève du légendaire populaire dont la Contre-Réforme cherchera à épurer le culte.

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Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville.Photo lavieb-aile.

Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville.Photo lavieb-aile.

Le maître-verrier : Arnaud de Flandres Fils".

Cette vitre est étudiée par Victor Manuel Nieto Alcaide aux pages 120-121 de son ouvrage sur Les Vitriers de la cathédrale de Séville, Corpus Vitrearum 1969. Il signale que le maître-verrier Arnao de Flandes reçut le 23 septembre 1546 la somme de 41 650 maravedis pour l'exécution de cette vitre

 Son père Arnao de Flandre, natif de  Flandre, s'était établi en 1480-1490 à Burgos où il épousa Inés de Vergara. Il a fondé un atelier actif de vitraux auquel ont collaboré leurs trois enfants: Arnao Vergara, Arnao de Flandre Fils et Nicolas de Vergara. Ce dernier a été à son tour le père de Nicolas de Vergara el Mozo , sculpteur et verrier installé à Tolede et le dernier représentant connu de la famille. 

En 1525, Arnao Vergara s'est installé à Séville et a repris le travail de réalisation des vitraux de la cathédrale. En 1536, après plusieurs désaccords avec le chapitre de la cathédrale de Séville, il a déménagé à Grenade, ville où il s' installe définitivement. Son frère Arnao de Flandre restait cependant à Séville, assurant la poursuite du programme iconographique des vitraux de la cathédrale.

La succession des verriers de la cathédrale de Séville est la suivante :  Enrique Alemán 1478-1483 ; Juan Jacques1510-1520 ;  Arnao de Vergara 1525-1538 ;  Arnao de 1657 ; Anónimos 1600-1800.

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Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Vitrail de saint Christophe par Arnaud de Flandres (1546), cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

http://www.uv.es/glassac/10%20Exhibition/Palencia.pdf

ALCAIDE (Víctor Manuel Nieto) 1969 Las vidrieras de la Catedral de Sevilla, Corpus vitrearum Medii Aevi España I, Laboratorio de arte de la universidad de Sevilla Instituto Diego Velasquez del C.S.I.C. Page 111

https://books.google.fr/books?id=i194XyMWorcC&pg=PA71&lpg=PA71&dq=vidrieras+catedral+sevilla+cristobal&source=bl&ots=6ZD1B3AZEQ&sig=XFbwiphi7_qGxo4pAJ0vj6YQO-M&hl=fr&sa=X&ei=9WqGVb2YEsriUe6EgLAO&ved=0CCkQ6AEwAQ#v=onepage&q=vidrieras%20catedral%20sevilla%20cristobal&f=false

— LA CARTUJA DE MIRAFLORES III · LAS VIDRIERAS, CUADERNOS DE RESTAURACIÓN DE IBERDROLA XIII http://www.iberdrola.es/webibd/gc/prod/es/doc/cartuja_vidrieras.pdf

 

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Published by jean-yves cordier - dans Saint Christophe.
18 juin 2015 4 18 /06 /juin /2015 12:01

Petite iconographie de Saint Christophe à Séville. II : La cathédrale : la Peinture murale de Saint Christophe (1584) par Mateo Perez de Alezio.

Suite de :

​Petite iconographie de Saint Christophe à Séville. I : le retable du couvent San Benito de Calatrava. Au Musée des Beaux-Arts.

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La représentation de saint Christophe la plus visible à la cathédrale de Séville est la grande peinture murale du Portail des Princes (ou Portail de Saint-Christophe), à coté du mausolée de Christophe Colomb. Elle est l'œuvre, en 1584, du peintre maniériste italien Matteo da Leccio (Alezio 1547-Lima 1616). Elle est donc postérieure de près d'un siècle au retable Renaissance de San Benito de Calatrava (vers 1480), ce qui permet d'étudier l'évolution de l'iconographie, caractérisée notamment par la disparition du motif de la meule de moulin et des pèlerins portés à la ceinture. Outre l'image du saint, on y trouve deux autres éléments dignes d'intérêts : une inscription en vers latin d'une part, et un perroquet tenant le cartel où le peintre signe son œuvre, d'autre part. Enfin on découvre que cette peinture succéda à une autre, de l'ancienne cathédrale gothique (1401-1528), disparue, mais dont la fonction apotropaïque est clairement attestée par une inscription.

