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8 juillet 2018 7 08 /07 /juillet /2018 14:45

Les sablières (1641-1675)  de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic. I.  Les sablières nord de la nef.

 

 

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Voir sur la commune de Saint-Nic :

— L'église :

 

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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

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— La chapelle Saint-Jean :

 

— L'église de Trégarvan (sablières de 1570 par le Maître de Saint-Nic) :

 

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VUES GÉNÉRALES DE LA CHARPENTE DE LA NEF.

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La charpente de la nef diffère fondamentalement, dans sa structure, de celle du chœur et des transepts.

Rappel : 

Les charpentes armoricaines ont été étudiées par Corentin Olivier.

Glossaire ici.

On distingue :

 

- Les charpentes dites à chevrons formant fermes : les chevrons en vis-à-vis de chaque rampant sont reliés entre eux au niveau du faîtage et par un faux-entrait (pièce horizontale). Cet ensemble forme ainsi un « triangle indéformable » appelé ferme. Les fermes se répètent tous les 60 cm et servent de support à la fixation des liteaux permettant la pose des ardoises. 

http://inventaire-patrimoine.regioncentre.fr/files/live/sites/inventaire_patrimoine/files/contributed/images/Articles_actu/IVR24_20170000003NUDA.jpg
Les charpentes dites à fermes et à pannes : les fermes, beaucoup moins nombreuses mais plus robustes, supportent un ou plusieurs rangs de pannes soutenant elle(s)-même les chevrons dont la section peut alors être amoindrie. Ce principe constructif est bien moins consommateur en bois. 

Celle du chœur appartiendrait aux charpentes "à fermes et à pannes" (voir les explications dans mon article sur Landevant.

 

Au contraire, le maillage serré des fermes (autrement dit, des arbalétriers ) de la nef avec son aspect en carène de bateau renversé incite à y voir une charpente à chevrons formant fermes.

Je compte cinquante fermes au total dans le nef.

 

N.B La charpente serait récente et résulte d'une restauration complète. La charpente du transept a été détruite par les bombardements de l'été 1944

La nef est divisée sur le plan architectural par cinq piliers et cinq arcades, et, pour la charpente, par cinq entraits, ces poutres transversales. Ces entraits sont, tous les cinq, engoulés (comme sortant de la gueule d'un dragon de part et d'autre) et bagués au centre par deux têtes de dragons adossées. On trouve un entrait toutes les dix fermes.

Ces entraits découpent la panne sablière ou corniche en cinq pièces, — cinq "sablières" —, du moins du coté nord car les sablières sud sont interrompues à plusieurs niveaux.

D'autres éléments sculptés de la charpente sont à observer : les abouts de poinçon,, sur la ligne médiane du sommet de la nef, et les culots, sur les arbalétriers à mi-distance entre le sommet, et la base.

Comme ces abouts de poinçon et ces culots sont placés sur une ferme sur deux, cela ferait 25 abouts de poinçon et cinquante culots, soit 75 pièces sculptées à photographier et à décrire. Je n'ai pas vérifié sur place cette estimation...

Enfin, six blochets (pièce de bois oblique formant jambe de force avec le pied d'un arbalétrier)  sont présents sur le coté sud de la nef (et d'autres sont disposés sur les deux bas-cotés). Ce sont, avec les sablières, les éléments sculptés les plus importants.

 

 

Pour la commodité de ma description, je nommerai les sablières nord de la nef N1 à N5. 

CLIQUEZ sur l'image au besoin.

La nef vue de l'ouest.

 

Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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La nef vue de la croisée du transept.

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Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Charpente sculptée de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Plan de la chapelle (in C. Toscer).

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Plan in Toscer http://www.shabretagne.com/scripts/files/54947131089936.59874395/1997_24.pdf

Plan in Toscer http://www.shabretagne.com/scripts/files/54947131089936.59874395/1997_24.pdf

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 LES SABLIÈRES DE LA NEF.

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I. LE COTÉ NORD.

Description de l'ouest (fond de l'église) vers l'est et le chœur.

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 Du mur jusqu'au premier entrait.

 

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Première sablière N 1. Quatre dragons liés deux à deux repoussés par des anges. 

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Cette sablière est construite en deux motifs symétriques autour d'un masque central dans lequel je propose de reconnaître Dieu dans ses nuées. En effet, c'est un visage barbu, souriant, encadré par des cheveux en U, au centre de deux demi cercles qui sont soit sa robe, soit le ciel ou des nuages.

Sous la pièce principale se déroule une frise faite de rangs obliques de trois perles alternant avec les spires d'un ruban. À l'extrême droite débute  un troisième registre, en dessous des autres, et portant une inscription, DICI IUSQV, qui sera décrit avec N 2.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Autour de Dieu le Père, deux anges  le présentent d'une main, et écartent l'autre bras. Leurs visages, ronds, identiques à celui du masque sans sa barbe, sont souriants. Les pupilles sont percées au foret. Le menton de l'ange de  gauche forme une boule formant avec les deux arcs de cercle des bajoues un dessin en brioche renversée. Ce "menton en godet" va s'avérer caractéristique du style du ou des menuisiers sculpteurs de la chapelle, et nous le retrouvons à Trégarvan (1676).

L'ange de gauche est bien lisible : nous distinguons parfaitement l'aile, le corps et les bras zébrés d'entailles comme pour figurer des plumes, et les mains possèdent cinq doigts.

L'ange de droite serait plus difficile à identifier si son collègue ne nous y aidait pas. L'aile ? Imaginons que c'est cette feuille nervurée près de la tête. Le bras ? Ce tube hachuré qui part sur le coté. Mais la main ? Elle est transformée en une vague fleur de lys, comme si l'apprenti n'avait pas bien compris le modèle qui lui avait été confié. Ça peut arriver.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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De chaque coté, deux dragons sont représentés accouplés par un anneau autour d'un pilier évasé central. Leurs corps aux sinuosités de serpents sont parcourues d'une ligne de pustules et de scrofules. La gueule largement ouverte expose les dents acérées et la langue infecte.

La queue forme une boucle, qui étrangle la tête d'une malheureuse victime. C'est celle des âmes, captives des démons.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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À gauche, le bois rongé par la vrillette oblige l'œil à un effort de repérage, où il se perd comme en un labyrinthe avant de retrouver le fil du dessin initial. L'ange, de sa main, renvoie vers les Ténèbres ces puissances animales , et la tête du dragon se démantibule et se démandibule. Ses deux yeux vides s'écarquillent en vain.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Du coté droit, où la main de l'ange nous échappe, le contour des dragons est clairement accessible.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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En conclusion, sur la première pièce nord de la nef, nous trouvons le combat victorieux de la  puissance divine contre les forces démoniaque du Mal, menaçant les âmes des paroissiens. 

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La sablière N2, après le premier entrait. Quatre dragons, dont deux bicéphales. Début de la première inscription nord.

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1°) L'inscription de N2 et N3. 

Elle court sous les sablières N2 et N3, mais je l'étudie ici :

D'ICI IVSQVES A L'AVTRE ESCRITEAV A ESTE BOISE L'AN 164- PAR IAC : POLESEC ET OL : GVILLOCSOV MRE GVIL : PERFEZOV ESTANT RECTEVR DE SCT NIC ET I : BORGNE FAB : DE CEANS

Notes :

-Les inscriptions ont été déchiffrées par C. Parcheminou,  R. Couffon, A. Mussat, M. Dilasser,  C.Toscer et S.Duhem.  Aucun relevé n'est exact sur le plan épigraphique, le plus fidèle étant celui de Sophie Duhem. 

-Le quatrième chiffre de la date est peu ou pas lisible. 

-C. Parcheminou et R. Couffon ont omis "L'AN 164-".

-A. Mussat et C. Toscer ont lu "L'AN 1646" alors que S. Duhem écrit prudemment "164[6]", sans doute en se fondant sur les précédants.

L'inscription  se lit ainsi : "D'ici jusque à l'autre écriteau a été boisé l'an 164[6] par Jacques Polesec et Olivier Guillosou, Messire Guillaume Perfezou étant recteur de Saint-Nic et Jean Borgne fabricien de céans".

a) L'inscription, aérée et très lisible,  est en lettres capitales romaines très régulières, dignes d'un typographe, aux fûts droits et aux empattements constants. La ponctuation séparative par deux-points n'est utilisée qu'e pour signaler une abréviation (celle des prénoms et de "fabricien"). La lettre U est en forme de V. Les lettres suscrites des abréviations de Messire et de Sainct sont soulignés d'un point ou trait.

La qualité d'exécution des lettres suggère que ce travail a été sous-traité par les charpentiers à un artisan spécialisé, membre ou non de leur atelier.

Cette graphie se retrouve sur les autres inscriptions des sablières, mais aussi sur l'inscription des sablières de Trégarvan, ce qui suggère l'intervention du même atelier.

b) Nous pouvons penser que "l'écriteau" désigne l'inscription suivante, sous la sablière N4. En effet, ce mot est défini par le Dictionnaire de l'Académie de 1694 comme "Certaine inscription en grosse lettre que l'on met sur un papier, sur du bois, &c. pour faire connoistre quelque chose au public."

c) Le verbe "boiser" peut être traduit par "mis en charpente", nous le trouvons aussi sur l'inscription des sablières de Grâces à Guingamp ou celle de Pluvigner en 1603 et à Tréminou à Plomeur 1665. Il est plus souvent  remplacé, dans la même acceptation, par "faire le bois" de l'église (Ploéren 1467, Plourac 15--,Plouhinec 1519, Tréffléan 1524, Daoulas 1529, Pluméliau 1533, Elven 1536, Moréac 1545, Le Croisty 1553, Plumélec 1554 Guénin 1577,  Loguivy-Plougras 1551 et 1557, Sulniac 1547 et 1565, Theix sd.,  Canihuel 1595, ). Il est intéressant de noter, puisque cette charpente évoque celle des navires, que le verbe est aussi utilisé, dans cette acceptation,  dans le vocabulaire marin spécialisé dans un sens comparable, celui de dresser sur la quille les couples, ou membrures

BOISER, v. a. C'est composer la carcasse d'un bâtiment en montant sur la quille les couples, tous les membres; remplir par de nouveaux couples,appelés couples de remplissage, les espaces qui séparent ceux de levée, pour compléter la membrure ou carcasse d'un bâtiment en construction." Dictionnaire de marine par le vice-amiral Willaumez,  1831 page 84.

BOISAGE, s. m. Travail de boiser un bâtiment en élevant les couples sur sa quille.

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d) La date ne peut être celle de 1641, puisque cette inscription  comporte  le nom du fabricien, I. Borgne,alors que ceux de l'année 1641 étant mentionnée en N4-N5.  Elle ne peut être antérieure (1640), puisque "l'écriteau" de N4 est mentionné. Mon examen de la partie restante du dernier chiffre ne donne pas d'argument pour valider la date de 1646, qui supposerait que la charpente ait débuté par le centre et se soit poursuivie vers l'ouest. Du coté sud de la nef, une inscription donne la date de 1649 pour la partie en vis-à-vis de N1 à N4. Le bas-coté nord est plus tardif, en 1675.

e) Jacques Polesec et Olivier Guillocsou sont mentionnés comme charpentiers, puisqu'ils ont boisé cette partie de l'église, mais rien ne permet d'affirmer qu'ils sont aussi les sculpteurs ymagiers qui ont réalisés les sculptures des sablières, ou l'inscription.

Le patronyme  Polesec est déjà connu, puisque nous avons lu ce nom sur l'inscription de la chaire de la chapelle, en 1638, où "I. POLESEC" est l'un des trois artisans menuisiers : je me cite :  

"Avec ses compagnons, il est désigné (fecerunt) comme artisan et donc menuisier et non comme fabricien (commanditaire).

Un Jacques Polezec est mentionné par les généalogistes, né vers 1590 à Saint-Nic et décédé  à Saint-Nic le 16 avril 1684. Il est le parrain en 1630 de Catherine Guillamot.

Il est également mentionné comme charpentier ou menuisier sur les sablières de Saint-Côme, dans l'inscription non datée suivant celle de 1641.

Un Sébastien Polesec est mentionné comme fabricien sur le calvaire de la chapelle Saint-Jean avec la date de 1645. Et un Polesec laisse son nom comme fabricien à Ste-Marie-du-Ménez-Hom en 1573." (article sur la chaire de Saint-Côme)

Le patronyme GUILLOCSOU n'est pas attesté sous cette forme, et nous devons le rapprocher du nom GUILLOSSOU. Albert Deshayes (Chasse-Marée 1995 p. 284) le mentionne comme l'un des nombreux diminutifs de Guilloux, du breton guillous, guilloux, issu de l'ancien français guiler, "tromper", et guileor , guillor, guillour, etc "trompeur, menteur, charlatan, bateleur". Le Catholicon donne pour le breton guillous "ménestrier".

A. Deshayes atteste  les formes Guillozou à Quimper 1626, Guillossou à Quimper en 1629, Guillousou Quimper 1631, Guilouzou Meilars 1639, et Guillouzou Quimper 1696. Richard Guillousou avait ses armoiries sur la maîtresse-vitre de N-D. du Mûr à Morlaix en 1679.

La graphie GUILLOCSOU renvoie à GUILLOXOU, non attesté, et à GUILLOUXOU, mais ce patronyme n'est pas attesté dans le Finistère, mais dans le Morbihan à Lignol en 1513.

Je n'ai pu trouver un patronyme proche de celui-ci à Saint-Nic. 

f) Le Guillem ou Guillaume Perfouxou est bien connu pour sa grande activité comme recteur de Saint-Nic en 1638 (chaire de cette chapelle), 1645 et 1653 (chapelle Saint-Jean), 1641, 1645, 1646 et 1661 (sablières de saint-Côme). Je renvoie à mes articles précédents, mais sans oublier de noter le titre de Messire (MRE ne peut avoir d'autre sens dans ce contexte) qui précède son nom.

g) I. BORGNE est le fabricien de cette année, mais je n'ai pu lever l'incertitude sur son prénom (Ian, Jean, Iac et donc Jacques ?).

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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2°) La sablière N2 montre quatre dragons — les deux du centre bicéphales — affrontés.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Premier dragon de N2.

Le premier (à gauche) est ailé. Son museau est crénelé de pointes, il tire une longue langue, est doté d'oreilles d'âne, mais le reste du corps abandonne le souci de "réalisme" pour privilégier l'ornementation, à base de lignes droites ou sinueuses, d'appendices foliaires, en nous laissant libre d'y voir des pattes, des nageoires ou une queue, des nodules ou des épines, etc. 

Une attention sera portée par le décor par ponctuations régulières effectuées à la tarière en trous de diamètres constant. En effet, cette technique appartient aux caractères stylistiques de cet atelier d'artisans, et se retrouvera sur les autres sablières de Saint-Côme, mais aussi de la chapelle Saint-Jean et de l'église de Trégarvan. Ces trous étaient-ils peints d'une couleur différente ? Recevaient-ils des pierreries ou accessoires dorés ?

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Le deuxième dragon de N2.

Il n'a pas d'aile, son corps est fuselé comme celui d'un poisson, son ornementation est plus sobre. Sa tête de gauche, baissée, s'affronte au dragon précédent. 

La tête de droite, relevée, proche de celle d'un chien avec ses oreilles en besace, est colletée. Elle s'affronte au suivant.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Le troisième dragon de N2.

Il est en miroir du précédent , avec sa tête de gauche qui est colletée, affrontée autour d'un objet rond.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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L'autre tête du troisième dragon est intéressante, car elle est dotée d'une corne frontale torsadée qui l'apparente à une licorne. Bien-sûr, nous ne voyons qu'un petit tronçon, mais qui ne peut être expliqué autrement : ce n'est pas une corde, par exemple. cette corne pénètre  le dragon suivant, sans le transpercer, et sans l'affecter plus que cela.

 

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En quatrième position, nous retrouvons le dragon ailé du début.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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La sablière N3. Deux dragons ailés et deux personnages démoniaques autour d'un masque.

Elle est construite sur le même schéma que N1, avec un masque central, mais qui est bien différent.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Ce masque mi-homme, mi-animal est cornu, et affublé de trois oreilles, de deux "langues de sorcières" sortant sous sa moustache, et d'yeux exorbités. C'est manifestement une figure diabolique.

Elle est vénérée par deux personnages, bien humains par leur profil, leurs mains à cinq doigts, leurs manches plissées ou leurs jambes, mais tout autant animalisés par une échine dentelée,des oreilles velues, une chevelure en crinière ou un pelage conséquent . 

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Les dragons sont remarquables par leurs ailes nervurées et leur longue queue.

Au total, la victoire des Forces du Bien, fièrement mise en scène en N1, semble ici remise en cause.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Une vue de détail permet d'apprécier la maîtrise de la technique de perçage décoratif, avec cette fois-ci deux diamètres de trous différents. Profitons en pour admirer aussi la frise, aux torves en bobines ornés de deux étoiles.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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La sablière N4. L'inscription de 1641. Rinceaux à l'ange obscène et deux autres personnages.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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1°) L'inscription de 1641.

Elle est rédigée sur deux lignes dans des cartouches moulurés.

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D'ICI IVSQVES AV PREMIER PILIER A ESTE BOISE AUX FRAIS DE VENER :

____| PERSONE M. RE GVIL : PERFEZOV RECT : DE S.CT NIC  1641 I_____

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Soit : "D'ici jusqu'au premier pilier a été boisé aux frais de Vénérable Personne Messire Guillaume Perzegou recteur de Saint-Nic 1641".

Que remarquer ? 

-la forme différente des A, puis la traverse du premier A est cassée, en V.

-L'usage des deux-points comme signal d'abréviation après VENER (pour Vénérable), GUIL (pour Guillem) et  RECT (recteur).

-Le titre du recteur, "Vénérable Personne Messire". C'est le titre en  usage, et on le trouve à Saint-Vougay ("vénérable personne missire Richard Miorcec, recteur de la paroisse" en 1635, ou "vénérable personne messire Hervé de Kermenguy, chapelain de la chapelle seigneuriale du manoir de saint-Jean dans la même paroisse, 1681), ou à N-D. du Folgoat ("vénérable personne messire Alain du Poulpry", 1591) , ou à Gouesnou en épitaphe ("noble et vénérable personne maitre Guillaume Touronce chanoine de Vannes et recteur de Saint-Gouesnou"), ou à N-D. de Recouvrance à Brest (vénérable personne feu missire de Denmat, prieur de Brest et gouverneur de la dite chapelle", pour ne glaner que quelques exemples dans la Vie des Saints d'Armorique d'Albert le Grand....

On a pu faire remarquer qu'en breton, le recteur est désigné par "ar person". Mais le titre "vénérable personne", ou "noble et vénérable personne"  n'est pas spécifiquement breton, et sert à désigner des membres du clergé dans toute la France.

-la mention "aux frais de", qui précise que le recteur Perzegou a financé lui-même les travaux, comme pour la chaire, où le premier mot latin de l'inscription, sumptibus, signifiait précisément "aux frais de".

-La date de 1641. Le roi est Louis XIII, et son principal ministre d'Etat est le cardinal  Richelieu qui se voue à assurer la centralisation monarchique contre les Protestants, et contre les Grands. Sur le plan artistique, c'est encore la période baroque, qui cédera la place au classicisme en 1660. Sur le plan religieux, c'est l'apogée de la Contre-Réforme, et, en Bretagne, ce sont  les missions menées par Michel Le Nobletz . Son successeur le père jésuite  Julien Maunoir, réalise sa première mission précisément en 1641, à Douarnenez. Ces prédications sont basées sur la conviction que les Bretons sont profondément ignorants quant aux préceptes de la foi catholique, et qu'ils se livrent à des pratiques païennes.  Les missions sont basées sur l'utilisation de tableaux pédagogiques peints, sur celle de cantiques, de processions, de mises en scène de la Passion par les paroissiens, de confessions massives, et enfin d'exposés dramatiques sur la mort, et sur l'Enfer.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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La sablière N4 est occupée par un rinceau de plantes mal définies, aux fleurs larges. Parmi les trois personnages, le plus central, quoique décentré, attire l'attention. Il est nu, jambes écartées, et montre ses fesses. Sa tête est entourée d'une coiffe radiante, comme des plumes. Deux ailes étroites se referment en crosses. Il a une forme suffisamment humaine pour qu'on distingue ses jambes, ses bras et sa tête. Comme en N3, c'est une puissance maléfique.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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À gauche un autre personnage glisse sur la tige d'une plante probablement vénéneuse. Malgré ses cheveux très longs, il a l'allure d'un paysan, vêtu d'un sarrau.

