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6 novembre 2020 5 06 /11 /novembre /2020 22:14

Les vitraux de l'église de La Guerche-de-Bretagne : la baie 10 ( vers 1536-1567) du Couronnement de la Vierge par la Trinité,  ses fragments du 1er quart du XVe (Dieu le Père) et ses panneaux héraldiques (XVIIe ?).


 

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Sur l'ancienne collégiale Notre-Dame de La Guerche-de-Bretagne, voir :

 

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PRÉSENTATION GÉNÉRALE : voir baie n°14.

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La baie 10 éclaire le  bas-coté sud . Elle mesure 4,20 m de haut et 2,10 m de large ; C'est une verrière composite en une seule lancette, réunissant des fragments divers éléments du premier quart du XVe (Dieu le Père) et du XVIe siècle ( Couronnement de la Vierge, vers 1536-1537) avec un soubassement héraldique des Cossé-Brissac datant  du XVIIe.

Les vitraux d'origine ont été fortement remaniés, certains ayant été recomposés à diverses reprises. Leur mutilation par les huguenots en 1563 entraîna des réparations auxquelles contribuèrent sans doute les Cossé-Brissac.

Le montage du XIXe vers 1865 par le nantais Échappé (description de Guillotin de Corson en 1880) a été modifié par Tournel entre 1915 et 1928.

Les restaurations les plus récentes ont été pratiquées en 1998 par Michaël Messonnet,  en 1999 par Antoine Le Bihan  (Quimper), et par Hubert de Sainte-Marie ( Quintin).

La description de référence est celle de F. Gatouillat et M. Hérold pour le Corpus Vitrearum, et c'est ma source principale pour cet article.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LE COURONNEMENT DE LA VIERGE.

Ce registre est daté de 1536-1537, par comparaison avec l'Annonciation et le Couronnement de la baie 8 (datée par inscription de 1536) et du Jugement dernier de la baie 12 (datée par inscription de 1537).

Rappel : Vers 1525, la seigneurie de La Guerche dépendait des enfants de René d'Alençon, troisième duc du nom (1454-1492), qui l'avait héritée en 1505 de sa sœur Catherine, femme de Guy XV de Laval. René d'Alençon avait épousé Marguerite de Lorraine-Vaudémont, et eut trois enfants : 1. Charles IV, duc l'Alençon (1489-Pavie 1525) époux de Marguerite d'Angoulème, sœur de François Ier. 2. Françoise d'Alençon, spoliée de son héritage par Marguerite d'Angoulème. 3 Anne d'Alençon  (1492-1562), qui devint marquise de Montferrat par son  mariage en 1508 avec Guillaume IX Paléologue, marquis de Montferrat.

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Alencon_duche.pdf

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On repérera d'abord les quatre médaillons des évangélistes, saint Jean et saint Matthieu en haut et saint Luc et saint Marc en bas, ce qui amène à constater que le coin inférieur droit est remplacé par une mosaïque de fragments.

Toute la scène centrale est circonscrite dans un cercle de séraphins rouges et de nuées.

Au centre, la Vierge agenouillée (tête restaurée) reçoit la couronne des mains du Christ, à gauche, et de Dieu le Père à droite, tandis que la colombe de l'Esprit les surplombent. 

Les vues de détail illustrent la qualité de cette peinture sur verre.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Sous ce Couronnement, un saint chevalier (saint Georges, voire saint Michel) est tourné, bouclier en avant, vers une scène qui est manquante.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le panneau inférieur droit réunit divers fragments. 

Deux pièces porte des armoiries fragmentaires comportant un aigle bicéphale, qui a été rapporté aux armes de Bertrand Du Guesclin, qui fut seigneur de La Guerche en 1379 : d'argent à l'aigle bicéphale éployé de sable becquée et membrée de gueules, à la cotice du même brochant sur le tout. (illustration)

Effectivement, la "cotice", à l'émail un peu effacé, est bien visible. Des traces rouges se devinent sur la patte. Le cartouche à enroulement indique que ce blason date du XVIe siècle.

Cotice : cette bande transversale étroite traversant le blason était utilisée comme brisure pour les cadets. Le terme apparu en 1253 en langage héraldique sous la forme cutice aurait d'abord été un adjectif (une bande costice) construit sur l'ancien français coste (côte, au sens anatomique, un os long et étroit) et le suffixe -icius pour témoigner de l'étroitesse de la bande.

Bertrand Du Guesclin était membre de la confrérie de Toussaints qui a sa chapelle en l'église de Notre-Dame de La Guerche. Sa famille possédait non loin de la Guerche la terre de la Roberie, en Saint-Germain-du-Pinel.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE SOUBASSEMENT. 

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Dieu le Père sur une cathèdre, bénissant et tenant le globus cruciger. Premier quart XVe siècle.

Ce panneau pourrait provenir de la verrière de Marie de Bretagne, épouse de Jean Ier d'Alençon, sans doute dans la décennie qui suivit son veuvage en 1415. Il a été remonté dans cette baie en 1928. Quelques pièces de drapés ont été restaurées.

C'est un très beau panneau, témoignant du goût de l'époque pour les camaïeux de grisaille et jaune d'argent sur fond coloré.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Armoiries de Cossé-Brissac au collier de l'Ordre de la Toison d'Or.

 

Le blason placé devant un drap d'hermine couronné et porteur d'un collier et présenté par deux aigles couronnés porte les armes des Cossé-Brissac de sable à trois fasces dentelées en partie basse.

Une pièce a été inversée lors d'un remontage, comme en témoigne l'inversion du  sens des dentures qui sont, pour les deux premières fasces, tournées vers le haut.

F. Gatouillat suggère que ces trois armoiries puissent être celles de Charles II de Cossé-Brissac (1550-1626), le premier à recevoir, en 1611 et de la décision de Louis XIII, le titre de duc de Brissac.

Rappel : 

La seigneurie de La Guerche fut acquise par la famille de Cossé Brissac  en 1562 par échange avec Ludovic de Gonzague. Elle la conservèrent jusqu'en 1673. Furent ainsi seigneurs de La Guerche, après Timoléon de Cossé, (1545-1569), son frère Charles II (vers 1550-1621), premier duc de Brissac,  gouverneur de Bretagne en 1596, époux de Judith d'Acigné en 1579 et de Louise d'Ongnies en 1602, puis ses fils François (vers 1581-1651), duc et pair en 1621, et Charles III, marquis d'Acigné depuis 1609, lieutenant général du roi en Bretagne après son père, époux en 1610 d'Hélène de Beaumanoir, baronne du Pont et vicomtesse du Faou, morte en 1636. Puis La Guerche passa aux Neuville, par le mariage en 1662 de Marie-Marguerite de Cossé avec François de Neuville , duc de Villeroy; ils vendirent la Guerche à M. Feuillant, 1750. 

N.B si on consulte le site racineshistoire.free.fr, il faut compléter cette liste : le 2ème duc de Brissac, François épousa en 1618 Anne  (alias Jeanne) de Schomberg, marquise d'Espinay, puis en 1621 Guyonne Ruellan. De ce mariage naquit Louis de Cossé-Brissac (1625-1661), 3ème duc du nom. Il épousa en 1644 Marguerite Françoise de Gondi. Leur fils Henri Albert de Cossé (1645-1698), fut le 4e duc de Brissac, mais aussi seigneur de La Guerche. Il épousa en 1663 Gabrielle-Louise de Rouvroy de Saint-Simon, puis en 1684 Elisabeth de Verthamon, sans postérité.

Le titre de dame de la Guerche revint à la sœur du duc Henri-Albert, Marie-Marguerite de Cossé-Brissac, (1648-1708), qui épousa en 1662 François de Neufville duc de Villeroy . D'où postérité Neufville (d'azur au chevron d'or accompagné de trois crossettes de même), Le Tellier, Boufflers, Montmorency. 

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Cosse-Brissac.pdf

http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Neufville-de-Villeroy.pdf

 

 

 

Les ducs de Brissac qui furent aussi seigneurs de La Guerche furent donc :

  1. 1611-1621 : Charles II de Cossé (1550-1621), 1er duc de Brissac.

  2. 1621-1651 : François de Cossé (1581-1651), 2e duc de Brissac, fils du précédent.

  3. 1661-1698 : Henri Albert de Cossé (1645-1698), 4e duc de Brissac, petit-fils du précédent.

 

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Hélas, ce travail documentaire ne m'a pas permis de trouver, parmi ces trois candidats, un éventuel détenteur du collier de l'Ordre de la Toison d'Or. La seule indication renvoie à Catherine-Françoise Charlotte de Cossé-Brissac (1724-1794) qui épousa en 1734 Louis duc de Noailles, fils d'Adrien-Maurice de Noailles, chevalier de la Toison d'Or.

S'agit-il d'un blason de fantaisie ?

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À défaut, on appréciera les vues de détail, avec le bélier suspendu au collier aux anneaux en forme de "briquets".

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES DEUX BLASONS DE GAUCHE.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les armes de Cossé-Brissac avec le collier de l'Ordre du Saint-Esprit (modèle postérieur à Henri IV et donc à 1589).

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Les membres de cette famille qui ont reçu ce collier sont :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_chevaliers_de_l%27ordre_du_Saint-Esprit

  • Artus de Cossé : promotion de 1578
  • Charles II de Cossé-Brissac : premier duc de Brissac en 1611 chevalier des Ordres du Roi en 1595
  • François de Cossé, duc de Brissac, pair et Grand panetier de France. Promotion de 1633
  • Timoléon de Cossé, comte de Chateaugiron, Grand panetier de France : promotion de 1661
  • Jean-Paul-Thimoléon de Cossé, duc de Brissac, pair et Grand panetier de France : promotion de 1744
  • Louis Hercule Timoléon de Cossé, marquis de Cossé (dit de Brissac), puis duc de Brissac et pair de France, capitaine-colonel des Cent-Suisses de la Garde et Grand panetier de France : promotion de 1776
  • Artus-Hugues-Gabriel-Timoléon, comte de Cossé, premier maître d'hôtel du Roi : promotion de 1830

Si nous ne conservons dans cette liste que les ducs, la liste se réduit à quatre noms.

 

 

Charles II de Cossé-Brissac : "Chevalier des Ordres du Roi en 1595, il commanda l'armée du roi en Bretagne en 1596, défit en 1597 les troupes du duc de Mercœur à Messac, prit Dinan, Quimper et Hennebont. Duc et pair en 1611, il accompagna en 1615 Louis XIII, qui allait en Guyenne au-devant de la future reine Anne d'Autriche. En 1615, déjà lieutenant général de la province, il devient gouverneur de Bretagne, jusqu'à ce que son fils lui succède en 1621. En 1616, le 11 janvier, conjointement avec Villeroi, secrétaire d'État, il conclut une trêve avec M. le prince, et la paix de Loudun le 3 mai suivant. Il assista à l'assemblée des grands du royaume, tenue à Rouen en 1617, et se rendit à l'armée du roi en 1621 ; mais étant tombé malade au siège de Saint-Jean-d'Angély, on le transporta au château de Brissac, où il mourut en juin 1621. (Wikipedia)

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Dans l'ignorance où nous sommes de l'attribution de ce blason, nous pouvons observer la peinture qui nous est proposée. 

Nous retrouvons le manteau d'hermine couronné et les deux aigles couronné en tenant du blason. Celui-ci porte les armes de sable à trois fasces dentelées en partie basse sous la couronne ducale.

L'élément nouveau est le collier du Saint-Esprit, entourant le collier de l'Ordre de Saint-Michel.

La croix à quatre branches, terminées par huit pointes boutonnées, et  anglée de fleur de lys ne laisse pas voir la colombe aux ailes déployées et à la tête dirigée vers le bas qui devrait s'y trouver sur l'avers.

Les maillons d'or étaient théoriquement au nombre de 32 maillons d’or formant une alternance de trophées et de H séparés par des fleurs de lys. Le peintre a représenté un trophée (casqué) et deux monogramme H cadré par trois couronnes et deux fleurons perlés (ou corne d'abondance). Initialement, à la création de l'Ordre par Henri III en 1578,  la chaînette d’or de 40 maillons d’or était relié par le monogramme des lettres latines M et L et des lettres grecques phi et delta. Ces lettres grecques, évoquant l’union de la famille royale mais à la signification ésotérique, ayant été sujet de raillerie envers le roi, seront ultérieurement supprimées par Henri IV. Le modèle représenté est donc celui qui a été porté entre Henri IV (après 1589) et Louis XVI qui, vers 1782, créera un dernier modèle de 29 maillons de forme carrée formés de flammes d’émail rouge.

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Je ne trouve d'illustration des deux colliers associés  (Saint-Michel et Saint-Esprit) que sur le pavillon royal , arboré en présence du roi (1638 - 1790) (création de Sodacan pour Wikipédia) ou dans de manuscrit.

 

 

 

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Un cartel formé des deux colliers a été gravé Sébastien Leclerc au XVIIe (cliquez sur l'image). N'aurait-elle pas servi de modèle à notre peintre-verrier ?

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Cartel formé par les colliers des ordres du Roi au bas duquel pend une croix du Saint-Esprit : [estampe]

 

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Enfin, Wikipédia propose une très belle illustration par Gealobis, travail personnel 2012 des armes de Cossé-Brissac, assez proches de celle qui est peinte ici, mais avec des maillons vermeil. Mais quelle est la valeur documentaire de cette création?

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Armoiries_coss%C3%A9_brissac.png

Sources :

ROUMÉGOU (Lénaïg),  2017,  L'Ordre du Saint-Esprit sous Louis XIV : un instrument au service du pouvoir (1643-1715)

https://chartes.hypotheses.org/1724

http://www.chartes.psl.eu/fr/positions-these/ordre-du-saint-esprit-louis-xiv

France Phaleristique

http://www.france-phaleristique.com/ordre_saint_esprit.htm— HAQUET (Isabelle), 2012, L’énigme Henri III, Ce que nous révèlent les images Presses Universitaires de Nanterre

https://books.openedition.org/pupo/2371

 

PINOTEAU ( Hervé), 1997,. La symbolique de l'ordre du Saint-Esprit. In: Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France, 1995, 1997. pp. 53-54; doi : https://doi.org/10.3406/bsnaf.1997.9973 https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1997_num_1995_1_9973

https://www.persee.fr/doc/bsnaf_0081-1181_1997_num_1995_1_9973

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En définitive, nous ne pouvons pas déduire grand chose de ce panneau pour préciser un éventuel donateur ou prééminencier, ni pour dater ce panneau, ni pour savoir s'il ne s'agit pas d'une création d'artiste dénué de fondement héraldique .

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les armes de Cossé-Brissac avec le collier de l'Ordre de l'Épi.

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Ces armoiries sont encore plus surprenantes, puisqu'elles reprennent, presque par copié-collé, les armes précédentes avec, comme seul changement, un collier fait d'épi de blés entrecroisés ; mais la croix de Malte du collier précédent n'a pas été modifié.

Ce collier évoque l'Ordre de l'Épi, propre aux ducs de Bretagne François I (qui l'aurait fondé en 1448), Pierre II, Arthur III, François II et à la duchesse Anne, mais qui est mal connu, et difficile à distinguer de l'Ordre de l'Hermine. On voit certes ce collier autour du cou de la duchesse Isabelle d'Écosse et de ses filles Marguerite et Marie sur une enluminure de la Somme le Roi Bnf, Ms. Fr. 958, f° Fv° . Ou, toujours au cou de la duchesse,  au folio 56v du livre d'heures Horae ad usum romanum BnF latin 1369 aux armes de François I et d'Isabeau d'Écosse. Serait-il un collier féminin ?

Nullement puisqu'on le voit remis (mais par deux femmes) à un courtisan sur un médaillon du folio 16 des Heures du duc  Pierre II BnF latin 1159.

Je renvoie aux liens suivants :

 

 

https://devise.saprat.fr/embleme/epi-de-ble-1

https://devise.saprat.fr/embleme/epi-de-ble-2

https://www.skoluhelarvro.bzh/institut-culturel-de-bretagne/lordre-de-lhermine/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_de_l%27Hermine_et_de_l%27%C3%89pi

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Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 10 de l'ancienne collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ANDRÉ, 1878

— AUBRY (Ernest), 1901, Notes chronologiques sur La Guerche-de-Bretagne. Paris : Office d'édition et de diffusion du livre d'histoire, 1994. (Monographies des villes et villages de France).

BANEAT, Paul. Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire, Archéologie, Monuments. Rennes : J. Larcher, 1929. p. 133-149

 

BARBEDOR (Isabelle), ORAIN (Véronique), RIOULT (Jean-Jacques), 1994, La collégiale Notre-Dame de la Guerche-de-Bretagne, Inventaire général dossier IA001130826 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-notre-dame-de-la-guerche-place-du-general-de-gaulle-la-guerche-de-bretagne/19f81236-0eaa-4972-9457-dcf7e0369ddb

— BLOT (Roger), 2010, Yves Mahyeuc et la chapelle de Tous les Saints à la collégiale de La Guerche in Augustin Pic  et Georges Provost, "Yves Mahyeuc, 1462-1541: Rennes en Renaissance" © Presses universitaires de Rennes, 2010.

https://books.openedition.org/pur/127311

BRUNE, 1846, Résumé page 318-319 ;  1849, Résumé page 29

— BRUNE, 1849, Indication et descriptions des principales verrières du diocèse de Rennes, Bull. Archéologie association Bretonne t.II,2, p 199.

— BRUNE,, 1861, Indication et descriptions des principales verrières du diocèse de Rennes, Bull. Archéologie association Bretonne t.II,2, p 72.

DALIBARD (Sabrina) MÉNARD (Stéphanie), Inventaire Général

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/architecture-religieuse-sur-la-commune-de-la-guerche-de-bretagne/f7694664-8ad5-4e5d-b847-60ff865a9a45

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON, (Amédée),1880-1884. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. Rennes : Fougeray, Paris : René Haton, 1884. TI p. 83-85 et  TIII p. 4-19

GUIFFAULT (Jacques),  2020, Visite guidée de la basilique Notre-Dame-de-Bretagne

https://www.laguerchedebretagne.fr/spip.php?article177&var_mode=calcul

https://documentcloud.adobe.com/link/review?uri=urn:aaid:scds:US:a0b8a548-bca4-4f20-ba4d-75cc6d7b4120#pageNum=1

JARRY, (Alphonse), 1941. Le sanctuaire de Notre-Dame de la Guerche à travers les âges. Rennes : Imprimerie Bretonne, 1941.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/f19eba6aa5113393960b376867db3b78.pdf

MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016932, la verrières  de la baie 10 : L'Annonciation. [baie 8 du Corpus Vitrearum]

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere-de-la-baie-10-annonciation/85cd7d32-7a3b-4449-9a41-2f0b61a0ebce

MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016952, la verrières  de la baie 12 : Couronnement de la Vierge. [baie 12 du Corpus Vitrearum] 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere-de-la-baie-12-couronnement-de-la-vierge/13a1195d-099a-45cb-b9a7-1e3a558eb739

MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016953, la verrières  de la baie 14 : Le Jugement dernier. [baie 10 du Corpus Vitrearum]

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/le-patrimoine-mobilier-de-l-eglise/fff2dfef-1913-4875-ace7-3c87753d21de

MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016953, la verrières  de la baie 16 : Arbre de Jessé. [baie 14 du Corpus Vitrearum]

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere-de-la-baie-16-arbre-de-jesse/6ae4fc5b-6578-4b6a-bc30-d0a5f97bd154

MEURET (Jean-Claude),1993, Le poids des familles seigneuriales aux confins de l'Anjou et de Bretagne. Martigné-Pouancé-La Guerche

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f464b98791223.18123992/1993_05.pdf

— TOURNEL (Charles), 1917, Vitraux de l'église Notre-Dame de La Guerche-de-Bretagne, Bull. Et mémoires de la société archéologique d'Ille-et-Vilaine TXLV p. 233-238. Non consulté.


 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
28 octobre 2020 3 28 /10 /octobre /2020 22:04

Les vitraux de l'église de La Guerche-de-Bretagne. La baie 14 avec le portrait de Jean Ier d'Alençon en donateur (1er quart XVe siècle) et les fragments d'un Arbre de Jessé (milieu XVIe siècle).

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Voir aussi :

Les 18 stalles (vers 1518-1525) de l'église Notre-Dame de La Guerche-de-Bretagne. Ia,  le coté sud. Jouée, miséricordes, appui-mains.

 

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PRÉSENTATION.

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a) Les seigneurs de La Guerche jusqu'aux ducs d'Alençon. 

Cette église était primitivement la chapelle du château de La Guerche ; son histoire est par conséquent intimement liée à celle des seigneurs de cette localité.

Les seigneurs de La Guerche portaient de gueules à six (alias : deux) léopards d'or, selon leurs sceaux de 1198 à 1220. Théobald, fils de Loscoran, épousa Guenargant ; Menguen, leur fils, sieur de La Guerche en 998, fut le père de Sylvestre, qui fut chancelier de Bretagne veuf en 1076 puis évêque de Rennes jusqu'à sa mort en 1096. C'est lui qui protégea Robert d’Arbrissel, le fondateur de Fontevrault, et finit par favoriser la réforme grégorienne.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sylvestre_de_La_Guerche

En 1121, Guillaume Ier, fils de Sylvestre, épouse Emma de Pouancé vers 1130, et devient seigneur de Pouancé et de Martigné (entre Bretagne et Anjou). 

Emma de Pouancé avait épousé en premières noces au commencement du XIIe siècle Juhaël de Châteaubriant, et leur fils devint Guillaume II de Pouancé  seigneur de La Guerche. Puis lui succède Geoffroy Ier, puis Guillaume III. C'est ce dernier qui érigea l'église Notre-Dame en collégiale en 1206, desservie par 12 chanoines. À sa mort en 1223, il est inhumé dans le chœur, où son gisant est présent.

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Thibaud de Pouancé, petit-fils de Guillaume III fut évêque de Dol de 1280 à sa mort en 1301 et chancelier de Bretagne en 1297-1298. Il  acheva le chœur de sa cathédrale.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Thibaud_de_Pouanc%C3%A9

À la mort de Geoffroy II, la seigneurie revient en 1263 à la maison des vicomtes de Beaumont, au Maine, puînés de Brienne.

Le château de La Guerche passa ensuite aux Chamaillart, puis aux Valois, comtes d'Alençon, qui le vendirent au connétable du Guesclin. À sa mort en 1380, ses héritiers le vendirent à leur tour au duc Jean IV, qui le laissa à sa fille, épouse du duc Jean Ier d'Alençon, tué à la bataille d'Azincourt en 1415. Il passa ensuite par alliance aux Montferrat, et successivement depuis aux Gonzague, (Pol de Courcy tome II) En effet, avant 1562, la seigneurie fit l'objet d'un échange entre un arrière-petit-fils de René d'Alençon, Ludovic de Gonzague, fils du duc de Mantoue, et les Cossé comtes de Brissac. Les descendants de cette famille la conservèrent jusqu'en 1673. Furent ainsi seigneurs de La Guerche, après Timoléon de Cossé, (1545-1569), son frère Charles II (vers 1550-1621), premier duc de Brissac gouverneur de Bretagne en 1596, époux de Judith d'Acigné en 1579 et de Louise d'Ongnies en 1602, puis ses fils François (vers 1581-1651), duc et pair en 1621, et Charles III, marquis d'Acigné depuis 1609, lieutenant général du roi en Bretagne après son père, époux en 1610 d'Hélène de Beaumanoir, baronne du Pont et vicomtesse du Faou, morte en 1636.

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b) La collégiale Notre-Dame.

