En 2014, Emmanuelle Le Seac'h a défini par un Catalogue raisonné la production de l'Atelier ducal du Folgoët de sculpture sur pierre, en distinguant d'abord un Premier atelier (1423-1468) actif à l'église Notre-Dame du Folgoët, sur les porches de la cathédrale de Quimper, à Daoulas, à la chapelle du Penity de Locronan, au porche de La Martyre ou au porche du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon.
Elle attribue à cet atelier la Vierge allaitante de Plougoulm (kersanton, vers 1423-1433).
Cet atelier avait réalisé entre 1433 et 1457 le calvaire de l'église de Rumengol, au Faou. Celui-ci se caractérise notamment par un dais sommital carré gothique avec des arcs en accolade, par les fleurons feuillagés carrés de la croix, par la coiffure en macarons de saint Jean et, au revers, par une Vierge à l'Enfant couronnée par un ange dans un geste de sollicitude.
Ces quatre caractéristiques se retrouvent sur le calvaire du cimetière de Plougoulm, qui n'est pas attribué à l'atelier du Folgoët, mais à des sculpteurs anonymes héritiers de son style. En effet, on retrouve un dais gothique, le geste du couronnement bienveillant de l'ange (qui s'applique cette fois au Christ), la chevelure bien spéciale de Jean, et les fleurons carrés et massifs.
Dés lors, ce calvaire de Plougoulm entre dans un ensemble stylistique des Héritiers du Folgoët, principalement dans le Haut Léon, et il est passionnant de le comparer avec le calvaire du cimetière de Sibiril (kersantite, XVe), du cimetière de Scare (granite, 1400), et du cimetière de Lesneven (kersantite, XVe), avec la croix de Kerilis à Goulven (kersantite, XVe), celle du Pont-ar-Chastel à Plouider, celle de Castel-Huel (kersantite, XVe) à Coat-Meal et, plus au sud, avec avec un petit calvaire de l'enclos de Pleyben (porte des morts kersantite, XVe).
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En excluant les croix, il s'agit donc de l'un des plus anciens calvaires de Basse-Bretagne, avec ceux de :
Quinze calvaires de l'atelier du Maître de Tronoën (granite, 1470) à Guengat, Quéménéven, Châteauneuf-du-Faou, Saint-Hernin-Kerbreudeur , Laz, Saint-Goazec, Collorec, Gourin, Guiscriff, Langonnet, Le Moustoir, Plusquellec et Peumerit-Quintin).
J'ajoute à cette liste proposée par Le Seac'h le calvaire du bourg de Dirinon et ses trois anges adorables.
Au milieu du cimetière entourant l'église de Plougoulm et parmi les tombes, s'élève sur un emmarchement à deux degrés et un socle à griffe, le fût rond d'un calvaire dont le large nœud s'élargit en deux bras obliques portant des statues adossées.
Le calvaire a perdu son orientation dirigeant le crucifix vers l'ouest, et le coté principal fait désormais face à l'entrée de l'église (XXe siècle). Sur cette face, le Christ en Croix est entouré de la Vierge à sa droite et de saint Jean à sa gauche.
Le coté qui accueille le visiteur ayant franchi le portail du cimetière porte, au centre, une Déploration à quatre personnages, la Vierge de Pitié tenant le corps de son Fils est entouré de Marie-Madeleine à sa droite et d'une sainte Femme à sa gauche.
L'ensemble atteint 4,50 m de haut et est en kersanton pour la partie figurée au dessus du fût de granite.
Une date récente est portée sur le socle coté nord.
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Le cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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LA FACE PRINCIPALE.
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Le Christ est remarquable par la hauteur donnée à la tête par rapport au corps. Il est représenté, bouche entrouverte, les yeux clos, portant une couronne d'épines aux épaisses branches entrelacées. Les cheveux sont longs, ondoyant et séparés en mèches qui retombent en boucles sur les épaules. La jambe droite repose sur l'autre jambe.
Un ange de compassion semble surpris en plein vol, les ailes écartées mais les mains déjà posées sur la couronne. On reconnaît les caractères stylistiques de l'atelier du Folgoët, comme l'importance donnée à l'amict (rabat de l'encolure), et surtout la chevelure exubérante, à mèche frontale en crochet, et aux masses latérales de boucles crépues. Le visage de l'ange est très rond, puéril, avec une bouche toute petite et des yeux en amande, amandes très fines et acérées. Sa tunique est de drap épais, plissée sous l'effet d'un cordon.
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Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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La Vierge au calvaire.
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Elle est légèrement tournée vers sa gauche et tient les bras en croix devant la poitrine. Son voile forme trois plis, l'un au dessus du front et les deux autres sur le coté, selon un procédé que reprendra Bastien Prigent au XVIe siècle. Le manteau forme des plis épais mais laisse apparaître sous le pan inférieure la robe, qui à son tour laisse passer l'extrémité des chaussures. Celles-ci sont fines, mais moins pointues que celles, à la poulaine, de la Vierge allaitante du porche.
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Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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Saint Jean au calvaire.
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Il écarte légèrement les bras devant la poitrine pour témoigner de son émotion. La main droite est malhabile, trop large, ce qui donne raison à Le Seac'h : le sculpteur est un bon héritier de l'atelier ducal, dont la composition et la sensibilité sont grandes, mais dont le métier est moins affirmé.
Comme à gauche, le manteau est épais, le bas de la robe fait voir des chaussures pointues.
C'est la chevelure en macarons qui est la plus évocatrice des sculpteurs du Folgoët, et, comme à Rumengol, ou comme pour les anges de l'autel du Folgoët, du porche sud de Quimper et de La Martyre, les boucles forment des petites boules séparées, ressemblant parfois à des cornes ou à des pâtisseries.
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Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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LE REVERS : LA DÉPLORATION À QUATRE PERSONNAGES.
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(Je réserve, comme il faut le faire, les noms de Vierge de Pitié, ou Pietà par emprunt à l'italien, aux groupes réunissant Marie et son Fils sans autre personnage).
Il faut bien remarqué à quel point cette sculpture extrêmement précieuse pour l'histoire de l'art et pour l'élévation de nos âmes par la Beauté est défigurée par l'envahissement des lichens. C'est particulièrement déplaisant lorsque ceux-ci couvrent le visage, le tronc et le bras gauche du Christ, et rendent peu discernable le geste magnifique par lequel l'ange pose avec douceur sa main sur celle, blessée, du Crucifié. Une photo de "Supermat" est publiée sur Wikipedia, elle a été prise en 2011, tout comme d'autres publiées sur le site Monumentum. On y voit des plaques rondes, blanches et plates d'un lichen incrustant, mais en quantité encore limitée, sans aucune trace de ce lichen jaune d'or, certes très décoratif mais se développant en reliefs déstructurant la sculpture.
Voir mon opinion à propos d'un des (très nombreux) calvaires victimes de cette dégradation :
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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Marie-Madeleine.
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Elle pose une main sur le pied du Christ et tient de l'autre main le flacon d'aromates. Marie de Magdala a un lien privilégié avec les pieds du Christ, sur lesquels elle a versé le vase à nard lors du repas chez Simon. Ainsi, dans les Déplorations, elle est toujours située du coté des jambes du Christ. Un autre de ses attributs est sa chevelure libre, non couverte, et ses longues mèches dénouées renvoient à son passé de courtisane, de même que son élégance. Elle porte ici une robe serrée par une ceinture plate, une cape à fermail ( dont l'agrafe est en forme de fleur), et des chaussures fines.
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Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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Marie tenant son Fils.
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Elle se tient vraisemblablement assise, et son genou droit est fléchi et avancé pour soutenir le bassin du Christ. Celui-ci est tourné tête à notre droite, ce qui n'est pas le plus fréquent dans les Vierges de Pitié et les Déplorations. Par contre, la diagonale du corps, le bras intérieur (proche de Marie) allongé parallèle à la cuisse et le bras extérieur tombant à angle droit est un schéma très répandu en Basse-Bretagne. Les jambes sont pliées et les pieds se croisent.
Marie soutient le tronc du Fils par le bras et la main gauche. Ni la posture de la Mère, ni celle du Fils ne sont naturelles, mais cela ne choque pas le regard. De même, les personnages sont raccourcis, avec, notamment pour Marie-Madeleine, des jambes très courtes par rapport à l'étage supérieure. On pourrait même penser qu'elle est agenouillée (elle est plus basse que la Sainte Femme), mais non, les chaussures indiquent le contraire.
La Vierge porte un voile dont les plis sont cassés sur le coté et se rabattent sur le contour. Le visage est rond, gracieux, et n'exprime ni chagrin ni dévastation émotionnelle. La bouche est petite. Les chaussures à bouts fins sont les mêmes que sur la face principale.
Le Christ a des cheveux longs qui retombent sur les épaules. Il porte la couronne d'épines. Les plaies de la Passion sont visibles.
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Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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Une Sainte Femme.
Qu'on y voit Marie Jacobé ou Marie Salomé, elle pose ses mains sur la couronne d'épines à une place le plus souvent réservé à Joseph d'Arimathie.
Sa tête est recouverte d'un voile, qui, comme pour la Vierge au calvaire de la face principale et comme pour Marie, est cadrée par des plis empesés.
Ainsi, nous avons ici réuni les "Trois Marie" selon un thème de dévotion et d'iconographie bien connu. Les trois visages sont sereins.
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Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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L'ange de compassion.
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Au pied du Christ, un ange tient tendrement la main blessée du Christ, tandis qu'il pose sa main gauche sur sa poitrine, dans l'attitude du servant d'autel. Il flotte encore dans les airs, les ailes éployées et la tunique longue emportée par l'élan. Sur cette tunique, l'amict ou encolure est marquée de plis en accordéons, comme l'ange du couronnement du Christ.
Dans son ouvrage, E. Le Seac'h, après avoir décrit le calvaire de Tronoën (vers 1470) et le geste charmant des anges qui y écartent le voile de la Vierge de Pitié, consacre un paragraphe à cette gestuelle de l'ange de douceur de quelques sept pietà sortis du même atelier (à Kerbreudeur et ossuaire de Saint-Hernin, calvaires de Béron et Moustoir à Châteauneuf-du-Faou, Croas-an-Teurec à Saint-Goazec, Collorec, Laz, Saint-Trémeur de Carhaix, Kergloff, Le Moustoir, Plusquellec, Pennanvern à Gourin).
Puis elle décrit "les héritiers de la gestuelle de l'ange", dans cinq piétà du Finistère à Plonévez-du-Faou, Plozévet, Penmarc'h et Névez — toutes en pierre calcaire polychrome—, au Faouët (granite) et à Meslan (granite polychrome).
Ces anges sont déjà présents sur la Grande Pietà Ronde conservée au Louvre et peinte par Jean Malouel au début du XVe siècle.
Ils ne sont pas étrangers aux anges qui couronnent la Vierge sur le calvaire de Rumengol, et qui couronnent la Vierge et présentent le titulus sur le calvaire du bourg de Dirinon, mais il est remarquable qu'à Plougoulm sont associés le geste du couronnement le geste de compassion à l'égard des plaies du Christ.
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— Sur les anges de compassion, et la gestuelle de l'ange, voir :
Calvaire (kersanton, XVe siècle), cimetière de l'église de Plougoulm. Photographie lavieb-aile juin 2021.
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CONCLUSION.
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Par la fraicheur des visages aux traits sereins malgré le drame auquel ils participent, par la qualité du kersanton, très fin et non altéré, et par le charme des deux anges de tendresse, ce calvaire de Plougoulm saura séduire tous les visiteurs qui y feront une halte.
Les passionnés de la sculpture du kersanton lui réserveront une place de choix par son ancienneté et par les nombreuses citations stylistiques au premier grand atelier de sculpture sur pierre en Basse-Bretagne.
La composition de la Déploration avec Marie-Madeleine et une Sainte Femme, mais sans saint Jean, est originale.
La présence au dessus du porche d'une Vierge allaitante également remarquable et issue de cet atelier ducal du Folgoët renforce l'intérêt de ce site artistique.
Il ne reste plus qu'à souhaiter que les autorités de tutelle se préoccupent de le préserver de l'attaque des lichens.
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SOURCES ET LIENS.
— CASTEL (Yves-Pascal) 1980, Atlas des Croix et Calvaires du Finistère. Site de la SAF.
n°1964. Plougoulm, cimetière no 2, g. k. 4,50 m. XVè s. Deux degrés. Socle à griffes, fût rond. Croix, large noeud portant Vierge et Jean adossés à des personnages du groupe de N.-D. de Pitié; au revers, anges, fleurons, Christ. [YPC 1980]
"Les Pietà les plus anciennes associent parfois des anges pour consoler s'il est possible la douleur maternelle Au calvaire de Tronoën, à Saint-Jean-Trolimon, deux acolytes relèvent délicatement les plis latéraux du voile de tête de la Mère de Dieu. De même à Saint-Hernin, et au calvaire du Moustoir à Châteauneuf-du-Faou. Ces trois oeuvres sortent de toute évidence d'un atelier unique qui travaillait le granite, vers le milieu du XVe siècle et que nous nommons l'atelier du Maître de Tronoën (7). A Plougoulm un ange " vient, selon la formule de Debidour, en plein vol horizontal " se saisir de la paume percée du Christ (V.-H. Debidour, " La sculpture bretonne ", Rennes 1953, p. 114.). (Castel)
Pietà à quatre personnages dont saint Jean
En fait ces Pietà à trois personnages sont relativement rares, sans doute à cause de l'équilibrage plastique assez peu satisfaisant qu'elles sont amenées à produire. Pour pallier le déséquilibre, les artistes donnent à la Vierge l'assistance de deux acolytes. Sont évidemment tout trouvés pour accomplir un tel office, Marie-Madeleine, saint Jean ou une autre sainte femme, ce qui constitue deux types de Pietà à quatre personnages que l'on va examiner successivement, selon qu'on y voit un saint Jean ou une sainte femme.