 

Mateo Pérez de Allesio : https://books.google.fr/books?id=fE6LBfhjrnkC&pg=PA124&lpg=PA124&dq=%22saint+christophe%22+s%C3%A9ville&source=bl&ots=7MZy00dbKW&sig=0svnTKJ2WXEEwDm0NqbDV-n752E&hl=fr&sa=X&ved=0CEcQ6AEwB2oVChMIjcCv4dKExgIVgcAUCh3wMABz#v=onepage&q=%22saint%20christophe%22%20s%C3%A9ville&f=false

 

 

 

 

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Situation : 

La peinture occupe toute la hauteur du mur délimitant le transept droit, transept qui s'ouvre par la Porte des Princes, ou Portail de saint Christophe (1887). Dans les descriptions du XVIIIe siècle, cette porte est désignée comme Puerta  de la Lonja, du nom des Archives générales des Indes ou Casa Lonja de Mercaceres . Ce bâtiment, situé en face de la cathédrale, a été construit en 1584, (donc la même année pendant laquelle le San Cristobal a été peint) sur la demande du chapitre excédé de voir les transactions marchandes se dérouler sur les marches de l'église. Ce bras du transept accueille aujourd'hui, mais seulement depuis la fin du XIXe siècle, le mausolée de Christophe Colomb, créant un lien entre le navigateur, et son saint patron.

 

https://es.wikipedia.org/wiki/Catedral_de_Santa_Mar%C3%ADa_de_la_Sede_de_Sevilla#/media/File:Sevilla_cathedral_-_tomb_of_christopher_columbus.jpg

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Plan de la cathédrale ( Wikipédia). La Puerta de San Cristobal correspond au chiffre 4.

: https://es.wikipedia.org/wiki/Catedral_de_Santa_Mar%C3%ADa_de_la_Sede_de_Sevilla#/media/File:Planocatsevilla.jpg

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Sur cet autre plan, la peinture se trouve immédiatement au dessus du chiffre n°6, correspondant au mausolée de Christophe Colomb.

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Voir l'environnement de façon plus complète sur les photos du site

Ancre  http://leyendasdesevilla.blogspot.fr/2011/02/visitando-la-catedral-v.html

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Vue d'ensemble de la fresque de saint Christophe, et du monument funéraire de Christophe Colomb. Photo lavieb-aile.

Vue d'ensemble de la fresque de saint Christophe, et du monument funéraire de Christophe Colomb. Photo lavieb-aile.

 La relation entre la peinture murale de saint Christophe et Christophe Colomb n'est pas immédiate, puisque  le navigateur est décédé le 20 mai 1506 à Valladolid où il fut enterré, avant d'être transféré quelques années plus tard, au monastère de la Cartuja à Séville. En 1541, conformément à ses vœux, sa dépouille  fut inhumée dans la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation de l'île de de Saint-Domingue. Elle fut transférée à Cuba, colonie espagnole, en 1795 lorsque Saint-Domingue est devenue française. Puis en 1898, quand Cuba devient indépendante après la guerre hispano-américaine, les restes de Colomb reviennent en Espagne et ce n'est qu'alors qu'un tombeau monumental fut construit dans la cathédrale de Séville.

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 Mateo Perez d'Alesio a été actif à Rome où il a peint en 1571 la Dispute des anges et des démons autour du corps de Moïse, placé en face du Jugement Dernier de Michel-Ange sur le mur d'entrée de la Chapelle Sixtine.  En 1573, il devint membre de l'Académie de Saint-Luc à Rome. En 1576, il partit pour Naples où il rencontra son assistant Pablo Moron, puis devint , à Malte, le peintre officiel de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem., et réalisa les 13 panneaux de la fresque de la victoire des chevaliers sur les Ottomans lors du siège de Malte en 1565. C'est en 1583 qu'il partit pour Séville, qui était à l'époque un centre commercial et culturel de premier plan. (Le désastre de l'expédition de l'Invinsible Armada de Philippe II date de 1588). Un an après l'arrivée de Mateo Pérez d'Alesio à Séville, le chapitre de la cathédrale lui demanda cette peinture. Il peignit aussi Saint Jacques à la bataille de Clavijo (1587) pour l'église de Santiago de Séville,  En 1589, le peintre partit à Lima au Pérou, où il mourut en 1616. Il avait peint pour la cathédrale de Lima une copie du San Cristobal de Séville, mais cette œuvre disparut lors d'un tremblement de terre en 1746.  

 

 

Description.

La peinture est monumentale (environ 8 mètres), occupant toute la hauteur du pan de mur ; en largeur, son bord gauche est rectiligne, alors que le bord droit suit au plus près la ligne de la porte des Princes et d'une petite porte amputant son coin inférieur. Elle est divisée en trois registres, portant d'abord deux anges présentant  sept étoiles blanches au dessus d'un vase, puis la figure de Saint Christophe à l'Enfant, et enfin, en bas, un cartouche circulaire portant un poème votif.

