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3 août 2020 1 03 /08 /août /2020 20:18

 Zoonymie du papillon Le Soufré Colias hyale (Linnaeus, 1758).

 

   La zoonymie (du grec ζῷον, zôon, "animal" et ónomaὄνομα, "nom") est la science diachronique  qui étudie les noms d'animaux, ou zoonymes. Elle se propose de rechercher leurs significations, leurs étymologies, leur évolution et leur impact sur les sociétés (biohistoire). Avec l'anthroponymie (étude des noms de personnes), et la toponymie (étude des noms de lieux) elle appartient à l'onomastique (étude des noms propres).

Elle se distingue donc de la simple étymologie, recherche du « vrai sens », de l'origine formelle et sémantique d'une unité lexicale du nom.

Voir aussi :

.

 

Résumé.

 

 — Colias (Fabricius, 1807) : épithète de Vénus, lié au nom d'un cap de la côte orientale de l'Attique (Grèce), où était édifié un temple et une statue dédiés à Vénus. 

— hyale : nom d'une des cinquante Danaïdes, selon une convention choisie par Linné pour sa "phalange" des Danaii candidi. Hyale est, dans la liste donnée par Hyginus, l'épouse de Perius, dont elle transpercera le cœur de son épingle à cheveu le soir des noces pour prévenir une malédiction annoncée en oracle à son père.

— "Le Soufré" est le nom vernaculaire choisi par G.C. Luquet en 1986. Il fait suite aux noms "Le Soufre" d'Engramelle (1779), "La Coliade Hyale" de Latreille et Godart (1819), la "Coliade Soufre" de Godart (1821) et des auteurs du XIXe siècle, et à "La Coliade Soufrée" utilisée par Oberthür et Houlbert (1912-21). Le Jaune soufre est une couleur plus pâle que le Jaune Citron, de même que cette espèce (The Pale Clouded Yellow en anglais) est plus pâle que le Citron (The Clouded Yellow).

 

 

 

 

               I. Nom scientifique.

 

1. Famille et sous-famille.

a) Famille des Pieridae, Swainson, 1820, ou Piérides.

Je n'ai pas trouvé la publication originale ; sans-doute The Zoological Illustrations

(BHL libr)

Elle comporte, en France, les sous-familles

  • des  Dismorphiinae Schatz, 1888, ou Dismorphiines (avec le genre Leptidea)
  • des Coliadinae Swainson, 1827 ou Coliadines (rassemblant les Coliades et les Citrons) 
  • et celle des Pierinae Duponchel, 1835, ou Piérines.

 

b) Sous-famille : Coliadinae, Swainson 1827. Elle réunit les Coliadini, les Goniopterygini et les Euremini : en anglais, The Yellows, Sulphurs, and the Emigrants.  En France, cette sous-famille ne rassemble que deux genres, Gonepteryx et Colias. 

 

 

 

2. Nom de genre : Colias, Fabricius, 1807.

 a) publication originale.

   Le genre Colias a été créé par Johan Christian Fabricius en 1807 dans l'article suivant : "Die Neueste Gattungs-Eintheilung der Schmetterlinge aus den Linneischen Gattungen Papilio und Sphinges""Nach Fabricii systema glossatorum Tom 1" , in Johann Karl Wilhelm Illiger*, Magazin für Insektenkunde, Karl Reichard Braunschweig [Brunswick] (6) page 284. n° 24..

*Illiger a publié dans sa revue les prémisses d'un livre de Fabricius sur sa classification des lépidoptères, son Systema glossata. Il se contente d'y indiquer l'organisation en genres, laquelle était une nouveauté. Le livre lui-même ne parut jamais, en raison de la faillite de l'éditeur, et du décès de Fabricius en mars 1808. Voir le récit détaillé ici : Zoonymie du papillon la Belle Dame, Vanessa Cardui (Linné, 1758).

 

 Dans la note préliminaire d'Illiger, Fabricius divisait l'ensemble de ses Papilio (papillons "de jour") en 49 "genres", dans lesquels il englobait les Sphinx (n°43), les Sesia (n°44) les Zygaena (n°47), sans distinction, alors que Latreille (dont la classification de 1804 est présentée dans la partie B du même article page 90) crée des Sections (Diurnes-Crépusculaires-) divisées en familles (Papillionides et Sphingides), elles-mêmes divisées en quatre sous-groupes.

 

b) caractéristiques.

Le genre fut repris par Latreille en 1810 sous le nom de "Coliade". Les anglais les désignent sous le nom de "Clouded Yellows".

Type spécifique :  L'espèce-type, celle sur laquelle se base la description, est Papilio hyale.

 

Il comporte en France 7 espèces :

Colias palaeno (Linnaeus, 1761), le Solitaire.

L'espèce est décrite par Linné dans son Fauna suecica (Faune de Suède) de 1761 parmi ses Heliconii n°1041 page 272 ainsi :

https://www.biodiversitylibrary.org/item/100333#page/330/mode/1up

alis intergerrimis rotundatis flavis apice nigris margineque fulvis ; posticis subtus puncto argenteo. Uddm.diff. 56. Papilio hexapus, alis rotundatis albis ocello parvo fusco oblongo ; apicibus fuscis. Habitat in Pteride rarissime Upsaliae, frequentior in Finlandia.

DESCR. Antennae & Pedes rubro. Alae flavescentes aut albae marginibus exterioribus rubris. Primores apice late nigrae, disco utrinque puncto nigro. Posticae subtus cinerescentes, in medio puncto argenteo lunato, imprimis in superioribus ; basis alatum inferiorum subtus rubra.

 

Dans cette description Linné fait référence sous l'abréviation Uddm.diff à l'espèce 56 de Johan Leche (1753) page 23. L'insistance sur la petite ocelle brune oblongue  de l'aile antérieure (ocello parvo fusco oblongo) pouvait laisser penser que l'épithète palaeno dérivait  du latin palea, "balle du blé, paillette" , également à l'origine de l'épithète paleana (Totricidae Clepsis paleana Hübner, 1819), qu'Emmet commente ainsi : "chaff. From the whitish ochreous forewing". L'ocelle  non pas ronde, mais fusiforme pouvait être à l'origine de paleano "en forme de balle de blé "(enveloppe du grain de blé).

Mais pas du tout. Palaeno est le nom de l'une des 50 Danaïdes de l'Antiquité, fiancée par contrainte à Aristonus. L'espèce Papilio Palaeno suit directement, dans le Fauna suecica, Papilio Hyale , Hyale étant une autre Danaïde. (voir infra)

Nom vernaculaire:

-Le nom est créé en 1779 par Engramell : Engramelle Papillons d'Europe tome I page 328 pl. VI, 3eme supplément fig. III quart. "Ce papillon est de la même famille que ceux représentés sous les numéros 111 et 112, Pl. LIV, LXXVIII et LXXIX, mais il ne se trouve jamais avec eux. C'est une espèce qui n'habite que les lieux solitaires ; de là vient sans doute qu'il est peu connu."

https://books.google.fr/books?id=_2hTAAAAcAAJ&pg=PA101&dq=colias+solitaire&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj666HAif_qAhXID2MBHXcMAWoQ6AEwAHoECAEQAg#v=onepage&q=colias%20solitaire&f=false

-Il est cité en 1819 par Latreille qui se réfère à Engramelle, en  1823 par Von Waldheim

-En 1836, Boisduval emploie le nom Le Solitaire en référence à Ernst.

-Paul-A. Robert 1934 : "en français, cet insecte s'appelle "Le Solitaire" précisément parce qu'il est rare et généralement isolé"

Colias palaeno europome (Esper, 1778).

Colias palaeno europomene Ochsenheimer, 1816. (Alpes)

Colias phicomone (Esper, 1780), le Candide.

Colias hyale (Linnaeus, 1758), le Soufré.

Colias alfacariensis Ribbe, 1905 le Fluoré.

Colias crocea (Geoffroy in Fourcroy, 1785), le Souci. 

Synonymes ou sous-genres*:

  • Eurymus Horsfield, [1829]

  • Ganura Zetterstedt, [1839]

  • Scalidoneura Butler, 1871

  • Eriocolias Watson, 1895

  • Coliastes Hemming, 1931

  • Protocolias* Petersen, 1963 [2]

  • Mesocolias* Petersen, 1963

  • Neocolias* Berger, 1986 [3]

  • Palaeocolias* Berger, 1986

  • Eucolias* Berger, 1986

  • Similicolias* Berger, 1986

  • Paracolias* Berger, 1986

Voir :Josef GRIESHUBER & Gerardo LAMAS "A Synonymic List of the Genus Colias FABRICIUS, 1807 (Lepidoptera: Pieridae)" Mitt. Münch. Ent. Ges. 97 131-171 München, 31. 10.2007 en ligne

 

Synonymes faux-ami : Colias, Hübner, 1819 ou Phoebis, Hübner, 1819 (Hübner, [1819]; Verz. bek. Schmett.(7): 98).

 

Le genre se caractérise par :

  • Ses couleurs principales jaune, orangé, parfois blanc-verdâtre, plus ou moins tachées de noir, le bord de l'aile étant souligné ou encadré de noir (Yellow Clouded), de façon plus marquée chez les femelles.
  • Une  taille généralement moyenne.
  • L'apex des ailes antérieurs est arrondi
  • un vol rapide, puissant et infatigable qui font des espèces du genre de puissants migrateurs.
  • chez les mâles de nombreuses espèces, une tache androconiale sur le bord antérieur de la face supérieure de l'aile postérieure : formée d'écailles épaisses "crayeuses", elle est nommée Mehlflekt ("tache-farine") par les auteurs allemands.
  • une nervuration typique : nervure sous-costale avec 4 rameaux, naissant loin avant l'extrémité de la cellule. Absence de nervure disco-cellulaire antérieure, la nervure radiale antérieure  étant anastomosée à la nervure costale 4.
  • des antennes courtes à massue en cône renversé (Godart).
  • des chenilles, de couleur verte avec rayures, qui se nourrissent de légumineuses (fabacées)
  • l'absence en général d'aposématisme et de fabrication à partir des plantes-hôtes de composés toxiques pour les prédateurs, ce qui fait d'eux une proie appréciée (à la différences des Piérides/Piérines).

 

 

c) étymologie.

 Kôlias Κωλιάς «De Kolias» : épithète de Vénus/Aphrodite.  Nom d'un cap de la côte orientale de l'Attique (Grèce), proche de Phalère, l'un des ports d'Athènes. Il y était édifié un temple et une statue dédiés à Aphrodite (Vénus pour les grecs)  selon Strabon (Livre IX page 612) et Pausanias (Description de l'Attique ou Livre I, chapitre 1 page 5). Les anciens prenaient plaisir à rapprocher le nom grec de celui de Kolios, "membre" ; plus précisément, Hesychius compare la forme du promontoire "au pied de devant d'une victime, kólos κωλος ", ce jeu de mot sur Kôlias (Colias) et kôlê ("pénis") se retrouvant chez qu'Aristophane (Nuées, v.49-52). D'autres, plus respectueux, disait que l'endroit avait pris ce nom  "de la cuisse (kôlê) de la victime sacrificielle volée par un corbeau et déposée en l'endroit nommé cap Kôlias".

  Se rendre au sanctuaire de Vénus à Kolias tenait plus de l'Embarquement pour Cythère que du pèlerinage de Lourdes. On connaît peut-être la pièce d'Aristophane, Lysistrata, où les femmes font la grève du sexe pour obliger leurs maris à renoncer aux guerres. La pièce commence par une déclaration furieuse de Lysistrate contre les Athéniennes qu'elle a convoquées pour réfléchir à un moyen d'obtenir la paix : il n'y a personne !

 LYSISTRATA, d'abord seule. - Voyez pourtant ! si on les avait convoquées au temple de Bacchus, ou de Pan, ou de Vénus Coliale, ou de Génétyllide, la foule des tambourins ne permettrait pas même de passer

   "Toutes les divinités citées par Lysistrate étaient favorables à la débauche", indique en note le traducteur Georges G. Toudouze. La déesse de Kolias y était vénérée comme présidant (comme Bacchus et Pan) aux plaisirs de l'amour, mais aussi à l'union conjuguale, alors qu'un culte voisin était rendu à une déesse Génétyllide protectrice des engendrements. (Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio en ligne). Les femmes athéniennes se rendaient au cap Kolias le deuxième jour des Thesmophories, ce qui laisse soupçonner une fusion du culte de Déméter (fécondité) avec les deux cultes précédents. La prêtrise du temple était exercée par une femme. 

 Fabricius s'était donné la règle d'attribuer aux genres qu'il créait pour son Systema glossata(Système des lépidoptères) des épithètes de Vénus (épiclèses pour l'épithète grec) aux papillons diurnes, et inversement, des épithètes de la déesse lunaire Diane/Artémis aux genres de papillons de nuit. le genre Colias rentre dans cette série, en numéro 24, après les genres Doritis (Vénus bienfaitrice) et Pontia (protectrice de la mer profonde). A.M. Emmet 1991, qui ignorait manifestement cette convention de Fabricius, attribue ce choix de nom Colias et Pontias liés à la déesse de la beauté "peut-être simplement parce que les papillons eux-mêmes étaient beaux". Pour la même raison, et parce qu'il suspecte toujours Fabricius d'être un joyeux farceur ("his fondness for punning names and word play"), Emmet rapproche Colias du grec κολιας, kolias, un poisson de la famille des thons décrit par Aristote, avec un jeu de mot avec khole, kholos, "bile" (cf notre mélancolie, bile noire"), en raison de leur couleur jaune. Cette étymologie liée au poisson d'Aristote et de Pline avait été dénichée chez Ramann, 1870 p. 18, qui comparait le vol rapide de ce papillon très coloré aux mouvements ondulatoires de la nage des thons. Le même rapprochement est aussi cité par Spannert. Ah, si non e vero... mais Glaser 1887 a souligné la différence entre les noms grecs Κωλιάς  et κολιας

 Dans ce genre où il plaçait 35 espèces aux ailes jaunes , Fabricius distingue deux types : ceux aux ailes arrondies (Papilio palaeno, hyale, glaucippe) et ceux aux ailes anguleuses (Papilio rhamni, cleopatra) qui rentreront plus tard parmi les Gonepteryx. Les autres Pieridae blancs se trouvaient dans le genre Pontia (94 espèces, dont P. crataegi, rapae, daplidice, elathea, belia).

 

 

 

3. Nom d'espèce :  Colias hyale (Linnaeus, 1758)

 

a) la publication originale.

       Protonyme :P[apilio] D[anaus] hyale n° 71 , Linnaeus, C. 1758. Systema naturæ per regna tria naturæ, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Holmiæ. (Salvius). Tomus I: 824 pp. page 469 . 

— Localité-type: Bocking, Essex, Angleterre, lectotype désigné par Verity & Querci (1923). Cette désignation est contestée par Honey & Scoble (2001)]

Cette espèce migratrice possède une répartition eurasiatique. Elle est observée dans toute la France. Les chenilles se nourrissent sur diverses Fabaceae, principalement Trifolium repens L. et Medicago sativa L.  

 —Habitat in Europa, Africa

— Description : P.D. alis integerrimis rotundatis flavis ; posticis macula fulva, subtus puncto sesqualtero argenteo. " Papillon Danaus, ailes jaunes arrondies, les ailes postérieures tachées de fauve, avec un point sesqualtier [une fois et demi plus grande que la tache des ailes antérieures] argenté en dessous".

 

 — Références (mentions bibliogr. complétées si besoin ) :

- John Ray, Historia insectorum I page 112 n° 6. Papilio mediae magnitudinis...

- James Petiver gazophylacii, page 22 t.14 f.11 : papilio croceus, apicibus nigrantibus. Papilio 5 Moffet 100...The Saffron butterfly

- Roesel  Ins. III. t. 46

- Uddm. ins. 56

      Voir aussi Fauna suecica édition 2 page 272 n°1040.

J'ai mis un certain temps à découvrir la signification de l'abréviation Uddm, mais l'Histoire des Insectes de Geoffroy m'a donné la solution  de cette référence à Johan Leche   Novae insectorum species, quas dissertationis Academicae loco, praeside Joanne Leche, proponit Isaacus Uddman. Alboe, Jakob Merckel 1753, in-4°. 

Jacob Uddman (1731-1781) avait publié en 1765 avec Linné une thèse (14 pages) sur la Lèpre. Linné lui a dédié un Tortrix, l'actuelle notocelia ou epiblema Uddmanniana voir  Zoonymie de deux microlépidoptères très communs : Tortrix viridana et Epiblema uddmanniana. où je donne les renseignements sur ce médecin.

Le suédois Johan Leche (1704-1764), (biographie) docteur en médecine en 1740, fut nommé médecin de la Compagnie des Indes Orientales de Suède à Göteborg, et a été élu en tant que membre de l'Académie royale suédoise des sciences en 1748 puis promu professeur de médecine à Turku . C'était un naturaliste très  apprécié de Linné, qui a souvent  profité de ses données, en particulier dans l'étude des oiseaux, et qui a nommé en son honneur le genre botanique  Lechea (cf. Lechea maritime)  et, parmi ses Tortrix,  Phalæna Lecheana (Fauna suecica page 345 n°1318). Polyvalent, il s'est aussi occupé de météorologie, de rassembler une collection de minéralogie, de créer un laboratoire de chimie ou de pratiquer des travaux d'anatomie, quand il ne s'impliquait pas dans la création du jardin botanique de Turku. En tant que médecin, il a fait porté son effort sur la promotion de l'hygiène . Le reste du temps, il parlait hébreu, latin ou grec, s'entretenait en français en anglais ou en allemand. Il est l'auteur de Flora Fennica (1827) et surtout de Dissertatio sistens primitias Floræ Scaniæ

La correspondance échangée entre Leche et Linné entre 1738 et 1763 est conservée par la Linnean Society.

 

 

 

 

 

c) étymologie.

     Avant de rechercher l'étymologie du nom du papilio hyale de Linné, il faut d'une part rappeler que il appartient à ses Danaii ; et il faut rappeler la note que Linné a donné dans sa publication :   Danaorum candidorum nomina a filiabus Danai aegypti ; Festivorum a filiis mutuatus sum. "Je donne aux Danaii blancs —les candidi— le nom d'une des filles du roi Danaos ; et aux bariolés — les festivii— le nom d'un des fils d'Aegyptos".

En effet, si on écarte la possibilité de voir en -hyale- un qualificatif dérivé du grec ὕαλοςhyalos, "verre" qui a donné notre "hyalin", Linné n'étant pas enclin à quitter la mythologie pour créer des noms descriptifs, nous nous trouvons, avec les auteurs qui nous ont précédé, devant deux possibilités.

1. Hyale ou Hyalé, nymphe de Diane.

Dans le Livre III de ses Métamorphoses, Ovide décrit le bain de la déesse Diane/Artémis (vers 163-172)


Hic dea siluarum uenatu fessa solebat

uirgineos artus liquido perfundere rore   

 

Quo postquam subiit, nympharum tradidit uni 

armigerae iaculum pharetramque arcusque retentos,

altera depositae subiecit bracchia pallae,

uincla duae pedibus demunt; nam doctior illis

Ismenis Crocale sparsos per colla capillos 

colligit in nodum,quamuis erat ipsa solutis. 

excipiunt laticem Nepheleque Hyaleque Rhanisque

et Psecas et Phiale funduntque capacibus urnis.

 

 

"La déesse des forêts, fatiguée de la chasse, venait ici

Baigner de rosée son corps de vierge.

Elle descend, remet à une des nymphes

Chargées des armes sa lance, son carquois et son arc détendu.

Une autre reçoit sur les bras le manteau,

Deux encore détachent les chaussures de ses pieds ; et la plus douée

Crocale, fille d’Ismenos, noue les cheveux qui flottaient

Sur le cou ; elle garde les siens libres.

Elles recueillent l’eau de source, Nephélé, Hyalé, Rhanis,

 

Psecas et Phialé, la versent dans d’amples vases."

 C'est justement le moment que choisit le chasseur Actéon pour sortir du bois, ce qui lui vaut d'être maudit par la prude déesse rétive à l'amour et aux hommes : elle le transforma, on le sait, en un cerf, une proie pour ses propres chiens.

 

2. Hyale, l'une des cinquante Danaïdes selon Hyginus.

Dans la Fable 170 d'Hyginus, Hyale figure dans la liste des cinquante filles du roi Danaos, qui vont épouser chacune l'un des cinquante fils de leur oncle Egyptos afin de les tuer le soir même. Hyale est mariée avec Perius. Comme ses sœurs, elle a caché une grande épingle dans ses cheveux...

 En raison des arguments que j'ai donné, il est évident que Hyale est, dans le Systema naturae de Linné, le nom de cette funeste Danaïde, et cela est d'autant plus évident que son nom est accompagné de celui de Daplidice, Euippe, Glaucippe, Pyranthe, Arsalte, Hyparete, Damone, Trite, Hecabe, alors que les maris Niavius, Enceladus, Obrinus, Perius ( n° 79,) Plexippus, Chrysipus, Mineus, Hyperantus, Pamphilus, Xanthus, les attendent dans la liste des festivi ... et que dans l'édition suivante, ils seront rejoint par Palaeno, Hero, Arcania, etc...

voir  Zoonymie du papillon Céphale.

 

 3. Le choix des auteurs :

— Arnold Spuler 1 (1908) page 9 : "Une nymphe des bois grecque"

—Janssen (1980) page 38 : " "un des noms de Diane (Ovide)".

— Ramann : "nom d'une de celles qui accompagnent/ de la suite de Diane".

— Glaser, page 116 :"Nymphe de Diane, signifiant 'verre' ".

— G. Spannert (1888) page 21 : "Hyale, une nymphe de Diane".

— W. Dale 1890) : "Hyale : a nymph in the train for Diana (Ovid Met. III, 470)"

— H.A. Hürter (1988): "Parce que Linné n'a pas précisé son intention, il est impossible de dire si il s'agit ici du nom d'une nymphe de Diane ou de celui d'une Danaïde".

— Doux et Gibeaux (2007) : "Hyale : le nom de l'une des cinquante (!) fille de Danaus".

— Perrein et al. 2012 : "De Hyalé, l'une des cinquante filles de Danaos, roi d'Argos, selon Emmet (1991), du grec hualos, "verre" ?. "

 

 

 

                II. Noms vernaculaires.

 

 

 

0. Avant l'Âge des Noms Français : les auteurs étrangers .

Le premier nom scientifique de 1758 donné par Linné n'avait été précédé par aucun nom propre spécifique.

 Le seul auteur étranger qui a précédé Engramelle 1779 et qui a créé un nom propre différent de celui de Linné est :

— Harris 1775 : "The Pale Clouded Yellow."

Puis en 1779, on trouve le nom de Hübner "Kornwickenfalter".

 La spécification du papillon n'est pas encore pleinement établie : si Linné a décrit en 1758 le hyale, il l'a fait en renvoyant à des références (Petiver, Ray, Roesel) dans lesquels on ne reconnaît pas actuellement notre Colias hyale. D'autre part, il ne décrit qu'une seule espèce, qui recouvre notre Colias crocea et C. palaeno.

   Ce n'est qu'en 1761 qu'il décrivit son Papilio palaeno dans la Fauna suecica page 272. Les auteurs qui se réfèrent à ses publications n'ont alors le choix qu'entre deux espèces,  P. palaeno et P. hyale donné comme semblable au palaeno, mais "aux ailes plus jaunes", ou "avec plus de jaune sur les ailes", alae magis flavae".

 En 1767, dans la 12eme édition de Systema Naturae, Linné continue à proposer Hyale, avec les références à Petiver et Ray, Schaeffer, Roesel, Scopoli, mais aussi au Souci de Geoffroy (sans préciser la variété), alors que le Palaeno renvoie à la référence de Uddmann et Leche. 

 Ce n'est qu'en 1785 (Geoffroy in Fourcroy) avec le papilio crocea, ou en 1787 après que Fabricius (ici) ait établi une troisième espèce edusa (edusa = crocea), que les entomologistes purent, comme Godart en 1819, distinguer le Souci de Geoffroy var A, —edusa ou crocea—, le Soufre d'Engramelle, —hyale—, et le Solitaire d'Engramelle, —palaeno—. 

 

 

[Auteurs plus tardifs : 

—Fabricius, 1775 , Hyale, Systema Entomol; p. 477 n° 148. "Der Linneische Character"

—Fabricius, Species Ins., II, page 48, 211

—Fabricius 1787  Mantissa Insectorum II page 23 n°243
—Fabricius 1793 Entomologia Systema emendata tome III pars 1, page 207 n° 649

—Hübner 1779 : "Kornwickenfalter" Papilio hyaleSammlung Europaïscher Schmetterlinge page 67 n° 19 fig. 438-439. 

—Esper, (de 1776 à 1807, [1829]) I, page 68 tab.IV fig. 2 palaeno "Die Schwefelgelbe Heuvogel". Esper se livre à une belle analyse comparative des  descriptions des différents auteurs.

—Schaeffer (Jacob-Christian) 1766, Icones Insectorum circa Ratisbonam indigenorum, Ratisbonne 1766, 5 tomes in-4° avec 220 planches coloriées . Tab. 149 fig. 4-5. Papilio hexapus alis integris decimum tertius.

—Jean Gaspard Fuesli ou Füslli), 1775, Verzeichnis der ihm bekannten Schweitzerischen Inseckten  p.29 Palaeno n° 553 "der Silverpunkt", Hyale der Pomeranzenvogel* n°554.

* Pomeranzenvogel est aussi le nom du Pluvier doré. Pomerans = Orange bigaradier, orange amère.

—Ochsenheimer 1808 in  Die Schmetterlinge page 181

— Müller : "der Silverpunkt".

 Les autres auteurs sont Hüfnagel, Panzer, Borckhausen, Brahm, Illiger, Schneider, Rossi, Lang, Ochsenheimer.

  Cette espèce est très rare en Angleterre ; la première description a été donnée par Harris, 1775 mais la première observation serait due à  Lewin, 1795. Les autres auteurs sont : Jermyn, 1824 ; Coleman, 1860; Rennie, 1832, Haworth, 1836. William Dale (page 33) décrit toutes les années où, lors de flux migratoires, elle fut observée, avec la grande année de 1868.

 

Lewin The papilios of Great-Brittain 1795 page 33   Hayale (sic) Le Jaune Pâle Nébuleux. (fig. 3 et 4)  (BHL)

            n138_w441

 

 

 

 1. Le Souci variété C, Geoffroy, 1762.

 Le Souci variété C   Étienne Louis Geoffroy Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de Paris, Volume 2  page 75 n°48.

      Variété C: Papilio alis sulphureis, primariis limbo nigro fascia flava maculato, maculaque nigra, secundariis fulvâ. 

 

 2. Le Soufre, Engramelle 1779.

  Jacques Louis Engramelle Papillons d'Europe, peints d'après nature, Volume 1 page 228 planche 54 fig. 112 a-b  par J.J. Ernst,  1779. 

Dans cette description, Engramelle renvoie au Papilio palaeno de Linné S.N. 1767; Geoffroy (Souci, C) ; Fuessli ; Schaeffer ; Esper ; Müller ; Fabricius Ent. . et Uddman, soit un joyeux mélange de palaeno et de hyale.

  "Ce papillon a longtemps été regardé comme une variété du précédent (le Souci). Les caractères de ressemblance qu'il a avec lui ont naturellement établi cette opinion ; mais les naturalistes modernes qui l'ont examinés avec plus d'attention se sont convaincus qu'il formait une espèce particulière. Linnaeus est de ce sentiment. [...]Le mâle a le fond des ailes en dessus couleur de soufre. Celui de la femelle est plus pâle. La bordure noire qui entoure leurs ailes n'a pas, vers le bas des ailes supérieures et dans tout le contour des inférieures, autant de largeur que celle du Souci, et surtout au mâle. Elle est, dans les deux sexes de cette espèce, chargée de taches de la couleur du fond des ailes, c'est à dire soufre dans le mâle et blanchâtre dans la femelle."

      Alors que nous sommes — par habitude ?— tenté de lire Le Soufré, Engramelle, et plus tard Godart, baptise bien son espèce Le Soufre. Geoffroy avait largement puisé dans le vocabulaire des couleurs pour nommer ses papillons, illustrant comment les noms de couleur prenaient le nom de la matière elle-même, et nom d'un adjectif dérivé : le Citron, l'Aurore, le Souci. C'est aussi le cas de [la couleur] soufre, que j'imaginais plus foncée et intense alors qu'elle est, dans la gamme des jaunes, plus pâle que le Jaune. Dans la littérature du XVIIIe, on emploie souvent "jaune soufre", "jaune-soufre" ou "jaune soufré" plutôt que "soufre". Dans le vocabulaire des couleur, le rapprochement avec un métal ("bleu acier", "blond platine") ou un métalloïde ("gris ardoise", "bleu outremer" (lazulite)) est moins fréquent que celui avec un élément de la flore ; il semble également moins flatteur, et moins utilisé pour qualifier le vêtement.

 Le soufre se nommait en pharmacopée Sulphur, et évoque ainsi les différents papillons nommés par les anglais et américains "Sulphurs", comme Colias pholidice, the Common Sulphur ou Clouded Sulphur.

 

   3. P[apillon] Souci (P. hyale) Walckenaer 1802.

Walckenaer Faune parisienne 1802 page 268

 

 4. Coliade Hyale, Latreille et Godart 1819.

   Latreille (P.A) Godart (J.B), Encyclopédie méthodique. Histoire Naturelle. Entomologie, ou histoire naturelle des crustacés, des arachnides et des insectes. Vol. 9. Paris : Vve Agasse,1819 828 pp,  page 87  et page 99 n°33.

 Latreille a formé son groupe Coliade en le calquant sur le genre Colias de Fabricius ; Godart donnera en 1823 la précision "Partie des Danaïdes blanches (Linné)" pour rappeler la classification initiale où Linné (1758) avait séparé ses Danaïdes (Papilio Danaus) en Candidi ("blanches" mais aussi jaunes) et en Phalerati (bariolées). Ces Candidi sont désormais réparties en Piérides (blanches...) et en Coliades (jaunes). 

5.  Coliade Soufre Godart 1821.

Jean Baptiste Godart, Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de France Paris : Crevot 1821/1823 Tableau Méthodique page 14 ; page 46 n°4 planche IIsecond.  peinte par C. Vauthier et gravée par Lanvin.

 Comme il le fait parfois, Godart abandonne le nom utilisé en 1819 avec Latreille —Coliade Hyale— pour un nom français, et se place sous le drapeau d'Engramelle en reprenant son nom de Soufre   ; mais, comme toujours, il respecte sa règle d'une structure binominale avec le genre Coliade de Latreille en premier. 

Il justifie le nom dans sa description : "Le dessus du mâle est d'un jaune soufre, le dessus de la femelle d'un blanc-verdâtre, avec un point très noir vers le milieu de la côte des premières ailes, et une tache orangée pâle au centre des secondes".

 

    Ce nom a été repris par J.V. Audouin 1823 ; Bory de Saint-Vincent 1823 ; Boisduval, Rambur et Graslin 1832 ; Hippolyte Lucas 1834 ; P.A. Duponchel en 1849 ; A. Dupuis 1863 

 

Le Borgne de Kermorvan, dans Le Tableau Systématique des lépidoptères du Finistère (Souvestre, 1836) page 165, n'utilise que les noms de Coliaves (sic) edusa et hyale.

 

 La Chenille.

 

 La Coliade soufre (Duponchel, 1849).

  Philogène Auguste Joseph Duponchel,  Iconographie et histoire naturelle des chenilles pour servir de complément à l'Histoire naturelle des lépidoptères ou papillons de MM. Godart et Duponchel Paris :1849 page 58 n° 13 Planche IV par Dumenil. BHL

 

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6. La revue des noms vernaculaires par Gérard Luquet en 1986.

       Dans la révision des noms vernaculaires français des rhopalocères parue dans la revue Alexanor en 1986, Gérard Christian Luquet propose "Le Soufré" comme nom principal, et cite "La Piéride soufrée" qu'un auteur* avait utilisé en 1965. Il bannit "Le Soufre" comme appartenant aux  "noms incorrectement orthographiés, mal transcrits". Un auteur belge** avait utilisé le nom "Le Faux soufré", rejeté par Luquet car "employé à tort ou à mauvais escient".

 Curieusement, il omet "La Coliade soufre" de Godart.

D'autre part, la "Piéride soufrée" qu'il tolère ne va pas sans ambiguïté, puisque Tolman & Lewington adaptés par Leraut (p. 60) nomment de ce nom Euchloe charlonia, alors que Euchloe penia porte le nom de "Piéride soufrée des steppes".

* Jean-Pierre Vanden Eeckhoudt 1965, Papillons de jour, L'école des loisirs éditeur : Paris.

** Eric Verbist, 1982, Les noms vernaculaires des Lépidoptères de Belgique et de France, / De inheemse namen van de Lepidoptera van België en frankrijk (Lexique français-néerlandais-anglais) Institut Libre Marie Haps éditeur : Bruxelles.

7. Noms vernaculaires contemporains :

— Oberthür et Houlbert dans la Faune armoricaine (1912-21) utilise le nom scientifique Colias hyale, mais emploient une fois (page 72) le nom de Coliade soufrée

— Bellmann / Luquet 2008 : " Le Soufré ". 

— Blab / Luquet 1988 : " La Soufré ".

— Chinery / Luquet  2012 : non cité

— Doux & Gibeaux 2007 : " Le Soufré" .

— Higgins & Riley /Luquet 1988 : " Le Soufré ".

— Lafranchis, 2000 : "Le Soufré" .

— Perrein, 1012 : " le Soufré".

— Tolman & Lewington / P. Leraut 2009 : "Soufré" .

— Wikipédia : " Le Soufré ".

 

 

 

 

III. Les noms vernaculaires dans d'autres pays.

 

  • "Gele luzernevlinder" en néerlandais ("le papillon jaune de la luzerne")
  • "Žluťásek čičorečkový" en tchèque 
  • "Szlaczkoń siarecznik" en polonais
  • "Gul høsommerfugl" en danois ("jaune opacifié" ?)
  • "Fakó kéneslepke" en hongrois 
  • "Žltáčik ranostajový " en slovaque
  • "Niidu-võiliblikas"  en estonien ("du soufre..")
  • "Ljusgul höfjäril"en suèdois ( "le papillon ...jaune clair")
  • "Vaaleakeltaperhonen" en finois ("papillon jaune clair")
  • "Dirvinis gelsvys" en lithuanien ("le soufré des fourrages")
  • "Orman Azameti" en turc.
  • "Желтушка луговая" en russe. ("oriole des près" ?)

 

Les noms en allemands.

 a) "Goldene Acht"  : "Le Huit doré". Ce nom est-il lié aux deux ocelles mitoyens des ailes postérieures ?

b) "Posthörnchen, Kleines Posthörnchen" : j'ai déjà étudié ce nom qui qualifie le Souci: Le Postillon, et, ici, le Petit Postillon, dont le nom allemand vient du cor de postillon. Zoonymie du papillon Le Souci, Colias crocea (Geoffroy in Fourcroy, 1785).

 c) "Weißklee-Gelbling", , faut-il traduire par "le papillon jaune du trèfle blanc", qui est l'une des plantes hôtes?

d) "Gemeiner Gelbling" : le Jaune commun.

 e) "Gelber Heufalter" ou "Gemeiner Heufalter" : "le jaune des foins", "le papillon commun des foins".

f) cf Hübner "Kornwickenfalter" : "le papillon de la vesce". 

g) Esper :"Die Schwefelgelbe Heuvogel" : "le papillon soufré du foin".

h) Fuessli :  "der Pomeranzenvogel" est aussi le nom du Pluvier doré. Pomerans = Orange bigaradier, orange amère.

i) Müller : "Silverpunkt" : "le Point d'argent".

 

Hübner : "Posthörnchen", 1-2 page 28 (Hübner nomme Colias edusa "Le Postillon").

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Les noms en langues celtiques.

1. langues gaéliques :  irlandais (gaeilge) ; écossais (Gàidhlig ) ; mannois ( gaelg :île de Man).

  • en irlandais

  • en mannois.
  •  en gaélique écossais*

2. Langues brittoniques : breton (brezhoneg) ; cornique (kernevek); gallois (Welshcymraeg).

  •  pas de nom en breton avant 2014 ; 

  •  Llwydfelyn gwelw en gallois. 

 *Liste des noms gaéliques écossais pour les plantes, les animaux et les champignons. Compilé par Emily Edwards, Agente des communications gaélique, à partir de diverses sources.   http://www.nhm.ac.uk/research-curation/scientific-resources/biodiversity/uk-biodiversity/uk-species/checklists/NHMSYS0020791186/version1.html

 

 

 Voir aussi : http://www.lepidoptera.pl/show.php?ID=70&country=FR

 

IV. Zoonymie vernaculaire anglo-saxonne ( M.A Salmon, 2000). 

 

  • "The Pale Clouded Yellow" : Harris, 1775 ; Lewin, 1795 ; Jermyn, 1824 ; Coleman, 1860 ; W.F. Kirby, 1896 ; W.E. Kirby, 1901 ; South, 1906, et la plupart des auteurs suivants.
  • "The Clouded Yellow" : Lewin, 1795 ; Rennie, 1832
  • "The Clouded Sulphur" : Haworth, 1836 ; Coleman, 1860.

Le nom principal "The Pale Clouded Yellow" se réfère à l'espèce proche "The Clouded Yellow", le Jaune assombri ou jaune encadré de sombre, ou pour Lewin, le "jaune nébuleux"" (C. crocea) dont il apparaît comme une version plus pâle : de ce fait, il peut être confondu, selon Dale, avec la variété plus blanche de C. crocea, helice.

 

 

John Curtis 

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      Bibliographie, liens et Sources.

Funet : Colias .

Inventaire national du patrimoine naturel (Muséum) : Le Soufré

Images : voir les superbes dessins de Hübner :http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Jacob_H%C3%BCbner 

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ; Nr. 213 http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/69604#/summary 

 

— UK Butterflies : colias hyale

— lepiforum : colias hyale.

 —Images : voir les superbes dessins de Hübner .

HÜBNER, Jacob, 1761-1826 Das kleine Schmetterlingsbuch : die Tagfalter : kolorierte Stiche,  Insel-Bücherei ;http://www.biodiversitylibrary.org/item/138312#page/35/mode/1u

 

                 I.  Étymologie des lépidoptères :

 

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— GLASER L, 1887 Catalogus etymologicus Coleoperum et Lepidopterum. Erklärendes und verdeutschendes namensverzeichnis der Käfer und Schmetterlinge fûr Liebhaber und wissenschaftliche Sammler, R. Friehändler : Berlin 1887, 396 pages. BHL Openlibrary.

— GLASER, L, 1882 "Zur Nomenklatur des deutschen Tagfalter, in Entomologischen Nachrichten, Stettin 1882  pages 303-317,

  https://archive.org/stream/entomologischena81882berl#page/310/mode/2up/search/lycaena)

— Gozmány, László: Vocabularium nominum animalium Europae septem linguis redactum2 vols. Budapest: Akadémiai Kiadó, 1979. 

—HÜRTER Hans-Arnold 1988 Die wissenschaftlichen Schmetterlingsnamen, Herleitung und Deutung, Bottrop ; Essen : Pomp, 492 pages.

— ISAAK (Mark) Curiosities of the biological nomenclatureen ligne.

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        II. Bibliographie entomologique : Rhopalocères.

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 BOISDUVAL Histoire naturelle des insectes Roret 1836 books.google.fr/books?id=2Kgi4FH6kj0C

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—  BOISDUVAL (Jean-Alphonse) Essai sur une monographie des zygénides : suivi du Tableau méthodique des lépidoptères d'Europe Paris : Méquignon-Marvis 1829 Gallica

— BOITARD (Pierre ) Manuel d'entomologie ou Histoire naturelle de insectes: contenant la synonymie de la plus grande partie des espèces d'Europe et des espèces exotiques les plus remarquables, Tome second, Paris : Roret, 1828,  Gallica

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— DALE (Charles William) 1890 The history of our British butterflies containing - a full bibliographical note of each species, with copious extracts from the old authors; and full descriptions of all the British species, their eggs, caterpillars, chrysalides and varieties, with a notice of their habits, localities, frequency,  J. Kempster : London 1890 Archiv.org.

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— ENGRAMELLE (R.P. Jacques Louis Florentin), 1779, Papillons d'Europe peints d'après nature par M; Ernst et gravés et coloriés sous sa direction. Première partie. Chenilles, Crysalides et Papillons de jour décrits par le R.P. Engramelle, Religi[eux] Augustin, Q[uartier] S[aint-] G[ermain] Se vend à Paris chez M. Ernst, auteur ; Bazan ; P.M. Delaguette, imprimeur ;  Basan & Poignant marchands d'Estampes rue et et Hôtel Serpente. Paris : Delaguette/Basan & Poignant 1779. Tome II . (i-ii), pp 207-229, espèces n° 102-112, puis suppléments pp; 230-333 puis Table. Books-Google.

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— LUCAS ([Pierre-] Hippolyte)  Histoire naturelle des lépidoptères d'Europe Paris : Pauquet  1834 ouvrage orné nature de près de 400 figures peintes d'apres, par A. Noel, et gravées sur acier.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4416154.r=lucas+papillons.langFR 

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— LUQUET (Gérard Chr.) 1986 "Les noms vernaculaires français des Rhopalocères d'Europe", Alexanor, Revue des Lépidoptéristes français, tome 14, juillet-septembre 1986, suppl.)

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— MERIAN (Maria-Sibylla) Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l'Europe contenant leur description, leurs figures, leur différentes métamorphoses..., par Mademoiselle Marie-Sybille de Mérian, en deux parties in-folio. Troisième édition, revue, corrigée & considérablement augmentée par M. Buch'oz, ... A laquelle on a joint une troisième partie qui traite des plus belles fleurs, telles que des plantes bulbeuses, liliacées, caryophillées... Tome premier [-troisième] traduit par Jean Marret Paris : Desnos, 1771. PDF Bibliothèque de Toulouse, 3 volumes http://tolosana.univ-toulouse.fr/notice/07558171x

— MERIAN (Maria-Sibylla) Der Raupen wunderbare Verwandelung, und sonderbare Blumen-nahrung: worinnen, durch eine gantz-neue Erfindung, Der Raupen, Würmer, Sommer-vögelein, Motten, Fliegen, und anderer dergleichen Thierlein, Ursprung, Speisen, und Veränderungen, samt ihrer Zeit, Ort und Eigenschaften (Band 2) Nürnberg , Frankfurt , Leipzig, 1683 Volume 2 (insectes d'Europe) digitalisé par  Universitätsbibliothek Heidelberg;

 — MERRET (Christopher) 1667  Pinax Rerum Naturalium Britannicarum. 1667. Google Books

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— MOORE (Frederic) 1890-1913 Lepidoptera indica, L. Reeve : London, 1890-1913. BHL

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— PETIVER (James), 1702-1706? Gazophylacii naturae & artis, : decas prima-[decima]. In quaÌ‚ animalia, quadrupeda, aves, pisces, reptilia, insecta, vegetabilia; item fossilia, corpora marina & stirpes minerales eÌ€ terra eruta, lapides figuraÌ‚ insignes &c. Descriptionibus brevibus & iconibus illustrantur. Hisce annexa erit supellex antiquaria, numismata, gemmae excisae, & sculpturae, opera figulina, lucernae, urnae, instrumenta varia, inscriptiones, busta, reliquaque ad rem priscam spectantia: item machinæ, effigies clarorum virorum, omniaque arte producta... / Jacobus Petiver Londini: : Ex OfficinaÌ‚ Christ. Bateman ad insignia Bibliae & Coronae, vico vulgo dict. Pater-Noster-Row., MDCCII. [1702-1706?]. Version Google books de 1702 ou mieux GDZ Göttingen (Planches).

— PETIVER (James) 1695-1703 Musei Petiveriani centuria prima-decima, rariora naturae continens: viz. animalia, fossilia, plantas, ex variis mundi plagis advecta, ordine digesta et nominibus propriis signata, London, 1695-1703 Version Books-Google.

— PETIVER (James) 1767 Jacobi Petiveri Opera, historiam naturalem spectantia containing several thousand figures of birds, beats, fifh, reptiles, insects shells, corals, and fossils; also of trees, shrubs, herbs, fruits, fungus's, mosses, sea-weeds, &c. from all parts, adapted to Ray's History of plants on above three hundred copper-plates, with English and Latin names, London, James Empson (éditeur), 1767  Version Books.Google 

— PETIVER (James) 1717 Papilionum Brittaniae Icones (1717)  

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 ROBERT (Paul A.)  1934 — Les Papillons dans la nature, Delachaux et Niestlé : Neufchâtel et Paris,  405 p., 64 pl. couleurs books.google.fr/books?id=jSFDAAAAYAAJ

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 — SALMON (Michael A.) 2000, The Aurelian legacy, British butterflies and their collectors, University of California Press, 2000.

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SCOPOLI (Jean-Antoine) Ioannis Antonii Scopoli Med. Doct. S.C.R. ... Entomologia Carniolica exhibens insecta Carnioliae indigena et distributa in ordines, genera, species, varietates : methodo Linnaeana. Vindobonae :Typis Ioannis Thomae Trattner ...,1763. En ligne BHL.

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— WALCKENAER (C.A.) 1802,  Faune parisienne, insectes, ou, Histoire abrégée des insectes des environs de Paris classés d'après le système de Fabricius; précédée d'un discours sur les insectes en général, pour servir d'introduction à l'étude de l'entomologie accompagnée de sept planches gravées Paris : Dentu 1802 en ligne BHL.  

 

— WESTWOOD (J O) & HUMPHREYS (Henry Noël), British butterflies and their transformations, William Smith : London 1841. BHL

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— ZIMMER, (Dieter E., rédacteur du mensuel Der Zeit) A guide to Nabokov's Butterflies and Moths et Butterflies and Moths in Nabokov's Published Writings , Web version 2012.


 

                           III. Boite à liens. 

      Liste des références d' auteurs avec les liens vers leurs publications:  http://www.ukbutterflies.co.uk/references.php

Les papillons du Systema Naturae de 1758  :   http://en.wikipedia.org/wiki/Lepidoptera_in_the_10th_edition_of_Systema_Naturae

Albin :http://gdz.sub.uni-goettingen.de/dms/load/img/?PPN=PPN477852769

Boisduval chenille 1832 :   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/51588#/summary

Boisduval Tableau meth. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97190k/f1.image.pagination.r=Boisduval.langFR

Boitard, 1828. : http://books.google.fr/books?id=K3ShlXhmFsEC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Dale https://archive.org/stream/historyofourbrit00dalerich#page/n5/mode/2up

Duponchel, chenilles 1849 : BHL :  

 http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/9410#/summary

Engramelle :    http://books.google.fr/books?id=em0FAAAAQAAJ

et https://archive.org/stream/papillonsdeurop00ernsgoog#page/n159/mode/2up

Engramelle vol. 2 : http://books.google.fr/books/about/Papillons_d_Europe_peints_d_apr%C3%A8s_natur.html?id=jbS5ocRuGsYC&redir_esc=y

Engramelle vol. 3 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84701433

Esper : http://www.biodiversitylibrary.org/item/53441#page/9/mode/1up

Fabricius :1775  http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/36510#/summary

Fabricius 1787 :

http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=25707

Fabricius 1807 :  https://archive.org/stream/magazinfrinsek06illi#page/280/mode/2up

Fuessli    http://www.biodiversitylibrary.org/item/78769#page/11/mode/1up

 Geoffroy  :    http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/51067#page/9/mode/1up

De Geer :  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97151p/f1.image.r=.langFR

Goedart par Lister 1685 : http://docnum.unistra.fr/cdm/compoundobject/collection/coll13/id/64604/rec/1

Godart 1821 BHL :  http://www.biodiversityheritagelibrary.org/item/38004#page/256/mode/1up

Godart latreille 1819 :   http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58338273/f334.image.r=Godart.langFR

 https://archive.org/stream/encyclopdiem09metc#page/n3/mode/2up

Harris M. 1766 http://archive.org/stream/Aurelian00Harr#page/n7/mode/2up

1840 : http://www.biodiversitylibrary.org/item/120628#page/9/mode/1up

Hübner 1779 http://www.biodiversitylibrary.org/item/89180#page/1/mode/1up

Kirby  1871: http://www.biodiversitylibrary.org/item/64906#page/9/mode/1up

Latreille 1804 :           http://books.google.fr/books?id=xBsOAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

Latreille 1810 :  http://www.biodiversitylibrary.org/item/47766#page/358/mode/1up

Leach : http://biodiversitylibrary.org/page/17493618#page/136/mode/1up

Linné   http://www.biodiversitylibrary.org/item/10277#page/3/mode/1up

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Linné, Mantissa plantarum   http://bibdigital.rjb.csic.es/spa/Libro.php?Libro=947&Pagina=545

Linné fauna suecica 1746 :http://biodiversitylibrary.org/bibliography/63899#/summary

Linné fauna suecica 1761 : http://biodiversitylibrary.org/bibliography/46380#/summary

Linné S.N. 1767 :http://gdz.sub.uni-goettingen.de/dms/load/img/?PPN=PPN362053723&DMDID=DMDLOG_0001&LOGID=LOG_0001&PHYSID=PHYS_0002

Merian, Insectes d'Europe : http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/merian1683bd2

Moffet :    http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/60501#/summary

Moore, Lep. indic http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/8763#/summary

Ochsenheimer 1808 http://archive.org/stream/dieschmetterling12ochs?ui=embed#page/180/mode/1up

Petiver James, Musei petiveriani centura prima 1695 digitalisé par Google  (accès partiel)

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Petiver, Gazophylacii :books.google.fr/books?id=sp05AAAAcAAJ

Petiver, Papilionum brittaniae 1717  in Opera Books .google  

Ray  : https://archive.org/stream/historiainsector00rayj#page/n11/mode/2up

Réaumur : http://www.biodiversitylibrary.org/item/50298#page/11/mode/1up

Rösel : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/7362#/summary

http://www.biodiversitylibrary.org/item/31182#page/138/mode/1up

http://digi.ub.uni-heidelberg.de/diglit/roesel1746ga

Rottemburg : 

http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/home/speciestaxon?id=8326

Scopoli Entomologia carniolica 1763

   http://www.biodiversityheritagelibrary.org/bibliography/34434#/summary

Soddoffsky :http://www.archive.org/stream/bulletindelas10183768mosk#page/n82/mode/1up

Spuler : http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/9477#/summary

 De Villers 1789 :  https://archive.org/stream/carolilinnaeient02linn#page/n11/mode/2up

Walckenaer : http://www.biodiversitylibrary.org/item/79375#page/289/mode/1up

Westwood et Humphreys 1841 : http://biodiversitylibrary.org/bibliography/12483#/summary

Wilkes, english moths and butterflies http://books.google.fr/books?id=x1xnr4VCDe0C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false 

Goettingen animalbase : base de donnée : http://www.animalbase.uni-goettingen.de/zooweb/servlet/AnimalBase/search

Butterflies of America : http://butterfliesofamerica.com/polyommatus_icarus.htm

 Bestimmungshilfe für die in Europa nachgewiesenen Schmetterlingsarten :http://www.lepiforum.de/

— Un beau plaidoyer sur les noms de papillons :

 http://excerpts.numilog.com/books/9782759217045.pdf 

— Articles biographiques sur les taxonomistes entomologistes http://gap.entclub.org/taxonomists/index.html 

  — http://www.reserves-naturelles.org/sites/default/files/fichiers/protocole-rhopalo-liste-especes.pdf

 

— site d'identification ;http://r.a.r.e.free.fr/interactif/photos%20nymphalidae/index.htm

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
9 mai 2016 1 09 /05 /mai /2016 11:32

À la chasse aux papillons sur la tenture des Mois Lucas du château de Chenonceau.

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Résumé :

Parmi les trois pièces de la tenture dite des "Mois Lucas" exposées au château de Chenonceau, et exécutées pour le Roi aux Gobelins en 1712-1714, celle du mois de Juillet présente, dans les médaillons de la bordure de pied, deux scènes de chasse ou de jeux avec des papillons : dans l'un des médaillons, un enfant a capturé un papillon, et dans l'autre, son camarade tient par un fil un papillon très coloré. Ces motifs iconographiques sont des témoignages rares des relations entre humains et rhopalocères (papillons diurnes) au XVIe siècle (les cartons de la tenture bruxelloise qui sert de modèle datent de 1530 environ).

Bien-sûr, ces détails, pour intéressants qu'ils soient pour l'histoire de l'entomologie, ne nous laisserons pas passer à coté de l'occasion de faire connaissance avec l'ensemble des tentures des Mois Lucas.

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INTRODUCTION.

La tenture des Douze mois  porte  l’appellation de Mois Lucas car elle était attribuée depuis le XVIIe au flamand Lucas de Leyde(1494-1533). L'ensemble des douze pièces originales a bien été exécuté à Bruxelles au XVIe siècle, mais des recherches récentes tendent en  attribuer la paternité à un artiste (le "Maître des Mois Lucas") de l’entourage de Barend (ou Bernard) Van Orley, lui-même créateur des modèles des Chasses de Maximilien (Louvre). Edith A. Standen (1971) a proposé de voir dans ce "Maître des Mois Lucas"  Jan Vermeyen, ou Luca Fiammingho, ou encore Lucas Van Nevele.  Tissée à Bruxelles vers 1530, cette œuvre a été redessinée et retissée à Bruges (G. Delmarcel, 1999) et pourvue d'une riche bordure florale. La série complète, conservée actuellement à Vienne (Kunsthistorisches museum KKTXXXVIII), fut livrée à l'occasion de mariage de Léopold Ier de Habsbourg  et de Marguerite-Thérèse en 1666.

 Les Mois Lucas connurent en France, auprès de l'aristocratie et du pouvoir royal un grand succès et aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Gobelins ne produisirent pas moins de douze tentures d’après les Douze Mois originaux.

Rappel : on nomme "tenture" un ensemble de tapisseries (ou "pièces") constituant une série. 

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Les douze tentures des Mois Lucas tissées aux Gobelins.

a) Je n'ai pas trouvé facilement d'article de fond sur ces tentures, et la source principale d'information et d'images en ligne est provenue d'abord de la base Joconde et des tapisseries réunies au musée national du château de Pau. On  trouve à Pau  des pièces appartenant à trois de ces tentures des Gobelins : la deuxième (1688-1689) destinée à Louis XIV, la sixième (années 1730) à la princesse de Conti et la septième (1731-1735) au roi de Pologne, Stanislas Leczinski, dont les armes et le chiffre furent tissés dans la bordure. Seules les pièces des deux premières sont exposées, avec une prédominance d'images en ligne concernant la 2e tenture.

