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24 août 2020 1 24 /08 /août /2020 21:18

Les vitraux (Mauméjean, 1948, chœur et Jacques Bony, 1958, bas-cotés) de l'église Notre-Dame au Relecq-Kerhuon (29).

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Voir : 

Voir sur Le Relecq :

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PRÉSENTATION.

L'église Notre-Dame du Relecq-Kerhuon comporte deux ensembles de verrières datant de l'Après-guerre, et séparés d'une décade.

Le premier ensemble, situé dans le chœur et datant de 1948, est figuratif. Les baies à 3 lancettes de la Crucifixion et de l'Assomption, ainsi que les trois lancettes simples dédiées à sainte Anne,  reprennent des thèmes iconographiques des plus courants. Ils sont l'œuvre de verriers issus d'une dynastie active depuis le milieu du XIXe siècle, celle des Mauméjean.

Dix ans plus tard, en 1958, la rupture est totale et c'est celle de l'abstraction. Les 14 verrières en place  de Jacques Bony sont des compositions de pièces géométriques colorées éclairant les bas-cotés de la nef selon une rythmique très musicale. La spiritualité de Suger, commanditaire des tout premiers vitraux en la basilique de Saint-Denis au XIIe siècle, —celle d'une théophanie de la lumière se révélant par la traversée du verre de couleur —, émerge ici avec pureté.

Il faut citer pour être complet les 25 verrières des fenêtres hautes, un oculus, un quadrilobe et les baies historiées du transept, actuellement déposées pour restauration par Valérie Salaun.

D'autre part, sept verrières du déambulatoire restent en verre blanc. Elles faisaient partie du projet confié en 1958 à Jacques Bony, mais pour une raison inconnue la commande (ou la pose) s'est interrompue, alors que le peintre avait réalisé quatre  baies dont les panneaux sont toujours disponibles si la volonté se manifestait de re-concrétiser ce projet. Les baies blanches et muettes semblent, comme une Belle au Bois Dormant, figées dans cette attente.

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CLIQUEZ SUR LES IMAGES.

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LES CINQ VITRAUX DU CHOEUR PAR MAUMÉJEAN EN 1948 POUR LE CINQUANTENAIRE DE L'ÉGLISE.

  • Assomption. 
  • Crucifixion.
  • Trois vitraux consacrés à sainte Anne.

Selon l'inventaire de Bonnet et Dilasser, Henri et Joseph Maumejean, de Paris ont réalisé  des vitraux pour 27 paroisses de Bretagne, dont 18 en Finistère. 

Jules Pierre Mauméjean (1837-1909)  fut le premier verrier de la famille, en fondant en 1860 son atelier de Pau. Parmi ses 5 enfants, Joseph Jules Edmond (1869-1952) dit José s'installa à San Sebastian, et Jean Simon Henri, dit Henri ou Henrique, (1871-1932) s'installa à Madrid. Léon (1878-1921) s'installa à Paris, tout comme Carl ( ou Charles Emile Joseph, 1888-1957). Selon ces données, les vitraux du Relecq sont à attribués à Carl Mauméjean ; mais la signature porte juste la mention de l'atelier : MAUMEJEAN 1948.

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LA BAIE AXIALE : ASSOMPTION (trois lancettes en plein-cintre et une rose), MAUMÉJEAN 1948..

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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LA CRUCIFIXION. (trois lancettes en plein-cintre et une rose) MAUMÉJEAN 1948.

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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DÉCOUVERTE DU CORPS DE SAINTE ANNE À APT. Une lancette cintrée. MAUMÉJEAN 1948.

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"Le corps de sainte Anne est découvert en la cathédrale d'Apt en la présence de Charlemagne".

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Sainte-Anne_d%27Apt

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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SAINTE ANNE ÉDUCATRICE.  Une lancette cintrée. MAUMÉJEAN 1948.

"Sainte Anne éduque la Vierge enfant".

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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APPARITION DE SAINTE ANNE À NICOLAZIC À AURAY.  Une lancette cintrée. MAUMÉJEAN 1948.

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Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux du chœur (Mauméjean 1948) de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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 DIX DES QUATORZE VERRIÈRES DES BAS-COTÉS DE LA NEF PAR JACQUES BONY EN 1958.

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Jacques Bony (1918-2003).

Je peux reprendre, à condition de compter sur l'indulgence du lecteur, la présentation que je donnais en 2012 pour les vitraux de Saint-Louis de Brest :

"Jacques Bony (1918-2003) entra à l'École des arts décoratifs en 1943, puis crée son premier vitrail l'année suivante et rejoint son frère Paul également peintre-verrier,  à l'atelier Hébert-Stephens. Délégué au Recensement des Monuments de la France de 1944 à 1946,  il a rénové des vitraux pour des églises de Franche-Comté de 1946 à 1950,  a réalisé les vitraux de Matisse, Rouault, Braque, ou a travaillé sous la direction de Jean Bazaine pour la cathédrale de Saint-Dié de 1984 à 1986, mais pour ses oeuvres personnelles, il a conçu de purs filtres diffusant la couleur et la lumière. De 1949 à 1954, en tant que secrétaire de la revue L'Art Sacré, il milite avec les Pères Couturier et Régamey pour le renouveau de l'art sacré par l'introduction de l'art contemporain à l'intérieur des églises. Il participa à la reconstruction d'églises en Normandie et en Franche-Comté.

  Pour présenter Jacques et Paul Bony (1911-1982) son frère, il faut parler de l'atelier Hébert-Stevens, ouvert en 1924 rue de Bagneux (Paris 6e) et qui fut dès sa création un lieu de rencontre pour Maurice Denis, Georges Devaillières, Valentine Reyre, le Père Couturier, ou Georges Gallet. C'est là que Georges Rouault, Marcel Gromaire et Jean Bazaine firent réaliser leurs premiers vitraux dès 1939. Or Paul Bony rejoint cet atelier en 1934, y fait la connaissance d' Adeline Hébert-Stevens qu'il épouse,  et son frère Jacques Bony (qui épouse Geneviève,  la jeune sœur d'Adeline) les rejoint tout naturellement dans ce qui devient un des lieux de réalisation de vitrail pour la restauration de monuments historiques ou pour les architectures contemporaines.  En 1939, Jean Hébert-Stevens et Marie-Alain Couturier organisent au Petit-Palais l'exposition Tapisseries et vitraux modernes en commandant des œuvres à Gromaire, Bazaine et Rouault. C'est lors de cette exposition que le père Devémy, curé d'une chapelle de Haute-Savoie et qui cherche à orner sa chapelle  est frappé par la spiritualité d'un vitrail de Rouault : rentré à Assy, il constate que les dimensions de ce Christ aux Outrages correspondent exactement à l'ouverture qu'il fallait orner, c'est le "miracle d'Assy", point de départ, après que Rouault ait offert son œuvre, de la grande aventure de Notre-Dame d'Assy...

   Ce "miracle" fut aussi déterminant pour les frères Bony puisque Paul réalisa alors en vitrail quatre tableaux de Rouault, et les cartons des premiers vitraux de Chagall, de Berçot et de Brianchon, puis créa deux verrières au Plateau d'Assy, avant de devenir le verrier attitré de Matisse, notamment pour la chapelle de Vence.

  En Bretagne, Jacques Bony a créé  les grandes baies hautes et neuf petites baies du mur ouest de la nef de l'église Saint-Louis de Brest, 14 vitraux pour l'église Notre-Dame du Relecq-Kerhuon (1958) — dont 10 posés —, 7 vitraux pour l'église saint-Armel de Ploermel (1956-1964), et 12 vitraux de l'église de la Sainte-Croix au Conquet (1960 et 1970)"

Je complète aujourd'hui ce texte en renvoyant à l'article Encyclopaedia Universalis qui m'indique que de 1949 à 1954, Jacques Bony fut secrétaire de la revue L'Art sacré, et a  milité avec les Pères Couturier et Régamey pour que la création contemporaine gagne le domaine religieux.  Mais la phrase "Ses vitraux tendent vers une abstraction nourrie de cubisme, qui conserve les repères figuratifs selon lui nécessaires aux fidèles" n'est pas confirmée par les vitraux du Relecq-Kerhuon, où ces repères figuratifs sont absents .

On remarquera que Paul Bony et son épouse Adeline Hébert-Stévens ont réalisé en 1960 et 1963 des vitraux pour la chapelle de Lossulien du Relecq-Kerhuon.

 

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Les dix verrières que j'ai photographiées.

Elles sont en pièces de verre montées au plomb, mais non peintes, à la différence du Baptême,  vitrail de 1953 conçu pour Choye, et dont les pièces sont peintes de rehaut de grisaille.

Ces vitraux sont proches de ceux réalisés pour le mur ouest de l'église Saint-Louis de Brest en 1958-1962.

 

 

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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La signature et le chronogramme .

C'est la seule pièce qui soit en verres plaqués (deux verres, l'un bleu clair l'autre mauve) et gravé à l'acide.

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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Quelques panneaux pour le plaisir.

(le carroyage est dû au grillage de protection extérieur).

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Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

Vitraux (Jacques Bony, 1958) des bas-cotés de l'église du Relecq-Kerhuon. Photographie lavieb-aile août 2020.

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ANNEXE : LES QUATRE VERRIÈRES DE JACQUES BONY NON POSÉES.

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Les enfants de Jacques Bony, qui détiennent ces panneaux, proposent qu'ils trouvent désormais leur place dans le chœur (communication pers. Pascal Bony).

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Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

Photographie Pascal Bony.

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SOURCES ET LIENS.

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— BONNET (Philippe, DILASSER (Maurice), 2000, "Sculpter la lumière. Le vitrail contemporain en Bretagne 1945-2000", Neo éditions, Centre international du vitrail. Inventaire pages 66 à 91.

Catalogue  du Musée du verre, Conches : Hébert-Stevens. Rinuy. Bony, l'atelier de vitrail au XXe siècle. Exposition du 4 mars au 27 août 2017. Conches, Musée du verre, 32 cm, 80 p., ill., Bibliogr.

https://museeduverre.fr/sites/default/files/upload/dossier_de_presse_expo_vitrail_1.pdf

— BONY (Pascal), photos des vitraux de Jacques Bony en haute définition avec le procédé Gigapan

  http://gigapan.com/galleries/4218/gigapans

chœur de l'église d'Aunay-sur-Odon, 1951

http://gigapan.com/galleries/4218/gigapans/203571

Vitrail  de 1953 pour l'église de Choye (Haute-Saône), refuse car trop moderne. Vitrail abstrait

http://gigapan.com/galleries/4218/gigapans/169878

Vitraux de l'église Saint-Armel de Ploermel

http://gigapan.com/gigapans?tags=Ploermel

 

BONY (Pascal), mars 2020, "Jacques Bony peintre-verrier", vidéo.  Extraits de films présentant le peintre verrier Jacques Bony travaillant à la réalisation de vitraux avec les peintres Geneviève Asse et Pierre Lafoucrière.

https://www.youtube.com/watch?v=fbW5kTz81xU

BONY (Pascal), 2012, "Jacques Bony la Vierge de Boulogne". 

https://www.youtube.com/watch?v=rpBH14nYkdI

BONY (Pascal), 2017 Expo Hébert-Stevens Conches . Vidéo 

L'exposition sur l'atelier de vitraux "Hébert-Stevens", présentée au Musée du Verre de Conches en Ouche du 4 mars au 27 août 2017. Vitraux de Jean Hébert-Stevens, Pauline Peugniez, André Rinuy, Adeline Bony, Paul Bony et Jacques Bony. Présentation de Monsieur Eric Louet Conservateur du Musée du Verre de Conches-en-Ouche.

https://www.youtube.com/watch?v=VwyIsa86mqM

BONY (Pascal), 2017, "Vitrail Vernon 1976 ; Vitrail Sainte Geneviève Saint Jacques de la Collégiale de Vernon". Film super-huit. En 1976 Jacques Bony élabore dans son atelier le vitrail "Sainte Geneviève - Saint Jacques" destiné à la Collégiale de Vernon dans l'Eure.

https://www.youtube.com/watch?v=N_hFvXoBZvc

BONY (Pascal), 2017 , "Pauline Peugniez". Film réalisé en 16 m/m présentant des oeuvres de l'artiste Pauline Peugniez (1890 - 1987) à l'occasion de la rétrospective que lui a consacré le Salon d'Automne en 1990 au Grand Palais à Paris.

https://www.youtube.com/watch?v=yI28LmeQiYM

 

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur le Relecq-Kerhuon, in  Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://www.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/9903d7bdec041f2bee26eb26ce7db93e.pdf

FOND PAUL BONY et ADELINE HÉBERT-STEVENS

http://www.archivesnationales.culture.gouv.fr/camt/fr/egf/donnees_efg/2002_001/2002_001_INV.pdf

WIKIPEDIA, article MAUMÉJEAN

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maum%C3%A9jean

LE TÉLÉGRAMME

https://www.ouest-france.fr/bretagne/le-relecq-kerhuon-29480/le-relecq-kerhuon-des-travaux-de-restauration-des-vitraux-hauts-6430834

Après consultation pour la restauration des vitraux hauts de l’église, la ville a retenu l’atelier Le verre opaline de Valérie Salaun de Lanildut. Le montant des travaux se monte à 28 100 € TTC. Ils concernent les 25 baies hautes, l’oculus et le quadrilobe au-dessus du portail d’entrée ainsi que les vitraux historiés du transept. [...]

 

 —WIKIPEDIA

 La chapelle de Lossulien, qui date du xvie siècle, mais a servi un temps d'écurie, a été conservée. Le vitrail de la chapelle, réalisé en 1963 par Adeline Hebert-Stevens, montre Guillaume de Cornouaille lors de la première croisade, faisant vœu à Notre-Dame du Relec en Plounéour-Ménez de lui dédier une chapelle sur ses terres, à son retour.

Le Relecq-Kerhuon, manoir de Lossulien, verrière figurée de Paul Bony légendée « Kerguelen, 13 juin 1960 ».

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
8 juillet 2020 3 08 /07 /juillet /2020 10:10

Les  vitraux en grisaille (1542-1544) de la galerie de Psyché à Chantilly.

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Voir dans ce blog sur le mythe de Psyché :

 

 

Sur le château de Chantilly et son exposition François Ier, voir :

La liste de mes 225 articles sur les vitraux.

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PRÉSENTATION.

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Les 44 vitraux provenant du château d'Écouen.

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En 1518, le banquier siennois Agostino Chigi commande à Raphaël, pour la Loggia de la villa Farnésine à Rome, des décors peints d’après le mythe de Psyché. Raphaël réalise une fresque illustrant cette histoire mythique, et ses dessins deviennent la référence de tous les artistes suivants pour l’illustration des amours de Cupidon et de Psyché.

Inspirés de L’Âne d’or d’Apulée, ces vitraux témoignent de la passion de la Renaissance pour l’idéal d’amour, la mythologie et les jeux de symboles. Ce cycle en grisaille rehaussée de jaune d’argent, traité à la manière de Raphaël, constitue un ensemble très rare.

"Le château de Chantilly conserve un ensemble unique de quarante-quatre vitraux du XVIe siècle racontant l'histoire de Psyché.

 Ces vitraux ont été exécutés de 1542 à 1544 pour décorer la galerie du château d'Ecouen, construit par l'architecte Jean Bullant pour le Connétable Anne de Montmorency (1493-1567), compagnon d'armes et ministre du roi François Ier, puis du roi Henri II.

Les vitraux furent exécutés en grisaille et jaune d'argent par un maître verrier de l'Ecole de Fontainebleau ; ils s'inspirent des gravures exécutées en Italie par Agostino Veneziano et le Maître au Dé d'après des dessins attribués à Raphaël, mais dus probablement au flamand Michiel Coxcie. Les gravures étaient accompagnées de vers italiens qui furent traduits en français par Claude Chappuys, Antoine Héroët de La Maison-Neuve et Melin de Saint-Gelais.

Les vitraux d'Ecouen furent saisis à la Révolution et transportés au dépôt de l'hôtel de Nesle à Paris ; en mai 1796, Alexandre Lenoir les réclama pour le musée des Monuments Français à Paris et obtint l'autorisation le 24 thermidor an IV (1796). Les vitraux figurent dans les descriptions du musée, notamment en 1803. Après la Révolution et l'Empire, ils furent rendus en 1816 au prince Louis-Joseph de Bourbon-Condé (1756-1818), propriétaire d'Ecouen, et conservés au Palais-Bourbon en caisse ; son fils Louis-Henri-Joseph (1756-1830), duc de Bourbon, les légua en 1830 à son petit-neveu et filleul Henri d'Orléans duc d'Aumale (1822-1897) avec le château de Chantilly où les vitraux furent transportés le 19 novembre 1843. En 1847 le duc fit élever par l'architecte Félix Duban une galerie de bois dans la cour de la Capitainerie à Chantilly pour installer les vitraux ; la galerie accueillit alors vingt-huit vitraux. Endommagés par une tempête, quatre d'entre eux furent restaurés à Sèvres en mars 1847 sous l'autorité de Brongniart et Louis-Remy Robert.

Les vitraux furent envoyés en Angleterre en 1852 auprès du duc d'Aumale en exil à Twickenham et y restèrent jusqu'en 1876. Lors de la reconstruction de Chantilly après 1875, le duc d'Aumale fit construire par l'architecte Daumet l'actuelle galerie de Psyché pour présenter les vitraux ; en 1880 et 1881 le peintre décorateur Lechevallier-Chevignard coopérait à la restauration des vitraux qui fut réalisée de 1879 à 1883 par les maîtres verriers Lefèvre et Bardon. Le duc d'Aumale fit placer les vers français du XVIe siècle sous les vitraux. Les vitraux ont été restaurés en 2005 avec le soutien de la Fondation Gaz de France." Marina Rouyer 2009, http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?

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L'histoire représentée en sept tableaux : le Mythe de Psyché.

 

En 1469 paraît à Rome la première édition italienne de L’Âne d’or d’Apulée du IIe siècle, récit également connu sous le titre Les Métamorphoses. Une seconde édition paraît en 1488, et l’ouvrage s’impose comme une référence en matière artistique. Apulée y décrit l'histoire de Psyché du chapitre IV 28,1 au chapitre VI, 24,4) . En 1518, le banquier siennois Agostino Chigi commande à Raphaël, pour la Loggia de la villa Farnésine à Rome, des décors peints d’après le mythe de Psyché. Raphaël réalise une fresque illustrant cette histoire mythique, et ses dessins deviennent la référence de tous les artistes suivants pour l’illustration des amours de Cupidon et de Psyché.

 

"Un roi possède trois filles dont la plus jeune, Psyché, décourage ses prétendants par sa beauté divine. Le roi se rend devant l'oracle, qui lui prédit que Psyché ne pourra être mariée qu'à un monstre, qui viendra la chercher sur un rocher. En effet Vénus, jalouse de sa rivale, a chargé son fils, l'Amour, de lui trouver un mari immonde. Désespéré, le roi amène sa fille sur un rocher et la quitte. L'Amour en tombe amoureux, et charge le vent Zéphyr de déposer Psyché dans son palais. Une fois arrivée, celle-ci est accueillie par des servantes invisibles. La nuit, l'Amour fréquente sa couche, sans se faire voir d'elle, afin de ne pas provoquer la colère de sa mère, Vénus, pour lui avoir désobéi. Psyché invite ses deux soeurs au Palais de l'Amour. Jalouses, celles-ci convainquent Psyché de découvrir l'identité de son mari, lui assurant que celui-ci est un serpent venimeux. La nuit suivante, Psyché, attendant le sommeil de l'Amour, approche une lampe de son visage, et découvre son identité. Mais une goutte d'huile brûlante tombe sur le corps de l'Amour. Réveillé par la douleur, blessé par cette trahison, il s'enfuit. Psyché tente de le rattraper, en vain. Elle se rend à Vénus, afin de reconquérir l'Amour. Celle-ci lui impose une série d'épreuves, dont Psyché finira par triompher. Reconnue par les dieux, elle sera divinisée et un grand banquet célébrera leurs noces.
Episode 7 : Zéphyr, envoyé par l'Amour, soulève Psyché dans les airs puis la dépose doucement dans une prairie, au pied d'un arbre où elle s'endort. Dans la partie supérieure du vitrail, on retrouve la Léda d'un tableau du Primatice." 
Marina Rouyer 2009,  http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?

 

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La première fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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I. Une vieille femme chargée de surveiller Charite, capturée par des brigands en vu d'une rançon, lui raconte l'histoire de Psyché tout en filant. Le narrateur du récit L'Âne d'or, un aristocrate du nom de Lucius, transformé en âne au service des brigands, observe la scène.

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" Lucius apparaît au moment où, ayant déjà été enlevé et transformé en âne, il écoute la « Vieille » raconter l’histoire de Psyché à la jeune femme. Incapable de parole, Lucius ne peut qu’écouter le récit tout en étant séparé du groupe des deux femmes par le trait vertical du plomb encadrant les différents personnages. En outre, en haut du vitrail sont visibles des colonnes qui d’une part s’inspirent beaucoup de l’architecture italienne et, d’autre part, sont représentées plusieurs fois dans différents vitraux. Elles font référence au temple de l’Amour où Psyché sera par la suite emmenée. Enfin, aux pieds de la « Vieille » se trouve un chien à l’œil morne, qui semble lui aussi écouter l’histoire, la tête tristement posée sur une de ses pattes. Dans la tradition, le chien est un symbole de luxure ou de mélancolie. Il fait certainement allusion au sentiment de la jeune femme. On notera que la figure du chien est ici empruntée à une gravure de Dürer intitulée La Mélancolie (1514), où l’on retrouve la même posture de l’animal allongé de manière recroquevillée sur lui-même et situé aux pieds d’une femme" (J. Alves).

 

Icy récite Apulee ungne fable

Bien inventée & trop mieulx poursuivie

D ungne espouse elegante & amable

Par des bringans furtivement suivie

Qui fut le iour de ses noces ravies

Et lors la vieille ayant la garde d'elle

Pour divertir ung songe qui l'ennuye

Luy vinct compter de psyche la nouvelle.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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II. Parmi les trois filles d'un roi, l'une d'elle, Psyché, est d'une beauté exceptionnelle et provoque la jalousie de la déesse Vénus : elle charge son fils Amour de la venger.

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Il y avait une fois un roi et une reine qui avaient trois filles, toutes trois fort belles. Mais pour la beauté des deux aînées, quelque charmantes qu'elles fussent, on n'était pas en peine de trouver des formules de louange; tandis que celle de la cadette était si rare, si merveilleuse, qu'il y avait dans le langage humain disette de termes pour l'exprimer, ou même pour la louer dignement. Habitants du pays ou étrangers, que la curiosité de ce prodige attirait en foule, en perdaient l'esprit, dès qu'ils avaient contemplé cette beauté incomparable; ils portaient la main droite à la bouche, en croisant l'index avec le pouce, absolument dans la forme l'adoration sacramentelle du culte de Venus elle-même. Déjà dans les villes et pays circonvoisins un bruit se répand que la déesse née du sein de la profonde mer, et qu'on vit un jour sortir de l'écume des flots bouillonnants, daignait déroger à sa divinité jusqu'au point de se mêler à la vie des mortels. La terre, suivant d'autres, et non plus la mer, fécondée par je ne sais quelle influence génératrice des astres, avait fait éclore une Vénus nouvelle, une Vénus possédant encore la fleur de virginité.

Cette croyance fit en un instant des progrès incroyables. Des îles, elle gagna le continent, et de là, se propageant de province en province, elle devint presque universelle. Il n'était si grande distance, ni mer si profonde, que ne franchissent les curieux, apportant de toutes parts leur tribut d'admiration à la merveille du siècle. On oublie Paphos, on oublie Cnide; et Cythère elle-même ne voit plus dans ses parages de dévots navigateurs, empressés de jouir de la contemplation de la déesse. Les sacrifices s'arrêtent, les temples se dégradent, l'herbe croît dans les sanctuaires. Plus de cérémonies, plus de guirlandes aux statues : une cendre froide déshonore les autels désormais vides d'offrandes. C'est à la jeune fille que s'adressent les prières, c'est sous ses traits mortels qu'une divinité puissante est adorée. Le matin, lorsqu'elle sort de son palais, mêmes victimes, mêmes festins qu'en l'honneur de Vénus elle-même, dont on n'invoque plus le nom qu'en sacrifiant à une autre. La voit-on passer dans les rues, aussitôt le peuple de lui jeter des fleurs et de lui adresser des voeux.

"Cette impertinente attribution des honneurs divins à une simple mortelle alluma le plus violent dépit dans le coeur de la Vénus véritable. Ne pouvant contenir son indignation, elle secoue en frémissant la tête, et, du ton d'une fureur concentrée : Quoi ! se dit-elle, à moi, Vénus, principe vivifiant de toutes choses, d'où procèdent les éléments de cet univers, à moi, l'âme de la nature, une souveraineté partagée avec une fille des hommes ! Mon nom, si grand dans le ciel, là-bas serait profané par un caprice humain ! Il ferait beau me voir avec cette divinité en commun, ces honneurs de seconde main ! attendant des vœux qui pourraient se tromper d'adresse ! Une créature périssable irait promener sur la terre l'image prétendue de Vénus ! Vainement donc, par une sentence dont le grand Jupiter lui-même a reconnu la justice, le fameux berger de l'Ida aura proclamé ma prééminence en beauté sur deux des premières déesses ! et l'usurpatrice de mes droits jouirait en paix de son triomphe ! Non, non; elle payera cher cette insolente beauté.

"Aussitôt elle appelle son fils, ce garnement ailé qui ne respecte ni morale, ni police, qui se glisse chez les gens comme un voleur de nuit, avec ses traits et son flambeau, cherchant partout des ménages à troubler, du mal à faire, et ne s'avisant jamais du bien. Le vaurien n'est que trop enclin à nuire; sa mère vient encore l'exciter. Elle le conduit à la ville en question, lui montre Psyché (c'était le nom de la jeune princesse),  et de point en point lui fait l'historique de l'odieuse concurrence qu'on ose faire à sa mère. Elle gémit, elle pleure de rage : Mon fils, dit-elle, je t'en conjure, au nom de ma tendresse, par les douces blessures que tu fais, par cette flamme pénétrante dont tu consumes les cœurs, venge ta mère; mais venge-la pleinement, que cette audacieuse beauté soit punie. C'est la grâce que je te demande et qu'il faut m'accorder : avant tout, qu'elle s'enflamme d'une passion sans frein pour quelque être de rebut; un misérable qui n'ait honneur, santé, feu ni lieu, et que la fatalité ravale au dernier degré d'abjection possible sur la terre." (Apulée)

 

 

Un Roy et Royne ont trois filles bien nées

Et toute trois d'excellente beauté.

Les deux en sont heureusement ornées

Mais la plus ieune a les pris emporté

Car au visage eut tant de deite

Que pour Venus maint peuple l'adora

Venus contre elle a amour irrité.

Et par amour d'elle se vengera.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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III. À l'inverse de ses sœurs, qui se sont mariés, Psyché est trop belle pour trouver un époux : ses parents se font beaucoup de souci.

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"Psyché cependant n'en était pas plus avancée avec sa beauté merveilleuse. Personne qui n'en soit frappé, personne qui ne la vante; mais personne aussi, roi, prince ou particulier, qui se présente comme époux. On admire ses formes divines comme on admire le chef-d'oeuvre d'art statuaire. Ses deux soeurs, beautés nullement insolites, et qui n'avaient point fatigué la renommée, trouvent des rois pour partis, font toutes deux de brillants mariages. Psyché reste non pourvue dans la maison paternelle, pleurant la solitude où on la laisse : sa santé en souffre, son humeur s'en aigrit; idole de l'univers, sa beauté lui devient odieuse." (Apulée)

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Ses deux sœurs sont proveues haultement

Et d'aultant mieulx que moins ont eu de bruit

Psyché de tous louée grandement

Demeure seule, et nul ne la poursuit

Beaulté quy deut plus ayder plus luy nuit

Et son grant heur la vend très malheureuse

Sa fleur flestrit et dessèche sans fruit

Par quoy vivoit à soy mesme odieuse.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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IV. Le papa dépité consulte un oracle. Mauvaise pioche : Psyché doit être exposée au désir d'un monstre. On voit ici les animaux offerts en sacrifice.

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"Si la fille est infortunée, le père est au désespoir. Il soupçonne quelque rancune d'en haut; et, craignant sur toute chose le courroux des dieux, il va consulter l'oracle antique du temple de Milet. Un hymen, un mari, c'est tout ce qu'il demande pour la vierge délaissée. Apollon, bien que Grec, et Grec d'lonie, du fait de celui qui fonda son culte à Milet, rend, en bon latin, la réponse que voici:

Qu'en ses plus beaux atours la vierge abandonné
Attende sur un roc un funèbre hyménée.
Son époux d'un mortel n'a pas reçu le jour :
Il a la cruauté, les ailes du vautour;
Il déchire les coeurs, et tout ce qui respire
Subit, en gémissant, son tyrannique empire.
Les dieux, dans leur Olympe, ont tous porté ses fers,
Et le Styx contre lui défend mal les enfers." (Apulée

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Le roy son père estonné et marry

Vient à l'oracle & sacrifie aux dieux

En demandant pour sa fille ung mary

On luy repond Psyché doit pour le mieulx

Avoir espoux quy soit venu des cieulx

Et sur ce mont avec le mortuaire

La faut mener sans habit precieux

Au dieu quy volle & n'a bien qu'a mal faire.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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V. La reine espérait mieux : elle sursaute sur son trône, tandis que le peuple pleure,... et que les sœurs échangent un regard satisfait.

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"Quand l'oracle eut ainsi parlé, le monarque, autrefois heureux père, revint fort triste sur ses pas, et avec assez peu d'empressement de revoir sa famille. Cependant il se décide à faire part à la reine de l'ordre du destin. Pendant plus d'un jour on gémit, on pleure, on se lamente; mais il faut se soumettre à l'arrêt fatal. Déjà se font les apprêts de l'hymen lugubre. Le flambeau nuptial jette une flamme noirâtre, et se charbonne au lieu de briller; la flûte zygienne ne donne que les notes dolentes du mode lydien; on entonne un chant d'hyménée qui se termine en hurlements lamentables. La jeune fille essuie ses larmes avec son voile de mariage. La fatalité qui s'appesantit sur cette maison excite la sympathie de toute la ville. Un deuil public est proclamé." (Apulée)

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Cette response a leu y redoublé

et ses parens ont mené tel deuil

Que le palais roial est tout troublé

le peuple crie & iecte larmes d'œil.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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VI. On mène en procession Psyché en haut de la montagne.

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"  Mais l'ordre du ciel n'en appelle pas moins la victime au supplice inévitable; le lugubre cérémonial se poursuit au milieu des larmes, et la pompe funèbre d'une personne vivante s'achemine, escortée d'un peuple entier. Psyché assiste non plus à ses noces, mais à ses obsèques; et tandis que le désespoir des auteurs de ses jours hésite à consommer l'affreux sacrifice, elle les encourage en ces mots : Pourquoi noyer dans des pleurs sans fin votre vieillesse infortunée ? Pourquoi épuiser par vos sanglots le souffle qui vous anime, et qui m'appartient aussi ? Pourquoi ces inutiles larmes qui déforment vos traits vénérables ? vos yeux qu'elles brûlent sont à moi. Cessez d'arracher vos cheveux blancs, cessez de meurtrir, vous, votre poitrine auguste, et vous, ces saintes mamelles qui m'ont nourrie. Voilà donc tout le fruit que vous aurez recueilli de ma beauté ! Hélas ! frappés à mort par le ressentiment d'une divinité jalouse, trop tard vous en sentez le coup. Quand les peuples et les nations me rendaient les divins honneurs, quand un concert universel me décernait le nom de seconde Vénus; ah ! c'était alors qu'il fallait gémir et pleurer sur moi, car, dès ce moment, votre fille était morte pour vous. Oui, je le vois, je le sens, c'est ce nom de Vénus qui m'a perdue. Allons, qu'on me conduise à ce rocher où mon sort veut que je sois exposée. Il me tarde de conclure ce fortuné mariage, de voir ce noble époux à qui je suis destinée. Pourquoi différer ? A quoi bon éviter l'approche de celui qui naquit pour la ruine de l'univers entier ?

Ainsi parle la jeune fille. Puis, sans un mot de plus, elle se mêle d'un pas ferme au cortège qui la conduit. On arrive au sommet du rocher indiqué, qui se dresse au-dessus d'une montagne escarpée; on y place Psyché, et on l'y laisse seule. La foule se retire, abandonnant les torches nuptiales, dont elle éteint la flamme dans des flots de ses larmes. Ainsi se termine la cérémonie, et chacun, la tête baissée, regagne tristement sa demeure. Quant aux infortunés parents que ce malheur accable, ils vont s'enfermer au fond de leur palais, et se condamnent à ne plus revoir la lumière ." (Apulée)

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Voyant Psiché conduite à tel aceuil

Qui neantmoins les assistans conforte

Ses noces sont obseques & cercueil

Encore vin--- a nom de femme morte.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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VII. Miracle ! le souffle du Zéphyr la soulève puis la dépose sur un gazon près d'une fontaine.

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"Cependant la solitude rend à Psyché toutes ses craintes; ses larmes recommencent à couler, quand tout à coup elle se sent caressée par le souffle amoureux du Zéphyr, qui d'abord fait seulement onduler les deux pans de sa robe. Le vent en gonfle peu à peu les plis. Insensiblement Psyché se voit soulevée dans l'air, et enfin transportée sans secousse du sommet d'un rocher dans un vallon, où la belle se trouve mollement assise sur un gazon fleuri." (Apulée)

Le doux zephyre enfle son vestement

Et la soufflée ou fortune la maine

Après avoir reposé doulcement

Elle aperceut le bois & la fontaine.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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VIII. Dans un palais enchanté, un banquet lui est servi. La  voix de l'invisible amant dit à Psyché d'aller prendre son bain.

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"Déposée avec précaution sur une pelouse épaisse et tendre, Psyché s'étend voluptueusement sur ce lit de fraîche verdure. Un calme délicieux succède au trouble de ses esprits, et bientôt elle s'abandonne aux charmes du sommeil. Le repos rétablit ses forces, et au réveil la sérénité lui était revenue. Elle voit un bois planté de grands arbres, d'un épais couvert; elle voit une fontaine dont l'onde cristalline jaillit au centre même du bocage. Non loin de ses bords s'élève un édifice de royale apparence; construction où se révèle la main, non d'un mortel, mais d'un divin architecte. On y reconnaît dès le péristyle le séjour de plaisance de quelque divinité. Des colonnes d'or supportent une voûte lambrissée d'ivoire et de bois de citronnier, sculptée avec une délicatesse infinie. Les murailles se dérobent sous une multitude de bas-reliefs en argent, représentant des animaux de toute espèce, qui semblent se mouvoir et venir au-devant de vos pas. Quel artiste, quel demi-dieu, quel dieu plutôt, a pu jeter tant de vie sur tout ce métal inerte ? Le sol est une mosaïque de pierres précieuses, chargées des tableaux les plus variés. O sort à jamais digne d'envie ! marcher sur les perles et les diamants ! À droite et à gauche, de longues suites d'appartements étalent une richesse qui défie toute estimation. Les murs, revêtus d'or massif, étincellent de mille feux. Au refus du soleil, l'édifice pourrait sécréter un jour à lui, tant il jaillit d'éclairs des portiques, des chambres et des parois mêmes des portes. L'ameublement répond à cette magnificence : tout est céleste dans ce palais. On dirait que Jupiter, voulant se mettre en communication avec les mortels, se l'est élevé comme pied-à-terre.

Psyché s'approche, attirée par le charme de ces beaux lieux, et bientôt elle s'enhardit à franchir le seuil. De plus en plus ravie de ce qu'elle voit, elle promène son admiration de détail en détail, passe aux étages supérieurs, et y reste en extase à la vue d'immenses galeries où s'entassent trésors sur trésors. Ce qu'on ne trouve pas là n'existe nulle part sur terre. Mais ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est qu'à cette collection des richesses du monde entier on ne voit fermeture, défense, ni gardien quelconque.

"Tandis que Psyché ne peut se rassasier de cette contemplation, une voix invisible vient frapper son oreille : Pourquoi cet étonnement, belle princesse ? Tout ce que vous voyez est à vous. Voilà des lits qui vous invitent au repos, des bains à choisir. Les voix que vous entendez sont vos esclaves : disposez de nos services empressés. Un royal banquet va vous être offert, après les premiers soins de la personne, et ne se fera pas attendre." (Apulée)

 

 

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Près d'un palais faict de main plus qu'humaine

Ou une voix sans rien voir entendit

Vas te baigner Psiché et sois certaine

D'avoir icy tout pouvoir & crédit.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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IX. Psyché entre dans le bain où elle est lavée par trois servantes. Deux putti écartent les tentures du lit...

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"Psyché vit bien qu'elle était devenue l'objet d'une sollicitude toute divine. Docile aux avis du conseiller invisible, elle se met au lit; puis elle entre dans un bain, dont l'influence eut bientôt dissipé toute fatigue." (Apulée)

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Elle obeyt à la voix insidieuse

Croyant que c'est des dieux la volonté

Et c'est au baing lavée toute nue

N'y voyant rien de mal à s'en apreste.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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X. Les trois servantes s'empressent à sa toilette ; on la coiffe, on la parfume, on la choie.

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Sans s'esbahir de telle nouveaulté

Son chef aussy a voulu perfumer

d'odeurs remplis de grande suavité

Pendant quand vit son cœur allumer.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XI. Un festin lui est servi, accompagné de musiciens.

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 "Une table en hémicycle se dresse auprès d'elle. C'est son dîner sans doute qu'on va servir : sans façon elle y prend place. Les vins les plus délicieux, les plats les plus variés et les plus succulents se succèdent en abondance. Nul serviteur ne paraît. Tout se meut comme par un souffle. Psyché ne voit personne; elle entend seulement des voix : ce sont ces voix qui la servent. Après un repas délectable, un invisible musicien se met à chanter, un autre joue de la lyre : on ne voit ni l'instrument ni l'artiste. Un concert de voix se fait entendre; c'est l'exécution d'un choeur sans choristes." (Apulée)

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Ung peu après revêtue et coiffée

Elle sasiée & n'aperçoit personne

La table fut de tous metz estoffée

& ung accord de plusieurs voix résonnent

Qui la récrée & grand plaisir luy donne

Mais poinct ne saict s'il ay a trahyson

Ne cy amour pour son – l'environne

Ne si c'est miel ou si c'est du poison.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XII. Elle couche avec l'homme  invisible et devient madame X.

 

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"Enfin, au milieu de tant de plaisirs, le soir vient; et Psyché, que l'heure invite au repos, se retire dans son appartement. Déjà la nuit avançait; un bruit léger vient frapper son oreille : la jeune vierge s'inquiète alors de sa solitude. Sa pudeur s'alarme, elle frémit, elle craint d'autant plus qu'elle ignore; mais déjà l'époux mystérieux est entré, il a pris place, et Psyché est devenue sa femme. Aux premiers rayons du jour il a disparu. " (Apulée)

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Quant il fut nuyt & le lit bien paré,

Psiché se couche. Amour la vient chercher

& laissant trousse & dard bien acéré

Entre ses bras nud à nud va coucher

Qui l'eust alors gardé de luy toucher

Il luy promet & iure grant serment

D'estre à jamais le sien espoux tres cher

Dont prise fut : mais voluntairement

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Troisième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIII. D'invisibles servantes la recoiffent, la re-parfument et la re-choient : elle est comblée.

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"Aussitôt les voix sont là pour prêter leur ministère à l'épouse d'une nuit et panser de douces blessures.

Le temps s'écoule cependant, et chaque nuit ramène la même scène. Par un effet naturel, Psyché commence à se faire à cette singulière existence; l'habitude lui en semble douce; et le mystère de ces voix donne de l'intérêt à sa solitude." (Apulée)

Puis de dormir non d'aimer assouvie

Le tour venu, estant Amoure voie

Elle est de gens invisibles servie

Et tost s'acoutre et entre dueil et ioye.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIV. Psyché mesure la fidélité de son mari à l'aulne des richesses qu'il lui offre.

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Compte à part soye les biens qu'amour envoye

Et se maintient sur toutes bien heurée

Croiant qu'amour iamais ne se desvoye

Et que sa foy est ferme et asseurée.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XV. L'arrivée des deux jalouses transportée par le fidèle Zéphyr. Et c'est Psyché qui les réclame !