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Si ces sablières montrent aux paroissiens des démons, elles le font de manière peu pédagogique et didactique, et, disons-le, peu catholique. Rien à voir avec les tableaux édifiants des taolennou. Et, jusqu'à présent, nous n'avons rencontré aucune figure liturgique, aucun enseignement tiré du catéchisme, mais beaucoup de dragons et d'humains bestialisés qui n'expliquent pas vraiment ce qu'ils sont en train de faire dans cette charpente. Mystère, mystère, tout cela est mystère.

 

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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La sablière N5. Rinceau à cinq personnages, dont trois anges (du Mal). Un dragon.

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Cette sablière est très proche de la N4, avec le même "ange" cette fois-ci bien positionné au centre. 

Mais cette fois-ci, il ne nous présente pas ses fesses, mais son ventre nu et ombiliqué et son sexe. Ses ailes sont plus fournies de plumes à leur implantation, avant de s'achever en crosse. Ses cheveux rayonnent en couronne. Il tient dans chaque main la tige des rinceaux qui partent de chaque coté.

La frise inférieure a changé, elle porte un pampre dépourvu de grappes.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Vers la gauche, nous trouvons un ange (ou du moins un personnage ailé), vêtu d'une tunique boutonnée à manches longues. Il tient la tige voisine comme s'il s'y accrochait.

Son homologue, moins vêtu, lui répond sur le coté droit. 

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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À l'extrême gauche, un homme ébahi  tient par sa main droite une feuille digitée, et dans sa main gauche un objet qui repose sur son épaule. Quel objet ? Un panier, un épi, une aile ? Aucune proposition ne me convient.

L'homme est vêtu d'une tunique boutonnée à manches longues bouffantes.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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À l'extrême droite, un visage est sculpté, coiffé d'un bandeau, le cou serré par une fraise. Le menton "en godet" sous les deux joues bien pleines est caractéristique.

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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La pièce se termine par la moitié de la tête d'un dragon, animal qui trouve son prolongement sur une dernière pièce de bois, avec ses nageoires et sa queue en feuillage. 

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Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Sablières nord de la chapelle Saints Côme-et-Damien, Saint-Nic. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Le commentaire de Sophie Duhem.

"Les sculpteurs de Saint-Nic 1641-1670.

L'étude stylistique des sablières de la chapelle des Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic met en évidence la participation d'un atelier composé de trois sculpteurs, ayant exercé leur activité entre 1641 et 1670 sur la demande du recteur de la paroisse, Guillaume Perfezou. Les décors les plus anciens, localisés dans la nef, portent les signatures de deux artisans employés à l'édification de la charpente dans cette partie de l'édifice ; une première date précise qu'elle fut commencée en 1641 et terminée ... « l'an 1646 par Iac Bolesec et ol(ivier) Guillocsou ». les noms des deux sculpteurs sont donc connus : il s'agit de Jacques Bolésec et d'Olivier Guillosou. Le programme qu'ils élaborent est inventif, composé de thèmes variés où prédominent les images de dragons végétalisés, les frises de végétaux soutenus par des putti ailés, les mascarons et des grylles monstrueux. La réalisation est correcte comme le montre la taille en haut-relief des sculptures, mais l'étude de détails trahit une connaissance peu maîtrisée des règles de la composition, des proportions , du rendu des gestes et des expressions, que dissimule une abondante décoration de surface. Il est en réalité difficile de dissocier la participation respective des deux ouvriers à l'ouvrage car la facture de l'ensemble est très homogène et ne révèle pas de différence stylistique notable. La seule que nous voyons se résume à quelques points de détails qui tendent à distinguer d'un coté les reliefs sculptés des sablières et de l'autre les sculptures en ronde-bosse des faux culots de poinçons et des blochets." S. Duhem 1998 page 146.

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Conclusion.

L'étude de ces sablières nord est passionnante à divers titres.

-Elles contiennent des documents épigraphiques très précieux par les attestations de vocabulaire, de graphies et de tournures expressives, ou par les renseignements sur deux noms d'artisans charpentiers ou sculpteurs, sur le rôle de mécène-commanditaire d'un recteur très actif à Saint-Nic, et sur celui d'un fabricien. Ce seul champ d'étude pourrait faire l'objet de recherches dans les archives afin de préciser ces relations entre artisans, clergé issu de familles influentes ( il faudrait approfondir la connaissance des Perfezou d'Argol), et fabriques paroissiales.

-Leur contenu thématique est riche :

N 1. Quatre dragons liés deux à deux repoussés par des anges.

N2.  Quatre dragons, dont deux bicéphales.

N3. Deux dragons ailés et deux personnages démoniaques autour d'un masque.

N4. Rinceaux à l'ange obscène et deux autres personnages.

N5. Rinceau à cinq personnages, dont trois anges (du Mal). Un dragon.

Les onze dragons ne surprennent pas, tant ils sont abondants sur les sablières, les crossettes et autres décors sculptés des sanctuaires bretons, mais aucun ne ressemble à l'autre. Le motif des dragons affrontés et liés ensemble par un anneau cervical est fréquent dans la sculpture sur pierre et sur bois en Basse-Bretagne, mais en est-il spécifique ? Où trouve-t-il sa source ? Quel sens lui donner ? De vastes études iconographiques sont nécessaires pour développer celles de la thèse de Sophie Duhem en 1997.

Pourquoi tant d'anges infâmes, obscènes ou délurés ? Le mystère de chaque personnage résiste (c'est tout son charme) aux tentatives d'interprétations.

- L'unité stylistique est soulignée par S. Duhem, et va conduire à tenter de définir un atelier actif à Saint-Côme, à Saint-Jean et à Trégarvan entre 1641 et 1676, atelier anonyme d'un "Maître de Saint-Nic", ou au contraire  atelier dont les artisans sont Jacques Polesec, Olivier Guillossou et Alain Roignant.

J'ai noté les éléments stylistiques suivants, faciles à reconnaître :

  • Utilisation de perforations à la tarière, en ornementation, et pour les pupilles.
  • Menton "en godet".

- Il faudra replacer ces sablières dans leur contexte historique et religieux (Contre-Réforme, Missions jésuites d'évangélisation des bretons considérés comme païens, parution d'un catéchisme en breton en 1659 par J. Maunoir), mais cette clef ne m'a pas semblé très opérante, et le décor, qui ne reprend même pas les motifs Renaissance, témoigne au contraire d'une mythologie chrétienne médiévale riche en animaux fabuleux et s'amusant sans censure à se faire peur ou à projeter le Ça d'un inconscient collectif dans cet espace intermédiaire entre l'espace liturgique au sol, et le clocher tendu vers les cieux.

-Et enfin les replacer dans le contexte ornemental de la chapelle, d'abord de sa charpente (sablières sud et des bas-cotés, entraits engoulés, blochets, culots et abouts-de-poinçons), mais ensuite de sa statuaire, de son mobilier, de son calvaire), et dans le projet de mécénat du recteur Perfezou.

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SOURCES ET LIENS.
 

— BASE MERIMÉE, Notice :

http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/mersri_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA00005244

— COUFFON (1988)

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

CHAPELLE SAINT-COME ET SAINT-DAMIEN (C.)

En forme de croix latine, cet édifice, de construction soignée en pierres appareillées, comprend une nef de cinq travées avec bas-côtés, un transept et un choeur peu saillant à chevet plat. Elle remonte au XVIe siècle ou même fin XVe siècle mais dans son état actuel elle est en grande partie du XVIIe siècle ainsi que l'indiquent de très nombreuses inscriptions.

Sur la sablière nord de la nef : "DICI IVSQVES AV PREMIER PILIER A ESTE BOISE AVX FRAIS DE VENER PERESONE Mre GVIL PERFEZOV RECT DE St NIC 1641."

Plus loin : "DICI IVSQVES A LAVTRE ESCRITEAV A ESTE BOISE PAR IAC POLESEC ET OL GVILLOSSOV Mre GVILL PERFEZOV ESTANT RECTEVR DE St NIC ET I. BORGNE. FAB. DE CEANS."

Sur les sablières des bas-côtés : "M. G. PERFEZOV. R. G. MARZIN. F. 1661" (au sud), "AL. ROIGNANT FAB. ET CHARP. 1670" (au nord).

Au-dessus de la porte nord : "AL. ROIGNANT. F. 1675 (ou 1673 ?)."

Une pierre aux armes des Rosmadec, sans doute celles de Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper (1416-1444), et provenant de l'ancien édifice a été conservée dans le nouveau ; l'inscription en caractères gothiques est très effacée. Les arcades en tiers-point de la nef pénètrent directement dans les piliers octogonaux ; à la base de ceux-ci, bancs de pierre.

La magnifique charpente de la nef en forme de carène renversée, repose sur des sablières et des entraits engoulés. La charpente du transept a été détruite par les bombardements de l'été 1944. Le lambris a disparu ; il portait autrefois des peintures représentant la vie de saint Côme et saint Damien datées 1694 ; elles furent détruites en 1880.

La tour avec contreforts aux angles porte une galerie en fort encorbellement ; à la base de la flèche octogonale à crochets, gables ajourés et lanternons sommés de pinacles aux angles. Au coin S.-E. du chevet, sacristie basse avec toiture à six pans. Une fenêtre flamboyante à quatre lancettes éclaire le maître-autel.

Mobilier : Maître-autel en pierre revêtu de boiseries peintes, en mauvais état ; on n'y voit plus l'écu aux armes de Tréanna : d'argent à la macle d'azur. Sur le retable bas et le tabernacle à triple étage, niches à cariatides. - Clôture de choeur à balustres et pendentifs. - Deux autels latéraux en pierre ; celui de l'aile nord a gardé ses gradins et son tabernacle ; deux piscines de la fin du XVe siècle.

Chaire à prêcher d'époque Louis XIII ; de forme octogonale, elle a des panneaux pleins surmontés d'une petite balustrade. La rampe de l'escalier est à grands balustres tournés. Longue inscription : "SVMPTIB. VENERAB. VIRI. D. D. GVILLEIL. PERFEZOV. SACERD. AC. RECTOR. HVIVS. ECCLESIAE. / ANNO. 1638. FECERVNT. I. POLESEC. IO. ET. OL. KMORGAN."

Petit coffre du XVIe siècle à la sacristie, il a gardé ses ferrures et sa serrure anciennes. Statues anciennes - en pierre : saint Côme, décapité, et saint non identifié, sur l'autel d'offrandes de la nef ; - en bois polychrome : Christ en croix (nef), Vierge à l'Enfant du XVe siècle, Notre Dame de Pitié, les saints patrons Côme et Damien (niches à colonnes corinthiennes aux angles du chevet), saint Sébastien, saint Herbot, saint Jean l'Ev., dont la niche, disparue en 1984, portait l'inscription : "M. FR. HVCHET. RE. DE. St NIC / CL. LE. DROF. F. 1689."

Vitrail du transept sud consacré à la vie des saints Côme et Damien, par H. de Sainte-Marie, 1955.

 Dans le placitre (site inscrit), petit calvaire mutilé (I.S.) : Christ de Roland Doré et, sur le socle triangulaire, statues en pierre de l'Apôtre saint Pierre et des saints Jean et Madeleine géminés, toutes décapitées. Fontaine en contrebas dans la prairie : voûte à fronton, statues des deux saints mutilées. L'eau passait pour guérir les maux de tête. »

 

 

DILASSER (Maurice), 1979, La chapelle Saint-Côme in Un pays de Cornouaille Locronan et sa région. Paris, Nouvelle Librairie de France. pages 632-636


DUHEM (Sophie) 1998, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne (XVe-XVIIe s.), Presses universitaires de Rennes,  390 pages. Saint-Nic pages 19, 24, 25, 29, 36, 95, 100, 113, 119, 143, 146 (les sculpteurs de Saint-Nic), 147, 183 (médaillons),  218, 242, 257 (les évangélistes de la chapelle Saint-Jean), 283 (chap. St-Jean), 299, 321 et 334.

http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=781

 

Les sculpteurs de Saint-Nic 1641-1670.

"L'étude stylistique des sablières de la chapelle des Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic met en évidence la participation d'un atelier composé de trois sculpteurs, ayant exercé leur activité entre 1641 et 1670 sur la demande du recteur de la paroisse, Guillaume Perfezou. Les décors les plus anciens, localisés dans la nef, portent les signatures de deux artisans employés à l'édification de la charpente dans cette partie de l'édifice ; une première date précise qu'elle fut commencée en 1641 et terminée ... « l'an 1646 par Iac Bolesec et ol(ivier) Guillocsou ». les noms des deux sculpteurs sont donc connus : il s'agit de Jacques Bolésec et d'Olivier Guillosou. Le programme qu'ils élaborent est inventif, composé de thèmes variés où prédominent les images de dragons végétalisés, les frises de végétaux soutenus par des putti ailés, les mascarons et des grylles monstrueux. La réalisation est correcte comme le montre la taille en haut-relief des sculptures, mais l'étude de détails trahit une connaissance peu maîtrisée des règles de la composition, des proportions , du rendu des gestes et des expressions, que dissimule une abondante décoration de surface. Il est en réalité difficile de dissocier la participation respective des deux ouvriers à l'ouvrage car la facture de l'ensemble est très homogène et ne révèle pas de différence stylistique notable. La seule que nous voyons se résume à quelques points de détails qui tendent à distinguer d'un coté les reliefs sculptés des sablières et de l'autre les sculptures en ronde-bosse des faux culots de poinçons et des blochets."

Un autre compagnon se joint aux ouvriers une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier. Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670.

 

 

— MUSSAT (André), 1957, Congrès archéologique de France vol. 115; A. Picard, page 133..

 

— OLIVIER ( Corentin), 2014, Les charpentes armoricaines : inventaire, caractéristiques et mise en œuvre d’un type de charpente méconnu, Mémoire de master 2, Université Rennes 2, sous la direction de Pierre-Yves Laffont et Vincent Bernard, 2014, 410 p.

OLIVIER ( Corentin), 2016, « L’archéologie des charpentes anciennes (xive -xvie siècles) au service de la connaissance des forêts du Massif armoricain », Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, t XCIV, 2016, p. 109- 121.

— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

"Chapelle de Saint-Côme.

Située à un kilomètre environ au Sud du bourg, non loin de la Lieue-de-Grève, cette chapelle est l'une des plus intéressantes du diocèse de Quimper. Elle est  dédiée à Saint Côme et Saint Damien. L'édifice actuel, dont les plus vieilles parties remontent au xve siècle, a dù être bâti après une des épidémies de peste qui firent tant de ravage dans notre pays, au cours des XIVe et xve siècles, et il. est probable que la famille de Rosmadec, dont le château existait non loin de là, en Telgruc, n'a pas été étrangère à sa construction. En effet, on voit le blason de cette famille sur une vieille pierre en granit bleu, accôtée au mur du bas-côté gauche, vers le bas de l'édifice : palé d'argent et d'azur de six pièces. Timbrée d'une mitre et d'une crosse qui a sa volute tournée vers la gauche, elle offre, à n'en pas douter, les armoiries de Bertrand de Rosmadec, évêque de Quimper, de 1416 à 1445, qui contribua sans doute .à la construction. Une légende sans fondement veut aussi que la chapelle ait été bâtie par les Anglais. Les matériaux pour la construire seraient venus par mer ...

Saint-Côme fut autrefois un lieu de pèlerinage très fréquenté, ce qui explique les belles dimensions de la chapelle, plus grande que l'église paroissiale. Une petite porte au Sud et certains chapiteaux sont du début du XVI" siècle. Une autre porte, sur la face Ouest du croisillon Sud, a les caractères de vers 1540, avec arc en anse de panier et mouluration prismatique  continue. Les remplages sont tous du milieu du xvie siècle. Un très beau clocher à galerie, plus jeune que son entourage, complètè l'édifice.

A l'intérieur, cinq travées, un transept et un chœur rectangulaire en légère saillie, nef obscure. Le sol, de simple terre battue, est en légère pente de l'Est à l'Ouest. Ce qui frappe surtout dans cette chapelle, c'est la voûte de la nef qui est, dans le pays, à peu près unique en son genre.

On voit là toute une forêt de poutres sculptées. La charpente apparente est fortifiée par des tirants ou poutres en bois dont les extrémités sont mordues par des gueules monstrueuses. Les chevrons, les contre-fiches, les sablières, les entraits, tout est œuvré avec la plus curieuse fantaisie. Pas un mètre de bois qui ne soit ciselé et fouillé : chimères, monstres, bustes représentant toutes sortes de personnages. On a remarqué que tous ces personnages ont l'air dolents et se tiennent le ventre des deux mains, comme s'ils souffraient de maux d'entrailles. Certains croient qu'à Saint-Côme il y eut autrefois une maladrerie ou léproserie. Ceux qui ont commandé et exécuté ce travail l'ont signé, car on lit sur les frises du côté gauche : D'ici : iusques : au : premier : pilier a esté : boisé : aux frais : de : vénérable : personne  Guil : Perfézou : rect. de St Nic. 1641. Une autre inscription au bas de la nef dit : D'ici: iusques : à l'autre : escriteau : a: été: boisé: par : Alain : Polézec : et: OH : Guillosou : et : estait : recteur : M" : Guil; Perfézou. Sur la boiserie du bas-côté droit : M. G. Perfézou, R. G. Marzin F. 1661. - Ces : quatre: derniers: piliers : furent: bastis : 1649, lW" Grzill: Perfézou, R"~ Sur le mur Nord, à l'intérieur et à l'extérieur : Al: Roignant: Fab. en charg. 1675.

Le chœur était autrefois couvert d'une charpente.encore plus ouvragée que celle de la nef. On a, malheureusement, dû la démolir, il y a une cinquantaine d'années, à cause de son mauvais état. C'est d'autant plus regrettable que des peintures la couvraient, qui représentaient plusieurs scènes de la vie de S. Côme et de S. Damien. Elles portaient la date: 1694. L'autel principal, très fouillé, possède quelques statuettes en bois finement ouvragées. Sur le tabernacle de l'autel latéral gauche, on voit un petit écusson aux: armes de Tréanna, d'argent à la macle d'azur.

Statues. - Les deux frères Côme et Damien, qui étaient médecins de profession et qui furent martyrisés à Eches, en Cilicie, vers la fin du m• siècle, occupent les côtés du chœur, coiffés tous deux du bqnnet de docteur et tenant, l'un une boîte à médicaments, l'autre une fiole à onguent. Au-dessous de chacun, il y a un écusson martelé ; celui qui est sous Saint Damien semble être celui des Hirgarz : d'or à trois pommes de pin d'azur.

Du côté de l'Evangile : statues de Sainte Barbe, de la Sainte Vierge avec l'Enfant-Jésus et de Saint Sébastien. Celle de Ia Sainte Vierge semble être du xve siècle. Du côté de l'Epître : Pieta extraordinairement douloureuse, Saint Herbot en moine franciscain, Sainte Marguerite. Certains guides signalent des peintures murales. Elles n'existent plus. Ont disparu également les armoiries des sieurs de Brénalen, du nom de Tyvarlen : d'azur au château d'or, qui timbraient encore un vitrail vers 1850. 