 La première tenture commandée par Colbert a été perdue. La "deuxième tenture sans or ", commencée en 1688 et achevée en 1689,  a été exécutée pour le Roi par la manufacture des Gobelins dans l'atelier de Jean-Baptiste Mozin. Elle a été livrée en 1690 au Mobilier de la Couronne. Elle s'inspire de la tenture originale tissée vers 1540-1550 à Bruxelles dans la manufacture de Guillaume de Pannemaker dont elle reproduit la bordure (fleurs, fruits, oiseaux avec médaillons) avec des interventions du peintre François Bonnemer.

b) J'ai trouvé plus tard la description complète datant de 1903-1923 par Maurice Fenaille et Fernand Calmettes dans leur Etat général des tapisseries de la Manufacture des Gobelins. C'est bien-sûr la publication de référence. Elle offre le tableau suivant :

Première tenture, haute lisse. 12 pièces et 4 entre-fenêtres. Avant 1682. Exécutée pour Colbert. Brûlée par ordre du 22 avril 1797 pour en récupérer l'or et l'argent.
– Deuxième tenture, basse lisse sans or. 12 pièces ; première bordure. 1688 à 1689. Tenture exécutée en contre-partie des tapisseries de Bruxelles, du Mobilier de la Couronne. Livrée en 1690 . Inventaire n°160 du Mobilier de la Couronne. 37 Aunes ¾.  Ateliers de Jean de la Croix et Jean-Baptiste Mozin. Conservée  à Pau (dix pièces)  et à Saint-Petersbourg 

– Troisième et quatrième tentures, basse lisse. Avant 1696. Atelier Lefebre. Deux tentures exécutées en dehors du travail officiel des Gobelins. 

 – Cinquième tenture, basse lisse, sans or.  12 pièces. 1712-1715. Atelier Jean Souet. 12 Mois. 36 Aunes 7.1. Données par ordre du roi Louis XV au baron Eric de Sparre, ambassadeur de Suède, en 1717.
– Sixième tenture, basse lisse, sans or. 3 pièces (Avril, Mai, Juin),  Aux armes de la princesse de Conti. 
Mme Marie-Anne de Bourbon-Conti, fille de Mlle de La Vallière, sous le nom de Mlle de Blois, veuve de Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, mourut le 

3 mai 1789 sans laisser d'héritiers. Deuxième bordure . Cette tenture a la même origine que les tentures des Enfants Jardiniers, des Mois arabesques et des Chasses de Maximilien, qui décoraient le château de Choisy-le-Roi. Le château de Choisy-le-Roi, qui lui appartenait, revint au duc de La Vallière, puis fit. retour à la Couronne. Château de Choisy-le-Roi puis Château de Pau. Inventaire de la Couronne n°62

– Septième tenture, haute lisse, sans or. 12 pièces. 1731-1735. Atelier Lefebvre. Inventaire n°255. A Pau et au Garde-Meuble, moins les mois de Juillet et Octobre. Nouvelle Bordure. Vendue en 1787 au roi Stanislas de Pologne et ayant fait retour à la Couronne en 1752.
– Huitième tenture, haute lisse, 12 pièces. Nouvelle (troisième) bordure. 1733 à 1743. Atelier Michel Audran (succcesseur de Jean-Jacques Jans décédé le 17 mars 1731). Inventaire Mob. Cour. N°243. Aux armes du Roi et avec la signature Audran.  
 3 pièces au Garde- Meuble en 1900, Juin, Novembre, Décembre.

– Neuvième tenture, haute lisse, sans or. 12 pièces ; quatrième bordure. 1737 à 1740. Atelier Audran et Monmerqué. Cette tenture, exécutée en remplacement de la tenture vendue au roi Stanislas, ne figure pas sur les états de fabrication des Gobelins.  Donnée en 1746 au Comte de Brühl, premier ministre à la cour du roi de Pologne électeur de Saxe à Dresde. Tenture achetée en 1768 par le domaine royal de Saxe au prix de 8,000 thalers. En 1909 était conservée complète (sauf Avril) au château royal de Dresde. Bordure de Dresde.

– Dixième tenture, haute lisse, sans or. 7 pièces.  Bordure de Dresde. 1747-1751.
 Décembre) . Atelier de Monmerqué et de Cozelle. Janvier Février Mars achetées par les Affaires Étrangères .  Quatre pièces données au cardinal des Lances en 1771. En 1909, figuraient dans les collections du Ministère des Affaires Étrangères à Paris.

 – Onzième tenture, haute lisse, sans or. 4 pièces. (Mai Juin Novembre Décembre). Bordure de Dresde. 1767 à 1770. Atelier Cozelle. pour remplacer les quatre pièces des Mois Lucas, données en présent au cardinal des Lances, grand aumônier du roi de Sardaigne, à l'occasion du mariage du comte de Provence.   Donnée en 1773 par l'archevêque de Turin aux Affaires Étrangères. En 1909, figuraient dans les collections du Ministère des Affaires Étrangères à Paris. 

– Douzième tenture, haute lisse, sans or. 3 pièces, Février, Juin, Octobre. Aux armes du comte de Toulouse.  Vers 1725 : atelier Audran. Dix pièces appartenant aujourd'hui  aux collections du Metropolitan Museum of Art, ont été décrites en 1985 par E. A  Standen en 1985 dans European Post-edieval tapestries page 331. 

 

Description des douze tapisseries des Mois Lucas :

—  Verseau - Janvier - Le Jour de l'An : Un cortège de trois couples, les hommes portant des torches et les dames tenant chacune une flèche, vient de la gauche. Au fond de la salle, sous un dais, un personnage à deux visages tient de la main droite un serpent se mordant la queue, symbole de l'Eternité; à sa droite, une femme endormie (l'année qui finit); à sa gauche, une femme apporte une corne d'abondance;

—   Poissons - Février - Le Jeu : A gauche, des personnages revêtus de lourds manteaux fourrés se chauffent à une grande cheminée richement ornée. Au fond, une femme apporte du bois. Un seigneur et une dame jouent au tric-trac sur la table; au premier plan à droite, une jeune femme assise à terre et un jeune homme assis sur un banc jouent aux cartes; 

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/2e-tenture-des-mois-lucas-fevrier-les-jeux_soie-textile_basse-lisse_laine-textile

—   Bélier - Mars - Pêche et jardinage  : A gauche, au barrage d'un cours d'eau, deux hommes vident dans un grand baquet les poissons qu'ils pêchent dans un filet; à droite, dans un jardin, une dame assise fait ratisser les plates-bandes. Plus loin, un homme aide une femme à décharger le panier plein de pots de fleurs qu'elle porte sur la tête, au fond, cours d'eau, paysage et maisons.

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/2e-tenture-des-mois-lucas-mars-peche-et-jardinage_soie-textile_laine-textile_basse-lisse

—   Taureau - Avril - Le Concert :   Une dame -richement vêtue- est assise sur l'herbe et tient une couronne, à côté d'elle, une autre femme joue de la cithare; derrière elle, un homme chante. Appuyée à un arbre, une femme joue de la mandoline. Au fond sur une pièce d'eau, un bateau transporte deux musiciens, un batelier et une femme.(6e tenture) Une femme adossée à un arbre joue de la cithare, elle est entourée de plusieurs femmes dont une agenouillée cueille des fleurs. au second plan, des personnages dans un bateau devant un grand bâtiment ; La bordure est composée de fleurs, fruits et instruments de musique, aux armes de la Princesse de Conti.

—  Gémeaux-Mai- le tir-à-l'arc : 

http://www.photo.rmn.fr/archive/07-504511-2C6NU0C0QSRF.html

 —   Cancer - Juin - La tonte des moutons :  Au premier plan, à droite, une femme tient un mouton sur ses genoux et met la laine dans un panier. Plus loin sur la gauche, une femme s'apprête à tondre un mouton. Au premier plan, à gauche, une homme tenant une cruche, une femme portant un panier. A l'arrière plan, des chars attelés de chevaux transportent la laine.

 —   Lion - Juillet - La chasse au faucon : Une dame vue de face à califourchon sur un cheval blanc tient un faucon; elle est acompagnée d'un cavalier et d'un écuyer à pied qui porte plusieurs oiseaux. Plus loin, des enfants se baignent (sur la droite) tandis que des paysans fauchent le foin

— La Vierge - Août- La paye des moissonneurs :  On achève au fond de rentrer les récoltes entassées sur des charrettes ; au premier plan, une vieille femme, installée sous un arbre, compte de l'argent aux moissonneurs ; à ses côtés, un homme inscrit les sommes sur un tableau. A gauche, un vieillard et une femme font leurs comptes sur un tronc d'arbre. 

—    Balance - Septembre - Le Bat l'eau : A gauche, une dame sur un cheval accompagnée d'un cavalier assiste à la capture du cerf dans un étang ; un veneur se tient près d'elle, tournant le dos. A droite, un valet de chiens tient deux chiens. Dans le fond, un château au bord de l'eau.

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/2e-tenture-des-mois-lucas-septembre-le-bat-l-eau_basse-lisse_soie-textile_laine-textile

—   Scorpion - Octobre - Les vendanges :  Au premier plan à gauche, un seigneur- assis sur l'herbe en compagnie d'une dame- tient un pot d'étain sur le genou; derrière eux, une tête d'enfant (supprimée dans les modèles du XVIIIème siècle) et une servante apportant un plat de fruits./ Au premier plan, deux enfants mangent des raisins qu'ils prennent dans une corbeille ; au second plan, des vendangeurs versent des corbeilles de raisin dans une cuve où deux hommes foulent la vendange. Plus loin, une ronde de danseurs.

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0329/m501703_03-007327_p.jpg

—  Sagittaire - Novembre - Les semailles : Au premier plan au pied d'un arbre, une femme prend du grain dans un sac pour en remplir la besace d'un semeur; à droite: un homme est assis au pied d'un arbre, une femme lui donne à manger.

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0329/m501703_94-052023_p.jpg

—  Capricorne - Décembre - Patinage : Au premier plan à gauche, un personnage, l'épée au côté, se penche et met la main sur le corsage d'une jeune femme assise à terre avec un enfant, à ses côtés, un panier rempli de patins. Un peu plus loin, un jeune homme est assis à côté d'une jeune femme et d'une enfant. Au second plan, des patineurs glissent devant un grand bâtiment.

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0329/m501703_03-007327_p.jpg

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Description des bordures.

Fenaille et Calmettes 1923 décrivent cinq bordures différentes : 

1. La première bordure, copiée sur la tenture originale de Bruxelles, est formée  de fleurs, fruits et oiseaux entre deux moulures, avec des médaillons au milieu des 
traverses et des montants et quatre médaillons aux angles. Le médaillon du milieu 
de la bordure du haut représente le signe du zodiaque du Mois; les autres médaillons 
représentent des têtes de femmes, de guerriers et, en bas, des scènes d'enfants. 

2. La deuxième bordure à fleurs et à fruits, exécutée pour la princesse de Conti, 
ne porte de médaillons qu'aux quatre angles, avec des jeux d'enfants. Au milieu de la 
bordure du haut, deux écussons aux armes de

 Bourbon-Conti. Au milieu de la bordure du bas, un écusson avec le  chiffre A. M. d'Anne-Marie de Bourbon, Au milieu des bordures latérales, des instruments de musique champêtre. 

3. La troisième bordure composée par Blain de Fontenay et Perrot, en 1780, est formée d'un quadrillé jaune sur fond bleu, interrompu aux angles par des écoinçons 
entourés de fleurs et, au milieu des bordures horizontales, en haut, par un écusson aux armes de France, et, en bas, parmi médaillon avec le signe du zodiaque. 

4. Une quatrième bordure similaire, avec quadrillé et écoinçons, porte au milieu 
de la bordure du haut un écusson entre deux grandes ailes et,au milieu des bordures 
latérales, un médaillon avec une tête entourée de rayons. Les écoinçons sont accompagnés de cornes d'abondance d'où sortent des fleurs et des fruits. 

5. La dernière bordure, semblable à la deuxième bordure des Sujets de la Fable, 
représente un cadre en bois sculpté doré, avec les écoinçons et médaillons du haut 
et du bas encadrés de fleurs peintes au naturel, 

Nous verrons que les bordures des tapisseries de Chenonceau appartiennent au premier type. Le fait qu'elles soient "copiées sur la tenture originale" indique donc que les jeux d'enfants avec les papillons, qui nous intéressent,  datent donc du XVIe siècle. La base Joconde décrit ainsi la bordure de la tapisserie de la Vierge conservée à Pau : "Bordure à fond rouge orangé, à guirlandes de fleurs et de fruits sur un bandeau accroché à des mufles de lion. Huit médaillons en camaïeu gris, trois en haut, deux sur le côté, trois en bas. Ceux du bas contiennent des sujets à personnages ; les deux des côtés et ceux des extrémités du haut, des têtes d'hommes casqués ou de femmes ; celui du milieu, le signe du zodiaque, avec le nom du mois écrit dessous en latin."  

 

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LES TAPISSERIES DU CHÂTEAU DE CHENONCEAU.

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Au deuxième étage du château de Chenonceau, trois pièces de tapisseries sont exposées dans la Chambre de Gabrielle d'Estrées, celles des mois de  juin, (le signe du Cancer et  la tonte des moutons), de juillet, (le signe du Lion et la chasse au faucon), et d'août, (le signe de la Vierge et la paie des moissonneurs),. Protégées au tiers inférieur par un panneau plastique, occupant les coins de la pièce, elles ne sont pas faciles à photographier dans leur intégralité. Je présenterai surtout le mois de Juillet avec les médaillons aux papillons. Ma curiosité se portera aussi sur la technique de la chasse au faucon.

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Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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A laquelle des douze tentures des Gobelins appartiennent-elles ?

Si on les compare aux tapisseries du château de Pau photographiées par la Réunion des Musées Nationaux et présentées comme appartenant à la Deuxième tenture, on constate qu'elles ont une disposition inverse.  Concentrons-nous sur le mois de Juillet : à Pau, le cavalier porte l'épée à droite (alors qu'elle est portée  à gauche "dans la vraie vie"), et la cavalière monte "en amazone" sur le coté droit du cheval, alors que dans la monte en amazone les jambes prennent appui en réalité sur un seul étrier du coté gauche. La tenture de Pau a été copiée "en contre-partie", en inversion des Mois originaux.

 

 

 

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Château de Pau, 2e tenture des mois Lucas : le lion, juillet, la chasse au faucon, Dimensions : Hauteur: 3.03 m Largeur: 3.20 m. Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Pau) / René-Gabriel Ojéda: http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/2e-tenture-des-mois-lucas-le-lion-juillet-la-chasse-au-faucon_laine-textile_basse-lisse_soie-textile

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 Les tapisseries de Chenonceau appartiennent (c'est du moins ma déduction) à la  Cinquième Tenture des Gobelins, exécutée pour le Roi Louis XIV en 1712-1714 dans l'atelier  de Souet. Les pièces sont bien dans le sens des descriptions et dans le sens des originaux. 
Les personnages portent l'épée à gauche et les dames à cheval sont assises du côté 
montoir.  En effet, alors que la Deuxième tenture était tissée en contre-partie de la tenture originale, cette Cinquième tenture copiée sur la première tenture du Roi se trouve dans le sens  des originaux.

Elle fut donnée  par ordre de Louis XV du 4 mars 1717, au baron puis comte Eric-Magnus de Sparre de Sundby (1665-1726)  en échange de la tenture Triomphe des Dieux  des Arabesques qu'il avait rendu.  

 Le comte de Sparre a servi dans l'armée du roi de France depuis 1683 (ou 1688) et, en 1694, le roi l'a nommé colonel d'un régiment d'infanterie regroupant des fantassins allemands. En raison de ses liens étroits avec la maison royale française, il a été nommé ambassadeur en 1715, mais a été rappelé en 1717 en Suède. Il a alors été nommé chancelier en 1718 par la reine Ulrique-Éléonore, qui a gouverné la Suède trois mois entre décembre 1719 et février 1720 avant d'épouser le roi Frédéric Ier et d'abdiquer en sa faveur. Le comte de Sparre a ensuite offert la tenture à la reine. Les Mois Lucas sont restés dans la collection royale jusque (??)  1900, date à laquelle la tenture a été mise en vente. Certaines pièces ont été acquises à un particulier par Carl Robert Lamm (mort en 1938), membre d'une dynastie d'industriels suédois. Lamm était un collectionneur passionné et logeait ses vastes propriétés au château de Näsby, construit au 14ème siècle, et qu'il avait acquis en 1902 et reconstruit après un incendie de 1897. Une grande partie de sa collection a été vendue à New York en 1923 malgré les protestations des médias suédois. La pièce d'Octobre a été vendue  100000  dollards par Christie's le 20 mai 2014 au Nationalmuseum de Stockholm.

 

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 Selon M. Fenaille , en 1900, "plusieurs pièces des Mois Lucas, paraissant provenir de cette tenture [la cinquième],  et de la fabrication des Gobelins, existent dans des collections particulières (collection Gaston Menier pour Mai, Juin, Juillet et Août et Achille Leclercq pour Novembre) ". Or, Gaston Menier (1855-1934), frère d'Henri Menier et issu de la famille des Chocolats Menier,  est l'héritier du château de Chenonceau en 1913. J'ai donc la preuve définitive que les pièces exposées à Chenonceau appartiennent à la Cinquième tenture, et qu'elles sont entrées au château de Chenonceau entre 1913 et 1923 par acquisition de la famille Menier. Selon E.A. Standen 1985 p.344, la pièce de Mai a été vendue par la Galerie Jean Carpentier à Paris le 24 novembre 1936 (n°107, illust.).

Aujourd'hui, 7 des pièces de la Cinquième tenture sont connues (Standen 1985, pp. 333 ) : Janvier était la propriété en 1928 de la comtesse  Eva Trolle-Bonde. Mai, Juin, Juillet et Août appartenaient à Charles Menier, et ont été vendues à la  Galerie Jean Charpentier, Paris, en 1936 ; Juin, juillet et Août sont aujurd'hui à Chenonceau. Octobre appartient au Musée National de Stockholm. Novembre était la propriété d' Achille Leclerq à Paris. Décembre, a été exposé à San Francisco en 1922, puis détenu par  Wildenstein & Co.  

La bordure est la bordure flamande semblable à celle de la deuxième  tenture (n°160 du Mobilier de la Couronne), mais en contre-partie. 

Cette précision est utile car elle permet de dater ces pièces de Chenonceau, et d'affirmer que les scènes de genre aux papillons de la bordure ont été dessinées par le Maître des Mois Lucas : les petits patrons datent du XVIe siècle (1535) et sont d'origine flamande.

Fenaille et Calmettes 1923 donnent en illustration le mois de Juillet de cette 5e tenture : elle correspond bien à celle que j'ai photographiée à Chenonceau : 

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http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55299316/f535.item.r=maurice+fenaille.langFR

 

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LES MÉDAILLONS AUX PAPILLONS DU JUILLET DES MOIS LUCAS.

 

Après ces longues présentations, il est temps de décrire les scènes des médaillons du coin inférieur de Juillet.

La première, dans le coin inférieur gauche, montre quatre enfants nus en train de jouer ; deux sont penchés vers le sol et tiennent chacun un insecte (criquet ?) pour les fiare se battre. Les deux autres s'amusent avec un papillon attaché par un fil.

Les ailes antérieures sont blanches, peut-être ponctuées de noir, et les ailes postérieures sont rouges, ponctuées et frangées de noir avec une marge blanche. Le corps de couleur crème porte trois points noirs. Il est illusoire de vouloir identifier une espèce, et il s'agit sans-doute, comme cela est habituel à l'époque, d'une papillon stylisé et fantaisiste. Ce n'est donc pas cette identification qui est intéressante pour l'histoire de l'entomologie, mais c'est le fait que, jusqu'à l'éveil de l'entomologie comme science (Joris Hoefnagel dans le dernier quart du XVIe siècle, Conrad Gessner,  Aldrovandi 1604, Theatrum insectorum de Moffet écrit vers 1590 et publié en 1634), les papillons sont plus souvent capturés par les enfants pour des jeux plus ou moins cruels, que collectionnés par les adultes.

L'artiste qui a créé les cartons s'est sans-doute inspiré des marges des enluminures des manuscrits médiévaux, dans lesquels les papillons sont nombreux, parfois visés par l'arc d'un chasseur. Ou plutôt (mais il faudrait procéder à un examen des 12 x 2 médaillons de la tenture), il s'est donné comme thème des coins de la bordure inférieure les Jeux d'Enfants.

— C'est le poète Jean Froissart qui a donné vers 1369 la première liste (vers 185-248) de 51 jeux d'enfants joués dans son Hainaut natal dans son Epinette amoureuse.  On y trouve la mention du papillon attaché par un fil : 

 Et pour chasser les papillons

Me voulais bien distingué

Et quand attraper les pouvais

D’un petit fil je les liais.

Et puis je les laissais aller

Ou je les faisais voler. 

— Les Jeux d'Enfants de Pieter Brueghel l'Ancien est un tableau qui date de 1560. On y trouve 91 jeux différents joués par 200 enfants, dont le jeu d'attraper des mouches, mais je n'y ai pas trouvé de papillons.

— La célèbre liste de Rabelais du chapitre XXII de Gargantua énumère 217 jeux : le jeune géant "couroyt voulontiers après les parpaillons" mais ne se préoccupe pas de les attacher.

— Au XIXe siècle, je trouve, en ligne, trois témoignages de cette pratique.

a) Dans le Journal des enfants: rédigé par toutes les sommités littéraires , Volume 1 de 1832, le fait y est donné comme un exemple de cruauté des enfants ; le fil est fixé à une épingle qui traverse le corps du papillon sans le tuer. 

b) Dansla Bibliographie de la France vol. 33 de 1845, page 481, on trouve la description d'une Estampe, gravure ou lithographie, sans date : "Le Papillon : un petit garçon, appuyé sur les genoux de sa mère pendant qu'il fait voler un papillon attaché à un fil." 

c) dans le catalogue du Musée Fol de 1856 est décrit un glyptique (ancien ?) :  "Amour adossé à une colonnette, il tient d'une main un papillon attaché à un fil. Le papillon en grec ψυχη (Psyché), a donné, par son double sens de papillon et d'âme, naissance à une foule de représentations allégoriques charmantes où le papillon représente l'âme de celle ou de celui que l'Amour a su toucher de ses flèches; le papillon lié au bout d'un fil est ainsi une sorte de gracieux rébus qui indique une âme prisonnière. Nicolo. L. 9. H. 10. Style romain. Intaille. Pâte."

— Au XXe siècle, l'écrivain et lépidoptérologiste Vladimir Nabokov rapporte ce jeu dans le dernier chapitre de son livre de Mémoires Speak, Memory : à Paris, en 1938 ou 1939, il est frappé par la rencontre d'une fillette d'une dizaine d'années qui tient par un fil un papillon vivant, un Vulcain (Vanessa atalanta):

 "Likewise, I can name a blooming garden in Paris as the place where I noticed, in 1938 or 1939, a quiet girl of ten or so, with a deadpan white face, looking, in her dark, shabby, unseasonable clothes, as if she had escaped from an orphanage (congruously, I was granted a later glimpse of her being swept away by two flowing nuns), who had deftly tied a live butterfly to a thread and was promenading the pretty, weakly fluttering, slightly crippled insect on that elfish leash (the by-product, perhaps, of a good deal of dainty needlework in that orphanage). You have often accused me of unnecessary callousness in my matter-of-fact entomological investigations on our trips to the Pyrenees or the Alps; so, if I diverted our child’s attention from that would-be Titania, it was not because I pitied her Red Admirable (Admiral, in vulgar parlance) but because there was some vaguely repulsive symbolism about her sullen sport." (Speak, Memory, chapitre XV)

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Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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Le médaillon du coin inférieur droit montre deux enfants. L'un est  penché à quatre pattes vers un insecte (un criquet ?) qu'il observe. Le second tient un rateau de la main droite, et semble en train de poser sur le dos de son camarade un papillon aux ailes blanches marquées de deux points bleus. Là encore, toute identification est illusoire, d'autant que la face dorsale de l'aile (antérieure) de droite est reprise à l'identique pour la face dorsale de l'aile de gauche. Un rateau de fenaison est posé sur le sol.

 

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Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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On peut conclure de ces deux médaillons, confrontés à mes autres études de l'iconographie des Lépidoptères,  qu'au début du XVIe siècle, les papillons ne sont pas considérés comme des sujets d'étude et d'identification, voire de collection, mais, sans distinction d'espèces et de genres, comme des insectes colorés faisant l'objet, pour les enfants, de jeux parfois cruels, alors qu'ils sont, pour les adultes, le support de considération allégoriques ou religieuses en relation soit avec la libération de l'âme hors du corps après la mort, soit le thème de l'inconstance, de la futilité, de l'inconscience des dangers (phalènes se brûlant à la flamme) ou des inquiétantes et suspectes métamorphoses.

Voir ici mes articles sur les papillons dans l'art et la littérature :

liste de mes articles sur les papillons. 

Les bordures à médaillons des Mois Lucas.

L'examen des autres pièces des tentures des Mois Lucas fidèles au premier modèle bruxellois montre que les médaillons à grisaille des bordures obéissent à une répartition constante : en haut et au centre, le signe du zodiaque et le nom du mois. Aux coins supérieurs et au milieu des bordures latérales, des profils à l'antique au style Renaissance. Dans la bordure inférieure, des jeux d'enfants (parfois, ces enfants portent des ailes) à chaque coin, et une scène un peu différente et fabuleuse au centre (pour Juillet, le médaillon du centre inférieur montre un lion portant sur son dos un homme (ou enfant) nu). Les images en ligne disponibles ne permettent pas de préciser quels sont les jeux d' enfants pour les autres mois ; pour le mois d'août, je présenterai plus bas les images prises à Chenonceau.

Auparavant, examinons la chasse au faucon du mois de Juillet. J'emprunte la photographie de la pièce du château de Pau (inversée par raport à la Cinquième tenture).

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La chasse au faucon.

 

http://www.photo.rmn.fr/archive/06-528307-2C6NU0PTIE4Z.html

 

notice : http://www.photo.rmn.fr/archive/06-528307-2C6NU0PTIE4Z.html

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Le personnage de premier plan est présenté par Fenaille comme un écuyer. Il porte l'épée, il est richement habillé avec des culottes et un pourpoint à crevé, un bonnet à plume, et des bas rouges. Il tient une longue baguette posée sur l'épaule gauche  et trois oiseaux, peut-être des perdrix . J'en ferai volontiers le fauconnier, tenant la hampe servant de perchoir aux faucons, portant la trompe de chasse, et guidant les deux chiens qui vont devant lui. Les deux liens qui se croisent sur sa ceinture sont-ils des lacs destinés aux faucons ? [Le roi dispose, au sein de sa Maison, d'un Fauconnier maître, puis en 1406 du Grand Fauconnier de France, mais à partir du règne de Louis XIV et de l'usage des armes à feu, la charge tend à devenir purement honorifique, les rois ayant cessé de chasser au vol. Les ducs emploient aussi un fauconnier ducal, et sans-doute les grands seigneurs en font-ils autant.]

 

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Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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La cavalière tient le faucon sur un gant épais (dont la manche est dotée d'un contrepoids) ; l'oiseau ne porte pas de chaperon, et on ne voit aucun des lacs qui pourraient le retenir. Il s'agit peut-être alors d'un autour, un oiseau de bas vol, plutôt qu'un oiseau de haut vol comme un faucon pèlerin ou émerillon, un lanier, un sacre, ou un gerfaut, dont la tête est encapuchonnée.  (Cosmovisions)

C'est le cavalier en pourpoint de soie rouge et bonnet à plume qui m'intéresse le plus : je ne comprenais pas ce qu'il faisait. Il vient de lancer en l'air le leurre, fait d' ailes d'oiseaux ficelées,  enveloppées dans l'étui rouge et blanc. Il s'agit peut-être d'un gibier vivant.  On le voit (sur la photo générale) dans le ciel. Notez que l'usage du leurre est propre aux oiseaux de haut vol. Est-ce là la dernière phase de dressage avant la chasse ? Non, puisque le fauconnier porte les perdrix déjà chassées. Le leurre est (?) plutôt destiné à déclencher l'envol du faucon, afin qu'il se saisisse d'une proie visible entre les deux branches des deux arbres. C'est le "vol à vue". La proie a pu être levée par les chiens juste auparavant. Sur un site, je lis que le leurre est utilisé en le faisant tournoyer pour rappeler le faucon qui s'est éloigné. Cela ne correspond pas à notre image.

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Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois de Juillet, le Lion, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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Le choix de la chasse au faucon pour illustrer le mois de juillet et le signe du Lion est surprenant. Sur le zodiaque de la cathédrale de Chartres, cette chasse correspond au signe du Taureau et aux mois d'avril-mai. A Notre-Dame de Paris, elle est liée au signe des Gémeaux. A la cathédrale d'Amiens, c'est le mois d'avril. Dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, elle correspond au mois d'août. Dans la tenture des Chasses de Maximilien, dont les cartons sont dues à Barend Van Orley, ce sont les mois de mars et avril qui présentent cette chasse, alors que la chasse au cerf occupe les mois de mai à octobre. En effet, la chasse au cerf est considérée comme la plus noble de toute, mais n'est possible que lorsque les animaux ont reconstitués, vers la mi-juin, leur ramure. La chasse au faucon est envisagée comme une activité de substitution. Inversement, on ne peut chasser au faucon au moment de leur mue, en mai. 

Voir : 

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Comparaison avec les Chasses de Maximilien, mois de Mars et Avril.

On remarque, derrière la femme tenant le faucon, son fauconnier tenant la hampe. La chasse au faucon était-elle préferenciellement l' activité des épouses des grands seigneurs ? 

 

Les chasses de Maximilien 1530 : Avril

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0199/m503501_d0110330-000_p.jpg

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Le mois d'Août : a Vierge, la Paye des Moissonneurs. Cinquième tenture.

Notice et image de la base  Joconde pour la 2e tenture : http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0468/m505886_gmtt-46-002-3204_p.jpg

Le Mois d'Août représente, sur le devant, des fermiers qui payent des ouvriers; dans le lointain, 
plusieurs figures qui scient des bleds, d'autres qui le ramassent, et qui le chargent dans des 
charrettes, de 10 pieds de long sur 10 pieds de haut. 

La Paye des moissonneurs: — Au pied, d'un arbre qui occupe le milieu de la composition, une femme assise, tenant une bourse, paye de la.main droite un homme 
debout devant elle, du. côté gauche. A. côté de la femme, à droite, un jeune homme 
assis écrit sur un registre. Debout, à côté de la femme, un vieillard s'appuie sur 
un bâton. A droite, au premier plan, un homme compte sur un tronc d'arbre des 
pièces de monnaie qu'une femme prend dans un sac. A gauche, une femme assise, 
tenant un panier de la main droite, écarte de la main gauche un homme qui lui met 
la main sur l'épaule. Au fond, à gauche, moissonneurs; à droite, char chargé de 
gerbes et bâtiments d'une ferme.

 

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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Médaillon de bordure, coin inférieur gauche. Les enfants dénicheurs et oiseleurs .

Trois enfants sont penchés ou accroupis devant des arbres en pots et tiennent l'un un oiseau, l'autre un nid avec trois poussins, le troisième des œufs.

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Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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Médaillon de bordure, coin inférieur droit. Jeux d'enfants.

Quatre enfants dont deux se disputent un objet : paire de ciseaux ? lame ou fer ?

 

 

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

Mois d'Août, la Vierge, tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. Photographie lavieb-aile.

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Le mois de Juin. Cancer. Tonte des moutons.

Carton ca 1535 : http://metmuseum.org/art/collection/search/347667

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fimages.metmuseum.org%2FCRDImages%2Fes%2Fweb-large%2FDT4739.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.metmuseum.org%2Fart%2Fcollection%2Fsearch%2F227027&h=459&w=600&tbnid=Q5a9_bx2eq05sM%3A&docid=IycQWqiovpAkRM&ei=W7tFV7-9G8G4abObtdAO&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=526&page=1&start=0&ndsp=35&ved=0ahUKEwj_1uCwvPXMAhVBXBoKHbNNDeoQMwgfKAEwAQ&bih=775&biw=1600

Description.

Le Mois de Juin représente, sur le devant, plusieurs figures qui tondent des moutons; dans le 
lointain, plusieurs petites figures qui lavent la laine, d'autres qui étendent pour la faire sécher 
et qui la chargent dans des charrettes, de 10 pieds 1/2 de long sur 10 pieds de haut. 

La Tonte des moutons. — Au premier plan, à droite, une femme tient un mouton 
sur les genoux et met la laine dans un panier; deux enfants sont auprès d'elle Plus 
loin, une femme tenant des ciseaux s'apprête à tondre un mouton qu'un homme, au 
milieu, lui apporte. Au premier plan, à gauche, un homme tenant une cruche et une 
femme tenant un panier dans le bras et une corbeille sur la tête se dirigent vers les 
travailleurs. Au fond, de nombreux personnages, des femmes au milieu de la rivière 
lavant la laine, des chars attelés de chevaux et portant de la laine. Au fond à droite, 
plusieurs bâtiments. 

http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/joconde/0330/m501703_03-007320_p.jpg

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Coin inférieur. Quatre enfants jouant avec de la paille.

L'un est allongé , un autre semble faucher du foin, un troisième tient de la paille ou de l'herbe (ou plutôt un écheveau de laine) au dessus de son camarade, et le dernier, à gauche, tient d'une main un pot et de l'autre une brosse (un goupillon ?). 

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Mois de juin, le Cancer, la tonte des moutons.  tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. photographie lavieb-aile

Mois de juin, le Cancer, la tonte des moutons. tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. photographie lavieb-aile

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Coin inférieur de la bordure. Enfants à la balançoire.

Un enfant est installé sur une balançoire (ou "escarpolette")  suspendue à un arbre ; il est poussé par deux camarades. Deux moutons paissent à leurs pieds.

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Mois de juin, le Cancer, la tonte des moutons.  tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. photographie lavieb-aile

Mois de juin, le Cancer, la tonte des moutons. tenture des Mois Lucas, Laine et soie, basse lisse, Manufacture des Gobelins atelier Souet 1712-1714, in château de Chenonceau. photographie lavieb-aile

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SOURCES ET LIENS.

—FENAILLE (Maurice), CALMETTES ( Fernand )  1903-1923 État général des tapisseries de la manufacture des Gobelins depuis son origine jusqu'à nos jours, 1600-1900. Hachette (Paris)  2. page 337

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55299316/f521.image.r=maurice+fenaille.langFR

description des bordures page 344 :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55299316/f530.item.r=maurice+fenaille.langFR.zoom

— Art Bulletin of Nationalmuseum Volume 21, 2014 

http://nationalmuseum.diva-portal.org/smash/get/diva2:875648/FULLTEXT01.pdf

— Au château de Pau :

http://chateau-pau.fr/objet/les-mois-lucas-le-jeu-de-cartes-mois-de-fevrier

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_3=AUTR&VALUE_3=CORNELIS%20Lucas%20&DOM=All&REL_SPECIFIC=3

— La tapisserie flamande du XVe au XVIIIe siècle Par Guy Delmarcel Lannoo Uitgeverij, 1999 - 384 pages

https://books.google.fr/books?id=e5o8L-ckh_QC&dq=Guillaume+de+Pannemaker&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— Met museum : Months of Lucas :

http://www.metmuseum.org/art/collection/search/227024

http://metmuseum.org/art/collection/search/227023

— Drawings for the "Months of Lucas" Tapestry Series Edith A. Standen Master Drawings Vol. 9, No. 1 (Spring, 1971), pp. 3-14+73-80 Published by: Master Drawings Association Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1553120 Page Count: 20

— Jerzy Wojciechowski : "May" and "August": Two Drawings by the Master of the Months of Lucas

Master Drawings Vol. 33, No. 4 (Winter, 1995), pp. 410-413 Published by: Master Drawings Association

Stable URL: http://www.jstor.org/stable/1554242 Page Count: 4

https://www.jstor.org/stable/1554242?seq=1#page_scan_tab_contents

— PLANCHE (Alice), 1980, Culture et contre-culture dans l'epinette amoureuse de Jean Froissart : les écoles et les jeux, Presses Universitaires de Provence. p. 389 à 403 http://books.openedition.org/pup/2730?lang=fr

— POMEL Fabienne), 2015, « Jean Froissart, L’Épinette amoureuse », Perspectives médiévales [En ligne], 36 | 2015, mis en ligne le 01 janvier 2015, consulté le 19 mai 2016. URL : http://peme.revues.org/9376 ; DOI : 10.4000/peme.9376 

— FROISSART (Jean) , L’Épinette amoureuse, édition de Nathalie Bragantini-Maillard, « Moyen Âge en traduction » 5, Classiques Garnier, Paris, 2014, 192 p.

— Idem, Bnf Ms fr. 830 et 831

— Tapestry in the Baroque: Threads of Splendor Par Thomas P. Campbell,Pascal-François Bertrand,Jeri Bapasola,Metropolitan Museum of Art (New York, N.Y.) Thomas P. Campbell, Pascal-François Bertrand, Jeri Bapasola, Metropolitan Museum of Art (New York, N.Y.) Metropolitan Museum of Art, 2007 - 563 pages page 206

https://books.google.fr/books?id=PmgcggIXlX8C&dq=the+lucas+months+tapestry&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

https://books.google.fr/books?id=PmgcggIXlX8C&pg=PA206&lpg=PA206&dq=the+lucas+months+tapestry&source=bl&ots=G10J8CNfh6&sig=BvyQ35_N8XKhYQ_YBUX_D2DSSgk&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjVu5D_zdLMAhXF0xoKHZgwAxIQ6AEIYzAO#v=onepage&q=the%20lucas%20months%20tapestry&f=false

Philadelphia Museum of Art : http://www.philamuseum.org/collections/permanent/50566.html?mulR=23872

— The Comte de Toulouse's "Months of Lucas" Gobelins Tapestries: Sixteenth-Century Designs with Eighteenth-Century Additions Edith A. Standen, and Janet Arnold 1996 Metropolitan Museum Journal, Volume 31 | 1996

— WIKIPEDIA he Months of Lucas, March', Flemish (Bruges) wool and silk tapestry, c. 1650, Dayton Art Institute: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%27The_Months_of_Lucas,_March%27,_Flemish_wool_and_silk_tapestry,_c._1650,_Dayton_Art_Institute.JPG

—  European Post-medieval Tapestries and Related Hangings in the ..., Metropolitan Museum of Art, 1 janv. 1985 - 848 pages Volume 2 page 45 Par Edith Appleton Standen 

 https://books.google.fr/books?id=GbW18KCGWgEC&dq=the+lucas+months+tapestry&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 
— Liste des jeux de la toile de Brueghel : http://kartavoir.blogspot.fr/2015/01/n133-les-jeux-denfants-1560-pieter.html

— 1845 Le Papillon : un petit garçon, appuyé sur les genoux de sa mère pendant qu'il fait voler un papillon attaché à un fil. Estampe, gravure ou lithographie, sans date mais signalé dns un catalogue de 1845 in Bibliographie de la France vol. 33 page 481 : 

https://books.google.fr/books?id=DrtZAAAAcAAJ&pg=PA481-IA7&lpg=PA481-IA7&dq=enfant+tenant+un+papillon+attach%C3%A9&source=bl&ots=Cc9pSMYAgd&sig=UGVe0EGurvEqhrFN3UbZnI1UzEc&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjRnbWzyeDMAhVDOhoKHZwhC_QQ6AEIHDAA#v=onepage&q=enfant%20tenant%20un%20papillon%20attach%C3%A9&f=false

— 1856.  Catalogue du Musée Fol  : Glyptique  "Amour adossé à une colonnette, il tient d'une main un papillon attaché à un fil. Le papillon en grec ψυχη (Psyché), a donné, par son double sens de papillon et d'âme, naissance à une foule de représentations allégoriques char mantes où le papillon représente l'âme de celle ou de celui que l'Amour a su toucher de ses flèches; le papillon lié au bout d'un fil est ainsi une sorte de gracieux rébus qui indique une âme prisonnière. Nicolo. L. 9. H. 10. Style romain. Intaille. Pâte."

 

https://doc.rero.ch/record/12413/files/mf2.pdf

de W Fol - ‎1874 - ‎Cité 7 fois  - ‎Autres articles 

https://doc.rero.ch/record/12413/files/mf2.pdf

— Journal des enfants: rédigé par toutes les sommités littéraires et ..., Volume 1 1832

https://books.google.fr/books?id=Zw5MAAAAcAAJ&pg=PA75&dq=papillon+attach%C3%A9+fil+enfant&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiZwPaM0ODMAhWGORoKHXSwBSsQ6AEISzAE#v=onepage&q=papillon%20attach%C3%A9%20fil%20enfant&f=false

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 16:12

Le Machaon Papilio machaon Linnaeus, 1758 ( (Papilionidae, Papilioninae/Papilionini ) de 1304 dans le Bréviaire à l'usage de Verdun, BM Verdun Ms 107.

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A Madame Colette Bitsch, avec toute ma gratitude.

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Voir :

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Les artistes rivalisent depuis longtemps pour représenter l'un de nos plus beaux papillons, le Machaon. Par exemple l'illustrateur allemand  Jacob Hübner (1761-1815), Das Kleine Schmetterlingsbuch, planche 17 n°3 et 4, ou Sammlung europäischer Schmetterling n°390-391:

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Quelles sont les premières représentations exactes (fidèles au modèle naturel) du Machaon ? Depuis juillet 2013, lorsque j'écrivais mon article de zoonymie (ou "origine du nom"), et où je découvrais les illustrations de Réaumur (1734), je n'ai cessé de repousser la date de cette première image. Je crus que c'était celle de Claude Aubriet, (1715-1735)

http://www.lavieb-aile.com/2015/11/claude-aubriet-et-les-papillons-les-velins-du-roy-museum-d-histoire-naturelle-1710-1735.html

 

 

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Claude Aubriet, Collection des Velins Volume 86 folio 2

Claude Aubriet, Collection des Velins Volume 86 folio 2

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Ou bien celle de Joris Hoefnagel, autre enlumineur (1575-1582) ?

 

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Ou bien Thomas Moffet, dans son Theatrum insectorum publié en 1634, mais dont les aquarelles du manuscrit original préparé sur les travaux de Thomas Penny et sur la collection de Gessner étaient réalisées une cinquantaine d'années auparavant :

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Ou bien la médiocre gravure publiée dans De Animalibus insectis d'Aldrovandi, le premier livre imprimé d'entomologie, en 1602 ?

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Bien-sûr, il y avait cette peinture de Jan Sanders dans laquelle les ailes de l'archange Saint Michel étaient celles d'un Machaon. Elle datait de 1535.

Était-ce là  l'exemple le plus ancien de ma collection ? 

Je me suis intéressé, à la suite de Vazrick Nazari, à explorer les pages des manuscrits médiévaux. Ce dernier auteur a interrogé les principales bibliothèques européennes à la recherche de papillons sur les manuscrits et il a obtenu 32 manuscrits , dont le plus ancien, le Bréviaire de Belleville, date de 1323-1326.   J'ai exploré pour ma part le site Mandragore de la Bnf, qui m'a sélectionné (Classement thématique/Zoologie/ autre insecte/ papillon) 767 légendes soit 681 images numérisées. Ah, j'avais le choix ! Je n'ai pas ouvert les 681 liens, car la très grande majorité des papillons des manuscrits ornaient des marges ("encadrements" et "décors marginaux"), ou des lettrines sous formes de papillons stylisés, imaginaires et stéréotypés. On reconnait parfois la Petite Tortue Aglais urticae.  

J'ai ensuite interrogé la base de données  Enluminure regroupant les manuscrits de Bibliothèques Municipales françaises. Là encore, je fus comblé, mais de même, parmi les 400 réponses (ce qui ne veut pas dire 400 manuscrits ou 400 images de papillons) d'Aix-en-Provence à Verdun,  je voyais se succéder des lépidoptères d'ornement, non identifiables, mais qui animaient souvent des drôleries, ou que des manants tentaient d'attraper. Après plusieurs heures passées à cliquer sur les images pour les copier, je me suis arrêté bien avant d'avoir atteint Paris, vers Clermont-Ferrand (Missel à l'usage de Clermont), à la 102ème image. On va bientôt comprendre que j'ai eu tort.

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J'ai longtemps pensé (et je le crois encore confusément) que nos semblables, pendant la période médiévale, ne VOYAIENT pas les différentes espèces de papillons, car ils ne disposaient pas de moyens pour les NOMMER (le premier à nommer le Machaon est James Petiver en 1699 avec Royal William, puis vient  Maria Sybilla Merian avec le Papillon Basse la Reine de 1730, et Réaumur avec son "papillon à queüe de la belle chenille du fenouil" de 1734). Linné ne donnera le nom de Machaon qu'en 1758 , mais en 1746, dans Fauna suecica page 240  il le désignait encore à l'aide d'une longue formule latine, la diagnose : papilio hexapus alis flavo nicroque variegatis : secundariis angulo subulato maculaque fulva. !

J'ai aussi pensé que nos ancêtres médiévaux étaient aveuglés, dans leur esprit si moyenâgeux, par les présupposés qui associaient les papillons soit avec les âmes qui s'échappent du corps lors de la mort, soit avec les miasmes, les pestes qui abimaient les vêtements et les biens. Ces animaux étaient trop suspects pour devenir objet de curiosité.

Mais il y a des exceptions à toute généralisation, c'est heureux. Madame Colette Bitsch, l'auteure de l'étude sur le Manuscrit Cocharelli ,  vient de m'en adresser la preuve, en m'offrant un superbe cadeau : la découverte du Bréviaire à l'usage de Verdun. Un manuscrit de 1304 conservé à la Bibliothèque Municipale de Verdun sous la cote Ms 107... C'est exactement la dernière des 400 images dont j'avais débuté la consultation !

Ai-je jamais lu le bréviaire avec un tel plaisir gourmand ? 

Un indiscutable Papilio machaon m'attendait au folio 18. (ou folio 1)

Il occupait le bas de la page, enchâssé dans l'orbe d'un rinceau, et un lièvre coiffé d'un bonnet doré et vêtu d'une cape rouge lui donnait lecture d'un ouvrage savant, comme dans un épisode d'Alice au pays des merveilles.

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Papilio machaon,  dans le Bréviaire à l'usage de Verdun, 1304,  BM Verdun Ms 107 . folio 1

Papilio machaon, dans le Bréviaire à l'usage de Verdun, 1304, BM Verdun Ms 107 . folio 1

Papilio machaon,  dans le Bréviaire à l'usage de Verdun, 1304,  BM Verdun Ms 107 folio 1.

Papilio machaon, dans le Bréviaire à l'usage de Verdun, 1304, BM Verdun Ms 107 folio 1.

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Le  Ms 107 de la BM de Verdun est le tome II d'un Bréviaire d'été,  fut enluminé à Metz vers 1302-1305 sur l'ordre de Marguerite de Bar pour son frère  Renaud de Bar, haut personnage allié à plusieurs grandes familles d'Europe. Il fut nommé chanoine à Reims, Laon, Verdun et Cambrai, puis, avant 1298, archidiacre à Bruxelles, puis archidiacre à Besançon en 1299. En 1301 il fut nommé chanoine et princier de Metz, puis en 1302 prévôt de la Madeleine à Verdun. Le folio 1 (ou folio 18) qui nous intéresse est précédé d'un calendrier de 12 pages paginées A à F. Le Bréviaire débute donc par notre folio 1 et porte en rubrique (c'est à dire à l'encre rouge) et en incipit le mot INVITATORIUML’invitatoire est l’exhortation à la louange et à la prière, généralement chantée, qui ouvre la première ‘heure’ de l’office divin de la journée.

Le texte est disposé en deux colonnes de 28 lignes : nous lisons ensuite Adoremus Dominum qui fecit nos ("Adorons Dieu qui nous fit"), puis Venite Servite. Vient ensuite la lettrine, ou lettre ornée, qui est le B majuscule initiant la phrase Beatus vir qui no[n] abiit  i[n] consilio impiorum et in via peccatorum non stetit et in via peccatoru[m] non stetit et in cathedra pestilentie non sedit. C'est le premier verset du psaume 1 : "Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs". Un vermisseau bicéphale sert de bout-de-ligne . 

 

 

L'enluminure de la lettrine montre David jouant de la harpe à la Vierge, tandis que Renaud de Bar se tient agenouillé devant elle en position de donateur. Il est vêtu d'une tunique de clerc à capuche à ses couleurs et à ses armes, "'d'azur semé de croisettes au pied fiché d'or, à deux bars adossés du même, au lambel à trois pendants de gueules". La présence de David est parfaitement justifiée, puisque ce Bréviaire va largement faire appel à ses psaumes. La Vierge, couronnée, nimbée, cheveux longs, robe d'or et manteau bleu, tient une fleur (celle de la vertu et de la pureté ?) qu'elle tend à Renaud, qui vient peut-être de lui remettre en présent le luxueux manuscrit dont elle tient le codex sous le bras droit. Un ange nimbé, aux ailes vertes, lève les bras d'émerveillement, entre les deux voûtes ogivales.

Le texte du Psaume 1 se poursuit, seulement égayé par les bouts-de-ligne cocasses à hybrides anthropomorphes : 

Sed in lege Domini voluntas eius et in lege eius meditabitur die ac nocte

Et erit ta[m]quam lignum quod plantatum est secus decursus aquarum q[uo]d fructu[m] suum dabit in tempore suo.

Et folium eius n[on] defluet : / et omnia quecumq[ue] faciet prosperabuntur /

Non sic impii non sic; sed tamquam pulvis quem // proicit ventus a facie terrae.

"Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel, et qui la médite jour et nuit !

Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison, et dont le feuillage ne se flétrit point : tout ce qu’il fait lui réussit.

Il n’en est pas ainsi des méchants : ils sont comme la paille que le vent dissipe."

En bas de cette colonne de droite, nous trouvons les armoiries de Renaud de Bar, barrée d'une crosse épiscopale. Renaud de Bar fut le 67e évêque de Metz de 1302 à 1316. Il était fils de Thiébaut II, comte de Bar et de Jeanne de Toucy. 

Ideo non resurgent impii in iudicio neque peccatores in consilio iustorum

Quoniam novit Dominus viam iustorum et iter impiorum peribit

C’est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des justes ;

Car l’Éternel connaît la voie des justes, et la voie des pécheurs mène à la ruine. 

 

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Bréviaire à l'usage de Verdun, 1304,  BM Verdun Ms 107 folio 1.

Bréviaire à l'usage de Verdun, 1304, BM Verdun Ms 107 folio 1.

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SOURCES ET LIENS.

— Site Enluminure , interrogé sur "papillon" :

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER_TITLE&LEVEL=1&GRP=0&REQ=%28%28papillon%29%20%3aTOUT%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&FIELD_1=REFD&VALUE_1=&FIELD_2=Caut&VALUE_2=&FIELD_3=TITR&VALUE_3=&FIELD_4=SUJET&VALUE_4=&FIELD_5=DATDEB&VALUE_5=&FIELD_6=DATFIN&VALUE_6=&FIELD_7=ATTRIBUTION&VALUE_7=&FIELD_8=TOUT&VALUE_8=papillon&FIELD_9=DOMN&VALUE_9=%20&SYN=1&IMAGE_ONLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

 

http://www.enluminures.culture.fr/public/mistral/enlumine_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=POSS&VALUE_98=%20Renaud%20de%20Bar%20&NUMBER=32&GRP=0&REQ=((Renaud%20de%20Bar)%20%3APOSS%20)&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=1&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=1&MAX3=100&DOM=All

http://www1.arkhenum.fr/images/dr_lorraine_ms/MS0107/index.html

NAZARI Vazrick, 2014, "Chasing butterflies in medieval Europ", Journal of the Lepidopterists' Society n°68-4

https://www.academia.edu/19623264/Chasing_Butterflies_in_Medieval_Europe, 

STONES Alison, 2010," Les Manuscrits de Renaud de Barpage" in  L'écrit et le livre peint en Lorraine de Saint Mihiel à Verdun  IX- XV e siècles , Actes du colloque de Saint Mihiel 25-26 octobre 2010  Sous la direction d'Anne-Orange Poilpré avec la collaboration de Marianne Besseyre Brepol pages 269-310

https://www.academia.edu/16293275/Les_manuscrits_de_Renaud_de_Bar

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
22 février 2016 1 22 /02 /février /2016 18:29

A la chasse au papillon dans les manuscrits de la Bnf, je découvre ...une Fourmi Allégorique dans le Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville (v.1330).

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Les papillons dans les manuscrits ? une place marginale.

La base de données iconographiques du département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France propose un classement thématique. Si ce dernier est consulté pour l'item "papillon" (Zoologie / autres invertébrés / papillons), il propose 767 légendes et 681 images numérisées. Les 200 premières données concernent le fond Français, les données suivantes le fond latin, dans lequel les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (Latin 9474) et les Petites Heures de Jean de Berry (Latin 18014) se taillent une part royale. La quasi-totalité de ces papillons des manuscrits occupent les marges, et sont classées sous les rubriques "encadrement", "décor marginal" et plus rarement "lettrines". Ce sont des papillons idéalisés ou stylisés, sans rapport avec des espèces réelles, figurés parmi des fleurs qui sont, elles le plus souvent identifiables. Ils ont été étudiés, dans les manuscrits des bibliothèques européennes, par Vazrick Nazari dans son article Chasing Butterflies in Medieval Europe en 2014, un article dont j'ai donné ici la traduction.

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Quelques exceptions : des papillons en plein texte.

Les exceptions à cette situation marginale se comptent sur les doigts des mains, mais elles stimulent la curiosité : quel phénomène a pu être assez puissant pour inciter les artistes à arracher les lépidoptères de leur monde des bordures, où ils côtoient les singes et les petits lapins, les fleurs des champs et  les rinceaux, pour mériter de figurer dans l'espace sacré du texte principal ?

La première raison est fort logique : dans trois ou quatre enluminures illustrant la Création du Monde lors de la Genèse, les papillons figurent avec les oiseaux, les reptiles et les mammifères autour du Dieu créateur.

 C'est le cas dans le Fr. 160 ou dans le Speculum historiale de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay au XVe siècle 

 

 

 

(Français 308).