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"Cependant les malheureux parents usaient leurs vieux jours dans une douleur sans fin. L'aventure de Psyché avait fait du bruit, et la renommée l'avait fait parvenir aux oreilles de ses soeurs aînées. Toutes deux, le cœur serré, et la douleur peinte sur le visage, avaient quitté leurs foyers, empressées d'aller chercher la présence et l'entretien de leurs vieux parents.

La nuit même de leur arrivée, l'époux eut avec Psyché la conversation suivante : Ma Psyché, ma compagne adorée, la cruelle Fortune te prépare la plus périlleuse des épreuves. Ta prudence, crois-moi, ne saurait être trop éveillée. On te croit morte, et tes deux soeurs, affligées de ta perte, sont déjà sur ta trace. Elles vont venir au pied de ce rocher. Si leurs lamentations arrivent jusqu'à ton oreille, garde-toi de leur répondre, de leur donner même un coup d'oeil. Sinon, il en résultera pour moi les plus grands chagrins, pour toi les plus grands malheurs. Psyché parut se résigner, et promit obéissance. Mais l'époux n'eut pas plutôt disparu avec les ténèbres, qu'elle se lamente, et toute la journée se passe en pleurs et en gémissements. C'est maintenant qu'elle est perdue, puisque ces beaux lieux ne sont qu'une prison pour elle, puisque désormais, sevrée de tout commerce humain, elle ne peut rassurer ses soeurs désolées, et qu'elle n'a pas même la consolation de les voir.  Elle néglige le bain, ne prend aucune nourriture, et se refuse à toute distraction. Ses pleurs n'avaient pas cessé de couler, quand elle se retira pour se mettre au lit.

Son mari est à ses côtés plus tôt que de coutume; et l'embrassant tout éplorée : Ma Psyché, dit-il, est-ce là ce que tu m'avais promis ? Ton époux n'a-t-il rien à attendre, rien à espérer de toi ? Quoi donc ! toujours gémir, et le jour et la nuit, et jusque dans mes bras ? Eh bien ! satisfais ton envie, contente un désir funeste: mais rappelle-toi mes avis, lorsque viendra (trop tard hélas !) le moment du repentir. Psyché le presse, Psyché l'implore : il y va, dit-elle, de sa vie. Enfin elle l'emporte. Elle verra ses soeurs, elle pourra les consoler, s'épancher avec elles. L'époux accorde tout aux prières de la jeune épouse. Il va plus loin; il lui permet de combler à discrétion ses soeurs et d'or et de bijoux.Mais il lui interdit à plusieurs reprises, et sous les plus terribles conséquences, de jamais chercher à voir sa figure, au cas où ses soeurs lui en donneraient le conseil pernicieux. Cette curiosité sacrilège la précipiterait du faîte du bonheur dans un abîme de calamités, et la priverait à jamais de ses embrassements.

Psyché remercie son époux, et, dans un transport de joie: Ah ! dit-elle, plutôt cent fois mourir que de renoncer à cette union charmante ! car je t'aime, qui que tu sois; oui, je t'aime plus que ma vie. Cupidon lui-même me paraîtrait moins aimable. Mais, de grâce, encore une faveur. Ordonne à ton familier Zéphyr d'amener mes soeurs ici, comme il m'y a transportée moi-même. Elle prodigue en même temps à son époux les baisers, les mots tendres; et l'enlaçant des plus caressantes étreintes : Doux ami, disait-elle, cher époux, âme de ma vie... C'en est fait, Vénus sera vengée. L'époux cède, non sans regret; tout est promis, et l'approche du jour le chasse encore des bras de Psyché." (Apulée)

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"Les deux soeurs cependant se sont fait indiquer le rocher et la place même où Psyché a été abandonnée. Elles y courent aussitôt. Les pleurs inondent leurs yeux; elles se frappent la poitrine, et l'écho renvoie au loin leurs lamentations. Elles appellent par son nom leur soeur infortunée. Du haut de la montagne, leurs cris déchirants vont retentir jusqu'aux oreilles de Psyché dans le fond de la vallée. Son cœur palpite et se trouble; elle sort éperdue de son palais. Pourquoi cette douleur et ces lamentations, s'écria-t-elle ? La voilà celle que vous pleurez; cessez de gémir, séchez vos pleurs. Il ne tient qu'à vous d'embrasser celle qui les cause. Alors elle appelle Zéphyr, et lui transmet l'ordre de son époux. Aussitôt, serviteur empressé, Zéphyr, d'un souffle presque insensible, enlève les deux soeurs, et les transporte auprès de Psyché. On s'embrasse avec transport, mille baisers impatients se donnent et se rendent. Aux larmes de la douleur succèdent les larmes que fait couler la joie. Allons, dit-elle, entrons dans ma demeure : plus de chagrin; il faut se réjouir, puisque votre Psyché est retrouvée." (Apulée)

 

 

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En ce palais ses sœurs plaines d'envye

Dessus les vents descendent doulcement

Pour descouvrir la bienheureuse voye

Qu'amour vouloit mener couvertement.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XVI. L'innocente Psyché, en se confiant à ses sœurs, attise leur jalousie.

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"Elle dit, et se plaît à étaler à leurs yeux les splendeurs de son palais d'or, à leur faire entendre ce peuple de voix dont elle est obéie. Un bain somptueux leur est offert, puis un banquet qui passe en délices tout ce dont l'humaine sensualité peut se faire idée. Si bien que, tout en savourant à longs traits l'enivrement de cette hospitalité surnaturelle, les deux soeurs commencent à sentir la jalousie qui germe au fond de leurs jeunes coeurs." (Apulée)

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Psiché leur feist gracieux traictement

Mais par acceueil & trezors préférez

Impocible est d'appaiser le tourment

Que faict envie en saintes volontéz.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XVII. Les sœurs mielleuses conseillent à Psyché de couper la tête de son amant : c'est, disent-elles, un serpent !

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"L'une d'elles à la fin presse Psyché, et ne tarit pas de questions sur le possesseur de tant de merveilles. Qui est ton mari ? comment est-il fait ? Fidèle à l'injonction conjugale, celle-ci se garde bien de manquer au secret promis. Une fiction la tire d'affaire. Son mari est un beau jeune homme, dont le menton se voile d'un duvet encore doux au toucher. La chasse est son occupation habituelle; il est toujours par monts et par vaux. Et, pour couper court à une conversation où sa discrétion pourrait à la longue se trahir, elle charge ses deux soeurs d'or et de bijoux, appelle Zéphyr, et lui enjoint de les reconduire où il les a prises. Aussitôt dit, aussitôt fait." (Apulée)

Qui recepvez amoureuses doulceurs

Et les loyers d'ung labeur endure

Ne vous fiez en freres ni en sceurs

Ni en consceil d'un ami pariure.

Voyez les seurs devisage asseuré

Faindre qu'Amour est serpent deshonneste

Psyché le crut & de cueur coniuré

Délibéra de lui trencher la teste

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XVIII. Quatre temps : 1. Psyché se pique à la flêche d'Eros et tombe amoureuse ; 2. Elle éclaire Amour et découvre sa beauté. 3. Sa main tremble et l'huile de la lampe en coulant vient réveiller le bel amant ; 4. Il s'enfuit par la fenêtre : elle l'a trahi, elle ne le reverra plus ! 

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"Psyché reste livrée à elle-même, c'est-à-dire obsédée par les Furies. Le trouble de son coeur est celui d'une mer orageuse. Son dessein est arrêté, elle s'y obstine; et ses mains déjà s'occupent des sinistres préparatifs, que son âme doute et flotte encore. Les émotions s'y combattent : Tour à tour elle veut et ne veut pas, menace et tremble, s'emporte et mollit. Pour tout dire en un mot, dans le même individu elle déteste un monstre, elle adore un époux. Cependant le soir est venu; la nuit va suivre. Elle s'occupe à la hâte des préliminaires du forfait.

Il est nuit. L'époux est à son poste. Il livre un premier combat, prélude de sa campagne nocturne, puis s'endort d'un sommeil profond.

La force abandonne alors Psyché; le cœur lui manque. Mais le sort a prononcé, le sort est impitoyable, son énergie revient. Elle avance la lampe, saisit son poignard. Adieu la timidité de son sexe. Mais à l'instant la couche s'illumine, et voilà ses mystères au grand jour. Psyché voit (quel spectacle !) le plus aimable des monstres et le plus privé, Cupidon lui-même, ce dieu charmant, endormi dans la plus séduisante attitude. Au même instant la flamme de la lampe se dilate et pétille, et le fer sacrilège reluit d'un éclat nouveau. Psyché reste atterrée à cette vue, et comme privée de ses sens. Elle pâlit, elle tremble, elle tombe à genoux. Pour mieux cacher son fer, elle veut le plonger dans son sein; et l'effet eût suivi l'intention, si le poignard, comme effrayé de se rendre complice de l'attentat, n'eût échappé soudain de sa main égarée. Elle se livre au désespoir; mais elle regarde pourtant, et regarde encore les traits merveilleux de cette divine figure, et se sent comme renaître à cette contemplation. Elle admire cette tête radieuse, cette auréole de blonde chevelure d'où s'exhale un parfum d'ambroisie, ce cou blanc comme le lait, ces joues purpurines encadrées de boucles dorées qui se partagent gracieusement sur ce beau front, ou s'étagent derrière la tête, et dont l'éclat éblouissant fait pâlir la lumière de la lampe. Aux épaules du dieu volage semblent pousser deux petites ailes, d'une blancheur nuancée de l'incarnat du coeur d'une rose. Dans l'inaction même, on voit palpiter leur extrémité délicate, qui jamais ne repose. Tout le reste du corps joint au blanc le plus uni les proportions les plus heureuses. La déesse de la beauté peut être fière du fruit qu'elle a porté.

Au pied du lit gisaient l'arc, le carquois et les flèches, insignes du plus puissant des dieux. La curieuse Psyché ne se lasse pas de voir, de toucher, d'admirer en extase les redoutables armes de son époux. Elle tire du carquois une flèche, et, pour en essayer la trempe, elle en appuie le bout sur son pouce; mais sa main, qui tremble en tenant le trait, imprime à la pointe une impulsion involontaire. La piqûre entame l'épiderme, et fait couler quelques gouttes d'un sang rosé. Ainsi, sans s'en douter, Psyché se rendit elle-même amoureuse de l'Amour. De plus en plus éprise de celui par qui l'on s'éprend, elle se penche sur lui la bouche ouverte, et le dévore de ses ardents baisers. Elle ne craint plus qu'une chose, c'est que le dormeur ne s'éveille trop tôt.

Mais tandis qu'ivre de son bonheur, elle s'oublie dans ces transports trop doux, la lampe, ou perfide, ou jalouse, ou (que sais-je ?) impatiente de toucher aussi ce corps si beau, de le baiser, si j'ose le dire, à son tour, épanche de son foyer lumineux une goutte d'huile bouillante sur l'épaule droite du dieu. O lampe maladroite et téméraire ! ô trop indigne ministre des amours ! faut-il que par toi le dieu qui met partout le feu connaisse aussi la brûlure ! par toi, qui dus l'être sans doute au génie de quelque amant jaloux des ténèbres, et qui voulait leur disputer la présence de l'objet adoré !

Le dieu brûlé se réveille en sursaut. Il voit le secret trahi, la foi violée, et, sans dire un seul mot, il va fuir à tire d'aile les regards et les embrassements de son épouse infortunée." (Apulée)

 

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Le glaive prest tenant la lampe ardante

Psyché venoit pour tuer le serpent

Congneut Amour le voyant e se repent

Et curieuse ung peu plus que contente

 

Picque son doyt à une fleche poygnante

Puis à revoir ce petit dieu revient

Lequel brûle par huile estincellante

S'esveille & part elle en vain le retient

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIX.  Le retour du septième ciel est cruel : elle veut se suicider, mais le fleuve la sauve.

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"Psyché prosternée sur la terre suivit longtemps des yeux son époux dans l'espace, tout en le rappelant par ses cris lamentables; et quand un vol rapide l'eut élevé à perte de vue, elle se lève, et court se précipiter dans un fleuve voisin :  mais le fleuve eut compassion de l'infortunée, et, par respect pour le dieu qui fait enflammer même les ondes, par crainte peut-être, il la soulève sur ses flots, et la dépose pleine de vie sur le gazon fleuri de ses rivages." (Apulée)

En terre cheutée triste et – le conduit

Puis se gettant dens l'eau de haulte rive

Veult qu'une mort de tant de maulx la prive

Sa volunté le doulx fleuve esconduit

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XX. Elle rencontre le dieu Pan ; il lui conseille d'implorer Cupidon.
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"Le rustique dieu Pan se trouvait là par hasard, assis sur la berge. Il tenait entre ses mains ces roseaux qui furent jadis la nymphe Canna, et les faisait résonner sur tous les tons; son troupeau capricieux folâtrait, en broutant çà et là l'herbe du rivage.  Le dieu chèvre-pied, apercevant la belle affligée, dont l'aventure ne lui était pas inconnue, l'invite à s'approcher, et lui adresse quelques mots de consolation :  "Ma belle enfant, je ne suis qu'un gardeur de chèvres, un peu rustre, il est vrai, mais j'ai beaucoup vécu et acquis raisonnablement d'expérience; or, si je sais bien former mes conjectures (ce que les gens de l'art appellent être devin), cette démarche égarée et chancelante, cette pâleur universelle, ces continuels soupirs, et surtout ces yeux noyés dans les larmes, tout cela me dit que vous souffrez du mal d'amour.  Croyez-en mon conseil, renoncez à chercher la mort dans les flots ou par toute autre voie; séchez vos pleurs, défaites-vous de cet air chagrin, offrez vos prières avec ferveur au grand dieu Cupidon, et, comme c'est un enfant gâté, sachez le prendre et flatter ses fantaisies." Ainsi parla le dieu pasteur. Psyché ne répondit rien; elle s'inclina devant le dieu, et se mit en marche." (Apulée)

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Qui d'une part en l'aultre la conduit

Où Pan chantoit lequel de bonne sorte

A luy compter ses fortunes l'induit

Mais rien qu'amour d'amour ne la conforte.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXI. Elle retrouve ses sœurs et leur fait croire qu'Amour les désire !

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" Après avoir longtemps et péniblement erré à l'aventure, elle se trouve dans un sentier en pente, qui la mène inopinément à la ville où régnait le mari d'une de ses soeurs. Aussitôt qu'elle en fut informée, elle fait annoncer sa venue. Elle est introduite, et, après les baisers et les politesses d'usage, on lui demande son histoire. Psyché commence ainsi :  Il vous souvient du conseil que vous me donnâtes, d'accord avec notre autre soeur. Abusée, disiez-vous, par un monstre qui venait, se donnant pour mari, passer les nuits avec moi, il fallait, sous peine de servir de pâture à cette bête vorace, le frapper d'un poignard à deux tranchants, et j'y étais bien décidée;  mais lorsque, toujours par votre conseil, j'approchai la lampe qui devait me découvrir ses traits, quel divin spectacle vint s'offrir à mes regards charmés ! c'était le fils de la déesse Vénus, Cupidon lui-même, endormi d'un paisible sommeil.  Éperdue, ivre de volupté, je cédais au délire de mes sens.  Tout à coup, ô douleur ! une goutte d'huile brûlante tombe sur son épaule; il se réveille en sursaut; et, voyant dans mes mains le fer et la flamme : Va, me dit-il, ton crime est impardonnable. Sors à jamais de mon lit; plus rien de commun entre nous. C'est ta soeur (et il prononça votre nom) que je veux désormais pour épouse. Il dit, et, sur son ordre, le souffle de Zéphyr me transporte hors du palais." (Apulée)

 

 

Elle pensant qu'à chacun fust permis

Venger le tort que font les envieuses

En ruinant amyes et amys

Par trahison & façons odieuses.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXII. La punition des sœurs. Bien fait pour elles!

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"Psyché n'avait pas fini de parler, qu'enivrée du succès de sa ruse, sa soeur brûle d'en recueillir les coupables fruits. Pour tromper son mari, elle feint qu'on vient de lui apprendre la mort de ses parents, s'embarque en toute hâte, et fait voile vers le rocher.  Zéphyr ne soufflait pas alors; mais, dans l'espoir qui l'aveugle : Cupidon, dit-elle, reçois une épouse digne de toi; et toi, Zéphyr, soutiens ta souveraine ! Et soudain elle s'élance de plein saut.  Mais elle ne peut même arriver morte où elle voulait aller; car les saillies des rocs se renvoyèrent les débris de ses membres, et, par un sort trop mérité, les lambeaux dispersés de son corps devinrent à moitié chemin la pâture des bêtes féroces et des oiseaux de proie.

 L'autre punition ne tarda guère. Psyché, continuant sa course vagabonde, arriva dans la ville où résidait sa seconde soeur.  Celle-ci, dupe de la même fiction, et rêvant comme sa devancière le criminel honneur de supplanter sa cadette, courut vite au rocher et y trouva même fin." (Apulée)

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Rend ses deux sœurs d'amour tant amoureuses

Et le danger du lieu tant dissimule

Quy revoler cuidoient les malheureuses

Mais mort s'approche et e-ent se recule.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIII. Une mouette avertit Vénus : Cupidon n'a pas respecté ses ordres.

 

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"Pendant que Psyché courait ainsi le monde à la recherche de Cupidon, Cupidon, malade de sa brûlure, gémissait couché sur le lit même de sa mère.  Or, cet oiseau blanc qui rase de l'aile la surface des mers, plongeant dans les profondeurs de l'Océan, va trouver Vénus,  qui se baignait en se jouant au milieu des flots. Il lui annonce, en l'abordant, que son fils s'est fait une grande brûlure, dont la guérison est incertaine. (4) Il ajoute que les bruits les plus fâcheux se répandent sur elle et sur sa famille : La mère et le fils, disait-on, ne sont plus occupés, l'un que d'une intrigue d'amour sur une montagne, et l'autre que du plaisir de nager au fond des mers.  Adieu la volupté, adieu les grâces, adieu les jeux et les ris. Tout s'enlaidit, se rouille, s'assombrit dans la nature; plus de tendres noeuds, de commerce d'amitié, d'amour filial. Le désordre règne; ce n'est plus qu'une dissolution générale, un affreux dégoût de tout ce qui entretient l'union et fait le charme de la vie.  La volatille babillarde n'oublia rien dans son rapport de ce qui pouvait irriter Vénus contre son fils.  Ah ! dit la déesse irritée, mon bon sujet de fils a fait une maîtresse ! Voyons, toi, seule créature qui me montres du zèle, dis-moi le nom de la femme assez osée pour faire les avances à un enfant de cet âge. Est-ce une des Heures, une Nymphe, une Muse, ou l'une des Grâces de ma suite ? (8) L'oiseau jaseur n'eut garde de se taire. Maîtresse, je ne sais trop, répondit-il; mais il y a de par le monde une jeune fille du nom de Psyché, si je ne me trompe, dont on le dit passionnément épris.  Qui ? s'écria Vénus tout à fait outrée, cette Psyché qui se mêle d'être aussi belle que moi ? qui s'ingère de porter mon nom ? C'est celle-là qu'il aime ? Ce marmot, apparemment, s'est servi de moi comme entremetteuse ! c'est moi qui lui aurai mis le doigt sur cette donzelle !

 Tout en grondant, elle sort précipitamment des ondes, et se dirige vers la couche d'or où repose le dieu malade. De la porte, elle lui crie de sa plus grosse voix :  Belle conduite, en vérité, pour un enfant discret et sage ! Est-ce là le cas que vous faites des ordres d'une mère, d'une souveraine ? Au lieu de livrer mon ennemie à d'ignobles amours,  vous osez, enfant libertin, lui prodiguer vos caresses précoces, et chercher dans ses bras des plaisirs défendus à votre âge ! Vous prétendez m'imposer pour bru la femme que je déteste ! Ah çà, croyez-vous, petit drôle, séducteur avorton, enfant insupportable, que seul vous soyez en état d'avoir lignée et que moi je sois hors d'âge ? Oh bien !  Sachez que je veux avoir un fils qui vous remplacera, et qui vaudra mieux que vous. Tenez, afin que l'affront soit plus sensible, j'adopterai quelqu'un de mes serviteurs, et je le doterai de ces ailes, de ce flambeau, de cet arc et de ces flèches, que je vous avais confiés pour un meilleur usage; car tout cet équipement m'appartient, et il n'en est pas une pièce qui vous vienne de votre père.

 On vous a gâté dès l'enfance : vos mai

Dedens la mer sur deux dauphins assise,

Se promenoit Vénus environnée

De dieux marins, & de nymphes ornée

Quand la mouette a son oreille mise.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIV. 1 (à droite)  Vénus se fâche tout rouge  contre Cupidon et menace de lui rogner les ailes. 2.(à gauche), discussion savoureuse de Vénus avec Junon et Cérès.

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1. "Tout en grondant, elle sort précipitamment des ondes, et se dirige vers la couche d'or où repose le dieu malade. De la porte, elle lui crie de sa plus grosse voix : Belle conduite, en vérité, pour un enfant discret et sage ! Est-ce là le cas que vous faites des ordres d'une mère, d'une souveraine ? Au lieu de livrer mon ennemie à d'ignobles amours, vous osez, enfant libertin, lui prodiguer vos caresses précoces, et chercher dans ses bras des plaisirs défendus à votre âge ! Vous prétendez m'imposer pour bru la femme que je déteste ! Ah çà, croyez-vous, petit drôle, séducteur avorton, enfant insupportable, que seul vous soyez en état d'avoir lignée et que moi je sois hors d'âge ? Oh bien ! Sachez que je veux avoir un fils qui vous remplacera, et qui vaudra mieux que vous. Tenez, afin que l'affront soit plus sensible, j'adopterai quelqu'un de mes serviteurs, et je le doterai de ces ailes, de ce flambeau, de cet arc et de ces flèches, que je vous avais confiés pour un meilleur usage; car tout cet équipement m'appartient, et il n'en est pas une pièce qui vous vienne de votre père.

On vous a gâté dès l'enfance : vos mains n'ont jamais su qu'égratigner et battre ceux à qui vous devez le respect. Moi-même, moi, votre mère, enfant dénaturé, ne suis-je pas journellement volée par vous, et quelquefois battue ? Vous n'en useriez pas autrement avec moi si j'étais veuve; et votre beau-père, ce grand et formidable guerrier, ne vous impose même pas. Je le crois bien, au surplus : pour me faire enrager, vous vous êtes mis sur le pied de lui procurer de bonnes fortunes; mais le jeu vous coûtera cher, et ce beau mariage ne sera pas tout roses pour vous, je vous le promets. Suis-je assez bafouée ? Que faire ? que résoudre ? comment avoir raison de ce petit vaurien ? Irai-je mendier le secours de la Sagesse, elle qui m'a vue si souvent lui rompre en visière, toujours pour les frasques de ce mignon ? La créature, d'ailleurs, la plus désobligeante et la plus mal peignée... ! Ah ! j'en ai le frisson; mais il est si bon de se venger, coûte qui coûte ! Allons, j'irai trouver la Sagesse, oui, la Sagesse. Du moins, mon fripon sera châtié de main de maître. Elle videra son carquois, désarmera ses flèches, détendra son arc, éteindra son flambeau, et ne ménagera pas non plus sa petite personne. Je ne serai point satisfaite qu'elle n'ait et rasé cette chevelure dorée que j'ai si souvent peignée de mes propres mains, et rogné ces ailes, autrefois arrosées du nectar de mon sein." (Apulée)

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2. "Elle dit, et sort furieuse, tout en continuant d'exhaler sa bile. Elle est accostée par Junon et Cérès, qui, la voyant le teint allumé, lui demandent pourquoi ce sourcil froncé qui obscurcit le brillant de ses yeux. Je vous rencontre à propos, leur dit-elle : la colère pourrait me porter à quelque excès; mais, je vous en conjure, aidez-moi de tous vos efforts à retrouver cette Psyché qui s'est enfuie, envolée je ne sais où; car vous n'en êtes pas à apprendre le scandale de ma maison, et les hauts faits de celui que je ne veux plus appeler mon fils.

Les deux déesses, bien instruites de l'aventure, essayent d'apaiser la grande colère de Vénus. Mais, madame, qu'a donc fait votre fils, pour motiver cet acharnement contre lui, et cette hostilité si violente contre celle qu'il aime ? Où est le crime, s'il vous plaît, de faire les yeux doux à une jolie fille ? Vous n'ignorez pas qu'il est garçon sans doute, et, de plus, grand garçon ? Auriez-vous oublié la date de sa naissance ? ou, parce qu'il porte si gentiment ses années vous obstinez-vous à le voir toujours enfant ? Vous, sa mère, vous, femme de sens, vous iriez d'un oeil curieux épier ses amusements, lui faire un crime de ses petites fredaines, contrecarrer ses amourettes, et condamner enfin, dans ce beau jouvenceau, vos propres gentilles pratiques, et les doux passe-temps que vous ne vous refusez pas ? Singulière prétention, d'aller semant l'amour partout, et de le prohiber dans vos domaines ! d'exclure vos enfants du droit commun de prendre part aux faiblesses du beau sexe ! Ah! l'on ne vous la passera pas, ni au ciel, ni sur la terre. Ainsi les officieuses déesses prennent la défense de l'absent, dont elles redoutent les flèches; mais Vénus, qui n'entend pas raillerie sur les torts dont elle se plaint, leur tourne le dos, et précipite ses pas vers la mer." (Apulée)

 

Dit à Vénus d'un malheur je t'avise

C'est que ton filz est au lict fort blecé

Et toy icy tout le monde en devise

Qui sans toy est de grâce delaissé

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Cinquième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXV. Dans un temple de l'agriculture, Psyché demande l'aide de Cérès, et essuie un refus.

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE SOUS LA FENÊTRE.

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"Psyché cependant allait errant à l'aventure. Jour et nuit elle cherche son époux; le sommeil la fuit, et sa passion s'en exalte encore. Il s'agit pour elle non plus d'attendrir un époux, mais de désarmer un maître.  Au sommet d'une montagne escarpée, elle aperçoit un temple. Qui sait ? dit-elle, peut-être est-ce là le séjour de mon souverain seigneur : et la voilà, oubliant ses fatigues, qui court d'un pas rapide vers ce but de son espoir et de ses voeux.  Elle gravit intrépidement la hauteur, et s'approche du sanctuaire. Elle y voit amoncelés des épis d'orge et de froment, dont une partie était tressée en couronne.  Il y avait aussi des faux et tout l'attirail des travaux de la moisson; mais tout cela pêle-mêle et jeté au hasard; comme il arrive quand l'excès de la chaleur fait tomber l'outil des mains au travailleur fatigué.  Psyché s'occupe aussitôt à débrouiller cette confusion, et à remettre chaque chose en ordre et en place, persuadée qu'il n'y a pour elle détail de culte ni observance à négliger, et qu'il n'est aucun dieu dont elle n'ait à se concilier la bienveillance et la pitié.

 Tandis qu'elle vaque à ce soin consciencieusement et sans relâche, arrive Cérès la nourricière, qui la trouve à l'ouvrage : Ah ! malheureuse Psyché, s'écria-t-elle, avec un soupir prolongé,  Vénus en courroux cherche par tout l'univers la trace de tes pas; elle veut ta mort; elle se vengera de tout son pouvoir de déesse et toi, je te trouve ici uniquement occupée de mon service, et ne songeant à rien moins qu'à ta propre sûreté !  Psyché se prosterne aux pieds de Cérès, les inonde de ses larmes, et, balayant le sol de ses cheveux, implore la déesse sous toutes les formes de prières.

 Par cette main prodigue des trésors de l'abondance, par les rites joyeux de la moisson, par votre attelage ailé de dragons obéissants, par les fertiles sillons de la Sicile, par le char ravisseur, par la terre receleuse, par la descente de Proserpine aux enfers et son ténébreux hyménée, par la triomphante illumination de votre retour après l'avoir retrouvée, par tous les mystères enfin que le sanctuaire de l'antique Éleusis renferme et protège de son silence sacré, prenez en pitié la malheureuse Psyché qui vous supplie;  souffrez que je me cache pour quelques jours dans cet amas d'épis. Ou ce temps suffira pour calmer le courroux de ma redoutable ennemie, ou je pourrai du moins retrouver mes forces, épuisées par tant de fatigues.

 Cérès lui répond : Je suis touchée de tes prières et de tes larmes, et je voudrais te secourir; mais Vénus est ma parente; c'est une ancienne amie, bonne femme d'ailleurs, que je ne veux en rien contrarier.  Il te faut donc sortir à l'instant de ce temple; et sache-moi gré de ne pas t'y retenir prisonnière." (Apulée)

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Suivant Psyché de son ami la trace

Trouva Cérès shumilie & mer peine

D'ordonner faulx rasteausx orge & vene

Quelle apperçoit end ordre en la pa--

Voiant son mal indigne de sa face

Dame Cérès l'eust volontiers receuë

mais par faveur de Vénus, qui efface

Tout iujgement fut charité vaincuë.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVI. Dans un deuxième temple, elle demande à Junon son soutien : nouvel échec.

 

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE DU FRONTON.

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" Refusée contre son espoir, Psyché s'éloigne, emportant dans son coeur un chagrin de plus. Elle revenait tristement sur ses pas, quand son oeil plongeant au fond d'un vallon, découvre un autre temple, dont l'élégante architecture se dessinait dans le demi-jour d'un bois sacré. Décidée à ne négliger aucune chance, même douteuse, de salut, et à se mettre sous la protection d'une divinité quelconque, elle s'avance vers l'entrée de l'édifice. Là se présentent à sa vue les plus riches offrandes. Aux portes sacrées, ainsi qu'aux arbres environnants, étaient suspendues des robes magnifiques; et sur leur tissu la reconnaissance avait brodé en lettres d'or, avec le nom de la déesse, le sujet de chaque action de grâces qu'on lui rendait. Psyché fléchit le genou, embrasse l'autel tiède encore, et, après avoir essuyé ses larmes elle fait cette prière :

 "Épouse et soeur du grand Jupiter, toi qui habites un temple antique dans cette Samos, si fière d'avoir entendu tes premiers vagissements et de t'avoir vu presser le sein de ta nourrice; toi que l'altière Carthage, aux opulentes demeures, honore sous les traits d'une vierge traversant les airs avec un lion pour monture;  toi qui, sur les bords que l'lnachus arrose, présides aux murs de la célèbre Argos qui t'adore; et toi, la reine des déesses, l'épouse du maître du tonnerre; toi que l'Orient vénère sous le nom de Zygie, et qu'invoque l'Occident sous celui de Lucine; ah ! montre-toi pour moi Junon protectrice ! La fatigue m'accable; daigne me préserver des dangers qui me menacent. Jamais, je le sais, tu ne refusas ta protection aux femmes sur le point d'être mères."

 Pendant cette invocation, Junon lui apparaît dans tout l'éclat de la majesté céleste. Je ne demanderais pas mieux, dit-elle, que d'accueillir ta demande;  mais me mettre en opposition avec Vénus ma bru, que j'aime comme ma fille, le puis-je vraiment avec convenance ? Et puis il y a des lois qui défendent de recueillir les esclaves fugitifs, et je n'irai pas y porter atteinte. "(Apulée)

"Découragée de ce nouvel échec, et renonçant à suivre un mari qui a des ailes, Psyché se livre à de cruelles réflexions.  Où chercher du secours, quand des déesses même ne me témoignent qu'une bonne volonté stérile ?  Où porter mes pas, quand tant de pièges m'environnent ? Quel toit, quelle retraite assez obscure pour me cacher à l'oeil inévitable de la toute-puissante Vénus ? Allons, Psyché, une résolution énergique ! plus d'illusions frivoles. Va, de toi-même, te remettre aux mains de ta souveraine : ta soumission, pour être tardive, peut encore la désarmer.  Qui sait ? peut-être celui que tu cherches va-t-il se retrouver dans le palais de sa mère. Ainsi décidée à cette soumission hasardeuse, dût-elle y trouver sa perte, Psyché déjà préparait son exorde." (Apulée)

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Devant Junon qui en son temple estoit

remply de veux & de mainte despouille

Psyché mercy demandant s'agenouille

Comptant le mal que par amour sentoit

De son travail Junon se recentoit

Et eust changé en ioye sa tristesse

Mais pour l'honneur qu'elle à Vénus portoit

La fait sortir du temple sans rudesse.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVII. Dans son char tirée par quatre colombes, Vénus vient emprunter à Jupiter son messager Mercure, aux pieds ailés.

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE SOUS LE QUATRAIN.

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"Cependant Vénus, qui a épuisé tous les moyens d'investigation sur terre, en va demander au ciel. Elle ordonne qu'on attelle son char d'or, oeuvre merveilleuse de l'art de Vulcain, qui lui en avait fait hommage comme présent de noces. La riche matière a diminué sous l'action de la lime; mais, en perdant de son poids, elle a doublé de prix.  De l'escadron ailé qui roucoule près de la chambre de la déesse, se détachent quatre blanches colombes; elles s'avancent en se rengorgeant, et viennent d'un air joyeux passer d'elles-mêmes leur cou chatoyant dans un joug brillant de pierreries.  Leur maîtresse monte; elles prennent gaiement leur vol; une nuée de passereaux folâtres gazouillent autour du char. D'autres chantres des airs, au gosier suave, annoncent, par leurs doux accents, l'arrivée de la déesse.  Les nuées lui font place; le ciel ouvre ses portes à sa fille chérie, et l'Empyrée tressaille d'allégresse à sa venue. L'harmonieux cortège défile, sans avoir à craindre la rencontre de l'aigle, ni du vorace épervier.

 

"Vénus va droit à la royale demeure de Jupiter, et la fière solliciteuse demande hardiment qu'il lui prête le ministère de Mercure; car il lui faut la meilleure poitrine de l'Olympe. Signe d'assentiment des noirs sourcils. Vénus revient triomphante, et, tout en descendant des cieux avec Mercure, lui dit d'un ton animé : Mon frère l'Arcadien, vous savez que votre soeur Vénus ne fait jamais rien sans vous; vous n'ignorez pas non plus que je suis en quête d'une esclave à moi qui se cache, et que je perds mon temps à la chercher. Je n'ai plus qu'une ressource, c'est de faire proclamer que je promets récompense à qui la trouvera. (4) Je compte sur vous pour me rendre, sans tarder, ce bon office. Surtout que son signalement soit clair et précis. S'il y a lieu plus tard de poursuivre quelque receleur en justice, qu'on ne puisse prétexter cause d'ignorance.  Là-dessus, elle remet par écrit à Mercure le nom de Psyché avec les indications nécessaires, et regagne son palais.

 

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Vénus du ciel par colombe portée

De Jupiter imperre son Mercure

Qui deust bannir Psyché desconfortée

Par ung cartel plein de telle escripture

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVIII. Vénus remet à Mercure l'avis de bannissement de Psyché et elle promet 7 baisers à tout indicateur.  Mercure se rend sur terre.

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NOTEZ LA DATE DE 1542 DANS LE CARTOUCHE SOUS LE QUATRAIN.

 

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 "Mercure, empressé de s'acquitter de la commission, se met à parcourir la terre, proclamant partout ce qui suit : " On fait savoir qu'une fille de roi, du nom de Psyché, esclave de Vénus, a pris la fuite. Quiconque pourra la livrer, ou indiquer sa retraite,  recevra pour sa peine sept baisers de la bouche même de Vénus; plus, un huitième, emmiellé de ce que ses lèvres ont de plus doux. S'adresser pour la réponse au crieur Mercure, derrière les Pyramides Murciennes."  À cette annonce, on juge quelle excitation l'espoir d'un pareil prix dut produire chez les mortels. Cette circonstance acheva de détruire toute irrésolution dans l'esprit de Psyché." (Apulée)

 

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Nous bannissons Psiché pour forfaicture

De tous les lieux où soleil passera

Et ce pendant sept baisers par droicture

Vénus promect à qui l'enseignera

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIX. Vénus soumet Psyché à trois épreuves redoutables. La deuxième : elle doit prendre la laine des brebis à la toison d'or .

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Le char de l'Aurore se montrait à peine, que Vénus fit venir Psyché, et lui dit : Vois-tu ce bois bordé dans toute sa longueur par une rivière  dont les eaux sont déjà profondes, bien qu'encore voisines de leur source ? Un brillant troupeau de brebis à la toison dorée y paît, sans gardien, à l'aventure: il me faut à l'instant un flocon de leur laine précieuse. Va, et fais en sorte de me le rapporter sans délai.

Psyché court, vole; non pour accomplir l'ordre de la déesse, mais pour mettre un terme à ses maux dans les eaux du fleuve. (Apulée)

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Pour ces labeurs Vénus non modérée

Luy monstre ung bois où paissent grand foison

De grans moutons à la laine dorée

Luy commandant avoir de leur toyson.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXX. L'épreuve de la toison d'or (suite) Psyché, aidée par un roseau parlant, déjoue le piège mortifère.

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Or, voici que, de son lit même, un vert roseau, doux organe d'harmonie, inspiré tout à coup par le vent qui l'agite et qui murmure, se met à prophétiser en ces termes : Pauvre Psyché, déjà si rudement éprouvée, garde-toi de souiller par ta mort la sainteté de mes ondes, et n'approche pas du formidable troupeau qui paît sur ce rivage.  Tant que le soleil de midi darde ses rayons, ces brebis sont possédées d'une espèce de rage. Tout mortel alors doit redouter les blessures de leurs cornes acérées, le choc de leur front de pierre, et la morsure de leurs dents venimeuses;  mais une fois que le méridien aura tempéré l'ardeur de l'astre du jour, que les brises de la rivière auront rafraîchi le sang de ces furieux animaux, tu pourras sans crainte gagner ce haut platane nourri des mêmes eaux que moi, et trouver sous son feuillage un sûr abri.  Alors tu n'auras, pour te procurer de la laine d'or, qu'à secouer les branches des arbres voisins, où elle s'attache par flocons. Ainsi le bon roseau faisait entendre à Psyché de salutaires conseils. Elle y prêta une oreille attentive, et n'eut pas lieu de s'en repentir; car, en suivant ses instructions, elle eut bientôt fait sa collecte furtive, et retourna vers Vénus, le sein rempli de cet or amolli en toison. "(Apulée)

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Un verd roseau luy dict l'ordre et raison

D'en recouvrer. Ô incroyable chose

Les fiers troupeaux dorment quelques saisons

Mais de Vénus l'ire poinct ne repose.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Sixième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXI. Le coup de grâce de Vénus : elle exige que  Psyché apporte une boite à Proserpine, épouse de Pluton aux Enfers.

 

 

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"Avec un sourire sinistre, et qui présage de nouvelles et plus périlleuses exigences, elle l'apostrophe en ces mots : il faut que tu sois magicienne, et magicienne des plus expertes, pour avoir mis si lestement de telles commissions à fin; mais voici, ma poulette, ce qu'il te faut encore faire pour moi. Prends cette boîte (elle lui en remit une au même instant), et va de ce pas aux enfers, au sombre ménage de Pluton. Tu présenteras la boîte à Proserpine, et tu lui diras : Vénus demande un peu de votre beauté, ce qu'il en faut pour un jour seulement; car toute sa provision s'est épuisée par la consommation qu'elle en a faite en servant de garde-malade à son fils. Va, et ne tarde pas à retourner; car je veux m'en servir avant de paraître au théâtre de l'Olympe." (Apulée)

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À peine estoit Psyché bien retournée

Du long travail de l'heureuse rapine

Qu'elle a trouvé une boite ordonnée

Que sa maîtresse envoye à Proserpine

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXII. Psyché désespérée veut se jeter du haut d'une tour, mais celle-ci lui révèle comment se tirer d'affaire.

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DATE DE 1542 SOUS LE QUATRAIN.

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"Psyché crut recevoir le coup de grâce. Cette fois l'ordre était clair : c'était tout simplement l'envoyer à la mort. Comment en douter ? On voulait que d'elle-même elle descendît au Tartare et visitât les Mânes. Sans plus tarder, elle court vers une tour élevée, avec l'intention de se précipiter du sommet. C'était, suivant elle, le meilleur et le plus court chemin pour aller aux enfers; mais de la tour s'échappe tout à coup une voix : Quelle est, pauvre enfant, cette idée de se jeter ainsi la tête la première ? Pourquoi reculer devant cette épreuve et vous sacrifier sans but ? Votre âme une fois séparée du corps ira bien en effet au fond du Tartare, mais pour n'en plus revenir. Écoutez-moi :

Lacédémone, cette noble cité de l'Achaïe, n'est pas loin; elle touche au Ténare, où l'on n'arrive que par des sentiers peu connus; c'est un soupirail du sombre séjour de Pluton. Osez vous engager dans sa bouche béante : devant vous s'ouvrira une route où nul pas n'a laissé sa trace, et qui va vous conduire en ligne directe au palais de l'Orcus; mais il ne faut pas s'aventurer dans ces ténèbres les mains vides. Ayez à chaque main un gâteau de farine d'orge pétri avec du miel, et à la bouche deux petites pièces de monnaie.

