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24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 22:38

Avec du citron ! Les poissons du porche sud (1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h.

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Voir aussi :

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La commune de Penmarc'h, à l'extrême sud de la baie d'Audierne, occupe une position éminemment maritime et son phare, celui  d'Eckmühl, (1 éclat blanc toutes les cinq secondes) est le dernier grand signal avant les phares de la Jument et d'Ar Men ( 3 éclats blancs toutes les 20 secondes) sur la Chaussée de Sein. 

Au sud de Penmarc'h, Le Guilvinec est l'un des premiers port de pêche après Boulogne et Lorient.

Autant dire qu'ici, les poissons, on connaît.

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Panneaux routiers dans Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Panneaux routiers dans Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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C'est précisément pour rester dans ce climat marin que je choisis, parmi toutes les œuvres à découvrir à Saint-Nonna , le porche sud. Pour vous faire remarquer les trois carvelles qui y sont sculptées, les poissons et oiseaux pêcheurs de l'angle nord du porche,  la crossette de l'oiseau dévorant un bar, mais surtout ...

SURTOUT, pour vous faire partager l'expérience que je fis, lorsque, ayant franchi le porche, je me retournai et je vis, dans une lumière dorée, huit beaux poissons suivre les cintres et le pilier des deux portes. Un moment magique où le temps s'arrêta et où je fus rempli de ce que Romain Rolland a nommé "sentiment océanique". Pourquoi là plutôt que derrière tel pilier de cathédrale ?

Dans cet aquarium ensoleillé, ai-je vu  la danse des huit  poissons d'or comme la lente ascension, le zénith,  et la descente de l'astre du Temps dans sa barque? Non, bien plus simplement en réalité, j'ai été émerveillé par la beauté de cet endroit, et rien n'est plus urgent alors dans cette émotion que de la partager.

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Vue générale du porche sud.

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Emplacement sur la gravure parue dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France d'Isidore Taylor et Charles Nodier, milieu XIXe siècle.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Penmarch#/media/File:L%27%C3%A9glise_Saint-Nonna_de_Penmarc%27h_Taylor_et_Nodier_L%C3%A9gende.jpg

https://fr.wikipedia.org/wiki/Penmarch#/media/File:L%27%C3%A9glise_Saint-Nonna_de_Penmarc%27h_Taylor_et_Nodier_L%C3%A9gende.jpg

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Vue sud-ouest de la tour  et du  porche sud de l'église Saint-Nonna  à Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue sud-ouest de la tour et du porche sud de l'église Saint-Nonna à Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le porche sud de l'église Saint-Nonna à Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud de l'église Saint-Nonna à Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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PRÉSENTATION.

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"Église Saint-Nonna. Très semblable à sa voisine Saint-Guénolé, édifiée vers 1488 et tombée en ruines au début du XVIIIè siècle, elle est certainement due au même maître d'oeuvre. Elle est exactement datée par l'inscription  gravée sur le porche sud :(1508 et 1509), ainsi que par le début d'une inscription du portail occidental : "L'AN MVcIX CESTE [1509]..." L'église fut construite assez rapidement ; mais, comme à Saint-Guénolé, la tour demeura inachevée faute de fonds nécessaires. La découverte des bancs de pêche de Terre-Neuve et le blocus des côtes au début du XVIè siècle portèrent un coup sensible à Penmarc'h. Il y eut légère accalmie au milieu du XVIè siècle, époque à laquelle fut construite la chapelle actuelle des fonts.".

Le portail sud adjacent est également inspiré du porche du baptistère de Saint-Corentin ; mais les portes extérieures sont en plein cintre et le faux gable, qui les surmonte, est coupé ici par un cordon horizontal, disposition que l'on retrouve à N.D. de Confort en Meilars. Il est voûté sur ogives avec lierne longitudinale, et orné à la clef d'un écu aux armes pleines de Bretagne. Les piédroits sont décorés de poissons évoquant le métier des pêcheurs. "(Couffon 1988)

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'EXTÉRIEUR.

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1. Les deux inscriptions lapidaires de fondation.

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Les deux pierres devaient être jadis plus rapprochées, car les trois lignes de leur texte se lit normalement sans interruption . 

Inscription de gauche :

 LE JOUR SAINCT RENE /

FUT FONDEE CESTE EGLI

MVc NEUFF DONT ESTOIT

....

Inscription de droite :

L'AN MIL CCCCC VIII 

SE : ET LA TOUR EN L'AN

RECTEUR : K IEGOU :

Une fois réuni, le texte devient : 

 "LE JOUR SAINCT RENE L'AN MIL CCCCC VIII (1508) FUT FONDEE CESTE EGLISE ET LA TOUR EN L'AN MVc NEUFF (1509) DONT ESTOIT RECTEUR K(arolus) IEGOU"

"Le jour de la Saint René l'an 1508 fut fondée cette église et la tour en 1509 dont était recteur Charles Jégou."

En Finistère, pays de Locronan et de Saint-Renan, lorsqu'on parle de saint René, on fait allusion à saint Ronan, dont le nom avait été francisé en René. Et la fête de saint Ronan tombe le 1er juin. L'église fut donc fondée le 1er juin 1508. (Voir BDHA 1901, page 268)

Charles Jégou était recteur de Tréoultré-Penmarch de 1498 à sa mort en 1535. J'ai décrit sa pierre tombale en l'abbaye de Daoulas, dont il avait été l'abbé, et l'inscription de son nom sur les sablières de la même abbaye :

"Charles Jégou, originaire, sans doute, de Quimper où il possédait plusieurs maisons, rue de la Vigne, et des propriétés en Kerfeunteun. ll était recteur de Tréoultré-Penmarch, en 1498, dont il fit reconstruire la tour, qui porte la date de 1508, avec le nom de Charles Jégou. Il avait pour armes : de gueules au chevron d'argent accompagné de 3 papillons de même. Charles Jégou lut enterré à Daoulas, devant le maître-autel et l'on conserve encore dans le cimetière la pierre de son tombeau, sur laquelle on peut lire cette inscription : HIC . JACET . FRATER . ÇHAROLVS JEGOV ABBAS. HVIVS 1 MONASTERH . DE . DAVLAS ET ACQVIS1VIT. PLVRA. BONA. ET . FECIT. MULTA EDIFICIA . ET . REXIT . CA . P . XV . ANOS . OBIIT DIE DECÏÀ . MEN . JANVARIl . A . D . MV'XXXv. C'est à lui que l'on doit la belle verrière qui décorait le choeur" (BDHA 1907 p.126)

 

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Inscription de fondation, porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription de fondation, porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Inscription de fondation, porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Inscription de fondation, porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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2°) Les poissons du coté ouest du contrefort .

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Comme des hiéroglyphes égyptiens, huit motifs se succèdent en bas-reliefs : un poisson seul, vertical ou horizontal, ou deux poissons croisés en X, ou un oiseau mangeant un poisson qu'il maintient sous sa patte, comme un Balbuzard.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les mêmes (ou à peu-près) se retrouvent sur la face sud du même contrefort. 

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les trois nefs sculptées.

Cellle de gauche porte deux mâts ; une verge est visible, oblique par rapport au mât. Le château avant est prolongé par une construction imposante.

Celle du milieu est la plus grande. Je compte au moins trois mâts et trois vergues. Au dessus du grand-mât, dont on voit l'amorce de la gabie. Une pierre très peu érodée complète l'extrémité de ce mât, avec, occupant cette gabie, deux hommes brandissant qui une masse d'armes, qui un glaive, autour du pavillon rectangulaire.

La troisième est assez comparable, mais il faudrait bénéficier d'un éclairage rasant pour mieux la décrire.

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Voir aussi sur les carvelles et autres embarcations sculptées : 

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Penmarc'h et ses trois bourgs de Tréoultré, Kerity et St-Pierre eut jadis une situation florissante du XIIe au XVIe siècle, avant un déclin puis sa mise à sac par Eder de Fontenelle en 1595. En 1571, la ville comptait 14 000 habitants, et 500 bateaux dirigés par des "maîtres" ; elle comptait avec Morlaix et Roscoff parmi les principaux ports de Bretagne occidentale.

"Entre 1520 et 1539, on comptabilise chaque année en moyenne 20 escales de navires de Penmarc'h à Arnemuiden, y déchargeant vin, blé, sel et merlus des sécheries du Cap Caval (à partir de la fin du xve siècle s'y ajoute le pastel), et chargeant des harengs pour le retour.

D'autres bateaux sont armés par "Loctudy" (en fait l'Île-Tudy car l'agglomération de Loctudy n'existe qu'à partir du xixe siècle), Pont-l'Abbé, Bénodet (jusqu'au Premier Empire inclus, le terme de "Bénodet" désigne indistinctement les deux rives de l'embouchure de l'Odet, comprenant donc Tugdual (Sainte-Marine, Tugdual est le saint patron de Combrit-Sainte-Marine). « Quand on parle de Penmarc'h à cette époque, il s'agit en fait de l'équivalent d'un quartier maritime qui va de Léchiagat à Pors-Carn. Un maître de bateau de Treffiagat inscrit son bateau à Bordeaux comme étant de Penmarc'h ».

Jean Fonteneau, dit Alfonse écrit vers 1544 : « Penmarc est un grand peuple et ont force navires, les meilleurs de toute la Basse-Bretagne ». Le nombre des navires de Penmarc'h est alors estimé à environ 300 embarcations de tous tonnages. Le chanoine Moreau a écrit : « Les habitants de Penmarc'h, lors en grand nombre, se glorifiaient de leurs forces, car ils pouvaient bien fournir deux mille cinq cents arquebusiers, comme voulant faire une république à part « 

Les maîtres de barque penmarchais armaient des escaffes (barques de faible tonnage), des carvelles (de 60 à 70 tonneaux en général) qui étaient les plus nombreuses, et des caraques (de plus de 100 tonneaux et ayant un équipage d'une vingtaine de marins. Les familles Le Boutin, Le Boucal, Le Paign, Le Parfaict, Le Taro, etc.., ont fourni de nombreux maîtres de barque, dénommés encore "marchands-mariniers". Les noms attribués les plus fréquemment à leurs bateaux sont Nonna (ou Nonne), Guénolé (ou Guynolé), Marie, Trémeur, Pierre, Magdeleine, c'est-à-dire les noms des saints patrons de la paroisse de Tréoultré et des chapelles avoisinantes." (Wikipédia)

 

 

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Carvelles sculptées du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Carvelles sculptées du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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4°) Les sculptures en ronde bosse.

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La tête du personnage de droite a été brisée, mais j'imagine qu'il s'agit d'une étreinte amoureuse.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Crossette droite du gâble.

Un dragon (ou peut-être un bouc) emportant quelque chose dans ses pattes.

Malgré sa gueule largement ouverte sur une rangée de dents impressionnante, qui le classe parmi les Dragons, j'hésite à négliger l'indice de ce qui ressemble à une longue corne qui en ferait un Bouc. Dans les deux cas, c'est un Féroce.

Ce qu'il emporte entre ses pattes, c'est, à coup sûr, une âme humaine, car c'est la fonction habituelle de ces crossettes d'avertir les fidèles de ce qui les attend.

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Crossette droite du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Crossette droite du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Crossette droite du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Crossette droite du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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La crossette de gauche : un oiseau tenant dans son bec un poisson.

La crossette qui, à gauche, fait pendant à ce dragon au tombant du fronton représente un oiseau  tenant dans son bec un poisson. Un Cormoran ? Un Balbuzard, avec ses griffes puissantes ? 

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Crossette gauche du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Crossette gauche du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le support de la niche (vide) à dais : 

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Est-ce un bel écuyer ? Ou bien un ange souriant ? Sa main droite est dirigée ver le bas, et la main gauche se porte à la tempe, comme pour saluer.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le culot du trumeau.

J'y vois un acrobate, les jambes écartées, se tenant les chevilles dans une posture arc-boutée et cambrée peut-être équivoque.

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Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Le porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'INTÉRIEUR.

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C'est là ! Là que, dans ce jour transfiguré,  je fus bel et bien  tenté de m'écrier, comme ce pêcheur qui jetait ses filets sur le lac de Tibériade, "Comme on est bien ici, si nous plantions la tente !" , bonum est nos hic esse si vis faciamus hic tria tabernacula ! (Matthieu 17:4) . Avec cette insistance sur bonum, kalos "beau"dans le grec original, et hic, , hode en grec, "ici sans indication de mouvement".

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Vue générale des deux portes cintrées ornées de huit poissons.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux  poissons du pilier central.

Ils ont deux nageoires supérieures et deux nageoires inférieures.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les quatre poissons du porche cintré de droite (oriental).

Ils forment deux paires, tournées l'un vers l'autre.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Les deux poissons du porche cintré de gauche (occidental)

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Armoiries ducales : blason d' hermines plain, entouré de la cordelière.

En 1508, la duchesse Anne de Bretagne, dont ce sont les armes, est reine de France, épouse de Louis XII ; en 1505, elle a effectué un voyage dans son duché, en passant par Locronan et Le Folgoët.

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Clef de voûte du   porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Clef de voûte du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Du coté est .

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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L'œuvre récente d'un artiste doué.

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Culot d'une niche du   porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Culot d'une niche du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Un acrobate.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Avec du citron ! Les poissons du porche sud de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Vue intérieure du  porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna  de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

Vue intérieure du porche sud (1508-1509) de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— COUFFON (René), 1988, “Couffon, Répertoire des églises : paroisse de PENMARCH,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 24 janvier 2018, http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/939.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/ab10cc2545648874044c500510a8c554.pdf

— FREMINVILLE.

https://books.google.fr/books?id=8k4bAAAAYAAJ&pg=PA103&lpg=PA103&dq=penmarc%27h+lan+mil%22&source=bl&ots=z2393rZwwO&sig=ljRRag2Ouz0no3QfmbdT-_bi4v8&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjD4Pqou_HYAhWGyRQKHUbCAeYQ6AEIRzAG#v=onepage&q=penmarc'h%20lan%20mil%22&f=false

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Published by jean-yves cordier
20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 17:25

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Notre nom de Libellule n'ayant été créé qu'après celui de Libellula par Linné créé  en  1758, une question se pose : comment désignait-on ces insectes en France avant le milieu du XVIIIe siècle ?

Lorsqu' Aldrovandi, en 1602, avait utilisé en latin le nom de "Perle"  en écrivant De Perlis vulgo dictis, il semble indiquer que ce nom, sans-doute inspiré des  yeux proéminents, ronds et brillants des libellules, était d'utilisation courante en dehors des milieux savants, du moins en Italie autour de Bologne et de Padoue. Mais je n'ai pu en retrouver l'emploi avant lui.

Rondelet avait utilisé dès 1555 le nom de Libella fluviatilis , en français  "Marteau ou Niveau d'eau douce", pour désigner les larves des Zygoptères, par comparaison avec le Requin Marteau, nommé Libella. En 1634, à Londres, Thomas Mouffet reprend ce nom de Libella pour l'appliquer à tous ses "Papillons aquatiques", selon le terme qu'il rapporte en anglais : Water Butterflies.  En 1699 et 1710, les deux amis James Petiver, apothicaire de Londres, dans son Musei petiveriani et John Ray, dans son Historia insectorum posthume, consacrent ce terme quasi générique de Libella. Le nom de Dragonflies apparait en 1661, en note de bas de page pour Libellae muscae.   Les Néeerlandais parlent de Rombouten et les Anglais parlent d'Adder-Bolt . Les Allemands utilisaient les termes de Wasserjungfern, Spinnejungfern, Schleifer ou de Augenstecher.

 

"D'autres noms viennent des croyances populaires sur le mode de vie et les «tâches» mythologiques de ces animaux. En Europe, les libellules ont souvent été associées au mal ou au diable. En Suède, on les appelle des Trollspindeln «fuseaux trolls», car on dit que les trolls les utilisent comme fuseaux pour tresser leurs vêtements, et aussi pour blesser leurs ennemis (d'où le nom de «perce-œil» Augenstecher)). L'idée fausse qu'ils pourraient piquer dangereusement les yeux, ou même tuer celui qui s'est endormi à l'air libre, conduit aux noms Satansbolzen « aiguille de Satan ou " aiguille du diable" Teufelsnadel . Au Pays de Galles, ils sont connectés avec des serpents; le nom gallois est "gwas-y-neidr", "Natterndiener"" . Au Luxembourg, ils ont eu le nom Siwestécher (Siebenstecher), car un être humain pourrait mourir avec sept piqûres de libellules. "

 

Mais en France ? Je ne trouve qu'un seul nom, celui de "Demoiselle". À partir de 1682.

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I. LES DICTIONNAIRES. Oudin 1655.

 

Je parviens à trouver le nom Demoiselle, sinon avec l'acceptation "libellule" mais du moins avec celle d'"insecte" , pour la première fois dans les Recherches italiennes d'Antoine Oudin en 1655 :

Baricola, une brouette ; et une insecte appellée demoiselle 

...repris  dans un dictionnaire trilingue italien-français-allemand de 1674

Baricola, une brouette ; et une insecte appellée demoiselle ; ein schuhfarn. Item, ein Ungezieffer.

Voir aussi Brendola en italien, même sens.

Je ne retiens néanmoins pas cette date puisque la précision concernant l'insecte en question est présumée, mais non explicite. Je retiendrai donc la date de 1682 pour cette acceptation du substantif "Demoiselle" :

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II. LA TRADUCTION DE L'HISTOIRE GÉNÉRALE DES INSECTES DE SWAMMERDAM EN 1682.

En 1669,  Jan Swammerdam, vivant à Amsterdam, publia en néerlandais son Historia insectorum generalis, ofte algemeene verhandeling van de bloedeloose dierkens chez Meinardus Van Dreunen à Utrecht. Son propos était d'éclaircir les  stades intermédiaires des Insectes avant l'age adulte, et de s'opposer à ceux qui supposaient une génération spontanée à partir de la pourriture (ou, pour les libellules, par développement sur des joncs en décomposition). Après Malphighi (1628-1694), fondateur de l'anatomie microscopique végétale et animale, il est l'autre grand anatomiste microscopique du XVIIe siècle.   Il propose de classer les Insectes en  quatre Ordres d'insectes selon leurs métamorphoses, dont il montre qu'elles correspondent à un changement de morphologie progressive et non pas brutale comme on le pensait alors.  Par ses études au microscopes, il montre que les organes de l'adulte (ailes, trompes, pattes) sont déjà repérables dans les stades intermédiaires. 

Les insectes de son premier Ordre passe directement de l'œuf à l'état adulte,  ce sont ceux que nous nommons Amétaboles, comme les Araignées et les Iules. Les trois  autres Ordres correspondent aux Métaboles actuels (hémimétaboles dont l'œuf donne une larve souvent aquatique puis un adulte non aquatique, comme les Libellules, holométaboles passant par un stade de nymphe immobile comme les Lépidoptères et les Diptères, etc..).

Son Second Ordre, où sont décrites les Libellules, est présenté page 86, puis énuméré page 89, en débutant par celles-ci : Il reprend les noms donnés par Mouffet (Libella) et par Aldrovandi (Perla) avant d'en donner les nos vernaculaires hollandais : Rombout, Scarbout, Naper ou Puystebijter.

"Optellinge vande dierkens, dewelke onder de tweede order van de Natuurelijcke veranderingen, Wurm-popken genoemt, behooren. a Libella of Perla.

Onder deese onse tweede Order van Veranderinge, stellen wy voor eerst; de a Rombout, Scarbout, Naper ofte Puystebijter." (page 89)

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En 1682 parait à Utrecht chez  Guillaume de Walcheren la traduction de cet ouvrage sous le titre significatif de  Histoire générale des insectes ou l'on expose clairement la manière lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres , & ou l'on découvre evidemment l'Erreur ou l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur pretendue transformation.

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La page équivalente à la page 89 est la page 82 (et suiv.)

"Sous cette seconde sorte de changements naturels nous comprenons une espèce [note Libella ou parla] d'insecte que l'on trouve dépeint plusieurs fois dans la table VIII suivant les divers degrés de sa formation, et à qui le commun peuple donne ce me semble, le nom de demoiselle.

Nous en pouvons faire voir dix-sept sortes, neuf des plus grandes, cinq de moyenne taille, et trois des plus petites, dont nous trouvons une sorte décrite chez Goudart. Mais parce que cet auteur ne nous a point représenté dans ses figures ni dans sa description les boutons, qui se voient sur le dos de cet animal, et ou ses ailes sont renfermées, cela nous fait croire qu'assurément il n'a point connu la nature de cette nymphe. [En marge : b Perla. Libella. ]

Nous ne voyons pas non plus que Hoefnagel qui nous a peint dix sortes de ces animaux, nous ait représenté aucune de leurs nymphes, quoique néanmoins il doit être très certains qu'elles ont été connues entre quelques écrivains. Car premièrement Rondelet en a eu connaissance, mais c'est très mal à propos qu'il les a nommées des cigales d'eau, ou cigales aquatiques [c. Cicade aquatier.] . Il y a bien de l'apparence aussi que cet animal provient de cette sauterelle d'eau dont parle Moufet. [d. Locusta aquat.] .

Or pour ce qui est des vers en forme de nymphe d'où se forment ces animaux nous en pouvons faire voir de six sortes; à savoir une des plus grandes, trois de moyenne grandeur, & deux des plus petites. Nous pouvons montrer encore l'animal même, lorsqu'il est sur le point de changer, & dans lequel on peut remarquer la manière admirable dont les ailes sont pliées & resserrées dans les boutons qui les renferment. Nous en gardons aussi les œufs, qui ont beaucoup de conformité avec ceux des poissons , & qui sont divisés de même en deux parties, dont l'une est située du côté droit du ventre ou de la queue, & l'autre au côte gauche.

Ce qu'il y a de remarquable dans cet animal, est que la nature ayant voulu qu'il prenne & proie & son aliment dans l'air, lui a donné pour cet effet deux yeux si gros, qu'ils font presque toute la tête, &, outre cela, quatre ailes admirables, par le moyen desquelles il vole et se tourne ça & là dans l'air avec autant de vitesse que les hidronnelles : il a encore deux dents renfermées en dedans, avec lesquelles il pince très fort,lorsque l'on vient à le prendre. Mais nous ne savons pas encore si sa morsure est venimeuse & si elle fait enfler la peau.

Mais si nous trouvons admirable la manière dont cet animal attrape sa nourriture dans l'air, en le purgeant d'une infinité de petites bêtes, son accouplement l'est encore bien d'avantage. Car le mâle flottant dans l'air le fend avec vitesse en faisant plusieurs virevoltes, & sait fort adroitement joindre sa queue avec la femelle, laquelle la recevant dans cette ouverture, qui sépare ses yeux et sa tête , l'embrasse avec ses pieds, comme avec la plus grande passion du monde en fléchissant son corps vers les parties du mâle. Tellement que cette copulation s'accomplit en volant & en faisant des caprioles d'extrémité de la queue de la femelle se courbant vers le milieu du corps du mâle là ou sa verge est située, & la recevant ensuite dans l'extrémité de sa queue.

Or nous ne parlerons pas ici d'avantage de ces, animaux, nous réservant à rapporter dans nos expériences particulières ce qu'il y a de curieux dans la structure de leur corps & particulièrement dans leurs yeux. "

 

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Swammerdam, Histoire générale des Insectes, page 82

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Le mot "Demoiselle" se retrouve ensuite page 170, , dans l'Explication des quatre espèces de changements par des figures.

"Après avoir suffisamment décrit dans le livre précédent les quatre espèces des changements  qui arrivent aux Insectes; nous donnerons un exemple de chaque espèce, que nous représenterons dans nos figures & suivant cet exemple , on pourra juger de même des Insectes, qui seront compris sous la même espèce : quoique cependant on remarque quelque peu de différence dans la manière, dont ils se changent: comme on pourra voir par les expériences particulières, que nous avons faites sur les changements de la quatrième espèce, & sur les nymphes dorées, dont se forment ses chenilles, que Goudart  nous représente dans les figures.

Dans la première espèce des changements, nous en dirons seulement le poux: dans la seconde, nous prendrons cet Insecte, que les latins appellent Mordella parla, ou libella  à qui le peuple donne le nom de demoiselle  dans la troisième espèce, qui en contient encore deux autres , nous serons voir la fourmi se changeant de la première manière, & Ie papillon de nuit , qui se change de la seconde. Enfin dans la quatrième espèce, nous représenterons une mouche. Or dans la suite nous ferons comparaison de ces changements avec l'accroissement des membres dans une grenouille, & avec la manière dont les fleurs poussent. dans leurs boutons."

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Cette Explication annonce la Planche VIII dans laquelle sont détaillés six stades de développement d'une Libellule :  l'œuf  ovoïde (I et II), les stades larvaires  III, IV et V, avec le développement croissant des ailes, puis l'imago (VI).

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I.  et IA . "Dans cette première figure nous faisons voir les œufs de cet insecte de la même manière, que nous les avons tirez hors de son corps ces œufs ressemblent fort bien à ceux des poissons ; & sont composez aussi d'infinité de petits grains de semence d'une figure un peu longue, comme on les voit ici épars çà & là , & représentés au naturel. Nous faisons voir encore un de ces œufs en grand à la lettre A. de même qu'il nous a paru avec le microscope : mais nous n'y découvrons rien de considérable, si ce n'est ces petits points, qu'on voit surc l'extrémité la plus aigue, & cette ressemblance que sa peau semble avoir avec ces petites écailles, & que nous avons représentée sur le corps de la lente.

Cet animal jette ses œufs ou sa semence dans l'eau, d'où l'on voit ensuite se former un' infinité de petits vers à six pieds , qui étant parvenus à leur juste grandeur deviennent enfin des insectes de la même espéce.

II. Et poursuivre l'ordre, que nous nous sommes proposez, nous représentons ici au naturel l'œuf ou la membrane, d'où le ver de cet insecte est sorti.

III. En troisième lieu nous faisons voir le ver d'ou cet insecte se forme mais un peu plus grand, que lorsqu'il était immédiatement sorti de son œuf. Nous montrons dans  sa tête deux yeux avec deux cornes assez étendues: dans la poitrine nous faisons voir six jambes , dont chacune est composée de six parties , & dont l'extrémité est encore armée de deux ongles ou de deux serres: ces jambes sont velues par tout : le ventre se divise en dix anneaux, & celui de derrière est pourvu de deux petites pointes qui s'avancent.

Nous avons remarque que ce ver ne sort pas de son œuf où de sa membrane avec tous ses membres parfaits , ce qui est commun aussi aux vers , dont nous parlerons dans les chapitres suivants : c'est pour cette raison que nous donnons à l'insecte le nom de nympha vermiculus oviformis lorsqu'il est encore renfermé dans son œuf ou revêtu  de sa membrane; comme nous avons dit ici ce qui suffira pour la suite."

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http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=page&cote=07478x01&p=196

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VI "En quatrième lieu nous représentons ce même insecte, lorsqu'il est devenu un peu plus grand , du lieu où la poitrine s'unit avec le ventre , nous voyons sortir quatre boutons, qui s'enflent & s'étendent d'une manière fort plaisante , & qui couvrent ses ailes. Ces boutons renferment ces ailes de même que les boutons des plantes en contiennent les fleurs: mais si on ouvre ces boutons dans ce même temps, on n'y découvre rien qu'une humidité superflue: & c'est ce qu'on trouve aussi dans les boutons des fleurs , qui commencent à pousser, qui ne renferment qu'une humeur visqueuse. En cinquième lieu, lorsque cet animal est parvenu à sa juste grandeur, nous le dépeignons de même , & nous faisons voir sur son dos les quatre boutons tout former, aussi bien que ses ailes qui font pliées & entortillées ensemble dans ces mêmes boutons. On découvre facilement au travers de la peau de cet Insecte les couleurs & les marques de ses entrailles : Or puisque le ver, dont il se forme, a quelques uns de ses membres renfermez à la manière des nymphes, nous lui donnerons, lorsqu'il est dans cet état  le nom-de nympha-vermiculas, c'est à dire un ver sous la forme de nymphe. 

 Nous faisons voir encore à la lettre B sa manière , dont ce ver en forme de nymphe après être sorti de l'eau , ou il avait vécu jusques alors, rampe sur la terre, & vient enfin à se dépouiller de sa dernière peau,  et à déployer ses ailes hors des boutons, où elles étaient renfermées : quoique ces ailes tout proche des épaules commencent déjà à s'étendre & à paraitre plus unies, nous remarquons pourtant qu'a leur extrémité elles sont encore plièes & entortillées ensemble."

 

 

Planche VIII figures V, Swammerdam, Histoire générale des Insectes 1682 page 172/173

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"Enfin nous représentons au nombre VI cet Insecte selon sa juste grandeur & dans l'état auquel il est propre à la génération : si bien que d'un ver rampant, ou qui nage il devient un ver volant. Or il faut remarquer que le changement, qui se fait aux environs des yeux,de la queue & des ailes, est fort considérable; il n'y a que les jambes qui demeurent toujours de même: mais nous traînerons ailleurs cette matière plus à fond ; nôtre dessein n'étant ici que de donner une explication claire & distincte de nos Tables."

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Planche VIII fig. VI, Swammerdam, Histoire générale des Insectes, 1682 page 172/173.

 

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Comparer avec Libellula fulva, photo  lavieb-aile :

 

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La question qui vient à l'esprit de chacun est de savoir quelle espèce a été ainsi représentée par Swammerdam. Or, il est très troublant de constater que dans son Systema naturae de 1758,  l'auguste Linné l'a rapproché de sa Libellula vulgatissima, notre Gomphus vuilgatissimus, avec lequel elle ne ressemble nullement. Latreille y a exercé sans succès sa sagacité. 

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Néanmoins, Hermann Albarda proposait de reconnaître dans la figure VI de cette planche de Swammerdam Libellula fulva Müller 1764 , la Libellule fauve : 

 

"Jean Swammerdam traita, en 1669  en détail la métamorphose d'une Libellulide. Les figures I — VI de la planche VIII sont celles d'une femelle de la Libellula fulva Müll. Dans sa «Bible de la Nature», publiée par le célèbre médecin Boerhave, ces mêmes figures sont reproduites sur la planche XII.  Seulement l'abdomen de l'insecte parfait a été remplacé par celui d'un mâle, et ce qui est assez singulier, point de la même espèce, mais d'une Aeschna mixta Latr.

L'auteur dit encore qu'il possède six espèces de larves de Libellulides. Il en décrit quatre, p. 226 — 228, et les figure sur la même planche, fig. IV — VIL Quoiqu'il soit impossible de déterminer les espèces auxquelles ces larves appartiennent, les figures indiquent suffisamment des larves des genres Aeschna, Libellula, Calopteryx et Agrion, ce qui prouve que les différences de structure n'ont pas échappé à cet excellent observateur. "

Hermann Albarda  Catalogue raisonné et synonymique des Névroptères, observés dan les Pays-Bas et dans les Pays limitrophes, Tijdschrift voor entomologie 1857

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Les oeufs de la Libellule fauve éclosent deux à sept semaines après la ponte. Les larves , qui vivent au milieu de débris végétaux accumulés au fond de l'eau ou sur les plantes aquatiques, passent deux ans dans l'eau et muent entre 11 et 16 fois. Les émergences sont synchronisées et ont lieu en quelques heures, en début de matinée au printemps.

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Au total, "Demoiselle" est cité deux fois dans cette traduction de 1682.

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III. LE DICTIONNAIRE DE  FURETIÉRE 1690.


Le mmot Demoiselle n'est pas présent avec cette acceptation dans le Dictionnaire de Pierre Richelet de 1680.

Le mot Demoiselle est absent du Dictionnaire de l'Académie française de 1694 : Demoiselle, voyez Dame".

 

La troisième source que je peux citer est le Dictionnaire d'Antoine Furetière, dans les éditions de 1690, de  1701 et de 1727 mais non dans celle de 1684. 

Dictionnaire de 1690.

Dictionnaire de 1701.

Dictionnaire de 1727.

L'article est non seulement d'un style éblouissant, mais il est aussi d'une réelle qualité entomologique. C'est, lorsqu'on n'a pas encore réalisé qu'il s'agit d'une adaptation du texte de Swammerdam, un petit bijou digne de Francis Ponge :

DEMOISELLE. "Espèce de petit insecte. C'est un vers en forme de nymphe, qui a deux yeux si gros, qu'ils sont presque toute sa tête, et quatre ailes admirables, qui le font tourner avec une très grande vitesse, parce qu'il prend sa proie en l'air. Il a deux dents renfermées en dedans, avec lesquelles il pince très fort.

Sa copulation avec la femelle s'accomplit en l'air en volant, et en faisant des cabrioles ; l'extrémité de la queue de la femelle se courbant vers le milieu du corps du mâle, là où la verge est située, et la recevant ensuite dans l'extrémité de sa queue.

Cet insecte a aussi deux cornes, et il jette ses œufs dans l'eau, qui ressemblent à ceux des poissons, d'où l'on voit sortir une infinité de vers à six pieds. Il s'en forme ensuite un vers volant, qui était auparavant rampant et nageant. Chacune de ses six jambes est composée de six parties velues partout, dont l'extrémité est armée de deux ongles ou serres. Le ventre est divisé en dix anneaux. Du lieu, où la poitrine s'unit avec le ventre, sortent quatre boutons qui s'enflent, et renferment ses ailes, comme les boutons des plantes contiennent les fleurs.

Les Latins l'appellent libella, ou perla. Swammerdam en fait voir de dix-sept sortes, et dit que Rondelet mal à propos l'a nommé « cigale d'eau » ou ciquada aquatica ; au lieu d'une sauterelle d'eau, ou locusta aquatica, dont parle Moufet. Jonston l'appelle forsicula aquatica, qui est ce que le même Moufet appelle « puce d'eau », ou pulex marinus. C'est aussi ce que Mr Redi appelle « scorpion aquatique »"

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Comme on le constate, l'auteur cite Jan Swammerdam (1669), Thomas Moufet (1634), Jonston (1657 réed. 1675) et Francesco Rédi (1668). 

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"Demoiselle", Antoine Furetière, Dictionnaire françois, contenant tous les mots volume I, La Haye et Rotterdam 1690

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IV. RÉAUMUR 1738 et 1742.

Le meilleur vulgarisateur du terme "Demoiselle" fut René-Antoine Ferchault de Réaumur, dans ses deux tome IV (1738) et VI (1742) de ses Mémoires pour servir à l'histoire des insectes. Là encore, la lecture du texte est un véritable plaisir. Dès la première phrase, l'auteur indique que le nom de Demoiselle est très commun, et nullement savant, puisqu'il est connu dans toute la France, et même par les enfants. Il propose une explication à ce nom, en relation avec la finesse de leur taille plutôt que, plus banalement, avec leur grâce féminine. Plus loin, il souligne le contraste entre ce nom, et la férocité de l'appétit de l'insecte. 

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https://archive.org/stream/memoirespourserv04ra#page/156/mode/2up/search/demoifelle

 

"Les Mouches appelées ordinairement en Latin Libellae, par quelques Auteurs Perlae, et par d'autres Mordellae sont connues dans presque toute la France, même par les Enfants, sous le nom de Demoiselles : ne le devroient-elles point à la longueur de leur corps, à leur taille fine, pour ainsi dire ?  II n'est point au moins de mouches qui ayent le corps plus long & plus délié que celui des Demoiselles de plusieurs especes; on lui compte aisément onze anneaux. Si les épithetes de jolies & même de belles peuvent être données à des Mouches, c'est à celles-ci : leurs aîles n'offrent point à la vérité de couleurs aussi variées que celles qui ornent les aîles de divers Papillons; elles sont extrêmement transparentes & comme celles de beaucoup de differentes Mouches , elles paroissent de gaze, mais d'une gaze plus éclatante , qui semble de talc , ou n'être qu'un talc ouvragé : regardées en certains sens, on leur découvre du  luisant; celui des unes est doré, & celui des autres est argenté ; quelques-unes ont pourtant des taches colorées. C'est sur le corps, la tête, le corselet des Demoiselles de beaucoup d'especes différentes , que brillent les couleurs qui les parent. On ne trouve nulle part un plus beau bleu tendre, que celui qui est couché sur tout le corps de quelques-unes; d'autres n'ont de ce beau bleu qu'à l'origine & à l'extrémité du corps & sur le  corselet; le reste est brun : le corps de quelques autres est verd ; celui de plusieurs est jaune, & il y en a d'autres encore qui l'ont de couleur rouge. Ces couleurs se trouvent combinées sur le corps ; le corselet & la tête de plusieurs sont marqués par raies & par taches, avec différens bruns & du noir  ; il y en a dont les couleurs modestes font rechauffées par l'éclat de l'or qui y est mêlé. Ce ne font pas feulement les bruns & les gris de quelques-unes : dorés; les verds & les bleuâtres de plusieurs autres le font aussi ; mais on en voit qui font simplement brunes ou grifes. - Ces Mouches se rendent dans nos jardins ; elles parcourent les campagnes, elles volent volontiers le long des hayes; mais où on les voit en plus grand nombre, c'est dans les prairies, & surtout le long des ruisseaux & des petites rivières, & près des bords des étangs Si des grandes mares. L'eau eft leur pays natal; après en être sorties, elles s'en rapprochent pour lui confier leurs œufs. Quoique par la gentillesse de leur figure, par un air de propreté & de netteté, & par une forte de brillant, elles soient dignes du nom de demoiselles, on le leur eût peut-être refusé si leurs inclinations meurtrières eussent été mieux connues: loin d'avoir la douceur en partage, loin de n'aimer a se nourrir que du suc des fleurs &. des fruits, elles sont des guerrières plus féroces que les Amazones ; elles ne se tiennent dans les airs que pour fondre sur les insectes ailés qu'elles y peuvent découvrir, elles croquent à belles dents ceux dont elles se saisissent. Elles ne sont pas difficiles fur le choix de l'espece: j'en ai vu se rendre maîtresses de petites mouches à deux aîles, &. d'autres qui attrapoient devant moi de grosses mouches bleues de la viande; j'en ai vu une qui tenoit entre les dents & emportoit en l'air un papillon diurne à grandes aîles blanches. "

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R.A.F. de Réaumur, Mémoires pour servir à l'histoire des insectes volume VI (1742), Mémoire XI page 387

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Réaumur, Mémoires t.6, Planche 35.

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VI. LA TRADUCTION DE L'HISTORIA INSECTORUM DE SWAMMERDAM PAR JACQUES SAVARY  : L'HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES DE 1758.

 

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Sous l'influence probable de ces Mémoires de Réaumur, Jacques Savary, médecin de la Marine à Brest, va utiliser le terme de "Demoiselle" dans sa traduction de la Biblia naturae, sive Historia insectorum de Jan Swammerdam, d'abord publiée en édition bilingue hollandais/latin en 1737-1738 par Boerhaave, à Leyde. Cette traduction parut en 1758 dans le tome V des Editions étrangères des Collections académiques. On ne confondra pas l'Histoire Générale des Insectes (HGI) de 1682 avec cette Histoire Naturelle des Insectes (HNI) , qui enrichit la précédente de tous les manuscrits confiés par Swammerdam à Melchisédech Thévenot.  Les libellules sont toujours au nombre de 17, et les larves ("nymphes-vers) au nombre de 6, plus une libellule récoltée en cours d'émergence hors de son exuvie "dans laquelle on voit comment les ailes sont pliées dans leur fourreaux".

Cette fois-ci, le nom "Demoiselle" est utilisé une cinquantaine de fois, aux pages 132 à 145, 177, 208, 330, 377, et dans la Planche VIII.

La planche VIII — Tab. XII de la Biblia naturae — reprend les illustrations de l'Histoire Générale des Insectes, mais la complète de 7 figures, dont un accouplement d'Anisoptères, avec une précision de trait fabuleuse. je rappelle que l'abdomen de l'imago a été modifié et échangé avec celui d'un mâle d'Aeshna mixta.

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Swammerdam, Biblia naturae 1738 planche XII.

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Swammerdam, Biblia naturae 1738 Planche XII, détail.

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VII. L'HISTOIRE ABRÉGÉE DES INSECTES D'ETIENNE-LOUIS  GEOFFROY 1762.

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Juste après la parution de la 10ème édition du Systema naturae de Linné en 1758, le médecin-régent parisien, héritier de très belles collections d'histoire naturelle,  Étienne-Louis Geoffroy publia en deux volumes son Histoire abrégée des insectes qui se trouvent aux environs de Paris. 

Il y reprend, mais cette fois-ci en traduction du Genre linnéen LIBELLULA, le nom de DEMOISELLE. C'est donc un changement de statut important pour le substantif qui pouvait, jusqu'à présent, être considéré comme une désignation vulgaire et non scientifique. Pour Geoffroy son genre Demoiselle a, mutatis mutandis, la même valeur nomenclaturale que celui de Libellula. 

Sans prendre conscience que Linné a imposé une unité internationale par sa dénomination binominale latine, et que chaque auteur ne peut créer sa propre nomenclature dans sa langue nationale, Geoffroy ne va pas conférer à ses propres descriptions originales une validité taxonomique. Une ré-édition par Fourcroy conforme à la dénomination binominale tentera en 1785, un peu trop tard, de réparer cette bévue ; mais c'est ainsi que sa "Demoiselle cécile" eut l'honneur de la dénomination Ophiogomphus cecilia . 

Description générale :

"La demoiselle a été appellée par les Naturalistes, libella ou libellula , soit parce que plusieurs espèces de ce genre tiennent leurs ailes étendues et comme de niveau, soit à cause de la manière dont ces insectes planent en fendant l'air. Le caractère de ce genre consiste; 1°. dans la forme des antennes qui font très-courtes pour la grandeur de ces insectes ; 2°. dans les mâchoires fortes & écailleuses dont leur bouche est armée des deux côtés; 3° dans les pinces qui se trouvent à l'extrémité de la queue des mâles, & qui sont accompagnées d'espèces de lambeaux ou feuillets assez grands. De plus, les demoiselles ont les trois petits yeux lisses qui se trouvent sur la tête de beaucoup d'insectes à deux & à quatre ailes ; mais ces petits yeux ne font pas placés de même dans toutes les espèces. Les unes les portent sur le devant de la tête ; dans d'autres ils font sur le sommet entre les deux grands yeux. Je ne les ai trouvés dans aucune espèce placés sur le derrière de la tête , comme ils le sont dans la plupart des autres insectes.

La larve de la demoiselle vit dans l'eau, elle est aquatique ; aussi rencontre-t-on plus ordinairement les demoiselles au bord des eaux, où elles vont déposer leurs œufs.

