Le tombeau de Jehan Le Scaff, sénéchal en 1500-1539 et d'Anne du Bois dame de Kerlosquet ( Kergoët) dans un enfeu de la chapelle Saint-Roch du bas-côté sud de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. Kersantite et marbre noir, deuxième moitié du XVIe siècle, ou XVIIe siècle ?
Les armoiries (restaurées en 1840) de la famille Richard en clé de voûte de la chapelle.
Les Richard sont armoriés : d’azur au rencontre de cerf d’or surmonté d’une étoile à huit rais d’argent accosté de deux roses de même et ont pour devise « Meuli Doue » (Louez Dieu), alias « Dominus in circuitu », ("le seigneur Dieu est tout autour" ?)
C'est le chanoine Richard qui a fait construire vers 1535 la Maison Prébendale dont s'enorgueillit à juste titre la ville.
https://www.saintpoldeleon.fr/maison-prebendale
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Guy Le Borgne, dans son Armorial Breton de 1667, indique :
"Richard jadis à Kerriel et Ponchasteau près Lesneven, Kerja en Plestin évesché de Tréguier et autres, d’azur au massacre de cerf d’or surmonté d’une rose de gueulle et acostée de deux tourteaux de mesme en pointe ; l’un des trente chevaliers choisis pour combattre à la bataille de Trente, estoit de cette famille-là."
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Armes de la famille LE SCAFF, 1840. Clef de voûte de la chapelle Saint-Roch, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
Armes et devise de la famille LE SCAFF, 1840. Clef de voûte de la chapelle Saint-Roch, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
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Le panneau armorié en kersanton du monument funéraire.
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Classé le 4 décembre 1914
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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
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Les armoiries mi-parti LE SCAFF/RICHARD à gauche, présentées par deux lions.
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1°) Éléments héraldiques.
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Les armoiries de la famille LE SCAFF de gueules à la croix d'or frettée d'azur.
Le "fretté" est un composé de cotices entrelacées, mises en diagonale, ordinairement par trois, en bande et en barre. Donc un motif à croisillons.
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On trouve dans le Nobiliaire de Pol de Courcy :
SCAFF (LE), sieur de Kerriel, paroisse de Plouguin, sieur de Kergoët, paroisse de Guiclan. Réformation. et montres de 1427 à 1538, paroisse de Plouguin , évêché de Léon. De gueules a la croix d'or frettée d'azur; aliàs : cantonnée à dextre d'une merlette d'or.
Jean, sénéchal de Léon en 1500, épouse Jeanne, dame de Kergoët. Fondu dans Richard.
SCAFF (le), sieur de Kerriel, par. de Tréglonou, — de Kergoët, paroisse de Guiclan. Réformations et montres de 1427 à 1538, par. de Plouguin, év. de Léon. De gueules à la croix d’or, frettée d’azur ; aliàs : cantonnée à dextre d’une merlette d’or.
Jean, sénéchal de Léon en 1500, épouse Anne du Bois, de la maison de Kerlosquet. La branche de Kerriel fondue dans Richard ; la branche de Kergoet fondue en 1555 dans du Chastel-Mezle.
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Un missire Jehan Le SCAFF est bien mentionné dans un acte d'archive comme docteur es lois et sénéchal à la cour de Saint-Pol, en date du 27 février 1539. (Société d'Emulation des Côtes du Nord 1903 p. 75.
Les armoiries Le Scaff sont également présentes à l'église de Saint-Divy.
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2°) Données biographiques et généalogiques.
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L'épitaphe, qui sera détaillée infra, attribue ce monument à Jehan Le Scaff, sénéchal du Léon en 1500, et à sa compagne Anne DU BOIS, dame de Kergoët .
Les familles DU BOIS sont très nombreuses. On considère qu'il s'agit ici de DU BOIS, sieurs de Kerlosquet et de Beuzit, paroisse du Minihy de Saint-Pol-de-Léon, blasonnant d'argent au cyprès de sinople. Le manoir de Kerlosquet, sur la route de Plouénan, est proche de Saint-Pol-de-Léon.
Selon le Nobiliaire :
Bois (du), sieur de Kerlosquet et du Beuzit, paroisse du Minihy de Léon. Réformations et montres de 1448 à 1534, paroisse de Plouénan et du Minihy, évêché de Léon. D’argent au cyprès de sinople.
Michel Mauguin, dans Kerlouan héraldique, décrit le blason mi-parti de Marguerite Du Bois, décédée le 9-5-1694 à Landerneau.
Pol de Courcy signale, après le mariage de Jehan Le Scaff et d'Anne du Bois, deux branches, qui correspondent d'ailleurs aux deux blasons : celle des RICHARD et celle des KERGOËT.
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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
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Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
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Les armoiries mi-parti LE SCAFF/KERGOAT à gauche, présentées par deux lions.
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Ces lions présentent le blason correspondant à la branche Kergoët des Le Scaff. Le panneau de kersanton du monument funéraire est donc (très) postérieure à la date de 1500 mentionnée par l'épitaphe de Jehan Le Scaff et d'Anne du Bois.
Les armes des Le Scaff sont du côté gauche (pour nous), côté réservé à la famille de l'époux, et les armes des Kergoat ou Kergoët sont à notre droite, côté réservé à l'épouse. On y reconnaît le cyprès avec ses racines, son tronc et sa frondaison. Si ce blason a été peint jadis, l'arbre était vert (de cinople) sur fond blanc (d'argent).
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On lit dans le Nobiliaire :
KERGOËT (DE), sieur dudit lieu et de Guernjahan, paroisse de Guiclan. Réformation et montres de 1427 a 1534, dite paroisse, évêché de Léon. Fondu dans Le Scaff. Moderne : Oriot.
Ou encore :
De Kergoet, Sr. de Guernjahan ; fondu dans Le Scaff, puis Oriot.oryot
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Voici les données généalogiques que je retrouve en ligne :
Un Jean LE SCAFF seigneur de Kerriel a épousé Jeanne de KERGOET. Leur fille Marie LE SCAFF dame du Mesle épousa le 2 septembre 1575 Antoine du Chastel, seigneur de Mezle et de Châteaugal d'où 4 ou5 enfants.
Un Georges LE SCAFF, licencié en droit et sénéchal de Léon, sieur de Kériel, eut une fille unique, qui épousa Anthoine du Chastel, seigneur de Mezle et de Châteaugal.
Une Marie Le Scaff épousa en 1574 Jean V de Penfentenyo :
"Jehan de Penfentenyo a également épousé (3ème épouse) MARIE LE SCAFF , fille du Seigneur Kerriel ...Jean LE SCAFF xJeanne de KERGOET , le 24/2/1574.., fille unique de de KERGOET (Guiclan) veuve d'Antoine du CHASTEL , sa mère Anne DU BOIS ..."
Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
Armoiries des alliances de la famille LE SCAFF, kersanton, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022, cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022
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L'épitaphe (XVIIe ?), sur marbre noir.
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a) Le texte.
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ICI REPOSENT
JEHAN LE SCAFF, SENESCHAL DE LEON EN MVc
&
ANNE DV BOIS SA COMPAIGNE, SIEVR & DAME DE KGOËT
o visqvis ades sic morte cades Sta, respice , plora ,
Svm quod eris , modicvm cineris , pro me precor , ora
Vermibvs hic donor, sic transit glor
Et velvt hic honor, ponitvr omnis honor
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b) La transcription et la traduction des distiques.
Quisquis ades, sic morte cades ; Ita, respice, plora; sum quod eris, modicum Cineris, pro me precor, ora.
Vermibus hic donor, sic transit gloria mundi, Et velut hic ponor, ponitur omnis homo.
«Qui que tu sois, ici présent, c'est ainsi que tu tomberas sous les coups de la mort; Arrête toi, regarde, pleure ; . Je suis ce que tu seras, un peu de cendre, prie pour moi, je t'en supplie.
Ici je suis la proie des vers, Ainsi passe la gloire du monde, et comme je suis ici déposé, ainsi l'est tout homme."
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c) les sources des quatre vers léonins.
Chacun de ces distiques a été publié par Philippe Labbé dans son recueil d'épitaphes de 1666, mais en les attribuant à des auteurs différents : le premier dans le tome I (page 110) et le second dans le tome II page 370.
Faut-il estimer que la table de marbre noire est postérieure à ce recueil ?
Philippe Labbe · 1666 Thesaurus epitaphiorum veterum ac recentium, selectorum ex ..., Paris page 110
Pourtant, ce deuxième distique, avec ses rimes en -or, est retrouvé dès le XVe siècle :
— FAVREAU (Robert), 2000, Les inscriptions du XVe siècle en France. Gertrude Mras; Renate Kohn. Epigraphik 2000 : neunte Fachtagung für mittelalterliche und neuzeitliche Epigraphik Klosterneuburg, 9.-12. Oktober 2000, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, pp.131-151, 2006, 978-3-7001- 3634-7. ffhalshs-03322724f
À Attigny (Ardennes) une brève épitaphe en prose et en français indique le décès d’un chanoine de grande science Jacques d’Attigny, docteur en droit, décédé en 1438. Elle est suivie de dix hexamètres latins dont tous les hémistiches et toutes les finales sont en -or . On la rapprochera de deux vers de l’épitaphe du chanoine Jean de Neuilly-Saint-Front à Notre-Dame de Paris, et de l’épitaphe de l’abbé de Saint-Martin de Laon Pierre du Pont où l’on a le même procédé : VERMIBUS HIC DONOR, ET SIC OSTENDERE CONOR QUALITER HIC PONOR, PONITUR OMNIS HONOR « Ici je suis donné aux vers, et ainsi je m’efforce de montrer que de la même manière que je suis ici déposé, tout honneur est déposé ». Jean de Neuilly-Saint-Front avait ordonné que sur sa tombe soient écrits ces deux vers (Émile CHENON, « Testaments du règne de Charles VI », Bulletin Société Antiquaires de France, 1915, p. 135. Le tombeau de Pierre du Pont représentait le cadavre rongé de vers d’un abbé avec sa crosse et sa mitre (L. Broche « Laon », Congrès archéologique de France, Reims 1911. t. 1. p. 238). Voir H. WALTHER, Carmina ... I/1 (n° 2), p. 1060. n° 20209, et II/5, Proverbia sententiaeque latinita Medii Aevi, l967, p. 677, n° 33161a. .
Enfin, on remarquera que toutes les versions de ces vers font débuter le deuxième par le mot qualiter ("ainsi que, comme").
Sur la pierre funéraire St-Pol-de-Léon, les mots synonymes etvelvt ("et comme") ne sont pas attestés ailleurs.
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Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022.
Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022
Epitaphe sur plaque de marbre noir du monument funéraire de Jehan Le Scaff et Anne de Kergoët (sic), cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Photographie lavieb-aile août 2022
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LES VITRAUX PEUT-ÊTRE OFFERTS PAR JEAN LE SCAFF ET ANNE .
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"Seules trois verrières de la cathédrale contiennent encore des vitraux anciens ; encore sont-elles largement recomposées.
"La baie 14, située dans l'une des chapelles du déambulatoire sud, a été offerte par la famille Le Scaff dans la seconde moitié du xvie siècle ; elle a été très recomposée en 1884. Composée de trois lancettes et d'un tympan à sept ajours, elle figure au tympan un écu moderne, entouré d'anges musiciens également modernes. Dans la lancette gauche, on voit un donateur agenouillé, peut-être Jean Le Scaff, protégé par saint Jean Baptiste ; il ne reste plus du panneau ancien que des fragments (jambes du saint et quelques fragments du costume du donateur). Au centre, une scène de l'Enfer, dans une architecture Renaissance, est bien conservée du xvie siècle. Enfin, à droite, une donatrice, peut-être Anne du Bois, est présentée par sainte Anne et saint Jean l’Évangéliste. Cette lancette est bien conservée, notamment la jupe armoriée est en partie ancienne." (d'après Wikipédia et Gatouillat)
Françoise Gatouillat et Michel Hérold, « Saint-Pol-de-Léon. Cathédrale Saint-Paul-Aurélien », dans Les vitraux de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Corpus Vitrearum / Recensement des vitraux anciens de la France » (no 7), 2005, 367 p. p. 193-194.
En résumé, pour notre sujet, parmi les documents héraldiques, seule la jupe de la donatrice est en partie ancienne. On reconnait sur cette jupe la croix frettée des armes Le Scaff . En outre, ces vitraux sont datés de la seconde moitié du XVIe siècle par Gatouillat et Hérold, ce qui est un peu tardif pour un don par un homme occupant un poste de sénéchal en 1500. On peut avancer l'hypothèse d'un don par leurs descendants.
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GFREIHALTER WIKIPEDIA
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GFREIHALTER WIKIPEDIA
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GFREIHALTER WIKIPEDIA
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SOURCES ET LIENS.
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— BROUCKE (Paul-François) , 2012, mémoire de master, soutenu à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) à Quimper, consacré au chantier de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon, inédit.
A la voûte de cette chapelle nous voyons les deux écus suivants: d'argent à deux chevrons de sable, armes de la famille de Kerrom. Le second porte : Ecartelé au 1. et 4. d'or, au lion d'azur brisé en l'épaule d'une tour portée sur une roue d'argent; qui est Carman-Lesquelen; aux 2 et 3 d'azur, à la fasce d'hermines, accmnpagnée de trois feuilles rie laurier d'or, avec la devise : Ioul Doue la , volonté de Dieu. Ce sont les armes de la famille de Kerliviry de Cléder.
Dans cette chapelle deux vieux vitraux, dont l'un restauré dernièrement représente dans le panneau du milieu, l'enfer; des diables de toutes couleurs et de toutes formes s'agitent dans la fournaise ; au-dessus plane un ange à l'épée flamboyante ; au-dessous l'inscription : Sanctum et terribile nomen ejus, son nom est saint et terrible ; snr un petit cartouche les mots : Domine in nomine tuo, dœmonia subjiciuntur nobis : Seigneur, en ton nom les démons nous son..t soumis ; dans les lobes flamboyants : Et cruciabuntur igne et sulfure, et ils seront châtiés par le feu et par le soufre, angelorum in conspectu, en présence des anges. Dans le panneau de gauche un chevalier est à genoux, saint Jean se tient derrière lui, ecce agnus dei ; dans le panneau de droite, une noble dame est en prière, derrière elle un prêtre tient un calice. Au haut du vitrail les armes de la famille Le Scaff: De gueules à la croix frettée d'azur.
Un sénéchal de Léon à la fin du xv• siècle, appartenait à cette famille; son tombeau se trouve dans l'enfeu en accolade audessous de ce vitrail ; le tombeau porte en bosse sur la partie antérieure deux écus tenus par deux léopards grossièrement sculptés : mi parti : de gueules à la croix d'or frettée d'azur, qui est Le Scaff; et d'azur alf rencontre de cerf surmonté d'une rose d'argent et accosté de 2 besants de même, qui est Richard. Le second écu porte: mi parti : d'azur au rencontre de cerf, qui est Richard ; et d'argent au cyprès de sinople, qui est du Bois.
Sur la pierre tombale nous lisons l'inscription suivante très pieuse et très belle : Ici repose Jehan Le Scaff, sénéchal de Léon en MV et Anne du Bois sa compagne, sieur et dame de !{goët (les Le Scaff ont retenu les armes des Kergoët).
Quisquis ades, sic morte cades ; Ita, respice, plora; sum quod eris, modicum Cineris, pro me precor, ora. Vermibus hic donor, sic transit gloria mundi, Et velut hic ponor, ponitur omnis homo. «Qui que tu sois, ici présent, c'est ainsi que tu tomberas sous les coups de la mort; Arrête toi, regarde, pleure ; . Je suis ce que tu seras, un peu de cendre, prie pour moi, je t'en supplie. Ici je suis la proie des vers, Ainsi passe la gloire du monde, et comme je suis ici déposé, ainsi l'est tout homme."
