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24 février 2020 1 24 /02 /février /2020 14:45
 

La baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit.

Verrière de la Vie de saint Gilles et de la Vie de saint Nicolas (Premier quart du XVe siècle).

 

 

 

 

  voir aussi :

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Cet article reprend celui du 15 mars 2014, avec de nouvelles photographies, et une attention plus grande aux fonds damassés aux oiseaux, pour les rapports que ceux-ci entretiennent avec les vitraux de Merléac, de la cathédrale de Quimper, et avec les baies de la cathédrale d'Évreux offertes par ... un évêque de la famille de Malestroit. 

 

Voir :

 

 

 

 

 

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PRÉSENTATION.

 

La baie 1, à gauche du chœur,  date du 1er quart du XVe siècle (1401-1425), mais elle a été restaurée en 1906 par l'atelier Hucher du Mans. C'est la plus ancienne des verrières  de Malestroit, et l'une des plus anciennes également en Bretagne, donnant un exemple des caractéristiques du gothique flamboyant : large emploi du jaune d'argent (découvert au XIVe), présence de la perspective (carrelage), fonds damassés, encadrement par des éléments architecturaux peints.

 Mesurant 6 mètres de haut et 2,40 m de large, elle comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 2 quadrilobes, 2 mouchettes, 1 soufflet et 4 écoinçons. Classé MH 1912, elle a été découverte dans la  seconde moitié du XIXe sous des parpaings.

On la divise dans sa lecture en deux registres superposées de scènes, inscrites dans de très importants encadrements architecturaux. Le registre inférieur raconte en quatre scènes la vie légendaire de Saint Gilles l'ermite (VIIe siècle), et le registre supérieur celle de saint Nicolas de Myre (IVe siècle).

Le tympan et les têtes de lancettes portent les besants d'or sur fond de gueules des seigneurs de Malestroit.

Les soubassements des deux registres et les dais du registre inférieur sont modernes : mais les couronnements et têtes de lancettes du registre supérieur conservent d'importants éléments originaux.

De même, les scènes de la première et de la quatrième lancettes sont modernes.

En résumé, les scènes anciennes sont (en désignant les lancettes A, B, C, D de gauche à droite) :

en bas pour la Vie de saint Gilles, BI , l'exorcisme, et DI, la Messe de saint Gilles.

en haut, pour la vie de saint Nicolas : BII le Saloir, et D I le Naufrage, avec leurs dais animés de personnages.

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Les verres anciens sont encadrés en rouge :

 

 

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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I. LE REGISTRE INFÉRIEUR : QUATRE SCÈNES DE LA VIE DE SAINT GILLES.

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Saint Gilles est fêté depuis le XIIe siècle  le 1er septembre comme ermite,  saint abbé et martyr. Ses reliques, firent de l'abbaye Saint-Gilles du Gard un grand centre de pèlerinage et un relais sur le chemin de Compostelle.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilles_l%27Ermite

(Leçon des Matines (avant 1960)
Troisième leçon. Gilles, d’Athènes, et de sang royal, se livra dès sa jeunesse avec tant d’ardeur à l’étude des saintes lettres et aux œuvres de charité, qu’il semblait indifférent à tout le reste. Aussi, à la mort de ses parents, distribua-t-il aux pauvres tout son patrimoine, se dépouillant même de sa tunique, pour en revêtir un malade indigent qui fut guéri à ce simple contact. Plusieurs autres miracles ayant augmenté sa réputation, Gilles, craignant de voir son nom devenir célèbre, se rendit auprès de saint Césaire, à Arles. Il le quitta deux ans après, pour se retirer dans un désert, où il vécut longtemps dans une sainteté admirable, n’ayant pour nourriture que des racines et le lait d’une biche qui venait à lui à des heures réglées. Un jour qu’elle était poursuivie par la meute royale, cette biche se réfugia dans la grotte de Gilles, où le roi de France étant arrivé, pressa vivement le Saint de consentir à la construction d’un monastère en ce lieu. Le saint ermite, sur les instances du roi, prit à regret la direction du monastère, et après une administration pieuse et prudente de quelques années, s’endormit doucement dans le Seigneur.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Scène 1.  Le saint retiré au désert, en prière, accompagné de la biche qui le nourrissait de son lait.

(entièrement refait);

Fond damassé bleu à rinceaux de feuilles trilobées et vrilles, comme dans le panneau suivant. 

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Scène 2 : Le saint exorcise un épileptique.

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Panneaux bien conservés, buste du malade restauré.

Fond damassé bleu à rinceaux de feuilles trilobées et vrilles.

Discret rehaut de jaune d'argent de la pupille du saint.

 

Carrelage en perspective, bicolore gris strié et jaune pâle. .

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inscription gothique : ÆGIDI  PTE CCuIOR. On attendrait S. AEGIDI PRAEDICATOR CONFESSOR

 

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L'épilepsie était considérée comme la conséquence de la possession par un démon, que l'on voit s'enfuir au dessus de la tête du malheureux.

Un élément précieux sur le plan documentaire (si elle est ancienne) repose sur les menottes imposées au malade : un bracelet métallique entoure chaque poignet, et une solide clavette les solidarise ; une goupille en permet l'ablation. Est-ce destiné à "protéger" la personne lors d'une de ses crises, ou bien à protéger l'entourage d'un acte dément, dans une confusion fréquente entre comitialité et aliénation ? On sait que, dans les asiles étaient employés les camisoles, les moufles, les chaînes, les chaises d'immobilisation et autres entraves.

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. Saint Gilles est représenté en Abbé, tenant une crosse de style gothique particulièrement ouvragée, au nœud octogonal en or et en argent et au crosseron largement découpé par des feuilles. L'embout à l'extrémité de la hampe est pointu.

 

 

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Scène 3 : Confession de Charlemagne.

(entièrement moderne).

 Charlemagne n'osant pas avouer ses péchés, ceux-ci s'inscrivent sur un phylactère :   Superbia (Orgueil) ; Avaritia (Avarice) ; Luxuria (Luxure)   Invidia (Envie) Gula (Gourmandise) Ira (Colère) Acedia (Paresse) selon l'acronyme mnémotechnique SALIGIA. Le roi implore le saint et obtient l'absolution de ses fautes. Cet épisode (qui ne correspond pas à la légende médiévale) est relié à celui de la scène suivante.

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Le fond bleu damassé reprend le motif d'un oiseau pinçant dans son bec la tige d'un rinceau. Il serait intéressant de savoir si le restaurateur l'a observé sur des fragments anciens de la verrière, ou s'il s'est inspiré d'autres sites. C'est un point important puisque ce motif est exactement celui de la verrière des Malestroit à Évreux. Des calques ont-ils été conservés dans les archives d'Eugène Hucher, comme pour les vitraux de la cathédrale du Mans ?

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Comparer le damassé :

 

Verrière 205 de la cathédrale d'Évreux. Photo lavieb-aile.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Scène 4. Messe de saint Gilles.

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Grisaille et jaune d'argent (orfèvrerie, couronne, ceinture, chape, sol carrelé, chevelure de l'ange) Remarquez le  rehaut des pupilles au jaune d'argent.

Fond damassé bleu à fleurs larges.

Chape damassé de fleurs d'or, à 6 pétales en étoile.

 un verre rouge en voûte du dais de la niche..

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Un roi assiste à une messe célébrée par saint Gilles et, lors de l'élévation, un ange apparaît portant un phylactère avec l' inscription ÆGIDII MTO KAROLI P~ETA REMIT. Si on se réfère à l'inscription figurant sur le tableau du Maître de Saint-Gilles, qui est Egidi merito remisa sunt peccata Karolo,  on peut déduire qu'il est écrit ici Ægidii merito Karoli Peccata rem.sunt, traduisible par "Par le mérite de Gilles les péchés de Charles sont remis (ou pardonnés)". 

L'épisode est célèbre et il est déjà représenté à Chartres dans le Vitrail de Charlemagne ou sur un pilier nord. La légende (Vita Sancti Aegidii et Vie de saint Gilles de Guillaume de Berneville, XIIe siècle) veut qu'un roi nommé Charles se confesse au saint, à l'exception d'un péché si horrible qu'il ne peut l'énoncer. Malgré les exhortations de Gilles, le roi Charles  conserve son secret.

La tradition médiévale voyait dans ce péché une relation incestueuse entre Charlemagne et sa sœur Gisèle ayant conduit à la naissance de Roland : l'Histoire poétique de Charlemagne (1865) par Gaston Paris donne deux sources à cette légende :

Source n° 1 : Karlamagnus-Saga (irlandais, fin XIIIe) I ; 36 :

Charlemagne eut à Aix un commerce illégitime avec sa sœur Gille [Gisèle ou Gisle]. Plus tard, il confessa à l'abbé Egidius tous ses péchés, mais il omit celui-là, le plus grave. L'abbé Egidius chantait la messe, quand l'ange Gabriel descendit des cieux et déposa une lettre près de la patène. Egidius l'ouvrit ; il y lut le péché du roi, et l'ordre que Dieu lui donnait de marier sa sœur à Milon d'Angers. Le fils qu'elle enfantera dans sept mois, ajoutait la lettre divine, est de l'empereur, et il devra en prendre soin. Egidius prit la lettre, l'apporta au roi, et la lui lit. Le roi s'agenouille, avoue son crime, et accomplit les ordres d'en haut : il donne sa sœur à Milon et le fait duc de Bretagne.

Source n° 2 : Légende latine ou Egidius de Provence (Boll. AA.SS  Sept.I, 299-314) dans sa traduction du XIIIe siècle ne spécifie pas la faute commise par le roi :

Entre ces coses prisa moult li rois le saint home qu'il daignast prier à nostre Seigneur pour lui : car il avoit fait I moult lait pechié que il n'avoit oncques à nului dit, ne au saint home ne l'osoit dire. Quant vint le diemence, et il cantoit le messe, il pria nostre Seigneur por le roi là où il estoit el canon. Lors s'apparut li angeles nostre Seigneur à lui, qui mist seur l'autel une chartre en qoi li peskiés le roi estoit escris tout comme il l'avoit fait, et pardonés li estoit par la prière saint Gille se il se repentoit tant seulement et le deguerpissoit... Et quand li prodrom vit le cartre, il rendist grâces à notre Seigneur ; si conta au roi ceste cose et le pechié qu'il ne li osoit dire. Li rois reconnut son pekié qu'il avoit fait, si li caï as piés, et si li pria qu'il li aidast envers nostre Seigneur par ses prieres, et li sains hom commanda que il plus ne le fesist.

 

On fit remarquer qu'il pouvait s'agir du roi Charles le Chauve, son petit-fils. Ou pour d'autres, au contraire, de Charles Martel, maire du palais, son grand-père.

En 1563, le Concile de Trente prit la décision de censurer le "péché inavoué de Charlemagne"

   

                                       

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      Comparer avec La messe de saint Gilles, v.1500 par le Maître de saint Gilles, N.G. Londres :

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En conclusion de ce cycle, on remarque que saint Gilles est celui qui dispose du pouvoir de pardonner une faute qui n'a pas été confessée , pourvu que le pêcheur en éprouve une réelle contrition : en un mot, il est le recours contre une faute inavouable.

Or, nous allons découvrir que le culte de saint Nicolas est, lui aussi, lié à la culpabilité et au pardon de fautes graves.

 

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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 La pupille des yeux est rehaussée de jaune d'argent. cette particularité stylistique se retrouve dans les vitraux des chantiers commandés par le duc Jean V ou son entourage, à la cathédrale de Quimper, à Runan, à Merléac. Ou encore à la cathédarle de Dol-de-Bretagne.

 

Ce qui est très particulier, c'est l'utilisation du  jaune d'argent pour rehausser les pupilles des personnages, leur donnant un regard très intense voire surnaturel. 

Or, c'est  aussi le cas à Dol-de-Bretagne (fin du XIVe),  à Merléac en 1402, à Runan en 1423, ou à la cathédrale de Quimper vers 1410-1415, sur les chantiers du mécénat politique des grandes donations du duc Jean V. Ainsi qu'en Normandie et dans l'ouest de la France, par exemple à Saint-Lô vers 1420, au Mans vers 1435 .

Cette particularité stylistique limitée dans le temps et dans l'espace (ouest de la France) est d'autant plus remarquable qu'elle est ici associée à une autre, toute aussi précieuse : la présence de tentures damassées à oiseaux. 

 

 

A propos de la baie 217 du Mans, je notai :

 

 1. Les pupilles rehaussées de jaune d'argent, propre à l'ouest de la France en 1370-1430.

 je les ai déjà observé :

Cette particularité, qui confère aux personnages un caractère sacré de haute spiritualité, est propre à l'Ouest de la France dans la période 1370-1430. On le constate aussi à Dol-de-Bretagne (ca 1420) ou à la cathédrale de Quimper (ca 1415).

Roger Barrié, qui trouve déjà que le grand nombre de verres blancs des phylactères, des robes des anges et des architectures entraînait une impression "d'atonie", la grisaille des dessins étant trop grêle  "de sorte que leur fort rayonnement n'est réglé par aucun écran", juge que le rayonnement du jaune d'argent qui colore les pièces d'architecture est aussi envahissant que celui du blanc qui leur sert de

base colorée" et que "le scintillement [des couronnes d'or des fonds] recherché pour plus de somptuosité pulvérise cependant à distance les masses de couleur."

 

2. Les damas. Un seul atelier local exploitant un stock de cartons anciens ou récents.

J'ai détaillé les motifs des différents fonds damassés, trouvant plaisir à reconnaître les oiseaux affrontés propres aux lampas de Lucques et à les voir alterner avec des motifs à rinceaux, plus anciens et d'autres à larges fleurs. Ils témoignent des goûts vestimentaires et d'ameublement (courtines tendues dans les églises les jours de fête) pour les tissus brodés, les damas, brocarts et lampas que le développement de l'industrie textile à la fin de la guerre de Cent Ans rendait accessible. Les soieries de Lucques en Italie, d'inspiration orientale furent fabriquées dès le XIIIe siècle et si elles sont aussi imitées dans les vitraux d'Arnault de Moles à Auch (1507-1513), ces fonds se retrouvent dans les vitraux dès 1400 et pendant le premier quart du XVe siècle en Normandie à Sées, Saint-Lô, Rouen (Saint-Maclou) ou à Evreux (Cathédrale, ou église Saint-Thaurin). Ils associent des feuillages stylisées et des fleurs à des perroquets, des cygnes ou des personnages fabuleux affrontés (M. Callias Bay 2006). Plus tard, dans la seconde moitié du XVe siècle apparaissent des motifs plus grands et plus simplifiés. Ces motifs sont répétés au moyen de pochoirs rigides ou de planches dessinées ou calquées sur les tissus. Ils peuvent être peints avec les pochoirs, ou au contraire enlevés 

J'ai lu dès lors avec intérêt le commentaire qu'en fait Françoise Gatouillat (2003) :

"L'emploi d'une variété de damas plus ou moins archaïques, associé à la manière de teinter de jaune d'argent les pupilles, est l'indice que la commande de la rose a été reçue par le même atelier, que l'on peut présumer local, surtout si les verrières des deux étages ont été exécutées à un certain nombre d'années d'intervalle. Les caractères stylistiques hétérogènes de la rose prise dans son ensemble - sans les portraits rapportés - pourraient avoir pour origine les phénomènes d'association ou de sous-traitance fréquents dans le cas de chantiers importants ; ils reflètent plus certainement des pratiques usuelles, éclairées par les récentes recherches sur la genèse des œuvres de ce domaine. Comme on le sait aujourd'hui, même dans le cadre d'une commande de prestige, les peintres-verriers n'étaient pas tenus d'avoir systématiquement recours à des cartons neufs ; ils restaient libres d'exploiter, autant que faire se pouvait, les documents déjà archivés dans leur atelier, étant entendu que ceux des sujets dont les modèles ne pouvaient se trouver en stock, en particulier l' image des commanditaires, étaient dessinés pour la circonstance. Ainsi, dans la galerie de la rose, les disparités nettes entre les figures d'apôtres d'une part, et celles des donateurs princiers d'autre part, s'expliquent certainement par la nature des modèles utilisés par le ou les peintres sur verre. Les patrons des premières devaient préexister , tandis que ceux qui ont guidé l'exécution des secondes ont été produits tout spécialement. Le responsable de la réalisation a ainsi procédé à une combinaison de cartons, utilisant, selon les sujets, le travail d'un peintre contemporain ou adaptant des dessins plus anciens ayant servi pour d'autres chantiers. Il semble qu'il a agi de même avec les pochoirs à l'aide desquels ont été obtenus les damas des tentures, certainement tributaires de documents d'âges divers réunis dans son fonds d'atelier ou dans ceux de ses éventuels associés : ainsi sont juxtaposés des rinceaux de feuillage gras en usage au milieu du XIVe siècle, des « étoffes » d'inspiration lucquoise à menus motifs d'oiseaux, déjà présents bien avant 1400 à Evreux et un peu plus tard à Bourges, et d'autres à larges ramages végétaux, suivant une mode qui naît vers 1430."

 

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Dais architecturé. à quatre saints orants.

Les anges se détachent sur un fond peint au jaune d'argent très foncé, orange presque brun, qui figure le verre grillagé de baies à remplages gothiques.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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II. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : QUATRE SCÈNES DE LA VIE DE SAINT NICOLAS.

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Les différents épisodes sont aussi représentés à la cathédrale de Chartres dans deux verrières à médaillons du XIIIe siècle ; la scène du miracle du saloir y est représentée par trois panneaux du début du XVe siècle.

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1. Nicolas est intronisé évêque de Myre.

 

 Nicolas, assis, reçoit l'ordination épiscopale par deux évêques : l'un le bénit alors que l'autre le coiffe de la mitre. 

Panneau refait.

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  "Après cela, l’évêque de le ville de Myre étant mort, tous les évêques de la région se réunirent afin de pourvoir à son remplacement. Il y avait parmi eux un certain évêque de grande autorité, de l’avis duquel dépendait l’opinion de tous ses collègues. Et cet évêque, les ayant tous exhortés à jeûner et à prier, entendit dans la nuit une voix qui lui disait de se poster le matin à la porte de l’église, et de consacrer comme évêque le premier homme qu’il verrait y entrer. Aussitôt il révéla cet avertissement aux autres évêques, et s’en alla devant la porte de l’église. Or, par miracle, Nicolas, envoyé de Dieu, se dirigea vers l’église avant l’aube, et y entra le premier. L’évêque, s’approchant de lui, lui demanda son nom. Et lui, qui était plein de la simplicité de la colombe, répondit en baissant la tête : « Nicolas, serviteur de Votre Sainteté. » Alors les évêques, l’ayant revêtu de brillants ornements, l’installèrent dans le siège épiscopal."

Légende dorée de Jacques de Voragine.

 

 

 

 

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

 

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 2.  Résurrection des trois enfant mis au saloir.

 

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      Nicolas ressuscite les morts, et pardonne à l'aubergiste (ou au boucher) criminel.

"Scène très restaurée, mais tête du saint ancienne" (Gatouillat et Hérold).

Ces auteurs ne précisent pas si le fond damassé bleu est ancien.

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Comparer avec : Speculum historiale de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay. Sur cette enluminure, ce sont trois clercs, tonsurés, qui sont figurés, comme dans le texte du trouvère Wace.

Mais un examen attentif du vitrail de Malestroit montre, malgré la barlotière, qu'il s'agit ici aussi peut-être aussi de clercs, car on voit une couronne de cheveux à l'arrière, alors que la partie avant du crâne est rasée, ou, du moins, dépourvue de cheveux. On comprend que de telles images aient favorisé le glissement d'un récit de trois clercs ressuscités à celui de trois petits enfants.

 

 

Peinture sur velin. Feuillet 023, recto, du manuscrit messin "Les Heures de Jean de Vy et Perrette Baudoche Metz", vers 1435-1447. La encore, malgré leur petite taille, les trois garçons nus sont tonsurés, et correspondent à des clercs.

 

 

 

 

 

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les pupilles rehaussées au jaune d'argent.

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L'église Saint-Gilles de Malestroit.  Verrière de la Vie de saint Gilles et de la Vie de saint Nicolas (Premier quart du XVe siècle).

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Le fond damassé bleu aux oiseaux.

Nous retrouvons le motif de l'oiseau (phénix) pinçant de son bec la tige du rinceau :

le même qu'en baie 15 (vers 1360-1370 et 1387-1400) de la cathédrale d'Évreux :

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/les-vitraux-de-la-baie-15-vers-1360-1370-et-1387-1400-de-la-chapelle-du-rosaire-de-la-cathedrale-d-evreux.html

et ceux de la cathédrale de Quimper vers 1417:

http://www.lavieb-aile.com/2016/03/les-fonds-damasses-des-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-de-quimper.html

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le dais.

Voûte en verre orange sombre à croisillons floraux. Boule d'or centrale à motif de feuille.

Trois anges nimbés tenant des phylactères (grisaille et jaune d'argent).

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Scène 3 : Le saint bénit et ressuscite un pèlerin mort et remet en place le mât d'un navire (vitrail entièrement refait).

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Scène 4 : Saint Nicolas est invoqué par des marins en perdition.   

 

"scène assez bien conservée".

L'inscription énonce ce que j'ai lu comme INCASTIS ME ECCE. Il faut  lire VOCASTIS ME ECCE A[DSUM] Vous m'avez appelé : me voilà"..., ce qui renvoie à l'oraison du propre de la fête du 6 décembre citée dans le Bréviaire : 

Quadam die tempestate faevissima quasati nautae, coeperunt sanctum invocare Nicolaum : et statim cestavit tempestas. Mox illis clamantibus apparuitquidam, dicens eis : Ecce adsum, quid vocastis me ?

Voir aussi Analecta bollandiana ; Et clamantibus illis , apparuit quidam sub ipsius sancti viri schemate , dicens eis : Vocastis me , ecce adsum . Mox adjuvit eos celeri sublevatione , et cessare fecit tempestatem superveniente inæstimabili tranquillitate .

 

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Cinq marins se trouvent en perdition, leur mât rompu, dans un navire très creux, doté d'un château-avant défendu comme une tour, et, à l'arrière, d'un gouvernail d'étambot : il peut être défini comme un cogue que Wikipédia définit ainsi :

"Il s'agit d'un voilier de commerce qui fut utilisé puis armé contre la piraterie pour les échanges entre les ports de la Hanse ; on pouvait l'armer de canons. Il possédait un mât et une voile carrée. Il y avait une nacelle de vigie juste sous la pointe du mât. Les cogues présentaient dès l'origine un château à l'étambot ; au cours du xive siècle, on leur adjoignit un château à l'avant du pont, ou gaillard d'avant.

La nacelle de vigie est bien présente mais le château-arrière n'est pas représenté. On devine une construction à clin. L'étai vient se fixer sur une pièce de bois oblique établie dans le gaillard d'avant, et que l'on retrouve sur le sceau de la ville de Stralsund :         

 

                     

D'autres détails sont retrouvés, comme l'oriflamme à l'extrémité du mât (ici, à trois besants d'or), ou encore les lais verticaux de la voile.

 Saint Nicolas, dont seul le buste émerge de nuées, trace une bénédiction : il porte un anneau d'or au médius.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les oiseaux du fond damassé bleu sont ici bien différents des phénix d'inspiration sassanide (ou lucquoise) des scènes précédentes. Ce seraient des aigles aux ailes déployées, si le bec long et fort n'évoquait pas plutôt un passereau.Ils sont stéréotypés, peints par pochoir les uns au dessus des autres, sans autre motif tels que fleurs ou rinceaux.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Dais 1. 

Caché à moitié par la barlotière, un détail doit nous retenir, celui de la frise du sommet de la niche architecturée (qui est conçue, comme d'habitude, comme une chapelle privée tendue d'un drap d'honneur (bleu damassé) sous une voûte à clefs pendantes. En arrière-plan au dessus du drap d'honneur, la bande rouge lie-de-vin est sommée d'une boule d'or où sont dessinés les lignes d'une feuille (de vigne ou de figuier).

La bande  rougeâtre est en réalité un verre blanc, peint à la grisaille. Puis la grisaille est enlevée pour tracer une série de M gothique et de couronnes, lesquelles sont peints ensuite au jaune d'argent très orange, presque rougeâtre (c'est une question de cuisson).

Mais peu importe ; ce que je veux faire remarquer, c'est que ces M couronnés sont les mêmes que ceux des bordures de la maîtresse-vitre de Merléac, une réalisation presque contemporaine (1402), mais commandée par les Rohan et non les Malestroit. Ce qui ajoute, avec les pupilles jaunes et les oiseaux des damas, un troisième point commun.

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Maîtresse-vitre de Merléac. Photographie lavieb-aile.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Dais 2 :

 Au dessus de la scène précédente, deux saints personnages —nimbés— sont agenouillés face au Christ Sauveur du Monde (avec le globus crucifer). Au dessus de la scène du saloir, deux anges portent des phylactères .

On remarquera aussi l'alternance de couleurs des voûtes des niches, bleus et verts, au dessus des éléments rouge lie-de-vin à décor de couronnes centrés par une boule jaune (besant ?).

Ces saints personnages habitant les dais évoquent ceux des vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux, eux-mêmes comparables à ceux de Rouen.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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III. LE TYMPAN.

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Sur un fond rouge constellé d'astres d'or, qui reprend les armoiries de gueules à neuf besants d'or des Malestroit,  le Christ du Jugement Dernier, dans le soufflet supérieur reçoit les louanges de quatre anges porteurs de phylactères :

GLORIA IN EXCELSIS DEO / ET IN TERRA PAX

HOMINIBUS BONAE VOLUNTATIS

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 1 de l'église Saint-Gilles de Malestroit. Photographie lavieb-aile 2020.

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Voir le vitrail consacré à Saint Gilles à Troyes

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SOURCES ET LIENS.

— GATOUILLAT (Françoise), HEROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum VII, Presses Universitaires de Rennes, 367 p. 375 ill. 

— LE BIHAN (Jean-Pierre)

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-19587650.html

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Arbre de Jessé
21 février 2020 5 21 /02 /février /2020 18:08

Les armoiries et le sceau de Salomon de Kergoanac, archidiacre du Goëlo,  au tympan de la maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic (22).

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Un errata et addenda de l'article La maîtresse-vitre de Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic.

 

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Dans son courriel du 19 février 2020, Marc Faujour, que je remercie, m'écris qu'il n'est pas d'accord avec l'interprétation que j'avais donné d'un blason  du tympan de Lantic, occupant la fleur de gauche, à 8 mouchettes et 3 quadrilobes. En réalité, j'étais bien incapable d'interpréter quoique ce soit, et  j'avais repris l'analyse d'Anatole de Barthélémy, telle que je l'avais trouvé sur le site poudouvre, Etudes héraldiques par Anatole de Barthélémy. J'avais écris : "

Au cinquième rang, armes d'argent à l'arbre arraché de sinople, le fût chargé d'un greslier de sable lié de gueules de Salomon Mahault, seigneur de Kerangouarc'h et archidiacre de Goello. L'archidiacre de Goëllo dans la circonscription duquel se trouvait Lantic ne pouvait manquer d'accompagner l'évêque de Saint-Brieuc."

 

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Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017

Tympan de la maîtresse-vitre (1460-1470) de la chapelle Notre-Dame-de-la-Cour à Lantic. Photographie lavieb-aile septembre 2017

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Je n'avais néanmoins pas suivi les auteurs du Corpus Vitrearum lorsqu'ils attribuaient — à tort— ce blason à la famille Rougeart, dont j'ai décrit récemment le blason visible en l'église de Pont-Croix (Finistère) : D'argent au pin arraché de sinople, le fût chargé d'un greslier de sable lié de même.

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-blasons-de-l-autel-de-saint-joseph-de-notre-dame-de-roscudon-a-pont-croix.html
 

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J'aurai pu remarquer que sur le blason du tympan de Lantic, l'arbre était bien vert (de sinople) mais non arraché (pas de chevelu racinaire), et que le greslier (la trompe de chasse), certes de sable (noir), n'était pas lié de gueule puisque sa  sangle n'était pas rouge. Les armoiries de Salomon Mahault, seigneur de Kerangouarc'h et archidiacre de Goello n'étaient donc pas respectées. D'autant que si j'avais tenté de confirmer l'information, j'aurais trouvé, dans Genouillac 1860, et Potier de Courcy 1846, [MAHAULT , Sr de Kerangouarc'h , — de Menezhuellou. • Anc. ext. R 1671. 6 générations. R. 1426. 1536. M. 1481. 1562. Par. de Melguen, évêché de Cornouaille] que les armoiries de la famille Mahault étaient en réalité d'argent au grêlier de sable, lié et enguiché de gueules, accompagné de trois feuilles de houx de sinople renversées. Or, les dites feuilles de houx manquaient. Un Mahault a-t-il été d'ailleurs archidiacre ailleurs que sous la plume d'A. de Barthélémy ? A-t-il jamais existé un Salomon Mahault ?

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J'ai donné dans mon titre la bonne réponse, que Marc Faujour me révèle : ce sont ici les armoiries de Salomon de Kergoanac, archidiacre du Goëllo. Appréciez les ruses de l'Histoire : même prénom Salomon, même fonction ! (Rappel : l'évêché de Saint-Brieuc comportait deux archi-diaconé, celui de Penthièvre — dont le titulaire portait le titre de Grand Archidiacre— et, au nord-ouest, celui du Goëlo. Lantic appartient au Goëlo.)

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Il n'est plus grande joie pour un auteur de blog que de pouvoir bénéficier d'une observation qui l'amène à corriger son texte, surtout si celle-ci l'amène à contempler les sommets d'érudition atteints par nos meilleurs spécialistes en héraldique bretonne tels que Marc Faujour, mais aussi Martine Fabre, Paul-François Broucke, Michel Mauguin ou Thibaut le Huede.

Mais en la matière, le résultat de l'énigme importe moins que le parcours du détective. Aujourd'hui, nous allons avoir la chance  de mettre nos pas dans ceux d'un fin limier : voici le courriel de Marc Faujour : 

 

 

"A. de BARTHELEMY, dans ses « Etudes héraldiques, Paris, Lib J. B. Dumoulin, 1878 » écrit page 15 :

« Il s'agit de Notre-Dame de La Cour, située dans la commune de Lantic (Côtes-du-Nord) ; d'après la nouvelle édition du Dictionnaire d'Ogée, elle aurait succédé à une autre chapelle, plus ancienne, qui s'élevait à trois kilomètres plus loin, au lieu dit La Vieille-Cour, dans un bois voisin de Buhen.

Aucun document d'archives ne nous révèle la date de la construction de Notre-Dame de La Cour telle qu'elle est aujourd'hui; mais de nombreux blasons peints sur la maîtresse vitre nous apprennent que cette magnifique page de verre, consacrée à l'histoire de la sainte Vierge fut exécutée au milieu du quinzième siècle.

Examinons les écussons qui sont placés dans un ordre hiérarchique et dont nous donnons le dessin, grâce à l'obligeant concours que nous prête M. P. Chardin, notre ami et confrère.
Au premier rang, et seul au haut du vitrail, on voit l'écu ducal de Bretagne, avec la devise A MAVIE qui était celle du duc François Ier donnée à l'ordre de l'Hermine, fondé par lui en 1450 (n° 1).
Au second rang deux écus partis :…..
…..
Au cinquième rang sont les armes des évêques de Saint-Brieuc et de Tréguier, des abbés de Bégar et de Beauport, savoir ….
…..
Dans les rangs inférieurs plusieurs écussons manquent ; parmi ceux qui sont conservés nous notons ceux-ci : d'argent à l'arbre arraché de simple, le fût chargé d'un greslier de sable lié de gueules (n° 12). Jusqu'ici on a attribué ce blason à la famille Rougeart, de la paroisse de Plouhinec (Finistère), sans que rien ne justifiât la présence en Goëllo des armoiries d'une famille qui n'y était pas possessionnée; d'autres personnes ont voulu y retrouver les Le Roux, seigneurs de Bourgogne et Fontaine-Bouché dans les paroisses de Lantic et de Plourhan, qui portaient d'argent au houx de sinople feuille de trois pièces (n° 15); dans cette hypothèse il faudrait admettre que le greslier figure ici comme brisure, et que les armes primitives des Le Roux ont subi quelque modification. Je crois que le blason en question est celui de l'archidiacre de Goëllo dans la circonscription duquel se trouvait Lantic et qui ne pouvait manquer d'accompagner l'évêque de Saint-Brieuc. A la date où nous sommes, l'archidiaconé de Goëllo était tenu par Salomon MAHAULT, seigneur de Kerangouarc'h qui avait justement les armoiries ci-dessus décrites ( note : Anciens évêchés de Bretagne ; diocèse de Saint-Brieuc, t. I, p. 182.). »

 

 

 

 

"Je suis totalement d’accord avec l’analyse de A de Berthélemy lorsqu’il dit : « que rien ne justifiât la présence en Goëllo des armoiries d'une famille qui n'y était pas possessionnée » mais je ne le suis pas dans son identification avec les armes de la famille Mahault que Pol Potier de Courcy donne pour différentes

: MAHAULT, Sr de Minuello, par. de Melguen,— de Kerangouarc'h.
Anc. ext., réf. 1671, six gén. ; réf, et montres de 1426 à 1562, par. de Melguen, év. de Cornouailles.
D'argent au greslier de sable, lié et enguiché de gueules, accomp. de trois feuilles de houx de sinople, renversées.

 


"Les armes sont inconnues des armoriaux or la famille Rougeart !

"La clé du mystère vient de M. Fabre qui donne une référence (Martine FABRE, héraldique médiévale bretonne, Paris, ANRT, 1993. fiche 1579.) pour le sceau de Salomon de KERGOANAC, archidiacre de Goëllo dans les années 1470. Le sceau a fait l’objet d’une communication de A. de Barthélemy à la société nationale des antiquaires de France en 1876, (Bulletin de la société nationale des antiquaires de France – 1876 – p 103 – 106.) qui en donne une analyse et le dessin joint. On y voit Salomon de Kergoanac, habillé en chanoine, l’aumusse sur le bras et priant Saint Salomon, roi de Bretagne, couronné, tenant de la main droite un livre, de la gauche un sceptre. Il est revêtu d’un manteau royal semé d’hermines et ses yeux sont crevés, signe de son martyr. Le chanoine est identifié par ses armes : un grelier suspendu à une branche d’arbre, ainsi que la légende : S. SALOMONIS DE KAOGOANAC / ARCHIDIACONI GOLOVIE /. Alfred de Barthélemy précise que Salomon de Kergoanac, figure en tant que chanoine dans un acte de 1475, dans lequel sont arrêtés les statuts du chapître de St Brieuc.

"Il ne faut pas le suivre dans son essai d’attribution de ces armes, mais il faut y voir simplement les armes de la famille de Kergoanac, Sr dudit lieu en Plougourvest :

"Le marquis de Molac (BnF ms. fr. 11 551) nous apprend que Jehanne était la fille d’Yves et de Jehanne du Bois (de Cozlen, qui porte d’argent à deux fasces de sable). La famille est déjà présente à Plougourvest lors de la réformation de 1426 (Hervé TORCHET, Réformation des fouages de 1426 – Léon , Ed de la Pérenne) où Yvon Kergoannac est recensé parmi les nobles et où il sauve un métayer à Kergoanac. Salomon Kergoanac sauve un métayer à son manoir dudit lieu et un autre à Kersaliou en 1441 à Plougourvest.

