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10 décembre 2019 2 10 /12 /décembre /2019 10:57

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 (avant 1400) de la nef, une Annonciation offerte par Pierre Beaublé, archidiacre d'Ouche.

 

 

 

 

 

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Cet article est le dix-septième et le dernier d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 8 m et large de 3,80 m, la baie 127, au coté nord de la nef, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 octolobe,  2 trilobes et des écoinçons. C'est une Annonciation, offerte par  Pierre Beaublé lorsqu'il était archidiacre d'Ouche, comme le révèlent les armoiries du tympan. 

Les lancettes sont occupées en haut et en bas par des vitreries géométriques peintes comme ailleurs de fleurettes et festons en grisaille et jaune d'argent, frappés de fermaillets en fleur de lys, selon la disposition "en litre", tandis que les motifs figurés colorés  sont placé au centre des 2ème et 3ème lancettes : une Annonciation, adorée par le donateur présenté par saint Pierre.

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Description en 1868 par Lebeurier :

"La verrière de la fenêtre 4 3 porte en haut un écusson d'azur, à 3 roues d'or, et à la bordure denticulée de gueules. Les formes 1 et 4 de la fenêtre sont de simples grisailles. La forme 2 représente une vierge et l'ange de l'annonciation à ses pieds. La forme 3, un chanoine à genoux présentant un vitrail à la Vierge, et, derrière lui, S. Pierre, son patron, tenant les clefs. Une inscription placée au-dessous prenait tout le vitrail, mais elle a complètement disparu. "

 

 

Voici la description qu'en donne  René Dubuc en 1968 in Grodecki (la verrière portait alors le n° 106). Des sous-titres ont été ajoutés.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898

 

"Une intéressante identification vient d'être obtenue en rapprochant le majestueux blason (d'azur à trois roues d'or, à la bordure engrêlée de gueules) qui, dans la nef, orne la rosace au tympan de la verrière 106, d'un sceau apposé sur une quittance de 1393 conservée dans la collection des pièces originales de la Bibliothèque nationale [sceau attaché à une quittance donnée au trésorier du duc d'Orléans le 16 mai 1393 par Pierre Beaublé]. La partie centrale de cette verrière est occupée par deux grands panneaux représentant un chanoine en grand habit de chœur, à genoux, présenté par son patron, saint Pierre, qui offre en son nom un vitrail à la sainte Vierge aux pieds de laquelle s'est agenouillé l'ange de l'Annonciation.

Pierre Beaublé,  archidiacre d'Ouche au diocèse d'Évreux.

Il s'agit de messire Pierre Beaublé, alors archidiacre d'Ouche au diocèse d'Évreux après avoir poursuivi ses études de bachelier, puis de docteur es loix à l'Université de Paris, où il fut notamment mêlé de près, entre 1386 et 1388, au long procès soutenu par maître Aymé du Breuil contre le doyen et la Faculté de décret de Paris.

 

Professeur de droit civil et canonique, conseiller et ambassadeur du roi Charles VI en Italie.

Familier du roi Charles V dont il était devenu le conseiller, il avait déjà été chargé, vers 1385, d'une mission en Hongrie, peut-être pour s'informer de la situation difficile laissée depuis trois ans à la reine Marie par la mort de son père, le glorieux roi Louis le Grand. Il s'était également attaché au duc Louis d'Orléans, frère du roi Charles VI, et avait su gagner la confiance de l'un et de l'autre, qui l'avaient à leur tour nommé leur conseiller. Dès lors, il fut chargé d'importantes missions dans le cadre des visées italiennes qui constituaient à ce moment l'une des préoccupations de la cour de France. En mai 1394, il part en Lombardie pour négocier le rattachement de Savone à la France et, le 30 novembre, il assiste, triomphant, à l'échange des confirmations de la capitulation de la ville. Puis il est envoyé à Gênes dès décembre 1394 pour entamer les pourparlers tendant à la réunion de cette ville à la France. De longues et délicates négociations occupent l'année 1395 et, en mars 1396, le roi Charles VI le charge à nouveau, avec Pierre Fresnel, évêque de Meaux, d'une mission à Gênes, qui devait aboutir à l'accord souhaité. Mais la riche ville italienne peut être de quelque utilité pour les finances obérées du roi de France : le 29 décembre 1396, Charles VI désigne comme ambassadeurs, outre Enguerrand de Luxembourg, comte de Ligny et de Saint-Pol, gouverneur de Gênes pour le roi de France depuis deux mois, l'évêque Pierre Fresnel et maître Pierre Beaublé pour négocier un emprunt de 10.000 florins. Celui-ci est heureusement conclu le 16 mai 1397.

Évêque d'Uzès 1400-1404.

Charles VI, en récompense de sa fructueuse diplomatie, désigne alors son conseiller pour l'évêché d'Uzès, vers 1389, mais sans l'agrément du pape d'Avignon, Benoît XIII, qui, en 1400, au cours d'une audience orageuse, refusera son investiture à celui qui venait, en termes à peine voilés, le sommer d'abdiquer au nom du roi de France. Toutefois, c'est avec le titre d'évêque d'Uzès que Pierre Beaublé assiste aux séances du Parlement et que, le 19 octobre 1403, il est choisi par le duc d'Orléans  comme l'un de ses exécuteurs testamentaires.

Évêque de Sées (Orne) 1405-1408.

Quelques mois plus tard, le 16 septembre 1405, Benoît XIII se résigne enfin à le nommer évêque de Séez, pour succéder à Guillaume Langlois, décédé le 13 mai 1404. Le début de l'année 1405 l'avait à nouveau conduit sur les routes d'Italie, où, accompagné entre autres de Nicolas le Dur, qui lui avait succédé à l'archidiaconé d'Ouche, il avait été envoyé au maréchal Boucicaut, devenu gouverneur de Gênes, pour tenter d'apaiser le différend qui avait éclaté avec la République de Venise : le 13 juillet 1405, il ordonnait au maréchal de suspendre toutes les hostilités. Ce fut sans doute sa dernière chevauchée. En janvier 1407, on le retrouve à Séez chargé de la délicate fonction de président de la Chambre des aides ordonnés pour la guerre. Et, le 23 novembre 1407, tombe sous le poignard son protecteur et ami Louis d'Orléans. Sa santé s'affaiblit. Il demeure volontiers en son hôtel de Paris, d'où il se rend plus facilement au Parlement, où il paraîtra encore' le 5 septembre 1408. Mais, dès le 10 mars 1408, son testament est rédigé de sa propre main : il n'oubliera ni ses sœurs ni ses neveux, de l'avenir desquels il se préoccupe avec soin, ni ses familiers ni sa paroisse d'origine, Saint- Amand-en-Puisaye, à laquelle il léguera des ornements pour le service funèbre qu'il y instaure. L'inventaire de ses biens, qui accompagnait le testament, n'a malheureusement pas été conservé ; il devait être assez important si l'on considère les legs qu'il a prévus : manuscrits précieux, vaisselle d'or, vêtements de fourrure, chevaux y figurent en bonne place. Quelques semaines après que sa présence eut été constatée au Parlement, sa vie mouvementée s'achevait, sans qu'on sache exactement à quelle date. En effet, le 30 octobre 1408, Jean III, désigné comme nouvel évêque de Séez, faisait promesse d'obéissance entre les mains de Louis, archevêque de Rouen. Le rôle de Pierre Beaublé est assez important, en cette époque tourmentée, pour mériter quelque attention et sa générosité envers la cathédrale d'Évreux, si meurtrie à l'époque, lui aura valu cette évocation inattendue qu'un prochain travail s'efforcera de préciser."

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Il faut savoir qu'avant le Concordat de 1801, le diocèse d'Évreux était divisé en trois archidiaconés : Évreux, Ouche et Neubourg. Pierre Beaublé, en tant qu'archidiacre d'Ouche, avait une place majeure dans la hiérarchie du diocèse, immédiatement après l'évêque, qui était alors Guillaume IV de Vallan (1388-1400), confesseur du jeune Charles VI. 

Puisque le donateur n'est pas peint en habit épiscopal, la verrière est donc contemporaine de cette fonction d'archidiacre, car antérieure à sa nomination à Uzés en 1400.

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Influences du peintre-verrier.

L'influence exercée par les enlumineurs parisiens du tiers du XIVe siècle (Jean Pucelle et Jean Le Noir) a été soulignée pour les verrières du chœur réalisées vers 1325-1340, mais la baie 207, à la toute fin du XIVe siècle, relève d'autres modèles. Le nom qui vient en premier est celui d'André Beauneveu. Et ce dernier a, justement, été influencé par Jean Pucelle par son art des grisailles ; il est l'auteur des enluminures du Psautier de Jean de Berry BnF fr. 13091. En sculpture, nous conservons de cet artiste une Annonciation sculptée,  qui mérite notre intérêt car le donateur qui y figure est le duc Louis d'Orléans (Avignon, musée du Petit Palais, provenant du tombeau du cardinal Jean de Lagrange, mort en 1402). Les points communs avec la verrière sont la posture du donateur présenté par un apôtre — mais celle-ci est très stéréotypée—, et surtout celle de l'ange, un genou à terre en "chevalier servant", bras croisés sur la poitrine, regard levé vers la Vierge qui est debout et dont le corps nous fait face. 

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André Beauneveu, Annonciation adorée par Louis d'Orléans, albâtre

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 Les frères Limbourg débutent alors leur activité (1399-1416). Les Belles Heures du duc de Berry, des frères Herman, Paul et Jean de Limbourg, (1405 1409) comportent une Annonciation au folio 30r.

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010729

 

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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Sur un fond vert dessinant une triple arcade, une importantes niche architecturale claire est animée de deux statuettes d'apôtres tenant un livre.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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La niche est tendue, derrière les personnages, d'une tenture rouge à rinceaux, laissant voir, au dessus d'eux, dans une mise en plomb complexe de verres blancs et de verres bleus, l'architecture d'une chapelle voûtée d'ogive sur clef de voûte, et, sous les voûtains, trois fenêtres vitrées à deux lancettes et tympan.

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L'Ange, entièrement en verre blanc, grisaille et jaune d'argent, est agenouillé devant la Vierge, à qui il présente dans la main droite le phylactère de l'Annonce tandis que la main gauche est posée sur la poitrine, index et majeurs tendus. Il porte une chape à fermail de quadrilobe. Ses cheveux sont bouclés, sans diadème. 

Un lys  posé dans un vase d'or élève sa tige  au centre.

La Vierge, à robe rouge et manteau bleu qui la voile, et à souliers blancs pointus, est montrée de face, mais le visage incliné et tourné vers l'ange. Elle tient un livre dans la main gauche et montre sa surprise par un geste de la main droite. Elle est très peu déhanchée.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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Troisième lancette : saint Pierre présentant Pierre Beaublé.

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On retrouve la même composition à dais orné de deux statuettes d'apôtres, chapelle voûtée d'ogives à trois fenêtres vitrées, et tenture de fond jaune à rinceaux.

Saint Pierre, à manteau rouge, tient la clef de la main gauche et tend vers la Vierge le vitrail offert par son protégé.

Pierre Beaublé, peint en grisaille sur verre blanc, est agenouillé devant la Vierge. Son visage est réaliste, avec un nez busqué, et des cheveux longs et bouclés sur les cotés de la tête.

Il est entièrement couvert d'une grande robe de chœur à manches larges, d'où n'émergent que les rangées de boutons des poignets de la tunique. Nous ne voyons ni l'aumusse ni les chaussures et parements bleus des chanoines donateurs précédemment examinés. Mais François Gatouillat signale que ces panneaux ont été très restaurés.

A Rouen, en la cathédrale Notre-Dame, un vitrail (vers 1340-1350) montre un autre archidiacre, Jean de Nonancourt, enveloppé dans un manteau bleu.

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_h/cathedrale-nd_rouen.htm

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Images/Fen36_1.htm

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.
Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

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Les armoiries du tympan.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVII. La baie 127 de la nef.

 

 

SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

 

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
6 décembre 2019 5 06 /12 /décembre /2019 13:44

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XVI. La baie 125 (vers 1320 et vers 1400) de la nef.

 

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Cet article est le seizième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur, et désormais de la nef, de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle.  

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 8 m et large de 3,80 m, la baie 125, au coté nord de la nef, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 octolobe et 2 trilobes et des écoinçons. Les lancettes sont occupées par des vitreries géométriques peintes comme ailleurs de fleurettes et festons en grisaille et jaune d'argent, mais au centre des 2ème et 3ème lancettes ont été réunies des panneaux colorés, jadis placés  au XIXe (Lebeurier) dans la 3ème et 4ème lancette, mais provenant sans doute d'une chapelle du chœur, et datés vers 1320  (Gatouillat).

On y voit sur un fond rouge uni une Vierge à l'Enfant debout dans une niche architecturale, dont le carton est identique à une autre Vierge conservée en dépôt. Le jaune est largement employé, pour l'architecture, les chevelures, la couronne,  le manteau orange, le nimbe crucifère et la robe de l'Enfant.

Dans la  3ème lancette et également sur fond rouge uni, le couple de donateurs agenouillés, mains jointes et yeux levés est vêtu d'une tunique bleue ; la femme porte une coiffe verte. La tête du donateur a été restituée. Le jaune d'argent n'y est utilisé que pour les losanges des bordures.

 

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Description en 1849 par Batissier : 

"on y voit une Vierge et deux donateurs à genoux."

Description en 1868 par Lebeurier :

"La fenêtre 14 a, dans sa 3e forme, une Vierge tenant l'enfant Jésus, et, dans la 4e , deux donateurs à genoux. Au-dessous l'inscription: COLLIN' ET U. DONAVERUNT HAC V, qui montre qu'un nommé "Collin et sa femme ont donné cette vitre."

L'inscription se décrypte ainsi : Collinus et Uxor donaverunt hac vitrum.

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Baie 125 de la nef d la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef d la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 125 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

 

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
5 décembre 2019 4 05 /12 /décembre /2019 20:23

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XV. La baie 214 (2ème quart XIVe et 1er quart XVe). Calvaire et trois saints. Robert le Sesne donateur.

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Cet article est le quinzième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur  de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières, et la baie 208 , qui lui fait face du coté sud. Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202. La visite s'est poursuivie du coté sud avec 2 autres baies offertes par l'évêque Geoffroy Faë, les baies 204 et 206, puis la baie 212 offerte par le chanoine Renault de Moulins. C'est immédiatement après cette dernière que se situe la baie 214 examiné dans cet article.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,50 m et large de 3,60 m, la baie 214, parmi les travées droites du coté sud du chœur, comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes et 9 écoinçons. C'est une verrière recomposée à deux registres au sein —principalement pour les lancettes latérales —, d'une verrerie claire. La prédominance, dans les panneaux figurés, de verres blancs peints au jaune d'argent, dispense ainsi dans le chœur plus de luminosité. Le registre supérieur présente sainte Foy à gauche et saint Aubin à droite encadrant une Crucifixion et saint Pierre.

Les bordures sont uniformément blanches. La verrerie à losanges et fermaillets accueille le décor à fleurettes jaunes utilisé ailleurs. La verrière, atteinte par la grêle en 1983, a été déposée et restaurée en 1992-1993 par l'atelier de Jean-Pierre Tisserand à Évreux : les plombs de casse ont été supprimés grâce à un collage.

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Description en 1849 par Batissier :

"La quinzième fenêtre qui est la première à côté du gros pilier de la lanterne à droite en entrant dans le chœur, montre d'abord les deux donateurs du vitrail, au dessus un Christ en croix, et au-dessus encore une Vierge. La première figure du second compartiment est accompagnée de l'inscription R. L. SESNE. Q. que quelques personnes considèrent comme le nom d'un peintre verrier. Nous indiquerons dans le troisième compartiment une sainte Foi STA FEDIS sous un dais en grisaille , et dans le quatrième un saint évêque agenouillé avec son nom STus AULENES."

Description en 1868 par Lebeurier :

"Chacune des fenêtres du chœur, sauf celles de l'abside, sont divisées en quatre formes. La première fenêtre contient 1° une Vierge ; au-dessous le crucifiement, et au bas les deux donateurs à genoux ; 2° un saint pape revêtu de la tiare; à ses pieds le donateur chanoine avec l'inscription : R. L . SESNE ; 3° Sainte Foi tenant une palme, avec l'inscription: STA FEDIS; au-dessous deux écussons dont le premier : d'or, à 3 arbres de sinople reliés entre eux d'argent, soutenus d'un ancre d'argent en pointe , l'écu traversé d'une crosse d'or (ce sont les armes de Paul Capranica, évêque d'Evreux, de 1420 à 1427); le second : d'azur, au chevron de sinople, chargé de 3 aiglons d'or ; 4° un saint évêque , avec l'inscription : S. LAUDH ; au- dessous un écusson : de gueules, à la fasce d'azur, accompagnée de 3 étoiles d'argent, 2 en chef et 4 en pointe. Quelques panneaux de cette verrière peuvent ne pas lui appartenir et avoir été rapportés d'ailleurs. "

Note : nous ne trouvons plus aujourd'hui ni la Vierge en registre supérieur, ni les armes de Paul Capranica.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette (celle de gauche) .