Son chœur qui menaçait de s'écrouler  fut rebâti au début du XVe siècle du temps de Jean Ier d'Alençon et de Marie de Bretagne, ce qui explique que ceux-ci figurent avec leurs armes sur la baie 14 (sur des fragments provenant probablement de la baie d'axe du chœur).  "D’une grande pureté architecturale, ce nouveau chœur, à pans coupés désormais, s’éclairait de six baies à lancettes qui reçurent des vitraux neufs, dont les fragments sont aujourd’hui dispersés dans le bas-côté sud, mais qui étaient encore en place au temps d’Yves Mahyeuc." (R. Blot)

Vers 1502-1525, la collégiale fut dotée de stalles par Charles IV d'Alençon. Vers 1525, la nef fut agrandie et flanquée de collatéraux ; le bas-coté nord sera détruit puis reconstruit au XIXe avec six chapelles.

https://www.laguerchedebretagne.fr/IMG/pdf/interieur_de_la_basilique.pdf

L'édifice subit au XIXe siècle d'importants remaniements, notamment de 1859 à 1863 (ajout du bas-coté nord de la nef à des fins de contrebutement), puis en 1888 (modification des parties hautes du chevet). Ce qui restait de ses verrières anciennes fut regroupé dans quatre baies du bas-coté méridional, vers 1865 semble-t-il par le Nantais Échappé. Les panneaux conservés correspondent en majorité aux principales campagnes des travaux d'architecture, celles du début du XVe siècle et celle du deuxième quart du siècle suivant.

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c) La baie n°14.

La baie 14 éclaire le bas-coté sud, c'est la dernière au fond de la nef. Elle mesure 4,20 m de haut et 2,10 m de large et forme une seule lancette dont le sommet ogival  fait office de tympan. C'est une recomposition hétérogène au XIXe siècle de fragments datant du début du XVe siècle et du milieu du XVIe. Les panneaux les plus anciens  portent les armes et les portraits de Jean Ier d'Alençon et d'une donatrice (a priori son son épouse), d'un chanoine, accompagnés de trois saints, d'anges ainsi que des têtes de lancettes. Ceux du XVIe siècle, placés au centre, sont les restes d'un Arbre de Jessé.

Sur le plan de R. Blot, la baie 14 est placée à hauteur du chiffre 7 :

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Plan de la collégiale de La Guerche par R. Blot

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Je m'appuie sur les descriptions de Gatouillat et Hérold 2015 ainsi que sur celles de Roger Blot 2010.

Je suivrai dans ma description un ordre chronologique : panneaux du XVe, puis du XVIe siècle. 

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Vue générale.

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Baie 14 (1er quart XVe et milieu XVIe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe et milieu XVIe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE "TYMPAN" ET SES BLASONS.

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Les panneaux occupaient jadis d'ajours cernés de meneaux  en fleurs de lys : le restaurateur les a imité en les peignant sur verre. De même, il a simulé en dessous deux têtes de lancettes trilobées occupées par des sommets de dais architecturaux du XVe.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En haut et au centre : les armoiries d'Alençon présentées par un ange.

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L'ange a des ailes colorées (rouges et vertes), un nimbe rouge,  une aube blanche à amict enserrant la nuque, et bordé de jaune,  d'exubérants cheveux jaunes crépus retenus par un serre-tête à médaillon frontal, et, enfin et surtout, des pupilles teintées au jaune d'argent.

Ce point de détail est précieux pour rapprocher ce panneau d'autres verrières comme, en Bretagne, celles de Dol-de-Bretagne, Malestroit, Merléac, Runan ou Quimper, qui, toutes, relèvent des grandes donations du début du XVe siècle par le duc Jean V et son entourage. Elles ont en commun leur prédilection pour les figures traitées en camaïeu de grisaille et jaune d'argent sur fond coloré devant des tentures précieuses.

 

Voir sur les pupilles jaune d'argent :

Outre la liste des mes articles sur les vitraux. :

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Françoise Gatouillat, même si elle ne note pas dans sa description la coloration des pupilles,  souligne le  rapprochement entre les cheveux et le col teinté de jaune d'argent de  cet ange du tympan, et celui — supportant les armes de Bretagne — de la baie 23 de la cathédrale de Dol-de-Bretagne, daté du 2ème quart du XVe siècle comme ceux de mon article. Je ne l'ai pas photographié, et je renvoie au cliché de mesvitrauxfavoris.fr

 

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Le blason porte les armes des ducs d'Alençon, et donc, pour ce premier quart du XVe siècle indiqué par ces éléments stylistiques, celles du premier d'entre eux,  Jean Ier d'Alençon, né en 1385, élevé par Charles VI au titre de duc en 1414 et mort en 1415 à Azincourt.

Elles se blasonnent ici d'azur aux trois fleurs de lys d'or à la bordure de gueules chargées de huit besants d'or. Les armoriaux indiquent que ces besants sont d'argent (et donc blancs, et non jaunes). Mais les besants d'or se retrouvent sur les trois autres représentations de ces armes sur cette baie. Voir aussi ce site.

Les mêmes armoiries sont présentées par deux anges sur le cinquième dossier des stalles sud (réalisées vers 1520), mais sans couleurs bien-sûr, du moins aujourd'hui.

Les fleurs de lys me semble être réalisées en chef-d'œuvre (pièce de verre enchâssée dans la pièce principale).

Puisqu'elles sont associées ici à celle de son épouse, elles sont postérieures au mariage du couple le 26 juin 1396 . Elles sont antérieures au décès de Marie de Bretagne en 1446. Mais les données stylistiques du vitrail limite ce créneau au premier quart du XVe siècle, avant  le décès de Jean Ier en 1415, ou après celui-ci si sa veuve a guidé le chantier (Marie de Bretagne demeura dame de La Guerche après la mort de son mari, alors que son fils Jean II prend les titres de duc d'Alençon et de comte du Perche). F. Gatouillat estime cette donation de verrières de la décennie suivant son veuvage, et donc de 1415-1425. 

 

 

 

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche : Armoiries d'Alençon sur fond orangé à rinceaux .

Nous retrouvons ici les armes  d'azur aux trois fleurs de lys d'or à la bordure de gueules chargées de huit besants d'or.

Chaque besant est une pièce de verre jaune (ou blanche peinte en jaune) encadrée de pièces rectangulaires rouges : un gros travail !

La fleur de lys inférieure est montée en chef d'œuvre.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Armoiries de Marie de Bretagne.

Marie de Bretagne (1391-1446) était la fille du duc Jean IV de Bretagne et de Jeanne de Navarre ; elle épousa Jean Ier d'Alençon en 1396.

 

Ses armes associent à celles de son mari celles d'hermines pleines, de Bretagne.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Tête de lancette simulée du coté droit. Dais architecturé.

 

Les gables et pilastres perlés en rappellent d'autres, du même groupe chronologique. Il faut noter, dans l'oculus, le motif à feuilles de chêne et glands noués , qui se retrouve sous une autre forme sur la verrière  de la baie 12.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR (Ier quart XVe) : LES DONATEURS, LES SAINTS ET LES ANGES.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Jean Ier d'Alençon en donateur présenté par saint Jean-Baptiste.

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Jean d'Alençon est agenouillé devant son prie-dieu, sur lequel repose son livre d'heures ouvert. On lit sur la page  les mots Domine Iesu Christe

a) Il peut s'agir  de l'oraison qui se poursuit par ... adoro te in cruce pendentem et coronam spinam in capite portans (" je t'adore Seigneur Jésus Christ suspendu à la croix et portant sur la tête la couronne d'épine")

C'est un indice important, car nous pouvons penser que le jeune seigneur est tourné vers la représentation, sur la partie du vitrail de la maîtresse-vitre qui ne nous est pas parvenu, d'une Crucifixion comme sur les enluminures qui font face, dans les livres d'heures du XVe, aux sept oraisons, dites de saint Grégoire (orationes sancti Gregorii). Effectivement, sur le manuscrit Arsenal ms 639 réserve folio 99v, [suite du ms 638 ou le Livre du Maître-aux-Fleurs], l'enluminure montre la Messe de saint Grégoire, où ce dernier, agenouillé devant l'autel, a la vision du Christ montrant ses plaies.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55008564m/f201.item

b) mais il peut aussi s'agir de deux autres oraisons, attestées dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne; La première est  l'Oraison de Nostre Dame du folio 160v " Oratio. Domine Iesu Christe, rogo te amore illius gaudii quod dilecta Maria [...] omnibus diebus vite mec.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f328.item#

La seconde est l'oraison du Bon Larron (Grandes Heures d'Anne de Bretagne  f. 216v-217) : " Oraison entre la consecration et la communion, et a deux mil ans de pardon. Domine Iesu Christe, qui hanc sacratissimam carnem et preciosum sanguinem [...] presentibus, preteritis et futuris. Qui [...] ". F. 217-v : " Oraison du bon larron. O beatissime Domine Iesu Christe, respicere digneris super me miseram peccatricem [...] Et cum latrone in secula seculorum. Amen [...] "

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52500984v/f441.item

Pour Roger Blot, la scène principale devant laquelle les donateurs contemplent était un Couronnement de la Vierge, scène conservée en baie 10 :

"Sans doute le couple princier figurait-il dans la verrière axiale. Celle-ci peut être reconstituée dans ses grandes lignes car ses commanditaires avaient fait appel à un artiste différent de celui des autres verrières. Il en reste des fragments magnifiques mais dispersés. Au temps d’Yves Mahyeuc, le haut du vitrail est dominé par un tympan dont le remplage épouse la forme d’une grande fleur de lys. Un ange y brandit les armes à fleurs de lys des Alençon, reprises à gauche pour spécifier Jean Ier et coupées à droite des hermines bretonnes pour rappeler Marie de Bretagne. Dans un riche encadrement architectural, la scène principale évoque le couronnement de la Vierge. En subsistent un Père éternel et des fragments d’anges, dont l’un brandit, sur un phylactère, le début de l’hymne Ave Maria cœlorum. En bas sont agenouillés Jean Ier d’Alençon, à gauche, avec son livre d’Heures ouvert à la prière Domine Iesu Christe ; et à droite Marie de Bretagne, coiffée du fameux chapeau à cornes si à la mode au début du XVe siècle."

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Quoiqu'il en soit, il faut imaginer le donateur agenouillé, mains jointes, en armure et éperons à molettes, devant une scène sacrée  et face à un saint personnage  à qui il est présenté par son intercesseur saint Jean-Baptiste, qui est également son saint patron. Ils sont tous les deux isolés dans une loge délimitée par un rideau rouge.

Jean Ier porte, comme c'est la coutume dans ces scènes de donation, un tabard (et un mantelet sur ses épaules) à ses armes ; Mais le champ d'azur, au lieu d'être uni, forme des bandes entrecroisées qui délimitent les fleurs de lys d'or. Le galon du vêtement forme la bordure, de gueules aux besants d'or.

On peut s'étonner aussi que sur des cheveux coupés court, "au bol" comme c'est alors l'usage, le chevalier ne soit pas tête nue, mais porte un bandeau orné de pierreries.

Le beau fond damassé bleu est moderne.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Saint Jean-Baptiste est peint en grisaille et jaune d'argent. Il est nimbé, barbu, vêtu d'un long manteau sur une robe dorée, et il porte sur le bras gauche, par l'intermédiaire d'un drap, le livre où est couché l'agneau pascal, au nimbe crucifère.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La donatrice, Marie de Bretagne.

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Ce panneau possède une bordure alternant des couronnes (grisaille et jaune d'argent) et des pièces monochromes bleues, comme à Merléac. Cette bordure est, selon F. Gatouillat, rapportée.

La donatrice, agenouillée mains jointes devant son prie-dieu, est peinte en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc, et se détache sur un fond damassé rouge et dans une architecture fragmentaire issue de dais : tout cet environnement est donc rapporté, et il manque ici le saint personnage présentant Marie de Bretagne.

La donatrice est coiffée d'un bourrelet (rembourré d'étoupe) modelé en huit formant deux cornes tandis que les cheveux (épilés sur le front) sont ramenés en arrière, tressés et ramassés en coques jusqu'aux oreilles par une crépine. C'est la coiffure à la mode, introduite par Isabeau de Bavière et figurant sur ses comptes comme "chappeau en guise de cornette". On la voit portée par la reine et quatre de ses dames d'honneur sur le célèbre frontispice du manuscrit de La Cité des Dames BL Harley 4431 f.3, datant vers 1414.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Isabeau_de_Bavi%C3%A8re#/media/Fichier:Christine_de_Pisan_and_Queen_Isabeau_(2).jpg

http://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=35552

Il ne s'agit pas d'un hennin, mais   d'un escoffion, tel qu'il est représenté par un maître franco-flamand  en 1410 :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Franko-fl%C3%A4mischer_Meister_002.jpg

Les cornes de l'escoffion, comme du truffeau dont il est proche, datent de la fin du XIVe et du début du XVe, mais le bourrelet en huit, perlé et entouré d'une précieuse étoffe dorée, comme nous le voyons porté par Marie de Bretagne, semble, d'après l'iconographie donnée ici en liens, dater de 1410-1415.

 

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Si nous nous intéressons maintenant à la robe, nous constatons qu'elle est damassé d'un motif à deux oiseaux affrontés sous une couronne de fleurs. C'est, comme le détail des pupilles teintées au jaune, un point commun avec les verrières de la cathédrale de Quimper et avec la chapelle Saint-Jacques de Merléac. Mais on retrouve aussi ces indices à la même époque sur les verrières de la cathédrale d'Évreux.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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On remarquera néanmoins dans les pilastres ce qu'il reste de deux apôtres nimbés.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Un chanoine agenouillé en donateur et présenté par saint Michel.

Appartenait-il lui aussi à la maîtresse-vitre , ou bien à une autre verrière latérale du chœur ? 

Placé sur un soubassement carrelé, il est agenouillé mains jointes, tourné vers la scène principale située à gauche. Il est tonsuré. Il porte l'aumusse canoniale retroussée sur l'avant-bras droit sous forme de larges plis de fourrure. Et il porte autour du cou ce qui est peut-être le ruban rouge d'une croix pectorale, signe honorifique attribuée par indult papal à certains chapitre, avec un ruban de couleur spécifique. J'ignore si le chapitre collégial de La Guerche en bénéficiait, et même à partir de quelle date ces croix ont été attribuées. Cette pièce de verre rouge est la seule pièce de verre colorée dans l'ensemble en camaïeu de grisaille et jaune d'argent, elle est donc importante.

Un phylactère qui s'échappe de la bouche du donateur porte l'inscription SANCTE JOH[ANN]ES BAPTISTA ORA [PRO NOBIS, "Saint Jean-Baptiste priez pour nous". Ce panneau était-il placé derrière Jean-Baptiste présentant Jean Ier ?

 

"Les autres vitraux du chœur furent exécutés à la même époque par un second artiste dont les visages sont halés, alors qu’ils sont très blancs dans la verrière axiale. De ce second artiste subsistent quelques scènes dans un décor architecturé : une Vision d’Apocalypse et quelques détails d’une Annonciation, ou encore de saints en pieds (saint Jacques, saint Georges…). Nous lui devons aussi un portrait intéressant, celui du « chefcier ». Il s’agit du doyen du chapitre qui résidait dans la chefcerie, au nord de l’église, alors que les autres chanoines avaient leur maison dans la ville. Son prénom – Michel – nous est indiqué par son saint protecteur, l’archange Michel en tenue liturgique. Agenouillé et un peu de biais, tout comme le couple princier, il est en habit de chœur, avec au bras l’aumusse, sorte d’étole fourrée en peau de martre. La prière qui monte des lèvres du chanoine, Sancte Iohannes baptista ora pro nobis laisse supposer que le vitrail qu’il offrit se situait à côté du vitrail axial, à droite, et que d’un vitrail à l’autre le chanoine s’adressait avec déférence au saint protecteur de Jean Ier d’Alençon." (Roger Blot)

Voir :

 

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le chanoine est présenté par saint Michel archange. Celui-ci porte à la fois une croix à double traverse, et la balance du Jugement dernier, sur le plateau de laquelle un homme nu est agenouillé mains jointes vers le juge. Un diablotin ailé infléchit la balance pour que ce dernier soit damné, et non sauvé.

C'est à nouveau une composition en grisaille et jaune d'argent, témoignant de cette option (elle laisse passer plus de lumière vers les chanoines installés dans le chœur, à la différence des baies en verre colorés du XIe au début du XIVe). Voir son entrée dans les verrières de Chartres au XIVe

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les traits du visage du saint attirent l'attention. Si on les compare à ceux du chanoine, ils ne diffèrent pas par la bouche, mais par les yeux qui sont étirés et presque orientaux. Comme nous retrouverons cet affinement des yeux parmi les trois saints voisins, j'en déduis qu'il s'agit d'un procédé soulignant la spiritualité des personnages.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les portraits en pied de trois saints.

 

Il s'agit de saint Jacques le Majeur, de saint Georges et probablement de saint Ambroise, saint archevêque accompagné d'une colombe. Leurs portraits en grisaille et jaune d'argent ont été regroupés et se détachent sur un fond bleu ciel moderne, tandis que le bas du corps est assez maladroitement placé sur un fond carrelé bicolore.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'apôtre saint Jacques porte le chapeau qui lui est propre, frappé de la coquille, le bourdon, la besace suspendue à un baudrier, et le livre ; il est pied-nus, comme tout apôtre.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le chevalier saint Georges, en armure, porte un turban perlé orné d'un plumet. Son casque est posé à ses pieds.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Docteur et Père de l'Église saint Ambroise est mitré porte les chirothèques et tient la croix propre à son rang d'archevêque de Milan. Selon F. Gatouillat, il est accompagné d'une colombe, que je ne découvre pas. Il s'agit pour moi d'une étoile sur la croix.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les anges.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Je n'ai pu déchiffrer cette inscription.

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Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 (1er quart XVe ) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES PANNEAUX DU MILIEU DU XVIe SIÈCLE : UN ARBRE DE JESSÉ.

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Il faut , pour mieux les comprendre, mettre  en parallèle ces fragments assez réduits avec les vitraux des Arbres de Jessé de la même époque, soit en Ille-et-Vilaine d'abord à Moulins (au nord de La Guerche), puis aux Iffs mais aussi au sud des Côtes d'Armor à La Ferrière ou à Moncontour, voire à Paule, ou au nord-est du Morbihan à Beignon et  Ploermel. 

 

En Bretagne:

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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

 

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Baie 14 ( milieu XVIe) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 ( milieu XVIe) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche, un personnage en pied, dans la posture propre aux prophètes accompagnant de part et d'autre Jessé endormi sous sa tente, tient le pan vert de cette dernière. Il correspond vraisemblablement à Isaïe.

Il est intéressant de le rapprocher de son homologue de l'église de Notre-Dame-du-Touchet, et de constater la grande proximité des panneaux. Selon M. Callias-Bey, "cette verrière adopte une formule courante en Normandie au XVIe siècle à Rouen ( à Saint-Maclou , Saint-Godard et Saint-André-de-la-Ville)  avec Jessé accoudé à une cathèdre surmonté d'un riche pavillon entouré de deux prophètes Isaïe et Jérémie.

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Le vitrail de l'arbre de Jessé (v.1537) de l'église de Notre-Dame-du-Touchet.

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Si on accepte cette similitude, on pourra alors penser que le cartouche muet de la verrière de La Guerche comportait l'inscription  Egredietur virga de radice Iesse, [et, sur le cartouche de droite flos de radice eius ascendet] , "une tige sortira de la racine de Jessé, et une fleur s'élèvera de ses racines" (Isaïe 11 :1-2).

De même, nous pourrons reconstituer l'aspect initial de l'Arbre de Jessé de Lag Guerche en se basant sur celui de N.-D. du Touchet :

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Le vitrail de l'arbre de Jessé (v.1537) de Notre-Dame du Touchet.

 

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Le vitrail de l'arbre de Jessé (v. 1537) de Notre-Dame du Touchet.

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Baie 14 ( milieu XVIe) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 ( milieu XVIe) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À droite, au dessus du sommet du pavillon de Jessé (en verre rouge gravé et peint au jaune d'argent), se tiennent quatre rois, assis tant bien que mal sur les branches de l'Arbre généalogique qui menait, lorsqu'il était intact, à la figure de la Vierge tenant l'enfant Sauveur.

En suivant la même piste que précédemment, la comparaison entre La Guerche et Notre-Dame-du-Touchet se renforce encore en comparant le David normand avec son homologue breton (même si celui-ci a perdu sa harpe dont il ne reste que quelques cordes sur fond bleu) : la similitude des couronnes et des postures permet d'affirmer la reprise des mêmes cartons.

Par contre, les verrières plus proches géographiquement de La Guerche-de-Bretagne adoptent certes une construction semblable, mais ne sortent pas du même atelier.

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Le vitrail de l'arbre de Jessé (v. 1537) de Notre-Dame du Touchet.

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La tête casquée de gauche, à La Guerche, est ensuite rapprochée de celle-ci, à Notre-Dame-du-Touchet :

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Le vitrail de l'arbre de Jessé (v. 1537) de Notre-Dame du Touchet.

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Baie 14 ( milieu XVIe) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 14 ( milieu XVIe) de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne. Photographie lavieb-aile août 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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ANDRÉ, 1878

AUBRY (Ernest), 1901, Notes chronologiques sur La Guerche-de-Bretagne. Paris : Office d'édition et de diffusion du livre d'histoire, 1994. (Monographies des villes et villages de France).

— BANEAT, Paul. Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire, Archéologie, Monuments. Rennes : J. Larcher, 1929. p. 133-149

 

— BARBEDOR (Isabelle), ORAIN (Véronique), RIOULT (Jean-Jacques), 1994, La collégiale Notre-Dame de la Guerche-de-Bretagne, Inventaire général dossier IA001130826 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/collegiale-notre-dame-de-la-guerche-place-du-general-de-gaulle-la-guerche-de-bretagne/19f81236-0eaa-4972-9457-dcf7e0369ddb

BLOT (Roger), 2010, Yves Mahyeuc et la chapelle de Tous les Saints à la collégiale de La Guerche in Augustin Pic  et Georges Provost, "Yves Mahyeuc, 1462-1541: Rennes en Renaissance" © Presses universitaires de Rennes, 2010.

https://books.openedition.org/pur/127311

— BRUNE, 1846, Résumé page 318-319 ;  1849, Résumé page 29

BRUNE, 1849, Indication et descriptions des principales verrières du diocèse de Rennes, Bull. Archéologie association Bretonne t.II,2, p 199.

BRUNE,, 1861, Indication et descriptions des principales verrières du diocèse de Rennes, Bull. Archéologie association Bretonne t.II,2, p 72.

—DALIBARD (Sabrina) MÉNARD (Stéphanie), Inventaire Général

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/architecture-religieuse-sur-la-commune-de-la-guerche-de-bretagne/f7694664-8ad5-4e5d-b847-60ff865a9a45

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

—GUILLOTIN DE CORSON, (Amédée),1880-1884. Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. Rennes : Fougeray, Paris : René Haton, 1884. TI p. 83-85 et  TIII p. 4-19

— GUIFFAULT (Jacques),  2020, Visite guidée de la basilique Notre-Dame-de-Bretagne

https://www.laguerchedebretagne.fr/spip.php?article177&var_mode=calcul

https://documentcloud.adobe.com/link/review?uri=urn:aaid:scds:US:a0b8a548-bca4-4f20-ba4d-75cc6d7b4120#pageNum=1

—JARRY, (Alphonse), 1941. Le sanctuaire de Notre-Dame de la Guerche à travers les âges. Rennes : Imprimerie Bretonne, 1941.

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/f19eba6aa5113393960b376867db3b78.pdf

— MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016932, la verrières  de la baie 10 : L'Annonciation. [baie 8 du Corpus Vitrearum]

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere-de-la-baie-10-annonciation/85cd7d32-7a3b-4449-9a41-2f0b61a0ebce

— MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016952, la verrières  de la baie 12 : Couronnement de la Vierge. [baie 12 du Corpus Vitrearum] 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere-de-la-baie-12-couronnement-de-la-vierge/13a1195d-099a-45cb-b9a7-1e3a558eb739

— MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016953, la verrières  de la baie 14 : Le Jugement dernier. [baie 10 du Corpus Vitrearum]

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/le-patrimoine-mobilier-de-l-eglise/fff2dfef-1913-4875-ace7-3c87753d21de

— MENANT (Marie-Dominique, L'HARIDON (Erwana), 2005, Inventaire Général dossier IM35016953, la verrières  de la baie 16 : Arbre de Jessé. [baie 14 du Corpus Vitrearum]

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/verriere-de-la-baie-16-arbre-de-jesse/6ae4fc5b-6578-4b6a-bc30-d0a5f97bd154

— MEURET (Jean-Claude),1993, Le poids des familles seigneuriales aux confins de l'Anjou et de Bretagne. Martigné-Pouancé-La Guerche

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f464b98791223.18123992/1993_05.pdf

TOURNEL (Charles), 1917, Vitraux de l'église Notre-Dame de La Guerche-de-Bretagne, Bull. Et mémoires de la société archéologique d'Ille-et-Vilaine TXLV p. 233-238. Non consulté.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 14:06

Les vitraux héraldiques (1541, ou XIXe) provenant du château d'Ecouen, et remontés dans la Galerie Duban du château de Chantilly.

