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8 mars 2021 1 08 /03 /mars /2021 22:02

Le jubé (chêne non peint, 1534-1543 ? et Denis Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. 

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1. Voir sur Lambader :

 

2. Voir sur les jubés de Bretagne (ordre +/- chronologique) :

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3. Voir sur l'art des grotesques de la Renaissance :

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 Voir sur  l'art des grotesques de la Renaissance en Bretagne par ordre chronologique :

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GÉNÉRALITÉS : LES JUBÉS BRETONS.

 

Dans une église, le jubé est une tribune formant clôture de pierre ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef, car suivant la conception médiévale, l'autel, lieu du mystère sacré, ne doit pas être directement visible. : le chœur était réservé au clergé, et les fidèles, installés dans la nef, écoutait la lecture et les prédications, chants liturgiques, et apercevait le chœur à travers la claire-voie.

 Il se compose de 3 parties :
- La clôture appelée chancel,, elle est à claire-voie et dotée d'une ou deux portes.
- Au-dessus la tribune (le véritable jubé), parfois en encorbellement, à laquelle on accédait pour prêcher ou chanter, par un ou deux escaliers.
- Et l'ensemble étant dominé par un groupe de crucifixion ou « tref » — du latin trabs (« poutre ») — .

Nous pouvons ajouter une quatrième partie, les autels latéraux destinés parfois à déposer des offrandes en nature (St-Herbot) ou à la célébration des messes à l'intention des fidèles, le maître-autel leur étant interdit.

La tribune est souvent ornée, coté nef, de douze panneaux figurant dans un but didactique les apôtres.

Au XVIe siècle, le concile de Trente (achevé en 1563) provoqua une évolution de la liturgie catholique en réponse au succès des églises protestantes. Le chœur devant désormais être visible pour les fidèles, les jubés étaient condamnés. Tandis que les chaires à prêcher les remplaçaient, ils seront déplacés ou détruits aux siècles suivants, quelquefois tardivement au XIXe siècle. Curieusement, plusieurs jubés bretons ont été construits pendant ou après le Concile de Trente.

La Bretagne conserve encore 12 jubés complets  et quelques chancels. Les panneaux des tribunes furent remontés ici ou là comme tribune d'orgue (Goulven) ou tribune de fond d'église, comme à Esquibien.

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LISTE  DES JUBÉS BRETONS.

 

Sur la centaine d'origine, il  subsiste douze jubés entiers en Bretagne  : j'ai tenté de les classer chronologiquement.

— église du Folgoët (29), un jubé en pierre. 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/eglise-paroissiale-notre-dame-place-de-l-eglise-le-folgoet/5f4c4b00-49a8-4644-a69b-f36f08115031

chapelle St-Fiacre du Faouët (56) : c'est le plus ancien des jubés de bois bretons , puisqu'il a été réalisé vers 1480.

http://www.lavieb-aile.com/2016/01/le-jube-de-la-chapelle-saint-fiacre-du-faouet-i-le-cote-de-la-nef-ouest-b-la-tribune.html

— chapelle de Kerfons en Ploubezre (22), vers 1491-1495. 12 apôtres disposés comme dans le Calendrier des Bergers de 1493. 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube-de-la-chapelle-de-kerfons/5c64208e-8ddc-4391-b955-0ff20004cab9

 

— chapelle St-Fiacre de Melrand (56), fin XVe (chapelle 1460). 12 apôtres disposés comme dans le Calendrier des Bergers 1493.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube/f3d4975b-c112-4d60-b888-612dff2f546b

chapelle St-Pabu de Saint-Guen (22). 1501 ? Jubé gothique

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00089629

https://actu.fr/bretagne/mur-de-bretagne_22158/a-saint-guen-pres-mur-bretagne-tresor-patrimonial-va-etre-restaure_16545697.html

chapelle de Lambader à Plouvorn (29) : vers 1520 ou 1534 (discussion infra)

— chapelle Ste-Avoye de Pluneret (56), daté de 1555. 12 apôtres coté nef (Pierre-André-Jacques Philippe avec épée-Jean-Thomas avec équerre - Mathieu avec lance-Barthélémy=couteau -Jacques min. foulon - Jude+scie- Simon tourne le dos- Mathias hallebarde), Vertus et saints coté chœur

https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=56176_3

église St-Yves de La Roche Maurice (29), daté de 1570-1580. Apôtres coté nef.

Le jubé (chêne polychrome, v. 1560) de l'église Saint-Yves de La Roche-Maurice (29).I. La tribune.

—  chapelle St-Nicolas de Priziac (56)   achevé en 1580. Apôtres coté chœur. Pierre-André-Jacques Maj.-Jean-Thomas-Philippe-Matthieu-Barthélémy-Jude-Simon-Jacques min.-Mathias.

http://www.lavieb-aile.com/article-chapelle-st-nicolas-en-priziac-104337834.html

—   chapelle St-Herbot en Plonevez-du-Faou (29), seconde moitié du XVIe siècle. 12 apôtres coté nef.

—  chapelle ND de la Croix à Plélauff (22)  XVIe siècle.

http://www.plelauff.fr/decouvrir/la-chapelle-le-jube

chapelle de Locmaria en Belle-Isle-en-Terre (22)12 apôtres coté chœur, ordre recomposé. Après 1516.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-notre-dame-de-pendreo-locmaria-belle-isle-en-terre/728ce742-202f-4535-a9b4-e30a8442598c

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Les jubés en ré-emploi :

église de La Martyre (29) : chancel de pierre, XVe siècle.

église de Goulven (29) : la tribune d'orgue, ancien jubé du XVIe siècle. Décor Renaissance (dauphins, griffons, arabesques, masques)

église ND de Rochefort-en-Terre (56) : jubé transformé en tribune au XIXe siècle.

église de Loc-Envel (22) : ré-emploi en tribune. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jub%C3%A9_de_l%27%C3%A9glise_Saint-Envel_de_Loc-Envel 

"Le jubé présente trois styles différents. Les panneaux de la tribune et les baies du côté subsistant de la clôture sont de style gothique flamboyant. Les pilastres et les meneaux à décor d'écailles ou de rosettes, les nids-d'abeilles et les torsades des colonnes, de style Louis XIII, sont inspirés des décorations du château de Blois. Les panneaux de soubassement, où l'on reconnaît de fins oiseaux affrontés, des vases, des candélabres, des arabesques, datent de l'époque de la Renaissance italienne et sont l'œuvre d'un atelier morlaisien."

Cathédrale Saint-Paul Aurélien de Saint-Pol-de-Léon (29)

Lamballe (22) restes de jubé : tribune d'orgue

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/buffet-d-orgue-lamballe-fusionnee-en-lamballe-armor-en-2019/c3763869-0343-4347-a923-b59b5686e23a

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube-lamballe-fusionnee-en-lamballe-armor-en-2019/e970ddf1-22e2-4788-93a6-cafe584b86d5

Les Iffs (35): les 12 apôtres, 12 panneaux restant du jubé (deuxième moitié XVIe siècle), remontés dans un bâti :

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IM35001291_01.pdf

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/jube/8a842632-bcbc-4f03-b37b-5f500aa5dd9f

 

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PRÉSENTATION : LES INCERTITUDES DE LA DATATION.

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L'article de Wikipédia me permettra d'exposer la difficulté de datation que pose ce jubé :

"Le jubé de la chapelle de Lambader est situé à la jonction des cinquième et sixième travées de l'édifice. Construit en bois de chêne, il affecte une architecture flamboyante. Cette œuvre sculptée présente des affinités certaines avec le jubé de la chapelle de Kerfons sise en Ploubezre. Dépourvu aujourd'hui de toute polychromie, il date du dernier quart du XVe siècle, voire du début du XVIe siècle. L'art de la Renaissance y fait une timide apparition, les panneaux de la galerie, enchâssés dans des arcs en accolade, s'ornant de vases, rinceaux et autres motifs italianisants."

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Notre-Dame_de_Lambader

En effet, les deux blasons de ce jubé, qui portent les armes de Troërin et de Kermellec, et sont attribuées à   Marc de Troërin et Isabeau de Kermellec, mariés en 1481, ont longtemps incité les chercheurs  à  estimer que le jubé fut donné en 1481

C'est le vicomte de Reals, propriétaire du château de Troërin, maire de Plouvorn à l'origine de la restauration de la chapelle, qui affirme :

"D'après les titres des Troërin, ce jubé fut donné à l'église en 1481, par Marc de Troërin, époux d'Isabeau de Kermellec; les armes du donateur sont soutenues par un ange formant l'un des pendentifs du jubé du côté du chœur; elles sont aussi reproduites, ainsi que celles de sa femme, au dessus de la porte du milieu." Mais il ajoute : " Les motifs multiples de ce jubé sont du style flamboyant et ils reproduisent le dessin de la maitresse vitre.". Or, ce vitrail porte la date de 1543.

D'autre part, argument faible contre l'hypothèse d'être en capacité de faire donation,  en 1481, Marc de Troërin n'était pas présent à la Montre de l'Évêché de Léon, à la différence de Guillaume de Troërin, son père a priori.

Mais V.-H. Debidour, en 1979, après une étude stylistique comparative des jubés bretons, proposait pour celui de Lambader la date de 1520, au vu des panneaux italianisants.
 

En 1976, Tanguy Daniel écrit dans un article de 4 pages sur ce jubé :

"De quand dater ce chef-d'œuvre ? Certaines analogies avec le jubé de Kerfons en Ploubezre, daté, lui aussi des années 1481-1485, ont poussé certains auteurs à faire remonter aussi celui de Lambader aux années 1480, d'autant qu'un écusson des donateurs, Marc de Troënin et Isabeau de Kermellec, vivant à cette époque, figure du coté du chœur tenu par un ange en pendentif. Cela peut correspondre à la partie flamboyante du jubé, mais la tribune, avec ses éléments décoratifs de la première Renaissance, ne peut remonter au delà des années 1510-1520. Quoiqu'il en soit, ce chef-d'œuvre fragile a été considérablement restauré en 1877 , au moment de la reconstruction de la chapelle, par Denis Derrien, sculpteur à Saint-Pol-de-Léon : il a refait bien des entrelacs de la claire-voie, et surtout remplacé la plupart des statues accolées à la tribune du coté du chœur. Il n'en reste pas moins que le jubé de Lambader, même s'il n'a pas — ou plus ? — de polychromie, est en Bretagne une œuvre majeure de la fin du flamboyant et du début de la Renaissance."

 De même en 1977,  Michel de Mauny, écrit dans Le Pays de Léon :

"La date se rapproche beaucoup plus de 1510-1520, en raison du décor Renaissance des panneaux de la tribune, comparables à ceux de Goulven : rinceaux, candélabres et chimères sous des accolades jumelées sont identiques. Par la délicatesse de ses découpures, ce jubé mérite d'être placé en parallèle avec les plus beaux jubés conservés de Bretagne, tels celui de Kerfons en Ploubezre avec lequel il a en commun certains détails, l'escalier notamment, celui de Locmaria en Belle-Isle-en-Terre, celui encore de Saint-Fiacre du Faouët."

 

C'est aussi l'évaluation des services du Patrimoine (base Palissy) qui donne la datation du "premier quart du XVIe siècle".

Les cartes de l'examen iconographique, stylistique et héraldique sont brouillés par l'importante réfection de novo et la restauration de 1877. Ainsi, les deux blasons, très bien conservé, semblent en relever.

 "En 1877, Denis Derrien sculpteur de Saint-Pol démonta et restaura ce jubé et l'état des statues détermina leur remplacement . Par un contresens aussi grossier que déplorable , dû à l'ignorance , on le remonta à l'envers, plaçant les statues  des apôtres face au chœur, au lieu de les remettre face à la nef où ils doivent obligatoirement se trouver puisqu'ils sont là pour  rappeler qu'ils figurent les portes par lesquelles on entre dans l'Eglise apostolique les deux portes de la Jérusalem céleste. Du coté opposé on a mis le pélican qui se perce le flanc, figure du Christ dont le sang vivificateur ressuscite à la vie spirituelle les hommes morts par le péché, allégorie en raison de laquelle il devrait se placer face au chœur. Des anges, portant les instruments de la Passion, terminent les pendentifs." (Michel de Mauny)

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Je peux donc, pour reprendre ces auteurs, poser ce postulat : la clôture de chœur est de style gothique flamboyant, tandis que la tribune relève de la Première Renaissance. Soit de façon contemporaine (comme cela se voit pour la clôture de chœur de la chapelle haute de Gaillon, 1502-1510), soit par deux chantiers distincts et successifs. 

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Rappel : On divise la Renaissance entre un Style Louis XII (1495-1525/1530) de transition avec le gothique, une Première Renaissance française (1515-1530/1540) et une Seconde Renaissance ou Classicisme (1540 à 1560/1590, incluant le Style Henri II) qui s'achève avec le Maniérisme. L'Ecole de Fontainebleau (1534-1539) y joue un rôle pivot, avec l'introduction dans l'ornementation des créations de Primatice, Rosso Fiorentino, et, pour les boiseries, de Scibec de Carpi.

Mais ces datations qui qualifient l'architecture française doivent être interrogées pour leur application à la sculpture en Bretagne.

  Les premières manifestations de la sculpture Renaissance en Bretagne se trouvent en Haute-Bretagne, à Dol-de-Bretagne en 1508, puis à Guerche-de-Bretagne (stalles, 1518-1525), à Notre-Dame de Vitré (vers 1530-1550) sous l'influence de Guy XV de Laval, puis à Champeaux (stalles, v.1530-1550) sous l'influence des familles d'Espinay et de Goulaine. Le style de la Seconde Renaissance ne s'introduit en Basse-Bretagne qu'en 1553-1559 à la chapelle de Kerfons, sous l'influence de Marquise de Goulaine, puis au château de Kerjean vers 1570 et au château de Maillé sous l'influence de Maurice de Carman et Jeanne de Goulaine, mariés en 1541. Ce sont ces familles d'Espinay, de Goulaine, de Carman, de Boutteville, de Montejean, de Vertus-d'Avaugour qui diffusèrent le style italianisant qui s'était développé à la Cour de France dans le Val-de-Loire.

D'où mon interrogation : les panneaux sculptés de Lambader (que je vais présenter en détail), de style Première Renaissance avec leurs rinceaux symétriques autour d'un axe vertical, leurs dauphins et dragons affrontés, leurs putti ailés, leurs oiseaux fabuleux buvant aux mêmes vasques, leurs candélabres, et leurs crânes animaux, comparables à ceux de Gaillon, Dol-de-Bretagne, La Guerche et Champeaux, mais sans aucun élément bellifontain comme les cartouches, cuirs découpés  et mascarons, ont-ils, si on accepte la datation de 1510-1520, précédé ceux des collégiales de Haute-Bretagne et sont-ils apparus, de façon presque virginale, en Basse-Bretagne sans y être introduit par un haut seigneur fréquentant le Val-de-Loire et la Cour?

Ne faut-il pas accorder un peu plus de temps à la Première Renaissance pour pénétrer le Léon ? 

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L'un des arguments que je propose est de remarquer que la chapelle fut victime d'une importante destruction du chevet, nécessitant de la part de Marc de Troërin une donation du 17 janvier 1534. 

"dans les papiers de la famille de Troërin, famille fondue dans la maison de Réals, nous trouvons un acte de 1534 par lequel le seigneur de Troërin, à l'occasion d'une reconstruction du pignon sud de l'église, donne au prieur de Lambader un champ sis au terroir de Kerguidal. L'acte n'indique pas à quel ordre appartenait le prieur de Lambader. En reconnaissance de ce don, le dit prieur reconnut au seigneur de Troërin le droit à trois tombes dans la chapelle, plus le droit à la troisième arcade, plus le droit de placer ses armes dans trois endroits différents de l'église. Diverses tombes ont été découvertes pendant la démolition ; mais aucune inscription n'a permis de reconnaître quels étaient les personnages que recouvraient ces sépultures." (Vicomte de Réals)

N.B Tanguy Daniel signale que ce don permit non seulement la reconstruction "du pignon suzain [haut, supérieur] d'icelle chapelle" mais aussi la réparation de la chapelle.

On peut déduire de cet acte que Marc de Troërin n'avait pas, avant 1534, droit à apposer ses armoiries dans la chapelle. On remarque que le nombre des blasons concédés par le prieur est le même que celui des écus qui existent aujourd'hui sur le jubé.  

Le nouveau chevet est achevé en 1543, puisqu'on y installa la maîtresse-vitre représentant une Passion (elle sera brisée en 1845) portant cette date. .

On ajoutera à cela  que le calvaire date de 1550 environ. La période 1534-1550 est celle d'une importante activité pour Lambader.

 

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Au total, j'incite les chercheurs à reconsidérer la datation du jubé (ou peut-être seulement de sa tribune) et, pour les motifs héraldiques et stylistiques exposés, de le retarder autour de 1534-1539 (avant la Galerie de François Ier de Fontainebleau) ou de 1534-1543.

Un autre élément de datation pourrait, comme Jérôme Lafeuille l'a si élégamment fait à Kerfons, se baser sur les statues des apôtres Credo apostolique. Mais celles-ci, qui ne forment pas un Credo apostolique,  sont dues au ciseau de Denis Derrien en 1877, et il faudrait , pour s'y fier, supposer qu'il s'est fondé, pour les réaliser, sur des modèles préexistants. Son orientation inhabituelle de la tribune, et l'étude de ces statues, n'encouragent pas à les inclure dans une iconographie comparative permettant une datation.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LE JUBÉ VU DEPUIS LA NEF.

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Le jubé de la chapelle de Lambader est situé à la jonction des cinquième et sixième travées de l'édifice.

Nous voyons les trois arcades de la clôture  de style flamboyant, l'arcade du milieu étant ouverte en partie basse pour permettre un passage vers le chœur. Était-elle fermée par une porte ?

Au dessus des voûtains de ces arcades, la tribune se déploie, rythmée par 12 panneaux, un crucifix central et deux statues du XIXe siècle.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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I. LA TRIBUNE, COTÉ NEF.

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Sous une frise de fleurs et feuilles de chardons, douze arcatures jumelées deux à deux sont séparées par des  pinacles à crochets ou des pinacles suspendus. Ces arcatures imitent des baies gothiques avec un remplage chargé de choux frisés, découpant des mouchettes et marquées, comme des yeux, par  deux roses contiguës.

Cette dentelle flamboyante se répète sans varier, mais chacune des 12 arcades renferme un panneau rectangulaire, de style Renaissance, qui diffère à chaque fois. Je les présenterai de gauche à droite.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LES DOUZE PANNEAUX "GROTESQUES".

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Premier panneau.

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Feuilles larges et fleurons dans un rinceau symétrique autour d'un axe vertical.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième panneau.

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Dans une symétrie autour d'un axe vertical formé par un candélabre, deux dauphins s'affrontent dans le réseau de rinceaux produisant des masques anthropomorphes de profil .

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Troisième panneau.

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L'axe vertical est un candélabre (ou vase, ou bassin) recevant la tête d'un putto ailé. Deux oiseaux fantastiques et hybrides viennent en mordre le bord. La tête, le corps, les ailes et la queue de ces oiseaux sont feuillagés, selon le procédé de métamorphose et effacement des limites entre monde animal et végétal.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième panneau.

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L'axe vertical est un encore un vase, contenant des fruits ronds que deux oiseaux viennent picorer. Ces oiseaux sont feuillagés comme les précédents.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Cinquième panneau.

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L'axe vertical est un candélabre (ou vase, ou bassin) auquel deux dauphins copieusement feuillagés viennent s'abreuver. Leur queue bascule du monde naturel vers le monde artificiel en adoptant la forme d'une lame marquée de I.  

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Sixième panneau.

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L'axe vertical est un candélabre supportant une tête plus animale qu'humaine, aux longues oreilles, aux yeux caves et au nez épaté. De part et d'autres, deux dragons (ou unicornes) s'ébattent, mais leur buste laisse vite place à des rubans de feuillages.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Septième panneau.

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Au dessus du candélabre central, une tête vaguement anthropomorphe, mais feuillagée, crachent trois rinceaux de chaque coté. L'un s'achève en feuillage, l'autre en corne, et le troisième est la queue d'un dauphin. Feuillagé, cela va de soit.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Huitième panneau.

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Deux dragons, qui reprennent la plupart des traits des animaux précédents, s'opposent de chaque coté du candélabre.

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Neuvième panneau.

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Deux oiseaux picorent un fruit rond trouvé sur la vasque du candélabre central.

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Dixième panneau.

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Deux dragons feuillagés autour d'un candélabre.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Onzième panneau.

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Le candélabre supporte un masque de forme lunaire; Il est gardé par deux dragons ailés, assis comme des sphinx.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Douzième panneau.

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Composition à feuilles larges creusées en cupules au centre.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LES DEUX STATUES (1877).

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Elles occupent les deux consoles à godrons (d'origine ?) encadrant le Crucifix? Comme ce dernier, elles sont dues au ciseau de Denis Derrien, et il est très improbable que ce dernier se soit basé sur des statues antérieures ; le culte de saint Joseph s'est développé au XIXe siècle. Joseph et son fils, Anne et sa fille célèbrent les vertus des liens familiaux.

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1. Saint Joseph et l'Enfant-Jésus.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Sainte Anne éducatrice.

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LES SEPT ANGES PRÉSENTANT LES INSTRUMENTS DE LA PASSION.

 

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1. Ange ayant perdu son attribut.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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2. Ange présentant la croix (traverse perdue)

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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3. Ange présentant le marteau et les tenailles du crucifiement.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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4. Ange présentant la couronne d'épines.

Le pélican dans une corbeille s'ouvre la poitrine pour nourrir ses petits de son sang. Allégorie de l'Eucharistie.

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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5. Ange présentant l'échelle de la Descente de croix.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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6. Ange présentant la lance de Longin.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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7. Ange volant (accessoire perdu ?).

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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II. LA CLÔTURE, COTÉ NEF.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Les montants de la porte présentent les statues de l'ange Gabriel et de la Vierge Marie, tandis qu'au centre un ange montrent le blason aux armes de Kermellec. Tout autour court un rinceau de vigne, avec ses grappes, symbole eucharistique au même titre que le pélican.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Ange présentant un blason.

Le blason porte, selon Pol de Courcy (1864) repris par  De Réals (1889) puis Abgrall (1897) les armes de la famille de Kermellec, d'or à une fasce de gueule, accompagnée de trois molettes d'éperon de même, deux en chef et une en pointe.

https://www.tudchentil.org/spip.php?article789

Selon les auteurs, Isabeau de Kermellec épousa Marc de Troërin en 1481.

Les meubles du blason, tout comme l'ange, ne montrent aucun signe d'altération : il s'agit sans doute d'une copie de 1877. Les molettes sont remplacées par des étoiles. La fasce porte des hachures verticales, comme dans le codage de représentation monochrome en héraldique, pour rendre la fasce de gueules.

L'affirmation de Pol de Courcy peut s'étayer sur les  informations réunis par le site d'Hervé Torchet,  La Pérenne :

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=616

a) Ysabeau de Kermellec est la fille de  Tanguy de Kermellec et de Constance de Coetanroch

1499, Partage : Guillaume de Cornouaille seigneur de Cornouaille sgr de Kerguern et de Coetanroch à Ysabeau de Kermellec, héritage de feus Tanguy de Kermellec et Constance de Coetanroch père et mère de ladite Ysabeau et aïeuls dudit Guillaume.
b) en 1505, ladite Ysabeau est femme de Marc Tuonquirin ( en marge Troerin)

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation sur l'encadrement de la porte.

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J'ai remarqué récemment (Arc de triomphe de Saint-Thégonnec) combien les Annonciations étaient disposées à l'entrée des sanctuaires, sur les portes monumentales, les porches, et, ici, la porte de clôture.

Les statues sont placées dans une niche à dais gothique.

Gabriel qui ébauche une génuflexion, tient le lys, fleur pur et blanche symbolisant la conception virginale. Le phylactère de son message entoure la tige.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge Marie.

Elle tient le livre des Écritures (qu'elle réalise) et fait le geste de son acceptation au plan divin de l'Incarnation.

Son front est largement épilé, ses cheveux ne sont pas voilés ou retenus, ses joues sont particulièrement rondes et pleines. Elle porte sur une chemise à col rond une robe à encolure carrée et un manteau. Le vase portant le lys est à ses pieds.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LE JUBÉ VU DEPUIS LE CHOEUR.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

 

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I. LA TRIBUNE.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LES DOUZE PANNEAUX "GROTESQUES".

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Nous trouvons plusieurs fois les mêmes motifs, déjà présents sur la face ouest, sans pouvoir affirmer si ces panneaux sont ceux d'origine, ou encore si Denis Derrien a complété des espaces manquants ou trop altéré.

Il me manque, pour l'ensemble des boiseries de ce jubé, une expertise des bois qui en daterait la réalisation. 

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Premier panneau.

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Un candélabre supporte un masque feuillagé qui crache des rinceaux, dont deux s'achève en tête de dragons.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Deuxième panneau.

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Un candélabre supporte un crâne animal (bucrâne? mais sans cornes) aux oreilles longues. Deux dragons ou unicornes voient leur queue s'empanacher en rinceaux.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Troisième panneau.

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Deux oiseaux huppés et feuillagés  boivent ou picorent le bord du vase central, lequel est dominé par une tête de putto ailé.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Quatrième panneau.

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Deux oiseaux feuillagés picorent les fruits ronds disposés sur la coupe d'un candélabre.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Cinquième panneau.

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Deux dauphins s'affrontent autour d'un candélabre, croisant le trajet de deux rinceaux qui s'épanouissent en masques anthropomorphes de profil.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Sixième panneau.

Rinceaux autour d'un candélabre.

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Septième panneau.

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Deux dauphins cornus s'ébattent sur la margelle d'un candélabre ; leur tête, leur corps et leur queue libèrent des volutes de feuillages.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Huitième panneau.

Rinceaux autour d'un vase et d'une fleur.

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Neuvième panneau.

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Semblable au 3ème panneau.

Deux oiseaux huppés et feuillagés  boivent ou picorent le bord du vase central, lequel est dominé par une tête de putto ailé.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Dixième panneau.

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Rinceaux autour d'un candélabre.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Onzième panneau.

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En registre supérieur, deux oiseaux fabuleux picorent les fruits ronds proposés sur un candélabre.

Au centre, un médaillon (aux bords marqués de I ) renferme un fleuron inscrit dans  par un losange.

En registre inférieur, deux dauphins autour d'un candélabre.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Douzième panneau.

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Identique au onzième.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LES TREIZE STATUES , LES DOUZE APÔTRES.

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L'étude des 13 statues en ronde-bosse  s'est avérée décevante. Elles sont posées sur un culot, la plupart polyédrique, un seul à godrons) sous des dais gothiques. Une seule (saint Jacques), placée devant la porte de l'escalier, n'a pas de dais. 

Cette étude est décevante car la plupart des statues ont été crées par Denis Derrien en 1877 sans que nous ne sachions s'il disposait, ou non, de modèles. 

 

Elle est décevante, car nous ne retrouvons ni l'ordre traditionnel des Credo apostoliques (Pierre, puis André, puis Jacques le Majeur, puis Jean, etc.),  ni les phylactères portant l'article du Credo qui est leur est attribué. Or, cet ordre et ces phylactères sont présents dans les autres jubés "contemporains" (notion vague en raison du manque de consensus sur cette datation). À Kerfons en Ploubezre vers 1495 et Saint-Fiacre en Melrand les 12 apôtres suivent l'ordre du Credo du Calendrier des Bergers de 1493. 

Elle est décevante car ces apôtres sont tournés vers le chœur et non vers la nef comme dans les autre cas, ce qui amène Michel de Mauny à en rendre responsable Denis Derrien. Ce serait vraiment la preuve d'une grande incompétence ; mais cette orientation des apôtres se retrouve aussi à Saint-Nicolas en Priziac.

Elle est décevante car la représentation des apôtres semble fautive (par égard à l'iconographie traditionnelle). C'est ainsi que saint Jean est figuré en évangéliste (accompagné de l'aigle du Tétramorphe), au lieu de tenir en main gauche son attribut, le calice de poison. La main droite brisée ne permet pas d'en dire plus.

Et enfin elle est décevante car l'identification de nombreux apôtres nous plonge dans l'embarras.

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Que savons-nous de ce sculpteur de Saint-Pol-de-Léon?

Fils de Jean-François, menuisier à Saint-Pol, Jean-Denis Derrien (Saint-Pol,1816/ Saint-Pol, 1897) installa en 1854 dans une ancienne demeure du XVIe un atelier de sculpture religieuse au 5 rue Saint-Yves (ex Venelle-aux-poules), près de la cathédrale, où, pendant plusieurs décennies, une quinzaine d'ouvriers réalisèrent des statues, autels, retables pour les églises de la région. Il réalisa ainsi un autel et le baptistère (1897) de la cathédrale, pour l'église de Carantec la chaire à double escalier, trois confessionnaux et l'autel de Saint-Sacrement, les chaires du Folgoët et de La Feuillée, les stalles de la cathédrale de Quimper et de Saint-Brieuc, et les stalles de l'église de Rumengol (1874) . Et peut-être deux statues de saints (Corentin et Guénolé) à l'église de Rumengol vers 1886, tout comme la niche (1883) de la Trinité et celle de Notre-Dame de-Rumengol (1883). Il a travaillé aussi à Plounéventer et Carhaix.

Il est aussi entrepreneur (c'est sa qualification sur son acte de décès), et se chargea de la construction de l'église Saint-Pierre de Plounevez-Lochrist en 1871 sur les plans de Rivoalan, architecte de Brest.

On le trouve désigné aussi sous le terme "atelier Derrien-Pondaven", en association avec son concurrent Yves-Marie Pondaven, qui employait à la même époque jusqu'à 29 ouvriers dans son atelier de la Grand-Rue ; ce dernier réalisa les retables et autels de Plouvien, le reliquaire en acajou de Rumengol en 1855, deux autels et le maître-autel de Pleyber-Christ en 1869. Le reliquaire de Rumengol porte une inscription associant leurs deux noms : "gant D.M. Pondaven ha Derrien D. 

Au total, nous avons la certitude que ces statues du jubé sont sorties d'un atelier prestigieux et prolifique de Saint-Pol-de-Léon, mais cet atelier s'est illustré dans les créations de mobilier religieux neuf, et non dans les restaurations de monuments historiques. [Le jubé de Lambader est classé Mh depuis 1840].

Dernière remarque. Beaucoup d'auteurs pensent que ce jubé était, à l'origine, peint. Si cela était le cas, il ne subsiste pas la moindre trace de polychromie, ce qui supposerait de la part du restaurateur un décapage très sérieux. Les visiteurs qui ont décrit au XIXe siècle et avant 1877 le jubé "en bois sculpté" se sont tous extasiés sur "la finesse du travail et la multiplicité des détails qui pourraient le comparer à un ouvrage de dentelle brodé dans le chêne" et aucun n'en mentionne les couleurs. Certes ils recopient peu ou prou les Antiquités de Fréminville (1832-1835), mais cela m'amène à penser que ce jubé était alors en bois brut. 

Un autre sujet d'étonnement est qu'aucun de ces voyageurs ne signale, bien au contraire, le mauvais état de conservation des sculptures, y compris en 1864 dans la description de Pol de Courcy.

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Liste des statues. On a compris que les identifications sont plutôt des propositions ou interrogations destinées à susciter des échanges que des affirmations.

Saint Jacques le Majeur ?? Chapeau ; bâton. Statue ancienne ?

Saint Pierre. Clef ; livre ; toupet frontal

Saint Paul. Epée ; livre ; calvitie.

Saint André. Croix en X (?), livre.

Saint Jean. Imberbe, aigle du Tétramorphe, phylactère (évangile ?)

Saint Thomas. Équerre, livre.

Apôtre non identifié. Geste de bénédiction ; livre ; attribut en demi-lune près du pied droit.

Apôtre non identifié. Deux livres ?

Saint Barthélémy (couteau ?) ou Matthieu (hache ?). Livre.

Apôtre non identifié. Attribut brisé (manche  d'outil?) en main droite ; livre.

Saint Jacques le Majeur. Chapeau de pèlerin, coquille sur une courte pèlerine, bourdon (brisé) ; livre.

Apôtre non identifié. Attribut brisé en main droite ; livre. Statue plus ancienne ; le manteau est lacé par devant selon un motif rare.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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1. Saint Jacques le Majeur ?? Chapeau ; bâton. Statue ancienne ?

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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2. Saint Pierre. Clef ; livre ; toupet frontal

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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3. Saint Paul. Epée ; livre ; calvitie.

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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4. Saint André. Croix en X (?), livre.

Il me manque un cliché pour préciser l'objet tenu en main droite et que je suppose être la croix de Saint-André.

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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5. Saint Jean. Imberbe, aigle du Tétramorphe, phylactère (évangile ?).

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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6. Saint Thomas. Équerre, livre.

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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7. Apôtre non identifié. Geste de bénédiction ; livre ; attribut en demi-lune près du pied droit.

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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8. Apôtre non identifié. Deux livres ?

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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9. Saint Barthélémy (couteau de dépeçage ?) ou Matthieu (hache ?). Livre.

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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10. Apôtre non identifié. Attribut brisé (manche  d'outil?) en main droite ; livre.

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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11. Saint Jacques le Majeur. Chapeau de pèlerin, coquille sur une courte pèlerine, bourdon (brisé) ; livre.

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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12. Apôtre non identifié. Attribut brisé en main droite ; livre. Statue plus ancienne ; le manteau est lacé par devant selon un motif rare.

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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LES CINQ ANGES .

Quatre anges présentent des phylactères autour d'un ange tenant le blason de Marc de Troërin. ils sont décrits de gauche à droite.

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1. Ange volant, présentant un phylactère.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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2. Ange volant, présentant un phylactère.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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3. Ange volant, présentant un phylactère. Aile gauche brisée.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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4. Ange volant, présentant le blason de Marc de Troërin. Aile droite brisée.

Selon l'Armorial ou nobiliaire de l’évêché de Saint-Pol-de-Léon, en Bretagne, en 1443, par le marquis du Refuge, (BnF RES 8-LM2-124) ces armoiries de Troërin ou Traonvilin sont : d'azur à la fasce vivrée d'argent accompagnée de six besants de même.

Ici, le sculpteur a figuré une fasce simple, et non "vivrée", découpée en grandes dents de scie.

On trouve aussi ici  d'azur à la face ondée ... mais la fasce sculptée est parfaitement droite (mais marquée d'un croissant en bord inférieur, comme une moitié de besant).

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La chapelle a été restaurée à l'initiative du vicomte de Réals (cf. biblio), qui demeurait au château de Troërin. On peut penser qu'il a superviser le travail de restauration du sculpteur, et tout spécialement celui des blasons. En tout cas, le blason aux armes de Marc de Troërin et tenu par un ange du jubé est attesté, avant la restauration de 1877, par les voyageurs du XIXe siècle.

https://books.google.fr/books?id=yWQDAAAAQAAJ&pg=PA79&dq=lambader&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjE3dm_-aDvAhVgA2MBHU8ZBew4ChDoATAAegQIARAC#v=onepage&q=lambader&f=false

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La famille de Troërin et son manoir. Selon Wikipedia :

"Montres et réformations du XVème siècle font mention d'une famille Tuonhirin ou Tuonquerin, dont le vocable a évolué dans la suite en « Troérin ». Sa descendance mâle s'est éteinte en la personne de M. de Troérin, chanoine et grand-chantre de Léon en 1789, dont la sœur, Marie, avait épousé, en 1770, François de la Tullaye, seigneur de Coëquelfen, capitaine de vaisseau. Leur fille fit passer le manoir, le 16 janvier 1796, dans la famille de Réals par son mariage avec Charles Boscat de Réals, ancien capitaine au régiment de Bresse.

Troérin est toujours possédé par cette famille de Réals.

Les archives du manoir contiennent les titres de la famille de Troérin, depuis le XVème siècle, et ceux des familles de Coëtquelfen, de la Tullaye, de Réals... On y voit également des notes sur Plouvorn, des extraits des anciens registres paroissiaux, et des, notices généalogiques sur plusieurs familles du pays, rédigées par le colonel de Réals."

"La famille de Troërin est connue depuis au moins le XIIe siècle : le sire Pierre Michel de Troërin est cité comme participant à l'assise du comte Geoffroy en 1185 et le sire Pierre Michel de Troërin participe à la première croisade de Saint-Louis à partir de 1248. La famille de Troërin, seigneurs du dit lieu (l'existence du manoir de Troërin est attestée dès 1413), de Kerjean, de Kergounan (en Lampaul-Ploudalmézeau, de Kerrannou (en Saint-Pol-de-Léon), présente aux montres de 1426 à 1534, fut reconnue d'ancienne extraction noble lors de la réformation de 1669, à la demande d'Anne de Troërin, épouse de Louis de Kerhoas, seigneur de Coatcoulouarn (en Saint-Thégonnec) et du Quellenec. En 1638, Charles de Troërin épousa à Lampaul-Ploudalmézeau Louise de Kerlec'hb. Leur petit-fils Jan de Troërinc fut lieutenant des maréchaux de France en Bretagne ; il transforma le manoir en château aux alentours de 1717 et fit faire par Isaac Robelin un nouvel aménagement paysager du parc.

 Le 16 janvier 1798, Henriette-Marie-Salomé de La Tullaye, fille de François-Henri de La Tullayed et de Marie-Anne-Corentine de Troërin, mariés le 20 octobre 1767 à Plouvorn, épousa Charles-Marie-Henri Boscal de Réalse, capitaine au régiment de Bresse en 1790, issu d'une famille originaire du Poitou. Depuis le château de Troërin appartient à la famille Boscal de Réals."

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-de-troerin-plouvorn/06f06d2a-a963-4976-b197-cd69d0a8bb95

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Marc de  Troërin.

Il est présent, équipé en brgiandine (*) à la  Montre de l'Evêché de Léon en 1503 ("Marc Truongirin").

(*) La Brigandine était selon Fréminville une cuirasse légère formée de bandes d'acier larges de deux ou trois doigts, assemblées transversalement et doublées d'un cuir de cerf.

On le trouve ensuite à celle de 1534 :

 Plouemorn
Le sieur de Penfentenyou, homme d'armes.
Le sieur de Kerounyant (Jean de Kergorlay), homme d'armes.
Le sieur de Créachquerault (Jean de Créachquerault), homme d'armes.
Le sieur de Coatudavel (Ulivier de Coatudavel) , archer .
Jan Kersainctgily, sieur de Keruzoret, archer à deux chevaux.
Marc Traouirin, sieur dudit lieu ou Troërin, archer en brigandine.

Etc

L. Le Guennec, "Convocation du ban et de l’arrière-ban de l’Evêché de Léon et de la chatellenie de Morlaix-Lanmeur (1534-1708)", Bull. SAF 1911 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207700g/f135.item

Son père (?) Guillaume Trouhirin ("Tnouhirin"), 20 livres de revenu, archer en brigandine est présent à la Montre de 1481 parmi 40 nobles de Plouvorn. Et à la Réformation de 1443 (base de l'Armorial du marquis du refuge), c'est Jean de Troërin ou de Traonvilin qui est mentionné.  

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Ajoutons que Troërin est le nom du ruisseau, affluent de l'Horn, qui passe  juste au sud de la chapelle de Lambader,  et alimente l'étang du château de Troërin. Un moulin de Troërisi  ou Troërin y était installé (Marteville et Varin 1853). 

 Le bourg de Plouvorn est situé sur une éminence, vers 80 mètres d'altitude, entre les vallées des deux ruisseaux de Troërin (au sud) et de Keruzoret (au nord).

Un simple coup d'œil sur les cartes permet de comprendre le lien entre la chapelle, et le manoir.

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.041294&y=48.573442&z=16&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.ETATMAJOR40&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap

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Voir  les Preuves de la noblesse de Tanguy-Marie de Troérin de Kerjan, réunies en 1774. 

https://www.tudchentil.org/spip.php?article1260

 

 

 

 

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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5. Ange volant, présentant un phylactère. Aile gauche brisée.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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L'ESCALIER À VIS.

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Entièrement en bois et construit autour d'un axe central qui le rend indépendant des piliers,  il se déploie sur un tour et quart pour accéder par une porte à la tribune.

On retrouve un tel escalier au jubé de Kerfons.

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Deux des soutiens verticaux qui l'étayent à l'extérieur sont ornés à l'extrémité de belles gueules de dragons avalant le montant comme des engoûlants d'entraits.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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Le joueur de cornemuse.