La présence de saint Jean l'apôtre bien-aimé, n'a rien que de très normal en référence au récit évangélique de la Crucifixion : "Voyant ainsi sa mère et près d'elle le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère 'Femme, voici ton fils.' Il dit ensuite au disciple : 'Voici ta mère.' Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui." (Jean, 19, 26-27). Ainsi aux calvaires de Plougoulm (cimetière), du Quinquis à Saint-Urbain, et de la chapelle Saint-Eloi à Ploudaniel. Les deux dernières oeuvres en pierre de kersanton datant du XVe siècle, empreintes d'esprit médiéval, sont très proches l'une de l'autre par la facture. (Castel, Les Pietà)
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de Plougoulm, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
Dans l'enclos, ...un calvaire portant la Vierge et saint Jean sur le croisillon et une petite Descente de croix sous un dais au revers (I.S.).
—— COUFFON (René), 1961, "L'évolution de la statuaire en kersanton" Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc t. LXXXIX, 1961 p. 1-45.
"A Plougoulm , où la tête du Christ est à gauche de Marie , Jean y est remplacé par une Sainte Femme qui s'apprête à ôter à ôter d'un geste délicat la couronne d'épines."
— DEBIDOUR (Victor-Henri), Croix et calvaires de Bretagne, photos de Jos Le Doaré
"Le calvaire gothique se compose de deux gradins carrés supportant le socle dont les arêtes supérieures sont abattues par quatre motifs en acanthe qui déterminent au sommet une section octogonale. La base et le sommet du fût sont carrés, le reste circulaire. A l'avers se trouvent le Christ entre la Vierge et Saint-Jean. Au sommet du croisillon, un ange se penche vers la tête du Christ. Au revers est représentée la Vierge de douleur entre deux saintes femmes. Le corps du Christ est à demi allongé sur les genoux de la Vierge, et soutenu par les trois femmes. Un ange lui tient le poignet gauche. La Pietà est abritée par un dais à pinacles et crochets."
D’un hauteur de 4,50 m, datant du XVè siècle, le calvaire gothique présente une croix portant d’un côté une représentation du Christ entourée de la Vierge Marie et Saint- Jean, avec au sommet du croisillon un ange , de l’autre la Vierge Marie, entourée de femmes, qui tient le corps du Christ dans ses bras, là aussi un ange est présent.
Que signifie « Ménez-Hom » ? Dans le pays, on prononce Ménéhom, parfois Ménéhomb, toujours avec h fortement aspiré. -Corn ou -comb est un terme celtique, qui se trouve en Galles comme en Armorique au début ou à la fin des mots avec l' idée de creux, de vallon. Chez nous, jusqu'à à la fin du XIXe siècle, - kom (ar hom) était l'auge, la pierre creusée, ou munie d'un entourage qui en faisait un creux où l'on pilait l'ajonc. Menez-Hom serait donc « la montagne du creux, de la dépression ». Les documents anciens portent «Notre-Dame de Menez Com », rarement «Come». La mutation de C ou K en H ne s'écrivait pas autrefois; mais on la prononçait. La formule actuelle " Menez-Hom » apparaît pour la première· fois dans une sentence d'ordre du 20 janvier 1708 et dans un «baille à ferme» du 23 juillet 1708. Quant à Saint Côme, il n'a rien à voir avec le nom de Ménez-Hom qui existait bien des siècles avant sa chapelle. (J. Thomas)
" Le mot breton Menez signifie « mont » ou « montagne ». Komm (mutée ici en C'homm) signifie en vieux et moyen breton « vallée », et ressemble au gallois « Cwm » (même définition)." (Wikipedia)
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Données géographiques.
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a) Un croisement routier ?
Le visiteur qui se rend aujourd'hui à Sainte-Marie-du-Ménez-Hom est frappé de voir la route Crozon-Châteaulin D887 traverser ce village en ligne droite (avec des véhicules et poids-lourds roulant rapidement malgré la limitation à 50 km/h) et longer le pignon ouest de la chapelle. Venant de Crozon, il a franchi les vastes landes dénudées couvrant les deux sommets de grès armoricain du Ménez-Hom, le Yed (329 m) et le Yelc'h (298 m) et, juste après la chapelle (193 m) et son parking, il peut continuer vers Châteaulin ou tourner à droite vers Quimper et Douarnenez par la D47.
Il peut alors, et l'examen de la carte ne le démentirait pas, attribuer l'implantation de ce sanctuaire à ce croisement routier situé à 21 km de Crozon, 12 km de Châteaulin et 28 km de Quimper.
Mais il doit alors réaliser que cette départementale rectiligne D887 est fort récente et que le Chemin de Grande Communication n°181 puis CGC n°8 Châteaulin-Camaret n'existait pas sur la carte de Cassini de 1784. Elle ne figure pas non plus sur le cadastre napoléonien de 1810, et elle est postérieure à 1817. Pour se rendre de Crozon à Châteaulin, on empruntait, sous l'Ancien Régime, un trajet qui contournait par le nord le massif difficilement franchissable du Ménez-Hom, et non par le sud comme aujourd'hui ; on descendait vers Le Cosquer, le Moulin du Veyer et on atteignait Dinéault, avant de poursuivre vers Châteaulin, laissant Sainte-Marie-du-Ménez-Hom à 2 km au sud.
C'est en réalité un tout autre axe routier, bien délaissé aujourd'hui, qui doit être considéré, celui qu'emprunte aujourd'hui la D47 et qui reliait Brest et Douarnenez en traversant l'Aulne par un gué ou un passeur au lieu-dit Le Passage. Il suit, pour monter vers Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, le cours du Gavran et ses moulins (notamment Pont-Carvan, le Cosquer, Coz Veil, le Moulin de Lezaff ). C'est cette route qu'empruntaient les pèlerins en route vers Le Folgoët ou les marchands et fermiers attirés par les grandes foires du Ménez-Hom.
On pouvait gagner aussi Sainte-Marie-du-Ménez-Hom à partir de Saint-Nic. Mais dans tous les cas, en 1830, Jean-François signalait : "Là sont les chemins les plus cahoteux, les plus détestables du Finistère : on n'apporte aucun soin à leur entretien, aucun même pour empêcher leur dépradation, leur destruction."
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b) La source du Gavran ?
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On peut, par hypothèse, proposer que si les calvaires de croisement marquent comme des cairns les trajets routiers, leurs haltes et leurs croisées, les emplacements des chapelles ont plus de rapport avec le réseau hydrographique (mais ce réseau se superpose souvent aux chemins) ; et c'est un lieu commun de remarquer que les fontaines et sources ont fait l'objet d'un culte bien avant la pénétration du christianisme en Bretagne.
"La présence d'une fontaine à proximité du carrefour [d'une voie romaine sud-nord — carte dressée par Picquenard et corrigée par Eveillard —avec la route Le Mans-Camaret] est un élément fondamental de cet ensemble ; elle marque une étape et ajoute aux présomptions que l'on peut avoir de l'existence, à cet emplacement ou à proximité, d'un sanctuaire païen christianisé." (Dizerbo)
Nous pouvons penser, sans preuves tangibles, que la présence des fontaines a favorisé l'implantation des ermitages des saints évangélisateurs de la Bretagne au Ve-VIe siècle, et/ou que les points d'eau vénérés à la période gallo-romaine ont été christianisés et ont vu le développement de pèlerinages amenant ensuite la construction de sanctuaires, d'abord en bois, puis en pierre.
À Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, on constate que la fontaine de dévotion, à 300 m au nord de la chapelle, est située sur la source du Gavran, et que le sanctuaire est au centre du chevelu hydrographique qui ruisselle des pentes du Ménez-Hom. La Montagne elle-même est certes un point haut, solaire, mâle, jovien, mais fort aride en son sommet mais c'est aussi un centre nutritif, délivrant sur ses pentes l'eau indispensable aux cultures. Là encore, l'examen d'une carte est éloquente. Et, on l'a vu, la dénomination Hom, C'hom célèbre plutôt le vallon fertile que le sommet.
Enfin, certains auteurs(le recteur Celton cité par Dizerbo) ont fait remarquer que cette chapelle est, de Camaret à Châteaulin, la seule de la région consacrée à la Vierge, et non à un saint patron ; sa statue portant l'Enfant est au centre du retable.
Le groupe sculpté de 126 cm de haut et 48 cm de large occupe la deuxième pile nord. Le saint, dont la tête est couverte de la capuche de son habit, s'appuie sur un bâton (brisé) et pose la main droite sur l'épaule de son guide, le jeune Guiharan. Ce dernier tient le loup apprivoisé par une corde passée au cou. Le costume du guide est remarquable, associant une toque, un pourpoint à 5 boutons ronds et ceinture, des hauts de chausse plissés et des chaussures et chaussettes à revers (houseaux ?).
Selon Dizerbo, "il y a lieu de rapprocher son culte de la protection qu'il assure contre les loups, qui ont persisté ici jusqu'à la fin du XIXe siècle."
Trois foires anciennes se tenaient autour de la chapelle, sur un champ de foire situé à l'est et au sud. Elles se tenaient le 17 juin pour la Saint Hervé, et le 15 août et le 8 septembre en l'honneur de la Vierge, patronne de la chapelle, pour les fêtes de l'Assomption et de la Nativité. Au XVIIe et début du XVIIIe s'institua la foire du 10 août, fête de la Saint-Laurent.
Les saints Hervé et Laurent sont donc représentés par leur statue dans la chapelle.
Selon Jacques Thomas, "cette vénérable statue a été transportée de l'église paroissiale à la chapelle du Ménez-Hom. C'est ici Saint Mahouarn, le patron de Plomodiern."
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Saint Hervé, son guide et son loup, chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINT HERVÉ ET SON GUIDE GUIHARAN, GROUPE SCULPTÉ EXTÉRIEUR. KERSANTON,
Saint Hervé est également présent sur le groupe sculpté (kersanton) de la niche du tympan du portail d'entrée ("arc de triomphe").
L'attitude de l'ermite est comparable à la statue précédente : il tient un bâton et pose la main gauche sur l'épaule de Guiharan. Ses épaules et sa tête sont protégées par un camail à capuche. Il est barbu et ses paupières sont closes.
Guiharan guide son maître par le bras. Il semble franchir un obstacle, le genou gauche forment fléchi. Son pourpoint serré par une ceinture n'est plus boutonnée, mais marquée par des entailles losangiques correspondants aux taillades à la mode sous François Ier et Henri II. Il porte, suspendu au poignet gauche, une bourse ou une gourde. Sous les hauts-de-chausses plissés, les jambes sont couvertes de guêtres au dessus de solides chaussures de marche.
Si nous tenons compte de l'indice de la tunique à crevés, suggérant la mode vestimentaire du règne de Henri II (1547-1559), nous situons ce groupe un peu après la datation du calvaire (1544) et proche des premières datations de la chapelle elle-même (1570). Mais ces crevés se retrouvent encore sous François II, comme le montre le portrait du roi.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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II. SAINTE BARBE TENANT LA TOUR À TROIS FENÊTRES. BOIS POLYCHROME, DÉBUT XVIe SIÈCLE.
Cette statue de 126 cm de haut occupe le deuxième pilier nord, au dessus d'une table d'offrande.
Elle est invoquée partout en Finistère, car elle protégeait de la mort brutale (donc sans confession ni sacrement), et sa statue est fréquente dans la plupart des sanctuaires.
Statue d'applique à revers plat, monolithique, de 111 cm de haut
Le saint est représenté tête nue, vêtu d'une dalmatique, d'un surplis et d'une cotte talaire, tenant le livre de fondation de son monastère, et la crosse ( brisée) tenue à droite comme tout abbé. Il persiste des traces de polychromie, notamment ocre rouge.
La reliure du livre porte des ferrures ou joyaux en quinconce.
Cette représentation est stéréotypée, et on la retrouve par exemple sur le saint Maudez de la chapelle, ou sur la statue de saint Budoc à Trégarvan.
Je propose par simple hypothèse, l'identification de ce saint abbé avec saint Budoc, puisque celui-ci est un compagnon de saint Maudez (identifié par inscription dans le chœur), et que son culte est attesté à l'église éponyme de Trégarvan, proche de Sainte-Marie du Ménez Hom.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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IV. SAINT ÉLOI EN FORGERON. BOIS POLYCHROME, XVIIe SIÈCLE.