"Nous trouvons un autre Yves à la montre de 1481 (Hervé de PARCEVAUX de TRONJOLY « Montre de 1481 », BSAF 2004.) à Plougourvest : Maistre Yves Kergoanac avec 50 livres de revenus nobles, vougier en brigandine à deux chevaux, puis à celle de 1503, où il se fait remplacer par Pezron Boedeuc. Molac nous précise que, devenue veuve, Jeanne se remarie avec Jan de Botquenezle. En 1512, Jehanne de Kergoanac est citée comme « dame de Kergoanac en son nom et come tutrice de Alain Kercoent son douarren Sr de Botguezle » (ADF 151 J 453-165. Minu du 18 février 1511.). Jehanne, comme héritière de Kergoanac, apportera ce lieu aux Kerhoënt de Trohéon. Ainsi, lors de de la réformation de 1536, « la maison de Kergouadnec appartient à Allain Kerhouault, noble personne et maison ». L’écriture difficile de la réformation de 1536 amène à une confusion entre les termes Kergoanac et Kergournadec’h lors de la réformation de la noblesse de 1668 pour les Kerhoent de Coatanfao « que dans la refformation de 1536, faicte des maisons, terres et herittages nobles dudict evesché de Leon, soubz le rapport de la paroisse de Guycolvest (Sans doute Guicourvest, aujourd’hui Plougourvest ; on remarquera toutefois que la maison de Kergournadech n’est pas située dans cette paroisse, mais dans celle de Cléder.), est desnommé la maison de Quergournadech, appartenant à Allain Querhouant, noble personne et maison » (ROSMORDUC), Connu plus tard sous la graphie Kervoanec, le manoir a été reconstruit au XIXe et est actuellement converti en maison de retraite. (J.Y. le GOFF, les chateaux et manoirs du canton de Landivisiau, SFHA, Quimper, 2003, p 40.)
Les armes en alliance avec Kerhoent sont présentes dans les prééminences du manoir de Trohéon en 1684 (ADF 151 J 58 - Déclaration des biens de la succession de Didier de Kercuvelen et de Catherine de Keryvon, Sr et dame de Tromeur du 5 juin 1693 – copie d’extrait du 4 décembre 1765).

"Le blason n°12 de Notre-Dame de La Cour en Lantic sont donc pour moi celles de Salomon de Kergoanac, Archidiacre du Goello et membre de la famille des Kergoanac, seigneurs de Kergoanac en Plougourvest, évêché du Léon." (Marc Faujour)

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Mais ce n'est pas tout. En consultant sur archive.org la référence donnée par Marc Faujour (A. de Barthélémy, Bulletin de la société nationale des antiquaires de France – 1876 – p 103 – 106), j'ai pu admirer le sceau de Salomon de Kergoanac (que je ne trouve pas sur la base SIGILLA).

 

Le voici, avec les armoiries du sigillant en bas à gauche :

 

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https://archive.org/details/BulletinDeLaSocieteNationaleDesAntiquaires1876/page/n117/mode/2up

https://archive.org/details/BulletinDeLaSocieteNationaleDesAntiquaires1876/page/n117/mode/2up

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Il est décrit ainsi par A. De Barthélémy :

"Le sceau que j'ai l'honneur de soumettre une empreinte à la Société représente un personnage tenant de la main droite un livre; de la gauche un sceptre ; ce personnage, couronné et revêtu d'un manteau royal semé d'hermines, est debout sous un dais richement orné.

Au-dessous on voit un chanoine à genoux, tourné à gauche, l’aumusse sur le bras ; devant lui un écusson porte un grélier suspendu à une branche d’arbre.

La légende que M. Demay a bien voulu m’aider à déchiffrer porte : S. SALOMONIS D’KAOGOANAC, ARCHIDIACONI GOLOVIE. Ce monument offre un double intérêt ; d’abord il nous donne la représentation d’un saint breton dont les archéologues de la province qui se sont occupés d’iconographie hagiologique n’avaient pas encore parlé. Ensuite il nous révèle le nom, ignoré jusqu’ici, d’un dignitaire du chapitre de Saint-Brieuc."

"L'archidiacre de Goëllo dont nous avons le sceau sous les yeux avait le saint roi breton pour patron : nous le voyons, sous le nom de Salmon de Kergoanac, figurer comme chanoine dans un acte de 1475, dans lequel sont arrêtés les statuts du chapitre ; il paraît encore dans les statuts adoptés en 1471 . Ses armes sont un grélier pendu à un arbuste ; en compulsant le Nobiliaire de Bretagne de M. Alfred de Courcy, je ne vois qu’une famille à laquelle cet archidiacre pourrait être rattaché ; c'est celle des Mahault, seigneurs de Minuello et de Kérangouarch , paroisse de Melguen, en Cornouailles; ils portaient d' argent au greslier de sable lié et enguiché de gueules , accompagné de trois feuilles de houx.

L'archidiaconé de Goëllo était l'une des deux grandes divisions ecclésiastiques du diocèse de Saint-Brieuc ; l'autre  division s’appelait l'archidiaconé de Penthièvre. Le premier comprenait 33 paroisses qui dépendaient au féodal de la seigneurie de Goëllo dont elles formaient la plus grande partie. i. Anciens évéchés de Bretagne, t. I, P- 182."

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1° Le propriétaire du sceau (ou sigillant) .

Je dois corriger légèrement la leçon de ce M. Demay, car je lis S. SALOMONIS DE KOAGOANAC / ARCHIDIACONI GOLOVIE ce qui se transcrit Signum Salomonis de Kergoanac archidiaconi Golovie, et se traduit Sceau de Salomon de Kergoanac'h, archidiacre de Goëlo.

On sait que la maîtresse-vitre est datée vers 1460-1470. Or, La présence de Salmon ou Salomon de Kergoanac ou Kergoannac comme chanoine du chapitre de la cathédrale de Saint-Brieuc est attestée en 1445 et en 1471, date à laquelle il a signé les statuts de ce chapitre. En 1471, il est cité en 4ème position, après le doyen Jean de Parthenay, Henri Cadoret, et Hervé Le Corre. Il n'appartient bien-sûr  au chapitre ni en 1529 ni en 1579. Voir Geslin De Bourgogne ( Jules-Henri ), 1855, Anciens évêchés de Bretagne: histoire et monuments, Volumes 1 page 182

Le blason montre un arbre (un peu arraché tout de même) et un grélier suspendu par sa sangle à la plus haute branche.

 

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2°) Salomon, roi de Bretagne.

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« Le personnage principal représenté en costume royal est un martyr, et son martyre est indiqué par les instruments qui accompagnent sa figure et indiquent qu’il eut les yeux crevés. Il s’agit ici de saint Salomon, roi de Bretagne, assassiné en 875 par les comtes Paskwiten et Gurwand.

Voici ce que dit la légende, d'après Albert le Grand :

"Les comtes ayans ouy la response de l'Evesque, se mirent en chemin avec leurs soldats, et, entrans en l’Eglise, trouvèrent le Roy dans le chœur priant Dieu, lequel se leva et s’assit en son siège pour les ouyr; mais les comtes, sans le saluer, commencèrent à luy reprocher le meurtre du defifunt Roy, son cousin Héruspée, et, luy ayant chanté mille vilainies et indignitez, luy dirent que l’heure estoit venue, qu'il falloit par son sang espier ce crime. Le Roy ne leur répliqua rien, sinon que la volonté de Dieu fust faite. Incontinent, ils prirent le prince Abligeon, et, l’ayant mené vers le Roy son père, le poignardèrent en sa présence ; puis jettans leurs mains sacrilèges sur le Roy, le précipitèrent de son siège, et, l’ayans jetté par terre, l’outragèrent à coups de pieds et de poings et le livrèrent ès mains d’une bande de soldats françois qui le lièrent étroittement et le trainsnèrent dans la nef de l’église où son propre filleul lui tira les yeux de la teste et les jetta par terre les foulant à ses pieds *, et lui ayant fait mille autres maux, enfin ils luy couppèrent la teste."

« Le sceau de Salomon de Kergoanac offre cet intérêt qu'il nous donne la plus ancienne représentation du roi saint Salomon : jusqu'à ce jour on ne le connaissait que par des statues assez modernes, tantôt en costume antique, avec un manteau qu'il écarte de la main gauche pour laisser voir un poignard enfoncé dans son cœur, une couronne radiée sur la tête et un sceptre dans la main droite ; tantôt assassiné par des soldats habillés à la romaine, tantôt à genoux recevant d'un ange la palme du martyre . »

Le roi Salomon est présenté par D'Argentré dans son Histoire de Bretaigne  mais aussi par Alain Bouchart dans ses Grandes Croniques de Bretaigne (1ère édition 1514); livre II chap. VI Du roy Salomon premier de ce nom, roy de Bretaigne armorique, mais ces auteurs ne mentionnent pas la légende de son martyre. Par contre, c'est, selon la tradition, l'origine du nom de la paroisse de La Martyre (près de Plougourvest, paroisse des Kergoanac) : "Le village doit peut-être ses noms breton et français à un événement qui y est survenu le 25 juin 874 : l'assassinat du roi Salomon de Bretagne qui avait trouvé refuge dans l'église (« Salomon se réfugia dans l'église d'un monastère où il fut pris et traité avec une sauvagerie inouïe. On lui arracha les yeux avec tant de violence qu'il en mourut dans la nuit »). C'est en effet l'église qui fut appelée « La Martyre » (Ar Merzher) en souvenir de cet événement pour avoir été profanée (Salaün étant le nom breton pour « Salomon ») https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Martyre

 


 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Héraldique
20 février 2020 4 20 /02 /février /2020 21:46
 
 

Le vitrail de la Passion (Maîtresse-vitre, vers 1520) de l'église Saint-Thurien de Plogonnec (29).

Cet article  reprend celui du 12 mars 2014, avec un texte corrigé, et des  photographies de février 2020. Des gros plans sur les visages montrent comment le verre blanc est dessiné  à la grisaille et coloré à la sanguine dont les lavis ou les très fines hachures  indiquent le modelé des chairs.

 

Introduction.

Cette verrière est fait partie de deux ensembles de ce blog :

1. Celui des Vitraux de l'église St-Thurien de Plogonnec :

2. Celui d'autres verrières contemporaines du Finistère, avec lesquelles existent des rapports de similitude (mêmes cartons), de thème, d'histoire (même influence des familles nobles) ou de comparaison :

Voir aussi ma liste de tous mes articles sur les vitraux.

et aussi :

Ma visite de l'église de Locronan le 3 avril 2012 (statuaire, chaire, dalle funéraire de Jacques de Névet datant de 1616, inscriptions..

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Et encore, sur Plogonnec :

 

 

 

 

 

 

 

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L'étude de ce vitrail est basée sur les travaux de Couffon (avec réserves) et surtout sur ceux de Roger Barrié qui a consacré sa thèse à cet ensemble, mais aussi sur la description de F. Gatouillat et M. Hérold pour le Corpus Vitrearum en 2005.

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Présentation d'ensemble. 

Le chevet plat à trois pignons de l'église St-Thurien a été construit aux environs de 1510 ; ses trois baies ont été alors dotées de verrières. 

La Baie 0 ou Maîtresse-vitre, ouverte sur le pignon Est, est placée au dessus du maître-autel ; elle est plus étroite que les baies latérales. La verrière de 24 panneaux, haute de 5,60 m et large de 2,50 m  est composée de quatre lancettes trilobées et d'un tympan à trois ajours. Elle est estimée (Gatouillat et Hérold) dater de 1520. Les lancettes seront numérotées de gauche à droite par les lettres A, B, C et D.

Chaque lancette est divisée en six panneaux séparés par des barlotières, mais ces panneaux ne tiennent pas compte des représentations historiées : la description ne se fera pas panneau par panneau, mais motif par motif.

Un regard éloigné distingue deux bandeaux colorés historiés séparés par des ensembles plus gris correspondants à des éléments architecturaux. Cette organisation correspond en fait à deux registres horizontaux dont le supérieur (deux panneaux et demi) correspond aux scènes de Crucifixion, Mise au tombeau et Résurrection, et l'inférieur (trois panneaux et demi) à l'interrogatoire par Pilate (Comparution) et la montée au Golgotha, encadrées par deux couples de donateurs et leur saint tutélaire.

 Si on considère au contraire chaque lancette verticalement, on la trouve formée à la base d'un soubassement architectural à modillons (ce qui soutient une corniche), où des personnages tiennent des médaillons à armoiries. Au sommet, ce sont deux angelots qui entourent une composition à tresses et sculpture.

Le fond est bleu (pour le sommet des lancettes extérieures notamment) ou rouge (sommet des lancettes centrales), les couleurs dominantes étant ce rouge et ce bleu et en troisième position le vert.

Son intérêt est iconographique (représentation de la Passion et comparaison des cartons des Passions finistériennes. Représentation des couples de donateurs au XVIe siècle),  artistique (technique de peinture sur verre du XVIe siècle ; atelier quimpérois dit "Le Sodec"), esthétique (avec de très beaux visages), historique (par exemple pour l'histoire des familles nobles) et héraldique ( 8 blasons différents, et 2 tabards armoriés). 

 


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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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 I. LE REGISTRE INFÉRIEUR. DEUX COUPLES DE DONATEURS FACE À DEUX

ÉPISODES DE LA PASSION.

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Dans chaque lancette, une niche architecturée isole soit un couple de donateurs, soit une scène de la Passion (Portement de croix et Comparution), alors que le soubassement porte les blasons des familles nobles de Plogonnec autres que celle des donateurs, l'illustre famille de Névet.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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A. Les armoiries.

Elles sont en grande partie du XVIe siècle, mais les écus armoriés datent d'une restauration de 1904 et correspondent de gauche à droite aux armes des familles de Plogonnec  Kerpaen, Kerléan, Le Guirieuc et Guenguat, sans conformité attestée avec la disposition antérieure. Elles occupent un emplacement secondaire par rapport aux armes des seigneurs prééminenciers, qui figurent en donateurs avec lesurs armes, et dont,   selon un aveu de prééminence de 1644, les armoiries  étaient en-effet en supériorité.

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B. Le soubassement à modillons.

Ce sont les éléments architecturaux qui présentent ces armoiries, deux personnages en cuirasses, mais au visage féminin, soutenant chaque blason. C'est un fin travail de dessin exécuté à la grisaille et au jaune d'argent. Un collier de perle doré terminé par un gland de même court à travers cette composition. Techniquement, c'est "un soubassement à stylobate encadré de deux pilastres et posé sur un sol fleuri. En A et D les panneaux des pilastres sont occupés de rinceaux Renaissance alors qu'un motif gothique se laisse apercevoir derrière l'écu. " (Roger Barrié).

Le sol est présenté comme une prairie parsemé de fleurs en rosettes,  aujourd'hui plus bleue que vertes.

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Lancette A :  Kerpaën (de):

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 d’argent au chêne arraché de sinople, au sanglier brochant sur le fût de l’arbre.

Potier de Courcy : Kerléan (DE), Sr dudit lieu, — de Lopéau et du Quenquis, par. de Plogonnec, — de Kerguistan, par. de Plomodiern, — de Lestréménez, par. d'Argol, — de Kersallo, par. de Cléguer. Anc. ext., réf. 1669, dix gén.; réf. et montres de 1426 à 1562, par. de Plogonnec et Plomodiern, év. de Cornouailles. Bernard, fils de Jean et de Léonore, épouse vers 1415 Jeanne de Lanvilliau.

Cette famille possédait donc le manoir de Lopéau, près de la chapelle de Saint-Théleau, hérité des Boscher en 1464.

Jehan de Kerpain (Kerpaën) est présent à la Montre de 1481 comme archer en brigandine.

Noble homme Alain de Kerpaën, seigneur de Lopézeau, fut inhumé en 1551 dans la chapelle privative des seigneurs de Guengat en la cathédrale de Quimper. (Le Men, Monographie p. 112). Seigneur de Lopéau et de Kergustant,  il avait épousé en 1544 Julienne du Parc-Locmaria, d'où un fils Jean.

Jean de Kerpaën épousa Renée Guegant, d'ouù un fils Alain.

Alain de Kerpaën épousa Jeanne Guimarho, d'où un fils, Vincent.

Vincent de Kerpaën épousa Catherine Moysan.

Vincent de Kerpaën est sr de Lopéau en 1666, alloué et lieutenant des affaires criminelles à Quimper.

 

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Ces armoiries figurent aussi au chevet et sur le calvaire  de la chapelle Saint-Sébastien à Saint-Ségal (Perrine de Kerpaën/x 1541 Jean de Kergoët, en sont les fondateurs) .

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette B : de Kerléan.

 

 

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Ici, la cimaise du stylobate est timbrée d'une tête de grotesque (ours ? lion ? ) tenant un court phylactère où est inscrit une devise  JE EC---OER. (Roger Barrié a lu JE...)

D'autre part, ce ne sont plus des chevaliers en cuirasse, mais de charmant(e)s anges blonds et nimbés qui présentent le médaillon, vêtues d'aube à ceinture dorée

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Le blason :  Kerléan (de): fascé ondé d'or et d'azur de 6 pièces ;

"possessionné en Plourin, évêché du Léon.  Sr dudit lieu et de Kervérien, par. de Plourin, — de Lanvénec, par. de Lanrivoaré, — de Kerhuon, par. de Guipavas, — de Coëtmanac'h, — de Kermeur, —de Kerhuel, — de Kerimen, — de Kerassel et du Timen, par. de Taulé, — de Poulguinan, — de Keravel. Anc. ext., réf. 1668, six gén. ; montres de 1503 à 1534, par. de Plourin et Brélès, év. de Léon. Cette famille portait anciennement le nom de Bohic, voyez BOHIC"(Potier de Courcy) 

Bohic ou Boc’hic, sr de Kerléan et de la Motte, par. de Plourin. Réf. et montres de 1427 à 1481, dite par., év. de Léon. Fascé ondé d’or et d’azur de six pièces. Hervé, conseiller du duc Jean IV, enseigna le droit à Paris et composa en 1349 un livre sur les Décrétales, imprimé en 1520. Une branche de cette famille n’a gardé que le nom de Kerléan, voyez Kerléan."

 

Un aveu du 30 septembre 1778 au marquisat de Nevet apprend que  le propriétaire de Bonezgat est messire de Kerléan, dont relèvent, à titre de ligence, les manoirs du Beuzit [ou de la Boissière] et de Coëtmorvan. Il possède les prééminences du seigneur de Cludon dans l’église paroissiale, à savoir, une chapelle avec banc et tombe, ses armes dans la grande vitre au-dessous de celles de Nevet, ses armes en bosse dans le clocher".

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette C:  Le Guirieuc.

 

 "d'azur à la fasce d'or accompagnée de trois étoiles d'argent".

 

"Guirieuc (le), sr de Bonescat, par. de Plogonnec, — du Rumain, par. de Landrévarzec, — de Kerraabeuzen, par. de Penhars.

Déb., réf. 1670; montres de 1534 à 1562, par. de Ploudiry, év. de Léon et Plogonnec, év. de Cornouaille.

D’azur à la fasce d’or, accomp. de trois étoiles d’argent.

Jean, époux en 1441 de Catherine de Botquénal ; Hervé, archidiacre de Cornouaille, puis doyen de la Guerche, † à Rome en 1471 et enterré a Saint-Yves-des-Bretons ; Jean, receveur de Landerneau en 1511." (De Courcy)

Cette famille occupa le manoir de Bonezgat (sur la route de Plogonnec à Quimper) à partir de 1562 et jusqu'en 1654.

En 1562, François Le Guirieuc est à la montre de Quimper de 1562 parmi les nobles de Plogonnec :  "François le Guirieuc, sieur de Bonnescat, presant, dict faire corselet. ". (Fréminville)

https://www.tudchentil.org/IMG/pdf/Montre_de_1562_en_Cornouaille.pdf

Selon R. François Le Men  (1877) "Francoise Le Guirieuc, femme de Jehan Le Gac, et fille de noble maître Alain Le Guirieuc, et de Pezronnelle Le Baud, avait aussi sa sépulture dans la chapelle de Saint-Roch" de la cathédrale de Quimper

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Le blason inclu dans une bordure bleu clair et un médaillon rouge damassé est tenu par deux anges semblables aux précédents.

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                          la-passion-0331c.jpg

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette D :  Guengat. 

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d'azur à trois mains dextres appaumées d'argent en pal ;

​​​​​​ devise : "Trésor", et ?( sans aucune certitude ni preuve réelle) "Léal à ma f[oy ?]".

Voir le vitrail de saint Sébastien de cette église de Plogonnec, où Alain de Guengat est présenté au saint avec son épouse Marie de Tromelin.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-plogonnec-i-saint-sebastien-95903456.html

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Les scènes figurées  du registre inférieur.

 

 

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1. Les donateurs de la lancette A : le seigneur et la dame de Névet.

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Le couple noble est présenté par saint Jean-Baptiste, identifié par son attribut, l'Agneau : cela peut inciter  à penser que le seigneur se prénomme Jean.

Ce dernier porte une cotte jaune ornée d'un lion rouge et signale ainsi ses armoiries d'or au léopard morné de gueules, qui est Nevet. Nous devrions donc identifier un Jean de Nevet. La consultation de l'article Wikipédia m'en propose deux : 

 1) Jean II de Névet (>1480-1493), seigneur de Nevet. Il meurt sans postérité. Son frère Hervé lui succède.

  2) Jean III de Névet (1616-1647), baron de Nevet. Il épouse en octobre 1629 Bonaventure de Liscoët. Auteur de l'aveu du 6 juin 1644.

Le premier est déjà décédé à la date où ce vitrail a été exécuté. En 1520, date (présumée) de ce vitrail, c'est Jacques de Nevet qui occupe les fonctions de seigneur de Nevet : Jacques Ier de Névet (1494-1555), de religion réformée, seigneur puis premier baron de Nevet. Il épousa Claudine de Guengat, fille d' Alain, gouverneur de Quimper, vice-amiral de Bretagne et maître-d'hôtel de la reine Claude de France, et de Marie de Tromelin. Ce dernier couple (Alain de Guengat/Marie de Tromelin) est représenté à l'église  de  Plogonnec sur le vitrail de Saint-Sébastien.

Il est logique de considérer que c'est Jacques de Nevet qui a commandité ce vitrail, et qu'il est présenté ici par un saint intercesseur qui ne correspond pas à son prénom. C'est précisément la solution qu'adopta Roger Barrié.

Néanmoins, on voit mal un adepte de la Réforme (opposée au culte des saints ou à la sanctification de la Vierge) se faire représenter, présenté par un saint.

Rappel généalogique par Le Men dans sa Monographie de la cathédrale de Quimper :

 La chapelle Saint-Corentin  de la cathédrale de Quimper  appartenait primitivement aux barons de Nevet, dont les armes : d’or au léopard morné de gueules, et la devise bretonne « PERAC » (Pourquoi ?) se voient au-dessus des portes de la cathédrale du côté de l’ouest et du nord.

Henri de Nevet était un des quatre seigneurs bretons qui portaient la chaise de l’évêque, lors de l’entrée solennelle de Guy du Bouchet, vice-chancelier de Bretagne, dans sa cathédrale, le dimanche 15 octobre 1480.

Son fils, Jean de Nevet, remplit les mêmes fonctions honorifiques, à l’entrée de l’évêque Raoul le Moël, en 1496. Le fief de cette baronnie qui jouissait du droit de haute, moyenne et basse justice, s’étendait sur la paroisse de Plogonnec, où était situé l’ancien château de Nevet, et sur seize autres paroisses. Sa juridiction s’exerçait au bourg de Pouldavid.

Dans le milieu du XVIe siècle, Jacques de Nevet, gouverneur de la ville de Quimper, et lieutenant du roi, embrasse la religion prétendue réformée, et épousa la fille du seigneur de Guengat, qui était du même parti.

René, son fils aîné, renonça au protestantisme, après la mort de son père, et lui succéda dans ses charges et dans son gouvernement.

Il mourut sans enfant et sa succession fut recueillie par Claude de Nevet, son frère (J’ai relevé dans la chapelle de Saint-Pierre, en la commune de Plogonnec, l’inscription suivante qui a trait à ce seigneur :Clavigeri templi quod longum diruit aevum, Claudius hic Nemeus prima fundamenta jecit. Tertius Henricus Francos cum jure regebat Pontifice et summo Sixto, tum prœsule Carlo, Ac humilis pastor Lodovicus sacra ministrat. 1594. Henri III, était mort depuis 1589, mais on l’ignorait probablement à Plogonnec. ) qui épousa Élisabeth d’Acigné, fille du seigneur de la Rochejégu, qui était aussi de la religion réformée.

Ils moururent pendant les guerres civiles, laissant un fils mineur [Jacques], qui épousa dame Françoise de Tréal. En 1616, il reçut l’ordre, de la régente Anne d’Autriche, de fortifier le fort de l’île Tristan, près Douarnenez, qui avait servi de repaire à La Fontenelle pendant les guerres de la Ligue, et que le roi Henri IV avait ensuite fait raser. La même année le seigneur de Nevet, s’étant rendu à Rennes pour assister aux États de la province, y fut assassiné pour avoir « soustenu les interestz du Roy et du publicq, » par le seigneur de…… qui fut exécuté à la poursuite de la dame de Tréal, veuve de la victime (1). Par contrat passé avec le chapitre, le 4 octobre 1596, Messire Jean du Marc’hallac’h ou du Marc’hallec’h, suivant l’orthographe du temps, sieur de Trelen, chanoine de Cornouaille et recteur des paroisses de Ploneis et de Plozévet, prit possession de cette chapelle, et y fit mettre ses armes, qui sont : d’or à trois orceaux de gueules, dans la vitre et dans l’arcade de l’enfeu, à la place de celles des seigneurs de Nevet. Une action intentée contre lui à ce sujet par Jean de Nevet, ne fut suivie d’aucun effet."

Voir Infra : Discussion sur les donateurs.

Les armes de Névet figurent sur la maîtresse-vitre de Locronan (1476-1479) et sur le cénotaphe du Pénity de Locronan.

http://www.lavieb-aile.com/2017/11/le-tombeau-de-saint-ronan-dans-la-chapelle-du-penity-de-l-eglise-de-locronan.html

http://www.lavieb-aile.com/2017/11/la-maitresse-vitre-de-la-passion-1476-1479-de-l-eglise-saint-ronan-de-locronan.html

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Voici  le panneau comparable à Guengat (baie 3) qui reprend le même carton :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-29-i-les-vitraux-122885533.html

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 vitraux 0370c 

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Description.

  Le donateur.

Ce chevalier est en armure complète, et il a posé son casque près de lui ; celui-ci est surmonté d'une sorte de plumet en étoile, et sa pièce faciale montre qu'il s'agit, non pas d'un morion ou d'une salade, mais d'un heaume, d'un armet assez rétrograde. Certainement pas la coiffure d'un Jean III de Nevet.

Le chevalier a aussi ôté ses gants de fer, posés également à terre ; c'est la moindre des choses pour réciter ses prières, mains jointes, à genoux devant le prie-dieu et son livre de prières (sur lequel se remarque une lettrine D, sans-doute Dominus).

On remarque aussi les molettes de ses éperons. Voir les pièces d'armure de mon bon cousin Aux-Épaules :  Église de Sainte-Marie-du-Mont : Henri-Robert Aux-Épaules.

C'est après avoir rendu visite à Henri-Robert et m'être rappelé de sa fraise, que je constate que ce seigneur-ci en porte une également, certes très discrète et courte, mais incontestable, ce qui pourrait aider les experts à dater cette tenue (de même que la coupe de cheveux caractéristique, et l'absence de barbe qui apparut après 1521). Selon mes données, ces fraises très courtes datent de 1560.

Il porte un tabard à ses armes, d'or au léopard morné de gueules.

C'est bien un léopard car il a la tête tournée vers nous ; et il est bien "morné" car  il n'a pas de griffes , mais il eut fallu ne pas lui donner une langue si bien pendue ("morné" : Se dit des animaux dépourvus de leurs armes naturelles : sans dents, bec, langue, ou griffes (certains auteurs enlèvent aussi la queue). Enfin le léopard est "de gueules" puisqu'il est rouge.

Voir ces armes, création contemporaine sur Wikipédia :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_au_lion#/media/Fichier:Blason_fam_fr_N%C3%A9vet.svg

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le visage.

Remarquer l'utilisation de verres roses pour les carnations (comme pour la baie 4 de Guengat). Mais aussi les rehauts à la sanguine (lèvres) et au  jaune d'argent (coin de l'œil). Ou le soigneux travail de collage des fragments de verre par le restaurateur, ce qui a permis de supprimer les plombs de casse.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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La donatrice.

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Madame de Nevet va peut-être nous aider également. J'admire d'abord son somptueux manteau en velours damassé pourpre, ou plus exactement son corselet à larges manches (voir ici)  puis son bustier (ou surcot ouvert) d'hermine — un accessoire vestimentaire réservé habituellement aux princesses mais visible aussi à Guengat  en baie 4 chez les donatrices —. Celui-ci est orné de rosettes et de perles en ligne verticale.

 

 

Sa robe  bleu pâle (de même couleur que le revers de la cotte de Monsieur) est serrée par une ceinture aux maillons d'or (auquel peut être suspendu par un anneau un ustencile).

 Je perds la compréhension du costume dans la partie basse, où le tissu frappé aux armes de la famille de Nevet semble traîner par terre (réemploi ?).

 Elle porte un décolleté très court, mais rond et dépourvu de collerette, cet accessoire apparu vers 1550. Elle n'a pas non plus ce décolleté carré des années 1510. Mais sa coiffure, qui évoque celle de nombreux portraits d'Anne de Bretagne, correspond pourtant à cette période, qui est celle de la datation du vitrail.

A noter l'absence de bagues. Le collier  alterne deux perles et un cercle or et argent. Noter la ressemblance de ce collier avec celui d'Anne de Bretagne sur l'enluminure de Bourdichon : fascinant, non ?

La coiffe associe un bonnet de dentelle, très ajusté, et un voile noir (ou brun-noir) brodé de perles groupées en étoile par cinq.

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En conclusion, Madame de Nevet est habillée à la mode 1510-1520, et son mari à celle de 1510-1560. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean-Baptiste.

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      Saint Jean-Baptiste se reconnaît à ses cheveux longs, sa barbe et son vêtement en poil de chameau; ainsi que par  l'Agneau mystique tenu sur l'avant-bras gauche.

En entourant paternellement l'épaule de la donatrice, il adopte la posture du "saint patron intercédant", et sa silhouette, comme celle de sa croix de victoire à oriflamme rouge, se détachent sur le fond damassé bleu du drap d'honneur tendu derrière lui. La croix blanche de l'oriflamme est gravée sur le verre rouge, offrant le seul exemple d'emploi de cette technique sur ce vitrail.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le motif du damassé se retrouvera ailleurs ; c'est une association de palmettes et de rinceaux à tige épaisse. Il est probablement appliqué au pochoir.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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La niche est coiffée par une voûte en cul de four à la base de laquelle est inscrit (sur deux verres différents) les lettres  -RAMOM/USALVE.

 

"Des arcatures en plein cintre créent une niche au dessus de chaque scène pour l'isoler de la voisine. Elles culminent en une clef de voûte en forme de bourgeon entrouvert  d'acanthes. 

L'épaisseur de l'arcade est garnie d'oves qui accentuent la perspective. Afin de garnir les écoinçons au dessous de la corniche horizontale, sont posés, sur chaque portion extérieure du plein cintre, deux motifs dont on constate la forte fréquence dans les architectures proposées tant à Plogonnec qu'ailleurs : il s'agit de deux feuilles d'acanthes opposées et liées par un anneau à rebord constituant ainsi une série symétrique de courbes et de contre-courbes.

L'arcade délimite un cul-de-four occupé par une coquille, selon une habitude de première Renaissance, et séparé du fond damassé par un bandeau décoré de couleur plus sombre. Sur le bandeau en a1 on lit ...RAMON et en c1 VEMITE ADOREMU qui est l'antienne d'invitatoire commençant l'office de matines. cette antienne est donc fort courante puisqu'elle se retrouve, outre le Bréviaire dans tous les offices où le début des Matines sert d'introduction comme celui de Noël ("Christus natus est...; adeste fideles..") ou dans celui des défunts ("Regem cui...")." Roger Barrié.

Cette découverte me passionne puisque elle rejoint d'autres constatations identiques dans le Finistère à Guenguat, à Kerfeunten (Quimper). A Plogonnec, le vitrail de la Transfiguration porte, sur la tenture qui forme le fond des niches, les lettres SALEREGI (l'antienne Salve regina) et LONREANS (considéré par beaucoup comme "Laurent [le Sodec]").

Le psaume 94 Venite adoremus et procidamus ante dominum, ou l'Adeste fideles,  Venite adoremus Dominum, pourraient donc être à l'origine de ces inscriptions.

Pour ma part, je lis dans le bandeau de la première lancette ....(O)RAMO(M)VSALVE  et dans la troisième VEMITE ....

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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Registre inférieur de la lancette B. Le Portement de croix.

 

 

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Le Christ, couronné d'épines, nimbé, vêtu d'une robe violette, ligoté au niveau de la ceinture, porte, non pas la croix, mais la traverse horizontale sur laquelle il sera cloué (cela est conforme à la réalité de ce supplice). Son corps courbé forme l'une des diagonales, prolongée par le sabre et la jambe du soldat romain qui le surveille. L'autre diagonale est formé par la poutre de bois, doublée de la hallebarde du soldat. Derrière, un homme coiffé d'un bonnet rouge porte les clous. La sensation de tension dramatique est crée par le cadrage serré et par les nombreuses armes qui viennent hérisser l'horizon, mais aussi par le caractère dense de la foule casquée.

Le visage du Christ mérite un examen rapproché (cliquer pour agrandir) : s'il était possible de le débarrasser des altérations ocres dues à la corrosion, on verrait la finesse des traits, et le réseau de pilosité que cet artiste dessine avec une grande précision, comme nous le verrons plus loin.

      N.B : les têtes des deux soldats ont bénéficié d'une restauration récente.

Le motif du  coup de genou donné par un soldat au Christ est très fréquent, sur les enluminures, les retables et les vitraux..

Le même carton a été employé à Ergué-Gaberic, dans le sens inverse .

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-anciens-de-l-eglise-d-ergue-gaberic-123229458.html

 

Maîtresse-vitre (1517) d'Ergué-Gabéric. Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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La demi-coupole de la niche : pas d'inscription, mais une série de O.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le sol : comme un tapis mille-fleurs.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

 

 

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Le registre inférieur, lancette C et D :

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                          la-passion 0340c

 

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Registre inférieur de la lancette C : la Comparution devant Pilate.

 

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Le Christ est présenté à Pilate : un personnage haut en couleur, coiffé d'un exubérant chapeau à aigrette, sorte de lansquenet aux manches retroussées, agrippe Jésus par la gorge. Un lancier en armure, poing sur la hanche, crie quelque injure. Pilate, coiffé d'un couvre-chef rose, longue barbe, longs cheveux, fixe l'inculpé des yeux en présentant ses mains au dessus d'un bassin. un serviteur y verse le contenu d'une aiguière, tout en reprenant — curieusement— la posture du "coup de genou" de la scène du Portement de croix ; en réalité, il plie le genou par référence pour son maître.

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Là encore, on retrouve le même carton repris à Lanvénégen en 1515 et à Ergué-Gabéric en 1517 :

 

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Maîtresse-vitre (1515) de Lanvénégen. Photo lavieb-aile.