—MAUGUIN (Michel) Les pierres armoriées de l'église Saint-Pierre (XVII e siècle) Guiclan
Voir les 29 Passions des verrières du Finistère au XVIe siècle dont beaucoup sont dues à l'atelier Le Sodec à Quimper. Le Corpus Vitrearum VII permet d'en dresser une chronologie :
3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen : Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat).
3e quart XVIe siècle Tréguennec ; Attribuable à l'atelier Le Sodec. 5 lancettes dont une Grande Crucifixion centrale.
3e quart XVIe siècle : Ploudiry. 3 lancettes consacrées à une Grande Crucifixion, proche de celles de La Roche-Maurice, La Martyre, etc.
4e quart XVIe : Pont-Croix. Attribuable à l'atelier Le Sodec. 6 lancettes de la Vie du Christ à un couple de donateurs (Rosmadec).
Parmi les Passions finistériennes il faut distinguer les verrières comportant ou bien des scènes de la Vie du Christ dont la Passion, ou bien des scènes de la Passion, ou bien de Grandes Crucifixions soit centrales au centre d'autres scènes, soit occupant toute la vitre. La maîtresse-vitre du Juch appartient à ces dernières.
On la comparera donc avec intérêt aux verrières de La Roche-Maurice, La Martyre et Tourc'h — et Saint-Mathieu de Quimper qui en est la copie—, mais surtout avec celles de Guengat, Guimiliau, Gouezec, Quéménéven et Ploudiry.
Tous ces vitraux sont attribués à l'atelier Le Sodec de Quimper. Ils ont, outre cette composition, et leur proximité géographique, des points communs temporels (entre 1535 et 1560 environ) et stylistiques.
On notera en particulier la fréquence des inscriptions de lettres, souvent edépourvues de sens, sur les galons des vêtements et les harnachements, et d'autre part, la représentation de larmes sous les yeux de Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied du calvaire, sur laquelle je m'attarderai.
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Cette seule appartenance à un ensemble thématique et stylistique suffirait à donner à la maîtresse-vitre du Juch une grande valeur, mais nous verrons que la maîtrise de la peinture sur verre s'y révèle remarquable.
Pourtant, René Couffon la décrivit comme "une œuvre exécutée à bon marché".
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René Couffon est celui qui, en 1945, dans son article "La peinture sur verre en Bretagne. Origine de quelques verrières au XVIe siècle", étudie et dénombre les Grandes Crucifixions du Finistère où la Crucifixion occupe une superficie six fois plus importante que celle des autres scènes.
Il en décrit un premier groupe qualifié de prototype, associant la maîtresse-vitre de La Martyre, choisit comme type, de La Roche-Maurice (1535), de Saint-Mathieu de Quimper et de Tourc'h. Auquel il ajoute les vitres aujourd'hui perdues, mais connues par description, de l'abbaye de Daoulas (vers 1530), et de Trémaouezan (v. 1555).
Il y reconnait l'influence des peintres des Pays-Bas et de Dürer, et prétend lire le nom de Jost à La Martyre, nom qu'il relit à Jost de Negker, qui travailla à Anvers et puis à Augsbourg.
Depuis, cette inscription n'a pas été retrouvée, mais l'attribution de cette verrière à ce Jost de Negker est encore reprise en copié-collé d'auteurs en auteurs. Au contraire, ces vitraux sont aujourd'hui attribués à un atelier quimpérois.
De même, il attribue la verrière de La Roche-Maurice à Laurent Sodec, verrier quimpérois, sur la simple constatation des "initiales" L.S sur un galon.
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À ce premier groupe il associe les vitres "aux costumes rajeunies" de Ploudiry, Le Juch et La Véronique à Bannalec [malgré sa date de 1622], puis celles de Gouezec (1571), Guengat (1571), Lababan en Pouldreuzic (1573), Langolen (1575), Pleyben, et Tréflénevez (vers 1590).
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Depuis cet article de 1945, aucune étude critique et approfondie de cette trentaine de Crucifixions n'a été conduite, et aucun travail de synthèse sur l'atelier quimpérois qu'on s'accorde à nommer Le Sodec n'a été publié.
L'ensemble des articles de ce blog souhaite y contribuer, mais chaque découverte d'un site pas encore visité, ou chacune des re-visites d'un site déjà étudié, montre combien il faut approfondir l'examen, et, a contrario, combien il faut se laisser saisir par l'enthousiasme admiratif. Revenir souvent. Varier les heures et condition d'éclairage, s'ouvrir à la surprise.
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La Passion (XVe siècle. Vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle. Vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle. Vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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LA LANCETTE A (PREMIÈRE À GAUCHE).
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La Passion (XVe siècle. Vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les dais.
Les dais des hauts des lancettes sont peints en grisaille sur verre blanc avec rehaut au jaune d'argent. Ils associent trois gables à crochets et fleuron, aérés d'un quatre-feuilles, et des pinacles, dans le style gothique.
Ils datent selon Gatouillat et Hérold de la fin du XVe siècle.
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La Passion (XVe siècle. Vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Buste d'un saint diacre : saint Maudet ? Vers 1540.
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Il était autrefois placé à côté de la donatrice que décrit Abgrall en lancette B. Et c'est Abgrall qui l'assimile à saint Maudet "en dalmatique rouge".
Saint Maudez ou Maudet est le co-patron, après Notre-Dame, de l'église du Juch. Ce saint bien vénéré en Côte d'Armor serait venu d'Irlande au Ve siècle pour évangéliser la région et fonder un ermitage. Il est souvent représenté en évêque.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Maudez
Ici, rien ne permet de préciser son identité, mais il est tête nue, tonsuré, portant une étole sur sa dalmatique. La tête a été restaurée à la fin du XVIe siècle, en associant grisaille avec le jaune d'argent pour les ombres et les cheveux. Le visage est finement hachuré par le passage d'un pinceau large.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Marie-Madeleine, la Vierge et Jean en pleurs au calvaire.
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C'est une scène culte qui se retrouve dans la plupart des Crucifixions, mais par inversion du carton, Jean se trouve soit à droite soit à gauche de la Vierge.
Les trois personnages sont nimbés d'un disque d'or rayonnant. La Vierge au centre, tête inclinée, voilée de son grand manteau bleu, portant la guimpe blanche, et vêtue d'une robe mauve, serrée par une ceinture nouée, croise les mains devant la poitrine.
Le galon de son manteau porte les lettres TCR et MOB---, en haut et NS/ONPRI/IN en bas
Le galon de la robe porte les lettres REOM.
On voit que ces lettres sont dépourvues de sens. Il est tentant pour certains esprits amateurs d'ésotérisme d'y rechercher un sens caché, ou uns signature, mais la répétition de ces lettres aléatoires sur l'ensemble du corpus de l'atelier quimpérois montre que le parti-pris est bien de créer une illusion d'inscriptions sacrées.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Sainte Marie-Madeleine essuyant ses larmes.
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Marie-Madeleine (ou du moins une sainte femme, car nous ne pouvons identifier le personnage par son attribut, le flacon d'aromates ; mais les larmes lui est un second attribut ) a ses beaux cheveux blonds recouverts d'un voile qui fait retour devant sa poitrine. Et c'est sans doute de ce voile qu'elle essuie son œil gauche.
Elle porte aussi un manteau rouge et une robe verte.
En fait, un examen attentif montre que le flacon d'aromates est bien présent, mais qu'il se confond avec la robe verte. C'est bien Marie-Madeleine.
Ce geste par lequel elle essuie ses pleurs avec un linge se retrouve sur beaucoup de Déplorations finistériennes, et certainement sur des enluminures et peintures de façon générale : ce geste est encore l'un de ses attributs.
Ce premier portrait (le vitrail en recèle un grand nombre) et de portrait en pleurs (quatre au total) mérite toute notre attention. Les clichés doivent être sous-exposés pour révéler les trésors de virtuosité. Nous avons affaire à une œuvre de peinture sur verre de première force.
Le premier cliché, trop clair, montre l'élégance du trait en grisaille sombre.
Le deuxième cliché permet de les nuances d'utilisation de la sanguine (ou Jean Cousin) pour les carnations. Les cheveux sont rendus par des lignes en enlevé sur une grisaille sombre, peinte ensuite au jaune d'argent.
Le modelé du visage tient au fond ocre rose de sanguine, affaibli par estompage au dessus des pommettes, ou rehaussé par hachurage sur les joues, le menton et les ailes du nez.
Des lignes ocres soulignent les rides du front, ou l'arête du nez.
Les yeux associent le trait (de grisaille et de sanguine), les ombrages, et l'enlevé.
C'est cette technique de l'enlevé, du bout du pinceau ou avec une autre pointe, du fond de sanguine qui est utilisée pour les larmes.
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Les trois larmes.
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Cette tradition se retrouve constamment sur les Crucifixions finistériennes, mais encore faut-il la rechercher avec soin, aux jumelles puissantes ou au zoom, en ne laissant pas la lumière dissimuler ces traits blancs.
Elle est contemporaine de l'attachement de l'atelier Prigent de Landerneau (1527-1577) de placer, sous les mêmes personnages (Jean, la Vierge, Marie-Madeleine, et aussi Marie-Madeleine agenouillée au pied de la Croix) de leurs calvaires en kersanton trois larmes de pierre, fines mais s'épaississant en une goutte terminale.
Les calvaires et Déplorations de l'atelier Prigent :
Les larmes de la peinture sur verre ont le même nombre, et la même forme que celles des sculpteurs sur pierre : un long filet s'achève par une gouttelette, tout cela en blanc par enlevé de la sanguine.
Mais le peintre ajoute un très discret détail que le sculpteur peine à rendre : il trace, toujours par enlevé, un petit lac lacrymal sur la paupière inférieure en blanchissant la conjonctive.
Notre premier exemple, celui de Marie-Madeleine, n'est pas typique car seules deux larmes sont visibles. Mais les exemples suivants confirmeront ma description.
Soue l'œil gauche, l'artiste a peint la paupière humide et le début de l'écoulement d'une larme avant que le mouchoir ne vienne la tamponner.
Pour peu qu'on veuille se donner la peine de les observer, ces détails sont là, intacts depuis 500 ans, et éminemment émouvants.
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J'ai déjà signalé dans ce blog combien cette effusion lacrymale relève, non pas seulement d'un souci de réalisme, mais d'une mystique de la participation aux souffrances du Christ, où la contemplation méditative du sang versé par le Rédempteur doit susciter, en retour, chez le fidèle, le versement des larmes. Et J'ai montré comment Marie-Madeleine était le modèle proposé à l'adepte de cette devotio moderna et d'abord, avant tout, aux moines des couvents franciscains pour l'initier à une Imitation à l'empathie et à la gratitude, non pas cérébrale, mais émotionnelle.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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La Vierge éplorée.
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Le dessin au trait à la grisaille.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les nuances à la sanguine.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les trois larmes, et la paupière inférieure noyée.
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Ces clichés peuvent aussi permettre d'étudier combien le peintre est attentif au reflet cornéen, jamais stéréotypé, mais s'adaptant à la direction du regard.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Saint Jean.
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Le dessin au trait de grisaille.
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Notez aussi, parce que ce détail est presque constant en sculpture sur kersantite pour les apôtres, la fente de la robe, et son bouton.
Jean est vêtu d'un manteau rouge et d'une robe violette serrée par une ceinture. Il soutient la Vierge en enlaçant son épaule droite tandis que sa main gauche se tend, en symétrie avec le geste de Marie-Madeleine, vers le genou de Marie et le pan de son manteau.
Au dessus de son pied, on lit les lettres NORT.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Le modelé à la sanguine. Les cheveux sont tracés par enlevé de grisaille.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les trois larmes.
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Le regard, comme chaviré, est emporté par l'émotion vers le haut.
Le reflet cornéen forme un arc, renforcé (sublime souci du détail infime) par une virgule blanche.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
Schéma lavieb-aile juillet 2022.
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Etude comparative de saint Jean dans quelques Crucifixions.
Les larmes sont plus ou moins bien visibles, mais sont toujours là. Le même carton, ou du moins le même modèle, est réutilisé par l'atelier, parfois en le retournant. La démonstration pourrait être étendue aux autres Crucifixions avec le même résultat.
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Guimiliau
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La Roche-Maurice
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Saint-Gouezec.
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Les inscriptions du galon du manteau bleu et de la robe vieux-rose de la Vierge.
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Sur le manteau (sous réserve) :
TOR ---AOB H
NS --IONPRI --NS
NORT
sur la robe :
RL---
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Au total, comme c'est si souvent le cas sur les vitraux de Le Sodec que cela ne peut être un hasard ou un mauvaise transcription, ces séquences de lettres sont dépourvues de sens et ont une visée ornementale de trompe-l'œil.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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La macédoine de la partie inférieure.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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LA LANCETTE B : LE BON LARRON.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Le Bon Larron tourne son visage vers le Christ pour témoigner de sa foi : un ange emporte son âme vers les Cieux.
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Là encore, la proximité avec les calvaires sculptés, notamment, par l'atelier Prigent est évidente, par la forme de la traverse, la façon de lier les larrons par les bras, mais de n'attacher qu'une seule jambe, l'autre étant brisée par les soldats. Ou encore par la culotte à crevés et par l' importante braguette nouée par des aiguillettes.
Un cavalier romain, en armure, assure la garde, la lance en main.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Tête de saint Pierre (détail isolé de la scène où Pierre tranche l'oreille du serviteur du grand prêtre).
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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LA LANCETTE C : LE CHRIST EN CROIX ET MARIE-MADELEINE EN PLEURS.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Dans le dais de la fin du XVe siècle, un fragment d'inscription.
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ES NON HREI
IS TUI
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Le Christ en croix sous le titulus INRI entre les lances, un oriflamme, et la hampe portant l'éponge de vinaigre.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les détails du visage (rides, cheveux, barbe ) sont traités en enlevé sur la grisaille et la sanguine.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Le sang des plaies est soigneusement représenté à la sanguine.
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L'importance de ces représentations est considérable, car ces Crucifixions ne se comprennent que dans une dévotion aux souffrances du Christ, à leur contemplation et leur participation mystique. Au sang versé doit répondre l'écoulement des larmes, écoulement dévotionnel dont Marie-Madeleine est l'initiatrice.
Chacun de personnages représenté ici est essentiel : ceux qui font verser le sang, celui qui saigne, et les quatre saints personnages qui pleurent.
Il existe des lignes de force qui parcourent la verrière : elle vont d'une part des instruments contendants et aux gestes blessants vers les plaies, des plaies vers le sang qui s'écoule le long de la croix, et de ce sang vers le visage en larmes de Marie-Madeleine. Elles vont aussi du visage des cavaliers (qui vont se convertir) vers celui du Christ.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Sur son cheval au harnachement à inscriptions, l'officier romain Longin transperce le flanc droit du Christ de sa lance.
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Longin porte sur le galon de sa tunique les lettres NOSM.
Il semble coiffé d'un turban.
Sous son bras, un morceau de verre rouge gravé.
Un fois de plus, nous pouvons admirer la maîtrise du portrait, les pommettes et le dessus des sourcils clairs et brillants, les nuances de la carnation rendues par de fines hachures, les cils détaillés, et le reflet cornéen savant sans oublier la moustache et la barbe où deux "couches" de traits blancs se superposent.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Détail du harnachement doté de grelots. René Couffon les signalaient sur les verrières prototypes.
La tête du cheval est perdue. Les bandes rouges portent les lettres FNROM, sans signification.
Noter un verre rouge gravé parmi les pièces en réemploi, et un visage.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Du côté droit, le deuxième cavalier lève les yeux vers le Christ. C'est le Centenier converti, celui qui s'écrit "Celui-ci était vraiment le fils de Dieu". Il porte l'armure et le casque des officiers romains.