Cette larve est très-sínguliere, c'est ce qui nous a engagé à donner sa figure. Elle est plus courte & plus ramassée que la demoiselle ou l'insecte parfait, & on peut aisément distinguer les trois parties qui composent son corps ; savoir, la tête , le corcelet & le ventre. Ce dernier fort long , quoique gros dans quelques espèces , est composé de dix anneaux. Au corcelet, sont attachées six grandes pattes , avec lesquelles cette larve va & vient dans l'eau. En-dessus du corcelet, on voit quatre espèces de boutons qui deviennent plus grands & plus apparens , à mesure que cette larve grossit & change de peau & qui ensuite s'étendent & couvrent presque la moitié du ventre lorsqu'elle est devenue chrysalide. C'est dans ces espèces de moignons que font renfermées les quatre grandes ailes dont sera parée la demoiselle. Mais de toutes les parties de cette larve , il n'y en a point de plus singulièrement construite que sa tête. On distingue dans cette tête les yeux , de petites antennes & la bouche : mais pour les voir , il faut lever une espèce de masque dur & épais qui couvre tout le devant de la tête de la larve & qui lui cache la face, si on peut se servir de ce terme pour un insecte. Cet étrange masque est creux en-dedans , irrégulier , & on y remarque les différentes cavités qui reçoivent les éminences de la tête de la larve, en sorte qu'il s'applique aussi bien & même mieux que les masques que mettent fur leurs visages les personnes qui vont au bal. Ce masque n'est point immobile ; l'insecte le remue à sa volonté ; il ne tient que par une espèce de pied long & coudé qui l'attache au col de l'insecte. Ce pied forme une charnière, par le moyen de laquelle le masque peut se. lever & se baisser. On ne conçoit pas d'abord par quelle raison la nature a donné à cette larve un tel masque , qui semble devoir l'incommoder au lieu de lui servir : mais si l'on nourrit dans l'eau quelques-unes de ces larves , on voit qu'elles tiennent leur masque baissé , & qu'elles le relèvent pour surprendre & saisir les insectes aquatiques dont elles se nourrissent. Ce masque arrête ces insectes qui font ensuite dévorés pat la larve.

Les nymphes ou chrysalides des demoiselles ne différent presque pas de leurs larves. Seulement les boutons du corcelet, ces appendices qui renferment les aîles sont plus grandes & couvrent une portion du ventre ; elles ressemblent à quatre aîles épaisses un peu courtes , couchées fur le dessus de cette partie. Du reste cette nymphe court dans l'eau , va & vient comme la larve , & se nourrit des insectes qu'elle rencontre & dont elle est très-friande.

Lorsque l'insecte est arrivé à sa grosseur, il subit son dernier changement. La nymphe s'approche du bord de l'eau; souvent elle en sort tout-à-fait. Sa peau commence à se fendre sur le dessus de son corcelet, peu à peu l'insecte parfait se tire de cette enveloppe , & âpres quelques instans, lorsque ses aîles sont séchées & affermies, il s'élève légèrement en l'air, où il doit dorénavant faire son habitation. On trouve quelquefois au bord de l'eau la dépouille de la larve, que la demoiselle > après s'en être tirée, a laissée attachée à quelque plante.

La demoiselle a le corps beaucoup plus long & plus étroit que sa larve. Ses aîles au nombre de quatre sont longues & étroites. Quelques espèces du nombre des plus grandes les tiennent étendues parallèlement & de niveau avec le corps fur lequel elles font posées. D'autres au contraire les tiennent dans la même direction que leur corps; mais plus relevées & adossées toutes les quatre les unes contre les autres ; ce font les plus petites espèces. Ces dernières volent moins vite, mais les grandes ont un vol très vif & très-rapide. La nourriture ordinaire de ces demoiselles leur est fournie par la chasse qu'elles font en volant aux petits moucherons , à ces petites tipules qu'on trouve en grande quantité au bord de l'eau.

Les demoiselles mâles se distinguent aisément des femelles par deux crochets accompagnés d'espèces de feuillets qu'elles ont à l'extrémité de la queue. Les femelles n'ont point de semblables crochets , mais seulement on remarque au dernier anneau de leur ventre qui est un peu renflé , une ouverture qui est celle de la partie du sexe. Pour les mâles, leur partie n'est point placée au même endroit , en vain l'y chercheroit-on. C'est au haut du ventre qu'elle est située, au premier anneau de cette partie qui tient au corcelet. Cette position différente des parties du mâle & de la femelle paroît singulière ôc ne semble pas commode pour l'accouplement. Aussi y en a-t-il peu qui soit aussi extraordinaire que celui des demoiselles. Lorsque ces insectes veulent travailler à la propagation de leur espéce , c'est le mâle qui fait les avances, c'est lui qui en volant poursuit sa femelle, qu'il saisit au col avec les pinces de fa queue. Telle est la manière dont ces insectes commencent à se faire l'amour. Lorsque le mâle tient ainsi sa femelle , il la serre & ne la laisse plus échapper. II n'est pas cependant encore fort avancé , il lui est impossible de porter fa partie près de celle de fa femelle qu'il tient par l'extrémité de son corps ; tant que la femelle ne se prête point à ses désirs, l'accouplement ne peut se faire. Aussi le mâle tient-il quelquefois fort long-tems fa femelle ; il l'emporte en Pair suspendue à sa queue , jusqu'à ce qu'enfin celle-ci ou fatiguée ou mise en action se rende à ses importunités : pour lors la femelle replie son ventre en-dessous , le fait passer entre ses jambes & par devant fa tête , & porte elle-même l'extrémité de son ventre contre la partie du mâle qui s'accouple avec elle fans lâcher la tête de fa femelle. Pendant cet accouplement ces insectes sont dans une attitude bien singulière ; ils forment une espéce d'anneau. La tête de la femelle est accrochée par la queue du mâle, tandis que l'extrémité de son ventre qui fait le cercle , est accouplée avec la partie supérieure du ventre de ce même mâle. Ces insectes volent dans cette attitude forcée , & ne se séparent qu'après quelque tems, lorsque l'accouplement est tout-à-fait fini.

Les oeufs que dépose la femelle sont oblongs ; c'est dans l'eau qu'elle va les déposer, & c'est aussi dans l'eau qu'éclosent les petites nymphes qui viennent de ces mêmes oeufs.

Les demoiselles ont en général la tête large, les yeux fort gros & le ventre gresle ; quelques-unes cependant comme l'éléonore ont le ventre plus large & moins long. Plusieurs font ornées des plus belles couleurs; dans les unes c'est un bleu ou un vert tendre, dans d'autres c'est un vert doré & comme satiné. Les ailes de quelques-unes font distinguées par différentes taches; la louise surtout a deux grandes taches bleues , qui couvrent la plus grande partie de ses aîles. Enfin, pour ce qui est de la grandeur, il y a quelques-unes de ces demoiselles qui ont jusqu'à deux pouces & plus de long."

 

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Geoffroy suivra si scrupuleusement la cohérence de son projet nomenclatural qu'il donnera à chacune des Demoiselles quil décrit, un prénom de jeune-fille, en reprenant d'abord les deux prénoms LOUISA et ULRICA utilisé par Linné dans sa Fauna suecica pour rendre hommage à la reine de Suède Louise-Ulrique. Voici la liste de ces demoiselles :

1. La Louise  [L. virgo]

2. L'Ulrique : [L. virgo]

3. L'Amélie.  [L. puella]

4. La Dorothée :  [L. puella]

5. La Sophie :  [L. puella]

6. La Françoise :  [L. quadrimaculata]

7. L'Eléonore :  [L. Depresssa femelle (et non [L. flaveola  = Sympetrum flaveolum)]

8. La Philinte  [L. Depresssa mâle ]

9. La Sylvie [L. depressa]

10. L'Aminthe [L. aenea ]

11. La Justine  [L. vulgatissima]

12. La Julie  [L. grandis]

13. La Caroline  [L. forcipata]

14. La Cécile. A.F. de Fourcroy latinisa le nom en 1785 en Ceclilia et le plaça dans le genre Libellula . La demoiselle transexuelle devint monsieur le Gomphe serpentin   Ophiogomphus cecilia Geoffroy in Fourcroy, 1785.

Ce choix des prénoms de demoiselles fut donc malheureux, et seule Cécile a accédé à la postérité. 

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La figure 1 de la Planche XIII est la seule illustration d'une libellule adulte, accompagnée de sa larve. Geoffroy indique page 225 qu'il s'agit de son Éléonore dont il fait la Libellula Flaveola de Linné, notre Sympetrum flaveolum.   Linné (S.N; 1767) reprend cette identification à son compte.
 Il s'agit pourtant d'une femelle de Libellula depressa, comme l'ont vu Latreille puis Lamarck 1839 .

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E.L. Geoffroy, Histoire abrégée des insectes..,2, planche XIII fig. 1 et 2, Imago et sa larve, (Libellula depressa femelle, identification lavieb-aile)

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VIII. LES GENRES DES INSECTES DE JAMES BARBUT 1781.

En 1781, James Barbut publie un recueil des insectes observés en Angleterre et l'accompagne des dessins des spécimens. L'ouvrage basé sur les Genres de Linné est bilingue anglais / français. Les Libellules sont décrits page 293 et suivantes et sont désignés en français par le nom de "Demoiselle". En ligne.

 

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Genre I. LA DEMOISELLE Planche XI.

L'auteur décrit quatre des Libellula de Linné et leur donne, dans la colonne du texte anglais, le nom latin, et dans la colonne en français, un nom vernaculaire composé de "demoiselle". Il y ajoute une cinquième espèce, de couleur rouge, qui n'a pas été décrite par Linné 

La grande demoiselle Libellula grandis Linnaeus

La demoiselle à quatre taches Libellula quadrimaculata Linnaeus

La demoiselle vierge Libellula virgo Linnaeus

La demoiselle fillette Libellula puella Linnaeus

"La demoiselle qui reste n'est qu'une variété dans la couleur, le corps en étant d'un beau rouge". [Il s'agit vraisemblablement de Pyrrhosoma nymphula Sulzer 1776.]

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J'en profite pour lire la description générale :.

"Ce genre d'insectes est connu de tout le monde. L'espèce la plus grande provient d'un ver aquatique hexapode, qui jeune encore & très petit se transforme en nymphe. Cette nymphe vit dans l'eau. On croit lui avoir aperçu des ouïes comme aux poissons. Elle porte un masque aussi bien marqué que celui dont on fait usage pour le bal ; et ce masque attaché à son col & qu'elle remue à volonté, lui sert à retenir sa proie qu'elle dévore. Le temps de la métamorphose arrive, la nymphe gagne le bord de l'eau, se met en voyage, cherche un lieu convenable et se fixe sur une plante, ou s'attache à un brin de bois sec. Sa peau devenue sèche se fend sur le dessus du corselet. L'insecte ailé sort peu à peu, laisse sa dépouille, déploie ses ailes, les agite, s'envole avec grâce & légèreté. Sa taille fine & élégante, la richesse de ses couleurs, la délicatesse et le tissu brillant de ses ailes est pour les yeux un spectacle ravissant. Les parties sexuelles des demoiselles font placées différemment dans le mâle & dans la femelle: c'est fous le corps à la jonction du corselet que l'on aperçoit les parties mâles. Celles de la femelle se reconnaissent à une fente placée à l'extrémité du corps. Leurs amours se décident par un enlèvement. Le mâle en planant guette des yeux et saisit la femelle par la tête avec les deux pinces dont l'extrémité de sa queue est armée.

Ce ravisseur traverse ainsi les airs jusqu'à ce que la femelle cédant à la force, ou plutôt au penchant, fait de son corps un cercle qui va se terminer aux parties génitales du mâle, pour remplir le voeu de la nature. Ces sortes d'enlèvements font communes. L'on rencontre souvent des demoiselles qui volent, ainsi accouplées. Elles présentent la forme d'un anneau. C'est dans l'eau que la femelle dépose des œufs d'où naissent des vers aquatiques qui subissent les mêmes métamorphoses."

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https://www.biodiversitylibrary.org/item/208811#page/261/mode/1up

 

James Barbut 1781, Les genres des insectes de Linné: constatés par divers échantillons planche II page 206

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IX. LES "DEMOISELLES"  DU XIXe et XXe SIÈCLES.

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1°) En 1854, dans la Monographie des CaloptéryginesMémoires de la Societé royale des sciences Liege.9, Bruxelles, Muquardt, Paris Roret ), Édmond de Sélys-Longchamp entreprend une démarche taxonomique : Il sépare les Odonates (alors un sous-ordre des Névroptères) en deux Tribus, les ANISOPTÈRES et les ZYGOPTÈRES.

— Anisoptère  associe au grec -π τ ε ρ ο ς, de π τ ε ρ ο ́ ν «plume d'aile, aile, chose en forme d'aile»  le suffixe aniso-,  du gr. α ́ ν ι σ ο ς « de longueur inégale») : pour  grouper les espèces d'Odonates dont les ailes postérieures sont plus larges que les antérieures spécialement à la base.

— Zygoptère associe au même -ptère, "aile" le suffixe  zygo-, du grec ζ υ γ ο ́ ν « joug, couple, paire ») pour grouper les Odonates  dont les ailes antérieures et postérieures sont de la même largeur, leur nervation comportant un quadrilatère et non un triangle. D'ailleurs, Sélys de Longchamp donne la description suivante dans sa publication :

"Les quatre ailes semblables, relevées ou à demi-relevées dans le repos; sans membranule. La nervure sous-médiane sans rameau supérieur, de sorte que le triangle discoîdal est remplacé par un quadrilatère plus ou moins régulier. Tête transverse , les yeux pédicellés, très-éloignés l'un de l'autre. Appendices anals au nombre de quatre chez les mâles."

Il est amusant de retrouver ici le terme grec signifiant "joug, paire", puisque c'est celui sur lequel est  formé le nom Zygène, mais aussi celui de Zygaena attribué au requin marteau ou Libella (pour ses deux yeux écartés), Libella marin qui fut le parrain de la larve de zygoptère nommé par Rondelet Libella fluviatilis,  pour la même raison.

Parmi les Zygoptères tout fraîchement  créés, De Sélys s'empressa de faire entrer les Caloptérygines et les Agrionines. 

 

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2°) Sa tribu devint un Sous-Ordre des Odonata, les Zygoptera, espèces au corps fin et qui replient leurs ailes au dessus d'elles quand elles se posent. On y trouve  les Agrions (Coenagrions) , les Lestes, les Platycnemis et les Calopteryx. 

Comme il s'agit des libellules les plus menues, au corps longiligne aussi fin qu'une aiguille (à tricoter), c'est tout naturellement aux Zygoptères que fut réservé le terme de "Demoiselles", tandis que par opposition, on fut  amené à réserver le terme de "Libellules" stricto sensu aux  Anisoptères, ou, parmi ceux-ci, aux Libellulidés .

En contre-partie de cette entrée dans les usages établis, le nom Demoiselle dut renoncer à toute prétention à un statut scientifique. D'ailleurs, les savants ne l'utilisèrent plus qu'avec des pincettes  (Latreille, ) et il vint animer de ses charmes les magazines de vulgarisation, les traités agricoles et les dictionnaires de la conversation.

3°) Damselfies et Dragonflies.

Curieusement,  notre Demoiselle, déçu de la désaffectation des naturalistes français pour les appellations vernaculaires trop vulgaires au  XIXe siècle, traversa la Manche pour vivre des jours meilleurs sous le déguisement de Damsel.   En anglais, le terme Damselfly est assez récent puisqu'il est apparu en 1810-1815, de la fusion des deux mots Damsel "Jeune femme" ou "Femme noble célibataire" et Fly, "mouche, insecte volant" entrant dans la composition de Dragonfly, Butterfly, Firefly.

Les Damselflies recouvrent donc le sous-ordre des Zygoptères, et s'affichent désormais partout dans un cadre en forme de parenthèse après le nom latin :  Zygoptera (Damselflies).

Mais les Anglais réservèrent à l'émigrée d'autres honneurs. Ils donnèrent à tous les membres de la famille des Calopterygidae vivants sur leurs terres (il y en a deux) les noms vernaculaires composés sur Demoiselles : Calopteryx virgo est The Beautiful Demoiselle et Calopteryx splendens , The Banded Demoiselle. Pour mesurer combien nous pouvons regretter le mépris de nos savants franco-belges  pour les noms vernaculaires, et leur manque d'imagination poétique, il faut savoir que ces deux espèces sont nommées chez nous "Calopteryx vierge" et "Calopteryx éclatant ": la transcription du latin en français.

De même; la famille des  Coenagrionidae porte des noms composés sur -damselfly :  The Azure  Damselfly Coenagrion puella , The Blue-tailed Damselfly Ishnura elegans  et The  Small Red Damselfly Ceriagrion tenellum, etc...

Les Lestidae sont toutes des Demoiselles Émeraudes ou Emerald Damselflies (cinq zoonymes).

La  famille des Platycnemididae  n'est pas en reste avec la Demoiselle aux jambes blanches White-legged damselfly, Platycnemis pennipes

Toutes leurs espèces de Zygoptera portant un nom comportant Demoiselle ou Damselflies, il leur est facile de savoir à qui ils ont affaire. 

Au total, j'ai compté 23 noms vernaculaires anglo-saxons de Zygoptères composés sur Demoiselle et Damselfly dans la liste des espèces de Grande Bretagne, mais il faut aussi penser aux espèces des autres pays.

 

 

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X. LES "DEMOISELLES"  DU  XXIe SIÈCLE.

 Le nom de Demoiselle est employé avec parcimonie dans les principaux guides naturalistes francophones en usage, notamment celui de K.-D.B. Dijkstra (Delachaux et Niestlé 2006) . Dans Les Libellules de France, de Belgique et Luxembourg (Biotope) de Grand et Boudot, le terme apparaît rarement dans le texte des parties générales.

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Adieu, Gentilshommes et Damoiselles ! 

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SOURCES ET LIENS.

— ALBARDA (Hermann) 1857,   Catalogue raisonné et synonymique des Névroptères, observés dan les Pays-Bas et dans les Pays limitrophes, Tijdschrift voor entomologie 1857

https://archive.org/stream/tijdschriftvoore32188889nede#page/212/mode/2up

— BARBUT, (James) 1781, Les genres des insectes de Linné : constatés par divers échantillons d'insectes d'Angleterre, copiés d'après nature The Genera Insectorum of Linnaeus exemplied by various specimens English insects drawn from Nature by James Barbut  London : Imprimé par Jacques Dixwell, dans St. Martin's Lane, et se vend au profit de l'auteur chez J. Sewell, Libraire, dans Cornhill. Dessins de Barbut gravés par James NEWTON.

https://www.biodiversitylibrary.org/item/208811#page/9/mode/1up

 

DUPONT P. 2010. Plan national d'actions en faveur des Odonates 2011-2015. Office pour les insectes et leur environnement, Société française d’Odonatologie et Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer. 170 pp.

http://www.pnaopie.fr/odonates/wp-content/uploads/2011/01/plan_national_d_actions_odonates.pdf

— OLIVIER, 1792,  Libellules, in Insectes, in Encyclopédie méthodique vol. 7 page 558-572

https://books.google.fr/books?id=BrRdAAAAcAAJ&pg=PA568&dq=libellula+sophie&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjg66362ObYAhVTnRQKHTaBCVcQ6AEIKDAA#v=onepage&q=libellula%20sophie&f=false

 

——RÉAUMUR (René -Antoine Ferchault de) , Mémoires pour servir à l'histoire des insectes :

— Tome IV : Histoire des Gallinsectes, des Progallinsectes et des Mouches à deux ailes, Imprimerie royale, Paris, 1738, 636 p., 44 pl. ;

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65246505.r=m%C3%A9moires%20pour%20servir%20%C3%A0%20l%27histoire%20des%20insectes?rk=21459;2

https://archive.org/details/mmoirespourser04ra

— Tome VI  : Suite de l'Histoire des Mouches à quatre ailes avec un supplément des Mouches à deux ailes, Imprimerie royale, Paris, 1742, 608 p., 48 pl. ;

https://archive.org/stream/memoirespourserv16ra#page/n707/mode/2up

 

— —SWAMMERDAM, (JAN), 1669, Historia Insectorum Generalis ofte Algemeene Verhandeling van de Bloedeloose Dierkens, 1669

www.dbnl.org/tekst/swam001hist01_01/swam001hist01_01.pdf

http://www.dbnl.org/tekst/swam001hist01_01/swam001hist01_01_0004.php

http://www.dbnl.org/tekst/swam001hist01_01/swam001hist01_01_0007.php?q=libella#hl1

 

SWAMMERDAM, (JAN), 1682, Histoire générale des insectes ou l'on expose clairement la manière lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres , & ou l'on découvre evidemment l'Erreur ou l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur pretendue transformation, par Jean Swammerdam, docteur en médecine, avec des figures A Autrecht, chez Guillaume de Walcheren, Marchant Libraire demeurant en la place de St-Jan 1682 - 215 pages

    https://books.google.fr/books?id=bu5AAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?cote=07478x01&p=91&do=page

    SWAMMERDAM (Jan), 1738, Biblia naturæ : sive, Historia insectorum in classes certas redacta, trad. Hieronimus David Gaubius, préf. Herman Boerhaave,  , apud Isaacum Severinum, 2 tomes.

    Biblia naturae sive historia insectorum t. 1, Leyde, 1737

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/65389/rec/3

    Planche XII :

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/65389/show/65384

    Biblia naturae sive historia insectorum t 2, Leyde 1738.

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/68732/rec/4

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98985f

    SWAMMERDAM (Jan), 1752, Bybel der Natur, Hermann Boerhave, Leipzig 

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/114424/rec/1

    SWAMMERDAM (Jan), 1758, Histoire générale des insectes : tome V de la collection académique de la Faculté de Dijon  traduite du Biblia naturae avec 36 planches et des notes de Savary et de Guénau de Montbeillard.

    https://books.google.fr/books?id=pppr3UErJ6cC&pg=PA51&dq=savary+%22+brest%22+histoire+naturelle&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwivifrYmuHYAhWCYlAKHejsB8k4ChDoAQhCMAU#v=onepage&q=savary%20%22%20brest%22%20histoire%20naturelle&f=false

     

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    Published by jean-yves cordier
    18 janvier 2018 4 18 /01 /janvier /2018 12:09

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    I. L'épidémie de typhus à Brest en 1757 et la nomination de Savary comme second médecin de l'Hôpital Maritime de Brest en 1758 auprès de Chardon de Courcelles.

    Rappels : 

    Étienne Chardon de Courcelles, né à Reims le 9 mars 1705, mort à Brest en 1775, est un médecin exerçant pour la Marine française sous l'Ancien Régime. Il reçut docteur après des études en l'académie de médecine de Reims, le 7 décembre 1735 ; reçu agrégé en l'académie de Paris en 1741. Auteur de plusieurs traités, il est attaché au port de Brest dès 1742, avant de devenir premier médecin du port en 1756. Il participait à la fondation de l'Académie de Marine. J'ai évoqué son rôle dans le développement du Jardin de l'Hôpital de la Marine de Brest, ou la création par ses soins de l'école de chirurgie de Brest et les cours de botanique qu'il y dispensait, ou  son édition du Traité de Matière médicale de Geoffroy, ou son intérêt pour l'alimentation des gens de mer, etc.. 

    — "L'expédition de Louisbourg est une tentative britannique avortée de capturer la forteresse de Louisbourg sur l'Île Royale (actuelle île du Cap-Breton) pendant la guerre de Sept Ans et la guerre de la Conquête5. C’est un succès défensif français car une expédition aussi importante que celle venue d’Angleterre réussit à dissuader la Royal Navy d’attaquer la place en 1757. A la fin de la campagne, une violente tempête disperse l'escadre anglaise et une épidémie de typhus décime l'escadre française.  Dubois de La Motte, estimant à raison que Louisbourg ne risque plus rien, décide de rentrer lui aussi et prend la mer le 30 octobre. Le retour est très difficile. Le soir du départ, une tempête disperse l’escadre qui ne se reforme que le 9 novembre. Le mauvais temps va d’ailleurs accompagner l’escadre pendant tout le voyage. La santé des équipages ne cesse de se dégrader. Plusieurs semaines avant le départ des Anglais, les vivres commençant déjà à être comptés, le scorbut avait fait son apparition. Plus grave, c’est maintenant le typhus qui se manifeste. L’épidémie touche tous les navires et ravage les équipages pendant la traversée. A l’arrivée à Brest, le 23 novembre, trois vaisseaux ont perdu tellement de matelots qu’ils ont toutes les peines du monde à manœuvrer dans la rade et le port. L’épidémie se transforme en désastre sanitaire lorsque les 5 à 6 000 malades débarqués contaminent la ville et ses environs, faisant à peu près 10 000 morts." (Wikipédia)

     

    Cette épidémie causa la mort de deux  médecins de l'hôpital de la Marine à Brest, MM. Mauflâtre et De Préville.   Antoine Poissonnier Desperrières Traité des maladies des gens de mer page 287

    Il fallu les remplacer : 

    Maurice Delpeuch,  « L'escadre de Louisbourg et l'épidémie de Brest en 1757 », dans Bulletin de la Société académique  de Brest, 1903-1904, p. 123-204. 

    https://archive.org/stream/bulletindelasoc22bresgoog#page/n213/mode/2up/search/savary

    Correspondance échangée entre le ministre de la Marine et l'intendant maritime de Brest, Mr Hocquart, et le commandant du port M. le comte du Guay  au sujet de l'épidémie de Brest, in Maurice Delpeuch, L'escadre de Louisbourg et l'épidémie de Brest en 1757, Société académique de Brest - 1904 - ‎page 202

    Le ministre (*) à  M. Hocquart

    (*) il s'agissait encore de François De Moras, ancien contrôleur général des finances,  qualifié "tout bonnement de nullité" par Henri Martin. 

    11 mars 1758.

     

    « J'ai cherché, Monsieur, un bon sujet dont les talents et l'expérience fussent connus, pour remplir la place de second médecin à Brest, vacante par la mort de M. Mauflâtre, et, parmi ceux qui m'ont été présentés, j'ai choisi  le sieur Savary, médecin de la faculté de Paris, qui paroist réunir toutes les qualités nécessaires pour un service aussi essentiel ; mais comme il n'a pu se déterminer à accepter cette place qu'avec quelque augmentation au traitement qui y est affecté, j'ai ajouté, aux 1,8oo livres d'appointements dont il doit jouir, une gratification ordinaire de 600 livres qui sera expédiée par chaque année au moyen de cet arrangement. Le sieur Savary se rendra incessamment à Brest, où j'ai lieu de croire, par tout ce qui m'a été dit en sa faveur, qu'il secondera bien M. de Courcelles ; mais comme ces deux médecins ne peuvent pas suffire pour voir tous les malades de l'hôpital et les officiers, et en outre les malades du bagne et de la ville, il. m'a paru convenable d'établir un troisième médecin, surtout dans les circonstances actuelles où les mouvements de la guerre peuvent toujours fournir un grand nombre de malades, et j'ai nommé à cette place le sieur Maistral, médecin de Quimper, actuellement à Brest, de la capacité duquel on m'a rendu un compte très favorable. J'ai réglé qu'il jouirait de 1,200 livres d'appointements, et je vous enverrai incessamment son brevet ; il pourra être chargé de voir les malades du bagne et de la ville, et je compte qu'il donnera des preuves de son application et de son zèle.

    Dans cette partie, il y a lieu d'espérer qu'avec ces trois médecins, le service des malades sera bien rempli, et qu'on aura en tous tems, à Brest, les secours nécessaires dans les cas imprévus qui peuvent arriver. »

     

     

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    II. Sa traduction de l'Histoire des Insectes de Jan Swammerdam en 1758.

     

    "L'Histoire naturelle des insectes traduites du Biblia naturae de Jean Swammerdam, avec des notes, par MM Savary, médecin du roi, à Brest, Gueneau de Montbeillard, et M. ..." fut publiée en 1758 dans la partie étrangère de la Collection académique, dont elle forme le tome V. Elle est donnée non pas à partir du texte originale en néerlandais, mais à partir de la traduction en latin donnée par   Jérome Gaub, dit Gaubius

     

    Collection académique composée des mémoires, actes, ou journaux des plus célèbres académies & sociétés littéraires étrangères, des extraits des meilleurs ouvrages périodiques, des traités particuliers, & des pièces fugitives les plus rares; concernant l'histoire naturelle et la botanique, la physique expérimentale et la chymie, la médecine et l'anatomie. Traduits en françois, & mis en ordre par une Société de gens de lettres

    A Dijon, chez François Desventes, libraire de S. A. S. Mgr. le prince de Condé, à l'image de la Vierge, ruë de Condé. A Auxerre, chez François Fournier, imprimeur-libraire de la ville. M. DCC. LV. Avec approbation et privilege du Roi. -- ,Dijon

    Format : 13 tomes : diagrs., cartes dont cert. en depl., pl. dont cert. en depl., tableaux en depl. ; In-4

    t.5. Histoire naturelle séparée, t.2, contenant les observations de J. Swammerdam sur les insectes [du Biblia naturae] 1758.

    https://books.google.fr/books?id=J-c_AAAAYAAJ&dq=savary+insectes+collection+acad%C3%A9mique+swammerdam&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    https://books.google.fr/books?id=jgts7hGlwOsC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

    https://books.googleusercontent.com/books/content?req=AKW5QaeKiVduf7NY7uJgxHtenlF-NJeFTA5vSgtvu6vievr0oLpcFiA9PQFKPFx5nw-YeQPInH18vzOIt3hFg93DnVKO-otDBPzNpu5QgYlvzTkwXFmzOIjBwHJGZT9uDGp86mJDGd2WelRx87YiGqzxQvkJebS6yBJy-4qHpulNd3XTsusOIgr6-m4EUHhv2Dz1RMJkVcwiv2JQmgP2R3E0_tMrRB_oa3HIQmJlUVbMRByxURB1heoXPrqZddee3b6EoDpAIZbu6Gki-2Ui-ho0KHvOqswa8g

    L'ouvrage de Swammerdam (1637-1680) a été écrit en néerlandais , puis publié en deux volumes bilingues  par Hermann Boerhaave avec une traduction en latin (Biblia naturae) par I.D. Gaubius en 1737 et 1738, publié en allemand (Bybel der Natur) en 1752, et enfin traduit en français (Histoire des Insectes) en 1758 par Savary :

     "À sa mort, en 1680 à Amsterdam, Swammerdam laisse une masse de notes et de figures soigneusement dessinées à la main. Or, ayant été accueilli et protégé en France par le renommé voyageur Melchisédech Thévenot à Issy, en région parisienne, avec qui il a toujours entretenu de cordiales relations, c’est tout naturellement à celui qui était comme son « incomparable » oracle et son fidèle ami qu’il lègue la totalité de ses manuscrits. Cependant l’érudit français eut beaucoup de difficultés à récupérer les feuillets qui étaient, pour l’heure, entre les mains d’un traducteur. Lorsqu’il les eut regroupés il se proposa de les publier mais il disparut en 1692 avant de mettre son projet à exécution. Cet ensemble devint la propriété du peintre Joubert puis de l’anatomiste Joseph Guichard Duvernay qui le conserva jusqu’à sa mort en 1730. Son collègue hollandais le célèbre médecin Hermann Boerhaave se porta alors acquéreur des précieux textes. Il les remit en forme et, enfin, les publia en deux volumes, en 1737 et 1738, à Leyde. C’est le fameux Bybel der Natur présenté en format in-folio sous forme bilingue, hollandais et latin, avec 53 planches dépliantes finement gravées sur cuivre. Ce monument, de plus de 1 000 pages, fut par la suite traduit en anglais et en allemand. Sous une forme abrégée, il parut en France (1758) dans le tome V de la collection académique de la Faculté de Dijon sous le titre Histoire naturelle des Insectes traduite du Biblia naturae avec 36 planches et des notes de Savary et de Guénau de Montbeillard. C’est ce dernier qui conte, dans l’avertissement, les péripéties du manuscrit." (J. Aguilar)

     

    Note : Cette historia insectorum ne doit pas être confondue avec l'Historia insectorum generalis ofte Algemeene Verhandeling van de Bloedeloose Dierkens, publiée par Swammerdam à Utrecht en 1669. Il y distingue les insectes à métamorphoses complètes et incomplètes et décrit avec soin ces transformations.

    http://www.dbnl.org/tekst/swam001hist01_01/swam001hist01_01.pdf

    L'Historia insectorum generalis a été traduite du néerlandais en latin en 1685 par Heinrich Christian von  Hennin, à Leyde

    https://archive.org/details/CUbiodiversity1125373

    La traduction française avait déjà été publiée, à Utrecht, chez Guillaume de Walcheren, en 1682 et chez J. Ribbius en 1685 :

    http://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?cote=07478x01&do=pages

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1511558w

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    IV. Commentaire.

    Cette traduction en français  d'un ouvrage capital pour l'Entomologie (cf en Liens et Sources les avis de Latreille et de Lacordaire) m'ont incité à s'intéresser à l'auteur, à découvrir son prénom, à suivre sa carrière, et à découvrir qu'il s'agissait du second médecin d'Etienne Chardon de Courcelles, dont le rôle pour l'histoire de la médecine navale à Brest, mais aussi pour le développement des collections du Jardin Botanique et pour l'enseignement de la Botanique médicale (la "Matière médicale") fut considérable. 

    Pour traduire et annoter un tel ouvrage, il faut bien-sûr maîtriser le latin, ce qui va de soi pour un docteur en médecine, mais aussi être fort bien averti de l'Entomologie, et notamment, comme le précise la préface, des travaux de Réaumur, dont les Mémoires pour servir à l'histoire des Insectes est paru de 1734 à 1742.

    Je suis donc amené à m'interroger sur les relations et centres d'intérêt du jeune Jacques Savary pendant ses études de médecine à Paris. A-t-il connu Réaumur, décédé en 1757 ? A-t-il connu Etienne-Louis Geoffroy, qui publiera en 1762 (sept ans après cette traduction) les deux volumes de son Histoire abrégée des Insectes, et dont le père était l'auteur de la Matière médicale publiée par de Courcelles ? 

    Pour tenter de répondre à ces questions, je ne peux que dresser la liste des autres publications de cet auteur. Certaines sont purement médicales, mais deux traitent de l'histoire naturelle : la traduction des Actes de l'Académie de Copenhague, et une description d'un cétacé échoué en rade de Brest.

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    III. Ses autres publications.

    a) Traduction du Traité du scorbut, par Lind (1749).

    b) Thèse sur la voix humaine, rapportée par le Journal des savants de juin 1757

    c) Traduction des Actes de l'Académie  de Copenhague quant à l'Histoire naturelle depuis 1671 jusqu'à 1679. Collection académique de 1757 Partie étrangère, pages 185-376 et Collection académique étrangère tome septième de 1766

    d) Traduction de l'Essai sur l'hydropisie et ses différentes espèces , par Monro , Paris, Ganeau, 1760. Donald Monro (Edimbourg 1727 -Londres 1802), est le fils d'Alexandre Monro, fondateur de l'Ecole de Médecine d'Edimbourg.

    e)  Lettre  sur le grand Vocabulaire français,  insérée dans le Journal des savants de janvier 1768 , in-4.

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    — Publication posthume :

    Description du Diable de mer, un cétacé de douze pieds de long qui a deux mains sous le ventre, composés chacun de cinq doigts articulés  SAVARY, docteur-régent de la faculté de Médecine de Paris, médecin de la marine à Brest.  Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, & c, Volume 1774 Tome XXII page 51

     

    DESCRIPTION DU DIABLE DE MER, Par M. SAVARY, Docteur en medecine de la Faculté de Paris, Et Médecin de la Marine de Brest.  Comme le Journal de médecine embrasse aussi les objets de l'Histoire naturelle, je vous envoie , mon cher Confrere , la description d'un poisson qui ne se montre pas communément sur nos côtes , & qu'on ne connoissoit point ici. Le premier qui ait paru vint échouer sur le sable, dans la rade de Brest, près Saint-Marc , au commencement de Mars   dernier. Les paysans, qui n'avoient jamais rien vu de si monstrueux, efrayés de l'énorme ouverture de fa gueule, ľasommerent, & le couperent par morceaux. On ne put avoir qu'une partie de la tête, & deux especes de nageoires ressemblantes à des mains. Il n'en fallut pas davantage pour faire courir le bruit qu'on avoit trouvé un homme marin. Les connoisseurs, qui ont .[...] vacillantes. On diroit, au premier coup d'œil, qu'il y a deux & même trois rangées de dents à chaque mâchoire; mais en examinant la chose de plus près, on remarque qu'entre les dents les plus longues, rangées sur une même li ne, les espaces intermédiaires sont garnis de dents plus courtes, 8c placées tantôt plus en dedans,- tantôt plus en dehors. La mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure, qui cependant est capable de s’allonger autant, étant formée de deux cartilages paralleles , joints par une membrane, au moyen de laquelle ils peuvent se rapprocher ou s'écarter l'une de l’autre"

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    — Publication avec Chardon de Courcelles le 3 mai 1768 :

    Exposition des effets d'un nouveau remède dénommé Sirop mercuriel 

    Brest le 3 mai 1768 de Courcelles, premier médecin, Savary second médecin, Dupré, Maistral, Voisin, Billard A Brest le 3 Mai 1768. Signés de | Courcelles, premier Médecin ; Savary, second Médecin ; Dupré , Chirurgien Major ; Maistral, Voisin , Aides-Majors, &

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    V. Le décès de Jacques Savary en août 1768 lors d'une épidémie au bagne et d'une quarantaine à l'île de Trébéron, en rade de Brest. 

    Histoire du Service de Santé de la Marine et des Écoles de médecine navale étudiée plus particulièrement au port de Rochefort par M.A. Lefèvre, ancien directeur du Service de Santé au port de Brest, chapitre IX, 1769 à 1779.

    Epidémie à Trébéron parmi les forçats amenés par une chaîne; mort du second médecin Savary chargé de les soigner; propositions faites en faveur de sa veuve.

     

     

    « Indépendamment des causes de maladies que produisait le mauvais régime des bagnes, d'autres se rattachaient au mode adopté pour le transfert des condamnés dans ces établissements. Le système des chaînes était alors en faveur, après avoir séjourné plus où moins longtemps dans les prisons du royaume, les détenus, réunis sur un même point, formaient le noyau d'une chaîne qui se grossissait sur la route qu'elle suivait pour se rendre au bagne. Voyageant à pied, attachés par le cou à une longue chaîne, mal vêtus, mal nourris, les forçats s'arrêtaient pour coucher, chaque nuit, dans de nouvelles prisons, où ils étaient soumis à de nouvelles influences morbifiques. Il arrivait souvent que la fièvre des prisons se développait parmi eux, exerçait ses ravages pendant \e voyage et à l'arrivée dans les ports menaçait de se propager à la population. Au mois de juin 1768, une chaîne de quatre ou cinq cents condamnés arriva à Brest, elle était décimée par une maladie de nature suspecte, aussi fut-elle envoyée immédiatement sur l'île de Trébéron où on organisa un service de quarantaine qui fut confié au second médecin Savary. Après deux mois de séjour dans cette triste résidence, on croyait la maladie éteinte, lorsque ce médecin en fut atteint et succomba rapidement. Sa mort émut la population qui savait quelle était la conséquence d'un dévouement dont Savary avait déjà donné des preuves multipliées. En rendant compte au ministre de cet événement, on lui rappela qu'on avait demandé pour M. Savary une récompense bien justifiée par ses services et que, sa veuve, restant presque sans ressources par suite du désintéressement dont son mari avait toujours été prodigue, il était juste de reporter sur elle la faveur dont ce dernier aurait été l'objet. On insistait sur la nécessité d'encourager de tels actes afin d'exciter l'émulation de ceux qui, dans de pareilles calamités, seraient tentés de les imiter. En sollicitant la bienveillance du duc de Praslin en faveur de la veuve de ce médecin, on ne dissimulait pas la crainte de ne pas réussir, parce que, disait-on, on ne pouvait établir de parallèle entre les veuves d'officiers militaires et celles d'hommes exerçant une profession où l'on n'attendait que des récompenses pécuniaires, triste exemple des préjugés qui régnaient alors  dans l'esprit des hommes qu'animaient cependant les meilleurs sentiments.

    Pendant une tournée d'inspection que Poissonnier exécuta, quelques années plus tard (1771), dans les ports de Brest, de Lorient et de Saint-Malo, ce médecin fit ressortir l'influence fâcheuse que l'arrivée de chaînes trop nombreuses pouvait exercer sur la santé publique. II obtint que les forçats ne fussent dirigés sur les bagnes que par petits détachements.

    Depuis l'application du règlement du 1er mars 1768, le maintien de la paix avait rendu les occasions d'avancement rares dans le service de santé. Cependant, plusieurs concours eurent lieu d'après les formes nouvelles et à la suite les médailles d'or furent décernées aux candidats les plus méritants. A Brest, l'école était alors dans un état remarquable de prospérité, que M. Poissonnier se plut à signaler, il s'assura de l'instruction des seconds chirurgiens et des élèves. Plusieurs possédaient des connaissances étendues en médecine et en chirurgie. Pendant son séjour, il répartit les cours de la manière suivante:

    M. de Courcelles fût chargé de l'enseignement de la matière médicale et des connaissances pratiques sur l'action des médicaments et sur les doses auxquelles on les administrait. Il devait en outre faire un cours de botanique pendant la saison favorable.

    Le second médecin, Mattel de la Brossière, qui avait remplacé Savary, devait professer la physiologie ou anatomie raisonnée.

    Le troisième médecin, Fournier, la pathologie interne ou l'histoire des maladies.

    Le sieur Vigier fut chargé d'un cours de chimie et de pharmacie, il devait initier les élèves à la pratique des manipulations médicamenteuses.

    Le chirurgien-major Dupré resta chargé du cours d'opération de chirurgie et de la démonstration des bandages et appareils.

    Le démonstrateur Herlin exerçait les élèves à la pratique des dissections et à l'étude de l'anatomie."

     

    ...

    A propos de Maistral :

    "MM. de Courcelles et Savary qui, l'un et l'autre, ont laissé dans les' hôpitaux du port de Brest une mémoire justement honorée, s'adjoignirent une foule de médecins dont nous regrettons de n'avoir pu recueillir les noms. Parmi eux était M. Maistral, de Quimper. Echappé miraculeusement, sur l'île.de Trébéron, où un hôpital avait été organisé par ses soins, à la funeste influence de l'épidémie qui moissonna 300 de ses collègues, il fut recommandé par M. de Courcelles à l'attention du gouvernement qui, quelques années plus tard, l'appela à Brest, et l'admit dans la marine , où il devint premier médecin, et où il s'est fait connaître par un Abrégé de matière médicale. Brest, R. Malassis , 1770, 2vol. in-12.

    Ses deux fils, auxquels la notice suivante est consacrée, surent, dans une carrière où le courage a aussi de fréquentes occasions de se produire, mettre en pratique les leçons de leur père et continuer les honorables traditions qu'il leur avait léguées".

    .

     .

    CONCLUSION.

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    Ce médecin de Marine, brestois durant 10 ans, est méconnu, tant pour sa traduction dont le rôle dans la diffusion des travaux de Swammerdam fut capital que pour sa place, au coté de Chardon de Courcelles, dans la lutte contre les épidémies amenées par les flottes royales dans le port de Brest, et pour son destin tragique. 