 

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Maîtresse-vitre (1517) d'Ergué-Gabéric. Photo lavieb-aile.

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On comparera aussi avec la même scène de la maîtresse-vitre (1535, même atelier quimpérois) de l'église Saint-Mathieu de Quimper, avec une composition identique, mais des différences franches :

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Maîtresse-vitre de l'église Saint-Mathieu de Quimper. Photo lavieb-aile.

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Détail : le chien de Pilate.

Aux pieds de Pilate se trouve un petit chien ; dans la Passion de Guengat, on remarque aussi un chien aboyant vers la croix, au pied d'un cheval monté par un centurion. On peut trouver la source de ce détail soit dans une gravure de Dürer de 1509-1501 conservée à Lyon A16DUR000701, ou, à une date antérieure, dans un Ecce Homo de 1475-1480 de Martin Schongauer conservée à l'Unterlinden de Colmar, ou dans une autre gravure de Schongauer où figurent deux chiens.

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https://www.musee-unterlinden.com/oeuvres/ecce-homo/

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6951448r.r=pilate+schongauer.langFR

https://www.gettyimages.fr/detail/photo-d%27actualit%C3%A9/christian-motifs-copper-engravings-gospel-of-matthew-photo-dactualit%C3%A9/541469005

 

 

 

Le Christ devant Pilate de Martin Schongauer (1448-1491, Germany)

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Le chien (ici, un petit caniche dont la "crinière" contraste avec le dos glabre) se retrouve aussi sur la Passion de 1520-1530 de Saint-Vincent de Rouen :

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

 

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Il est représenté, dormant dans une corbeille,  sur les stalles de la sacristie de la cathédrale du Mans.

http://www.lavieb-aile.com/article-les-stalles-du-xvie-siecle-de-la-cathedrale-du-mans-123594149.html

J'écrivais alors dans ma description :

 J'ajoute au dossier "Chien de Pilate" d'autres références, celles de gravures de Wenceslas d'Olmütz (v.1496) ou Michel Wohlgemuth (monogramme W), inventeur de la gravure à l'eau forte : celle où Pilate est accompagné, au Prétoire, de deux chiens, et celle, qui suit la précédente, où Jésus est présenté au peuple par Pilate tandis qu'un chien montre ses dents. ici. En fait, ces gravures, comme celles de Jean de Culmbach (même référence p.383) ou d'autres d'un graveur inconnu, sont des copies de celles de la Passion de Schongauer avec un chien sur l'Ecce Homo (Unterlinden, Colmar) et deux chiens sur la Comparution. Dans cette série, le grand-prêtre est accompagné aussi par un chien.

 

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Il est présent au pied de la croix, près d'un cavalier, dans la Passion (v. 1550) de Guengat :

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-29-i-les-vitraux-122885533.html

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette D : le couple des donateurs présenté par saint Michel.

 

 

                                   la-passion 0330c

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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On retrouve sensiblement le même carton (Saint Michel et les donateurs) à Guengat, en A2 de la baie 1.

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 vitraux 0371c

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Saint-Michel, dans la même attitude d'intercession que saint Jean-Baptiste à gauche, présente le couple ; il est couronné, vêtu d'une cuirasse d'apparat, porte l'épée à la ceinture, et il brandit une croix à longue hampe. Ses ailes vertes sont déployées de chaque coté, sur le fond damassé violine.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le seigneur de Nevet, identifié par les armoiries de son tabard, est identique à son vis-à-vis : même armure, même courte fraise, même coiffure, même Livre d'Heures à la tranche dorée, même lettrine D. Mais celle-ci est inversée, "comme si" on avait utilisé le carton des donateurs de droite en le renversant. Dans ce jeu des sept erreurs, le "léopard" est positionné autrement, et ce seigneur-ci porte une belle épée.

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Sa Dame est aussi la sosie de celle de gauche : même chaperon de velours noir, même collier dérobé au portrait d'Anne de Bretagne, même manteau à large manche, même robe frappé d'hermines, même alignement de boutons en marguerites de perles, même ceinture à anneau d'or, etc.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

 

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II. LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

         

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Lancette A (à gauche) : Christ en croix.

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La scène cruciale se découpe sur un fond damassé rouge. La croix est fichée au sol parmi les fleurs, à coté du crâne d'Adam.

 Marie, en pâmoison au pied de la croix, croise ses bras dans un geste des mains qui renvoie à celui qu'elle eut, face à l'ange Gabriel, lors de l'Annonciation. Mais ce geste ici se referme, comme le cycle de la Vie de Jésus. Stabat Mater dolorosa Juxta crucem lacrimosa Dum pendebat Filium...

Outre l'apôtre Jean, qui, un genou à terre, soutient la Vierge, quatre personnages, que leur tenue désigne comme des Juifs, forment un cadre où les gestes se répondent.

Le premier personnage à gauche est  Longin, qui donne le coup de lance dans le flanc droit et, de la main droite, désigne son œil.  Selon la Légende dorée, ilreçoit une goutte du sang issu de la plaie, ce qui le guérit d'un trouble (physique, mais aussi spirituel) de la vision. Il devrait alors porter la tenue de soldat romain. . A sa gauche, un cavalier désigne le Christ du doigt en s'adressant à son voisin qui le regarde. Il s'agit du Centenier lorsqu'il s'écrit (Marc,15,39) Vere filius dei erat iste, "Vraiment, celui-ci est le Fils de Dieu !".

J'ai abondamment commenté cette scène dans ce blog, tant elle est fréquemment illustrée sur les vitraux et sur les calvaires sous la forme de deux cavaliers encadrant la croix.

 

http://www.lavieb-aile.com/2019/09/le-calvaire-de-la-chapelle-sainte-marie-du-menez-hom-en-plomodiern.html

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Roger Barrié a noté l'absence, inhabituelle, de Marie-Madeleine au pied de la Croix.

Ce panneau est fondé sur le même carton que le panneau C3 d'Ergué-Gabéric, et se rapproche d'un panneau B3 de Lanvenegen.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Déposition de croix.

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La croix à titulus INRI se dresse sur un fond damassé violet.

Joseph d'Arimathie soutient le corps sans vie dans un geste d'une grande compassion. Il porte un bonnet vert, une barbe blanche, une robe rouge ouverte sur des hauts-de-chausses roses, et des bottes à revers.

 

Nicodème le bricoleur a apporté son échelle et s'est armé d'une paire de tenailles pour ôter les clous et libérer celui dont il est le disciple. On lit sur le galon or de son manteau vert les lettres  OVIERIVA, que Roger Barrié lit OLIERAV, dans laquelle, par un parti-pris hérité de Couffon, il voit "probablement une signature Olivier Le ..." [évoquant celle du maître-verrier quimpérois Olivier Le Sodec ]. Il la rapproche d'une inscription comparable à Kerfeunten, toute aussi discutable.

Les artistes oublient rarement de souligner par des codes vestimentaires la judeité d'Arimathie et de Nicodème : longue barbe, riches vêtements, chapeau rituel, vaguement conique et enturbanné,et, inévitable, l'aumônière. 

Le visage du Christ est admirable, mais on le doit à une restauration récente ; Roger Barrié notait néanmoins une facture plus rapide (que le modèle ancien d'Ergué-Gaberic), un dessin moins assuré, un modelé plus sommaire et les ailes du nez traitées différemment.  Le visage de la Vierge est plus ingrat. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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3. Mise au tombeau.

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Sur un arrière-plan composé d'arbres, de rochers et d'un fond damassé rouge, six personnages procèdent à la mise au tombeau du Christ : la Vierge, guimpe blanche, robe violette et manteau bleu ; saint Jean, en prières, mains jointes et yeux levés vers le ciel ; une sainte femme ; Marie Madeleine ;  Joseph d'Arimathie, barbe, sourcils et cheveux blancs sous un bonnet vert ; et Nicodème, coiffé d'un bonnet pointu à turban et vêtu d'une somptueuse robe en brocart purpurin, aumônière bleue à la ceinture. 

On remarque aussi la précision avec laquelle le dessin de la pilosité de l'abdomen est reproduite.

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      Cette mise au tombeau est réalisée sur le même carton que le panneau D3 de la Vie du Christ de Penmarc'h.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Sur le galon de la demi manche  de Nicodème (personnage qui porte les jambes du Christ) se lisent les lettres  ???ENTO. (VOENTO selon R.Barré).

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Sur la robe dorée de Nicodème, des bandes diagonales portent les lettres  RSEAT - AOVEI - VO.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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4. Résurrection.

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                        la-passion 0292c

 

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Sur un fond bleu damassé, le Christ se dresse en enjambant son tombeau, vêtu du manteau violet-pourpre de sa passion et non du manteau rouge de la Résurrection. Il tient une longue hampe terminée par une croix, et trace une bénédiction de la main droite. Derrière lui, deux soldats casqués, les yeux révulsés, sont terrassés par l'événement. Au premier plan, un garde au costume pittoresque semble plongé, les yeux ouverts, dans un état second. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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 Les éléments architecturaux  des têtes de lancettes trilobées.

 

Ces têtes de lancettes sont occupées chacune par un couple de "génies" blonds qui maintiennent des tresses ou guirlandes fixées à des pinacles évasés, et dont la pointe est ornée d'une couronne, d'un lys et d'un bouquet d'acanthe.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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Les armoiries.

Ce sont les armes des familles Treanna et [Tinteniac].

 

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1. Treanna (de) : d'argent à la macle d'azur. Devise Sine macula macla

La résidence manale des Treanna se trouvait à Elliant, mais ils possédait à Plogonnec trois domaines : Coat-Morvan, Kergoff-Uhella et Kergoff-Izella. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Tinteniac ?   : "Écartelé au 1 et 4 de Treanna, au 2 et 3 d'argent au croissant (ou à la merlette) de gueules." (Chanoine Abgrall, Notice de Plogonnec).

Selon R. Barrié, c'est une restauration fautive des armes des Tinteniac après 1520, d'hermines au croissant de gueules, cette famille rentra en possession de la seigneurie de Treanna en la paroisse d'Elliant. En effet, Pierre de Tinténiac, seigneur du Porcher, qui revint en Bretagne par son mariage, en 1520, avec Françoise, dame de Quimerc'h, fille unique de Louis de Quimerc'h et de Françoise de Broons, prit alors les armes de Quimerc'h [kerimerc'h ?] qui sont : « D'hermines au croissant de gueules ». C'est en 1640 que Maurice de Tinteniac devint seigneur de Treanna.

Roger Barrié fait remarquer que les meubles des armoiries, réalisés postérieurement, sont montés en chef d'œuvre au sein d'œuvres anciennes. On appelle "sertissage en chef d’œuvre", l’incrustation d’un verre, tenu par un plomb, à l’intérieur d’un autre verre plus grand et de couleur différente. Je le remarque pour la pièce blanche au sein du losange bleu du blason des Treanna. 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

 

  

                  

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 III. LE TYMPAN.

 

 

 

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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A. Les armoiries.

Deux mouchettes.

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Des couronnes de gloire sont constituées de motifs d'acanthe à fruit, liés par les extrémités des feuilles.

Dans ces chapiteaux de triomphe , en partie conservés, se trouvent deux écus modernes.

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1. Celui de la famille Boscher, d'azur à l'aigle [éployée] d'or :

 Boscher ou Boher, sr de Lopéau, par. de Plogonnec. Réf. de 1426 à 1443, dite par., év. de Cornouaille. D'azur à l'aigle d'or (Arm. de l'Ars.). Fondu an 1464 dans Kerpaên.

 Potier de Courcy, 1890.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Celui de la famille Quillou, seigneur de Keroncuff, d'argent au chef de sable.

Quiliou (du), sr dudit lieu, par. de Plougastel-Sainl-Germain,— de Keroncuff, par. de Plogonnec, év. de Cornouaille. D’argent au chef de sable (G. le B.). Moderne : le Barbu. Nobiliaire et armorial de Bretagne T. III.

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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B. La Vierge à l'Enfant.

Ce panneau provient d'une Adoration des mages, ce qui explique l'attitude de Marie, assise sur une cathèdre et celle de l'Enfant-Jésus recevant une boite précieuse en cadeau royal. La scène correspond à la taille d'une lancette.

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On peut la comparer à la scène analogue de la baie 3 (1546) de la chapelle N-D. du Crann à Spézet :

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Adoration des Mages, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

 

              

 

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Les carnations sont rendues par un verre rose (comme à Guengat et Locronan, par exemple) peint à la grisaille et au jaune d'argent, et touches de sanguine pour les lèvres et les ombres, qui sont également rendus par des hachures.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Sur le galon du manteau bleu de la Vierge se   lisent des successions de lettres que je déchiffre ainsi : (entre parenthèses les lettres douteuses)

XFAOCSODEESOVOEUVRAEVEMSOEN*R

 VERFOVRON*

*N rétrograde.

Roger Barrié y a lu OLSODEG, ce qu'il interprète comme le nom de famille Sodec ou Sodeg précédé du prénom Olivier abrégé, ou des initiales O.L, signature d'Olivier Le Sodec, le verrier quimpérois. 

Pour moi, il s'agit de séquences aléatoires de lettres, ornementales, un procédé courant dans la peinture flamande et dans les enluminures d'île de France ou de Touraine ; ou , du moins, on ne peut y isoler une séquence sous prétexte qu'on la recherche, et passer outre les lettres qui ne satisfont pas ces attentes, pour affirmer qu'il s'agit de la signature du peintre-verrier.

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Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

Maîtresse-vitre (v. 1520, atelier quimpérois) de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile.

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Restauration et conservation.

(D'après R. Barrié).

Restauration.

— Une première restauration a eu sans-doute lieu en 1622 par Yvon Bernard dit Camart : les comptes de fabrique ne précisent pas si la réfection des vitraux par ce dernier a concerné la baie 0, mais on peut le supposer au vu de la somme élevée qui a été versée à l'artisan;

— En 1634, la remise en plomb est confiée à Jean Lagneau, mais celui-ci n'effectue pas le travail, qui sera réalisé par les frères Bernard, Yvon et Mathieu.

— Du XVIIIe siècle datent les armoiries qui timbrent l'arcade des lancettes C et D.

Des restaurations de détails comme les mains de Jacques de Nevet, le sabot du cheval dans la Crucifixion, ou l'épaule gauche du Christ dans la mise au tombeau datent du XVIIIe ou du début XIXe.

— En 1845, un devis de restauration est demandé à l'architecte Bigot devant l'état très inquiétant de la verrière, puis la restauration est menée, sans-doute par Cassaigne de Quimper.

— En 1901, le rapport de Magne permet le classement du vitrail en 1904, et une campagne de restauration, au cours de laquelle de nombreux verres anciens sont remplacés, comme tous les blasons, une bonne partie des soubassements, et tous les couronnements des lancettes. Selon Roger Barrié, cela se fit par copie fidèle de l'ancien, par une technique picturale "pas mauvaise", en diminuant la mise en plomb par des pièces de verre de plus grande dimension.

— Les vitraux furent déposés en 1942 et abrités en caisse dans le presbytère, puis replacés en 1953 par Jean-Jacques Gruber après un nettoyage à l'eau claire. (Devis de M. Lisch, architecte ; somme réglée à J.J. Gruber 1.043.430 F)

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Conservation.

Celle-ci est jugée moyenne: c'est le verre incolore qui s'avère le plus attaqué lorsqu'il n'est pas protégé par le jaune à l'argent, mais qu'il comporte une grisaille à la face intérieure.

 Les verres rouges bleus et verts sont au contraire peu corrodés. Lorsqu'un damassé à la grisaille a été peint sur la face interne d'un verre rouge, comme la robe de Joseph d'Arimathie dans la descente de Croix, les tavelures extérieures suivent le dessin du damassé.

Ce sont les verres bleuté du tombeau du Christ et vieux rose du couvre-chef de Pilate, à l'extérieur irisé et indemne de toute tavelure, qui ont le mieux résisté aux attaques des agents atmosphériques et à la dégradation chimique.

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Discussion sur les donateurs.

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1. Identité des donateurs.

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Nous l'avons vu, la seule certitude est donnée par les armoiries qui sont celles de la famille de Nevet, mais la solution proposée par les différents auteurs est d'y voir Jacques 1er de Nevet (1494-1555)  et son épouse Claudine de Guengat à gauche dans la lancette A, et leur fils aîné René de Nevet (1555-1585) à droite dans la lancette D, accompagné de son épouse.

L'un des arguments avancé est que le même carton des donateurs se retrouve à Guengat (mais sans armoiries permettant une identification) sur un Jugement Dernier de 1525: chacun des époux aurait commandité un vitrail dans l'église de leur fief, Jacques de Nevet à Plogonnec et Claudine de Guengat à Guengat. Pour R. Barrié, "l'importance de ce baron premier du nom comme celle de son épouse justifie leurs donations aux églises de leur paroisse respective à cette époque".

Annuaire de la noblesse 

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9vet

https://gw.geneanet.org/jcbo?lang=en&n=de+guengat&oc=0&p=claude

Le couple s'est marié en 1524 (Wikipédia qui cite Le Moigne), date qui est plus tardive que celle de création du vitrail (vers 1520, mais proche des vitraux de Lanvénégaen en 1515 et d'Ergué-Gabéric en 1516-1517).

Jacques de Névet est de confession réformée, ce qui n'incite pas à se faire présenté par un saint.

Le couple de droite serait, pour R. Barrié, "René de Nevet, le fils aîné de Jacques de Nevet, figuré seul avant son mariage à Guengat, et avec son épouse à Plogonnec".

D'autre part, si ce vitrail a été fait en 1520, René de Nevet  ne saurait y figurer, et encore moins son épouse.

Enfin, à la différence d'autres sites, les donateurs ne sont pas présentés individuellement, mais en couple, les épouses ne sont pas identifiables par leur armes mi-parti, et les deux couples sont identiques, et en miroir. 

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Je propose de résoudre ces difficultés ainsi : les donateurs aurait souhaité souligner que la famille de Névet se  revendique comme fondatrice de l'église de Plogonnec ; ils auraient fait figurer deux couples fictifs (les épouses ne sont pas identifiées par les armes de leur famille), en utilisant les canons de représentation des donateurs en vigueur à leur époque au début du XVIe siècle. Tant il est vrai que, sur les vitres finistériennes, tous les donateurs et, a fortiori, toutes les donatrices se ressemblent (et celles-ci ressemblent au portrait d'Anne de Bretagne). C'est aussi ce que nous constatons dans les gisants, qui ne donnent pas un portrait réaliste, mais figure le défunt idéalisé à la fleur de l'âge et en armure. Cette proposition peut expliquer la reprise d'un même carton pour deux donateurs différents, et l'absence de coïncidence avec les données généalogiques.

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2. Les saints intercesseurs.

Saint Jean-Baptiste et saint Michel, dont l'identification ne fait pas de doute, ne présentent pas les personnages portant leur nom ; on trouve bien des Jean de Nevet, mais aucun Michel de Nevet. Ils sont donc là comme saints intercesseurs, ces saints qui étaient invoqués, dans les Livres d'Heures notamment, pour leur puissance de protection contre les périls. 

 Le couple saint Jean-Baptiste / saint Michel est connu comme intercesseurs du Jugement dernier, "suivant une habitude ancienne qui revient en faveur en Allemagne à la fin du Moyen-Âge" selon R. Barrié, ce qui incite cet auteur à supposer " un grand ensemble consacré au Jugement Dernier" : les donateurs auraient été déplacés alors qu'ils trouvaient leur place à l'origine au soubassement de la verrière du Jugement Dernier, "probablement en remplacement de panneaux détruits. La tête de la donatrice en A1 est constituée par le réemploi d'une tête de damnée retournée pour l'occasion". Mais cette hypothèse est jugée non recevable par les auteurs du Corpus Vitrearum, "en raison de la parfaite intégration des panneaux de donation à l'ensemble de la baie 0, restée intacte comme la baie 1 à l'inverse des autres, perdues en tout ou parties".

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 En réalité, la visite de l'église de Guengat apporte un éclairage nouveau, car, quoique placée sous le patronage de saint Fiacre, elle consacre une place importante à saint Jean-Baptiste et à saint Michel, le premier ayant sa statue dans le chœur et le second dans la chapelle de bas-coté, et ces saint servant d'intercesseurs auprès de trois couples de donateurs, deux dans la baie 1, et un dans la baie 4. Surtout, un magnifique vitrail des années 1500, donc antérieur à celui de Plogonnec, présente les deux saints encadrant la Vierge :

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 Baie-2 0414x

 

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En outre, l'église de Guengat ne renferme pas de donateurs portant les armoiries de la famille de Guengat, alors que celle de Plogonnec montre, dans l'actuel vitrail de saint Sébastien, Alain de Guengat et Marie de Tromelin, et, dans le vitrail de la Passion, les armoiries aux trois mains de cette famille. Ces éléments incitent à s'interroger sur les liens réciproques entre les deux paroisses et leurs églises, le château de Guengat se trouvant à la limite des deux paroisses.

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SOURCES ET LIENS.

 

 

 

 — BARRIÉ (Roger)  Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979  Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)

 GATOUILLAT (Françoise) HEROLD (Michel), Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum France recensement VII, Presses Universitaires de Rennes : Rennes 2005 pages 157-159.

— LE GUENNEC (Louis),   1921, L’Elégie de Monsieur de Névet et le baron Huet, Bull. SAF

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1921_0204_0213.html

 

— LE MOIGNE (Gérard), 1999,  "La seigneurie de Névet", Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXXVIII, année 1999

— PEYRON (chanoine Paul), 1900 Plogonnec, Bull. SAF, p. 24-54.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076531/f114.image

— PEYRON (chanoine Paul), 1919, "Les derniers seigneurs de Névet, 1602-1721", Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, 1919

https://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/bdha/bdha1919.pdf

— Jean TREVIDY (Jean), 1888, Histoire de la maison de Névet racontée par Jean, baron de Névet (1664)", Bull. Société archéologique du Finistère t. XV page 351.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2081934/f436.item

 

— Base Sigilla

http://www.sigilla.org/fr/sgdb/recherche-sceau-type

— Base ARMMA

https://armma.saprat.fr/

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Héraldique
10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 11:27

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La baie 10 (vers 1530 ; v. 1544 ; v.1560) de la chapelle du Rosaire de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Voir sur l'ancienne collégiale de Pont-Croix :

 

 

— Voir  : La liste des 225 articles de ce blog  traitant des vitraux (dont plus de 120 sur les vitraux de Bretagne).

 

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PRÉSENTATION (d'après Gatouillat et Hérold 2005).

La collégiale Notre-Dame de Roscudon possédait d'après une enquête de 1403 une maîtresse-vitre figurant Sinquin de Pont-Croix (1240-1293), seigneur du lieu en 1290. Sa fille Pleslou, héritière du fief, fait entrer Pont-Croix dans la seigneurie de Landudec par son mariage avec Alain de Tyvarlan. En 1384, Alix de Tyvarlan, héritière à son tour, épouse en 1391 Jean Ier de Rosmadec (famille originaire de Telgruc). La lignée des Rosmadec va régner sur Pont-Croix jusqu'au XVIIIème siècle.

Il ne reste rien de cette verrière, et  d'ailleurs, le chevet droit où elle se trouvait jadis fut transformé en chevet polygonal par Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel entre 1528 (date de leur mariage) et 1544 (date du décès de Jeanne, Alain décèdera en 1560). Dans le même temps,  les fenestrages des chapelles méridionales furent alors refaits. 

Ces derniers s'étaient fait représenter sur un vitrail, comme l'attestent les panneaux où ils figurent en donateur, et qui ont été replacés dans la baie 10, dans la chapelle du Rosaire, ou bras méridional du transept. Cette grande baie était à l'origine toute entière dédiée à l'Enfance du Christ. Comme l'ont remarqué Abgrall (1894 et 1904) et Couffon (1951 et 1957), la parenté du décor Renaissance peuplé de putti de ces représentations avec celui de la Nativité de la chapelle du Crann en Spézet replace l'œuvre dans le contexte de la production quimpéroise autour de 1540.

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/les-vitraux-de-notre-dame-du-crann-a-spezet-l-adoration-des-mages-et-des-bergers.html

"Vers 1850, la volonté d'"éclaircir" la chapelle fit sacrifier certains panneaux des lancettes et ceux du tympan, remplacés par du verre blanc. La fenêtre a depuis été regarnie de panneaux colorés : elle présente un regroupement de vitraux de plusieurs époques du XVIe siècle, parmi lesquels une Annonciation et des épisodes de la Passion, sans doute récupérés dans d'autres parties de l'église, abside et bras nord. En 1991, à la suite de la restauration de la verrière qui lui avait été confié en 1983, Jean-Pierre Le Bihan en a complété les ajours avec des panneaux abstraits de coloration accordée aux panneaux anciens.

Les seules restaurations modernes documentées ont été pratiquées en 1922 par Labouret puis par Gruber  1953, après les déposes de 1942." (Gatouillat et Hérold)

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Datation.

Gatouillat et Hérold donne pour la baie 10 le deuxième tiers du XVIe siècle, et pour la baie 3 qui accueille des fragments d'une Passion, à émaux bleus, le quatrième quart du XVIe siècle.

Nous avons vu que le nouveau fenestrage du transept sud, ou chapelle du Rosaire, date entre 1528 et 1544.

On reconnait dans la baie composite n°10  diverses "citations" d'autres réalisations de l'atelier quimpérois dit "des Sodec" : une Transfiguration de Plogonnec (v.1520) et du Faouët (v. 1510-1515), une Adoration des Mages de Spézet de 1546, le portrait des donateurs également présent à Confort-Meilars (v. 1530), ou encore la Passion, en lien avec la vingtaine de Passions finistériennes d'origine quimpéroise du début au troisième quart du XVIe siècle. Ces citations sont thématiques (même motif) mais aussi stylistique (même atelier, voire même carton).

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Intérêts.

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Ce vitrail composite est d'un abord un peu ingrat. Les visages, lorsqu'ils n'ont pas été remplacés par d'autres au XVIIe siècle ou plus tard sont fortement altérés par la lèpre noire des micro-organismes. Les panneaux sont incomplets, souvent amputés de leur moitié inférieure. Les macédoines de fragments anciens qui les complètent forment un galimatias visuel. 

C'est son analyse pièce par pièce qui en révèle la richesse. Le premier intérêt est de les resituer dans la production d'un atelier quimpérois prestigieux tant par son savoir-faire que par l'importance de sa production, celui des Le Sodec. Une comparaison  s'impose d'abord avec l'Adoration des Bergers et des Mages de Notre-Dame-du Crann, puisque certains  panneaux sont identiques, mais il faut aussi créer des rapprochements avec l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars, en raison de la proximité géographique des deux sanctuaires, et  du partage du même donateur, Alain de Rosmadec, ou avec celui de Kerfeunten à Quimper. L'emploi de verres rouges gravés, celui du jaune d'argent en touches sur les visages (celui de Jeanne du Chastel), l'ornementation des galons par des inscriptions peuvent retenir longtemps l'amateur.

Je note aussi l'art consommé de représentation des gestes de maniement des instruments de musique, comme à Confort-Meilars.

Le deuxième intérêt est ma découverte, dans la Fuite en Égypte, de deux modèles conjugués, une gravure de Dürer et une autre, qui n'est connue que par  un dessin plus tardif de Taddeo Zuccaro. Or, Le Bihan avait déjà repéré cette influence des gravures tant dans cette Fuite en Égypte que pour des scènes de la Passion. 

Un troisième intérêt est de voir une nouvelle fois attestées les armoiries écartelées d'Alain de Rosmadec, que j'avais déjà observées à Confort-Meilars, mais qui attendent des éclaircissements dans le champ de l'héraldique bretonne.

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Remarque.

Le travail d'iconographie comparative, particulièrement nécessaire ici,  est compliqué. Une publication par écrit se prête mal à la présentation des œuvres qu'on se propose de rapprocher. La publication numérique offre la possibilité de renvoyer, par lien hypertexte, vers d'autres articles, mais alors la confrontation des images n'est pas immédiate. J'ai choisi de placer les images comparatives avant l'image appartenant à l'œuvre étudiée, au prix d'une confusion possible entre celles-ci. Pour les différencier, les images que j'appelle en confrontation sont systématiquement plus petites et en retrait.

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DESCRIPTION.

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La baie 10 du coté sud de la chapelle du Rosaire mesure 6 m de haut et  5,80 m de large. Elle comporte 6 lancettes et un tympan de 15 ajours. 

Le registre supérieur rassemble des éléments d'une Enfance du Christ puis de la Passion

Un registre intermédiaire s'insère au milieu du registre précédent : la partie supérieure de la scène de donation par Alain de Rosmadec et son épouse y a pris place.

Le registre inférieur est une Adoration des bergers et des Mages, comme à Spézet.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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REGISTRE INFÉRIEUR : ADORATION DES MAGES ET DES BERGERS .

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La Vierge . Première lancette.

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Elle est debout mains jointes devant plusieurs anges, dont l'un joue du luth et l'autre une harpe à montants parallèles et droits.

Ces anges sont vêtus au dessus de leur aube (blanche ou bleue) de luxueuses chasubles rouges ou vertes à parement d'or. Ils portent un diadème centré par un bijou en or. 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le joueur de luth.

Nous comptons 5 ou six cordes. La position des doigts des deux mains est très précise.

On peut le comparer à celui de l'Arbre de Jessé  (v. 1530) de Confort-Meilars :

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Luthiste de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

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ste de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le joueur de harpe.

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Six cordes visibles. Des montants parallèles. Et à nouveau une position très crédible des doigts de l'instrumentiste. On peut le comparer à celui de l'Arbre de Jessé  (v. 1530) de Confort-Meilars :

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Ange harpiste de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars (v. 1530). Photo lavieb-aile.

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Le roi David de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars (v. 1530). Photo lavieb-aile.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La position des doigts :

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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L'ange joueur d'orgue portatif.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le concert des anges. Deuxième lancette.

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L'Enfant (moderne) est dans un berceau en osier, surveillé par les mufles de l'Âne et du Bœuf, et chauffé par un pot à feu. Les anges joufflus jouent du luth, de la vièle à archet, de l'orgue portatif, et d'un instrument à identifier, devant d'autres qui chantent ou prient.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La partie inférieure est très semblable à celle de la baie 3 de Notre-Dame du Crann à Spézet, daté de 1546.

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Registre supérieur, Adoration des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

 

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Verre rouge gravé.

Pour rendre la flamme du flambeau, le maître-verrier a utilisé la savante technique du verre double gravé (deux verres fins, l'un rouge, l'autre blanc, sont accolés, et le verre rouge est meulé par endroit) .

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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L'ange joueur de luth.

Cinq cordes, cordier bien visible.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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L'ange jouant de l'orgue portatif.

À deux rangs de cinq tuyaux. La main droite est posée sur les touches, tandis que celle qui actionne le soufflet est dissimulée.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Les anges musiciens : jouant de la vièle à archet ou de la flûte.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Troisième lancette. Saint Joseph et le concert des anges.

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Saint Joseph, identifié à sa houlette souffre d'une restauration de son visage au XVIIe siècle et de modifications qui rendent sa tenue et  posture bien peu naturelle.

Derrière lui, trois joueurs de flûte et un harpiste.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Adoration de bergers offrant des colombes et des œufs. Quatrième lancette.

Un premier berger est agenouillé et offre des colombes dans un panier d'osier. Un autre offre des œufs dans un panier. En arrière-plan, un joueur de flûte et un joueur de cornemuse (tête restaurée).

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Là encore, la comparaison avec la baie 3 de la chapelle du Crann est éloquente :

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Registre supérieur, verrière de l'Adoration des Mages et des Bergers, chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Adoration des rois Melchior et Gaspard. Cinquième lancette.

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Deux têtes ont été restaurées au XVIIe siècle.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Il faut remarquer ici :

a) Les bergers qui assistent à la scène derrière une palissade : parmi ceux-ci, un joueur de cornemuse.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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b) l'emploi de verre rouge gravé (dans le "crevé" de la manche). C'est une innovation technique témoignant de la maîtrise du verrier (Cf Roger Barriè). Nous en trouvons de nombreux exemples (avec croisillons comme ici) sur l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars.

c) le motif du damas du manteau jaune d'or : c'est une "grenade" peint par trois lunules au centre et 8 petites couronnes en périphérie. Il est si stéréotypé qu'on peut le voir comme une spécificité des verriers quimpérois. Il se remarquait déjà dans les lancettes précédentes.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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d)  L'inscription du galon du scapulaire (cliché de détail infra) : AVE GRCIA PENA AVE  / INOS / IOI

dans laquelle on déchiffre l'oraison Ave [Maria] Gracia Plena. Ce type d'inscription est presque constant dans les productions quimpéroises comme sur la Passion de Plogonnec,  l'Arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper, ou, à profusion, sur  celui de Confort-Meilars. Ces inscriptions qui occupent le plus souvent le bord d'un vêtement   sont parfois dépourvues de sens (les lettres aléatoires permettant à certains auteurs des supputations sur la signature des verriers), mais lorsqu'elles sont déchiffrables, c'est toujours pour citer une oraison, le plus souvent mariale. La graphie est la même.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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e) avec de bons yeux, vous pouvez voir la très discrète inscription suivante : REST - LE BIHAN- QUIMPER 1989. ARCHITECTE : DANIEL LEFEVRE. CONSERVATEUR : GENEVIÈVE LE LOUARN. INSPECTEUR : PHILIPPE BONNET. DOCUMENTATION : ERWAN LE BRIS DU REST ET INVENTAIRE GÉNÉRAL 1988-1989. (cliché de détail infra)

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Sixième lancette. Adoration du roi Balthazar. Un saint agenouillé.

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Panneau supérieur.

La composition générale est semblable au panneau de la baie 3 de la chapelle du Crann : un portique tiré des Antiquités romaines, une palissade avec une armée des lances et des bannières en arrière-plan, et un roi tenant dans la main droite un flacon de myrrhe et en main gauche un turban orientalisant, à ruban .  Les couleurs du vêtement sont les mêmes, et le collier en chaîne d'or fait deux fois le tour du cou.

 

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Balthazar, Adoration des Mages , chapelle Notre-Dame-du-Crann, Spézet, photographie lavieb-aile.

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Ici, la robe rouge est un verre gravé, dont les zones meulées, en amande, ont été peintes au jaune d'argent. Ces petites navettes gravées sont communes dans les autres œuvres de l'atelier, comme par exemple, une nouvelle fois, sur l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Saint Jean agenouillé.

Ce panneau a été placé ici, mais il doit être séparé de cette séquence de l'Adoration des Mages. Le saint se détache sur un fond rouge à nuages blancs qui renvoie à une Transfiguration.

Plus précisément, ce fond évoque la Transfiguration de la baie 1 de l'église de Plogonnec, datée vers 1520 et attribuée également à l'atelier Le Sodec :

http://www.lavieb-aile.com/article-vitrail-de-plogonnec-iii-la-transfiguration-92501268.html

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Transfiguration (v. 1520) de l'église de Plogonnec. Photo lavieb-aile.

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Cette Transfiguration  est également présente à la chapelle Sainte-Barbe du Faouët :

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Le Christ entre Moïse et Elie, Baie 2 , Verrière de la Transfiguration, Chapelle Sainte-Barbe, Le Faouët, photographie lavieb-aile.