Ces deux cavaliers sont très fréquemment représentés de part et d'autre de la croix sur le premier croisillon des calvaires bretons contemporains. Mais alors, Longin porte un doigt à la paupière, témoignant de la guérison d'un trouble de la vue, tandis que le Centenier lève la main de façon éloquente. Ces détails sont absents sur ces verrières. Ils forment un couple emblématique, tout comme leurs montures.
Le cheval porte l'inscription INS, sans signification.
Son mors crénelé et en C ou en S se retrouve sur tous les vitraux, mais aussi sur les calvaires. Tous les chevaux de l'atelier quimpérois donnent l'impression d'être hilares.
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Néanmoins, dans la lancette D, un autre cavalier fera peut-être un Centenier plus convaincant que ce personnage en grisaille sur verre bleu clair, avec rehaut de jaune d'argent.
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La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (XVe siècle, et vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Marie-Madeleine éplorée agenouillée au pied de la croix.
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Elle étreint la croix de ses bras et de ses jambes et lèvent les yeux vers les pieds du Christ et vers le sang qui s'en écoule.
Elle est somptueusement habillée et coiffée, même si l'état fragmentaire du vitrail exige de nous un peu d'attention.
On remarquera d'abord le manteau rouge rejeté en arrière, puisque ce manteau est si caractéristique sur les calvaires des Prigent où Marie-Madeleine reprend exactement la même posture : à Pencran, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Saint-Sébastien de Saint-Ségal, Dinéault, Saint-Divy, etc, etc. Et ces verrières peuvent nous permettre d'imaginer l'état de ces calvaires lorsqu'ils conservaient leur polychromie.
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Calvaire de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom.
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Elle porte une robe voilette (réemploi) dont les galons des manches portent les inscriptions, pour une fois presque cohérentes NISERV MARIAM.
Puis viennent des manches vertes rapportées, à crevées, une chemise fine dont le col frise sous la dentelle, une broche perlée au centre du décolleté, et enfin une coiffe (rappelant le bonnet d'Anne de Bretagne), perlée également, mais qui ne retient pas entièrement la chevelure blonde dont l'exubérance est presque un attribut de la sainte.
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J'espère que vous distinguerez sur mon cliché que les yeux sont noyés de larmes, et que celles-ci s'écoulent, exactement comme sur les trois portraits de Marie, Marie-Madeleine et Jean , sous forme de trois traits blancs partant de chaque paupière, par la technique de l'enlevé sur fond du réseau de hachures de sanguine.
Enfin, et c'est essentiel, le regard de la sainte est dirigé, non vers le sommet de la Croix, mais vers les pieds du Christ, et surtout sur le sang qui coule le long du bois.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Comme pour les autres scènes, cette représentation de Marie-Madeleine est semblable à celle des autres Crucifixions, par reprise du même carton d'atelier ou du même modèle. Mais le hasard qui a présidé à la préservation ou à la détérioration des verrières, et à leurs restaurations plus ou moins invasives, nous donne une quantité de versions de la même scène. Ici, le bonnet perlé est moins visible.
Prenons l'exemple de la verrière de La Martyre :
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Marie-Madeleine au pied de la Croix, baie 0, chœur de l'église Saint-Salomon de La Martyre. Photographie lavieb-aile.
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LA LANCETTE D : LE MAUVAIS LARRON.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Un diable rouge aux ailes vertes emporte l'âme damnée (non conservée) du mauvais larron vers les Enfers.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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La braguette Renaissance sur les chausses à crevés, et le système d'attache de cette braguette.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Au pied du gibet, un cavalier Juif (turban, oreillettes, barbe longue) tient une lance ; il esquisse un geste vers le deuxième cavalier.
À ses côtés, un autre Juif (turban et barbe), et trois soldats romains en armure.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les chevaux.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les grelots des sangles.
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La Passion (vers 1540) de la maîtresse-vitre de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
La fenêtre absidale est garnie d'une maîtresse-vitre ancienne où les dais de couronnement sont de dessin gothique. La scène principale figure le Calvaire : Notre Seigneur en croix, les deux larrons, juifs, bourreaux, cavaliers. Dans la première baie, on voit la Sainte Vierge à moitié assise, saint Jean et.la Madeleine. Derrière se trouve saint Maudet en dalmatique rouge. Une donatrice à genoux est vêtue dune robe et d'un manteau armoriés : d' azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules, qui est Juch ; — d'or au lion passant de gueules-, Pont-l'Abbé
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Voici quel était l'état des armoiries dans cette église, en 1678 :
« Dans l'église tréviale du Juch, ès principale vitre, il y a en éminence et en supériorité, les armes de France et de Bretagne, et plus bas, joignant les dites armes, un écusson au franc canton d'azur et un lion rampant dargent armé et lampassé de gueules, qui sont les armes de la seigneurie du Juch, quoique la dite fenêtre soit à présent au seigneur marquis de Molac
« Le reste des vitres de la dite église sont armoyées des armes du dit Juch et de ses alliances sans qu'il y ait autres écussons ny armoiries, ès dites vitres.
« Du côté de l'Epitre, joignant le petit balustre, est le banc et accoudoir du dit Le Juch armoyé de ses armes.
« Au-dessus de la porte faisant l'entrée du chantouer et supportant le dôme, il y a un écusson du dit Juch en bosse.
« Au haut du dit dôme et au niveau de la poutre, il y a un écusson des armes de Rosmadec.
« ll y a aussi au-dessus de la fenêtre de la chambre de l'église, au second pignon du midy, un écusson des armes du Juch en bosse."
— CASTEL (Yves-Pascal), 1979, Les vases acoustiques.
"Vitraux : Verrière du chevet consacrée à la Crucifixion, XVIè siècle, oeuvre exécutée à bon marché, refaite en partie (C.) ; donatrice en vêtements armoriés (Juch et Pont-l'Abbé)."
— COUFFON (René), 1945, La peinture sur verre en Bretagne, Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne (SHAB) pages 27 à 64.
"Ce vitrail atypique peut sembler désordonné de premier abord. Cette grande crucifixion des années 1540 a été déplacée dans le chœur lors de sa reconstruction en 1688. Son aspect particulier est dû à son installation dans un emplacement qui ne lui était pas destiné et à son ré-assemblage avec d’autres vitraux. Au XXe siècle l’ensemble a été démonté pendant l’occupation allemande pour le protéger et n’a pas été remonté correctement. Il a été restauré en 1950 par Jean-Jacques Gruber, célèbre verrier de l’École de Nancy.
Les parties les plus anciennes sont les éléments architecturaux en grisaille surplombant la scène de la crucifixion (dais). Au tympan se trouvaient autrefois les armoiries des seigneurs du Juch remplacées par des pièces de vitrail éparses. Auparavant la donatrice, aux armes de Pont-l’Abbé, apparaissait en bas des lancettes ; aujourd’hui ne subsistent que quelques fragments du portrait de son époux.
La scène centrale représente la Vierge accompagnée de saint Jean et d’une sainte femme aux pieds du Christ crucifié et des deux larrons."
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 183.
— INFOBRETAGNE, Ploaré :
http://www.infobretagne.com/ploare.htm
—INFOBRETAGNE, La Jaille :
http://www.infobretagne.com/famille-jaille.htm
— LE MOIGNE (Gérard),1997, « La baronnie du Juch » Bull. Société Archéologique du Finistère, Quimper, 1997, 27 p.
"L'église, dans sa présentation actuelle, a été édifiée sur l'emplacement d'une construction plus ancienne, vraisemblablement financée par les seigneurs du Juch, comme en témoignent de nombreux blasons des seigneurs du Juch visibles dans l'édifice. Cette simple chapelle de Ploaré, aujourd’hui rattachée à la commune de Douarnenez devint une église paroissiale en 1844.
L'église du Juch a pour patronne Notre Dame, invoquée par le baron du Juch, commandant les croisés bretons, à la bataille de Damiette en 1249 : «Nostre Dame du Juch, à nostre ayde ». Le second patron est saint Maudez.
Les différentes inscriptions sculptées sur les élévations extérieures et intérieures de l'église nous renseignent sur l'histoire de l'édifice ; elles permettent de dater ses différentes campagnes de construction. Aucun document précis n'a permis de connaître l’architecture de l’établissement primitif. Quelques éléments anciens sont encore en place, comme la date de 1586 gravée sur la base d'un pilier de la nef.
Le bâtiment des XVe et XVIe siècles a cependant été profondément remanié, transformé et agrandi aux XVIIe et XVIIIème siècle, avec notamment la construction de la tour-clocher. Vers le milieu du XIXe siècle, la sacristie octogonale a été accolée à l’édifice."
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Une verrière consacrée à une grande Crucifixion, datée vers 1540, a été replacée tant bien que mal en 1668, lorsque le chevet plat fut remplacé par un chevet polygonal.
Mais sur la maîtresse-vitre qui nous est parvenue, dénaturée et complétée, des dais en grisaille de la fin du XVe siècle (Gatouillat et Hérold) occupent les têtes de lancette : on les identifient facilement par leurs verres altérés, brun sépia.
Et, au tympan, les armes des seigneurs du Juch s'affichaient autrefois, et ont été décrits dans un écrit de 1678, sous les blasons de France et de Bretagne (postérieurs à la réunion de la France et de la Bretagne en 1532 ?). Mais en 1638, la baronnie du Juch devient la possession de Sébastien de Rosmadec. On trouvait aussi dans le reste des vitres de l'église les armes du Juch et de ses alliances, mais celles-ci ne sont pas détaillées dans le procès-verbal.
Ces verres du tympan n'ont pas été conservés, et le tympan actuel renferme une macédoine de fragments du XVe au XVIIe siècle. Parmi les fragments les plus anciens, en verre blanc et grisaille, nous ne trouvons aucune trace d'armoiries.
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Notons donc que les restes d'une verrière du XVe siècle appartenant à un édifice dont il ne reste aucun témoin architectural, sont bien conservés aujourd'hui, mais morcelés.
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En 1913, le chanoine Abgrall décrivit, sur la maîtresse-vitre, "une donatrice à genoux vêtue d'une robe et d'un manteau armoriés : d'azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules, qui est Juch ; et d'or au lion passant de gueules, qui est Pont-L'Abbé.
Mais cette description pose deux problèmes : 1. La donatrice n'est plus visible sur le vitrail. 2. Les armes de Pont-L'Abbé sont d'or au lion de gueules armé et lampassé d'azur, mais ce lion est rampant (dressé debout sur ses deux pattes postérieures) et non passant (marchant). Pourtant, René Couffon ( réed. 1988) n'hésite pas à recopier telle quelle la description d'Abgrall.
En 2005, Gatouillat et Hérold écrivent dans leur notice pour le Corpus vitrearum "Toute trace a disparu de la donatrice aux vêtements reprenant ces armes parti du Pont-L'Abbé, autrefois placées au bas des lancettes (Peyron et Abgrall) ; seuls se distinguent encore de menus fragments du portrait de son époux.
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Reprenant l'examen de cette verrière aujourd'hui, je constate :
1. Qu'un donateur en armure portant le tabard (tunique) aux armes du Juch est bien visible, bien au delà de "menus fragments", puisque son livre de prière, et son portrait quasi complet à l'exception de sa tête est conservé avec une excellente précision des détails de l'armure et des éperons.
2. Qu'en arrière de ce seigneur du Juch, des armoiries mi-parti sont bien conservées sur la jupe d'une donatrice dont il manque le buste.
3. Que cette partie, la plus intéressante, est masquée par les volutes hautes du retable et qu'elle est peu éclairée : les clichés que j'en obtiens sont médiocres.
4. Que cette donatrice tronquée correspond d'assez près à la description d'Abgrall, puisque les armoiries sont celles du Juch en alliance avec des armes d'un verre très altéré. Le fond jaune (or) est devenu orangé. On y voit un lion rouge (de gueules), marchant de droite à gauche avec la patte antérieure dressée (lion "passant" comme l'écrivait Abgrall), mais aussi six sphères bleues, parfaitement distinctes, ce qui exclut de fait l'hypothèse Pont-L'Abbé.
5. Que ces boules bleues ne sont pas des besants, car elles portent des indentations rondes, et des lignes concentriques : ce sont des coquilles.
6. La tête du lion est, pour ce que l'on peut en affirmer, de profil : c'est un lion léopardé (ou léopard lionné....). Quand à la queue, elle est horizontale, tournée vers l'extérieure. Une seule pièce de verre rouge correspond à la courbe en épingle à cheveux de la queue de ce type de figure.
Il nous faut donc résoudre l'attribution d'armes d'or au lion léopardé de gueules, à six coquilles d'azur.
Les érudits capables de répondre à ces devinettes se comptent sur les doigts d'une main, et encore.
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Paul-François Broucke, expert parmi les experts de l'héraldique bretonne, m'a répondu : ce sont les armes de la famille La Jaille, ou de La Jaille-Yvon, originaire d'Anjou.
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Schéma man8rove.
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Or, un seigneur du Juch, Jean IV, a bien épousé une demoiselle de La Jaille : Aliénor.
"Au premier quartier, c'est bien Le Juch, et au second, il faut reconnaître les armes de La Jaille, selon les versions un lion, un lion léopardé, un léopard ou un léopard lionné de gueules avec ou sans couronne accompagné d'une orle de coquilles d'azur en nombre variable jamais inférieur à cinq. Les coquilles sont ici reconnaissables dans leur forme un peu archaïsante, avec ses bords extérieurs très relevés jusqu'à presque encadrer le pied, ce dernier formant comme une protubérance au sommet. Cette représentation offre un document précieux pour les armoiries de La Jaille, en montrant ici clairement un léopard.
C'est la robe d'Aliénor de La Jaille, épouse de Jehan IV du Juch, celui de la baie 104 à Quimper, où très probablement elle figure auprès de son époux." (Paul-François Broucke, commun. pers.)
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Nous avons dont ici le portrait d'un couple de donateurs, Jehan IV du Juch, décédé en 1424, et Aliénor de la Jaille. Jehan IV est le fils de Jehan III (?-1387), chevalier, seigneur de Fouesnant et de Béatrice de Beaumanoir et le petit fils de Jehan II (?-1372), seigneur du Juch, et de Clémence de Quintin.
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Trois (ou au moins deux) seigneurs du Juch sont représentés avec leurs épouse dans les trois lancettes de la baie 104 de la cathédrale de Quimper, datée vers 1415. Leur identification est difficile et hypothétique car les personnages des lancettes ont pu être interverties, et que les pièces manquantes ont été reconstituées selon l'inspiration des restaurateurs : l'authenticité des armoiries des épouses, si précieuses pour identifier les seigneurs, n'est pas attestée.
Pourtant, le premier de ces trois personnages semble bien être Jean II, car les armoiries de son épouse Clémence de Quintin correspondent assez bien à celle des seigneurs de Quintin, d'argent au chef de gueules chargé d'un lambel d'or, identifié par Paul-François Broucke.
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Je vais présenter mes clichés avant de reprendre cette discussion.
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La lancette B de la maîtresse vitre du Juch.
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Lancette B de la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540) de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Partie inférieure de la lancette B :
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Lancette B de la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540) de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Partie inférieure de la lancette B : couple de donateurs, partiellement caché par la volute du retable.
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Lancette B de la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540) de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Le donateur Jehan IV du Juch agenouillé, en armure et tabard à ses armes, devant son livre de prières, mains jointes devant la poitrine.
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Jean IV DU JUCH, Chevalier banneret (1415), Seigneur du Juch, Chambellan du duc de Bretagne (1418), Conseiller au parlement du duc de Bretagne, Capitaine de Concarneau (1404-1406, 1407-1410), Capitaine du Croisic (octobre 1406-1407), Capitaine de Cesson et de Batz-sur-Mer, Conseiller du duc de Bretagne (1418), Ambassadeur du duc de Bretagne (1418), Chevalier (1383) ca 1365-1424
"Sa carrière exemplaire au sein des cours royales de France et ducale de Bretagne nous permet d'affirmer que nous sommes en présence du personnage le plus illustre de la maison du Juch. Jean du Juch serait armé chevalier en 1383. À la fin de son règne, le duc Jean IV a recouvré son duché sauf Brest qui devient la pomme de discorde avec ses anciens alliés anglais. De plus certains capitaines anglais continuent, même en temps de paix, d'exiger des rançons et de mettre les campagnes cornouaillaise et léonardes en coupe réglée. Ainsi de nombreux seigneurs, dont Jean du Juch, se plaignent-ils au duc qui, le 30 juin 1397, fait parvenir les doléances à Richard II d'Angleterre.
