La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.
Verrière de la Vie de saint Pierre, atelier rouennais, 1520-1530, don des Boyvin, seigneurs de Bonnetot . Provient de la baie 11 de Saint-Vincent, au nord.
Verrière de Sainte Anne, 1520-1530, œuvre de Jean (?) Le Vieil et probablement offerte par la confrérie de Compostelle ; Provient de la baie n°8 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière du Triomphe de la Vierge ou vitrail des Chars, commandée en 1515 et réalisée vers 1522, œuvre de Jean et Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°10 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière de la Parenté de sainte Anne, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°6 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, réalisée en 1525-1526, œuvre d'Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°13 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière des Œuvres de Miséricorde, réalisée en 1520-1530, œuvre d'Engrand et peut-être de Jean Le Prince ; Provient de la baie n°7 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de Saint Antoine de Padoue, atelier rouennais, 1520-1530, seule verrière uniquement en grisaille et jaune d'argent ; Provient de la baie n°5 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière des six Saints, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°9 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de l'Enfance et de la Vie publique du Christ, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux de Bourgtheroulde ; Provient de la baie n°3 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Passion, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°1 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Crucifixion, atelier rouennais, 1520-1530, ancienne verrière axiale ou baie 0 de l'église Saint-Vincent ;
Verrière de la Vie glorieuse du Christ, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°2 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière du martyre de saint Vincent, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux, seigneurs de l'Esprevier. Provient de la baie n°4 de Saint-Vincent, au Sud.
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Localisation de la baie de l'église Saint-Vincent.
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La baie actuelle provient de la baie 6 du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen, qui a été bombardée en 1944 et détruite, alors que ses vitraux avaient été mis à l'abri. Sa chapelle sainte Anne, au sud, fut achevée en 1519. Cette baie était voisine de la baie 8, consacrée à la vie de sainte Anne et de la jeune Marie, remontée en baie 3 à Sainte-Jeanne-d'Arc.
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Cette baie de 6,60 m. de haut et 1,84 m. de large comporte 3 lancettes trilobées et un tympan à 3 soufflets et 4 écoinçons. Les lancettes sont divisées en quatre registres, et leur décor est consacré à un Arbre de sainte Anne, par analogie à l'Arbre de Jessé : il présente la Parenté de la Vierge, tradition rapportée par la Légende Dorée selon laquelle Anne eut comme enfants, outre Marie par son mariage avec Joachim, deux autres filles, Marie Salomé dont le père est ... Salomé, et Marie Jacobé dont le père est Cléophas. Aussi la verrière porte-t-elle parfois le nom de vitrail des Trois Marie. Chacune est elle-même représentée avec son ou ses enfants Jésus pour Marie, Jacques le Majeur et Jean l'évangéliste pour Marie Salomé, et les trois apôtres Jacques le Mineur, Simon et Jude, ainsi que Juste, pour Marie Jacobé.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Parent%C3%A9
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Le thème, généalogique, de l'Arbre de Jessé est illustré à Rouen en sculpture sur le portail principal de la cathédrale, et en vitrail à Saint-Godard (1506) . Mais aussi à Bourg-Achard. Mais l'église Saint-Vincent elle-même possédait un vitrage de l'Arbre de Jessé, dont nous connaissons l'existence par sa restauration en 1536-1537 par Nicolas Gouillet, qui la complète alors, peut-être pour l'ajuster au tympan du nouveau portail sud.
Le thème de la Parenté de la Vierge est également répandu en ce début du XVIe siècle. Il était déjà représenté sur la baie 5 de Saint-Maclou de Rouen en 1440-1450. On le trouve aussi à Louviers sur la baie 18, réalisé par Arnoult de Nimègue en 1510-1515. Ce thème est relié aux réflexions, très actives alors à Rouen, sur l'Immaculée conception de Marie, et ses rapports avec l'Arbre de Jessé.
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Cette verrière est très bien conservée. Elle a été restaurée en 1870 (inscription lue par Baudry en 1875) grâce aux dons d'Hedwige Duménil. En effet, de 1869 à 1875, l'abbé Pierre-Isidore Duménil, finance, avec sa sœur Hedwige, la fabrique présidé par Niel et de nombreux paroissiens la restauration de plusieurs verrières par l'atelier Duhamel-Marette, Nicolas Cochois, verrier des Andelys, se chargeant de leur dépose et de leur repose. C'est alors que la baie 17, celle de l'Arbre de Jessé, est déplacé en baie 113.
En 1843, La Querrière (p. 308) signale qu'à Saint-Vincent, elle était en partie cachée par le retable de la chapelle.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES DONATEURS. LA RENCONTRE DE LA PORTE DORÉE.
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À gauche : le donateur et ses trois fils.
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Nous n'avons pas l'identité de ce donateur, sans doute un riche marchand drapier ou un échevin de Rouen. Nous ne trouvons aucun indice, ni inscription, ni armoiries ; sous le manteau bleu, une pièce de verre noir porte des traces blanches qui restent énigmatiques. D'autre part, il ne semble pas que les archives aient livré quelque information.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Au centre : la rencontre entre Anne et Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem.
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Cette scène est cruciale puisque selon la tradition, c'est par cette chaste rencontre, et de l'étreinte des époux, que fut conçue la Vierge Marie. Le rendez-vous a été fixé par un ange qui est apparu à Joachim, retiré dans les montagnes pour faire pâturer ses troupeaux après avoir vu son offrande refuser au Temple en raison de la stérilité du couple, et Anne, restée seule à Jérusalem et portant déjà la guimpe des veuves.
La Porte, avec ses médaillons à l'antique et ses bas-reliefs, témoigne de l'influence de la Première Renaissance, introduite à Gaillon par les cardinaux Georges I et Georges II d'Amboise.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : la donatrice et ses six filles.
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La donatrice est agenouillée face à la scène centrale, elle est vêtue d'un riche manteau bleu aux larges manches fourrées, et elle porte une petite coiffe noire. Ses filles ont des robes de couleur plus vives, mais aux mêmes larges manches à fourrure blanche. L'une porte un chapelet à sa ceinture.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE DEUXIÈME REGISTRE : LES TROIS MARIE .
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À partir de ce registre, des branches d'un arbre (dont il est plaisant mais non vérifié d'imaginer qu'il s'enracine et s'élève de la Porte dorée elle-même) servent de support aux personnages de la Parenté de la Vierge, par un parallèle avec l'Arbre de Jessé.
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Au centre , Éducation de la Vierge par sainte Anne.
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La mère et sa fille sont luxueusement vêtues.
Anne porte une robe bleu-mauve à manches fourrées, serrée par une ceinture nouée, et un manteau rouge à revers or, à galon perlé. Le damassé de la robe est réalisé par pochoir sur un motif floral que je retrouve dans les œuvres de Le Prince.
La jeune Marie, aux cheveux longs et dénoués, porte une robe à décolleté carré souligné de perles, en étoffe d'or et un manteau doré dont le damassé est peint (et non plus appliqué au pochoir).
Le livre voit sa reliure doté d'une couverte bleu clair à glands verts.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le livre porte l'inscription :
sur la page de gauche :
O SALVTAR
I SOSTIAQV
SFLI.PAN DI
OSTIVM B
Il s'agit de l'hymne, réservée à l'élévation, composée par Thomas d'Aquin, et chantée depuis le XVe siècle sous l'influence de l'école franco-flamande O salutaris hostia quae cœli pandis ostium. Bella premunt hostilia ; da robur, fer auxilium, "Ô réconfortante hostie, qui nous ouvres les portes du ciel, les armées du ciel nous poursuivent, donne-nous la force, porte-nous secours."
https://fr.wikipedia.org/wiki/O_salutaris_Hostia
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Sur l'autre page :
AVE GRATI
PLENA DOM
INVSTECO
GLORIA .
INIEX ET
TE RARA
Les premières lignes correspondent à : Ave gratia plena Dominus tecum Gloria, la suite est plus ardue à comprendre.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche, Marie Salomé.
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Malgré l'inscription en verre rouge gravé (qui a été intervertie) qui indique MARIE JACOBÉ , il s'agit ici de Marie Salomé, épouse de Zébédée, puisque ses deux fils Jean et Jacques sont figurés au dessus d'elle.
Elle tient un livre ouvert.
Elle est coiffée d'un turban en linge blanc orné d'un cabochon d'or, noué sous le menton.
Son manteau vert reprend le motif floral au pochoir déjà utilisé pour sainte Anne.
Au dessous du galon (restauré ?) de ce manteau, la robe dorée porte un damassé d'acanthes peint en grisaille.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite, Marie Jacobé.
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L'inscription en verre rouge gravé porte les mots MARIE SALLE, pour Marie Salomé, puisqu'il y a eu interversion des noms.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TROISIÈME REGISTRE : LES FILS DES TROIS MARIE.
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Au centre, la Vierge à l'Enfant.
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Elle est couronnée et nimbée tandis que l'Enfant porte le nimbe crucifère.
Le visage de Marie est tournée vers sa gauche, mais les regards de la mère et de l'enfant ne se croisent pas, car ce dernier regarde la poire que tient Marie et vers lequel il tend la main.
Le manteau doré est damassé d'un motif à rinceaux et fleurons complexes. Le galon est perlé.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche, Jacques le Majeur.
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On peut l'identifier, malgré l'absence de barbe (pour montrer que ces fils sont encore des enfants), par deux de ses attributs : son bourdon, et son chapeau de pèlerin de Compostelle rabattu derrière la nuque.
La robe damassée porte un motif où les tiges des rinceaux transpercent les fleurons.
Il désigne par son index son "demi-frère", l'Enfant-Jésus porté par la Vierge.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : l'apôtre Simon avec son épée, et Joseph le Juste avec sa hache.
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La hache est marquée de la lettre P, sans autre signification que celle de figurer une marque d'armurier.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE QUATRIÈME REGISTRE : LES FILS DES TROIS MARIE (SUITE).
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Au centre, Jésus portant sa croix.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche : saint Jean l'Évangéliste.
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Le saint bénit la coupe de poison d'où s'élèvent des serpents. Le calice porte les lettres ANVTR, ornementales et dépourvues de signification.
Le manteau blanc à revers rouge porte les traces d'un damassé floral au pochoir, dont la grisaille s'est beaucoup effacée.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le galon porte des lettres simulant une inscription :
RVNA / OA/NVEIS/ RBLTAQ /LV/MRDQ3DQ
DAMI:VRBVQEOPG : GDVL
NR
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : saint Jacques le Mineur et saint Jude.
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Saint Jacques tient son attribut, le bâton à foulon. Il porte une robe dorée damassée de rinceaux peints déjà observés sur saint Jacques le Majeur.
Saint Jude tient la croix processionnelle. Sa robe est blanche à revers verts et galons or, damassée de rinceaux peints dont le motif était celui de la robe dorée d'Anne..
Les galons portent des lettres :
HARNOQO/RVEC et de l'autre côté RA
BLVDRE / OkGQTEDHCPRNVI et de l'autre côté : ANBI/N/E
Les galons de la robe rouge lie-de-vin portent les lettres :
B-----ARDOV et de l'autre côté OVRTCEOAM/OPVNG
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TYMPAN.
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Dans les soufflets, des anges musiciens à ailes colorées jouent de la harpe, du hautbois ou de la viole à archet (à trois cordes, peut-être quatre). La tête du harpiste a été remplacée vers 1540 par un bouche-trou.
Les écoinçons accueillent quatre séraphins, par inversion en miroir des cartons.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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—BAUDRY (Paul), 1875, L'Église paroissiale de Saint-Vincent de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux (1875) pages 60-64.
— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché", Bull. AMR, 1958-1970, p. 154.
— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.
—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux, Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 359.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 71-73
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
—RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
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XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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PRÉSENTATION DES BAIES.
D'après Markus Schlicht.
En pleine Guerre de Cent ans, quelques mois seulement avant l’ouverture du procès de Jeanne d’Arc en 1431, auquel nombre de chanoines devaient participer en tant qu’assesseurs, le chapitre cathédral rouennais entama, en 1430, une nouvelle campagne de travaux visant à moderniser son église. « Pour enrichir et ennoblir et plus enluminer le cueur de l’église de Rouen », comme ils le formulèrent eux-mêmes, les chanoines commandèrent alors au maître d’œuvre Jenson Salvart des plans pour la réfection des fenêtres hautes du chevet. Projetés dès 1429 au plus tard, les travaux, menés rapidement, se terminèrent en 1433 par la mise en place des dernières verrières .
En effet, en 1429, une délégation de huit chanoines et trois maîtres maçons visita la cathédrale «pro reperiendo modum clarifficandi chorum dicte ecclesie» (Compte de la fabrique, Arch. dép. Seine-Maritime G 2487, registre non folioté, chapitre des Misie communes du terme de la Nativité Saint-Jean-Baptiste, cité ici d’après la transcription par G. Ritter 1926). Les trois verrières orientales du polygone (100, 101 et 102), réalisées par les maîtres verriers rouennais Etienne Guiot et Guillaume de Grainville d’après des « cartons » sur toile et sur sol plâtré dessinés par le peintre Lyonnet [ou Leonnet] de Montigny, furent installées dès 1430. Suivent quatre verrières, à savoir les deux dernières du polygone (103 et 104) et celles des deux travées droites orientales (105 à 112), payées en 1431 au peintre verrier Louis Le Doyen. Guillaume de Granville et Jean de Senlis – ce dernier se taillant la part du lion – réalisent en 1432 les autres vitres des travées droites, à l’exception de la dernière grande baie méridionale («ultimam magnam formam chori denovo clarificatam versus aquam Sequane »), elle achevée en 1433. Cf. les extraits des Comptes de la fabrique Arch. dép. Seine-Maritime, G 2487, G 2489 et G 2490 transcrits par RITTER, 1926, p. 28-29.
Aujourd’hui, seuls les trois personnages de la Crucifixion (le Christ est refait) ainsi que le saint Pierre de la baie orientale du côté nord subsistent. En contradiction avec les sources évoquées ci-dessus, Françoise Perrot a affirmé que seuls ces quatre personnages avaient été réalisés (F. PERROT, Le vitrail à Rouen, Rouen, 1972, p. 26). A.-M. CARMENT-LANFRY, La cathédrale Notre-Dame de Rouen, Rouen, 1977, p. 122, et plus récemment M. CALLIAS-BEY et al., Les vitraux de Haute-Normandie (Corpus Vitrearum Medii Aevi , France, Recensement,vol. 6 ), Paris, 2001, p. 335 (notice « Rouen » de la même auteure) ont repris à leur compte cette conviction.
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D'après Callias-Bey p. 335.
Les successeurs du verrier Robert de Grainville (verrier dont le nom apparait en 1406-1407 et en 1415-1415) tiennent l'échoppe L'escu de voirre" jusqu'en 1430.
"Plusieurs verriers furent pressentis pour vitrer les nouvelles larges baies à remplage flamboyant : Étienne Guiot et Guillaume de Grainville exécutèrent entre le 24 juin et le 29 septembre 1430 "un Crucifix, Notre-Dame et Saint-Jean-en-la-Passion" ainsi que les vitreries des trois baies d'axe, d'après des "patrons peints en toile" entre les 16 avril et 24 juin par le peintre Léonnet de Montigny."
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D'après F. Buckhard.
"Entre 1430 et 1433 on voit acheter des pierres à tailler pour « clarifficare » au-dessus du choeur (entendons : ouvrir des verrières), d'après « certain portrait en parchemin » fait par Jean Salvant et Jean Roussel. On consulte des ouvriers du Bec-Hellouin sur ces plans. On donne 4 livres 5 sous à Lyonnet de Montigny, peintre, pour « deux fois pourtraire sur plâtre et sur toile » en la salle de l'œuvre, le Christ, Notre-Dame et saint Jean : ce sont les cartons des vitraux, et on sait même que les aunes de toile nécessaires ont coûté 30 sous. On achète 23 sommes et demie de verre à un verrier de Foucarmont. 8 On mentionne même le don par le chapitre d'un « capuce » à la femme du verrier. (ADG 2491)"
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DESCRIPTION.
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Les trois baies ont chacune trois lancettes, et au tympan un quadrilobe, deux trilobes, deux mouchettes et écoinçons. Elles mesurent 6,65 m. de haut et 2,58 m. de large. Elles composent un Calvaire avec un grand personnage dans la lancette centrale de chaque baie, d'après un carton de Lyonnet de Montigny exécuté par Etienne Guiot et Guillaume de Grainville. Elles ont été restaurées par Jean-Jacques Gruber en 1956.
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Les baies 100 à 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Les baies 100 à 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 100 : le Christ en croix (1864-1884 ; 1956).
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À l'exception de l'inscription INRI, tout a été refait entre 1864 et 1884. La lune et le soleil figurent dans les têtes de lancettes latérales. Complément de vitrerie losangée avec au centre un soleil en jaune d'argent, par Jean-Jacques Gruber en 1956. Bordures : rinceaux de feuilles.