 

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On remarque dans notre vitrail de Pont-Croix,  au dessus de saint Jean, les retombées du dais architecturés, ainsi qu'un bandeau derrière le nimbe, portant en guise d'inscription une série de O (comme derrière la Vierge à l'Enfant de la baie 1 de Plogonnec.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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LE REGISTRE INTERMÉDIAIRE : LE COUPLE DES DONATEURS.

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Seule la partie haute de la scène a été conservée. A gauche, le donateur Alain de Rosmadec agenouillé en armure est présenté par un saint évêque accompagné de deux anges (les têtes sont nimbées).

Alain de Rosmadec porte un tabard à ses armes, un palé d'argent et d'azur de 6 pièces.

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Le donateur Alain de Rosmadec présenté par un saint évêque.

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1. Le saint évêque.

Gatouillat et Hérold proposent de voir dans ce saint accompagné d'un enfant René d'Anjou, mais tempère cette proposition d'un point d'interrogation.

À Plogonnec, la baie 5 représente Alain de Guengat présenté à saint Sébastien par un saint évêque, dont l'identité est précisé par une inscription : S : ALLAN, forme bretonne pour saint Alain. Il est donc logique de penser qu'Alain de Rosmadec est présenté ici par son saint patron. C'est encore un rapprochement avec les vitraux de l'église de Plogonnec, datés de 1520-1525

http://www.lavieb-aile.com/article-les-vitraux-de-plogonnec-i-saint-sebastien-95903456.html

Les deux enfants ou anges sont nimbés, mais il est impossible d'expliquer leur présence ou leur identité.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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2. Alain II de Rosmadec.

Nous ne voyons que la partie supérieure de la scène de donation, qui répondait au canon du genre : un homme agenouillé mains jointes face à son prie-dieu (où un livre de prières est parfois ouvert) vénère une figure sacrée placée sur le panneau suivant, ou supérieur Le donateur est parfois un chanoine, parfois un bourgeois (rarement en Bretagne) mais lorsque c'est le seigneur prééminencier du lieu, il est en armure, et son tabard (ou le drap du prie-dieu) porte ses armoiries.

L'identité du personnage est précisé par ses armoiries, et, — parmi sa famille, celle de Rosmadec —, par les données historiques, qui nous apprennent que les donateurs actifs à Pont-Croix au XVIe siècle sont Alain de Rosmadec et son épouse Jeanne du Chastel, mais surtout par les armoiries de la donatrice, celles du Chastel.

a) Son père est Jean III de Rosmadec, sr de Tyvarlen (en Landudec) et de Pont-Croix, de Lesperez et de Pratheir  époux de Jeanne de La Chapelle, fille d'Alain, baron de Molac, sr. de Serent et de Pestivien. Il fut inhumé dans la tombe familiale dans l'église de Pont-Croix.

https://gw.geneanet.org/kerguelen29570?lang=fr&n=rosmadec+de&oc=0&p=jean+iii

Dans l'église Saint-Cyr et Sainte -Julitte de Molac, on relevait dans le transept les armoiries écartelées au 1 de Rosmadec, au 4 de Pont-Croix, au 2 de Chapelle, au 3 de Molac, sur le tout de Tyvarlen.

 

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b) Son arrière-grand-père est  Jean II de Rosmadec qui en 1450 avec sa femme Jeanne Thomelin fit aménager le transept de l'église de Pont-Croix de façon à édifier sur son carré le clocher actuel, construire la chapelle des fonts et transformer la chapelle à l'est de l'aile sud. Ils y fondèrent deux chapellenies et se firent inhumés dans le tombeau de ses prédécesseurs dans l'église.

c) Lui-même est né vers 1509 et décédé en 1560 :

  "Alain, sire de Rosmadec, II du nom, de Tyvarlan, de Pont-Croix, baron de Molac, de La Chapelle, et de Sérent, vicomte de Bignan, maréchal de camp aux armées du roi en Bretagne, capitaine d'une compagnie de gens d'armes, de la noblesse et de la côtes de Basse-Bretagne. 

    Étant demeuré mineur à la mort de son père, sa mère lui servit de tutrice.

    L'an 1528, il épousa Jeanne du Chastel, fille aînée de feu Tanguy, sire du Chastel, de Poulmic, de Leslein, de Kersalio, et de Marie dame du Juch, du Mur, de Coëtivy, et de Kersimon, laquelle dame eut pour partage la terre et châtellenie de Kerlourenan, maison qui à eu ses seigneurs particuliers et chevaliers anciens. 

    L'an 1532, il assista parmi les barons aux États tenu en la ville de Vannes, où le duché de Bretagne fut uni à la couronne de France à la requête des États de ladite province, et ensuite il se trouva à Rennes, à l'entrée de François dauphin, et y porta le second bâton de poile, ainsi qu'il lui appartenait le droit héréditaire, comme seigneur de Molac. 

    L'an 1539, en la réformation de la coutume de Bretagne, il fut le premier député en l'ordre de la noblesse de la part des États, pour l'assemblée avec des commissaires du roi. 

    Il rendit son aveu au roi, qui se trouve en la chambre de comtes en date du 4 avril 1541. Il exerça l'Office de Maréchal de Camp en l'armée du roi en Bretagne, commandée par Monsieur le duc d'Étampes, gouverneur dudit pays l'an 1543. 

    Dame Jeanne de La Chapelle était décédée l'an 1544, Henry fils aîné du roi dauphin de Viennois, et duc de Bretagne, lui fit don de rachat en considération de ses services, par lettres données au Camp de Viennes le 10 octobre audit an.     

    Il mourut le 30 janvier l'an 1560 et fut déposé dans le tombeau des seigneur de Molac, en la chapelle de Notre-Dame de Lermain en la paroisse de Molac."    Il eut 6 enfants :

-Tanguy de Rosmadec, dont le fils Sébastien II de Rosmadec ( 1566-1613) reçut le titre de marquis, et fit bâtir le fameux marquisat de Pont-Croix, l'actuel musée du patrimoine.

- Marc,

- Claude,

-Marie,

- Louise,

- Jeanne.

  Signalons deux évêques, Bertrand de Rosmadec (1417-1455)  évêque de Quimper et bâtisseur de la cathédrale (c'est un demi-frère de Jean Ier, ancêtre de notre Alain  II ) et Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes de 1624 à 1646, issu d'un Jean de Rosmadec seigneur de Plessis-Josso.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Alain II est également représenté par le même peintre-verrier comme donateur sur l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars  (v. 1530) où le vitrail est mieux respecté ; il y est présenté par le prophète Jérémie :

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Alain de Rosmadec présenté par Jérémie sur l'Arbre de Jessé (vers 1530) de Confort-Meilars

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Son portrait est parfaitement exécuté à la grisaille et sanguine, nous permettant d'imaginer ce qui manque au panneau altéré de Pont-Croix.

 

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Alain II de Rosmarec, verrière de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars. Photo lavieb-aile.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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https://books.google.fr/books?id=tC5NAAAAMAAJ&pg=PA307&dq=alain+de+rosmadec+armoiries+%C3%A9cartel%C3%A9es&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjd3rzt_sLnAhXt1uAKHQbHAy8Q6AEIKTAA#v=onepage&q=alain%20de%20rosmadec%20armoiries%20%C3%A9cartel%C3%A9es&f=false

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Les armoiries.

Elles sont ici écartelées, en 1 et 3 palé d'argent et d'azur de 6 pièces, qui est Rosmadec, et en 2 et 4 d'azur au lion d'argent, qui est de Pont-Croix (ou du Juch).

Voir les armoiries du vitrail (vers 1535) de l'église Saint-Mathieu de Quimper.

Lors de ma description de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars, j'écrivais :

"Le donateur, qu'on imagine agenouillé puisqu' on ne voit que la partie supérieure (existait-il un panneau inférieur ?), les mains jointes, est Alain II de Rosmadec (18 août 1508-30 janvier 1560), d'une famille originaire de Telgruc, en presqu'île de Crozon avant d'obtenir la prééminence sur Pont-Croix, et que les guerziou (chansons populaires bretonnes) ont fait rentrer dans la mythologie bretonne en les présentant comme descendant des anciens rois de Bretagne; une des familles les plus illustres de la région par les fonctions occupées par ses membres et par leurs constructions à Quimper, Pont-Croix, Landudec et Confort, ou par ses alliances avec les grandes familles:

 

 

   Les armoiries portées par Alain de Rosmadec :

Le donateur est vêtu comme un gentilhomme de la Renaissance : en 1528 (le mariage avec Jeanne du Chastel a lieu le 8 mai 1528, et la chapelle dédicacée en août 1528), sous François Ier, 3 ans après le désastre de Pavie et la captivité du roi en Espagne, la mode est au port de la barbe, aux cols qui commencent à présenter à la place du décolleté de François Ier en 1525 une fraise dont les godrons restent encore discrets, un pourpoint court, et les crevés viennent fendre les belles étoffes, les brocarts, les velours et les soies pour faire apparaître la lingerie sous-jacente. 

  Alain porte un corselet de cuirasse et des pièces d'armure protégeant les avant-bras, mais cette tenue militaire est recouverte d'une tunique légère (en soie ?) dont les couleurs ne sont autres que celles de son blason : étudions-les.

  Les Rosmadec "portent palé d'argent et d'azur de six pièces", c'est à dire que leur blason est fait de trois bandes verticales blanches (argent) alternant avec trois bandes bleues (azur). Leur devise est : "BON ESPOIR".

  Alain porte ces armoiries, mais elles sont associées à un lion blanc  dressé sur ses pattes sur fond bleu : traduit en terme d'heraldique, il porte "d'azur au lion d'argent rampant". La langue est de la même couleur que le corps, il n'est donc pas "lampassé". 

  Le sire de Juch porte d'azur au lion d'argent, lampassé et armé de gueules (aux griffes rouges), ce ne sont donc pas ses armes, bien que Jeanne du Chastel soit de cette Maison.

  En 1406,ces armes avaient été partagées après un accord entre le sire du Juch et Jean de Rosmadec qui dut se contenter en signe de juveigneurie du Juch de porter "d'azur au lion d'argent morné", c'est-à-dire dépourvu de griffes, de langue et parfois de queue. Le juveigneur est, dans la noblesse bretonne, un cadet sans distinction d'ordre de naissance ; les armes plaines sont réservées au chef de famille, et les armes brisées (incomplètes), au cadet.

  Ce sont ces armes, devenues celles de Pont-Croix qui apparaissent dans le blason de Sébastien de Rosmadec :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_S%C3%A9bastien_de_Rosmadec.svg

  Mais ici, Alain de Rosmadec porte un lion qui n'est pas "morné" du tout, mais doté d'une belle langue et d'une belle queue.

  Comme il est sire de Pont-Croix, je penche pourtant pour y voir les armoiries correspondantes à son titre, au prix d'une erreur du dessinateur du carton du vitrail.

  C'est, avec son épouse, le commanditaire de ce vitrail, ce qui veut dire que c'est eux qui ont choisi ce thème ; l'arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunteun a été réalisé en 1525-1530, et Alain de Rosmadec et Jeanne de Chastel, mariés en 1528, ont fait construire l'église de Confort en la même année de 1528 : le théme choisi pour Kerfeunteun les a obligatoirement influencé."

Je précise aujourd'hui que Jean Ier de Rosmadec (5 générations au dessus d'Alain II) avait épousé Alix de Tyvarlen et dame héritière de Pont-Croix. Alain II est seigneur de Pont-Croix. 

Par ailleurs, sur ce panneau, le lion est dépourvu de langue : il est morné.

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Ci-après, mes lignes rouges montrent le blason écartelé.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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La tête d'Alain de Rosmadec à Pont-Croix : verre altéré, brisé et recomposé. Les plombs de casse ont été remplacé par un collage. On devine une barbe. Le travail à la sanguine est attesté.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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L'ange accompagnant saint Alain : un beau portrait à la grisaille.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Jeanne du Chastel présentée par saint Jean l'évangéliste (et deux saintes femmes ?).

 

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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1. Saint Jean tenant la coupe de poison, entre deux saintes.

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Il est vêtu d'une robe d'or à ceinture rouge, et d'un manteau bleu clair agrafé.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Son visage est l'un des mieux conservés de cette baie, et permet d'admirer la maîtrise de la peinture sur verre à la grisaille et au jaune d'argent. Le visage imberbe et les cheveux longs, bouclés et blonds sont un deuxième attribut du saint.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Il tient la coupe d'où sort un serpent, signifiant qu'il s'agit de la coupe de poison de sa confrontation à Éphèse au grand-prêtre du temple : c'est là un de ses attributs les plus constants et qui permettent de l'identifier avec fiabilité.

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Une sainte femme ? coiffée d'un turban.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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Une autre sainte.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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2. La donatrice Jeanne du Chastel.

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Comparez avec le panneau correspondant de l'Arbre de Jessé de Confort-Meilars où la donatrice est placée sous le prophète Isaïe:

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Jeanne du Chastel présentée par Isaïe sur l'Arbre de Jessé (vers 1530) de Confort-Meilars.

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Le visage est comparable, avec la coiffe noire portée très en arrière et ornée d'un large bandeau brodé de perles et de fils d'or.On retrouve aussi la chaîne aux maillons d'or, privilège de la noblesse par son prix exorbitant qui permet un bel investissement. On retrouve aussi le manteau d'or damassé d'un motif à la grenade, de belles épaules de soei bleue, et la dentelle des poignets.

Mais la principale et la plus précieuse différence est qu'à Pont-Croix, Jeanne porte sur le haut de sa robe les armoiries de la famille du Chastel, un fascé d'or et de gueules.

 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Le visage  de la donatrice nous permet de constater le rehaut par des touches au jaune d'argent sur les cheveux bien-sûr, mais aussi  sur les sourcils, le nez et le menton, un usage que j'avais déjà remarqué sur les vitraux de la cathédrale de Quimper.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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III. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LA VIE DE LA VIERGE ET DE JÉSUS.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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1. La Fuite en Égypte. Des anges cueillent des pommes et les remettent à Joseph.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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Cette cueillette de pomme n'est pas courante dans une Fuite en Égypte.

Le site Enluminures n'en montre aucun exemple parmi les 100 réponses à "Fuite en Égypte".

Taddeo Zuccaro (1529-1566) a dessiné une scène équivalente ; mais la Vierge tend l'Enfant vers les anges et leurs pommes; d'autre part, l'âne est seul, sans être accompagné par le bœuf. Enfin, la date estimée du vitrail est antérieure à l'exécution estimé du dessin. Cornelis Cort a ensuite  gravé 2 fois cette estampe en 1566 et 1571.

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/taddeo-zuccaro_sainte-famille-servie-par-les-anges-pendant-la-fuite-en-egypte_encre-dessin

https://fr.muzeo.com/reproduction-oeuvre/etude-pour-une-fuite-en-egypte/taddeo-zuccaro

https://www.ader-paris.fr/lot/81938/7276315?npp=150&

 

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Taddeo Zuccaro Sainte Famille servie par les anges, pendant la Fuite en Egypte Photo (C) RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / image RMN-GP Musée du Louvre

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Ici, deux anges voletant sous les branches d'un pommier cueillent les fruits rouges (ou jaune) et les placent dans le chapeau que leur tend Joseph.

Au dessus de la tête de l'ange de gauche, les pommes sont réalisées "en chef d'œuvre" : le verre rouge est serti dans une découpe du vert blanc.

Gatouillat et Hérold indiquent que ce panneau peut être daté vers 1540.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Par contre, la gravure de la Fuite en Égypte par  Dürer (1504-1505) a servi de modèle pour tout, sauf pour l'anecdote de la cueillette des pommes. La posture de la Vierge, son chapeau, la présence de l'âne et du bœuf dont les têtes suivent très exactement la gravure, la posture de Joseph, son habillement, sa coiffure, son bâton, etc sont une copie fidèle de Dürer.

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Albrecht Dürer, La Fuite en Egypte vers 1504-1505. planche 14 de la Vie de la Vierge. Bartsch 89. Gravure sur bois Bibliothèque Nationale de France, département des Estampes et de la Photographie

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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La scène se prolonge dans la tête de lancette, couronnée, comme les cinq suivantes, de dais à arabesques peuplés de putti adossés

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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2. Annonciation.

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Elle est datée par Gatouillat et Hérold du 3ème quart du XVIe siècle mais a été très restaurée, et son soubassement est formé de bouche-trous. 

Le visage de l'ange est un réemploi peu approprié. Le phylactère est d'origine, avec son inscription AVE MARIA GRATIA PLENA DOMinum / TEcuM.

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La colombe est bien présente, dans une pièce ronde de verre blanc peint en grisaille et jaune.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Dans la même lancette :

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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Tête de la 2ème lancette: dais et guirlandes. Anges écrivant sur une tablette de cire. 

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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3. Le couronnement d'épines  du Christ.

vers 1550 ? très restauré

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 3ème lancette: dais et guirlandes.

 

Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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4. La Comparution. Pilate se lave les mains du sort de Jésus.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 4ème lancette: dais et guirlandes.

 

Le personnage à chaperon rouge qui fait son curieux du haut des cieux est certainement un réemploi (d'une Nativité ?). On le voit aussi sur la baie 5 de Plogonnec (Saint Sébastien) et à la chapelle N-D du Crann.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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5. Flagellation (fragments).

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 5ème lancette: dais et guirlandes.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

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6. Crucifixion.

Le ciel hérissé de lances, les chevaux au harnachement caractéristique et les visages des différents acteurs (centurion, lancier, prêtres) sont ceux de toutes les Passions finistériennes de cet atelier quimpérois . En voir un exemple, et la liste avec les liens vers les œuvres, ici :

http://www.lavieb-aile.com/2017/10/la-passion-de-la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-gouezec.html

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.
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Tête de la 6ème lancette: dais et guirlandes, pommes et pommier.

On retrouve ici le pommier de la première lancette.

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Les vitraux anciens de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix.

 

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie) 1894, L'église de Pont-Croix (B.S.A.F. 1894) page 234

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207627h/f312.image

 

— BARRIÉ (Roger), 1976,. Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 83, numéro 1, 1976. pp. 35-44; doi : https://doi.org/10.3406/abpo.1976.2796 https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

— BARRIÉ (Roger),1978, Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle, Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper, Université de Haute Bretagne, Rennes.

— BARRIÉ (Roger), 1978 : Eglise Notre-Dame de Roscudon, les vitraux de J.-J. Gruber (B.S.A.F. 1978)

 

 

 

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988  Notice extraite de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, par René Couffon, Alfred Le Bars, Quimper, Association diocésaine, 1988.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/996

 

— COUFFON (René)

 

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_82/Notre_Dame_de_Roscudon_et_lAtelier_de_Pont_Croix_.pdf

https://m.shabretagne.com/scripts/files/51d0571f3eb5e5.73808665/1951_01.pdf

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— LE  BIHAN (Jean-Pierre), 2010,  Les gravures de repère  dans les vitraux de Roscudon de Pont-Croix. Blog

— LE  BIHAN (Jean-Pierre), 2006, Le vitrail dans le Cap. Blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-3617457.html

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7093514.html

"De cette verrière, il pourrait encore subsister un panneau dans la verrière du bras sud du Transept du même édifice. Il s'agit d'un saint Jean qui provient d'une Transfiguration dont les pièces de verre sont gravées, au dos, de signes de repères.

Le XVIe siècle. Notre-Dame de Roscudon, dans la même fenêtre, nous offre un panorama presque complet et très riche de la créativité de cette époque. Ici, ont été rassemblés les restes des diverses verrières de l?édifice. On peut découvrir : une Nativité des années 1546 et antérieure à celle de Notre-Dame du Crann en Spézet, qui n'en est qu'une copie, une Fuite en Egypte, d'après une gravure de Durer, et deux Passions de styles différents dont une aux émaux bleus, que l'on se doit de dater  après 1560. Dans le puzzle des pièces, il existe aussi des éléments d'une Dormition de la Vierge du milieu du XVIe siècle. Quant aux portraits des deux donateurs, cités plus haut, Alain de Rosmadec et Jean du Chastel, ils ne peuvent dater qu'avant 1544, fin des travaux d'agrandissement de cette église."

 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-les-gravures-de-repere-a-notre-dame-de-roscugon-de-pont-croix-44531698.html

— LE  BIHAN (Jean-Pierre), 6 sept. 2007, Pont-Croix, Notre-Dame de Roscudon, travaux de 1403 à l'an 2000.. Blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-7093514.html

"Sur les XV et XVIième siècles  ,époque riche de vitraux figuratifs, pas de renseignements écrits sur leurs auteurs, on en connaît cependant les donateurs : des seigneurs locaux. De cette belle époque du vitrail, il ne reste plus que la baie sud et quelques éléments dans une baie nord. Sur la première, les portraits des donateurs,
Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel sont encore en place. Pour cette baie, il est plus que possible que l'auteur en soit l'atelier quimpérois Le Sodec
.. 1403, Procès verbal du 8 décembre. Dans la maîtresse vitre,  disparue, dont le sujet des vitraux nous est inconnu, on voyait le portrait de  Sinquin de Pont-Croix , seigneur du lieu, offrant à la Vierge l'édifice qu'il avait fait agrandir vers 1280. Il était représenté à genoux et portait dans ses mains une forme de chapelle, « en semblance qu'il était fondateur d'icelle église ».
,Un saint Jean est actuellement visible dans la baie sud, il a toutes les caractéristiques d'une oeuvre du début XV°.

1528-1546, Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel agrandissent le chevet . Les fenestrages des chapelles sont refaits  et des vitraux probablement posés, dont il reste la baie ouest . Leur portrait en donateurs y sont visibles, ou du moins des éléments, Cette baie recevra à une certaine époque, probablement au XVII° siècle, des vitraux d'autres baies.La Nativité qu'on y trouve est très proche , et du même atelier que celle de Spézet

1652, le 17 novembre, un aveu de Jean de Rospiec et de Marie du Disquay, son épouse, indique la présence de l'écusson de leur maison dans la chapelle Sainte-Marguerite proche du choeur. Il est aussi signalé que les écussons des Quenechbeuzec sont dans les vitres au côté de la maîtresse vitre.
Des seigneurs et de leur présence dans les vitraux de cette église, passons aux acteurs de l'entretien et fourniture des vitraux.de cet édifice.
 Nous ne sommes plus aux XVII° , aux verrières figuratifs, Plus de 150 églises ou chapelles ont subi des transformations dans le Finistère au XVIIe siècle. C?est un constat qui est parlant pour la survie ou perte de nombreux vitraux.  On les déplace plus ou moins bien, on les regroupe, on en fait un patchwork de couleurs et de sujets, c'est ici le cas de la baie sud .Il y a ensuite un analphabétisme  qui commence à se résorber. Les paroissiens, pas tous, mais de plus en nombreux, suivent la messe en lisant dans leur missel.L'invention de Gutemberg est passée par là. D'où une demande de plus de clarté dans les églises.On supprime le réseau de la baie sud La catéchisation qui  se faisait avec le vitrail n'est plus nécessaire

Le Concile de Trente apporte un changement de mentalité et une conception architectural différente. Il jette lentement mais sûrement  le discrédit sur les scènes représentées par les anciens vitraux qui sont jugées grotesques, indécentes, ridicules et voir hérétiques, parfois licencieuses. La verrière traditionnelle aux couleurs vives devient inadaptée.

Qui sont ces peintres vitriers qui travaillent sur cet édifice ?
Le premier que les archives relatent,  est Charles Le Marchand, maître peintre et vitrier,  En 1656-1657,il fournit trois panneaux de vitre(vitraux) en la chapelle de la Madeleine et un à la lucarne sur le grenier, pour 17 livres 30sols. L'année suivante il plombe et accommode 19 panneaux de la vitre de Saint-Jean. En 1658-1659,accommode un panneau de vitre pour 2 livres. En1660-1661, apparait son fils Guillaume Le Marchand,  qui accommode les vitres qui étaient  toutes rompues et brisées au su de l'un et chacun des habitants, moyennant 33 livres.
.Le même en 1666-1667 reçoit 33 livres pour avoir accommodé les vitres et panneaux de l?église. Ces deux peintres vitriers ont peut-être un ancêtre en Le Marchand, Mathieu, que l'on trouve en  1639-1640,  à Cléden-Cap-Sizun, 29, en la chapelle Saint-They,où il remplace 2 vitres,<< l'une dans le grand autel de la chapelle , l'autre devant sainte Barbe.
Il semblerait que ces travaux soient une campagne de restauration de l'ensemble des vitraux qu'un Marchand Charles commence et qu'un Madec poursuivra.
En 1706, Pierre Vincent accommode trois panneaux puis un peu plus tard, avec Jean Dubois, plombent de neuf la vitre du Rosaire pour 180 livres Les mêmes, en 1750, accommodent la vitre de Sainte-Marguerite et fournissent une vitre neuve à la chapelle deSainte-Barbe. Un an plus tard , Jean Dubois, peintre vitrier,  plombe la maîtresse vitre.
1764, Arrive Sébastien René le Roux  maître vitrier de Quimper possédant une maison rue du Sallé, qui, plombe et raccommode les vitraux pour 51 livres . En 1776, fait des travaux de vitrage pour 9 livres 16 s . Il est père de 18 enfants. Travaille sur le vitraux de Plogonnec.

1790, Clet Stéphan peintre vitrier, est noté deux fois pour des  travaux à l?église
1792, la direction de la ville échut à un ancien huissier ivrogne et incapable du nom de Louis Le Corre qui laissa perpétré maintes exactions dont le bris de vitraux.
1793, prélèvement de vitraux à Lochrist en Beuzec-Cap-Sizun pour remplacer, en l?église de Pont-Croix,  les vitraux armoriés, sacagés le 29 mai de la même année par un nomme Cabestran, l?un des volontaires de la ville, qui monté sur une échelle se mit à devoir briser les vitraux. Il faillit se rompre le cou et se faire écharper par les femmes.ref : Gargadennec.

Vers 1850, les têtes de lancettes et les soufflets du tympan de la  baie du bras sud du transept, portant des armoiries, auraient été déposé pour donner plus de lumière et remplacé par des vitraux kaléidoscope, puis par du losange en 1839 et 1898 sous la direction de Just Lisch.
Des vitraux auraient été enterrés et enfouis derrière le choeur avant le dix-neuvième. Aussi en 1973, lors de travaux en cet endroit, le recteur surveille les fouilles mais en vain.
Dans la fenêtre du bras sud, nous trouvons des panneaux de vitraux  provenant de diverses fenêtres de l'église et de diverses époques , entre autres deux Passions, une Transfiguration, un Jugement dernier, une Vie de la Vierge : avec Annonciation, une adoration des mages et des bergers, une fuite en Egypte et une Dormition de la Vierge, ils seront restauré dans les dernières années du XX° siècles par l'atelier Le Bihan vitraux de Quimper. Les éléments de la seconde Passion d'après Durer ont rejoints la baie 3 du côté nord.

Pour conclure,J'allais oublié François Viel sieur de Villereux, maître vitrier à Quimper et Rogeron qui en 1735 font quelques travaux, puis un peu plus tard, avec Jean Dubois, plombent de neuf la vitre du Rosaire pour 180 livres Les mêmes, en 1750, accommodent la vitre de Sainte-Marguerite et fournissent une vitre neuve à la chapelle de Sainte-Barbe."

 

 — GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , pages 166-168

— LE TELEGRAMME 17 février 1997.

 

 

https://www.letelegramme.fr/ar/viewarticle1024.php?aaaammjj=19970217&article=1709912&type=ar "Il existe à Pont-Croix, une collégiale construite entre le milieu du XIIe siècle et la première moitié du XVIe siècle par les seigneurs de Pont-Croix, puis les sires de Rosmadec, forts de leur richesse et de leurs appuis à la cour des rois de France. Ils ont ainsi apporté au bout du monde, les dernières nouveautés techniques et stylistiques, ce qui se faisait de mieux à la cour en matière d'architecture, sculpture, mobilier et vitrail... C'est sans doute le cas d'un petit vitrail sauvé de l'oubli grâce à un concours organisé par le Pélerin Magazine et intitulé « Un patrimoine pour demain ».

Depuis 1982, quatre panneaux d'un vitrail, classé par les monuments historiques, avaient été descendus des verrières de la collégiale Notre-Dame de Roscudon, et entreposés chez un maître verrier, M. Le Bihan, à Quimper, en attendant le financement de leur restauration. Sur proposition d'Isabelle Gargadennec, conservatrice des antiquités du Finistère, la mairie de Pont-Croix a présenté un dossier, monté par Françoise Decourchelle. Le petit vitrail a été sélectionné et le prix (40.000 F) paiera la moitié de la restauration. L'autre moitié sera subventionnée par l'État, la région, le département, la commune et la paroisse.

Une restauration délicate.

Le maître verrier a sorti de l'ombre les quatre panneaux et commencé à analyser le travail à réaliser. Malgré leur lecture rendue difficile par des restaurations malhabiles, les quatre panneaux laissent apparaître un thème : la Passion. En très mauvais état, les verres d'origine seront répertoriés. Les motifs seront recollés, soutenus par des verres transparents. Seuls les contours d'origine seront cernés de plomb, ce qui les rendra plus lisibles.

Une copie de Dürer.

Beaucoup de pièces sont à reconstituer et en cherchant des exemples sur le sujet, M. Le Bihan est certain que des gravures du peintre et graveur allemand A. Dürer ont servi de modèle. On sait qu'Anne de Bretagne avait fait appel à lui pour des projets de vitraux. Elle avait aussi encouragé l'art des maîtres verriers bretons.

Autre intérêt de ce petit vitrail : on y constate une technique nouvelle pour l'époque « l'émail bleu », associé ou non à la sanguine pour colorer le verre du bleu au violet. Par déduction, on est arrivé à dater approximativement le vitrail. Il aurait été commandé vers 1528 par Alain II, sire de Rosmadec, et son épouse, Jeanne de Chastel.

Autre temps autres techniques.

Une équipe envoyée par le Pélerin Magazine est venue à Pont-Croix filmer la petite verrière où viendront prendre place les vitraux. Ils se sont également rendus chez le maître verrier afin de filmer le travail de restauration. Par images virtuelles, ils vont remettre les vitraux dans leur cadre comme si la restauration était terminée. Le petit film sera projeté lors de la remise des prix qui aura lieu le 24 mars à l'auditorium du Louvre. Douze lauréats sur toute la France ont été retenus dont trois Bretons : pour un vitrail à Pont-Croix, une barrière à Plougourvest et un retable à Ploudiry. Le maître verrier Jean-Pierre Le Bihan en compagnie de Claude Labourbe, réalisateur, et de Stéphane Le Bon, opérateur."

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Roger Gargadennec Monographie sommaire de Pont-Croix Pages 63 à 105 , Bull. SAF 1964

 

 

TEFANY (Auguste), 1901, : Notice sur Pont-Croix (Quimper, 1901). 

—  L'église de Pont-Croix Notre-Dame de Roscudon visitée en dix minutes

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/bc0540526e9f4a26544d92d18f560ddb.pdf

Bibliographie de Couffon: 

 

 

- E. Lefèvre-Pontalis et L. Lécureux : Les influences poitevines en Bretagne dans l'église de Pont-Croix (S.F.A. B.M. 1909)

- R. Couffon : Notre-Dame de Roscudon et l'atelier de Pont-Croix (Mém. Soc. Hist. Arch. Bret., 1951) ; Pont-Croix, Notre-Dame de Roscudon (S.F.A. C.A. 1957)

- R. Grand : L'art roman en Bretagne (1958)

- Ass. Bret. : Congrès de Douarnenez, 1965

- G. Savina : Notre-Dame de Roscudon, Pont-Croix (Châteaulin, 1972)

- M.-M. Tugorès : Eglise Notre-Dame de Roscudon, le retable de saint Joseph (B.S.A.F. 1978).

- R. Barrié : Eglise Notre-Dame de Roscudon, les vitraux de J.-J. Gruber (B.S.A.F. 1978) - R. Gargadennec : Contribution à la datation de l'église de Pont-Croix (B.S.A.F. 1979) ; Le sculpteur Paul de la Haye (B.S.A.F. 1982)

- L.-M. Tillet : Bretagne romane (Coll. Zodiaque, 1982)

- J. Chardronnet : Pont-Croix (Rennes, 1983).

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 17:54

Les vitraux du XVe siècle de la cathédrale d'Évreux : la baie 129 (vers 1413-1418) de la nef, offerte par l'évêque Guillaume de Cantiers en 1400 .

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Voir  les vitraux du XVe siècle de la cathédrale d'Évreux :

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Voir aussi les vitraux du XIVe :

 

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PRÉSENTATION.
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Cette baie haute du coté nord de la nef (la quatrième en partant de l'ouest) mesure 8 m. de haut et 3,80 m. de large. On lui compte 4 lancettes trilobées, sous un tympan à 1 octolobe, 2 trilobes et écoinçons. Bien qu'elle ne suive pas la disposition "en litre" des vitraux du chœur du XIVe avec leur rangs de vitreries géométriques en verre transparent, mais qu'au contraire toute la place est occupée par le décor figuratif, elle est néanmoins très claire, car les sept grands personnages sont pour la plupart vêtus de blanc, et sont placés dans des niches architecturales en verre blanc.

L' inscription qui court à la base affirme qu'elle a été offerte " en l'honneur du joyeux avènement" de l'évêque Guillaume de Cantiers, un événement daté de 1400. Le vitrail est néanmoins daté de 1413-1418 ? par François Gatouillat.

À gauche, l'évêque est présenté par sainte Catherine à la Vierge à l'Enfant de la deuxième lancette. Les deux lancettes suivantes montrent une Annonciation détournée, puisque l'ange Gabriel, debout, présente à Marie un donateur, identifié par ses armoiries à Jean de la Ferté-Fresnel, maréchal de Normandie. 

Le registre inférieur contient 4 écus armoriés.

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Batissier a relevé l'inscription suivante : 

ANo D'O M° CCCC° G DE CATER (Cantiers) ELECTUS FUIT IN EPM EJUS ECCLEE, dont le complément est dans la 3ème verrière PER CAPLM QI CONSECRATUS I... ADVENTU VIRGINIS ME HAC DEDIT VITREAM

Lebeurier donne page 10 la description suivante :

"La verrière de la fenêtre 12 porte, à sa partie supérieure, trois écussons. En haut, de France à trois fleurs de lys; au-dessous deux écussons semblables écartelés au 1 e et 4 d'azur, à une fleur de lys d'or et à la bordure componée d'argent et de gueules; au 2 et au 3 d'azur, à trois bandes d'or, orlé de gueules.

Les quatre formes renferment chacune un sujet : 1° un évêque à genoux devant la Vierge qui occupe la 2e forme; derrière lui, Ste Catherine couronnée tenant, de la main gauche, une roue brisée, et , de la main droite, une palme avec la mitre et la crosse de l'évêque. Au-dessous, les armes de l'évêque (Guillaume de Cantiers), fascé d'argent et de gueules de cinq pièces, à l'aigle de sable becquetée et armée d'or ; 2° une Vierge debout tenant dans ses bras l'enfant Jésus auquel elle donne un baiser. Au-dessous un écusson d'azur, à la bande d'argent, chargée de 3 tourteaux de gueules et accompagnée d'une étoile d'or au canton senestre.

La 3e et la 4e forme représentent une Annonciation. En avant de l'ange, qui porte une banderolle chargée des mots: AVE GRATIA PLENA , se trouve un personnage à genoux vêtu d'une tunique écarlate doublée de fourrures. Au-dessous, deux écussons: l'un écartelé au 4 et 4 d'argent à l'aigle de gueules, au 2 et 3 de sable au lion d'argent ; l'autre d'or, à la bande d'azur, chargée de trois anneaux d'argent.