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre supérieur. Sainte Foy. Premier quart du XVe siècle.

Inscription en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc  S: FEDIS .

Nous ne retrouvons pas la leçon STA FEDIS des auteurs du XIXe.

Le nom FEDIS n'existe pas en latin, et n'est pas attesté, même comme variante. Il faut supposer une inversion dans la transcription par le peintre du texte Sancta Fides, "Sainte Foy", pour se référer à la vierge et martyre du IIIe siècle vénérée à Conques et Agen.

La sainte figure sous un dais à tourelle devant un fond rouge (deux nuances). Nimbée de bleu-vert, elle tient la palme des martyres. Le sol fleuri, le livre, la palme et la chevelure sont peints au jaune d'argent.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur : Vitrerie et  blason (milieu XIVe siècle).

Dans une vitrerie géométrique à décor de fleurons relevés de jaune d'argent, l'écu se lit d'azur, au chevron de sinople, chargé de 3 aiglons d'or . Ce blason n'a pas été identifié.

 

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La deuxième lancette. Calvaire au saint Jean barbu. 1er quart XVe siècle.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre médian : Calvaire (1er quart XVe siècle).

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Architecture à pièdroits polygonaux, dais à arcade trilobée sur une voûte rayonnante à clefs pendantes et donc avec un effet de perspective. Fond derrière le Calvaire rouge uni. La Vierge et Jean se découpent devant les pièdroits, d'où un nouvel effet de perspective. Les trois personnages en verre blanc peint en grisaille et rehauts de jaune d'argent pour les nimbes, les chevelures, le livre, la couronne d'épines et la croix.

Françoise Gatouillat 2001 indique une facture étrangère à celle des panneaux précédents et un encadrement architectural restitué.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette, registre inférieur. Couple de donateurs agenouillés. 1320-1330.

Restitué, resserré lors du réemploi. Le donateur tient la maquette du vitrail. La datation fait de ce panneau le contemporain des baies 207 et 208, mais l'importance des parties restaurées en diminue un peu l'intérêt. Je remarque les deux pièces rondes bleu et rouge sur le fond orangé.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Troisième lancette.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Pierre coiffé de la tiare de premier pape.

Dais identique au précédent. Une tenture fictive rouge unie y est suspendue. Verres blancs (peints à la grisaille et +/- rehaussés de jaune) pour la tiare, le visage, la clef, les mains et le surplis, mais aussi les galons de la chape.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Troisième lancette, le donateur Robert le Sesne.

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Une inscription est signalée par les auteurs du XIXe siècle (R. LE SESNE), alors que F. Gatouillat 2001 signale l'inscription "ROBERT LE SESNE". Je ne peux la lire (si elle existe, elle n'est pas accessible à mon objectif depuis le sol de la cathédrale).

Il existe bien une famille Le SESNE ou LE CESNE ou LE SESNE DE MENILLES, d'après le nom d'une localité de l'Eure à 20 km à l'est d'Évreux. (cf l'abbé Jean-Baptiste Le Sesne de Ménilles d'Etemare, XVIIIe siècle).  https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Le_Sesne_de_M%C3%A9nilles_d%27%C3%89temare

Les archives témoignent ainsi d'un aveu de Guillaume Le Cesne, au droit de Jehanne de Menilles, sa femme, le 10 avril 1450. Arch imp. P308 f XXXII, vicomté d'Évreux.

 

Les armoiries en seraient pour Jouffroy d'Eschavannes  un écartelé d'argent et de gueules ou, ailleurs, un écartelé d'argent et de gueules accolé d'azur, à la fasce d'or accompagné de croisettes de même, 2 en chef et 1 en pointe.

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Le donateur est vêtu, comme les autres chanoines donateurs de verrières du chœur, d'un habit blanc, d'une coiffure (aumusse), d'une robe et de chaussures bleues.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième lancette.

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Aubin.

Le dais à une clef pendante est surmonté de deux anges tenant des phylactères.

Fond rouge uni. Le saint évêque est entièrement peint au jaune et grisaille sur un verre blanc. Il est identifié par l'inscription  :S. AUBIN : Celui-ci fut évêque d'Angers au VIe siècle. Il était vénéré à Saint-Aubin-le-Vieil-Évreux (église Saint-Aubin)

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Registre inférieur : Vitrerie et  blason (milieu XIVe siècle).

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Dans une vitrerie géométrique à décor de fleurons relevés de jaune d'argent est inclut un blason de gueules, à la fasce d'azur, accompagnée  de 3 étoiles d'argent, 2 en chef et 1 en pointe.

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Ces armoiries restent à identifier. 

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Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 214 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 114 du triforium (vers 1450).

Les 3 baies géminées à 2 lancettes trilobées, tympans à 1 soufflet et 4 écoinçons sont hautes de 3,20 m et large de 3,60 m.  La vitrerie géométrique entourée de bordures à motifs losangés en grisaille et jaune d'argent alternant avec des pièces colorées est traversée par une inscription de donation par Maître Jean de Gonesse, chanoine d'Évreux. 

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"Les claires-voies du triforium sont ornées d'un écusson plusieurs fois répété, qui est : coupé d'azur, à la gerbe de blé d'or,accostée de deux fleurs de lys du même, sur or, au gond et à l's d'argent. Au-dessous cette inscription qui forme une seule ligne sur les six formes de la verrière : MESTRE JEHAN DE GONNESSE DIACRE NATIF DE... CHAN. DEVREUX MA DONNÉS." (Lebeurier 1868 page 22)

Je  trouve mention d'un Jehan de Croux, diacre, chanoine d'Évreux, natif de Gonesse, dans l'Essai sur l'histoire religieuse de Gonesse qui cite son testament :  il  "fonda  une messe haute d'obit précédée des matines, « laudes et recommandations ; et suivie du Libéra, De Profundis et Salve Regina pour le repos de son âme, pour ses père et mère et ses parents. » Il existe 4 pièces servant de titres à cette fondation: 1° Le testament du fondateur daté du 14 septembre 1413; 2° un contrat d'acquisition de o arpents 1/2 (18 novembre 1418); 3° un arpent 1/3 à Morlu sur le chemin de Villepinte; 4° Renie de 32 sous parisis sur une maison sise grande rue St-Pierre (2 février 1418). Ce Jehan de Croùx était natif de Gonesse."

S'il s'agit du même personnage, la donation de la baie 114 est alors à dater vers 1413-1418.

Remarque :

a) la Croult ou Crould ou Croux est une petite rivière qui traverse la commune de Gonesse, et "Du xie au xive siècle, Gonesse se fait connaître, pour son drap de laine, appelé la « gaunace », dont la fabrication doit beaucoup au Croult et à ses moulins, les moulins à drap, installés sur le cours du ruisseau. Au XIIIe siècle, on y faisait un grand commerce en draps et en peaux.  À partir du XIIIe siècle, les farines et les pains de Gonesse sont fort recherchés (cf. la gerbe d'or des armoiries).

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b) Les armoiries actuelles de Gonesse sont "de gueules à la tour crénelée couverte en dôme d'argent, ouverte, ajourée et maçonnée de sable, accostée à dextre d'une gerbe de blé d'or et à senestre d'un gond enlacé de la lettre S capitale du même ; au chef cousu d'azur semé de fleurs de lys d'or" http://gonesse.free.fr/

Or, le blason plusieurs fois répété de la verrière de 114 reprend d'une part la gerbe de blé d'or  [qui évoque le pain mollet ou pain de chapitre qui fait la réputation de la ville ], d'autre part l'azur aux fleurs de lys d'or, et enfin et surtout le monogramme Gond/S qui forment les armes parlantes : Gond-esse. 

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Jehan de Gonesse se déclarait-il, dans son inscription, "natif de Croux" ?

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Baie 114, triforium du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 114, triforium du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

— CHASSANT (Alphonse) ,1846,  : Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

 

a) Jean Pucelle :

 

 

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

— Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

— Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001


 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
2 décembre 2019 1 02 /12 /décembre /2019 12:34

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. XIV. La baie 212 (1335-1341) offerte par le chanoine Renault de Moulins : Vierge à l'Enfant et saints Taurin et Aquilin, évêques d'Évreux.

 

 

 


 

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Cet article est le quatorzième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières, et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint  l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202. La visite s'est poursuivie avec 2 autres baies offertes par l'évêque Geoffroy Faë, les baies 204 et 206. 

Nous découvrons aujourd'hui une transfuge dont les panneaux, jadis placés au nord juste en face des précédentes, en ont été roqué, comme aux échecs, au sud en position 212. 

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Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent. 

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 7 m et large de 3,20 m, la baie 212, parmi les travées droites du coté sud du chœur, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes et 9 écoinçons. La disposition "en litre", (en bande médiane colorée entre deux étages de vitrerie claire) se retrouve ici comme ailleurs (seuls les trois baies axiales 200 à 202 faisaient exception), mais l'étage inférieur de vitrerie reçoit ici des inscriptions en légende de l'étage médian. Celui-ci est divisé en quatre niches, une par lancette, dont la plus petite est réservée au donateur, les trois autres honorant la Vierge à l'Enfant, saint Taurin et saint Aquilin premiers évêques d'Évreux. .

La bordure des panneaux colorés répète la succession de pièces rouges  et de fleurettes jaunes des baies précédentes (sauf autour de la Vierge).

Les panneaux de cette verrière occupaient antérieurement, au  nord, les baies 203 et 205, dans un emplacement plus estimable puisque plus proche des 3 baies axiales 200 à 202, mais lorsque Thibaut de Malestroit offrit vers 1408-1415 deux verrières, il obtint, par son rang d'évêque, cette situation privilégiée pour sa donation et les panneaux qui nous intéressent furent déplacés. Il faut donc les imaginer initialement en face  des baies 204 (saint Jean et saint Martin) et 206 (saint Michel et saint Maur) qui occupent le coté sud.

Avant 1939, la Vierge et le donateur agenouillé occupaient l'actuelle baie 130 au coté sud de la nef, et les saint Taurin et Aquilin,se trouvaient en baie 210 du coté sud du haut chœur. 

En 1939, la verrière a été recomposée sous la forme que nous lui connaissons. Elle fut atteinte par un orage de grêle en 1983, elle fut déposée (comme les baies sud 208 à 214 et la rose sud) puis restaurée par Tisserand en 1992, avec de nombreuses inclusions, des pièces doublées et collées.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

 

 

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La vitrerie à losanges et fermaillets.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La deuxième lancette : la Vierge à l'Enfant.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le dais :

Verre blanc peint en grisaille et jaune d'argent, et verres colorés.En haut, succession de gables et de pinacles à crochets, aérés par des remplages, et, au centre en verre bleu, la peinture d'une baie vitrée à lancettes et tympan à quadrilobe et trilobes. En bas, arcade à feuilles en guise de crochets, s'appuyant sur des chapiteaux à motifs de dragons au dos hérissé d'écailles. 

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge.

Architecture de colonne torve, prenant la place des bordures. Fond rouge uni. Vierge nimbée de bleu, couronnée, voilée, vêtue d'un manteau bleu et or. La tête inclinée et le regard, de même que le regard et le geste de l'Enfant, sont  dirigés vers le bas et la droite, dans la direction du donateur. La robe de l'Enfant est verte, par application de jaune sur un verre bleu, tout comme le livre tenue par la Vierge.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le donateur Renault de Moulins.

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Inscription

Ses lettres en verre bleues sont serties en plomb, une par une dans le verre blanc.

On remarquera aussi les quatre cercles rouges,  ornementales sans fonction de ponctuation, qui sont également chacune sertie dans un plomb : l'une d'entre elle, au moins, est placée "en chef-d'œuvre" c'est à dire sertie dans une découpe au sein d'une pièce de verre blanc : une vraie prouesse.

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Lettres gothiques ; lettres conjointes TR et DE ; abréviation par une apostrophe après le R de R[ENAULT].

.MESTRE

R' . DE . M

OLINS .

 

soit "Mestre R' de Molins", ce qui a été interprété comme "Maître Regnaut de Molins" (ou Renault de Moulins, Renaud de Moulins), un officier de l'hôtel — et ami  : « Renault de Moulins ami et féal clerc de Philippe de Valois "— du roi Philippe VI en 1329, notaire de la reine,  qui fut  chanoine de Troie, chanoine et chantre d'Amiens, chanoine de Tours et Sens avant 1335, et chanoine d'Évreux entre 1335 et 1341, avant devenir chanoine de Notre-Dame de Paris en 1341.

On l'apparente, comme aîné,  à Philippe de Moulins ( qui fut  chanoine et chantre d'Evreux  et/ou chanoine et chantre d'Evreux de Notre-Dame de Paris, puis évêque d'Evreux, et ensuite évêque de Noyon de 1388 à 1409 . Il  tire alors son nom de la ville de Moulins-Engilbert dans la Nièvre, où Philippe fonda en 1378 dans la nef de l'église de cette commune une Collégiale  dotée de six chanoines.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le chanoine Renault de Moulins agenouillé en donateur.

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Le dais soutenu par deux piliers polygonaux est comparable à celui de la Vierge, mais sa taille inférieure marque la différence de statuts.

Le fond, dont les plombs de casse ont été expurgés par collage, est vert, à damas de rinceaux.

Le chanoine porte un habit liturgique blanc s'arrêtant aux genoux, au dessus d'une soutane pourpre. Son aumusse est placée sur l'avant-bras droit. Ses souliers sont bleus.

On comparera cet habit à celui d'un autre chanoine donateur des verrières d'Évreux : Raoul de Ferrières pour la baie 207 : les couleurs des deux habits et celle des chaussures est la même.

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. VII. La baie 207 (1325-1329) offerte par le chanoine Raoul de Ferrières.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LES DEUX ÉVÊQUES D'ÉVREUX.

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​​​​​​Les deux  évêques d'Évreux sont placés sous des dais  architecturaux semblables. Saint Taurin, premier évêque et évangélisateur  d'Évreux entre 350 et 410, est à droite, et son successeur près de 300 ans plus tard, entre 673 et 695, saint Aquilin, se trouve à gauche.

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1. Saint Aquilin dans la lancette de gauche.

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Inscription (voir commentaires infra pour saint Taurin ; la ponctuation est ici absente) :

S9 AQULIN9, Sanctus Aquilinus.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Taurin, évêque d'Évreux.

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Inscription.

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À la différence de celle du chanoine, elle est simplement tracée par soustraction d'un lavis de grisaille, dans un seule pièce, (pas exactement rectangulaire car elle englobe les signes abréviatifs)  barrant le verre blanc. L'écriture est une gothique textura à fûts droits, se terminant en pointes losangiques mais dont tous les traits ne sont pas des droites puisque le A à deux boucles fermées et le N sont en courbes :

S9 TAURIN9

Soit : SANCTUS TAURINUS.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le fond uni est rouge lie-de-vin, le nimbe d'un rouge vermillon, la chasuble est d'un très beau orange-doré (jaune d'argent) avec un revers bleu (très belle pièce en virgule), la couverture du livre jaune, la hampe de la crosse trace une diagonale  rouge.