Cette statue de 114 cm de haut est adossée à l'angle de la deuxième pile sud de la nef. Le saint est représenté, dans la tradition bretonne, avec les attributs rappelant le miracle qu'il opéra en ferrant le cheval d'un inconnu (en fait, le Christ) en lui coupant la patte, puis en la replaçant. Mais il manque cette patte, qui était vraisemblablement tenue par la main gauche. L'enclume (de forme particulière), le marteau et le fer à cheval sont présents. Le saint porte la coiffure et le tablier propres à son métier. Mais la moustache, ou les guêtres et les chaussures, relèvent du style Louis XIII.
Cette statue atteste de l'importance du culte de ce saint comme protecteur des chevaux.
Sur le mur de la nef, cette statue d'applique en kersantite, monolithique, mesure 140 cm de haut, avec traces de polychromie. Le saint est tête nue, il porte une tonsure en couronne, est vêtu d'une chasuble aux bords perlés et frangés au dessus d'une cotte ou aube formant autour du cou un épais bourrelet. Ses attributs sont le grill de son supplice et le livre témoignant de sa foi.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINT LAURENT, STATUE DU RETABLE (1703-1710).
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SAINT LAURENT SUR UN BAS-RELIEF DU RETABLE (1703-1710).
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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VI. SAINT MAUDEZ EN ABBÉ. KERSANTON POLYCHROME (traces), XVIe SIÈCLE.
Statue d'applique à revers plat de 131 cm de haut. Inscription en lettres gothiques sur la base : MAUDEZ.
Le saint d'origine irlandaise a fondé au Ve siècle le monastère de l'île Maudez, près de Bréhat, avec saint Budoc et saint Tudy ou Tugdual. Il est représenté en abbé, avec sa mitre à fanons, sa crosse (brisée et tenue par l'intermédiaire d'un sudarium), et son livre à reliure dotée de ferrures en quinconce. Il porte le manipule à l'avant-bras gauche. Il est vêtu d'une chape ou chasuble à orfrois, d'un surplis aux bords frangés. La ganse à gland de passementerie de son poignet gauche est peut-être lié à la présence de gants ou chirothèques.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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VII. SAINT MICHEL ? OU ANGE DU PARADIS. BOIS POLYCHROME.
Deuxième pile du bas-coté nord. Statue d'applique de 168 cm de haut.
Les auteurs de la notice de la base Palissy y voient saint Michel et décrivent "un effet de mouvement et une relation bienveillante".
J'y vois plutôt un ange (simple tunique serrée par une ceinture rouge) qu'un archange, armé de l'épée flamboyante, et indiquant d'un geste du bras gauche l'expulsion du Paradis ; mais on ne peut exclure que ce geste soit celui du Jugement dernier.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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VIII. PERSONNAGE ITHYPHALLIQUE : LE VICE DE LUBRICITÉ. GRANITE.
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Ce personnage en buste est vêtu d'un manteau plissé. Ses longs cheveux bouclés, sa calvitie frontale, son nez imposant et ses grosse lèvres au sourire béat attirent l'attention, mais moins que ses deux mains qui caressent un phallus en érection.
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Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Sculptures de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE CORPUS DES INSCRIPTIONS.
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- Sur le calvaire, l'inscription JEHAN LE ALONDER FABRICQVE FEIST CESTE C / ROIX FAIRE L M VCC XLIIII (1544).
Soit "Jehan Le Alonder fabrique a fait faire cette croix en l'an 1544."
C'est la seule inscription de la chapelle en lettres gothiques.
Voir mon analyse de ce patronyme : https://www.lavieb-aile.com/2019/09/le-calvaire-de-la-chapelle-sainte-marie-du-menez-hom-en-plomodiern.html
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LES PREMIÈRES INSCRIPTIONS DE LA CHAPELLE . PIGNON OUEST DE LA "CHAMBRE DES MOINES", 1570 et 1572.
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La plus haute est placée sous un blason. Elles étaient peu apparentes lors de mes visites successives, mais un éclairage plus propice les rend peut-être plus lisibles que sur mes clichés. Quoiqu'il en soit, on les distingue encore, et elles ont été clairement relevées :
H HO MOREAU F EN LAN 1570 ;
H OLIER FA EN LAN 1572 ;
Soit : "Honorable Homme MOREAU fabricien en l'an 1570", et "H. OLIER fabricien en l'an 1572.
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Une première campagne, non fondée sur des chronogrammes est incertaine mais probable, accompagnant ou précédant le calvaire de 1544 dans la première moitié du XVIe siècle. Il en subsisterait le transept et le chœur dont on remarque les remplages de style gothique flamboyant. Il existait peut-être au départ un bas-coté nord, et la chapelle originelle se présenterait alors suivant un plan en croix latine à deux vaisseaux principaux (transept et nef) avec un chœur peu saillant. Le calvaire est daté par inscription de 1544 et est attribué par éléments stylistiques à un atelier de Landerneau (Prigent) : il relève de cette première campagne, et a ensuite bénéficié d'interventions postérieures.
Puis vient la première campagne de construction fondée sur datations, lors du dernier tiers du XVIe siècle (1570-1591). La chapelle est alors agrandie au nord, avec la construction de la « chambre des moines » en 1570 et 1572 (inscription au pignon ouest).
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LE BAS-COTÉ NORD ET LA NEF COTÉ NORD : 1573, 1574 et 1591.
R POLESEC FA LAN 1573
l MAUGUEN FAB LAN 1574
AV MOREAU FAB LAN 1591 .
Les arcades nord de la nef portent les dates de 1574 et 1591, tandis qu'on relève la date de 1573 à l'écoinçon des arcades est du vaisseau central du bas-coté nord.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription du bas-coté nord : 1573.
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POLEZEC
FA : LA[N] : 1573
Soit "POLEZEC fabricien l'an 1573."
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Le patronyme POLEZEC ou POLESEC est attesté par les généalogistes à Saint-Nic, à Plomodiern et Plonévez-du-Porzay.
Mais pour la période citée, (élargie à 1550-1650), le site Geneanet ne fournit aucun individu. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que les données apparaissent à Plomodiern (Jean le Polesec né en 1700, Yves le Polesec né en 1706, Corentin né en 1720, etc. Cette inscription prouve que ce patronyme y est attesté en 1573.
Le calvaire de la chapelle Saint-Jean à Saint-Nic , daté de 1645, porte l'inscription "SEB. POLESEC." La généalogie de Yves Le Floch sur geneanet.org mentionne ainsi Sébastien Polezec, né à Saint-Nic en janvier 1612, marié à Françoise Guern (dont 5 enfants) et décédé le 1er juillet 1676 au Manoir de Brenalen à Saint-Nic, à l’âge de 64 ans.
La charpente de la chapelle Saint-Côme et saint-Damien porte une inscription mentionnant Jacques [IAC] Polesec qui a boisé (posé la charpente ) la chapelle et sculpté les sablières, alors que maître Perfezou était recteur de Saint-Nic. Il est vraisemblable que ce soit le même menuisier-charpentier [I. POLESEC] qui a son nom en 1638 sur l'inscription de la rampe de l'escalier de la chapelle Saint-Côme et Saint-Damien.
Jacques POLEZEC est mentionné dans la généalogie de Louis Brun. Il est né en 1590 et mort le 18 avril 1684 à Saint-Nic, laissant trois enfants, Hervé , Anne et Marguerite.
Il est certain que cette famille était très impliquée au XVI et XVIIe siècle dans l'édification des chapelles de Saint-Nic et Plomodiern.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription de la nef coté nord : 1574.
Lettres capitales aux fûts perlés, sculptées en réserve sur le bloc de granite sur deux lignes séparées par une réglure. Ponctuation par deux-points pour la ligne supérieure, par un point seul au dessous d'une lettre suscrite pour la ligne inférieure.
I : MAVGVEN
FAB LAN 1574
La base Geneanet indique que Plomodiern est l'une des communes les plus référencées pour le patronyme [le] MAUGUEN, qu'on retrouve aussi dans les communes voisines comme Saint-Nic, Dinéault, Ploéven, Quéménéven et Cast. https://www.geneanet.org/genealogie/mauguen/MAUGUEN. Il provient du breton mauu- (moderne mav-) suivi de -gwenn, "blanc".
L'initiale I: peut correspondre à Jean ; mais je ne retrouve pas de Jean Mauguen pour l'année indiquée (ou le créneau 1500-1600).
On connait à Plomodiern Jean Le Mauguen (1695-1730), prêtre, demeurant à Keryel en Plomodiern.
Le nom de M.Mauguen est sculpté sur la fenêtre de la sacristie de Ploéven vers 1680.
Cette inscription date donc la construction de ce mur du coté nord de la nef, entre la nef et le bas-coté nord.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription de la nef coté nord, près du transept.
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AV : MOREAV
FAB : LAN : 1592
(Le dernier chiffre de la date est lu par certains comme un 1).
Ce fabricien se prénomme-t-il Auguste ? Aurélien ?
Le patronyme MOREAU peut adopter diverses graphies. On le retrouve, dans cette chapelle, sur le pignon ouest de la chambre des moines (H[onorable] H[omme] MOREAU F. EN LAN 1570) ainsi que sur le retable du chœur ( Noël MOROS fabricien en 1703) (voir infra).
Sur la galerie du clocher de Trégarvan (commune voisine) peut se lire le nom du fabricien F. MORO 1696.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Inscription non datée du sommet du pignon de la deuxième lucarne coté nord.
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Elle n'est pas datée, mais on peut la rapprocher, sur le plan stylistique, des trois inscriptions précédentes. Elle comporte trois lignes entre réglures :
GVILLA
VMMEDH
HERVE F
Soit "Guillaume d'Hervé Fabricien".
Le patronyme est bien attesté à Plomodiern, mais au plus tôt en 1670 (Alain d'Hervé).
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions du retable 1703-1715.
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Ces trois retables qui se développent sur les 21 mètres du chevet de la chapelle ont pu être rapprochés de ceux de l'église Notre-Dame-de-Rumengol au Faou et de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal, où le retable sud est daté de 1706-1707. On y retrouve notamment les deux portes d'accès à la sacristie du retable de droite (des Apôtres).
Or, le retable et la chaire à prêcher de la chapelle Saint-Sébastien porte le nom du commanditaire, le recteur Yves Coquet, qui avait fait construire en l'église de Pleyben en 1698 l'autel du Rosaire par Jean Le Seven, maître-menuisier du Cloître-Pleyben, et Jean Cevaër, maître-sculpteur de Pleyben. Le même style se reconnaît sur le retable du Rosaire de 'église de Lopérec. Il est tentant d'attribuer à ces deux artisans locaux le retable de Sainte-Marie-du-Ménez-Hom.
J'en donnerai ici un argument supplémentaire.
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Retable central (1703).
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L'inscription se trouve sous la statue de saint Joseph :
NOEL : MOROS : F : 1703.
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C'est un membre de la famille MOREAU déjà signalée dès 1570 et 1592.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Retable de gauche (retable des apôtres et évangélistes), 1715.
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Les inscriptions se trouvent de chaque coté du tabernacle, au dessus des bas-reliefs.
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1°) Au dessus du bas-relief de Marie-Madeleine et le Christ ressuscité (Noli me tangere).
N & D : MRE : OL : BOVRDVLOVS : R
Soit "Noble et discret messire Olivier Bourdulous Recteur.", à rectifier en BOURDOULOUS.
Olivier Bourdoulous (1688-1717 ), est né à Plougastel-Daoulas. Il a été nommé à Plomodiern en 1687, il prit possession tout de suite par le recteur de Cléden-Cap-Sizun et par lui-même le 22 août 1688, en présence de «Messeigneurs de Lanvilliau, Tréanna et de Trémaria, ses fils, des Messeigneurs de Moellien, du Vieux-Châtel et de Tronjoly ses enfants ». En 1696 il déclara ses armes à l'Armorial : «d'or à la couronne d'épines de sinople», Il dirige une Grande mission en 1715. Les registres le mentionnent comme témoin de nombreux mariages et décès à Plomodiern entre 1688 et 1712 .
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Si on compare cette inscription avec celle du médaillon de la chaire à prêcher de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal, dont le texte est "N : & D : MRE : Y COQVET : DOCFEVR & RECTEVR", nous retrouvons le nom du recteur Yves Coquet commanditaire des retables de Pleyben (1698) et Saint-Sébastien (1706-1707), mais aussi le texte exact de l'inscription présentée ici, ainsi que sa forme, avec ses abréviations et l'usage de l'esperluette &. Mieux, la forme assez originale de cette esperluette, —dont on sait que la graphie est très variée — est strictement identique. On peut affirmer que la même main a sculpté les deux inscriptions, et que cette main est celle de Jean Cevaër.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Au dessus du bas-relief de la rencontre du Christ avec les pèlerins d'Emmaüs (les deux bas-reliefs sont consacrés au thème des Apparitions du Christ ressuscité) :
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GUILLAVME NICOLAS : F : 1715.
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Est-ce Guillaume NICOLAS (Plomodiern 1683-Ty Nast, Plomodiern 1725, ménager ? Le témoin de son mariage en 1722 avec Marie d'Hervé est Guillaume d'Hervé (cf. inscription lapidaire supra) ...