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La baie 100 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 100 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 101 : la Vierge au calvaire.
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Notez le verre rouge gravé du nimbe.
Complément de vitrerie losangée avec au centre un soleil en jaune d'argent, par Jean-Jacques Gruber en 1956. Bordures : rinceaux de feuilles.
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La baie 101 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 102 : saint Jean au calvaire.
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Complément de vitrerie losangée par Jean-Jacques Gruber en 1956, mais le soleil en jaune d'argent du centre est ancien. Bordures : rinceaux de feuilles.
J'admire, comme dans la baie précédente, la finesse de l'inscription, en verre de couleur et non peinte en grisaille, et j'imagine la délicate et virtuose opération de découpe des verres qu'elle suppose.
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La baie 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— BURCKARD (François), 1987, Les cent clochers de la ville.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) » , in : C. Blondeau et al. (textes réunis par), Ars auro gemmisque prior. Mélanges en hommage à Jean-Pierre Caillet, Zagreb – Motovun
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté. Les vitraux de la cathédrale de Rouen, Cognac, p. 28.
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Sur Guillaume Barbe, voir article sur la baie 41.
Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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LA BAIE 55 de la chapelle Sainte-Agathe. Saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe, saint Sébastien par Guillaume Barbe, 1468-1469.
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Cette baie de la première travée du collatéral nord se compose de 4 lancettes et, au tympan, une rose pentalobée et deux trilobes, et mesure 11,45 m. de haut et 5,64 m. de large. C'est, comme les baies 41, 43; 44 , 47 et 49 des chapelles du bas-côtés nord, une verrière mixte avec quatre grands personnages en bandeau de 1468-1469 dans une vitrerie losangée créée par Gaudin en 1960.
Les quatre personnages sont saint Victor, la Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien, chacun debout sur un socle portant les inscriptions nominatives.
En effet, Caroline Blondeau indique qu' au début de l'année 1468, Guillaume Barbe dut garnir de vitres les fenêtres de la chapelle Sainte-Agathe : il est chargé d'y placer une vitrerie blanche à bordures peintes et fermaillets de couleurs, sans aucun personnage. La superficie à vitrée, 324 pieds laisse penser qu'il garnit l'intégralité de la baie de cette manière.
"Audit Barbe voirrier, pour avoir ouvré de son mestier en plusieurs lieux en ladite chapelle, cest assavoir en la chapelle Saincte Agathe a une fourme de voirre neuf blanc avecque les bordeures et fermaillés de voirre de couleurs, content IIIC XXIIII piès à XV d le piè, vallen XX IV s. " (ADSM G2503 f° 123v°)
Quelques mois plus tard, ce même artiste reçoit 15 l pour insérer quatre images dans la fenêtre de cette chapelle :
"A Guillaume Barbe voirrier, pour avoir ouvré de son mestier en une voirrière assise en la chapelle Saincte Agathe et y avoir fait IIII ymages , c’est assavoir Notre-Dame, sainte Agathe, saint Sébastien et saint Victor , pour ce paié a luy par quictance le VIIIè jour d'aoust au temps de ce present compte XV l. ( ADSM G 2505, Comptes de la fabrique de la Saint-Michel 1468 à la Saint-Michel 1469, , chapitre de la verrerie, publié dans Ritter 1926, p. 73, pièce justificative 13, p. 31.)
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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1. Saint Victor.
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La tête du saint est quasiment effacé tout comme le damas bleu devant lequel il se tient, où la grisaille est totalement détachée du verre. De nombreux bouche-trous viennent compléter les parties manquantes notamment au niveau de son armure.
Il tient un étendard et une trompe de chasse.
De nombreux saints portent ce nom, dont Victor de Marseille, Victor d’Agaune ou Victor de Milan, tous soldats. La verrière représente l’un d’entre eux ou bien montre le type du saint Victor soldat. (A. Blaise)
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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2. La Vierge à l'Enfant.
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La Vierge offre à son Fils une fleur (un œillet ?).
La baie est en grande partie remaniée, surtout au niveau du visages : celui de Marie est remplacée par un fragment du XVIIe siècle et celui du Christ par un bouche-trou du XVIe siècle.
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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3. Sainte Agathe.
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Tête et partie du buste de la sainte refaite. Le visage du bourreau est saisissant de laideur et de cruauté
Voici les clichés de "Giogo" sur Wikipédia :
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Giogo travail personnel sur Wikipédia
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Travail personnel Giogo sur Wikipédia
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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4. Saint Sébastien.
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le visage du saint, bien que défiguré par deux plombs de casse, est l'une des pièces les mieux conservées de cette baie. La grisaille est bien conservée et laisse deviner la finesse d'exécution, voire les larges coups de pinceaux en demi-cercle des pommettes. (C. Blondeau)
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Un blason à armoiries mi-parti est visible du coté gauche : c'est un assemblage factice de fragments, seule la moitié dextre est valide : une croix pattée de sable à cinq coquilles d'or, sur fond d'argent à trois merlettes.
Elles n'ont pas été identifiées et semble avoir été ajoutée postérieurement.
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détail du cliché par Giogo Wikipédia
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LA BAIE 58. Chapelle Saint-Etienne. L'incrédulité de saint Thomas (vers 1500).
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Cette baie d'une chapelle du bas-côté sud se compose de deux lancettes et, au tympan, deux mouchettes et deux soufflets, et mesure 5 m. de haut et 1,90 m. de large.
Elle est remarquable par ses prouesses techniques : verres rouges gravés, montages en chef-d'œuvre, inscriptions sur les galons, et gemmes du galon du manteau du Christ.
— Un verre rouge gravé est un verre qui est doublé (un fin verre rouge contre un verre blanc) ou un verre plaqué, constitué lors du soufflage de couches continues en trempant la première paraison dans une autre couleur (Flavie Vincent-Petit). Pour le graver, on érode la couche supérieure du verre, rouge, plus mince, pour laisser apparaître la couche blanche. Cette gravure peut être manuelle, ou mécanique.
Exemple : nimbe crucifère du Christ, col et galon de saint Jean.
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Travail personnel Giogo modifié.
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— Un montage en chef-d'œuvre est le sertissage d'une pièce de verre, en générale ronde, au sein d'une autre pièce, toute la difficulté tenant dans la coupe du verre, comme à l'emporte-pièce, alors que la tendance du verre est de filer. Lorsque la découpe est faite, on y insère la pièce grâce à un plomb.
Exemple : les (faux ?) gemmes de la bordure du manteau, pièces de couleur bleue, verte ou rouge sur une pièce jaune. De nombreux gemmes sont carrés.
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Travail personnel Giogo modifié
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— Les auteurs du Corpus Vitrearum signale l'existence de gemmes, ce qui suppose non pas un montage en chef-d'œuvre, mais le collage par cuisson d'une pièce de verre colorée, sur la pièce support ; elle est ensuite entourée d'un trait de grisaille. Je ne suis pas assez qualifié pour déceler ces gemmes. Et seul un examen attentif sur place pourrait alors dire si ils sont d'origine, ou apportés par une restauration. Or, ces auteurs précisent que "les vêtements et le sol ont été restaurés."
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Quant au motif, on le connaît, il illustre Jean 20:24-31 : Thomas, absent lors de l'Apparition du Christ ressuscité, est incité par Jésus à placer son doigt dans la plaie du flanc.
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Travail personnel Giogo
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Travail personnel Giogo sur Wikipédia
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La baie 58 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Les vitraux de la cathédrale de Rouen VII. La baie 53 de la chapelle Saint-Jean-de-la-nef. « Belles Verrières » vers 1200 et 1210, 1220-1230 et scènes de la vie de Jean-Baptiste (décollation) et de Marie-Madeleine (Guillaume Barbe 1468-1469).
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
.
XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Sur Guillaume Barbe, voir article sur la baie 41.
Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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La chapelle Saint-Jean-de-la Nef, côté nord de la nef.
Elle était le siège des confréries de Saint-Jean-le-Décollé et de Sainte-Madeleine, saints qui inspirent le registre inférieur de 1460 : Décollation du Précurseur, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le« Noli me tangere »ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine.
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"Le vitrail est consacré essentiellement à la vie de saint Jean-Baptiste dont on reconnaît aisément les principaux épisodes – circoncision, Ecce Agnus Dei, prédication, le saint dans sa prison, Salomé demandant la tête du Baptiste, décollation –, mais on trouve également des scènes illustrant la légende de sainte Catherine ou de saint Nicolas. Certains panneaux représentent des ouvriers au travail : un charpentier, des constructeurs d’églises et des mégissiers ; ce sont les signatures des corporations qui ont offert les vitraux au début du XIIIe siècle, tandis que, dans le dernier médaillon en bas, à droite, une femme agenouillée présentant une fenêtre à quatre lancettes, figure la donatrice qui a payé de ses deniers la transformation de la baie après 1270.
Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine
Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant." (J. Le Maho)
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR. SCÉNES DE LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE ET DE SAINTE MADELEINE. GUILLAUME BARBE VERS 1469, RESTAURÉ AU XVIIe SIÈCLE ET 1960. NOMBREUX BOUCHE-TROUS.
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Soubassement : vitrerie décorative par Gaudin en 1960.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Lancettes A et B.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LANCETTE A. DÉCOLLATION DE JEAN-BAPTISTE ET PRÉSENTATION DE SON CHEF PAR SALOMÉ.
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C'est un peu une macédoine de bouche-trous, une boite de puzzle répandue, mais où nous finissons par retrouver nos petits.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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En partie basse, un bourreau de bric et de broc (tête couronnée), le sabre en main gauche, dépose la tête très barbue du saint dans un plat que tient l'envoûtante Salomé, qui porte le même surcot bleu frappé d'une étoile et la même robe rouge que dans la scène suivante.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Et on distingue en partie haute à droite la dite Salomé aux cheveux blonds retenus par un diadème, qui présente la tête nimbée de Jean-Baptiste au roi Hérode et à la reine Hérodiade, tous deux couronnés. Hérodiade porte un surcot damassé.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LANCETTE B. LE REPAS CHEZ SIMON.
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Ce que nous voyons, c'est le Christ (nimbe crucifère) à table face à deux apôtres, servi par deux domestiques, tandis qu'un visage féminin nimbé de vert le salue d'un geste réciproque, main sur la poitrine.
C'est le thème général (la vie de Marie-Madeleine) qui permet d'y reconnaître le Repas chez Simon (Corpus Vitrearum) et non la Cène à Emmaüs, comme le propose Painton Cowen.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LANCETTE C. LES SAINTES FEMMES AU TOMBEAU AU LUNDI DE PÂQUES.
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Sur un arrière-plan des murailles de Jérusalem, les trois femmes sont entrées au jardin où se trouve le tombeau. L'ange vêtu de blanc et tenant le bâton fleurdelisé du messager divin, leu apparaît.
" Après le sabbat, à l'aube du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l'autre Marie allèrent voir le sépulcre. Et voici, il y eut un grand tremblement de terre; car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre, et s'assit dessus. Son aspect était comme l'éclair, et son vêtement blanc comme la neige. Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent comme morts. Mais l'ange prit la parole, et dit aux femmes: Pour vous, ne craignez pas; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. Il n'est point ici; il est ressuscité, comme il l'avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples qu'il est ressuscité des morts. Et voici, il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez. Voici, je vous l'ai dit." Matthieu 28:1-7.
Marie-Madeleine se reconnaît, au premier-plan, à es cheveux blonds dénoués. Elle tient un flacon d'aromates portant deux mots, le premier ressemblant à MYRRHA.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LANCETTE D. APPARITION DU CHRIST RESSUSCITÉ À MARIE-MADELEINE. "NOLI ME TANGERE".
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Là encore, la scène est recomposée à partir de débris, et il est tout à fait en dehors des codes iconographiques que Marie-Madeleine tiennent, dans cette scène, un flacon d'aromates. On lit sur ce dernier des lettres dont les premières semblent dépourvues de sens, NEM/DOMD avant la séquence AVE MADLENA.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE SUPÉRIEUR. SCÉNES DE LA VIE DE SAINT NICOLAS (I vers 1200-1210 ; II vers 1240) ET SAINTE CATHERINE (1200-1210) , SAINT JEAN-BAPTISTE (1200-1210) ET SAINT ÉTIENNE (1200-1210). RESTAURÉ PAR GAUDIN 1960.
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Bordures : (vers 1270) : doubles rinceaux à feuilles retournées, bâtons brisés, fleurs de lys (restauré), perlés.
Tympan et tête de lancettes : vitrerie décorative par Gaudin en 1960.
Panneaux anciens présentés dans des quarts de cercle, des quarts de quadrilobe, et des carrés.
Vie de saint Étienne :Fonds à treillis courbe et compartiments fleuronnés.
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LANCETTE A DE HAUT EN BAS.
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A1. Vie de saint Étienne (vers 1200-1210). Un bourreau de saint Étienne confie son manteau à Saul.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A2. Vie de sainte Catherine (vers 1200-1210). Décollation de Catherine ou de l'impératrice.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A3. Vie de sainte Catherine (vers 1200-1210). La roue préparée pour le supplice de sainte Catherine déchiquette ses bourreaux.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A4. Vie de sainte Catherine (vers 1200-1210). L'empereur Maxence fait venir les philosophes pour confondre Catherine.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A5. Messe de saint Sever (?).
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A6. Vie de sainte Catherine (vers 1200-1210). L'impératrice accompagnée de Porphyre va visiter Catherine en prison.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A7. Vie de saint Nicolas. Saint Nicolas ressuscite les trois clercs.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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A8. Vie de sainte Catherine (vers 1200-1210). Décollation de Porphyre converti.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LANCETTE B DE HAUT EN BAS.
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B1.Un charpentier au travail, provenant de la verrière de saint Étienne.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B2. Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210). Départ de Jean-Baptiste au désert.
Inscription. AL NOS
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B3. Vocation des apôtres ?
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B4.Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210). Salomé demande à Hérode la tête du Précurseur.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B5. Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210).Jean-Baptiste dans la scène de l'Agnus Dei.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B6. Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210).Jésus avec trois disciples de Jean-Baptiste.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B7. Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210). Décollation du saint.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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B8.Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210). Jean-Baptiste en prison envoie ses disciples au Christ.
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Inscription S9 : IOHANES
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LANCETTE C DE HAUT EN BAS.
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C1.Vie de saint Étienne (vers 1200-1210). Saint Étienne se défend contre ses accusateurs.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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D5. Scène de la vie de saint Jean l'Evangéliste (vers 1240?) .
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Fond à treillis oblique formant des écailles et des compartiments fleuronnés.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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D6. Vie de Jean-Baptiste (vers 1200-1210). Première prédication de Jean-Baptiste.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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D7. Deux ouvriers mégissiers donateurs (carton retourné, vers 1200-1210).
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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D8.La donatrice offrant une verrière sur fond de damiers. Vers 1270.
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La baie 53 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— COTHREN (Michael), 1986, The Seven Sleepers and the Seven Kneelers: Prolegomena to a Study of the "Belles Verrières" of the Cathedral of Rouen, The university of chicago press journals vol. 25 n°2
— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
— PERROT (Françoise), 1990 A propos des « belles verrières » de la cathédrale de Rouen [compte-rendu] Bulletin Monumental Année 1990 148-2 pp. 213-214
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Les vitraux de la cathédrale de Rouen VI. La baie 51. Chapelle Saint-Sever, Verrière composite : « Belles Verrières » vers 1200-1210 et 1220-1230 et Passion du Christ ( Guillaume Barbe, 1468-1469).
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Sur Guillaume Barbe, voir article précédent.
Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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La baie 51. Chapelle Saint-Sever, Verrière composite, l'une des deux "Belles Verrières" avec réemploi en désordre vers 1270 de panneaux provenant des premiers bas-côtés de la cathédrale vers 1200-1210 et 1220-1230.
Complétée au registre inférieur par quatre scènes de la Passion du Christ (Portement de Croix, Calvaire, Descente de Croix, Vierge de Pitié), par Guillaume Barbe, 1470. Restauration en 1960 par Gauvin.
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Cette baie de 4 lancettes organisées en 9 registres, 1 rose pentalobée et 2 trilobes au tympan mesure 11,50 m. de haut et 3,40 m. de large. Avec la baie 53, elle a été qualifiée depuis le XIVe siècle de "Belle Verrière" car elle contient, dans ses 8 registres supérieurs, des panneaux provenant des premiers bas-côtés de la cathédrale, datant de 1200-1210 et 1220-1230.