Le caractère de géant de Saint Christophe est perceptible par la taille de la peinture elle-même, par sa carrure athlétique,  par la proportion relative du saint avec l'Enfant, mais surtout par le contraste avec la taille de l'ermite de gauche, et de l'oiseau de droite. Il a les traits d'un bon et jeune géant dans la force de l'âge, portant une barbe blonde, taillée et bouclée. Ses cheveux sont retenus par un bandeau vert. D'une main, il tient le bâton qui atteste du miracle accompli par l'Enfant car il a reverdi et a donné un palmier. L'autre main, posée sur la hanche, semble d'une facture maladroite témoignant d'une reprise.

L'artiste l'a saisi à la fin de la traversée du gué, au moment où il pose le pied sur la rive : d'où un beau mouvement de rotation du corps, très serpentin selon les goûts maniéristes, le pied droit, dirigé vers sa droite, faisant un angle de 150° avec le visage  et le regard, dirigés vers sa gauche. Il s'agit d'une rupture avec les Cristobal géants des cathédrales du XIVe siècle, figés dans la frontalité du corps et du regard.

Alors que le manteau ocre qui le couvre, et la chemise aux larges manches blanches  sont esquissées rapidement (rien à voir avec le soigneux damas de Cristobal du Musée de Séville), l'artiste s'attachant surtout à en rendre la dynamique vultueuse des plis, la tunique rose attire le regard par sa coquetterie. On s'amuse qu'un tel géant puisse se plaire à choisir ces rubans de soie bleue, ces boutons à pompons, ces lacets axillaires, ou cette ceinture bleu tendre nouée à la diable sur son embonpoint bon enfant. 

L'Enfant est un bambino jovial dont la solennité  de Sauveur du monde (bénissant et tenant le globe) est atténuée par la fraîcheur des traits et surtout par le mouvement aérien des plis libres de la robe rose. Le pli qui dessine au dessus de lui une arche est emprunté aux peintures de déesses grecques ou romaines, et fait office de nimbe.

 

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Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

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Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

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Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (détail)  Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (détail) Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

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Christophe a quitté un rivage dont le relief tourmenté est rendu par volutes  de couleur gris-vert ; il parvient à un pré vert, mais c'est un moine, monté au sommet d'une falaise (pour parvenir à la hauteur du nombril du géant) qui le guide par un fanal. C'est le fameux ermite de la Légende Dorée de Jacques de Voragine, ici dans la traduction de Jean de Vignay 

  "Et quant il eut longuement quis et demande qui lui enseigneroit celui crist : il vint en la parfin en ung desert a ung hermite lequel lui prescha iesucrist et le introduyt en la foy de dieu diligemment et lui dist . Le roy a qui tu desires servir requiert le service de jeuner souvent. Et cristofle lui dist : requiers moy autre chose car ceste ne pourray ie faire. Et lhermite lui dit donc te conviendra il veiller et faire moult doraisons et cristofle lui dist ie ne scay que cest : ne je pourroye faire telle chose . Lors lermite lui dist : Scay tu tel fleuve Et cristofle lui dist Moult de gens y passent qui y perissent. Et lhermite lui dist. Tu es de noble stature et fort et vertueux se tu demouroies des coste ce fleuve et passoies tous les gens : ce seroit moult agreable chose a dieu. Et iay esperance que celuy a qui tu couvoyetes servir se apparaytroit a toy. Et cristofle luy dist, certes ce service puie ie bien faire : et si te prometz que ie le feray. Adonc sen alla cristofle a ce fleuve et fist la ung habitacle pour luy, et portoit une grande perche en lieu de baston et se appuyait en leaue dicelle et portoit oultre toutes gens sans cesser. Et la fut plusieurs iours. Et sicomme il se dormoit en sa maisonnette : il oyt la voix dun enfant qui lappelloit et disoit. cristofle, viens hors a me portes oultre. Et lors se esveilla et yssit hors, mais il ne trouva ame et quant il fut en sa maison il ouyt arriere une mesme voix, si courut hors et ne trouva nully, tiercement il fut appelle et vint la si trouva ung enfant de coste la rive du fleuve qui lui pria doulcement quil le portast oultre leaue. Et lors cristofle le leva lenfant sur ses espaules et print son baston et entra au fleuve pour le passer oultre. Er leaue senfla petit a petit et l'enfant pesoit tres grievement comme plomb, et de tant comme il alloit plus avant de tant croissoit plus leaue : et lenfant pesoit de plus en plus sur ses espaulles, si que cristofle avoyt moult grant angoisse, et se doubtoit formement de noyer. Et quant il fut eschappe a grant paine : et il fut passe oultre il mist lenfant sur la rive et lui dist, Enfant tu mas mis en grant peril, et pesoies tant que ie eusse eu tout le monde sur moy. : ie ne sentisse a peine greigneur fais. Et l'Enfant respondist : cristofle ne ten esmerveilles pas : car tu nas pas tant seullement eu tout le monde sur toy, mais celuy qui crea le monde tu as porte sur tes espaulles. Je suys crist ton roy a qui tu sers en ceste œuvre : et afin que tu saiches que ie dist vray quant tu seras passe : fiche ton baston en terre de coste ta maisonnette, et tu verras demain quil portera fleur et fruyt. Et tantost il sesvanouyt de ses yeulx. Lors cristofle alla et ficha son baston en terre, et quant il se leva au matin il le trouva ainsi comme ung palmier portant fueilles et fruyt."