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Il remplace, à l'extrémité nord de la tribune, l'un des anges et, comme ces derniers, il est figuré volant jambes fléchies derrière lui et  vêtu d'une tunique plissée. Comme eux, il a le visage poupon et des cheveux bouclés. Mais il est coiffé d'un chapeau rond (mais évasé après l'étranglement du galon), et ses yeux sont mi-clos, comme un instrumentiste regardant son public placé plus bas. Jean-Luc Matte, qui n'a pas manqué de décrire l'instrument dans son Encyclopédie de la cornemuse signale le bourdon d'épaule brisé, le hautbois également brisé en dessous des mains du musicien, les dites mains étant presque à la même hauteur que le hautbois. Il ne dit rien du porte-vent, qui descend verticalement des lèvres du joueur et qui comporte une encoche. Les deux viroles par lesquelles le bourdon et le hautbois s'implantent dans le sac sont visibles.

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Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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II. LA CLÔTURE, COTÉ CHOEUR.

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Nous retrouvons la disposition symétrique du coté nef, mais au dessus du fleuron de la frise d'acanthes, et au lieu des armoiries d'Isabeau de Kermellec, nous trouvons celles de son mari Marc de Troërin, toujours très "restaurées" (ou remplacées) et dont la fasce n'est ni vivrée ni ondée.

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Jubé de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé  (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

Jubé (chêne, v. 1534 et Derrien 1877) de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie), 1897, Le Livre d'or des églises de Bretagne,  Lambader, Berven, Lochrist, Goulven, illustrations de Charles Géniaux, Rennes pages 1-3.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_201/lambader__berven__lochrist__goulven.pdf

— COUFFON, René), LE BARS, Alfred), Notice sur Plouvorn,   Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.

 

— COURCY (Pol de ), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo, itinéraire historique et descriptif, Hachette et Cie page 289

https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=lambader+%22ma%C3%AEtresse-vitre%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

La chapelle prieurale de Notre-Dame de Lambader (à 8 kil. au nord de Landivisiau), se recommandait, il y a peu d'années, par une tour du XIVe siècle. Cette tour était couronnée d'une flèche élancée, une des plus hautes et des plus belles du Finistère, bâtie à l'imitation du célèbre clocher de Creizker, à Saint-Pol de Léon. Classé au rang de monument historique, Lambader avait reçu de l'État une allocation destinée à sa consolidation; cette somme a été employée, en 1837, à descendre la flèche et les étages supérieurs de la tour, fortement ébranlée par la démolition d'un arc de triomphe qui lui servait de contre-fort au nord-ouest, et dont la fabrique a vendu les pierres. Il y aurait une bien triste énumération à faire des édifices détruits ou mutilés sous le prétexte de les restaurer, et ceux qui subsistent encore pourraient dire en défilant devant leurs juges, comme les gladiateurs devant la loge de César, lorsqu'ils allaient combattre dans l'amphithéâtre: Morituri te salutant!

La démolition de son clocher n'est pas le seul acte de vandalisme dont Lambader ait eu à souffrir; sa maitresse vitre, garnie d'une brillante verrière de 1543, a été maçonnée, les vitraux ont été dispersés et plusieurs statues en pierre renversées ou mutilées. Elles gisent aujourd'hui dans l'enclos du prieuré parmi les débris de la tour et de ses clochetons, les rosaces de la flèche et les quatrefeuilles de sa galerie, qu'on ne songe pas à relever, mais qu'on a cherché à vendre. Les murs, qui surplombent de tous côtés, ne tarderont pas à s'effondrer à leur tour.

La fontaine sacrée, qui coule au midi de la chapelle, est le but d'un pieux pèlerinage; mais la merveille de Lambader, depuis l'amputation dont son clocher a été victime, est un jubé en bois travaillé à jour, ainsi que la rampe de son escalier tournant. Cet ouvrage de dentelle, digne d'admiration pour l'élégance et la multiplicité de ses motifs flamboyants, est dû à la munificence de Marc de Troërin, époux, en 1481, d'Isabeau de Kermellec; les armes du donateur sont soutenues par un ange formant l'un des pendentifs du jubé du côté du chœur.

Un devant d'autel sur bois, dans la même chapelle, représente un martyr qu'à la mitre qu'il porte pour tout vêtement, on reconnait pour un évêque. Il est couché sur le dos, le ventre ouvert, et plusieurs soldats roulent, en riant, ses intestins autour d'un cabestan. On croit retrouver dans cet évêque saint Érasme, qui avait enduré le même genre de supplice. Les statues en kersanton de Notre-Dame de Pitié et de Notre-Dame de Lambader, sont reléguées dans des coins obscurs de l'église. Celle de ces statues qui surmontait le portail ouest, était accostée d'un groupe de 1598, qui n'a pas été déplacé, représentant six moines et six religieuses agenouillés.

Les statues de saint Christophe, portant l'enfant Jésus sur ses épaules, et de saint Trémeur, portant sa tête entre ses mains, ont été recueillies à la chapelle du château de Keruzoret, château où l'on conserve un riche cabinet du xviie siècle, à panneaux et à volets sculptés en ébène. Les sujets figurés sur ce beau meuble, qu'envierait le musée de Cluny, sont tirés du roman de l'Ariane, de Desmaretz, un des membres de l'Académie française à sa fondation, en 1635.

Vis-à-vis de Lambader se dresse une croix gothique dont les branches sont chargées des principaux personnages de la Passion. Plusieurs de ces statuettes, renversées par la tempête, ont été employés à macadamiser la route, d'autres jonchent aujourd'hui

les douves de cette même route, sans que la fabrique de Plougourvest prenne souci de les rétablir sur leurs piédestaux."

— DANIEL (Tanguy), 1996,  "La chapelle de Lambader en Plouvorn, le jubé XVe-XVIe siècle", Bulletin de l'Association bretonne et union régionaliste bretonne 123e Congrès à Saint Paul de Léon Kergournadec'h Cléder Lambader plouvorn Morlaix Léon Roscoff Saint Paul Aurélien Monsiegneur de la Marche Keremma Berven – 1 janvier 1996 C 1996, I 1997 pages 47-50

— DEBIDOUR (Victor-Henri), 1979 L'Art de Bretagne , Arthaud éditeur, pages 197-199.

"Dans la trentaine d'années qui suit [le jubé de Saint-Fiacre, commencé en 1480], le décor se modifie imperceptiblement. Les jubés ont traduit un peu plus tôt que le décor architectural de pierre les évolutions de style. Les panneaux, aveugles ou ajourés, continuent à agencer leurs flammes de cent façons, les anges à se cambrer au dessus du vide portant un blason ou les instruments de la Passion. Ainsi à la tribune de Rochefort-en-Terre ; mais à celle de Goulven, vers 1515, et à Lambader certains panneaux, sont déjà meublés de rinceaux et de candélabres à l'italienne.

Si Saint-Pabu et les reste de chancel de Kernitron se contentent de broder en tradition flamboyante, Kerfons, qui le fait aussi, introduit vers 1490 la torsade perlée sur les poteaux de soutien et les écailles sur les montants : détails "Louis XII" qui se retrouvent à Locmaria en Belle-Isle-en-Terre, à Loc-Envel, à Lamballe, à Saint-Roch en Lannion-Brélévenez. Pour l'iconographie, Kerfons inaugure aussi l'idée de l'alignement des douze apôtres : on les retrouve vers 1520 à Lambader (restauration de 1877) et pendant plusieurs générations. 

Après 1550, le goût nouveau a pleinement triomphé : les colonnettes sont en candélabres, les culots sont en toupie ; vases godronnées, coquilles, cartouches à enroulement, feuillages à profils humains se multiplient, têtes casquées dans les médaillons, bustes en demi-ronde bosse (Sainte-Croix en Plélauff, Rosquelfen, Saint-Jean en Guern, ancien dais à Rochefort-en-Terre, Brennilis, etc.).

À Sainte-Avoye, le jubé signé Bizoel (vers 1565) [1555] avec les apôtres d'un coté, des saints et les sept vertus de l'autre, n'a plus rien de gothique, et les voûtains de sa tribune  sont peints en faux marbre.

Beaucoup plus remarquable est celui de Saint-Nicolas de Priziac, achevé en 1580. La clairevoie a des masques grimaçants (plusieurs ont les yeux et la bouche percés) qui broutent des rinceaux. D'un coté les apôtres, de l'autre la légende de saint Nicolas : il défend la vraie foi au concile de Nicée, et meurt couché sur une planche, pleuré de ses clercs, dont un l'asperge d'eau bénite : les sept autres panneaux ont trait à des miracles : dès sa venue au monde, il se tient debout dans la cuvette de son bain [...] Et entre ces scènes toutes médiévales, ce sont cariatides et atlantes nus, dont les bras, quand ils ne tournent pas court en volutes, s'allongent pour cueillir des pommes au sommet des pilastres qui les gaines, ou dont les jambes serpentiformes s'enchevêtrent comme un caducée.

À La Roche-Maurice, dernière étape : la tribune n'est plus sur voûte, mais sur plafonds à caissons décorés d'entrelacs en "cuirs" avec des toupies pendantes ; de monstrueuses consoles animales, accroupies obliquement soutiennent ce plafond, les corniches sont à denticules et à grosses virgules, et les colonnes cannelées de la claire-voie montent par anneaux godronnés vers les chapiteaux corinthiens. La tradition ne se marque plus que par les rangées d'apôtres et de saints : si leurs douze dais sont à balustrades, ils ont encore sous les pieds six anges suspendus ...

De la même seconde moitié du XVIe siècle est le chancel de Saint-Herbot. Il est d'une extrême richesse  iconographique et ornementale. C'est une claire-voie faite de colonnettes tournées en candélabres  au dessus d'un buffet vêtu, ainsi que les montants de la porte, de reliefs légers, rubans enlacés et noués, vases, masques et mufles, guirlandes de feuillages et de fruits. Il est couronné d'une longue bande de panneaux historiés, somptueusement encadrés, et séparés par des figures engainées : apôtres, prophètes, sibylles et personnages laïcs. Vers l'intérieur, au dessus des stalles de bois ciré, court un baldaquin à caissons. Tout en haut d'une série de petits frontons triangulaires, festonnés de rinceaux à jour.

Le chancel de Berven est plus tardif encore : daté de 1601 — et même de 1720 pour le portique supplémentaire dont il a été doté, solennel et froid avec ses quatre grandes colonnes lisses —il offre vers la nef une claire-voie en pierre. Mais les faces latérales sont en bois avec des colonnettes cannelées prises jusqu'au tiers de leur hauteur dans des manchons feuillagés. Chapiteaux corinthiens, entablement à têtes ailées, tout l'ensemble est pleinement classicisant. Les saints et les saintes sont toujours là aux panneaux inférieurs, Catherine avec sa roue, Apolline avec sa tenailles serrant une molaire ; mais à coté d'elles, Lucrèce s'enfonce une épée dans le sein : "martyre " elle aussi de  sa pudicité, mais en bonne païenne, elle est figurée nue.

Mais au second quart du XVIIe siècle, c'était vraiment la fin des jubés et des chancels. Une conception toute nouvelle de l'aménagement et du décor des églises se faisait place : celle des retables monumentaux."

 

— DEBIDOUR (Victor-Henri), 1953 La sculpture bretonne

— FRÉMINVILLE ((chevalier Christophe-Paulin de La Poix de Fréminville) 1832, Antiquités de la Bretagne: Finistère, Volume 1, Lefournier et Deperiers, 1832 p. 69

https://books.google.fr/books?id=d04bAAAAYAAJ&dq=lambader&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

"Eglise de de Lambader, ancienne maison de l'ordre des Templiers qui, après la spoliation des biens de cet ordre en 1314; passa en la possession des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte. Cette église , assez vaste , est construite dans le style d'architecture gothique-arabe. Son clocher est très-beau ; c'est une tour carrée ornée en haut d'une balustrade légère et surmontée d'une flèche très-élevée, de forme prismatique hexagonale, flanquée de quatre clochetons. Cette flèche, toute en pierre de taille , est travaillée à jour ainsi que les clochetons qui l'accompagnent. Au pied du clocher est une porte donnant sur un petit porche qui précède l'église.

Presque tous les édifices appartenant aux Templiers portaient le cachet de l'esprit guerrier de leur institution, et leurs églises même avaient quelqu'apparence de forteresse; la commanderie de Lambader était environnée d'une forte muraille à plate-forme, on en voit encore une partie adjacente au clocher et dans laquelle est pratiquée la principale porte de ce monastère demi-couvent, demi-place de guerre. A droite de cette porte en est une autre plus petite ; une espèce de poterne ouverte au pied de l'escalier par où l'on monte sur la plate-forme.

· Entre le portail et le clocher on remarque quelques niches dans lesquelles étaient placées des statues de saints.

Dans l'intérieur de l'église , la boiserie gothique et travaillée à jour qui sépare la nef du choeur, est digne d'être admirée pour l'élégance et la multiplicité de ses détails, sa légèreté pourrait la faire comparer à un ouvrage de dentelle. Dans le choeur je vis suspendus à la muraille des fers tels qu'en portaient les esclaves : ils furent sans doute consacrés en ce lieu par quelque chevalier qui, ayant longtemps gémi captif chez les infidèles, les a apportés comme offrande à cette église après avoir recouvré sa liberté.

Les vitraux, bien conservés , sont d'une époque postérieure à l'édifice, les personnages qui y sont représentés, portent le costume et l'armure du seizième siècle. Ce sont, selon toute apparence, les seigneurs aux dépens desquels ces vitraux ont été faits.

Plusieurs statues ornaient jadis l'église de Lambader, elles ont été renversées et mutilées, leurs débris gisent sur le gazon dans le préau ou cour du monastère. J'en remarquai une qui me frappa par le fini et la précision de son travail, elle représente un chevalier armé de toutes pièces , tenant l'épée nue sur l'épaule ; la forme de son armure indique la fin du quatorzième siècle. On remarque au bas de la cuirasse l'assemblage de pièces de lames transversales qui recouvre le défaut des cuissards et que l'on nommait tasseltes ou braconnière. La tête de cette statue a malheureusement été brisée ( Pour préserver cette statue de mutilations plus considérables, M. le marquis du Dresnay en a fait récemment l'acquisition et l'a fait transporter à Saint-Pol de Léon , où elle est placée dans son jardin. ) : je présume qu'elle représentait quelqu'un des commandeurs de Malte titulaires de la commanderie de Lambader. Ce ne peut être un templier, car, lors de la destruction de l'ordre du temple, les .chevaliers portaient encore le haubert ou armure entièrement en mailles, celle que l'on voit ici est celle de plaque et de lames adoptée au quatorzième siècle."

 

GALLIC (Kristian), Le jubé de Lambader, vidéo.

https://www.youtube.com/watch?v=R8v-UGsxanQ&ab_channel=DanielleRopars

— LAFEUILLE (Jérôme), 2020, Un nouveau regard sur le jubé de Kerfons, Coll. Les cahiers de l'ARSSAT n°4.

— LE GUENNEC (Louis), 1911, La chapelle de Lambader, Morlaix, Lajat brochure in-8°, 88 pages.

 

LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental tome 1,  Morlaix et sa région, page 308. Droits réservés. Ouvrage numérisé avec l'aimable autorisation de la Société des Amis de Louis Le Guennec.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9845

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9845

 

Le magnifique jubé, « l'expression la plus parfaite du travail sur bois » fut démonté et reconstitué avec un goût parfait par Denis Derrien, de Saint-Pol-de-Léon. C'est de ses ateliers que sortent les statues des douze Apôtres qu'on y remarque. « Le jubé de Lambader, dit le chanoine Abgrall (Cours d'architecture bretonne professé au Grand Séminaire de Quimper), est une large galerie portée sur une sorte de cloison aux compartiments découpés et fouillés avec la plus grande finesse. L'habileté et l'imagination des huchers de l'époque flamboyante s'y sont donné libre champ. C'est un fenestrage compliqué et néanmoins harmonieux, c'est une dentelle avec dessins variés et toujours pleins de grâce. Sur les torsades des deux montants de la porte étaient gravées des hermines ; le ciseau des révolutionnaires les a toutes mutilées comme des emblèmes dangereux.  La galerie est soutenue en encorbellement de chaque côté de ce chancel, par des nervures et des demi-berceaux. Des pendentifs représentent les anges portant des instruments de la Passion, et au milieu est un beau pélican qui nourrit ses petits de son sang. Un écusson tenu par un ange en pendentif, du côté du chœur, indiquerait que cet admirable ouvrage serait dû à la munificence de Marc de Troerin, époux en 1481 d'Isabeau de Kermellec. La balustrade de la galerie est garnie de panneaux encadrés de beaux motifs flamboyants, tandis que la décoration des panneaux eux-mêmes est dans le genre de la Renaissance.  Et dans tout cet ensemble, ce qu'on devra encore plus admirer, c'est le petit escalier à vis, qui monte au jubé dans l'angle nord, compris et disposé avec une élégance parfaite, indiquant la spirale de ses marches au moyen de ses gracieuses colonnettes. »

LE GUENNEC (Louis), 1911, La chapelle de Lambader, Morlaix, Lajat, in-8°, 88 pages

La plus ancienne mention de la chapelle se trouve dans un acte de 1333; les documents conservés aux Archives du Finistère, et que M. Le Guennec a savamment commentés, remontent à 1432 : ils lui ont permis d'écrire une histoire complète de cet intéressant monument.

 — LE GUENNEC (Louis), 1911, "La chapelle de Lambader", in Vieux souvenirs bas-bretons, édition 1938 par Les Amis de Louis Le Guennec, Quimper.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_139/Vieux_Souvenirs_Bas_Bretons_.pdf

 

"On admire le magnifique jubé de chêne sculpté qui a fait le renom de Lambader. Sa large galerie, garnie de panneaux encastrés de motifs flamboyants, repose sur un chancel aux compartiments découpés et fouillés avec un art où l'habileté et l'imagination des huchiers de l'époque se sont donnés libre cours.

La présence des armoiries (une fasce ondée accompagnée de six besants) de Marc, seigneur de Troërin en 1481, sur ce splendide ouvrage ne prouve pas que ce personnage ait été le donateur . Le jubé de Lambader a très probablement été fait aux frais de la fabrique, et, si le seigneur de Troërin l'a timbré de son écusson, c'est au titre de simple prééminencier de la chapelle". (Le Guennec, Vieux souvenirs bas-bretons.)

 — LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa régionédité par Les Amis de Louis Le Guennec, Quimper.

"La célèbre chapelle de Lambader s'élève à un kilomètre au sud-ouest du bourg. La tradition y voit un établissement de moines Rouges ou de chevaliers Hospitaliers, qui auraient eu leur château à l'enceinte retranchée voisine de Castel-ar-Vouden, en Plouzévédé, mais l'abbé Guillotin de Corson, qui a publié, en 1896, dans le Bulletin de l'Association Bretonne, une intéressante étude sur la « Commanderie de La Feuillée et de ses annexes » en Cornouaille, Tréguier et le Léon, ne fait nulle mention de Lambader.

Le clocher de la chapelle de Lambader, haut de 57,48 mètres, est, des imitations du Creisker dans notre région, celle qui s'en rapproche le plus : aussi le dicton local s'exprime-t-il ainsi Ma vefe diskaret K re isker, Ne vo ket par da Lambader. Ce magnifique clocher, qui avait été mutilé par une tempête le 2 février 1836, et démoli l'année suivante, fut reconstruit en 1882, par Le Naour, entrepreneur à Quimper, qu'on a appelé le « bâtisseur de clochers». A la même époque, grâce aux dons généreux des familles Boscal de Réais et Audren de Kerdrel, on entreprit la restauration intérieure de la chapelle.

 

Le magnifique jubé, « l'expression la plus parfaite du travail sur bois » fut démonté et reconstitué avec un goût parfait par Denis Derrien, de Saint-Pol-de-Léon. C'est de ses ateliers que sortent les statues des douze Apôtres qu'on y remarque. « Le jubé de Lambader, dit le chanoine Abgrall (Cours d'architecture bretonne professé au Grand Séminaire de Quimper. ), est une large galerie portée sur une sorte de cloison aux compartiments découpés et fouillés avec la plus grande finesse. L'habileté et l'imagination des huchers de l'époque flamboyante s'y sont donné libre champ. C'est un fenestrage compliqué et néanmoins harmonieux, c'est une dentelle avec dessins variés et toujours pleins de grâce. Sur les torsades des deux montants de la porte étaient gravées des hermines ; le ciseau des révolutionnaires les a toutes mutilées comme des emblèmes dangereux. « La galerie est soutenue en encorbellement de chaque côté de ce chancel, par des nervures et des demi-berceaux. Des pendentifs représentent les anges portant des instruments de la Passion, et au milieu est un beau pélican qui nourrit ses petits de son sang. Un écusson tenu par un ange en pendentif, du côté du chœur, indiquerait que cet admirable ouvrage serait dû à la munificence de Marc de Troerin, époux en 1481 d'Isabeau de Kermellec. La balustrade de la galerie est garnie de panneaux encadrés de beaux motifs flamboyants, tandis que la décoration des panneaux eux-mêmes est dans le genre de la Renaissance. « Et dans tout cet ensemble, ce qu'on devra encore plus admirer, c'est le petit escalier à vis, qui monte au jubé dans l'angle nord, compris et disposé avec une élégance parfaite, indiquant la spirale de ses marches au moyen de ses gracieuses colonnettes. »

 

Aux murs du chœur sont suspendus des fers d'esclaves, ex-voto de croisés qui furent captifs chez les infidèles. On vénère à Lambader une belle statue en kersanton de Notre-Dame. Au bas de la chapelle sont de nombreuses statues mutilées, en granit, provenant de l'ancien Calvaire. La maîtresse vitre contenait un brillant vitrail de 1543, qui a été brisé vers 1845 et remplacé, dans sa partie basse, par une maçonnerie, et dans sa partie haute, par un voile rouge. On en voit quelques débris à la chapelle de Keruzoret, ainsi qu'un saint Christophe et un saint Trémeur portant sa tête entre ses mains."

PÉRENNÈS (Henri) 1943 Plouvorn Monographie de la paroisse, Rennes, Imprimerie du Nouvelliste, 1943, 86p., Réédition Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris, 2004, 83p., p. 50-51.

http://www.infobretagne.com/plouvorn-chapelle-lambader.htm

—  REALS (Vicomte de, 1890, "La restauration de Lambader", in Bulletin archéologique de l'Association bretonne, 31e congrès tenu à Saint-Pol-de-Léon du 10 au 15 septembre 1888, Troisième série, Vol.8, Saint-Brieuc, Imprimerie-Librairie R. Prud'homme, 1890, 202p., p. 54-58. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2074856/f95.image

LA RESTAURATION DE LAMBADER LETTRE De M. le Vicomte de Réals à M. le Vicomte DE LA VILLEMARQUÉ, Directeur

Troërin, le 3 septembre 1888.

MONSIEUR,

L'excursion archéologique, à laquelle vous devez consacrer une des journées du Congrès, vous conduira peut-être dans le voisinage de Plouvorn, et dans ce but je désire appeler votre attention sur notre ancienne chapelle de Lambader et son beau clocher, que nous regardons dans le pays comme digne d'intéresser le touriste. Que cette prétention soit fondée ou non, vous trouverez sans doute légitime que, administrateur de la commune de Plouvorn depuis de longues années, je tienne à effacer la mauvaise impression que peut laisser aux étrangers les reproches un peu vifs adressés par M. de Courcy, dans son excellent itinėraire de Nantes à Brest, à nos bons plouvorniens et à l'administration municipale de cette époque.

L'église priorale de Lambader, pourvue de huit arcades élégantes dans chacun de ses bas-côtés, est surmontée d'un clocher très beau, qui a beaucoup de ressemblance avec celui du Creisker à Saint-Pol-de-Léon. C'est une tour carrée, ornée d'une balustrade légère et surmontée d'une flèche élevée, de forme prismatique hexagonale, flanquée de 4 clochetons. La hauteur totale du clocher est de 57 mètres; il est absolument creux dans l'intérieur, et du sol on peut voir la pierre terminale ; l'escalier est à vis dans l'un des piliers.

Classée comme monument historique au commencement de ce siècle, la tour de Lambader dut être démolie en 1842, par mesure de sécurité publique. Un des clochetons était déjà tombé; la flèche elle-même était penchée et menaçait ruine. Pendant de longues années ses débris restèrent épars sur le sol ; la chapelle, toute lézardée et mal entretenue, ne semblait plus devoir résister longtemps aux outrages du temps, et le monument allait disparaître, lorsqu'en 1873, sur une demande du Conseil municipal que je présidais, l'évêque de Quimper, Mgr Nouvel, autorisa la reconstruction de l'édifice. Grâce à la pieuse générosité du clergé paroissial de Plouvorn et de ses habitants, tant châtelains que cultivateurs, grâce aussi à celle des nombreux prêtres nés dans la commune qui, à l'appel du recteur, M. Hillard, envoyèrent tous, sans exception, de belles offrandes, cette reconstruction a pu se faire presque uniquement au moyen de dons; et à part la restauration de la flèche, la fabrique n'y a contribué que pour une part très minime. Aussi les travaux, commencés en 1875, n'ont été terminés qu'en 1877 pour la chapelle et la base de la tour, et en 1881 pour la flèche .

La légende de Lambader est un peu obscure ; d'après la tradition populaire la plus accréditée, un seigneur breton, captif des Sarrasins, délivré par l'intercession de la sainte Vierge, aurait élevé la chapelle au lieu où il se trouva miraculeusement transporté sans savoir comment. Des chaines, que l'on voit encore suspendues des deux côtés du chour seraient celles du captif reconnaissant. D'après Fréminville, Lambader a été le siège d'une ancienne commanderie de Templiers. Il est en cela d'accord avec la tradition populaire qui rapporte que le prieuré de Lambader était autrefois occupé par des moines rouges. En effet, la chapelle n'était pas isolée, mais se rattachait, comme toutes les commanderies de templiers, à un ensemble de constructions dont les vestiges se retrouvent même aujourd'hui. C'est ainsi que, du côté ouest, une grande galerie, formant une voûte sous laquelle passait la route de Landivisiau à Saint-Pol-de-Léon et reliant la chapelle à une maison actuellement démolie, existait encore au commencement de ce siècle. Du côté nord, une deuxième galerie reliait aussi la tour avec une maison d'un style particulier, habitée maintenant par le sacristain. Cette deuxième galerie, qui n'a été détruite qu'en 1842, était terminée par deux anges avec exergue. Tout semble donc attribuer à Lambader une origine très ancienne. La dernière reconstruction en a fourni des preuves certaines. J'ai eu la direction de tous les travaux de Lambader ; j'ai ainsi suivi la démolition jour par jour et j'ai constaté que la chapelle était à sa quatrième reconstruction partielle ou totale. Dans les murs se trouvaient employés, comme moëllons, des fragments de pierres taillées pour former des pleins cintres du style roman grossier ; tandis qu'à côté se voyaient d'autres fragments du style gothique. Ni les uns, ni les autres de ces fragments n'avaient de rapport avec la chapelle que je faisais démolir; ils appartenaient à un édifice plus ancien encore. Dans deux autels en Kersanton, qui sont adossés aux piliers mitoyens de droite et de gauche de la nef, les ouvriers ont mis à découvert des ossements, et des pierres sur lesquelles étaient gravées, à l'un des autels la date de 1500, à l'autre celle de 1300. Enfin, dans les papiers de la famille de Troërin, famille fondue dans la maison de Réals, nous trouvons un acte de 1534 par lequel le seigneur de Troërin, à l'occasion d'une reconstruction du pignon sud de l'église, donne au prieur de Lambader un champ sis au terroir de Kerguidal. L'acte n'indique pas à quel ordre appartenait le prieur de Lambader. En reconnaissance de ce don, le dit prieur reconnut au seigneur de Troërin le droit à trois tombes dans la chapelle, plus le droit à la troisième arcade, plus le droit de placer ses armes dans trois endroits différents de l'église. Diverses tombes ont été découvertes pendant la démolition ; mais aucune inscription n'a permis de reconnaître quels étaient les personnages que recouvraient ces sépultures.

Dans l'intérieur de l'église, on remarque un jubé en bois de chêne, travaillé à jour, ainsi que la rampe de son escalier tournant qui est très admirée. C'est un réseau de sculptures et de fines dentelures du plus bel effet. Les motifs multiples de ce jubé sont du style flamboyant et ils reproduisent le dessin de la maitresse vitre. D'après les titres des Troërin, ce jubé fut donné à l'église en 1481, par Marc de Troërin, époux d'Isabeau de Kermellec; les armes du donateur sont soutenues par un ange formant l'un des pendentifs du jubé du côté du cheur; elles sont aussi reproduites, ainsi que celles de sa femme, au dessus de la porte du milieu.

Le corps du jubé qui fait face à l'autel, est orné de douze statues représentant les apôtres; sur la face opposée on remarque principalement un pélican qui, suivant l'allégorie connue, se perce le flanc; et, enfin, en forme de pendentifs, des anges portant les attributs de la passion.

A côté de la porte sud, la famille de Kerdrel a fait placer en 1876 un bénitier en Kersanton d'un joli travail : il porte les armes de la famille.

Dans le fond de la chapelle on a recueilli une trentaine de statues en pierres de taille qui doivent être les débris d'un ancien calvaire. Plusieurs de ces statues ont beaucoup d'expression dans la physionomie ; malheureusement presque toutes ont été mutilées pendant la révolution. Elles ressemblent comme travail aux statues du calvaire de Guimiliau et doivent être de la même époque.

Les pèlerins ne quittent jamais Lambader sans aller boire à la fontaine sise à deux mètres du pignon sud. La source, qui alimente cette fontaine, est située sous le maitre-autel.

Tels sont, Monsieur, les quelques renseignements que je puis fournir sur la chapelle de Lambader. Je serais heureux s'ils pouvaient vous être de quelque utilité. Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus distinguée."

Vicomte DE RÉALS.

 

— TUDCHENTIL, "Troërin de Kerjan, preuves pour la grande écurie (1744)

https://www.tudchentil.org/spip.php?article1260

 

— TUDCHENTIL, "Kermellec (de). Réformation de 1669.

http://www.tudchentil.org/spip.php?article949

L'UNIVERS. 27 septembre 1877 Inauguration de la chapelle restaurée sur l'initiative du recteur Hellard. Bénédiction par l'évêque en présence de la comtesse de Kerdrel. Promesse d'indulgence le jour du Pardon le lundi de Pentecôte.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chateau-de-keruzoret-plouvorn/0fabf1a2-bd3c-4ed6-ae2b-055ceffcfe5f

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— Wikipedia Chapelle Notre-Dame de Lambader

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Notre-Dame_de_Lambader

—Domaine de Troërin à Plouvorn

https://monumentum.fr/domaine-troerin-pa29000069.html

—Style des panneaux sculptés :

https://www.ecoutelebois.com/guide-amoureux-des-styles-de-mobilier-renaissance/

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Chapelles bretonnes. Renaissance Jubé
3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 23:48

Le calvaire monumental (kersanton, 1610, Maître de Saint-Thégonnec, et Roland Doré) de Saint-Thégonnec.  I. Les 41 personnages (Passion et Résurrection) du socle.

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Sur Saint-Thégonnec, voir :

 

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Sur les calvaires, voir :

— Ateliers du XVe et début XVIe siècle :

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— Atelier Prigent

 

—Atelier du Maître de Plougastel.

 

— Atelier du Maître de Saint-Thégonnec (selon Castel et Le Seac'h)

 

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— Atelier de Roland Doré.

 

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— Divers ateliers.

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PRÉSENTATION.

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L'un des sept calvaires monumentaux.

On désigne sous le terme des "sept  calvaires monumentaux bretons" sept grands calvaires à nombreux personnages "jouant" la Passion au pied de la croix. Six d'entre eux sont en Finistère, seul celui de Guéhenno est en Morbihan.

-Tronoën en Saint-Jean-Trolimon (14501470). Granite. Mace rectangulaire.

-Guéhenno en 1550. Granite, mace rectangulaire à quatre ailes.

-Plougonven, kersantite, 1554 par Bastien et Henri Prigent. Mace (base d'implantation) octogonale

- Pleyben, kersantite, 1555 par Bastien et Henri Prigent.  Mace octogonale prolongée par quatre ailes,

-Plougastel,  Kersantite, 1602 à 1604, Maître de Plougastel. Mace octogonale prolongée par quatre ailes

-Guimiliau en 1581-1588, Maître de Guimiliau. Mace octogonale prolongée par quatre ailes

-Saint-Thégonnec, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec (et Roland Doré)

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On pourrait ajouter :

-Saint-Vénec à Briec-sur-Odet, 1556, à mace triangulaire (2 massifs triangulaires superposés en étoile)

-Quilinen en Landrevarzec à mace triangulaire (2 massifs triangulaires superposés en étoile). ( granite, fin XVe ? XVIe ?)

-Confort-Meilars à mace triangulaire.

-Cléden-Poher 1575, kersantite. 

-Kergrist-Moëllou 1578 par Guillaume Jézéquel. Mace octogonale

 

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Matériau. Le kersanton.

Les statues du socle sont en majorité en kersanton noir à grain fin , une pierre remarquable par son aptitude à la taille et son étonnante résistance à l'érosion. Mais plusieurs éléments sont en kersanton gris : la Mise au Tombeau ; le Christ aux liens ; la Flagellation ; le Lavement des mains.

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Description générale.

Daté par inscription de 1610, le calvaire de Saint-Thégonnec est le dernier en date des grands calvaires des enclos paroissiaux. 

Sa mace (terme local pour désigner le massif de soubassement) est une maçonnerie de base rectangulaire en granite proposant aux paroissiens un banc de taille basse, puis élevant ses flancs sans aucun décor sculpté, sauf à l'ouest où un "autel" ou table d'offrande est surmonté de la niche abritant la statue du saint patron de l'église.

Les parois de ce massif s'élargissent en une corniche moulurée, contribuant alors à une plateforme où une quarantaine de personnages en costumes Henri III se succèdent, groupés par 3 ou 4, pour donner à voir, comme dans les Mystères médiévaux, la Passion et la Résurrection du Christ.

Sur ce socle se dressent trois croix, celles des Larrons et celle du Christ. Le fût de cette dernière est barrée de deux croisillons, et on y dénombre dix personnages et quatre anges, ainsi que Marie-Madeleine au pied de la Croix. Cet ensemble sera décrit dans le second article.

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Le sculpteur ; éléments stylistiques.

L'auteur anonyme de ce calvaire est nommé par Y.-P. Castel et E. Le Seac'h d'un nom de convention,  "Maître de Saint-Thégonnec". Selon ces auteurs, ce sculpteur a aussi réalisé le calvaire de Saint-Sébastien en Saint-Ségal, datable de 1541-1554 et donc près de 60 ans avant le calvaire de Saint-Thégonnec, ainsi que les deux saints (Yves et François) de l'arc de triomphe de cette chapelle. Ils lui attribuent aussi celui de Locquénolé, près de Morlaix, daté vers 1600.

Le critère stylistique  d'attribution est une certaine "moue triste" des personnages, et l'utilisation de motifs décoratifs classiques (volutes, godrons, agrafes) s'inscrivant dans le courant Renaissance et témoignant de l'influence des motifs décoratifs du château de Kerjean.

"Les personnages ont de grandes oreilles plaquées sur les têtes (Jean de la Mise au Tombeau, Marie-Madeleine au pied de la croix). Leurs visages sont ovales, affichant des barbes taillées en pointe pour les hommes, des nez droits un peu larges, des sourcils arrondis, et une bouche faisant la moue avec des commissures des lèvres tombantes qui voisine avec le rictus dédaigneux." (Le Seac'h p. 288)

Le style du Maître de Saint-Thégonnec a été reconnu aussi (Le Seac'h) :

-dans des vestiges de calvaire de Bourg-Blanc.

-sur l'arc de triomphe de Guimiliau

-sur le grand calvaire de Guimiliau, pour les statues géminées de la Vierge/Pierre et de Jean/Yves

-dans la Marie-Madeleine de la fontaine de Pleyben

-dans la Sainte Pétronille de la fontaine de Ploudaniel

-dans un évêque du fût de la Croas-ar-Vossen de Plougastel

-dans une statue géminée de la croix de la chapelle de Pont-Christ à La Roche-Maurice 

-sur le calvaire du nord de l'église de Saint-Thégonnec

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Les costumes.

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"Un contraste existe entre d'une part, les costumes à l'antique des principaux personnages religieux (Jésus, les Saintes Femmes, Jean, ceux de la Mise au Tombeau) ou des notables (Pilate), et d'autre part les soldats qui sont inspirés de la mode Henri III (1574-1589). Ils sont ainsi vêtus de hauts-de-chausses courts et bouffants à crevés (à petites ouvertures appelées mouchetures — le bon larron — ou à grandes ouvertures appelées taillades : soldats tireurs de corde ou tirant la langue du Portement de croix), à la gréguesque (avec des bandes verticales laissant voir le tissu du dessous pour le mauvais larron, soldat siffleur du Portement de croix) ou moulants avec braguettes proéminentes."

"Les pourpoints sont variés, souvent à col rond, carré ou rabattu et fermé par une rangée de boutons visibles (Portement de croix) ou cachés sous une glissière (Christ aux liens). D'autres s'enfilent simplement par la tête  avec des manches bouffantes remontées très haut sur les bras (Flagellation). Un seul soldat porte un col à fraise (soldat siffleur du Portement de croix). Marie-Madeleine au pied de la croix du Christ et de la pietà bénéficie elle aussi de cette coquetterie. Trois soldats de la Résurrection et le cavalier Longin sont pour leur part revêtus d'armures.

Les tenues sont complétées par des bottes à rabats bien visibles pour les soldats du Christ aux liens et Joseph d'Arimathie. Les couvre-chefs sont de toutes les formes : calotte avec ou sans pompons (soldats du Portement de croix, soldats de la Flagellation), chapeau à fond conique tronqué et à bords relevés (Simon de Cyrène, personnage à la banderole Ecce Homo, Gamaliel) ou chapeau à fond mou (soldat siffleur du Portement de croix), casque à cime (soldats de l'Arrestation, de la Résurrection) ou casque protégeant le haut du crâne appelé cervelière (soldat tirant la langue du Portement de croix), feutre à bord  étroit  (personnage de la banderole de l'Arrestation, Longin) et feutre à bords découpés et arrondis fixés par des boutons et à cime sphérique ([soit-disant] Stéphaton).

Nicodème porte un chapeau plus mou et plus bas. Pilate est coiffé d'un bonnet conique à rebras, qui ressemble à une petite tour carrée et moulurée se terminant par un pompon. Il est vêtu d'une robe à fausses manches dites pertuisées qu'arboraient les hommes de loi, boutonnée sur le buste et recouvrant une tunique talaire.

Un personnage de l'Arrestation est vêtu d'une tenue d'ecclésiastique, un camail par dessus une tunique talaire et il porte un bonnet conique à l'orientale. Le bonnet conique à l'orientale est constitué de plusieurs lobes élevés sur le pourtour du crâne — ici deux — formant des évidements, ici devant et derrière. Il est important de ne pas le confondre avec la mitre dont les cornes se portent devant et derrière, (C. Enlarts, Manuel d'archéologie religieuse 1929). Joseph d'Arimathie est habillé d'une robe ouverte sur lescotés par des fentes dentelées qui recouvre une tunique s'arrêtant plus haut que les genoux. Les femmes sont drapées dans des manteaux enfilés sur des tuniques talaires. La Vierge et Véronique portent une guimpe autour du cou et leurs manteaux leur servent de voile (Saintes Femmes, Vierge de la pietà et de la Mise au Tombeau.)" Le Seac'h p. 288, citant Hélène Remeur 1997)

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Une typologie traditionnelle des costumes et traits des visages, héritée des enluminures depuis le XVe siècle, permettait aux spectateurs de reconnaître par codage quatre groupes : 1. les saints personnages évangéliques proches de Jésus, 2. les pharisiens et plus largement les Juifs, 3. les bourreaux, et 4. enfin les gardes et soldats, romains ou juifs. Ici, les saints personnages sont effectivement sobrement vêtus de robes longues, intemporelles, tandis que les costumes Henri III sont portés par les trois autres groupes, mais le codage est brouillé. Les éléments de reconnaissance des Juifs (bonnets coniques et à oreillettes, franges, barbes et cheveux longs, archaïsme, éléments orientalisants) sont absents ou inconstamment présents, et parfois à mauvais escient (Pilate). Les crevés et taillades ont été introduits par les lansquenets allemands et suisses, avant d'être adoptés par la Cour de France, mais ici, ils sont indifférement distribués aux pharisiens, aux bourreaux et aux soldats lorsqu'ils ne sont pas en armure.