Les verrières les plus précoces (1200-1204), , peu après l'incendie qui ravagea une bonne partie de la cathédrale pendant la nuit de Pâques de l'an 1200, honoraient les saints dont la cathédrale possédait les reliques, et le chapitre, qui avait autorité sur les programmes vitrés, fit illustrer les légendes des saints Jean-Baptiste, Catherine, Nicolas, Étienne et Martin, mais aussi celle des Sept Dormants d'Éphèse, témoignant d'une influence anglaise (Cothren).
Un autre groupe de verrières créées dans les années 1220-1240 illustraient les vies des deux saints Sever d'Avranches et de Ravennes, la vie de Job, d'un groupe d'apôtres, de saint Julien (baie 23), de la Passion (baie 10), de la parabole du Bon Samaritain (baie 12), de saint Pierre et Paul, et de saint Vincent.
En effet, vers 1270, on supprima les fenêtres des collatéraux afin d'élever à la demande des confréries des chapelles latérales entre les contreforts, dont cette chapelle Saint-Sever. Il fallut alors regrouper et adapter les panneaux de vitraux aux dimensions des quatre lancettes des nouvelles verrières, en mutilant encadrements et jeux de fonds, et en adaptant de nouvelles bordures.
Dans la baie 53, les donateurs du début du XIIe siècle y sont représentés : ce sont des ouvriers maçons , des charpentiers ou des mégissiers, et, une donatrice offrant la verrière "recomposée" de 1270. Ailleurs, ce seront des tondeurs de draps, des poissonniers, des marchands de blé, et des tailleurs de pierres.
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La chapelle Saint-Sever porte le nom du quatrième archevêque de Rouen connu, au IVe siècle, après saint Nicaise, saint Mellon et saint Avitien.
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Saint Sever (Severus) 325-341, a été délibérément confondu (*) par le clergé de Rouen avec ses homonymes saint Sever d'Avranches, décédé en 570 et saint Sever de Ravenne, décédé en 346.
(*) "Il semble donc que l’archevêque et le chapitre n’aient pas hésité à entretenir la confusion sur l’identité du saint afin de bénéficier d’une relique supplémentaire d’un saint local." (A. Blaise)
La ville accueillit en 990 les reliques de Sever d'Avranches, et c'est en son honneur que fut nommé l'ancien faubourg de Rouen devenu le quartier Saint-Sever, et l'église Saint-Sever de Rouen qui abrita ces reliques.
Une châsse de Saint Sever d'Avranches fut édifiée dans la cathédrale, entre 1189 et 1199 pour ses parties les plus anciennes, grâce aux dons d'un chanoine, Drogon de Trubleville. C'est celle qui subsiste, largement remaniée, dans les collections du Musée des Antiquités de la Seine-Maritime.
Saint Sever de Rouen est célébré le 1er novembre, saint Sever de Ravenne et saint Sever d'Avranches le 1er février.
Comme on ignore tout de la Vie de saint Sever de Rouen, les panneaux de cette verrière illustrent les épisodes marquants de ses homonymes d'Avranches et de Ravenne.
"Certains saints particulièrement célébrés dans la liturgie de la cathédrale. Dom Pommeraye, comme Ch. de Beaurepaire, insistent particulièrement sur la fête de saint Sever – pris pour l’évêque d’Avranches, mais dont les reliques conservées étaient celles de l’évêque de Ravenne – pour laquelle la commémoration était visiblement très importante : sermon, procession, prédication, exposition des reliques aux fidèles. En 1290 et 1298 furent réalisés un buste et un bras reliquaire pour les reliques du saint. Or, une seule verrière représente l’évêque. Cependant, intégrée dans une série illustrant la lignée épiscopale, elle figurait non pas l’évêque de Ravenne mais celui d’Avranches. L’importance de la commémoration faite au saint n’était donc pas traduite par l’image. Il semble qu’à l’inverse, la mise en valeur de certaines reliques soit, en réalité, liée à la conception iconographique de programme de grande envergure. Ainsi, lorsque la chapelle de la Vierge, nouvellement reconstruite au début du XIVe siècle, est ornée de vitraux de saints archevêques, le chapitre et l’archevêque n’hésitent pas à mettre en valeur le culte de saint Sever, évêque de Ravenne, dans le but de le faire passer pour l’évêque de Rouen, présent dans la lignée épiscopale sainte. Le culte des reliques ne semble donc pas à l’origine de la conception de programmes iconographiques, surtout lorsqu’il s’agit d’une iconographie eschatologique, mais plutôt la conséquence." (A. Blaise)
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La baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR. QUATRE SCÈNES DE LA PASSION DU CHRIST, GUILLAUME BARBE 1468-1469.
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Le bas des baies 51 et 53 n'était pas vitré, le cloître canonial projeté au nord de la Cathédrale mais jamais construit ayant fait réserver cette partie, qui ne sera complétée qu'au XVe siècle.
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Les trois premières lancettes A, B et C.
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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Portement de Croix.
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Très restauré ; auréole de la Vierge et tête du Christ refaite.
Le Christ porte sa croix entre deux soldats, qui le frappent d'un bâton ou le pressent à l'aide de la corde qui le lie. On admirera la composition en Z, ligne brisée dramatique, ou les détails d'armures aux pièces de métal damasquinées et aux étoffes damassées, ou encore les visages pleins d'expression.
Les spectateurs affligés sont la Vierge, saint Jean, et une Sainte Femme.
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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le Calvaire.
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Le Christ en Croix est entouré à sa droite de la Vierge, mais jointes tendues vers son Fils mais qui est soutenu par les bras d'un personnage en vert qu'on ne voit pas, à moins que ces mains soient celles de Jean (en fait remplacé par un donateur) , qui, nimbé et vêtu de rouge, est placé juste au dessus. Puis vient une Sainte Femme (Marie-Madeleine ?), se tordant les mains de douleur.
À la gauche du Christ, nous voyons un soldat, sans doute un officier portant un turban.
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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Descente de Croix.
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La scène a été entièrement refaite, sauf deux têtes.
Jean soutient par les aisselles Jésus détaché de la Croix, et le guide vers les bras de Marie.
Les deux assistants sont Nicodème, et Joseph d'Arimathie. Joseph est sans doute celui qui tient les pieds du Christ, bien que cette place est classiquement celle de Nicodème. Il est barbu, porte un couvre-chef à oreillettes, un manteau rouge fourré d'hermines, une tunique verte et des chausses violet : c'est un mélange entre le costume contemporain, Henri II, et celui qui permet aux spectateurs d'identifier un Pharisien membre du Sanhédrin. De même, le bonnet pointu de Nicodème et les franges du manteau rouge bordeaux indique la judéité du personnage.
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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Déploration.
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La scène a été entièrement refaite, sauf la tête et le buste du Christ, les deux anges et les mains des personnages.
Le terme de "pietà" est impropre, autant que celui de Vierge de pitié, et il faut parler ici de déploration, puisque Marie, assise sur une cathèdre et tenant le corps de son Fils, est accompagnée de Jean et de Marie-Madeleine placés derrière le dossier. Deux anges volent autour de la Croix et de l'échelle et compatissent à la scène.
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Le registre inférieur (Guillaume Barbe 1468-1469) de la baie 51 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LES REGISTRES SUPÉRIEURS. LÉGENDES DE SAINT NICOLAS, SAINT SEVER ÉVÊQUE DE RAVENNE, SAINT SEVER ÉVÊQUE D'AVRANCHES ET DE SAINTE CATHERINE.
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Les 8 registres supérieurs appartiennent aux vitraux les plus anciens de la cathédrale, et aussi de Normandie, si on excepte les fragments carolingiens (environ 200 fragments de verre de couleur verdâtre) découverts par Jacques Le Maho à proximité du flanc sud de la cathédrale. Ils datent en effet de 1200-1210, ou de 1220-1230.
Les lancettes sont désignées par les lettres A, B, C, et D de gauche à droite.
Les panneaux sont désignées par les lettres 1 à 8 pour chaque lancette de haut en bas.
—La lancette A est consacrée à saint Nicolas avec 7 panneaux sur 8, le premier (A1) étant consacré à sainte Catherine.
—La lancette B est consacrée à saint Sever de Ravenne et saint Sever d' Avranches (sauf un montrant les enfants de Job).
—La lancette C mélange des scènes de la vie de sainte Catherine et de saint Sever de Ravenne.
—La lancette D contient 7 scènes de la vie de Sever de Ravenne (et 1 de Job).
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NOTE. Mes photos n'étant pas fameuses, j'ai placé ici les excellents clichés du site The online stained glass photographic archiv de Painton Cowen (que j'ai éclaircies).
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Photographie lavieb-aile 2020.
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La lancette A.
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La Vie de saint Nicolas de Bari date de 1200-1210. Elle était à l'origine disposée dans une succession de grands et de petits cercles.
Voir la Légende dorée (1266) de Jacques de Voragine, bien qu'elle soit postérieure à ces panneaux : https://fr.wikisource.org/wiki/La_L%C3%A9gende_dor%C3%A9e/Saint_Nicolas
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Photographie lavieb-aile 2020.
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Panneau A1 : la Légende de sainte Catherine (1200-1210).
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Deux têtes refaites.
Un personnages à chapeau conique (Juif ?) vénère une statue posée sur un piédestal, celle d'une femme nue (Vénus ?) tandis que deux autres élèvent ou portent à leur bouche une trompe, peut-être pour célébrer la déesse. Prédominance de vêtements verts ou saumon sur le fond bleu. On devine que la scène était au centre d'un quadrilobe. Bordures de carreaux ornés de fleurs stylisées.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau A2 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Naissance de saint Nicolas .
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La mère de Nicolas est figurée, comme dans de nombreuses scènes de la Nativité, de la naissance de Marie ou de Jean-Baptiste, à demi-allongée sur son lit d'accouchée, tandis qu'une assistante (sage-femme, ou servante) tient l'enfant emmailloté. Au centre, un trépied sous un auvent à colonnes figure sans doute le berceau, que la mère désigne de la main.
Prédominance de divers rouges, les verts sont plus rare, le fond est bleu.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau A3 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Saint Nicolas, à la naissance, refuse le sein de sa mère, par ascèse, sous le regard de son père Epiphane .
" Le jour même de sa naissance, Nicolas, comme on le baignait, se dressa et se tint debout dans la baignoire ; et, durant toute son enfance il ne prenait le sein que deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi."
Inscription, peu lisible, en enlevé sur fond de grisaille.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau A4 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Le Juif, ayant été volé, fouette la statue du saint. (Cette scène suit celle du panneau A8)
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Tête refaite. Tête de la statue en réemploi, nombreux bouche-trous. Je remarque la fréquence des vêtements associant le rouge et le vert ; le choix est rendu restreint par le fond qui est, constamment, bleu.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau A5 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Un boucher accueille trois clercs en voyage.
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Le premier clerc est tonsuré et s'appuie sur un bâton, attribut des marcheurs et des pèlerins. Il porte une besace, bleue, en bandoulière.
copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau A6 : légende de saint Nicolas.1200-1210. Le boucher frappe les trois jeunes endormis qu'il a accueilli et les tue.
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Comme sur le panneau précédent, le boucher est coiffé d'un bonnet, et le fond est rythmé par une succession d'arcades. Il frappe les clercs avec sa hache. Je ne sais interpréter la pièce de verre rouge-orangé à l'arrière de la nuque, et qui est peut-être un réemploi.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau A7 : légende de saint Nicolas 1200-1210. Saint Nicolas est consacré évêque de Myre par deux évêques dont l'un lit les oraisons d'intronisation et l'autre trace l'onction sur la tête mitrée de Nicolas.
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Fragment d'inscription SCS : NICO.
Fragment de la bordure d'origine à bouquets de feuilles.
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Panneau A8 : légende de saint Nicolas 1200-1210. Un Juif place son trésor sous la protection du saint.
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Dans une mise en abîme, le saint est représenté sous la forme de sa statue, placée devant un drap d'honneur vert damassé de rinceaux (technique de l'enlevé sur grisaille), dans une niche cintrée et posée sur un piédestal. L'ensemble est posé sur une colonne à chapiteau corinthien.
Le Juif (barbe, bonnet conique rouge) est penché sur son coffre, mains jointes.
On voit la portion du cercle qui, initialement, réunissait plusieurs scènes.
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La lancette B.
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Bordure : castilles et fleurs de lys (en référence à saint Louis et Blanche de Castille).
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Panneau B1 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Saint Sever reçoit un messager qui lui annonce qu'il est élu évêque. Il tient en main un phylactère.
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Voir :
Paul Baudry, Histoire de saint Sever, évêque d'Avranches, et des églises qui ont été érigées en son honneur dans la ville de Rouen, E. Cagnard, 1860, 32 p.
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Panneau B2 : Les enfants de Job s'enfuient. 1220-1230.
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Panneau B3 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Le nouvel évêque prêche depuis une chaire à son peuple.
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Panneau B4 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Saint Sever nourrit les pauvres en leur distribuant des pains.
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Inscription. S~CS : SEVERVS.
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Panneau B5 : Vie de saint Sever évêque d'Avranches.1220-1230. Saint Sever distribue des vêtements aux pauvres. La main de Dieu sort des nuées.
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Inscription. S : SEVERVS. Vitrail très remanié.
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Panneau B6 : Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever est transporté dans l'église de Modène.
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Inscription. SAN : SEVERVS. Tête restaurée.
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Saint Sever de Ravenne est le premier évêque de Ravenne dont l'existence est documentée. Saint par l'Église catholique, son culte est répandu en Allemagne. Sa participation au concile de Sardique (342/343) est historiquement attestée.
À sa mort, il est enseveli à Classe. En 836, ses restes mortels sont transférés par l'archevêque Otgar de Mayence à Mayence, et finalement à Erfurt dans l'église qui y porte aujourd'hui son nom. Sa dépouille mortelle est placée dans un sarcophage monumental.
Vita sancti Severi episcopi Ravennatis (Biblioteca Hagiographica Latina ms. 7680)
Francesco Lanzoni, S. Severo vescovo di Ravenna (342-3) nella storia e nella leggenda, in «Atti e memorie della R. Deputazione di storia patria per le province di Romagna», serie IV, vol. I., Bologna 1911, pp. 325-396
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Panneau B7 : Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Mort de saint Géminien (saint Sever) dans l'église de Modène.
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Un jour qu'il célébrait la messe , il parut s'endormir : il déclara qu'il avait été ravi en esprit et transporté à Modène pour assister aux funérailles de l'évêque saint Géminien qui venait de mourir . Le même épisode est rapporté à propos de saint Ambroise transporté au chevet de saint Martin de Tours.
Deux têtes restaurées.
Sur saint Geminien, évêque de Modène au IVe siècle (San Giminiano), voir :
copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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La lancette C.
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bordure : triangles avec palmettes et triangles de couleur.
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Panneau C1 : Saint Pierre et quatre autres apôtres.
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Panneau C2 : Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever avec sa femme et sa fille.
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Saint Sever de Ravenne était tisserand : son épouse tient la quenouille, bâton court glissé à la ceinture et où se trouvent les fibres (laine, lin, chanvre,..) à filer, et qui y sont maintenues groupées par un ruban. Le fil
Elle a lâché le fil qui pend, enroulé sur le fuseau dont la fusaïole est masquée. En effet, elle tend la main vers la poitrine de son mari, comme pour l'enjoindre à partir.
Il s'empresse d'obéir, s'est déjà coiffé d'une cale de toile attachée sous le menton par une sangle, et est en train d'enfiler ses chausses.
Quant à sa fille, elle est coiffée d'une touaille, forme sommaire du touret avec sa barbette passant sous le menton, et la masse arrière des cheveux rassemblés par une résille. C'est la coiffure des artisanes. Comparer avec la bouchère de la Légende de saint Nicolas de Saint-Julien-du-Sault, XIIIe siècle.
Pour J. Le Maho, Sever se prépare à se rendre à l'élection d'un nouvel évêque : le panneau précède alors le panneau D6.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau C3. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Sainte Catherine menée au supplice.
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Panneau C4. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Fragments avec une tête de Sainte Catherine .
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau C5 . Vie de sainte Catherine (1200-1210). Les sages se concertent pour condamner sainte Catherine.
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copyright PAINTON COWEN : THE ONLY MEDIEVAL STAINED GLASSPHOTOGRAPHY
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Panneau C6. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Catherine menée à son martyre.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau C7. Vie de sainte Catherine (1200-1210). Les sages devant l'empereur Maxence.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau C8. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever enterre Vincentia.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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La lancette D.
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Bordure : castilles et fleurs de lys. Triangles avec palmettes et triangles de couleur.
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Panneau D1. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever apprenant qu'il va mourir, s'étend entre sa femme et sa fille dans leur cercueil.
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Sa femme et sa fille étant mortes avant lui, saint Sever fit ouvrir leur tombeau et leu demanda de lui faire place entre elles. Aussitôt, leurs squelettes s'écartèrent. Alors il se coucha vivant dans la tombe familiale et, ayant fait le signe de la croix, s'endormit du sommeil de la mort.