Ceux qui ont visité la chapelle de Saint-Côme ont dù être intrigués par une faucille - ou plutôt ce qui fut une faucille, car elle est en grande partie rongée par la rouille - suspendue au mur du chœur. En voici l'histoire : Un jour - il y a de cela bien longtemps, l'état de la faucille le montre - un paysan d'un village de Plomodiern, tout proche de la chapelle; esprit fort ou acharné travailleur, au lieu de venir au pardon de Saint-Côme, s'en alla travailler aux champs. La punition ne tarda guère. Pendant qu'il travaillait, il se fit avec sa faucille une blessure tellement profonde que· personne ne put arracher l'instrument de la plaie. Le paysan comprit sa faute et vint au plus vite prier les deux Saints médecins, Côme et Damien, de le prendre en pitié. Dès qu'il se fut agenouillé au pied de leurs statues, la faucille tomba d'elle-même et la blessure guérit aussitôt. Le paysan repentant, plein de reconnaissance, laissa sa faucille à la chapelle comme ex voto. Et chacun peut l'y voir encore aujourd'hui.

Devant la chapelle se dresse un petit calvaire mutilé, transporté à cet endroit, il y a quelques années, de derrière le chevet de l'église, où il gênait la circulation. C'est une vieille croix entourée de saints personnages et montée sur une base triangulaire. On reconnaît Saint Pierre tenant une clef, et Saint Côme broyant un remède dans un mortier. Un autre personnage tient une bourse dont il serre le col. Au pied de la croix est un écusson aux armes de Hirgarz en alliance avec celles d'une autre famille.

A une centaine de mètres de la chapelle coule une· jolie fontaine gothique contenant les statues de Saint Côme et de Saint Damien. L'une des statues n'a plus de tête. L'eau de cette fontaine passe pour guérir les maux de tête ; on l'emploie mélangée au suc d'une plante qui fleurît aux abords, en Juillet et Août.

 Le pardon a lieu chaque année, le lundi de la Pentecôte, pardon pieux et calme, inconnu des romanichels et des touristes, semblable à ces pardons chers à André Chevrillon. Pour ma part, je ne connais rien de touchant, rien de pittoresque comme la procession de Saint Côme s'avançant après vêpres, face à l'Océan, à travers les jeunes blés verts que fait onduler la brise marine aux senteurs de sel et de varech ..."

 

 —TOSCER (Catherine), 1997, La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien en Saint-Nic,Mémoires de la Société d'Histoire et d'archéologie de Bretagne vol. 75, pages 371-377.

http://www.shabretagne.com/scripts/files/54947131089936.59874395/1997_24.pdf

 

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Published by jean-yves cordier
3 juillet 2018 2 03 /07 /juillet /2018 16:19

La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription par le recteur Perfezou.

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Car une chaire est une étrave. Elle entraîne tout le monde dans son sillage et ouvre la voie à l’humanité. De là on voit approcher la brusque tempête de la colère divine et la proue est la première à soutenir l’attaque. De là montent les implorations pour des vents favorables vers les dieux qui régissent leurs forces bonnes ou mauvaises. Oui, le monde est un navire éphémère qui ne parfait pas son voyage et la chaire est son étrave. Herman Melville, Moby Dick, chap. VIII, 1851.

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C'est une chaire en bois peint, suspendue sur un soubassement en cul-de-lampe, avec sa cuve pentagonale, son appuie-corps en bois tourné, son  abat-voix et son escalier courbe, et elle s'appuie contre le quatrième pilier nord de la chapelle. Sa hauteur ? 1, 90 m pour la cuve et le soubassement. 

C'est un objet classé MH depuis le 10 mai 1995.

En France, et notamment en Bretagne, aucune de nos anciennes églises n’a conservé,  de chaires à prêcher, ou pupitres pouvant en tenir lieu, antérieurs au XVe siècle. L’usage, à partir du XIIe siècle surtout, était, dans nos églises du Nord, de disposer à l’entrée des chœurs des jubés, sur lesquels on montait pour lire l’épître et l’Évangile et pour exhorter les fidèles, s’il y avait lieu. Toutefois ces prédications, avant l’institution des frères prêcheurs, ne se faisaient qu’accidentellement.

Les jubés ont été déposés après le Concile de Trente, et il a fallu construire des chaires (latin cathedra), car la Bretagne devint un terrain où les prédicateurs rassemblaient les foules. Elles sont placées au nord, "du coté de l'évangile".

Voir Chaire dans Viollet-le-Duc  ou dans Justin Storck .

Le rôle des prédications du Père Maunoir est important à considérer, et Catherine Toscer estime que c'est dans le courant de la Contre-Réforme, probablement à la suite d'une de ses Missions, prêchée à la chapelle en 1652 (*), que le recteur Perfezou mena à bien sa rénovation de l'édifice (mais cette chaire date de 1638 et la restauration de la charpente sous sa gouverne débute en 1641).

(*) je trouve confirmation d'une Mission à Saint-Nic en 1752, ou de Saint-Nicaise sans précision sur Saint-Côme.

 

"L'année 1652 s'ouvrit donc sous les plus favorables auspices. Treize missions furent données en Haute et Basse Cornouailles, d'après l'analyse du Journal du P. Maunoir ; et le concours des nouveaux missionnaires put faire présager déjà les résultats. que le Vénérable se promettait de sa grande entreprise. On commença par Douarnenez, Ploaré, Saint-Nic, pour continuer· par Cléden-Poher, Saint·Elouan, le Quilio, et finir par l'île de Sein, Beuzec-Cap-Sizun, Pont-Croix, Poullan, Meilars, pays: . ~~ auxquels Il faut joindre sans doute, d'après une note du Père Boschet 3, Tréménac'h dans l'évêché de Léon.

A Saint-Nic, des guérisons miraculeuses récompensent la foi des paroissiens et suscitent partout un véritable enthousiasme. Le P. Maunoir avait été appelé auprès d'un enfant que la mort allait ravir aux tendresses des siens ; il bénit le petit mourant, qui soudain revient à la santé. Sur ces entrefaites, un autre enfant lui présente sa main dont les nerfs étaient entièrement desséchés et qui demeurait toujours fermée. Le Vénérable y applique son crucifix, la main s'ouvre aussitôt et sans effort au gré de l'enfant qui tressaille d'allégresse" Vie du P. Julien Maunoir, par le P. Boschet, p. 204.

 

 

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Une chaire décevante ?

À Saint-Côme et Saint-Damien, les panneaux de la cuve et  du dossier ne sont pas sculptés de scènes légendaires ou de symboles liturgiques, le soubassement ne porte aucun détail animalier, et nous ne trouvons sous l'abat-voie aucune colombe, et à son apex aucun ange trompettiste.

Pourtant, un jeu de piste palpitant attend les érudits. 

 Tournons et lisons, lisons et tournons  autour de la cuve pour en découvrir l'inscription portée ici à la base de la balustrade par le bon et vénérable recteur des lieux.

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Panneau n°1 de la cuve. Pas d'inscription.

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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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Panneau n°2 de la cuve. Début de l' inscription.

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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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Nous lisons :

: SVMPTIB. VENERAB. VIRI : D : D : GVILLEL /

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Je résous les abréviations ainsi "Sumptibus  venerabilis viri discreti dom Guillelmi"

Sumptibus est  l'ablatif pluriel de sumptus, "frais, dépense".

Voir pour "sumptibus venerabilis viri :

Je traduis par : "Aux frais du très vénérable et discret dom Guillaume" : le donateur était donc dominicain, membre de l'Ordre des Prêcheurs, ce qui peut expliquer son souci de doter la chapelle d'une chaire.
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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

Mais tournons, tournons vite !

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Panneau n°3 de la cuve. Suite de l' inscription.

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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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Que lisez-vous ?

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: PERFEZOV : SACERD. AC. RECTO HVIUS

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Soit :  Perfezou sacerdos ac rector huius

je traduis par "Perfezou prêtre et recteur de cette ..."

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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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Panneau n°4 de la cuve. Suite de l' inscription.

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La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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L'inscription porte les mots :

 ECCLESIÆ.  ANNO D . 1638 : FECERVNT . I 

 

Soit : "Ecclesiae.  Anno Domini 1638 fecerunt I "

Je traduis  : [de cette ] église. En l'année du Seigneur 1638 firent I. "

La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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Panneau n°5 de la cuve. Suite de l' inscription.

 

La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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: POLESEC : I0 : ET : OL : KMORGAN[T]

 

Qui est traduit par [I.] Polesec,  IO et  Ol. Kermorgant, ou 

"Jacques Polesec et Joseph et Olivier Kermorgant."

La chaire (1638) de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien à Saint-Nic, et son inscription.

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Pour finir, nous obtenons : 

: SVMPTIB. VENERAB. VIRI : D : D : GVILLEL : PERFEZOV : SACERD. AC. RECTO HVIUS  ECCLESIÆ.  ANNO D . 1638 : FECERVNT . I : POLESEC : I0 : ET : OL : KMORGAN[T]

 "Sumptibus  venerabilis viri discreti dom Guillelmi  Perfezou sacerdos ac rector huius Ecclesiae.  Anno Domini 1638 fecerunt I. Polesec,  IO et  Ol. Kermorgant"

"Aux frais du très vénérable et discret dom Guillaume Perfezou prêtre et recteur de cette église, en l'année du Seigneur 1638 firent [cette chaire] Jacques Polesec et Joseph et Olivier Kermorgan[t].".

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1°) Le recteur Guillaume Perfezou.

Il s'agit de la première inscription tracée sur les directives du recteur Guillaume Perfezou, qui en laissa six autres (en français)  en 1641, 1645, 1653 et  1661 :

Quatre sur les sablières de la chapelle Saint-Côme :

Sur la sablière nord de la nef : "DICI IVSQVES AV PREMIER PILIER A ESTE BOISE AVX FRAIS DE VENER PERSONNE Mre GVIL PERFEZOV RECT DE St NIC 1641."

Mur collatéral des arcades sud de la nef CES QVATRE DERNIERS PILIERS FVRENT BASTIS 1645. Mre GUIL. PERFEZOU. R[ecteur].

Plus loin : "DICI IVSQVES A LAVTRE ESCRITEAV A ESTE BOISE PAR IAC POLESEC ET OL GVILLOSSOV Mre GVILL PERFEZOV ESTANT RECTEVR DE St NIC ET I. BORGNE. FAB. DE CEANS."

Sur les sablières des bas-côtés : "M. G. PERFEZOV. R. G. MARZIN. F. 1661"

 

Deux à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic :

Sur le calvaire "M. GVILL. PERFEZOV. RECTEVR. SEB. POLESEC. F. 1645."

Sur la charpente : "M. GVIL. PERFEZOV RECT. M. K[ER]VAREC. FA. 1653."

Dans la première, la plus ancienne après celle de la chaire, il reprend son titre de "Vénérable"  sous la forme "Vener Personne". Et il reprend aussi, traduit en français, le terme "sumptibus", " aux frais de". Il devait être riche, et provenir d'une famille riche, sans doute originaire d'Argol où un de ses homonymes est le fils de Jean Perfezou (Caméros, Argol, 16677-1722) et de Jeanne Kervella, née à Saint-Nic.

Son prénom est mentionné GVIL ou GVILL.

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2°) Jacques POLESEC, menuisier.

Avec ses compagnons, il est désigné (fecerunt) comme artisan et donc menuisier et non comme fabricien (commanditaire).

Un Jacques Polezec est mentionné par les généalogistes, né vers 1590 à Saint-Nic et décédé  à Saint-Nic le 16 avril 1684. Il est le parrain en 1630 de Catrherine Guillamot.

Il est également mentionné comme charpentier ou menuisier sur les sablières de Saint-Côme, dans l'inscription non datée suivant celle de 1641.

Un Sébastien Polesec est mentionné comme fabricien sur le calvaire de la chapelle Saint-Jean avec la date de 1645. Et un Polesec laisse son nom comme fabricien à Ste-Marie-du-Ménez-Hom en 1573.

3°) Joseph Kermorgant, menuisier.

Pas de découverte le concernant.

4°) Olivier Kermorgant, menuisier.

Pas de découverte le concernant : à vous la balle !

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SOURCES ET LIENS.

—Notice Base Palissy

http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/dapapal_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Saint-Nic&NUMBER=1&GRP=0&REQ=%28%28Saint-Nic%29%20%3aLOCA%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=3&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=50&DOM=MH

Inscription : SVMPTIB. VENERAB. VIRI : D : D : GVILLEL : PERFEZOV : SACERD. AC. RECTOR : HVIVS : ECCLESIAE. / ANNO : 1638 : FECERVNT : I : POLESEC : 10 : ET : OL : KMORGAN (sur la cuve).

 

TOSCER (Catherine), 1997, La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien en Saint-Nic,Mémoires de la Société d'Histoire et d'archéologie de Bretagne vol. 75, pages 371-377.

http://www.shabretagne.com/scripts/files/54947131089936.59874395/1997_24.pdf

"SUMPTIB(US) VENERAB(ILIS) VIRI D(OMINI) D. GUILLELM PERFEZOU SACERDOS AC RECTOR HVIVS ECCLESIAE : ANNO D(OMINl) 1638. FECERUNT I. POLESEC: I O(SEPH)  ET OL(IVIER) K(ER)MORGAN. "

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Published by jean-yves cordier
2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 21:35
Plaque routière, La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

Plaque routière, La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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Sur la commune de Rosnoën, une "plaque de cocher" garde le souvenir du Chemin de Grande Communication n°47. On y lit :

 

CHEMIN DE GDE COMTION N°47

PLOMODIERN            <----- 10K 770

PLONEVEZ PORZAY <----   17K 870

DOUARNENEZ          <-----   29K 370

LE FAOU                     ---->     7K 505.

 


En 1890,

le Finistère disposait de 5 routes nationales, 14 routes départementales, 56 Chemin de Grande Communication CGC, et 30 chemins vicinaux d'intérêt commun. Le Classement des chemins vicinaux en chemins de grande communication date de 1861. 

Le Chemin de Grande Communication n° 47  Douarnenez Le Faou mesure, selon cette plaque 36 km 875. 

Mais cette plaque est singulière, peut-être unique, car elle est apposée sur le pignon est d'une maison privée, l'ancienne maison du dernier  passeur (1951) Jean Horellou, sur la rive de l'Aulne maritime. Cette plaque qui  s'arrête devant "Le Passage" signale une absence de route, et un passage par où on ne passe plus. Kafkaïen, non?

 

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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La route s'arrête là, face à une jetée qui descend vers le fleuve, entourée des croupes grises de vasières .

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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Mais en face, sur l'autre rive, sur la commune de Dinéault,  des maisons blanches en haut d'une jetée indiquent que la route reprend, comme si de rien n'était. Cet endroit est nommé Le Passage (CEM 1820-1866), et à la fin du XVIIIe "Maison Blanche", toponyme qui n'a pas vieilli.

 

&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.198493&y=48.250336&z=16&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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Mais regardez ! une plaque nous dit tout sur ce Passage !

25 000 personnes par an, et le bétail, les moutons et les véhicules !

68,49 personnes par jour ! mais combien de moutons ?

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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Si, rêvant de ces foules montées à bord du bac de Jean Horellou, je m'écarte en contrebas de la jetée, je parviens à un autre rêve, celui des algues froides, de la palud (ou schorre) où se plaisent l'Obione, l'Aster et les chausse-trappes où je m'enfonce : slouourpe, plaf , eh ! Baignade non surveillée !

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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C'est pour découvrir un baradozig où de vieilles coques achèvent leurs jours et rêvent du passé.

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

La Forest, Route du Passage, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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Très bien, très bien les pieds dans l'eau ! Mais Voler, grimper tout seul vers la Lune, et contempler ce Passage parmi les blés mûrs comme le font les beaux oiseaux marins !

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Vue du Passage à partir du Bélvédère,  Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

Vue du Passage à partir du Bélvédère, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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Vue du Passage à partir du Bélvédère,  Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

Vue du Passage à partir du Bélvédère, Rosnoen. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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DOCUMENTS.

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1°) Didier Cadiou 1997.

"En 1811, ce passage est armé par deux chalands, la Marie Jeanne et la Marguerite. Le passeur dispose en outre d'une loge construite près du village de La Forêt en Rosnoën, mais ce passage, comme celui de Térenez, est dépourvu de cale d'embarquement. Tous les six ans, l'Administration procède à une nouvelle adjudication des droits de passage. Tous les fermires n'atteignent cependant pas le terme de leur bail en raison d'un décès, d'une résiliation pour difficultés économiques ou  d'une décision préfectorale. Utile aux hommes, le bac est aussi pour le bétail comme l'atteste ce témoignage, vers 1830, de J.F Brousmiche, l'un des rares auteurs à évoquer le passage de l'Aulne:

"Pour se rendre à Ménez-com, les chevaux, le bétail du Léonnais sont obligés de passer la rivière de l'Aulne au bac de Rosnohan, et cette rivière étant rivière de marée, quand le vent et le courant sont en opposition avec le flot, il arrive fréquemment de voir le bac dériver, et fréquemment aussi ce bac trop chargé chavire, et la rivière engloutit les hommes et les animaux. Il ne se passe pas de foires à Ménez-com sans accidents de cette nature,. et cependant ces foires sont très fréquentées". Jean-François Brousmiche, Voyage dans le Finistère en 1829,1830, 1831, Quimper, éditions Morvran, 1977.

 

Finalement, en décembre 1856, l'Administration se décide enfin à établir sur chaque rive "une rampe en pavement à pierres sèches simplement dégrossies" (45 m sur chaque rive)dont l'entretien devra être assuré par les fermiers eux -mêmes. Les travaux sont rapidement entrepris pendant la campagne 1857." D. Cadiou, Avel Gornog 1997

 

2°) Le site Antreizh, ce qui veut dire "Le passage" :

http://www.antreizh.fr/lepassage.html

"Appartenant aux seigneurs du Faou sous l'Ancien Régime, le "passage" entre Rosnoën et Dinéault, situé à la limite administrative des eaux fluviales et maritimes, situé sur l'axe allant de Landerneau à Douarnenez, attesté depuis 1514, était appelé Treiz Guenhel, du breton treiz (passage), et du nom de "saint Guinal", dont la chapelle se dressait sur la côte de Dinéault et se faisait par des bacs ou des chalands. Le "passage" était périlleux, compte tenu de sa largeur et de la force du courant. En 1858 fut construite une cale en pavage de pierres sèches, foulée depuis par des flots de piétons, de bêtes, charrettes et véhicules divers. Le Passage constituait un axe de communication entre le nord du Finistère et le sud vers la plaine du Porzay (l'affluence était grande chaque dernier dimanche d'août pour se rendre au pardon de Sainte-Anne-la-Palud) ou inversement (par exemple, les pèlerins venant du sud étaient nombreux chaque 15 août pour se rendre au pardon de Rumengol). Les foires d'Hanvec, du Faou et de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom étaient aussi des jours d'affluence. Cet itinéraire était classé chemin de grande communication no 47 depuis 1862.

 

Prendre le bac est dangereux comme en témoigne ce rapport du Conseil général du Finistère daté de 1874:

« Il serait à désirer, pour éviter les accidents qui se produisent souvent à l'embarquement et au débarquement des animaux, et même des passagers, que les cales d'accès fussent améliorées, principalement pour les cales des bacs de Rosnoën [à Treiz Guenhel] et de Térennez [Térénez] ; celles existantes sont beaucoup trop basses et rendent les embarquements difficiles et dangereux. »

 Le même rapport de 1874 dit que « le service est déplorable, le matériel en très mauvais état, et des plaintes incessantes sont adressées à l'administration ». À cette date, le service du "passage" était assuré par trois bacs à Térénez, un grand bac en mauvais état, un bac plus petit en bon état et un batelet en assez bon état ; à Rosnoën, un bac neuf propriété du passeur vient de remplacer à cette date les deux grands bacs en mauvais état qui appartenaient à l'État ; s'y ajoute un batelet qui permet seulement le passage des personnes. Un accident provoqué le 11 août 1874 par un cheval qui défonça le grand bac de Térénez faillit provoquer la mort de 14 personnes. Même la route menant au bac de Térénez était d'accès difficile et les accidents sont fréquents ;« la difficulté des communications entre Crozon et Le Faou, augmentées par la mer, est nuisible aux deux localités », mais ce n'est que dans le courant de la décennie 1870 que ce tronçon de route est amélioré.

