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6 avril 2022 3 06 /04 /avril /2022 10:54

Les vitraux de la cathédrale de Rouen VI. La baie 51. Chapelle Saint-Sever, Verrière composite : « Belles Verrières » vers 1200-1210 et 1220-1230 et  Passion du Christ (  Guillaume Barbe, 1468-1469).

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Voir :

 

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Voir aussi  sur la cathédrale de Rouen :

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Voir sur Rouen :

 

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PRÉSENTATION

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La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.

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XIIIe siècle

 

Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230

Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230

Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230

Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204

Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe

Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230

Baie n°27 vers 1230

Baie n°29 vers 1230

Baie n°31, vers 1230

Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469

Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)

Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280


 

 

XIVe siècle

Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310

Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.

Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310

Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310

Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310

Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350

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XVe siècle.

Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."

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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470

Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470

Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450


Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe

Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe

baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.

Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)

Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe

Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430

Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle

Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521

Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499

Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500

Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500

Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500

Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500

XXe siècle

Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc

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Sur Guillaume Barbe, voir article précédent.

Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.

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La baie 51. Chapelle Saint-Sever, Verrière composite, l'une des deux "Belles Verrières" avec réemploi en désordre vers 1270 de panneaux provenant des premiers bas-côtés de la cathédrale vers 1200-1210 et 1220-1230.

Complétée au registre inférieur par quatre scènes de la Passion du Christ (Portement de Croix, Calvaire, Descente de Croix, Vierge de Pitié), par Guillaume Barbe, 1470. Restauration en 1960 par Gauvin.

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Cette baie de 4 lancettes organisées en 9 registres, 1 rose pentalobée et 2 trilobes au tympan mesure 11,50 m. de haut et 3,40 m. de large. Avec la baie 53,  elle a été qualifiée depuis le XIVe siècle de "Belle Verrière" car elle contient, dans ses 8 registres supérieurs, des panneaux provenant des premiers bas-côtés de la cathédrale, datant de 1200-1210 et 1220-1230. 

Les verrières les plus précoces (1200-1204), , peu après l'incendie qui ravagea une bonne partie de la cathédrale pendant la nuit de Pâques de l'an 1200, honoraient les saints dont la cathédrale possédait les reliques, et le chapitre, qui avait autorité sur les programmes vitrés, fit illustrer les légendes des saints Jean-Baptiste, Catherine, Nicolas, Étienne et Martin, mais aussi celle des Sept Dormants d'Éphèse, témoignant d'une influence anglaise (Cothren). 

Un autre groupe de verrières créées dans les années 1220-1240 illustraient les vies des deux saints Sever d'Avranches et de Ravennes, la vie de Job, d'un groupe d'apôtres, de saint Julien (baie 23), de la Passion (baie 10), de la parabole du Bon Samaritain (baie 12), de saint Pierre et Paul, et de saint Vincent.

En effet,  vers 1270, on supprima les fenêtres des collatéraux afin d'élever à la demande des confréries des chapelles latérales entre les contreforts, dont cette chapelle Saint-Sever. Il fallut alors regrouper et adapter les panneaux de vitraux aux dimensions des quatre lancettes des nouvelles verrières, en mutilant encadrements et jeux de fonds, et en adaptant de nouvelles bordures.

Dans la baie 53, les donateurs du début du XIIe siècle y sont représentés : ce sont des ouvriers maçons , des charpentiers ou des mégissiers, et, une donatrice offrant la verrière "recomposée" de 1270. Ailleurs, ce seront des tondeurs de draps, des poissonniers, des marchands de blé, et des tailleurs de pierres.

 

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La chapelle Saint-Sever porte le nom du quatrième archevêque de Rouen connu, au IVe siècle, après saint Nicaise, saint Mellon et saint Avitien.

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Saint Sever (Severus)  325-341, a été délibérément confondu (*) par le clergé de Rouen avec ses homonymes saint Sever d'Avranches, décédé en 570 et saint Sever de Ravenne, décédé en 346.

(*)  "Il semble donc que l’archevêque et le chapitre n’aient pas hésité à entretenir la confusion sur l’identité du saint afin de bénéficier d’une relique supplémentaire d’un saint local." (A. Blaise)

La ville accueillit en 990 les reliques de Sever d'Avranches, et c'est en son honneur que fut nommé l'ancien faubourg de Rouen devenu le quartier Saint-Sever, et l'église Saint-Sever de Rouen qui abrita ces reliques.

Une châsse de Saint Sever d'Avranches fut édifiée dans la cathédrale, entre 1189 et 1199 pour ses parties les plus anciennes, grâce aux dons d'un chanoine, Drogon de Trubleville. C'est celle qui subsiste, largement remaniée, dans les collections du Musée des Antiquités de la Seine-Maritime.

Saint Sever de Rouen est célébré le 1er novembre, saint Sever de Ravenne et saint Sever d'Avranches le 1er février.

Comme on ignore tout de la Vie de saint Sever de Rouen, les panneaux de cette verrière illustrent les épisodes marquants de ses homonymes d'Avranches et de Ravenne.

"Certains saints particulièrement célébrés dans la liturgie de la cathédrale. Dom Pommeraye, comme Ch. de Beaurepaire, insistent particulièrement sur la fête de saint Sever – pris pour l’évêque d’Avranches, mais dont les reliques conservées étaient celles de l’évêque de Ravenne – pour laquelle la commémoration était visiblement très importante : sermon, procession, prédication, exposition des reliques aux fidèles. En 1290 et 1298 furent réalisés un buste et un bras reliquaire pour les reliques du saint. Or, une seule verrière représente l’évêque. Cependant, intégrée dans une série illustrant la lignée épiscopale, elle figurait non pas l’évêque de Ravenne mais celui d’Avranches. L’importance de la commémoration faite au saint n’était donc pas traduite par l’image. Il semble qu’à l’inverse, la mise en valeur de certaines reliques soit, en réalité, liée à la conception iconographique de programme de grande envergure. Ainsi, lorsque la chapelle de la Vierge, nouvellement reconstruite au début du XIVe siècle, est ornée de vitraux de saints archevêques, le chapitre et l’archevêque n’hésitent pas à mettre en valeur le culte de saint Sever, évêque de Ravenne, dans le but de le faire passer pour l’évêque de Rouen, présent dans la lignée épiscopale sainte. Le culte des reliques ne semble donc pas à l’origine de la conception de programmes iconographiques, surtout lorsqu’il s’agit d’une iconographie eschatologique, mais plutôt la conséquence." (A. Blaise)

 

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La baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR. QUATRE SCÈNES DE LA PASSION DU CHRIST, GUILLAUME BARBE 1468-1469.

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Le bas des baies 51 et 53 n'était pas vitré, le cloître canonial projeté au nord de la Cathédrale mais jamais construit ayant fait réserver cette partie, qui ne sera complétée qu'au XVe siècle. 

 

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Les trois premières lancettes A, B et C.

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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Portement de Croix.

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Très restauré ; auréole de la Vierge et tête du Christ refaite.

Le Christ porte sa croix entre deux soldats, qui le frappent d'un bâton ou le pressent à l'aide de la corde qui le lie. On admirera la composition en Z, ligne brisée dramatique, ou  les détails d'armures aux pièces de métal damasquinées et aux étoffes damassées, ou encore les visages pleins d'expression.

Les spectateurs affligés sont la Vierge, saint Jean, et une Sainte Femme.

 

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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le Calvaire.

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Le Christ en Croix est entouré à sa droite de la Vierge, mais jointes tendues vers son Fils mais qui est soutenu par les bras d'un personnage en vert qu'on ne voit pas, à moins que ces mains soient celles de Jean (en fait remplacé par un donateur) , qui, nimbé et  vêtu de rouge, est placé juste au dessus. Puis vient une Sainte Femme (Marie-Madeleine ?), se tordant les mains de douleur.

À la gauche du Christ, nous voyons un soldat, sans doute un officier portant un turban.

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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Descente de Croix.

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La scène a été entièrement refaite, sauf deux têtes.

Jean soutient par les aisselles Jésus détaché de la Croix, et le guide vers les bras de Marie. 

Les deux assistants sont Nicodème, et Joseph d'Arimathie. Joseph est sans doute celui qui tient les pieds du Christ, bien que cette place est classiquement celle de Nicodème. Il est barbu, porte un couvre-chef à oreillettes, un manteau rouge fourré d'hermines, une tunique verte et des chausses violet : c'est un mélange entre le costume contemporain, Henri II, et celui qui permet aux spectateurs d'identifier un Pharisien membre du Sanhédrin. De même, le bonnet pointu de Nicodème et les franges du manteau rouge bordeaux indique la judéité du personnage.

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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Déploration.

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La scène a été entièrement refaite, sauf la tête et le buste du Christ, les deux anges et les mains des personnages.

Le terme de "pietà" est impropre, autant que celui de Vierge de pitié, et il faut parler ici de déploration, puisque Marie, assise sur une cathèdre et tenant le corps de son Fils, est accompagnée de Jean et de Marie-Madeleine placés derrière le dossier. Deux anges volent autour de la Croix et de l'échelle et compatissent à la scène.

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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Les vitraux de la cathédrale de Rouen VI. La baie 51.

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LES REGISTRES SUPÉRIEURS. LÉGENDES DE SAINT NICOLAS, SAINT SEVER ÉVÊQUE DE RAVENNE, SAINT SEVER ÉVÊQUE D'AVRANCHES ET DE SAINTE CATHERINE.

Les 8 registres supérieurs appartiennent aux vitraux les plus anciens de la cathédrale, et aussi de Normandie, si on excepte les fragments carolingiens (environ 200 fragments de verre de couleur verdâtre) découverts par Jacques Le Maho à proximité du flanc sud de la cathédrale. Ils datent en effet de 1200-1210, ou de 1220-1230. 

 

Rappel :

vitraux de Saint-Denis : 1144.

Belle Verrière de Chartes : 1180 et 1214-1220.

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Description : voir https://www.therosewindow.com/pilot/Rouen/w51.htm

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Les lancettes sont désignées par les lettres A, B, C, et D de gauche à droite.

Les panneaux sont désignées par les lettres 1 à 8 pour chaque lancette de haut  en bas.

—La lancette A est consacrée à saint Nicolas avec 7 panneaux sur 8, le  premier (A1) étant consacré à sainte Catherine.

—La lancette B  est consacrée à saint Sever de Ravenne et saint Sever d' Avranches (sauf un montrant les enfants de Job).

—La lancette C mélange des scènes de la vie de sainte Catherine et de saint Sever de Ravenne.

—La lancette D contient 7 scènes de la vie de Sever de Ravenne  (et 1 de Job).

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NOTE. Mes photos n'étant pas fameuses, j'ai placé ici les excellents clichés du site The online stained glass photographic archiv  de Painton Cowen (que j'ai éclaircies).

 

 

 

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Photographie lavieb-aile 2020.

Photographie lavieb-aile 2020.

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La lancette A. 

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La Vie de saint Nicolas de Bari date de 1200-1210. Elle était à l'origine disposée dans une succession de grands et de petits cercles.

Voir la Légende dorée (1266) de Jacques de Voragine, bien qu'elle soit postérieure à ces panneaux  : https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Nicolas

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Photographie lavieb-aile 2020.

Photographie lavieb-aile 2020.

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Panneau A1 : la Légende de sainte Catherine (1200-1210).

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Deux têtes refaites.

Un  personnages à chapeau conique (Juif ?) vénère une statue posée sur un piédestal, celle d'une femme nue (Vénus ?) tandis que deux autres élèvent ou portent à leur bouche une trompe, peut-être pour célébrer la déesse. Prédominance de vêtements verts ou saumon sur le fond bleu. On devine que la scène était au centre d'un quadrilobe. Bordures de carreaux ornés de fleurs stylisées.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau A2 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Naissance de saint Nicolas .

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La mère de Nicolas est figurée, comme dans de nombreuses scènes de la Nativité, de la naissance de Marie ou de Jean-Baptiste, à demi-allongée  sur son lit d'accouchée, tandis qu'une assistante (sage-femme, ou servante) tient l'enfant emmailloté. Au centre, un trépied sous un auvent à colonnes figure sans doute le berceau, que la mère désigne de la main.

Prédominance de divers rouges, les verts sont plus rare, le fond est bleu.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau A3 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Saint Nicolas, à la naissance, refuse le sein de sa mère, par ascèse, sous le regard de son père Epiphane .

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_Myre#/media/Fichier:Fasting_Saint_Nicholas_child_-_detail.jpg

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Le jour même de sa naissance, Nicolas, comme on le baignait, se dressa et se tint debout dans la baignoire ; et, durant toute son enfance il ne prenait le sein que deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi."

Inscription, peu lisible, en enlevé sur fond de grisaille.

 

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau A4 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Le Juif, ayant été volé, fouette la statue du saint. (Cette scène suit celle du panneau A8)

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Tête refaite. Tête de la statue en réemploi, nombreux bouche-trous. Je remarque la fréquence des vêtements associant le rouge et le vert ; le choix est rendu restreint par le fond qui est, constamment, bleu.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau A5 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Un boucher accueille trois clercs en voyage.

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Le premier clerc est tonsuré et s'appuie sur un bâton, attribut des marcheurs et des pèlerins. Il porte une besace, bleue, en bandoulière.

copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau A6 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Le boucher frappe les trois jeunes endormis qu'il a accueilli et les tue.

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Comme sur le panneau précédent, le boucher est coiffé d'un bonnet, et le fond est rythmé par une succession d'arcades. Il frappe les clercs  avec sa hache. Je ne sais interpréter la pièce de verre rouge-orangé à l'arrière de la nuque, et qui est peut-être un réemploi.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau A7 : légende de saint Nicolas 1200-1210. Saint Nicolas est consacré évêque de Myre par deux évêques dont l'un lit les oraisons d'intronisation et l'autre trace l'onction sur la tête mitrée de Nicolas.

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Fragment d'inscription SCS : NICO.

Fragment de la bordure d'origine à bouquets de feuilles.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau A8 : légende de saint Nicolas 1200-1210. Un Juif place son trésor sous la protection du saint.

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Dans une mise en abîme, le saint est représenté sous la forme de sa statue, placée devant un drap d'honneur vert damassé de rinceaux (technique de l'enlevé sur grisaille), dans une niche cintrée et posée sur un piédestal.  L'ensemble est posé sur une colonne à chapiteau corinthien.

Le Juif (barbe, bonnet conique rouge) est penché sur son coffre, mains jointes.

On voit la portion du cercle qui, initialement, réunissait plusieurs scènes.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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La lancette B. 

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Bordure : castilles et fleurs de lys (en référence à saint Louis et Blanche de Castille).

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Les vitraux de la cathédrale de Rouen VI. La baie 51.

 

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Panneau B1 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Saint Sever reçoit un messager qui lui annonce qu'il est élu évêque. Il tient en main un phylactère.

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Voir :

Paul Baudry, Histoire de saint Sever, évêque d'Avranches, et des églises qui ont été érigées en son honneur dans la ville de Rouen, E. Cagnard, 1860, 32 p. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5787750c/f2.item.zoom

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau B2 : Les enfants de Job s'enfuient. 1220-1230.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau B3 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Le nouvel évêque prêche depuis une chaire à son peuple.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau B4 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Saint Sever nourrit les pauvres en leur distribuant des pains.

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Inscription. S~CS : SEVERVS.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau B5 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Saint Sever distribue des vêtements aux pauvres. La main de Dieu sort des nuées.

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Inscription. S : SEVERVS. Vitrail très remanié.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau B6 : Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever est transporté dans l'église de Modène.

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Inscription. SAN : SEVERVS. Tête restaurée.

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Saint Sever de Ravenne est le premier évêque de Ravenne dont l'existence est documentée. Saint par l'Église catholique, son culte est répandu en Allemagne. Sa participation au concile de Sardique (342/343) est historiquement attestée.

À sa mort, il est enseveli à Classe. En 836, ses restes mortels sont transférés par l'archevêque Otgar de Mayence à Mayence, et finalement à Erfurt dans l'église qui y porte aujourd'hui son nom. Sa dépouille mortelle est placée dans un sarcophage monumental.

 

 

Vita sancti Severi episcopi Ravennatis (Biblioteca Hagiographica Latina ms. 7680)

https://archive.org/details/4attiememoriedepu01depuuoft/page/331/mode/1up?view=theater

Francesco Lanzoni, S. Severo vescovo di Ravenna (342-3) nella storia e nella leggenda, in «Atti e memorie della R. Deputazione di storia patria per le province di Romagna», serie IV, vol. I., Bologna 1911, pp. 325-396

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau B7 : Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Mort de saint Géminien (saint Sever) dans  l'église de Modène.

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Un jour qu'il célébrait la messe , il parut s'endormir : il déclara qu'il avait été ravi en esprit et transporté à Modène pour assister aux funérailles de l'évêque saint Géminien qui venait de mourir . Le même épisode est rapporté à propos de saint Ambroise transporté au chevet de saint Martin de Tours.

Deux têtes restaurées.

Sur saint Geminien, évêque de Modène au IVe siècle (San Giminiano), voir :

https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9minien_de_Mod%C3%A8ne

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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La lancette C. 

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bordure : triangles avec palmettes et triangles de couleur.

 

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Panneau C1 : Saint Pierre et quatre autres apôtres.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau C2 : Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever avec sa femme et sa fille.

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Saint Sever de Ravenne était  tisserand : son épouse tient la quenouille, bâton court glissé à la ceinture et où se trouvent les fibres (laine, lin, chanvre,..) à filer, et qui y sont maintenues groupées par un ruban. Le fil

Elle a lâché le fil qui pend, enroulé sur le fuseau dont la fusaïole est masquée. En effet, elle tend la main vers la poitrine de son mari, comme pour l'enjoindre à partir.

Il s'empresse d'obéir, s'est déjà coiffé d'une cale de toile attachée sous le menton par une sangle, et est en train d'enfiler ses chausses.

Quant à sa fille, elle est coiffée d'une touaille, forme sommaire du touret avec sa barbette passant sous le menton, et la masse arrière des cheveux rassemblés par une résille.  C'est la coiffure des artisanes. Comparer avec la bouchère de la Légende de saint Nicolas de Saint-Julien-du-Sault, XIIIe siècle.

Pour J. Le Maho, Sever se prépare à se rendre à l'élection d'un nouvel évêque : le panneau précède alors le panneau D6.

 

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau C3. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Sainte Catherine menée au supplice.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau C4. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Fragments avec une tête de Sainte Catherine . 

 

 

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Panneau C5 . Vie de sainte Catherine (1200-1210). Les sages se concertent pour condamner sainte Catherine.

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copyright PAINTON COWEN : THE ONLY MEDIEVAL STAINED GLASSPHOTOGRAPHY

 

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Panneau C6. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Catherine menée à son martyre.

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Panneau C7. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Les sages devant l'empereur Maxence.

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Panneau C8. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever enterre Vincentia.

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La lancette D. 

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Bordure : castilles et fleurs de lys. Triangles avec palmettes et triangles de couleur.

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Panneau D1. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever apprenant qu'il va mourir, s'étend entre sa femme et sa fille dans leur cercueil.

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Sa femme et sa fille étant mortes  avant lui, saint Sever fit ouvrir leur tombeau et leu demanda de lui faire place entre elles. Aussitôt, leurs squelettes s'écartèrent. Alors il se coucha vivant dans la tombe familiale et, ayant fait le signe de la croix, s'endormit du sommeil de la mort.

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Panneau D2. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever enterre son frère.

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Ce frère porte la mitre. Je n'ai pu trouver de quel frère évêque ou abbé il s'agit.

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Panneau D3. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever enterre sa femme et sa fille ou : enterre sa fille au côté de sa femme).

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Panneau D4. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever semble tombé endormi pendant les funérailles de saint Germinien à Modène.

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Un jour qu'il célébrait la messe , il parut s'endormir : il déclara qu'il avait été ravi en esprit et transporté à Modène pour assister aux funérailles de l'évêque saint Géminien qui venait de mourir .

Les assistants tentent en vain de le réveiller.

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Panneau D5. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever se prosternant devant l'autel .

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Inscription S9 : SEVERVS.

Si nous souhaitons placer ce panneau dans la séquence narrative de l'hagiographie, nous pouvons penser qu'il précède le panneau D3 : saint Sever, ayant eu le préssentiment de sa fin prochaine,  célèbre lui-même sa messe mortuaire, comme le mentionne sa Légende, avant de rejoindre sa femme et sa fille dans la tombe. Un assistant tient un livre liturgique et un cierge.

 

 

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Panneau D6. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Lors de l'élection d'un nouvel évêque, une colombe se pose sur la tête de saint Sever pour le désigner comme évêque.

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Un jour que Sever était à l'église pour assister à l'élection du nouvel évêque, une colombe vient se poser sur sa tête. C'est ainsi qu'il devint évêque de Ravenne où on l'appela vescovo colombino .

Ce mode d'élection était coutumier à Ravenne, douze évêques de la ville auraient été désignés de cette façon et ont été surnommés Colombini.

La façon dont l'artiste a symboliser cette élection par le passage d'une porte, la jambe et le bras droits encore figurés de l'autre côté de l'huis, est remarquable et pleine d'esprit.

 

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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Panneau D7. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever tissant avec son épouse.

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Inscription S9 : SEVERUS.

Saint Sever était, avant d'être le perchoir de la colombe,  un pauvre tisserand qui vivait avec sa femme sainte Vincentia et sa fille sainte Innocentia. Il renonça ensuite à la vie maritale pour se consacrer à l'Église, sa mystique épouse.

Les deux attributs de la statuaire de saint Sever de Ravenne  sont la navette de tisserand, et la colombe.

 

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

 

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Panneau D8. Scène de la vie de Job (vers 1220-1230). Job assis sur son fumier.

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J'admire le travail qui rend, par des blaireautage ou des enlevés et des traits au pinceau fin sur la sanguine,  la musculature, les reliefs anatomiques, la barbe et la chevelure de Job.

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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.

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SOURCES ET LIENS.

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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,   Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.

 

— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1997_num_155_3_917000

COTHREN (Michael), 1986, The Seven Sleepers and the Seven Kneelers: Prolegomena to a Study of the "Belles Verrières" of the Cathedral of Rouen, The university of chicago press journals vol. 25 n°2

 

— FLICKR

https://www.flickr.com/photos/morio60/32437009066/in/photostream/

 

— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.

https://chartes.hypotheses.org/6640

https://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/vitraux-legendaires-du-choeur-cathedrale-rouen-1225-1230

— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.

https://books.openedition.org/purh/3800

 —PAINTON COWEN : THE ONLY MEDIEVAL STAINED GLASSPHOTOGRAPHY

https://www.therosewindow.com/pilot/Rouen/w51.htm

 

PERROT (Françoise), 1990 A propos des « belles verrières » de la cathédrale de Rouen [compte-rendu] Bulletin Monumental  Année 1990  148-2  pp. 213-214

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1990_num_148_2_4309

 

— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »

https://www.academia.edu/22616848/Full_text_Architecte_commande_style_mod%C3%A8le_Quelques_remarques_sur_la_r%C3%A9fection_des_fen%C3%AAtres_hautes_du_chevet_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen_1429_1433_

— TANGUY (Jacques)

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Belles_Verrieres/Belles_Verrieres.htm

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Belles_Verrieres/Belles_Verr.htm

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Non consultés :

Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.

Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.

Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.

Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.

Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.

 Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.

 Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77

Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.

Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.

Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.

Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.

— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.

 

 —www.patrimoine-histoire.fr

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Cathedrale-Notre-Dame2.htm

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitraux_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
28 mars 2022 1 28 /03 /mars /2022 11:15

Les vitraux de la cathédrale de Rouen. V.

La baie 47 (chapelle Saint-Éloi, verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas, Guillaume Barbe, 1470).

La baie 49 (chapelle Saint-Julien verrière des saints Michel, Julien et Guillaume, et de sainte Geneviève, Guillaume Barbe, 1468-1469)

 

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Voir :

 

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Voir aussi  sur la cathédrale de Rouen :

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Voir sur Rouen :

 

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PRÉSENTATION

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La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.

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XIIIe siècle

 

Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230

Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230

Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230

Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204

Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe

Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230

Baie n°27 vers 1230

Baie n°29 vers 1230

Baie n°31, vers 1230

Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle

Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469

Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280


 

 

XIVe siècle

Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310

Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.

Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310

Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310

Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310

Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350

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XVe siècle.

Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."

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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470

Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470

Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450


Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe

Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe

baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.

Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe

Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430

Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle

Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521

Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499

Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500

Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500

Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500

Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500

XXe siècle

Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc

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Sur Guillaume Barbe, voir article précédent.

Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.

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La baie 47 (chapelle Saint-Éloi, verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas, Guillaume Barbe, 1470).

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Cette baie de 4 lancettes, 1 quadrilobe et 2 trilobes au tympan mesure 11,45 m. de haut et 3,56 m. de large. C'est comme les précédentes une verrière mixte avec 4 grands personnages en bandeau (Guillaume Barbe, 1470), sur un complément de vitrerie losangée y compris dans le tympan par Gaudin en 1960.

Comme c'est la règle, on trouve en premier parmi les 4 saints de la chapelle Saint-Éloi (peut-être liée à une confrérie de maréchaux ou d'orfèvre, je ne parviens pas à le vérifier) son saint patron. Les saint Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas font partie des saints majeurs des dévotions du XVe et XVIe siècle, et figurent dans tous les livres d'heures. 

"La verrière de cette  chapelle n'est pas mentionnée dans les comptes du chapitre, impliquant l'intervention d'un commanditaire privé. Celui-ci est certainement le chanoine qui figure comme donateur devant saint Laurent.

Aucun document  ne désigne cette œuvre comme étant de la main de Guillaume Barbe, en revanche certains visages paraissent familiers : celui de saint Jean-Baptiste, peint avec un fort modelé, est similaire à celui du bourreau de sainte Agathe (baie 55), du Christ ressuscité et de saint Sébastien (baie 53). "(C. Blondeau)

On aimerait connaître la raison du choix de chaque représentation de saint. Alexandra Blaise écrit :

"Simon de Paris fonda une chapellenie en l’honneur de sainte Catherine dans la chapelle du même nom de la cathédrale. La représentation de saint Simon qui s’y trouve est accompagnée d’un donateur qui pourrait bien être le fondateur (baie 44). Réalisée vers 1519, elle est actuellement conservée au musée de la Renaissance d’Écouen. Nous retrouvons le même cas de figure pour Guillaume Capet, chanoine, qui fonda une chapellenie en l’honneur de saint Guillaume dans la chapelle du même nom, qui se voit orner de la représentation du saint (baie 49). Mais il semble plus probable, étant donné le nombre restreint de ces exemples, que les fondateurs et donateurs se soient la plupart du temps adaptés au programme préétabli en fonction des dédicaces. Dans toutes ces commandes, le saint éponyme est toujours accompagné d’autres saints représentatifs de l’histoire personnelle du commanditaire, de sa dévotion, ou reflétant des choix relatifs aux préoccupations iconographiques propres à l’église." (A. Blaise)

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

D'après cliché Giogo Wikipedia modifié.

D'après cliché Giogo Wikipedia modifié.

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Saint Éloi, évêque de Noyon.

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Le seul attribut permettant l'identification est le marteau ; mais est-ce celui du maréchal-ferrant ou celui de l'orfèvre ?

Saint Ouen, évêque de Rouen, avait rédigé une Vie de saint Éloi, évêque de Noyon et de Tournai, douze ans après la mort de ce dernier.

 Quelques bouche-trous en partie basse, plombs de casse sur le manteau bleu

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Un motif à crosses crénelées.

Le motif du fonds damassé facile à reconnaître va se retrouver plusieurs fois sur ces deux baies, et il figurait déjà derrière la Vierge à l'Enfant de la baie 43. Une forme géométrique centrale, un trapèze chantourné où est appendu un losange à crochets, sert de tête à deux cornes en spirale, ou crosses, aux bords crénelées.

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint  Laurent tenant son grill et présentant un chanoine donateur.

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Tête de Laurent en bouche-trous. Tête du donateur restauré (saint Laurent est rarement figuré barbu), étonnante double auréole,  très nombreux bouche-trous.

Il est difficile de décrire l'habit du chanoine, tant sa tenue de chœur est transformée en une mosaïque de pièces récupérées ou modernes.

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le fonds damassé. Motif à crosses crénelées.

Les crosses ornent une figure plus vaste à corps chantourné, globalement en losange.

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

 

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Saint Jean-Baptiste.

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"Fortement individualisé, le visage du saint est marqué par des accents forts de grisaille, creusant les joues émaciées, rehaussant les pommettes et assombrissant les cernes sous les yeux. Sa barbe est scindée en deux extrémités séparés par une fossette très marquée, assez courante dans les visages peints par Guillaume Barbe. Le traitement des sourcils relevés en un air soucieux ainsi que celui des cheveux, où les mèches sont séparés par un trait épais de grisaille, les individualisant à la manière des statues romaines est tout à fait particulier ici. Enfin le saint est doté d'un faciès reconnaissable : grand nez, barbe courte divisée en deux, pommettes saillantes et grandes oreilles  dépassant de sa chevelure. Si le programme hagiographique n'a pas donné l'occasion à Guillaume Barbe de remployer son carton, en revanche celui de Caudebec-en-Caux  .le lui permet. " (C. Blondeau). Il s'agit de la baie 14 de l'église Notre-Dame de Caudebec-en-Caux, Guillaume Barbe, 1460-1470, avec un carton inversé.