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La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 212 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 112 du triforium : 3ème quart XVe.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux . XIV. La baie 212.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_204_(Notre-Dame,_%C3%89vreux)?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

— CHASSANT (Alphonse) ,1846,  : Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

 

a) Jean Pucelle :

 

"On associe son nom à trois œuvres, dont deux ont été exécutées en collaboration : le Bréviaire de Belleville et la Bible de Robert de Billyng (Paris, B. N.) ; la troisième, sûrement de sa main, est un " petit livret d'oraisons que Pucelle enlumina ", commandé entre 1325 et 1328 par le roi Charles IV pour sa femme, la reine Jeanne d'Évreux, et identifié aujourd'hui avec un petit livre d'heures (New York, Cloisters). Toutefois, la critique moderne, grâce à des rapprochements stylistiques, s'est efforcée d'attribuer à l'atelier de l'artiste une production beaucoup plus riche ; il s'agit en général de livres commandés par de très grands personnages, tels le Bréviaire de Blanche de France, les Heures de Jeanne de Savoie, le Psautier de la reine Bonne de Luxembourg, les Heures de Jeanne II de Navarre, les Heures de Yolande de Flandre. De plus, il est intéressant de constater une parenté de style entre l'art de Pucelle et les émaux translucides qui ornent la base de la célèbre Vierge d'argent doré, dite " de Jeanne d'Évreux " et datée de 1339 (Louvre). Le Bréviaire de Belleville et les Heures d'Évreux sont des œuvres vraiment représentatives de la manière de Jean Pucelle : il s'y révèle un artiste de premier plan. […]  l'artiste arrive à dépasser ses prédécesseurs au moyen de la technique : s'il utilise le contour noir, le pointillé foncé, le contour rouge avec des ombres de sanguine et des couleurs brillantes, dans les Heures de Jeanne d'Évreux, il découvre surtout le lavis en grisaille rehaussé de couleurs, nouveauté qui, par son effet de monochromie, lui permet d'assurer à la page une plus grande unité décorative, à ses personnages une plus grande plasticité, au style une plus grande spontanéité. Subit-il en cela l'influence du vitrail contemporain ? Connaît-il les trouvailles de Giotto ?"

https://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Pucelle/153981

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

— Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

— Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 .

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001

— Orfèvrerie :La Vierge d'Évreux.

. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfèvrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
27 novembre 2019 3 27 /11 /novembre /2019 21:20

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XIII. La baie 206 (vers 1335), offerte par l'évêque Geoffroy Faë : saint Michel et saint Maur.


 

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Cet article est le treizième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle : ça progresse !

 Nous avons suivi l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint  l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202. Nous restons dans les hauteurs car après  la baie 204, voici sa voisine, la  206, elle aussi offerte par l'évêque Geoffroy de Faë,  .

 Comme déjà dans le déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans la majorité des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Mais dans cette baie 206, Geoffroy de Faë rend hommage à l'archange Michel et à saint Maur.

 

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent. 

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,70 m et large de 1,80 m, la baie 206, première baie à droite après  le rond-point, comporte 2 lancettes trilobées (et non 4 comme les baies des travées droites 207 à 214) organisées en 2 registres et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes. Le registre supérieur montre à gauche saint Michel et saint Maur. Au registre inférieur, un évêque agenouillé, dont une inscription révèle l'identité du donateur, Geoffoy Faë, évêque d'Évreux de 1335 à 1340 déjà donateur de la baie 201, 202, et 204. Un second donateur, à gauche, provient d'une autre verrière du  2ème quart du XIVe, et son damas est remarquable.  Le tympan est semblable à celui des baies 201, 202, et 204 hormis l'oculus qui date du XIXe.

La bordure des panneaux colorés répète la succession de pièces rouges ou bleues et de fleurettes jaunes des baies précédentes.

Contrastant avec les trois baies centrales 200, 201 et 202, qui étaient en pleine couleurs, la baie 206, comme sa voisine la 204 reprend la disposition "en litre" des baies basses du déambulatoire et des baies hautes de la partie non arrondie du chœur, c'est à dire que les panneaux colorés figurés (les deux saints et les donateurs) se détachent en bande horizontale au milieu d'une vitrerie losangique à festons et fleurettes. 

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE MÉDIAN : SAINT MICHEL ET SAINT MAUR.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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1. Saint Michel terrassant le dragon.

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Pour l'une des premières fois (après la cathèdre de la Vierge de la baie 23), nous voyons apparaître dans l'encadrement d'architecture un effet de perspective, puisque les contreforts sont dessinés en fuite, tout comme le plafond " à caissons" ou à damiers supporté par un arc surbaissé. Cet effet est renforcé par les ailes ou les bras de l'ange, placés "en avant" de l'architecture. 

Du fait de cette perspective, le fond bleu est réduit à la portion congrue.

L'ange est vêtu d'un manteau blanc à galons jaune festonné (jaune d'argent et grisaille) déjà utilisé pour saint Jean dans la baie 204 et le Christ de la baie 202. La couleur verte du revers  de ce manteau est sans doute  due à un vert bleu peint au jaune. La robe lie de vin n'est visible qu'en parti inférieure.

Il tient un bouclier rouge à croix blanche (la partie blanche ornée de feuilles dans des carrés), et une lance croisetée, dont la pointe est enfoncée dans la gueule du dragon qu'il terrasse de ses pieds nus.

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Modèle possible : le Bréviaire de Jeanne d'Évreux enluminé par Jean Pucelle, ms. Chantilly, Musée Condé 51 folio 367.

 

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Bréviaire de Jeanne d'Évreux f.367. Droits coll. Mus. Chantilly

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le dragon mérite d'être admiré pour sa gueule aux crocs acérés, pour son aile nervurée, et surtout pour sa queue nouée (un tour qui lui est habituel et dont maintes sculptures attestent).

Les rehauts au jaune d'argent soulignent les nervures, les mèches de la toison, et, par des petites touches, les verrucosités infectes propres à cet animal.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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2. Saint Maur.

Cet abbé (crosse abbatiale et livre) bénédictin est identifié par l'inscription SANCT9 MAURUS, Sanctus Maurus. Il porte une coule bleue.

Sa présence ici n'est pas liée à la Congrégation de Saint-Maur (qui reprit la plupart des abbayes tombées sous le régime de la commende, comme l'abbaye Saint-Taurin d'Évreux, ou celle du Bec), car cette Congrégation ne fut fondée qu'en 1618.

Mais l'évêque Geoffroy  Faë était un bénédictin, qui fut abbé du Bec, de l'ordre de saint Benoit, dont saint Maur fut le plus proche disciple.

Sur le plan technique, nous remarquerons le livre en verre rose grillagé à la grisaille,et le fond damassé d'un motif à feuillages  de chêne et à glands.

Nous retrouvons le motif du chêne, noté en baie 12 (la Vierge au chêne déraciné), ou en baie 27, et plus tard en baie 15.

http://www.lavieb-aile.com/2019/11/les-vitraux-du-xive-siecle-de-la-cathedrale-d-evreux-iv.la-baie-27-offerte-par-l-eveque-mathieu-des-essarts-vers-1300-1310.html

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/les-vitraux-de-la-baie-15-vers-1360-1370-et-1387-1400-de-la-chapelle-du-rosaire-de-la-cathedrale-d-evreux.html

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE DES DONATEURS.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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1. Sur la lancette de droite : l'évêque Geoffroy Faë.

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a) Inscription

DNS GAUFRID9 ABBAS BECCI

POSTEA EBRO

CENSIS EPS.

Dominus Gaufridus abbas becci postea ebroicencis episcopus. C'est l'inscription déjà rencontrée sur les baies 201, 202 et 204 offertes par Geoffroy Faë : "Seigneur Geoffroy, abbé du Bec et ensuite évêque d'Évreux".

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b) L'évêque.

Pas de surprise, nous retrouvons la figure de l'évêque agenouillé, mains jointes, la crosse entre les bras, déjà notée sur les baies précédentes. Exactement comme en baie 202, la chape est dorée, ornée autour du cou et en partie inférieure d'une étoffe bleue gaufrée de croisillons en losanges, tandis que la robe est verte doublée de rouge pâle. Comme en baie 204, l'évêque est détouré sur fond blanc.

Mais un élément distingue cette figure : le soubassement, dont les quatre consoles sont vues en perspective.

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La forme polylobée des quatre consoles rappelle celle qui soutient le plafond de l'Annonciation des Heures de Jeanne de Navarre, enluminées par Jean Le Noir et Jean Mahiet entre 1330 et 1340. La ressemblance n'est pas si fortuite, puisque sur le même folio 39r , le plafond à damier bleu et noir est semblable —avec les mêmes couleurs — à celui qui dominait saint Michel en registre médian de la  lancette de gauche.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f85.image

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Heures de Jeanne de Navarre f. 39r

 

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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2. Sur la lancette de gauche : un autre donateur.

F. Gatouillat, dans sa description de 2001, indique que ces panneaux sont "rapportés d'une autre verrière du 2ème quart du XIVe siècle ; panneaux interpolés avant 1868 [et même 1849], restaurés".

La datation entre 1325 et 1350 ne crée pas d'écart avec celle, vers 1335, de l'ensemble de la baie, mais pourtant, le fond sous l' arcade trilobée est très différent (cf. infra).

Le travail au jaune d'argent diffère également, car le crâne tonsuré et le menton rasé sont rendus par un piqueté de taches jaunes.

Il est vraisemblable que ce personnage, vêtu d'un surplis blanc à larges manches sur une robe bleue soit un chanoine de la cathédrale, comme les autres donateurs dont le nom nous est resté (Raoul de Ferrières, Renaud de Moulins), Alain et Jean de Balan. Sur le bras gauche du clerc pend une pièce de tissu rehaussée de jaune d'argent, qui pourrait être l'aumusse de ce chanoine.

N.b Selon Lebeurier, la baie 17, celle de Renaud de Moulins, datée de 1360-1370 comportait, sous saint Laurent,  le panneau d'un autre chanoine donateur, aujourd'hui disparu.

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

 

 

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le fond damassé d'animaux.

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Ce verre rouge est orné (par enlevé sur un lavis de  grisaille ou par pochoir) d'un motif aux lions (ou autre quadrupède à crinière) très cambrés.

Comme cela est habituel dans ces fonds de verrières, le motif n'est jamais impeccable, tant s'en faut, mais réduit à des fragments comme si une étoffe avait été froissée, pliée, et que l'animal, et surtout sa tête, n'était montrée qu'avec parcimonie, comme l'évocation  d'un modèle caché.

Ici, nous voyons une croupe puissante empanachée d'une triple queue, rattachée par une cambrure exagérée à un poitrail tendant vers l'avant deux pattes, mais la barlotière nous cache la tête.

Ailleurs, une tête évanescente nous fixe de face, alors qu'une autre tête, de profil, est rattachée à un corps d'embryon. Et tout cela parmi des plumes, des indentations, qui pourraient former une crinière exubérante tout autant que le plumage de quelque paon.

Ailleurs, un buste enrubanné de longues mèches, mais dont le mufle empâté et difforme n'a rien d'un félin.  

Ce que nous savons, c'est que ces motifs ne naissent pas de la fantaisie du peintre-verrier, mais qu'ils reproduisent, mais par métonymie et sans souci de documenter le modèle, les riches étoffes des trésors de cathédrales, à usage de tenture, de couverte de livre sacré, ou de nappe. Et que leur valeur tenait de leur manufacture en Italie (à Lucques par exemple), de leur matière (la  soie) et des influences persanes, sassanides, que les nobles les plus proches du pouvoir royal recherchaient pour faire ostentation de leur statut.

"Dans leur immense majorité, les étoffes byzantines ont survécu dans les trésors des églises d’Occident, en France, en Suisse, en Allemagne, en Belgique ou en Italie. Elles y ont servi à envelopper les reliques des saints, d’où leur appellation de suaires. Dans d’autres de ces tissus précieux, on a taillé des chasubles ou autres vêtements religieux. Les damas, les taquetés et les samits façonnés ou les lampas sont les armures de tissage connues à Byzance : les armures de tissage qui ont servi à la réalisation de ces soieries monochromes sont le samit façonné, qui ne fait apparaître le motif que par ses contours dessinés par la seule croisure des trames endroit et envers, ou le lampas, qui par l’alternance de deux effets, toile et sergé, crée un fond sur lequel se détache nettement les ornements. Le lampas a d’ailleurs dû être élaboré à cette époque, sans qu’on puisse déterminer son lieu de naissance puisqu’il semble apparaître simultanément, aux alentours de l’an Mil, dans le monde arabo-oriental et à Byzance. 

Décor :  Les créatures fantastiques d’inspiration proche-orientale tiennent un rôle important dans les décors textiles byzantins : chevaux ailés, simurghs ou griffons. Les chevaux ailés et les bouquetins qui ornent de nombreux stucs ou sceaux sassanides se retrouvent sur les textiles. Il est à noter que ce sont ces motifs tels les lions passants de type iraniens qui deviendront emblématiques de la production des ateliers impériaux qui portait en outre une inscription au nom des souverains (voir divers exemples conservés en Allemagne, Cologne, Berlin…). Ainsi que le monde arabe, Byzance connaît aussi les décors géométriques qui peuvent constituer l’unique ornement du textile ou se combiner avec des motifs floraux ou figurés. Plus tard, apparaîtront des décors orientaux témoignant de l’influence arabo-musulmane comme les griffons, ou mieux encore les pseudo-caractères coufiques, utilisés pour leur valeur ornementale."

"En Islam : La sériciculture de la Syrie byzantine, lancée sous Justinien (VIe s.) est acclimatée dans le Levant espagnol et le nord de la Sicile. En Andalousie, elle fera naître une industrie de luxe centrée sur Almeria. Le tissage des lampas, apparu à Baghdad au XIe siècle, gagne peu à peu la Syrie, l’Egypte et l’Espagne et remplace celui des samits. L’Occident latin emboîte le pas. " (d'après Qantara  https://www.qantara-med.org/public/show_document.php?do_id=576 )

"

Nous pourrions rêver qu'un heureux hasard nous permette de tomber, dans les collections de lampas et damas, sur une composition proche de ce vitrail.

 

https://www.musee-moyenage.fr/collection/oeuvre/aumoniere-brodee.html

Je m'y suis essayé à Évreux, à Sées, à Quimper,  ou surtout à Bourges, car nous devons à Albert de Meloizes un relevé précis de ces damas pour la cathédrale de Bourges publié en 1891-1897. Mais les exemples sont ceux de vitraux du XVe siècle .

À Évreux, les exemples les plus précoces de fonds damassés à motifs animaliers, étaient pour moi, avant ma découverte de ce fond de la baie 206, ceux des trois baies 15, 17 et  19 de la chapelle du Rosaire (vers 1360-1370)  dont le motif est formé par des couples d'oiseaux fabuleux affrontés. Puis viennent les baies  203 et 205 offertes par Thibaud de Malestroit vers 1408-1415, reprenant le même motif d'oiseaux tenant au bec la tige des rinceaux.

Les "verrières royales " des baies 209 et 210 (vers 1390-1400) offrent de beaux fonds à damas, mais au motif de rinceaux.

Damas des enluminures parisiennes.

L'influence des enlumineurs parisiens sur les peintres-verriers de Normandie étant admise, nous pouvons chercher si les fonds des enluminures contemporaines de la baie 206 nous offre des modèles.

Nous y trouvons soit des fonds quadrillés archaïques, soit des fonds damassés de rinceaux en spirales, soit, enfin,  quelques fonds damassés incluant des animaux : soit des oiseaux, soit des mammifères.

a) Dans les Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisées vers 1330-1340 par Jean Le Noir, on trouve, parmi une forte majorité de fonds quadrillés,  une chasse entre chiens et lapins au folio 148v, alors que la page suivante offre un fond à quadrillage et à feuilles et glands, et la suivante un fond bleu à anges en filigrane.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f303.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f305.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f323.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f373.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f375.image

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b) Le Psautier de Bonne de Luxembourg, peint par Jean Le Noir,  est daté avant 1349, et il offre huit exemples de fonds damassés à animaux . Bonne de Luxembourg devint duchesse de Normandie en 1332 après son mariage avec le duc Jean, futur roi Jean le Bon.

-f. 15r Psaume 1 Beatus qui non abiit vir . Le roi David (harpe) et deux musiciens (psalterion et vièle à archet ) sur fond à rinceaux, où 9 oiseaux (8 huppes et 1 échassier) sont posés tandis qu'un lapin se dissimule sous le trône du roi.

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Psautier de Bonne de Luxembourg f.15 registre sup., Metropolitan Museum, New York.

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Le folio 83v : Psaume 52 Dixit insipiens in corde suo non est Deus. L'enluminure illustre le verset 1 "L'insensé dit en son cœur Il n'y a pas de Dieu" par un homme frappant de verges un buveur. Le fond bleu est animé parmi les rinceaux de deux singes en tournoi chevauchant un bouc et un lion ; d'un lièvre et d'un chien

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Psautier de Bonne de Luxembourg f. 83v. Metropolitan Museum Nex York

 

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Le folio 102v : le Psaume 68 Salvum me fac deus. "Sauve moi ô Dieu car les eaux menacent ma vie" est illustré par un roi nu, dans l'eau jusqu'au ventre, suppliant Dieu dans  les Cieux devant son navire échoué. Dans le fond brun rougeâtre, les feuillages donnent abri à deux oiseaux et deux lapins.