 En 1875, 25 175 piétons, 435 chevaux, 60 voitures et 508 veaux et moutons empruntent ce passage, réaménagé en 1878. Le bac se maintint en service malgré la mise en service en 1926 du premier pont de Térénez, profitant de la rareté du trafic automobile à l'époque pour continuer à assurer un service de proximité. Le dernier passeur fut Jean Horellou (Yann an Treizour) et sa fille tint le café, malgré la fermeture du passage en 1951, jusqu'en 1984.

Le "passage" de Térénez, sur l'axe Le Faou-Crozon, était aussi très fréquenté : ce passage existe depuis au moins le xviiie siècle et les cales ont été restaurées en 1836 et 1857 ; puis à nouveau en 1913 et 1923. Certaines années, au xixe siècle, on comptait jusqu'à 25 000 piétons et un millier d'animaux. Ce "passage" a été utilisé en direction de Landévennec jusque vers 1925, date de la construction du premier pont de Térénezet à nouveau de 1944 (destruction du premier pont) jusqu'en 1951, lors de la mise en service du second pont de Térénez.

D'autres "passages" jalonnaient ainsi le fleuve, par exemple à hauteur de Trégarvan."

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3°) 

En mai 1873, le Conseil municipal de Rosnoën sollicite, en raison de l'intempérance des passeurs, la suppression des auberges situées à proximité. Car des drames se déroulent parfois, comme ce 11 juillet 1873, lorsque la barque qui transporte sept bûcherons trop impatient pour attendre le bac situé sur l'autre rive, chavire, entraînant dans la mort  cinq de ses passagers .

Ou ce 3 mai 1880, lorsque le passeur Yves Capitaine disparaît en tentant en vain de sauver de la noyade son matelot Le Gall. (d'après D. Cadiou 1997)

Nombreuses photos du bac, du passeur et de sa famille sur le site http://www.antreizh.fr/lepassage.html

 

DOCUMENTS CARTOGRAPHIQUES.

Source Géoportail remonterletemps

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.196034&y=48.246280&z=16&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.ETATMAJOR40&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&mode=clipLayer

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La carte de Cassini (fin XVIIIe) : la route à partir de Maison Blanche est bien indiquée, alors que le chemin allant de Rosnohan à La Forest n'est tracé que par un trait.

 

La plaque de cocher du Passage à Rosnoën : le Chemin de Grande Communication n°47, et le Passage de l'Aulne par bac.

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Carte d'Etat-Major 1820-1866 : le site sur la rive gauche de l'Aulne est nommée Le Passage, mais aucun équipement n'est visible du coté Rosnoën.

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La plaque de cocher du Passage à Rosnoën : le Chemin de Grande Communication n°47, et le Passage de l'Aulne par bac.

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Carte de 1895 : le CGC n°47 est tracé, ainsi que le symbole du bac, et les noms La Forest et Le Passage.

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La plaque de cocher du Passage à Rosnoën : le Chemin de Grande Communication n°47, et le Passage de l'Aulne par bac.

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Carte de 1950. 

La route  Le Faou-Dinéault/Ste-Marie-du-Ménez-Hom  est tracée, ainsi que le symbole du bac, et les noms La Forest et Le Passage.

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La plaque de cocher du Passage à Rosnoën : le Chemin de Grande Communication n°47, et le Passage de l'Aulne par bac.

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Carte IGN

Le bac a disparu, la route venant de Rosnoën se nomme Route du Passage.

Carte IGN Géoportail.

Carte IGN Géoportail.

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SOURCES ET LIENS.

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LE PASSAGE

http://www.antreizh.fr/lepassage.html

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/bac-et-cale/da308fb4-51c9-4a45-bb97-548f99f58ca0

— CADIOU (Didier), 1997, De bacs en pont(s), in Avel Gornog n°5, Dossier l'Aulne Maritime", page 14-22

— Archives AD Finistère Voirie vicinale (3 O supplément), 3S96, 3S 1310, 3S Rosnoên non côté.

 

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2 juillet 2018 1 02 /07 /juillet /2018 14:31

L'église Saint-Budoc de Trégarvan.  Ses inscriptions, ses sablières et ses blochets, sa statuaire, ses bannières.

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des sablières de Bretagne, les articles suivants :

 

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Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), voir :

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Sur les réalisations du Maître de Saint-Nic (1561-1576) :

 

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Et enfin :

La plaque de cocher du Passage à Rosnoën : le Chemin de Grande Communication n°47, et le Passage de l'Aulne par bac.

 

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 SITUATION.

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L'Aulne maritime, ou Rivière de Châteaulin, creuse, dans sa progression rêveuse mais avide d'en finir avec une course de 144 km, une large et profonde ria où elle dessine quelques derniers méandres ; ce sont eux qui  font toute la beauté du paysage qu'un promeneur peut découvrir du haut du Bélvédère (152 m), à Rosnoën. Le fleuve vient de recevoir son dernier affluent en rive droite, la Douffine, à Pont-de-Buis, mais accepte encore une dernière contribution en rive gauche, celle des eaux du Garvan, et ses saumons.

C'est précisément ce Garvan qui donne son nom à Trégarvan, de  tref , "village", en en délimitant le territoire à l'est . 

 

 

Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.

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J'ai utilisé en complément de mes clichés les ressources de GEOPORTAIL / REMONTERLETEMPS avec les cartes IGN, d'Etat-Major, de Cassini, et les photos aériennes.

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.214302&y=48.251928&z=15&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=normal

 

Géoportail remonterletemps.

Géoportail remonterletemps.

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Géoportail remonterletemps.

Géoportail remonterletemps.

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C'est ce ruisseau du Garvan, qui descend des pentes du Ménez-Hom (330 m) en alimentant des moulins, qui, associé au "ster" du  Cosquer, va dessiner ce chapeau de gendarme de Trégarvan.

Site Géoportail hydrographie.

https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/reseau-hydrographique

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Geoportail /photo aérienne / Hydrographie.

Geoportail /photo aérienne / Hydrographie.

Géoportail IGN hydrographie.

Géoportail IGN hydrographie.

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Une dernière photo de l'Aulne en amont de Trégarvan nous permet de comprendre que les habitants qui ont inscrit leur nom sur les murs de l'église au XVI et XVIIe siècle étaient de riches cultivateurs, ou des meuniers.

Pourtant, Marteville et Varin écrivait encore en 1853, dans la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée

 

 

"Trégarvan, commune formée de l'ancienne trève d'Argol, sans desservance. Limit. : N. rivière de Châteaulin ; E. Dinéault, anse de Garvan ; S. Saint-Nic ; Dinéault ; O. Argol.

Principaux villages : Goulenes, Brigneun, Toulargloët, Kerfréval, Le Cosquer. Superficie totale 972 hectares, dont les principales divisions sont terres labourables : 201 ha. Près et pâtures : 16 ha. Bois : 8 ha; vergers et jardins : 8ha. Landes et terres incultes 711 hectares. Quatre moulins à –au, Kerfréval, Le Cosquer et du Garvan. "Cette commune est peut-être celle de toute la Bretagne qui a le plus de landes : celles-ci couvrent plus de 7/10e de son territoire. On parle breton."

La première édition, de 1778, décrivait Trégarvan avec Argol, mais dans des termes comparables :

"Argol ; située entre des montagnes ; à 7 lieues au Nord-Nord-Ouest de Quimper, son Evêché, à 41 lieues trois quarts de Rennes ;& à 2 lieues un tiers du Faou , la Subdélégation. On y compte 1050 communiants, y compris ceux de Trégarvan, sa trêve. Elle ressortit à Châteaulin, & la Cure est présentée par l'Abbé de Landevenec.

Ce territoire , couvert de montagnes serrées les unes contre les autres & plein de landes , ne contient que des terres stériles , Il vous en exceptez quelques-unes limées au Nord & à l'Est, qui produisent du froment & autres grains."

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L'Aulne et l'embouchure du Garvan. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

L'Aulne et l'embouchure du Garvan. Photographie lavieb-aile 28 juin 2018.

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COMMUNICATIONS.

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La carte de Cassini (fin XVIIIe) montre que les voies de communication longent l'Aulne par les  routes Châteaulin-Dinéault-Telgruc-Crozon au sud, Braspart-Quimerc'h-Rosnoën-Térenez au  nord. Deux "passages" traversaient le fleuve du nord au sud, à Térenez et à La Forest entre Rosnoën et Dinéault, comme le suggèrent — sans indiquer les passeurs — les voies qui s'interrompent sur les deux rives.

Aux XVIe - XVIIIe siècles, période de construction de l'église tréviale, Trégarvan est à l'écart relatif de ces voies, sauf par sa proximité du Passage La Forest-Maison-Blanche.

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Géoportail remonterletemps.

Géoportail remonterletemps.

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La carte d'Etat-Major de 1820-1866 montre la même chose. Notez la rareté du bâti sur la colline (42 m et 78 m) qui domine Trégarvan, et l'indigence des chemins conduisant à Le Passage, entre Rosnoën et Dinéault.

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Géoportail remonterletemps.

Géoportail remonterletemps.

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La carte au 1/50000 de 1950 indique enfin un enrichissement du bâti sur le petit promontoire, et mentionne clairement le bac et la route (ex Chemin de Grande Communication) Le Faou-Dinéault passant par le bac, dûment indiqué.

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Géoportail remonterletemps.

Géoportail remonterletemps.

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PRÉSENTATION.

D'après Chrystel Douard 2010.

 

Relevant dès le 11e siècle de l´abbaye bénédictine de Landévennec et trève de la paroisse d´Argol, Trégarvan est érigé en commune en 1792 et devient paroisse indépendante en 1842.

Aucun tissu urbain n'existe avant la seconde moitié du 19e siècle. En 1831, l'ancienne chapelle tréviale devenue ensuite église paroissiale, entourée du cimetière, se situe dans un secteur dépourvu de toute construction. Une demi douzaine de maisons dont l'ancien presbytère  est construite à la fin du 19e siècle dont deux à usage temporaire d'école communale et plusieurs à usage de commerce. Le presbytère, aujourd'hui désaffecté, conserve un élément sculpté ancien remployé au-dessus de la porte nord provenant peut-être de l'église et portant des armoiries associées à une crosse et une mître d'abbé, peut-être celles d'un abbé de Landévennec. La mairie, petit bâtiment à pièce unique, est construite en 1907, peut-être, comme le groupe scolaire à Kergroas (actuellement Musée de l'Ecole Rurale en Bretagne), d'après le projet de l'architecte A. Marie, de Brest. En 1930, le cimetière a été légèrement agrandi vers le sud et l'ouest et quelques maisons d'habitation ont été bâties au sud de l'église dans la période de l'entre-deux-guerres .

En 1965, une monographie succinte, rédigée par le ministère de la construction dans le cadre de la préparation d´un « plan sommaire d´urbanisme révèle une population éparse mais plus concentrée autour du bourg. Entre 1936 et 1962, la population diminue de 27 %. Parmi les 51 exploitations agricoles recensées en 1946, 44 subsistent en 1965 (contre cinq en 2009). Les 968 hectares du territoire communal sont alors composés de 367 hectares de terres labourables, de 56 hectares de prés, de 10 hectares de vergers, de 25 hectares de bois et de 477 hectares de landes, ces dernières couvrant presque la moitié de la commune. On y cultive la pomme de terre et les céréales.

Le bateau-vapeur liant Brest à Port-Launay, hors service dans les années 1960, faisait longtemps escale à Trégarvan pour permettre aux touristes de gravir le Ménez-Hom. En 1965, le potentiel touristique de la commune était perçu comme un atout. On comptait alors une cinquantaine de mouillages de bateaux et quatre cafés-épiceries dont deux au bourg et deux à Kergroas et Pont-Carvan. Situé dans la partie sud-ouest du Parc Naturel Régional d´Armorique, Trégarvan (arrondissement et canton de Châteaulin) fait partie de la Communauté de Communes du Pays de Châteaulin et du Porzay (Châteaulin, Dinéault, Saint-Nic, Plomodiern, Plonévez-Porzay, Ploéven, Quéménéven, Cast et Saint-Coulitz, Port-Launay). A dominante rurale et résidentielle, la commune se distingue par la qualité de de ses espaces naturels remarquables dont l´Aulne maritime et le Ménez-Hom, site classé depuis 2004, « en raison des ses caractères pittoresque et légendaire ». La commune couvre une superficie de 968 hectares et comptait 146 habitants au 1er janvier 2009. Avec plusieurs gîtes ruraux et un village de vacances, la commune est aujourd'hui tournée vers le tourisme rural, en lien avec l'attrait exercé par l'Aulne et le Ménez-Hom.

Un recensement des objets mobiliers conservés dans l´église, non reconduit dans le cadre de la présente enquête (fiches descriptives, photographies), avait été réalisé en 1977 ; il est disponible au centre de documentation du patrimoine (Région Bretagne). Trégarvan conserve des éléments patrimoniaux identifiés et dignes d´intérêts parmi lesquels figurent le Musée de l´Ecole Rurale en Bretagne, remarquable au niveau régional, ainsi que l´église paroissiale Saint-Budoc récemment restaurée et mise en valeur. Les hameaux de Goulénez, Stanquélen, Kerfréval, Keryé, Brigneun et Toul ar Gloët conservent des éléments significatifs de l´architecture rurale de la commune.

 

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Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.

Vue générale de Trégarvan. Photographie lavieb-aile juin 2018.

L'église Saint-Budoc de Trégarvan. Inscriptions, sablières, statuaire.

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 L'EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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"Plan en croix latine à trois vaisseaux datée par inscription de  1527 ; 1590 ; 1629 ; 1658 ; 1670 ; 1696 ; 1706 ; 172. Gros-œuvre en granite ; kersantite ; grès ; appareil mixte ; pierre de taille ; moellon  toit à longs pans ; croupe ; noue ; pignon ; flèche en maçonnerie Charpente : lambris de couvrement."

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

Vue générale de l'Aulne maritime en amont de Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

Vue générale de l'Aulne maritime en amont de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES.

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Palissy :"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"

À l'extérieur, les inscriptions lapidaires  portent les dates de 1629, 1658, 1696 et 1698, et les patronymes des fabriciens B[e]uzec Capitaine, N. Le Scoarnec,  Y. Scoarnec et F. Moro.

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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capitaine 1629.

2°) Sur le mur de la sacristie. N. Le Scoarnec 1658.

3°) Au dessus de la porte ouest. Y. Scoarnec

4°) Sous la galerie du clocher, côté sud. F : MORO  1696 " 

5°) Le cadran solaire de 1698.

 

 

 

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1°) Au pan sud du chevet. Buzec Capiten 1629.

Lettres capitales romaines ; fût perlé (I) . Ponctuation de séparation des mots par trois points. Pierre de Logonna (microdiorite quartzique). 

Longueur 50 cm, hauteur 40 cm

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BVZEC : CA

PITEN : F

1629.

"BUZEC : CAPITEN : F[ABRICIEN]  1629."

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BUZEC est vraisemblablement le prénom du fabricien, c'est une forme de Budoc.

Le patronyme CAPITAINE est très commun à Trégarvan.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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2°) Sur le mur de la sacristie.

Lettres capitales romaines. 

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N : LESCO

ARNEC :

FAB : 1658.

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"N : LE SCOARNEC : FAB[RICIEN] : 1658."

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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3°) Élévation occidentale,  au dessus de la porte .

Lettres capitales romaines.

Y : SCOARNEC : F.

"Y[ves] SCOARNEC F[ABRICIEN].

Sans date, mais la tour que soutient ce mur est datée de 1696.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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4°) Sous la galerie du clocher, côté sud.

F : MORO  1696 " (ou  1690 ?)

Microdiorite quartzite. Lecture douteuse du patronyme. Les auteurs de la notice de la base Palissy ont lu : "NORD 1696", ce qui est encore plus douteux.

http://www.cgf-forum.fr/phpBB2/viewtopic.php?t=24457

Je propose d'y voir une graphie pour MOREAU . Par exemple, on trouve dans la généalogie de Philippe Mérour Jean Moreau, père de Yves Moreau (décédé après 1699), lui-même père (?) de Jeanne Moreau, née à Dinéault le 10/02/1699 et décédée à Trégarvan (Cosquer) le 21/05/1771, qui épousa Jean Capitaine. Leurs enfants Corentin, Marie, Jeanne Catherine et Magdelaine ont vécu à Trégarvan, soit au Cosquer, soit à Brigneun. 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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5°) Le cadran solaire de 1698.

Chambre des cloches. Schiste. cadran rayonné central, numérotation arabe de droite à gauche  7, 6,5,4,3,2,1 -fleur-11,10,9, 8, 7, 6, 5. 

Registre supérieur : cercle au monogramme christique I.~H S , le tilde surmonté d'une croix. Chronogramme 1698 entourant le motif religieux. 

L'inscription haute est partiellement (et sans doute volontairement) effacée, laissant lire ---N: ---:FA.

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Voir :Yves-Pascal CASTEL, L'iconographie religieuse sur les cadrans solaires du Finistère, d'après Jean-Paul Cornec, Pierre Labat-Ségalen, «Cadrans solaires en Bretagne», Skol Vreizh, 2010

http://patrimoine.du-finistere.org/art2/index_ypc_cadrans_solaires.html

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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II. LE CALVAIRE DE 1527.

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Description par Yves-Pascal Castel :

3022. Trégarvan, église, g. k. 1527. Trois degrés. Socle à cavet: MVCXXVII - - - FABRIQVE, écu usé. Fût à pans, griffes hautes. Croisillon aux anges, écu aux trois pommes de pin et à la crosse. (Alain de Trégain, de Briec, abbé commendataire de Landévennec). Croix, crucifix, anges au calice. [YPC 1980] http://croix.du-finistere.org/commune/tregarvan.html

Voir aussi Christel Douard:

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/calvaire-du-cimetiere/df27706c-d01c-4250-bf59-7db1fb78d289

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1°) La face orientale : Vierge à l'Enfant.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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2°) La face occidentale : Crucifix et anges au calice.

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Croquis de Yves Pascal Castel :

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Le blason d'Alain de Trégain, abbé de Landévennec de 1524 à 1530 : aux 3 pommes de pin pointes en haut, crosse en pâl.

Voir : 

 

. http://www.lavieb-aile.com/2019/05/les-blasons-de-quelques-abbes-de-landevennec.html

 

Le calvaire de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Le calvaire de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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III. LES STATUES EN KERSANTON DE L'ENTRÉE.

 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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1°) La Pietà aux anges de compassion.  Kersanton, XVIe siècle.

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inscrit au titre objet 2003/01/09 

h = 97 ; la = 105 ; pr = 36. "La Vierge agenouillée prie devant la dépouille de son fils soutenue par deux anges de part et d'autre du corps." Notice base Palissy.

Cette œuvre appartient donc au groupe des "Pietà aux anges de douceur", ou plus généralement aux crucifix où le Christ mort est assisté par deux anges. Voyez par exemple mon commentaire sur la Pietà de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou, où je donne une synthèse de l'iconographie.

 

Ici, l'ange de gauche soutient tendrement la tête du Christ, tandis que le deuxième ange enveloppe d'un linge les pieds.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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2°) Saint Budoc. Kersanton, XVIe siècle.

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a) Notice base Palissy

2003/01/09 : inscrit au titre objet

h = 135 ; la = 57 ; pr = 50 Saint Budoc en pied, en tenue d'évêque, tient la crosse de la main droite.

b) Saint Budoc : Evêque fêté le 9 décembre

 "Dans sa vie de saint Guénolé, écrite entre 850 et 885, Gurdisten reprend une tradition ancienne, selon ses propres paroles, quand il nous décrit Budoc comme "ministre angélique, richement doué de savoir, remarquable par sa droiture, que tout le monde de ce temps considérait comme l'une des plus fermes colonnes de l'Eglise". Budoc était le "maître" de l'Ile Lavret (Laurea), où Gwénolé fut, dès son enfance, élevé comme son disciple. Avec Maudez puis Budoc, nous sommes à la fin du 5e siècle et à l'aube de la grande expansion du monachisme chez nous : monachisme d'ermites où chacun a son "peniti" ; et, quand il s'agira d'un monastère, l'abbé continuera souvent à vivre en ermite (voir Goulven, Goeznou, Gwénolé) ; l'influence orientale reste prépondérante. Le culte de saint Budoc est couramment lié à celui de saint Gwénolé.