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On sourira de remarquer que les jambes ont été remontées à l'envers.

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le fonds damassé reprend le motif n°1 (selon la typologie de C. Blondeau), déjà observé sur la baie 43 derrière sainte Marie-Madeleine, et qui se retrouverait aussi baie 49. Je peux le décrire rapidement comme une fleur centrale encadrée par les spires de deux palmettes très chantournées. 

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Motif n°1. Fonds damassé utilisé par l'atelier de L'Ecu de verre, relevé par Caroline Blondeau.

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Nicolas / La Gargouille de saint Romain.

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C'est encore une baie que nous pouvons regarder avec humour, puisque le personnage, saint Nicolas en évêque ressuscitant l'un des ecclésiastiques mis au saloir par le cupide boucher, a été remonté au dessus d'un dragon qui n'a rien à faire dans cette histoire.

Ce serait le fragment d'une verrière consacrée à saint Romain (en plus des baies 6, 28 et 30), et le dragon porta alors, selon sa Vita, le nom de "Gargouille".

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sur le verre bleu, un nouveau motif damassé, nommé "ananas".

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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La baie 49 (chapelle Saint-Julien verrière des saints Michel, Julien et Guillaume, et de sainte Geneviève, Guillaume Barbe, 1468-1469)

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Cette baie de 4 lancettes, 1 quadrilobe et 2 trilobes au tympan mesure 11,30 m. de haut et 3,65 m. de large. C'est comme les précédentes une verrière mixte avec 4 grands personnages en bandeau debout sur des socles (Guillaume Barbe, 1468-1469), sur un complément de vitrerie losangé y compris dans le tympan par Gaudin en 1960.

 

Il s'agit d'un vitrail très abîmé, largement complété de bouche-trous.

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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Michel terrassant le dragon.

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Visage du saint restauré (selon Corpus) ou d'origine (selon Blondeau. Dragon restauré (Corpus).

Le saint nimbé de rouge, vêtu de sa cuirasse , terrasse le dragon par sa lance appuyée sur le sommet du crâne de la bête. Il est enveloppé d'un ample drapé aux agencements savants de plis cassés. Son visage lunaire présenté de trois-quarts est très modelé notamment par de forts ajouts de grisaille autour des yeux  et ses cheveux blonds sont retenus par un bandeau parsemé de cabochons. 

Caroline Blondeau rapproche ce panneau du saint Michel des Heures à l'usage de Rouen du Maître de l'échevinage de Rouen, pourtant plus tardif, vers 1480. Chester Beatty Library de Dublin W89 f°90v. Et elle indique que le Maître de l'échevinage a réutilisé une miniature de Liévin van Lathem.

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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Julien, évêque du Mans.

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Nombreux bouche-trous. Le saint est mitré, il tient une croix dans la main droite.

Le fonds damassé rouge est difficile à examiner, mais on voit des crosses crénelées comme derrière le saint Laurent de la baie 43.

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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Guillaume, évêque de Bourges.

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Le saint est représenté en évêque avec mitre, crosse et chasuble, chirothèques et anneau d'or.

Carton identique pour cette figure et celle de saint Julien. Nombreux bouche-trous. Fonds damassé vert à rinceaux. Verre bleu teinté de jaune pour l'étole.

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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Geneviève.

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Tête restaurée. Nombreux bouche-trous. L'attribut de la sainte est le cierge, symbole de sa foi qui ne s'éteint pas.

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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lorsqu'on connaît la truculente iconographie de sainte Geneviève, on recherche le diablotin muni d'un soufflet qui tente d'éteindre le cierge, tandis qu'un ange veille à le ré-allumer. 

Et ici, ... on le trouve, avec son petit soufflet ! Mais l'ange s'est absenté. Les anges ont-ils leurs petits besoins ?

Sainte Geneviève de Paris (en latin Genovefa), vierge du VIe siècle, patronne de Paris et du diocèse de Nanterre, est représentée en religieuse et tenant un cierge.

Elle tient le cierge de la Foi, dont la flamme résiste miraculeusement aux tentatives d'un diable qui tente de l'éteindre avec un soufflet tandis qu'un ange le rallume. Ce motif se retrouve presque constamment associé à la représentation de la sainte.

Voir la discussion et l'iconographie de la sainte dans mon article sur la niche à volets de l'église de Brennilis avec la photo de sainte de l'église de Saint-Suliau à Sizun :

Notre-Dame de Breac-Ellis en l'église de Brennilis, une Vierge à la Démone.

 

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Les vitraux de la cathédrale de Rouen. V. Les baies 47 et 49.

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SOURCES ET LIENS.

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BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,   Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.

 

— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1997_num_155_3_917000

— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.

https://chartes.hypotheses.org/6640

https://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/vitraux-legendaires-du-choeur-cathedrale-rouen-1225-1230

— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.

https://books.openedition.org/purh/3800

— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »

https://www.academia.edu/22616848/Full_text_Architecte_commande_style_mod%C3%A8le_Quelques_remarques_sur_la_r%C3%A9fection_des_fen%C3%AAtres_hautes_du_chevet_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen_1429_1433_

— TANGUY (Jacques)

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Fen36.htm

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Non consultés :

Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.

Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.

Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.

Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.

Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.

 

Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.

Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.

 Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77

Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.

Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.

Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.

— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.

Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.

 

 

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitraux_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
26 mars 2022 6 26 /03 /mars /2022 12:39

Les vitraux de la cathédrale de Rouen IV. La baie 41 (chapelle Sainte-Anne, verrière des saints Claire,  Guillaume Barbe 1465). La baie 43 (chapelle Saint-Nicolas, verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas, et de la Vierge à l'Enfant, Guillaume Barbe 1466).

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Voir :

 

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Voir aussi  sur la cathédrale de Rouen :

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Voir sur Rouen :

 

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PRÉSENTATION

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La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.

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XIIIe siècle

 

Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230

Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230

Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230

Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204

Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe

Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230

Baie n°27 vers 1230

Baie n°29 vers 1230

Baie n°31, vers 1230

Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle

Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469

Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280


 

 

XIVe siècle

Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310

Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.

Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310

Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310

Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310

Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350

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XVe siècle.

Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."

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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470

Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470

Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450


Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe

Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe

baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.

Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe

Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du choeur vers 1430

Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle

Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521

Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499

Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500

Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500

Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500

Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
 

 

XXe siècle

Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc

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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.

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LE PEINTRE VERRIER GUILLAUME BARBE.

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Depuis les travaux de Martine Callias-Bey en 1997 et de Caroline Blondeau en 2014, l'atelier des peintres-verriers de la famille Barbe, installé à l'enseigne de l'Écu de verre (A l'Escu de voirre) rue Saint-Romain qui longe la cathédrale au nord dans la paroisse Saint-Nicolas-le-Painteur, est parfaitement connu. Les archives particulièrement riches et détaillées ont permis de suivre cette famille.

 Guillaume Barbe, fils cadet de Jean, entre comme apprenti à l'atelier fondé par Guillaume Andry, puis, devenu maître-verrier de la cathédrale, il prend sa succession à la direction de l'escu de voirre vers 1456, et jusqu'en 1488.

Les fenêtres des bas-côtés de la cathédrale, datant du début XIIIe siècle, ont été détruites lorsque les confréries ont souhaité établir des chapelles entre les contreforts : de nouvelles baies à quatre lancettes ont alors été érigées, au XIIIe siècle.

Mais en 1461, lorsque les maîtres de la fabrique visitent et inspectent les fenêtres de la nef en compagnie de peintres verriers "pour voir et scavoir quelle reparation povoir faire", ils décident d'en renouveler les vitraux, sans doute en raison de la vétusté des vitraux existant. Ils confient à Guillaume Barbe la réfection des baies des bas-côtés de la nef et d'une partie du chœur.

C'est un chantier énorme : le plan suivant montre que ce sont dix-sept chapelles qu'il s'agit de vitrer, soit  soixante-huit lancettes, sans compter le chœur ! Dès 1463, les fenêtres de la chapelle Saint-Eustache, baie 52, commencent à être garnies de verrières historiées.

Aujourd'hui, ces baies sont celles numérotées 41, 43, 47, 49, 51, 53 et 55, puisque les vitraux du bas-côté sud ont été remplacés au XVIIe et XVIIIe siècle pour faire entrer la lumière . Seule la baie 44, dans  la chapelle Sainte-Catherine, conserve des verres de Guillaume Barbe à côté d'œuvres modernes.

 

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Plan des chapelles ouvertes dans les collatéraux à la fin du XIIIe siècle.

 

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En 1464, son fils Guillaume Barbe le jeune aidera son père comme valet. 

En 1488, Guillaume Barbe l'ancien transmet l'Écu de verre à son fils puîné Jehan et se retire en son village natal, Grainville-sur-Fleury ; il meurt entre 1500 et 1513.

Sa petite-fille Jeanne épouse vers 1525 un apprenti verrier, Olivier Tardif, qui reprend en 1533 la succession de Jehan.

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Autres réalisations de Guillaume Barbe.

Guillaume Barbe répare, remplace et complète les verrières de la chapelle de la Vierge en 1462-1463, du déambulatoire et ses chapelles, la rose de la Calende en 1465-1466 et au bas des « Belles-Verrières » en 1468-1469.

Sans pouvoir lui être attribué avec certitude, son style a été reconnu sur des vitraux présents dans les églises rouennaises Saint-Vincent, Saint-Patrice, Saint-Maclou, Saint-Ouen, Notre-Dame de Caudebec-en-Caux, Saint-Étienne d'Elbeuf, Berville-sur-Seine, Pont-Audemer, Vatteville-la-Rue, Louviers, la chapelle du château d'Ételan.

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Un grand atelier.

"On peut se demander si Guillaume Barbe ,n'était pas une sorte d'entrepreneur ou le maître d'un très grand atelier réunissant de nombreux compagnons, ou encore s'il n'était pas à la tête d'une association de peintres verriers." (Callias-Bey)

Provenance du verre.

Ses sources d'approvisionnements en verre sont connus. Il se fournissait en « plats de verre » chez Jean Cotelle à Eu dans les années 1460-1465, en « sommes de gros voirre rouge » chez Germain Turgis à Rouen en 1462-1463, puis chez Jean de Dogny en 1467-1468 et chez Guillaume Vassal à Fry pour les années 1484-1485.

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Caractères stylistiques.

"Les œuvres de Guillaume Barbe relèvent d'un style brillant et monumental; l'élégance des attitudes et proportions allongées des « ymages » évoquent la statuaire, que ce soit dans la peinture des figures de saints isolées ou dans celle des scènes légendaires, celles-ci ayant pour la plupart disparu.

Sa palette s'équilibre de couleurs chatoyantes, d'une part, telles qu'un vert anglais, un bleu outremer, un bleu pâle, un jaune d'or, un rouge lie de vin et un violet et les nombreux verres incolores particulièrement fins et transparents, d'autre part, affichant une préférence pour l'harmonie vert, bleu, jaune et rouge foncé, il module ce contraste en fonction de l'éclairage de l'édifice sans négliger l'apport d'une lumière supplémentaire qu'offre l'emploi généreux du jaune d'argent réservé aux cheveux, aux galons à cabochons des vêtements, orfrois, mitres et accessoires, aux décors architectoniques aux ornements des armures, aux motifs de damas exécutés à l'aide de nombreux pochoirs assez sophistiqués et aux motifs des bordures.

Un emploi subtil de la grisaille aboutit à un modelé très délicat des visages, grâce à des lavis progressifs peu chargés de matière, éclairés d'enlevés précis réalisés à l'aiguille ou plus largement au petit blaireau ; les ombres sont accusées par des hachures parallèles posées au petit gris. Ce travail minutieux donne beaucoup de relief à des visages qui présentent, de manière constante, des bouches très dessinées et charnues, des globes oculaires proéminents logés dans des cavités profondes et soulignées par des paupières inférieures lourdes, le dessin des sourcils accentuant volontiers l'expression de désarroi de certains personnages.

Paradoxalement, ce maître habile ne recourt que rarement à des pratiques sophistiquées comme la gravure des verres ou le montage des verres en chef-d'œuvre.

Influences

Toutes ces observations évoquent la manière du Maître de l'Échevinage de Rouen, illustrateur dans les années 1460-1480 de nombreux manuscrits des conseillers de la ville de Rouen dont la plupart sont maintenant conservés à la Bibliothèque nationale de France à Paris. On peut établir notamment un rapprochement certain entre la Nativité du manuscrit de la Cité de Dieu peint vers 1470 et la même scène exécutée à la même date pour une baie de Saint-Vincent de Rouen par Guillaume Barbe. (*)

Ces points communs ne doivent pas faire oublier néanmoins la variété des manières observées dans ces œuvres." (Callias-Bey)

(*) Mais pour C. Blondeau, "l'enluminure locale, si elle comporte de nombreux points communs avec le vitrail, n'offre pas de rapport précis avec nos vitraux".

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Un répertoire de personnages.

Le parti-pris des chanoines  commanditaires est celui de personnages en pied, devant des tentures, sous des dais architecturés., modalité la plus courante en cette fin de XVe siècle. Le peintre verrier, reproduisant fréquemment les mêmes sujets, se constitue un matériel d'atelier et reprend pour certains de ces sujets des cartons. C. Blondeau a pu le démontrer pour certains évêques, pour Jean-Baptiste, le Christ, et même pour des compositions entières, comme une descente de croix.

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Un répertoire de tentures damassés.

La variété des motifs de damas est l'un des aspects qui rend passionnant l'examen détaillé des vitraux. Ici, nous ne trouvons pas, comme à Évreux et Quimper, des oiseaux fantastiques affrontés d'influence orientale, mais l'atelier de Guillaume Barbe reprend différents cartons qu'il utilise pour les tentures d'honneur, les vêtements et les tuniques. C. Blondeau  a identifié trois motifs parmi ceux qu'il est possible de relever malgré l'usure de la grisaille.

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Le motif n°1.

"Ce motif le plus présent à la cathédrale de Rouen comme dans les autres vitraux de Guillaume Barbe est d'inspiration végétale, comme la majorité d'entre eux d'ailleurs. Il se compose d'une fleur en forme de cœur surmontée d'une sorte de boule, encadrée  une première fois par un feuillage à la découpe savante et une seconde fois par une autre rangée de feuilles dessinant des arabesques. L'ensemble donne une composition très complexe et quasiment symétrique" (C. Blondeau p. 119)

Voir infra baie 43 derrière Marie-Madeleine.

 

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Caroline Blondeau page 118 figure 64 : motif de damas n°1.

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Le motif n°2.

"Le motif n°2 est beaucoup plus difficile à cerner dans son intégralité. Il s('agit d'un thème végétal de forme losangé, composé d'un entrecroisement de branches à l'intérieur desquelles se développe un décor de feuilles crénelées qui forment des volutes. Au centre de cet entremêlement, descend une petite feuille isolée en forme de triangle et qui n'est par reliée au reste du branchage. Ce motif ornemental est présent sur deux des verrières de la cathédrale : deux fois en baie 47 et une seule en baie 49. (C. Blondeau p. 119)

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Caroline Blondeau page 120 figure 66 : motif de damas n°2.

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Le motif n°3.

Le troisième motif n'est utilisé qu'une fois, sur la baie n°41 (infra) derrière sainte Claire. "Plus fragmentaires que les autres, ses contours sont plus difficiles à discerner.  D'inspiration végétale, il est constitué d'un enchevêtrement savant de feuilles crénelées entourant une partie reconnaissable et facilement identifiable : il s'agit d'une sorte de fleur ronde au cœur évoqué d'un trait noir de grisailles, et d'où partent des rinceaux se terminant en volutes et le tout peint de manière très stylisé, d'un seul trait. cette composition, dont l'organisation est très similaire au deuxième motif, est très complexe et joue également sur la répétition du dessin." (C. Blondeau p. 120)

Caroline Blondeau page 120 figure 68 : motif de damas n°3.

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Voir (onglet "rechercher") mes articles sur les vitraux des cathédrales de Chartres, Bourges, Évreux, Le Mans et Quimper étudiant leurs fonds damassés, parmi lesquels :

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La baie 41 (nef côté nord). Chapelle Sainte-Anne. Verrière des saintes. Sainte Claire, Madeleine et  Anne éducatrice, et d'un saint évêque à donateur, par Guillaume Barbe 1465. Jean Gaudin 1960.

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La baie de 4 lancettes située à l'extrémité du bas-côté nord mesure 11,30 m. de haut et 3,20 m. de large. C'est une verrière mixte à deux parties, l'une historiée de 4 personnages en bandeau, réalisée par Guillaume Barbe, l'autre à vitrerie à losanges ornée de bordures et fermaillets y compris dans le tympan, crée en 1960 par Gaudin. 

Les figures  prennent place sous un encadrement architecturé à deux étages, très restauré.

Elle n'a pas été déplacée, elle a été restaurée au XIXe siècle, a été démontée et mise à l'abri au cours des deux guerres mondiales.

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La verrière a été commandée par la fabrique, et payée une fois terminée le 20 septembre 1465 : "Dés mars, un échafaudage est monté dans la chapelle par le maçon Lecoq. Commencent alors les travaux de blanchiment de la voûte, et la pose d'un carrelage rouge, toujours par Lecoq. En mai, Pierre Desuaulx, plombier, travaille à la soudure du vitrail. En août, le "chauchonnier" Lizurier blanchit de chaux le pilier extérieur se trouvant devant la verrière de la chapelle. 

Pour C. Blondeau, "la richesse et la préciosité des vêtements et le peu de modelé des visages en font une )œuvre à part dans le programme des bas-côtés." (p. 77)

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Une pièce des archives ADSM G2500bis f° 86v cite le nom du verrier  et indique la somme qui lui a été versée :

"Audit Barbe voirrier, pour avoir ouvré son mestier en la chapelle Saincte Anne de la dite eglise. Cest assavoir en icelle chapelle a une fourme de voirre neuf de couleurs ou il y a quatre jours, laquelle est bordée et a chaque pennel au parmi a ung fermaillés de voirre de couleurs et quatre ymages bas en ladite fourme, et aussi pour avoir paint et recuis toutes les bordeures et fermaillés de la dite fourme comme plus a plein est desclaré en ces parties et quittance, montans en somme totale XXXV l pour ce payé a luy par quictance le XXe jour du moys de septembre la somme de XXXV l". (cité par C. Blondeau)

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Si on compare cette baie à la baie 43, on remarque malgré la communauté de styles et de damas une différence notable : la baie 43 ne comporte aucune inscription.

Notice 

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM76003006

Photos Wikipedia :

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_41_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr

 

 

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Claire d'Assise.

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La sainte franciscaine fondatrice de l'Ordre des Pauvres Dames est représentée en abbesse (livre, crosse), sans autre attribut permettant de l'identifier. La cosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium. La sainte est voilée, porte la guimpe, et son habit de bure ne montre pas de cordelière. Curieusement, une robe bleue et rouge à bordure dorée dépasse sous la bure.

Il faut éclaircir l'image pour voir que le nimbe porte une inscription. Hélas, je ne parviens pas à la déchiffrer, ni à en trouver le relevé. Peut-être (ici) MATER DNI MEATE ---IA DMINO DOULO ?

Le fond damassé rose ("somptueux damas violet" selon C. Blondeau) porte un décor à rosaces à bords crénelés, et d'entrelacs.

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Un saint évêque et un chanoine donateur.

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Il est impossible d'identifier l'évêque. Sa chape à fermail carré porte une bordure à lettres pseudo-coufiques simulant une inscription.

Le donateur est un chanoine, comme l'indique l'aumusse portée sur l'avant-bras droit sur un surplis blanc et une robe rouge. Cette tenue de chœur est celle de tous les chanoines donateurs de la cathédrale, la couleur de la robe (ou de parements) étant parfois aussi bleue.

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Marie-Madeleine.

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Elle s'identifie par son attribut, le flacon d'aromates, par ses cheveux longs, blonds et dénoués seulement retenus au front par un diadème perlé, et par son élégance.

Elle est vêtue d'une robe pourpre (serrée par une large ceinture bleue) et d'un manteau vert doublé d'hermines et à bordures orfrayées.

Le fonds damassé est de couleur or, à entrelacs feuillagés.

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Anne éducatrice.

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Le nimbe porte une inscription en lettres gothiques SANCTA ANNA -MA-- EU - P[E]R ONNOUR ???

La bordure du manteau est brodée de lettres parmi lesquelles ont reconnait DEI, MARI- et deux fois ANNA.

La Vierge, nimbée de rouge, porte le  surcot d'hermines propre alors aux princesses au dessus d'une robe à corsage d'or et jupe rouge doublée d'hermines. Elle pose l'index sur le livre que lui tend sa mère.

Le drap d'honneur vert est uni, mais sa bordure dorée porte aussi une inscription.

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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La baie 43 (nef côté nord). Chapelle Saint-Nicolas. Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'enfant. Guillaume Barbe 1465-1470. Jean Gaudin 1960.

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_43_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr

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La baie de 4 lancettes et 3 trilobes au tympan  mesure 11 m. de haut et 3,30 m. de large. C'est une verrière mixte à deux parties, l'une historiée de 4 personnages en bandeau, réalisée par Guillaume Barbe, l'autre à vitrerie à losanges ornée de bordures et fermaillets y compris dans le tympan, créée en 1960 par Gaudin. 

Elle occupe l'avant -dernière fenêtre du bas-côté nord.

Le Corpus Vitrearum signale un bon état de conservation, mais la Vierge à l'Enfant, 2 des 3 enfants auprès de saint Nicolas ainsi que son manteau, et les fonds damassés sont restaurés.

Elle n'a pas été déplacée, elle a été démontée et mise à l'abri au cours des deux guerres mondiales.

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Le peintre-verrier Guillaume Barbe en a été payée le 20 août 1466 :

"Item en la chapelle St Nicoalas, a une fourme de voirre neuf ou il y a III ymages bas et a chaque pennel ung fermaillet et contientt icelle fourme IIICXLIII piès de voirre, et pour avoir paint et recuit les bordeures et fermailets de plusieurs fourmes et pour la façon de III ymages et pour faire tout ensemble". 

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D'après Giogo, Wikimedia Commons, modifié.

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D'après Giogo, Wikimedia Commons, modifié.

 

 

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Sainte Marguerite issant du dragon.

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Détail : le fonds damassé.

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Le motif, selon C. Blondeau, est un unicum composé d'un enchevêtrement de feuilles et de fruits peints en grisaille et jaune d'argent sur fond bleu.

Cela suppose, comme pour le fonds de saint Nicolas, de graver le verre bleu, de l'abraser à l'émeri réduit en poudre (parfois à la molette, plus tard à l'acide) pour faire apparaître le verre transparent avec lequel il est doublé. Puis ce verre est peint, en grisaille, ou en jaune d'argent. La technique est fréquente pour le verre rouge, plus rare pour le verre bleu, mais j'en ai signalé l'usage sur les vitraux de la cathédrale d'Evreux, par exemple (baie 211, 1325-1327). En Bretagne, on trouve des verres bleus gravés à La Martyre, Pleyben et Saint-Pol-de-Léon.

Cela permet au peintre-verrier de changer de coloris sur un même verre sans avoir besoin de plombs. 

 

Lire Roger Barrié, 1976, "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale.", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest.

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Marie-Madeleine et son flacon d'aromates.

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Détail : le fonds damassé.

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Ce fond est celui qui est habituel à Guillaume Barbe. Cf supra "motif n°1".

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Nicolas, en évêque, bénissant les trois clercs ressuscités du saloir.

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Détail : le fonds damassé à rinceaux floraux : verre bleu gravé.

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Détails.

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Vierge à l'Enfant.

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Les visages ont été restaurés. Le damas relève du dessin propre au répertoire de l'atelier, avec des tiges en roues crénelées.

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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,   Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.

 

— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1997_num_155_3_917000

— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.

https://chartes.hypotheses.org/6640

https://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/vitraux-legendaires-du-choeur-cathedrale-rouen-1225-1230

— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.

https://books.openedition.org/purh/3800

— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »

https://www.academia.edu/22616848/Full_text_Architecte_commande_style_mod%C3%A8le_Quelques_remarques_sur_la_r%C3%A9fection_des_fen%C3%AAtres_hautes_du_chevet_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen_1429_1433_

— TANGUY (Jacques)

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Fen36.htm

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Non consultés :

Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.

Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.

Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.

Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.

Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.

 

Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.

Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.

 Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77

Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.

Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.

Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.

RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.

Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.

 

 

WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitraux_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_36_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
23 mars 2022 3 23 /03 /mars /2022 14:45

Les vitraux de la cathédrale de Rouen III. Les baies 34 (panneaux de la Vie de saint Jean-Baptiste, 1499) et 36 (Pentecôte, offerte par Jean de Nonancourt, vers 1340-1350) au transept sud.

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Voir :

 

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Voir aussi  sur la cathédrale de Rouen :

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Voir sur Rouen :

 

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PRÉSENTATION.

 

La cathédrale possède 52 fenêtres dont 12 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 3 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.

 

 

XIIIe siècle

 

Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230

Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230

Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230

Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204

Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe

Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230

Baie n°27 vers 1230

Baie n°29 vers 1230

Baie n°31, vers 1230

Baie n°39 Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle

Baie n°53 Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469

Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280


 

 

XIVe siècle

Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310

Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.

Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310

Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310

Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310

Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350

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XVe siècle

Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470

Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470

Baie n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe

Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe

baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.

Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe

Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe

Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du choeur vers 1430

Baie 105, Saint Pierre. 1433

 

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XVIe siècle

Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521

Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499

Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500

Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500

Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500

Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
 

 

XXe siècle

Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc

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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum.

 

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La baie 34 (transept sud). Fin du XVIe siècle [1499] et Flandrin-Latron 1960.

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La baie 34 mesure 9 m de haut et 1,95 m. de large. Elle ne comporte qu'une seule lancette. Dans une vitrerie de complément de S. Flandrin-Latron ont été incorporés deux panneaux de la vie de saint Jean-Baptiste provenant de l'église Saint-Laurent de Rouen et donnés par Eustache de la Quérière au XIXe siècle, après les avoir achetés en 1811. Ils avaient été d'abord placés en baie 24.

Note. E. de la Quérière est l'historien de l'église Saint-Laurent, actuellement Musée Le Secq des Tournelles. Il écrit dans sa monographie sur Saint-Laurent : 

"Les premières vitres, aux couleurs éclatantes, occupaient les fenêtres. Les premières vitres avaient été posées en 1464. D'autres dataient de 1499 et 1520. Une de ces vitres peintes, représentant la vie de saint Jean-Baptiste (elle décorait la chapelle Saint-Jean, collatéral sud), fut acquises, il y a 54 ans, par l'auteur de cette monographie qui en fit don à l'église cathédrale. Mais, par une conséquence de l’incurie de ceux à qui avait été confié ce vitrail, on ne put en employer que deux panneaux qui furent placés à la chapelle des Fonts, dite du Saint-Esprit . » Eustache de La Quérière, 1866, "Saint-Laurent, église paroissiale de Rouen, supprimée en 1791

 

Voir :

  • https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Musee-Le-Secq-des-Tournelles.htm
  • https://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/St-Laurent.htm

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La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Au registre inférieur : le Baptême des Juifs par Jean-Baptiste dans le Jourdain.

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Ce panneau assez bien conservé mesure 1 m sur 0,50m et comprend des émaux et des pièces peintes à la sanguine.

Jean-Baptiste, pieds nus, vêtu de sa tunique en poils de chameau, verse l'eau du Jourdain sur la tête de trois hommes nus qui sont dans le fleuve. En aval, deux hommes habillés semblent s'y laver, et sur la rive en contre-bas des hommes ou femmes (dont la moitié haute est coupée par le fragment) se rhabillent.

Au bord inférieur se voit un pont à trois arches.

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La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Au registre supérieur : saint Jean-Baptiste conduit en prison.

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Ce panneau assez bien conservé mesure 30 cm sur 0,50m ; il est incomplet ; le saint a peut-être été restauré en 1840.

Jean-Baptiste, dans la même tenue vestimentaire, mais bras liés, est mené en prison par deux soldats. L'un porte une armure, un casque à plumet, une tunique, et une épée (un officier). L'autre n'a ni cuirasse ni casque, mais une épée, son chapeau conique rouge peut le désigner comme un Juif.

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La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La baie 36 (transept sud) : verrière de la Pentecôte. Vers 1340-1350 ; début du XXe ; 1956-1957.

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Cette baie d'une seule lancette mesure  9 m. de haut et 1,20 m. de large. C'est une verrière composite où des panneaux anciens provenant des baies 24 et 26 éclairant l'ancienne chapelle du Saint-Esprit ont été placés en 1955-1956. Ces verrières avaient été offertes par Jean de Nonancourt, archidiacre du Vexin français, qui y figure en donateur sous une inscription nominative.

Les panneaux anciens sont placés dans une vitrerie losangée par Jean-Jacques Gruber.

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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Pentecôte. Maître de la légende de Saint-Nicaise ?, 1340-1350.