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Psautier de Bonne de Luxembourg f. 102r

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Folio 170r : Psaume 110 Dixit Dominus Domino meo sede a dextris meus. illustré par la la Trinité. Sur les rinceaux de vigne du fond bleu sont perchés divers oiseaux, tandis qu'un lapin est sur le banc.

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Psautier de Bonne de Luxembourg f. 170r. Metropolitan Museum.

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Folio 295v : un abbé franciscain contemplant le Crucifix. Jérémie 9 : Haa, dist-il. Qui dourra a mon chief caue. et a mes iex fontaine de lermes que ie puisse plourer  par [jour et par nuit les enfants de mon peuple]. Rinceaux blanc et bistre sur fond bleu, peuplé d'oiseaux, dont une huppe et un échassier.

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Folio 321v. Ci apres commence une moult merveilleuse et horrible exemplaire que l'en dist des iii vi[f]s et des iii mors. Sur le fond rougeâtre à rinceaux de feuilles bleues se trouvent cinq oiseaux et deux lapins.

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Folio 322r. Si come la matiere no9 conte, ils furent si duc ou conte Trois noble home de grant aroy  Et de gentil come fils a roy. Sur le rinceau du fond bleu et brun, un couple de deux animaux : un paon à gauche, et un chat à droite. Plus un autre oiseau.

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Folio 328r. Donateurs devant le Crucifix. "Ha homme et fame voy que sueffre pour toy. Voy ma douleur. mon angoysseus conroy. Je crie à toy tou dis, regarde donc et voy". C'est la Complainte du Crucifix, attestée aussi au XIIIe siècle dans les Heures à l'usage de Metz Paris, Arsenal ms 570 f.152,  au XIVe siècle dans les Heures en latin et en français... ms Paris Arsenal 288 f. 13-14, dans le Miracle Nostre-Dame BnF Paris fr. 12483 f. 42r col.2 et BnF fr. , au XVe siècle par 33 alexandrins rimés vers 1415 dans les Heures de Paris  (Chantilly, Musée Condé ms 0066-1383-) folio 150r-152r, ou enfin  au XVe siècle dans le ms de la Bibliothèque royale de La Haye 78J49.

Le fond accueille parmi les rinceaux quatre lapins, un échassier, une huppe, un renard et un (?) sanglier. J'ai montré aussi la marge, ornée du même décor de feuilles, de cigogne, de passeraux...

 

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Conclusion.

 

En conclusion, ce fond damassé à griffon— ou lion peut-être ailé—, remarquable par sa précocité dans l'art des vitraux (si la datation des panneaux est confirmée), n'a pas d'équivalent à Évreux, mais il est contemporain de l'apparition de fond à animaux dans les enluminures parisiennes, avant 1350. Néanmoins, le vitrail semble plus inspiré par les soieries d'Orient que ne le sont les enluminures, dans lesquelles les animaux sont ceux qui occupaient auparavant les marges pour participer à des drôleries, et dont les modèles n'étaient pas orientaux.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 206 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 106 du trifolium. 3ème quart XVe siècle.

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La baie 106 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 106 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_204_(Notre-Dame,_%C3%89vreux)?uselang=fr

BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BLUMENSHINE (Gary B. ),1990, Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du 15e siècle, Annales de Normandie  Année 1990  40-3-4  pp. 177-214

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1990_num_40_3_1881

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

CHASSANT (Alphonse) ,1846,  : Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

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— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LILLICH (Meredith Parsons),  1970, The Band Window: A Theory of Origin and Development, Gesta, Vol. 9, No. 1 (1970), pp. 26-33 Published by: The University of Chicago Press on behalf of the International Center of Medieval Art

https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

 

a) Jean Pucelle :

 

"On associe son nom à trois œuvres, dont deux ont été exécutées en collaboration : le Bréviaire de Belleville et la Bible de Robert de Billyng (Paris, B. N.) ; la troisième, sûrement de sa main, est un " petit livret d'oraisons que Pucelle enlumina ", commandé entre 1325 et 1328 par le roi Charles IV pour sa femme, la reine Jeanne d'Évreux, et identifié aujourd'hui avec un petit livre d'heures (New York, Cloisters). Toutefois, la critique moderne, grâce à des rapprochements stylistiques, s'est efforcée d'attribuer à l'atelier de l'artiste une production beaucoup plus riche ; il s'agit en général de livres commandés par de très grands personnages, tels le Bréviaire de Blanche de France, les Heures de Jeanne de Savoie, le Psautier de la reine Bonne de Luxembourg, les Heures de Jeanne II de Navarre, les Heures de Yolande de Flandre. De plus, il est intéressant de constater une parenté de style entre l'art de Pucelle et les émaux translucides qui ornent la base de la célèbre Vierge d'argent doré, dite " de Jeanne d'Évreux " et datée de 1339 (Louvre). Le Bréviaire de Belleville et les Heures d'Évreux sont des œuvres vraiment représentatives de la manière de Jean Pucelle : il s'y révèle un artiste de premier plan. […]  l'artiste arrive à dépasser ses prédécesseurs au moyen de la technique : s'il utilise le contour noir, le pointillé foncé, le contour rouge avec des ombres de sanguine et des couleurs brillantes, dans les Heures de Jeanne d'Évreux, il découvre surtout le lavis en grisaille rehaussé de couleurs, nouveauté qui, par son effet de monochromie, lui permet d'assurer à la page une plus grande unité décorative, à ses personnages une plus grande plasticité, au style une plus grande spontanéité. Subit-il en cela l'influence du vitrail contemporain ? Connaît-il les trouvailles de Giotto ?"

https://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Pucelle/153981

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 .

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001

Orfèvrerie :La Vierge d'Évreux.

. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfèvrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 12:15

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XII. La baie 204 (vers 1335) offerte par l'évêque Geoffroy Faë : Saint Jean l'évangéliste et saint Martin de Tours.

 

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Cet article est le douzième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint  l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202.

Nous voici, toujours dans le rond-point du chœur, devant la baie 204, offerte comme les baies 201 et 202, par l'évêque Geoffroy de Faë.

 Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans la majorité des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Mais dans cette baie 204, Geoffroy de Faë rend hommage à deux saints majeurs pour le diocèse d'Évreux, saint Jean l'évangéliste et saint Martin de Tours.

 

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent. 

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,70 m et large de 1,80 m, la baie 204 comporte 2 lancettes trilobées (et non 4 comme les baies des travées droites 205 à 214) organisées en 2 registres et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes. Le registre supérieur montre à gauche saint Jean et à droite saint Martin de Tours. Au registre inférieur, un évêque agenouillé, son blason et une inscription révèlent l'identité du donateur, Geoffoy Faë, évêque d'Évreux de 1335 à 1340 déjà donateur de la baie 201 et 202, mais également de la baie  206. Le tympan est semblable à celui des baies 201 et 202, hormis l'oculus qui date du XIXe.

Contrastant avec les trois baies centrales 200, 201 et 202, qui étaient en pleine couleurs, la baie 204 reprend la disposition "en litre" des baies basses du déambulatoire et des baies hautes de la partie non arrondie du chœur, c'est à dire que les panneaux colorés figurés (les deux saints et le donateur) se détachent en bande horizontale au milieu d'une vitrerie losangique à festons et fleurettes. 

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Vue générale du rond-point du chœur : les baies 200 à 204.

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Baies 200 à 204 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 200 à 204 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

 Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XII. La baie 204 (vers 1335), Saint Jean et saint Martin,  offerte par l'évêque Geoffroy Faë.

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Le registre médian de la baie 204. Saint Jean et saint Martin.

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Les deux saints sont représentés sous une architecture réduite, et sur un sol à fleurette, se détachant l'un sur un fond rouge avec nimbe bleu clair et l'autre sur un fond  bleu clair, avec un nimbe rouge.

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean l'évangéliste tenant un livre et une palme.

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Batissier puis Lebeurier n'avaient vu qu'"une sainte tenant une palme". On peine à en justifier la présence, F. Gatouillat proposant l'hypothèse que ce soit la palme de la seconde Annonciation. On sait peut-être que Marie, après la Résurrection, habita la maison des parents de Jean. Elle  reçut  la visite d'un ange, qui lui annonça sa mort, et lui remit une palme "du paradis de Dieu". Lorsque Jean arriva, elle lui dit : «Jean, mon enfant, prends cette palme; tu le porteras devant mon cercueil, suivant qu'il m'a été dit. ».

Le saint est pieds nus (comme tout apôtre), et il tient un livre (comme tout apôtre), il est imberbe (ce qui le distingue d'entre les apôtres).

Sa tunique est bleue, et son manteau blanc à galons dorés. Cette bordure est peinte en grisaille et jaune d'argent, tout comme le revers du manteau, à filets entrecroisés jaunes.

Sa présence dans le rond-point, principalement voué à la Vierge, patronne de la cathédrale, se justifie facilement, d'une part comme "Fils" de celle-ci (selon les paroles du Christ sur la croix en Jean 19:25-27 et comme disciple préféré du Christ, d'autre part pour équilibrer la figure de l'autre saint Jean, Jean-Baptiste, en baie 200, et de toute façon comme une figure majeure de l'hagiographie de la chrétienté honorant l'auteur de l'évangile de saint Jean et du Livre de l'Apocalypse.

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le visage du saint est ombré, dans le creux de l'orbite, le menton et la joue, par des hachures entrecroisées, selon un procédé déjà noté dans les baies du rond-point, et inspiré par les enlumineurs.

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Martin de Tours représenté en évêque.

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Saint Martin fut évêque de Tours de 341 à 371, mais non archevêque, puisque l'archevêché date de 815 (pourtant, F. Gatouillat mentionne ce titre). Il est donc représenté avec la mitre et la crosse , les pantoufles épiscopales, les chirothèques, la chasuble, l'étole, le manipule, et un livre (figurant la règle de l'abbaye de Ligugé).

Il est identifié par l'inscription MARTINUS, que Lebeurier  a lu en 1868 (tout comme Batissier en 1849 qui a lu S~TUS MARTINUS) mais qui a disparu aujourd'hui.

Les vitraux de la cathédrale ont déjà rendu hommage à saint Martin, mais toujours par la représentation de "la Charité de saint Martin", ou partage du manteau. De même, c'est sous cette forme que les enlumineurs parisiens l'ont représenté.

Ainsi, le Bréviaire de Belleville fait mention dans son Temporal d'été  pour le 11 novembre (date de la fête) au folio 378v de la mention  « Sancti Martini episcopi et confessoris (rubr.) » suivi des lectures et textes liturgiques propres à cette fête jusqu'au folio 387v, où débute la fête de l'octave de saint Martin le 18 novembre « In octavis [sancti Martini] (rubr.) », jusqu'au folio 388v. La vignette de la Charité de saint Martin, peinte par Jean Pucelle, occupe la hauteur de 8 lignes de la 1ère colonne du folio 379r.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h/f754.image

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Bréviaire de Belleville folio 379r.

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La scène est également illustré dans les Heures de Jeanne d'Évreux :

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Par contre, je n'ai pas trouvé de représentation de saint Martin en évêque parmi les enluminures parisiennes.

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_2=SUJET&VALUE_2=SAINT%20MARTIN

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le registre inférieur : l'évêque donateur.

Les pièces colorés sont  détourées sur le fond blanc de la vitrerie losangique, dans un compromis respectant la disposition générale "en litre" (Band window).

Geoffroy Faë est représenté de profil, agenouillé, mains jointes, vêtu de l'habit sacerdotal, presque comme sur les registres inférieurs des baies 201, 202 et 206, mais ici la crosse n'est pas placé entre ses mains. Il porte sur une robe (ou surplis) rouge une somptueuse chape d'or à revers bleus, damassée de motifs à médaillons géométriques.

Nous remarquons ici encore le singulier accessoire qui pend dans le dos de cette chape, et qui m'avait intrigué déjà sur la baie 201 :

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Geoffroy Faë en baie 201. Photo lavieb-aile.

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Si nous acceptons d'y voir une forme de fanon de la mitre, il faut alors en souligner la singularité, car ce qui est peint, c'est un objet doré, crénelé, et à deux sphères aux extrémités (alors que les fanons sont deux bandes de tissus frangés et s'élargissant vers le bas).

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription indique :

DNS GAUFRID9 FAE :

ABBAS BEC : POST :

EA EBROICENSIS EPS :

Dominus Gaufridus Fae abbas becci post ea ebroicensis episcopus, "Seigneur Geoffroy Faé, abbé du Bec et ensuite évêque d'Évreux"

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C'est le même texte et la même graphie que sur les baies 201 et 201, à la différence que le nom de famille  Faé est mentionné pour la première fois ici.

Cette famille était surtout implantée à Rouen :

https://www.geneanet.org/genealogie/fae/FAE

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Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 204 (vers 1335) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_204_(Notre-Dame,_%C3%89vreux)?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

CHASSANT (Alphonse) ,1846,  : Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

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https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

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https://www.academia.edu/35604582/_The_Band_Window_A_Theory_of_Origin_and_Development_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

 

a) Jean Pucelle :

 

"On associe son nom à trois œuvres, dont deux ont été exécutées en collaboration : le Bréviaire de Belleville et la Bible de Robert de Billyng (Paris, B. N.) ; la troisième, sûrement de sa main, est un " petit livret d'oraisons que Pucelle enlumina ", commandé entre 1325 et 1328 par le roi Charles IV pour sa femme, la reine Jeanne d'Évreux, et identifié aujourd'hui avec un petit livre d'heures (New York, Cloisters). Toutefois, la critique moderne, grâce à des rapprochements stylistiques, s'est efforcée d'attribuer à l'atelier de l'artiste une production beaucoup plus riche ; il s'agit en général de livres commandés par de très grands personnages, tels le Bréviaire de Blanche de France, les Heures de Jeanne de Savoie, le Psautier de la reine Bonne de Luxembourg, les Heures de Jeanne II de Navarre, les Heures de Yolande de Flandre. De plus, il est intéressant de constater une parenté de style entre l'art de Pucelle et les émaux translucides qui ornent la base de la célèbre Vierge d'argent doré, dite " de Jeanne d'Évreux " et datée de 1339 (Louvre). Le Bréviaire de Belleville et les Heures d'Évreux sont des œuvres vraiment représentatives de la manière de Jean Pucelle : il s'y révèle un artiste de premier plan. […]  l'artiste arrive à dépasser ses prédécesseurs au moyen de la technique : s'il utilise le contour noir, le pointillé foncé, le contour rouge avec des ombres de sanguine et des couleurs brillantes, dans les Heures de Jeanne d'Évreux, il découvre surtout le lavis en grisaille rehaussé de couleurs, nouveauté qui, par son effet de monochromie, lui permet d'assurer à la page une plus grande unité décorative, à ses personnages une plus grande plasticité, au style une plus grande spontanéité. Subit-il en cela l'influence du vitrail contemporain ? Connaît-il les trouvailles de Giotto ?"

https://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Pucelle/153981

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 .

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001

— Orfèvrerie :La Vierge d'Évreux.

. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
22 novembre 2019 5 22 /11 /novembre /2019 22:45

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XI. La baie 202 (vers 1335), un Couronnement de la Vierge  devant le Christ-roi offert par l'évêque Geoffroy Faë.

 


 

 

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Cet article est le onzième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous avons atteint  l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202.

 Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans chacune des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Dans ce programme iconographique cohérent, la dignité des donateurs progressait d'ouest en est : noble, puis chanoines, famille royale, et enfin évêque d'Évreux pour le rond-point. 

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent. 

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,70 m et large de 1,80 m, la baie 202 comporte 2 lancettes trilobées (et non 4 comme les baies des travées droites 205 à 214) organisées en 2 registres et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes. Le registre supérieur est un Couronnement de la Vierge par un ange (à gauche) devant Dieu le Père (à droite). Au registre inférieur, un évêque agenouillé, son blason et une inscription révèlent l'identité du donateur, Geoffoy Faë, évêque d'Évreux de 1335 à 1340 déjà donateur de la baie 201, mais également des baies 204 et 206.

La baie 202 fut restaurée en 1893 par Steinheil et Leprévost. 

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Trois baies formant un tout.