Au bas du vitrail, sur une seule ligne, l'inscription ANO DOI M° CCCC G. DE CA'TER ELECTFUIT l' EP'M HUI' ECCLESIE [PER] CA'PLM QI CONSECRAT9 In EI9 IOCU9 D'AVENTTU VIRGINI M'E HA'C DEDIT VITREAM.

Ce qui veut dire : Guillaume de Cantiers fut élu évêque de cette église par le chapitre en 1400. Après sa consécration, il a donné pour son joyeux avènement cette vitre à la Vierge Marie."

L'inscription complétée de ses abréviations par les 9 (pour -us-) et tilde (pour -n-) donne   Anno domini 1400 Guillelmus de Canteriis electus fuit in episcopum ejus ecclesiae per capitulum qui consecratus in ejus jucundo adventu virgini Mariae hanc dedit vitream 

 

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n15/mode/2up

 

Le Joyeux avénement.

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La "perle " de l'inscription est l'expression jucundo adventu, ou "joyeux avènement" qualifiant la première entrée (primum ingressus) de l'évêque. Cette entrée solennelle d'un évêque dans sa cathédrale est l'occasion de festivités et solennités réglées par un protocole précis (coutumier et indépendant du droit canon), et d'échanges de cadeaux prestigieux (contre-don pour les vassaux), mais dont les descriptions sont rares ( Bourges (1482), Paris (1495 et 1503) et Rouen (1494),),

La « première entrée », primum ingressus, lors du « joyeux advenement », jocundus adventus, est l’étape ultime du parcours que doit accomplir l’évêque, selon un rituel établi, pour prendre solennelle possession de l’Église en sa cité après avoir été élu par le chapitre cathédral.. Les différents corps constitués, le clergé régulier et séculier, le chapitre cathédral ainsi que, parfois, la population sont là pour l’accueillir. 

En Cornouaille (B. Yeurc'h), l'évêque est accueilli par des nobles dont c'est le privilège de mener le cheval par la bride, aider à descendre de ce cheval, servir à table, etc. Les vassaux épiscopaux reçoivent en échange de cette manifestation d'allégeance des contre-dons. Il serait intéressant de tenter de savoir si les quatre blasons du registre intérieur ne correspondraient pas à ce protocole.

 

Lire Véronique Julerot La première entrée de l'évêque : réflexions sur son origine, dans Revue historique 2006/3 (n° 639), pages 635 à 675.

https://www.cairn.info/revue-historique-2006-3-page-635.htm#

Lire Bertrand Yeurc'h, Les cérémonies d'intronisation en Bretagne ducale 

https://www.academia.edu/27163212/Les_c%C3%A9r%C3%A9monies_dintronisation_en_Bretagne_ducale_-_publication_papier

 

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En 1968, Grodecki, rendant compte des travaux de Dubuc sur l'héraldique, souligne les nombreux points curieux ou énigmatiques de ce vitrail :  

"L'étude des vitraux du XVe et du XVIe siècle, par M. R. Dubuc, apporte moins de contestations de thèses admises, mais — surtout sur le plan de l'héraldique et de l'histoire — des précisions utiles sur plusieurs vitraux. Ce qu'il dit du vitrail de Guillaume de Cantiers, évêque élu en 1400, est admirablement documenté, mais n'aboutit pas à la solution de tous les problèmes. Cette verrière, installée dans une fenêtre du XIIIe siècle de la nef, est  « signée et datée » et — fait heureux— répond dans ses détails héraldiques aux dessins de Gaignières (Bouchot, n° 2348 et 6731). L'évêque est représenté à genoux devant une Vierge à l'Enfant, présenté (on ne sait pas pourquoi) par sainte Catherine, qui a poussé la complaisance jusqu'à porter à la main, en plus de la palme de son martyre, la mitre épiscopale ; mais le vitrail offre une seconde figure de donateur, présenté à la Vierge par l'ange de l'Annonciation (ce qui n'est pas habituel).

Les blasons qui accompagnent ce personnage semblent se rapporter à la famille de La Ferté-Fresnel ; mais on ne sait pas quelle est la raison de la présence de ce personnage (peut-être Jean, fils d'un autre Jean, maréchal de Normandie), ni la signification d'une fleur de lis sur son épaule... En plus, les armes de France, de Philippe le Hardi de Bourgogne et de Jean sans Peur ornent le réseau ... Il y a là un faisceau de problèmes historiques, presque politiques, à résoudre... Le style de la verrière est également inhabituel (ce n'est pas l'atelier des « vitraux royaux » qui l'exécuta), la merveilleuse clarté de la verrière s'opposant aux teintes plus montées, plus dramatiques, des vitraux des princes d'Évreux-Navarre."

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Gaignières en donna le relevé, mais avec de fortes modifications, associées à une fidélité aux nombreux détails aujourd'hui visibles sur l'inscription. Ainsi, Catherine ne tient ni la mitre, ni la crosse de l'évêque, et le second donateur (qui ne porte pas l'étoile à l'épaule) est présenté au Christ Sauveur. 

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BnF fr. 20878-20889 f.189

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES A ET B : GUILLAUME DE CANTIERS PRÉSENTÉ À LA VIERGE À L'ENFANT.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette (à gauche) : sainte Catherine présentant l'évêque Guillaume de Cantiers à la Vierge.

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Cantiers est une commune de l'Eure, à 68 km au nord-est d'Évreux.

Guillaume de Cantiers était Conseiller-clerc au parlement de Paris et chanoine d'Evreux, lorsqu'il fut  élu évêque, après le 23 avril 1400, en succession de Guillaume de Valence. Le samedi 25 février 1401, il siège au conseil du roi de France Charles VI.

"Guillaume de Cantiers, né dans le Vexin-normand, était conseiller-clerc au Parlement de Paris dans les années 1392-95-98 et 99. Dans cette dernière année., le chapitre de l'église d'Evreux, dont il était chanoine, le députa à l'assemblée de l'église de France qui devait se tenir à Paris. L'année suivante, Guillaume de Cantiers fut élu par le chapitre, promu et sacré évêque d'Evreux par Benoît XIII, et à son avènement, il donna à l'église une magnifique verrière sur laquelle est inscrite la date de son élection, 1400."

 Le concile général de l'église de France le délégua en 1408 avec Guillaume, évêque de Lisieux, pour adjuger l'archevêché de Rouen, que se disputaient Louis de Harcourt demandé par le chapitre et Jean d'Armagnac, archevêque d'Auch, nommé par Benoît XIII. Guillaume se prononça pour Louis de Harcourt. L'année suivante, il se rendit au concile de Pise.


En 1410, le Parlement de Paris termina une querelle qui avait éclaté entre Guillaume de Cantiers et son chapitre au sujet de la juridiction, de l'exemption et autres chefs.

Député par le clergé de France au concile de Constance, le 10 novembre 1414, Guillaume de Cantiers fut, au mois de juillet suivant, chargé par le concile et par l'empereur Sigismond d'une mission auprès du roi très-chrétien et de l'Université; il fut arrêté dans le duché de Bar avec ses collègues par Henri de la Tour, dépouillé, retenu en captivité et fort maltraité. Le coupable frappé d'anathème par le concile relâcha ensuite les députés. Guillaume fut plusieurs fois chargé par le roi de France de missions importantes auprès des deux papes de Rome et d'Avignon et auprès du duc de Bourgogne.

"A la fin de 1415, alors que Charles II, duc de Lorraine, qui venait de prendre part à la néfaste expédition d’Azincourt, regagnait son duché, les gens d’armes de sa suite, dans le trajet de Provins à Troyes, avaient fait main-basse sur cinquante-trois chevaux et sur un char ferré, attelé de quatre chevaux, sans parler du menu butin. Quelques mois auparavant, au moment où Guillaume de Cantiers, évêque d’Évreux, Géraud du Puy, évêque de Carcassonne, Guillaume de Marie, doyen de Senlis, se rendaient du concile de Constance à Paris, avec une escorte de quatre-vingts personnes, le maréchal de Lorraine, ce même Charlot de Deuilly dont nous parlions tout à l’heure, Henri et Winchelin de La Tour, Jean de Chauffourt, soudoyés secrètement par le duc de Bourgogne Jean sans Peur, n’avaient pas craint de tendre à ces hauts personnages un véritable guetapens ; ils les avaient attaqués à main armée au passage de la Meuse, entre Foug et Void ; ils avaient fait les deux évêques prisonniers, après avoir tué le chapelain de l’évêque deCarcassonne, blessé et dévalisé quelquesuns des familiers des deux prélats. L’impunité des malfaiteurs avait presque égalé le scandale du méfait ; il avait fallu raser la forteresse de Sancy, près de Briey, appartenant à Henri de La Tour et frapper d’interdit le diocèse de Toul tout entier, pour obtenir la mise en liberté des victimes de cet audacieux coup de main. Revue des Deux-Mondes  https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Revue_des_Deux_Mondes_-_1885_-_tome_69.djvu/73

En 1416 il fait ouvrir dans l'église de Saint-Taurin  la châsse de saint Gaud, évêque primitif du diocèse, pour en reconnaître les reliques.

Deux ans après, les Bourguignons étant entrés dans Paris, Guillaume fut saisi, jeté en prison comme partisan des Armagnacs, puis mis à mort le 12 juin 1418 dans une émeute excitée par les Bourguignons.

 

"Guillaume de Cantiers qui étoit encore au Concile , ayant eu nouvelle qu'Evreux étoit pris & occupé par les Anglois, en fut fort affligé autant pour la désolation que ces ennemis de la France alloient porter dans son Diocèse ; que parce qu'il ne vouloit point changer de maître ; il revint sur la fin de cette année à Paris, où dans une sédition excitée par les gens de la fastion du Duc de Bourgogne, il fut tué avec plusieurs autres Archevêques & Evêques & grands Seigneurs bons serviteurs du Roy, le 11  Juin de l'année 1418. Les Anglois de leur côté pillerent tous ses meubles dans sa maison Episcopale à Evreux ; Guillaume de Cantiers portoit à ses armes de gueule à l'aigle déployé de sable paré d’or , comme on le voit encore aujourd’hui au bas de la représentation, qui est dans une vitre qu'il donna dans le temps de son joyeux avènement, & qui est au côté gauche de la nef de l'Eglise Cathédrale au-dessus de la chaire à prêcher. " (Histoire civile et ecclesiastique du comte d'Evreux,  par Pierre Le Brasseur 1722)

Enfin,  en septembre  1418, après la prise d'Evreux par les Anglais, en 1417,   le roi d'Angleterre, désormais maître de la ville, accorde au chapitre d'Evreux le pouvoir d'élire l'évêque qui succédera à Guillaume V de Cantiers, assassiné le 12 juin précédent.

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Contexte historique : nous sommes ici au cœur de trois événements historiques : la Guerre de Cent Ans (1337-1435), le  conflit entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1415), et le Grand schisme d'Occident (1378-1417) ! La folie du roi Charles VI a conduit à sa mise sous tutelle et à une situation de régence. Entre l'année 1400, date de l'avènement de l'évêque , et 1418, date de son décès, la période est marquée en 1407 par l'assassinat du duc d'Orléans par le duc de Bourgogne Jean Sans Peur (qui cherche à prendre le pouvoir du royaume et s'allie aux Anglais), en 1409 par le concile de Pise, en 1414 par le concile de Constance et l'élection du pape Martin V, et en 1415 par  la bataille d'Azincourt. Sur le plan politique et religieux, la terre tremble !

Quinze jours avant l'assassinat de Guillaume de Cantiers, le dauphin Charles, futur Charles VII, venait d'échapper aux hommes de main de Jean Sans Peur à Paris en se réfugiant à Bourges.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Nous pouvons avec Louis Grodecki, nous étonner que ce soit une sainte qui présente un donateur. Pourtant, Gaignières montre le dessin d'un vitrail d'Évreux où sainte Marie-Madeleine présente l'évêque Philippe de Cahors (fin XIIIe).

Sans fournir d'explication, nous pouvons considérer que sainte Catherine est, avec saint Michel, celle dont Jeanne d'Arc entendit l'injonction de sauver le royaume vers 1425.  Catherine, fille de roi et assimilée à une reine (elle porte la couronne)  passe donc pour la grande protectrice du Roi de France. 

L'évêque, tonsuré, vêtu d'une chape à fermail en étoffe blanche brodée de motifs jaune à couronne, est agenouillé mains jointes. 

Hormis le fond rouge, et le nimbe vert, les verres sont blancs et peints au jaune d'argent et à la grisaille.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Détail de la crosse : le couronnement de la Vierge et un ange musicien.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette : la Vierge à l'Enfant.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LES LANCETTES C ET D : DONATEUR DANS UNE ANNONCIATION.

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Comment comprendre le dessin donné par Gaignières ? On ne peut supposer qu'il n'avait pas accès à la verrière, lorsqu'on voit la précision avec laquelle il a rendu l'inscription. Le donateur y est rendu avec plus de précision d'habillement que le vitrail lui-même, et il porte un habit de velours rouge fourré d'hermines. Il porte une aumônière à la ceinture, comme un riche bourgeois. 

Si ce donateur est Jean III de la Ferté-Fresnel, maréchal de Normandie, on peut s'étonner qu'il ne soit pas représenté en armure.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La tête de l'ange et les pseudo-inscriptions du nimbe. 

(restauré)

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Détail du dais.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge de l'Annonciation de la lancette D.

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La Vierge reçoit le Saint-Esprit sur le haut du front. Elle témoigne de sa surprise en écartant les bras, dans un geste qui peut aussi s'adresser au donateur.

Elle porte un manteau blanc frappé d'hermines.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES QUATRE BLASONS.

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1.  Armoiries de Guillaume de Cantiers.

Placées devant un drap d'honneur bleu, elles sont fascé d'argent et de gueules de cinq pièces, à l'aigle de sable becquetée et armée d'or .

Je n'ai pu vérifier cette identification : les armoiries qui sont attribuées à l'évêque le sont par référence à ce vitrail. Seule la pointe d'une crosse en pal est visible, sans crosseton ni mitre ni fanons.

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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2. Armoiries indéterminées.

Elles sont  blasonnées ainsi par Lebeurier.:

d'azur, à la bande d'argent, chargée de 3 tourteaux de gueules et accompagnée d'une étoile d'or au canton senestre.

 

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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3. Armoiries de Jean III de la Ferté-Fesnel.

Elles sont tendues devant un drap d'honneur vert.

Pour Lebeurier :

écartelé au 4 et 4 d'argent à l'aigle de gueules, au 2 et 3 de sable au lion d'argent . (n.b : le lion est armé d'or et sa queue est fourchue)

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/La-Ferte-Fresnel_Chambray.pdf

 

"Ancienne baronnie au diocèse d’Evreux, subdivisée en 2 branches, l’aînée de ce nom et la cadette au titre de Chambray par parage à 6 degrés de consanguinité. Chambray sur les bords de l’Yton, branche cadette sous l’usage normand du parage par lignage jusqu’en 1528."

La terre de Chambray est aujourd'hui sur la commune de Gouville-sur-Iton, à26 km au sud-ouest d'Évreux. Celle de La Ferté-Fresnel est à 50 km à l'ouest d'Évreux.

La Ferté-Fresnel : «(D’argent ?), à une aigle éployée de gueules, becquée & onglée d’azur»

La Ferté-Fresnel, Maréchal de Normandie : écartelé de Meulan (à partir de Jean III, au XIV° siècle), soit  «Ecartelé : aux 1 & 4, d’argent, à l’aigle de gueules, membrée & becquée d’azur; aux 2 & 3, de sable, au lion d’argent».

Ce sont donc les armoiries de Jean III :
 

 

"Jean III de La Ferté-Fresnel + peu après 1389 chevalier banneret, baron de La Ferté-Fresnel, vicomte de Fauguernon, baron de Neufbourg et de Gacé, seigneur des Planches, Maréchal de France dépendant du Roi et de Normandie dépendant du duc de Normandie, sert en Flandres contre les Anglais (cité dans les rôles du Trésorier des Guerres Guillaume d’Ensernet entre 01/03/1382 et 28/02/1383), Capitaine en Normandie (montre de Saint-Sauveur-Le-Vicomte 01/06/1383), sert en Guyenne (rôles de Jean Flamand, Trésorier des Guerres en 1387/88), (montre de Carentan 01/09/1387) (aveu 06/04/1389 de sa terre de Chambray à Agnès des Essarts, en vertu du parage exercé sur Yon, seigneur de Chambray, son parent ; écartèle ses armes de Meulan : «de sable au lion d’argent rampant à la queue fourchue) ép. Béatrix de Rosny "

On remarquera qu'un autre maréchal de Normandie  est représenté, avec son épouse Jeanne du Bec-Crespin  dans une verrière de la cathédrale, la baie 213 dite des Trois Marie :

http://www.lavieb-aile.com/2020/01/les-vitraux-du-xve-siecle-de-la-cathedrale-d-evreux-la-baie-213.html

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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4. Écu armorié de Renaud de Trie, amiral de France.

d'or, à la bande d'azur, chargée de trois anneaux d'argent.

https://gw.geneanet.org/arnac?lang=fr&n=de+trie&oc=2&p=renaud

https://www.geni.com/people/Renaud-de-Trie-Amiral-de-France/6000000032647615530

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Si la datation proposée par F. Gatouillat est exacte, Renaud de Trie, décédé en 1406, est honoré ici à titre posthume.

 

"Renaud de Trie, seigneur de Sérifontaine, fils de Mathieu de Trie, dit Lohier, [fol. 178] et de Jeanne de Blaru, était, lors de l'avénement de Charles VI, chambellan du duc d'Anjou, régent du royaume, qui lui assigna en récompense de ses services 100 livres de rente sur les biens de Robert de Picquigny, partisan du roi de Navarre ces lettres de don, datées du 27 octobre 1380, furent confirmées par Charles VI le 26 janvier 1381 (Arch. nat., JJ 118, nos 41 et 267). Renaud de Trie devint bientôt chambellan du roi; c'est à ce titre qu'il prit part, le 3 mai 1389, au tournoi donné en l'honneur des princes d'Anjou armés chevaliers et qu'il assista au mois d'août suivant à l'entrée solennelle d'Isabeau de Bavière à Paris (Religieux de Saint-Denis, t. I, p. 597; Kervyn de Lettenhove, Chr. de Froissart, t. XIV, p. 24). Par lettres du 16 mai 1390, Charles VI gratifia son chambellan de 2,000 francs, et le 11 août de la même année l'envoya auprès du duc de Berry, avec une allocation de 200 francs pour subvenir aux frais de ce voyage (Bibl. Nat., cab. des titres, pièces originales). Le même Renaud est cité par Froissart au nombre des « quatre chevaliers d'onneur » auxquels fut provisoirement confiée la garde du malheureux roi tombé en démence le 5 août 1392 (Kervyn de Lettenhove, Chr. de Froissart, t. XV, p. 46). Il obtint en 1394 la charge de grand maître des arbalétriers, et après la mort de Jean de Vienne, en 1396, fut nommé amiral de France aux gages de 2,000 francs par an. Renaud de Trie était en même temps capitaine du château de Rouen et recevait en cette qualité mille livres par an de pension (Arch. nat., K 54, n° 28 ; Bibl. Nat., cab. des titres, pièces originales). Au mois d'octobre 1401, il se fit décharger d'une rente de 32 livres Parisis qu'il devait au domaine sur la justice de Fontenay, en compensation d'une rente équivalente qu'on lui servait annuellement sur les recettes de Chaumont en Bassigny et de Troyes, dont il lui était dû 640 livres d'arrérages (Arch. nat., JJ 157, n° 36). Vers la même époque, ce seigneur dut se démettre de la capitainerie de Saint-Malo que se disputèrent Olivier de Mauny, investi de cet office en septembre 1404, et le Borgne de la Heuse, appelé au même poste; après de longs débats, le Parlement décida le 17 février 1406 que la question serait réservée et soumise au roi lorsque sa santé serait rétablie (Arch. nat., X1A 1478, fol. 254 v°; X1A 4787, fol. 265 r°). Il était encore amiral de France le 14 janvier 1405, comme le montre une quittance de cette date pour 200 livres Tournois dont le roi lui fit present (Bibi. Nat., cab. des titres, pièces originales). Atteint d'une maladie incurable, il abandonna sa charge d'amiral à Pierre de Breban, dit Clignet, favori du duc d'Orléans, mais ce ne fut point à titre gratuit et bénévole; en effet, Monstrelet (t. 1, p. 127) nous apprend que Renaud de Trie s'en dessaisit « moyennant une grant somme d'argent qu'il en avoit receu par le pourchas du duc d'Orléans. » Le Religieux de Saint-Denis, plus explicite, dit qu'il ne consentit à résigner ses fonctions que contre le payement de 15,ooo écus d'or. Renaud de [fol. 178] Trie occupe une certaine place dans l'histoire littéraire du xive siècle, il fut l'un des auteurs du recueil poétique intitulé Livre des Cent Ballades; marié à Jeanne de Bellangues dès 1395 (Arch. nat., JJ 149, n° 315), il mourut en 1406, sans laisser de descendance directe; sa veuve contracta un nouveau mariage avec Jean Malet, sire de Graville, grand maître des arbalétriers. "

http://corpus.enc.sorbonne.fr/testaments/testament_072

L'article Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_de_Trie  

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La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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L'oculus de l'octolobe accueille les armoiries de France, tandis que les trilobes contiennent les armes de Bourgogne. Faut-il y voir une évocation de la mission éffectuée par l'évêque d'Évreux auprès de Jean Sans Peur en 1413 ?

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

La baie 129 de la nef de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Verri%C3%A8re_des_%223_Marie%22_-_Pierre_de_Br%C3%A9z%C3%A9_et_Robert_de_Flocques_sous_Marie-Madeleine_Notre-Dame,_%C3%89vreux.JPG

 

— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 — GAIGNIÈRES (de), 1650-1700,  Manuscrit : Recueil de pièces, la plupart en copies ou en extraits, avec des dessins de sceaux et de tombeaux, pour servir à l'histoire des archevêques et des évêques de France, par Roger de Gaignières. Evreux. BnF fr. 20878-20889. folio 189.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b525038493/f191.item.zoom

— GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI Louis, 1968, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968,. 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1968_num_126_1_4898

 

— LEBEURIER (Pierre-François), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868, pages 26-27.

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n31

— LE BATELIER d'AVIRON, édition 1865 Le mémorial historique des évêques, ville et comté d'Évreux, écrit au XVIIe et publié pour la première fois par l'abbé P.F. Lebeurier...P. Huet, page 132.

https://books.google.fr/books?id=jvVAAAAAcAAJ&dq=reliques+des+Saintes+Marie+Jacob%C3%A9+et+Marie+Salom%C3%A9+Floques+%C3%A9vreux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

— LE BRASSEUR (Pierre), 1722; Histoire civile et ecclésiastique du comté d'Évreux.

https://books.google.fr/books?id=KjRDAAAAcAAJ&dq=Guillaume+de+Floques&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
19 janvier 2020 7 19 /01 /janvier /2020 10:38

Les vitraux du XVe siècle de la cathédrale d'Évreux  : la baie 213 (1450) "des trois Marie" offerte par Pierre de Brézé et Robert de Floques.

 

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Après 22 articles sur les vitraux du XIVe, j'explore les vitraux du XVe siècle de la cathédrale, en suivant peu ou prou  l'ordre chronologique des datations de ces verrières. Je suis guidé pas à pas par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2001, auquel j'emprunte toutes les données techniques.

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux du XVe siècle de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Voir La verrière des Trois Marie de Louviers (1510-1515)

Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.(plutôt 225 maintenant !)

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PRÉSENTATION.

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La baie 213 est la première baie du coté nord du haut-chœur, et l'une des 3 du XVe siècle (avec les baies 203 et 205 offerte par Thibaut de Malestroit, plus précoces puisque datées vers 1409-1415). Elle date de 1450 (environ) et tranche avec les baies antérieures dont les registres figurés s'encadraient dans une vitrerie géométrique claire. Ici, les trois registres figurés et colorés occupent toute la hauteur..

Elle mesure 6, 50 m de haut et 3,60 m de large et comporte 4 lancettes trilobées et un tympan à 1 pentalobe, 2 trilobes et 9 écoinçons. 

Elle a été peu restaurée, sans-doute par Duhamel-Marette avant 1868.

Elle a été offerte par Pierre de Brézé  et Robert de Floques, libérateur d'Évreux en 1441, en l'honneur de l'entrée dans le trésor de la cathédrale des reliques des saintes Marie Salomé et Marie Jacobé en 1449 : elle date donc de 1450, ou un peu plus tard.

La première description date de 1868 : elle est de l'abbé Pierre-François Lebeurier, qui fut archiviste-paléographe (1845-1846), professeur de dogme à la Faculté de théologie de Bordeaux, archiviste du département de l'Eure, curé de Huest et de Gravigny, (Eure) et, c'est important, chanoine titulaire d'Évreux.

 

"La fenêtre 45. se distingue de toutes les autres fenêtres du chœur en ce que ses menaux sont du style flamboyant. Ses formes contiennent :

1. Sainte Marie-Madeleine tenant de la main droite un vase de parfums et de la gauche un livre. Au-dessous deux personnages à genoux, qui sont Pierre de Brezé et Robert de Floques. On les reconnaît à leurs cottes d'armes armoriées, savoir pour Brezé d'azur, à l'écusson d'argent, accompagné de crossettes d'or ; et pour de Floques : de gueules, à 3 bandes d'argent ; au-dessous encore trois autres personnages à genoux, qui sont sans doute des membres de la famille des précédents ;

2. Sainte Marie Cléophas avec ses quatre enfants: S. Jacques, S. Simon, S. Jude et S. Joseph. Au-dessous le Dauphin, duc de Normandie, qui fut depuis Louis XI, agenouillé, les mains jointes devant un pupitre qui porte un livre ouvert. Sa cotte d'armes est armoriée de France et de Dauphiné; au- dessous encore trois personnages à genoux ;

3. La Sainte Vierge portant  l'enfant Jésus. Au-dessous le pape Eugène IV à genoux et portant la tiare ; au-dessous encore trois personnages à genoux, savoir : un évêque en chappe ayant la mitre et la crosse et deux chanoines dont le premier tient une crosse. Ils doivent représenter l'évêque d'Evreux, Guillaume de Floques, l'abbé du Bec, premier chanoine de la cathédrale, et Robert Cybole, doyen ;

4.Sainte Marie Salomé et ses deux enfants , S. Jacques et S. Jean ; au-dessous, le roi de France, Charles VII, à genoux, devant un pupitre qui porte un livre ouvert; il est revêtu d'une cotte d'armes, d'azur semé de fleurs de lys; au-dessous encore trois personnages à genoux, l'épée au côté , qui sont sans doute des officiers du roi.

[...]

Cette verrière , qui est une œuvre d'art fort remarquable , paraît avoir voulu rappeler le souvenir de trois événements d'un haut intérêt : la fin du grand schisme d'Occident sous Eugène IV, la rentrée de la Normandie entière sous l'autorité de Charles VII, précédée du recouvrement d'Evreux par Pierre de Brezé et Robert de Floques ; mais elle fut faite directement à l'occasion du don fait à Guillaume de Floques et à son église par René d'Anjou, roi de Sicile, des reliques des Saintes Marie Jacobé et Marie Salomé. Le Brasseur dit (page 290) que Pierre de Brezé les fit mettre dans une châsse d'argent, où sont gravés son nom et celui de Catherine Crespin , sa femme. Le Mémorial des évêques d'Evreux, p, 430, ajoute qu'il présenta cette châsse à Robert Cibole, doyen (1).

La claire-voie du triforium est ornée, dans la partie supérieure des ogives, de trois écussons. Le premier parti de Floque et de Crespin (fuselé d'argent et de gueules) ; le second parti de Brezé et de Crespin ; le troisième de Floques.

Nous devons l'interprétation de cette magnifique verrière à Monseigneur l'évêque d'Evreux. Sa Grandeur l'a fait restaurer et admirablement graver." (Lebeurier)

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Je ne lui trouve pas d'intérêt particulier sur le plan technique, son emploi du jaune d'argent est, depuis plus de 100 ans, banalisé, et ses damassés sont, pour ce que je peux en voir, simples. Elle est riche en données héraldiques, surtout en y ajoutant le tympan de la baie 113 qu'elle domine. Elle est passionnante sur le plan historique (et elle a d'ailleurs été qualifiée de "verrière historique") en réunissant un roi, un dauphin, un pape, un évêque, et deux héros de la libération d'Évreux des mains des Anglais, vingt ans après la mort de Jeanne d'Arc : elle marque la fin de la Guerre de Cent Ans.

Mais ce qui m'a ému, et qui en est peut-être le fil rouge, c'est de découvrir que les deux héros (le sénéchal, comte d'Évreux, et le grand bailli d'Évreux sont beaux-frères. Ils ont épousé les deux filles de Guillaume X du Bec-Crespin, descendant de Guillaume VI ( connétable héréditaire de Normandie depuis 1262) et époux de Jacqueline d'Auvricher, Maréchale héréditaire de Normandie. Les armoiries losangés d'argent et de gueules sont présentes deux fois dans la baie du triforium.  L'importance pour les intéressés de cette alliance avec Jeanne Crespin et Jacqueline Crespin est aussi soulignée par leurs présences comme donatrices en registre inférieur.

La place des femmes dans cette verrière est bien évidemment majeure aussi par la représentation de trois saintes femmes autour de Marie en registre supérieur :  c'est le seul exemple d'une baie où aucun homme ne figure parmi les saints personnages de grande taille des lancettes. Le plus passionnant est de comprendre que, derrière le don des reliques de Salomé et Jacobé à la cathédrale, se cache la tradition d'une Sainte Parenté, équivalent généalogique féminin du thème d l'Arbre de Jessé, et que le culte des Trois Marie est, dans les oraisons des livres d'Heures de la noblesse, celui  «des trois sœurs de noble lignage par ce nom Marie nommées». Ce culte fut entretenu par Jeanne d'Évreux au XIVe siècle, comme modèle de conduite pour des vies exemplaires d’épouses, de mères ou de veuves, et modèle de piété, de sagesse et de bonne entente."

Toute la baie s'organise donc sur cet hommage aux femmes de noble lignage : lignage royal pour la Vierge couronnée, lignage de sainteté pour les Sainte Femme, lignage de haute noblesse normande pour Jeanne et Jacqueline Crespin.

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Baies 213 et 113 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 213 et 113 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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Les quatre lancettes sont occupées de gauche à droite par sainte Marie-Madeleine, sainte Marie-Jacobé avec ses quatre fils, la Vierge et l'Enfant, et sainte Marie-Salomé avec ses deux fils. Autrement dit, Marie est entourée des trois saintes femmes présentes lors de la Passion selon Marc 16:1, notamment pour embaumer le corps de Jésus, et qui constatèrent que le tombeau était vide. Ce qui fait d'elles les premières témoins de la Résurrection. "Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala [assimilée ensuite sous le nom de Marie-Madeleine  à Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare], Marie mère de Jacques et Salomé achetèrent des aromates afin d'aller embaumer Jésus."

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1°) Les Trois Marie : Madeleine, Salomé et Jacobé.

Les quatre lancettes sont occupées de gauche à droite par sainte Marie-Madeleine, sainte Marie-Jacobé avec ses quatre fils, la Vierge et l'Enfant, et sainte Marie-Salomé avec ses deux fils. Autrement dit, Marie est entourée des trois saintes femmes présentes lors de la Passion selon Marc 16:1, notamment pour embaumer le corps de Jésus, et qui constatèrent que le tombeau était vide. Ce qui fait d'elles les premières témoins de la Résurrection. "Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala [assimilée ensuite sous le nom de Marie-Madeleine  à Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare], Marie mère de Jacques et Salomé achetèrent des aromates afin d'aller embaumer Jésus."

La tradition a voulu que ces trois Marie, chassées de Palestine, aient débarqué en Provence (aux Saintes-Marie-de-la-Mer) avec Marthe, Lazare et Maximin. Marie-Madeleine, retirée comme ermite dans le massif de la Sainte-Baume.

Les reliques de ces premiers disciples eurent une importance considérable. Celles de sainte Marie-Madeleine fit tout le succès de Vézelay. Celles de Lazare furent vénérées en la cathédrale d'Autun. Marie-Salomé et Marie-Jacobé suscitèrent le pèlerinage des Saintes-Marie-de-la-Mer, mais ce n'est qu'en 1447 que René d'Anjou, comte de Provence, obtint des bulles du pape Nicolas V pour procéder des fouilles dans l'église appelée alors Notre-Dame-de-la-Mer (et qui deviendra église des Saintes-Maries-de-la-Mer) et, suite à la découverte de trois corps, procéder  à l'invention de leurs reliques (1448), les conserver dans des chasses et en propager le culte jusqu'en Anjou. Dès décembre 1449, René d'Anjou fit don d'une partie de ces reliques (des fragments de côtes) à la cathédrale d'Évreux. Comment expliquer ce privilège ébroïcien ?

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2. Les Trois Marie : la Vierge, Jacobé et Salomé.

Il faut comprendre que la tradition a ensuite réunit "les trois Marie" (cette fois, la Vierge, Marie Jacobé et Marie Salomé) pour en faire les trois filles successives (par trois mariages) de sainte Anne : Anne et Joachim eurent (miraculeusement) la Vierge Marie, Anne et Cléophas eurent Marie Jacobé,   et Anne et Salomas eurent Marie Salomé. 

La Vierge Marie,  mariée à Joseph engendra miraculeusement Jésus.

 Marie Jacobé eut de son époux Alphée saint Jacques le Mineur, Joseph le Juste (le seul qui ne soit pas un apôtre), saint Simon et saint Jude-Thaddée.

Marie Salomé eut de son mari Zébédée les apôtres saint Jacques le Majeur et saint Jean.

 La descendance d'Anne constitue, selon une tradition apocryphe rapportée par la Légende Dorée au XIIIe siècle, "la Sainte Parenté", où Marie Jacobé et Marie Salomé sont les sœurs de la Vierge Marie. Cette Sainte Parenté fit l'objet d'une riche iconographie, comme par exemple l'enluminure des Heures d'Etienne Chevalier peinte par Jean Fouquet vers 1452-1460, donc à peu près en même temps que notre vitrail. On y voit sainte Anne et ses trois filles. Comme déjà vers 1450 par le Maître de Jouvenel dans les Heures d'Angers BnF NAL 3211 p.27, avec la prière "Trois sœurs de noble lignage par ce nom Marie nommées".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Parent%C3%A9#/media/Fichier:Sainte_Anne_et_les_trois_Marie.jpg

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10025446v/f29.image

 

 

 

 

Les historiens ont pu mettre en évidence le thème de ce vitrail (Marie-Madeleine + les Trois Marie) avec le don des reliques de Marie Salomé et Marie Jacobé, en décembre 1449, à la cathédrale d'Évreux.