Vers la moitié du chemin infernal, vous rencontrerez un âne boiteux, chargé de fagots. L'ânier, boiteux aussi, vous demandera de lui ramasser quelques brins de bois tombés de sa charge; passez outre, et ne répondez mot.

Bientôt vous arriverez au fleuve de l'Érèbe. Charon est là, exigeant son péage; car ce n'est qu'à prix d'argent qu'il passe les arrivants sur l'autre rive. Ainsi l'avarice vit encore chez les morts ! Ni Charon, ni Pluton même, ce dieu si grand, ne font rien pour rien. Le pauvre en mourant doit se mettre en fonds pour le voyage : nul n'a droit de rendre l'âme que l'argent à la main. Vous donnerez à ce hideux vieillard, à titre de péage, une de vos deux pièces de monnaie. Il faut qu'il la prenne de sa main à votre bouche. En traversant cette onde stagnante, vous verrez flotter le corps d'un vieillard, qui vous tendra ses mains cadavéreuses, vous priant de le tirer à vous dans la barque. La compassion ne vous est pas permise; n'en faites rien.

Le fleuve franchi, vous rencontrerez à quelques pas de vieilles femmes occupées à faire de la toile, et qui vous demanderont d'y mettre la main : ne vous avisez pas d'y toucher, autant de pièges tendus par Vénus, et elle vous en réserve bien d'autres pour vous amener à vous dessaisir de l'un au moins de vos gâteaux : n'en croyez pas la perte indifférente, il vous en coûterait la vie.  

Un énorme chien à trois têtes, monstre formidable, épouvantable, sans cesse aboyant aux mânes qu'il effraye sans leur pouvoir faire d'autre mal, jour et nuit fait sentinelle au noir vestibule de Proserpine; c'est le gardien du manoir infernal. Vous le ferez taire aisément en lui jetant un de vos gâteaux, et vous passerez outre.

Vous pénétrerez ainsi jusqu'à Proserpine, qui vous fera le plus aimable accueil, vous engagera à vous asseoir et à prendre part à un somptueux festin;  mais ne vous asseyez que par terre, et n'acceptez d'autre aliment que du pain noir. Vous exposerez ensuite l'objet de votre mission, et vous prendrez ce qu'elle vous donnera. Cela fait, retournez sur vos pas.  Vous vous rachèterez encore de la gueule du chien au prix de votre second gâteau. Vous repasserez le fleuve, en livrant à l'avare nautonier votre autre pièce de monnaie; vous reprendrez le chemin que vous aurez suivi en venant, et vous reverrez ainsi la voûte céleste:  mais, sur toutes choses, ne vous avisez pas d'ouvrir la boite qui vous aura été confiée, et de porter les yeux sur ce qu'elle renferme. Point de regard curieux sur ce trésor secret de la beauté divine." (Apulée)

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Pour rapporter de sa beauté divine

Ce que Psyché n'espérant pouvoir faire

De se lancer d'une tour détermine

Mais la tour parle, & dresse son affaire.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXIII. Psyché traverse l'Erèbe sur la barque de Charon.

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 Ainsi parla cette tour prévoyante en véritable oracle. Psyché dirige aussitôt ses pas vers le Ténare. Munie de ses deux oboles et de ses deux gâteaux, elle descend rapidement le sentier souterrain;  passe, sans mot dire, devant l'ânier boiteux; donne le péage au nocher, reste sourde aux instances du mort qui surnage; ne tient compte de l'appel insidieux des tisseuses; et, après avoir endormi, en lui abandonnant son gâteau, la rage du gardien infernal, elle pénètre dans la demeure de Proserpine." (Apulée)

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Psyché croit la véritable tour

Deux pains ensembles & deux deniers appreste

Pour contenter d'aller & de retour

Le vieil Charon & le chien deshonneste.

 

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXIV. Elle n'aide pas l'ânier boîteux : c'est un piège !

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(La scène précède la traversée de l'Eurèbe : inversion de panneau ?)

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Et ne voulut accorder la requeste

D'un importun errant & solitaire

Desolager une chose este

Se contentant --- de se taire.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXV. Elle donne un pain à Cerbère aux trois têtes, sous le regard des trois Parques.

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Et se sentant par abbois advertir

Que Cerberus veult

De ses pains ung luy vient departir

Ainsi passa le danger assurée

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVI. Elle demande à Proserpine de remplir la boite d'un peu de la beauté des déesses.

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Ayant passé inévitable porte

Dont le retour à nul homme est permis

Devers la royne au palais se transporte

ou fait et dict ce que l'on luy a commis.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Septième fenêtre.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVII. Psyché ouvre la boite : elle est perdue ! Mais Cupidon la sauve.

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" La boîte au contenu mystérieux lui est remise hermétiquement close; et, après avoir de nouveau fermé la gueule de l'aboyeur avec le second gâteau, désintéressé le nocher avec la seconde obole, elle quitte les enfers plus gaillardement qu'elle n'y était descendue,  et elle revoit et adore la blanche lumière des cieux; mais, tout empressée qu'elle est de terminer sa mission, une curiosité téméraire s'empare de son esprit. (6) En vérité, se dit-elle, je serais bien simple, moi qui porte la beauté des déesses, de n'en pas retenir un peu pour mon usage, quand ce serait peut-être le moyen de ramener le charmant objet que j'adore.

 En disant ces mots, elle ouvre la boîte. De beauté point; objet quelconque ne s'y montre : mais à peine le couvercle est-il soulevé, qu'une vapeur léthargique, enfant de l'Érèbe, s'empare des sens de Psyché, se répand comme un voile épais sur tous ses membres, et la terrasse au milieu du chemin,  où elle reste étendue dans l'immobilité du sommeil ou plutôt de la mort." (Apulée).

 

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A comme il nuict d'estre trop curieuse

Psyché pensant accroistre sa beaulté

Ouvre la boite où peste furieuse

Estoit enclose & mort & cruaulté.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVIII. Psyché aidée de Cupidon rapporte à Vénus la précieuse boite.

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"Cependant la blessure de Cupidon s'était cicatrisée. La force lui était revenue, et avec elle l'impatience de revoir sa Psyché. Il s'échappe à travers l'étroite fenêtre de sa prison.  Ses ailes rafraîchies et reposées le transportent en un clin d'oeil près de son amante. Il la dégage avec soin du sommeil qui l'oppresse, et qu'il replace dans sa boîte. Puis, de la pointe d'une de ses flèches, il touche légèrement Psyché et la réveille :  Eh quoi ! malheureuse enfant, encore cette curiosité qui te perd ! Allons, hâte-toi de t'acquitter de la commission de ma mère; moi, j'aviserai au reste. À ces mots, l'amant ailé reprend son vol, et Psyché se dépêche de porter à Vénus le présent de Proserpine." (Apulée)

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Et si ne feust la grande loyaulté

De Cupidon qui la relieve en vye

Elle mouroit mais ayant rebouté

Les maulx abbasé à Vénus renvoye

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXIX. Amour confie à Jupiter sa peine : Psyché est une mortelle, et ne peut être à ses cotés.

Jupiter envoie Mercure convoquer les dieux.

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"Cependant Cupidon, que sa passion dévore et qui craint, à l'air courroucé de sa mère, que la Sagesse ne vienne à se mettre de la partie, se résout à tenter les grands moyens. De son aile rapide il perce la voûte des cieux, va présenter requête à Jupiter, et plaide sa cause devant lui. Le maître des dieux pince doucement ses petites joues, les attire près de ses lèvres, les baise, et lui dit :

"Monsieur mon fils, vous n'avez guère respecté en moi la suprématie déférée par le consentement des dieux : de moi le régulateur des éléments, le moteur des révolutions célestes, vous avez fait le point de mire ordinaire de vos flèches. Vous m'avez compromis dans je ne sais combien d'intrigues amoureuses avec des mortelles. En dépit des lois, notamment de la loi Julia et de toute morale publique, vous avez chargé ma conscience, aussi bien que ma réputation, d'assez scandaleux adultères. Flamme, serpent, oiseau, bête des bois, bête d'étable; il n'est métamorphose ignoble où vous n'ayez ravalé la majesté de mes traits; mais je veux être débonnaire, et me rappeler seulement que vous avez grandi entre mes bras. J'accède à votre requête; mais arrangez-vous pour qu'elle ne se renouvelle pas. D'autre part, en revanche, s'il se montre là-bas quelques minois hors de ligne, souvenez-vous que vous me devez une compensation." (Apulée)

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Amour aimant une qu'il fit amante

& esprouvant en soy comme aultre il poinct

À Jupitter faict requeste exprimante

L'ennuy qu'il a de Psyché n'avoir poinct

Et dieu qui s'est souvent veue en ce poinct

En eut pitié & commande à Mercure

Qui tous les dieux en mesme instant & poinct

Soubz grande peine assembler il procure

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XL. Jupiter annonce aux dieux sa décision : que Psyché rejoigne les Immortels aux Cieux !

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"Il dit, et ordonne à Mercure de convoquer à l'instant tout le conseil des dieux, sous peine pour chaque immortel absent d'une amende de dix mille écus. Grâce à la menace, on fut exact à la céleste conférence. Alors le grand Jupiter, assis sur un trône élevé, adresse ce discours à l'assemblée : Dieux conscrits du rôle des Muses, vous savez que c'est moi-même qui ai fait l'éducation de ce jouvenceau. Or, j'ai décidé de mettre un frein aux emportements de sa jeunesse ardente. Il n'a que trop fait parler de lui pour des adultères et des désordres de tous genres. Je veux ôter à cette fougue tout prétexte, et la contenir par les chaînes de l'hymen. Il a fait choix d'une jeune fille, et lui a ravi sa fleur. Elle est sa possession, qu'il la garde : heureux dans ses embrassements, qu'il en jouisse à toujours. Se tournant alors du côté de Vénus : Vous, ma fille, dit-il, ne vous affligez pas; ne craignez pour votre rang ni pour votre maison l'injure d'une mésalliance. Il s'agit de noeuds assortis, légitimes, et contractés selon les formes du droit." (Apulée)

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Tost fut rempli soit par crainte ou debvoir

Des immortels le céleste pourpris

Se prend le roy à leur faire scavoir

Qu'il a d'enfance amour et amour pris

 

Combien qu'il fust d'inconstance repris

Et que or voulant à Psyché l'arrester

Il a les deulx l'alliance entrepris

pourtant la faict par Mercure apporter.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLI. Psyché est fêtée par les dieux, les nymphes jettent des fleurs, et c'est le grand bonheur des amants réunis.

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"Il ordonne aussitôt à Mercure d'enlever Psyché, et de l'introduire devant les dieux. Jupiter présente à la jeune fille une coupe d'ambroisie : Prends, Psyché, lui dit-il, et sois immortelle. Cupidon et toi, qu'un noeud indestructible vous unisse à jamais." (Apulée)

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Grand fut l'effet de la douce ambroisie

Qui la purgea d'impure humanité

Grand fut l'honneur l'accueil la courtoisie

Qu'elle receut de celle affinité

Là de plaisirs y eut infinité

Chascun faisant ce qu'il plus le délecte

Trois nymphes ont partout mi & iecte

Mainte fleur belle & fresche violette.

 

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLII. Le déduit bien mérité.

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"Soudain se déploie le splendide appareil des noces. Sur le lit d'honneur, on voyait l'époux tenant dans ses bras sa Psyché; et, dans la même attitude, Jupiter avec sa Junon. Venaient ensuite tous les dieux, chacun selon son rang. Le nectar circule (c'est le vin des immortels); Jupiter a son jeune berger pour échanson; Bacchus verse rasade au reste de l'assemblée. Vulcain s'était chargé de la cuisine. Les Heures semaient partout les fleurs et les roses, les Grâces répandaient les parfums, les Muses faisaient entendre leurs voix mélodieuses. Apollon chanta en s'accompagnant de la lyre, et les jolis pieds de Vénus dessinèrent un pas gracieux, en le réglant sur ces accords divins. Elle-même avait ainsi complété son orchestre : les Muses chantaient en choeur, un Satyre jouait de la flûte, un Faune du chalumeau. C'est ainsi que Psyché fut unie à Cupidon dans les formes. Une fille naquit de leurs amours : on l'appelle la Volupté." (Apulée)

 

 

Quelle parolle escriture ou pensée

Sauroit au vray les plaisirs exprimer

d'une amytié enfin récompensée

Dont le long mal faict le bien estimer.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Les verrières des antichambres.

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La légende de Psyché n'est pas complète dans cette série de la Galerie, car il y manque les deux autres épreuves imposées par Vénus à Psyché, celle du tri des grains de blé, et celle où elle doit puiser l'eau à la source du Styx. Il manque aussi l'épisode dans lequel Psyché, cessant de fuir Vénus, se rend à elle : elle va recevoir une rude correction.

Deux verrières, d'un style différent notamment pour l'écriture des inscriptions, répare partiellement ce manque ; elles sont dans les antichambres de la Galerie.

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ANALYSE . LE VOCABULAIRE  DE L'ECOLE DE FONTAINEBLEAU.

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Sous l'influence de François Ier de retour des guerres d'Italie (et de sa captivité), le château de Fontainebleau (et notamment la Galerie François Ier) est décoré par les peintres Rosso et Primatice de fresques dont l'encadrement en stuc et les boiseries introduit  un vocabulaire nouveau. Cette première Ecole de Fontainebleau développe à partir de 1530  l'utilisation du cartouche autour des inscriptions, (comme dans l'antiquité romaine) en l'associant aux enroulements et aux découpages du cuir, dans une alliance de la raideur et des lignes géométriques de la pierre avec les courbe et les volutes du cuir ou des rubans.

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Je retrouve dans ces vitraux de 1542, notamment dans l'encadrement des quatrains et huitains, tout le vocabulaire de cette Ecole de Fontainebleau, avec les cuirs à enroulement, et les masques de face et de profil, les bugranes, les faunes, les fruits ou légumes vus par dessous, ou les rubans, qui sont l'expression visuelle du thème des Métamorphoses si à la mode à la Renaissance ( et de la confusion des genres humains, animaux et végétaux). Celui qui, vers 1570, sera introduit en Finistère pour la décoration du château de Kerjean (Saint-Vougay).

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/les-sablieres-de-la-chapelle-seigneuriale-du-chateau-de-kerjean-saint-vougay-finistere-par-le-maitre-de-pleyben-vers-1570-1580.html

Je ferai donc dérouler ces encadrements.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLIV. L'épreuve des grains de blé à trier.

Dans l'antichambre suivant la galerie.

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" En proférant ces mots, elle s'élance sur la pauvre Psyché, met sa robe en pièces, lui arrache les cheveux, et lui meurtrit de coups la tête. Ensuite elle se fait apporter du froment, de l'orge, du millet, de la graine de pavots, des pois, des lentilles et des fèves. Elle mêle et confond le tout, et s'adressant à sa victime : Une servante, une créature si disgraciée doit être une habile personne pour avoir su se faire si bien venir. Eh bien ! je veux essayer ton savoir faire.  Tu vois cet amas de graines confondues ? tu vas me trier tout, séparer chaque espèce, et en faire autant de tas. Je te donne jusqu'à ce soir pour m'expédier cette tâche.  Et, après lui avoir taillé cette belle besogne, la déesse sort pour se rendre à un repas de noces.

Psyché ne songe pas même à mettre la main à ce chaos inextricable. Elle reste immobile et stupéfaite d'une exigence aussi extravagante.  Alors la fourmi, chétive habitante des champs, qui pouvait si bien apprécier la difficulté d'une semblable tâche, prend en pitié l'épouse d'un dieu, qu'elle y voit impitoyablement condamnée. Tout indignée de cet acte de marâtre, elle court convoquer le ban des fourmis de son quartier.  Soyez compatissantes, filles alertes de la terre; vite au travail ! une femme aimable, l'épouse de l'Amour, a besoin de vos bons offices.  Aussitôt la gent aux mille pieds de se ruer, de se trémousser par myriades. En un clin d'oeil tout cet amas confus est divisé, classé par espèces, distribué en autant de tas distincts; et zeste, tous les travailleurs ont disparu.

Vers le soir, Vénus revient de la fête, échauffée par les rasades, arrosée de parfums et couverte de guirlandes de roses. Elle voit avec quel soin merveilleux la tâche a été remplie :  Ce n'est pas toi, coquine, cria-t-elle, qui as fait cette besogne. J'y reconnais la main de celui à qui tu as trop plu, pour ton malheur et pour le sien. Là-dessus, elle jette à Psyché un morceau de pain, et va se mettre au lit." (Apulée)

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Vénus despite après luy fit bailler

Un grand monceau de divers grains meslez

Luy commandant de tost les demesler

Et mettre aux lieux pour eux apareillez

Or sont venus les Formiz esveillez

Pour achever ceste tasche baillée

Ce qu'ils font faict, et puis s'en sont allez

Dont trop en est Vénus esmerveillée

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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ANALYSE I. LE VOCABULAIRE  DE L'ECOLE DE FONTAINEBLEAU.

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Sous l'influence de François Ier de retour des guerres d'Italie (et de sa captivité), le château de Fontainebleau (et notamment la Galerie François Ier) est décoré par les peintres Rosso et Primatice de fresques dont l'encadrement en stuc et les boiseries introduit  un vocabulaire nouveau. Cette première Ecole de Fontainebleau développe à partir de 1530  l'utilisation du cartouche autour des inscriptions, (comme dans l'antiquité romaine) en l'associant aux enroulements et aux découpages du cuir, dans une alliance de la raideur et des lignes géométriques de la pierre avec les courbe et les volutes du cuir ou des rubans.

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Je retrouve dans ces vitraux de 1542, notamment dans l'encadrement des quatrains et huitains, tout le vocabulaire de cette Ecole de Fontainebleau, avec les cuirs à enroulement, et les masques de face et de profil, les bugranes, les faunes, les fruits ou légumes vus par dessous, ou les rubans, qui sont l'expression visuelle du thème des Métamorphoses si à la mode à la Renaissance ( et de la confusion des genres humains, animaux et végétaux). Celui qui, vers 1570, sera introduit en Finistère pour la décoration du château de Kerjean (Saint-Vougay).

http://www.lavieb-aile.com/2017/07/les-sablieres-de-la-chapelle-seigneuriale-du-chateau-de-kerjean-saint-vougay-finistere-par-le-maitre-de-pleyben-vers-1570-1580.html

Je ferai donc dérouler ces encadrements.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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LES VUES DE DÉTAIL.

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XVIII. Psyché, Amour et la Lumière.

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C'est bien-sûr la scène emblématique. Faut-il y voir clair (être lucide), ou croire au monde enchanté qu'on s'est créé ? Faut-il voir l'être aimé tel qu'il est, ou tel qu'on le rêve ? 

Faut-il éclairer l'Amour, ... et le perdre ?

Psyché éclaire Amour à la suggestion de ses sœurs. C'est pour elles qu'elle trahit son invisible amant. Quel est le rôle du Tiers dans la relation amoureuse ?

Finalement, il est toujours dangereux de prétendre "en avoir le cœur net". Et il faut, à travers une série d'épreuve, accepter de n'y comprendre rien pour s'unir à nouveau au Monde.

Etc..., etc..., etc.

 

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XLII. Amour et Psyché.

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XVIII. Psyché, Amour et la Lumière.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XIX, où Amour s'enfuit.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIII. Vénus et sa mouette cafteuse.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXIII. Vénus et sa mouette cafteuse.

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XXVII.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXVIII. Mercure reçoit de Vénus l'ordre de bannissement.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXX. Obtenir la laine des brebis ; le roseau parlant à Psyché.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXII. La tour qui parle.

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XXXIII. Dans la barque de Charon.

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XXXVII.

Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XXXVIII.

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XL.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLI. 

Notez les nymphes aux ailes ocellées comme celles des papillons.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLII.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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XLIII.

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Galerie de Psyché du château de Chantilly. Photographie lavieb-aile.

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La galerie de Psyché à Chantilly.

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XLIV.

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La galerie de Psyché à Chantilly.
La galerie de Psyché à Chantilly.

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SOURCES ET LIENS.

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— ALVES (Jérémy), Lumière de vitrail : Chantilly, la Renaissance et l'Amour.

https://www.coupefileart.com/post/lumi%C3%A8re-de-vitrail-chantilly-la-renaissance-et-l-amour

— APULEE, traduction : Biblioteca Classica  Selecta. Traduction par Nisard 1860.

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Apul/meta03b.html

— GARNIER-PELLE (Nicole), 2009, Les vitraux de la galerie de Psyché, l'Objet d'art, Hors-série n°43, Faton ed.

— LENOIR ( Marie Alexandre), Musée des monumens français, ou, Description ... des statues ..., Volume 6, Peinture sur verre. pages 103

https://books.google.fr/books?id=Mah_8_tpxDQC&pg=PA110&dq=entre+ses+bras+nus+a+nus&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjRqIv00bXqAhUvxYUKHeQQAzUQ6AEwAHoECAAQAg#v=onepage&q=entre%20ses%20bras%20nus%20a%20nus&f=false

 

— [Recueil. Oeuvre de Maitre au Dé] Daddi, Bernardo (1512?-1570). Graveur Nombre total de vues : 157

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b7200155p/f77.item

 

— Trung Tran, Ce que l'emblématisation fait à la fiction : autour de l’Amour de Cupido et de Psiché (1546) , Réforme, Humanisme, Renaissance  Année 2013  77  pp. 87-111

https://www.persee.fr/doc/rhren_1771-1347_2013_num_77_1_3330

"En 1546 paraît à Paris chez Jeanne de Marnef, L’Amour de Cupido et de Psiché [L’amour de Cupido et de Psiché mere de volupté, prinse des cinq et sixieme livres de la Metamorphose de Lucius Apulieus Philosophe. Nouvellement historiée, et exposée tant en vers Italiens, que François, Paris, Jeanne de Marnef, 1546. ] . Cette édition – dont Jean Balsamo, dans une étude importante , utilement prolongée par celle d’Olivier Millet , a retracé la genèse et examiné certains des enjeux – donne à lire le récit d’Apulée sous la forme d’une suite de trente-deux huitains décasyllabiques italiens surmontés d’une gravure. En regard de cet ensemble sont apposés des huitains français, transpositions des vers originaux commandés près de dix ans plus tôt par François Ier aux poètes Antoine Heroët, Claude Chappuy et Mellin de Saint-Gelais, et qui subissent, dans l’édition Marnef, un certain nombre de retouches, dues peut-être à Jean Maugin. Ce dernier, dont on sait qu’il fut un collaborateur actif de Jeanne de Marnef puis d’Étienne Groulleau , assortit en tout cas l’ouvrage d’une épître liminaire en vers ainsi que d’une épître en prose faisant suite à sa Psyché. Le volume se clôt sur un ensemble de pièces en vers de sa composition. Les gravures copient quant à elles la série iconographique gravée par le Maître au Dé et Agostino Veneziano, et qu’accompagnaient initialement les poèmes italiens lors de leur parution en 1532 à Rome. Elle inspira, comme on sait, les célèbres vitraux d’Écouen déplacés par la suite à Chantilly . Notre Psyché adopte un dispositif icono-textuel fortement rattaché au genre emblématique  : sur le feuillet de gauche, un riche encadrement enserre l’ensemble formé par l’image et le texte dont les vers français, disposés sur le feuillet droit, constituent la transposition/traduction. Le choix de couler la fable apuléenne dans le moule formel de l’emblème a été peu commenté par la critique. "

— Photos des vitraux :

http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_f/chateau-musee-conde_chantilly.htm

— Site :

https://www.mythologie.fr/Chantilly_galerie_Psyche_presentation.htm

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
25 juin 2020 4 25 /06 /juin /2020 15:05

Les vitraux civils (XVIe et XVIIe siècles) de l'ancien hôtel de ville (Musée historique) de Mulhouse et les armoiries de ses bourgmestres.

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Voir :

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PRÉSENTATION.

Le premier hôtel de ville construit en 1431 fut détruit par un incendie en 1551 et reconstruit en 1552 par Michel Lynthumer, architecte bâlois, sur les mêmes fondations ; un deuxième bâtiment fut construit à l'arrière en 1510 pour abriter la cave dîmière et les archives de la ville, ainsi que les bureaux du greffier syndic (chancellerie) ; transformations intérieures au cours du 19e siècle (escalier du 1er au 2e étage) ; tout en conservant la salle du conseil, les services municipaux quittent ce bâtiment en 1958 et le musée historique y est ouvert en 1969 ; une galerie reliant les 2 bâtiments à été reconstruite en 1637 et surélevée en 1778.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-plan-de-mulhouse/92b2d1b9-9be6-4572-9e78-5e2b132d2905

Données historiques : le lien avec la Confédération Suisse.

En 1342, Mulhouse s'était alliée à six villes impériales d'Alsace, ligue qui s'était étendue et avait constitué en 1354 la Décapole. Cette protection étant peu efficace pour se défendre contre les prétentions des Habsbourg, Mulhouse se tourna vers la Confédération, conclut une alliance défensive de vingt-cinq ans en 1466 avec Berne et Soleure, quoique
Mulhouse fût entièrement entourée par les possessions de l'Autriche ennemie. elle reçut une garni-
son suisse, et, en 1468, douze mille confédérés se réunirent dans les plaines de l'Alsace, pour défendre
Mulhouse contre une armée autrichienne, qui se dispersa bientôt.  Cet appui protégea donc la ville lors de la guerre des Six Deniers (Sechs-Plappert-Krieg, 1466) et de la guerre de Mulhouse ou du Sundgau (1466-1469), qui l'opposèrent aux nobles des alentours.

En 1515, elle quitte la Décapole pour conclure une alliance avec les Cantons de la Confédération suisses. La cité devenant par conséquent une république libre et indépendante sans aucun lien politique avec le reste de l'Alsace, son destin allait rester distinct de celui de la région pendant plusieurs siècles. Parce qu’elle était alliée à la Confédération Suisse, Mulhouse fut épargnée par les conflits environnants, tels la Guerre de Trente Ans, qui frappa violemment la région. Mulhouse servit alors de refuge aux habitants des alentours. (Wikipedia).

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Des vitraux peints à l'émail ; le rapport avec les vitraux suisses.

Tous les vitraux sont postérieurs à cette date de 1515 (sauf celui de 1512). Il est intéressant de les comparer aux "vitraux suisses" et notamment à la belle collection du Louvre et celle de Cluny.

Caractères des vitraux de l'Hôtel de ville.

Ce sont des vitraux civils, et nous gardons peu d'exemple d'une pratique jadis répandue (Galerie de Psyché à Chantilly ; Le Clos Lucé ; Palais Jacques Cœur), sauf, précisément, en Alsace.

Leurs dimensions, qui sont petites,  sont accordées à des vitrages de fenêtres (et non des fenêtres entières), soit environ 60 cm de haut sur 50 cm de large.

Ce sont des vitraux de donation, où les donateurs sont principalement les bourgmestres et membres du Conseil siégeant  dans la Salle du conseil de l'Hôtel de ville. La part donnée à l'héraldique est importante, tout comme celle donnée aux inscriptions et chronogrammes. Les armoiries sont soit celles des donateurs, soit celles des villes alliées. Les fonds sont damassés, y compris ceux des armoiries.

Ils ont un fort intérêt historique, ou du moins l'Histoire y est fortement présente, soit que la verrière célèbre ou rappelle des événements fondateurs, soit qu'elle reproduise un précieux plan de la ville, soit qu'elle garde la mémoire d'un notable.

La précision et la minutie incitent à les regarder "à la loupe" car c'est la peinture sur verre qui l'emporte sur l'assemblage de verres colorés.

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Mes difficultés de documentation.

Lors de ma visite du Musée en 2016, aucun cartel n'attirait l'attention du visiteur sur ces vitraux, et a fortiori, aucune description n'en était proposée. Je n'ai pu avoir accès (il n'est pas en ligne) à la description de l'Hôtel de ville par Shoenhaupf et Meininger (1892) ; je ne possédai pas le volume du Corpus vitrearum consacré aux vitraux d'Alsace et de Lorraine (1994), mon interrogation des moteurs de recherche fut peu fructueuse. Je me suis donc lancé dans une description personnelle des vitraux, et, arrivé presque à son terme, j'ai découvert LE site nécessaire, celui de l'Inventaire Général en Alsace avec les notices de Françoise Gatouillat, Brunoi Decrock et Marie-Philippe Scheurer.

J'en ai fait mon miel, comme on l'imagine, pour combler mes lacunes, mais cet article reste néanmoins un travail personnel ... dont j'assume les imperfections.

 

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Liste des 15 verrières présentées.

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Hommage à roi Henri IV par les bourgmestres de 1623. 

Blason aux armes de l'empire germanique.

Vitrail de 1571. Saint Ours et saint Victor patrons de la ville de Soleure en Suisse.

Blason de la ville de Mulhouse présenté par deux anges.

Plan de Mulhouse offert par les bourgmestres en 1666.

Blason de Jérémie Rüssler "Herr Jeremias Rüssler des Raths und Sekelmeister zum Müllhausen".

Armoiries de la ville de Bâle.

La fondation légendaire  de la ville de Berne. 1512.

Verrière héraldique de "Heinrich Rilsler Burgermeister zum Mülhausen anno 1639".

Verrière héraldique de "Jacob Heinrich Petri Burgermeister zuo Mülhausen IV anno 1639".

Verrière héraldique de trois notables en 1599.

Calvaire avec les  armoiries de Hans Geiss et inscription datée de 1603.

Verrière aux armes de Hans Geiser.

Panneau aux armes de Haussmaser, meunier, et de son cousin Wanermacher, bourgeois de Thun (Suisse) daté de 1650.

Panneau aux armes de Hans Hartmann, bourgmestre de Mulhouse, daté de 1585.

 

 

 

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Hommage à roi Henri IV par les bourgmestres de 1623. 

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Ce panneau commémoratif  a été exécuté par un maître verrier H.F en 1615 (monogramme et date inscrite), et offert par les bourgmestres de Mulhouse, Caspar Dollfus, Jacob Ziegler, et  Jean Ulrich Schlumberger et le greffier Jacob Henri Pétri, en 1623 ; la représentation s'inspire de deux gravures de Léonard Gaultier et de Johann van Halbeeck.

Cette verrière en verre transparent, coloré, peint à la grisaille sur verre, au jaune d'argent, et à l' émail sur verre  mesure 68 cm de haut sur 52 cm de casse ; les verres brisés sont réparés par des plombs de casse.

 

L'inscription dédicatoire de trois bourgmestres de Mulhouse et du greffier au roi Henri IV est suivie au registre inférieur par les  armoiries des bourgmestres et du greffier. Elle fait l'èloge de Henri IV et mentionne son décès le 14 mai 1610 " à 57 ans 4 mois et 21 jours". Le texte mentionne aussi Nicolas Hofer, probablement de la famille de Jean et Mathias Hofer mais que je n'identifie pas sous ce prénom Nicolas.

Transcription partielle :

Hic cum omnium Europae principim oculos in se confectos haberet consilia vero et cogitationes omnes ad Christiani orbis commoda provehenda dirigeret, neanteactae vita gloriam novis laudibus victorius triomphis domi forisque accumularet ad IV non, maii anno sal. MDCX aetatis suaae LVII mense IV die XXI animo et armis  ...

HEU GALLIA indignissime in perfectus dehinc vero aeternum victurus HANC APUD CONFOEDERATOS MYLHUSINOS

immortalitatis memoriam B.M. MERUIT. Casparo Dolfussio IV Jacobo Zieglero Petri cons : F . VIII Jan Huldico Schlumperger H. consulibus Nicola Hofero aedile Jacobus Eric Petraeus Cancellarius. P.C.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Caspar Dollfus.

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Armoiries : d’azur à la croisette d’argent, accompagnée en chef, à dextre et à senestre, d’une étoile d’or, en pointe un pied humain de carnation, le tout soutenu d’un mont à trois coupeaux de sinople.

Cimier : un buste de Maure, sans bras, tortillé d’azur et d’or, vêtu d’azur et chargé d’une croisette d’argent.

Lambrequins : d’azur et d’or.

http://www.crdp-strasbourg.fr/data/albums/dollfus/index.php?img=4&parent=43

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Jacob Ziegler.

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"Jacques Ziegler fut bourgmestre de Mulhouse de 1611 à 1626, comme son père qui occupa ce poste de 1578 à 1596. Ce furent les derniers de leur lignée. Leurs armes se blasonnent ainsi selon E . Meininger  : De gueules à une forme à tuiles croisetée de deux roses d'argent à tige de sinople dans une couronne de lauriers de sinople, garnie de quatre roses d'argent et posée sur trois coupeaux de sinople. Cimier: la forme à tuiles de l'écu au milieu d'un vol coupé de gueules et d'argent alternant . Lambrequins: un manteau de gueules doublé d'argent et bordé d'or." (E. Meininger)

La forme à tuiles indiquerait que l'ancêtre exerçait la profession de tuilier.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Johan Ulrich Schumberger.

Jean Ulrich SCHLUMBERGER est né à Mulhouse le 24 juin 1555 et y est décédé le 5 décembre 1635. Il exerçait la profession de tanneur, et devint bourgmestre de sa ville. Son père, tanneur également, portait le prénom de Claus et était né à Setzingen. Jean Ulrich épousa Rosina Biegeisen en 1583 puis Barbara Zurcher  en 1603. De Rosina naîtra un autre Jean Ulrich, père lui-même d'un Jean Ulrich, etc..

"Schlumberger (branche aînée). Famille originaire de Setzingen, près d'Ulm, où des documents authentiques la mentionnent dès 141 8. Vers le milieu du xvi e siècle, plusieurs membres de cette lignée se sont fixés à Mulhouse, mais deux branches seulement ont poursuivi leur descendance, jusqu'à nos jours. Celle qui parait être l' aînée, remonte à Nicolas Schlumberger qui se fixa à Mulhouse en 1545, année où il lut reçu à la tribu des Bouchers. L'inscription y relative mentionne qu'il paya un schilling pour la peinture de ses armes sur le tableau de la tribu. Il mourut en 1557 . Dans un document traitant de sa succession, il est question d'un bahut lequel étaient sculptés les blasons du défunt et de femme, Catherine Eck.

Son fils unique, Jean Ulric, fut bourgmestre de 1620 à 1636. On conserve de lui, dans la famille, un gaufrier à ses armes et à celles de sa femme, Rosine Biegeisen, daté de 1608.

Au Musée Saint-Jean existe la pierre tombale du fils de ce dernier, s'appelant aussi Jean-Ulrich, mort en 1661 sur laquelle se trouvent également son blason et celui de sa femme, Anna Bürlin.

Ces trois Schlumberger étaient tanneurs de leur profession. Les armoiries du gaufrier et de la pierre tombale y font allusion et se blasonnent ainsi: En pointe trois coupeaux surmontés de trois étoiles a six rais, placées 1 et 2, au-dessus desquelles est posé un peloir sommé d'une croix. Cimier : un lion issant.

La croix fait peut-être allusion au fait que plusieurs ancêtres directs des intéresses occupaient la charge de bailli de l'ordre Teutonique à Setzingen.

Pétri, en créant son tableau des bourgmestres, a supprimé, avec raison, le peloir comme accessoire individuel. Le blason ainsi modifié, devenu officiel pour ses descendants, est le suivant : D'azur à trois étoiles à six rais d'or, 1 et 2, accompagnées en chef d'une croisette de même (et en pointe d'un mont de trois coupeaux?). Cimier: un lion à queue fourchue issant d'or, armé et lampassé de gueules. Lambrequins : d'azur et d'or.

https://archive.org/details/lesanciennesarmo00mein/page/56/mode/2up?q=schlumberger

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Jacob Heinrich Petri,   Reichenfelz.

Il fut bourgmestre de 1633 à 1660. Il est l'auteur d'une histoire de Mulhouse, Mülhauser historien bis 1622 von Jacob Heinrich Petri.

"Jacques Heinrich Petri était originaire de Bâle et fut appelé, en 1620, au poste de greffier-syndic de Mulhouse, en remplacement de Jean-Georges Zichle, également Bâlois, décédé en mars de la même année. Pétri était un élève de Wurstisen, l'historien bâlois, et contracta chez lui le goût de l'histoire, de la généalogie et de l'art héraldique. La généalogie surtout l'attirait, et l'on possède de lui toute une série d'études de ce genre qu'il inséra dans sa première rédaction de la chronique de Mulhouse, datant de 1626, et pour laquelle il obtint du magistrat une récompense consistant en un gobelet en vermeil, pesant environ 30 onces, aux armes de la ville. Il rédigea également une Histoire de la famille des nobles Zu Rhein*, la Généalogie de la famille Lœscher et d'autres.

En 1633, Jacques Henric-Pétri fut nommé bourgmestre de Mulhouse, grâce à son mariage avec la fille du bourgmestre Jacques Ziegler (plus tard il s'allia à la vieille lignée des bourgmestres Hartmann), et, dés lors, il reprit en sous-œuvre l'histoire de la ville, qu'il compléta considérablement. Cette seconde rédaction date de 1640. Elle lui valut un nouveau don d'honneur consistant, cette fois, en un gobelet d'or.

Il était le fils de Jacques-Heinri Petri, juriste distingué de Bâle décédé de 1663" (E. Meininger)

Mulhouse connut durant la seconde moitié du XVIe siècle un bel essor: acquisition de territoires, reconstruction en 1552 de l'hôtel de ville de 1431, ravagé par un incendie en 1551, édification des "poêles" des tribus, c'est-à-dire des salles à boire des corporations (Zunftstube). La cité était alors servie par de grands commis de Bâle, Jean-Georges Zichle, Théobald Lauterburg, Jean-Henri Wild, André Gissler et, au XVIIe siècle, par Jacob Petri, ami de Johann Rudolf Wettstein, le bourgmestre de Bâle à qui Mulhouse dut son sort privilégié lors du traité de Westphalie: contrairement au reste de l'Alsace devenue française, la ville resta indépendante.

Je ne trouve pas le blasonnement de ces armoiries. Un bras sortant de nuées frappe avec un marteau sur une enclume faite de trois rochers, tandis qu'un visage de profil, émergeant aussi de nuées, souffle des  flammes. Le cimier reprend l'image d'un bras tenant un marteau de forgeron.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason aux armes de l'empire germanique.

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Panneau  de 80 cm de haut et 52 cm de large en verre transparent, verre coloré, peint à la grisaille et à l'émail sur verre, aux armes de l'empire, très restauré en 1887 et conservant peu de pièces anciennes du 16e siècle. L' écu est d'or à un aigle de sable à 2 têtes couronnées, aux ailes éployées.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-l-empire-germanique/72d91966-dcf1-46e7-9f7c-3a7baacfdeb3

 

"Mulhouse ville d’EmpireC’est le traité passé, en novembre 1308, entre l’évêque de Strasbourg et Henri VII élu par les princes-électeurs d’Allemagne, qui fait de Mulhouse une ville relevant immédiatement de l’Empire germanique. La cité a l’obligation de prêter serment de fidélité et de verser le tribut d’Empire (ou « Reichsteuer »). En 1354, elle devient membre de l’alliance conclue entre les dix villes impériales d’Alsace, la Décapole."  https://books.openedition.org/pumi/34731

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitrail de 1571. Saint Ours et saint Victor patrons de la ville de Soleure en Suisse.

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Ce panneau aux armes de la ville de Soleure et de l'Empire, exécuté en 1571 mesure 65 cm de haut et 52 cm de large. C'est une verrière en verres transparents, ou colorés peints à l'émail sur verre,ou à la grisaille avec emploi de verre roue gravé (bannière helvétique) . Le registre supérieur aligne les 20 armoiries des villes du canton de Soleure. Le registre principal montre saint Ursus et saint Victor qui sont les protecteurs de la ville de Soleure en Suisse (la cathédrale de la ville leur est dédiée). Un cartouche inférieur porte une inscription relative à la ville de Soleure et à l'Empire : SOLOTHURN DER ALLTE STUHE ZU ALBRAHAMS ZÜFF SEIN URFPRUNG NAM ALS NINUS DER ERST -----ARCH ---VIE UNS DIE BÜCHER ZÜGEND ZIVAR. SCHRIER IN S-RIEN NEM ZU FÜN SY SVELL ALLZEIT –SCHWESTER S¨YN, 1571.