La baie axiale offerte par l'évêque Jean du Prat est entourée à droite et à gauche par des baies de composition similaire, mais offerte par le successeur de Jean du Prat, Geoffroy Faë — certainement, du fait de cette proximité stylistique, au début de son épiscopat — . Si la Vierge à l'Enfant de la baie 200 illustre l'Incarnation, l'Annonciation de la baie 201 et le Couronnement de la baie 203 forment avec elle un ensemble théologique cohérent (énuméré par le Rosaire) des Mystères joyeux  — Annonciation et Incarnation — et glorieux — Couronnement—  de la vie de Marie, patronne de la cathédrale Notre-Dame, tandis que Jean-Baptiste renvoie au Baptême du Christ, l'un des Mystères lumineux. 

Ces trois baies sont cohérentes aussi par la présentation de personnages de grande taille dans des niches individuelles sur des fonds verts, rouges ou bleus, sous des dais à pinacles et flèches à crochets. Traitées en pleine couleur, elles se singularisent des verrières périphériques, qui font une large place aux vitreries claires relevées de jaune d'argent.

Les bordures à rectangles colorés séparés par des carrés blancs ou jaunes à fleurettes sont également les mêmes pour ces trois baies.

Pour F. Gatouillat 2001 p.144, "Les figures fortement hanchées de ces verrières d'un grand raffinement ont été comparées à la peinture des plus précieux manuscrits parisiens du temps, mais l'emploi particulier du jaune d'argent en ton local sur les figures de la baie d'axe [Jean-Baptiste et Sainte-Face ] se retrouve dans les verrières de Saint-Ouen de Rouen : la localisation de l'atelier auquel se sont adressés les deux prélats doit probablement être recherchée dans cette ville".

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Baies 201, 200  et 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 201, 200 et 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. XI. La baie 202 (vers 1335), un Couronnement de la Vierge  offert par l'évêque Geoffroy Faë.
Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le Couronnement de la Vierge.

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Iconographie : quelques exemples ;

 

 

 

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Description :

Le Christ assis en majesté à droite, bénit la Vierge également assise, mains jointes et la tête inclinée, tandis qu'un ange vient la couronner.

Le thème iconographique fait parfois figurer la Vierge entre le Christ et son Père, parfois représentés de façon identique. Et ici, nous pourrions hésiter à identifier soit le Christ, soit Dieu le Père.

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Puisqu'on a souligné l'importance des enluminures parisiennes de l'atelier de Jean Pucelle comme modèle possible des vitraux de Rouen et d'Évreux, il faut comparer ces panneaux au folio 138 du Livre d'Heures de Jeanne de Navarre, peint par Jean le Noir et Jean Mahiet,  élèves de Jean Pucelle : Horae Johannae  regina Navarrae (1330-1340) , BnF NAL 3145 : 

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Horae Johannae regina Navarrae (1330-1340) , BnF NAL 3145, Gallica

 

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La proximité du vitrail avec ce modèle est étroite, tant dans les postures des deux personnages, que dans le positionnement de l'ange, dans le geste de bénédiction, ou dans le globe terrestre tenu par le Christ, pour ne rien dire de la couronne du Christ-Roi, des couleurs de sa robe et de son manteau ou du nimbe crucifère. Hélas, nous n'avons pas le superbe fond bleu damassé au motif d'un cortège d'ange du Livre d'Heures.

La même scène est peinte par les successeurs de Jean Pucelle Jean le Noir et sa fille Bourgot  dans les Heures de Yolande de Flandre vers 1353-1363  Yates Thompson, ms 27, f. 96v. Mais ce n'est plus un ange, mais le Christ qui pose la couronne.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=9182

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

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Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge couronnée par un ange.

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Un ange vient depuis l'angle supérieur droit déposer une couronne sur la tête de Marie, dans une disposition similaire  et symétrique à la colombe de l'Annonciation.

Ces panneaux nous offrent un bel exemple d'application du jaune d'argent sur verre bleu, tant pour les ailes de l'ange, que pour les chapiteaux des piliers, et pour le galon doré du manteau bleu de Marie (comme pour le manteau bleu de Gabriel dans l'Annonciation de la baie 201).

Le fond est d'un rouge uni, et il est notable qu'aucun des fonds rouges du chœur n'est orné de rinceaux ( pour ne pas obscurcir d'avantage par la grisaille ces verres qui sont déjà sombres du fait de cette teinte ?).

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Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ-Roi.

Le fond bleu-vert est damassé par un motif de rinceaux en spirales.

Les galons du manteau blanc sont peints au jaune d'argent et grisaille.

Les jambes, écartées, placent les pieds nus en position orthogonale.

Le globe est divisé en deux parties, les nuées en haut et un arbre en bas (jaune d'argent).

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Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Il faut noter la façon dont la zone oculaire et les saillies du cou sont soulignées par un ombrage à la grisaille, rehaussé de jaune d'argent, de la même manière que pour les carnations de Jean-Baptiste et de la Sainte-Face de la baie 200, confirmant si besoin était que Geoffroy Faë a fait appel au même atelier que son prédécesseur Jean du Prat, et donc que les deux baies  ont été réalisées à peu d'années d'écart. L'ombrage des yeux par hachure se retrouve aussi en baie 204, sur le visage de saint Jean, mais sans rehaut de jaune.

Il est intéressant de comparer cela à la technique des enlumineurs parisiens appliquant le bistre (ou sanguine) :

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Horae Johannae reginae

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Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le donateur Geoffroy Faë et son blason. L'inscription.

Ce registre inférieur reprend les cartons de la baie 201. Je renvoie à ma description de cette baie.

L'inscription.

DÑS GAUFID9

ABBAS BECI

POSTEA EP~S

EBOICENCIS

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Le donateur est vêtu d'une chape jaune d'or, mais on remarque la singulière "robe" bleu-clair à revers rouge, ou la bande à croisillon du col, qui se retrouve curieusement en bas.

Voir :

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Geoffroy_Fa%C3%A9 .

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Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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TYMPAN.

Oculus du pentalobe : agneau pascal au nimbe crucifère, tenant l'étendard de la Résurrection

lobes : 5 anges musiciens (mandore, orgue portatif, ...). Fond bleu, jaune d'argent.

Trilobes : motifs décoratifs (quadrilobes et entrelacs) entourés d'enroulement de vignes, comme en 201.

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Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

— CHASSANT (Alphonse) ,1846,  :Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.image

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

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—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

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https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

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INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

a) Jean Pucelle :

 

"On associe son nom à trois œuvres, dont deux ont été exécutées en collaboration : le Bréviaire de Belleville et la Bible de Robert de Billyng (Paris, B. N.) ; la troisième, sûrement de sa main, est un " petit livret d'oraisons que Pucelle enlumina ", commandé entre 1325 et 1328 par le roi Charles IV pour sa femme, la reine Jeanne d'Évreux, et identifié aujourd'hui avec un petit livre d'heures (New York, Cloisters). Toutefois, la critique moderne, grâce à des rapprochements stylistiques, s'est efforcée d'attribuer à l'atelier de l'artiste une production beaucoup plus riche ; il s'agit en général de livres commandés par de très grands personnages, tels le Bréviaire de Blanche de France, les Heures de Jeanne de Savoie, le Psautier de la reine Bonne de Luxembourg, les Heures de Jeanne II de Navarre, les Heures de Yolande de Flandre. De plus, il est intéressant de constater une parenté de style entre l'art de Pucelle et les émaux translucides qui ornent la base de la célèbre Vierge d'argent doré, dite " de Jeanne d'Évreux " et datée de 1339 (Louvre). Le Bréviaire de Belleville et les Heures d'Évreux sont des œuvres vraiment représentatives de la manière de Jean Pucelle : il s'y révèle un artiste de premier plan. […]  l'artiste arrive à dépasser ses prédécesseurs au moyen de la technique : s'il utilise le contour noir, le pointillé foncé, le contour rouge avec des ombres de sanguine et des couleurs brillantes, dans les Heures de Jeanne d'Évreux, il découvre surtout le lavis en grisaille rehaussé de couleurs, nouveauté qui, par son effet de monochromie, lui permet d'assurer à la page une plus grande unité décorative, à ses personnages une plus grande plasticité, au style une plus grande spontanéité. Subit-il en cela l'influence du vitrail contemporain ? Connaît-il les trouvailles de Giotto ?"

https://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Pucelle/153981

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

.

b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 .

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001

— Orfèvrerie :La Vierge d'Évreux.

. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
20 novembre 2019 3 20 /11 /novembre /2019 22:57

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. X. La baie 201 (vers 1335), une Annonciation  offerte par l'évêque Geoffroy Faë.
 

 

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Cet article est le dixième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous atteignons enfin l'ensemble des 3 baies les plus prestigieuses par leur emplacement dans l'axe médian de la cathédrale et par leurs donateurs, les évêques d'Évreux : les baies 200, 201 et 202.

 Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans chacune des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Dans ce programme iconographique cohérent, la dignité des donateurs progresse d'ouest en est : noble, puis chanoines, famille royale, et enfin évêque d'Évreux pour le rond-point. 

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent. 

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,70 m et large de 1,80 m, la baie 201 comporte 2 lancettes trilobées (et non 4 comme les baies des travées droites 205 à 214) organisées en 2 registres et un tympan (du début du XVe siècle) à 1 pentalobe et 2 trilobes.  Au registre inférieur, un évêque agenouillé, son blason et une inscription révèlent l'identité du donateur, Geoffoy Faë  l'évêque d'Évreux de 1335 à 1340 .

Elle fut restaurée en 1893 par Steinheil et Leprévost.

 

Trois baies formant un tout.

La baie axiale est entourée à droite et à gauche par des baies de composition similaire, mais offerte par le successeur de Jean du Prat, Geoffroy Faë — certainement, du fait de cette proximité stylistique, au début de son épiscopat — . Si la Vierge à l'Enfant de la baie 200 illustre l'Incarnation, l'Annonciation de la baie 201 et le Couronnement de la baie 203 forment avec elle un ensemble théologique cohérent (énuméré par le Rosaire) des Mystères joyeux  — Annonciation et Incarnation — et glorieux — Couronnement—  de la vie de Marie, patronne de la cathédrale Notre-Dame, tandis que Jean-Baptiste renvoie au Baptême du Christ, l'un des Mystères lumineux. 

Ces trois baies sont cohérentes aussi par la présentation de personnages de grande taille dans des niches individuelles sur des fonds verts, rouges ou bleus, sous des dais à pinacles et flèches à crochets. Traitées en pleine couleur, elles se singularisent des verrières périphériques, qui font une large place aux vitreries claires relevées de jaune d'argent.

Les bordures à rectangles colorés séparés par des carrés blancs ou jaunes à fleurettes sont également les mêmes pour ces trois baies.

Pour F. Gatouillat 2001 p.144, "Les figures fortement hanchées de ces verrières d'un grand raffinement ont été comparées à la peinture des plus précieux manuscrits parisiens du temps, mais l'emploi particulier du jaune d'argent en ton local sur les figures de la baie d'axe [Jean-Baptiste et Sainte-Face ] se retrouve dans les verrières de Saint-Ouen de Rouen : la localisation de l'atelier auquel se sont adressés les deux prélats doit probablement être recherchée dans cette ville".

Cette unité ne s'oppose pas à des différences, et la baie 201 se distingue notamment par l'emploi de jaune d'argent sur verre bleu, comme dans la remarquable baie 23 réalisée 10 ans plus tôt.

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Baie 200, 201 et 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200, 201 et 202 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. X. La baie 201 (vers 1335) offerte par l'évêque Geoffroy Faë.
Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation.

Deux modèles, comparables bien qu'exécutés à 20 ans d'écart d'abord par Jean Pucelle vers 1320 puis par Jean Le Noir et d'autres élèves de Jean Pucelle vers 1330-1340 peuvent être suggérés parmi les enlumineurs parisiens : les  Heures de Jeanne de Savoie (coll. Jacquemart-André Ms.1) par Jean Pucelle, au début de sa carrière, mais déjà remarquable par sa science des drapés, et les Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 :

a) les  Heures de Jeanne de Savoie  Image sur Alarmy :

 

https://www.alamyimages.fr/photo-image-atelier-9-de-jean-pucelle-de-l-annonciation-a-partir-de-la-miniature-d-heures-de-jeanne-de-savoie-musee-jacquemart-andree-paris-139466345.html

b) les Heures de Jeanne de Navarre par les élèves de Jean Pucelle BnF NAL 3145 folio 194r et 220 r

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r/f393.item

 

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Livre d'Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145, folio 220r, droits Gallica

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Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'Ange Gabriel.

Vêtu d'une robe d'or et d'un manteau bleu, il tient un phylactère avec les mots AVE MARIA GRACIA PLENA rehaussés au jaune d'argent. Il est figuré de trois-quart, jambe droite avancée, avec un mouvement des ailes dont l'une s'élève au dessus de la tête.

On remarquera le fond bleu clair aux rinceaux feuillagés en spirale, pour la partie haute dans l'arcature, et rouge uni dans la partie basse.

Surtout, il faut remarquer le verre bleu du manteau, peint au jaune d'argent pour rendre les mouvements serpentins des bordures. Le verre bleu foncé est-il éclairci sur le trajet de ces bandes, et alors, comment ?

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Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge de l'Annonciation.

Le fond bleu clair à rinceaux feuillagé en spirale est ici complet. L'esprit fécondateur de Dieu, figuré par une colombe portée par un faisceau de lumière, atteint le front de la jeune femme.

Le déhanché propre au modèle est bien reproduit, mais le jeu des drapés n'est pas rendu.

À la différence du manteau de l'ange, les bordures de celui-ci  sont peintes sur un verre blanc, qui est soit celui du revers, soit une bande étroite traversant les pièces de verre rouge, mais sertie de plomb.

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Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LE DONATEUR ET SES ARMOIRIES.

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Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. X. La baie 201 (vers 1335) offerte par l'évêque Geoffroy Faë.

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La description de Roger de Gaignères (1642-1715).

Légende : Vitres en  trois ou quatre endroits dans le chœur de N.D. d'Évreux. Elle est de Geofray abbé du Bec & ensuite évêque d'Évreux".

Description : Vitrail composé de deux parties séparées par un meneau. Dans la première est agenouillé un prélat. Dans la seconde est l'écu de gueules semé de fleurs de lis d'argent au franc quartier de sable chargé d'une molette d'or.

Réf. : Gaignières, 2350, Collection numérique : Collection Gaignières (histoire de France), Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10529334x/f1.item.zoom

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525038493/f155.image

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Gaignières, Roger de (1642-1715). Réf. : Gaignières, 2350, Collection numérique : Collection Gaignières (histoire de France), Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie,

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La lancette de gauche : le donateur.

Se détachant sur un fond bleu uni, l'évêque agenouillé mains jointes est tourné vers la droite, c'est-à-dire vers la Vierge à l'Enfant de la baie 200. Les architectures à tour crénelée et meurtrières, déjà présentes en baie 200, sont décrites par Gatouillat 2001 comme "une cathèdre de style italinisant".

Il est tout à fait comparable à Jean du Prat de la baie 200 (chape à fermail, mitre orfrayée, chirothèques, ), à une différence près : derrière sa nuque pend un objet long terminé en pointe : faut-il y voir les fanons de la mitre, ou plutôt la cuculle de son habit ?

Pour comparaison :

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L'évêque Jean du Prat en baie 200. Photo lavieb-aile.

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Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La lancette de droite: inscription et blason.

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a) Inscription : en lettres gothiques entre quatre pièces de verre blanc, tracées par enlevé sur lavis de grisaille, et rehaussées au jaune d'argent. Emploi d'abréviations par tilde pour le N (EBROIC~ECIS pour EBROICENSIS ou pour des groupes de lettres (DN~S = DOMINUS, , EP~S = EPISCOPUS),  ou par le signe 9 placé en exposant pour remplacer -us  dans GAUFRID9emploi du deux-points en séparation de groupes de mots, présence de lettres suscrites abréviatives (I pour IR dans GAUFID9 ).  Voir :  https://irht.hypotheses.org/792

 

DN~S : GAUFID[US]

ABBAS: BECII

POST EA E[PI]S[COPUS]

EIBROICE[N]CIS.

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Dominus Gaufridus Abbas Becci postea episcopus Ebroicensis , "Seigneur Geoffroy abbé du Bec puis plus tard évêque d'Évreux."

Il ne peut s'agir que de Geoffroy 1er Faé ou Faë voire Faré, ancien moine bénédictin  de Beaumont-le-Roger et prieur de Bonne-Nouvelle —près de Rouen— ,  abbé de l'abbaye Notre-Dame du Bec (le Bec-Hellouin) du 29 août 1327 (fête de la Décollation de saint Jean-Baptiste) à avril 1335 puis  élu le 1er avril 1335 évêque d’Évreux, mort le 15 avril 1341 et inhumé à gauche du chœur en l’église abbatiale du Bec. Il conserva, lors de son épiscopat, l'habit blanc à grande cuculle de son Ordre. En  1335, il assista au Concile de sa Province à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle.