Chambellan ducal, Jean du Juch est envoyé en ambassade auprès de l'évêque de Tours afin de régler certains différends avec la régente du duché Jeanne de Navarre.
Capitaine de Concarneau depuis 1404, Jean IV du Juch est nommé au Croisic en octobre 1406 à la suite d'un regain de tension lié à la crise anglo-bretonne de 1406-1407. En effet, en 1407, les Anglais lancent deux attaques : la première dans le pays de Guérande en mai, la seconde du côté d'Auray en juin. La descente de Guérande est particulièrement désastreuse pour les envahisseurs, qui y laissent de nombreux prisonniers ainsi que du matériel.
Le sire du Juch regagne sa capitainerie de Concarneau en 1407 et cela jusqu'en 1410. Plus tard, il est capitaine à Cesson, près de Saint-Brieuc, puis à Batz-sur-Mer près de Guérande.
Honorant la confiance ducale à la suite des capitaineries successives, le sire du Juch se voit alors confier des missions politiques importantes. Considéré comme l'un des meilleurs diplomates du duché, il est nommé « commissaire principal des trèves » jusqu'en 1421. Il est régulièrement présent à la cour ducale et siège au conseil." Gérard Le Moigne.
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Jehan IV du Juch était un chevalier banneret : selon le CNRTL : "Celui qui, ayant un nombre suffisant de vassaux, a droit de lever bannière, c'est-à-dire de former avec eux une compagnie en vue du combat ".
1. Il [le duc] faisait payer très-ponctuellement la solde des chevaliers bannerets, des chevaliers bacheliers, qui n'avaient pas assez de vassaux ni d'argent, ou qui étaient trop jeunes encore pour lever bannière, ainsi que celle des écuyers, des archers et des arbalétriers;... Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1, 1821-24, p. 122.
2. Les chevaliers bannerets se distinguaient par une bannière carrée des chevaliers pennonceaux, qui n'avaient qu'un petit drapeau triangulaire nommé pennon. Pour lever bannière, il fallait posséder un certain nombre de fiefs, et être suivi d'une troupe considérable de chevaliers et d'écuyers. Mérimée, La Jacquerie,1828, p. 100.
On voit très bien cette bannière carrée sur la baie 104 de Quimper, fièrement tenue devant lui par le seigneur du Juch. Et on parle d'écusson en bannière lorsque celui-ci est carré, comme à la voûte du porche sud de l'église du Juch.
?
Ou bien ;
"Les bannerets étaient des seigneurs puissants, possesseurs de terres auxquelles était attaché le droit de lever bannière. Ils devaient entretenir à leurs frais au moins vingt-cinq hommes d'armes avec leurs archers pour garder leur bannière qui était carrée, tandis que les simples chevaliers ne pouvaient porter à l'extrémité de leur lance qu'une flamme ou un drapeau triangulaire. Cette flamme ou drapeau s'appelait pennon ou pannon, du mot latin pannus, qui signifie étoffe. Au XIVème siècle, chaque homme d'armes possédait pour son service deux chevaux, et avait à sa suite deux archers à cheval et un coustiller, dont les fonctions étaient d'achever avec son coutelas les ennemis que l'homme d'armes avait jetés par terre. Ainsi, une compagnie de vingt-cinq hommes d'armes représentait un effectif de cent hommes et de cent chevaux. L'homme d'armes, avec ceux qui l'accompagnaient, formait ce que l'on appelait une lance fournie. Dans les compagnies d'ordonnance sous Charles VII, la lance fournie était composée de six hommes. On comprend qu'un pareil service nécessitait des dépenses considérables, et que celui qui y était astreint payait largement l'exemption d'impôts des terres nobles qu'il possédait, car les terres roturières appartenant aux nobles étaient imposées. L'exemption d'impôts pour les terres nobles était compensée par l'obligation du service militaire ; un manquement à ce service entraînait la confiscation du fief."
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Divers détails des armoiries, et de l'armure : la cotte de maille, toutes les pièces articulées des jambières et leurs rivets, les solerets avec le détail de leurs pièces et de leurs fixations, et la forme complexe des éperons et de leur molette, sont visibles. Tout comme l'épée longue, les marques d'orfèvrerie de la lame, et la poignée.
La superposition, logique sur le plan graphique, des parties animales (pattes avec leurs griffes, fourrure, crinière) avec les pièces d'armure troublent parfois la compréhension.
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Le couple de donateurs agenouillés l'un derrière l'autre, le buste de la donatrice manquant.
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Mon schéma est bien maladroit mais il est peut être précieux ; j'ai imaginé seulement le buste manquant de l'épouse, tout le reste est un calque exact du cliché.
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Calque complété, lavieb-aile juillet 2022.
Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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La robe de la donatrice, mi-parti Le Juch d'azur au lion d'argent et La Jaille d'or au léopard lionné de gueules accompagné de six coquilles d'azur.
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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La partie gauche des armoiries mi-parti : les armes du Juch.
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Les armes de La Jaille, famille de l'épouse, à droite de celle de l'époux.
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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Détail d'une des coquilles d'azur.
Ce détail est remarquable car nous voyons bien la coquille : le pied rectangulaire est marqué par deux (trois..) cercles noirs et les rayons et stries de croissantes sont peints à la grisaille de façon concentrique.
"Les coquilles sont ici reconnaissables dans leur forme un peu archaïsante, avec ses bords extérieurs très relevés jusqu'à presque encadrer le pied, ce dernier formant comme une protubérance au sommet." (Paul-François Broucke)
Mais surtout, il s'agit d'une pièce montée en chef-d'œuvre, ce qui est une prouesse technique que seuls les grands maître-verriers peuvent réussir : il faut découper le verre en son plein, comme à l'emporte-pièce, et insérer une pièce ronde, fixée par une baguette de plomb en H.
Les experts du Corpus vitrearum, qui s'attachent à signaler la présence de ces marques de virtuosité techniques, ne l'ont pas remarqué, mais rappelons que le panneau est bien caché.
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Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
Jean IV du Juch (-1424) et Alienor de la Jaille sur la maîtresse-vitre (fin XVe et v.1540). Photographie lavieb-aile juillet 2022.
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COMPARAISON AVEC LES LANCETTES DE LA BAIE 104 DE QUIMPER.
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Le but de cette comparaison est de nous aider à l'interprétation de l'image du Juch, mais aussi de vérifier que l'on retrouve sur le vitrail de la cathédrale, vers 1415 tous les détails d'armure et d'armement présent sur la vitre du Juch. Si on estime que cette dernière est proche de la date du décès de Jehan IV en 1424, ces verrières sont presque contemporaines. Et on peut parier que les seigneurs du Juch ont choisi le même atelier pour réaliser les verrières à leur effigie sur les deux sites.
Mais selon Le Men (Monogr. cathédrale) deux panneaux (lancette B et C) ont été refaits en 1867 par Lusson, non sans fantaisie.
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Lancette A, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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Lancette B, baie n°104 du rond-point du chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
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DISCUSSION.
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L'identification des armes mi-parti n'est pas contestable, nous avons bien affaire ici au couple donateur de Jehan IV et d'Alienor de La Jaille.
Cette verrière procure un document iconographique précieux des armoiries de La Jaille, en montrant ici clairement un léopard.
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Mais nous ignorons si, comme à Quimper, d'autres générations de la famille étaient représentés (ce qui pourrait retarder la datation, un commanditaire ayant fait représenter ses ancêtres).
Si nous adoptons, par comparaison stylistique avec Quimper et en tenant compte de la date du décès de Jehan IV, une date proche de 1424, cela avance d'un demi ou de trois-quarts de siècle l'estimation la plus précoce donnée par le Corpus à la fin du XVe siècle. Ce que je ne peux me permettre de proposer sans leur caution.
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Quant à imaginer que le panneau puisse dater de 1540, date estimée de la Grande Crucifixion, cela est extravagant car on ne voit pas pourquoi un seigneur du Juch aurait fait représenter en donateur des ancêtres aussi éloignés. Et l'état très altéré de certaines pièces ne milite pas non plus en ce sens.
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Encore un détail. En baie A, un saint diacre, sous une niche souvent identifié comme saint Maudet patron de l'église, était à l'origine placé à coté de la donatrice. Il daterait (Corpus) de 1540. Sa tête a été restaurée à la fin du XVIe siècle. Pourrait-il être un saint présentant la donatrice, bien qu'il regarde dans la direction opposée ? C'est peu probable.
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Note.
Le sceau de Jean du Juch apparaît sur un acte de 1365. C'est un écu penché timbré d'un heaume cimé. Je n'ai la description ni de l'inscription (je lis une S), ni de l'animal du heaume, mais les plumes déployées pourraient correspondre à un aigle. Trois oiseaux à long cou et bec long et recourbé entourent l'écu.
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Sceau de Jean I du Juch, base SIGILLA. Acte Ad 44 - E 129 / 1
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Les armes du Juch sont présentes sur la voûte du porche sud de l'église du Juch, sur le tombeau de saint Ronan au Pénity de Locronan, au dessus du porche nord de la cathédrale de Quimper.
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Porche sud de l'église du Juch. Photographie lavieb-aile.
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Le cénotaphe de saint Ronan (kersanton, vers 1423) dans la chapelle du Pénity, église de Locronan. Photographie lavieb-aile novembre 2017.
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Selon Gérard Le Moigne, les armes du Juch se voient au dessus du porche nord ; le cimier s'orne de cornes et d'un animal (lequel), tandis que la banderole portait le cri LA NON PAREILLE. Pol de Courcy
Porche nord de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.
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Porche nord de la cathédrale de Quimper. Photographie lavieb-aile.
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On les voit aussi sur la robe d'une donatrice de la baie 106 de la cathédrale de Quimper, en alliance avec La Forêt : Hervé du Juch, fils d’Henri, seigneur de Pratanroux (branche du Juch de Pratanroux) a épousé Béatrix dame de la Forêt en Plomeur (29). ( Merci à Hervé Torchet pour son tweet).
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Lancette B, baie 106, chœur de la cathédrale de Quimper, photographie lavieb-aile.
La fenêtre absidale est garnie d'une maîtresse-vitre ancienne où les dais de couronnement sont de dessin gothique. La scène principale figure le Calvaire : Notre Seigneur en croix, les deux larrons, juifs, bourreaux, cavaliers. Dans la première baie, on voit la Sainte Vierge à moitié assise, saint Jean et.la Madeleine. Derrière se trouve saint Maudet en dalmatique rouge. Une donatrice à genoux est vêtue dune robe et d'un manteau armoriés : d' azur au lion d'argent, armé et lampassé de gueules, qui est Juch ; — d'or au lion passant de gueules, Pont-l'Abbé
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Voici quel était l'état des armoiries dans cette église, en 1678 :
« Dans l'église tréviale du Juch, ès principale vitre, il y a en éminence et en supériorité, les armes de France et de Bretagne, et plus bas, joignant les dites armes, un écusson au franc canton d'azur et un lion rampant dargent armé et lampassé de gueules, qui sont les armes de la seigneurie du Juch, quoique la dite fenêtre soit à présent au seigneur marquis de Molac
« Le reste des vitres de la dite église sont armoyées des armes du dit Juch et de ses alliances sans qu'il y ait autres écussons ny armoiries, ès dites vitres.
« Du côté de l'Epitre, joignant le petit balustre, est le banc et accoudoir du dit Le Juch armoyé de ses armes.
« Au-dessus de la porte faisant l'entrée du chantouer et supportant le dôme, il y a un écusson du dit Juch en bosse.
« Au haut du dit dôme et au niveau de la poutre, il y a un écusson des armes de Rosmadec.
« ll y a aussi au-dessus de la fenêtre de la chambre de l'église, au second pignon du midy, un écusson des armes du Juch en bosse."
— CASTEL (Yves-Pascal), 1979, Les vases acoustiques.
"Vitraux : Verrière du chevet consacrée à la Crucifixion, XVIè siècle, oeuvre exécutée à bon marché, refaite en partie (C.) ; donatrice en vêtements armoriés (Juch et Pont-l'Abbé)."
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1959, Le Juch, in répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper
"Ce vitrail atypique peut sembler désordonné de premier abord. Cette grande crucifixion des années 1540 a été déplacée dans le chœur lors de sa reconstruction en 1688. Son aspect particulier est dû à son installation dans un emplacement qui ne lui était pas destiné et à son ré-assemblage avec d’autres vitraux. Au XXe siècle l’ensemble a été démonté pendant l’occupation allemande pour le protéger et n’a pas été remonté correctement. Il a été restauré en 1950 par Jean-Jacques Gruber, célèbre verrier de l’École de Nancy.
Les parties les plus anciennes sont les éléments architecturaux en grisaille surplombant la scène de la crucifixion (dais). Au tympan se trouvaient autrefois les armoiries des seigneurs du Juch remplacées par des pièces de vitrail éparses. Auparavant la donatrice, aux armes de Pont-l’Abbé, apparaissait en bas des lancettes ; aujourd’hui ne subsistent que quelques fragments du portrait de son époux.
La scène centrale représente la Vierge accompagnée de saint Jean et d’une sainte femme aux pieds du Christ crucifié et des deux larrons."
— GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD (Michel), 2005, Les vitraux de Bretagne, Corpus Vitrearum, France VII, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, p. 183.
— INFOBRETAGNE, Ploaré :
http://www.infobretagne.com/ploare.htm
— INFOBRETAGNE, La Jaille :
http://www.infobretagne.com/famille-jaille.htm
— LAZ (Comtesse du), armoiries de Rostrenen, dont les armes de La Jaille
Le décor de cette baie en arc brisé de 6,70 m. de haut et 3,50 m. de large est consacré, sur quatre registres, aux miracles attribués à saint Antoine de Padoue. L'ensemble est peint en grisaille et jaune d'argent, à l'exception des sols et des ciels.
Elle a été restaurée notamment en 1873 grâce aux dons de l'abbé Duménil, curé de Saint-Vincent, par l'atelier Duhamel-Marette.
Dans l'église Saint-Vincent, elle occupait la baie 5, du côté nord.
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Plan annoté des vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent.
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Aujourd'hui, elle est installée à la droite du pan coupé orienté vers l'est, dont elle occupe toute la hauteur, à côté des verrières 5 et 6.
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photo wikipédia
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le sujet en est original, et on peut se demander pourquoi les rouennais de Saint-Vincent ont invoqué la figure du saint franciscain de Padoue.
Alexandra Blaise propose trois explications.
1. Saint-Antoine de Padoue est considéré comme le patron des marins , des navigateurs, et des naufragés. Un miracle des poissons le fait souvent représenter avec cet attribut. Les marchands et armateurs du port de Rouen ont pu être sensibles à ce patronage, tout comme celui de saint Nicolas ou de saint Pierre . Plusieurs navires sont figurés en arrière-plan de ce vitrail.
"Les hommes dont la profession était liée à la mer constituaient une part majoritaire des habitants ou visiteurs occasionnels de la paroisse. Cela influença notablement l’iconographie des vitraux : on a pu ainsi y repérer deux saints patrons des marins – saint Antoine de Padoue (baie 7) et saint Nicolas (baie 8) à qui la chapelle nord était dédiée –, deux saints ayant un lien avec la mer – saint Pierre (baie 1), qui était pêcheur, et probablement saint Claude (baie 8) qui avait sauvé un voyageur de la noyade –, et enfin, de façon inhabituelle, une accumulation de scènes en rapport avec l’eau et les bateaux (baies 1, 7, 13)."