Saint Ursus tient la bannière Suisse rouge à croix , et saint Victor celle de Soleure, rouge et blanche.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-la-ville-de-soleure-et-de-l-empire/cccd9b9a-3e7e-46f9-a765-fb097d0c35a9

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Ursus de Soleure était un chrétien romain du IIIe siècle vénéré comme un saint . Il est le patron de la cathédrale catholique romaine de Soleure , en Suisse , où se trouve son corps. Il a été associé très tôt à la Légion thébaine et à Victor de Soleure , par exemple dans le martyrologe romain . La Vie d'Ursus a été écrite par Saint Eucherius de Lyon au 5ème siècle; il raconte qu'Ursus a été torturé et décapité sous l'empereur Maximien et le gouverneur Hyrtacus pour avoir refusé d'adorer des idoles vers 286. 

The St. Ursus Cathedral (Cathedral of St. Ursus) or Solothurn Cathedral is the cathedral of the ... External links[edit]. Media related to Cathedral Saint Ursus at Wikimedia Commons ..

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Ursus, barbu,  porte une armure complète et un casque à plumet blanc, avec une chaîne d'or auquel est suspendu un crucifix. Les solerets sont de type "pied d'ours".

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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 Victor à la longue barbe blanche, est protégé par une cuirasse. On le comparera à cette gravure de Hans Manuel représentant un mercenaire suisse en 1547. On retrouve les taillades des chausses , et les manches lacées avec des aiguillettes, ou la braguette avantageuse.

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Hans Rudolf Manuel, Mercenaire suisse, 1547, gravure sur bois, Historisches Museum Bern copyright

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Fenêtre de l'étage du Musée (Bâtiment antérieur, salle du conseil ) : deux verrières.

 

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de la ville de Mulhouse présenté par deux anges.

 

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Ce panneau de la 1ère moitié du 15e siècle, de 56,5 cm de haut  et 52 cm de large a été  très restauré : l' écu d'argent à la roue de moulin [à huit aubes de gueules] sur fond bleu damassé, les pièces du fond et de l'encadrement ont été  remplacés en 1887 (verre gravé pour l'écu). 

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-la-ville-de-mulhouse/4eb79283-677c-460a-8590-ae52050b4dae

Ce sont des armes parlantes puisque Mülhausen signifie "maisons du moulin".

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Plan de Mulhouse offert par les bourgmestres en 1666.

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Ce panneau de 60,5 cm de haut et 43 cm de large  reproduit le plan de la ville dressé par Mathieu Merian, daté 1666 ; commandité par les trois bourgmestres, Abraham Heinrich Petri, Jeremias Rissler, Isaac Zuber.  

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Mulhusium Alsatiae - Mühlhausen est une gravure à l'eau-forte de Mathieu Merian l'ancien (Bâle 1593 - Bad Schwalbach 1650) représentant une vue en plan de la ville de Mulhouse (Haut-Rhin), entourée de ses remparts, dans la première moitié du XVIIème siècle. Né à Bâle en 1593, Mathieu Merian l’ancien fut un graveur de renommée européenne spécialisé dans les paysages et les vues topographiques. La "Topographia Germaniae" et la "Topographia Helvetiae" sont les deux œuvres maîtresses de ce graveur qui possédait sa propre maison d’édition à Francfort-sur-le-Main. Celles-ci parurent en 16 volumes de 1642 à 1654 et furent achevées par ses deux fils après sa mort à Bad Schwalbach en 1650. C'est en 1640 que Merian demanda à la municipalité de Mulhouse de lui fournir un plan de la ville pour servir de base à son ouvrage topographique qui devait inclure les principales villes de Suisse et d’Allemagne. Le plan qui existait n'étant pas assez précis, la ville demanda donc au peintre Hans Ulrich Loescher d'en réaliser un autre qui soit à la hauteur des exigences topographiques de Merian. Ce nouveau plan fut gravé et publié par Mathieu Merian en 1642 dans "Topographia Helvetiae". (Bellefrance.fr)

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Mulhusium Alsatiae - Mühlhausen, Mathieu Merian 1640.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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"La situation de Mulhouse sur l’Ill renvoie au rôle fondamental de l’eau dans la naissance d’un noyau urbain. L’Ill descend du Jura vers la plaine d’Alsace ; elle est officiellement utilisée par la cité, comme moyen de défense, dès le début du xve siècle : en déviant le cours d’eau de part et d’autre des remparts de la ville, les Mulhousiens l’encerclent d’un triple réseau de fossés. Ils vont permettre, par la même occasion, l’installation de moulins, foulons, scierie et aiguiserie, présents sur le plan gravé par Matheus Mérian en 1642. Traversant la cité, deux ruisseaux dits « Stadtbächlein » alimentés par les eaux des fossés, sont utilisés par les artisans en particulier les tanneurs. La ville a subi de nombreuses crues de l’Ill, son sol gorgé d’eau alimente de nombreux puits et fontaines.https://books.openedition.org/pumi/34731

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Le cartouche central indique : "Die löblihe statt Mülhausen im Elsäs anno 1666".

Elsaß qui a donné Alsace, associe El- (Ell désignant la rivière Ill) et saß qui viendrait du verbe sitzen (se trouver, être assis).

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Le registre supérieur réunit les trois blasons des trois notables Petri, Risler et Züber.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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"Herr Adam Heinrich Petri der Zeit statt schreiber zu Mulhausen . 1666."

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Adam Heinric Petri (1639-1675) est le fils de Jacob Heinrich Petri, greffier en 1620 puis bourgmestre de 1633 à 1660. Il a été greffier de la ville. Il épousa Barbara Engelmann.

Les armoiries sont très semblables à celles, déjà présentées, de son père.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Jérémie Rüssler "Herr Jeremias Rüssler des Raths und Sekelmeister zum Müllhausen".

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"Des raths" signifie qu'il est membre du Conseil, et "Sekelmeister qu'il était trésorier. Le Conseil était formé des trois bourgmestres, des  neuf conseillers, de six zunftmestres et de zunftmestres anciens. 

Armoiries : De gueules à une fleur-de-lis d'argent. Cimier : la fleur-de-lis d'argent entre deux proboscides d'argent. Lambrequins de sable et d'argent.

On retrouve ces armoiries sur le dessin d'un projet de vitrail de 1642 donnant les armoiries des chefs de la tribu des Agriculteurs. E. Meininger donne la reproduction de ce dessin dans sa planche XIV. Le blason qui nous intéresse porte dans cette planche la mention Hr Hanss Riszler, des Raths.

Et nous retrouverons cet écu plus bas à propos de Heinrich Risler.

https://archive.org/details/lesanciennesarmo00mein/page/80/mode/2up

Jérémie RISLER est né le 5 septembre 1616 à Mulhouse, et y est décédé le 6 février 1685.

 

http://www.koechlin.net/index.php/fr/genealogie-koechlin/genealogie-actuelle/koechlin-genealogie-recherche/jt-0-a-1/1!I5751

"Famille d’artisans, de tanneurs et de pasteurs d’origine suisse et de la région de Montbéliard, venue à Mulhouse, fuyant les mesures à l’encontre des protestants. Leur rôle dans les tribus des métiers leur permet d’accéder aux premiers rangs de la cité. Composée par la suite d’apothicaires et de médecins, elle comportera des commerçants de tissus et des fabricants de textile. Le dynamisme familial par des liens matrimoniaux noués avec d’autres manufacturiers, leur permet de devenir promoteurs de l’industrialisation en Alsace du Sud. Un descendant, Georges-AIphonse Risler, est le fondateur d'une filature à Cernay ; un autre, Georges Risler fut promoteur de l’habitat social.

La famille est arrivée au XVIe siècle à Mulhouse, petite république indépendante, pour fuir les mesures de l’évêque de Bâle, Melchior de Lichtenfels à l’encontre des calvinistes. Les membres de la famille modifient leur nom de Rossel en Risler. Catherine, l’une des filles de Henri Risler (1589-1643), épouse en 1604 Gaspard Dollfus (1570-1634), bourgmestre. de Mulhouse, venu de Rheinfelden et installé comme forgeron et coutelier. Son cousin Jean Risler (1597-1665) lui succède de 1656 à 1665. Jérémie Risler sera bourgmestre de 1666 à 1685, Jean Risler (1630-1710) de 1685 à 1695, Nicolas Risler (1640-1710) apothicaire de 1760 à 1778. Huit Risler figurent sur le tableau armorié des bourgmestres de Mulhouse."  http://www.memoire-mulhousienne.fr/files/downloads/risler-famille.pdf

En 1642, Henri Risler était bourgmestre, Jean Risler était conseiller, et Daniel sexvir de la tribu des Agriculteurs.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Blason de Isaac Züber : "Herr Isaac Züber dess Raths und Se-elmeister der Statt Müllhausen".

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Armoiries de la ville de Bâle.

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Ce panneau de la 1ère moitié du 16e siècle, restauré en 1887 par Kuhn, mesure 63,5 cm de haut et 52 cm de large. Il porte les armoiries d'argent à la crosse stylisée de sable de la ville de Bâle, présenté par deux basilics aux queues nouées.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-armoiries-de-la-ville-de-bale/e7736be7-0cfd-4f3f-a904-e9349f5ecea9

 

La crosse rappelle que Bâle était une ville épiscopale ; mais la crosse devint noire à la Réforme.

"L'introduction du basilic, monstre fabuleux mi-coq, mi-serpent, parmi les tenants héraldiques utilisés sur les blasons de Bâle, comme l'ange, le lion, l'homme sauvage, est due à la prolifération vers la fin du Moyen Age de légendes sur la fondation de la ville, où il était question de cet animal. L'artiste de Bâle, non connu, qui a créé ce vitrail, a réussi à représenter ces monstres de façon frappante. On craignait leur regard mortel et le venin sorti de leur bec. Les basilics, tout comme l'écusson de la ville, soutiennent la bannière d'honneur octroyée en 1512 à chaque membre de la Confédération par le pape Jules II en signe de gratitude pour leur conquête de Pavie. La bannière de Jules frangée d'or porte en haut dans le coin gauche une représentation de l'Annonciation. Les personnages et animaux représentés sur les écoinçons se réfèrent à la légende de la fondation de Bâle: un homme armé tend un miroir au basilic afin que le monstre succombe à son propre regard meurtrier." https://www.hmb.ch/fr/musees/objets-de-la-collection/vue-simple/s/vitrail-des-armoiries-de-la-ville-de-bale/

Le basilic tire son nom du grec ancien basiliscon "petit roi", ce qui n'est pas sans rapport avec le nom Basilea utilisé par Ammian Marcellin pour désigner Bâle.

Les couleurs des verres sont très belles, le corps des animaux est un bleu clair, partiellement gravé, puis peint au jaune pour obtenir par endroit du verre. Les pustules sont sans doute gravées à la molette. Fond violet damassé.

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On comparera cette verrière à celle du musée historique de Bâle :

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Musée historique de Bâle.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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La fondation légendaire  de la ville de Berne. 1512.

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Ce panneau rectangulaire de 63 cm de haut sur 45 cm de large en verres colorés et verres transparents,  peints à la grisaille  représente la fondation légendaire de Berne (Suisse), avec Berthold V de Zaehringen au pied de l'ours emblématique de la ville, un tronc issant de sa poitrine, exactement comme Jessé dans les Arbres de la généalogie du Christ. Mais à la place des rois de Juda, les branches portent ici  les armoiries des villes et bailliages du canton de Berne. Près du duc sont figurées non pas les armoiries de la maison de Zähringen d'or à l'aigle éployée de gueules, mais celles de gueules au lion d'or.

Il aurait nommé la ville en 1191  d'après le nom de l'ours (Bär en allemand) qu'il aurait tué dans les forêts voisines. C'est cet ours qui est figuré, tenant une hallebarde en main droite et entourant le tronc de l'Arbre, comme s'il était co-fondateur de la ville. En contre-point, à droite, c'est la ville qui est peinte avec ses remparts et ses tours. Le fondateur est entouré d'un ruisseau, en rappel du ménadre de l'Aar où est installé la ville.

 

Les armoiries de Berne sont les premières à droite et à gauche : De gueules à la bande d'or chargée d'un ours passant de sable [armé, lampassé et vilené de gueules].

De nombreuses armoiries sont en verre rouge doublé et gravé (dont la couleur est poncé à l'émeri ou à la molette, le verre blanc étant éventuellement peint au jaune d'argent).

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription.

Elle fait, sur deux lignes, le tour du faux cadre en plein cintre et débute par HERZOG BERCKDALD VON ZERINGEN. Elle s'achève par la date de 1512.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Monogramme HF de Hans Funk, peintre-verrier.

Le monogramme HF placé tout en bas est interprété comme celui de Hans Funk, de Munich.

"vers 1470 à Zurich, fin 1539 à Zurich, de Zurich. Fils de Hans, vitrier et peintre sur verre. Frère d'Ulrich . ​1) Madlen Gasser, 2) Anna Lustorfer. Peintre sur verre établi à Berne vers 1500, grand sautier dès 1512, membre du Grand Conseil dès 1519, Funk fut banni de la ville en 1539 pour avoir tué un confrère. Son œuvre, influencée par Nicolas Manuel, atteste qu'il fut l'un des premiers peintres sur verre suisses de son époque. Il employait vraisemblablement plusieurs collaborateurs et comptait parmi sa clientèle les conseils de Berne, de Fribourg et de Bâle, des dignitaires ecclésiastiques, ainsi que des familles patriciennes de Suisse et de l'étranger. Plusieurs de ses vitraux existent encore, dont celui de Berne à l'hôtel de ville de Mulhouse (1512), ceux de l'abbaye de Wettingen (1522) et des vitraux héraldiques à l'hôtel de ville de Lausanne (vers 1528). "Dictionnaire historique de la Suisse

https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/018308/2018-01-11/

 

 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière héraldique de "Heinrich Rilsler Burgermeister zum Mülhausen anno 1639".

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Ce sont les mêmes armoiries déjà présentes sur le blason de Jérémie Risler sur la carte de 1666.

Heinrich Risler fut effectivement bourgmestre de 1634 à 1643.

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Heinrich RISLER le jeune est né le 10 août 1589 à Mulhouse. Il est décédé le 15 novembre 1643 à Mulhouse d'apoplexie. Heinrich a épousé Catharina HARTMANN le 20 juillet 1612 à Mulhouse.
Heinrich était mercier, drapier à Mulhouse. Il était admis à la tribu des Tailleurs le 23 août 1612 à Mulhouse. Il était admis à la tribu des Vignerons le 24 janvier 1613 à Mulhouse. Il était reçu arbalétrier en 1617 à Mulhouse. Il était admis à la tribu des Bouchers le 5 février 1617 à Mulhouse. Il y était zunftmestre en 1625 , conseiller en 1626 et bourgmestre entre 1634 - 1643 .

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Dans une composition marquée par la Renaissance italienne, les armoiries sont placées dans une architecture factice ménageant deux niches  pour deux vertus cardinales, la Justice et la Prudence. Ces niches reposent sur des consoles décorées de scènes mythologiques ou romaines d'une finesse d'exécution remarquable.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière héraldique de "Jacob Heinrich Petri Burgermeister zuo Mülhausen IV anno 1639".

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Ce panneau est de la même veine que le précédent, et est placé sur la même fenêtre. Les armoiries déjà examinées de Jacob Heinrich Petri sont encadrées par les vertus de la Justice et de la Charité (une des trois  vertus théologales). En bas à gauche Moïse brise les tables de la Loi. Puis le Bon Samaritain et le Jugement de Salomon.

Ce panneau de 57 cm sur 46cm  aux armes du bourgmestre de Mulhouse Jacob Heinrich Petri, daté de 1639 est attribué à Jean Zetter, peintre verrier de Mulhouse qui travailla pour l'hôtel de ville à cette date ; il pourrait appartenir au mobilier d'origine. Il est peint à l'émail. Très bonne conservation. Quelques plombs de casse. 

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-no2/eff84c4f-a75e-414e-9d29-a1043eb2578f

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière héraldique de trois notables de Mulhouse en 1599.

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 Bâtiment antérieur deuxième étage : verrières pièce nord, côté ouest. Panneau de 47 cm su 43 cm.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-no3/b18b5aa6-dd69-4a41-b876-cd52190a1133

Il y a trois blasons correspondant à trois inscriptions. L'ensemble est présenté par deux lansquenets aux chausses mi-parti et porteurs de hallebarde.

-L'inscription indique en haut SIMON ANDREAS GRÜNEUS DES RATHS ZU MILHAUSEN 1599, inscription qui correspond au blason d'azur au pal d'or chargé d'un serpent ondoyant en pal du premier. Le cimier porte  en pal deux serpents s adossés les queues entrelacées.

-L'inscription en bas à gauche indique CLAUS HOFFER DIESER ZEIT SCHAFFNERIM BFRUNDKAUSZ ZU MILHAUSEN. 1599.  Claus, ou Niclaus, correspond à Nicolas. Le blason a été décrit par Meininger. "Celles de Nicolas Hofer, qui devint bourgmestre en 1626, n'y sont pas celles que lui attribue, en 1642, Pétri, son successeur direct dans cette charge, en 1633. Ce sont encore les anciennes, dans leur forme primitive, portant : Trois coupeaux de sinople, celui du milieu sommé d'un 4 contourné et croiseté de sable. Cimier : un buste d'homme issant, habillé d'or et de sable, au bonnet albanais d'or retroussé de sable, tenant dans chaque main des roses de gueules tigées et feuillées de sinople. Lambrequins : de sable et d'or. Le nouveau blason de Nicolas Hofer est : Parti d'argent et de gueules, à un homme d'armes revêtu de son armure et coiffé d'un heaume, ayant un manteau de gueules jeté sur l'épaule dextre et dans la main dextre une massue d'or."

-L'inscription en bas à droite indique CASPAR BURCKHARDT DEISER ZEIT SCHAFFNER IM SPITAL ZU MILHAUSEN. Les armoiries montrent une tour dont l'entrée est munie de herse, sommée d'une étoile, sur fond bleu et jaune. Le cimier reprend la tour sommée d'une étoile

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E. Meininger décrit un dessin préparatoire :

"Il existe au Musée un dessin à la plume d'un vitrail de 1599, dû à Josse Murer, de Zurich, sur lequel figurent trois armoiries : Simon-André Grynaeus, conseiller, Nicolas Hofer, économe de l'hospice, et Gaspard Burckhardt, économe de l'hôpital."

Nous apprenons ainsi le nom de l'auteur du vitrail, Josse Maurer, d'une famille de peintres-verriers de Zurich (Josias, Christophe et Josias junior).  Il faudrait peut-être rechercher leur monogramme, mais je ne découvre que la mention "Louis Herion, Zürich", qui a créé de toute pièce cette verrière sur le dessin de Josse Murer. En effet, "le comité du Musée historique avait demandé en 1911 au maître verrier Louis Hérion de Zürich de préparer un devis pour l'exécution d'un vitrail d'après un carton de 1599 appartenant au musée ; le maître verrier l'a exécuté sans attendre la commande définitive" 

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http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/illustration/ivr4219866801952xa/20f14057-57d6-4a7a-be1e-b326bee86c4c

1°) Simon Andreas Grynaeus est le fils du pasteur  Theophilius Grynaeus (1534-1583). Il est né en 1565, s'est marié en 1589  avec Barbara Schoen (1566-1591), puis avec Chrischona Finck, puis  avec Catharina Hartmann (1586-1629). Il est décédé de la peste vers 1611.

Il a été conseiller de Mulhouse, comme nous le voyons, en 1599.

2°) Nicolas Hofer

Les généalogistes indiquent un Claus Hofer 1566-1633 qui fut "hôtelier du Cerf". Il épousa en 1588 Anne TILGER (1564-1615) et en 1615 Vérène FRIES (ca 1560-1643).  https://gw.geneanet.org/seb2067?n=hofer&oc=&p=claus

Il fut bourgmestre de 1626 à 1630. Ernest Meininger reproduit ses armoiries dans sa planche II .

3°) Caspar Burckhardt

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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L'encadrement architectural représente l'entrée d'un palais dont les marches d'accès sont  gardées par les deux lansquenets, tandis que des colonnades cannelées forment la base d'une voûte aux volutes généreuses. L'architrave est décorée de deux panneaux. 

En haut à gauche, l'inscription Horatius Cocles nous permet d'identifier le héros légendaire romain Horace Coclès (le borgne) franchissant à cheval un brasier. Il est donné en exemple de bravoure pour avoir défendu le pont Sublicius donnant accès à Rome contre les étrusques du roi Porsenna.

En haut à droite, c'est Mucius Scaevola "le gaucher", autre héros romain de la même guerre contre Porsenna, qui se fait brûler la main dans le camp étrusque.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Calvaire avec les  armoiries de Hans Geiss et inscription datée de 1603.

 

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http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-vitrail-suisse-no9/79bca9f6-fba5-472d-9b91-79b244ec5a88

Ce vitrail suisse mesure 38 cm sur 27 ; il est peint à l'émail. Un calvaire est peint dans un encadrement architectural  où le niches sont occupées par des putti sonnant dans une trompe. Le registre supérieur montre entre deux masques de profil une Nativité et une Annonce aux bergers.

Dans le registre inférieur centré par des armoiries, un homme est agenouillé, à gauche, tandis que le texte de sa prière est inscrit dans le cartouche de droite.

L'identification des armoiries de gueules et d'argent sur des coupeaux de sinople, et dont le cimier est un personnage vêtu de jaune tenant deux serpents, est Hans Geiss.

Ma tentative de déchiffrement du texte est bien sûr absurde mais montre le découpage par des numéros, comme des versets : Die sibi 1–ort Christi IHS Vatter der zwei jne dan Sie voissenvhe muss sie thii 2 warlich sag ich dir heie roirstu Bei mir sum rendeisz sein 3 zweig sie dem muter sondzu Johanem semen je noe sibe dem Sohn 4mein o mein soll waru halfu mein versonen 5 stich diritet 6 evift du caro 7 Vatter in demeherif sefic ich memen seiset . Hardtz tem met 9 zpies--

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La verrière est en mauvais état : aucune pièce n'est remplacée, les verres fendus et plombs de casse affectent la scène centrale (le commanditaire) ; et la peinture est  altérée.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière aux armes de Hans Geiser.

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-vitrail-suisse-no8/757b1935-70a5-42af-ad51-ece4b626cf5d

Ce panneau rassemble des fragments du 17e siècle, et une cive armoriée moderne en partie supérieure (copie d'un type répandu au 17e siècle) ainsi qu'un verre incolore de complément moderne. Il mesure 33 cm sur 35.

Du coté droit, une inscription énonce : Hans geiser des grichts zü Langenthal und Maria Risser  sin Liebegman.

Langenthal est une commune suisse du canton de Berne. Les généalogistes décrivent bien un ou plusieurs Hans GEISER, mais dont l'épouse n'est pas Maria RISSER.

L'inscription domine un écu de gueules à trois coupeaux de sinoples et au bouc dressé.

Le registre inférieur montre une femme offrant à boire à un cavalier. La femme au tablier blanc et bleu tient une miche de main contre elle. A sa ceinture sont attachés une gourde et un couteau. L'homme, dans une guirlande (ou chapeau de triomphe), porte un uniforme. Le fond est damassé.

Plus à gauche, une femme lève un verre et tient un broc.

En haut à gauche, un cavalier chasse, fusil à la main, tandis que trois sangliers le dominent.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Verrière aux armes de Haussmaser, meunier, et de son cousin Wanermacher, bourgeois de Thun (Suisse) daté de 1650.

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http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-vitrail-suisse-no16/cf9a8f8a-4243-4d4a-85d3-9c8ac9a96225

Ce vitrail suisse peint à l'émail sur verre est un panneau de 27 cm sur 18, ou, avec encadrement de verres modernes, de 36 cm sur 25. Il a été remonté dans une fenêtre du coté est, à gauche, dans les combles du bâtiment de la chancellerie.

Je donne de l'inscription supérieur la lecture suivante :

"Man sagt  mir vil von  Sonn und mond, vom lowen und vom Scorpion. So will ich doch von den Zeichen die Jungfraun mir allein gefallen."

Elle a été traduite ainsi : ON ME PARLE DE LA LUNE, DU SOLEIL, DU LION ET DU SCORPION... SEUL LE SIGNE DE LA VIERGE SAURAIT ME PLAIRE.

Puis vient une chasse au cerf, en grisaille et jaune d'argent.

La scène principale est consacrée à un astronome, tenant une sphère armillaire et qui est interrogé par un homme ; lequel (son père ? son prétendant ?) désigne de la main une jeune femme, qui tient un feuillet (ou un gant). L'inscription supérieure est donc à attribuer à cette jeune femme.

Au registre inférieur, nous trouvons deux blasons, d'azur à la roue de moulin d'or, et d'azur à trois outils d'or.

L'inscription partiellement effacé les attribue au meunier  Haussmaser  (ou Hautsraser) der muller et à son collègue Wanermacher , Burcken---- 

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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Panneau aux armes de Hans Hartmann, bourgmestre de Mulhouse, daté de 1585.

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Nous retrouvons le motif central d'une femme offrant à boire (dans une haute chope) à un lansquenet qui tient une hallebarde, et nous retrouvons les caractéristiques de la tenue de ses soldats suisses, avec les couleurs dépareillées des manches et des jambes, les aiguillettes à gland resserrant la taille, ou le bonnet à plumes. Le costume de la femme qui semble 'un rang élevé, est tout aussi intéressant. Un petit sac et une trousse d'accessoires (ou de clefs ?) est suspendu à sa taille par une longue chaîne. C'est elle qui a accès au cellier.

Le décor architectural est Renaissance, avec les masques et ses cuirs à enroulement, cuir qui se retrouve sur le cartouche inférieur. La date de 1585 les rend parfaitement contemporains de ceux qui ornent la chapelle du château de Kerjean en Bretagne, et témoigne de l'influence des ornemanistes de l'école de Fontainebleau.

Le blason de gueules au triangle d'azur chargé d'une fleur-de-lis d'or (ou, d'azur à une fleur-de-lis d'or chappé-ployé de gueules)  porte les armes de Hans Hartmann, bourgmestre de 1585 à 1602. Voir la planche II de E. Meininger.

Le registre supérieur montre, sur un verre transparent peint à la grisaille et sanguine, un cavalier et un paysan conduisant un troupeau de porcs.

L'inscription est celle-ci HANS HARTMANN VON MULLHAUSEN BURGMEISTER 1585.

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Ce panneau de 42 cm sur 29 cm en verre transparent et verre coloré (verre rouge gravé) est en très bon état de conservation . Il est placé dans une fenêtre du coté est, à gauche, dans les combles du bâtiment de la chancellerie

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/dossier/verriere-heraldique-vitrail-suisse-no11/97f20f71-6997-4fb6-a7da-5b7ea83a8c94

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Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

Vitraux du Musée historique de Mulhouse. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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BERNIER (Isabelle),2008, Mulhouse à l’aube du xviiie siècle p. 129-39, in Négoge et industrie à Mulhouse, © Presses universitaires du Midi, Toulouse 2008

https://books.openedition.org/pumi/34666

https://hal-mnhn.archives-ouvertes.fr/tel-01102781/document

—LISTE DES BOURGMESTRES

http://www.republique-de-mulhouse.net/bourgmestres.htm

— POP-CULTURE.GOUV

Inventaire général 1992 - Scheurer Marie-Philippe, Gatouillat Françoise, Decrock Bruno

L'INVENTAIRE DU PATRIMOINE EN ALSACE

http://inventaire-strasbourg.grandest.fr/gertrude-diffusion/recherche/globale?texte=verri%C3%A8re+h%C3%A9raldique&type=

 

— HÉROLD (Michel), GATOUILAT ( ‎Françoise ), 1994, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace. Éditions du Centre national de la Recherche scientifique, 1994 - 328 pages

— MEININGER (Ernest), 1911, Les anciennes armoiries bourgeoises de Mulhouse 

https://archive.org/details/lesanciennesarmo00mein

 

 

 

— SCHOENHAUPF (Louis), Meininger Ernest, 1892, L'Hôtel de ville de Mulhouse.

 

— WARTMANN (Wilhem.), 1908, Les Vitraux Suisses au Musée du Louvre. Catalogue critique et raisonné précédé d'une Introduction historique.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64675066.texteImage

Dans sa traduction singulièrement amplifiée de la Pantagrueline Prognostication, Fischart, l'imitateur ingénieux de Rabelais, prédit, pour l'an de grâce 1574, une abondance d'eau à Venise, à Strasbourg, à Constance, à Reichenau et à Lindau, une abondance de pommes de pins dans la Forêt-Noire, de lions en Libye, de crocodiles dans le Nil, de neiges sur les Alpes, de chouettes à Athènes, de marbres à Gênes, de baleines dans la mer arctique, de flatteurs dans les cours, de marchands à Anvers, à Lyon, à Nuremberg et à Venise, de craie en Champagne, de « junkers» en Allemagne, d'évêques en Italie, et de vitraux peints et de peintres-verriers en Suisse (Joh. FISCHART, Aller Praktik Grossmutter, réimpression de la rédaction de 1574 (d'après l'édition de 1623),  ).

 

A partir de 1550, on rencontre les premiers « émaux », soit les couleurs vitrifiables, le bleu d'abord, puis le violet, et, seulement après 1600, le vert. En même temps que l'émail bleu, apparaît la grisaille brun clair et la grisaille rouge, employées pour les carnations, pour les cheveux et dans
les paysages. Pendant longtemps, on ne fit de ces nouvelles ressources qu'un usage très modéré. On
n'employait qu'un émail bleu très pur, d'une intensité à peine inférieure à celle du bleu doublé, et
cela surtout pour de petites surfaces aux contours compliqués, trop difficiles à obtenir avec l'ancienne méthode. Les peintres-verriers suisses continuaient en général à se servir des tons vifs et vigoureux des verres teints dans la masse, à une époque où, ailleurs, on était déjà sur le point d'abandonner les émaux pour ne travailler plus qu'avec la grisaille et le jaune d'argent. Lorsqu'au XVIIe siècle l'émail vert commençait à remplacer plus souvent le vert résultant de la combinaison du jaune d'argent et du bleu, ce ne fut un événement ni très important, ni désastreux pour la qualité des vitraux.


 

Le peintre-verrier français emploie, même pour les sujets de dimensions moyennes et restreintes, la technique en usage pour les grands panneaux. Les chairs, le modelé et les fonds, présentent tous une surface grenée, obtenue par le « frappage » au moyen de la brosse, de l'ébouriffoir ou du putois, tandis que dans les vitraux suisses on ne trouve que des teintes unies, étendues sur le verre au moyen du blaireau.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
10 juin 2020 3 10 /06 /juin /2020 19:42

Les vitraux de l'église Saint-Thurien à Plogonnec : la baie 5 (1520-1525) d'Alain de Guengat présenté à Saint Sébastien.

 

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Cet article  reprend celui du 10 décembre 2015, avec un texte identique mais des  photographies de meilleure qualité de février 2020. Des gros plans sur les visages montrent comment le verre blanc est dessiné  à la grisaille et coloré à la sanguine dont les lavis ou les très fines hachures  indiquent le modelé des chairs.

 

 

Cet article fait partie, dans ce blog, de l'ensemble des Vitraux de l'église St-Thurien de Plogonnec :

 

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Voir aussi ma liste de tous mes articles sur les vitraux.

 

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Voir encore, sur l'église et les chapelles de Plogonnec :


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  L'église de Plogonnec est riche de cinq verrières du XVIe siècle, celles de la Passion (maîtresse-vitre) au centre, de la Transfiguration au nord, du Jugement dernier à droite de l'autel, de la Résurrection et de Saint Sébastien au sud, attribué à l'atelier quimpérois des Le Sodec.

 

1. Le culte de Saint Sébastien.

La première question que je me pose est celle de l'origine du thème iconographique : pourquoi un vitrail voué à Saint-Sébastien ? La réponse la plus évidente est d'y voir un lien avec les épidémies de peste qu'a connu la Bretagne du XIV au XVIIIe siècle (1348 à 1758), Saint Sébastien étant invoqué contre cette maladie ce qui explique la constance de son culte et de la présence de sa statue dans les églises et chapelles. Mais l'existence de Confréries de Saint-Sébastien en France me pousse à m'interroger : ce vitrail est-il lié, ici,  à une telle confrérie ? Et qu'entend-on sous ce nom?

  Le nom Sébastien est issu du grec sebastos, "honoré, glorieux" issu de sebas, "respect, adoration due aux dieux". C'est, en ce sens, un qualificatif des empereurs romains, Sebastos devenant la traduction d'Auguste. Sebastokrator "celui qui a le pouvoir d'Auguste" est un titre impérial byzantin. Cette étymologie souligne l' image de puissance et de gloire attachée à l'Athleta Christi qu'est Saint Sébastien.

  Sébastien était un officier romain originaire de Narbonne à la fin du IIIe siècle. Remarqué par l'empereur Dioclétien qui le nomma capitaine de cette unité d'élite qu'était la garde prétorienne, il fut chargé de diriger la persécution des chrétiens à Rome, jusqu'à ce que Dioclétien découvre que Sébastien était lui-même de foi chrétienne et qu'il ordonne qu'on l'exécute par sagittation, en le transperçant de flèches. Il échappa miraculeusement à ce premier supplice, mais Dioclétien le fit rouer de coup et fit jeter son corps dans les égouts de Rome.

 

  a) Les Sociétés d'Archers.

   Dans le Nord et en Picardie, les Confréries de Saint-Sébastien sont des sociétés d'archers, ou des sociétés de tir, à mi-chemin entre une confrérie professionnelle, une compagnie de milice et une association sportive. Elles connaissent trois temps-forts : le Bouquet qui rassemble plusieurs (dizaines de) sociétés et se termine par un Bal, le Tir du Roi ou abat-oiseau, et la Saint-Sébastien le 20 janvier, où un archer est élu  Saint-Sébastien de l'année. 

   En 825, Hilduin, évêque de Soissons, fit venir les reliques de Saint Sébastien en l'abbaye royale de cette ville et créa un corps de milice pour en assurer la garde, l'Ordre de saint-Sébastien, dont l'Abbé de saint-Médard lés Soissons était le Grand Maître.

       Dans l'incipit de Sylvie, Gérard de Nerval décrit le narrateur lisant cette annonce dans le journal : "Fête du Bouquet provincial. Demain, les archers de Senlis doivent rendre le Bouquet à ceux de Loisy." Et cela déclenche l'irruption des souvenirs de fêtes, de défilés de chevaliers d'arc, et des jeunes filles...mais pas du tout de souvenirs de pèlerinage ou de dévotion.

 

b) Les Confréries de paroisse.

  C'est surtout à Paris, dans le Nord et en Normandie qu'elles se sont développées, dans le Calvados, l'Eure... sous divers noms dont celui, récent,de Confréries de charité.Leurs membres se nommaient alors "charitons". Malgré leur nom, elles se consacraient moins aux œuvres de charité, assistance aux malades, distribution de nourritures et de biens aux pauvres, qu'à assurer à leurs membres , ou aux nécessiteux une sépulture chrétienne, et il est difficile de discerner sous leur nom de Confrérie celles qui se vouent à la prière ou au culte d'un saint (nommons-les confréries de dévotion), celles qui se consacrent à la charité (disons : confréries d'assistance), celles qui se vouent aux trépassés (les confréries funéraires), et aussi, intriquées ou dissimulées derrière elles, les confréries professionnelles d'assistance et de secours mutuel : ce sont elles que la loi du 18 août 1776 voulut supprimer pour leur proximité avec les corporations. 

   Les confréries funéraires.

  Elles se préoccupent d'assurer à chaque chrétien ou chaque être une sépulture décente et conforme aux rites. Ce souci d'assurer l'inhumation se comprend si on se rappelle l'importance attribué dans l'Église à l'intégrité du corps avant et après le décès :  l'Ancien Testament soulignait déjà que l'inhumation était la manière convenable d'honorer le défunt, et qu'en priver un être est une infamie. ( Cela est retrouvé aussi dans le monde grec et la lecture d'Antigone de Sophocle suffirait à l'illustrer) Voir I Sam 17, 44-46 ; I Rois 14, 11 et 16,4 ; II Rois 9,10. La pratique de la crémation par les habitants du pays de Canaan est dénoncée par les prophètes comme un acte impie. Dans la religion chrétienne, la théologie de l'Incarnation et la foi en la résurrection de la chair renforce l'importance donnée au respect de l'intégrité du corps, mais transforme aussi  la mort en une célébration d'un passage, d'une Pâques vers le monde céleste. 

   Il importe à tout chrétien du Moyen-Age de parvenir au terme de sa vie sans avoir commis de péchés trop lourds, de s'assurer du bénéfice des derniers sacrements, d'être enterrer en terre chrétienne et 'ad sanctos", ( près du saint éponyme de la paroisse ou de ses reliques) dans l'église puis, en Bretagne dans le périmètre de l'enclos paroissial et selon les rites en vigueur, de bénéficier de prières et de messes dites à l'intention de son âme, enfin et surtout de ne pas être damné, et de séjourner aussi peu que possible en purgatoire.

  Les confréries vont  1) d'une part assurer le rôle de nos pompes funèbres (préparation du cadavre et acheminement du défunt vers le cimetière), avec les risques de contagiosité  que cela présente en période d'épidémie, 2) jouer le rôle d'une caisse de prévoyance-décès, mais aussi 3) remplir celui  d'officier du culte en dehors de l'administration des sacrements : ces différents rôles les rendent indispensables dans une paroisse, mais engendrent aussi des conflits avec le recteur ou la Fabrique paroissial...surtout lorsque les "frères" se livrent (on assure que c'est fréquent) à des excès de boisson, ou qu'ils empiètent sur les prérogatives du clergé.

  -1er rôle : En période d'épidémie et notamment lors de foyers de peste, l'angoisse est majeure, si on succombe à l'infection, de voir son cadavre délaissé tant les morts sont nombreux et tant les rescapés se protègent et évitent les risques de contagion : appartenir à une confrérie de Saint-Sébastien est  une assurance contre cela.

  -2éme rôle : les frères et sœurs de la confrérie se doivent assistance, et bénéficient pour leurs obsèques  de la présence des autres membres et du matériel funéraire.

 - 3ème rôle : Des indulgences, grâces et privilèges sont accordées à certaines confréries, et à certaines pratiques (récitation de prière, présence aux pardons et pèlerinages, etc...). Le défunt va bénéficier de l'ensemble des rites, dont aucun n'est superflu :

- le cortège qui le mène de son domicile à l'église n'est pas un simple transport de corps, mais une procession préfigurant le parcours vers les cieux. C'est aussi une "garde du corps", une protection de l'âme contre les mauvais esprits qui peuvent la ravir. Il suffit de songer au vitrail de la Passion à La Roche-Maurice, où on voit le démon ravir l'âme du mauvais larron au moment où, précisément, celui-ci "rend l'âme" pour imaginer ce que peuvent redouter les agonisants et pour penser que, dans l'esprit médiéval, la fin de vie est le moment de tous les dangers, le "quitte-ou double" où tout se joue pour la vie éternelle, et le dernier grand combat contre les forces du mal .Les cantiques, le psaume Miserere ; l'antienne aperite mihi portas iustitiae, l'antienne in paradisio à l'entrée dans l'église le cantique Nunc dimittis sont autant de garanties déployées contre les dangers. La croix, les bannières, l'encens, l'eau bénite, la lumière des cierges, ou les cloches du glas , mais aussi le "drap" mortuaire participent à ces mesures de protection de l'âme pendant la période de transition et de passage entre le monde des vivants et celui des trépassés, la tombe étant une Terre Promise. 

  On comprend alors que chaque confrérie funéraire dispose de son propre arsenal : bannière de confrérie, croix de procession, drap mortuaire.

Les confréries funéraires s'engagent aussi à faire dire une messe pour le défunt (dont le nom est mentionné aussi dans le memento des morts de la messe dominicale), et une messe votive annuelle.

 

   Tout cela me renseigne, mais je lis aussi que les confréries de charitons ne sont pas attestées en Bretagne : l'existence des confréries y est pourtant parfaitement établie, mais pour  quels rôles ?

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c) la Confrérie de Saint-Sébastien à Plogonnec.

  J'emprunte les éléments qui vont suivre à un article de Roger Barrié intitulé "Mobilier cultuel et décor intérieur dans l'église de Basse-Bretagne au XVIIème et XVIIIème siècle", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 1983, vol. 90 n°90-2 pp. 377-386.