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Datation.

La date de 1610 est très clairement lisible sur le nœud de la croix principale, au dessus de la Vierge à l'Enfant.

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Polychromie.

Le calvaire devait être polychrome à l'origine comme le suggère un compte de fabrique de 1703-1704 où il est fait mention d'une rémunération pour Godefroy de Morlaix et Yvon Thoribé du bourg qui ont peint la grande croix : "[...] disent avoir payé au sr Godefroy de la ville de Morlaix pour avoir peint et estoffer la grande croix de pierre de grain qui est dans le cimetière 102 livres. [...] payé à Yvon Thoribé du bourg pour avoir aydé lors de la peinture de la croix du cimetière 3 livres 5 sols» [...] .  (A.d. 255 G 60) Cité par Guy Leclerc , Les Enclos de Dieu 1996.

Ce Godefroy, maître-peintre à Morlaix, avait fait, avec Bourricquen, la peinture vers 1702 de la Mise au Tombeau de la crypte de l'ossuaire.

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"Ce calvaire a été l’objet d’un acte de vandalisme dans la nuit du 28 septembre 1908. Plusieurs groupes ont été renversés sur le socle et d’autres jetés à terre. Trois sujets : la flagellation, le portement de croix et Jésus souffleté par des soldats, ont même été brisés." (F. Quiniou)

Le calvaire a été restauré en 1970 par l'atelier Marcel Maimponte de Paris, également restaurateur de celui de Plougastel.

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Des bases littéraires bretonnes.

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La Passion.

Cette pratique des Mystères n'était pas abandonnée à la Renaissance, puisqu'en 1530, Yves Quillévéré édita à Paris le Mystère breton de la Passion (Aman ez dezrou an Passion). Cet imprimeur-libraire parisien avait imprimé en latin en  1516 le Bréviaire de Léon et en 1526 le Missel du Léon, c'est dire que cet évêché du Nord de la Basse-Bretagne, à laquelle Saint-Thégonnec appartient comme une majorité d'enclos paroissiaux, n'est pas indifférent à cet imprimeur. On sait qu'il existait à Paris jusqu'en 1610 un Collège de Léon, doté de sa chapelle Saint-Yves-des-Bretons. Ce Collège formait une quarantaine de clercs qui seront abbés, évêques ou à défaut recteurs après avoir obtenu leur bonnet de docteurs.

Tout cela pour souligner que cette Passion bretonne, quoiqu'imprimée à Paris, devait être diffusée dans les couches les plus cultivées du Léon, et on sait que les fabricants et marchands de toile de Saint-Thégonnec n'étaient pas, tant s'en faut, incultes.

Le Mystère de la Passion et de la Résurrection sera réimprimé en 1609, puis  à Morlaix à l'époque baroque en 1622, par Georges Allienne, et suivi de la Buhez Mabden ("La Vie de fils d'homme"), des Pemzec Leuenez Maria ("Les quinze joies de Marie") et du Tremenuan an Ytron Guerches Maria (Le Trépassement de madame la vierge Marie) Le texte est corrigé et amendé par Tanguy Guéguen, prêtre et organiste de Notre-Dame-de-Murs à Morlaix et natif de Saint-Pol-de-Léon. 

 

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Le Stabat Mater.

 

Ce même Tanguy Guéguen a traduit en breton le Stabat Mater sous le titre Ouz hars an Croas ["Au pied de la croix"], et l'a publié à la suite de sa Doctrin an christenien (Morlaix, 1622). Or, ce Stabat Mater est une incitation franciscaine à participer émotionnellement (de cœur) aux souffrances de Marie et de Jean au pied de la croix. Et cette incitation est à la base de l'érection des calvaires en Bretagne.

Voir le texte sur Gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8608266g/f64.item.zoom

Voir la traduction par Y. Le Berre : 

Ouz hars an croas chanté par Yann-Fañch Kemener :https://www.youtube.com/watch?v=_TFiKx9VrtU&feature=emb_logo

https://lyricstranslate.com/en/stabat-mater-stabat-mater.html-1

Tanguy Guéguen a publié aussi l'auteur  en 1623 d'une traduction d’une Vie de saint Yves ,  de deux poèmes acrostiches (1623); et des Nouelou ancien ha devot publiés après sa mort (1650).

À propos du Stabat traduit par Tanguy Guéguen, Y. le Berre écrit que cet auteur assigne à son travail les buts suivants : "faire comprendre à tous les fidèles le message pédagogique qu’ils n’auraient pu recevoir en latin; produire un niveau de langue capable de favoriser la perception du mystique, plus souvent portée par une langue sacrée ; provoquer chez les auditeurs des sentiments d’admiration et d’exaltation esthétiques susceptibles d’entraîner leur adhésion spontanée à l’exécution publique de l’œuvre."

Mutatis mutandis, ce sont sans doute aussi les buts des commanditaires des calvaires des enclos, dans un projet bien plus fin que celui d'éduquer des masses supposées ignares par un "livre d'images". Il  s'agit moins de convertir les foules que de fournir à une communauté un lieu et une scène de participation collective à un exaltant mystère.

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On n'oubliera pas les éléments suivants, que je jetterai en vrac, pour témoigner du  bain culturel et spirituel du Léon et de la frange ouest du diocèse de Tréguier :

-L'existence de l'inscription en vers breton de l'arc de triomphe de Saint-Thégonnec, daté de 1587.

-L'existence à Morlaix d'un couvent de franciscains (Cordeliers), le monastère Saint-François de Cuburien, fondé en 1458,  construit en 1527-1530 et consacré en 1531 par Jean du Largez, abbé de Daoulas. Onze kilomètres séparent ce couvent de l'enclos de Saint-Thégonnec. Christophe de Penfeunteuniou en fut le frère le plus renommé, puisqu'il devint en 1571 général de son ordre. Une imprimerie y aurait fonctionné entre 1575 et 1585. Le fameux Mirouer de la Mort, rédigé en 1519 par Jehan an Archer Coz de Plougonven fut imprimé à Cuburien en 1575. 

-Un couvent de Cordeliers s'installa à Landerneau en 1588.

-La rédaction en 1499 du Catholicon par Jehan Lagadeuc, de Plougonven.

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Vu du coté ouest.

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Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Vu du coté est.

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Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Plan du calvaire monumental de Saint-Thégonnec. Schéma lavieb-aile.

Plan du calvaire monumental de Saint-Thégonnec. Schéma lavieb-aile.

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I. L'AUTEL DU COTÉ OUEST ; LA STATUE DE SAINT THÉGONNEC.

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Dominant la table d'offrande, la statue du saint patron occupe une niche sommaire. Il est vêtu en évêque (chape à fermail, surplis, cotte plissée, mitre et crosse) et il bénit l'assemblée. À ses pieds, un chariot tiré par un animal (loup ? Cerf ? bœuf ? âne ?) rappelle la légende selon laquelle il apporta miraculeusement toutes les pierres  de la construction de l'église. (Cf. F. Quiniou ; cf. la statue du saint sur le clocher-porche (vers 1606) et la niche à volets du bas-coté nord). La tête a été recollée, et des fragments brisés de la hampe ou des plis témoignent des dégâts subis.

La console soutenant la table d'offrande est à godrons divergents et cupules.

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Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Calvaire monumental (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Niche et statue de saint Thégonnec (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Niche et statue de saint Thégonnec (granite, kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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II. LA PASSION ET LA RÉSURRECTION DE LA PLATEFORME.

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A. LE COTÉ  SUD.

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L'Arrestation. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté sud.

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Le point de départ du récit se trouve à l'angle sud-ouest. On y voit deux hommes tenant un phylactère accompagnés d'un soldat, qui serait le vestige d'une Arrestation du Christ au Jardin des Oliviers après le Baiser de Judas. Ces personnages seraient les grands prêtres chargés de l'arrestation, accompagnés d'un garde l'épée en bandoulière.

Selon F. Quiniou

"À certains groupements, il manque même quelques personnages. Quand ces personnages ont-ils disparu, et à quelle époque, l’ordre des groupes a-t-il été bouleversé ? D’après une tradition encore vivante à Saint-Thégonnec, ce serait lors de l’époque révolutionnaire.

Les officiers municipaux de Saint-Thégonnec, comme bien d’autres d’ailleurs, reçurent une lettre pleine de menaces du district de Morlaix pour n’avoir pas encore abattu les croix qui se trouvaient sur le territoire de la commune.

« 16 Thermidor, an II (3 Août 1794). Je suis instruit que, malgré les diverses instructions que nous avons faites d’enlever les croix qui existent sur votre commune, vous n’avez fait jusqu’ici aucune démarche pour les faire disparaître ; je vous déclare que si, à la prochaine tournée que je ferai dans votre arrondissement, ces restes impurs du fanatisme insultent encore aux yeux des bons citoyens, je serai forcé de vous dénoncer aux autorités supérieures, et vous serez traités comme suspects, et vous savez la honte attachée à cette punition. »

 La municipalité n’exécuta pas cet ordre impie. On peut croire que, si les croix du calvaire sont encore debout, c’est que la chute de Robespierre et la réaction thermidorienne qui en fut la conséquence, arrêtèrent le zèle du district de Morlaix. Quant aux statuettes posées sur le socle du calvaire, la population se chargea elle-même de les faire disparaître. C’est à qui prendrait sa statue pour la soustraire à la haine iconoclaste des sans-culottes. Lorsque revint le calme, on vit le calvaire se reconstituer comme par enchantement. Les statuettes remontèrent de nouveau sur leur socle, et la reproduction des groupes se fit tant bien que mal. Quelques personnages de ces groupes furent même si bien cachés, qu’il fut dans la suite impossible de les retrouver."

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On remarquera sur ce cliché les deux faciès de kersanton.

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Coté sud (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté sud (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté sud (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté sud (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ aux outrages. Kersanton, Roland Doré, vers 1625-1632, coté sud.

Datation : Roland Doré a sculpté pour le porche de l'église plusieurs statues, dont deux sont datées de 1625 et de 1635. Sa carrière autonome débute en 1618, et son style ne s'affirme avec maîtrise qu'à partir de 1624. 

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"Roland Doré a ajouté au calvaire réalisé en 1610 la célèbre scène du Christ aux outrages. Les deux soldats qui encadrent le Christ sont traités avec une parfaite symétrie, les mains levées à hauteur d'épaules, prêts à frapper. Ils tirent sur une corde qui lie les  mains du Christ sur le devant. La position de leurs pieds est la même. Seuls les bas des pourpoints diffèrent : en pointe pour l'un, en rond pour l'autre. La fermeture du vêtement est aussi traitée différemment sur le milieu, par un bord droit ou par un bord dentelé et arrondi. Les coiffures des soldats changent d'un personnage à l'autre : barbu et les cheveux frisés à la droite du Christ et pour l'autre imberbe, une mèche rassemblée sur le front. Les bas-de-chausses sont collants, resserrés aux genoux par des boutons et avec une braguette proéminente. Entre les deux, Jésus se tient droit et impassible, les yeux ceints d'un bandeau. À sa droite, le soldat serait la caricature d'Henri IV, assassiné en 1610, l'année de l'érection du calvaire de Saint-Thégonnec." (E. Le Seac'h p. 215)

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On notera les pupilles creusées, caractéristiques de la maturité de Roland Doré (bien qu'on les retrouvera sur d'autres personnages de ce calvaire, sur l'Ecce Homo).

Remarque. J'ai respecté la dénomination d'usage, employé par Y.-P. Castel puis par Le Seac'h, mais elle peut faire l'objet de discussions dont voici les éléments.

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/la-statuaire-du-christ-aux-outrages/4d898a0f-1de3-4efc-bb0e-caa23a953180

https://patrimoine.bretagne.bzh/decouvrir/les-christ-aux-outrages-memoire-universitaire-et-inventaire/

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La même scène, où le Christ est frappé par les bourreaux tandis qu'il a les yeux bandés,  est représentée sur le calvaire de Plougastel (Maître de Plougastel, 1602-1604).

https://www.lavieb-aile.com/2020/04/sortir-d-une-epidemie-le-calvaire-de-plougastel.ii.html

Elle résulte d'un vaste iconographie (enluminures, vitraux, etc.)

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52501620s/f57.item.zoom

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Christ aux outrages, (kersantite, 1625-1532?), Roland Doré) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Christ aux outrages, (kersantite, 1625-1532?), Roland Doré) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Christ aux outrages, (kersantite, 1625-1532?), Roland Doré) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Christ aux outrages, (kersantite, 1625-1532?), Roland Doré) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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B. LE COTÉ EST.

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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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La FlagellationKersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.

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"Dans la scène de la Flagellation de la face est, la violence est contenue dans la gestuelle des bourreaux. Jésus, en pagne et le visage impassible, est encadré de deux soldats. Le premier l'empoigne par les cheveux en lui tirant la langue, un fouet à la main. Le second lui tourne le dos en serrant la corde relié à ses mains nouées dans le dos. Le jeu de jambes des soldats contraste avec l'impassibilité du visage du Christ. L'un lève le pied, alors que ceux de l'autre sont tournés vers l'intérieur." (Le Seac'h)

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Je remarque les yeux globuleux, mais aux paupières ourlées; les lignes sinueuses des rides du front ; les barbes taillées en pointe. Ce sont des éléments que nous retrouverons.

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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Ecce HomoKersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.

 

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"À coté, un pharisien, les rouleaux de la loi à la main, proclame : ECCE HOMO". Le Christ, les mains liées, se tourne vers lui, portant la cape royale et la couronne d'épines. Il semble manipulé comme un pantin, le corps déséquilibré par le soldat qui le pousse en avant." (Le Seac'h)

 

Le pharisien est coiffé du bonnet conique serti d'un turban.

Je  remarque les pupilles creusées des personnages. Faut-il attribuer ce groupe à Roland Doré ?

Voir aussi les traces de polychromie ocre.

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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le Lavement de main de Pilate. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.

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Pilate, assis, se lave les mains dans un bassin qu'un serviteur remplit en levant très haut son broc tout en proposant au gouverneur de la Judée une serviette  sur son avant-bras droit.

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Ponce Pilate est coiffé d'un bonnet conique à rabats ; son visage aux cheveux longs et à la barbe longue est marqué de rides frontales. Il porte un robe à rangée de boutons ronds, et aux manches à crevés, recouverte d'un camail.

Son serviteur, à la barbe taillée,   est coiffé d'un bonnet plat ; il porte des hauts-de-chausses ajustés en collants.

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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

 

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Ecce Homo (2) : le Christ présenté à la foule. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.

 

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"Ensuit, Jésus, après sa condamnation, est amené par deux soldats au visage grave, pour l'un, et exprimant une certaine bêtise, pour l'autre. Il est habillé d'une grande robe longue. " (E. Le Seac'h)

 

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Le Christ est couronné d'épines ; sa bouche est entrouverte, sa barbe taillée en pointe. L'ouverture de sa robe se ferme par un unique bouton rond grâce à une patte  en S bien connue des ateliers de taille du kersanton depuis le XVe siècle, notamment pour les statues des apôtres. Ses mains sont liées par deux tours d'une corde épaisse. Son hiératisme, qui témoigne de son courage face aux bourreaux, est atténué par l'avancée de la jambe gauche, fléchie, qui donne aux plis de la robe une discrète ondulation.

Les deux gardes sont coiffés d'un bonnet rond assimilable à un casque. Les narines larges, les lèvres épaisses, le menton retroussé, les paupières supérieures plissées et les rides horizontales du front du premier participent de la caricature soulignant la bestialité cruelle des bourreaux. Ils portent une veste fendue en avant et courte, un peu comme le chupenn breton, et des braies plissées (ou fendues ?) semblables aux bragou ;  les jambes sont protégées par des houseaux.  Les braguettes rembourrées sont peut-être un peu démodées au début du XVIIe siècle. 

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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Marie, Jean et Marie-Madeleine lors de la Montée au Golgotha . Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté est.

 

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Ce groupe de trois personnages associe Marie-Madeleine (très élégante, aux cheveux longs et libres, au pan de manteau retroussé vers le poignet droit,   et qui tient son flacon de parfum), saint Jean ( beau, jeune et imberbe, à la chevelure en mèches solaires, pieds nus, portant la robe à bouton rond et patte en S déjà signalée) qui soutient Marie (voilée, portant la guimpe, les mains jointes).

C'est un très beau groupe, et le visage de Marie-Madeleine (tête recollée) est d'une finesse remarquable. E. Le Seac'h a été frappé par son "drôle de sourire vague aux lèvres". Sans doute l'artiste voulait souligner son charme en évitant de la faire grimacer de chagrin.

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Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté est (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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C. LE COTÉ NORD.

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Le Portement de Croix. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté nord.

Sainte Véronique.

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Sept personnages en trois groupes sont réunis par la diagonale de la croix, puis par la corde à laquelle le Christ est lié.

En premier (et appartenant encore en partie à la face ouest) est figurée sainte Véronique présentant à la foule le voile avec lequel elle a essuyé le visage en sueur et ensanglanté du Christ ; et ce voile porte l'empreinte, l'image vraie du supplicié.

La sainte porte un long manteau qui n'attire pas l'attention, alors  que les traits dramatiquement attristés de son visage concentrent toute l'expressivité du personnage. La tête est voilée, le cou entourée d'une sorte de fraise.

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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le deuxième personnage est Simon de Cyrène, qui a été requis pour aider le Christ à porter la lourde pièce de bois.  Son chapeau, sa barbe et son manteau long tentent peut-être de souligner qu'il s'agit d'un monsieur lambda, un brave passant, qui revenait des champs et passait par là ; sa seule particularité est être originaire de Cyrène, ville d'Afrique du Nord, mais on comprend bien que cela ne puisse fournir un "type" capable de le caractériser. On le reconnait néanmoins car au lieu d'être impliqué activement dans la scène, il n'y figure que du bout des doigts, le corps un peu en retrait, et le regard ailleurs.

Il faut, pour imaginer comment les gens regardaient ces saynètes,   avoir en tête le texte (que les paroissiens connaissaient peut-être par cœur, si c'était leur rôle) de la Passion en breton. En voici la traduction par Y. Le Berre, pour cette scène :

 

— Gadifier (l'un des soldats, s'adressant à Simon) : "Celui-là n'en peut plus. Eh, mon gars, au lieu de passer ton chemin, fais donc un crochet par ici!"

—Simon de Cyrène : "Pour quoi faire, mon Dieu ?"

— Dragon (autre soldat) : "Prends cette croix-là, bonhomme, Donne un coup de main à cet homme qui n'en peut plus."

— Simon : "Moi ? Sauf votre respect, je ne veux point le faire."

— Bruyant : "Tu ne veux pas ? Tu vas le faire, ou je te casse le nez"

— Simon : "Vous n'avez qu'à la porter, vous, si ça vous plaît. Moi, je n'y toucherai pas ; c'est tout !"

— Bruyant : "Tu vas la prendre sur ton dos, maraud ! Et tiens ça ! Tu en veux une autre ?"

— Simon : "Malheur à moi ! Ce serait une grande honte [de toucher à cette croix]"

— Dantard : "Allons, allons, avance ! Fais ce qu'on te dit"

— Simon : "Ah ! Il va bien falloir que je la porte, hélas !"

— Gadifier : "Oui, et illico !"

—Simon : "Bon, donnez moi la croix, maintenant. Elle a beau être fort conséquente et fort grande, j'arriverai sûrement à la porter. Mettez-la moi donc vivement (sur le dos). que je l'emporte sans traîner sur la hauteur, en dehors de la ville. Oh oh, j'ai beau être costaud, elle pèse son poids ! J'ai eu tort de croire que je serais capable de porter aujourd'hui un poids pareil jusqu'en haut. Je ne tiens plus ! Laissez-moi ici, parce que, là, je suis rendu. !"

—Dragon : "Allons, allons, maraud, marche, marche !"

— Simon : "Alors, là, si vous me donnez des coups, je n'avancerai pas, j'en serai bien incapable. Vous avez tort de me presser. Laissez-moi me reposer un petit peu, ou je vais tomber sous la charge. J'ai la tête qui tourne ; je n'en puis plus."

— Bruyant : " Redresse-toi, ou je te torche le nez !"

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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Vient ensuite le soldat qui frappe du pied le Christ tombé à terre, une anecdote que les artistes  manquent rarement de représenter. Il porte un casque rond, une tunique à manches courtes et à encolure fermée par la patte en S et à bouton rond, et des chausses à deux motifs de crevés. Il tire la langue vers le condamné.

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Son voisin menace le Christ de son gourdin (ou de son fouet). Si on interprète le pompon de son casque comme un plumet, c'est peut-être un officier. Sa veste est boutonnée jusqu'en bas.

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Devant lui, un autre soldat, arc-bouté, tire violemment sur la corde pour inciter le Christ à se relever.

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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Enfin, en tête, un soldat tient un épais bâton et porte la main à la bouche, pour crier (ou siffler) un ordre. Sa culotte à la braguette généreuse est bouffante et ornée de crevés ; sa veste boutonnée est serrée par une ceinture, et enfin il porte une fraise.

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Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté nord (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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D. LE COTÉ OUEST.

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La Mise au TombeauKersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté ouest.

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Sous cette dénomination d'usage, il faut plutôt voir ici l"Embaumement du corps du Christ sur la pierre de l'onction", pour reprendre l'analyse que Nicole Reynaud a donné de l'enluminure des Heures d'Etienne Chevalier par Jean Fouquet.

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Jean Fouquet, Heures d'Etienne Chevalier v.1452-1460.

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En effet, nous n'assistons pas à une scène, active, de descente du corps du Christ dans le sépulcre "taillé dans le roc" Jn19:41, (comme ici ou )  mais au recueillement, passif, de huit personnages autour du corps placé sur un linge plissé. Joseph d'Arimathie vient de lui ôter la couronne d'épines et Nicodème s'apprête à le couvrir d'un linceul. Outre Marie-Madeleine — dont c'est l'attribut —, un second personnage tient un flacon d'onguent destiné à l'embaumement. Il s'agit sans doute de Gamaliel, oncle de Nicodème selon l'évangile apocryphe éponyme. Voir ma discussion sur ce personnage ici:

Voir La Mise au Tombeau (calcaire, v.1500) de l'abbatiale Sainte-Croix de Quimperlé.

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Nous avons donc de gauche à droite : Joseph d'Arimathie ; une Sainte Femme ; Marie-Madeleine ; Jean soutenant Marie ; une Sainte Femme (ou le jeune Abibon fils de Gamaliel, car le bonnet ne correspond pas au voile habituel des saintes femmes) : Nicodème.

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Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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COMPARATIF.

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Grand calvaire de Plougastel (1602-1604). Photographie lavieb-aile.

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La Sortie du Tombeau : la Résurrection. Kersanton,1610, Maître de Saint-Thégonnec, coté ouest.

 

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"La résurrection est traitée beaucoup plus simplement qu'à Guimiliau et se rapproche davantage de celle de Plougastel-Daoulas, sensiblement contemporaine. " (E. Le Seac'h)

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Le Christ ressuscité enjambe la margelle. Il porte au dessus du pagne le grand manteau (rouge) témoignant de la gloire de la Résurrection, et il tenait jadis en main gauche la hampe de l'étendard de sa victoire dur la Mort. Il est barbu, bouche entrouverte, le front plissé. Les stigmates sont peu ou pas visibles.

De chaque coté, les deux soldats chargés de veiller le corps se sont endormis. Leur lance est brisée. Ils portent l'armure et le casque.

Un autre soldat, également en armure complète et casqué,  est allongé sur le devant du tombeau, lui aussi profondément endormi, les jambes pliées, tenant une hallebarde. 

Derrière le tombeau, deux hommes sont casqués, mais en habit civil ; et l'un d'entre eux lève les yeux, comme émerveillé ou ébloui par le Christ.

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Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Coté ouest (kersantite, 1610, Maître de Saint-Thégonnec) du calvaire de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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COMPARATIF. Cliquer sur l'image.

 

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Calvaires de Plougonven (1554) et Pleyben (1555) par l'atelier Prigent.

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L'atelier Prigent a réalisé une Sortie du Tombeau pour les deux calvaires monumentaux de Pleyben et de Plougonven (tous les deux restaurés). La cuirasse des soldats est à deux facettes formant un angle sternal, comme pour le soldat assis de Saint-Sébastien.

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Sortie du Tombeau, calvaire de Pleyben (1555, Prigent). Photographie lavieb-aile.

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Sortie du Tombeau, calvaire de Plougonven (Prigent, 1554). Photographie lavieb-aile.

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Chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Calvaire attribué par Y.-P. Castel au Maître de Saint-Thégonnec et daté de 1541-1554.

 

 

Calvaire de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile.

 

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Calvaire de Plougastel, Maître de Plougastel 1602-1604

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Calvaire monumental (kersantite, 1602-1604, Maître de Plougastel), Plougastel. Photographie lavieb-aile.

 

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SOURCES ET LIENS.

— ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1902,  Les croix et les calvaires du Finistère, Bulletin monumental 66 pp. 176-209

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1902_num_66_1_11302

CASTEL ( Yves-Pascal) 1956 Saint-Thégonnec, Renaissance du Haut-Leon, collection  Reflet de Bretagne , ed. Jos Le Doaré

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_137/Saint_Thegonnec_Renaissance_du_Haut-Leon_.pdf

CASTEL ( Yves-Pascal) 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux, exposition au Musée des Jacobins de Morlaix, conservatrice Françoise Daniel.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_233/roland__dore__et__les_enclos__paroissiaux.pdf

— CASTEL (Yves-Pascal), 1997, En Bretagne croix et calvaires, Kroaziou ha kalvariou or bro, Minihi Levenez, Saint-Thonan, 1997, ISBN 2.908230.09.7

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9374

CASTEL (Yves-Pascal), 2005 (trad. Lorañs Stefan, Job an Irien, photogr. Jean Feutren), « Guide des sept grands calvaires bretons / Ar seizh kalvar braz », Minihi-Levenez Saint-Thonan, n°92.,‎ août 2005, p. 0-106 (ISSN 1148-8824)

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f0824151eb305fc701d19c07bec6270b.pdf

— CASTEL (Yves-Pascal), 1998, les larrons en Bretagne , articles du Progrès de Cornouaille / Courrier du Léon

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a36ed6ce279ecec1b3fb8aff74cf6302.jpg

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f102406c740df26fa859695c87b46090.jpg

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/512240fd9710421f0c9c5f3960a6a552.jpg

CASTEL ( Yves-Pascal), 1985, « Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du xviie siècle) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome 94, pages 97-116.

COUFFON (René), LE BARS (Alfred),  1988,  Répertoire des églises : paroisse de SAINT-THEGONNEC,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1039.

— DEBIDOUR (Victor H.) 1954, Grands calvaires de Bretagne ed Jos Le Doaré.

 

DE L'ORME (A.), 1900, Saint-Thégonnec, in L'art Breton du XIIIe au XVIIIe siècle. Bulletin de la Société archéologique de Brest p.103 à 123. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076565/f100.item

— ÉLÉGOËT (Louis), 1996, Les Juloded Grandeur et décadence d'une caste paysanne en Basse Bretagne, Presses Universitaires de Rennes. 299 p.

https://books.openedition.org/pur/11548?lang=fr

— ENLART (Camille), 1929, Manuel d'archéologie religieuse 1929 tome II et III

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k36492m.image

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3041444j/f12.item

— GAUTHIER (Joseph Stany), 1944, Croix et calvaires de Bretagne.

GRUYER Paul, 1930 ? Les calvaires bretons, Paris : H. Laurens (Paris), 64 p

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/57074072b6d66d3a38320a0005bb8854.pdf

— LE BERRE (Yves), 2011, La Passion et la Résurrection bretonnes de 1530, UBO CRBC.

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

QUINIOU (François), 1909, Saint-Thégonnec. L’Église et ses annexes F. Paillard, 1909.

https://fr.wikisource.org/wiki/Saint-Th%C3%A9gonnec._L%E2%80%99%C3%89glise_et_ses_annexes/Texte_entier

—Hélène Remeur a consacré un mémoire de maîtrise (UBO, Brest, 1997) à l'Étude des costumes dans les grands calvaires bretons. Mais je n'ai pu consulter ce document de deux volumes (120 +113 pages) illustrés.

ROUDAUT (F.) (dir.), 1998, Saint-Thégonnec. Naissance et renaissance d'un enclos, Brest, CRBC, 183 p

— Site  Les 7 calvaires monumentaux

http://www.7calvaires.fr/saint-thegonnec/

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Calvaires Kersanton Roland Doré
26 février 2021 5 26 /02 /février /2021 12:20

L'arc de triomphe (1587, granite de Plounéour-Ménez et 1589, kersanton) de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Son Annonciation et son inscription en vers bretons.

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Sur cet enclos paroissial de Saint-Thégonnec, voir :

 

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PRÉSENTATION.

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Avant de partir pour Saint-Thégonnec, j'avais relu les bons auteurs.

— "Quatre grosses piles ornées de volutes ou consoles renversées que surmontent des lanternons à la fois trapus et  élégants. Les deux piles du milieu sont reliées par une arcade au-dessus de laquelle règne une galerie d’arcatures séparées par des pilastres à gaines et terminées par des frontons. À la hauteur de la galerie est la représentation du mystère de l’Annonciation ; d’un côté la Vierge agenouillée sur un prie-Dieu, de l’autre, l’archange Gabriel. Plus bas, dans la frise cette inscription : ITRON : MARIA . VIR . SICOVR NI . O . PET : HUANTEC. DON. RECOUR HUI.EN.QUENTAF. ADVOCADES EVIT. PECHER. HA. PECHE RES. - 1587. "Dame Marie de Vrai-Secours Nous vous prions ardemment de nous venir en aide. Vous êtes première avocate Pour pécheur et pécheresse"." (J.M. Abgrall 1904 , Architecture bretonne, p. 107.)

 

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Inscriptions gravées : Saint-Thégonnec J.M. Abgrall Congrès arch. France 1898 et Bull. SAF 1916 :

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— "L'arc triomphal, décoré de lanternons se compose de quatre pilastres formant trois ouvertures; la principale est surmontée de niches à frontons dont l'une contient la statuette du saint patron de la paroisse. Dans la frise centrale, on lit ce quatrain rimé, en moyen-breton, avec rimes internes, et la date 1587 : ITROVN MARIA. GVIR : SICOVR NI : HO. PET : CHV ANTEC : DON RECOVR HVI. EN : QVENTAF ADVOCADES EVIT : PECHER : HA : PECHERES. " (L. Le Guennec, Morlaix et sa région)

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"L'année qui précède l'entrée du duc de Merceur dans la Ligue contre Henri de Navarre, en 1587, la Porte Monumentale rompt définitivement avec les styles anciens : niches à coquilles, frontons triangulaires ou cintrés, volutes, lanternons à dômes, belles moulurations apportent à Saint-Thégonnec un esprit nouveau qui sera bridé un moment par les désordres de la Ligue. Mais après la pacification due à l'Edit de Nantes et à l'arrestation de brigands trop célèbres tels que Fontenelle, l'élan constructeur reprend. Les paysans de la région qui avaient pris prétexte des temps troublés pour faire justice de leurs griefs contre les nobles n'auront qu'un désir, bâtir leurs églises dans le style des châteaux." (Y.-P. Castel)

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— "Un élève du Maître de Guimiliau (1589). À frais nouveaux, la présente enquête commence du coté de la porte monumentale de l'enclos, dominée dans le ciel du fronton triangulaire par le Père Éternel. La date du monument, 1587, s'inscrit entre les cerfs de la légende de saint Thégonnec. Celui de gauche traîne une sorte de charrette. Une hache énigmatique se dresse près de celui de droite. L'inscription lapidaire entremêle selon l'usage breton assonances intérieures, rythmes et rimes : I[N]TRON. MARIA : GVIR SICOUR NI : HO : PET : HVANTEC : DON : RECO[VR] HVI ENQVE[NT]AF. ADVOCAD ES EVIT . PECHER : HA PECHERES. "Notre-Dame du Vrai-Secours , de tout cœur nous recourons à vous, la première avocate du péché et de la pécheresse".

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"À l'étage, on remarque peu l'Annonciation, l'ange Gabriel et la Vierge se faisant face de part et d'autre des niches centrales vides. Le groupe en pierre de kersanton ouvre la série statuaire de l'enclos. La date 1589, inédite à ce jour, gravée sur le pupitre de Marie, permet d'attribuer l'œuvre à l'atelier du Maître de Guimiliau, l'auteur du célèbre calvaire. Le Maître y travailla de 1581 à 1588, à en croire les dates gravées sur celui-ci. L'Annonciation de Guimiliau et celle de Saint-Thégonnec sont indubitablement de la même main. Les prie-Dieu sont identiques, les vases de fleurs ont les mêmes anses à large volutes, les panses sont ornées de canaux et de godrons similaires, les bouquets, dans leur stylisation, se ressemblent. Le traitement des visages ne laisse, lui non plus, aucun doute sur l'étroite parenté des deux groupes. Celui de Saint-Thégonnec, précisément daté avons-nous dit, de 1589, vient ainsi éclairer l'histoire du calvaire de Saint-Thégonnec et réfuter l'idée d'une réfection moderne importante avancée par différents auteurs, dont R. Couffon suivi par V.-H. Debidour." (Castel in Roudaut p. 81-83)

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"La porte triomphale — ou arc de triomphe —, à l’entrée de l’enclos, est un édifice de style Renaissance en granite de Plounéour-Ménez réalisé dans l’atelier du château de Kerjean entre 1587 et 1589. Elle est composée de quatre piliers massifs surmontés de lanternes cubiques et de lanternons. Deux échaliers relient les piliers extérieurs et l’entrée centrale est faite d’un arc en plein cintre fermé à l’époque par une grille. L’arc est orné de trois statues en Kersanton : à droite Notre-Dame du Vrai Secours, à gauche l’archange Gabriel et au centre Dieu le père entouré de deux canons.  L'arc de triomphe est classé monument historique depuis 1914. Le mur de cimetière attenant est, quant à lui, classé en 1928." (Wikipedia)

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"L'arc de triomphe date de 1587 et se compose d'une grande arcade entre deux pylônes. C'est l'un des premiers ouvrages de ce type destiné à donner une entrée monumentale au cimetière." (Base Mérimée)

 

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J'arrive donc un bon matin en me frottant les mains, car j'ai au menu une inscription lapidaire (moi qui adore ça), une Annonciation (que je pourrais comparer à celles que j'ai photographiées dans la même situation de chaque coté d'une porte monumentale ou d'un porche), et l'arc de triomphe lui-même, avec, là encore, des perspectives de comparaison stylistiques avec les mêmes monuments des enclos voisins.

Mais une visite touristique, vous savez ce que c'est, dépend beaucoup de l'heure, de la lumière, de l'humeur du visiteur et de l'éveil variable de son regard. Saurai-je voir ? Le soleil, l'ombre ou la pluie voudront-ils me montrer ce que recèlent les pierres ?

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Enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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On lit souvent que les portes monumentales de nos enclos sont nommées en breton (à Sizun) Porz ar maro, "Porte de la mort", car elles marquent l'entrée du cimetière, mais avant d'en attribuer la présence  à je ne sais quel atavisme bas-breton, ou quelque réminiscence celte peut-être, on se souviendra que les architectes de la Renaissance, soucieux de s'inspirer des arcs de triomphe antique pour marquer l'entrée de leurs villes ou des châteaux, après que les peintres italiens comme Botticelli ou Mantegna aient réalisé des structures provisoires pour célébrer les entrées triomphales des princes et prélats dans leurs villes, ont créé de tels monuments, ou en ont proposé les modèles dans leurs traités. Les exemples sont nombreux. Philibert De L'Orme s'inspira de l'arc de triomphe de Septime Sévère pour le tombeau de François Ier et Claude de France à Saint-Denis (1558). Ou pour l'entrée du château d'Anet.

 

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Voici comment Yves Pauwels présente le Quinque et viginti exempla arcum ("25 exemples d'arcs") publié par Androuet du Cerceau en 1549 :

 

"Ce recueil de gravures compte parmi les publications les plus précoces de Jacques Androuet du Cerceau. Il a été composé dans le contexte de l’avènement de Henri II et des nombreuses entrées solennelles que le nouveau roi allait faire dans ses villes. Lyon avait donné l’exemple en 1548, et, en 1549, l’année même de la parution de l’ouvrage, c’est Paris qui offrait au jeune monarque une mémorable cérémonie. Les arcs de triomphe devenus indispensables au décorum de ces fêtes, il était plus qu’opportun d’en proposer des modèles. L’ouvrage donc se présente comme une anthologie d’exempla, variations sur le thème de l’arc de triomphe. De ce point de vue, il revêt une importance considérable, que peu d’historiens de l’art ont remarquée. En effet, en 1549, l’arc de triomphe vient à peine de faire son apparition dans l’architecture française. Le frontispice de l’aile principale d’Anet est encore en chantier, de même que les avant-corps de la cour du Louvre; ceux d’Écouen sont, au mieux, à l’état de projet. Mais de superbes exemples, sans doute dessinés par Serlio, avaient embelli les rues de Lyon en 1548, lors de l’entrée de Henri II. Et l’année même de la parution du recueil d’Androuet du Cerceau, Jean Martin et Jean Goujon préparaient pour les fêtes parisiennes plusieurs arcs inspirés de modèles serliens. L’arc à l’antique, par ses référents symboliques, historiques et culturels, était ainsi consacré comme le lieu commun par excellence d’une nouvelle architecture qui aspire au plus haut niveau de l’expression, celui du sublime. Or, 1549 est aussi l’année de la publication de la Défense et Illustration de la langue française par Joachim du Bellay ; celle du premier livre des Odes de Ronsard est imminente. La consécration du thème architectural va de pair avec celle d’une nouvelle poésie, celle de la Pléiade, dont l’ambition est la même : élever la littérature française au niveau du grand style, celui des odes ou de l’épopée. Avec une grande perspicacité, du Cerceau a senti l’évolution de l’art de bâtir, et son petit recueil s’inscrit parfaitement dans le grand mouvement de renouvellement qui bouleverse l’architecture française dans les années cruciales de l’avènement de Henri II." (Y. Pauwels 2007)

Dans cet ouvrage, après les arcs romains (arcs de Titus, de Septime-Sévère, de Constantin), et les arcs italiens (arcs d’Ancône, de Vérone, de Bénévent, de Pola, de Suse, de Ravenne), viennent les arcs « inventés » par du Cerceau, une suite de modèles classés selon la succession des ordres, trois doriques, deux ioniques, huit corinthiens, un « sus l’ordre corinthe » et deux de l’ordre salomonique. 

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Mais chacun de ces modèles voit son "ordre" déterminé par les caractères de ses colonnes, or, l'arc de triomphe que j'ai sous les yeux à Saint-Thégonnec ne présente aucune colonne. Seules deux consoles, de part et d'autre de l'arcature, sont cannelées comme des triglyphes doriques. La face nord est encore plus dépouillée.

 

"À la même époque, en 1587, s'élève à Saint-Thégonnec un arc très différent des précédents. Ici, quatre piliers de grande épaisseur sont amortis par de puissantes volutes en consoles renversées et couronnées de doubles lanternons. Ils déterminent trois passages, dont ceux des extrémités fermés par des échaliers, tandis qu'entre les deux piles centrales, formant l'entrée principale, est bandée une arcade à claveaux rustiques. Celle-ci supporte un attique décoré de quatre niches ornées de la coquille de Kerjean et séparées par des pilastres. Trois frontons surmontés, comme des lanternons, de nombreuses boules godronnées, le couronnent. De part et d'autre, ainsi qu'à La Martyre, se voit le groupe de l'Annonciation. L'ensemble, extrêmement lourd et d'une ornementation compliquée, ne manque cependant pas d'originalité et a probablement servi d'inspiration à l'entrée de Plounéour-Ménez où toute décoration a été bannie, exceptée les niches ornées de la coquille si particulière à Kerjean, et, plus tard mais très simplifiée et sans arcades, à celles de Bodilis et de Plouzévédé (1771).» (R. Couffon 1948)

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Pourtant, à Sizun,  quatre colonnes corinthiennes séparent les trois arcades de la porte monumentale (vers 1588) .

"À Sizun vers 1588 l'arc de Sizun également de style classique, est composé de trois arcades, en plein cintre et à claveaux rustiques, séparées par des colonnes corinthiennes. Celles-ci supportent un entablement correspondant à la coursière, qui subsiste et a conservé sont autel et son petit calvaire.. L'ensemble, bien qu'un peu lourd et de proportions moins bonnes que l'arc de Berven, ne manque cependant pas de caractère monumental et est le meilleur spécimen des portails complets de style classique subsistants en Léon." (R. Couffon)

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Arc de triomphe de Sizun photo yfernyen wikipedia

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L'arc de triomphe de Lampaul-Guimiliau, avec sa seule arcade, dispose aussi de deux colonnes corinthiennes.