2. Saint Antoine illustre le thème, franciscain, de la charité, déjà central dans la baie voisine, celle des Œuvres de Miséricordes :
"Dans la chapelle nord du chœur de Saint-Vincent, deux verrières – la verrière des Œuvres de miséricorde (baie 7) et la verrière consacrée à la vie de saint Antoine de Padoue (baie 5) – développent le thème de la charité, auquel les paroissiens fortunés devaient être sensibles. Ces marchands qui accumulaient beaucoup de richesses n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour espérer le salut. La charité était une des vertus qu’ils devaient donc s’imposer et c’est pourquoi ils faisaient de nombreux dons à leurs paroisses. La Découverte du cœur de l’usurier dans sa cassette, scène de la vie de saint Antoine de Padoue placée immédiatement à droite de la verrière des Œuvres de miséricorde, aborde précisément ce sujet : saint Antoine prône la supériorité de la richesse chrétienne sur la richesse matérielle, qui écarte toute possibilité de salut. Il est probable que la légende de ce saint, mort au début du XIIIe siècle, peu populaire dans le milieu du nord de la France et à Rouen, qui lui préférait des saints anciens et traditionnels, a été choisie en partie pour cette scène qui s’accordait parfaitement avec le thème de la verrière voisine. D’une manière générale, les qualités du saint semblaient particulièrement convenir à cette population de marchands enrichis, qui essayaient de prendre modèle sur les vertus de ce prédicateur défendant pauvreté et humilité."
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"...Les autres légendes hagiographiques représentés dans les vitraux de saint-Vincent celles de saint Antoine de Padoue (baie 5), de sainte Anne (baie 8) et de saint Pierre (baie 11), ne sont pas le reflet de dévotions personnelles de leurs commanditaires mais entrent toutes trois dans des thématiques développées semble-il par la fabrique, et sur lesquelles nous reviendrons dans notre troisième partie : le thème de la charité complété par celui de l’Immaculée Conception dans une chapelle entièrement dédiée à sainte Anne, et enfin de la défense de l’Église romaine, symbolisée par saint Pierre, face à la montée des idées luthériennes. L’intention était bel et bien de traduire des idées chères à la fabrique et aux paroissiens de Saint-Vincent. Les fidèles ayant financé les œuvres se sont donc adaptés aux thématiques que l’ensemble de la fabrique souhaitait représenter."
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3. On peut penser à l'influence de l'abbé Antoine Bohier, même si c'est à l'église Saint-Ouen qu'il voua une verrière à son saint patron :
"L’abbé Antoine Bohier (1492-1515), proche de Georges d’Amboise, poursuivit après l’abbé Guillaume d’Estouteville l’ambitieux chantier de Saint-Ouen. S’il ne put le mener à son terme, il fit avancer les travaux de la nef et l’enrichit de remarquables verrières dans les bas-côtés (vers 1508). Antoine Bohier commence par faire représenter la légende de son saint patron, saint Antoine de Padoue, dans la première baie du côté sud (baie 23)"
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Registre inférieur : Miracle de la mule qui s'agenouille devant l'hostie. Deux donatrices agenouillées.
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Une mule s'agenouille devant le Saint-Sacrement tenu par saint Antoine. À l'arrière-plan, une nef à deux mâts, semblable aux navires marchands qui fréquentent le port de Rouen, et une architecture qui évoque celles des Le Prince. La partie haute est un verre bleu, teinté de jaune par endroit. Le Querrière a remarqué que l'animal tenait plus de l'âne que de la mule. Dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne f.187v, c'est un cheval.
À gauche, l'hérétique, accompagné d'un témoin et d'un soldat portant une hallebarde, perd son pari, car sa mule se prosterne. Le navire au fond laisse imaginer qu'il s'agit d'un armateur. Selon l'hagiographie, la scène se déroule à Toulouse.
À droite a lieu la scène, souvent représenté sur les vitraux, de la procession du Saint-Sacrement : le prêtre (ici saint Antoine) porte l'étole, et un assistant tient un flambeau. Un couple suit les deux moines.
"Antoine disputait un jour sur la présence de Jésus dans l’Eucharistie avec un hérétique. Ce dernier lui lança un défi de prouver, par un miracle, que dans l’hostie consacrée est présent le vrai corps du Christ, et lui promit, s’il y parvenait, de se convertir à la foi catholique.
L'hérétique lui dit : « J’enfermerai ma mule pendant plusieurs jours dans mon étable, sans lui donner à manger. Je l’amènerai ensuite sur la place devant tout le monde en lui présentant du fourrage. Pendant ce temps, tu placeras l’hostie devant la mule. Si l'animal s’agenouille devant l’hostie en négligeant le fourrage, je me convertirai. »
Le jour fixé, le Saint montre l’hostie à la mule en disant :
«En vertu et au nom du Créateur que moi, bien qu’indigne, je tiens entre mes mains, je te dis, animal, et je t'ordonne de t'approcher avec humilité et de Lui prêter la vénération qui Lui est due ».
Dès qu’Antoine eut prononcé ces mots, la mule, négligeant le fourrage, baissa la tête, s'approcha de lui et s'agenouilla devant le sacrement du corps du Christ." https://www.santantonio.org/fr/content/la-mule
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Deuxième registre : découverte du cœur de l'usurier dans une cassette.
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Sur une place entourée d'arcades, saint Antoine lit un texte (office des Morts ?) devant une chaire face à la foule des proches. Le lieu évoque l'Aître Saint-Maclou, où les morts étaient enterrés dans la cour après la bénédiction. Mais saint Antoine refuse cette bénédiction, car il a la conviction, miraculeuse, que le cœur du cadavre a été ôté.
En bas à gauche, un médecin (riche manteau, chapeau lié à son titre) vient procéder à l'autopsie, il lève le bras vers saint Antoine, sans doute pour confirmer qu'effectivement le cœur est absent du thorax. (on voit vaguement le cadavre allongé sur la pierre avec le ventre ouvert, et les organes apparents.)
En bas à droite, un homme découvre le cœur : il était placé dans la cassette (proche d'un reliquaire) remplie d'or !
Le cœur rouge est monté en chef-d'œuvre. Un cartouche porte les initiales SA sur le pilier de la maison.
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"Dans une ville, en Toscane, toute la famille est réunie pour les funérailles solennelles d’un homme très riche. Antoine est présent, ainsi que de nombreux parents et amis, lorsque, troublé intérieurement, il s’écrie : « Ce mort ne doit pas être enterré dans un lieu béni, car son corps est sans le cœur.».
Tous les présents sont bouleversés et un débat animé s’engage entre eux. À la fin, on appelle des médecins qui ouvrent la poitrine du défunt, et, effectivement, son cœur n’est pas dans son thorax. On le retrouvera, peu après dans le coffre-fort où l’homme riche conservait son argent."https://www.santantonio.org/fr/content/le-c%C5%93ur-de-l%E2%80%99avare
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Troisième registre : la guérison de la jambe coupée.
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"Un jeune homme de Padoue, nommé Leonardo, avait avoué en confession d’avoir donné un violent coup de pied à sa propre mère. Antoine l’avait admonesté sévèrement en lui disant :
« Le pied qui frappe la mère ou le père mérite d'être coupé à l'instant ».
Pris de remord, le jeune homme, aussitôt retourné chez lui, se trancha le pied qui avait frappé sa mère. La nouvelle se diffusa dans toute la ville et parvint aux oreilles d’Antoine. Le saint se rendit alors chez le jeune homme et, après s’être recueilli en prière, rattacha le pied et fit sur le jeune homme un grand signe de croix.
Le jeune homme se leva aussitôt tout joyeux, et en marchant et en sautillant, il louait Dieu et rendait grâces à saint Antoine." https://www.santantonio.org/fr/content/le-pied-rattach%C3%A9
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À gauche, saint Antoine est en train de prêcher en disant SI OCULUS TU EST TUA SCANLALIZAT TE.
Cette inscription cite l'évangile de Matthieu Mt 5:29-30: Si oculus tuus dexter scandalizat te, erue eumEt si dextra manus tua scandalizat te, abscide eam ("si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache le [...] et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe la") .
Parmi l'assistance, un jeune homme est endormi ou songeur au pied de la chaire. D'autres lisent, tandis qu'un mouvement se fait parmi la foule.
Sur une tour de l'arrière-plan une lettre P est inscrite.
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le jeune homme, rentré chez lui (deux inscriptions-signatures SA sur les piliers) se coupe la jambe ... gauche.
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Alerté, saint Antoine replace miraculeusement la jambe victime de cet excès de zèle.
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Quatrième registre : la mort de saint Antoine.
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Cartouche aux initiales SA suspendu au dessus du lit.
Trois enfants appellent des soldats en criant (phylactères)
SANCTVS EST MORTVS
SANCTVS EST MORTVS
SANCTVS ANTHEON (pour Sanctus Antonius ?)
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"L’épuisement dû à son intense travail du Carême l’obligea à accorder un temps de repos à un physique déjà éprouvé. Après Pâques, il accepta de se retirer avec quelques confrères dans la communauté de Camposampiero, à une vingtaine de kilomètres au nord de Padoue. Un certain comte Tiso, ami des Frères, lui construisit une hutte sur un grand noyer, au milieu de ses champs, où il puisse se consacrer à la prière, à la méditation et à quelques entretiens avec les gens de la campagne. C’est pendant ce séjour, qu’il eut la visite de Jésus Enfant, comme en témoignera le comte Tiso lui-même.
Le 13 juin 1231, un vendredi, au cours du repas, il est pris de malaise. Se sentant proche de la mort, il demande à être transporté dans sa communauté de Padoue. Déposé sur un char à bœufs, il est transporté à Padoue, mais les Frères le prient de s’arrêter dans le petit couvent de l’Arcella, aux faubourgs de la ville. C’est là que, murmurant ces paroles : « Je vois mon Seigneur », il meurt à l’âge d’environ 36 ans.
Quelques jours après, le mardi 17 juin, par des funérailles présidées par l’évêque et avec un grand concours de peuple, il est transporté solennellement à l’église Mère du Seigneur, et déposé en terre, dans un cercueil en bois, comme on le retrouvera plus tard, au cours de la reconnaissance canonique présidée par saint Bonaventure.
La multiplication des guérisons sur sa tombe et la dévotion des habitants de Padoue et de toute la région amenèrent le pape Grégoire IX à procéder à sa canonisation, le 30 mai 1232, fait unique dans l’histoire de la sainteté, 11 mois seulement après sa mort.
En 1946, le pape Pie XII proclamait saint Antoine de Padoue « Docteur de l’Église Universelle », au titre de Docteur évangélique." https://www.santantonio.org/fr/content/1231-la-mort
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La baie 7 (vers 1520-1530) ou Vie de saint Antoine de Padoue de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc à Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLAISE (Alexandra), Le représentations hagiographiques à Rouen à la fin du Moyen Age (vers 1280-vers 1530), Thèse d'histoire de l'art Paris IV sous la dir. de Fabienne Joubert.
—BAUDRY (Paul), 1875, L'Église paroissiale de Saint-Vincent de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux (1875) pages 60-64.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 405.
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché", Bull. AMR, 1958-1970, p. 154.
— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.
—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux, Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 363.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 71-73
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
—RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.
La verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste (Engrand Le Prince 1525-1526), baie 5 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen provenant de l'église Saint-Vincent.
Cette baie à 4 lancettes trilobées et un tympan à 6 soufflets et 6 mouchettes est la 5ème en partant de la gauche. C'est la première, et la plus large, du pan court orienté vers l'est et qui comporte 4 baies, dans cet angle où est situé l'autel.
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Article Wikipédia, photo Chabe01 sous licence CC BY-SA 4.0
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Elle mesure 6,65 m. de haut et 3,24 m. de large et le décor de ses lancettes est organisé en deux registres de deux épisodes, le registre supérieur consacré à la prédication de Jean-Baptiste puis au Baptême du Christ, et le registre inférieur consacré à la mort du saint. Le tympan illustre la naissance et l'enfance de Jean-Baptiste.
L'auteur en est Engrand Le Prince, comme l'indique les initiales portées au tympan et sur les deux scènes du registre inférieur, et les dates de 1525-1526 sont inscrites dans le décor de la danse de Salomé.
Ce maître-verrier, membre le plus illustre de l'atelier Le Prince de Beauvais a également réalisé la baie 3 ou vitrail des Chars entre 1522 et 1524, et la baie 6 ou verrière des œuvres de Miséricorde vers 1525. "Leurs œuvres témoignent d'une virtuosité incomparable dont les qualités ne sont plus à démontrer : dynamisme des compositions, éclat et subtilité des couleurs, raffinement dans la technique de peinture et surtout maîtrise incomparable du jaune d'argent ; le peintre-verrier obtient le modelé par contraste des différentes valeurs du jaune d'argent, allant du citron à l'orangé, et le verre nu laissant à la lumière toute son intensité. Damas et dinanderies sont également traités par l'emploi exclusif du jaune d'argent sans trait préalable cernant les contours." (Callias-Bey p. 402)
Ce blog consacre plusieurs articles à cet atelier.
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LE REGISTRE SUPÉRIEUR.
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Cliquez sur les images.
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Les deux lancettes de gauche : la prédication de saint Jean-Baptiste.
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La prédication de saint Jean a lieu dans une forêt peuplée d'animaux et d'oiseaux.
Saint Jean parle depuis une "chaire" édifiée entre deux arbres par des branches entrecroisées en palissade. Barbe et cheveux longs, il est nimbé, et vêtu de sa peau de chameau (jaune) et d'un grand manteau rouge dont le pan s'envole au vent. Ses pieds sont nus, l'un cavalièrement posé sur la fourche du tronc. Il trace avec le pouce et l'index le geste de l'argumentation oratoire.
On voit à ses pieds des fleurs bleues, jaunes et rouges, un lapin, un cerf, et un lion. Ce lion reproduit celui de la gravure de Dürer "saint Jérôme dans sa cellule".
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Discussion iconographique.
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Le thème de la "prédication" (ou "sermon") de saint Jean-Baptiste trouve sa source dans les évangiles, notamment en Matthieu III : 1-12 :
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"En ce temps-là parut Jean Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. Il disait: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. Jean est celui qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète, lorsqu'il dit: C'est ici la voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
"Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de pharisiens et de sadducéens, il leur dit:Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu.
"Moi, je vous baptise d'eau, pour vous amener à la repentance; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu. Il a son van à la main; il nettoiera son aire, et il amassera son blé dans le grenier, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s'éteint point."
"Selon ce qui est écrit dans Ésaïe, le prophète: Voici, j'envoie devant toi mon messager, qui préparera ton chemin; c'est la voix de celui qui crie dans le désert: préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers.
Jean parut, baptisant dans le désert, et prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés. Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
Il prêchait, disant: Il vient après moi celui qui est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de délier, en me baissant, la courroie de ses souliers. Moi, je vous ai baptisés d'eau; lui, il vous baptisera du Saint Esprit.
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— Le désert de Judée (deserto Judacaea) est un lieu montagneux entre Jérusalem et la Mer Morte et le Jourdain, fleuve qu'il surplombe dans sa pointe nord. Le séjour de Jean-Baptiste dans "les déserts" est également indiqué par Luc 1:80, mais ce séjour précède le temps où le saint "se présente devant Israël".
Le terme grec est ἐρῆμος , eremos et il revient mainte fois dans les évangiles (à propos de Jean-Baptiste mais aussi de Jésus), dans les Actes, les Epîtres et l'Apocalypse.