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Sous un dais à 3 arcatures, 3 gables, arc-boutants et pinacles, la colombe du Saint-Esprit plane au dessus des apôtres sur un fond damassé bleu ("à rameaux enlevés"), entre deux anges qui lancent leur encensoir en volant. La pointe du bec de l'oiseau forme le sommet d'un dôme rouge détachant les langues de feu sur la tête des apôtres, tous barbus sauf Jean. Pierre se reconnaît à sont "toupet". Les robes sont de verres de  six couleurs différentes. Trois têtes sont restaurées : deux à gauche et une à droite.

Bordure : alternance de niches et de baies à deux lancettes. Des anges, dont l'un qui joue d'une lyre. Un archevêque ; un prophète.

Note : mon cliché ne montre pas la statuette du Christ en majesté représenté au dessus du gable central. Ni les masque feuilles en fermaillet de l'amortissement.

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Cette Pentecôte est attribuée au maître de la Légende de Saint-Nicaise auteur de la verrière éponyme (baie 18) de l'église   Saint-Ouen de Rouen (Jean Lafond).

Les bordures à petits personnages ont été subtilisés par Jules Boulanger au début du  XXe siècle (1909-1918), et refaites à l'identique, sauf un fragment qui subsiste à gauche du donateur.

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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Deux clercs agenouillés mains jointes.

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Les personnages se détachent sur un fond de grisaille losangé à motifs de feuilles de chêne et glands. Grisaille et jaune d'argent, sauf plusieurs pièces (col manchettes, bas de robe) en verre bleu, ce qui pourrait être un indice pour reconnaître ici des chanoines.

Bordures : deux personnages dont un portant la mitre et bénissant.

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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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L'archidiacre Jean de Nonancourt.

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Le clerc, qui est tonsuré, est représenté agenouillé, mains jointes, dans l'attitude du donateur, de quasi profil tourné vers sa droite, le regard levé vers la Vierge ou le Christ qu'il vénère (dans la disposition initiale du vitrail). Il porte un manteau de cérémonie bleu à motifs damassés en rouelles, des parements (manches, bas de la robe) violets, au dessus d'une robe blanche. Une inscription en lettres gothiques en latin révèle son identité.

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Jean de Nonancourt était archidiacre du Vexin français, ce territoire  du diocèse de Rouen étant l'un de ses six archidiaconés avec le Grand archidiaconé, le Grand Caux, le Petit Caux, Eu,  et le Vexin Normand.

"Travaillant à l'origine partout où l'on réclamait sa présence, l'archidiacre en vint à être associé à des territoires spécifiques, appelés archidiaconés.  Les pouvoirs généraux des archidiacres étaient à la fois d'ordre administratif et judiciaire. Les archidiacres étaient responsables des prêtres de paroisse placés sous leur juridiction et avaient à inspecter les objets liturgiques tels que vêtements, vases et livres : ils étaient responsables de la distribution des Saintes Huiles et du Saint Chrême ; ils avaient juridiction sur les doyens ruraux ; enfin ils devaient garder le célibat. Ils semblent avoir le plus communément jugé des contestations relatives aux charges ecclésiastiques ou à des églises du ressort de leur archidiaconé, quoique, à d'autres moments, ils aient été délégués comme juges par le roi ou le pape ."

 Je  trouve ce personnage mentionné ici :

Fol. 256, v°. – Abandon par « Yon, seigneur de Garencières, chevalier, » au chapitre cathédral d'Évreux, de tous ses droits au patronage de l'église de Garencières. Ce bénéfice était alors vacant par la résignation qu'en avait faite Jean de Nonancourt, prêtre, entre les mains de l'évêque d'Évreux. (7 janvier 1300, n. s.)

Il est nommé dans les bulles de Clément VI dans la fondation du collège des Clémentines de Rouen.

Sur une famille de Nonancourt, voir :

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+la+famille+de+nonancourt&oc=0&p=histoire

Mais, en me référant au cardinal Nicolas de Nonancourt , qui est figuré en donateur sur un vitrail de la cathédrale d'Évreux, la baie 16, je peux penser qu'ici aussi, ce Jean de Nonancourt signale seulement par son nom son origine géographique, plutôt que familiale.

 

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Si je déchiffre l'inscription, je lis :

 [---] IOHAÑES . DE . NONÃCURIA.

Le premier mot est certainement un titre. Je propose  MAGISMAGISTER. MAGISTER.

Nona Curia est le nom latin de Nonancourt, Eure (par ex : Beata Magdalena de-) mais on trouve aussi NONANCURIA, NONANCORT, NONANCURTIS, NONENCORS (Auguste Le Prevost, Dictionnaire...) et même NONE IN CURIA (ici). Le tilde sur le A dans l'inscription correspond à la graphie NONANCURIA.

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Je suis alors dirigé vers ce texte du 30 juin 1348, sujet d'un épreuve écrite de l'Ecole des chartes de 1868: l'archidiacre du Vexin français, en latin Vulgassini Francie, y est nommé, et qualifié "d'Honorable et discret homme". L'archidiacre accompagne Jean du Prato,  l'évêque d'Evreux (1328-1333) qui figure sur la baie 200 des vitraux de la cathédrale d'Evreux vers 1330 , et qui devint ensuite recteur de l'une des portions  de l'église Notre-Dame de Louviers (Beate Marie De Loco Veris).

https://www.lavieb-aile.com/2019/11/les-vitraux-du-xive-siecle-de-la-cathedrale-d-evreux.ix.la-baie-200-v.1330-1333-offerte-par-l-eveque-jean-du-prat.html

Le texte est extrait du Cartulaire de Louviers. Jean du Prato, délégué pour la viconté de Pont-de-l'Arche, des commissaires généraux chargés de percevoir les deniers de l'emprunt autorisé pour le duc de Normandie dans cette province, donne quittance à Robert de Quevilly, receveur du Bailliage de Rouen, de douze livres à lui dues pour ses honoraires à l'occasion de sa recette.

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« Omnibus hec visuris, offlcialis Rothomagensis, salutem in Domino. Notum facimus quod in nostra presencia constitutus vir discretus magister Johannes de Prato, rector alterius portionis ecclesie Beate Marie de Loco Veris, a venerabili et discreto viro magistro Johanne de Nonancuria, archidiacono Vulgassini Francie in ecclesia Rothomagensi, ac nobili viro domino Johanne de Mellomonte, milite, et provido viro Johanne Fabri, cive Rothomagensi, generalibus deputatis1 in bailivia Rothomagensi deputatis mutui concessi serenissimo principi domino duci Normannie, commissarius in vicecomitatu Pontis Arche quoad collectionem mutui supradicti, recognovit et confessus fuit se habuisse et récépissé in pecuniis numeratis, per manum Roberti de Quevilly, receptoris baillivie Rothomagensis, duodecim libras turonensium pro stipendiis ipsius Johannis ratione mutui * supradicti, super qua pecunie summa dictus Johannes omnes et singulos quorum intéresse posset quitavit, omnino renuncians excepcioni pecunie non recepte et non numerate. Datum anno Domini M° CCC° XL VIII, die veneris post nativitatem beati Johannis Baptiste. TURVILLA. VIII d. Mutui. »

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Puis j'accède à cette fiche qui procure de précieux renseignements :

http://studium-parisiense.univ-paris1.fr/individus/53113-johannesdenonacuria

Maître Jean de Nonancourt (alias Jean Fessier)  fut conseiller-clerc au parlement de Paris en 1319, cité au pénitencier de Rouen en 1329, chanoine de Rouen de 1308 à 1349, archidiacre du Vexin français de 1340 à 1349.

Jean de Nonancourt a fondé une chapellenie de Marie-Madeleine en la chapelle Saint-Jean-dans-la-Nef du collatéral nord de la cathédrale de Rouen, où se trouve l'une des "Belles Verrières", la baie 53. (Blondeau p. 86).

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Dans la bordure : deux anges.

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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Panneau de grisaille losangée (XIVe siècle) à motifs de glands et de feuilles de chêne sertis dans une bordure du XVe siècle à  points de couleur et feuilles d'acanthe  en grisaille et jaune d'argent.

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Au centre du panneau, à la place du ferraillet d'origine, un médaillon du XVe siècle de 21 cm de diamètre représente saint Nicolas et saint Jean-Baptiste (qui tient l'agneau sur le bras droit).

Sur le panneau inférieur, de même composition, le médaillon porte le monogramme marial.

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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Soubassement : inscription de 1956.

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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes, page 86.

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,   Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.

— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670. DOI : https://doi.org/10.4000/books.purh.3779.

https://books.openedition.org/purh/3788#tocto2n1

TANGUY (Jacques)

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Fen36.htm

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Non consultés :

Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.

Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.

Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.

Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.

Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.

 

Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.

Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.

 Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77

Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.

Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.

Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.

 

Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.

 

— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitraux_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_36_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
16 mars 2022 3 16 /03 /mars /2022 09:28

Les vitraux de la cathédrale de Rouen. II. La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450).

 

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Voir :

 

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Voir aussi  sur la cathédrale de Rouen :

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Voir sur Rouen :

 

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PRÉSENTATION

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Cette baie occupe l'angle sud-ouest du bras droit du transept. Elle fut offerte en 1448 par les exécuteurs testamentaires de Guillaume Le Fève et la confrérie des Saints Innocents. D'abord montée dans la baie exactement opposée à l'angle sud-est du bras droit, elle fut ensuite déplacée en 1520 lors de l'attribution de la chapelle à la confrérie Saint-Romain (cf. baie 30), puis déplacée dans l'actuelle chapelle Jeanne-d'Arc, et enfin placée en 1960 à l'emplacement actuel.

Elle reprend le parti des baies créées en 1430 pour les baies hautes du chœur (Saint Pierre), personnages sous dais peuplés de figurines, avec une petite scène légendaire placé sou les deux sujets principaux, la Vierge à l'Enfant, et Jean-Baptiste.

La même association se retrouvant à Saint-Maclou, notamment en baie 20, l'hypothèse d'un atelier commun est évoquée par les spécialistes, qui y attribuent aussi l'Adoration des Mages du Musée de Cluny  qui proviendrait de l'église Saint-Vivien.

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La baie à 2 lancettes mesure 8,50 m. de haut et 1,80 m. de large. 

Son soubassement ornemental et les bordures ont été refaits par Simone Flandrin-Latron en 1960, en même temps que sa restauration. 

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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LA LANCETTE A : LA VIERGE À L'ENFANT ET UN DONATEUR.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Vierge au regard triste dirigé vers sa gauche se détache sur un damas rouge à motifs de rinceaux.

L'Enfant aux cheveux bouclés est figuré en Sauveur du monde, bénissant et tenant le globus crucigère.

Ils se tiennent dans une niche semblable à une chapelle à voûte gothique nervurée entre deux piédroits en grisaille et jaune d'argent peuplés de figurines et d'angelots musiciens sous un haut gable. Le pièdroit de droite a été restauré/restitué en 1960.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Décor des piédroits.

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Les piédroits comportent une architecture flamboyante à gables aigus et pinacles à crochets, où se logent des anges musiciens.

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Du côté droit (moderne), de bas en haut :

Un ange recueilli et un rameau d'olivier dans lequel un ruban porte l'inscription OLIVIER SIBEAU.

Inscription : LA TIGE DE JESSE A FLEVRI

Joueur d'orgue positif

Arbre à feuilles et fleurs.

 

inscription VN GLAIVE TRANSPERCE VOTRE COEUR

Jeune dansant parmi des étoiles

Inscription PAIN ET VIN

Femme distribuant des pains.

Ceps de vigne , feuilles et grappes.

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Du côté gauche :

Les musiciens jouent de l'orgue positif et de la trompette marine.

Joueur de luth

Porteur de phylactère.

 

Ange tenant un orgue positif.
Ange chanteur.

Ange tenant un phylactère

Ange jouant du luth.

 

 

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le donateur. 

Le donateur est un ecclésiastique (tonsure, longue robe blanche), et vraisemblablement un chanoine (col rouge). Ses mains sont jointes. Il est placé aux pieds, sous le genou gauche et devant le pan du manteau de la Vierge.

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Décor de la bordure du pan de manteau de Marie.

Monogramme marial A M / Fleur de lys / perles par cinq / quatrefeuilles

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Décor de la partie haute.

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La couronne est portée par deux anges en vol.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Fuite en Égypte et miracle des blés.

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La "Fuite en Égypte" de Marie et Joseph après la naissance de Jésus leur est imposé par la décision d'Hérode de faire massacrer tous les nouveau-nés, ou "Innocents", scène représentée dans la lancette voisine.

Au premier plan, Marie tient l'Enfant emmailloté ; l'âne est guidé par Joseph (bas du corps restauré).

En arrière plan, miracle du blé qui a miraculeusement poussé assez haut pour dissimuler le couple fugitif aux soldats d'Hérode. Un moissonneur tient une faucille, mais aussi une boite suspendue à sa taille.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

 

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LA LANCETTE B : SAINT JEAN-BAPTISTE .

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Scène principale.

Le saint occupe une niche gothique flamboyante identique à celle de la Vierge, devant un drap d'honneur damassé au motif identique.

La tête et le nimbe ont été restaurés. 

Il désigne de l'index l'agneau, nimbé, tenant l'étendard de la résurrection.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le donateur .

S'agit-il de Guillaume Le Fêve ? Ou du représentant de la Confrérie des Saints Innocents? C'est en tout cas un riche marchand de Rouen, portant sur l'épaule de son manteau bleu une longue écharpe rouge, qui constitue manifestement un insigne d'une fonction, civile ou religieuse.  

Je ne trouve pas d'information sur un Guillaume Le Fêve. Sous la graphie Lefèvre je découvre un Guillaume ou Jean Lefèvre, chanoine, qui possède son monument funéraire dans la cathédrale (Deville p. 209)

Sous cette même graphie, les archives G.4287 mentionnent pour l'année 1441 :

"Vente par Michault Simon et par Collecte , sa femme, à maître Guillaume Lefèvre, chanoine de Rouen, curé de Saint-Denis, d'une maison en la rue du Monchau-Saint-Denis.

Et le 12 novembre 1437, don au chapitre pour son obit.

Aux Etats de Rouen du 10 mai 1448, un Guillaume Lefèvre est député de Coutances. Un autre serait un marchand ou armateur de Rouen.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le Massacre des saints Innocents. (partie sup. de l'enfant restaurée)

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Le roi Hérode, couronné et assis sur un trône, donne l'ordre aux soldats de tuer les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem. Le chef de la troupe figure à droite. Un seul soldat est représenté, en armure, arrachant à une mère agenouillée son enfant.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les pièdroits.

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Ils échelonnent huit scènes du Massacre des Innocents situées dans des niches flamboyantes.

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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Note : 

Simone Flandrin-Latron (1905–2000) est une artiste peintre et peintre-verrier française, prix de Rome, conjointe de Paul Flandrin (architecte).

https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/la-chartre-sur-le-loir-72340/une-exposition-trois-generations-de-femmes-artistes-2989138

http://www.vitraux-chartres.fr/vitraux%20crypte/vue_02.htm

SOURCES ET LIENS.

 

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, CNRS ed. 

CALLIAS-BEY (Martine) 2003,. Simone Flandrin-Latron, peintre verrier. Simone Flandrin-Latron [catalogue d'exposition], Musée de la reine Bérangère,  2003. ET Martine Callias Bey. "Simone Flandrin-Latron, peintre verrier". Revue de la Céramique et du Verre, 2000, .   Non consulté

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00176355v1

— TANGUY (Jacques)

http://www.rouen-histoire.com/Vitraux/Transept_S/Fen32.htm

—Base Palissy

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM76002009

—WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vitraux_de_la_cath%C3%A9drale_de_Rouen#Bras_Sud_du_transept

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Baie_32_-_cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Rouen?uselang=fr

https://www.therosewindow.com/pilot/Rouen/w32-2a.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
13 mars 2022 7 13 /03 /mars /2022 22:40

Les vitraux de la cathédrale de Rouen I. La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521).

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Voir sur Rouen :

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PRÉSENTATION.

Un panégyrique, c'est un discours à la louange d'un personnage ; ici, le vitrail fait l'éloge de saint Romain, l'évêque de Rouen au VIIe siècle, en associant sept épisodes de sa vie à chacune des sept vertus cardinales et théologales.

Cette baie 30 est située sur le bras sud du transept de la cathédrale et éclaire la nouvelle Chapelle Saint-Romain que gère la Confrérie Saint-Romain, fondée en 1437. C'est d'ailleurs cette confrérie qui offre, en1521, la baie voisine n° 28, également consacrée à la vie de saint Romain. En effet, l'ancienne chapelle de la confrérie, celle du Petit-Saint-Romain, est devenue trop petite. La confrérie fait agrandir les fenêtres de sa nouvelle chapelle, créant ainsi deux grandes baies à trois lancettes et remplage flamboyant.

Elle mesure 9,20 m. de haut et 3 m. de large et comporte 3 lancettes organisées en deux registres, et un soubassement moderne créé par Jules Boulanger en 1920 .

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Attribution.

L'hypothèse de l'attribution de cette verrière, ainsi que de la baie 28   à Olivier Tardif, gendre de Jean Barbe, et à ce dernier, est mentionnée par l'auteur de la notice de la base Palissy. Mais elle est discutée par Caroline Blondeau:

"Ces deux œuvres ont souvent été rapprochées de l'Ecu de verre, l'atelier des Barbe, notamment en raison de la charge qui lie Jean Barbe en 1518-1521 à la cathédrale. À cette époque, Olivier Tardif commande à être mentionné dans les comptes à ses côtés et aurait pu l'assister dans cette tache monumentale. Peut-on cependant les créditer de la réalisation de ces deux magnifiques verrières sur la simple raison de leur présence en tant que peintre verriers de la cathédrale uniquement pour des travaux d'entretien?"

"La facture de ces deux verrières constitue également un frein à cette attribution. En effet, elles ne sont pas dans la lignée des œuvres authentifiées et attribuées au fils [de Guillaume] Barbe, mais il reste délicat de mettre en parallèle des vitraux exécutés à une vingtaine d'années d'écart surtout s'ils sont l'œuvre de cartonniers différents. De même, le style est difficilement comparable."

"Si la tentation de voir derrière les chefs-d'œuvre du bras sud du transept les personnalités de Jean Barbe et Olivier Tardif est grande, elle ne peut céder à une logique scientifique. Rien n'atteste clairement, si ce n'est un faisceau de présomptions, l'intervention de ces deux peintres verriers dans la création de ces vitraux." (C. Blondeau)

 

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Stylistique et technique.

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"L'examen de la peinture révèle une facture homogène au sein des deux vitraux. Les visages, peints majoritairement en grisaille, sont modelés très subtilement avec des rehauts et enlevés progressifs de matière à la brosse. Certains sont toutefois peints en sanguine pour imiter la carnation. Plis, rides, cernes et autres défauts sont marqués et mis en valeur par un jeu de traits fins de grisaille et d'enlevés.

Le peintre verrier a particulièrement souhaité  mettre en valeur le caractère des personnages, accentuant les marques de l'âge : rides, plis et anomalies cutanées. Les yeux sont également particulièrement travaillés, comme toujours à Rouen : cernes très importants modelés au lavis sur lequel on ombre le coin extérieur, enlevé à l'aiguille au dessus de la paupière inférieure et surmontés par de grands cils rectilignes tout à fait caractéristiques.

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Photo lavieb-aile.

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Les personnages féminins, plus présent dans le Panégyrique sous forme des Vertus sont moins marqués, sans doute en raison de la nature allégorique de ces représentations. Si les yeux présentent un traitement tout à fait similaire, en revanche l'un des traits marquants de leur visages est le dessin de la bouche, illustrant une expression de hauteur, voire de dédain. Leurs figures sont assez idéalisées représentant des femmes aux profils harmonieux, au long nez droit et toujours aux longs cils.

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Photo lavieb-aile

 

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Les drapés sont particulièrement soignés : les somptueux vêtements se déversent en une cascade de plis cassés savamment agencés comme la simple robe de la servante remplissant le baquet d'eau lors de la naissance du saint, ou des robes aux manches à crevées et autres tenues parsemées de motifs à damas complexes et d'ornements divers.

[...] Les scènes en intérieur mettent généralement en place  les protagonistes sous des architectures à l'antique : pilastres et colonnes peints de grotesques sur lesquels s'accoudent ou s'agenouillent des putti ailés. 

Le décor employé afin de magnifier l'architecture appartient sans contexte au vocabulaire antiquisant alors en vogue : masques feuillus, médaillons présentant des profils comme sur les monnaies antiques, bucranes, oves... Le peintre verrier utilise également des carrelages aux couleurs alternées afin de créer un effet de profondeur, dans une perspective assez bien maitrisée.

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Elle a été   restaurée à plusieurs reprises, notamment en 1567-1568 par Noël Tardif,  et en 1920 par Jules Boulanger.

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Commanditaire.

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La baie 30 est offerte (ADSM, G 2150 4 janvier 1521) par Jacques Le Lieur  seigneur de Brametot  et l'année 1521 est indiquée par inscription sur le vitrail.

"Jacques Le Lieur faisait partie de la confrérie de Saint-Romain. Son financement de la baie 30 est confirmé par les armoiries insérées dans l’œuvre [?] et sa participation personnelle à l’iconographie de l’œuvre est incontestable. Cet homme était un des acteurs majeurs de la vie politique rouennaise. En 1503, il acquiert l’office de notaire et de secrétaire du roi. En 1517, il est élu conseiller nouveau puis, en 1519, est appelé à siéger aux états de Normandie. Échevin jusqu’en 1541, il devient député aux états de Normandie en 1542. Il fait partie du milieu éclairé rouennais qui a le goût des arts, de la poésie notamment. Il avait visiblement un goût prononcé pour la culture classique, qui se manifeste dans la composition du vitrail. En effet, non seulement les ornementations sont tributaires des influences de l’iconographie de la Renaissance mais, par ailleurs, la légende même de saint Romain – avec l’insertion des vertus personnifiées dans chaque scène – est tout à fait nouvelle dans l’iconographie hagiographique de l’église. Chacune des scènes devient ainsi une allégorie dont la composition est étrangère à la culture iconographique médiévale. Il ne fait donc aucun doute qu’outre son financement, Jacques Le Lieur s’est personnellement investi dans l’iconographie du vitrail. L’iconographie des vitraux paraît avoir été conçue par la confrérie, et notamment par Jacques Le Lieur, sous le contrôle du chapitre, qui jouait lui aussi un rôle essentiel dans le privilège de Saint-Romain." (A. Blaise 2009)

Le Puy des Palinods était une confrérie religieuse dédiée à la sainte Vierge, devenue au fil du temps une académie littéraire et poétique centrée sur l'immaculée conception.

Jacques Le Lieur est très connu des historiens et amateurs de Rouen pour son Livre des Fontaines, réalisé entre 1519 et 1526, et qui montre ses armoiries, et un décor de putti et de dauphins ou chimères qui se retrouve sur le vitrail.

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"  L’utilisation des vertus pour définir le devoir de l’évêque nous est confirmée par leur présence réelle au sein d’un vitrail hagiographique du début du XVIe siècle. La baie 30 de la cathédrale décrit parfaitement les vertus nécessaires au saint évêque. La composition du vitrail s’est organisée autour des vertus ; les sept scènes de la vie du saint ont été choisies en fonction des sept vertus cardinales et théologales : la Naissance de saint Romain (Foi), l’Élection du saint par le chapitre (Prudence) , le Privilège de saint Romain (Justice), Il chasse les démons d’un temple païen (Force), Le saint tenté par le démon (Tempérance), sa Mort (toutes les vertus), Saint Romain apparaît au vieillard (Charité) après sa mort, au tympan. Les vertus tiennent dans chaque épisode une place centrale, surtout dans la lancette médiane, ce qui amène à penser que ce sont probablement celles-ci que l’on a voulu représenter avant même de décider des scènes de sa légende. Ce discours religieux sur les vertus de la sainteté est assez classique dans l’iconographie hagiographique. Cependant, les vertus ne sont habituellement que symboliquement évoquées par les actions du saint. Ici, au contraire, elles sont au premier plan. Les épisodes de la vie du saint ne font que les accompagner et deviennent presque un prétexte pour représenter les vertus elles-mêmes. C’est probablement l’évolution artistique du début du XVIe siècle qui permit de faire tant de place à la représentation des vertus dans une œuvre religieuse. Cela confirmerait que c’est avant tout les vertus du saint que l’on voulait voir figurer dans certaines légendes hagiographiques." (A. Blaise)

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L'importance des Vertus à l'époque et à Rouen est confirmée par leur présence sur le portail occidental, mais aussi sur le  monument funéraire qui fut  élevé de 1516 à 1525 aux deux cardinaux d'Amboise.  Voici leur description par A. Deville :

 

'Entre les sept pilastres, s'arrondissent six niches à caissons, où sont assises six charmantes petites statues ayant trois pieds de hauteur environ. Elles représentent, par allusion au mort, des vertus théologales, ainsi que l'indiquent les inscriptions latines, gravées en lettres d'or, qui sont superposées ce sont, en commençant par la gauche, la Foi, la Charité, la Prudence, la Tempérance, la Force d'âme, et la Justice. 

FIDES, LA Foi. Elle tient un livre dans sa main droite, un calice dans la gauche. Cette délicieuse figure porte le riche costume du commencement du  XVe siècle; sa tête est couverte de la mante.

CARITAS, LA CHARITÉ. Les attributs de cette figure ont été brisés, mais on voit, par ce qui en reste, qu'elle portait une croix d'une main et un cœur de l'autre. Il faut remarquer sa coiffure à réseau, ses boucles d'oreille à roue avec une grosse perle pendante au milieu, et sa ceinture ornée de perles enchaînées. Le style de cette figure est un peu maniéré.

PRUDENTIA, LA PRUDENCE.  Le moelleux de la chevelure est surtout remarquable. Manches à crevés, manteau retenu par un cordon sur la poitrine, robe coupée carrément par-devant. Attributs : flambeau dans la main droite compas dans la main gauche.

TEMPERENCIA, LA TEMPERANCE. Elle tient une horloge dans la main gauche, dans la droite, par allégorie, un frein. Son front est ceint d'un riche bandeau orné de perles. La tête et la poitrine sont couvertes. Il faut admirer le travail de la tunique. Le cadran de cette horloge est divisé en vingt-quatre heures suivant l'usage de l'époque.

FORTITUDO, LA FORCE D'AME. Elle est représentée sous la figure d'un guerrier casqué et cuirassé, qui saisit par le cou un dragon, qu'il arrache du fort où il s'est réfugié. C'est l'image du triomphe de la vertu sur le vice.

IUSTICIA, LA JUSTICE. Cette jolie statue rappelle, pour le faire et pour le costume, la troisième, celle de la Prudence. Elle soutient, dune main, le livre de la loi, sur lequel est tracée une balance; elle porte le glaive nu dans l'autre.

On retrouve cette même figure allégorique au tombeau de François duc de Bretagne, dans la chapelle des Carmes de la cathédrale Nantes. On y voit également la Tempérance à l'horloge et au frein, la Justice portant l'épée et le livre avec les balances, et la Prudence armée du compas. Ces quatre figures occupent debout, les quatre coins du mausolée. Lobineau, dans son Histoire de Bretagne nous apprend qu'on travaillait au tombeau en 1507."

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR : FIDES, IUSTICIA,TEMPERENCIA.

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Les trois épisodes de la Vie de saint Romain sont (de droite à gauche) sa Naissance, en présence de la Foi, le Privilège de libérer un prisonnier, en présence de la Justice, et la Tentation par une femme, en présence de Tempérance. 

La Foi est une vertu théologale, les deux autres des vertus cardinales.

L'intérêt iconographique tient moins à la représentation de l'épisode que dans celle des Vertus sous leur forme allégorique, et dans le choix des attributs qui les caractérisent.

La Foi avec son cierge et sa couronne de laurier.

La Justice avec son épée, sa couronne, et une balance.

La Tempérance avec une horloge et une cloche sur la tête et des bésicles en main.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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FIDES (LA FOI) : NAISSANCE DE SAINT ROMAIN.

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Le panneau décoratif Renaissance.

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Le panneau décoratif est typique de l'art ornemental de la Première Renaissance, tel qu'il a été introduit en Normandie par le cardinal Georges d'Amboise pour le château de Gaillon, et qu'on retrouve aussi dans les marges du Livre des fontaines de Jacques Le Lieur .

On y trouve, dans un jeu spéculaire autour d'un axe de symétrie verticale, deux putti ailés tenant, comme des porte-enseignes des armées romaines, des cartouches, ici muets.

Le principe des métamorphoses et hybridation animales et végétales (déjà présent sur les médaillons du Portail des Libraires, mais ici typiquement Renaissance) greffe sur les rinceaux feuillagés des têtes de chevaux (ou boucs), et des têtes menaçantes de "dauphins",  ou des oiseaux affrontés, peut-être des aigles. On trouve aussi des masques de profil, feuillagés et anthropomorphes, tandis que les tiges des rinceaux sont virolés des bagues qui introduisent la participation des fabrications humaines d'orfèvrerie.