"An 1452. Et a son instance [...] de Guillaume de Floques ], Pierre René d'Anjou, roy de Hierusalem et de Sicile, comte de Provence, fit present au chapitre d'Evreux de deux parties notables des costes de Stes Marie Jacobé et Marie Salomé, attestées en parolles de roy avoir esté tirées de leurs corps, apportées au Mont de Ste Catherine de Rouen le quatre de decembre 1449, et qui avoient esté transportées, a la priere de Sa Majesté, d'une petite bourgade au diocese d'Arles, par la permission du cardinal de Foy, legat du St Pere le pape et archevesque d'Aix, le premier de decembre 1448" (Le Batelier d'Aviron)

Mais c'est Claudia Rabel qui a montré en 2007 le lien entre la Sainte Parenté et la reine Jeanne d'Évreux (fille du comte d'Évreux).

 

"Cette nouvelle promotion des saintes est peut-être directement liée à l’entrée en scène de la reine Jeanne d’Evreux qui va devenir la véritable bienfaitrice des carmes parisiens. De même, ce n’est sans doute pas un hasard si l’essor de la sainte parenté d’Anne eut lieu en France, au moment même où les descendants par les femmes étaient exclus de la succession au trône. En 1325, en effet, Jeanne d’Evreux, arrière--petite-fille de saint Louis, devint la troisième femme de Charles IV qui espérait enfin obtenir d’elle un fils héritier . Mais comme sainte Anne, la reine n’eut que trois filles. ...

Contrairement à la grand-mère du Christ et des apôtres, le lignage royal féminin fut donc refusé à Jeanne d’Evreux. Mais pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort en 1371, la dernière reine capétienne sera la doyenne, estimée et respectée, de toutes les femmes de caractère qui gravitent à la cour de France au XIVe siècle, artisane de la paix dans le conflit entre les Valois et les Evreux-Navarre. Ces reines et princesses, souvent devenues veuves jeunes, sont citées en exemple de bon gouvernement aux princes qui se querellent et se combattent. Dans ce contexte, Jean de Venette ne dut guère avoir de mal à gagner le soutien de Jeanne d’Evreux pour promouvoir le culte des Trois Maries, «sœurs de noble lignage», modèle de conduite pour des vies exemplaires d’épouses, de mères ou de veuves, et modèle de piété, de sagesse et de bonne entente." (C. Rabel)

 

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J'ai souligné, dans les premiers articles sur les vitraux du XIVe de la cathédrale, l'importance du mécénat de Jeanne d'Évreux soit par son Livre d'Heures illustré par Jean Pucelle, soit par la statue en argent de la Vierge, offerte à la cathédrale.

 

"Les verrières de la cathédrale d’Evreux. Après Charles V et Charles VI, leurs successeurs continuent à être associés à la dévotion aux Trois Maries, protectrices des rois Valois, cette fois-ci publiquement, dans des verrières de la cathédrale d’Evreux en Normandie. L’ambiguïté de l’identité des Trois Maries: filles de sainte Anne ou Saintes Femmes des Evangiles, est résolue dans les quatre lancettes de la «verrière historique», qui se situe du côté nord dans la travée reliant le transept au chœur de la cathédrale. Elle a été offerte par les vainqueurs de la bataille de Formigny en 1450, Pierre de Brèze et Robert de Floques. La verrière commémorait cette victoire, qui marqua la fin de la guerre de Cent Ans, et honorait l’entrée au trésor de la cathédrale des reliques des saintes Marie Jacobé et Marie Salomé. Ces reliques avaient été données en 1449 à l’évêque d’Evreux, Guillaume de Floques, par René Ier duc d’Anjou. Ce prince également comte de Provence vénérait les deux Maries, dont il venait de retrouver les corps, comme il vénérait aussi leur compagne Marie-Madeleine et sainte Marthe, dans le cadre de sa politique menée dans le Midi de la France.

A l’arrivée de leurs reliques à Evreux, les deux Maries sont de nouveau réinterprétées comme demi-sœurs de la Vierge et mères des apôtres. En même temps, les donateurs de la verrière préservent leur identification aux Saintes Femmes au Tombeau, en choisissant Madeleine pour la première des quatre lancettes (La même solution a été adoptée dans un livre d’heures parisien enluminé dans l’entourage du Maître de Bedford, où l’ange de la Résurrection apparaît au tombeau vide du Christ à quatre Saintes Femmes: Lisbonne, Musée Calouste-Gulbenkian, LA 141, f. 217v. ).

En dessous des saintes, les places d’honneur aux pieds de la Vierge et de Marie Salomé, reviennent au pape Nicolas V —L’identification du pape à Eugène IV, avancée par Les vitraux de Haute-Normandie, semble impossible, ce pape étant mort en 1447, avant les événements conduisant à la réalisation de la verrière. — et au roi de France Charles VII, alors que le dauphin et les deux donateurs sont agenouillés derrière le pontife.

Comme un siècle plus tôt après la guérison miraculeuse de Pierre de Nantes, les saintes Maries provençales sont désinvesties de leur rôle de premiers témoins de la Résurrection du Christ, trop proches du mystère insaisissable de Pâques. Suivant une évolution générale de la piété à la fin du Moyen âge, elles sont «descendues sur terre», pour devenir des saintes plus proches des fidèles. Ces derniers invoquaient en elles des mères à la tête de familles modèles, bénies de nombreux fils illustres. Tout laïc en désirait, le roi de France en tête comme les deux donateurs, dont les familles se déploient dans le registre inférieur de la verrière. Il en allait de même pour le fils et successeur de Charles VII. Devenu roi, Louis XI voua une dévotion particulière à Notre-Dame d’Evreux. Peu après 1465 il fi t magnifiquement rebâtir la chapelle axiale dédiée à la Vierge et la fit orner d’un ensemble de verrières réalisées vers 1467-1469. Parmi elles, nous retrouvons encore une fois les Trois Maries, mais disposées sur deux verrières qui se font face. Au Nord, au sein du vitrail consacré à l’histoire de sainte Anne, une lancette est occupée par ses deuxième et troisième filles accompagnées de leurs fils. L’insistance sur sainte Anne et sa descendance s’explique à un moment où Louis XI, avant la naissance de son fils Charles en 1470, se souciait de sa succession et avait cherché en vain à l’assurer à sa fille aînée Anne. En face, côté Sud, dans une des lancettes du vitrail du «Triomphe de la Vierge», une Mater omnium protège sous son manteau un petit groupe d’hommes où Louis XI est «empereur en son royaume», agenouillé directement face au pape Paul II suivi du cardinal Jean Balue, évêque d’Evreux (Gary BLUMENSHINE, «Le vitrail du triomphe de la Vierge d’Evreux et Louis XI. Le patronage artistique des Valois dans la Normandie du XVe siècle», dans Annales de Normandie, 40, nos 3-4, 1990, p. 177-214 ). Ici encore, iconographie et politique, démographie et parenté se trouvent étroitement liées." (Claudia Rabel)

Lire aussi le blog pecia  http://blog.pecia.fr/post/2011/11/28/Pierre-de-Nantes-et-les-trois-Marie

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Sainte Marie-Madeleine tenant le flacon d'aromates.

Fond rouge uni.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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 Marie-Jacobé avec ses quatre fils, Jacques le mineur, Joseph le Juste, Simon-Thaddée et Jude.

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Fond jaune orangé damassé (rinceaux). La sainte est nimbée, voilée et porte la guimpe.

 

 

 

 

Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge Marie portant son Fils.

Fond lie-de-vin à rinceaux polycycliques.

Elle est nimbée, couronnée et voilée. La Mère et son Fils se penchent vers les donateurs du registre inférieur.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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 Marie-Salomé avec ses deux fils saint Jacques et saint Jean.

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Fond jaune-orangé à rinceaux. La sainte est nimbée, voilée et porte la guimpe. Elle remet un livre à l'un de ses fils, le premier ayant déjà un livre en main. Les pieds des enfants sont nus, ce qui rappelle qu'ils furent des apôtres.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LES DEUX REGISTRES DES DONATEURS.

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Première Lancette.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Pierre de Brézé et Robert de Flocques.

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Les deux hommes, sensiblement du même âge, sont beaux-frères, puisqu'ils ont épousé chacun l'une des deux filles de Guillaume Crespin (ou Bec-Crespin). Ce sont des compagnons d'armes, puisqu'ils sont, en septembre 1441, les libérateurs d'Évreux  (ils reçurent en 1442 pour cet exploit 6000 écus d'or du roi Charles VII), puisque vers 1443 Robert de Floques reçut ses gages de grand bailli et capitaine d'Évreux tandis qu'en 1441 Pierre de Brézé, déjà grand sénéchal,  avait été fait comte d'Évreux. 

1. Pierre de Brézé (1410-1465).

Il est représenté agenouillé en armure recouverte d'un tabard à ses armes d'azur, à l'écusson d'argent, accompagné de crossettes d'or.

 

Rappel Wikipédia :

Pierre de Brézé, né vers 1410 ou 1412 et mort le 16 juillet 1465 à Montlhéry, est un soldat, courtisan et homme de gouvernement au service des rois de France Charles VII et Louis XI qui s'est illustré au cours de la guerre de Cent Ans.

Pierre de Brézé entre très tôt au service du roi de France Charles VII. Il est déjà suffisamment renommé à la cour à l'été 1433 lorsqu'il apporte son soutien à la belle-mère du roi et duchesse douairière d'Anjou Yolande d'Aragon et au connétable Arthur de Richemont quand ces derniers écartent de la cour le puissant favori Georges de La Trémoille. Adoubé dès 1434 par Charles IV du Maine, Brézé entre rapidement au Conseil royal, puis est nommé grand sénéchal d'Anjou en 1437 et de Poitou en 1440. Brézé soutient ainsi de manière décisive le roi Charles VII contre son fils le dauphin de France Louis et les grands féodaux au cours de la Praguerie entre février et juillet 1440, ce qui lui portera préjudice quelques décennies plus tard.

Brézé s'évertue au cours des années 1440 à chasser les Anglais du royaume de France, au cours de la dernière phase de la guerre de Cent Ans. Il participe de ce fait aux hostilités en Normandie dès 1440 et en Aquitaine dès 1442. En récompense de son rôle joué dans la défense de Pontoise contre les Anglais menés par Richard d'York, le roi le crée comte d'Évreux en 1441. Brézé bénéficie de l'appui total de la maîtresse du roi Agnès Sorel, devient chambellan du roi et assoit son autorité sur le Conseil royal au détriment de ses anciens alliés, tels Arthur de Richemont ou Charles IV du Maine. Les années de son ascension spectaculaire au sein du gouvernement, entre 1444 et 1450, se révèlent être les plus glorieuses du règne de Charles VII.

Malgré des accusations formulées en 1448 par son farouche ennemi le dauphin Louis qui résultent en un procès qui l'exonère complètement, Pierre de Brézé garde la confiance de Charles VII et joue un rôle majeur dans la reconquête du duché de Normandie. Il prend part à la prise de Verneuil en 1449 ainsi qu'à la décisive bataille de Formigny en 1450, qui scelle la fin de la présence anglaise en Normandie. En remerciement de ses efforts, le roi lui attribue la charge de grand sénéchal de Normandie, et ce en dépit de la mort de son alliée Agnès Sorel et du déclin de son influence à la cour. Brézé exerce depuis la Normandie de fructueux actes de piraterie contre les vaisseaux anglais et parvient même à conduire un raid contre le port de Sandwich en 1457.

À la mort de Charles VII en 1461, Brézé tombe en disgrâce auprès du nouveau roi Louis XI et est immédiatement emprisonné. Il est pourtant libéré dès 1462 et prépare promptement une expédition dans le cadre de la Guerre des Deux-Roses dans le Northumberland en faveur de Marguerite d'Anjou, épouse du roi de la Maison de Lancastre Henri VI d'Angleterre, renversé l'année précédente par Édouard IV de la Maison d'York. L'invasion conduite par Marguerite d'Anjou à l'automne 1462 en concertation avec l'Écosse et la France se révèle cependant inefficace. Contraints de se replier en Écosse, Marguerite et Brézé mènent plusieurs expéditions dans le Nord de l'Angleterre qui échouent et doivent finalement se réfugier en France à l'été 1463.

L'agitation du duc François II de Bretagne inquiète Louis XI, qui nomme Brézé capitaine de Rouen en 1464 en lui confiant la défense de la Normandie1. Fidèle au roi, Brézé le soutient lors de la Ligue du Bien public et meurt au combat à la bataille de Montlhéry le 16 juillet 1465. Son tombeau, un enfeu de style flamboyant de la fin du xve siècle, se trouve dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen. Il y est enterré avec sa femme Jeanne du Bec-Crespin, dame du Bec-Crépin, de Mauny et de Maulévrier.  "

 

 

2. Robert de Floques. 

Il est agenouillé derrière son compagnon. 

 

Le 15 septembre 1441, escaladant les murs de la porte de Chartraine, depuis leurs barques, et avec l'aide de deux pêcheurs, l'homme de guerre Robert de Flocques et environ trois cents de ses compagnons d'armes entrent dans l'enceinte de la ville. Ils parviennent à libérer Evreux des mains des Anglais qui, malgré les barricades installées rue Grande, sont rapidement écrasés et massacrés. Le roi reprend ainsi le contrôle de la ville. Il reçoit pour cela 6000 écus (avec Pierre et Jean de Brézé), puis reçoit ses gages de grand-bailli et capitaine d'Evreux. Son fils est nommé évêque d'Évreux.

Robert de Flocques (date de naissance inconnue, vers 1411 - mort le 7 décembre 1461 à Évreux, Normandie), dit Flocquet, est un homme de guerre français, seigneur de Grumesnil, bailli royal d'Évreux, maréchal héréditaire de Normandie (par son mariage), conseiller et chambellan du roi.  

L'article Wikipédia signale ceci : "De basse noblesse picarde, Robert de Flocques participe aux combats de la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons (1407-1435) dans le camp armagnac. Il se lie de fidélité au roi Charles VII, pratique l'écorcherie dans les territoires bourguignons et vit de la guerre jusqu'en 1444, où il reçoit une lettre de rémission pour toutes ses exactions. En 1441, il reprend Évreux aux Anglais et devient le bailli de la ville. En 1445, il est intégré à l'armée permanente de Charles VII comme capitaine d'Ordonnance. En 1449-1450, il participe à la conquête de la Normandie.

Sa carrière se poursuit avec sa participation à la bataille de Formigny qui clôt la récupération de la Normandie par le roi de France. Au terme d'une trajectoire exceptionnelle, Robert de Flocques meurt dans son lit à Évreux en 1461, passé d'un petit soudard picard à un bailli et capitaine reconnu comme un des meilleurs de son temps."

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les membres des familles de Pierre de Brézé et/ou de Robert de Floques.

On peut penser que la famille de Pierre de Brézé, le premier sur le registre du dessus, occupe ce panneau, et que celle de Robert de Flocques occupe la suivante. Ce n'est qu'une hypothèse, invérifiable, et peu importe, sauf pour ma présentation.

 

Fond lie de vin damassé à rinceaux.

Un homme portant le chaperon blanc sur l'épaule droite.

Son épouse à large coiffe blanche et robe rouge.

Un deuxième homme, chaperon rouge sur l'épaule droite.

L'épouse de Pierre de Brézé est Jeanne (selon les généalogistes, mais Catherine selon P. Le Brasseur et les autres auteurs) Crespin, "dame de Mauny, Maulévrier et du Bec-Crespin (succède à ses frères) (le Roi lui accorde 400 £ de pension avant 1455) épouse Pierre de Brézé, baron de Maulévrier, seigneur de La Varenne +X 16/07/1465 (Montlhéry) (fils de Pierre 1er et de Clémence Carbonnel) (vendent ensemble les Trois-Villes de Saint-Denis assise en la Forêt de Lyons, à Louis d’Harcourt)"

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Crespin.pdf

Elle eut trois enfants dont un fils, Jacques, marié en 1461.

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&p=jeanne&n=crespin&oc=12#note-wed-2

 

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les registres inférieurs de la deuxième lancette.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le Dauphin.

le Dauphin, duc de Normandie, (qui deviendra  Louis XI en 1461), est agenouillé, les mains jointes devant un pupitre qui porte un livre ouvert. Sa cotte d'armes est armoriée de France et de Dauphiné;

Fond rouge  damassé à rinceaux.

 

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Trois donateurs (deux hommes et une femme).

La femme porte un hennin double (à deux cornes), comme Isabelle de Portugal sur ce portrait de 1445-1450 :  https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabelle_de_Portugal_(1397-1471)#/media/Fichier:Rogier_van_der_Weyden_workshop_-_Portrait_of_Isabella_of_Portugal_-_without_frame.jpg

Les hommes portent une tunique courte, serrée par une ceinture, et fourrée au col et aux poignets. 

Fond jaune orangé damassé à rinceaux.

Si cette famille est celle de Robert de  Flocques, c'est le moment de signaler que son épouse Jacqueline Crespin est la jeune sœur de Jeanne [Catherine], épouse de Pierre de Brézé. "Jacqueline Crespin ° ~1415 + 20/01/1484 (inhumée à Gonfreville-L'Orcher) épousa 1) Robert de Floques dit «Floquet» ° 1411 + 07/12/1461 Bailli d’Evreux, puis  2) Pierre d'Ercambourg." http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Crespin.pdf

Le couple eut une fille, Jeanne, née vers 1430, mariée à Gilles de Rouvroy, et décédée vers 1480.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les registres inférieurs de la troisième lancette.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le pape Eugène IV, pape de 1431 à 1447.

Il porte une chape rouge à orfrois d'or, et la triple tiare papale, aux deux fanons. Il est identifié par ses armoiries d'azur à la bande d'argent placées au tympan. Pourtant, il n'est plus en vie à la date du don des reliques de Salomé et Jacobé le 4 décembre 1449. On pourrait donc y voir le pape Nicolas V, dont le pontificat s'étend de 1447 à 1455, mais dont les armoiries de gueules à la clef d'argent posé en bande et à la clef d'or posée en barre toutes deux liées d'un cordon d'azur, sont absentes.

Fond bleu damassé de rinceaux.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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L'évêque d'Evreux, Guillaume de Floques, l'abbé du Bec, premier chanoine de la cathédrale, et Robert Cybole, doyen

 

Fond vert damassé à rinceaux.

Guillaume de Floques évêque d'Évreux  est agenouillé en habit épiscopal devant Robert Cybole,  doyen du chapitre cathédral, et Jean de Rouen abbé du Bec jusqu'en 1452, et premier chanoine d'Évreux.

Guillaume de Floques, moine bénédictin, fils de Robert, fut évêque d'Évreux  jusqu'à sa mort le 25 novembre  1464. Il obtint ce poste  par appui du roi  après que Pasquier de Vaux évêque d'Évreux de 1439 à 1443, ardent défenseur des anglais, ait été  suspendu en 1442 de tous ses biens pour avoir refusé de reconnaître le roi de France,  et soit transféré par le pape à  Lisieux, toujours sous domination anglaise.  Eugène IV avait nommé en succession de Pasquier de Vaux Pierre Estrillac (ou de Treigac) de Comborn, mais le lendemain même de son élection, le 10 juillet 1443, Guillaume de Flocques est élu évêque d'Évreux sur l'insistance de son père. Le 16 juin 1445, il prit possession par procuration de l'évêché malgré les fonctions de Pierre de Comborn. Le 24 août 1446, il prête serment de fidélité au roi à Bourges. En 1447, Pierre de Comborn lui intente un procès devant le Parlement de Paris, mais le perd. Et le 5 septembre 1447, Guillaume de Flocques prend possession de l'évêché. Le 29 janvier 1456, trop âgé pour exercer ses fonctions, il se retire et devient abbé du pontificat. Pierre de Comborn lui succède enfin.

 

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Jean de la Motte fut abbé du Bec de 1446 à sa mort le 17 novembre 1452 à Rouen. Il était le fils d'un bourgeois de Rouen, docteur en décrets de l'Université de Paris. Il peut être identifié par la crosse abbatiale, tenue sur l'épaule droite. Il porte un grand manteau blanc plissé (de bénédictin ?).

 

 

Robert de Cibole (1403-1458), ou de Ciboule, Cybolle, Cybole, doyen d'Évreux. Chancelier de Notre-Dame de Paris en 1451 et proviseur du collège de Navarre, célèbre pour ses sermons, particulièrement pour celui sur la Passion prononcé le 30 mars 1442 à Saint-Jacques-la-Boucherie dont il était le curé (Notice BNF) et camelier de Nicolas V. "On a vû fleurir de son temps Robert de Cibole Doyen de l'Eglise Cathédrale d'Évreux. Il étoit de Breteüil, Docteur en Théologie, Chancelier de l'Université de Paris, Camerier du Pape Nicolas V. Il a écrit un Commentaire sur les Epîtres de S. Paul, dont le manuscrit étoit il n'y a pas encore bien longtemps, dans la Bibliothèque du Chapitre d'Evreux, avec llIl que le Pape Nicolas lui envoya de Rome en 1454. portant la permission de tenir tels bénéfices qu'il voudroit , fans être obligé à la résidence, & même de choisir le lieu le plus sain pour sa santé & le plus commode pour ses études. " (P. Le Brasseur p. 294)

 

Il prononça un plaidoyer en défense de Jeanne d'Arc. Voir aussi biographie

Voir  http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/7235/9751

Il porte, bien-sûr la tonsure. Son vêtement de chœur est doublé au col et aux poignets d'une fourrure dorée. L'étoffe pliée sur son avant-bras droit est l'aumusse des chanoines.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les registres inférieurs de la quatrième lancette.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le roi Charles VII.

Fond à rinceaux en trois bandes verticales rouge, verte et blanche.

Il est agenouillé devant son prie-dieu où son livre de prières est ouvert. Il porte la couronne, l'armure complète, l'épée au coté,  et un tabard à ses armes d'azur fleudelysé.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Trois hommes en armure.

Fond jaune d'or, à grands feuillages.

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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"Les compartiments supérieurs sont ornés de six écussons. :

En haut celui d'Eugène IV, d'argent, à la bande d'azur, surmonté de la tiare.

Au second rang deux blasons surmontés de la couronne de France : l'un de France, l'autre parti de France et d'Anjou. Ce dernier doit appartenir à Marie d'Anjou, femme de Charles VII : cependant, il diffère notablement de celui que lui attribue le Père Anselme et se rapproche davantage de celui de René d'Anjou, donateur des reliques, sans lui être absolument conforme. On peut le blasonner ainsi pour Anjou , tiercé : au 1er fascé d'argent et de gueules de 6 pièces ; au 2 d'azur, semé de fleurs de lys d'or ; au 3 d'argent, à la croix potencée d'or, soutenu de la pointe: au 4 d'azur semé de fleurs de lys d'or; au 5 d'azur, à 2 barbeaux adossés d'or, au 6 d'or à la bande d'argent.

Au troisième rang l'écusson du dauphin : écartelé de France et de Dauphiné.

Au quatrième rang l'écusson de Robert de Floques : de gueules, à 3 bandes d'argent ; et  celui de Pierre de Brezé : d'azur, à l'écusson d'argent enclos dans un trécheur d'or et à 8 croisettes d'or, en orle." (Lebeurier)

 

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Baie 213  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 213 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 113 du triforium.

"La claire-voie du triforium est ornée, dans la partie supérieure des ogives, de trois écussons. Le premier parti de Floque et de Crespin (fuselé d'argent et de gueules) ; le second parti de Brezé et de Crespin ; le troisième de Floques." (Lebeurier)

Les trois baies géminées à 2 lancettes trilobées, tympan à 1 soufflet et 4 écoinçons portent dans les lancettes une vitrerie géométrique ponctuée de soleils ondés et de monogramme du Christ, C'est dans le tympan que se trouvent 3 écus armoriés, de France à gauche, puis de Robert de Floques, de son épouse Catherine Crespin et de la famille de Brézé parti Crespin. (Gatouillat)

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Baie 113  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 113 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Verri%C3%A8re_des_%223_Marie%22_-_Pierre_de_Br%C3%A9z%C3%A9_et_Robert_de_Flocques_sous_Marie-Madeleine_Notre-Dame,_%C3%89vreux.JPG

 

— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 — GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI Louis, 1968, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968, p. 55-73. 

"Le vitrail « des Trois Marie », dans le chœur, a déjà été souvent commenté et expliqué dans ses nombreux portraits de chanoines et dignitaires, comme aussi dans sa signification « politique ». « Cet admirable ensemble, écrit M. Dubuc, postérieur à la bataille de Formigny (15 avril 1450) qui marquait l'expulsion définitive des Anglais hors de la France, commémorait aussi, outre la fin du Grand Schisme d'Occident (1429), la donation au chapitre d'Évreux par René d'Anjou, roi de Jérusalem et de Sicile..., de deux parties notables des côtes des saintes Marie- Jacobé et Marie-Salomé en décembre 1449. » "

— LEBEURIER (Pierre-François), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868, pages 26-27.

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n31

— LE BATELIER d'AVIRON, édition 1865 Le mémorial historique des évêques, ville et comté d'Évreux, écrit au XVIIe et publié pour la première fois par l'abbé P.F. Lebeurier...P. Huet, page 132.

https://books.google.fr/books?id=jvVAAAAAcAAJ&dq=reliques+des+Saintes+Marie+Jacob%C3%A9+et+Marie+Salom%C3%A9+Floques+%C3%A9vreux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

 

— LE BRASSEUR (Pierre), 1722; Histoire civile et ecclésiastique du comté d'Évreux.

https://books.google.fr/books?id=KjRDAAAAcAAJ&dq=Guillaume+de+Floques&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— NEVEUX (François), 1987, Evreux à la fin du moyen âge: André Plaisse, La baronnie du Neubourg. Essai d'histoire agraire, économique et sociale ; L'évolution de la structure agraire dans la campagne du Neubourg ; Charles, dit le Mauvais, comte d'Evreux, roi de Navarre, capitaine de Paris ; Un chef de guerre du XVe siècle, Robert de Flocques, bailli royal d'Evreux ; La vie municipale à Evreux pendant la guerre de Cent Ans ; Evreux et les Ebroïciens au temps de Louis XI [compte-rendu]Annales de Normandie  Année 1987  37-1  pp. 83-87

https://www.persee.fr/doc/annor_0003-4134_1987_num_37_1_2029

— RABEL (Claudia), 2009, des histoires de famille la dévotion aux trois maries en france du xive au xve siècle textes et images Revista de historia da arte n.º 7 - Institut de recherche et d’histoire des textes (CNRS) Paris – Orléans

https://run.unl.pt/bitstream/10362/16651/1/RHA_7_ART_6_CRabel.pdf

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
15 janvier 2020 3 15 /01 /janvier /2020 21:47

 

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : XIX: la baie 210 offerte vers 1390-1400 par le roi Charles VI.

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Cet article est le dix-neuvième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle, et il suit l'ordre chronologique des datations de ces verrières.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,50 m et large de 3,60 m, la baie 210, située au coté sud des vitres hautes du chœur, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 pentalobe,  2 trilobes et 9 écoinçons. Elle appartient, avec la baie 209 offerte par Pierre de Navarre, comte de Mortain, aux verrières dites "royales". En effet, dans les deux lancettes centrales, le roi de France Charles VI  est agenouillé devant un prie-dieu, présenté à la Vierge à l'Enfant, assise, par saint Denis placé à l'extrême droite.

 

Les dais répètent les mêmes fleurons trilobés au sommet des petits gables aigus des contreforts que la baie 209, les mêmes crosses de feuillage sur les rampants des gables principaux, et surtout les mêmes crochets blancs et jaunes qui hérissent, par une disposition assurément rare, la corniche supérieure des niches.

De même, nous retrouvons ici les deux tissus damassés de la baie 209, d'une part celui des fonds, à rinceaux et médaillons où s'affrontent deux dragons ou oiseaux fabuleux, et d'autre part celui du prie-dieu, à large fleur jaune en étoile.

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La verrière a été recomposée ici en  1955 avec des panneaux exécutés pour la nef et transférés progressivement dans le chœur depuis 1845. La figure royale était placée à l'origine dans la baie 132 sous sa rose aux armes de France. Lebeurier donnait en 1868 la description du coté sud de la nef :

 

"Les fenêtres 2 et 3 ont de simples grisailles ornées à leur partie supérieure, la première d'un écusson aux armes de France d'azur à trois fleurs de lys et la seconde d'un écusson écartelé de Navarre et d'Evreux.

La verrière de la fenêtre 4 représente un roi qu'on croit être Charles V, beau-frère de Charles-le-Mauvais, agenouillé sur un coussin orné de fleurs de lys, en face d'un prie-dieu sur lequel est un livre ouvert. Le fonds de la scène est d'azur semé de fleurs de lys. Au haut, dans la rosace, un écu de France, d'azur semé de fleurs de lys sans nombre.

La verrière de la fenêtre 5 représente une Vierge assise ayant sur ses genoux l'enfant Jésus qui tient à la main une branche de rosier. En face se trouvait, dit-on, le portrait de Charles-le- Mauvais qui a été transporté dans le chœur vers 1834."

Elle fut restaurée en 1890 par Leprévost et Steinheil, puis restaurée et recomposée en 1955 par Gruber. En 1983, elle a été endommagée par un orage de grèle et restaurée par Tisserand avec inclusions, doublage de la vitre, tandis que  les plombs de casse ont été supprimés grâce à un collage bord à bord des pièces brisées.

 

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Les baies 210 et 212 et en dessous les  baies 110  et 112 du triforium.

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 Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : XIX: la baie 210 .

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La baie 210.

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les parties figurées des quatre lancettes.

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Première lancette (à gauche) : la Vierge à l'Enfant assise sur une cathèdre.

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La Vierge nimbée et voilée, vêtue d'un manteau bleu, tient son fils sur le bras droit et un livre dans la main gauche. Elle est légèrement tournée et inclinée vers le donateur, vers lequel se dirige son regard.

L'Enfant, blond, à demi recouvert d'un drap, entoure le cou de sa Mère tandis que sa main droite se dirige vers le donateur.

Marie porte une robe blanche à motifs de deux fleurs différentes, peintes au jaune d'argent.

La cathèdre est gothique, à pinacles à crochets.

Le drap d'honneur tendu derrière elle, de couleur rouge, est peint à la grisaille, l'enlevé de cette peinture donnant à voir le motif du damassé, à rinceaux souples dont les boucles à crochets renferment deux dragons (ou oiseaux fabuleux) selon une inspiration orientale repris dans les lampas italiens.

L'édicule hexagonal à voûte nervurée et aux pans marqués par des gables à fleurons laisse voir, sur le fond bleu, les lancettes d'une ou plusieurs verrières, comme si la niche était située dans une cathédrale.

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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. Détail du damassé.

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les deux lancettes centrales : Charles VI agenouillé en donateur.

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Les deux lancettes forment un seul lieu, délimité par l'arcade de la niche, dont le sommet est gardé par deux anges (complété en 1955).

Sur un fond vert (en haut) et rouge , un drap d'honneur fleurdelysé est tendu. Le large prie-dieu est recouvert d'un linge liturgique blanc, richement orné de fleurs à sept pétales en étoile, comme sur la baie 209. Le livre de prière, ouvert, étale les deux fermoirs de sa reliure.

Le roi (couronné) est vêtu, non pas d'un manteau aux armes de France, mais d'un manteau rouge au rabat de col et au revers blanc (fourrure d'hermine ?).

Mains jointes, il fixe la Vierge du regard.

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Dernière lancette : Saint Denis.

C'est lui qui porte sur son manteau les armes du royaume de France, dont il est le patron(cf. la nécropole royale de Saint-Denis et le cri Montjoie-Saint Denis).

Il tient sa tête dans les bras, puisqu'il a été décapité. Cette tête est mitrée, les fanons de la mitre retombent derrière le bras gauche.

C'est ici le même  carton que pour la baie 209, où il co-présente Pierre de Navarre.

Le fond damassé rouge reprend le même motif que sur les lancettes précédentes.

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le tympan.

L'oculus du pentalobe renferme les armes de France aux fleurs d lys sans nombre, tandis que les lobes, datant du XIXe, sont aux armes d'Évreux-Navarre. Des couronnes d'or sur champ de gueules occupent les trilobes.

 

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Baie 210  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 210 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 110 du triforium (3ème quart du XVe).

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Baies 210 et 110  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 210 et 110 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 110  du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 110 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

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— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 — GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

GRODECKI Louis, 1968, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968, p. 55-73. 

HONORÉ-DUVERGÉ (Suzanne), 1942,  "Le prétendu vitrail de Charles le Mauvais à la cathédrale d'Évreux" Bulletin Monumental  Année 1942  101-1  pp. 57-68

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9289

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LAFOND (Jean), 1942,  "Les vitraux royaux du XIVe siècle à la cathédrale d'Évreux"  Bulletin Monumental  Année 1942  101-1  pp. 69-93

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9290

— LAFOND (Jean), 1975, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières" , Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France  Année 1975  1973  pp. 103-112

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n15

Suau (Jean-Pierre), 1993, "Les vitraux  des rois de Navarre en la cathédrale d'Évreux", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 32-33.

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1980,"Les vitraux royaux de la cathédrale d'Évreux" cahiers d'archéologie p.300-313. Non consulté.

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
6 janvier 2020 1 06 /01 /janvier /2020 16:43

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : XVIII : la baie 209 offerte vers 1390-1400 par Pierre de Navarre, comte de Mortain.

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Cet article est le dix-huitième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle, et il suit l'ordre chronologique des datations de ces verrières.

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat, et notamment par Gatouillat 2019.

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Voir :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés  outre les articles sur les baies 15, 17 et 19 cités supra : 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

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PRÉSENTATION.

 

Haute de 6,50 m et large de 3,60 m, la baie 209, située au coté nord des vitres hautes du chœur, comporte 4 lancettes trilobées  et un tympan à 1 pentalobe,  2 trilobes et 9 écoinçons. Elle appartient, avec la baie 210 offerte par Charles VI,  aux verrières dites "royales" car le donateur a été identifié comme Pierre de Navarre, comte de Mortain, frère puiné du roi de Navarre et comte d'Évreux Charles III le Noble, et compagnon d'enfance du roi Charles VI.

Pierre de Navarre y est présenté à la Vierge à l'Enfant par saint Pierre, et par saint Denis. 

Les quatre personnages se tiennent dans des édicules voûtés tendus de damas à motifs de rinceaux en spirale.

Les dais répètent les mêmes fleurons trilobés au sommet des petits gables aigus des contreforts que la baie 210, les mêmes crosses de feuillage sur les rampants des gables principaux, et surtout les mêmes crochets blancs et jaunes qui hérissent, par une disposition assurément rare, la corniche supérieure des niches. Mais le dais à sommet plat est simple pour les trois saints personnages, et double pour le donateur, afin qu'il soit placé plus bas qu'eux.

La verrière a été restaurée lors de la réfection du chœur entre 1888 et 1896 : la date de 1893, qui est inscrite sur le livre de prières, se rapporte certainement à cette restauration.

Elle résulte d'une recomposition un peu complexe par Jean-Jacques Gruber en 1953 puisque son emplacement était auparavant celui de la verrière de Guillaume d'Harcourt (aujourd'hui en 211), et que les panneaux du donateur et de saint Pierre ont été transférés depuis la baie 134 de la nef avant 1834 pour compléter la verrière de Raoul de Ferrières de la baie 207, et qu'enfin la Vierge et saint Denis étaient placés dans la verrière voisine...