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Panneau D2. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever enterre son frère.
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Ce frère porte la mitre. Je n'ai pu trouver de quel frère évêque ou abbé il s'agit.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau D3. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever enterre sa femme et sa fille ou : enterre sa fille au côté de sa femme).
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Panneau D4. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever semble tombé endormi pendant les funérailles de saint Germinien à Modène.
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Un jour qu'il célébrait la messe , il parut s'endormir : il déclara qu'il avait été ravi en esprit et transporté à Modène pour assister aux funérailles de l'évêque saint Géminien qui venait de mourir .
Les assistants tentent en vain de le réveiller.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau D5. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever se prosternant devant l'autel .
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Inscription S9 : SEVERVS.
Si nous souhaitons placer ce panneau dans la séquence narrative de l'hagiographie, nous pouvons penser qu'il précède le panneau D3 : saint Sever, ayant eu le préssentiment de sa fin prochaine, célèbre lui-même sa messe mortuaire, comme le mentionne sa Légende, avant de rejoindre sa femme et sa fille dans la tombe. Un assistant tient un livre liturgique et un cierge.
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Panneau D6. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Lors de l'élection d'un nouvel évêque, une colombe se pose sur la tête de saint Sever pour le désigner comme évêque.
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Un jour que Sever était à l'église pour assister à l'élection du nouvel évêque, une colombe vient se poser sur sa tête. C'est ainsi qu'il devint évêque de Ravenne où on l'appela vescovo colombino .
Ce mode d'élection était coutumier à Ravenne, douze évêques de la ville auraient été désignés de cette façon et ont été surnommés Colombini.
La façon dont l'artiste a symboliser cette élection par le passage d'une porte, la jambe et le bras droits encore figurés de l'autre côté de l'huis, est remarquable et pleine d'esprit.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau D7. Vie de saint Sever évêque de Ravenne.1220-1230. Saint Sever tissant avec son épouse.
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Inscription S9 : SEVERUS.
Saint Sever était, avant d'être le perchoir de la colombe, un pauvre tisserand qui vivait avec sa femme sainte Vincentia et sa fille sainte Innocentia. Il renonça ensuite à la vie maritale pour se consacrer à l'Église, sa mystique épouse.
Les deux attributs de la statuaire de saint Sever de Ravenne sont la navette de tisserand, et la colombe.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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Panneau D8. Scène de la vie de Job (vers 1220-1230). Job assis sur son fumier.
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J'admire le travail qui rend, par des blaireautage ou des enlevés et des traits au pinceau fin sur la sanguine, la musculature, les reliefs anatomiques, la barbe et la chevelure de Job.
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copyright Painton Cowen : the only medieval stained glass photography.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— COTHREN (Michael), 1986, The Seven Sleepers and the Seven Kneelers: Prolegomena to a Study of the "Belles Verrières" of the Cathedral of Rouen, The university of chicago press journals vol. 25 n°2
— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
—PAINTON COWEN : THE ONLY MEDIEVAL STAINED GLASSPHOTOGRAPHY
https://www.therosewindow.com/pilot/Rouen/w51.htm
— PERROT (Françoise), 1990 A propos des « belles verrières » de la cathédrale de Rouen [compte-rendu] Bulletin Monumental Année 1990 148-2 pp. 213-214
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Sur Guillaume Barbe, voir article précédent.
Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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La baie 47 (chapelle Saint-Éloi, verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas, Guillaume Barbe, 1470).
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Cette baie de 4 lancettes, 1 quadrilobe et 2 trilobes au tympan mesure 11,45 m. de haut et 3,56 m. de large. C'est comme les précédentes une verrière mixte avec 4 grands personnages en bandeau (Guillaume Barbe, 1470), sur un complément de vitrerie losangée y compris dans le tympan par Gaudin en 1960.
Comme c'est la règle, on trouve en premier parmi les 4 saints de la chapelle Saint-Éloi (peut-être liée à une confrérie de maréchaux ou d'orfèvre, je ne parviens pas à le vérifier) son saint patron. Les saint Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas font partie des saints majeurs des dévotions du XVe et XVIe siècle, et figurent dans tous les livres d'heures.
"La verrière de cette chapelle n'est pas mentionnée dans les comptes du chapitre, impliquant l'intervention d'un commanditaire privé. Celui-ci est certainement le chanoine qui figure comme donateur devant saint Laurent.
Aucun document ne désigne cette œuvre comme étant de la main de Guillaume Barbe, en revanche certains visages paraissent familiers : celui de saint Jean-Baptiste, peint avec un fort modelé, est similaire à celui du bourreau de sainte Agathe (baie 55), du Christ ressuscité et de saint Sébastien (baie 53). "(C. Blondeau)
On aimerait connaître la raison du choix de chaque représentation de saint. Alexandra Blaise écrit :
"Simon de Paris fonda une chapellenie en l’honneur de sainte Catherine dans la chapelle du même nom de la cathédrale. La représentation de saint Simon qui s’y trouve est accompagnée d’un donateur qui pourrait bien être le fondateur (baie 44). Réalisée vers 1519, elle est actuellement conservée au musée de la Renaissance d’Écouen. Nous retrouvons le même cas de figure pour Guillaume Capet, chanoine, qui fonda une chapellenie en l’honneur de saint Guillaume dans la chapelle du même nom, qui se voit orner de la représentation du saint (baie 49). Mais il semble plus probable, étant donné le nombre restreint de ces exemples, que les fondateurs et donateurs se soient la plupart du temps adaptés au programme préétabli en fonction des dédicaces. Dans toutes ces commandes, le saint éponyme est toujours accompagné d’autres saints représentatifs de l’histoire personnelle du commanditaire, de sa dévotion, ou reflétant des choix relatifs aux préoccupations iconographiques propres à l’église." (A. Blaise)
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
D'après cliché Giogo Wikipedia modifié.
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Saint Éloi, évêque de Noyon.
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Le seul attribut permettant l'identification est le marteau ; mais est-ce celui du maréchal-ferrant ou celui de l'orfèvre ?
Quelques bouche-trous en partie basse, plombs de casse sur le manteau bleu
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Un motif à crosses crénelées.
Le motif du fonds damassé facile à reconnaître va se retrouver plusieurs fois sur ces deux baies, et il figurait déjà derrière la Vierge à l'Enfant de la baie 43. Une forme géométrique centrale, un trapèze chantourné où est appendu un losange à crochets, sert de tête à deux cornes en spirale, ou crosses, aux bords crénelées.
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Laurent tenant son grill et présentant un chanoine donateur.
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Tête de Laurent en bouche-trous. Tête du donateur restauré (saint Laurent est rarement figuré barbu), étonnante double auréole, très nombreux bouche-trous.
Il est difficile de décrire l'habit du chanoine, tant sa tenue de chœur est transformée en une mosaïque de pièces récupérées ou modernes.
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le fonds damassé. Motif à crosses crénelées.
Les crosses ornent une figure plus vaste à corps chantourné, globalement en losange.
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Jean-Baptiste.
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"Fortement individualisé, le visage du saint est marqué par des accents forts de grisaille, creusant les joues émaciées, rehaussant les pommettes et assombrissant les cernes sous les yeux. Sa barbe est scindée en deux extrémités séparés par une fossette très marquée, assez courante dans les visages peints par Guillaume Barbe. Le traitement des sourcils relevés en un air soucieux ainsi que celui des cheveux, où les mèches sont séparés par un trait épais de grisaille, les individualisant à la manière des statues romaines est tout à fait particulier ici. Enfin le saint est doté d'un faciès reconnaissable : grand nez, barbe courte divisée en deux, pommettes saillantes et grandes oreilles dépassant de sa chevelure. Si le programme hagiographique n'a pas donné l'occasion à Guillaume Barbe de remployer son carton, en revanche celui de Caudebec-en-Caux .le lui permet. " (C. Blondeau). Il s'agit de la baie 14 de l'église Notre-Dame de Caudebec-en-Caux, Guillaume Barbe, 1460-1470, avec un carton inversé.
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On sourira de remarquer que les jambes ont été remontées à l'envers.
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le fonds damassé reprend le motif n°1 (selon la typologie de C. Blondeau), déjà observé sur la baie 43 derrière sainte Marie-Madeleine, et qui se retrouverait aussi baie 49. Je peux le décrire rapidement comme une fleur centrale encadrée par les spires de deux palmettes très chantournées.
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Motif n°1. Fonds damassé utilisé par l'atelier de L'Ecu de verre, relevé par Caroline Blondeau.
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Nicolas / La Gargouille de saint Romain.
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C'est encore une baie que nous pouvons regarder avec humour, puisque le personnage, saint Nicolas en évêque ressuscitant l'un des ecclésiastiques mis au saloir par le cupide boucher, a été remonté au dessus d'un dragon qui n'a rien à faire dans cette histoire.
Ce serait le fragment d'une verrière consacrée à saint Romain (en plus des baies 6, 28 et 30), et le dragon porta alors, selon sa Vita, le nom de "Gargouille".
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Sur le verre bleu, un nouveau motif damassé, nommé "ananas".
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La baie 47 (1470, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 49 (chapelle Saint-Julien verrière des saints Michel, Julien et Guillaume, et de sainte Geneviève, Guillaume Barbe, 1468-1469)
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Cette baie de 4 lancettes, 1 quadrilobe et 2 trilobes au tympan mesure 11,30 m. de haut et 3,65 m. de large. C'est comme les précédentes une verrière mixte avec 4 grands personnages en bandeau debout sur des socles (Guillaume Barbe, 1468-1469), sur un complément de vitrerie losangé y compris dans le tympan par Gaudin en 1960.
Il s'agit d'un vitrail très abîmé, largement complété de bouche-trous.
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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Michel terrassant le dragon.
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Visage du saint restauré (selon Corpus) ou d'origine (selon Blondeau. Dragon restauré (Corpus).
Le saint nimbé de rouge, vêtu de sa cuirasse , terrasse le dragon par sa lance appuyée sur le sommet du crâne de la bête. Il est enveloppé d'un ample drapé aux agencements savants de plis cassés. Son visage lunaire présenté de trois-quarts est très modelé notamment par de forts ajouts de grisaille autour des yeux et ses cheveux blonds sont retenus par un bandeau parsemé de cabochons.
Caroline Blondeau rapproche ce panneau du saint Michel des Heures à l'usage de Rouen du Maître de l'échevinage de Rouen, pourtant plus tardif, vers 1480. Chester Beatty Library de Dublin W89 f°90v. Et elle indique que le Maître de l'échevinage a réutilisé une miniature de Liévin van Lathem.
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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Julien, évêque du Mans.
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Nombreux bouche-trous. Le saint est mitré, il tient une croix dans la main droite.
Le fonds damassé rouge est difficile à examiner, mais on voit des crosses crénelées comme derrière le saint Laurent de la baie 43.
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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Guillaume, évêque de Bourges.
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Le saint est représenté en évêque avec mitre, crosse et chasuble, chirothèques et anneau d'or.
Carton identique pour cette figure et celle de saint Julien. Nombreux bouche-trous. Fonds damassé vert à rinceaux. Verre bleu teinté de jaune pour l'étole.
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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Sainte Geneviève.
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Tête restaurée. Nombreux bouche-trous. L'attribut de la sainte est le cierge, symbole de sa foi qui ne s'éteint pas.
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La baie 49 (1468-1469, Guillaume Barbe) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Lorsqu'on connaît la truculente iconographie de sainte Geneviève, on recherche le diablotin muni d'un soufflet qui tente d'éteindre le cierge, tandis qu'un ange veille à le ré-allumer.
Et ici, ... on le trouve, avec son petit soufflet ! Mais l'ange s'est absenté. Les anges ont-ils leurs petits besoins ?
Sainte Geneviève de Paris (en latin Genovefa), vierge du VIe siècle, patronne de Paris et du diocèse de Nanterre, est représentée en religieuse et tenant un cierge.
Elle tient le cierge de la Foi, dont la flamme résiste miraculeusement aux tentatives d'un diable qui tente de l'éteindre avec un soufflet tandis qu'un ange le rallume. Ce motif se retrouve presque constamment associé à la représentation de la sainte.
Voir la discussion et l'iconographie de la sainte dans mon article sur la niche à volets de l'église de Brennilis avec la photo de sainte de l'église de Saint-Suliau à Sizun :
— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
Les vitraux de la cathédrale de Rouen IV. La baie 41 (chapelle Sainte-Anne, verrière des saints Claire, Guillaume Barbe 1465). La baie 43 (chapelle Saint-Nicolas, verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas, et de la Vierge à l'Enfant, Guillaume Barbe 1466).
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
Pour J. Le Maho "Les panneaux du XVe siècle illustrent la vie des saints vénérés par les confréries dont la chapelle était le siège, saint Jean-le-Décollé et sainte Madeleine (Décollation du Précurseur et présentation du chef de saint Jean-Baptiste, repas de Jésus chez Simon, les saintes Femmes au tombeau et le « Noli me tangere » ou apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine). Ce sont de belles et grandes compositions aux couleurs claires, où les personnages se meuvent librement sur un fond de ciel et de paysage, sans toutefois oser sortir du cadre imposé par les divisions de la fenêtre. Si la perspective n’y est pas encore parfaite, ces scènes légendaires annoncent déjà cependant le vitrail-tableau qui triomphera au siècle suivant."
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du choeur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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LE PEINTRE VERRIER GUILLAUME BARBE.
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Depuis les travaux de Martine Callias-Bey en 1997 et de Caroline Blondeau en 2014, l'atelier des peintres-verriers de la famille Barbe, installé à l'enseigne de l'Écu de verre (A l'Escu de voirre) rue Saint-Romain qui longe la cathédrale au nord dans la paroisse Saint-Nicolas-le-Painteur, est parfaitement connu. Les archives particulièrement riches et détaillées ont permis de suivre cette famille.
Guillaume Barbe, fils cadet de Jean, entre comme apprenti à l'atelier fondé par Guillaume Andry, puis, devenu maître-verrier de la cathédrale, il prend sa succession à la direction de l'escu de voirre vers 1456, et jusqu'en 1488.
Les fenêtres des bas-côtés de la cathédrale, datant du début XIIIe siècle, ont été détruites lorsque les confréries ont souhaité établir des chapelles entre les contreforts : de nouvelles baies à quatre lancettes ont alors été érigées, au XIIIe siècle.
Mais en 1461, lorsque les maîtres de la fabrique visitent et inspectent les fenêtres de la nef en compagnie de peintres verriers "pour voir et scavoir quelle reparation povoir faire", ils décident d'en renouveler les vitraux, sans doute en raison de la vétusté des vitraux existant. Ils confient à Guillaume Barbe la réfection des baies des bas-côtés de la nef et d'une partie du chœur.
C'est un chantier énorme : le plan suivant montre que ce sont dix-sept chapelles qu'il s'agit de vitrer, soit soixante-huit lancettes, sans compter le chœur ! Dès 1463, les fenêtres de la chapelle Saint-Eustache, baie 52, commencent à être garnies de verrières historiées.
Aujourd'hui, ces baies sont celles numérotées 41, 43, 47, 49, 51, 53 et 55, puisque les vitraux du bas-côté sud ont été remplacés au XVIIe et XVIIIe siècle pour faire entrer la lumière . Seule la baie 44, dans la chapelle Sainte-Catherine, conserve des verres de Guillaume Barbe à côté d'œuvres modernes.
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Plan des chapelles ouvertes dans les collatéraux à la fin du XIIIe siècle.
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En 1464, son fils Guillaume Barbe le jeune aidera son père comme valet.
En 1488, Guillaume Barbe l'ancien transmet l'Écu de verre à son fils puîné Jehan et se retire en son village natal, Grainville-sur-Fleury ; il meurt entre 1500 et 1513.
Sa petite-fille Jeanne épouse vers 1525 un apprenti verrier, Olivier Tardif, qui reprend en 1533 la succession de Jehan.
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Autres réalisations de Guillaume Barbe.
Guillaume Barbe répare, remplace et complète les verrières de la chapelle de la Vierge en 1462-1463, du déambulatoire et ses chapelles, la rose de la Calende en 1465-1466 et au bas des « Belles-Verrières » en 1468-1469.
Sans pouvoir lui être attribué avec certitude, son style a été reconnu sur des vitraux présents dans les églises rouennaises Saint-Vincent, Saint-Patrice, Saint-Maclou, Saint-Ouen, Notre-Dame de Caudebec-en-Caux, Saint-Étienne d'Elbeuf, Berville-sur-Seine, Pont-Audemer, Vatteville-la-Rue, Louviers, la chapelle du château d'Ételan.
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Un grand atelier.
"On peut se demander si Guillaume Barbe ,n'était pas une sorte d'entrepreneur ou le maître d'un très grand atelier réunissant de nombreux compagnons, ou encore s'il n'était pas à la tête d'une association de peintres verriers." (Callias-Bey)
Provenance du verre.