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Jacques Le Lieur, Livre des fontaines, Gallica.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La naissance de saint Romain.

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Selon la Vita Sancti Romani, cette naissance relève de la Foi car Félicité, la mère de Romain, ne pouvait avoir d'enfants, jusqu'à ce qu'un ange apparut à son mari Benoit, lui annonçant que sa femme enfanterait.

L'épisode crée donc un parallèle avec l'iconographie de la Nativité de la Vierge, dans laquelle sainte Anne, est alitée tandis qu'un bain est donnée à l'enfant Marie.

L'apparition de l'ange à Benoit est représenté sur le premier des vingt médaillons consacré au saint au Portail de la Calende de la cathédrale.

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La mère de Romain est à demi couchée sur son lit d'accouchée, les mains croisées sur la poitrine. Elle est voilée et porte la guimpe. Il est difficile de préciser la nature de l'objet losangique doré centré par un reflet bleu : un miroir ?

Le  baldaquin est frangé de trois couleurs ; le ciel de lit de couleur verte n'est relevé que partiellement.

Une servante portant une coiffe locale à larges ailes, verse de l'eau dans un baquet pour le bain du nouveau-né, tandis qu'un petit chien blanc bondit. Ce chien blanc est très fréquent dans les représentations des demeures seigneuriales, et cet animal de compagnie est un marqueur de l'aristocratie de la famille, en son château des Rochettes de Wy-dit-Joli-Village.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Fides, la Foi.

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La Foi tient l'enfant dans ses bras. Elle tend un cierge allumé vers la mère. Elle porte sur ses longs cheveux blonds une couronne de lauriers, une robe dorée à ceinture bleue, et un manteau parme à revers rouge. La richesse de cet habit confirme que nous n'avons pas affaire à une servante ou une amie de la maman, mais bien à l'allégorie de la Foi.

Les auteurs du Corpus vitrearum voient une église sur la tête de la sainte. ils signalent que le buste et la tête due la Foi sont restaurées, ainsi que les autres têtes sauf celle de la mère du saint.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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IUSTICIA (LA JUSTICE) : LE PRIVILÈGE DE SAINT ROMAIN.

 

 

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Le panneau décoratif.

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Nous retrouvons les mêmes éléments ornementaux : rubans, rinceaux à artefacts et bouquets de feuillages, tête de boucs feuillagées sur un cou  portant un collier qui les accouple, candélabre central. Mais les deux putti ailés portent sur leur enseigne un cartouche portant la date 1521.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le Privilège de saint Romain.

"Le privilège de saint Romain permettait au chapitre de la cathédrale de Rouen de gracier chaque année un condamné à mort le jour de l'Ascension. Son origine fait partie de la légende de Saint Romain. 

Saint Romain, évêque de Rouen au temps de Dagobert (629 - 639), décida de dompter un monstre des eaux, la Gargouille, qui désolait les marais de la rive gauche. Il demanda un compagnon et seul un condamné à mort accepta. Saint Romain passa son étole au cou de la Gargouille, et elle fut menée à la ville, tenue ainsi en laisse par le condamné à mort. Celui-ci fut gracié. Dagobert (ou son fils Clovis II) donna à l'évêque de Rouen saint Ouen le privilège de gracier un condamné chaque année." (Wikipédia) https://fr.wikipedia.org/wiki/Privil%C3%A8ge_de_Saint-Romain

La cérémonie qui se déroule le matin de l'Ascension implique la Confrérie de Saint-Romain, laquelle, avec le chapitre, porte la chasse reliquaire ou "Fierte", en partant du portail des Libraires où la statue de saint Romain le montre tenant en laisse le monstre.

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Comme les deux autres, le verre rouge portant l'inscription IUSTICIA est gravé et peint au jaune d'argent.  La Justice se tient dans une salle aux baies vitrées losangées, devant une table où sont placés un reliquaire cylindrique en verre serti,  un bras reliquaire à fenêtre vitrée posé sur un coussin  de velours carmin, des pièces d'or, et une assiette d'or.

Saint Romain, en évêque avec  cape, mitre et chirothèques rouges, lève la crosse tenue en main droite (le joyau perlé de la chirothèque gauche est gravé sur le verre rouge) en direction du bras reliquaire pour faire valoir son privilège, et intercéder auprès de la Justice au profit du criminel qui sera gracié.

Neuf ou dix clercs  (des chanoines du chapitre cathédrale ?), certains tonsurés, d'autres coiffés d'un chaperon bleu et vêtus de blancs, discutent avec vivacité.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Vertu Justice porte une épée, une balance, et une lampe montée sur une longue hampe. On lit sur l'épée les mots JUSTICE RGN. L'allégorie est coiffée d'une couronne, regarde en haut et à droite. Ses cheveux vénitiens sont aussi longs et son costume est aussi élégant et riche que ceux de la Foi.

La balance est suspendue à la main gauche ; un seul plateau de cuivre est visible.

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Voir ici la Justice représenté par Philippe Galle :

 

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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TEMPERENTIA (LA TEMPERANCE) : TENTATION DE SAINT ROMAIN PAR UNE FEMME ENVOYÉE PAR LE DÉMON+.

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Le panneau décoratif Renaissance et l'inscription TEMPERENTIA.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Tentation de saint Romain.

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"À  la fin de sa vie, le saint homme s'était retiré dans un ermitage pour prier et méditer. Une pauvre femme vint lui demander la charité. Saint Romain hésitait à recevoir une femme mais ne voulait pas non plus manquer à ses devoirs d'hospitalité. Il fit entrer la femme, qui se dévêtit, et dénoua ses cheveux. Saint Romain appela le Seigneur à l'aide, un ange intervint, et précipita le démon dans un puits sans fond." (Wikipédia)

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Le saint, vêtu d'un camail violet, d'un surplis et d'une robe rouge, lève la main droite dans une posture de surprise et de défense. Il se redresse d'un petit banc où il était assis. On voit aussi la croix archiépiscopale et un miroir rond.

Devant lui, une courtisane semble s'éloigner sous l'effet des paroles prononcées par Romain. Elle est coiffée d'un hennin archaïsant, perlé et à cornes mais ses manches à crevés sont de la dernière mode.

Il faut sans doute  chercher le démon en haut à droite, s'échappant par un escalier : je distingue une patte palmée au dessus d'une boule bleue centrée de rouge.

Selon Jacques Tanguy, "Usant de ses charmes, cheveux découverts, la femme tenta de la faire chuter. Mais Romain vit les pieds palmés de la créature et, avec l'aide d'un ange la précipita en enfer."

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Tempérance porte un collier de perles sur une robe à décolleté carré. Sa coiffe également perlée et à escarboucle est faite d'une résille. Ces éléments vestimentaires sont proches de ceux des portraits d'Anne de Bretagne.

L'intérêt documentaire des attributs de la Tempérance a été remarqué par les experts tels de Denis Hüe : ce sont, sur sa tête,  une horloge à mécanismes dentés surmontés d'une cloche, et  en main droite, des binocles.

Elle tient en main gauche une ceinture dotée d'une boucle et de son aiguillon et ornée de fleurons dorés, ceinture ou étole qui forme une boucle à laquelle est suspendu un objet jaune articulé que j'identifie comme son troisième attribut, le mors et ses brides.

Les ferrures de ces brides relèvent de la technique du verre rouge gravé.

Sur ce dernier attribut, voir Paulette Choné, "Avec bride et mors : l'attribut équestre et la figure de style", in la vertu de tempérance entre Moyen Âge et âge classique, Garnier classique 2020.

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Le cadran de l'horloge porte les 12 chiffres horaires autour d'une rosace. La cloche qui la coiffe porte des lettres AWZRG sans signification pour simuler une inscription.

On peut voir la Tempérance tenant une horloge à cloche, assez proche, sur une enluminure de l'Epître d'Othéa de Christine de Pizan.

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Allégorie de la Tempérance, Paris, BnF, Français 606 Christine de Pizan (1364?-1430?) : Épître d'Othéa f.2v  : enluminure, par le  Maître de l'Epître Othéa :15e siècle. Gallica.

 

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Selon Denis Hüe ( "Cloche et horloge à Rouen, Jacques le Lieur et le puy"), qui analyse les allégories de la cloche et de l’horloge dans le milieu rouennais, la première dans la poésie, la deuxième dans l’iconographie : 

"Entre le Parlement, la cathédrale et l’église des Carmes, Jacques le Lieur a travaillé pour la cité, écrit pour le Puy ou commandé des vitraux ; la cloche et l’horloge y figurent, articulant le temps de la ville et le temps de l’église, le temps de la prière et celui du quotidien ; si l’horloge marque une sorte d’idéal parfait et inaccessible pour de nombreuses raisons, la voix de la cloche peut scander la vie des humains et les rappeler à l’émerveillement de leur Salut. La cloche entretient un lien privilégié avec Marie et l’Incarnation, tandis que l’horloge articule les temps astrologique et céleste et représente la tempérance ou la régulation nécessaires au salut."

Cet emblème ne sert pas qu’à l’identification de la vertu représentée par l’allégorie, il invite à la méditation de différents aspects de cette vertu ; l’horloge devient ici image de la raison qui régule la vie du croyant. Dans cette analyse où tous les éléments, même en apparence disparates, s’imbriquent parfaitement, Denis Hüe montre la cohérence profonde des allégories et la forte relation qu’elles maintenaient avec la réalité : la cloche, chef-d’œuvre de la technologie humaine, est une image parfaite de la Vierge, que l’horloge ne saurait pas représenter : non seulement celle-ci n’est qu’indicatrice du temps, elle rendrait donc la Vierge passive et extérieure à l’œuvre du salut, mais en plus, les horloges de la fin du Moyen Âge pouvaient varier d’un quart d’heure par jour, elles se prêtaient donc peu à évoquer la perfection. (A. Sobczyk) 

Voir aussi Fabienne Pomel.

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Mais ces auteurs n'ont pas tous tenu compte des binocles, qui confère à cette Vertu l'attention visuelle et l'acuité du regard ou de l'examen permettant de ne pas être abusé par des apparences. Emile Mâle signale ces lunettes sur la Tempérance d'une tapisserie flamande du palais de Madrid du XVIe siècle. On les retrouve sur le manuscrit BnF Fr 1863 f.2, datant de 1505,,  ou sur la gravure de Philippe Galle, associes au mors et à l'horloge.

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La Tempérance par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 B.M. Lyon

 

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : PRUDENTIA, FORTITUDO, ET SPES.

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Prudentia  est couronné de lauriers. Elle tient d'une main un crible, et de l'autre un miroir ; elle porte un cercueil sur sa tête.

Fortitudo  porte une enclume sur la tête, elle s'appuie sur une colonne de marbre et brandit un dragon ailé.

Spes, l'Espérance, porte sur la tête un navire de commerce ; et peut-être une ancre.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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PRUDENTIA : L'ELECTION DU SAINT PAR LE CHAPITRE .

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Le panneau décoratif.

Deux putti ailés tenant une lampe et une enseigne entourent une couronne de gloire où un cavalier lève son fouet.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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L'épisode hagiographique.

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J'en ignore la source. Dans un bâtiment de style antique (colonnade à grotesques surmontés de putti ailés, frise à volutes et grotesques), le saint, assis sur une cathèdre au dossier tendu de damas et d'un médaillon, est entouré de cinq chanoines vêtus, comme lui, d'un surplis blanc et coiffés d'un bonnet. Le saint ajoute à cette tenue un camail bleu foncé, une robe rouge et l'aumusse de fourrure à l'avant-bras gauche. Il tend les mains vers ces clercs, et tient dans la main gauche des feuillets.

Agenouillé sur le sol carrelé au pied de l'estrade, un clerc tonsuré est vêtu de rouge, avec sur l'épaule gauche un linge (aumusse ?) bleu.

L'homme debout à droite, en surplis sur une robe rouge, tient un grand livre.

Têtes du "juge", de la Vertu et de l'homme de droite  restaurées.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Vertu : PRUDENTIA.

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Elle est couronné de lauriers. Elle tient d'une main un crible, et de l'autre un miroir ; elle porte un cercueil sur sa tête. Cet attribut se retrouve aussi  sur la gravure de Philippe Galle.

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La Prudence par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 Bibliothèque municipale de Lyon.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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FORTITUDO : SAINT ROMAIN CHASSE LES DÉMONS D'UN TEMPLE PAÏEN.

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Le panneau décoratif.

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Tous les auteurs (C. Blondeau, C. Callias Bay, etc.) voient dans le motif central, où le corps d'un petit homme  le corps se prolonge par des entrelacs, des "liures", une référence  au nom de  Jacques Le Lieur, notamment par comparaison aux "lieurs" figurant dans le Livre d'Heures (ou recueil de palinods) de la Bibliothèque Municipale de Rouen, Ms Y.226a folios 86 et 108.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100528468/f86.item

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100528468/f108.item

Mais je ne partage pas cette opinion :  rien ne distingue ces rinceaux tenus par le putti ailé de ceux des autres panneaux décoratifs de ce vitrail, et de l'ensemble des rinceaux Renaissance, comme ceux du tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne, ou des stalles de Guerche-de-Bretagne (1518-1525), qui présentent des petits personnages similaires.

On peut simplement dire que l'ornementation Renaissance des manuscrits enluminés commandités par Jacques Le Lieur, et ce vitrail qu'il a offert, ont en commun le même répertoire ornemental, introduit par le cardinal d'Amboise à Gaillon.

Par contre, les décors héraldiques ou emblématiques du manuscrit Y.226a renvoient sans ambiguïté au nom est aux armes de leur propriétaire. Et de véritables entrelacs abondent dans les marges.

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Le personnage hybride est nu, ailé, à pagne feuillagé, à pattes animales, et il tient sur sa tête une corbeille de six fruits rouges. Il étend les bras vers des masques anthropomorphes de profil, feuillagés. 

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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L'épisode de la destruction du temple.

 

 

"La destruction du temple païen : saint Romain, parti évangéliser les campagnes environnantes, se trouva un jour face à un temple païen, aux allures de forteresse, sur lequel des démons dansaient. Il invectiva les démons, provoqua le chef des diables, et le temple s'effondra." (Wikipédia)

Ici, Saint Romain, en évêque, trace dans le temple une bénédiction et avance sa croix archiépiscopale, ce qui entraîne la fuite de trois démons (verre bleu gravé et teinté au jaune d'argent en bas).

Sur un piédestal, une idole dorée vacille et  chute.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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 Fortitudo.

 

La Vertu FORTITUDO assiste le saint. Elle porte le voile et la guimpe, et une robe violette. Elle brandit en main droite un dragon ailé. Sur sa tête, un objet bleu clair évoque une enclume. Sa main gauche entoure une colonne en marbre.

Ce sont bien les attributs de la FORCE, qui se retrouvent sur cette gravure de Brueghel (1561) :

https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_02EST01000N16GAL003421.

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La Force par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 BM Lyon

 

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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SPES, l'ESPÉRANCE : LA MORT DE SAINT ROMAIN.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Dans le dernier épisode, toutes les vertus précédentes, auxquelles se joignent la Charité (qui figure au tympan) et l'Espérance, se retrouvent autour du lit funèbre de saint Romain.

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De gauche à droite : la Force, la Justice, la Foi et l'Espérance.

-La Force est coiffée de l'enclume, elle tient la colonne et maîtrise le dragon ailé .

-La Justice est couronnée, elle tient son épée.

-La Foi est coiffée d'une église et son front est ceint de lauriers. Elle tient le cierge allumé. Elle se tient derrière le crucifix présenté à Romain (ou bien, c'est elle qui présente ce crucifix).

-L'Espérance est coiffé d'un navire à trois mâts. Elle tient en main droite une tige dorée, peut-être la verge d'une ancre dont manquerait la patte.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Prudence, la Tempérance et la Charité.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Prudence.

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Elle est coiffée, au dessus d'une couronne de lauriers, d'un tombeau. Elle tient le crible et le miroir.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Tempérance.

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Elle est coiffée d'une horloge dont le mécanisme agit sur une cloche. Elle tient ses binocles. Sa main gauche tient les brides et le mors sous la forme de larges sangles rouge, et d'un un objet jaune d'or. Ces brides à ferrures d'or, dotée d'une boucle et de son aiguillon comme une ceinture, était déjà bien visible sur sa représentation du registre supérieur.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Charité.

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Nous la reverrons sur le soufflet supérieur du tympan. Elle tient le cœur rouge rayonnant. Il faut le savoir, mais c'est bien d'un phénix se frappant du bec la poitrine pour nourrir ses petits dont elle est coiffée. Il faudrait que je revienne me livrer à une nouvelle campagne photographique maintenant que j'ai déchiffré tous les secrets de ce vitrail.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE TYMPAN : LA MESSE DITE PAR SAINT ROMAIN ; LA CHARITÉ.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Parmi les ajours du tympan, trois soufflets illustrent comment saint Romain est apparu à un vieillard.

La Vie de saint Romain  rapporte en effet  la vision d'un vieillard qui venait souvent à l'église avant matines . Un dimanche , il vit saint Romain entouré d'évêques et célébrant pontificalement la messe .

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Le soufflet  supérieur montre ce vieillard observant mains jointes et derrière un rideau vert l'évêque Romain (sa mitre posée sur l'autel) célébrant la messe.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Charité.

À gauche, la Charité assiste aussi à la scène, tenant le cœur rouge rayonnant qui est son attribut. Sur sa coiffe est posé un pélican nourrissant ses petits en se déchirant la poitrine. Ces attributs se retrouvent sur l'estampe de Philippe Gall et Brueghel :

https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_02EST01000N16GAL003418

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La Charité par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 Bibliothèque municipale de Lyon

 

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les deux soufflets inférieurs.

De chaque côté, cinq évêques sont tournés mains jointes vers la messe célébrée par Romain. Deux têtes ont été refaites.

On peut les considérer, d'après le récit de la vison du vieillard,  comme les dix premiers évêques de Rouen, dont saint Nicaise, Mellon, Avitien, Sever, Victrice, Evode et Godard.

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE SOUBASSEMENT (1920).

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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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— Maurice ALLINE 1913, Les vitraux de la chapelle Saint - Romain à la cathédrale de Rouen . Étude iconographique , Rouen , 1913 ( extr . Congrès du Millénaire de la Normandie , t . II , 1912 )

— BASE PALISSY - POP-CULTURE Notice du Patrimoine base Palissy  IM76002007

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM76002007

 

— BLAISE (Alexandra), 2009, Les représentations hagiographiques à Rouen à la fin du Moyen Âge (vers 1280-vers 1530), thèse d'Histoire de l'Art Paris IV Sorbonne sous la direction de F. Joubert.

 

BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530

— BnF  NAF 10721 Recueil de vies de saints, en prose et vers français. XVIe siècle. Ici commence la vie et legende de monseigneur saint romain

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550070863/f25.item

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris,  p. 344

— COSNET (Bertrand), 2015, Les principes figuratifs des vertus, in Sous le regard des Vertus, Presses universitaires François Rabelais p. 21-80

https://books.openedition.org/pufr/8281?lang=fr

DEVILLE (A), 1837, Les tombeaux de la cathédrale de Rouen

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k73660n/texteBrut

 

— HÜE (Denis) 2019, Cloche et horloge à Rouen, Jacques le Lieur et le puy

— LIEUR (Jacques le), 1519-1526, Le Livre des Fontaines, BM de Rouen Ms g 3-1. Numérisé sur Gallica.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10050017r/f4.item

https://www.rotomagus.fr/ark:/12148/btv1b101021843/f1.item.r=livre%20des%20fontaines

— LIEUR (Jacques le), vers 1520, recueil palinodique  :  BM de Rouen 1064 (Y.226a) .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100528468/f2.item

 

http://jeanluc.matte.free.fr/fichpr/rouenbm226.htm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100528468/f29.item

armoiries lieur

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b101021843/f2.item.zoom#

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b101021843/f6.item.zoom#

—MÂLE ( Émile) 1908,L’art religieux de la fin du Moyen-Âge en France, 4e éd., 1931, p. 311 à 328.

https://library.si.edu/digital-library/book/lartreligieuxdel00mleem

— POMEL (Fabienn), 2012. Pour une approche littéraire des cloches et horloges médiévales : réflexions méthodologiques et essai de synthèse. Cloches et horloges dans les textes médiévaux : mesurer et maîtriser le temps / sous la direction de Fabienne Pomel, Presses universitaires de Rennes, pp.9-32, 2012, 978-2-7535-2008-0. ffhal-01615587

https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01615587/document

— SOBCZYK (Agata), 2014, « Cloches et horloges dans les textes médiévaux », Perspectives médiévales

https://journals.openedition.org/peme/5108

 

—VASSEUR (Roland), 1956, Étude iconographique des statues de la tour Saint-Maclou de Mantes. Le Mantois 7 ― 1956: Bulletin de la Société «Les Amis du Mantois » (nouvelle série). Mantes-la-Jolie, Imprimerie Mantaise, 1956, p. 16-21.

 

Des figures nouvelles apparaissent pour la première fois dans un manuscrit enluminé à Rouen en 1470. Elles n’ont plus rien de commun avec les représentations antérieures. Cette transformation profonde du thème a été étudiée par Émile Mâle, qui en attribue l’invention à la fantaisie individuelle d’un bel esprit de Rouen5 . Les Vertus deviennent symboliques. Elles se chargent d’attributs, portent d’extravagantes coiffures en équilibre sur leur tête: la Foi, une église; l’Espérance, un navire; la Charité, un pélican avec sa piété; la Prudence, un cercueil. On trouve encore beaucoup d’autres attributs plus inattendus, parmi lesquels un tri se fit bientôt, et voici comment, en France, se présentent les Vertus dans les premières années du XVIe siècle: la Foi tient le livre des Saintes Écritures; l’Espérance, une bêche, une ruche, ou un navire; la Charité tient le monogramme rayonnant du Christ et un cœur; la Force arrache un dragon d’une tour; la Justice porte les balances et l’épée; la Tempérance a une horloge et un mors; la Prudence, un crible et un miroir. C’est alors que s’introduit en France l’iconographie italienne. En Italie, les représentations des Vertus, héritage de l’art français du XIIIe siècle, sont, au XIVe et au XVe siècles, beaucoup plus nombreuses qu’en France. Cette fréquence s’explique par les traditions de l’art funéraire. Dès le XIVe siècle en effet les Vertus entrent dans la décoration des tombeaux italiens avec des attributs quelque peu différents de ceux que nous avons vus jusqu’ici: la Foi tient un calice; l’Espérance lève les mains au ciel; la Charité recueille et allaite des enfants; la Force tient dans ses bras une colonne; la Justice, comme en France, porte balances et épée; la Tempérance mêle de l’eau au vin; la Prudence a un double visage (jeune d’un côté et vieux de l’autre). On assiste bientôt à une italianisation partielle des représentations françaises. L’art funéraire propage les nouveaux thèmes. Au tombeau de François II de Bretagne, à Nantes, se mêlent déjà les deux traditions. De même, plus près de chez nous, au tombeau des cardinaux d’Amboise à Rouen et au tombeau de Pierre de Roncherolle à Écouis (il ne reste de ce dernier tombeau qu’un dessin de Millin). Malgré l’emprise italienne, la tradition française résiste longtemps. Les attributs restent français au tombeau du cardinal Hémard, à Amiens, et aux stalles de Gaillon. Mais le triomphe de l’italianisme est total au tombeau de Henri II.

http://mantes.histoire.free.fr/items/fichiers/1162.pdf

 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Renaissance
12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 17:35

La verrière de sainte Anne (J. Le Vieil ? 1520-1530), baie 2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.

 

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Voir :


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PRÉSENTATION.

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Les 13 verrières provenant du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen  et magnifiquement remontées  en 1979 dans l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, sont parfaitement présentées en ligne sur le site patrimoine-histoire.fr. La description de référence, dont je m'inspire largement,  est celle du volume du Corpus Vitrearum VI consacré aux Vitraux de Haute-Normandie.

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L'église Saint-Vincent a été détruite par les bombardements de 1944, mais ses verrières avaient été mises à l'abri dès la fin 1938. Cette paroisse connue depuis le XIIIe siècle était devenue l'une des plus riches de Rouen, notamment grâce au privilège sur la vente du sel accordé en 1409 par Charles VI. L'église fut réaménagée à partir de 1458, et notamment en 1470 sous l'impulsion d'Ambroise Harel, puis de 1478 à 1483 sous celle de Thomassin et à partir de 1512 sous la direction de Guillaume Touchet secondé par Vincent Gaillard.

Le fenestrage de la chapelle Saint-Nicolas est repris de 1512 à 1514, puis un nouveau chœur est conçu ; au sud, la chapelle Saint-Anne est terminé en 1519 et le déambulatoire l'est en 1523.

En 1519, avant la démolition de la dernière partie du chœur, abattue à mesure que progressaient les fondations, Richart Le Voirrier a désassemblé les vitres de l'église et les a remis en état. En 1523, les fenêtres sont vitrées avant l'achèvement des voûtes, et la fabrique verse 20 livres "au gendre Barbe (*), verynier, pour deux verrières assise aux galeries". 

(*) On reconnait sous cette désignation Olivier Tardif, qui épousa vers 1525 Jeanne Barbe, fille du verrier Jehan Barbe.

https://www.wikiwand.com/fr/Guillaume_Barbe

Avant la dédicace de l'église le 1er août 1531, l'église est nettoyée et le peintre verrier Maure Heurtault reçoit plus de 10 livres pour la réfection de toutes les verrières brisées.  En en 1528-1529 les verrières ont été  qui déposées puis reposées.

Les verrières basses du chœur de Saint-Vincent, qui avaient été posées entre 1520 et 1530, ont été remontées à l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, construite en 1979 sur la Place du Vieux-Marché par l'architecte Louis Arretche en forme de carène renversée. Elles sont toutes placées au nord et numérotées de 1 à 13 de gauche à droite. Ces treize verrières avaient été réalisées par deux ateliers, dont le plus célèbre est celui des Le Prince de Beauvais. on retrouve les initiales d'Engrand Le Prince sur le vitrail des Chars.

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Liste des vitraux.

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  1. Verrière de la Vie de saint Pierre,  atelier rouennais, 1520-1530, don des Boyvin, seigneurs de Bonnetot . Provient de la baie 11 de Saint-Vincent, au nord. 

  2. Verrière de Sainte Anne, 1520-1530, œuvre de Jean (?) Le Vieil  et probablement offerte par la confrérie de Compostelle ; Provient de la baie n°8 de Saint-Vincent, au Sud.

  3. Verrière du Triomphe de la Vierge ou vitrail des Chars, commandée en 1515 et réalisée vers 1522, œuvre de Jean et Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°10 de Saint-Vincent, au Sud

  4. Verrière de la Parenté de sainte Anne, atelier rouennais,  1520-1530 ; Provient de la baie n°6 de Saint-Vincent, au Sud

  5. Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, réalisée en 1525-1526, œuvre d'Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°13 de Saint-Vincent, au Nord.

  6. Verrière des Œuvres de Miséricorde, réalisée en 1520-1530, œuvre d'Engrand et peut-être de Jean Le Prince ; Provient de la baie n°7 de Saint-Vincent, au Nord

  7. Verrière de Saint Antoine de Padoue, atelier rouennais,  1520-1530, seule verrière uniquement en grisaille et jaune d'argent ; Provient de la baie n°5 de Saint-Vincent, au Nord

  8. Verrière des  six Saints, atelier rouennais,  1520-1530 ; Provient de la baie n°9 de Saint-Vincent, au Nord

  9. Verrière de l'Enfance et de la Vie publique du Christ, atelier rouennais,  1520-1530, don des Le Roux de Bourgtheroulde ; Provient de la baie n°3 de Saint-Vincent, au Nord.

  10. Verrière de la Passion, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°1 de Saint-Vincent, au Nord.

  11. Verrière de la Crucifixion, atelier rouennais, 1520-1530, ancienne verrière axiale ou baie 0 de l'église Saint-Vincent ;

  12. Verrière de la Vie glorieuse du Christ, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°2 de Saint-Vincent, au Sud

  13. Verrière du martyre de saint Vincent, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux, seigneurs de l'Esprevier. Provient de la baie n°4 de Saint-Vincent, au Sud.

 

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"L'atelier rouennais".

"Cet atelier regroupe en réalité l'œuvre de plusieurs peintres verriers dont le seul identifié est le rouennais Le Vieil auteur de la verrière de sainte Anne n°2. Ce pourrait être Jean Le Vieil, ancêtre des peintres verriers qui ont travaillé au XVIIe siècle à Saint-Vincent, et qui est mentionné à Saint-Maclou en 1519 et 1520.

Des caractères communs rassemblent ces verrières comme la densité des compositions, la vivacité de la gamme colorée ou l'emploi de verres soufflés en plateau (nombreuses traces de cives). Des techniques savantes sont mises en œuvre, notamment dans la verrière de saint Vincent, la plus richement travaillée de la série : ainsi la chape de l'évêque Valère est ornée de petites figures de saints gravés, la colonne de la comparution est faite en verre vénitien et même les fleurs sont l'occasion de raffinement technique puisqu'elles sont montées en chef d'œuvre.