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Sur le château de Chantilly et ses expositions :

Sur l'héraldique civile :

Sur la famille de Bourbon-Vendôme :

Les vitraux de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude : la Vie de saint Louis.

 

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PRÉSENTATION.

 

"La galerie Duban est construite en 1846 par l'architecte Félix Duban (1798-1870), prenant la forme d'une extension sur la façade du petit château, côté cour, pour desservir les petits appartements. Elle est dans un premier temps décorée des vitraux de Psyché, aujourd'hui dans la galerie du même nom. Ils sont remplacés par six vitraux héraldiques provenant eux aussi du château d'Écouen et représentant les armes de Guillaume Gouffier de Bonnivet, compagnon d'armes d'Anne de Montmorency, du dauphin, le futur Henri II en 1541, peut-être celles de Philippe de Montmorency, évêque de Limoges et frère d'Anne, armes d'Antoinette de La Marck, femme de Henri Ier de Montmorency, fils d'Anne, armes d'Anne lui-même et de Marie de Montmorency, sœur cadette d'Anne et abbesse de Maubuisson. Les autres vitraux, qui datent du xixe siècle, portent les armes des Condé et des Orléans.." https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_Cond%C3%A9

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"Les vitraux héraldiques de Chantilly.

Dans la galerie construite en 1845, Duban remonta cinq verrières anciennes au décor héraldique, dont certaines très restaurées, provenant d'Écouen, les cinq autres se révélant à l'analyse être des œuvres du xixe siècle.

Mme Perrot en a donné une analyse pertinente. Au premier groupe précédemment défini, elle rattache un vitrail portant les armoiries du connétable (l'écu est en fait moderne) et un second avec les armes également modernes d'Antoinette de La Mark.

Deux autres panneaux : l'un avec les armes pleines des Montmorency surmontées d'une mitre avec la crosse en pal et le second avec un écu en losange également aux armes des Montmorency surmontées d'une crosse en pal soulèvent le problème du personnage ici évoqué. Il n'existe en effet à cette date aucun évêque susceptible de porter les armoiries du premier panneau.

Quant au second, il pourrait s'agir de la sœur du connétable, Marie, abbesse de Maubuisson (1529-1543).

Le dernier panneau, aux armes de Guillaume Goufîier, devait faire partie d'une paire. Il rappelle certains des panneaux de la suite de Psyché. On sait d'autre part qu'en 1798 Alexandre Lenoir avait acheté à la veuve Pétrée, à Écouen, quarante-huit panneaux. Tailleur, le vitrier du Musée des Monuments français, dut vraisemblablement en acquérir d'autres puisqu'il en vendit en 1802 au marchand anglais J. C. Hamp. Il s'agit peut-être des six panneaux qui ont été remontés depuis dans la chapelle du Lord Maire, à Bristol. En 1816, Lenoir fit restaurer quarante-quatre panneaux d'arabesques pour remplacer les quarante-quatre panneaux de l'histoire de Psyché, rendus au prince de Condé. La fermeture peu après du Musée des Monuments français ne lui permit pas de réaliser cette présentation. En 1820, ils furent rendus eux aussi aux Condé qui les déposèrent au Palais Bourbon avant de les transporter à Chantilly." (Françoise Perrot)

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I. Armoiries de la maison de Bourbon- Condé et  du duc d'Aumale Henri d'Orléans (1822-1897). Verrière du XIXe.

 

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Armoiries des Bourbon, princes de Condé.

 

 

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D'azur à trois fleurs de lys d'or et au bâton péri en bande de gueules.

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:Entry_Mus%C3%A9e_Cond%C3%A9_Chantilly.jpg

Vocabulaire : Péri.  "Péri" est le participe passé du verbe périr et qualifie un bâton raccourci, dont les extrémités ne touchent pas les bords de l'écu : "péri en bande", ou "péri en barre. Le bâton péri est une brisure, comme le lambel ou la bordure.

Selon Alain Rey (DHLF), ce participe passé a été adjectivé, d'abord au sens de "perdu, damné" (sorti d'usage), puis à la fin du XIVe dans le domaine maritime pour un bateau (emploi encore vivant mais spécialisé, et depuis 1561 en héraldique, par allusion probable au sens originel car la figure semble disparaître de l'écu. Alain Rey fait le rapprochement avec le terme d'héraldique "abîme" (1671), du grec abussos "très profond, dont on ne peut toucher le fond" désignant le centre de l'écu (qui ne peut toucher le bord?), et indique, ce qui ne manque pas  d'intérêt, que c'est Gide qui, en 1893, a rétablit le -y- originel dans l'expression "mise en abyme", devenue très courante mais qui trouve son origine dans l'héraldique.

 

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Armoiries d' Henri d’Orléans, duc d’Aumale, 1822-1897.

 

Armoiries d'azur trois fleurs de lys d'or au lambel d'argent aux trois pendants.

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Le lambel.

Puisque j'ai pris goût à la lexicologie, intéressons-nous à "lambel", cette brisure en forme de filet garni de pendants à la partie supérieure de l'écu. Alain Rey (DHLF) nous apprend que le mot, datant de 1283, vient du francisque °labba "morceau d'étoffe déchirée" qui a donné label, labiau nasalisé en lambiau, puis lambel et enfin lambeau.

Il est revenu depuis 1899 en français moderne avec l'anglicisme label "étiquette, bande de papier collé sur un produit commercialisé", spécialisation du sens originel "bande, frange de quelque chose". (CNRTL)

 

En français, c'est au XVe siècle que notre acceptation courante de "lambeau" pour un morceau de tissu déchiré irrégulièrement.

Dans un amusant retour à l'héraldique, lambeau, associé au néerlandais kijn, a donné lambequin, puis lambrequin pour désigner en 1581 des bandes d'étoffes découpées et descendant du heaume en encadrant l'écu.

Enfin, lorsque nous traitons quelqu'un de lambin parce qu'il traine trop et qu'il nous irrite par sa lenteur, nous transposons dans le domaine moral cette idée d'un chiffon qui traine !

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https://www.wikiwand.com/fr/Henri_d%27Orl%C3%A9ans_(1822-1897)

http://bibale.irht.cnrs.fr/bibale_img/003372.JPG

http://bibale.irht.cnrs.fr/23523

http://bibale.irht.cnrs.fr/bibale_img/003378.JPG

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries de Henri de France, futur Henri II (1519-1559) comme dauphin et duc de Bretagne de 1536 à 1547. Verrière de 1541.

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 Les armes d'Henri de France sont  blasonnées ainsi : écartelé aux 1 et 4, contre-écartelé aux 1 et 4 d'azur à trois fleurs de lys d'or (France) et aux 2 et 3 d'or au dauphin d'azur, crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules (Dauphiné) ; aux 2 et 3, contre-écartelé aux 1 et 4 d'azur à trois fleurs de lys d'or et aux 2 et 3 d'hermine (Bretagne).

Pour satisfaire à cette description, il faudrait que les dauphins aient le corps bleu et la crête, la barbe, les nageoires, la queue et les ouïes de couleur rouge.

Or, ce n'est pas le cas ici, où les dauphins sont entièrement bleus, mais sont couronnés d'or. L'écu est couronné, et entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel.

 

 

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Je vais m'intéresser aux armes du Dauphiné :

 

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Par Odejea, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2974948

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Loré : se dit des nageoires et de la queue d'un poisson qui sont d'un émail (une couleur, quoi) différent de celui du corps. Présent dans le dictionnaire de l'Académie Française 4ème édition, absent des autres éditions et du Trésor de la Langue Française. Présent dans le Littré sans fournir d'étymologie. Présent dans le dictionnaire de Pierre Richelet en 1780. Présent dans Antoine de Furetière 1694 sous la forme "lorré". Présent dans le Dictionnaire des Arts et des Sciences de l'Académie Française de 1694. Présent dans la Méthode ... du blason de Gilles André de la Roque en 1674, etc. En 1644, le terme est désuet et abandonné en dehors de l'héraldique (si il a été employé en dehors de cette sicence)  puisque Marc de Vulson écrit "Ce terme de lorré duquel les anciens Hérauds se sont servis, est ce que les modernes appellent les nageoires". De fait, on ne le retrouve pas utilisé en dehors de l'héraldique.

Je ne trouve une tentative de réflexion étymologique que dans le Wiktionnaire : "étymologie obscure, semble apparenté à l'ancien français loreise "à deux tranchants", ici désignant de façon métaphorique les deux nageoires du poisson héraldique, appelé "dauphin".

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Peautré. Se dit des poissons dont la queue est d'un émail  différent de l'ensemble du corps.

Wiktionnaire : dérive de peautre, "gouvernail" 

Godefroy donne "peautre, peaultre, piautre, biaultre, gouvernail, timon, poupe, barque. Ce nom est enregistré dans plusieurs dictionnaires du XVIIe siècle. On lit dans Dumez "Peautre, gouvernail ou timon de navire :  virer ou tourner le peautre."

 

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https://www.wikiwand.com/fr/Armorial_des_Cap%C3%A9tiens

http://bibale.irht.cnrs.fr/bibale_img/001423.JPG

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries du connétable Anne de Montmorency .

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Armes : D’or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d’or.

"Fils du baron Guillaume de Montmorency, il entre en possession de Chantilly en 1522. Protecteur des lettres et des arts, il est le créateur de la bibliothèque du château. Il est un des premiers princes à apposer sur ses reliures des marques d’appartenance : armes, nom ou titre, épée de connétable, initiale associée à celle de son épouse Madeleine de Savoie (A M), ou sa devise : APLANOS (droit devant en grec). Le château de Chantilly échoit ensuite à son fils François (1530-1579), puis en 1579 au frère cadet de celui-ci, Henri Ier (1534-1614)."

https://www.bibliotheque-conde.fr/expositions/histoire-de-la-reliure/reliures-aux-armes-des-seigneurs-de-chantilly-xvie-xixe-siecle/

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Alérion : 

 

 

Wiktionnaire : "(Héraldique) Meuble représentant une petite aigle mornée dans les armoiries. Il est donc représenté sans bec ni pattes avec un seul œil au milieu de la tête. Contrairement aux aiglettes et aiglons qui font aussi référence à une petite aigle mais représentées en nombre (sauf cas particulier de l’aiglette), l’alérion peut être aussi bien seul qu’en groupe. Il n’y a pas de confusion possible avec l’aigle contrairement à l’aiglette ou l’aiglon.

Également attesté sous la forme aillerion en moyen français, du vieux-francique *adalaro, aδalarjo (« aigle » → voir Adler en allemand, du gotique *adelâr « noble oiseau » → voir Adèle et *er)."

CNRTL : "B.− HÉRALD. et domaine de l'emblématique, gén. au plur. Petite(s) aigle(s) représentée(s) les ailes étendues, le vol abaissé, sans bec ni pattes et figurant sur les armoiries de certaines familles nobles ou de certaines villes ou provinces"

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http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/Montmorency.pdf

Fils de Guillaume de Montmorency et d'Anne Pot, Anne de Montmorency est né le 15 mars 1493 à Chantilly. Il est mort à Saint-Denis le 12 novembre 1567. Il  est duc et pair de France, maréchal puis grand maître de France, baron des Baux et connétable et émule de Bayard. Cet homme extrêmement puissant, qui a symbolisé la Renaissance française, fut un ami intime des rois François Ier et Henri II. Il doit son prénom à Anne de Bretagne, dont il est le filleul, et a été élevé au château d'Amboise avec le futur roi François Ier, dont il est très proche.

Prisonnier à Pavie avec le roi, et libéré contre rançon, il négocie le traité de Madrid de 1526, qui met un terme au conflit de François Ier et de Charles Quint.

Il fait rénover le château de Chantilly et fait construire le château d'Écouen.

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Il a été Capitaine-Général des Suisses, Maréchal de France en 1522, Grand-Maître de France en 1526, Connétable de France le 10 février 1538. Il a été fait 1er duc de Montmorency en juillet 1551, et Généralissime en 1560. Il épouse le 10 janvier 1529 à Saint-Germain-en-Laye Madeleine de Savoie née vers 1510 et décédée en 1586 .

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Monogramme d'Anne de Montmorency avec l'épée de connétable en pal. Vitrail exposé au Musée de la Renaissance du château d'Écouen.

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Monogramme d'Anne de Montmorency. Vitraux exposés au château d'Écouen. Photographie lavieb-aile.

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Deux anges présentant les armes d'Anne de Montmorency, Paris, vers 1557, par Nicolas Beaurain. Le vitrail montre aussi  sa devise : APLANOS (droit devant en grec)Provenant de la Sainte-Chapelle du château de Vincennes et exposé au Musée de la Renaissance du château d'Écouen.

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Deux anges présentant les armes d'Anne de Montmorency, Paris, vers 1557, par Nicolas Beaurain. Photographie lavieb-aile.

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries  de Marie de Montmorency, sœur cadette du connétable Anne, et abbesse de Maubuisson de 1524 à 1543.

 

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Les armes sont les mêmes que celle de son frère Anne d’or à la croix de gueules, cantonnée de seize alérions d’or, mais l'écu est losangique donc féminin, et doté d'une crosse en pal , permettant l'attribution à une abbesse.

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries d'un évêque de Montmorency (Philippe, évêque de Limoges).

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Le blason des Montmorency est posé sur une crosse en pal et chargé d'une mitre brochant sur le tout; Ce sont des armoiries épiscopales.

Les auteurs hésitent à y voir les armes de Philippe de Montmorency, frère d'Anne et évêque de Limoges, peut-être parce qu'il était décédé une vingtaine d'année avant  la date présumée de ces vitraux.

"Philippe fut d'abord pourvu dans l'Église de Bayeux de la prébende de Cambremer en 1517. Il devint ensuite archidiacre de Blois dans l'Église de Chartres et chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris ; et enfin on le nomma évêque-« comte » de Limoges ; mais il jouit peu de temps de tous ces honneurs, étant mort très jeune le 21 octobre de l'an 1519."

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_de_Montmorency_(%C3%A9v%C3%AAque_de_Limoges)

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries (?) d'Antoinette de la Marck.

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Les armoiries d'Antoinette de la Mark sont parti en 1 de Montmorency, et en 2 de la maison de la Marck  d'or, à la fasce échiquetée d'argent et de gueules de trois tires.

On nomme tire un rang de petits carrés bicolores d'un échiqueté. 

Ce sont, d'après les auteurs, les armes d'Antoinette de La Marck, fille de Robert IV de la Marck et de Françoise de Brezé et femme de Henri Ier de Montmorency (1534-1614), seigneur de Damville fils d'Anne de Montmorency. Par sa mère, elle est la petite fille de Diane de Poitiers et de Louis de Brezé. Le mariage a eu lieu en juin 1558 au château d'Écouen, et le couple eut les enfants suivants : Hercule comte d'Ostremont, mort en 1591. Henri ( 158-83) ; Charlotte (v.1571-1636) marié à Charles de Valois, duc d'Angoulême. Et Marguerite (1577-1660), qui épousa en 1593 Anne de Lévis.

Le blason surmonté de la couronne de duchesse est entouré de la cordelière à lacs d'amour, parfois considérée comme portée en leur écu par les veuves.

Mais je ne trouve nulle part la description du quartier en haut à droite, jaune à trois serviettes ou étoles rouges suspendues à une barre de même couleur. J'ignore même le nom de ce meuble. Il ressemble à la forme que prend le gonfanon  des armoiries de Catherine de Médicis, sur le second pavement du château d'Écouen réalisé en 1549-1551. Ce sont les armes d'Auvergne, d'or au gonfanon de gueules. On les trouve par exemple sur les armes d'Antoinette de la Tour-d'Auvergne, ... qui épousa en 1574 Charles-Robert de la Marck, frère d'Antoinette de la Marck.

https://gw.geneanet.org/jfdemers?lang=en&pz=richard&nz=lumley&ocz=6&p=antoinette&n=de+la+marck

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Et cette verrière, que le site pop.culture donne comme "Vitrail héraldique de la Galerie Duban à Chantilly, provenant d'Ecouen : armes de Antoinette de La Marck, femme de Henri de Damville, vers 1544 (avant restauration)" ne peut être antérieur à la date du mariage du couple, en 1588.


https://gw.geneanet.org/favrejhas?lang=fr&n=de+la+marck&oc=0&p=antoinetteLiens :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/joconde/00000106104

https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_IV_de_La_Marck

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

 

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Armoiries  de Guillaume II Gouffier de Bonnivet (v.1482-Pavie 1525), amiral de France fils de Guillaume I et de Philippa de Montmorency, tante paternelle d'Anne de Montmorency dont il fut compagnon d'armes  .

armes  Écartelé, au 1. & 4. de Gouffier,  d'or à trois jumelles de sable posées en fasce, au 2. & 3. de Montmorency.

Le blason est placé sous une couronne à rang de perles (baron ?) et entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel à double cordelière (après 1515).

"Guillaume II Gouffier, seigneur de Bonnivet, amiral de France [1517], né probablement vers 1482, fut l’un des principaux conseillers de François Ier depuis l’avènement de celui-ci, en 1515, jusqu’à son propre décès, le 24 février 1525 sur le champ de bataille de Pavie. Avant 1515, il avait figuré pendant plusieurs années dans le cercle des compagnons du jeune François d’Angoulême, futur François Ier. https://fr.wikipedia.org/wiki/Guillaume_Gouffier_de_Bonnivet

https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_des_familles_de_France

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Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Blasons héraldiques du château d'Écouen, remontés au château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Les vitraux héraldiques provenant du château d'Ecouen, 1541, de la Galerie Duban à Chantilly.

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SOURCES ET LIENS.

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—MAGNE ( Lucien), 1888, Les vitraux de Montmorency et d'Ecouen, Firmin-Didot

https://archive.org/details/lesvitrauxdemont00magn/page/n11/mode/2up

— PERROT (Françoise), 1972, Les panneaux de vitrerie héraldique du château d' Écouen, au Musée Condé, dans Le Musée Condé, n° 3, octobre 1972, p. 11-18, 7 fig , compte-rendu dans  Erlande-Brandenburg Alain. Les cheminées peintes. In: Bulletin Monumental, tome 136, n°1, année 1978. p. 90; https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1978_num_136_1_6537

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1978_num_136_1_6537

— RENTET, (Thierry), 2011,  Anne de Montmorency : Grand Maître de François Ier. Nouvelle édition [en ligne]. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2011 (généré le 12 octobre 2020). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/pur/105246>. , BN : 9782753567771. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pur.105246.

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Published by jean-yves cordier - dans Chantilly Vitraux Héraldique
9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 22:05

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). V. La baie 3 ou verrière du Calvaire et des saints (vers 1500 et 1968). La baie 4 (XVIe et 1968) et le tympan de la baie 6 (XVIe).

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Voir sur cette église :

 

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LA BAIE  3 : PRÉSENTATION.

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Cette petite baie à remplage gothique de 3 lancettes et un tympan à 3 soufflets et 4 écoinçons occupe la "chapelle seigneuriale nord" (cf. plan) fondée vers 1490. Elle  mesure 2,00 m. de haut et 1,50 m. de large. Elle a été recomposée et complétée en 1968 par Hubert de Sainte-Marie. 

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Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Panneau supérieur. 

Dans un édicule, sainte Marguerite et sainte Barbe se reconnaissent à leur attribut : sainte Marguerite, coiffée d'un turban, tien le crucifix qui lui a permis de sortir du dos du dragon qui l'avait avalée. Sainte Barbe, dont la coiffe aplatie laisse voir des cheveux nattés en rouleau sur les tempes et libérés en flot à l'arrière, et qui porte le surcot ouvert doublé d'hermines des princesses, tient la palme du martyre, tandis que sa tour (crénelée et à baie lancéolée) est visible derrière elle, en bleu . 

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Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Panneau inférieur. 

Saint Jean-Baptiste est identifiée à son manteau de poils de chameau au dessus de jambes nues, ses cheveux longs, sa barbe, son livre d'où s'chappe les rubans des sceaux, et l'Agneau tenant la hampe de l'étendard de la Résurrection.

Saint André porta la croix en X de son supplice.

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Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN.

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En haut, le Christ en croix, deux anges hématophores et le crâne d'Adam.

En dessous, la Vierge et saint Jean.

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Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 3 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LA BAIE  4 : PRÉSENTATION.

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Baie d'une lancette, de 2,50 m de haut et 1,50 m de large, dont la verrière ornementale a été composée par Hubert de Sainte-Marie en 1968, mais qui intègre des fragments anciens autrefois en réemploi dans la baie 3, et dont certains pourraient être originaires de la baie occidentale. (Gatouillat et Hérold).

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Baie 4 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 4 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 4 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 4 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LA BAIE  6 : PRÉSENTATION.

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Baie de 3 lancettes et un tympan à 7 ajours, de 2,50 m de haut et 1,70 m de large, dont le tympan conserve du XVIe siècle un Dieu le Père au centre de nuées de chérubins. Les lancettes ont été complétées au XIXe siècle d'une vitrerie ornementale et d'un Sacré-Cœur au centre. (Gatouillat et Hérold).

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Baie 6 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 6 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 6 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 6 de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LIENS ET SOURCES.

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— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
9 octobre 2020 5 09 /10 /octobre /2020 15:36

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). IV. La baie 2, verrière du Sacrifice d'Abraham (vers 1594 et 1910).

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Voir sur cette église :

 

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PRÉSENTATION.

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En 1594, la famille d'Espinay ouvre, du coté sud, une nouvelle chapelle seigneuriale, alors que leur chapelle nord, dite de Sainte-Barbe, avait été fondée vers 1490. Et cette nouvelle chapelle est éclairée, à l'est, par la baie 2.

À cette date, Jean, marquis d'Espinay, est décédé depuis 3 ans, et c'est sa veuve Marguerite de Scepeaux qui pose la première pierre, avec son petit-fils Charles, nouveau marquis d'Espinay.

Comme je l'ai déjà mentionné dans ma description de la porte sud du chœur, ouvrant sur cette chapelle et sur la salle capitulaire, le visiteur n'a pas accès aujourd'hui à cette chapelle. J'ai donc pris mes photos depuis le chœur.

"Cette baie de 3,50 m. de haut et 1,65 m. de large est occupée par une verrière restituée du sacrifice d'Abraham, une grande scène présentée dans un encadrement architectural timbré d'écus armoriés, probablement offerte par Marguerite de Champeaux vers 1594, date de la construction de la chapelle.

La scène a été recomposée par l'atelier parisien Tournel en 1910 à partir de trois panneaux originaux eux-mêmes lacunaires, placés à la périphérie de la composition.[...] Le sacrifice d'Abraham peut presque être considéré comme une création de 1910, Brune attestant que toute la partie centrale était perdue bien avant cette intervention. " (Gatouillat et Hérold)

Les auteurs signalent la grande proportion de verres modernes, notamment les têtes des personnages. Cette verrière ne me retiendra pas trop longtemps.

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Abraham lève son glaive et s'apprête à sacrifier son fils Isaac, comme Yahvé lui donné l'ordre pour l'éprouver dans sa foi. L'autel du sacrifice est à gauche, centré par un foyer. 

Mais voici qu'un ange arrête son geste, et le bélier, victime de substitution, se dresse sur le bord droit du vitrail.

 

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Les 4 ensembles d'armoiries sont modernes, mais sont entourés de chapeaux de triomphe anciens.

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En haut, ce sont les armoiries d'Espinay, d'argent au lion coupé de gueules et de sinople, armé, lampassé et couronné d'or. Je m'intéresse plus à la couronne de marquis, et au collier de l'ordre de Saint-Michel. Nous retrouvons le blason sculpté sur la porte sud . 