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Arc de triomphe de Lampaul-Guimiliau (1668). Photo lavieb-aile.

 

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On comparera encore cette porte monumentale de Saint-Thégonnec avec l'entrée du château de Kerjean en Saint-Vougay, avec ses deux arches inégales et sa galerie couverte reliant la chapelle et la chambre des archives. Les deux portes (cochère et piétonne) sont flanquées de trois pilastres doriques cannelées, reposant sur des bases en saillie.

 

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Entrée du château de Kerjean (vers 1571). Photo lavieb-aile.

 

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L'arcade principale de la porte (1652) de l'enclos  d'Argol, en Presqu'île de Crozon, est également encadrée par deux pilastres cannelés

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Arc de triomphe d'Argol. Photo lavieb-aile.

 

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À la chapelle Notre-Dame de Berven en Plouzévédé, l'arc de triomphe a été réalisé entre 1575 et 1580 par l'atelier de Kerjean. Trois larges arcades en plein cintre, séparées par des colonnes corinthiennes, supportent une plateforme dont le couronnement n'a pas été achevé ou a été détruit.

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Arc de triomphe de N.-. de Berven. Photo Wikipedia.

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L'arc de Guimiliau, très modeste, est une large porte à arcade, surmontée d'un fronton courbe : une Vierge à l'Enfant le domine, entourée des deux cavaliers provenant d'un calvaire. Il est attribué (Le Seac'h) au Maître de Saint-Thégonnec, auteur du calvaire éponyme en 1610. Il est dépourvu de colonnes.

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Arc de triomphe de Guimiliau. Photo lavieb-aile.

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Très simple, sans colonne, mais à trois arches est l'arc de triomphe de Plounéour-Ménez.

 

 

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Porte d'entrée de Plounéour-Ménez. Photo Wikipedia.

 

 

 

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Enfin, l'arc d'entrée de La Martyre n'est citée que pour mémoire, puisque ce monument du début du XVIe siècle (v. 1520) est de style gothique flamboyant. 

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Après ce tour d'horizon comparatif, reprenons notre visite. Remarquons par exemple six niches à coquilles dépourvues de statues, mais aussi les canons qui font office de gargouilles, et qui sont plus habituels au sommet des tours de nos clochers.

 

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Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Dans la niche centrale, Dieu le Père tient l'orbe. Kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589.

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Dieu le Père coiffé de la  tiare, barbu, vêtu de la chape sur une tunique plissé, bénit le globe, bien installé sur son nuage.

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Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Porte monumentale de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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L'Ange de l'Annonciation. Kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589.

 

"La présence d'un groupe de l'Annonciation sur l'arc de triomphe est-elle symbolique ? Il est difficile de se prononcer à ce sujet, La Martyre étant dédiée à Notre-Dame et Saint-Thégonnec à Notre-Dame-du Vrai-Secours. Cependant, le fait que ce groupe surmonte certains porches, tels ceux de Pleyben, dont l'église est dédiée à Saint-Germain, ou de Bodilis, et que sur d'autres, tels que Landivisiau, où il n'y a pas d'arc de triomphe, on trouve l'invocation Memento Mei Mater Dei Pax Vobis parait en faveur d'un symbole. On sait que les prières de l'Annonciation sont une invocation à Dieu qui s'est incarnée dans le sein de la sainte Vierge  : Omnipotens sempiterne Deus, qui terrenis corporibus verbi tui veritatem per venerabilem  Mariam conjungui voluisti, petimus immensam clementiam tuam ut quod in ejus veneratione deposcimus, te propiciante, mereamur consequi." (R. Couffon)

 

"Saint-Thégonnec s'offre le luxe de deux Annonciations. La première est à l'entrée de l'enclos sur la corniche de la porte monumentale. La date de 1589, inscrite au bas du pupitre de la Vierge, de même que le style quelque peu fruste de la sculpture indiquent que l'oeuvre, qui fut commandée au temps du fabrique F. Mazé, est de la main de l'émule anonyme du Maître de Guimiliau." (Y.-P. Castel 2001)

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Les deux personnages de l'Annonciation sont installés un peu à l'étroit entre deux piliers cannelés, comme s'ils n'occupaient pas leur place initiale. 

Nous parvenons mal à lire l'inscription du socle : F : MAZE. Elle a été relevée par Y.-P. Castel .

Ce possible François Mazé était un donateur (ou le fabricien), et il appartenait peut-être à la même famille que Jean Mazé qui, avec son épouse Jeanne Inizan, ont offert la statue de saint Jean sculptée en 1625 pour la niche gauche du porche.

La date de 1585 est trop précoce pour trouver mention de ce François Mazé dans les registres paroissiaux. À défaut, voici une Françoise Mazé née vers 1585 à Saint-Thégonnec.

L'archange Gabriel, qui fléchit le genou en signe de salutation,  est vêtu d'une tunique plissée bouffante au dessus d'un cordon dissimulé. Sur cette tunique s'entrecroisent deux bandes dont je ne comprends pas l'utilité. La main droite (qui faisait le geste de salutation) est brisée, tandis que la main gauche tient le bâton ou rouleau sur lequel s'enroule un phylactère. Nous devinons son texte : AVE GRATIA PLENA.

Le visage, encadré par une chevelure frisée en boules (comme au bon vieux temps des anges du Maître du Folgoët au XVe siècle), est peu expressif, avec son front lisse, sa petite bouche triste, et ses yeux éteints. Ceux-ci, en amande, sont ourlés d'une paupière, signe qui distingue l'Émule du Maître de Guimiliau.

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Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge de l'Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589).

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Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, 1589), porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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COMPARATIF DES ANNONCIATIONS.

On remarquera que ces Annonciations sont souvent placées, comme ici à Saint-Thégonnec, sous un Père Éternel (Rumengol, calvaire de Pleyben, etc.).

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Annonciation du calvaire de Tronoën vers 1450.

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Annonciation du calvaire de Tronoën (v. 1450). Photo lavieb-aile.

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Le Faou, Porche de Rumengol.

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Annonciation du porche de Rumengol. Photo lavieb-aile.

 

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Landrévarzec, chapelle de Quilinen, tympan du porche.

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Annonciation de la chapelle de Quilinen, calcaire polychrome. Photo lavieb-aile.

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Groupe de La Martyre : les statues sont posées de chaque coté de l'arc triomphal.

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Ange de l'Annonciation (kersanton), arc de triomphe de La Martyre. Photo lavieb-aile.

 

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Vierge de l'Annonciation (kersanton)), arc de triomphe de La Martyre. Photo lavieb-aile.

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Pencran, contre un pilier à l'intérieur de l'église.

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Annonciation, Pencran. Photo lavieb-aile.

 

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Pleyben, porche sud, kersanton, atelier des Prigent vers 1555.

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Ange Gabriel, Porche de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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Vierge de l'Annonciation, porche de Pleyben. Photo lavieb-aile.

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Calvaire de Pleyben (kersanton, Prigent, 1555).

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Annonciation du calvaire (Prigent, 1555) de Pleyben. Photographie lavieb-aile.

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Annonciation du calvaire de Plougonven, Prigent 1554.

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Annonciation (kersanton, Prigent, 1554) du calvaire de Plougonven. Photo lavieb-aile.

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Annonciation du calvaire de Plougastel, Maître de Plougastel, 1602-1604.

https://www.lavieb-aile.com/2020/04/la-fin-d-une-epidemie-le-calvaire-monumental-de-plougastel.html

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Groupe de Bodilis, dans les niches du grand porche sud de Bodilis. Ange Gabriel :Maître de Plougastel, vers 1610. Vierge : Roland Doré.

 

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Ange de l'Annonciation (kersanton, Maître de Plougastel, vers 1610), porche de Bodilis. Photo lavieb-aile.

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Vierge de l'Annonciation (kersanton, Roland Doré), porche de Bodilis. Photographie lavieb-aile.

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A Bodilis, Roland Doré a sculpté à part le vase fleuri enrubanné des paroles de la Vierge : Ecce ancilla Domini [fiat mihi secun]dum verbum tuum.

 

Annonciation (kersanton, Roland Doré) du porche de Bodilis. Photo lavieb-aile.

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Porche de Saint-Thégonnec, Roland Doré, vers 1625-1630.

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Ange Gabriel (kersanton, Roland Doré, v. 1625-1630), porche de Saint-Thégonnec. Photo lavieb-aile.

 

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Vierge de l'Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625-1630). Photo lavieb-aile.

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L'inscription en breton. Granite de Plounéour-Ménez, 1587.

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Elle est de lecture ingrate, car elle est gravée sur le granite (et non sculptée en réserve sur le kersanton mieux résistant à l'altération), et qu'elle est répartie sur trois blocs de pierre en situation orthogonale, ce qui ne permet pas le meilleur éclairage, à jour frisant.

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1. Sous l'ange Gabriel :

ITRON MARIAG

VIR SICOVRNI : H

Nota bene : la lettre H a échappé à de nombreux auteurs, elle se poursuit sur le deuxième blog (HO).

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Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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2. Sur l'entablement.

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O : PET : HVANT/EC : DON ; RECO[VR]/  [-] /  HVI : EN : QVE[NT]AF : ADVOCAD 

 

(je n'ai pu vérifier l'exactitude de la ponctuation par les deux-points) .

 

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Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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a) du coté gauche :

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 O : PET : HVANT

EC : DON : RECO

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Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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b) Du coté droit :

 

VR HVI : EN : QVE

NTAF : ADVOCAD

La lecture de la partie gauche est fondée sur les témoignages du chanoine Abgrall, car je ne la déchiffre pas, sous l'éclairage de mon cliché.

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Y.-P. Castel a lu

HVI ENQVE

AF ADVOCAD 

et restitue les lettres manquantes : RECO // [VR] HVI ENQVE[ENT]AF ADVOCAD/ES EVIT

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Le relevé d'Abgrall publié par F. Loth puis E. Ernault (cf. Infra)  semble très précis, mais comporte plusieurs erreurs ou lacunes. 

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Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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c) Au centre : La date de 1587 entourée du chariot et du cerf de saint Thégonnec.

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1587 : §-  (il reste à déchiffrer les deux signes qui suivent le deux-points, là où Castel parle d'une sorte de hache).

La légende du cerf de saint Thégonnec est rapportée par Quiniou ; on retrouve le motif du chariot rempli de pierres pour la construction de l'église sous la statue du saint patron de la paroisse, en haut du porche sud, ainsi que sur la niche à volet de l'intérieur de l'église, bas-coté nord.

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Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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3. Sous la Vierge.

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ES EVIT : PECH

ER : HA : PECHEREZ

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Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Inscription, (granite de Plounéour-Ménez, 1587), de la porte monumentale de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Au total, cette inscription se lit ainsi : Itron Maria gvir sicovr ni ho pet hvantec don recovr hvi en quentaf advocates evit pecher ha pecherez.

qui est transcrite ainsi pour souligner la  versification:

Itron Maria gvir sicour

ni ho pet huantec don recour

hui en quentaf advocatez

evit pecher ha pecherez

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"Dame Marie de Vrai-Secours

De tout cœur à vous nous avons recours.

Vous êtes première avocate

Du pécheur et de la pécheresse"

 

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Qui est "Dame Marie de Vrai-Secours ?"

Sainte Marie du Vrai Secours, ou Notre-Dame du Vrai-Secours,  est invoquée ou vénérée à diverses lieux et sous des vocables ou tournures bretonnes proches, telles que Itron Varia wir sikour, , Itron Varia 'wir Zikour, Itron Varia vir Zicour, etc.

Dans le Finistère.

-Elle est sans doute assimilable à Notre-Dame du Bon Secours, qui était vénérée à la chapelle de Pont-Christ. Cette chapelle étant tombée en ruine, la statue est conservée en l'église de La Roche-Maurice.

https://www.lavieb-aile.com/2017/09/le-retable-de-notre-dame-du-bon-secours-eglise-de-la-roche-maurice-29.html

-On sait qu'en 1518, Tanguy du Chastel avait fondé à Landunvez, au bourg de Kersent,  la collégiale Itron-Varia-Vir-Zikour, desservie par 6 chanoines. 

 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/76512f46e94362f54f58a48512632e86.pdf

Abbé J.M. Gueguen, Landunvez en 1685,  BDHA 1924

- À Pleyben, existe la chapelle Notre-Dame-de-Vrai-Secours à Guenily

https://www.lavieb-aile.com/2019/08/la-chapelle-de-guenily-en-pleyben.html

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-notre-dame-de-vrai-secours/a3d69028-8bf1-4168-b0f6-0611b06da852

-À Ploéven, la chapelle Saint-Nicodème renferme une statue en bois du XVIIe siècle de Itron Varia a Sikour.

https://www.lavieb-aile.com/2019/06/ploeven-xii-chapelle-saint-nicodeme-les-statues-de-la-vierge-et-de-saint-nicodeme.html

 

Chapelle Notre Dame de Bon Secours Quéven Chapel Itron-Varia Gwir-Sikour Kewenn vallée du Scorff

https://www.queven.com/wp-content/uploads/2018/11/2_ND_de_Bon_secours_Queven.pdf

Saint-Nicodème à Ploéven

 

https://books.google.fr/books?id=iL9HAQAAMAAJ&pg=PA242&lpg=PA242&dq=%22Varia+gwir+sikour%22&source=bl&ots=KNgH9cpscL&sig=ACfU3U24mOOIOq7TZii13BVxOGE3bt7nCw&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj_ydn2ufnuAhX14uAKHXF0D384FBDoATAHegQICBAD#v=onepage&q=%22Varia%20gwir%20sikour%22&f=false

- À Pont-L'Abbé, le retable de la chapelle Saint-Jacques de l'église Notre-Dame des Carmes lui est dédiée avec l'inscription Itron Varia gwir Zicour pedit evidomp.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:074_Notre-Dame_des_Carmes_Autel_et_retable_de_la_chapelle_Saint-Jacques.JPG

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Côtes d'Armor.

On trouve là le célèbre pardon Itron Varia Gwir Sikour de la basilique de Guingamp, institué en 1650.

À  Plounez en Paimpol a lieu également un pardon qui lui est dédié.

https://saint-brieuc.maville.com/actu/actudet_-paimpol.-pardon-de-plounez-la-procession-en-video_5-3241251_actu.Htm

Dans les autres départements, l'enquête pourrait être plus approfondie, je ne citerai que la chapelle Notre-Dame de-Vrai-Secours de  Plouay (56), datant de la 1ère moitié du  XVIe, la chapelle Notre-Dame de Bon Secours (Itron Varia Gwir-Sikour de Quéven (vallée du Scorff), et la statue de l'église de Pluviner.

http://www.pluvigner.fr/eglise-paroissiale-saint-guigner/

https://www.queven.com/wp-content/uploads/2018/11/2_ND_de_Bon_secours_Queven.pdf

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-notre-dame-de-vrai-secours/c87a19d4-b466-4646-9762-dbc022fa4a09

 

Voir plus largement:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame-de-Bon-Secours

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Étude linguistique.

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1°) Cette inscription a été étudiée par Emile Ernault dans L'ancien vers breton, exposé sommaire, H. Champion 1912, dans son paragraphe 36.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_163/LAncien_Vers_Breton__.pdf

 

Ernault §36.

« Mais il y a aussi des quatrains sur 2 rimes plates, où toutes les rimes internes sont indépendantes. Telle est l'inscription de Saint-Thégonnec, datée de 1587, en caractères épigraphiques. Tous les u sont écrits v, et la plupart des mots séparés par deux points.

M. Loth l'a transcrit et traduit ainsi (Annales de Bretagne, XI, 272) :

Itron Maria vir sicour

Ni o pet huantec don recour

Hui en quentaff advocades

Evit pecher ha pecheres.

« Madame Marie de vrai secours, nous vous prions ardemment de nous secourir, vous en premier avocate pour pécheur et pécheresse ».

Mais la rime et la grammaire exigent qu'on coupe les syllabes MARIA :

Itron Mari a a vir si-cour.

Vir ou wir est une mutation de guir amenée par la préposition a, et notée exceptionnellement ; cf. la rime de maru mort (marv ou marw) à mar gwenn si blanc (marv-enn ou mar w-enn), Mirouer, 316.Ilest très probable aussi que le 3ème vers veut dire : "Vous êtes la première avocate". Voir Rev. Celt. XVIII, 310-312 et plus loin §38."

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E. Ernault écrit effectivement dans son §38 un passage qui nous concerne:

"Les Heures (*) ont plusieurs vers de 9 syllabes, par exemple p. 45 :

Huy so en pep stat ad-uocad-ez

Eguit pep pechezr ha pechezrez

"Vous êtes de toute façon avocate pour tout pécheur et toute pécheresse."

Le premier vers peut n'avoir que 8 syllabes à cause de la rencontre des voyelles dans so en. C'est une variante, mieux rimée, de l'inscription du §36. Il y en a encore une,  page 170  du  Doctrinal (**)

Da pep pec'hezr ha pec'hezres

Ezeo haznad Advocates

"À chaque pécheur et pécheresse, elle est, comme on sait, avocate"

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(*) Les Heures bretonnes à l'usage de Quimper de Gilles de Kerampuil, v.1535 ?, curé de Cléden-Poher et chanoine de Carhaix, auteur du premier catéchisme en breton publié à Paris en 1576. Publiées selon Ernault à Calcutta par Whitley Stockes avec un glossaire et une traduction sous le titre Middle-Breton Hours en 1876.

(**)Le Doctrinal ar christenien est un recueil de cantiques publié par Malassis à Brest en 1688. (Selon J.-F. Courouau, les approbations datées de 1645 et 1646 peuvent faire penser à une édition antérieure réalisée dans l'atelier de Georges Allienne à Morlaix)

 

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2°) Emile Ernault me met sur la piste de l'article de M. Loth en 1896, Annales de Bretagne XII p.271-272, L'inscription bretonne de Saint-Thégonnec.

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"M. Pol de Courcy dans son volume De Rennes à Brest, p. 282, a lu et traduit ainsi qu'il suit l'inscription bretonne qui se trouve sur l'arc de triomphe à l'entrée du cimetière de Saint-

Thégonnec :

Itron Maria a guir sicour, ni o ped

C'huantec da récéo or hégen guenta

Advocates evit péc'her a péc'hérés

 

« Madame Marie de Bon-Secours, nous vous prions avec ardeur de recevoir notre premier bœuf , avocate pour le pécheur et la pécheresse. »

 

Ce don d'un bœuf et surtout d'un premier bœuf à la Vierge était passablement étrange, sans parler du breton qui ne pouvait être du XVIe siècle, époque de l'inscription. M. l'abbé Abgrall, l'archéologue bien connu, qui, comme il me l'écrit, s'était souvent demandé ce que le premier bœuf avait à faire dans cette histoire, passant dernièrement à Saint-Thégonnec, a voulu en avoir le cœur net. Voici la copie qu'il a bien voulu m'adresser de l'inscription telle qu'elle se trouve disposée :

Itron maria vir sicour

Ni o pet huantec don recour

Hui en quentaf advocades

Evit pecher ha pecheres.

 

« Dame Marie de vrai secour,

Nous vous prions ardemment (1) de nous secourir

Vous en premier avocate

Pour pécheur et pécheresse. »

 

Recour est employé en moyen-breton dans le sens de sauver et guérir. C'est un substantif en même temps qu'un verbe.

En quentaff est également très connu en moyen-breton.

Bon nombre d'inscriptions bretonnes ont été mal lues, et, par conséquent, mal comprises. Personne ne serait plus capable que M. I'abbé Abgrall de les reviser.

(1) Huantec, écrit aujourd'hui à la léonarde, c'hoantec signifie proprement avec envie, avec zèle : c'hoantec er grinn, je le ferai avec grand plaisir."

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3°) On peut lire aussi l'article d'Emile Ernault "La particule bretonne en, ent, ez" dans la Revue Celtique de 1870 page 308-314 :

https://archive.org/details/revueceltique18pari/page/310/mode/2up

Je le transcris ici, comme pour les deux articles précédents, depuis la publication originale (ceux qui se sont livrés à ce genre d'exercice savent son ingratitude monacale et le temps qu'on y consacre ; ou aux risques qui y sont pris de laisser passer une erreur). Cela a le mérite de montrer comment nos ancêtres sont su être attentifs à la valeur documentaire de l'inscription de Saint-Thégonnec :

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"LA PARTICULE BRETONNE EN, ENT, EZ

I . Dans son livre De Rennes à Brest, M. Pol de Courcy avait publié et traduit ainsi l'inscription bretonne qui se trouve sur un arc de triomphe daté de 1587, à l'entrée du cimetière de Saint-Thégonnec (arrondissement de Morlaix, Finistère) :

Itron Maria a guir sicour, ni o ped,

C'huantec da récèo or hegen guenta

Advocates evit pec'her a pèc'hèrés.

« Madame Marie de Bon-Secours, nous vous prions avec ardeur de recevoir notre premier bœuf, avocate pour le pécheur et la pécheresse. »

M. l'abbé Abgrall s'était souvent demandé ce que venait faire là ce « premier bœuf », qui n'est guère, en effet, moins fantastique que les « loups-garous » de l'inscription de Bon-Repos (voir Mélusine, III, 92, 93 ; Revue Celtique, VII, 278, 279; IX, 289; Annales de Bretagne, II, 259, 260).

Pour tirer la chose au clair, le savant archéologue breton a pris le bon parti de voir l'inscription de Saint-Thégonnec, et d'en envoyer une copie à M. Loth, qui vient d'en publier dans les Annales de Bretagne, XII, 271, 272, un fac-similé suivi d'une transcription courante et d'une traduction ; voici ces deux dernières :

Itron maria vir sicour

Ni o pet huantec don recour

Hui en quentaff advocades

Evit pecher ha pecheres.

« Dame Marie de vrai secours — nous vous prions ardemment de nous secourir — vous en premier avocate — pour pécheur et pécheresse. »

Les changements opérés par la transcription ont consisté à substituer l' u voyelle au v épigraphique dans sicour, huantec, recour, hui, quentaf, et à séparer les deux mots hui et en, entre lesquels le signe  : a été omis.

Ces changements sont justifiés, mais insuffisants. Si la langue exige qu'on coupe hvi : en, la versification ne demande pas moins impérieusement la leçon mari : a, ce qui donne au premier vers

Itron Mari a vir sicour avec rime intérieure régulière (Mari, si-cour).

Nous avons ici un nouvel exemple d'adoucissement noté dans l'écriture après la préposition a, contrairement à l'usage le plus général en moyen-breton (cf. Dict. étym., v. a 2).

Au 2ème vers, huantec est une nouvelle forme graphique de hoantec, désireux, ardent, les mots de cette famille sont écrits ainsi en moyen breton, sauf houantaat, désirer, houanta, il désire, dans les Middle-Breton Hours, 14, 15.

Au vers 3, la rime intérieure est constituée par deux syllabes du même mot, ad-vocad-es ; disposition relativement rare, cf. mon édition de Sainte-Barbe, p. vii; Rev. Celt., XIII, 233,237.

2. Le sens de ce 3ème vers me paraît être: « C'est vous la première avocate. » La forme en, combinaison de eu, e, c'est, avec an, le, la, les, est connue en breton moyen, on en trouvera trois exemples empruntés à trois sources distinctes, et un autre de la variante enn ,Dict. Etym., v. eu.

M. Loth dit que en quentaff « en premier » est « très connu en moyen-breton », ce qui me semble au moins exagéré. Je n'en ai noté aucun exemple. L'adverbe de quentaff était da quentaff, usité encore de nos jours : léon. da geñta, tréc. de géntañ, van. de getañ ; tandis que l'expression en quentaff n'a donné lieu à aucune forme moderne à moi connue. Je ne vois pas non plus qu'on ait jamais écrit * en eil comme en gall. yn ail, secondement; aujourd'hui on dit d'an cil, van. d'en eil.

Je ne nie pas la possibilité d'une locution adverbiale * en quentaff = gall. yn gyntaf; mais, jusqu'à ce qu'on en ait cité un exemple moins contestable, son existence me paraîtra douteuse. Comment une telle formule, qui fournissait aux poètes la précieuse ressource de deux rimes intérieures des plus commodes, en en ou ent, n'a-t-elle pas été plus souvent utilisée par eux, qui ont maintes fois mis da quentaff au bout de leurs vers ?

Ils avaient, en effet, pour la particule adverbiale, le choix entre les trois formes de même origine en, ent et ez (Gloss. moyen-bret., 2* éd., v. en 6).

3. Ce dernier point n'est pas admis par M. Loth, qui assimile ez au gallois ys, « il est », Chrestom. bret., 479 ; Rev. Celt., VIII, 16; XVII, 440, et même à ce dernier endroit l'écrit en conséquence es.

Je n'ai nulle part noté, ni vu noter avec référence cette variante *es, qui pourtant, si le mot est le v.-bret. is, devrait être, non l'exception, mais la règle.

Au point de vue du sens, le rapport signalé entre ez et le gallois ys n'a rien de convaincant, cf. Rev. Celt., XI, 356; des deux phrases galloises citées par M. Loth, il n'y en a qu'une où ys puisse être rendu en breton par ez, mais c'est une conséquence de la synonymie de deux expressions grammaticalement différentes: « oui, c'est vrai », et « oui, vraiment ». L'accord serait autrement étrange, s'il était fortuit, entre ez, particule ayant la propriété de changer un adjectif en adverbe, et ent, en, qui a exactement le même emploi ; cf. ent effn et ez effn, « directement »; enta et eza, « donc »; aujourd'hui en berr, em-berr et e-verr, « bientôt », etc.

Cette particule était en vieux-bret. int; c'est un cas de l'article, cf. Rev. Celt., II, 213 ; XV, 105, 106.

4. Quant au côté phonétique de la question, j'ai eu occasion d'en parler Rev. Celt., IX, 382; Zeitschrift für celtische Philologie, I, 42, 46; mais il n'est pas inutile d'y revenir.

Le breton conserve généralement devant t un ancien n, souvent nasalisé aujourd'hui. Pourtant cet n peut aussi tomber.

Dans les exemples cités Rev. Celt., XVI, 189, le son qui suivait nt est une voyelle; en voici où c'est r ou l ; moy.-bret. entre, et etre , auj. entre, et re; entroniez, « seigneurie », et ytron, « dame, maîtresse », léon. iñtroun et itroun, Grég., van. intron, l'A.; hetledan, « plantain », auj. hedkdan, vieux-bret. Haentletan = « voie large », comme en allemand Wegebreit, Gramm. Celtica, 2e éd., 1076, Zeitschr. f. celt. Philol., I, 19, 23.

En gallois ntr subsiste dans entraw, « maître, professeur », mais peut-être à la faveur d'une étymologie populaire d'après en +traw, cf. la décomposition de alltraw, « parrain », en all + traw, par M. S. Evans.

D'ordinaire, en cette langue, ntr donne thr : vieux-gall. ithr, entre ; mod. athraw, « maître, professeur. » M. Loth, Rev. Celt., XVII, 437, parait séparer ce mot de alltraw, qui répond au breton autrou, « maître », au XIIe siècle altro (Annales de Bret., VII, 243). Cependant il est bien difficile de ne pas identifier le moyen-breton Entroniez à son équivalent autroniez, et de ne pas voir dans iñtroun une formation voisine du vieux-breton eltroguen, « belle-mère », gall. elltreiwen, cornique altruan, avec le même changement phonétique que dans guëntle de guëltle, « grands ciseaux », Grégoire. La racine al, « nourrir, élever », permet de rendre compte des divers sens de ces mots. Le rapport d' athraw à alltraw rappelle celui du cornique kethel, « couteau », bret. moy. contell, auj. koñtel, du bas-lat. cuntellus, au cornique collel, gall. cyllell, de cultellus ; cf. en grec ----- etc. [1]

[I ]. On peut voir, sur athraw et intron, des explications différentes, Rev. Celt., XVIII, 239.

Un troisième traitement gallois de ntr consiste à faire disparaître le t: canrif, « siècle », de *cant-rim; canre, « suite, cortège », de *cant-reg, « à côté de » cathrain, « pousser, stimuler » (bret. moy. quantren, « fureur, » voir Gloss. moy.-bret., 2e éd., v. dazre), comme henllydan, « plantain », canlyn, canllyn, « suivre », en regard de cathl, mélodie = *cantlon, Rev. Celt., XVII, 443. Mais sans doute cette prononciation nr est due à l'influence analogique d'autres formes phonétiquement plus régulières, comme le simple can, gan, avec (bret.. gant').

Je crois qu'il en est de même du rapport des expressions ent effn et ezeffn en moy.-bret. La première est seule conforme à la phonétique ; l'autre est imitée de cas où ent, suivi de certaines consonnes, est devenu *elt, *eth, selon la règle qui a prévalu en gallois devant r et l.

5. Un autre mot où l'accord des deux langues sur ce point est difficile à nier est le bret. moy. et mod. ez dans ton = gall. yth, v.-irl. it_, de *in-t- ; ces formes se sont généralisées, même devant les voyelles.

On peut expliquer le bret. libour « petit lieu, poisson de mer », en haut Léon, D. Le Pelletier; m., en haut breton petit-lieu, espèce de merlan. Le Gonidec, comme une forme moderne de *libouzr, variante de *libountr = libontr « petit poisson de mer long de 5 ou 6 pouces, de la figure que l'on donne communément au dauphin, ou approchante », en bas Léon, appelé ailleurs touççec ar-môr, crapaud de la mer, Pel., liboñtr, m., Gon.

Le bret. moy. squezrenn, « éclat de bois », est parent du gall. moy. yskithyr, « dent, défense », qui est rapproché, avec doute, du lat. spinther, Z², 157. Ce dernier doit être tout différent; squezr- pourrait cependant venir de *squentr-, variante du bret. mod. skeltr, « éclat » (de bois, de pierre), skiltr, « éclat » (de la voix, des couleurs), etc. Mais ce n'est pas la seule explication possible; voir Gloss. moy. -bret, 2e éd., v. squezrenn, scoultr. »

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4°) Je remarque pour ma part qu' Émile Ernault,  linguiste et philologue de Saint-Brieuc, ne mentionne que la forme quentaff . Or Abgrall a relevé "QVENTAF". Mais le début du mot est peu lisible aujourd'hui, et F. Quiniou a lu la forme QUENTEF. Cette lecture de Quiniou a été reprise (mais sans doute pas vérifiée) par R. Couffon, par André Mussat en 1995 et par Michel Maury en 1997.

Il serait intéressant de vérifier cette graphie, car  quentef  serait alors une forme non attestée ailleurs de quentaf "premier, première", —qui est elle-même, on l'a vu,  une forme ancienne de  Gentan, Kentan, Ch'entan (Le Gonidec 1847 ; Favereau 2015) — .

Si on admet la graphie quentaf, il faut remarquer qu'elle se retrouve dans le Mirouer de la mort publié par Ernault en 1914,  et dans le Burzud braz Jezuz publié par La Villemarqué sous le titre "Le grand mystère de Jésus-Christ" en 1865. On le trouve encore, dès le titre, dans la "Vie de saint Gwénolé, premier abbé de Landévennec", An Buhez sant Gwenolé Abat quentaf [kentaf] eus a Lantevennec, rédigé à peu près en même temps que le Mirouer (Y. Le Berre) et publié par Ernault en 1932. Ou bien dans la "Vie de Sainte Nonne" Buhez santez Nonn, et dans la Vie de sainte Barbe Buhez Sante Barba (1557).

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Mais auparavant, elle se trouve dans le Catholicon : Qu~etaff [Quentaff], "premier". Or le Catholicon, premier dictionnaire trilingue breton-français-latin a été rédigé par Jehan Lagadeuc en 1464. Ce dernier était prêtre de la paroisse de Plougonven et serait né soit à Plougonven soit à Morlaix. 

http://www.catholicon.net/catholicon/catholicon-kemper/catholicon170.htm

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9067008f/f1.item

On retrouve le terme quentaff dans l'édition du Catholicon d'Yvon Quilleveré de 1521 :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k122841f/f261.item

 

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Le Mirouer de la mort (1519-1575) est un poème en langue bretonne de 3602 vers de préparation à la mort. Son original supposé (dont le manuscrit n'est pas conservé) a été écrit par "Maestre Iehan an Archer Coz" de Plougonven. Il a été publié en 1575 au couvent de Saint- François de Cuburien à Morlaix.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6528263n

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6528263n/f305.item.r=quentaf

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1932_num_40_1_1687

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Le Grand mystère de Jésus-Christ est un drame breton. Voir La Passion et la Résurrection bretonnes de 1530 publiées par Yves Le Berre d'après l'édition d'Eozen Quilliveré (BnF RES. Yn.11), CRBC, 2011. Eozen ou Yves Quillivéré est l'éditeur du Catholicon de 1521. L'édition de 1622 de cette Passion a été publiée par Georges Allienne de Morlaix, et corrigée par Tanguy Guéguen, prêtre et organiste natif du Léon.

Le terme quentaf y est présent 44 fois

https://books.google.fr/books?id=VfQIAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

https://archive.org/stream/legrandmystrede01villgoog/legrandmystrede01villgoog_djvu.txt

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An Buhez sant Gwenolé

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/333e8af0159ca3bd1483ac6f51bdea5a.pdf

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/pdf_2015_10_01/lancien_mystere_de_saint_gwenole__emile_ernault_.pdf

https://www.persee.fr/doc/abpo_0003-391x_1932_num_40_1_1687

Le Buhez Santez Nonn

https://books.google.fr/books/about/Buhez_santez_Nonn_ou_Vie_de_sainte_Nonne.html?hl=es&id=w6wOAAAAQAAJ&redir_esc=y

On trouve les 2 formes quentaf et quentaff.

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Le Buhez Sante Barba.

La première version en breton du Mystère de sainte Barbe a été imprimée à Paris en 1557  pour Bernard de Léau habitant à Morlaix. Une édition de 1608 a été publiée à Saint-Malo, puis a été publiée une édition de 1647. Yves Le Berre en a donné une traduction annotée (CRBC 2018).

La recherche par mots trouve 94 fois "quentaff".

https://archive.org/stream/LeMystreDeSainte-barbe/breton_barbe_mystere_djvu.txt

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k736792/f10.item

https://www.brezhoneg.org/fr/livres/buhez-sante-barba-vie-de-sainte-barbe-de-1608

On trouve aussi la forme aduocades, "avocate".

https://books.google.fr/books/about/Buhez_santez_Nonn_ou_Vie_de_sainte_Nonne.html?hl=es&id=w6wOAAAAQAAJ&redir_esc=y

Dans l'Eloge funèbre de Nicolas Claude Fabri de Péreisc rédigé en moyen-breton tardif (1638) et , la forme quentaff est mutée en quenta

https://www.persee.fr/docAsPDF/ecelt_0373-1928_1979_num_16_1_1629.pdf

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Bien que cette recherche n'ait été que survolée, nous voyons que l'inscription versifiée bretonne de Saint-Thégonnec, précisément datée de 1587, utilise des formes qui se retrouvent dans d'autres poèmes bretons contemporains de celle-ci, et parfois rédigés dans le Léon, comme le Mirouer rédigé à Plougonven (20 km de Saint-Thégonnec) et publié à Morlaix (12 km de Saint-Thégonnec). Maps.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1914, Architecture bretonne. Etude des monuments du diocèse de Quimper, A. de Kerangal Quimper.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/f20eb990fd763d232327db92aeeb6869.pdf

ABGRALL (Jean-Marie) 1916, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall (suite), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère page 99.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f160.item.zoom

ABGRALL (Jean-Marie) 1898, "Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère", par M. l'abbé J.-M. Abgrall. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Morlaix et à Brest ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques Société française d'archéologie. Derache (Paris), A. Hardel (Caen) 1898 page 157. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f224.item

CASTEL ( Yves-Pascal), 1956, Saint-Thégonnec, Renaissance du Haut-Leon, collection  Reflet de Bretagne , ed. Jos Le Doaré

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_137/Saint_Thegonnec_Renaissance_du_Haut-Leon_.pdf

CASTEL ( Yves-Pascal), 2001,  Les anges dans les églises, Revue Minihy-Levenez n° 71-72, reproduit dans Patrimoine du Finistère.

http://patrimoine.du-finistere.org/art2/ypc_anges.html

COUFFON (René), 1948, "l'architecture classique au pays de Léon, l'atelier de l'Elorn, l'atelier de Kerjean",  Mémoires de la Société d'Histoire et d’Archéologie de Bretagne. 1948, 28.

De part et d'autre, ainsi qu'à La Martyre, se voit le groupe de l'Annonciation. Inscription bretonne sur la frise : " ITRON : MARIA : VIR : SICOUR / NI : O : PET : HUANTEC : DON : RECOUR :/HUI : EN : QUENTEF : ADVOCADES/EVIT : PECHER : HA : PECHEREZ/1587. " (Dame Marie du Vrai Secours, nous vous prions ardemment de nous secourir, vous la première avocate pour pécheur et pécheresse.)

https://www.shabretagne.com/document/article/2612/de-l-honneur-et-des-epices.php

COUFFON (René), LE BARS (Alfred),  1988,  Répertoire des églises : paroisse de SAINT-THEGONNEC,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1039.

— ÉLÉGOËT (Louis), 1996, Les Juloded Grandeur et décadence d'une caste paysanne en Basse Bretagne, Presses Universitaires de Rennes. 299 p.

https://books.openedition.org/pur/11548?lang=fr

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

QUINIOU (François), 1909, Saint-Thégonnec. L’Église et ses annexes F. Paillard, 1909.

https://fr.wikisource.org/wiki/Saint-Th%C3%A9gonnec._L%E2%80%99%C3%89glise_et_ses_annexes/Texte_entier

QUINIOU (François), 1929, “Saint-Thégonnec : une paroisse bretonne sous la Révolution,” Presses libérales, Brest, 232 p.

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/3696

ROUDAUT (F.) (dir.), 1998, Saint-Thégonnec. Naissance et renaissance d'un enclos, Brest, CRBC, 183 p.

— SPREV

http://www.sprev.org/centre-sprev/saint-thegonnec-enclos-paroissial-de-saint-thegonnec/

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Wikipedia Liste des œuvres du Maître de Guimiliau

https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_the_works_of_the_Ma%C3%AEtre_de_Guimiliau

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Chapelles bretonnes. Inscriptions Sculpture
18 février 2021 4 18 /02 /février /2021 11:46

Les statues (kersanton, Maître de Plougastel v. 1610 et Roland Doré 1625 et 1635)  du clocher-porche sud de l'église de Saint-Thégonnec.

 

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Peut-être ignorez vous, Monsieur, que dans notre pays on cultive les statues. (Jacques Abeille)

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Sur cet enclos paroissial de Saint-Thégonnec, voir :

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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):

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PRÉSENTATION.

Entre le début de construction de l'église actuelle en 1563, pour son clocher ouest, jusqu'à 1716, la construction de l'enclos  a duré 153 ans. 

En 1587 s'élève l'entrée triomphale, inspirée des traités architecturaux de Serlio, Philibert de L'Orme ou d'Androuet du Cerceau, et de l'atelier du château de Kerjean (Saint-Vougay), tout proche.

En 1599 débute, comme en témoigne l'inscription du bénitier de l'intérieur du porche,  la construction d'un porche sud surmonté d'un clocher de 43 mètres de haut. En 1605 (inscription au dessus de l'agrafe) le porche proprement-dit est achevé, et l'année suivant, le premier étage est terminé, puisque le cadran solaire du contrefort oriental, à la hauteur de la statue de saint Thégonnec, porte le chronogramme 1606.

La construction de ce clocher s'achève en 1637. Deux contreforts en équerre (et non plus en diagonale ouvrant le porche en éventail comme à Pencran et Guimiliau) montent jusqu'à la plateforme. Les deux étages de colonnes sont surmontées, tel un arc de triomphe, par un fronton fait d'un oculus entouré de volutes. Huit niches à dais Renaissance, à étages de colonnes et lanternons, accueillaient des statues, mais quatre sont actuellement vides.

 

La tour est intégrée, entre 1652 et 1656, au bas-coté sud lors de l'élargissement de celui-ci.

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PLAN.

I. ATELIER DU MAÎTRE DE PLOUGASTEL (LANDERNEAU 1570-1621).

Saint-Thégonnec, niche centrale du porche extérieur, kersanton.

Saint Nicolas, niche centrale du contrefort droit du porche extérieur, kersanton.

Saint Pierre, première niche à gauche du porche intérieur, coté droit.

L'agrafe feuillagée du porche (hors atelier ?).