 (Transcription par mes soins du livre édité en 1499 par Nicolas de la Barre pour Simon Vostre (Paris) Bnf Res. H-1120  feuillet 147r-148v. Des erreurs de transcription sont possibles. Cette version imprimée est proche de celle du manuscrit Bnf Fr. 242 folio 149r  (vers 1400) mais était plus facile à transcrire. 

On voit que le texte de la Légende Dorée fait bien intervenir un vieil ermite, mais pour conseiller à Christophe de s'installer comme passeur, et non pour le guider avec sa lanterne. Mais en iconographie, le détail de l'ermite et de son fanal apparaît , dans ma consultation des 75 exemples d'enluminures de Christophe portant l'Enfant de la base de données des bibliothèques françaises ENLUMINURE, au plus tôt dans les Heures à l'usage de Besançon antérieures à 1398 (BM Vesoul Ms 0027), puis dans cinq autres manuscrits des Heures à l'usage de Paris (Amiens BM ms 0201 f. 135, fin 15e ; Aix-en-Provence, BM ms 0016 p.276 , vers 1480-1490), des Heures à l'usage de Bayeux ( Aurillac, BM Ms 002 f. 015, vers 1430-1440), des  Heures à l'usage d'Amiens (Amiens BM ms 0200 f.146, vers 1460 ;), ou des Heures à l'usage de Sarum (BM Riom, ms 0076 f. 063, 15e-16e siècle). On le trouve aussi dans une gravure de Martin Schongauer (1450?-1491) : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951498n, qui a pu constituer une source d'inspiration pour Mateo Pèrez d'Alesio.


 

 

L'ermite représenté sur le Saint Christophe de la cathédrale de Séville s'appuie sur une canne en T ou plutôt en Tau, dont on sait qu'il s'agit d'un attribut de saint Antoine le Grand, fondateur de l'érémitisme chrétien, 

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Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (détail : l'ermite)  Mateo Pérez d'Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (détail : l'ermite) Mateo Pérez d'Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

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LE CARTELLINO portant la signature du peintre.

 Rappel : Le cartellino (mot d'origine italienne) est la représentation peinte en trompe-l'œil dans le tableau, par l'artiste lui-même, d'un feuillet comportant un texte explicatif avec la date et sa signature. 

Bien que le premier exemple connu se rencontre au XVe siècle dans une Madone de Filippo Lippi, le thème du cartellino semble être né à Padoue autour de l'atelier de Francisco Squarcione (Mantegna : Sainte Euphémie, 1454), puis fut importé, par Mantegna, à Venise, où il connut une faveur extrême et où il devint l'un des traits iconographiques typiques de l'école vénitienne chez  B. Vivarini , G. Schiavone, Zoppo, Antonello de Messine ++, Giovanni Bellini ++, Carpaccio, Cima da Conegliano . Certains peintres allemands marqués par l'exemple italien utilisent le cartellino , comme Dürer  ou Holbein . (Encyclopédie Larousse )

http://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/cartellino/151483.

  Ici, le peintre a simulé en trompe-l'œil un perroquet  qui serait venu se poser sur le cadre  en (faux) marbre encadrant une porte située à droite (elle mène, sauf erreur, à un escalier en colimaçon de la sacristie). L'oiseau, au bec puissant,  est principalement rouge (tête, dos, ventre) avec une zone blanche autour de l'œil, des ailes blanches à reflets verts et une longue queue rouge et argent (certaines couleurs comme le bleu ont pu perdre leur éclat). Il s'agit peut-être d'un Ara rouge ou Ara macao des forêts brésiliennes et péruviennes, ou l'espèce similaire nommée Ara de Guadeloupe Ara guadeloupensis, que Christophe Colomb décrit, dans le récit de ses voyages :" (...) Ils apportèrent des perroquets de deux ou trois sortes et particulièrement de cette grande espèce qu'on trouve dans l'île de la Guadeloupe, et qui ont une longue queue (...)". Plus tard, le  Père Du Tertre (1654, 1658, 1667, 1671) le décriré comme " le plus beau et le plus grand de tous les perroquets des Isles " : "(...) Il a la teste, le col, le ventre et le dessus du dos, de couleurs de feu : ses aisles sont meslées de plumes jaunes, de couleur azur, et de rouge cramoisy : sa queüe est toute rouge et longues d'un pied et demy"(...). Ce perroquet témoigne peut-être de l' intérêt que le peintre portait alors pour l'Amérique s'il envisageait déjà son départ pour le Pérou.