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'INSCRIPTION DE L'ARC DE TRIOMPHE : 1739.
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"Un joli arc de triomphe, composé d'une grande porte centrale et de deux petites arcades latérales, forme l'entrée du cimetière. Sur la face ouest, tournée vers la route, on lit la date de 1739. Dans la niche est une statue de la Sainte Vierge. A l'intérieur, une statue de saint Hervé avec Guiharan, mais sans le loup. Au-dessus, cette inscription : HERVE LASTENNET FABRICQUE ... 1739 " (Thomas 1966)
Hervé LASTENNET est né le 26 octobre 1718 à Saint-Nic [Grand-Launay ?] et décédé à Plomodiern, Lescobet, le 22 juillet 1772.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription de 1766.
Elle est inscrite en lettres capitales sous le monogramme christique IHS et se dispose, sculptée en réserve, sur quatre lignes régulées.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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MISSIRE : M : CRAVEC : RECTE[U]R
DE : PLOMODIERN : GUILL : LE
DOARÉ : PRETRE : VICAIRE
C : ROIGNANT : F : 1766.
Soit "Missire M. Cravec recteur de Plomodiern, Guillaume Le Doaré prêtre vicaire, C. Roignant Fabricien."
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Michel CRAVEC a été curé de Pleyben en 1742 puis recteur de Plomodiern de 1744 à 1769. Son nom est inscrit sur le linteau d'une fenêtre de la sacristie de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal en 1742.
Il fit bénir la grande cloche de Saint-Mahouarn en l'église de Plomodiern en 1764.
Guillaume LE DOARÉ est mentionné sur la généalogie d'Alain Gautier sur Geneanet. Il est le fils d'Yves Le Doaré et de Marguerite SALAUN et est né à Plomodiern le 16 mai 1738, et est décédé le 31 juillet 1769, âgé de 38 ans, à Plomodiern. Il demeurait à(ou tenait l'exploitation de) La Forest. Les témoins de son décès étaient ses deux frères, mais aussi le recteur de Cast J. ROSPARS, le recteur de Ploéven Joseph LE GUYADER, ainsi que quatre prêtres, J. LE DHERVÉ, C. RIOU, Jacques LE MARCHADOUR et J. PICLET.
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Le fabricien pourrait être rapproché de Corentin ROIGNANT, Plomodiern 1737-Plomodiern 1797. Son père Jacques était né au village de Kervennec à Plomodiern, mais son grand-père Jacques et son arrière-grand-père Alain étaient nés à Saint-Nic (lieu-dit Nézert). Or, les inscriptions relevées sur la chapelle Saint-Côme et sur l'église de Saint-Nic mentionnent le nom d'Alain Roignant en 1675 avec sa profession de charpentier et son rôle de fabricien :
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions de la deuxième lucarne.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions du clocher (1772-1773).
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"Ce qui d'abord attire le regard, c'est le clocher à dômes superposés, l'un des plus jolis monuments de ce genre qui s'échelonnent pour ainsi dire, le long de la chaîne des Montagnes-Noires. On en voit de remarquables exemplaire à Notre-Dame de Châteaulin, Notre-Dame de Kergoat, a Plogonnec, à Edern (église paroissiale, chapelles de Lannien et du Niver), à l'église paroissiale de Châteauneuf, ainsi que plus loin, à Roudouallec et Gourin. Le clocher s'élève sur l'angle sud-ouest de la chapelle, et la porte formidablement voûtée qui est à sa base. constitue le porche latéral. Au centre, très belle clef de voûte avec feuille d'acanthe. De chaque côté, un pilastre ionique avec chapiteau et entablement, style XVIIe siècle. Au-dessus des chapiteaux la frise présente, d'une part, le chiffre 16, d autre part, le chiffre 63 (1663). Sur le ressaut du milieu de la corniche, au pied de la niche qui la surmonte, on lit: JACQVES- NICOLAs., F. 1670 Immédiatement plus haut, une niche, accostée de deux grandes volutes, abrite une statue de Notre Dame de Pitié, à la figure très expressive, statue montée sur une petite pile en gâtine et cannelée. A 8 mètres de hauteur saillit, sur la face sud; une petite galerie robuste, où l'on aperçoit deux légers édicules en lanternes carrées, correspondant aux contreforts d'angle . Puis à 5 mètres plus haut, une seconde balustrade, portée sur un encorbellement, contourne les quatre côtés et s'orne, aux quatre angles, de canons en pierre servant de gargouilles. Là commence la chambre des cloches. Sur la pierre qui fait linteau, à mi-hauteur des arcades, se détache cette inscription : MISSIRE. MATHIAS JEAN LE QVINQVIS PLASSART. RECTEVR FABRICQVE. 1772 Sur la pile de l'angle sud-ouest de la galerie on lit : GERMAIN. HILLIE. 1773 Une troisième galerie domine les cloches. Elle est surmontée de trois dômes, dont le second forme lanterne octogonal~ et le troisième, de dimension fort réduite, supporte la croix. Le clocher de Sainte-Marie a donc été construit de 1663 à 1773." (Thomas 1966)
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription de la chambre des cloches.
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MISSIRE : MATHIAS
PLASSART : RECTEVR
: JEA : LE QVINQVIS
FABRICQVE :1772.
Soit "Missire Mathias Plassart recteur, Jean Le Quinquis fabricien 1772".
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Messire Mathias Plassart a été curé de Berrien de 1750 à 1774 (sic), et serait né le 23 février 1719 à Berrien.
Jean Le Quinquis peut correspondre à celui cité par les généalogistes comme étant né à Plomodiern le 14 mars 1739 et décédé à Gorre Ribl (Plomodiern) le 18 avril 1796. Il avait épousé le 16 juin 1756 Marie Marzin, d'où 4 enfants. Profession cultivateur, fils d'Alain Quinquis et de Marie Horellou. Son lieu de décès (et probablement sa ferme) de Gorre Ribl se situe à 1400 m au sud de la chapelle.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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L'inscription de la galerie.
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GER
MAIN
HILI.F
1773.
Soit Germain Hily, fabricien en l'an 1773 .
Les généalogistes décrivent Germain HILY, agriculteur, né le 22 avril 1734 à Plomodiern de Alain Hily , et décédé à Plomodiern le 21 octobre 1807. Il épousa le 16 juillet 1754 Anne MARC'HADOUR.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Les inscriptions des cloches (1810 et 1876).
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La chapelle Sainte-Marie possède deux cloches.
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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MARIA VIRGINIA, la cloche de 1810.
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Voici l'inscription que porte la plus ancienne, qui est aussi la plus petite : « J'ai été fondue du temps de Monsieur Gabriel Marc'hadour curé de la paroisse de Plomodiern et de Monsieur Thomas Poquet maire pour servir à la chapelle de Menez Come. Parrain et marraine ont été Monsieur Guillaume Gorec et dame Corentine Seznec qui m'ont nommée Maria Virginia. Monsieur Corentin Boussard marguillier. A Brest en avril l'an 1810. M. Lebeuvriet m'a fait. » (Marraine et marguillier sont de Penfond)." (Thomas 1966)
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Ce que je remarque, c'est l'anse sculptée d'une face d'homme, une caractéristique qui se retrouve sur les cloches fondues par Le Soueff et par Le Beurrier de la Rivière sous l'Ancien Régime. La face visible depuis le sol, et que j'ai photographiée, ne montre pas l'orthographe du fondeur, donnée comme LEBEUVRIET par Thomas et comme LEBEURRIER par Couffon.
Cette signature atteste de la persistance d'une fonderie à Brest dirigée par la famille Le BEURRIER, ce qui justifierait des recherches. Le dossier photographique devrait être complété par des clichés des faces non visibles ici, et par la recherche de marques ou médaillons supplémentaires. Le calvaire visible ici est à fleurons et à spirales.
Les deux frères Le Beurier. Venus de La Colombe, ils sont arrivés vers 1684 et se sont vite mariés, Jacques avec une Bretonne, Jeanne Le Douarain, qu'il laissa veuve en 1686 et qui contracta en 1689 une nouvelle union avec Thomas Le Souef, un fondeur de cloches quimpérois d'origine normande ; Etienne dont la femme, Suzanne Delabaye, appartenait aussi à une famille de poêliers normands, en eut plusieurs enfants, une fille qui épousa un chirurgien, un fils qui entra dans les ordres et Joseph Le Beurier qui, après la disparition de son père en 1719, continua à fondre des cloches jusqu'à sa mort en 1734.
BEURRIER DE LA RIVIÈRE, Jean. Fondeur du Roi à Brest. II fit; avec Jean-François Beurrier de la Rivière, une cloche à Lampaul-Guimiliau en 1715, deux cloches à Milizac en 1718, une cloche à Bodilis en 1719. Il fondit seul, en 1725, deux cloches à Milizac, en 1726, une à Landerneau, et, en 1729, la cloche de Saint-Eloi de Plouarzel, en 1732, un timbre de 27 livres pour Saint-Melaine, en 1742, une cloche pour Plougonvelin.
BEURRIER DE LA RIVIÈRE, Jean-François. Fondeur du Roi à Brest, voir ci-dessus ..
BEURRIER DE LA RIVIÈRE, René. Il fondit à Brest pour Ploumoguer une cloche en 1760 et une autre en 1765.
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Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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MARIE CORENTINE, la cloche de 1876.
"Sur la grande cloche on lit l'inscription suivante : «Je me nomme Marie Corentine. Mon parrain Mr Guillaume Briant et ma marraine Melle Marie Balcon. Bénite par M. Quéré curé archiprêtre de Châteaulin. M. Guill. Deroff recteur de Plomodiern, Celton et Louest vicaires, Balcon maire, Sébastien Colin trésorier, L. Poquet fabricien de Ste Marie de Menez-Hom. Jean fondeur à Quimper 1876. » (Thomas 1966)
L'inscription de trois lignes débute par des manipules tenant une couronne, le passage à la ligne étant indiquée par trois étoiles ou un médaillon.
Le motif est, sur la face visible, un calvaire à spirales.
Voir sur ce fondeur les cloches de l'EHPAD de Châteaulin , de la chapelle Saint-André d'Ergué-Gabéric datant de 1854 ou de Guengat 1872.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Cloches de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LA CLÔTURE ET LES STALLES : 1891-1892 .
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"La balustrade et les stalles du choeur sont dues au sculpteur Toularc'hoat, de Landerneau. Inscriptions : "G. GOURLAN. F. 1891." sur la balustrade, - "1892" et les initiales "J. L. D. - M. A. P." (Jean Le Doaré - Marie Anne Péron, donateurs) sur les stalles." (Couffon)
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Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
Inscriptions de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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LA SECONDE GUERRE MONDIALE.
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Les réseaux de résistance : le réseau Bordeaux Loupiac.
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"Réseau de récupération et d’évasion du B.C.R.A [Mars/Juin - Octobre 1943]
Jean-Claude Camors arrive à Lyon à partir de mars 1943 sur ordre du B.C.R.A, pour créer un réseau de récupération et d’évacuation des aviateurs alliés et d’agents français. Après avoir étudié les possibilités, le réseau opte pour la création d’une filière de passage vers l’Espagne. A la mi-1943, ce réseau s’implante en Bretagne, notamment à Rennes grâce au pharmacien André Heurtier. Camors est appréhendé dans l’été mais arrive à s’évader et rejoindre Lyon au mois d’août. Le réseau grossit et recrute des patriotes pour loger, nourrir, habiller et fournir des faux papiers aux candidats à l’évasion. Des agents de liaison et de convoyage sont également recrutés pendant que le réseau s’implante également dans le nord de la Belgique.
En octobre 1943, on dénombre plus de 80 aviateurs déjà récupérés par le réseau. Ils sont principalement hébergés dans l’Yonne et dans la région parisienne. La filière d’évasion par l’Espagne échoue, on fait alors évacuer les aviateurs par voie maritime, avions ou par la Suisse. Le 11 octobre 1943, Jean-Claude Camors se rend à Rennes pour faire le point avec ses contacts de la région Bretagne-Normandie. Il est abattu le jour même au café de l’Europe par un agent double au service de la Gestapo. Ce dramatique incident provoque la rupture des liens entre le réseau et la Bretagne, notamment pour les agents brestois qui se tournent alors vers le réseau Bourgogne (*) pour la récupération d’aviateurs et le réseau Jade Fitzroy pour tenter d’organiser le rapatriement de leurs protégés anglo-américains. Le reste du réseau subira entre janvier et mars 1944 une vaste traque, provoquant une hécatombe dans ses rangs, notamment auprès de son comité directeur. La liquidation est prononcée en avril 1944, seuls quelques membres restent actifs dans la région parisienne le temps de confier les aviateurs à d’autres réseaux d’évasion." https://www.resistance-brest.net/mot49.html
(*) dans ce réseau : Michèle Agniel, ou Claude Leclercq.
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Le monument de la Libération, Ménez-Hom 2 septembre 1944 FFI-FTPF.
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Monument
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MISCELLANNÉES
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LES CROSSETTES (vers 1570-1573).
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Christ en croix, bois polychrome, XVIIe siècle.
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Vitrail à deux lancettes. Saint Joseph et sainte Anne.