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En bas, ce sont les armes de Scépeaux, vairé d'argent et de gueules.

Nous retrouvons la couronne de marquis, mais aussi une cordelière à cinq nœuds en huit (ou lacs d'amour) et nœuds de capucin. Cette figure rappelle celle de l'Ordre de la Cordelière, créé en 1498 par Anne de Bretagne  — après en avoir adopté l'emblème après son veuvage du roi Charles VIII — en hommage aux Franciscains ou Cordeliers, auxquels son père le duc François II était attaché. Anne de Bretagne le fit porter à toutes les Dames de la Cour qui étaient veuves.

Bine que (Laurent Hablot) on ne puisse affirmer, après la moitié du XVIe siècle, que ce collier soit réservée aux veuves, il semble cohérent, comme le suggère Florence Piat, que ce blason soit adopté par Marguerite de Scépeaux après le décès de Jean D'Espinay en 1591. C'est parfaitement cohérent avec la date de 1594 de pose de la première pierre de la chapelle sud. 

On retrouve aussi cet insigne sur le blason de la clef de voûte de la chapelle.

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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De chaque coté, nous avons deux blasons identique, mi-parti d'Espinay et de Scepeaux, entouré de la cordelière, et renvoyant à Marguerite de Scepeaux, comtesse de Durtal, née vers 1533 et décédée le 28 mars 1603 à Rennes, mère de Claude d'Espinay. Claude d'Espinay eut deux enfants, Charles, et Françoise, qui, à la mort de son frère en 1609, devint héritière d'Espinay et de Durtal. Elle épousa Henri de Schomberg.

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Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Baie 2 ou verrière du sacrifice d'Abraham (v. 1594) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LIENS ET SOURCES.

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COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 21:23

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). III. La baie 1 ou verrière de sainte Barbe (Gilles de la Croix-Vallée ?, vers 1540)

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Voir sur cette église :

 

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Voir sur sainte Barbe :

 

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Pour une présentation détaillée de la Légende de Sainte Barbe :

Pour le culte de sainte Barbe contre la foudre, voir :

Statues de sainte Barbe : elles sont innombrables.

Vitraux de la Vie de sainte Barbe :

 

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PRÉSENTATION.

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Cette baie éclaire, par son coté est, la chapelle nord ou chapelle Sainte-Barbe, qui a été  sous le nom de Chapelle Saint-Julien, la première chapelle des seigneurs d'Espinay (avant la construction en 1594 d'une chapelle sud). Comme la jeune Claude d'Espinay (+ 1554) y possède son tombeau, elle fut parfois nommée Chapelle Saint-Claude, et on a longtemps pensé (cf. Guillotin de Courson) que sa verrière représentait la vie de sainte Claude.

Cette chapelle a été fondée vers 1490 par Guy Ier d'Espinay, qui, selon Du Paz (Généalogie de Bretagne p. 296), "l'a fist dédiée à Monsieur Sainct Juslien  dédiée à saint Julien et y fit fonder une messe chacun jour de la semaine et doit être chantée par les enfants du chœur, et voulut y estre enterrée avec sa compagne épouse.".

"Il fit son testament le 2 septembre 1494 et mourut le 2 mai 1501, étant au service du roi ; son corps fut porté à Champeaux, selon ses dernières volontés. Quant à sa femme, Isabeau de Goyon, fille du seigneur de Matignon, nous ignorons l'époque de sa mort, mais elle dut reposer auprès de son mari, et l'on voyait encore au XVIIème siècle leur tombeau, qui a disparu depuis. C'est vraisemblablement dans cette même chapelle, et près de son aïeul, que fut inhumé en 1522 Guy II, seigneur d'Espinay, fils d'Henri d'Espinay et de Catherine d'Estouteville : « Ledit sire d'Espinay fit testament le 5e de juin, l'an 1522, par lequel il ordonna son corps estre inhumé en l'église de Champeaux et porté en terre par six de ses mestaiers, à chacun desquels il donna deux aulnes et demie de drap noir pour faire une robe, et aussi une mine de bled seigle » (Du Paz, Histoire généalogique de Bretagne, 299). Le tombeau de Guy II n'existe plus aujourd'hui. Mais auprès de l'autel de cette chapelle est un autre monument funéraire : c'est celui que Charles d'Espinay, alors chantre de Rennes et abbé de Saint-Gildas-des-Bois, plus tard évêque de Dol, fit élever à la mémoire de sa soeur, Claude d'Espinay." (Guillotin de Corson, in Revue de Bretagne)

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Cette verrière fragmentaire de sainte Barbe est composée  d'une seule lancette de 2,35 mètres de haut et 1,20 mètre de large. Elle résulte d'une restructuration au XIXe siècle, lorsqu'on l'a complétée d'une vitrerie géométrique. De nouveaux compléments furent ajoutés en 1912 et 1968.

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Datation et attribution.

Elle est estimée (Gatouillat et Hérold) vers 1540, date de la réalisation de la maîtresse-vitre, ou du moins des paiements qui s'y rapportent dans les comptes de 1539-1541. "Le vocable de la chapelle Saint-Julien en était déjà changé en 1550 et c'est, semble-t-il quelques années auparavant que la verrière honorant la nouvelle sainte patronne y a été posée, conçue pour une fenêtre à meneaux, modifiée ensuite en une lancette unique" (Gatouillat et Hérold).

Ces auteurs l'attribuent au peintre verrier auteur de la maîtresse-vitre, le "Guillequin" des comptes de la fabrique, qui est selon toute probabilité Gilles de  La Croix Vallée.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). III.
La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Amortissement : deux anges présentant les armes de Guy I d'Espinay et de son épouse (1912).

Ce panneau de Charles et Emmanuel Tournel a remplacé un fragment de l'apothéose de la sainte, conçu pour le tympan de la verrière primitive.

Armoiries de Guy Ier d'Espinay : d'argent, au lion rampant coupé de gueules et de sinople, armé, couronné et lampassé d'or.

Armoiries de Goyon : d'argent au lion de gueules armé, lampassé et couronné d'or

Guy Ier épousa le 19 septembre 1476 Isabeau de Goyon-Matignon, décédée en 1505. D'où Henri , marié en 1485 avec Catherine d'Estouteville ; d'où Guy II, marié en 1509 avec Françoise de Villebranche ; d'où Guy III.

https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=d+espinay&oc=0&p=guy

Les armes de Goyon devraient être écartelées de celles de Matignon.

Ces armoiries du fondateur de cette chapelle sont  sans rapport avec la date de 1540 vers laquelle cette verrière a été réalisée, sous Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine.

 

 

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le registre supérieur : le martyre de sainte Barbe.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À gauche : le père de Barbe tente une dernière fois de convaincre sa fille de renoncer à sa foi, et à son attachement au dogme de la Trinité. Il s'apprête à l'enfermer dans une tour.

Le père de Barbe, qui porte les attributs royaux (c'est en fait le satrape Dioscore), fait, en posant le pouce sur la pulpe de l'index, le geste codifié de l'argumentation, mais sa fille, richement vêtue en princesse orientale (turban), lui oppose les vérités contenues dans son livre. Elle tient déjà la palme du martyre, et, déjà, les fenêtres de la tour sont au nombre de trois, car la vierge opiniâtre les a fait ouvrir pour témoigner de sa foi en la Trinité. Nous sommes donc au moment où, après avoir enfermé sa fille en espérant  qu'elle renonce,  et s'être absenté pour un voyage, le roi découvre son acte provocateur, devient furieux, et appelle ses bourreaux. L'un d'eux montre du doigt les trois fenêtres éloquentes.

Ça va chauffer.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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À droite, Barbara, liée par les poignets à une colonne, dénudée jusqu'à la taille, est livrée aux bourreaux devant son père . 

Dans le Mystère de sainte Barbe de 1557, les bourreaux se nomment Agripant, Claudin, Loupart et Glouton, sous la direction du Prévôt ; la sainte est vigoureusement fustigée.

Mais ici, elle est exposée aux flammes de flambeaux, dont la fumée est peinte en grisaille sur les verres bleus. Cette scène est attestée sur les peintures de Saint-Etienne du Rond à Rome.

Sous l'œil de Dioscore, le bourreau, d'un index inquisiteur, la somme d'abjurer.

On remarquera les crevés des chausses et tuniques, indice précieux pour dater cette peinture selon la mode Renaissance sous François Ier (après 1525) et Henri II.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le registre inférieur : le martyre de sainte Barbe (suite) : Décollation de la sainte ; punition de son père.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La décollation de sainte Barbe par son père. Scène restituée.

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La mort brutale du méchant père.

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Dans le Mystère de Sainte Barbe, le roi est foudroyé et Belzébuth et Satan l'entraînent dans les abymes. C'est bien ce que nous voyons ici, tandis que sainte Barbe est élevée vers le Ciel par des anges.

Noter les tourbillons verts sur le fond bleu : ils résultent, comme les trainées blanches qui les accompagnent de la gravure du verre bleu (et de la peinture au jaune d'argent des parties bleus éclaircies).

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La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

La baie 1 ou Martyre de sainte Barbe (v. 1540, Gilles de la Croix Vallée ?) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LIENS ET SOURCES.

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COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Sainte Barbe.
7 octobre 2020 3 07 /10 /octobre /2020 13:36

Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35). II. La baie 8 de la nef sud,  verrière de la Pentecôte (Jean Adrian, 1529).

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Voir sur cette église :

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N.B : la version en allemand de l'encyclopédie Wikipedia consacre un bref article et 5 photos à ce vitrail, dans le cadre de sa catégorie "Vitraux du département d'Ille-et-Vilaine". Mais les descriptions de référence sont celles de Couffon en 1969 et de Gatouillat et Hérold en 2005.

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PRÉSENTATION.

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La baie 8 éclaire la chapelle Saint-Jacques, qui s'ouvre au sud de la nef. On trouve dans cette chapelle un retable de la Passion du XVIe siècle, sur un autel du XVIIIe siècle consacré à saint Jacques.

Haute de 4 mètres et large de 1,90 mètres,  la verrière est composée d'une seule lancette, toute entière consacrée à la Pentecôte. Elle porte à quatre reprises l'inscription de la date de sa création, en 1529, ce qui la place au début du mécénat de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine, qui offriront aussi la maîtresse-vitre vers 1539, les stalles du chœur entre 1530 et 1550, l'ancien banc et les boiseries de la porte sud (après 1551 ?), et leur tombeau en 1553, et, en la cathédrale de Rennes, les vitraux commandés en 1531 à Jehan Le Breton et Jehan Mauger et portant leurs armes.

Pourtant, ils n'y figurent pas comme donateurs, leurs armoiries en sont absentes, et c'est Jean ou Jacques Masure, le doyen du chapitre de six chanoines de la collégiale qui y est peint en donateur, intégré à la scène sacrée  à droite de la Vierge. 

Le vitrail était jugé en 2005 "peu restauré, avec des verres corrodés et une peinture fragilisée", une verrière "aujourd'hui très altérée", mais qui était "manifestement somptueuse, d'un dessin élégant et comportant maintes prouesses techniques", (Gatouillat). Toutes les verrières ont été restaurées en 2015-2018 par les ateliers Helmbold de Corps-Nuds (35) avec mise en place d'un doublage de protection. 

https://www.ouest-france.fr/bretagne/corps-nuds-35150/h-helmbold-fait-passer-lhistoire-de-lombre-la-lumiere-3437221

https://www.ouest-france.fr/bretagne/champeaux-35500/la-collegiale-se-refait-une-beaute-du-sol-au-plafond-3572788?page=3

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Le donateur.

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 René Couffon, qui a consulté les comptes de fabrique, donne le prénom  et le nom de "Jean Masure" et le qualifie de recteur de Saint-Jean-sur-Vilaine. F. Gatouillat reprend ces données, mais fait de Jean Masure le doyen du chapitre de Champeaux.

"[la verrière] représente la Pentecôte , et , à droite , le donateur agenouillé, Jean Masure, chanoine de Champeaux, recteur de Saint-Jean sur Vilaine et fondateur de la chapelle du Saint-Esprit et des quatre évangélistes. Il est à remarquer que le donateur, Jean Masure, ne porte ni chape ni aumusse , cette autorisation n' ayant été accordée aux chanoines de Champeaux que le 8 juin 1542 par l' évêque Claude Dodieu ; son vêtement a d' ailleurs été refait  en grande partie, notamment toute la partie inférieure." (R. Coufon)

Certes, de 1474 à 1777, la cure paroissiale de Saint-Jean-sur-Vilaine dépendait de la collégiale de Champeaux, un des six chanoines de cette collégiale étant toujours recteur en titre de Saint-Jean-sur-Vilaine (le doyen étant recteur de Champeaux et les quatre autres, de Guipel, Saint-Mervé,  Vergéal et Montreuil-sur-Pérouze). Du moins, il en percevait les fruits et dîmes en prébendes.

Mais il est peu probable que  Jean Masure soit en même temps le doyen de la collégiale, car il serait alors de droit, nous l'avons vu, recteur de Champeaux. 

Enfin, le Pouillé de l'archevêché de Rennes donne Jacques Mazure, chanoine de Champeaux, comme recteur de Vergeal vers 1531, puis recteur de Saint-Jean-sur-Vilaine vers 1537-1540. Lui, ou un homonyme,  est cité comme recteur de Pocé-les-Bois avant 1588.

Au total, le donateur doit plutôt être identifié comme Jacques Mazure, et ses fonctions, prébendes de recteur et titres indiquées par Couffon ne sont pas ceux dont il disposait en 1529, date de réalisation du vitrail.

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Le peintre-verrier d'origine hollandaise: Jehan Adrian (Adrien, Adriaen).

 

"La figure de la Vierge , assise sur un trône au milieu des apôtres, est particulièrement remarquable et les verres de très belles couleurs. Sur les candélabres tout italiens qui l'entourent, figure trois fois le millésime 1529, ce qui permet de l'attribuer à Jean Adrian, les comptes de la collégiale ne mentionnant à cette date que la présence de ce seul peintre-verrier à Champeaux  (Archives Ille-et-Vilaine G 456, année 1529)

 Ce Jean Adrian , qualifié en 1505 venu de Hollande à Rennes , appartenait sans doute à cette famille des Adriaen, peintres-verriers mentionnés au XVe siècle à Anvers et Tournai . En 1517 , il reçut vingt trois livres tournois pour travaux de décoration  faits à Vitré lors de l' entrée de la comtesse de Laval ; en 1526 , il exécuta la maîtresse vitre de Toussaints de Rennes moyennant six cent quarante livres tournois , suivant marché du 20 novembre

 

En 1532, il fut employé pour les fêtes du couronnement du dauphin François comme duc de Bretagne. Un autre Jean Adrian peut-être son fils figure en 1565 parmi les artistes employés pour les préparatifs de l' entrée de Charles IX à Rennes ; il est qualifié peintre étranger ." (Couffon)

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"En 1505 est signalé le peintre et peintre verrier Jehan Adrian, dont il est spécifié qu'il est "venu de Hollande"(*) et qui pouvait être relié à la famille des Adriaen, peintres verriers à Tournai et Anvers au XVe siècle. Il fut évidemment un artiste important, dirigeant en 1517 les travaux de décoration pour l'entrée à Vitré de la comtesse de Laval, obtenant en novembre 1526 pour l'énorme somme de 640 livres tournois le marché de la maîtresse-vitre de l'église des Toussaints de Rennes, et étant employé pour les fêtes du couronnement du dauphins François, fils de François Ier, comme duc de Bretagne en 1532 (**). D'après les comptes de la fabrique de la collégiale de Champeaux, il paraît être l'auteur de la verrière de la Pentecôte." (Gatouillat p. 37-38)

Dans les minutes d'un procès d'août 1536 opposant les époux de Bouillé à la fabrique de l'église Notre-Dame de Vitré, Jean Adrien, vitrier et peintre est cité pour avoir participé, à la réparation de diverses vitres de l'église avant son collègue Thomas Faverie [né à Vitré vers 1481, et qui intervint aussi à Champeaux], qui intervint à partir de 1506.

(*) marché du 26 novembre 1526 pour la verrière des Toussaints de Rennes, marquée aux armes du vicomte de Rennes Guy XVI de Laval et de Charlotte d'Aragon.

(**) Archives municipales Rennes AA6, contrat du 5 mai 1532.

Voir le Dictionnaire biographique d'André Bérard.

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POINTS FORTS.

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C'est la verrière la plus belle à mon sens, et la plus précoce des 7 verrières du XVIe siècle de l'ancienne collégiale.

Elle est précisément datée par inscriptions de 1529.

Son décor relevant de la Première Renaissance bretonne en est la manifestation la plus précoce à Champeaux.

Son donateur Jacques Mazure, intégré à la scène sacrée devant saint Jacques, était chanoine du chapitre de Champeaux.

Son auteur Jehan Adrian est un peintre-verrier d'origine néerlandaise actif à Vitré, puis à Rennes en 1526.

Le verre rouge gravé et peint au jaune d'argent est une prouesse technique remarquable.

Son sujet, la Pentecôte, est dominé par une Trinité spectaculaire.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Situation de la chapelle Saint-Jacques sur le plan.

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Détail du plan d'après Découvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine.

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Vue générale.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Je décrirai le vitrail de haut en bas.

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Pour débuter, rappelons nous que la Pentecôte désigne la descente du Saint-Esprit,  de l'inspiration divine et du don des langues sur 120 disciples de Jésus réunis au Cénacle de Jérusalem. Les Actes des Apôtres décrivent des langues de feu se déposant sur la tête de chacun.

« Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. » Actes 2:1-4

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Dans l'enluminure peinte par le tourangeau Jean Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier vers 1452-1460, les apôtres sont au nombre de 12 (Judas ayant été remplacé par Matthias) et entourent la Vierge (bien qu'elle soit absente du texte des Actes). Les langues de feu partent en serpentins dorés dans les rayons issus de la colombe de l'Esprit Saint. La coquille symbole de renaissance (cf la Naissance de Vénus de Boticelli) forme une voûte fermant la pièce.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Pentec%C3%B4te#/media/Fichier:La_Pentec%C3%B4te.jpg

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Plus proches de la date de cette verrière, les enluminures du tourangeau Jean Bourdichon pour les Heures de Louis XII (1498-1499), les Heures de Frédéric III d'Aragon (1501-1502), les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (v. 1503-1508) ou pour le Missel de Jacques de Beaune (1506-1508 ou 1511) reprennent cette construction, tout en adoptant  un cadrage plus serré, mais les Apôtres sont rejoints par les nombreux disciples.  .

 

 

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Pentecôte peinte par Jean Bourdichon, Heures de Louis XII (1498-1499), British Library

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon, Heures de Frédéric III d'Aragon (1501-1502) BnF latin 10532 f. 206. Droits Gallica.

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon pour les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (v. 1503-1508) BnF latin 9474 f.49v.

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La Pentecôte peinte par Jean Bourdichon pour le Missel de Jacques de Beaune (1506-1508 ou 1511) BnF latin 886 f.226v  

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Voir aussi :

Jean Poyer, Pentecôte, Heures de Henri VIII, Tours vers 1500, Pierpont Morgan Library  

https://www.themorgan.org/sites/default/files/images/collection/download/MSH0008_C_0101_verso-0102_recto.jpg

Même si le maître verrier Jean Adrian est d'origine néerlandaise, il me parait légitime de rechercher des sources iconographiques dans les enluminures de l'Ecole de Loire (N. Reynaud) et des ateliers de Tours, car le mécénat de Guy III d'Espinay et de Louise de Goulaine renvoie régulièrement au Val de Loire où la cour royale était établie. Inversement, la consultation des enluminures d'un livre d'Heures des seigneurs d'Espinay, du XVe siècle et d'inspiration flamande (Rennes Métropole ms 33 f. 124) montre que cette source d'inspiration peut être écartée.

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Ici, à Champeaux, dans une composition toute verticale,  le Cénacle est  vu en perspective,  et doté d'un péristyle aux colonnes en marbre veiné rose et vert, qui soutient une arche en plein cintre et un plafond à caisson. La Vierge est assis dans une cathèdre de marbre au dais en coquille (rappelant celle de Jean Fouquet). Elle est entourée d'une dizaine de participants au premier plan, non nimbés (dont saint Pierre portant sa clef, et Jean, imberbe, et dont des femmes), tandis que les visages d'une douzaine d'autres forment une ligne horizontale en deuxième plan.

Entre le seuil du Cénacle, où le spectateur est censé être placé, et les disciples, s'élèvent deux colonnades de fuseaux et vases ou "candélabres" décorés de masques et d'angelots crachant des feuilles, où s'accrochent les trois cartouches à chronogramme 1529. Cette interposition de candélabres crée une délimitation verticale d'un espace sacré, et un effet de profondeur.

Ces candélabres dorés (grisaille et jaune d'argent) rappellent ceux qui encadrent sur toute la hauteur la Pentecôte du Missel de Jacques de Beaune, et qui avaient été introduits pour l'encadrement des Heures de Frédéric d'Aragon par Giovanni Todeschino, mais sont ici très astucieusement intégrés à la scène.

La grande innovation de Jean Adrian par rapport aux enluminures de Jean Bourdichon est de placer dans le même espace du Cénacle non seulement la colombe de l'Esprit Saint, mais le Père et le Fils composant ainsi une Trinité.

L'autre innovation est de remplacer toute l'architecture du Cénacle au dessus des disciples par un grand triangle descendant rouge et or, un flot de feu et de lumière qui se déverse sur les têtes dans un effet d'irruption et de rupture spatiale spectaculaire. 

La troisième idée est de reprendre le symbole de la coquille, mais puisqu'elle ne peut occuper la voûte, elle se place sur le dais dominant la tête de la Vierge et en double le nimbe.

L'enluminure la plus proche est peut-être encore celle de Fouquet, par la mise en scène de cette ondée spirituelle. Mais pour la disposition des personnages, c'est celle du Missel de Jacques de Beaune qui se rapproche le plus du vitrail de Champeaux. Elle ne précède que d'une vingtaine d'année la verrière. Ce Jacques de Beaune était trésorier d'Anne de Bretagne, évêque de Vannes de 1504 à1511, et doyen du chapitre Saint-Gatien de Tours en 1506. 

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Puisque je débute par le haut, j'observe les éléments décoratifs en grisaille et jaune d'argent dont les masques-feuilles anthropomorphes de profil et les volutes, mais aussi les deux médaillons aux profils féminins relèvent de l'influence des ornemanistes italiens. Ce témoignage de la Première Renaissance bretonne, dont le mécénat des Espinay va offrir de très beaux exemples,  s'exprime  à Champeaux pour la première fois dans cette verrière.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Le Père et le Fils bénissant l'assemblée des disciples.

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S'inscrivant dans l'orbe du plein cintre, le Père et le Fils, assis sans différence de taille et de position sur une même banquette de pierre, sont adorés par trois cercles concentriques  d'anges, successivement bleus, verts et rouges, nus, ailés et mains jointes.

Le Fils tient l'étendard de la Résurrection, et en porte le manteau rouge ; il bénit et montre ses plaies (du flanc et du poignet droit). Le Père, en robe pourpre et manteau rouge, bénit également, tandis qu'il tient le globus cruciger de la main gauche. Ils se regardent, se détachant sur un fond jaune d'or, seulement séparés par un coussin vert.

Voir la Trinité du Missel de Jacques de Beaune :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b104614851/f475.item

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La colombe, et les langues de feu.

L'ardente inspiration divine troue avec force un ciel bleu clair où volent quelques anges.

Les langues de feu, présentes chez Fouquet, sont absentes des Heures de Louis XII et de celles de Frédéric III d'Aragon, apparaissent dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne, et ne se distinguent bien sur la tête des Apôtres que dans le Missel de Jacques de Beaune.

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Pentecôte, Jean Bourdichon, Missel de Jacques de Beaune, droits Gallica BnF

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Mais ici, elles sont particulièrement visibles, en jaune sur fond rouge.