Sur la feuille de papier qu'il tient dans sa patte, l'artiste a écrit  MATTHAEVS Perez de Aleciu ITALVS faciebat Anno. DNI. MDLXXXIIII, "Matthieu Perez d'Alesio Italien a fait ceci l'année du Seigneur 1584".  

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Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (détail)  Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (détail) Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

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LE CARTOUCHE INFÉRIEUR.

Dans la partie inférieure le peintre a fait croire à des plinthes accueillant des panneaux de marbre, autour d'un médaillon central empiétant sur son cadre. Ce cartouche circulaire porte , par une inscription alternant avec un peu de fantaisie les lettres capitales et les minuscules, un texte aujourd'hui un peu fatigué mais où on peut encore lire  

DEO SACRUM / Christ Fer est Fortisqve Gigas / cui Lucete Nti / INTENEb OPEROSA fides lar. / VASQVE MINACES / Et ATQVE RERVM IM-/ Mersabilis Vndis / VSQVE DEO : LALEMTE MAXIM DIVV / CREDIMVS A –E—SE--/ Ad LIMINA Templi Pon---s et ME ---A MVS Bosoles Eclesiae Patria / Annonc- / Anno Domini MDLXXXIV.

Soit :

Deo sacrum.

Christifer est, fortisque Gigas, cui lucet eunti In tenebris operosa fides , larvasque minaces Non timet, atque ullis rerum immersabilis undis Nititur usque Deo : talem te maxime Divum Credimus, exemplumque piis ad limina templi Ponimus, et merito aris adolemus honores Eclesiae Patria Annonc.. Anno Domini MDLXXXIV

 

Cette transcription ne rend pas le texte latin plus facile à traduire en français. Je crois comprendre que le saint y est décrit comme un géant robuste porteur du Christ (Christifer fortisque Gigas) qui traversant des ténèbres (du paganisme) a atteint  la lumière d'une foi efficace, qui ne craignait pas les ombres, ni les menaces (non timet minaces), ni d'être submergé par la vague énorme des choses, car il se dirigeait vers Dieu.  Puis vient la séquence Credimus...Ponimus...Adolemus honores,  "Nous croyons" (en toi, le plus grand des saints)..."nous te plaçons" au seuil du temple comme exemple de piété ..."nous te rendons les honneurs" mérités à ta cause.

 

Ce poème a été composé par le chanoine du chapitre de Séville Francesco Pacheco, oncle et pédagogue du peintre du même nom, qui le cite dans son Traité de peinture. Il  fut ensuite traduit en espagnol par Francisco de Rioja :

Cristoval, i fortisimo gigante,

es, a quien, caminando en las tinieblas,

La Fe, de maravillas obradora,

Amanece : no teme de las sombras

Las vanas amenazas, ni anegarse

En las ondas inmensas de las cosas :

Estriba siempre en Dios. Tal te creemos

O grande entre los Santos ; i del templo

Te ponemos, exemplo á los piadosos,

En los sácros umbrales, i á tus aras

 

Ofrecemos honores merecidos.

https://archive.org/stream/poesias00rioj#page/276/mode/2up

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Cette inscription a été étudiée et citée par les épigraphistes,  comme le chanoine de Séville Juan de Loaysa y Gonzalez de Leon (1633-1709) dans son manuscrit  Memorias sepulcrales de esta Santa Iglesia Patriarcal de  Sevilla  publié par José Antequera Luengo. Il cite l'inscription, puis ajoute que selon D. Pablo Espinoza dans son Historia de Sevilla la peinture avait coûté 4000 ducats. On lit ensuite ceci :

"En un libro escrito en el siglo XV, de Estatutos y Memorias de esta Santa Iglesia, y esta en los estantes de la secretaria del cabildo en la contaduria mayor, hay unos antiguos versos leoninos, los que parece estaban escritos al pie del San Cristobal que habia en la iglesia antigua, del que solo resta la cabeza que esta sobre la puerta que sale al Hospital des Rey, junto al quarto de los Peones actual y antes des Sastres. Pongolos aqui para que no se perdian : 
 [...]
Con el derribo de todas las oficinas de fabrica y puerta que sale a la plaza de la Lonja, se deshizo la pintura de la cabeza de San Cristobal, que ya con el temporal estaba ya desfigurada su hermosa pintura. "

 

Une ancienne peinture murale de San Cristobal et son inscription.