Saint Budoc (ou Beuzec) était le patron de l'ancienne paroisse de Beuzec-Cap-Caval (aujourd'hui en Plomeur). Il est toujours le saint patron des églises paroissiales de Beuzec-Cap-Sizun, Beuzec-Conq (en Concarneau), Trégarvan, Plourin-Ploudalmézeau et Porspoder." https://diocese-quimper.fr/fr/se-ressourcer/les-saints/story/917/saint-budoc

Saint Budoc, fils de sainte Azénor, fille du roi de Brest  donna son nom à la paroisse de Beuzec.

Les pêcheurs, obligés de lutter avec la mer ne croient pas avoir de meilleurs patrons que sainte Azénor  voguant sans voiles et sans rames  et son fils saint Beuzec, Buzec ou Budoc (littéralement le noyé, ou sauvé des eaux) .

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On comparera cette statue à celle de saint Guénolé (disciple de Budoc) en abbé (kersanton, vers 1520) dans l'ancienne abbaye de Landévennec ; il tient également  la crosse de la main droite.

http://www.lavieb-aile.com/2019/05/le-reliquaire-et-les-statues-de-saint-guenole-au-musee-de-landevennec.html

Il est plus exact d'écrire que saint Budoc, si on admet cette identification non fondée, est représenté en abbé et non en évêque. Il s'agit peut-être aussi d'une statue de saint Guénolé, puisque nous sommes ici sur une possession de l'abbaye de Landévennec.

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Plaque émaillée à l'entrée du cimetière. Photo lavieb-aile.

Plaque émaillée à l'entrée du cimetière. Photo lavieb-aile.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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La reliure ou couverte du livre qu'il tient porte cinq cercles placés en quinconce.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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La mitre est également orné de de groupes de cinq fleurons en quinconce placés de chaque coté d'une bande verticale médiane décorée d'un fleuron et de deux languettes.

La mitre porte bien entendu des fanons.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Nous pouvons remarquer aussi que :

La crosse est tenue à droite, le crosseron (à crochets) orienté de façon axiale.

Cette crosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium.

Des bagues sont enfilés sur chaque doigt long de la main droite (comme la statue de saint Guénolé à Landévennec).

Un manipule pend au poignet gauche, avec son gland de passementerie.

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IV. LE CLOCHER ET SES TÊTES.

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L'église paroissiale de Trégarvan partage certaines caractéristiques géologiques et stylistiques avec d'autres édifices religieux du Parc Naturel Régional d'Armorique. On retrouve, par exemple, des flèches à arêtes sculptées figurant des têtes humaines entre autres, à Landévennec (église paroissiale), à Dinéault (chapelle Saint-Exupère de Loguispar), à Brasparts (église paroissiale Notre-Dame et Saint-Tugen) ou encore à Pleyben (chapelle de la Madeleine). (d'après C. Douard)

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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La galerie de la tour est cantonnée par quatre têtes, (deux têtes humaines et deux têtes animales), et l'élévation ouest est encadrée de deux crossettes (un ange et une sirène) : elles seront étudiés dans un article propre.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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V. LE CLOCHER : LES DEUX CLOCHES.

LA CLOCHE MARIE JOSEPH ANNA (1880).

Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude

Cette cloche a été fondue, comme celle de la chapelle Saint-Jean et celle de Guengat, celle de l'hospice de Châteaulin, celle de la chapelle Saint-André d'Ergué-Gabéric (1854) par Jean Fondeur, de Quimper, en 1880. Haute de 70 cm, elle porte  en ornementation un Salvator Mundi, et  l'inscription : 

PAROISSE DE TREGARVAN M. JOSEPH BARBOU RECTEUR J. M. MOAL MAIRE HERVE LAGADEC TRESORIER JE M'APPELLE MARIE JOSEPH ANNA JEAN MEROUR PARRAIN MARIE LAGADEC MARRAINE L'AN 1880

JEAN FONDEUR QUIMPER

LA CLOCHE DE 1859.

Base Palissy Enquête de l'Inventaire : Castel Yves-Pascal ; Quillivic Claude

Egalement fondue par Jean Fondeur à Quimper, et haute de 76cm, elle est ornée d'une Vierge, d'une gloire et d'une étoile, avec l' inscription :

PAROISSE DE TREGARVAN MR POLIQUEN RECTEUR MM J. M. MOAL MAIRE J. CAPITAINE ADJOINT M. H. MOAL TRESORIER S. J. L. NICOLAS P. ALL LAGADEC F. P. J. LOUIS BATANY M. J. N. MEROUR

JEAN FONDEUR A QUIMPER 1859

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Elles sont ornées en début de ligne par des manicules dont l'index et l'auriculaire sont  tendus vers des couronnes ou O.

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L'église Saint-Budoc de Trégarvan. Inscriptions, sablières, statuaire.
L'église Saint-Budoc de Trégarvan. Inscriptions, sablières, statuaire.

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VI. UNE CROSSETTE.

Angle sud-est : un chien (?) attaquant sa proie.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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 L'INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-BUDOC.

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Trégarvan, est une ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841. Son église est en forme de croix latine, comprenant une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un chœur profond terminé par un chevet à trois pans. L'édifice présente des restes du XVIe siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIe siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept. (Couffon)

 

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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I. LES INSCRIPTIONS LAPIDAIRES : 1706 et 1590 (?).

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1°) dans l'évasement du mur nord au dessus du 2ème pilier de la nef.

Un bloc de pierre sombre, de 53 cm sur 28 cm en deux fragments :

M : Y : CAPITAI

NE : P : I : GOVEOC

A : MARC : 1706 (ou A : MARO)

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M :  Y : CAPITAINE : P : I : GOVEOC / A : MARC  : 1706.

Interprétation possible  : "Messire Yves Capitaine Prêtre, I. Goveoc et A. Marc (fabriciens), en 1706."

a) le nom Capitaine est attesté comme nous l'avons vu. La lettre M précédant l'initial du prénom m'incite à y voir le titre messire qui précède le nom des recteurs, et la lettre P la mention "prêtre", mais aucun prêtre de ce nom n'est mentionné dans la paroisse d'Argol, dont Trégarvan est la trève jusqu'en 1842. Un "Yves Capitaine " est mentionné à Trégarvan, mais un peu plus tardivement puisque ses parents sont nés en 1704 et 1699.

b) le patronyme GOVEOC n'est  attesté, ni à Trégarvan ou Argol, ni comme patronyme en France. Nous trouvons en Bretagne Le Govec (diminutif de Le Goff : Le Goffic, Le Govic, Le Gouic,  Le Govec). Peut-être  une graphie dérivée de (LE) CORREOC ? Dans cette famille où Jean est attesté en 1685 à Dinéault, Anna Le Correoc épousa Yves Capitaine, et décéda à Brigneun, Trégarvan, en 1772.

c) A : MARC ou MARO pourrait correspondre aux patronymes Le Maro, Le Marchou, Le Marc'h, Le Marc, dérivé du breton marc'h, "cheval".

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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2°) Dans l'évasement du mur nord au dessus du 3ème pilier de la nef (1570 ? 1590 ?)

Elle semble être un fragment d'une inscription plus complète. Elle est elle-même traversée par une fissure (comblée de mortier ?). Les lettres latines sont irrégulières. On trouve des lettres conjointes liant entre eux le nom et le prénom, et un N rétrograde. La lecture est hasardeuse, notamment celle de la date, pourtant cruciale.

70 cm x 43 cm.

 

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Je lis 

YVOCAPYTE

ETON : 1570

 

Couffon a lu : " YVO CAPITE.../PETON. 1590. "

On peut penser à Yvon Capiten (Capitaine) , et , peut-être au patronyme Peton ou Petto

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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LES SABLIÈRES ET BLOCHETS : 1670 (NEF) et 1720 (CHOEUR).

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1°) Les sablières de la nef.

Si les trois travées découpent la nef, ce sont cinq entraits (poutres transversales que je numérote 1 à 5 d'ouest en est)) qui scandent la charpente lambrissée. Des pannes sablières sculptées s'intercalent entre les entraits, de la tribune de l'ouest jusqu'au chœur. Les premières ne sont ornées que d'une frise de tulipes, sans intérêt. Les pièces anciennes débutent après le premier pilier et le troisième entrait.

Je décrirai d'abord les sablières du coté nord, d'ouest en est.

a) Les sablières de la nef du coté nord. 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet nord, contre le troisième entrait.

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C'est un personnage peut-être féminin, taillé dans une pièce de bois rectangulaire comme une poutre, sans aucune extension latérale. De ce fait, les cotés sont rabattus ; ils ressemblent à deux feuilles nervurées, mais pourraient être les ailes d'un ange.

Ce personnage est vêtu d'une tunique boutonnée de haut en bas, et serré au cou par une fraise courte mais cet habit est peu réaliste.

Deux éléments stylistiques doivent être notés :

a) le menton en godet ou en rideau forment avec les joues rondes un contraste particulier. Ce détail se retrouve sur le bas-coté sud de la chapelle Saints Côme-et-Damien à Saint-Nic en 1661.

b) les trous forés assez profondément pour représenter les yeux et les boutons. Ils sont soigneusement exécutés, très réguliers, et nous allons les retrouver régulièrement. J'émets l'hypothèse qu'ils ont pu servir de mortaise pour des éléments décoratifs colorés.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Première sablière nord ancienne, entre le 3ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.

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Cette frise est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.

Elle se double d'une étroite  frise inférieure, faite de pampre avec ses grappes.

Trous pour les yeux de l'angelot et de l'oiseau.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Deuxième sablière nord ancienne, entre le 4ème et le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Inscription sur la frise inférieure, à droite.

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I MAZEAV  FA : 16 / 76

René Couffon a lu : " M : I : MAZEAV : FA : 1676.  sur la corniche du choeur "

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Les généalogistes signalent à Trégarvan Budoc Mazeau, décédé le 2 février 1718. Ou un Jean Mazeau, compatible avec l'initiale I de Ian, dont le fils Nicolas s'est marié en 1717.

L'inscription, placée dans la frise sous-jacente à la sablière ornée, et tracée en capitales romaines très géométriques, est comparable à celles de la nef de la chapelle Saint-Côme à Saint-Nic, datées de 1641. Les lettres elles-mêmes sont identiques, hormis le A dont la traverse est droite à Saint-Côme, et en V ici. .

 

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

 

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Les sablières anciennes de la nef , coté sud, du chœur vers l'ouest.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Troisième sablière sud ancienne, après le 5ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Deuxième sablière sud ancienne, entre le 5ème et le 4ème entrait. Frise de pampre, oiseaux et angelot.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Première sablière sud ancienne, entre le 4ème et le 3ème entrait. Deux dragons affrontés attachés par un anneau entourant le cou.

Cette pièce est exactement comparable à celle exécutée à la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic en 1653, mais se rapproche également des sablières de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de la même commune.

Les caractéristiques en sont ici :

  • les écailles du corps traités, selon les zones, par deux entailles différentes, soit en coup de biseau, soit en ligne irrégulière et sinueuse.
  • Les plages du corps lisses, dépourvues d'écailles, 
  • les langues dont le caractère épineux est figuré par un aspect foliaire.
  • Le fouet des queues traité comme des épis ou des grappes.
  • Les trous des pupilles.

Toutes, sauf les langues foliées, sont présentes à Saint-Nic.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet sud, en avant du 3ème entrait. Ange ?

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Menton en galoche ou godet (cf. supra)

Vêtement stylisé, non réaliste.

Trous d'ornementation pour les yeux, la collerette et la ceinture.

La collerette en larges pétales , comme celle d'un Pierrot, se retrouve sur les blochets de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien de Saint-Nic.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Les six blochets et les sablières du chœur (1720 et 1750).

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet du chœur n°1.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet du chœur n°2.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Sablière entre les blochets 2 et 3.

Inscription : IA 1750.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet du chœur n°3. 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Inscription entre les blochets 3 et 4 :

I : F. MASEO : CVRE : BVJOC : LEPAN : FABICN

La notice Palissy mentionne : "sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"

René Couffon a lu : " I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef."

Le chronogramme 1720 a pu être détruit lors de restauration, puisque la corniche s'arrête là, avant une pièce de bois récente. Néanmoins, il faut bien lire LEPAN et non LERAN, d'une part par constatation de la photo, d'autre part car le patronyme LE PANN est attesté à Trégarvan.

On transcrira donc : I : F : MASEO : CURÉ : BUDOC : LE PAN[N] : FABRI[QUE] [1720]

ou" I.F. Mazeau curé, Budoc Le Pann fabricien (1720 ?)"

Je ne trouve pas d'information sur Budoc Le Pann, mais la famille Le Pann est attestée à Argol, (Bodogat) et à Trégarvan (Yves Le Pann, 1689-1742, père de Michel, père d'Alain qui épouse Marie Mazeau en 1780 à Trégarvan).

 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet du chœur n°4.

 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Sablière entre les blochets 4 et 5.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

Blochet du chœur n°5.

 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet du chœur n°6.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Les sablières du faux-transept sud.

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Blochets et sablières de la chapelle latérale sud (Sainte-Marguerite).

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet de gauche.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Sablière de gauche, coté ouest du faux-transept. Deux dragons affrontés tête reliées par un anneau. 

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Sablière de droite, coté ouest du faux-transept. Frise à pampre, oiseaux.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Oiseau picorant les grappes : notez les trous d'ornementation.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Blochet de droite du faux transept sud. Ange et inscription MARIA.

Inscription MARIA avec les deux premières lettres jointes comme dans le monogramme marial. Le personnage en buste est un ange, dont les ailes se devinent sur les cotés et dont le col est stylisé en collerette à la Pierrot. 

Cou large, menton en godet, trous pupillaires.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Synthèse : les sablières de Trégarvan et l'atelier de Saint-Nic.

Les sablières sculptées de l'église de Trégarvan sont, finalement au nombre de six pièces : deux dans la nef nord, deux dans la nef sud et deux dans la chapelle sud. J'exclus les  autres pièces, celle du début de la nef, aux successions de "tulipes", et celles du chœur, en frise géométriques dont seules les inscriptions datées (1720 ? et 1750) sont dignes d'intérêt. 

Ces six pièces sont non seulement homogènes mais aussi répétitives, puisqu'on n'y trouve que deux motifs : celui des dragons affrontés et liés, et celui des pampres aux grappes picorées par les oiseaux, de part et d'autre d'une tête d'angelot.

À cet ensemble ne s'applique pas les dates de 1720 et 1750, mais la date de 1676 associée au nom du maître d'ouvrage le fabricien I. MAZEAU.

Nous devons attacher à cet ensemble de six sablières les 12 blochets (deux dans la nef, six dans le chœur et quatre dans la chapelle sud) car ils sont tous cohérents sur le plan stylistique et qu'ils ont des caractères de style communs avec ces sablières : utilisation de trous pour les pupilles et le décor, menton en godet, double contour des yeux en amande, lignes sinueuses ornementales, stylisation non réaliste des vêtements.

Ces six sablières et ces douze blochets  de 1676 peuvent, par ces caractéristiques, être attribuées au sculpteur d'une partie des sablières de la chapelle Saint-Jean de Saint-Nic, réalisées en 1653 sous la direction du recteur Guillaume Perfezou, M. Kervarec étant fabricien, et où les deux mêmes motifs des pampres à angelots et oiseaux et de dragons affrontés sont réalisés à l'identique. Et au sculpteur des sablières des bas-cotés de la chapelle Saint-Côme, à Saint-Nic, réalisées en 1661 et 1670-1675 sous la direction du même recteur Perfezou, tandis que R.G Marzin était fabricien en 1661 et  Alain Roignant en 1675 ; et où les mêmes motifs des sablières s'associent au caractères des blochets, notamment le caricatural menton en godet.

Faut-il déduire des inscriptions datées de Saint-Côme que le sculpteur était cet Alain Roignant, qui se signale à deux reprises comme "charpentier" ? C'est ce que suggérait Sophie Duhem dans sa thèse de 1997 :

 

"Un autre compagnon se joint aux ouvriers [ Olivier Guillosou et Jacques "Bolesec en 1641 et 1646] ,  une dizaine d'année plus tard, pour exécuter un ouvrage de même goût dans le bas-coté sud de l'église. Une poutre précise l'époque (nous sommes en 1661) et l'une des factures identifie le nouvel artisan : il s'agit d'Alain Roignant, qui reproduit fidèlement les thèmes sculptés par ses compagnons mais pour un résultat plus médiocre que tente de camoufler une excessive décoration de stries, d'encoches et de points. L'artisan a visiblement été formé aux « méthodes » des sculpteurs et familiarisé avec les images de l'atelier.

Son activité ne débute pas en 1661 puisqu'il exerce déjà son métier en 1653. il réalise à cette époque les décors sculptés de la chapelle Saint-Jean, toujours pour le recteur Guillaume Perfezou. Ses déplacements le conduisent à quelques kilomètres de là, dans la paroisse de Trégarvan qui l'emploie à l'ornementation de la charpente. La date de réalisation de cet ensemble n'est pas connue ; elle est probablement contemporaine des travaux de Saint-Nic et de l'achèvement des reliefs du bas-coté nord en 1670."

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Avec plus de prudence, mais en me basant sur des critères stylistiques précis et un corpus d'images placées en ligne, je propose de définir un atelier, celui du Maître de Saint-Nic, actif entre 1661 et 1676 entre les deux chapelles de Saint-Nic et l'église de Trégarvan.

Il reste à définir la filiation entre cet atelier et celui qui avait réalisé les sablières de la nef de Saint-Côme en 1641-1646. Par la parenté entre l'inscription MAZEAU FA 1676 et celles des sablières de  la nef (et non plus des bas-cotés) de Saint-Côme, ou par la présence d'ornementation par trous dans le corps des dragons de cette nef, je suis tenté d'étendre l'activité de cet atelier à la période 1641-1676. Définir, dans cet atelier, les différentes "mains", sera la tâche suivante.

 

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LA STATUAIRE.

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I. Les statues du chœur.

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1°) Saint Budoc. Pierre polychrome. XVIIe

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Le saint est représenté en évêque avec mitre rouge et or, chirothèque, pantoufles épiscopales, cape, surplis et soutane, mais il tient le bâton pastoral en forme de croix simple, sans crosse ni double traverse.

Notice Palissy : h = 135 ; la = 42 ; pr = 26

1992/01/21 : inscrit au titre objet

Ou bien Base Palissy  h =140, la = 40, attribuée à Roland Doré. Base réparée au ciment.

Emmanuelle Le Seac'h n'inclut pas cette œuvre dans son catalogue critique de Roland Doré.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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2°) Saint Pierre en premier pape.

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Base Palissy. inscrit MH 1992/01/21

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Saint Sébastien.

Ce saint était invoqué contre la peste, ou les épidémies apparentées, tout comme saint Roch (infra).

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Saint Roch et son chien Roquet.

Le médecin de Montpellier Roch, en costume de pèlerin de Rome, montre sa plaie bubonique, tandis que son chien Roquet,, miraculeusement, lui apporte chaque jour le secours d'un morceau de pain.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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La chapelle nord et le retable de saint Étienne.

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Base Palissy.

 

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Prédelle : la lapidation de saint Étienne.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Saint Antoine. Bois polychrome, XVIIe ?

 

Base Palissy  Inscrit 1992/01/21

Attribut : son habit d'Antonin,  son cochon et son chapelet. Il manque la cloche et le tau, mais c'est le livre que devait tenir la main gauche.

Hauteur 90 cm, largeur 34 cm, profondeur 25. Inscription peinte S. ANTON.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Statues de la chapelle sud.