    La ville a donné à son patron le nom d'une petite rue Chardon de Courcelles du quartier Saint-Pierre, au dessus de Recouvrance, mais le médecin Jacques Savary (?-1768) est resté dans l'oubli. 

    Quand à l'Histoire de l'Entomologie (ou plus largement des Naturalistes) en Bretagne, elle n'est pas si fournie au XVIIIe siècle et se résume presque aux collections du Président   Christophe-Paul De Robien (1698-1756) à Rennes. 

     (Mael Garrin 2012)

     

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    —SWAMMERDAM, (JAN), 1682, Histoire générale des insectes ou l'on expose clairement la manière lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres , & ou l'on découvre evidemment l'Erreur ou l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur pretendue transformation, par Jean Swammerdam, docteur en médecine, avec des figures A Autrecht, chez Guillaume de Walcheren, Marchant Libraire demeurant en la place de St-Jan 1682 - 215 pages

    https://books.google.fr/books?id=bu5AAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    — SWAMMERDAM (Jan), 1738Biblia naturæ : sive, Historia insectorum in classes certas redacta, trad. Hieronimus David Gaubius, préf. Herman Boerhaave,  , apud Isaacum Severinum, 2 tomes.

    Biblia naturae sive historia insectorum t. 1, Leyde, 1737

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/65389/rec/3

    Biblia naturae sive historia insectorum t 2, Leyde 1738.

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/68732/rec/4

    — SWAMMERDAM (Jan), 1752, Bybel der Natur, Hermann Boerhave, Leipzig 

    http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/114424/rec/1

    — SWAMMERDAM (Jan), 1758, Histoire générale des insectes

    Swammerdam, v. 1669, Histoire naturelle des Insectes : tome V de la collection académique de la Faculté de Dijon  traduite du Biblia naturae avec 36 planches et des notes de Savary et de Guénau de Montbeillard.

    https://books.google.fr/books?id=pppr3UErJ6cC&pg=PA51&dq=savary+%22+brest%22+histoire+naturelle&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwivifrYmuHYAhWCYlAKHejsB8k4ChDoAQhCMAU#v=onepage&q=savary%20%22%20brest%22%20histoire%20naturelle&f=false

     

    — AGUILAR (Jacques), Jan Swammerdam ou le génie envoûté 

    https://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i151-aguilar.pdf

    — LACORDAIRE (1838) Introduction à l'Entomologie (2) page 632

    https://books.google.fr/books?id=wLzyMohfuNgC&dq=entomologie+swammerdam&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    Ces découvertes, malgré leur importance, ne peuvent être comparées aux travaux de Swammerdam, qui doit passer pour le véritable créateur de l'anatomie entomologique. Né en 1637, à Amsterdam, où il mourut en 1680, une passion, pour ainsi dire invincible, le porta de bonne heure à étudier l'organisation interne des Insectes, leurs métamorphoses et leurs mœurs. Il s'y abondonna avec un zèle qui lui fit négliger les soins de sa fortune et abrégea même sa vie. Il ne parut néanmoins de son vivant que la plus minime partie de ses travaux (2); à sa mort, ses manuscrits, qu'il avait légués au célèbre Thévenot, passèrent en France, et, au décès de ce dernier, dans les mains de Duverney, de qui l'illustre Boerhave les racheta en 1729. Après les avoir mis en ordre, il les publia en 1737 et 1738, sous le titre de Biblia naturae, avec une traduction latine en regard du texte hollandais, faite par Gaubius, professeur à Leyde. Cet ouvrage admirable est encore indispensable aujourd'hui à quiconque veut connaître l'anatomie des Insectes. Un des principaux mérites de Swammerdam est d'avoir introduit la considération des métamorphoses dans la classification. Combinée avec les caractères tirés de l'Insecte parfait, elle seule peut conduire à un arrangement naturel de la classe, et on y revient aujourd'hui après l'avoir négligée pendant longtemps. La classification de Swammerdam peut être exposée en peu de mots de la manière suivante :

    I. Point de métamorphoses. L'animal change de peau, mais garde sa première forme. Araignées , Poux , Myriapodes.

    II. Des métamorphoses.

    a. Incomplètes, L'animal est agile pendant toute sa vie : d'abord il est sans ailes; il en acquiert des rudimens pendant l'état de nymphe, et d'entières sous sa dernière forme. Névroptères, Orthoptères et Hémiptères.

    b. Complètes. L'animal est immobile pendant l'état de nymphe, mais il a des membres. Hyménoptères, Coléoptères, Lépidoptères.

    c. Resserrée. L'animal à l'état de nymphe n'a ni mouvement ni membres distincts. Diptères."

    — LATREILLE (Pierre André), 1822,   De l'origine et des progrès de l'Entomologie
    1822 https://fr.wikisource.org/wiki/De_l%E2%80%99origine_et_des_progr%C3%A8s_de_l%E2%80%99Entomologie

    "Mais si nous remontons un peu plus haut, vers 1660, commencement de notre quatrième période, l’entomologie s’épure et s’asseoit sur une base nouvelle et stable. Rédi et Swammerdam ramènent, par des observations et des expériences positives, la génération de tous les insectes à une loi commune, celle d’une génération ovipare précédée, pour la fécondation des germes, de l’union des deux sexes. Le second et Malpighi, commencent à nous dévoiler leur organisation intérieure, et souvent sommes-nous forcés de consulter encore aujourd’hui l’ouvrage, vraiment admirable pour le temps, le Biblia naturæ du naturaliste hollandais. C’est aussi à lui que nous devons des connoissances précises sur les diverses sortes de changement ou de métamorphoses qu’éprouvent ces animaux et l’idée de les faire servir à leur classification naturelle, ainsi qu’à celle d’un ordre de reptiles, les batraciens. La méthode fondée sur des caractères extérieurs prend encore une nouvelle forme. Elle est simplifiée et réduite en tableaux analytiques. "

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    Published by jean-yves cordier
    17 janvier 2018 3 17 /01 /janvier /2018 23:57

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    La visite des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon a été l'occasion de découvrir la remarquable thèse de Florence Piat sur l'ensemble des stalles de l'ancien duché de Bretagne, soutenue en 2012. Comme elle a eu la générosité de la partager en ligne, cela me permet d'en faire mon miel dans l'examen des miséricordes et des appuie-mains des 66 stalles. Mais comme c'est un menu très copieux, je consacre cet article aux seules stalles hautes du coté nord, soit 17 miséricordes (ces consoles  fixées à la partie inférieure du plateau rabattable pour autoriser une posture assis-debout), et 16 appui-mains (les accoudoirs des parcloses) qui réservent autant de surprises jubilatoires et révèlent les talents des hûchiers qui ont sculpté le chêne.

    Et puis, après avoir achevé cet article, j'ai découvert que les photographies sous plusieurs incidences des stalles, leurs mesures, et la description des miséricordes par F. Piat, étaient disponibles en ligne sur le site patrimoine.region-bretagne.fr, avec une qualité de documentation exceptionnelle. J'ai donc placé les liens vers l'étude de chaque stalle de ce site, et j'ai procédé à quelques copier-coller ... J'ai décidé de publier néanmoins mon article, car en définitive  les photos des appui-mains, et de certaines stalles, ne sont pas disponibles sur le site en question.

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    Vue générale des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Vue générale des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Plan et numérotation des stalles par F. Piat, orienté d'ouest (en bas) vers l'est, c'est à dire de la nef vers l'ancien autel et son ciborium.

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    Numérotation des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon par Florence Piat. J'ai encadré de rouge les stalles hautes nord, n° 34 à 50.

    Numérotation des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon par Florence Piat. J'ai encadré de rouge les stalles hautes nord, n° 34 à 50.

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    Vue partielle des stalles du coté nord.

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    Stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La Première stalle depuis le transept : Stalle n° 34.

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    Première stalle haute nord, en venant de la nef. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Première stalle haute nord, en venant de la nef. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Les statues du haut-dossier.

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    Statue au dessus de la première stalle haute nord. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Statue au dessus de la première stalle haute nord. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Statue au dessus de la première stalle haute nord. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Statue au dessus de la première stalle haute nord. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n° 34 : un ours, attaché par sa muselière à une branche, lève la patte postérieure droite et porte à sa gueule la patte antérieure gauche.

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    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-34/26b383c4-bc57-409a-8ccc-f82dbf334b05

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    "Le côté moralisateur et didactique des figures animales constitue un aspect important de ces images, même si celui-ci est parfois teinté d’un certain humour.

    L’ours sculpté sur la miséricorde n°34 des stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon est le seul représentant plantigrade sur les stalles bretonnes, alors que le motif est fréquent dans d’autres régions. Il est représenté debout, tourné vers la droite de la miséricorde, grimpant dans un petit arbre sans feuilles La gueule entravée par une muselière, une laisse le retient attaché à une branche. Il lève sa patte arrière droite comme s’il voulait grimper sur cet arbre ou se défaire de son entrave. Posant la patte avant gauche sur une autre branche, il porte sa patte droite à la gueule, léchant quelque chose qu’il y tiendrait. L’histoire et la symbolique de cet animal sont extrêmement complexes . Les encyclopédistes médiévaux insistent sur la force de l’ours, qui se situe non pas dans sa tête, mais dans ses bras, ses reins et ses jambes. Sa bipédie et sa sexualité more hominum en font une sorte de cousin de l’homme, un double négatif, symbole des pulsions et tentations non maîtrisées. En s’inspirant de saint Augustin, les auteurs des sermons médiévaux reprirent largement cette assertion que l’ours, c’est le Diable, «ursus est diabolus ».

     Le fauve apparaît ainsi comme un animal mauvais dans la pensée médiévale, et à ce titre, représentatif de nombreux péchés tels que la luxure, la gloutonnerie, la colère et l’envie. Cependant, sa force est encore objet d’admiration, et de l’union d’un ours et d’une jeune femme, qu’il aurait enlevée pour assouvir sa lubricité, naissent des êtres hors du commun et quasiment imbattables, les Hommes sauvages que nous avons évoqués précédemment. Malgré tout, l’ours apparaît à la fin de la période médiévale comme une « assez commune beste » ainsi que le dit Gaston Phébus, habitant de la forêt et également coutumier des foires et autres fêtes lors desquelles il effectue des tours sous la houlette de montreurs d’ours. Déjà, le psautier d’Utrecht et les bordures de la tapisserie de Bayeux, montraient, plusieurs siècles avant les stalles bretonnes, un ours muselé, exécutant un tour.

    L’ours se trouvant sur la miséricorde de Saint-Pol-de-Léon est d’ailleurs lui-même muselé en plus d’être attaché à l’arbre. À Saint-Pierre de Genève, une autre miséricorde représente un ours dont l’attitude est très proche de celui de Saint-Pol.  Vu de profil et tourné vers la gauche, il porte lui aussi sa patte avant gauche à la gueule comme s’il léchait quelque chose. La similitude ne s’arrête pas là puisque le cou de l’animal est ceint d’un large collier clouté. Le geste qu’effectuent les deux ours pourrait renvoyer à une des natures de l’animal décrite dans plusieurs encyclopédies et bestiaires médiévaux : lorsqu’il entame sa période d’hibernation, l’ours prend soin de tremper une de ses pattes dans du miel de sorte que, plongé dans son long sommeil, il puisse se lécher la patte et ainsi se nourrir un peu pendant ce jeûne hivernal. Néanmoins, ce geste peut aussi être interprété différemment, dans une approche plus moralisatrice. En effet, de tous les péchés auxquels la figure de l’ursidé peut être rattaché, la Colère paraît une piste envisageable pour cette miséricorde. Dans ce cas, l’ours ne serait pas en train de se lécher la patte mais bien de ronger son poing fermé, signe de colère autant que d’impuissance. La présence du collier ou, dans le cas saint-politain, de la muselière indiquerait alors la nécessité de contrôler, de maîtriser cette colère." (F. PIAT, 2012)

     

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    NB; Les enluminures d'ours attachés par une muselière et une laisse à un tronc d'arbre sont fréquentes, comme dans les Heures à l'usage d'Amiens BM Abbeville Ms 0016 (15e siècle) :

    http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=OURS

     

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    Miséricorde n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 34  : dragon avalant un homme jusqu'à mi-taille.

    Note : la numérotation des appui-mains est différente de celle de F. Piat, qui désigne cet appui-main sous le numéro 31. J'attribue à l'appui-main le numéro de la stalle placée à sa droite.

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    Le dragon, non ailé,  s'identifie par sa gueule, mais surtout par sa queue de serpent. Le dragon est très fréquent dans le décor sculpté des églises et chapelles du Finistère, notamment sur les crossettes, mais il est particulièrement représenté à Saint-Pol-de-Léon dont le saint patron, saint Pol-Aurélien, est célèbre pour avoir débarrassé l'île de Batz du monstre féroce qui la désolait. Cette scène est représentée sur la jouée nord-est des stalles, tandis que la jouée sud-est montre sainte Marguerite sortant du dragon à l'aide de son crucifix. 

    Le fait que l'homme (ou la femme) qui est engagé(e) ici dans une mauvaise passe soit nu(e) peut évoquer la dévoration des damnés par le Léviathan, mais  la posture de l'individu à cheval sur la moulure de l'accotoir, et celle de la Bête accroupie sur la même moulure contribuent à donner à l'appui-main un troublant pouvoir d'évocation érotique ou anal.

    L'un des aspects, qui va nous intéresser tout du long, est le rapprochement de la gueule de l'animal avec les fesses de l'humain, dans une confusion des polarités tête/queue. On connaît le thème du serpent qui mange (ou mord) sa queue : l'Ourobouros, symbole très ancien des cycles naissance-renaissance ou l'éternel retour. Les dragons tenant leur queue dans la gueule sont légions sur les crossettes du Finistère. Mais ici, c'est sans-doute davantage le renversement ou la confusion des valeurs, la dénaturation et le désordre des relations contre-nature qui sont illustrés, tout comme la dissolution des frontières entre Humanité et Animalité.

    Comparer avec l'appui-main n°38, où la scène est inversée.

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    Appui-main n°34,  stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°34, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 35. 

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-35/e72a16c4-65e7-4a0a-96a1-40aae893872d

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    La miséricorde n° 35 : un sarment de vigne.

    En haut, trois feuilles de vigne (fortement nervurées, à cinq lobes aux découpes arrondies) servent d'auvent à un sarment ligneux et forme ainsi la pyramide de soutien de la tablette. 

     

     

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    Miséricorde n°35, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°35, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 35 : une feuille. (pas de photo)

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    Stalle n° 36.

    Miséricorde n° 36 : tête de  femme aux cheveux mordus par  deux dragons serpentiformes et aptères.

     

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-36/d4215012-2250-4cce-b8b5-24d18066d367

    "Sur la miséricorde : tête de femme représentée de face, autour de laquelle figurent deux serpents entrelacés qui viennent lui dévorer les cheveux. Elle ne sourit pas mais ne donne pas pour autant l'impression d'être effrayée. Les serpents forment comme une sorte de collier autour d'elle. Leurs dos sont hérissés d'une crête et ils ont de petites oreilles pointues." (F. PIAT)

    C'est la belle indifférence de celle qui "n'a pas l'air de croire à son malheur"...

    Son malheur ? Porter les cheveux longs et défaits, comme une pécheresse. La voilà déjà emportée vers les séjours infernaux.

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    Miséricorde n°36, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°36, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 36 : Moine au chapelet.

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    Ce moine, assis, tourné vers sa gauche, porte la main droite au menton (à moins qu'il ne lisse sa barbe). Il porte la robe et l'aumusse qui pourrait en faire un chanoine, si la longueur de sa barbe ne plaidait plutôt pour un ermite, plutôt que pour un gras chanoine issu de la noblesse. Et d'ailleurs, il ne s'agit pas de la douillette aumusse, mais d'un chaperon dont la capuche recouvre la tête chenue. Un indice important est fourni par le chapelet à gros grains. Je suggère d'y voir saint Augustin. Certes, pas de canne en T ni de signe Tau, mais le cochon avec sa clochette se trouve sur la miséricorde n°6, dans les stalles hautes sud. Presque en face.

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    Appui-main n°36, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°36, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 37.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-37/1cc66e92-dd72-4f06-b96a-2159f530ff29

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    Miséricorde n° 37 : Ange montrant du doigt un phylactère.

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    Les cheveux méchés et l'amict relevé rappellent les anges sculptés par l'Atelier de sculpture sur pierre du Folgoët (1423-1509), auteur du porche sud du Kreisker de Saint-Pol-de-Léon, entre 1436 et 1472. La chevelure est retenue par un bandeau à décor géométrique (pierreries ?). Comme son collègue n° 32, c'est un ange aptère et non nimbé, mais les frou-frou de son aube et sa représentation en raccourci donnent à penser qu'il termine un vol plané quasi horizontal, comme ses compagnons peints par Giotto pour l'Arena de Padoue, et que goûtait tant Marcel Proust lorsqu'il traduisait Ruskin.

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    "L’analyse stylistique des stalles saint-politaines révèle une différence importante entre les rangs sud et les rangs nord, que ce soit sur les miséricordes ou les appuie-main. Plusieurs miséricordes sont caractérisées par le soin apporté à la réalisation des détails. Les personnages ont alors les yeux cernés et très expressifs, les sillons bien marqués et la bouche toujours ouverte et grimaçante. Cette facture ne se retrouve pas sur d’autres miséricordes où les visages des personnages mis en scène sont plus lisses,moins expressifs. La différence est particulièrement évidente entre deux anges tenant chacun un rouleau dans leurs mains et sculptés respectivement sur une miséricorde des stalles basses sud et une autre située sur les stalles hautes nord. L’ange de la stalle n°37 occupe tout l’espace de la miséricorde contrairement à celui de la stalle 32. Le visage est presque inexpressif, le front large et bombé, le nez épaté, les lèvres marquées. Les cheveux sont travaillés en mèches épaisses ramenées vers l’arrière et les plis de son vêtement sont lourds et ondulants. L’ange se trouvant sur la miséricorde 32 semble ramassé sur lui-même, mais il faut y voir un effet de perspective voulu par le sculpteur. Contrairement à l’autre ange qui est vu à partir de la taille, celui-ci est représenté agenouillé, tenant de ses deux mains le phylactère ouvert. Les détails de la chevelure, des vêtements sont plus fouillés que sur l’ange de la stalle 37, donnant une impression de mouvement à l’ensemble. L’analyse stylistique de cet ensemble a révélé qu’au moins trois artisans avaient œuvré à cet ensemble, l’un d’entre eux ayant essentiellement travaillé sur les rangs sud. De cette observation, nous pouvons émettre l’hypothèse que les quatre rangées de stalles n’ont pas été réalisés à la même époque, le côté sud étant plus ancien que le côté nord, probablement issus des anciennes stalles qui garnissaient le chœur des chanoines. Encore reste-t-il à déterminer l’époque de réalisation de l’ancien groupe en l’absence de blason ou de document. ." (F. PIAT, 2012)

     

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    Miséricorde n°37, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°37, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°37 : chimère Animal / homme tenant un court  bâton.

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    Ce motif débute toute une série de chimères, monstres constitués de parties d'animaux ou d'êtres différents, et qui nous confrontent à leur muette énigme. 

    De face, elle se présente comme un homme, aux bonnes joues,  assez avantageux de sa personne malgré le coup de masse qui a frappé son nez. Il est nu comme un ver, mais est coiffé d'un bonnet ou d'un turban dont nous ne voyons qu'un épais bourrelet. Ses yeux aux contours ourlés nous fixent comme s'il nous posait une devinette : "quelle est la marque de cette sucette ?". Répondez qu'il s'agit, non pas d'une cuillère en bois, mais du sceptre qui témoigne de ses fonctions royales, et il sera satisfait. 

    Mais de profil, nous découvrons ses allures de Sphinx, ou Sphinge, avec ses deux pattes velues emmanchées sur un corps de taureau, agrémentées d'ailes d'aigles, tandis que sa queue de serpent se tortille et se dresse à l'assaut d'un montant du dossier. Quant à son bonnet, il révèle sa vraie nature de bigorneau. Et chacun sait  (Marie Jacob p. 112, D. Sansy 1993, F. Caroff 2002, etc.) que le bonnet conique sert moins à désigner un Juif ou un Musulman qu'à indiquer l'altérité, la différenciation ou l'étrangeté. Ce Sphinge est "oriental", il vient d'ailleurs, il n'est pas des nôtres, ce qui accroît notre égarement .

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    Appui-main n°37, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°37, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°37, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°37, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Vue générale des sièges n° 37, 38 et 39.

     

    Vue générale des sièges n° 37, 38 et 39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Vue générale des sièges n° 37, 38 et 39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 38.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-38/2f14da4f-f0e9-42c5-b136-38e8a60de089.

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    Miséricorde n°38 : Un paysan avec son outil.

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    "Sur la miséricorde : un homme, vu de trois-quarts et penché vers la gauche de la miséricorde, tient un bâton écoté entre ses mains. L'extrémité inférieure du bâton ainsi qu'une partie de la main gauche du personnage ont disparu. Il porte une tunique ceinturée lui arrivant aux genoux, ainsi que des chausses. Il porte également une sorte de bonnet haut, dont la forme n'est pas sans rappeler une tiare. Son visage n'exprime aucune expression en particulier." (F. PIAT)

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    Je ne suis pas convaincu du caractère écoté du bâton (pour moi, un outil ou une arme) et pas d'avantage de la ressemblance du bonnet avec une tiare. Ce bonnet, effilé, possède un rebord taillé en pointe vers l'avant. Dans l'imaginaire médiéval, tout ce qui est pointu a une connotation négative et révèle une perversion un peu diabolique, c'est même la raison pour laquelle les chaussures nommées "poulaines " étaient dénoncées par les moralistes. Or, précisément, notre homme en porte, des poulaines. Méfions-nous en : il prépare un mauvais coup.

    Dans sa thèse, F. Piat donne un éclairage complémentaire, en voyant ici un joueur [de soule ?]:

    "Les fêtes sont évoquées d’une autre manière sur les stalles de Saint-Pol-de-Léon, en particulier sur les miséricordes n°38 et 39. Sur la première, un homme, vêtu d’une tunique courte et penché en avant, tient entre ses mains un bâton, à l’extrémité brisée, qu’il brandit comme s’il s’apprêtait à frapper un objet qu’on lui lançait.  Les jeux incluant des bâtons étaient nombreux à la fin du Moyen Âge, dont le plus connu, représenté à plusieurs reprises dans l’iconographie bretonne, était celui de la pannoy, qui consistait en un jeu de force opposant deux adversaires assis pied contre pied et se disputant un bâton, placé entre eux deux, en tirant dessus. D’autres jeux nécessitant l’utilisation de bâtons ou crosses étaient par ailleurs pratiqués comme en témoignent plusieurs illustrations tirées d’un Livre d’heures flamand du tout début du XVIe siècle."

     

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    Miséricorde n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 38 : chimère dragon / Femme au hennin.

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    Deuxième chimère, en forme de ruban de Moebius. Là encore, de face, cette sainte-nitoûche les mains croisées sur la poitrine et la tête chastement couverte recevrait le Bon-Dieu sans confession, si elle n'était pas aussi nue. Le bas de son corps, arrondi et plein comme celui d'une sirène, la trahit. Une Vouivre ? Une cousine de la Mélusine ? 

    De profil, tout est clair, ou presque : des pattes griffues, des ailes de chauve-souris, et une queue de serpent : c'en est une !

    Mais cette queue se métamorphose en cou de dragon qui, la gueule dentue largement ouverte, croque d'une seule bouchée le hennin de la brave paroissienne.

    Ce n'est pas le chien qui se mord la queue, c'est la queue qui se mord le chapeau.

    On peut bien y voir la condamnation morale de cet accessoire de mode. Je lis sur Wikipédia :

    "Le hennin ne tarda pas à atteindre des proportions tellement extravagantes qu'il devint l'objet d'ordonnances restrictives spéciales de la part de l'Église. Mais c'est seulement au début du XVIe siècle que cette mode disparut." Or, ces stalles datent de 1504. 

    Finalement, nous tenons peut-être là un fil rouge de la thématique iconographique dans la dénonciation de la nature diabolique du conique et du pointu. L'assimilation du dragon et du Malin est censée être acquise depuis le premier cours (Les Jouées nord-est et sud-est de ces stalles), mais il s'agit maintenant de voir sous quels aspects il se déguise, et quels indices peuvent nous aider. Michel Pastoureau nous a appris à le reconnaître derrière la couleur jaune et les rayures, mais l'absence de peinture nous prive de ces précieux signes. 

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    Mais quel est le commentaire de F. Piat ?

     

    "Hybridation et déformation"

    "Le bestiaire sculpté sur les stalles bretonnes ne se limite pas aux seuls animaux mentionnés dans les ouvrages médiévaux de référence et nombre de sculptures présentent des créatures monstrueuses issues de la combinaison improbable de différents éléments : pattes griffues, corps de chien ou de lion, présence d’ailes membraneuses ou non, fourrure, plumes, écailles, sabots fendus ou pieds fourchus constituent un fonds iconographique dans lequel les menuisiers puisent afin de composer de nouvelles créatures dont la variété semble infinie. Qu’elles aient des éléments humains, généralement des visages, ou uniquement animaliers, ces êtres fantastiques sont une référence aux grylles antiques si largement décrits et commentés par J. Baltrušaitis (Le Moyen Âge fantastique. Antiquités et exotisme dans l’art gothique, Paris, Flammarion, 1981 (rééd. augm. de 1955), 284 p.) Notant que ce type de monstres trouve ses sources iconographiques dans la glyptique gréco-romaine, il observe que le motif connaît un essor formidable à l’époque gothique, principalement à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle, bien qu’il ait déjà été employé dans l’architecture romane. À la fin du Moyen Âge, il constate que le thème du grylle tend à « une dislocation, une vie impétueuse encore plus intense », caractérisé notamment par les oeuvres de Jérôme Bosch où les figures monstrueuses, et souvent grotesques, abondent. Pour saint Augustin, tous ces êtres monstrueux, prodigieux ou merveilleux sont les témoins d’un Dieu créateur, à la fois artiste et artisan, qui oeuvre à surprendre et justement émerveiller l’homme. De nombreux auteurs du Moyen Âge se sont d’ailleurs intéressés à ces mirabillia, depuis Isidore de Séville jusqu’à Hildegarde de Bingen, pointant la multiplicité et l’utilité de toutes ces créatures. Si les voyages de Marco Polo et l’ouvrage de Mandeville ont popularisé les images de populations et créatures exotiques durant la période bas-médiévale, les monstres animaux, qu’ils soient à tête animale ou humaine, restent suspects et empreints d’une forte connotation négative voire démoniaque. Ainsi, pour Dante, le monstre à tête humaine est le symbole même du mal et de l’incarnation de Satan, « enseigne de fraude » et donc image mensongère de la vraie nature de la bête. Sur les stalles bretonnes, ils sont ainsi nombreux à présenter le visage aimable d’un jeune homme ou d’une jeune femme, les épaules généralement couvertes d’un capuchon, alors que leur corps est celui d’un chien (Kerjean, Boquého) ou d’un monstre serpentiforme (Saint-Pol-de-Léon, Dol-de-Bretagne, Tréguier).

    Parfois, la créature hybride semble souffrir de son état comme sur l’appui-main n°35 des stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Femme jusqu’à la taille, le reste de son corps est celui d’un monstre bipède, serpentiforme et ailé se terminant par une longue queue. À l’extrémité de cette queue se trouve une tête de dragon qui, la gueule grande ouverte, est en train de dévorer la coiffe ou plutôt le hennin de la femme. Celle-ci, les bras croisés sur la poitrine, offre un visage suppliant que l’on observe mieux sur les clichés réalisés à la fin du XIXe siècle par Félix Martin-Sabon [fig. n°123]. Son attitude n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de la jeune femme se confessant et située sur le même ensemble, que nous avons abordée auparavant.

    Cette image est ambivalente dans le sens où elle offre une double lecture : s’agit-il d’une pécheresse apeurée mais résolue à subir son châtiment ou bien est-ce une femme qui, sous des airs contrits, se révèle en fait rongée, au propre comme au figuré, par le mal ?

    D’autres appuie-main (n°34, 37, 40, 59) [ici, n° 37, 40, 43 et 53] du même groupe de stalles présentent également des grylles à visages humains. Hommes, femmes, jeunes ou plus âgés, arborent tous une expression agréable ou innocente, nous orientant plutôt vers la seconde interprétation.

    La femme est, bien entendu, suspecte aux yeux de l’Église, en particulier dans le contexte de la chasse aux sorcières que l’édition du Malleus Maleficarum en 1487 vient légitimer, entérinant un peu plus l’idée que la femme est impure par nature :

    « Tu ne sais pas que la femme est une chimère, mais tu dois le savoir. Ce monstre prend une triple forme : il se pare de la noble face d’un lion rayonnant ; il se souille d’un ventre de chèvre ; il est armé à la queue venimeuse du scorpion. Ce qui veut dire : son aspect est beau ; son contact est fétide ; sa compagnie mortelle […]. Menteuse par nature, elle l’est de son langage ; elle pique tout en charmant. D’où la voix des femmes est comparée au chant des sirènes, qui par leur douce mélodie attirent ceux qui passent et les tuent. » H. Kramer, J. Sprenger , Malleus Maleficarum : Le Marteau des Sorcières, (trad. A. Danet), Paris, Plon, 1973, p. 207. 

    (F. PIAT, 2012)

     

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    Appui-main n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°38, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 39.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-39/ee5c7633-19d2-420f-81fd-24f1a1f5a248

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    Miséricorde n° 39: deux hommes dansants.

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    " Deux hommes, dos-à-dos et penchés en avant, se tiennent par une main et lèvent leur main libre. Ils sont tous deux vêtus d'une tunique courte, ceinturée à la taille et coiffé d'un bonnet. Ils sont pieds nus. Le personnage de gauche plie la jambe droite, tout comme le personnage de droite plie la jambe gauche. Le talon du pied gauche de l'homme de gauche touche le talon du pied droit de l'homme de droite. Ils semblent effectuer un pas de danse." (F. PIAT)

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    Ces deux hommes sont coiffés d'une calotte, comme s'ils étaient tonsurés ou tondus au bol. D'autre part, ils tiennent une boule (une pierre, une balle ?) dans la main. Cet objet est peut-être un instrument de musique. 

    Plusieurs thèmes s'entremêlent : celui de la gémellité ou du désordre introduit par la duplicité et la spécularité. Celui de l'homosexualité. Celui de la danse, et de la perversion dont l'Église la suspecte. Celui de la torsion (des pieds) et de la flexion (des genoux), s'opposant à la rectitude posturale et donc morale. 

    Après les têtes à queue des chimères, voici donc un pied de nez aux valeurs, qui se retrouvent renversées . Florence Piat écrit dans sa thèse dans un paragraphe titré "Caractères du monde médiéval : Monde à l’envers, fêtes et carnaval." :

    " Les références à une certaine culture carnavalesque sont certainement l’une des caractéristiques les plus fréquentes des stalles médiévales européennes. Jongleurs, danseurs, acrobates et autres fous plus ou moins ensauvagés constituent un vivier d’images dans lequel les menuisiers des stalles de choeur piochent allègrement. Tout comme les images du corps grotesques que nous avons évoquées auparavant et auxquelles elles sont liées, les représentations de carnavals, charivari et autres festivités appartiennent pleinement au répertoire du Gothique international et connaissent un véritable succès dans toutes les cours européennes." (F. PIAT 2012)

    La référence aux travaux de Mikhaïl Bakhtine  est implicite mais évidente. Je poursuis ma lecture aux pages 304 et 305 :

    La miséricorde située juste à côté [du paysan au bâton de la stalle n° 38] représente, quant à elle, deux hommes dos à dos mais se tenant par la main et effectuant un pas de danse, l’une de leur jambe levée comme s’ils tournaient, levant chacun leur bras libre et accentuant ainsi l’idée de mouvement Vêtus de tuniques courtes et ceinturées, comme l’homme de la miséricorde 38, ils portent également une sorte de calot sur la tête. Trouver ce genre de représentations dans les stalles de choeur n’est pas rare mais la scène prend, à Saint-Pol-de-Léon, un accent tout particulier. La cathédrale était en effet le théâtre, une fois par an, d’une partie des célébrations accompagnant la fête des fous qui se tenait juste après la Noël.

    À l’issue d’un simulacre d’élection épiscopale à laquelle participaient les sous-diacres, un évêque était désigné pour le temps que duraient ces festivités. Il était alors intronisé avec tout le cérémoniel requis par les autres participants et terminait son circuit, tel un véritable représentant de l’évêché, dans la cathédrale. Les stalles accueillaient alors ce cortège grotesque et voyaient le déroulement de cette parodie de rite, au demeurant tolérée par les autorités ecclésiastiques :

    « Quelques clercs, sous-diacres et prêtres créaient un évêque ou pape, qu’ils appelaient le pape des Fous ; puis ils le conduisaient à l’église où ils entraient en dansant, masqués, avec des habits de bouffons et de femmes, et chantant des chansons dissolues. Pendant que le pape des Fous parodiait le saint-sacrifice, ils mangeaient des viandes sur le coin de l’autel, y jouaient aux dés, faisaient fumer de vieilles semelles dans l’encensoir en guise d’encens et commettaient mille autres désordres. Cette fête des Fous avait sa liturgie qui nous a été conservée ; à la fin de la messe, le célébrant, tourné vers le peuple, remplaçait les paroles : Ite, missa est, par trois braiements (ter inhannabit), auxquels le peuple répondait sur le même ton (populus verò vice : Deo gratias, ter respondebit : Hinhan, hinhan, hinhan). » (A. Guillotin de Corson, P. Potier de Courcy, G. de Mottay (et al.), La Bretagne contemporaine. Sites pittoresques, monuments, costumes, scènes de moeurs, histoire, légendes, traditions et usages des cinq départements de cette province. Finistère, Paris, Nantes, 1865, p. 71.

    Si rien ne permet de relier directement ces deux miséricordes à la fête des Fous, leur caractère joyeux est cependant indéniable d’autant que les jeux utilisant des bâtons étaient, semble-t-il, plutôt pratiqués à Noël." (F. PIAT, 2012)

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    Miséricorde n°39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°39 : feuille enroulée.

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    Appui-main n°39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°39, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 40.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-40/bb844285-f685-41ba-9106-60bf16fad7f0

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    Miséricorde n°40 : composition géométrique pyramidale (pas de photo).

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    Appui-main n°40 : chimère Vieillard / Serpent.

    Nous retrouvons ici le principe employé dans les deux précédentes chimères. De face, nous avons affaire à un vieillard à longue barbe, la tête au front dégarni couverte par le capuchon de son scapulaire. C'est un vénérable moine.  Mais le bas du corps, nu, est celui d'une bête à pattes dotées de sabots de boucs, dont l'arrière se prolonge en une queue fine qui vient s'entortiller avec l'extrémité conique du bonnet. Une fois de plus, la nature maligne de ces bonnets coniques, version masculine du hennin, est dénoncée. Une idée fixe.

    Pourtant, il serait bien réducteur de voir dans ces miséricordes et appui-mains des expressions d'un discours moral des chanoines de Saint-Pol-de-Léon. Loin de toute attitude dévote et chagrine, ces sculptures sont les héritières de l'art des modillons romans et des drôleries des marginalia des manuscrits médiévaux : elles restent irréductiblement en marge de l'iconographie sacrée, cultuelle, ou de catéchèse, ou hagiographique. Elles résistent aussi à toute interprétation monovalente, car elles vont toujours au delà d'une lecture les reliant à des proverbes, à des sources scripturaires, à des expressions érotiques ou ésotériques, ou de la morale ecclésiastique. Elles dépassent notre entendement non pas parce qu'on ne parvient pas à les comprendre, mais parce qu'elle restent au delà de toute interprétation savante. 

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    Appui-main n°40, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°40, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°40, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°40, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 41.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-41/211d6f5b-a2ef-4994-bc56-9c88b14df551

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    Miséricorde : composition pyramidale (pas de photo).

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    Appui-main n°41 : Chimère Homme/trompe.

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    Pour moi, le sculpteur continue à décliner le thème de la chimère, de la métamorphose, et de la dissolution des formes conventionnelles au profit de figures fantasques et imaginaires. Influencée par des auteurs aussi illustres que Doroty et Henry Kraus, Florence Piat, après avoir parfaitement décrit "l'hybridation" transformant un chanoine (qui n'est jamais un musicien) en trompe, poursuit en brodant sur le thème du "canard-musicien" pourtant très peu argumenté. L'appendice qui prolonge la tête est-elle une trompe évasée en pavillon? Est-elle un long vase ? 

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    "D’autres appuie-main de l’édifice saintpolitain mettent en scène ces chanoines avec le même soin du détail, sur les exemplaires n°05, 19, 33, 42, 50, 51 et 60 [Annexe 17-G]. La plupart du temps, le chanoine, vêtu de sa robe ecclésiastique et de son aumusse tient un livre ouvert ou fermé, parfois posé sur un écritoire sur lequel il travaille. [...]

     

    L’appui-main n°38 [n°41 ici] fait néanmoins figure  d’exception car, si l’on reconnaît bien la robe portée par les autres chanoines, la tête du personnage relève du principe de l’hybridation.

    Cette sculpture, appelée le canard-musicien dans quelques publications comme celle des KRAUS et de C. PRIGENT, représente un homme assis, vêtu d’une longue robe ceinturée mais dépourvue de l’aumusse ou d’un quelconque capuchon. La tête de ce personnage n’a presque plus rien d’humain, si ce n’est les oreilles qui se dessinent encore de chaque côté, car en lieu et place du nez, une longue trompe se substitue à l’appendice nasal. Le crâne est poli, sans cheveu, et les yeux dont le contour est incisé sont en forme d’amande, rappelant effectivement ceux d’un palmipède. L’homme, le buste penché en avant, tient à deux mains ce « bec » qui lui a poussé sur le visage, essayant de s’en débarrasser. Mais la transformation est déjà trop avancée pour qu’il puisse y arriver. Plutôt qu’un canard-musicien, cette sculpture évoque vraisemblablement un joueur de trompe ou chalumeau qui serait en train de se faire happer par son instrument. Le choix du canard est, dans ce cas, une « image sonore», nous indiquant la qualité de jeu du musicien en question dont la musique tient plus du nasillement que de la mélodie céleste, à moins qu’il n’ait fait « un canard », c’est-à-dire une fausse note ou un son dissonant. Cette sculpture possède donc un certain caractère comique et peut être une évocation des chants et de la musique qui se déroulaient dans les stalles, fournissant aux musiciens un avertissement contre les fausses notes. À moins qu’il ne s’agisse d’un rappel de la condamnation de la musique festive par l’institution ecclésiastique. En1498, l’évêque de Saint-Brieuc interdit les danses accompagnées de musique « profane et scandaleuse » que les fidèles entreprennent devant des chapelles privilégiées afin de gagner des indulgences, rémanence de traditions païennes plus anciennes. Au cours du XVIe  siècle, la tendance générale est d’ailleurs à l’interdiction progressive de ces rassemblements festifs dont les débordements sont récurrents, allant même jusqu’à l’interdiction de la fêtes des Innocents à Rennes en 1562 et, en 1565, à celle des« misteres farces [et] moralitez ». 

    Dans ce sens, les instruments à vent étaient particulièrement dépréciés par rapport aux instruments à cordes et l’action même d’en jouer exposait le musicien à une situation dégradante.

     Cette image pourrait donc être celle d’un musicien corrompu par son propre instrument, perdant finalement de son humanité et, par là-même, son âme. Néanmoins, la forme du canard qui apparaît nettement sur cette sculpture nous oriente vers la première interprétation. Par ailleurs, soulignons, encore une fois, la rareté de ce thème dans les stalles médiévales car si les hybrides sont légion, ce sujet en particulier n’apparaît que sur un nombre restreint de groupes, un autre cas étant mentionné sur les stalles de Barcelone, cependant non confirmé." (F. Piat 2012)

     

     

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    Appui-main n°41, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°41, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°41, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°41, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 42 : devant les marches d'accès aux stalles hautes.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-42/6cd93d28-6a79-4349-a99e-0c2cf45462d8

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    Miséricorde n°42 : dragon polycéphale.

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    "Sur la miséricorde : un animal monstrueux à deux pattes et quatre têtes est représenté de côté, tourné vers la droite. Son corps est allongé, pourvu d'une queue et dévoré par trois des têtes : la plus grande est située sur le ventre, la plus petite sur la patte droite et la dernière, de taille intermédiaire, à l'extrémité de la queue. Chacune de ces trois têtes possède un museau aux narines protubérantes et une grande gueule ouverte, à l'intérieur de laquelle on distingue les dents. L'arcade sourcilière est elle aussi très marquée. A droite de la figure, la quatrième tête, qui peut être considérée comme le véritable chef de l'animal, est moins massive mais reprend la même typologie. La gueule est ouverte et elle possède de petites oreilles pointues. Enfin, la queue de ce monstre est recouverte d'anneaux." (F. PIAT)

     

    "À Saint-Pol-de-Léon, une troisième tête se situe sur l’une des pattes, la dévorant tout autant alors qu’à Tréguier, la tête principale s’attaque à ce second chef, essayant de l’empêcher d’atteindre son arrière-train. Au-delà du caractère monstrueux des êtres qu’elles représentent, ces images montrent avant tout que le péché et la tentation démoniaque s’inscrivent dans un cycle d’éternel recommencement car le mal engendre le mal." (F. PIAT 2012)

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    Il faut toute l'acuité d'observation de Florence Piat pour découvrir la présence de ces quatre têtes animales. Cette miséricorde reprend le thème de la confusion ou de l'hybridation tête/queue de l'appui-main 34, elle développe la figure du dragon dont la queue est terminée par une tête en poursuivant le même discours : dans la bestialité diabolique, chaque partie du corps (et chaque fonction) peut s'hypertrophier en un organe céphalique voué aux pulsions de gueules : préhension et appropriation, engloutissement, destruction , morsure, etc.

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    Miséricorde n°42, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°42, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 42 : un couple.

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    Il est assez facile de le décrire. Un homme (ou une femme) vêtu d'une longue robe est assis, tête légèrement tournée et inclinée vers sa droite. Il tient contre l'épaule un objet à manche long, comme un battoir ou une cuillère. Sa tête est coiffée d'une capuche ou d'un bonnet. Il est chaussé de poulaines.

    Derrière lui, un autre personnage est agenouillé, prenant appui par son ventre et sa poitrine sur son compagnon. Son vêtement est différent, c'est une tunique descendant à mi-cuisses au dessus de probables chausses. Il incline son visage joufflu et aux épaisses lèvres entrouvertes  pour le poser tendrement sur la tête du premier personnage, qui lui saisit la main.

    L'essentiel de la scène réside dans cette main, dont le pouce atteint le coin de l'œil droit, tandis que l'index s'immisce entre les lèvres  de l'homme assis. 