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Le blason. 

Il a été décrit par de Gaignères comme  de gueules, semé de fleurs de lys d'argent, au franc canton de sable, chargé d'une molette d'or, l'écu étant traversé d'une crosse d'or (on dirait : à la crosse d'or en pal).  Ces armes ont été considérées comme  celles de l'abbaye du Bec-Hellouin,

Mais celles-ci sont seulement de gueules, semé de fleurs de lys d'argent. 

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Armoiries de l'abbaye du Bec.

 

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_ND_du_Bec.png

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Coats_of_arms_of_abbeys_of_France#/media/File:Blason_fr_Abbaye_de_Notre-Dame_du_Bec.svg

Lire :

http://bibnum.enc.sorbonne.fr/omeka/files/original/9b26f3ec66f25c28062e2ab22b5a5103.pdf

Quand au quartier de sable à la molette d'or, je ne parviens pas à en trouver l'origine, même en supposant qu'il s'agisse d'une étoile.

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Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux du XIVe siècle du chœur de la cathédrale d'Évreux. X. La baie 201 (vers 1335) offerte par l'évêque Geoffroy Faë.

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LE TYMPAN.

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Le pentalobe aux armes de France date du XVe siècle, il a été remplacé en même temps que les baies 203 et 205 vers 1408-1415.

Les oculi des trilobes ont été restaurés au XIXe. Les lobes datent de 1335 et accueillent des rinceaux de vigne avec leurs grappes en grisaille et jaune d'argent sur fond rouge ou bleu.

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Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 201 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item

complété par de Burey :

https://books.google.fr/books?id=8XthAAAAcAAJ&pg=PA69&dq=%22Geoffroy++du+Plessis%22+%C3%A9vreux&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwieyITEp9XlAhVPTBoKHSozCGkQ6AEIaDAH#v=onepage&q=%22Geoffroy%20%20du%20Plessis%22%20%C3%A9vreux&f=false

 

— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

— BROWN (Elisabeth A.R.), 2016, "Le mécénat et la reine : Jeanne d’Évreux (1308 ?-1371)", la liturgie et le puzzle d’un bréviaire , Presses Universitaires de Rennes

 

https://books.openedition.org/pur/45671?lang=fr

 

— BUREY (comte de), 1897, Le chœur de la cathédrale d'Évreux depuis sa restauration

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5475209v.texteImage

— DEUFFIC (Jean-Luc), 2011,  « Les livres manuscrits de la reine Blanche de Navarre († 1398) » , billet de blogue, sur Le Manuscrit médiéval / The Medieval Manuscript, Pecia : Le Livre et l'écrit, 14 septembre 2011.

http://blog.pecia.fr/post/2011/09/15/Les-livres-manuscrits-de-Blanche-de-Navare

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GAIGNÈRES (Roger de), Réf. : Gaignières, 2350, Collection numérique : Collection Gaignières (histoire de France), Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie,

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10529334x/f1.item.zoom

Idem, ref . 2349 :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10529214q/f1.item.zoom

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10529349k

Mathieu des Essarts :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525038493/f119.image

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525038493/f121.image

 

 — GAIGNÈRES (Roger de), 1650-1700, Tombeaux pour servir à l'histoire des archevêques et des évêques de France. Evreux. BnF latin 17034

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525038493/f1.image

Inventaire des dessins de Roger de Gaignères

https://archive.org/details/inventairedesdes02pariuoft/page/n6

 

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

https://books.google.fr/books?id=1UueDwAAQBAJ&pg=PA187&lpg=PA187&dq=Un+vitrail+parisien+%C3%A0+Chartres+:+la+grisaille+du+chanoine+Thierry&source=bl&ots=QuRvF1dUau&sig=ACfU3U3lahBykWbfmmvTi-mDVBZ952XdSg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiFwYn_nuLlAhWPy4UKHRToAEEQ6AEwBXoECAkQAQ#v=snippet&q=%C3%A9vreux&f=false

— GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2001_num_159_3_1042_t1_0286_0000_3

 

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228;

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4

 

— HEATON (Noël ), 1947-1948,, « The origin and Use of Silver Stain », in Journal of the British Society of Master Glass-Painters, X/1, , pages 9-16

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

 

 

KURMANN (Peter) & KURMANN-SCHWARZ (Bigitte), 1997, "Französische Bischöfe als Auftraggeber und Stifter von Glasmalereien". Das Kunstwerk als Geschichtsquelle, Zeitschrift für Kunstgeschichte 60. Bd., H. 4 (1997), pp. 429-450 (22 pages) Deutscher Kunstverlag GmbH Munchen Berlin 

https://www.jstor.org/stable/1482861?seq=1#metadata_info_tab_contents

 

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

 

— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252

 

— LASTEYRIE (Ferdinand), 1853-1857, Histoire de la peinture sur verre après ses monuments en France , impr. de Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 2 vol. in-fol., dont un de pl. coloriées, dessinées et lithographiées par l'auteur.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65290742/f91.image.texteImage

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868 page 24.

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29

 

— "Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des estampes et des manuscrits"

 https://archive.org/details/inventairedesde00gaiggoog/page/n70, 

 

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les révolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1994, "The Armor of Light: Stained Glass in Western France, 1250-1325"

https://books.google.fr/books?id=IUyakUxMpcMC&dq=M.+Beucher:+%27Les+Verri%C3%A8res+du+choeur+d%27Evreux%27&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1985, "Gothic glaziers : monks, jews, taxpayers, bretons, women", Journal of Glass Studies

Vol. 27 (1985), pp. 72-92

— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— LAUTIER (Claudine), 2004, Un vitrail parisien à Chartres : la grisaille du chanoine Thierry. Glas, Malerei, Forschung, Internationalen Studien zu Ehren von Rüdiger Becksmann, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, Berlin, p. 143-150, 2004. 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

— MUNIER Claudine, "À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance", catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental  Année 1990  148-4  pp. 462-464

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1990_num_148_4_4386_t1_0462_0000_3

— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie  Année 1992  42-3  pp. 239-257

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1992_num_42_3_1927

 

 : À la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, il semble que les verreries de verre plat soufflés en cive se sont développées en Normandie, pour devenir prédominantes à la fin du XIVe et au XVe siècle.

 

— VAIVRE (Jean-Bernard de), 1973, Les armoiries de Pierre de Mortain , Bulletin Monumental  Année 1973  131-1  pp. 29-40

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_1_5204

— WHATLING (Stuart), 2010, Narrative art in northern Europe, c. 1140-1330 : a narratological re-appraisal.

http://www.medievalart.org.uk/PhD/Contents.html

http://www.medievalart.org.uk/

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INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

a) Jean Pucelle :

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, "Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècl"e  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle :

— Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

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Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
19 novembre 2019 2 19 /11 /novembre /2019 10:51

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. IX. La baie 200 (v.1330-1333) offerte par l'évêque Jean du Prat. La Vierge à l'Enfant et saint Jean-Baptiste.

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Cet article est le neuvième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Nous suivons l'ordre chronologique de leur datation estimée. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud.

Après ce parcours en zig-zag, nous atteignons enfin la baie la plus prestigieuse par son emplacement, dans l'axe médian de la cathédrale, et au sommet de l'arc décrit par le rond-point : la baie 200, offerte (à tout seigneur tout honneur) par l'évêque alors en titre, Jean du Prat.

 Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans chacune des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Dans ce programme iconographique cohérent, la dignité des donateurs progresse d'ouest en est : noble, puis chanoines, famille royale, et enfin évêque d'Évreux pour le rond-point.

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent.

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

Haute de 6,70 m et large de 1,80 m, la baie 200 comporte 2 lancettes trilobées (et non 4 comme les baies des travées droites 205 à 214) et un tympan à 1 pentalobe et 2 trilobes. La Vierge à l'Enfant et Jean-Baptiste (qui baptisa et annonça la venue du Christ comme Messie ) occupent le registre supérieur.Au registre inférieur, un évêque agenouillé, son blason et une inscription révèlent l'identité du donateur, Jean du Prat, qui fut évêque d'Évreux de 1329 à 1333 ; ce qui fournit une datation vers 1330-1333 !

Elle fut restaurée en 1893 par Steinheil et Leprévost.

Trois baies formant un tout.

La baie axiale est entourée à droite et à gauche par des baies de composition similaire, mais offerte par le successeur de Jean du Prat, Geoffroy Faë — certainement, du fait de cette proximité stylistique, au début de son épiscopat — . Si la Vierge à l'Enfant de la baie 200 illustre l'Incarnation, l'Annonciation de la baie 201 et le Couronnement de la baie 203 forment avec elle un ensemble théologique cohérent (énuméré par le Rosaire) des Mystères joyeux  — Annonciation et Incarnation — et glorieux — Couronnement—  de la vie de Marie, patronne de la cathédrale Notre-Dame, tandis que Jean-Baptiste renvoie au Baptême du Christ, l'un des Mystères lumineux. 

Ces trois baies sont cohérentes aussi par la présentation de personnages de grande taille dans des niches individuelles sur des fonds verts, rouges ou bleus, sous des dais à pinacles et flèches à crochets. Traitées en pleine couleur, elles se singularisent des verrières périphériques, qui font une large place aux vitreries claires relevées de jaune d'argent.

Les bordures à rectangles colorés séparés par des carrés blancs ou jaunes sont également les mêmes pour ces trois baies.

Pour F. Gatouillat 2001 p.144, "Les figures fortement hanchées de ces verrières d'un grand raffinement ont été comparées à la peinture des plus précieux manuscrits parisiens du temps, mais l'emploi particulier du jaune d'argent en ton local sur les figures de la baie d'axe [Jean-Baptiste et Sainte-Face ] se retrouve dans les verrières de Saint-Ouen de Rouen : la localisation de l'atelier auquel se sont adressés les deux prélats doit probablement être recherchée dans cette ville".

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Contexte : avant la Guerre de Cent ans :

— Roi de France : Philippe VI de Valois (1328-1350).

— Comte d'Évreux : Philippe III, roi de Navarre en 1328. Son épouse Jeanne II de Navarre (1311-1349) fit réaliser un Livre d'Heures par l'atelier de Jean Pucelle vers 1330-1340. Leur fille Blanche de Navarre épousera Philippe VI en 1350. 

— vitraux du chœur de Saint-Ouen de Rouen : 1325-1339.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. IX. La baie 200 (v.1330-1333) offerte par l'évêque Jean du Prat.

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UNE APPROCHE PROGRESSIVE ... AVEC DE BONS YEUX.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. IX. La baie 200 (v.1330-1333) offerte par l'évêque Jean du Prat.

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Les lancettes seront étudiées de haut en bas : les dais, puis les personnages, puis le registre inférieur.

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Les dais architecturés.

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Les dais reprennent le schéma utilisé à Évreux depuis le début du XIVe, avec une arcature trilobée coiffée d'un gable aéré comme le tympan d'une verrière de rosace et de mouchette, et orné de feuilles "d'acanthes" à trois feuilles. Les bases du gable donnent appui à deux pinacles réunis par une balustrade (motifs d'appareil de maçonnerie, de feuilles et de trilobes par rangs horizontaux). Trois lancettes découpés par un remplage tel celui d'une verrière  sont alors coiffés de gables, sur laquelle s'élèvent une flèche et 8 pinacles à crochets ou feuilles.

Tout cela associe minutieusement des verres rouges, bleus, jaunes, roses, verts et blancs, dont la teinte peut être modifiée (orange, vert) par des touches de jaune d'argent.

Les trois "lancettes" de chaque coté accueillent des personnages en verre blanc que nous pouvons imaginer comme des statues, ou comme les motifs des "verrières" bien qu'ils sortent du cadre imparti. 

Au dessus de la Vierge, les trois personnages sont ceux d'un calvaire : la Vierge, le Christ en croix et saint Jean. Comme sur un dais de la verrière 17 de Saint-Ouen de Rouen.

Au dessus de saint Jean-Baptiste, le Christ ressuscité tenant la croix et le globe est entouré des saints Pierre et Paul.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge et Jean-Baptiste.

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Ils forment une unité puisqu'ils sont représentés de 3/4, tournés l'un vers l'autre, et qu'ils partagent le même déhanchement, en miroir. C'est en fait aussi une unité de la scène où Jean-Baptiste désigne de l'index l'Enfant tenu par sa Mère, et qu'inversement, cet enfant tend les bras au Baptiste et le bénit.

On pourrait penser que saint Jean-Baptiste doit sa présence au fait qu'il est le patron de l'évêque donateur Jean du Prat. Mais c'est un peu réducteur, car Jean-Baptiste occupe une place considérable dans la dévotion de l'époque .

À Saint-Ouen de Rouen, la baie 5 est entièrement consacrée à sa vie, entre 1325 et 1339 et donc à la même époque que la baie 200 ... avec des dais semblables.

Il figurera également dans la baie 19 de la cathédrale d'Évreux (vers 1360-1370).

Quoiqu'il en soit, il apparaît ici, par cette place, comme  le co-patron de la cathédrale.

Les deux personnages partagent la même couleur de robe (un rose lie-de-vin) puis l'or du manteau de Jean répond au bleu du manteau de Marie. Les fonds alternent le rouge d'un coté et le bleu de l'autre (comme dans les enluminures), la couleur des nimbes est déterminée par celle du fond,  

 

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La lancette de gauche : la Vierge à l'Enfant.

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La Mère et son Fils se regardent, mais en même temps, l'Enfant semble impatient de se tourner vers la mission rédemptrice qui l'attend.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les volumes des visages sont ombrés, au niveau des yeux, des joues et du cou, par des traits à la grisaille. Ce savoir-faire est inspiré de l'usage du bistre par les enlumineurs.

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https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/90/Baie_200_Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_%28Notre-Dame%2C_%C3%89vreux%29.JPG

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/90/Baie_200_Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_%28Notre-Dame%2C_%C3%89vreux%29.JPG

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Saint Jean-Baptiste.

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Ici, le fond bleu est damassé de grands rinceaux. Malgré la faible proportion de verre où ils sont visibles, on distingue des vrilles propres aux pampres de la vigne, quelques enroulement en spirales et une feuille "de type laminaire".

Le visage y compris les pupilles, et la partie découverte de la poitrine sont peints au jaune d'argent très pale (donc cuit plus longtemps).

Les longs cheveux, la longue barbe et la tunique couleur peau rappelle que le Prophète est un ascète vivant dans le désert, se nourrissant de sauterelles et vêtu d'une peau de chameau.

Il tient dans la main droite un médaillon où l'Agneau Pascal en profil gauche, tient l'étendard de la Résurrection.

La main gauche désigne de son index Jésus, ce geste étant un véritable attribut du saint (au même titre que sa barbe, sa tunique de poils de chameau et l'agneau, et qui sera immortalisé par Léonard de Vinci) pour rendre compte du texte de Jean 1:29-36 repris par la formule liturgique Ecce Agnus dei :

  "Le lendemain, Jean aperçut Jésus qui se dirigeait vers lui ; alors il s’écria : Voici l’Agneau de Dieu[a], celui qui enlève le péché du monde. C’est de lui que je vous ai parlé lorsque je disais : « Un homme vient après moi, il m’a précédé, car il existait déjà avant moi. » Moi non plus, je ne savais pas que c’était lui, mais si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour le faire connaître au peuple d’Israël. Jean-Baptiste rendit ce témoignage : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et se poser sur lui. Je ne savais pas que c’était lui, mais Dieu, qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’avait dit : Tu verras l’Esprit descendre et se poser sur un homme ; c’est lui qui baptisera dans le Saint-Esprit.  Or, cela, je l’ai vu de mes yeux, et je l’atteste solennellement : cet homme est le Fils de Dieu."

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription et le blason épiscopal.

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L'inscription en majuscules gothiques ornés, aux mots séparés par trois points verticaux, et utilisant le tilde pour les lettres ici complétées entre crochets, indique :

FRATER IO[HAN]N[I]S

DE PRATO E

PISCOPUS EB

ROISSENISS

Frater Johannis de Prato episcopus Ebroissensis, "Frère Jean du Prat évêque d'Évreux".

 

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Les armoiries, dont l'écu est placé dans un quadrilobe vert entouré de fines pièces en grisaille,   se blasonnent d'or, au chef de sable, chargé d'un lambel de gueules à 5 pendants , à la crosse d'or brochant sur le tout.

On remarque qu'une fois de plus, la partie jaune n'est pas unie, mais peinte à la grisaille de petits carreaux à fleurs.