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La Pietà. Bois (chêne) polychrome, XVIe.

Base Palissy Yves-Pascal Castel et Claude Quillivic

1960/02/23 : classé au titre objet

Statue d'applique à revers évidé, haute de 90 cm et large de 40 cm. La Vierge est assise, les mains jointes, le corps de son Fils étendu en arc sur ses genoux.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Sainte Marguerite issant du dragon. Bois polychrome, XVIIe. 

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Base Palissy. inscrit MH 1960/02/23

Sainte Marguerite sort miraculeusement du dos du dragon qui l'avait avalé, et qui tient encore dans sa gueule l'extrémité du manteau bleu à revers rouge.

 

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Ses cheveux sont retenus par un bandeau postérieur, de même étoffe que le manteau.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Statue du bas-coté nord de la nef. Dieu le Père.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Les fonts baptismaux. Grès, XVIe siècle.

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Base Palissy 

" grès peint faux granite ; cuve carrée, sur pied, avec piscine accolée de moindre hauteur, base commune ornée de moulures ; dimensions : h = 95" (Castel et Quillivic)

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

L'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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LES BANNIÈRES DE PROCESSION.

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Dans la tribune :

Velours rouge brodé 

SAINT PIERRE PRIEZ POUR NOUS.

SACRÉ COEUR DE JÉSUS SAUVEZ LA FRANCE.

Cette bannière peut être datée de la Grande Guerre 1914-1918 par son inscription votive patriotique.

 

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Bannières de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile  27 juin 2018.

Bannières de l'église Saint-Budoc à Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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Bannière de sainte Anne et de Notre-Dame de Lourdes.

Soie brodée, début XXe (?)

a) Bannière de sainte Anne.

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Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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Bannière de Notre-Dame de Lourdes.

inscription N-D DE LOURDES P.P. NOUS [Priez pour nous]

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Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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Bannière de la guerre de 1914-1918 et de sainte Jeanne d'Arc.

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Soie brodée et peinte, cannetille. Début XXe.

a)  Bannière de la guerre de 1914-1918.

Inscription DON DES PAROISSIENS CONSOLATRICE DES AFFLIGÉS GUERRE 1914-1918.

La Vierge.

Une religieuse en cornette (probable sœur de la congrégation des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul) se penche sur le bras gauche garotté  d'un blessé dont elle pose le pansement.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/illustration/ivr5320122201056nuca/4b322446-e624-4c07-ab04-a30a5dbd0e7a

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/bannieres-de-procession-4/d49b2893-870c-46dc-a5e5-e003356dd97b

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Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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b. Bannière de Jeanne d'Arc.

Inscription JHESUS MARIA.

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Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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Bannière de Notre-Dame de Lourdes et de  l'ange gardien

 

a) Bannière de l'ange gardien : soie rouge. Inscription SOYEZ MON GUIDE.

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Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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b) Bannière de Notre-Dame-de-Lourdes.

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N-D. DE LOURDES PRIEZ POUR NOUS.

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Bannières de l'église  de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

Bannières de l'église de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 15 mai 2019.

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La plaque tombale du dernier grenadier de Napoléon.

 

 

"Michel Hicher, grenadier de la garde impériale, est décédé à Trégarvan le 8 août 1857. En 2014, la plaque a été .redorée :

« Ici repose Michel Hicher né à Plonévez-Porzay, grenadier du 1er régiment de l'ex-garde impériale, Chevalier de la Légion d'honneur, décédé à Trégarvan le 8 août 1857 à l'âge de 86 ans ». 

Deux articles de  Jean-Jacques Kerdreux et de Patrick Jadé ont donné tous les renseignements sur ce grenadier : présentées dans « Avel Gornog » n°22 d'août 2013. 

Michel Hicher est né en 1771, au moulin de Lesvren en Plonévez-Porzay, dans une famille de meuniers de Dinéault (moulin de Tréfiec depuis 1760). Il fut enrôlé comme soldat de la Révolution lors de la levée en masse de 1794. ll devient fusillier du 1er bataillon des Ardennes.

Mesurant plus de 1,70 m, il devint grenadier dans l'armée d'Italie, sous les ordres de Napoléon Bonaparte.

Dans la 106e demi-brigade, il participe à la défense de Gènes en avril-juin 1800. Il est en Autriche en 1805, 1809, puis intègre le 1er régiment de grenadiers à pied de la garde impériale, l'une des quatre seules unités de la Vieille Garde et "la plus valeureuse de tous les temps". Cette unité accompagne Napoléon jusqu'à Moscou, et parvient à garder un ordre à peu près régulier pendant la retraite de Russie. 

 

Puis c'est la campagne d'Allemagne en 1813, puis la campagne de France en 1814, au cours de laquelle Michel Hicher reçoit la Légion d'honneur le 2 avril 1814, juste avant l'abdication de Napoléon le 6 avril. Il participe à la campagne de Belgique en 1815 mais est absent à Waterloo le 18 juin.

 

 

 

 

 En 1815, après 23 ans et 6 mois de service dont 23 ans de campagne,  il revient à Dinéault comme cultivateur. Il se marie le 25 septembre 1918 à Dinéault avec Laurence Bescou de Trégarvan et s'installe à Brigneun (Trégarvan). Il aura cinq enfants et aujourd'hui, plusieurs de ses descendants habitent la commune.

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Cimetière de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

Cimetière de Trégarvan. Photographie lavieb-aile 27 juin 2018.

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SOURCES ET LIENS.

—Base Palissy :

http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/dapapal_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_98=LOCA&VALUE_98=%20Tr%e9garvan&DOM=MH&REL_SPECIFIC=3

http://www2.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_8=REF&VALUE_8=IA00005336

"Piles de la nef début 16e ; croix de cimetière en 1527 ; vers 1590 rehaussement des arcades, inscription : YVO CAPYTE ETON 1590 ; chevet en 1629, inscription : BVZEC CAPITEN F 1629 ; sacristie en 1658, inscription : N LE SCOARNEC FAB 1658 ; sablière angle N.O. de la croisée porte l'inscription : I MAZEAU FA 1670 ; nef pignon ouest : N SCOARNEC F ; clocher en 1696, inscription : ... NORD. F.1696 ; reprise de la 1ère arcade nord : M.Y.CAPITAINE. P.I.GVEOC A.MARC. 1706 ; sablières du choeur en 1720, inscription : I F MASEO. CVRE. BVDOC LERAN. FABIC 1720"

— CASTEL, Yves-Pascal. Atlas des croix et calvaires du Finistère. Société archéologique du Finistère, 1980. Quimper, p. 356-357.

— CHAURIS, Louis. (2015) Pour une géo-archéologie du Patrimoine : Pierres, carrières et constructions en Bretagne. Revue archéologique de l ouest p. 259-283

https://journals.openedition.org/rao/925?lang=en

La langue bretonne emploie quelques termes pour désigner les roches, mais ceux-ci s’avèrent dans l’ensemble peu précis. Ainsi, la dolérite, appelée mein houarn ou menhouarn (pierre de fer), en raison de sa ténacité, n’est aucunement un minerai de ce métal. En presqu’île de Crozon, lorsqu’elles est altérée, la même roche est dénommée men rouz (pierre rousse) du fait de sa teinte ; plusieurs parcelles l’évoquent ainsi à Crozon : « Men roux » (section 36, n° 1364 à 1374) et « Parc Men roux » (section n° 36, n° 1375). Parfois, (à Trégarvan ou à Dinéault), les cultivateurs appellent la dolérite « Kerzanton », confusion éminemment fâcheuse (Chauris et Kerdreux, 2000). Il est rare qu’en breton le toponyme indique la nature de la pierre de manière relativement précise. 

— CHAURIS, L., KERDREUX, J.-J., 2000 – La dolérite : une pierre de construction singulière en presqu’île de Crozon, Avel Gornog (Crozon), 8, p. 18-23.

On trouve de la dolérite par exemple dans certains gisements affleurants dans le centre de la Bretagne et notamment près du village de Plussulien sur le site de Quelfennec qui est connu comme étant l'un des principaux sites de fabrication de haches polies de la période Néolithique qui s'exportèrent dans tout l'ouest de la France.

 

—CHAURIS, Louis. Un projet de haut fourneau à Trégarvan au XIXe siècle. Dans : Les Cahiers de l´Iroise, n° 147. Brest, 1990, p. 156-163.

— COUFFON (René), LE BARS, (Alfred), 1988,, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.;

"TREGARVAN Ancienne trève d'Argol érigée en paroisse en 1841.

EGLISE SAINT-BUDOC En forme de croix latine, elle comprend une nef de trois travées avec bas-côtés, deux chapelles en ailes formant faux transept au droit de la dernière travée et un choeur profond terminé par un chevet à trois pans.

L'édifice présente des restes du XVIè siècle (arcades), mais a été en partie reconstruit au XVIIè siècle puis au début du XVIIIe siècle, ainsi que l'attestent les inscriptions :

" BVZEC : CAPITEN : F : 1629. " au pan sud du chevet,

" N : LE SCOARNEC. FAB. 1658. " sur le mur de la sacristie,

" M : I : MAZEAV : FA : 1676. " sur la corniche du choeur,

" 1696 " et " MORO. F. " sous la galerie du clocher, côté sud, -

" M : Y : CAPITAINE : P :/I : GOVEOC : A : MARC : 1706. " sur un pilier de la nef,

" YVO CAPITE.../PETON. 1590. " sur un autre pilier de la nef,

" I : F : MASEO CVRE BVDOC LERAN FABRIC. " au mur nord de la nef,

" MI CAPITEN PBRE. " sur une sablière du choeur.

L'accès au clocher est extérieur. Une galerie à forte balustrade classique entoure la chambre de cloches. Au sommet des gables de la flèche, mascarons ; autres mascarons sur les arêtes. Ossuaire d'attache à deux baies. L'intérieur, du type à nef obscure, est lambrissé en berceau avec sablières sculptées mais sans entraits. Les arcades en tiers-point pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Arcs diaphragmes entre les bas-côtés et le transept.

Mobilier Maître-autel en tombeau galbé. - Deux autels latéraux : au sud, petit retable à quatre colonnes lisses ; au nord, retable à deux colonnes torsadées évidées, représentation en bas-relief polychrome de saint Etienne dans le panneau central, et martyre du diacre dans la prédelle. Fonts baptismaux de granit."

Statues anciennes

- en pierre polychrome : saint " BVDOC " ;

- en bois polychrome : Dieu le Père portant la tiare et assis sur son trône, XVIIe siècle (porche),

-saint Pierre,

-saint Sébastien, XVIIe siècle (C.),

-saint Roch, XVIIe siècle (C.),

-sainte Marguerite, XVIIe siècle (C.),

-saint Antoine ermite, XVIIe siècle,

-Vierge de Pitié, XVIe siècle (C.),

-Christ en croix, XVIe siècle ;

- en bois doré : Immaculée Conception (statuette de procession), XVIIIe siècle.

Trois vitraux figuratifs dans le choeur, vers 1946.

Cadran solaire de 1698. 

A l'entrée de l'enclos, deux statues en kersanton :

Vierge de Pitié à genoux, contemplant son Fils étendu à terre et dont deux anges soutiennent la tête et les pieds ;

- saint Budoc en évêque.

Dans l'enclos, calvaire aux sculptures rongées par le temps, consoles vides ; sur le socle : " M Vc XXVII.

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières, images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. Presses Universitaires de Rennes 385 p.-[16] p. de pl. en coul. Note : Bibliogr. p. 367-379. Notes bibliogr. Index . Voir pages 60 et 147.

— ARCHIVES PAROISSIALES.

https://diocese-quimper.fr/fr/archives/story/2484/archives-paroissiales-de-tregarvan

— — OGEE, Jean-Baptiste. Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne. 1ère édition 1778-1780. Nouvelle édition, revue et augmentée par MM. A. Marteville, et P. Varin, avec la collaboration principale de MM. De Blois, Ducrest de Villeneuve, Guépin de Nantes et Lehuérou. Rennes, 1843, p. 917.

— OGEE, édition 1778 :

https://archive.org/stream/dictionnairehist01og#page/22/mode/2up

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Published by jean-yves cordier - dans Bannières. Sablières Inscriptions Chapelles bretonnes.
27 juin 2018 3 27 /06 /juin /2018 07:47

Le Gomphe joli Gomphus pulchellus Sélys, 1840 à Crozon.

 

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Zoonymie des Odonates : l'origine du nom de genre Gomphus Leach, 1815.

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I. La femelle.

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Femelle de Gomphus pulchellus Sélys, 1840, Ancienne gare de Perros, Crzozon. Photographie lavieb-aile 9 juin 2018.

Femelle de Gomphus pulchellus Sélys, 1840, Ancienne gare de Perros, Crzozon. Photographie lavieb-aile 9 juin 2018.

Femelle de Gomphus pulchellus Sélys, 1840, Ancienne gare de Perros, Crzozon. Photographie lavieb-aile 9 juin 2018.

Femelle de Gomphus pulchellus Sélys, 1840, Ancienne gare de Perros, Crzozon. Photographie lavieb-aile 9 juin 2018.

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II. Le mâle.

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Mâle de Gomphus pulchellus Sélys, 1840, Ancienne gare de Perros, Crzozon. Photographie lavieb-aile 9 juin 2018.

Mâle de Gomphus pulchellus Sélys, 1840, Ancienne gare de Perros, Crzozon. Photographie lavieb-aile 9 juin 2018.

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Published by jean-yves cordier
22 juin 2018 5 22 /06 /juin /2018 09:24

L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives. De l'intérêt de lire les tildes.

Voir :

Voir sur la commune de Saint-Nic :

L'église :

 

La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

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— La chapelle Saint-Jean :

 

 

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La lecture de la notice de Couffon et Le Bars consacrée à la commune de Saint-Nic donne accès à divers éléments de datation de l'église paroissiale :

"L'édifice actuel, en forme de croix latine, comporte une nef irrégulière avec bas-côtés de trois travées au nord et de quatre travées au sud, un transept et un chœur profond à chevet plat. Il date de la seconde moitié du XVIe siècle. Du type à nef obscure, il est lambrissé sur sablières sculptées. Les grandes arcades pénètrent directement dans les piliers octogonaux.

Entre deux arcades du côté nord, inscription : "M. LE. PARLAT. FA. 1566." Et sur un pilier du bas-côté sud : "I. C. P. 1536 (?)."

Le clocher, du type cornouaillais à une chambre de cloches sans galerie, porte la date de 1576 ; il fut réparé en juin 1790 par Hervé Chapron, de Pleyben.

Sur le portail ouest en tiers-point et à voussures sous accolade, date de 1570.

Le porche latéral du midi, lambrissé, est daté 1561 sur le gable ; ses sablières sont décorées de chimères et de grotesques. Il renferme douze niches latérales, aujourd'hui vides, pour les Apôtres ; l'une d'elles est datée 1620 ; à l'extérieur, cadran solaire de 1614."

Il faudra y ajouter le reliquaire, daté de 1578. Les vitraux sont estimés (Gatouillat et Hérold) de 1560, 1570 et 1600, avec un élément de 1520 environ.

Tout cela atteste d'une reconstruction très active en 1561 et 1562  (porche sud), puis en 1566 (nef) et se poursuivant entre 1570 et 1576 avant de trouver son achèvement par la commande d'un reliquaire en argent en 1578. C'est  cette aventure que l'examen des inscriptions permet de revivre, tant il est émouvant de découvrir la beauté des calligraphies  ; mais parfois, des détails permettent de mieux connaître les hommes qui ont été les maîtres d'œuvre et les artisans de ces travaux. C'est le cas ici.

 

 

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Les inscriptions du porche sud. 1561 et 1562.

"Le porche latéral, lambrissé, est daté sur le gable de 1561 ; ses sablières sont décorées de chimères et de grotesques. II renferme douze niches latérales pour les apôtres, l'une d'elles est datée de 1620."(Couffon)

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1°) Inscription lapidaire  du tympan du fond du portail sud : 1561.

"La porte de l'église  est dominée par trois statues en bois : au milieu, Saint Roch montrant son genou ; à ses pieds, un petit ange porte une boîte ; à gauche·, Sainte Catherine, appuyée sur sa roue ; à droite, Sainte Marie-Madeleine tenant un vase de parfums, de la forme d'un calice. Au dessous de ces statues, la date: L: M: V"ç: LXI (1561)." (C. Parcheminou)

Les statues ont quitté leurs niches, mais l'inscription demeure :

 

:L: M: V:cc :

: LXI : FFe :

L[an] Mil Cinq cent Soixante-et-un ffe.

J'interprète ainsi  "L'an, 1561 fecit" : "Cela fut fait l'an 1561" .

Inscription en creux en lettres et chiffres gothiques aux hampes bifides, aux fûts perlés ou barrés, avec ponctuation de séparation des mots par deux-points, le dernier deux-point relié par une ligne en S.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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2°) Inscription sur cartouche de la   sablière droite  du portail sud : 1562. 

La sablière, entre deux blochets figurés, est ornée de deux dragons, liés à deux monstres anthropoïdes qui présentent un cartouche.

Voir Les sablières de l'église de Saint-Nic. Le porche sud.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Ce cartouche porte l'inscription gravée en creux (chiffres) et en plein (lettres) :

1562

A F E : AARIA.

(lecture de la ligne inférieure douteuse : AVE MARIA ?? ).

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives.

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3°) L'intérieur : inscription lapidaire : 1566.

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Inscription peinte en rouge, en réserve en lettres romaines et chiffres arabes. Ponctuation entre les mots par deux-points. Lettres aux fûts et aux traverses ornées de barres. Utilisation du tilde.

M : LE : PARLÃT : FÃ : 1566.

Cette inscription a été déchiffrée par les auteurs (Abgrall, Parcheminou puis Couffon) sans tenir compte du premier tilde (qui affecte la forme d'un losange et non, comme le second, d'une navette). Ils ont tous lu "M LE PARLAT FA. 1566."

-Le premier est le chanoine Abgrall, dans son article "Inscriptions gravées et sculptées sur les monuments du Finistère", Bulletin de la Société archéologique du Finistère 1916 :

-Le deuxième est Corentin Parcheminou en 1930.

Puis vient René Couffon dans sa Notice :

 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

- Les organismes communaux et associatifs ont repris cette lecture :

https://www.saint-nic.fr/eglise-st-nicaise.htm

http://folklore-culture.fr/index.php/patrimoine/eglise-saint-nicaise/

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Pourtant, il est évident qu'il faut rétablir l'abréviation du deuxième tilde : 

M. LE PARLAT FABRICIEN [EN] 1566.

Il est étonnant, au vu de la lisibilité de l'inscription pour tous les paroissiens et tous les visiteurs, et l'importance qu'elle affiche dans l'histoire de la construction de l'église, que personne ne se soit avisé que le patronyme "le Parlat" n'est attesté nulle part en France.

Par contre, si, comme on le doit, nous prenons en compte le premier tilde sana lui tenir rigueur de sa forme en losange, nous obtenons :

"M. LE PARLANT, FABRICIEN EN 1566."

Ce patronyme est attesté à Plomeur (29, près de Pont-L'Abbé) sur la généalogie de Thierry Palud, ou sur celle de Bruno Margelidon (Marie-Catherine LE PARLANT, marié à Yves Biger 1592-1672.

Par ailleurs, Guyon LE PARLANT était Gardien supérieur en 1549 du couvent du Cuburien à Saint-Martin-des-Champs près de Morlaix.

Les amateurs d'histoire locale tiennent donc là une information précieuse, qui pourrait les inciter à une recherche dans les registres et archives de la paroisse. Mais la priorité semble être plutôt l'installation de projecteurs et de radiateurs alimentés de très esthétiques fils polychromes habilement  fixés par de solides cavaliers, soigneusement mis en valeur.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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4°) Face est d'un des piliers sud de la nef : Et sur un pilier du bas-côté sud : "---. 1636" (sous réserve)

Cela corrigerai la lecture de Couffon "ICP 1536"..