    L'interprétation est plus ardue. 

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    Appui-main n°42, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°42, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°42, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°42, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 43.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-43/07d8d569-fdd2-471e-a146-bf7925cedb4f

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    Miséricorde n° 43 : tête d'homme.

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     "Tête d'homme vue de face. Le visage est allongé, le front haut et dégarni, les cheveux ondulés forment une couronne autour de la tête. Les pupilles ne sont pas creusées mais les yeux sont entourés d'un cerne. Le nez est fin et droit, les joues légèrement creusées et tombantes : un pli est visible sur les côtés de la bouche. Il ne sourit pas, ses lèvres sont fines. Le personnage paraît relativement âgé." (F. PIAT)

     

     

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    Miséricorde n°43, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°43, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 43 : chimère .

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    Nouvel exemple, assez simple, d'une chimère homme/animal et d'une antinomie des vues de face et de profil. L'homme est un chanoine, ou du moins,  il a la tête recouverte d'une capuche comme un moine.  Sa face est tournée vers le ciel, comme s'il jouissait d'une irradiation lumineuse ou spirituelle. Cette jouissance extatique pourrait être en relation avec sa sainteté, semblable à une Thérèse d'Avila ou d'un Jean de la Croix.

       Mais de profil, sa robe ne couvre que ses épaules, au dessus d'un corps animal, nu et campé sur quatre pattes de lièvre. A y voir de près, ses lèvres épaisses et ses yeux dilatés témoignent d'une jouissance qui ne doit rien à l'ascèse ou à la contemplation divine.

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    "Ces figures monstrueuses, ces créatures hybrides et contre-nature qui associent la figure humaine et animale sont comprises comme des images du péché, de la tentation qui s’avère multiforme, trompeuse et surtout omniprésente. Dans ce cadre, les chanoines doivent rester vigilants et ne pas perdre de vue que le démoniaque se tapit bien souvent dans l’ombre du sacré. Les représentations de saints tuant ou domestiquant des dragons deviennent alors des figures militantes et des modèles pouvant servir à l’herméneutique chrétienne. Saint Paul-Aurélien ou saint Tugdual terrassant le dragon peuvent ainsi être approchés de manière littérale, en tant qu’événement historique, mais aussi allégorique, renvoyant à l’opposition antithétique du bien et du mal, le saint pouvant représenter l’ecclésiastique de manière générique. Dans un sens tropologique ou moral, c’est le combat de l’âme humaine en prise avec les tentations inspirées du Diable lui-même. Enfin, d’un point de vue anagogique, ces sculptures renvoient aux thèmes développés dans l’Apocalypse et au combat final opposant l’armée christique aux démons, élément que l’on retrouve d’ailleurs sur la jouée haute N.E. des stalles de Saint-Pol-de-Léon.

    Les représentations sacrées et les images à caractère moralisateur sont donc loin d’être anodines ou même minoritaires dans les stalles de l’ancien duché bien qu’elles se retrouvent essentiellement dans les édifices cathédraux. Si le grotesque et même le rire ont leur place dans les sculptures ornant les stalles de choeur, justifiant ainsi l’emploi du terme de « grymasses » dans le contrat de Tréguier, côtoyant ces images pleines de vie, les figures monstrueuses autant que les figures sacrées donnent une image d’un monde certes joyeux mais où le péché est omniprésent. Assis sur ces sculptures de dragons et autres créatures inquiétantes, aidés par les figures de l’Ancien Testament ou des saints ayant eu à les combattre, les membres du chapitre s’affirment comme un rempart, physique, à toutes ces présences démoniaques." (F. PIAT 2012)

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    Appui-main n°43, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°43, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°43, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°43, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 44.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-44/ec8c9b95-aa41-4cde-bf87-a9f858ddb131

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    Miséricorde n° 44 : deux feuilles.

    "Sur la miséricorde : deux feuilles, nervurées mais lissées sur les bords, sortent d'un chapiteau à section polygonale et s'écartent pour venir soutenir la console." (F. PIAT)

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    Miséricorde n°44, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°44, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 44 : feuille enroulée.

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    Appui-main n°44, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°44, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 45. 

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-45/d58a003d-7b43-40c2-b690-f8e1842b2af3

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    Miséricorde n° 45. Hermine.

    On trouve trois hermines sculptées sur les stalles de Saint-Pol-de-Léon : sur cette miséricorde n°45, sur l'appui-main de la stalle n°25, où elle est entourée d'un ruban et présente un écu, et sur la frise des hauts-dossiers des stalles nord où elle traverse les spires d'un phylactère dont elle tient l'extrémité dans la gueule.

    L' emblème des ducs de Bretagne est l'hermine au naturel,  passante c'est à dire figurée de profil et en marche, accolée de la jarretière (écharpe) frappée de mouchetures,  ou bien traversant les spires d'une banderole portant la devise A MA VIE. Seules les hermines de la miséricorde n° 45 et de la frise peuvent évoquer cet emblème, mais de façon incomplète et incertaine en l'absence de devise, de moucheture, de situation au sein d'un ensemble héraldique ou de toute référence au pouvoir ducal.

    L'hermine traversant le tunnel formé par une banderole est présente dans le chantier ducal de la basilique du Folgoët  ou dans l'église Notre-Dame de Quimperlé (1430). Mais le mécénat des ducs de Bretagne n'a pu s'exercer dans ces stalles édifiées en 1504-1520, et quant à Anne de Bretagne, alors reine de France jusqu'à son décès en 1514, elle passa à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon en 1505, après son pèlerinage au Folgoët et avant sa dévotion à Saint-Jean-du Doigt, mais sans que cela ne soit marqué par un souvenir particulier.

    Il pourrait s'agir de la reprise d'un motif iconographique, détaché de sa signification emblématique.

    Le lien entre cet hermine et les ducs de Bretagne est donc discutable, mais, comme le rappelle F. Piat, les ducs font des donations pour des reconstructions, fondations et créations d’oeuvres de dévotion, mais ne s’impliquent pas dans la commande de stalles qui ne concerne, en définitive, que les chanoines des chapitres cathédraux et, dans une moindre mesure, l’évêque.

     

    "Sur la miséricorde : une hermine est vue de profil, tournée vers la gauche et le corps entouré dans un ruban. Elle porte également un collier et lève la patte antérieure droite." (F. PIAT)

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    Miséricorde n°45, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°45, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 45 : Homme assis à son pupitre.

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    "La plupart du temps, le chanoine, vêtu de sa robe ecclésiastique et de son aumusse tient un livre ouvert ou fermé, parfois posé sur un écritoire sur lequel il travaille. L’appui-main n°42 [n°45 ici] diffère cependant puisque l’on ne saurait dire si le personnage en question est un chanoine, un moine ou un ermite. Portant lui aussi la robe du religieux, sa tête est recouverte par un capuchon dont la forme évoque plutôt la coule que l’aumusse. Assis, il soutient sa tête avec sa main droite, l’air pensif, tandis que de la main gauche il égraine un chapelet. Sa longue barbe fournie, son air serein évoque indéniablement l’idée de sagesse et une sorte de plénitude et de contemplation qui lui aurait été suggérée par la prière. Tous les religieux représentés sur les stalles de Saint-Pol-de-Léon arborent le même sourire et la même attitude bienveillante, les montrant véritablement sous leur meilleur aspect." (F. Piat 2012)

     

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    Appui-main n°45, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°45, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 46. 

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-46/2d207309-035a-45fd-89d7-79ef58733185

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    Miséricorde n° 46. Silvani : Tête d'homme cachée derrière des feuilles.

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    "Les représentations de visages dissimulés dans des feuillages ou de personnages feuillus, les silvani, sont très fréquentes dans les stalles de la fin du Moyen Âge." (F. Piat)

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    Miséricorde n°46, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°46, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 46 : dragon mordant sa queue.

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    Voilà donc représenté encore une fois le dragon, dont la queue passe entre les pattes postérieures et fait retour en boucle autour du dos, où l'animal, qui se retourne, la saisit dans sa gueule. Mais l'artiste s'écarte du modèle habituel en remplaçant la mâchoire aux longues dents et à la langue protruse par un bec d'oiseau. D'autre part, il n'est pas ailé.

    Voir la crossette de Landivisiau

    Voir la crossette de Pencran.

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    "La présence démoniaque ne se cantonne pas à la seule figure humaine où elle sert à prévenir le fidèle contre la tentation et à avertir le clerc contre les différents aspects, parfois angéliques, sous lesquels le mal peut se dissimuler. Les représentations de créatures monstrueuses sont en effet nombreuses sur les stalles bretonnes, au premier rang desquelles se retrouve la figure du dragon.

    Mentionné dans les récits hagiographiques des Sept Saints fondateurs, le dragon est l’animal du bestiaire exotique le plus fréquent sur les stalles bretonnes, apparaissant à plusieurs reprises sur les groupes de Champeaux, La Guerche, Saint-Pol-de-Léon et, surtout, sur celui de la cathédrale de Tréguier où les menuisiers en ont sculpté plus d’une dizaine. Le dragon, tel qu’il est abordé ici, ne se limite pas à un seul motif iconographique, cette appellation recouvrant en fait une variété de créatures dont la morphologie s’éloigne des descriptions données dans les sources anciennes. Le thème lui-même reste populaire dans l’art breton jusqu’au XVIIe siècle, que ce soit dans l’architecture, la statuaire ou les vitraux. Par exemple, les charpentes des églises bretonnes utilisent bien souvent des têtes de dragons sur les entraits et blochets. Incarnation par excellence du mal, incarnation de Satan en personne sous la forme d’un dragon rouge dans l’Apocalypse de saint Jean, l’animal, dont la dangerosité est avérée dans de nombreux récits, voit sa morphologie évoluer durant tout le Moyen Âge. Alors que les sculpteurs romans le représentent généralement sous la forme d’un énorme serpent, sans patte ni aile, les sculpteurs du XIIIe siècle le dotent progressivement d’attributs qui, pour beaucoup, résultent d’influences orientales comme les ailes

    membraneuses, les pattes griffues ou la crête qui court le long de son échine. Ainsi, au XVe siècle, l’image la plus fréquente reste celle du dragon serpentiforme, aux larges naseaux, l’échine parcourue d’une crête et doté d’ailes membraneuses rappelant celles des chauves-souris. La créature étant aussi dangereuse à l’avant qu’à l’arrière, sa queue peut parfois se terminer par une petite tête dont la gueule est remplacée par une sorte de bec de canard. C’est sous cette forme qu’il apparaît dans les frises des stalles de Saint- Pol-de-Léon .

    Le mal dévorant est aussi le sujet sous-jacent d’autres sculptures monstrueuses où des êtres fantastiques sont pourvus d’une seconde tête qui leur dévore le ventre." (F. PIAT 2012)

     

     

     

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    Appui-main n°46, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°46, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°46, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°46, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 47. 

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-47/7757b36d-b368-4a0d-b47e-70a7550ce515

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    Miséricorde n° 47. Feuillage : trois feuilles de chêne réunies à leur base.

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    Miséricorde n°47, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°47, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 47 : deux aigles.

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    Deux aigles se combattent, l'un dominant l'autre qui adopte une posture de soumission. Ou bien s'agit-il d'un mâle et de sa femelle. Ou d'un jeune dans la posture de demande de nourriture.

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    Appui-main n°47, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°47, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 48. 

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    Miséricorde n° 48 : décor géométrique.

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    Miséricorde n°48, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°48, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 48 : confession ???

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    "À Saint-Pol-de-Léon cependant, la majorité des images impliquant des chanoines sculptées sur les stalles de l’ancien duché de Bretagne mettent en valeur ces derniers, les montrant dans des attitudes positives, attentifs aux Écritures autant qu’à leur rôle pastoral. À ce titre, l’appui-main n°45 des stalles de Saint-Pol-de-Léon est tout à fait remarquable et, à notre connaissance, extrêmement rare dans l’iconographie des stalles de chœur en général. Deux personnages, un homme et une femme, sont en effets sculptés sur cet appui-main, l’un assis et l’autre agenouillé face à lui. L’homme, assis, porte la robe ecclésiastique, ses épaules et sa tête sont couvertes par l’aumusse qui semble dotée d’un bourrelet ceignant le tour de tête du chanoine. Il pose la main gauche sur son genou droit tandis que de la main droite, il touche avec bienveillance l’épaule gauche de la femme agenouillée devant lui, se penchant vers elle afin d’écouter ce qu’elle a à lui dire. Cette dernière est vêtue d’une longue robe recouverte par un grand manteau fermé au niveau de la poitrine. Ses cheveux sont cachés par un bonnet dont les bords, entourant son visage, sont relevés. Elle semble joindre les mains en signe de prière, mais l’expression de son visage reste difficilement déchiffrable en raison d’une usure importante de la sculpture. La délicatesse de cet appui-main haut d’une dizaine de centimètres, la finesse des détails, notamment dans le positionnement des mains est ici tout à fait saisissante." (F. Piat 2012)

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    Appui-main n°48, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°48, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°48, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°48, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 49. 

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-49/916318e8-69bc-405e-9028-424fd12cd6d3

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    Miséricorde n° 49 : masque crachant des feuillages.

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    "une tête d'homme est représentée de face, portant un bonnet ourlé et crachant ou avalant deux grandes feuilles qui s'étalent de part et d'autre de son visage. Il regarde vers le bas, ses lèvres sont épaisses et l'arcade sourcilière marquée. Les feuilles sont en forme de losange, nervurées et aux bords ondulants." (F. PIAT)

    Ces masques crachant des feuillages abondent parmi les sablières. Faut-il les considérer comme une expression des forces vitales à l'œuvre dans la nature et sous-tendant la marche de l'univers ?

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    Miséricorde n°49, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°49, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 49 : cheval tenant un écu.

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    Un beau  cheval est sculpté à moitié, tenant dans sa gueule un écu. S'agit-il d'une allusion au nom du chanoine noble titulaire de cette stalle lors de sa commande ? 

    Il existe un autre appui-main scutifère (portant un écu), celui n° 25, mi-rangée inférieure sud : il s'agit alors d'une hermine, au corps entouré d'un ruban. 

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    Appui-main n°49, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°49, stalles nord de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 50.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-50/e5607092-5ad0-4398-92f0-4cf1a729243a

    Miséricorde  n°50 : rameau à feuilles nervurées enroulées ; pas de photo

    Pas d'appui-main  à gauche, où se trouve la jouée nord-est.

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    CONCLUSION.

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    Malgré le vaste champ d'interprétation, et la recherche de sources découvrant l'origine de telle stalle dans les marges des manuscrits, dans les gravures, les alphabets ou les cartes à jouer, dans les proverbes et expressions populaires, dans les chapiteaux ou les modillons romans, il faut souligner l'art remarquable des huchiers, qui fait que chaque motif est unique, malgré le riche tissu d'influences, de réminiscences et de citations.

    Surtout, ce qui fait le charme inépuisable de ces sculptures, c'est leur caractère joyeux et libre , jamais déplaisant malgré l'irrévérence, jamais sentencieux malgré le message moral dissimulé, jamais grossier malgré le monde carnavalesque qu'elle illustre, jamais dévot malgré leur présence dans un chœur de cathédrale, jamais soumis à une prédication théologique.

    Mais je ne conclurai pas, bien sûr,  sans exprimer mon admiration pour le travail fourni par Florence Piat dans sa thèse.

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    SOURCES ET LIENS.

    Source principale :

    — PIAT (Florence), 2004,  Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de Léon. Image et culture à la fin du Moyen Âge, 2 vol., mémoire de Maîtrise : Histoire de l’art (dir. X. MURATOVA) : Rennes 2, 2004. (non consulté)

    PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère

    — PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.

     https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente

    Volume 2 Annexes :

    https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?ou=Saint-Pol-de-L%C3%A9on&type=&texte=stalles+

    ...............................................................................................

    Bibliographie complémentaire :

     ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.

     

     

    —  BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).

    http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html

    file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf

     

    —  BILLIET (Frédéric)  Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages

     

    .—  BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI  century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p. 

    E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45

    .—  BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric)  Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)

    https://books.google.fr/books?id=7tThdObk0qwC&pg=PA78&lpg=PA78&dq=stalles+saint-pol-de-l%C3%A9on&source=bl&ots=tth0hiC8_3&sig=zZ9bwe1_Qj7cICq9VvvVWu8EHyY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiMjJnC-IvYAhXDDcAKHcx-DRk4FBDoAQhEMAU#v=onepage&q=stalles%20saint-pol-de-l%C3%A9on&f=false

    — BOURNOT-DIDIER (Nancy) , 2000, André Sulpice et les stalles du Rouergue Thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue à Toulouse 2

    "Andre sulpice, ligni faber menuisarlus fusterius, selon les textes, originaire de bourges, fut le concepteur entre 1462 et 1489-90, des stalles de la cathedrale de mende. De la chartreuse saint-sauveur et de la collegiale notredame de villefranche-de-rouergue ainsi que de la cathedrale notre-dame de rodez. D'autres chantiers lui furent longtemps attribues : les stalles de la cathedrale de bourges, de la cathedrale de vence, de notre-dame de la carce de marvejols de la cathedrale de beziers, de l'eglise de l'abbaye de loc-dieu et une partie des actuelles stalles basses de la cathedrale de rodez. Cette these declasse ces ensembles en s'appuyant, soit sur une stricte analyse comparative, soit sur l'existence de documents. Lorsqu'il ne subsiste aucun vestige, ni aucun texte d'archives les stalles ont ete definitivement ecartees des realisations possibles de l'atelier d'andre sulpice. Malgre des qualites techniques de menuiserie et de sculpture dont ont fait preuve les ouvriers particulierement experimentes de l'atelier de sulpice, son rayonnement dans le rouergue et les environs fut peu important. Seules les stalles de salles-curan refletent son influence en devellopant deja les motifs ornementaux de la renaissance, visibles depuis 1492-1498 aux dossiers des stalles consulaires de villeneuve d'aveyron, puis de conques et dans une moindre mesure a sauveterre-de-rouergue. Conjointement et systematiquement a l'analyse formelle de chaque ensemble de stalles est menee une etude sur les chapitres de chanoines, les emplacements et les questions de preseance des ecclesiastiques et parfois des laics et la liturgie propre aux stalles. Ce travail ne se cantonne pas a une description iconographique des misericordes, il aborde le fonctionnement d'un atelier de menuiserie la personnalite d'un maitre-d'oeuvre en compte la destination originelle des stalles en tant que mobilier liturgique, reflet d'une severe hierarchie capitulaire, parfois facteur de conflits politiques."

     

     

    — CHARLES (Olivier ), 2004, Chanoines de Bretagne, carrières et cultures d'une élite cléricale au siècle des Lumières, Presses Universitaires de Rennes

    http://books.openedition.org/pur/17414

     

    —  DURAND (Georges) : Monographie de l'église Notre Dame, cathédrale d'Amiens. Tome II . Yvert et Tellier, 1903.

    http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm

     

     

    — KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.

    MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY

    http://misericordia-international.blogspot.fr/

    SITES PHOTO

    http://tchorski.morkitu.org/14/stpol-01.htm

    — PELAD-OLIVIER (Monique), L'emplacement et l'organisation des stalles de la cathédrale de Rouen des origines à nos jours.

    http://docplayer.fr/62033271-L-emplacement-et-l-organisation-des-stalles-de-la-cathedrale-de-rouen-des-origines-a-nos-jours.html

    http://www.rouen-histoire.com/Cathedrale/Stalles/Index.htm

    — PEYRON (Paul), 1901,  La Cathédrale de Saint-Pol et Le Minihy Léon, Quimper, Imprimeur de l’Évêché, 1901, 248 p. (lire en ligne) ou archive.org

    https://archive.org/stream/lacathdraledesa00peyrgoog#page/n12/mode/2up/search/psallette

    — PRIGENT (Christiane)   Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux, à l’époque romane et à l’époque gothique. « Représentations sculptées de danseurs et de jongleurs comme manifestation de la culture laïque dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique », in M.S.H.B., tome LXXI, 1994, p. 279-313.

    https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

    — LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12.
    — LANGLOIS (E.-H.)  1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.

    — LEMÉ (K.) 1994,  Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21.
    —  LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe http://www.theses.fr/1993PA040260

    LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996

    LEME-HEBUTERNE, Kristiane. Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI.

    p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173

    TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.

    Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3

    JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.

     — AMIENS. 1509 et 1522.

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/stalle-du-choeur-decor-en-bas-relief-d-une-jouee-la-vierge-des-litanies/08160568-5bd4-486b-8dce-04262e6e6f4e

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/recherche/globale?texte=Amiens+stalles

     

    https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/

     La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site  http://www.stalles-dg.info/Pag/accueil.htm

    — BEAUVAIS : Inscription sur la 10ème stalle du côté gauche en haut sur une miséricorde : DE avec étoile et lune

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/ensemble-de-83-stalles/afd61497-aa6e-4021-b20b-5c2f92980865

    SOISSONS

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa

     

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    Published by jean-yves cordier
    14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 21:53

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    La visite des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon a été l'occasion de découvrir la remarquable thèse de Florence Piat sur l'ensemble des stalles de l'ancien duché de Bretagne, soutenue en 2012. Comme elle a eu la générosité de la partager en ligne, cela me permet d'en faire mon miel dans l'examen des miséricordes et des appuie-mains des 66 stalles. Mais comme c'est un menu très copieux, je consacre cet article aux seules stalles hautes du coté sud, soit 17 miséricordes (ces consoles  fixées à la partie inférieure du plateau rabattable pour autoriser une posture assis-debout), et 16 appui-mains (les accoudoirs des parcloses) qui réservent autant de surprises jubilatoires et révèlent les talents des hûchiers qui ont sculpté le chêne.

    Et puis, après avoir achevé cet article, j'ai découvert que les photographies sous plusieurs incidences des stalles, leurs mesures, et la description des miséricordes par F. Piat, étaient disponibles en ligne sur le site patrimoine.region-bretagne.fr, avec une qualité de documentation exceptionnelle, et des photos prises par un photographe qualifié. J'ai donc placé les liens vers l'étude de chaque stalle de ce site, et j'ai procédé à quelques copier-coller ... J'ai décidé de publier néanmoins mon article, car en définitive  les photos des appui-mains, ne sont pas disponibles sur le site en question.

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    Les stalles hautes sud n° 1 à 17 de l'ouest vers l'est cadrées sur un plan des stalles par Florence Piat 2012.

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    Numérotation des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon par Florence Piat. J'ai encadré de rouge les stalles hautes sud, n° 1 à 17.

    Numérotation des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon par Florence Piat. J'ai encadré de rouge les stalles hautes sud, n° 1 à 17.

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    Au passage : le montant de la jouée sud-est. Prêtre distribuant la communion, ou plutôt (car les pieds sont nus) saint Jean tenant la coupe de poison.

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    Les 17 stalles hautes sud de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Miséricordes et appui-mains.

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    Stalle n° 1

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     Miséricorde n° 1 : un lion.

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    "La miséricorde de la stalle n°01 est sculptée d’un lion au poitrail développé et à la crinière imposante écrasant un long serpent  L’image est donc une allégorie du Christ terrassant le Mal incarné par le reptile (Le lion est une image classique du Christ, que l’on retrouve notamment dans les bestiaires. Il est d’ailleurs significatif de constater que cette représentation s’inscrit tout à fait dans les descriptions qui sont données de l’animal. Pierre de Beauvais dit de lui : « le front et la queue manifestent ses sentiments ; son courage est dans sa poitrine ; sa fermeté est dans sa tête ». G. Biancotto, Bestiaires du Moyen Âge, Paris, Stock, 1980, p. 23. Ainsi, le lion de Saint-Pol présente une face déterminée et un poitrail développé, image de la nature divine du Christ alors que l’arrière de son corps apparaît plus faible,désignant l’incarnation et la part humaine de Jésus. Cette miséricorde ne se trouve pas sur sa stalle d’origine puisqu’elle a été sciée puis recollée sur la tablette de l’assise. Le soin apporté à la sculpture et le sujet assez noble qu’elle porte, pourraient en faire une miséricorde ornant le siège d’un dignitaire, évêque, doyen,gouverneur, prévôt ou trésorier. À cela vient s’ajouter un autre indice que nous avions déjà évoqué dans notre première partie, le fait que cette miséricorde soit plus grande que les autres. L’occupant de la stalle pourrait alors s’identifier à cette image manichéenne classique, étant lui-même un parangon de cette lutte ancestrale autant que le gardien de la vertu de ses fidèles." (F. PIAT, 2012)

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    Miséricorde n°1, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°1, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    On remarquera en outre bien-sûr  que le lion est l'emblème du Léon.

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    Miséricorde n°1, stalle basse sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

     

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    L'appui-main n° 1. Personnage barbu, assis, tenant un livre ouvert.

    Je repousse la tentation d'y voir un chanoine. D'une par, la barbe, même taillée assez courte, n'est pas encore à la mode vers 1504 parmi les nobles parmi lesquels se recrutent les membres du chapitre cathédrale. D'autre part, le bonnet aux bords retroussés et au sommet conique n'est pas une coiffure ecclésiastique du XVIe siècle. Les chaussures à bout pointu sont passées de mode.

    Autrement dit, l'artiste utilise des indices archaïsants pour placer son personnage dans les temps anciens d' "il était une fois". Est-il identifiable comme un Prophète biblique ? Est-ce  une figure un peu allégorique de l'homme pieux, sage et studieux se nourrissant des Saintes Écritures ?

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    Appui-main n°1, stalle n° 1 du chœur de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°1, stalle n° 1 du chœur de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°1, stalle n° 1 du chœur de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°1, stalle n° 1 du chœur de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles n° 2, 3 et 4.

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    Stalles n° 2 à 4 du chœur de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles n° 2 à 4 du chœur de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 2 : 

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    Miséricorde n°2 : Homme au rictus.

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    "Sur la miséricorde : le visage d'un homme est représenté de trois-quarts, tourné vers la droite. Il est coiffé d'un capuchon à larges festons et qui se termine en pointe. Les festons semblent s'ouvrir en corolle sur le visage. L'homme a la bouche tordue dans un rictus qui laisse voir ses dents serrées. Le nez semble lui aussi de travers, tout comme les yeux par ailleurs tombants. Le front est ridé et l'ensemble donne une impression de grotesque." (F. PIAT)

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    Il pourrait donc s'agir d'une figure du Fou de cour , mais aussi de celle d'un possédé, d'un démoniaque, ou un enragé dont la bouche est tordue non par une grimace, mais par un spasme. Le propos ne serait plus de faire sourire ou de témoigner des  moments de débordements festifs et carnavalesques, mais de représenter l'emprise destructrice du Mal sur les êtres. Les festons (symboles de la mise en lambeaux de sa tunique par le Fou), les angles aigus encadrant le visage et les rides et déformations des traits seraient des expressions de l'agitation du forcené. 

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    Miséricorde n°2, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°2, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 2 : homme  montrant la page d'un rouleau de son index.

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    Ce personnage est assez proche de celui de l'appui-main n°1, mais la barbe est plus fournie, le bonnet semble plus long et sa pointe se replie, et un vaste manteau entoure l'homme avant de se fondre dans la moulure. Il est tendu vers l'avant, comme pour interpeller un interlocuteur à qui il veut soumettre le texte qu'il  montre de son index, et son regard est vif. Lui aussi peut être vu comme un sage lettré incitant à l'étude attentive et passionnée des Écritures.

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    Appui-main n°2, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°2, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 3.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-03/53d569a6-5d97-483d-9399-a08a6ad05b09

     

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    Miséricorde n° 3 : un fou,  grimaçant.

    "Une tête d'homme est représentée de face, portant le bonnet caractéristique des fous. En effet, ce grand capuchon qui laisse juste apparaître son visage est doté de très grandes oreilles d'âne. L'homme, dont le nez a été abîmé, ouvre la bouche comme s'il souriait tout en grimaçant. Il est possible qu'il chante. Son front est ridé, ses dents bien visibles et il regarde vers le bas." (F. PIAT)

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    Les deux interprétations discutés pour la miséricorde n°2 peut être reprise : est-ce là un fou plaçant notre monde sous le regard glacé de sa dérision et de sa contestation des valeurs, ou bien la victime du Démon, déjà animalisé et possédé ?

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    Miséricorde n°3, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°3, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 3 : homme et phylactère.

    Ce troisième personnage au regard fatigué poursuit le discours rhétorique débuté lors de la première stalle et oppose le modèle qu'il propose, celui de l'étude des textes saints (ici, un volumen) au mode de vie désordonné menant à la folie. La barbe, les rides studieuses du front, le bonnet oriental, le phylactère et le manteau sont autant de termes du vocabulaire archaïsant montrant que ce personnage est issu des temps anciens.

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    Appui-main n°3, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°3, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 4.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-04/eeb0562e-dba5-419b-bdfd-b30e6d5df052

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    Miséricorde n° 4 : Prédicateur animal à sa chaire : Renart prêchant aux poules ?.

    Poursuite de l'alternance d'une miséricorde illustrant le travail du Mal avec les figures de sainteté des appui-mains. 

     

    "Un animal anthropomorphe et vêtu d'une longue robe et d'un chapeau pointu aux bords festonnés, se tient au sommet d'une tour en briques. La tête de l'animal semble être celle d'une chèvre ou d'un bouc, telle qu'elle apparaît sur la miséricorde de la stalle 61, mais pourrait tout aussi bien être celle d'un singe. Il est penché en avant et regarde vers sa droite. Ses mains aux longs doigts s'agrippent aux rebords de la tour. Le tissu de son vêtement et de son chapeau est animé de nombreux plis et donne l'impression d'une grande agitation à cette scène. Le front très travaillé du personnage lui donne une expression de colère." (F. PIAT)

     

    "Les stalles de Saint-Pol-de-Léon accueillent une autre représentation de prédicateur qui est, cette fois-ci, nettement moins élogieuse pour la profession. Sur la miséricorde n°04, située côté sud, un animal anthropomorphe, vêtu comme un prédicateur, semble juché au sommet d’un édicule de briques duquel il lance un regard courroucé .  L’animal en question est difficile à identifier dans la mesure où sa tête est recouverte par un capuchon, mais ses traits ne sont pas sans évoquer ceux du renard. Pourrait -il s’agir d’une autre représentation de « Renart prêchant aux poules » tel que nous avons pu l’apercevoir sur le jubé du Faouët ? Cette identification est possible dans la mesure où un autre renard s’enfuit, une poule dans la gueule sur la frise de dais des stalles hautes nord. Cependant, le frère « Renard » n’apparaît pas seulement dans la littérature et pourrait bien correspondre au frère Guillaume Vulpi –Renard –, carme nantais qui laissa derrière lui un recueil de sermons composés à la fin du XVIe siècle. Ces sermons étaient largement illustrés d’anecdotes ou de faits plus graves tirés du quotidien et qui ne manquaient pas de faire réagir son auditoire. Ainsi, le frère Renard n’hésite pas, dans un de ses prêches à opposer les honnêtes marchands aux clercs scélérats :

    « Les marchands courent par le pays pour vendre et acheter, et pour fournir aux autres leurs marchandises, pour que rien ne manque dans la région et pour pouvoir ainsi gagner leur vie ;les clercs qui ont mission de s’instruire devraient s’en inspirer,mais ils se comportent comme les marchands fraudeurs, qui cherchent à tromper les hommes et à les dépouiller de leurs biens en leur vendant de la camelote. »

     Nul doute que de telles assertions ne devaient pas être du goût desdits clercs et que la sculpture de Saint-Pol-de-Léon peut également se lire comme une critique de certains de ces frères prêcheurs dont les exhortations pour une vie de pauvreté cadraient mal avec la multiplication des bénéfices des chanoines à la fin du Moyen Âge dans le duché de Bretagne

    Le thème du renard prêchant aux poules est lui-même très ancien, déjà présent dans la Haute-Antiquité puisqu’il apparaît sur des papyrus égyptiens. Comme d’autres motifs, il connaît un véritable succès au Moyen Âge, aidé en cela par la littérature,via la diffusion des Fables d’Ésope et,plus tard, le Roman de Renart en particulier. Le thème de Renart le bestourné  (Rutebeuf, 1261), Renart Contrefait (Clerc de Troyes, 1319-1342) est également très populaire et représenté à de nombreuses reprises sur différents supports, manuscrits ( Livre de Prières de Marie de Clèves, les Heures de Marie de Bourgogne, ou encore les Heures de Montbéron, manuscrit breton du XV e siècle, conservé à la BM de Nantes), miséricordes (Walcourt, Louvain, Beverley, Hoogstraeten), etc. Cette popularité se vérifie d’ailleurs par une certaine tradition orale puisque le proverbe « Quand le renard prêche la Passion, veille sur tes poules » apparaît dans plusieurs langues. À propos des représentations de Renart prêchant dans l’art breton : S. DUHEM, « ‘Quant li goupil happe les jélines...’, ou les représentations de Renart dans la sculpture sur bois bretonne du XVe au XVIIe siècle», Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest , t. 105,n°1, 1998. p. 53-69." (F. PIAT 2012)

    Voir sur ce thème très riche, outre la frise nord de ces stalles,  : la chapelle de Saint-Sébastien et celle de Saint-Fiacre, toutes les deux au Faouët (Morbihan) :

    http://www.lavieb-aile.com/2016/01/le-jube-de-la-chapelle-saint-fiacre-du-faouet-i-le-cote-de-la-nef.html

    http://www.lavieb-aile.com/2015/09/sablieres-inscriptions-et-pardon-de-la-chapelle-saint-sebastien-au-faouet-56.html

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    Miséricorde n°4, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°4, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°4 : feuille enroulée. (pas de photo)

    Je renvois à la photo de F. Piat http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-04/eeb0562e-dba5-419b-bdfd-b30e6d5df052

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    Stalle n° 5.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-05/9e3ae9ee-b3ad-4d1e-a9cf-204b3f30899f

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    Miséricorde n° 5 : Grotesques trifrons.

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    "Trois têtes d'hommes sont réunies par un même front sous un bandeau torsadé. Chaque personnage a un il en commun avec son voisin. Ils sont tous grimaçants et âgés. L'homme le plus à gauche a le front plissé et ouvre la bouche dans un sourire moqueur. Le visage central est plus important que les deux autres. Son nez est pointu et il tire une énorme langue. Le personnage de droite a les joues ridées, le nez crochu et ouvre également la bouche. Ses dents sont visibles." (F. PIAT)

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    "Dans d’autres cas, ces figures monstrueuses semblent rire outrageusement de l’institution et des dogmes de l’Église. La miséricorde n°05 des stalles de Saint-Pol-de-Léon avait justement attiré l’attention de J. B ALTRUSAITIS lorsqu’il évoquait la permanence médiévale de l’image de Janus trifrons. Réunis par un même front ceint d’un tissu entortillé et partageant chacun un œil avec son voisin, les visages de trois vieillards goguenards sont sculptés sur cette miséricorde à la facture remarquable.

    Ils semblent faire écho à une évocation de la Trinité peinte, sous la forme de trois visages joints, sur la voûte du collatéral sud. L’image de cette miséricorde revêt un caractère cependant bien plus irrespectueux et y voir une simple réminiscence de la figure de Janus ne nous paraît pas satisfaisant dans la mesure où cette moquerie monstrueuse et triviale fonctionne comme un négatif de la Trinité parfaite et céleste. Des parallèles iconographiques pourraient d’ailleurs être établis entre cette figure et les visages tout aussi grotesques et laids que l’on peut apercevoir sur les scènes du Christ aux outrages et du Portement de croix , notamment dans celle de Jérôme Bosch, réalisée vers 1505 et aujourd’hui conservée au Musée d’Art de Gand. En effet, si l’on met de côté le fait que le thème du tricéphale est lui-même très ancien, ce qui frappe véritablement dans cette sculpture, c’est bien l’expressivité des personnages. Comme beaucoup d’autres sculptures du groupe saintpolitain, cette image se révèle plutôt unique, une singularité accentuée par l’exécution très réaliste, expressive et détaillée de ces trois têtes. La présence démoniaque ne se cantonne pas à la seule figure humaine où elle sert à prévenir le fidèle contre la tentation et à avertir le clerc contre les différents aspects, parfois angéliques, sous lesquels le mal peut se dissimuler. Les représentations de créatures monstrueuses sont en effet nombreuses sur les stalles bretonnes, au premier rang desquelles se retrouve la figure du dragon." (F. PIAT 2012)

     

     

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    Miséricorde  n°5, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°5, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°5 : moine lisant.

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    C'est le quatrième personnage lisant, et tout indique que le même projet se poursuit ici. Mais ce lecteur n'est pas barbu, il est tonsuré, porte un scapulaire à capuchon rabattu, et est à genoux. Ce moine illustre le rôle des Ordres mendiants dont la prédication est tournée vers l'étude des textes évangéliques.

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    Appui-main n°5, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°5, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 6.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-06/0d7e60b6-07b6-4303-88c4-63b723e8943f

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    Miséricorde n° 6. Cochon portant une clochette, mangeant des glands.

    Un porc avec sa clochette autour du cou, c'est pour moi une référence aux moines Antonins, qui guérissaient les malades atteints d'ergotisme ou Mal des Ardents par un régime alimentaire diversifié incluant la viande ; car leurs porcs avaient le privilège de la divagation urbaine, et donc le bénéfice des ordures qui s'y trouvaient. Mais la séquence appui-main/miséricorde laisse attendre ici une figure du Mal : la gloutonnerie ou Gula, par exemple.

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    "L'interprétation de cette figure est multiple et non arrêtée. En effet, ce cochon peut être une représentation du mois de novembre, mois où l'on emmenait les cochons glaner, et traditionnellement figuré ainsi dans les calendriers. La clochette autour de son cou indique que l'animal est domestiqué et pourrait ainsi renvoyer à saint Antoine, dont il est l'attribut. Enfin, la légende de saint Paul Aurélien, le saint patron de la cathédrale et de la ville, mentionne que lorsqu'il est arrivé dans la cité, qui était alors abandonnée, il domestiqua une laie et ses petits qui prirent l'habitude de le suivre partout." (F. PIAT)

     La lecture de la thèse de F. Piat permet d'élargir la réflexion.

     

    "La miséricorde n°06 des stalles de Saint-Pol est effectivement sculptée d’un porc, vu de profil et portant un collier muni d’une clochette autour du cou. Visiblement en train de chercher des glands, il se trouve au pied d’un chêne stylisé par une seule feuille dentelée, aussi grande que le porc lui-même et à côté de laquelle on distingue encore un gland. L’allure générale du pourceau est plutôt rustique, plus proche de celle du sanglier que des représentants actuels de la race porcine, des soies lui faisant une crête le long de son échine et des canines très développées lui sortant de la gueule,image somme toute conforme aux représentations médiévales de l’animal. Les porcs allant glaner en forêt, il était en effet fréquent que des hybridations se fassent avec des sangliers sauvages. Le porc est un animal paradoxal. Considéré comme une bête immonde dans le Deutéronome (14, 8), il se trouve dès lors frappé d’un interdit alimentaire. Pourtant, tout au long du Moyen Âge, la viande la plus consommée par l’Europe chrétienne reste celle du porc. Vorace, idiot, impur, sale et débauché, le porc se retrouve souvent attribut des personnifications de différents vices, et plus particulièrement de gula , c’est-à-dire cette gloutonnerie si étroitement liée à la luxure. Sa noirceur et sa voracité le classèrent parmi les animaux attachés à Satan, aux côtés du serpent, du crapaud, du singe, du bouc ou encore du dragon. Cependant, comme beaucoup d’images médiévales, il possède également un aspect positif, par le biais de la truie notamment,symbole de fécondité et image de la bonne mère. Nombreuses sont en effet les représentations du thème de la truie qui file, notamment dans les miséricordes de stalles.Il n’en reste pas moins que le porc, particulièrement lorsqu’il adopte une attitude humaine, sert souvent à critiquer, parfois de manière violente, certaines catégories de populations. Ainsi, le thème du Judensau est-il populaire pendant toute la période bas-médiévale, et même repris au début du XXe siècle. Cette image des enfants juifs allaités par une truie est d’origine germanique et est apparue au cours du XIIIe siècle. Elle représente un double pamphlet dans la mesure où les Israélites appliquent l’interdit du Deutéronome et du Lévitique (11,7) : le tabou touche non seulement la chair du cochon, mais également l’animal vivant, son cuir, et parfois son nom.Le symbolisme du porc ne se limite pas à ces seules interprétations. La miséricorde de Saint-Pol-de-Léon montre en effet l’animal en train de rechercher des glands. Or, le mois de novembre est traditionnellement illustré dans les manuscrits et sur les bas-reliefs des églises par une scène de glandée avec un cochon. Le portail droit de la basilique de Saint-Denis, le portail de l’église de Rampillon, les vitraux de la cathédrale de Lausanne, pour ne citer que quelques exemples, comportent des scènes de porcs à la glandée dans leurs travaux des mois.

    Le cochon était également l’attribut de nombreux saints, au premier rang desquels se trouve saint Antoine le Grand. De plus, la confrérie des Antonins s’était spécialisée dans l’élevage de porcs, dont la viande était utilisée pour les malades du feu de saint Antoine. Ils avaient obtenu le privilège de laisser vaquer leurs animaux dans de nombreuses villes, animaux que l’on reconnaissait grâce à la clochette qu’ils portaient autour du cou. Le porc de la miséricorde de Saint-Pol porte d’ailleurs une même clochette. Enfin, une dernière possibilité d’interprétation de cette figure est à mettre en relation avec la vie du saint patron de l’édifice, saint Paul-Aurélien qui, en arrivant dans la cité léonarde trouva sur place « une laie et ses petits,des abeilles, un ours et un bœuf sauvage ». Image du mois de novembre, des frères Antonins, de la gourmandise, des juifs ou encore épisode de la vie de saint Paul-Aurélien, les interprétations sont donc nombreuses pour cette seule miséricorde et l’aspect moralisateur semble moins présent que sur les miséricordes vues précédemment." (F. PIAT, 2012)

     

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    Miséricorde  n°6, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°6, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 6 : Vierge allaitante.

    L'appui-main montre un personnage exemplaire, le premier d'entre eux : la Vierge.

    Elle est couronnée, et un voile se mêle à sa chevelure qui retombe sur ses épaules. L'Enfant, qu'elle tient sur le bras gauche et dont la tête a été brisée, pose la main sur le sein à travers la fente du corsage. Marie propose à son Fils un objet, sans doute un fruit. Ma Mère et l'Enfant occupent un dais.

     

    Vierge allaitante, appui-main n°6, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Vierge allaitante, appui-main n°6, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Vierge allaitante, appui-main n°6, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Vierge allaitante, appui-main n°6, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 7.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-07/8c30b2d1-26e6-4e2e-92f9-0f7d3c632c17

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    Miséricorde n° 7 :  3 feuilles

    "trois feuilles de chêne et deux glands sortent d'une petite structure polygonale et viennent soutenir la console. " (F. PIAT).