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Bnf Français 160 folio 6, source image Mandragore. Domaine public.

Bnf Français 160 folio 6, source image Mandragore. Domaine public.

On trouve encore d'autres exemples ponctuels, comme le Français 185 (une Vie des saints du 2ème quart du XIVe siècle de Jeanne et Richard de Montbaston ), où un papillon stylisé sur un arbre répond à un chardonneret sur un autre arbre pour illustrer  "S. Paul le simple quittant le monde" dans le folio 177v et "Abba jean et paesius" dans le folio 271. Le papillon et l'oiseau y représentent la Nature, par métonymie.

 

 Français 185 folio 177v et "Abba jean et paesius" folio 271.
 Français 185 folio 177v et "Abba jean et paesius" folio 271.

Français 185 folio 177v et "Abba jean et paesius" folio 271.

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Mais un autre exemple plus singulier retenait mon attention, car il se présentait comme une énigme ou un rébus. Une femme couronnée présentait à un homme une double roue. Au sommet de celle-ci était peint un papillon aux ailes aussi crénelées qu'un Robert-le-Diable ou Polygonia-c-album. Il ne semblait pas réellement posé, mais il frôlait la roue, et peut-être lui donnait-il une impulsion. La base Mandragore indiquait que cette enluminure était le folio 61v du "Français 829" et donnait comme légende : Guillaume de Digulleville devant la roue symbolique.

Mais l'image proposée était de qualité médiocre : les premières heures de mon enquête furent occupées à trouver des informations sur le manuscrit et, surtout, à découvrir sa numérisation accessible en ligne sur Gallica avec un définition satisfaisante. Je me perdais ensuite dans l'abondance arborescente des exemplaires de ce texte dont je découvrais le titre — le Pèlerinage de vie humaine—, dans ses éditions modernes, dans les études de lexicographie, dans les commentaires et autres travaux, et enfin dans les recherches sur la toile des mots "roue" ou "papillon" associés au titre ou à son auteur. Ce papillon posé sur sa roue avait disparu du Net, et après de longues soirées passées à arpenter la campagne numérique, je ne récoltais rien dans mon filet (l'épisode de la Roue symbolique n'appartient pas à la première version, la mieux étudiée, du Pèlerinage de Vie Humaine). Le récit de cette chasse  au papillon, et de ce fructueux pèlerinage dans la littérature en Moyen français va exiger un article particulier (à suivre).

 

 

 

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 61v. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84497167/f130.item.zoom

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 61v. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84497167/f130.item.zoom

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Je découvris  que l'enluminure illustrait le dialogue d'un pèlerin  et d'une dame nommée Grâce dieu.  Le manuscrit Fr. 829 réunissait deux titres du même auteur, Guillaume de Digulleville, Le Pèlerinage de vie humaine et le  Pèlerinage de l'âme,  et la Notice de la Bnf  était suffisamment complète pour m'apprendre que le manuscrit datait de 1400-1410, qu'il était écrit en batarde, ou que l'enlumineur était désigné sous le nom de Maître du Livre d’heures de Johannette Ravenelle. Il faisait partie des enlumineurs parisiens à la fin du XIVe  et au début du XVe siècles, et avait travaillé sur trois autres exemplaires des  Pèlerinages  de Guillaume de Digulleville, conservés aujourd’hui à la BnF : les mss. Français 377, 1647 et 12468. L'enluminure était qualifiée de "dessin en grisailles rehaussé de couleurs sur fonds peints", numérotée dans la marge, et je découvrais ainsi le chiffre LXVj à sa gauche.   

Avec ses 220 folios à 2 colonnes en vers octosyllabiques, le manuscrit contient la seconde rédaction du Pèlerinage de vie humaine achevée par Guillaume de Digulleville en 1355, et la version longue du Pèlerinage de l’âme composée entre 1355 et 1358. 

L'auteur parlait à la première personne et se désignait comme "le pèlerin". Car la vie humaine était comparable à un pèlerinage, auquel succédait après la mort "le pèlerinage de l'âme". La simple lecture des légendes des illustrations permettait de comprendre ces pérégrinations, qui débutaient par le songe de Guillaume de Digulleville et s'achevaient par son réveil (f.218). Le pèlerin rencontrait Grâce Dieu au folio 4, et j'aurais bien voulu être présenté aussi : elle me faisait rêver, et je lisais  avec ravissement au folio 5 "Guillaume de Digulleville chez Grâce" ;  Au  folio 12 survenait l' excommunication d’un cerisier. Puis la belle dame donnait au pèlerin son équipement: son bourdon, longuement décrit en termes allégoriques, sa besace, ses prières, son armure, son "gambeson" (un vêtement matelassé qui représente la Patience), son "haubergeon" (une armure de maille lui conférant la Force morale), le heaume de la Tempérance, la gorgière de la Sobriété, les gantelets de Continence, l'épée de Justice et son fourreau d'Humilité,  l'écharpe de la Loi aux douze clochettes etc... Il parvenait ensuite devant une Haie (la Pénitence) séparant deux voies : celle du Labeur à droite, et celle de l'Oisiveté à gauche. 

 Au folio 51v, l'enluminure est décrite ainsi : " Grace-dieu lui fait observer une  fourmi ". Selon Mandragore, on ne trouve cette illustration d'une leçon de morale entomologique que dans deux manuscrits, le Fr.829 et le Fr. 377. Je décidais de m'y intéresser, et de remettre à plus tard l'étude du papillon.

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Une fourmi allégorie de la Persévérance chez Guillaume de Digulleville.

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Les fourmis sont beaucoup plus rarement représentées sur les manuscrits médiévaux que les papillons, et la base Mandragore ne totalise, pour le département Estampes de la Bnf, que 54 légendes et 41 images ; si on ne considère que les manuscrits français (et non les 11 documents latins, les œuvres arabes, grecques, mexicaines, persanes et japonaises) il ne reste que 13 manuscrits. La plupart des illustrations sont des ornementations classées "flore, fourmi" , quatre illustrent une fable, l'une est une allégorie de la Prévoyance (Ms Fr. 1877 qui date de 1530) .

Les deux illustrations du Pèlerinage de Vie Humaine de Guillaume de Digulleville sont assez semblables : une femme couronnée, (Grace Dieu), montre de son index à un pèlerin (l'auteur), un monticule. Dans le Fr.829, qui date de 1400-1401,   une fourmi est bien visible en son sommet, et quelques points noirs peuvent témoigner des traces de son parcours. Grace Dieu (nimbée, jeune et belle, aux longs cheveux clairs, le ventre projeté en avant en conformité avec les canons de l'époque ) désigne la fourmi mais regarde son interlocuteur. Celui-ci est tonsuré (Guillaume de Digulleville était moine de l'abbaye cistercienne de Chaalis près de Senlis), il tient le bourdon, et porte la besace de son statut de pèlerin, et discute avec ardeur les propos qui lui sont adressés. Cette posture résume tout l'ouvrage, dans lequel l'auteur argumente sans concession les propositions du messager divin, qui tente de le mener vers la voie de la vie sainte et de le faire renoncer aux tentations et illusions d'une existence mondaine. 

Ici, c'est une leçon de persévérance qui lui est donnée, basée sur l'observation d'un insecte qui s'efforce de gravir un tas de sable. Ce sable s'éboule régulièrement et fait retomber l'insecte en l'aveuglant. Et régulièrement,"le" fourmi (le substantif est masculin en moyen français, jusqu'en 1680 selon CNRTL) repart à la conquête de la pente, jusqu'au moment où il réussit à atteindre le sommet.  

Le manuscrit Fr. 829 a été en possession de Jean de Berry (le commanditaire des Heures du duc de Berry par les frères Limbourg)  et porte l'ex-libris au feuillet de garde 1 : "Ce livre est au duc de Berry. JEHAN" : c'est un objet de grande valeur.  Chaque enluminure est encadrée par un filet bleu ou rouge, alternativement, et ce filet s'inscrit dans un cadre d'or bruni. Le fond est rouge, quadrillé par des traits d'or. Le sol, le tas de sable et son fourmi, le pèlerin et Grace Dieu sont dessinés à l'encre noire sur le velin blanc, mais les volumes sont rendus par des ombres grises selon la technique de la grisaille. La verticalité des personnages est accentuée par l'étroitesse relative de la  largeur des corps par rapport à leur hauteur, et par le rapport <1 de la taille du segment supérieur (tête et tronc) sur le segment inférieur (bassin et jambes). La direction des plis, et le bourdon accentue cette verticalité.

 

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 51v.

Français 829, Pèlerinage de vie humaine 1400-1410, folio 51v.

Je fus directement concerné par cet exemple d'opiniâtreté, puisque le texte de la deuxième version du Pèlerinage de Vie Humaine , le Livre du pèlerin de vie humaine (LPV) n'a été édité qu'en août 2015 par Philippe Maupeu aux éditions Lettres Gothiques Livre de Poche : j'ai cru qu'il n'existait aucune transcription en ligne du texte ; toutes les études critiques avaient porté sur la première version (d'abord éditée par Stürzinger en 1893). Comme je n'ai découvert que tardivement l'édition des Lettres Gothiques, j'ai —bêtement, c'est une leçon d'humilité— recopié / transcris le texte à partir des manuscrits en ligne. Au cinquième jour de mon travail, je trouvais...la version en ligne sur Google book du texte que j'avais transcris ! Révélant toutes mes erreurs ! Et l'adaptation en français moderne, me permettant de vérifier ma bonne compréhension du texte. Ah, merci le Fourmi, pour une leçon, c'en est une.

https://books.google.fr/books?id=MkhmCgAAQBAJ&pg=PA536&lpg=PA536&dq=suspediter&source=bl&ots=uwrJdUXWAW&sig=AbG5v9N9zArhEE61ttUOtnT7zug&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjep4XflpjLAhWFQBoKHb5GDxEQ6AEIJjAC#v=onepage&q=suspediter&f=false

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Ma tentative de transcription de l'épisode de la fourmi :

Elle s'appuie sur deux manuscrits, le Fr.829 et le Fr. 377 , et sur une édition imprimée par Antoine Vérard, le Pélerinage de l'Homme Bnf Res. Ye-24. :

—Fr.829 folio 51v :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84497167/f110.image

—Fr. 377 folio 42v

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90596276/f88.item

.

Le folio 42v du Ms Fr. 377 et son enluminure :

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=10528613&E=90&I=35790&M=imageseule

 

.

—Res. Ye-24 folio XL

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722969/f84.item.zoom

 

.

 

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.

Je débuterai un peu en amont de l'enluminure, pour le plaisir du premier distique 

Chacun est fort sur son fumier

Et en sa terre se fait fier

Non pas que ce a ie te die

Pour toy mettre en fetardie

Quar se tu veulx sus son fumier

Se sien tu soes de leschequier

Tu li feras eschec et mat [eschat et mat Fr. 829]

Il a ni mettra tant de debat

Pou a boire et pou a mengier

Pou reposer bien travailler

Disciplines et battemens

Oroisons et gemissemens

Instrumens de penitance

Si ten feront droit et vengance

Il ten feront estre vinceur

Dueisse et ne veille a grant honneur

 

Et alons voir le sablon

Dont devant tay fait mention

Tu le vois bien, long il n'est pas

 

 

I. Description de la scène.

Grâce montre au  pèlerin une fourmi qui tente de gravir un tas de sable, mais elle retombe et est aveuglée par le sable. A force de répeter son effort, elle parvient au sommet.

 

 

Si parle le pelerin

La alasmes nous pas pour pas

Et me monstra tantost au doit

Un fourmi qui monter vouloit

En haut sur le tas de sablon

mais selon son entention

Et son vouloir pas ne faisoit

Car quant un pou monte estoit

Le sablon qui estoit coulant

Sec et menu et moliant

Sur yeulx et teste lui cheoit

Et ravaler ius le faisoit

Soutenoyes de nen vaincu

Nestoit le fourmi ius cheu

Car a ramper recommencoit

Et plus que devant sefforcoit

Maintes fois le vi cheoir ius

mais tant fist que tout au dessus

En la fin je le vi monter

Et la en droit se reposer

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II. Commentaire par Grâce.

Cette fourmi doit servir d'exemplaire (d'exemple moral) au pèlerin. La simple leçon de persévérance (recommencer plusieurs fois une tentative après un échec sans se décourager) est developpée dans un sens chrétien, dans lequel l'obstacle à vaincre est le corps (ton corps est de sablon un tas), qui n'hesiteras pas à faire chuter le moine . Le sable, en retombant, va aveugler son "entendement", sa volonté morale, car ce corps est "sablonneux et moliant", mou et dépourvu de fermeté. L'homme renversé par sa chute sera la proie des tentations.

 

Grace dieu

Or puez dist grace dieu veoir

La force de ton corps se voir

Et celle de toy tout aussi

A l exemplaire du fourmi

Sa chascune fois quest cheu

Vertueux ne se fust tenu

Enuis peust avoir recouvre

Destre iamais en hault monte

Sur lui fust tant sablon cheu

Quil eust manis de vertu.

Ton corps est de sablon un tas

Qui pour vray ne se faindra pas [[faindre : hésiter]]

Quant tu vouldois en hault monter

De toi faire bas reculer

Sus loeil de ton entendement

Pour toi aveugler prestement

Et toi ravaler au plus bas

Saches que tu le trouveras

Sablonneux et bon moliant

Et temptacions ravalant

Tant que se ne te tiens forment

Et ne resistes prestement

 

 

 

III. Recours à la fourmi biblique.

Pour appuyer son exemple, Grâce reprends à son compte une citation du Livre des Proverbes. Proverbes 6:6 vade ad formicam o piger et considera vias eius et disce sapientiam « Va vers la fourmi, paresseux ; regarde ses voies, et sois sage. Elle qui n'a ni chef, ni surveillant, ni gouverneur, elle prépare en été son pain, elle amasse pendant la moisson sa nourriture. Jusques à quand, paresseux, resteras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton sommeil ? Un peu de sommeil, un peu d'assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir… et ta pauvreté viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme armé » (Prov. 6 : 6-11). Cette référence est souligné dans l'édition Vérard par une note marginale : Exemplum de formica ascem bente in fabulo

Ce Livre est traditionnellement attribué à Salomon. L'auteur cite le passage (Vas ten paresceux au fourmi Dist le sage et aprens de li Afin que surpris tu ne soyes Sapience et ses voyes) et estime que Salomon avait médité sur le même tas de sable et la même fourmi grimpeuse.

 

Peril est que quant tu voudras

Si de legier ne montes pas

Vas ten paresceux au fourmi

Dist le sage et aprens de li

Afin que surpris tu ne soyes

Sapience et ses voyes

Bien avoit veu salomon 

En son temps ce tas de sablon

Et le fourmi qui y montoit.

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IV. Glose de Grâces.

La sainte femme développe la citation : le pèlerin ne doit lutter contre la paresse. Son corps est son ennemi. Dans le discours qu'elle emploie, elle oppose "toi" et "ton corps" comme deux entités ennemies. L'adepte doit apprendre à "dompter" le corps et le "suppéditer", ce joli mot de moyen français qui signifie aujourd'hui (suppéditer CNRTL)  "procurer, fournir en abondance" mais qui signifiait alors "fouler aux pieds", voire "maltraiter, réduire à l'obéissance, détruire". La violence du dualisme est patente, mais ce qui est remarquable, c'est le recours aux images didactique servant à la mémorisation. Le corps doit être dominé comme l'archange saint Michel terrassant le Malin, saint Georges terrassant le dragon ou la Vierge de l'Apocalypse foulant la Bête, avec ces images de la statuaire montrant le pied du saint personnage posé sur l'animal monstrueux.  

Elle trace un tableau du corps comme un être paresseux, négligen, sommeilleux, cherchant le repos, la fuite face à la difficulté, préoccupé de manger, de rester à table ou allongé, faisant lentement ce qu'il faut faire, et retors avec ça, vicieux, cherchant à flatter et à tromper son propriétaire.

De même que la fourmi cherche à monter et à se placer au dessus du sable, le chrétien doit chercher à s'élever et doit redouter la chute : dans les marges du texte de l'édition Vérard se trouve cette citation de l'épitre de saint Paul aux Corinthiens 10:12 ... si [quis se existimat scire aliquid nondum cognovit quemadmodum oporteat ... itaque] qui se existimat stare videat ne cadat; "Ainsi donc, que celui qui croit être debout fasse attention à ne pas tomber!" (Trad.Louis Segond).

Quant tels parolles il disoit

Si que ainsi gardes toy bien

Que paresceux ne soyes de rien

De ton ennemi corps dompter

Dessous toy et suppediter

de ses sablonneux temptemens

Et ennuyeux empeschemens

Et trespercier pour en hault monter

Et com victeur hault reposer

Et lors bien armer te pourras

Toutes les fois que tu voudras

Toutesfoyes tant ie te di

Que ne te fies point en li

Car souvent lauvas paresceux

Est negligent et someilleux

Longuement vouldra reposer

Et sur laultre coste tourneraient

Au mengier quant lauras assis

Tard se lievera enuis

Tost vouldra faire lentement

Pour toy livrer empeschement

Son point saura bien espier

Quant sera temps de toy flater

Et lors quant garde nen donras

 

V. Les conseils de Grâce.

Rester sur ses gardes, ne pas se fier au corps, car c'est le "mortel ennemi" du pèlerin, considérer l'existence comme un combat livré au corps avec les armes de la Foi et des vertus chrétiennes, tels sont les conseils de Grâce. On lit en marge du Res. Ye-24 : Accessum habemus ad deus per gratiam in qua stamus Romanorum V.Capitulo, "citation de l'épître de saint Paul aux Romains 5:2 ":  per quem et accessum habemus fide in gratiam istam in qua stamus et gloriamur in spe gloriae filiorum Dei "c'est aussi par son intermédiaire que nous avons accès par la foi à cette grâce, dans laquelle nous tenons ferme. " C'est bien-sûr les termes in qua stamus, qui sont requis pour illustrer l'importance de la verticalité, et du maintien d'une statique ferme dans la Foi.

Deceu tu ten trouveras

Si ques ie te lo bonnement

Que sur ta garde fermement

Te tiengnes sans fiance avoir

En lui car quant faiz son vouloir

Ou tout contre toy lenforcis

Et lui ministres les outils

Par lesquelx il te gueroye

Et te destourne de ta voye

Si que se bien mas entendu

Bien te puet estre congneu

Bien puet veoir que cest celui

Quest ton mortel ennemi

Or ten vas car temps est daler

Et de toy quant vouldras armer

Ie tay convoye longuement

Et assez tenu parlement.

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Autres commentaires marginaux  de l'édition de Vérard

— Legitimus formica grana perforat ne germinet. Unde formica non solum dicitur ferens picas sed et ectam forans micas.

Allusion à la tradition selon laquelle les fourmis percent les grains pour les empêcher de germer.

—  Vade ad formicio piger et disce sapientia proverbiorum. VI.ca

Rappel abrégé du verset du Livre des Proverbes 6:6 "Va vers la fourmi toi qui est paresseux et sois sage."

— Nihil ergo nunc damnasionis est his qui sunt in christo iesu qui non secundum carnem ambulent. IC Romanorum VIII. capite.

: Épitre de saint Paul aux Romains 8:1 : "Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ." [2 En effet, la loi de l'esprit de vie en Jésus Christ m'a affranchi de la loi du péché et de la mort.]

—  Maledictus homo qui confidit in homine, et ponit carnem brachium suum et a Domino recedit cor eius Hieremei XVII.ca

Jérémie chapitre 17 : "Maudit est l'homme qui met sa confiance en l'homme, qui se fait un bras de la chair, et dont le cœur se retire du Seigneur."

— Nolite confidere in verbis mendacii Hieremie. VII.ca. 

Jérémie 7:4 :  "Cessez de vous fier à ces paroles trompeuses: " 

— Non secundum carnem ambulamus sed secundum Spiritum /et/ nam prudentia carnis mors prudentia autem Spiritus vita et pax quoniam sapientia carnis inimicitia est in Deo. paulus ad romanos VII.

Romains 7:4-7 [et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons,] non selon la chair, mais selon l'esprit.[ Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'esprit s'affectionnent aux choses de l'esprit.] 6 Et l'affection de la chair, c'est la mort, tandis que l'affection de l'esprit, c'est la vie et la paix; 7 car l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas.

 

 

 

 

 



 

 

 

DISCUSSION

En 1993, A. de Wolf dénombrait 53 personnifications et 60 réifications dans le pèlerinage de la Vie Humaine, et , pour définir le terme de "personnalification", cite Paul Zumthor : "l'Allégorie transforme un nom commun désignant quelque espèce naturelle ou rationnelle, en un nom autodéterminé qui renvoie, à la manière d'un prénom, au sujet d'actions réelles". Allégories ou personnifications ? L'article Wikipédia tente de distinguer les deux : "La personnification est une figure de style qui consiste à attribuer des propriétés humaines à un animal ou à une chose inanimée (objet concret ou abstraction) que l'on fait vouloir, parler, agir, à qui l'on s'adresse. L'allégorie également, souvent employée en concurrence avec la personnification, procède à partir d'une métaphore. On la distingue néanmoins de cette dernière par la nature du comparé ; dans l'allégorie le comparé est une notion abstraite (la Mort par exemple), prise de manière générale ou universelle. La personnification s'applique elle à donner vie à un animé non humain ou à un objet concret. l'allégorie suppose à la fois la personnification de réalités abstraites et le recours à une métaphore prolongée.". 

On peut simplifier en considérant que l'action de donner des noms propres aux vertus et aux vices est une personnification, comme Grace Dieu, Raison, Nature, Charité ou Pénitence, Mémoire et Rude entendement, Labour et Oiseuse, etc..

 

La réification (du latin res, chose) consiste à transformer ou à transposer une abstraction en un objet concret, à appréhender un concept comme une chose concrète. Le terme est aussi employé à propos des personnes vivantes.

Dans le Pèlerinage de Vie Humaine, la double roue de Sensualité du folio 61v (Fr 829) relève donc de ce procédé, bien que le papillon qui y est posé vienne compliquer les choses.

Mais quel statut donner à la Fourmi de Guillaume de Digulleville ? Elle n'est pas seulement le nom propre donnée à la persévérance, car la vertu qu'elle illustre est liée à l'action qui est mise en scène autour du tas de sable. Elle est l'héroïne d'une petite fable, et, en même temps, elle joue le rôle de le Fourmi de Salomon.

La Fourmi est depuis l'antiquité un exemple de travail, de prévoyance . Il est remarquable de constater que dans le texte du Pèlerinage, où le corps de l'homme est dévalorisé et suspect, l'animal ne partage pas ce sort, mais sert au contraire d'exemple de haute vertu, que ce soit, ici, la fourmi, ou, plus tard, le papillon.

Au  XIIIe siècle voit se multiplier les oeuvres de «vulgarisation", comme les lapidaires  ou les bestiaires, qui  se veulent des ouvrages de «sciences naturelles». En fait, les bestiaires, inspirés du Physiologus, composé en grec au IIe siècle après J. C., comme  De animalibus d'Albert le Grand, Speculum naturale de Vincent de Beauvais, De Bestiis et aliis rebus, attribué à Hugues de Saint-Victor) décrivent la «nature» des animaux réels ou imaginaires (phénix, licorne) en fonction des interprétations morales et religieuses. Le Bestiaire divin (1210), le plus long des bestiaires français en vers, dû à Guillaume le Clerc, atteste par son nom même l'insistance sur le symbolisme religieux. Tous les bestiaires portent la marque d'une vision du monde selon laquelle la nature, «livre de Dieu», peut se lire aussi sur le mode symbolique, et se  fondent  sur un système de «concordances» entre le monde des «semblances» et celui des «senefiances». 

 Guillaume le Clerc  écrit 5 pages à propos de la fourmi (p.219-223); je n'en donnerai que le début  :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8979h/f223.image

 

 

XI. DE FORHI.

Salemon dit au perecous

Que , se il veut estre rescous ,

De mauvestie et de perece ,

Si prenge garde a la proece

Del formi , qui tant est petiz.

Sages et prouz est li formi ;

Si se porveit el tens d'este,

Si qu'en yver a a plente ;

Et nul autre beste nel fet.

Quant il issent de lor recet,

Si vont moult ordeneement

L'un avant l'autre belement ,

Tant qu'il vienent au ble meur ,

La ou il est forme et dur ;

Et quant il sunt venu au grein ,

( De ce seiez trestuit certein ) ,

Par l'oudor del cbaume desoz ,

Savent quenoistre, tant sunt proz,

Se c'est orge , segle ou aveine.

Tôt par lor nature demaine

875 Les guerpissent, et avant vont,

Tant que au forment venu sont. (*)

Donc montent amont a l'espi.

Quant se sunt charchie et garni ,

A lor recet tornent arrière

Par une meisme chariere ;

Trestote jor vienent et vont.

(*) on notera que ce vers est cité presque textuellement par Guillaume de Digulleville dans l'extrait ci-dessus.  

« Les fourmis marchent en ordre; elles distinguent à l'odeur la nature du blé ; elles amassent des provisions pour l'hiver ; toutes, sans exception, travaillent ; elles fendent en deux les grains pour les empêcher de germer. » « Le devoir des chrétiens est de diviser le bon grain que leur offre l'Évangile; qu'ils ne s'attachent pas à la lettre qui tue , mais à l'esprit qui vivifie. » 

C. Hippeau, qui édite ce Bestiaire divin en 1852-1857, fait ces observations :

« Fade ad formicam o piger et meditare eam quae quum sit viribus infirmior, multum per œstatem frumentum reponit » C'est ainsi que Salomon, avant Élien et Horace (« Parvula nam exemplo est magni formica laboris. »), avait proposé à l'homme pour modèle ce petit animal , que l'antiquité tout entière a considéré comme le symbole de l'intelligence et du travail (Il ne faut pas tirer son nom, comme le fait saint Isidore, de ferre micas; mais bien du mot grec altéré par une simple permutation de consonnes. Son nom signifie prévoyance. L'habitude où elle est de partager les grains en deux parties est peut-être la cause de celui de nemalà (du verbe namal. couper) , que lui donnent les Hébreux ; de même que la finesse étonnante de son odorat lui avait fait donner par les Cbaldéens celui de sumsemana ).

Les propriétés dont parle ici Guillaume, sont celles qu'avait déjà notées l'auteur du Physiologus « Quand les fourmis qui sont chargées reviennent vers leurs retraites, dit-il, celles qui les rencontrent ne leur demandent point à partager leurs provisions ; elles vont droit au lieu où elles pourront s'en procurer elles-mêmes. » Et il complète la leçon , comme le fait Guillaume , au moyen de l'apologue des Vierges folles et des Vierges sages ( Saint Mathieu , chap. xx3) . Il veut aussi que le chrétien distingue les bonnes doctrines des mauvaises, à l'exemple de la fourmi qui ne confond point le froment avec l'orge. La précaution que prend la fourmi de diviser en deux les grains qu'elle a entassés dans ses greniers pour les mieux conserver , avait déjà donné lieu aux mêmes observations sur la distinction que le chrétien doit établir entre la lettre et l' esprit des Saintes-Écritures (Saint Augustio, De spiritu atque liiiera , ad Marcellinum ; saint Irénée, liv. IV , chap. 29 ; Tertallien , Contra Marcionem , lib. II.). Les auteurs mystiques ne pouvaient laisser échapper cette occasion de développer leur thèse favorite.

Il nous faudrait citer tous les naturalistes et presque tous les écrivains anciens , si nous voulions recueillir les textes qui ont pu servir d'autorités à nos Bestiaires. Les commentaires sur les paroles de Salomon formeraient un volume. II, n'est pas un seul des orateurs sacrés qui n'ait saisi l'occasion de célébrer la sagesse et l'activité de ce petit peuple, qui, ainsi que le dit l'auteur des Proverbes se livre à ses travaux sans avoir besoin d'être soumis à l'autorité d'un chef (3). Ce n'est pas seulement l'instinct que Cicéron accorde aux fourmis : elles sont douées, selon lui, de mémoire, d'intelligence et de raison. Plutarque trouve en elles toutes les vertus réunies (a Nu'.Ium natara maiimarum pulcherrimarumque reruro tam angustum habet spéculum ; sed , ut in pura gntlula , omnium In iii virtutum est imago. » Plutarc., De instinciu animalium. ). C'était l'opinion des Égyptiens.  Quand ils veulent écrire le mot connaissance, ils dessinent une fourmi, dit Horus. Les fourmis sont douées d'un sens divinatoire, ajoutent les écrivains arabes , qui se plaisent à célébrer les merveilles de leurs demeures souterraines.

Ce n'est qu'avec une sage mesure que nos auteurs ont puisé aux sources orientales. Ils leur ont cependant emprunté le conte narré assez longuement par Guillaume, de fourmis chercheuses d'or, ayant la taille d'un chien, dont avaient parlé déjà Hérodote , Solin , Pline et Strabon , et qui figurent dans les récits merveilleux qu'Arrien avait empruntés à Mégasthènes. "

RETOUR A L'ENLUMINURE.

Les travaux de Philippe Maupeu permettent de comprendre toute l'importance de l'illustration, au delà de sa valeur décorative. Cet auteur souligne sa fonction plastique et rythmique (alternance des couleurs bleu et rouge d'une vignette à l'autre) ; sa fonction structurante permettant de repèrer les récits et épisodes en l'absence de chapitres et de tables de matières ; sa fonction herméneutique modifiant parfois l'interprétation donnée au texte ; sa fonction poétique "donnant corps à l'univers fictionnel, à ses figures et à ses lieux".

Mais c'est surtout la fonction didactique qu'il excelle à argumenter : "l'image, dans la tradition des arts de mémoire antiques et médiévaux, est le support d'une mémorisation efficace de la lettre du texte et de sa signification allégorique".

Cela me paraît parfaitement le cas pour ce qui concerne notre courageuse fourmi. J'ai déjà oublié l'exactitude littérale des lignes que j'ai pourtant soigneusement recopiées, relues, comparées d'un manuscrit à l'autre. Mais le tas de sable, la fourmi qui en a atteint le sommet, et les deux personnages qui l'observent se sont gravés durablement dans ma mémoire, et le pouvoir d'évocation de l'image me fera retrouver le verset de Salomon "Va vers la fourmi, paresseux ; regarde ses voies, et sois sage",  il me fera penser au sable déboulant et aveuglant "les yeux de l'entendement" du pélerin, il me fera peut-être retrouver le mot que j'ai savouré aujourd'hui, ce "suppediter" que je consulte à nouveau avec gourmandise dans le dictionnaire de Godefroy  et dans le DMF de l'ATILF.

Car la fourmi de Digulleville n'est pas seulement une Allégorie de la Persévérance, une statue personnalisée et identifiable d'une Vertu placée dans le Théâtre de la Mémoire, c'est un personnage de ce Théâtre, qui y a tenu son rôle, est tombé vingt fois, a secoué vingt fois le sable de ses yeux, s'est remis vingt fois en route, et a triomphé la vingt-et-unième fois. C'est ce petit film d'animation, figé à sa dernière image, qui aura valeur allégorique, et non les seuls lettres du mot FOURMI. Je l'ai intériorisé , il se déroulera lorsque je verrai une fourmilière, lorsque je découperai un morceau de formica, que j'utiliserai de l'acide formique ou une préparation homéopathique de Formica rufa 5CH pour ma cystite ou mes rhumatismes, ou lorsque, tout bêtement, j'aurai des fourmis dans les jambes. Elle s'est installée, grâce à l'enluminure faite pour Jean de Berry, dans le Bestiaire de mon cœur.

.

 

 

La Fourmi, Bestiaire divin de Guillaume Le Clerc, Bnf Fr. 14970 (XIVe siècle), base Mandragore.

La Fourmi, Bestiaire divin de Guillaume Le Clerc, Bnf Fr. 14970 (XIVe siècle), base Mandragore.

SOURCES ET LIENS.

Guillaume de DIGULLEVILLE.

– Notice du Mss Français 829 : http://www.europeana.eu/portal/record/92099/BibliographicResource_1000157170691.html

--Version imprimée par Vérard :  Le Pélerinage de l'homme, ed. Antoine Vérard, 1511 . Bnf Res Ye-24. L'épisode de la fourmi débute à la page XL (vue 84/217 sur Gallica)

 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722969 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k722969/f84.item.zoom

STÜRZINGER , Jakob J. (ed.) 1893,  Le pèlerinage de la vie humaine; edited by J. J. Stürzinger. London: Printed for the Roxburghe Club [by] Nichols & Sons. 

— A modern prose translation of the ancient poem of Guillaume de Guileville entitled, The pylgrymage of man; 1859 A popular version by "Miss Katherine Isabella Cust" [afterwards Mrs. William Goode?] cf. Brit. mus. Catalogue of romances, v. 2, p. 563; Early Eng. texts soc., extra ser., LXXVII (1899) pt. 1, p. 5Topic: Bunyan, John, 1628-1688 

https://archive.org/details/modernprosetrans00guil

— DELACOTTE (Joseph), 1932 « Guillaume de Digulleville, poète normand. Trois romans-poèmes du xive siècle. Les pèlerinages et la divine comédie », Desclée de Brouwer et Cie, Paris, 1932, 286 pp.

Duval, Frédéric et Pomel, Fabienne (sous la direction de) « Guillaume de Digulleville. Les pèlerinages allégoriques. Actes du colloque international de Cerisy La Salle ». Presses universitaires de Rennes, 2008, 489 pp.

GUILLAUME , Clerc de Normandie Le bestiaire divin de Guillaume Clerc de Normandie,trouvère du XIIIe siècle publié d'après les manuscrits de la Bibliothèque Nationale (Reprod. en fac-sim.) / avec une introd. sur les bestiaires, volucraires et lapidaires du Moyen-âge considérés dans leurs rapports avec la symbolique chrétienne par C. Hippeau page 110

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8979h/f114.image

https://archive.org/stream/lebestiairedivi00hippgoog/lebestiairedivi00hippgoog_djvu.txt

 

MAUPEU (Philippe) 2009 Pèlerins de vie humaine. Autobiographie et allégorie narrative, de Guillaume de Deguileville à Octovien de Saint-Gelais, Paris, Champion (« Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge » 115), 2009, 696p.

https://crm.revues.org/12772

MAUPEU (Philippe)  Thèse de doctorat, 2005 : Pèlerins de vie humaine. Autobiographie et allégorie, de Guillaume de Digulleville à Octovien de Saint-Gelais, dir. N. Dauvois, Toulouse-le Mirail.

FARAL , Edmond « Guillaume de Digulleville, moine de Chaalis ». Histoire littéraire de la France, Imprimerie nationale, Paris, 1962, tome 39, pp. 1-132.

STUMPF, Béatrice (2006) « Le moyen français clut et ses dérivés dans le Pèlerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville, un régionalisme? », Revue de Linguistique romane, vol. 70, 2006, pp. 181-208.

STUMPF, Béatrice (2008) « Étude de quelques régionalismes lexicaux dans les Pèlerinages de Guillaume de Digulleville », in Duval & Pomel, eds. (2008), pp. 253-280. Reproduitpp. 1381-1408 in Stumpf (2009).

STUMPF, Béatrice (2009) « Lexicographie et lexicologie historique du Français ». Thèse de doctorat sur travaux présentée par Béatrice Stumpf, Université de Nancy 2, 2009, 1 408 p.

https://halshs.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/502081/filename/TheseBS.pdf

DOUDET (Estelle) 2008, « Guillaume de Digulleville. Les pèlerinages allégoriques, éd. Frédéric Duval et Fabienne Pomel », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2008, mis en ligne le 27 janvier 2009, consulté le 27 février 2016. URL : http://crm.revues.org/11353

— DE WOLF ( Anouk), 1993, Pratique de la personnification chez Guillaume de Digulleville et Philippe de MézièresÉcriture et mode de pensée au moyen âge (8e-15e siècle) / Boutet, D. [edit.]Paris : Presses de l'École normale supérieure, 1993 p. 125-147

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
27 janvier 2016 3 27 /01 /janvier /2016 21:19

Les papillons décrits par Aldrovandi en 1602. Étude des noms propres.

Résumé.

Les premiers noms propres scientifiques d'espèces de papillon sont créés en 1602 par Ulysse Aldrovandi  dans De Papilionibus, Livre II chap. 1 de De Animalibus insectis : parmi ces treize noms grecs ou latins, un est encore en usage, l'épithète spécifique polychloros (Nymphalis polychlorosLinnaeus, 1758). C'est l'occasion détudier les onze Planches et leur 118 illustrations décrivant 102 espèces de rhopalocères et d'hétérocères : un ouvrage fondateur de l'Entomologie.

 

Préambule.

Ulysse Aldrovandi (1522-1605) est un naturaliste italien de Bologne qui a été initié à la botanique par Luca Ghini, puis à la zoologie par  Guillaume Rondelet.  Docteur en médecine et en philosophie en 1553, il commence à enseigner  à l'université de Bologne en 1554. En 1556, Aldrovandi commence à développer ses études botaniques sur la base de l'examen des organes reproducteurs, et, cette même année, il commence à enseigner la botanique médicale. En 1559, il devient professeur de philosophie et, en 1561, il devient le premier professeur d'histoire naturelle à Bologne (son cours s'intitule lectura philosophiae naturalis ordinaria de fossilibus, plantis et animalibus). En 1568, il crée le Jardin botanique de Bologne.

Grand collectionneur, il constitue un vaste Cabinet d'histoire naturelle, riche de 18 000 pièces, complété par une bibliothèque de 3600 volumes imprimés et environ 300 manuscrits et d'un  herbier de plus de 7 000 spécimens.

 Il publie de 1559 à 1605 les quatre premiers volumes d'une Histoire naturelle (dont De Animalibus insectis en 1602 qui constitue en fait son Livre sept) qui en comptera quatorze, les autres étant publiés après sa mort (dernier volume paraissant en 1668) par sa veuve et quatre de ses successeurs. Accordant une place capitale à Aristote dans sa classification des animaux, et compilant les auteurs de l'Antiquité comme  Strabon et Pline, il instaure néanmoins comme  règle fondamentale l'observation attentive, des spécimens, leur reproduction fidèle par l'illustration et leur description objective , initiant ainsi une démarche scientifique moderne.

Comme la plupart des philosophes, des médecins et des collectionneurs de naturalia pendant la Renaissance, Ulisse Aldrovandi conçut  son propre Theatrum Naturae à partir de son propre exemplaire de Pline l'Ancien de "Naturalis Historiae" (1553),  sur lequel il annoté chaque ligne avec ses propres observations. Aldrovandi introduit ni une nouvelle Systema Naturae, ni une approche révolutionnaire de la science, mais plutôt il a été le premier professeur d'histoire naturelle de l'Université, et dans une période dans laquelle les Cabinets de curiosités se créaient  dans les toutes les cours européennes, son cabinet de curiosités naturelles a été le premier musée d'histoire naturelle ouvert au public. Il a été largement influencé par ses "collègues" - Guillaume Rondelet, Pierre Belon, Luca Ghini, Conrad Gessner, Pier Andrea Mattioli entre autres - et par la tradition antique et médiévale. Sa riche bibliothèque comprenait des œuvres de Pline, Dioscoride, Theophraste, Galien et tous les livres les plus importants sur l'anatomie et de la médecine, y compris le célèbre livre de Vésale »De humani corporis fabrica" (1543), le premier atlas moderne du corps humain, avec le frontispice dessiné par Titien et les tableaux anatomiques par Jan Stephan Van Calcar. (Delfino et Ceregato, 2007)

Dans De Animalibus insectis, ou Livre 7, le Liber secundus est consacré aux papillons. Surpris de ne trouver aucune étude sur cette publication, j'y consacre cet article. 

 

I. Titre et frontispice.

 https://archive.org/stream/deanimalibusinse00aldr#page/236/mode/2up/search/papilio

Commençons par donner le titre complet du Livre sept : De animalibus insectis libri septem, cum singulorum iconibus ad vivum expressis, Autore Ulysse Aldrovando, in almo Gymnasio Bonon : rerum naturarium professore ordinario. Bonon [Bologne] apud Joan Bapt. Bellagambam an 1602.

Frontispice.

Je donne ici la copie de cet exemplaire, certes abimé mais  en couleur :

                aldrovandi livre 7 frontispice

Je note de haut en bas :

  • un blason couronné central, présenté par quatre putti. Les armoiries sont composées, mi-parti, de celles qui sont représentées en dessous.
  • deux muses ou Allégories dont l'une tient une sphère armillaire et l'autre un miroir.
  • Deux femmes tenant le drap blanc où est inscrit le titre. Les jambes de ces femmes sont singulières, traitées comme des écorces d'arbres, comme s'il s'agissait de Dryades.
  • une épigraphe : semper honos nomenque tuum laudesque manebunt. C'est une citation de Virgile, Énéide Livre 1 vers 609 : Énée s'adressant à Didon. "toujours subsisteront et ta gloire et ton nom et tes louanges". Rappelons que le livre est édité à titre posthume, et que cet éloge est bien légitime de la part de sa veuve.
  • Deux blasons sur les supports latéraux.
  • Sur le panneau du centre,  la déesse Artémis (arc et croissant de lune) entourée de dix nymphes dansant une ronde.
  • une signature : Il Valesio im.

Ulysse Aldrovandi était le fils d'un comte. L'armorial de Rietstap donnent pour son nom les blasons suivants, dont aucun ne correspondent :

  • Aldrovandi Bologne - Écartelé aux 1 et 4 d'azur à une écharpe d'or ployée en cercle les bouts noués en sautoir aux 2 et 3 palé d'argent et de gueules
  • Aldrovandi Bologne - De gueules à trois fasces d'or à la bande d'azur brochant sur le tout
  • Aldrovandi Bologne - D'azur au chevron soutenant une fasce en divisé surmonté d'une rose le tout d'or
  • Aldrovandini Bologne - D'azur à la bande bretessée de trois pièces chaque brétesse clouée d'une seule pièce de sable à la bande côtoyée de six étoiles le tout d'or.

Comparée au frontispice du volume de l'Ornithologia de 1599, on constate que les références à Pline et à Aristote, dont les noms figuraient sur deux piliers, ont disparu.

Le Portrait d'Aldrovandi.

http://amshistorica.unibo.it/31

                 aldrovandi-livre-7-portrait-copie-1.png

      

On y trouve :

  • des armoiries azur et or en haut à gauche, surmontées d'un griffon. Elles correspondent cette fois à la description D'azur au chevron soutenant une fasce en divisé surmonté d'une rose le tout d'or

                 

 

  • des armoiries en haut à droite avec la devise Sensibus haec imis res est non parva reponas issue de la Troisième Églogue des Bucoliques de Virgile, vers 54 : Damète à Palémon : "Il ne s'agit pas de peu de choses. Sois attentif à nos chants", traduit aussi ainsi :"La chose est d'importance, laisse-toi pénétrer par ceci". Le blason comporte un coq tenant dans la patte gauche une branche.
  • Dans le cartouche autour de l'ovale, «Ulysse Aldrovandus Bononiensis Anno Aetatis LXXX" ("Ulysse Aldrovandi de Bologne dans l'année de ses 80 ans" ...donc en 1602; 
  • Dans le cadre au pied de l'ovale, les vers composés par Giovanni Cornelio Uterverio*: "Aldrovande tuam tam parvo pictor  aere Effigiem potuit pingere non animi: Dotes  mirificas, namque harmonumenta Loquuntur vestra vir Eolis Cognite et Hesperiis". 

*Johannes Cornelius Uterverius (ou Wterwer ou Wertwer) né à Delft aux Pays-Bas, s'installa à Bologne en 1592, et obtient en  1594 le titre de docteur en médecine, il se consacre à l'étude de le Botanique et de l'histoire naturelle. A la mort d'Aldrovandi, en 1605, il a été nommé par le Sénat de Bologne et son successeur Conservateur du Museum et de la Bibliothèque d'Aldrovandi. C'est lui qui mis en ordre et publia trois volumes d'Aldrovandi à titre posthume, et qui dressa l'inventaire de toutes les plantes du Jardin public. Il mourut à Bologne en 1619 et a été enterré dans l'église de Notre-Dame de Galliera .

 

 L'éditeur.

 Joannes Baptista /Giovan Battista  Bellagamba (1596-1613 ; imprimeur)

 Typographe de Bologne, actif entre la fin des années 1500 et au début des années 1600, aux cotés de  Vittorio et Alexandro Benacci, Domenico Maria Pulzoni, Giovan Paolo Moscatelli, ou Fausto Bonardo. Bellagamba était un imprimeur qui a commencé modestement, mais a réussi à  améliorer rapidement  son équipement technique, de manière à être en mesure de publier des ouvrages de qualité. Ses premiers produits étaient deux compositions ludiques de GC Croce: Diporto piacevole (1597), et en août de la même année , Il solennissimo trionfo dell'abbondanza. En 1599, il a publié Vita della b. Caterina da Bologna de Cristoforo Mansueto; puis en 1600 des œuvres de Ippolito Grossetti,  Nicomaco Filateleo, Joseph Rosaccio, Lodovico Zuccolo et Michele Pancotto.

 Mais il est surtout connus pour l'édition des  différents volumes de la monumentale Naturalis Historiad'Aldrovandi, qui'il  a commencé à imprimer à la suite de De Franceschi en 1590, et qu'il a  poursuivi avec les tomes II (1600), III (1603), IV (1604), V (1605) et VI (1612). Ce n'est pas lui, mais Pas lui, mais le tome VII Benacci qui a publié le tome VII, mais il a imprimé le volume Historia omnium quadrupedum bisulcorum de 1613. Cette année est celle de son décés, ou du moins de la fin de ses activités, et le travail est poursuivi par Il cesse alors ses activités, sans-doute Aldrovandi Ferroni et Tebaldini.

Dans tous ses tirages, même les plus mineurs, il a utilisé de beaux caractères et des ornementations de bon goût, en fonction de la noble tradition de l'édition bolognaise. On lui connaît deux marques de typographe, l'une avec la devise "Non comedetis fruges mendacii" (Sorbelli, n. 41) et l'autre avec : "Omni tempore" (Sorbelli, n. 42).

   Source . A. Sorbelli, Histoire de l'Impression à Bologne, Milan, 1929, pp. 121, 126. 

L'illustrateur.

L'artiste qui a réalisé les planches entomologiques est Cornelius Schwindt (1566-1632), dessinateur et graveur originaire de Francfort. Schwindt était entre 1590 et 1596, l'artiste principal employé par Aldrovandi pour la peinture des spécimens de ses collections et leur copie sur les tablettes de bois.  Celle-ci étaient alors gravées par Cristoforo Coriolano

  "Plus que ses collègues, Aldrovandi a compris la fonction pédagogique des images et l'importance de l'exactitude dans la représentation des choses naturelles afin de les décrire objectivement. Il a créé un petit laboratoire à son domicile où, sous sa supervision, plusieurs artistes reproduisaient sur papier les spécimens qu'il récupérait directement ou qu'il  obtenait de ses collègues. Jacopo Ligozzi, l'artiste préféré d'Aldrovandi qui a travaillé pour le Grand-ducs de Toscane, mais aussi Giovanni Neri, l'auteur de la plupart des dessins zoologiques, Passarotto Passarotti (fils du plus célèbre Bartolomeo), Lorenzo Benini, et Cornelius Schwindt, produirent environ 3000 peintures a tempera. Cornelius Schwindt lui-même et parfois Lorenzo Benini et d'autres, copiaient les peintures sur les blocs de bois de poirier, puis elles étaient gravées par Cristoforo Coriolano et plus tard par Gian Battista Coriolano. Certains des étudiants d'Aldrovandi ont notés tous les noms connus des sujets représentés non seulement à côté de chaque dessin, mais aussi sur le dos des milliers de gravures sur bois gravés pour illustrer l'édition imprimée de son grand "Historia Naturalis". Malheureusement, Aldrovandi est mort après la publication de la quatrième des treize volumes, mais au moins deux des œuvres posthumes, éditées par son élève Jan Cornelis Wterwer, étaient presque prêtes avant 1605. Toute la collection de peintures a temperaproduites sous la direction de Aldrovandi, sont toujours disponibles et conservées dans la bibliothèque de l' Université de Bologne (Biblioteca Universitaria Bolognese). Pour les célébrations du 400e anniversaire de la mort de Aldrovandi, toutes les peintures a tempera ont été numérisées et mises à disposition par l'intermédiaire du World Wide Web (disponible à l'adresse wwwfilosofia.unibo.it/aldrovandi/)." (Delfino & Ceregato, 2008)

 

Le graveur sur bois.

Cristoforo Coriolano est né un graveur allemand en 1540 à Nuremberg. Installé en Italie, il a changé son nom de Lederer à celui de Coriolano. Selon Vasari, après avoir atteint un certain succès à Venise, il aurait gravé sur bois les portraits des peintres, sculpteurs et architectes, d'après les dessins de Vasari, pour ses Vies des Peintres, d'abord publié en 1568. Il a également gravé la plus grande partie des illustrations des volumes de l'Ornithologie d' Aldrovandi. Il est mort à Venise au début du 17ème siècle. Ses fils Giovanni Battista Coriolano et Bartolommeo Coriolano devenus éminents graveurs à l'époque baroque.

 

Le Livre second consacré aux papillons.

 Le Livre second occupe les page 235 à 341. Il est intitulé Ulyssis Aldrovandi Philosophi et medici bononiensis, historiae de insectis liber secundus, qui est de caeteris anelytris quadripennibus, & primum.

Le texte,  en latin avec des inclusions fréquentes de grec, est disposé sur une seule colonne de 58 lignes avec une seule marge latérale où apparaissent les noms des espèces ou autres éléments notables.

 

 

SOMMAIRE du Livre II.

Il permet entre autres de voir l'étendue encyclopédique des données présentées, qui dépassent de loin la description entomologique pour englober les domaines sémantiques, ethnologiques, médicaux (ethno-médecine), psychosociaux et religieux. On constate aussi que les chenilles, puis les chrysalides, sont décrites dans des chapitres distincts des papillons, comme des espèces séparées. Mais la description des spécimens, accompagnée de 11 planches, occupe 18 des 26 pages du chapitre I : cette partie, fondée sur l'observation, dépasse celle qui est (seulement partiellement) fondée sur la compilation livresque.

Cap. I De Papilionibus : page 235-261 : des Papillons (diurnes et nocturnes)

  • Ordinis ratio. Synonyma page 235
  • Differentiae descriptio page 236-253
  • Coitus parto generatio page 253
  • Locus volatus cibus aetas page 256
  • Denominata page 256
  • Praesagia page 257
  • Proverbia page 258 (:"Non credo alla Rondine ne alla farfalla, Ma bene alla Cicala che mas falla").
  • De papilione ad lumina accensa advolitante page 258
  • Synonyma page 258
  • Mores. Ingenium page 259
  • Nocumenta page 260 ("Nuisances").

Cap. III [sic] De Bombylio sive papilione bombycum page 261 : des Bombyx .

  • Synonyma
  • Generatio et tota historia

Cap. IIII De Erucis vulgaribus page 264 : des Chenilles

  • Aequivoca synonyma page 264
  • Genus differentiae forma page 265
  • Generatio mores victus page 274
  • Ut fugentur page 275
  • Usus in medicina page 275
  • Proverbium

Chap. V. De Chrysalide sive aurelia page 277 : De Chrysalides.

  • Forma differentiae

Chap. VI De Bombyce aequivoca

  • Synonyma
  • Genus differentiae forma
  • Bombyces veteribus romanis et graecis fuisse ignotas
  • Generatio
  • Educatio et quaedam rursus de generatione.
  • Denominata
  • Moralia
  • usus page 295

Cap. VII De serico : de la Soie.

  • Synonyma page 295
  • Holosericum differe a serico.
  • Usus page 297
  • Usus in medicina page 298.

Cap. VIII. De Pityocampe page 298 : Chenille processionnaire du Pin

Cap. IX De Curculione page 299 : Curculionidae

  • Ordo aequivoca
  • Synonyma
  • Forma generatioo page 300
  • Ut fugantur page 301
  • Proverbium. Page 302

Cap. X. De Perlis vulgo dictis. Page 302 : Des Perles = Libellules (odonates)

Cap. XI. De Xylophtoro Page 306 : Trichoptère "perce-bois" nommé Xylophtoros par Aristote

Cap. XII. De Orsodacna. Page 307 : nos Criocères

Cap. XIII. De Cicada page 307 : Cicadidae

  • Ordinis ratio
  • Aequivoca
  • Synonyma eorumque etymum page 308
  • Forma descriptio page 308
  • Genus differentiae page 309
  • Hortus generatio
  • Locus
  • Cantus eiusque ratio
  • Aetas temperamentum et capiendi ratio
  • Antipatheia page 321
  • Denominata
  • Praesagia
  • Augura
  • Historica
  • Mystica
  • Moralia page 323
  • Cur Homerus senes cicadis comparaveritpage 326
  • Hieroglyphica page 327
  • Symbola
  • Numismata page 328
  • Aenigmata et apophtegmata page 329
  • Problemata
  • Emblemata page 330
  • Epigrammata
  • Proverbia
  • Epitheta
  • Fabula
  • Apologi
  • Usus in cibis page 340
  • Usus in medicina page 341
  • Usus in variis

 

 

LE CHAPITRE I DE PAPILIONIBUS.

 

 1. Classification.

 A la première page de l'ouvrage lui-même, le Livre 7 , Aldrovandi, qui suit Aristote, donne le Tableau de sa classification générale. des Insectes, lesquels sont divisés en animaux soit terrestres, soit aquatiques. Les espèces terrestres sont réparties en deux nouveaux groupes, celles qui ont des pattes et celles qui n'en n'ont pas. Ont-elles des pattes ? Les voici divisés selon la présence ou l'absence d'ailes. Compte-t-on deux ailes, ou bien quatre ? Si on en compte quatre,  ces ailes sont-elles membraneuses (favifica, qui font des rayons de miel, ou non favifica), ou bien farineuses (poudreuses car formées d'écailles) ? C'est ainsi que nous parvenons au Livre II des Insectes à quatre ailes, sans élytres, c'est à dire des Papillons. L'auteur distingue les papillons Vulgaires, Lucernaires, et Autres (Vulgaris, Lucernarius, & Aliquot). Enfin les chenilles (eruca), au lieu d'être décrites avec les espèces sans ailes mais à 12 ou 14 pattes, sont décrites au Livre II chapitre IV, et les Chysalides ou Aurelia auchapitre V.

2. Dénominations générales et étymologie.

Ces matières sont abordées au paragraphe Synonyma page 235 et Denominata page 256 :

a) Synonyma.