Selon un procédé courant, l'atelier emploie souvent les mêmes cartons pour exécuter plus rapidement les anges symétriques des tympans ou pour reprendre des silhouettes, comme celle de l'enfant jouant avec un chien, utilisées à la fois dans la verrière de la Passion et dans celle de saint Vincent.

Ces peintres verriers ont repris des formules mises au point par Arnoult de Nimègue pour les types de personnage et le répertoire ornemental, hérité de Gaillon. Ainsi dans la verrière de la Crucifixion, les petits anges, les rinceaux peuplés de putti et de chimères ou bien, dans la verrière des saints, le décor du registre supérieur animé de putti et de pots à feu, les visages au contour hésitant, le traitement des carnations à la sanguine pure ou mêlée de grisaille, rappellent la verrière de l'Arbre de Jessé à l'église Saint-Godard de Rouen ou celle des Trois-Marie à l'église Notre-Dame de Louviers peintes par Arnoult de Nimègue.

Il serait vain de vouloir distinguer une personnalité distincte à l'origine de chacune de ces verrières ; plusieurs artistes peuvent collaborer à la même œuvre, comme on peut l'observer de façon spectaculaire , sur la verrière des saints où les deux registres inférieurs sont traités beaucoup plus simplement que le registre supérieur,..." (Corpus Vitrearum VI p. 403)

 

 

 


 

 

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Annotation lavieb-aile

Annotation lavieb-aile

Les vitraux 1 à 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Les vitraux 1 à 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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L'examen du plan  de situation des verrières de Saint-Vincent montre la cohérence du programme iconographique de l'ancienne église : au centre l'abside du chœur est consacrée, de gauche à droite n°3, 1, 0 , 2, à la Vie et à la Passion du Christ, et enfin n°4 au saint patron de l'église, saint Vincent.

Le coté sud est réservé à sainte Anne (n°6 et 8) avant la verrière des Chars ou Triomphe de la Vierge.

Le coté nord est consacré aux saints, avec successivement saint Antoine (n°5), les Oeuvres de Miséricorde (n°7), les 6 Saints dont saint Nicolas (n°9), saint Pierre (n°11) et saint Jean-Baptiste (n°13).

 

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Plan Corpus Vitrearum annoté lavieb-aile

Plan Corpus Vitrearum annoté lavieb-aile

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DESCRIPTION.

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La baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc  de Rouen mesure 6,60 m. de haut et 3,24 m. de large. Ses 4 lancettes trilobées s'organisent en deux registres de deux scènes de la vie de sainte Anne, tandis que les 6 soufflets et 6 mouchettes de son tympan témoignent, par l'épisode du "pendu dépendu" de la légende de saint Jacques, de la donation probable par une confrérie de  Saint-Jacques de Compostelle.

 

Une gravure de la Vie de la Vierge de Dürer, publiée vers 1511, est la source de la scène de l'apparition de l'ange à Joachim.

La dernière restauration de cette verrière très bien conservée est celle de Sylvie Gaudin en 1975.

Base Palissy : IM76001491

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM76001491

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Le maître-verrier : Jean Le Vieil.

Une inscription LEVIEL du galon du costume de Joachim a incité les auteurs à lire le nom de Jean Le Vieil et d'y voir la signature du verrier : nous jugerons sur pièce tout à l'heure. Caroline Blondeau,  dans son Catalogue, apporte des éléments très convaincants sur ce verrier qui justifient cette attribution malgré la faiblesse de l'indice :

" Installé à Rouen sur la paroisse Saint-Vincent, la plus ancienne trace de son activité remonte à 1499, date à laquelle il est désigné avec sa femme Jeanne, trésorière de sa paroisse (ADSM, G7671.En 1519, la fabrique de Saint-Maclou le sollicite pour une verrière [...] puis en 1520 il insère plusieurs panneaux de verre peints pour la chapelle Sainte-Barbe.

En 1507, il est sollicité par le cardinal Georges Ier d'Amboise au château de Gaillon. Jean Barbe, alors seul intervenant sur le chantier, est sans doute dépassé par la charge de travail : le prélat fait alors appel à d'autres peintres verriers rouennais dont Jean Le Vieil [...].

Entre 1520 et 1530, il participe au grand chantier de renouvellement des verrières du chœur de Saint-Vincent de Rouen. Il en subsiste une verrière illustrant la vie de sainte Anne. Si la signature sur le galon de Joachim indique seulement LEVIEIL [note personnelle : on lit seulement sur ce galon VIEL, et LE VIEL, sans I, sur le galon de la Nativité] , il n'existe aucun membre de sa famille en activité  à cette époque. Marqué par l'art d'Arnoult de Nimègue, il s'inscrit parmi ses "suiveurs" en reprenant à la fois des poncifs techniques et iconographiques. Les archives sont muettes quant à la suite de ses activités. Il fonde un atelier familial : dès 1546, Richart Le Vieil reprend l'affaire de son parent, puis Guillaume, François, Martin, Jacques, Abraham, Robert, Louis et Pierre avec la postérité qu'on lui connait. Jean Le Vieil meurt autour de 1555, il est inhumé à Saint-Vincent ; c'est même la fabrique qui paie l'épitaphe de cuivre placé sur sa sépulture (ADSM, G 7714, non folioté : "A ung graveur qui a parachevé l'espitatle de cuivre de Jehan Vieil, 15 sous."

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Pour respecter la chronologie de la narration, je commence par le registre supérieur.

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Verrière  (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Verrière (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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1. L'apparition de l'ange à Joachim.

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Je ne reviens pas sur la Vie de sainte Anne, représentée sur de nombreux vitraux dans le cadre de la Vie de la Vierge. La stérilité du couple d'Anne et de Joachim, le rejet de leur offrande au Temple, la retraite de Joachim, offensé et se jugeant impur,  dans la montagne pour garder ses troupeaux, ou le chagrin d'Anne restée seule à Jérusalem sont les épisodes qui précèdent la présente scène où un ange apparaît en songe  à Joachim pour lui annoncer que son épouse va enfanter, s'il veut bien la rejoindre aux portes de Jérusalem.

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La verrière s'inspire de la gravure réalisée en 1505 par Albert Dürer pour la série de la Vie de la Vierge (1500-1511). Mais ici Joachim est  assis, tenant sa houlette de berger, même s'il témoigne de sa surprise par un geste de la main droite. Un chien et quatre moutons ou brebis sont au premier plan, l'un portant une clochette bleue.

Quelques fabriques (tourelles de châteaux et toits) occupent le fond bleu.

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Albert Dürer, gravure sur bois, 1505, Apparition de l'ange à Joachim, cycle de la Vie de la Vierge n°2.

 

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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L'ange est splendide, et les motifs damassés de sa tunique, peints au jaune d'argent, évoquent ceux de l'atelier des Le Prince, notamment le motif de la rouelle.  

L'ange tend à Joachim un papier où sont gribouillées trois lignes indéchiffrables. Un sceau d'or y est appendu.

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Les galons du manteau rouge doublé de bleu de Joachim sont ornés d'une succession de lettres romaines capitales, qui sont dépourvues de sens, selon une tradition qui se retrouvent dans les enluminures et dans les vitraux de l'atelier Le Prince, ou les vitraux de l'atelier quimpérois Le Sodec.

On peut lire : 

TEASOVXNTADFHRT C

NEEVNSVFAMTOEVIRMVIEL METE N

/ NN

NVRVETINAEICSAE / REVTA

MESANETIMXDVTDMRVE

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C'est dans cette séquence qu'on a isolé les lettres VIEL pour y voir la signature d'un atelier LE VIEL, et par une nouvelle extrapolation, celle de JEAN LE VIEL.

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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L'image du berger jouant de la cornemuse en gardant ses moutons est reprise de Dürer, mais est classique par ailleurs.

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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2. La rencontre de la Porte Dorée.

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La tête de sainte Anne est restituée.

Les deux époux sont face à face, mais séparés quoiqu'ils se tendent la main. Joachim tient encore sa houlette, tandis que son chapeau est rejeté sur sa nuque. La houlette est bien détaillée, avec son crochet permettant d'attraper les brebis par la patte.

Anne est nimbée (verre rouge gravé), voilée et la gorge couverte de la guimpe.

Le plus intéressant est peut-être la porte de Jérusalem, évoquant les arcs de triomphe de l'antiquité romaine avec leurs médaillons à l'antique , mais plus encore les pilastres et architraves du château de Gaillon, premier édifice à introduire le vocabulaire Renaissance en Normandie en 1506-1510, ou du tombeau de Thomas James à Dol (1507-1508). On retrouve les cuirasses suspendus par des rubans, les volutes striés de I, les guirlandes, les putti, les candélabres, et un cartouche. De nombreux verres rouges sont gravés.

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR. NAISSANCE DE LA VIERGE, et PRÉSENTATION DE LA VIERGE AU TEMPLE.

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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3. Nativité de la Vierge.

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La restauration porte sur la main gauche et la partie inférieure de la femme assise à gauche, la tête de la femme debout à droite tenant un vase, et la partie supérieure de la crédence.

Dans la partie gauche, sainte Anne est allongée, dans cette posture classique de l'accouchée à qui trois femmes servent le brouet. Une quatrième, assise sur un tabouret, vient sans doute de tendre l'écuelle.

Dans la partie droite, nous sommes, en haut, devant un buffet de toilette, portant un miroir (double) et un vase, rendus par des verres bleu-clair, puis un broc et d'autres vaisselles.

Au dessous, une femme procède à la toilette de la petite Marie en trempant une éponge dans un baquet.

Le galon du bas d'une robe verte porte les lettres : VONIC/ VA--SE --VRCVRTS  .

Le voile d'une femme  porte les lettres : CHADLEVIELVE puis MRV / MXM . On y a isolé la séquence VIEL pour confirmer l'hypothèse de la signature. Pourquoi retenir ces lettres, sans déchiffrer les autres ?

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

La verrière de sainte Anne  de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen.)
Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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4. Présentation de la Vierge au temple.

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Les marches et l'autel, comme les têtes de sainte Anne et de la Vierge, sont restituées.

La première marche porte les lettres ERIS I. REA SS ---

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Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Vie de sainte Anne, lancettes (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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LE TYMPAN.

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Voir aussi la photo publiée par Sebylmay en 2014 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Miracle_du_pendu-d%C3%A9pendu#/media/Fichier:RouenVitrauxStVincent_01d%C3%A9tail.jpg

Voir mes articles :

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Le thème de ce tympan, celui de la légende du Pendu-dépendu des pèlerins de Compostelle, appartient à un  corpus iconographique que H. Jacomet a recensé en 1992 : il  dénombre 22 vitraux (pour la plupart au nord de la Loire). Le plus précoce (voir ma description) est celui de la cathédrale de Tours au XIIIe siècle. "Saint-Léon" correspond à la maîtresse-vitre de Merléac que j'ai décrite en 2017.

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H. Jacomet, Iconographie du miracle du Pendu, la lettre V désigne les vitraux.

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Laurence Riviale retient, pour le XVIe siècle,  13 verrières dont les exemples clairement lisibles ou dont la description ne prête pas à équivoque. En voici la liste par ordre chronologique (j'ai mis en italique les vitraux disparus, et j'ai souligné les cinq qui ont été, soit de façon certaine, soit selon toute probabilité, offertes par une confrérie de Saint-Jacques : 

 

  • les vitraux de Féricy (Seine-et-Marne), église Sainte-Osmane, baie 2, 2e quart du xvi* siècle;
  • Rouen (Seine- Maritime), église Saint-Vincent , baie 8, vers 1520-1530 ;
  • Cour-sur-Loire (Loir- et-Cher), église Saint-Vincent, baie 5, 1495-1515
  • Lisieux (Calvados), église Saint-Jacques, 1526
  • Triel (Yvelines), église Saint-Martin, baie 3, 1554
  • Vendôme (Loir-et-Cher), vitrail provenant de la chapelle Saint-Jacques de la ville, acquis par la paroisse de Villiers à la Révolution, conservé ensuite au musée de Vendôme, aujourd’hui disparu, connu par des textes, premier quart du xvie siècle ?
  • Courville (Eure-et-Loir), église Saint-Pierre, baie 11, 1525-1550, disparu
  • Châtillon-sur-Seine (Côte d’Or), église Saint-Nicolas, baie 6, 1546-1548
  • Châlons-sur-Marne (Marne), église Notre-Dame-en-Vaux, baies 24 et 26, vers 1525-1530 (provenant de la chapelle de la Maladrerie,
  • Roye (Somme), église Saint-Pierre, vers 1520, vitrail disparu en 1914-1918
  • Sully-sur-Loire (Loiret), baie 4, 1953
  • Suèvres (Loir-et-Cher), église Saint-Christophe, baie 1, 2 et 4, vers 1490-1515
  • Lestiou (Loiret), 1603 

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Sur cet ensemble du XVIe siècle, tous ou presque ne suivent pas le récit donné par Jacques de Voragine mais des variantes populaires.

Je ne présenterai pas à nouveau cette légende, et je renvoie aux auteurs de référence, ou à mes descriptions de Tours ou Merléac, ou à l'article Wikipédia. Mais les cinq mouchettes de ce tympan consacrées à cette légende sont loin d'en donner un parcours narratif complet, et fonctionnaient, chez les fidèles qui le contemplaient d'assez loin, comme des rappels édifiants.

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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La rangée inférieure.

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Une famille de trois pèlerins devant un autel ou apparaît saint Jacques  .

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La scène est facile à décrire : saint Jacques, en manteau rouge et tenant son bourdon (donc semblable à sa figure centrale) apparaît, assis ou accroupi  sur un autel, devant trois pèlerins (ils portent le bourdon et la pèlerine et l'homme une besace) en prière. Ce sont manifestement un père, une mère et leur fils, donc les protagonistes de la légende du Pendu-rependu. 

Mais où la scène se situe-t-elle dans cette légende ?

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"Prière commune de la famille" (Corpus)

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"La dernière scène se trouve dans le panneau de gauche de la rangée du bas. Le père et la mère sont en prière devant un saint Jacques en gloire au dessus de l’autel. C’est de façon évidente celui de l’autel de Compostelle. Le jeune qui se trouve près des parents est sans doute le fils ; ses habits ne sont plus les mêmes que ceux des autres représentations dans lesquelles il est représenté en blanc, couleur du linceul. Nos trois pèlerins semblent repartis à Compostelle pour remercier saint Jacques. C’est le seul exemple que je connaisse. Y aurait-il eu inversion des lancettes ? La disparition de l’accusation et du jugement pose également question. Y aurait-il eu une recomposition de ce récit lors de travaux de réparation ou de déplacement de vitraux, avec suppression de certaines scènes ? Nous savons qu’en 1541, des vents violents ont endommagé gravement quelques verrières et qu’en 1562, les Calvinistes ont saccagé l’église. Est-ce là la cause ? Ces modifications posent question.

Dans la composition (ou recomposition ?), c’est le miracle de saint Jacques soutenant le pendu qui est central et qui est l’élément essentiel. Dans la représentation, il n’y a pas de jugement, ni pour le pendu, ni pour celui qui accuse injustement. L’auteur de cette verrière (ou celui qui l’a recomposée ?) a préféré mettre en évidence les pèlerins et les chanoines en prière. Les donateurs de ce vitrail sont anonymes, il n’y a pas d’armoiries. F. Perrot suppose qu'ils pourraient être les membres d’une confrérie de saint Jacques." (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Saint Jacques au centre.

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"Le personnage central est saint Jacques . Il est représenté marchant avec le bourdon et le livre, comme l'a vu l’abbé Edmond Renaud qui fut curé de Saint-Vincent de Rouen avant 1885 (Renaud (abbé Edmond), Eglise Saint-Vincent, Librairie Charles Métérie, Rouen, 1885, page 54-57 ).." (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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 "Arrestation de saint Jacques accusé de vol [??] ou disciples de saint Jacques échappant à une poursuite grâce à la rupture miraculeuse d'un pont ? Même sujet sur le vitrail disparu de Saint-Jacques de Lisieux." (Corpus Vitrearum VI p. 403)

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"La scène, en bas à droite, ne fait pas partie du miracle du Pendu-Dépendu. Il s'agit de la représentation d'un autre miracle de la légende de saint Jacques. Les disciples de saint Jacques poursuivis par l'armée du mari de la reine Luppa sont sauvés par l'effondrement d'un pont." (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Partie supérieure.

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Le Pendu.

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"Pendaison du jeune homme au désespoir de ses parents qui  poursuivent cependant leur pèlerinage." (Corpus Vitrearum VI)

"La scène représente le fils pendu à la poutre du gibet. Les parents sont à genoux implorants. On constate qu’il n’y a ni présentation de l’accusation ni jugement." (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Le miracle du coq qui ressuscite devant le juge.

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En 1130, Hugonel, jeune pèlerin germanique en route avec ses parents vers Saint-Jacques-de-Compostelle, passa la nuit dans une auberge de Santo Domingo de la Calzada. Une jeune servante lui fit des avances, qu’il repoussa. Éconduite, elle cacha dans son bagage de la vaisselle d'argent. Au moment du départ, elle l’accusa du vol du plat. Il fut condamné et pendu pour ce vol qu’il n’avait pas commis.

Les parents éplorés continuèrent leur pèlerinage et prièrent saint Jacques. À leur retour de Compostelle, ils entendirent leur fils dire du haut du gibet qu'il vivait, car saint Jacques le protégeait. Émerveillés, ils s'adressèrent à l’alcalde (de l’arabe al cadi : le juge) alors qu'il était en train de déguster un coq et une poule rôtis, qui leur répondit avec ironie : « Si votre fils est vivant, cette poule et ce coq se mettront à chanter dans mon assiette. » Ce qu’il advint : le coq chanta et la poule caqueta. L’alcalde bouleversé fit dépendre le jeune homme et pendre à sa place la fautive. (Version de Santo Domingo de la Calzada, Wikipédia)

"La scène suivante, représente les parents en prière à genoux implorants de dépendre leur fils ; devant eux, se tient un juge debout qui montre un coq à la broche en train de rôtir. Le coq est arrivé au milieu de la salle." (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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"À leur retour, [les parents] retrouvent leur fils vivant, soutenu par saint Jacques." (Corpus)

"La scène  représente le fils encore pendu au gibet. Le père et la mère arrivent et on aperçoit saint Jacques assis (en gloire) un bâton sur l’épaule et le livre sur les genoux ; il soutient le fils. " (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Les pèlerins en tenue de Jacquet,  prosternés. 

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Les cartons sont inversés en symétrie à droite et à gauche. En bas, ce sont des laïcs. Ils sont vêtus d'une tunique lacée par devant, portent des guêtres, le bourdon, la besace en bandoulière, et une ceinture. Ils effectuent une génuflexion.

En haut, les pèlerins sont agenouillés, leur chapeau rejeté sur la nuque ; ils sont vêtus d'un surplis et d'une cape, ce sont des membres du clergé. Leur calebasse munie d'une sangle occupe la partie inférieure du soufflet.

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"Dans deux mouchettes, de part et d'autre, deux pèlerins sont à genoux mains jointes, (en admiration ou en prière ?) Plus bas à l’extérieur, à genoux encore se trouvent deux chanoines ou prélats également en prière, le regard tourné vers ces tableaux." (Hébert)

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

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Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

Tympan (1520-1530, atelier rouennais) de la baie n°2 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2017.

 

SOURCES ET LIENS.

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BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495

— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « A l'Escu de voirre » : un atelier rouennais de peinture sur verre aux XVe et XVIe siècles. In: Bulletin Monumental, tome 155, n°3, année 1997. pp. 237-242; doi : https://doi.org/10.3406/bulmo.1997.917000 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1997_num_155_3_917000

DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)

— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.

— HÉBERT (Pierre)  Le Pendu-Dépendu en Normandie

http://lodel.irevues.inist.fr/saintjacquesinfo/index.php?id=281

Saint Jacques en Normandie Colloque des 23 et 24 janvier 2004 aux Archives départementales de la Manche

https://www.saint-jacques.info/progstLO.htm

JACOMET (Humbert), 1992, « Un miracle de Saint Jacques : le pendu dépendu », Archéologia, no 278 (Avril 1992), pp. 36 47.

https://www.academia.edu/28174718/Un_miracle_de_Saint_Jacques_le_pendu_d%C3%A9pendu

— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché",  Bull. AMR, 1958-1970, p. 147-167.

LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.

https://archive.org/details/memoiresurlapein00lang

LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux,  Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 359.

https://books.google.fr/books?hl=fr&id=FNYwAQAAIAAJ&dq=bas-reliefs+de+la+%22rue+de+l%27Ecureuil%22+rouen&q=boyvin#v=onepage&q=pierre&f=false

PALISSY (Base) https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM76003070

— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.

— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 49-98

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RIVIALE (Laurence) 1996,   Les verrières de l’église paroissiale Saint-Vincent de Cour-sur-Loire,  mémoire de maîtrise  à l’Université François Rabelais, Tours, Centre d’études supérieures de la Renaissance (C.E.S.R./C.N.R.S.), sous la direction de MM. Claude Mignot et Michel Hérold.

RIVIALE (Laurence), (1998), Les vitraux du XVIe siècle consacrés à la légende du « pendu-dépendu » : nouvelles informations iconographiques, Histoire de l'art  Année 1998  40-41  pp. 113-125.

https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_1998_num_40_1_2802

RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.

RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .

 

 

TANGUY (Jacques) 2003. Rouen-histoire.com

http://www.rouen-histoire.com/SteJA/fenetre_01.htm

Divers

 

http://www.rouen-histoire.com/SteJA/index.html

http://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/St-Vincent.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Jeanne-d%27Arc_de_Rouen

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Renaissance Inscriptions
10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 21:38

La verrière de la Vie de saint Pierre (v.1520-1530), baie 1 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.

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Voir :

Le vitrail des Chars ou verrière du Triomphe de la Vierge (Jean et Engrand Le Prince, v.1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.

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PRÉSENTATION.

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Les 13 verrières provenant du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen  et magnifiquement remontées  en 1979 dans l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, sont parfaitement présentées en ligne sur le site patrimoine-histoire.fr. La description de référence, dont je m'inspire largement,  est celle du volume du Corpus Vitrearum consacré aux Vitraux de Haute-Normandie.

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L'église Saint-Vincent a été détruite par les bombardements de 1944, mais ses verrières avaient été mises à l'abri dès la fin 1938. Cette paroisse connue depuis le XIIIe siècle était devenue l'une des plus riches de Rouen, notamment grâce au privilège sur la vente du sel accordé en 1409 par Charles VI. L'église fut réaménagée à partir de 1458, et notamment en 1470 sous l'impulsion d'Ambroise Harel, puis de 1478 à 1483 sous celle de Thomassin et à partir de 1512 sous la direction de Guillaume Touchet secondé par Vincent Gaillard.

Le fenestrage de la chapelle Saint-Nicolas est repris de 1512 à 1514, puis un nouveau chœur est conçu ; au sud, la chapelle Saint-Anne est terminé en 1519 et le déambulatoire l'est en 1523.

En 1519, avant la démolition de la dernière partie du chœur, abattue à mesure que progressaient les fondations, Richart Le Voirrier a désassemblé les vitres de l'église et les a remis en état. En 1523, les fenêtres sont vitrées avant l'achèvement des voûtes, et la fabrique verse 20 livres "au gendre Barbe (*), verynier, pour deux verrières assise aux galeries". 

(*) On reconnait sous cette désignation Olivier Tardif, qui épousa vers 1525 Jeanne Barbe, fille du verrier Jehan Barbe.

https://www.wikiwand.com/fr/Guillaume_Barbe

Avant la dédicace de l'église le 1er août 1531, l'église est nettoyée et le peintre verrier Maure Heurtault reçoit plus de 10 livres pour la réfection de toutes les verrières brisées.  En en 1528-1529 les verrières ont été  qui déposées puis reposées.

Les verrières basses du chœur de Saint-Vincent, qui avaient été posées entre 1520 et 1530, ont été remontées à l'église Sainte-Jeanne-d'Arc, construite en 1979 sur la Place du Vieux-Marché par l'architecte Louis Arretche en forme de carène renversée. Elles sont toutes placées au nord et numérotées de 1 à 13 de gauche à droite. Ces treize verrières avaient été réalisées par deux ateliers, dont le plus célèbre est celui des Le Prince de Beauvais. on retrouve les initiales d'Engrand Le Prince sur le vitrail des Chars.

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Liste des vitraux.

 

  1. Verrière de la Vie de saint Pierre,  atelier rouennais, 1520-1530, don des Boyvin, seigneurs de Bonnetot . Provient de la baie 11 de Saint-Vincent, au nord. 

  2. Verrière de Sainte Anne, 1520-1530, œuvre de Jean (?) Le Vieil et probablement offerte par la confrérie de Compostelle ; Provient de la baie n°8 de Saint-Vincent, au Sud

  3. Verrière du Triomphe de la Vierge ou vitrail des Chars, commandée en 1515 et réalisée vers 1522, œuvre de Jean et Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°10 de Saint-Vincent, au Sud

  4. Verrière de la Parenté de sainte Anne, atelier rouennais,  1520-1530 ; Provient de la baie n°6 de Saint-Vincent, au Sud

  5. Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, réalisée en 1525-1526, œuvre d'Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°13 de Saint-Vincent, au Nord.

  6. Verrière des Œuvres de Miséricorde, réalisée en 1520-1530, œuvre d'Engrand et peut-être de Jean Le Prince ; Provient de la baie n°7 de Saint-Vincent, au Nord

  7. Verrière de Saint Antoine de Padoue, atelier rouennais,  1520-1530, seule verrière uniquement en grisaille et jaune d'argent ; Provient de la baie n°5 de Saint-Vincent, au Nord

  8. Verrière des Saints, atelier rouennais,  1520-1530 ; Provient de la baie n°9 de Saint-Vincent, au Nord

  9. Verrière de l'Enfance et de la Vie publique du Christ, atelier rouennais,  1520-1530, don des Le Roux de Bourgtheroulde ; Provient de la baie n°3 de Saint-Vincent, au Nord.

  10. Verrière de la Passionatelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°1 de Saint-Vincent, au Nord.

  11. Verrière de la Crucifixionatelier rouennais, 1520-1530, ancienne verrière axiale ou baie 0 de l'église Saint-Vincent ;

  12. Verrière de la Vie glorieuse du Christatelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°2 de Saint-Vincent, au Sud

  13. Verrière du martyre de saint Vincentatelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux, seigneurs de l'Esprevier. Provient de la baie n°4 de Saint-Vincent, au Sud.

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"L'atelier rouennais".

"Cet atelier regroupe en réalité l'œuvre de plusieurs peintres verriers dont le seul identifié est le rouennais Le Vieil auteur de la verrière de sainte Anne n°2. Ce pourrait être Jean Le Vieil, ancêtre des peintres verriers qui ont travaillé au XVIIe siècle à Saint-Vincent, et qui est mentionné à Saint-Maclou en 1519 et 1520.

Des caractères communs rassemblent ces verrières comme la densité des compositions, la vivacité de la gamme colorée ou l'emploi de verres soufflés en plateau (nombreuses traces de cives). Des techniques savantes sont mises en œuvre, notamment dans la verrière de saint Vincent, la plus richement travaillée de la série : ainsi la chape de l'évêque Valère est ornée de petites figures de saints gravés, la colonne de la comparution est faite en verre vénitien et même les fleurs sont l'occasion de raffinement technique puisqu'elles sont montées en chef d'œuvre.

Selon un procédé courant, l'atelier emploie souvent les mêmes cartons pour exécuter plus rapidement les anges symétriques des tympans ou pour reprendre des silhouettes, comme celle de l'enfant jouant avec un chien, utilisées à la fois dans la verrière de la Passion et dans celle de saint Vincent.

Ces peintres verriers ont repris des formules mises au point par Arnoult de Nimègue pour les types de personnage et le répertoire ornemental, hérité de Gaillon. Ainsi dans la verrière de la Crucifixion, les petits anges, les rinceaux peuplés de putti et de chimères ou bien, dans la verrière des saints, le décor du registre supérieur animé de putti et de pots à feu, les visages au contour hésitant, le traitement des carnations à la sanguine pure ou mêlée de grisaille, rappellent la verrière de l'Arbre de Jessé à l'église Saint-Godard de Rouen ou celle des Trois-Marie à l'église Notre-Dame de Louviers peintes par Arnoult de Nimègue.

Il serait vain de vouloir distinguer une personnalité distincte à l'origine de chacune de ces verrières ; plusieurs artistes peuvent collaborer à la même œuvre, comme on peut l'observer de façon spectaculaire , sur la verrière des saints où les deux registres inférieurs sont traités beaucoup plus simplement que le registre supérieur,...

... ou encore sur la verrière de saint Pierre où les deux scènes pleines de verve et de rivalité de saint Pierre et de Simon le Magicien contrastent avec celles, beaucoup plus placides, de la vocation de saint Pierre et de la pêche miraculeuse." (Callias-Bay & al. Corpus Vitrearum, page 403)

 

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 lavieb-aile 2022.

lavieb-aile 2022.