Ses sources d'approvisionnements en verre sont connus. Il se fournissait en « plats de verre » chez Jean Cotelle à Eu dans les années 1460-1465, en « sommes de gros voirre rouge » chez Germain Turgis à Rouen en 1462-1463, puis chez Jean de Dogny en 1467-1468 et chez Guillaume Vassal à Fry pour les années 1484-1485.
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Caractères stylistiques.
"Les œuvres de Guillaume Barbe relèvent d'un style brillant et monumental; l'élégance des attitudes et proportions allongées des « ymages » évoquent la statuaire, que ce soit dans la peinture des figures de saints isolées ou dans celle des scènes légendaires, celles-ci ayant pour la plupart disparu.
Sa palette s'équilibre de couleurs chatoyantes, d'une part, telles qu'un vert anglais, un bleu outremer, un bleu pâle, un jaune d'or, un rouge lie de vin et un violet et les nombreux verres incolores particulièrement fins et transparents, d'autre part, affichant une préférence pour l'harmonie vert, bleu, jaune et rouge foncé, il module ce contraste en fonction de l'éclairage de l'édifice sans négliger l'apport d'une lumière supplémentaire qu'offre l'emploi généreux du jaune d'argent réservé aux cheveux, aux galons à cabochons des vêtements, orfrois, mitres et accessoires, aux décors architectoniques aux ornements des armures, aux motifs de damas exécutés à l'aide de nombreux pochoirs assez sophistiqués et aux motifs des bordures.
Un emploi subtil de la grisaille aboutit à un modelé très délicat des visages, grâce à des lavis progressifs peu chargés de matière, éclairés d'enlevés précis réalisés à l'aiguille ou plus largement au petit blaireau ; les ombres sont accusées par des hachures parallèles posées au petit gris. Ce travail minutieux donne beaucoup de relief à des visages qui présentent, de manière constante, des bouches très dessinées et charnues, des globes oculaires proéminents logés dans des cavités profondes et soulignées par des paupières inférieures lourdes, le dessin des sourcils accentuant volontiers l'expression de désarroi de certains personnages.
Paradoxalement, ce maître habile ne recourt que rarement à des pratiques sophistiquées comme la gravure des verres ou le montage des verres en chef-d'œuvre.
Influences
Toutes ces observations évoquent la manière du Maître de l'Échevinage de Rouen, illustrateur dans les années 1460-1480 de nombreux manuscrits des conseillers de la ville de Rouen dont la plupart sont maintenant conservés à la Bibliothèque nationale de France à Paris. On peut établir notamment un rapprochement certain entre la Nativité du manuscrit de la Cité de Dieu peint vers 1470 et la même scène exécutée à la même date pour une baie de Saint-Vincent de Rouen par Guillaume Barbe. (*)
Ces points communs ne doivent pas faire oublier néanmoins la variété des manières observées dans ces œuvres." (Callias-Bey)
(*) Mais pour C. Blondeau, "l'enluminure locale, si elle comporte de nombreux points communs avec le vitrail, n'offre pas de rapport précis avec nos vitraux".
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Un répertoire de personnages.
Le parti-pris des chanoines commanditaires est celui de personnages en pied, devant des tentures, sous des dais architecturés., modalité la plus courante en cette fin de XVe siècle. Le peintre verrier, reproduisant fréquemment les mêmes sujets, se constitue un matériel d'atelier et reprend pour certains de ces sujets des cartons. C. Blondeau a pu le démontrer pour certains évêques, pour Jean-Baptiste, le Christ, et même pour des compositions entières, comme une descente de croix.
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Un répertoire de tentures damassés.
La variété des motifs de damas est l'un des aspects qui rend passionnant l'examen détaillé des vitraux. Ici, nous ne trouvons pas, comme à Évreux et Quimper, des oiseaux fantastiques affrontés d'influence orientale, mais l'atelier de Guillaume Barbe reprend différents cartons qu'il utilise pour les tentures d'honneur, les vêtements et les tuniques. C. Blondeau a identifié trois motifs parmi ceux qu'il est possible de relever malgré l'usure de la grisaille.
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Le motif n°1.
"Ce motif le plus présent à la cathédrale de Rouen comme dans les autres vitraux de Guillaume Barbe est d'inspiration végétale, comme la majorité d'entre eux d'ailleurs. Il se compose d'une fleur en forme de cœur surmontée d'une sorte de boule, encadrée une première fois par un feuillage à la découpe savante et une seconde fois par une autre rangée de feuilles dessinant des arabesques. L'ensemble donne une composition très complexe et quasiment symétrique" (C. Blondeau p. 119)
"Le motif n°2 est beaucoup plus difficile à cerner dans son intégralité. Il s('agit d'un thème végétal de forme losangé, composé d'un entrecroisement de branches à l'intérieur desquelles se développe un décor de feuilles crénelées qui forment des volutes. Au centre de cet entremêlement, descend une petite feuille isolée en forme de triangle et qui n'est par reliée au reste du branchage. Ce motif ornemental est présent sur deux des verrières de la cathédrale : deux fois en baie 47 et une seule en baie 49. (C. Blondeau p. 119)
Le troisième motif n'est utilisé qu'une fois, sur la baie n°41 (infra) derrière sainte Claire. "Plus fragmentaires que les autres, ses contours sont plus difficiles à discerner. D'inspiration végétale, il est constitué d'un enchevêtrement savant de feuilles crénelées entourant une partie reconnaissable et facilement identifiable : il s'agit d'une sorte de fleur ronde au cœur évoqué d'un trait noir de grisailles, et d'où partent des rinceaux se terminant en volutes et le tout peint de manière très stylisé, d'un seul trait. cette composition, dont l'organisation est très similaire au deuxième motif, est très complexe et joue également sur la répétition du dessin." (C. Blondeau p. 120)
Voir (onglet "rechercher") mes articles sur les vitraux des cathédrales de Chartres, Bourges, Évreux, Le Mans et Quimper étudiant leurs fonds damassés, parmi lesquels :
La baie 41 (nef côté nord). Chapelle Sainte-Anne. Verrière des saintes. Sainte Claire, Madeleine et Anne éducatrice, et d'un saint évêque à donateur, par Guillaume Barbe 1465. Jean Gaudin 1960.
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La baie de 4 lancettes située à l'extrémité du bas-côté nord mesure 11,30 m. de haut et 3,20 m. de large. C'est une verrière mixte à deux parties, l'une historiée de 4 personnages en bandeau, réalisée par Guillaume Barbe, l'autre à vitrerie à losanges ornée de bordures et fermaillets y compris dans le tympan, crée en 1960 par Gaudin.
Les figures prennent place sous un encadrement architecturé à deux étages, très restauré.
Elle n'a pas été déplacée, elle a été restaurée au XIXe siècle, a été démontée et mise à l'abri au cours des deux guerres mondiales.
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La verrière a été commandée par la fabrique, et payée une fois terminée le 20 septembre 1465 : "Dés mars, un échafaudage est monté dans la chapelle par le maçon Lecoq. Commencent alors les travaux de blanchiment de la voûte, et la pose d'un carrelage rouge, toujours par Lecoq. En mai, Pierre Desuaulx, plombier, travaille à la soudure du vitrail. En août, le "chauchonnier" Lizurier blanchit de chaux le pilier extérieur se trouvant devant la verrière de la chapelle.
Pour C. Blondeau, "la richesse et la préciosité des vêtements et le peu de modelé des visages en font une )œuvre à part dans le programme des bas-côtés." (p. 77)
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Une pièce des archives ADSM G2500bis f° 86v cite le nom du verrier et indique la somme qui lui a été versée :
"Audit Barbe voirrier, pour avoir ouvré son mestier en la chapelle Saincte Anne de la dite eglise. Cest assavoir en icelle chapelle a une fourme de voirre neuf de couleurs ou il y a quatre jours, laquelle est bordée et a chaque pennel au parmi a ung fermaillés de voirre de couleurs et quatre ymages bas en ladite fourme, et aussi pour avoir paint et recuis toutes les bordeures et fermaillés de la dite fourme comme plus a plein est desclaré en ces parties et quittance, montans en somme totale XXXV l pour ce payé a luy par quictance le XXe jour du moys de septembre la somme de XXXV l". (cité par C. Blondeau)
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Si on compare cette baie à la baie 43, on remarque malgré la communauté de styles et de damas une différence notable : la baie 43 ne comporte aucune inscription.
Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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. Sainte Claire d'Assise.
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La sainte franciscaine fondatrice de l'Ordre des Pauvres Dames est représentée en abbesse (livre, crosse), sans autre attribut permettant de l'identifier. La cosse est tenue par l'intermédiaire d'un sudarium. La sainte est voilée, porte la guimpe, et son habit de bure ne montre pas de cordelière. Curieusement, une robe bleue et rouge à bordure dorée dépasse sous la bure.
Il faut éclaircir l'image pour voir que le nimbe porte une inscription. Hélas, je ne parviens pas à la déchiffrer, ni à en trouver le relevé. Peut-être (ici) MATER DNI MEATE ---IA DMINO DOULO ?
Le fond damassé rose ("somptueux damas violet" selon C. Blondeau) porte un décor à rosaces à bords crénelés, et d'entrelacs.
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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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. Un saint évêque et un chanoine donateur.
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Il est impossible d'identifier l'évêque. Sa chape à fermail carré porte une bordure à lettres pseudo-coufiques simulant une inscription.
Le donateur est un chanoine, comme l'indique l'aumusse portée sur l'avant-bras droit sur un surplis blanc et une robe rouge. Cette tenue de chœur est celle de tous les chanoines donateurs de la cathédrale, la couleur de la robe (ou de parements) étant parfois aussi bleue.
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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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. Sainte Marie-Madeleine.
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Elle s'identifie par son attribut, le flacon d'aromates, par ses cheveux longs, blonds et dénoués seulement retenus au front par un diadème perlé, et par son élégance.
Elle est vêtue d'une robe pourpre (serrée par une large ceinture bleue) et d'un manteau vert doublé d'hermines et à bordures orfrayées.
Le fonds damassé est de couleur or, à entrelacs feuillagés.
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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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. Sainte Anne éducatrice.
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Le nimbe porte une inscription en lettres gothiques SANCTA ANNA -MA-- EU - P[E]R ONNOUR ???
La bordure du manteau est brodée de lettres parmi lesquelles ont reconnait DEI, MARI- et deux fois ANNA.
La Vierge, nimbée de rouge, porte le surcot d'hermines propre alors aux princesses au dessus d'une robe à corsage d'or et jupe rouge doublée d'hermines. Elle pose l'index sur le livre que lui tend sa mère.
Le drap d'honneur vert est uni, mais sa bordure dorée porte aussi une inscription.
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Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Baie 41 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 43 (nef côté nord). Chapelle Saint-Nicolas. Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'enfant. Guillaume Barbe 1465-1470. Jean Gaudin 1960.
La baie de 4 lancettes et 3 trilobes au tympan mesure 11 m. de haut et 3,30 m. de large. C'est une verrière mixte à deux parties, l'une historiée de 4 personnages en bandeau, réalisée par Guillaume Barbe, l'autre à vitrerie à losanges ornée de bordures et fermaillets y compris dans le tympan, créée en 1960 par Gaudin.
Elle occupe l'avant -dernière fenêtre du bas-côté nord.
Le Corpus Vitrearum signale un bon état de conservation, mais la Vierge à l'Enfant, 2 des 3 enfants auprès de saint Nicolas ainsi que son manteau, et les fonds damassés sont restaurés.
Elle n'a pas été déplacée, elle a été démontée et mise à l'abri au cours des deux guerres mondiales.
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Le peintre-verrier Guillaume Barbe en a été payée le 20 août 1466 :
"Item en la chapelle St Nicoalas, a une fourme de voirre neuf ou il y a III ymages bas et a chaque pennel ung fermaillet et contientt icelle fourme IIICXLIII piès de voirre, et pour avoir paint et recuit les bordeures et fermailets de plusieurs fourmes et pour la façon de III ymages et pour faire tout ensemble".
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D'après Giogo, Wikimedia Commons, modifié.
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D'après Giogo, Wikimedia Commons, modifié.
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Sainte Marguerite issant du dragon.
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Détail : le fonds damassé.
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Le motif, selon C. Blondeau, est un unicum composé d'un enchevêtrement de feuilles et de fruits peints en grisaille et jaune d'argent sur fond bleu.
Cela suppose, comme pour le fonds de saint Nicolas, de graver le verre bleu, de l'abraser à l'émeri réduit en poudre (parfois à la molette, plus tard à l'acide) pour faire apparaître le verre transparent avec lequel il est doublé. Puis ce verre est peint, en grisaille, ou en jaune d'argent. La technique est fréquente pour le verre rouge, plus rare pour le verre bleu, mais j'en ai signalé l'usage sur les vitraux de la cathédrale d'Evreux, par exemple (baie 211, 1325-1327). En Bretagne, on trouve des verres bleus gravés à La Martyre, Pleyben et Saint-Pol-de-Léon.
Cela permet au peintre-verrier de changer de coloris sur un même verre sans avoir besoin de plombs.
Lire Roger Barrié, 1976, "Les verres gravés et l'art du vitrail au XVIe siècle en Bretagne occidentale.", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest.
Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Sainte Marie-Madeleine et son flacon d'aromates.
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Détail : le fonds damassé.
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Ce fond est celui qui est habituel à Guillaume Barbe. Cf supra "motif n°1".
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Saint Nicolas, en évêque, bénissant les trois clercs ressuscités du saloir.
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Détail : le fonds damassé à rinceaux floraux : verre bleu gravé.
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Détails.
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vierge à l'Enfant.
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Les visages ont été restaurés. Le damas relève du dessin propre au répertoire de l'atelier, avec des tiges en roues crénelées.
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Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Baie 43 (Guillaume Barbe, 1466) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— GOUPY (Axelle), 2019, Un miroir de la mission canoniale et épiscopale au XIIIe siècle. Les vitraux légendaires du chœur de la cathédrale de Rouen, thèse préparée sous la direction de Philippe Plagnieux, professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge à l’École des chartes, et de Karine Boulanger, ingénieure d’études au CNRS et membre du Centre André Chastel.
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
Les vitraux de la cathédrale de Rouen III. Les baies 34 (panneaux de la Vie de saint Jean-Baptiste, 1499) et 36 (Pentecôte, offerte par Jean de Nonancourt, vers 1340-1350) au transept sud.
La cathédrale possède 52 fenêtres dont 12 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 3 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39 Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°53 Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle
Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du choeur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum.
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La baie 34 (transept sud). Fin du XVIe siècle [1499] et Flandrin-Latron 1960.
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La baie 34 mesure 9 m de haut et 1,95 m. de large. Elle ne comporte qu'une seule lancette. Dans une vitrerie de complément de S. Flandrin-Latron ont été incorporés deux panneaux de la vie de saint Jean-Baptiste provenant de l'église Saint-Laurent de Rouen et donnés par Eustache de la Quérière au XIXe siècle, après les avoir achetés en 1811. Ils avaient été d'abord placés en baie 24.
Note. E. de la Quérière est l'historien de l'église Saint-Laurent, actuellement Musée Le Secq des Tournelles. Il écrit dans sa monographie sur Saint-Laurent :
"Les premières vitres, aux couleurs éclatantes, occupaient les fenêtres. Les premières vitres avaient été posées en 1464. D'autres dataient de 1499 et 1520. Une de ces vitres peintes, représentant la vie de saint Jean-Baptiste (elle décorait la chapelle Saint-Jean, collatéral sud), fut acquises, il y a 54 ans, par l'auteur de cette monographie qui en fit don à l'église cathédrale. Mais, par une conséquence de l’incurie de ceux à qui avait été confié ce vitrail, on ne put en employer que deux panneaux qui furent placés à la chapelle des Fonts, dite du Saint-Esprit . » Eustache de La Quérière, 1866, "Saint-Laurent, église paroissiale de Rouen, supprimée en 1791"
La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Au registre inférieur : le Baptême des Juifs par Jean-Baptiste dans le Jourdain.
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Ce panneau assez bien conservé mesure 1 m sur 0,50m et comprend des émaux et des pièces peintes à la sanguine.
Jean-Baptiste, pieds nus, vêtu de sa tunique en poils de chameau, verse l'eau du Jourdain sur la tête de trois hommes nus qui sont dans le fleuve. En aval, deux hommes habillés semblent s'y laver, et sur la rive en contre-bas des hommes ou femmes (dont la moitié haute est coupée par le fragment) se rhabillent.
Au bord inférieur se voit un pont à trois arches.
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La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Au registre supérieur : saint Jean-Baptiste conduit en prison.