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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5°) La tribune : A. ROIGNANT.

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La tribune porte une inscription gravée : 

A : ROIGNANT : CHARP.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Cette inscription,  peut être précisée et  datée : le prénom est vraisemblablement Alain, et l'inscription date environ de 1670.

En effet, c'est en 1670 qu'AL[ain] ROIGNANT FAB[ricien] et CHARP[entier] inscrivit son nom sur les sablières du bas-coté nord de la chapelle Saint-Côme-et Saint-Damien, dans la paroisse de Saint-Nic. Et le même Alain Roignant se chargea de confectionner la  porte nord de la même chapelle, sur laquelle il inscrivit : "AL. ROIGNANT. F. 1675 (ou 1673 ?). (cf. Couffon)

La généalogie D'Eric Lagathu nous permet aussi de préciser qu'Alain Roignant était marié avec Marie LE BIHAN(1629-St-Nic, 7 mai 1690) dont il eut une fille, Marguerite, née le 1er avril 1661 à Saint-Nic.

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Une inscription non déchiffrée : celle du clocher.

L'inscription porte, selon Couffon, la date de 1576..

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription de la cloche.

. --FELEC GUEGUENIAL / JE ME NOMME NICOL--

MAIRE LAROUR.

Je ne dispose pas de la liste des maires de Saint-Nic ; en 1789, le maire était Pierre Larour, de Brénalen (celui-ci devint capitaine des grenadiers de la garde nationale de la commune en 1792). L'un de ses 5 adjoints était Corentin Queffelec, de Creac'h Milin. En 1792, le maire se nomme Henri Guegueniat, de Penanvoez, tandis que l'un des officiers municipaux est Jean Larour, du manoir Guermeur. Les successeurs seront Etienne Le Droff, Michel Damoy, [---] Jean Horellou en 1837, 

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Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise à Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Bul. Société archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

 

 

— COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

 

 

— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

 

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21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 21:19

La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764  à Crozon.

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Voir mon observation précédente, en 2012, au même site (la Cordulie bronzée était également présente aujourd'hui) :

Cordulie bronzée et Libellule fauve à Crozon.

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Voir les origines du nom ici :

Zoonymie des Odonates : Libellula Fulva Müller, 1764.

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Cliquez sur l'image.

 

 

 

La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764 , étang de Kerloc'h. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764 , étang de Kerloc'h. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

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La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764 , étang de Kerloc'h. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764 , étang de Kerloc'h. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

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La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764 , étang de Kerloc'h. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

La Libellule fauve Libellula fulva, Müller, 1764 , étang de Kerloc'h. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

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21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 20:48

Le papillon  Petit Sylvain Limenitis camilla, Linnaeus 1764 à Crozon. 

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Voir les origines de son nom ici :

Zoonymie du Petit Sylvain Limenitis camilla Linnaeus, 1764.

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Il passe comme un éclair noir,  battement d'aile sombre et blanc dans les clairs-obscurs des feuillages. On s'exclame, on cherche à le revoir, on rebrousse chemin, sans quitter l'ombrage. Le voilà ! 

Il se pose, il étend ses ailes noires à bande blanche. S'approcher, se tenir en équilibre sur un talus et tenter de le placer dans son viseur. Patienter, car il replie brièvement ses ailes. Enfin, il présente le revers brun roussâtre où s'alignent, comme des pétales de marguerite, des cellules blanches.

Il s'en va. Les photos ne sont pas à la hauteur de la fièvre qui nous a saisie.

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Le  Petit Sylvain Limenitis camilla, Linnaeus 1764 à l'étang de Kerloc'h, Crozon. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

Le  Petit Sylvain Limenitis camilla, Linnaeus 1764 à l'étang de Kerloc'h, Crozon. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

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Le  Petit Sylvain Limenitis camilla, Linnaeus 1764 à l'étang de Kerloc'h, Crozon. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

Le  Petit Sylvain Limenitis camilla, Linnaeus 1764 à l'étang de Kerloc'h, Crozon. Photographie lavieb-aile 21 juin 2018.

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18 juin 2018 1 18 /06 /juin /2018 11:30

La Mise au tombeau (calcaire, fin XVe-début XVIe) de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé : Gamaliel et Abibon.

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Dans la crypte de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé est présenté une Mise au tombeau datant de 1500 environ. Ce groupe de dix personnages sculptés dans le tuffeau s'étend sur 3,65 m de long et les personnages mesurent 2 mètres environ. Comme l'indique la notice de la base Palissy, il  vient de " l´abbaye blanche", l'ancien couvent de dominicains fondé vers 1265 par la duchesse de Bretagne Blanche de Navarre au Bourg-Neuf de Quimperlé : 

"Cette oeuvre, soit importée, soit commandée à l'initiative de Guillaume du Botderu, prieur, et de l'aristocratie locale proche de l´entourage ducale, peut-être la famille de Quimerc´h, provient de l´ancien couvent de dominicains de Quimperlé où elle est signalée à la Révolution. Elle est placée ensuite dans l´église Sainte-Croix où elle échappe en 1862 à la destruction lors de l´effondrement du clocher. Durant la reconstruction de l'édifice, l'ensemble est transféré dans la chapelle Saint David du cimetière de Quimperlé où il se trouve jusqu´en 1884, date de son transfert dans le jardin du presbytère. Une photographie des années 1900 montre son état avant la disparition des têtes de saint Jean et des trois Marie. L´ensemble se dégrade progressivement avant d´être restaurée en 1967 par le sculpteur Mainponte qui modifie l´emplacement des personnages ; il est alors placé dans l´avant-sacristie de l´église Sainte-Croix. L´ensemble est de nouveau restauré en 1998 par le sculpteur Pierre Floc´h, puis présenté dans l'espace voûté sous la croisée du transept où il se trouve actuellement."

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Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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Cette œuvre présente plusieurs particularités.

D'abord, elle est considérée comme la plus ancienne "Mise au tombeau" de Bretagne.

Ensuite, le corps du Christ est orienté tête placée vers la droite, face à Nicodème, alors que traditionnellement il est orienté à gauche face à Joseph d'Arimathie.

Enfin, on y trouve la rarissime présence, attestée par les inscriptions, du pharisien Gamaliel (le maître de saint Paul) et de son fils puîné Abibon.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

 

Je le décrirai  en allant de gauche à droite.

Le sujet représenté.

Mais auparavant, une première remarque: le Christ ne repose pas réellement dans un sarcophage, mais il est posé sur une table creusée : il serait peut-être plus juste de parler ici d'un EMBAUMEMENT DU CHRIST SUR LA PIERRE DE L'ONCTION, un thème qui figure sur le Vitrail de la Passion (1145-1155) de la cathédrale de Chartres, et qui a été repris par Fouquet dans l'enluminure des Complies des Heures de la Croix des Heures d'Etienne Chevalier en 1452-1460. (Nicole Raynaud,  Les Heures d'Etienne Chevalier p. 112). Voir Pierre de l'onction Wikipédia.

Il ne s'agit pas stricto sensu d'une Mise au tombeau, puisque ni Joseph d'Arimathie ni Nicodème ne tiennent le linceul pour le descendre dans la cuve, qui devrait être creuse, d'un sarcophage (comme dans le folio 152 des Très Belles Heures du duc de Berry par les frères Limbourg vers 1406-1409).  Chrystel Douard et Philippe Bonnet, dans la Notice de la base Palissy, font preuve de prudence : "Le Christ mort repose sur un soubassement en forme de tombeau".

Mais il ne s'agit pas non plus d'un embaumement, puisqu' aucun des personnages ne verse le contenu d'une fiole sur le corps du Christ.

J'y vois donc un moment de recueillement des protagonistes, après la Descente de Croix et l'Embaumement et avant la Mise au tombeau (Rosporden). Donc assez proche des Déplorations ou "Lamentations sur le Christ mort", mais sans effusion de larmes ou manifestation extérieure de chagrin, hormis l'effondrement de la Vierge affligée. Voir à Pencran (1517), et  à Bodilis .

 

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Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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I. JOSEPH D'ARIMATHIE.

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La statue de  Joseph d'Arimathie mesure 192 cm.

1. Le costume:

a) La coiffure.

Bonnet conique mou (plissé ou plié) sur un bourrelet circulaire ("turban") orné d'un médaillon central.

Sur le bonnet juif ou pileus comme signe discriminatif (depuis le Concile de Latran en 1215) ou identitaire dans la communauté juive, lire l'article Wikipédia "chapeau juif". Mais en iconographie, dans les enluminures et les vitraux, cette coiffure n'a pas ces fonctions, mais sert d'indicateur dans une représentation assez codifiée mais évolutive des personnages de la Passion, notamment pour distinguer trois groupes : les "pharisiens", les disciples de Jésus et les soldats ou officiers romains. Dans notre contexte, cette coiffure, et les autres éléments hébraïsants, ont d'autant moins de chance de se vouloir discriminante qu'ils sont portés par les "bons juifs" qui ont pris le parti du Christ lors de sa Passion.

Derrière ce bonnet descend un voile qui recouvre les épaules, et dont il est difficile de dire s'il appartient de manière solidaire au chapeau ou s'il y est enfoncé (il rentre, en arrière, à l'intérieur du bourrelet). De même, j'ignore si ce voile possède une fonction rituelle. On le voit représenté ici, en 1483, indépendamment du châle à rayures ou talit.

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b) Le visage.

Les cheveux longs torsadés et la barbe non taillée appartiennent à ce vocabulaire des artistes de la Première Renaissance dans leur représentation des pharisiens.

Ces figurations sont codifiées afin de permettre une identification par le grand public :  les notes de régisseur d'une passion rouergate, il est spécifié que Joseph d'Arimathie et Nicodème devaient porter des costumes "à l'antique", comme les Prophètes. 

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Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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L'inscription est portée sur une bande horizontale du torse, bande perlée en haut et frangée en bas. Les lettres en caractère gothiques sont "fleuries" avec des fûts perlées et aux extrémités bifides .

Inscription : JOSEPH AB ARIMATHEA

 

L'inscription vient du texte évangélique en latin. Ainsi Marc 15:43: 

venit Joseph ab Arimathaea nobilis decurio, qui et ipse erat exspectans regnum Dei, et audacter introivit ad Pilatum, et petiit corpus Jesu.

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Sources concernant Joseph d'Arimathie.

L'Évangile selon Marc présente Joseph d'Arimathie comme membre respecté du Sanhédrin, mandaté pour réclamer le cadavre de Jésus et l'inhumer hâtivement avant que ne débute le sabbat pascal puis relate la mise dans un tombeau quelconque par cet éminent Juif ; l'Évangile selon Luc le présente comme un membre du conseil « bon et juste » (sympathisant du christianisme) plaçant Jésus dans un tombeau neuf .

 — Évangile selon Marc 15:42-47

"Le soir étant déjà venu, comme c'était Préparation, c'est-à-dire veille du sabbat, vint Joseph d'Arimathie, membre honoré du grand conseil, qui attendait, lui aussi, le royaume de Dieu. Il alla hardiment auprès de Pilate pour demander le corps de Jésus. Mais Pilate s'étonna qu'il fût déjà mort, fit venir le centurion, et lui demanda s'il y avait longtemps qu'il était mort. Renseigné par le centurion, il accorda le cadavre à Joseph. Ayant acheté un linceul, il le descendit, l'enveloppa dans le linceul, le déposa dans un sépulcre qui avait été taillé dans le roc, et il roula une pierre à l'entrée du sépulcre. Or Marie la Magdaléenne et Marie, mère de José, observaient où il était déposé."

— Évangile selon Matthieu 27:57-61

 "Le soir venu, vint un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui lui aussi était devenu disciple de Jésus. Il alla trouver Pilate pour lui demander le corps de Jésus ; Pilate alors ordonna qu'on le lui remît.

    Joseph prit le corps, l'enveloppa d'un linceul blanc, et le déposa dans son sépulcre neuf, qu'il avait fait tailler dans le roc ; puis, ayant roulé une grosse pierre à l'entrée du sépulcre, il s'en alla. Or Marie la Magdaléenne et l'autre Marie étaient là, assises en face du tombeau."

    — Évangile selon Luc 23:50-56

    "Et alors un homme, nommé Joseph, qui était membre du conseil, homme bon et juste,— il n'avait pas donné son assentiment à leur résolution ni à leur acte —, d'Arimathie, ville juive, qui attendait le royaume de Dieu, cet (homme) alla trouver Pilate pour lui demander le corps de Jésus ; il le descendit, l'enveloppa d'un linceul, et le déposa dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne n'avait encore été mis. C'était le jour de Préparation, et le sabbat commençait. Ayant suivi (Joseph), les femmes qui étaient venues de la Galilée avec (Jésus) considérèrent le sépulcre et comment son corps (y) avait été déposé. S'en étant retournées, elles préparèrent des aromates et des parfums ; et, pendant le sabbat, elles demeurèrent en repos, selon le précepte."

    — Évangile selon Jean 19:38-42

      "Après cela, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate d'enlever le corps de Jésus, et Pilate le permit. Il vint donc et enleva son corps. Nicodème, qui précédemment était venu vers lui de nuit, vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès, environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et l'entourèrent de bandelettes avec les aromates, selon la manière d'ensevelir en usage chez les Juifs. Or, au lieu où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans le jardin un sépulcre neuf, où personne n'avait encore été mis. C'est là, à raison de la Préparation des Juifs, le sépulcre étant proche, qu'ils mirent Jésus."

      Les Actes de Pilate (vers le VIe siècle)  reprennent le texte de Matthieu 27 :

      "Voici qu'un homme dont le nom était Joseph — lequel était un lévite bon et juste qui n'avait pas siégé dans le Sanhédrin ni aux conseils tenus par les Juifs, car il était à Arimathie, attendant le royaume de Dieu — vint trouver Pilate; il lui demanda le corps de Jésus. Et lorsqu'il l'eut reçu, il l'enveloppa d'un linceul bien blanc. Il le déposa dans son tombeau taillé dans lequel personne n'avait été déposé.

      L'Évangile de Nicodème décrit comment Joseph d'Arimathée demande à Pilate le corps de Jésus (Ecrits apocryphes chrétiens, Pleiades, page 279,  Ev Nicod. II, 3) puis l'ensevelissement de Jésus (id. pp 280-281, Ev. Nicod. II 3). 

      "Alors Joseph remercia Pilate, lui baisa les mains et des vêtements, et sortit en se réjouissant en son cœur d'avoir obtenu ce qu'il désirait, mais avec les yeux encore plein de larmes — ainsi en son chagrin avait-il aussi un sujet de joie. Il s'en alla donc chez Nicodème et lui rapporta tout ce qui s'était passé. "

      L'embaumement :

      "Ensuite, il acheta de la myrrhe, de l'aloès — cent livres — et un tombeau neuf ; puis, avec l'aide de la Mère de Dieu, de Marie Madeleine et de Salomé, ainsi que de Jean et des autres femmes, Joseph et Nicodème le préparèrent pour la sépulture dans un linge blanc, comme c'était la coutume, et le déposèrent dans le tombeau".

      La Déploration :

      "La Mère de Dieu disait en pleurant : "Comment ne pas te pleurer, mon fils ? Comment ne pas lacérer mon visage de mes ongles ? Voilà, mon fils, ce que le vieillard Syméon m'avait annoncé lorsque, petit enfant âgé de quarante jours, je t'avais conduit au Temple. Voilà l'épée qui, maintenant, transperce mon âme. Qui fera cesser mes larmes, mon fils très cher. Absolument personne, si ce n'est toi seul, si, comme tu l'as dit, tu ressuscites le troisième jour"

      Marie Madeleine disait en pleurant : [...]

      De même, Joseph se lamentait en disant : [...]

      "Ainsi se lamentait aussi Jean et les femmes."

      Ensuite, Joseph avec Nicodème rentrèrent chez eux. La mère de Dieu ainsi que les femmes en fit autant, et Jean également était présent avec elles."

      Dans la suite de l'Évangile de Nicodème, Joseph d'Arimathie est mis en prison dès le vendredi soir par Caïphe et Anne pour avoir fait des funérailles au Christ ; mais il en fut délivré par Jésus, qui le conduisit à Arimathie où il demeura quarante jours avant d'être interrogé par les grands prêtres.

      — La Déclaration de Joseph d'Arimathée qui a demandé le corps du Seigneur. (Apocryphes chrétiens Pléiades p. 351).

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      Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Joseph d'Arimathie, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      II. GAMALIEL.

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      Costume. 

      Gamaliel porte le bonnet conique en tissu gaufré et  aux hauts bords retroussés, posé sur un voile retombant en camail sur les épaules ; ce voile est orné de huit glands de cannetille ; une robe boutonnée jusqu'à la taille par trois boutons et serrée par une ceinture à laquelle est passée une aumônière et une sangle fleuronnée . L'objet qu'il tenait dans la main droite est perdu.

      Il porte la barbe aux mèches tentaculaires des prophètes bibliques.

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      L'inscription est portée sur tout le tour du le revers du bonnet:

      [G]AMALIEL / [M]EUS / DOMINUS.

      Tandis qu'un auteur (SAF 1909) a lu "Gamaliel Magister meus", "Gamaliel mon maître", et l'abbé Abgrall a lu "Gamaliel Meus Dominus", "Gamaliel mon seigneur", très proche de ce que je constate sur place, mais ce qui ne correspond à aucun texte en ligne.  Cette inscription ne trouve un  sens que par référence à la deuxième lecture de l'Invention des reliques de saint Etienne martyr le 3 août  dans le Sanctoral de l'office dominicain (1254-1256)  ou Ecclesiasticum officium secundem ordinem fratrum praedicatorum : un texte qui reprend celui se saint Augustin (Civitate Dei, livre 22) et autres manuscrits anciens.

       

      Inventio S. Stephani Lectio secunda.

      Et respondi dicens : « qui es, domine ? Et qui sunt tecum ? » Et respondit michi : « Ego sum Gamaliel, qui Paulum nutrivi. Et qui mecum est in parte orientali monumenti ipse est dominus meus Stephanus domnus autem Nichodemus in altera theca positus est qui venit ad Salvatorem nocte. Abibas vero filius meus qui mecum baptistum accepit sepultus est in tercia theca excelsiori in qua et ipse postea defunctus applicatus sum ».

      "Et je répondis en disant : "Qui es-tu, Seigneur ? Et qui sont ceux qui sont avec toi ? Et il me répondit : Je suis Gamaliel, qui a nourri saint Paul. 

      Et je [c'est le prêtre Lucien qui parle, répondant à un vieillard qui lui est apparu] répondis en disant : "Qui es-tu, Seigneur ? Et qui sont ceux qui sont avec toi ? Et il me répondit : Je suis Gamaliel, qui a nourri l'apôtre Paul. Et celui qui repose avec moi dans la partie orientale du tombeau est mon  maître (ou seigneur)  Etienne et aussi saint Nicodème dans l'autre tombeau, celui qui vint trouver le Sauveur la nuit. Et Abibas mon vrai fils qui fut baptisé en même temps que moi est enterré dans le troisième tombeau."

       

      Si le sens de l'inscription n'est pas relié à ce texte de façon irréfutable, cela a de toute façon le mérite de nous introduire à ce récit de la révélation de l'emplacement des reliques de saint Etienne, "invention" qui eut un retentissement considérable dans la chrétienté. En effet, si la présence de Gamaliel peut se comprendre sans ce récit, celle d'Abibas ne peut en faire l'économie.

       

      Selon la Légende dorée, le corps de saint Etienne aurait été enseveli par Gamaliel et Nicodème « qui soutenaient les intérêts des chrétiens dans tous les conseils des Juifs » dans le champ dudit Gamaliel.

      https://archive.org/stream/lalgendedore00jaco#page/46/mode/2up/search/gamaliel

      La tradition chrétienne garde le souvenir de l'apparition de Gamaliel au prêtre Lucien, curé de Cafargamala (Kfar-Gamala) le vendredi 3 août 415, le rabbi indiquant où se trouvait sa relique qui aurait été alors retrouvée dans le même tombeau que celle de son fils Abibas, ainsi que saint Étienne et saint Nicodème."