On trouve en ligne ce blason, mais le lambel n'y est pas de gueules, mais d'argent.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Jean du Prat, éléments biographiques.


Après le décès de Geoffroy du Plessis, , Adam de l'Isle, Conseiller du roi, professeur licencié en droit canon et doyen de la cathédrale, est élu évêque d'Evreux le  14 avril 1328, mais il décède lui-même le 24 mars 1328 avant sa consécration à l'évêché d'Evreux. Jean III du Prat  est alors élu à sa place et fait sa reconnaissance le 14 avril 1328 devant la chambre apostolique. Natif de la ville, élève de l'ordre de Saint-Dominique et professeur de théologie à la Faculté de Paris, Jean III du Prat est sacré évêque d'Evreux le 18 février 1329. Vers 1332, L'évêque d'Evreux Jean III du Prat fait placer des bornes pour séparer les territoires du comte d'Evreux à ceux relevant de l'évêché. 

Jean Duprat (de Prato)  officia comme inquisiteur de Carcassonne entre 1324 et 1328, en collaboration avec l’inquisiteur de Toulouse, mais aussi avec Jacques Fournier. Tout porte à croire que Jean Du Pré et Jean Duprat (on trouve aussi Jean Du Pray) sont un seul et même homme. Il avait été désigné par  le maître Général de l’ordre pour interpréter publiquement à Paris Le Livre des Sentences de Pierre Lombard (la base des études de théologie avant la Somme théologique de Thomas d'Aquin au XVIe). C'est en récompense de son action d'Inquisiteur que la papauté le nomma évêque d'Évreux

Six ans plus tard, en juin 1333, il renonça pourtant à l’épiscopat et serait retourné dans son ordre. Le pape lui laissait le manoir du Sac, provisoirement détaché de la mente épiscopale, et une rente de 800 livres Tournois. (source)

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Un couvent de Dominicain à Évreux.

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La « maison " de Saint-Louis d’Évreux est un couvent royal. L’histoire de cette maison dominicaine commence dans la seconde moitié du XIIIe siècle à l'initiative de l’évêque Philippe de Chaource . Le roi de France était venu à Évreux avec ses deux fils, et cédant aux prières de l'évêque, il lui aurait permis d'introduire les frères Prêcheurs dans la basse-cour du château, où se trouvait une chapelle dédiée aux apôtres Pierre et Paul, et de leur ouvrir cette chapelle. Les dominicains y improvisèrent une première demeure en 1269. Après la canonisation du roi par Boniface VIII, l’église des frères Prêcheurs d'Évreux fut enfin consacrée en 1299 sous le vocable de Saint Louis ; elle était « la première en Normandie et en France » à l’être. Mathieu des Essarts, devenu évêque d’Évreux, publia en effet, à ce moment-là, un mandement pour faire célébrer la fête du saint roi dans tout le diocèse.

Saint-Louis d’Évreux fut bâti hors des remparts, dans la partie est de la ville d’Évreux, mais non loin de la porte du château. Les Dominicains – ou Jacobins comme on les appelait en référence à leur couvent parisien placé sous le patronage de saint Jacques – étaient donc installés à proximité de l’évêché, dans le cœur de la cité . Les liens entre le couvent mendiant et le siège épiscopal, étroits dès l’origine, semblent avoir perduré au XIVe siècle. Les archives du couvent, dispersées et brûlées à plusieurs reprises, sont très lacunaires et ne permettent pas de reconstituer une histoire précise de la maison, mais certains frères se distinguent au cours des XIVe et XVe siècles, comme Guy d'Évreux ou Jean Bréhal , Inquisiteur, qui rouvrit le procès de Jeanne d'Arc en 1456 avant de revenir à son couvent d'Évreux comme vicaire du Grand-Maître.

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Le vitrail.

Placé devant un édicule couronné d'un auvent curviligne, Jean du Prat est figuré agenouillé, mains jointes, la crosse entre les mains, tourné vers la droite. Il est mitré et porte une chape à fermail, bleue à revers blanc. Il affiche une bague 'l'anneau épiscopal) au dessus des gants ou chirothèques dont on remarque les joyaux de la partie dorsale.

Le fermail est un verre rouge dont les entrelacs sont gravés et rehaussés de jaune.

La mitre, le visage, et le surplis (ou la coule blanche des dominicains, Gatouillat) sont en verre blanc.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN .

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Dans le pentalobe, la Sainte Face est entourée de 5 anges musiciens jouant en haut du psaltérion ( "groin de porc",15 cordes pincées sans plectre, 1 rosace), à droite et à gauche de la vièle à archet, en bas d'une guitare (citole ?) à 3 ou 4 cordes, aux flancs concaves en C.

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Pour rendre la Sainte Face, trois pièces de verre blanc formant le visage sont entourés de verres roses pour la barbe et la chevelure. Les volumes de la carnation sont travaillés à la grisaille par des hachures périphériques et un lavis, rehaussés pour l'ombre du coin interne des yeux et pour les pupilles par le jaune d'argent.

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les trilobes inférieurs contiennent dans les oculi et par carton renversé deux bustes de saint Pierre (Gatouillat 2001)  tonsurés et barbus entourés dans les lobes de rinceaux de vignes.

Deux anges thuriféraires occupent les écoinçons .

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Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 200 (1330-1333) de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item

complété par de Burey :

https://books.google.fr/books?id=8XthAAAAcAAJ&pg=PA69&dq=%22Geoffroy++du+Plessis%22+%C3%A9vreux&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwieyITEp9XlAhVPTBoKHSozCGkQ6AEIaDAH#v=onepage&q=%22Geoffroy%20%20du%20Plessis%22%20%C3%A9vreux&f=false

 

— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

BROWN (Elisabeth A.R.), 2016, Le mécénat et la reine : Jeanne d’Évreux (1308 ?-1371), la liturgie et le puzzle d’un bréviaire , Presses Universitaires de Rennes

 

https://books.openedition.org/pur/45671?lang=fr

 

— BUREY (comte de), 1897, Le chœur de la cathédrale d'Évreux depuis sa restauration

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5475209v.texteImage

DEUFFIC (Jean-Luc), 2011,  « Les livres manuscrits de la reine Blanche de Navarre († 1398) » , billet de blogue, sur Le Manuscrit médiéval / The Medieval Manuscript, Pecia : Le Livre et l'écrit, 14 septembre 2011.

http://blog.pecia.fr/post/2011/09/15/Les-livres-manuscrits-de-Blanche-de-Navare

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

https://books.google.fr/books?id=1UueDwAAQBAJ&pg=PA187&lpg=PA187&dq=Un+vitrail+parisien+%C3%A0+Chartres+:+la+grisaille+du+chanoine+Thierry&source=bl&ots=QuRvF1dUau&sig=ACfU3U3lahBykWbfmmvTi-mDVBZ952XdSg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiFwYn_nuLlAhWPy4UKHRToAEEQ6AEwBXoECAkQAQ#v=snippet&q=%C3%A9vreux&f=false

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2001_num_159_3_1042_t1_0286_0000_3

 

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228;

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4

 

— HEATON (Noël ), 1947-1948,, « The origin and Use of Silver Stain », dans Journal of the British Society of Master Glass-Painters, X/1, , pages 9-16

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

 

 

— KURMANN (Peter) & KURMANN-SCHWARZ (Bigitte), 1997, Französische Bischöfe als Auftraggeber und Stifter von Glasmalereien. Das Kunstwerk als Geschichtsquelle, Zeitschrift für Kunstgeschichte 60. Bd., H. 4 (1997), pp. 429-450 (22 pages) Deutscher Kunstverlag GmbH Munchen Berlin 

https://www.jstor.org/stable/1482861?seq=1#metadata_info_tab_contents

 

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

 

— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252

 

— LASTEYRIE (Ferdinand), 1853-1857, Histoire de la peinture sur verre après ses monuments en France , impr. de Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 2 vol. in-fol., dont un de pl. coloriées, dessinées et lithographiées par l'auteur.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65290742/f91.image.texteImage

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n31

 

— "Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des estampes et des manuscrits"

 https://archive.org/details/inventairedesde00gaiggoog/page/n70, 

Fol. 13.  4167. — Vitrail exécuté dans le XV* siècle sur lequel est représenté un chevalier portant un haubert d'or [sic]. Armes : de gueules à deux fasces d'or au lambel à trois pendants d'azur chargé de neuf besants d'argent. Tiré de la cathédrale d'Ëvreux. Aquarelle. — [Portrait de Guillaume d'Harcourt, sieur de Ia Saussaie, queux de France, f 1337.]

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1994, The Armor of Light: Stained Glass in Western France, 1250-1325

https://books.google.fr/books?id=IUyakUxMpcMC&dq=M.+Beucher:+%27Les+Verri%C3%A8res+du+choeur+d%27Evreux%27&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1985, Gothic glaziers : monks, jews, taxpayers, bretons, women, Journal of Glass Studies

Vol. 27 (1985), pp. 72-92

— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— LAUTIER (Claudine), 2004, Un vitrail parisien à Chartres : la grisaille du chanoine Thierry. Glas, Malerei, Forschung, Internationalen Studien zu Ehren von Rüdiger Becksmann, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, Berlin, p. 143-150, 2004. 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental  Année 1990  148-4  pp. 462-464

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1990_num_148_4_4386_t1_0462_0000_3

— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie  Année 1992  42-3  pp. 239-257

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1992_num_42_3_1927

 

 : À la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, il semble que les verreries de verre plat soufflés en cive se sont développées en Normandie, pour devenir prédominantes à la fin du XIVe et au XVe siècle.

— SILVESTRE ( Laurence ), 2017, Jean Bréhal, Inquisiteur d’exception ou inquisiteur, thèse pour l’obtention du titre de Docteur en Histoire, Paris 1 Sorbonne.

— VAIVRE (Jean-Bernard de), 1973, Les armoiries de Pierre de Mortain , Bulletin Monumental  Année 1973  131-1  pp. 29-40

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_1_5204

— WHATLING (Stuart), 2010, Narrative art in northern Europe, c. 1140-1330 : a narratological re-appraisal.

http://www.medievalart.org.uk/PhD/Contents.html

http://www.medievalart.org.uk/

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INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

a) Jean Pucelle :

 

"On associe son nom à trois œuvres, dont deux ont été exécutées en collaboration : le Bréviaire de Belleville et la Bible de Robert de Billyng (Paris, B. N.) ; la troisième, sûrement de sa main, est un " petit livret d'oraisons que Pucelle enlumina ", commandé entre 1325 et 1328 par le roi Charles IV pour sa femme, la reine Jeanne d'Évreux, et identifié aujourd'hui avec un petit livre d'heures (New York, Cloisters). Toutefois, la critique moderne, grâce à des rapprochements stylistiques, s'est efforcée d'attribuer à l'atelier de l'artiste une production beaucoup plus riche ; il s'agit en général de livres commandés par de très grands personnages, tels le Bréviaire de Blanche de France, les Heures de Jeanne de Savoie, le Psautier de la reine Bonne de Luxembourg, les Heures de Jeanne II de Navarre, les Heures de Yolande de Flandre. De plus, il est intéressant de constater une parenté de style entre l'art de Pucelle et les émaux translucides qui ornent la base de la célèbre Vierge d'argent doré, dite " de Jeanne d'Évreux " et datée de 1339 (Louvre). Le Bréviaire de Belleville et les Heures d'Évreux sont des œuvres vraiment représentatives de la manière de Jean Pucelle : il s'y révèle un artiste de premier plan. […]  l'artiste arrive à dépasser ses prédécesseurs au moyen de la technique : s'il utilise le contour noir, le pointillé foncé, le contour rouge avec des ombres de sanguine et des couleurs brillantes, dans les Heures de Jeanne d'Évreux, il découvre surtout le lavis en grisaille rehaussé de couleurs, nouveauté qui, par son effet de monochromie, lui permet d'assurer à la page une plus grande unité décorative, à ses personnages une plus grande plasticité, au style une plus grande spontanéité. Subit-il en cela l'influence du vitrail contemporain ? Connaît-il les trouvailles de Giotto ?"

https://www.larousse.fr/encyclopedie/peinture/Pucelle/153981

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

 

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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b) Jean le Noir, Jean Mahiet et autres artistes issus de l'atelier de Jean Pucelle : Bourgot, fille de Jean Le Noir 

Heures de Jeanne de Navarre BnF NAL 3145 réalisé vers 1330-1340.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

Heures de Bonne de Luxembourg, Jean le Noir, avant 1349. Metropolitan Museum. New York, Cloisters, MS 69.86

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70012435 .

— Heures de Yolande de Flandre, 1353-1363, Londres, Brit. Mus., Yates Thompson, ms 27, par Jean le Noir ou sa fille Bourgot.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=6440&CollID=58&NStart=27

 

— Heures de Jeanne de Savoie 

http://www.calames.abes.fr/pub/#details?id=IF3030001

— Orfèvrerie :La Vierge d'Évreux.

. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
13 novembre 2019 3 13 /11 /novembre /2019 18:27

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. VIII. La baie 208 (1325-1330) de l'Assomption offerte par Blanche de Navarre.

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Cet article est le huitième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Les quatre premiers articles montrent les vitraux des baies des chapelles du déambulatoire avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article. Le cinquième présente la première baie du chœur qui a bénéficié de cette innovation, la baie 23 datée de 1325-1327 et offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis. Le sixième nous faisait accéder aux 15 fenêtres les plus hautes du chœur, pour examiner la baie la plus ancienne de cet ensemble, la baie 211 datée vers 1325-1327 du coté nord des travées droites. De la même campagne relève la baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrières , et/puis  la baie 208 , qui lui fait face du coté sud et qui fait l'objet de cet article.

Puis viendront, dans une deuxième campagne,  les baies du rond-point 200 à 202 .

 Comme déjà dans le Déambulatoire en baie 12, 16, 18, 22, 23, 27, la Vierge (Notre-Dame d'Évreux) est représentée dans chacune des baies hautes du chœur du 2ème quart  du XIVe : Vierge à l'Enfant tenant une fleur (207), Vierge allaitant son Fils (208), Vierge en Assomption (208), Vierge à l'Enfant (200), Vierge de l'Annonciation (201), Vierge du couronnement (202). Dans ce programme iconographique cohérent, la dignité des donateurs progress d'ouest en est : noble, puis chanoines, famille royale, et enfin évêque d'Évreux pour le rond-point.

Les fenêtres supérieures du chœur sont numérotées de 200 à 214, (les numéros impairs étant situés au nord), au dessus des baies du triforium dont les vitraux héraldiques sont plus tardifs, car réalisés au 3ème quart du XVe siècle.

Ces fenêtres hautes  du chœur bénéficient toutes de l'apport du jaune d'argent.

Je suis guidé par les articles de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

 

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

.Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

La baie 208 est haute de 6,50 m et large de 3,60 m et elle comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 pentalobe, 2 trilobes et 9 écoinçons.

C'est une verrière recomposée en 1955. Elle fut restaurée en 1988 par Tisserand. En 1686, Lebeurier la décrit ainsi : "Les trois premières formes de la verrière de la fenêtre 4 sont composées de fragments méconnaissables, sauf une Vierge dans la seconde forme. La quatrième contient un personnage couronné à genoux sur un pupitre portant un livre ouvert ; au- dessous un écusson couronné: parti au 1er de France, à fleurs de lys sans nombre, au 2 de Navarre, coupé sur Evreux."

Une verrière recomposée.

Si les trois lancettes de gauche composant une Assomption sont datés vers 1325-1330, la quatrième lancette où est agenouillée Blanche de Navarre est datée vers 1390-1400. Ces derniers panneaux appartiennent au groupe des "verrières royales" faites pour la nef et signalés au XIXe siècle en baie 130 [ou 132], avec une Vierge à l'Enfant assise dans une cathèdre (déposée en 1939). 

"De même ne connaîtrons-nous sans doute jamais le contenu des trois lancettes qui complétaient la verrière de la reine Blanche. Mais celle-ci se trouvait bien dans une fenêtre haute de la nef (sans doute celle de la troisième travée du côté Nord en partant de l'ouest) : le panneau est trop large pour avoir appartenu à une fenêtre des chapelles. Pareillement l'écusson qui l'accompagne. En effet, des blasons de même échelle se voient dans le haut chœur à côté des personnages du vitrail d'Harcourt antérieur de quelques années. Le en style est des bien celui des « vitraux royaux » et le dais ne diffère en rien des autres. » Jean Lafond 1973

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Les panneaux colorés des 4 lancettes  sont placées dans une verrerie décorative losangique peinte à festons, les panneaux étant centré par un fermaillet. Dans chaque losange est peinte une fleur à cinq pétales jaunes et cinq sépales blancs autour d'un cœur. Les fermaillets sont des cercles au fond coloré contenant un quadrilobe, ou une fleur de lys, ou une feuille au jaune d'argent.