Le paysage de forêt représenté par Engrand Le Prince, puis d'autres peintres, relève de la tradition iconographique dans laquelle le "désert" est un lieu inhabité et sauvage voué à la solitude. Ce rapport entre la forêt et l'adjectif "sauvage" existe dans l'étymologie reliant "sauvage", salvaticus, silvaticus , et silva, "forêt". C'est la justification de la présence des bêtes sauvages, le cerf, le lion, voire le lapin s'il s'agit d'un lièvre, et des oiseaux.
Jean 1:28 situe l'endroit où Jean baptisait les Juifs à "Béthanie au delà du Jourdain", assimilé par certains à Bathanée, ou Ectabane. En Jean 1:23, le saint se désigne ainsi : "je suis la voix qui crie dans le désert".
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— La tenue vestimentaire de Jean-Baptiste est précisée dans le texte : un vêtement en poils de chameau et une ceinture de cuir. Le peintre a bien montré une sorte de peau de chameau (c'est une vieille tradition de l'art occidental où les pattes ou la tête sont parfois détaillées), mais il l'a largement recouvert d'un glorieux manteau rouge qui n'est pas fidèle au texte évangélique. Est-ce une façon de présenter Jean-Baptiste comme le Précurseur du Christ, celui-ci étant traditionnellement figuré nu sous le manteau rouge de la Résurrection ?
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— De quel prêche s'agit-il ? Les textes nous proposent plusieurs thèmes :
Celui de l'annonce d'un Seigneur, où Jean réalise la prophétie d'Esaïe 40:3
Celui de l'appel au repentir, "car le royaume des cieux est proche", et au baptême de repentance par immersion dans le Jourdain
Celui qui critique durement les pharisiens et sadducéens.
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Le peintre a placé devant le prédicateur huit auditeurs, dont un moine, des hommes et femmes en costume François Ier. Les deux hommes (dont un riche seigneur en bonnet à plume) discutent avec des gestes expressifs, les femmes ont amené des livres. Nous ne pouvons deviner quel thème du prêche est illustré ici, et cela semble plutôt une transposition d'une prédication contemporaine portant sur les sujets épineux de théologie qui vont conduire à la Réforme.
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Quand et comment ce sujet de la prédication de Jean-Baptiste a-t-il été illustré?
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Si j'interroge Wikipédia, je suis conduit à un tableau peint par Pieter Bruegel l'Ancien en 1566. Le commentaire mentionne que
"Ce n'est qu'à partir du xvie siècle que saint Jean-Baptiste est figuré en prédicateur. Il se tient ici loin à l'arrière plan, mais l'attention dont il fait l'objet et la tribune que lui offre la nature pour prêcher suffisent à le mettre en évidence. De la main gauche, il semble annoncer l'importance de Jésus qui se tient légèrement à l'écart. Jean est ainsi représenté à la fois en prédicateur ambulant, maître de Jésus, et prophète annonçant la venue du Messie. La foule s'est réunie sur la lisière d'une épaisse forêt pour entendre la parole de l'ascète, qui apparaît au fond."
Lucas Cranach le jeune peint une Prédication en 1549 : dans une forêt, saint Jean juché sur la souche d'un tronc parle derrière une branche formant balustrade, comme à Rouen, mais le public est très différent, fait de soldats et de notables arrogants et dubitatifs. Le contraste entre le dénuement du saint et la richesse et la puissance des bourgeois et de la troupe est accentué.
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Lucas Cranach le Jeune, la Prédication de saint Jean-Baptiste, 1549
Jost Haller, vers 1445 représente la scène sur un retable de l’église de la commanderie des Chevaliers de Saint-Jean de Bergheim ou Tempelhof (aujourd'hui au musée Unterlinden de Colmar). La scène se déroule aussi dans une forêt, devant un public de villageoises et villageois, mais Jean désigne clairement du doigt le Christ, qui est figuré au centre.
Un autre retable conservé au musée Unterlinden de Colmar date de 1526, le Retable de saint Jean-Baptiste, école du Danube, origine Allemagne du sud . La scène se passe dans un paysage désertique, mais, comme dans la verrière d'Engrand Le Prince, Jean prêche derrière une balustrade de branches assemblées. "Ces panneaux retracent les principaux épisodes de la vie de saint Jean-Baptiste, la Prédication, le Baptême du Christ, la confrontation à Hérode et Hérodiade, la Décollation, et Salomé présentant sa tête à Hérodiade. Ces cinq éléments sont surmontés d’un panneau représentant Dieu le Père. Le retable ainsi constitué, hors de son cadre d’origine, semble complet. L’artiste s’est inspiré de gravures sur bois pour deux compositions, une oeuvre de Dürer (1511) dans « Salomé présentant la tête de saint Jean-Baptiste» et d’Altdorfer (1512) pour la « Décollation ». Ces influences suffisent à rattacher cette oeuvre au courant stylistique qualifié d’Ecole du Danube auquel ont participé Cranach, Hans Baldung Grien, Dürer et Altdorfer. Dans les années 1510-1530, ces artistes de la région du Danube ont cherché à traduire émotions et sentiments, non par la seule présence humaine, mais en l’insérant dans une nature dont la représentation – formes, couleurs, lumières – participe aussi à l’évocation d’états d’âme."
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Le peintre flamand Joachim Patenier (1483-1524) réalisa aussi un Paysage avec prédication de saint Jean-Baptiste, qui mérite notre intérêt car Patenier est un ami de Dürer. Or les vitraux d'Engrand Le Prince comporte plusieurs motifs inspirés de Dürer, à Beauvais comme à Rouen.
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Enfin, il me paraît intéressant de mentionner, pour la proximité de temps avec notre vitrail, et la proximité de lieu, la tenture réalisée en 1516 pour l’église Saint-Jean-Baptiste d’Angers et actuellement conservée à la cathédrale d'Angers.
Cette tenture a été commandée au maître lissier Guillaume de Rasse en 1516 pour Jean Hector, recteur de l’église Saint-Jean-Baptiste d’Angers. Les cartons en sont attribués à Gauthier de Campes. Elle devait comporter à l’origine 7 tapisseries mais seules 4 sont actuellement connues. Deux épisodes y sont juxtaposés, séparés par des pilastres ornés de très beaux motifs de grotesques . La Burrell collection de Glasgow conserve Saint Jean-Baptiste s’adressant à la foule, aux publicains et aux soldats.L’Annonce à Zacharie et La Visitation est probablement la seule pièce complète.
Saint Jean-Baptiste devant les Prêtres et les Lévites a été achetée par l'Etat en 2015 pour rejoindre le trésor de la cathédrale.
On y lit les mots : Misericorde/ de l'agniau de cõcorde / et verite joie par le pur lan---
et le cartouche indique Ego sum vox clamantis in deserto.
Sur la tapisserie conservée à Glasgow, et qui est aussi une "prédication", Jean-Baptiste a le geste d' argumentation avec l'index droit posé sur le pouce gauche, comme sur le vitrail de Rouen.
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Saint Jean-Baptiste s’adressant à la foule, aux publicains et aux soldats. Copie d'écran Burrel collection, Glasgow.
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Détail dans le volume VI du Corpus vitrearum , qui montre la précision de la peinture, dont je n'ai pu rendre compte avec mes photos.
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Les deux lancettes de droite : le Baptême de Jésus dans le Jourdain.
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La tête et la partie inférieur du corps du Christ ont été restaurées vers le milieu du XVIe siècle. La tête de Dieu et peut-être celle de Jean-Baptiste ont été restaurées.
Inscription HIC EST FILIUS MEUS DILLECT9 IN QUO MICHI BENE [COMPLACUI]
C'est une citation de Matthieu 3:17 : "Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection." Le verset précédent dit : "Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l'eau. Et voici, les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui."
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Deux anges tiennent la tunique du Christ. Un homme nu se prépare à être baptisé, un autre sort du fleuve et s'essuie les pieds, un couple arrive, portant un enfant.
Dans le fond, un château, de style plus rhénan que normand.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR.
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À gauche : la décollation de Jean-Baptiste ; sa tête est remise à Salomé sur un plat.
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La tête de Salomé et celle des suivantes ont été restaurées.
Les manches à crevés de Salomé donnent un technique de gravure sur verre rouge.
Les jambes des bourreaux sont toujours nues, et leur chemise ne doit pas entraver leur geste technique. Un assistant tient une épée (de rechange ?), pointe vers le haut.
Le spectacle d'une décollation est toujours très couru, et on voit deux couples de spectateur accoudés à leur fenêtre pour en profiter.
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Au dessus de la porte d'où provient Salomé, on lit les initiales LP correspond à la signature de Le Prince.
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Aux pieds de Salomé bondit son petit chien blanc. Cet animal de compagnie, presque toujours blanc, est très fréquemment associé, sur les vitraux du XVIe siècle, à la représentation des cours seigneuriales.
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Un ange tourne vers lui un écu portant, non des armoiries, mais les initiales MP reliées par un lacs d'amour. Les auteurs du Corpus vitrearum rapportent (avec un point d'interrogation) l'hypothèse d'y voir les initiales de Marion Le Pilleur. En effet cette famille possédait sa tombe dans l'église Saint-Vincent :
Dans la ligne du milieu de la nef, [...].
Au-dessus , beau fragment de la pierre tumulaire de Jehan Le Pilleur, marchand et bourgeois de Rouen, et de sa femme, tous deux sous de très riches dais gothiques. Il n'y a plus que la moitié de cette pierre colossale, autour de laquelle on lit, en caractères gothiques : "Cy gissent honorable home Jehan Le Pilleur marchant et bourgois de Rouen"..... Le reste illisible ou tronqué.
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Mais le lacs d'amour réunit souvent les initiales des prénoms d'un couple (ici à Champeaux). Jacques Le Lieur les utilise aussi comme rébus de son nom dans ses manuscrits.
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À droite : Danse de Salomé devant Hérode, et Hérode et Hérodiate attablés.
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Le bras gauche d'Hérodiate a été restauré, et une pièce de damas a été utilisé en bouche-trou dans son costume.
La danse de Salomé, signalée manquante par La Quérière en 1844, a été réalisée en 1869 pour remplacer des bouche-trous. Le sujet d'origine était Salomé présentant le chef de saint Jean-Baptiste à Hérode et Hérodiate, comme sur la copie de cette verrière exécutée en 1535 par Mausse Heurtault pour l'église Saint-Ouen de Pont-Audemer.
On retrouve les petits chiens blancs (ou un chat blanc).
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Détail dans le volume VI du Corpus vitrearum page 404 : le roi Hérode.
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Détail de l'architecture avec l'inscription de la date 152 [5].
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L'ensemble de la verrière a été restauré et complété en 1869 par Duhamel-Marette grâce aux dons de "Mrs et Melle Dutuit" (inscription en bas à gauche).
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LE TYMPAN.
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1°) Soufflet supérieur et du centre gauche : annonce de l'ange (en haut) de la naissance de Jean-Baptiste à son père Zacharie agenouillé devant l'autel.
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Inscription ZACHARIE sur l'autel.
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2°) Visitation (soufflet droit) : rencontre d'Elisabeth, alors enceinte de Jean-Baptiste, avec Marie (nimbée) enceinte de Jésus, cousin de Jean-Baptiste.
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Fond architecturé.
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3°) Départ de la maison paternelle : soufflet inférieur gauche.
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4°) Jean-Baptiste Précurseur désignant le Christ comme Agneau de Dieu. Soufflets médian et droit.
Jean-Baptiste, assis dans un paysage forestier désigne à des disciples (un couple, un enfant et un homme) un agneau portant l'étendard de la croix sous l' inscription Agnus Dei.
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5°) Les mouchettes peintes en grisaille et jaune d'argent : motifs décoratifs Renaissance à rinceaux, médaillons à l'antique et cartouches. Deux anges tiennent des cartouches aux initiales LP (Le Prince).
"LP" est la lecture des auteurs du Corpus vitrearum. Je lis pour ma part les initiales "ALP" avec certitude. La forme Angrand Le Prince pour Engrand ou Enguerrand Le Prince est attestée, notamment en signature ALP d'une baie de Saint-Etienne de Beauvais.
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SOURCES ET LIENS.
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—BAUDRY (Paul), 1875, L'Église paroissiale de Saint-Vincent de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux (1875) pages 60-64.
— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché", Bull. AMR, 1958-1970, p. 154.
— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.
—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux, Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 131 et 359.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 71-73
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
—RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen, provenant de l'église Saint-Vincent.
Verrière de la Vie de saint Pierre, atelier rouennais, 1520-1530, don des Boyvin, seigneurs de Bonnetot . Provient de la baie 11 de Saint-Vincent, au nord.
Verrière de Sainte Anne, 1520-1530, œuvre de Jean (?) Le Vieil et probablement offerte par la confrérie de Compostelle ; Provient de la baie n°8 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière du Triomphe de la Vierge ou vitrail des Chars, commandée en 1515 et réalisée vers 1522, œuvre de Jean et Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°10 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière de la Parenté de sainte Anne, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°6 de Saint-Vincent, au Sud.
Verrière de la Vie de saint Jean-Baptiste, réalisée en 1525-1526, œuvre d'Engrand Le Prince ; Provient de la baie n°13 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière des Œuvres de Miséricorde, réalisée en 1520-1530, œuvre d'Engrand et peut-être de Jean Le Prince ; Provient de la baie n°7 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de Saint Antoine de Padoue, atelier rouennais, 1520-1530, seule verrière uniquement en grisaille et jaune d'argent ; Provient de la baie n°5 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière des six Saints, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°9 de Saint-Vincent, au Nord
Verrière de l'Enfance et de la Vie publique du Christ, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux de Bourgtheroulde ; Provient de la baie n°3 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Passion, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°1 de Saint-Vincent, au Nord.
Verrière de la Crucifixion, atelier rouennais, 1520-1530, ancienne verrière axiale ou baie 0 de l'église Saint-Vincent ;
Verrière de la Vie glorieuse du Christ, atelier rouennais, 1520-1530 ; Provient de la baie n°2 de Saint-Vincent, au Sud
Verrière du martyre de saint Vincent, atelier rouennais, 1520-1530, don des Le Roux, seigneurs de l'Esprevier. Provient de la baie n°4 de Saint-Vincent, au Sud.
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Localisation de la baie de l'église Saint-Vincent.
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La baie actuelle provient de la baie 6 du chœur de l'église Saint-Vincent de Rouen, qui a été bombardée en 1944 et détruite, alors que ses vitraux avaient été mis à l'abri. Sa chapelle sainte Anne, au sud, fut achevée en 1519. Cette baie était voisine de la baie 8, consacrée à la vie de sainte Anne et de la jeune Marie, remontée en baie 3 à Sainte-Jeanne-d'Arc.
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Cette baie de 6,60 m. de haut et 1,84 m. de large comporte 3 lancettes trilobées et un tympan à 3 soufflets et 4 écoinçons. Les lancettes sont divisées en quatre registres, et leur décor est consacré à un Arbre de sainte Anne, par analogie à l'Arbre de Jessé : il présente la Parenté de la Vierge, tradition rapportée par la Légende Dorée selon laquelle Anne eut comme enfants, outre Marie par son mariage avec Joachim, deux autres filles, Marie Salomé dont le père est ... Salomé, et Marie Jacobé dont le père est Cléophas. Aussi la verrière porte-t-elle parfois le nom de vitrail des Trois Marie. Chacune est elle-même représentée avec son ou ses enfants Jésus pour Marie, Jacques le Majeur et Jean l'évangéliste pour Marie Salomé, et les trois apôtres Jacques le Mineur, Simon et Jude, ainsi que Juste, pour Marie Jacobé.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Parent%C3%A9
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Le thème, généalogique, de l'Arbre de Jessé est illustré à Rouen en sculpture sur le portail principal de la cathédrale, et en vitrail à Saint-Godard (1506) . Mais aussi à Bourg-Achard. Mais l'église Saint-Vincent elle-même possédait un vitrage de l'Arbre de Jessé, dont nous connaissons l'existence par sa restauration en 1536-1537 par Nicolas Gouillet, qui la complète alors, peut-être pour l'ajuster au tympan du nouveau portail sud.