Papiliones "hoc est ventum sive spiritum" : le nom grec pour désigner les papillons est psyché, qui veut dire le souffle ou l'esprit.

Aldrovandi donne le nom vernaculaire de ce groupe d'insectes en différentes langues : en italien Parpaplione, parpaglia, farfalla : espagnol mariposa ; allemand pfeiffholter [cf.falter], Sommervögelin, quasi avicula aestivia, Belgique Capellexen, Vlindere, Boterulieghe (cf. Butterfly), Pellarin : Flandris privatim Boterschyte, Gallis Papillon, Polonais Motil, Ungaris Louoldek, Anglis à Butterflie.

b) Denominata page 256.

Papilio sive tentorium

 A papilionis volantis similitudine tentorium Papilionem vocari nonnulli volunt. Calepino Homil. In Psal. 14.  Graece etiam scribitur papilios, sed eam vocero nullibi reperio. D. Chrysostomus vocem esse tradit Romanam ; apudquem forte cum ille Graece scribi videret, Graecam esse credidit. Chrysostomi verba adiscriberem, sed graeco careo : Latinus factus sic habet : Quemadmodum ergo. Mosis in deserto tabernaculum, erat tigurium in quo congregari poterant, quod Romani vocarunt Papilionem. Italis    Apud Plinium ubi habet, Numidae vero Nomades a permutandis Papilionibus, mapalia sua, hoc est, domus, plaustris circumferentes, castigatoria exemplaria habent, a permutandis pabulis.

Papiliones item nominantur maculae illiae, quibus per pestilentes febres cutis suffunditur variis locis, Pulicum aut Cimicum morsui similes, vario saepe colore, pro veneni feritate, & materiae conditione, modo rubrae, modo flavae, subnigrae, violaceae seu purpureae, caerulee, livide, nigrae, et quia fere purpuri sunt coloris, ideo purpurae nomine Gallis intelliguntur.

 Lenticulae aliis dicuntur, quod saepe lenticulari colore, & effigie visuntur Ambrosius Pareus (Lib.21cap.28) Papiliones ideo nominati vult, quia alatorum Papilionum instar varias subito involent corporis velut regiones, nunc faciem, nunc brachia, nunc crura, nunc totum corpus. Ego potius a maculatiis illis Papilionibus pulcherrimis, qui floribus desides perpetuo insident, propter consimillimas maculas ita vocari arbitror.

 

3. Les onze planches de description des Papillons adultes.

 

Aldrovandi rassemble sa collection en onze planches (plus une figure isolée page 245), soit au total 118 figures et 102 espèces,  classées par taille (Grande-Moyenne-Petite). Les identifications sont sujettes à discussion, car j'en propose certaines de ma seule initiative, et sans compétence entomologique, et d'autres en tenant compte des auteurs comme James Petiver ou Linné lorsqu'ils donnent ces illustrations en référence de leurs descriptions.

 

Aldrovandi a attribué des noms propres à quelques uns de ses papillons, soit en grec, soit en latin. Ces noms sont repris en marge latérale dans le texte. J'en ai dénombré onze. Certaines pages du manuscrit original, conservé à la Bibliothèque Universitaire de Bologne, sont reproduites dans the Insect and the Images de Janice Neri : elles comportent des noms supplémentaires, qui y auraient été inscrits parfratre Gregoria Cappucino en 1592. Le Père capucin Grégoire, de Reggio-Émilie, loin d'être un obscure plumitif, a reçu les louanges des principaux naturalistes pour ses compétences en Histoire naturelle et notamment en botanique, et G. Olmi pense qu'il devait être l'apothicaire de divers couvents dont celui de Bologne. Son nom apparaît page 236 comme l'auteur d'une illustration. Les illustrations de ces planches manuscrites ont été ensuite découpées et réagencées dans un ordre plus élaboré. J'indiquerai ces noms du père Grégoire par les initiales P.G.

Les descriptions sont précédées par cette présentation générale :

Quanquam plurima sint Papilionum genera, nulla tamen a veteribus descripta reperias.

Aristoteles antennas iis ante oculos praetendi scripsit ; idemque ; ex eo repetiit Plinius, vocans istiusmodi antennas ignava cornicula. Neque aliud quicquam apud ipsos invenire est, quod ad formam corporis extrinsecam Papilionibus pertinet. Sunt autem plerisq ; alae molles, ceu farinae, et fragiles : servantq ; ipsi colorem Erucarum, ex quibus ortum suum duxere. Omnes, quos mihi licuit observare, (observavi autem plurimos), ea quae dixi, communia habebant. Suntque ; aliis diurni, ali nocturni, hoc est tenebrarum amantes. Alii magni, ali parvi, alii mediocres : alii uno tantum praediti colore, alii duobus, alii pluribus, alii maculati, alii sine maculatis. Colorum differentias tetigit Albertus Lib. 26, dum ait. Papiliones sunt Vermes volantes multorum colorum. Quidam enim sunt in alis sicut purpura, quidam albi, quidam hyacinthini, et quibusdam quaedam inest rubedo. Hi sunt qui in autumno coeunt. Sic ille, sed quam diversis aliis coloribus praediti Papiliones reperiantur, ex subsequentibus hic ordine depictis, ac descriptis patebit : inter quos tamen nullus existit aeuleo infestus, quales in India reperiri scribunt, qui Sciscioni vocentur. Qui itaq in priori tabula primo loco sculptus datur, non incongrue ιπποψύχη dicetur. Est enim Papilionum maximus. Vespere potissimum cernitur, interdiu latet. Latus est palmus, et amplius. Alae singule rotundam habent, ac notabilem maculam, oculum diceres, nigrum, sed primo miniaceo, dein candido circulo obductum.

 

Planche 1

= 6 figures, 5 espèces de grande taille, 4 hétérocères, 1 rhopalocère (dorsal et ventral) .

Une description type, celle du Machaon :

Erupisset  Papilio, alis sese fecit conspicuum iis, quos diximus, coloribus prone et supine. Color niger luteus que ; in primis alis intensior est, in supinis remissior. Ale interne, que alias minores esse solent, in hoc animali proceriores sunt, intraque ; serrata serris eisdem coloribus distinctis, ex quibus fere media ceu cauda quedam dependet. Corpus totum pronum atrum est, ad latera, et supinem luteum : eitque pro alarum longitudine admodum exile. Oculi magni nigerrimi. Nigerrime item antenne, que in extremo obtuse sunt, tote subtilissime. In alarum internarum extremis lateribus macula rubra sive rosea conspicitur, rotunda internem semicircularis externem. In summa elegans est Papilio. Conspicitur passim per agros et hortos.

 

Traduction très approximative : Ce Papillon qui surgit  se fait lui-même remarquer, nous l'avons dit, par les couleurs des faces supérieures et inférieures de ses ailes. Ses  couleurs noir et jaune, sont plus intenses aux ailes antérieures et moindres sur les postérieures. Les ailes internes, qui sont d'habitude plus petites, sont chez cet animal plus grandes; scies dentelées de mêmes couleurs, dont près de la moitié dépend comme la queue. Tout le corps est sombre sur la face dorsale et sur les cotés, et jaune en face ventrale : ... De grands yeux noirs. Les antenne noires également, extrêmement éffilés à leur extrémité. . Au bord des faces intérieures des ailes se voient des taches rouges ou roses arrondies en interne et semi-circulaires en externe. En somme, c'est un papillon élégant. On observe ici et là dans les champs et les jardins.

Aldrovandi décrit surtout les couleurs, et plus rarement les formes; Il présente le papillon pronem et supinem, de dessus et de dessous, précisant les couleurs des ailes, du corps, des yeux, des antennes et des pattes. Il conclue par une appréciation globale ("en somme, c'est un papillon élégant") avant de préciser le milieu où vole l'espèce, ici les champs et les jardins. Nous avons déjà ici une description moderne, objective, précise, systématique, qui est articulée avec l'illustration qu'elle commente. En comparaison, voici la phrase spécifique rédigée par Linné en 1758 pour son papilio machaon : alis caudatis concoloribus flavis ; fasciis fuscis ; angulo ani fulvo. "Ailes unies jaunes : bandes fauves ; angle anal fauve". Aldrovandi soutient honorablement la comparaison.

 

— Identifications :

-Fig.1 : Saturnia pyri, femelle (Bodenheimer p.257)

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-Fig. 2 : Daphnis nerii "Sphinx du Laurier-Rose" (Bodenheimer, p.257) : cohérent avec la dénomination Papilio viridis ("papillon vert") d'Aldrovandi.

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-Fig. 3 : Acherontia atropos "Sphinx tête de mort" (Bodenheimer, p.257)

Aldrovandi a obtenu ce spécimen en élevant sa chenille. :

Tertium ex eruca nasci observavi sub finem Augusti anno superiori, eaque caudata, & immensae magnitudinis, suo postmodum loco depingenda. Folliculum non texit, sed in Aureliam mutata Papilionem hunc generavit decem fere dierum intervallo, corpore crasso eiusdem cum alis coloris, nimirum ex luteo, & fusco variantis. In tergore notabilis macula est candicans, humanum quodammodo cranium anterius exprimens. Caput totum nigricat, pedesque & antennae, quae latiusculae sunt. Ale interne tote fere lutescunt

"J'ai observé le troisième qui est né d'une chenille à la fin aooût de l'année dernière. La chenille avait une corne et était immensément grande. Je donnerai son illustration plus tard ailleurs. Elle ne fila pas de cocon, mais se changea en chrysalide qui se transforma en Papillon en l'intervalle de dix jours , au corps épais, aux ailes couleur bien-sûr jaune et de nuances de brun. [...] La tête est toute noirâtre de même que les pattes et les antennes qui sont larges. Les ailes postérieures sont presque toutes jaunes".

Dans ma recherche de l'origine des noms, je remarque surtout la phrase  In tergore notabilis macula est candicans, humanum quodammodo cranium anterius exprimens : "Sur le dos est inscrite une marque blanche, qui a la forme d'un crâne vu de face de quelque humain". On peux dire qu'Aldrovandi est à l'origine indirecte du nom de Sphinx "tête de mort".

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- Fig. 4 = Grand Paon-de-nuit mâle (Saturnia pyri). 

Postremum in hoc ordine depictum prona, & supina parte anno 1592 mense vero Iulio, huiusque die vigesimasexta gigni adverti ex parua quadam Eruca, hirsuta, colore ex rubro, albo & nigro variante....

 

 

 

- Fig. 5 et 6 : le Machaon Papilio machaon L. identifié par James Petiver sous le nom de Royal William (Musei n° 328 page 35) puis par Linné.

— Noms donnés par Aldrovandi :

 La Planche 1 est décrite page 236, sans mentionner de noms propres. On trouve en marge pour la figure n°2 Papilio viridis. 

Sur une aquarelle préparatoire, Papilio machaon porte le "nom" ou la mention Papilio luteis "Papillon jaune"( illustration in Bodenheimer Planche X)

                     

 

                       Aldrovandi-papillons-p.237-copie-1.png

 

Planche 2 page 238.

= 6 figures, 4 espèces de grande taille. 1 hétérocère (ventral et dorsal), 3 rhopalocères.

— Identifications :

-Figure 1 et 2 : Noctua sp.

-Figure 3 : Le Flambé Iphiclides podalirius.

-Figure 5 : Le Morio Nymphalis antiopa. ?

-Figure 6 : Le Tircis Pararge aegeria. ?

— Noms donnés par Aldrovandi :

-  fig. 3 page 239 :  papilio leucomelanos "Papillon blanc et noir" 

-  fig. 6 page 239 :  papilio polyophtalmos.  "Papillon aux nombreux yeux".

-Fig. 2 : Papilio quadruplici colore (?) (P.G.) 

-Fig.3 : papilio leucomelanos ex albo nigra cum appendicibus in alaram extremitatibus longissimis.(P.G)

-Fig.4 : papilio niger cum quatuor oculis nigris, et in medio coeruleis.(P.G)

-Fig. 6 : Papilio polyophtalmos (P.G)

 

                     Aldrovandi papillons p.238

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Planche aquarellée originale, l'espèce n°5 (Nymphalis antiopa):

Aldrovandi-aquarella-Nymphalis-antiopa.png

 

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Planche 3 page 240.

Dix figures = 8 espèces de taille moyenne. 

— Identifications :

-Fig. 2 et 3 : Vanessa cardui ?

-Figure 4 : Vanessa atalanta. Reconnu par Linné qui le donne en référence en 1746 sous le nom de Ammiralis et en 1758 sous le nom de Papilio atalanta.

— Indications et Noms donnés par Aldrovandi :

 - fig. 2 et 3 : vue ventrale et dorsale

-fig. 6 Papiliones habentes promuscides. "Papillon ayant une trompe".

-Fig. 8 et 9 : même espèce "toute jaune" en vue dorsale puis ventrale

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                     Aldrovandi-papillons-p.240-copie-1.png

 

 

Planche 4 page 242.

 =  11 espèces de taille moyenne.

— Identifications :

-Fig.1 =Écaille chinée (Euplagia quadripunctaria).

— Indications et Noms donnés par Aldrovandi :

La planche est décrite dans la seconde moitié de la page 241.

-La figure 1 est comparée à la lettre delta.

-Figure 2 et 3 : même espèce

-fig.4

-Page 241  fig. 10 :  Qui decimus est in hoc ordine propter insolentem vultum, quo Satyrum quam exacte aemulatur σατυρωϰδήσ [Satyroides] dici possit. Corpore toto est flavo, rubro distincto ; alvo bifurcata, alis nigricantibus, & velut stellis candidis elegantissime exornatur.

"Le dixième, parce que son aspect est arrogant (ou Bizarre, inaccoutumé ?), peut être dit littéralement σατυρωκδήσ  ["comme un Satyre"]. Son corps est entièrement jaune séparé de rouge, son ventre est bifide, ses ailes noirâtres, et aussi élégamment ornées d'étoiles jaunes." 

 

[Voir Ici, un Satyre représenté dans le livre d'Aldrovandi sur les Monstres :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b23006724/f17.item.hl.langFR    ]

 

 

 

                     Aldrovandi papillons p.242

 

 

Planche 5 page 243.

= 4  espèces de taille moyenne.

— Identifications :

 

 - 5 : Euplagia quadripunctaria ??

— Noms donnés par Aldrovandi :

- fig.1 et fig. 2 = vue dorsale et ventrale

- fig 3 et fig. 4 = vue dorsale et vue ventrale

- page 244 : fig. 5. λευχόχλωροσ (leucokloros) "Blanc et coloré" ou "Blanc et vert". Papilio λευχόχλωροσ ιεηγς, seu fasciis obliquis insignitus.  (P.G) 

- Page 244 : fig. 5 et 6 :  Papilio cruciger "papillon en forme de croix" Quintum papilionem crucigerumnominavi, quod externis alis complicatis, albis teniis quibus ornatus cernatur, crucem vel potius litteram X exprimat , quanquam id in icone pictor non expressit.

- fig. 7 et 8 : vue dorsale et vue ventrale

 

                              Aldrovandi papillons p.243

 

 

Planche 6 page 244

= 4 figures soit 2 espèces.

— Identifications :

Figure 1 et 2 : Lasiommata megera.  Linné y reconnaît son Papilio maera nommé Satyrus en 1746. (il donne par erreur la référence "page 244 fig. 12" au lieu de fig. 1-2, erreur déjà présente dans sonFauna suecica de 1746). 

Fig. 3 et 4 :

a) Aglais urticae. Linné y reconnaît en 1746 son espèce n° 775 en signalant néanmoins que la figure est mauvaise (mala). Mais il supprime cette référence en 1758. Si on compare cette figure avec celle du manuscrit original, on constate qu'initialement, l'aspect déchiqueté du bord anal des ailes postérieures n'était qu'ébauché, et a été outré dans la figure imprimée. De même, trois taches noires étaient dessinées à l'origine sur le bord interne des ailes antérieures.

b) Polygonia c-album. En 1758, Linné corrige son identification et donne en référence de son papilio c-album le texte et la figure 3-4 page 244. C'est en effet plus en rapport avec l'aspect déchiqueté des ailes, malgré l'exagération de la figure.

 

— Noms donnés par Aldrovandi :

- Fig. 1 et 2 : Page 245 : en marge : Papilio πολυοφταλμοσ (polyophtalmosalter. "Autre Polyophtalmos", ou "autre papillon aux nombreuses ocelles."

 Papilio πολυοφταλμοσ variegatus proné et supiné (P.G).

Papilionem qui in tabula sexta primo depingitur ordine polyophtalmos nuncupavi, quod in internis alis intus ac extra multis notaretur oculis, qui tamen licet duo tantum in externis exterius, et interius elegantiores sunt. In his enim iris est nigerrima, pupilla alba. Alae supiné ex luteo, et castaneo variant. Internae intus prope corpus primum ceruleae, dein fere amethestinae, in quo colore cernere  erat lineas duas transversales, flexuosas, castanei coloris.

  Traduction très sommaire "Celui qui est dépeint en premier dans la planche six est nommé le "Polyophtalmate" car on remarque à l'intérieur et à l'extérieur des ailes de nombreux yeux, qui cependant bien que les deux à l'intérieur et à l'extérieur, sont élégants. Car l'iris y est du noir le plus intense, et la pupille blanche. Les ailes en dessous, varient du jaunes  au chatain. Le bord interne près du corps est bleu presque violet  , dans lesquelles couleurs on peut voir deux lignes transversales sinueuses couleur marron.

 

- Fig. 3 et 4 : Papilio parte prona subluxeus nigris punctis respersus. / Papilio supina subniger et ad instarfluvii undulatus.(P.G)

Pour cete espèce (considérée comme Polygonia c-album), voila la description de la page 245 :

Sub quarum postrema color subsequitur luteus, deinde rursus amethesthinus, quem lineae percurrunt castaneo colore, atque intra has siti sunt quos dixi, oculi, subcaeruleus cingit circulus. Corpus animantis nigricat. Pedes & antennae lutei. Oculi nigri. Alter alas habet dentatas, rubicundas, ad ferrugineum accedentes, & maculis respersas nigris, in medio rotundis, ad latera oblongis, ac magnis. Alae supine nigricant, & albam fasciam habent, quae vel currentes aemulatur fluminis undas. Corpus supinum cinereum est, pronum nigricat.

Traduction très approximative : Pour ce dernier, couleur jaune-rougeâtre, devenant en arrière  couleur violette, traversé de  lignes de couleur châtain, un endroit sec, et, comme je l'ai dit que je ai dit, les yeux bleutés entourés d'un cercle. Le corps de l'animal est noir. Pieds et antennes jaunes. Des yeux noirs. L'autre aile est dentelée, vermeil, virant au rouge foncé et teinté avec des taches noires, dans le milieu une ronde, oblongue, sur les côtés, et d'une grande. Vu de dessous,  les ailes sont noirâtres avec une bande blanche, semblables à des flammes ou des ondes. Dessous du corps gris cendré, dessus noir.

 

Aldrovandi-papillons-p.244-Planche-6.png

 

 

Planche  7 page 246.

 

= 13 figures soit 10 espèces.

— Identifications :

- Fig. 2-3 : Linné reconnaît dans Fauna suecica son Phalaena bombyx dicta n°832, nommé Phalaena Bombyx mori en 1758 : le Bombyx du mûrier.

-Fig. 6 : identifié par Linné en 1746 comme son Papilio hyemalis n° 796 dans la Fauna suecica  puis en 1758 comme le Papilio crataegi n° 57: Aporia crataegi, "Le Gazé". Linné épingle la figure 6 d'une mention mala (mauvaise) qu'il ne reprend pas en 1758.

-Fig. 7 : Nymphalis polychloros "La Grande Tortue" :  Papilio polychloros pour Linné, qui l'identifie et cite le nom donné par Aldrovandi  dans sa Fauna suecica de 1746 n° 773 , ainsi que dans sonSystema naturae de 1758, ce qui explique le nom attribué par Linné.

- Fig. 8-9 = Grand Nacré (Argynnis aglaja). Identifié par Petiver sous le nom de Greater Silver-spotted Fritillary Musei 1696  n° 320 page 35 , puis par Linné en 1746 sous le nom de Rex et  en 1758 sous le nom de papilio aglaia.

Fig.12 = Pour Linné, les figures 11-12 correspondent à Phalaena Bombyces caja, Écaille martre Arctia caja.

 Un papillon de forme triangulaire, ailes supérieures brunes sillonnées de blanc, ailes inférieures ocres avec des points noir bleuté 

- Fig. 13 identifié par Linné en 1746 comme son Coridon Fauna suecica n°786 qui devint en 1758 sonPapilio jurtina,n° 104 : Maniola jurtina, le Myrtil. 

 

— Indications et Noms donnés par Aldrovandi page 245 :

- fig. 1 :Quorum primus corpore toto niger est, annulos vero habet luteos. Ale omnes candidant, et venis distinguuntur nigricantibus.

-fig. 2 et 3 : Bombyliis sunt, ex erucis Bombycivomis orri, vulgo noti, undique candidissimi, exceptis antennis, que nigre sunt et hirsute. Invicem coeunt, mas est tenuiori corpore, secundo scilicet loco pictu. Inter utrumque : ova appinximus exigua, coloris fere crocei. Alas habent breves, et ad volandum velut ineptas. Horum post privatim trademus historiam.

- fig. 4. Quartus in hac serie totus quoque candidat per alas ETC...

 -fig.6  : Sextus totus est candidus corpore scilicet, ac alis, que venas habent nigras, nigros item pedes, & antennas.  le sixième a le corps d'un blanc pur, de même que les ailes, qui a des veines noires. Noires aussi sont les pattes, et les antennes.

-fig. 7 Polychloros dici queat propter colorum diversitatem."De plusieurs couleurs" (stricto sensu "de plusieurs verts").

-fig. 8 et 9 : vue dorsale et ventrale.

fig. 11 et 12 : vue dorsale et ventrale

 

                           Aldrovandi papillons p.246

 

 

Planche  8 page 247

 = 14 figures soit 14 espèces.

— Identifications :

 

— Noms donnés par Aldrovandi :

 

                          Aldrovandi-papillons-p.247-copie-1.png

 

Planche 9 page 249.

      24 illustrations = 24 espèces.

— Identifications :

Fig. 11- 12 reconnue par Linné comme sa Phalaena ursus (Fauna suecica n°820). 

fig. 22 = zygaena sp. Petiver y reconnait (Musei n° 330 page 36) le "Greenish Leopard with 5 scarlet spot" de Thomas Moffet 

— Noms donnés par Aldrovandi :Pages 248 et 250 

-  fig.3 : papilio πολυχλοροσ  polychloros minimus. "De plusieurs couleurs, plus petit"

-  fig. 13 : papilio lucernarius("papillon Porteur de lampe")

 -  fig. 21. papilio argenteus ("papillon argenté").

- fig. 22 : description : Vigesimus secundus toto corpore aterrimo, alas habet nigra colore ruberimi distinctas ; pedes et antennas longiusculos, nigros. "Le 22 a tout le corps très noir, les ailes noires avec des marques rouges distincets, les pattes et les longues antennes, noires."

 

 

                               Aldrovandi papillons p.249

 

 

Planche 10 page 251.

 10 figures = 9 espèces.

— Identifications :

 

— Noms donnés par Aldrovandi Page 250:

 

fig. 11 papilio triticiarius  ("du froment") = ?? Euxoa tricici 

Figure 1 et 2 : Papilio obstreperus cauda lara et pilosa, supinus et pronus (P.G) [obstreperus : "bruyant, qui fait un bruit importun"]

Figure 3 : papilio minor subalbus (P.G)

 

                       Aldrovandi papillons p.251

 

 

 

 

 

Planche 11 page 252.

: 10 espèces.

— Identifications :

 

 

— Noms donnés par Aldrovandi :

        Aldrovandi-papillons-p.252-planche-11.png

 

 

 

Autres noms cités plus loin.

Hepialos, employé par Aristote, Pyraustae page 259, et  Pyrallis.

Les chenilles.

Page 266 Planche 1 = 9 espèces.

Page 268 Planche 2 = 12 espèces. Linné reconnaît son Sphinx vinula

Page 269 Planche 3 = 19 espèces.

Page 271 Planche 4 = 4 espèces.

Page 272 Planche 5 = 9 espèces.

Page 274 Planche 6 = 15 espèces

Page 278 Planche 7 = 6 espèces.

Chapitre VI De bombyce.

Page 280 Planche 1 = 8 espèces.

Page 281 Planche 2.

page 282 Planche 3 = 15 espèces  

Cum eam aliquo tempore domi aluissem, telam non texuit, aut folliculum, sed in Chrysalidem immutata Papilionem peperit atro luteum, eum quem in prima Papilionum tabula tertium, exhibuimus. Page 267

"Après l'avoir nourri [la chenille  figure 1 Planche 1 page 266] pendant un certain temps chez moi, elle n'a pas formé une toile ou un cocon, mais se transforma plutôt en une chrysalide  qui donna naissance à un papillon jaune et noirâtre, précisément le premier de la Planche 3.

 

Discussion.

      Nous sommes ici devant la première description jamais rédigée dans l'Histoire, d'une collection d'insectes, et, pour ce chapitre 1 du Livre II, d'une collection de papillons. Comme le signale l'auteur, certainement avec étonnement, Quanquam plurima sint Papilionum genera, nulla tamen a veteribus descripta reperias : "Bien qu'il existe de nombreuses sortes de papillons, on ne retrouve aucune description donnée par les Anciens".

 Explorant depuis trois ans l'histoire des noms de papillons, j'aborde donc ce texte avec l'émotion d'un archéologue, et avec la conviction que des fouilles plus approfondies que ma visite d'amateur s'imposent. Notamment, la traduction du texte latin d'Aldrovandi semble un préalable indispensable.

  L'auteur de cette description est, avec Conrad Gessner, l'un des deux Géants précurseurs de l'Histoire naturelle de l' Europe de la Renaissance, et leurs noms seront, pour les entomologistes des siècles suivants, aussi réputés et aussi fondamentaux que ceux d'Aristote ou de Pline dans l'Antiquité. Mais la consultation exhumée de leurs écrits conserve-t-elle un intérêt ? L'article Wikipédia consacré à Aldrovandi comporte ces lignes : "Son œuvre apparaît aujourd'hui, en regard de nos critères, comme totalement désuète et sans intérêt. Georges Cuvier dira d'elle que c'est «une immense compilation sans goût ni génie» et que si on supprimait tous les passages inutiles, il n'en resterait qu'un dixième."

 Ma conviction, après cette brève consultation de son travail, est bien différente, et je constate la précision objective des descriptions entomologiques, et l'attention avec laquelle Linné les citera en référence de ses propres descriptions.

Dans une démarche analogue à la mienne, mais avec une toute autre compétence et un tout autre niveau, Delfino et Ceregato ont étudié les données publiées par Aldrovandi concernant les Reptiles. Il est intéressant de lire leur opinion et le résultat de leurs recherches :

" La présente contribution à la connaissance de l'iconographie herpétologique du 16e siècle est largement basée sur l'information disponible, en italien, dans ce livre. Parmi les nombreuses planches réalisées sous la direction de Ulisse Aldrovandi environ 50 dépeignent les amphibiens et les reptiles. Leur nombre et leur qualité permettent de considérer cette collection d'images  comme le premier atlas iconographique de l' herpétofaune  italienne et méditerranéenne et, sans aucun doute, la première collection d'images herpétologiques réalisées avec des critères relativement modernes. Amphibiens et reptiles apparaissent avec une certaine fréquence dans l'iconographie scientifique du 16e siècle, mais la qualité des images publiés par des auteurs comme Belon, De Bry, Gessner, Imperato, Mattioli ou Ramusio, est loin d'être aussi précise et agréable que les planches de Aldrovandi, planches qui sont remarquables en raison de la richesse et de l' exactitude des données et, surtout, par la présence de couleurs. Bien qu'une comparaison entre les images produites avec des techniques différentes est, évidemment, dangereuse, les gravures publiées par les auteurs contemporains (xylographies habituellement), ou publiés après quelques décennies par Jonston (1650-1653; gravures sur cuivre dans certains cas explicitement copiés à partir d' Aldrovandi), mais aussi ceux inspirés par les mêmes tableaux édités par Aldrovandi puis publié à titre posthume sous son nom, comme les serpents de la "Serpentum et Draconum Historiae" en 1639, sont fortement touchés par un simplification excessive. Sans même parler de l'absence de couleur, une telle simplification les rend non seulement moins agréable, mais  infidèles [nonnatural] et parfois inutiles pour préciser les caractères distinctifs d'une espèces. Les 47 planches herpétologiques contiennent au total 75 dessins dépeignant au moins 34 taxons (certains figurés selon deux points de vue); dans les 23 dessins concernant les amphibiens et les 52 concernant les reptiles il a été possible d'identifier, à différents niveaux de précision, 28 espèces  (5 amphibiens et 23 reptiles). Vingt et un de ces espèces appartiennent à l'herpétofaune italienne ; les sept autres sont en quelque sorte «exotiques». Dans ces planches contenant plusieurs spécimens, le principe de classification semble être la ressemblance morphologique (comme dans le cas des grenouilles, scinques et les serpents) ou, moins fréquemment, la présence d'anomalies. En fait, bien que dans la plupart des cas, les spécimens représentés ont une morphologie "normale", une attention particulière a été accordée, comme dans toute l'activité de Aldrovandi, aux spécimens «déviants». "

 

1) Les identifications.

Parmi les 118 gravures sur bois des 11 planches de ce chapitre, et 102 espèces,  11 espèces ont pu être identifiées avec précision par James Petiver (1695-1703) et par Linné (1746 et 1758). Je suggère 6 autres identifications, et ce nombre pourrait sans-doute être augmenté par une évaluation proprement entomologique actuelle. En 1602 dans la première description d'une faune régionale de lépidoptères, 17 papillons sont donc reconnaissables, dont  11 rhopalocères. En voici la liste :

Rhopalocères : Papilio machaon ; Iphiclides podalirius ; Nymphalis antiopa ; Pararge aegeria ; Vanessa atalanta ; Lasiommata megera ; Aglais urticae ; Polygonia c-album ; Aporia crataegi ; Nymphalis polychloros ; Argynnis aglaia.

Hétérocères : Saturnia pyri ; Euplagia quadripunctaria ; Phalaena Bombyx mori ; Arctia caja ; Hyphoraia aulica ; Zygaena sp.

Bien-entendu, ces noms sont seulement suggérés à titre indicatif.

2) L'onomastique.

Là encore, l'émotion est grande, puisque jusqu'alors, aucun nom d'espèce n'avait jamais été créé pour désigner un papillon. Ces insectes étaient nommés par Aristote par les termes grecs psyché ("âme, souffle") ou hepalios (pour les espèces qui s'agitent fébrilement devant une flamme), et les noms vernaculaires dérivaient sauf exception du nom latin papiliones. Les papillons de nuit relevaient du nom grec  φ α ́ λ α ι ν α phalaena.

Ce qui n'est pas nommé n'existe pas, et il est ne nous est pas possible de concevoir le monde d'avant les noms. Pas possible d'imaginer qu'un beau papillon noir et rouge vienne se poser, sans pouvoir penser in petto "Tiens, un Vulcain!". Le silence des espaces innominés m'effraient. La Terre et ses habitants au stade de l'infans m'est à peu près aussi inaccessible que la période de ma vie pendant laquelle je n'avais pas acquis la parole. Mais, en 1602, le monde des naturalistes va encore balbutier sans prononcer de vrais Noms Propres pendant encore un siècle et demi. Comme les satellites captant les émissions sonores d'un proto-univers, la lecture d'Aldrovandi nous permet d'assister à la naissance d'un langage archaïque, prémisse de notre Nomenclature Zoologique. 

La récolte est d'une pauvreté attendrissante : treize noms grecs ou latins, dont certains se répètent. Cinq désignent les couleurs des ailes, deux désignent le motif des ailes (à croix ou à ocelles), un signale l'existence d'une trompe, et l'un mentionne une plante nourricière, et un seul, Satyroide, crée une métaphore reliant l'aspect général d'une espèce avec un personnage mythologique. Ce sont , dans leur ordre d'apparition sur scène, :

  • papilio viridis "papillon vert".
  • leucomelanos "le blanc et noir"
  • polyophtalmos "aux nombreux yeux"
  • Papiliones habentes promuscides  "papillon ayant une trompe"
  • satyroide "comme Satyre"
  • leucokloros "blanc et vert"
  • cruciger "en forme de croix"
  • polyophtalmos  alter "autre aux nombreux yeux"
  • ploychloros "de plusieurs couleurs"
  • polychloros minimus "de plusieurs couleurs, mais en plus petit"
  • lucernarius "le porteur de lumière"
  • argenteus "argenté"
  • triticiarius "du froment".

  Parmi ces treize noms, l'Entomologie en conserve encore aujourd'hui directement un seul, créé par Linné : l'épithète spécifique polychloros qui sert à désigner la "Grande Tortue" Nymphalis polychloros.L'héritage est direct puisque Linné donne ce nom à cette espèce parce qu'il en a reconnu la description par Aldrovandi, qui est, en réalité, le véritable auteur du nom de cette espèce.

 

  Un autre nom a été modifié avant d'être repris comme un nom de genre actuel. Polyophtalmos a d'abord été repris par Denis et Schiffermüller en 1775 qui en nomment leur Famille N : Papiliones Polyophtalmi Aldrov. Vieläugichte Falter (Les Argus de Geoffroy) (Wiener Verzeichniss page 281). Mais ce nom sera modifié par Latreille en Polyommatus (même sens) pour désigner en 1804  un vaste genre, actuellement de taille réduite, le Genre Polyommatus de la famille des Lycaenidae. En 1827, Swainson créera la sous-famille des Polyommatinae.

Le nom Satyroide est, bien-sûr, à l'origine du nom Satyrus donné par Linné en 1746 à ce qui allait devenir son Papilio maera (1758) puis le Satyre de Geoffroy (1762). Latreille allait en faire un nom de genre en 1810, qui a donné le Genre Satyrus actuel, parmi les Nymphalidae. Il est peut-être à l'origine de tous les noms apparentés comme le Faunus de Linné, ou parmi nos noms vernaculaires, le Faune de Geoffroy, le Silène, la Bacchante, etc.

Le nom leucomelanos a été utilisé par James Petiver pour désigner en latin son Half-Mourner,Melanargia galathea. Notons que le nom Melanargia créé par Meigen en 1828 est l'inversion du nom leucomelanos dans lequel -argia remplace leuco- pour désigner la couleur blanche.

 

3) les illustrations.  

 Les illustrations jouent un rôle fondamental dans la démarche scientifique d'Aldrovandi car c'est par elles qu'il va réaliser un Théâtre de la Nature incluant non seulement une exposition des objets d'Histoire naturelle, mais aussi une mise en scène, c'est à dire une classification.(Aldrovandi avait réuni au total un ensemble de 10 000 peintures et gravures). La copie par peinture des insectes permet leur reproduction objective attentive au respect de la fidélité au modèle naturel, mais la disposition de ces dessins mis en couleur selon des planches permet une réflexion taxonomique, ici basée sur les critères morphologiques (présence d'ailes, de pattes) puis, au sein du groupe défini comme Papiliones, selon leurs tailles décroissantes. 

  La publication de ces planches permet aussi un partage des collections, au sein de l'Europe des savants, participant à la mise en place d'un Musée virtuel, lorsque d'autres auteurs auront enrichi les rayonnages des bibliothèques de leur propres planches. C'est bien la réunion des éléments de ce Musée virtuel européen qui permettra à Linné d'écrire son Systema Naturae. La réunion des illustrations au sein d'une bibliothèque va réaliser ce dont tout collectionneur peut rêver, posséder touts les spécimens existants de son champ d'investigation.

Ces illustrations sont accouplées avec le texte, qui suit scrupuleusement la Planche, et le numéro d'ordre des espèces dessinées. 

Ces gravures sur bois, malgré tout assez grossières comme l'impose la technique elle-même, ne sont pas les premières illustrations des espèces de papillons, ni les plus belles ou les plus réalistes, et ce n'est pas la qualité iconographique qui est précieuse, mais la démarche de collecte, de regroupement, de description et, si balbutiante soit-elle, de dénomination.

Ainsi, Vanessa atalanta et Aglais urtica peuvent déjà être identifiés sur le Jugement Dernier de Hans Memling (vers 1467), ou dans le Jardin des Délices de Jérôme Bosch (1503). Une Piéride du Chou et une Grande Tortue sont parfaitement peints sur les marges du Livre d'Heures d'Hastings(1470).  Pisanello  a peint entre 1435 et 1449 autour du "Portrait d’une princesse de la Maison d'Este"  des représentations identifiables d'un Flambé (à gauche) (Iphiclides podalirius) à gauche, d'un Vulcain (Vanessa atalanta) en vol et de profil à droite et d'un Souci (Colias crocea). À la gauche de "La Vierge au papillon" (musée du Vatican), Francisco di Gentile (xve siècle) peint également un Flambé. 

130px-Hastings_book_of_the_hours.jpg 130px-Pisanello_016.jpg

 Joris Hoenagel (Anvers, 1542-Vienne, 1600) donne de nombreux exemples de papillons peints avec la plus grande précision, comme ce Melanargia galathea :

220px-Hungarian_-_Mira_calligraphiae_mon

Ou bien celle de Vanessa cardui " Belle Dame" :

                            250px-Joris_Hoefnagel_-_Flower_still_lif

http://www.bio-creation.com/blog/papillons/migration_de_millions_de_papillons_belles_dames : 

belle-dame.jpg

 

13 septembre 1590 :

1280px-Studies_of_Flowers_and_Butterflies,_watercolor_painting_on_parchment_by_Joris_Hoefnagel,_Flanders,_1590,_HAA

https://secretgardening.wordpress.com/tag/joris-hoefnagel/ : 

butterflies-columbine-hoef.jpg?w=470&h=3

http://www.codart.nl/images/Publications/Brukenthal/0565JorisHoefnagel.jpg

http://www.codart.nl/images/Publications/Brukenthal/0566JorisHoefnagel.jpg

A 19 ans, son fils Jacob Hoefangel (1575-1630) s'est chargé de la gravure des peintures de son père et de leur publication dans  Archetypa studiaque Patris Georgii Hoefnagelii publié en 1592 à Francfort.

Dans Gloria crocodilus, une planche illustre la volonté d'une reproduction exacte de ce que l'œil voit, tel un objectif photographique.

320px-Jacob_Hoefnagel_-_Gloria_Crocodilu

Cette collection de 48 planches  comprend de façon non limitative, et parfois en plusieurs exemples les lépidoptères suivants (entre parenthèse si douteux) :

Rhopalocères :

  • Gonepteryx rhamni
  • Vanessa atalanta
  • Nymphalis polychloros
  • (Plebejus argus)
  • Papilio machaon
  • (Thecla betulae)
  • Aglais io
  • Polygonia c-album
  • Nymphalis antiopa
  • (Antocharis cardamines)
  • (Melitaea cinxia)
  • Lasiommata maera/megera
  • Iphiclides podalirius
  • Quercusia quercus
  • (Erynnis tages)
  • (Aphantopus hyperanthus)

Hétérocères :

  • Macroglossum stellatarum
  • Agrius convolvuli
  • (Zygaena filipendulae)
  • Acheronta atropos (larva)
  • Smerinthus ocellatus
  • Hyles Gallii (larva + nympha + imago)
  • Phalaena 
  • Saturnia pavonia.
  • Arctia caja
  • Noctua pronuba
  • Euclidia glyphica

N.B : j'ai tenu compte des identifications indiquées (fin du XVIIIe ?) sur l'exemplaire conservé à Strasbourg.

En 1630, et donc cette fois-ci après la publication du De animalibus insectis d'Aldrovandi, Jacob Hoefnagel a publié son Diversae Insectarum Volatium icones, l'une des toutes premières œuvres uniquement consacrée aux insectes, et qui comporte 302 insectes dont 72 Lépidoptères, qui viennent du centre et du nord de l'Allemagne.  

Dans le cas des peintures et gravures des Hoefnagel, une influence de leur œuvre sur les gravures publiées par Aldrovandi doit être discutée, d'autant que Cornelius Schwindt, peintre d'Aldrovandi, venait de Franfcfort, lieu d'édition des Archetypa

Mais pour le sujet qui m'occupe, l'histoire des noms, les superbes gravures et les somptueuses peintures des Hoefnagel n'étaient accompagnées d'aucun nom propre ; et, pour l'évaluation de l'aspect novateur du travail d'Aldrovandi, ces dessins n'étaient accompagnées d'aucune description entomologique, et d'aucun souci de systématisation.

 

 

      4) Les peintures originales.

Les plaques d'aquarelle de Ulisse Aldrovandi :  Les 18 volumes de tableaux de plantes, fleurs, fruits, animaux, commandées par Ulisse Aldrovandi dans la seconde moitié du XVIe siècle, sont peut-être la plus vaste galerie d'art de la fin de la Renaissance du monde naturel jamais créé. Composé de plus de 2900 peintures, cette collection était à même de fournir une vue précise du Théâtre de la nature que le naturaliste de Bologne avait soigneusement observé pendant plus de cinq décennies. Planche volume 007

Rhopalocères :

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
26 janvier 2016 2 26 /01 /janvier /2016 13:42

A la chasse aux papillons dans l'Europe médiévale. Une traduction d'un article de Vazrick Nazari (2014).

Une traduction de :

CHASING BUTTERFLIES IN MEDIEVAL EUROPE

VAZRICK NAZARI 3058-C KW Neatby Building, 960 Carling Avenue, Ottawa, ON K1A 0C6 Canada; email: nvazrick@yahoo.com

in Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, 223–231

En ligne sur : https://www.academia.edu/19623264/Chasing_Butterflies_in_Medieval_Europe

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.

Grâce à la numérisation à grande échelle de précieux manuscrits médiévaux enluminés  par les bibliothèques, les musées et autres institutions à travers le monde, une ressource en ligne nouvelle et inattendue  devient rapidement disponible à un public moins habituel : les entomologistes. Bien que la plupart d'entre eux soient de nature religieuse, les manuscrits enluminés produits pendant le Moyen Age (5e-15e siècle) sont richement illustrés avec des scènes de la vie quotidienne des gens ordinaires, des clercs, et de la royauté. Les marges de ces manuscrits sont souvent ornés par des illustrations décoratives élaborées,  connues aussi sous le nom de  comme "marginalia", incorporant une variété d'éléments naturels tels que les fleurs, les oiseaux et d'autres animaux, y compris les insectes. Des études antérieures sur les illustrations d'oiseaux (Yapp 1982), de libellules (Kern, 2005) et d' escargots (Hope 2013) dans les manuscrits médiévaux ont montré qu'outre d'utiles informations taxonomiques historiques, des enseignements peuvent être tirés de ces sources sur l'iconographie et le symbolisme des éléments vivants à l'époque médiévale. Dans cet article je discuterai  de quelques  moyens qui permettent de comprendre  les lépidoptères dans l'iconographie médiévale, et en particulier dans le contexte de la religion et de la guerre. La période prise en compte  pour les manuscrits sélectionnés dans cet article s'étend de 1280 à 1540, et la sélection contient des images provenant de la Belgique, l'Angleterre, la France, l' Italie, les Pays-Bas et l'Espagne actuels. Les manuscrits comprennent des livres d'heures, des bréviaires, pontificaux, ordinaux, décrétales, psautiers, oratoires, graduels, et autres ouvrages de dévotion. Les images de cet article sont tous soit dans le domaine public ou sont reproduits ici avec sa permission.

 

 

 

MATÉRIELS ET MÉTHODES.

En utilisant diverses bases de données en ligne et les sites Web des institutions européennes et nord-américaines, j'ai mené des recherches sur les manuscrits médiévaux numérisés et  mise à la disposition des internautes par la courtoisie des universités, des collèges religieux, les bibliothèques municipales ou nationales, ou d'autres institutions. La qualité des images et les droits de propriété variaient mais toutes les institutions se montrèrent prêtes à fournir l'autorisation d'utiliser et d'obtenir des images de qualité supérieure à des fins de recherche sur demande. Beaucoup de ces institutions ont construit une base de données en ligne complète avec des descriptions d'éléments sur chaque folio (page) des manuscrits dans leur dépôt, ce qui facilite la recherche de mots-clés (par exemple «papillon») et permet de se concentrer uniquement sur les pages où ces images apparaissent. D'autres, cependant, ne disposent pas d'un tel système de catalogage et il faut alors  consulter  le manuscrit  page par page pour découvrir l'imagerie pertinente. Parmi les centaines de manuscrits interrogés, j'en ai trouvé environ 270 qui contenaient une ou des  images de  lépidoptères. Il ne fait aucun doute qu'une recherche plus rigoureuse donnerait plus de matériau. Dans beaucoup de ces manuscrits, les lépidoptères représentés sont très stylisés et il est souvent difficile même de dire si un papillon d'une image est celle d'un papillon diurne ou d'un papillon de nuit.  Parmi ceux que j'ai sélectionné, environ 30 manuscrits incluaient des  scènes où les lépidoptères étaient présentés dans une sorte d'interaction soit avec les humains, soit avec les singes, les putti (les êtres ailés nus et enfantins), des centaures, ou avec d'autres créatures fantastiques. Les lépidoptères dans ces scènes étaient soit poursuivis, soit visés , ou capturés dans un sens ou un autre. La diversité des méthodes décrites par des illustrateurs médiévaux pour capturer les papillons était vraiment surprenante, d'autant plus que la principale motivation de ces activités est restée largement inexpliquée. Je fournirai ici des  exemples d' images de ces méthodes  médiévales de collecte. 

 

RÉSULTATS

 


Bien que les papillons individuels soient communs dans les décorations marginales, ils apparaissent rarement comme éléments de fond dans d'autres scènes. Je n'ai trouvé qu'un  seul exemple dans un livre d' heures  belge (1) du début du 16e siècle, avec les paysans qui travaillent dans un domaine où plusieurs papillons voltigent (Fig. 1). Dans un livre d'heures français (2) (1430), un papillon semble avoir surpris un homme barbu portant une casquette (Fig. 2). Dans un autre livre d'heures anglais  (3) des années 1450, un homme barbu encapuchonné pointe du doigt un grand  Aglais urticae  mal dessiné (Fig. 3). Dans le "Bréviaire à l'usage de Besançon" (4) (avant 1498), un  putti est secoue un arbre où est perché un Aglais urticae  bien représenté (Fig. 4). Dans un Bréviaire de Bourgogne de la fin du 13e bréviaire siècle (5), deux femmes sont représentées à une sortie, dont l'une tient ce qui semble être un filet étonnamment moderne (photo de couverture). Bien que cela puisse être interprété comme un filet de pêche, son véritable objectif reste incertain puisque le texte d'accompagnement  est sans rapport avec cette scène  et qu'il n'y a pas de papillon ou de poisson illustré dans la page.

 

 

 



 

 

.

 Une bonne proportion des images que j'ai réunies dépeignent des  personnes  cherchant, chassant ou ayant capturé  de papillons à mains nues. Le plus ancien d'entre eux se trouve dans le Bréviaire de Belleville (6) (1323-1326, Pays-Bas), où un singe tient dans sa main un  Aglais urticae bien dessinée (Fig. 5). (7) Dans le Pontifical de Guillaume Durand (France, 1390), un garçon nu tente d'attraper un papillon blanc (Fig. 6). Des scènes semblables avec les humains, putti ou d'autres figures célestes apparaissent dans les notes marginales de plusieurs livres d'heures ou ordinales produits en France (8,9) dans les années 1430, 1460, en Italie (10) (1475), et en Espagne  (11) (1482, avec un  Saturnia pyri) ( fig. 7-10). Sur le frontispice d'une reproduction de "La Divine Comédie" de Dante produit en Italie (12) dans les années 1430,  un homme nu est représenté tentant d'atteindre un papillon diurne ou nocturne noir sur un arbre (Fig. 11). Niché dans une large bande marginale, le Golf Book (13) (Pays-Bas, 1540) et le Bréviaire d'Aliénor du Portugal (14) (Belgique, 1510, non représentés), montrent tous les deux  des scènes où des figures humaines mal discernables chassent des papillons à mains nues et aussi avec des chapeaux ou des "clubs de golf" (fig. 12). Dans un Livre d'heures français (18) de 1495 à 1503, un homme nu est représenté essayant d'attraper un papillon avec un objet dans sa main qui pourrait être soit un grand chapeau gris ou un rocher (Fig. 13). J'ai également trouvé deux exemples, dans des manuscrits provenant de France, d'hommes représentés en train de viser des lépidoptères avec des clubs de golf . L'un d'eux est un Bréviaire datant d'après 1481,( 16) (Fig. 14), et l'autre est le fameux "Roman d'Alexandre" (15) (1338-1344) (fig. 15). Dans un manuscrit italien (17) du milieu du 15ème siècle, un putto chevauchant un paon vise de sa lance un papillon très stylisée (Fig. 16).

 


 

 

 Dans les Décrétales  de Grégoire IX (19) (13ème siècle), un homme attaque un papillon avec une grande épée dans sa main droite et un petit bouclier dans la main gauche (fig. 17). 

 

.

 

 

Une image similaire apparaît également dans le "Roman d'Alexandre" 15 (Fig. 18). Mais d' autres armes sont plus communément représentées  contre des papillons dans la période médiévale, ce sont les arcs et des flèches. Des humains (20), des Centaures (7, et 21), des  putti (22), et des singes (7, et 23)  ont été peints avec des arcs et des flèches en train de viser des papillons et des singes, en utilisant différents types de pointes de flèches (fig. 19-24). Dans le  Psautier de la Vierge Marie, (32) (1310-1320), les garçons sont vus jouant avec des papillons attachés à des fils (Fig. 25). Plusieurs manuscrits comprennent des scènes avec des personnes, des putti ou des singes tentant d'attraper des papillons avec des filets allongés (alias Gugels). La plus ancienne de ces images vient d'un livre d'Heures de Belgique  du 14e siècle (24) (Fig. 26). Dans le Roman d'Alexandre (15), les marges de deux pages distinctes sont consacrées à la représentation de scènes élaborées où plusieurs hommes  (Fig. 27) et femmes (Fig. 28) chassent les papillons avec des filets ou à mains nues, et quelques-uns qui tiennent leur filet renversé vers le sol, en ont capturé à l'évidence un.  Dans "La Roman de la Rose" (25) (France, 1390), deux jeunes filles sont représentés dans un jardin, une assise tenant quelque chose dans ses mains, tandis que l'autre est debout, la main  gauche tendue vers le haut, la main droite tenant un filet  derrière elle, cherchant à frapper un papillon qui vole au-dessus de la tête (Fig. 29). Des scènes semblables apparaissent également dans un  Bréviaire français (26) (1350-1374) ainsi que dans le Livre d'Heures  de Charlotte de Savoie (27) (1420 à 1425) (fig. 30, 31). Les filets sont également décrits comme des outils de collecte utilisés par  des singes (15) ou par des putti (28)  (fig. 32, 33). J'ai également constaté deux cas d'hommes nus représentés en train d'essayer d'attraper un papillon avec un article différent, un grand  vêtement blanc, peut-être une cape ou un manteau (29, et 30) (fig. 34, 35). Dans Omne Bonum (31) (1360-1375), les enfants sont représentés jouant avec des jouets et chassant les papillons, avec une pièce de  vêtement  non identifié (Fig. 36).

 

DISCUSSION.

 

 

 

Les lépidoptères sont des éléments très communs dans le symbolisme des sociétés du monde entier. Pour ce qui concerne le cadre limité de l'art occidental, Gagliardi (1976) a décrit 74 contextes  symboliques différents dans lesquelles les papillons peuvent apparaître. Parmi ceux-ci, les plus importants se rapportent à la métamorphose de lépidoptères, un phénomène fascinant qui a captivé l'imagination humaine depuis l'aube des temps. Dans l'antiquité romaine et grecque, le papillon diurne (psyché) était un symbole de l'âme, et de l'immortalité transcendante de la vie  après la mort  ([Blatchford] 1889). Dans l'ancienne histoire de Psyché et de Cupidon (ou Eros  en grec), mieux racontée par l'écrivain romain Apulée (2e siècle de notre ère), Psyché est une femme dont la beauté terrestre menace Vénus, la déesse de l'amour. Venus envoie Cupidon se venger, mais Cupidon tombe amoureux d' elle. Venus bannit  Psyché dans les Enfers mais elle revient victorieusement à la vie, et elle acquiert l'immortalité de la part de  Jupiter pour qu'elle puisse épouser Cupidon en toute égalité de statut. Par conséquent, elle symbolise non seulement l'image de l'âme immortelle, mais l'angoisse puis le triomphe de l'âme. Les Grecs et les Romains ont vu les papillons diurnes comme la personnification du cycle de la mort et de la résurrection  de Psyché. Dans les monuments gréco-romains présentant Cupidon et Psyché s'embrassant, ou occupés à diverses activités amoureuses ou de divertissement, Cupidon est toujours représenté avec des ailes semblables à celles des oiseaux, tandis que Psyché a  des ailes  fragiles, souvent très stylisées comme celles des papillons. Dans les sceaux romains du 1er siècle, Cupidon est parfois représenté brûlant un papillon avec une torche enflammée, un symbole de l'angoisse de l'âme dans l'amour (Platt 2007).

Dans l'art grec datant d'aussi loin que le 3e siècle avant notre ère, Eros est souvent représenté comme un enfant plutôt qu'un adolescent (Stuveras 1969). Beaucoup de scènes des les manuscrits que j'ai étudié  comportent des putti, les petits enfants ailés, tirant ou  capturant autrement les papillons. Ces putti peuvent être légitimement interprété comme une représentation de Cupidon chassant celle qu'il aime, Psyché. L'abondance de ces scènes d'une histoire essentiellement païenne dans les manuscrits religieux chrétiens de l'Europe médiévale  est plutôt intéressant et démontre la continuité  de la représentation symbolique de papillons durant le Moyen-Âge et au-delà.

Les papillons nocturnes  sont mentionnés à plusieurs reprises dans la Bible, à chaque fois  dans un contexte négatif  comme des parasites de marchandises  ou des vêtements stockées (par exemple, Job 13:28; Psaume 39:11; Esaïe 51: 8; Osée 5:12; Matthieu 6:19; Jean 5 2). Bien que certaines des images présentées ici peut être interprété comme la représentation de gens mécontents chassant les mites des vêtements, l'attitude négative envers les lépidoptères semble avoir progressivement changé au fil du temps, en particulier lors de l'introduction de la soie en Europe au début du 12e siècle. En fait, semblable à l'abeille, le «ver à soie" (Bombyx mori) a été reconnu comme un insecte utile et illustré en détail dans les manuscrits ayant trait à la production de soie (Morge, 1973).