Ainsi, si je comprends bien, selon un livre écrit au XVe siècle sur les Statuts et Mémoires de la cathédrale, on trouvait,  au secrétariat du conseil des comptes, de vieux vers léonins qui auraient été semble-t-il écrits au pied d'une ancienne peinture murale de Saint Christophe dans l'ancienne cathédrale, peinture dont il ne restait plus que la tête encore visible à la Porte allant à l'Höpital Royal. Avec la démolition de tous les bureaux et annexes  et de la porte qui allait à la Place de la Lonja, la peinture de Saint Christophe, déjà détériorée, est tombée en morceau. Néanmoins, les vers ont été conservés : 

Xristofori collo, sedeo, qui crimina tollo, 

 Xpofori sancti speciem quicumque tuetur,

 Illo nempe die, nullo languore tenetur,

Set defendetur per eum qui cuncta tuetur : 

 Solis de sanctis formam tenet iste gigantis, 

 qui Corpus Xpi. Dignus portare fuisti, 

 qui deferis humeris Xpum xofore latis,

Corpora Xpofore fac nostra carere dolore.

Vigio Xpofori magna est inimica doloris (dede leerse dolorum).

 

Ces vers peuvent être rapprochés de ceux que qui sont inscrits sur une fresque de saint Christophe, peinte par Paolo da Visso en 1474 pour le monastère bénédictin de Santo Liberatore  du village de Castelsant'Angelo sul Nera, petit village entre Visso et Norcia (G. Bartocci 2011) : 

Xristofori collo sedeo qui tot crimina tollo / Xristofori picturam cernidit qui gnorat figuram

Si devote intueris nullo morbo murieris / Nam semper letus ibit nec mala morte peribit

Cum solus de santis / Tenet ipse formam iagantis.

"Je suis assis sur l'épaule de Christophe qui vous libère de tous les maux. L'image peinte de Christophe [...] Si vous le regardez, vous ne périrez d'aucun mal, mais vous serez toujours heureux, et vous ne pourrez mourir de mâle mort Parce qu'il est le seul parmi tous les saints qui a la stature d'un géant."

Plus encore, l'inscription de Séville est à rapprocher d'un corpus réunit par Robert Favreau , éminent épigraphiste français, dans son étude de l'inscription de la  tour Ferrande de Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) :

Christofori collo sedeo qui crimina tollo 

Christofori sancti speciem quicumque tuetur

Illa namque die nullo languore tenetur

"je m'assieds au cou de Christophe, moi qui enlèves les crimes [du monde]. Quiconque voit l'image de saint Christophe, n'est tenu ce même jour par aucune maladie."

Robert Favreau écrit :

"Ces deux derniers vers de l'inscription de Pernes accompagnent très souvent la gigantesque représentation de Christophe à partit du XIIIe siècle. Ils figurent au début de ce siècle sur une peinture murale à Rossura (canton du Tessin, Italie), et on le trouve sur une mosaïque du saint sous le porche de Saint-Marin à Venise, et près d'une miniature dans un manuscrit de la Laurentiana de la fin du XIIIe siècle. On le rencontre au XVe siècle , avec quelques variantes, à de nombreuses reprises, gravure sur bois la plus ancienne connue, à la Bibliothèque nationale à Paris au début du siècle, autres gravures sur bois à Bâle, et à Cologne, gravure sur cuivre, statuette en argent du trésor de la Sainte-Chapelle à Paris, statue du cœur de la collégiale Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg en 1531, etc. […] Un bréviaire manuscrit de Tolède, du XIVe siècle, renferme un hymne à saint Christophe dont les premier, troisième et quatrième vers correspondent à un mot près — nempe au lieu de namque— à l'inscription de la tour Ferrande. De la même époque, les Heures de Sarum contiennent un hymne à saint Christophe où figurent, en cinquième et sixième vers, les deux derniers hexamètres de l'inscription de Pernes, que l'on retrouve dans un manuscrit de Londres au XVe siècle. » 

Dans les exemples cités, plusieurs reprennent au troisième vers la forme illo nemque de l'inscription sevillane.