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    Miséricorde n°7, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°7, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 7 . Tête encapuchonnée.

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    Cette tête d'homme est presque sertie dans un capuchon, une cagoule fermée sous le menton. Pourtant, elle est projetée vers l'avant par une ferveur qui enflamme le regard. L'homme, aux lèvres épaisses, a le front et les tempes dégarnies mais qui reçoivent cinq petites mèches centrales.

    Devons-nous le considérer comme un homme en prière ?

    Appui-main n°7, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°7, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 8.

    manquante sur le site de l'Inventaire.

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    Miséricorde : feuillage (pas de photo)

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    Appui-main n° 8 : "ange" tenant un livre ouvert sur ses genoux.

    Ce personnage reste dans la logique observée depuis le début, dans laquelle ces appui-mains sont réservés à des modèles de piété. L'homme, beau comme un ange, imberbe, les cheveux bouclés, est assis et tient un livre ouvert sur ses genoux. Un des éléments remarquables est la chape serrée par un fermail à quadrilobe. Les joues sont pleines, le regard est inspiré. Rien ne peut d'avantage inciter les chanoines à se plonger dans leur bréviaire ou à chanter les textes des antiphonaires disposés sur le lutrin.

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    Appui-main n°8,   stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°8, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 9. Siège en haut des marches donnant accès aux stalles hautes.

    cette stalle n'est pas décrite dans le site de l'Inventaire.

     

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    Miséricorde n°9. Singe une main sur la fesse.

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    Vu de profil, un singe, au crâne  simiesque particulièrement étudié avec des arcades orbitaires proéminentes, des oreilles larges et une mâchoire agressive, pose la main et le pied sur ce qui semble être un lutrin et son livre.

    Mais l'autre main est posée sur la fesse gauche, comme pour calmer quelque violent prurit.

    On remarque l'anneau d'une chaine sur la cheville gauche.

    Si j'ai bien suivi les propos du sculpteur, dois-je voir ici le contre-pied de la succession des appui-mains, c'est à dire  la profanation des livres ou la caricature grotesque de l'étude par l'Ignorant et le Vulgaire ?   

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    Lisons ce qu'en écrit F. Piat dans sa thèse :

    "D’autres miséricordes de Saint-Pol-de-Léon semblent également se référer au clergé mais adoptent comme sujet principal des animaux qui miment certaines activités propres aux chanoines, esquissant une certaine critique des ecclésiastiques. Cependant, la valeur de ces images n’apparaît pas proprement négative et revêt plutôt le rôle d’un avertissement, teinté d’humour, à destination du clergé. Ainsi le grand singe se trouvant sur la miséricorde n°09 de Saint-Pol-de-Léon, animal souvent assimilé au diable dans les textes médiévaux, exprime ces deux caractères à travers une attitude grotesque.

    Sur cette miséricorde, il se tient debout face à un livre ouvert posé sur un lutrin.De la main droite, il tient ce livre tandis qu’avec la main gauche, il semble écarter ses fesses, montrant ostensiblement son anus, que le sculpteur a pris soin de représenter, évoquant ainsi l’idée très répandue que « tout passe par le cul du singe ». Sa tête est énorme et ses dents, bien visibles, semblent indiquer qu’il essaye de lire ou de chanter, mais que les seuls sons qui sortent de sa bouche sont des cris incompréhensibles et disgracieux, impression renforcée par l’exagération difficile de son expression.

    Il porte un chausson à son pied gauche mais pas au droit, élément rappelant une autre tradition littéraire relative au singe. En effet, parmi les méthodes employées pour attraper le singe, celle reprise notamment par Richard de Fournival, permet d’expliquer la présence de ce bottillon. Lorsque le chasseur veut attraper un de ces spécimens, il utilise le désir d’imitation qui caractérise tous les singes. Se déchaussant, il doit, avant d’aller se cacher, laisser ses bottes derrière lui, bien en évidence, afin que le singe tente de les passer. Une fois que l’animal a mis la première botte, il ne peut plus courir ni s’enfuir de sorte que le chasseur peut, lui, finalement, le capturer. Dans cette histoire, c’est bien le désir d’imitation qui condamne le singe à sa propre perte et c’est également cette imitation réalisée sans comprendre le sens profond des Écritures qui est dénoncée par la miséricorde de Saint-Pol-de-Léon. Car, malgré ses efforts de mime et son geste visant à « ouvrir en grand » ses orifices, ce grand singe n’arrive pas à comprendre ce qu’il lit.

    À l’image du renard prêchant, ce singe est lui aussi contrefait et doit être considéré avec la même méfiance. Au-delà de son aspect comique, cette miséricorde se veut une critique assez nette de certains moines qui répéteraient sans la comprendre la Parole de Dieu, ânonnant les chants liturgiques sans voir leur portée réelle et manquant, par là-même, à leur obligation première. Rendant encore plus exceptionnelle cette sculpture, nous n’avons pas répertorié d’exemple similaire à celle-ci dans les stalles européennes, bien que la figure du petit singe y soit assez fréquente, en particulier lorsqu’il est question de moquer certaines professions comme les médecins. Les petits singes sont en effet souvent représentés sur les miséricordes dans l’attitude du médecin examinant des flacons d’urine afin de déterminer la maladie du patient. C. GRÖSSINGER cite plusieurs exemples anglais comme Stratford-upon-Avon, Faversham, St Botolph de Boston ou la cathédrale de Manchester." (Florence PIAT 2012)

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    Un exemple iconographique comparable est néanmoins proposé dans  Iconographie des stalles, partage et transmissions des modèles par Danièle Alexandre-Bidon (fig.2 page 153) sur une miséricorde de l'église Saint-Supice, Diest (Belgique.

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    Miséricorde n°9,  stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°9, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°9,  stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°9, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Haut-dossier de la stalle n°9.

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    Haut-dossier de la stalle n°9,   stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Haut-dossier de la stalle n°9, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 10.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-10/7b5ec51d-3533-4c13-9d8c-35347fdfd0ea

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    Miséricorde n° 10 : main tenant une coupe.

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    "Une main gauche tient fermement un morceau de tissu ou un parchemin froissé. Juste au-dessus de la main, au milieu de la feuille, deux petits trous symétriques sont visibles. Ce détail semble indiquer que la miséricorde n'est pas complète et qu'une flèche, un anneau, ou tout autre élément venait peut-être transpercer l´objet. Quant à la main, elle sort d'une manche au large revers." (F. PIAT)

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    Miséricorde n°10, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°10, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 10. Religieux mains croisées. Tête brisée

    Ce religieux pourrait être un chanoine, les mains croisées sur le ventre, et un chapelet pendu à la ceinture, sur le coté gauche.

    Appui-main n°10, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°10, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 11.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-11/9e7d5aaf-69f7-4511-9aef-cb4798a3386c

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    Miséricorde n° 11 : chimère à face de taureau.

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    "La tête d'un animal fabuleux est représentée de face sur cette miséricorde. Sa physionomie est proche de celle d'un bovin, notamment au niveau du museau et du front. Par contre, ses oreilles sont stylisées par deux grandes formes triangulaires, semblables à des feuilles, au centre desquelles des arabesques sont sculptées. Ces arabesques rejoignent le museau de l'animal. Les poils ondulés sur le sommet de sa tête rappellent par contre le bouc de la stalle 61. Cet animal est en train de mâcher du foin qui dépasse encore de sa gueule. Tout autour de lui, des formes ondulantes semblent indiquer de la fumée." (F. PIAT)

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    Miséricorde n° 11,  stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n° 11, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°11. Feuille enroulée sur elle-même.

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    Appui-main n°11, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°11, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 12. 

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-12/179dae06-f3e2-438b-be7a-b2d2f30d9875

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    Miséricorde n°12 : ruban tressé.

    "un ruban entrelacé compose la forme de la miséricorde." (F. PIAT)

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    Miséricorde n° 12, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n° 12, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°12. Feuille arrondie formant le corps d'un dragon.

    Comme toute chimère, l'œil se perd et hésite à voir ici le déroulement d'une feuille, là un motif géométrique quadrillé, tout en reconnaissant une paire de pattes griffues, et une gueule monstrueuse.

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    Stalle n° 13.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-13/84da25b5-64bf-4b7a-b734-42614399c22e

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    Miséricorde n°13 : branche de chêne.

    "Trois feuilles et un gland. Deux feuilles simplement nervurées sont situées sur les côtés de la miséricorde. Au centre, une feuille aux formes arrondies et ondulantes se trouve au-dessus d'un petit gland." (F. PIAT)

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    Miséricorde n°13, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°13, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°13. Pas de photo.

    Voir Vue d'ensemble

     http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-13/84da25b5-64bf-4b7a-b734-42614399c22e

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    Stalle n° 14.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-14/e9c3d3dd-eef4-47c7-b702-236374c8aaea

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    Miséricorde n° 14 : feuillages.

    "Trois feuilles aux formes ondulantes sortent d'un support polygonal avec lequel elles font corps.". (F. PIAT)

    Pas de photo, voir celle du site de l'Inventaire.

     

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    Appui-main n°14. Feuille ponctuée enroulée sur elle-même.

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    Appui-main n° 14, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n° 14, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 15.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-15/92beb801-0909-4949-9142-1e72c3491909

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    Miséricorde n° 16 : singe chimérique mangeant un fruit d'un arbre.

    "Un animal debout prend appui sur un arbre dans lequel il vient de cueillir un fruit qu'il est en train de manger. Sa tête est celle d'un canidé mais il possède de très grandes oreilles pointues. Une longue queue (ou une laisse ?) fine apparaît derrière lui et ses pieds sont ceux d'un singe comme l'atteste la présence d'un pouce. Il porte une ceinture à la taille, qui pourrait être un élément d'une laisse. L'arbre dans lequel il se sert à la forme d'une grande grappe de raisins et aucune feuille n'est visible." (F. PIAT)

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    Miséricorde n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°15 : un aigle déchiquetant du bec un oisillon.

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    Appui-main n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Appui-main n°15, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n° 16.

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-16/39c6dede-3fde-4185-8402-2c79bb5b8d63

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    Miséricorde n°16 : tête d'homme au turban.

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    Sur la miséricorde : tête d'homme, représenté de trois-quarts et tourné vers la droite. Le personnage a les cheveux courts et frisés. Son visage est complètement déformé. Ses yeux sont asymétriques et l'oeil droit semble aveugle. Son nez est comme cassé en son milieu. Il ouvre la bouche, mais sa lèvre supérieure dessine un large "M", comme s'il avait des difficultés à parler. Son oreille droite, la seule visible, est petite et placée presque à la hauteur des tempes. Son front est parcouru de différents sillons et un creux profond est visible entre ses sourcils." (F. PIAT)

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    Miséricorde n°16,  stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°16, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°16,  stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°16, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalle n°17 (dernière stalle de cette rangée ).

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/cathedrale-saint-paul-aurelien-stalle-17/6f42a567-15ef-4985-8095-8a96c346ac91

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    Miséricorde n°17. Hommes crachant des tiges végétales.

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    "Deux hommes sont représentés en buste, le dos appuyé contre la sellette de la miséricorde. Ils sont tous deux en train de souffler dans un long tuyau qui envoie de la fumée sur un objet conique retourné situé dans la pointe inférieure de la miséricorde. Cet objet est percé de petits trous sur toute sa surface. Les visages des deux hommes sont similaires et l´accent a été mis sur leur tête, très grande par rapport au reste de leur corps. Ils sont vêtus d'un capuchon et tiennent leur tuyau. L'élément conique semble bien être une ruche que les deux hommes sont en train de fumiger." (F. PIAT) 

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    Pas d'appui-main (jouée sud-est)

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    Miséricorde n°17,  stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Miséricorde n°17, stalle haute sud (1504-1520) de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

    Source principale :

    — PIAT (Florence), 2004,  Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de Léon. Image et culture à la fin du Moyen Âge, 2 vol., mémoire de Maîtrise : Histoire de l’art (dir. X. MURATOVA) : Rennes 2, 2004. (non consulté)

     PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère

     PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.

     https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente

    Volume 2 Annexes :

    https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?ou=Saint-Pol-de-L%C3%A9on&type=&texte=stalles+

    ...............................................................................................

    Bibliographie complémentaire :

     ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.

     

    —  BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).

    http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html

    file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf

     

    —  BILLIET (Frédéric)  Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages

     

    .—  BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI  century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p. 

    — E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45

    .—  BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric)  Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)

    https://books.google.fr/books?id=7tThdObk0qwC&pg=PA78&lpg=PA78&dq=stalles+saint-pol-de-l%C3%A9on&source=bl&ots=tth0hiC8_3&sig=zZ9bwe1_Qj7cICq9VvvVWu8EHyY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiMjJnC-IvYAhXDDcAKHcx-DRk4FBDoAQhEMAU#v=onepage&q=stalles%20saint-pol-de-l%C3%A9on&f=false

    — BOURNOT-DIDIER (Nancy) , 2000, André Sulpice et les stalles du Rouergue Thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue à Toulouse 2

     

    — CHARLES (Olivier ), 2004, Chanoines de Bretagne, carrières et cultures d'une élite cléricale au siècle des Lumières, Presses Universitaires de Rennes

    http://books.openedition.org/pur/17414

     

    —  DURAND (Georges) : Monographie de l'église Notre Dame, cathédrale d'Amiens. Tome II . Yvert et Tellier, 1903.

    http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm

     — KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.

    — MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY

    http://misericordia-international.blogspot.fr/

    — SITES PHOTO

    http://tchorski.morkitu.org/14/stpol-01.htm

    — PELAD-OLIVIER (Monique), L'emplacement et l'organisation des stalles de la cathédrale de Rouen des origines à nos jours.

    http://docplayer.fr/62033271-L-emplacement-et-l-organisation-des-stalles-de-la-cathedrale-de-rouen-des-origines-a-nos-jours.html

    http://www.rouen-histoire.com/Cathedrale/Stalles/Index.htm

    — PEYRON (Paul), 1901,  La Cathédrale de Saint-Pol et Le Minihy Léon, Quimper, Imprimeur de l’Évêché, 1901, 248 p. (lire en ligne) ou archive.org

    https://archive.org/stream/lacathdraledesa00peyrgoog#page/n12/mode/2up/search/psallette

    — PRIGENT (Christiane)   Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux, à l’époque romane et à l’époque gothique. « Représentations sculptées de danseurs et de jongleurs comme manifestation de la culture laïque dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique », in M.S.H.B., tome LXXI, 1994, p. 279-313.

    https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

    — LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12.
    — LANGLOIS (E.-H.)  1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.

    — LEMÉ (K.) 1994,  Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21.
    —  LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe http://www.theses.fr/1993PA040260

    — LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996

    — LEME-HEBUTERNE, Kristiane. Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI.

    p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173

    — TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.

    Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3

    — JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.

     — AMIENS. 1509 et 1522.

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/stalle-du-choeur-decor-en-bas-relief-d-une-jouee-la-vierge-des-litanies/08160568-5bd4-486b-8dce-04262e6e6f4e

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/recherche/globale?texte=Amiens+stalles

     

    https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/

     La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site  http://www.stalles-dg.info/Pag/accueil.htm

    — BEAUVAIS : Inscription sur la 10ème stalle du côté gauche en haut sur une miséricorde : DE avec étoile et lune

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/ensemble-de-83-stalles/afd61497-aa6e-4021-b20b-5c2f92980865

    — SOISSONS

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa

     

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    Published by jean-yves cordier
    11 janvier 2018 4 11 /01 /janvier /2018 20:21

     

    I. PRÉSENTATION DU MANUSCRIT.

    Souvent appelé Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, ce livre d'heures a été commandé par la reine Anne de Bretagne à l'enlumineur Jean Bourdichon, et réalisé de 1503 à 1508. Il est conservé actuellement à la Bibliothèque nationale de Paris (Ms. lat. 9474). Les images sont disponibles sur la base Mandragore et sur Gallica de la BNF.

    Une réplique du même atelier datant de 1515 est conservée au Pierpont Morgan Library MS M 732, avec 96 enluminures botaniques avec dénomination.

     

    Les Grandes Heures ont donné lieu à des répliques postérieures, dont trois exemplaires sont de conception très voisine :

    Alors que la première réplique est présenté comme « un double des Grandes Heures » par Delisle, les deux suivantes ont les mêmes bordures florales, mais les peintures sont présentées dans des tabernacles à corniche dorée compliquée (F. Avril). 

     

    L'ouvrage, de 30,5 cm par 20 cm, est constitué de 476 pages en latin dont 49 grandes miniatures en pleine page et 337 enluminures marginales. Il est remarquable par le travail d'enluminure de chaque marge de page, sur lesquelles figure la représentation réaliste sur fond doré de 337 plantes légendées en latin et en français. On y trouve des fleurs, cultivées ou sauvages, des arbustes, quelques arbres, et une grande diversité d'insectes et de petits animaux de la campagne. Les insectes représentés sont des papillons de jour et de nuit, libellules, sauterelles, chenilles, coccinelles, mouches, abeilles charpentières, grillons, perce-oreille, bourdons, gendarmes, lucanes.

    Les petits animaux représentés sont des serpents, lézards, orvets, grenouilles, tortues, écureuils, escargots, lapins, singes, araignées.

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    Psaume 137 In conspectu angelorum psallam tibi, folio 115r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    II. LA BOTANIQUE DES GRANDES HEURES D'ANNE DE BRETAGNE.

     

    Les  337 dessins de plantes, sont pour la plupart réalistes et aisément identifiables. Quelques-unes sont fantaisistes, et parfois des fleurs blanches sont peintes en bleu. L'immense intérêt de ce manuscrit pour l'histoire des plantes, qui  réside dans sa date, au plus tard 1508, a été remarquée par Antoine de Jussieu en 1722, qui en a  donné une étude critique botanique. Les identifications botaniques sont aidées par le fait que chaque plante est accompagnée de son nom vernaculaire et de son nom latin, mais ces noms  créent aussi des difficultés propres. Les déterminations ont été complétées par Joseph  Decaisne puis par Jules Camus en 1894.
    Voir : 

    http://uses.plantnet-project.org/fr/Livre_d%27heures_d%27Anne_de_Bretagne.

    http://www.plantillustrations.org/volume.php?id_volume=6863&mobile=0

    Néanmoins, il ne semble pas que la préoccupation des auteurs ait été de s'interroger sur les sources d'inspiration  de l'enlumineur ou des commanditaires royaux, ni de se livrer à une étude philologique des noms de plante, ni encore de replacer ce manuscrit dans le cursus de l'histoire des sciences de la nature.

    Néanmoins, le travail réalisé par Jules Camus va fournir une base documentaire pour l'analyse zoologique, qui reste à réaliser.

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    VIOLLA ALBA / VIOLETE DE MARS = (Viola odorata L. = violettes à fleurs blanches), folio 105r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    III. LA ZOOLOGIE DES GRANDES HEURES D'ANNE DE BRETAGNE.

      

     

    Si les botanistes se sont intéressés à ce témoignage unique et particulièrement précoce de leur science, il en va tout autrement des zoologistes, puisque je n'ai pu trouver aucun dénombrement, et, a fortiori, aucune tentative d'identification systématique des espèces animales peintes par Bourdichon. 

    Parmi les espèces représentées, les papillons et les libellules l'emportent largement, et le peintre a placé sur presque chaque enluminure soit  des papillons, soit des libellules. C'est donc l'Entomologie qui a jusqu'à présent dédaigné une source majeure de documentation iconographique. 

    Hâtons-nous de donner la justification de cette carence : pour des savants, les insectes représentés sont encore, à première vue, des créatures décoratives non réalistes. Les identifications ne pourraient descendre, au mieux, en dessous de la précision sur la Famille, mais non reconnaître le Genre et encore moins  l'Espèce peinte. 

    Une autre raison, majeure, de ce désintérêt est que le manuscrit n'était pas consultable, sauf à être autorisé à se rendre à la BnF. Des reproductions ont circulé au XIXe siècle, avec des planches en noir et blanc ou en couleur, mais rien celles-ci ne permettent pas facilement  l'examen des insectes, qui ne sont que des détails accessoires des enluminures botaniques. Le manuscrit fut numérisé par la BnF et son site Gallica en novembre 2012, et ce n'est qu'à cette date que l'examen entomologique des peintures furent réellement possible pour le public.

    En outre, puisque les noms vernaculaires et latins ne concernent que les plantes,  nous sommes privés de toute indication zoonymique, c'est à dire de tout indice permettant la détermination des espèces des insectes dépeints. Ce qui n'est guère étonnant puisque ceux-ci ne furent nommés que par la nomenclature linnéenne, à partir de 1758.

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    Ces raisons m'avaient amené, lors de l'étude pré-zoonymique des Lépidoptères, à délaisser ce manuscrit. 

    Je me décide aujourd'hui à y rechercher les insectes de l'Ordre des Odonates (communément "Libellules").

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    Folio 115r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    On sait que cet ordre se sub-divise en deux sous-ordres, celui des Anisoptères et celui des Zygoptères. Dans le langage courant, les anisoptères sont appelés libellules tandis que les zygoptères sont appelés demoiselles.

    Les Anisoptères (Libellules au sens strict, Dragonfly en anglais) sont caractérisés par de gros  yeux généralement joints au-dessus de la tête et un corps allongé, par des ailes antérieures et postérieures  de formes différentes (plus large à la base pour les postérieures) et qui restent dans une position perpendiculaire au corps  au repos.

    Les Zygoptères (Demoiselles en français, Damselflies en anglais) ont un corps plus grêle, des ailes  à peu près égales et repliées au repos à la verticale (sauf chez les Lestidae qui les gardent semi-étalées), des yeux non contigus.

    Cette opposition  entre des Anisoptères massives et aux ailes placées comme celles des avions, et les Demoiselles fines comme des aiguilles et aux ailes en hélicoptères, si elle est caricaturale, nous donne un bon moyen pour savoir si, dans cette premier "herbier" fidèle à la réalité, les Libellules respectent cette partition, ou si l'artiste a donné libre cours à son imagination sans tenir compte de la réalité naturelle.

    Après avoir passé une après-midi à tourner les 377 feuillets numérisés et à zoomer sur les Odonates, je fus "vite" fixé. J'avais dans mon filet 91 spécimens, que je classais dans ma boite de collection en 55 "avions" et 36 "hélicoptères". 55 Anisoptères et 36 Zygoptères.

    Soixante-et-un étaient de couleur bleu azur, les autres étaient jaunes, ou rouge-orangé, ou noir et jaune. La présence des ombres du corps ou des ailes, ou bien le fait que les ailes, dans de nombreux cas, sortaient du champ de la feuille de dessin, et débordaient dans les marges, laissaient penser que le peintre (il s'agit de Jean Bourdichon) avait travaillé d'après nature, avec des papillons, des criquets et des libellules qui étaient venus de poser sur les plantes qu'il avait mission de représenter. (Bien-sûr, les planches qui comportaient des singes endormis au pied des plants gâchaient cette certitude).  On pouvait croire qu'on allait y reconnaître des espèces bien précises, malgré certaines bizarreries qui montraient que le peintre était un artiste, et non un naturaliste. La plus choquante était la présence de longues antennes en crosse, peut-être du meilleur effet, mais qui n'avaient rien à voir avec les  courtes antennes fines comme des cheveux des Odonates. L'abdomen effilé de nombreux spécimens, dépourvu de tout appendice anal ou de tout cercoïde, était troublant. Malgré le nombre élevé des individus récoltés, il était manifeste que  l'on avait repris la même figure pour la placer soit en haut, soit en bas, soit à droite, soit en miroir à gauche, mais que la diversité des espèces ne s'en trouvait pas accrue.

    D'ailleurs, hormis dans un cas, toutes les ailes étaient transparentes, ce qui excluait d'emblée que les Calopteryx fassent partie des modèles.

    Les ptérostigmas, ces "taches" sombres mais parfois colorés de l'extrémité du bord antérieur des ailes, étaient bien peints, au nombre de quatre, mais de manière stéréotypée.

    Il était évident qu'aucun entomologiste n'accepterait de prononcer la moindre détermination d'espèce, voire de genre, et qu'il allait falloir se contenter d'approximations et de vagues évocations.

    Mais il était aussi évident que le peintre, s'il n'avait pas reproduit la nature dans un souci de fidélité ( il faudra attendre cette révolution du regard introduit par Joris Hoefnagel soixante-dix ans plus tard), ne s'était néanmoins pas affranchi de toute exigence de respect du réel. Et qu'un pas important avait été franchi ici, dans le sillage de la volonté de reproduire fidèlement les spécimens de plante, pour montrer les insectes pour eux-mêmes, comme objet d'étude.

    Jean Bourdichon avait, dans ses enluminures, rompu avec les images décoratives marginales de papillons et de libellules qui ne sont pas rares dans les marges des Livres d'Heures.

    De même, les insectes ne portaient aucune valeur symbolique ou allégorique, et ils n'avaient aucun rapport avec le texte (des oraisons) qu'ils illustraient.

    Or, les autres peintures de Bourdichon ne donnent pas d'exemples d'un tel souci naturaliste, où les objets naturels sont le sujet de l'enluminure, et non son détail marginal cocasse ou ornemental. De même, les autres Livres d'Heures d'Anne de Bretagne (Petites Heures NAL 3027 ou Très Petites Heures NAL 3120)  n'offrent pas non plus de figures semblables, qui montreraient que ces insectes et cet herbier  relevaient d'une préoccupation naturaliste de la reine de France. Sous quelles influences cet herbier peint et ces animaux prenaient-ils soudain, dans une effraction spectaculaire de l'orée du XVIe siècle, la première place ?

    Avant de tenter de répondre à cette question, je devais d'abord rechercher si, dans la littérature scientifique en ligne, quelqu'un, de préférence un entomologiste, avait reconnu dans ces 88 spécimens peint, un indice de détermination. 

    Le seul résultat est un passage d'un texte de l'immense spécialiste des Odonates P. S Corbet, qui écrit en 1991 : 

    "Plus tard, nous trouvons des libellules joliment peintes sur une Bible de Gutenberg de 1453 (Rudolf, 1991), et dans certains bréviaires médiévaux, par exemple le Bréviaire Grimani ((Conci & Neilsen, 1956), le Bréviaire de Belleville de l'atelier de Jean Pucelle à Paris (Hutchinson, 1978)  et le Livre d'Heures d'Anne de Bretagne illustré par Jean Bourdichon (Frain, 1989). En Europe, il faudra l'invention de l'imprimerie et le libération intellectuelle de la Renaissance pour révéler ce que les observateurs contemporains connaissaient sur les Libellules". (Trad. lavieb-aile)

    L'auteur mettait sur un même plan les Odonates illustrés dans le Bréviaire de Belleville de 1323-1326, dans une Bible de Gutenberg de 1453 conservée à la Staatsblbliothek Preussischer Kulturbesitz de Berlin, dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne de 1503-1508, et dans le fameux Bréviaire Grimani de 1510-1520, tous  regroupés dans les temps médiévaux. 

    Or, la libellule enluminée au folio 781v du Bréviaire Grimani a été identifiée comme étant l'Aeschne bleue Aeshna cyanea, alors qu'aucune détermination d'espèce n'a pu être prononcée pour les manuscrits ou ouvrages précédents. Bien qu'aucun recensement des Odonates représentés dans l'art, ou plus étroitement dans les manuscrits à peintures, n'ait été mené, il s'agit peut-être de la première représentation d'Odonate déterminée jusqu'au niveau de l'espèce.

    Je rappelle que la détermination peut descendre en précision au niveau de l'Ordre des Odonates — on reconnait des libellules dès l'Age du Bronze—, du Sous-ordre, de la Famille, du Genre et de l'Espèce.

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    Il est possible d'aller au delà des analyses de P.S. Corbet sur l'histoire de l'Odonatologie, et sur l'histoire des Illustrations entomologiques, en remplaçant les listes d'exemples d'illustrations médiévales dispersées par la recherche d'un axe évolutif, au cours duquel le regard qui se porte sur l'objet d'histoire naturelle s'affine et  l'exigence de l'artiste et l'attente du commanditaire progressent. Le travail de Jean Bourdichon pour les Grandes Heures s'inscrit dans cette progression sur laquelle je place en guise de jalon :

    •  les libellules des marges des enluminures médiévales peintes par Jean Pucelle (et par beaucoup d'autres artistes du XIIIe au XVe siècle), essentiellement décoratives,
    • celles du Bréviaire Grimani au premier quart du XVIe siècle sont (avec indulgence) déjà exactes et réalistes par rapport au modèle naturel,
    •  celles de Joris Hoefnagel au dernier quart du XVIe siècle, qui sont si précises qu'elles pourront être citées comme sources par Linné dans ses définitions d'espèces.

    Autrement dit, au delà de la déception de ne pas pouvoir déterminer les modèles naturels utilisés par Jean Bourdichon pour les Grandes Heures,  il pourrait être très excitant de percevoir dans ses peintures la gestation d'une représentation scientifique progressivement en cours, et d'y reconnaître un stade pré-naturaliste : suffisamment attentive à la Nature pour placer des caractéristiques d'espèces réelles, mais suffisamment désinvolte et fantaisiste pour les mélanger indifféremment à d'autres caractéristiques contradictoires, comme les longues antennes par exemple.

    Ainsi, la libellule du folio 115r (supra) perd toute crédibilité avec ses antennes de papillon ou de zygène, son abdomen dépourvu d'appendices et la dilatation du tiers inférieur de cette abdomen.

    Nous sommes loin de l'Aeshna cyanea qui est reconnue dans l'enluminure du Bestiaire Grimani  peint moins de dix ans après ces Heures, et que Joris Hoefnagel a peint avec une précision microscopique ensuite pour le volume Ignis. Mais nous sommes loin aussi de la "libellule" à trois paires d'ailes peint sur un Bréviaire franciscain vers 1430 : je  place les quatre stades suucessifs :

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    I. Bréviaire franciscain de 1430

    Bréviaire franciscain vers 1430, BM Chambery MS 0004 folio 385

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    II. Jean Bourdichon.

    Anisoptère indéterminable Jean Bourdichon, folio 115v, Heures d'Anne de Bretagne 1503-1508 BnF Gallica

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    III. Bréviaire Grimani. 

    Aeshna cyanea, Bréviaire Grimani folio 781v (vers 1510-1520)

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    IV. Hoefnagel.

    Aeshna cyanea, Joris Hoefnagel, Ignis (1575-1585), source NGA

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    UNE LIBELLULE IDENTIFIABLE MALGRÉ TOUT ?

    Je propose de reconnaître dans la libellule peinte au folio 45v  un mâle immature de Libellula depressa Linnaeus 1758.

    Elle est vue de dessus, de trois-quart, posée sur la base d'un plant.

    Le texte : l'Office de la Vierge :

    Deus, qui de beatae Mariae Virginis utero Verbum tuum, Angelo nuntiante, carnem suscipere voluisti: praesta supplicibus tuis; ut, qui vere eam Genitricem Dei credimus, eius apud te intercessionibus adjuvemur. Per eúmdem Dóminum nostrum Jesum Christum Fílium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitáte Spíritus Sancti

    La plante.

    Il s'agit du  Lierre terrestre Glechoma Hederacea , L. 1753. La bordure est surmontée du nom latin EDERA TERRESTRIS (cf le Botanicon de Theodor Dorsten  1540 page 144) alors que le nom français est inscrit en dessous : QUE DIEU MARCHA. La seule justification de ce dernier nom est la citation biblique du Livre de Jonas 4:6 et praeparavit Dominus Deus hederam et ascendit super caput Ionae "Le Seigneur Dieu fit naître alors un lierre, qui s'éleva au-dessus de la tête de Jonas, pour l'ombrager". Le Lierre est aussi en relation avec le dieu Bacchus / Dionysos, dieu couronné de lierre car il fut caché, enfant, sous cette plante par les nymphes. voir Daléchamps 1615

    . On peut noter que ce nom vernaculaire pourtant très précieux car il ne sera pas repris, n'a pas suscité la curiosité des chercheurs.

    Les insectes.

    La libellule est accompagnée d'un papillon à ocelle, imaginaire.

    Libellula depressa.

    L'enluminure montre d'un Anisoptère de couleur brun jaune. Libellula depressa, que j'identifie, est reconnaissable par son abdomen particulièrement large et aplati ou "déprimé", qui lui a donné son nom. Cet abdomen est bleu azuré chez le mâle mature, mais brun avec des bords jaunâtres chez la femelle et le mâle immature. La partie antérieure du thorax porte deux larges bandes blanchâtres bien représenté par Bourdichon. Surtout, il a bien indiqué les marques noirâtres de la base des ailes, celle des ailes antérieures étant en barre et celle des postérieures en triangle. Les yeux de l'insecte en naturel sont, comme ici, brun-verts mais  moins contigus qu'il n'est ici dessiné. Les quatre ptérostigmas sont effectivement noirs et rectangulaires. L'aile postérieure est élargi à sa base, comme il se doit. 

    Je compte, exactement, dix segments. Le dernier est recourbé vers le haut. L'artiste n'a pas représenté les appendices anaux. Il faut bien dire que sur les différentes photos en ligne, ils sont parfois bien discrets.

    Mes guides (K.D.B. Dijkstra et Grand-Boudot) me montrent des femelles à l'abdomen plus larges que ceux des mâles immatures, je fais donc l'hypothèse d'un mâle, mais si on me conteste cela et qu'on m'accorde la détermination de l'espèce, je serais déjà comblé.

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    Folio 45v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne, BnF gallica

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    Par B59210 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49376910

     

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    L'INFLUENCE DE L'ÉCOLE DE GAND-BRUGES ?

     

    Peintre de quatre rois (Louis XI, Charles VIII, Louis XII puis François Ier), Jean  Bourdichon (1457-1521) est le type même de l'artiste officiel, réalisateur avant tout d'ouvrages de luxe d'une exécution raffinée.  Ce sont  ses manuscrits enluminés, particulièrement ses œuvres de maturité comme les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (vers 1503-1508), le Missel de Jacques de Beaune (entre 1506 ou 1509 et 1511), les Heures de Frédéric III d'Aragon, entre 1501 et 1503 (Bibliothèque nationale), qui font sa renommée actuelle. Tourangeau manifestement formé auprès de Fouquet et de son fils le Maître du Boccace de Munich, dont il garde l'équilibre classique et les formes pleines, il s'éloigne de lui par sa conception de la peinture plus décorative qu'attachée au réel : c'est un auteur d'images d'une grande beauté formelle plus qu'un novateur inspiré. (D'après Wikipédia)

    Mais c'est l'influence de l'école de Gand-Bruges qui est ici déterminante, par ses bordures à fleurs et insectes, déjà présents chez Hans Memling et Gérard David.. C'est dans les années 1470-1480 que l'école ganto-brugeoise se tourne vers plus de naturalisme. Bourdichon s'y serait formé en reprenant et appliquant les armes du roi Louis XII sur une centaine de manuscrits de la bibliothèque de Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuyse.

     

    Il est remarquable, pour notre sujet,  que  les principaux artistes de cette école ont participé au Bréviaire Grimani  : Gérard Horenbout, Gérard David, Alexandre Bening et son fils Simon Bening (1483-1561). C'est à ce dernier qu'est attribué le folio 781v du Bréviare Grimani, avce son Aeshna cyanea. 

    Les Livres d'Heures de cette école offrent beaucoup d'exemples de libellules :

    a) Le Livre d'Heures à l'usage de Rome (XVe siècle) de Beinecke Rare Book and Manuscript Library, MS 287 fol. 161v

    https://brbl-dl.library.yale.edu/vufind/Record/3433117?image_id=1025452

    b) Le" Bréviaire" (ou plutôt Livre d'Heures) du Brukenthal Museum à Sibiu, en Roumanie, fut réalisé au début du XVIe siècle en Hollande par le Maître des scènes de David du Bréviaire Grimani. Parmi ses 92 enluminures se trouvent beaucoup de libellules.

    http://www.brukenthalmuseum.ro/breviar/index_en.htm

    Mais ce sujet de l'influence des peintres de Bruges sur la représentation de la Nature étant trop vaste, je l'interromps ici. 

     

     

     


     

     


     

     

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    Liste descriptive des 91 Odonates représentés sur les enluminures des Grandes Heures d'Anne de Bretagne.
     

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     Folio 11v : Anisoptère bleu ATY (Abdomen, Thorax et Yeux). Abdomen cylindrique, bleu à lignes jaunes. Extrémité des ailes foncées ou bleutées. Quatre ptérostigmas noirs.

     

     

    folio 11v, Grandes heures d'Anne de Bretagne, Gallica BnF

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    13v  : Anisoptère bleu AYT, marques jaunes en cupules sur l'abdomen et le thorax, lignes dorées sur le bord antérieur des ailes, quatre ptérostigmas noirs. Queue effilée. [ Aeshna ?? ]

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    Folio 13v, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

     

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    25r  : Anisoptère, abdomen noir à marques jaunes en cupules. Thorax rouge bordeaux à marques jaunes en cupules. Yeux verts. Quatre ptérostigmas noirs. Antennes blanches terminées en boule.  [Cordulegaster ??]

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    Folio 25r, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

     

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    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f58.item.zoom
    Folio 25r, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

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    31r : Zygoptère rouge, abdomen rouge  à 10 segments, thorax rouge, yeux noirs, pas de ptérostigmas, dernier segment bien détaillé . Un pyrrhosoma nymphula aurait les yeux rouges.

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    Folio 13v, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF

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    32r : Anisoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs, appendices du dernier segment détaillés.

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    Folio 32r, Grandes Heures de Bretagne, numérisé par Gallica BnF.

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    32v : Anisoptère abdomen et thorax noir à marques jaunes en cupules, yeux bleus, pas de pterostigmas, dernier segment effilé.  [Cordulegaster ? ?]

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    Folio 32v, Jean Bourdichon, Grandes Heures de Bretagne (1503-1508), numérisé par Gallica BnF.

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    34r (sup) : Zygoptère bleu; grandes antennes recourbées.

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    Folio 34r (sup), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Numérisé Gallica BnF.

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    34r (inf). Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs.

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    Folio 34r (inf), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Numérisé Gallica BnF.

     

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    35v : Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs..

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    Folio 35v (inf), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Numérisé Gallica BnF.

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    37r : Zygoptère bleu ATY, abdomen annelé.

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    Folio 37r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

     

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    39v : Zygoptère rougeâtre, jaune et bleu, thorax et yeux bleus, quatre ptérostigmas noirs.

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    Folio 39v Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    44v : Anisoptère abdomen bleu à traits jaunes dernier segment effilé.

     

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    Folio 44v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    45r : Anisoptère bleu ATY (Abdomen, Thorax et Yeux), quatre prétostigmas bruns, dernier segment détaillé.

     

     

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    Folio 45r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

     

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    45v : Anisoptère, abdomen plat  jaune annelé (dix ou onze segments), thorax jaune, yeux jaunes, tache noire en triangle à la base des ailes, quatre ptérostigmas noirs,  [Libellula depressa mâle immature ?? ]

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    Folio 45v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

     

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    46r : Anisoptère bleu ATY, base et extrémité des ailes bleues, ptérostigmas rectangulaires noires,  queue fourchue, antenne terminée en massue. Une seule paire d'ailes visible.

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    Folio 46r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    53r : Anisoptère abdomen jaune à triangles médians noirs, thorax ovoïde bleu, yeux bleus, 4 ptérostigmas noirs, dernier segment détaillé.

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    Folio 53r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    57r : Anisoptère bleu ATY , « queue » fourchue, 4 ptérostigmas noirs..

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    Folio 57r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    65v: Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, 4 ptérostigmas noirs,  queue fourchue.

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    Folio 65v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    66v: Zygoptère bleu ATY, thorax ovoïde, 4 ptérostigmas grisâtres, queue fourchue.

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    Folio 66v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    75v: Zygoptère bleu ATY, abdomen cylindrique annelé,  thorax ovoïde ponctué, ptérostigmas noirs,  dernier segment à appendices, longues antennes en crosse comme les Zygènes

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    Folio 75v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    77r : Anisoptère bleu ATY, thorax ovoïde, 4 ptérostigmas, 

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    Folio 77r, , Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    78v : Anisoptère bleu ATY, abdomen plat, 4 ptérostigmas,  [Orthetrum coerulecens ??? ].

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    Folio 78v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    84v: Zygoptère bleu ATY queue fourchue, antennes en crosse.

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    Folio 84v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    86v: Zygoptère bleu ATY queue fourchue.

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    Folio 86v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    88r: Zygoptère bleu ATY , reflets jaunes sur le thorax, queue fourchue.

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    Folio 88r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    90v: Zygoptère Rouge-rouille ATY queue fourchue.

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    Folio 90v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    95v : Anisoptère, abdomen orangé annelé, jaune dessous, thorax orangé, yeux noirs ptérostigmas noirs, derniers segments effilés, antennes en crosse.

    Note : pour l'entomologiste Jacques Jouannic, cet insecte, comme les suivants aux caractères semblables,  abdomen pointu, longues pattes, parfois tête de mouche, ... sont  des Tipules. Communic. pers. sept. 2018.  Il ajoute :

    " il serait bon de rajouter parmi les critères que les tipules sont des diptères et sont toujours représentées avec une seule paire d'ailes, contrairement aux odonates qui en ont 2 paires.
    La différence se voit très bien sur le folio 109r. 
    Pour bien voir la différence je pense qu'on peut comparer les représentations (qui se suivent avec les mêmes couleurs) des folios 129v (odonate) et 131v (tipule).
    [A noter aussi que certains zygoptères ont parfois les ailes superposées et sont représentés (folio 113v par ex.) avec seulement 2 ailes].

    Cela me semble, désormais, évident !!

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    Folio 95v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    96r : Anisoptère bleu ATY et jaune, queue fourchue.

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    Folio 96r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    99r: Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas bleuâtres, queue fourchue.

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    Folio 99r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    100r : Anisoptère Abdomen et thorax jaune et noir, yeux noirs, pattes jaunes, ptérostigmas, derniers segments effilés, [Libellula depressa ??]

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    Folio 100r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    105r: Zygoptère bleu ATY queue fourchue.

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    Folio 105r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    108r : Anisoptère bleu ATY thorax ovoïde, ptérostigmas noirs, queue fourchue.

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    Folio 108r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    109r (sup) : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 109r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    109r (inf.) : Anisoptère jaune rayé de noir, queue pointue

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    Folio 105v (inf), Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    110r : Anisoptère bleu Abdomen et thorax bleus marquées de cupules jaunes , yeux verts, ptérostigmas pâles, segment inférieur effilée. .

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    Folio 110r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    113r : Anisoptère abdomen jaune à triangles noirs, thorax et yeux bleus, ptérostigmas noirs, dernier segment détaillé.

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    Folio 113r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    113v: Zygoptère abdomen et thorax rouges annelés de noir, yeux bleus, ptérostigmas noirs, antennes en crosse et à bouton.

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    Folio 113v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    115r : Anisoptère bleu TY, Abdomen bleu à marques noires, quatre ptérostigmas, derniers segments effilés.