 

L'entomologie en tant que science, toutefois, était rudimentaire dans l'Europe médiévale, et les travaux biologiques du philosophe grec Aristote, écrites dans le 3e siècle avant JC, était la seule source de connaissance zoologique durant tout le Moyen-Âge. Aristote a soutenu que les vers trouvaient leur origine dans les bois ou de la viande en décomposition, les chenilles dans les choux, et les mites dans les vêtements. Des observations biologiques précoces au cours du 13e siècle, – tels que les travaux de Thomas Cantiprantanus (Liber de Natura Rerum, 1233-1248), Albertus Magnus (De animalium, 1255-1270) ou Bartholomeus Anglicus (De proprietatibus rerum, milieu du 13e siècle) – ne sont pas dégagés de l'ancien dogme aristotélicien. Ils contenaient des affirmations dramatiquement incorrectes sur les insectes, et  certains traitaient les papillons des "vers volants" ou de "petits oiseaux" (Morge 1973). La théorie désormais obsolète d'Aristote de la génération spontanée (des êtres vivants émergeant de la matière inanimée) était en fait encore  enseignée  en Europe au milieu du XVIIe siècle (Kern 2005).

 L'activité de recherche  et l'intérêt scientifique limités envers les papillons pendant le Moyen Age ne peuvent pas expliquer adéquatement l'abondance de ces scènes dans les manuscrits médiévaux. Les lépidoptères font de  rares apparitions dans les œuvres chrétiennes antérieures au 14siècle, comme des tapisseries ou peintures, mais sont généralement absents des manuscrits. L'un des plus anciens manuscrits enluminés, le "Livre de Kells" écossais des années 800 de notre ère  (Trinity College, Dublin, MS 58, non représenté), comprend deux petits papillons cachés dans la calligraphie gothique de la page Chi-Rho (Spangenberg 2010).

[J'ajoute cette illustration puisée sur le net]

https://www.oneonta.edu/faculty/farberas/arth/Images/109images/Insular/kells/chi_rho_moth.jpg

 

 

A partir de la fin du 13e siècle, les papillons commencent à apparaître plus fréquemment dans les marges de manuscrits européens. Certaines des scènes impliquant des papillons dans cette période peut être expliqué par le symbolisme religieux bien connu au Moyen-Âge (Panofsky 1955). Dans l'iconographie médiévale, les singes représentaient les péchés  (Walker Vadillo 2013), les escargots peuvent avoir représenté l'humilité (Hope 2013) ou la virginité (Ettlinger 1978), les mouches étaient des symboles de la mort, du mal ou de la brièveté de la vie sur la terre, et  les coccinelles les sept douleurs de la Vierge (Yanoviak 2013); les scarabées représentaient les pécheurs, les abeilles ont été associés à la virginité (Berenbaum, 1995) ou à l'organisation et à la hiérarchie (Payne 1990) ; les  poux ou les puces à la peste et aux maladies,  et les criquets à la famine (Morge, 1973). 

Les papillons ont maintenu leur statut de  représentation iconique de l'âme. Il a été avancé que la combinaison des mouches (symbole de la mort), des libellules (symbole de vol et d'ascension) et des papillons (symbole de la résurrection) dans les marges médiévales est une représentation du Christ (Hassig 1995). La majorité de ces livres précieux ont été commandées par la noblesse, ont pris plusieurs années pour être achevé, et ont souvent impliqué plusieurs artistes. Ils ont été des biens fort  prisés  non seulement en raison de leur contenu religieux, mais aussi an tant que magnifiques œuvres d'art. Il est donc intéressant de noter certaines des préoccupations majeures de la noblesse à l'époque médiévale: la chasse et la guerre. Dans  le "Bird Psalter" anglais (1280-1290), on voit un archer visant une bécasse, mais aussi un  papillon blanc du genre des Pieris (Fig. 20). Les scènes de chasse aux oiseaux et autres animaux abondent dans les marges des manuscrits médiévaux, car c'était une activité courante chez les nobles et la royauté. Cependant, les armes sont plus souvent présentées dans le contexte de la guerre plutôt que la chasse, ce qui reflète le contexte violent de l'époquePeu de régions d'Europe ou d'Asie restèrent à l'abri des invasions, des rébellions ou des guerres civiles au cours du 13e et 14e siècle, ce qui entraîne un changement progressif de la manière dont les  armées ont été organisées et  dont les batailles furent menées. Par exemple, en 1337, juste avant le déclenchement de la guerre avec la France, Edouard III d'Angleterre interdit tous les sports sauf le tir à l'arc sous peine de mort (Mortimer, 2012). Sur chaque place du village, les jeunes hommes sont devenus experts dans l'utilisation des "arcs longs" (longbows) , et les normes de tir à l'arc se sont accrues. Il est donc pas exagéré de penser que pour ces guerriers médiévaux (ainsi que les chasseurs) qui aspirent à améliorer leurs compétences en tir à l'arc ou l'escrime, la visée de petits objets en mouvement de façon erratique dans l'air constitue l'objectif ultime, et que  cela peut avoir été une part routinière de la formation de combat au Moyen-Âge. Cette pratique était probablement banale et a persisté, même à l'époque moderne: Laubin & Laubin (1980) mentionnent que les jeunes Indiens d'Amérique modernes s'entraînent à  la visée en tirant des flèches sur les papillons. Que ce soit un symbole religieux ou une représentation de la beauté éphémère de la nature, les papillons diurnes et nocturnes semblent avoir été un objet important de  curiosité et de  contemplation pour les esprits médiévaux. Beaucoup de ces papillons ont été dessinés à partir de modèles réels, qui étaient peut-être capturés par l'illustrateur ou ses collaborateurs d'une façon ou une autre; et on peut supposer que cette activité elle-même a pu trouvé en quelque sorte  sa place dans les marges de certains de ces livres enluminés. L'utilisation prolifique des insectes dans les marges du manuscrit médiéval peut également avoir joué un rôle dans le développement de l'intérêt pour des observations empiriques et changer les attitudes envers la nature, et  former la base sur laquelle les premiers naturalistes scientifiques – comme Thomas Muffet et Maria Sybilla Merian – ont débuté  leur travail dans les siècles suivants.

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ILLUSTRATIONS.

cf.

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, p.224

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, p.224

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, p.225

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, p.225

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, page 226

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, page 226

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, page 227.

Vazrick Nazari,  Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4), 2014, page 227.

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MANUSCRITS EXAMINÉS.

1 Livre d'Heures. 1525-1530, Belgique (Bruges). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.1175. Reproduit ici avec permission écrite.

Livre d'Heures. 1430, France (Rennes). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0173. Reproduit ici avec permission écrite.

Livre d'Heures 1440-1450, England (London?). © Pierpont Morgan Library, New York; MS G.09. Reproduit ici avec permission écrite

4 Bréviaire à l'usage de Besançon. avant 1498, Ouest de la France (Normandie). Cliché IRHT-CNRS © Bibliothèque municipale de Besançon; ms. 69. Reproduit ici avec permission écrite

5 Breviaire (Part I, pour l'usage de Saint-Bénigne, Dijon; diocèse de Langres). Fin 13ème siècle , France (Bourgogne). - The Walters Art Museum, Baltimore; MS W.109. Creative Commons License;Reproduit ici avec permission écrite

6 Bréviaire de Belleville. 1323-1326, Nederland (Gand); Attribué à Jean Pucelle. Enlumineur. Bibliothèque Nationale, Paris; Ms. lat. 10484 (2 volumes). Dans le domaine public. .

7 Pontifical de Guillaume Durand. 1390, France. © Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris; MS. 143. Creative Commons License; Reproduit ici avec permission écrite.

8 Heures à l'usage de Bayeux. 1430-1440, Ouest de la France (Normandie). © Médiathèque du Bassin d’Aurillac, ms. 2. Reproduit ici avec permission écrite.

9 Heures à l'usage de Rouen. 1460-1470, France (Rouen). © Aixen-Provence, Bibliothèque municipale, MS 0022. Reproduit ici avec permission écrite.

10 Bréviaire de Piccolomini . 1475, Italie (Lombardie). ©Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0799. Reproduit ici avec permission écrite.

11  Ordinal de l'Eglise catholique. 1482, Espagne. © Houghton Library, Harvard University, Cambridge, Massachusetts; MS Typ 236. Reproduit ici avec permission écrite.

12 La Divine Comédie de Dante. 1430-1435, Italy. © Bibliothèque Nationale, Paris; Ms. Italien 74. Reproduit ici avec permission écrite.

13 Livre d'heures à l'usage de  Rome (the 'Golf Book'). 1540, Netherlands. The British Library Board, Additional MS 24098.  Dans le domaine public.

 

14 Breviaire d'Eléonore du Portugal. 1500-1510, Belgique (Bruges). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0052. Reproduit ici avec permission écrite.

15 Roman d'Alexandre. 1338-1344, France (Flamand). Attribué à divers auteurs y compris Lambert le Tort, Alexandre de Bernai (de Paris), Jehan de Grise et autres . Bodleian Library Oxford, England; MS Bodl. 264, pt. I. Dans le domaine public.

 

16 Bréviaire à l'usage de Langres. After 1481, Est de la France (Bourgogne ?). © Chaumont, Bibliothèque municipales; MS 0033. Reproduit ici avec permission écrite.

17 Livre d'Heures à l'usage des Dominicains. 1458-1465, Italie. © Houghton Library, Harvard University, Cambridge, Massachusetts; MS Typ 463. Reproduit ici avec permission écrite.

18 Livre d'Heures. 1495-1503, France (Rouen). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0261. Reproduit ici avec permission écrite.

19 Decretals de Gregorire IX avec glossa ordinaria (the 'Smithfield Decretals'). Dernier quart du 13ème siècle ou 1er quart du 14ème siècle, Sud de la France (Toulouse?). The British Library; Royal MS. 10 E IV. Dans le domaine public..

20 The Bird Psalter. 1280-90, Angleterre. © Fitzwilliam Museum, University of Cambridge, Cambridge England; MS 2-1954. Reproduit ici avec permission écrite.

21 Ormes by Psalter. Milieu 14ème siècle , England (East-Anglia ?). © Bodelian Library, Oxford, England; MS Douce 366. Reproduit ici avec permission écrite.

22 Partitiones oratoriae; Topica, etc. 1425-1430, Italie (Florence). The Beinecke Library, Yale University, New Haven, Connecticut; Marston MS 278.  Dans le domaine public.

 
23 Estoire del Saint Graal, La Queste del Saint Graal, Morte Artu. 1315-1325, France. The British Library Board; Royal MS 14 E III. Dans le domaine public.

24 Horae etc. 13ème siècle , Belgique (Flandres). Trinity Colledge Cambridge, England; MS B.11.22. In public domain; Reproduit ici avec permission écrite.

25 Le roman de la rose. 1390, France. Attribué à  Guillaume de Lorris et Jean de Meung. © Bodleian Library, Oxford, England; MS. e Mus. 65. Reproduit ici avec permission écrite.

26 Breviaire. 1350-1374, France (Paris). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0075. Reproduit ici avec permission écrite.

27 Livre d'Heures de Charlotte de Savoie. 1420-1425, France (Paris). Pierpont Morgan Library, New York; MS M.1004. Reproduit ici avec permission écrite.

28 Livre d'Heures. 1418, France (Paris). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0919. Reproduit ici avec permission écrite.

29 Psautier-Heures de Yolande de Soissons. dernier quart du 13e siècle, France (Amiens). © Pierpont Morgan Library, New York; MS M.0729.Reproduit ici avec permission écrite..

30 Gradual. 1350-1400, Italie. © Houghton Library, Harvard University, Cambridge, Massachusetts; MS Typ 079. Reproduit ici avec permission écrite..

31 Omne Bonum (Ebrietas-Humanus). James Le Palmer. 1360-1375, S.E. England (London). The British Library Board, Royal MS 6 E VII. In public domain.

32 The Queen Mary Psalter, 1310-1320, England. The British Library; Royal 2B VII. Dans le domaine public.

 

 

BIBLIOGRAPHIE.

BERENBAUM, M. R. 1995. Bugs in the system: Insects and their impact on human affairs. Helix Books, Addison-Wesler Publishing Company. 400 pp.

[BLATCHFORD, C.H.], 1889. The Butterfly in Ancient Literature and Art. pp. 1257-1263. In Scudder, S.H., 1888-1889, The Butterflies of the Eastern United States and Georgia, with Special Reference to New England. 3 Vols., Author, Cambridge, Massachusetts, 1958 pp.

ETTLINGER, H.S. 1978. The Virgin Snail. Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 41: 316 (2 pp.). GAGLIARDI, R. A. 1976. The Butterfly and Moth as Symbols in Western Art. MSc Dissertation. Southern Connecticut State College, New Haven. Available online at Cultural Entomology Digest, Issue 4. http://www.insects.org/ced4/butterfly_symbols.html ; Accessed December 2013.

HASSIG, D. 1995. Medieval Bestiaries: text, image, ideology. New York: Cambridge University Press. 169pp. HOPE, S. 2013. The Humility of snails. My Albion blog, part 1: September 2013, part 2: October 2013. [On line] http://my-albion. blogspot.no ; Accessed December 2013.

KERN, D. 2005. Les Libellules des manuscrits enluminés du Moyen Age. Martinia 21: 35–42.

LAUBIN, R. & G. LAUBIN. 1980. American Indian Archery. University of Oklahoma Press. 192 pp.

MORGE, G. 1973. Entomology in the Western world in Antiquity and in Medieval Times. pp. 37-80. In Smith, R.F., T. E. Mittler, & C. N. Smith, 1973. History of Entomology. Annual Reviews Inc., Palo Alto, California. 517 pp. MORTIMER, I. 2012. The Time Traveller’s Guide to Medieval England: A Handbook for Visitors to the Fourteenth Century. Random House. 368 pages.

PANOFSKY, E. 1955. Meaning in the Visual Arts. Anchor Books, New York. 384 pages.

PAYNE, A. 1990. Medieval Beasts. New York, New Amsterdam Books. 96 pp.

PLATT, V. J. 2007. Burning Butterflies: Seals, Symbols and the Soul in Antiquity. pp. 89–99. In L. Gilmour (ed.), Pagans and Christians — from Antiquity to the Middle Ages. British Archaeological Reports series, Archaeopress. 424 pp.

SPANGENBERG, L. 2010. XPI autem generatio: The Book of Kells and the Chi-Rho Page. Digital Medievalist Blog, 25 December 2010. [On line] http://www.digitalmedievalist.net/2010/12/xpi-autemgeneratio-the-book-of-kells-and-the-chi-rho-page ; Accessed December 2013.

STUVERAS, R. 1969. Le putto dans l'art romain. Brussels. 237 pp.

WALKER VADILLO, M. A. 2013. Apes in Mediaval Art. Medieval Animal Data Network (blog on Hypotheses.org), October, 28th, 2013. [On line] http://mad.hypotheses.org/172; Accessed December 2013. YANOVIAK, E. 2013. More than Marginal: Insects in the hours of Mary of Burgandy. Antennae 26:86–102. YAPP, B. 1982. Birds in medieval manuscripts. Schocken Books, New York. 190 pp.

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FIN de l'article de Vazrick Nazari


 

 

 

 J'ai exploré pour ma part le site Mandragore de la Bnf, qui m'a sélectionné (Classement thématique/Zoologie/ autre insecte/ papillon) 767 légendes soit 681 images numérisées. Je n'ai pas ouvert les 681 liens, mais les 200 premières données concernent le fond Français, les données suivantes le fond latin, dans lequel les Grandes Heures d'Anne de Bretagne (Latin 9474) et les Petites Heures de Jean de Berry (Latin 18014) se taillent une part royale. La quasi-totalité de ces papillons des manuscrits occupent les marges, et sont classées sous les rubriques "encadrement", "décor marginal" et plus rarement "lettrines". Ce sont des papillons idéalisés ou stylisés, sans rapport avec des espèces réelles, figurés parmi des fleurs qui sont, elles le plus souvent identifiables.

Quelques exceptions : des papillons en plein texte.

Les exceptions à cette situation marginale se comptent sur les doigts des mains, mais elles stimulent la curiosité : quel phénomène a pu être assez puissant pour inciter les artistes à arracher les lépidoptères de leur monde des bordures, où ils cotoient les singes et les petits lapins, les fleurs des champs et  les rinceaux, pour mériter de figurer dans l'espace sacré du texte principal ?

La première raison est fort logique : dans trois ou quatre enluminures illustrant la Création du Monde lors de la Genèse, les papillons figurent avec les oiseaux, les reptiles et les mammifères autour du Dieu créateur.

 C'est le cas dans le Fr. 160 ou dans le Speculum historiale de Vincent de Beauvais traduit par Jean de Vignay au XVe siècle (Français 308). On trouve encore d'autres exemples ponctuels, comme le Français 185 (une Vie des saints du 2ème quart du XIVe siècle de Jeanne et Richard de Montbaston ), où un papillon stylisé sur un arbre répond à un chardonneret sur un autre arbre pour illustrer  "S. Paul le simple quittant le monde" dans le folio 177v et "Abba jean et paesius" dans le folio 271. Le papillon et l'oiseau y représentent la Nature, par métonymie.

J'ai ensuite interrogé la base de données  Enluminure regroupant les manuscrits de Bibliothèques Municipales françaises. Là encore, je fus comblé, mais de même, parmi les 400 réponses (ce qui ne veut pas dire 400 manuscrits ou 400 images de papillons) d'Aix-en-Provence à Verdun,  je voyais se succéder des lépidoptères d'ornement, non identifiables, mais qui animaient souvent des drôleries, ou que des manants tentaient d'attraper. Après plusieurs heures passées à cliquer sur les images pour les copier, je me suis arrêté bien avant d'avoir atteint Paris, vers Clermont-Ferrand (Missel à l'usage de Clermont), à la 102ème image. 

 

Je propose quelques ILLUSTRATIONS SUPPLÉMENTAIRES.

— Bnf Latin 5827 f.2

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— Bnf français 995 (1401-1500), Contient : 1° La Danse macabre. ; 2° Des trois Morts et des trois Vis. ; 3° La Danse macabre des femmes.  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9059983v/f8.image

On trouve des papillons dans les folios suivants : folio 7v (ill.), 18, 21, 24, 28, 31, 33, 34v (ill.). 36v (ill.), 38.

Folio 7v

 

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Bnf français 995 Folio 34v

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Bnf français 995 folio 36v

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08449716&E=130&I=178170&M=imageseule

 

 

 

 

— Français 11, folio 32v  Encadrement : papillons gris sur oeillets et bleuets. Histoire de la guerre des juifs contre les romains / par Flavius Josèphe, 1878 . - Flavii Josephi quae reperiri potuerunt opera omnia graece et latine, 1726 . - Les oeuvres de Flave Joseph... trad. de grec en françois par Antoine de La Faye, 1597 

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100015&E=6&I=15488&M=imageseule

 — Français 12, fol. 165, Encadrement

— Français 13, fol. 308, Encadrement

— Français 13  a) fol. 240,   encadrement

— Français 19, fol. 55v, Encadrement

— Français 41, fol. 198, Encadrement

jean mansel, fleur des histoires 3è-4è quart 15e siècle.

— Français 59, Raoule lefèvre, histoire de Troyes, Bruges, vers 1470

 fol. A, Encadrement. Aglais urticae http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100062&E=2&I=18409&M=imageseule

Français 59, fol. 1, Encadrement

Français 59, fol. 25v, Encadrement

 

— Français 126, fol. 123, Encadrement au centre marge de pied Aglais urticae ??

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100166&E=8&I=22220&M=imageseule

— Français 130, fol. 88, Encadrement marge de gouttière 

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100118&E=6&I=22455&M=imageseule

— Français 132, Boccace, De casibus (trad. Laurent de Premierfait) Bruges 1470-1480, fol. 1, Marge de gouttière. 

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08101008&E=1&I=22487&M=imageseule

— Français 139, fol. 4, Encadrement Français 143, fol. 1, Marge de gouttière.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08002176&E=1&I=23359&M=imageseule

— Français 143 Evrard de Conty, Échecs amoureux Cognac 1496-1498 fol.1.  Marge de gouttière, papillon bleu à ocelles parmi oeillets, 

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08002176&E=1&I=23359&M=imageseule

— Bnf Français 156 Guiard des Moulins, Bible historiale, 1300-1350, fol. 36v, marge de pied

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100228&E=38&I=24306&M=imageseule

 

 

Bnf Français 156 Guiard des Moulins, Bible historiale, 1300-1350, fol. 36v.

Bnf Français 156 Guiard des Moulins, Bible historiale, 1300-1350, fol. 36v.


— Français 161, fol. 1, Encadrement 

Français 170, fol. 1, Encadrement Français 172, fol. 5, Encadrement

Français 185, fol. 177v, Saint Paul le Simple quittant le monde. Papillon dans l'enluminure du texte.

Français 185, fol. 271, Abba Jean et Paesius. Papillon dans l'enluminure du texte

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100139&E=150&I=25824&M=imageseule

 

— Français 189, ramon llull, llibre de meravelles (trad) Bruges vers 1470-1480,  fol. 45v, marge médiane inter-colonne, papillon bleu et brun à ocelles (Lycaenidae)

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08101011&E=3&I=26108&M=imageseule

— Français 192, fol. 1, Marge de gouttière.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08101013&E=1&I=26151&M=imageseule

— Français 192, fol. 175V, 177v, 226v Encadrement

— Français 225, fol. 1v,  55v. Marge

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=6000778&E=14&I=26405&M=imageseule

— Français 246, fol. 1, 158v, Encadrement ,

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08449715&E=25&I=28094&M=imageseule

— Français 257, fol. 114v, marge de pied, ailes étalées.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08100375&E=44&I=28499&M=imageseule

— Français 263, fol. 198, Encadrement , 356,

— Français 282, fol. 1, Encadrement

— Français 308, fol. 26, Création : animaux : papillon en plein texte.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=10525869&E=57&I=29506&M=imageseule

— Français 328, fol. 46, Encadrement

— Français 331, fol. 2, Encadrement

— Latin 18, fol. Av, Armes de Louis-Antoine de Noailles

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=06000540&E=8&I=54135&M=imageseule

— Français 331, fol. 20,Marge de gouttière,

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=08011364&E=1&I=31189&M=imageseule

— Français 331, fol. 106v, Marge de gouttière ; 168v ;

— Français 334 fol.168v

— Français 358 fol.31v 148v

— Français 359 fol.1

— Français 360 fol.1

— Français 361 fol.1

— Français 362 fol.1

— Français 379 fol.3 Vierge chantée par Jacques le Lieur : ver à soie.

— Français 404 fol. 1 genèse, création

— Français 571 fol.6, genèse création. Fol. 66v Société : les travailleurs.

— Français 632 fol. 23

— Français 708 fol.19v

— Français 712 fol. 71

Et caetera.

 

— Français 12322, fol. 143v, Flore : rosier Pavona Paon de nuit livre des simples médecines 1520-1530, France ouest

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— Français 161, fol. 1, Encadrement 

Français 170, fol. 1, Encadrement Français 172, fol. 5, Encadrement

Français 185, fol. 177v, Saint Paul le Simple quittant le monde. Papillon dans l'enluminure du texte.

Français 185, fol. 271, Abba Jean et Paesius. Papillon dans l'enluminure du texte

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=8100139&E=150&I=25824&M=imageseule

 

— Français 189, fol. 45v, Encadrement

— Français 192, fol. 1, Encadrement

— Français 192, fol. 1, Encadrement

— Français 192, fol. 175V, 177v, 226v Encadrement

— Français 225, fol. 1v, Encadrement , 55v

— Français 246, fol. 1, Encadrement , 158v,

— Français 257, fol. 114v, Encadrement

— Français 263, fol. 198, Encadrement , 356,

— Français 282, fol. 1, Encadrement

— Français 308, fol. 26, Création : animaux : papillon en plein texte.

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=10525869&E=57&I=29506&M=imageseule

— Français 328, fol. 46, Encadrement

— Français 331, fol. 2, Encadrement

— Latin 18, fol. Av, Armes de Louis-Antoine de Noailles

http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Mandragore&O=06000540&E=8&I=54135&M=imageseule

— Français 331, fol. 20, Encadrement

— Français 331, fol. 106v, Encadrement

— Français 12322, fol. 143v, Flore : rosier Pavona Paon de nuit livre des simples médecines 1520-1530, France ouest

Et caetera.

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
21 janvier 2016 4 21 /01 /janvier /2016 13:04

Liste de mes articles sur les papillons.

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I. Zoonymie :

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Zoonymie II : Histoire des Noms de Papillons :

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III Les illustrateurs de papillons : Hoefnagel, Aubriet, etc.

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IV. Les collectionneurs.

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V. Les papillons et la symbolique, l'art et la littérature.

VI. Divers

a) Rhopalocères et Zygènes.

L'Aurore de la Cardamine à Crozon

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A Crozon, les Soucis se conjuguent. Colias croceus in copula :

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Le Gazè Aporia crataegi (Linnaeus, 1758) à Crozon. 15 mai 2011

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Aporia crataegi in copula 25 mai 2011

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Les œufs et la chrysalide d'Aporia crataegi le Gazé. Crozon 1er juin 2014.

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Demi-deuil et Gazé à Crozon : le retour.

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L'Azuré du Thym Pseudophilotes baton (Bergsträsser, 1779) à Crozon.: entre Kerdreux et la plage de la Palue.

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L'Azuré du Genêt Plebejus idas (Linnaeus, 1761) à Crozon. au sud-est de Saint-Hernot. 22 juin 2014.

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L'azuré du trèfle Everes argiades à Crozon 24 septembre 2010

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Deux chenilles noires à Crozon : Mélitée du plantain et Damier de la Succise. 2 et 3 avril 2011 ; lieu Goulien, Crozon

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La Petite Tortue Aglais urticae et ses chenilles

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Le Damier de la succise et le petit collier argenté à Crozon. (Tromel), 2 juin 2013.

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Le mariage du Myrtil Maniola jurtina.: arrière-dune de la Palue à Crozon. 22 juin 2014.

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Promenade naturaliste à Crozon : Cordulie bronzée, Petite Nymphe à corps de feu, Poliste, Point-de-Hongrie, Grémil prostré, etc... 30 avril 2013

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Le Demi-deuil à Crozon. Melanargia galathea (Linnaeus, 1758) 3 juin 2011 :

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Nymphalis polychloros : le Grand Renard sur l'île Renard (Roscanvel) La Grande Tortue, 13 mars 2011.

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La chrysalide du Gazé Aporia crataegi (Linnaeus, 1758) . Crozon (Tromel), 2 juin 2013.

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Tromel à Crozon : Grande Tortue et compagnie. : 28 juin 2011

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Premier Tircis à Crozon, 22 mars 2011

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Dans les tourbières de Crozon, papillons et cicindèles. Crozon, tourbières de St-Hernot et tourbières de Tromel, zone retrodunaire de Kerziginou. 22 mai 2012. Le Damier de la succise Euphydrias eurinia (Rottembourg, 1775).Le Petit Collier argenté Boloria (Clossiana) selene ([Denis & Schiffermüller], 1775). L'Hespérie de la mauve Pyrgus malvae (Linnaeus, 1758). L'azuré commun ou Argus bleu Polyommatus icarus (Rottemburg, 1775) ; la Cicindèle champêtre Cicindela campestris Linnaeus, 1758.

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Où le damier va à dame. Euphydrias eurinia in copula

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mes papillons de juin : les rhopalo juin 2010 : Nemophora degeerella ; Demi-Deuil ;La Petite tortue, Aglais urticae, Le Tristan, Aphantopus hyperantus.Le Myrtil, Maniola jurtina. In copula. L'Amaryllis, Pyronia tithonius. Le Paon-du-jour, Inachis io.

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Papillons de printemps à Crozon. 6 avril 2011 La Grande Tortue. le Paon-du-Jour..Le Citron. La Petite tortue. Le Vulcain.Le Robert-le-diable. L'Aurore de la Cardamine.Le Piéride de la Rave. Le Piéride du Navet. La Thécla de la Ronce. Le Cuivré commun.L 'Azuré des Nerpruns. Le Tircis.

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Mes papillons de mai 2010 à Crozon

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Chrysalide de Pieride : Pieris brassicae ? Crozon, L'Aber, 3 avril 2012

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Coup de filet à Crozon : Cinq papillons sous les verts houx. 7 avril 2012. Lieu : étang de Kerloc'h, ancienne gare.

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Encore de nouveaux papillons à Crozon : La petite Violette, le Point-de-Hongrie, la Mégère 13 avril 2011

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Issoria lathonia et Aporia crataegi à Crozon : la Reine d'Espagne rend la monnaie du pape. 2 juin 2011, l'Aber.

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Bronzés à Crozon en octobre, c'est possible! Lycaena phlaeas cum Heodes tityrus.

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L' Hespérie de l'Alcée. 10 juillet 2011. Ancienne gare, Camaret

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Le Petit Sylvain Limenitis camilla à Crozon 5 juillet 2013

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Zygènes et Turquoise.

Les Zygènes et la Goutte-de-sang. 22 mai 2011

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Zygènes, chrysalides au Curnic (29) 17 mai 2010

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Noces chez les Zygènes de la filipendule : usurpation.

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Un cousin des Zygènes : la Turquoise. 28 mai 2010

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b) Hétérocères.

Zoonymie de l'Écaille martre Arctia caja. (Linnaeus, 1758). Lieu : Tal ar Groas, Crozon : 8 août 2012.

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Zoonymie du Sphinx du peuplier Laothoe populi. L'Aber, Crozon. 23 mai 2012.

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L' anneau du diable ! la chenille du Bombyx de la ronce Macrothylacia rubi. sablière de Bodonou (Plouzané) et dunes de Pen Had ( Crozon). 18 septembre 2011.

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Un nid de Bombyx cul-brun Euproctis à Camaret.

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Les chenilles du Bombyx porte-brosse. falaise de Camaret 6 avril 2011

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Mes papillons de nuit de juillet : dédié à Whistler. 5 juillet 2010 :

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Timandre aimée, la Timandra comae 7 septembre 2010 à l'Aber de Crozon

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La chenille de Depressaria daucella ([Denis & Schiffermuller], 1775). 20 mai 2014

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La chenille du Bombyx buveur Euthrix potatoria et celle du Bombyx du chêne. l'étang de Kerloc'h à Crozon le 17 avril 2011

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La chenille de la Noctuelle de la patience, Acronicta rumicis. Poraon, Crozon (29) date :21 septembre 2011

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Le Vert-Doré Diachrysia chrysitis L. Crozon 7 juin 2013

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La chenille du Petit paon de nuit à Camaret. 10 juillet 2011 Lande de Trésigneau,

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Les chenilles Processionnaires du Pin à Crozon 10 janvier 2016.

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
15 janvier 2016 5 15 /01 /janvier /2016 13:09

Les papillons décrits dans le Theatrum insectorum de Thomas Moffet : II. Les Chenilles.

Voir :

Les papillons décrits dans le Theatrum insectorum de Thomas Moffet (1634) et dans son édition anglaise par Edward Topsell (1658).

 

LES CHENILLES.

.

Ce seront plus de 50 espèces de chenilles qui seront présentées :

LIVRE DEUX.

Préface. page 177.

By the clew of Daedalus we are at last got out of the Camps of winged horsemen; where should I relate with how many stings the Infects of the lower ranks have assaulted me, how much they have troubled my brain, my right hand, my eyes, whilest I accurately dissected and observed all their parts,

 truly I should either faint in rehearsing the wounds, or what I was resolved in my minde to finish, I should not be able to do. 

Wherefore, what valiant souldiers are wont to do, whilest the wound is yet fresh and hot, we will break forth into both Armies, and with better undertakings, so far as may be, strive to overcome them. 

Thou O great God, who in the Inventory of these smallest Creatures, makest the most excellent understandings to stand amazed and stupid; give me strength, that as by thy goodness I have mustered those Insects that fly, by the same I may be enabled to draw forth all those Foot-forces that want wings; so that in all my labour, I may seem to have no other end than to seek thy glory, to advance learning, and nothing that concerns my own particular, but that I may finde thee in these thy works. 

Go to therefore bold Atheist, who art ignorant of God and the Divine Perfection: endure, if thou canst, the biting of the Spider Phalangium, or of the Scorpion; abide the pain of the Worm Scolopendra; swallow down the Pine-tree Catterpiller, contend with Worms, despise with Herod, biting Lice, so much as thou art able, at last thou shalt finde that there is no foot Souldier so mean in this Army, that will not quickly overcome all the forces of thy body and minde, and will make thy foul mouth to confess, by their ministry, that there is a God. Thus then I draw forth my Regiments, so I muster the Souldiers.

 
  • Le ver à soie du chapitre I.

  •  21 chenilles glabres du chapitre II.

  • Près de 30 chenilles "hirsutes et velues" du chapitre III

​.

 

Chapitre I : De Erucis earumque differentiis & nominatim de Seribus & Bombycibus. De la chenille du Ver à soie.

page 179-181.

 

Wee thought fit to place in the Front, Catterpillers, the devourers of Egypt: because they are most different in their kindes, and also some of them are excellent for their use and worth. It is no fond conceit to main∣tain * that Catterpillers had their name in Latine from devouring, for they eat up leaves, boughs, flowers, fruits; which also may be observed in the Peach. Ovidcalled these Field-worms:

Field-worms that weave their hoary thred on boughs, we finde

That they with painted Butterflies do change their kinde.

The Greeks call a Catterpiller 〈 in non-Latin alphabet , from the waving and vaulting motion, when it creeps, whereby it lifts up and contracts it self. The Hebrews call it Ghazam,because it sheareth the fruits of the earth, as Kimhi saith on Joel the first. The Italians call it Rugaverme, and Bruche, for so saith Marcellus Virgilius upon Dioscorides. In our times, saith he, our whole Countrey cals all kindes of Catterpillers Bruchi. The Spaniards call them Oruga; the French, Chenille, Chatte∣peleuse; the English, by the name of Catterpillers; but the Northern people call the hairy Cat∣terpillers Oubuts; the Southern call them Palmer-worms; in the Poles language, a Catterpiller is called Rup hausenka; in the German Tongue Ein Raup;in Low Dutch, Ruype; in Sclavonish, Gasienica; the Pesants call them Certris, and Cedebroa.

I should be endless if I should add all kindes of Catterpillers; for some feel rough, others * soft, some have horns, (and that either in their head or in their tail); some are without horns; some have many feet, some fewer, but none have above sixteen feet. Most of them move swiftly in a waving posture; yet others there are that go even and slowly. Some do yearly change their old skin, and others do not. Some are changed into Aurelia's fixed above the earth, whence are bred your ordinary Butterflies, others are transformed under the earth, and become Glow-worms. Also some of their Aurelia's are smooth and equal; some again are hairy and wrinkled, pointed at the ends, sharp; some (namely of the harder kinde) naked, but others (namely of the tenderest) are covered with moss or silken down. The most of them are bred of the eggs of Butter-flies, and are changed into Aurelia's: some are bred on the leaves of trees, of the proper seed left there in the web in Autumn; or of the dew or air shut up in it, and corrupting there, as Vine-fretters. Some again feed on leaves, some on flowers, and some on fruits. We, to express both kindes of Catterpillers, shall divide them into those that are bred from other things; and those that are bred from their own kinde alone. Such as are bred from other things, again, are either smooth or hairy; as also those are that proceed from their own kindes. Amongst the smooth Catter∣pillers, the Silkworm deservedly challengeth the first place.

.

.

Page 180.

 

"A worm that to a Fly transformed is, and then: 

Transformed back once more is made a worm agen;

Twice it both dies and lives an•w, is wafted ore

By Charon twice unto the Elizian sh•re.

Its successor is left half living and half dead,

Which after spins silk robes for those are finely bred.

Find thred this Silk-worm makes, why doth she labour thus?

It is not for her self she labours, but for us.

Her fleece was formerly an ornament for Kings,

But this prodigious age confusion brings:

So prodigal of silks, that the vile rabble, clowns,

Oyster-wives, herb-women, shine in silk suits and gowns:

Nothing more common now for all than silk attire,

Which wastes and burns mens hearts with continual fire

"In which words, though our divine Poet, who was more clear than the ancient Bards, doth something touch upon the Silk-worms, and paint them forth, yet he doth not describe them •o fully, that it may suffice for the History of them. For Silk-worms are smooth Catterpillers almost of a milky colour, with small black eyes, and as you see, with a so ked mouth. The snow white ones are bred of Butterflies eggs, which growing by degrees into little worms, produce Silk-worms of the same colour with Butterflies. And that I may not repeat this again, let it suffice that I have once said it; the Butterfly is almost alwaies of the same colour with its Catterpillar. That Butterfly forsaking its Aurelia, as many eggs as it leaves, or seeds (if you will) like to eggs, they become so many Silk-worms afterwards; which, if you cherish them, when they are fostered by the Suns heat, and full fed with Mulberry leaves, they will repay a reward worth your cost and care, namely a silken fleece. They breed first in May, in which moneth and the two following moneths, they devour a multitude of leaves, and in eating as it were by sucking, they harden: when they are grown up with plenty of nourishment, being be∣come able, they spin a most fine web out of themselves, like to a Spiders web. Then against cold weather, they grow rough with hair, and make themselves new thick coats for Winter, by the sharpness of their clawes, pulling the down of their skins into fleeces: then they thicken and close it, carding it with their feet, then they draw it out amongst the boughs, and make it small as with a comb: lastly they take hold of this web, and wrap their body in it, making a round nest. Then men take them, and put them in earthen vessels, and feed them with bran, and so there spring up seathers of their kinde; which, so soon as they are prepared with, they are set to perform other tasks. But the spinning work they began, growes pliable by moisture, and is spun into threds on a smal spindle. Some women do use to draw it forth into yarn, and then they weave it. Pamphila the daughter of Latous was the first that was reported to have woven in the Island of Co. Also Pliny reports that Silk-worms are bred in that Island, Plin. lib. 11. cap.23. the flowers of the Cypress, Turpentine, Ash, Oake-trees, being beaten down to the ground by showres, whence they receive life. Though women were the first inventers of this Art, yet men are not ashamed to wear these garments for lightness in Summer. The customes of men are so far degenerate from Arms, that their very cloathes are grown burthen∣some. The thinner and softer the leaves are they feed upon, the finer Silk these Silk-worms make: wherefore amongst the people of Seres in Scythia, the most soft garments are made; which we call silken, as Marcellinus witnesseth, lib. Hist. 23. In India also and in Aegypt there is great plenty and use of them, and are brought from thence to the Spaniards and Italians, being the greatest cause of wantonness amongst mortals. So often as I consider, that some ten thou∣sands of Silk-worms labouring continually night and day, can hardly make three ounces of Silk, so often do I condemn the excessive profusion and luxuriousness of men in such costly things who defile with dirt, Silks and Velvets, that were formerly the ornaments of Kings, and make no more reckoning of them now, than of an old tattered cloak, as if they were ashamed to esteem better of an honourable thing than of a base, and were wholly bent upon waste. The Greeks call this Catterpiller  in non-Latin alphabet , and Bombyx, which name is become Latine. The Italians call it Bigatto; the Spaniards, Guafano della seda; the French, Ver à Soye; the Ger∣mans, *Ein Seyde worme; the English, Silk-worm. Amongst whom a Silken habit is so much loved and valued, that they despise their own Wool, (which compared with Silk, is not con∣temptible, and is the most profitable and the greatest merchandise of the Kingdome.) But time will make them forgoe this wantonness, when they shall observe that their moneys are treasured up in Italy at that time, when they stand in need of it for their private or publick af∣fairs. This is a pleasant thing and worthy to be noted, that the head of the Silk-worm, makes the tail of the Butterfly in that golden coloured Metamorphosis, and the tail the head; which al∣so happeneth in all other Catterpillars that are changed into an Aurelia. "

 

.

Fig. 1 et 2 : chrysalide et imago du Bombyx du Murier ou Ver à soie, identifié par  Linné S.N. page 499 comme son Bombyx Mori

.

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page 181

.

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— page 182.

 

Chapitre II : De reliquis glabris Erucis. Des autres chenilles glabres.

 Moffet présente 21 chenilles glabres. L'intérêt est de voir apparaître un début de dénomination, contrastant avec l'absence de noms propres dans le chapitre consacré aux imagos.

.

 

Toutes les autres chenilles glabres sont vertes, ou jaunes, ou rouges, ou sombres, ou de couleurs variées.

 

 

 

 

Les cinq chenilles vertes.

1. On reconnaît parfaitement sur l'illustration le Sphinx ligustri Linnaeus, 1758 , notre Sphinx du Troène. Identifié par  Linné S.N. p. 489. 

 

 La principale parmi les chenilles vertes est celle qui se suspend sur le Troène. Un cercle entoure sa face, et toutes ses pattes, et elle a une corne tournée en arrière vers la queue. Elle est noire et rouge, des points sont tracés sur ses cotés qui sont à moitié violets et à moitié blancs. les petits points sont rouges, mais tout le corps apparaît vert.

 

Merret la nommera "Ligustrina"  : Celle du Troène. 

2. Merret la nommera Sambicina : Celle du Sureau (Sambuco) :

 Celle du Sureau ne diffère pas beaucoup de la précédente, mais elle est  aussi entièrement vert , mais les points sont très blancs, et elle a de petits points comme du lait. Elle se nourrit principalement de Sureau rouge.

 3. Lactucariam : Celle de la Laitue .

 

La troisième, qui est entièrement verte, se transforme quand vient l'automne en  noirâtre ; elle se nourrit sur les tendres herbes du portager, spécialement sur la laitue, aussi nous la nommons Lactucariam ["la Chenille de la Laitue"]

 

 

 

 

.

http://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:16.2?rgn=div2;view=fulltext

page 183

.

Les 5 chenilles vertes, (suite)

 

4. Mespilaria : du Néflier

La quatrième sur le Néflier est plus petite, toute verte,  sa chrysalide elle-même est couleur gris-cendré, tout aspergée des taches noires.

 

5. Quercina : du Chêne, et d'autres arbres.

La cinquième est la plus petite de toutes, elle mène son fil sur les arbres (les Chênes en particulier), et en descend sur la tête de ceux qui passent et s'emmêle sur leurs chapeaux et leurs vêtements. Cette toute petite et très notable créature [animalculum] se remarque en été, un peu partout ;  lorsqu'on arrive en automne,  elle s'enroule elle-même dans une sorte de toile, et s'enferme dans une couverture verte et rouge. Elle meurt en hiver. Elle a dix pattes, comme toutes celles que nous avons vues.

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Les  chenilles jaunes.  Linné Fauna suecica p. 168  identifie la première comme la chenille du Séneçon, Tyria jacobaeae ou Goutte de sang 

Nous les appelons les jaunâtres, car elles sont jaunes presque entièrement. Les figures qui sont représentées, sont exemptes de noir, seulement couvertes de jaune pâle, et ainsi ces figures sont peintesElles vivent sur les feuilles tendres, en particulier sur le Tilleul. 

 

— fig. 10 : Vinula Cerura vinula, ou Grande Queue fourchue (Notodontinae), Identifié par Linné S.N p. 499 comme Bombyx vinula. Déjà identifiée en 1710 par J. Ray Hist. ins. page 153.

Vinula est le suivant dans l'ordre ; et c'est l'une des chenilles les plus délicates, et belle au delà de ce que l'on peut imaginer. Nous l'avons trouvé sur le Saule en train de se nourrir goulûment  ;  ses lèvres et sa bouche  sont d'un jaune pâle, les yeux sont de feu , le front est violet , les pattes et le bas du corps vert, la queue est fourchue , plus noire que le raisin , tout le corps entier est ponctué comme par un épais et sombre vin rouge, qui passe en diagonale du cou jusqu'à la queue, une ligne plus blanc l'ornant à merveille. 

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— Les 2  chenilles brunes (fuscae) nommées Porcellus

La grande et la petite chenille dite Porcellus

Fig. 13 :Chenille de  Deilephila elpenor, ou Grand Sphinx de la Vigne. Identifiée comme Sphinx elpenor par Linné S.N. page 491

 

La chenille nommée Porcellus est noire, brune, surtout la grande, mais la petite possède des anneaux blancs.Souvent, on les trouve sur les feuilles de trèfle des marais et elles les dévore avec une rapidité remarquable. 

— Dix chenilles de couleur variée

 Trois différentes couleurs sont principalement observées: la première a une face bleuâtre, et les yeux très noirs, la peau vers l'extérieur du dos est grise, parsemée de beaucoup  de taches noires et jaunes: il se transforme en une chrysalide d'un marron  lumineux  garni une petite membrane blanche ; elle aime les Choux et toutes sortes de Navets.

La seconde y la tête les pattes  et la queue très noirs, quadrillés de jaune; les quadrillages qui sont peints sur eux intérieurement, se distinguent par des canaux alternativement  noir et gris tracés en longueur. Elle aime le Fenouil , l'Aneth, et le Cumin.

 

 

.

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Page 184.

Dix chenilles de couleur variée (suite).

 

-n°3 : 3 figures, la chenille et deux chrysalides.  La troisième est verte sur fond blanc, bossue comme il va?  car elle a seulement six pattes de chaque côtés, comme toutes ... (en grec). Elle se transforme en une chrysalide piquetée de mouchetures foncées. Elle se nourrit sur les  Oliviers.

-La quatrième se nourrit de l'Estragon et ressemble à une Vipère tachetée ; elle va toujours avec la tête dressée, et inclinée sur sa poitrine . Elle aime les Joncs, et les plantes qui croissent dans les rivières.

-Si vous peignez les anneaux [costas] descendant de la cinquième espèce en rouge, il y aura peu de choses dans l'image qui ne soit pas en accord avec la vérité.

-n°6 : deux figures, chenille et chrysalide. Pour la sixième, peignez en ocre ce  que vous voyez blanc. Toutes ? [ utraque = Des deux cotés ] se plaisent sur le Peuplier noir, et s'y nourrissent goulûment.

-Les stries de la septième doivent être peintes en blanc, tout le reste du corps est gris-sombre. Elle se transforme en une chrysalide  de couleur rouge clair.

-n° 8 : quatre figures : imago, chenille, (oeuf ??), chrysalide ;  La huitième semble de couleur de la fumée, avec des ondulations noires ; elle donne un cocon [thecam] rouge et noir, d'où sort une Phalène pulvérulente.

- n° 9 : deux figures, chenille et chrysalide :  La neuvième est variée, et mérite à juste titre notre considération : les ronds de ses incisions sont verts ; la corne de sa queue est recourbée vers l'arrière, et elle est d'un bleu brillant ; en dessous elle est ornée de taches rouges. La partie entre les incisures est gris cendre. Enfin, une chrysalide est associée, d'une couleur de feuille morte de vigne [xerampelina]  telle que nous la trouvons sur la voie publique. Elle se plait dans les champs de Renoncules. 

n° 10 : deux figures, chenille et chrysalide La dixième est vert-noir [glauconigra] : ce qui est blanc ici représente le vert glauque de l'animal. Elle se métamorphose en une chrysalide spiralée,  bleu pâle, aux spires  rougissantes  [subrubentibus] : par quoi elle se rapproche de la forme d'une coquille de Buccin.  

 

 

 

 

 

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page 185.

 

- Sur la  Solanum Sylvestris (que les Italiens nomment Belladonna) [Atropa belladonna ou Morelle Noire ou Belle-Dame] vient une chenille glabre de couleur verte et jaune, elle a une corne sur l'avant de la tête [et elle est] aussi longue qu'un doigt, ce que relate Cardanus qui l'a vu souvent.

Sans-doute Acherontia atropos ou Sphinx à tête de Mort 

Cardanus : Girolamo Cardano, 1501-1576, médecin nè à Pavie et ayant exercé à Rome. Auteur de De substilitate. La Belladone est un poison rentrant alors dans la composition d'onguent.

 

 

Chapitre III : De Erucis hirsutis atque pilosis. Des chenilles hirsutes et velues.

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La chenille processionnaire du Pin Thaumetopoea pityocampa  

 

"Les Pityocampes, c'est à dire, les chenilles du Pin et Epicéas, sont aussi fines qu'un petit doigt humain, et aussi long que la largeur de trois doigts. Ils ont onze incisions entre la tête et la queue, et ils ont 16 pattes comme les autres chenilles, précisément trois sur les deux cotés de la tête, quatre sur les deux cotés du milieu du corps, et une de chaque coté de la queue : mais la premières sont en crochet et petites, avec lesquelles elles trouvent leur chemin, et les autres sont plus larges et dentelées comme des scies, afin de mieux s'accrocher aux branches. La tête est comme celle des fourmis, le reste est semblable aux autres chenilles. Elles sont couvertes de poils et complètement entourées d'épines pointues ; les poils des cotés sont blancs et brillent dans le dos ; la partie médiane est ornée de points comme des yeux : les épines étant rasées, il y a une peau noire en dessous, leurs poils très fins, qui piquent plus vivement qu'une aiguille, et causent une grande douleur, un échauffement, de la fièvre, des fourmillements, et un malaise général. Le poison rentre subitement sans aucun sens de la blessure, et est transporté de part près des intestins. Elles tissent une toile fine comme les araignées, dessinant et disposant leur filet avec leurs pattes antérieures. Durant la nuit elles rentrent à l'intérieur, comme sous une tente, où elles échappent au froid et au vents. La matière dont est faite cette tente est si solide et si fine, qu' elles ne sont menacées ni par les plus forts vents, ni par les pluies ; et elles sont si spacieuses qu'un millier de chenilles peuvent y trouver place. Elles font leur toiles dans les petites touffes d' aiguilles de Pins et d'Épicéas, où elles ne vivent pas en solitaires comme les autres, mais en colonies. Moyen par lequel elles étendent leur course, elles tissent et transportent leur toile avec elles. Et dans la journée, seulement s'il fait beau, les plus grandes accompagnant les plus petites par troupes, et ayant dénudé l'arbre de ses aiguilles, car elles le dévastent totalement, elles travaillent durement au tissage. Seulement ce fléau des Pins et Épicéas n'atteint pas les autres conifères. Sur le Mont Athos, dans les Bois du Trentin, et dans les Alpes, elles abondent, en raison de la quantité de nourriture qu'elles y trouvent, comme en atteste Matthiolus. Ce sont vraiment les créatures les plus venimeuses, que vous les touchiez superficiellement avec les mains, ou qu'elles vous atteignent par voie interne. Elles sont considérées de longue date comme du poison, puisque Ulpian interprétant la loi Cornélienne De Sicariis concernant les meurtriers privés réclame contre eux qu'ils soient punis en leur donnant à boire une Processionnaire du Pin. Sect. Alium . ff. ad. Leg. Corn. De fic.

Signes de blessure par Processionnaire du Pin et traitement. 

Ancre "Lorsqu'on a léché une chenille, la douleur affecte sévèrement la bouche et le palais ; le corps de la langue et l'estomac sont fortement enflammés par le poison corrosif : aussi ils entraînent une terrible douleur, alors qu'au début cela ressemblait à une plaisante sensation de picotement. Un fort échauffement s'ensuit, ainsi qu'une répugnance à l'égard de la nourriture, et un désir incessant, mais infructueux de vomir. A la longue, si les soins ne sont pas donnés, la brûlure s'étend à tout le corps et l'estomac devient aussi ulcéré que par l'arsenic. Dioscoride. Aetius, Pline. Celse. Galien. Item II simpl. c.5. Et Avicenne Fos. Cap. 25. C'est pourquoi Aetius et Aegineta tiennent comme dangereux de servir les repas sous les Pins, ou de se reposer dessous, car, attirées peut-être par la viande ou le les vapeurs de bouillon, ou par le bruit des hommes, ces chenilles du Pins pourraient tomber sur la viande, ou laisser tomber leur semence, qui est aussi dangereuse qu'elles-mêmes. Ceux qui sont atteint par de tels maux devront utiliser les traitements en vigueur contre les Cantharides, car les mêmes moyens les soigneront : c'est à dire l'huile de Coing, appelée melinum oleum, qui doit être bue deux ou trois fois, pour déclencher le vomissement, comme l'a prescrit Dioscoride dans Aetius. Elles sont générées, ou plutôt régénérées, comme le Convolvulus, par la nourriture d'automne laissée dans la toile sur certaines aiguilles, ou du Convolvulus lui-même corrompu, comme le pense Scaliger."

Commentaires :

Matthiolus : voir Mattioli, Pietro Andrea dans la traduction française : - Les Commentaires de M.P. André Matthiole,... sur les six livres de la matière médicinale de Pedacius Dioscoride,... traduits de latin en françois par M. Antoine Du Pinet... augmentez... d'un Traité de chymie en abrégé... par un docteur en médecine. Derniere édition Lyon : J.-B. de Ville, 1680. Moffet s'inspire du Livre II chapitre LV page 164 :

"Quant aux Chenilles des Pins, les vallées d'Ananie et de Fleme auprès de trente en sont toutes garnies parce qu'il y a force Pins. Elles font leurs nids aux cimes des branches des Pins, où on les voit par milliers, velues et roussâtres, avec plusieurs petites peaux dont elles sont enveloppées et revêtues. L'Hiver elles se cachent en ces petites peaux, et échappent par ce moyen la rigueur de l'Hiver. Leurs nids sont grands, et en peuvent tenir mille. Les pellicules dont elles sont enveloppées semblent à de fins draps de soie : mais elles sont plus subtiles. Elles sont fort bonnes à étancher le sang, étant appliquées : Voilà donc quant aux chenilles des Pins. "

 

Ailleurs, Moffet recopie Matthiolus :: Livre VI chapitre II page 496 : 

« Soudain qu'on a avalé des chenilles de Pin, il s'ensuit une grande douleur en la bouche, et au palais : et sent-on une inflammation véhémente en la lange, au ventre et en l'estomac. On a d'ailleurs, une douleur indicible des intestins : de sorte qu'il semble au patient qu'on lui ronge les boyaux. Tout son corps est en chaleur : et sent une anxiété intolérable. On y doit pourvoir avec les mêmes remèdes dont on use contre les Cantharides. Toute fois, au lieu d'huile d'olive simple, et d'huile de racine de Flambe, il faudra user d'huile de Pommes de Coing. 