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L'examen du plan  de situation des verrières de Saint-Vincent montre la cohérence du programme iconographique de l'ancienne église : au centre l'abside du chœur est consacrée, de gauche à droite n°3, 1, 0 , 2, à la Vie et à la Passion du Christ, et enfin n°4 au saint patron de l'église, saint Vincent.

Le coté sud est réservé à sainte Anne (n°6 et 8) avant la verrière des Chars ou Triomphe de la Vierge.

Le coté nord est consacré aux saints, avec successivement saint Antoine (n°5), les Oeuvres de Miséricorde (n°7), les 6 Saints dont saint Nicolas (n°9), saint Pierre (n°11) et saint Jean-Baptiste (n°13).

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 lavieb-aile 2022.

lavieb-aile 2022.

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DESCRIPTION.

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La baie n°1 de l'église Jeanne-d'Arc mesure 6,60 m de haut et 3,36 m de large. Ses 4 lancettes trilobées  s'organisent en deux registres soit 4 épisodes de la Vie de saint Pierre, tandis que les 6 soufflets et 6 mouchettes du tympan moderne (1869) proposent d'autres épisodes, entourés d' anges.

À la partie inférieure, trois écus attribuent la donation de cette verrière aux Boyvins, seigneurs de Bonnetot. 

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La verrière a été restaurée par Guillaume Le Vieil en 1721 et par Duhamel-Marette en 1869 (cf. inscription infra dans l'écu du bas de la 3ème lancette).

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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1. La vocation de saint Pierre et de saint André.

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La tête des apôtres a été restituée.

La Vie de saint Pierre commence par le début : comment il fut, avec son frère André, appelé par Jésus alors qu'il pêchait ,comme le raconte l'Évangile de Matthieu 4:18-20, sur le lac de Galilée,  :

 Un jour qu'il marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères: Simon (qu'on appelle aussi Pierre), et André, son frère, qui lançaient un filet dans le lac, car ils étaient pêcheurs.  Il leur dit:
    ---Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes.

Ils abandonnèrent aussitôt leurs filets et le suivirent.

On comparera ce panneau, de même que le suivant, à ceux de la baie n°16 de l'église Saint-Etienne de Beauvais, réalisé par l'atelier Le Prince en 1548. 

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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En arrière-plan, un navire (pas du tout adapté à la navigation sur le Lac de Tibériade ...) est représenté.

C'est une "galée" portant trois mâts chacun gréé d'une voile ferlée sur une antenne ou une vergue. Les châteaux avant et arrière sont excessivement élevés. Ce qui est remarquable, c'est la précision de tracé des haubans, où la garniture de protection des voiles contre le ragage est figurée. 

Ce navire rappelle que saint Pierre est le saint patron des marins-pêcheurs. Mais il témoigne aussi de la vocation commerciale maritime et fluvial de Rouen dans les échanges de draps, de pastel ou de guède, et de vins. Le port du Havre est créé en 1517 par François Ier comme avant-port sur la Seine.

On trouve aussi à Beauvais sur la verrière de la baie N°16 des paysages maritimes similaires en arrière-plan, et j'avais déjà indiqué lors de ma description un certain nombre de données auxquelles je renvoie.

 

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"L'essor économique de la ville à la fin du xve siècle est dû essentiellement aux draperies, mais aussi à la soierie et à la métallurgie.

Les pêcheurs de Rouen allaient jusqu'à Terre-Neuve pêcher la morue et en Baltique pêcher le hareng. Le sel venait du Portugal et de Guérande.

Les draps étaient vendus en Espagne, qui fournissait alors la laine, et les Médicis ont fait de Rouen le principal point de revente de l'alun romain.

Au début du XVIe siècle, Rouen est devenue le principal port français de commerce avec le Brésil, principalement pour les colorants de draperies. En effet, les manufactures de Rouen utilisent des teintures directement importées du Nouveau Monde, le rouge tiré de l'essence du bois-brésil, le bleu issu de la culture et la transformation de l’indigo. Cette fonction teinturière de la ville est confirmée par la présence des Florentins qui en font la plaque tournante de l'alun romain dans le Nord de la France. L'alun est un minéral permettant la fixation des pigments sur les textiles. " (Wikipedia)

Rouen dispose d'un chantier naval : le "port aux Galées", même si la fondation du Havre mit un terme à son activité, le dernier bateau a en être sorti datant de 1532.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Clos_aux_gal%C3%A9es

Malgré son caractère schématique, cet arrière-plan est  un document ethnographique qui peut être rapproché des autres documents iconographiques concernant les navires du XVIe siècle, provenant par exemple des enluminures, mais aussi des graffiti normands, ou des sculptures sur pierre et sur bois des édifices religieux.

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La Grande vue de Rouen, 1525, vue du faubourg d'Emendreville (Saint-Sever). Le Livre des Fontaines de Jacques le Lieur, planche 15.

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Frédéric Vivien, Le Clos aux Galées de Rouen

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Une caravelle et son équipage, verrière datée de 1586.église Saint-Aubin de Neuville-les-Dieppe.

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Navire de la verrière de Neuville-les-Dieppe.

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Voir les graffiti normands :

-Dives-sur-mer, église : 400 graffiti

-Saint-Vaast la Hougue, chapelle des Marins, graffito,  XVIe

http://www.saintvaast.fr/pageLibre000125fc.aspx

-Vatteville-la-rue graffiti des murs de l'église

http://www.jpdugene.com/camping_car/normandie_2012/2012-08-07.htm

-Fécamp, abbatiale Ste-Trinité, graffiti

http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/sites/default/files/forge/vignettes/abbatialeFecamp.jpg

-Région de Fécamp :

http://www.fecamp-terre-neuve.fr/GalerieGraffiti.html

-Honfleur, Maison Erik Satie, graffiti XVIe-XIXe

-Eglise d'Hénouville:

http://perso.numericable.fr/~arnaudser/serander/Henouville/Graffiti.htm

-Dreux, beffroi, graffiti de 1537 :

https://www.sagaphoto.com/photo.asp?from=liste&id=PF008391#.XlEHBWhKiM8

-Couvent Sainte-Barbe de Canteleu près de Rouen:

https://rouen.blogs.com/photo/2007/11/o-trouver-ce-gr.html


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Voir  sur les carvelles ou les embarcations de pêche sculptées sur pierre en Finistère : 

Voir les embarcations de pêche sculptées sur bois sur les sablières du Finistère:

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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2. La pêche miraculeuse.

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Jésus, en bleu, est figuré derrière les deux frères Pierre et André qui remontent leurs filets bien remplis.

 

 

 

 

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Derrière la tête du Christ, nous retrouvons figurés trois navires, et une barque à trois rameurs. Aucun navire  n'est entièrement représenté, mais par contre, nous découvrons des détails très vivants, comme des haubans rompus par la tempête et qui battent au vent, un matelot en train de ferler la voile en bout de vergue, tandis qu'un équipier monte, par l'échelle disposée entre deux haubans pour accéder au poste de vigie en forme de panier (gabion) .

 

 

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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3. Chute de Simon le Magicien.

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Bien que les Actes des Apôtres (Ac 8. 4-25) mentionnent Simon le Magicien, sa conversion et son baptême, l'épisode représenté trouve sa source dans un texte apocryphe, les Actes de Pierre, selon lequel Simon aurait séduit la foule en s'envolant dans le ciel (Actes de Pierre, 32). L'Apôtre Pierre aurait alors invoqué le nom de Jésus et provoqué sa chute. 

"Selon les Actes des Apôtres (VIII, 9-24), Simon était un magicien, qui opérait en Samarie et se faisait appeler la Puissance de Dieu, la Grande. Converti par la prédication de Philippe, il reçut le baptême. Mais, quand il offrit de l'argent à Pierre pour obtenir le pouvoir de donner lui aussi le Saint-Esprit en imposant les mains (de là vient le nom de simonie), Pierre le repoussa violemment. Les discussions de Simon avec Pierre et leur fin dramatique sur le Forum sont une légende qui remonte aux livres apocryphes intitulés Actes de Pierre et aux romans pseudo-clémentins, plus connus sous le nom d'Homélies pseudo-clémentines. Ces dernières résument la doctrine (III, 2) que Simon prétendait démontrer par les Écritures : le Dieu suprême est un dieu autre que celui qui a créé le ciel et la terre ; il est inconnu et ineffable et il pourrait être appelé le Dieu des dieux. Irénée et Hippolyte font de lui le père du gnosticisme et le fondateur d'une secte gnostique ; mais on peut se demander s'il s'agit du même personnage." (Universalis.fr)

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Le peintre a représenté Pierre levant la main (une des postures rhétoriques de l'Orateur) tandis que Simon qui s'était envolé retombe dans le Ciel, tête et mains dirigées vers le sol, environné de trois démons. Trois disciples contemplent la scène.

En partie basse, à une échelle plus petite, un homme vêtu (comme les "disciples") comme un bourgeois ou noble de Rouen à la Renaissance fait face à un démon enflammé et s'en protège de la paume.

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Plusieurs détails sont remarquables :

-le verre rouge gravé à l'acide du démon, qui permet de rendre les reflets éclatants du vermillon métallique de la créature bestiale (ailes de chiroptères, échine épineuse du dragon, oreilles d'âne et doigts ou orteils dilatés de  crapaud) .

-Le verre rouge gravé d'un rond pour figurer le médaillon du bonnet d'un disciple.

-Les verres bleus gravés qui, après peinture au jaune d'argent, donnent les coloris verts.

-Le réseau de plomb, qui est traité par le peintre comme des branchages sur lesquelles il peint des ramifications et de petites feuilles.

-l'architecture du fond (détail infra), censé représenter un monument romain, mais dans laquelle nous serions tenter de reconnaître un monument local, exercice auquel invitent aussi les vitraux des Le Prince ici ou à Beauvais. 

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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4. Dispute de Pierre et de Simon le Magicien en présence de la foule.

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Scène qui précède l'épisode précédent. Saint Pierre reprend là aussi une posture de l'éloquence rhétorique , celle de l'exposé des arguments. Simon déchire ou piétine des livres.

Le livre à reliure rouge présente le double intérêt d'une part d'être en verre gravé, et d'autre part de porter un motif Renaissance, celui des "dauphins" affrontés. Un décor introduit en Normandie sur les pilastres du château de Gaillon pour Georges d'Amboise, archevêque de Rouen entre 1502 et 1509.

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Le fond architecturé montre une vue d'une cathédrale, qu'on comparera aux églises de sur la Grande Vue  du Livre des fontaines de Jacques Le Lieur, contemporaine de cette verrière. La Querrière y reconnait par sa tour "l'église de l'abbaye de Saint-Ouen, et à coté à main droite une autre église ressemblant à Saint-Maclou".

Mais Saint-Ouen n'était-elle pas en pleine reconstruction? Voir les images suivantes :

http://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/Ste-Croix_St_Ouen.php

http://www.rouen-histoire.com/Saint-Ouen/Saint-Ouen/Abbaye_Saint-Ouen.htm

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Grande vue de Rouen, Jacques de Lieur, 1525, Le livre des fontaines, BM de Rouen Gallica

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La tour de l'église de l'abbaye de Saint-Ouen.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les armoiries des donateurs, et le cartel de la restauration.

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La lancette B montre, présentées par un ange, des armoiries d'azur , à Trois croisettes d'or , 2 et 1 qui sont celles des Boyvin seigneurs de Bonnetot.

La lancette A montre deux anges présentant les mêmes armoiries en alliance avec d'autres, d'azur à trois [?] d'argent. 

La lancette D montre les armes des Boyvin en alliance avec d'autres, d'or à deux ou trois merlettes de sable.

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Les informations sur la famille de Boyvin ou Boisvin que je réunis ici sont postérieures à la date de cette verrière. 

 

 

 

On lit dans l'Histoire de la ville de Rouen divisée en six parties, Volume 1 de François Farin, et dans le Dictionnaire de la Noblesse de La Chesnaye des Bois  ceci :

 

"BOYVIN, Seigneur de Saint-Ouen & de Tourville en Normandie, Généralité de Rouen, famille maintenue dans sa Noblesse le 28 Août 1668. On trouve dans l'Hift. de Rouen , que Noel Boyvin, Sieur de Tourville, obtint des Lettres de Noblesse en 1574. Messire Noël de Boyvin, II. son fils, Seigneur de Tourville, Saint, Claville & de Boisguilbert, fut reçu Président en la Chambre des Comptes de Rouen, l'an 1582. Jena-baptiste Boyvin, Seigneur de Bonnetot, fut Premier Président de la même Chambre des Comptes en 1692. Il avoit épousé Marie Mallet de Graville. Charles Boyvin, Seigneur de Canonville, l'aîné de cette famille est mort au service du Roi, Capitaine de Vaisseau, & fut tué dans un combat naval. Il avoit épousé Antoinette de Nicolaï, fille d’Antoine de Nicolai, Premier Président de la Chambre des Comptes de Paris. Ses freres, Guillaume & Antoine Boyvin, furent tués au siège de Namur, & à la bataille de Nerwinde, Lieutenans dans le Régiment des Gardes. Les armes : d'azur , à trois croix d'or, 2 & 1."

 

Bin qu'aucun rapport n'ait été établi entre cette famille et l'enlumineur Robert Boyvin, je ne peux éviter de noter les informations qui concernent ce dernier :

"Robert Boyvin appartient à une famille de gens du livre rouennais installés depuis au moins le début du xve siècle. Un Jean Boyvin, écrivain et vendeur de livre est en effet installé à proximité de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, du côté du portail des libraires. C'est le cas également d'un Thomas Boyvin, mentionné dans les sources en 1479, à nouveau un Jean Boyvin en 1487-1488 puis, sans doute son fils, Robinet (petit Robert) à partir de 1487. Il occupe alors la quatrième échoppe du côté de l'archevêché. Il est indiqué sur place jusqu'en 1502. Son mariage est également documenté en 1480 avec la fille du libraire Jean Coquet.

À partir de 1503, il est indiqué comme prestataire pour Georges d'Amboise, archevêque de Rouen dans les comptes de son château de Gaillon.  Les plus anciens manuscrits attribués à Robert Boyvin permettent de dire que ce dernier a probablement été formé au sein de l'atelier du Maître de l'Échevinage de Rouen, le plus important enlumineur rouennais du milieu du xve siècle. "(Wikipedia)

Cf Elliot Adam :

 https://www.academia.edu/36296926/Retour_sur_l%C5%93uvre_de_Robert_Boyvin_enlumineur_%C3%A0_Rouen_vers_1500

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Je ne peux accéder à la généalogie  de ces  Boyvin seigneurs de Bonneville à l'époque qui nous concerne, ce qui ne me permet pas d'élucider les alliances des écus mi-parti.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Inscription de restauration dans un écu.

 

 

Texte : "Cette verrière a été restaurée et complétée à l'aide des deniers de M. B.L [Bernard Leduc] pour lors membre de la fabrique de S. Vincent. 1869."

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette D : armoiries des Boyvin et alliance.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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4. Prédication de saint Pierre.

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Depuis une chaire de l'intérieure d'un édifice d'inspiration romaine, et à galerie, saint Pierre expose ses arguments à quatre hommes en tenue de riches bourgeois de Rouen(verre rouge gravée d'une toque et d'une aumônière).

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Dans les galeries de l'édifice (dont on aimerait que les érudits rouennais recherchent des modèles dans les hôtels particuliers ou autres construction Renaissance), des personnages apparaissent aux rampes des balustrades à colonnes,  tandis qu'une niche contient une statuette.

Une femme, à sa fenêtre, réalise un tableau charmant, très vivant par son impromptu, mais réservé aux curieux armés de jumelles. 

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Dans la partie inférieure est peinte une scène qui semble un peu étrangère à la scène principale, dans laquelle une femme, assise contre la chaire, tient un enfant qui regarde vers le haut, ou qui est aveugle. Il tend le bras gauche vers un personnage accroupi, peut-être un artisan, qui sort d'un panier en osier au couvercle rabattu une planchette indistincte, peut-être un jouet.

Les bandes jaunes des manches et le galon de l'encolure sont gravés sur le verre rouge, et peints au jaune d'argent.

Comment sont faites les bandes jaunes et noires du plastron de l'enfant ?

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

 

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5. Miracles opérés par saint Pierre.

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Le peintre semble décidé à nous présenter, à travers Pierre, une part du catalogue des gestes décrits dans le De institutione oratoria (De l’institution oratoire) de Quintilien.

— Catherine VERMOREL, « De la rhétorique au geste : l’actio dans le portrait peint de la Renaissance italienne », Laboratoire italien [En ligne], 25 | 2020, mis en ligne le 14 décembre 2020, consulté le 10 février 2022. URL : http://journals.openedition.org/laboratoireitalien/5357 ; DOI : https://doi.org/10.4000/laboratoireitalien.5357

Car le geste qu'il adopte à l'égard des scrofuleux, des paralytiques tenant leur béquille, d'un aveugle à la longue canne, et d'autres encore, n'est pas exactement un geste de bénédiction.

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Les prouesses techniques et les détails à découvrir abondent :

-verre rouge gravé de la culotte "à crevés" (dont la mode débute) et de la bourse du mendiant, ou du bol rouge à reflets du paralytique.

-verre rouge ponceau de la masse de feuillage s'éclaircissant en périphérie en  rose.

-verre bleu gravé du buisson aux dégradés de verts et de bleu.

-feuilles rondes bourgeonnants autour des plombs.

-façade gothique vieux rose, et sa fenêtre où paraît un vieillard (??)

-scène d'extérieur en jaune d'argent dans laquelle un homme barbu court en portant sur ses épaules un homme handicapé, devant un pauvre homme s'aidant de deux béquilles d'aisselles,

-architecture civile, etc.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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6. Remise des clés à saint Pierre.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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7. Apparition du Christ à  saint Pierre.

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Tête de saint Pierre restituée.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le fond bleu nous réserve encore une vue architecturée, une "fabrique", en ruine ou en construction, devant laquelle passe, une main sur la hanche et s'appuyant à un long bâton, un homme. Mon imagination, que ces détails enchantent, y voit un soudard, un soldat barbu, casqué et éreinté.

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Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre, Rouen 1520-1530), de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE TYMPAN (DUHAMEL-MARETTE, 1869).

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Pierre marchant sur les flots.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Ange présentant les clefs emblématiques.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Résurrection de Tabitha.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Crucifiement de Saint Pierre .

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Rencontre du Christ et de saint Pierre.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Pierre délivré de prison par un ange.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Ange tenant un cartouche : PASCE AVES MEOS (Jn 15:17 Pais mes brebis).

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Ange tenant un livre.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Pierre dans une gloire entouré d'anges.

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Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

Tympan de la baie n°1 (verrière de la Vie de saint Pierre), Duhamel-Marette 1869. Photographie lavieb-aile 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530

— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495

DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)

— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.

— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché",  Bull. AMR, 1958-1970, p. 147-167.

— LAFOND (Jean), 1908, "Un vitrail de Engrand Leprince à l'église Saint-Vincent", Bull. AMR, 1908, p. 22, 23, 157-167.

 

LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.

LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux,  Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 359.

https://books.google.fr/books?hl=fr&id=FNYwAQAAIAAJ&dq=bas-reliefs+de+la+%22rue+de+l%27Ecureuil%22+rouen&q=boyvin#v=onepage&q=pierre&f=false

— PALISSY (Base) https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM76003098

— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.

— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 49-98

— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.

RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .

RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.

— TANGUY (Jacques) 2003. Rouen-histoire.com

http://www.rouen-histoire.com/SteJA/fenetre_01.htm

Divers

 

http://www.rouen-histoire.com/SteJA/index.html

http://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/St-Vincent.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Jeanne-d%27Arc_de_Rouen

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Héraldique
7 janvier 2022 5 07 /01 /janvier /2022 17:56

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Saint Corentin assis (vers 1530), et divers fragments (XVe et XVIe siècles).

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L'évêché de Quimper conserve, dans la chapelle privée de l'évêque au premier étage,  et répartis sur deux baies, deux ensembles de fragments de vitraux anciens. Ils ont été remontés en 1914, mais étaient signalés  dans les collections de l'évêché avant 1907 , date de son transfert depuis l'ancien palais de Rohan (aujourd'hui occupé par le Musée départemental breton) vers la rue de Rosmadec. La restauration et le remontage de ces fragments sont signés de Fernand Rosey, peintre verrier parisien, et de son successeur Rabion.

Je remercie Monsieur Yann Celton , archiviste et bibliothécaire diocésain de Quimper et Léon, qui m'a permis de découvrir et de photographier ces vitraux.

Je m'inspire, souvent littéralement, de la description donnée par Gatouillat et Hérold pour le Corpus Vitrearum en 2005.

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I. DEUX SCÈNES DE LA VIE DE SAINT YVES (vers 1510-1515 et 1914).

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La baie B, la plus à droite est rectangulaire et mesure 1,80 m et 1,20 m de large. Dans la vitrerie en verre cathédrale avec filet coloré et double ogive en haut,  sont insérés deux scènes de la vie de saint Yves en forme d'ajours provenant de l'église Saint-Mathieu, peintes sur fond rouge vers 1510-1515.

Voir Paul Peyron, Bull. SAF 1893 pour la datation, et Jean-Marie Abrall, Bull. SAF 1893 pour la description des vitraux de Saint-Mathieu. "Une fenêtre du fond du bas-coté nord, timbrée aux armes des L'Honoré conservait quelques éléments figurés, un saint solitaire (Fiacre) avec 2 personnages agenouillés, et 2 scènes de la vie de saint Yves avec une longue inscription."

Voir mon article sur la description des vitraux de Saint-Mathieu :

https://www.lavieb-aile.com/2020/03/la-maitresse-vitre-de-saint-mathieu-a-quimper.html

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Les illustrations hagiographiques de saint Yves, hormis le fameux Saint Yves entre le Riche et le Pauvre, sont rares. 

La base Mandragore  de la BNF ne propose qu'une image issue du Bréviaire de Charles V par Jean le Noir (1334-1370, Latin1052 f. 378).

La base Enluminures en propose quatre ; mais aucune n'illustre un épisode de sa vie.

Cette recension échappe au sommaire de Saint Yves et les Bretons (1303-2003) de Cassard et coll.

La Vita b. Yvonis, Latin 17008 folios142 bis v°-145, de Pierre de Dinteville qui a fondé à Orléans en 1357 une chapelle Saint-Yves  n'est pas illustrée.

La baie 7 de Moncontour, datant de 1537, est construite sur une succession d'épisodes narratifs, mais ce miracle n'est pas figuré.

Claude Berger traite des Représentations de saint Yves en Finistère et côtes d'Armor pour le Fonds Saint-Yves. Mais je n'y retrouve pas ce sujet (et le vitrail de l'évêché n'est pas cité).

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Les bases scripturaires reposent essentiellement sur le dossier de canonisation, repris par Albert le Grand. Plusieurs épisodes sont décrits dans lesquels Yves donne aux pauvres son habit, et notamment son chaperon.

"Yves Menguy, de la paroisse de Louannec, dont saint Yves fut recteur, témoin 35, raconte une scène qu’il n’a jamais oubliée : « Chaque fois qu’il voyait un pauvre du Christ dans le besoin, il lui faisait cadeau d’un de ces vêtements-là. Il arriva un jour que voulant acheter un habit pour ma femme je dis à dom Yves : « Messire, j’ai l’intention de me rendre à Lannion acheter un habit pour ma femme ». « Achète-moi de l’étoffe, me dit alors dom Yves, de la même que d’habitude, pour me faire une cotte et un chaperon ». Ce que je fis. Comme on avait confectionné dans la maison de dom Yves la cotte et le chaperon, le tailleur lui dit : « Messire, voyez si cette cotte est bien faite ». Tandis qu’il voulait essayer la cotte, il regarda du côté de la porte et vit un pauvre sans vêtement et dans une très grande détresse. Sur le champ il le héla : « Enfile cette cotte, et vois si elle te va bien ». « Messire, lui dit le pauvre tout craintif, je ne suis pas digne de porter un tel habit ». « Tu le feras, lui dit dom Yves ». Et tout de suite notre pauvre mit la cotte. Yves lui dit alors : « Prends le chaperon ». Quand le pauvre se fut coiffé du capuchon, dom Yves lui dit : « Va gagner ton pain avec la bénédiction de Dieu, et ne commets pas le mal ». Et notre pauvre s’en alla avec cotte et chaperon. J’ai vu et entendu tout cela, puisque j’étais présent. » https://fonds-saintyves.fr/connaitre-saint-yves/saint-yves-et-les-pauvres-3-10-saint-yves-au-plus-pres-des-besoins-des-pauvres/

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Mais les deux scènes du vitrail décrivent un miracle, dans lequel Dieu restitue à Yves le vêtement qu'il avait donné au pauvre.

Elle est rapportée par Sigismond Ropartz  dans son "Histoire de saint Yves, patron des gens de justice (1253-1303)" de 1856. Il s'agit d'une traduction des Actes de saint Yves, en latin, des Acta sanctorum des Bollandistes. Selon Roparz,  "Les Actes de. saint Yves ont été édités par le Père Daniel Papebroch, le plus érudit et le plus exact des Bollandistes . Le P. Papebroch nous apprend qu'Il a travaillé· sur une copie qui lui était venue de Tréguier, en 1665. Un des chanoines de la cathédrale s'était. chargé de surveiller cette copie et de la collationner . La procédure contenait deux enquêtes distinctes. La première, comprenant cinquante deux témoignages relatifs à la vie et aux vertus du Bienheureux, était entière. La seconde comprenant les témoignages, beaucoup plus nombreux, relatifs aux miracles, était incomplète·"

"En l'an 1300, le lundi de la Pentecôte, deux femmes de Lanmeur, Margile, qui avait épousé le fils de Thaor, et Mahaut , qui était mariée à Rivallon Leizone, entreprirent de compagnie un pèlerinage aux basiliques des Sept-Saints de Bretagne. Cette dévotion, très populaire au moyen-âge, consistait à visiter successivement les sanctuaires de saint Corentin., à Quemper, de saint Pol Aurelien, à Saint-Pol-de-Léon , de saint Tugdual à Tréguier, de saint Sanson, à Dol, de saint Patern, à Vannes , de saint Brieuc et de saint Malo , dans les deux villes qui portent leur nom, Sur la route, entre Tréguier et Lannion , les deux pèlerines rencontrèrent saint Yves. Elles en éprouvèrent une grande joie , car elles avaient appris avec quelle éloquence et quel zèle il prêchait en toute occasion la parole de Dieu. Elles le saluèrent donc et marchèrent à ses côtés l' écoutant' les divins enseignements qu'il leur donnait. Après qu'ils eurent cheminé quelque temps ensemble, ils trouvèrent , sur le bord du chemin , un mendiant couché sous un auvent de chaume et qui demandait l'aumône aux passants Saint Yves se détourna et s'approcha de ce pauvre , qui sollicita sa charité , en disant qu'il mourait de faim. Saint Yves lui parla quelque temps à voix basse , puis il tira son chaperon et le lui donna , en disant : «Prends ceci, car je n'ai pas , pour l'heure , autre chose que je puisse te donner." II continua ensuite son chemin tête nue et récitant son bréviaire. Les deux femmes étaient toujours près de lui et à une demi-lieue plus loin , levant les yeux sur le saint prêtre , elles · virent qu'il avait sur la tête ce même chaperon qu'il avait donné au mendiant . Il se mit à genoux, les mains jointes , au milieu de la route, et il dit à - haute voix :  "Seigneur Jésus-Christ, je vous rends grâces de votre présent » ; puis il se frappait la poitrine. Les femmes commencèrent à pleurer à chaudes larmes , ravies en admiration par le miracle qui venait de s'opérer sous leurs yeux; et saint Yves leur dit : « Allez; et continuez-votre route avec la bénédiction de Dieu ; faites le bien , et Dieu vous le rendra. " .Et il prit un sentier détourné pour gagner son manoir de Kermartin." 

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Voir aussi  Saint-Yves, juge avocat et prêtre, Léonce Roumain de la Rallaye 1861

 

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Ce texte nous permet de comprendre les deux panneaux et leurs inscriptions.

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Panneau de gauche. Yves donnant son chaperon à un pauvre.

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Emploi de sanguine et de jaune d'argent léger, nimbes ornés. Peu restauré.

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Le saint, nimbé, tonsuré, en surplis frappé d'hermines au dessus de sa cotte talaire d'étoffe sombre, tend au pauvre son "chapouroy", qu'on traduit par "chaperon". Ce n'est pas la coiffure à bourrelet terminé par une queue que portaient les hommes et femmes aisés du Moyen-Âge, mais un capuchon, ou, d'après l'image, un vêtement à capuchon, ici de couleur bleue et centré par une partie jaune à identifier. ( Roparz : "Désormais, et jusqu'à sa mort, il adopta pour vêtement une tunique avec des manches larges et amples, sans boutons, et un manteau avec un chaperon, long et tout à fait modeste, le tout en grosse bure blanche de Léon")

Le pauvre, agenouillé, barbu, tête nue (son chapeau semble serré entre ses bras), porte un long manteau rouge aux manches à larges rabats, qui serait peut-être confortable s'il n'était en guenilles. Son bâton de marche signale son âge, voire son handicap. Il est pieds nus. Il porte en bandoulière une besace, elle-aussi bien usée.