Les colonnes du porche (hors atelier ?).

 

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II. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663)

Vierge de l'Annonciation, niche intérieure du contrefort gauche du porche extérieur, kersanton.

Ange de l'Annonciation, niche intérieure du contrefort droit du porche extérieur, kersanton.

Saint Jean l'Evangéliste, niche du contrefort gauche du porche extérieur, kersanton, 1625.

Saint Jean comme Apôtre, 6ème niche à gauche du porche intérieur, coté droit, kersanton.

Saint Jacques le Majeur,  6ème niche à gauche du porche intérieur, coté gauche, kersanton.

Saint Thomas (?),  1ère niche à gauche du porche intérieur, coté gauche, kersanton.

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L'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

L'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Éléments de datation. 1599, 1605, 1606.

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Bénitier intérieur (kersanton, 1599) du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Bénitier intérieur (kersanton, 1599) du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Agrafe et date de 1605 du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Agrafe et date de 1605 du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Cadran solaire (kersanton, 1606).

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Dans ce cadran carré, 15 rayons désignent les chiffres 7 6 5 4 3 2 1 (à droite)  et 5 6 7 8 9 10 11 12 (à gauche). Ces chiffres sont placés dans un cartouche périphérique délimité par une fine réglure.

Au sommet de ce cartouche, les chiffres 1.6.0.6. indiquent la date.

Le cadran occupe l'angle du oriental du contrefort.

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Cadran solaire (kersanton 1606) du contrefort oriental du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Cadran solaire (kersanton 1606) du contrefort oriental du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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I. ATELIER DU MAÎTRE DE PLOUGASTEL (LANDERNEAU 1570-1621).

Saint Thégonnec, niche centrale du porche extérieur, kersanton, vers 1610.

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Le saint patron de la paroisse est représenté en évêque, bénissant et marchant jambe droite en avant comme dans une procession épiscopale.

Ce qui le distingue de tout autre saint-évêque de Basse-Bretagne (où ils sont innombrables), c'est le chariot tiré par deux bœufs que nous voyons devant son pied droit.

On reconnaît la manière du Maître de l'atelier de Landerneau, qualifié d'hiératique ou d'austère : sous un grands front bombé, "les yeux globuleux participent à la gravité qui sacralise les visages" (Castel), tandis que la pose figée du personnage est accentuée par la rectitude des plis tuyautés du surplis.

Le nom de saint Thégonnec — Quonoc, Toquonoc, sanctus Tonochus, est attesté dès le IXe siècle, et la Vie de saint Pol Aurélien, écrite en 884, fait de lui l'un des principaux disciples du fondateur du diocèse de Léon. C'est une forme familière de Conoc, aujourd'hui Conec, qui a formé Plogonnec, Saint-Egonnec, Saint-Connec alias Saint-Conogan. (Bernard Tanguy)

Il est invoqué ici pour la préservation des récoltes, et une niche à volets de l'intérieur de l'église décrit les scènes de sa vie, et sur le volet de gauche se voient deux paysans amenant, chapeau à la main, un cerf attelé à une charrette.

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Niche à volets de la vie de saint Thégonnec, église de Saint-Thégonnec. Photo lavieb-aile

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Mais sur le calvaire de 1610, l'animal est un loup (et cette tradition a été reprise sur le vitrail de 1904 racontant "comment saint Thégonnec fit trainer par un loup des pierres pour la construction de son église").

Les deux bêtes à cornes (ou à longues oreilles pointues) sont attelées par un collier d'épaule (et non un joug) à un chariot à deux roues, qui porte un tombereau.

La date de 1610 pour cette statue est proposée par Y.-P. Castel, mais on peut suggérer aussi la date de 1606 indiquée par le cadran solaire. 

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Statue de saint Thégonnec, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Thégonnec, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Thégonnec, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Thégonnec, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Thégonnec, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Thégonnec, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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II. ATELIER DU MAÎTRE DE PLOUGASTEL (LANDERNEAU 1570-1621).

Saint Nicolas, niche centrale du contrefort droit du porche extérieur, kersanton, vers 1610.

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Ce saint Nicolas répond à l'iconographie traditionnelle où il est représenté en évêque (mitre, crosse, chape) avec à ses pieds le baquet d'où émergent les trois enfants (ou clercs) ressuscités, les mains jointes et le visage tourné vers le ciel.

Il est installé dans une niche polygonale à clocheton soutenue par deux colonnes (granite gris de Plounéour-Ménez. La niche de droite, identique, est vide. 

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Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Nicolas, clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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IIbis. L'agrafe feuillagée et les colonnes .

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Tous les porches du Léon, d'architecture classique et inspirés du traité d'architecture de Philibert De L'Orme comportent une agrafe feuillagée, mais aucune  n'est aussi belle que celle de Saint-Thégonnec, qui s'agrémente d'un masque féminin.

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Agrafe du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Agrafe du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Les colonnes cannelées et baguées inspirées de Philibert De L'Orme, kersanton noir à grain très fin.

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Ces colonnes qu'on retrouve à Guimiliau suivent le modèle inventé par Philibert De L'Orme pour le palais des Tuileries en 1564 et publié dans le Livre d'architecture publié en 1567. Ces bagues avaient pour but de dissimuler les joints entre les tambours des colonnes, en accentuant la séparation entre chaque tambour, tout en  instituant un ordre de colonnes à la française, tel qu'il l'explique dans son Traité Livre VII chap. 13 :

« S'il a été permis aux anciens architectes, en diverses nations et pays, d'inventer nouvelles colonnes, ainsi que firent les Latins et Romains, la Toscane et composée les Athéniens l'Athénienne et longtemps devant les dits Latins et Romains, ceux de Dorie, la Dorique, de Ionie, la Ionique, et Corinthiens, la Corinthienne,, qui empêchera que nous Français n'en inventions quelques unes, et les appelions Françaises, comme pourraient être celles que j'inventai et fis faire pour le portique de la chapelle qui est dans le parc de Villiers coté Rets, du temps et règne de la majesté feu roi Henri ?

Vrai est que pour la nécessité ou je me trouvai de ne pouvoir recouvrer promptement, et sans grands frais, des colonnes toutes d'une pièce, je les fis faire de quatre ou cinq pièces, avec beaux ornements, et moulures, qui cachent leurs commissures ; de sorte qu'à les voir il semble qu'elles soient entièrement d'une pièce, se montrant fort belles, et de bien bonne grâce."

 

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Colonnes du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Colonnes du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Chapiteau corinthien d'une des deux colonnes  du porche.

Le fût des colonnes est cannelée et rudentée.

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Chapiteau du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Chapiteau du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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III. ATELIER DU MAÎTRE DE PLOUGASTEL (LANDERNEAU 1570-1621).

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 Saint Pierre tenant sa clef, première niche à droite du porche intérieur.

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Statue de saint Pierre, intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Statue de saint Pierre, intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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IV. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663).

Vierge de l'Annonciation, niche intérieure du contrefort gauche du porche extérieur, kersanton, v. 1625.

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Le groupe de l'Annonciation du porche de Saint-Thégonnec fait partie des statues les plus connues du sculpteur. 

Il reprend, en le métamorphosant mais avec une composition semblable, l'Annonciation de l'Arc de triomphe de 1587.

La Vierge est devant son prie-dieu, debout mais le genou fléchi comme si elle venait de se lever d'un bond, et la surprise que lui a causé l'irruption de l'ange est aussi marquée par l'envolée des plis du bas du manteau. 

La position de la main droite sur la poitrine signifie en même temps cette surprise ("qui ? Moi ?") et la réception confiante de l'annonce du messager (le "fiat" : "qu'il m'advienne selon ta Parole").

Le visage juvénile de Marie réunit toutes les caractéristiques du style de Roland Doré : les pupilles creusées dans des paupières ourlées, le nez droit, le délicieux sourire marqué par les fossettes des commissures, la petite lèvre inférieur, et le menton un peu pointu confèrent à ce visage une vie extraordinaire.

Les cheveux, qui tombent en nattes devant les épaules (privilège des jeunes filles) sont retenus par le bandeau occipital, plissé comme un "chouchou", dont j'ai très souvent signalé la valeur de marqueur iconographique, bien qu'il ne soit pas le propre de Roland Doré (on le trouve chez les ateliers qui le précédèrent, celui des Prigent et du Maître de Plougastel, ou dans les statues finistériennes en bois), ni le propre  de la Vierge (on le trouve sur les statues de sainte Anne et de Marie-Madeleine), mais il est "bien de chez nous" et bien propre au XVIe et XVIIe siècle de Basse-Bretagne.

https://www.lavieb-aile.com/2019/06/la-vierge-a-la-demone-de-la-chapelle-de-locmaria-lannn-a-plabennec.html

https://www.lavieb-aile.com/2019/06/la-chapelle-saint-sebastien-en-saint-segal-la-vierge-a-la-demone-et-le-retable-nord.html

Comme souvent, il s'agit d'avantage d'un voile qu'un bandeau ; la disposition de ces plis rend bien la qualité soyeuse de l'étoffe. Je l'ai qualifié d'occipital car il passe derrière  la nuque en débutant au ras du crâne, ou "occiput". Mais c'est un bandeau car il forme une boucle, non nouée.

La robe à encolure ronde est lisse au niveau du corsage, puis forme un bel éventail de plis sous l'effet de la fine ceinture, un éventail qui s'inverse vers le ventre et les jambes. 

Le pan droit du manteau est retroussé sous le poignet.

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Le fabricien qui a fait inscrire son nom, G. POVLIQVEN en caractères romain (l'écriture gothique est bien abandonnée) est fort répandu ici, puisque la base Geneanet classe Saint-Thégonnec en  deuxième place, presque à égalité avec Sizun dans les occurrences de ce patronyme. Mais pour la fourchette 1575-1625, cette base ne propose que Guillaume Pouliquen, qui ne peut être notre homme car il est né en 1624 (les registres paroissiaux semblent faire défaut avant 1610).

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Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625)  du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625) du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625)  du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625) du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625)  du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625) du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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V. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663). 

Ange de l'Annonciation, niche intérieure du contrefort droit du porche extérieur, kersanton v. 1625.

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 L'ange Gabriel lève la main droite, dans un délicat geste d'énonciation ou de bénédiction, les dernières phalanges des doigts II et III sont brisées), tandis qu'il porte dans la main gauche le bâton de messager où s'enroule l'Annonce AVE GRATIA PLENA. Il est vêtu d'un surplis (dalmatique ?) à col carré sur une tunique à col rond aux longues manches plissées

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Le nom du fabricien, :Y: GVILLERM, est moins fréquent que celui de Pouliquen, , et, là encore, Geneanet ne propose aucun individu nommé Yves Guillerm dans la période qui nous intéresse. 

Les noms de G. Pouliquen et de Y. Guillerm ne sont pas suivis de la lettre F. qui signalerait leur qualité de fabriciens. Ce sont peut-être des donateurs, et, nous allons le voir, peut-être même un couple de donateur.

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Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Annonciation (kersanton, Roland Doré, v. 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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VI. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663). 

Saint Jean l'Evangéliste, niche du contrefort gauche du porche extérieur, kersanton, 1625.

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Alors que les autres statues sont sculptées dans un kersanton noir grisâtre ou gris sombre, la statue de saint Jean est taillée dans un kersanton noir à grain fin (L. Chauris).

"Le saint Jean de Roland Doré est l'une des statues les plus abouties de Roland Doré. Le scribe penché sur le coté écrit dans un livre épais avec son stylet alors que l'aigle lui tend l'étui aux calames. La virtuosité du visage aux traits doux est remarquable. Les yeux des statues ont des sillons palpébraux creusés ainsi que leurs pupilles, ce qui crée une impression de mobilité au regard. Le saint Jean évangéliste regarde ainsi vers le bas." (Le Seac'h)

Une inscription en lettres capitales romaines se répartit sur les trois cotés du siège du saint. 

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Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré,  1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, v. 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, v. 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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L'inscription.

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Elle est de qualité aussi remarquable que la statue elle-même, par son intitulé très complet, sa disposition sur les trois faces, par sa facture aux lettres conjointes et sa ponctuation en deux-points. Et elle est précieuse, par la signature du sculpteur.

La lecture peut débuter sur la face principale, ou sur les faces latérales. Sur l'avant nous lisons dans un cartouche séparé :

I : MAZE : IAN

NE : INIZAN : MA

FAICT : FAIRE

et dans le deuxième cartouche:

: S : IAN :

soit "I. Mazé Ianne Inizan m'a fait faire. Saint Ian" et par extrapolation "Jean Mazé et Jeanne Inizan m'ont fait faire. Saint Jean."

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Cette partie de l'inscription est étonnante car la plupart des sculptures antérieures, en kersanton, portent les noms des fabriciens (suivi de la lettre F. ou de la mention FABR.), surtout lorsque ces noms sont précédés de la mention "m'a fait faire" qui supposent un acte de commande et donc un pouvoir décisionnel. Nous nous attendrions à trouver ici les deux noms des fabriciens élus pour l'année, et nous trouvons en réalité un prénom féminin, "Jeanne", qui exclut cette hypothèse.

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Or, Roland Doré a réalisé aussi à Saint-Thégonnec un calvaire à Bodéniry en 1632 avec l'inscription ANNA BREST JEAN GVILLERM, et une croix à Hellin en 1638 avec l'inscription FRANCESA POVLIQVEN FRANCOIS BROUSTAIL. (Un François Broustail est attesté à Hellin, fils de Jean : ici ; le prénom Francesca est attesté alors à Saint-Thégonnec ici )

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/saint_thegonnec.html

Toujours à Saint-Thégonnec, la croix de Pennavern sculptée en 1647 par Roland Doré, porte l'inscription LOVIS BROVSTAIL. F. COVLLONNIER.

Or, il s'agit d'un couple, Louis Broustail et Françoise Coloigner, parents de Françoise Broustail née le  8 août 1628. Louis Broustail est décédé le 6 juillet 1647 à Pennavern.

https://gw.geneanet.org/yguillerm?n=broustail&oc=1&p=francois

 

À La Martyre, Roland Doré a sculpté le calvaire de Kerlavarec (sd) portant l'inscription, proche de celle de ce saint Jean : BEATRICE CABOVN MA FAICT FAIRE. ROLLAND DORÉ MA FAICT.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/la_martyre.html

Enfin, à une date plus tardive (1681), nous trouvons à Saint-Thégonnec l'inscription émouvante et explicite quant à la qualité d'époux de la croix de Brogadéon : FAIT:PAR:Y: ET: M: MADEC :EPOUS :1681.

À Brogadéon sont nés ou mort à cette époque un François Broustail (1625-1687), un François Coat, un François Madec (1681-1739) fils de Guillaume Madec (+Bogadéon 1696) et de Françoise Bellec. Mais généanet ne signale pas un Yves Madec et son épouse.

Ainsi, à Saint-Thégonnec et dans les communes voisines (qu'il conviendraient d'explorer), les épouses obtinrent de faire mentionner leur nom sur les pièces sculptées religieuses dont leur couple fit donation. C'est évidemment un fait sociologique qui mériterait une étude spécifique: est-il restreint à un petit secteur de la vallée de l'Élorn ? Est-il lié à la personnalité du sculpteur Roland Doré ? Se retrouve-t-il sur des dotations de sculptures en bois ? D'orfèvrerie ?

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Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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La deuxième partie de l'inscription débute sur le coté droit avec les mots : FAICT : LAN : 1625.

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On croit lire 1623, mais il manquerait alors la traverse haute du 3.

Roland  Doré a débuté sa carrière à Penmarc'h en 1618 et l'a achevé en 1662 à Saint-Thégonnec; Il semble que de 1618 à 1622, date à laquelle il sculpte la croix de Croslen à Saint-Thégonnec pour messire Henri Caro, prêtre, il soit encore un compagnon de l'atelier du Maître de Plougastel. Mais en 1621-1622, l'acte de réparation de la croix du cimetière, aujourd'hui Croas-ar-Huré, le qualifie de "maistre Rolland Doré", à la tête de "ses compagnons" : il a alors repris l'atelier du Maître de Plougastel. En 1624, lorsqu'il termine le chantier du porche de Guimiliau, son style atteint  la maturité, et cette statue de saint Jean le confirme.  Et c'est à Saint-Thégonnec qu'il recevra le plus de commandes, de 1625 à 1662, pour neuf monuments (contre cinq à Logonna-Daoulas, quatre à Plougastel, Plounéour-Ménez et Hanvec, trois à Guiclan, Irvillac et Lampaul-Guimiliau, deux à Cléden-Cap-Sizun, L'Hôpital-Camfrout, Landerneau, La Martyre, Plabennec, Pleyben, Plogonnec, Saint-Nic, Saint-Servais et Saint-Urbain).

 

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Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré,  1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Le coté  opposé du siège porte l'inscription R : DORE : MA : FAICT.

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Biographie.

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Roland Doré (Rollandus an Alaouret en latino-breton) est peut-être originaire de Plouédern. Il a signé le bénitier de l'église Saint-Edern de Plouedern avec l'inscription franco-latine "LAN 1641 R : LE : DORE : FECIT" précédée des noms du recteur et des deux fabriciens.

Il est également décédé à Plouédern, le 13 février 1663 et enterré dans l'église ; un document (Bull. SAF 2001p. 167) indique son nom sous la graphie "Rolland le Doree" et la mention "du plecismeur" (le Plessis-Meur, en breton Quinquis Meur): il serait décédé chez sa fille, dame Kerdelent.

Celle-ci, Françoise Doré, née avant 1619 épousa avant 1639 (date de naissance de leur fille Jeanne) Guillaume Kerdelent (+ 1663).

Roland Doré aurait épousé selon Couffon (souvent péremptoire) Jeanne Sanquer, fille de Jean et de Michèle Gérault, née le 29 août 1589. (je note qu'une Guillemette Sanquer née vers 1585 est cultivatrice à Quenquis Meur). Ils auraient eu trois enfants (?) baptisés à Saint-Houardon de Landerneau, prénommés selon les actes en latin Maria (°1612), Elisabeth (°1622) et Johannes (°1629) —ou selon Couffon,  Catherine (+1624) et Jean (°1629) — Ces liens familiaux ont leur part d'ombre, comme l'indique Y.-P. Castel qui parle d'une "biographie difficile à cerner".

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Signature.

Roland Doré a daté et signé cinq sculptures; outre le bénitier de Plouédern et le saint Jean de Saint-Thégonnec, il faut mentionner :

  • la croix Saint-Dodu de Guiclan : 1622 FAICT PAR R...
  • le calvaire de l'église de Commana : R : DORE : MA : FAIT : 1624
  • le vestige de croix de la forêt du Crannou à Hanvec : R: DORE : MA FAICT sur le fût et 1627 sur le socle.

Il a signé mais non daté :

  • le vestige de croix de Kerlavarec à La Martyre : ROLLAND : LE : DORE : MA : FAICT et BEATRICE : CABOVN : MA : FAICT : FAIRE
  • le vestige de croix de Landerneau (disparue) qui portait : LAN ... / ROLLAND : ... A FAIT CES ... / CROIS A SON DEV ... ("l'an ... Roland Doré a fait cette croix à son devis".

 

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— Sur les autres œuvres de Roland Doré dans ce blog.

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Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625)  contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, 1625) contrefort ouest du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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VII. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663). 

Saint Jean comme Apôtre, 6ème niche à droite du porche intérieur, kersanton v. 1625.

 

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Le saint bénit de la main droite le calice de poison.

La statue porte sur son socle l'inscription (incomplète ?) IAN : GVILLOME.

Le patronyme Guillaume n'est pas attesté à Saint-Thégonnec à cette époque, même avec cette graphie.

 

 

 

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Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, v.1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, v.1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, v.1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jean l'évangéliste (kersanton, Roland Doré, v.1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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VIII. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663). 

Saint Jacques le Majeur,  1ère niche à gauche du porche intérieur, kersanton vers 1632.

 

 

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Saint Jacques tient comme tout apôtre le livre (référence aux Actes des Apôtres), mais aussi en main droite le bourdon des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle, auquel est attachée la gourde en forme de coloquinte. Il porte aussi le chapeau aux larges bords frappé, au dessus du front, de la coquille emblématique. Remarquons ses autres attributs, comme la besace suspendu à un baudrier orné de coquilles, et la pèlerine, fermée par une dizaine de boutons ronds.

Les pupilles sont creusées , les paupières ourlées, le double pli frontal est froncé. Quand aux moustaches, elles ne partent plus des ailes des narines, mais des bords du philtrum, ce qui est plus physiologique.

Roland Doré a sculpté 89 statues pour 25 paroisses différentes, dont 54 apôtres. Deux séries sont complètes (Pleyber-Christ et Plestin-les-Grèves), celle de Trémaouézan est presque complète (11/12), et celle de Guimiliau se partage avec le Maître de Plougastel. À   Pleyben (photo infra), seuls Jean et Jacques le Majeur sont de Roland Doré.

 On peut donc comparer ce saint Jacques avec les statues homologues des autres sites.

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Saint Jacques le Majeur et saint Jean, kersanton, Roland Doré, porche de Pleyben. Photo lavieb-aile.

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Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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Les inscriptions S : IACQ.  I : MAZE et IACQVES PICART.

Elles indiquent presque certainement, après le nom du saint, celui  des deux fabriciens de l'année, qui ont commandité cette (ou ces) statues. Ou bien le nom de deux donateurs.

On lit S : IACQ sur le socle, I: MAZE sur le pli de gauche et IACQVES / PICART sur le pli de gauche.

 

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1. I. Mazé.

L'initiale du prénom peut correspondre à Ian, "Jean". Geneanet ne propose rien d'autre que Jeanne.

Il faut remarquer néanmoins une Béatrice Mazé, car elle est décédée en 1690 à Bodéniry, Saint-Thégonnec : nous allons voir pourquoi je la retiens, bien qu'on ignore l'identité de ses parents.

La date n'est pas inscrite.

Bien entendu, la question se pose de savoir si ce I. MAZE est le même, ou est apparenté au J. MAZE de la statue de 1625 de Jean l'évangéliste.

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2. Jacques Picart.

Les généalogistes décrivent un Jacques Picart, qui épousa Catherine Mallegol. Leur fils Jacques Picart, né à Saint-Thégonnec le 10 mars 1616 et décédé au même lieu le 16 septembre 1690, épousa Marguerite Mallegol. Il décéda le 16 septembre 1690 à Bodeniry, Saint-Thégonnec.

 

Y.P. Castel désigne, sans citer ses sources (et avec une erreur de graphie Picard pour Picart), comme donateur de cette statue Jacques Picart demeurant à Bodinery, "dont on sait, par ailleurs, qu'il paie des rentes à l'église en 1650". 

Il faut aussi corriger le lieu-dit pour le repérer sur les cartes sous la forme Bodéniry ou Bodeniri, ou Bodenery sur la carte de Cassini à 5 km au sud du bourg. C'est un hameau d'une douzaine d'habitations sur la carte EM de 1820-1866,  à 131 m d'altitude,  sur le plateau entre le cours de la Penzé et celui du Coat Toulzac'h — comme toute la paroisse —. Les registres paroissiaux y déclarent, sous la graphie Bodenery, les naissances de François Maguet en 1655 et d'Yves Tanguy en 1650 ... mais aussi sous la forme Bodiniri le lieu  de décès de Marguerite Mallegol, époux de Jacques Picart. Cqfd.

Nous retrouvons, trois ou quatre générations plus tard, un Jacques PICART né à Bodéniry (vers 1670 ?) qui épousa le 26 juin 1690 Marguerite Pouliquen, dont deux filles, Jeanne et Barbe. Cette dernière, après avoir épousé en 1714 Yves Billon, décéda à Bodiniri le 19 décembre 1738.

 

Il existe à Bodéniry (cf. supra) deux croix, dont l'une porte l'inscription ANNA BREST IAN GVILLERM 1632 . Elle est sculpté par Roland Doré.

L'autre porte les armes de Marie-Anne de la Haye et Jean du Dresnay (1670).

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/saint_thegonnec.html

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Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Jacques le Majeur (kersanton, Roland Doré, v. 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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IX. ATELIER DE ROLAND DORÉ (LANDERNEAU, 1618-1663).

  Saint Thomas (?), 6ème niche à gauche du porche intérieur, kersanton, 1632

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Le saint tient son attribut, l'équerre des architectes. Sa barbe est identique à celle de saint Jacques. Sur la robe à trois boutons, le manteau forme, à gauche, un spectaculaire bouillonnement de plis en volutes doubles, et, au centre, une séquence de cinq plis en bec.

Sur le phylactère se trouve l'inscription CARNIS RESVRRECTIONEM, qui prouve, si besoin était, que les apôtres du porche forment un Credo apostolique. Il s'agit de l'avant-dernier article, ce qui montre que les statues ont changé de niche (on le savait, puisque saint Jacques le Majeur occupe la 3ème place du Credo, et Jean la 4ème).

Le saint n'est identifié que par l'équerre, or cet attribut est loin d'être spécifique de Thomas : dans le Calendrier des Bergers, Thomas, titulaire du 5ème article du Credo, porte la lance, comme sur de nombreuses statues. Et au Tréhou l'apôtre portant l'équerre porte le nom Mathieu sur le socle. Enfin, le onzième article du Credo est attribué à Jude -Thaddée.

Sur le pli est inscrit : Y : RIVOAL 1632.

Les généalogistes mentionnent Yves Rivoal né en 1620 à Saint-Thégonnec. Ses parents ne sont pas connus. Le défaut d'information sur un Yves Rivoal antérieur à celui-ci est certainement dû à l'absence de données disponibles sur les registres paroissiaux.

Comparaison avec la statue de saint Matthieu tenant l'équerre au Tréhou (porche daté de 1610, statue postérieure à 1618) :

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Saint Thomas (Roland Doré kersanton). Photographie lavieb-aile

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Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Thomas  (kersanton, Roland Doré, 1635)  intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

Saint Thomas (kersanton, Roland Doré, 1635) intérieur du clocher-porche de l'église de Saint-Thégonnec. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

CASTEL ( Yves-Pascal) 1956 Saint-Thégonnec, Renaissance du Haut-Leon, collection  Reflet de Bretagne , ed. Jos Le Doaré

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_137/Saint_Thegonnec_Renaissance_du_Haut-Leon_.pdf

CASTEL ( Yves-Pascal) 1988, Roland Doré et les enclos paroissiaux, exposition au Musée des Jacobins de Morlaix, conservatrice Françoise Daniel.

http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_233/roland__dore__et__les_enclos__paroissiaux.pdf

 

CASTEL ( Yves-Pascal), 1985, « Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du xviie siècle) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome 94, pages 97-116.

 

COUFFON (René), 1948, l'architecture classique au pays de Léon, l'atelier de l'Elorn, l'atelier de Kerjean,  Mémoires de la Société d'Histoire et d’Archéologie de Bretagne. 1948, 28.

https://www.shabretagne.com/document/article/2612/de-l-honneur-et-des-epices.php

COUFFON (René), LE BARS (Alfred),  1988,  Répertoire des églises : paroisse de SAINT-THEGONNEC,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1039.

—DE L'ORME (A.), 1900, Saint-Thégonnec, in L'art Breton du XIIIe au XVIIIe siècle. Bulletin de la Société archéologique de Brest p.103 à 123. 

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2076565/f100.item

— DE L'ORME (Philibert), 1567  Le premier tome de l'architecture de Philibert de L'Orme conseillier et aumosnier ordinaire du Roy, & abbé de S. Serge lez Angiers , Paris, Federic Morel

 

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/traite/Notice/ENSBA_Les1653.asp?param=

http://architectura.cesr.univ-tours.fr/traite/Images/Les1653Index.asp

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k85636g/f1.double


 

— ÉLÉGOËT (Louis), 1996, Les Juloded Grandeur et décadence d'une caste paysanne en Basse Bretagne, Presses Universitaires de Rennes. 299 p.

https://books.openedition.org/pur/11548?lang=fr

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

 

QUINIOU (François), 1909, Saint-Thégonnec. L’Église et ses annexes F. Paillard, 1909.

https://fr.wikisource.org/wiki/Saint-Th%C3%A9gonnec._L%E2%80%99%C3%89glise_et_ses_annexes/Texte_entier

 

QUINIOU (François), 1929, “Saint-Thégonnec : une paroisse bretonne sous la Révolution,” Presses libérales, Brest, 232 p.

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/3696

ROUDAUT (F.) (dir.), 1998, Saint-Thégonnec. Naissance et renaissance d'un enclos, Brest, CRBC, 183 p

 

 

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14 février 2021 7 14 /02 /février /2021 11:34

Le porche sud de Guimiliau : les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617).

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1°) Sur Guimiliau, voir :

 

 

2°) Les piédroits et voussures du porche de Guimiliau sont sculptés de petits personnages inspirés de la même thématique biblique que sur les porches réalisés par l' atelier des Prigent soit à Pencran ( 1553) soit  à Landivisiau (1554-1565)  et  qu'on retrouve plus tard sur le porche de Ploudiry (1665), sculpté par Le Bescont. Voir :

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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):

 

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PRÉSENTATION.

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Après m'être rendu à Pencran pour y décrire les moulures du porche sculpté par l'atelier Prigent en 1553, je reviens à Guimiliau, car l'atelier du Maître de Plougastel, qui succéda aux Prigent à Landerneau dans la taille du kersanton, s'est inspiré du porche de Pencran et de celui de Landivisiau (Prigent 1555) pour réaliser celui de Guimiliau une soixantaine d'années plus tard; pour ne pas dire qu'il en a recopié fidèlement les tableaux bibliques.

Ces saynètes ont été décrites par de nombreux auteurs, inutile de gaspiller ma prose :

 

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"Dans la façade, encadrant l'entrée du porche, deux colonnes cannelées sont portées sur deux bases ornées de cartouches vigoureusement sculptés. Deux autres colonnes engagées forment l'intérieur de l'embrasure de l'arcade d'entrée.

Entre les moulures prismatiques des embrasures, et dans les voussures de l'arcade, sont sculptées différentes scènes de la Bible. Il faut les lire en partant du bas et en faisant alterner les deux côtés : - Adam et Eve : le démon tentant notre première mère ; L'ange les chassant du paradis terrestre ; - Eve avec ses deux premiers enfants au berceau ; - Adam pénitent, tenant des instruments de labourage ; - Sacrifice de Caïn : Caïn debout, la fumée du sacrifice descend vers la terre ; - Sacrifice d'Abel : Abel à genoux, la fumée monte vers le ciel ; - Arche de Noé : Noé et ses enfants, puis les différents animaux mettant la tête à la fenêtre ; - Noé cultivant la vigne et cueillant du raisin, puis foulant ce raisin dans une cuve ; - Ivresse de Noé, péché de Cham ; - Annonciation, avec tout le texte de l'Evangile inscrit sur une banderole ; - Visitation ; - L'Ange apparaissant aux bergers ; - Adoration des bergers ; - Adoration des mages ; - Présentation et Circoncision ; - Fuite en Egypte. Au-dessus de la Sainte Vierge, portant l'Enfant-Jésus sur un âne, se voit un groupe comprenant une femme et deux anges dont l'un tient un enfant.

Dans les voussures, une foule nombreuse d'anges tenant des encensoirs ou différents instruments de la Passion. D'autres prient, les mains jointes ou les bras levés. On y distingue aussi saint François d'Assise, saint Laurent et deux autres saints. Cette archivolte est fermée par une admirable clef composée d'une grande volute recouverte d'une longue feuille d'acanthe. Du côté droit de cette clef, on remarque la date 1617." (J.M. Abgrall)

Une contribution majeure à leur étude a été apportée par la thèse d'Emmanuelle Le Seac'h :

"Trois mains différentes sont décelables dans l'arc d'entrée, divisée en deux blocs par une console en forme de clef. Le Maître de Plougastel a sculpté la majorité des scènes des piédroits, de la Tentation d'Ève à l'Arche de Noé, et, plus haut, les anges des voussures et Joseph endormi. Le "Valet" du Maître a représenté le Sacrifice de Caïn et d'Abel, Noé aux vendanges et son Ivresse et l'Annonciation. Un compagnon de passage a prêté main forte, de la Nativité de Jésus à la Circoncision.

Le Maître de Plougastel est fidèle à son style en représentant de petits personnages hiératiques. " (E. Le Seac'h)

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Les sculptures se succèdent dans les trois moulures des piédroits et des voussures en quinze blocs de kersanton de chaque coté autour de l'agrafe du sommet : sept pour les piédroits, huit pour les voussures. 

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Le porche sud de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Comparaison avec les porches de Pencran et de Landivisiau (cliquez ) :

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Le porche de Pencran (1553). Photographie lavieb-aile.

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Le porche de Landivisiau (1555). Photographie lavieb-aile.

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Nous retrouvons à Guimiliau la structure à deux contreforts d'angle vers lesquels les bancs et les piédroits s'ouvrent en éventail, nous retrouvons les deux crossettes (un lion et un dragon) presque en fac-simile, nous retrouvons l'ouverture en plein cintre de Landivisiau, mais par contre l'arc gothique à crochets et fleuron, les pinacles et le clocheton flamboyants ont disparu et l'entrée est surmontée d'une sorte de temple antique, avec son fronton triangulaire. Les modèles diffusés par Philibert Delorme dans Le premier livre de l'architectureparu en 1567, ne pouvaient pas concerner les architectes de Pencran et Landivisiau mais l'architecte de Guimiliau, après avoir vu (conçu ?) les porches de Lanhouarneau (1588), Saint-Thégonnec (1599) et Saint-Houardon de Landerneau (1604), et sous l'influence des innovations du château de Kerjean (v.1570) a fait un porche au goût du jour.

Autrement dit, cet architecte ou architecte-sculpteur a repris les piédroits et voussures avec leurs motifs bibliques encore médiévaux de l'atelier des Prigent et les a coiffé, dans un ensemble composite, d'un fronton Renaissance.

Note : Bastien et Henry Prigent ne sont pas, au XVIe siècle, des sculpteurs médiévaux et leur travail inclut de nombreux motifs Renaissance (masques, coquilles, volutes), mais sur des détails.

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Le porche sud de Guimiliau : les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617). Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Guimiliau : les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617). Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Guimiliau : les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617). Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Guimiliau : les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617). Photographie lavieb-aile.

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Les colonnes engagées "à la française" sont  inspirées de Philibert Delorme, qui avait inventé cette innovation pour la chapelle du Parc de Villiers. "Ces colonnes [du porche] comprennent quatre tambours cannelés et trois bagues ornées, dans le genre des colonnes de la façade des Tuileries construite par Philibert Delorme. Ce genre de colonnes se retrouve encore au fond du porche, et a été reproduit dans plusieurs édifices de la même époque, notamment dans le porche de Saint-Houardon, à Landerneau." (Abgrall).

Mais si elle  sont cannelées et baguées, elle sont aussi rudentées au tiers inférieur (les cannelures contiennent des "rudentures" en demi-jonc), à la différence de l'illustration du Premier tome de l'architecture, ci-joint.

Le terme dérive (1546) du latin rudens, entis "cordage de navire, câble).

 

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Philibert Delorme: illustration du Livre VII, chap. 13: "les colonnes françaises", in Le premier tome de l’architecture… , Paris, Frédéric Morel, 1567 

 

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L'architecte a donc su utiliser tous les Ordres architecturaux dans ce porche. Corinthien et composé, mais aussi ionique, dorique, et à supports anthropomorphes à l'intérieur.

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Le porche sud de Guimiliau : les colonnes (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617). Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Guimiliau : les colonnes (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617). Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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La Tentation. Piédroit gauche. Kersanton, Maître de Plougastel, 1617.

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Adam et Ève sont encastrés chacun dans une niche à dais coiffé d'un petit personnage, tandis que le serpent, enlacé à l'arbre, traverse l'arête  : sa tête féminine  apparait du coté d'Ève, et sa main gauche lui propose la pomme du délit. Le couple protège sa nudité d'une feuille ronde, alors que selon la Genèse il n'accédera à la pudeur qu'après l'Expulsion.

Non sans ironie, Ève tient son sein droit comme une pomme.

Comme toutes ces scènes bibliques réalisées par le Maître de Plougastel, celle-ci  est très semblable à celles de Bastien Prigent pour les porche de Pencran et de Landivisiau, que copiera aussi Jean Le Bescont à Ploudiry ; elle peut nous servir d'introduction à la comparaison iconographique.

https://www.lavieb-aile.com/2021/02/le-porche-de-pencran-les-moulures.html

https://www.lavieb-aile.com/2017/01/le-porche-1554-1559-de-l-eglise-de-landivisiau.ii.la-grande-arcade-exterieure.html

https://www.lavieb-aile.com/2020/04/le-porche-sud-de-l-eglise-de-ploudiry.html

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Comparaison :

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La Tentation, Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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La Tentation, porche de Landivisiau. Photo lavieb-aile.

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Piédroits du porche sud (1665, kersanton, Jean le Bescont) de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les dais des scènes précédentes. Kersanton, Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Un petit personnage pose les deux mains sur sa tête, et son compagnon n'en pose qu'une seule, et glisse la main gauche sous sa ceinture.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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L'Expulsion de l'Eden. Kersanton, Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Adam et Ève dissimulent leurs sexes et posent une main sur la poitrine. L'Ange armé de son épée leur ordonne de quitter le paradis. Un palmier près d'Ève symbolise l'arbre de la connaissance.

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Les dais sont ornés du ruban perlé formant deux volutes en S réunis à leur sommet, comme dans les ornementations de l'atelier des Prigent.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Deux dais avec personnage (dont un moine). Kersanton, Maître de Plougastel, 1606-1617.

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 Eve avec ses deux premiers enfants au berceau ; - Adam pénitent, tenant des instruments de labourage. Kersanton, Maître de Plougastel, 1606-1617.

"Ève porte un enfant aux langes serrées alors qu'un autre est à ses pieds dans un berceau qu'elle pousse du pied. Adam est debout, appuyé sur sa bêche de paysan."

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Sacrifice de Caïn : Caïn debout, la fumée du sacrifice descend vers la terre ; - Sacrifice d'Abel : Abel à genoux, la fumée monte vers le ciel. Kersanton, Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Caïn et Abel (suite).  Le Déluge et l'Arche de Noé.  Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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De l'autre coté (à droite), le crime de Caïn jouxte la scène de Noé. Le corps d'Abel, le crâne fendu, est appuyé contre les rainures du piédroit. Le sculpteur, ne disposant que de peu de place, a rusé pour le représenter. Caïn semble déjà se repentir de son geste, une arme encore en main, avec Dieu qui lui apparaît de façon fugitive comme le suggère le fait qu'il est représenté en buste." (Le Seac'h)

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Dieu le Père, tenant l'orbe et coiffé de la tiare, parle à Caïn. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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L'arche de Noé. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Noé (coiffé et vêtu comme un marchand ou armateur du XVIe siècle) et ses fils sont à bord d'une nef bordée à clins.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Deux dragons réunis par un collier. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

Ils renvoient à ceux qui abondent sur les porches sculptés par les Prigent. On les trouve sur le porche de Pencran, exactement au même emplacement des moulures

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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L'ivresse de Noé. Genèse 18:29.  Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Noé dans les vignes. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Un serviteur foulant le raisin en cuve. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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La malédiction de Cham. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Mal%C3%A9diction_de_Canaan

Noé endormi  dévoile ses organes génitaux ; Cham le regarde, ce qui choque ses autres frères Sem et Japhet. Ceux-ci le rhabillent en lui tournant le dos.

À son réveil, Noé maudit Canaan, le fils de Cham, et le condamne à être le serviteur de Sem et Japhet.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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L'Annonciation, scène de gauche : l'Ange Gabriel. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

Inscription :

Un premier phylactère énonce :

ANGELVS . DNI . NVNCIAVIT . MARIE . & CONCEPTIT . DE . SPIRITVS / SANCTO

Angelus domini nuciavit Marie et concepit de spiritus sancto "L’Ange du Seigneur porta l’annonce à Marie, et elle conçut du Saint-Esprit."

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L'ange Gabriel tend vers la Vierge un bâton (le bras traverse l'arête de la moulure) où se déroule un second phylactère portant ses paroles :

AVE . GRATIA . PLENA . DÑS . TECUM

Ave gratia plena dominus tecum , "Je vous salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous."

cf. L'évangile selon Saint Luc Ch. 01 V. 28 et  V. 30.31.35  

On remarquera :

-la graphie gothique de SANCTO, dont les lettres possèdent un empattement fourchu.

-le recours au tilde (~) abréviatif 

-la ponctuation de séparation des mots par un (seul) point en losange.

- le bel éperluette &.

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Le porche sud de Guimiliau : les moulures .