Le thème de la Parenté de la Vierge est également répandu en ce début du XVIe siècle. Il était déjà représenté sur la baie 5 de Saint-Maclou de Rouen en 1440-1450. On le trouve aussi à Louviers sur la baie 18, réalisé par Arnoult de Nimègue en 1510-1515. Ce thème est relié aux réflexions, très actives alors à Rouen, sur l'Immaculée conception de Marie, et ses rapports avec l'Arbre de Jessé.
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Cette verrière est très bien conservée. Elle a été restaurée en 1870 (inscription lue par Baudry en 1875) grâce aux dons d'Hedwige Duménil. En effet, de 1869 à 1875, l'abbé Pierre-Isidore Duménil, finance, avec sa sœur Hedwige, la fabrique présidé par Niel et de nombreux paroissiens la restauration de plusieurs verrières par l'atelier Duhamel-Marette, Nicolas Cochois, verrier des Andelys, se chargeant de leur dépose et de leur repose. C'est alors que la baie 17, celle de l'Arbre de Jessé, est déplacé en baie 113.
En 1843, La Querrière (p. 308) signale qu'à Saint-Vincent, elle était en partie cachée par le retable de la chapelle.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE REGISTRE INFÉRIEUR : LES DONATEURS. LA RENCONTRE DE LA PORTE DORÉE.
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À gauche : le donateur et ses trois fils.
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Nous n'avons pas l'identité de ce donateur, sans doute un riche marchand drapier ou un échevin de Rouen. Nous ne trouvons aucun indice, ni inscription, ni armoiries ; sous le manteau bleu, une pièce de verre noir porte des traces blanches qui restent énigmatiques. D'autre part, il ne semble pas que les archives aient livré quelque information.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Au centre : la rencontre entre Anne et Joachim à la Porte Dorée de Jérusalem.
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Cette scène est cruciale puisque selon la tradition, c'est par cette chaste rencontre, et de l'étreinte des époux, que fut conçue la Vierge Marie. Le rendez-vous a été fixé par un ange qui est apparu à Joachim, retiré dans les montagnes pour faire pâturer ses troupeaux après avoir vu son offrande refuser au Temple en raison de la stérilité du couple, et Anne, restée seule à Jérusalem et portant déjà la guimpe des veuves.
La Porte, avec ses médaillons à l'antique et ses bas-reliefs, témoigne de l'influence de la Première Renaissance, introduite à Gaillon par les cardinaux Georges I et Georges II d'Amboise.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : la donatrice et ses six filles.
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La donatrice est agenouillée face à la scène centrale, elle est vêtue d'un riche manteau bleu aux larges manches fourrées, et elle porte une petite coiffe noire. Ses filles ont des robes de couleur plus vives, mais aux mêmes larges manches à fourrure blanche. L'une porte un chapelet à sa ceinture.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE DEUXIÈME REGISTRE : LES TROIS MARIE .
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À partir de ce registre, des branches d'un arbre (dont il est plaisant mais non vérifié d'imaginer qu'il s'enracine et s'élève de la Porte dorée elle-même) servent de support aux personnages de la Parenté de la Vierge, par un parallèle avec l'Arbre de Jessé.
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Au centre , Éducation de la Vierge par sainte Anne.
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La mère et sa fille sont luxueusement vêtues.
Anne porte une robe bleu-mauve à manches fourrées, serrée par une ceinture nouée, et un manteau rouge à revers or, à galon perlé. Le damassé de la robe est réalisé par pochoir sur un motif floral que je retrouve dans les œuvres de Le Prince.
La jeune Marie, aux cheveux longs et dénoués, porte une robe à décolleté carré souligné de perles, en étoffe d'or et un manteau doré dont le damassé est peint (et non plus appliqué au pochoir).
Le livre voit sa reliure doté d'une couverte bleu clair à glands verts.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le livre porte l'inscription :
sur la page de gauche :
O SALVTAR
I SOSTIAQV
SFLI.PAN DI
OSTIVM B
Il s'agit de l'hymne, réservée à l'élévation, composée par Thomas d'Aquin, et chantée depuis le XVe siècle sous l'influence de l'école franco-flamande O salutaris hostia quae cœli pandis ostium. Bella premunt hostilia ; da robur, fer auxilium, "Ô réconfortante hostie, qui nous ouvres les portes du ciel, les armées du ciel nous poursuivent, donne-nous la force, porte-nous secours."
https://fr.wikipedia.org/wiki/O_salutaris_Hostia
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Sur l'autre page :
AVE GRATI
PLENA DOM
INVSTECO
GLORIA .
INIEX ET
TE RARA
Les premières lignes correspondent à : Ave gratia plena Dominus tecum Gloria, la suite est plus ardue à comprendre.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche, Marie Salomé.
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Malgré l'inscription en verre rouge gravé (qui a été intervertie) qui indique MARIE JACOBÉ , il s'agit ici de Marie Salomé, épouse de Zébédée, puisque ses deux fils Jean et Jacques sont figurés au dessus d'elle.
Elle tient un livre ouvert.
Elle est coiffée d'un turban en linge blanc orné d'un cabochon d'or, noué sous le menton.
Son manteau vert reprend le motif floral au pochoir déjà utilisé pour sainte Anne.
Au dessous du galon (restauré ?) de ce manteau, la robe dorée porte un damassé d'acanthes peint en grisaille.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite, Marie Jacobé.
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L'inscription en verre rouge gravé porte les mots MARIE SALLE, pour Marie Salomé, puisqu'il y a eu interversion des noms.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TROISIÈME REGISTRE : LES FILS DES TROIS MARIE.
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Au centre, la Vierge à l'Enfant.
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Elle est couronnée et nimbée tandis que l'Enfant porte le nimbe crucifère.
Le visage de Marie est tournée vers sa gauche, mais les regards de la mère et de l'enfant ne se croisent pas, car ce dernier regarde la poire que tient Marie et vers lequel il tend la main.
Le manteau doré est damassé d'un motif à rinceaux et fleurons complexes. Le galon est perlé.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche, Jacques le Majeur.
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On peut l'identifier, malgré l'absence de barbe (pour montrer que ces fils sont encore des enfants), par deux de ses attributs : son bourdon, et son chapeau de pèlerin de Compostelle rabattu derrière la nuque.
La robe damassée porte un motif où les tiges des rinceaux transpercent les fleurons.
Il désigne par son index son "demi-frère", l'Enfant-Jésus porté par la Vierge.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : l'apôtre Simon avec son épée, et Joseph le Juste avec sa hache.
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La hache est marquée de la lettre P, sans autre signification que celle de figurer une marque d'armurier.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE QUATRIÈME REGISTRE : LES FILS DES TROIS MARIE (SUITE).
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Au centre, Jésus portant sa croix.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À gauche : saint Jean l'Évangéliste.
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Le saint bénit la coupe de poison d'où s'élèvent des serpents. Le calice porte les lettres ANVTR, ornementales et dépourvues de signification.
Le manteau blanc à revers rouge porte les traces d'un damassé floral au pochoir, dont la grisaille s'est beaucoup effacée.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le galon porte des lettres simulant une inscription :
RVNA / OA/NVEIS/ RBLTAQ /LV/MRDQ3DQ
DAMI:VRBVQEOPG : GDVL
NR
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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À droite : saint Jacques le Mineur et saint Jude.
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Saint Jacques tient son attribut, le bâton à foulon. Il porte une robe dorée damassée de rinceaux peints déjà observés sur saint Jacques le Majeur.
Saint Jude tient la croix processionnelle. Sa robe est blanche à revers verts et galons or, damassée de rinceaux peints dont le motif était celui de la robe dorée d'Anne..
Les galons portent des lettres :
HARNOQO/RVEC et de l'autre côté RA
BLVDRE / OkGQTEDHCPRNVI et de l'autre côté : ANBI/N/E
Les galons de la robe rouge lie-de-vin portent les lettres :
B-----ARDOV et de l'autre côté OVRTCEOAM/OPVNG
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LE TYMPAN.
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Dans les soufflets, des anges musiciens à ailes colorées jouent de la harpe, du hautbois ou de la viole à archet (à trois cordes, peut-être quatre). La tête du harpiste a été remplacée vers 1540 par un bouche-trou.
Les écoinçons accueillent quatre séraphins, par inversion en miroir des cartons.
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La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La verrière de l'Arbre de sainte Anne ( atelier rouennais, 1520-1530) ou baie 4 de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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—BAUDRY (Paul), 1875, L'Église paroissiale de Saint-Vincent de Rouen, par Paul Baudry. Description des vitraux (1875) pages 60-64.
— BLONDEAU (Caroline), "L'escu de voirre", le vitrail à Rouen 1450-1530
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum -p. 399-411, Monum, Éditions du patrimoine, Paris, 2001 (ISBN 2-85822-314-9) ; p. 495
— DAVID (Véronique), 2004, Rouen, église Sainte-Jeanne d'Arc : les verrières, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, coll. « Itinéraires du patrimoine », 16 p. (ISBN 2-910316-03-3)
— DELSALLE (L.), 1998, "A St-Vincent de Rouen, vitrail dit des Œuvres de Miséricorde", Bull. CDA, 1998, p. 119-130.
— LAFOND (Jean), 1958, "Les vitraux de l'église St-Vincent et l'aménagement du Vieux-Marché", Bull. AMR, 1958-1970, p. 154.
— LANGLOIS (E.H), 1832, Essai historique et descriptif sur la peinture sur verre, Rouen, page 67-68.
—LAQUERRIERE (E. De) 1843, Eglise Saint-Vincent de Rouen, les vitraux, Revue de Rouen et de Normandie vol.11 page 359.
— PERROT (Françoise ) 1995, Vitraux retrouvés de Saint-Vincent de Rouen, Catalogue d'exposition Musée des Beaux-arts, Rouen, 190 p.
— PERROT (Françoise ), « Les vitraux de l'ancienne église Saint-Vincent remontés place du Vieux-Marché » , Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1979, p. 71-73
— PROUIN (Norbert), PRÉAUX (André), JARDIN (Anne), 1983, Rouen place du Vieux-Marché, L'Église Jeanne-d'Arc et ses vitraux, Charles Corlet, 36 p.
— RIVIALE (Laurence), 2007, Le vitrail en Normandie, entre Renaissance et Réforme (1517-1596), Presses universitaires de Rennes, coll. Corpus Vitrearum .
—RIVIALE (Laurence), 2003, « Les verrières de l’église Saint-Vincent de Rouen remontées à Sainte-Jeanne d’Arc », Congrès archéologique de France, 161e session, 2003, Rouen et Pays de Caux, Paris, Société archéologique de France, 2006, p. 262-268.
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
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XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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PRÉSENTATION DES BAIES.
D'après Markus Schlicht.
En pleine Guerre de Cent ans, quelques mois seulement avant l’ouverture du procès de Jeanne d’Arc en 1431, auquel nombre de chanoines devaient participer en tant qu’assesseurs, le chapitre cathédral rouennais entama, en 1430, une nouvelle campagne de travaux visant à moderniser son église. « Pour enrichir et ennoblir et plus enluminer le cueur de l’église de Rouen », comme ils le formulèrent eux-mêmes, les chanoines commandèrent alors au maître d’œuvre Jenson Salvart des plans pour la réfection des fenêtres hautes du chevet. Projetés dès 1429 au plus tard, les travaux, menés rapidement, se terminèrent en 1433 par la mise en place des dernières verrières .
En effet, en 1429, une délégation de huit chanoines et trois maîtres maçons visita la cathédrale «pro reperiendo modum clarifficandi chorum dicte ecclesie» (Compte de la fabrique, Arch. dép. Seine-Maritime G 2487, registre non folioté, chapitre des Misie communes du terme de la Nativité Saint-Jean-Baptiste, cité ici d’après la transcription par G. Ritter 1926). Les trois verrières orientales du polygone (100, 101 et 102), réalisées par les maîtres verriers rouennais Etienne Guiot et Guillaume de Grainville d’après des « cartons » sur toile et sur sol plâtré dessinés par le peintre Lyonnet [ou Leonnet] de Montigny, furent installées dès 1430. Suivent quatre verrières, à savoir les deux dernières du polygone (103 et 104) et celles des deux travées droites orientales (105 à 112), payées en 1431 au peintre verrier Louis Le Doyen. Guillaume de Granville et Jean de Senlis – ce dernier se taillant la part du lion – réalisent en 1432 les autres vitres des travées droites, à l’exception de la dernière grande baie méridionale («ultimam magnam formam chori denovo clarificatam versus aquam Sequane »), elle achevée en 1433. Cf. les extraits des Comptes de la fabrique Arch. dép. Seine-Maritime, G 2487, G 2489 et G 2490 transcrits par RITTER, 1926, p. 28-29.
Aujourd’hui, seuls les trois personnages de la Crucifixion (le Christ est refait) ainsi que le saint Pierre de la baie orientale du côté nord subsistent. En contradiction avec les sources évoquées ci-dessus, Françoise Perrot a affirmé que seuls ces quatre personnages avaient été réalisés (F. PERROT, Le vitrail à Rouen, Rouen, 1972, p. 26). A.-M. CARMENT-LANFRY, La cathédrale Notre-Dame de Rouen, Rouen, 1977, p. 122, et plus récemment M. CALLIAS-BEY et al., Les vitraux de Haute-Normandie (Corpus Vitrearum Medii Aevi , France, Recensement,vol. 6 ), Paris, 2001, p. 335 (notice « Rouen » de la même auteure) ont repris à leur compte cette conviction.
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D'après Callias-Bey p. 335.
Les successeurs du verrier Robert de Grainville (verrier dont le nom apparait en 1406-1407 et en 1415-1415) tiennent l'échoppe L'escu de voirre" jusqu'en 1430.
"Plusieurs verriers furent pressentis pour vitrer les nouvelles larges baies à remplage flamboyant : Étienne Guiot et Guillaume de Grainville exécutèrent entre le 24 juin et le 29 septembre 1430 "un Crucifix, Notre-Dame et Saint-Jean-en-la-Passion" ainsi que les vitreries des trois baies d'axe, d'après des "patrons peints en toile" entre les 16 avril et 24 juin par le peintre Léonnet de Montigny."
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D'après F. Buckhard.
"Entre 1430 et 1433 on voit acheter des pierres à tailler pour « clarifficare » au-dessus du choeur (entendons : ouvrir des verrières), d'après « certain portrait en parchemin » fait par Jean Salvant et Jean Roussel. On consulte des ouvriers du Bec-Hellouin sur ces plans. On donne 4 livres 5 sous à Lyonnet de Montigny, peintre, pour « deux fois pourtraire sur plâtre et sur toile » en la salle de l'œuvre, le Christ, Notre-Dame et saint Jean : ce sont les cartons des vitraux, et on sait même que les aunes de toile nécessaires ont coûté 30 sous. On achète 23 sommes et demie de verre à un verrier de Foucarmont. 8 On mentionne même le don par le chapitre d'un « capuce » à la femme du verrier. (ADG 2491)"
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DESCRIPTION.
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Les trois baies ont chacune trois lancettes, et au tympan un quadrilobe, deux trilobes, deux mouchettes et écoinçons. Elles mesurent 6,65 m. de haut et 2,58 m. de large. Elles composent un Calvaire avec un grand personnage dans la lancette centrale de chaque baie, d'après un carton de Lyonnet de Montigny exécuté par Etienne Guiot et Guillaume de Grainville. Elles ont été restaurées par Jean-Jacques Gruber en 1956.
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Les baies 100 à 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
Les baies 100 à 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 100 : le Christ en croix (1864-1884 ; 1956).
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À l'exception de l'inscription INRI, tout a été refait entre 1864 et 1884. La lune et le soleil figurent dans les têtes de lancettes latérales. Complément de vitrerie losangée avec au centre un soleil en jaune d'argent, par Jean-Jacques Gruber en 1956. Bordures : rinceaux de feuilles.