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    Folio 115r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    115v : Zygoptère abdomen bleu à marques noires, queue effilée.

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    Folio 115v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    117v : Anisoptère abdomen jaune annelé de noir, thorax jaune, yeux bleus, queue effilée.

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    Folio 117v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    122r : Anisoptère abdomen jaune à triangles noirs, Thorax et yeux bleus.

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    Folio 122r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    124v : Anisoptère jaune à raies et anneaux noirs, antennes en crosse, queue effilée.

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    Folio 124v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

     

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    125v : Zygoptère abdomen bleu, antennes en crosse, queue fourchue.

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    Folio 125v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    127r : Zygoptère bleu ATY, queue bifide,  extrémités des ailes bleuâtres, pas de ptérostigmas.

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    Folio 127r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    129r  (sup) : Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas noirs, dernier segment bifide.

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    Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    129r (inf) : Anisoptère abdomen et thorax noirs à marques et cupules jaunes, yeux bleus, quatre ptérostigmas noirs, extrémité inférieur de l'abdomen dilaté, antennes en crosse plumeuses. [Cordulegaster ??]

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    Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    129v : Anisoptère abdomen rouge à marques médianes noires en triangle, thorax et yeux rouges, quatre ptérostigmas noirs, "queue" bifide

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    Folio 129v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    131v : Anisoptère rouge-orange annelé de noir, à ventre jaune, "queue" effilée, ptérostigmas noirs, antennes en crosses et à boutons.

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    Folio 131v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    132r : Anisoptère bleu ATY, marques médianes dorsales noires et jaunes, " queue" aux appendices esquissés .

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    Folio 132r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    132v : Anisoptère rouge ATY, marques noires et jaunes.

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    Folio 132v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    133v : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue (en face d'un "Machaon" ).

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    Folio 133v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    136r : Anisoptère bleu ATY, anneaux noirs, queue fourchue (avec une chenille évocatrice de celle de l'Euphorbe Hyles euphorbia)

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    Folio 136r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    137r : Anisoptère rouge-orange ATY, marques triangulaires dorsales noires, ptérostigmas noirs, "queue" fourchue.

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    Folio 137r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    138r : Anisoptère bleu ATY, marques jaunes en cupules, queue effilée.

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    Folio 138r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    138v : Anisoptère bleu ATY, marques annelées noires, queue fourchue.

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    Folio 138v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    139v (à droite)  : Zygoptère bleu ATY , ptérostigmas noirs.

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    Folio 139v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    139v ( à gauche) : Zygoptère bleu clair ATY, antennes en crosse

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    141v : Zygoptère bleu ATY, "queue" fourchue, quatre ptérostigma noirs (en face d'un "Machaon").

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    Folio 141v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

     

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    143r  : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 143r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    144v : Zygoptère rouge-orange ATY, marque noire longitudinale, quatre ptérostigmas  "queue" fourchue, antennes en crosse.

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    Folio 144v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    145r (sup) : Anisoptère bleu ATY, quatre pérostigmas, "queue" fourchue.

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    Folio 145r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    145r(inf) : Anisoptère abdomen jaune à triangles médians dorsaux noirs, thorax et yeux orange, derniers segments effilés.

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    Folio 145r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    150v : Anisoptère orange, queue effilée, antennes en crosse.

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    Folio 150v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    151r : Anisoptère bleu ATY, thorax ovoïde, quatre ptérostigmas noirs, "queue" fourchue.

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    Folio 151r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    153r (à droite) : Zygoptère orange ATY, marques dorsaux en triangles noirs "queue" fourchue.

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    Folio 153r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    153r (à gauche) : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    154r : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 154r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    157r : Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas, queue fourchue.

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    Folio 129r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    160r : Anisoptère orange ATY, triangles dorsaux  noirs, ptérostigmas, "queue" fourchue.

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    Folio 160r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    160v  : Anisoptère jaune-orange ATY, abdomen large, annelé, queue effilée

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    Folio 160v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    164r  : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 164r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    166r. Anisoptère bleu ATY, ventre jaune, quatre ptérostigmas noirs, 

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    Folio 166r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    170r : Anisoptère bleu ATY, ventre jaune, queue effilée, antennes en crosse.

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    Folio 170r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    178r : Anisoptère bleu ATY, marques en cupules jaunes, ptérostigmas, derniers segments effilés, longues antennes.

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    Folio 178r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    180r : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 180r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    184r : Zygoptère bleu ATY, ventre jaune, triangles noirs, queue fourchue, antennes en crosse.

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    Folio 184r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    188r : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 188r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    190r  : Anisoptère jaune ATY, queue effilée, antennes.

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    Folio 190r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    196r : Anisoptère bleu ATY, anneaux noirs, ventre jaune, queue effilée, ptérostigmas, antennes.

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    Folio 196r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    202r : Anisoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 202r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    208r  : Anisoptère jaune ATY, , queue effilée, antennes.

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    Folio 208r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    213r : Zygoptère bleu ATY, queue fourchue.

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    Folio 213r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    220v : Anisoptère bleu ATY, marques jaunes en cupules, ptérostigmas, queue effilée, longues antennes.

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    Folio 220v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    223r (à gauche) : Zygoptère bleu ATY, cupules jaunes, queue effilée, longues antennes.

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    Folio 223r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    223r (à droite)  : Anisoptère bleu ATY annelé, abdomen large aplati, antennes longues en crosse, queue effilée.

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    229v : Zygoptère bleu ATY, ptérostigmas,  "queue" bifide, longues antennes.

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    Folio 229v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    233r : Anisoptère jaune ATY, abdomen élargi et annelé, queue effilée, longues antennes.

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    Folio 233r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    233v : Anisoptère bleu ATY, marques dorsales noires et jaunes, pterostigmas noirs,, queue fourchue.

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    Folio 233v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    234r : Zygoptère bleu ATY, anneaux dorés, queue fourchue.

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    Folio 234r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    235v : Anisoptère orange ATY, abdomen élargi à marques noirâtres et jaunes dorsales, "queue" effilée, longues antennes à massues.

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    Folio 235v, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    236r  : Anisoptère bleu ATY, ptérostigmas,  "queue" fourchue.

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    Folio 236r, Jean Bourdichon, Grandes Heures d'Anne de Bretagne (1503-1508). Numérisé Gallica BnF.

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    Résultats.

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    Mon décompte est celui d'un amateur, certes plein de bonne volonté, mais qui ne rédige pas ici sa thèse de doctorat. Les professionnels vérifieront derrière moi. Ou pas.

    Nombre total : 91 Odonates.

    Si je prends comme critère (discutable) de considérer comme Anisoptères les espèces figurées ailes écartées et comme Zygoptères les espèces figurées ailes redressées, je compte 55 Anisoptères et 36 Zygoptères.

    Je compte  

    91 Odonates : 55 Anisoptères et 36 Zygoptères

    Couleurs.

    Il y a 31 Anisoptères bleus, 13 Anisoptères jaunes, 3 Anisoptères noirs et jaunes, 8 Anisoptères rouges ou orangé.

    Et 30 Zygoptères bleus, 6 Zygoptères rouge ou orangé.

    Soit 61 "bleus", 13 "jaunes", 14 "orangés" et 3 "noirs et jaunes"

    La prédominance des deux couleurs bleu et jaune (avec sa variante orange)  est réaliste, correspondant à la distribution dans la nature, et à la coloration de nombreuses espèces entre mâles bleus et femelles jaunes. On remarque néanmoins l'absence de la couleur verte.

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    SOURCES ET LIENS.

    — GRANDES HEURES  d'Anne de Bretagne LATIN 9474 HORAE ROMANUM 

    Numérisation du manuscrit Bnf latin 9474 :

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v

    — Notice Wikipédia

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Grandes_Heures_d%27Anne_de_Bretagne

    — Fac-similé CURMER 1841 :

    Le Livre d'Heures de la Reine Anne de Bretagne: Traduit du latin et accompagné de notices inédites par l'abbé [Henri] Delaunay,  volume 1

    http://reader.digitale-sammlungen.de/de/fs1/object/display/bsb10800533_00098.html

    Le Livre d'Heures de la Reine Anne de Bretagne: Traduit du latin et accompagné de notices inédites par l'abbé [Henri] Delaunay,  volume 1 volume 2

    https://books.google.fr/books?id=1xZKAAAAcAAJ&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

    https://archive.org/details/lelivredheuresde01cath

    — Facsimilé Moleiro 2014 : commentaires rédigé par Marie-Pierre Laffitte (BnF), Georges Minois, Michèle Bilimoff (CNRS) et Carlos Miranda, AA.vv., Grandes heures d'Anne de Bretagne, Barcelone, M. Moleiro Editor, 2014, 397 pages, (ISBN 978-84-96400-99-3).

    — AVRIL (François) et N. Reynaud, 1993, Les manuscrits à peintures, n° 164, p. 297-300, avec bibliographie.

    — BILIMOFF Michele, Promenade dans des jardins disparus, Les plantes au Moyen Âge d'apres les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, OUEST-FRANCE, 2001.

     

    — BREVIAIRE GRIMANI

    https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/n9/mode/2up

    https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/164/mode/2up

    https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/206/mode/2up

    https://archive.org/stream/lebreviairegri00onga#page/240/mode/2up

    http://marciana.venezia.sbn.it/sites/default/files/filemanager/file/UserFiles/File/Grimani-2.pdf

    — CAMUS (Jules), « Les noms des plantes du Livre d'Heures d'Anne de Bretagne », Journal de Botanique, t. 8, no 19-23,‎ 1894, p. 325-336, 345-352, 366-375, 396-401  https://www.biodiversitylibrary.org/item/18810#page/335/mode/1up

     retranscription sur plantnet :

    http://uses.plantnet-project.org/fr/Camus,_Livre_d%27heures_d%27Anne_de_Bretagne,_1894

    Article permettant l'identification complète des plantes représentées

     

    — DELISLE ( Léopold), 1913  Les Grandes heures de la reine Anne de Bretagne et l'atelier de Jean Bourdichon, E. Rahir,.

    https://archive.org/details/mdu-rare-025674

    http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1913_num_74_1_460890

    http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1910_num_54_3_72620

    — DURRIEU Paul. L'enlumineur flamand Simon Bening. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, 54ᵉ année, N. 3, 1910. pp. 162-169; doi : 10.3406/crai.1910.72606 http://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1910_num_54_3_72606

     

    — GATIEN / GENDRE (Philippe), 2015, Un prince de l'enluminure , Jean Bourdichon, blog.

    http://autourdemesromans.com/un-prince-de-lenluminure-jean-bourdichon-peintre-de-cour/

    — KREN (Thomas), Scot McKendrick 2003, Illuminating the Renaissance: The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe Getty Publications, 1 juil. 2003 - 591 pages

    https://books.google.fr/books?id=tyA2AgAAQBAJ&dq=%22thomas+kren%22+ghent-bruges&hl=fr&source=gbs_navlinks_s
    —OMONT ( H.),  "Un document nouveau relatif à Jean Bourdichon", dans Bibliothèque de l'école des chartes, t. 73, 1912, p. 581-583 

    http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1912_num_73_1_460949

     

    —  MÂLE (Émile), 1902, « Trois œuvres nouvelles de Jean Bourdichon, peintre de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier », Gazette des beaux-arts, vol. 27, no 3,‎ mars 1902, p. 185-203.

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2031554/f216

    — MONSERRAT (Victor J. ) 2016,  LOS ARTRÓPODOS EN LOS LIBROS ILUMINADOS DE LA EDAD MEDIA EUROPEA Boletín de la Sociedad Entomológica Aragonesa (S.E.A.),  nº58 (30/06/2016): 259–331.

    https://www.academia.edu/26637740/LOS_ARTR%C3%93PODOS_EN_LOS_LIBROS_ILUMINADOS_DE_LA_EDAD_MEDIA_EUROPEA

    — Bourdichon : Heures de Frederic d'Aragon BnF http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8427228j/f1.planchecontact

     

    —REPLIQUES :  Réplique des Heures d'Anne de Bretagne : Heures Holford, Pierpont Morgan Library, New York, manuscrit M. 732 (1515, avec 96 enluminures botaniques avec dénomination ) 

    http://ica.themorgan.org/manuscript/thumbs/77418

    — Réplique des Heures d'Anne de Bretagne : Heures Rothschild, Waddeson Manor, manuscrit 20 https://waddesdon.org.uk/the-collection/item/?id=1781

    — Réplique des Heures d'Anne de Bretagne : Heures Gardner, à Boston, Gardner Museum, ms. 8 https://www.gardnermuseum.org/experience/collection/17646

    — RUDOLF R.), 1991. Paintings of Zygoptera in the Gutenberg Bible of 1453. Odonatologica, 20 (1) : 75-78.  

    http://natuurtijdschriften.nl/download?type=document;docid=591936

    SUR SIMON BENING:

    a) Simon Bening als landschapsminiaturist. Eigen stijl & evolutie binnen het oeuvre en zijn invloed op de ontwikkeling van het landschap in de schilderkunst van de zestiende eeuw. https://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/414/918/RUG01-001414918_2010_0001_AC.pdf

    b) 

    http://manuscripts.org.uk/chd.dk/misc/ABGrim.html

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    Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
    8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 22:55

    La Passion de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouezec.

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    Voir :

    a) à propos du patrimoine de Gouezec :

      Vierges allaitantes I : Notre-Dame de Tréguron à Gouezec. Les Vierges.

    Vierges allaitantes I : N.D de Tréguron à Gouezec, la chapelle et ses saints.

     

    b) à propos des vitraux :

    Liste des 154 articles de ce blog décrivant les vitraux.

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    PASSIONS FINISTÉRIENNES.

     Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

    et dans le Morbihan :

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    On attribue aussi à l 'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

     

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    PRÉSENTATION.

    La Baie d'axe ou maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Gouézec a été vitrée au troisième quart du XVIe siècle. Haute de 4  m et large de 2,50 m, elle comporte quatre lancettes consacrée à une verrière de la Passion,  et un tympan à cinq ajours. 

    Les trois lancettes de gauche forment une grande Crucifixion à nombreux personnages sur fond bleu uni, tandis que la lancette droite représente une Déposition de croix avec la Pâmoison de la Vierge au premier plan. 

    Cette verrière reprend les cartons des Passions finistériennes de Guengat et de Guimiliau (toutes les deux de 1550), de Quéménéven et sont caractéristiques de l'atelier quimpérois des Le Sodec. Elle présente aussi quelque rapport avec la verrière de Tourch, qui appartient elle-même au groupe quimpérois affilié aux maîtresse-vitres de La Martyre et La Roche-Maurice.

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    J'ai repris principalement ici le texte de GATOUILLAT & HEROLD 2005 page 130.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    LA GRANDE CRUCIFIXION.
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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Lancette A .

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    Partie inférieure de la lancette A : la Vierge éplorée entre saint Jean et une sainte femme.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Partie haute de la lancette A : cavaliers autour de la croix du Bon Larron.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Une Sainte Femme, le Centenier, et des cavaliers armés de lances.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Le Bon Larron, dont l'âme est emportée par un ange.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La lancette B, de haut en bas.

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    Le Christ crucifié.

    Utilisation de la sanguine pour rendre les traînées de sang, et les traces du foute à trois pointes.

    A droite du Christ, la lance qui transperce son flanc. À gauche, l'éponge imbibée de vinaigre..

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    En dessous : Longin donnant le coup de lance. 

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Au pied de la croix : sainte Marie-Madeleine éplorée.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Partie inférieure : trois soldats se disputent la tunique (pourpre) du Christ.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Lancette C.

    Elle est d'interprétation délicate car on y voit le Mauvais Larron, identifié par le diable qui guette son âme, mais intégré aux mises en scène habituelles des Dépositions. Faut-il y voir la déposition du Larron, ou penser au contraire qu'il est hissé par une corde sur  sa croix ? Il détourne les yeux du Christ.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La Passion de la maîtresse-vitre de l'église de Gouezec.

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    Les inscriptions.

    On lit sur les brides de harnachement du cheval IOSVECMA et SVOEM. Ces inscriptions n'ont pas encore été interprétées.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    La quatrième lancette D.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    LE TYMPAN.

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    "Les panneaux originaux du tympan ont disparu. Ils figuraient des armoiries, détruites avant 1656 mais connues d'après un procès-verbal établi en 1641 par François de Kergoat, architecte à Quimper. Les ajours contenaient, sous l'écu de France écartelé de Bretagne, les armoiries de Ploeuc écartelées de celles des Kergolay seigneur de Lesguen, entourées du collier de l'ordre de Saint-Michel, et le même écu parti de Goulaine." (Gatouillat et Hérold, citant l'abbé Émile Bosson 1971). Voir Infra Le Bihan.

    Ce tympan a été recomposé vers 1840-1850 [et/ou après 1878, cf. armoiries papales] avec dans les deux grands ajours latéraux deux éléments d'une Crucifixion datant vers 1550 et rapportés d'un autre édifice. 

     

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    1°) À gauche : Groupe des saintes femmes avec saint Jean.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Inscription en lettres perlées : CELO[C].

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Ajour central : Dieu le Père en buste sur fond rouge

    . Ce verre rouge plaqué est  gravé de rayons. C'est le réemploi d'un ajour du 1er tiers du XVIe s. d'échelle plus réduite.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    En dessous, armes moderne de Léon XIII  pape de 1878 à 1903.

    D'azur au cyprès de sinople planté sur une plaine de même accompagné au francs quartier d'une comète d'or et en pointe de deux fleurs de lys d'argent, à la fasce d'argent brochant sur le tout.

    L'écu est entouré comme de nuées de neuf têtes en réemploi (XVe et XVIe siècle).

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    A droite : Pâmoison de la Vierge soutenue par saint Jean.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

    Maîtresse-vitre (atelier Le Sodec, vers 1550-1575) de l'église de Gouezec. Photographie lavieb-aile octobre 2017.

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    SOURCES ET LIENS.

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    — ABGRALL (Jean-Marie), 1910,  Notice du Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie de Quimper BDHA

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bd03c475bf9685764a2a1c75c2540b1f.pdf

    "A l'intérieur, ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la maîtresse-vitre, contenue dans une fenêtre à quatre baies. Dans les trois baies de gauche, est représentée la Crucifixion, Notre Seigneur en croix, et les deux larrons. Autour de la croix du Sauveur, sont un certain nombre de personnages à cheval : saint Longin lui perçant le côté de sa lance, le centurion, les princes des prêtres et les pharisiens, le montrant du doigt avec dérision ou l'apostrophant avec mépris, puis des soldats portant des lances et l'éponge au bout d'une hampe ; Marie-Madeleine étreint le pied de la croix et lève les yeux vers son Maître crucifié. Plus bas, des soldats et des juifs se disputent. les vêtements du Sauveur et dégainent leurs glaives et leurs dagues pour trancher ces dépouilles et aussi pour se frapper mutuellement. Dans la dernière baie de gauche, la Sainte Vierge semble s'affaisser de douleur, et est soutenue par saint Jean et entourée par les Saintes Femmes. Au-dessus du bon larron, un ange emporte son âme au ciel. A la croix du mauvais larron est appliquée une échelle par laquelle on semble le hisser pour le crucifier ; il est vêtu d'une chemise flottante et a l'air tout résigné, ce qui semble un contre-sens ; un diable rouge est à ses côtés et lui souffle à l'oreille de mauvais sentiments. Certains détails de cette scène sont la réplique exacte de ce que l'on voit dans le vitrail de Tourc'h, datant de 1550, spécialement saint Longin, la Madeleine, les soldats se disputant les vêtements et l'évanouissement de la Vierge. Dans la quatrième baie, à droite, on a représenté la DESCENTE DE CROIX. Joseph d'Arimathie et Nicodème, aidés de leurs serviteurs, descendent avec respect le corps de Notre Seigneur. Près des pieds du Sauveur, est la Madeleine, tenant entr'ouvert son vase de parfums. Plus bas, se reproduit presque identiquement la scène du spasimo de la Sainte Vierge, encore soutenue par saint Jean et par une Sainte-Femme. — Au-dessus, dans un des soufflets, se trouve une troisième reproduction du même sujet. Dans le soufflet du milieu est un Père-Eternel tenant la boule du monde ; puis, par ailleurs, quelques fragments indéterminés. "

     

    — BARRIÉ (Roger), 1978, Étude sur le vitrail en Cornouaille au XVIe siècle. Thèse de troisième cycle. UHB. UER des Arts. Rennes, 2 tomes

    — COUFFON (René), 1945, La peinture sur Verre en Bretagne au XVIe siècle",  Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne. p.35

    http://www.shabretagne.com/scripts/files/51ebaffaede742.09604269/1945_02.pdf

     

     

    — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Gouezec,   extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

    http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/09ff228b4eec025c300f23acb5183bc8.pdf

    " La maîtresse vitre est ornée d'un vitrail consacré à la Crucifixion et dérivé de celui de la Martyre, milieu du XVIe siècle (C.) ; mais le maître verrier, n'ayant pas compris la signature du modèle : "JOST" (de Negker), l'a remplacée par "JOSUE". La croix du Christ et celles des larrons occupent trois lancettes ; au bas de celles-ci, groupe des saintes femmes, saint Jean et la Vierge Mère affaissée de douleur, puis Madeleine au pied de la croix, les soldats tirant au sort la tunique. Dans la dernière lancette, à droite, Descente de croix avec Nicodème, Joseph d'Arimathie, Madeleine encore et la Vierge Marie écroulée de nouveau. Dans le remplage, Père Eternel."

    N.B.Les allégations ou fabulations de Couffon sur "Jost" ont été démenties.

    — GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, 365 p. (Corpus vitrearum France, série complémentaire. Recensement des vitraux anciens de la France, VII) pages 144-146.

    — LE BIHAN (Jean-Pierre), 2007, GOUEZEC,des vitraux disparus de l'église et des chapelles

    blog, 17 décembre 2007

    http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-14686812.html

    "1641.Procès-verbal de visite par Olivier de Laniprat, sénéchal de Carhaix et François de Kergoat , architecte à Quimper.

    ,On voyait dans les deux soufflets supérieurs: à gauche
    le blason de France écartelé de Bretagne,
    le blason de Ploeuc écartelé de Kergorlay,
    le blason de Lesquen entouré du collier de Saint-Michel,
    le blason de Ploeuc écartelé de Kergorlay parti de Goulaine
    . le blason de Lesquen parti de Ploeuc entouré du Collier de Saint-Michel.
    Disparition à coup de fusils en 1656
    Ils disparurent en 1656, en volant en éclats dans la nuit du 8 mai, sur les ordres de Charles de Kernezne, marquis de la Roche, à la suite d’une querelle de prééminences. Le travail fut exécuté par son neveu à la tête d’hommes armés de fusils.

    On ne sait si ces vitraux furent ensuite restaurés, mais aujourd’hui il n’en reste rien. Deux bustes de personnages en partie anciens, entourés de vitraux kaléidoscopes des années 1840 les remplacent actuellement.
    Actuellement restes d’une Passion postérieure à celle en place ainsi qu’un Père Eternel et 9 têtes dont celle d’un Christ. Le tout provenant d ‘autres verrières de l’église ou de  chapelle.
    "

    — LE BIHAN (Jean-Pierre) 1989,  La verrière de l'église Saint-Pierre de Gouézec , Bull.Société d'Archéologie du Finistère pages 261-284.

    — Infobretagne http://www.infobretagne.com/gouezec.htm

     

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    Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
    8 janvier 2018 1 08 /01 /janvier /2018 14:45

    Zoonymie des Odonates. Le nom de genre Calopteryx  Leach, 1815.

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    Voir sur la zoonymie (étude du nom) des Odonates :

     

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    Résumé.

    Genre Calopteryx, Leach, 1815.  Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom qui vient du grec kalos "beau" et pteryx "aile" signifie "qui a de belles ailes" en raison de la couleur métallique de celles-ci, surtout chez les mâles.

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    I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 1815.

     

    En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de David Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.

    — LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.

     FAMILY I. LIBELLULIDA.

    489. Libellula

    490. Cordulia.

    FAMILY II. ÆSHNIDES.

    482. Cordulegaster

    483. Gomphus

    484. Anax

    FAMILY III. AGRIONIDA.

    485. Agrion

    486. Lestes

    487. Calepteryx.

     

    .

    486. GENUS CCCCLXXXVII. CALOPTERYX. Leach's MSS. 
    Agrion Fabricius Latreille.

    Wings coriaceo-membranaceous, without a real stigma, in place of which is sometimes an irregular opaque spot. Abdomen of the male furnished with a forceps-like appendage. 

    Obs. This genus comprehends those Agrionida with coloured wings. 


    .

     

    Leach décrivait son genre Calepteryx ainsi : "ailes coriaceo-membraneuses, sans réel stigma, remplacé par une zone opaque irrégulière . L'abdomen des mâles est équipé d'appendices en forme de pince [ou de forceps] . Ce genre comprend ceux des Agrionidés aux ailes colorées."

     

     

    .

    .

     

    L'espèce type du genre est Libellula virgo Linnaeus, 1758.

    .

    II. ÉTUDE DU NOM.

    . 

    Calopteryx vient du grec  kαλοσ, α, ον = belle + πτεριξ, υγοσ = aile et signifie "qui a de belles ailes", qualificatif qui ne nécessite pas d'explication pour celui qui connait les splendides couleurs bleu-vert métallique irisé des ailes des mâles de l'espèce-type C. virgo.

    La graphie CALEPTERIX de Leach, fautive à l'égard des racines grecques, a été corrigée par Burmeister en 1839 dans Handbuch der  Entomologie, 2, 825.  Ce dernier attribue le nom Calopteryx à Charpentier.


    .

    III.  RECEPTION du genre.

     

     

    Leach, qui sépare ses Agrionida en trois genres AGRION Latreille, LESTES Leach et CALEPTERYX Leach,   signale qu'il reprend sous son nom Calepteryx les espèces du genre Agrion (ou Agrionida) "qui ont les ailes colorées". Il renvoie aux AGRIONS du danois  Fabricius [1775 puis 1798  Syst. Ent. 286 (emendation)] et du français Latreille [1801  Hist. Nat. T.3 p. 287 ]. C'est ce dernier qui y place la Libellula virgo de Linné. Latreille définissait son genre Agrion ainsi : 

    "Antennes à troisième article allongé, et terminées par une soie qui n'est pas deux fois plus longue que la tête, sans articles distincts. Lèvre inférieure à trois pièces assez grandes; les latérales ayant une pièce palpiforme et un angle saillant; celle du milieu fortement échancrée.

    Téte et corselet ne faisant que le tiers de la longueur totale du corps ; tête courte, large. Yeux gros, écartés. Vessie frontale petite.Petits yeux lisses, très-apparens, sans élévation vésiculeuse au milieu d'eux. Ailes élevées. Abdomen très-long, menu, cylindrico-linéaire."

    Le genre fut repris par les auteurs suivants :

    CALOPTERYX Burgmeister 1839 Handbuch Ent.2, 285

    CALEPTERYX Hagen 1840 Syn. Lib. Eur. 61.

    CALOPTERYX Selys et Hagen 1850 Revue des Odonates Paris 133

    SYLPHIS Selys 1852 Synopsis des Calopterygines.

    AGRION Selys 1876, Bull. Acad. r. Belg. 2 41 1

    AGRION Kirby, 1890 Syn. Cat. Neur. Odon. London

    CALOPTERYX Jacobson et Bianqui  1905, Pryam Lozhnos Ross imp. 796.

    AGRION, Muttkowski, 1910, Bull. Pub. Mus. Milwaukee

    AGRION, Ris, 1916, Suppl. Ent. Berlin.

    etc.. : voir Thierreich Teilband

    .

    DESCRIPTION.

    Les Caloptéryx se caractérisent parmi les Zygoptères :

    • par la coloration métallique d' ailes grandes et larges. Le plus souvent bleu chez le mâle et vert métallique ou brun chez les femelles.
    • par leur forme non pédonculée (mais ovales,  progressivement rétrécies vers la base), ce qui les distingue des Lestes, plus petites et au corps vert métallique.
    • par l'absence de ptérostigmas des mâles alors que les pseudoptérostigmas des femelles sont pâles, mal définis et traversés de nervure. 
    • par la nervation très serrée.
    • Par leur cantonnement le long des cours d'eau, à berges végétalisées en grand nombre. Au repos, les ailes sont maintenues ensemble ou légèrement entrouvertes selon un axe de 30 ° environ par rapport à l'abdomen.
    • par la parade précopulatoire des mâles en vol stationnaire devant la femelle avec un battement des ailes à haute fréquence, extrémité de l'abdomen relevé.

    .

    ESPÈCES FRANÇAISES :

     

    • Calopteryx haemorrhoidalis (Vander Linden, 1825) - le Caloptéryx méditerranéen
    • Calopteryx splendens (Harris, 1782) - le Caloptéryx éclatant (présent partout en Bretagne)

    • Calopteryx virgo (Linnaeus, 1758) - le Caloptéryx vierge (présent partout en Bretagne)

    • Calopteryx xanthostoma (Charpentier, 1825) - le Caloptéryx occitan

    SOURCES ET LIENS.

    Bibliographie de ces articles de zoonymie des Odonates : voir ici.

    — GRAND (Daniel), BOUDOT (Jean-Pierre), 2006 Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, Biotope 479 pages

    https://books.google.fr/books?id=cYwSCwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Daniel+Grand%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    — LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – 

    https://www.biodiversitylibrary.org/page/17493627#page/145/mode/1up

     

    PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 

    — NATIONAL HISTORY MUSEUM

    http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/calopteryx_splendens.html

     — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840, Monographie des libellulidées d'Europe, Roret, 220 pages.

    https://books.google.fr/books?id=8aBIt4TdIM0C&dq=AEschna&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    .

    OUTILS ZOONYMIE.

    — LSJ Site de traduction grec/anglais Liddell  Scott Jones

    https://lsj.translatum.gr/wiki/Main_Page

    https://lsj.translatum.gr/wiki/LSJ:GreekEnglishLexicon

     

    — ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.

    https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum

    — ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34

    https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf

    — ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.

    https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519

    — ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 

    https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_

    — ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.

    https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies

     http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf

    — FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]

    http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

     

    — FLIEDNER (Heinrich),  MARTENS (Andreas ), 2008, The meaning of the scientific names of Seychelles dragonflies (Odonata) , Phelsuma 16 (2008); 49-57

    https://www.researchgate.net/publication/228819379_The_meaning_of_the_scientific_names_of_Seychelles_dragonflies_Odonata [accessed Jan 04 2018].

     

     

    — POITOU-CHARENTE NATURE (Association)

    http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/cordulie-bronzee/



     


     


     


     

     


    Derivatio nominis libellularum europaearum (Téléchargement PDF disponible). Available from: https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum [accessed Jan 08 2018].


     

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    Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates
    7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 23:18

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    Présentation des stalles.

    Les stalles du choeur en bois sculptées datent de 1510-1520 : on y voit en effet les armoiries de Mgr de Carman (1504-1514) et celles de Mgr Guy Leclerc (1514-1523). 

    Les  sièges se présentent en quatre rangées disposées par groupe de deux, de part et d'autre du chœur : 17 stalles hautes et 16 stalles basses de chaque coté. Le chœur est entouré d'un chancel de pierre contre lequel viennent s'adosser les dosserets des stalles et leur dais. L'entrée dans le chœur se fait par deux portes situées l'une en face de l'autre du coté nord et sud du chancel, entre le chœur liturgique et le chœur des chanoines.

    L'accès aux stalles hautes depuis les stalles basses se fait par une volée de deux marches située au centre des rangs inférieurs. Un autre accès est possible entre les deux rangs coté est, par deux marches et une porte basse. 

    Avec les appuie-main et les miséricordes de chaque stalle, les jouées qui les ferment sur les cotés, les rampants des volées de marches,  les dais encadrés de deux frises haute et basse, avec les pendentifs et les statues des montants, les stalles de Saint-Pol-de-Léon constituent un ensemble d'une richesse exceptionnelle. Celui-ci a été étudié par Florence Piat dans un mémoire de maîtrise de 2004, suivi d'une thèse de 2012 consacrée plus largement aux stalles de dix sites de l'ancien duché de Bretagne (Dol, Tréguier, Quimper, Saint-Herbot, Saint-Pol-de-Léon, etc.).

    .

    Où l'iconographie empêche d'entendre des voix.

    .

    Grâce aux données de cette thèse disponible en ligne, j'ai étudié successivement les frises des dais, et les jouées. Mais tous les travaux sur les stalles, toutes les photographies partagées, toutes les visites proposées ont un défaut irréductible, celui d'être basés sur l'image et le regard, alors que les stalles n'ont en réalité qu'une fonction : le chant de l'office canonique. Les figures cocasses ou édifiantes des appuie-main et miséricordes captent toute l'attention, mais la détournent de la destination, et, en réalité, de l'âme même du lieu.

    "Les études relatives à l'iconographie des stalles du chœur ne peuvent ignorer la fonction liturgique de ce mobilier. Construit comme une caisse de résonance enfermée dans le chœur des grands édifices, l'ensemble des stalles doit sa conception aux pratiques musicales progressivement adaptées à la liturgie catholique." (F. Billiet)

    Pour mettre l'accent sur l'activité chorale au XVIIe et XVIIIe siècle dans ces stalles, les stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon possèdent un atout. Certes, elles n'ont conservé ni antiphonaire, ni partition, ni bien-sûr d'enregistrement, certes les instruments de musique n'y sont presque pas représentés sur ses sculptures,  mais les enfants de la maîtrise, ou "psallette" (de psallere, "chanter des psaumes) et divers choristes, et même les recteurs ont inscrit leur nom sur le dossier du siège qu'ils occupaient, principalement vers 1635 et 1679. C'est un corpus d'une centaine d'inscriptions qui est ainsi disponible, sur la quasi totalité des 32 sièges des stalles basses (les stalles hautes, réservées aux chanoines et personnalités, en sont dépourvues).

    .

    Or, la découverte de ces inscriptions, mélange de graffiti et de textes soigneusement gravés, si elle n'offre pas un intérêt documentaire considérable, suscite une émotion comparable à celle de lire, sur les murs de Pompei, ARRUNTIUS HIC FUIT CUM TIBURTINO, "Arruntius est venu ici avec Tiburtino" : l'irruption des bruits de la rue, de l'étoffe de la robe de Gravida, et de la mélancolie des ruines. Mais à la différence de la Melancolia maladive issue du Problème XXX du Pseudo-Aristote, cette émotion est plutôt une dilatation de la rate qu'un accès de bile noire, sa nostalgie  est chaleureuse et joyeuse comme la retrouvaille, dans ses papiers, d'une vieille photo de classe. Un instant, le présent se déchire et laisse entendre le rire de François Morvan, qui tente désespérément et inlassablement d'inscrire son nom, pour suivre l'exemple de son camarade Alain Simon "enfant de la Psallette".

    Et ce sont les présences de six enfants recrutés parfois dès l'âge de sept ans pour une formation d'une dizaine d'année qui surgissent, et, peut-être, en tendant l'oreille, font entendre leurs voix fluettes mais soucieuses de s'affirmer.

    Ces inscriptions indiquent que ces enfants occupaient les sièges du bas-chœur (29 à 31 et 62 à 64 selon la numérotation adoptée par F. Piat). On les imagine se battant pour s'approprier telle ou telle place.

    Plus près du chœur, une basse contre, une haute contre et un joueur de Serpent ont laissé leurs noms !

     

    Mais ces places ne sont pas attribuées au hasard, mais à l'oreille.

    « Pour le musicien, la cathédrale est instrument de musique, la voûte résonnant, tels les cieux, du chant des anges ; comme le ventre du violon, elle amplifie, de sa gigantesque caisse de résonance, la voix du chanteur ; elle l'habille d'échos, elle l'enrichit d'harmoniques inattendues, elle le transporte à l'autre bout de la nef pour toucher au plus juste l'âme du fidèle.

    Le maître de musique connaît bien toutes les ressources de ce large vaisseau, qu'il doit remplir chaque jour de fugues et de contrefugues : il sait où placer l'enfant et le chantre ; il a appris au cours des ans à y élever sa voix et celle des autres ; il a cherché où porter le son au mieux ; il a eu l'occasion d'expérimenter chaque geste, chaque posture, chaque nuance ; il maîtrise tous les effets de la pierre, il en enseigne tous les pièges à son élève. 

    Dans le grand vaisseau cathédral, la voix au moment même où elle se met à vibrer, ébranle cette immense masse d'air, courant tout au long de la nef, par delà le jubé, se faufile dans les bas-cotés. Avec elle, tous les autres corps sonores, les tuyaux de l'orgue, le serpent, la viole, le basson, le luth, la cloche … et, lors des grandes cérémonies, les violons, qui viennent enrichir un décor de tapisseries, de peintures, d'illuminations « faits exprès ».

    Loin de n'être qu'un réceptacle, qu'un écrin à musique, la cathédrale vibre ainsi par sympathie, comme le corps du violon par sympathie des vibrations de la corde. Et c'est au symphoniarche que revient la lourde responsabilité de faire sonner cet instrument colossal, de choisir les voix et les instruments susceptibles de mettre le vaisseau en vibration, de penser les mélodies et les harmonies en fonction du caractère de chaque fête. 

    Dans la cathédrale, on chante plusieurs types de musique selon les moments de l'office, mais aussi selon son importance : plain-chant, que l'on entonnera avec plus ou moins de solennité selon les fêtes, faux-bourdon, et musique figurée polyphonique que l'on déclinera dans diverses catégories selon les effectifs utilisés (quelques solistes, chœur seul ou avec quelques instruments ou même avec tout l'orchestre pour les fêtes nécessitant quelque apparat). » (J. Duron)

    Ces inscriptions sont donc les faibles mais précieux indices pour répondre aux questions "qui chante ?" et "Où chante-t-on ?".

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    La psallette de la Cathédrale de Saint-Pol (-de-Léon) fut fondée par Guillaume Féron, évêque de Léon (1439-1472), le 9 Juillet 1455, peu d'années après la fondation de la psallette de la Cathédrale de Quimper, qui existait avant 1433,  'pour doter l'église de Léon, notre épouse, d'un chant plus harmonieux pour contribuer plus dignement au service divin et procurer le salut des âmes.'

    Elle fut composée d'un maître de chant, d'un maître de grammaire et de six enfants. Ces enfants résidaient dans la "maison de la psallette" (deux maisons figurent dans la donation initiale ; par la suite, faut-il la distinguer de l'actuelle "Maison prébendale" , qui donne sur la Rue de la Psallette?). Un maître de musique s'ajouta ensuite (1541) au maître de grammaire et à l'administrateur. Les six enfants de la psallette sont astreints à suivre les leçons de musique ; mais les jeunes clercs (ou bacheliers) admis au service du choeur y étaient également obligés.

    Le maître est tenu aux obligations suivantes :

    "il fera aux enfants deux leçons de musique et instruments par jour, une avant la grand'messe, l'autre après vêpres, chacune d'une heure.

    "Il apprendra le plain-chant et la musique quatre fois la semaine à ceux du bas choeur que le Chapitre désignera.

    "Le maître empêchera les enfants de parler breton entre eux et n'aura pas de servante qui ne sache que le breton, dans la crainte qu'ils ne puissent apprendre le français."

    Le fonds musical était  important comme le montre la découverte en 1790, à Saint-Pol-de-Léon, de 231 œuvres de différentes natures dans un meuble de la maison de la psallette. Il s’agissait de « 18 messes en musique, 50 motets, 42 Jérémiades ou leçons de ténèbres, 7 Te Deum, 11 odes, Noël, Réponses, versets et autre Stabat, 28 motets de procession, 4 motets de majeurs, 22 hymnes, 35 Magnificat et Exaudiat, 14 antiennes à la Vierge » (ADF – 1Q2473, extrait du procès-verbal des commissaires du district de Brest chargés de l’exécution des ordres du conseil de l’administration du département du Finistère, 3 décembre 1790). Rien n'indique s'il s'agissait de créations locales ou de copies, et j'ignore si ces partitions ont été conservées. Toutefois," le 22 Mars 1625, le Chapitre députe deux chanoines, M. de Poulpiquet et M. Floch, pour « faire l'inventaire de la musique que feu Missire Couvart a baillé pour servir en cette église ; Michel Durant la fera copier par les enfants » (G. 298). Le compte de 1630 porte en dépenses 4 livres payées « en cinq livres de musique auxquels il y a diverses messes et huit tons de Magnificat ». C'était, en effet, des messes en musique et non en plain-chant que l'on chantait d'habitude, comme le constate la délibération du Chapitre du 22 Mai 1631 (R. G. 473) . 

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    Répartition des sièges.

    Il faut réaliser que l'état actuel n'est pas celui d'origine. Avant que le Concile de Trente n'entraîne la disparition du jubé entre le chœur des chanoines et le transept, une rangée de stalles se disposait de chaque coté de la porte de ce jubé, et les sièges qui s'y trouvaient étaient les plus honorifiques, autour du trône épiscopal. Parmi les chanoines, le chantre ou cantor , les archidiacres de Léon et d'Acre Léon devaient y prendre place.

    On notera que la fourchette de datation des inscriptions de Saint-Pol-de-Léon n'est pas éloigné de cette petite révolution de l'espace sacré. Cette disparition du jubé et des stalles de retour qui y étaient adossés a pu jouer un rôle déterminant sur la présence des inscriptions.

    Ainsi, à Tréguier pour les stalles hautes :

    "À Tréguier neuf stalles hautes portent ainsi le nom de leurs occupants. Mais, contrairement aux stalles basses, il ne s’agit que d’un seul nom, gravé avec soin au niveau du haut du dossier ou de l’accotoir. Ces inscriptions sur des stalles hautes ne sont visibles sur aucun autre ensemble du corpus breton et il est à gager que le phénomène soit à mettre en lien avec les querelles de prééminences générées par la destruction du jubé de la cathédrale, vraisemblablement en 1648-49." (F. Piat 2012)

    La responsabilité des décisions du Concile de Trente menaçant l'emploi des chanteurs sont aussi évoquées par les auteurs  dans diverses publications :

    " À Amiens, quelques stalles ont reçu des graffiti. Les auteurs seraient-ils les chanoines qui s'ennuyaient pendant les offices?  Les recherches effectuées avec les noms et les dates ont montré qu'il s'agissait de stalles occupées par les chantres,  dont la fonction était appelée à être supprimée. Peut-être est-ce une manière de manifester leur mécontentement, un début de révolte, comme  le suggère Kristiane Lemé, spécialiste de l'histoire des stalles?"

    " Les miséricordes, les rampes, les jouées et les accoudoirs ornés de sujets musicaux correspondent rarement aux places occupées par des musiciens. En revanche, il faut constater la présence de nombreux graffiti sur les dossiers de leurs sièges. Ces inscriptions illicites couvrent une grande partie du mobilier. Sur le dossier de la stalle n°100, l'inscription « Harle » correspond sans doute au nom de Lambert Harlé, enfant de chœur qui, retiré de la maîtrise par son père en 1710, fut condamné à réintégrer l'Église et de « rapporter en même temlps les robes rouges et autres habillements qu'il avait emportés » Les graffiti gravés sur le dossier des stalles réservées aux instrumentistes pourraient dater de cette époque (stalle 41)." 