Ce panneau est un splendide exemple de la technique du verre gravé. Le verre rouge est toujours doublé, car s'il était de l'épaisseur des autres verres, il serait presque noir. Une fine plaque de verre rouge est appliquée contre une plaque de verre blanc. En gravant la partie rouge avec un outil (molette) ou de l'émeri, la zone gravée apparaît blanche. Elle peut alors être peinte au jaune d'argent pour donner ces rais et ces flammes (lesquelles sont surlignées de traits noirs à la grisaille. Sur une telle surface, c'est ici un réel tour de force.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Les cartouches à chronogramme des candélabres.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La Vierge entourée des Apôtres et des disciples.

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Une vue de détail monterait que la plupart des visages ont les yeux tournés vers le haut (sauf Jean, visage refait), quoique certains aient les yeux baissés. À droite de Marie (à sa gauche) sont deux femmes, dont l'une porte une coiffe.

Nous pouvons identifier trois apôtres : Pierre, avec sa clef, Jean qui est imberbe, et Jacques le Majeur, en rouge à l'extrême droite, qui porte le bourdon et la besace frappée d'une coquille.

 

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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La Vierge, voilée et nimbée, mains jointes, est vêtue d'une robe dorée et damassée sous un manteau bleu.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Le donateur Jacques Mazure devant saint Jacques.

Derrière les candélabres, le chanoine de Champeaux appartient à la scène (comme le chanoine Van der Paele peint par Van Eyck), mais se distingue par sa posture agenouillée, son regard dirigé vers la Vierge, et son surplis au dessus d'une robe violette. Il occupe la place de saint Jean sur l'enluminure du Missel  de Jacques de Beaune, mais il est situé devant saint Jacques, ce qui renforce mon hypothèse de l'identifier comme Jacques Mazure, plutôt que Jean (cf. plus haut).

Était-il, en 1529, doyen du chapitre (et alors, recteur de Champeaux) ? Représente-t-il ce chapitre collégiale qui serait dans son ensemble commanditaire du vitrail ?

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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Les autres apôtres et disciples.

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Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

Baie 8 de la Pentecôte (Jehan Adrian, 1529) de l'ancienne collégiale de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020 .

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LIENS ET SOURCES.

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— BARRIÉ (Roger), 1976, Les verres gravés et l'art du vitrail en Bretagne occidentale, Annales de Bretagne et des pays de l'ouest n°80-1 pp. 35-44

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

— BOESPFLUG (François), 2006, La Trinité en théologie et dans l'art  à la fin du Moyen-Âge( 1400-1460).Presses universitaires de Strasbourg

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, Pfingstfenster (Champeaux)

https://de.wikipedia.org/wiki/Pfingstfenster_(Champeaux)

 

 — WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
3 octobre 2020 6 03 /10 /octobre /2020 20:23

 Les vitraux du XVIe siècle de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux (35).  I. La maîtresse-vitre (1539-1541) de la Crucifixion et de l'Extase de Marie-Madeleine.

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Voir sur cette église :

 

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N.B : la version en allemand de l'encyclopédie Wikipedia consacre un article et 4 photos à ce vitrail, dans le cadre de sa catégorie "Vitraux du département d'Ille-et-Vilaine". Mais la description de référence est celle de Gatouillat et Hérold 2005.

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LA MAÎTRESSE-VITRE OU BAIE 0 (Gilles de la Croix-Vallée, 1539-1541).

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Cette verrière d'axe haute de 6,40 m de haut et 3,70m de large comporte 5 lancettes et un tympan de 11 ajours.

 

Elle a succédé à une première verrière, peut-être contemporaine de la construction du chœur avant le milieu du XVe siècle, et qui avait été restaurée entre 1516 et 1518 par Thomas Faverie, peintre verrier de Vitré.

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La verrière actuelle résulte  d'une donation à la collégiale par Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine, qui, après ou en même temps qu'ils dotaient l'église de 54 stalles, et avant d'y commander vers 1551 leur tombeau dans le chœur, commandèrent un ensemble de verrières. Les comptes de fabrique  de 1539-1541 font connaître le versement d'une  quarantaine de livres en trois paiements à   l'ymagier, painctre et vitrier Guillequin, que Gatouillat et Hérold identifient comme étant Gilles de la Croix-Vallée, installé à Vitré, et également actif à Louvigné-de-Bais (Transfiguration et Résurrection) pour les mêmes donateurs.  La participation du chapitre à la commande de verrières entre 1538 et 1550 est attestée par les comptes de la fabrique : Arch. dép. d’Ille-et-Vilaine, série 1 G 456. H. COUZY, « Collégiale La Madeleine… » p. 69.  Guyon Collin, associé de Gilles de la Croix-Vallée à Louvigné, reçut d'ailleurs vingt sol à Champeaux en 1545 pour des travaux non identifiés.

 

Jusqu'à leur destruction pendant la Révolution, les armes des donateurs et de leurs ascendants se voyaient sur les lancettes latérales au dessus de leur portraits, comme le rapporte le maître vitrier Collin, de Vitré, dans un procès verbal de 1716 établi pour la prise de possession de la seigneurie d'Espinay. Elle était disposée sur trois registres et sous les armes pleines d'Espinay,  répétées, figuraient celles de Simon II , grand chambellan de Bretagne et de Marguerite de Chateaubriand (vivant vers 1430), de Guy Ier et d'Ysabeau Gouyon (fin du XVe), de Richard marié en 1435 à Béatrice de Montauban, et enfin celles des donateurs.

En 1880, un atelier  a réalisé les ornements placés dans les lancettes latérales tout en conservant les parties originales qui subsistaient après la destruction des armoiries.

Entre 1908 et 1913, l'atelier parisien d' Emmanuel et Charles Tournel restaurèrent l'ensemble des fenêtres de l'église. Plus récemment est intervenu Hubert de Sainte-Marie, entre 

Elle a été restaurée en 2016 par l'atelier Helmbold de Corps-Nuds (35) avec doublage de protection de la verrière, Olivier Weets étant architecte en chef des Monuments historiques.

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La verrière est dissimulée, dans sa partie basse et centrale, par une grande statue dont il est très difficile de se dégager pour observer la scène, pourtant capitale dans l'ancienne collégiale de la Madeleine, de l'Extase de Marie-Madeleine à Sainte-Baume, un thème précieux par sa rareté.

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LES POINTS FORTS.

1. Un nouvel exemple du mécénat de Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine (les stalles après 1530, leur tombeau après 1551), représentés en donateurs.

2. l'Extase de Marie-Madeleine, sujet iconographique rare, très précoce en peinture, et unique sans doute en vitrail. Un dossier y sera consacré en annexe.

3. Une grande Crucifixion centrale sur trois lancettes, disposition en rupture avec l'art des vitraux mais qui apparaît en même temps en Finistère dans ce deuxième quart du XVIe siècle.

4. Au tympan, une Trinité Souffrante au centre du chœur des anges en cercles colorés.

5. Dans les lancettes périphériques, deux panneaux de la Première Renaissance bretonne avec les monogrammes G & L des donateurs reliés par des lacs d'amour (comme sur leur tombeau et les boiseries de la porte de sacristie). 

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN

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Cet ensemble, bien conservé malgré quelques pièces remplacées, montre dans la mouchette sommitale la Trinité souffrante. Celle-ci domine une série de sept cercles concentriques d'anges orants, successivement blanc et or, rouge, bleu, vert, orangé et bleu.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'élément sommital est une Compassion du Père : Dieu le Père, barbu, couronné, assis sur un trône devant un drap d'honneur bleu damassé, vêtu d'un manteau rouge sur une tunique  bleue, est accompagné par la colombe de l'Esprit, posée sur son épaule droite.

Il tient sur ses genoux le Fils, déposé de la Croix, dans un suaire, dans la posture commune aux Pietà.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le premier cercle est jaune, avec les anges (verre gravé) en blanc, mains jointes ou bras croisés.

Le deuxième cercle est rouge, le troisième est bleu, et les anges y tournoient, allongés dans le sens du cercle : ils y sont peints à la grisaille.

Cette représentation évoque fortement la manière propre à l'atelier tourangeau de Jean Fouquet et ses successeurs, où les anges sont peints en camaieu d'or sur le fond bleu, rouge, etc. Plusieurs exemples peuvent être trouvés en ligne, comme La Toussaint des Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet (aujourd'hui à Chantilly).

https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_d%27heures_d%27%C3%89tienne_Chevalier#/media/Fichier:La_Trinit%C3%A9_et_tous_les_saints.jpg

Un autre exemple est celui-ci :

Maître du retable Beaussant de la cathédrale d'Angers (vers 1480-1490), Le Louvre:

https://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/maitre-du-retable-beaussant_la-trinite_rehauts-d-or_parchemin_peinture-sur-papier-2ace0e2a-6217-4884-9f0f-6bdade1a2b73

Mais on peut trouver ces légions d'anges en  nuées concentriques ici même, à Champeaux, sur la verrière de la Pentecôte, réalisé vers 1529 et attribué à Jean Adrien.

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La Pentecôte (1529), baie 8, collégiale La Madeleine de Champeaux. Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'ensemble coloré en arc en ciel fonctionne comme un tourbillon lumineux aspirant le regard, et peut-être l'âme, certes vers la souffrance d'un père, mais, par cette expérience, vers le divin.  

J'aurais dû terminer par ce tympan, puisque cette Trinité souffrante est placée au dessus de la Crucifixion.

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Chaque cercle s'élargit obligatoirement, et dans le dernier, en bleu, les anges ne sont plus alignés en rang ou en bancs, mais réunis par groupes de trois  à six, tournés vers le centre.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES LANCETTES.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR : EXTASE DE MARIE-MADELEINE À LA SAINTE-BAUME, CONTEMPLÉE PAR GUY D'ESPINAY ET LOUISE DE GOULAINE.

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Tout le registre inférieur est réuni sous un élément architectural formé essentiellement d'une longue architrave en faux marbre rythmé d'anges tenant des guirlandes. Au centre, le massif de la Sainte-Baume atteint par son sommet  — pour ce qu'on peut en voir derrière la statue — cette architecture.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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1°) Les donateurs.

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a) Louise de Goulaine à gauche.

Il manque la partie inférieure.

Louise de Goulaine, épouse de Guy III d'Espinay depuis 1528, et veuve en 1551,  et qui décéda le 8 février 1568 à Champeaux où elle fut inhumée. Elle figure ici  sous un haut dais de velours vert à glands d'or et tenant son livre de prières, et (a priori) agenouillée. 

Le dais ressemble à des baldaquin avec un ciel de lit  (détail d'un pan retroussé et suspendu dans une poche).

Elle est accompagnée par un abbé portant l'habit franciscain, et par une femme jeune vêtue d'un manteau bleu à fermail, et portant un vase ; cette dernière semble jeter un coup d'œil en passant. Ils ne sont pas nimbés. Les visages sont restaurés. À la différence des solides conventions régissant les figures de donation des vitraux du XVIe,  ou, pour ce couple, de la baie 4 (v.1540)  de Louvigné-les-Bais — où Louise est présentée par saint Louis —, ces personnages ne sont pas  des saints patrons présentant les seigneurs, mais ils semblent s'intégrer dans la scène centrale. Il n'y a pas de coupure entre la scène de donation et la scène sacrée, qui sont réunis par le même ciel et le même portique. Comment les identifier ? Il est peu probable que Louise de Goulaine soit  figurée avec son confesseur, par exemple, et sa suivante. 

Une hypothèse plus complexe peut se rapporter à la légende de Marie-Madeleine, à son iconographie, et à celle de Marie l'Egyptienne (qui s'y fond) dans laquelle c'est un prêtre ou abbé qui assiste miraculeusement au transport de la sainte par les anges. On peut penser aussi à Jean Cassien, abbé de Saint-Victor, ou à un abbé cassianiste (Jean Cassien aurait découvert les restes de sainte Madeleine et en aurait confié les reliques à la communauté de Cassianistes qu'il avait fondé au Ve siècle à Saint-Maximin. Les tombeaux de Marie-Madeleine et de saint Maximin ont été redécouverts au XIIIe siècle.

Louise de Goulaine ou Guy III d'Espinay se sont-ils rendus en pèlerinage à Sainte-Baume ? Cela n'est pas relaté, mais ces proches de la cour royale ou leurs parents (Guy II fut échanson d'Anne de Bretagne, et Christophe de Goulaine fut gentilhomme ordinaire de la chambre de Louis XII et François Ier) ont pu y accompagner les rois et reines. 

En 1503, Anne de Bretagne alla à Sainte-Baume et fit modifier la chasse contenant le crâne de Marie-Madeleine pour la montrer soulevée par quatre anges, par dévotion pour la légende du Transport angélique de la sainte. 

 

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Chasse du chef de Marie-Madeleine, in Monuments inédits sur l'apostolat de Sainte Marie-Madeleine en Provence, 1818, p. 1031

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En 1516, François Ier se rendit à Sainte-Baume accompagnée de Claude de France, de Louise de Savoie, de Marguerite de Navarre, et d'un grand nombre de seigneurs.

En 1533, Eléonore d'Autriche effectua le pèlerinage à Sainte-Baume. Henri II et François II renouvelèrent les privilèges des moines de Saint-Maximin.

[notons aussi que le dominicain espagnol Vincent Ferrier  mort le 5 avril 1419 à Vannes (Bretagne), très apprécié à la cour ducale de Bretagne et qui avait prêché cette province,  a consacré son sermon de 1407 à Marie-Madeleine , disant qu’à l’heure des vêpres,  les anges élevaient Madeleine en chantant : « Dans son trésor, le roi a placé la drachme perdue ; la pierre précieuse, tirée de la fange, étincelle au soleil radieux. » Un autre saint, Bernardin de Sienne, a décrit les sept délices des élévations de Madeleine.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La donatrice est vêtue d'une robe de drap rouge à encolure carrée et à manches rapportées courtes, à taillades, au dessus d'une chemise fine à col court et frisé.

Un collier en or est sculpté de deux motifs, le croissant et le losange.

Sa coiffure est une coiffe rouge, au dessus d'un premier bonnet à bordure dorée perlée, et d'un voile translucide (en lin ?) également perlé. Cette coiffure correspond à la "coiffe bretonne" mise à la mode par Anne de Bretagne et qui superpose le béguin, le "ruban" ou second bonnet, et le "chaperon", le plus souvent noir.

https://annedebeaujeu.fr/index.php/2019/09/10/reconstitution-dune-coiffe-noble-1490-1520/

Anne de Bretagne et plus encore  Claude de France, fille d'Anne de Bretagne et reine de 1515 à 1524 (donc avant la réalisation de ce vitrail) portait une coiffe repoussée en arrière et dévoilant la chevelure temporale, divisée par une frange.

La date présumée de ce vitrail, en 1539, correspond au règne de François Ier et d'Eléonore de Habsbourg, reine de 1530 à 1547. Le portrait de la reine en 1529 montre l'encolure carré, les taillades ou crevés (apparus vers 1525), et une coiffe encore plus repoussée en arrière  et devenant plus discrète. Le portrait conservé à Chantilly (RMN)  date de 1530.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89l%C3%A9onore_de_Habsbourg#/media/Fichier:Joos_van_Cleve_003.jpg

https://www.photo.rmn.fr/archive/06-510701-2C6NU0BMN6LY.html

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La comparaison avec les portraits présumés de Louise de Goulaine sculptés sur les boiseries des stalles (entre 1528 et 1550) est intéressante (ils accompagnent ses armoiries), mais doit tenir compte des licences de l'artiste qui idéalise son modèle et le conforme aux médaillons italiens faisant référence.

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Jouée nord des stalles de Champeaux. Photographie lavieb-aile.

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Allégorie, ou portrait idéalisé de Louise de Goulaine, boiserie de la collégiale de Champeaux (1528-1550). Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le donateur Guy III d'Espinay.

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Le seigneur d'Espinay est ici mains jointes, probablement agenouillé, et tourné vers la scène centrale qu'il fixe. Il est barbu, asse jeune, et vêtu d'un pourpoint orangé.

Derrière lui, une jeune femme coiffée d'un voile tient un vase (Sainte Marie-Madeleine ???), devant un homme blond. Aucun d'eux n'est nimbé.

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Comparaison avec la baie 4 — restituée — de Louvigné-de-Bais (1540) :

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Guy III d'Espinay et Louise de Goulaine en donateurs de la baie 4 de Louvigné-de-Bais (1540). Photographie lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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L'EXTASE DE MARIE-MADELEINE.

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Cette scène qui occupe le registre inférieur des trois lancettes centrales ne peut se découvrir que panneau par panneau en se déplaçant à droite et à gauche de la fâcheuse statue.

Si nous pouvions l'observer du haut d'un échafaudage, nous verrions la sainte allongée sur le coté mais en appui sur le coude droit, la tête levée, les yeux ouverts, le buste nu (seulement couvert par les longs cheveux blonds qui sont un de ses attributs) et le bas du corps couvert par un manteau ou une couverture rouge bordeaux. Elle tient un livre dans sa main droite, indiquant que sa lecture vient de lui inspirer une vision céleste. La main gauche réunit quelques mèches de cheveux pour cacher partiellement sa poitrine.

Elle est entourée d'une quantité d'anges, dont certains la soutiennent et la soulèvent à la tête et aux pieds, tandis que d'autres, en duo ou trio, entonnent des cantiques. Ils portent des manteaux et des robes colorées, parfois damassés, avec quelques manches à crevés témoignant de la mode Renaissance. Les expressions des visages des chanteurs sont vivantes et bien observées. Quelques angelots nus se mêlent à l'assemblée.

Le regard de la sainte est dirigé vers une scène en troisième lancette (la plus cachée) où se voit, dans une grotte à proximité d'une masure, sa propre lévitation, debout, enveloppée dans un manteau rouge, soulevée par six anges.

Un amas de rochers (grisaille et jaune d'argent) forment la grotte du massif de  la Sainte-Baume, où, selon la Légende Dorée chap. 45, Marie-Madeleine s'est retirée en ermite après avoir débarquée avec son frère Lazare et sa sœur Marthe aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Elle y mène alors une vie solitaire de pénitence (c'est une ancienne pécheresse) et de contemplation.

Voici le texte de Jacques de Voragine (XIIIe siècle), dans la traduction et adaptation de Teodor de Wyzewa en 1910 :

 

"Cependant Sainte Marie-Madeleine, désireuse de contempler les choses célestes, se retira dans une grotte de la montagne, que lui avait préparée la main des anges, et pendant trente ans elle y resta à l’insu de tous. Il n’y avait là ni cours d’eau, ni herbe, ni arbre ; ce qui signifiait que Jésus voulait nourrir la sainte des seuls mets célestes, sans lui accorder aucun des plaisirs terrestres. Mais, tous les jours, les anges l’élevaient dans les airs, où pendant une heure, elle entendait leur musique ; après quoi, rassasiée de ce repas délicieux, elle redescendait dans sa grotte, sans avoir le moindre besoin d’aliments corporels.

Or, certain prêtre, voulant mener une vie solitaire, s’était aménagé une cellule à douze stades de la grotte de Madeleine. Et, un jour le Seigneur lui ouvrit les yeux, de telle sorte qu’il vit les anges entrer dans la grotte, prendre la sainte, la soulever dans les airs et la ramener à terre une heure après. Sur quoi le prêtre, afin de mieux constater la réalité de sa vision, se mit à courir vers l’endroit où elle lui était apparue ; mais, lorsqu’il fut arrivé à une portée de pierre de cet endroit, tous ses membres furent paralysés ; il en retrouvait l’usage pour s’en éloigner, mais, dès qu’il voulait se rapprocher, ses jambes lui refusaient leur service. Il comprit alors qu’il y avait là un mystère sacré, supérieur à l’expérience humaine. Et, invoquant le Christ, il s’écria : « Je t’en adjure par le Seigneur ! Si tu es une personne humaine, toi qui habites cette grotte, réponds-moi et dis-moi la vérité ! Et, après qu’il eut répété trois fois cette adjuration, Sainte Marie-Madeleine lui répondit : « Approche-toi davantage, et tu sauras tout ce que tu désires savoir ! ». Puis, lorsque la grâce du ciel eut permis au prêtre de faire encore quelques pas en avant, la sainte lui dit : « Te souviens-tu d’avoir lu, dans l’évangile, l’histoire de Marie, cette fameuse pécheresse qui lava les pieds du Sauveur, les essuya de ses cheveux, et obtint le pardon de tous ses péchés ? ». Et le prêtre : « Oui, je m’en souviens ; et, depuis trente ans déjà, notre sainte Eglise célèbre ce souvenir ». Alors la sainte : « Je suis cette pécheresse. Depuis trente ans, je vis ici à l’insu de tous ; et tous les jours, les anges m’emmènent au ciel, où j’ai le bonheur d’entendre de mes propres oreilles les chants de la troupe céleste. Or, voici que le moment est prochain où je dois quitter cette terre pour toujours. Va donc trouver l’évêque Maximin, et dis-lui que, le jour de Pâques, dès qu’il sera levé, il se rende dans son oratoire : il m’y trouvera, amenée par les anges ». Et le prêtre, pendant qu’elle lui parlait, ne la voyait pas, mais il entendait une voix de suavité angélique.

Il courut aussitôt vers saint Maximin, à qui il rendit compte de qu’il avait vu et entendu, et, le dimanche suivant, à la première heure du matin, le saint évêque, entrât dans son oratoire, aperçut Marie-Madeleine encore entourée des anges qui l’avaient amenée. Elle était élevée à deux coudées de terre, les mains étendues. Et, comme Saint Maximin avait peur d’approcher, elle lui dit : « Père, ne fuis pas ta fille ! ». Et Maximin raconte lui-même, dans ses écrits, que le visage de la sainte, accoutumé à une longue vision des anges, était devenu si radieux, qu’on aurait pu plus facilement regarder en face les rayons du soleil que ceux de ce visage. Alors l’évêque, ayant rassemblé son clergé, donna à Sainte Marie-Madeleine le corps et le sang du Seigneur ; et, aussitôt qu’elle eut reçu la communion, son corps s’affaissa devant l’autel et son âme s’envola vers le Seigneur. Et telle était l’odeur de sa sainteté, que, pendant sept jours, l’oratoire en fut parfumé. Saint Maximin fit ensevelir en grande pompe le corps de la sainte, et demanda à être lui-même enterré près d’elle, après sa mort."

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L'analyse de ce texte, et de ceux qui en sont la source, montre qu'il y a plusieurs scènes :

- durant sa retraite de 30 ans près d'Aix-en-Provence dans une grotte du massif de Sainte-Baume [sainte grotte en provençal], Madeleine est transportée sept fois par jours (heures canoniales) par les anges  au sommet de la montagne,  où elle entend le concert angélique de louanges. Il y a donc un transport angélique et une audition spirituelle. Ce sommet, nommé "Saint-Pilon"

-Un prêtre du voisinage, dans un rêve, a la vision par un tiers de ce transport angélique de Madeleine. La sainte lui révèle son identité. 

-Saint Maximin, l'un des 72 disciples de Jésus et premier évêque d'Aix, assiste à une lévitation de Madeleine entourée d'anges.

-Huit jours avant sa mort, sa sœur Marthe entendit le chœur des anges qui emportaient l' âme de Marie-Madeleine au Ciel (Légende Dorée Chap. 104).

 

Je  trouve la relation de ce récit dans la Légende dorée traduite par Jean de Vignay et copiée en 1404 (BnF fr. 414 , au folio 206r et suivants, dans une version en moyen français bien plus savoureuse et émouvante.

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La scène peinte à Champeaux montre bien le transport par les anges (Madeleine est soulevée et portée), ainsi que le concert spirituel, et  la lévitation reportée en hauteur et en plus petit comme un autre temps du récit.

 

On trouvera en annexe une discussion qui montre que cette "Extase de Marie-Madeleine" est rarement peinte avant cette peinture de Champeaux. Je la trouve sur 2 enluminures (XIV et XVe siècle), sur un panneau d'Aix-la-Chapelle) de la fin du XVe, et sur une gravure de Cranac'h en 1506. Je n'en ai trouvé aucun exemple  en peinture sur verre avant la période moderne. L'intérêt exceptionnel de ce thème justifierait de plus amples investigations.

N.B : voir les belles photos de Stéphane Mahot sur Flickr, qui donnent un meilleur aperçu de cette scène.