Don de la famille Balcon 1872 et des amis de Guy Vourch 1988
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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Bannière de procession (fin XIXe ou XXe siècle ?). Inscription AVE MARIA et monogramme marial.
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La chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1896-1902, "Livre d'or des églises de Bretagne."
— ABGRALL (Jean-Marie), 1891, "La chapelle Sainte-Marie du Ménez-Hom", Bulletin de la Société archéologique du Finistère.
— CADIOU (Didier), 2013, "Itinéraires sur le Menez-Hom" Avel Gornog n°22 pages 40-53
— CHAURIS (Louis), 2013, "Nature et provenance des pierres dans trois édifices religieux : Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Dinéault et Argol", Avel Gornog n°22 pages 30-36.
— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, "Plomodiern", Nouveau répertoire des églises de chapelles du diocèse de Quimper
Edifice de plan irrégulier par suite d'adjonctions : il comprend une première travée accostée d'une ancienne sacristie au nord et de la tour au sud, - deux travées à bas-côté simple au sud et bas-côté double au nord, - puis deux travées à doubles bas-côtés, un vaste choeur occupant la cinquième et dernière travée. Le chevet plat est peu débordant.
Autres statues anciennes
- en pierre : Pietà (tour) ; - en pierre polychrome : saint Maudez, saint Laurent, groupe de saint Hervé et Guic'haran, saint abbé ;
- en bois polychrome : Christ en croix, XVIIe siècle (C.), Ange de l'Eden, sainte Barbe, XVe siècle, saint Eloi.
La balustrade et les stalles du choeur sont dues au sculpteur Toularc'hoat, de Landerneau. Inscriptions : "G. GOURLAN. F. 1891." sur la balustrade, - "1892" et les initiales "J. L. D. - M. A. P." (Jean Le Doaré - Marie Anne Péron, donateurs) sur les stalles.
Le vitrail de la fenêtre axiale consacré à Sainte Marie du Ménez-Hom et signé "J.-L. NICOLAS père et fils, MORLAIX, 1872" n'existe plus.
Cloche portant l'inscription : "... A BREST. EN. AVRIL. 1810. M. LEBEURRIER. MA. FAIT."
* Arc de triomphe à grand fronton cintré et deux ouvertures secondaires (C.). Il porte l'inscription : "HERVE. LASTENNET. FABRICQVE. 1739 (ou 1759 ?)." Statues de la Vierge et du groupe de saint Hervé.
Sur le placitre, calvaire à trois socles disposés en diagonale (C.). Les croix des larrons sont mutilées. La croix du Christ est à double traverse : sur le croisillon inférieur, statues géminées encadrant une Pietà et, au revers, une Vierge à l'Enfant. Sur le croisillon supérieur, cavaliers, anges au calice et, au revers, Christ attendant le supplice. Au pied de la croix, la Madeleine à genoux. Sur le socle, inscription : "IEHAN. LE. ALONDER. FABRICQVE. /FEIST. CESTE. CROIX. FAIRE. L. MVccXLIIII." Fontaine dans une prairie en contrebas, en ruines
— DIZERBO (A. H.),1987 -1989, La chapelle de Sainte-Marie du Ménez-Hom , Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome CXVI, 1987 (première partie) et tome CXVIII, 1989 (2e partie).
L'église Saint-Laurent de Kairon (Saint-Pair-sur-Mer) : le vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967) et les deux statues en tuffeau (fin XV ou début XVIe), le Trône de grâce et la Vierge de Pitié.
Le toponyme Kairon (noté Quéron au XVIIIe) dériverait de ker- "habitation, village", (E. Le Hérichier, 1881) et signifierait "le petit monastère". Nous retrouvons ce ker- à Carolles, ker-hoel. Pour certains, ce nom de Kairon semble indiquer que c’était là un des asiles des ermites de Scissy et que dès cette époque très reculée un oratoire a du s’élever sur ce lieu consacré. Ces ermites du V et VIe siècle ont leur tombeau dans l'église de Saint-Pair : les saints Pair, Gaud, Aroaste, Scubilion et Senier.
Avant la Révolution, l'abbaye du Mont-Saint-Michel dispose à Kairon d'une maison de convalescence pour les religieux infirmes ou âgés. La chapelle de cette maison s'appelle alors « Notre Dame du Petit Monastère » (Ecclesia N.D. de Parvo Monasterio de Quéron, mss du Mont-Saint-Michel n°14) et sert d'église paroissiale aux populations avoisinantes. En 1802, à la restauration du culte, la chapelle est conservée comme chapelle vicariale de Saint-Pair.
Cet édifice fut déplacé et reconstruit au XIIIème siècle et bientôt un curé fut nommé. C’est en 1662 que le curé de Kairon [la cure ? fut supprimé. Le culte ne sera restauré qu’en 1802 et la paroisse rétablie en 1828.
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La carte de Cassini montre la situation de "Queron" sur les hauteurs nord de la vallée du Thar et de la Mare de Bouillon, et sa proximité du littoral. On y lit au dessus du symbole de l'église la mention Saint-Pair Succursale.
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Le patrimoine mobilier de l'église de Kairon ne semblait d'abord pas avoir fait l'objet d'un recensement ou d'une description disponible en ligne ; l'interrogation des bases Palissy et Pop-culture.gouv, ou de la Liste des Monuments Historiques de la Manche est restée d'abord vaine. La recherche d'une documentation iconographique est peu fructueuse. Le site Wikimanche signale le cadran solaire de 2013, la restauration du coq-girouette, celle d'un Christ en croix du XVIIe, et un vitrail patriotique 1914-1918.
Pourtant, on peut souligner l'intérêt des vitraux du XXe siècle (par Charles Champigneulle entre 1922 (?), 1926 et 1927), mais aussi celui du vitrail de 1967 exécuté en dalle de verre (technique innovante) par Gabriel Loire, et surtout surtout, les très remarquables, très anciennes et très belles statues ( ou groupes sculptés) en pierre calcaire polychrome : ce sont à mes yeux des œuvres majeures.
Avec plus de temps, on noterait la présence d'une bannière (fin XIXe ou XXe siècle) dédiée au patron [depuis quand ?] de l'église, saint Laurent et une statue du saint avec la grille de son supplice. La bannière de l'autre coté montre une Assomption. Les figures peintes sur toile sont cousues sur un velours rouge et entourées de rinceaux brodés au fil d'or, tandis que les lambrequins et la bordure sont enrichies de cannetilles dorées. Inscrite MH 06/08/199
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Finalement, la liste des œuvres classées a été fournie par Ludivine Leteurtois, de l'Office Culturel de Saint-Pair-sur-Mer. Je la remercie. Voici la liste classée en fonction de la date d'inscription :
Statue Christ en croix XVIIIe siècle Œuvre restaurée Inscrite MH le 04/02/1974
Groupe sculpté – « La Pieta » (vierge de pitié) Limite XVe siècle-XVIe siècle ; Bon état ; Inscrite MH le 09/12/1975
Retable XVIIe siècle Œuvre restaurée Inscrite MH le 09/04/1975
Groupe sculpté – « La Trinité » XVIe siècle Etat moyen Inscrit MH le 06/06/1977
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Autel XVIIIe siècle État moyen Répertorié MH le 06/08/1998
Église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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I. LE VITRAIL DE GABRIEL LOIRE (dalle de verre, 1967, 2m²).
Cette baie placée au coté nord du chœur montre un moine (tonsure en couronne) remettant un drap (suaire?) à une femme voilée (peut-être une moniale) agenouillée devant lui et levant les mains pour recevoir ce drap. Il faut aussi remarquer ce qui ressemble, dans le coin inférieur droit, à un panier d'osier.
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Le sujet.
Le sujet de ce vitrail reste à déterminer. Ce moine est nimbé, c'est donc un saint, et il est vêtu d'un manteau rouge comme un prêtre célébrant la messe ; il porte une étole. On ne voit ni crosse ni mitre permettant d'évoquer un évêque ou un abbé.
La forme du drap blanc n'est guère compatible avec l'idée que le saint porte un défunt. Il pourrait s'agir de la remise de l'habit monastique. Une hypothèse séduisante, proposée par Christiane Paurd, propose de voir ici saint Vital remettant l'habit à sa sœur Adeline. Saint Vital (1050-1122) fut ermite au Neufbourg avant de fonder en 1105 le monastère de la Sainte Trinité au Neufbourg avec sa parente Adeline. Vers 1110, il fonde le monastère de Savigny selon la règle de Saint Benoit et à proximité, au lieu de "La Prise aux Nonnes", il pose les bases d'une communauté de femmes, à l'image des abbayes doubles fondées par Robert d'Arbrissel.
Par ailleurs, la couleur blanche de l'habit est cohérente avec cette notice Nominis sur sainte Adeline (ou Aline):
"Adeline (ou Aline) fut la première abbesse de l'abbaye des "Dames Blanches" à Mortain dans le département de la Manche en Normandie, au diocèse de Coutances.
"Sœur de saint Vital, abbé de Savigny, elle était comme lui attirée par la vie monastique et fonda un groupe de moniales au Neufbourg près de Mortain. Lorsque Vital fit bâtir un couvent à Mortain, la communauté s'y installa en adoptant la règle et l'habit de Cîteaux. On l'appela " abbaye des Dames Blanches " et plus tard " Abbaye Blanche ". Avec Adeline on fête ce jour les autres saints de Savigny, saint Geoffroy, abbé, et saint Guillaume Niobé, religieux." (diocèse de Coutances et Avranches - calendrier diocésain)
À Savigny en Normandie, vers 1125, sainte Adeline, première abbesse du monastère de Mortain, qu'elle avait construit avec l'aide de son frère saint Vital. "
Le fait que saint Vital et sainte Adeline appartiennent au calendrier diocésain du diocèse de Coutances et d'Avranches est évidemment un argument important.
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L'inscription :
DON DES PAROISSIENS ET ESTIVANTS. 1967 . A. DOUCET CURÉ
L'abbé Doucet fut curé de Kairon et était le fils d'un Inspecteur de l'Enregistrement.
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La petite inscription
GABRIEL LOIRE CHARTRES FRANCE 1967.
Gabriel Loire fut élève puis associé (1929) du maître-verrier de Chartres Charles Lorin avant de créer son propre atelier à Chartres en 1946 et de participer à la restauration et la réparation par des créations originales de très nombreux sanctuaires de France (on en dénombre 450) dont les baies avaient été victimes de destructions pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Il utilise la peinture sur verre avec sertissage au plomb, mais il excelle dans la technique dite de la dalle de verre.
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La technique : la dalle de verre sur béton:
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La dalle de verre sur béton est une spécialité des ateliers Loire depuis leur fondation : ces vitraux sont réalisés à partir de dalles de verre de 22 mm d'épaisseur (et jusqu'à 30 ou 40 mm), colorées dans la masse.
Le Maître verrier taille la dalle de verre à la marteline et en éclate la surface pour que la lumière soit diffractée. Après avoir disposé les verres sur la table de coulage et réalisé un coffrage aux dimensions du panneau, il "coule" un mortier de ciment avec armature métallique (ou ensuite de résine époxy) pour les sertir. https://www.ateliers-loire.fr/fr/dalle-de-verre.php
"Mise au point au début des années 30 (Jean Godin, Jules Albertini), les réalisations en Dalles de Verre sont un élément architectural du patrimoine national (religieux et civil) et, néanmoins, un univers peu connu du grand public. Le Métier d’Art associé est une « niche » dans les Métiers d’Art du vitrail. Contemporaine, la Dalle de Verre offre un éventail élargi de visions et de formes où les signatures de peintres, de maîtres verriers et de mosaïstes se sont exercées, dont certaines reconnues sur la scène internationale : Jean Godin [en 1929 dans la verrerie Albertini], Gabriel Loire, Fernand Léger, Henri Guérin, Max Ingrand, Louis Barillet, Jacques Le Chevallier, Joseph Guevel, Jean Lesquibe, Henri Martin Granel, Claude Idoux, Tristan Ruhlmann, Pierre Soulage, Frédérique Duran, et d’autres. Depuis la fin du XXème siècle, une nouvelle dimension artistique contemporaine est en voie de développement grâce à des créateurs de talent dont l’ambition est de redonner ses lettres de noblesse à cette matière et à son Métier d’Art oublié. "
Parmi ces noms, il ne faut pas oublier celui d'Auguste Labouret, qui avait déposé un brevet dès 1933
Cette technique a été reprise par l'atelier monastique d'En-Calcat et de Saint-Benoit-sur-Loire et se retrouve en Bretagne pour les vitraux de l'Île d'Hoedic, ou en Normandie pour ceux de l'Île de Chausey.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vitrail de Gabriel Loire (dalle de verre, 1967), église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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II. LE TRÔNE DE GRÂCE, pierre blanche calcaire (tuffeau ?), larges traces de polychromie, XVIe siècle. Inscrit MH le 06/06/1977
Au fond de la nef coté nord. Hauteur 102 cm, largeur 50 cm. Il manque une aile à la colombe.