Les deux personnages échangent un regard plein d'humanité.

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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L'inscription du phylactère.

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Je l'avais déchiffré ainsi en me basant sur l'illustration du Corpus Vitrearum : COMAIN S. Y. DONNE SON CHAPOUROY A UNG POUVRE HOME POUR DIEU ET NAVOIT AULTRE QUE CREUT DOUUEZ (cf. Albert Le Grand, " Dieu fit paroistre, par plusieurs miracles, combien luy estoit agreable la charité dont S. Yves assistoit ses membres. Nous avons dit cy-dessus, que, trouvant un jour un pauvre en son chemin, n'ayant que luy donner, il luy donna son chapperon, mais Dieu le luy remist sur la teste, avant qu'il fust arrivé en l'Eglise où il alloit".) On évaluera la valeur du terme CHAPOUROY, qui ne semble pas attesté en moyen- français ailleurs.

J'ai peu de correction à apporter :

COMANT S Y DONE SON CHAPOUROY A UN POUVRE HOME POUR DIEU ET NAVOIT AULTRE QUE CREUT DONNER

"Comment saint Yves donne son chaperon à un pauvre homme et n'avait rien d'autre qu'il crut donner." La deuxième partie s'éclaire si on la confronte à la Vita : "car je n'ai pas , pour l'heure , autre chose que je puisse te donner."

La phrase latine correspondante est : 

Et cum D. Yvo diu locutus fuisset eum eo in secreto , extraxit capucium suum de capite, et dedit pauperi supra dicto, et dixit: Accipe , quia non habeo aliud de quo tibi faciam eleemosynam in praesenti .

Saint Yves ôte son capucium (capuchon) de la tête et le donne au pauvre en disant Accepte-le, car je n'ai rien d'autre pour te faire aumône (eleemoysyna, du grec ancien eleemosunê,"don charitable").

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

 

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.
Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Panneau de droite. Yves reçoit un chaperon d'un ange.

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Le panneau diverge un peu du texte cité par Roparz, ou bien il le commente, car saint Yves est agenouillé devant une ange aux ailes vertes  et dont le  front porte un diadème. L'objet qu'il remet au saint  s'est obscurci depuis la pose, et n'est plus très distinct, mais c'est à l'évidence un chaperon, comme le précise l'inscription. (Des analyses sont en cours pour déterminer l'origine de cette altération du verre et pour y remédier).

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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L'inscription est moins lisible que la précédente.

----YADIS --NE  UNG

CHAPOUROY -SEREUT------QUIL AI QUE SON CHAPOUROY POUR 

(sous réserve).

 

 

 

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Deux scènes de la vie de saint Yves (vers 1510-1515). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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II. SAINT CORENTIN ASSIS ; QUATRE TÊTES ( XVe s. XVIe s. ,1914).

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La baie A est de taille et format identique à la baie B : elle est rectangulaire et mesure 1,80 m et 1,20 m de large, et comporte une  vitrerie en verre cathédrale avec filet coloré et double ogive en haut.

 

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Au centre : Saint Corentin en évêque assis dans une cathèdre (vers 1530).

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Ce panneau, venant peut-être du sommet d'une niche, provient probablement de la chapelle des Fonts de la cathédrale, comme le suggérait Abgrall. Ce travail en jaune d'argent et grisaille a été remonté sur un fond bleu moderne. Elle correspond  à une petite figure de saint Corentin décrite par Guilhermy dans la chapelle des Fonts.

Inscription SANTU9 / CORE[N]TIN°

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper.  Saint Corentin assis dans une cathèdre (vers 1530). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Saint Corentin assis dans une cathèdre (vers 1530). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper.  Saint Corentin assis dans une cathèdre (vers 1530). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Saint Corentin assis dans une cathèdre (vers 1530). Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Deux anges volant (XVe siècle) en grisaille et jaune d'argent.

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper.  Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper.  Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Deux têtes (XVIe siècle) en grisaille et jaune d'argent.

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Tête d'une femme ou d'un ange. Panneau altéré par les micro-organismes. XVIe siècle.

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper.  Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Tête d'une sainte. Voile en bandeau occipital. Milieu du XVIe siècle.

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Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper.  Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Les vitraux anciens de l'évêché de Quimper. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1893, Saint-Mathieu de Quimper, description du monument. Bull. Société archéologique du Finistère tome XX pages 198-205 (page 203).


 

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1893_0282_0289.html

"Verrière nord. 

Au haut de cette fenêtre sont trois panneaux historiés.

-Saint Yves, vêtu d'une robe bleue ou violette, sur laquelle est un autre vêtement blanc, plus court, en forme de surplis et camail, avec mouchetures d'hermines. Devant lui, à genoux, un pauvre portant besace. Au-dessous est une longue inscription gothique.

-Saint Yves, costumé comme précédemment, à genoux . devant un ange vêtu d'une robe bleue, avec ailes vertes.

-Un saint solitaire, probablement saint Fiacre, prêchant deux petits personnages agenouillés à ses pieds. Les blasons qui surmontent ces scènes sont: En supériorité, de Bretagne. Au-dessous: 1 Un écu portant de sable au chevron d'argent accompagné de 3 annelets d'or . Plus bas, dans le même panneau, un autre écu mi parti de sable à un demi-chevron d'argent et à un annelet et demi d'or et losangé d'argent et de sable (L'Honoré). 2. Ecu brisé, et au-dessous un autre écu portant parti: de sable à un demi-chevron d'argent et à un annelet et demi d'or et d'azur à une demi croix pattée d'argent."


 

ALBERT LE GRAND, Vie de saint Yves

https://fr.wikisource.org/wiki/La_Vie_de_saint_Yves

"Il ne pouvoit endurer de voir lea pauvres nuds ; un jour estant allé (selon sa coustume) visiter les pauvres à l’Hospital de Land-Treguer, voyant plusieurs pauvres fort mal vétus, il leur bailla la pluspart de ses habits. de sorte qu’il luy fallut s’envelopper dans un loudier, attandant qu’on luy en eust apporté d’autres.

Une autre fois, il fit la même chose ; &, comme un jour son cousturier luy fut venu vestir une robbe & capuchon gris, il apperceut en la court un pauvre à demy nud ; il ne le peut endurer ; mais, retenant ses vieux habits, luy donnna cet accoustrement neuf.

Allant une fois à l’Eglise, disant son Breviaire, un pauvre, luy demanda l’aumône, n’ayant que luy donner, tira son capuchon & le luy donna.

Dieu fit paroistre, par plusieurs miracles, combien luy estoit agreable la charité dont S. Yves assistoit ses membres. Nous avons dit cy-dessus, que, trouvant un jour un pauvre en son chemin, n’ayant que luy donner, il luy donna son chapperon, mais Dieu le luy remist sur la teste, avant qu’il fust arrivé en l’Eglise où il alloit.

Un pauvre estant arrivé tard à Ker-Martin & n’osant fraper à la porte se coucha auprés & y passa la nuit ; saint Yves, sortant de bon marin, le trouvant là, le fit entrer, le revétit de ses propres habits, luy donna bien disner & à souper, le fit coucher en un bon lict, alla se coucher au mesme lieu où il l’avoit trouvé et y passa la nuict."


 

 

 

ANDRÉ (Auguste), 1877, "De la verrerie et des vitraux peints de l'ancienne province de Bretagne",  Bulletin et mémoires de la Société archéologique du Département d'Ille-et-Vilaine, Volumes 11 à 12 tome IX, Rennes Ch. Catel, 1877 page 309 et sv

https://books.google.fr/books?id=Q8wwAQAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false


 

Les trois autres compartiments de la vitre contiennent divers épisodes de la vie de saint Yves, official de Tréguier, mort en 1303. Dans le premier, le saint, revêtu de son costume d'official, donne son capuchon à un pauvre qui lui demandait l'aumône (Albert Legrand, Vies des Saints de Bretagne, p. 161). Le second le représente vêtu de même, à genoux devant un ange. Dans le troisième, deux personnages sont à genoux devant lui; derrière le saint on aperçoit une maison ; ce sujet rappelle sans doute la charité de saint Yves, qui logeait et nourrissait les pauvres dans ses presbytères de Trédrez et de Lohannec'h, et qui fonda pour eux un hôpital dans son manoir de Kermartin (ibid.). Ainsi qu'on l'a dit plus haut, le style du dessin, l'agencement des figures, le coloris de cette vitre lui assignent la date de la fin du xv° siècle !. »


 

CASSARD (Jean-Christophe) 1992 Saint Yves de Tréguier: un saint du XIIIe siècle - Page 59

 

GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum VII, Presses universitaires de Rennes page 185.

LE BIHAN (Jean-Pierre), blog

http://jeanpierrelebihan2.over-blog.com/article-18485675.html

http://lebihanvitraux.over-blog.fr/article-19178513.html

 

ONFROY KERMALQUIN 1846 Etudes sur les villes de Bretagne Guingamp page 360

 

 

ROPARZ (Sigismond) 1856 Histoire de saint Yves, patron des gens de justice (1253-1303)

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_21/Histoire_de_Saint_Yves_.pdf

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux saint Yves
6 janvier 2022 4 06 /01 /janvier /2022 23:42

 Les vitraux armoriés (quatrième quart XVIe siècle ; XXe ; 1957) de la chapelle de Trémalo à Pont-Aven lors d'une excursion de la Société archéologique du Finistère.

 

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Le 26 novembre 2021, les Journées d'études de la Société archéologique du Finistère, menées par le président Yves Coativy, ont débuté par une visite du four à pain et de l'enclos mégalithique de Kerambris à Névez, et se sont poursuivies par une visite du Musée de Pont-Aven, où Daniel Le Feuvre, qui venait de publier dans le dernier bulletin de l'association une étude très approfondie des œuvres du peintre  André Joly (1882-1969), a enrichi de ses commentaires la présentation de la médiatrice.

Le soleil était déjà couché lorsque nous terminâmes la journée par la découverte, incontournable, de la chapelle de Trémalo. Nous y admirâmes, bien sûr, et à nouveau sous la guidance de Daniel Le Feuvre,  le Christ Jaune qui a donné à la chapelle sa renommée internationale. Mais pas que.

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PRÉSENTATION.

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La chapelle, qui est privée, a été restaurée en  1755,  par Jean-Baptiste Mahé, recteur de Nizon, et  en 1957 à l'initiative du  propriétaire du Plessis, le  vicomte Patrice de la Villemarqué de Cornouaille. Après lui, son fils Xavier a présidé  l’Association pour la sauvegarde de la chapelle de Trémalo, laquelle a, en 2009,  fait procéder au drainage, au rejointoiement des maçonneries de la façade est, de la voûte de la porte sud et de l’escalier du clocher.

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L’intérieur de la chapelle est composé d’une nef et de deux bas-côtés. Il est divisé en six travées soulignées par des arcades gothiques. Les poutres sont sculptées d'engoûlants et et les sablières  de figures humaines et animales. Un (et peut-être deux) motifs héraldiques y sont présents.

 

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La maîtresse-vitre comportait jadis un Arbre de Jessé, déjà absent lors de la visite du chanoine  Pérennès en 1938 .  Le tympan lui-même ne conservait que quelques pièces anciennes, la seule intacte étant une précieuse Messe de saint Grégoire, et il a été  restauré et largement complété en 1957 par Etienne Scaviner, verrier de Pont-Aven.

La description qu'en donnent Françoise Gatouillat et Michel Hérold en 2005 pour le Corpus Vitrearum est brève, et ces auteurs n'avaient pas identifié les éléments héraldiques. Je m' appuierai néanmoins sur leur travail pour décrire les panneaux. Mais c'est Yves-Pascal Castel et Catherine Puget qui , en 2007, en ont décrypté les armoiries, sans doute aidée par le propriétaire de la chapelle dont le père avait commandité les panneaux récents en 1957. Leur notice est reprise en ligne sur le site municipal Pont-Aven Histoire et Patrimoine. Je me suis appuyé sur ces descriptions, non sans les vérifier et les commenter.

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Mais puisque ces verrières nous conduisent à une étude héraldique, il nous faut présenter les données connues sur l'histoire de la chapelle seigneuriale du manoir de Plessis en Nizon, et étudier les blasons sculptés à l'extérieur.

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HISTORIQUE (d'après T. Daniel et C. Puget, etc.).

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Étymologie.

— Plessis (Plessix) est la forme française de Quinquis.

Quinquis est un toponyme très fréquent, parfois sous la graphie kenkis, issu du moyen-breton kenkist "maison de plaisance" désignant à l'origine des maisons entourées d'une haie de branches entrelacées (on a rapproché le préfixe kenkis du radical gallois cainc- , "branche"). Le vieux français plesse avait un sens identique et a donné plessis, "entrelacement". Le toponyme s'applique souvent, en Bretagne, à d'anciennes mottes féodales ou castrales, dont le sommet est défendu par de fortes palissades. Pour F. Tournier, "Kenquiz, quenquis (plessis, clôture), équivalent de "haia" (enceinte faite de haies) peut dénoter aussi bien des enclosures à vocation agricole qu'à vocation défensive militaire." Mais la situation du manoir (cf. topologie) permet d'évoquer un site idéal pour une vocation défensive. Mon opinion se trouve confirmée dans un article de J. Le Goff-Ruiz 2011.

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—Trémalo.

"Du point de vue étymologique, la particule “Tré-” désigne, selon Bernard Tanguy, non une trève dépendant d’une paroisse, mais un village d’origine ancienne qui tirerait son nom d’un personnage, un certain Malo dont la silhouette se perd dans la nuit des temps. Paradoxalement, si un acte de 1653 donne à la chapelle le titre de “Notre-Dame de Saint-Malou, en laditte paroisse de Nizon”, aucune statue n’évoque ici le patron de la cité des corsaires. A moins que Malo étant bien loin, on lui ait, à une époque donnée, attribué le nom de Corentin, fondateur du diocèse de Cornouaille. Ce ne serait pas la seule fois qu’une statue ait été rebaptisée pour les besoins de la cause locale." (Castel et Puget)

Je note sur la carte IGN le toponyme Pontic-Malo ("petit pont Malo"), mais il doit être récent, n'est pas attesté sur les cartes antérieures, et doit se rattacher au nom de la chapelle qui le domine.

 

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Les seigneurs de Quinquis ou Quenquis/Plessis et le manoir de Plessis-Nizon.

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La seigneurie du Plessix à Nizon appartint successivement aux familles du Plessis, Feydau et Hersart de la Villemarqué.

"La Réformation de 1426 (pour 1427?) révèle, dans la paroisse de Nizon, l’existence des manoirs suivants : Le Quenquis ou Plessix ; Kerazret appartenant à Guillaume de la Rue Neuve ; Penboutou possédé par Yvon du Plessix ; Penisquin, à Pierre du Hautbois ; Penalen, à Jehan Penquelen. Celle de 1536 mentionne quelques autres manoirs, au nombre desquels figure celui de Rustéphan .

La réformation de 1427 sous le rapport de paroisse de Nizon mentionne "le manoir de Paubatoux (?), Yvon du Plessix, noble, et Jehan du Plessix, noble.

A la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1481 qui s'est tenue à Carhaix les 4 et 5 septembre, est présent Maurice le Quinquis, représenté par Guillaume son fils, archer en brigandine ;

A la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1536 qui s'est tenue à Quimper le 10 et 11 mai est présent  Guillaume du Plessix, sieur dudit lieu, à deux chevaux et armé

A la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1562 qui s'est tenue à Quimper les 15 et 16 mai, les nobles suivants de Nizon apparait : François du Plessix, sieur du Plessix, présent, dict faire corselet suivant sa déclaration .

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"Plessix (du), en breton Quenquis (du), sieur dudit lieu, paroisse de Nizon, - de Missirien, paroisse de Kerfeunteun, - de Kerfrez  [39], paroisse d’Ergué-Gabéric, - de Kerminihy et de Penbuel, paroisse d’Elliant, - de Kervidal, paroisse de Tourc’h.

Ancienne extraction., réf. 1669, huit générations, références et montres de 1426 à 1562. dites paroisses, évêché de Cornouaille.

D’argent au chêne de sinople englanté d’or ; au franc canton de gueules, chargé de deux haches d’armes adossées d’argent en pal.

-Yves, vivant en 1427, épouse Marie de la Villeblanche.

La branche aînée fondue en 1690 dans Feydeau, puis Hersart ; la branche de Missirien fondue dans Autret ; la dernière branche fondue dans la Marche.

Le sr de Kerhouaz, paroisse de Lesbin-Pontscorff, débouté à la Réformation de 1671.

Le sr de Penfrat, débouté au conseil en 1700.

Pol Potier de Courcy édition de 1895, tome II, page 397. Correction 2005"  https://www.tudchentil.org/spip.php?article738

 

Remarque.

Les armoiries des Quenquis figurent sur la baie 107 de la cathédrale de Quimper où se voit un chanoine qui les porte. Il s'agit de Pierre de Quenquis :

 

 

Pierre de Quenquis fut reçu chanoine de la cathédrale le 20 janvier 1415. Il décéda en 1459, et son tombeau fut placé dans la chapelle Saint-Corentin ( depuis, chapelle Saint-Paul).   Ses armes sont aussi sculptées sur l'un des deux écussons des clefs de voûte du bas-coté nord de la nef, et en deux écussons accolés, à la naissance de la voûte du porche du  portail nord. 

https://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-vitraux-du-choeur-de-la-cathedrale-de-quimper-vi-la-baie-n-107.html

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Généalogie (des aînés) de la famille du Plessix : https://www.tudchentil.org/spip.php?article583

  • Yves du Plessix x Amice de la Villebranche [Montre 1427]
  • Maurice x Clemence Kergoet [ décédés en 1502]
  • Guillaume I x Constance Kerjequel [Montre 1481. Lui ou son fils :Montre 1536]
  • Guillaume II x Marguerite du Rinquier du Poulguin (fille de Louis du Rinquier et Louise Didoueget). Ils fondent l'actuelle chapelle de Trémalo, datée de 1550.
  • François I x Marguerite Le Glas (décédée en 1582). [Montre 1562. Existe en 1568]
  • François II x Marie Du Moulin [mariage en 1574]
  • Nicolas x Hélène Guimarho [Existe en 1602 ; Marié en 1638 ]
  • Georges-Joseph (1640-1669) x Mauricette de Bouvans . [ Marié en 1659 ; Existe en 1659]. Ils ont une fille unique Anne du Plessix, héritière, épouse en 1690 Charles Feydeau de Saint-Remy, cf. infra.
  • Jacques du Plessix, frère de Georges, héritier du nom. [Existe en 1669]

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Généalogie des descendants : Feydeau et Hersart :

  •  Marie-Anne du Plessix, fille et héritière de Georges du Plessix, x 1690 Charles Feydeau de Saint-Remy, chevalier de Malte.
  • Louis-Charles  Feydeau (1732-1786) x Marie-Josèphe Briant Du Stang, d'où
  • Jean-Marie Feydeau de Vaugien, seigneur du Plessis Nizon, officier de marine,  x  1774 Marie-Thérèse de Talhouët-Grationnaye.
  •  Marie-Ursule  Feydeau de Vaugien (1776-1847) dame du Plessis-Nizon x  9 Novembre 1798, le comte Pierre Michel François Marie Toussaint Hersart de la Villemarqué (1775-1843)
  • De ce mariage naquirent huit enfants, dont le plus jeune fut Théodore-Claude-Henri, l’auteur du Barzaz Breiz ( Plessix-Nizon 1815 - 1895 manoir de Keransquer, près de Quimperlé). Le manoir du Plessix , la chapelle de Trémalo et le Bois d'Amour appartiennent encore  à la famille de la Villemarqué. Mais  la propriété passent à :
  • Roland Eleonore Marie Cyprien Armand (Quimperlé 1861-Kermaria Pont-Aven 1937 X Jeanne Marcetteau du Brem 1867-1958
  • Patrice (1904-1959) x Anne-Marie de Grimoüard (1907-1990). https://gw.geneanet.org/fperrach?lang=fr&iz=4&p=patrice+albert+michel+armand&n=hersart+de+la+villemarque+de+cornouaille
  • Xavier de la Villemarqué de Cornouaille (-décédé au manoir de Plessis 19 septembre 2018)
  • Yann Hersart de la Villemarqué de Cornouaille

(sous réserve)

 

 

 

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Le manoir.

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Un article illustré de photos de J. Le Goff-Ruiz permet de le découvrir, avec un bâtiment rectangulaire de style classique bien éclairé par de nombreuses fenêtres et datant de la seconde moitié du XVIIe, et l'ancien manoir contemporain de la chapelle (1550), et "dont les pierres énormes servant de linteaux aux portes et fenêtres, toutes curieusement dissemblables, et où figurent quelques belles accolades" incitaient Bertrand Queinec (*) à évoquer "très facilement la réutilisation des matériaux d'un manoir primitif, peut-être victime d'un incendie". Une chapelle du début du  XIXe siècle, des écuries et un puits ancien complètent cet ensemble.

(*) Bertrand QUEINEC, 1992, page 187

 

 

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Situation : topologie.

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L'examen des cartes est, comme toujours, très utile. 

La carte IGN et la photo aérienne permettent de repérer la proximité du château (ancien manoir) et de la chapelle, reliés par une route traversant Quistilliau et Trémalo-Kerhuil en restant sur la crête. En effet, le château est à 67 m d'altitude, à la pointe d'un quadrilatère aux pentes abruptes, tracées par le cours de l'Aven et d'un  ruisseau prenant sa source vers Kerhuil (étymologie non retrouvée). Et la chapelle est à la même altitude approximativement.

Cette situation en hauteur mais dominant directement un cours d'eau est évidemment très avantageuse sur le plan militaire et  économique. Plus précisément, il permet l'établissement d'un moulin (associé aux droits seigneuriaux), "le moulin du Plessis", aujourd'hui démoli mais où un bief subsiste. Le zoom de la carte IGN en détaille l'implantation (le site Pont-Aven signale une installation de pisciculture ; cela rappelle que les seigneurs percevaient des droits sur la pêche). Ce n'est qu'un des nombreux moulins qui ont fait la prospérité de Pont-Aven.

Juste en face, un site symétrique porte le nom de Colline Sainte Marguerite, témoignant d'une ancienne chapelle et donc d'une sanctification de ces promontoires.

La situation de la chapelle est celle que je retrouve presque constamment  : point haut, proximité d'une rivière, moulin. On peut l'expliquer par les avantages économiques et politiques, ou par la reprise d'anciens cultes, les deux ne s'excluant pas. 

On peut observer la situation des ruines de Rustéphan, deuxième manoir de Nizon.

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La carte d'Etat-Major  (1820-1866) rend plus visible, par le hachurage des pentes, les reliefs et l'hydrologie. La carte de Cassini dressée en 1783, permet de repérer tous les moulins indiqués par une petite roue dentée, d'examiner la modification du paysage, et de relever les toponymes (ici : Trémalo ?) 

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Carte IGN Géoportail Remonterletemps.

Carte IGN Géoportail Remonterletemps.

Carte IGN et Etat-Major Géoportail Remonterletemps.

Carte IGN et Etat-Major Géoportail Remonterletemps.

Carte de Cassini Gallica https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop

Carte de Cassini Gallica https://gallica.bnf.fr/html/und/cartes/france-en-cartes/la-carte-de-cassini?mode=desktop

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"L’édifice, situé sur les hauteurs qui dominent Pont-Aven (mais sur le territoire de la paroisse de Nizon), se trouve sur le chemin qui monte du bourg vers le manoir du Plessis-Nizon  et, d’autre part, vers le hameau de Trémalo. On y accède par une longue allée de chênes et de châtaigniers, dans ce qu’on appelle localement le Bois d’amour, et la majesté de ce parcours contraste avec la simplicité de la chapelle, formant un ensemble réellement harmonieux.

Construite en 1550 (comme en témoigne une inscription au-dessus de la porte sud), elle est de fondation seigneuriale : le blason des du Plessis  figure en plusieurs endroits de l’édifice : sur la façade ouest, sur la maîtresse-vitre, sur les sablières. Le style relève encore du gothique flamboyant, ce qui n’a rien d’étonnant dans cette région où la tradition médiévale persiste en même temps que pénètrent les nouveautés de la Renaissance.

Le plan est rectangulaire, orienté est-ouest. La longueur de l’édifice est de 24 m, la largeur de 13 m. À l’extérieur, les murs en granit sont soigneusement appareillés en pierre de taille ; le chevet plat comporte trois baies flamboyantes, celle de gauche étant murée ; la façade occidentale est d’une grande simplicité : une porte en anse de panier, quatre contreforts (deux droits de part et d’autre de la porte, et deux biais aux extrémités nord et sud), un blason sculpté au milieu de la façade, un petit clocher de type cornouaillais, à une seule cloche.

Du côté nord, une seule petite fenêtre passante, contrastant avec les ouvertures du côté sud : deux portes en anse de panier (l’une toute simple, l’autre surmontée d’une accolade et de pinacles latéraux), et quatre fenêtres (deux ouvertes dans le muret, deux passantes, la première du XVIe siècle avec son remplage d’origine, la seconde construite en 1755). L’ensemble est couvert d’une imposante toiture dissymétrique qui descend, au nord, jusqu’à hauteur d’homme." (T. Daniel)

D'après Castel et Puget citant Bertrand Quéinec I, 1992:

La chapelle était desservie par les prêtres de la paroisse de Nizon. La fabrique était tenue d'y célébrer deux messes, l'une à l'intention du seigneur de/u Plessis "le jour de Monsieur saint Marc", l'autre  à l'intention du sieur Troguidic (un patronyme qui échappe à mes recherches) à la Saint Grégoire. Ces clauses n'ayant pas été respectée, il fallut une sentence de la cour royale de Concarneau en 1624 pour obliger la fabrique à reprendre ces célébrations à l'intention du sieur du Plessis à la Saint-Marc, et à l'intention du même sieur du Plessis, héritier des Troguidic, à la Saint Grégoire.

Trémalo fondée par la famille du Plessis est considérée par eux comme leur chapelle privée où sont célébrés les baptêmes de la famille, mais cette appropriation était contestée par Charles de la Roche-Rouxe, du manoir voisin de Penanroz, qui déclarait  en 1653 "avoir le droit de faire figurer ses armoiries  dans la maîtresse-vitre de Saint-Malou en la paroisse de Nizon, comme elles figuraient depuis longtemps dans l'église paroissiale."

C'est sans doute le même différend qui entraîna un affreux scandale le 11 septembre 1661, le jour du pardon, quand un groupe de cinq gentilhommes pénétra dans le sanctuaire avec à leur tête Alain de Guer, marquis de Pont-Callec, seigneur de la Porte-Neuve en Briec. Ce dernier bondit l'épée à la main dans le chœur pour attaquer le jeune Georges du Plessis, qui aurait manqué de respect au procureur fiscal du puissant marquis. 

Tout le long du XVIIIe siècle les finances de la fabrique de Trémalo sont saines, et les revenus permettent un bon entretien de la chapelle.

Le 3 messidor an III (juin 1795), on procéda à la vente aux enchères des biens de la fabrique de Nizon, dont la chapelle de Trémalo, la chapelle Saint-André et la chapelle Saint-Maudez devenus biens nationaux. La chapelle de Trémalo, son petit placître au sud planté de trois chênes et de deux châtaigniers, ainsi que les matériaux en pierre de taille d'une croix écroulée, est adjugée pour 5320 livres au citoyen Pierre Caudan, riche cultivateur de Keramperchec et maire de Nizon. L'intention de ce dernier, dont deux de ses fils seront prêtres dont l'un vicaire à Nizon) est de rendre au culte la chapelle après les troubles. C'est après 1805 que la famille de la Villemarqué y effectue des travaux et édifie un nouveau calvaire en 1807.

Au cadastre de 1832, la chapelle est indiquée avec ses 300 m² de superficie comme propriété de la commune.

En 1852, Cyprien de la Villemarqué fait donation à la fabrique de "l'église succursale de Nizon" d'une rente annuelle pour la célébration des messes à Trémalo.

Le grand pardon était célébré à la Nativité de la Vierge le 8 septembre, et un autre avait lieu le dimanche le plus rapproché de la Sainte-Anne, le 26 juillet. Plus tard on institua une troisième célébration le 15 août, jour de l'Assomption.

Le 11 mai 1932, la chapelle est classée "monuments historiques".

Le groupe de Sainte-Anne, la statue de la Vierge et le Christ Jaune sont classés "monuments historiques" à titre d'objet le 16 août 1957.

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Je note sur la base Geneanet que Trémalo figure comme lieu de décès sur les actes paroissiaux dans la deuxième moitié du XVIIe siècle pour les familles Couric ou Gouric (Pierre Coric 1630-Trémalo1690), Le Calvez, Le Du, Le Deuff, Le Tallec, Quénéhervé.

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Le pignon ouest.