- L'ensemble des verrières (dont le vitrail dédié à Saint-Sébastien) ont été construites entre 1520 et 1540.

- Une Confrérie de Saint-Sébastien disposait d'un autel contre un mur aveugle au nord du transept. La dévotion à Saint-Sébastien s'accentue après "l'épidémie de 1633", épidémie sur laquelle je dois me renseigner. En effet, l'offrande annuelle à Saint-Sébastien qui était auparavant de 20 à 25 sols sous forme de chanvre à tisser, passe brusquement à 90 livres, soit sauf erreur 1800 sols (La livre tournois valant 20 sous).

-En 1638 est institué le grand pardon de Saint-Sébastien.

- En 1723, c'est la chapelle Nord-Est qui est dédiée au saint guérisseur de la peste, avec sa statue sur l'autel, un tableau le représentant, et on lui adjoint une représentation (statue ? tableau ? ) de Saint Roch, également grand guérisseur de la peste. "Ainsi le chevet du collatéral nord constituait un lieu de recours contre les épidémies, par le moyen de la dévotion  envers les saints guérisseurs".

Voilà donc établi sur des preuves historiques qu'à Plogonnec, comme sans-doute ailleurs en Bretagne, la confrérie de Saint-Sébastien est en relation avec l'épidémie de peste. Il resterait à savoir si c'est une confrérie d'intercession et de dévotion, se donnant comme obligation le culte du Saint par les prières, les offices,les cierges, les offrandes, les images de représentation ou les processions, ou bien s'il s'agit d'une confrérie funéraire réagissant à la pénurie de moyens d'inhumation lors des épidémies.

  Une confrérie peut disposer ou commanditer la construction d'une chapelle ou d'un autel, d'une statue, d'un tableau, d'un vitrail, d'une bannière, d'une croix, d'un drap mortuaire ou d'autres biens. Les premiers éléments sont authentifiés à Plogonnec, même si le vitrail n'a pas été commandité par la confrérie, mais par des donateurs membres de la noblesse. Mais parmi les bannières conservées dans l'église, et parmi les 80 bannières que j'ai pu inventorier en Finistère, aucune n'est consacrée à Saint-Sébastien, dont le culte s'est sans-doute éteint avec l'épidémie de peste au profit de nouveaux cultes du XIXème siècle et de nouvelles confréries : Sacré-Cœur, Sainte Thérèse de Lisieux omniprésente, Sainte-Famille, Notre-dame de Pitié, etc...

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 II.  le vitrail de saint-Sébastien : vue d'ensemble .

 Il se compose de trois lancettes et d'un soufflet de trois mouchettes.

Je dénombre treize panneaux ; la couleur rouge du fond crée une unité d'ensemble, structurée par trois bandes architecturales traitées en grisaille. Dans le registre inférieur, une tenture rouge à bordure jaune réunit les trois groupes de personnages, qui se logent sous les trois arcades. Au registre supérieur, on retrouve les trois arcades isolant trois scènes de Nativités.

  Cette belle unité est le fruit du talent de restaurateur de l'atelier Jean-Pierre Le Bihan, et cache la disparité de fragments incomplets provenant soit des autres verrières de l'église, soit de la chapelle saint-Théleau, la dépose des vitres durant la guerre et les restaurations précédentes ayant brouillé les pistes : tout cela étant expliqué dans le blog du restaurateur :

http://lebihanvitraux.over-blog.fr/article-10509681.html

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17041825.html

  En 1867, Adolphe Joanne dans son Itinéraire de la France décrivait le panneau du donateur comme appartenant au vitrail de la Passion, et celui de la donatrice au dessus d'un autel de st Maudez dans une niche décrivant sa vie. Je ne me hâte donc pas d'y voir les donateurs d'un vitrail de St Sébastien : un don par une confrérie reste peut-être possible.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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III. Le registre inférieur :

  On identifie Saint-Sébastien dans sa posture typique d'éphèbe martyrisé à la belle indifférence, et un couple de donateurs présentés au Saint par leurs intercesseurs. Je décris le vitrail du bas vers le haut et de gauche à droite en nommant les lancettes A, B, C et les panneaux de 1 à 4 ou 5.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneaux A1, A2 et A3 : Saint Allan présentant Alain de Guengat :

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   Le panneau inférieur A1 est moderne ; les deux panneaux A2 et A3 mesureraient 49 x 50 cm et 46 x 50 cm.

  Sous une arcade en grisaille rehaussée de jaune d'argent, et un dôme de couleur bleue, Saint Allan (version bretonne de Saint Alain) est vêtu en évêque nimbé,  avec mitre à orfrois, chasuble verte doublée de violet et ourlée d'un large galon d'or, grande pièce de broderie en Y devant la poitrine,  gants gris, crosse épiscopale, et au bras gauche la manipule de soie dorée. L'anneau épiscopal n'est pas visible

  Derrière lui, une tenture rouge damassée porte l'inscription  :  S : ALLAN, en lettres gothiques minuscules dont le n est ornée d'une hampe lui conférant l'allure d'un y.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Saint Allan "présente" par un geste de la main sur l'épaule le donateur du vitrail. Il porte un surcot bleu sur lequel des mains blanches présentent leur paume. On s'interroge, on croit à une erreur, si on ne pense pas à les traduire en termes d'héraldique. Un fond bleu et trois paumes blanches, le chevalier porte " d'azur aux trois mains dextres appaumées d'argent en pal" , "en pal" signifiant "placées verticalement". 

  Ce sont les armoiries de la famille des de Guengat, dont la devise est" Trésor" et "Leal à ma foy". Le château de Guengat, mentionné depuis 1203 mais dont il subsiste des éléments au sein d'une ferme moderne, est situé au Nord de la commune de  Guengat, à la limite de  Plogonnec, sur une butte située à 143 mètres d'altitude. Il fut assiégé et pris par les Quimpérois en 1591, pendant la Ligue, après que Jacques II ait pris parti pour Henri IV. Il fut récompensé de son choix en étant nommé chevalier de l'ordre de Saint Michel en 1602. 

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  Ils possédaient une chapelle à la cathédrale de Quimper, et leurs armes sur deux portails de la cathédrale. Au XVème siècle, Jehan de Guengat fut chambellan et conseiller du duc Jean V.

   Le personnage qui figure ici est (comme nous le souffle son intercesseur), Alain de Guengat, vice-amiral de Bretagne. ( Il existe différentes Amirautés en Bretagne, dont l'Amirauté de Quimper ou de Cornouaille, dirigées par un Amiral de Bretagne secondé par des Vice-Amiraux). A ce titre, disposant en 1527 de lettres de marque du roi, il fit la guerre aux Portugais qui avaient pillé les côtes de France en l'absence du roi, et mena sa mission "avec un tel succès que le roi du Portugal versa une rançon". ( Prosper Levot, 1864) . Auparavant, il avait, comme maître d'hôtel du roi, accompagné François Ier en Italie :il y fut prisonnier avec son souverain à Pavie (24 février 1525) et partagea sa captivité de deux années à Madrid. En reconnaissance, François Ier le nommé capitaine de Brest.

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  En 1521, pour cacher une cicatrice de brûlure qu'il avait reçu en jouant à attaquer l'hôtel du Comte de Saint-Paul  à Romorantin, François Ier s'était laissé couper les cheveux et pousser la barbe, inaugurant ainsi une mode qui dura jusqu'à Louis XIII. Mais ici, Alain de Guengat est imberbe, et il est coiffé à la mode du XVème siècle, cheveux taillés en avant et longs en arrière avec une raie médiane. sa tenue vestimentaire ne semble pas non plus à la mode, elle est loin du costume de François Ier par Clouet , point ici de belles étoffes, de crevés, certes le col est court , et peut-être orné d'un ruché mais l'armure complète lisse, nos travaillée et le surcot simple n'évoquent pas les fastes de la Renaissance. Du vitrail originel, nous n'avons que les cubitières avec leurs oreillons arrondis qui pourraient aider à la datation,  et les brassards d'avant-bras. La cubitière n'est pas pointue, comme au XVème siècle.

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   Le panneau A1 serait, si j'ai tout compris, de Jean-Pierre Le Bihan qui aurait reconstitué la position agenouillée devant un prie-Dieu, les autres pièces de l'armure, le sol en le traitant en mosaïque monochrome comme celui du panneau voisin,  et la frise .

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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 Panneaux B1 et B2 : Saint Sébastien.

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  Il se tient adossé à la colonne qui symbolise le Christ, les mains liées derrière cette colonne de la couleur verte qui est au Moyen-Âge,celle de la croix, et du Christ après la crucifixion. Il se tient sous le dais bleu à godrons reposant sur les deux culées et surmonté d'une niche semi-circulaire a clef de voûte sculpté en bouquet floral, que nous avons observé dans la lancette A, et nous retrouvons aussi la tenture rouge. Il est coiffé comme l'est Alain de Guengat, cheveux longs,mais le front dégagé par une franche ou une raie médiane.

On sait que Saint-Sébastien est le seul saint, et avec le Christ la seule figure religieuse représentée nue, ou dénudée. Les artistes renouent alors avec les bustes antiques et avec les statues d'Apollon, décrivent avec complaisance un bel Éphèbe, voire parfois un bellâtre efféminé, mettent en valeur la musculature, soignent la pose et retrouvent le contraposto, cette attitude de la statuaire grecque où l'athlète s'appuie sur une jambe fermement tendue alors que l'autre, fléchie, libre, amorce un mouvement de rotation qui entraîne déjà avec lui le bassin et le tronc. Et ce contraposto confère au héros un charme trouble fait de nonchalance maniérée.

On compte ici sept flèches, profondément et outrageusement enfoncées, avec la détermination d'un sorcier pratiquant un envoûtement. Souvent, seules cinq flèches sont représentées, correspondant aux cinq plaies du Christ, mais le chiffre sept est riche de signification également. L'invraisemblance des deux flèches qui transpercent les deux jambes en même temps n'est pas gênante, tant il est évident que nous sommes placés ici très loin de la réalité, dans un plan métaphorique que nous comprenons parfaitement.

  C'est le drapé transparent et déchiré qui me fascine, avec cet effet de déshabillé ou de "tee shirt mouillé" étonnamment audacieux . S'il est, pour un peintre, une belle prouesse technique, cela doit être aussi un bel exploit pour un maître-verrier. Cacher en laissant voir, évoquer la violence faite au corps par la meurtrissure de l'étoffe, jouer de l'ambiguïté des plis, des fentes, ou des brèches , choisir une mousseline pour sa fragilité et pour sa manière de couvrir las chairs comme une caresse , qu'en penserait Gaétan Gatian de Clérambault?

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  Le socle en verre blanc traité en grisaille et jaune d'argent prolonge celui des panneaux A1 et C1 en alternant des colonnes cannelées au chapiteau centré par une rosette, avec des médaillons représentant de gras Amours au carquois bien remplis et aux cheveux paille hérissés comme des flammes, qui bandent leur arc. Seul sans-doute le hasard des reconstitutions de fragments vient placer ces petits archers sous l'effigie de leur saint patron.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneaux C1 et C2 : Sainte Marie-Madeleine présentant Marie Tromelin de Guengat :

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   S'il fallait désigner une homologue féminine à saint Sébastien, Sainte Marie-Madeleine serait une candidate à ne pas écarter, tant l'ancienne pécheresse est souvent figurée en Vénus repentie, tant les artistes se sont plus à la vêtir de peaux de bêtes ou de sa seule chevelure pour dévoiler ses formes, et tant Marie de Magdala devient, par son passé de courtisane et  sa proximité tendre avec le Christ à qui elle s'adressait en le nommant affectueusement Rabbi, une figure de la féminité et de la séduction : le renoncement à l'érotisme dans la pénitence et l'ascèse possède ses charmes secrets. 

   Mais ici, point de mélancolie évanescente (ce n'est pas encore l'age baroque), point de longs cheveux blonds ou roux à l'animalité sauvage (ce sera au XVIIIe), point de pose extatique au pied d'une croix ou d'une déposition, mais une sainte anonyme dont seul le vase de parfums nous révèle l'identité. Sans celui-ci, nous ne l'aurions pas reconnue derrière son déguisement de mère-la-pudeur tirée à quatre épingles, pas un cheveu qui ne soit soumis à la stricte discipline d'une guimpe austère, le regard triste, la mine rébarbative,  pâle frileuse abritée dans une grande cape verte.

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  Elle porte un surcot  de couleur or, damassé, à manches courtes au dessus  d'une robe bleu-sombre à motifs losangiques et à manches blanches à gigot. on voit le nœud d'une ceinture couleur  fuchsia. De la main gauche, elle place, sans vraiment le tenir, dans le dos de la donatrice un livre à fermoir curieusement entièrement bleu.

  Son grand manteau fait un pli curieux pour se placer dans le dos de la donatrice.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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La donatrice est agenouillée à son prie-Dieu, les mains jointes sur un missel. On remarque trois bagues, l'une sur la première phalange de l'annulaire, les deux autres sur la deuxième phalange de l'index et de l'auriculaire de la main gauche, la main droite échappant à notre curiosité. Au Moyen-Âge, lorsqu'un fiancé offrait une bague et que celle-ci restait bloquée à la deuxième phalange, ces dames y voyaient un signe que, en son ménage, la fiancée porterait la culotte. Mais il faut chercher ailleurs l'explication de ce détail. A l'époque gallo-romaine, les bagues se portaient à la phalangine ou P2. L'examen du célèbre tableau La Fornarina de Raphaël montre que la "fille du boulanger" porte un anneau d'or sur la deuxième phalange de l'annulaire, et un commentaire dans le Nouvel Observateur indique que c'était alors la mode de porter ainsi les alliances, et rappelle aussi cette croyance de la période Renaissance en l'existence d'une veine qui partait de l'annulaire pour se rendre au cœur. Les veuves portaient parfois une alliance de veuvage, et sur un portrait de Bernard Van Orley (1493-1542) Marguerite d'Autriche se trouve représentée avec un anneau émaillé de noir au second doigt de la main gauche. Je ne remarque aucun chaton, ce sont des anneaux simples dits à tige ou à simple jonc, à demi-roont c'est à dire plat dans sa partie interne et rond dans sa partie externe, lisse sans ornementation de filets ou de feuillage, sans niellure ni émail, sans monogramme ni inscription ; ils peuvent être en cuivre, en bronze, mais je gage qu'ils sont en or. Je vais m'en tenir à l'hypothèse suivante : les deux bagues  de phalangines sont des alliances de veuvage, la bague de la phalange de l'annulaire est l'alliance en rapport avec le mariage valide à la date du portrait.

  

Elle est coiffée d'un chaperon de velours noir à la bordure brodée d'or et ornée de perles. Ce chaperon semble fixé à une coiffe, un petit béguin de soie qui recouvre les cheveux tirés en arrière pour dégager le front. Un voilage recouvre le visage.

  Elle porte une chemise fine qu'on entrevoit à l'encolure, laquelle est arrondie, prés du cou, sans ornement, et aux poignets où elle s'orne de dentelle. Puis nous voyons un vêtement blanc au décolleté à peine marqué, arrondi et non carré selon la mode italienne récente, vêtement qui descend assez bas  et dont je ne sais dire s'il s'agit de la cotte (ou corset) ou de la robe. Des rangées de boutons dorés s'alignent sur le devant, sans paraître en assurer la fermeture. Au dessus, une très belle robe lie-de-vin très ouverte se pare de revers mauves et fait apparaître sa doublure de soie d'or par les grandes manches retroussées et pendantes. Les avant-bras sont couverts par une belle étoffe rouge représentant peut-être des manches attachées au coude. L'ensemble est luxueux mais reste, pour un néophyte, en dehors de la mode italienne du début du XVIe siècle.

  Outre les bagues, le seul bijou est une chaîne (d'argent) en collier.

  Répondant au chien qui bondit sur les armoiries, deux lévriers sont couchés au pied de leur maîtresse, dans des poses bien naturelles. 

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      Il s'agit de Marie de Tromelin, dame de Livinot et de Botbodern en Elliant, épouse en troisième noce d'Alain de Guengat qu'elle épousa en 1521 après un mariage avec N.du Perrier, sieur de Coatauton puis avec Fiacre de Trogoff. Elle est la fille de Jean de Tromelin (décédé en 1500) et d'Isabelle de Kervastard . Elle eut trois enfants d'Alain de Guengat : Jacques, René (décédé en 1587) et Claudine. Elle est décédée le 18 décembre 1547. Il ne faut pas la confondre avec Marie de Tromelin, dame du Bourouguel, veuve de Claude de Penmarc'h et épouse en 1588 d'Anne de Sansay, sans descendance.

  Elle porte, sans que l'on puisse affirmer que c'est une partie de son costume ou un élément surajouté, les armoiries des Guengat et des Tromelin en écartelé :  Guengat porte, nous l'avons vu, "d'azur aux trois mains dextres appaumées d'argent en pal", et Tromelin porte " d'azur au levrier passant d'argent". Ce blason est surmonté d'un autre, "d'argent à trois chevrons de sable", qui est Kervastar, seigneur de Kerengar en Elliant. Ces deux dernières armoiries se trouvent sur le tympan de la maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot (Ergué-Gaberic), et les deux premières (Guengat-Tromelin) dans l'oculus de la même verrière.

  il ne faut pas confondre ces Tromelin issus de Mahalon (près de Pont-Croix en Cornouaille) avec les Tromelin du Léon, qui portent d"argent à 2 fasces de sable.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.

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      Il est consacré à une scène d'Adoration des mages que Jean-Pierre le Bihan intitule "fragments d'adoration des mages et d'un prophète".

  Tel qu'il se présente au visiteur contemporain, abstraction faite du travail de restauration à partir de "fragments", il forme une belle unité tant architecturale avec les trois loges en arcade surmontées de pots à feu que par la couleur rouge du ciel.

On lira dans mon article sur les verrières de Notre-Dame du Crann en Spézet les rapprochements qui s'imposent  entre  la baie 3, datant de 1546, et traitant d'une Adoration des Mages et des Bergers, et ce registre supérieur de Plogonnec.

http://www.lavieb-aile.com/2016/06/les-vitraux-de-notre-dame-du-crann-a-spezet-l-adoration-des-mages-et-des-bergers.html

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Panneau A4 : La Vierge à l'enfant :

 

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  La Vierge, la tête couverte d'un voile,vêtue comme il se doit d'un grand manteau bleu, au dessus d'une robe violette, tient l'Enfant-Jésus qui puise de la main droite dans une boite en or au couvercle évasé. J'y voyais une bonbonnière, mais vous seriez plus avisés peut-être d'y voir le précieux cadeau que le premier Roi Mage, qui s'est éclipsé, lui a offert  : de l'or, si c'est Melchior, ou de la myrrhe, si c'est Balthazar.

  Le galon du manteau porte une inscription, qui appartient au panneau A1 : l'aviez-vous remarquez ? En vous y reportant, vous déchiffrerez : VEORE.AV/SAMERORO  J'attends vos interprétations, mais la plupart du temps sur ces vitraux quimpérois de l'atelier Le Sodec, les inscriptions sont des séquences aléatoires de lettres à visée décoratives..

  Je remarque aussi la belle étoile des bergers, qui incite à ne pas voir une simple Vierge à l'Enfant, mais à l'inclure dans une Nativité.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneau B3 : fragment de Nativité, Roi mage.

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  Il met en scène un des trois Rois mages portant un récipient en or et argent doté d'un couvercle. Classiquement, le roi mage à barbe blanche, c'est  Melchior, qui offre l'or. Il est bien beau, avec sa barbe bien taillée, son collier d'or, sa robe rouge au camail bleu et son manteau vert. Mais les deux gamins qui se sont hissés sur le mur de la crèche lui volent la vedette, tant ils sont mignons. Ce sont des bergers, puisque l'un tient sa houlette.

   L'ange de nativité semblerait appartenir à ces pastoureaux stupéfaits si ses ailes vertes et le nuage bleu qui lui sert de tapis volant ne nous informaient qu'il appartient aux légions de séraphins messagers et autres chérubins. L'étole qui se croise sur son aube est décorée de croix et de losanges.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Panneau C3 : Fragment de Nativité : Roi Mage :

 

 

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C'est pour moi une scène analogue au panneau B3, avec un roi à grise mine (la sanguine a du s'effacer) et à la drôle de couronne de guingois. Il porte le même collier que le mage précédent, une robe rouge, un camail vert sur un vêtement richement ornè de broderies d'or. Sur le bord de ce dernier se lisent les lettres ORAPRON à droite (ora pro nobis, "priez pour nous") et VER à gauche.

  Un autre berger blond encapuchonné est le "ravi" de nos crèches de santon, avec ses bras levés en signe d'émerveillement et son sourire d'extase.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Le soubassement.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

Baie 5 de l'église de Plogonnec. Photographie lavieb-aile février 2020.

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LE TYMPAN

 

par Le Bihan.

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SOURCES ET LIENS.

 

 — BARRIÉ (Roger)  Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979  Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)

— GATOUILLAT (Françoise) HEROLD (Michel), Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum France recensement VII, Presses Universitaires de Rennes : Rennes 2005 pages 157-159.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17041825.html

— LE BIHAN (Antoine), blog 21 mai 2007.

http://lebihanvitraux.over-blog.fr/article-10509681.html


 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
17 mai 2020 7 17 /05 /mai /2020 22:19

Verrière recomposée des anciens vitraux de la chapelle de l'Hôtel-Dieu de Beaune exposée dans le Musée.

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Voir sur Beaune :

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L'intérêt.

Cet ensemble qualifié de "macédoine" réuni des fragments des anciens vitraux de la chapelle de l'Hôtel-Dieu de Beaune et de fragments provenant du legs Humbert. Une inscription précise que la mise en plomb a été assurée par "messires Defrance et C. Chenot de Dijon en 1912". Ceux-ci ont travaillé ensemble comme peintres-verriers en Côte d'Or (exemple)

 

Le défaut de cette recomposition est de mélanger des œuvres disparates sans connaître leur provenance exacte, les ensembles qu'ils formaient entre eux, et, surtout, la part de "restitution" à laquelle il a pu être procédé.

L'avantage est évident néanmoins, qui est de sauvegarder des pièces précieuses, et assez homogènes malgré tout puisqu'on y trouve une majorité de vitraux en verre blanc, peint à la grisaille et au jaune d'argent, voire à la sanguine, sur des thèmes principalement religieux puisque beaucoup provenaient de la chapelle : Nativité de la Vierge, Annonciation, calvaire, Vierge à l'Enfant, sainte Madeleine, saint Michel, saint Christophe. Deux scènes historiques non identifiées proviennent peut-être du fonds Humbert.

L'intérêt est également grand pour les amateurs d'ensembles emblématiques, puisqu'on y reconnaît la devise et les emblèmes du chancelier  Nicolas Rolin et de son épouse (fondateurs de l'Hôtel-Dieu), associées à un autre ensemble qui pose une énigme excitante.

Les dimensions  en sont :H = 180 ; la = 143,5 (dimensions totales) ; Christ en croix : d = 17.7 ; saint Christophe : d = 20.5 ; sainte Madeleine : d = 17.5 ; saint Michel : d = 10.8 ; Annonciation : d = 20 et 19.1 ; scène avec pape : d = 22.3 ; scène avec empereur : d = 21.8 ; Vierge à l'Enfant assise : h = 17.2 ; naissance de la Vierge : h = 23.7, la = 19.3

 

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Vue d'ensemble.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Partie supérieure.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Tympan de l'ogive : visage de sainte (?) au bandeau.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Vierge à l'Enfant, couronnée, nimbée, assise sur une cathèdre.

Blason à bordure rouge, fond bleu, figures en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc.

 

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Saint Christophe traversant le gué en portant le Christ enfant.

Médaillon de verre transparent peint en grisaille et jaune d'argent.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Calvaire ; monogramme H A (?)

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Calvaire sur un médaillon de verre transparent peint en grisaille et jaune d'argent. Inscription A*NUS * DEI * QUI  * TOLIS * PECATA * MONDI * --RE NOBIS.

Monogramme en grisaille H et A (ou B et A) ornées de filigrane.

 

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Saint Michel terrassant le dragon.

médaillon de verre transparent peint en grisaille et jaune d'argent.

Deux visages : a priori portrait de personnages historiques (donateurs)  en  verre transparent peint en grisaille et jaune d'argent et (à droite, sanguine).

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Scène romanesque ou légendaire : un chevalier furieux frappe de son épée une ceinture et un fourreau portant l'inscription CO-TA MORI devant un pape offusqué et un paysan qui a lâché sa bêche.

Selon Pop-culture, "ce pourrait être une allégorie de la guerre avec au centre un seigneur guerroyant, à gauche le pape le désapprouvant et à droite un paysan effrayé ".

Grisaille et jaune d'argent sur verre transparent.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième scène romanesque ou légendaire : un chevalier ayant ôté sa cuirasse et son casque se transperce de son épée devant le pape et un autre chevalier.

Grisaille et jaune d'argent sur verre transparent.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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La Nativité de la Vierge.

Anne, la Vierge enfant, une servante  et Joachim.

Grisaille et jaune d'argent sur verre transparent.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Bordure de gauche : la devise SANS DEPARTIR sur une banderole entourant une tige à feuilles de saule  avec ses racines. raccordé dans le carreau supérieur avec une tête de chardon

En dessous : trois chardons et leurs feuilles découpes. Putto tenant une S. Putto tenant un sautoir engrêlé.

La devise SANS DEPARTIR fait l'objet d'une notice de la base DEVISE et attribuée à Louis de Beauvau, 1409 †1462 Capitaine d’Angers, gouverneur de Lorraine, sénéchal d’Anjou (1445 et 1448), grand sénéchal de Provence. Seigneur de Beauvau, de Sermaise et de la Roche-sur-Yon, fils de Pierre de Beauvau et de Jeanne de Craon, Epoux 1) en 1427, Marguerite de Chambley  2) en 1440, Jeanne de Baudricourt  3) Anne de Culant

https://devise.saprat.fr/embleme/gaffes#footnote-7

On la trouve enrubannant des gaffes crochetées en marge du Diurnale Franciscanum peint pour Louis de Beauvau vers 1455 : Bnf NAL 3195.

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BnF NAL 3195

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Elle est associée à ses armoiries Ecartelé au 1 et 4 d’argent à quatre lionceaux de gueules (Beauvau), au 2 et 3 losangé d’or et de gueules (Craon), surmontant la belle  LOS EN CROISSANT qui est la devise de l'Ordre du Croissant dont il était chevalier.

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Gallica Diurnal franciscanum BnF NAL 3195 f.69v

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8452809j/f119.image

 

La BnF le présente ainsi : Louis de Beauvau (Paris 1418-Rome 1462) entre 1430 et 1470. Ce personnage est décrit comme Poète. - Capitaine de la ville d'Angers, sénéchal d'Anjou. - L'adaptation du "Filostrato" de Boccace est incertaine entre Pierre de Beauvau, son fils Louis de Beauvau ou un cousin, Jean de Beauvau. On lui attribue le Roman de Troyle et Criseida (vers 1453-1455), adaptation "par Beauvau, seneschal d'Anjou" du  "Filostrato" de Boccace (attribution  incertaine entre Pierre de Beauvau, son fils Louis de Beauvau ou un cousin, Jean de Beauvau, 1380-1435). La devise déclarerait son titulaire serviteur sans départir de René d'Anjou.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_de_Beauvau

https://www.arlima.net/il/louis_de_beauvau.html

L'explicit du Romant de Troïlus (conservé dans 14 manuscrits) est : "que en le lisant vueillent avoir aucune compassion du tourment et du martire que amours jusques ycy me ont fait endurer, et je mettray cueur, corps et pensee a les servir loyaulment jusques a la mort et sans departir. Amen. Explicit le romant de Troïlus. Deo dicamus gratias."

La devise se retrouve dans le premier feuillet, en guise de dédicace  : "Sans despartir tant que seray en vie a vous, mes dames, me suis entier donné …angl personne ay mon cœur et pensée ente se et voulente pour parvenir aponoi acquerir la grace de bons contes et entre – principallement endont laquelle sans m-- mespriser fut par mes yeulx et…  [mains romans et mains livres entre lesquelz en ..]." BnF fr.1501

L'explicit du Romant de Troïlus (conservé dans 14 manuscrits) est : "que en le lisant vueillent avoir aucune compassion du tourment et du martire que amours jusques ycy me ont fait endurer, et je mettray cueur, corps et pensee a les servir loyaulment jusques a la mort et sans departir. Amen. Explicit le romant de Troylle. ."

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Gallica. Bnf 1501 f.1

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Explicit du Romant de Troyle BnF fr. 1501 Gallica

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Bordure de droite, en haut  : devise SEULE * (Seule étoile) sur une banderole entourant une tige à feuilles lobées, munie de ses racines et produisant une fleur à deux pétales et trois étamines. Emblème de Nicolas Rolin.

Bordure de droite, en bas : reprise de la devise SANS DEPARTIR et de sa plante : motif à 5 points en quinconce.

Bordure inférieure : putti aux armoiries d'or au sautoir engrêlé ou portant le mot JATENS.

 

 

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Devise et emblèmes du chancelier Rolin.

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On la trouve un peu partout à l'Hôtel-Dieu de Beaune, sur les tentures, les pavements.

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On la trouve sur un pavement de quatre carreaux de terre cuite vernissée polychrome  de 1451 du tuilier Denis Le Geot de l'atelier d'Aubigny-en-Plaine  (également responsable de la toiture à tuile vernissée des Hospices)  sur un quatre estampes sculptées sur bois du tailleur d'images Jehannin Fouquerel (commande sur les comptes de Jehannot Bar) en 1448. La devise, sur quatre carreaux, se compose d'un centre où sont apposées les initiales G et N enlacées figurant les époux Guigone de Salins et Nicolas Rolin. De ce motif émerge un arbuste, avec ses racines et ses branches donnant des feuilles lobées interprétées comme celles du chêne, symbole de fidélité et de pérennité de leur mariage. L'encadrement circulaire reprend la devise SEULE * (seule étoile) soulignant en un sens galant la fidélité et l'amour que Nicolas porte à Guigone.

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Voir MAERTEN (Michel)

http://www.cecab-chateaux-bourgogne.fr/Documents/Articles/Maerten%20-%20Les%20carreaux%20Nicolas%20Rolin.pdf

Pavement , musée Rolin d'Autun. Photographie lavieb-aile.

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Elle est reprise partiellement par le cardinal Jean Rolin, par exemple sur les deux coins supérieurs du cadre de la Nativité de Jean Hey exposée au Musée Rolin d'Autun : la devise change (Deum Time, "crains Dieu") mais l'arbuste est le même.

 

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Nativité par Jean Hey. Musée Rolin, Autun. Photographie lavieb-aile.

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Le cardinal Jean Rolin la reprend dans le Livre des Trois-Marie BnF français 24311 (c'est la même plante aux étamines dressées) avec la devise ED NEIB RE MA, interprètée comme DE BIEN AIMER.

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Livre des Trois Marie

 

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Médaillon de l'Annonciation

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Médaillon de l'Annonciation ; visage d'un chantre et d'un clerc.

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Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

Musée de l'Hôtel-Dieu de Beaune. Photographie lavieb-aile.

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
12 mai 2020 2 12 /05 /mai /2020 21:55

Les vitraux (fin du XVIe siècle début XVIIe) de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude : la Vie de saint Louis.

 

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voir aussi :

 

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Mon projet était d'étudier comment s'établissent les rapports entre enluminures et peinture sur verre, à partir de l'assertion donnant comme source de ce cycle de la Vie de Saint Louis à Champigny-sur-Veude le manuscrit Le Livre des faiz monseigneur. Le BnF fr 2829 daterait de 1480-1485 et a été enluminé par un artiste nommé, par François Avril, précisément à partir de ce manuscrit,  Maître du cardinal de Bourbon et actif à Paris entre 1470 et 1500. 

On doit cette hypothèse à Eugène Pépin en 1928, elle fut présentée ensuite (1975) par  Alain Erlande-Brandenburg et reprise (tempérée de l'adjectif "vraisemblablement") par Louis Grodecki.

Pourtant, la confrontation entre les enluminures et les vitraux m'a vite montré que la relation entre les deux œuvres était lointaine. Le maître-verrier avait peut-être puisé dans la bibliothèque des Bourbons (si tant-est que ce manuscrit s'y trouvait) pour y trouver la documentation des dix tableaux historiques et hagiographiques qu'il devait peintre, il s'était peut-être inspiré de certaines compositions pour les scènes de prestige ou d'expédition navale, mais il n'avait pas trouvé son modèle dans ce manuscrit enluminé un peu plus ou un peu moins d'un siècle auparavant.

J'étais donc déçu, d'autant que je ne ressentais pas pour ces vitraux l'enthousiasme de l'équipe du Corpus vitrearum. Peut-être étais-je trop attaché aux beautés des verrières bretonnes du XVIe siècle ? J'étais gêné par le sentiment de me trouver devant un panégyrique pompeux du XIXe siècle, où l'influence du restaurateur principal, l'atelier Lobin de Tours se fait excessivement sentir. Ces verrières dataient-elles réellement de 1550-1560 comme l'affirmait L. Grodecki ?

Je trouvais en ligne un bref extrait d'un article de 2013 de Laurence Rivale, qui semblait aller dans le même sens. Hélas, les conditions ne me permettaient pas la communication de cet article.

En définitive, je n'ai pas été beaucoup plus loin dans mon projet que de mettre en ligne pour les amateurs la documentation photographique des dix tableaux, accompagnée en parallèle de quelques miniatures  du Livre des faiz.

Finalement, je me suis passionné d'avantage pour cet ouvrage, ces enluminures et leur auteur.

 

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PRÉSENTATION DE LA CHAPELLE ET DE SES VITRAUX.

 

 La chapelle fut commencée par Louis de Bourbon-Vendôme et Louise de Bourbon-Montpensier vers 1508 mais la nef ne fut achevée par son fils Louis III de Montpensier qu'en 1543-1546 (chronogramme) , suivie de la pose des vitraux offerts, sans doute pour son mariage en 1538,  par le cardinal de Longwy, oncle de son épouse Jacqueline de Longwy. Ces vitraux ne furent achevés que longtemps après leur donation, La chapelle reçut ses vitraux dans la seconde moitié du XVIe siècle, puisqu'en baie 9 le cardinal de Bourbon  est qualifié d'évêque de Langres (il occupa cette fonction de 1555 à 1561) et puisque l'on voit en baie 10 Henri de Bourbon et Henriette de Joyeuse, qui se marièrent en 1597. Nous savons d'un contrat notarié d'Henri de Bourbon qu'en 1607 deux peintres-verriers de Chinon, René Grézil et Arnoul Ferrant  furent chargés de leur entretien. Je cite cette pièce car il s'agit d'un réel contrat de maintenance, pour les verrières anciennes ou nouvellement faites, qui pourrait suggérer qu'il a été signé rapidement après la pose des vitraux les plus récents :

 

"En date du 23 juin 1607, contrat notarié entre deux « maistres peintres vittriers » de Chinon. René Grézil et Arnoul Ferrant, d'une part, et Mgr Henri de Bourbon, seigneur du lieu, « pour l'entretien de toutes les vittres du dict château de Champigny, tant vieil que nouvellement faict, de la basse court à la Sainte-Chapelle, de fournir par eux de verre et plomb nécessaires aux entretiens, en sorte qu'il n'advienne aucune démolitions aux dictes vittres, sans être promptement et à l'instant réparé, sauf touttes fois que où il arriverait de grands vents et tonnerre qui fissent dégast de plus de demy panneau d'icelles, tant de la dicte chapelle que logys ci-dessus, ce ne sera aux dépens des dicts vittriers de les remettre, ains à Monseigneur, qui leur a promys par chascun pied de verre la somme de 4 solz de verre blanc, et quant au verre d'appareil, leur sera payé à l'estimation qui en sera faicte par les officiers de ce lieu outre la somme de 60 livres et doibvent être fournis d'une chambre pour  travailler en ce lieu et de boys nécessaire à fondre le plomb et le chauffage de leurs fours" ( Ottin p.6)

 

Un ouragan endommagea les verrières en 1711. Elles sont en partie descellées pendant la Révolution. En 1793, monsieur de Quinson rachète la chapelle et les vitraux et les fait remettre en place mais avec des erreurs de montage. Les vitraux sont restaurés en 1864 par Lucien-Léopold Lobin (Tours) qui corrige les erreurs de montage. Les vitraux sont déposés en 1940, à nouveau restaurés par Jean-Jacques Gruber puis reposés. En 1974-1975, l'atelier Durand procède sur place à des repiquages de quelques pièces brisées sur les tympans.

 

 

"L’édifice est orné de onze verrières, hautes de plus de 8 mètres et larges de 3,50 m. La profondeur des bleus, le velouté des rouges et des bruns, ou encore la lumière des ors, qui ornent les vêtements, font la réputation de ces vitraux .

"Ces vitraux remarquablement bien conservés ont la réputation bien méritée d’être les plus beaux vitraux Renaissance de France. Ils sont divisés en trois registres superposés. Dans le soubassement sont représentés les descendants de Saint Louis. Tous ces personnages sont agenouillés sur un prie-Dieu qui porte leurs armes, et leur nom est inscrit dans un cartouche de verre blanc. Ils sont tournés en direction de la verrière centrale, qui représente la Crucifixion ainsi que le couple fondateur, Saint Louis et son épouse Marguerite de Provence. Cette disposition forme comme une procession, elle est une mise en scène ostentatoire qui permet à la famille de Bourbon-Montpensier d’affirmer sa puissance et de rappeler que Saint Louis, leur ancêtre, leur a transmis une parcelle de son sang royal. Dans les deux autres registres, une scène unique occupe toute la baie. Elle n’est pas constituée de multiples épisodes juxtaposés et superposés comme dans les vitraux du Moyen-Âge, mais constitue un véritable tableau qui ne tient pas compte des meneaux de pierre. Le registre central, le plus important, est une évocation de la vie de Saint Louis, depuis son sacre à Reims le 29 novembre 1226 jusqu’à sa mort à Tunis le 25 août 1270. Le roi est mis en parallèle avec le Christ, dont la Passion est représentée dans le tympan. La lecture des verrières se fait du bas vers le haut, des Bourbons vers le Christ." (Marie-Pierre Terrien)

 

"Un important corpus de biographies de Louis IX a été produit par les hagiographes à la fin du XIIIe siècle, afin de le glorifier en vue de sa canonisation. S’intéressant davantage au saint qu’au souverain, elles ont véhiculé le portrait d’un roi mythique. Trois images principales, qui veulent souligner sa piété, s’en dégagent : un roi héritier des rois de l’Ancien Testament, un roi très chrétien qui pratique la charité et un roi guerrier qui part en croisade sur les pas du Christ. Les images de Saint Louis, proposées dans les verrières de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude concordent avec ce portrait idéalisé du souverain. Le cardinal de Givry, qui a offert les vitraux, a joué un rôle fondamental dans la réalisation de ce programme iconographique très abouti. Homme d’Église, mais aussi grand mécène, il était au contact des humanistes de son temps. Enrichis par les sources de la Renaissance, les vitraux de Champigny-sur-Veude véhiculent un message qui vise également à célébrer Louis Ier de Bourbon, dont les hauts faits répètent ceux de son ancêtre, le roi Très saint. Ils rappellent à la fois son courage quand il part faire les guerres d’Italie et sa ferveur religieuse quand il lègue des reliques de la Passion à la collégiale." (Marie-Pierre Terrien)

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Vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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LE MANUSCRIT ENLUMINÉ LE LIVRE DES FAIZ MONSEIGNEUR SAINT LOYS BnF FR.2829. 

 

 "Il s'agit d'une compilation des épisodes de la vie de Louis IX et des miracles ayant eu lieu après sa mort sur son tombeau, écrite par un auteur anonyme. Elle a été commandée par Charles II de Bourbon, cardinal et archevêque de Lyon vers 1480-1482, qui y trouve l'occasion de glorifier son ancêtre. L'ouvrage était destiné à l'une des femmes de son frère, le duc Jean II de Bourbon, qui, d'après la date du manuscrit et certains indices héraldiques, pourrait être Jeanne de France (1435-1482). Il s'agit de l'ouvrage le plus ambitieux enluminé par le maître anonyme et celui qui lui a donné son nom de convention. Tous les chapitres de l'ouvrage sont enluminés : le prologue (miniature de dédicace), les 41 chapitres de la vie du roi (f.7-f.83) puis les 75 miracles du saint (f.84-115v), un chapitre sur sa canonisation et une conclusion soit 122 miniatures au total dont 48 en pleine page. Le maître développe ici un programme iconographique original tout en restant très proche du texte.  Saint Louis y est représenté d'une manière différente en fonction de ses différents rôles, selon qu'il incarne le monarque, mais aussi l'époux, le père ou encore une figure christique ." (Elliot Adam)

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Etude du manuscrit.