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L'Annonciation, scène de droite : la Vierge. Kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Inscription :

ECCE . ANCILLA . DNI . FIAT . MIHI . SECVM . VERBVM . TVVM .ET

Ecce ancila domini fiat  mihi secum verbum tuum, "Je suis la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon ta parole".

La Vierge est séparé de l'ange, comme c'est la tradition, par un vase témoignant de sa virginité intacte (c'est un vase clos).

Elle est agenouillée à son prie-dieu. Elle est coiffée du bandeau occipital qui écarte  les cheveux du visage en les regroupant derrière la nuque. Ce bandeau est un marqueur iconographique de la sculpture finistérienne des XVIe et XVIIe siècle.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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La Nativité. Kersanton, 1606-1617.

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"Les scènes de la Nativité, de la Visitation, de l'Adoration des Rois mages, de la Fuite en Égypte , de la Présentation de Jésus au Temple et de la Circoncision sont du style des ouvrages en pierre tendre peu connue des Bretons. Les personnages sont plus petits, plus menus et si leur composition est harmonieuse, elle est moins ordonnée que celle du Maître de Plougastel. Ici, les traits sont fins, les drapés tombent avec naturel. Les proportions sont davantage respectées. Cet apport extérieur est peut-être le fait d'un compagnon de passage qui aurait participé à des chantiers en Île-de-France, en Bourgogne, en Pays de Loire ..." (Le Seac'h)

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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L'Annonce aux Bergers. Kersanton, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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La Fuite en Égypte. Kersanton, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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L'Adoration des Mages. Kersanton,  1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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La Visitation. Kersanton,  1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges et saints.

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Les anges 1. Ange thuriféraire ; anges entourant l'Enfant Jésus ; ange présentant les clous et le marteau de la Passion. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges 2. Trois anges orants. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Anges 3. Ange orant, soufflant dans une trompe, et thuriféraire. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

 

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges 4. Trois anges orants. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges 5. Trois anges orants. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges 6.  Ange orants, présentant la couronne d'épines, et thuriféraire. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges 7. Ange thuriféraire, soufflant dans une trompe, et orant. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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Les anges 8. Trois anges orants. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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9. Saint François montrant ses stigmates et deux anges. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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10. Saint Yves, saint Jean l'évangéliste et saint Laurent. Kersanton,  Maître de Plougastel, 1606-1617.

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Je pense pouvoir identifier les deux saints qui, à coté de saint Laurent (facile à reconnaître avec son grill), n'ont pas été reconnus par les auteurs, à commencer par Abgrall.

-Saint Yves se reconnaît à son bonnet de docteur, recouvert par le capuchon de son camail, mais aussi par le livre ou pièce de procès qu'il tient en main gauche : c'est la représentation traditionnelle du saint patron de la Bretagne, particulièrement honoré à l'église Saint-Miliau puisqu'il figure en statue dans le chœur, sur les fonts baptismaux, sur les deux retables du chœur, et à l'entrée intérieure du porche.

-Saint Jean se reconnaît par le calice de poison qu'il bénit. 

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Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

Les moulures (kersanton, atelier du Maître de Plougastel, 1606-1617) du porche sud de Guimiliau . Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

 

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Notice sur Guimiliau, BDHA

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) 1924,  L'église de Guimiliau, porche, calvaire, ossuaire,  (Brest 1906, Morlaix, 1924 et 1935)

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/4c94b42ee1cf842a818f30319dac78c2.pdf

 

— DEBIDOUR (Victor-Henry), 1953, La sculpture bretonne: étude d'iconographie religieuse populaire, Plihon, 1953 - 245 pages, page 208.

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau,  Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf

LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268

—  LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. 

—  NANTEUIL (Alfred DE LA BARRE DE ), 1914,   Guimiliau (S.F.A. - C.A. 1914) Non consulté.

POTIER DE COURCY (Pol), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo: itinéraire historique et descriptif; L. Hachette et Cie, page 283

https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=guengat+kergorlay+guimiliau&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

PRIGENT (Christiane) 1986, Guimiliau (Châteaulin, 1986).

ROYER (E.) 1979 : Guimiliau (Rennes, 1979) . Non consulté.

WAQUET (H.), 1952, Guimiliau (Châteaulin, 1952) - Guimiliau (Châteaulin, 1977) - Non consulté.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Kersanton Maître de Plougastel Renaissance
13 février 2021 6 13 /02 /février /2021 22:17

Le porche de Pencran : les statues (kersanton, notamment v.1553, Prigent) des contreforts.  Quelques autres statues de l'atelier Prigent.

 

 

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Sur Pencran :

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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):

 

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Sur les statues de l'atelier Prigent ailleurs que sur les porches:

 

et : La Déploration à 6 personnages de Plourin par les Prigent  Les 3 larmes.

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Attribution personnelle hors catalogue Le Seac'h :

Sur Wiki : https://fr.qaz.wiki/wiki/List_of_the_works_of_Bastien_and_Henry_Prigent.

 

RAPPEL (voir la présentation du porche ici).

Le porche sud de l'église de Pencran (ancienne trève de Ploudiry) est daté par inscription de 1553 (1552 à 1558 selon les lectures d'une inscription qui a été volée) et la quasi-totalité de ses sculptures en kersanton (pierre noire à grise très fine et très résistante à l'altération, extraite notamment en Rade de Brest) est attribuée à Bastien Prigent assisté de son frère Henry, actifs de 1527 à 1577. 

Les pièces les plus remarquables ont fait l'objet d'un article dédié  : les crossettes figurant un lion (à gauche) et un dragon (à droite) à la jonction du toit et des murs ; le pourtour de l'arc en plein-cintre avec ses trois moulures présentant des scènes bibliques et des anges ; le tympan conservant les reste d'une Adoration des Mages ; L'intérieur du porche avec les 12 apôtre d'un Credo, et un Christ Sauveur ; et cet article qui décrit les statues des contreforts.

L'ouverture du porche se fait en éventail dont chaque branche est équipé de bancs. Et c'est dans leur prolongement  que se trouvent les contrefort. Chacun est doté sus ses trois faces de niches à dais, mais sur ces six niches, seules quatre ont conservé leur statue.

Elles seront décrites de l'est vers l'ouest, et donc de l'extrême droite de l'entré du porche vers la gauche.

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Le porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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SAINTE ANNE ÉDUCATRICE. (Kersanton, Prigent v.1553).

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Niche extérieure du contrefort droit.

"Sainte Anne enseignant à la Vierge permet de comparer le style des deux sculpteurs [Bastien et Henry]. Ici, on retrouve les narines dilatées de la sainte Apolline de l'intérieur de l'église mais avec un visage plus plat. La tête a été recollée. Les chaussures sont plus carrées et les mains moins épaisses. Assise sur un petit tabouret, elle montre de l'index un livre ouvert à la Vierge, qui en saisit un angle. Elle est vêtue d'une robe recouverte d'un manteau ; le voile enserre comme un bandeau les mèches de cheveu." (E. Le Seac'h).

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Je retrouve une nouvelle fois le "bandeau occipital" si souvent remarquée dans la statuaire du Finistère, notamment de Marie ou de Marie-Madeleine, aux XVIe et XVIIe siècle, comme un trait auquel les trois ateliers de Landerneau restent attachés, mais qui diffuse en Basse-Bretagne .

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Sainte Anne éducatrice (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Anne éducatrice (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Le même atelier est aussi l'auteur (selon E. Le Seac'h) d'une Anne éducatrice pour le porche de Landivisiau (1555), mais les différences sont notables entre les deux œuvres.

https://www.lavieb-aile.com/2017/01/le-porche-de-l-eglise-de-landivisiau.html

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Sainte Anne éducatrice (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Anne éducatrice (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Anne éducatrice (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Anne éducatrice (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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 SAINTE SUZANNE. (Kersanton, Prigent v.1553).

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Dans la niche médiane du contrefort droit, une imposante sainte porte l'inscription latine S : SUSSANNA  : ORA , "Sainte Suzanne priez [pour nous]".

Elle tient en main droite un court phylactère sans inscription et en main gauche un livre ouvert.

Le voile de son manteau est "coqué" (à plis rigides) — une caractéristique des statues des Prigent — et  laisse échapper sa longue chevelure dont seules deux mèches ondulées descendent sur le coté. Une chemise fine dépasse aux poignets et au col sous forme d'un petit plissé. La ceinture retient —sans doute par une agrafe  ou "troussoire" — le pan du manteau sous le poignet droit.  

 "Elle est vêtue d'une longue robe qui laisse à découvert des chaussures massives à bout rond. Le livre est décoré de marguerites plates et les manches de la robe sont plissées. Une chaîne à grosses mailles est terminé par un pendentif en forme de quadrilobe. Le col de la robe est ouvert par le milieu. Le visage et les draperies plus souples sont particuliers à Bastien Prigent [plus habile que son frère Henry]. Les pommettes sont saillantes et l'arête du nez très forte se poursuit avec un philtrum large et une fossette mentonnière prononcée. Les yeux semblent presque clos."(E. Le Seac'h)

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Sainte Suzanne de Rome est une vierge et martyre romaine du IIIe siècle fêtée le 11 août. 

Sur une statue conservée dans l'église de Sainte-Suzanne en Mayenne, elle tient également un livre dans la main gauche.

Plus près de nous, la chapelle Sainte-Suzanne en Sérent sa statue du XVIe siècle tient un long phylactère à son nom. Elle est coiffée d'un bandeau occipital.

À Uzel (Saint-Thélo), la statue du XVIIIe la représente tenant la palme du martyre, couronnée et voilée.

La chapelle Sainte-Suzanne de Mûr-de-Bretagne possède une statue en bois de la fin du XVe siècle : elle y tient un livre en main gauche et la palme en main droite et, comme ailleurs, elle porte une cape à fermail.

 

Sa présence de sainte Suzanne à Pencran, à coté de sainte Anne et de saint Pierre, est à rapprocher du fait que le musée du Louvre conserve les statues (Jean Guilhomet, début XVIe) de ces trois saints personnages, conçues pour la chapelle du château de Chantelle, et honorant les trois saints patrons d'Anne de Beaujeu — fille de Louis XI et régente du royaume de France de 1483 à 1492 — de Pierre de Beaujeu son époux et de Suzanne, leur fille unique. Cette statue du Louvre montre la sainte royalement vêtue (turban, robe cintrée, chape à fermail, ceinture en chaîne, nombreux bijoux) et tenant des deux mains un livre.

Suzanne de Beaujeu (1491-Châtellerault 1521) fut duchesse de Bourbon et d'Auvergne et comtesse de la Marche de 1503 à 1521, après avoir épousé en 1505 Charles de Bourbon.

https://www.persee.fr/doc/piot_1148-6023_1899_num_6_1_1164

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Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Sainte Suzanne (kersanton, Prigent, v.1553), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LA VIERGE À L'ENFANT. (Kersanton, XVe siècle).

Contrefort droit, niche interne.

 

Cette Vierge à l'Enfant est manifestement du XVe siècle (chaussures à bouts pointues, posture fortement hanchée et devait être fort belle avant qu'on ne brise la tête de la mère et du fils. 

On en voit encore les longs cheveux qui ruissellent sur le manteau et sur le corsage. Le bras droit est également brisé et ne nous permet pas de présager si Marie présentait, d'un geste ample, un objet à son enfant. Le manteau fait retour sous le flanc gauche, dissimulant une éventuelle ceinture. L'Enfant est vêtu d'une tunique mais ses pieds sont nus.

On sait que l'église de Pencran possède une cloche de 1365, attestant la présence d'un sanctuaire au XIVe siècle ; et que la Déploration du retable du chœur date de 1517 : il est donc normal que nous trouvions des œuvres antérieures à la date de fondation du porche sud en 1553.

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Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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L'ange et son inscription

"Une Vierge à l'Enfant du XVe siècle repose sur un ange-console, qui déploie de chaque coté de son buste aujourd'hui presque brisé des bribes de ce qui pourrait être le milieu et la fin d'une inscription assez longue : OSCH [?] ET TYL[?]AIR / ROF FABR.

Si l'on admet que ET et TY sont deux mots, — cela veut dire en breton "chez", ce serait là la seule partie intelligible avec, à la fin, FABR , abréviation du mot "fabrique"." (E. Le Seac'h)

Je ne peux améliorer la lecture faite par Le Seac'h de façon cohérente. Je ne suis pas convaincu du tout  que "et ty" soit du breton. 

À l'intérieur de l'église, se trouvent deux anges porteurs de phylactère assez semblables et servant également de consoles : sous la statue de saint Yves, l'ange porte l'inscription en caractères gothiques : PAX : VOBIS, alors que sous la statue de saint Antoine de Padoue, le phylactère est brisé. 

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Ange-console de l'église de Pencran (kersanton, XVIe siècle). Photographie lavieb-aile 2017.
Ange (kersanton), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

 

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Ange (kersanton), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

 

 

 

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L'entrée du porche de Lampaul-Guimiliau (auquel les Prigent ont participé) est encadrée par deux anges portant chacun une longue inscription, l'une en latin et l'autre en français, alors qu'un couple d'anges de la voûte tient une troisième inscription en latin.

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Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Console de la Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Console de la Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Le contrefort de gauche montre, sur sa face interne, une console dont la statue a été perdue. Cette console est également portée par un ange déployant un phylactère dont il manque la moitié, sans inscription lisible.

 

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Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant, kersanton, XVe siècle, porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LA VIERGE DU CALVAIRE. (Kersanton, Prigent v.1553).

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Elle est déplacée d'un autre site où elle encadrait, avec saint Jean, un Crucifié. Son buste est d'ailleurs tourné vers la gauche par rapport à l'axe des pieds.

On reconnait les trois larmes qui font la particularité (mais non spécificité, puisque les ateliers suivant leur ont parfois emprunté) des frères Prigent, et qu'ils réservent à la Vierge, à saint Jean et Marie-Madeleine au pied de la Croix ou en Déploration.

Nous retrouvons aussi le voile "coqué", faisant un pli au dessus du front, avant de s'intégrer au manteau, qui est un autre trait de l'atelier.

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Vierge (kersanton, Prigent, v.1553), contrefort de gauche du porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge (kersanton, Prigent, v.1553), contrefort de gauche du porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge (kersanton, Prigent, v.1553), contrefort de gauche du porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge (kersanton, Prigent, v.1553), contrefort de gauche du porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge (kersanton, Prigent, v.1553), contrefort de gauche du porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge (kersanton, Prigent, v.1553), contrefort de gauche du porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LA VIERGE À L'ENFANT DU PORCHE. Kersanton.

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Elle n'est pas attribué aux Prigent. Sa tête très ronde est couronnée. Elle a perdu l'objet qu'elle tenait en main droite.

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Vierge à l'Enfant (kersanton), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant (kersanton), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant (kersanton), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Vierge à l'Enfant (kersanton), porche sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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SAINT PIERRE. Kersanton, XVIe siècle.

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Remarquez le blason (muet) du culot.

Cette statue presque trop neuve n'est pas attribuée aux Prigent (ni à quiconque) par Le Seac'h. Ses yeux ourlés en amande, ses moustaches qui partent du coin des narines, sa barbe aux mèches terminées par des boucles, le boutonnage en S de sa robe rappellent les apôtres du porche sud, ou le saint Luc des moulures du porche.

 

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Saint Pierre (kersanton), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre (kersanton), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre (kersanton), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Saint Pierre (kersanton), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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QUELQUES DAIS (kersanton, atelier Prigent, v. 1553).

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Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Dais des niches des contreforts (kersanton, Preigent, v.1553), porche nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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STATUE DE SAINT SÉBASTIEN (vestiges). Kersanton, Prigent, XVIe siècle.

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Mur ouest du transept. 

Le saint est attaché par deux liens à un tronc d'arbre en forme de croix : le bras droit passe derrière une branche, le bras gauche est lié au dessus de sa tête. Le saint regarde vers le bas et la droite avec tristesse.

Il est vêtu d'un pagne. Son ventre, son thorax et son bras portent les trous des flèches.

On peut le comparer à son homologue de Ploudiry, attribué également à l'atelier Prigent : la posture des bras et la direction du regard sont simplement inversés.

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Saint Sébastien, (XVIe siècle, kersanton, Bastien Prigent) niche du contrefort droit du Piédroits du porche sud de l'église Saint-Pierre de Ploudiry. Photographie lavieb-aile.

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On peut le comparer aussi au saint de l'arc de triomphe de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, et à celui du calvaire du bourg de Saint-Ségal.

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Saint Sébastien, kersanton, XVIe (Prigent ?). Arc de triomphe de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile.

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Saint Sébastien, kersanton, XVIe (Prigent ?) Calvaire du bourg de Saint-Ségal. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

 

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Le porche de Pencran : les statues des contreforts.

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STATUE DE SAINTE APOLLINE (kersanton polychrome, Henry Prigent v.1553).

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Sainte Apolline, vierge martyre dont les bourreaux ont arraché les dents (d'où la pince serrant une molaire qui est son attribut) est très vénérée  dans les églises et sur les Livres d'Heures (Livre d'Etienne Chevalier, de Jean de Montauban, etc. ), et ses statues sont au nombre de 20 dans le diocèse de Quimper et Léon (Couffon).

Elle est la co-patronne de l'église de Pencran, comme l'indique l'inscription de fondation.

"La première œuvre signée du seul Henry Prigent est, en 1555, une statue de sainte Apolline à Pencran. C'est elle qui permet de distinguer  les styles des deux hommes et de constater qu'Henry est le moins habile. La sainte, debout, tient dans le creux de la main gauche un livre ouvert et la tenaille de son supplice de la main droite. Son visage ovale est légèrement creusé au niveau des tempes. Le nez  massif avec les narines creuses attirent l'œil. Les yeux tombent, le menton est prédominent. Le teint de la sainte est surchargé en peinture ocre rouge, ce qui lui donne des pommettes carmin respirant la santé et le grand air. En comparaison, le style de Bastien est plus fin : il donne des coques au voile des femmes qu'il sculpte, aiguise les arcades sourcilières. Les yeux sont taillés en un petit losange horizontal. Les drapés sont fluides. De façon générale, la manière plus souple qu'il a de sculpter, qui produit un effet plus impressionniste, voire maniériste, contraste avec le hiératisme, la raideur des réalisations de Henry." (Le Seac'h p.139 )

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Sainte Apolline (kersanton polychrome, Prigent v.1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Sainte Apolline (kersanton polychrome, Prigent v.1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Sainte Apolline (kersanton polychrome, Prigent v.1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Sainte Apolline (kersanton polychrome, Prigent v.1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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L'inscription.

Le socle a été barbouillé de peinture noire et surchargé d'une indication superflue  STE APOLLINE, qui dissimule la précieuse inscription gothique de quatre lignes (qui sera restituée, à coup sûr, par la restauration en cours). Je peux lire CEST YMAIGE FUT FAI...  LE MERCIER ET R.

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Lucien Lécureux écrivait en 1915 :

"Dans le bas-côté sud se trouve la statue de sainte Appolline dont nous avons déjà eu l'occasion de parler à cause de la date qu'elle porte. Cette statue est en pierre, de facture maladroite. Elle a été grossièrement repeinte. Sur le socle se lit l'inscription suivante en relief d'une écriture cursive assez gauche :

CEST YMAIGE FUT FAICTE
ET CESTE CHAPELE NICHE AN
P[AR] O. LE MERCIER ET R. SCAN
LAN 1555.

L'inscription est évidemment fautive. La première ligne contient déjà une de ces libertés syntaxiques fréquentes à cette époque dans les inscriptions françaises de Bretagne, où nous trouvons constamment le masculin pour le féminin. Déjà deux inscriptions de Pencran, celle de 1553 sur un cube de pierre et celle de 1517 au bas du groupe de la descente de croix, nous ont fourni des exemples de ce genre de faute : fut fondé ceste chapele — cest histoire fut complet.

La fin de la seconde ligne est incompréhensible. On lit très nettement : niche an. Peut-être le premier mot doit-il être interprété : niché. A cette époque on ne peut s'attendre à trouver un accent sur la finale. Quant à la syllabe an c'est une graphie très répandue en Bretagne à cette époque et encore au XVIIème siècle pour la préposition française : en. On lit sur le calvaire de Plougastel : A[N] LA[N] 1602, sur une sablière de La Roche : A[N] LA[N] M V LXVII.

Maintenant faut-il joindre an au mot l'an qui commence la quatrième ligne. Faut-il supposer une autre transposition et comprendre ainsi les deux premières lignes :

CESTE YMAIGE FUT FAICTE
ET EN CESTE CHAPELE NICHÉE

(niché au lieu de nichée étant un exemple de plus de manque d'accord) ?

En tout cas l'inscription est fautive, et d'ailleurs il ne faut pas trop s'étonner de trouver des fautes dans les inscriptions françaises de Basse-Bretagne, exécutées par des ouvriers bretonnants qui devaient souvent reproduire sans les comprendre des modèles déjà incorrects.

Quant aux deux noms qui occupent la troisième ligne, ce sont des noms de fabriques. Nous avons trouvé un autre O. le Mercier dans l'acte de 1619 relatif à la réparation des orgues. C'est un des deux notaires de Landerneau devant lesquels est passé l'acte. Il se peut que le fabrique 0. le Mercier habitât déjà Landerneau puisqu'en 1550 Hervé Kerahès avait sa demeure dans cette ville."

E. LE Seac'h a lu (et cela semble plus fidèle) : CEST. YMAIGE . FVT. FAICTE / ET . CESTE . CHAPELLE . PAR . HENRY . P. G. LE MERCIER . ET . R. SCAF. F. LAN 1555.

Ces informations capitales pour l'historien méritent d'être à nouveau disponibles à la lecture après suppression de la lamentable peinture noire .

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1. Une signature d'Henry Prigent, sculpteur.

 

E. Le Seac'h interprète astucieusement l'inscription "cette ymaige fut faicte et  ceste chapelle par Henry P.G." comme une signature du sculpteur :  "cette image fut faite en cette chapelle par Henry Prigent".

Ce nom est attesté à coté de celui de son frère Bastien sur le calvaire de Plougonven un an auparavant : "BASTIEN ET HENRY PRIGE[N]T ESTOIE[N]T YMAGEURS 1554. La première œuvre datée et signée, par Bastien seul, est le bénitier de la chapelle Saint-Guévoc de Trédrez en 1545 : [...] CO[MPOSEE. A. PAR . BASTIEN . P[RI]GE[N]T Ma; FAITE . MVC.XLV.". Mais un document des comptes de paroisse de Lanhouarneau concernant la croix de Croas-ar-C'hor 

 

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2. Recherches généalogiques.

1°) LE MERCIER.

Geneanet propose 10 indications pour ce patronyme à Landerneau. Dont un Olivier Le Mercier :

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"Olivier, anobli en 1515, père de Jean, et celui-ci de Sébastien, vivant en 1538, marié à Marie de Kerroudault." (Pol Potier de Courcy)

De plus, un acte notarié du 15 septembre 1531, relatif à l'église Saint Ivy, mentionne "Maître Jan le Mercier sieur de Beaurepos". (Archives Le Forestier de Quillien)

Mercier (le), sr de Beaurepos et de Keroman, par. de Guipavas. Confirmé par lettres de 1673 et maint. au conseil en 1717, sept gén. ; montres de 1534 a 1538, par. de Lambezellec, ev. de Leon. D’azur au chevron d’argent, accomp. en chef de deux quintefeuilles de même, et en pointe d’une cloche d’or, bataillée de sable.

Olivier, anobli en 1515, père de Jean, et celui-ci de Sébastien, vivant en 1538, marié à Marie de Kerroudault. Fondu dans Fontaine de Mervé." (généalogie Cedric L'haridon) (Pol de Courcy)

Cet Olivier serait le père de Jean, mais aussi de François, marié avant 1537 avec Thomine LE CAM et dont les trois enfants Marguerite (1537-)Jean (1542-) et Catherine (1545-) sont baptisés à l'église Saint-Thomas de Landerneau.

Par contre, la base Geneanet n'offre aucun individu à Guipavas ou à Ploudiry (ou à Pencran) pour ce nom de Mercier ou Le Mercier.

Un Maître Jean Le Mercier et Pierre Le Mercier participent à la montre de l'évêché du Léon en 1534 pour Lambézellec.

Un Jean Le Mercier est mentionné dans les archives de la juridiction de Corlay.

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2°) R. SCANF.

Je pense qu'il faut comprendre "SCANF" ou SCANV derrière les leçons "SCAN" et "SCAF" (ou un tilde n'a peut-être pas été relevé). Albert Deshayes consacre un item de son Dictionnaire (p. 160) à "Le Scanv" et ses nombreuses variantes Le Scan, Scaff, Scaf,  An Scanff, Le Scanf, Le Scanve, Lescan, Le Scao correspondant au qualificatif moyen-breton "legier, non pesant". . On les trouve à Quimper, Plouguin, Ploudalmézeau, Daoulas, Plourin-Morlaix, mais non à Ploudiry ou Landerneau.

La base Geneanet les trouve aussi à Saint-Pol-de-Léon (++), Lannilis et Plouvien, Plougasnou.

Le Nobiliaire de Pol de Courcy localise un Le Scanf, seigneur de Kervelguen en Goëllo.

 

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Socle de 1555, kersanton, église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Socle de 1555, kersanton, église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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LA VIERGE DE PITIÉ  AUX TROIS LARMES : UNE OEUVRE DES PRIGENT ? Kersanton polychrome, XVIe siècle.

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Elle occupe un pilier sud de l'intérieur de l'église et fait l'objet de la restauration en cours.

Bien qu'elle n'est pas été placée par E. Le Seac'h dans son catalogue des œuvres attribuées aux frères Prigent, je peux suggérer cette attribution, puisque la Vierge montre sous chaque œil les trois larmes caractéristiques de cet atelier —mais qui seront reprises ponctuellement par le Maître de Plougastel (1570-1621) et par Roland Doré (1618-1663) —. Puisque l'atelier Prigent se signale à Pencran par de nombreuses sculptures, et que les deux autres ateliers sont plus tardifs, comme nous retrouvons les particularités stylistiques de l'atelier, comme le manteau qui forme un voile à plis rigides sur la tête, cela me semble (très) vraisemblable.

Ces larmes avaient été remarquées avant moi par Yves-Pascal Castel .

Voir la Vierge de Pitié de Tal-ar-Goas à Crozon : je fais la synthèse en fin d'article sur les Pietà des Prigent. Voir aussi la Vierge de Pitié du calvaire de Kerabri à Lothey, par les Prigent.

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La forme du groupe s'inscrit dans un triangle, et le manteau  de la Vierge englobe le corps de son Fils. Celui-ci, soutenu par la main droite de Marie sous la tête et sa main gauche sur le ventre, forme une diagonale orientée vers le haut et la gauche, mais il forme aussi une croix avec le bras droit (exposant la paume et sa plaie), et le bras gauche de la Vierge.

La Vierge de Pitié est assise, et ses jambes tournées vers sa droite et légèrement écartées soutiennent la tête et le flanc du Christ.

Les plaies des pieds, de la main droite et du flanc sont bien exposées, celles de la couronne d'épines seront à ré-examiner après restauration. Mais elles participent de la même dévotion aux Cinq Plaies, au Sang versé et aux souffrances endurées par le Rédempteur qui s'est développé en France (Bourgogne) et dans le Duché de Bretagne au XIV et XVe siècles, et qui ont suscité la floraison que l'on connait en Finistère des calvaires au XVIe siècle. Cette dévotion est indissociable de l'attachement aux larmes versées par les trois saints personnages au pied du calvaire (la Vierge, Saint Jean et Marie-Madeleine)et cette effusion des pleurs répondant par participation émotionnelle au versement du sang incite les fidèles à s'unir à ce geste de piété.

Voir Dévotion franciscaine aux Plaies du Christ à la cour ducale de Bretagne.

Cette dévotion n'est sans doute mieux attestée  qu'à Pencran, puisque ces larmes se retrouvent sur la Vierge du Calvaire (supra), sur cette Pietà, sur le visage de Marie-Madeleine au pied du calvaire (de 1521 ?), sur les trois personnages de ce calvaire autour de la croix, tandis que les visages attristés du retable de la Déploration de 1517 (sans larmes sculptées, mais avec mouchoir) relève de la même sensibilité.

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Vierge de Pitié, (kersanton polychrome, Prigent ?, XVIe siècle), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Vierge de Pitié, (kersanton polychrome, Prigent ?, XVIe siècle), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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STATUE DE MARIE-MADELEINE ÉPLORÉE, (kersanton, Prigent v. 1553).

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C'est une Marie-Madeleine au pied du calvaire, figure habituelle de l'atelier Prigent, mais qui a été séparée du calvaire d'origine, que nous ignorons, pour être placée sur un socle sur la pelouse du nord de l'église.

Elle est agenouillée, et lève la tête et le regard vers le Christ crucifié tout en levant les deux mains écartées en signe d'émotion. Elle porte une riche et épaisse robe, aux manches, plissées qui s'évasent aux poignet, au corsage ajusté et non plissé tandis que la jupe laisse tomber des plis tubulaires sous la ceinture nouée par une rosette. 

Le manteau est tombé des épaules et forme, entre les reins et les jambes, une masse en éventail.

Le flacon d'aromates ou d'onguents est posé à sa droite.

Sa tête est partiellement voilée par le fameux bandeau occipital (cf. Sainte Anne supra), plissé en éventail sur l'occiput avant de rassembler les nattes et de se nouer derrière la nuque. Les deux nattes descendent devant les épaules.

Le bloc de pierre est brisé (on dirait même scié) sous la taille, et cette statue a peut-être été retrouvée dans des décombles.

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Cette Marie-Madeleine éplorée au pied de la croix se retrouve, avec toutes ses caractéristiques, sur le calvaire monumental de Pleyben, datant de 1555 (exactement comme la sainte Apolline de Pencran), mais aussi au calvaire du bourg de Saint-Ségal, et avec toutes ou partie de ces caractéristiques, au calvaire de la chapelle Saint-Sébastien de Saint-Ségal, au calvaire de la chapelle du Ménez-Hom en Plomodiern, et enfin au calvaire de Lopérec (et encore sur un contrefort de la chapelle Saint-Tugen en Primelin). Voir ma présentation ici :

https://www.lavieb-aile.com/2019/07/saint-segal-le-calvaire-du-bourg.html

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Enfin nous ne pouvons ignorer que cette Marie-Madeleine éplorée au pied de la croix est présente au pied du calvaire nord de Pencran (1521 ?) et du calvaire sud (cimetière). Mais dans ces deux cas, les trois larmes de compassion sont absentes.

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Marie-Madeleine (kersanton), calvaire nord de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

 

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Marie-Madeleine (kersanton), calvaire sud de l'église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

 

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Marie-Madeleine éplorée  (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée  (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée  (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée  (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

Marie-Madeleine éplorée (kersanton, Prigent v. 1553), église de Pencran. Photographie lavieb-aile 2019.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie) 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère T. 42. page 189.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077163/f241.item

 

— ABGRALL (Jean-Marie) 1916, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall (suite), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère page 95.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f126.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f155.item

 

— ABGRALL (Jean-Marie) 1898, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, par M. l'abbé J.-M. Abgrall. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Morlaix et à Brest ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques Société française d'archéologie. Derache (Paris), A. Hardel (Caen) 1898 page 155. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f222.image

 

ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1902, Le livre d'or des églises de Bretagne, Oberthür.

— APEVE

 http://www.apeve.net/spip/spip.php?article8

CHAURIS (Louis )  2010, Le kersanton. Une pierre bretonne, Presses universitaires de Rennes,

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Pencran, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7f786fe0966306242750d6e111e8c78d.pdf

FAVÉ (abbé), 1899, Excursion..., Bulletin SAF

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1899_0452_0506.html

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207649z/f457.item

— LÉCUREUX (Lucien), 1915  Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 139 à 156

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1915_0199_0218.html

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— PÉRENNÈS (Henri), 1938 Notice de Pencran, BDHA 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c650c05ef86fe15d59ddb6b528d5f93.pdf 

—DANIEL ( Tanguy ) 1987, La mort d' un mythe : un art breton sans artistes . Cahiers de Bretagne occidentale , n° 6 , 1987 , p . 75 - 84 ( Mélanges Yves Le Gallo ) 

http://www.gbv.de/dms/hebis-mainz/toc/013196308.pdf

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Kersanton Prigent Chapelles bretonnes.
11 février 2021 4 11 /02 /février /2021 11:52

Le porche de Pencran : les moulures et leurs scènes bibliques (kersanton, traces de polychromie ocre,  atelier Prigent, v. 1553).

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Sur Pencran :

L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553). par l'atelier Prigent. 

Le porche de Pencran : les apôtres du Credo apostolique.

Le retable de la "Descente de Croix" de l'église de Pencran (29). (1517)

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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):

 

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Sur les statues de l'atelier Prigent :


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PRÉSENTATION.

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L'enclos paroissial de Pencran, il faut d'abord le situer sur une carte. Et constater que dans un rayon de 10 à 15 kms, se trouvent Landerneau —et ses églises Saint-Thomas et Saint-Houardon—, La Martyre et Ploudiry, La Roche-Maurice, Tréflénévez, Saint-Urbain, Dirinon ou Le Tréhou. Et  de l'autre coté de l'Élorn, Plouédern, Trémaouézan, Lanneuffret, Plounéventer, Saint-Servais, Saint-Divy et Saint-Thonan. Et enfin au sud l'abbaye de Daoulas. Autant d'enclos, autant de réalisations architecturales et ornementales témoignant de ce beau XVIe siècle qui fut l'âge d'or de la région, et fut assez prospère pour débuter au XVe siècle et se prolonger jusqu'au XVIIe.

La carte montre aussi  la vallée de l'Élorn, serpent bleu qui, depuis la Rade de Brest, remonte en croupes vaseuses jusqu'à Landerneau, premier pont entre rivière maritime navigable et rivière fluviale. Si nous en suivons le cours, nous trouvons très vite en amont Landivisiau, Lampaul-Guimiliau et Guimiliau, autres sites architecturaux majeurs. 

Or, en Rade de Brest se trouvent les sites d'extraction, en bord de rivage, d'une pierre exceptionnelle, la kersantite, tirant son nom de Kerzanton à Loperhet mais dont le plus beau faciès se trouve à Rosmorduc en Logonna-Daoulas. Repérer ces sites sur la carte permet de comprendre la floraison des richesses architecturales.

Malgré quelques utilisations antérieures, c'est le chantier ducal de la collégiale du Folgoët, à partir de 1423, qui suscita l'installation à Landerneau d'une succession d'ateliers de sculpture du kersanton. Successivement les deux ateliers du Folgoët (1423-1509), celui de Bastien et Henry Prigent (1527-1577), du Maître de Plougastel (1570-1621) et de Roland Doré (1618-1663), pour ne citer que les plus grands. Dans ces ateliers, comme ceux de peinture en Italie, les apprentis et compagnons des premiers devinrent les Maîtres qui, à leur tour, formèrent des successeurs. On  reconnait dans les édifices la "main" de chacun, mais on suit parfois aussi un thème commun, repris et transformé par les suivants.

Cette unité dans la diversité des édifices de la Vallée de l'Élorn était aussi une unité d'appartenance à la même communauté religieuse, puisque Pencran, La Martyre, Saint-Julien de Landerneau, Pont-Christ (aujourd'hui rattaché à La Roche-Maurice) Loc-Eguiner Tréflénévez et Le Tréhou étaient des trèves de Ploudiry.

Et bien sûr, l'unité dans l'émulation compétitive était aussi économique, puisque ce mouchoir de poche appartient à la riche zone toilière du Haut-Léon où les marchands de toile et parfois les tanneurs étaient membres des fabriques des paroisses, gérant les finances et décidant des travaux de leur église.

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Or, le décor des moulures du proche de Pencran, associant des scènes bibliques issues de la Genèse avec un concert spirituel d'anges,  se trouve d'abord sur le porche de La Martyre par le Premier atelier du Folgoët, vers 1450-1468, en kersanton altéré, puis à Pencran en 1553 par l'atelier Prigent dans un beau kersanton noir, et à Landivisiau vers 1554-1565 par le même atelier, puis à Guimiliau par le Maître de Plougastel vers 1617, et enfin à Ploudiry par Jean Le Bescont en 1665 . 

Si nous nous intéressons à ce qui reste de la Nativité du tympan du porche de Pencran, nous en retrouvons l'inspiration au Folgoët et à La Martyre (mais la Vierge y est couchée).

Si nous appliquons aussi cette démarche comparative aux apôtres de l'intérieur du porche, aux statues des contreforts, ou aux  calvaires de Pencran, les rapports et les comparaisons,  tous les édifices religieux qui s'avèrent reliés par cette communauté d'auteurs, de matériau et de  thèmes, et cet éclatement d'éclairage réciproque des œuvres qui en rend la découverte passionnante et inépuisable.

 

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Datation. 1552, 1553, voire 1557.

Le porche de Pencran peut être daté par une inscription qui figurait autrefois sur un bloc du contrefort gauche,  qui a été volé, mais que décorait un ange à genoux déroulant un phylactère avec ces mots : LE 15  JOVR DE MARS LAN 1553 FVT FONDE CETTE CHAPELLE AV NO[M] DE DIEV ET DE MADAME SAI[N]CTE   APPOLINE DE  PAR HERVÉ KERAHES ET GUILL[AVM]E BRAS, FABRIQVES DE LADITE CHAPEL. (H. Pérennès, Notice ..BDHA 1938, citant Abgrall, Livre d'or).

M. de Kerdanet a lu  (Le Grand, Vie des Saints, ed. 1837 p. 505) :  Le 15 jour de Mars l'an 1553 ffut fondé ceste chapelle au nõ de Dieu et de sa Mère et de Madame Saincte Apolline de par Hervé Kaoues et Guillette Bras fabriques de lad.te chapelle"

Pol de Courcy a lu, en résolvant sans doute les abréviations et quelques archaïsmes (Congrés archeol. Association Bretonne 1880) : LE 15  JOUR DE MARS LAN 1552 FUT FONDE CETTE CHAPELLE AU NOM DE DIEU ET DE MADAME SAINTE   APPOLINE DE  PAR HERVÉ KERAHES ET GUILLAUME BRAS, FABRICQUES DE LA DICTE CHAPELLE.

Abgrall a lu en 1898"Le 15 jour de Mars l'an 1553 fut fondé ceste chapelle au nom de Dieu et de sa Mère et de Madame Saincte Apolline de par Hervé Kerhanties et Guillmette Bras fabriques de la dite chapelle"

Abgrall, en 1916, indique : "Le 15 jour de Mars l'an 1553 fut fondé ceste chapelle au nom de Dieu et de sa Mère et de Madame Saincte Apolline de par Hervé Kerhahes et Guillaume Bras fabriques de la dite chapelle".

A de Lorme aurait lu en 1896 l'année  1552 (L'Art Breton P. 37)

Lucien Lécureux semble le plus attentif. Il écrit en 1915 :

 

"Notre-Dame de Pencran était avec Loc-Eguiner, La Martyre, La Roche-Maurice et Saint-Julien de Landerneau une des « trèves » ou succursales de Ploudiry. En 1619 seulement Pencran obtint des fonts baptismaux. Nous avons le procès-verbal de bénédiction des fonts le 18 mai 1619 par Christophe de Lesguen, archidiacre, vicaire-général de Léon et recteur de Ploudiry. C'est par la transcription de cet acte que débute le registre des baptêmes de 1619 à 1668 que possèdent les archives communales de Pencran.

L'église est probablement datée par une inscription gothique en relief sur un cube de pierre qui remplace une statue à gauche de l'entrée du porche sud. En voici la transcription tout à fait exacte :

« LE 45 JOUR DE MARS L'AN 1553 FUT FONDÉ (sic) CESTE CHAPELLE AU NO[M] DE DIEU ET DE SA MÈRE ET MADAME SAI[N]CTE APPOLINE DE PAR HERVÉ K[ER]AHÈS ET GUILL[AUM]E BRAS, FABRIQUES DE LAD. CHAPEL... » (Archives du Finistère, G, paroisses, Pencran. Il est probable que par chapelle on veut entendre l'édifice entier et non une portion de l'édifice).

Nous avons relevé dans un acte une mention de ces deux personnages remplissant déjà les mêmes fonctions trois ans plus tôt. Les archives du Finistère (Archives du Finistère, G, paroisses, Pencran), conservent en effet une donation reçue « le vignt (sic) septiesme jour de Juillet l'an mil cinq cent cinquante « par » Hervé Kerahès et Guillaume Bras, fabricques de l'église et chappelle Notre-Dame de Pencran ».