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–Ulpianus in Lex Cornelia De sicariis et veneficis. (Loi Cornélienne contre les assassins et les empoisonneurs) : 3. Alio senatus consulto effectum est, ut pigmentarii, si cui temere cicutam salamandram aconitum pituocampas aut bubrostim mandragoram et id, quod lustramenti causa dederit cantharidas, poena teneantur huius legis. .Les Lois Cornéliennes ont été promulguées par Cornelius Sylla. http://droitromain.upmf-grenoble.fr/Leges/cornelia_sicariis.gr.html

 

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Page 186

"Venons en maintenant aux Promeneuses. 

Nous les nommons promeneuses, car elles n'ont pas de maison ou de nourriture établies : de fait elles font tout capricieusement, marchant comme des pèlerins, et comme les souris, elles se nourrissent toujours d'autres viandes. 

C'est pourquoi les anglais les nomment Palmer-worm –ver pèlerin– précisément en raison de leur vie errante, parce qu'ils n'ont pas d'habitat fixe, bien qu'en raison de leurs poils ils les nomment Bear-worms, « ver-ours ».Ils ne seront pas attaché à une sorte de plante ou de fleur, mais ils passent dessus hardiment, et goûtent de toutes les plantes et arbres, et se nourrissent là où cela leur plaît.

La première avec ses points blancs que vous voyez sur les cotés, doit être comme ceci en réalité : tout le corps est noir, tous les poils doivent être jaunes, mais tout le dessus du dos doit être blanc, excepté ces trois rangées qui poussent sur le cou près de la tête, car elles ont la même couleur que les poils du ventre. De la chrysalide sort le papillon que vous voyez, dont nous avons décrit précédemment la forme et la couleur.

La seconde, si vous faites le cou et le ventre, et les poils qui y poussent, en jaune, vous n'avez rien à faire d'autre. La surface semble sombre, les œufs sont pâles. Nous présentons le papillon qui i en résulte dans le précédent livre.

La troisième est, pour tout le corps et les poils, jaune sombre, mais les points de chaque coté sont faits obliquement dans chaque incision, la tête est rouge clair, et il est orné par une certaine fourche jaune."

La quatrième a le ventre et la partie inférieure couverts de poils, le dos et la partie supérieure jaune à brun, et une double ligne fourchue sur la face ressemble à la couleur  du lait mélangé à l'eau.

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— Page 187.

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-n°5.

La cinquième a la face d'une couleur marron clair [spadiceus] , les cotés du ventre couverts de poils blancs [canescentia], un corps très petit,  varié avec des petits points jaunâtres, comme des gouttelettes [gutillis], et au dessus, en forme de pois ;  des poils jaunes en sortent,  comme de petits rayons. Ils sont droits, et poussent plus drus vers le milieu. Elle fait des dégâts aux herbes et aux grains. 

-n°6. Lasiocampa quercus, la Minime à bandes jaunes, identifiée par Linné S.N. page 498

La sixième est de couleur blanche si les segments n'étaient pas envahis de taches noires et jaunes ici ou là. Des poils au dessus et au dessous.  ....

 

-n°7. Orgyia antiqua ?

La septième a une peau noire,  elle a quelques poils de couleur sale, mais j'ai l'habitude de l'appeler "le Pinceau" [Peniculum], parce que des deux cotés de la tête et aussi sur la croupe se dressent des plumets de poils noir de corbeau.  Mais ceux que vous voyez dressés en touffes sur le dos sont aussi blancs que le lait . Les autres sont sombres  .

 

-n°8. 

La huitième est gris-souris, et sur son dos sept points  lui répondent

 

-n°9.

La neuvième est d'une couleur étrange et rare . Les segments sont peintes avec des couleurs dont chacune est différente de l'autre, et pourtant mélangées les unes aux autres, alors qu'un clou d'argent  orne  joliment chacun.   

n° 10. Deux figures : chrysalide et chenille. 

La dixième appartient aux prouesses de la capricieuse nature, non moins élégant qu'elle est rare. Elle est  striée de lignes noires, vertes, bleues, jaunes et de douces nervures, splendidement rehaussé par des gouttes d'or.  Elle a des poils très soyeux, d'une verdeur la plus plaisante et la plus admirable. Le cocon est violet renforcé par une petite membrane. 

-n°11 

Supposez que les découpures blanches de la onzième sont vert-prairie  et peignez la peau et la pilosité à moitié vert.

 

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Page 188.

 

-n°12

 La Chenille du Noisetier est d'un vert-pâle sauf sur les taches acuminées noires. Elle a une corne à l'extrémité du dos. Elle se nourrit spécialement sur les feuilles du Noisetier, aussi nous la nommons Corylaria.

-n°13. Orgyia antiqua ?

La magnifique délicatesse  de la Nature resplendit dans celle-ci, à laquelle Elle donne le visage d'un  Maure ou d'un Égyptien , mais Elle leur donne un vêtement qui est de couleurs changeantes, brillant en diverses œuvres d'art ; sur le front les poils sont tissés comme en mèches noueuses, et ressemblent à des antennes: un aspect analogue se trouve à l'extrémité de son dos. La peau est comme l'arc-en-ciel, et brille en cercles  profondément illuminés  de pourpre, qui la nature a scellé sur les cotés  comme de larges crampons; les poils qui se dressent sur la peau, resplendissent comme le soleil, et éblouissent nos yeux comme la lumière  (?).

-n°14 et 15 . La première est identifiée comme Malacosoma neustria la Livrée, par Geoffroy Ins. page 114 mais non par Linné S.N. page 500 qui lui donne le nom de Neustria. La Neustrie correspond au nord-ouest de la France, et inclut la Normandie.

Nous avons reçu ces deux de Neustrie et de Normandie, la première a la tête de couleur bleue, et le corps strié de lignes rouge, blanche et grise. les poils sont beaux avec une brillante couleur dorée.

La seconde roulée sur elle-même est comme un oursin. La tête est noire, le corps est ponctué de petits points bleus. Les poils ressemblent à un lustrage couleur safran.

-n°16.

Celle-ci abîme les bourgeons des poiriers. Elle a la tête sombre, le corps  noir orné de sillons rouges et blancs. Elle a au milieu comme des épaules (?), et presque à l'arrière du dos, surgissent de petits renflements ou tubercules bleuâtres, parsemées de taches blanches. Les œufs d'où elles naissent sont de couleur brun clair, ce qui est aussi la couleur de la chrysalide et des poils. Nous en avons vus une autre du même genre, mais avec seulement un renflement sur le dos.

-n°17.

 

Nous vous recommandons de peindre en jaune la partie du dos à l'arrière de la tête, ici en blanc, et le reste blanc comme un Lys. Le ventre est jaune  cendre, ornée de points, et quadrillé au milieu.

-n°18 Chenille de l'Ortie 

Si vous peignez légèrement  les pattes de la Chenille de l'Ortie avec un jaune pâle, la figure sera proche de la réalité. Elle a des poils dressés drus et droits comme des épines, qui vous blessent par  un léger contact, entraînant un d'abord une démangeaison plaisante,  mais vénéneuse et ensuite une douleur difficile à supporter. Certains soutiennent qu'elle est plus vénéneuse que la Pityocampe ou Chenille du Pin.

 

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—Page 189 :

 

 

- Figure n° 1 : brassica.  Chenille de Pieris brassicaria. la Piéride du Chou Identifiée par  Linné S.N. p.759. 

Sur le Chou, se nourrit une chenille à tête bleu azur, au corps marqué de deux rameaux linéaires  jaunes de chaque coté ; entre lesquels une plage grisâtre semble ponctuée de quelques grains noirs. Les poils ont la couleur de la chrysalide, qui est gris-cendre.

— Sepiarias. Nous proposons ici deux chenilles des haies.

-n°2.

 La plus grande a une face couleur jaune-safran, mais le triangle que vous voyez à l'emplacement du nez est couleur de lis [Lilliasceret]. Le corps est varié avec des taches blanches, jaunes, rouges  et noires réparties sans ordre . Les poils qui se dressent sont jaunâtres. Elle dévore les feuilles des haies et dénude les frondaisons. Enfin elle se transforme en une boule de soie dans un cocon  grège semblable à un sarcophage.  

-n°3

La plus petite a une face et tout le corps  bleuté, excepté qu'elle a des points noirs et blancs. Ses poils sont de la même couleur que la première. 

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Celles qui ont moins de poils sont : la Mangeuse de Géranium [Geranivora] ; la chenille du Jacobaea  ;  la Vergette [Antennula] ; les Hérissonnes [Echinus]  ; la Chenille de la Ronce [Rubicula]  ; et cette bestiole cornue [Cornuta] que les allemands nomment Horneworm. 

 

-n°4. Celle qui circule sur les Géraniums. [Geranicolae]. Il s'agit de la chenille du Petit Paon de Nuit Saturnia pavonia, identifiée par John Ray en 1710 dans son Historia insectorum page 147  (Eruca viridi, rarius pilosa, tuberculis fulvis seu rubentibus in medii annulis Geranicola Mouffeti page 189). Linné dans Fauna suecica signale cette référence en indiquant la page 180 de Mouffet -et non 189 comme l'indique  John Ray-, et cette erreur est reproduite par Geoffroy et par Esper. 

Nous avons défini avec précision ici la forme et la taille de la chenille du Géranium, et  allons l'expliquer : vous devrez faire en couleur rouille les taches blanches qui ornent les anneaux noirs, et peindre le ventre et les pattes , ainsi que les segments entre les anneaux, en vert-poireau. 

Camerarius l'a envoyé à Penny avec cette indication ; "Une grande chenille, ne se nourrissant que sur les herbes des champs, et qui s'en prend principalement au Géranium des marais Geranio palustris.

 

-n°5. La Vergette (Antennula) . Orgya antiqua ?

Le corps de la Vergette est varié : de la tête jusqu'au troisième segment, vous pourriez dire qu'elle est barbouillée de craie, sur les cinq suivants en noir-fumée, et sur les trois derniers avec de la céruse. Les petites verges sont faites de poils qui semblent collés ensemble ; et une autre, tout à l'arrière, est dressée comme une crête. Quatre touffes sur le dos sont aussi faits de poils, qui poussent comme des dents en ordre croissant. 

-n°6. La Chenille du Séneçon de Jacobée Tyria jacobaeae La Goutte-de-sang  

La Chenille de la Jacobée ou du grand  Séneçon a la tête et les pattes d'une couleur violet pâle, le ventre vert pâle, le crps d'un vert désagréable, et orné de points noirs, jaune et flamme [orange]. La couleur des poils suit celle du ventre.  

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page 190.

— J'ai observé deux sortes de chenilles hérissonnes, l'une d'un gris bleuté, l'autre d'un blanc cassé. 

 

-n°1 Deux figures, chenille et chrysalide. 

La première de ces hérissonnes a un corps quadrillé par un mélange de noir et de jaune. Les épines apparaissent jaunes. Quand l'automne arrive, elle se transforme en une chrysalide couleur cendre.

 


-n° 2.

La seconde est parfaitement semblable à un hérisson ; la moitié du dos, à savoir la première partie, est noire sur fond jaune, l'autre moitié est blanche sur fond  jaune, elle porte des épines très pointues et épaisses, de couleur grisâtre.


-n°3.

La Nature a peint la Chenille de la Ronce en noir cendre avec sur les deux côtés  trois crêtes d'une couleur jaune pâle: les poils sont très fins, et tout à fait noirs.

 

-n°4  

Il y a aussi la chenille à corne, qui a beaucoup de points verts sur un fond jaune, les poils dressés sur le milieu du dos sont gris-blanc, mais la corne est crénelée et rouge. 

 

-n° 5 à 12. Peut-être la Cucullie du Bouillon-Blanc, la Cucullie de la Scrophulaire, l'Acherontia atropos, le Sphinx de l'Euphorbe Hyles euphorbiae, (figure n°10) ...

 

Il existe de nombreuses variétés de chenilles sur le Bouillon-blanc ( Verbascum), le Lupin, la Scrophulaire, la Morelle Douce-amère, la Belladone (Solanum), l'Aulne, l'Orme et l'Euphorbe (Tithymallo) ; et presque chaque plante possède sa chenille qui la dévore. Pour ne pas être lassant, je ne les décrirai pas en détail, et elles sont déjà assez connues.

-Pas de figure : Cossus cossus, le Cossus Gâte-bois, identifié par Linné S.N. page 504

Linné indique que la chenille ici décrite est illustrée à la page 196 du Theatrum de Moffet, figure 1 (verticale) sous le nom de Spondyle .   En effet, (comparer avec une photo de cette chenille sur le site lepinet.fr)

Je n'ai jamais eu la chance d'observer la chenille puante de  Gessner, qu'il décrit par ces mots, dont j'ai la transcription :

Elle est, écrit-il, semblable à toutes les  chenilles à cornes, mais elle en diffère  par sa couleur et par sa corne. J'en ai pris une qui grimpait sur un mur à la fin août de l'année 1550. Elle émettait une odeur si nauséabonde qu'on était convaincu qu'elle était vénéneuse. Elle dressait colèreusemnt sa tête et gardait ses deux pattes antérieures levées. J'ai pensé qu'elle était aveugle. Elle était longue et épaisse comme le doigt. Quelques poils étaient implantés sur les cotés et sur le dos , lequel était noirâtre. La couleur de son ventre et des cotés était rougeâtre sur un fond jaune. Tout le corps se distinguait par 14 segments distincts, et chacun portait un sillon unique sur le dos. Sa tête était noire, et  (coriace, dure) [duriusculum] . Sa bouche était fourchue et dentelée, comme en dents de scie, si bien que lorsque'elle attrapait quelque chose avec, elle le mordait.  Elle marchait sur seize pattes, comme le font la plupart des chenilles. Sans (aucun) doute elle est vénéneuse. Vergerus pensait que c'était une Chenille du Pin, une Pityocampe, et d'autres la considérait comme un scolopendre. Mais elle n'a pas le nombre de pattes des Scolopendres. Je pouvais à peine supporter son odeur tandis que je la décrivais, et je n'allais pas infester deux chambres [poèles = hypocausta] avec son épouvantable puanteur, c'était plus que je ne pouvais tolérer ? " Voilà ce que Gessner a noté.

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page 191.

- Fin du chapitre II.

- Chapitre III. De ortu, generatione, alimento, & Metamorphosi  Erucarum

Of the original, breeding, nourishment, and change of Catterpillars.

Dear book, the faithfull witnesse of my pain,

Let not the purple red thy fair cheeks stain,

Whilest I in tables paint the rude worms race,

And such as change their skins into a case.

For these by Gods wise hand created are;

Which in small things is wonderful and rare,

And more to be admired in Worms, than Whales,

Or Elephants, Leviathan with scales,

Arm'd as with harnesse• strong as iron bars,

And roars like thunder terrible in wars;

Who drinks the sea, and s•ews it up again,

Compar'd with worms, will be admir'd in vain.

So I shall begin with our Poet, who observed a divine power in Catterpillers from their Original; which whilest divers Authors have diversly expressed, I know not into how greatPage  1040darkness they have cast us. Aristot. 5. Hist. 19. writes, that they begin from green leaves of herbs, as from Cabbage, or Radish: namely by a seed like Millet left there in Autumn, whence little Worms proceed. From these Worms in three daies space Catterpillers breed at the end of the Spring; which being augmented and nourished sufficiently, they leave off moving, and at the beginning of Autumn they change their form and life for an Aurelia. Pliny saith that dew thickned by heat of the Sun, is left upon the leaves, whence he derives all kindes of Catterpil∣lers, to whom Arnoldus agrees: others say they all come from Butterflies; which so soon as they come forth of their A•reliae, they thrust forth (above or beneath the leaves hard by) some eggs (the barbarous call them Turds) and these are greater or less, according to their bodies (some of these have blew shels, some yellow, some white or black, green or red) in fourteen daies they are hatched by heat of the Sun, and the shell breaking, they thrust forth small Catterpillers like very small Worms, but coloured: at first beginning they are very hungry, and do nothing but devour leaves and flowers, especially of those herbs and plants where they were left in eggs. But I should maintain that they are not bred only one way, but all these waies: for though Ari∣stotles doctrine seems to some not acute enough, that the Cabbage little Worm grows to be a Catterpiller; yet it is not against reason; for as nature from an egg, so from a worm she pro∣duceth a more perfect living creature, as perfecting, not as corrupting. For though the worm be not that it was before, (as is clear to sense) yet as much as can be perceived, it is both what it was, and is now somewhat more, for a Worm doth not dye that a Catterpiller may be bred: but adds a greater magnitude to its former body and feet, colour, wings; so life remaining, it gets other parts, and other offices: so the off-spring of man (I use Scaligers words) after some daies at first of a man in posse, is made a man actually; you must understand its generation, in which time the intellective soul doth not yet act, but it bears the same proportion to a man that shall be, as a Worm doth to a Catterpiller or Bee. So alsoPennius derided the opinion of Pliny, when he writ that Catterpillers were bred of dew, yet all Philosophers with one con∣sent agree, that the more imperfect small creatures are bred of dew. And not without cause. For the Sun by heating acts, being like the form, and the humour is like the matter. The Suns heat is different from the fire, for it gives life, or it preserves the souls in their likeness. For the dew hath the proportion and softness of the air, where Theophrastus alledgeth the affect of softness (in his Book of Plants) as proper for generating air. Also nothing is more nourishing than dew, by which alone some little creatures live: which also the divine Poet said; How much doth dew lay up in the night! Therefore as it is humour, it is the matter, as it is thin, it enters, as it is drawn by the Sun, and concocted, it is the fitter for generation; for the preparation of the form carries the matter along with it, and these going together it fals out that a living, creature is generated. And it is not only an off-spring of dew, but the daughter of Butterflies, as we said, and as experience testifieth: and the greatest part of Catterpillers come from them, besides the Cabbage and Vine-fretters, few are bred otherwise. For these that the Greeks call in non-Latin alphabet , are made of dew, or a humour shut up in webs and putrefying, especially when the wind is East, and the air warm, that hastneth corruption. For then such a mighty army of them breaks forth in our Countrey, that we cannot truly say or think so many could be bred any way but from corruption. They are all gluttonous devourers of herbs and trees: whence Philip the Parasite boasts of himself inAthenaeus in his Pythago ist, for feeding on Thyme and Pot-herbs, I am a Catterpiller. Martial speaks to the same purpose, One garden will hardly feed a Catterpiller. When their time of eating is over, they wander up and down here and there hungry, and by degrees growing lean with hun∣ger, some within, some above the earth, seek for a fit place, where they are transformed into an Aurelia covered with a Membrane, and hanging by a thred, or into a bare case; if this happen in the midst of Summer, after 24 daies the shell breaking, a Butterfly presently flies out: but if Autumn be well spent, the Aurelia lasts all the Winter, and shuts out nothing till the heat of the Spring. Yet all Catterpillers are not changed into Aurelia's, but some are contracted (as Vine-fretters) and corrupt, from whom oft-times three blackish eggs fall, that are the mothers of Flies or Cantharides: when your Butter-flies copulate very late, they bring forth eggs (even untill the next Spring) that have life, (if you take diligent care of them) as it is usual in Silk-worms, whose eggs are sold commonly amongst the Spaniards by ounces, and pounds. Theophrastus distinguisheth the transformation of these Catterpillers rightly in these words, in his second of Plants: First, of a Catterpiller is made an Aurelia, and of this a Butterfly, then of that a Catterpiller again. But whether this Aurelian Chryfallis be a living creature or not, we shall dispute when we come to speak of Insects without feet.

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Page 192.

CHAPITRE V.

De Qualitate & usu Erucarum earumque Antipharmacis. 

De la qualité et de l'utilisation des Chenilles, et des Remèdes. 

ALL Catterpillers have a burning quality and pilling of the skin, and raising of blisters. The most deadly is the Pine Catterpiller, yet they are all venomous, but least of all those that are smooth and without hair. The daughter of Caelius secundus, being at Basil (saith Gesner) when she had devoured some Cabbage Catterpillers in the garden, after much vomiting, her bel∣ly swelled, the swelling troubled her many years, and no cure would be found for it.William Tur∣ner a Divine and a learned Physician, the happy father of one Peter who was born to give physick to Physick it self, prescribed a purging porion for a noble Woman ofEngland, by the help whereof she vomited up a hury Catterpiller, which being swallowed by negligence, had long afflicted her with cruel torments: yet we may remember (saith Marcellus Virgilius) that there are beasts in the sea of the same names, and called Catterpillers, and are far from being poy∣son: and amongst those men that live by the sea side, are the last dish at their tables. We have shewed remedies against the mischievous and venomous ones before, in the Histories of Can∣tharides, Buprestis, and Pityocampes, for they admit of, and require the same cure. If you would have your garden or trees free from them, what webs you see hang on the naked boughs you must sweep off in Winter; for if you let them remain till the Spring, they will breed before you can remove them. In a short space they devour all green things, and consume the flowers: some anoint their trees with the gall of a green Lizard, or of a Bull, which as it is commonly reported, they cannot endure. The Countreymen use to stisle them with some brimstone and straw set a fire under the trees. The earth dug up under the root of the great bearing mast tree, if it be strewed in a garden, drives away Catterpillers, saith Hildegard. I should pass over the Remedy Columella hath prescribed, as a shameless delusion ofDemocritus, did not Pliny and almost all the rest approve of it, who meddle with husbandry: the words are these:

But if against this plague no Art prevail,

The Trojan Arts will do't, when others fail.

A woman barefoot with her hair untied,

And naked breasts must walk as if she cried,

And after Venus sports she must surround

Ten times, the garden beds and orchard ground.

When she hath done, 'tis wonderful to see,

The Catterpillers fall off from the tree,

As fast as drops of rain, when with a crook,

For Acorns or Apples the tree is shook.

They touch not Plants that are besprinkled with Wine. Theophrast. They presently dye with the smoke of the herb Psora. Aetius. Hence it appears (saith Silvius) that the vulgarly called Scabious, is not Psora. The Cabbage is free from Catterpillers, if it be fenced with Vetches. The Worms found in Fullers Teasels, make them fall if they but touch the Cabbage Catterpillers. Pliny. Strew your Cabbage with Nitre, or salt earth, whilest it hath lost but three leaves, or strew it with ashes, and by the saltness of it, it will drive away Catterpillers.Geopon. Palladius in this matter prefers the Fig-tree ashes. If Crabs or river Crevish, were hanged up and exposed to the Sun for ten daies, they will drive Catterpillers from Pot herbs.Cardan out of Palladius. Others wet the seeds just before they set them, in the bloud of a Catterpiller, or the juice of Marjoram, to free them from Catterpillers. A sea Onion set or hung in a garden, hinders the Catterpillers from breeding. Some sow Mints, others Vetches, others Wormwood about their gardens to drive away Catterpillers. Some not without cause, have Coleworts and Garlick leaves in ther gardens, by the fume whereof spread every way the Catterpillers fall down. Palladius, where any man may easily read of many remedies against them. If a Horse devour them, swel∣lings arise, the skin of him grows dry and hard, his eyes hollow, saith Herocles, and he prescribes this remedy: You must take the sharpest Vinegar and Nitre three quarters of a pint, Vitriol a fourth part; mingle them and anoint the Horses body, be careful that it enter not into his eyes. Now we shall speak of the use of them in Physick, and in the Common-wealth. The Catterpillers web and covering (like to silk) being drank stops a womans courses. Math. If it be burnt and put into the nostrils, it stops bleeding at the nose. The Catterpiller feeding on Privet, doth not only in a strange manner allure the Carp, if it be put on the hook for a bait, but also the dung of it put into the nostrils, presently helps the falling sickness in women, that proceeds from the Matrix, as I was told by a Midwife that was very experienced, and worthy to be believed. The Catterpillers that are upon Spurges (in the opinion of Hippocrates) are very good for purulent wombs, especially if they be dried in the Sun, with the double weight of dunghil Worms, and adding a little Anniseed, bringing them into powder, and infusing them in the best white Wine, and so giving them to drink. But heaviness following in the belly with numbness, let the Pa∣tient drink a little water and honey after it. Hippocrat. lib. de superfoet. prescribes those ordina∣ry Catterpillers that are in troops to be given in drink against the Quinsey. Dioscor. lib. 1. cap. 90. But unless they do profit by their secret quality, I think they are to be rejected for their open quality, especially in that disease. The Germans know that the hairy Catterpiller dried and pow∣dered, stops the flux of the belly.Nicander also useth them to procure sleep: for so he writes. And Jeremy Martius thus translates him:

Stamp but with oyl those Worms that eat the leaves,

Whose backs are painted with a greenish hue,

Anoint your body with't, and whilest that cleaves,

You shall with gentle sleep bid cares adieu.

There are in prickly and hairy plants, such as the Nettle is, some downy and hairy Catter∣pillers, by tradition are held to cure children, when they cannot swallow their meat for straight∣ness

of their jaws. A Catterpiller that lives on Pot-herbs being bruised and anointed where a Serpent hath stung, is very good. Avicen. If you rub a rotten tooth often with a Cabbage Catterpiller, it will soon fall out of it self, saith the same Author. Catterpillers mingled with Oyl, drive away Serpents. Dioscor. If you anoint your hands or other parts with the same Oyl, it will keep them from being hurt by Wasps or Hornets. Aetius. Pliny citeth many superstitious things from the opinion of Magicians concerning the vertue of Catterpillers; which because I see they are cast forth of the Schools of Divines, and I in my judgement do secretly disavow them, I will not repeat them here. They are meat also for divers Birds that we eat, and are useful for us, as namely Choughs, Starlings, Peacocks, Hens, Thrushes, to say nothing of Trouts, Robbin∣red-brests, Tenches, Carps, Pikes, which are easily deceived by a Catterpillar bait. And if you desire to know the waies of deceiving them; see Terentinus in Geopon. who is there (that I may not overpass the Physick of the soul given by Catterpillers) that hath not sung of Gods mer∣cies shewed to the wandring Israelites, when all Egypt swarm'd and was even drowned with the deluge of them? Also amongst the Romans there was twice in one Summer such a cloud of Catterpillers, Anno 1570. that put them in great fear, for they left no green thing in their fields, but devoured all. Though the fruitfulness of the next year did blot out the memory of this grie∣vous punishment, yet we may not doubt but it put many of them in minde to lead better lives. God grant that we may escape by being corrected in the punishment of other men. Let us think no creature of God to be contemptible, for God can, if he please, make the smallest the greatest judgement.

 

[Illustration]
Le premier de la Urchin. Catterpillers hath un corps à damiers, varié avec du noir et jaune; les poils épineux semblent jaune, quand il se transforme en une Au couleur cendrée | tomne vient Aurelia.
La seconde est parfaitement comme un Urchin, la moitié du dos, à savoir le premier semestre, est noir de jaune, ce dernier est blanc du jaune, elle n'a piqûres très forte et épaisse, de couleur grisâtre.
Nature a peint la cendrée Catterpiller ronce noire, sur les deux côtés avec trois crêtes d'une couleur jaune pâle: les poils sont ve | ry mince, et tout à fait noir.

SOURCES ET LIENS.

MOFFET (Thomas), 1634, Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. London: Thomas Cotes pour Benjamin Allen, 1634. 

Ancre http://biodiversitylibrary.org/item/123182#page/11/mode/1up

— MOFFET,(Thomas), 1657 The Theater of Insects, in   The history of four-footed beasts and serpents describing at large their true and lively figure, their several names, conditions, kinds, virtues ... countries of their breed, their love and hatred to mankind, and the wonderful work by Edward Topsell ; whereunto is now added, The theater of insects, or, Lesser living creatures ... by T. Muffet ​

Ancre https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/958/mode/2up

Ancre Texte en ligne : http://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:16.2?rgn=div2;view=fulltext

— Identification des chenilles :

http://www.european-lepidopteres.fr/Galerie-Chenilles-Heterocere.html

 — GEOFFROY (Etienne-Louis), 1762, Histoire abrégée des insectes, vol. 2. 

— JONSTONUS (Joannes), 1650-1653, Historiae naturalis de quadrupetibus libri : cum aeneis figuris; [Historiae naturalis de serpentibus libri II ; Historiae naturalis de insectis libri III ; Historiae naturalis de exanguibus aquaticis libri IV ; Historiae naturalis de piscibus et cetis libri V ; Historiae naturalis de avibus libri VI] Francofurti ad Moenum :Impensis haeredum Math: Meriani, MDCL-MDCLIII

http://www.biodiversitylibrary.org/item/150732#page/58/mode/1up

Voir aussi Edition de 1657 Schipper, Amstelodami 

— LINNÉ (Carl) 1758 Systema naturae Dixième édition :

http://www.biodiversitylibrary.org/page/727383#page/513/mode/1up

LINNÉ, 1 746, Fauna suecica,

http://biodiversitylibrary.org/item/129804#page/302/mode/1up

— LINNÉ (Carl) 1767 Systema naturae Douxième édition

http://www.biodiversitylibrary.org/page/25848844#page/256/mode/1up

RAY (John), 1710, Historia insectorum.

http://www.biodiversitylibrary.org/bibliography/10430#/summary

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 12:03

Les papillons décrits dans le Theatrum insectorum de Thomas Moffet (1634) et dans son édition anglaise par Edward Topsell (1658).

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Dans le cadre de mes recherches sur l'histoire des noms des papillons (mes 89 articles de zoonymies des rhopalocères), de leur iconographie (mes articles sur Joris Hoefnagel puis sur Claude Aubriet ), sur leurs collectionneurs et descripteurs (Aldrovandi, Petiver, Geoffroy, Engramelle, Godart, Oberthür ), sur leur signification symbolique et leur présence dans l'art, j'ai accumulé plusieurs centaines d'articles accessibles sur ce blog en utilisant le bouton "recherche" ou en consultant cette liste :

Tous mes articles sur les papillons

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Cet article vient compléter ce travail. Mais son ampleur m'impose de me contenter d'une esquisse. Le texte latin a été rapidement traduit en anglais (1658), sans difficulté (mais pas toujours sans infidélité) à une époque où les lettrés maniaient facilement le latin. Mais le Theatrum insectorum n'a jamais été traduit en français. Je tente maladroitement cet exercice ici, pour la partie traitant des Papillons, mais les difficultés rencontrées et non surmontées sont telles que ma copie n'obtiendra même pas la moyenne. Incitera-t-elle un amateur à me corriger ?

De même, George Thomson a donné des chapitres consacrés au Papillons du Théâtre des Insectes une remarquable édition en anglais en 2000 et 2012, mais l'étude du Theatrum de Moffet avec l'identification précise des espèces de Lépidoptères et de leurs chenilles n'avait pas encore été proposée en français.

Enfin, mon but a été aussi de mettre ces identifications et ces travaux à la disposition des internautes (la publication de Thomson en 2000, tirée a 500 exemplaires numérotées, n'autorise pas la consultation par prêt entre bibliothèques).

Je compte sur votre indulgence.

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PRÉSENTATION.

 

a) Abrégé biographique et bibliographique.

Voir Dictionary of National Biography, 1885-1900, Volume 38 par Sidney Lee

 

Thomas Moffet (1552-1604), dit aussi Moufet ou Muffet, est un médecin et naturaliste anglais de conviction protestante, né vers 1552 à Londres et mort le 5 juin 1604 à Wilton dans le Wiltshire.  C' est un fervent adepte des doctrines de Paracelse (1493-1541), qui ne se résument pas à leurs aspects ésotériques (théorie des signatures, alchimie, astronomie), mais qui mettent à l'honneur  l'examen direct de la nature (plantes, minéraux, animaux) et l'expérimentation, en tournant le dos à la compilation des textes antiques. Après des études à Trinity College de Cambridge avec  Peter Turner, Timothy Bright, et Thomas Penny, qui se sont tous distingués dans la science médicale, il a voyagé à l'étranger, il a assisté à des conférences médicales de Félix Plater et de Zwinger (acquis à la médecine de Paracelse après s'y être opposé),  a obtenu  en 1579 son doctorat de médecine à Bâle, ville où il fit imprimé ses deux recueils de thèses: l'un de 32 pages  intitulée   De Anodinis Medicamentis, (1578), une critique de l'antiparacelscisme trop formel de Thomas Erastus,   et l' autre de 24 pages en mai 1578  De Venis Mesaraicis Obstrvctis ipsarvmqve ita affectarum Curationeavec une dédicace à  Pientissimo et Clarissimo viro Thomas Penny.

Après avoir obtenu son diplôme, et avoir exercé à Francfort,  Thomas Moffet se rend en 1580 en Italie et en Espagne et y étudie l'anatomie des vers à soie, et l'entomologie. Il est ensuite à Nuremberg et à Francfort. Il rentre définitivement  en Angleterre en 1582, et en 1588 il exerce la médecine d'abord à Ipswich et ensuite à Londres. Le 22 décembre 1588, il a été admis en tant que candidat du College of Physicians, puis est devenu membre. En 1589 il a été nommé à un comité responsable de l'élaboration de la Pharmacopoeia Londinensis (1618) pour le College of Physicians,  l'Ordre des médecins.

Je dois maintenant présenter Thomas Penny, l'ami et confrère de Moffet.

Médecin anglais  passionné par l'histoire naturelle, Thomas Penny (c. 1532-1588) commença à étudier la botanique avant de se tourner vers l’entomologie. Il fit plusieurs longs voyages sur le continent et rencontra à Zurich le monstre d'érudition et professeur d'histoire naturelle Conrad Gessner  en 1565, peu de temps avant la mort de ce dernier. Il obtint de lui un certain nombre d’illustrations et de notes manuscrites sur les insectes. Il étudia la physiologie des plantes à Orléans avec Natalis Caperon, il visita Montpellier en 1566 et se lia d'amitié avec Matthias de L'Obel qui y avait obtenu son diplome de médecin. Il alla ensuite à Paris ; il rencontra Jean Bauhin, qui s'installa à Lyon en 1563. Il se rendit aussi à Majorque

 

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 Il retourna en Angleterre où il commence à exercer la médecine à Londres. Il devint un proche ami de Thomas Moffet (1553-1604) : ils avaient tous deux étudié à Cambridge et s’intéressaient aux insectes.  Penny consacra ses quinze dernières années à accumuler des observations qui seront reprises dans le Theatrum Insectorum de Thomas Moffet. Penny reçevait également diverses contributions et illustrations de ses correspondants en Europe comme Matthias de L'Obel (Lobelius) Charles de l'Écluse ou Clusius (1525-1609) qui l’informe sur les abeilles, Jean Bauhin (1541-1613) qui explique l’origine des scorpions à la fois par la reproduction sexuelle et la génération spontanée, et Joachim Camerarius le Jeune (1534-1598) qui lui envoie une illustration de coléoptère et avait reçu de Penny de nombreuses plantes. La mort l’empêcha de mener à bien son projet d’écrire une Histoire naturelle des insectes et il laissa ses notes à Moffet. 

Thomas Moffet et Thomas Penny résidaient à Lime Street parmi les  maisons de commerçants aisés et appartenaient à la communauté scientifique, éprise de recherches et de collections en botanique et zoologie, dont cette rue était l'épicentre à l'est de Londres, allant de Fenchurch Street au sud à Leadenhall Street au nord. Penny y possédait un "Jardin sec", ou Hortus siccus, c'est à dire une collection de spécimens botaniques de plantes séchées entre des feuilles de papier, selon la mode lancée par Luca Ghini dans le premier jardin botanique d'Europe, celui de Pise.

Luca Ghini et son herbier ou hortus siccus, publié en 1544.

 

Il y conservait aussi   sa collection d'insectes et de dessins ou illustrations en couleurs d'insectes. Moffet y était fier de son "Entrepôt d'insectes", où il conservait ses spécimens les plus rares, comme le criquet africain que Pieter Quickelberg lui adressa d'Anvers. 

[Quickelberg ? Oui, le fils du médecin Samuel Quickelberg (1529-1567), bibliothécaire du banquier Anton Fugger, collectionneur en tous genres, celui qui organisa le travail de rédaction des luxueux manuscrits de musique du duc de Bavière : les Motets de Cipriano de Rore et les  Psaumes pénitentiels de Roland de Lassus  enluminés par  Hans Mielich...le prédécesseur de Joris Hoefnagel à Munich. Le monde dans lequel nous évoluons ici est tissé de liens étroits, aussi étroits que ceux qui rapprochent la communauté anversoise en exil en raison de son protestantisme avec les protestants de Londres.]

Ils avaient comme voisins à Lime Street James Cole, gendre de Matthias de l'Obel et, comme  neveu d'Abraham Ortelius (un ami d'Hoefnagel), héritier de ses collections. James Cole possédait deux cabinets de curiosité. Charles de l'Ecluse, qui avait résidé dans ce quartier, mais vivait maintenant à Vienne,  adressait à Penny des  illustrations d'une Mante religieuse de Grèce, ou de magnifiques papillons.... L'apothicaire James (Jacob?) Garret  faisait venir des plantes et des remèdes des Indes de l'Est et de l'Ouest,, Matthias de L'Obel avait connu Penny lors d'un bref séjour à Montpellier.

Si Lime Street était bien connu comme le site de l'une des grandes communautés intellectuelles de l'Angleterre, la plupart des membres de cette communauté étaient pas vraiment anglais. Les hommes éminents de la communauté, y compris Mathias de L'Obel, James Cole, et James Garret étaient tous des «étrangers», ou les immigrants à l'Angleterre (Harkness 2007: 21), avec un important contingent protestant flamand qui avait fui les persécutions religieuses et le sac d'Anvers par les Espagnols. Bien qu' ils ont fait d'importantes contributions à la communauté qu'ils étaient encore traités comme des étrangers par quelques Anglais dédaigneux comme l'anglais chirurgien-barbier John Gerard (Harkness 2007: 17). Malgré le souhait de nombreux Londoniens pour une science «anglaise», la communauté scientifique dans son ensemble a été de plus en plus cosmopolite (Harkness 2007: 18). 

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La République des Lettres et Lime Street.

Toute cette communauté de Lime Street vivait dans une effervescence de curiosité et d'échanges et était intégrée à un vaste réseau national et européen, la République des Lettres, une "confédération lâche de chercheurs et d'intellectuels qui ont enjambé le continent européen et se sont même  propagé aussi loin que l'Asie, l'Afrique et du Nouveau Monde" (Datson, 2006). Voici le lien vers une carte interactive des membres de cette République des Lettres : 

https://www.zeemaps.com/map?group=224572&add=1​

Ainsi, c'est de Moscou que le chirurgien Edward Elmer adressa à Penny  une mouche à ailes dorées, puis à Moffet un Scarabeidé de Russie. "Bauchinus"  adressa à Penny une expérience faite à Paris sur le Basilic , une forme de scorpion (Caspar Bauchinus, 1560-1624  plus connu sous le nom de Bauhin, et son frère Jean. Bauhin est l'auteur d'un Theatri Botanici, ou Pinax). Des dessins ou des spécimens parvinrent de Normandie, d'Italie, d'Espagne, de Genève, de Guinée, d'Afrique, du cap Saint-Augustin en Inde 

Parmi les correspondants de Thomas Penny, citons Sir Edmund Knyvet, d'Ashwellthorpe, dans le Norfolk, et son fils Thomas (1539-1618), qui possédaient un musée privée où ils amassaient leurs collections. Leur bibliothèque était riche de quelques 1400 livres et 7 manuscrits, d' architecture, de géographie, mais surtout de botanique et de médecine, ainsi que des livres illustrés d'histoire naturelle. Selon J. Neri, pour Knyvet comme pour Aldrovandi, Penny et Moffet,  les interrelations entre les images et les spécimens étaient centrales pour la compréhension du monde des insectes.

La Liste des Auteurs cités dans le Theatrum occupe trois pages, soit plus de 400 noms.

 

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L'édition du Theatrum insectorum.

Le Theatrum insectorum de Thomas Moffet est le premier livre d'entomologie publié en Angleterre, et le second livre publié en Europe sur ce sujet après De animalibus insectis libri septem d'Ulisse Aldrovandi en 1602.  Il pourrait être plus juste de l' attribuer à Thomas Penny.

 

Partiellement compilé à partir des écrits d'Edouard Wotton, de Conrad Gessner et de Thomas Penny, le traité abondamment illustré de Moffet était le meilleur ouvrage du genre au moment de sa parution : il a analysé systématiquement les habitudes, l'habitat, l'élevage et de l'importance économique des insectes, et a établi un nouveau niveau de précision dans l'étude des invertébrés. Le travail a une histoire complexe. Lorsque le suisse Conrad Gessner est mort à Zurich en 1565, il a laissé dans ses papiers un livre inachevé sur les insectes, qui a été finalement vendu à son assistant le médecin anglais Thomas Penny. Penny a également acquis les notes entomologiques de Edward Wotton, et avait fait progresser l'ensemble  en combinant les informations de Gessner et Wotton avant sa mort dans le manuscrit de 1589. A sa mort, Penny passa le manuscrit et ses propres notes à son voisin et ami Thomas Moffet. Mais la nièce de Penny aurait maltraité le précieux texte, et dilapidé les lettres, imposant à Moffet un gros travail de reconstitution. Dans sa préface, il déclare avoir rédigé la partie historique, avoir fourni 150 illustrations inconnues de Penny et de Gessner ;  il se targue aussi d'avoir introduit la méthode et l'art oratoire qui manquait à Penny, d'avoir corrigé toutes les grossièretés de style, les centaines de tautologies et les détails triviaux. Parmi ceux-ci figurent peut-être les indications de date et de lieux de capture, qui nous seraient si précieuses. qui en acheva la rédaction et fit gravé un frontispice  (datée de 1589)  par William Rogers. L'ensemble fut probablement prêt à être imprimé vers 1589 (ce qui en ferait effectivement le premier traité d'entomologie). Les démarches débutèrent pour en obtenir l'impression à La Haye, mais elles ne purent aboutir, sans-doute en raison de la faiblesse du marché londonien pour les ouvrages de sciences naturelles.

Il a obtenu la permission de l'imprimer à la Haye le 24 mai 1590, et a écrit une dédicace élaborée à la reine, mais des retards suivirent . Lorsque Jacques Ier monte sur le trône anglais, Moffet lui a écrit une nouvelle dédicace . 

Les occupations de Moffet ne lui laissèrent pas le temps disponible, car  son patron, William Herbert, 3e —ou 4e— comte de Pembroke, fut nommé membre du Parlement. Moffet le suivit à Wilton en 1592 comme second médecin du comte. En 1599, il  dédicaça à la comtesse un poème sur les vers à soie, The Silke Worms and theirs Flies, combinant ainsi  de réelles aptitudes littéraires  avec ses intérêts pour l'histoire naturelle    A la mort de Thomas Moffet, l'ouvrage était toujours sous sa forme manuscrite. Le manuscrit est resté dans la famille de Moffet pendant de nombreuses années, jusqu'à ce que Darnell, le pharmacien de Moffet le vende  à Sir Theodore Turquet de Mayerne, un médecin huguenot établi à Londres en 1611, qui le publia en 1634. Pour réduire les coûts, les bonnes illustrations gravées furent remplacées par 580 médiocres gravures sur bois (sans les références numérotées du manuscrit) et sans le frontispice gravé de Rogers.

 

Un manuscrit conservé.

Le manuscrit original en latin avec ses 1200 folios, ses 500 dessins aquarellés et les deux dédicaces adressées respectivement à Elizabeth et James I, est conservé par la British Library dans la collection Sloane Ms 4014 . Il a été consulté par George Thomson (2000, 2012) pour son édition critique du De papilionibus.

 

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Premiere publication en latin en 1634.

Thomas Moffet Insectorvm sive minimorum animalium theatrvm : olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaqve Pennio inchoatum / tandem Tho. Movfeti Londinâtis operâ sumptibusq[uae] maximis concinnatum, auctum, perfectum: et ad vivum expressis iconibus suprà quingentis illustratum. Londini : Ex officinâ typographicâ Thom. Cotes. Et venales extant apud Benjam. Allen, in diverticulo, quod anglicé dicitur Popes-head Alley.1634.

L'imprimatur (page 326) en a été délivré le 4 décembre 1633 : folio 2v "Recensui hunc tractatum, ... quo minùs cum utilitate publicâ imprimantur, ità tamen, ut si non intra septem menses proximè sequentes typis mandentur, haec licentia sit omnino irrita. Ex aedibus Lambithanis 4. Decem. 1633. Guliel. Bray."

 

Il existe trois versions successives, ou concommitante selon Thomson :

-celle éditée par Benjamin Allen (avec la mention citée supra). La page 46 y est indiquée "52" par erreur. Benjamin est un libraire londonien établi à Pope's head Alley qualifié ici de "diverticulo", un deverticulum étant un "chemin écarté" . Son enseigne serait The Flower de Luce, ou celle de The Crown. Actif de 1632 à 1637, en 1645, .

-celle éditée par William Hope avec la mention "Guiliel. Hope, ad insigne Chirothecae, prope regium Excambium", 1634. Son enseigne tire son nom d'une chirothéque, nom médiéval du gant, encore utilisé pour les gants épiscopaux. Cette librairie se situait "près du Change royal".  L'erreur de pagination signalée supra est corrigée, sauf sur l'exemplaire de Glasgow.

-une troisième, plus rare, sans nom de libraire, avec la seule mention de l'imprimeur Thomas Cotes.

 

 

Thomas Cotes (mort en 1641) était un imprimeur  londonien  surtout connu pour l'impression de la deuxième édition des pièces de Shakespeare de 1632. Il fut un  important éditeur de textes du théâtre anglais de la Renaissance, et de poésie (édition par John Benson  des poèmes de Shakespeare en 1640). A partir de 1635, il était associé  avec son frère Richard Cotes . Leur boutique se situait dans le Barbican à Aldersgate Street. Ses compétences en histoire naturelle sont donc minimes.

L'ouvrage contient :

  • Le frontispice
  • 9 pages de dédicace (Epistola) de Théodore de Mayerne à Guilhelmo Paddy (Sir William Paddy, médecin du roi Jacques Ier).
  • un Index des titres des chapitres.
  • 4 pages d'introduction (Praefacio)
  • 3 pages donnant la liste des auteurs cités.
  • 326 pages de texte et gravures,
  • et 4 pages de gravures complémentaires (dont 4 papillons).

 


 

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Edition en anglais en 1658 par E. Topsell.

Une traduction anglaise par John Rowland fut publiée en 1658 par E. Cotes à la suite de la seconde édition d'une compilation des écrits de Conrad Gessner sur les serpents et les dragons, par Edward Topsell . C'est donc sous le titre de The History of four-footed Beasts and Serpents : whereunto is now added the Theater of Insects by Thomas Muffet en trois volumes, qu'il faut chercher le Theater of Insects qui forme  le troisième tome. Cela explique que je l'ai longtemps cherché en vain.

On ne sait pas grand-chose du traducteur, John Rowland. C'était un médecin, puisque la page de titre indique  “J.R. M.D.”. On ne lui connaît pas de compositions originales, mais on le  considère comme  le traducteur de deux autres traités, An History of the Wonderful Things of Nature et  An History of the Constancy of Nature, tous les deux du naturaliste John Johnston,  et tous les deux imprimés parJohn Streater en 1657. Dans l'épître dédicatoire adressée à Edward Montagu, deuxième comte de Manchester, qui introduit l'ouvrage précédent, Rowland rapporte qu'il "était  étudiant  à l' Eaton Collegde, " and that I once hade the happinesse to be domestick Servant unto your Honours Noble Father” .

Le traducteur de Moffett John Rowland reste obscure. Lui aussi était un médecin:  L'histoire de la page de titre lui enregistre comme «JR  MD" Rowland est pas connu pour avoir écrit des compositions originales, mais il l'a fait traduire deux traités plus,  Une histoire de la merveilleuse choses de la nature  et  Une Histoire de la constance de la nature, à la fois par le naturaliste polonais John Johnston, tant imprimé par John Streater en 1657. 

 

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Le frontispice initial (1589) par William Rogers (1545-1610). 

Le titre est inscrit dans un médaillon central entouré par quatre portraits. CONRAD GESNERVS tient le haut du pavé. THOMAS PENNIVS ANG. est à droite, l'index en marque-page dans un livre. Le médecin et naturaliste britannique EDOARDVS WOTTONVS (Oxford,1492-1555) est à gauche. C'est, selon M.A. Salmon, le premier qui étudia scientifiquement les insectes, et il est l'auteur du livre IX de De differentis animalium (1552). Enfin THOMAS MOFFETVS ANGL. est, modestement,  en bas.

Outre l'architecture à colonnes et fronton, on peut décrire de nombreuses allusions à l'entomologie. En haut, deux ruches entourées d'abeilles  (de ces ruches sortent des fleurs, Fritillaires et Lis martagon peut-être) Deux têtes de chien encadrant le portrait de Gessner ; une chenille de Sphingidae, et un papillon de nuit. A peine plus bas, deux chrysalides, celle de droite laissant s'échapper l'imago. 

Dans le tiers inférieur, deux chenilles grimpent le long des parois; Celle de droite, velue, évoque celle des Acronictinae, et, pourquoi pas, celle de Moma alpium.

Enfin, si nous traçons une ligne entre ces deux chenilles, nous découvrirons à gauche un papillon, dans le cadre du titre une sauterelle, et à droite une araignée suspendue à son fil. 

Une petite énigme : à qui sont les armoiries placées à gauche ? A Jacques Ier ?

Janice Neri 2011 a mis en évidence le fait que, sur ce frontispice, les ruches à fleurs du coin supérieur proviennent directement des vases de fleurs du recueil de gravures de Jacob Hoefnagel paru en 1592 sous le nom d'Archetypa studiaque  et qui diffusent les peintures de son père l'enlumineur anversois Joris Hoefnagel. Celui-ci est le premier à dessiner la nature, et plus particulièrement les insectes, avec une fidélité scrupuleuse et presque microscopique à l'égard du modèle naturel, et on a pu parler à son sujet de "naturalisme scientifique", contrastant avec les à peu près des illustrations antérieures, contaminées par la croyance en des créatures fabuleuses et l'incapacité à faire la part de l'imagination et de la fantaisie. C'est aussi des Archetypa d'Hoefnagel que proviennent le papillon, la sauterelle et l'araignée. 

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British Library Sloane Ms 4014 fol. 3

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Le frontispice de 1634.

Le titre précédent (Insectorum Theatrum ) devient Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum, le Théâtre des Insectes ou Plus Petits Animaux.

Il n'est pas indifférent que l'ouvrage soit qualifié de Théâtre. Cela fait éventuellement référence au théâtre élisabéthain (puis jacobéen et caroléen) avec sa production foisonnante (plus de 1500 pièces) et aux principaux dramaturges comme Shakespeare, Ben Jonson ou John Fletcher. Ou bien  à "The Theatre",  première salle de théâtre de Londres construite en 1567, et qui sera suivie en 1599 par le Théâtre du Globe. Mais il signifie surtout deux choses :

a) que la Nature est une scène où tous les acteurs méritent d'être l'objet de notre curiosité, y compris les plus petits.

b) que l'ambition des auteurs est de pratiquer une science qui ne se contente pas de compiler les textes de l'Antiquité, ni seulement de collectionner et de classer les espèces vivantes, mais qui souhaite les montrer, les exposer comme des entités dont chacune mérite d'être examinée. La valeur du spécimen réel prime sur la citation d'un auteur antique, et ce spécimen devient un objet de science communicable par l'illustration qui en est faite, pour peu que celle-ci soit fidèle à son modèle. C'était là le Credo des naturalistes de la communauté de Lime Street  : ils croyaient en la valeur de preuves empiriques, de l'observation, du  travail sur le terrain, mais par dessus tout en la valeur du spécimen ou de l'équivalent médiatisable de celui-ci, l'illustration scientifique. La démonstration  ne pouvait se dispenser de la monstration.

Ce titre est suivi de la mention "olim ab", inversion de l'adverbe ab olim "autrefois ; de longue tradition" et qui précède la liste des auteurs qui ont nourri ce Théâtre de leurs travaux, Edoardo Wottono, Conrado Gesnero et Thomas Pennio. Inchoatum ("en commençant").

Je traduis par : "Théâtre des Insectes ou plus petits animaux, Débuté autrefois par E. Wotton, C. Gessner et T. Penny ..."

Tandem Tho. Moffet Londinatis operam sumptibusque ; maximis concinnatum, auctum, perfectum ; et ad vivum expressis iconibus quingentis illustratum

..."Et enfin [achevé] par les soins et les dépenses de Thomas Moffet de Londres [qui l' a ] assemblé, augmenté et  perfectionné ; et  a présenté ces insectes sous leur vivante expression par  plus de 500 illustrations ".

Sous ce titre, l'illustration place au centre, dans un cadre à part, la ruche de paille tressée en forme de pain de sucre, qui tient ici  une place emblématique pour l'entomologie. Sept abeilles sont figurées autour d'une abeille centrale.

Autour du cadre courent onze formes animales dont un scorpion et une araignée, qui font alors partie des "insectes". Les lépidoptères sont mis en valeur avec une chenille, décrite page 184 comme chenille du peuplier noir,  et un papillon adulte, identique au neuvième des Petits papillons diurnes de la page 106 ; la "chenille" du bas est le scolopendre illustré au chapitre VIII du Livre II page 199 .


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Réception.

 Les jugements sur l'œuvre de Moffet furent parfois sévères. Martin Lister (1638-1712) écrira à John Ray (1627-1705) en 1667 :

«  De lui [Moffet], on aurait pu s'attendre à ce que tout soit brillant et parfait, car il a eu des contributions de si grands assistants, de si grands noms comme Wotton, Gesner, de l’Écluse, Penny, Knivett, Bruer et d'autres. En fait, tout le Theatrum est composé avec une telle confusion, un tel manque d'ordre, que Moffet semble n'être qu'un très pauvre compilateur des matériaux réunis par d'autres, en faveur desquels il n'exprime aucune gratitude. En réalité, il était presque totalement ignorant du sujet, ce qui ressort d'une façon cruelle. »

Pourtant, Jonston compilera ses gravures avec celle de son prédécesseur Aldrovandi sous forme de planches . James Petiver recherchera et notera les références correspondants aux insectes de ses collections dans son Musée et son Gazophylacii, de même que John Ray en 1710 dans son Historia insectorum, et Linné dans sa Fauna suecica puis son Systema Naturae de 1758. En France, Geoffroy reprendra ces références dans son Histoire abrégée des insectes de 1762, à Vienne Denis & Schiffermüller citeront son Theatrum pour leur Catalogue de 1775, mais on peut abréger cette liste et dire qu'aucun naturaliste entomologiste n'a négliger de confronter ses travaux et ses spécimens aux gravures de Moffet.

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La place des papillons dans le Theatrum insectorum.