 

 

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vue partielle de la partie gauche.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vue partielle de la partie droite.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La lévitation de la sainte .

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Deux anges en adoration sur des nuages.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le concert angélique.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. LA CRUCIFIXION (lancettes B, C et D).

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J'ai présenté ces grandes Crucifixions qui font leur apparition dans le vitrail breton au second quart du XVIe siècle ici :

http://www.lavieb-aile.com/2020/08/la-maitresse-vitre-de-l-eglise-de-guimiliau.html

Elle prend place ici sous trois dais à angelots tenant des guirlandes.

Bien que d'un style différent des Crucifixions finistériennes issues de l'atelier quimpérois, elle en reprend les éléments principaux (qui se retrouvent d'ailleurs dans les enluminures et peintures).

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Au centre, le Christ en croix, dont le sang est recueilli dans des calices par trois anges hématophores. Les jets de sang sont rendus par des verres rouges très minces et longs, ce qui souligne l'importance de leur représentation à une époque où la dévotion du Précieux Sang est grande. Elle est d'autant plus grande à la collégiale de La Madeleine  que le grand modèle de cette dévotion est Marie-Madeleine, toujours figurée au pied de la croix qu'elle étreint, contemplant l'écoulement qui rejoint les pieds sanguinolents, et la terre.

La même dévotion s'exprime par le détail très visible ici (sur la lancette de gauche) de Longin, qui transperce le flanc droit du Christ :nous le voyons mettre la main devant ses yeux, rappelant la légende par laquelle, atteint par le sang ruisselant le long de la lance, il fut guéri d'un trouble de la vue.

On remarquera que la croix est un tronc écoté, reprenant la symbolique de la croix-arbre.

En dessous du Christ, et du ciel hérissé de lances et d'étendards rouges à aigle bicéphale noirs, la foule associe les soldats, un centurion sur son cheval et les dignitaires Juifs, ou Pharisiens.

Marie-Madeleine est richement coiffée et vêtue, et témoigne par son élégance, et sa compassion parfois éplorée de la tradition iconographique qui va de plus en plus céder la place au personnage  de la Madeleine pénitente et retirée presque nue à Sainte-Baume, ou de la Madeleine méditant sur la Mort.

 

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Bon larron est ici montré crucifié, mais et pieds cloutés (et non bras liés sur la traverse et jambes liées ou fléchies, en Finistère). Il a rendu l'âme, qu'un ange emporte vers les Cieux.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Autre détail, outre la hallebarde, celui d'un homme monté sur une échelle. Juste en dessous, Longin la main droite sur les yeux.

En dessous, Jean et deux  Saintes Femmes (Marie-Salomé ou Marie-Jacobé) soutiennent Marie en pâmoison. Mais on s'étonne que Jean soit ici barbu.

La Sainte Femme qui est au premier plan pourrait, par son élégance, être aussi Marie-Madeleine ; quoiqu'il en soit, son habillement et sa coiffe se rapprochent de ceux de Louise de Goulaine.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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En lancette D, l'âme du Mauvais Larron est emportée par un diable.

Sous la croix, un cavalier très expressif, bouche ouverte, l'index levé vers le Christ, est le Bon Centenier qui s'esclame Vere Filius Dei erat iste, "celui-ci était vraiment le Fils de Dieu".

Sa barbe, sa toque de velours rouge orné d'un médaillon d'or, sa veste damassée d'or et aux manches à crevés en font un portrait des nobles cavaliers sous François Ier .

Au sol, l'inévitable chien blanc (ici plutôt caramel), rarement omis de ces Crucifixions.

 

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES PANNEAUX LATÉRAUX : LE CHIFFRE DES DONATEURS.

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Parmi les panneaux latéraux, deux sont d'origine et portent les initiales G et L reliées par des lacs d'amour. Le G de Guy et le L de Louise sont ainsi reliées sur le tombeau des époux à gauche du chœur (Delespine 1551) ou sur les boiseries encadrant la porte de la chapelle sud, associées à leurs armoiries.

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LES TÊTES DE LANCETTE.

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Il est possible de reconnaître dans des édicules à colonnes, coquilles et putti un roi et deux prophètes (Enoch et Élie selon Brune 1846) .

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Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

Maîtresse-vitre (1539-1541) de l'ancienne collégiale La Madeleine de Champeaux. Photographie lavieb-aile août 2020.

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ICONOGRAPHIE DE L'EXTASE DE MARIE-MADELEINE.

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A. Enluminure.

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 — BnF latin 757 f. 343vMissale et horae ad usum Fratrum Minorum. 1301-1400 origine italienne

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8470209d/f690.item

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BnF latin 757 f. 343vMissale et horae ad usum Fratrum Minorum. 1301-1400 Droits Gallica BnF

 

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— Arsenal ms 661 Res f. 153v (détail). Scènes de la légende provençale de Marie Madeleine Évangéliaire à l’usage d’Amiens 1489-1490 Parchemin enluminé, 182 feuillets Paris, BnF, Bibliothèque de l’Arsenal  Evangeliarium cum notis (Amiens). [Évangéliaire à l'usage d'Amiens. Musique notée. Les Ms-661 et 662 sont appariés]. Meister des Dresdner Gebetbuches. Enlumineur. Date d'édition :   1475-1505 .

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550092747/f312.item
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Droits Gallica BNF

 

 

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B. Gravures.

Lucas Cranach l'Ancien , 1506, gravure sur bois:

http://www.histoiredelafolie.fr/psychiatrie-neurologie/calmeil-extase-extrait-de-encyclographie-des-sciences-medicales-repertoire-general-de-ces-sciences-au-xixe-siecle-london-tome-13-exe-fur-1837-pp-12-14

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Lucas Cranach l’ancien (allemand, 1472-1553), l’Extase de Sainte Marie Madeleine, 1506, gravure sur bois

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C. Peinture de chevalet.

 

— Élévation de Marie Madeleine par les anges : panneau peint à l'huile sur bois, fin du XV, musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle (Allemagne)

http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Charles-II-d-Anjou-a-Marie-Madeleine

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Élévation de Marie Madeleine par les anges : panneau peint à l'huile sur bois, fin du XV, musée Suermondt-Ludwig, Aix-la-Chapelle (Allemagne).

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Le Caravage, en 1606. Diverses copies.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Madeleine_en_extase#/media/Fichier:Mary_magdalene_caravaggio.jpg

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Francesco del Cairo

http://www.artnet.com/artists/francesco-del-cairo/lextase-de-sainte-marie-madeleine-entour%C3%A9e-danges-UKKdux_M-Je6vnJ_MZSpgw2

— Rubens en 1618-1620, Beaux-arts de Lille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Marie-Madeleine_en_extase_(Rubens)#/media/Fichier:Lille_Pdba_rubens_marie_madeleine.JPG

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Rubens, Marie-Madeleine en extase, Lille.

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Simon Vouet v. 1640

https://utpictura18.univ-amu.fr/GenerateurNotice.php?numnotice=A4450

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Simon Vouet, Marie-Madeleine soutenue par deux anges

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Sources scripturaires et bibliographie.

 

 

—JACQUES DE VORAGINE, La Légende dorée / Jacques de Voragine ; traduction de J.-B. M. Roze chronologie et introduction par le Révérend Père Hervé Savon Jacques de Voragine1228?-1298; Roze, Jean-Baptiste-Marie <1810-1899> ; Savon, Hervé

—GAZAY (Joseph) 1939, Étude sur les légendes de sainte Marie-Madelaine et de Joseph d'Arimathie 

Annales du Midi  Année 1939  51-201  pp. 5-36

—DUSCHENE (L. )1893, La légende de Sainte Marie-Madeleine  Annales du Midi  Année 1893  5-17  pp. 1-33

https://www.persee.fr/doc/anami_0003-4398_1893_num_5_17_3094

 « Mais d’une riens li grieve fort / Et mout en a grant desconfort, / Que il ne sot ne o ne non / A dire coument ele ot non » (v. 1165-1168, ibid., p. 520).

— https://www.saintsdeprovence.com/les-textes/vie-de-marie-madeleine/

— http://www.saintsdeprovence.com/wp-content/uploads/2013/10/vie-Marie-madeleine.gif

— https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_du_Saint-Pilon

— PINTO-MATHIEU (Elisabeth), 1992,Marie-Madeleine dans la littérature du Moyen Age, thèse en 1992. :Sainte Marie-Madeleine dans la littérature latine et vernaculaire du Moyen Âge, sous la direction d'Alain Michel et Michel Zink (Paris-IV).

https://books.google.fr/books?id=uxE2XmpHrcYC&pg=PA35&dq=%22saint+vincent+ferrier%22+%22marie-madeleine%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjlmOPJtpXsAhXQzoUKHeJTByoQ6AEwAHoECAUQAg#v=onepage&q=%22saint%20vincent%20ferrier%22%20%22marie-madeleine%22&f=false

 

 

 

 

 

 

—  BAZIN, (René) , 1927.

https://www.biblisem.net/etudes/bazisain.htm

 

— ORTENBERG (Veronica), 1992,Le culte de sainte Marie Madeleine dans l'Angleterre anglo-saxonne. In: Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Age, tome 104, n°1. 1992. pp. 13-35;

—FAILLON  É.-M. 1848,  Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence, et sur les autres apôtres de cette contrée, saint Lazare, saint Maximin, sainte Marthe, les saintes Maries Jacobé et Salomé, publiés par M. l'abbé Migne, 2 tomes, Paris, 1848, xlviii p. + 1558 col. + 1668 col. 

https://archive.org/stream/monumentsindits00failgoog#page/n8/mode/2up

https://archive.org/stream/monumentsindits00failgoog#page/n48/mode/2up/search/anges

— Marie Madeleine, la passion révélée, exposition 2017 monastère de Brou, dossier de presse

https://presse.monuments-nationaux.fr/view/pdf/1665641

—L'Evangélisation de la Provence

http://www.spiritualite-chretienne.com/provence/evangelisation.html

http://www.spiritualite-chretienne.com/provence/sainte-baume.html

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LA PROXIMITÉ AVEC SAINTE MARIE L'EGYPTIENNE OBSERVÉE EN LÉVITATION  PAR L'ERMITE ZOSIME.

"Certains auteurs se sont demandé si Marie-Madeleine et Marie l'Égyptienne n'étaient pas une seule et même personne, et si La vie érémitique de Marie Madeleine (récit du ixe siècle) n'était pas directement inspirée de celle de la pénitente du désert, eu égard aux nombreux points communs que l'on retrouve dans leur hagiographie :

  • Elles portent le même prénom ;

  • Elles sont toutes les deux pécheresses repenties ;

  • Elles se sont toutes deux retirées au désert (à la Sainte Baume pour Marie Madeleine) durant trente ans ;

  • Toutes deux ont reçu la communion des mains d'un ermite ;

  • Leur représentation iconographique est très semblable : nudité, longs cheveux en guise de vêtement.

Mais d'autres détails comme les trois pains, le visage émacié sont propres à Marie l'Égyptienne souvent représentée comme une vieille femme (tableaux de Ribera)."

Il faut ajouter que dans les deux cas, un prêtre ou l'ermite Zosime est le spectateur de l'élévation de la sainte par les anges., puis celle-ci lui révèle son identité.

—Ludmilla Evdokimova, La version « X » de la Vie de sainte Marie l'Égyptienne. Entre la prose et le vers : du style sublime au style moyen Romania  Année 2000  471-472  pp. 431-448

https://www.persee.fr/doc/roma_0035-8029_2000_num_118_471_1537

 

 

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— Dans la Légende dorée traduite par Jean de Vignay et copiée en 1404 (BnF fr. 414 ),le  chapitre consacré à sainte Marie l'Egyptienne,  relate au folio 121r cette  lévitation. La sainte apparait soulevée de terre devant les yeux du moine Zosimas.

— La même scène est illustrée dans le Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay, manuscrit vers 1370-1380 BnF NAF 15942 f. 89v

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55000813g/f818.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84496928/f186.image

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Lévitation de Marie l'Egyptienne. BnF NAF 15942 f. 89v Droits Gallica BNF

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Voir aussi le le Miroir historial de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay manuscrit de 1332-1335, Arsenal ms 5080 f .406v, 

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droits réservés Gallica BNF

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LIENS ET SOURCES.

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BOESPFLUG (François), 2006, La Trinité en théologie et dans l'art  à la fin du Moyen-Âge( 1400-1460).Presses universitaires de Strasbourg

https://books.openedition.org/pus/12732?lang=fr

COUFFON (René), 1969, « La collégiale de Champeaux. Contribution à l’étude de la première Renaissance en Bretagne » dans Mémoires de la Société d’émulation des Côtes-du-Nord, tome XCVIII, 1969, pp. 15-49 .

— COUZY (H), 1968, Collégiale La Madeleine de Champeaux, Congrès archéologique de France, 126e session, Haute-Bretagne, p.60-73

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Inventaire général du patrimoine culturel ; Rennes : Presses universitaires de Rennes , impr. 2005

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1880-1886, Pouillé historique de l'archevêché de Rennes. [Volume 3] 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55608m.pdf

GUILLOTIN DE CORSON (abbé Amédée), 1904, "Les seigneurs de Champeaux, leur collégiale et leur château", Revue de Bretagne, de Vendée & d'Anjou, Volumes 31 à 32 page 385-

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k453834v/f383.image.r=champeaux

— JOUBERT (Solen), 2003, Audace et renommée : un réseau de la noblesse bretonne, vecteur d'échanges culturels et artistiques pendant la Renaissance. SHAB pages 205-

https://m.shabretagne.com/scripts/files/54da14d35ff576.88078498/2003_08.pdf

— MAHOT (Stéphane), dossier photo sur Flickr

https://www.flickr.com/photos/29248605@N07/sets/72157718992961092/

—MOIREZ (Denise), 1975, Vitraux de Champeaux et de Louvigné-de-Bais, Mémoires de la SHAB

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f461a0de8f9e7.95056646/1975_14.pdf

— RIOULT ( Jean-Jacques ), ORAIN (Véronique), 1979,L'ancienne collégiale de Champeaux, Dossier IA00130695 (c) Inventaire général ; (c) Conseil général d'Ille-et-Vilaine

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ancienne-collegiale-actuellement-eglise-sainte-marie-madeleine-place-de-la-collegiale-champeaux/d2fdc8a2-dd6b-4bea-83c6-91455faf82e9

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-d-epinay-ancien-chateau-de-la-riviere-champeaux/380ed73c-19d0-4e1e-8082-64d1b7934c77

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA35000276

https://monumentum.fr/chateau-epinay-ancien-chateau-riviere--pa00090518.html

— SITE DECOUVRIR CHAMPEAUX

https://www.champeaux35.fr/decouvrir-champeaux/histoire-et-patrimoine/collegiale-2/

— WIKIPEDIA, La collégiale Sainte-Marie-Madeleine de Champeaux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Marie-Madeleine_de_Champeaux

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
16 septembre 2020 3 16 /09 /septembre /2020 13:07

Le vitrail des Chars ou verrière du Triomphe de la Vierge (Jean et Engrand Le Prince, v.1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.

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Voir sur l'atelier des verriers  Le Prince de Beauvais :

 Cathédrale de Beauvais :

Église Saint-Etienne de Beauvais :

Ailleurs en Haute Normandie :

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Voir aussi :

 La liste de mes articles sur les vitraux..

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PRÉSENTATION.

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Le vitrail.

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Les 13 verrières provenant du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen  et magnifiquement remontées  en 1979 dans l'église Sainte-Jeanne d'Arc, sont parfaitement présentées en ligne sur le site patrimoine-histoire.fr. La description de référence est celle du volume du Corpus Vitrearum consacré aux Vitraux de Haute-Normandie.

Parmi ces 13 verrières, trois, provenant de la chapelle Sainte-Anne du sud du déambulatoire de Saint-Vincent, sont consacrées à la Vierge et à sa mère. Ce sont les baies 2 (verrière de sainte Anne), 3 (Triomphe de la Vierge) et 4 (Arbre de la Parenté de la Vierge). Le thème de la Vierge, nouvelle Ève conçue sans tache et ne participant pas du Péché originel était déjà évoqué dans deux autres verrières de Saint-Vincent : les Litanies de la Vierge au tympan de la verrière du martyre de saint Vincent (baie 13 de Sainte Jeanne d'Arc) et l'image de l'Immaculée-Conception aujourd'hui intégrée dans la baie 9 de l'Enfance du Christ. 

La consécration officielle de la doctrine de l'Immaculée Conception par le pape Sixte 4 en 1476 (avant d'obtenir le statut de Dogme en 1854) avait contribué au développement de son culte. La confrérie rouennaise de l'Immaculée Conception fonda en 1486 un concours de poésie, le "Puy des Palinods", où la Vierge était honorée par des poèmes dont on encourageait la transcription en images. 

 

Je complète ces descriptions  par l'étude des inscriptions (traduction, sources, analyse) et par  mes photographies commentées.

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Les Triomphes de Pétrarque.

Dans l'Antiquité romaine, les héros des conquêtes étaient acclamés, monté sur un char, lors de défilés.

  En 1374, Pétrarque avait publié I Trionfi, suite de six poèmes, où chaque personnage, allégorie du sujet, défilait dans un char triomphal au sein d'un cortège. Dans un  songe où il revit son célèbre amour cruel pour Laure à Avignon, la  première allégorie figure sur son char le Triomphe de l’Amour qui se trouve vaincu par le Triomphe de la Chasteté dont le visage est celui d’une Laura inaccessible. Pour le grand malheur du poète, la Chasteté est à son tour vaincue par le Triomphe de la Mort. Cette dernière ne survit pas au Triomphe de la Renommée qui garde vie à ceux que l’on a aimés. Mais la Renommée ne peut résister au Triomphe du Temps qui dévore tout. Le Temps lui-même n’aura pas le dernier mot, puisqu’il est supplanté par l’Éternité, belle promesse d’un paradis où le poète retrouvera sa bien-aimée.

L'œuvre va avoir un immense succès et va susciter de très nombreuses illustrations sous formes d'enluminures, de tapisseries ou de sculptures.

En 1502, une femme commande pour illustrer le poème de Pétraque le superbe vitrail des Triomphes pour l'église d'Ervy-le-Châtel (Aube).

L'engouement pour le thème des Chars va être considérable à la Renaissance, y compris sous la forme d'entrées triomphales des princes dans leurs villes, des spectacles mis en scènes par les plus grands artistes qui se chargeaient aussi de la réalisation des décors.

 

Le thème des Triomphes à Rouen au début du XVIe siècle.

a) Le cardinal Georges d'Amboise fit réaliser en 1500-1505 pour l'offrir à Louis XII, un luxueux manuscrit d'une traduction, par un rouennais, des Triomphes de Pétrarque : BnF fr. 594. Il le fait enluminer par un artiste (nom de convention Maître des Triomphes de Pétraque) sous forme de sept doubles pages. On pense que cet artiste (rouennais ou parisien ?) appartenait à l'atelier parisien de Jean Pichore, et on lui attribue les Petites Heures d'Anne de Bretagne BnF NAL 3027, daté vers 1500-1505 et vraisemblablement offert par Georges d'Amboise à Anne de Bretagne. On lui attribue aussi le Livre d'Heures de Henri IV, manuscrit également lié à Georges d'Amboise.

Voir le BnF fr.594 :

F. 2v et 3r

Folio 7v et 8r

Folio 101v et 102r

F. 134v et 135r

f. 178v et 179r

f.348v et 349r

f.375v et 376r

 

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b) À Rouen, Guillaume II Le Roux fit orner son hôtel particulier, l'Hôtel de Bourgtheroulde réalisé en 1501, de bas-reliefs figurant les Triomphes de Pétrarque.

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En conclusion, cette verrière est au croisement de deux traditions artistiques attestées à Rouen (et plus largement en Haute-Normandie), celle des Triomphes, et celle de la glorification de la Vierge en sa conception exempte du Péché originel.

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Vitraux de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Vitraux de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TYMPAN : LA VIERGE DANS LA CRÉATION ET LE PLAN DIVIN.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le tympan peut débuter la description de cette verrière, comme dans le volume du Corpus Vitrearum, puisqu'il en est l'incipit en montrant la Vierge incluse dès le début dans le Plan du Salut et intégrée au cœur de la Trinité, comme Nouvelle Ève rachetant par sa conception virginale la faute attribuée à Ève.

Le tympan peut aussi se placer en conclusion, puisque le versant marial de l'histoire du Salut va être présentée dans les lancettes en trois tableaux (trois chars successifs, trois Triomphes) : le Triomphe d'Adam et Ève au Paradis, le Triomphe de Satan, et le Triomphe de la Vierge. 

Chacun des trois tableaux est accompagné de phylactères portant des inscriptions, qui vont argumenter la pensée théologique illustrée par la verrière, et dont le spectateur peut difficilement faire abstraction.

Dés lors, l'inscription de la pointe de la 4ème lancette doit être intégrée au tympan et considérée comme son commentaire.

On y lit (je complète les abréviations par tlides)  MONDUM ERANT ABISSI ETIAM CONCEPTA ERAM.

Il faut rectifier en comprenant : Nondum erant abissi etiam concepta eram. Il s'agit d'une citation du Livre des Proverbes Prov 8:24  dans la traduction latine de la Vulgate Nondum erant abyssi et ego jam concepto eram "Je fus enfantée quand il n'y avait point d'abîmes".

Les partisans de la conception immaculée (indemne du Péché originel) de Marie appliquent cette parole biblique à la Vierge.

Pour eux, cette dernière a eu "deux conceptions passives, l'une éternelle, l'autre temporelle ; l'une divine, l'autre humaine, et toutes deux pures et immaculées. Pour la première, elle a été conçue de toute éternité dans les idées de Dieu et choisie dans les décrets de la Providence pour être la Mère future de son Fils.C'est à cette première conception que l'Église applique ces paroles que Salomon a dites de la Sagesse éternelle : Nondum erant abyssi et ego jam concepto eram : il n'y avait encore ni Terre, ni Ciel, ni Anges, ni Hommes, ni Mer, ni Abîmes, et j'étais  déjà conçue dans l'entendement du Créateur. Par la seconde conception, elle a été formée dans le sein de sainte Anne sa Mère. "(Nicolas de Dijon, Octave de l'assomption de la Vierge, 1687)

Je cite ici un texte postérieur à la verrière que j'étudie, mais la citation biblique figure sur la tenture de chœur de la Vie de la Vierge offerte en  1530 à la cathédrale de Reims par son archevêque Robert de Lenoncourt. Sur la pièce consacrée à la Rencontre d'Anne et de Joachim devant la Porte Dorée de Jérusalem, qui illustre et défend la conception miraculeuse de Marie par Anne, la citation latine est prononcée par Salomon, auteur traditionnel du Livre des Proverbes. Or, les 17 pièces de cette tenture sont (S. Savigny) une démonstration doctrinale de l'Immaculée-Conception. 

https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_3_1430

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Baiser de la Porte Dorée, tenture de la Vie de la Vierge (1530), Palais du Tau (Reims). Photo lavieb-aile.

 

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Citation de Proverbe 4 par Salomon, tenture de la Vierge (1530), Palais du Tau (Reims). Photo lavieb-aile.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Cette citation biblique affirmant que Marie était déjà conçue dans l'esprit de Dieu avant même la Création va être illustrée par les peintures suivantes :

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Marie au centre du triangle de la Trinité au dessus de l'Alpha et de l'Omega (début et fin de toute chose).

Le Christ en Logos (Verbe créateur) au centre d'un brasier, bénissant et présentant la Vierge enfant de la main gauche.

Les signes du Zodiaque

Marie transportée par un ange dans les Cieux au dessus du Chaos originel (flammes, nuées et terres) à gauche.

La naissance d'Ève issue d'une côte d'Adam, et le Paradis terrestre à droite.

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Soufflet supérieur : La Trinité accompagnée de la Vierge enfant debout sur le livre ouvert.

Le livre porté en commun par Dieu le Père (tiare, globus cruciger, manteau rouge) et par le Christ porte les lettres Alpha et Oméga. Le Christ présente de la main la Vierge, mains jointes, peinte en grisaille dans une mandorle au jaune d'argent. Au dessus, la colombe du Saint-Esprit a un visage humain. 