     

    "Ainsi, à Rodez, il faudrait identifier Lessiere, Deci et Ivenelles, noms gravés sur le dossier de la stalle attenante. Il faudrait aussi s'interroger sur les inscriptions illicites — Raynal, Lau et Vindex, 1601  — lisibles sur les dossiers des stalles de la collégiale de Villefranche-de- Rouergue, toujours aux mêmes emplacements des musiciens (stalles basses n° 14-15 et celles qui leur font face)."

    Aucune explication n'a été retrouvée à propos de ces graffiti mais, dans la mesure où ils sont, au XVIe siècle, l'instrument d'une revendication d'appartenance, je risque l'hypothèse suivante : menacés d'éviction à la suite des conclusions du concile de Trente (1545-1563), les instrumentistes admis dans les stalles auraient gravé leurs noms, leurs instruments et certaines notations musicales pour bien marquer la place dans laquelle  ils souhaitaient être maintenus. La date de 1552 qui accompagne les graffiti de la cathédrale de Rodez rend crédible cette hypothèse que des études plus approfondies pourront, sans doute, vérifier. 5. Par la suite, les chantres ont pris l'habitude d'inscrire leur nom au moment de leur installation dans le chœur. Sur un des dossiers des stalles d'Amiens, on peut lire : Dupuis entre le 10 juin 1736 (dossier n° 101)." Frédéric Billiet, La vie musicale dans les maîtrises de Picardie. l.e, p. 157.

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    Il faudrait aussi tenir compte de l'emplacement du lutrin Grand-aigle ou de lutrins latéraux, ainsi que des luminaires qui les éclairaient, puisque les chanteurs devaient y avoir facilement accès : accès direct par escalier au centre du chœur où se trouve le lutrin, situation centrale pour être entendu de toute la communauté .

    "A Paris, « la place des « choristes » est devant le grand aigle, face à l'autel... parfois ils marchent devant le chœur durant tout le temps de la psalmodie » 27 . Il faut insister sur le fait que tous les chanteurs chantent essentiellement depuis les stalles ou au centre du chœur, face au lutrin central vers l'abside et que toutes les grandes œuvres polyphoniques des XIVe , XVe et XVIe siècles ont été composées pour être entendues dans ces conditions acoustiques. L'observation de la place des chanteurs, que peuvent confirmer les trous destinés à recevoir les lutrins latéraux et les luminaires, permet aussi de constater la présence de nombreux graffiti sur les dossiers de leurs sièges. Ces inscriptions illicites couvrent seulement quelques sièges dans la plupart des ensembles européens mais leur signification et leur datation reste délicate. Les graffiti gravés dans les stalles de la cathédrale d'Amiens, probablement datés par leurs auteurs à la fin du XVIe siècle, indiquent la place supposée des instrumentistes." (F. Billiet, La vie musicale dans les maîtrises de Picardie)

     

     

    Dans la disposition actuelle une fois le jubé détruit, les chanoines occupaient les stalles hautes, ainsi que les dignitaires ecclésiastiques et civils, et les chanteurs et musiciens les places centrales des stalles basses.

    Le Catalogue des desservants de la cathédrale de Saint-Pol en 1644 dénombre seize chanoines, sept vicaires des sept paroisses du Minihy Léon, huit prêtres choristes (dont un sacriste, trois chappiers, un dyacre, un sous-dyacre, et Jean Ladoryan, le Maître de la psallette), trois choristes clercs, et les six enfants de la psallette, soit quarante desservants.

     La localisation des inscriptions a permis à Florence Piat certaines déductions, qu'elle a synthétisées   sur un plan.

    "La taille de ces inscriptions suggère qu’elles ont été réalisées en accord avec les chanoines, peut-être pour régler quelques conflits. La qualité des occupants est signalée par la présence du « p » renvoyant à la prêtrise. Au vu des inscriptions, nombreuses, présentes sur certains dossiers, toutes les stalles basses ne se valent pas et font l’objet d’attributions « sauvages » répétées. Les stalles entourant les accès médians vers les rangs hauts se distinguent ainsi par la multitude de graffiti qu’elles accueillent, de même que les stalles 30 et 31, ces dernières pour des raisons différentes. "

    "Les prêtres choristes et musiciens semblent  avoir occupé la partie haute du chœur ou, tout du moins, les stalles intermédiaires 21 à 25. Pour le reste, nous ne pouvons que faire des suppositions mais les inscriptions s’arrêtent dès lors que l’on se rapproche du maître-autel.

    Les stalles 32, 33, 65, 66, 18 à 20 et 51 à 53 n’ont pas été gravées de noms probablement parce que leur attribution ne faisait aucun doute. Tout au plus peut-on trouver sur certains de leurs dossiers les monogrammes « IHS » ou « MARIA », graffiti témoignant plutôt d’une certaine ferveur que d’une tentative d’appropriation d’un siège.

    Toujours est-il que l’ensemble des inscriptions saintpolitaines, si elles datent pour la plupart du XVIIe siècle, indiquent probablement une tradition qui perdurent depuis longtemps dans la répartition des occupants des stalles basses, notamment dans la disposition face-à-face des choristes et enfants, mais aussi dans cette dichotomie entre haut-chœur et bas-chœur qui apparaît en filigrane.La figure suivante [fig. n°39] présente la répartition hypothétique des occupants des stalles basses d’après les inscriptions relevées sur les dossiers. On y remarque que les noms des musiciens et enfants de chœur apparaissent essentiellement côté sud, ce que l’on retrouve aussi à la cathédrale d’Amiens à la fin du XVIe siècle (F. BILLIET, « Un mobilier pour le chant… »,Op. cit., p. 31." (Florence Piat 2012)

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    Vue générale, depuis le chœur liturgique des stalles  de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Vue générale, depuis le chœur liturgique des stalles de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Plan des principales  inscriptions des stalles de la cathédrale, et déductions sur les attributions des stalles, par Florence Piat : image emprunté à sa thèse mise en ligne.

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    Florence Piat, Thèse 2012

    Florence Piat, Thèse 2012

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    Glossaire  (Olivier Charles)

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    Psallette Maîtrise, manécanterie. Chorale d’une cathédrale. Ensemble vocal chargé de soutenir les voix des chanoines pendant les offices. Elle comprend le maître de musique, les musiciens, les choristes ou gagistes, les enfants de chœur, le maître de latin des enfants…

     Le corps ecclésiastique est divisé en Haut-chœur qui comporte les dignitaires hiérarchiques et en Bas-chœur le bas clergé, les clercs et les laïcs, réunis autour des choristes, autrefois professionnels (et souvent amenés, du moins pour les principaux, à prendre les ordres, mineurs comme celui de lecteur, ou majeurs comme ceux de sous-diacre, diacre ou prêtre). Dans un collège de chanoines, ils pouvaient aussi bénéficier d'une semi-prébende canoniale, ou même d'une prébende, affectées aux stalles inférieures du Haut-chœur. (Wikipédia)

    Haut-chœur Ensemble des chanoines d’une cathédrale. 

    Chapitre Ensemble des clercs séculiers attachés au service d’une cathédrale ou d’une collégiale. Désigne aussi la réunion plus ou moins fréquente des chanoines.

    Chanoine Clerc, prêtre ou non, membre d’un chapitre et titulaire d’un canonicat. Il perçoit une Prébende, revenu attaché au canonicat.

    Bas-chœur Ensemble des personnels de second rang d’une cathédrale : semi-prébendés, musiciens, choristes, enfants de chœur

    Semi-prébende Ou demi-prébende. Rétribution du semi-prébendé, membre du bas-chœur titulaire d’une semi-prébende. Le semi-prébendé n’a ni voix ni entrée au chapitre.

    Chantre Dignitaire chargé du gouvernement du chœur. Véritable intendant du chœur, il exerce la police du culte et veille à la qualité de l’office divin et de la liturgie.

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    Eh ! une dernière question : dans quel tenue pouvons-nous imaginer les  enfants de la psallette, assis plus ou moins sagement à leur place ?

    En  robe rouge fourré de duvet au dessus d'une une aube, le col couvert d'un  amict,  et sur la tête une calotte ou le bonnet carré. (Peyron 1901)

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    LA VISITE.

     

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    J'ai débuté ma découverte des dossiers à inscriptions des stalles basses par l'angle sud-ouest, en progressant vers l'ancien autel et son ciborium, puis en passant au nord pour remonter la rangée d'est en ouest.

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    I. LES STALLES BASSES DU COTÉ SUD. N° 33 à 18 de l'ouest vers l'est.

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    Siège n° 33.

    Pas d'inscription. "Stalle réservée" selon F. Piat, comme le siège suivant n°32 et les stalles en vis à vis au nord n°65 et 66.

    Miséricorde : chanoine encapuchonné, tenant un livre. Notez le "pectoral" à quatre barres : un laçage ?

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    Miséricorde n°33, stalles basses sud de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n° 32.

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    Pas d'inscription. "Stalle réservée"

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    Miséricorde : Ange  tenant un phylactère.

    Un bandeau retient les boucles de ses cheveux . Le col de l'amict remonte jusqu'à ses joues. Le phylactère ne semble pas destiné à accueillir une inscription. Bien que la naissance pyramidale  de la console viennent lui former une sorte de paire d'ailes, rien, hormis sa grâce, n'en fait un ange stricto sensu, et on pourrait se plaire à y voir un enfant du chœur. Un homologue occupe la miséricorde n° 37, au nord, sur les stalles hautes.

     

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    Miséricorde n°32, stalles basses sud de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

     

     

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    Appui-main : tête à la  face simiesque, tirant la langue, coiffée d'un capuchon.

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    Le siège n°31.

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    R

    ALAIN :

    SIMON 1635 :

    FRAN : MORVAN

    ALAIN : SIMON : ENFANT :

    DE LA : PSALETTE : A : SCT :

    PAVL : DE : LEON : FAICT :

    L AN : 1635 :

      F:MOR

    T:L:M  / T:L : 

    F : M F:M

    FRANCOIS : MO

    FRANCOIS : PIERRE

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    ALAIN SIMON :Une partie du texte est  très soigneusement inscrit en lettres capitales régulières et aux mots séparés par le deux-point. Il s'agit de " Alain Simon 1635", qui  reprend son inscription sous la forme "Alain Simon Enfant de la Psalette à Sct Paul de Léon lan 1635". Or, neuf ans plus tard,  le Catalogue des desservants de la cathédrale en 1644 mentionne son nom (avec la graphie Alain Symon) parmi les "choristes clercs". 

    Les trois lettres T:L:M possèdent la même qualité d'exécution. Elles peuvent être rapprochés du nom d'un autre des trois choristes clercs de 1644 : THOMAS LE MAIGRE. C'est peut-être aussi lui qui répète T : L.

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    Le nom Thomas Le Maigre se retrouve, hasard des homonymies, être celui d'un tisserand joueur d'instruments de musique rue du Pot-de-Fer à Paris, qui accueille par contrats de jeunes enfants en apprentissage pour leur apprendre la musique. (Jurgens M,  Documents du minutier central concernant l'histoire de la musique (1600-1650) )

    Enfin, FRANÇOIS MORVAN, enfant de la psallette en 1644 selon le même Catalogue, tente ici d'écrire son nom en parasitant l'inscription de son aîné, mais semble en permanence interrompu par un mauvais génie. Du moins parvient-il à inscrire, deux fois, ses initiales. Il lui reste la stalle voisine pour tenter à nouveau sa chance.

    Enfin, il nous reste le prénom PIERRE en lettres minuscules. Peut-être Pierre Pezron, enfant de la psallette en 1644.

    En définitive nous avons ici un premier texte, de belle facture, daté de 1635, et plusieurs inscriptions maladroites, plus tardives de quelques années, par quatre "enfants de la psallette". C'est le dossier de stalle  le plus émouvant.

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    "François Morvan est le premier des enfants de la psallette et a occupé le siège n°30 où il n’a pas eu le temps de terminer son inscription :« FRANCOIS : MORVAN : 1639 ( ?) : ENFANT : DE. »

    (La date a été lue 1631 par Y.-P. CASTEL dans les documents qu’il a joints au dossier de l’Inventaire consacré à la cathédrale. Néanmoins, nous préférons opter pour celle de 1639, le dernier chiffre étant maladroitement gravé, maladresse qui se remarque ailleurs dans l’inscription. Les graffiti présents au-dessus de celui-ci mentionnent l’année 1635. Leurs positions et le soin avec lequel ils ont été exécutés tendraient à prouver leur antériorité sur l’inscription de François Morvan. Y.-P. CASTEL, « Inscriptions relevées sur les stalles basses du chœur », carton : 29 – Saint-Pol-de-Léon – III Cathédrale Saint-Paul-Aurélien – Canton de Saint-Pol-de-Léon – P.I.N.). Sans doute voulait-il imiter les inscriptions déjà présentes au-dessus de deux recteurs des paroisses du Minihy de Léon, Matthieu Simon et Alain Le Borgne. Il retenta sa chance sur le dossier de la stalle n°31 à quatre reprises sans plus de succès…" (Florence Piat, 2012)

     

    "Alain Simon réussit à apposer une inscription complète sur ce même siège 31 : « ALAIN : SIMON :ENFANT : DE : LA : PSALETTE : A SCT : PAUL : DE : LEON : FAICT : 1635 » Il s’agit de l’une des inscriptions les plus longues des stalles basses, qui double une autre, du même Alain : « ALAIN : SIMON : 1635 ». Par ailleurs, Alain Simon et Thomas Le Maigre sont les seuls des six enfants de la psallette à poursuivre leur carrière cléricale et neuf ans plus tard, nous les retrouvons choristes-clercs desservants de la cathédrale. Le relevé des inscriptions des dossiers des stalles basses de Saint-Pol indique que les enfants de la psallette se répartissaient entre les sièges 28 à 31 et 61 à 64, c’est-à-dire face-à-face. " (F. Piat 2012)

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 30.

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    P : F

    S M

    M:MATHIEV : SIMON :

    RECTEVR : LAN : 1635 : FAICT

     

    M : ALAIN : LE : BORGNE :

    RECTEVR : DE : SCT : AN 1631.

    FRANCOIS MORVAN

    ENFANT DE

     

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    "Néanmoins, on peut également remarquer que parmi ces sièges, certains étaient également attribués à au moins deux vicaires déjà mentionnés auparavant, Matthieu Simon et Alain Le Borgne."

    "Tous deux occupaient la stalle n°30 et y ont laissé deux inscriptions également longues : « M : MATTHIEU : SIMON :RECTEUR : LAN : 1635 : FAICT » et « M : ALAIN : LE : BORGNE : RECTEUR :DE : SCT : AN ». Le premier, sous-chantre, était vicaire de la paroisse de Toussaints, l’une des sept paroisses du Minihy de Léon. Le second, quant à lui, était vicaire de Saint-Jean, également paroisse du Minihy. Au XVIIe siècle, le bas du chœur semble donc avoir été occupé à la fois par la psallette et par les vicaires des sept paroisses du Minihy ( Le Minihy-Saint-Paul signifie littéralement « le territoire du monastère de saint Paul ». Il s’agit d’une zone dépendant directement de la juridiction de l’évêché. À Saint-Pol-de-Léon, le Minihy englobait sept vicariats : Saint-Jean-Baptiste, Notre-Dame de Cahel, le Crucifix de la ville (la chapelle du Kreisker), le Crucifix des champs, Toussaints (Roscoff), Saint-Pierre (Santec), Saint-Jean l’Évangéliste (Trégondern).P. Peyron, La cathédrale de Saint-Pol…, p. 4-6) et la présence des graffiti des enfants et des recteurs laisse à penser que la cohabitation ne devait pas se faire sans heurt." (F. Piat, 2012)

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    L'appui-main n° 30. Chanoine portant le bonnet et l'aumusse.

    Nota bene : j'ai donné aux appui-mains le numéro du siège placé à sa gauche. Ce n'est pas le choix de F. Piat.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 29.

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    HAMON : GRALL :

    R oll QUILL ---

    ROLLAND : LE PRERIN (N rétrograde)

    9i PIERRE : PEZRON (N rétrograde)

    HE

     

    —Sur Hamon Grall, voir

    https://gw.geneanet.org/flcharlet?lang=fr&n=grall&nz=charlet&ocz=0&p=claude&pz=valentin

    http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=19166

    —PIERRE PEZRON est l'un des six enfants de la psallette dans le Catalogue de 1644, avec François Morvan, Yvon Labbat, Guillaume Noël et un certain Rolland Le ... (nom que Peyron n'a pas déchiffré aux Archives). Est-ce ROLLAND LE PRERIN , ou LE PERRIN ? 

     

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    La miséricorde n°29 : tête d'homme sous son capuchon.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    L'appui-main n° 29 : lièvre (?) accroupi sur une feuille d'acanthe.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège  n°28.

     Pas d'inscriptions.

    Appui-main n° 28 : chanoine tête recouverte d'un capuchon, mains croisées. Face brisée.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°27.

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    Inscriptions sauvages.

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    DENCH[O] ou PENCH[O]

    H:LE F-- A

    PO  FO  H. GRALL

    PIERRE

    LANGIO [?]

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 26.

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    Nombreuses inscriptions sauvages, monogrammes et entailles.

    I:A

    I:M

    I:D

    PENCHO

    GLAV

    Monogrammes MÃR et IHS (MARIA et IESUS)

    COVARDE IAN GVILLAVME

    RENARD SYMON

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    COVARDE, "Couarde", est attesté à la fois comme adjectif féminin de couard "peureux", comme  toponyme, en Charente-Maritime mais aussi en Bretagne : c'est le nom d'un prieuré de Bieuzy  rendu célèbre par la découverte de la Vénus de Quilipily, et qui dériverait selon Jean Ogée du breton ar C'ward.  C'est aussi un  patronyme. Faut-il le rapprocher de celui de "feu Missire Couvart", mentionné en 1625 pour avoir produit la musique de la cathédrale ?  

    Les noms suivants semblent devoir être associés ainsi : JEAN RENARD et GUILLAUME SYMON. On retrouve le nom IAN RENARD entaillé sur l'appui-dos en haut du dossier.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Marches d'accès aux stalles hautes et rampant gauche : la moitié est des stalles basses sud.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°25.

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    Inscriptions soignées et profonde à la gouge :

    NL / ICL

    NIKL / MV

    Quelques tracés en pointillé (cercle et triangle).

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°24.

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    Inscription à la gouge, à coté d'un cercle.

    ND. (N. Dufaur ??)

    Miséricorde n°26 : Rameau de trois feuilles (pas de photo)

    Appui-main n° 26 : feuille formant une boule.(pas de photo)

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 23.

    Appartient aux sièges des choristes et  musiciens 21 à 23 et 54 à 56.

    Inscriptions : dues à plusieurs mains, et associées à deux cercles.

    N      PELLEN

    F. FVR : P    /  LO

    1679

    PC 

    CLAVI

    H   IAN   H

    N TRAON    DESSUS

    N : DUFAVR : BASSE CONTRE : 16

    16-5

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    Nous trouvons en premier un dénommé PELLEN, patronyme courant dans le Finistère.

    Un prêtre (lettre P) F. FUR  a fait inscrire (facture soigneuse à la gouge et recherche graphique) son nom ici en 1679. Il a procédé de même, la même année, du coté nord sur le siège n°58.

     Le troisième personnage qui a laissé son nom est  [N] TRAON, patronyme également courant dans le Finistère et notamment dans le Léon. Est-ce lui qui se définit comme "dessus" ? 

    Enfin vient l'inscription de N. DUFAUR, basse contre en 1655 (?). C'est la première identification précise d'un choriste, et cela permet de connaître la place qui lui avait été attribuée. Florence Piat attribue, dans son plan des stalles, les sièges n° 23 à 25 et 54 à 56 aux choristes et musiciens. Elle estime que c'est à N. DUFAUR (qu'elle lit "DUFOUR) qu'est liée le qualificatif "dessus", ce qui est logique à l'égard du registre de haute contre.

     Rappel :

    On classe les voix de la plus aigüe vers la plus basse en Haute-contre, Contre-ténor, (très aigüe), Ténor (aigüe), baryton (moyenne), Basse chantante ou Basse-taille (grave) et Basse-contre (la plus grave). 

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    "Dans la partie haute du chœur, les stalles 22 et 23 sont occupées par des choristes et musiciens. Sur le dossier de la stalle n°23, « N. DUFOUR » indique en 1655 qu’il est « BASSE CONTRE » et précise même « DESSUS » dans la partie supérieure. Cet ajout signifie probablement que N. Dufour avait une tessiture plus large que celle de basse-contre et qu’il pouvait aussi chanter en voix de tête, peut-être pour accompagner les enfants de la psallette dont nous avons vu qu’ils occupaient le bas chœur. ." (Florence Piat 2012)

     

    Appui-main n° 23 : Volute.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n° 23 : Homme coiffé d'un bonnet à oreilles d'âne.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°22.

    Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.

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    Dossier haut

    IAN LE ELAER [ LE ALLANER ?]

    IRENARD--

    Dossier

    PICARD

    GORREC SERP[ENT]

    PIERRE QVEMMENER

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    Je n'ai pas déchiffré le premier patronyme. On trouve ensuite I[an] RENARD, pui PICARD, Puis GORREC. Ce patronyme, éventuellement sous la forme LE GORREC, est attesté dans le Finistère, même si F. Piat lit ici "GARREC". Enfin Pierre QUEMMENER, graphie également attestée quoique plus rare que QUEMENEUR.

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    "Occupant la stalle n°22, Hamon Cam exerçait quant à lui au poste de haute-contre." (F. Piat)

     

    L'information la plus précieuse réside dans les quatre lettres SERP, dans lesquelles il est très tentant de lire le début de SERPENT.

    Le serpent, comme le basson, sont introduits dans les églises au XVIIe siècle pour l'accompagnement du plain-chant.

    Sur cet instrument, voir mon article sur l'Ange serpentiste du lutrin de l'église Saint-Louis de Brest.

    "A Bordeaux, la cathédrale recourt aux services de dix choristes et de cinq instrumentistes. Les choristes sont une haute-taille, cinq basses-tailles, deux hautes-contre et deux basses-contre. Les instrumentistes sont l'organiste, un joueur de serpent deux joueurs de basson et un joueur de basse de viole. Les collégiales moyennes se contentent d'un organiste, d'un serpent et de deux ou trois choristes professionnels." (Philippe Loupès).

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    "Ce même siège [n°22]  était également celui d’un certain Garrec qui eut juste le temps de dessiner les lettres « SERP», renvoyant au serpent, instrument de musique de la famille des cuivres dont la forme rappelle effectivement celle du serpent,et qui était utilisé pour accompagner les chœurs lors des offices (Fréquemment cités à partir du XVIIe siècle, les joueurs de serpents se retrouvent également dans la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, stalle n°41, où deux d’entre eux ont gravé leurs noms dans le dossier de la stalle. F. BILLIET, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999,Amiens, Encrage, 2001, p. 29

    J'ai retrouvé en ligne l'image de la stalle n°41 d'Amiens, où j'ai entouré les deux serpents, et une portée musicale :

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    Capture d'écran de la figure de l'article de Frédéric Billiet "Un mobilier pour le chant"

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    Les enfants de la psallette épaulent des chanteurs, ou chantres, qu’il n’est pas toujours facile de distinguer des véritables musiciens dans la mesure où, dans les registres de délibérations, le terme musicien désigne aussi bien un choriste qu’un instrumentiste : seule la mention de l’instrument ou de la partition chantée permet alors de les distinguer. Certains sont cependant polyvalents : Jacques Raoul est ainsi « chantre et musicien » de Saint-Pol-de-Léon de 1771 à 1790  Les choristes accompagnent les offices de leurs voix de haute-contre, basse-contre, haute-taille ou basse-taille, soutenus par la musique du chapitre. Que l’on soit à Rennes, Saint-Malo, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier ou Vannes, cette dernière est constituée d’un ou deux serpents accompagnés d’une basse ou d’un basson et d’un organiste. À Rennes, où l’orgue, très abîmé, a été démonté en 1732, elle est renforcée par un violon et un violoncelle ; à Saint-Pol-de-Léon, par une contrebasse, un alto, un violon, une clarinette ; à Tréguier, par une viole ; à Vannes, par un violon, une viole, un violoncelle et une clarinette. Rien ici de très original puisque l’on retrouve l’équivalent de Bordeaux à Rouen en passant par Le Mans. La présence de musiciens jouant de plusieurs instruments – comme à Vannes, où les mêmes personnes jouent du serpent et du violon d’une part ; du serpent, du basson et du violoncelle d’autre part – ainsi que le manque de précision des documents interdisent d’assimiler systématiquement le nombre d’instruments au nombre d’instrumentistes." (Olivier Charles)

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    Miséricorde n° 22 : feuillages (pas de photo)

    Appui-main n°22 : boule. (pas de photo)

     

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°21.

    Appartient aux sièges des choristes et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.

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    GOULI V  (pour Guillaume ??)

    PM
     

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    Miséricorde n° 21 : géométrique (pas de photo)

     

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 21 : Chanoine (ou femme coiffée d'un bonnet), tenant un livre.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n° 20.

    Pas d'inscription.

    Les sièges 18 à 20 et leurs vis à vis 51 à 53 sont des stalles réservées, comme les trois premiers à l'extrémité ouest. 
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    Miséricorde n°20. Deux feuilles issues d'un gland.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n°19.

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    Pas d'inscription.  Stalle réservée.

    Miséricorde : rameau à deux feuilles (pas de photo)

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    Appui-main n° 19. Tête de mort encapuchonnée.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n° 18.

    Pas d'inscription. Stalle réservée.

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    Miséricorde n° 18. Chimère à tête de femme au dessus d'une tête d'homme.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    LES STALLES NORD DE L'EST VERS L'OUEST, N° 51 à 66

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    Le siège n°51.

    Pas d'inscription. Stalle réservée.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 52.

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    Pas d'inscription. Stalle réservée.

     

     

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°53.

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    Inscription IHS. Stalle réservée.

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    Miséricorde  n°53 : visage d'homme suçant les pattes de deux chiens qui encadrent son visage.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main  n°53 : cavalier nu

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°54.

    Appartient aux sièges des choristes  et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.

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    Monogramme MAR

    CLAV (voir CLAVI siège n°23)

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    Miséricorde n° 54 : cep de vigne.

    Appui-main 54 : homme étendu (raboté).

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°55.

    Appartient aux sièges des choristes  et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.

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    LABARE RADIN (LAVARE ?)

    OP / COSK / IAC / LS / 

    PIERRE QVEMMEN/ER

    CLAUDE / COAT.

    Monogramme IHS

    MERRET FOL

    IL

    L

    GUIL [LAUME]

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    Faut-il lire LABARE RADIN et MERRET FOL comme des injures entre "camarades" ?.

    COSK correspond sans doute à COSQUER.

    Le nom CLAUDE COAT est complet. PIERRE QUEMMENER avait déjà inscrit son nom sur le siège n°22, ... qui fait vis à vis à celui-ci.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 55

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 56.

    Appartient aux sièges des choristes  et musiciens 21 à 23 et 54 à 56.

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    Inscriptions : associées à un cercle, à un visage et à une croix :

    IHS

    M F . P . A . 

    CA

    I / A

    PEZRON

     

    Nous retrouvons l'enfant de la psallette Pierre Pezron, transfuge du siège n°29, mais qui serait devenu choriste, ou bien un homonyme.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°56 : tête d'homme barbu.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°57.

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    YVP

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    Miséricorde n° 57 : feuilles de chêne.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 57 : Homme travaillant sur un objet posé sur un support. Un cordonnier ?

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n°58.

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    L'inscription y est si soignée, si composée, si délicate dans sa calligraphie qu'il s'agit d'un travail de professionnel. Si on en croit les dates, c'est en 1674 que [Pierre] Le Goff, prêtre, fit inscrire son nom sur le dossier de ce siège, suivi en 1679 par F[rançois Le] Fur, prêtre également.

    A l'intérieur de cartouches formés par des courbes se terminant par des losanges, les lettres sont disposées avec une recherche de symétrie et une utilisation astucieuse des lettres conjointes. La ponctuation de séparation des mots utilise, à la place du deux-point, le double losange. L la lettre  G de Goff n'est pas une majuscule, mais une paire de bésicles, dont le cercle inférieur trouve écho dans le -O- suivant.  

    LE FUR répète son nom un peu plus bas, mais en plaçant le V médian en suspension sur les deux piliers des autres lettres.

    "Une autre inscription de « F.FUR.p » est visible sur le dossier de la stalle n°23, indiquant que ce prêtre a changé de stalle au moins une fois. La signature, beaucoup moins soignée que sur la stalle n° 58, est probablement antérieure." (F. Piat)

    Enfin, sur la parclose, le monogramme YVP est celui de la stalle précédente.

    La position de ce siège, immédiatement à droite des marches qui donnent accès aux stalles hautes, explique-t-elle la dignité esthétique de ce dossier ?

     

    F :  FVR : P

    A  1679 A

    P: LE : GOFF :

    16 P 74.

    FVR

    Sur la parclose :

    YVP

     

     

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Les marches vers les stalles hautes et les deux rampants.

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    Le siège n° 59.

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    Accumulation en palimpseste de  sigles (rectangle et diagonales), de 6 monogrammes IHS et 1 monogramme Maria,  de prénoms et noms, et de traits verticaux par  gravure assez profonde  à la gouge.

    AI IAN / HAMON CAM /  X : PEZ / BON / M : CARON : TANQVE / GIACOM / IAN : LE : / MASSON / IACQVES QVEMMENER
     

    Les patronymes isolés sont  CARON, TANQUER, les prénoms isolés sont ceux de  IAN (JEAN), IVON, ALLAIN, les noms et prénoms complets sont ceux de HAMON CAM,  JACQUES QUEMMENER et de IAN  LE MASSON . peut-être X : PEZ correspond-il à Christian PEZRON.

    Nous avons quelques renseignements sur Hamon Cam : D'une part Florence Piat nous signale qu'il occupait la stalle 22. D'autre part, les archives du Chapitre rapportent qu'il s'agit d'un prêtre-choriste, haute-contre, et qu'il fut autorisé en 1678 à faire le tour de France des cathédrales :  

    "Les musiciens avaient, paraît-il, l'habitude de faire leur tour de France, car l'on voit souvent figurer dans les comptes, l'allocation donnée aux musiciens passants.

    Le compte de 1659 porte que l'on donna au sieur Gentilhomme, maître de la psallette, 27 livres 10 sols « pour la passade des musiciens pendant un an. Et la même année, il est payé 6 livres au sieur Montoir, organiste de la Cathédrale de Quimper, par forme de passant ».

    C'est ainsi également que nous voyons le Chapitre donner, le 10 Décembre 1678 (R. G. 297), l'autorisation à l'un des chantres de faire son tour de France.

    « Hamon Cam, prêtre choriste, haute-contre, y servant depuis son enfance à la Cathédrale, demande à se retirer afin de voir d'autres cathédrales où sa bonne fortune le conduira, pour le temps qu'il plaira à Messieurs du Chapitre de lui limiter, attendu qu'il est pourvu d'une chapellenie affectée aux gens du choeur, sur laquelle il a été promu aux ordres sacrés ». Le Chapitre l'autorisa à s'absenter pendant trois ans." (Paul Peyron)

    Cette indication permet ainsi de dater cette donnée vers 1650-1678.

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    Appui-main n°59 : néant

     

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n° 59, la parclose :

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    Inscription désordonnée en haut, mais cadrée par une réglure en bas.

    SULE (?)

    ALLA I/ N : L : R

    ALLAIN : LE : ROY

    Sur un Allain le Roy, voir

    http://www.plouneventer.fr/images/7__Ploun_venter_et_ses_vicaires.pdf

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n° 59 : feuillage

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    Le siège n° 60.

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    Inscriptions assez soignées, entaille profonde à la gouge, emploi du deux-point.

    AL

     IAN

     EVA (?) 

    F : B : II

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n° 60 : chanoine assis tenant des deux mains un livre fermé par des fermails.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°60 : tête de femme joufflue, voilée.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 61.

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    Miséricorde n°61 : tête d'animal cornu (bouc), langue tirée.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n°62.

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    IAN 

     

     

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    Miséricorde n°62 : chien tenant un os et  mordant un autre os.

     

    Florence Piat fait le commentaire suivant :

    "La miséricorde n°62 est sculptée, avec un soin naturaliste extrême, d’un chien qui diffère, dans sa morphologie, des chiens rencontrés dans les frises du même groupe et qui participaient à des scènes de chasse. Vu de profil et tourné vers la gauche de la console, il est massif, ses pattes sont épaisses,ses oreilles larges et tombantes et son museau court et carré. Il tient dans sa gueule un os alors qu’un autre est coincé entre ses pattes antérieures. Ce chien a l’apparence d’un mâtin, animal réputé pour sa force."

    "Mais, dans le cas saintpolitain, le chien de la miséricorde n°62 est seul et s’affaire à ronger non pas un, mais deux os. Une miséricorde avec un sujet similaire se trouve, encore une fois, sculptée sur les stalles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Comme le chien de Saint-Pol-de-Léon, il a une allure massive, pattes larges, grandes oreilles tombantes, et est en train de ronger deux os qu’il a coincés sous ses pattes antérieures. La composition est donc proche de la miséricorde de la cathédrale léonarde et ce chien qui ne peut se contenter d’un seul os est vraisemblablement une représentation de l’Envie. La tentation est donc grande de voir dans les images des animaux saintpolitains une allégorie des sept péchés capitaux."

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°62 : homme assis.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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     Inscription au dessus des stalles n° 62 et 63.

    Cette pièce  porte dans un cartouche la belle inscription :

    CHRISTIEN GILET.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n° 63.

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    inscription : lettre M

    Miséricorde n° 63 : trois feuilles

    Appui-main n°63 : feuille d'acanthe recourbée sur elle même.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Le siège n° 64. 

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    Inscription soigneusement gravée en lettres capitales.

     

    YVON K[ER]ANGVEN 1635    AC

    ROIETC

    ROL

    sur la parclose : P (Prêtre ?), lettre peu soignée, entaille superficielle.

    Faut-il en déduire que le qualificatif de prêtre s'applique à Yvon Keranguen  ? 

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°64 : trois feuilles.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n°64 : chimère à visage féminin.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

     

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    Le siège n° 65.

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    "Stalle réservée" selon F. Piat, comme le siège suivant n°66 et les stalles en vis à vis au sud n°32 et 33.

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    Inscription sauvage :

    MC / MC / MC / MC

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n° 65 : tête de Maure.

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Appui-main n° 65. Chanoine assis, tenant un objet en main gauche. 

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Siège n° 66. Dernière stalle nord-ouest.

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     "Stalle réservée".

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    Inscriptions sauvages M / E / MI / MC et inscriptions poinçonnées en pointillé MC / MC.

     

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    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    Miséricorde n°66. Tête coiffée d'un bonnet à oreilles d'âne.

     

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

    Stalles basses de l'ancienne cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile juillet 2017.

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    ANNEXE. 

    CATALOGUE DE CEUX QUI SONT AUJOURDHUY 4 JUIN 1644 DESERVANTS EN L'EGLISE CATHEDRALE DE LEON. (Archives départementales G.119) in PEYRON 1901

    • Mgr II et RR. Robert Cupiff, évêque et comte de Léon, qui est inséré sur les cahiers Dominus Episcopus.

    • Nobles et circumspects Missires,

    • Rolland Poulpiquet, chantre et chanoine, cantor,

    • Christophe Lesguen, chevalier du Saint-Sépulcre de Jérusalem, ayant faict le voyage de la Terre Sainte en l'an 1625, protonotaire éapostolique, archidiacre et chanoine de Léon, archidiaconus Leonem

    • Yves de Poulpry, archidiacre de Quimilidili et chanoine, archidiaconus de Quimilidili.

    • Jean Touronce, archidiacre d'Acre Léon, archidiaconus Agnensis.

    • Jean de Kerlec'h, trésorier et chanoine, thesaurarius

    • François Floch, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine.

    • Nicolas Le Maître, chanoine,

    • Hamon Querguz, chanoine.

    • François Tréguier, chanoine.

    • Mathurin Chouin, chanoine.

    • Jean Guillerm, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine pénitencier,

    • Claude de Penhoadic, docteur en théologie de la Faculté de Paris, chanoine théologal.

    • Guy Querscau, chanoine.

    • Nicolas Filmon, chanoine.

    • François Guergorlay, chanoine,

    • Guillaume Le Page, précepteur, lequel ne porte pas habit au chœur.

    Sept vicaires de la dite église.

    Vénérables et discrets Maîtres,

    • Louis Colin, vicaire du Crucifix devant le Chœur.

    • Mathieu Marrec, vicaire de Saint-Pierre.

    • Alain Le Borgne, vicaire de Saint Jean.

    • Mathieu Simon, vicaire de Toussaints, sous chantre.

    • Yves Kerdelan, vicaire de Treffgondern.

    • Yves Corbé, vicaire de Notre-Dame de Cancellis, dicte Kael.

    • Mathieu Pichart, vicaire du Crucifix devant le Trésor, docteur en droit canon.

     

    Choristes.

    • Yves Souryman, sacriste.

    • Marc Penortz, chappier.

    • François Aminot, dyacre.

    • Jean Henry, soubz dyacre-

    • François du Chastel, chappier.

    • Hervé Olivier, chappier.

    • Jan Ladoryan, mestre de la psalette.

    • Morice Raonou.

    Tous prêtres choristes.

    Choristes clerc.

    Alain Symon, Thomas Le Maigre, Guillaume Kerfourn.

    Six enfants de la psalette.

    François Morvan, Yvon Labbat, Pierre Pezron, Antoine Noël, Rolland L ... , Hervé de ...

    Chacun des sept vicaires était chargé du service à tour de rôle pendant une semaine, et c'est durant cette semaine seulement qu'il ne pouvait s'absenter sans l'autorisation du Chapitre, à peine d'être privé des distributions qui lui seraient revenues pour droit d'assistance à un ou deux obits ou anniversaires.

    Les autres vicaires, non de semaine, étaient également tenus à la résidence quotidienne, quoique moins rigoureusement ; cependant, si l'un d'eux venait sans le congé du Chapitre à s'absenter pendant un mois entier, il perdait pour toute l'année les gros fruits de son vicariat.

    Le vicaire de semaine, avec l'aide d'un chapelain rétribué par lui et des deux chapelains spécialement chargés de desservir la chapellenie dite de Saint-Gouesnou, était tenu chaque jour de chanter en l'église cathédrale, les petites heures, prime, tierce, sexte, nonne et compiles, ainsi que les heures de la Sainte Vierge les jours qu'on doit les réciter, aux- quelles heures de la Sainte Vierge devaient assister les bacheliers (les plus jeunes clercs) de l'église, «sous peine de perdre 6 deniers chaque fois qu'ils y manqueront ; quant aux vicaires et chapelains, s'ils sont défaillants, ils seront plus gravement muletés selon que le Chapitre en décidera. »

    Tous les vicaires, chapelains et clercs étaient en outre tenus d'assister aux vêpres, matines et messes de toutes les fêtes du rite double et aux processions publiques et solennelles, sous peine d'être privés du gain du dernier obit auquel ils auraient assisté.

    Un dernier statut défend à tout clerc attaché au service du chœur, qu'il soit dignitaire, chanoine, vicaire, chapelain ou bachelier, d'entrer au chœur au moment de la célébration de l'office sans porter l'habit de chœur, c'est-à-dire le surplis et l'aumusse ou la cappe noire, selon la saison ; les contrevenants, s'ils sont chanoines, payeront 12 deniers d'amende, . les chapelains 6 deniers, les bacheliers 4 deniers, et les enfants de chœur seront punis selon qu'en décidera le maître de la psalette.

    L'enquête de 1698 nous apprend que les vicaires seuls, à l'exclusion des autres prêtres employés au chœur, avaient droit de porter l'aumusse, et étaient placés et installés par leur prise de possession dans les hautes chaises du chœur aussi bien que les dignitaires et chanoines; quand ils chantent leur première messe au dit chœur, après leur prise de possession, on sonne toutes les cloches comme à l'égard de l'Évéque ou des chanoines ». Les autres prêtres employés au chœur portent le petit camail mais non l'aumusse."

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    ET AILLEURS ?

    Les inscriptions se retrouvent sur d'autres stalles, comme à Tréguier (noms des chanoines sur les stalles hautes), aux cathédrales d' Amiens, de Rouen, Beauvais, Rodez, de la  collégiale de Villefranche-de- Rouergue etc.

    J'attirerai l'attention sur deux dossier des stalles d'Amiens, et notamment sur la très belle phrase latine VRSINUS STALLO IACET OSSA NEOTRITON VRNA.

     "Certains chapelains, chantres ou chanteurs ont clairement inscrit leur installation sur les dossiers des stalles d'Amiens : Ursinus stallo iacet ossa neotriton urna, ou encore : Capron arrive 1784. Sur les dossiers du chœur de Saint- Andreas (Allemagne), figure la même préoccupation : Gerardus Bechen choralis-fuit. "

    https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/

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    SOURCES ET LIENS.

     

    — PIAT (Florence), 2004,  Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de Léon. Image et culture à la fin du Moyen Âge, 2 vol., mémoire de Maîtrise : Histoire de l’art (dir. X. MURATOVA) : Rennes 2, 2004.

    — PIAT (Florence), 2007, Les stalles de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Un édifice au chœur de l'édifice, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère

    — PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.

     https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente

    Volume 2 Annexes :

    https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes

    http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?ou=Saint-Pol-de-L%C3%A9on&type=&texte=stalles+

    .........................................................................................................................................................

    —  BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).

    http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html

    file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf

     

    —  BILLIET (Frédéric) La maîtrise de la cathédrale d'Amiens d'après le cérémonial du chanoine Villeman au XVIIIe siècle, page 343, in Maîtrises & chapelles aux XVIIe & XVIIIe siècles: Des institutions musicales ...Par Bernard Dompnier,Centre d'histoire "espaces et cultures."