      Saint Augustin, Civitate Dei,  Livre 22

       

      "Et je [c'est le prêtre Lucien qui parle, répondant à un vieillard qui lui est apparu] répondis en disant : "Qui es-tu, Seigneur ? Et qui sont ceux qui sont avec toi ? Et il me répondit : Je suis Gamaliel, qui a nourri l'apôtre Paul. Et celui qui repose avec moi dans la partie orientale du tombeau est saint Etienne et aussi saint Nicodème dans l'autre … qui vint trouver le Sauveur la nuit. Et Abibas mon vrai fils qui fut baptisé en même temps que moi est enterré dans le troisième tombeau"

      Et qui mecum est in parte orientali monumenti ipse est dominus meus Stephanus domnus autem Nichodemus in altera theca positus est qui venit ad Salvatorem nocte. Abibas vero filius meus qui mecum baptistum accepit sepultus est in tercia theca excelsiori in qua et ipse postea defunctus applicatus sum ».

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

      Gamaliel, Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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      La présence de Gamaliel lors de la Mise au tombeau.

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      a) Nouveau Testament.

      Les textes évangéliques ne citent pas Gamaliel, personnage qui n'apparaît que dans les Actes des Apôtres comme maître de saint Paul. "Gamaliel apparaît dans les Actes des Apôtres. Il serait intervenu en leur faveur tandis qu'ils devaient comparaître devant le sanhédrin pour avoir continué à prêcher malgré l'interdiction édictée par l'autorité juive  (Ac 5, 34-39). Le même livre indique aussi que Paul de Tarse aurait été son élève (Ac 22, 3). L'historien Thierry Murcia écrit : « Gamaliel l’Ancien n’est cité que deux fois dans le Nouveau Testament mais il a toujours un rôle positif : maître de Paul (Actes 22, 3), il se fait également le « défenseur » de Pierre devant le Sanhédrin (Actes 5, 34). C’était amplement suffisant pour que l’on ait cru, très tôt, qu’il avait secrètement été chrétien (et c’était peut-être même déjà dans le projet de Luc de le laisser supposer). » (Wikipédia)

      b) Roman Pseudo-clémentin.

      Texte apocryphe de dix Livres, écrit en grec au IVe siècle et traduit en latin au Ve siècle par Rufin.

      La tradition chrétienne développe ensuite sa figure comme "prince de la loi" hébraïque avec Anne et Caïphe, participant, au Temple,  aux débats entre les apôtres Pierre et Jacques lors de la période décrite par les Actes des Apôtres, en favorisant secrètement les premiers chrétiens. Dans le Roman pseudo-clémentin  (Clément, Recognitiones, Livre I, 65, in Ecrits apocryphes chrétiens II, Pleiade, Gallimard, 2005, p. 1677) il est décrit comme "appartenant à notre foi mais, selon notre arrangement, [il] demeurait parmi eux, afin que, ils préparaient contre nous une manœuvre hostile ou impie, il pût soit les arrêter par un conseil habilement formulé, soit nous en avertir.". Plus loin (Rec.I,67,6 et Ac. 5,38-39), il ne permettra pas que les chrétiens soient persécutés par les Juifs. 

      "Si moi, Gamaliel, je ne considère pas comme un affront à mon savoir et à mon grand âge d'apprendre quelque chose des petits enfants et des ignorants au cas où il y aurait quelque chose d'utile ou de salutaire à y gagner, comment ne serait-il pas désirable pour tous d'apprendre ce qu'on ignore et d'enseigner ce qu'on a appris ? Car il est bien certain que ni l'amitié, ni la parenté du sang ni la majesté du pouvoir ne doivent être plus précieuses pour l'homme que la vérité."...ces paroles de Gamaliel ne plaisaient guère à Caïphe" (Rec. I,67-68, id. p. 1678)

      c) L'évangile de Gamaliel.

      On nomme ainsi une version longue de l'évangile de Nicodème dans lequel Gamaliel, oncle de Nicodème,  devient  le narrateur d'un récit très favorable à Ponce Pilate.

      "L'évangile de Gamaliel ou Passion selon Gamaliel est un apocryphe très proche de l'évangile de Nicodème. Si le fond du récit est identique, le point de vue est différent : le narrateur n'est plus Nicodème, mais son oncle Gamaliel, qui prétend avoir assisté en témoin privilégié à tous les événements qu'il décrit. Corollairement, Gamaliel ne se situe plus du coté des adversaires du Christ, mais parmi ses sympathisants : tel est d'ailleurs le critère fondamental qui permet à la critique de distinguer les versions." "Il s’agit d’une branche tardive de l’Evangile de Nicodème, dont le manuscrit le plus ancien, Grenoble B. M. 50, en prose, est de la fin du XIVème siècle. Le récit de la Passion du Christ de l' 'évangile de Gamaliel fut adapté en ancien français, version existant dans une quinzaine de manuscrits des XIVe et XVe siècles."

      " L'Évangile de Nicodème est le nom usuel d'un évangile apocryphe composé en grec au IVe siècle. Le narrateur de ce récit serait Gamaliel, maître de l'apôtre Paul de Tarse. La genèse de cet évangile reste encore confuse: dès le IIe siècle, des documents portant le titre d'Actes de Pilate circulent et sont cités par Justin et Tertullien. Chez ce dernier, Pilate apparaît même comme chrétien dans un rapport qu'il fait à Tibère; il existe par ailleurs un rapport de Ponce Pilate à Claude qui est incorporé dans les Actes de Pierre et Paul au IIIe siècle. Mais la persécution des chrétiens au début du IVe siècle se traduit, selon Eusèbe, par la rédaction demandée par l'empereur Maximin Daïa d'« Actes de Pilate » dirigés contre les chrétiens: Ceux-ci ont alors rassemblé les matériaux dont ils disposaient en un ouvrage intitulé l'Évangile de Nicodème, dans lequel sont relatés les faits de gestes de Ponce Pilate. Il présente le préfet romain sous un jour très favorable, faisant de celui qui a condamné Jésus un Saint converti au christianisme, ce qui a pour effet de transférer sur les juifs la responsabilité de sa crucifixion. Cet ouvrage comprend trois parties, le récit d'abord de la crucifixion et de la mise au tombeau du Christ, puis celui de la controverse au sujet de sa résurrection et, enfin, celui de sa descente en enfer. L'ouvrage est conservé dans deux versions grecques assez différentes, dans des versions syriaque, copte, arménienne et latine, et les chrétiens de Syrie et d'Égypte ont vénéré Ponce Pilate comme un saint et martyr. Les «occidentaux» s'y sont aussi référés avec passion (voir les chroniques historiques, les manuels de prédication, les encyclopédies médiévales, Jacques de Voragine, La Légende dorée) jusqu'à la Renaissance, la descente du Christ en enfer étant devenue alors inconcevable, d'autant que cette descente en enfer implique une vengeance du Christ. Il existe deux recensions latines de cet évangile. La recension latine B, version longue, et  la version A ou version brève. Aucune édition intégrale de la recension latine B - ou Évangile de Gamaliel- n'a encore été publiée. Elle a pourtant connu un énorme succès et a été traduite en français, en provençal et en langue d'oc. Son adaptation en ancien français n'existe que dans une dizaine de manuscrits des XIVe et XVe siècles.

      Cette évangile de Gamaliel  a inspiré à son tour des Passions théâtrales. "Le Mystère de la Passion Nostre Seigneur, conservé dans le manuscrit Paris, Sainte Geneviève 1131, est la première Passion longue jouée au Moyen Age, datée du milieu du XIVe siècle. A l’exception des évangiles canoniques, l’Évangile de Nicodème représente la source la plus importante de la Passion de sainte Geneviève. Une Passion narrative en langue vernaculaire, conservée dans une quinzaine de manuscrits des XIVe et XVe siècles suit de près cette recension : il s’agit de l’Évangile de Gamaliel. Un manuscrit du XVe siècle est encore conservé à la Bibliothèque Sainte-Geneviève, ce qui atteste de sa diffusion à Paris à cette époque. Il s’agit du manuscrit Sainte-Geneviève, 1194. Perçue par Alvin Ford comme une version longue de l’Évangile de Nicodème , il s’agit en effet d’une version assez proche de la recension AC de l’Évangile de Nicodème, qui reprend et remanie sa structure."

      On le retrouve ainsi dans (selon le tableau de N. Henrard) : 

      Sainte-Geneviève (1350-1370)

      Semur (1410-1430)

      Arras (1410-1430)

      Arnould Gréban (1450-1460)

      Jean-Michel (1486)

      Troyes (avant 1490)

      Robin Fouquet  1497.

      Passion de Châteaudun (1510)

      Passion bretonne (1530)

      Passion de Valenciennes (1507-1549?)

      Mystères rouergats

       Edme Briden, Troyes  1600

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      Je n'ai pu consulter chacun des textes, mais, lorsque j'ai pu le faire, je n'ai jamais constaté que Gamaliel participe à l'embaumement ou à la Mise au tombeau.

      Deux textes "bretons".

      Dans cette étude de la Mise au tombeau de Quimperlé datée vers 1500, il est logique de porter son attention vers les deux œuvres bretonnes du corpus précédents.

      a) — Ludolphus de Saxionia, La Vie de Jésus-Christ, imprimée par Robin Fouquet (B. N. Rés. H 506), 1485 : "Judas fut si diligent qu'il servait Pilate a son plaisir tant que Pilate l'amait plus que serviteur qu'il eust oneques... Si avint un jour que Pilate s'alloit esbatre et passa touchant le vergier de Ruben et avoit léans ung bel pommier plaing"

      C'est à Bréhan-Loudéac que vivaient en 1484-1485, Robin Fouquet et Jean Crès "maîtres en l'art de l'impression" . L'imprimerie s'est implantée en Bretagne à la fin du XVe siècle,  simultanément en trois places (Bréhan, Rennes et Tréguier)  car les trois ateliers vont utiliser des matériels de même provenance, peut-être débarqués à Tréguier et venant de Flandre. A l'initiative d'un obscur cadet de famille, Jean de Rohan, seigneur du Gué-de-l'Isle de 1463 à 1493, d'autre part propriétaire d'un des premiers moulins à papier bretons (à la Ville Jégu en Bréhan), sort en décembre 1484 la première pièce imprimée en Bretagne, dans l'atelier de Jean Crès et Robin Fouquet à Bréhan (non loin de Rohan et La Chèze)  : le Trepassement Notre Dame. En moins d'une année, douze incunables, le plus fréquemment de modeste proportion, vont sortir de Bréhan.". Jean de Rohan, marié à l'héritière du Gué de l'Isle, avait pris le titre de Rohan, et ce fut lui qui choisit et établit imprimeurs, pour son usage, Robin Fouquet et Jean Crès, son ami ou compagnon.

      E. Roy en donne de marges extraits dans "Le Mystère de la Passion aux XIVe et XVe siècle", et Gamaliel y est souvent cité ; mais, dans les pages publiées, Gamaliel ne participe pas à la Mise au tombeau.

      b) La Passion et la Résurrection publiées à Paris par Eozen Quillivéré en 1530. BNF Réserve, Yn.11 . Réimprimé à Morlaix en 1622 BnF Réserve Yn13. Edité par M. de la Villemarqué en 1865 et par Yves Le Berre en 2005.

      Là encore, Gamalile est fréquemment en scène. Lors de la Déposition, Joseph d'Arimathie et Nicodème vont chercher Gamaliel (fin de scène XV), et, à eux trois, ils partent "afin de faire du bon travail". Le récitant expose alors ce qui va se passer :

      Lorsque le corps de Jésus

      Eut été selon l'usage enveloppé d'un linceul,

      Le bon Nicodème

      Partit en compagnie de Joseph

      pour l'ensevelir

      Avant le crépuscule.

      Ils le soulevèrent en hâte,

      Puis, respectueusement et solennellement,

      Le transportèrent

      Et l'installèrent

      Au milieu du fort beau tombeau

      Tout neuf.

      Quand il eut été mis au tombeau

      et oint

      et disposé comme il faut

      Par les susdits

      Et les (trois) Marie

      Conformément à la coutume de ce monde,

      Alors chacun exprima son chagrin

      Et lui-même demeura

      Dans le magnifique tombeau

      Séparé de ses proches

      Jusqu'à sa résurrection." (Traduit du breton par Y. Le Berre)

      Puis les dialogues entre Nicodème, Joseph et Gamaliel mettent en scène la Descente de croix : Gamaliel tient l'échelle et Nicodème monte "afin de prendre doucement le corps si délicat de Jésus" tandis quer Joseph ôte les clous avec des tenailles. Le corps est remis par Joseph entre les bras de Marie, afin qu'elle procède à la toilette. Marie se lamente (vers 3272-3292) puis la scène se conclue ainsi sans participation de Gamaliel:

      JOSEPH. N'est-il pas temps, ma dame, que nous le portions et que nous le couchions au fond du tombeau? Oui, il est l'heure de s'y rendre; le soir vient. Hâtons-nous donc, ne restons pas ici plus longtemps, je vous en conjure humblement.

      MARIE. Hélas! puisqu'il le faut, partons, et que, selon les rites ordinaires, il soit étendu et renferme dans le tombeau.

      NICODÈME. Allons donc, et faisons ce que nous voulons faire, car il est presque nuit.

      JOSEPH (après avoir enseveli Jésus). Le voilà couché dans le tombeau; fermons-en l'entrée tout de suite; il n'y a pas lieu de différer." (trad. Villemarqué).

       

      En conclusion, je ne suis pas parvenu à trouver la source scripturaire de la participation de Gamaliel à la Mise au tombeau, telle qu'elle est représentée à Quimperlé, mais la Passion bretonne de 1530 le fait participer à la Déposition, ce qui sous-entend ipso facto sa présence en tant que témoin muet lors de la Déploration, de l'embaumement et de la Mise au tombeau.

       

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      La Mise au tombeau de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé

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      III À V. LES SAINTES FEMMES.

      Il s'agit de sainte Marie-Madeleine ; sainte Marie-Jacobie ; sainte Marie-Salomé, toutes trois debout.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      VI ET VII. JEAN SOUTENANT MARIE ÉPLORÉE.

      Tête de saint Jean refaite.

      Jean, imberbe, vêtu d'une robe et d'un manteau, soutient Marie éplorée.

       

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Les yeux de la Vierge sont entrouverts, émouvant et sobre témoin de son chagrin.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      VIII. ABIBON.

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      C'est le fils de Gamaliel, et il est donc représenté dans une tenue vestimentaire analogue à celui-ci, avec le bonnet pointu "mou" (effondré) aux bords repliés ornés d'un médaillon. Nous retrouvons le voile descendant de ce bonnet, avec ses franges sur les épaules. Les cheveux torsadés  à mèches serpentines creusées de multiples trous réguliers (trous de fixation de bijoux ?). Le baudrier qui suspend une épée visible sur le coté gauche. Les  manches à franges. Etc.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      L'inscription est marquée au même endroit que pour Gamaliel, dans un bandeau perlé en haut et frangé en bas On y lit, entre deux fleurs, : ABIBON.

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      Si l'évangile de Gamaliel fournissait un certain nombre d'éléments justifiant la présence du Prince de la loi au pied de la croix, il n'en va pas de même pour Abibon, et seul le récit de la découverte des reliques de saint Etienne par le prêtre Lucien a pu inciter l'artiste (ou ses commanditaires) à imaginer que, puisqu'il avait été baptisé en même temps que son père, il avait pu accompagner celui-ci lors de la Passion.

      L'un des commanditaires présumés est Guillaume de Botdéru, inquisiteur de la foi, prieur du couvent des dominicains, docteur en théologie. En  l'an 1483 il fit bâtir un beau corps de logis accompagné de salle, chambre, prisons et office nécessaires pour la justice, et au-dessus une belle librairie garnie de livres qui est à présent fort délabrée. Ce qui témoigne de son souci (comme inquisiteur) de faire justice, et de son intérêt pour les livres. Cela n'éclaire guère notre lanterne.

      L'autre commanditaire est la famille de Quimerc'h.

      Saint Abibon  est souvent assimilé à un saint breton, saint Diboan, mais je ne vois pas, sur cette Mise au tombeau, ce qui justifie une telle dérive. Je signale néanmoins qu' à Pluméliau, les trois saints Nicodème, Gamaliel et Abibon sont réunis.

      Dans la chapelle Saint-Nicodème de Pluméliau (56), un  retable polychrome du maître-autel a été réalisé au troisième quart du xviie siècle. Son panneau central représente 12 personnages, dont saint Nicodème recevant le corps du crucifié descendu de croix. Le saint est aussi représenté dans une niche, dans la partie haute du retable. Ses deux compagnons (Gamaliel et Abibon) sont eux sculptés dans les niches latérales.


      Dans le placître, a été érigée au XVIème siècle une fontaine, restaurée en 1608. C'est, sans conteste, la plus importante des fontaines sacrées de Bretagne.  C'est un monument à trois édicules accolés, tous semblables et richement décorés. Ces trois fontaines, dont les niches sont vides, sont dédiées aux saints Nicodème, Gamaliel et Abibon. La tradition voulait qu'on offrit à saint Nicodème des animaux, vendus le jour du pardon, et que l'on déposât des mottes de beurre sur l'autel de la chapelle. Le pardon était célébré le premier dimanche du mois d'août. Les pèlerins, nombreux, venaient de fort loin demander la protection pour leurs animaux et surtout pour leurs chevaux. La deuxième fontaine est dédiée à saint Gamaliel. La troisième contenait la statue de saint Abibon entre un cavalier et un homme en prière. Saint Abibon s'appelait en réalité saint Diboan, le saint sans souci, sans douleur, autrement dit, qui vous tire de la peine. Il était particulièrement honoré dans le Finistère sous le surnom, parfois, de " Tu-pe­tu ", "d'un côté ou de l'autre"; car on lui prêtait pour accessoire la roue de fortune, qui marquait l'arrêt du destin. La roue, symbole du dieu soleil chez les Celtes, a été à l'honneur dans de nombreuses églises bretonnes, au Moyen-Age où elle était devenue la roue à sonnettes qui permettait aux fidèles de conjurer le mauvais sort. Mais c'était à saint Diboan de décider, d'un côté ou de l'autre, " Tu-pe-tu ". On venait donc le consulter pour la vie ou pour la mort, demandant la guérison sur l'heure du malade ou une mort rapide pour abréger ses souffrances. "; Saint Abibon / Sant-Abibon  : variantes Diboan : Diboen, Thibon, Abibon, Yboiene, Iboen, Abilon, Languis, Langis.  Le nom Diboan contient le breton «poan», peine, souffrance, douleur; le préfixe di- étant privatif, Diboan s'est référé à quelqu'un qui soulageait les douleurs. Ainsi, invoque-t-on saint Diboan pour soulager les souffrances des malades et notamment des moribonds. Pendant longtemps, le jour du pardon, on vendait aux enchères les chemises des défunts de l'année.  Fêté le 28 janvier. 

       

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      IX. NICODÈME.

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      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

      Mise au tombeau, (calcaire, vers 1500), Abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé. photographie lavieb-aile 17 juin 2018.

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      L'inscription porte, comme pour Joseph d'Arimathie, le nom de Nicodème en latin : NICODEMVS.

      Le rôle de Nicodème dépasse très largement le souvenir péjoratif qu'il a pu laisser lorsque son nom a été à l'origine du nom "nigaud". 

      Il est fêté comme saint Nicodème le 3 août, jour de la découverte de sa tombe, de celle d'Abibon, de Gamaliel et de saint Etienne par le rêve du prêtre Lucien à Kfar-Gamala. C'est un des premiers disciples de Jésus. Pharisien et membre du sanhédrin, il  apparaît trois fois dans l’Évangile selon Jean : il va écouter son enseignement Jn 3. 1-21, il prend sa défense lorsqu’il est malmené par les Pharisiens (Jn 7. 45-51  il aide Joseph d’Arimathie lors de la descente