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Ce panneau assez bien conservé mesure 30 cm sur 0,50m ; il est incomplet ; le saint a peut-être été restauré en 1840.
Jean-Baptiste, dans la même tenue vestimentaire, mais bras liés, est mené en prison par deux soldats. L'un porte une armure, un casque à plumet, une tunique, et une épée (un officier). L'autre n'a ni cuirasse ni casque, mais une épée, son chapeau conique rouge peut le désigner comme un Juif.
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La baie 34 (1499) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 36 (transept sud) : verrière de la Pentecôte. Vers 1340-1350 ; début du XXe ; 1956-1957.
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Cette baie d'une seule lancette mesure 9 m. de haut et 1,20 m. de large. C'est une verrière composite où des panneaux anciens provenant des baies 24 et 26 éclairant l'ancienne chapelle du Saint-Esprit ont été placés en 1955-1956. Ces verrières avaient été offertes par Jean de Nonancourt, archidiacre du Vexin français, qui y figure en donateur sous une inscription nominative.
Les panneaux anciens sont placés dans une vitrerie losangée par Jean-Jacques Gruber.
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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Pentecôte. Maître de la légende de Saint-Nicaise ?, 1340-1350.
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Sous un dais à 3 arcatures, 3 gables, arc-boutants et pinacles, la colombe du Saint-Esprit plane au dessus des apôtres sur un fond damassé bleu ("à rameaux enlevés"), entre deux anges qui lancent leur encensoir en volant. La pointe du bec de l'oiseau forme le sommet d'un dôme rouge détachant les langues de feu sur la tête des apôtres, tous barbus sauf Jean. Pierre se reconnaît à sont "toupet". Les robes sont de verres de six couleurs différentes. Trois têtes sont restaurées : deux à gauche et une à droite.
Bordure : alternance de niches et de baies à deux lancettes. Des anges, dont l'un qui joue d'une lyre. Un archevêque ; un prophète.
Note : mon cliché ne montre pas la statuette du Christ en majesté représenté au dessus du gable central. Ni les masque feuilles en fermaillet de l'amortissement.
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Cette Pentecôte est attribuée au maître de la Légende de Saint-Nicaise auteur de la verrière éponyme (baie 18) de l'église Saint-Ouen de Rouen (Jean Lafond).
Les bordures à petits personnages ont été subtilisés par Jules Boulanger au début du XXe siècle (1909-1918), et refaites à l'identique, sauf un fragment qui subsiste à gauche du donateur.
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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Deux clercs agenouillés mains jointes.
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Les personnages se détachent sur un fond de grisaille losangé à motifs de feuilles de chêne et glands. Grisaille et jaune d'argent, sauf plusieurs pièces (col manchettes, bas de robe) en verre bleu, ce qui pourrait être un indice pour reconnaître ici des chanoines.
Bordures : deux personnages dont un portant la mitre et bénissant.
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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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L'archidiacre Jean de Nonancourt.
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Le clerc, qui est tonsuré, est représenté agenouillé, mains jointes, dans l'attitude du donateur, de quasi profil tourné vers sa droite, le regard levé vers la Vierge ou le Christ qu'il vénère (dans la disposition initiale du vitrail). Il porte un manteau de cérémonie bleu à motifs damassés en rouelles, des parements (manches, bas de la robe) violets, au dessus d'une robe blanche. Une inscription en lettres gothiques en latin révèle son identité.
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Jean de Nonancourt était archidiacre du Vexin français, ce territoire du diocèse de Rouen étant l'un de ses six archidiaconés avec le Grand archidiaconé, le Grand Caux, le Petit Caux, Eu, et le Vexin Normand.
"Travaillant à l'origine partout où l'on réclamait sa présence, l'archidiacre en vint à être associé à des territoires spécifiques, appelés archidiaconés. Les pouvoirs généraux des archidiacres étaient à la fois d'ordre administratif et judiciaire. Les archidiacres étaient responsables des prêtres de paroisse placés sous leur juridiction et avaient à inspecter les objets liturgiques tels que vêtements, vases et livres : ils étaient responsables de la distribution des Saintes Huiles et du Saint Chrême ; ils avaient juridiction sur les doyens ruraux ; enfin ils devaient garder le célibat. Ils semblent avoir le plus communément jugé des contestations relatives aux charges ecclésiastiques ou à des églises du ressort de leur archidiaconé, quoique, à d'autres moments, ils aient été délégués comme juges par le roi ou le pape ."
Je trouve ce personnage mentionné ici :
Fol. 256, v°. – Abandon par « Yon, seigneur de Garencières, chevalier, » au chapitre cathédral d'Évreux, de tous ses droits au patronage de l'église de Garencières. Ce bénéfice était alors vacant par la résignation qu'en avait faite Jean de Nonancourt, prêtre, entre les mains de l'évêque d'Évreux. (7 janvier 1300, n. s.)
Il est nommé dans les bulles de Clément VI dans la fondation du collège des Clémentines de Rouen.
Mais, en me référant au cardinal Nicolas de Nonancourt , qui est figuré en donateur sur un vitrail de la cathédrale d'Évreux, la baie 16, je peux penser qu'ici aussi, ce Jean de Nonancourt signale seulement par son nom son origine géographique, plutôt que familiale.
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Si je déchiffre l'inscription, je lis :
[---] IOHAÑES . DE . NONÃCURIA.
Le premier mot est certainement un titre. Je propose MAGISMAGISTER. MAGISTER.
Nona Curia est le nom latin de Nonancourt, Eure (par ex : Beata Magdalena de-) mais on trouve aussi NONANCURIA, NONANCORT, NONANCURTIS, NONENCORS (Auguste Le Prevost, Dictionnaire...) et même NONE IN CURIA (ici). Le tilde sur le A dans l'inscription correspond à la graphie NONANCURIA.
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Je suis alors dirigé vers ce texte du 30 juin 1348, sujet d'un épreuve écrite de l'Ecole des chartes de 1868: l'archidiacre du Vexin français, en latin Vulgassini Francie, y est nommé, et qualifié "d'Honorable et discret homme". L'archidiacre accompagne Jean du Prato, l'évêque d'Evreux (1328-1333) qui figure sur la baie 200 des vitraux de la cathédrale d'Evreux vers 1330 , et qui devint ensuite recteur de l'une des portions de l'église Notre-Dame de Louviers (Beate Marie De Loco Veris).
Le texte est extrait du Cartulaire de Louviers. Jean du Prato, délégué pour la viconté de Pont-de-l'Arche, des commissaires généraux chargés de percevoir les deniers de l'emprunt autorisé pour le duc de Normandie dans cette province, donne quittance à Robert de Quevilly, receveur du Bailliage de Rouen, de douze livres à lui dues pour ses honoraires à l'occasion de sa recette.
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« Omnibus hec visuris, offlcialis Rothomagensis, salutem in Domino. Notum facimus quod in nostra presencia constitutus vir discretus magister Johannes de Prato, rector alterius portionis ecclesie Beate Marie de Loco Veris, a venerabili et discreto viro magistro Johanne de Nonancuria, archidiacono Vulgassini Francie in ecclesia Rothomagensi, ac nobili viro domino Johanne de Mellomonte, milite, et provido viro Johanne Fabri, cive Rothomagensi, generalibus deputatis1 in bailivia Rothomagensi deputatis mutui concessi serenissimo principi domino duci Normannie, commissarius in vicecomitatu Pontis Arche quoad collectionem mutui supradicti, recognovit et confessus fuit se habuisse et récépissé in pecuniis numeratis, per manum Roberti de Quevilly, receptoris baillivie Rothomagensis, duodecim libras turonensium pro stipendiis ipsius Johannis ratione mutui * supradicti, super qua pecunie summa dictus Johannes omnes et singulos quorum intéresse posset quitavit, omnino renuncians excepcioni pecunie non recepte et non numerate. Datum anno Domini M° CCC° XL VIII, die veneris post nativitatem beati Johannis Baptiste. TURVILLA. VIII d. Mutui. »
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Puis j'accède à cette fiche qui procure de précieux renseignements :
Maître Jean de Nonancourt (alias Jean Fessier) fut conseiller-clerc au parlement de Paris en 1319, cité au pénitencier de Rouen en 1329, chanoine de Rouen de 1308 à 1349, archidiacre du Vexin français de 1340 à 1349.
Jean de Nonancourt a fondé une chapellenie de Marie-Madeleine en la chapelle Saint-Jean-dans-la-Nef du collatéral nord de la cathédrale de Rouen, où se trouve l'une des "Belles Verrières", la baie 53. (Blondeau p. 86).
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Dans la bordure : deux anges.
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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Panneau de grisaille losangée (XIVe siècle) à motifs de glands et de feuilles de chêne sertis dans une bordure du XVe siècle à points de couleur et feuilles d'acanthe en grisaille et jaune d'argent.
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Au centre du panneau, à la place du ferraillet d'origine, un médaillon du XVe siècle de 21 cm de diamètre représente saint Nicolas et saint Jean-Baptiste (qui tient l'agneau sur le bras droit).
Sur le panneau inférieur, de même composition, le médaillon porte le monogramme marial.
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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Soubassement : inscription de 1956.
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La baie 36 (1340-1350) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes, page 86.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670. DOI : https://doi.org/10.4000/books.purh.3779.
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Cette baie occupe l'angle sud-ouest du bras droit du transept. Elle fut offerte en 1448 par les exécuteurs testamentaires de Guillaume Le Fève et la confrérie des Saints Innocents. D'abord montée dans la baie exactement opposée à l'angle sud-est du bras droit, elle fut ensuite déplacée en 1520 lors de l'attribution de la chapelle à la confrérie Saint-Romain (cf. baie 30), puis déplacée dans l'actuelle chapelle Jeanne-d'Arc, et enfin placée en 1960 à l'emplacement actuel.
Elle reprend le parti des baies créées en 1430 pour les baies hautes du chœur (Saint Pierre), personnages sous dais peuplés de figurines, avec une petite scène légendaire placé sou les deux sujets principaux, la Vierge à l'Enfant, et Jean-Baptiste.
La même association se retrouvant à Saint-Maclou, notamment en baie 20, l'hypothèse d'un atelier commun est évoquée par les spécialistes, qui y attribuent aussi l'Adoration des Mages du Musée de Cluny qui proviendrait de l'église Saint-Vivien.
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La baie à 2 lancettes mesure 8,50 m. de haut et 1,80 m. de large.
Son soubassement ornemental et les bordures ont été refaits par Simone Flandrin-Latron en 1960, en même temps que sa restauration.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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. LA LANCETTE A : LA VIERGE À L'ENFANT ET UN DONATEUR.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vierge au regard triste dirigé vers sa gauche se détache sur un damas rouge à motifs de rinceaux.
L'Enfant aux cheveux bouclés est figuré en Sauveur du monde, bénissant et tenant le globus crucigère.
Ils se tiennent dans une niche semblable à une chapelle à voûte gothique nervurée entre deux piédroits en grisaille et jaune d'argent peuplés de figurines et d'angelots musiciens sous un haut gable. Le pièdroit de droite a été restauré/restitué en 1960.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Décor des piédroits.
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Les piédroits comportent une architecture flamboyante à gables aigus et pinacles à crochets, où se logent des anges musiciens.
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Du côté droit (moderne), de bas en haut :
Un ange recueilli et un rameau d'olivier dans lequel un ruban porte l'inscription OLIVIER SIBEAU.
Inscription : LA TIGE DE JESSE A FLEVRI
Joueur d'orgue positif
Arbre à feuilles et fleurs.
inscription VN GLAIVE TRANSPERCE VOTRE COEUR
Jeune dansant parmi des étoiles
Inscription PAIN ET VIN
Femme distribuant des pains.
Ceps de vigne , feuilles et grappes.
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Du côté gauche :
Les musiciens jouent de l'orgue positif et de la trompette marine.
Joueur de luth
Porteur de phylactère.
Ange tenant un orgue positif.
Ange chanteur.
Ange tenant un phylactère
Ange jouant du luth.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le donateur.
Le donateur est un ecclésiastique (tonsure, longue robe blanche), et vraisemblablement un chanoine (col rouge). Ses mains sont jointes. Il est placé aux pieds, sous le genou gauche et devant le pan du manteau de la Vierge.
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Décor de la bordure du pan de manteau de Marie.
Monogramme marial A M / Fleur de lys / perles par cinq / quatrefeuilles
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Décor de la partie haute.
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La couronne est portée par deux anges en vol.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Fuite en Égypte et miracle des blés.
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La "Fuite en Égypte" de Marie et Joseph après la naissance de Jésus leur est imposé par la décision d'Hérode de faire massacrer tous les nouveau-nés, ou "Innocents", scène représentée dans la lancette voisine.
Au premier plan, Marie tient l'Enfant emmailloté ; l'âne est guidé par Joseph (bas du corps restauré).
En arrière plan, miracle du blé qui a miraculeusement poussé assez haut pour dissimuler le couple fugitif aux soldats d'Hérode. Un moissonneur tient une faucille, mais aussi une boite suspendue à sa taille.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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. LA LANCETTE B : SAINT JEAN-BAPTISTE .
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Scène principale.
Le saint occupe une niche gothique flamboyante identique à celle de la Vierge, devant un drap d'honneur damassé au motif identique.
La tête et le nimbe ont été restaurés.
Il désigne de l'index l'agneau, nimbé, tenant l'étendard de la résurrection.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le donateur .
S'agit-il de Guillaume Le Fêve ? Ou du représentant de la Confrérie des Saints Innocents? C'est en tout cas un riche marchand de Rouen, portant sur l'épaule de son manteau bleu une longue écharpe rouge, qui constitue manifestement un insigne d'une fonction, civile ou religieuse.
Je ne trouve pas d'information sur un Guillaume Le Fêve. Sous la graphie Lefèvre je découvre un Guillaume ou Jean Lefèvre, chanoine, qui possède son monument funéraire dans la cathédrale (Deville p. 209)
Sous cette même graphie, les archives G.4287 mentionnent pour l'année 1441 :
"Vente par Michault Simon et par Collecte , sa femme, à maître Guillaume Lefèvre, chanoine de Rouen, curé de Saint-Denis, d'une maison en la rue du Monchau-Saint-Denis.
Et le 12 novembre 1437, don au chapitre pour son obit.
Aux Etats de Rouen du 10 mai 1448, un Guillaume Lefèvre est député de Coutances. Un autre serait un marchand ou armateur de Rouen.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le Massacre des saints Innocents. (partie sup. de l'enfant restaurée)
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Le roi Hérode, couronné et assis sur un trône, donne l'ordre aux soldats de tuer les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem. Le chef de la troupe figure à droite. Un seul soldat est représenté, en armure, arrachant à une mère agenouillée son enfant.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Les pièdroits.
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Ils échelonnent huit scènes du Massacre des Innocents situées dans des niches flamboyantes.
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La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 32 dite des "Saint-Innocents" (1448-1450) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Note :
Simone Flandrin-Latron (1905–2000) est une artiste peintre et peintre-verrier française, prix de Rome, conjointe de Paul Flandrin (architecte).
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, CNRS ed.
— CALLIAS-BEY (Martine) 2003,. Simone Flandrin-Latron, peintre verrier. Simone Flandrin-Latron [catalogue d'exposition], Musée de la reine Bérangère, 2003. ET Martine Callias Bey. "Simone Flandrin-Latron, peintre verrier". Revue de la Céramique et du Verre, 2000, . Non consulté
Un panégyrique, c'est un discours à la louange d'un personnage ; ici, le vitrail fait l'éloge de saint Romain, l'évêque de Rouen au VIIe siècle, en associant sept épisodes de sa vie à chacune des sept vertus cardinales et théologales.
Cette baie 30 est située sur le bras sud du transept de la cathédrale et éclaire la nouvelle Chapelle Saint-Romain que gère la Confrérie Saint-Romain, fondée en 1437. C'est d'ailleurs cette confrérie qui offre, en1521, la baie voisine n° 28, également consacrée à la vie de saint Romain. En effet, l'ancienne chapelle de la confrérie, celle du Petit-Saint-Romain, est devenue trop petite. La confrérie fait agrandir les fenêtres de sa nouvelle chapelle, créant ainsi deux grandes baies à trois lancettes et remplage flamboyant.
Elle mesure 9,20 m. de haut et 3 m. de large et comporte 3 lancettes organisées en deux registres, et un soubassement moderne créé par Jules Boulanger en 1920 .
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Attribution.
L'hypothèse de l'attribution de cette verrière, ainsi que de la baie 28 à Olivier Tardif, gendre de Jean Barbe, et à ce dernier, est mentionnée par l'auteur de la notice de la base Palissy. Mais elle est discutée par Caroline Blondeau:
"Ces deux œuvres ont souvent été rapprochées de l'Ecu de verre, l'atelier des Barbe, notamment en raison de la charge qui lie Jean Barbe en 1518-1521 à la cathédrale. À cette époque, Olivier Tardif commande à être mentionné dans les comptes à ses côtés et aurait pu l'assister dans cette tache monumentale. Peut-on cependant les créditer de la réalisation de ces deux magnifiques verrières sur la simple raison de leur présence en tant que peintre verriers de la cathédrale uniquement pour des travaux d'entretien?"