(On trouve encore l'appellation de "Trinité"). Comme l'explique correctement l'article Wikipédia, le Trône de grâce est une représentation verticale de la Trinité où Dieu le Père vêtu assis sur une cathèdre tient entre ses bras écartés la croix où son Fils est crucifié, tandis que la colombe de l'Esprit-Saint, issu des lèvres du Père comme son Verbe, pose le bec sur la tête du Fils. En peinture, l'exemple-type en est la fresque (1426-1428) de Masaccio pour Santa Novella de Florence.
Dieu le Père est tête nue (et non coiffée de la tiare), il est vêtu d'un manteau blanc aux pans croisés et d'une robe rouge aux plis resserrés par une fine ceinture. Son visage assez jeune et à la barbe taillée le rapproche de son Fils. Celui-ci, vêtu d'un pagne, a la tête légèrement inclinée ; tous les deux regardent devant eux.
Les couleurs sont le noir, le rouge et le jaune d'or, qui se retrouve aussi en sous-couche.
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Trône de grâce, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Trône de grâce, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Trône de grâce, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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III. LA VIERGE DE PITIÉ,pierre blanche calcaire (tuffeau ?), traces de polychromie, Fin XVe siècle-début XVIe . Inscrit MH 09/12/1975.
Au fond de la nef coté sud. Hauteur 60 cm, largeur 40 cm.
(On trouve encore l'appellation, italienne, de "pietà").
La Vierge est assise et tient son Fils sur ses deux genoux ; la main droite soutient la tête, la main gauche le bassin. Elle regarde devant elle, c'est à dire qu'elle fixe du regard le spectateur ou fidèle. Elle est coiffée d'un voile formant un large auvent carré, mais sa gorge n'est pas couverte par la guimpe traditionnelle. Le nez est fin, la bouche est petite et triste.
Bien que les données de l'Inventaire donnent à cette Vierge de Pitié une date à cheval entre XVe et XVIe siècle, tandis que le Trône de grâce est daté du XVIe siècle, ces deux œuvres forment une unité tant par leur matériau que par le thème représenté, celui du Père tenant son Fils et celui de la Mère tenant son Fils. Néanmoins, nous n'avons pas ici une Trinité souffrante (où le Père porte le corps de son Fils d'une façon très analogue à celle de la Vierge), mais, avec ce trône de grâce, une affirmation plus théologique, et moins centrée sur le chagrin, du Plan du Salut.
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Vierge de pitié, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vierge de pitié, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
Vierge de pitié, calcaire et polychromie, fin XVe, église Saint-Laurent de Kairon. Photographie lavieb-aile 15 mai 2021.
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IV. FRAGMENTS D'UN RETABLE EN BOIS POLYCHROME ET CRUCIFIX DU XVIIe.
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La prédelle de l'ancien tabernacle en bois polychrome et doré (Dimension 106 cm x 64 cm) montre deux saints apôtres (dont celui de gauche dérobé (*)) autour du Christ Sauveur du Monde. Il s'agirait de saint Pierre et de saint Paul. Les personnages sont séparés par des colonnes torves et enserrés chacun dans une niche et entouré d'un décor végétal.
(*)Vers le 15 août 2019, un voleur dérobe une statue en bois datant du 17e siècle incrustée dans le retable restauré quelques année plus tôt.
Le Christ en croix du 17e siècle de 128 cm de haut a été restauré par l'atelier Frédéric Rouchet de Granville. Il provient de la poutre de gloire (ou perque, ou tref en Bretagne). Les deux pieds ensanglantés reposent sur deux têtes d'anges. La main gauche est mutilée.
"Sur une colline , entre la Mare de Bouillon et l'embouchure du Thar, où se trouve le Caillou-du-Thar, rocher d'où saint Pair fit jaillir une eau vive , s'élève l'église de Quéron. C'est une grande chapelle, dont on vient d'allonger la nef, sans : tour ni transept , couronnée seulement d'un campanier. Pla- . cée au milieu d'une bourgade de pêcheurs , elle est sous l'invocation de Notre-Dame, et n'offre que peu d'intérêt pour l'art et l'archéologie. Quéron , jeté entre la mer et le lac de Bouillon , entre de riantes campagnes et les montagnes sévères du Pignon-Butor, est dans un site admirable de grandeur et de variété. L'église est une annexe de celle de Saint-Pair ; mais Quéron forme une commune. Son nom d'Église du-Petit-Monastère semble indiquer que c'était un des asiles des ermites de Sciscy, et dès une époque très - reculée, un oratoire a dû s'élever sur ce lieu consacré. On a vu par les citations précédentes qu'il y avait une église au moins au XIII siècle, puisqu'un manuscrit de ce temps mentionne : « Ecclesia N. D. de Parvo monasterio de Queron . » Nous trouvons une plus ancienne mention de Quéron dans le Cartulaire de la Luzerne : « Unum pratum juxta pratum Geroldi de Cuiron , 11623. » Ce nom de Quéron semble être un nom propre normand, assez commun, Caron, ainsi prononcé à la manière saxonne. Il y avait dans la vicomté de Caen une paroisse de Caron aujourd'hui Cairon ."
— LE HÉRICHER (Édouard), 1881, Etymologie familiales de la topographie de la France... Manche.
— NORMAND (Michel), 2012, La longue et riche histoire du patrimoine immobilier et mobilier à Saint-Pair-sur-Mer, Le Saint-Pairais , Bulletin municipal n°51, mai 2012
Baie n°0 à double lancettes La Crucifixion, 1897, inscrite 08/08/2011. La fiche CACOA indique une date par inscription de 1897 sur cette verrière n°0 à double lancettes, la signature A. VERMONET, Reims, 1897 et la mention ROBERT DE LA VARDE 1897. Cet officier, saint-cyrien, (Cherbourg 4/03/1878, Saint-Pair 19/03/1961) fut conseiller municipal de Saint-Pair et surtout l'un des plus éminents bryologues — spécialistes des Mousses — européens. Il publia en 1925 une Contribution à la flore du département de la Manche . Il était membre de la Société linnéenne de Normandie depuis 1919. Le maître-verrier est André Vermonet-Pommery.
Baies 9 à 12 : verrières décoratives dont une est datée de 1903, à médaillons et rinceaux, bordure de rinceaux de vigne eucharistique. La verrière portant la date de 1903 indique don de Mr le Commandant DETIEUX et Mme DETIEUX 1903]
— BOESPFLUG (François), 2009, , « La Trinité dans l’art breton (xve-xviiie siècle) », Revue des sciences religieuses [En ligne], 83/4 | 2009, mis en ligne le 15 novembre 2013, consulté le 04 octobre 2018. URL : http://journals.openedition.org/rsr/441 ; DOI : 10.4000/rsr.441
— BOESPFLUG (François), La Trinité dans l’art d’Occident (1400-1460). Sept chefs d’oeuvre de la peinture, préface de Roland Recht, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2000, 22006.
— BOESPFLUG (François), « La Trinité dans l’art alsacien (XIIe-XVe siècle). À propos de quelques oeuvres, du Hortus Deliciarum à la tapisserie de Saint-Jean-Saverne », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, XL, 1997, p. 99-123.
— BOESPFLUG (François), ZALUSKA ( Yolanta) , Le dogme trinitaire et l'essor de son iconographie en Occident de l'époque carolingienne au IVe Concile du Latran (1215) Cahiers de Civilisation Médiévale Année 1994 37-147 pp. 181-240.
Au sommet des rampes de l'escalier qui relie le cimetière bas et le cimetière haut de l'église de La Forest-Landerneau ont été placées deux statues en kersantite dans lesquelles se reconnaît au premier coup d'œil l'art et la manière de Roland Doré, dont l'atelier de Landerneau fut actif à Landerneau entre 1608 et 1663. Elles en ont le visage rond, et le fin sourire qualifié de "doréen" pour ce je ne sais quoi de serein et d'ironique qu'on n'oublie pas.
Occupent-t-elles leur emplacement d'origine, ou bien ont-elles été placées ici en ré-emploi, dans un site riche en calvaires fragmentaires ou remaniés ? En tout cas, elles ne sont pas géminées, et ne proviennent donc pas (a priori) des croisillons d'un calvaire.
Elles ne portent aucune inscription, et aucune archive ne permet d'en préciser la datation. Viennent-elles du même site ? Le faciès du kersanton, gris fin dans les deux cas, ne m'a pas semblé identique (plus jaune pour la Catherine), mais je ne suis pas docteur es géologie. Mes photos rapprochées ne témoignent plus de cette différence qui était convaincante à mon regard in situ.
Ce sont les statues d'un saint évêque, à gauche et de sainte Catherine à droite.
Les pupilles de l'évêque sont creusées, selon un trait caractéristique du sculpteur ayant atteint la maturité de son art. Celles de Catherine ne le sont pas. Est-ce un indice fiable ?
Elles ne sont pas inconnues, et E. Le Seac'h qui les signale en donne un cliché page 209 de son ouvrage ; par contre, elles n'ont jamais été décrites spécifiquement.
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Quoiqu'il en soit, ce sont des œuvres magnifiques, qui confirment une fois de plus du talent du grand Roland. Surtout, ne les loupez pas !
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Statues des piles de l'escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Le saint évêque.
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Il porte les attributs épiscopaux, que sont la mitre, la crosse tenue à gauche, et le geste de bénédiction. Aucun attribut ne permet de l'identifier parmi les nombreux saints évêques bretons.
Ses cheveux sont longs et tombent sur les épaules. Son visage est d'un ovale très allongé. Les yeux sont comme deux olives dénoyautées entre les paupières saillantes. Le nez, d'abord fin comme une lame, s'évase en narines presque épatées. Le philtrum est visible. Le sourire doréen, en zig-zag, se reconnaît aux deux fossettes qui creusent les commissures.
La chape, ou manteau, tombe jusqu'au sol, et ses pans sont réunis par un fermail comparable à une sangle, dont le mors est un cabochon prismatique. Il recouvre le surplis au plis fins s'évasant sous le cou comme une petite fraise , et une cotte talaire aux plis plus larges. Le saint, en avançant la jambe droite, fait apparaître en museau de souris la courbe arrondie d'une solide chaussure.
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On peut le comparer aux saints évêques des statues géminées du Passage à Plougastel, de Locmélar d'Irvillac, de Saint-Vendal à Pouldavid-Douarnenez (où un poisson permet d'identifie saint Corentin), de Saint-Nicodème de Ploéven et de la chapelle Seznec de Plogonnec (voir liens supra).
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Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Saint évêque, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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Sainte Catherine d'Alexandrie.
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Roland Doré a représenté cette sainte ici, ainsi que sur le calvaire de Pen ar Feunteun de Guiclan, et sur celui de la chapelle de Sainte-Anne-du Portzic à Plonévez-Porzay.
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Elle porte une couronne à larges fleurons, des cheveux bouclés, et tient ses attributs, l'épée de sa décollation dans la main droite, pointe en haut vers la poitrine, et la roue équipée de lames, mais brisée, dans la main gauche. Elle est vêtue d'un manteau, qui s'entrouvre sur une robe serrée très haut sous la poitrine par une ceinture. Elle est cambrée et projette le ventre vers l'avant, selon la mode dont témoignent les Vierges gothiques.
Son visage est vraiment rond (et non ovale comme celui de l'évêque), mais le sourire caractéristique est bien là, animant une bouche petite entre les parenthèses des sillons naso-géniens.
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Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
Sainte Catherine, (kersanton, Roland Doré, v.1620-1660), escalier du cimetière de La Forest-Landerneau. Photographie lavieb-aile 2021.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1910, "Notice sur La Forest-Landerneau", Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie Quimper, Kerangal.
— CASTEL ( Yves-Pascal), 1985, « Roland Doré, sculpteur du roi en Bretagne et architecte (première moitié du xviie siècle) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, tome 94, pages 97-116.
— COUFFON (René), LE BARS ( Alfred), 1988, Répertoire des églises : paroisse de LA FOREST-LANDERNEAU, Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.
"Près de l'église, calvaire : base rectangulaire à pinacles gothiques, croix des larrons sur le croisillon"
—— COUFFON (René), 1961, "L'évolution de la statuaire en kersanton" Mémoires de la Société d'émulation des Côtes-du-Nord, Saint-Brieuc t. LXXXIX, 1961 p. 1-45.
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.
La statuaire de la chapelle de Lambader en Plouvorn. II, poursuite de l'inventaire. Statues en kersanton (XVIe siècle) et en bois. Les sculptures du porche ouest.
SAINTE MARGUERITE ISSANT DU DRAGON. BÉNITIER. BLASON DES LE BORGNE DE KERUZORET.
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La statue en kersanton se trouvait, selon la description de J.M. Abgrall en 1897 puis en 1904, en haut du trumeau des portes du porche nord.
La sainte sort (on dit qu'elle "isse") du dos du dragon qui a commis l'erreur d'avaler toute entière cette vierge (et future martyre) sans prendre garde qu'elle était armée de sa foi dans le Christ et d'un petit crucifix dont elle se serait servie, dit-on, pour se tailler une sortie.
Ces statues de Marguerite d'Antioche étaient très fréquentes dans les églises et chapelles, en raison de sa vénération dans la protection des femmes enceintes.