Le même carton renferme deux actes encore plus anciens relatifs à Pencran :

1° Un contrat du 6 février 1516 dans lequel figurent « Olivier Le Cann et Guillaume Diverrès... procureurs et syndicques de la chappelle Notre Dame de Pencran ».

2° Une fondation du 2 avril 1548 où il est question d'un lieu de sépulture situé « en lad. église, en l'arch (sic) d'entre le cueur et la chappelle monsr Sainct-Eutrope ».

Entre ces deux actes il faudrait placer dans l'ordre des dates une inscription de 1521 que nous avons pu déchiffrer au moyen d'un estampage sur la base de l'une des croix du calvaire. Cette inscription est très fruste. Nous en donnons pour la première fois une lecture complète :

AU MOYS DE MAY MIL V. VIGNT (sic)
UNG FURENT CESTES CROIX ET MASSO[N]
FOUNDÉES (sic) PAR JEHAN LE CAM,
YVVES LE JEUNE ET YVON CRAS, PROCUREURS
DE LA CHAPPELLE DE CÉANS. E. R."

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Les fabriciens ou fabriques.

J'ai peiné à trouver cet Hervé Kerahes, (on sait que c'est la forme bretonne de Carhaix, et c'est sur cette paroisse que le Nobiliaire signale ce patronyme). Mais Lucien Lécureux signale qu'en 1550 Hervé Kerahes demeurait Landerneau, ce qui me permet de trouver en ligne cet Hervé KERAHÈS, noble, écuyer, né vers 1509 à Landerneau Saint-Thomas, et marié vers 1518 (?)  à Jeannette COËFFEUR (née à Lesneven) (généalogie Jean-Hervé Méar). Ses armoiries sont reproduites. Les actes de baptême des quatre enfants (1535, 1537, 1549 et 1551) sont données.

André Croguennec signale le mariage d'une Jeanne (de) Kerahes avec Francis Huon de Kermadec. Divers descendants sont baptisés à Saint-Thomas de Landerneau. Cette alliance est notable puisque la famille Huon de Kermarec possèdait à Pencran le manoir de Kermadec depuis 1307. Leur arrière-petit-fils Alain est né à Pencran en 1629.

Ce mariage Kermadec/Kerahes eut lieu en 1560, une date très proche de notre inscription de 1553. Voir Geneanet.

Ce pas franchi, j'accède à ce document pdf qui indique que Jeanne de Kerahes était fille de Noël de Kerahes et d'Agathe Laurans. Voir aussi Tudchentil.org

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Geneanet ne signale aucun Guillaume Bras sur Ploudiry au XVIe siècle (mais un Jean Bras, père d'un Guillaume Bras, Honorable Homme 1654-1703, cultivateur à Creac'h-Madel).

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DESCRIPTION.

Encadrée par deux contreforts, l'entrée du porche adopte une forme en anse de panier (ou arc surbaissé) de petite dimension, ornée d'un rinceau de feuillages mais elle se trouve visuellement agrandie par un faux portail en plein cintre, ouvrant ses trois lignes de moulures qui s'élargissent en suivant, en bas, un banc destiné à accueillir les fidèles. Ces moulures se calent sur deux colonnes prismatiques torsadées soutenant des pilastres. Puis s'élancent les deux arcatures à choux fleuris et fleuronnés. Une Vierge à l'Enfant (hors atelier Prigent) trouve tout juste sa place dans l'aisselle de la première arcade.

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Vandalisme.

Comme à l'intérieur du porche, où les mains des apôtres et leurs attributs ont été martelés, les tableaux bibliques, les Evangélistes et l'Adoration des Mages du tympan ont subi les dégradations volontaires importantes, peut-être à la Révolution.

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Le porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Des trois moulures, celle du milieu est vide, sauf à sa base où elle participe aux premiers tableaux, la Tentation d'Adam et Ève à gauche, et l'Expulsion du Paradis puis le meurtre d'Abel et l'arche de Noé, à droite.

Ensuite, seules les moulures interne et externe sont sculptés, d'autres scènes bibliques, puis des quatre évangélistes, puis d'une succession d'anges composant un concert spirituel.

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I. LES SEPT SCÈNES BIBLIQUES.

1° Adam et Eve tentés par le serpent.

2° Adam et Eve chassés du Paradis terrestre.

3° Eve avec Caïn et Abel.  Adam laboureur, tenant une bêche.

4° Sacrifices de Caïn et d'Abel.

5° Meurtre d'Abel.

6° Arche de Noë.

7° Ivresse de Noë, malédiction de de Cham.

II. LES QUATRE ÉVANGÉLISTES.

Luc et Jean à gauche

Marc et Matthieu à droite.

 

III. LES 21 ANGES MUSICIENS ET ORANTS.

Quatre anges thuriféraires (maniant l'encensoire)

Six anges musiciens.

Onze anges orants (priant dans diverses attitudes)

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Entrée (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Entrée (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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I. LES SCÈNES BIBLIQUES.

Tous ces tableaux appartiennent à la Genèse (Ancien Testament) alors qu'à Guimiliau des scènes du Nouveau Testament seront en outre représentées.

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1. La Tentation. Adam et Ève tentés par le serpent.

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À gauche, Ève (tête brisée), tournée vers le centre, cache son sexe par une feuille de vigne et lève la main gauche vers la pomme que lui tend le serpent, à tête féminine avec une longue chevelure.

Au centre, le serpent entortille sa queue avec le tronc de l'arbre de la Connaissance.

À droite, Adam (tête brisée) est également tourné vers le serpent, par le mouvement de ses jambes croisées. Par symétrie avec Ève, il cache son sexe par une feuille et lève la main droite à hauteur de l'épaule ... et de la pomme.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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2. L'Expulsion du Paradis terrestre : Adam et Ève chassés par l'ange.

À droite, l'Ange de Dieu (tête brisée) chasse le couple fautif du Paradis en les menaçant de son épée.

Adam et Ève, de l'autre coté de l'arbre de la Connaissance,  lui tourne le dos et s'en vont, une main dissimulant le sexe par une feuille de vigne.

 

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Un des dais.

Des dais finement sculptés surmontent les personnages bibliques. Certains sont gothiques avec pinacles et crochets et arcs trilobés, alors que d'autres introduisent des motifs de la Renaissance : galons festonnés, coquilles Saint-Jacques. Ici comme ailleurs (Landivisiau) ces dais de l'atelier Prigent sont occupés par de petits personnages. Ici, juché sur une colonne, l'un et  accroupi et nu, l'autre habillé d'une tunique  et méditant, la tête appuyée sur la main.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Un acrobate.

Au dessus du dais de l'ange, un petit personnage se trouve coincé à plat ventre sous le culot de la scène suivante, et tente de le soulever. Il est coiffé d'un bonnet et vêtu d'une tunique boutonné, et sa jambe est fléchie comme celle d'un acrobate.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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3. Adam et Ève expulsés. Ève avec Caïn et Abel. Adam laboure la terre avec une bêche.

 

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Ève berce un enfant, disons Caïn, emmailloté de langes, tandis que, d'un geste très bien observé, elle balance le berceau de son second, disons Abel. Cette scène de genre est délicieuse de tendresse.

Le dais qui la coiffe est voûtée en coquille (emblème de Vénus, puis de la Femme, adopté à la Renaissance par les peintres et sculpteurs italiens puis en France), et quatre autres coquillages sont ajoutés au dessus et au dessous d'un visage féminin, tandis que des rubans hachurés forment des volutes liées deux à deux.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Adam laboureur.

Adam, désormais barbu et âgé,  vêtu d'une longue tunique serrée par une ceinture, prend un peu de repos, les deux mains posées sur la poignée de sa bêche.

La tunique est fendue, devant la poitrine, comme sur la robe des apôtres du porche.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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4. Les sacrifices de Caïn et Abel.

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Voir Genèse chapitre 4.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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L'offrande de Caïn.

À gauche, Caïn, le laboureur, fait brûler ses plus beaux épis de blés en offrande à Dieu. Mais ce dernier ne l'accepte pas, et la fumée, loin de monter en fumet agréable à ses narines, est rabattue vers le sacrificateur, si bien qu'il se frotte les yeux.

Il est coiffé d'un bonnet à rabat, et vêtu d'une robe longue serrée par une ceinture et boutonnée.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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L'offrande d'Abel.

À droite, Abel, le premier berger, est agenouillé et fait rôtir ses agneaux (on en voit une petite tête). Cette offrande est agrée et la fumée monte bien droit vers les Cieux. 

C'est pas juste, non ?

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Il est tête nue, avec un visage plus jeune ou plus serein (on comprend) et porte une robe longue identique à celle de son frère. Ses mains sont brisées.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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5. Le meurtre d'Abel par Caïn. La malédiction de Caïn.

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Trop c'est trop. Au centre, Abel est allongé, encore appuyé sur le coude gauche et tout chancelant  d'avoir reçu un méchant coup de bêche qui lui a fendu le crâne .

À gauche, Caïn (tête partiellement brisée), la bêche encore en main, écoute la sentence de Dieu (tête complètement brisée) qui n'est pas content content  et est arrivé sur son petit nuage : "Où est ton frère Abel?"

Caïn pose une main sur sa poitrine, lève insolemment la tête vers l'Eternel et répond : "Je ne sais pas; suis-je le gardien de mon frère?"

À Guimiliau, les personnages sont intacts, et on entend mieux que Dieu est en colère :

 

"Qu'as-tu fait? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi.  Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère.  Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre." (Gn 4:10-12)

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Depuis la scène précédente, les deux frères avaient pris le temps de se changer pour aller aux champs, d'enfiler une tunique plus courte ceinturée à la taille et des houseaux qui plissent en accordéon pour protéger leur jambe. Caïn avait gardé son bonnet bien chaud ; mais c'est Abel qui aurait dû mettre un casque !

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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5bis. Deux dragons ailés liés par le cou.

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Ces deux dragons ailés reliés par une erse entourant leur cou, mais aussi par le nœud que forment leurs queues, appartiennent au bestiaire de Bastien et Henry Prigent, et leurs œuvres abondent de ces figures qui, ici, se partagent une sorte de parchemin. Aucun rapport avec le thème biblique, mais nos sculpteurs se sont fait plaisir.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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6. Le Déluge : l'Arche de Noé.

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Sous un nouvel exemple du dais à coquilles Saint-Jacques, l'Arche du père Noé est une nef à clins dont le mât porte un nid de pie, comme les navires marchands qui parviennent à Landerneau ou à Roscoff. Le patriarche apparaît, barbu et entouré de son épouse (cheveux longs) et de ses trois fils imberbes. Derrière les mains courantes, nous voyons des couples d'ovins et de bovins.

Je crois discerner aussi la colombe.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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7. L'Ivresse de Noé et la malédiction de Cham.

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Le thème est célèbre. Noé, à peine débarqué, s'est planté une petite vigne, et voilà maintenant le mois des vendanges. Noé déjà se forge une félicité qui le fait pleurer de tendresse. Il court au vignoble et cueille les grappes dorées,  les grappes bleuâtres à la bruine vénérable, et les grappes argentées, il retrousse le pan de son manteau en une corbeille d'automne. Puis il se régale, s'enivre, et s'endort, sans se soucier qu'il a omis ce matin, dans sa précipitation, d'enfiler ses braies. Sous sa tente, le voilà qui ronfle, les génitoires à l'air.

Ses ronflements attirent ses trois fils Sem, Cham et Japhet.

"Cham, père de Canan, vit la nudité de son père, et il le rapporta dehors à ses deux frères. Alors Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent sur leurs épaules, marchèrent à reculons, et couvrirent la nudité de leur père ; comme leur visage était détourné, ils ne virent pas la nudité de leur père."

Une fois désaoulé, Noé maudit Canaan, fils de Cham et le voue à devenir, avec sa descendance, esclave de Sem et Japhet.

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Ici, celui qui est à genoux à coté de Noé ne peut être que Cham, tandis que l'un des deux frères (tête brisée) se tient debout derrière lui et tente de rabattre le pan du manteau.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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II. LES QUATRE ÉVANGÉLISTES.

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Selon une tradition bien implantée en peinture et sculpture (et qu'on retrouvera sur les calvaires du Maître de Plougastel et du Maître de Guimiliau), les évangélistes sont représentés assis, tenant un phylactère et accompagnés de l'animal du tétramorphe qui leur est associé. Ce dernier tient le plumier et l'encrier qui leur permet de rédiger leur évangile.

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Du coté gauche : saint Luc et saint Jean.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Saint Luc et son taureau ailé.

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Pour E. Le Seac'h, il s'agit de Marc ; et l'animal ailé qui tient dans sa gueule le plumier et l'encrier est alors un lion. Il est vrai qu'il a une sorte de crinière, mais il a aussi des cornes. Pour moi, c'est donc un bœuf, et il s'agit de saint Luc (patron des peintres, voire des artistes.

Ses cheveux méchés, les rides de son front, ses paupières ourlées, sa barbe peignée en lignes sinueuses, sa moustache en V inversée démarrant sur le coté des narines, son manteau (dont il retient le pan par la main gauche), sa robe fermée sous le menton par un bouton, le rapproche du saint Joseph de la Nativité de l'église de Commana (atelier Prigent), du saint Antoine  de la chapelle de Trévarn à Saint-Urbain (atelier Prigent) , du saint Jacques de l'église d'Irvillac (atelier Prigent), et à mon sens des apôtres du porche de Daoulas et des apôtres du porche de Pencran.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean et son aigle.

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Je suggère  de comparer ce saint Jean à celui de l'intérieur du porche de Pencran, parmi les apôtres.

Le plumier et l'encrier sont noués à la patte de l'aigle.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Saint Marc et son lion.

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Cet animal ressemble plus à un lion qu'à un bœuf, non ? Il en a la crinière, mais aussi la queue qui fait retour entre les pattes sur l'abdomen.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Matthieu et l'ange.

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Piédroits (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Piédroits (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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III. LES 21 ANGES MUSICIENS ET ORANTS.

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Liste en partant de la gauche.

Ange thuriféraire/ Ange thuriféraire

Ange orant à genoux mains jointes / Ange jouant de la viole

Ange orant à genoux paumes vers nous/ Ange jouant de la trompe

Ange orant debout mains croisées / Ange jouant de la flûte traversière

Sommet D  Ange orant debout paumes vers nous/ Ange agenouillé paumes vers l'avant.

Sommet G Ange agenouillé, aux index joints / Ange  agenouillé mains jointes

Ange orant mains croisées / Ange jouant du tambour

Ange orant /

Ange orant paumes vers nous /Ange jouant de la trompette coudée.

Ange orant mains jointes / Ange jouant de la flûte.

Ange thuriféraire /Ange thuriféraire.

 

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Tous ces anges ont des caractères communs, qui les distinguent nettement de ceux (il est vrai inimitables par leurs chevelures) de l'atelier du Folgoët, tels qu'on les voit, entre autre, au porche de La Martyre et au porche sud de la cathédrale de Quimper. Leurs ailes sont lisses, et non pennées, mais comme renforcées, au sommet, par une raquette aux formes gracieuses. Leur robe (aube, tunique) est plissée, vient bouffer au dessus d'un cordon qu'on ne voit pas, descend et recouvre les pieds, qui restent eux aussi invisibles. Le fameux amict en oméga, marque de fabrique du Folgoët, a disparu, et le col rond dessine juste un bourrelet au ras du cou. Les manches sont retroussées en revers sur le poignet.

Les visages juvéniles ont les traits de l'atelier Prigent et l'étage inférieur de la face s'affine vers un petit  menton arrondi.  Les sourcils forment de larges auvents, les yeux sont ourlés, le nez droit, la bouche petite sous un philtrum absent ou très discret. Les cheveux  mi-longs (ils n'atteignent pas les épaules) sont méchés et bouclés, avec quelques ébauches de macarons, et se divisent sagement au dessus du front par une raie médiane.

On les comparera aux anges du porche de Landivisiau (Prigent 1560Guipavas (Prigent 1563), de Daoulas (?, 1560)

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LES 4 ANGES THURIFÈRAIRES.

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Ils forment des couples symétriques, l'un des deux anges ayant la main contre la poitrine, et l'autre présentant la paume ouverte. Aucun ne porte la navette, (aucun n'est naviculaire), aucun ne soulève le couvercle ou ne retient les chainettes, et l'encensoir ( au couvercle gothique) forme une diagonale entre la main droite et le pied gauche.

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1. Ange thuriféraire de gauche moulure externe.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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2. Ange thuriféraire de gauche moulure interne.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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3. Ange thuriféraire de droite moulure interne.

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La main droite et les chainettes sont brisées.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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4. Ange thuriféraire de droite moulure externe.

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Les chaînettes sont brisées.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LES 6 ANGES MUSICIENS.

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Les mêmes instruments se retrouvent sur le porche de Landivisiau.

1. Le joueur de vièle. Moulure interne gauche.

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Deux cordes (deux chevilles), corps apparemment monoxyle et proche du rebec dont il n'a pas la forme piriforme. Les ouïes dessinent deux demi-cercles. L'archet, faiblement arqué, est tenu entre pouce et index mais l'extrémité passe entre le 4ème et le 5ème doigt.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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2. Le joueur de trompe. Moulure interne gauche.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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3. Le joueur de flûte traversière. Moulure interne gauche.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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4. Le joueur de tambour. Moulure interne droite.

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Il est suspendu sur la hanche gauche par un baudrier et est tourné vers la droite, où il est joué par deux baguettes. La cordelette tendue sur la peau (timbre) et le laçage de réglage de la tension de cette peau sont bien visibles.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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5. Le joueur de trompette coudée. Moulure interne droite.

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E. Le Seac'h parle de "sacqueboute" qu'elle définit comme une "sorte de trombone à coulisse", ce qui me semble un contresens (saquer et bouter signifie tirer et pousser). On ne voit pas de coulisse. Le tuyau est coudé en épingle à cheveux et s'achève par un petit pavillon.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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6. Le joueur de flûte à bec. Moulure interne droite.

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Extrémité de la flûte brisée.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LES  9 ANGES ORANTS.

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Ange orant à genoux mains jointes 

Ange orant à genoux paumes vers nous

Ange orant debout mains croisées 

Ange orant debout paumes vers nous

Milieu

Ange agenouillé, aux index joints 

Ange orant debout mains croisées 

Ange orant  agenouillé mains 2 positions

Ange orant  agenouillé paumes vers nous 

Ange orant debout mains jointes .

 

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Le premier ange de la moulure externe, coté gauche, au sommet de l'arcature.

Debout, genoux légèrement fléchis, l'une des mains paume vers la poitrine, l'autre paume vers nous.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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Le premier ange de la moulure externe, coté droit, au sommet de l'arcature.

Il est singulier car il croise les deux index. Ce n'est pas le geste de l'argumentation oratoire. J'ignore la signification de ce geste.

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Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Voussures (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LES FRISES.

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"Le porche est constitué d'un arc d'entrée en anse de panier orné de feuilles de vigne et de grappes de raisins. De petits personnages , mangeurs de raisin, joueurs de cor, ou de petits animaux— trois chiens, un oiseau — sont finement sculptés dans ce foisonnement. Un lion dans le bas à gauche de la voussure extérieure de l'arc donne naissance à ce cordon végétal et se termine par un dragon de l'autre coté et au sommet par une tête humaine portant chapeau et croquant les grains de raisins. Dans la voussure intérieure, le cochon remplace le dragon." (E. Le Seac'h)

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Il y a deux frises : celle qui court en suivant le tracé de la porte en anse de panier ; et celle qui suit l'entablement du tympan.

Quelques photos seulement.

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Frise (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de  polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton, traces de polychromie, Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton,Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton,Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton,Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Frise (kersanton,Prigent v.1553) du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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LE TYMPAN ET SA NATIVITÉ.

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Cette Nativité est attribué à l'atelier Prigent (Le Seac'h p. 148)

IL s'agit vraisemblablement des restes d'une Adoration des Mages, comme à la collégiale du Folgoët (1423-1433), à La Martyre, Rumengol (v.1468)  Guipavas (où il ne reste que le bœuf et l'âne et l'Enfant) et à Daoulas

 

  Le plus petit dénominateur commun de ces Nativités (et le plus résistant aux marteaux des vandales) est bien le groupe de l'âne et du bœuf, représentés frontalement, comme s'ils transperçaient la muraille. 

À Pencran, nous avons à droite la Vierge (tête brisée), et à gauche saint Joseph (tête brisée) tenant son bâton, tous les deux agenouillés devant la crèche en osier où l'Enfant est allongé nu.

Conformément au sens du mot "crèche" : "mangeoire à l'usage des bestiaux, installé le long du mur de l'étable", l'âne et le bœuf apparaissent dans les fenêtres respectives de leurs stalles, liés ensemble par un licol, et découvrant, sur la botte de paille de leur déjeuner, le nouveau-né.

La Vierge et Joseph sont placés sur un culot ouvragé de l'entablement, qui s'élargit à leur emplacement, tout comme il le fait sous la crèche, avec une belle ornementation de choux frisés. Mais on voit, du coté gauche, deux autres culots qui laissent imaginer l'emplacement des rois mages.

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Nativité (kersanton, Prigent, v. 1553) du tympan du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Nativité (kersanton, Prigent, v. 1553) du tympan du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Nativité (kersanton, Prigent, v. 1553) du tympan du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Nativité (kersanton, Prigent, v. 1553) du tympan du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Nativité (kersanton, Prigent, v. 1553) du tympan du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

Nativité (kersanton, Prigent, v. 1553) du tympan du porche sud de Pencran. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie) 1915, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère T. 42. page 189.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077163/f241.item

 

ABGRALL (Jean-Marie) 1916, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments recueillies par M. le chanoine Abgrall (suite), Bulletin de la Société Archéologique du Finistère page 95.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f126.item

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077197/f155.item

 

ABGRALL (Jean-Marie) 1898, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments du Finistère, par M. l'abbé J.-M. Abgrall. Congrès archéologique de France : séances générales tenues à Morlaix et à Brest ... par la Société française pour la conservation des monuments historiques Société française d'archéologie. Derache (Paris), A. Hardel (Caen) 1898 page 155. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k356651/f222.image

 

— ABGRALL (chanoine Jean-Marie), 1902, Le livre d'or des églises de Bretagne, Oberthür.

APEVE http://www.apeve.net/spip/spip.php?article8

CHAURIS (Louis )  2010, Le kersanton. Une pierre bretonne, Presses universitaires de Rennes,

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Pencran, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7f786fe0966306242750d6e111e8c78d.pdf

— FAVÉ (abbé), 1899, Excursion..., Bulletin SAF

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1899_0452_0506.html

LÉCUREUX (Lucien), 1915  Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 139 à 156

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2077163/f191.item

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1915_0199_0218.html

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

PÉRENNÈS (Henri), 1938 Notice de Pencran, BDHA 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c650c05ef86fe15d59ddb6b528d5f93.pdf

 

—Entretien avec Dany Sanquer autour du kersanton, carrière du Rhunvras à l'Hôpital-Camfrout.

http://www.hear.fr/sites/didactique_visuelle/documentaire-en-ligne/2017/alice-mettais-cartier-autour-du-kersanton/.

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Chapelles bretonnes. Kersanton Prigent
8 février 2021 1 08 /02 /février /2021 19:37

Le porche de Pencran : les apôtres du Credo apostolique.

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Sur Pencran :

Le retable de la "Descente de Croix" de l'église de Pencran (29). (1517)

 

 

Sur les Credo apostoliques :

 

 

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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):

 

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PRÉSENTATION.

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1. Description générale de l'intérieur du porche sud.

Ce porche voûtée d'ogives est limité à l'extérieur par la voussure interne en anse de panier, et à l'intérieur par deux portes jumelles séparées par un trumeau portant un bénitier à godrons. Le tympan surmontant ces portes est orné d'une statue du Christ Sauveur, comme de nombreux porches des alentours.

Les deux parois ouest (à gauche) et est (à droite) disposent du banc traditionnel (afin que les fidèles se rassemblent) et de douze niches sur culots finement sculptés et sous dais gothiques. Ces niches, séparées par des pilastres à gables fleuronnés, sont occupés par les statues des apôtres. L'ensemble des niches et des statues est peint, avec prédominance d'ocre rouge et de jaune.

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Les apôtres :

Les caractéristiques communes aux apôtres sont, ici comme ailleurs, la barbe (sauf Jean), les pieds nus, le livre (ouvert, fermé, sous l'aisselle, etc.) — mais Jean fait encore exception — et le phylactère.

Les barbes sont particulières par leurs moustaches qui naissent du bord des narines et dessinent ensuite une volute oblique qui s'achève en crochet. La barbe elle-même, mi-longue, est faite de mèches distinctes se déployant en éventail en tortillons ou boucles. On retrouve ces visages sur les apôtres du porche de Daoulas, réalisé peu de temps après ce porche-ci.

Les cheveux bouclés tombent sur les épaules. Seul saint Pierre se distingue par sa calvitie du vertex, préservant en îlot un toupet  qui lui est un véritable attribut.

Leur tenue vestimentaire est identique, composée d'un ample manteau et d'une robe tombant jusqu'aux pieds (seuls les orteils dépassent). Le manteau est porté sur l'épaule, ou porté en cape, aux pans libres ou maintenus par un seul bouton sous le menton. Seul Jacques le Majeur porte une pèlerine. La robe, à encolure simple au ras du cou, est toujours serrée par une ceinture, et également toujours ouverte devant la poitrine par une fente d'une vingtaine de centimètres dont les bords sont réunis par deux ou trois boutons ronds. Ces boutonnières forment, par la tension du tissu, une ligne sinueuse, et ce détail à la plastique élégante se retrouve sur la plupart des apôtres des porches (ou des statues isolées) du Finistère au XVe et XVIe siècle quelque soit l'atelier.

Enfin, leur silhouette est longiligne.

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Les dais.

Tous les dais sont sur le même modèle, sauf celui de saint Pierre, qui sera détaillé. Ce sont des sortes de clochers miniatures, avec une tour en dentelle de gables, de galeries et de pinacles, avec des baies aux remplages dont on peut détailler les baies et les tympans, des arcs-boûtants, tout cela couvrant une voûte à clef pendante et dominé par un gable à crochets.

Bien que E. Le Seac'h ne les attribue pas à l'atelier Prigent, ils m'apparaissent pourtant proche de ceux de Landivisiau (plus riches et animés de personnages) et de Guipavas (plus réduits)

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Le registre inférieur, entre les culots et le banc, est nu.

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2. Un credo apostolique.

Les douze apôtres qui, par deux rangs de six, encadrent les fidèles qui pénètrent par le porche sud d'une église ou chapelle bretonne forment un Credo apostolique. Ce qui veut dire qu'ils présentent chacun l'un des douze articles du Credo, ou Acte des Apôtres. Lorsque le texte latin de cet article n'est pas sculpté dans la pierre, et qu'il a été peint sur les rouleaux de papier (ou phylactère) déroulés de leur bras jusqu'au sol, il est le plus souvent effacé, et il faut les yeux de la foi pour l'imaginer. 

Saint Pierre est toujours placé à droite de l'entrée, tenant sa clef mais aussi le premier article, Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem caeli et terrae

Puis vient saint André et sa croix en X, avec Et in Iesum Christum Filium eius .

Puis saint Jacques le Majeur, et saint Jean l'évangéliste.

Ensuite, l'ordre des articles est immuable mais leur attribution aux apôtres peut changer. Nous pouvons avoir la séquence Philippe-Thomas-Barthélémy-Matthieu-Jacques le Mineur-Jules Thaddée-Simon-Mathias. (verrière de Quemper-Guezennec)

Ou bien Thomas-Jacques le Mineur-Philippe-Barthélémy-Matthieu-Simon-Thaddée-Matthias (Verger du Soulas)

Ou Jacques le Mineur-Thomas-Matthieu-Barthélémy-Philippe-Simon-Jude-Mathias (Cluny).

Etc.

Un des exemples (dans l'œuvre de saint Augustin, in E. Mâle): 

Pierre: Credo in Deum patrem omnipotentem, creatorem cœli et terrae.

André : El in Jesum Christum, Filius ejus.

Jacques (majeur) : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine

Jean : Passus sub Pontio Pilato, crucilïxus, mortuus et sepultus est.

Thomas : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. .

Jacques [mineur) : Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentes.

Philippe : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.

Barthélémy : Credo in Spiritum Sanctum.

Mathieu : Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem

Simon : Remissionem peccatorum.

Thaddée : Carnis resurrectionem.

Mathias : Vitam eternam.

Or, dans le porche de Pencran, tous les articles, qui étaient peints, sont effacés, sauf ceux d'André et de Jean, à peine lisible.

D'autre part, on a, sans doute à la Révolution, brisé très soigneusement tous les attributs spécifiques de chaque apôtre. 

Même si nous retrouvons des indices d'identification (le chapeau de pèlerin de saint Jacques, même si la coquille a été brisée), nous ne pouvons pas nous baser sur l'ordre dans lequel ils sont disposés pour les identifier.

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3. Quel sculpteur ? Quelle datation ? Quel matériau ?

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Les apôtres du porche de Pencran ne sont pas attribués à l'un des principaux ateliers de sculpture de Basse-Bretagne, et la seule chose qu'E. Le Seac'h affirme dans son ouvrage de référence est qu'ils ne sont pas de l'atelier des frères Prigent, auteurs de la majeure partie du porche intérieur et extérieur. Seul le dais de saint Pierre (avec ses petits personnages) leur est attribué.

J'ignore sur quoi se fonde cet opinion. Je remarque que les 2 évangélistes des moulures du porche (qui sont de l'atelier Prigent) ne sont pas très éloignés des apôtres du porche :

 

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Saint Luc (kersanton, Bastien ou Henri Prigent, 1553), moulure du porche sud de Pencran; Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean (kersanton, Bastien ou Henri Prigent, 1553), moulure du porche sud de Pencran; Photographie lavieb-aile.

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Nous connaissons la date de fondation du porche, en 1553, et celle d'une statue de sainte Apolline dans le bas-coté sud, par les Prigent, l'an 1555. Mais les apôtres ont pu être sculptés ultérieurement.

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Le matériau utilisé est dissimulé par une riche polychromie, mais se révèle sur les tranches des parties brisées. Autant que je puisse en juger sur les photos (le site est en cours de restauration, et n'est plus accessible), il s'agit de kersanton. 

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La consultation des monographies et "notices" sur cette église ne fournit pas de réponse, et aucune description complète  n'a été proposée de l'intérieur de ce porche, et notamment de ses apôtres. Voici la description de Lécureux en 1915:

"L'intérieur du porche peut rivaliser avec les plus élégants et les plus intéressants du Finistère.

Voûté en croisée d'ogives sur place carré il encadre entre ses arcs doubleaux brisés les ouvertures intérieures et extérieures de l'église. Ses arcs formerets abritent sous leurs nervures douze niches qui dans leur riche variété, car elles sont toutes dissemblables, forment cependant un ensemble d'une harmonie parfaite.

Ces niches abritent sous des dais d'une grande richesse, merveilleusement sculptés les statues des douze apôtres. Ces dais sont du style flambloyant le plus brillant, sauf un seul qui est Renaissance.

Les deux arcs d'ogive diagonaux s'entrecroisent et se réunissent au sommet de la voûte par une clef pendante aux nervures ajourées d'une élégance extrême.

Le fond est percé de deux baies jumelles donnant accès dans l'église. Elles sont à accolades et séparées par un bénitier central de style Renaissance. Ce bénitier est formé d'un fond de cuve hémisphérique orné de godrons et terminé en bas par un fleuron pendant. Le bord supérieur est surmonté d'une frise circulaire moulurée garnie de torsades.

Sans avoir la richesse de ceux de Guimiliau et de Landivisiau, ce bénitier complète harmonieusement la décoration du portail.

Au-dessus, sur un socle en saillie, se dresse la statue du Christ Sauveur, à robe longue et à plis tombants.

Ainsi qu'il est facile de le vérifier par les traces subsistantes toutes ces statues étaient jadis polychromées et il est probable que les dais étaient même dorés ; quant aux parois elles étaient revêtues de peintures décoratives dues au XVIIème siècle. On aperçoit encore en arrière de la statue du Christ une draperie peinte lui formant une sorte de dôme dans le goût de Louis XIV et à côté on peut encore distinguer des têtes d'anges voltigeant dans le ciel bleu. Ces peintures pâlissent tous les jours et il est certain qu'elles finiront par disparaître."

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Plan.

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Les apôtres du coté est.

1. Saint Pierre

2. Saint André

3. Saint Jacques le Majeur

4. Saint Jean

5. Apôtre indéterminé. (Thomas, Barthélémy ?)

6. Apôtre indéterminé. (Jacques le Mineur ?)

Les apôtres du coté ouest.

7. Apôtre indéterminé. ( Thomas  Barthélémy)

8. Saint Philippe.

9. Saint Matthieu.

10. Saint Simon

11. Apôtre indéterminé. (glaive recourbé ;  Jude Thaddée ?)

12. Apôtre indéterminé. (Mathias ?)

 

Les culots et leurs inscriptions.

Le Christ Sauveur.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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1. Saint Pierre et sa clef.

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La clef et le livre sont brisés.

Ce premier cliché d'un apôtre permet de mesurer l'altération de la peinture avec ses coulées noirâtres et rougeâtres, mais aussi d'imaginer la polychromie initiale, avec cette robe jaune (jaune d'or jadis ?), le rose de la carnation, et peut-être des traces de bleu.

Ces statues bénéficieront-elles de la restauration en cours ? On aurait alors hâte de découvrir le résultat.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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Le dais. (Atelier de Bastien et Henri Prigent)

Il est hexagonal et sa voûte est creusée d'une coquille. Les trois pans apparents sont sculptés d'abord de rubans en volutes liés, puis de bustes séparés par des pilastres, puis coiffant le tout de couples de personnages en bustes séparés par des pots à feu.

L'œil est vite attiré par l'allure de l'homme barbu, fièrement coiffé d'un bonnet à plume, richement et chaudement habillé d'un bon manteau, comme tout marchand de toile de la région, puis le regard va vers la femme en coiffe, son épouse sans doute, avant d'aller vers cette jeune femme aux cheveux longs. Et l'on pense aux bénitiers de kersanton sortis de l'ateliers des Prigent, et qui portent, au trumeau des porches,  ces mêmes personnages ou leurs coussins, à Landivisiau ou à La Roche-Maurice, ces paroisses voisines. Ou à Saint-Houardon de Landerneau .

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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2. Saint André et sa croix en X.

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La main droite est brisée.

On lit encore la fin du verset de saint André : ...filium eius unicum.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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3. Saint Jacques le Majeur.

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L'avant du chapeau (où se trouvait la coquille de Saint-Jacques), le livre, et le haut du bourdon ont été brisés.

La pèlerine est longue et dissimule un éventuel baudrier et sa besace.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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4. Saint Jean.

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La main droite (qui bénissait) et le calice de poison de la main gauche ont été brisés.

On lit encore le reste du verset (pontio pilato ?)

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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5. Apôtre indéterminé (Thomas ? Barthélémy ?).

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Les deux mains ont été brisées, et avec elles l'attribut tenu à droite, et le livre tenu à gauche, dont on voit la trace) . 

L'attribut en question n'est pas une lance, une croix, ou un bâton (dont on verrait l'extrémité ou son attache), ce qui exclue certaines hypothèses. Il pourrait s'agir d'une équerre (Thomas), d'un couteau (Barthélémy).

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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6. Apôtre indéterminé .(Jacques le Mineur ?)

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Là encore, les deux mains ont été brisées. L'attache du livre ouvert est visible. L'attribut de la main droite est un objet long, puisqu'on voit encore son attache sur un pli et sur le socle. Ce pourrait être une lance, ou le bâton à foulon de Jacques le Mineur (ou la croix de Philippe, mais je pense l'identifier plus loin).

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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LE COTÉ OUEST.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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7. Apôtre indéterminé. (Saint Thomas ? Barthélémy ?).

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Les deux mains ont échappé au marteau iconoclaste, et la main droite conserve le manche de l'attribut qui, lui, a été brisé. Est-ce l'équerre de Thomas, ou le coutelas de Barthélémy ? L'extrémité du pied droit est brisée.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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8. Saint Philippe et sa croix.

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La main droite, tenant le livre fermé tranche tournée vers nous (avec ses fermoirs de reliure), a échappé à la fureur destructrice, de même que la main gauche, qui tient encore un manche rond. Si je tiens compte que ce manche se prolongeait  assez haut (car il s'appuie sur l'épaule gauche en renfort), j'en déduis qu'il s'agit de la croix à longue hampe de saint Philippe.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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9. Saint Matthieu et sa balance de peseur d'or.

Main droite et son attribut brisés. Main gauche et son livre intactes.

En me basant sur d'autres statue de Matthieu, intacte, je peux interpréter les trois impacts de brisures , en triangle, comme correspondant à la balance qui sert d'attribut à Matthieu.

 

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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10. Saint Simon.

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Main droite, scie et orteils droits brisés. Il reste pourtant une portion suffisante de la scie pour identifier saint Simon.

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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11. Apôtre indéterminé. (saint Jude Thaddée) .

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Les deux mains et le livre sont intacts, mais l'attribut, un glaive à lame courbe avec extrémité en demi-lune évoquant un cimeterre, est brisé. Son avant-dernière place dans le Credo et la comparaison avec le 11ème apôtre de l'ossuaire de Sizun, qui tient un grand sabre à lame en demi-lune, m'incite à proposer saint Jude Thaddée. (attribut fréquent : la hache, ou la massue)

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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12. Apôtre indéterminé. Saint Mathias.

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Mathias est l'apôtre qui clôt traditionnellement le Credo avec l'article in vitam aeternam.  Son attribut est  la hache, ou la hallebarde).

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Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Les apôtres du Credo apostolique du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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LES CULOTS ET LES INSCRIPTIONS DES SOCLES.

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Ces culots sont très adroitement sculptés de feuillages (acanthes, choux frisés, feuilles fantaisistes) qui se transforment parfois en résilles d'une finesse incroyable. Et je regrette de ne pas les avoir photographiés tous. C'est peut-être que j'ai été interpelé, — c'est mon dada — par les inscriptions que portent les quatre premiers socles.

Tracés en plein (en réserve) et en caractères gothiques, ils ne nommaient pas les apôtres, et je pensai y trouver le nom des fabriciens en fonction l'année de leur exécution. Mais j'ai globalement échoué à les transcrire, et encore plus à découvrir un habitant de Ploudiry (dont Pencran était une trève) derrière les noms que je pensai lire.

Statut de saint Pierre. Inscription J. BUZEUR 

Ma leçon est-elle bonne ? J'essaye Keruzeur, Lesuzeur, Buzeric sans résultat.

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L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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Statue de saint André. Inscription F : NIOU ??? --ALL ???

Les choses ne s'arrangent pas !

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L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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Statue de saint Jacques. Inscription J : LUE

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L'anthroponyme LE LUÉ est attesté à Morlaix en 1547 (A. Deshayes). Formes de LE LUE, LAY, LUAY. Geneanet le localise, au XVIe siècle, à Lignol, Morbihan. et certainement pas à Ploudiry. 

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L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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Statue de saint Jean. Inscription J : GREALL ?? GRESILL ??

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Là encore, une inscription en beaux caractères gothiques résiste à ma transcription : ces mots ne correspondent pas à des patronymes.

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L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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Du coté ouest.

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Une belle tête féminine est feuillagée et ses cheveux libèrent des épis.

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L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

L'intérieur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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LE CHRIST SAUVEUR DU TYMPAN NORD.

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Le mur est peint d'un trompe-l'œil d'un drap d'honneur autour du Christ. Il existait peut-être deux statues qui l'encadraient.

Le Christ Sauveur est du type présent, dans cette situation,  par exemple à Daoulas (1556), Lanhouarneau (1588), Saint-Thégonnec (1599) et Guimiliau (1606-1617) : barbu, cheveux longs, vêtu du manteau de la Résurrection,  jambe gauche avancée,  il  bénit de la main droite le Monde, représenté par l'orbe. Mais ici, ses mains sont brisées.

Je me demande si un tel acharnement sur les attributs de toute les statues est le fait des révolutionnaires (*) —lesquels ne détruisaient habituellement que les armoiries et insignes nobiliaires — ou s'il s'agit plutôt du passage de troupes iconoclastes. (*) L'église, l'ossuaire, le cimetière et le presbytère de Pencran furent vendus nationalement le 30 Fructidor an IV (16 Septembre 1796), pour la somme de 1.450 livres à Alain Rohel et Jérôme Le Faou.

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Le Christ Sauveur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Le Christ Sauveur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Le Christ Sauveur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Le Christ Sauveur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Le Christ Sauveur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

Le Christ Sauveur du porche de Pencran. Photographie lavieb-aile 2017.