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La baie 100 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 100 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 101 : la Vierge au calvaire.
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Notez le verre rouge gravé du nimbe.
Complément de vitrerie losangée avec au centre un soleil en jaune d'argent, par Jean-Jacques Gruber en 1956. Bordures : rinceaux de feuilles.
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La baie 101 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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La baie 102 : saint Jean au calvaire.
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Complément de vitrerie losangée par Jean-Jacques Gruber en 1956, mais le soleil en jaune d'argent du centre est ancien. Bordures : rinceaux de feuilles.
J'admire, comme dans la baie précédente, la finesse de l'inscription, en verre de couleur et non peinte en grisaille, et j'imagine la délicate et virtuose opération de découpe des verres qu'elle suppose.
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La baie 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 102 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— BURCKARD (François), 1987, Les cent clochers de la ville.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) » , in : C. Blondeau et al. (textes réunis par), Ars auro gemmisque prior. Mélanges en hommage à Jean-Pierre Caillet, Zagreb – Motovun
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté. Les vitraux de la cathédrale de Rouen, Cognac, p. 28.
1550 : maîtresse-vitre de l'église de Guimiliau. Attribuable à l'atelier Le Sodec. Cartons communs avec Guengat, et certains avec Quéménéven, Gouézec, et Tréguennec.
1550 : Tourch
1550 : Trégourez
Milieu XVIe : ancienne maîtresse-vitre de Saint-Gunthiern à Langolen, aujourd'hui au Musée Départemental Breton de Quimper.
1556 : Saint-Herbot (Plonévez-du-Faou) par Thomas Quéméneur de Morlaix.
3e quart XVIe siècle (vers 1560), Quéménéven église Saint-Ouen:Attribuable à l'atelier Le Sodec . Cartons communs (Le Bihan) avec Guengat, Gouezec et Guimiliau, ou La Martyre et La Roche-Maurice (Gatouillat).
3e quart XVIe siècle Tréguennec ; Attribuable à l'atelier Le Sodec
La cathédrale possède 52 fenêtres dont environ 14 du XIIIe siècle, 6 du XIVe siècle, 22 du XVe siècle, 7 du XVIe siècle, 9 du XXe siècle.
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XIIIe siècle
Baies n° 9 et n°11 Verrière de la vie de saint Joseph vers 1220-1230
Baie n°10 Verrière de la Passion vers 1220-1230
Baie n° 12 Verrière du Bon Samaritain vers 1220-1230
Baie n°13 Verrière composite avec fragments des Sept Dormants d'Éphèse et de saint Pierre vers 1204
Baie n°14 Verrière composite : vie des saints Pierre et Paul, martyre des saints André et Barthélémy vers 1220-1230 et 1er quart XIVe
Baie n°23 Verrière de la vie de saint Julien l'hospitalier vers 1220-1230
Baie n°27 vers 1230
Baie n°29 vers 1230
Baie n°31, vers 1230
Baie n°39, Verrière de saint Vincent et saint Laurent XIIIe siècle
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie 121, Rose des Libraires, vers 1280
XIVe siècle
Baie n° 3, Chapelle de la Vierge Verrière composite avec écus de Guillaume de Flavacourt vers 1310
Baie n° 5, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Ouen, Ansbert, Godard et Filleul vers 1310.
Baie n° 6, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Romain, Évode, Victrice et Innocent vers 1310
Baie n° 7, Chapelle de la Vierge. Verrière des saints Marcellin, Maurice, Silvestre et Eusèbe vers1310
Baie n° 8, Chapelle de la Vierge. Verrière du martyre de saint Prétextat et saints Maurille, Rémy et Hugues vers 1310
Baie n°36 : Vitrail de la Pentecôte offert par Jean de Nonancourt. 1340-1350
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XVe siècle.
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Baie n° 1, Chapelle de la Vierge. Verrière de l'Annonciation, saints Michel et Jacques le Majeur. Guillaume Barbe vers 1470
Baie n° 2, Chapelle de la Vierge. Verrière des saintes Catherine, Madeleine, saints Pierre et Jean-Baptiste . Guillaume Barbe vers 1470
Bain n° 32 :Vitrail des Saint-Innocents Guillaume Le Fève et Confrérie des saints Innocents 1449-1450
Baie n°41 , Verrière des saints Claire, évêque, Madeleine et Éducation de la Vierge, 1465, Guillaume Barbe
Baie n°43 Verrière des saints Marguerite, Madeleine, Nicolas et Vierge à l'Enfant 1468-1469 Guillaume Barbe
baie n°44 Verrière composite : Vierge à l'Enfant couronnée, saints Simon, Nicolas et sainte Catherine 1466-1467.
Baie n°47 Verrière des saints Éloi, Laurent, Jean-Baptiste et Nicolas 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°49 Verrière des saints Michel, Julien, Guillaume et Geneviève 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°51 Verrière composite : « Belles Verrières » et la Passion du Christ vers 1200-1210, 1220-1230 et 1468-1469 Guillaume Barbe
Baie n°53, Verrière composite : « Belles Verrières » et Noli me tangere vers 1200 et 1210, 1220-1230 et 1468-1469 (Guillaume Barbe)
Baie n°55 : Vitrail de saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien 1468-1469 Guillaume Barbe
Baies 100, 101 et 102, fenêtres hautes du chœur vers 1430
Baie 105, Saint Pierre. 1433
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XVIe siècle
Baie n°28 Vie de Saint-Romain, Jean Barbe ? 1511-1512 et 1521
Baie n° 30 Panégyrique de Saint-Romain, 1521
Baie n° 34, Vie de saint Jean-Baptiste, 1499
Baie n°54 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Pierre et André), le Christ et saint Pierre marchent sur les flots vers 1500
Baie n°56 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Jacques le Majeur et Jean l'Évangéliste), l'Ascension vers 1500
Baie n°58 Verrière de l'Incrédulité de saint Thomas vers 1500
Baie n°62 Verrière des apôtres du Credo apostolique (saints Paul et Jude), le Christ et les pèlerins d'Emmaüs vers 1500
XXe siècle
Vitraux des Chapelles de la nef
Chapelle Ste Jeanne d'Arc
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Sur Guillaume Barbe, voir article sur la baie 41.
Toutes les informations techniques proviennent du volume VI du Corpus Vitrearum et de Blondeau 2014.
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LA BAIE 55 de la chapelle Sainte-Agathe. Saint Victor, Vierge à l'Enfant, sainte Agathe, saint Sébastien par Guillaume Barbe, 1468-1469.
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Cette baie de la première travée du collatéral nord se compose de 4 lancettes et, au tympan, une rose pentalobée et deux trilobes, et mesure 11,45 m. de haut et 5,64 m. de large. C'est, comme les baies 41, 43; 44 , 47 et 49 des chapelles du bas-côtés nord, une verrière mixte avec quatre grands personnages en bandeau de 1468-1469 dans une vitrerie losangée créée par Gaudin en 1960.
Les quatre personnages sont saint Victor, la Vierge à l'Enfant, sainte Agathe et saint Sébastien, chacun debout sur un socle portant les inscriptions nominatives.
En effet, Caroline Blondeau indique qu' au début de l'année 1468, Guillaume Barbe dut garnir de vitres les fenêtres de la chapelle Sainte-Agathe : il est chargé d'y placer une vitrerie blanche à bordures peintes et fermaillets de couleurs, sans aucun personnage. La superficie à vitrée, 324 pieds laisse penser qu'il garnit l'intégralité de la baie de cette manière.
"Audit Barbe voirrier, pour avoir ouvré de son mestier en plusieurs lieux en ladite chapelle, cest assavoir en la chapelle Saincte Agathe a une fourme de voirre neuf blanc avecque les bordeures et fermaillés de voirre de couleurs, content IIIC XXIIII piès à XV d le piè, vallen XX IV s. " (ADSM G2503 f° 123v°)
Quelques mois plus tard, ce même artiste reçoit 15 l pour insérer quatre images dans la fenêtre de cette chapelle :
"A Guillaume Barbe voirrier, pour avoir ouvré de son mestier en une voirrière assise en la chapelle Saincte Agathe et y avoir fait IIII ymages , c’est assavoir Notre-Dame, sainte Agathe, saint Sébastien et saint Victor , pour ce paié a luy par quictance le VIIIè jour d'aoust au temps de ce present compte XV l. ( ADSM G 2505, Comptes de la fabrique de la Saint-Michel 1468 à la Saint-Michel 1469, , chapitre de la verrerie, publié dans Ritter 1926, p. 73, pièce justificative 13, p. 31.)
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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1. Saint Victor.
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La tête du saint est quasiment effacé tout comme le damas bleu devant lequel il se tient, où la grisaille est totalement détachée du verre. De nombreux bouche-trous viennent compléter les parties manquantes notamment au niveau de son armure.
Il tient un étendard et une trompe de chasse.
De nombreux saints portent ce nom, dont Victor de Marseille, Victor d’Agaune ou Victor de Milan, tous soldats. La verrière représente l’un d’entre eux ou bien montre le type du saint Victor soldat. (A. Blaise)
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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2. La Vierge à l'Enfant.
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La Vierge offre à son Fils une fleur (un œillet ?).
La baie est en grande partie remaniée, surtout au niveau du visages : celui de Marie est remplacée par un fragment du XVIIe siècle et celui du Christ par un bouche-trou du XVIe siècle.
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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3. Sainte Agathe.
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Tête et partie du buste de la sainte refaite. Le visage du bourreau est saisissant de laideur et de cruauté
Voici les clichés de "Giogo" sur Wikipédia :
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Giogo travail personnel sur Wikipédia
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Travail personnel Giogo sur Wikipédia
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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4. Saint Sébastien.
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Le visage du saint, bien que défiguré par deux plombs de casse, est l'une des pièces les mieux conservées de cette baie. La grisaille est bien conservée et laisse deviner la finesse d'exécution, voire les larges coups de pinceaux en demi-cercle des pommettes. (C. Blondeau)
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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Un blason à armoiries mi-parti est visible du coté gauche : c'est un assemblage factice de fragments, seule la moitié dextre est valide : une croix pattée de sable à cinq coquilles d'or, sur fond d'argent à trois merlettes.
Elles n'ont pas été identifiées et semble avoir été ajoutée postérieurement.
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détail du cliché par Giogo Wikipédia
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La baie 55 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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LA BAIE 58. Chapelle Saint-Etienne. L'incrédulité de saint Thomas (vers 1500).
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Cette baie d'une chapelle du bas-côté sud se compose de deux lancettes et, au tympan, deux mouchettes et deux soufflets, et mesure 5 m. de haut et 1,90 m. de large.
Elle est remarquable par ses prouesses techniques : verres rouges gravés, montages en chef-d'œuvre, inscriptions sur les galons, et gemmes du galon du manteau du Christ.
— Un verre rouge gravé est un verre qui est doublé (un fin verre rouge contre un verre blanc) ou un verre plaqué, constitué lors du soufflage de couches continues en trempant la première paraison dans une autre couleur (Flavie Vincent-Petit). Pour le graver, on érode la couche supérieure du verre, rouge, plus mince, pour laisser apparaître la couche blanche. Cette gravure peut être manuelle, ou mécanique.
Exemple : nimbe crucifère du Christ, col et galon de saint Jean.
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Travail personnel Giogo modifié.
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— Un montage en chef-d'œuvre est le sertissage d'une pièce de verre, en générale ronde, au sein d'une autre pièce, toute la difficulté tenant dans la coupe du verre, comme à l'emporte-pièce, alors que la tendance du verre est de filer. Lorsque la découpe est faite, on y insère la pièce grâce à un plomb.
Exemple : les (faux ?) gemmes de la bordure du manteau, pièces de couleur bleue, verte ou rouge sur une pièce jaune. De nombreux gemmes sont carrés.
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Travail personnel Giogo modifié
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— Les auteurs du Corpus Vitrearum signale l'existence de gemmes, ce qui suppose non pas un montage en chef-d'œuvre, mais le collage par cuisson d'une pièce de verre colorée, sur la pièce support ; elle est ensuite entourée d'un trait de grisaille. Je ne suis pas assez qualifié pour déceler ces gemmes. Et seul un examen attentif sur place pourrait alors dire si ils sont d'origine, ou apportés par une restauration. Or, ces auteurs précisent que "les vêtements et le sol ont été restaurés."
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Quant au motif, on le connaît, il illustre Jean 20:24-31 : Thomas, absent lors de l'Apparition du Christ ressuscité, est incité par Jésus à placer son doigt dans la plaie du flanc.
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Travail personnel Giogo
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Travail personnel Giogo sur Wikipédia
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La baie 58 de la cathédrale de Rouen. Photographie lavieb-aile 2020.
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SOURCES ET LIENS.
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— BLONDEAU (Caroline), 2014, Le vitrail à Rouen 1450-1530, "L"ecu de voirre". Corpus Vitrearum, Presses universitaires de Rennes.
— CALLIAS-BEY (Martine), CHAUSSÉ (Véronique), GATOUILLAT (Françoise), HÉROLD ( Michel) 2001, Les vitraux de Haute-Normandie - Corpus vitrearum, Paris, CNRS éditions / Éditions du Patrimoine, coll. « Recensement des vitraux anciens de la France - volume VI », 2001, 495 p. (ISBN 2-271-05548-2 et 2-85822-314-9), p. 332-353.
— CALLIAS-BEY (Martine), 1997, « À l'« Escu de voirre »: un atelier rouennais de la peinture sur verre au XVe et XVIe siècles », Bulletin monumental, t.155-III, 1997, p. 237-242
— LE MAHO, Jacques ; CARMENT-LANFRY, Anne-Marie. "Les chapelles des collatéraux", in La Cathédrale Notre-Dame de Rouen. Nouvelle édition [en ligne]. Mont-Saint-Aignan : Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2010 (généré le 24 mars 2022). Disponible sur Internet : <http://books.openedition.org/purh/3779>. ISBN : 9791024010670.
https://books.openedition.org/purh/3800
— SCHLICHT (Markus), 2013, « Architecte, commande, style, modèle. Quelques remarques sur la réfection des fenêtres hautes du chevet de la cathédrale de Rouen (1429-1433) »
Martine Callias Bey, Rouen, Cathédrale Notre-Dame, Les verrières, Itinéraires de patrimoine no 25, Rouen, 1993.
Anne-Marie Carment-Lanfry, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Connaître Rouen, Rouen, 1977.
Louis Grodecki, Les Vitraux, dans n° spécial des Monuments historiques de la France, 1956, 2, p. 101-110.
Jean Lafond, « Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300 », Bulletin monumental., t. 111, p. 317-358.
Jean Lafond, Le Commerce des vitraux étrangers anciens en Angleterre, au xviiie et au xixe siècles, RSSHN, 1960, p. 5-15.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Mémoire sur la peinture sur verre, Rouen, 1823.
Eustache-Hyacinthe Langlois, Essai sur la peinture sur verre, Rouen, 1832.
Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p., p. 66-77
Armand Loisel et Jean Lafond, La Cathédrale de Rouen, Paris, 1924.
Monum, Les Vitraux de Haute-Normandie, éd. du patrimoine, Paris, 2001.
Françoise Perrot, Le vitrail à Rouen, Connaître Rouen, t. II, Rouen 1972.
Alfred Rudolf et Eugène Levasseur, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, Rouen, s.d.
— RITTER (Georges), 1926, Les Vitraux de la cathédrale de Rouen, XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles. Reproductions en héliotypie, publiées avec une introduction historique et des notices iconographiques. Non consulté.
Les vitraux de la cathédrale de Rouen VII. La baie 53 de la chapelle Saint-Jean-de-la-nef. « Belles Verrières » vers 1200 et 1210, 1220-1230 et scènes de la vie de Jean-Baptiste (décollation) et de Marie-Madeleine (Guillaume Barbe 1468-1469).