 

La reliure de maroquin rouge aux armes et symbole royaux (collier de l'Ordre du Saint-Esprit) date de la fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle.

La notice de la Bnf n'indique pas ses propriétaires, mais le manuscrit fut donné en 1488 par Anne de Beaujeu à son frère Charles VIII.

Il s'ouvre en page 2v par une enluminure pleine page du blason de France d'azur aux trois fleurs de lys d'or, couronné et entouré du collier de l'Ordre de Saint-Michel modèle antérieur à 1516, avec en haut la devise PLUS QUAUTRE et en bas  la mention KAROLUS . OCTAUS . Il faut lire le S final comme le signe abréviatif en exposant 9 de -us latin. Soit, ici, après un U qui a valeur d'un V, OCTAVUS

La bordure est un carroyage bicolore, gris et or, les 26 carrés portant un S gothique. 

La devise se trouve répétée en abyme dans les quatre traits droits du S de PLUS.

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BnF fr 2829 Le Livre des faiz folio 2v. Droits Gallica

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On trouve ce frontispice dans les manuscrits Bnf fr. 823 et 5054, mais la devise PLUS QUAUTRE y est absente.

a) Le BnF français 823, à la même reliure de la Bibliothèque royale que le Livre des faiz, contient les Pèlerinages de Digulleville ; il  date de 1393. Le folio Av, enluminé secondairement,  montre le même complexe emblématique et héraldique ( différence : carreaux bleu-gris et or ; fond damassé rouge et or ; inscription KAROLUS OCTAVUS)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10462501n/f10.image

 

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BnF français 823 folio Av . Droits Gallica.

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b) Le BnF français 5054 contient les Vigiles de Charles VII de Martial d'Auvergne ; c'est un manuscrit daté vers 1484, copié à Chaillot, enluminé à Paris par deux artistes du cercle de François Le Barbier fils. Sa reliure de maroquin rouge aux armes et symbole royaux est semblable à  celle des ouvrages précédents. Le frontispice a été ajouté par Jean Bourdichon, il est identique au précédent .

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BnF français 5054 Bv. Droits Gallica

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Analyse des emblèmes du frontispice du Livre des faiz.

Nous sommes donc dans un ensemble emblématique associant des couleurs (gris et or), un sigle (le S), une devise ou mot (PLUS QUAUTRE), l'identité KAROLUS . OCTAVUS, et un blason. 

KAROLUS OCTAVUS désigne bien-sûr Charles VIII. 

Les couleurs.

Le jaune et le gris sont les couleurs de Charles VIII et d'Anne de Bretagne à Amboise , et sont dédiés aux chambres du roi et de la reine, alors situées dans le logis dit de Louis XI. Dans les minutes de l’hôtel d’Anne de Bretagne où ces chambres sont répertoriées, elles sont dites « a la devise du seigneur », sans autre précision comme s’il existait une correspondance évidente entre le roi et les couleurs qui le représentent. À la suite des chambres, sont d’ailleurs énumérées : Sept pieces de satin gris et jaulne qui servent au retraict et garde robe dudit seigneur de pareil blason comme les dessusdites." (L. Gaugain)

Avant le départ du roi pour Naples en 1494, la description de sa tenue de chasse conjugue les mêmes coloris. On pourrait donc penser que Charles VIII a porté pour couleurs le jaune et le gris avant l’expédition d’Italie. On sait en revanche qu’à la bataille de Fornoue, le 6 juillet 1495, Charles VIII portait pour couleurs le violet et le blanc, qui l’avaient mené à la victoire.

 

Le S fermé.

  Ce S fermé, un S gothique barré d'un trait en diagonale, désigne la « fermesssa » ou « fermesse », c'est à dire la fidélité politique ou amoureuse voire religieuse. 

Les appartements du couple royal à Amboise étaient décorés d'une tenture de satin jaune et gris garnie de grands S de velours noirs à cordelières : "on retrouve ces couleurs au logis des Sept Vertus, en 1498 – comme nous allons le voir. Lors de la fête donnée en l’honneur de Philippe d’Autriche et Jeanne de Castille à Blois en 1501, la chambre de la dame d’honneur de l’archiduchesse, Madame de Halluyin, est précisément ornée de ces parures jaunes et grises, dont les embrasses de rideaux sont de grands « S » de velours noirs « noués en façon d’une cordelière », venues du logis dit de Louis XI ; que les minutes de l’hôtel d’Anne de Bretagne signalent en effet, dans la marge, en récolement, envoyées à Blois"

Les mêmes couleurs se retrouvent sur les tapisseries  qui furent achetées en 1493-1494 pour orner les appartements de Charles VIII et Anne de Bretagne au logis du donjon, c’est-à-dire dans la partie occidentale du château. On y reconnait les tons jaunes et gris dans lesquels avaient été réalisées les chambres des époux royaux ainsi que, timbrées de S et de cordelière ducale, les embrases de velours noirs qui tenaient les rideaux.  "Tappicerie de damas sathiné gris et jaulne faictes a la devise dudit seigneur et rapportees par SSS entrelassees: Huit pieces de tappicerie de damas gris et jaulne obscur ou esdites pieces sont rapportees grandes SS de veloux noir et une cordeliere a travers S, lesquelles pieces servent pour la chambre dudit seigneur et en icelles est comprins le ciel. Trois rideaulx de taffetas gris et jaulne. Sept pieces de satin gris et jaulne qui servent au retraict et garde-robe dudit seigneur de pareil blason comme les dessusdites. Quatre pieces de satin gris et jaulnes servantes a l’oratoire dudit seigneur a SS. Huit pieces de tapicerie de damas gris et jaulne comprins le ciel a SS de veloux noir et une cordelliere a travers lesquelles servent pour la chambre de la royne. Trois rideaulx pour ladite chambre dont en y a deux de damas gris et jaulne et ung rideau de taffetas."

Le S fermé est présent, entre deux soleils  sur les guides du cheval de Saint Hubert sur le linteau de la chapelle royale d'Amboise.

http://www.lavieb-aile.com/2015/08/le-linteau-du-portail-de-la-chapelle-saint-hubert-du-chateau-d-amboise.html

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photo lavieb-aile

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Un soleil portant un S fermé est visible au folio 4 du Livre des quatre dames BNF fr fr. 2235.

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BnF fr 2235 folio 4v. Droits Gallica

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Le S fermé avec le mot PLUS QUAUTRE est placé au centre d'un soleil sur la tapisserie La destruction de Troie, datant du troisième quart du XVe siècle. (Victoria and Albert Museum)

https://www.vam.ac.uk/articles/the-war-of-troy-tapestry

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1973_num_131_2_6929

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Le mot PLUS QUAUTRE.
J'ai déjà signalé qu'il est présent en haut à gauche et répété deux fois sur la tapisserie La Destruction de Troie, où Charles VIII l'a fait placer lorsqu'il en fut propriétaire.

Selon V. Terrasson de Fougères " Parmi les motto ou courtes sentences adoptées par le roi, Yvonne Labande-Mailfert cite à partir de 1492 « Plus quaultre » (sic) que porteront certains de ses pensionnaires sur leurs journades lors de l'entrée à Florence, cette devise succède aux devises plus légères de sa jeunesse telle que « A mon atante » et « J'ayme tant fort une ».

Le roi l'a inscrite de sa propre main, avec sa signature, sur un manuscrit exécuté pour Charles-Orland, son fils aîné (1492-1495). Il s'agit de « L'Ystoire du tres sainct Charlesmayne»  BnF, Fr. 4970, au folio 47 . La devise met en valeur le S de PLUS, et ce S se retrouve dans le C de CHARLES.

 

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On la signale aussi sur des Très Petites Heures du roi, un manuscrit mis en vente  en 2000.

https://www.lotsearch.net/lot/petites-heures-of-charles-viii-use-of-paris-in-latin-illuminated-46569319

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Source Christie's

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J'ai mené assez loin cette digression pour mon seul plaisir ; mais on peut en conclure que le manuscrit du Livre des faiz n'était pas accessible comme modèle pour un peintre-verrier à partir de 1488, date à laquelle il rentra dans la bibliothèque royale. 

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Le folio 3v.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f9.item.zoom

Le texte y est placé dans un cartouche inséré au tiers médian de la page, délimitant ainsi deux registres. 

 Au registre supérieur, l'auteur offre son  manuscrit à un cardinal, dans une riche chambre d'apparat et en présence d'une foule de courtisans, dont un noble portant un faucon dont le capuchon est ôté. Les coiffures sont soit le bonnet florentin, soit le chaperon. On peut en étudier la technique stylistique , avec l'usage de hachures à l'or liquide notamment sur les fonds bleus et rouges, soit de dessins comme le damassé des étoffes du lit,  selon l'art du camaïeu d'or. En haut, une inscription ONCE (?) LE ROY. Sur des aumônières, quelques monogrammes.  Dans l'encadrement architecturé, je remarque la clef de voûte pendante  ornée de deux anges présentant  les armoiries royales, et sur les culots de départ des nervures, une statue de saint Louis et une autre de Charlemagne. Les deux bâtons croisés sous le galero sont pour moi énigmatiques.

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Le texte donne le Prologue : ICY COMMANCE LE PROLOGUE SUR LE LIVRE DES FAIZ MONSEIGNEUR SAINT LOYS JADYS ROY DE FRANCE. Jehan arcedyacre de Salesbery docteur bien renomme en son ne prologue de son livre intitulé Policraticon par forme question interrogatoyre dit et demande qui est celuy qui pourroit congnoistre et savoir les fais des alixandres les fais des cesars empereurs romains qui se esmerveilloit...[des stoiques et des peripathetiques qui furent deux sectes de philozophes anciens]

Le Policraticus  est un livre de philosophie morale et politique écrit par Jean de Salisbury vers 1159 et abordant la question de la responsabilité des rois et leur relation à leurs sujets.

Dans cet encart, les armes des Bourbon, et, au centre l'emblème de l'épée flamboyante.

Le registre inférieur se déroule, selon l'inscription, à MOULINS EN BOURBONNOIS. Elle est divisée en deux par une tour portant les armes des Bourbons tenues par deux ours. À gauche, le duc de Bourbon (collier de Saint-Michel) entouré de ses conseillers, sous son blason, est désigné par DE BOURBON, précédé d'un prénom ou d'un titre en latin. C'est a priori le duc Jean II (1426-1488). À droite, le cardinal est identifié par l'inscription KAROLUS. C'est le cardinal Charles de Bourbon (Moulins, 1433-Lyon, 1488) qui fut archevêque de Lyon (1480-1482) et évêque de Clermont (1476-1488). Il présente ou offre le manuscrit à reliure cramoisi à une femme de noble condition, qu'on assimile à la duchesse de Bourbon. Le duc Jean II a eu trois épouses, mais les emblèmes et armes royales incitent à y voir Jeanne de France, fille de Charles VII, d'autant que sa robe est d'azur aux fleurs de lys d'or..

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folio 3v

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LES DIX REGISTRES MOYENS DES VITRAUX DE LA SAINTE-CHAPELLE DE CHAMPIGNY: VIE ET MORT DE SAINT LOUIS.

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On en trouve une description précoce dans De Chergé, 1838.

 

 

 

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Du coté nord :

1. Le sacre de saint Louis.

2. L'éducation de saint Louis

3. La translation des reliques à la Sainte-Chapelle de Paris.

4. Piété et charité de saint Louis.

5. Saint Louis fait vœu de croisade en Terre sainte.

Du coté sud :

6. Embarquement de saint Louis à Aigues-Mortes.

7. La prise de Damiette par les Croisés.

8. La bataille de la Mansourah ; saint Louis set fait prisonnier.

9.  Retour de la première croisade de saint Louis.

10. La mort de saint Louis.

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1. Le sacre de saint Louis.

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Il s'agit de la baie 9.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOVYS EN LAAGE DE TREIZE ANS FUT SACRE EN LEGLISE DE REINS PAR LEVESQVE DE SOISSONS LE SIEGE ARCHIEPISCOPAL DE REINS VACANT PRESENS LES PERS ET PRINCES DE FRANCE .

La scène a été très restaurée au XIXe et XXe siècle.

À droite, l'évêque et les dignitaires ecclésiastiques ; à gauche, neuf "barons", barbus, couronnés, arborant le collier de l'Ordre de Saint-Michel, portent les insignes régaliens et de chevalerie : épée, casque, couronne et étendard (de gueules à la croix d'argent, celui des Hospitaliers). Le baron de gauche porte des collants rouges, une tunique d'or damassée, et un manteau court, bleu, et fourré.

Louis IX fut sacré en la cathédrale de Reims le 29 novembre 1226 par Jacques de Bazoches évêque de Soissons, mais il avait été adoubé chevalier lors d'une étape à Soissons quelques jours auparavant. Les grands seigneurs et les prélats étaient absents. 

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L'enluminure du Livre des faiz monseigneur, folio 7r, est différente dans sa composition et dans ses costumes, mais la cérémonie est identique ; les barons tiennent des lances, les éperons, l'épée et l'oriflamme (d'azur semé de fleurs de lys). Les prélats mitrés remettent la couronne, le sceptre, la ceinture bleue, la tunique d'azur fleurdelisée, et un reliquaire. Un retable de la Vierge entre saint Pierre et saint Paul, et un drap d'honneur damassé, sont peints en camaïeu d'or sur fond brun.

 

 

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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2. L'éducation de saint Louis durant la régence de Blanche de Castille.

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COMMENT APRES LE SACRE ET COURONNEMENT DV ROY SAINT LOVIS LA ROYNE BLANCHE DE CASTILLE SA MERE LE BAILLA A GOVVERNER ET INSTRUIRE A JEAN VERTV[EVX] ASSAVOIR QUANT AVX CHOSES SPRIRITVELLES AVX FRERES PRESCHEVRS ET MINEVRS ET LES CHOSES TEMPORELLES GOVVERNANT PAR LE CONSEIL DES SAGES CHEVALIERS ET BARONS DE FRANCE.

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Dans le Livre des faiz, cet épisode correspond au texte du folio 8r ""… et demeura toujours sous la garde et tutelle de la dite reine sa mère qui le fit introduire et enseigner par nobles et grands clercs tant des prêcheurs comme des cordeliers et tellement le conduisit en bonnes manières et singulièrement à pitié et compassion des pauvres que dès son jeune âge il leur donnait tout ce qu'il pouvait avoir pour l'amour et honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ."

 mais il n'est pas illustré :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f19.item.zoom

 

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Dans la partie supérieure du vitrail, une scène de genre est basée sur la préparation d'une chasse au faucon, observée depuis les fenêtres du palais par les courtisans.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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3. La translation des reliques à la Sainte-Chapelle de Paris.

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Restauré. Verre gravé.

 

 

COMMENT LE ROY LOVIS FIST EDIFFIER LA SAINCTE CHAPPELLE DV PALAIS A PARIS ET Y FIST APPORTER REVEMMENTE PROCESSION LUY ET SES FRERES Y ESTANS NVES TESTES ET NVDSZ PIEDZ LA SAINCTE COVRONNE LA VRAYE CROIX LESPONGE LE FER DE LA LANCE ET AVLTRES RELIQVES QVIL RECOVVRA DE LEMPEREUR DE CONSTANTINOBLE ET DES PHENICIENS

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La procession n'est pas très différence de celles représentées sur les vitraux de Pont-Audemer , de  Louviers ou des Andelys vers 1515 : en tête le porteur d'une croix, puis les prélats, l'évêque tenant la relique de la Sainte-Epine, puis saint Louis et ses frères (sans barbes) pieds et jambes nus (pas de chausses) , tenant des cierges. Nous retrouvons les manteaux courts à taillades sur des tuniques damassées, et les colliers de Saint-Michel.

 http://www.lavieb-aile.com/2018/12/la-verriere-de-la-vie-de-saint-ouen-en-l-eglise-de-pont-audemer.html

 

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L'enluminure 17r du Livre des faiz est différente, puisque le roi tient la couronne d'épines.

folio 17r

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Détail: le verre rouge gravé de la chape de l'évêque.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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4. Piété et charité de saint Louis.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOYS PRENNOIT DISCIPLINE PAR LES MAINS DE SON CONFESSEVR PORTOIT LA HAIRE SVR SON CORPS MENGEOIT LE DEMEVRANT DE CE QVI ESTOIT DESSERVI DE DEVANT LES POVRES LEVR LAVOIT LES PIES ET LES NOVRISSOIT LUY MEME DE SES MAINS DONNOIT A MENGER A VNG POVRE RELIGIEVX MALADE ET PARALYTIQVE EN LABBAYE DE ROYAVMONT LABBE CE VOYANT PLORANT DE RAVISSEMENT 

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folio 13v

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folio 13v

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Le registre supérieur.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Le registre inférieur.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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5. Saint Louis fait vœu de croisade en Terre sainte.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOYS ESTANT GRIEFVEMENT MALADE AVEC SES TROIS FRERES ET PLVSIEVRS AVTRES PRINCES DV ROYAVME FIRENT VEV DALLER OVTRE LA MER POVR GVERROER AVX INFIDELLES POVR METTRE LA TERRE SAINCTE AVX CHRETIENS .

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Voir Livre des faiz folio 19v  Comment le roy fut malade a Pontoyse.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f42.item.zoom

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Voir Livre des faiz folio 23r Comment le roy saint Loys print son chemin pour aler oultremer come il lavoit voué. Chapitre xv.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f49.item.zoom

 

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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Notez le verre rouge gravé et peint au jaune d'argent (tunique d'un courtisan) ou seulement meulé (couverture du lit du roi), et la présence de pièces montées en chef-d'œuvre (pierre précieuse de la mitre en verre bleu).

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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6. Embarquement de saint Louis à Aigues-Mortes. Victoire à Damiette.

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LE ROY LOYS SEMBARQVE AVECQVES LA REYNE MARGVERITE A AIGVES MORTES LE 25 AOUT 1248

LE MAITRE DE LA NEF SECRIA A SES GENS VOTRE BESOGNE EST PRETE SOMMES NOUS A POINT

LES SARRAZINS SE VOYANT BATUZ DEVANT DAMIETTE MIRENT LE FEV EN LA CITE .

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Rappel :  Embarquement à Aigues-Mortes et hivernage à Chypre. Prise de Damiette en Egypte.

Dès 1247, Louis IX envoie à Chypre une équipe de fournisseurs chargés d’organiser l’intendance et le ravitaillement de la future expédition. Afin de disposer d’un port situé sur le domaine royal, Louis IX ordonne la construction du port d'Aigues-Mortes. C’est de ce port qu’il embarque le 25 août 1248, avec une grande partie de la noblesse française. La flotte débarque à Limassol le 17 septembre 1248 où elle est reçue par le roi Henri Ier et s’apprête à hiverner dans l’île. Cet hivernage va permettre aux chefs de la croisade de préparer leur stratégie en vue de cette expédition.

Le 5 juin 1249, les croisés débarquent en Egypte sous les charges successives des soldats musulmans, et réussissent à mettre le pied sur le rivage, puis à repousser l’armée ayyoubide. Fakhr al-Din décide d’abandonner la plage. Il se replie sur Damiette, mais n’ose pas y rester et se réfugie à Ashmûn-Tannâh, plus au sud. Pris de panique, les habitants de Damiette évacuent leur ville pour fuir dans le delta du Nil. Avec prudence car ils craignent un piège, le 6 juin, les croisés peuvent entrer dans Damiette, et s’en emparer.

L’armée se met alors à attendre l’arrivée du reste de la flotte, dispersée par la tempête. Lorsqu’elle est enfin réunie, il est trop tard pour marcher sur Mansourah et Le Caire. En effet, la crue du Nil a commencé et les croisés doivent attendre qu'elle se termine en octobre 1249. (Wikipedia)

 

Voir Livre des faiz folio 34v : Comment le roy print port a Damete chapitre XXIIII . Le roi, en armure, et un cardinal sont sur le château-avant d'une nef, sous les bannières de la Crucifixion, de saint Denis et de saint Michel.

 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f72.item

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Sur le vitrail, le roi est déjà à terre, accompagné de la reine, en avant de ses troupes.

Les têtes du panneau central datent du XIXe siècle.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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7. La prise de Damiette par les Croisés.

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COMMENT LE ROY SAINCT LOYS VENANT DE CHIPRE ESTANT DEVANT DAMIETTE EN EGYPTE SAVOIT EN LA MER COVRVT SVS LE SOVLDAN ESTANT MORT DE CONGNOISSANT SARRASINS SE SAVERENT MIRENT LE FEV EN LA CITE . CE QVE VOIANT LE ROT Y ENTRA AVEC LE LEGAT DV PAPE EN CHANTANT TE DEVM .

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Voir Livre des faiz folio 36v Comment le roy print le lendemain quil fut arrivé la cite de Damiete

(enluminure) et 37r +37v  (texte). Sur l'enluminure, le roi est représenté 2 fois : à bord, puis à cheval. Notez l'harnachement en camaïeu d'or sur fond rouge, de même que l'oriflamme de Saint-George en haut à gauche.

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Le folio 38v illustre Comment le roy saint Louis et tout l'ost partit de Damiete honorablement et par grande ordonnance. Chapitre XXVI. Le roi a été averti "que le soudan et toute la compaignie de multitude de paiens était venu en ung lieu appelé la Mastore".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f80.item.zoom

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Le vitrail associe plusieurs registres : l'arrivée de saint Louis et de  ses navires ; un combat à terre, la traversée d'un pont et l'entrée dans Damiette ; une procession. 

Les verres rouges des rondaches sont gravés pour représenter la croix blanche.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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8. La bataille de la Mansourah ; saint Louis prisonnier.

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COMMENT LE ROY S LOYS FIT PLVSIEVRS BATAILLES CONTRE LES SARAZINS DEVANT LA VILLE DE LA MASSERE QVIL TENOIT ASSIEGEE QVIL EUT VICTOIRE MAIS DVRANT LE SIEGE VNE PESTILENCE SE MIST DEDANS LOST DES CHRETIENS A LEVR FAILLIRENT TOVS VIVRES LE COGNOISSANS LES SARAZINS ASSALIRENT LE ROY ET SON ARMEE QUI VAILLAMENT SE DEFENDIT MAIS FINALEMENT FVT PRIS PRISONIER EN VNE PETITE VILLE DENOMMEE CAZEL OU IL SEST RETIRE.

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La ville de "Massere" correspond à Mansourah, nommée aussi dans les Grandes Chroniques  La Maçoure ou la Mascurre, et, dans le Livre des faiz, Maslore..   

 Joinville mentionne le cazel de Minieh, mais cazel, ou  quasel, kasel signifie "bourg" de même que "minieh". Louis IX a été fait prisonnier dans un village proche de Fariksur, cité proche de Damiette, puis a été retenu en détention dans la demeure, Dâr Ibn Luqmân, du cadi de Mansourah.

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Dans le Livre des faiz, la scène est décrite au folio 41v : Comment le roy saint Loys en cuidant retorner a Damiete fut print. XXVIIe chapitre.  Après cette deconfiture ainsi faicte fuxles sarrazins ne demoura guere apres que le filz du soudan mort vint des parties d'orient et arriva a la maslore et le receurent les egyptiens a grande reverence et honneur comme leur ...etc

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En comparaison, le vitrail malgré au premier plan, la charge de la cavalerie des Infidèles, au sabre, contre les chevaliers français, me semble moins éloquente. Et encore une fois, je suis très loin d'y trouver la même satisfaction esthétique ou la même maîtrise de peinture. Ne parlons pas de la minutie de chaque détail, c'est le propre des miniatures.

 

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Le vitrail : notez l'emploi de verre rouge gravé.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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9.  Retour de la première croisade de saint Louis.

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COMMENT LE ROY FIT PLVSIEVRS BELLES ORDONNANCES APRES SA DELIVRANCE ET AVOIR FAIT EN LA TERRE SAINCTE BONNES REPARATIONS DES PRELATZ ET CHEVALIERS VINCT AVEC LA REYNE ET SES PRINCES PAR LE MONT CARMEL OV DEMEVRAIENT DES CARMES QVIL AMENA AVEC LUY EN SA COMPAGNIE DE QVOY IL FVT SI HEVREVX ET SI GRAND CONTENTEMENT QVIL FONDA DES INSTITVTIONS DE CARMES EN SA VILLE DE PARIS LA REYNE BLANCHE AYANT DECEDE LE ROY SEMBARQVANT DEVXIESME FOIS ET ARIVA DOVLTRE MER EN LANEE 1254 EN FRANCE

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Rappel : La septième croisade est la première des deux croisades entreprises sous la direction du roi Louis IX. Décidée par le roi en 1244, elle quitte le royaume de France en 1248 et aborde l’Égypte en 1249. Vaincue par les maladies, l’armée ne retrouve sa liberté qu’en 1250, et le roi de France passe les quatre années suivantes à mettre le royaume de Jérusalem en état de se défendre contre les Mamelouks. La croisade prend fin en 1254, avec le retour du roi en France après la mort de sa mère Blanche de Castille, qui assurait la régence du royaume pendant son absence.

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Le Livre des faiz consacre une belle page (folio 43r) à la comparution de saint Louis prisonnier devant le Sultan.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f89.item.zoom

Le folio 47v dépenint le départ du roi et de la reine de Damiette vers Acre.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f98.item.zoom

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Le folio 49v montre le séjour à Acre durant 5 ans, et le roi soignant ou enterrant les chevaliers victimes de l'épidémie, tandis qu'un évêque et un cardinal se bouchent le nez.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f102.item.zoom

Le folio 51v illustre les événements qui surviennent en France pendant que le roi est en Syrie. Et le folio 53v du retour en France des deux frères du roi.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000784s/f106.item.zoom

La scène du retour du roi en France, sujet de ce vitrail, est illustré au folio 55r. Sa partie supérieure est consacrée à la mort de Blanche de Castille.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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10. La deuxième croisade du roi ;  mort de saint Louis (25 août 1270).

 

 

COMMENT LE ROY SAINCT LOYS ACCOMPAGNE DE PHILIPPE SON FILZ AISNE QVI FVT ROY DE FRANCE DAVTRE PRINCES MIST SON CAMP DEVANT LA CITE DE TVNES QVIL TINT LONTEMPS ASSIEGEE ET Y FVT PLVSIEVRS BATAILLES CONTRE LES SARAZINS ET DVRANT CE TEMPS LUY VINT VNE GRIEFVE MALADIE LAQVELLE IL DECEDA --- SON CORPS REPOSA EN FRANCE SEPVLTVRE EN LEGLISE DE SAINT DENIS DE FRANCE OV IL SOPERA DEPVIS LE TEMPS PLVSIEVRS SIGNES ET MIRACLES .

 

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Rappel.

"Urbain IV appelle à une huitième croisade. Les croisés partent de 1265 à 1272. Ils consacrent leurs efforts à aider les Francs d'Acre à défendre leurs dernières places. Pour Louis IX, cette huitième croisade est un pèlerinage expiatoire. Il se dirige vers Tunis car il espère convertir au christianisme l'émir hafside al-Mustansir et, peut-être, faire de la Tunisie une base d'attaque vers l'Égypte mamelouke qui contrôle alors la Terre sainte. Il apparaît très vite que l'émir n'a aucune intention de se convertir. La dysenterie (ou le typhus) fait des ravages dans les troupes. Louis IX, touché à son tour, meurt, le 25 août 1270 à Carthage." (Wikipedia)

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Le siège de Tunis n'est pas représenté dans le Livre des faitz. Le roi est montré malade sur une vignette du folio 78v. Le folio 82r montre le retour de la dépouille du roi à Paris, menée par son fils Philippe.

 

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Sur le vitrail, la tête de saint Louis date du XIXe siècle.

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Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

Vie et mort de saint Louis, registre médian des vitraux de la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude. Photographie lavieb-aile 2019.

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SOURCES ET LIENS.

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— ADAM (Elliot), 2016, Le camaïeu d'or dans l'enluminure en France au XVe siècle. Une technique de réduction du coloris, mémoire de Master 2 Université Paris-Sorbonne.

https://www.academia.edu/28406636/Le_cama%C3%AFeu_dor_dans_lenluminure_en_France_au_XVe_si%C3%A8cle._Une_technique_de_r%C3%A9duction_du_coloris

 

 

— BREJON DE LA VERGNÉE (Jacques), 1978, "L'emblématique d'Anne de Bretagne d'après les manuscrits à peinture (XV-XVIe siècles)", Société archéologique de Bretagne pages 83-95.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/522a692da8aab9.35279840/1978_04.pdf

— DE CHERGE (Ch.), 1838, Le château et la sainte-chapelle de Champigny-sur-Veude (Indre-et-Loir),  Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, Volumes 3 à 4 Société des Antiquaires de L'Ouest

https://books.google.fr/books?id=4WoDAAAAYAAJ&dq=%22saint+Louis%22+MASSERE&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— ERLANDE-BRANDEBURG (Alain) 1975, "Eugène Pépin. Champigny-sur-Veude et Richelieu (coll. « Petites monographies des grands édifices de la France », n° 93)  [compte-rendu]" Bulletin Monumental  Année 1975  133-1  pp. 99-100

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1975_num_133_1_5454_t1_0099_0000_4

«  Commencée peu après 1507 par Louis Ier de Bourbon, elle est vraisemblablement terminée par Louis II, vers 1543. Outre son décor architectonique et ce qui subsiste de son mobilier, elle est pourvue de onze verrières qui en font toute la réputation. Au centre se trouve la Crucifixion sous laquelle on reconnaît saint Louis, patron de la chapelle, et Marguerite de Provence, son épouse. Les dix autres vitraux sont divisés en trois registres avec à la partie supérieure des scènes religieuses, au centre des grandes compositions qui ont trait à la vie de saint Louis et à la partie inférieure les portraits des ancêtres des constructeurs de la chapelle. On a cru pouvoir distinguer deux séries, mais M. Pépin, frappé par l'unité stylistique qui se dégage de cet ensemble, pense que les cartons de ces onze vitraux sont l'œuvre d'un seul artiste. Ce dernier serait d'ailleurs d'origine bourbonnaise. Le fameux manuscrit du Livre des faiz monseigneur saint Louis, exécuté à la demande du cardinal de Bourbon, entre 1476 et 1481, a d'ailleurs servi de thème d'inspiration iconographique « 

GAUGAIN (Lucie), 2014, Le château de Charles VIII, in Amboise, un château dans la ville Presses universitaires François-Rabelais, 2014 pages 95-206.

https://books.openedition.org/pufr/8132?lang=fr

 

— GRODECKI (Louis ) Martine Callias Bey, Françoise Perrot, 1981, Les Vitraux du Centre et des Pays de la Loire, p. 103-108, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique (collection Corpus vitrearum - Recensement II), Paris,p. 103-108

— OTTIN (Louis), 1896, Le vitrail; son histoire, ses manifestations à travers les âges et les peuples, H. Laurens, Paris, page 6

https://archive.org/details/levitrailsonhist00otti/page/6/mode/2up/search/champigny

 

— PÉPIN (Eugène), 1928, "Champigny-sur-Veude et Richelieu", Henri Laurens, Paris, page 13-20.

—  RIVALE (Laurence), 2003, "Les vitraux de la Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude (Indre-et-Loire)" Congrès archéologique de France , Touraine, vol. 1555 partie 1997, Picard et fils, page 67

"Si donc le cartonnier, ou le peintre-verrier, de Champigny eut le Iivre des faiz Monseigneur saint Louis sous les yeux, ce ne fut qu'à titre de référence, d'aide-mémoire ou d'inspiration, tous procédés qui ne correspondent pas à ce qu'on sait de la façon de faire dans les ateliers du XVIe siècle"

TERRASSON DE FOUGÉRES (Vincent), 2001, La Royauté idéale. Images des rois Charles VIII et Louis XII à travers le spectacle des entrées royales et des guerres d'Italie (1497-1515). Thèse 1997-2001

 

TERRIEN (Marie-Pierre) 2017, La Sainte Chapelle de Champigny-sur-Veude Le programme iconographique des vitraux (première partie) 

https://www.institut-jacquescartier.fr/2017/01/la-sainte-chapelle-de-champigny-sur-veude-le-programme-iconographique-des-vitraux-premiere-partie-par-marie-pierre-terrien/

—TERRIEN (Marie-Pierre) 1997,  Images de Saint Louis dans les vitraux de Champigny-sur-Veude, Pays et terroirs, 1997

— TERRIEN (Marie-Pierre) 2010, « La Sainte Chapelle de Champigny-sur-Veude et le rôle du cardinal de Givry », Les chapelles royales. De la gloire de Dieu à la gloire du prince, Actes du colloque de Lunéville (18-20 novembre 2010), CTHS, 2015, p. 37-47.

https://iesr.hypotheses.org/1441

— TERRIEN (Marie-Pierre)

https://mariepierre-terrien.com/index.php/la-sainte-chapelle-de-champigny/ .

— TERRIEN (Marie-Pierre) 2007, Images de Saint Louis dans les vitraux de Champigny-sur-Veude, Cholet, Pays et Terroirs, 2007.

— TERRIEN (Marie-Pierre) 2015, « La Sainte-Chapelle de Champigny-sur-Veude et le rôle du cardinal de Givry », in : Les chapelles royales. De la gloire de Dieu à la gloire du prince, Actes du colloque de Lunéville, CTHS, 2015,  p. 37- 47.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
21 avril 2020 2 21 /04 /avril /2020 10:57

La Crucifixion et 3 autres scènes d'une Passion (3ème quart du XVIe siècle) de la maîtresse-vitre de l'église de Ploudiry.

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Voir aussi sur Ploudiry :

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PRÉSENTATION : LES 28 PASSIONS FINISTÉRIENNES.

À la fin du XVe et surtout au XVIe siècle, les paroisses du Finistère choisirent, pour leurs églises qui, souvent, étaient en pleine reconstruction, une baie d'axiale consacrée à la Passion du Christ. On en estime le nombre à une cinquantaine, dont 27 sont conservées, complètes ou par vestiges.  Beaucoup d'entre elles sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper et partagent des caractères stylistiques communs, ou parfois même des cartons identiques. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie .

Dans les verrières les plus anciennes,  les lancettes sont découpées par registres en une douzaine de scènes successives de la Passion (Locronan, 18 scènes ; Lanvénégen ; Ergué-Gabéric; Braspart) . Cette répartition en damier ne sera pas abandonnée.

D'autres, plus tardivement au milieu du XVIe siècle, placent la Crucifixion dans un grand tableau central de 3 lancettes, tandis que les épisodes qui la précèdent (Cène, Lavement des pieds, Agonie, Arrestation, Comparutions, Flagellation, Couronnement d'épines,) ou la suivent (Déposition, Mise au Tombeau, Sortie du Tombeau) sont de nombre réduit, et repoussés en position périphérique.  C'est le cas à Saint-Mathieu de Quimper dès 1535, puis à La Roche-Maurice (1539), La Martyre (1540) et Ploudiry (ces trois églises voisines appartenant alors à la même paroisse de Ploudiry) ou à Tourc'h. C'est aussi le cas à Gouezec  (v. 1550) où trois lancettes entières montrent la Crucifixion et une la Déposition, et à Guengat (1550) avec trois lancettes pour la Crucifixion, une pour la Passion préalable, une pour la Déposition et une pour la Résurrection.

Enfin, d'autres paroisses choisissent de consacrer toute la verrière à la Crucifixion.

Dans ce groupe à grande Crucifixion centrale, certaines ressemblances montrent la reprise des mêmes cartons. C'est le cas pour Ploudiry et ses trèves de La Roche-Maurice et de La Martyre (*). Un quart de siècle plus tard, ces poncifs sont repris à l'église Saint-Ouen de Quéménéven, en nord de Cornouaille. C'est ce regroupement, ce sont ces comparaisons iconographiques et cette compréhension d'une évolution dans la composition de l'espace et de la structuration du récit de la Passion  qui rendent la découverte d'une nouvelle verrière si passionnante malgré la répétition des séquences.

(*) Une autre trève, Tréflévénez, possède les restes d'une maîtresse-vitre de la Passion de 1560-1570, mais ne provenant pas de l'atelier quimpérois.

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et dans le Morbihan :

 

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On attribue aussi à l 'atelier des Le Sodec les vitraux suivants :

 

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DESCRIPTION.

La baie 0, en un simple arc brisé, mesure 2,60 m de haut et 1,60 m de large et son décor s'organise en deux registres. La partie la plus basse est cachée par le dais du retable d'autel.

Cette Crucifixion est le reste d'une grande Passion du 3ème quart du XVIe siècle, postérieure à celle de La Martyre (v. 1540) et celle de la Roche-Maurice (1539). Elle résulte du remontage des panneaux de l'ancienne maîtresse-vitre de la Passion lorsque le chevet et le collatéral sud furent reconstruits en 1700. Par contre, lorsque l'église actuelle fut construite sur les plans de l'architecte Le Bigot entre 1854 et 1856, en conservant l'abside et le porche de l'ancien édifice, les baies latérales furent supprimées, mais la baie 0 est demeurée.

Elle bénéficia d'une importante restauration au XIXe siècle, puis en 1923 et 1934 par Labouret, puis en 1990 par Jean-Pierre Le Bihan de Quimper. Les deux scènes latérales du registre inférieur ont été interverties lors de l'une de ces interventions.

Louis le Guennec y signalait l'effigie d'un seigneur de Rohan du XVIe siècle (comme à La Martyre où il s'agit de René Ier de Rohan).

En résumé, ce que nous voyons ne reflète pas fidèlement l'aspect de la maîtresse-vitre initiale, ce qui tempère la valeur des comparaisons avec les autres verrières, elles-mêmes souvent recomposées.

Selon Le Bihan 1991, la date de 1567 figurait sur l'une des vitres. Il cite en référence Cyrille Pennec et son "Dévot Pèlerinage du Folgoët", mais l'examen de cette source ne confirme pas cette donnée. Par contre, Miorcec de   Kerdanet, éditeur de ce dernier ouvrage, signale la date de 1567 dans la paroisse de Ploudiry, mais sur l'une des verrières de La Martyre, alors une trève de Ploudiry , "au dessous du Père Eternel", dans son édition annote de la Vie des saints d'Albert le Grand.

Jean-Pierre Le Bihan ne reprend pas cette information dans les articles des années 2010 de son blog consacrée à cette Crucifixion de Ploudiry, mais l'estime postérieure à celles La Martyre et de la Roche-Maurice, donc postérieure à 1540.

Je ne  valide donc pas cette date de 1567 et je m'en tiens à l'estimation de Gatouillat et Hérold : "Troisième tiers du XVIe siècle".

En 1957, Léa et Job Guével réalisèrent les verrières des baies latérales 1 et 2.

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VUE GÉNÉRALE.

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On remarquera :

— sur le plan stylistique, l'emploi de verres rouges (et bleus) doublés et gravés à l'outil. La vue des remparts de Jérusalem, en grisaille sur verre bleu. Le motif du damassé à quatre couronnes autour d'un point, leitmotiv de l'atelier Le Sodec tout autant que les chevaux hilares. L'absence d'inscriptions sur les galons des vêtements.

Le verre gravé relie cette verrière à d'autres dans le Léon (auquel s'ajoute Pont-Croix en Cornouaille) : "Ce groupe serait donc composé de : Cuburien, La Roche-Maurice, Ploudiry, La Martyre (Jessé), Pont-Croix et de Lannédern." (R. Barrié).

— sur le plan documentaire, les vêtements des larrons à crevés ou taillades, comme à La Roche-Maurice, relevant d'une mode en usage sous François Ier voire Henri II.

— sur le plan technique, le travail du verrier Le Bihan, qui a remplacé les plombs de casse par un collage bout à bout des verres brisés.

Je procéderai à plusieurs comparaisons avec le groupe St-Mathieu de Quimper/La Roche-Maurice/La Martyre/Quéménéven, mais je laisserai le lecteur prolonger cette démarche grâce à ces liens :

 

http://www.lavieb-aile.com/2020/03/la-maitresse-vitre-de-saint-mathieu-a-quimper.html

http://www.lavieb-aile.com/2017/09/la-maitresse-vitre-de-l-eglise-saint-yves-de-la-roche-maurice.html

http://www.lavieb-aile.com/2016/12/l-eglise-saint-salomon-de-la-martyre-vii.les-vitraux-du-choeur.html

http://www.lavieb-aile.com/2017/01/l-eglise-saint-salomon-de-la-martyre-vii-les-vitraux-du-choeur.la-baie-0.html

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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LA GRANDE CRUCIFIXION SUR TROIS LANCETTES. 18 PERSONNAGES, 5 CHEVAUX ET 1 CHIEN.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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LE CHRIST EN CROIX ENTRE LES LARRONS.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ en croix.