Selon une tradition iconographique bien établie, la traîne de la robe de la sainte dépasse de la gueule du monstre, qui n'a pas encore eu le temps de l'avaler que déjà Marguerite effectue sa sortie miraculeuse. C'est mieux visible sur les statues peintes, où la robe rouge tranche avec la gueule noirâtre (voir par exemple sur le jubé de La Roche-Maurice), mais c'est néanmoins observable ici.
Comparer aussi (car cet atelier fut actif à Lambader) avec la statue réalisée par Henri Prigent à Dinéault entre 1527 et 1577.
Les cheveux de la sainte sont retenues par le bandeau occipital qui recouvre l'arrière de la tête avant de passer entre la nuque et les cheveux : on sait que je m'attache à recenser les occurrences de ce "chouchou" pour évaluer sa valeur de marqueur iconographique spatial et temporel ( a priori XVIe et début XVIIe et Basse-Bretagne) qu'on retrouve, parmi tant d'exemples, sur la Vierge de la Nativité et sur la Vierge à l'Enfant du fond de la chapelle de Lambader, ou sur la Marie-Madeleine du calvaire de Croas-Lambader.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Le bénitier en kersanton a été offert en 1876 (Bull. arch. assoc. bret. 1889) par la famille Audren de Kerdrel (qui possédait alors le château de Keruzoret). Amaury de Kerdrel, qui était alors maire de Plouvorn (entre 1880 et 1921) et conseiller général du Finistère, fut, avec M. de Réals, très influent dans la restauration de la chapelle.
Il porte les armes aux trois huchets liés en sautoir de la famille Le Borgne de Keruzoret.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Blason aux armes des Le Borgne de Keruzoret.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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SAINT PATERN EN ÉVÊQUE (kersanton, XVIe siècle).
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Inscription S.PATERNE. Tête brisée rescellée.
Saint Patern ou Paterne est le premier évêque de Vannes au Ve siècle. Il est assimilé au gallois saint Padarn, l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne. On estime que le toponyme Lambader (anciennement Lanbader) pourrait signifier "le monastère de saint Patern".
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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SAINT GOUESNOU (kersanton, XVIe siècle).
Inscription gothique : S.GOUESNOU
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Il s'agit d'un des premiers évêques du Léon (le 8ème selon la tradition), et l'un des premiers compagnons de saint Pol Aurélien, premier évêque.
La majorité des saints évêques bretons n'ont pas d'attributs spécifiques, ce qui donne toute sa valeur à l'inscription nominative. Comparer à la statue du saint à la fontaine Saint-Gouesnou de Gouesnou.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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SAINT ÉVÊQUE (kersanton, XVIe siècle).
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Inscription S.GOUNEIE ?
Abgrall y voyait saint Guénolé.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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SAINT DIVY (kersanton, XVIe siècle).
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Inscription : S:DIVI .
Saint Divy fils de sainte Nonne, a des statues à Dirinon, une à Plomelin, provenant de son église de Bodivit, une à Saint-Yvi, à Saint-David de Ouimperlé, et à Brennilis.
Le visage est particulièrement fin et allongé, avec des cheveux méchés depuis une raie médiane, des yeux ourlés, un nez long aux narines bien ouvertes, une petite bouche faisant la moue au dessus d'un menton pointu. Il tient un phylactère témoignant de ses écrits (Evangile selon saint Jean et Livre de l'Apocalypse) et est accompagné de l'aigle du Tétramorphe, tenant dans son bec le plumier. Il est vêtu d'une robe dont la fente nous est familière tant elle est fréquente sur les saints et les séries d'apôtres des statues de kersanton du Finistère, et cette fente est croisée par la boutonnière du manteau, à l'unique bouton.
L'inscription portée sur le socle, en lettres gothiques porte le nom S : JOHÃNES, avec une ponctuation par deux-points, une hampe fourchue de la H, des lettres stéréotypées proches d'une textura, et un tilde abréviatif du N. Globalement, cette inscription se rapproche de celles des trois saints évêques et de celle de la Vierge à l'Enfant du porche ouest. Alors que la statue de saint Christophe, provenant de Lambader, et datée de 1600, porte une inscription en lettres romaines.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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NOTRE-DAME DE LAMBADER. Bois polychrome, XVIe siècle.
Restaurée en 1998
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Elle porte sur son bras gauche l'Enfant, figuré en Sauveur du Monde, dont il tient le globe dans la main. Mais la Mère et son Fils ne se regardent pas, et Marie a un regard pensif et même déjà un peu triste. Sa posture est légèrement hanchée, sa ceinture dorée est portée très haute sous la poitrine.
Elle porte aussi le bandeau occipital, ou plutôt une variante, car le voile, qui se glisse bien entre la nuque et les cheveux, recouvre largement la tête, ne laissant visible que le haut des cheveux, et retombe sur les épaules et le haut du dos.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Vierge à l'Enfant, bois doré, bas-coté nord de la nef.
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Elle tient également l'Enfant bénissant le globe en Salvator Mundi.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Les évangélistes.
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Saint Marc devant son lutrin. bois polychrome, XVIe siècle ?. Pilier sud devant le jubé.
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Il est figuré en docteur (en théologie) et porte le bonnet rouge à quatre pointes ou "barrette" et le manteau rouge liés à ce titre. Plus exactement, ce serait là la tenue d'un docteur en médecine, (qui serait plus adapté pour saint Luc) mais le lion qui est à ses pieds l'identifie sans ambages.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Saint Matthieu, bois polychrome. XVIe siècle ? Pilier nord devant le jubé.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Sainte Geneviève. bois polychrome.
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Je reprends l'identification donnée par Couffon, mais l'attribut le plus précieux, le cierge, n'est pas représenté.
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Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Les statues de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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LE PORCHE OUEST. NOTRE-DAME DE LANBADER ADORÉE PAR LES PÈLERINS.
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Le clocher de Lambader est très connu, et sa hauteur de près de 58 mètres lui permettrait presque de rivaliser avec celui Notre-Dame-du-Kreisker de Saint-Pol-de-Léon. Il a été classé dès 1840, mais s'est trouvé menacé par la suppression en 1830 d'un arc triomphal qui l'étayait et le reliait à la maison Ar Presbytal, tandis qu'au sud la maison du Gouverneur dont il était mitoyen disparut dès 1825. Une tempête vient l'ébranler le 2 juin 1836, et la flèche et la partie supérieure de la tour durent finalement être démontées de 1837 à 1841. À partir de 1881, il fut reconstruit par l'entreprise Le Naour.
C'est un clocher-porche qui orienté vers l'ouest, et le porche proprement dit est ouvert sur trois cotés par des arcs ogivaux s'appuyant sur deux solides piles à contreforts.
On se base, pour le dater, sur la donation de Jean V en 1432, ce qui reste une hypothèse.
Note : le clocher-porche de Pleyben date de 1588 à 1591, celui de Saint-Thégonnec (sud) a été construit entre 1599 et 1637. Celui de Goulven de 1593 à 1639. Celui de Lampaul-Ploudalmézeau de 1611-1622.
René Couffon (L'architecture classique dans le pays du Léon SHAB 1948 p.52) a dressé la liste des clochers léonards ayant imité le clocher du Kreisker.
Voir aussi ceux de :
-Bodilis (ouest),construit vers 1564-1570 qui, comme celui de Lambader avait sa base ouverte sur ses quatre faces par quatre arcades brisées. https://www.persee.fr/docAsPDF/bulmo_0007-473x_1958_num_116_2_3832.pdf
-Landivisiau,
-Sizun. coté ouest, 54 mètres, 1723 ?
-Saint-Vougay, 1635
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Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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« La porte qui donne entrée dans l'église, sous le clocher, est orné de belles colonnettes, et l'archivolte en plein cintre est composée de moulures et de tores avec dos-de-carpe. Au dessus, un cul-de-lampe portait autrefois une statue de la Sainte- Vierge et aux deux cotés sont sculptés deux groupes de petits personnages agenouillés, six moines et six religieuses, avec l'inscription Interveni pro devoto foemino sexu, et la date de 1598. Ce bas-relief est donc de beaucoup postérieur au clocher et à la chapelle, qui sont du XVe siècle. » (Abgrall 1897)
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C'est pour moi la part la plus intéressante de cet article, du moins sur le plan documentaire, en raison de la forme orthographique de l'inscription centrale (Nostre Damme de Lanbader), en raison de la date portée par une inscription latérale (1598) et par la citation liturgique qu'on y trouve, et par la représentation, peut-être unique en sculpture bretonne, d'une scène de dévotion.
Par contre, la prospection photographique est pénalisée par l'obscurité relative (les rayons du soleil ne s'y glissent que timidement et seulement à leurs heures), et par les grillages de protection placés devant les deux moyen-reliefs.
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La Vierge à l'Enfant.
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Elle est couronnée, et ses pieds reposent — c'est un élément important — sur un croissant de lune comme les Vierges de l'Apocalypse ou de l'Immaculée Conception. Elle avance la main droite (qui présente ou présentait un objet ?) à l'Enfant vêtu d'une tunique et aux cheveux courts. Deux fragments sont manquants, à partir de la main gauche et du pied gauche.
Le pan droit du manteau de Marie fait retour vers le poignet ou le flanc gauche, sans doute fixé par une troussouère (ceinture ou agrafe de robe). Ce mouvement d'étoffe crée une succession de plis en becs.
La robe est à encolure carrée.
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Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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Le socle cylindrique en kersanton (qui est apparemment solidaire de la statue) porte une inscription en lettres gothiques sur deux lignes.
Celle-ci a fait l'objet de tentatives de descriptions :
"A la base du clocher est une porte gothique, surmontée d'une Vierge-Mère en granit, et d'une inscription où on peut lire : N. DAMME : DE : LAMBADER." (H. Pérennès)
"Dans le fond est la porte d'entrée de l'église, couronnée d'une statue de la Vierge en kersanton avec ces mots : NOTRE DAME DE LANBADER »." (Kerdanet 1837)
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La vérité doit être placée entre ces deux propositions. En variant les angles de vue, je parviens à lire ceci :
NOSTRE DAMME DE LANBADER (deux dernières lettres devinées plus que lues)
---OUR NOUS NV ----
On pourrait sans doute la déchiffrer entièrement par estampage en y accédant, ou en disposant d'une source de lumière adaptée.
On peut deviner pour la seconde ligne la demande l'invocation "priez pour nous".
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Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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De chaque coté de la Vierge sont figurés deux groupes sculptés en demi-relief. Nous pouvons en trouver les descriptions suivantes :
"Sur la porte étroite de la chapelle, on a figuré une petite assemblée de moines, et vis-à-vis des religieuses à genoux et les mains jointes, avec cette légende : Intercede pro devoto foemineo sexii »." 'Cyrille Pennec 1825)
"À ses cotés, sont deux encadrements, l'un représentant six moines à genoux, sur trois lignes, et l'autre six religieuses dans la même position. Le dernier encadrement offre le millésime de 1598, et la légende : INTERCEDE P. DEVOTO FEIÕ SEXU »" (Miorcec de Kerdanet 1837)
." A gauche figurent six religieux agenouillés, à droite six religieuses, au-dessous desquelles on voit la date de 1592 et l'inscription: INTERVENI : P [RO] : DEVOTO : FE [M] I [N] EO : SEXY. " (H. Pérennès 1943)
On constate un désaccord sur le relevé de l'inscription et de la date. Mais la bonne lecture est celle de Miorcec de Kerdanet, comme le montrent les clichés qui suivent. La date est placée au dessus des derniers mots de l'inscription.
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1°) Les six dévots.
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Ils sont agenouillés et quatre d'entre eux tiennent devant eux un livre ouvert; Le dernier tient une canne ou une crosse.
Je ne discerne pas comment mes prédécesseurs (qui n'étaient pas gênés par le grillage de protection) ont reconnu ici des moines ; et les cheveux des personnages ne me semblent pas tonsurés.
Existait-il auparavant une inscription symétrique à celle de l'autre groupe, et portant les mots INTERVENI PRO CLERO ?
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Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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2°) Les six dévotes.
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Six femmes sont agenouillées, la tête recouverte d'un voile (ou plutôt d'une coiffe). Trois ont les mains jointes, les trois autres portent un livre ouvert.
Le principal intérêt vient de l'inscription, dont j'ai déjà donné ma leçon : INTERCEDE P. DEVOTO FEIÕ SEXU
qui se transcrit par Intercede pro devoto foemino sexu.
En effet, la simple consultation d'un moteur de recherche identifie ici la fin du cantique dédié à la Vierge :
Virgo perpetua, templum Domini,
sacrarium Spiritus Sancti,
sola sine exemplo placuisti Domino Iesu Christo;
ora pro populo,
interveni pro clero,
intercede pro devoto femineo sexu.
Bienheureuse Marie, mère de Dieu,
vierge éternelle, temple du Seigneur,
sanctuaire de l'Esprit Saint,
toi seule as plu au Seigneur Jésus Christ;
prie pour ton peuple, intercède pour le clergé, interviens pour les femmes dévouées.