Cet ouvrage est formé de deux Livres, dont le premier comporte 29 chapitres et le second 42 chapitres.  Les papillons occupent le chapitre 14, De papilionibus, du livre I, dans les pages 87 à 107. Les chenilles sont traitées à part, dans les cinq premiers chapitres du Livre II, pages 179-193.

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Le chapitre XIIII De papilionibus débute par un paragraphe philologique qui mentionne le nom des papillons dans douze langues différentes, et cite ensuite, selon l'usage établi, divers auteurs de l'Antiquité.

Les descriptions débutent page 89 par les Phalènes (41 au total) et, en premier par les 18 Grands Phalènes ( Maxima Phalena) de la collection de Thomas Moffet. On en suit l'énumération par les séries Primo, Secunda, Tertia, etc... au début du paragraphe descriptif qui les concerne. Les Diurnes viennent ensuite, classés aussi en trois formats. On trouve ainsi :

  • 41 "Phalaena" = Papillons de Nuit : 18 Grands, 17 Moyens, 6 Petits.

  • 38 "Diurnae papiliones" = Papillons de Jour : 15 Grands, 13 Moyens, 10 Petits.

...soit une collection de 79 espèces.

Le décompte de George Tompson est différent, puisqu'il recense 82 "formes", correspondant à 56 de nos espèces : 30 hétérocères, 25 rhopalocères, 1 espèce non identifiée. Il note que parmi ces 56 espèces, 5 seulement n'appartiennent pas (ou plus) à la faune actuelle de Grande Bretagne : deux nocturnes (Saturnia pyri et Eucharia festiva) et trois diurnes (Parnassius apollo, Iphiclides podalires et un papillon américain, Papilio glaucus)

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J'emprunte les planches au site Biodiversity Heritage Library, et à l'édition latine, mais je citerai, ou je consulterai le texte anglais de la version de 1658 mise en ligne par archive.org. et Earl English Book. J'ai remplacé ce texte par ma traduction en français lorsque j'en ai eu le courage ou le temps. J'ai souvent traduit alae exteriores par "ailes antérieures" et alae interiores ou intima par "ailes postérieures" et, de façon plus discutable, scapulum (traduit en anglais par shoulders) par "thorax".

Les identifications d'espèces sont celles qui ont été proposées dans la littérature, notamment par Petiver et Ray, puis par Linné en 1758, Geoffroy en 1762,  et par Thomson en 2000 . Les noms scientifiques et les noms vernaculaires sont —bien-sûr—  les noms actuels.

Outils :

http://biodiversitylibrary.org/item/123182#page/11/mode/1up

https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/958/mode/2up

 

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LES 18  GRANDES PHALÉNES.

 

Page 89.

Ligne 12 : Phalaenae omnes sunt vel admodum magnae,  vel exiguae  : "Les phalènes sont soit très grandes soit très petites". 

-n°1  Acherontia atropos (Linnaeus, 1758) Sphinx à tête de mort. Identifié par G. Thomson. Vue dorsale et vue ventrale. 

 

Le ventre et l'intérieur des ailes des plus grandes Phalènes sont entièrement de couleur sable. Les yeux apparaissent bleus, la tête fortement noirâtre; entre les yeux sortent deux antennes assez sombres, de couleur brun rouge, avec des lignes noires torsadées comme une corde. Sur les épaules il y a une espèce de  rouleau  couleur sable : d'où part une tache noire en croix filant vers les épaules. Le corps, si vous en regardez le dos est d'un bleu azur, mais si vous regardez son ventre, il est d'une couleur sable. Les deux ailes extérieures [antérieures] sont très grandes et  leur couleur rivalise avec celle de l'aigle, étant couvertes de diverses taches arrondies noires et blanches ;  les ailes intérieures [postérieures] sont beaucoup plus petites, jaunâtres , orné à l'intérieur de diverses stries  et de taches sombres; elle a des pattes  musclées et fortes, entièrement d'une couleur sombre, et dont les extrémités sont  fourchue et noires. Elle vole avec un grand bruit, et étant aveugle dans la nuit, elle poursuit goulûment le bois pourri, les écailles de pisson et autres déchets du jardin [?]. Comme les grands tyrans qui dévorent et spolient leurs sujets, de même ce papillon nocturne frappe et détruit les papillons diurnes en cachant ses ailes sous les feuilles. 

Commentaire : ce papillon était déjà(*) décrit en 1602 par Aldrovandi (De Papilionibus, Pl. 1 in De insectis libri 2, page 237 fig.3). Bien que la gravure en soit médiocre – mais assez proche de celle-ci — il écrit à son propos page 236  "in tergore, macula, humanum quodam modo cranium, anterius experimens" : "dans le dos, des taches réalisent à peu près la forme d'un crâne humain vu de face". Aldrovandi en donnait aussi la chenille. 

(*) Certes avant la publication du Theatrum de Moffet, mais après la rédaction du manuscrit.

 

Ce papillon avait été peint, de profil,  dès 1330-1340 dans le Codex Cocharelli.

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Page 90.

—Phalène 2 : "Regina Papilionum". Vue dorsale et vue de profil pour le dessous des ailes . Saturniidae,  Grand Paon de Nuit Saturnia pyri (Denis & Schiffermüller, 1775).

 "Le deuxième Phalène de première grandeur, bien qu'il soit plus petit en grosseur de thorax que le précédent, le dépasse de loin par le luxe et la magnificience de ses couleurs ; et Nature a du dépenser pour l'orner toute son échoppe de peinture. Et elle a considéré le précédent comme le Roi des Papillons, c'est à dire fort, vaillant, sombre, rayé,et celui-ci  pour la Reine, délicate, tendre, fine, toute parée de perles et de pierres précieuses, revêtue de broderies et de travaux d'aiguilles ; son corps duveteux comme celui d'une oie, quelque chose de doux et fourré comme la peau de martre ou de zibeline. Sa tête est petite, ses yeux proéminents, ses antennes plumeuses sont jaunes. Il a quatre grandes ailes portant chacune un œil de plusieurs couleurs : le cœur en est noir, le cercle qui l'entoure est de couleur variée avec des cercles et demi-cercles  jaune, orange-feu, blanc et noir. Les ailes extérieures sont blanchâtres de leur origine à leur extrémité, embellies par certaines veines et nervures. Leurs bordures sont décorées d'une zébrure ou un ourlet jaune foncé. Les ailes intérieures sont brunes ou porto, avec un œil comme le précédent, avec une périphérie à trois plis, le premier uni, le second festonné comme des flammes (a scollop),  et le plus externe blanc pâle, et  comme s'il était ? par un fourreur. [...]"

 

 " Celui-ci, qui a été envoyé de Vienne par Charles de l'Escluse, est de si élégante et remarquable figure, qu'il est plus facile de l'admirer que de trouver les mots pour le décrire."

Commentaire. 

- Aldrovandi avait représenté en 1602 Saturnia pyri sur la Planche 1 de son De Papilionibus page 237 d'abord sous sa forme femelle (figure 1) puis sous sa forme mâle (fig.4) . 

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— N°3 Petit Paon de nuit Saturnia pavonia femelle identifié par Thomson..

"La troisième sorte a un corps grand, velu et noirâtre. Chaque aile porte un œil, dont le centre est noir, le pourtour brun, le demi-cercle blanc. Diverses pièces des ailes ressemblent à des améthystes. Les ailes semblent au premier coup d'œil de couleur gris-cendre, puis apparaissent de couleur aquilain [fauve ou brun]. La tête est courte et petite avec des yeux noirs dont la pupille est d'un blanc remarquable, et entre ceux-ci deux courtes antennes de couleur  gris-brun. Sa chenilles est velue, et non glabre."

 

 

 

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page 91.

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-n°4. Sphingidae : Sphinx ligustri le Sphinx du Troène identifié par Thomson; Vue de profil.

La quatrième a un grande tête de couleur sombre, d'où se dressent deux antennes droites et un peu noires. Le  cou est orné de taches vermeilles, la poitrine (thorax) est velue, carrée, brunes, les épaules en partie noir anthracite, le ventre améthyste , divisés avec cinq ou six cercles noirs; les pieds sont noirs comme de la poix, les ailes d'un brun clair,remplies de longues petites veines noires.

-n°5. Sphingidae  Sphinx ligustri Sphinx du Troène, identifié par Linné S.N. p. 489.

La cinquième a une tête blanchâtre, les yeux noirs, les antennes un peu jaune, les ailes antérieures  longues, d'une couleur sale entre le blanc et le brun, les ailes postérieures étant coloré légèrement et comme en passant en rouge, les épaules très noires, le reste du corps avec des nuances roses, une ligne blanche court tout le long du milieu du ventre, divisée par sept cercles noirs. 

Commentaire : Thomson remarque qu'il s'agit soit d'un individu très usé, soit d'une vue ventrale.

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 -n°6. Sphingidae  Smerinthus ocellata, le Sphinx Demi-paon, identifié par Linné S.N. p. 489.

La sixième a la  tête et le scapulum/thorax velus, les ailes antérieures sont blanchies avec des nervures linéaires   de couleur sanguine sur fond brun ; les yeux, couleur violet [hyacinthini] ou possiblement bleu, sortent en avant de la tête ; les ailes postérieures ont  un je-ne-sais-quoi d'incarnat, avec un œil représenté dans sa partie médiane, à la pupille noir corbeau, et le contour d'un violet [iacinthino] éclatant ; le corps couleur chair flétrie et un peu fumée [infumatis signifie plutôt "bas, vile"] est divisée par six cercles noirs et bruns. 

 

-n°7. Arctiidae  Arctia caja (Linnaeus, 1758) l'Ecaille martre  identifiée par Thomson

"Le septième a les ailes  extérieures blanches avec certaines  taches brunes ici ou là  comme un tissu ondé. La nuque est ceinte comme par une peau rouge  s'étendant sur les épaules comme une fourrure. La tête est rouge, les yeux couleur perle, les antennes couleur feu. Les ailes intérieures sont d'un rouge vif rayé de noir. Les pattes rouges, le ventre entièrement de la même couleur avec sept incisures rouge sombre. "

 

 -n°8. Lasiocampidae Lasiocampa quercus Linnaeus,  le Bombyx du Chêne, mâle, identifié par Thomson.

Le huitième est presque complètement brun [Baetici coloris = couleur bétique, jaune blond ou châtain], mais les bords des ailes et la partie moyenne des antennes sont jaunes de la couleur du buis.

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Page 92.

-n°9 Lasiocampidae. Lasiocampa quercus Linnaeus, le Bombyx du Chêne, mâle, identifié par Thomson.

 

 La  neuvième est presque semblable à la précédente, mais  la partie distale des ailes tendent vers la couleur  sable (foncé). Ses antennes sont réellement  larges et retroussées, blanchâtre sur fond noir. La partie médiane des ailes antérieures  s'orne d'une tache  blanche et ronde.

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-n°10. Lasiocampidae. Lasiocampa quercus Linnaeus, le Bombyx du Chêne, mâle, identifié par Thomson .

La  dixième est semblable, mais plus grande. toute revêtue de blanc cassé, mais le milieu des ailes antérieures  est marqué avec une tache blanche, et l'œil avec une pupille très noire.

 

-n°11. Notodontidae. Phalera bucephalata (Linnaeus, 1758), le Bucéphale identifié par Thomson.

 

La tête de la onzième est bosselée, avec des antennes très grèles, le corps et la partie externe (distale) des ailes sont comme de l'argile pétrie, alors que le reste des ailes est entièrement de couleur argent foncé 

 

-n° 12. Noctuidae. Polia nebulosa (Hufnagel, 1766), la Noctuelle nébuleuse.

 La douzième apparaît vaguement cendrée, ses ailes sont ponctuées de noir, les yeux sont très noirs, avec la pupille blanche.

-n°13. Hepialidae Hepialus humuli Linnaeus, l'Hepiale du Houblon.  Identifié par Thomson.  

La treizième ne montre que de petites antennes, son corps est tout jaune, excepté les yeux (qui sont petits et noirs), et les ailes qui sont blanchâtres.


-n°14. Cossidae. Zeuzera pyrina (Linnaeus, 1761), la Zeuzène du poirier.

La quatorzième apparaît de couleurs variées, elle a des antennes à renflements de couleur noire, comme ses yeux et ses pattes. Le thorax est orné de cinq plumes blanches, avec   trois taches noires au centre. Les ailes sont blancs comme la neige, saupoudré ici et là de taches noires, jaunes et bleues : le corps  est bleu-noir, segmenté, et blanc sur les cotés extrêmes ; elle tient sa queue  en dehors ou en dedans comme il lui plait, et celle-ci est forte, segmentée et jaunâtre. Tout le corps est poudreux comme cela est illustré. Elle se classerait dans les papillons diurnes s'il n'y avait pas ses antennes bosselées. Elle pond de nombreux œufs jaunâtres, après quoi / au dessus desquels elle dresse une petite queue, qu'elle tire ensuite à loisir ??? (ac inter excludendum caudam exilem exerit , ac deinde pro libitu recondit / in the laying whereof she puts forth a little tail, which she puls in again at pleasure.) .

 

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page 93.

-n°15. Arctiidae  Arctia caja l'Écaille martre identifiée par Linné S.N. page 500

La quinzième a deux fines antennes noires, la tête et les épaules velues de couleur châtain, le cou orné d'un collier vermillon, les fémurs sont rouges. Les ailes  extérieures sont chamois avec du blanc et du brun, les ailes inférieures sont rouges avec des points noirs. Le corps est rouge clair avec six anneaux noirs.

 

-n°16. Sphingidae Deilephila  elpenor (Linnaeus, 1758), le Grand Sphinx de la Vigne, identifié par Thomson.  

La seizième semble être très particulière [mira : "étonnante, singulière"] : si vous la regardez quand elle se trouve sur son dos [?? ; supinam], vous la diriez  partout d'une couleur de feuille morte [xerampelinam] ; et si  elle est tournée sur le ventre [?? ; pronam] elle apparaît verte et jaune; ses épaules sont ornées de cinq lignes très rouges ; de la même façon (de la même couleur) sept points ornent en travers le milieu du dos et le reste du corps. Nous pouvons voir aussi en travers sur les ailes des taches ou ombres de cette couleur feuille morte [xerampelinis] alors que des lignes blanches partent de la tête et se terminent vers le bas de la poitrine.

Commentaire : l'adjectif xerampelinus, du grec puis du latin ampelos,i "la vigne" , a-t-il pu inspirer le nom de "Sphinx de la Vigne" autant que la plante-hôte de la chenille ? Linné cite certes la Vigne comme plante nourricière, mais seulement après l'Epilobe et l'Impatience.

-n°17. Noctuidae. Confusion, selon Thomson, entre Catocala nupta Linnaeus et Noctua pronuba Linnaeus : la description, et les ailes postérieures correspondent à Catocala nupta, mais non les ailes antérieures.

 

La dix-septième, si vous la voyez ailes fermées, vous apparaît brune. Mais si elle étend ses ailes, vous distinguez le coloris incarnat de ses ailes postérieures et une bande noire étendue  sur le bord : elle a de longues antennes et une trompe quasiment enroulée : les épaules [scapulum :thorax ?blanchies  sont marqués par des taches de couleur gris sable , de même que le côté , et tous les segments du corps sont frangés et blanchâtres.

 

 

-n°18 . Arctiidae.  [Eucharia] ou  Arctia festiva (Hufnagel, 1766). L'Écaille rose. 

La dix-huitième. Clusius [Charles de l'Ecluse] m'a adressé ce spécimen très précieux [ou littéralement "très beau"]. Ses antennes sont blanches et noires, la tête sombre comme la poix, le museau [nasus] recourbé, le cercle des yeux est blanc, le collier est rouge écarlate, le thorax qui est velu est comme vêtu d'un mantelet noir, les ailes antérieures [litt. "extérieures"] alternent le blanc et le noir, les ailes postérieures [litt.:"intérieures"] sont rouges ornées ici et là de taches noires. Le corps est noir de poix, de même que les pattes, mais sept taches rouge sang ornent  chaque coté du corps.

 

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Page 94.


- n°19  . Arctiidae.  [Eucharia] ou  Arctia festiva (Hufnagel, 1766). L'Écaille rose. 

Comme la précédente, dont un autre spécimen a été envoyé, mais dont les antennes toutes noir corbeau; et avec une ligne parfaitement blanche sur le milieu du thorax, comme un collier de perles. 

De tous ceux-ci, les corps apparaissent de grande taille. 

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LES 17 PHALÉNES MOYENNES. 

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Maintenant, nous allons parler des Phalènes de taille moyenne.

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-n°1. deux figures : Papilionidae reconnu par Linné S.N.p.465  comme un papillon diurne,  Parnassius apollo, (Linnaeus, 1758) l'.Apollon 

La première serait tout blanche, s'il n'y avait ces taches de rousseur noires non négligeables sur les ailes antérieures ; et vraiment sur les ailes postérieures des points rouges comme les boutons de variole et de rougeole avec un centre blanc ; les yeux sont parfaitement noirs, les pattes et les antennes jaunâtres. Au niveau du museau les poils deviennent hirsutes, et s'enroulent souvent en spirales.

 

 

 

 


-n°2 . Deux figures, mâle vue ventrale, et vue dorsale. Saturniiade Saturnia pavonia (Linnaeus, 1758), le Petit Paon de nuit  

Tout le corps est hirsute ou touffu [litt.  en inflorescence de palmier : spadiceum], de même que les ailes antérieures ( où se trouvent des taches, des lignes et franges blanchâtres, et un ocelle jaune). Les antennes jaunes sont ornées de points noirs. Les ailes postérieures portent des couleurs orange comme le souci [calendularem] mais des ocelles et des lignes frangées y brillent comme les ailes antérieures. 

 

 

 

 


-n°3. Selon Thomson, le texte et l'illustration ne correspondent pas : le texte décrit Pieris rapae, la Piéride de la Rave, alors que l'llustration du manuscrit Sloane 93v est probablement  celle d'un Colias crocea Geoffroy, forme helice Hübner.

 

Ses quatre ailes sont blanches ; les ailes antérieures sont noircies par un réseau fourni de veines bleuâtres, et sont ornées aui milieu de deux taches noires arrondies. Nous voyons une ligne jaune courir le long des ailes. Les antennes sont jaunes également. La tête et le corps sont noirs, les yeux sont très blancs, comme la région scapulaire. Les côtés sont ornés par quatre lignes très blanches obliques.

Exteriores autem caerulae quedam venulae affluentius sparsae infuscant, duaeque in medio, rotundae, nigricantes, maculae, adornant ; linea circum alas ducta mellina videtur, qualis antennarum color ; corpus, caputque nigricant ; oculos habet albissimos, scapularumque ; latera quatuor utrinque lineae albissimae obliquae decorant.

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-n°4 Nymphalidae identifié par Thomson ("probablement") comme  Argynnis paphia (Linnaeus), le Tabac d'Espagne, forme valesina Esper

Elle porte des antennes de couleur grise [gruini], son corps  noir est blanchi sur les cotés.  les ailes jaunâtres sont envahies de multiples taches noires qui imitent les serpents, plus larges au dessus, plus rondes au dessous. La frange des ailes  est  épineuse et dentelée comme celles de Chauves-Souris, toute noire, avec six perles (blanches) placées de chaque coté.

 

-n°5. Nymphalidae Selon Thomson, le motif de l'illustration du manuscrit Sloane f.93v correspond à Melanargia galathea (Linnaeus, 1758),mais la description concerne plus exactement Lasiommata megera, la Mégère. 

Le cinquième est complètement noir anthracite, hormis les points rougeâtres sur fond blanc qui ornent les ailes. 

 

-n°6  Nymphalidae. Selon Thomson, Lasiommata megera (Linnaeus, 1767), la Mégère

Son corps et ses antennes sont très noires, ses yeux sont blancs. Ses ailes sont noir corbeau en dessous, au-dessus se voient des filaments d'or et des taches; à laquelle sont associés des boutons  noirs, et comme des fils d'argent ; les ailes extérieures ont une bordure noire s'enroulant en feston (comme un ourlet cousu avec une aiguille ??).

Alae illis subtus coracinae, extra aureis villis, atque maculis conspicuae,  quibus vicissim lati clavi, nigri coloris, et argenteo quasi filo transfixi, adhaerescunt : extimas quoque alas, maeander quidam ornat nigerrimus, auro subtus fuso, et quasi striatim acu picto.

 

-n°7 Nymphalidae Selon Thomson,  Argynnis sp

je ne sais si je peux porter à son crédit ou à son désavantage ses larges antennes,et  son corps noir grissonant. Le début de ses ailes est rouge, le reste est jaune, mais chaque partie est envahie d'un damier noir , alors que resplendit aux extrémités une ligne dorée. 

...Utramque vero partem nigrae tesserae laminatim positae inficiunt, quarum extremitas lineam unam auream splendescit.

 

-n°8 Nymphalidae. Selon Thomson, ce pourrait être un spécimen usé d'Aglais urticae, la Petite Tortue.

 

Elle a quatre antennes à grains en chapelet [racemosa] , grises, les deux les plus externes étant  très longues avec une extrémité très large. le corps est comme celui du n°7 , les ailes sont couleur gris cendré avec un damier noir, et sur le bord extérieur des gouttes sont peintes de la même couleur.  ...et circa extimam oram guttis ejusdem ioloris aequaliterpictas.

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-n°9. Noctuidae Noctua pronuba Linnaeus, la Fiancée, identifiée par Thomson.

9. Sa tête, ses yeux, ses antennes, son corps et ses ailes postérieures sont de couleur ocre doré ; les "épaules" [scapulae, "thorax"?] et les ailes antérieures sont noires, mais seulement en périphérie, car elle a de chaque coté une ligne gris-cendre.

-n°10 : trois figures (vue dorsale, ventrale de profil, et la chrysalide).  Abraxia grossulariata (Linnaeus, 1758), la Zérène du Groseillier   identifié par Linné S.N. page 528

10. Son corps est jaune, constellé de noir de la nuque à la queue, en arrière et sur les côtés; les yeux, les antennes et pattes sont  parfaitement noirs, les ailes antérieures sont blanches, mais bordées de jaune avec de fins points noirs et des taches également noires.

-n°11. Arctiidae. Spilosoma lubricipeda Linnaeus identifié par Thomson. 

11. Si vous regardez ses ailes, vous les trouvez blanches comme le lait ou la neige si ce n'est qu'elles sont éclaboussées de petites taches noires. Ses épaules sont également blanches et duveteuses ; son dos et son corps sont jaunes, et segmentés, avec huit petits points noirs.Entre ses yeux  grands et proéminents émergent deux antennes noires et velues. Elle vole la nuit dans  les prairies et les pâturages.

-n°12. Hepialidae. Hepialus humuli Linnaeus, l'Hépiale du Houblon identifié par Thomson.

12. Les ailes de celle-ci sont si longues qu'elle ne peut voler facilement. Elle a des antennes très courtes, de petits yeux parfaitement noirs, tout son corps est blanc jaune,  traversé ici et là de veines et de poils jaunes.

-n°13. Thomson, qui a examiné le manuscrit  Sloane 4014, signale que l'illustration du folio 94 qui représente apparemment Odezia atrata, le "Ramoneur", diffère sensiblement de la gravure sur bois n°13 du livre de Moffet .

 

13. Tout son corps (sauf ses yeux qui sont noirs) est gris "grue" ou noirâtre. Les antennes sont plus longues que d'ordinaire, le corps  est couvert de poils, les ailes de la même couleur que le corps, sauf les bords qui brillent d'un vernis verdâtre et vitreux. 

-N°14. Arctiidae Spilosoma lubricipeda Linnaeus, l'Écaille tigrée identifiée par Thomson.

14. Celle-là est très belle, presqu'entièrement de couleur sable, elle a des antennes de la longueur du corps, fortes, noires et incurvées comme les cornes des taureaux, les yeux grands et noirs, la tête courte, le cou épais; les ailes antérieures ornées de points noirs. Le dos est marqué comme par cinq têtes de clous de girofle noirs à trois pointes.

-N°15. Geometridae [Ortholitha] Scotopteryx chenopodiata Linnaeus, la Phalène de l'Anserine identifiée par Thomson. 

15. Ses ailes sont entièrement d'un gris cendré. Elle est la seule de toutes à être dépourvue d'antennes. Ses yeux sont noirâtres, son dos jaunâtre est marqué de cinq points bruns.  

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Page 97

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-n°16 Pterophoridae Agdistis bennetii Curtis, 1833, identifié par Thomson.

 

16. Celle-ci nous apparaît toute de la même couleur, si ce n'est que les ailes antérieures sont ornées de petites taches noires alignées. Mais elle est vraiment  partout d'une seule couleur (sauf les yeux qui sont noirs). Son corps est long et segmenté, ses quatre ailes sont longues et étroites. Elle a six pattes, les dernières plus longues que les premières. Ses antennes sont fines,mais avec de longues excroissances. 

-n°17. Bombyx mori Linnaeus, non illustré.

 

17. Celle-ci est sortie d'une chenille de ver à soie [bombycina], elle est toute blanche sauf les yeux noirâtres, et les veinules jaunâtres qui sont droites sur les ailes et perpendiculaires aux segments sur le corps. Je l'ai nommée Bombycina Phalaena. On en saura plus dans le chapitre sur l'histoire du Ver à soie.  

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LES 6 PETITES PHALÉNES

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-n°1 L'illustration correspond à un Coléoptère, mais la trompe telle qu'elle est décrite est celle d'un lépidoptère" (G. Thomson). 

 Parmi les plus petits, nous en placerons en premier un qui est  admirable, et marche sur quatre pattes. Il a des ailes antérieures bleu azur, les ailes postérieures jaunes, et plus petites (ce qui est rare) que les antérieures. Le corps  est aussi jaune, et tellement  gros que les ailes ne peuvent le recouvrir . Les antennes sont pleines de petits points, et les yeux (dont la pupille est blanche) sont noirs. La tête et la trompe (longue, mince et spiralée) sont jaunes.   

-n°2. Arctiidae [Lithosia] Eilema lurideola Zincken, 1817,  la Lithosie plombée ou Lithosie complanule, identifié par Thomson (mais pourtant décrite bleue et verte). 

 La seconde apparaît bleue et verte, elle a un corps de petite taille, les pattes et les antennes noirâtres.

-n°3. Geometridae Hemithea aestivaria Hübner, la Phalène sillonée identifié par Thomson.

 

La troisième a le thorax  et les ailes vert poireau; le corps est  gris-brun ; les ailes antérieures sont bordées de taches blanches et brunes; elle a une très petite tête, les pieds et antennes de couleur cendre.

 

Par ailleurs on trouve dans les maisons une certaine sorte de petites  Phalènes argentées, marquée de taches noires, qui volent autour des bougies, appelées Moths en anglais, qui mangent les vêtements de lin et de laine , et pondent des œufs, d'où  viennent les mites, et ces mites donnent naissance à leur tour à des Phalènes.  On dit qu'elles viennent d'abord de feuilles de rosiers et d'autres herbes en putréfaction.

J'ai observé trois autres dans les pâturages et prairies. 

1. Figure la plus basse : Zygaenidae   Identifiée par Linné S.N. page 494 à son Sphinx filipendulae, soit Zygaena filipendulae, la Zygène de la Filipendule. Zygaena filipendulae ssp. anglicola Tremewan identifiée par Thomson .

La première a les ailes extérieures noires, chacune d'entre elles  marquées de 5 taches rouge-sang, les ailes les plus intérieures sont entièrement rouges, le corps est brun, la tête, les antennes assez courtes, et les pattes,  noirâtres.

2.  Figure de droite. Zygaenidae  Thomson suggère, entre crochet, d'y voir [Zygaena trifolii (Esper, 1783), la Zygène des prés, la Zygène des Cornettes] 

la seconde est toute semblable, seulement elle n'a que quatre taches rouges sur les ailes antérieures, et a un corps plus splendide. 

 

 

 

 

 

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Page 98. 

 

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-3  Figure de gauche. Arctiidae  Tyria jacobaeae la Goutte de sang ou Écaille du Seneçon identifié par Linné, S.N. p. 511

La troisième est presque de la même forme, mais les antennes sont beaucoup plus longues, et les points rouges sont disposés d'une autre manière. Car on n'observe sur l'extrémité des ailes que deux gouttes de sang ; mais sur le bord qui remonte le long de l'aile  s'étendent deux longs traits. [Nam circa extremitatem alarum guttae sanguineae duae tantum apparent ; ab exortu vero maculae duae longius tractae conspiciuntur.]

Commentaire : le texte latin de Moffet avec sa mention guttae sanguineae peut être à l'origine de notre zoonyme vernaculaire de "Goutte de sang".

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Et en voilà assez avec les papillons nocturnes ou Phalènes. Passons maintenant aux [ nom en grec ήμϛρηειγς ??]*  ou Papillons diurnes.

* sans-doute ημερήσιος, imerisios, "diurnes" en grec.

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LES DIURNES.

 38 espèces sont représentées, mais quatre seulement sont accompagnées de leur chenille, ce qui est peu lorsque l'on sait l'importance de l'élevage des chenilles dans l'étude des papillons à l'époque. 

 

Les papillons de jour sont décrits à cette place car chacun peut  voir et admirer la fécondité [l'exubérance ?] et l' élégance  de la Nature à leur propos. Car elle n'a pas fait moins pour eux, en termes de variétés, de coloris, de robes et de parures, d'ocelles, de sphères, de clefs, d'entrelacs de quadrillage, ou de méandres, qu'elle ne l'avait fait pour les Phalenes.

 

 

 

 

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LES 15 GRANDS PAPILLONS DIURNES.

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-n°1. Papilio glaucus Le Papillon glauque, Tiger Swallowtail butterfly. Il s'agit d'une copie d'une aquarelle de John White, que ce dernier avait réalisé lors d'un voyage en Virginie en 1585-86. l'original figure dans le Ms 1906 0509.1.66. Mais Moffet ne signale pas cette provenance exotique, et ce manque d'information témoigne des lacunes graves de sa présentation.

"Le premier des Papillons diurnes étant le plus grand de tous, jaunâtre en majeure partie, excepté les plages et parties qui sont ici noircies à l'encre. Pourtant, les ocelles des ailes inférieures sont azur, tellement que vous pourriez penser qu'elles sont faites de pierres de saphir. Les yeux sont comme des Chrysolithes . Sa taille et sa forme sont exactement celles qui sont représentées sur la figure, ce qui ne nécessite pas d'autres commentaires."

Pourtant, le dessin original, collé sur la page 97 du manuscrit, (reproduit in J. Neri 2011, page 58) portait la mention  "Hanc e Virginiam Americanam Candidus [nom latin de White] ad me  Pictor retulit...1587", "Le peintre White me l'a rapporté de la Virginie d'Amérique". Cette note est sans-doute de la main de Thomas Penny. A la décharge de Moffet, il est possible que cette indication ait disparu lors de la publication posthume par Thomas Cotes, dans le but de supprimer toutes les légendes des gravures, de simplifier la mise en page et de réduire les coûts.

La comparaison entre la gravure sur bois, l'aquarelle de White, et le dessin du manuscrit initial de Penny et de Moffet, montre la perte drastique d'intérêt entomologique et de valeur esthétique de la publication de 1634.

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https://www.britishmuseum.org/pdf/2-Harkness-Elizabethan%20Londons%20Naturalists.pdf

https://www.britishmuseum.org/pdf/2-Harkness-Elizabethan%20Londons%20Naturalists.pdf

 

 

 

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Page 99.

-n°2.   Papilionidae  Papilio machaon. Le Machaon. Vue dorsale, vue ventrale de profil, et chenille. Identifié par Linné, S.N. p. 462.

 La seconde ne diffère que peu de la première hormis par sa taille plus grande, elle a néanmoins les yeux plus noirs et des antennes plus longues. Là où vous voyez du blanc, supposez que c'est du jaune, sauf sur les grands ocelles de l'extrémité des ailes postérieures, dont le centre doit être de couleur feu, et la périphérie de couleur rouge feuille-morte [xerampelinum = couleur de la feuille de vigne en automne]

 

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-n°3. Papilionidae Iphiclides podalirius Scopoli. Le Flambé. Vue dorsale et vue ventrale de profil. Non signalé par Linné S.N. 1767, mais par Geoffroy, Insectes, page 56.

 Le troisième ne s'éloigne pas beaucoup en couleur, si ce n'est que les  prolongements ["exphyses" : ce mot latin n'est rencontré qu'ici]  et la bordure externe des ailes postérieures sont bleues, comme également trois taches en bracelet [sphinteres]  que vous voyez peints sous leur partie concave . 

[totaque ipsarum excima lacinia glastiva fit ; uti et tres illi spintheres, quos sub concava illarum parte vides depictos.]

N.B: Gastiva ; de gastum,i , Gaffiot : "Guède, pastel pour teindre en bleu"

Sphinteres, eris, n. : Gaffiot "bracelet que les femmes portaient en haut du bras gauche" 

 

 

 

-n°4. Nymphalidae Aglais io. Le Paon du Jour. Identifié par Linné S.N. p. 769 

 Celle-ci peut être considérée comme la reine de tous, car à l'extrémité des ailes, brillent comme quatre diamants sur un manteau [pala, err. pour palla] violet [couleur Hyacinthe], étonnant spectacle d'opulence, oui les diamants et béryls brisent presque les yeux (?) car ils brillent magnifiquement (comme des étoiles) et jettent autour d'eux des étincelles aux couleurs de l'arc-en-ciel. Celles-ci sont si bien connues qu'il serait superflu de décrire tout le reste du corps (bien qu'il soit peint de diverses couleurs ) .

[...ostendunt, imo fere adamanti et Hyacintho oculum  effodiunt. Lucent enim pulcherrime (ut Stellae) Scintillasque iriscolores circumfundunt : his notis ita dignoscitur, ut reliquum corpus  describere (licet variis pictum coloribus) supervacaneum esset.]

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Page 100.

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-n°5. (deux figures)  Pieridae.  Colias croceus Geoffroy  femelle. Le Souci. Vue dorsale et ventrale de profil.

 La tête, les pattes et les antennes sont couleur rouge feuille-morte [xerampelina = couleur de feuille de vigne en automne], mais les yeux sont pourpres [hyacinthinos], le dos noir et bleu [atrocaeruleum], l'abdomen jaunâtre. Les ailes sont d'un jaune d'abord gai et vif à leur base  et ensuite  plus éteint.  Leur partie la plus externe [les ailes antérieures], qui s'obscurcit de teintes rouille et d'un brun désagréable , est embellie par trois petits points jaunes. La partie plus interne de couleur rouille est maculée d'abord de   deux taches jaunes puis de trois ronds  jaune pâle. Si vous les regardez ventralement [supinam], les ailes antérieures virent du jaune vers le vert, marquées de 6 à 8 points. Ls ailes postérieures sont d'un vert gazon, [herbidae et virentes] avec deux taches blanches. L'abdomen et la  face sont jaunâtres. Il provient d'une chrysalide blanchâtre, tachetée de petites taches de couleur foncée.

 

 

6.  (deux figures) : Vanessa atalanta. Le Vulcain. Identifié par Linné S.N. p. 478. Vue dorsale et vue ventrale de profil.

 

Les ailes supérieures sont noirâtres à l'extérieur, une bande couleur rouille pâle court en travers de leur partie médiane ; leurs extrémités brillent  avec des taches blanches comme neige et des taches comme des gouttes, et sont obscurcies tout autour avec des encoches de couleurs sombres ; à l'intérieur le bandeau apparait de couleur plus claire et plus franche, et vers le fond il semble bleu. Les ailes postérieures  apparaissent soit d'une couleur en dedans, soit d'une autre en dehors, mais elles sont partout brunes, à l'exception , sur le bord épineux, d'une très petite bande noire rougeâtre rouge ;  marquée par quatre petits points,  et  deux plages réunies de couleur opale ; dedans, ils ne font rien voir de semblable, mais une broderie  noir et pourpre qui s'achève en couleur rouge pâle [xerampelinum tristius]  .  Le corps est noir, et les yeux, les antennes, les pattes, sont d'une même couleur brune .

Extremitates ipsarum panno, guttis que niveis micant, obscursis per amitum crenulis asperatae ; intus antem limbus ille putiorem atque saturiorem exprimit colorem, et juxta radicem caerulea videntur. 

 

 

 

7. Nymphalidae.  Aglais urticae (Linnaeus), 1758, La petite Tortue.

Tout son corps est noir comme la poix [picea], bien qu'il ait deux taches très blanches entre chaque segment. Les ailes rougeâtres sur fond jaune sont ornées de taches noires et blanches.  Mais la générosité de Dame Nature a principalement embelli les bordures des ailes, qui ont de petites dents à égale distance l'une de l'ensemble comme les dents de scie, et dans la frange desquelles vingt poinçons bleus traversés de noirs lui rendent gloire.

 

[Verum munifica rerum parens natura extremam alarum oram potissimum decoravit, quae nonnullis denticellis serratim aequo intervallo distantibus donatur, in quarum fimbria viginti clavi caerulei filo nigro transfixi mirificum edunt splendorem]

 

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page 101.

N.B : Attention, à partir de maintenant, les illustrations seront décalées et retardées d'un rang par rapport au texte. 

-n°8 : Nymphalidae. Vanessa cardui Linnaeus, 1758. La Belle-Dame. Vue dorsale. Identifié par Thomson.

La  Nature l'a mis au monde avec un vêtement d'ondulations de  couleurs variées, mais vives ;  ce sont pour les ailes  le noir, le rouge, le jaune traversées de brun, mais  elles nous paraissent encore plus belles par leur douceur laineuse. 

Veste undulatam et mixtam peperit natura ; sed vegetis coloribus destitutam : constant enim alae ex minio, nigro, flavo et fusco fatiscente, magisque vellere mollica quam ornatu splendida videtur.

 

-n° 9.Nymphalidae Vanessa cardui. La Belle-Dame. Identifié par Linné S.N. p. 475. Vue ventrale.

Il est principalement de couleur gris-cendre, mais si vous examinez la partie interne des ailes postérieures rien n'y ressemble plus que les ailes d'un Dindon. [Indici galli, Turkey-cock] :  car les plumes  avec lesquelles il vole sont recouvertes d'autres plumes squameuses ??? [Nam pennas remiges, aliae quasi vestitrices et squameae tegunt ;]. L'œil est noir corbeau, de même que les antennes, qui rivalisent de gonflements et d'enflures.

 

-n°10. Nymphalidae. (deux figures). Argynnis aglaja. Le Grand Nacré. Identifié par Linné S.N. page 481.

 Le corps est noir comme la poix, les "épaules" revêtues d'une laine jaune (comme d'ailleurs toute la tête) : les antennes sont également jaunes jusqu'à  la tête qui se présente assombrie par des taches d'un rouge sombre. De nombreuses perles ovales sont disposées à égale distance, sur la frange arrondie des ailes antérieures pour les embellir, mais elles sont encrassées par des taches noires qui imitent des lentes. Mais comme l'extérieur est moins beau, la partie la plus interieure des ailes brille de taches blanc-vert, resplendissant comme des gouttes argentées, et ce qui ressemble à des perles à l'extérieur apparaît comme du pur argent à l'intérieur. 

 

...Externam minium alarum fimbriam circinatam, plurimae ovales margaritae aequis distinctae intervallis, gratiorem reddunt ; intus vero maculis integerrimis, lentis effigiem imitandibus faedantur. Verum sicut foris minus speciosa, ita interior internarum alarum pars, albo virore nitens, guttulis vero argenteis superinductis resplendet : et quae extra vales margaritae videbantur, intus argentum purum putum non mentiuntur.

-n°11. (deux figures).  Nymphalidae .  Aglais urticae. La Petite Tortue. Identifié par Linné S.N. p. 477. imago et chrysalide.

Il déploie une succession de belles perles bleues ; ses ailes supérieures sont embrasées par un jaune feu, et marquées par six points noirs ; la racine des ailes postéérieures est noire, puis elles brillent d'un jaune orange de feu. Le corps est couvert de poils duveteux sombres, et les pattes et les antennes sont noir comme les corbeaux. 

Speciosam radiantum in caerulo margaritu institam ostentat, alae superiores ex flammeo flavescentes ignem referunt, sex nigerimis pannis infecte : internarum radix anthracina, deinde flavo in igneus coruscant : corpus fuscis capillamentis hirsutum, quem colorem cornicula cum pedibus imitantur.

-n°12. Illustration page 102.  Nymphalidae. Thomson écrit que les seuls papillons qui ont une telle bordure de points marginaux bleus sont soit la petite Tortue Aglais urticae, soit le Robert-le-Diable Polygonia c-album

Il est d'une beauté exceptionnelle, ses ailes sont teintées d'un clair  rouge sang avec des taches noires,  avec des radicelles brillantes et dorées portées comme des fils dispersées des lobes jusqu'à la périphérie. Celles-ci sont vraiment découpées en dents de scie couleur feuille-morte [xerampelina] , ornées à l'intérieur de lignes en croissant de lune dorés. Le corps est pourpre virant au noir, les yeux apparaissent dorés, les pattes et les antennes sont noirâtres. 

 Eximiae est pulchritudinis, alae leviter cruentae et maculis nigris tinctae, radiolis micant auratis filatim ad laciniae usque ambitum dispersis. Haec vero xerampelina serratim desinens, intus aureis lineis lunatim ductis ornatur. Corpus ex nigro purpurascit, oculi aurei videntur, pedes et cornicula nigricant.

 

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page 102.

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Rappel : la première illustration concerne le spécimen n°12 de la page 101.

 

-n°13. Nymphalidae  Pararge aegeria (Linnaeus, 1758). Le Tircis. Identifié par Thomson.

 Le corps et les ailes apparaissent noires, mais ces ailes noires, dentelées [empennelées] à leur périphérie,  sont peintes de motifs dorés d'abord effilés, puis en plages et enfin en points à centre noir. Les petits yeux sont noirs comme de la poix sur une tête enduite d'or. Mais les antennes qui se dressent avec des points noirs et blancs se terminent par un bouton noir. 

-n ° 14. Nymphalidae. Lasiommata megera Linnaeus, 1767, la Mégère / le Satyre. Identifié par Thomson.

Son aspect réserve beaucoup de satisfaction au curieux ; son corps est velu et noir et blanc, l' oeil est noir et sa pupille blanche. Autour de l'œil se voit un cercle glabre blanc comme la neige,  les antennes sont de même couleur que le précédent, la majeure partie des ailes supérieures se distingue  par sa couleur flamboyante, et les  lignes dorées qui s'y dessinent , avec quatre indentation de franges imprégnées de noir  ;  près de l'extrémité trois pièces triangulaires argentées l'ornent. Mais la face interne est également très belle, embellie d'écailles  et de rivets dorés, imbriqués comme de pièces de cuirasse . Les ailes antérieures sont surtout dorées décorées d' une ligne. Elles ne s'éloignent en rien des ailes du paon, et son corps en est tout autant élégant et somptueux. Mais ses pattes  et ses jambes sont noirs, (pour ne pas encouurager son orgueil). Le museau est enroulé en spirale comme un labyrinthe.

 

 

-n ° 15.  Nymphalidae  Pararge aegeria (Linnaeus, 1758). Le Tircis. Vue ventrale de profil. Identifié par Thomson.

Cela a également un bec poilu couronné comme un Tendrel de la vigne; vers l'intérieur, il est couleur de cendre, et à l'extérieur d'un gris pâle, les ailes sont de Barbarie, déchiqueté comme les chauves-souris ailes, une partie dun ces lignes font vers l'extérieur, vers l'intérieur, six étalons noirs ne beaucoup les exposer.This hath also a hairy beak wreathed up like a vine tendrel; it is inwardly ash-coloured, and outwardly a faint gray, the wings are prickly, jagged like bats wings, some dun lines do outwardly part these, inwardly six black studs do much set them forth.

 

 

-n ° 16. Deux figures en bas de page. Arctiidae Panaxia dominula Linnaeus, l'Écaille marbrée, Écaille rouge. Identifié par Thomson ( qui écrit "diminula").

Les ailes extérieures sont d'un vert sombre dans la vue de tous, dont certaines pièces de taches blanches et jaunes et font beautifie; l'intérieur sont parfaitement rouge, étant parsemé de dix plupart des taches noires: le ventre brille avec huit échelles jaunes; l'arrière est inclinée rouge au jaune, et le bout de la queue est un bleu clair. Les épaules sont tirés vers le bas rugueuses Lune félicité par une jaune, une pomme d'argent blanc rouge couleur rend les yeux plus forte. The outward wings of all are a dark green in sight, which some spots and pieces of white and yellow do beautifie; the inward are perfectly red, being sprinkled with ten most black spots: the belly shines with eight yellow scales; the back is red inclining to yellow, and the tip of the tail is a light blue. The rough shoulders are commended by a yellow Moon drawn downwards, a white silver coloured apple makes the red eyes more sharp.

 

 

 

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Page 103.

LES 13 PAPILLONS DIURNES MOYENS.

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-n°1. Trois figures. Pieridae  Gonepteryx rhamni Le Citron. Identifié par Linné S.N. p. 765 (avec des références érronées). Vues dorsale et ventrale, et chrysalide.

  Les yeux apparaissent jaunâtre, les antennes brun passé, les ailes et tout le reste du corps sont d'un jaune pâle; les ailes postérieures sont marquées à l'extérieur [face dorsale] d'un seul rond complètement jaune, mais à l'intérieur [face ventrale] , elles portent  un  caducée [un double rond] vert allant jusqu'au brun tacheté ; le dos est noirâtre et bleuté, le ventre est jaunâtre, Elle procède d'une chenille couleur d'or. 

...Interiores alae extra unam tantum maculam saturiore luteam notantur : intus autem caducea herbidae fusca quadam variolam inficiuntur, dorsum est caeruleao nigricat, venter subflavet. Ex chrysalide oritur auro illita.

-n°2. (figuré tête en bas).  Nymphalidae.   Polygonia c-album Robert-le-Diable Identifié par Linné S.N. p. 477  Le texte le décrit comme une  personne en deuil . George Thomson l'identifie comme un Paon du Jour Aglais io, et ajoute "De la description qu'en donne Moufet, il ressort clairement qu'il le décrit d'après l'illustration et non d'après nature".

Le second n'est pas d'une couleur aussi agréable, les ailes postérieures d'un gris triste s'ouvrent sur un bleu pâle, et finissent vers le  gris-plomb ;  les ailes extérieures sont plus noires, ponctuées  ici et là par  des taches sombres, et le corps apparaît être le même. Ses ailes supérieures sont  indentées et crénelées , et comme un peu herrissées d'épines sur les bords ,et comme rogné, il se présente dans ce triste habit de deuil. ??  [Serratis alis summaque crenatis et veluti aculeatis horridiuscula volitat, et quasi suae gentis praesica, nunquam nisi funerali habitu tristius incedit.]

 

-n°3. Nymphalidae. Aglais urticae (Linnaeus, 1758) la petite Tortue. Vue ventrale de profil tête en bas.  Identifié par Thomson.

 Nous avons peint celui-ci avec les ailes droites, dressées comme s'il voulait s'élever ;  il a aussi des édentations épineuses, mais les ailes antérieures jaune pâle sont marquées par des taches noires, par contre les ailes postérieures sont noir foncé à leur racine, plus pâle au milieu, et les extrémités sont  quadrillées d'un réseau de lignes blanchâtres ; le corps apparaît sombre, l'œil est noir comme de la poix, les antennes sont noires.

 

 

-n°4. Deux figures.  Nymphalidae Maniola jurtina Linnaeus, 1758, le Myrtil. Mâle vue  ventrale et dorsale. Identifié par Thomson.

 Celui-ci est figuré de deux façons : car quand il ouvre la balance de ses ailes, il montre son corps noir, et quatre ailes peignées de sillons noirs et se terminant dans une brillante couleur rouille ; mais quand il est posé sur des fleurs et élève les ailes, la première aile est jaunâtre, ornée d'une tache  ronde comme un bouclier, dont le milieu est  pâle, la bosse centrale noir, et le cercle exttérieur citrin ; le ventre et le thorax sont blancs, mais pas entièrement ; les antennes divérgentes sont  jaune et noirâtres. [...fuscas quatuor alas nigricante peniculo veluti liratas et in rubiginosum fulgentem desinentes eidem affixas. Quum autem floribus infidens alas attollit, prima ala luteola eleganti clypeo ornata conspicitur, cujus centrum pallidum, umbo piceus, circulus exterior citrinus. Venter atque thorax, nec non totus vultus, albicant, ; antennae nigricantes in flavum divergunt.]

 

 

-n°5. Pieridae.   Pieris rapae. La Piéride de la Rave,  identifiée par Linné  S.N p. 759 qui se réfère à la page 971 fig. 9-10 ...de l'édition en anglais. Geoffroy page 69 reprend cette identification sous le nom de Petit papillon blanc du Chou. Thomson donne aussi cette identification.  Ou bien Aporia crataegi Le Gazé. Identifié par Linné S.N. p. 758  qui renvoie à la page 103 sans en indiquer la figure.

 Il est identique vu de l'intérieur ou de l'extérieur. Les ailes et la tête apparaissent pâles ; le corps est bleuâtre (livide), comme les antennes . Les yeux sont d'un rouge feu, et le thorax est couvert de poils laineux et pâles  [scapula pallenti quadam lanugine hispidae].

 

-n°6. Nymphalidae. La description  correspondrait à la première figure de la page 104, figure qui est celle de   Polygonia c-album (Linnaeus, 1758) Le Robert-le-Diable. 

"Quand il étend ses ailes devant vous, il apparaît une splendide couleur de sable, avec des points noirs comme ceux d'un dragon (anglais "comme de l'herbe de dragon"). Si vous voyez son corps noir, c'est un noir aquilain (fauve) , le ventre étant plus sombre. Les yeux sont noirs, éclaircis par une pupille blanche ou blanchâtre. Les antennes sont noires comme un corbeau. Les ailes sont d'un brun désagréable, ou couleur belette délavée."

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page 104.

-n°7. Nymphalidae. Pour Thomson, il s'agit probablement  d'une espèce du genre Argynnis.

Des ailes dentelées  imitant la pyrite, des veines aux reflets cuivrés, et des bordures parsemées de taches noires;  tout le corps d'un noir brillant , suaf les antennes ponctuées de blanc ;  et des yeux dorés scintillent sur le front noir comme la poix.

...aereis micantes venulis, et fimbria maculisque nigris conspersae : corpus totum  nigro colore splendescente, nisi quod antennas punctuli albi intersecant, et in picea fronte aureoli quodam modo oculi scintillant.

-n°8. Nymphalidae Euphydrias aurinea Rottemburg, le Damier de la Succise identifié par Thomson.

Ceci a le même genre de corps, mais les antennes sont rougeâtres sur fond jaune, les ailes apparaissent changeantes, marqués avec divers plis, des crêtes, des bords, des franges, de nombreuses couleurs : toutes ces couleurs sont atténuées et ternes à l'œil, elles manquent toutes d'éclat et de splendeur, et ne sont agréables que dans leur mélange, leurs places, et leur nombre; dans certains endroits, elle présente une flamme fumeuse, ailleurs une  couleur sombre désagréable, et un rouge pâle; et les  rubis inclus dans la dernière bordure dans les demi cercles blancs n'ont rien de très animé. ??

(...É vacui spendore [sic, pour splendore] omni et tono, solasque mixtione, positione et numero amaeni ; alicubi flammam fuliginosam, alibi ingratum fuscum, languentem rubidum praesese ferunt , rubinique ultima fimbria albis semicirculis inclusi, nihil vividi spirant.)

-n°9. Deux figures.  Nymphalidae.  Lasiommata megeraLa Mégère, le Satyre. Identifié comme Papilio maera par Linné dans le S.N. 1758 page 473 et dans le S.N. 1767. Identifiée par Geoffroy Ins. page 50 comme son Satyre. Vue dorsale et vue ventrale de profil.

Les ailes antérieures sont ponctuées ou même saturées  de taches sales jaunâtres et la dernière partie est ornée d'un écu noir ( décoré au milieu par un point  ivoire) ; les ailes postérieures portent de la même façon quatre écus, mais enrichis d'un centre jaunâtre ; les deux du milieu sont de bonne taille, les deux plus extérieures sont très petites.  Le corps est brun clair, les yeux proéminents noirâtres. Si vous regardez maintenant la partie interne des ailes postérieures, vous la trouvez gris fuligineux, et six lames d'or très belles et élégantes y sont posées. (et é sex pulcherrimis brachtéolis affabrem collocatis elegantiam habent).

-n°10.Arctiidae. Spilosoma lubricipeda Linnaeus l'Écaille tigrée.

 La tête est d'un blanc immaculé, mais des points noirs et bruns ornent la blancheur laiteuse des ailes ; le dos et les cotés sont rouges sur fond jaune, et 9 à 10 points noirs les décorent sous des sillons .

-n°11. Sphingidae. Macroglossum stellatarum le Sphinx-colibri ou Moro-sphinx

 En proportion, et presque dans la couleur et la forme du corps, il représente un oiseau de proie. Il a des ailes plus étroites que les autres papillons, la queue plus large et comme plus riche en plumes, les ailes postérieures ne sont pas de couleur aquilain (fauve ou brune) comme le reste du corps, mais   rougeâtre et presque feu sur un fond jaune  rouge du jaune. Elle a un museau plus crochu que celui d'un aigle [nasusilli aquilarium more adunctus] l'abdomen comme blanchi (chenu), les antennes grandes et fortes, ,le  un chenue du ventre, les cornes sont grande et forte, de la même couleur que les ailes supérieures; les yeux sont assez proéminents, noirs, avec une pupille blanche comme la neige. 

 

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page 105.

Papillons diurnes moyens (suite) :

- deux figures du spécimen n°11 page 104. 

 

-n°12 . Sphingidae : Macroglossum stellatarum  Linnaeus, le Moro-Sphinx ? Geoffroy 1762 page 83 avec une référence erronée. Vue ventrale, tête en bas.

 Celui-ci a la même forme, et ne diffère que par sa couleur. Le corps est gris cendré, la queue est noire, et le dos a des nuances argentées. Les ailes sont plus longues et brunes, marquées par des petites tavelures noires. Les ailes intérieures [?] apparaissent jaunâtres sombres. Ces deux papillons sont d'une rapidité admirable, et on est en droit de comparer leur vol à celui de l'aigle.   

-n°13 : Sphingidae Hemaris fuciformis Linnaeus, le Sphinx fuciforme ou Sphinx gazé.