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SOURCES ET LIENS.

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— APEVE http://www.apeve.net/spip/spip.php?article8

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Pencran, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/7f786fe0966306242750d6e111e8c78d.pdf

— LÉCUREUX (L.) Société Archéologique du Finistère - SAF 1915 tome 42 - Pages 139 à 156

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1915_0199_0218.html

 

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

 

— PÉRENNÈS (Henri), 1938 Notice de Pencran, BDHA 

http://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/3c650c05ef86fe15d59ddb6b528d5f93.pdf

A propos du Credo apostolique :

 

 

MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France  page 246-296

https://archive.org/stream/lartreligieuxdel00mluoft#page/250/mode/2up/search/credo

PSAUTIER DE JEAN DE BERRY, Bnf fr. 13091, 1380-1400. Enluminures d'André Beauneveu.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f16.image.zoom

GRANDES HEURES DE JEAN DE BERRY  ou Horae ad usum Parisiensem , 1400-1410

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b520004510/f11.item

BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m/f13.image

— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée,  Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne 

— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Chapelles bretonnes. kersanton
4 février 2021 4 04 /02 /février /2021 11:59

Les statues extérieures (kersanton, Roland Doré, 1617) du porche de l'église de Guimiliau.

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Voir sur Guimiliau :

 

 

 

 

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PRÉSENTATION.

Attribution et datation.

On sait que le calvaire monumental de Guimiliau date de 1581 et 1588.

« Le porche de Guimiliau est un monument complexe et l'observation attentive révèle la participation de quatre  mains différentes à son élaboration. L'équipe du Maître de Plougastel (1578-1621) est intervenue dès le début du chantier vers 1606 — une inscription à l'intérieur du porche le précise — jusqu'à 1617, date figurant sous l'architrave à droite de la grande agrafe feuillagée. Onze années ont ainsi été nécessaires pour monter le porche jusqu'à la voûte de pierre intérieure . » L'atelier du Maître de Plougastel a répondu aux goûts de l'époque, inspiré par le style renaissant adapté de Philibert Delorme et que l'on retrouve dans les colonnes doriques cannelées et baguées. » (E. Le Seac'h)

 

Le porche est principalement l'œuvre du Maître de Plougastel (1570-1621), anonyme installé à Landerneau et auteur, comme son nom de convention l'indique, du calvaire de Plougastel (1602-1604), mais aussi du calvaire de Locmélar, de l'intérieur du porche de Bodilis, et de bien d'autres œuvres, dans 31 paroisses (4 en Cap-Sizun, 3 dans le diocèse de Tréguier, 2 en Haute-Cornouaille, et toutes les autres dans le Léon au nord de l'Élorn).

Dans son Catalogue des ateliers de sculpture sur pierre Emmanuelle Le Seac'h attribue au Maître, à l'extérieur du porche, quatre scènes des piédroits et les voussures de l'arc d'entrée, les trois masques de l'architrave, quatorze petits masques sur les dais des contreforts

À l'intérieur du porche sud de Guimiliau, il est l'auteur des termes gainés et des deux bustes du fronton, du bénitier du trumeau, et des apôtres Pierre et Jean.

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Mais elle attribue d'autres éléments à une deuxième main, celle d'un compagnon, qu'elle baptise du nom de Valet du Maître de Plougastel. (Dans les archives, le "valet" est le bras droit du maître d'atelier, son second). Il a réalisé quatre scènes de l'arcature du porche, et est intervenu à l'intérieur du porche. Elle définit son style ainsi, à propos de quatre scènes des piédroits de l'extérieur du porche: "Les yeux sont globuleux, taillés en amande, avec des paupières ourlées. Le nez est droit, gros, avec des ailes larges. Les trous des narines sont creux, ce qui fait la particularité de ces sculptures. À l'inverse, les lèvres sont serrées, à peine dessinées. L'ensemble est relevé par une barbe bien peignée, avec des moustaches transversales qui démarrent sous les narines, laissant le haut des lèvres glabres. Le philtrum est inexistant. Une petite frange de cheveux reproduit la sinuosité des arcades sourcilières. ... Les visages suivent une inflexion au niveau des tempes contrairement aux visages du Maître de Plougastel qui sont tous ronds."

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Enfin, Roland Doré, qui a débuté dans l'atelier du Maître de Plougastel avant de prendre son autonomie, de sortir de l'anonymat et d'acquérir dans la sculpture du kersanton la célébrité qu'on saint, a réalisé le buste féminin du fronton, trois de quatre statues des niches des contreforts, et, à l'intérieur, six apôtres et le Christ Sauveur. Alors que le style du Maître de Plougastel se caractérise par son hiératisme, par la raideur des corps et ses visages ronds, Roland Doré s'affirme avec ses corps plus étirés, ses visages plus allongés et par le sourire espiègle et ingénu à la fois de ses personnages.

 

La statue de saint Sébastien, d'allure plus ancienne, n'a pas été attribuée par Le Seac'h, de même que les deux crossettes.

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Datation des œuvres de Roland Doré : 1624 ?

Si on suit toujours la publication d'E. Le Seach, on lit, page 204, ceci :

"Le montage du porche, qui aurait fait en 1617 selon  l'année indiquée sur l'ouvrage, n'était pourtant pas terminé à cette date. L'atelier du Maître de Plougastel est repris par Roland Doré, vers 1621, à en croire d'une part la date inscrite sur la dernière œuvre datée du Maître de Plougastel au Relecq-Kerhuon et, d'autre part, le document d'archives daté de 1621-1622 de la réparation de la croix du cimetière de Hanvec qui mentionne "maître Rolland Doré et [...] ses compaignons". Le style pourtant est encore celui d'un débutant et Roland Doré n'atteint la maîtrise de son art qu'en 1624 sur le calvaire de Commana. C'est pourquoi je propose la date de 1624 comme date de reprise en main du chantier de Guimiliau par Roland Doré qui retaille à l'intérieur un lion de la frise en un masque aux rondeurs enfantines et au sourire ingénu, gallinacé, coq plutôt que paon, et à l'extérieur dans l'angle supérieur du fronton triangulaire le buste souriant de jeune fille tandis que les trois masques sont du Maître de Plougastel."

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Ce sont ces travaux qui rendent passionnants l'examen de ce porche.

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Porche sud (kersanton, 1606-1617) de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (kersanton, 1606-1617) de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (kersanton, 1606-1617) de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Porche sud (kersanton, 1606-1617) de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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LE LION ET LE DRAGON (Kersanton, 1606-1617, atelier du Maître de Plougastel).

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Le chanoine Abgrall les décrivait ainsi :"Aux angles, deux gargouilles formées de deux chimères remarquablement galbées et d'une maigreur prodigieuse". Mais ce ne sont pas des gargouilles (qui assurent l'écoulement des eaux pluviales), mais des crossettes, comme à Pencran (1553), Landivisiau (1555-1565) et Guipavas (1563) où les sculptures de kersanton sont attribuées à l'atelier d'Henri et Bastien Prigent.

https://www.lavieb-aile.com/2017/01/le-porche-de-l-eglise-de-landivisiau.html

 

https://www.lavieb-aile.com/2017/03/l-enclos-paroissial-de-pencran-i.les-crossettes-du-porche-1553.html

https://www.lavieb-aile.com/2017/03/l-eglise-de-guipavas-i.les-crossettes.html

À Landivisiau et Pencran, ces crossettes forment un couple associant un lion et un dragon ailé. À Guipavas, ne se trouve qu'un dragon en kersanton (et un lion en pierre sur la façade opposée).

Nous trouvons donc à Guimiliau une véritable citation, un demi-siècle plus tard, des sculptures réalisées par l'atelier landernéen des Prigent qui avait précédé celui du Maître de Plougastel (notons que E. Le Seac'h n'en précise pas spécifiquement  l'attribution ; mais leur emplacement ne permet pas d'autre hypothèse).

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Le dragon.

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le lion.

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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LE FRONTON.

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Deux colonnes cannelées aux chapiteaux corinthiens supportent un entablement composé d'une architrave moulurée, d'une frise et d'une corniche soutenue par des modillons.

L'inscription.

Sur la frise est sculptée l'inscription suivante : O QVAM : METVENDVS  VERE : NON : EST : HIC : AL EST : LOCUS : ISTE  IVD : NISI : DOMS : DEI.

Il s'agit d'un cantique grégorien qui reprend un verset de la Genèse 28:17 O quam metuendus vere non est hic al est locus iste nisi domus dei "O combien ce lieu est redoutable ! Vraiment ce n'est rien d'autre que la maison de Dieu.". On le trouve dans l'Antiphonaire des Vêpres pour la fête de dédicace d'une église.

https://gregorien.info/chant/id/5817/0/fr

https://cantus.uwaterloo.ca/chant/682215

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On retrouve cette inscription sur le chevet de l'église (voisine) de Lampaul-Guimiliau (vers 1627),  sur le clocher de  l'église Saint-Sauveur du Faou avec la date de 1628, et dans le porche (1640) de l'église de Gouesnou. Voir mes commentaires sur cette antienne dans l'article sur Le Faou.

 

https://www.lavieb-aile.com/2019/04/les-inscriptions-lapidaires-de-l-enclos-de-lampaul-guimiliau.html

Les inscriptions lapidaires de l'église saint-Sauveur du Faou (29).

https://www.lavieb-aile.com/article-eglise-de-gouesnou-inscriptions-et-armoiries-117905766.html

 

 

 

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le buste féminin du sommet du fronton. Kersanton, Roland Doré, vers 1624 .

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"Au milieu et aux deux extrémités, au-dessus de la clef et des deux chapiteaux, sont trois bustes en cariatides, une femme et deux hommes ; ceux-ci coiffés d'une toque, celle-là, la tête nue, avec un collier de perles soutenant un médaillon. Dans le fronton qui couronne la corniche est un autre buste de femme ou de sirène. En dehors du fronton on voit deux têtes de chérubins." (Abgrall).

"

Plus haut, règne le second entablement et le second fronton, dont les rampants aigus sont décorés de volutes ajourées remplaçant les crossettes de la période gothique. Au milieu de ce fronton, une niche formée de colonnettes ioniques abrite la statue de saint Miliau. Le saint Patron de l'église est assis, la couronne ducale en tête, la cordelière passée au cou. Il est vêtu du manteau ducal et tient de la main droite l'épée et de la gauche le sceptre. Le clocheton qui couronne l'ensemble du porche est encore plus beau et plus important que ceux des contreforts d'angle."

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le buste masculin de l'architrave. Kersanton, Maître de Plougastel, vers 1617.

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Comparez avec le buste sculpté par le Maître de Plougastel sur le fronton du porche intérieur.

Fronton du porche intérieur deGuimiliau. Photo lavieb-aile.

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Celui-ci porte sur le gilet boutonné un manteau plus riche que la veste de son collègue de l'intérieur, avec ses pans rabattus et ses manches plissées : c'est le portrait d'un marchand de toile, un de ces riches juloded qui sont les fabriciens de la paroisse. Mais à la différence du porche de Saint-Thégonnec, ces commanditaires élus pour un an à la tête de la gestion de la paroisse n'ont inscrit nul part leur nom.

On remarque sa longue chevelure et son bonnet large et plat.

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le buste féminin de l'architrave. Kersanton, Maître de Plougastel, vers 1617.

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Elle pourrait se comparer également, pour son costume,  à son homologue du porche intérieur. Mais celle-ci n'a pas le visage austère, le nez et le menton trop fort et le hiératisme de celle-là. Son collier rappelle celui des cariatides de l'atelier de Kerjean.

 

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Buste féminin (Maître de Plougastel, 1606) porche intérieur de Guimiliau.

 

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le buste masculin du coté droit de l'architrave. Kersanton, Maître de Plougastel, vers 1617.

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C'est sans doute ici le portrait du deuxième fabricien de l'année où les travaux ont été commandités. Il a la même chevelure à mèches crantées que son collègue, la même élégance pour le choix de son manteau, mais diffère par son chapeau, ceint d'une sorte de turban.

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Un ange à coté de l'architrave. Kersanton.

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Deux têtes d'anges, identiques, encadrent l'architrave. Ne seraient-ils pas l'œuvre de Roland Doré, vers 1624, puisque nous retrouvons les pupilles creuses, et le sourire aux commissures accentuées qui le caractérise ?

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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L'agrafe feuillagée du sommet de l'arcature. Kersanton, Maître de Plougastel, vers 1617.

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Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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LE SECOND FRONTON ET LA STATUE DE SAINT MILIAU (kersanton,1624 ?) .

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Dans sa niche à colonnes cannelées ioniques, la statue porte sur son socle une inscription dont je ne déchiffre que le début : S : MILIO : & POL...

Le saint patron de la paroisse fut prince de Cornouailles et roi de Cornouailles et d'Armorique en 510 avant d'être décapité. On le voit ici couronné, portant le sceptre et l'épée, ceint de deux chaines (qu'on présume d'or), mais il est vêtu, comme un prince de la Renaissance, d'une tunique courte serrée par une ceinture, de chausses et chaussures, d'une cape, et d'une fraise de style Henri IV. Il ne lui manque que la barbe pour être parfaitement contemporain du sculpteur qui l'a taillé. On appréciera la différence avec le saint Miliau du retable éponyme, en l'église de Lampaul-Guimiliau, qui porte certes couronne, épée, sceptre et chaine d'or, mais n'a pas ces détails vestimentaires.

Elle n'a pas été attribuée, notamment pas à Roland Doré; Elle est entourée de deux têtes d'anges, similaires à ceux de l'étage inférieure, et qui me semblent sortir, eux, de l'atelier de Roland Doré.

 

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Fronton supérieur  du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Fronton supérieur du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Fronton supérieur  du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Fronton supérieur du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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LES CONTREFORTS.

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"Dans les contreforts d'angle, le soubassement est composé de panneaux encadrés de solides moulures sculptées dans le granit ; plus haut, immédiatement, viennent des sculptures en Kersanton. Les profils ont conservé toute la netteté, toute la finesse des premiers jours ; ils ont la pureté des plus belles moulures des temples grecs. D'abord, on voit une petite frise formée de cartouches alternant avec des têtes variées et la plupart grimaçantes. Dans deux des panneaux, de petits amours portent des cartouches ; à côté, est un petit personnage portant toque et grande braie. Les niches qui couvrent les côtés des contreforts sont formées de colonnettes supportant des dais en forme de lanternons. Elles abritent : 1° Un saint moine tenant un livre ; 2° Un saint évêque en chape, avec mitre et crosse ; 3° Un saint pape bénissant ; 4° Un saint Sébastien. Au bout de ces contreforts, un solide entablement supporte de beaux clochetons carrés, terminés par une coupole et une petite lanterne ronde." (J.M. Abgrall)

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Le contrefort de droite. Face extérieure. Saint Sébastien. Kersanton.

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Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contrefort du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le contrefort de droite. Face intérieure. Un saint pape. Kersanton, Roland Doré, vers 1624.

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Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le contrefort de gauche. Face intérieure. Saint évêque. Kersanton, Roland Doré, vers 1624.

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Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Le contrefort de gauche. Face extérieure. Saint moine cordelier. Kersanton, Roland Doré, vers 1624.

 

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Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Contreforts du porche sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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LA PORTE SUD. LE BLASON DES GUENGAT.

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" Passé le porche, on voit se développer le mur du bas-côté Sud. Il est divisé en trois travées, séparées par des contreforts armés de bandeaux, de niches avec pilastres et dais, et surmontés de clochetons. Chacune de ces travées est percée d'une longue fenêtre à trois baies que surmonte un pignon terminé aussi par un clocheton.

Au bas du rampant du premier gable, tout contre le porche, est une pierre portant la date de 1642.

Dans cette même travée, près du contrefort, est percée une porte à plein-cintre, accostée de deux pilastres ioniques, et couronnée par un entablement et un fronton.

Au tympan de ce fronton est un blason portant trois mains bénissantes, 2 et 1, armes de Kerbalanec, le tout surmonté d'une couronne et entouré de la décoration de la Toison d'Or ou de l'Ordre de Saint-Michel. De l'autre côté du premier contrefort, on remarque une tourelle ronde noyée dans la muraille : c'est une cage d'escalier montant à une tribune intérieure, maintenant détruite ; c'était la tribune des seigneurs de Kerbalanec." (J.M. Abgrall)

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Cette porte est murée ; le blason en kersanton est bien conservé. On y voit le collier de l'Ordre de Saint-Michel dont on reconnaît les coquilles, et une couronne à trois fleurons. Les meubles sont-ils vraiment des "mains bénissantes", dont les deux derniers doigts sont repliés ? Je les décrit plutôt comme des mains apaumées, et je les attribue (avec Pol de Courcy et Louis Le Guennec) aux seigneurs de Guengat (d'azur à trois mains apaumées d'argent en pal), qui devinrent sieurs de Kerbalanec.

"La commune ne contient aucune chapelle. Les terres nobles étaient Kerbalanec, Penhoat-Huon et Coëtquelfen. Kerbalanec appartenait en 1636 à Gabriel Le Maucazre, capitaine de la paroisse de Guimiliau, et plus tard à la famille de Guengat, dont on voit les armes, trois mains appaumées, entourées du collier de l'Ordre de Saint-Michel, au-dessus d'une porte de l'église." (Le Guennec)

"Les voussures du porche renferment plusieurs scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament délicatement sculptées en kersanton. Sur une porte latérale condamnée, on voit les armes de la famille de Guengat, fondue en 1636 dans celle de Kergorlay, et sur une pierre tombale , un écusson en losange, mi-partie de Cornouaille et de Kergorlay, armes répétées à l'extérieur de l'église, ainsi que sur le baptistère élevé en 1675 , « du temps de vénérable et discret messire H . Guillerm , recteur. » La cuve baptismale est entourée de colonnes torses enlacées par des vignes chargées de raisins, et par une variété charmante de fleurs , de fruits et même d'insectes. Ces colonnes supportent un baldaquin ayant pour amortissement un Dauphin , au -dessus duquel deux Renommées, embouchant la trompette, élèvent une couronne royale. De petits drapeaux, aux armes des donateurs, flottent au -dessous des trompettes, et l'on y reconnait , comme nous l'avons dit, les armes d'un sieur de Cornouaille et d 'une demoiselle de Kergorlay, sa compagne, possesseurs , au xviie siècle , de la seigneurie de Kerbalanec , dans la paroisse de Guimiliau." (Pol de Courcy)

Les armes de Kerbalanec étaient d'or à un arbre de sinople, sommé d'une pie au naturel.

Celles de Le Maucazre, d'or à trois roses de gueules alias à trois tourteaux de gueules.

Celles de Kergolay étaient un vairé d'or et de gueules.

Pour aller plus loin, il faut considérer que le titre de sieur de Guengat  appartient, au XVIIe siècle,  à la famille de Kergolay. ( Vincent de Kergolay (1669), Jacques-Claude, puis Gabriel-Claude et René-François).

Les Kergolay possédaient au XVIe siècle le manoir de Kervern à Guimiliau.

Il reste à comprendre la présence d'une couronne.

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 Porte sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Porte sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

 Porte sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Porte sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Armes de Guengat. Porte sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Armes de Guengat. Porte sud de l'église de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Notice sur Guimiliau, BDHA

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf

ABGRALL (Jean-Marie) 1924,  L'église de Guimiliau, porche, calvaire, ossuaire,  (Brest 1906, Morlaix, 1924 et 1935)

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/4c94b42ee1cf842a818f30319dac78c2.pdf

 

DEBIDOUR (Victor-Henry), 1953, La sculpture bretonne: étude d'iconographie religieuse populaire, Plihon, 1953 - 245 pages, page 208.

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau,  Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf

— LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268

—  LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. 

—  NANTEUIL (Alfred DE LA BARRE DE ), 1914,   Guimiliau (S.F.A. - C.A. 1914) Non consulté.

— POTIER DE COURCY (Pol), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo: itinéraire historique et descriptif; L. Hachette et Cie, page 283

https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=guengat+kergorlay+guimiliau&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

PRIGENT (Christiane) 1986, Guimiliau (Châteaulin, 1986). Non consulté.

ROYER (E.) 1979 : Guimiliau (Rennes, 1979) . Non consulté.

TUGORES (M.M.) 1979 : Eglise Saint-Miliau, la tribune des orgues (B.S.A.F. 1979) Non consulté.

WAQUET (H.), 1952, Guimiliau (Châteaulin, 1952) - Guimiliau (Châteaulin, 1977) - Non consulté.

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Roland Doré Kersanton Chapelles bretonnes.
1 février 2021 1 01 /02 /février /2021 15:05

 

 

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.

 

 

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Sur Guimiliau :
 


 

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PRÉSENTATION.

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Sous les niches des douze apôtres, les parois latérales de l'intérieur du porche sud de Guimiliau sont ordonnées par 2 x 7  pilastres cannelés. Ceux-ci supportent chacun, par leur chapiteau ionique, un masque de lion (sauf dans deux cas), et ces têtes de lions séparent des panneaux sculptés de motifs soit géométriques et ornementaux, soit figuratifs. Nous avons donc à décrire 12 masques de lions (dont certains valent vraiment le coup d'œil) et quatorze panneaux, dont trois ou quatre figuratifs et un portant la date de 1606. Le tout est en kersanton avec traces de polychromie ocre-rouge, et est attribué par E. Le Seac'h au Valet (ou second) du Maître de Plougastel

En outre, parce qu'Ils sont attribués au même sculpteur. et parce qu'ils prolongent, autour des deux portes d'entrée, cette frise, j'ajouterai deux sommets de colonnes figuratifs qui méritent, là encore, le détour.

Néanmoins, E. Le Seac'h écrit : "Je propose la date de 1624 comme date de reprise en main du chantier de Guimiliau par Roland Doré qui retaille à l'intérieur un lion de la frise en un masque aux rondeurs enfantines et au sourire ingénu, gallinacé, coq plutôt que paon, et à l'extérieur dans l'angle supérieur du fronton triangulaire le buste souriant de jeune fille tandis que les trois masques sont du Maître de Plougastel."

Voir en bibliographie la description de J.M. Abgrall.  Il a cru reconnaître dans les masques "la personnification des différents vices : orgueil, jalousie, avarice, colère, moquerie, vanité ou coquetterie accompagnée d'un paon." Je ne parviens pas à le suivre sur ce point.

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Allons-y! Plongeons dans ce qui s'apparente, par cette alliance d'ocre et de gris, à la découverte d'une grotte magdalénienne et ses peintures rupestres.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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I. DESCRIPTION DE LA FRISE (UN MASQUE, UN PANNEAU, ETC.).

 

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Je débute la description et le décompte par l'angle nord-est (sous l'apôtre Pierre pour ceux qui n'ont pas de boussole ; saint Pierre ,c'est celui qui porte une clef : et on lit A : GO sur son socle).

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Débutons par une réflexion. À quoi reconnaissons-nous tous sur ce masque et sur les suivants un lion, alors qu'il ne s'agit pas d'une représentation d'un individu zoologique, mais d'un "type" iconographique , et que plusieurs masques  vont varier par des hybridations et dénaturations artistiques ? Pour différencier un lion d'un dragon sur les sablières, les crossettes et autres supports des sculptures de notre patrimoine, je me repère sur le présence d'une crinière, et d'une queue dotée d'un fouet. Mais pour un masque ? 

Si on se réfère au "faciès léonin" (toujours cité, jamais décrit) de la lèpre et de ses déformations infiltrant les parties molles en les tuméfiant, la caractéristique repose sur une allure forte et carrée et des traits vultueux. Ces gonflements sont parfois soulignés  au niveau des rides du front,  ou au niveau des sourcils, parfois sous les yeux, parfois aux joues, et lorsqu'ils accentuent le nez, ils le retroussent et exposent largement les narines.

Une autre caractéristique, très évocatrice mais inconstante, réside en deux lèvres supérieures sculptées comme deux boules. La ligne qui les sépare forme avec les narines une ligne en Y, de couleur noire. 

Sur l'animal au naturel, ces lèvres hypertrophiées sont retroussées (et donc mises en évidence) chez le mâle  lors du "flehmen", cette attitude leur permettant, en inspirant de l'air par la bouche, de vérifier l'émission de phéromones indiquant la fécondité des femelles. Le lion ouvre alors largement la gueule, accentuant tous les plis de la face, retroussant les narines qui sont béantes et faisant apparaître ses deux paires de canines. C'est dans cette attitude spectaculaire que les lions de cette frise sont le plus souvent représentés.

Ces lèvres portent les vibrisses "mystaciales" ; mais sur nos sculptures, l'artiste n'a pas représenté  les petits trous de leur implantation,  et il a fait partir la moustache (lorsqu'elle est présente) de part et d'autre des narines. Et c'est un procédé qui se retrouvent dans les sculptures de cet atelier pour leurs masques humains ou les statues des apôtres.

Un détail souvent présent (mais souvent utilisé pour les hybridations imaginaires), c'est la toison du haut de la tête, frisée comme celle d'un mouton.

Enfin, notons les oreilles, qui sont petites et rondes, ou parfois en feuille de laurier.

La crinière est absente, mais elle est peut-être stylisée en rappel, dans le masque n°1, sous la forme d'un éventail de mèches.

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Signification ou valeur.

Les lions sont une figure majeure de l'art antique et sont souvent placés à l'entrée des temples où ils exercent une fonction de protection. Cela pourrait être le cas ici, dans ce vestibule précédant les deux portes.

Ils peuvent, au Moyen-Âge, être une figure christique. Rien ne valide ici cette hypothèse.

Dans les églises et chapelles bretonnes du XV et XVIe siècle, on les voit à la jonction du toit et des murs, sur les crossettes (à l'extérieur) ou sur les sablières (à l'intérieur), très souvent associés aux dragons, formant une ceinture de protection, et de délimitation de l'espace sacré. Dans un bon nombre de cas, ils tiennent entre leurs pattes un os, ou un petit être humain. Nous verrons que c'est ici le cas, pour deux des 12 masques, qui acquiert alors une fonction psychopompe ou du moins d'avertissement d'un danger d'engloutissement, donc de trépas.

On remarque qu'aucun de ces masques ne cherche à provoquer l'effroi.

Nous pourrions considérer cet animal (avec le dragon) comme le porte-emblème de la Gueule, de l'Oral et de la Dévoration. Cette expression de puissance est d'une ambiguïté ou bipolarité indissociable entre la protection et la menace.

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Masque de lion n°1.

 Ce lion n°1 écarte les coins de la bouche et montre ses dents, qu'il garde néanmoins serrées.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le panneau n°1 est un entrelacs à brin simple.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n°1 (suite) : Baptême du Christ par Jean-Baptiste.

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Cette scène présente quelques singularités difficiles à comprendre, et sa présence elle-même dans ce coin isolé n'est pas banale.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°2.

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Ce lion réunit les caractéristiques notées en présentation, mais se démarque par une tête anthropomorphe à la racine de la toison frontale. Comme un début d'hybridation.

 

 

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n°2. Entrelacs de deux types, ornés d'étoiles et de rosettes.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°3.

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Trois particularités : une frisette du front se transforme en une volute d'architecture (hybridation animal/artefact) ; l'extrémité des vibrisses-moustaches se dilate en petits glands ; et la gueule se dénature en une figure géométrique (nouvelle hybridation animal/artefact).

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n°3. Entrelacs double-brins ornés de fleurons.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°4.

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Ce masque présente les trois particularités du masque n°3.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n°4. Entrelacs double-brins à fleurons.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°5.

Comme en n°3 et 4, l'extrémité des vibrisses-moustaches se dilate en petits glands. La crinière est visible, car elle revient sur les joues et sous le museau. Les yeux sont tournés vers le haut.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le panneau n°5. Huit fleurons inégaux.

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Ce panneau, qui a été modifié, est indissociable du masque féminin, et du coq qui le côtoie.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le masque n°6.  masque féminin.

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Le visage de femme, à la beauté et au sourire remarquables, n'est pas disposé au centre du chapiteau. Il voisine un coq dont la queue lui frôle la tête. 

Le coq, droit sur ses ergots et au plumage travaillé, rappellerait, selon Christiane Prigent, les combats de coq des enfants des écoles le jeudi gras, dont le vainqueur remporterait le titre de roi pour un an.

On a vu que E. Le Seac'h y a reconnu le style et le charme des visages de Roland Doré et en estime la réalisation vers 1624 en raison de la maîtrise d'exécution.

On retrouve ici le sourire délicieux mais énigmatique des visage féminins de Roland Doré, et sa façon de creuser la commissure des lèves en deux fossettes. Par contre, on ne retrouve pas les pupilles creusées qui sont sa deuxième caractéristique. Ce sculpteur est également l'auteur du buste de femme du sommet du fronton:

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Buste féminin, kersanton, Roland Doré, vers 1624, fronton du porche de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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Visage féminin et coq (kersanton, traces de polychromie ocre, Roland Doré, v.1624) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

Visage féminin et coq (kersanton, traces de polychromie ocre, Roland Doré, v.1624) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n°6. Entrelacs à deux brins de deux types, celui de droite à fleurons.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°7.

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La gueule est géométrique, comme pour le n°3. Les vultuosités forment des boules conjointes.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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LE COTÉ OUEST.

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Le panneau n°7 : saint Yves exorciste et thaumaturge.

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Voir : Le porche de Guimiliau. Saint Yves exorciste et thaumaturge (kersanton, , traces de polychromie, 1606, Valet du Maître de Plougastel).

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°8.

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Il est très intéressant parce qu'il tient entre ses dents le corps allongé d'un homme barbu, bras levés entourant la tête, et vêtu d'une veste aux manches plissées et nombreux boutons. Les jambes sont stylisées mais les chaussures sont présentes.

Le lion prend alors le rôle d'animal emportant les humains vers l'au-delà (psychopompe) ou ne se saisissant que des damnés. C'est soit un rappel de la mort ou memento mori, soit un avertissement incitant les fidèles, tant qu'il est temps, à redresser leur conduite et leur foi.

Le lion est très stylisé, avec des hachures autour des yeux et sur les oreilles ; le nez, fortement retroussé, expose les narines béantes.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, atelier du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n° 8. Création des animaux et création d'Ève à partir de la côte d'Adam.

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Ce panneau souvent remarqué est le seul de cette frise à présenter une scène biblique, décrite dans le Deuxième Livre de la Genèse ; et nous avons toujours intérêt à relire le texte. J'y découvre que la création des animaux (et leur dénomination par Adam) précède immédiatement celle d'Ève :

L'Éternel Dieu dit: Il n'est pas bon que l'homme soit seul; je lui ferai une aide semblable à lui.

19 L'Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les fit venir vers l'homme, pour voir comment il les appellerait, et afin que tout être vivant portât le nom que lui donnerait l'homme.

20 Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui.

21 Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme, qui s'endormit; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place.

22 L'Éternel Dieu forma une femme de la côte qu'il avait prise de l'homme, et il l'amena vers l'homme.

23 Et l'homme dit: Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair! on l'appellera femme, parce qu'elle a été prise de l'homme.

24 C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair.

25 L'homme et sa femme étaient tous deux nus, et ils n'en avaient point honte. Genèse 2 :18-25

L'Eternel est présent à gauche, barbu comme il se doit, vêtu d'une tunique plissée et coiffé d'un début de tiare. Il aide Ève à sortir du flanc gauche d'Adam, lequel dort du sommeil du juste tout en dissimulant ses organes génitaux.

Mais l'autre moitié de la composition montre huit animaux. Les deux poissons et la langouste ou écrevisse (locusta marina et locusta fluvialis des bestiaires) sont en bas, puis viennent une licorne (?), un lion, un éléphant, un cerf, et, tout près d'Ève comme pour annoncer son éveil, le coq.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°9.

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Il grimace dents serrés et gueule géométrique ; la crinière qui cerne le museau est différente de la toison frisée du front.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n° 9 : date de 1606.

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La date s'inscrit dans un cuir découpé à enroulement typique du style bellifontain introduit à Kerjean. Deux masques l'animent, l'un, humain, en haut, et l'autre, léonin, en bas, avec sa gueule géométrique rappelant les masques adjacents.

Après les guerres de la Ligue, qui ont déchirées la Bretagne, et auxquelles la conversion de Henri IV au catholicisme met un terme, le début du XVIIe siècle est une période de paix et donc de prospérité économique pour les marchands de toile du Léon, les Juloded qui financent par leur dons la poursuite de construction des enclos paroissiaux. Le coût du porche est évalué à 5000 livres (L.Élégoët)

La construction du porche, débutée en 1606 sous Henri IV, s'achèvera en 1617, sous Louis XIII.

À cette date de 1606, l'architecture de la Seconde Renaissance, définie par les ouvrages de Philibert Delorme, a diffusé dans le Léon grâce aux Barbier, famille noble qui a fait construire vers 1570 le château de Kerjean. Ce style est repris dans l'église de Lanhouarneau en 1588, de Saint-Thégonnec en 1599, etc. 

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°10.

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Comme le masque n°8, celui-ci tient dans sa gueule un être humain, mais c'est ici une femme. Son costume est moins apparent que dans le cas précédent, car il est dissimulé par les fortes canines du lion, mais il se révèle par la coiffe perlée entourant sa tête. Les jambes et les pieds sont nus.

Le lion lui-même est proche du n°8,  et nous retrouvons les hachures des orbites et des oreilles, ou le nez aux narines béantes.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n° 10. Entrelacs à fleurons.

 

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°11.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n° 10. Entrelacs  à deux brins.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Masque léonin n°12.

Il est si proche du masque n°11 que j'ai dû repérer soigneusement la différence qui les distinguent

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Panneau n° 12 et masque léonin n°13.

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Le lion, au nez retroussé, est le seul qui tire la langue.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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II. LES SCÈNES FIGURATIVES DES PORTES D'ENTRÉE.

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L'arc en plein cintre des portes jumelles de l'entrée reposent sur des colonnes. Le chapiteau des deux colonnes extérieures est séparé du fût  cannelé par une scène figurative. À droite, nous trouvons deux lutteurs sauvages. À gauche,  deux femmes et un lion. .

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Les deux lutteurs sauvages.

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Ce seraient des satyres, si on en croit leurs pieds fourchus et  les deux petites cornes sur le front de l'un d'eux. Ou seulement des lutteurs bretons, barbus, vêtus de pantalon en peau de mouton soutenu par des bretelles croisées. Pour Guy Jaouen, "le bas du corps représente celui du diable" (renvoyant à la diabolisation des jeux par le clergé), et les bretelles s'apparentent aux harnais imposés lors de l'entraînement des hommes d'armes, quand ce n'était pas une ceinture.

L'homme de droite a posé sa main sur l'épaule gauche de son adversaire. Celui-ci a saisi de la main droite l'une des courroies croisées (ou peut-être la main gauche du lutteur opposé)  et a croisé sa jambe (par règle ou pour la crocheter ?).

 

La règle de cette lutte est claire : une main doit être placée dans le dos, comme dans la "lutte française" illustrée sur une gravure d'un manuel de 1443 de Hans Talhoffer, ou un dessin du XVIIeme s. de Thomas Rowlandson « Wrestling at St Columb" en Cornouailles anglaise. (G. Jaouen p.26)

L'importance ethnographique de cette scène est évidente. Je renvoie à la passionnante et érudite étude de Guy Jaouen sur le lutte celtique.

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Thomas Rowlandson (1756 - 1827), A Cornish wrestling match at St Columb

 

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Les deux femmes et le lion.

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Deux femmes et un lion sont étroitement enlacés. Les femmes sont nues (ou portent un pagne minimal).

Je n'ai aucune interprétation à proposer.

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La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet  du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau.   Photographie lavieb-aile 2021.

La frise (kersanton, traces de polychromie ocre, Valet du Maître de Plougastel, 1606) du porche intérieur de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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SOURCES ET LIENS.

 

— ABGRALL (Jean-Marie)

"Dans l'intérieur, ce qui frappe d'abord, ce sont les niches qui contiennent les statues des douze Apôtres. Ces niches sont séparées par des colonnettes ioniques dont les piédestaux sont ornés de cartouches et de têtes diverses. Sur l'un, deux petits personnages luttent de force en tirant sur une corde. Les statues des Apôtres ont la raideur et le caractère hiératique de la sculpture du XVème siècle en Bretagne. Elles rappellent, mais en moins bien, les statues du Folgoët. Les dais, quoique conçus en plein style de la Renaissance, sont agrémentés dans le bas de petites découpures flamboyantes.

 

La corniche qui soutient ces statues est couverte de fines sculptures dans les intervalles qui séparent les modillons. Ces modillons eux-mêmes sont ornés de représentations variées. Sous cette corniche est une frise où l'on remarque des têtes saillantes ayant un caractère étrange. On croit y reconnaître la personnification des différents vices : orgueil, jalousie, avarice, colère, moquerie, vanité ou coquetterie accompagnée d'un paon. Dans la même frise, du côté gauche en entrant, il faut noter deux scènes singulières sculptées en bas-relief : d'abord, un petit personnage presque en ronde-bosse, portant une aumusse et une tunique couvertes d'hermines ; puis, deux personnages à genoux ou estropiés : l'un crie et est surmonté d'une tête cornue et à longues oreilles, la femme prie et porte un chapelet ; ensuite, un estropié n'ayant qu'une jambe, marchant à l'aide de béquilles ; enfin, une sorte de Père-Eternel, les mains levées. La seconde scène représente le Seigneur créant Eve, qui sort du côté d'Adam endormi. Tout autour, se voient les animaux de la création. Dans le panneau suivant, on lit la date de 1606. Enfin, au côté opposé, dans le dernier panneau, près de la porte, se trouve saint Jean baptisant Notre Seigneur. Au fond du porche, deux portes séparées par un trumeau donnent accès dans l'église. Sous les chapiteaux des chambranles, on voit d'un côté deux personnages nus, représentant les pêcheurs retenus captifs par un lion qui figure le démon ; de l'autre, deux hommes sont liés ou semblent lutter ; leurs jambes sont couvertes de poils épais et sont terminés par des sabots fourchus. Les arcs des portes sont divisés par des claveaux saillants et par une clef sculptée. Au trumeau est adossé un joli bénitier porté sur une colonnette cannelée. Au-dessus du bénitier, un ange à genoux tient deux goupillons ; il est surmonté d'un dais orné de pilastres, gaines, cariatides, petites niches, etc...

 

Dans les côtés, deux colonnes à tambours cannelés, bagues sculptées et chapiteaux ioniques, supportent l'entablement, et dans le tympan, une niche, accostée de deux gaines et cariatides, renferme une statue de Notre Seigneur bénissant, revêtu d'une robe longue aux plis raides et serrés presque analogues à ceux des statues romanes de Chartres et d'Angers. Le porche est couvert d'une voûte découpée par de belles nervures, qui forment au milieu un pendentif assez remarquable (M. Abgrall).

— COUFFON (René), 1948, " l'architecture classique au pays de Léon, l'atelier de l'Elorn, l'atelier de Kerjean",  Mémoires de la Société d'Histoire et d’Archéologie de Bretagne. 1948, 28.

https://www.shabretagne.com/document/article/2612/de-l-honneur-et-des-epices.php

COUFFON (René), LE BARS (Alfred),  1988,  Répertoire des églises : paroisse de GUIMILIAU,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf

— JAOUEN (Guy), 2006, Les luttes celtiques de Bretagne et du Cornwall.

https://celticwrestling.files.wordpress.com/2011/07/cornish-wrestling.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— LA BRETÈQUE (François de ), 1984, Image d'un animal : le lion. Sa définition et ses «limites», dans les textes et 1' iconographie (XIe-XIVe siècles) Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public  Année 1984  15  pp. 143-154. Fait partie d'un numéro thématique : Le monde animal et ses représentations au moyen-âge (XIe - XVe siècles).

https://www.persee.fr/doc/shmes_1261-9078_1985_act_15_1_1443

— NIZETTE-GODFROID (Jeanine), 1972, Contribution à l'étude de l'influence du lion néo·hittite sur la constitution du type léonin dans l'art grec orientalisant , L'Antiquité Classique  Année 1972  41-1  pp. 5-48

https://www.persee.fr/doc/antiq_0770-2817_1972_num_41_1_1648

—  PERU (Fanch), 1985, "Les jeux de pardon en Bretagne", Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1985  92-3  pp. 309-326

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1985_num_92_3_3194

 

 —PRIGENT (Christiane) 1986, Guimiliau (Châteaulin, réed. 1992).

CIAP

https://www.ciap-enclos.fr/enclos/guimiliau/

— SPREV

http://www.sprev.org/centre-sprev/guimiliau-enclos-paroissial-saint-miliau/

— Le bel article suivant :

https://en.wikipedia.org/wiki/Guimiliau_Parish_close

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Présentation

  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • jean-yves cordier
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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