"La facture de ces deux verrières constitue également un frein à cette attribution. En effet, elles ne sont pas dans la lignée des œuvres authentifiées et attribuées au fils [de Guillaume] Barbe, mais il reste délicat de mettre en parallèle des vitraux exécutés à une vingtaine d'années d'écart surtout s'ils sont l'œuvre de cartonniers différents. De même, le style est difficilement comparable."
"Si la tentation de voir derrière les chefs-d'œuvre du bras sud du transept les personnalités de Jean Barbe et Olivier Tardif est grande, elle ne peut céder à une logique scientifique. Rien n'atteste clairement, si ce n'est un faisceau de présomptions, l'intervention de ces deux peintres verriers dans la création de ces vitraux." (C. Blondeau)
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Stylistique et technique.
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"L'examen de la peinture révèle une facture homogène au sein des deux vitraux. Les visages, peints majoritairement en grisaille, sont modelés très subtilement avec des rehauts et enlevés progressifs de matière à la brosse. Certains sont toutefois peints en sanguine pour imiter la carnation. Plis, rides, cernes et autres défauts sont marqués et mis en valeur par un jeu de traits fins de grisaille et d'enlevés.
Le peintre verrier a particulièrement souhaité mettre en valeur le caractère des personnages, accentuant les marques de l'âge : rides, plis et anomalies cutanées. Les yeux sont également particulièrement travaillés, comme toujours à Rouen : cernes très importants modelés au lavis sur lequel on ombre le coin extérieur, enlevé à l'aiguille au dessus de la paupière inférieure et surmontés par de grands cils rectilignes tout à fait caractéristiques.
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Photo lavieb-aile.
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Les personnages féminins, plus présent dans le Panégyrique sous forme des Vertus sont moins marqués, sans doute en raison de la nature allégorique de ces représentations. Si les yeux présentent un traitement tout à fait similaire, en revanche l'un des traits marquants de leur visages est le dessin de la bouche, illustrant une expression de hauteur, voire de dédain. Leurs figures sont assez idéalisées représentant des femmes aux profils harmonieux, au long nez droit et toujours aux longs cils.
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Photo lavieb-aile
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Les drapés sont particulièrement soignés : les somptueux vêtements se déversent en une cascade de plis cassés savamment agencés comme la simple robe de la servante remplissant le baquet d'eau lors de la naissance du saint, ou des robes aux manches à crevées et autres tenues parsemées de motifs à damas complexes et d'ornements divers.
[...] Les scènes en intérieur mettent généralement en place les protagonistes sous des architectures à l'antique : pilastres et colonnes peints de grotesques sur lesquels s'accoudent ou s'agenouillent des putti ailés.
Le décor employé afin de magnifier l'architecture appartient sans contexte au vocabulaire antiquisant alors en vogue : masques feuillus, médaillons présentant des profils comme sur les monnaies antiques, bucranes, oves... Le peintre verrier utilise également des carrelages aux couleurs alternées afin de créer un effet de profondeur, dans une perspective assez bien maitrisée.
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Elle a été restaurée à plusieurs reprises, notamment en 1567-1568 par Noël Tardif, et en 1920 par Jules Boulanger.
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Commanditaire.
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La baie 30 est offerte (ADSM, G 2150 4 janvier 1521) par Jacques Le Lieur seigneur de Brametot et l'année 1521 est indiquée par inscription sur le vitrail.
"Jacques Le Lieur faisait partie de la confrérie de Saint-Romain. Son financement de la baie 30 est confirmé par les armoiries insérées dans l’œuvre [?] et sa participation personnelle à l’iconographie de l’œuvre est incontestable. Cet homme était un des acteurs majeurs de la vie politique rouennaise. En 1503, il acquiert l’office de notaire et de secrétaire du roi. En 1517, il est élu conseiller nouveau puis, en 1519, est appelé à siéger aux états de Normandie. Échevin jusqu’en 1541, il devient député aux états de Normandie en 1542. Il fait partie du milieu éclairé rouennais qui a le goût des arts, de la poésie notamment. Il avait visiblement un goût prononcé pour la culture classique, qui se manifeste dans la composition du vitrail. En effet, non seulement les ornementations sont tributaires des influences de l’iconographie de la Renaissance mais, par ailleurs, la légende même de saint Romain – avec l’insertion des vertus personnifiées dans chaque scène – est tout à fait nouvelle dans l’iconographie hagiographique de l’église. Chacune des scènes devient ainsi une allégorie dont la composition est étrangère à la culture iconographique médiévale. Il ne fait donc aucun doute qu’outre son financement, Jacques Le Lieur s’est personnellement investi dans l’iconographie du vitrail. L’iconographie des vitraux paraît avoir été conçue par la confrérie, et notamment par Jacques Le Lieur, sous le contrôle du chapitre, qui jouait lui aussi un rôle essentiel dans le privilège de Saint-Romain." (A. Blaise 2009)
Le Puy des Palinods était une confrérie religieuse dédiée à la sainte Vierge, devenue au fil du temps une académie littéraire et poétique centrée sur l'immaculée conception.
Jacques Le Lieur est très connu des historiens et amateurs de Rouen pour son Livre des Fontaines, réalisé entre 1519 et 1526, et qui montre ses armoiries, et un décor de putti et de dauphins ou chimères qui se retrouve sur le vitrail.
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" L’utilisation des vertus pour définir le devoir de l’évêque nous est confirmée par leur présence réelle au sein d’un vitrail hagiographique du début du XVIe siècle. La baie 30 de la cathédrale décrit parfaitement les vertus nécessaires au saint évêque. La composition du vitrail s’est organisée autour des vertus ; les sept scènes de la vie du saint ont été choisies en fonction des sept vertus cardinales et théologales : la Naissance de saint Romain (Foi), l’Élection du saint par le chapitre (Prudence) , le Privilège de saint Romain (Justice), Il chasse les démons d’un temple païen (Force), Le saint tenté par le démon (Tempérance), sa Mort (toutes les vertus), Saint Romain apparaît au vieillard (Charité) après sa mort, au tympan. Les vertus tiennent dans chaque épisode une place centrale, surtout dans la lancette médiane, ce qui amène à penser que ce sont probablement celles-ci que l’on a voulu représenter avant même de décider des scènes de sa légende. Ce discours religieux sur les vertus de la sainteté est assez classique dans l’iconographie hagiographique. Cependant, les vertus ne sont habituellement que symboliquement évoquées par les actions du saint. Ici, au contraire, elles sont au premier plan. Les épisodes de la vie du saint ne font que les accompagner et deviennent presque un prétexte pour représenter les vertus elles-mêmes. C’est probablement l’évolution artistique du début du XVIe siècle qui permit de faire tant de place à la représentation des vertus dans une œuvre religieuse. Cela confirmerait que c’est avant tout les vertus du saint que l’on voulait voir figurer dans certaines légendes hagiographiques." (A. Blaise)
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L'importance des Vertus à l'époque et à Rouen est confirmée par leur présence sur le portail occidental, mais aussi sur le monument funéraire qui fut élevé de 1516 à 1525 aux deux cardinaux d'Amboise. Voici leur description par A. Deville :
'Entre les sept pilastres, s'arrondissent six niches à caissons, où sont assises six charmantes petites statues ayant trois pieds de hauteur environ. Elles représentent, par allusion au mort, des vertus théologales, ainsi que l'indiquent les inscriptions latines, gravées en lettres d'or, qui sont superposées ce sont, en commençant par la gauche, la Foi, la Charité, la Prudence, la Tempérance, la Force d'âme, et la Justice.
FIDES, LA Foi. Elle tient un livre dans sa main droite, un calice dans la gauche. Cette délicieuse figure porte le riche costume du commencement du XVe siècle; sa tête est couverte de la mante.
CARITAS, LA CHARITÉ. Les attributs de cette figure ont été brisés, mais on voit, par ce qui en reste, qu'elle portait une croix d'une main et un cœur de l'autre. Il faut remarquer sa coiffure à réseau, ses boucles d'oreille à roue avec une grosse perle pendante au milieu, et sa ceinture ornée de perles enchaînées. Le style de cette figure est un peu maniéré.
PRUDENTIA, LA PRUDENCE. Le moelleux de la chevelure est surtout remarquable. Manches à crevés, manteau retenu par un cordon sur la poitrine, robe coupée carrément par-devant. Attributs : flambeau dans la main droite compas dans la main gauche.
TEMPERENCIA, LA TEMPERANCE. Elle tient une horloge dans la main gauche, dans la droite, par allégorie, un frein. Son front est ceint d'un riche bandeau orné de perles. La tête et la poitrine sont couvertes. Il faut admirer le travail de la tunique. Le cadran de cette horloge est divisé en vingt-quatre heures suivant l'usage de l'époque.
FORTITUDO, LA FORCE D'AME. Elle est représentée sous la figure d'un guerrier casqué et cuirassé, qui saisit par le cou un dragon, qu'il arrache du fort où il s'est réfugié. C'est l'image du triomphe de la vertu sur le vice.
IUSTICIA, LA JUSTICE. Cette jolie statue rappelle, pour le faire et pour le costume, la troisième, celle de la Prudence. Elle soutient, dune main, le livre de la loi, sur lequel est tracée une balance; elle porte le glaive nu dans l'autre.
On retrouve cette même figure allégorique au tombeau de François duc de Bretagne, dans la chapelle des Carmes de la cathédrale Nantes. On y voit également la Tempérance à l'horloge et au frein, la Justice portant l'épée et le livre avec les balances, et la Prudence armée du compas. Ces quatre figures occupent debout, les quatre coins du mausolée. Lobineau, dans son Histoire de Bretagne nous apprend qu'on travaillait au tombeau en 1507."
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE SUPÉRIEUR : FIDES, IUSTICIA,TEMPERENCIA.
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Les trois épisodes de la Vie de saint Romain sont (de droite à gauche) sa Naissance, en présence de la Foi, le Privilège de libérer un prisonnier, en présence de la Justice, et la Tentation par une femme, en présence de Tempérance.
La Foi est une vertu théologale, les deux autres des vertus cardinales.
L'intérêt iconographique tient moins à la représentation de l'épisode que dans celle des Vertus sous leur forme allégorique, et dans le choix des attributs qui les caractérisent.
La Foi avec son cierge et sa couronne de laurier.
La Justice avec son épée, sa couronne, et une balance.
La Tempérance avec une horloge et une cloche sur la tête et des bésicles en main.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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FIDES (LA FOI) : NAISSANCE DE SAINT ROMAIN.
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Le panneau décoratif Renaissance.
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Le panneau décoratif est typique de l'art ornemental de la Première Renaissance, tel qu'il a été introduit en Normandie par le cardinal Georges d'Amboise pour le château de Gaillon, et qu'on retrouve aussi dans les marges du Livre des fontaines de Jacques Le Lieur .
On y trouve, dans un jeu spéculaire autour d'un axe de symétrie verticale, deux putti ailés tenant, comme des porte-enseignes des armées romaines, des cartouches, ici muets.
Le principe des métamorphoses et hybridation animales et végétales (déjà présent sur les médaillons du Portail des Libraires, mais ici typiquement Renaissance) greffe sur les rinceaux feuillagés des têtes de chevaux (ou boucs), et des têtes menaçantes de "dauphins", ou des oiseaux affrontés, peut-être des aigles. On trouve aussi des masques de profil, feuillagés et anthropomorphes, tandis que les tiges des rinceaux sont virolés des bagues qui introduisent la participation des fabrications humaines d'orfèvrerie.
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Jacques Le Lieur, Livre des fontaines, Gallica.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La naissance de saint Romain.
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Selon la Vita Sancti Romani, cette naissance relève de la Foi car Félicité, la mère de Romain, ne pouvait avoir d'enfants, jusqu'à ce qu'un ange apparut à son mari Benoit, lui annonçant que sa femme enfanterait.
L'épisode crée donc un parallèle avec l'iconographie de la Nativité de la Vierge, dans laquelle sainte Anne, est alitée tandis qu'un bain est donnée à l'enfant Marie.
L'apparition de l'ange à Benoit est représenté sur le premier des vingt médaillons consacré au saint au Portail de la Calende de la cathédrale.
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La mère de Romain est à demi couchée sur son lit d'accouchée, les mains croisées sur la poitrine. Elle est voilée et porte la guimpe. Il est difficile de préciser la nature de l'objet losangique doré centré par un reflet bleu : un miroir ?
Le baldaquin est frangé de trois couleurs ; le ciel de lit de couleur verte n'est relevé que partiellement.
Une servante portant une coiffe locale à larges ailes, verse de l'eau dans un baquet pour le bain du nouveau-né, tandis qu'un petit chien blanc bondit. Ce chien blanc est très fréquent dans les représentations des demeures seigneuriales, et cet animal de compagnie est un marqueur de l'aristocratie de la famille, en son château des Rochettes de Wy-dit-Joli-Village.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Fides, la Foi.
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La Foi tient l'enfant dans ses bras. Elle tend un cierge allumé vers la mère. Elle porte sur ses longs cheveux blonds une couronne de lauriers, une robe dorée à ceinture bleue, et un manteau parme à revers rouge. La richesse de cet habit confirme que nous n'avons pas affaire à une servante ou une amie de la maman, mais bien à l'allégorie de la Foi.
Les auteurs du Corpus vitrearum voient une église sur la tête de la sainte. ils signalent que le buste et la tête due la Foi sont restaurées, ainsi que les autres têtes sauf celle de la mère du saint.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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IUSTICIA (LA JUSTICE) : LE PRIVILÈGE DE SAINT ROMAIN.
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Le panneau décoratif.
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Nous retrouvons les mêmes éléments ornementaux : rubans, rinceaux à artefacts et bouquets de feuillages, tête de boucs feuillagées sur un cou portant un collier qui les accouple, candélabre central. Mais les deux putti ailés portent sur leur enseigne un cartouche portant la date 1521.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le Privilège de saint Romain.
"Le privilège de saint Romain permettait au chapitre de la cathédrale de Rouen de gracier chaque année un condamné à mort le jour de l'Ascension. Son origine fait partie de la légende de Saint Romain.
Saint Romain, évêque de Rouen au temps de Dagobert (629 - 639), décida de dompter un monstre des eaux, la Gargouille, qui désolait les marais de la rive gauche. Il demanda un compagnon et seul un condamné à mort accepta. Saint Romain passa son étole au cou de la Gargouille, et elle fut menée à la ville, tenue ainsi en laisse par le condamné à mort. Celui-ci fut gracié. Dagobert (ou son fils Clovis II) donna à l'évêque de Rouen saint Ouen le privilège de gracier un condamné chaque année." (Wikipédia) https://fr.wikipedia.org/wiki/Privil%C3%A8ge_de_Saint-Romain
La cérémonie qui se déroule le matin de l'Ascension implique la Confrérie de Saint-Romain, laquelle, avec le chapitre, porte la chasse reliquaire ou "Fierte", en partant du portail des Libraires où la statue de saint Romain le montre tenant en laisse le monstre.
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Comme les deux autres, le verre rouge portant l'inscription IUSTICIA est gravé et peint au jaune d'argent. La Justice se tient dans une salle aux baies vitrées losangées, devant une table où sont placés un reliquaire cylindrique en verre serti, un bras reliquaire à fenêtre vitrée posé sur un coussin de velours carmin, des pièces d'or, et une assiette d'or.
Saint Romain, en évêque avec cape, mitre et chirothèques rouges, lève la crosse tenue en main droite (le joyau perlé de la chirothèque gauche est gravé sur le verre rouge) en direction du bras reliquaire pour faire valoir son privilège, et intercéder auprès de la Justice au profit du criminel qui sera gracié.
Neuf ou dix clercs (des chanoines du chapitre cathédrale ?), certains tonsurés, d'autres coiffés d'un chaperon bleu et vêtus de blancs, discutent avec vivacité.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vertu Justice porte une épée, une balance, et une lampe montée sur une longue hampe. On lit sur l'épée les mots JUSTICE RGN. L'allégorie est coiffée d'une couronne, regarde en haut et à droite. Ses cheveux vénitiens sont aussi longs et son costume est aussi élégant et riche que ceux de la Foi.
La balance est suspendue à la main gauche ; un seul plateau de cuivre est visible.
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Voir ici la Justice représenté par Philippe Galle :
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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TEMPERENTIA (LA TEMPERANCE) : TENTATION DE SAINT ROMAIN PAR UNE FEMME ENVOYÉE PAR LE DÉMON+.