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Verre rouge gravé pour le nimbe.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison :

Par rapport à La Roche-Maurice et La Martyre, je remarque la disparition des plaies de la Flagellation sur le torse, sans doute par suite des restaurations, et le pâlissement de l'écoulement du sang le long des avant-bras, tandis que celui des pieds le long de la croix a complètement disparu. Le casque à ouverture en hublot des soldats, si particulier, n'est plus apparent. L'encadrement par les deux chevaux, les étendards et la lance de Longin se retrouve, sauf le jeu des diagonales en croix du coté droit. À Quéménéven, le schéma est conservé malgré quelques différences.

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La Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Passion, baie 0, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.

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Passion (3ème quart XVIe) de l'église Saint-Ouen de Quéménéven. Photo lavieb-aile.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Le Bon Larron, dont l'âme est emportée par un ange vers les Cieux.

Tête et ange restaurés.

La comparaison avec les verrières de Saint-Mathieu (1896, qui serait une copie de Tourc'h 1550), de La Roche-Maurice est de celle de La Martyre est éloquente : les couleurs des vêtements ou leurs taillades ainsi que la posture jambe fléchie sont reprises à l'identique. Malgré l'importance de la restauration, on retrouve à Quéménéven la culotte verte à taillade, et la jambe gauche brisée par les soldats.

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Baie 0 (v. 1535) de l'église Saint-Mathieu de Quimper. Photographie lavieb-aile 2019.

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Le Bon Larron, in la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le bon larron, lancette A, baie 0, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.

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Passion (3ème quart XVIe) de l'église de Quéménéven. Photo lavieb-aile.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Le Mauvais Larron, dont l'âme est emportée par un démon gris.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Comparaisons :

 

Le Mauvais Larron, lancette droite de la Crucifixion (1539), maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Le mauvais larron, lancette C, baie 0, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.

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Passion (3ème quart XVIe) de l'église de Quéménéven. Photo lavieb-aile.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Le verre rouge gravé à la molette en lignes et olives , repeintes au jaune d'argent, de la culotte du larron.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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LES CAVALIERS ; LA VIERGE ENTOURÉE DE JEAN ET DES SAINTES FEMMES; MARIE-MADELEINE.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Marie éplorée soutenue par Jean et une sainte femme.

Les silhouettes élancées, les traits des visages et les plis cassés des voiles semblent sortir d'un dessin à la pierre noire ou d'une gravure  rhénane.

Motif en fleur ou étoile à 4 couronnes du damassé.

Beau tapis de fleurs, peint au jaune d'argent sur verre bleu (gravé ? non signalé par Roger Barrié).

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Longin transperçant de sa lance le flanc du Christ.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Marie-Madeleine agenouillée au pied de la croix.

C'est presque le point crucial de la Crucifixion, puisque Marie-Madeleine, bras écartés paumes vers le haut en extase douloureuse devant le sang qui s'écoule le long de la croix est celle qui est proposée comme modèle de participation mystique aux souffrances du Rédempteur à chaque fidèle. 

Sa robe rouge est remarquable par le verre rouge gravé des petits quadrilobes habituels qui sont  peints au jaune d'argent. 

"La coloration jaune des gravures est obtenue par l'application locale, à l'extérieur, de sulfure d'argent qui pénètre le verre à la cuisson ; mais les exemples ne manquent pas où cette teinture n'a pas pris. Le jaune d'argent possède un rayonnement qui respecte les limites de l'écran rouge qui le circonscrit : ainsi l'effet somptueux gagne en netteté. A la dextérité du graveur s'ajoute un maniement habile du jaune d'argent." (R. Barrié)

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Le Centenier converti.

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Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Grande Crucifixion. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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LE REGISTRE INFÉRIEUR.

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1. L'Agonie du Christ au Mont des Oliviers. Panneau A1.

Nimbe en verre rouge gravé. Têtes du Christ et de l'apôtre de gauche restaurées.

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Agonie de Jésus. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Agonie de Jésus. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Agonie de Jésus. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Agonie de Jésus. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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2. La Cène. Panneau B1.

Le moment représenté est celui où Jésus désigne Judas comme devant bientôt le trahir :   c'est celui à qui il va donner à manger. Jésus se tourne vers Pierre pour lui parler à voix basse tandis qu'il tend un morceau de pain vers la bouche de Judas. Saint Jean, allongé contre Jésus, a tendu le bras vers le plat contenant l'agneau de la fête de pâques

Très restauré à gauche (les verres les plus blancs).

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La Cène. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

La Cène. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

La Cène. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

La Cène. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison.

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La Cène, maîtresse-vitre de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice. Photographie lavieb-aile septembre 2017.

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Fragment de Cène, Baie 1, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.

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Passion de l'église de Quéménéven. Photo lavieb-aile.

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La Cène. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

La Cène. Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Baie 0 (vers 1550-1575) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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LA REMISE DES CLEFS À SAINT PIERRE EN BAIE 1 PAR LÉA ET JOB GUÉVEL  EN 1957.

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Ces verrières me permettent de découvrir cet atelier de Pont-Aven grâce à un article du Télégramme de 2014. Job Guével était Léonard d'origine.

 

"Michel Guével sera l'invité de l'association des Amis du Musée de Pont-Aven, samedi 31 mai 2014. Il commentera l'oeuvre de son père, le maître verrier Job Guével, dans l'église de Nizon.

La conférence se déroulera dans ce lieu, qui abrite de magnifiques vitraux de cet artiste familier du paysage pontaveniste. Elle promet d'être d'autant plus intéressante que Michel a longtemps accompagné la démarche artistique de son père.

Chez les Guével, l'art du verre est une affaire de famille. Job Guével (1911-2000) est né à Pleyber-Christ dans une famille de négociants en vin. De vocation artistique précoce, il intègre l'École nationale des Beaux-Arts de Paris. Sa rencontre avec Léa Hette, issue d'une lignée de souffleurs de verre de Bohême, est déterminante. Il a réalisé de nombreuses oeuvres d'art sacré. On dénombre 300 vitraux de ce « sculpteur de lumière » en Bretagne. Les édifices de Pont-Aven et de Nizon n'ont pas été oubliés. Novateur dans la technique, le style et la recherche de la couleur, son travail introduit de la modernité dans un art resté un peu conventionnel.

Installés à Pont-Aven durant la Guerre, les Guével font bâtir en 1947 la maison-atelier aux hautes verrières, derrière le square Botrel.

Sur les pas de son père, Michel, maître verrier de talent, développe une oeuvre originale dans son atelier du moulin de Valmondois. Fidèle à la ville de sa jeunesse, il y a gardé un pied-à-terre et de nombreux amis.

Le rond-point Job Guével, nommé ainsi sur proposition des Amis du musée, sera officiellement inauguré ce même jour. Trois oeuvres de l'artiste, offertes à la ville, y sont dressées. Elles rappellent ainsi aux visiteurs qu'ils entrent dans la Cité des Arts."

Voir aussi https://www.ouest-france.fr/bretagne/pont-aven-29930/une-conference-consacree-aux-vitraux-de-job-guevel-2577869

 

Un autre article mentionne une installation à l'Haÿ-les-Roses, où il réalise les vitraux de l'église Saint-Léonard, et son décès dans cette ville en 2000.

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Baie 1 (1957) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Baie 1 (1957) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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LE COURONNEMENT DE LA VIERGE EN BAIE 2 PAR LÉA ET JOB GUÉVEL  EN 1957.

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Baie 2 (1957) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

Baie 2 (1957) de l'église de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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BARRIÉ (Roger), "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale" , Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1976  83-1  pp. 35-44

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1976_num_83_1_2796

COUFFON, 1945

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COUFFON, (René) LE BARS (Alfred), 1988, "Ploudiy", 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLOUDIRY.pdf

"Vitraux : maîtresse vitre provenant de l'ancienne église (C.). Elle comprend à la partie supérieure une grande Crucifixion inspirée de celle de La Martyre mais plus tardive et affaiblie (XVIIe siècle). On sent le calque, car il n'y a pas de modelé et le dessin du centurion est même très mauvais. L'artiste a de plus alourdi la composition en ajoutant des personnages et en supprimant à gauche des chevaux qui l'équilibraient. Au-dessous, Notre Seigneur au Jardin des Oliviers, la Cène, l'Arrestation. Dans les deux autres fenêtres du chevet, vitraux de Job Guével représentant l'Assomption et les Clés de saint Pierre. "

GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum vol. VII, Presses Universitaires de Rennes, page 162.

FAVÉ (Abbé Antoine), 1899, Au retour d'une excursion (Landerneau-Châteaulin), Bulletin de la Société archéologique du Finistère 

 

LE BIHAN (Jean-Pierre), 1991, La maîtresse-vitre de l'église Saint-Pierre de Ploudiry, Bulletin de la Société archéologique du Finistère pages 189 à 202.

LE BIHAN (Jean-Pierre), 2008, Ploudiry, une Crucifixion du XVIe, blog du 28 février 2008

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-17156286.html

"PLOUDIRY Eglise Saint-Pierre.    Edifice reconstruit en 1856-1857.
« Dans le devis de la construction de l‘église actuelle en 1700, il était prévu que les vitraux de l’ancienne église seraient replacés dans la nouvelle. Les armoiries du duc de Rohan figuraient en première place dans quatre vitraux. Ceux de la famille de Bresal dans 4 vitraux au-dessous de celle de Rohan. La famille de Rosnivien ne se voyait que dans une fenêtre, d‘autres armoiries, non identifiées, figuraient dans les vitraux.» Commission extra-municipale des affaires culturelles de Ploudiry.
La verrière du chevet, qui est une Crucifixion, est le reste d’une grande Passion, postérieure à celles La Martyre et de la Roche-Maurice. Restaurée en 1990 par l'atelier Jean-Pierre Le Bihan de Quimper, photo avant restauration avec la résille de plombs de casse; Le Guennec, historien, 1878-1935, y signale le duc de Rohan en donateur.
En 1700, il y a 3 vitraux derrière le grand autel, et  le chanoineAbgrall, au début du XX° siècle,dans ses notes manuscrites, voit 2 fenêtres figuratives dont le Couronnement de la Vierge du côté de l’épître et Jésus remettant à saint Pierre les clefs, du côté de l’évangile.

Verrières probablement disparues entre le relevé d’Abgrall et la pose de vitraux neuf en 1957, par l'atelier Guèvel de Pont-Aven. ce dernier a quasiment repris les mêmes sujets, Assomption et Clés de saint Pierre.

-1677. Kerautret, maître peintre et vitrier, met des vitres aux lucarnes de l’église et accommode toutes les autres vitres.

-1690, Alain Bourriquen, sieur du Jardin, peintre vitrier, accommode les vitres pour 6 livres et 4 sols.

-1700, église rebâtie.

-1708-1712. Jacques de Kergrach, maître vitrier, fournit des vitrages. Est dit de Landerneau.

-1755, François Michelot, maître vitrier, 90 livres.

-1856-1857. reconstruction sous Bigot.

 

LE BIHAN (Jean-Pierre), 2010, Des gravures repères de l'église de Ploudiry , article de blog du 10 février 2010.

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-des-gravures-reperes-de-caudan-sa-chapelle-et-ploudiry-son-eglise-44669961.html

"PLOUDIRY La Crucifixion du XVI° est beaucoup remaniée à la suite de nombreuses restaurations d'un même atelier et probablement d'un même peintre. Elle comprend quinze panneaux dont  trois panneaux du bas, A2,  A3  et A4 de la lancette de gauche, possèdent des gravures, une par panneau,un A pour 3 La
 La gravure de repère du panneau avec anges a deux gravures 1 rouge,  Le panneau  avec Jésus Christ a deux gravures 2 rouge. Le panneau avec Saint Jean a une gravure, 3rouge.
Une Crucifixion du XVI° qui est  très remaniée à la suite de nombreuses restaurations d’un même atelier et probablement d’un même peintre, comprenant 15 PANNEAUX dont les 3 supérieures ont le X et les 3 inférieurs proviennent d’une grande Passion
La première lancette de gauche a une gravure A2rouge sur le second panneau, ainsi que lsur les troisième A3 rouge et quatrième A4 rouge
La seconde lancette a une gravure sur B4 rouge le quatrième panneau
La troisième lancette a une gravure en C3 .rouge.
 Il s’agit ici d’un enlevé au bois sur le dépoli de la face extérieure, le verre n’étant plus protégé, la marque est plus visible étant plus attaquée.
Pour les panneaux A2 et A3 l’explication de l’utilité de la gravure a un sens. La lettre est seule au milieu du panneau de vitrail. Il s’agit ici d’une numérotation un peu semblable à aux  nôtres."

LE BIHAN (Jean-Pierre), 2011, "Eglise Saint-Pierre ;1856-1857 Dossier Vitraux XV et XVIe Photos baies nef, sur papier dans dossier." Article du 3 avril 2011 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-ploudiry-70914249.html

 

« dans le devis de la construction de l‘église actuelle en 1700, il était prévu que les vitraux de l’ancienne église seraient replacés dans la nouvelle. Les armoiries du duc de Rohan figuraient en première place dans quatre vitraux. Ceux de la famille de Bresal dans 4 vitraux au-dessous de celle de Rohan La famille de Rosnivien ne se voyait que dans une fenêtre, d‘autres armoiries, non identifiées, figuraient dans les vitraux.» Commission extra-municipale des affaires culturelles de Ploudiry.  La verrière du chevet, une Crucifixion, est le reste d’une grande Passion, postérieure à celles La Martyre et de la Roche-Maurice que les vitraux de l’ancienne église seraient replacés dans la nouvelle.

Les armoiries du duc de Rohan figuraient en première place dans quatre vitraux. Ceux de la famille de Bresal dans 4 vitraux au-dessous de celle de Rohan La famille de Rosnivien ne se voyait que dans une fenêtre, d‘autres armoiries, non identifiées, figuraient dans les vitraux.» Commission extra-municipale des affaires culturelles de Ploudiry. La verrière du chevet, une Crucifixion, est le reste d’une grande Passion, postérieure à celles La Martyre et de la Roche-Maurice. Le Guennec y signale le duc de Rohan en donateur.

En 1700, il y a 3 vitraux derrière le grand autel, et Abgrall, dans ses notes manuscrites, voit 2 fenêtres figuratives dont le Couronnement de la Vierge du côté de l’épître et Jésus remettant à saint Pierre les clefs, du côté de l’évangile. Verrières probablement disparues entre le relevé d’Abgrall et la pose de vitraux neufs par Guével qui a quasiment repris les mêmes sujets, Assomption et Clés de saint Pierre.

-1677. Kerautret, maître peintre et vitrier, met des vitres aux lucarnes de l’église et accommode toutes les autres vitres.

-1690, Alain Bourriquen, sieur du Jardin, peintre vitrier, accommode les vitres pour 6 livres et 4 sols.

-1700, église rebâtie.

-1708-1712. Jacques de Kergrach, maître vitrier, fournit des vitrages. Est dit de Landerneau.

-1755, François Michelot, maître vitrier, 90 livres.

-1856-1857. reconstruction sous Bigot.

Abgrall, fonds Bibliothèque Quimper. Description de la baie du chevet et signale un Couronnement de la Vierge du côté de l’Epître et côté Evangile la remise des clés ."

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LE BIHAN (Jean-Pierre), 2006, Des diverses poses de la Madeleine, article du 10 octobre 2006.

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-4114062.html

Les diverses poses des Marie-Madeleine au pied de la Croix, dans les  Passions et Crucifixions du XVI° siècle  en Bretagne.  Iconographie de Marie-Madeleine.
Elle porte la chevelure dénouée et flottante, à cause de sa vie déréglée et parce qu'elle essuya les pieds du Seigneur. Elle  se pare d'un  collier de perles, souvenir de sa vie mondaine .Les larmes, le vase de parfums, d'onguent, les cheveux libres depuis le XIVe siècle, sont le signe de la pécheresse et de l?amante. Elle est vêtue de beaux  et riches atours 

-Bieuzy les Eaux, 56,
  Eglise,           Vitrail milieu XVI°  Du côté droit de la Croix,  La main droite enserrant, par derrière, la Croix . La main gauche plus bas.A genoux Robe bleue à manches vertes. Manteau rouge à damas en enlevés jaunes. L'église offre plusieurs baies sur la vie de Marie Madeleine

-Douarnenez, 29 Chapelle Sainte-Hélène Vitrail fin XVI°  Entièrement à droite de la Croix A genoux Mains jointes à la hauteur des pieds du Christ
Genou gauche à terre et sur le devant. Robe bleue à manche Manteau rouge.Pas de nimbe, le Christ non plus.Cheveux pris par un foulard long sur le dos ;
-Le Faouët, 56 Chapelle Saint-Fiacre, Vitrail seconde moitié XVI°A droite de la Croix Penchée vers Marie en Pâmoison Robe rouge à damas. Foulard blanc
 Nimbe verticale jaune.
Cheveux libres mais serrés
-Gouézec ,29 Chapelle N.D de Tréguron, Vitrail seconde moitié XVI°
                    Du côté droit
                    Derrière la Croix.
                    Mains et bras écartés
                    Robe verte
                     Manteau rouge
                    Chemisier blanc
                    Pas de nimbe
               Cheveux longs dans le dos, en boucles sur                         visage
                    Coiffure avec rangée de perles.
                    Vase à parfum sur la droite
Guengat , 29 Eglise Saint-Fiacre    Vitrail 1571   
                    Du côté droit
                    Mains jointes
                    Bras enserrant la croix.
                    Robe verte avec manches
                    Manteau rouge.   
                    Foulard blanc.
                    Nimbe vertical jaune.
                    Cheveux serrés par  deux cordelettes
-Guimiliau, 29 Eglise Saint-Miliau, Vitrail seconde moitié  XVI°,
                     A droite, en arrière ;
                     Mains jointes et bras enserrant la Croix.
                      Genou
                    Robe bleu à manches vertes à crevés
                    Manteau rouge.
                    Collet blanc
                    Pas de bonnet
                    Nimbe
-Langast, 22     Eglise            Crucifixion seconde moitié XVI°,
                    Seule au pied de la Croix
                    Marie et Jean dans autres panneaux
                    Assis sur talons
                    Bras enserrant la Croix sous les pieds
                    Robe verte à manches rouges
                    Manteau rouge doublée bleu
                    Foulard serrée autour du cou
                    Cheveux en queue dans le dos.
              Nimbe rouge soucoupe à étoile et filet jaunes                     en gravure.

-Locarn. 22        Vitrail XVI° Eglise   très restauré
                    A gauche de la Croix
                    Vue de dos
                    Cheveux longs jusqu'a là ceinture
         Robe tons chauds, bas, larmes faites avec des  enlevés blancs                     sur rouge.

-La Martyre.29   Eglise Saint-Salomon, Vitrail 1535 ,
                      Derrière, visage à droite de face
                       Mains écartées, celle de droite touche la                            Croix.
                       Genou gauche relevé à droite
                       Robe bleu à crevés et poignets verts
                       Elément de tissus vert partant des                                     poignées le long de la Croix.
                        Chemisier blanc
                        Manteau rouge
                        Pas de nimbe
                        Coiffure bonnet à rangées de perles
                        Cheveux en mèches à droite et gauche du                         visage
                        Vase de parfum à droite.
-Plemet,56      
Eglise        Crucifixion. Ne reste que le haut.
                        A droite de la Croix.
                        Tête à hauteur des genoux du Christ
                        Main droite prenant la jambe droite du                             Christ
                        Main gauche prenant la croix à hauteur                             des   pieds
                        Robe jaune d?argent
                         Chemisier blanc
                        Foulard blanc sur cheveux   
Pleyben , 29          Eglise Saint-Germain Vitrail fin XVI° Très restauré
                A droite, au pied de la Croix.
                Les mains et les bras enlacent la Croix
                Bien au-dessous des pieds du Christ.
                Genou gauche relevé du côté gauche
                Robe jaune à manches et feston rouges
                Chemisier ou collet blanc
                Chevelure ondulée
                Pas de nimbe
                Vase à onguent du côté gauche.
           
Ploëven, 29.  Chapelle Sainte-Barbe Vitrail fin XVI°
                A genoux à droite, de profil
                Le visage levée vers le Christ
                Mains levés le long de la Croix
                Robe jaune, haut blanc
-Ploudiry.29    Eglise Saint-Pierre  Vitrail fin XVI°
Du côté droit, derrière la Croix.
Mains et bras écartés
Robe verte et bleu
 Manteau rouge avec damas en enlevés.
Nimbe jaune horizontal
Cheveux serré par turban
Vase de parfum, côté droit de la Croix
-Plouvorn Chapelle Saint-Trémeur    Vitrail XVI°   
            seule une tête de Marie-Madeleine
            Provenance église
            Visage tournée vers la droite
            Mèches à droite et à gauche du visage
            Bonnet blanc
-Pouldreuzic, Chapelle N.D. de Lababan. Vitrail 1573       
            Côté droit
            Main  et bras droit enserrant la Croix
            Main gauche accrochée à la Croix.
            Jambe gauche en avant ;
            Robe
            Manteau
            Bonnet à double rangée de perles
             Cheveux tombant dans le dos
             Pas de nimbe
Quéménéven        Eglise Saint-Ouen    Vitrail seconde moitié XVI°
            côté droit
            Mains jointes enserrant la Croix
            Robe bleue
            Décolleté et bustier jaune
            Manteau rouge
            Bonnet noir a deux rangées de perles et étoiles                 blanches
            Nimbe entourant la tête ;

-Quimper, musée Breton Passion Vitrail seconde moitié XVI°   
            Du côté droit, derrière
            Jambes écartées enserrant la Croix
            Mains et bras croisés sur la Croix.
            Genou droit relevé
            Robe verte avec manches et crevés
            Chemise blanche ;
            Manteau rouge.
            Collet blanc
            Pas de nimbe.
            Cheveux dans coiffe noire à filet de perles
            Vase à onguent à gauche

-La Roche-Maurice    Eglise Saint-Maurice Vitrail seconde moitié XVI°
            Visage de face levé vers le Christ  du côté droit
            Corps derrière
            Mains écartés et levés, la droite touchant la Croix
            Robe bleu violet à poignée vert
            Manteau rouge
            Pas de nimbe
            Deux mèches de cheveux à droite et à gauche duvisage serré par bonnet blanc à rangée de perles             et lacets
            Vase de parfum en bas à droite.
-Saint-Goazec.    Eglise Saint-Pierre    1573 Crucifixion
            A genoux, de profil prostrée du côté droit
            Genou gauche en avant du à position
            Mains jointes
            Tête penchée
            Robe bleu
            Manteau blanc à pois jaunes d?argent
            Cheveux au vent en boucles sur visage
            Nimbe entourant la tête.
            Pas de pot de parfum
-Saint-Nic Eglise Saint-Nicaise, seconde moitié du XVI°
  Vitrail très restauré
            Côté droit, affalée par terre
            Bras et mains enserrant la Croix.
            Robe bleu à crevés
            Manteau rouge
            Petit nimbe
            Cheveux roux longs, en mèches sur le corps.
-Spézet Eglise Saint-Pierre    Vitrail seconde moitié XVI°   
            A droite de la croix
            Fait pendant à Vierge en pâmoison
            A genoux
            Mains levées, hauteur mi-corps du Christ.
            Robe bleu à crevés
            Manteau rouge
            Cheveux dans le dos
            Nimbe horizontal.
- Pontivy, Eglise de Stival, 56    Crucifixion
            Devant la Croix, avachie
            Tête levée vers le Christ.
       
-Tourc'h. 29 Eglise Saint-Cornély Vitrail seconde moitié XVI°       

Derrière la Croix. Mains et bras écartés
Genou gauche levé
Robe bleu, manches à crevés blanc.
Manteau rouge
Bonnet à deux rangées de perles.
Nimbe jaune soucoupe.

-Tréflevénez.    Eglise Saint-Pierre  seconde moitié XVI°   
.   Vitrail très restauré. Affalé du côté droit derrière contre la Croix. Bras et main gauche enserrant la Croix et pendants . Genou droit levé.Robe rouge. Manteau.  Vase de parfum au pied  de la Croix.
           
-Tréguennec.29 Eglise Notre-Dame    Vitrail Très peu d?informations car vitrail très mal restauré. Par contre tête  dans baie 1 pouvant être celle de Marie-Madeleine. Cheveux longs non peignés Décolleté.

 

LE GUENNEC (Louis), 1981 Le Finistère monumental II, Brest et sa région. Ed. de la Société des Amis de Louis Le Guennec (Quimper), 591 p.  Louis Le Guennec (1878-1935) érudit finistérien  a publié de nombreux articles, réunis das les trois tomes du Finistère monumental par ses Amis. Page 493-494

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/eacd0a2ed3929e4b775beec287004c84.pdf


 

— NDODUC

http://ndoduc.free.fr/vitraux/htm1/eg_StPierre@Ploudiry.htm

—PENNEC (Cyrille) 1634, Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët. Edité en 1888 par Daniel Miorcec de Kerdanet chez J.-B. Lefournier (Brest).

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/0a34d3c4989512e9f444662b79e57a7b.pdf

— MIORCEC DE KERDANET (Daniel-Louis), 1837,  La Vie des saints d'Albert le Grand annoté par ...

https://books.google.fr/books?id=YSvBi_0z3gsC&pg=PA505&lpg=PA505&dq=%221567%22+ploudiry&source=bl&ots=H2nmQl0aMI&sig=ACfU3U0hfjQz5LWD0qzFkeHJ966udXcDQQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjX8siJkffoAhV4A2MBHcbGAqoQ6AEwBHoECAsQLA#v=onepage&q=%221567%22%20ploudiry&f=false

 
 

 

 

 
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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux
10 avril 2020 5 10 /04 /avril /2020 17:45

Le vitrail de l'Arbre de Jessé (vers 1530, Le Sodec) en baie 0 de l'église Notre-Dame de Confort-Meilars.

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Voir dans ce blog :

 

Liste des 225 articles de ce blog décrivant les vitraux.

LES ARBRES DE JESSÉ

 

En Bretagne, selon l'ordre chronologique:

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Et en comparaison avec les œuvres bretonnes :

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Voir sur cette église de Confort-Meilars :

 

 

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PRÉSENTATION.

La maîtresse-vitre de  Notre-Dame de Confort mesure 4,30 m de haut et 1,70 m de large et dispose de  3 lancettes de six panneaux, —que je désigne de gauche à droite par A, B, C, et de bas en haut de 1 à 4, —  et d'un tympan à 3 ajours. Elle a été murée sur la hauteur d'un panneau en sa partie inférieure.

Elle est consacrée à  un Arbre de Jessé  ; un autre vitrail est consacré à la Vie de Jésus (avec une date :1554), et un troisième présente deux panneaux d'une Résurrection incomplète.

 

 

  Malgré sa proximité avec celui de Kerfeunteun à Quimper datant d'environ 1520, cet Arbre de Jessé est bien différent par une composition en dix-huit panneaux clairement structurés, chacun présentant un personnage pour former un ensemble de cases bien lisibles. On découvre de bas en haut et de gauche à droite les  donateurs et Jessé, puis les douze Rois de Juda, pour culminer avec la Vierge, le Christ et Saint Jean. Les douze Rois sont : Ezechias, David, Joram, Salomon, Acham, Joatan, Roboam, Ozias, Assa, Josaphat, Abia et  Manassé.

 .

Sachant que le chœur à trois pans de l'église a été édifié en 1528 par donation d'Alain de Rosmadec et de son épouse, et que les donateurs figurent sur le bas du vitrail, les auteurs des Vitraux de Bretagne pour le Corpus Vitrearum la datent de 1530 (Gatouillat et Hérold). Roger Barrié avait proposé la date de 1550.

On y reconnaît le style de l'atelier quimpérois des Le Sodec.

Je l'ai décrit une première fois en 2011. C'était alors, après la verrière de l'église de Kerfeuteun à Quimper,  ma deuxième description d'une série sur les Arbres de Jessé qui s'est amplifiée depuis. Je reprends ma description avec de nouvelles photos et un texte actualisé.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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  La verrière a subi une restauration, jugée "absurde" par Abgrall puis J.J. Grüber, en 1840 par le vitrier-peintre quimpérois  Cassaigne, qui en a détruit le bel ordonnancement, et c'est Jean-Pierre Le Bihan, restaurateur de vitraux à Quimper, qui a du lui rendre une cohérence en 1995 : tous les détails peuvent se trouver ici : 

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-16659536.html

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  J'en retiens que les panneaux A2 et A6 (Ezechias et la Vierge) sont l'oeuvre de l'atelier Le Bihan.

  Pendant la dernière guerre, comme beaucoup de vitraux des églises de France (mais, selon Jean Lafond, trop peu d'églises en Normandie), ces verrières ont été démontées et mises à l'abri en 1939 et replacées en 1951.

  Elles ont été examinées par Roger Barrié dans le cadre de sa thèse parue en 1978; le même auteur a procédé avec Claude Quillivic à son évaluation pour l'inventaire général 1981. Dans le cadre de cet inventaire, une datation a été proposée : 1540 pour les verrières latérales, 1550 pour l'Arbre de Jessé. 

 Protection juridique : La verrière est classée au titre d'objet à la date du 10 11 1906.

 

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SOURCES D'INTÉRÊT.

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Cette verrière offre de très nombreuses sources d'intérêt :

— historique et héraldique : par la présence d'Alain de Rosmadec et Jeanne du Chastel. Relation avec les autres commandes de ce couple, comme la verrière  de Pont-Croix, portant les mêmes portraits de donateurs.

— stylistique  illustrant l'art de l'atelier quimpérois de Le Sodec, très présent en Finistère au XVIe siècle.

— technique pour l'art du vitrail : emploi  du jaune d'argent (déjà ancien), du verre rouge doublé et gravé, et de la sanguine. Des vues rapprochées des visages permettront cette étude.

— technique, pour les techniques de restauration des vitraux (suppression des plombs de casse au profit d'un collage bout à bout).

— histoire du vêtement : présence de crevés (ou taillades) propres aux règnes de François Ier et de Henri II, confirmant une datation vers 1530. Voir Cast, Conversion de saint Hubert vers 1525.

— Représentation des personnages bibliques avec indication codée de leur appartenance hébraïque : barbes longues, bonnet conique, franges, glands de passementerie.

— Iconographie des Arbres de Jessé. Je renvoie à la liste des articles de mon blog. Nous avons ici un schéma en chandelier à trois branches culminant par un Calvaire, comme à Quimper (Kerfeuten, 1520) et Le Faouët (Saint-Fiacre ) .

— Inscriptions des galons des vêtements dans la peinture, que ce soit la peinture au chevalet, l'enluminure ou la peinture sur verre : ces inscriptions le plus souvent dénuées de sens mentionnent parfois des oraisons (comme ici l'incipit du Pater), parfois le nom du personnage, mais de nombreux auteurs ont cédés à la tentation d'y voir des signatures, quitte à modifier les séquences de lettre. L'histoire de cet usage d'inscriptions décoratives dépourvues de sens reste, à ma connaissance, à écrire dans la Peinture du XV et XVIe siècle. Pourtant, un pseudo peintre-verrier "R. de Loubes" est toujours validé comme auteur de ce vitrail par le site Pop-culture!

Je reprendrai quelques thèmes en fin d'article.

 

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PRÉSENTATION PANNEAU PAR PANNEAU DE BAS EN HAUT.

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Registre inférieur : Jérémie, Jessé et Isaïe ; les donateurs.

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Cinq personnages sont placés sur une même scène, sous une grande tente ou un dais dont les deux prophètes Jérémie et Isaïe tiennent les coins, découvrant ainsi Jessé endormi. Ce dais rouge aux mouchetures blanches et doublé de satin bleu réunit les trois panneaux. La partie basse est manquante.

La zone inférieure a été complétée en 1994. La tête du donateur a été complétée.

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 1°) Case A1: Alain de Rosmadec présenté par Jérémie.

 

 

 

 

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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  Le prophète Jérémie.

  C'est lui qui présente le donateur. Son nom n'est pas inscrit mais c'est habituellement lui qui, avec Isaïe, entoure Jessé . Il lève la main vers le sommet du vitrail pour montrer que c'est le Christ qui réalise la prophétie.

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  Inscriptions. 

  a) L'inscription principale est le phylactère où est écrit CREAVIT DEUS CELOM TERA

  Cela correspond à l'Incipit de la Vulgate, les premiers mots latins de la Bible qui débute par Genèse, 1, 1 : In principio creavit Deus caelum et terram, au commencement Dieu créa le ciel et la terre.

Pourquoi cette citation ? Sans-doute pour souligner que le Christ du registre supérieur vient accomplir non seulement la prophétie d'Isaïe présentée sur le phylactère de gauche, mais la totalité de l'Ancien Testament depuis le début des Temps.

  J'admire la calligraphie aux lettres capitales très variables de forme, de taille ou d'inclinaison mais qui réalisent un ensemble très équilibré et élégant.

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b) On trouve aussi sur l'épaule et les manches de Jérémie les lettres suivantes : 

-MNOE avec N rétrograde

- VdICREN, avec d en onciale, N rétrograde. On voudrait y trouver un sens...Judiciem... cela ne donne rien.

- NoRI, avec un O en forme de 9, un N rétrograde. 

- M MNIB . NORI. N avec N rétrogrades. J'essaye Numinibus, pluriel datif de nomen, inis, la puissance agissante d'un dieu.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le donateur Alain de Rosmadec.

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   Le donateur, qu'on imagine agenouillé puisqu'on ne voit que la partie supérieure, les mains jointes, est Alain II de Rosmadec (18 août 1508-30 janvier 1560), d'une famille originaire de Telgruc, en presqu'île de Crozon avant d'obtenir la prééminence sur Pont-Croix, et que les guerziou (chansons populaires bretonnes) ont fait rentrer dans la mythologie bretonne en les présentant comme descendant des anciens rois de Bretagne; une des familles les plus illustres de la région par les fonctions occupées par ses membres et par leurs constructions à Quimper, Pont-Croix, Landudec et Confort, ou par ses alliances avec les grandes familles:

  "Alain, sire de Rosmadec, II du nom, de Tyvarlan, de Pont-Coix, baron de Molac, de La Chapelle, et de Sérent, vicomte de Bignan, maréchal de camp aux armées du roi en Bretagne, capitaine d'une compagnie de gens d'armes, de la noblesse et de la côtes de Basse-Bretagne. 

    Étant demeuré mineur à la mort de son père, sa mère lui servit de tutrice.

    L'an 1528, il épousa Jeanne du Chastel, fille aînée de feu Tanguy, sire du Chastel, de Poulmic, de Leslein, de Kersalio, et de Marie dame du Juch, du Mur, de Coëtivy, et de Kersimon, laquelle dame eut pour partage la terre et châtellenie de Kerlourenan, maison qui à eu ses seigneurs particuliers et chevaliers anciens. 

    L'an 1532, il assista parmi les barons aux États tenu en la ville de Vannes, où le duché de Bretagne fut uni à la couronne de France à la requête des États de ladite province, et ensuite il se trouva à Rennes, à l'entrée de François dauphin, et y porta le second bâton de poile, ainsi qu'il lui appartenait le droit héréditaire, comme seigneur de Molac. 

    L'an 1539, en la réformation de la coutume de Bretagne, il fut le premier député en l'ordre de la noblesse de la part des États, pour l'assemblée avec des commissaires du roi. 

    Il rendit son aveu au roi, qui se trouve en la chambre de comtes en date du 4 avril 1541. Il exerça l'Office de Maréchal de Camp en l'armée du roi en Bretagne, commandée par Monsieur le duc d'Étampes, gouverneur dudit pays l'an 1543. 

    Dame Jeanne de La Chapelle était décédée l'an 1544, Henry fils aîné du roi dauphin de Viennois, et duc de Bretagne, lui fit don de rachat en considération de ses services, par lettres données au Camp de Viennes le 10 octobre audit an.     

    Il mourut le 30 janvier l'an 1560 et fut déposé dans le tombeau des seigneur de Molac, en la chapelle de Notre-Dame de Lermain en la paroisse de Molac."

    Il eut 6 enfants :

-Tanguy de Rosmadec, dont le fils Sébastien II de Rosmadec ( 1566-1613) reçut le titre de marquis, et fit bâtir le fameux marquisat de Pont-Croix, l'actuel musée du patrimoine

- Marc,

- Claude,

-Marie,

- Louise,

- Jeanne.

  Signalons deux évêques, Bertrand de Rosmadec (1417-1455)  évêque de Quimper et bâtisseur de la cathédrale (c'est un demi-frère de Jean Ier, ancêtre de notre Alain II ) et Sébastien de Rosmadec, évêque de Vannes de 1624 à 1646, issu d'un Jean de Rosmadec seigneur de Plessis-Josso.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Il s'agit d'un des plus beaux visages peints des vitraux du Finistère. Il associe une coloration en lavis d'une sanguine brun clair, avec des traits fins de sanguine plus sombre, et de traits blancs qui procèdent d'un "enlevé" par la pointe du manche du pinceau.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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   Les armoiries portées par Alain de Rosmadec :

Le donateur est vêtu comme un gentilhomme de la Renaissance : en 1528 (le mariage avec Jeanne du Chastel a lieu le 8 mai 1528, et la chapelle dédicacée en août 1528), sous François Ier, 3 ans après le désastre de Pavie et la captivité du roi en Espagne, la mode est au port de la barbe, aux cols qui commencent à présenter à la place du décolleté de François Ier en 1525 une fraise dont les godrons restent encore discrets, un pourpoint court, et les crevés viennent fendre les belles étoffes, les brocarts, les velours et les soies pour faire apparaître la lingerie sous-jacente. Ce sont les Rois qui, comme des Rois de carte à jouer, vont nous présenter la mode Renaissance.

  Alain porte un corselet de cuirasse et des pièces d'armure protégeant les avant-bras, mais cette tenue militaire est recouverte d'une tunique légère (en soie ?) dont les couleurs ne sont autres que celles de son blason : étudions-les.

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  Les Rosmadec "portent palé d'argent et d'azur de six pièces", c'est à dire que leur blason est fait de trois bandes verticales blanches (argent) alternant avec trois bandes bleues (azur). Leur devise est : "BON ESPOIR".

  Alain porte ces armoiries, mais en débutant par l'azur de la manche, soit un palé d'azur et d'argent. Elles sont associées à un lion blanc  dressé sur ses pattes sur fond bleu : traduit en terme d'héraldique, il porte "d'azur au lion d'argent rampant". La langue est de la même couleur que le corps, il n'est donc pas "lampassé". 

  Le sire de Juch porte d'azur au lion d'argent, lampassé et armé de gueules (aux griffes rouges), ce ne sont donc pas ses armes, bien que Jeanne du Chastel soit de cette Maison.

  En 1406, ces armes avaient été partagées après un accord entre le sire du Juch et Jean de Rosmadec qui dut se contenter en signe de juveigneurie du Juch de porter "d'azur au lion d'argent morné", c'est-à-dire dépourvu de griffes, de langue et parfois de queue. Le juveigneur est, dans la noblesse bretonne, un cadet sans distinction d'ordre de naissance ; les armes plaines sont réservées au chef de famille, et les armes brisées (incomplètes), au cadet.

  Ce sont ces armes, devenues celles de Pont-Croix qui apparaissent dans le blason de Sébastien de Rosmadec :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Blason_S%C3%A9bastien_de_Rosmadec.svg

  Mais ici, Alain de Rosmadec porte un lion qui n'est pas "morné" du tout, mais doté d'une belle langue et d'une belle queue.

  Comme il est sire de Pont-Croix, je penche pourtant pour y voir les armoiries correspondantes à son titre, au prix d'une erreur du dessinateur du carton du vitrail.

  C'est, avec son épouse, le commanditaire de ce vitrail, ce qui veut dire que c'est eux qui ont choisi ce thème ; l'arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunten a été réalisé en 1525-1530, et Alain de Rosmadec et Jeanne de Chastel, mariés en 1528, ont fait construire l'église de Confort en la même année de 1528 : le thème choisi pour Kerfeunten les a obligatoirement influencé.

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Les mêmes armoiries se voient dans la verrière sud de l'église de Pont-Croix, où le couple avait financé la modification du chœur. Mais c'est un palé d'argent et d'azur (si on intègre la manche dans le blasonnement) , plus correct, qui s'y voit sur le donateur.