    « La maîtrise de la cathédrale d'Amiens fait partie de l'ensemble des institutions musicales préstigieuses qui, dans le Nord de la France, ont contribué au rayonnement européen picard de la naissance de Guillaume Dufay à la mort de Josquin des Prez. »

    https://books.google.fr/books?id=Fv3_JE6VwHkC&pg=PA343&lpg=PA343&dq=BILLIET,+La+vie+musicale+dans+les+ma%C3%AEtrises+de+Picardie,&source=bl&ots=vRx0YtIg7p&sig=J0TLT37CxNVlT-s7ZJiJ3c9i2Ik&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKkKWAu8PYAhVOZ1AKHXOED3MQ6AEINjAD#v=onepage&q=duron&f=false

    — Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages

    —  BILLIET (Frédéric) 1992, La vie musicale dans les maîtrises de Picardie : Amiens, Abbeville, Saint-Quentin (1300-1600), thèse soutenue à Paris 4 sous la direction de Edith Weber

     

    Cette thèse met en évidence l'influence de la vie musicale des institutions pédagogiques, sur le répertoire polyphonique franco-flamand. Trois maitrises représentatives ont été étudiées - Amiens, Abbeville et Saint-Quentin - à partir de leur fondation, vers 1300, jusqu'au déclin de l'école franco-flamande, en 1600, sous les aspects suivants : les structures, les fonctions, la vie quotidienne, le règlement, l'emploi du temps, l'organisation et le niveau des enseignements. Conjointement, l'analyse du répertoire a permis de déterminer les facteurs d'influence : une formation identique dans toute la région, la mobilité des maitres, la compénétration du sacré et du profane. Enfin, l'identification de sources iconographiques de première importance, confirme les informations d'archives.

    .—  BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI  century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p. 

    — E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45

    .—  BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric)  Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)

    https://books.google.fr/books?id=7tThdObk0qwC&pg=PA78&lpg=PA78&dq=stalles+saint-pol-de-l%C3%A9on&source=bl&ots=tth0hiC8_3&sig=zZ9bwe1_Qj7cICq9VvvVWu8EHyY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiMjJnC-IvYAhXDDcAKHcx-DRk4FBDoAQhEMAU#v=onepage&q=stalles%20saint-pol-de-l%C3%A9on&f=false

    — BOURNOT-DIDIER (Nancy) , 2000, André Sulpice et les stalles du Rouergue Thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue à Toulouse 2

    "Andre sulpice, ligni faber menuisarlus fusterius, selon les textes, originaire de bourges, fut le concepteur entre 1462 et 1489-90, des stalles de la cathedrale de mende. De la chartreuse saint-sauveur et de la collegiale notredame de villefranche-de-rouergue ainsi que de la cathedrale notre-dame de rodez. D'autres chantiers lui furent longtemps attribues : les stalles de la cathedrale de bourges, de la cathedrale de vence, de notre-dame de la carce de marvejols de la cathedrale de beziers, de l'eglise de l'abbaye de loc-dieu et une partie des actuelles stalles basses de la cathedrale de rodez. Cette these declasse ces ensembles en s'appuyant, soit sur une stricte analyse comparative, soit sur l'existence de documents. Lorsqu'il ne subsiste aucun vestige, ni aucun texte d'archives les stalles ont ete definitivement ecartees des realisations possibles de l'atelier d'andre sulpice. Malgre des qualites techniques de menuiserie et de sculpture dont ont fait preuve les ouvriers particulierement experimentes de l'atelier de sulpice, son rayonnement dans le rouergue et les environs fut peu important. Seules les stalles de salles-curan refletent son influence en devellopant deja les motifs ornementaux de la renaissance, visibles depuis 1492-1498 aux dossiers des stalles consulaires de villeneuve d'aveyron, puis de conques et dans une moindre mesure a sauveterre-de-rouergue. Conjointement et systematiquement a l'analyse formelle de chaque ensemble de stalles est menee une etude sur les chapitres de chanoines, les emplacements et les questions de preseance des ecclesiastiques et parfois des laics et la liturgie propre aux stalles. Ce travail ne se cantonne pas a une description iconographique des misericordes, il aborde le fonctionnement d'un atelier de menuiserie la personnalite d'un maitre-d'oeuvre en compte la destination originelle des stalles en tant que mobilier liturgique, reflet d'une severe hierarchie capitulaire, parfois facteur de conflits politiques."

     

    CASTEL (Yves-Pascal) s.d, « Inscriptions relevées sur les stalles basses du chœur », carton : 29 – Saint-Pol-de-Léon – III Cathédrale Saint-Paul-Aurélien – Canton de Saint-Pol-de-Léon – P.I.N.). Non consulté, indisponible en ligne.

    — CHARLES (Olivier ), 2004, Chanoines de Bretagne, carrières et cultures d'une élite cléricale au siècle des Lumières, Presses Universitaires de Rennes

    http://books.openedition.org/pur/17414

    — DOMPNIER (Bernard), 2003, " Maîtrises & chapelles aux XVIIe & XVIIIe siècles: Des institutions musicales au service de dieu : [actes du colloque les maîtrises capitulaires aux XVIIe et XVIIIe siècles, des institutions entre service d'église et stratégies sociales, organisé par le centre d'histoire espaces et cultures de l'université Blaise-Pascal, le Puy-en-Velay, 25 au 27 octobre 2001]Presses Univ Blaise Pascal, 2003 - 568 pages

    https://books.google.fr/books?id=Fv3_JE6VwHkC&dq=psallette+%C3%A2ge+enfants&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    —  DURAND (Georges) : Monographie de l'église Notre Dame, cathédrale d'Amiens. Tome II . Yvert et Tellier, 1903.

    http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm

    — DURON (Jean ), Le chant des cathédrales : des voix, effectifs, répertoire des maîtrises en France au XVIIe siècle, page 379,  in Maîtrises & chapelles aux XVIIe & XVIIIe siècles: Des institutions musicales ...Par Bernard Dompnier,Centre d'histoire "espaces et cultures."

    https://books.google.fr/books?id=Fv3_JE6VwHkC&pg=PA343&lpg=PA343&dq=BILLIET,+La+vie+musicale+dans+les+ma%C3%AEtrises+de+Picardie,&source=bl&ots=vRx0YtIg7p&sig=J0TLT37CxNVlT-s7ZJiJ3c9i2Ik&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiKkKWAu8PYAhVOZ1AKHXOED3MQ6AEINjAD#v=onepage&q=duron&f=false

    — GUILLOT (Pierre) 1997,  et  Louis Jambou Histoire, humanisme et hymnologie: mélanges offerts au Professeur Édith Weber Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 1997 - 410 pages

     R. Hancock: Notes on the 'Graffiti' Carved on the Panels Fronting the Side Stalls in Carlisle Cathedral (Carlisle, 1995)

     Artists are depicted on several sets of choir stalls and they usually represent the workers on thestalls. The little Jehan Trupin, discontented with his pay and working conditions carved himself on an arm-rest of the Amiens choir stalls with a graffiti message on a nearby partition. 

    KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.

    — MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY

    http://misericordia-international.blogspot.fr/

    — SITES PHOTO

    http://tchorski.morkitu.org/14/stpol-01.htm

    PELAD-OLIVIER (Monique), L'emplacement et l'organisation des stalles de la cathédrale de Rouen des origines à nos jours.

    http://docplayer.fr/62033271-L-emplacement-et-l-organisation-des-stalles-de-la-cathedrale-de-rouen-des-origines-a-nos-jours.html

    http://www.rouen-histoire.com/Cathedrale/Stalles/Index.htm

    — PEYRON (Paul), 1901,  La Cathédrale de Saint-Pol et Le Minihy Léon, Quimper, Imprimeur de l’Évêché, 1901, 248 p. (lire en ligne) ou archive.org

    https://archive.org/stream/lacathdraledesa00peyrgoog#page/n12/mode/2up/search/psallette

    LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12.
    LANGLOIS (E.-H.)  1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.

    LEMÉ (K.) 1994,  Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21.
    —  LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe http://www.theses.fr/1993PA040260

    — LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996

    — LEME-HEBUTERNE, Kristiane. Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI.

    p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173

    — TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.

    Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3

    — JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.

     — AMIENS. 1509 et 1522.

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/stalle-du-choeur-decor-en-bas-relief-d-une-jouee-la-vierge-des-litanies/08160568-5bd4-486b-8dce-04262e6e6f4e

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/recherche/globale?texte=Amiens+stalles

     

    https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/

     La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site  http://www.stalles-dg.info/Pag/accueil.htm

    BEAUVAIS : Inscription sur la 10ème stalle du côté gauche en haut sur une miséricorde : DE avec étoile et lune

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/ensemble-de-83-stalles/afd61497-aa6e-4021-b20b-5c2f92980865

    — SOISSONS

    https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa

    .

     

     

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    Published by jean-yves cordier
    4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 21:28

    Zoonymie des Odonates. Le nom de genre Lestes Leach, 1815.

    .

    Voir sur la zoonymie (étude du nom) des Odonates (Libellules) :

     

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    Résumé.

    Genre Lestes, Leach, 1815. Entomology, in Brewster's Edinb. Encycl. 9(1): 137. Le nom vient du grec  λῃστής = "voleur, brigand, pirate".  La seule espèce décrite en 1815 étant Agrion barbara de Fabricius, et celle-ci devant son nom à sa provenance du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée alors Barbarie ou Etats barbaresques, on pouvait penser que Leach avait donné le nom de genre Lestes , "pirate"  par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger. 

    En juin 2023,  Matti Hämäläinen et  Heinrich Fliedner ont pu démontrer que Leach n'avait pas pu avoir accès au spécimen de Fabricius, ce qui invaliderait l'explication précédente.

    Dans sa description originale, Leach décrit comme caractère distinctif, outre les ptérostigmas rectangulaires des ailes transparentes, les appendices anaux des mâles, en forme de forceps. M. Hämäläinen suggère que  c'est la forme de ces appendices qu'il compare aux coutelas des pirates, qui a pu évoquer à Leach le choix de son nom. (Cf Addenda infra)

    .

     

    .

    .

    I. LA PUBLICATION ORIGINALE. LEACH 1815.

     

    En 1813, William Elford Leach (1791-1836), diplômé en médecine de l'université St-Andrews (Ecosse) après avoir étudié à Edimbourg, devint responsable des collections zoologiques du British Museum. En 1815, il rédigea la première bibliographie, extraordinairement détaillée, de l'entomologie, dans la partie historique d'un article "Entomologie" de l'Edinburgh Encyclopaedia de D. Brewster. Il publia entre 1814 et 1817 ses Zoological Miscellany, mais en 1822, atteint de dépression et de surmenage, il démissionna de son poste pour voyager.

    LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – via Biodiversity Heritage Library.

     FAMILY II. ÆSHNIDES.

    482. Cordulegaster

    483. Gomphus

    484. Anax

    FAMILY III. AGRIONIDA.

    485. Agrion

    486. Lestes

    487. Calepteryx.

    .

    486. GENUS CCCCLXXXVI. LESTES. Leach. 

    Wings membranaceous, with an oblong quadrate stigma. Abdomen of the male armed with a forceps-like appendage.

    Obs. We have three indigenous species. 

    .

     

    Leach décrivait son genre Lestes ainsi : "ailes nervurées, avec des stigma longs et rectangulaires. L'abdomen des mâles est armé d'appendices en forme de forceps."

    .

    II. ÉTUDE DU NOM.

     Le nom du genre Lestes vient du grec  λῃστής = "voleur, brigand, pirate". Pour D'Antonio et Vegliante, "Lestes - ληστησ , ον [sic= maraudeur . Fait allusion au comportement prédateur des espèces de ce genre"Pour H. Fliedner repris par  Endersby,  Il n'y a pas d'explication pour ce nom puisque tous les Odonates sont des prédateurs  [prédateur = autre sens du mot grec] (Fliedner 2009, Endersby 2012).

    Leach n'accompagne ce nom, après la description, que de la mention "Obs. We have three indigenous species".

    Néanmoins, seule l'espèce que Fabricius avait décrit en 1798 est antérieure à 1815, et il l'avait nommé Agrion barbara. Elle provient, comme l'indique Fabricius dans son Supplementum Entomologiae Systematicae (Agrion barbara ...Habitat in Barbaria Dom. Rehbinder [et, pour d'autres spécimens "Habitat in Algier", etc]) de la collection du baron Johann von Rehbinder (1751-1825), qui avait été consul du Danemark à Alger et avait écrit ses  Notices et remarques sur Alger, Altona 1798 Nachricten und Bemerkungen ûber den Algierischen Staat (von J.-Ad.-Frhn. von Rehbinder). Altona, Hammerich, 1798-1800 , 3 vol.  Il est donc possible de valider l'affirmation de l'Association Poitou-Charentes Nature : "Lestes (gr) = brigand, pirate ; barbarus (gr/lat) = barbare. Cette espèce a été décrite du nord-ouest de l’Afrique, région géographique où vivaient les Berbères et dénommée Barbarie ou Etats barbaresques jusqu’au début du XIXe siècle." Le nom de genre Lestes , "pirate" lui est donné par son espèce, Lestes barbarus, par référence aux pirates et corsaires barbaresques basés à Alger (cf la captivité de Cervantes).

    J'ai un moment envisagé l'hypothèse séduisante que ce nom trouve son explication dans les "forceps-like appendage", les cerques des mâles recourbés en pinces ou en forceps, par assimilation du crochetage des femelles avec la technique d'abordage des pirates. Mais, outre le coté un peu farfelu de cette solution, on peut lui opposer le fait que ces tenailles ne soient pas caractéristiques du genre, puisqu'on les retrouve dans la description des "Calepteryx" de l'auteur.

    En 1958, Paul-André Robert, auteur qui est à l'origine d'une majeure partie de nos noms vernaculaires publiés dans Les Libellules (Odonates), interprète mal la signification du genre Lestes en écrivant page 75 :

    " Lestes = "leste" (d'après les anciens auteurs français). Synonyme Anapetes (Charpentier, 1825), "s'envoler rapidement".

    "Ces deux noms s'appliquent très bien à ces insectes, qui se posent légèrement sur des objets bien dégagés, avec les pattes tendues, le corps obliques, les ailes à demi-ouvertes, semblant toujours prêts à s'envoler. Lorsqu'ils le font, la rapidité de leurs mouvements, leurs ailes transparentes et leur corps fin les font bien vite disparaître aux regards."


    .

    — Réception du genre : voir

    http://addo.adu.org.za/pdf/Pinhey_1980_African_Lestidae.pdf

    ou plutôt :

    https://books.google.fr/books?id=JMR-HkoVtvAC&pg=PA109&lpg=PA109&dq=lestes+type-species+lestes+sponsa%22&source=bl&ots=RgdDtgMcMv&sig=qzRJhD3rzgQ9-BU_4Y0d_oU8g8c&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj3v6GYpMjYAhUGJ1AKHW-SBW8Q6AEIZzAM#v=onepage&q=lestes%20type-species%20lestes%20sponsa%22&f=false

    .

    ADDENDA L'article de Matti Hämäläinen et  Heinrich Fliedner en juin 2023.

     

    Ces deux auteurs sont bien connus pour leurs travaux en zoonymie. Ils ont publiés en juin 2023 l'article suivant :

     "Why did William Elford Leach call a small damselfly a ‘pirate’? – Revisiting the etymology of the genus Lestes (Odonata: Lestidae)," Notulae odonatologicae 10(1), 8-16, (1 June 2023). https://doi.org/10.5281/nodo.v10i1.a2

    Le résumé est le suivant :

    "We present evidence supporting the widely accepted interpretation that the genus name Lestes Leach, 1815, is based on the Greek masculine word λῃστής [lēstēs] meaning ‘robber or pirate’. Comparison of Leach’s brief definition of Lestes with that of the genus Agrion Fabricius, 1775, from which the new genus was split, suggests that W.E. Leach selected the piratical name because the males of species in this genus are armed with pincer-shaped appendages; hence the name is an allusion to the edged weapons carried by pirates. The common view that the name was suggested by the voracious predatory behaviour of lestids, as well as the interpretation that the genus name is based on the French word leste [= nimble] are both rejected."

    Dans celui-ci, ils  citent mon article et en examinent l'hypothèse zoonymique (ils n'emploient pas ce terme bien-sûr), qu'ils qualifient de tirée par les cheveux (rather fat-fetched), et qu'ils rejètent comme invalides pour "plusieurs" raisons.

    La première est que dans les années 1810, il n'y avait pas de spécimens de Lestes barbarus disponibles à Leach dans les collections en Angleterre.

    In the early 1810s there were no specimens of Lestes barbarus available for Leach in the collections in England. Selys (1846: 225) wrote of this species: "Not described by English authors". Even in the unlikely case that Leach recognized from Fabricius’ description (of the colour pattern) that Agrion barbara resembles a Lestes species, he could not have known the shape of its male appendages, since the description does not include any information on the appendages of the type specimen. It is not even possible to identify the sex from Fabricius’ brief description."

    La description de Leach repose sur trois "espèces indigènes" et donc britanniques reconnues actuellement comme trois spécimens de Lestes sponsa. Et, les auteurs soulignent que chez cette espèce, les appendices supérieurs du mâle portent des épines intérieures acérées, donnant l'impression que les appendices en forme de pince sont "semblables à une arme". Mais Leach écrit , tant pour son genre Agrion que pour celui de Lestes , que les collections du British Museum possèdent plusieurs spécimens de ces genres "We have of this  genus several indigenous species" ,"We have three indigenous species", ce qui ne veut nullement dire qu'il ne connait pas les spécimens des autres collections.

    Les auteurs écartent ensuite l'hypothèse des nombreux auteurs anglosaxons qui voient dans le nom Lestes (voleur, pirate) une description des mœurs voraces de ce genre, car il est pour eux "peu probable" que Leach, bien qu'il ait été très tôt un collectionneur d'insectes, et notamment de libellules en Ecosse, ait pu avoir une appréciation du comportement des Lestes suffisante pour la qualifier par ce nom de genre.

    Ils ajoutent que la comparaison des appendices des mâles Lestes avec des armes a été plus tard remarquée par deux auteurs, Hansemann et Charpentier :

    "Our ‘pirate armed with forceps-like appendages’ hypothesis as the base of the name Lestes may be supported by the fact that two other early 19th century authors also considered male appendages as ‘weapons’ of some kind. In the original description of Agrion [= Lestes] sponsa, Hansemann (1823: 159-160) wrote (translated from German) as follows: »If this species wanted to mix [= copulate] with the above [= females of various species of Coenagrionidae], which never occurs, the sharp pincers on the male abdomen would prevent it.« Charpentier (1840: 164) gave the species epithet armatum [= armed] for his new species Agrion [= Coenagrion] armatum from Lüneburg (Germany), as reference to the exceptionally long inferior appendages of the male: »appendicibus caudalibus inferioribus magnis, compressis, latis [with large, flat, broad inferior appendages]"

    .

    Discussion.

    L'hypothèse envisagée par Matti Hämäläinen et  Heinrich Fliedner reprend celle que j'avais évoquée en 2018 en la qualifiant de séduisante (cf supra) :"J'ai un moment envisagé l'hypothèse séduisante que ce nom trouve son explication dans les "forceps-like appendage", les cerques des mâles recourbés en pinces ou en forceps, par assimilation du crochetage des femelles avec la technique d'abordage des pirates. "

    Mais dans leur texte, ils ne comparent par les appendices à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" 

    "Since in former times pirates were usually armed with edged weapons, such as cutlasses [short, slightly curved swords], we believe that Lestes males being ‘armed’ with forceps-like superior appendages (Fig. 2) inspired Leach to give them an epithet referring to pirates or armed robbers."

    Cela rend la démonstration moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach). Cet accessoire d'obstetrique se compose de deux cuillères articulées en pince. La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convaincante, mais celle de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas.

    Le Gomphe à forceps avait déjà inciter Linné à utiliser cette image dans sa dénomination de 1758.

    .

     

    Forceps des Chamberlen, retrouvés en 1813.

    .

    Les appendices supérieurs mâles de Lestes sponsa. Dessin de H.A. Hagen, publié dans Selys & Hagen (1850).

     

    .

    Gravure du pirate anglais Barbenoire dans A General History of the Pyrates de 1724

     

    .

    Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbara de Fabricius 1798 qui le classent désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré.

    En tout cas, il est établi que l'action de William Elford Leach au British Museum a été de diffuser Outre-Manche les idées nouvelles de classification des naturalistes français ou continentaux, avec lesquels il échangea une riche correspondance.  Or, à partir de 1790, Fabricius séjourne tous les étés à Paris et devient ainsi l'ami de Pierre André Latreille (1762-1833). Son intérêt pour Paris est en partie dû aux portes que lui ouvrent des savants français, et aux collections qu'ils lui font voir. 

     

    N.B Une collection nommée "Fabricius 1793" est conservée au Musée-aquarium de Nancy, inv. 8357, avec un spécimen de L. sponsa étiqueté postérieurement. 

    Néanmoins, cela ne justifierait pas la thèse qui explique le nom Lestes comme étant inspiré à Leach par la forme des appendices en forme de forceps, car les pirates n'utilisent pas d'armes en forme de cuillère articulé en pinces. En outre, le choix d'un nom de genre met l'accent sur un caractère distinctif de ce genre, or Leach signale que les mâles de son genre Calepteryx possède également a forceps-like appendage. Le fait qu'il écrive "armed with a forceps-like appendage" pour les Lestes et " furnished with a forceps-like appendage" pour les Calepteryx ne peut valoir comme argument distinctif.

    En réalité, si on considère la classification de la famille Agrionida de Leach, nous constatons qu'il distingue ses trois genres par les caractères des ailes, et non par leurs appendices : d'abord par la transparence (Agrion et Lestes) ou au contraire la couleur fauve —coriaceo—  des ailes,  puis  la forme des ptérostigmas,  rhomboïdale pour les Agrions, rectangulaire pour les Lestes, remplacés par une tache opaque irrégulière pour Calepteryx. La présence des appendices en forceps oppose les deux derniers genres au premier. Par conséquent, si Leach avait choisi ses deux  noms de genre (Agrion existant déjà depuis Latreille) en fonction d'un caractère morphologique propre, il n'aurait surement pas choisi le seul caractère qu'ils ont en commun.

    Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et  Fliedner  n'est pas entièrement convaincante. 

    On sait que la nomenclature de Leach était souvent personnelle - il nomma dix-neuf espèces et un genre d' après son employé et ami John Cranch , décédé lors de la collecte des espèces en Afrique lors de l'expédition du HMS Congo . Il a nommé neuf genres d'après une femme inconnue appelée Caroline, en utilisant des anagrammes de ce nom et la forme latinisée Carolina, par exemple : Cirolana , Conilera et Rocinela .  Ceux-ci incluent le crustacé isopode marin Cirolana cranchi qu'il a nommé en 1818 d'après Caroline et Cranch.  Le nom de genre Lestes peut-il être entièrement élucidé, ou bien nos travaux de zoonymies doivent-ils continuer à louvoyer par essais et erreurs autour de la vérité ?

    .

    LA RÉPONSE DE MATTI HÄMÄLÄINEN.

    .

    COURRIEL du 16 juin

    Dear Mr Cordier,

     

    From the immediate additions to your blog at

    https://www.lavieb-aile.com/2018/01/zoonymie-des-odonates.le-nom-de-genre-lestes-leach-1815.html

    I see that you were unconvinced by our paper on the etymology of the name Lestes. Firstly, I must emphasize that for the text which refers to your ‘Algerian Barbary pirates’ theory (which we dared to call ‘invalid’), you can blame me, and not Heinrich Fliedner.

    In the ‘ATTENDA’ you write: > Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbarade Fabricius 1798 qui le classent désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré. < Here is some information which, in my opinion, greatly ‘weakens’ your theory.

    According to the voluminous publication on the type material of Fabricius by Ella Zimsen (1964, p. 623)

    https://archive.org/details/typematerialofic0000zims

    there is only one type specimen of Agrion barbara, and it is preserved in the Zoological Museum in Kiel. Zimsen did not specify whether the holotype is a male or female. Neither can this be concluded from the original description (see attached, the Latin text was translated by Heinrich Fliedner). Later, all Fabrician odonate types have been transferred from Kiel to Copenhagen. The local museum curator informed me that the single type specimen (holotype) is a male with abdomen tip (including appendages) missing.

    The detailed book on Leach’s life and scientific legacy by Harrison & Smith (2008) does not provide any information suggesting that Leach ever visited Kiel or Copenhagen. The information on his travels is quite extensive and nowhere is it suggested he ever visited Germany, although he was in contact with several scientists and a member of several German societies.

    According to this source:

    https://books.google.fi/books?id=TgUNAAAAIAAJ&pg=PA147&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

    Leach’s first visit to France took place in 1815, followed by new visits in 1817 and 1818 . An earlier visit there was not possible due to the Napoleonic wars. There is no information in this source, or in Harrison & Smith, that he had visited any other foreign country before 1815.

    In summary, it can be concluded that Leach never saw the holotype of Agrion barbara in Kiel.

    - Since Leach did not visit any foreign museums while he was working on the manuscript defining the new odonate genera (or before that), he did not have an opportunity to study any other ‘Agrion barbara’ specimens. As stated by de Selys Longchamps (1846), no specimens of this species were in the collections in Britain. Actually, during Leach’s life-time, besides the holotype, there were no other lestid specimens identified as ‘barbara’ in any museums in the world. The few Lestes barbarus specimens (as known at present), collected in Europe in 1820s (or before), had been described or identified with different species names in the genus Agrion.

    - When Leach introduced the name Lestes, he could not know (from Fabricius’ original description), how the male anal appendages of ‘Agrion barbara’ looked. [I admit that, in theory, if Leach had seen a male specimen of Lestes barbarus in some collection, he might have been able to recognize it as the same species as Fabricius’ barbara, because the colour pattern and the bicolorous pterostigma matches the original description. However, this did not happen.]

    Even if Leach had known that there exists a Lestes species called barbara, collected in Algeria, I find it most unlikely that he would have named his new genus based on the reason that there were Barbary pirates in the same area. Since, all other Leach’s new genus names for odonates refer to morphological characters, why would this name be an exception? If it was, then one would expect that, instead of merely writing “There are three indigenous [= British] species”, Leach would have added some words on the existence of the species Lestes barbarus known from ‘Barbaria’.

     

    In your critique you wrote:

    > Mais dans leur texte, ils ne comparent par les appendices à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" < > "Since in former times pirates were usually armed with edged weapons, such as cutlasses [short, slightly curved swords], we believe that Lestes males being 'armed' with forceps-like superior appendages (Fig. 2) inspired Leach to give them an epithet referring to pirates or armed robbers." Cela rend la démonstration moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate,
    n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach).
    Cet accessoire d'obstetrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
    La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convaincante,
    mais celle de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas. <
    >
    Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas 
    valide.<

     

    Obviously, we could have written somewhat differently and with more details. While comparing the superior appendages with a cutlass, we referred to the general shape and structure of an individual (left or right) superior appendage of Lestes sponsa, not to the whole pincer-like ‘set’ at the abdomen tip. As seen from the attached image, (which we perhaps should have included, together with illustrations of a few different types of cutlasses), the curved shape of the superior appendage with sharp edges, gives (only with some imagination, of course) an impression of a sharp weapon resembling a curved cutlass (the shape and structure of which was rather variable) or an executioner’s axe. Of course, we did not mean to suggest that the shape of the appendage was exactly identical with pirate’s armature. Anyway, since the editor and three reviewers (all odonatologists) had no problems to understand our meaning, I presume, and sincerely hope, that other readers will do likewise.

    Anyway, let the other odonatologists decide which one of these two ‘pirate’ theories they will keep more likely,
     or whether they prefer to stick to the old ‘voracious behaviour’ theory. 
    
    Yours sincerely,
    Matti Hämäläinen

     

     

    Cher Monsieur Cordier,


    Des ajouts immédiats à votre blog à

    https://www.lavieb-aile.com/2018/01/zoonymie-des-odonates.le-nom-de-genre-lestes-leach-1815.html
    Je vois que vous n'étiez pas convaincu par notre article sur l'étymologie du nom Lestes. Premièrement, je dois souligner que pour le texte qui fait référence à votre théorie des "pirates barbaresques algériens" (que nous avons osé appeler "invalide"), vous pouvez m'en vouloir, et non Heinrich Fliedner.

    Dans l''ADDENDA' vous écrivez:

    > Au total, s'il pouvait être démontré que Leach n'a pas parcouru les collections européennes et n'a pu examiner les spécimens de la collection de Fabricius, et qu'il ignorait les caractères de l'Agrion barbarade Fabricius 1798 qui le classer désormais comme un Lestes (ses ailes transparentes, ses longs ptérostigmas rectangulaires et ses appendices anaux en pinces), cela affaiblirait l'explication que j'ai suggéré. <


    Voici quelques informations qui, à mon sens, « affaiblissent » grandement votre théorie.


    Selon la volumineuse publication sur le matériel type de Fabricius par Ella Zimsen (1964, p. 623)

    https://archive.org/details/typematerialofic0000zims
    il n'y a qu'un seul spécimen type d'Agrion barbara, et il est conservé au Musée zoologique de Kiel. Zimsen n'a pas précisé si l'holotype est un mâle ou une femelle. Cela ne peut pas non plus être conclu à partir de la description originale (voir ci-joint, le texte latin a été traduit par Heinrich Fliedner). Plus tard, tous les types d'odonates de Fabricius ont été transférés de Kiel à Copenhague. Le conservateur du musée local m'a informé que le spécimen type unique (holotype) est un mâle avec la pointe de l'abdomen (y compris les appendices) manquante.


    Le livre détaillé sur la vie et l'héritage scientifique de Leach par Harrison & Smith (2008) ne fournit aucune information suggérant que Leach ait jamais visité Kiel ou Copenhague. Les informations sur ses voyages sont assez détaillées et nulle part il n'est suggéré qu'il ait jamais visité l'Allemagne, bien qu'il ait été en contact avec plusieurs scientifiques et membre de plusieurs sociétés allemandes.

    Selon cette source :
    https://books.google.fi/books?id=TgUNAAAAIAAJ&pg=PA147&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

    La première visite de Leach en France eut lieu en 1815, suivie de nouvelles visites en 1817 et 1818. Une visite antérieure n'était pas possible en raison des guerres napoléoniennes. Il n'y a aucune information dans cette source, ou dans Harrison & Smith, qu'il ait visité un autre pays étranger avant 1815.


    En résumé, on peut conclure que

    - Leach n'a jamais vu l'holotype d'Agrion barbara à Kiel.


    - Comme Leach n'a visité aucun musée étranger pendant qu'il travaillait sur le manuscrit définissant les nouveaux genres d'odonates (ou avant), il n'a pas eu l'occasion d'étudier d'autres spécimens d''Agrion barbara'. Comme l'a déclaré de Selys Longchamps (1846), aucun spécimen de cette espèce ne figurait dans les collections en Grande-Bretagne. En fait, du vivant de Leach, à part l'holotype, il n'y avait aucun autre spécimen lestide identifié comme "barbara" dans aucun musée du monde. Les quelques spécimens de Lestes barbarus (tels que connus à l'heure actuelle), collectés en Europe dans les années 1820 (ou avant), avaient été décrits ou identifiés avec différents noms d'espèces dans le genre Agrion.


    - Lorsque Leach a introduit le nom de Lestes, il ne pouvait pas savoir (d'après la description originale de Fabricius), à quoi ressemblaient les appendices anaux mâles de 'Agrion barbara'. [J'admets qu'en théorie, si Leach avait vu un spécimen mâle de Lestes barbarus dans une collection, il aurait pu le reconnaître comme la même espèce que la barbara de Fabricius, car le motif de couleur et le ptérostigma bicolore correspondent à l'original description. Cependant, cela ne s'est pas produit.]


    Même si Leach avait su qu'il existe une espèce Lestes appelée barbara, collectée en Algérie, je trouve très peu probable qu'il aurait nommé son nouveau genre en se basant sur la raison qu'il y avait des pirates barbaresques dans la même zone. Puisque tous les autres nouveaux noms de genre de Leach pour les odonates font référence à des caractères morphologiques, pourquoi ce nom serait-il une exception ? Si c'était le cas, alors on s'attendrait à ce qu'au lieu d'écrire simplement "Il y a trois espèces indigènes [= britanniques]", Leach aurait ajouté quelques mots sur l'existence de l'espèce Lestes barbarus connue de "Barbaria".


    Dans votre critique, vous avez écrit : > Mais dans leur texte, ils ne se comparent pas par les annexes à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" <
    > "Puisque autrefois les pirates étaient généralement armés d'armes blanches, comme des coutelas
    [épées courtes et légèrement incurvées], nous pensons que les mâles Lestes étant « armés » de forceps appendices supérieurs (Fig. 2) ont inspiré Leach à leur donner une épithète faisant référence aux pirates ou voleurs à main armée." Cela rend la démonstration la moins convaincante, car aucun coutelas,
    fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale
    de Leach). Cet accessoire d'obstétrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
    La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait convai

    Dans votre critique, vous avez écrit :

    > Mais dans leur texte, ils ne se comparent pas par les annexes à des crochets ou grappins d'abordage, mais à des armes, qualifiés de "coutelas" <

    > "Puisque autrefois les pirates étaient généralement armés d'armes blanches, comme des coutelas
    [épées courtes et légèrement incurvées], nous pensons que les mâles Lestes étant « armés » de forceps appendices supérieurs (Fig. 2) ont inspiré Leach à leur donner une épithète faisant référence aux pirates ou voleurs à main armée." Cela rend la démonstration la moins convaincante, car aucun coutelas, fut-ce de pirate, n'a une forme de "forceps" (pour reprendre le terme de la description originale de Leach). Cet accessoire d'obstétrique se compose de deux cuillères articulées en pince.
    La comparaison de Leach avec les cerques des Lestes est tout à fait avérée, mais celle-là
    de Hämäläinen et Fliedner avec une arme de pirate ne l'est pas. <
    > Je considère donc que la proposition zoonymique de Hämäläinen et Fliedner n'est pas valide.<


    Évidemment, nous aurions pu écrire un peu différemment et avec plus de détails. En comparant les appendices supérieurs avec un coutelas, nous nous sommes référés à la forme générale et à la structure d'un appendice supérieur individuel (gauche ou droit) de Lestes sponsa, et non à l'ensemble en forme de pince à l'extrémité de l'abdomen. Comme on le voit sur l'image ci-jointe (que nous aurions peut-être dû inclure, ainsi que des illustrations de quelques types différents de coutelas), la forme incurvée de l'appendice supérieur avec des arêtes vives, donne (seulement avec un peu d'imagination, bien sûr) une impression d'une arme tranchante ressemblant à un coutelas courbe (dont la forme et la structure étaient assez variables) ou à une hache de bourreau. Bien sûr, nous ne voulions pas suggérer que la forme de l'appendice était exactement identique à celle de l'armature du pirate. Quoi qu'il en soit, puisque l'éditeur et les trois relecteurs (tous odonatologues) n'ont eu aucun problème à comprendre notre sens, je présume, et j'espère sincèrement, que d'autres lecteurs feront de même.

    Quoi qu'il en soit, laissons les autres odonatologues décider laquelle de ces deux théories "pirates" ils vont garder plus probable, ou s'ils préfèrent s'en tenir à la vieille théorie du « comportement vorace ».

    Cordialement,
    Matti Hämäläinen

     

    Ma réponse le 16 juin

     

    Bonjour Monsieur,

    j'apprécie beaucoup la qualité de votre réponse, qui engage, pour la première fois, un vrai débat sur le fond. Les arguments que vous fournissez sur la localisation du spécimen type de L. barbarus et sur les déplacements de Leach en Europe sont tout à fait convaincants et sont ceux qui me manquaient. Je reconnais la force de votre critique de mon hypothèse, sans abandonner totalement celle-ci.

    Je reste sceptique néanmoins sur votre propre proposition 1°) parce que si Leach veut caractériser son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux appendices propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx, 2°) parce que malgré vos nouveaux et nécessaires arguments, ces appendices ne ressemblent nullement à des armes de pirates, ni à mes yeux, ni à ceux de Leach qui les comparent à des forceps.

     Ce qui est certain pour moi, c'est que dans une discipline aussi peu développée que la zoonymie, nous devrions accueillir les propositions des auteurs et prendre contact avec eux avant  de les critiquer par des formules définitives, — ou de pointer leurs fautes d'orthographe— et que c'est en échangeant respectueusement nos arguments que nous enrichirons les connaissances. C'est précisément le cas avec votre courtoise réponse et je vous en remercie. J'espère au moins que nous aurons contribué ensemble à remettre en cause  the old "voracious behaviour" theory encore bien présente.

    M'autorisez-vous à la reproduire dans mon article ?

    Je dois dire aussi que je n'imaginais pas que la seule réaction des entomologistes à l'ensemble de mes travaux sur l'histoire des noms des Lépidoptères et des Odonates depuis plus de 10 ans soit une critique.

    https://www.lavieb-aile.com/2019/02/zoonymie-des-odonates-liste-des-articles-1.generalites-2.les-anisopteres.html

    https://www.lavieb-aile.com/2015/11/zoonymie-origine-du-nom-des-papillons-diurnes-de-bretagne.html

    En toute sympathie,

    Jean-Yves Cordier

     

    La reponse de M. HÄMÄLÄINEN le même jour :

    Dear Mr Cordier,

    Thank you for your kind response.  Please, feel free to refer to the contents of my email, if you modify your blog article. 

    >parce que si Leach veut caractériser son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux appendices propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<

    Yes, both Lestes sponsa and Calopteryx virgo/splendens have forceps-like appendages, but only in L. sponsa are the superiors furnished with sharp extensions, which make them look more 'weapon-like'. 

    One more detail concerning Leach's travels. According to Harrison & Smith, his first visit to France took place in October 1815.

    With kind regards,

    Matti Hämäläinen

     

    Traduction : Merci pour votre aimable réponse. S'il vous plaît, n'hésitez pas à vous référer au contenu de mon e-mail, si vous modifiez votre article de blog.

    >parce que si Leach veut caractérisé son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux annexes propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<


    Oui, Lestes sponsa et Calopteryx virgo/splendens ont tous deux des appendices en forme de forceps, mais ce n'est que chez L. sponsa que les supérieurs sont munis d'extensions pointues, ce qui les fait ressembler davantage à des «armes».

    Un détail de plus concernant les voyages de Leach. Selon Harrison & Smith, sa première visite en France eut lieu en octobre 1815.

    Cordialement,
    Matti Hämäläinen

     

     

     

    Traduction : Merci pour votre aimable réponse. S'il vous plaît, n'hésitez pas à vous référer au contenu de mon e-mail, si vous modifiez votre article de blog.

    >parce que si Leach veut caractérisé son genre en le nommant, il devrait éviter de choisir un qualificatif renvoyant aux annexes propres aux Lestes mais aussi aux Calepteryx<

    Oui, Lestes sponsa et Calopteryx virgo/splendens ont tous deux des appendices en forme de forceps, mais ce n'est que chez L. sponsa que les supérieurs sont munis d'extensions pointues, ce qui les fait ressembler davantage à des «armes».
    Un détail de plus concernant les voyages de Leach. Selon Harrison & Smith, sa première visite en France eut lieu en octobre 1815.
    Cordialement,
    Matti Hämäläinen

    .

    Au total, j'admets que mon hypothèse est affaiblie au regard de cette brillante et solide argumentation par M. Hämämäilen du fait que Leach ne connaissait pas l'espèce A. barbarus de Fabricius. Je le félicite et le remercie des précisions apportées, et je suis convaincu qu'en matière de zoonymie, une collaboration entre auteurs ne peut être que très fructueuse. Je modifie mon "résumé".

     

     

     

     

    — GRAND (Daniel), BOUDOT (Jean-Pierre), 2006 Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, Biotope 479 pages

    https://books.google.fr/books?id=cYwSCwAAQBAJ&dq=inauthor:%22Daniel+Grand%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    — LEACH , W.E. (1815). "Entomology". In Brewster, David. Edinburgh Encyclopaedia. Vol. 9. Edinburgh: William Blackwood. pp. 57–172 [137] (in 1830 edition) – 

    https://www.biodiversitylibrary.org/page/17493627#page/145/mode/1up

     

    — PRÉCIGOUT (Laurent), PRUD'HOMME (Eric), 2009, Libellules de Poitou-Charentes, Ed. Poitou-Charentes Nature, 255 pages, 

    — NATIONAL HISTORY MUSEUM

    http://www.nhm.ac.uk/our-science/data/uk-species/species/calopteryx_splendens.html

     — SELYS-LONGCHAMPS ( Michel Edmond, Baron de) 1840, Monographie des libellulidées d'Europe, Roret, 220 pages.

    https://books.google.fr/books?id=8aBIt4TdIM0C&dq=AEschna&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

     

    .

    OUTILS ZOONYMIE.

    — LSJ Site de traduction grec/anglais Liddell  Scott Jones

    https://lsj.translatum.gr/wiki/Main_Page

    https://lsj.translatum.gr/wiki/LSJ:GreekEnglishLexicon

     

    ANTONIO (Costantino D’), VEGLIANTE (Francesca ) "Derivatio nominis libellularum europæarum"(PDF) (en Italien) Étymologie de 197 noms de Libellules européennes.

    https://www.researchgate.net/publication/316791278_Derivatio_nominis_libellularum_europaearum

    — ENDERSBY (IAN D. ), 2012,  : Watson and Theischinger: the etymology of the dragonfly (Insecta: Odonata) names which they published  Journal and Proceedings of the Royal Society of New South Wales, vol. 145, nos. 443 & 444, pp. 34-53. ISSN 0035-9173/12/010034-20 34

    https://royalsoc.org.au/images/pdf/journal/145_Endersby.pdf

    — ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, Etymology of the Dragonflies (Insecta: Odonata) named by R.J. Tillyard, F.R.S. Proceedings of the Linnean Society of New South Wales 134, 1-16.

    https://openjournals.library.sydney.edu.au/index.php/LIN/article/viewFile/5941/6519

    — ENDERSBY (IAN D., FRS ), 2012, The Naming of Victoria’s Dragonflies (Insecta: Odonata,  Proceedings of the Royal Society of Victoria 123(3): 155-178. 

    https://www.academia.edu/28354624/The_Naming_of_Victoria_s_Dragonflies_Insecta_Odonata_

    — ENDERSBY (IAN D. ), 2015, The naming's of Australia's dragonflies.

    https://www.researchgate.net/publication/283318421_The_Naming_of_Australia%27s_Dragonflies

     http://dominique.mouchene.free.fr/libs/docs/GENE_origine_noms_odonates_Australie_Endersby_2015.pdf

    — FLIEDNER (Heinrich), 2009, Die wissenschaftlichen Namen der Libellen in Burmeisters ‘Handbuch der Entomologie’ Virgo 9[5-23]

    http://www.entomologie-mv.de/download/virgo-9/Virgo%200902%20Die%20wissenschaftlichen%20Namen%20der%20Libellen%20in%20Burmeisters.pdf

     

    — FLIEDNER (Heinrich),  MARTENS (Andreas ), 2008, The meaning of the scientific names of Seychelles dragonflies (Odonata) , Phelsuma 16 (2008); 49-57

    https://www.researchgate.net/publication/228819379_The_meaning_of_the_scientific_names_of_Seychelles_dragonflies_Odonata [accessed Jan 04 2018].

     

     

    — POITOU-CHARENTE NATURE (Association)

    http://www.poitou-charentes-nature.asso.fr/cordulie-bronzee/

     

     

    .

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    Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Odonates

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