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Le panneau décoratif Renaissance et l'inscription TEMPERENTIA.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Tentation de saint Romain.
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"À la fin de sa vie, le saint homme s'était retiré dans un ermitage pour prier et méditer. Une pauvre femme vint lui demander la charité. Saint Romain hésitait à recevoir une femme mais ne voulait pas non plus manquer à ses devoirs d'hospitalité. Il fit entrer la femme, qui se dévêtit, et dénoua ses cheveux. Saint Romain appela le Seigneur à l'aide, un ange intervint, et précipita le démon dans un puits sans fond." (Wikipédia)
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Le saint, vêtu d'un camail violet, d'un surplis et d'une robe rouge, lève la main droite dans une posture de surprise et de défense. Il se redresse d'un petit banc où il était assis. On voit aussi la croix archiépiscopale et un miroir rond.
Devant lui, une courtisane semble s'éloigner sous l'effet des paroles prononcées par Romain. Elle est coiffée d'un hennin archaïsant, perlé et à cornes mais ses manches à crevés sont de la dernière mode.
Il faut sans doute chercher le démon en haut à droite, s'échappant par un escalier : je distingue une patte palmée au dessus d'une boule bleue centrée de rouge.
Selon Jacques Tanguy, "Usant de ses charmes, cheveux découverts, la femme tenta de la faire chuter. Mais Romain vit les pieds palmés de la créature et, avec l'aide d'un ange la précipita en enfer."
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Tempérance porte un collier de perles sur une robe à décolleté carré. Sa coiffe également perlée et à escarboucle est faite d'une résille. Ces éléments vestimentaires sont proches de ceux des portraits d'Anne de Bretagne.
L'intérêt documentaire des attributs de la Tempérance a été remarqué par les experts tels de Denis Hüe : ce sont, sur sa tête, une horloge à mécanismes dentés surmontés d'une cloche, et en main droite, des binocles.
Elle tient en main gauche une ceinture dotée d'une boucle et de son aiguillon et ornée de fleurons dorés, ceinture ou étole qui forme une boucle à laquelle est suspendu un objet jaune articulé que j'identifie comme son troisième attribut, le mors et ses brides.
Les ferrures de ces brides relèvent de la technique du verre rouge gravé.
Le cadran de l'horloge porte les 12 chiffres horaires autour d'une rosace. La cloche qui la coiffe porte des lettres AWZRG sans signification pour simuler une inscription.
On peut voir la Tempérance tenant une horloge à cloche, assez proche, sur une enluminure de l'Epître d'Othéa de Christine de Pizan.
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Allégorie de la Tempérance, Paris, BnF, Français 606 Christine de Pizan (1364?-1430?) : Épître d'Othéa f.2v : enluminure, par le Maître de l'Epître Othéa :15e siècle. Gallica.
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Selon Denis Hüe ( "Cloche et horloge à Rouen, Jacques le Lieur et le puy"), qui analyse les allégories de la cloche et de l’horloge dans le milieu rouennais, la première dans la poésie, la deuxième dans l’iconographie :
"Entre le Parlement, la cathédrale et l’église des Carmes, Jacques le Lieur a travaillé pour la cité, écrit pour le Puy ou commandé des vitraux ; la cloche et l’horloge y figurent, articulant le temps de la ville et le temps de l’église, le temps de la prière et celui du quotidien ; si l’horloge marque une sorte d’idéal parfait et inaccessible pour de nombreuses raisons, la voix de la cloche peut scander la vie des humains et les rappeler à l’émerveillement de leur Salut. La cloche entretient un lien privilégié avec Marie et l’Incarnation, tandis que l’horloge articule les temps astrologique et céleste et représente la tempérance ou la régulation nécessaires au salut."
Cet emblème ne sert pas qu’à l’identification de la vertu représentée par l’allégorie, il invite à la méditation de différents aspects de cette vertu ; l’horloge devient ici image de la raison qui régule la vie du croyant. Dans cette analyse où tous les éléments, même en apparence disparates, s’imbriquent parfaitement, Denis Hüe montre la cohérence profonde des allégories et la forte relation qu’elles maintenaient avec la réalité : la cloche, chef-d’œuvre de la technologie humaine, est une image parfaite de la Vierge, que l’horloge ne saurait pas représenter : non seulement celle-ci n’est qu’indicatrice du temps, elle rendrait donc la Vierge passive et extérieure à l’œuvre du salut, mais en plus, les horloges de la fin du Moyen Âge pouvaient varier d’un quart d’heure par jour, elles se prêtaient donc peu à évoquer la perfection. (A. Sobczyk)
Mais ces auteurs n'ont pas tous tenu compte des binocles, qui confère à cette Vertu l'attention visuelle et l'acuité du regard ou de l'examen permettant de ne pas être abusé par des apparences. Emile Mâle signale ces lunettes sur la Tempérance d'une tapisserie flamande du palais de Madrid du XVIe siècle. On les retrouve sur le manuscrit BnF Fr 1863 f.2, datant de 1505,, ou sur la gravure de Philippe Galle, associes au mors et à l'horloge.
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La Tempérance par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 B.M. Lyon
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : PRUDENTIA, FORTITUDO, ET SPES.
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Prudentia est couronné de lauriers. Elle tient d'une main un crible, et de l'autre un miroir ; elle porte un cercueil sur sa tête.
Fortitudo porte une enclume sur la tête, elle s'appuie sur une colonne de marbre et brandit un dragon ailé.
Spes, l'Espérance, porte sur la tête un navire de commerce ; et peut-être une ancre.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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PRUDENTIA : L'ELECTION DU SAINT PAR LE CHAPITRE .
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Le panneau décoratif.
Deux putti ailés tenant une lampe et une enseigne entourent une couronne de gloire où un cavalier lève son fouet.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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L'épisode hagiographique.
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J'en ignore la source. Dans un bâtiment de style antique (colonnade à grotesques surmontés de putti ailés, frise à volutes et grotesques), le saint, assis sur une cathèdre au dossier tendu de damas et d'un médaillon, est entouré de cinq chanoines vêtus, comme lui, d'un surplis blanc et coiffés d'un bonnet. Le saint ajoute à cette tenue un camail bleu foncé, une robe rouge et l'aumusse de fourrure à l'avant-bras gauche. Il tend les mains vers ces clercs, et tient dans la main gauche des feuillets.
Agenouillé sur le sol carrelé au pied de l'estrade, un clerc tonsuré est vêtu de rouge, avec sur l'épaule gauche un linge (aumusse ?) bleu.
L'homme debout à droite, en surplis sur une robe rouge, tient un grand livre.
Têtes du "juge", de la Vertu et de l'homme de droite restaurées.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Vertu : PRUDENTIA.
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Elle est couronné de lauriers. Elle tient d'une main un crible, et de l'autre un miroir ; elle porte un cercueil sur sa tête. Cet attribut se retrouve aussi sur la gravure de Philippe Galle.
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La Prudence par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 Bibliothèque municipale de Lyon.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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FORTITUDO : SAINT ROMAIN CHASSE LES DÉMONS D'UN TEMPLE PAÏEN.
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Le panneau décoratif.
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Tous les auteurs (C. Blondeau, C. Callias Bay, etc.) voient dans le motif central, où le corps d'un petit homme le corps se prolonge par des entrelacs, des "liures", une référence au nom de Jacques Le Lieur, notamment par comparaison aux "lieurs" figurant dans le Livre d'Heures (ou recueil de palinods) de la Bibliothèque Municipale de Rouen, Ms Y.226a folios 86 et 108.
Mais je ne partage pas cette opinion : rien ne distingue ces rinceaux tenus par le putti ailé de ceux des autres panneaux décoratifs de ce vitrail, et de l'ensemble des rinceaux Renaissance, comme ceux du tombeau de Thomas James à Dol-de-Bretagne, ou des stalles de Guerche-de-Bretagne (1518-1525), qui présentent des petits personnages similaires.
On peut simplement dire que l'ornementation Renaissance des manuscrits enluminés commandités par Jacques Le Lieur, et ce vitrail qu'il a offert, ont en commun le même répertoire ornemental, introduit par le cardinal d'Amboise à Gaillon.
Par contre, les décors héraldiques ou emblématiques du manuscrit Y.226a renvoient sans ambiguïté au nom est aux armes de leur propriétaire. Et de véritables entrelacs abondent dans les marges.
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Le personnage hybride est nu, ailé, à pagne feuillagé, à pattes animales, et il tient sur sa tête une corbeille de six fruits rouges. Il étend les bras vers des masques anthropomorphes de profil, feuillagés.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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L'épisode de la destruction du temple.
"La destruction du temple païen : saint Romain, parti évangéliser les campagnes environnantes, se trouva un jour face à un temple païen, aux allures de forteresse, sur lequel des démons dansaient. Il invectiva les démons, provoqua le chef des diables, et le temple s'effondra." (Wikipédia)
Ici, Saint Romain, en évêque, trace dans le temple une bénédiction et avance sa croix archiépiscopale, ce qui entraîne la fuite de trois démons (verre bleu gravé et teinté au jaune d'argent en bas).
Sur un piédestal, une idole dorée vacille et chute.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Fortitudo.
La Vertu FORTITUDO assiste le saint. Elle porte le voile et la guimpe, et une robe violette. Elle brandit en main droite un dragon ailé. Sur sa tête, un objet bleu clair évoque une enclume. Sa main gauche entoure une colonne en marbre.
Ce sont bien les attributs de la FORCE, qui se retrouvent sur cette gravure de Brueghel (1561) :
La Force par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 BM Lyon
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SPES, l'ESPÉRANCE : LA MORT DE SAINT ROMAIN.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Dans le dernier épisode, toutes les vertus précédentes, auxquelles se joignent la Charité (qui figure au tympan) et l'Espérance, se retrouvent autour du lit funèbre de saint Romain.
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De gauche à droite : la Force, la Justice, la Foi et l'Espérance.
-La Force est coiffée de l'enclume, elle tient la colonne et maîtrise le dragon ailé .
-La Justice est couronnée, elle tient son épée.
-La Foi est coiffée d'une église et son front est ceint de lauriers. Elle tient le cierge allumé. Elle se tient derrière le crucifix présenté à Romain (ou bien, c'est elle qui présente ce crucifix).
-L'Espérance est coiffé d'un navire à trois mâts. Elle tient en main droite une tige dorée, peut-être la verge d'une ancre dont manquerait la patte.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Prudence, la Tempérance et la Charité.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Prudence.
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Elle est coiffée, au dessus d'une couronne de lauriers, d'un tombeau. Elle tient le crible et le miroir.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Tempérance.
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Elle est coiffée d'une horloge dont le mécanisme agit sur une cloche. Elle tient ses binocles. Sa main gauche tient les brides et le mors sous la forme de larges sangles rouge, et d'un un objet jaune d'or. Ces brides à ferrures d'or, dotée d'une boucle et de son aiguillon comme une ceinture, était déjà bien visible sur sa représentation du registre supérieur.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Charité.
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Nous la reverrons sur le soufflet supérieur du tympan. Elle tient le cœur rouge rayonnant. Il faut le savoir, mais c'est bien d'un phénix se frappant du bec la poitrine pour nourrir ses petits dont elle est coiffée. Il faudrait que je revienne me livrer à une nouvelle campagne photographique maintenant que j'ai déchiffré tous les secrets de ce vitrail.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TYMPAN : LA MESSE DITE PAR SAINT ROMAIN ; LA CHARITÉ.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Parmi les ajours du tympan, trois soufflets illustrent comment saint Romain est apparu à un vieillard.
La Vie de saint Romain rapporte en effet la vision d'un vieillard qui venait souvent à l'église avant matines . Un dimanche , il vit saint Romain entouré d'évêques et célébrant pontificalement la messe .
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Le soufflet supérieur montre ce vieillard observant mains jointes et derrière un rideau vert l'évêque Romain (sa mitre posée sur l'autel) célébrant la messe.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La Charité.
À gauche, la Charité assiste aussi à la scène, tenant le cœur rouge rayonnant qui est son attribut. Sur sa coiffe est posé un pélican nourrissant ses petits en se déchirant la poitrine. Ces attributs se retrouvent sur l'estampe de Philippe Gall et Brueghel :
La Charité par Galle, Philippe, 1537-1612 Bruegel, Pieter, 1525?-1569 Bibliothèque municipale de Lyon
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Les deux soufflets inférieurs.
De chaque côté, cinq évêques sont tournés mains jointes vers la messe célébrée par Romain. Deux têtes ont été refaites.
On peut les considérer, d'après le récit de la vison du vieillard, comme les dix premiers évêques de Rouen, dont saint Nicaise, Mellon, Avitien, Sever, Victrice, Evode et Godard.
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE SOUBASSEMENT (1920).
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La baie n°30 ou Panégyrique de saint Romain (1521) de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— Maurice ALLINE 1913, Les vitraux de la chapelle Saint - Romain à la cathédrale de Rouen . Étude iconographique , Rouen , 1913 ( extr . Congrès du Millénaire de la Normandie , t . II , 1912 )
— BASE PALISSY - POP-CULTURE Notice du Patrimoine base Palissy IM76002007
— BLAISE (Alexandra), 2009, Les représentations hagiographiques à Rouen à la fin du Moyen Âge (vers 1280-vers 1530), thèse d'Histoire de l'Art Paris IV Sorbonne sous la direction de F. Joubert.
— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— BnF NAF 10721 Recueil de vies de saints, en prose et vers français. XVIe siècle. Ici commence la vie et legende de monseigneur saint romain
— POMEL (Fabienn), 2012. Pour une approche littéraire des cloches et horloges médiévales : réflexions méthodologiques et essai de synthèse. Cloches et horloges dans les textes médiévaux : mesurer et maîtriser le temps / sous la direction de Fabienne Pomel, Presses universitaires de Rennes, pp.9-32, 2012, 978-2-7535-2008-0. ffhal-01615587
https://hal.univ-rennes2.fr/hal-01615587/document
— SOBCZYK (Agata), 2014, « Cloches et horloges dans les textes médiévaux », Perspectives médiévales
https://journals.openedition.org/peme/5108
—VASSEUR (Roland), 1956, Étude iconographique des statues de la tour Saint-Maclou de Mantes. Le Mantois 7 ― 1956: Bulletin de la Société «Les Amis du Mantois » (nouvelle série). Mantes-la-Jolie, Imprimerie Mantaise, 1956, p. 16-21.
Des figures nouvelles apparaissent pour la première fois dans un manuscrit enluminé à Rouen en 1470. Elles n’ont plus rien de commun avec les représentations antérieures. Cette transformation profonde du thème a été étudiée par Émile Mâle, qui en attribue l’invention à la fantaisie individuelle d’un bel esprit de Rouen5 . Les Vertus deviennent symboliques. Elles se chargent d’attributs, portent d’extravagantes coiffures en équilibre sur leur tête: la Foi, une église; l’Espérance, un navire; la Charité, un pélican avec sa piété; la Prudence, un cercueil. On trouve encore beaucoup d’autres attributs plus inattendus, parmi lesquels un tri se fit bientôt, et voici comment, en France, se présentent les Vertus dans les premières années du XVIe siècle: la Foi tient le livre des Saintes Écritures; l’Espérance, une bêche, une ruche, ou un navire; la Charité tient le monogramme rayonnant du Christ et un cœur; la Force arrache un dragon d’une tour; la Justice porte les balances et l’épée; la Tempérance a une horloge et un mors; la Prudence, un crible et un miroir. C’est alors que s’introduit en France l’iconographie italienne. En Italie, les représentations des Vertus, héritage de l’art français du XIIIe siècle, sont, au XIVe et au XVe siècles, beaucoup plus nombreuses qu’en France. Cette fréquence s’explique par les traditions de l’art funéraire. Dès le XIVe siècle en effet les Vertus entrent dans la décoration des tombeaux italiens avec des attributs quelque peu différents de ceux que nous avons vus jusqu’ici: la Foi tient un calice; l’Espérance lève les mains au ciel; la Charité recueille et allaite des enfants; la Force tient dans ses bras une colonne; la Justice, comme en France, porte balances et épée; la Tempérance mêle de l’eau au vin; la Prudence a un double visage (jeune d’un côté et vieux de l’autre). On assiste bientôt à une italianisation partielle des représentations françaises. L’art funéraire propage les nouveaux thèmes. Au tombeau de François II de Bretagne, à Nantes, se mêlent déjà les deux traditions. De même, plus près de chez nous, au tombeau des cardinaux d’Amboise à Rouen et au tombeau de Pierre de Roncherolle à Écouis (il ne reste de ce dernier tombeau qu’un dessin de Millin). Malgré l’emprise italienne, la tradition française résiste longtemps. Les attributs restent français au tombeau du cardinal Hémard, à Amiens, et aux stalles de Gaillon. Mais le triomphe de l’italianisme est total au tombeau de Henri II.
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1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)