Les bordures alternent des pièces vertes avec d'autres pièces rouges ou blanche, alors peintes à la grisaille de motifs d'entrelacs.

Panneaux colorés : Aux couleurs bleu, rouge et jaune s'ajoutent un bel orange et un pourpre pâle. La Vierge est entièrement rendue en verre blanc rehaussé de jaune (plus encore que dans la belle baie 207, où un manteau en verre jaune complétait le verre blanc).

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. VIII. La baie 208 (1325-1330) de l'Assomption.
Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette : anges thuriféraires et musicien.

 Deux anges volent en balançant leur encensoir vers la Vierge.

 

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'ange musicien joue d'une vièle à 3 cordes doubles frottées par un archet. Le cheviller comporte 5 chevilles visibles. Le geste de tenue d'archet et celui des doigts de la main gauche est très gracieusement dessiné. L'archet est découpé dans une pièce de verre bleu particulièrement fine. 

La robe est orange, le manteau rouge, les nuages bleus (avec un arc vert), les ailes pourpres, et la chevelure et le nimbe sont  visage est rehaussés au jaune d'argent.

On retrouve cet ange, au carton inversé, dans la 3ème lancette.

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Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux. VIII. La baie 208 (1325-1330) de l'Assomption.

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En bas de lancette est placé un écu d'azur au chef d'or, non identifié.

 

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La deuxième lancette : la Vierge en Assomption dans une mandorle soutenue par 11 anges.

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La Vierge, couronnée, nimbée de rouge, le visage peu gracieux ou peu expressif, s'élève dans les Cieux, mains jointes. Les cheveux, la couronne et la bordure de son manteau sont peints au jaune d'argent.

Les nuées bleues en mandorle sont entourés de onze anges (cheveux et ailes au jaune d'argent).

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette (suite) un ange jouant de l'orgue portatif.

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L'instrument porté sur le genou gauche et soutenu par la main gauche comporte deux rangs de 8 tuyaux coniques à anches. Le soufflet n'est pas visible. La barre de maintien des tuyaux est formée par une pièce de verre blanc très fine.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les trois lancettes, vue générale.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La troisième lancette : anges thuriféraires et musicien. Inscription.

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L'inscription indique : VENI : ELECTE : MEA : ET : PONANE~U ITE : TRONU~: NN : U[M]

Il s'agirait du verset  5, ou 12 du psaume 44 (ce qui ne se vérifie pas), sous la forme   Veni electa mea, et ponam te in thronum meum, qui a concupivit rex speciem tuam, "Venez, mon élue, et je vous établirai sur mon trône, car le roi s'est épris de votre beauté". Certains y voient une citation du Cantique des Cantiques.  Ce verset appartient à la liturgie de la fête de l'Assomption le 15 août, Beatae Mariae Virginis Assumptio, mais aussi à celle du Commun des vierges. Elle appartient déjà à l'Antiphonaire de l'abbaye de Saint-Gall, datant du Xe siècle. Jacob Clemens non Papa (1510-1556) en fera un motet à 5 voix.

http://cantus.uwaterloo.ca/chant/286535

Ce verste accompagne souvent les représentations du Couronnement de la Vierge. 

A Rome, la mosaïque absidale de la basilique de Sainte-Marie in Translevere, qui date du XIIe siècle, fait asseoir Marie à la droite du Christ, et sur le même trône que son Fils, qui lui dit : VENI ELECTA MEA ET PONAM IN TE THRONVM MEVM.

https://www.tremblay-en-france.fr/lieux-remarquables/l-eglise-saint-medard/les-vitraux-775.html

L'inscription a été relevée par John Westlake en 1882, mais je ne la retrouve pas chez les autres auteurs décrivant les vitraux d'Évreux.

Elle est remarquable par la première lettre V qui résulte d'un savant découpage de verre bleu, pour que l'inscription ressemble à l'initiale peinte (alternativement en bleu et rouge) des manuscrits.

Elle est également remarquable par sa réglure, par ses rehauts de jaune d'argent, par sa ponctuation à trois points verticaux, par ses tildes et lettres conjointes ... et par ses erreurs de graphie (electe pour electa, etc..). 

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les anges thuriféraires.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Je remarque, dans le coin supérieur droit des panneaux de ces deux anges, pour figurer des nuées, l'emploi d'un verre vert strié de rouge (ou l'inverse) dont la technique m'intrigue.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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À la réflexion, il se retrouvait aussi, en plus pâle, sur les nuées des anges de la première lancette :

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'ange joueur de la viole à archet.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La quatrième lancette (1390-1400) : la reine Blanche de Navarre.

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Sous un dais dont l'arcature trilobée soutient une tenture verte, une reine est agenouillée, mains jointes, tournée vers la droite devant son prie-dieu ; le sol est carrelé en jaune et noir.

Il s'agit de Blanche de Navarre, troisième fille du comte d'Évreux et de Jeanne II de Navarre .  Reine de France, elle devint  veuve de Philippe VI de 1350 à 1396 et fut la principale donatrice des Verrières royales d'Évreux :

 

"Blanche de Navarre, surnommée Belle Sagesse, devint reine de France en 1350 lorsqu’elle épousa Philippe VI de Valois ; celui-ci mourut à peine quelques mois plus tard, la laissant enceinte d’une fille. Blanche, quant à elle, allait vivre encore un demi-siècle, quittant ce monde en 1398 à l’âge avancé de 67 ans – veuve riche et respectée, ayant derrière elle, aux dires de la Chronique de Charles VI, une vie passée dans la chasteté, protégeant veuves, orphelines et pauvres, à tel point que son hôtel tenait plus d’un « cloître de religieux que d’un palais de reine » .  Son nom ne se laisse rattacher à aucun de ces nombreux manuscrits enluminés créés pour des femmes de la haute noblesse française tout au long du XIVe siècle, comme, et pour ne mentionner que ceux-là, les célèbres Heures enluminées par Jean Pucelle pour sa tante Jeanne d’Évreux ou le tout aussi magnifique livre d’heures exécuté pour sa mère Jeanne II de Navarre (Paris, Bibl. Nat. de France, nouv. acq. Lat. 3145. )

Fille de Philippe III d’Évreux et de Jeanne II de Navarre, Blanche descendait du côté maternel de la branche aînée issue de Louis IX, Philippe le Bel étant son arrière-grand-père. Sa mère avait du reste été celle qui s’était vue écartée de la succession à la couronne lors de la mort de son père, Louis X le Hutin, et avait été remplacée, en vertu de la règle qui plus tard devait prendre le nom de loi salique, par son oncle, Philippe V le Long. Par ailleurs, Jeanne avait aussi été contrainte de céder la Champagne et la Brie en échange de la reconnaissance de son droit à régner sur la Navarre et de quelques seigneuries en Normandie, territoires qu’il était beaucoup moins gênant pour le domaine royal de perdre. Ces deux décisions furent la source nourrissant l’opposition acharnée du frère de Blanche, Charles II de Navarre, à Jean le Bon et à Charles V, opposition souvent armée, qui plusieurs fois mena la France au bord de la guerre civile. Rappelons que Charles est passé à l’histoire, depuis le XVIe siècle, avec le surnom de Mauvais, tout en ajoutant que ce n’est pas sans justice qu’il estimait que le trône de France aurait dû lui échoir plutôt qu’à ses cousins de la branche cadette des Valois ."

Brigitte Buettner, « Le système des objets dans le testament de Blanche de Navarre », Clio. Femmes, Genre, Histoire [Online], 19 | 2004, Online since 27 November 2006, connection on 13 November 2019. URL : http://journals.openedition.org/clio/644 ; DOI : 10.4000/clio.644

"Il faut penser que tous ces « vitraux royaux », ceux qui sont perdus et ceux qui subsistent, ont été offerts par la grande bienfaitrice de la cathédrale, Blanche de Navarre, sœur de Charles le Mauvais, femme du roi de France Philippe VI. Le « roi de France » de la baie 125 doit être Philippe VI ; ce vitrail commémoratif s'accompagnait sans doute d'une verrière de Blanche de Navarre elle-même, dont des fragments subsistent dans la fenêtre 124 du chœur (Mais, contrairement à ce que l'on en a dit, l'effigie de la reine de la fenêtre 124 n'a jamais appartenu à la série qui nous intéresse : elle est beaucoup plus petite et vient d'une fenêtre basse. Par contre, le blason sous cette effigie, qui est celui de Blanche de Navarre, vient d'une fenêtre supérieure de la nef et devait appartenir aux « verrières royales )." Grodecki 1968.

 

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On constate la présence de la tenture de chœur damassée à feuilles "de laminaires" ; les fonds d'abord unis au début du XIVe siècle ont été ornés de rinceaux depuis la baie 23 de 1327, mais de manière homogène avant de voir apparaître  et  cet artifice d'une tenture suspendue dans la niche qui devient une petite chapelle dont la profondeur est soulignée par les lignes hexagonales du sol carrelé (mais dont l'alignement marque pas beaucoup la perspective).

La reine porte le surcot ouvert blanc (car il était d'hermine), au dessus d'une robe (de velours?) rouge. Son statut de veuve royale est signalé par la guimpe et le voile sous la couronne ; et son visage semble recouvert d'un voile transparent. Le double lacet de sa poitrine sort d'une rosette de perles et passe devant une rangée de boutons.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'écu reprend les armes de la reine : parti de France d'Évreux , soit parti, en 1 de France, qui est d'azur aux trois fleurs de lys d'or et en 2 coupé de Navarre, qui est de gueules aux chaînes d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au nature et d'Évreux qui est d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules.

Néanmoins, car il y a un "mais", l'émeraude a été omise dans les armes de Navarre, et d'autre part, il reste à expliquer ce réseau de losanges sur les armes de France.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_des_Cap%C3%A9tiens#/media/Fichier:COA_french_queen_Blanche_de_Navarre.svg

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN ET LES TÊTES DE LANCETTES.

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Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 208 (vers 1325-1330 et 1390-1400) du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item

complété par de Burey :

https://books.google.fr/books?id=8XthAAAAcAAJ&pg=PA69&dq=%22Geoffroy++du+Plessis%22+%C3%A9vreux&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwieyITEp9XlAhVPTBoKHSozCGkQ6AEIaDAH#v=onepage&q=%22Geoffroy%20%20du%20Plessis%22%20%C3%A9vreux&f=false

 

— BEUCHER (Monique), 1978, « Les verrières du chœur d'Évreux », Dossiers de l'archéologie, n° 26, 1978, pp. 63-75, et Beucher (Monique), 1975, "Cathédrale d'Évreux : verrières hautes du chœur antérieures à 1340", thèse de 3e cycle : non consultés.

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

BUREY (comte de), 1897, Le chœur de la cathédrale d'Évreux depuis sa restauration

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5475209v.texteImage

— DEUFFIC (Jean-Luc), 2011,  « Les livres manuscrits de la reine Blanche de Navarre († 1398) » , billet de blogue, sur Le Manuscrit médiéval / The Medieval Manuscript, Pecia : Le Livre et l'écrit, 14 septembre 2011.

http://blog.pecia.fr/post/2011/09/15/Les-livres-manuscrits-de-Blanche-de-Navare

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

https://books.google.fr/books?id=1UueDwAAQBAJ&pg=PA187&lpg=PA187&dq=Un+vitrail+parisien+%C3%A0+Chartres+:+la+grisaille+du+chanoine+Thierry&source=bl&ots=QuRvF1dUau&sig=ACfU3U3lahBykWbfmmvTi-mDVBZ952XdSg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiFwYn_nuLlAhWPy4UKHRToAEEQ6AEwBXoECAkQAQ#v=snippet&q=%C3%A9vreux&f=false

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2001_num_159_3_1042_t1_0286_0000_3

 

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI ( Louis), 1957. "Architectures peintes dans les vitraux". In: Bulletin Monumental, tome 115, n°3, année 1957. pp. 226-228;

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1957_num_115_3_4022_t1_0226_0000_4

 

— HEATON (Noël ), 1947-1948,, « The origin and Use of Silver Stain », dans Journal of the British Society of Master Glass-Painters, X/1, , pages 9-16

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

 

— LAFOND (Jean), 1973, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières". In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1973, 1975. pp. 103-112; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1975.8252 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1975_num_1973_1_8252

 

— LASTEYRIE (Ferdinand), 1853-1857, Histoire de la peinture sur verre après ses monuments en France , impr. de Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris), 2 vol. in-fol., dont un de pl. coloriées, dessinées et lithographiées par l'auteur.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65290742/f91.image.texteImage

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n31

 

— "Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des estampes et des manuscrits"

 https://archive.org/details/inventairedesde00gaiggoog/page/n70, 

Fol. 13.  4167. — Vitrail exécuté dans le XV* siècle sur lequel est représenté un chevalier portant un haubert d'or [sic]. Armes : de gueules à deux fasces d'or au lambel à trois pendants d'azur chargé de neuf besants d'argent. Tiré de la cathédrale d'Ëvreux. Aquarelle. — [Portrait de Guillaume d'Harcourt, sieur de Ia Saussaie, queux de France, f 1337.]

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1994, The Armor of Light: Stained Glass in Western France, 1250-1325

https://books.google.fr/books?id=IUyakUxMpcMC&dq=M.+Beucher:+%27Les+Verri%C3%A8res+du+choeur+d%27Evreux%27&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1985, Gothic glaziers : monks, jews, taxpayers, bretons, women, Journal of Glass Studies

Vol. 27 (1985), pp. 72-92

— LAUTIER (Claudine), 2000, "Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise", Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— LAUTIER (Claudine), 2004, Un vitrail parisien à Chartres : la grisaille du chanoine Thierry. Glas, Malerei, Forschung, Internationalen Studien zu Ehren von Rüdiger Becksmann, Deutscher Verlag für Kunstwissenschaft, Berlin, p. 143-150, 2004. 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

— MUNIER Claudine, À travers le verre, du Moyen Age à la Renaissance, catalogue Expo. Rouen, Musée départemental des Antiquités [compte-rendu], Bulletin Monumental  Année 1990  148-4  pp. 462-464

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1990_num_148_4_4386_t1_0462_0000_3

— PHILIPPE (Michel ), 1992, "Chantier ou atelier : aspects de la verrerie normande aux XIVe et XVe siècles" Annales de Normandie  Année 1992  42-3  pp. 239-257

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1992_num_42_3_1927

 

 : À la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, il semble que les verreries de verre plat soufflés en cive se sont développées en Normandie, pour devenir prédominantes à la fin du XIVe et au XVe siècle.

VAIVRE (Jean-Bernard de), 1973, Les armoiries de Pierre de Mortain , Bulletin Monumental  Année 1973  131-1  pp. 29-40

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_1_5204

WHATLING (Stuart), 2010, Narrative art in northern Europe, c. 1140-1330 : a narratological re-appraisal.

http://www.medievalart.org.uk/PhD/Contents.html

http://www.medievalart.org.uk/

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INFLUENCES : ENLUMINURES ET ORFÈVRERIE.

a) Jean Pucelle :

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de France (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

— Les Heures de Jeanne de Navarre enluminées par Jean Pucelle, Jean Le Noir et Jean Mahiet entre 1330 et 1340..

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025448r

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2). BnF lat. 10483 et 10484.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

— Bible de Robert de Billying BnF  latin 11935   Décoration achevée en 1327.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105097447 

 — Bréviaire de Jeanne d'Évreux : ms. Chantilly, Musée Condé 51

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/10299 

Manuscrit de Gautier de Coincy, Miracles de Nostre Dame (Livres I et II) pour Jeanne de Bourgogne, Paris, BnF, NAF 24541

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000451c

— Influence : Heures à l'usage d'Amiens

http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/6048/659

— BLUM (Rudolf ), 1949, Jean Pucelle et la miniature parisienne du XIVe siècle  Scriptorium  Année 1949  3-2  pp. 211-217

https://www.persee.fr/doc/scrip_0036-9772_1949_num_3_2_2230

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Note. La fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

Orfevrerie : statue de la Vierge à l'Enfant offerte par Jeanne d'Evreux en 1339 à Saint-Denis.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vierge_%C3%A0_l%27Enfant_(Jeanne_d%27%C3%89vreux)

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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