C'est le plus rapide de tous, et il a les épaules qui paraissent de couleur jaune moussu. Les ailes sont  comme du lait, et leurs extrémités sont marquées par cinq ou six plumes sombres ; le milieu du dos jaunâtre est orné d'un point noir. Des deux cotés saillent des protubérances duveteuses , la croupe est environnée d'un certain duvet noir. Son vol soutient la comparaison avec celui des hirondelles, et il est en effet plus rapide que n'importe quel oiseau.

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LES 10 PETITS PAPILLONS DIURNES.

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Nous examinons maintenant huit espèces plus petites.  

-n°1. Arctiidae Tyria jacobaeaea (Linnaeus, 1758), la Goutte de sang. Identifié par Thomson.

 

Les  ailes premières  intérieures vivement brillantes, sont d'une  couleur écarlate et d'un rouge délicat , mais les ailes extérieures affichent un pourpre lumineux, mêlé de noir et rouge, et avec quelques taches blanches comme neige qui y sont répandues ; le reste du corps est noir, tout comme les antennes en grappe .

n ° 2. Lycaenidae. Selon Thomson, cela pourrait être soit Polyommatus icarus Rottemburg, l'Azuré Bleu ou Azuré de la Bugrane, ou Celastrina argiolus Linnaeus, l'Azuré des Nerpruns. Vue ventrale de profil.

 Les ailes  sont  de couleur argent à leur base, puis elles se terminent de couleur bleu violacées, les ailes supérieures sont ornées de deux clefs blanche et noir. Le corps est rempli de points sombres. Il a six pattes purpurines, trois tendues vers l'avant de chaque côté; il a une trompe en spirale; quatre petites antennes jaillissent hors de la tête, en plus des deux longues.

n ° 3. Deux figures. Lycaenidae. Selon Thomson, c'est probablement Cupido minimus (Füssli, 1775), l'Argus frêle. Vue ventrale et dorsale.

 Si vous pouviez voir ce papillon voler, vous diriez que les ailes sont d'un violet pâle passant à un bleu vif, et plissées de diverses façons (?); mais intérieurement nous voyons des ocelles, qui apparaissent gris et rouille. La tête resplendit d'un vert bleu, le corps porte des ornementations en lacis noir et blanc, et les yeux sont très noirs avec une pupille très blanche.

-n°4. Lycaenidae Polyommatus icarus Linnaeus, L'Azuré de la Bugrane ou Argus Bleu. Vue ventrale de profil. Identifié par Thomson. Identifié comme Papilio argus par Linné S.N. p. 483 ? 

Il se présente dans un joyeux habit, avec ses ocelles sur ses ailes qui sont d'un bleu céleste incomparable. Dédale le plus parfait ingénieur de toutes les choses de la nature  fit lui-même ses yeux, dont vous diriez que les yeux d'Argus n'ont pas été confiés à la queue du Paon, mais aux ailes de ce papillon. Il en  joue avec les rayons du Soleil avec pas moins de fierté que ne le fait l'oiseau de Junon, et (par les célestes couleurs dont il excelle), il est presque en mesure de lui faire honte. N.B. La traduction anglaise, que j'ai suivi, s'éloigne du texte latin, lequel fait mention d'Argus panotes (cet épithète en caractères grecs), fils d'Arestor (nommé Arctoris par Mouffet) et se rapporte à la Mythologie  : Argus panoptes, c'est à dire "qui voit tout" possède des yeux sur tout le corps, devant et derrière la tête, etc. Il est chargé par Junon de surveiller Io, maîtresse de Zeus/Jupiter, qu'elle a transformé en génisse. Jupiter envoie alors Mercure qui réussit à tuer Argus. Junon récupère les cent yeux d'Argus et en orne son oiseau de compagnie, d'où l'origine des ocelles de la queue des paons. Ce texte de Moffet est la première mention de ce qui deviendra le zoonyme Argus, actuellement réservé à Plebejus argus.

 

 

 

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page 106.

 

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5. Trois figures. Pieridae Anthocharis cardamines Linnaeus, l'Aurore de la Cardamine. Vue ventrale d'une femelle. Vue dorsale et ventrale d'un mâle.   identifié par Linné S.N. 761 dans les figures .2, 3 et 4. 

 

Le corps est couleur de Grue [gruinum "de grue", traduit en anglais par Crane, même sens serait une espèce de gris], les ailes supérieures sont vert et blanc à la racine, gris-jaune au milieu ; les ailes inférieures sont à la racine d'un vert sombre, et blanches ailleurs, mais à l'intérieur elles sont  parsemées de taches d'un vert sale.  Les yeux sont noirs, comme le sont les têtes de leurs antennes.

 

-n°  6. Zygaenidae. Zygaena filipendulae ssp. angicola Tremewan. Identifié par Thomson. 

Ses épaules voûtées et arrondies, qui ressemblent à un mélange de cendre et d'encre. sont de couleur cendrée mélangée de noir. Le corps, plein de cannelures, est cendré. Sur ses ailes étroites  couleur de grue [gruini] brillent, en périphérie,  quelques  gouttes  rouge sang d'une incandescence intense.  Les pattes, la petite tête et les antennes sont de la même couleur que le corps.  

 

-n ° 7. Zygaenidae. Zygaena filipendulae ssp. angicola Tremewan. Identifié par Thomson, qui signale que le manuscrit original contient aussi une seconde illustration de ce papillon émergeant de sa chrysalide.

Vous diriez qu'il est né de la [Siliquastro : Passerage (Herbe au poivre) ou Arbre de Judée ? Ginny Pepper dans la traduction anglaise], et mis à part que son corps est moins mou et et plus noir, et l'aspect argenté des ailes supérieures, il ne diffère guère de celui.

 

n ° 8. Geometridae Opisthograptis luteolata Linnaeus, la Citronelle rouillée,  identifiée par Thomson. Cinq formes : imago, chrysalide, chenille  précoce, chenille tardive, œuf.

 Tous les ailes sont de couleur d'un doux jaune, ou plus (souvent) d'un blanc jaunâtre affaibli, parsemé de quelques taches brunes,  et d'autres qui sont d'une couleur vieille rouille infecté de noir,   sinon le reste est tout jaune.

 

-n°9. Geometridae Camptogramma bilineata Linnaeus, la Brocatelle d'or.

  Toutes ses ailes sont peintes en brun sur fond blanc comme les coquillages marins, les extrémités sont arrondies, et sur le milieu blanc quelques lignes crénelées courent en guise d'ornement.

 

-n ° 10. Nymphalidae. Euphydryas aurinea Linnaeus, le Damier de la Succise. Une vue ventrale de profil.

 

 Celui-ci a  aussi des ailes au décor de coquillage ponctué de clous  ;  il s'y mêle des rouges blanchâtres ou noirâtres, et il témoigne par la diversité de ses couleurs de la puissance inénarrable de Dieu.

 

 

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Page 107. De usu papilionibus.

De l'utilisation des papillons.

 

He that beholds the forms, clothing, elegancy, and rich habits of the Butterflies, how can he choose but admire the bountisul God, who is the Author and giver of so rich treasure? wherefore art thou proud in decking thy self, and takest so much delight in thy own beauty? possess thy temporary fading goods without envie, for know that there is no Butterfly but is as beautiful and pleasing, and for the length of their life they have a more constan• comeliness than thou hast: thou hast it may be an incredible agility of body, and numbleness in running, but yet O man if thou shouldest exceed all men, thou canst not equall a Butterfly. But you will reply that your cloathing is incomparable, and that you can boast of the Persianand Tyrian silk, of the best purple dyes, brought unto you by shipping: truly should you but see the rich robes of any Butter-fly, besides their purple dyes, and the rowes of pearls, and the borders set with diamonds, rubies, the pyropus, opals, emrods; if you did but see and consider seriously the elaborate composition of their futures and joynts and the imbroidered work here and there, of fine divers coloured twine silk set with studs and eyes of gold and silver, thou wouldst let fall thy painted tail like the Peacock, and casting thy eyes down to the ground from whence thou wert made, thou wouldst learn to be more wise. It may be thou wert born at first in a house of clay and mud walls, or else in a pa∣lace built of polished stones; but some Butterflies are born in their houses that are the Aureliae like to pure gold, and exceed Attalus for the excellency of their birth, and delicacy of their ap∣parel. Learn therefore O mortal Man, who ever thou art, that God that is best and greatest of all, made the butterfly to pull down thy pride, and by the shorrness of their life (which is of no great continuance) be thou mindful of thy own failing condition. We•t thou as strong as Milo or Hercules, and wert fenced or guarded about with an host of Giants for force and valour; remember that such an Army was put to the worst by an army of Butterflies flying in Troops in the air, in the year 1104. and they hid the light of the Sun like a cloud. Licosthenes relates, that on the third day of August, 1543. that no hea•b was left by reason of their multitudes, and they had cevoured all the sweet dew and natural moisture, and they had burn'd up the very grasle that was consumed with their dry dung. Also in the year 1553. as Sleidanus reports, a little before the death of Mauritius Page  975the Duke of Saxony, an infinite Army of Butterflies flew through great part of Germany, and did infect the grasse, herbs, trees, houses and garments of men with bloudy drops, as though it had rai∣ned bloud. But it may be thou art in love with some female beauty, and desirest to please her; O fool, remember the fate of the Phalena Butterfly, which being invited by the light of the can∣dle, as by a fair beauty, is consumed by the flame it fell in love withall: and rejoycing like the Pyrausta bred in the fire, removing but a little from it is presently dead. And thou great Astro∣loger, who makest Aries to be the forerunner of the Spring, rather adore the Butterfly that is a certain messenger of the Spring, and a more sure prophet than your horned Ram. Would you al∣lure fish to your hook, and catch them? hear what gallant baits are made, as we finde it in the Tarentine Geopon. Take 1 ounce of the venomous dung of Butterflies, Anniseed, Goats-milk cheese, Hogs bloud, Galbanum, of each half an ounce, Opopanax 2 drams, beat them all diligently, and powring on good sharp Wine, make Troches, dry them in the Sun and keep them for your use. Castrels, and almost all birds of prey are freed from consumptions by feeding on Butterflies, and grow very fat thereby.Nicolaus in a composition of some powder, makes mention of burnt Butterflies; by which words Turnebus understands Butterflies that fly to the candles: they cause urine exceedingly, as almost all Insects do, but with less danger: moreover, since they feed on dew alone, as do snails, and abhor to meddle with sharp corroding or stinking things, or such as have any venomous or malignant quality in them; truly the Colledge of Physicians are too wayward that dare prescribe a Spanish fly inwardly, yet never made an essay to know what force there is in Butterflies. Plinius saith wisely; Maxima pars eorum quae scimus, minima est eorum quae ignoramus,  That our greatest knowledge is very small compared to that we are ignorant of: for some sall creatures upon the earth are despised, whose force, if we did know it, we should praise to the skies. You therefore sons of Aesculapius, search out the vertues of But∣terflies to be used inwardly and outwardly, for the health of the body; for had Butterflies been useless, surely God would never have set them forth, bestowing so great liberality upon them. But since they are not only for a remedy for us, but may do us much hurt, being inwardly taken in too great a quantity, as being poyson; I shall shew how that may be prevented, and driven off, if Ardoynus deceive me not. Phalenae or night Butterflies, such as fly at candles at night, it may be were accounted of ancient time amongst dangerous medicaments, for the same reason that Toads, Bats, Owls, Howlets and Gnats were; for they held that all living creatures that labour in the day were safe to be used; but night-workers most unhappy and accursed. Pliny commends a Goats liver to drive them away, yet he shews not the means to use it. But if night Mothes go into a Bee-hive and trouble Bees in the night, bury dung mingled with the marrow of an Oxe, and by the smell thereof these unquiet disturbers will presently fall down.

 Columella. Palladius, in April, (for then they commonly do most hurt) places a brass vessel between  the hives, that is high and narrow, and puts a lighted candle in the bottom of it, and they will come in there for love of the light, and there they are half burnt, or choaked by the smoak in the narrow vessel. Bitter vetches are held amongst edible herbs, to prevail most against Butterflies; others drive them away with smoak of  ith and Hemlock, as Rhasis: others hang a horse tail pulled off, upon the door, and they wittily believe that Moths are kept away thereby. Thus much I had to say of the divers use of Butterflies; who though some despise them, yet are they of great use and admirable.

 

 

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n ° 9. Il Est decrit PAR SES ailes "peintre de gris et de blanc Comme les Coquillages marins" (ACDE Peut évoquer les Nacre?), Aux bords arrondis.

 

-n ° 10

 Ceci a des ailes comme Shels Perwinkle, fixés avec des clous, il se mêle la couleur d'un rouge blanc et noir, et le pouvoir indicible de Dieu DOTH énoncés à nous dans la diversité de ses couleurs.

 

 

 

-n°7

 

 

 

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REPRISE PAR LES AUTEURS SUIVANTS.

En 1657, Jan Jonston reprend toutes les figures et les descriptions de Moffet et les réunit à celles d'Aldrovandi (1602) dans son De Insectis .

De Papilionibus, Tableau V Livre I page 46

http://www.biodiversitylibrary.org/item/150732#page/59/mode/1up

 

 

 

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SOURCES ET LIENS.

MOFFET (Thomas), 1634, Insectorum sive Minimorum Animalium Theatrum. London: Thomas Cotes pour Benjamin Allen, 1634. 

http://biodiversitylibrary.org/item/123182#page/11/mode/1up

MOFFET,(Thomas), 1657 The Theater of Insects, in   The history of four-footed beasts and serpents describing at large their true and lively figure, their several names, conditions, kinds, virtues ... countries of their breed, their love and hatred to mankind, and the wonderful work by Edward Topsell ; whereunto is now added, The theater of insects, or, Lesser living creatures ... by T. Muffet 

https://archive.org/stream/historyoffourfoo00tops#page/958/mode/2up

Texte en ligne : http://quod.lib.umich.edu/e/eebo/A42668.0001.001/1:16.2?rgn=div2;view=fulltext

CRAWFORTH (Hannah), DUSTAGHEER (Sarah), YOUNG (Jennifer), 2015, -Experimentation in Shakespeare's London  : The Tempest (1610-1611) and Lime Street , in  Shakespeare in London, Bloomsbury Publishing, pages 193-219 Google books

Lime Street et la République des Lettres.  King's College of Londonhttp://map.shakespeare.kcl.ac.uk/blogs/map-articles/lime-street-and-the-republic-of-letters/

DATSON, Lorraine, “The Ideal and Reality of the Republic of Letters in the Enlightenment” Science in Context 4, 2 (1991).

DATSON  Lorraine, Katherine Park and Roy Porter (eds), The Cambridge History of Science, vol. 3, ‘Early Modern Science’ (Cambridge: Cambridge University Press, 2006).

 

— HARKNESS (Deborah), s.d,  -Elizabethan London's Naturalist and the world of John White. European Visions : American Voices

https://www.britishmuseum.org/pdf/2-Harkness-Elizabethan%20Londons%20Naturalists.pdf

— HARKNESS (Deborah), 2007, The Jewel House : Elisabethan London and the Scientific Revolution, London Yale University Press, 384 pages

https://books.google.fr/books?id=y5nkqCbxtjEC&dq=%22lime+street%22+thomas+penny&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— JONSTONUS (Joannes), 1650-1653, Historiae naturalis de quadrupetibus libri : cum aeneis figuris; [Historiae naturalis de serpentibus libri II ; Historiae naturalis de insectis libri III ; Historiae naturalis de exanguibus aquaticis libri IV ; Historiae naturalis de piscibus et cetis libri V ; Historiae naturalis de avibus libri VI] Francofurti ad Moenum :Impensis haeredum Math: Meriani, MDCL-MDCLIII

http://www.biodiversitylibrary.org/item/150732#page/58/mode/1up

Voir aussi Edition de 1657 Schipper, Amstelodami 

— LINNÉ (Carl) 1758 Systema naturae Dixième édition :

http://www.biodiversitylibrary.org/page/727383#page/513/mode/1up

— LINNÉ (Carl) 1767 Systema naturae Douxième édition

http://www.biodiversitylibrary.org/page/25848844#page/256/mode/1up

MERRET (Christopher)  Pinax rerum naturalium Britannicarum: continens vegetabilia, animalia, et ...

 https://books.google.fr/books?id=p0SjZ7N6TA0C&pg=PA204&lpg=PA204&dq=mespilaria&source=bl&ots=WJUpp82tGk&sig=RNghiCbs9ARE5peFdfOieWNZkvA&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwi3tL3X9qfKAhVGCBoKHTg7ClQQ6AEIMjAD#v=onepage&q=mespilaria&f=false

— NERI (Janice), 2011, The Insect and the Image : Vizualizing Nature in Early Modern Europe, 1500-1700. University of Minnesota Press, 233 pages.

RAVEN (Charles)  El. English Naturalists from Neckham to Ray: A Study of the Making of the Modern World. (Cambridge: Cambridge University Press, 1947).

— SALMON, (Michael. A.), MARREN, (Peter) , HARLEY, (Basil), 2000, The Aurelian legacy: British butterflies and their collectors. Harley Books, Great Horkesley. 2000. p 432   

 

— THOMSON (Georg), 2000, Insectorum sive minimorum animalium theatrum = the butterflies and moths : olim ab Edoardo Wottono, Conrado Gesnero, Thomaque Pennio inchoatum tandem Tho. Moufeti Londinatis opera sumptibusq' ; maximis concinnatum, auctum, perfectum …Editeur Lochmaben, Scotland : George Thomson, 2000. 65 p. [dont pp. 87-108 du texte originel] : ill. ; 30 cm Notes : Facsimile de l'extrait "De Papilionibus" de l'éd. de 1634 de "Insectorum sive minimorum animalium theatrum" de Thomas Moffet (Moufet), E. Wotton, K. Gesner et T. Penny avec commentaires, biographies, notes et bibliographie de George Thomson. - Tirage limité de 500 exemplaires numérotés. - Texte en anglais avec texte du facsimile en latin Annexes :  Bibliogr. (p. 40-41). Deuxième édition révisée et augmentée en 2012 avec le chapitre De Eruca.

 

 

WEBSTER (Charles) 1979,  Health, Medicine and Mortality in the Sixteenth Century C.U.P archive, 394 pages. Frontispice de 1590 reproduit Planche 7 page 170. Voir aussi page 328

https://books.google.fr/books?id=g588AAAAIAAJ&dq=Health,+Medicine+and+Mortality+in+the+Sixteenth+Century&lr=&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

— WILKINSON (Ronan S.) 1966. English entomological methods in the seventeenth and eighteenth centuries. Part I: to 1720. Entomol. Rec. 78:143-151.

— WILKINSON (Ronan.S.) . 1969. The oldest extant specimens of North American Lepidpptera, Mich. Entomol. 2:46-47.  

WILKINSON (Ronan.S.) . John White's drawings of Papilio glaucus L (Lepidoptera: Papilionidae): new light on the 'first American butterfly and the problem of glaucus versus antilochus L. Part I: White to Moffet, THE GREAT LAKES ENTOMOLOGIST Published by the Michigan Entomological Society Volume 6 1973 No. 1  http://www.michentsoc.org/gle-pdfs/vol6no1.pdf

Autres liens :

https://books.google.fr/books?id=g588AAAAIAAJ&pg=PA170&lpg=PA170&dq=British+Library+Sloane+Ms+4014+%22title+page%22+%22william+Rogers%22&source=bl&ots=R9btdWcVhu&sig=Ob4qcU78-6dCXuF4qPlqw9QPzhQ&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjl2OyJpaHKAhVLVhQKHdowDZEQ6AEIJDAB#v=onepage&q=British%20Library%20Sloane%20Ms%204014%20%22title%20page%22%20%22william%20Rogers%22&f=false

 

https://books.google.fr/books?id=cfysIyxApyQC&pg=PA56&lpg=PA56&dq=%22william+rogers%22+theatrum+insectorum&source=bl&ots=6ExcMaUphQ&sig=PgYFiPdOkhEB_KTM5Kk3no1Sd8s&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjx0MjHoqHKAhVBPhQKHYupAMcQ6AEIKTAB#v=onepage&q=%22william%20rogers%22%20theatrum%20insectorum&f=false

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.
10 janvier 2016 7 10 /01 /janvier /2016 08:56

Le manuscrit des Cocharelli : un bestiaire d'insectes du XIVe siècle.

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Le site web du Museum de Toulouse a publié un remarquable article sur le Manuscrit Cocharelli : "Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli."

Rédigé par Colette Bitsch, entomologiste, chargée de Recherche honoraire au CNRS, c'est le résumé de son travail antérieur publié en 2014 : Colette Bitsch, "Le Maître du codex Cocharelli: enlumineur et pionnier dans l'observation des insectes", in Laurence Talairach-Vielmas & Marie Bouchet (eds), History and Representations of Entomology in Literature and the Arts. (Bruxelles: Peter Lang, 2014).

Pour celui qui, comme moi, cherche à retracer l'histoire de l'étude des papillons, (et, par ce biais, l'histoire de l'entomologie) et à retrouver les illustrations les plus précoces des diverses espèces de papillons, cet article était un vrai cadeau. Et ce manuscrit s'avère un trésor. Car cinq genres ou espèces de lépidoptères, identifiables, s'y trouvaient enluminées sur un manuscrit italien du quatorzième siècle ! Entre 1330 et 1340, près de 250 ans avant Joris Hoefnagel, que je considère comme le précurseur du naturalisme scientifique !

Certes, on cite la Piéride du Chou enluminée sur le Alphonso and Bird Psalter anglais vers 1309 (The Bird Psalter, Fitzwilliam Museum, University of Cambridge, , MS 2- 1954, f. 1r). Ou bien la libellule Calopteryx splendens et les deux Aglais urticae (Petite Tortue) des marges du Bréviaire de Belleville entre 1323 et 1326, par l'atelier parisien de Jean de Pucelle. Mais l'ensemble des autres papillons peints ou enluminés sont fantaisistes (Nazari, 2014).

Le Codex Cocharelli nous est parvenu incomplet, fragmenté et dispersé. Les folios connus sont conservés à la British Library sous les cotes Egerton 3127 (folio 1 et 2) et Egerton 3781 ( folio 1), Additional 28841 (7 folios ff. 1-7) et Additional 27695 (15 fragments), mais on doit y ajouter ceux du Musée des Arts de Cleveland (J.H. Wade Fund n.1953.152) et du Musée du Bargello de Florence (inv. 2065). Une autre section a été vendue à Berlin le 12 mai 1930 comme appartenant au "Eine Wiener Sammlung", lot 3 avec planches. Le texte est disposé sur deux colonnes, dans une écriture gothique , sur des feuillets de parchemin de 170 x 110 mm environ, utilisées au recto et au verso, dans un ensemble relevant d'un artisanat de grand luxe et très coûteux.

En 1952, A.C. Combrie a commencé de tenter d'identifier les insectes du Ms 28841. Colette Bitsch a poursuivi ces identifications en 2014.

Je me suis d'abord contenté de copier l'article mis en ligne par le Muséum (j'en place le texte en retrait), mais j'ai ensuite approfondi, lorsque je l'ai cru utile, les informations sur les espèces de lépidoptères identifiées. Je me suis fait communiquer l'article de C. Bitsch de 2014, et j'en ai recopié également des extraits. Je souhaite rendre hommage à la qualité littéraire de cet article de Colette Bitsch.

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Colette Bitsch. Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli.

 

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"Depuis quand observe-t-on en détail les insectes au point de réussir des représentations fidèles et donc facilement identifiables ? Il faut attendre les XVIe et surtout XVIIe siècles pour que naisse une Entomologie illustrée. Pourtant, une exception existe à cette assertion bien établie : un manuscrit médiéval orné de nombreux insectes dont le naturalisme stupéfiant anticipe de trois cents ans au moins l'avènement des Sciences Naturelles. Ce document si peu ordinaire est présenté ici."

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.Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli.

Egerton 3127, extrait de la marge basse de f. 2v. British library de Londres. Domaine public.

"Portraits en médaillon de divers insectes extraits du manuscrit Cocharelli : en haut, de gauche à droite, criquet en plein vol montrant ses ailes postérieures rouges puis un cousin (Tipula) vu de profil. "

 

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enluminure insectes

Egerton 3781, marge basse de f. 1v. British library de Londres. Domaine public.  

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Dessous, de gauche à droite, on reconnaît aisément un criquet vu de profil puis trois insectes en plein vol et en vue dorsale : cousin, criquet à ailes postérieures bleues et un criquet à ailes postérieures transparentes.

    
 

Contexte historique

Au XIVe siècle, une riche famille de banquiers vivait à Gênes : les Cocharelli. Pour assurer l'éducation de leurs enfants, le père et le grand-père avaient écrit un manuel scolaire à usage privé. Le texte latin, transcrit sur parchemin et luxueusement enluminé, est tombé dans l'oubli pendant 5 siècles. Vers la fin du XIXe siècle, puis au siècle suivant, quelques uns des feuillets du manuscrit sont apparus sur les marchés de l'Art. Or certaines miniatures composent un véritable atlas de représentations entomologiques peintes dans un naturalisme totalement inédit pour l'époque. En effet, au XIVe siècle, les quelques papillons qui animaient les décors fleuris de manuscrits n'étaient que des schémas aussi improbables que fantaisistes et les abeilles, pourtant bien connues en raison de leurs productions de cire et de miel, étaient souvent évoquées comme de petits oiseaux.
    Les études de spécialistes en manuscrits anciens ont permis de dater ce manuscrit Cocharelli entre 1330 et 1340, mais l'identité de l'artiste enlumineur est restée une énigme. Ce trésor familial comprenait un traité de morale écrit en prose sous forme d'un dialogue entre un père et son fils Petit-Jean, puis un récit versifié par le grand-père Pelegrino, rapportant des évènements historiques survenus dans la Sicile du XIIIe siècle.


Les loisirs savants d'une famille riche et cultivée

Plusieurs grandes enluminures insérées dans le traité de morale présentent la famille Cocharelli. L'une d'elles offre, sur un fond de tapis orientaux, les portraits du grand-père, puis de Petit-Jean représenté avec un oiseau perché sur son poing gauche ganté tel celui d'un fauconnier et enfin le portrait du père guidant affectueusement son fils. Les trois personnages sontrichement vêtus selon le haut rang que tenait cette famille au sein de la société génoise médiévale.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=1301


trois portraits
     
Trois portraits. Additional 27695, extrait de f. 2v. British library de Londres. Domaine public.


    Une seconde enluminure, également en pleine page, montre cette famille aisée dans la pleine campagne et s'adonnant à lachasse aux faucons en compagnie des enfants. Canards, cigognes, perdrix, huppes, faisans, chardonnerets, pies et autres oiseaux charognards sont ici parfaitement identifiables en dépit de leur miniaturisation. Il se pourrait que l'enlumineur, ou bien la famille Cocharelli, ait disposé d'une très rare copie enluminée du traité de fauconnerie « De l'art de chasser au moyen des oiseaux » écrit au XIIIe siècle par Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250) dans lequel l'empereur avait inséré une véritable faune ornithologique.

Folio 1v

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=7744

enluminure chasse

Chasse au faucon. Egerton 3127, f. 1v. (11cmx17cm). British library de Londres. Domaine public.   


    "Les enluminures parvenues jusqu'à nous à ce jour laissent penser que le cercle familial Cocharelli initiait la jeunesse à l'observation de la nature sur le terrain et que la conquête du milieu aérien par les animaux ailés, oiseaux et insectes, aurait été des sujets d'études privilégiés. Voilà un comportement surprenant d'anachronisme puisque, dans le même temps, tous les bestiaires médiévaux diffusaient des fables animalières édifiantes ou des contes à dormir debout venus de traditions anciennes."

Un remarquable répertoire d'insectes

"Notre surprise devient stupéfaction devant le décor animalier dispersé dans les marges cernant le texte du poème historique. Ces marges sont littéralement envahies d'une faune diversifiée, principalement entomologique. Cette galerie zoologique sans rapport avec le texte a été longtemps considérée comme strictement ornementale. Cependant, une analyse approfondie récente révèle que les animaux n'étaient pas du tout un décor anodin mais composaient des leçons de Sciences Naturelles mises en images et propres à susciter l'éveil du sens de l'observation de la nature et l'éveil de la curiosité à l'égard du concret.En outre, des répartitions d'animaux selon leurs mœurs, des figurations à l'évidence pédagogiques, les repérages de stades immatures et de stades adultes, mettent en relief une parfaite connaissance du Traité de Zoologie d‘Aristote.
 
Ad. 28841 Folio 4v. Observons par exemple les animaux identifiables sur deux pages empruntées au récit historique. Les échantillons sont comme posés sur des plantes volubiles. En haut d'une première page dont les marges sont tapissées d'un lierre ornemental schématisé, deux profils de Coléoptères Scarabéides (Oryctes nasicornis) se font face en haut de page. A coté est placé un Hémiptère aquatique muni de pattes postérieures natatoires : une notonecte. Dans la marge droite, en haut et en bas, sont représentés deux Hémiptères Pentatomides, des punaises aux formes géométriques typiques. L'artiste a représenté l'insecte du haut avec des ailes antérieures coriacées mises au repos sur le dos alors que celui du bas est pédagogiquement présenté avec les ailes antérieures écartées pour laisser découvrir la seconde paire d'ailes membraneuses. Ce type de démonstration didactique est repris sur l'Oryctes de la marge basale : la seconde paire d'ailes dégagées montre bien son réseau de nervures. Le coléoptère est encadré de deux papillons d'une même espèce mais l'un, dessiné  en vue dorsale, a les ailes étalées alors que l'autre, vu de profil, a les ailes au repos. A leur coloration typique il est aisé de reconnaître des Arctiidae mâles : Utethesia pulchella, une espèce méridionale migratrice. On remarque aussi dans le haut de l'entrecolonne, une forme immature de punaise avec des fourreaux alaires courts laissant voir la face dorsale aplatie de l'insecte."

-Bitsch 2014 : "La troisième punaise  est une forme juvénile placée sur le coté gauche de l'entre-colonne, à cheval sur les lignes 10 et 12 du texte versifié. L'immaturité de l'individu se reconnaît par les deux fourreaux alaires courts dégageant la face dorsale de l'abdomen."

 

enluminures insectes
  Insectes. Additional 28841, f. 4v. (11 x 17 cm). British Library de Londres. Domaine public.

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"Le  folio 5v présente deux espèces typiquement méditerranéennes, étalées sur les feuillages d'une courge en fleurs et en fruits. Dans la marge droite apparaît le stupéfiant réalisme objectif d'une véritable étude comparée des faces dorsale et ventrale de la cigale de l'Orne ou cigale grise, Cicada orni (un Homoptère de grande taille). La perfection des observations faites sur les nervures alaires, le rostre piqueur, les plaques ventrales recouvrant les organes du chant et l'armure génitale mâle, est totalement inédite dans cette première moitié du XIVe siècle.

-Bitsch 2014 : "l'artiste a vu parfaitement les petites antennes fines insérées entre deux yeux proéminents, le rostre piqueur glissé au repos entre la base des pattes thoraciques, la segmentation de l'abdomen. [...] Des petites taches sombres présentes sur les ailes de l'insecte permettent de reconnaître l'espèce, la cigale du frêne  ou Cicada orni".

 

Dans la marge du bas et comme posés au sol se font face deux Truxalis, soit deux curieux criquets dits « à long nez ». Ces Acridiens sont mal visibles dans la nature car leurs formes et couleurs les confondent avec les herbes où ils vivent communément. Mais ils n'ont pas échappé aux regards curieux et exercés des Cocharelli."

- Bitsch 2014 :  "L'enlumineur a bien repéré la tête prolongée en cône, porteuse de gros yeux ovales et d'antennes élargies à la base. Il a vu combien les pattes postérieures, allongées pour le saut, paraissent grèles. En outre, il a parfaitement repéré l'existence de deux formes, l'une claire, l'autre foncée. "

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enluminure insectes

Insectes.  Additional 28841, f. 5v. (11 x 17 cm). British Library de Londres. Domaine public.

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    "Enfin, le traité de morale accueille lui même des insectes ailés, associés par quatre dans  de nombreux bas de page. Chaque animal est enchâssé dans un médaillon schématiquement végétalisé. Ce sont de véritables portraits incrustés dans les marges dorées et filigranées de rouge vermillon éclatant. Voici de gauche à droite : un petit Sphingide, Macroglossum stellatarum, très commun et dont le comportement évoque celui de l'oiseau-mouche en vol stationnaire ; ensuite ce sont une Noctuelle et un petit Rhopalocère aux ailes tachetées de la famille des Hespérides, Pyrgus malvae; tout à droite, l'insecte présentant des ailes membraneuses et une « taille de guêpe » très allongée est un Sphécide qui pourrait être une guêpe solitaire et maçonne, tel un Sceliphron."

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Egerton 3127 Folio 1r
https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=11857

et zoom

 https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMINBig.ASP?size=big&IllID=11857

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 enluminures insectes
Insectes. Egerton 3127, marge basse de f. 1r. (extrait de 11 x 3 cm). British Library de Londres. Domaine public.

 

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"En somme, cet étonnant atlas de figurations entomologiques aurait joué le rôle d'un cabinet de curiosités avant la lettre chez les Cocharelli : les représentations d'espèces, très diverses mais toutes méditerranéennes et toutes banales dans la campagne lombarde, auraient visé à éduquer des regards émerveillés à l'observation concrète de la nature. Ceci au moins trois siècles avant l'avènement des Sciences Naturelles. Cette galerie de portraits entomologiques a été peinte environ 165 ans avant le cerf-volant mâle, Lucanus cervus, une œuvre de Dürer datée de 1505, dont tout le monde célèbre la précocité de la vraisemblance totale. Voilà des anticipations troublantes! Un naturaliste inconnu, l'enlumineur lui-même ou un membre de la famille Cocharelli, aurait-il été un pionnier de l'entomologie bien avant la Renaissance, un précurseur vite tombé dans l'oubli car trop précoce, trop novateur pour les mentalités de l'époque ? Ou bien, à l'inverse, ce manuscrit porte-t-il le témoignage de références venues d'ailleurs, d'un autre temps et perdues à jamais ?"

Fin de l'article de Colette Bitsch.

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ETUDE DETAILLÉE DES FEUILLETS . Colette Bitsch, 2014.

Egerton 3127 folio 2r. 

 

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De haut en bas :

3ème ligne : Collembole ?

Bitsch, 2014, p. 64 "...un petit animal portant une paire d'antennes et présentant une morphologie générale tripartite. Ce serait donc un insecte dont les pattes thoraciques paraissent mutilées ou mal comprises. L'absence d'ailes oriente soit vers un stade larvaire d'une forme ailée, soit vers un représentant des Aptérygotes (des insectes primitifs dépourvus d'ailes). La difficulté majeure de la détermination  tient à la forme arborescente des antennes. Des Coléoptères peuvent présenter des antennes pennées, mais pas ramifiées; L'hypothèse d'un insecte aptérygote serait étayée par la forme de la tête évoquant une entotrophie (pièces buccales cachées). Cette hypothèse serait aussi bien soutenue par la présence d'un appendice abdominal ventral rejeté en arrière, et évoquant l'organe saltatoire singulier , nommé "furca", spécifique des Collemboles Arthropléones appartenant à la microfaune du sol et dont les plus grands (quelques millimètres) sont repérables par un observateur aussi minutieux et passionné que le pouvait être le Maître du codex Cocharelli. Cette identification, évidemment incontrôlable par d'autres critères de diagnose, est plausible, mais ne résoud pas le problème des antennes énigmatiques. Faut-il penser que l'artiste, émerveillé par la découverte du microcosme insoupçonné habitant la litière du sol, a recomposé un insecte chimérique dont l'anatomie mixte pouvait avoir un sens à l'époque médiévale ?"

 

— 5ème ligne Chenille :

 

Bitsch, 2014, p. 64 "L'artiste a parfaitement repéré la présence de petites ventouses ventrales sur l'abdomen des chenilles et appelées "fausses pattes".

— 7ème ligne. Chenille de Papilionidae.

D'après Bitsch, 2014, p. 64,  cette chenille porte une formation orangée en forme de Y (flêche sur la photo) derrière la tête. "Il s'agit d'une vésicule glandulaire , bifide et exsertile, typique de la famille des Papilionidae". Voir ici la photo de l' osmeterium des Papilionidés sur la chenille d'un Papilio machaon.

— Dixième ligne. deux chrysalides. 

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Cicacidae  cigale de l'Orne ou cigale grise, Cicada orni 

Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.
Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

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Egerton 3127 f.2.r. deux-tiers de la colonne de gauche.

Arthropoda, Myriapoda, Diplopoda (Mille-pattes), famille des Iulidae (Iules). 

Arthropode terrestre au corps pluri-segmenté et aux multiples pattes marcheuses. 

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Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

Codex Cocharelli, Egerton 3127 f.2.r, British Library de Londres. Domaine public.

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 Egerton 3127 folio 1r.

Incipit : ADERUNT duisi seneratores speciali iavveusis quai subtilio 

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=11857

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Bitsch, 2014 page 64-65:

 "Les marges sont luxueusement ornées d'un fond d'or vivifié de filigranes rouge vermillon et parcourue de volutes feuillagées également dorées. Ainsi le texte parait enchassé dans les tourbillons d'une lumière étincelante. L'entrecolonne est une bande étroite de fond bleu filigrané de blanc et bordée d'or . La marge du bas apparaît dilatée car les diamètres de ses quatre volutes d'or s'élargissent en créant qautre médaillons circulaires égaux alignas sous le texte. Ces quatre cercles semblent découper, comme à l'emporte-pièce, le fond doré des marges, si bien que la teinte du parchemin redevient visible. Chaque médaillon contient la représentation d'un insecte ailé dessiné en vue dorsale avec les ailes déployées ou bien vu de profil avec les ailes redressées. Une petite plante schématisée est toujours présente en arrière-plan pour mettre en scène l'insecte dans son univers naturel."

 

"Les trois médaillons les plus à gauche sont occupés par trois papillons soigneusement représentés. C'est d'abord un individu typique de la famille des Sphingidae, Macroglossum stellatarum, une espèce qui butine les fleurs en vol stationnaire. A sa droite apparaît un représentant de la famille des Noctuelles. Le troisième Lépidoptère est un petit Rhopalocère (papillon diurne) aux ailes mouchetées de la famille des Hesperidae ; il s'agit de Pyrgus malvae. Enfin le médaillon le plus à droite montre un inscete avec des ailes membraneuses et un fort rétrecissement allongé au début de l'abdomen. Il s'agit d'un insecte ptérygote de l'ordre des Hyménoptères. La taille de  guèpe longuement pétiolée révèle la famille des Sphecidae et la répartition des couleurs noire et jaune suggère le genre Sceliphron."

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Egerton 3127 folio 2v.

Incipit : ..iste qui ne[m] vegnat no..

Une Punaise en bout de ligne 8 de la colonne de gauche. Lettrine R en or et rouge sur fond bleu. La description du folio 1r s'applique au folio 2v.

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=11860

 

 

 

Cocharelli Egerton 3127 folio 2v, British Library, Droit commun.

Cocharelli Egerton 3127 folio 2v, British Library, Droit commun.

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Egerton 3127 f.2v, C. Bitsch, 2014 page 65:

"Le médaillon de gauche a été malencontreusement détérioré. Il se pourrait que l'artiste ait représenté, en vue de profil, une sauterelle à longues antennes fines (Orthoptères de la famille des Tettigonidae ou Sauterelles). Le second médaillon est occupé par la vue dorsale d'un criquet (Orthoptère de la famille des Acridiens) du genre Oedipoda, dont les ailes postérieures, déployées à l'envol, sont d'un rouge éclatant et bordées de noir. Ensuite apparaît le profil d'une sorte de grand moustique à très longues pattes grèles. C'est un Diptère de la famille des Nématocères, probablement du genre Tipula. Le dernier insecte est probablement une espèce d'Oedipoda à ailes membraneuses transparentes "

Mikaël Buord (29) s'est intéressé à cette "espèce d'Oedipode" du dernier médaillon : 

" Bitsch évoque un "Oedipoda à ailes membraneuses transparentes", et elle a raison d'y voir un criquet, ce qui ne m'avait pas du tout sauté aux yeux! En revanche, même si dans le deuxième médaillon on reconnaît bien Oedipoda germanica, elle a tort d'appeler tous les criquets Oedipoda. Le rouge de l'abdomen et l'allure générale m'avaient d'abord fait penser aux Alydidés, mais je m'expliquais mal les bandes blanches en avant de l'abdomen. En grossissant, on comprend que c'est un criquet avec ses gros yeux et ses fémurs postérieurs développés, et sa coloration abdominale en fait un Omocestus haemorrhoidalis très convaincant."  

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Egerton 3781 1v 

Première ligne : ista verba undie. ecce dico ub...

 

Même description générale que Egerton f.1r. Une punaise dans le bas de la marge droite.

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https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/ILLUMIN.ASP?Size=mid&IllID=12205

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Cocharelli Egerton 3781 1r, British Library. Droit commun.

Cocharelli Egerton 3781 1r, British Library. Droit commun.

Bitsch 2014 page 65.

"L'artiste a représenté de nouveau un Oedipoda, mais vu de profil. L'insecte est représenté avec exactitude jusque dans la répartition des taches colorées portées sur les longs fémurs des pattes postéreiures sauteuses, ou bien encore dans le petit détail de la présence de palpes appendues aux pièces buccales. Ensuite, de nouveau une Tipula apparaît, mais placée en vue dorsale cette fois. Puis ce sont encore deux autres espèces d'Oedipoda qui déploient leurs ailes postérieures en révélant une couleur bleu-vert chez l'une et très claire chez l'autre".

Mickaël Buord (comm. pers. 2015) identifie la punaise de la marge comme Graphosoma semipunctatum (Fabricius, 1775) le Graphosome ponctué, qui vit exclusivement dans les régions méditerranéennes. Il propose pour le 3ème médaillon à partir de la gauche le genre  Aiolopus (tegmina avec grandes bandes claires et sombres, ailes postérieures verdâtres avec apex sombres, tâches à la face interne des fémurs postérieurs).

 

—  Additional  28841

f4r : Saturnium pyri (cf. infra)

f. 4v : cf

f.5 : cf.

f.6v. : Sauterelle verte dans la marge droite (image infra).

Pour Mickael Buord, la punaise sous la sauterelle du folio 6v  "fait penser à Raphigaster nebulosa, sous toute réserve (on pourrait y voir aussi Dolycoris baccarum par exemple)".  

 

 

Sauterelle verte , marge , Additional  28841 f.6v. British Library de Londres. Domaine public.

Sauterelle verte , marge , Additional 28841 f.6v. British Library de Londres. Domaine public.

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COMPLÉMENT. 

I. Liste des espèces d'insectes.

Les noms placés entre crochets sont de simples suggestions ou éléments de comparaison. 

— Coleoptera

 a) Coléoptères Scarabéides

  • Oryctes nasicornis 

 

— Diptera

  • Tipula

— Hemiptera

a) Hémiptère aquatique Hydrocoride  : probable Notonecte. [Notonecta maculate selon Hutchison] . Voir note ici : Ad. 28841 f.4v

b)  Hémiptères Pentatomides,  "Punaises", Ad. 28841 f.4v.

  •  Graphosoma semipunctatum (Fabricius, 1775) le Graphosome ponctué,  Egerton 3781 1v

c) Cicacidae

  •  cigale de l'Orne (ou du Frêne) ou cigale grise, Cicada orni 

— Hymenoptera 

a) Sphécide 

  • un Sceliphron.

— Lepidoptera

a)​ Papilionidae

  • Chenille de Papilionidae

b) Hesperiidae

  •  Pyrgus [malvae ou Malvoides] Egerton 3127 f.1r 

     

c) Noctuidae " une Noctuelle"

d) Sphingidae Sphinx :

  • Macroglossum stellatarum
  • Acherontia atropos

e) Arctiidae

  • mâles : Utethesia pulchella, 

f) Saturniidae

  • Saturnia pyri Additional 28841 f 4r.

​g) Zygaenidae

  • Zygaena sp.

 

 

— Orthoptera 

 a) Acrididae (Criquets) 

  • Oedipoda [germanica] "Oedipode à ailes rouges"

  • Oedipoda [caerulescens] "Oedipode à ailes bleues"

  • Criquet Oedipoda à ailes transparentes ou possible Omocestus haemorrhoidalis (Charpentier, 1825), le Criquet Rouge-queue. 

 

  • Acrida sp.  "Truxales" (comme Acridia ungarica par exemple) Ad 28841 f.5v.

     

b) Tettigonidae (Sauterelle) 

  • Sauterelle verte  Ad. 28841 f.6v.

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En dehors des Insectes  :

Arthropoda, Myriapoda, Diplopoda (Mille-pattes), famille des Iulidae (Iules). Egerton 3127 f.2r

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II. Etude de quelques espèces de Lépidoptères.

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1°) . Utetheisa pulchella. Arctiidae.

Utetheisa pulchella pulchella (Linnaeus, 1758), la Gentille, l'Écaille du Myosotis.

Phalaena pulchella Scopoli, 1763,  Entomologia carnolica page 208 n° 514 

= PhalaenaTinea pulchella Linné, Systema naturae 1758 p. 534 n° 238 

Utetheisa pulchra ([Denis & Schiffermüller], 1775) in Systematisches Verzeichniß der Schmetterlinge der Wienergegend page 69 famille C

= James Petiver, Gazophylacii I, page 3 n°3

La Gentille, Chenille de l'Heliotrope,  Engramelle, 1788,  Papillons d''Europe peints d'après nature, Tome 6 p. 48 Pl.  221 n°309 (Gallica)

Le Bombix gentil,  Olivier, 1790, Encyclopédie methodique,  tome V,  page 100

 

La Lithosie gentille, Godart, 1824, Papillons de France tome 5, Nocturnes vol. 2 n°135 page 23

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Utetheisa pulchrella La Gentille, Chenille de l'Héliotrope,  Engramelle Tome 6 p. 48 Pl.  CCXXI n°309

Utetheisa pulchrella La Gentille, Chenille de l'Héliotrope, Engramelle Tome 6 p. 48 Pl. CCXXI n°309

Utetheisa pulchella, La Lithosie gentille, Godart, 1824, Papillons de France tome 5, Nocturnes vol. 2 n°135 page 23

Utetheisa pulchella, La Lithosie gentille, Godart, 1824, Papillons de France tome 5, Nocturnes vol. 2 n°135 page 23

 

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Additional 28841, f. 4v. , détail

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2°) La "Noctuelle" : Autographa gamma, le lambda ou Gamma ???

On pourrait rapprocher le Noctuidae de l'Autographa gamma, en supposant que l'artiste se soit laissé détourné de la réalité par la forme des ouïes de quelque instrument à corde.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Autographa_gamma

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3°) Hesperiidae. L'Hespérie de la mauve  Pyrgus malvae (Linnaeus, 1758).  Ou l'Hespérie de l'Aigremoine ?

Pyrgus malvae est une identification possible. Ce serait la première illustration disponible dans l'histoire de l'entomologie de ce papillon diurne. Mael Garrin me fait remarquer que "s'il vient d'Italie, et à considérer que ces taches soient fidèlement représentées, ce pourrait plutôt être P. malvoides l'espèce affine de P. malvae dans le sud"

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hesp%C3%A9rie_de_la_mauve

 

  

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Insectes. Egerton 3127, marge basse de f. 1r. (extrait ). British Library de Londres. Domaine public

Insectes. Egerton 3127, marge basse de f. 1r. (extrait ). British Library de Londres. Domaine public

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4°) Une Zygène.

Le folio 6v est consacré à l' histoire versifiée de la Sicile du temps de Frédéric II, mais les marges sont ornées de feuillages et de fleurs, de lapins, d'une chenille, d'une libellule, et d'un papillon aux ailes bleu sombre à cinq points rouges posé sur une fleur violette. Ne peut-on y voir un Zygaenidae à cinq points comme la Zygène du Trèfle Zygena trifolii ...posée sur une fleur de trèfle ? Mais les cinq points rouges se rencontrent sur d'autres espèces, et leur combinaison avec un collier blanc complique encore les choses. Restons-en au genre Zygaena, c'est déjà bien.

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Image Wikipedia

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 Colette Britsch (2014, p. 62)   indique la présence dans le folio 6v d'un grand migrateur arrivant en début d' été en Europe, le  Sphinx à tête de mort Acherontia atropos  : "Il est posé au sol, vu de profil et la tête dirigée vers les pieds de pavots. Les ailes sont repliées en toit et laissent voir une extrémité abdominale caractéristique, rayée de noir et jaune, tel un frelon. 

Additional 28841  f. 6v British Library, Droits publics.

Additional 28841  f. 6v British Library, Droits publics.

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5°) Mâle d'un Grand paon de nuit Saturnia pyri .

J'ai abordé avec réserve l'image de cette page du Codex Cocharelli, et d'un Grand Paon de nuit qui s'y trouve en marge. En effet, Florence Dupont en donne la reproduction dans son article de 2011, en faisant référence à une publication d'Aguilar page 22, mais je n'ai pas découvert ce folio sur le site de la British library. Florence Dupont écrit : "Feuillet de vélin de la fin du XIVe siècle, attribué au moine Cybo d'Hyères (*), les marges y sont ornées de chenille, bourdon, libellule, Grand Paon de nuit… (Aguilar, p. 22)".

C'est Colette Bitsch (2014, p.70) qui me procure la précision nécessaire : il s'agit du manuscrit "Additional 28841 au bas du folio 4". Puisque la British Library ne donne à voir que le folio 4v, où je ne vois pas ce papillon,  j'en déduis qu'il s'agit du folio 4r. Les antennes pectinées bien visibles permettent de préciser qu'il s'agit d'un mâle. Ce n'est qu'un siècle et demi plus tard que Robinet Testard a représenté à nouveau cette espèce, dans le Livre des Simples médecines , traduction du Liber de simplici medicina, ou Circa instans de Matthaeus Platearius. (Bnf Français 12322 f.143v). Probablement vers 1487-1496, entre un Rosier (Anthera) et un Sceau de Salomon (Sigyllum Sanctae Mariae). Testard, enlumineur privilégié de la cour d'Angoulème  a travaillé en 1484 à Cognac pour Charles d'Angoulème. 

 

 

 

Saturnia pyri, attribué à Robinet Testard, vers 1487-1496,, Bnf fr.12322 f.143v 

Voir aussi : Bibliothèque nationale russe à Saint-Pétersbourg, fr. F.v.VI,1 

 

 

(*) Le Monge, ou le Moine de l'Ile d'Or, de l'antique famille Cybo de Gênes, est, selon les Vies les plus célères et anciens poetes provensaux de Jean de Nostredame,   un moine de Lérins qui  fréquentait un ermitage  des îles d'Or, ou île d' Hyères, qui dépendait de Lérins. Il était le bibliothécaire de la "literie" de l'abbaye Saint-Honorat de Lérins, "renommée dans toute l'Europe pour avoir été enrichie et douée par les comtes de Provence et rois de Naples et de Sicile". Bon enlumineur, il rédigea un recueil historique des victoires des Comtes d'Aragon, fit une transcription des poètes provençaux pour le roi Louis II, etc. 

On crut longtemps à l'existence de ce moine d'Hyères, avant de découvrir que son histoire avait été inventée de toute pièces par Jean de Nostredame. On en trouve par exemple la biographie en 1843 sous le nom de Monaco del Issoro del Oro , où on précise qu'il était né à Gênes en 1326. Le manuscrit Cocharelli lui a été attribué longtemps.

 

 

Le manuscrit des Cocharelli : un bestiaire d'insectes du XIVe siècle.

 

.

SOURCES ET LIENS.

— BITSCH (Colette), 2014, "Le Maître du codex Cocharelli. Enlumineur et pionnier dans l’observation des insectes", in Laurence Talairach-Vielmas & Marie Bouchet (eds), History and Representations of Entomology in Literature and the Arts. (Bruxelles: Peter Lang, 2014) pages 57-80, .

BITSCH (Colette), 2015,  sur le site web du Muséum de Toulouse :  Des sciences naturelles avant la lettre : le surprenant bestiaire des Cocharelli, publié à l'occasion du Kiosque actualité du 1er septembre 2013 "les insectes, c'est fou” au Muséum d'histoire naturelle de Toulouse.  

DURAND (Florence), 2011, Petite histoire des classifications et collections entomologiques : en particulier les coléoptères chez Etienne Louis Geoffroy (1727-1810), pdf

http://www.acorep.fr/documentations/Florence%20Durand%20Dec%202011.pdf

NAZARI (Vasrick), 2014,  "Chasing Butterflies in Medieval Europe", Journal of the Lepidopterists’ Society 68(4):223-231. 2014 

A survey of illuminated medieval manuscripts from Europe reveals depictions of several different methods used in the Middle Ages for catching butterflies. A discussion on the meaning and iconography of lepidopteran imagery in these manuscripts is presented.

http://images.peabody.yale.edu/lepsoc/jls/2010s/2014/2014-68-4-223.pdf

— https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=8329&CollID=28&NStart=3127

Catalogue of illuminated Manuscripts, British Library, 

https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/results.asp?OriginID=503

— The Cleveland Museum of Art : Leaf of a Cocharelli treatise on the Vices : Accidia and her Court, ca 1330. 

http://www.clevelandart.org/art/1953.152

 


A. C. Crombie, 'Cybo d'Hyères: a fourteenth century zoological artist',Endeavour, 9 (1952), 18-37 (figs. 1-2). 



G. Evelyn Hutchinson, 'Aposematic insects and the Master of the Brussels Initials', American Scientist, 62 (1974), 161-71.



Francesca Fabbri, 'Il "Cocharelli": osservazione e ipotesi per un manoscritto genovese del XIV sec', Tessuti, oreficerie, miniature in Liguria XIII-XV secoli, ed. by A. R. Calderoni Masetti, C. Di Fabio and M. Marcenaro, Atti del Convegno Internazionale di Studi: Genova-Bordighera, 22-25 May 1995 (Bordighera: Istituto Internazionale di Studi Liguri, 1999), pp. 305-20, fig. 1 [f. 5v].

Robert Gibbs 'Antifonario N: A Bolognese choirbook in the context of Genoese illumination between 1285 and 1385,' ibidem, pp. 247-78, (pp. 270-78).


Francesca Fabbri, 'Maestro del Codice Cocharelli', Dizionario biografico dei miniatori Italiani: Secoli IX-XVI, ed. by Milvia Bollati (Milan: Bonnard, 2004), pp. 495-97, 1040.

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Zoonymie des Rhopalocères.

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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
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