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Sur le pignon ouest, sous le clocher à gables aigus, pinacles et pointe à crochets,  et au dessus de la porte cintrée flanquée de contreforts,  un ange aux ailes éployées tient un blason des armoiries de la famille des Seigneurs Plessis Nizon, fondateurs de la chapelle. La pierre étant érodée, on devine les meubles (notamment le chêne) plus qu'on ne les distingue avec certitude.

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La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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La façade sud et sa porte flamboyante.

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L’élément architectural le plus intéressant est la porte sud en anse de panier, où l'ocre rouge qui rehaussait jadis les contours du panneau d'inscription a laissé quelques traces.

L'accolade à fleurs d'acanthes et fleuron s'appuie sur deux culots qui supportent des pinacles à fleurs ampulliformes et masques.

Deux blocs de pierre, de chaque coté du fleuron, sont sculptés d'inscriptions en réserve. Leur lecture est difficile, surtout pour un visiteur qui ne bénéficie pas des meilleurs conditions d'ensoleillement et de lumière rasante (chaque inscription, comme les personnages des horloges astronomiques, ne livre son message qu'à une heure et parfois une date bien précise et la réserve aux fidèles patients et persévérants). La première, à gauche, est en lettres gothiques sur deux lignes, et on y a lu :

ALAIN AUDREN 

FABRIQUE DE CEANS

La seconde porte, sur une ligne, la date : LAN 1550. Numérotation en chiffre arabe.

La base Geneanet ne fournit aucune donnée sur ce nom AUDREN à Nizon ou Pont-Aven  avant 1743, et encore moins avec ce prénom.

C'est la lecture la plus assurée. Citons d'autres leçons : GUILQUENQUIS 1558 (renvoyant à Guillaume de Quenquis), pour la notice de l'exposition Gauguin et le Christ Jaune du Musée d'Orsay et de Pont-Aven (Puget, 2000), ou bien LAN 1556 (pour René Couffon).

Néanmoins, Castel estime que sa lecture de 1550 est "claire".

"Le “fabrique”, paroissien en charge de l’édifice, assure les rentrées d’argent et pourvoit aux dépenses. On sait, mais par ailleurs, que le recteur de Nizon, est alors Jacques Le Vescoz . Pourvu de son poste en 1549, il s’y maintient jusqu’en 1580 (“Bulletin diocésain d’histoire et d’Archéologie”, 1938, p. 47)." C. Puget.

Je me demande s'il ne s'agit pas d'une coquille pour Le Vergoz ou Le Vergos, patronyme bien plus attesté en Finistère. Mais cette hypothèse ne permet pas d'aller plus loin. Le corpus épigraphique finistérien conserve la mention d'un  recteur Guillaume Le Vergoz (Kerlaz, Sainte-Anne-la-Palud) dans les années 1653 et 1654.

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La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile juillet 2022.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile juillet 2022.

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La crossette d'angle sud-est : un lion tenant un blason.

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C'est un lion de crossette typique, avec la gueule débonnaire, la langue tirée, la crinière bouclée et la queue faisant retour sur l'arrière-train. Sa tête est tournée vers l'est, et donc vers le manoir et ses seigneurs. Mais il tient un blason bien érodé et défiguré ("démeublé") par les lichens. Y.-P. Castel y reconnaît les armes du Plessis.

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La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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On remarque aussi ce bloc sculpté.

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La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Nous pouvons maintenant entrer dans la chapelle et nous diriger vers le chœur.

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La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

La chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Mais avant d'examiner la maîtresse-vitre, nous remarquerons le blason intégré dans la frise des sablières, du coté gauche près du chœur.

Ce sont les armes de la famille du Plessis. Le chêne et ses glands pourraient renvoyer au nom quinquis. Le chêne est figuré par un tronc central, trois feuilles de chêne vertes, et des glands au bout de leurs tiges ou pétioles (gland et petioles rouges et non jaune d'or comme il siérait) ; ce serait alors un chêne pédonculé Quercus robur. Les deux haches en pal occupent une place un peu exagérée. Voici le modèle  :

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https://www.tudchentil.org/spip.php?article583

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Castel, citant apparemment Bertrand Quéinec, décrit page 2 "les deux écussons de bois peint sur une poutre au dessus du chœur, la place d'honneur,  montrent les armes de Guillaume du Plessis et de Catherine de Botigneau son épouse." Mais je n'ai pu trouver une confirmation de ce couple. Il ajoute : "on retrouvait d'ailleurs dans un vitrail disparu les armes du même Guillaume du Plessis accolées à celles de sa deuxième épouse Marguerite du Rinquier du Poulgwin." Je n'ai pas trouvé confirmation d'un deuxième mariage de Guillaume II du Plessis.

Annotation d’un descendant de la famille Keransquer, Mikaël Ansker (comm. pers.) :

"Concernant la chapelle de Trémalo, située à Pont-Aven, le blason situé dans l’un des vitraux (d’argent à deux haches de gueules adossées), est celui des Keransker ou Kerasker. Il est donc possible qu’il y ait eut une fusion de cette famille Hersart avec les Ansquer (Ansker), primitivement propriétaires de cette terre (la donation ayant été effectuée par le duc de Bretagne afin de disperser les moines dans les grands espaces pour transmettre leur foi. Ces haches d’armes font sans doute référence à un Anscher virgiferi, cité dans le Cartulaire de Kemperlé au XIème siècle (*), et l’on sait que leurs attributs étaient, déjà au temps des Romains, un faisceau de deux haches entouré de verges."

(*) page 172.  Le virgifer était le sergent chargé des contraintes et de la recette des devoirs et rentes.  https://www.bannalec.fr/medias/2015/10/bpt6k1138272.pdf

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Les armoiries des Botigneau ou Botigno sont d'azur à l'aigle éployée d'or à deux têtes becquées et membrées de gueules . Voir la lancette B de la baie 110 de la cathédrale de Quimper où la dame de Botigneau est présenté par sainte Catherine ; Le portail sud de la cathédrale de Quimper ; ou les Dronou de Bodigneau à N.-D. du Folgoët.

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Sablières de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Sablières de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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A noter cet aigle bicéphale des sablières, aux têtes becquées de gueules.

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Sablières de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Sablières de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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LA MAÎTRESSE-VITRE.

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Cette baie  d' 1,80 m de haut et 1, 50 m de large comporte  3 lancettes et un tympan à 6 ajours — dont deux soufflets  et 4 mouchettes — et deux écoinçons. Elle a été presque complètement détruite, et seule le soufflet du rang inférieur consacré à la Messe de saint Grégoire, et la mouchette placée à droite représentant les Saintes Femmes au tombeau sont du quatrième quart du XVIe siècle (Corpus Vitrearum)  ou de 1550 environ (Y.-P. Castel). Les lancettes sont occupées par des vitreries à bornes modernes, et les autres ajours du tympan de tableaux héraldiques dont certains datent de 1957.

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Les trois ajours supérieurs.

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Le soufflet du sommet.

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Le Corpus Vitrearum le qualifie "d'écu de fantaisie  (XXe siècle) sommé d'une couronne ancienne".

Ce sont les armoiries d'or à la herse sarrasine de sable de la famille Hersart de la Villemarqué qui sont placées en prééminence, témoignant du fait qu'elle est présente au Plessis depuis 1798. L'écu est  surmonté d'un casque fermé et timbré de la couronne comtale posée sur un bourrelet.

La devise des Hersart, evertit et oequat (sic, pour evertit et æquat) "Il bouleverse et aplanit", en accord avec la métaphore de la herse de labourage, n'a pas été retenue dans la restauration. 

Si on consulte en ligne les représentations de ce meuble héraldique,  on trouve très généralement la représentation d'une herse rectangulaire et quadrillée, qui ne correspond pas à ce qui est représenté ici où deux traverses se croisent comme le tipi qui sert de logo pour annoncer un camping.

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copyright wikipedia

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La herse héraldique est décrite ainsi :

HERSE SARRASINE. Ce meuble, qui prend aussi le nom de coulisse, est composé de six pals alésés, aiguisés par le bas, et de cinq traverses horizontales, jointes par des clous aux intersections, enfin, la traverse du haut est munie d'un anneau dans sa partie du milieu.

HERSE, subst. fém., meuble de l'écu, qui représente un instrument propre à renverser les terres entre les sillons sur les grains, pour les couvrir après qu'ils ont été semés.

D'après le Manuel héraldique ou Clef de l'art du blason », une herse symboliserait un commandement de place forte.

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Pol Potier de Courcy écrit dans son Nobiliaire : d'or à la herse sarrasine de sable; sceau 1381).Il faut retrouver les sceaux de la famille pour retrouver cette forme en X, et notamment ceux conservés au musée Dobrée de Nantes :

 

 

https://www.musee-dobree.fr/jcms/navigation/les-collections/bases-de-donnees-en-ligne/sigillographie/origine/bretagne/hersart-de-la-villemarque-fr-eja_91840

https://www.musee-dobree.fr/jcms/navigation/collections/online-databases/sigillography/origin/bretagne/hersart-du-buron-/-breil-du-buron-du-en-eja_91843

https://www.musee-dobree.fr/jcms/navigation/les-collections/bases-de-donnees-en-ligne/sigillographie/origine/bretagne/hersart-de-la-villemarque-/-cornouailles-de-fr-eja_91841

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Hersart du Buron

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Hersart du Buron

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Hersart du Buron / Ferron du Quengo (De)

 

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Hersart de la Villemarqué / Cornouailles (de) :

D'or à la herse de sable. (Potier de Courcy : d'or à la herse sarrasine de sable; sceau 1381). / Parti, au 1 d'hermine plein, Bretagne : au 2 d'azur au mouton passant d'argent, accorné et onglé d'or, Cornouailles. (Potier de Courcy : écartelé aux 1 et 4 : de Cornouailles ancien ; aux 2 et 3 : de Kerguern ; sur le tout : d'argent au croissant de gueules, qui est Kernéau ; alias : fretté d'argent et d' azur qui est Kerguern, chargé d'un croissant de gueules qui est Kernéau; sceau 1313).

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En alliance :

Hersart du Buron / Breil du Buron (Du)

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Bréart de Boisanger / Hersart de la Villemarqué

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Ecartelé au 1 de gueules à trois fasces échuiquetées d'argent et d'azur, Cambout ; au 2 d'argent au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d'or, du Breil ; au 3 d'azur à la croix engeslée d'or, au 4 de gueules semé de fleurs de lys d'or, Chateaubriand ; sur le tout d'or à la herse de sable, Hersart. (Potier de Courcy : d'or à la herse sarrasine de sable; sceau 1381).

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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La mouchette supérieure gauche : du Plessis.

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Le blason des du Plessis, déjà présenté dans la sablière,  est  d’argent au chêne arraché et tigé de sinople, englanté d’or au franc-canton aussi chargé de deux haches d’armes de gueules adossées et posées en pal.

"Armes pleines  d'argent à l'arbre de sinople sous un heaume empanaché  couronné et cimé d'une tête de lion : assez bien conservé (Gatouillat et Hérold)

"Sous un casque fermé, cimier au lion sur le bourrelet, lambrequins tailladés en volutes feuillagées, un détail emprunté à l’héraldique germanique : “d’argent au chêne arraché et tigé de sinople, englanté d’or au franc-canton aussi d’argent chargé de deux haches d’armes de gueules adossées et posées en pal. ” (Castel et Puget)

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Mouchette supérieure droite.

Placé lors de la restauration, l’écu d’azur au chevron d’or cantonné de coquilles de même , 2, 1, évoque les Feydeau de Vaugien, qui ont été les propriétaires du Plessis de 1690 à 1798.

Il trouve place dans un chapeau de triomphe ancien orné de mascarons et de rubans rehaussés de bandes au jaune d'argent. Le mascaron supérieur, une femme au voile en bavoir,  est un motif typique de la Seconde Renaissance, repris très largement après la construction vers 1571 du château de Kerjean.

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Mouchette inférieure gauche.

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En alliance, les armes de Guillaume du Plessis et de Marguerite du Rinquier du Poulguin de gueules au lion rampant morné d’or, fondateurs de la chapelle en 1550.  Selon Castel, un blason analogue occupait l’oculus qui éclairait l'autel de Sainte-Anne, avant qu'on le remplace par une large baie en 1755.

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Mouchette centrale de la rangée inférieure : Rare vitrail représentant la Messe de saint Grégoire


 Quasi intacte, “la Messe de Saint Grégoire” est datée du 4ème quart du XVIe siècle . Gatouillat et Hérold signalent la présence de verres colorés et l'emploi de sanguine.

Le thème a joui d’une vogue prodigieuse aux XVe et XVIe siècles, pour affirmer, contre les thèses de la Réforme, la présence réelle du Christ lors de la Consécration, dans sa chair (hostie) et dans son sang (vin du calice). C'est dire l'importance du sang qui s'écoule des  plaies du Christ qui apparaît nu, sortant du Tombeau, au pape Grégoire  (540-604) qui célèbre à  la messe entre deux acolytes céroféraire (porteurs de cierge). Le Christ est  nimbé, couronné d’épines, flanc percé, mains liées, le fouet de la flagellation et autres instruments  posés à son côté. 

Selon la légende , pendant qu'il célèbre la messe, une des personnes de l'assistance doute de la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Quand Grégoire se met à prier, l'assistance aurait eu la vision du Christ sur l'autel, entouré des instruments de la Passion et versant dans le calice eucharistique le sang de sa plaie au côté.. L'iconographie montre souvent le pape assistant à la messe, sans la célébrer lui-même. Le détail important est le jet de sang qui, depuis le flanc, rempli le calice. (Ici)

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Le jubé de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët (1480 à 1492) . I. Le coté de la nef (Ouest).

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Maître de Flémalle (Robert Campin ?) (d'après?) La messe de saint Grégoire (dernier quart XVe siècle)

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Les vitraux armoriés de la chapelle de Trémalo à Pont-Aven.

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Mouchette droite de la rangée inférieure . “Visite des saintes femmes au tombeau”. Deux des trois têtes restaurées en 1957. Fragment d'un panneau réutilisé en réemploi. 4ème quart XVIe, provenant peut-être des lancettes.

Les trois femmes portant les aromates d'empressent de se rendre, au matin de Pâques, au Tombeau où leur maître a été enseveli après la Crucifixion. Il y avait là selon Luc 24:10 Jeanne, Marie, mère de Jacques et Marie de Magdala (Marie-Madeleine), qui porte le vase de parfums ou d'aromates.

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Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

Maîtresse-vitre de la chapelle de Trémalo. Photographie lavieb-aile 28 décembre 2021.

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Les vitraux modernes.

Celui qui éclaire l'autel Sainte-Anne a été réalisé en 2013 par Charles Robert de Pluguffan, après que la baie, qui avait été bouchée au XVIIIe siècle, ne soit réouverte, et son meneau restauré.

https://fr.calameo.com/read/002543322c6a51fe49f82

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SOURCES ET LIENS.

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Association de sauvegarde

https://www.pontaven.fr/Association-de-sauvegarde-et-de

 

CASTEL (Yves-Pascal), PUGET (Catherine), 2007 La chapelle de Trémalo,  Association des amis du musée de Pont-Aven éditeur au profit de l'Association de sauvegarde de la chapelle de Trémalo, 60 pages couleurs.

Un ouvrage coécrit par Catherine Puget, ancien conservateur du musée des Beaux-Arts de Pont-Aven et Yves Pascal Castel, docteur en histoire de l'art et ancien vicaire de la paroisse de Pont-Aven, de 1952 à 1955. Photos de Michel Thersiquel

Les bénéfices de la vente de cet ouvrage serviront à la restauration de la chapelle. Cet ouvrage est le premier livre complet sur la chapelle; outre les très belles photos des sablières et des oeuvres réalisées par des peintres des XIX e et XX e siècles inspirés par la chapelle, le lecteur peut y découvrir l'histoire de la chapelle, l'étude de l'architecture et la statuaire.

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=20070422&article=20070422-730986&type=ar

 

—COUFFON (René), LE BARS (Alfred) 1980,  Notice sur Nizon, Nouveau répertoire des églises et chapelles,  Diocèse de Quimper et Léon Quimper, 1988


 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7ef28aa3252c41c6080f5f943dd7dfa1.pdf

 

"PONT-AVEN-NIZON Depuis la fusion en 1955 des deux communes de Pont-Aven et de Nizon, le territoire de la nouvelle commune comprend deux paroisses : 1. Pont-Aven - 2. Nizon. 

CHAPELLE DE TREMALO (I.S.) Dédiée à Notre Dame. Edifice de plan rectangulaire comprenant une nef de six travées avec bas-côtés. Il date du XVIe siècle ; les grandes arcades sont à pénétration directe dans les piliers cylindriques, les poutres et les sablières sont sculptées. Une inscription en petits caractères gothiques est encore lisible au-dessus de l'arcade flamboyante de la porte sud : le nom du fabrique et la date : "LAN. 1556". Des armoiries tenues par un ange sur le pignon ouest et un escalier sur le rampant sud du même pignon.

Mobilier : Maître-autel en tombeau droit, avec tabernacle surmonté d'un dais à colonnettes torses ; sacraire muni de sa porte dans le mur du chevet. - L'autel latéral sud est dédié à sainte Anne ; dans le petit retable à deux colonnes corinthiennes qui bouche la fenêtre du chevet, groupe sculpté de l'Education de la Vierge. La balustrade est encore en place. Statues anciennes en bois polychrome : Crucifix du XVIIe siècle qui a inspiré à Gauguin son "Christ jaune" (C.), groupe de sainte Anne et de la Vierge, XVIe siècle (C.), saint Etienne portant des cailloux, saint Laurent, saint Corentin, saint portant un livre ouvert, saint moine en chasuble gothique ; - en pierre blanche polychrome : Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Trémalo, XVe siècle (C.).

Dans le remplage de la fenêtre d'axe, débris de vitraux anciens : armoiries, messe célébrée devant un Christ ressuscité (?).

Dans le placitre, deux croix de granit, sans sculptures, la plus grande, côté du midi, posée sur un marchepied octogonal, la petite contre le chevet. "

DANIEL (Tanguy) Pont-Aven, chapelle Notre-Dame de Trémalo, Sauvegarde  de l'Art Français 

https://www.sauvegardeartfrancais.fr/projets/pont-aven-chapelle-de-tremalo/

 

La chapelle de Trémalo, c’est la chapelle du Christ jaune de Gauguin. C’est à celui-ci qu’elle doit sa renommée, qu’on peut dire internationale : en 1889, le peintre, frappé par le caractère fruste du Christ en croix fixé sur un mur (alors) chaulé, en face de la porte d’entrée sud, en fait le sujet d’une toile célèbre (aujourd’hui conservée à l’Albright-Knox Art Gallery de Buffalo aux États-Unis) et, l’année suivante, reproduit cette même figure hiératique dans son Autoportrait au Christ jaune (musée d’Orsay à Paris). Cependant, avant Gauguin, bien des artistes avaient été inspirés par la chapelle de Trémalo (mais non par le Christ en croix) : l’Allemand Otto Weber vers 1863, l’Américain Frederick A. Bridgmann entre 1866 et 1871, le Français Auguste Anastasi vers 1869-1870, le Suisse Henri Girardet en 1871, l’Anglais George Sherwood Hunter en 1873, l’Irlandais Augustus Burke en 1876, l’Américain Franck C. Penfold vers 1880, la Finlandaise Hélène Schjerfbeck en 1884. C’est dire que l’édifice a séduit nombre de peintres et de dessinateurs de toutes nationalités avant 1889, et a continué à les attirer jusqu’à nos jours.

Il est juste de dire que la chapelle de Trémalo ne peut laisser indifférent, et qu’elle doit son charme particulier à son environnement naturel et au caractère à la fois simple et recueilli du sanctuaire. L’édifice, situé sur les hauteurs qui dominent Pont-Aven (mais sur le territoire de la paroisse de Nizon), se trouve sur le chemin qui monte du bourg vers le manoir du Plessis-Nizon (résidence du propriétaire de la chapelle, M. Xavier de La Villemarqué) et, d’autre part, vers le hameau de Trémalo. On y accède par une longue allée de chênes et de châtaigniers, dans ce qu’on appelle localement le Bois d’amour, et la majesté de ce parcours contraste avec la simplicité de la chapelle, formant un ensemble réellement harmonieux.

Construite en 1550 (comme en témoigne une inscription au-dessus de la porte sud), elle est de fondation seigneuriale : le blason des du Plessis (d’argent au chêne arraché et tigé de sinople, englanté d’or au franc-canton aussi chargé de deux haches d’armes de gueules adossées et posées en pal) figure en plusieurs endroits de l’édifice : sur la façade ouest, sur la maîtresse-vitre, sur les sablières. Le style relève encore du gothique flamboyant, ce qui n’a rien d’étonnant dans cette région où la tradition médiévale persiste en même temps que pénètrent les nouveautés de la Renaissance. Le plan est rectangulaire, orienté est-ouest. La longueur de l’édifice est de 24 m, la largeur de 13 m. À l’extérieur, les murs en granit sont soigneusement appareillés en pierre de taille ; le chevet plat comporte trois baies flamboyantes, celle de gauche étant murée ; la façade occidentale est d’une grande simplicité : une porte en anse de panier, quatre contreforts (deux droits de part et d’autre de la porte, et deux biais aux extrémités nord et sud), un blason sculpté au milieu de la façade, un petit clocher de type cornouaillais, à une seule cloche. Du côté nord, une seule petite fenêtre passante, contrastant avec les ouvertures du côté sud : deux portes en anse de panier (l’une toute simple, l’autre surmontée d’une accolade et de pinacles latéraux), et quatre fenêtres (deux ouvertes dans le muret, deux passantes, la première du xvie s. avec son remplage d’origine, la seconde construite en 1755). L’ensemble est couvert d’une imposante toiture dissymétrique qui descend, au nord, jusqu’à hauteur d’homme.

L’intérieur comporte une nef à six travées, séparée des deux bas-côtés par des arcades en arc brisé, à l’exception de deux qui sont en plein cintre). Les colonnes sont cylindriques (sauf une, octogonale) et à pénétration directe, c’est-à-dire sans chapiteaux, ce qui est commun dans les édifices de cette époque. La voûte est couverte d’un lambris de bois, et la solidité de l’ensemble est assurée par des entraits engoulés reliés entre eux, en haut des murs, par des sablières ornées de nombreuses sculptures représentant des animaux, réels ou fabuleux, et des têtes de personnages aux expressions les plus diverses. La maîtresse-vitre a conservé quelques éléments anciens, de la fin du xvie s., en particulier une Messe de saint Grégoire (sujet iconographique rare en Bretagne), les Saintes Femmes au tombeau, et plusieurs écus armoriés.

Le mobilier est constitué de trois autels adossés au chevet, simples coffres en bois peu ornés, séparés de la nef par une grille de communion d’un bout à l’autre du chœur. Curieusement, la statuaire ne comporte pas d’image de saint Malo, que l’on attendrait par référence au nom du lieu : au xviie s., la chapelle était appelée « Notre-Dame de Saint-Malou ». En revanche, on y trouve, outre le célèbre Christ jaune (bois, fin du XVe s., cl. M.H. 1957), des statues de bonne facture : Notre-Dame de Trémalo (en pierre tendre du Val de Loire, XVe s., cl. M.H. 1957), un groupe de sainte Anne éducatrice (Anne assise, un livre sur les genoux, et la Vierge debout à ses côtés, bois polychrome, xviie s., cl. M.H. 1957), et d’autres d’un style rustique, toutes en bois polychrome : saint Corentin, saint Laurent, saint Étienne, saint Léger, sainte Madeleine (?).

La chapelle a connu bien des restaurations depuis sa construction : on connaît celle de 1755, entreprise par Jean-Baptiste Mahé, recteur de Nizon, celle de 1957, effectuée par le vicomte Patrice de La Villemarqué. En 2009 enfin, l’Association pour la sauvegarde de la chapelle de Trémalo, présidée par M. Xavier de La Villemarqué, a fait faire le rejointoiement des maçonneries de la façade est, de la voûte de la porte sud et de l’escalier du clocher. Pour le drainage de la chapelle, la Sauvegarde de l’Art français a fait un don de 5 000 € en 2008. Tanguy Daniel

— GUEGUEN, Michel, 1997, "Pont-Aven. Nizon. Chapelle de Trémalo" in Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Vol. CXXVI, , p.154-155.

 

LE BIHAN (Jean-Pierre)

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17951976.html

—LE GOFF-RUIZ (Jacqueline), 2011,  le manoir de Plessis-Nizon. Pont-Aven-Nizon, bulletin communal décembre 2011, pages 6 et 7.

https://fr.calameo.com/read/00254332211270b969826

 

— MONUMENTUM

https://monumentum.fr/chapelle-notre-dame-tremalo-pa00090288.html

 

—PERENNES, Henri, 1938, "Notices sur les paroisses : Nizon" in Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, Vol. 37, 

"NOTRE-DAME DE TRÉMALO Enfoui sous les arbres qui l'enveloppent de toutes parts, ce charmant édifice du xvr siècle, à clocher à jour, s'élève à l'orée du Bois-d'Amour, à un kilomètre E.N.E. de Rustéphan. ll comporte trois nefs, et douze arcades gothiques. Les poutres sont ornées de sablières sculptées, La fenêtre du chevet a encore quelques restes du vitrail, où figurait un arbre de Jessé. Le maître autel est encadré de deux statues : N.-D. de Trémalo et Saint Etienne qui porte des cailloux dans sa dalmatique. Un vieux tableau présente le Christ et deux saintes femmes dont l'une est la Madeleine. La chapelle a deux autels secondaires. L'un possède les statues de sainte Anne et de saint Laurent, l'autre celles de saint Corentin et de saint Léger. Au Sud de la chapelle se dresse une petite croix de granit. Les pardons de N.-D. de Trémalo ont lieu le dimanche après le 26 Juillet (en l'honneur de sainte Anne), le 15 Août, et le dimanche après le 8 Septembre."

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c650c05ef86fe15d59ddb6b528d5f93.pdf

Pont-Aven-Nizon, bulletin communal juillet 2006.

https://fr.calameo.com/read/002543322996922075012

Pont-Aven-Nizon, bulletin communal décembre 2013.

https://fr.calameo.com/books/002543322c6a51fe49f82

Eugène Cadel (1862-1940).

En 1885, Eugène Cadel entre dans l'atelier de Luc-Olivier Merson puis, en 1886 devient l'élève de Léon Bonnat. En 1889, admis au salon des artistes français, il côtoie Messonier et Puvis de Chavannes et obtient en 1899 une mention honorable. Aujourd'hui, l'artiste es surtout connu comme illustrateur de la revue l'Assiette au beurre publiée dans les années 1900.Cette peinture sur bois, sans date, exécutée sans doute au tournant des XIXe et XXe siècles, représente l'intérieur de la chapelle de Trémalo à Pont-Aven

Au premier plan, sont représentés deux prie-Dieu nimbés par la lumière du vitrail et placés sous l'arcature de la nef, et devant la table de communion. A l'arrière-plan, on remarque, sur la droite, l'autel sud surmonté du bois polychrome situé dans la niche, qui représente sainte Anne et la Vierge Marie. À gauche de l'autel, se trouve sur une console sculptée d'un large masque, la statue en bois polychrome de saint Léger. Tout personnage est absent de cette composition, m^me si la disposition des prie-Dieu laisse à penser qu'ils viennent d'être occupés ou qu'ils le seront bientôt. Ce site d'inspiration a été peint par de nombreux autres artistes, tels que Pierre-Eugène Clairin, Emile Jourdan ou Otto Weber, dont les œuvres sont exposées au Musée de Pont-Aven.

Estelle Guille des Buttes-Fresneau, Directrice des équipements culturels CCA, Conservatrice en chef du Musée de Pont-Aven et du Musée de la Pêche de Concarneau.

« Chapelle de Trémalo », Eugène Cadel, Huile sur panneau Ht : 22 cm, L:27 cm. Don des Amis du Musée de Pont-Aven. Collection du Musée de Pont-Aven

 

— POUDOUVRE.over-blog.com

http://poudouvre.over-blog.com/2021/07/quelques-notes-sur-les-possesseurs-de-la-seigneurie-du-plessis-nizon.html

PUGET (Catherine), 2000, "La chapelle de Trémalo en Nizon", in "Gauguin et le Christ jaune",  Musée de Pont-Aven, Pont-Aven, 31 pages. Plaquette de l'exposition éponyme  du Musée de Pont-Aven.

https://www.google.fr/books/edition/Gauguin_et_le_Christ_jaune/PKZNAAAAYAAJ?hl=fr&gbpv=1&bsq=%22Guilquenquis%22&dq=%22Guilquenquis%22&printsec=frontcover

 QUEINEC (Bertrand ), 1992, Nizon Histoire d'une paroisse rurale tome I page 187

— TOURNIER (Fanny) 1993, Les fortifications de terres médiévales à l'est du Trégor (Côtes d'Armor)

http://bibliotheque.numerique.sra-bretagne.fr/files/original/4088d3a60b94617a5772717738dc2e64.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Héraldique Chapelles bretonnes. Vitraux

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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