On remarquera dans cette inscription le verbe latin tueor dans sa forme tuetur . Ce verbe prend en-effet les sens suivants :

  1. Avoir sous les yeux, regarder (avec attention, longuement, fixement), considérer, observer.

    • tueri (= intueri) terribiles oculos, regarder les yeux effrayants.

    • tueri transversa, Virgile : regarder de travers.

    • torva tueri, Virgile : regarder farouchement, lancer des regards farouches.

  2. Avoir à l’œil, veiller sur, garder, défendre, protéger, prendre soin de, entretenir, maintenir.

    • tueri ad (adversus) + acc. (tueri ab + abl.) : protéger contre.

3. Pratiquer avec soin, administrer, commander (une aile, le centre d'une armée).

4. (Sens passif) Être protégé, être défendu, être maintenu.

Comme on le constate, les 3 premiers exemples de l'acceptation  1 ( tueri  terribiles oculos, tueri transversa, torva tueri,), évoquent le mauvais œil, les dangers d'un regard hostile, alors que les acceptations 2, 3 et 4 témoignent d'un effet protecteur du regard. C'est cet effet protecteur magique qui définit "l'œil apotropaïque" ( Du grec ancien ἀποτρόπαιος (« protecteur, tutélaire »), de ἀποτροπή (« action de détourner, d’empêcher ») qui détourne le mauvais sort ou, sur le plan religieux, qui protège du risque de mourir en état de péché, sans les secours des sacrements, ou d'être frappé par une maladie épidémique (peste). Nous pouvons donc être certain que la peinture qui a précédé la fresque actuelle de saint Christophe possédait cette fonction apotropaïque, et donc que, comme dans d'autres cathédrales espagnoles et comme dans d'autres sanctuaires du XIV-XVe siècle en France, Italie et Allemagne, le saint se présentait frontalement et que ses yeux fixaient le fidèle.

Les vers  5 à 9 de l'inscription sont plus difficiles à corréler ; le vers 6  Solis de sanctis formam tenet iste gigantis est cité par Guido de Pise dans son Commentaire de l'Enfer de Dante : il mentionne qu'il l'a vu au pied d'une peinture de saint Christophe à Rome.

La poursuite de ma recherche me permet de découvrir dans Analecta hymnica medi aevi  de Clemens Blume 1899 page 68 la source exacte de l'inscription de Séville, sous forme de l'hymne Sancto Christoforo d'un  Bréviaire manuscrit de Tolède du XIVe siècle (Brev. ms Toletanum saec. 14 Cod. Mariten Ff 147 et  Orat. ms. Ferdinandi Mariten. 14 saec.15.)

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Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (cartouche)  Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

Saint Christophe portant l'Enfant-Jésus, (cartouche) Mateo Pérez de Alesio, 1584, Cathédrale de Séville. Photo lavieb-aile.

CONCLUSION.
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Par rapport au San Cristobal du Musée des Beaux-Arts de Séville, une huile sur bois appartenant au retable de San Benito de Calatrava daté de 1480, cette peinture murale de 1584 possède  des caractères de modernité témoignant de la Contre-Réforme et de la suppression des éléments archaïques comme la meule de moulin passée au bras gauche et les pèlerins voyageant accrochés à la ceinture du saint. Par rapport à des peintures du XIVe siècle, les deux œuvres bénéficient  de l'apport de la Renaissance, et dans les deux cas le corps du saint est en mouvement, soit en contrapposto pour la peinture des Beaux-Arts, soit en rotation du bassin, du visage et des yeux pour celle de la cathédrale. mais cette dernière trahit la formation maniériste de son auteur, par la couleur rose de la tunique et par le bleu acide des revers et de la passementerie,  par le perroquet exotique en trompe-l'œil ou par la présence du cartellino. Pourtant, l'emplacement de la peinture murale au seuil de l'édifice, choisi pour que le saint soit  facilement regardé, l'accent mis sur le gigantisme de Christophe amenuisant par contraste la taille du religieux tenant sa lanterne et le caractère monumental (huit mètres) de la fresque témoignent de la persistance silencieuse du thème primitif et païen des pouvoirs apotropaïques de cet Hercule ou de ce Polyphème du christianisme, dont la seule vision matinale mettait le fidèle, le pèlerin ou le voyageur à l'abri du danger de mâle mort durant la journée. Certes, l'ancienne peinture du XIVe siècle et ses vers léonins qui garantissaient cette protection a disparu, mais, dans les esprits, saint Christophe garde toute sa puissance. Pour les doctes chanoines, il est l'exemple d'un être que la foi dans le Christ a sauvé, lors de la dangereuse traversée vers la solidité de la Foi, grâce aux lumières de l'Église. Mais l'image l'emporte sur les textes et sur les sermons, et Christophe continue à être le grand frère du Christ, son double musclé et joyeux qui refuse la voie de l'ascèse pénitentielle et de la prière pour choisir celle de l'entraide fraternelle et concrète : tournant le dos au monachisme et à la prêtrise, il est bien placé pour fournir l'image d'un jeune Père à l'enfant, seul contre-point masculin face à la Mère à l'enfant après la disqualification de Joseph.