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La baie 10 (vers 1530 ; v. 1544 ; v.1560) de la chapelle du Rosaire de l'église Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix. Photo lavieb-aile

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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2°) Case B1 : Jessé songeant, assis sous un pavillon.

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Présence de verre rouge gravé. Zone inférieure complétée.

 

 

S'est-il assoupi alors qu'il lisait une lecture pieuse à la rubrique D enluminée ? Mais non, bien-sûr : il songe, et c'est de ce songe que va naître sa vision prophétique d'une lignée royale. Il est déjà vieux, la barbe chenue, les mains ridées, mais ses traits sont sereins.

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  Il me semble que ce qu'il porte autour du cou, avec des rayures noires et blanches  est un talith, un châle de prière muni de franges (tsitsits), vêtement rituel pour la prière juive du matin. Il vient peut-être de lire Nombres, 15, 37-41 : "Et l'Eternel dit à Moïse : parles aux enfant d'Israël et dis-leur qu'ils se fassent, de générations en générations, des tsitsits aux bords de leurs vêtements". Il pense à la transmission du culte générations après générations, et il se sent comme un vieux tronc d'olivier noueux et tors mais à la sève puissante, il sent ces générations futures monter de sa propre colonne et fructifier. Il est âgé mais sa foi est forte, elle lui survivra.

  Derrière lui, effectivement, le tronc de l'Arbre de Jessé s'élève. Il peut sentir ses enfants, petits-enfants et arrière-petits enfants jouer dans les branches à chat-perché sur des générations et des générations. Il les voit ; ils ont des tsitsits aux quatre coins du vêtement dont ils se couvrent. Pas de souci, il peut s'endormir.

Inscriptions :

-sur la manche : NOPV

- sur le drap vert du fond : AMN...HEd...IAR...ONC...MA...NO

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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3°) Case C1 : Jeanne de Chastel et Isaïe.

 

"Panneau bien conservé, déplacé en haut de la lancette gauche pour remplacer un roi dans le montage précédent, et lui-même remplacé par le fragment de Couronnement de la Vierge réutilisé en baie 3." (Gatouillat)

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le prophète Isaïe.

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Jeanne du Chastel est présentée par Isaïe. Le prophète tient le dais d'une main, tandis que l'autre désigne le ciel en un geste jumeau de celui de Jérémie. Mais quelque chose ne va pas, et une observation attentive constate que la main à l'index dressé est en supination excessive pour une main gauche dont le bras est croisé devant la poitrine ; et puis l'avant-bras est trop long. On pense à une inversion des morceaux d'un puzzle. Revenant à la case A1, je vois bien que la main gauche de Jérémie est en réalité une main droite (voir infra, case A3 la main gauche correcte de Salomon). Les auraient-on interverties ?

Inscriptions:

-sur le phylactère (la partie supérieure en case C2): EGREDIET VIRGAd ER (DICE) : IESSE / ISAIA : c'est la citation d'Isaïe, 11, 1 dans la traduction latine de la Bible ou Vulgate :

                             Et egredietur virga de radice

                             Et flos de radice ejus ascendet,

  Un rameau sortira de la bouche de Jessé, et un surgeon sortira de ses racines.

  On note le mélange de lettres capitales et d'onciales (e initial,d, g), l'inversion de deux S alors que celui d'ISAIA est conforme, l'équilibre de la calligraphie, et on observe que le phylactère est écrit à son endroit, et à son envers pour IESSE.

- sur les étoffes : néant

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

 

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  Jeanne de Chastel  est issue de la branche aînée de la Maison du Chastel, famille appartenant à la haute noblesse bretonne et occupant le deuxième rang de la hiérarchie nobiliaire après les Rohan. Établie autour du chateau de Trémazan en Landunvez, elle voit se succéder Tanneguy du Chastel I , Tanguy ou Tanneguy III (1370-1458), Tanguy IV, Tanguy V (+ 29/05/1477), mais aussi Tanguy du Chastel (+1521) le père de Jeanne :

  -son père :Tanguy du Chastel Seigneur du Chastel et du Ploumic, Leslein et Kersalio  épousa en troisième noce le 23 juin 1501  Marie du Juch. Les armes de la Maison du Chastel sont "fascié d'or et de gueules de six pièces", soit un blason alternant trois bandes verticales jaunes et trois rouges. La devise est Marc car Doué ( s'il plaît à Dieu), ou Da vad teui (tu verras bien), ou Vaillance du Chastel.

- sa mère : Marie, dame et baronne du Juch (1533), dame du Coëtivy, du Forestic, du Mur, du Menault, du Leslein, de Kersimon. Les armes de la Maison du Juch sont, nous l'avons vu, "d'azur au lion d'argent et lampassé de gueules"; leur devise est: La Non-pareille.

- sa fratrie : de cette union nacquit Guillaume du Chastel, Jeanne, Olivier qui fut recteur d'Argol (+1550), Prégent, René et Jacques seigneur du Juch.

  Ce qui me surprend, c'est de ne trouver aucune trace des armoiries de la donatrice. Elles devaient se trouver sur le panneau muré.

  J'admire sa robe damassée, sa chemise blanche à col montant, ses bijoux (collier, broche, bagues à tous les doigts), ses manches réalisées avec ce verre rouge gravé de la robe de Jessé.

 

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Nous la comparerons au panneau de la baie 10 de Notre-Dame de Roscudon de Pont-Croix, où elle porte ses armes :

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Jeanne du Chastel, baie 10 de Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix. Photo lavieb-aile.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Deuxième registre : les rois Ézéchias, David et Joram.

 

 

4°) Case A2 : Ezechias (Le Bihan, 1994).

 

  

 

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    J'apprécie beaucoup le travail de rénovation de l'atelier Le Bihan, mais ce panneau ne suscite pas l'émotion que je ressens devant l'oeuvre originale et ses mystères. Pas d'inscription, j'en profite pour écouter la belle histoire de la guérison miraculeuse du roi Ézechias. (Isaïe, 38 : 2-22)

   Car Ézechias, treizième roi de Juda fut un bon souverain, qui fit plaisir à son Eternel en chassant les idolâtres. Mais un jour, il tomba gravement malade, et il se tourna vers le mur, il appela Yahvé pour lui rappeler combien il avait été un bon et pieux serviteur. Et il pleura, tant et si bien que Yahvé lui fit dire : "j'ai vu tes larmes. Je vais te guérir ; dans trois jours tu monteras au Temple de Yahvé. J'ajouterai quinze années de ta vie. Voilà que je vais faire reculer l'ombre des degrés que le soleil a descendu sur les degrés de la chambre haute d'Achaz dix degrés en arrière."  

  Vous ne me croirez pas si je vous dis ce qui est pourtant l'exacte vérité : c'est que le soleil recula de dix degrés, sur les degrés qu'il avait descendu.

  Yahvé qui ne leva pas le petit doigt pour son serviteur Job et qui le laissa sur son fumier à gémir de douleur, voilà ce qu'il donna à Ézechias : quinze années gratuites!

  Je ne le regrette pas, car cela nous a valu ce cantique d'Ézechias, qui est admirable de poésie :

  Je disais : au midi de mes jours, je m'en vais

                  Aux portes du Shéol je serai gardé pour le reste de mes ans. 

Je disais : Je ne verrai pas Yahvé sur la terre des vivants

               Je n'aurai plus un regard pour personne parmi les habitants du monde.

Ma demeure est arrachée, jetée loin de moi, comme une tente de berger.

Comme un tisserand j'ai enroulé ma vie, il m'a séparé de ma chaîne.

Du point du jour jusqu'à la nuit tu m'as achevé.

J'ai crié jusqu'au matin ; comme un lion, c'est ainsi qu'il broie tous mes os,

du point du jour jusqu'à la nuit tu m'as achevé.

Comme l'hirondelle, je pépie, je gémis comme la colombe,

mes yeux faiblissent à regarder en haut. Seigneur, je suis accablé, viens à mon aide.

Comment parlerai-je et que lui dirai-je ? Car c'est lui qui agit. 

Je m'avancerai toutes mes années durant dans l'amertume de mon âme.

Le Seigneur est sur eux, ils vivent et tout ce qui est en eux est vie de son esprit.

Tu me guériras, fais-moi vivre.

Voilà que mon amertume se change en bien-être. C'est toi qui as préservé mon âme de la fosse du néant, tu as jeté derrière toi tous mes péchés.

Ce n'est pas le  shéol qui te loue, ni la mort qui te célèbre. Ils n'espèrent plus en ta fidélité, ceux qui descendent dans la fosse.

Le vivant, le vivant lui seul te loue, comme moi aujourd'hui. Le père à ses fils fait connaître ta fidélité.

Yahvé, viens à mon aide et nous ferons résonner nos harpes tous les jours de notre vie dans le Temple de Yahvé." 

   C'est beau, non ? avec l' hirondelle et la colombe qui gémissent,  avec la vie qui s'arrache comme une tente de berger, et le lion qui broie les os, c'est mieux qu'un psaume de David, nom d'un Yahvé, non?

   Et Yahvé fut de mon avis : il envoya Isaïe pour lui faire dire :"qu'on apporte un pain de figues, qu'on l'applique sur l'ulcère, et il vivra".

   Un pain de figues ! Sur l'ulcère ! Et il vivra !

 Alleluia !

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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5°) Case B2 : le roi David.

 

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On reconnaît le psalmiste à sa harpe.

Inscriptions :

DAVID : je note l'utilisation systématique de l'onciale pour la lettre D.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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6°) Case C2 : Le roi Joram.

 

  Il porte tous les attributs royaux : barbe, sceptre, collier, couronne, et un camail de verre gravé à mouchetures et à pois.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Inscriptions : Outre JORAM, on lit :

MOPUS RDILONBESNPVM(O).

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Cette inscription a fait couler plus d'encre que les précédentes, après que René Couffon se soit avisé qu'il s'agissait de la signature du maître-verrier quimpérois R. de Loubes, un artisan que l'on trouve mentionné dans tous les bons ouvrages, notamment le Dictionnaire des artistes et artisans de Bretagne de Yves-Pascal Castel, le Patrimoine Religieux de Bretagne, histoire et inventaire de Maurice Dilasser et Claude Berger (2006)  mais qui ne s'y trouve peut-être que parce que son nom a été découvert ici même. C'est ce nom qui est donné comme auteur du vitrail par R. Barrié dans l'Inventaire Régional de 1981 réf 29002964 après avoir relevé l'inscription "OPUS R. DE LOUBES". Dans un Bulletin de la Société d'archéologie de Bretagne de 1951, on signale l'existence au XVIIe d'un chanoine de Saint Corentin, la cathédrale de Quimper, portant le nom de J. de Loubes, présenté comme un possible descendant du maître-verrier. 

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  La mention se trouve publiée dans : René Couffon et Alfred Le Bars, Répertoire des églises du diocése de Quimper et de Léon, 1959, réédité après mise à jour en 1988 sous le titre Diocése de Quimper et de Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles (p. 204 de cette édition).

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  Or il se trouve que Jean Pierre Le Bihan, qui a restauré le vitrail, a écrit en 2006 dans l'article de son blog intitulé "une famille de peintre vitriers cornouaillais du XVIème siècle" la note suivante :

  "inclure des initiales est chose fréquente chez les verriers. A Rouen, les frères Le Prince signant ILP pour Jean, ELP pour Engrand ou encore plus prés de chez nous, en plus des Le Sodec [voir : l'arbre de Jessé de Kerfeunteun] VI DI pour Vincent Desportes. Mais personne n'est à l'abri d'une erreur. Pour Notre-Dame de Confort en Meilars, Monsieur René Couffon donnait de Loubes comme auteur de l'arbre de Jessé. Une restauration postérieure révéla Raimondi Lombes".

  Tout me porte à croire que c'est Jean-Pierre Le Bihan lui-même qui a relevé ce nom et qui propose de lire Raimondi Lombes.

  Tout ceci me surprend, puisque je lis MOPUS et non OPUS (ouvrage, oeuvre), RdILONBESNPVM sans ponctuation permettant de lire la lettre R comme initiale d'un prénom, que la lettre qui suit le dILO est distinctement un N, et un N rétrograde comme tous les N de ce vitrail et non un U (comme dans Loubes) ni un M (comme dans Lombes). En outre, les lettres présentent de nombreuses anomalies, comme les lettres P en onciale, le D en onciale (ou minuscule) certes comme pour toutes les lettres D de ce vitrail, mais aussi le E proche d'un F, le second S inversé et qui s'apparente plutôt à un deux-points de ponctuation qu'à un S rétrograde, le V pointe en haut, comme si le diable carnavalesque de la dérision s'était déchaîné sur cette inscription.

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   Est-ce raisonnable de déterminer une signature sur ces éléments ?

  Si je reprends l'article que Jean-Pierre Le Bihan consacre à l'atelier Le Sodec, je lis qu'il peut attribuer à cet atelier quimpérois des œuvres reconnaissables par des particularités de style comme "une façon d'appréhender certains muscles comme celui au dessus du sourcil" , muscle très protubérant et marqué qu'il surnomme "à la banane" et qu'il a reconnu à Confort-Meilars, et par le traitement des veines des mains et des pieds en "graphisme losangé", graphisme qui m'a surpris en examinant en la case A2 les mains de Jessé.

  Plutôt que de considérer que l'auteur du vitrail est connu, le fait de renoncer à une attribution...contestable peut relancer les hypothèses et les rapprochements.

  Enfin, d'autres affirmations de René Couffon ne se sont pas trouvées confirmées, comme l'attribution de la Passion de La Martyre à Jost de Necker (voir : J.P. le Bihan, Jost de Necker, un mythe qui a la vie dure, 14 janvier 2009). Cela confirme la citation donnée en page de titre du Nouveau Répertoire des Eglises : "La science est faite d'erreurs patiemment corrigées" R. Couffon.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Troisième registre : les rois  Salomon, Acham et Joatan.

 

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7°) Case A3 : le roi Salomon.

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On remarque que l'inscription de son nom donne SALAMON (avec le N rétrograde).

 

Il porte le turban entourant un casque,  un camail gris-métal évoquant une cuirasse, une robe jaune damassée de motifs de feuillages, et ses manches roses à crevés portent les inscriptions PVSR à droite et MdVI à gauche.

  Sur son épaule, le pied botté  du roi Roboam conduit à l'inscription de la robe, MOPVR.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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8°) Case B3 : le roi Acham.

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Acham est une forme ancienne pour Achab, roi d'Isrël entre 874 et 863, c'est un roi impie que son épouse Jézabel détourne de Yavhé au profit du dieu cananéen Baal. Ce n'est donc pas un roi de Juda ( qui est alors Josaphat, qui part en guerre avec Achab contre Aram) et il n'a pas sa place dans la généalogie du Christ. Que lui vaut cette place centrale dans l'arbre ?

  Si on compare les rois du vitrail de Confort-Meilars et ceux de l'Arbre de Jessé de la cathédrale de Chartres, on constate que ceux sont les mêmes, hormis que c'est Achaz qui figure à Chartres : il est alors évident qu'il faut lire ici Achaz et non Acham ; la lettre M d'Acham est clairement inscrite, ce n'est pas une erreur de lecture, mais une faute de transcription à l'origine ou lors d'une restauration entre ce M et un Z. 

Il porte la barbe, un turban, un sceptre, et un collier à chaînon rectangulaire. Sa manche droite porte les lettres NOPI et PVRI, le V étant inversé pointe en bas.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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9°) Case C3 : le roi Joatan.

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Inscriptions:

  -JOATAN et son N rétrograde.

 - manche droite : PNRVO

 - manche gauche : NDMEO (ou , NdMEQ)

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Quatrième registre : les rois  Roboam, Ozias et Assa.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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10°) Case A4 : le roi Roboam.

Inscriptions :

- épaule : N...ONDN

- écharpe : MOP

- Manche droite : PVRN et MITRIT

              gauche : NOBIV

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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11°) Case B4 : le roi Ozias.

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 Installé en position de "chevalier servant" sur un rameau de l'arbre, sous les pieds d'Abbia, il dispose des mêmes attributs que les autres, barbe, couronne, collier de chaîne, épée, sceptre, vêtements à crevés, mais il ne désigne pas le ciel du doigt, se contentant de lever les yeux d'un air pensif. On ne lit aucune lettre sur ses vêtements.

  Ozias, ou Osias, ou Azarias, fut le dixième roi de Juda de -783 à -740. Son règne fut aussi prospère que celui de Salomon et sa conduite, sous les admonestations du prophète Zacharie, fut pieuse et fidèle à Yahvé. Mais "lorsqu'il fut puissant, son cœur s'éleva pour le perdre. Il pécha contre l'Eternel, son Dieu, il entra dans le temple de l'Eternel pour brûler des parfums" (Second Livre des Chroniques, 26,16), ce qui était le privilège des prêtres : pour s'être emporté contre les sacrificateurs consacrés, il fut frappé au front de la lèpre;" il fut lépreux jusqu'au jour de sa mort, et il demeura dans une maison écartée comme lépreux." C'est son fils Jotham qui prit sa place à la tête de la maison du Roi.

  En regardant bien, on peut voir un anneau tuméfié rond à la racine du nez du visage d' Ozias ; c'est le remords qui le mord. On comprend son regard triste.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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12°) Case C4 : le roi Assa.

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Son étiquette le nomme en inversant les S. Ses vêtements sont prodigues en inscriptions, dont il garde le secret :

 - sur le camail rouge aux motifs blancs gravés, on lit : NE   et  NOMINID. On peut faire dériver ce nominid, attesté en latin au IIIème siècle, de nomenis, ou bien le rapprocher du MNIB trouvé en A1 ; qu'en faire? Les N sont rétrogrades, bien-sûr.

- sur la manche droite, MNEO, et sur la manche gauche ONBRVSO , qu'on peut rapprocher du latin umbrosa, la pénombre. Le N de MNEO est conforme, celui de ONBRVSO est rétrograde.

- sur le galon de la tunique, PATERNOS(T) ...NIBID, avec N rétrogrades et lettre d en onciale. Le premier élan est de lire le début du Pater Noster (qui es in caeli, sanctificetur nomen tuum), mais le NIBID ne s'y intègre pas.

  Assa ou Asa est le fils d'Abia, le petit fils de Roboam, et le père de Josaphat ; il a régné 41 ans, quarante-et-une année de bons et loyaux services auprès de l'Eternel son Dieu, sans un faux pli, sans un mouvement de colère ou de prétention pour l'entacher de la lèpre, rien que de louables persécution contre les hiérodules (un mot toujours plaisant à placer), de destruction des autels et stèles en l'honneur d' Ashera, de Baal, du soleil et de la lune et de toutes les figures de l'horoscope.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Cinquième registre : les rois  Josaphat, Abia et Manassé.

 

 

 

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13°) Case A5 : le roi Josaphat.

 

Inscription:

- JOSAPHAT, à noter le h en onciale.

- NOBI

- sur l'écharpe violette : PTER(M)18LDI

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14°) Case B5 : le roi Abia.

 

 La broche qui orne son chapeau est gravée sur verre rouge, ce qui est  un travail original avec les quatre pois qui l'encadrent.

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Inscriptions :

-ABIA et le deux point.

-sur le galon de la tunique : (O)IRANT BE (I)MODPES

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15°) Case C5 : le roi Manasses.

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Inscriptions :

-MANASSES et non Manassé.

- collier : NRM(IO)

- galon de tunique : C (inversé) ILONSO MD ANTOIH:IBIVOT, si j'interprète le S inversé et couché comme une ponctuation. Qui trouvera un verrier du nom d' Ilonso Antoine Ibiuot ?

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le sixième  registre : la Vierge, le Christ en croix et saint Jean.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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16°) Case A6 : la Vierge.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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17°)Case B6 : le Christ.

 

   Le titulus semble récent; le bras droit a du être restauré. Les anges de quatre couleurs sont les mêmes que ceux du vitrail de Kerfeunteun.

  On peut admirer le traitement en grisaille du visage, et l'emploi de la sanguine dans son indication idéale.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Il faut remarquer combien le peintre a soigneusement et abondamment montré le sang qui s'écoule des plaies des mains, des pieds, de la tête couronnée d'épines, et du flanc droit.

 

  Lors d'une visite, j'entendais une touriste (les autres visiteurs des sites sont toujours des touristes) demander à son mari si cette plaie signifiait que le cœur du Christ était placé à droite. " Sans-doute" répondit prudemment le conjoint.

  Précisons donc que cette plaie est conforme au texte de l'évangile de Jean 19, 31-34:

     Comme c'était la Préparation, les Juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat - car ce sabbat était un grand jour-, demandèrent à Pilate qu'on leur brisât les jambes et qu'on les enlevât.

    Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui.

    Venus à Jésus, quand ils virent qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes.

   Mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le coté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau.

   La tradition veut que ce coup de lance ait porté sur le flanc droit, elle dit aussi que le soldat se nommait Longin, que c'était un centurion, et qu'il se convertit.

  On peut remarquer aussi que la croix semble issue du tronc de Jessé, naissant comme sa branche maîtresse à la division de deux branches latérales.

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La peinture de cet écoulement sanguin ne relève pas d'une tendance morbide, mais d'une vénération des "Cinq Plaies" et d'un courant de méditation spirituelle sur le Sang du Christ, très répandu depuis le Moyen-Âge mais qui reste très important à la Renaissance en Finistère notamment pour les sculpteurs de calvaires.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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18°) Case C6 : Saint Jean.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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  Il s'agit de Saint Jean l'Évangéliste, le disciple préféré de Jésus. On remarque qu'il est assis sur un rameau de l'arbre de Jessé.

Inscriptions:

- sur l'encolure du manteau : M...IPOI

- sur le galon du manteau :à droite : N..IIP.O...PIORHT: IRI.VOP..

                                       à gauche : NOV:RI ou NOVSRI

-sur le galon de la robe bleue : OSPRdEN.

Tout cela reste incompréhensible ; je remarque la similitude de la séquence ORTH : IRIVO avec celle de Manessé en case C5 : ANTOIH : IBIVO, avec le même H au graphique particulier.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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Le tympan.

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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  19°) soufflet, ange à la lyre.

On constate que presque toute la peinture au jaune d'argent est partie.

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Le vitrail (ca 1530) de l'Arbre de Jessé de l'église de Confort-Meilars.

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20°) Tympan, ange avec luth.

 

  Là encore, le jaune d'argent n'a pas tenu, sauf pour la belle boucle d'or, peut-être gravée.

 

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile 2020.

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21°) Soufflet, élément central : cœur enflammé (1994).

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Maîtresse-vitre (1530) de Notre-Dame de Confort. Photographie lavieb-aile .

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C . Une particularité technique: l'utilisation de verres gravés.

 

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  a) le verre rouge plaqué ; le vitrail gravé.

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Un vitrail est fabriqué par l'ajustement de verres blancs ou colorés, épais de 1,5 à 5 mm qui sont ensuite peints à l'aide de "grisaille" avant d'être associés entre eux au moyen de baguettes de plomb. Les verres colorés sont, ici, de 8 teintes : bleu-clair, bleu foncé, violet, vert pâle, jaune, rose et rouge.

  Le verre, un mélange de sable et de potasse auquel on ajoute depuis le Xe siècle de la chaux, est coloré par l'adjonction à la pâte de verre d'oxydes métalliques : sels de cobalt du "bleu de Chartres"; oxyde de cuivre pour le vert, le jaune ; oxyde de manganèse pour le pourpre, avec des teintes différentes selon la concentration et la température de cuisson. On obtient ainsi des verres teintés dans la masse. Le verre rouge est obtenu avec le protoxyde cuivrique, mais avec une teinte si foncée qu'il faut utiliser des verres très fins pour que la couleur soit suffisamment claire ; dés lors, ce verre est trop fragile, et on le plaque sur un verre transparent. En outre, ce verre rouge n'est pas coloré dans la masse. 

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   Si l'artiste veut faire figurer des détails de couleur qu'il ne peut peindre en grisaille, il doit découper un verre coloré et le sertir de plombs, ce qui représente un gros travail ; impossible d'écrire des lettres, ou de décorer un vêtement avec des motifs réguliers de cette façon.

  Pour palier à cette difficulté, les verriers eurent l'idée de décaper par abrasion la couleur rouge des verres plaquées pour créer des motifs transparents ; le verre est gravé au tour (dit encore  "à l'archet"),comme on le faisait pour graver le cristal de Bohème avec une roue dentée et un mélange huile-eau-abrasif pour réaliser des motifs : lignes droites, pois, formes géométriques.

  Si on en trouve les premiers exemples au début du XIVe, le verre rouge gravé ne devint répandu qu'à la fin du XVème siècle.

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  b) la peinture au "jaune d'argent".

  Au XIVe siècle, avant la "découverte" du verre rouge gravé, est apparu une nouvelle façon de colorer un verre blanc sans devoir découper et sertir de plomb une nouvelle pièce : l'application sur la face externe de la vitre  d'un "cément" de sulfure (ou de chlorure ou de nitrate) d'argent, en quantité si minime qu'on le mélange à de l'ocre pour faciliter l'application au pinceau, ocre qu'on retire après cuisson. Les sels d'argent réagissent chimiquement avec les composants du verre et donnent des teintes jaunes, orangé ou ambre si facilement qu'à partir de là, tous les personnages eurent tendance à être blonds ! Engrand le Prince est connu comme l'un des plus talentueux utilisateurs de ce jaune d'argent.

  Cette peinture, lorsqu'elle est appliquée sur le verre gravé, étend le registre de couleur des motifs gravés.

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c) L'article de Roger Barrié.

  En 1976, Roger Barrié (que nous retrouverons case C3) fait paraître Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIè siècle en Bretagne Occidentale, in Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, Tome 83, n°1, 35-44. Il y dresse la liste des verrières à verre gravé du Finistère, retrouvé en onze sites, dont l'église Notre-Dame de Confort à "Meilars". Étudiant les motifs gravés, il recense des liserés simples ou doubles, des pois, des fuseaux, des mouchetures, des carrés et des bonnets, et note à Confort l'emploi des mouchetures et les lignes. Il constate que le recours à la gravure survient lorsque le verrier veut souligner la "somptuosité" d'une scène : le thème des rois de Juda est l'occasion d'y recourir pour rendre compte du faste des costumes royaux.

  En conclusion, Roger Barrié écrit :" A partir de 1530-1540, les ateliers bretons ont usé avec succès de la gravure des verres doublés, surtout pour enrichir les effets colorés de leur production, bien qu'il faille reconnaître un certain épuisement à la fin du siècle" ..." la verrière de l'Arbre de Jessé à Confort fait sentir la limite du procédé[...] avec le risque de détruire la signification même de l'objet ou du personnage dans un éclaboussement de vibrations colorées", et cela d'autant plus que les verres gravés ont mieux vieillis que les verres peints et gardent une netteté gênante.

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d) ma visite à la recherche de ce rouge gravé :

   Il n'est pas nécessaire de rechercher longtemps ces verres rouges aux découpes rondes jaunes et blanches dont la régularité des bords signe le travail de gravure : je les retrouve sur 10 des 18 panneaux de la vitre maîtresse de Confort, sous le forme de mouchetures comme l'a vu R. Barié ( 5 panneaux) et  de liserés bordant les vêtements ( 7 exemples), mais aussi de pois (Joram, Manassé) et de fuseaux stylisant les "crevés" des costumes renaissance ( 4 exemples, David, Abia, Manassé et Josaphat), déployant donc toute la "grammaire" décrite par R. Barrié sur le Finistère. Ce sont tout-de-même les mouchetures qui prédominent, utilisées pour le grand dais qui réunit les trois panneaux du registre inférieur, pour la robe de Jessé, les manches de la donatrice, le camail de Joram, ou le manteau d'Acham.

  L'utilisation de la gravure pour dessiner des croisillons d'ornementation de manche et surtout pour tracer des inscriptions (NOBI sur Josaphat, NOMINID sur Assa) est plus originale.

  Enfin de nombreuses zones gravées ont été laissées blanches ( ou bien, comme l'indique R. Barié, la peinture n'a pas prise), mais certaines (manche et coiffure d'Abia) sont traitées au sulfure d'argent.

 

 

 

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gros-plans 3421c        gros-plans 3354c

 

 

gros-plans 3351c   gros-plans 3348c

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D. La peinture du verre : grisaille et sanguine.

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a) la technique :

Lorsque le verre n'est pas gravé ou coloré au jaune d'argent il est peint sur la face interne avec la "grisaille", peinture vitrifiable faite d'un mélange d'oxyde de fer ou de cuivre comme pigment, et de poudre de verre comme fondant qui sera provisoirement associé à un liquide (vin, vinaigre, urine) et un liant (gomme arabique) pour faciliter l'application au pinceau. Après cuisson à 650°, on obtient un résultat résistant et durable.

  Les techniques médièvales du vitrail ont été remarquablement décrites par un moine du XIIe siècle, Théophile, dans son Schedula diversum artum. Il explique dans ses chapitres 19  et 20 que chaque trait doit être exécuté en trois traits d'épaisseur et de valeurs différentes : prenons en exemple le sourcil, ou la lèvre, on effectuera un trait opaque principal avec la grisaille noire, le contour ; et deux traits avec un lavis plus ou moins foncé mais moins sombre que le trait de contour, pour les ombres et les demi-teintes, les modelés. C'est la technique des "trois couleurs pour les lumières du verre", complétée par des jeux de traits paralléles plus fins ou des hachures qui rendent le volume. Les contours sont tracés au pinceau aux poils longs et fins. Les modelés en lavis sont passés aux pinceaux aux poils courts et fournis nommés "putois" , voire en utilisant les poils de martre ou d'écureuil. 

    Au XV et XVIe siècle le travail des modelés évolue, et on passe un lavis uniforme qui, une fois égalisé en grandes plages au blaireau, va faire l'objet d'enlevage sur la grisaille juste sèche à l'aide de brosses dures en soies de porc, de pointes de métal, de bois ou de plume.

  Au XIVe siècle, on dispose de trois sortes de grisailles, noir, brun et sépia ; au XVe, en plus de grisailles rousses, rouges ou noires, des grisailles colorées sont disponibles, nommées "sanguines " et "couleur bois".

  Entre "grisaille" et "émail", les céments à base d'hématite (sanguine, du brun chaud au rouge vif) ou de peroxyde ou sulfate de fer ( jeancousin, du rosé au brun chaud) sont utilisés sous le nom de "carnation" pour réaliser les chairs des visages, le modelé d'une chevelure ou d'une barbe rousse, le volume des parties dénudées du corps, les mains.

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Joatan:

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gros-plans 3350c

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Josaphat :

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gros-plans 3354c

gros-plans 3356c

gros-plans 3408cc

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Acham (Achab)

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gros-plans 3423c

 

David :

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gros-plans 3424c

 

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  L'ancêtre de tous : Jessé :

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gros-plans 3421c

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b) l'application au vitrail de Confort-Meilars :

  Le seul but de ces notes de mes lectures est d'étudier à leur lumière les visages des rois de Juda (et des prophètes) de l'Arbre de Jessé : d'y apprécier le travail de grisaille, la technique des trois traits de Théophile, les contours et les modelés, l'enlevage et l'utilisation des carnations:

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L'un des plus beaux visages, et l'une des barbes les plus rousses : celui de Salomon :

gros-plans 3357c

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  Superbe aussi : Assa :

gros-plans 3348c

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gros-plans 3356c

 

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Isaïe :

gros-plans 3353c

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Jérémie :

gros-plans 3358c

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Joram :

gros-plans 3351c

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Manessé :

gros-plans 3346c

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E. Les lettres rétrogrades ou inversées.

a) Sur les phylactères:

Douze noms de rois, et deux citations de la Bible sont visibles sur des rouleaux. L'un d'entre eux, Ezechias, est contemporain et sort de mon étude. Parmi les autres, toutes les lettres N et une partie des lettres S sont écrites "à l'envers" ou, plus justement, de façon rétrograde : soit trois N (Manassés, Joatan, Salomon) et 7 S ( Manassés, Assa, et Jessé dans la citation d'Isaïe).

   Le titulus de la croix du Christ porte INRI sans inversion du N, mais l'inscription semble récente.

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b) sur les vêtements :

Parmi les lettres inscrites sur les vêtements, tous les N (au nombre de 28) sont rétrogrades. Des V sont inscrits pointe vers le haut. 

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Le thème de l'arbre de Jessé.

  Je redonne ici, pour la commodité du lecteur, ce que j'ai déjà exposé dans mon article sur l'arbre de Jessé de Kerfeunteun à Quimper, avec lequel ce vitrail vient en comparaison : Le vitrail de l'Arbre de Jessé de l'église de la Sainte-Trinité à Kerfeunteun :

voir aussi : L'arbre de Jessé de l'église Notre-Dame de Saint-Thégonnec.

             Ce thème iconographique de l'Occident chrétien médiéval se développe au XIe siècle ( il est habituel d'y voir l'influence de Suger) en la cathédrale Saint-Denis où un premier vitrail de 1144 sert de modèle à celui de la cathédrale de Chartres en 1145-1150. Le thème de l'arbre de Jessé devient populaire et se répand au XIIe siècle dans les verrières, les Bibles et Psautiers ou en sculpture, et ne déclinera qu'au XVIe siècle après la Contre-Réforme.

      Ce qui est l'ancêtre des arbres généalogiques est né de l'application d'une formule de l' Ancien Testament dans la bouche du prophète Esaîe (ou Isaïe) à la généalogie de Jésus dans les Évangiles. La phrase d'Esaïe est celle-ci (en latin puisque c'est ainsi qu'on l'a trouve inscrite sur les vitraux): Esaïe, 11, 1-2 et 11, 10.

      Egredietur virga de radice Jesse et flos de radice ejus ascendet.

     " Un rejeton sortira de la bouche de Jessé, un surgeon sortira  de ses racines.Sur lui reposera l'esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahvé"

       " Ce jour-là, la racine de Jessé, qui se dresse comme un signal pour les peuples sera recherchée par  les nations et sa demeure sera glorieuse " (Bible de Jérusalem).

le texte latin de la Septante parle d'un Isaï, mais comme on peut confondre cet Isaï, le père de David, un berger ou éleveur ovin de Béthléem, avec le prophète Isaïe, le nom de Jessé, traduction grecque d'Isaï, a été préféré pour le désigner.

 Au IIe siècle Tertullien donna l'interprétation théologique suivante : "la branche qui sort de la racine, c'est Marie, qui descend de David. La fleur qui naît de la tige, c'est le fils de Marie."

  Dans les Évangiles, deux textes  proposent une généalogie de Jésus et détaillent par quelle filiation il est "fils de David, fils d'Abraham" : Matthieu I, 1-17 (soit l'incipit de l'Évangile de Matthieu), d'Abraham à Joseph, l'époux de Marie ; et Luc, III, 23-28, d'Adam à Joachim, père de Marie. Les généalogies sont donc  différentes et divergent à partir de David, Matthieu optant pour la descendance de l'un des fils de David, le roi Salomon alors que Luc choisit la descendance de Nathan, autre fils de David. 

  Matthieu faisant passer sa filiation par Joseph, cela posait un problème ardu aux théologiens, non pas parce que Joseph "ne connût point Marie", car le lien agnatique attribue la filiation à un enfant adopté, mais parce que cela donnait un rôle effacé à Marie, censée être "la fleur qui naît de la tige". Au Moyen-Age, le culte de Joseph est quasi inexistant, on ne rencontre ni toponyme, ni chapelle qui lui soient dédiés, pas d'avantage de représentations artistiques en dehors des Nativités qui n'apparaissent qu'au XIIIe siècle, il n'a pas de culte officiel avant le XVe siècle, est absent des prédications, et survit dans l'ombre de Marie jusqu'à ce que Gerson puis les franciscains lui donnent une place à part entière. Rien à voir avec le Saint Joseph chef de la Sainte Famille qui a été si honoré au XIXe et au XXe siècle, où tant de garçons ont été prénommés de son nom, et tant de filles baptisées Marie-Joseph ou  Joséphine, et sa fête le 19 janvier n'a été instituée qu'en 1480, pour ne devenir fête de précepte qu'en 1621. Absent ou transparent au Moyen-Age, il acquiert une place ambiguë à la fin de cette période, celle d'un vieillard saturnien, d'un travailleur manuel rustre, un béjaune qu'on affuble de la couleur jaune ou de rayures (Michel Pastoureau) pour monter en dérision sa place de dindon de la fable, voire de mari trompé.(Paul Paysan, l'image ambiguë de Saint Joseph à la fin du Moyen-Age, Médiévales, 2000, volume 19 n° 39: 96-111)

                     Feste n'a en ce monde-cy

                     Mais de lui

                     va le cri :

                     c'est Joseph le rassoté. (Eustache Deschamps (1346-1406) Oeuvres complètes) 

   

   Pourtant, c'est  la généalogie de Matthieu que les artistes médiévaux préférèrent, et chacun accepta de ne pas voir Joseph, mais Marie se placer au sommet d'une généalogie issue de Jessé par Salomon. C'est donc celle que je vais développer . Elle s'étend sur quatorze générations d'Abraham à David, puis quatorze générations de David à la déportation à Babylone, jusqu'à Jéchonias, et sur quatorze autres générations encore de Jéchonias et ses frères jusqu'à Jacob, puis Joseph. Bien-sûr, les miniaturistes et les verriers ne représentèrent pas les quarante-deux aïeuls du Christ, et choisirent parmi les rois de Juda en un florilège variable selon chacun.

Matthieu I, 1 : Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham :

  I, 2 : Abraham engendra Isaac ;Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères.

  I, 6 : ...Isaï engendra David ; David engendra Salomon de la femme d'Urie.

  I, 7 : Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abia ; Abia engendra Asa.

  I, 8 : Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Jozias.

  I, 9 : Ozias engendra Joatham ; Joatham engendra Achaz : Achaz engendra Ezèchias.

  I, 10 : Ezéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias

  I, 11 : Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone.

  I, 12 : Après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel. Salathiel engendra Zorobabel.

[...]

  I, 15 : Eliud engendra Eléazar ; Eléazar engendra Matthan ; Matthan engendra Jacob.

  I, 16 : Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé Christ.

  I, 16 : Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu'à David, quatorze générations depuis david jusqu'à la déportation à Babylone, et quatorze générations de la déportation à Babylone jusqu'au Christ.

  L'idée forte est d'associer les deux textes pour créer une métaphore, celle de l'arbre qui croît verticalement et dont chaque rameau donne, comme un fruit, un ancêtre, mêlant une représentation originale du temps orienté vers le haut et animé d'une croissance et d'un projet à celle de la transmission générationnelle. Cet arbre généalogique qui nous est si familier et cette conception linéaire et orientée du temps n'a rien d'évident en soi mais construit un de ces paradigmes sur lesquels sont bâtis notre pensée occidentale. En même temps, elle rassemble en une seule image une synthèse de la théologie chrétienne, du projet de Dieu dans la continuité/rupture entre Ancien et Nouveau Testament, et de la réalisation des prophéties bibliques dans la personne du Christ rédempteur par sa mort sur la Croix.

  La même idée est développée sous une forme iconographique proche dans la Légende de la Vraie Croix, telle qu'elle est représentée par exemple par Pierro della Francesca à Arezzo vers 1450.  Dans le Paradis poussait l'Arbre de Vie ; lorsque Adam et Ève en furent chassés, et lorsqu' Adam mourût, l'archange Michel apporta une graine de cet Arbre  que Seth fils d'Adam plaça dans la bouche de son père, pour le racheter du péché originel. De la graine poussa un arbre, sur la tombe situé à Jérusalem. Salomon fait abattre l'arbre pour en faire une poutre pour le Temple, puis cette poutre est réutilisée pour bâtir un pont à Siloé, avant d'être enfouie en terre. C'est cette poutre qui est utilisée pour dresser la Croix du Christ, plantée sur le Golgotha (araméen gulgulta, le crâne) : sur  la tombe et le crâne d'Adam. Ainsi la mort de Jésus sur cette croix-arbre vient-elle racheter Adam et sa race du péché.

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SOURCES ET LIENS.

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—ABGRALL (Jean-Marie), 1904

— COUFFON (René) & LE BARS (Alfred), 1988, Notices de Meilars-Confort.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/MEILARS.pdf

— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005,  Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum vol. VII, Presses Universitaires de Rennes, page 147.

— LE BIHAN (Jean-Pierre), blog

http://jeanpierrelebihan.over-blog.com/article-16659536.html

— PARCHEMINOU (Corentin), 1933, Meilars-Comfort, son hitoire, ses monuments, BDHA,page 90

https://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/29