Longtemps, en se fondant sur un relevé exécuté par le collectionneur Gaignières, on y a vu Charles III de Navarre. L'identification juste, et la recomposition de la verrière, résultent d'un véritable travail d'enquête érudite mené en 1942 par Suzanne Honoré-Duvergé  puis Jean Lafond , mais le débat s'est poursuivi autour des baies 209 et 210 jusqu'en 1980, entre Jean Lafond, Louis Grodecki (1956-1957), l'archiviste Marcel Baudot et l'héraldiste Jean-Bernard de Vaivre. Il portait notamment sur les deux relevés effectués par Boudan pour Gaignières : s'agissait-il, — puisqu'ils portaient en inscription les identifications de Charles II et de Charles III —, d'infidélités aux verrières réelles (car plus difficiles à observer qu'une dalle funéraire par exemple), ou bien de relevés de deux autres verrières, aujourd'hui perdues, tandis que les actuelles baies 209 et 210 auraient échappé à l'attention du dessinateur et antiquaire ? On pourra voir, dans les articles cités en source, combien ces débats sont passionnants et instructifs. 

Néanmoins, le consensus est établi concernant l'identité de Pierre de Navarre, et la datation entre 1390 et 1404.

 

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Vue générale en situation au dessus du triforium avec sa baie 109 :

 

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Baies 209 et 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 209 et 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La première lancette : la Vierge à l'Enfant.

 

Elle provient de la verrière de la cinquième travée de la nef, du côté sud, où elle avait été déplacée.

"La Vierge assise à laquelle Mme Honoré-Duvergé a pensé pour compléter le vitrail de Pierre de Mortain est infiniment gracieuse. Sa tête blonde s'incline vers la droite, comme pour accompagner le mouvement de l'Enfant-Jésus, penché en avant avec ce bel élan qu'on lui voit dans certaines représentations de l'Adoration des Mages. Mais il tend ici une branche de rosier." (J. Lafond)

On sait que la Vierge, patronne de la cathédrale Notre-Dame, est honorée dans la plupart des verrières hautes du chœur.

Fond rouge damassé au motif de rinceaux. Manteau bleu, nimbe vert, Enfant et visage de Marie en verre blanc peint au jaune d'argent. Le damassé aux rinceaux polycycliques se retrouve sur la robe dorée, visible en bas.

La Vierge incline la tête vers son Fils avec qui elle échange un regard d'autant plus tendre que l'Enfant enlace le cou de sa Mère de ses bras. Elle tient dans la main droite un objet (rosier selon Lafond) que je ne peux déterminer.

Petit effet de perspective par les nervures des voûtains, le manteau qui passe devant les piédroits, ou les lignes du carrelage  à losanges noirs et jaunes.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Cliché éclairci pour étudier le fond rouge.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième lancette : saint Pierre coiffé de la tiare papale.

Fond du dais rouge, sous lequel est tendue une étoffe damassée bleu au motif de pommes de pins fleuronnées, de rouelles à crochets et de rinceaux. Je rappelle l'importance de ces damassés, qui ont permis le regroupement des panneaux dispersés et qui se retrouvent en baie 210. La rouelle à crochet renferme deux dragons (ou oiseaux fabuleux) affrontés, comme les soieries ou lampas importés de Lucques ou de Florence. 

Ce motif se retrouve à Bourges dans le vitrail de la chapelle d'Etampes — ou du Sacré-Coeur — des premières années  du XVe, et  reproduit dans la Pl. II d'A de Méloizes.

Saint Pierre tient la clef dans la main droite et tend la main gauche, en arrière, vers le donateur dont il est le patron. Nimbe rouge, chape lie-de-vin, surplis, visage et mains en verre blanc. 

L'un des détails précieux est le motif des broderies de l'étole, puisqu'il s'agit de verrières au remplage stylisé : il indique que Pierre de Navarre est donateur de la verrière, d'une façon très originale puisqu'ailleurs dans le chœur, les donateurs portent eux-mêmes une maquette de vitrail.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Troisième lancette. Pierre de Mortain en donateur.

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Pierre de Navarre (Évreux, 31 mars 1366 – Sancerre, 29 juillet 1412), comte de Mortain, était le fils puîné de Charles II, roi de Navarre et comte d'Évreux (dit Charles le Mauvais), et de Jeanne de France (1343-1373), fille du roi de France Jean le Bon.

Pierre de Navarre alias Pierre de Mortain naquit à Évreux le 5 avril 1366. Laissé à la cour de France (en gage d'une possible politique de réconciliation entre son père et le roi Charles V), il fut élevé avec le futur roi Charles VI, dont il devint l'inséparable compagnon.

C'est dans ce contexte qu'il faut réunir les deux verrières 209 (au nord) et 210 (au sud) offertes par Pierre de Mortain et Charles VI, et où saint Denis est présent dans les deux cas.

Le gisant de Pierre de Navarre est conservé au Louvre.

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Statue gisante provenant du tombeau de Pierre de Navarre , dans le choeur de l'église de la Chartreuse de Paris, détruit à la Révolution.

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http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1980

"Au reste, l'exactitude de l'identification est aisée à vérifier ; la figure du vitrail présente, nous l'avons dit, toutes les apparences d'un portrait. Or, le Louvre conserve la belle statue tombale du comte de Mortain, que lui fit ériger, après sa mort en 1412, sa veuve Catherine d'Alençon . L'épreuve est concluante : non seulement le costume du gisant est identique en tous points au vitrail — mêmes détails de l'armement, même cotte armoriée, le cortil seul faisant défaut — mais encore les traits sont semblables ; à peine peut-on noter que le vitrail offre une image plus juvénile, faite vraisemblablement du vivant de Pierre de Navarre." (Honoré-Duvergé)

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Plus précisément (de Vaivre), Pierre de Mortain porte une cuirasse, cuissards, grèves et solerets à bouts pointus. La cuirasse, portée sur une cote de maille qui apparaît au col, est elle-même revêtue d'un tabard aux armes un peu différentes que celles du vitrail  : aux 1 et 4 au rais d'escarboucle pommeté, besanté et fermé, aux 2 et 3 à trois fleurs de lis à la bande et à la bordure simple. En d'autres mots, seuls sont brisés les deux quartiers issus de France. D'autre part, le tortil est absent mais aux dires de Millin, la tête était autrefois ceinte d'un tortil « en vermeil, orné de pierres fines ».

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Datation :

"Le peu que nous connaissons de la vie du comte de Mortain nous aidera à préciser la date de la verrière. Nous savons qu'il est né à Évreux le 5 avril 1366 , et cela nous donnera le terminus a quo du travail : il semble bien que le prince eût dépassé vingt ans quand l'artiste a fixé ses traits sur le verre ; le vitrail ne saurait donc être antérieur de plus de deux ou trois ans à 1390. Un autre argument, tiré de l'état des ressources du jeune Pierre de Navarre, vient renforcer cette déduction : quand Charles V procéda à la confiscation de toutes les terres françaises de Charles le Mauvais (1378), le jeune homme, retenu prisonnier à la cour de France, fut dès lors élevé en compagnie du futur Charles VI, son cadet de deux ans à peine ; financièrement parlant, il dépendait donc entièrement du bon plaisir du roi de France : en dehors de quelques dons motivés par des frais extraordinaires, sa pension s'élevait à 3,200 l. p. par an, jusqu'à l'érection en sa faveur du comté de Mortain en 1401 . Sans doute peut-on penser que Charles le Noble, une fois monté sur le trône de Navarre (1387), aida son jeune frère à tenir son rang ; mais les finances navarraises étaient elles-mêmes bien mal en point, et c'est en 1410 seulement que le prince recevra un apanage de 3,000 l. de rente . Aussi paraît-il impossible qu'avant 1390 les ressources du jeu ne homme aient pu lui permettre la dépense de la verrière. L'exécution du vitrail se placerait donc entre l'extrême fin du XIVe siècle au plus tôt et les premières années du XVe siècle au plus tard. … L'on peut même penser que le vitrail devait être posé en 1404 : à cette date, en effet, le roi de Navarre perd le comté d'Évreux et reçoit en échange le duché de de Nemours ; dès lors, il y a peu d'apparence que les princes de Navarre aient songé à embellir la cathédrale d'une capitale qu'ils avaient perdu l'espoir de recouvrer. Sans doute, le comte de Mortain gardait-il, même après cette cession, de nombreuses raisons de se montrer généreux envers l'église de sa ville natale, où sa mère était enterrée, que ses ancêtres avaient ornée. Il n'en reste pas moins vraisemblable que Pierre de Navarre et son saint patron ont pris place aux fenêtres de la cathédrale d'Évreux entre 1390 et 1404. Dès lors, leur facture, la précision du dessin, l'emploi déjà sûr de la perspective s'expliquent aisément." (Honoré-Duverger)

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Le motif du damassé est ici peint sur fond vert. 

Le comte d'Évreux est figuré à genoux, devant son livre de prière ouvert sur un prie-dieu. Il porte la cotte de maille et l'armure complète, sous un tabard à ses armes .

Il porte sur la tête un tortil d'or où s'enroule un rang de perles.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Héraldique.

Le tabard porte les armes écartelées  aux 1 et 4 de gueules au rais d'escarboucle pommeté, besanté et fermé, d'or (qui est de Navarre), aux 2 et 3 semé de France ancien à la bande componée d'argent et de gueules (qui est d'Évreux), à la bordure d'argent sur le tout .

 

 

 

Pierre de Mortain n'usa pas toujours des mêmes armes au cours de sa vie. Cela n'a rien de surprenant car on sait que seul le chef de famille avait droit aux pleines armes, les autres membres de la maison brisant ou surbrisant, selon un système qui était propre à chaque famille. Il  a utilisé au cours de sa vie au moins quatre sceaux différents mais son blason ne subit essentiellement qu'une seule modification. Elle concerne la bordure ajoutée en signe de brisure de son écu (écartelé aux 1 et 4 de Navarre, aux 2 et 3 semé de France à la bande componée, qui est d'Évreux) : la bordure engrelée pendant sa jeunesse, en 1376 et 1377, elle sera modifiée sur ses sceaux à partir de 1384 en bordure pleine, ou bordure simple d'argent sur le tout assurément à partir de 1401, comme nous la rencontrons alors sur ses actes, l'Armorial de la cour Amoureuse, sur les vitraux de la cathédrale d'Évreux ou sur le surcot de son gisant déposé au Louvre.

Si les sceaux ne renseignent pas sur les émaux (les couleurs) des armoiries, et notamment de la bordure, ces couleurs sont documentées par  Y Armoriai de la cour Amoureuse du début du XVe siècle, conservé aux archives de l'ordre de la Toison d'or à Vienne,. Sur le folio 3 r°, en bas et à droite, sont peintes les armes de Pierre fils de roy de Navarre comte de Mortaing. L'écu est écartelé, aux 1 et 4 de gueules au rais d'escarboucle pommeté, besanté et fermé, d'or, aux 2 et 3 d'azur semé de fleurs de lis d'or à la bande componée d'argent et de gueules, à la bordure simple d'argent sur le tout. Il n'y a pas de trace de bordure engrelée . Tout ceci est conforme aux armoiries du vitrail.

J'emprunte aux articles de de Vaivre les photos des sceaux avec bordure engrêlée et avec bordure simple, et je les pointe d'une flèche.

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Sur le cliché qui suit, j'ai indiqué par des flèches la bordure blanche (d'argent) qui est droite  (simple), et non en dents de scie ou timbre de poste (engrêlé).

La barre diagonale rouge et blanche sur le fond bleu et or est la bande componée d'argent et de gueules.

Les deux quartiers en "jeu de mérelles" rouge et or sont les armes de Navarre, étudiées en détail dans mon article sur la baie de l'Annonciation de Chartres.

http://www.lavieb-aile.com/article-vitrail-de-l-annonciation-de-la-cathedrale-de-chartres-123049018.html

 

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Etude du fond damassé.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le relevé que donne Gaignières (si on juge qu'il a fait dessiner ces panneaux)  de ce panneau montre de nombreuses   différences , ou erreurs (De Vaivre, 1973):

a) le b) Vitrail

  • pas d'inscription

  •  tortil perlé .

  • cotte d'armes sans manches

  • armes sur la cotte seule : écartelé aux 1 et 4 Navarre, aux 2 et 3 « Évreux » à, la bordure d'argent sur le tout

  • le prie-Dieu recouvert d'une étoffe à motifs de feuillage

  • pas d'écu dans le coin gauche.

  • bras et coude droits du personnage apparents .

  • partie postérieure gauche de la cotte invisible .

  • composition architecturale élancée

 

Le Dessin ..

  • Inscription ka/rol/3 rex/nav/ar/re 

  • couronne

  • cotte d'armes avec manches.

  • armes sur le surcot et sur les manches : écartelé aux aux 1 et 4 Navarre, aux 2 et 3 « Évreux ». Sans bordure.

  • le prie-Dieu recouvert d'une étoffe unie.

  • dans le coin gauche, un écu écartelé Navarre et Évreux, sans bordure, cime d'un plumail de paon, et orné de lambrequins.

  • bras et coude droits cachés .

  • partie postérieure gauche de la cotte très apparente .

  • composition architecturale très ramassée

Pour de Vaivre,

"Les différences qui se constatent entre le vitrail tel qu'il est actuellement et le dessin de la collection Gaignières sont trop importantes pour que l'on puisse encore soutenir que ce dernier représente le vitrail de la baie 115 [209], et ce pour des raisons héraldiques.

Il faut également admettre que le tortil perlé qui ceint le front de Pierre de Mortain sur le vitrail n'est pas le fruit d'une réfection d'un maître verrier de l'époque romantique, comme d'aucuns l'ont avancé, puisque le témoignage de Millin prouve qu'un tortil, sans doute très semblable, se voyait également sur le gisant de la chartreuse de Vauvert. On ne peut donc que se rallier aux conclusions de M. Baudot lorsqu'il affirme que le dessin de la collection Gaignières représente une verrière aujourd'hui disparue. De ce fait, voilà Boudan lavé d'une accusation de « falsifications délibérées » que ni lui, ni Gaignières qui l'employait, ne sauraient mériter.

Certains s'étonneront d'avoir des croquis du XVIIIe siècle de verrières disparues (les rois Charles II et Charles III de Navarre) tandis que sont parvenus jusqu'à, nous des vitraux que Boudan n'aurait pas pris la peine de copier (Charles VI et Pierre de Mortain). C'est que Gaignières avait de nombreuses autres représentations du roi de France et qu'il avait déjà, pris deux dessins du gisant de Pierre de Mortain à la chartreuse de Vauvert, à, Paris."

 

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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J'éclaircis l'image pour examiner le damassé.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Il faut encore s'intéresser à l'étoffe qui recouvre le prie-dieu, blanche ornée de grosses fleurs aux pétales en étoile. J. Lafond a noté qu'on le retrouvait en baie 210 :

"Mais l'indice décisif, ce sont les draperies blanches des prie-Dieu qui le fournissent. Elles ne sont pas décorées de fleurons banaux, mais de petits arbres d'or, représentés avec leurs racines, leur tronc et des rameaux qui sont des palmettes rayonnant autour d'une fleur, le tout stylisé de la façon la plus précieuse. Ce motif, copié avec amour sur quelque étoffe persane du XIIIe ou du XIVe siècle, suffit pour assigner à nos vitraux [209 et 210] la même origine et la même date, qui s'établit sans doute entre l'année 1390, admise par Mme Honoré Duvergé pour la verrière de Pierre de Mortain, et l'année 1398 où mourut la reine Blanche. (J. Lafond) "

 

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième lancette : saint Denis.

Le saint, tenant sa tête coupé, est identifié facilement. Sa présence pour le patronage du donateur s'explique sans doute en symétrie de la verrière 210, dont il reprend le carton, dans laquelle il est justifié comme étant le saint patron de la royauté de France, la basilique Saint-Denis étant la nécropole royale des rois de France.

"saint Denis, magnifiquement paré de tous les ornements pontificaux, avec une longue et souple chasuble bleue losangée d'or par des fleurs de lis, dont plusieurs sont à plombs vifs. Le martyr porte sa tête coupée sur son bras gauche arrondi, la main ramenant sous le menton les deux fanons de la mitre. Ainsi la droite reste libre pour son geste de présentation. En décrivant le vitrail du nord, nous avons décrit celui du sud, car le même carton a servi pour l'un et pour l'autre. Cette pratique, dont on rencontre des exemples dès le XIIIe siècle, surprend ici, car rien n'évoque le travail en série dans ces vitraux, où tout est royal : la fondation, la matière et la facture. Il y a beaucoup d'art dans ces visages de supplicié, où la souffrance trouble à peine la noblesse. Rien n'est plus somptueux que les tentures damassées de couleur rouge qui tapissent les niches, derrière la sainte Vierge et derrière saint Denis." (Jean Lafond)

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Le motif du damassé rouge est le même que sur les autres lancettes, avec ses pommes de pins fleuronnées, ses rouelles à crochets et ses rinceaux.

On trouve, dans le surplis dépassant du bas de la chape bleue, un autre motif, celui d'une feuille aux larges découpes polylobées,  à quatre parties exubérantes en étoile.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le damassé rouge :

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN.

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Au dessus des parties supérieures des lancettes occupées par une vitrerie blanche géométrique à fleurettes et fermaillets,  et cernée de bordures colorées datant de 1330-1340, le tympan comprend  un pentalobe où les lobes  peintes aux armes de Navarre entourent une Vierge à l'Enfant sur le croissant de lune aux pointes sommées de deux fleurs de lys, qui sont les armes du chapître cathédrale ( d'azur à une Notre-Dame d'argent, tenant l'enfant Jésus dans ses bras, accostée de deux fleurs de lis d'or, appuyant ses pieds sur un croissant d'argent).

Les couronnes d'or sur fond de gueules des trilobes sont des éléments de la fin du XIVe siècle, complétées.

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Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 209 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 109 du triforium.

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Cette baie géminée à 2 lancettes trilobées et tympans à 1 soufflet et 4 écoinçons de 3,20 m de haut et 3,60 m de large est une vitrerie géométrique dans laquelle, en haut de chaque lancette, ont été réemployés les écus armoriés (restitués dans les 2e et 5e lancettes)  d'Évreux-Navarre datant vers 1380, armes utilisés par Charles III de Navarre entre 1375 et 1387 (Gatouillat se fondant sur de Vaivre 1980 p. 324-326).

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"M. Louis Grodecki ne peut envisager pour ces « vitraux royaux » deux campagnes de fabrication distinctes dans le temps ; s'il a donc existé des vitraux représentant à la fois Pierre de Mortain, Charles II et Charles III, la verrière où se voyait le second ne pouvait donc être qu'un vitrail commémoratif. M. de Vaivre en convient, mais il tient aussi à attirer l'attention sur un écu qui figure sur l'une des verrières du fenestrage du triforium du chœur où l'on voit un écartelé aux 1 et 4 de Navarre, aux 2 et 3 d'Évreux, au lambel de trois pendants d'argent sur le tout.

M. Grodecki précise que tous ces vitraux datent du xve siècle. M. de Vaivre ne partage pas cette manière de voir et pense, quant à lui, que si les fenestrages de cette partie du triforium ont bien été percés sous le règne de Louis XI, une bonne partie des vitraux qui y sont aujourd'hui placés (ou ceux qui leur ont servi de modèles) sont très certainement antérieurs et que c'est précisément le cas de celui qu'il vient de décrire. Les armes précitées — pour lesquelles tous les auteurs ont proposé jusqu'à présent des attributions erronées -— sont en réalité celles de Charles de Navarre, le futur Charles III, du vivant de son père, ainsi que le prouvent des sceaux encore inédits. Il n'y a aucune raison de penser que cet écu a été exécuté à l'époque romantique, ni au xve siècle ni même après 1387 lorsque Charles, du fait de la mort de son père, porta les pleines armes de sa maison. Il faut donc en conclure que des verrières sur lesquelles figuraient un ou des blasons furent commandées entre 1375 et 1387 puisque c'est à ce moment, et à ce moment-là seulement, que furent portées ces armoiries au lambel. M. Grodecki conclut en disant que, les hommes du Moyen Age ayant horreur du vide — en l'occurrence du verre blanc — auraient procédé à de nombreux remplois dont le cas évoqué semble précisément être un exemple."(Vaivre in Lafond 1975)

https://it.wikipedia.org/wiki/Carlo_III_di_Navarra

https://it.wikipedia.org/wiki/Carlo_III_di_Navarra#/media/File:COA_Navarre_Evreux_Charles_III,prince_de_Viane.svg

par  Odejea

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armoiries de Charles III de Navarre dessinées par Odejea pour le projet Blasons de Wikipedia

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Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 109 du chœur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE.

" Ceux qui ont mesuré les difficultés d'une pareille enquête sauront gré à Mme Honoré-Duvergé d'en avoir abordé le problème le plus délicat avec la décision d'un historien, et de l'avoir résolu, pour le principal, avec son intuition de femme. L'auteur de l'article qu'on vient de lire écrit trop modestement qu' « un simple regard permet de reconnaître une facture identique » entre le donateur princier et le saint Pierre de la quatrième fenêtre septentrionale du chœur. C'est vrai depuis que Mme Honoré a eu l'idée de rapprocher les photographies de ces personnages, séparés dans le vitrail d'Évreux par deux figures remontant au second quart du XVIe siècle. Sur place, à première vue, le chevalier en armure et son saint patron produisaient des impressions si différentes qu'un illustre archéologue, F. de Guilhermy, a pu attribuer le saint Pierre au XVIe siècle . A vrai dire, ce pape qui gesticule dans l'ampleur de sa chape, sous la haute tiare aux trois couronnes, est une figure « baroque ».

Au contraire, le donateur nous apparaît comme aussi étroitement enserré dans l'immobilité de sa prière que dans la carapace de son armure, et sa cotte d'armes ne fait pas un pli. Mais justement, en détaillant ces différences, ne dissipons-nous pas l'apparente incompatibilité qui opposait le personnage « étoffé » au personnage « étriqué »? Alors on prend garde que, s'il se mettait debout, le donateur aurait exactement la même stature que ce grand saint Pierre. On s'aperçoit que son visage et ses mains ont les mêmes mesures que ceux de son patron. On réfléchit que le dais à double étage qui s'élève au dessus de sa tête est fait précisément pour garnir la forme réservée au personnage agenouillé. On constate que ce dais, si différent soit-il de celui de saint Pierre, n'offre aucun détail qui l'empêche d'être exactement du même temps. On reconnaît, enfin, que les tentures damassées se ressemblent beaucoup et que les carrelages sont semblables. Rien n'est donc plus légitime que le rapprochement des deux panneaux qui restitue au donateur le nom de Pierre de Mortain, parfaitement confirmé par la comparaison du priant d'Evreux avec le gisant du Louvre. L'hypothèse de Ferdinand de Lasteyrie est devenue une certitude. Nous voilà débarrassés de ce prétendu roi de Navarre qui portait un simple tortil de baron. Un tel excès de modestie aurait dû inquiéter plus tôt les archéologues, et Mme Honoré a eu raison d'en souligner l'invraisemblance. C'est là, je crois, un des points décisifs de la discussion, car Charles le Mauvais avait fondé à la cathédrale d'Évreux une chapellenie des saints Pierre, Paul et Jean l'Évangéliste. Il aurait fort bien pu se faire présenter à la sainte Vierge par saint Pierre .

La reconnaissance de Pierre de Mortain porte un coup à l'autorité de la collection Gaignières.. Mais il faut avouer que la série ébroïcienne nous apparaît comme particulièrement sujette à caution. Dans les portefeuilles de Roger de Gaignières, Pierre de Mortain s'appelle Charles III le Noble. Le dessinateur s'est avisé de surcharger le socle d'une inscription imaginaire : Karolus  rex Navarre  et de changer le tortil en une couronne, assez simplette d'ailleurs.

Pour faire un Charles le Mauvais, il a pris un roi de France, auquel nous rendrons son nom tout à l'heure. Mais il s'est donné plus de mal. Non seulement il a inscrit sur le soubassement : Karolus Rex Navarre me donavit, mais la tenture semée de fleurs de lis sans nombre est devenue une tapisserie décorée d'écussons alternés aux armes d'Evreux et de Navarre. Un blason royal de Navarre est apparu au tympan de la niche . Quant au chef de la dynastie, Philippe le Bon, il a été fabriqué avec l'une des deux effigies de son père, Louis, comte d'Evreux, qui subsistent encore dans une chapelle du déambulatoire : Ludovicus est devenu Philippus , tout simplement."

 

 

"C'est un roi de France, en effet. Mais non pas Charles V, comme le croyait Batissier et Lebeurier, et comme inclinait à le penser M. de M. Delachenal, qui « admettait difficilement que le portrait de Charles V eût été placé dans la cathédrale d'Évreux du vivant de Charles le Mauvais, qui survécut de sept ans à son beau-frère ». Le manque absolu de ressemblance est plus grave, quand il s'agit d'un personnage aux traits aussi accusés que Charles V. Bien rares sont les œuvres contemporaines, même parmi les miniatures, qui ne se conforment pas au type consacré .

Ce que nous devons souligner d'abord, c'est l'intime parenté qui relie ce vitrail au point de vue des formes comme au point de vue technique, à celui de Pierre de Mortain. Dans les architectures, ce sont les mêmes fleurons trilobés au sommet des petits gables aigus des contreforts, les mêmes crosses de feuillage sur les rampants des gables principaux, et surtout les mêmes crochets blancs et jaunes qui hérissent, par une disposition assurément rare, la corniche supérieure des niches.

Mais l'indice décisif, ce sont les draperies blanches des prie-Dieu qui le fournissent. Elles ne sont pas décorées de fleurons banaux, mais de petits arbres d'or, représentés avec leurs racines, leur tronc et des rameaux qui sont des palmettes rayonnant autour d'une fleur, le tout stylisé de la façon la plus précieuse. Ce motif, copié avec amour sur quelque étoffe persane du XIIIe ou du XIVe siècle , suffit pour assigner à nos vitraux la même origine et la même date, qui s'établit sans doute entre l'année 1390, admise par Mme Honoré Duvergé pour la verrière de Pierre de Mortain, et l'année 1398 où mourut la reine Blanche.

Le roi de France du vitrail d'Évreux est donc Charles VI, avant sa trentième année. Mme Honoré-Duvergé a signalé dans son étude sur le vitrail de Pierre de Mortain que celui-ci, « retenu prisonnier à la cour de France à partir de 1378, fut élevé en compagnie du futur Charles VI, son cadet de deux ans à peine ». En fait, les deux cousins devenus frères ne se sont jamais quittés, partageant les mêmes exercices et les mêmes travaux, et tous les plaisirs de cette vie inimitable dont nous retrouvons l'écho chez les chroniqueurs et les poètes de cour comme Eustache Deschamps, au siège de Bourges, où il avait accompagné Charles VI.

[...]

Quoi qu'il en soit, la reconstitution que nous allons tenter des vitraux de Pierre de Mortain et de la reine Blanche apparaîtra comme une entreprise moins ardue. Mme Honoré-Duvergé a supposé que son héros était présenté par saint Pierre à une sainte Vierge qu'elle retrouve dans la cinquième travée de la nef, du côté sud. A la vérité, il subsiste encore, dans les fenêtres hautes de la nef ou du chœur — en dehors du Charles VI logé à l'aise dans une niche qui s'étend sur deux formes — huit grandes figures unies par la plus étroite parenté de style et de facture, et que leurs dais d'une architecture très caractéristique désignent au premier coup d'oeil : trois Vierges, trois saints patrons — le saint Pierre et deux saints Denis — et les deux donateurs que nous connaissons déjà. Il ne manque qu'un troisième donateur pour rétablir un ensemble de trois fenêtres à trois formes, comme celles des chapelles absidiales actuelles ; Quel était ce troisième personnage éventuel? Les peintures perdues de Paris et de Saint-Denis, l'initiale de la charte de 1372 nous laissent le choix entre le mari et la fille de la reine Blanche, entre Philippe VI de Valois et Jeanne de France. La Vierge assise à laquelle Mme Honoré-Duvergé a pensé pour compléter le vitrail de Pierre de Mortain est infiniment gracieuse. Sa tête blonde s'incline vers la droite, comme pour accompagner le mouvement de l'Enfant-Jésus, penché en avant avec ce bel élan qu'on lui voit dans certaines représentations de l'Adoration des Mages. Mais il tend ici une branche de rosier.

Il y a plus de gravité dans le second groupe, malgré l'attitude familière de l'Enfant à moitié nu, qui tient son pied de la main droite et pose l'autre main sur l'épaule de sa mère. Celle-ci est assise sur un trône de pierre à pinacles gothiques qui rappelle les sièges des Prophètes et des Apôtres d'André Beauneveu (Psautier du duc de Berry, BnF ms fr. 13091. Enveloppée dans un ample manteau bleu qui voile ses cheveux, elle lit dans un livre posé sur ses genoux, qu'elle maintient de la main gauche, le petit doigt étendu . La troisième Vierge est debout, drapée dans un grand manteau bleu qui enveloppe sa main gauche — celle qui soutient l'Enfant-Jésus — mais découvre le haut et le bas d'une robe taillée dans un de ces précieux damas décorés d'animaux dont s'habillaient les princes en ces temps de luxe raffiné. L'Enfant tourne son visage nimbé vers sa mère, dont il cherche à saisir la blonde chevelure. La Vierge lui répond par un sourire, avec un geste gracieux de la main droite . Ces deux figures offrent une ressemblance frappante avec la Vierge à l'Enfant qui reçoit l'hommage du duc Jean de Berry au frontispice des Très Belles Heures de la Bibliothèque royale de Bruxelles. On sait que cette miniature justement célèbre a été attribuée tour à tour à André Beauneveu et à Jacquemart de Hesdin et que le débat dure encore .

On trouve la même maîtrise dans les images de saint Denis, magnifiquement paré de tous les ornements pontificaux, avec une longue et souple chasuble bleue losangée d'or par des fleurs de lis, dont plusieurs sont à plombs vifs. Le martyr porte sa tête coupée sur son bras gauche arrondi, la main ramenant sous le menton les deux fanons de la mitre. Ainsi la droite reste libre pour son geste de présentation. En décrivant le vitrail du nord, nous avons décrit celui du sud, car le même carton a servi pour l'un et pour l'autre. Cette pratique, dont on rencontre des exemples dès le XIIIe siècle, surprend ici, car rien n'évoque le travail en série dans ces vitraux, où tout est royal : la fondation, la matière et la facture. Il y a beaucoup d'art dans ces visages de supplicié, où la souffrance trouble à peine la noblesse. Rien n'est plus somptueux que les tentures damassées de couleur rouge qui tapissent les niches, derrière la sainte Vierge et derrière saint Denis.

Les dais peuvent-ils nous servir à retrouver l'assemblage primitif de tous ces personnages isolés ? Il faudrait pour cela que nous fussions sûrs qu'ils n'ont pas fait l'objet de chassés-croisés.

Si cinq d'entre eux appartiennent à un type classique de décor purement « rayonnant », avec gables rectilignes et corniches à glacis, ceux de la Vierge de la nef et du saint Denis du côté nord présentent des gables en accolade et des balustrades ajourées. Il n'est pas certain que le dais manquant ait été à double étage, comme le dais de Pierre de Mortain. Celui-ci, en effet, par une disposition assez rare, était placé derrière son patron, ce qui explique le geste de présentation de saint Pierre, différent de celui des deux saints Denis. Au contraire, Blanche de Navarre était agenouillée au voisinage immédiat d'une sainte Vierge, dans la forme centrale du vitrail, et l'un des saint Denis occupait la forme de droite. Si l'on s'en rapporte aux soubassements, moins faciles à transposer, c'est dans la fenêtre voisine, la troisième du chœur, du côté sud, qu'on retrouvera ces deux figures.

 

Exécutés selon toute vraisemblance entre 1390 et 1398, les vitraux dont nous venons de réunir les morceaux épars ne sont pas à Évreux les plus anciens témoins de l'art nouveau. Vers le milieu du xive siècle, peintres et peintres verriers, emportés d'un élan irrésistible vers plus de vérité, sinon de « réalisme », s'affranchissaient des dernières conventions du dessin calligraphique pour se soumettre aux lois de la perspective. Ici, c'est dans les deux vitraux fondés par l'évêque Bernard Cariti (1376-1383) que pour la première fois les niches s'affirment comme un espace habitable, les corps comme des volumes et tous les visages comme des portraits.

 

Une technique appropriée se révèle qui permet au verrier de sculpter pour ainsi dire ses personnages avec la lumière même. Après s'être servi d'un pinceau de petit-gris pour peindre le trait, il étend au « blaireau » une couche de grisaille que, sans retard, il attaque d'aplomb, à l'aide d'une brosse, le « putois ». Le grain de la peinture s'affine, et le verre reparaît peu à peu. Le plus souvent, ce travail se complète par des « enlevés » dont le procédé est sans doute aussi vieux que l'art du vitrail. Mais l'ouvrier ne se contente plus de juxtaposer des clairs à des ombres plates. Ëgratignant la grisaille au « petit bois », à la plume d'oie, à l'aiguille, il varie ses effets : lumières filées droit, hachures contrariées, spirales nerveusement enroulées. Quelques touches au pinceau, prestement jetées, et le modelé « tourne », le visage s'anime et vit. Immédiatement après ces deux verrières du haut chœur, je classerais les délicats vitraux de la chapelle du Rosaire, dont on sait la parenté avec les vitraux de Bourges, mais que leurs grisailles archaïques vieillissent de deux décades au moins. Viennent ensuite nos vitraux royaux, précédant la splendide verrière offerte en don de joyeux avènement par l'évêque Guillaume de Cantiers (1400).

 

Tous ces chefs-d'œuvre représentent avec éclat, et aussi avec une heureuse variété, l'art parisien de la fin du XIVe siècle. Comme la capitale n'a pas gardé de vitraux de cette époque, à la seule exception des Apôtres de Saint-Germain-des-Prés, recueillis par l'église Saint-Séverin, c'est à Évreux que nous pouvons prendre une idée précise des vitreries princières des Célestins, de l'église Saint-Paul, de l'hôtel Saint-Paul, du collège de Navarre, etc..., qu'une célébrité universelle n'a pas sauvées du vandalisme, et dont la perte semblait irréparable.

 

Faut-il revenir sur la valeur artistique des verrières de Pierre de Mortain, de la reine Blanche et de Charles VI ? Des comparaisons nullment recherchées ont fait venir sous plume les noms de Jean de Bandol, d'André Beauneveu, de Jacquemart de Hesdin, (André Beauneveu avait sculpté le tombeau de Philippe VI à Saint-Denis en 1364, et en 1386 il était entré au service du duc Jean de Berry en qualité de maître des œuvres de taille et de peinture). Nos vitraux ne sont pas indignes de ces artistes royaux. Ils s'apparentent à la grande statuaire française par leur style monumental, tandis que l'exubérance parfois capricieuse de leurs draperies accuse nettement la tendance «bourguignonne ». Jean Lafond

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SOURCES ET LIENS.

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— Stained-glass windows of Cathédrale Notre-Dame d'Évreux

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stained-glass_windows_of_Cath%C3%A9drale_Notre-Dame,_%C3%89vreux?uselang=fr

 

— BATISSIER, 1849, "Description des vitraux de la cathédrale d'Évreux", Revue de Rouen et de Normandie, volume 17.

https://books.google.fr/books?id=2L5DAAAAYAAJ&dq=%22MARTINUS%22+%22cath%C3%A9drale+d%27%C3%A9vreux%22+vitraux&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— DUBUC (René), 1983, "Problèmes héraldiques de la cathédrale d'Évreux", Normandie, Etudes archéologiques. Congrès national des sociétés savantes, Caen

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

 — GATOUILLAT (Françoise), "Note sur les verrières royales", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 33-34.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— GRODECKI Louis, 1968,, Baudot et Dubuc "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in Bulletin monumental, 1968, p. 55-73. 