Une autre interprétation pourrait être développée : à Séville, devenue après la découverte des Indes par Christophe Colomb la Babylone moderne où l'or et l'argent du Nouveau Monde convergent, Christophe peut aussi symboliser l'Homme nouveau dégagé des peurs et asservissements du Moyen-Âge pour seconder Dieu dans son œuvre créatrice : portant le Christ qui porte lui-même le Monde, Christophe participerait alors activement à la fonction de Sauveur du Monde. Interprétation hérétique, qui ne saurait être écrite, mais dont l'image peut être un support tacite. Le Nouvel Homme est en marche, "comme maître et possesseur de la nature" (Descartes) et "créateur de lui-même" (Pic de la Mirandole) : il s'apprête ici à poser le pied sur la rive des Temps Modernes.

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SOURCES ET LIENS.

http://www.funjdiaz.net/folklore/07ficha.php?ID=3662

Comparaison avec la légende de Julien l'hospitalier par Marcel Schwob:

http://flaubert.univ-rouen.fr/etudes/saint_julien.php

ANTEQUERA LUENGO (Juan José), Memorias sepulcrales de la Catedral de Sevilla. Los manuscritos de Loaysa y González de León page 132

https://books.google.es/books/about/Memorias_sepulcrales_de_la_Catedral_de_S.html?id=UvBnS6GYuFYC&hl=fr

— BARTOCCI (Goffredo) 2011, "Medieval enchantment techniques: St Christopher and the Siren" World Cultural Psychiatry Research Review 2011, 6 (1): 84-92 . © 2011 WACP ISSN: 1932-6270 

http://www.wcprr.org/wp-content/uploads/2012/03/images-in-CP-vol-6-n.-1-1.pdf

BLUME (Clemens) 1899, Analecta Hymnica medii aevi, tome XXXIII  Leipzig n°75 page 67-68, 

https://archive.org/stream/analectahymnicam33drev#page/68/mode/2up/search/fuisti

FAVREAU ( Robert ) 1995 Etudes d'épigraphie médiévale: recueil d'articles de Robert Favreau, Volume 2

https://books.google.fr/books?id=HxZr7pcpURQC&pg=PA77&dq=christofori+collo+sedeo&hl=fr&sa=X&ei=uQ2FVda0OsrnUrvvg-AE&ved=0CCIQ6AEwAA#v=onepage&q=christofori%20collo%20sedeo&f=false

— FAVREAU Robert,   1976 "L'inscription de Saint Christophe à Pernes-les-Fontaines. Un apport à l'histoire du sentiment religieux" Bulletin Archéologique du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques Paris 1976, no12-13, pp. 33-39

Résumé : Historique du culte de saintChristophe du Haut Moyen Age au XIIIs. Ce n'est qu'au milieu du XIIs. qu'apparaît l'image d'un saint géant, portant l'Enfant Jésus. Quelques vers latins accompagnant les statues ou les images du saint (France, Italie, Suisse, Allemagne). L'inscription latine accompagnant la gigantesque figure de saintChristophe à la tour Ferrande de Pernes-les-Fontaines (peinture murale, fin XIIIs.). Origine de la "spécialité" de ce saint (guérison, protection contre les maladies): son culte se propage en même temps que l'élévation de l'hostie lors de la messe| voir l'hostie, c'est être en sécurité pour la journée| de même, voir saint Christophe. Culte favorisé par les grandes épidémies de peste. L'inscription elle-même se retrouve textuellement dans la liturgie (bréviaire de Tolède).

http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=12771961

— HERNANDO GARRIDO, José Luis, 2012, Sobre el San Cristobalón de Santa María del Azogue en Benavente (Zamora):¿pero hubo alguna vez sirenas en los ríos Órbigo y Esla a inicios del siglo XVI? Revista de Folklore número 366

http://www.funjdiaz.net/folklore/07ficha.php?ID=3662

 PONZ (Antonio) 1780, Viage de España: En que se da noticia de las cosas mas apreciables, y dignas de saberse,

 

 

 

 

 

Memorias sepulcrales de la Catedral de Sevilla. Los manuscritos de Loaysa y ...

 Par Juan José Antequera Luengo

 

 

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