La scène (qui peut se rapprocher de certains Couronnements de la Vierge par le Père et le Fils) s'inscrit dans un verre blanc peint de deux cercles au jaune d'argent de teinte différence, jaune citron puis orangé. Verre bleu en périphérie.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Christ en Logos (Verbe créateur) au centre d'un brasier, bénissant et présentant la Vierge enfant de la main gauche.

Le cercle de feu, les rayons, et la mandorle entourant la Vierge sont peints au jaune d'argent sur un verre blanc. Vierge peinte à la grisaille. Manteau rouge, tunique bleu-clair à larges manches.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les douze signes du Zodiaque. Le signe de la Vierge en exergue.

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Le verre de fond est bleu ou violet, mais le verre bleu a été gravé pour peintre au jaune d'argent une série de cercles concentriques figurant le Cosmos.

Les 12 signes occupent des médaillons disposés en suivant la forme en pique de carte de la mouchette. Sont-ils en verre jaune gravé pour la figure zodiacale, ou bien en verre blanc peint en périphérie, ce qui semble techniquement peu possible ?

Le Zodiaque présente une singularité qui n'est pas mentionnée par les auteurs due Vitraux de Haute-Normandie. Il débute en haut à droite par le Bélier, suivi par le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, et le Lion (23 juillet-22 août), puis, au lieu de faire figurer la Vierge, on trouve la Balance (23 septembre- 22 octobre), et la séquence reprend avec le Scorpion, le Sagittaire, le Verseau et les Poissons qui terminent le cycle en haut à gauche à coté du Bélier.

Le signe de la Vierge (Virgo) est absent, ou plutôt il ne peut correspondre qu'au médaillon placé entre Verseau et Poissons, à gauche du Taureau. En outre, au lieu de la figure féminine de ce signe, nous trouvons deux masses superposée, jaune et blanche, la masse inférieure rehaussée de grisaille pouvant éventuellement correspondre à un paysage de colline.

Cette singularité souligne évidemment le rapport entre la Vierge Marie et le signe Virgo, et témoigne de la volonté de lui donner une place hors norme dans le cycle zodiacal, métonymie de la Création.

Il serait très intéressant de trouver d'autres exemples de cette représentation, et d'en étudier les rapports avec la défense de l'Immaculée-Conception.

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Le signe de la Vierge correspond à la période du 23 août au 22 septembre. Il inclut donc le 8 septembre, date de la fête de la Nativité de la Vierge.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Soufflet latéral gauche de la rangée intermédiaire : deux anges en adoration.

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Le verre rouge de l'ange de droite est gravé pour peindre en jaune le bras de son voisin.

Cette position est curieuse, j'ai d'abord pensé que l'ange jaune à ailes vertes portait le corps de Marie ; mais l'amorce d'une aile à droite ne conforte pas cette idée. À discuter.

On notera que ce tympan reprend en partie le thème de la Création dans les Bibles historiales réalisées à Paris au début du XVe siècle [KBR ms 9001] (et repris dans le frontispice de la Fleur des histoires  de Jean Mancel KBR ms 9231 vers 1450) : six vignettes montrent successivement la Sagesse disant Ab initio et ante secula creata sum, puis la Trinité, puis le jugement des anges, les anges élus montant aux Cieux tandis que les anges déchus sont précipités dans la gueule de l'Enfer. Ces soufflets pourraient trouver là leur interprétation.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Soufflet  gauche de la rangée intermédiaire : le chœur des anges ; deux anges portant une forme colorée.

 

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Cette forme peinte avec des lignes jaune orangé évoquant une matière en fusion reste à déterminer.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Chaos.

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Des flammes acérées comme des explosions d'éclairs jaillissent depuis des nuées ou depuis une étendue verte. Ces flammes sont en verre rouge, en verre rouge gravé, tandis que les nuées ou rochers sont en verre bleu clair gravé pour peindre au jaune d'argent les reflets lumineux plus ou moins orangés.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La naissance d'Ève issue d'une côte d'Adam, au  Paradis terrestre.

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Adam est endormi, et Ève se dresse de son flanc, parmi des animaux dont un cerf et un agneau (symboles christiques), un lion et un sanglier.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le Paradis terrestre.

Un bélier voisine avec un porc (?) et un loup.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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LE TRIOMPHE D'ADAM ET ÈVE AU PARADIS TERRESTRE.

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Les trois scènes présentent une composition analogue : le personnage glorifié est installé sur un char richement décoré qui forme le centre d'un cortège animé, avec de nombreuses inscriptions nominatives et un phylactère citant un texte sacré.

Pour le char et le cortège, les Le Prince se seraient inspirés de la gravure du «Grand char de l'empereur Maximilien» d'Albert Dürer, l'empereur couronné par la Victoire, qui date de 1522.

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Albrecht DÜRER , gravure, Le char de triomphe de Maximilien Ier : Fidentia et Ratio, Louvres, © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) - Tony Querrec

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Deuxième lancette : le char d'Adam et Ève.

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a) L'inscription du phylactère.

Elle dit : OMNIA SVBIECISTI SVB PEDIBVS EIVS.

On reconnaît là une citation biblique, celle du psaume 8 verset 8 de la Vulgate, "tu as mis tout sous ses pieds". Ce verset est cité par saint Paul, en l'appliquant au Christ comme une affirmation de son Règne, dans la première Épître aux Corinthiens I Cor 15:26, dans  l'Épître aux Hébreux Heb 2:8 , dans celle aux Éphésiens 1:22 .

Une partie de la tradition chrétienne voit d'ailleurs l'ensemble du psaume 8 comme s'appliquant à Jésus-Christ.

Mais placée ici sous les roues du char d'Adam et Ève, la citation s'applique bien évidemment à l'Homme (l'humain) placée au sein de la Création. C'est d'ailleurs le sens premier pour une lecture naïve du verset replacé dans son contexte . 

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom par toute la terre ! [...] À voir ton ciel,  ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui, le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu, le couronnement de gloire et d'honneur ; tu l'établis sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds; les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les cieux.

Ô Seigneur, notre Dieu, qu'il est grand ton nom, par toute la terre ! (traduction T.O.L)

La citation biblique de chacun des quatre étages de la verrière en  détermine la lecture. Ici, le renvoi au psaume 8 incite à voir le soleil et la lune, les arbres de la forêt traversée par le char et surtout les animaux terrestres et célestes comme témoignant de l'étendue de la domination donnée par Dieu à Adam et Ève, et par eux à l'humanité. Mais cette étendue, témoignant de la générosité divine, doit, comme l'exprime le psaume, inciter l'homme à la louange. 

Les deux musiciens danseurs peints sur les roues du char (un jouant de trompe et l'autre du tambour) témoignent peut-être de cette action de louange [le psaume 8, comme les psaumes 81 et 84, le confie "au maître de chœur ; sur la guittith", ou gittiyth qui serait un instrument de musique ].

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Sur le char, Adam et Ève, nus et enlacés, tiennent un étendard à hampe semblable à un sceptre, et dont le drapeau rouge porte la figure de la Justice, ou son Allégorie portant le glaive et la balance.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La "signature" des Le Prince, maître-verriers à Beauvais.

Entre les deux roues du char, on peut lire des lettres peintes au jaune d'argent : JEHAN LE PR / PRI, interprétées comme la signature de Jean Le Prince. On trouvera plus loin (char de la Vierge) un candélabre portant les lettres ELP, reconnues comme les initiales d'Engrand Le Prince.

Cet atelier familial actif entre 1491 et 1555 inclut Lorin (en 1491), puis dans la  deuxième génération Jean (de 1496 à 1536) et Engrand ( de 1522 à sa mort en 1531), et ensuite pour la troisième génération Nicolas (de 1527 à 1551) et Pierre (de 1531 à 1561). On lui doit la verrière de Roncherolles de la cathédrale de Beauvais, l'Arbre de Jessé et plusieurs autres verrières de l'église Saint-Etienne de Beauvais, des vitraux de l'église Notre-Dame de Louviers, le vitrail de Charles Villiers de l'Isle-Adam de la Collégiale Saint-Martin de Montmorency, et trois verrières de l'église Saint-Vincent de Rouen remontés à l'église Jeanne d'Arc, les baies 3 (Les Chars), 5 ( Vie de saint Jean-Baptiste) et 6 (Oeuvres de Miséricordes).

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La Foi et la Force tirant le char.

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FORTITUDO  (Force), couronnée de lauriers, tire la chaîne du char en premier plan. Sa robe rouge, serrée par une ceinture de tissu mauve, est ornée d'une faveur bleue à l'épaule et d'un pompon bleu à l'extrémité d'une sorte de traîne. Elle a la grâce légère des ménades grecques comme sur le bas-relief de Gradiva. FIDES, la Foi, en robe bleue, tient une maquette d'église, métaphore de l'Église pourtant non instituée dans les temps édéniques.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Quatrième lancette : les animaux du paradis terrestre.

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Les animaux terrestres sont au nombre de six : le taureau (ou bœuf), le lion, le sanglier, la grenouille, et le lapin , tous dirigés vers la droite (direction du char) entourent une licorne qui, elle, tourne la tête vers la gauche (c'est à dire vers le char).

Parmi les trois oiseaux se trouve peut-être un perroquet.

La licorne, seul animal mythique du groupe, est considéré comme liée à la virginité, car la légende veut que, pour la chasser, il est nécessaire de l'attirer grâce à une jeune fille vierge. Par extension, la "chasse mystique" est une métaphore de l'Annonciation, comme sur la verrière de l'Arbre de Jessé (v.1503)  de la cathédrale de Sens.

Dans les Triomphes, elle est liée à la force et à la chasteté , tirant le char de cette vertu dans les Triomphes de la chasteté (Triomphes de Pétrarque, Rouen, XVe s. BnF fr. 223 f. 94v, ou huile sur panneau du cercle de Giovanni di Paolo vers 1470).

On comparera les autres animaux à ceux que Dürer a placé dans une gravure de 1504 au Paradis derrière Adam et Ève : un chat face à une souris, un cerf, un bœuf, un bélier et un lapin, ainsi qu'un perroquet. 

 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Première lancette : quatre Vertus, la Prudence, l'Espoir, la Charité et la Tempérance suivent le cortège en présentant leur attribut.

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Après SPES, en robe rouge fendue, et qui tient une ancre,  TEMPERANCIA, en robe blanche, brandit une tête de mort. PRUDENCIA, en robe blanche damassée de motifs en rouelles dentelées et ornée de rubans ou pompons bleus, tient les Tables de la Loi. CHARITES, en robe rouge clair, tient un cœur enflammé.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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DEUXIÈME REGISTRE : LE TRIOMPHE DE SATAN.

 

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Satan, sous la forme du serpent de l'Arbre de la Connaissance, brandit l'étendard de la Mort, accompagné de la Désobéissance ; son char est tiré par Douleur et Labeur qui entraînent Adam et Ève ligotés. Derrière le char, la Crédulité porte l'étendard de la Justice, tête en bas, et précède les sept péchés capitaux accompagnés de leurs animaux emblématiques.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le char de Satan portant l'arbre de la Connaissance. Troisième lancette.

Satan, sous la forme d'un serpent à tête humaine enroulé autour de l'Arbre de la Connaissance brandit l'étendard de la Mort : un squelette portant un sablier et brandissant une flèche. (sur le motif de la Mort tenant une flèche, et non la faux, voir L'ossuaire de la Roche-Maurice). Cet étendard est en verre rouge gravé.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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L'inscription du phylactère basal.

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ET AMPLIVS EORVM LABOR ET DOLOR.

Cette citation biblique du psaume 89 verset 10 se traduit par "Et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère" (Louis Segond), ou, littéralement, "leur orgueil [est] travail et douleur". Dans le contexte du psaume, cela qualifie la vanité des années vécues par l'homme dans la brièveté de son existence : "les jours de nos années s'élèvent à soixante-dix ans, et, pour les plus robustes, à quatre-vingt ans ; et l'orgueil qu'ils en tirent n'est que peine et misère, car il passe vite, et nous nous envolons".

Mais dans le contexte de ce Triomphe, les mots Labor et Dolor font allusion au texte du chapitre 3 de la Genèse où Dieu, après la Faute, annonce à Adam (verset 17) qu'il ne se nourrira qu'au prix du travail et de la peine (labor) et à Ève (verset 16) qu'elle accouchera dans la douleur (dolor).

Ce même chapitre fournira le texte du phylactère du Triomphe de la Vierge.

Ce texte détermine donc bien toutes les scènes de ce triomphe du Mal, et notamment la dernière, ou Adam et Ève sont conduits par LABOR et DOLOR devant le char.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Il est important de remarquer que Satan est un être à ailes de chauve-souris (nervures), au visage humain mais doté d'oreilles longues et pointues, à la poitrine féminine et à la queue de serpent enroulée autour du tronc d'un pommier. Cet être hybride s'apparente par tous ces traits à la Démone, (version maléfique d'Ève) que terrasse la Vierge dans les multiples représentations bretonnes des Vierges à la Démone.

Il s'apparente aussi au serpent à visage et poitrine féminine des représentations de la scène de la Tentation, lequel enroule sa queue autour de l'arbre séparant Adam et Ève, comme sur les porches bretons, mais surtout sur l'enluminure 20v des Heures dites d'Henri IV. En effet, ces Heures ont été influencées par la librairie du cardinal Georges d'Amboise à Gaillon. Ses enluminures sont attribuées au Maître des Triomphes de Pétraque, actif à Paris et peut-être à Rouen.

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La Tentation, Heures dites de Henri IV , BnF lat. 1171 f. 20v vers 1500-1505 (postérieures à 1476) : copyright Gallica.

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Le char est poussé sur le coté par la belle INOBEDIENTIA (Désobéissance) et un autre personnage à robe rouge et parements bleus.

La roue arrière porte l'inscription CVPIDITAS (Cupidité) et la roue avant l'inscription I.S.IS, couramment lue par les auteurs comme 1515. On explique alors que si la verrière a été réalisée entre 1522 et 1524, elle a été peut-être préparée ou commandée dès 1515. On retrouve cette inscription sur les deux roues du char de la Vierge.

Le char porte, à l'arrière, deux candélabres où se dressent des idoles nues. Le décor des cotés comporte des angelots.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Quatrième lancette. Labor traîne le char, derrière Adam et Ève nus, mains ligotés et tête basse. Dolor, à genoux, bras croisés, lève les yeux au ciel. Une femme plus âgée, en tête, fait un geste au couple ancestral.

En arrière-plan, un paysage est peint en camaïeu de bleu : un pont franchi un fleuve navigable et conduit à une ville, ceinte de rempart, avec de nombreuses maisons regroupées autour d'une cathédrale  : il s'agit du pont de Rouen, de sa cathédrale aux deux tours asymétriques, et de la tour de Saint-Cande-le-Vieux (?).

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Derrière le char, la Crédulité tient l'étendard inversée de la Justice.

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CREDULITAS porte le même étendard qu'Adam dans le premier Triomphe, mais la hampe est brisée, plaçant  l'emblème de la Justice, une femme portant le glaive et une balance,  tête en bas, signe d'un renversement des valeurs morales. Verre rouge gravé .

Le paysage en camaïeu de bleu débute par un édifice urbain (château ?), se poursuit par de hautes montagnes.

À droite, dans un bois, trois anges discutent ; un ange rouge tient un glaive.

Credulitas porte une coiffe à oreillettes perlées et à nœud de ruban. Elle est vêtue d'une robe jaune d'or et rouge damassée de grenades, et d'un manteau formant bustier avec des manches flottantes.

Elle marche dans une prairie bordant un fleuve où navigue une nef à un mât. Un lapin blanc est à ses pieds.

De nombreuses pièces de verre bleu sont gravées, dans une composition riches en teintes de vert, pour rendre les petites fleurs ou le jeu des lumières d'un sous-bois.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les sept péchés capitaux ferment la marche.

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Inscription LES SEPT PECHES MORTE[L]S.

Il y a bien sept femmes, mais deux sont au premier plan et dansent en chevauchant, l'une un porc (ou une truie), l'autre un lion : ce seraient, bien qu'elles ne soient pas nommées,  la Gourmandise (Gula) — ou la Luxure,   et l'Orgueil (Superbia).

Une autre est placée derrière des oreilles d'âne : serait-ce la Paresse (jadis Acédie) ? Derrière le lion se voit un chien, associé par Eustache Deschamps à l'Envie.

La coiffe et la robe d'Orgueil sont magnifiques, en verre blanc peint au jaune ; le motif du damas se retrouve souvent chez Engrand Le Prince

En arrière-plan, et en camaïeu de bleu (teinté ici ou là de jaune), les ruines d'un château et de son donjon.

Le sol est en verre bleu gravé teinté au jaune d'argent pour rendre le vert, tout en préservant des réserves figurant des fleurs. Des œillets sont en verre rouge, rose ou jaune.

Un sujet analogue était reproduit sur un bas-relief en pierre au 13 rue de l'Écureuil de Rouen.

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TROISIÈME REGISTRE : LE TRIOMPHE DE LA VIERGE.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les quatre inscriptions bibliques.

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— Première lancette , sous les pieds des "donateurs" :

DNE ADIVVA ME, "Domine ajuva me".

Citation de Matthieu 15:25, cette supplication de la femme cananéenne, "Seigneur secours-moi",  s'adresse à Jésus pour obtenir la guérison de sa fille.

 

— Deuxième lancette :

1°) En bas, sous le char écrasant le serpent :

IPSA : CONTERET : CAPVT TVVM.

Genèse 3:15, Vulgate "Elle t'écrasera la tête". Le texte biblique relate la condamnation prononcé par Dieu envers le serpent après la Faute originelle : " L'Éternel Dieu dit au serpent: Puisque tu as fait cela, tu seras maudit entre tout le bétail et entre tous les animaux des champs, tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t'écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon. Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. " (tr. Louis Segond) 

Le sujet "elle" de la phrase "elle t'écrasera la tête" renvoie, non à Ève, mais à "ta descendance". Selon la traduction, les commentateurs peuvent y voir soit le Christ, soit la Vierge :

 

"Dans la Septante (une traduction de la Bible en grec réalisée à Alexandrie autour de l’an -270), on y place le « lignage » victorieux de la femme dans une forme personnelle. « Autos », qui veut dire « il », écrasera la tête du serpent. « Autos » est un pronom masculin pour le substantif neutre « tò sperma » (le lignage). « Il » est ici une personne concrète et non pas simplement l’humanité en général. Le contexte messianique est alors évident. Le Messie représente l’humanité devant Dieu. 

Dans la Vulgate (une traduction de la Bible en latin par saint Jérôme qui remonte à la fin du 4e siècle), on met davantage l’emphase sur l’aspect marial. On peut y lire « Ipsa conteret caput tuum », ce qui signifie « Elle t’écrasera la tête ». On voit alors comment dans ce cas-ci, le rôle de la Vierge Marie est davantage mis en évidence, car elle représente la nouvelle Ève qui écrase le serpent." (Le Tourneau)

Dans le contexte palinodique (celui du Puy des Palinods de Rouen), "elle" désigne la Vierge comme Nouvelle Ève.

En 1515, Guillaume Mauduit fut le premier poète latin couronné par le Palinod de Rouen sur le texte Virgo conteret caput tuum, la précision "virgo" (Vierge) levant toute ambiguïté.

En 1520, Guillaume Thibaut, pour le même Puy de Rouen, confronte une Dame à l'agneau (la Vierge) et une Dame à l'aspic (la Démone).

Dans les Heures de la conception de la Vierge, datant du début du XVIe siècle, Guillaume Tasserye, auteur de chants royaux présentés aux Palinods de Rouen en 1490, une enluminure en double page (f.15 et 16) montre la Vierge foulant un dragon et entourée de banderoles dont l'une indique Ipsa conteret caput tuum, une autre Tota pulchra es amica mea et macula non es in  et une autre cite le Livre de la Sagesse 24 Je suis crée dès l'origine et avant les siècles.

 

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2°) au dessus des têtes d'Isaïe et David :

TOTA PVLCRA  AMICA MEA ET MACVLA NON EST IN TE

Cette citation du Cantique des Cantiques 4:7 est traduit par "Tu es toute belle ô mon amie, et il n'y a point en toi de défaut". Mais si on l'applique à la Vierge, le mot macula (tache) fait allusion à la conception immaculée, sans tache, exempte du Péché originel.

https://gregorien.info/chant/id/8141/9/fr

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— Quatrième lancette, en bas, sous les pieds de Moïse :

CVSTODI FAMVLV[M] TVVM  SPERANTEM IN TE

"Garde ton serviteur qui espère en toi". 

Il s'agit d'une citation tronquée du psaume 85(86) verset 2  : Custodi  animam meam propter salutem tuam. Deus salva famulum tuum sperantem in te.

"Garde mon âme, car je suis pieux ! Mon Dieu, sauve ton serviteur qui se confie en toi" (Louis Segond)

 


 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Les blasons à monogramme.

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Ils n'ont pas été déchiffrés, mais ils ressemblent aux blasons professionnels des artisans et marchands, ou des imprimeurs.

La lecture du premier est perturbée par le réseau des plombs de casse, mais on reconnaît à gauche un A majuscule, à droite un b minuscule, et en haut un sigle (P ou 4 ), maçonnique pour A. Pottier (p. 253).

 

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le second associe deux lignes brisées en miroir, où A. Pottier a proposé de voir deux G accolés.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le char de la Vierge triomphante de la deuxième lancette.

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La tête de la Vierge est restaurée.

La Vierge tient un sceptre et une palme.

Les roues du char écrasent un animal aux ailes nervurées, aux pattes griffues et à la tête de mouton : c'est le Serpent, la Démone, ou le Dragon du Mal.

Les roues portent l'inscription I . SI . S, dont la ponctuation n'est pas favorable à y lire le chronogramme 1515. L'une des roues est peinte d'une joueuse de viole à archet, et l'autre d'un joueur d'un instrument à cordes pincées (sans usage de plectre).

Le char est précédé par deux personnages dont l'un tient une harpe. Leur barbe, leur  coiffure à oreillettes et leur robe confortent l'hypothèse d'y reconnaître le prophète biblique Isaïe (qui a prophétisé la survenue d'une Vierge donnant naissance à un Sauveur), et le roi David. Ils n'ont pas les pieds posés au sol et sont presque suspendus ou volant au devant du char.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Selon André Pottier, la femme représente à la fois la Vierge, la Foi et l'Église, et c'est volontairement que cette détermination est restée imprécise. Mais la Vierge est nimbée, ce qui lève l'ambiguïté.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Le cortège des anges tirant le char, en troisième lancette.

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Ils marchent pieds nus dans une prairie fleurie, sont vêtus de robes blanc et or, et tiennent des palmes ; leurs ailes sont multicolores. Trois têtes sont restaurées.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Sur le ciel se détachent des constructions urbaines, riches demeures ou châteaux, en camaïeu de bleu.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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La tête du cortège en quatrième lancette : Moïse brandissant le Serpent du Mal empalé sur une lance.

Tête de Moïse restaurée. 

En premier devant le char vient une femme vêtue de bleu et voilée et guimpée de blanc portant un étendard rouge portant dans un médaillon blanc la colombe du Saint Esprit. Elle est montée sur une licorne dont la corne est pointée vers son flanc. Cette licorne porte autour du cou l'écriteau VERITE. 

Cette femme (dont la représentation est proche de celle de Marie) repousse en arrière plan une femme âgée désignée par inscription comme HERESIS, l'Hérésie. Son âge renvoie aux Vetule décrites par Jean Gerson comme agents de la CREDULITAS mentionnée plus haut. 

Moïse tient au bout de sa lance le serpent ou Démone, empalée ou du moins brandie victorieusement. Néanmoins, comme dans les scènes de terrassement du Mal par la Vierge ou par saint Michel, la bête n'est pas morte, elle redresse la tête, sort la langue et tend une patte vers le haut.

En arrière plan, un paysage de montagne avec un château.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Moïse, pieds nus, en robe rouge, est précédé par des angelots sonnant de leur trompe, portant chacun un pennon héraldique carré, comme des hérauts d'armes sonnant un tournois .