— HONORÉ-DUVERGÉ (Suzanne), 1942,  "Le prétendu vitrail de Charles le Mauvais à la cathédrale d'Évreux" Bulletin Monumental  Année 1942  101-1  pp. 57-68

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9289

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

 

— LAFOND (Jean), 1942,  "Les vitraux royaux du XIVe siècle à la cathédrale d'Évreux"  Bulletin Monumental  Année 1942  101-1  pp. 69-93

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1942_num_101_1_9290

 

"C'est à propos de Pierre de Mortain que s'est engagée une controverse qui devait se prolonger de 1966 à 1973, tant dans les Nouvelles de l'Eure, la précieuse petite revue dirigée par l'abbé Jean Saussaye1, que dans le Bulletin monumental , cette fois avec intervention de Louis Grodecki. « Au début, M. Baudot se fondait sur l'inscription qu'il lisait sur un dessin de la collection Gaignières : Charles III roi de Navarre. Les nombreuses différences qu'il ne pouvait pas ne pas remarquer entre le dessin et le vitrail s'expliquaient pour lui, par des restaurations infligées à la verrière : la couronne était devenue un tortil de baron « de style troubadour », le blason au cimier en queue de paon avait été pure¬ ment et simplement supprimé, etc. Cependant la lancette d'Évreux avait figuré à l'exposition Vitraux de France , organisée en 1953 par Louis Grodecki. Celui-ci avait donc pu la soumettre à un examen minutieux auquel il avait bien voulu m'associer. Notre opinion était formelle : on s'est borné à régulariser l'adaptation à un cadre plus étroit, la tête et sa coiffure sont parfaitement authentiques. Enfin le socle n'a jamais porté d'inscription. Peuvent en témoigner non seule¬ ment une photographie prise avant la restauration de 1893, mais aussi un dessin exécuté pour Raymond Bordeaux en 1845 par Georges Bouet, aïeul de notre regretté confrère Georges Huard. « Nous avons donc ici un portrait du second fils de Charles le Mauvais. La ressemblance générale, costume compris, est confirmée par la comparaison avec le beau gisant de marbre du Musée du Louvre qu'on avait eu l'idée ingénieuse de placer au pied de la verrière pendant l'exposition. « Tandis que Louis Grodecki et moi-même nous gardions notre opinion sur ce point, M. Baudot portait la discussion, sur mon Charles VI, en invoquant, cette fois encore, l'inscription de la collection Gaignières : Karolus IIs rex Navarre , c'est-à-dire Charles le Mauvais. J'avais cru prouver que le dessinateur avait changé délibérément les armoiries de la tenture, en substituant au semis de fleurs de lis des écussons portant alternativement les armes d'Évreux et de Navarre. Mais mon contradicteur déclarait « fort improbable » qu'un portrait de Charles VI ait pu trouver place dans la cathédrale vais d'une 2. cité dont le bailli était resté partisan de Charles le Mau¬ « M. Baudot considérait que le dessin représentait un vitrail perdu. Cependant le respect qu'il professait à l'égard de la collection Gaignières ne l'empêchait pas de reconnaître Blanche de Navarre, reine de France, dans le personnage à qui on avait donné le nom et les armoiries de Jeanne de France, reine de Navarre. Cela lui permettait en effet de nommer le roi du vitrail aux fleurs de lis, Philippe VI de Valois, époux de la « reine Blanche ».

Dans l'album des Nouvelles de l'Eure commentant une série de diapositives, Charles le Noble était devenu Charles le Mauvais, couronné d'un chapel de roses en qualité de fondateur (en 1350) de la Confrérie de la Passion. « Enfin, dans Êvreux, livret publié par le Syndicat d'initiative en 1969, M. René Dubuc, excellent héraldiste, laissait à son lecteur le choix entre Charles le Mauvais, Charles le Noble et Pierre de Mortain. De même, le dépliant actuellement distribué dans la cathédrale. En présence d'une pareille débandade, on pourrait déclarer clos le débat, mais il faudrait mieux aller au fond des choses afin de ne rien laisser dans l'ombre

J'ai scandalisé nombre de bons esprits en mettant en doute l'autorité de la collection Gaignières. Non pas son intérêt ni son utilité, reconnus dès l'origine et considérablement augmentés par les méfaits du vandalisme. Non pas la qualité artistique des dessins, qui varie évidemment avec les dessinateurs. Certains ont su refléter le style du document original tandis que les autres (en grande majorité) manquent absolument de caractère. C'est assurément le cas des vitraux d'Évreux, exécutés par un certain Boudan, graveur de profession, que Roger de Gaignières avait pris à son service pour copier ses documents et qui l'a accompagné en 1702 dans son voyage en Normandie. « Mais cela importe moins que leur exactitude, laquelle dépend évidemment de la nature de l'objet et de son emplacement, et aussi de la probité du dessinateur. S'il était facile de reproduire avec vérité une miniature ou un tableau, une dalle tumulaire et même un tombeau sculpté, il en allait tout autrement pour les vitraux, que bien souvent il fallait dessiner de loin et dans des conditions plus ou moins favorables. Prenons un exemple à Évreux, mais en dehors de notre série royale. On conviendra que le magnifique vitrail qui commémore l'accession de Guillaume de Gantiers au siège épiscopal d'Évreux (1400) est rendu avec une fantaisie déconcertante. Dans l'original, l'évêque est présenté à la Vierge de l'Annonciation par l'archange Gabriel. Chez Boudan, la Vierge est remplacée par un « saint Sauveur » et l'archange par une sainte quelconque. On peut penser que pour exécuter son dessin d'ensemble, il ne disposait que de croquis hâtifs, faits sur place. Au surplus, il a représenté d'une façon toute conventionnelle, et plutôt archaïque, les dais placés au-dessus des personnages. Il a même purement et simplement supprimé ceux de la rangée inférieure, occupée par des blasons figurés — il convient de le souligner — avec une exactitude absolue. Sur ce point, il servait parfaitement les intentions de son patron pour qui importaient d'abord l'héraldique, le costume « La et, fidélité le cas échéant, du dessinateur les portraits Boudan historiques. a d'autres limites encore que celles-là. Par exemple, on ne peut se fier à lui pour affirmer que son dessin du prétendu Charles le Mauvais veut représenter une fenêtre sans meneau. Je suis persuadé qu'il a supprimé purement et simplement ce détail d'architecture. De même, quand il dessine un personnage logé dans l'une des lancettes d'une fenêtre, comme dans les autres exemples, il n'hésite pas à flanquer cette lancette d'une muraille ou d'un faisceau de colonnettes. A Évreux, Boudan a dessiné, d'après les vitraux, sept évêques, avec leurs armoiries, ce qui explique peut-être leur choix et une donatrice sans importance. Enfin, cinq dessins prétendent illustrer la dynastie d'Évreux-Navarre. Or, sur les cinq personnages représentés, un seul, Charles III le Noble, semble parfaitement « honnête ». C'est aussi l'unique cas où l'on puisse affirmer que le vitrail est perdu. Au contraire, le prétendu Charles le Mauvais n'est que la contre- façon d'un vitrail conservé, celui du roi Charles VI, comme Jeanne de Navarre la métamorphose de Blanche de Navarre, l'épouse de Philippe VI de Valois. Dans les deux cas, les armoiries ont été modifiées en conséquence. « Manquait le chef de la dynastie, Philippe d'Évreux, roi de Navarre. Boudan l'a remplacé par son père, Louis de France, comte d'Évreux, en changeant simplement un nom dans l'inscription du vitrail qu'il a dessiné, fidèlement cette fois, à ce petit détail près, « au-dessus de l'autel, dans la chapelle de santé Anne derrière le chœur de l'église NotreDame d'Évreux ». Or ce vitrail existe encore : on ne peut supposer, cette fois, que le dessin représente une verrière disparue. L'accusation portée contre Boudan était grave. Je suis heureux de pouvoir démontrer qu'elle n'avait pas été lancée à la légère.

Autre preuve du parti pris ici dénoncé : Boudan a négligé de dessiner Pierre de Mortain, parce que ce prince n'avait pas porté la couronne royale. « Cependant il y a tant de ressemblances entre tous les « vitraux royaux », notamment dans leur cadre architectural, socles en zigzag par exemple, qu'on peut affirmer qu'ils appartiennent tous à une seule et même série, qu'ils ont été commandés en même temps. Par la reine Blanche, morte seulement en 1398, ou par ses héritiers, Pierre de Mortain, et Charles le Noble, c'est ce que nous ne saurons sans doute jamais. Malheureusement les falsifications de Boudan ont trompé Montfaucon lui-même, et par la suite l'érudit Henri Bouchot, auteur du précieux Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières (Paris, 1891).

Pour en revenir à Pierre de Mortain, mon respect pour les lois de l'héraldique m'empêchait d'oublier que Marcel Baudot avait opposé à mon identification une raison qu'il jugeait péremptoire : la cotte d'armes de Pierre de Mortain ne présentait pas la bordure engrêlée d'argent qui devait marquer sa qualité de cadet. Il ne me suffisait pas de constater que les principes infrangibles n'ont jamais empêché les erreurs — à preuve le nombre d'armoiries « à enquerre » constaté par les d'Hozier. M. Jean-Bernard de Vaivre vient de balayer l'objection en passant en revue toutes les épreuves connues des sceaux de Pierre de Navarre. Il s'est aperçu qu'à partir de 1384 le comte de Mortain avait modifié ses armes. Dorénavant la bordure engrêlée devenait une bordure simple — peut-être à la mort d'un frère plus âgé. C'est cette nouvelle brisure qu'on voit sur la cotte d'armes du vitrail d'Évreux comme sur la statue funéraire provenant de la Chartreuse de Paris. Dès lors, il est établi que notre personnage est bien Pierre de Navarre et que le vitrail n'est pas antérieur à 1384. En ce qui concerne le dessin de la collection Gaignières, M. de Vaivre incline à penser qu'il représente Charles le Noble, comme l'indique l'inscription tracée par Boudan, qui aurait cette fois rencontré la vérité. L'écusson au cimier timbré d'un heaume à queue de paon qu'on voit à ses pieds n'aurait pu trouver place dans le vitrail de Pierre, vitrail qui n'a subi, nous l'avons reconnu, aucune restauration importante. Il est peu probable que Boudan l'ait inventé. Sur le dessin, Charles le Noble porte la couronne, car il était devenu roi de Navarre à la mort de son père en 1388 (n. st.). Sa cotte d'armes diffère de celle de son frère cadet en ce qu'elle présente des manches courtes. Ce que figuraient les autres lancettes du vitrail qu'il avait fondé, on ne saurait l'imaginer. De même ne connaîtrons-nous sans doute jamais le contenu des trois lancettes qui complétaient la Verrière de la reine Blanche. Mais celle-ci se trouvait bien dans une fenêtre haute de la nef (sans doute celle de la troisième travée du côté Nord en partant de l'ouest) : le panneau est trop large pour avoir appartenu à une fenêtre des chapelles. Pareillement l'écusson qui l'accompagne. En effet, des blasons de même échelle se voient dans le haut chœur à côté des personnages du vitrail d'Harcourt antérieur de quelques années. Le style est bien celui des « vitraux royaux «  et le dais ne diffère en rien des autres.

La série se compose donc actuellement de deux verrières complètes et d'une lancette isolée. Comme je le constatais en 1942, et comme Louis Grodecki l'a confirmé de son côté, elle se compare aux œuvres des plus grands artistes qui travaillaient à Paris pour la cour de France et les maisons princières aux environs de 1400. Cette considération ne saurait être développée à la suite de ce trop long exposé, mais elle va dans le même sens que la chronologie que, d'un commun accord, nous avons adoptée. »

 

Jean-Bernard de Vaivre, a. c. n., regrette l'absence de M. Jean Lafond et fait part de ses constatations à propos de quelques-uns des vitraux royaux d'Évreux dont il a été question. Le vitrail de l'actuelle baie 115 représente indéniablement Pierre de Mortain et il n'y a pas à y revenir. En revanche, le dessin de la verrière où se voit un personnage que Boudan identifie à C harles III ne peut être considéré comme une invention ni même une mauvaise interprétation de Pierre de Mortain : il doit, en fait, représenté le frère aîné de de ce dernier. Le dessin montre en effet, un écu dans le bas et à gauche de la composition. Or, dans le vitrail de Pierre de Mortain, cette partie n'a pas été restaurée. L'écu peint par Boudan et donnant les armes pleines n'a pas été inventé, car il est timbré d'un heaume cimé d'un plumail de paon. Ce cimier a effectivement été porté, au xive siècle, par plusieurs membres de la famille d'Évreux-Navarre : — Philippe de Navarre, comte de Longueville, mort en 1363, porte sur un sceau de 1362 un tel cimier ; — Louis de Navarre, comte de Beaumont-le-Roger, mort en 1372, porte sur les sceaux qu'il utilisait en 1364-1365 un cimier identique. Ce dernier eut un fils bâtard : — Charles ou Chariot, mort en 1432, dont les sceaux montrent qu'il portait une touffe de plumes indéterminée ; — Pierre de Mortain lui-même dut reprendre ce cimier si l'on en juge par le fragment du sceau qu'il utilisait en 1376 ; — Lionel, son fils, porta le même plumail en fait de cimier ; — Le « Roi de Navarre » porte un plumail de paon sur l'armorial de Gelre.

On a dit qu'il s'agissait de Charles II. Ce peut tout aussi bien être Charles III dont il ne nous est malheureusement parvenu aucun sceau du type à l'écu timbré.

Quant à l'autre dessin qui représente, toujours d'après l'indication de Boudan, Charles le Mauvais, on ne peut dire que la composition du fond ait été inventée, car, elle aussi, correspond à la partition avant des armes de ce roi qui, contrairement à son père, plaçait Navarre avant Évreux.

Si le fond fleurdelisé de l'actuelle baie 125 n'est pas une réfection postérieure — et selon M. Lafond ce ne semble pas être le cas — cette verrière représente le roi Charles VI et il faut se résigner à déplorer la disparition du vitrail au fond semé d'écus qu'a dessiné Boudan et où Charles le Mauvais était agenouillé..

En ce qui concerne, en second lieu, la datation des vitraux, l'héraldique peut permettre d'approcher d'un peu plus près l'époque à laquelle ils ont été commandés : les armes de Pierre de Mortain figurées sur sa cotte d'armes ne permettent guère d'avancer une date antérieure à 1384. La gouache exécutée par Boudan du vitrail de Charles III montre que cette verrière ne pouvait être que postérieure à. 1387 puisque Charles de Navarre porte une couronne et que tant son écu que son tabard montrent des armes non brisées. D'autre part, le vitrail de Charles le Mauvais comportait la disposition des écus que ce roi de Navarre avait adoptée. M. de Vaivre se demande donc si tous ces vitraux sont contemporains.

 

M. Louis Grodecki ne peut envisager pour ces « vitraux royaux » deux campagnes de fabrication distinctes dans le temps ; s'il a donc existé des vitraux représentant à la fois Pierre de Mortain, Charles II et Charles III, la verrière où se voyait le second ne pouvait donc être qu'un vitrail commémoratif. M. de Vaivre en convient, mais il tient aussi à attirer l'attention sur un écu qui figure sur l'une des verrières du fenestrage du triforium du chœur où l'on voit un écartelé aux 1 et 4 de Navarre, aux 2 et 3 d'Évreux, au lambel de trois pendants d'argent sur le tout.

M. Grodecki précise que tous ces vitraux datent du xve siècle. M. de Vaivre ne partage pas cette manière de voir et pense, quant à lui, que si les fenestrages de cette partie du triforium ont bien été percés sous le règne de Louis XI, une bonne partie des vitraux qui y sont aujourd'hui placés (ou ceux qui leur ont servi de modèles) sont très certainement antérieurs et que c'est précisément le cas de celui qu'il vient de décrire. Les armes précitées — pour lesquelles tous les auteurs ont proposé jusqu'à présent des attributions erronées -— sont en réalité celles de Charles de Navarre, le futur Charles III, du vivant de son père, ainsi que le prouvent des sceaux encore inédits. Il n'y a aucune raison de penser que cet écu a été exécuté à l'époque romantique, ni au xve siècle ni même après 1387 lorsque Charles, du fait de la mort de son père, porta les pleines armes de sa maison. Il faut donc en conclure que des verrières sur lesquelles figuraient un ou des blasons furent commandées entre 1375 et 1387 puisque c'est à ce moment, et à ce moment-là seulement, que furent portées ces armoiries au lambel. M. Grodecki conclut en disant que, les hommes du Moyen Age ayant horreur du vide — en l'occurrence du verre blanc — auraient procédé à de nombreux remplois dont le cas évoqué semble précisément être un exemple."

— LAFOND (Jean), 1975, "Les vitraux royaux et princiers de la cathédrale d'Évreux et les dessins de la collection Gaignières" , Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France  Année 1975  1973  pp. 103-112

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n27

— Suau (Jean-Pierre), 1993, "Les vitraux  des rois de Navarre en la cathédrale d'Évreux", Connaissance de l'Eure, n°88, p. 32-33.

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1973  « Les armoiries de Pierre de Mortain », Bulletin monumental, tome 131, n°1, 1973, p. 29-40. 

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_1_5204

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1973, « Les armoiries de Pierre de Mortain. Erratum et addendum » , Bulletin monumental, 1973, vol. 131, no 2, p. 161-162.

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_2_5231

— Vaivre (Jean-Bernard de) 1980,"Les vitraux royaux de la cathédrale d'Évreux" cahiers d'archéologie p.300-313. Non consulté.

 

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
21 décembre 2019 6 21 /12 /décembre /2019 21:47

Les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux : les baies 203 et 205 (v. 1408-1415) et leurs fonds damassés à Phénix affrontés.

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Voir : 

— Sur les fonds damassés  à phénix affrontés : 

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Je suis guidé par les publications de Françoise Gatouillat.

 

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Voir les dix-septième articles sur les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. :

 

 

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Voir aussi :

.— Sur les vitraux plus tardifs de la cathédrale d'Évreux :

 

 

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Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

 

 

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PRÉSENTATION.

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Ces deux baies qui se suivent sur le coté nord du chœur, la baie 205 achevant les travées droites et la  baie 203 fermant, à gauche, le rond-point, forment un ensemble par leur unité stylistique ; elles ont été offertes par un évêque, qui figure en donateur au pied de la Vierge à l'Enfant de la baie 203, et qui avait été identifié comme étant Bernard de Caritis (Cariti, Charitis), évêque d'Évreux de 1376 à 1383, et qui avait été inhumé de ce coté gauche du chœur, jusqu'à ce que  R. Dubuc ne s'avise que les armoiries n'étaient pas celle de ce prélat (connues par ses sceaux), mais celles des seigneurs breton de Malestroit. Jean Lafond, en 1964, a montré qu'il s'agissait ici de Thibaut de Malestroit, évêque de Quimper, décédé en 1408.

Les verrières auraient remplacé une verrière du XIVe siècle représentant saint Aquilin et saint Taurin, qui aurait été endommagée.

Les deux baies ont 2 lancettes trilobées et un tympan  à 1 pentalobe et 2 trilobes, et mesurent 6, 70 m de haut et 1,80 m de large. La baie 205, plus éloignée de la baie axiale 200, montre un religieux  nimbé et un évêque également nimbé, chacun debout, et qui présentent vraisemblablement le donateur de la baie 203.

Le tympan de la baie 203 est occupé par les armes de France (fleurs de lys sans nombre), tandis que le tympan de la baie 205 contient les armes de Bretagne (hermines sans nombre).

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Le rond-point des baies 203, 201, 200, 202 et 204 de gauche à droite.

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Choeur  de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Choeur de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La répartition chronologique des baies du chœur : en jaune les baies du XIVe siècle, en rouge les baies du XVe.

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Les vitraux du chœur de la cathédrale d'Évreux : les baies 203 et 205.

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Les deux baies 205 et (partiellement) 203.

L'unité stylistique provient de leur disposition en un seul registre (contre deux registres pour les baies 201, 200, 202 et 204), des motifs à grands personnages dans des niches octogonales à dais assez clairs, et  de leurs fonds damassés à motifs de phénix affrontés inspirés des lampas de Lucqes/Florence.

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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I. LA BAIE 205 : UN SAINT MOINE ET UN SAINT ÉVÊQUE.

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Les niches et leurs dais.

Les niches sont implantées sur un soubassement octogonal à pavement carrelé noir et blanc. Deux piliers à pans multiples encadrent les saints, et accueillent en décorations des petites loges vides. Une tenture damassée rouge à gauche et bleu à droite sert de fond aux personnages.

Les saints sont abrités par le toit voûté d'une sorte de chapelle octogonale dont trois pans au moins contiennent une baie vitrée à losanges, séparés par des colonnades engagées, sous les nervures qui retombent sur des clefs pendantes séparant des gables.

Les dais partent de cette chapelle octogonale pour former une coupole vitrée, reprenant le motif sous jacent de gables et elle-même couronnée par une flèche et par son fleuron.

Ce fleuron, comme tous ceux qui se pointent au sommet des pinacles et des gables, a une forme en bourgeon ou en grelot par le rapprochement de deux feuilles indentées. 

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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1. Un religieux en habit blanc : saint Thibaut de Marly ?

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Le moine  en coule blanche tient un livre des deux mains. Il est nimbé mais non tonsuré. On y a reconnu d'abord saint Bernard, lorsque l'évêque était identifié comme Bernard Cariti, puis lorsque Jean Lafond a proposé de voir dans ce dernier Thibaut de Malestroit, il a suggéré d'identifier ce saint moine comme étant le cistercien  Thibaut de Marly, abbé des Vaux-de-Cernay, canonisé en 1270, et dont les représentations iconographiques sont rarissimes. F. Gatouillat mentionne qu'il était abbé du Breuil-Benoist près de Marcilly-sur-Eure.

On pourrait penser aussi au dominicain saint Vincent Ferrier, très vénéré en Bretagne où il fut appelé en 1418 par le duc Jean V avant d'être enterré en la cathédrale de Vannes en 1419. Mais il ne fut canonisé qu'en 1455.

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Le saint est figuré de face, mais le visage tourné de trois-quart vers sa gauche. 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thibaut_de_Marly

 

 

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Les damassés aux oiseaux affrontés.

En dépit de la vraisemblance, la coule blanche est peinte en grisaille d'un motif qui se retrouve aussi sur le fond rouge, mais encore dans les trois autres lancettes de ces deux baies. Il associe deux oiseaux huppés, aux ailes à quatre pennes divergents — qualifiés souvent de "phénix" — , tenant dans leur bec la tige du rinceau qui les environne. Ces tiges, parfois réunies par un annelet, produisent des inflorescences à pétales digités.

Ce motif se retrouve à la même époque sur tous les vitraux du début du XVe siècle encore conservés  en Bretagne : à Saint-Jacques de Merléac (baie 0 de 1402), en la cathédrale de Quimper (baie 0 vers 1417), à l'église Saint-Gilles de Malestroit (scènes de la vie de saint Gilles et de saint Nicolas de la baie 1 du 1er quart XVe), à l'église Notre-Dame de Runan vers 1423.

Comme le souligne l'ouvrage Les Vitraux de Bretagne page 28 : "Ces verrières [de Merléac et de Quimper] ont été à juste titre rapprochées de celles de Runan et de Malestroit, où se retrouve le même goût pour les représentations en camaïeu affichées devant des tentures précieuses. "

On voit donc l'importance de cette ornementation qui permet de replacer ces deux baies d'Évreux dans un ensemble artistique breton lié au mécénat du duc Jean V (1389-1442) et de ses officiers. Nous serions tenter de postuler que les vitraux des baies 203 et 205 ont été non seulement offert par un évêque issu d'une grande famille bretonne, mais aussi fabriqués par un atelier breton et que Thibaut de Malestroit, évêque d'Évreux, [ou Jean de Malestroit évêque de Nantes] aurait été inspiré dans sa commande par les vitraux de Malestroit, de Quimper, de Merléac et de Runan.

Mais ce serait méconnaître que ces couples affrontés de phénix sont également présents sur la verrière "royale" des baies 15, 17 et 19 d'Évreux dès les années 1360-1370.

Ou bien que nous les trouvons également en Normandie à Saint-Lô,  Saint-Germain-village (Eure), Bonport, Louviers.

Ou encore dans la cathédrale de Bourges, et dans celle du Mans.

Ils sont issus des étoffes de soie ou lampas produites à Lucques en Italie, puis à Florence, étoffes précieuses utilisées comme ornements d'église, (devant d'autel, nappes, tentures, habits liturgiques)  et dans les demeures royales .

La cohérence chronologique de leur présence dans les vitraux est forte, la plupart de ces vitraux datant du premier quart du XVe siècle.

Je renvoie à mon Annexe de fin d'article.

 

 

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Un saint évêque.

 Jean Lafond propose de l'identifier comme étant saint Taurin, premier évêque d'Évreux, en référence au 1er vitrage de cette baie.

Françoise Gatouillat y voit plus probablement " saint Thibault de Thann, patron de donateur", mais Thiebault de Thann semble étroitement lié à la collégiale alsacienne du même nom, assez éloigné de l'origine bretonne de l'évêque. Nous trouvons aussi saint Thibaud de Vienne, évêque de cette ville au Xème siècle. Ou un évêque de Paris Thibaud (1143-1159). 

Néanmoins, tout cela n'est pas entièrement convainquant. Si nous conservons l'idée d'une influence bretonne, nous pouvons envisager de très nombreux saints évêques des neuf évêchés de cette province.

Il se tient debout (autre argument, en plus du nimbe, pour ne pas le confondre avec un donateur) et il est franchement tourné vers le centre du chœur, et vers la Vierge de la baie voisine 203. Il en présente le donateur par un geste de la main droite, paume orienté vers le dos de ce dernier. Ce qui est troublant, c'est qu'il forme par sa tenue et par son visage très réaliste comme le sosie de l'évêque donateur.

Il porte tous les insignes de sa charge : la crosse, la mitre, la chasuble à orfrois et bandes précieuses formant une croix, les gants ou chirothèques au dos enrichis de plaques d'or, et les pantoufles fines.

La tenture de fond, bleue, et la chasuble verte sont peints à la grisaille du motif de phénix affrontés mordant les tiges de rinceaux.

 

 

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Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 205 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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II. LA BAIE 203 : UN ÉVÊQUE AGENOUILLÉ DEVANT LA VIERGE À L'ENFANT.

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Les encadrements architecturaux sont les mêmes que ceux de la baie 205, hormis, dans la 1ère lancette, la présence d'un blason. 

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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1. La lancette de gauche : un évêque agenouillé en posture de  donateur.

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Le fond damassé est bleu, son motif à phénix affrontés tenant au bec la tige des rinceaux est particulièrement bien visible.

L'évêque (au visage restitué) est agenouillé sur un prie-dieu où un livre est ouvert. Ce prie-dieu est recouvert d'une étoffe brune précieuse, car brodée d'un  motif de cercles ou anneaux dorés, qui peuvent être interprétés comme des pièces de monnaie (allusion aux besants ?), et qui s'associe, sur le rebord de la tablette, d'autres anneaux qui pourraient être les sceaux ou fermoirs du livre liturgique.

La chape verte à volumineux fermail à quadrilobe reprend, en guise de bande d'orfrois, les armoiries du blason, rouge à 8 ronds jaunes traversé au lieu par la hampe et la volute d'une crosse épiscopale. Cet ornement croise, devant la poitrine, une bande bleue claire, qui se retrouve aussi entre les pièces rouges..

En terme héraldique, il faut décrire ceci comme de gueules à 8 besants d'or 4, 2, 2, avec la crosse en pal. Ce qui ne permet pas une identification précise.

En effet, les armoiries des Malestroit étaient d'abord de gueules besantées d'or, puis  de gueules à 9 besants d'or 3, 3 , 3 , et en bannière (carré) depuis 1451. 

On trouve dans cette famille trois évêques :

a) Thibaut de Malestroit , fils de  Jean de Châteaugiron († 1374 à Azincourt),  il fut nommé évêque de Tréguier le 28 janvier 1378 par le pape Grégoire XI par complaisance pour son frère le sire Jean de Malestroit († 1382 ), capitaine-général des gens d'armes bretons à son service. Il est recommandé au duc pour l'évêché de Quimper le 3 décembre 1383 par Clément VII et prête serment le 5 mars 1384 . Il meurt le 2 mai 1408. Je ne trouve aucune indication sur ses armoiries épiscopales.

b)  Jean de Malestroit est le demi-frère de Thibaut. Né en 1375 à Châteaugiron dans le duché de Bretagne, et mort à Nantes le 13 septembre 1443, il est un pseudo-cardinal du xve siècle et le chancelier du duc Jean V de Bretagne. C'était un protégé d'Olivier de Clisson. Jean de Malestroit est le sixième fils connu fils de Jean de Châteaugiron, seigneur de Malestroit et de Largoët (mort en 1374) et de sa seconde épouse Jeanne de Dol Dame de Combourg. Jean de Malestroit est archidiacre du diocèse de Nantes. Il est élu évêque de Saint-Brieuc en 1405, puis entre au conseil privé du duc, puis devient gouverneur général des finances de Bretagne en 1406, Premier Président de la Chambre des comptes de Bretagne au début de l'an 1408, puis Chancelier du duc et Trésorier-receveur-général du duché de Bretagne quelques mois plus tard. Il est transféré au diocèse de Nantes le 17 juillet 1419.

En tant qu'évêque de Nantes, il lance, avec le duc Jean V, le chantier de construction de l'actuelle cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Le duc et l'évêque en posent la première pierre le 14 avril 1434.

Par la suite, il préside le procès ecclésiastique de Gilles de Rais en octobre 1440 à Nantes. L'antipape Félix V le crée cardinal lors du consistoire du 12 novembre 1440.

Ses armoiries sont de deux sortes :

 b1) Elles sont  de gueules à 11 besants d'or 4, 3 4 sur un blason carré de la  tombe de Saint-Pierre de Nantes, in Gaignières) :

 

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b2) Elles seraient  de gueules à 11 besants d'or 4,3,2,1, au bâton d'azur dans le Rôle d'armes du second traité de Guérande. Il était en effet le demi-frère de Jean de Châteaugiron-Malestroit, et le bâton d'azur est la brisure qu'il utilisait en Bretagne. Mais je lis aussi que  "Jean de Malestroit porta toujours l'écu de ses armes, chargé de dix besans 4.3.2.1, d'abord distingué de celui de ses frères par une bordure endentée, lorsqu'il occupait le siège de Saint-Brieuc, puis avec une simple bordure, quelque temps après sa translation à Nantes, — peut-être même avant, — et enfin sans bordure." (armorial des évêques de Nantes de Stéphane La Nicollière-Teijeiro page 64).

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c) Guillaume de Malestroit fils de Jean de Malestroit et de Marguerite de Quintin, est le neveu des précédents, il fut évêque de Nantes en 1443 jusqu'en 1461 puis archevêque de Thessalonique jusqu'à sa mort en 1492. 

 Son écu en bannière, de gueules à onze besans d'or 4.3.4, au lambel (probablement d'or), de trois pendants est attesté par deux sceaux, timbrés d'une crosse tournée à gauche (et dans un cas d'une épée et d'une clef).

Rien ne permet d'attribuer le blason et les armoiries de la chape de l'évêque de la baie 203 à l'un de ces trois prélats, mais Jean Lafond a, a priori sur la foi de la figure du moine de la baie 205, proposé d'y reconnaître Thibaut, tout en soulignant que le lien entre Malestroit et la ville d'Évreux n'est argumentée que pour Jean, évêque de Nantes :

 

« Le roi Charles VI a en effet donné au duc Jean V de Bretagne, à l'occasion de son mariage avec Jeanne de France, une très grosse somme d'argent : 50.000, puis 150.000 francs, à percevoir sur la recette des aides d'Évreux. La date précise de cette libéralité n'est pas connue. Né le 24 décembre 1389, le duc avait reçu la princesse pour épouse dès l'âge de sept ans, suivant l'usage du temps. Mais il ne fut couronné qu'en mars 1402 et il n'a rendu hommage au roi de France qu'en janvier 1404. Vraisemblablement c'est alors qu'il faut placer, selon M. Nortier, le mariage effectif et la donation royale.

De nombreuses quittances conservées à la Bibliothèque nationale montrent que de 1410 au moins jusqu'en 1417, c'est Jean de Malestroit, évêque de Saint-Brieuc et chance lier de Bretagne, qui recevait, par portions, les sommes destinées au duc. Celle du 15 juin 1416 (n° 1322) indique que, sur les sommes perçues, 500 livres tournois furent octroyées par Jean V à Notre-Dame d'Évreux par l'entremise de l'évêque. M. Nortier me signale en outre que Jean de Malestroit lui-même toucha sur la recette d'Évreux, le 8 juillet 1411, une somme de 2.000 livres à lui donnée par le roi. « Voilà donc les preuves de rapports étroits entre la cour de Bretagne, la famille de Malestroit et la cathédrale d'Évreux dans les premières années du xve siècle. mentionnent .

 On a sans doute remarqué que les documents  connus mentionnent  seulement  Jean de Malestroit et non son  frère Thibaut. Comme celui-ci est mort en 1408 seulement, peut-on supposer qu'il avait été chargé de percevoir les premiers versements de la donation? Certes il n'était pas chancelier mais seulement conseiller du duc, comme d'ailleurs les autres évêques bretons. Simple hypothèse qu'on pourrait remplacer par  une autre : le vitrail de n'aurait-il pas été fondé par Jean de Malestroit en mémoire  de son frère  défunt?  Mais il ne faut pas avoir la prétention de tout savoir. Les  faits certains suffisent à expliquer  la présence de l'évêque breton Thibaut  de  Malestroit dans le chœur la  de la cathédrale  d'Évreux." https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1964_num_1962_1_6773

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Pour ma part, l'argument de la présence du motif du damas dans les vitraux de quatre sanctuaires bretons — dont Quimper — doit également être considéré pour privilégier, sans l'affirmer complètement,  l'hypothèse de Thibaut.

Mais après que chacun ait repris les éclaircissements apportés par Jean Lafond, il est temps d'insister aussi sur les interrogations et énigmes qui persistent à propos de ces deux baies, que ce soit au sujet de l'identité du  donateur, de celle des deux saints de la baie 205, et des relations avec les autres verrières contemporaines, pour ne rien dire de l'atelier dont elles sont sorties.

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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2. La lancette de droite : la Vierge à l'Enfant.

On se souvient que la Vierge est la patronne de la cathédrale d'Évreux, et qu'elle figure dans les baies offertes par les évêques d'Évreux ou les chanoines. Ici, c'est une Vierge à l'Enfant, couronnée, nimbée et voilée, échangeant avec son fils un regard tendre, sans un geste en direction du donateur.

 

 

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le fond rouge (et donc assez sombre) est peint du damassé aux phénix tenant au bec la tige de rinceaux, mais il n'apparaît que sur les clichés très éclaircis.

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Par contre, la robe reprend le motif à pièces d'or qui était celui de l'étoffe précieuse du prie-dieu du donateur, et qui m'avait incité à lire une allusion aux besants des Malestroit.

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Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baie 203 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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ANNEXE. Les fonds damassés des vitraux, inspirés des étoffes à oiseaux affrontés.

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