— Un étendard à fond rouge  portent les armes de France d'azur à trois fleurs de lys d'or.

— L'étendard à fond vert porte les armes parti à trois fleurs de lys d'or et d'hermines (de France et de Bretagne), qui sont celles d'Anne de Bretagne (décédée en 1514), ou, selon les auteurs (A. Pottier, M. Callias-Bey et col), de sa fille Claude de France, reine de France de 1514 à 1524. A. Pottier voit une cohérence entre l'accès au trône de Claude de France et sa lecture d'I .S I. S . comme étant la date de 1515.

Les armes de Claude de France devraient être, après 1515, un parti d'azur aux trois fleurs de lys d'or au lambel d'argent et écartelé d'azur à trois fleurs de lys d'or, comme il figure — au lambel près — sur son Livre d'Heures Morgan MS 1166 f.15v.

 

— L'étendard à fond jaune porte les armes de Normandie de gueules aux deux léopards d'or.

—  L'étendard à fond bleu porte les armes de Rouen, de gueules à l'agneau pascal d'argent portant une bannière d'argent à la hampe d'or, au chef d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or.

Ces verres colorés sont gravés et peint au jaune. La pièce héraldique du pennon vert est montée en chef d'œuvre.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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Une assemblée de personnages en première lancette.

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Le char est suivi par trois hommes en tenue de bourgeois du XVIe siècle, et un seigneur [une tête restaurée], et d'une vieille femme portant une coiffe et désignant le char de la main.

On a supposé qu'il s'agissait des donateurs, membres probables d'une confrérie. Mais rien n'est certain.

En arrière plan, la cathédrale de Beauvais (Corpus) est peinte en camaïeu de bleu, avec une autre fabrique.

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Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

Verrière des Chars (Jean et Engrand Le Prince, v. 1522-1524), baie 3 de l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen, photographie lavieb-aile août 2020.

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SOURCES ET LIENS.

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CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001,  Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495

— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)

— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.

— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché",  Bull. AMR, 1958-1970, p. 147-167.

— LAFOND (Jean), 1908, "Un vitrail de Engrand Leprince à l'église Saint-Vincent", Bull. AMR, 1908, p. 22, 23, 157-167.

— LAMY (Marielle) 2011,Le culte marial entre dévotion et doctrine : de la « Fête aux Normands » à l’Immaculée Conception,  in Marie et la « fête aux normands » Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10869?lang=fr#:~:text=La%20%C2%AB%20F%C3%AAte%20aux%20Normands%20%C2%BB%20est,comm%C3%A9morant%20la%20conception%20de%20Marie.

— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 69.

—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux,  Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 358.

https://books.google.fr/books?id=FNYwAQAAIAAJ&dq=bas-reliefs+de+la+%22rue+de+l%27Ecureuil%22+rouen&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— LE TOURNEAU (Mgr Dominique), "Pourquoi appelle-t-on Marie la Nouvelle Ève", Aleteia.

https://questions.aleteia.org/articles/82/pourquoi-appelle-t-on-marie-la-nouvelle-eve/

PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.

PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 49-98

— POTTIER (André), 1862, "Description d'une verrière de l'église St-Vincent de Rouen", Revue de la Normandie, 1862, p. 236-255.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57317571/texteBrut

https://books.google.fr/books?id=jTwFAAAAQAAJ&pg=PA253&dq=custodi+famulum+tuum+sperantem+in+te&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiyprDk9-jrAhVBQhoKHW5GCJUQ6AEwAnoECAIQAg#v=onepage&q=custodi%20famulum%20tuum%20sperantem%20in%20te&f=false

PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.

— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), p.91, 172, 220, 283, 358.

— RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.

— RIVIALE (Laurence), 2011, L’Immaculée Conception dans les vitraux normands, in Marie et la « fête aux normands » Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10932?lang=fr

— SAVIGNY (Sophie), 1986, Notes sur la tenture de Robert de Lenoncourt de la cathédrale de Reims", Histoire, économie et société 5:3 pp.347-352.

https://www.persee.fr/doc/hes_0752-5702_1986_num_5_3_1430

— SCHOLZ (Hartmut), 1995, Dürer et la genèse du vitrail monumental de la Renaissance à Nuremberg Traducteur : Martine Passelaigue, Revue de l'Art  Année 1995  107  pp. 27-43

https://www.persee.fr/doc/rvart_0035-1326_1995_num_107_1_348186

THELAMON (Françoise), 2011, "Tota pulchra es... La beauté de Marie manifestation de son immaculée conception", in Marie et la « fête aux normands »Presses Universitaires de Rouen et du Havre.

https://books.openedition.org/purh/10866

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http://www.rouen-histoire.com/SteJA/index.html

http://www.rouen-histoire.com/Eglises_Rouen/St-Vincent.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Rouen/Rouen-Sainte-Jeanne-d-Arc.htm

https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/petit-palais/oeuvres/le-grand-char-triomphal-de-l-empereur-maximilien-ier-1-l-empereur-couronne-par#infos-principales

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Jeanne-d%27Arc_de_Rouen

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
7 septembre 2020 1 07 /09 /septembre /2020 19:59

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La maîtresse-vitre (atelier quimpérois Le Sodec, v.1550) de l'église Saint-Miliau de Guimiliau.

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Voir sur Guimiliau :

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Voir sur les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle  dont beaucoup  sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :

et dans le Morbihan :

 

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On attribue aussi à l'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

 

Liste des 225 articles de mon blog décrivant des vitraux 

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PRÉSENTATION.

À la fin du XVe et surtout au XVIe siècle, les paroisses du Finistère choisirent, pour leurs églises qui, souvent, étaient en pleine reconstruction, une baie d'axe consacrée à la Passion, la Crucifixion et la Résurrection du Christ. On en estime le nombre à une cinquantaine, dont 29 sont conservées, complètes ou par vestiges.  Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper et partagent des caractères stylistiques communs, ou parfois même des cartons identiques. 

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Dans les verrières les plus anciennes,  les lancettes sont découpées par registres en une douzaine de scènes successives de la Passion (Locronan, 18 scènes ; Plogonnec, 6 scènes ; Baie 4 de Guengat ; Penmarc'h ; Ergué-Gabéric ; Brasparts, etc. ) . Cette répartition en damier ne sera pas abandonnée.

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— D'autres, plus tardivement au deuxième quart du XVIe siècle, placent la Crucifixion dans un grand tableau central de 3 lancettes, tandis que les épisodes qui la précèdent (Cène, Lavement des pieds, Agonie, Arrestation, Comparutions, Flagellation, Couronnement d'épines,) ou qui la suivent (Déposition, Mise au Tombeau, Sortie du Tombeau) sont de nombre réduit, et repoussés en position périphérique.  C'est le cas à Saint-Mathieu de Quimper dès 1535, puis à La Roche-Maurice (1539), La Martyre (1540) et Ploudiry (ces trois églises voisines appartenant alors à la même paroisse de Ploudiry) ainsi qu'à Quéménéven, à Pleyben (v.1570) ou à Tourc'h. C'était également le cas à Daoulas.

René Couffon cite aussi les Crucifixions de Labanan à Pouldreuzic, de l'église du Juch, de la chapelle de la Véronique à Bannalec (perdue) ou de Saint-Gunthiern à Langolen.

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— Enfin, les petits tableaux de la Passion disparaissent à Gouezec  (v. 1550) où trois lancettes entières montrent la Crucifixion et une lancette montre la Déposition, à Guimiliau (v. 1550) avec la même disposition (malgré une inversion de lancette), et à Guengat (1550) avec trois lancettes pour la Crucifixion, une pour la Passion préalable, une pour la Déposition et une pour la Résurrection .

D'autres paroisses choisiront de consacrer toute la verrière à la Crucifixion.

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Dans ce groupe à grande Crucifixion centrale, certaines ressemblances montrent la reprise des mêmes cartons. C'est le cas pour Ploudiry et ses trèves de La Roche-Maurice et de La Martyre (*). Un quart de siècle plus tard, ces poncifs sont repris en partie à Guimiliau, à Guengat, à Gouezec et à l'église Saint-Ouen de Quéménéven, en nord de Cornouaille. C'est ce regroupement, ce sont ces comparaisons iconographiques et cette compréhension d'une évolution dans la composition de l'espace et de la structuration du récit de la Passion  qui rendent la découverte d'une nouvelle verrière si passionnante malgré la répétition des séquences.

On peut aussi séparer les Crucifixions à ciel rouge — Guimiliau, Guengat, — et à ciel bleu — Ploudiry, La Roche-Maurice, La Martyre, Pleyben, Gouezec, Quéménéven—...

(*) Une autre trève, Tréflévénez, possède les restes d'une maîtresse-vitre de la Passion de 1560-1570, mais ne provenant pas de l'atelier quimpérois.

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Je vais présenter ce vitrail en associant des vues générales avec des plans rapprochés dont les détails vont permettre — entre autre — de poursuivre l'étude de mes thèmes préférés :

  • L'iconographie comparative de ces maîtresses-vitres .
  • La peinture des visages.
  • Les larmes et le sang (larmes de Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied du Calvaire ; lien électif entre le sang s'écoulant le long de la Croix, et Marie-Madeleine).
  • Les chevaux hilares (si caractéristiques de cet atelier) et leur harnachement.
  • L'étude des costumes et coiffures : les crevés.
  • Les inscriptions des galons chez Le Sodec.

J'utiliserai dans ma description celle qui a été publiée par Gatouillat et Hérold pour le Corpus Vitrearum VII, et qui fait référence.

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Historique.

L'église Saint-Miliau datait du Moyen-Âge mais a été augmentée d'une nef dans la première moitié du XVIe siècle. Sa maîtresse-vitre a alors été réalisé vers 1550.

Mais après la construction du porche sud (1606 et 1617) , le chœur a été rebâti et suivi d'un faux-transept vers 1664 (date inscrite sur un contrefort) : l'ancienne maîtresse-vitre y fut réinstallée, au prix de quelques modifications, et en réduisant la taille du tympan.

 

La verrière fut déposée pendant la Seconde Guerre mondiale, puis replacée par Labouret en 1951. La dernière restauration fut effectuée par Hubert de Sainte-Marie qui réalisa les vitreries abstraites du tympan.

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Description.

La baie mesure 4 mètres de haut et 2,40 m de large. Ses quatre lancettes (A, B, C et D) sont surmontées d'un tympan à 24 ajours . On distingue  un soubassement composite à quatre personnages, avec au dessus en  lancette A une Descente de Croix, et en lancettes B, C et D une Crucifixion. La comparaison avec la maîtresse-vitre de Guengat, réalisée sur les mêmes cartons à grandeur, mais qui comporte six lancettes, montre une composition bien mieux équilibrée et où la Vierge affligée d'une Descente de Croix, placée à l'extrême droite, répond à son homologue du pied de la Croix.

Ici, la Descente de Croix a été placée (lors d'une réfection) paradoxalement avant la Crucifixion, ce qui place côte à côte les deux masses bleues de la Vierge, et non plus en symétrie de part et d'autre.

Les quatre scènes de la Passion se détachent sur un ciel rouge.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LA LANCETTE A : LA DESCENTE DE CROIX.

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Rappel : ces trois panneaux ont été déplacés et devraient se placer à droite de la verrière.

Le torse du Christ, la tête de saint Jean et la moitié  inférieure du panneau de la Vierge ont été restaurés. (Gatouillat et Hérold).

Joseph d'Arimathie, grimpé sur une échelle, laisse doucement descendre le corps du Christ grâce à un linge qui le ceinture sous les aisselles (comme dans l'enluminure de Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier)  Son appartenance au Sanhédrin en tant que notable juif est soulignée par le bonnet à oreillettes, la barbe, la robe longue (à damassé en rouelles et à ceinture d'étoffe) et les franges des manches, alors qu'au contraire les taillades des chausses et des bottes à rabat sont celles d'un seigneur français du XVIe siècle (comme dans les Déplorations de Quilinen ou de Locronan).

Au pied de l'échelle, Nicodème (le bonnet conique à oreillette rappelle qu'il est également membre du Sanhédrin, le Conseil des Juifs) et un assistant (dont la robe aux manches frangées est également serrée par une ceinture d'étoffe) reçoivent dans un linceul le tronc et les jambes du Christ.

Au dessous d'eux, saint Jean, Marie-Madeleine (qui tient le flacon d'aromates) et une autre Sainte Femme (Marie Salomé ou Marie Jacobé), tous nimbés, en pleurs, entourent la Vierge effondrée.

Il est important de remarquer que les larmes  sont peintes avec précision, sous forme de lignes blanches (par retrait de la peinture du bout du pinceau) qui s'élargissent en gouttes à l'extrémité, car c'est à la même époque que l'atelier de sculpture sur pierre des Prigent (1527-1577), à Landerneau, prend soin de sculpter trois larmes sous les yeux des saints personnages de leurs Calvaires, de leurs Pietà  et de leur Déplorations. Sur le vitrail de Guengat, ce détail est désormais difficilement visible. On l'observe à Quéménéven.

Déploration de Saint-Nic.

Calvaire de la chapelle Saint-Laurent de Pleyben.

Calvaire de Tal-ar-Groas à Crozon

Calvaire de Lopérec (1542 ou 1552)

etc...

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Sainte Marie-Madeleine, en pleurs, soulevant entre pouce et index le couvercle du flacon d'aromates.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Marie Salomé ou Marie Jacobé, en pleurs.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Jean.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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La Vierge en pleurs.

La façon de représenter les yeux, (et notamment les paupières), ou la bouche est la même que pour le visage de Marie-Madeleine.

 

 

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LES LANCETTES B, C ET D : LA CRUCIFIXION.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LANCETTE B : LE BON LARRON ; LE BON CENTENIER ; PÂMOISON DE LA VIERGE.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le Bon Larron dont un ange recueille l'âme sous forme d'un petit personnage nu. Le panneau est bien conservé, hormis la culotte verte et une partie du bois du gibet. Les larrons sont attachés au niveau des bras et des jambes, mais la jambe gauche est fléchie à 90° pour signifier, selon une tradition iconographique également très présente sur les calvaires sculptés, que les jambes ont été brisées sur ordre de Pilate (à la différence de celle du Christ).

Les traits du Larron  sont accentués, les sourcils épais, les rides marquées.

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La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les soldats romains et les saints personnages (nimbés).

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Nous pouvons distinguer six soldats, dont deux cavaliers. L'un est un porte-étendard. Le second, qui tend l'index vers la Croix, est le Centurion, celui qui prononce les paroles Vere filius Dei erat iste.

Les chevaux sont caractéristiques de l'atelier quimpérois de ces Passions, tant par leur harnachement (et leurs mors à balancier crénelé) que par leur gueule hilares.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

La maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau.
Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Marie-Madeleine (bien que son identité ne soit pas affirmée par son attribut) est en pleurs. Une nouvelle fois, ces larmes sont bien visibles sous la forme de traits blancs enlevés sur le lavis de grisaille.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Saint Jean, en pleurs.

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Une autre sainte Femme, essuyant ses larmes.

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La Vierge soutenue par saint Jean.

Les larmes sont plus discrètes, mais présentes.

Le drapé du bas de la scène date de 1951.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LANCETTE C : LE CHRIST EN CROIX ; LONGIN DONNANT LE COUP DE LANCE ; L'ÉPONGE DE VINAIGRE ; MARIE-MADELEINE ; LES SOLDATS SE DISPUTANT LA TUNIQUE.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les lettres du titulus INRI sont perlées.

Le nimbe cruciforme  est en verre rouge gravé puis peint au jaune d'argent.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le corps du Christ est peu restauré. On retrouve les paupières très lourdes et accentuées. Les plaies de la flagellation sont présentes, non pas, comme d'ans d'autres Passions, sous la forme des marques des fers, mais sous celle du sang écoulé, peint à la sanguine.

De part et d'autre, deux lances, dont celle qui blesse le flanc droit, et l'éponge imbibée de vinaigre au bout d'une branche d'hysope.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le centurion Longin, à cheval, donne le coup de lance sur le flanc droit. Deux autres cavaliers sont coiffés de turbans, signalant peut-être que ce sont des notables Juifs.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Marie-Madeleine est cette fois identifiable sans hésitation, car elle occupe, au pied de la Croix, cette place qui lui est propre, levant les yeux vers le Christ. 

Fusion de Marie de Magdala et de Marie de Béthanie depuis les Pères de l'Église, elle est déterminée par le lien que les Évangiles lui réservent avec les pieds du Christ qu'elle oint de parfum (Jn 12:3), (ou qu'elle arrose de ses larmes dans les Dépositions), mais aussi avec le lien que la tradition monastique a fixé avec la contemplation douloureuse du sang s'écoulant des plaies et qui ruisselle le long du fût, et dont témoigne ses deux mains jointes en signe d'affliction.

Elle est également déterminée par ses longs cheveux non voilés (à la différence du même personnage dans les lancettes A et B) et sa gorge non couverte.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Les soldats se disputant la tunique sans couture du Christ.

Même scène à Guengat et Quéménéven.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LANCETTE D : LE MAUVAIS LARRON ; PILATE À CHEVAL ET SON CHIEN.

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Gatouillat et Hérold décrivent la partie supérieure ainsi  : "le mauvais larron lié à sa croix par un jeune soldat (têtes intactes, panneau complété de bouche-trous et de pièces modernes)". 

Sachant que tout, dans ce panneau supérieur, est une macédoine de bouche-trous hormis ces "têtes intactes", et tenant compte de la bizarrerie de cette mise en croix et de cette tunique, on pourrait s'interroger sur l'état initial de la scène. D'autant qu'à Quéménéven, au dessus d'une foule de soldats semblable, nous avons un Mauvais Larron lié sur son gibet,  symétrique du Bon, avec son âme qui s'échappe.

Mais à Guengat, nous trouvons également ici (dans une partie également très restaurée) un larron enveloppé dans une chemise blanche, et hissé grâce une échelle. Et à Gouezec, cette Mise en croix ou déposition du Mauvais Larron est bien conservée, et incontestable.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Au niveau intermédiaire, un soldat en armure et une demi-douzaine  de notables s'affairent autour d'une double échelle. 

 

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Plus bas, et au premier plan, deux cavaliers sont montrés, de trois-quart arrière. Le premier est un chef militaire (nous voyons de son armure les pièces de jambe, les solerets à la poulaine et les éperons) qui lève les yeux vers les crucifiés. Il s'agit vraisemblablement de Pilate, car il porte au dessus d'une tunique verte un manteau de commandement rouge et or. Selon les Évangiles, il donne alors l'ordre d'achever les victimes en leur brisant les jambes ; et c'est peut-être le rôle de l'échelle, avant la modification de la scène.

Un autre indice pour identifier Pilate est le chien blanc qui dresse la tête au pied de sa monture ; car on le trouve très souvent (depuis Schöngauer et Dürer) dans les scènes de Comparution. Ici, le panneau inférieur est perdu, réduisant ce chien à sa tête, mais il est complet à Guengat, à Quéménéven, à Saint-Mathieu de Quimper et à La Roche-Maurice.

Pilate porte un chapeau serré par une sangle rouge, et doté d'une plume bleue.

Ailleurs, ce personnage (ou son voisin) peut être interprété comme un grand prêtre Juif (bonnet conique, franges).

Une inscription sur son col est partiellement masquée par la barlotière : --OVEN VICOS .  

L'harnachement du cheval porte trois inscriptions : 

IOSEFABATLI

AVEN

IOARESE : DRDARBL.

Cette dernière inscription mêlant les minuscules et les capitales et de lecture difficile et aléatoire. 

Pour R. Couffon : Sur la bride du centurion : "IOSEF ABATII" (Joseph Labat) ; sur la croupière : "IOHANES DE DARBLE" (un Paul Robert, sieur de Darble et chirurgien, fut inhumé aux Dominicains de Morlaix le 19 mars 1670).

Gatouillat et Hérold lisent : IOHANES DE DARBL (?), IOSEFABATH.

À  Guengat, ces mêmes parties de l'harnachement (guides, sangle de poitrail et croupière) portent des inscriptions, différentes mais également dépourvues de sens. On en trouve également à cet endroit à Saint-Mathieu de Quimper, à Gouezec, à La Martyre (sur la tunique du cavalier), mais non à La Roche-Maurice

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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LE SOUBASSEMENT :  LAVEMENT DE MAIN DE PILATE ; ANGES PORTANT LES INSTRUMENTS DE LA PASSION ; UN SAINT DIACRE.

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Le soubassement regroupe en quatre panneaux des fragments dont deux viennent du tympan.

 

Baie A. Pilate se lavant les mains de la condamnation de Jésus.

"Fragments d'une Comparution devant Pilate (vers 1530 ? ; carton repris à Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou en 1556)" au dessus d'un fragment de dais Renaissance. (Gatouillat et Hérold)

La sanguine est utilisée pour la chevelure du serviteur et la fourrure de Pilate. Mais ici, le vert des rideaux et les pièces bleues portent des lignes (droites, en K, en F, en O). Le jaune du  turban est traversé par des lignes claires, tandis que sur les mains et la cuvette, les gouttes d'eau sont tracées en rais (gravure ou enlevés ?).

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Comparution devant Pilate, maîtresse-vitre de la chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile.

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette B. Ange tenant les verges de la Passion. Réemploi d'ajour provenant du tympan primitif de cette verrière.

"vers 1550. Damas à rosaces sur la tunique. Inscription "...HAN 1599" en bouche-trous d'en bas, datant peut-être cette intervention su l'ancienne baie d'axe." (Gatouillat et Hérold).

Les rouelles du damassé, en grisaille sur verre bleu, sont les mêmes que sur la tunique de Joseph d'Arimathie sur la Descente de Croix de la  baie A. 

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette C. Ange tenant la colonne de la Passion. Réemploi d'ajour provenant du tympan primitif de cette verrière.

"Largement refait vers 1600. " (Gatouillat et Hérold).

Notez la paire de tenailles (verre blanc sur verre rouge).

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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Lancette D. Buste d'un saint diacre.

"Tenture galonnée, arc d'une niche (milieu du XVIe s. facture différente)" (Gatouillat et Hérold).

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Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

Baie 0 de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2020.

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TYMPAN : VITRERIE ORNEMENTALE PAR HUBERT-SAINTE-MARIE (QUINTIN) VERS 1980.

 

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie) , 1883 : L'église de Guimiliau (B.S.A.F. 1883)

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

Le maître-autel actuel , qui recouvre probablement l'autel primitif en pierre, n'a rien de remarquable. On peut seulement noter la maîtresse-vitre qui le surmonte et qui repré­sente la Passion. C'est un mélange bien confus de person­nages, et analogues, du reste, au style des vitraux de cette époque .

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Guimiliau, B.D.H.A. Quimper

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf
 

ABGRALL (Jean-Marie) , 1924 1935 : L'église de Guimiliau (porche, baptistère, ...) Morlaix,

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/items/show/10703

"On doit noter la maîtresse-vitre qui représente la Passion. C'est un mélange bien confus de personnages, et analogue, du reste, au style des vitraux de cette époque (1599)."

— APEVE

http://www.apeve.net/spip/spip.php?article281

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Guimiliau, in Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

"Vitrail du chevet : la maîtresse vitre représente la Crucifixion et la Déposition de croix (XVIe siècle. - I.S.). Le carton est identique est identique à celui de la maîtresse vitre de Guengat, tous les deux inspirés par la Crucifixion de La Martyre. Sur la bride du centurion : "IOSEF ABATII" (Joseph Labat) ; sur la croupière : "IOHANES DE DARBLE" (un Paul Robert, sieur de Darble et chirurgien, fut inhumé aux Dominicains de Morlaix le 19 mars 1670)."

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/GUIMILIA.pdf

 

— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne, Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (SHAB) pages 27 à 64.

https://www.shabretagne.com/document/article/2531/La-peinture-sur-verre-en-Bretagne-Origine-de-quelques-verrieres-du-XVIe-siecle

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 183.

— NDODUC

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm8/eg_StMiliau@Guimiliau_0.htm

WAQUET (H.), 1952 et 1977 : Guimiliau (Châteaulin) 

E. Royer : Guimiliau (Rennes, 1979)

PRIGENT (Christine), 1986, Guimiliau (Châteaulin).

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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