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On trouve aussi ce cantique :
Sancta Maria Succurre miseris Juva pusillanimes Refove flebiles Ora pro populo
Interveni pro clero
Intercede pro devoto femineo sexu
Sentiant omnes Tuum juvamen Quicumque celebrant tuam sanctam commemorationem
Sainte Marie Viens au secours des malheureux Aide les timides Console les affligés Prie pour le peuple
Interviens pour le clergé Intercède pour les femmes consacrées
Qu'ils ressentent tous ton aide Ceux et celles qui célèbrent ta sainte mémoire
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"Dans certains textes, ce dernier cantique est attribué à Saint Augustin (354-430). Le texte complet se trouve dans la Patrologie latine de Migne, t.39, col. 2104-07: " Sermo CXCIU " (Sermon 194) , alias " St Augustin, Sermon 18 de Sanctis " : De Annuntiatione Dominica. Il se trouve aussi dans les Œuvres Complètes de St Augustin, Paris 1893, p.318
Les paroles du " Sancta Maria " sont donc attribuées à Saint Augustin, évêque d'Hippone. Cependant une note du Patrologiae Latinae Supplementum (vol.2, Paris 1960, col.854) déclare qu'il s'agit des paroles d'Ambroise Autpert, un Bénédictin mort en 784, ou une compilation sur un texte d'Ambroise ...
Finalement il est impossible de savoir avec certitude qui est l'auteur de ce cantique, ni la date de sa composition.
Le texte du " Sancta Maria ". L'auteur exalte d'abord la Vierge Marie, en qui la malédiction portée sur Eve, pécheresse, s'est changée en bénédiction. Puis il présente Marie, par qui le salut nous est venu, et enfin Marie, Vierge et Mère, acquiesçant à la parole de l'ange par son " Ecce Ancilla Domini ". L'auteur termine par une prière dont la partie principale a été reprise par l'Église romaine, comme antienne à l'office du commun de la Vierge au bréviaire ." http://peresblancs.org/sancta_maria.htm
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Selon d'autres sources, le Sancta Maria, succurre miseris a été écrit par l'évêque Fulbert of Chartres (c.952-1028), et est souvent associé à la fête du 5 août de la Dédicace de la basilique de Sainte-Marie-Majeure.
Le verset Intercede pro devoto femineo sexu se trouve aussi, sous le titre Beata Dei Genetrix Maria dans les antiphonaires de chants grégoriens ou dans les motets mis en musique par Luca Marenzio, Claudio Monteverdi , Cristóbal de Morales, Franciscus Strus , Ivo de Vento , Philippe Verdelot , Tomás Luis de Victoria , ou Samuel Webbe
http://cantus.edu.pl/chant/31346
http://cantus.edu.pl/image/31296
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Au total, cette invocation des six "femmes dévotes" ou "femmes consacrées" s'adresse directement à la Vierge et renvoie à la liturgie de l'office commun de la Vierge. Il reste à interpréter le fait que les pieds de la Vierge sont posés sur le croissant lunaire : est-ce un indice de l'importance croissante de l'attachement au dogme de l'Immaculée-Conception ?
Il faut aussi rappeler, face à ces 12 religieux agenouillés devant Notre-Dame de Lanbader, l'importance des pèlerinages signalée par Cyrille Le Pennec : "Ce lieu est fort consideré par les personnes devotieuses , &, estant limitrophe à plusieurs paroisses de cest Evesché, les pèlerins y arrivent en affluence aux festes de la Vierge, & surtout le lundy de la Pentecoste.".
Je peux penser que les six hommes et six femmes ne soient pas des moines et des religieuses, mais des "personnes devotieuses", venus en pèlerinage.
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Enfin, la date de 1598 fournit le témoignage d'une période d'aménagement de la chapelle, comme aussi la statue de saint Christophe datée de 1600.
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Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
Le porche ouest de la chapelle de Lambader en Plouvorn. Photographie lavieb-aile.
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SOURCES ET LIENS.
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— ABGRALL (Jean-Marie), 1897, Le Livre d'or des églises de Bretagne, Lambader, Berven, Lochrist, Goulven, illustrations de Charles Géniaux, Rennes pages 1-3.
« La porte qui donne entrée dans l'église, sous le clocher, est orné de belles colonnettes, et l'archivolte en plein cintre est composée de moulures et de tores avec dos-de-carpe. Au dessus, un cul-de-lampe portait autrefois une statue de la Sainte- Vierge et aux deux cotés sont sculptés deux groupes de petits personnages agenouillés, six moines et six religieuses, avec l'inscription Interveni pro devoto foemino sexu, et la date de 1598. Ce bas-relief est donc de beaucoup postrérieur au clocher et à la chapelle, qui sont du XVe siècle. »
"On est heureux de retrouver encore dans cette chapelle quelques vieilles statues en pierre représentant la nativité de Notre-Seigneur, l'adoration des bergers et des mages, Notre-Dame de Pitié, saint Goueznou, saint Divy, saint Patern et saint Guénolé."
— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, L'Architecture bretonne, Quimper, de Kerangal éditeur
"Dans la paroisse de Plouvorn, la chapelle de LAMBADER a été entièrement reconstruite avec son clocher, en 1877- 1881,. et malgré cela on peut toujours la considérer comme ancienne, c.ar on a reconstitué aussi fidèlement que possible l'édifice primitif en se servant des anciens matériaux, de sorte que la chapelle, rajeunie et consolidée, possède cependant l'aspect digne et respectable d'un monument des vieux âges. Ce qui est le plus remarqué et le plus vanté à Lambader, c'est le clocher, dont la vanité locale ose presque faire un rival du Creisker. Comme détails particuliers d'architecture il y a à observer la porte sous le clocher, ornée de belles colonnettes, et dont l'archivolte à plein-cintre est composée de moulures et de tores avec dos de carpe; puis le petit porche Nord percé de deux portes ornées de colonnettes et séparées par un léger trumeau, au haut duquel est une Sainte-- Marguerite agenouillée sur son dragon. Au chevet, sous la -grande fenêtre, est une petite sacristie ou chambre du trésor, toute bâtie en pierres de taille, en y comprenant même le toit. A l'intérieur on est agréablement surpris à la vue des belles dimensions et des belles proportions de l'édifice, qui se compose d'une nef et de deux bas-côtés donnant une largeur de 13 m. 90 sur une longueur de 28 mètres, le tout divisé en huit travées."
— COUFFON, (René), LE BARS, Alfred), 1988, "Plouvorn", Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.
"Statues anciennes en bois polychrome : Vierge à l'Enfant dite Notre Dame de Lambader, sainte Geneviève, saint Vincent Ferrier, saint non identifié (Guénolé ?), et les statuettes de la Vierge (dorée) et des quatre Evangélistes.
"Statues en kersanton, dont plusieurs proviennent d'un calvaire monumental détruit : groupe de la Présentation au Temple, Fuite en Egypte, XVIè siècle (C.), Adoration des mages, XVIè siècle (C.), Vierge de l'Annonciation, Notre Dame des Sept Douleurs, Vierge Mère assise sur un trône, les trois Marie au Calvaire, sainte Marguerite, saint Jean l'Ev., saint Divy (S:DIVI), saint évêque (S.GOUYNIE), saint Gouesnou (S.GOUESNOU), saint Patern (S.PATERNE), Ange de l'Annonciation (décapité), Christ de calvaire (mutilé).
— DEBIDOUR (Victor-Henri), 1953, la sculpture bretonne.
— DANIEL (Tanguy), 1996, La chapelle de Lambader en Plouvorn, Comptes rendus, procès-verbaux, mémoires - Association bretonne et union régionaliste bretonne, Congrès de Saint-Pol-de-Léon juin 1996 tome CV p. 50.
— FRÉMINVILLE ((chevalier Christophe-Paulin de La Poix de Fréminville) 1832, Antiquités de la Bretagne: Finistère, Volume 1, Lefournier et Deperiers, 1832 p. 69
"Plusieurs statues ornaient jadis l'église de Lambader, elles ont été renversées et mutilées, leurs débris gisent sur le gazon dans le préau ou cour du monastère. J'en remarquai une qui me frappa par le fini et la précision de son travail, elle représente un chevalier armé de toutes pièces , tenant l'épée nue sur l'épaule ; la forme de son armure indique la fin du quatorzième siècle. On remarque au bas de la cuirasse l'assemblage de pièces de lames transversales qui recouvre le défaut des cuissards et que l'on nommait tasseltes ou braconnière. La tête de cette statue a malheureusement été brisée ( Pour préserver cette statue de mutilations plus considérables, M. le marquis du Dresnay en a fait récemment l'acquisition et l'a fait transporter à Saint-Pol de Léon , où elle est placée dans son jardin. ) : je présume qu'elle représentait quelqu'un des commandeurs de Malte titulaires de la commanderie de Lambader. Ce ne peut être un templier, car, lors de la destruction de l'ordre du temple, les .chevaliers portaient encore le haubert ou armure entièrement en mailles, celle que l'on voit ici est celle de plaque et de lames adoptée au quatorzième siècle."
— LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental tome 1, Morlaix et sa région, page 308. Droits réservés. Ouvrage numérisé avec l'aimable autorisation de la Société des Amis de Louis Le Guennec.
"On vénère à Lambader une belle statue en kersanton de Notre-Dame. Au bas de la chapelle sont de nombreuses statues mutilées, en granit, provenant de l'ancien Calvaire. La maîtresse vitre contenait un brillant vitrail de 1543, qui a été brisé vers 1845 et remplacé, dans sa partie basse, par une maçonnerie, et dans sa partie haute, par un voile rouge. On en voit quelques débris à la chapelle de Keruzoret, ainsi qu'un saint Christophe et un saint Trémeur portant sa tête entre ses mains."
— LE GUENNEC (Louis), 1911, La chapelle de Lambader, Morlaix, Lajat, in-8°, 88 pages. Non consulté.
"La plus ancienne mention de la chapelle se trouve dans un acte de 1333; les documents conservés aux Archives du Finistère, et que M. Le Guennec a savamment commentés, remontent à 1432 : ils lui ont permis d'écrire une histoire complète de cet intéressant monument."
— MIORCEC DE KERDANET (L.), 1837, Les vies des Saints de la Bretagne-Armorique De Albert LE GRAND (Morlaix 1637) ... Avec des notes et observations historiques et critiques par D. L. Miorcec de Kerdanet et revues par M. Graveran. Brest 1837 Page 502
Texte principal (C. Le Pennec Morlaix 1647, liste des églises et chapelles de N.D. basties en l'évesché de Léon) : "Si vous entrez dans Ploumorn (Plouvorn), vous ne pouvez faire beaucoup de chemin , sans remarquer la belle Eglise priorale de N. D. de Lanbader tant pour l'excellence du bastiment, qu'à raison de la grande devotion du peuple qui y aborde de plusieurs endroits. Ceste chappelle est construicte non loin du bourc parrochial , sur la pente d'une colline , prés d'un agreable ruysseau qui fait moudre nombre de moulins, avant de se rendre à l'ocean. Ce lieu est fort consideré par les personnes devotieuses , &, estant limitrophe à plusieurs paroisses de cest Evesché, les pelerins y arrivent en affluence aux festes de la Vierge, & surtout le lundy de la Pentecoste."
Note de Kerdanet : "Cette église est construite dans le style de l'architecture gothique arabe : elle a huit arcades élégantes dans chacun de ses bas-cotés., son clocher est très beau, c'est une tour carrée, ornée d'une balustrade légère et surmontée d'une flèche élevée, de forme prismatique hexagonale, flanquée de quatre clochetons. Cette flèche, toute en pierres de taille, est travaillée à jour, ainsi que les clochetons qui l'accompagnent, dont l'un a été renversé par l'ouragan du 2 février 1836. Le clocher est supporté par des piliers formant trois arcades. Dans le fond est la porte d'entrée de l'église, couronnée d'une statue de la Vierge en kersanton avec ces mots : NOTRE DAME DE LANBADER ». À ses cotés, sont deux encadrements, l'un représentant six moines à genoux, sur trois lignes, et l'autre six religieuses dans la même position. Le dernier encadrement offre le millésime de 1598, et la légende : INTERCEDE P. DEVOTO FEIÕ SEXU » On remarque, de plus, autour de l'église, diverses statues curieuses, telles que celle de saint Christophe, ainsi désignée SXDÕPLE 1600 », et la statue de N.D de Pitié dans l'attitude la plus recueillie et la plus expressive.
Le jubé en bois de Lanbader est aussi fort renommé ; c'est un réseau de sculpture, presque aussi remarquable dans son genre que celui du Folgoët dans le sien : il a 16 pieds ½ de long sur 3 pieds , 9 pouces de large ; ses éventails ont 8 pieds 3 pouces de développement, et sa porte 4 pieds ½ d'ouverture ; son escalier tournant compte 22 marches ; le tout orné de petites statues d'anges, parmi lesquels vient figurer, on ne sait pourquoi, un joueur de biniou (musette)
M. de Fréminville pense que Lanbader était une ancienne commanderie ; il n'en n'est cependant fait aucune mention dans celles du duc Conan IV, de 1160 ; mais on trouvait autrefois, autour de cette chapelle, les propugnacula, turricula et alias munitiones dont parle Pierre Mauclerc dans sa charte aux chevaliers du Temple. V. D. Morice, Pr. t. 1er col.638 et 850. Le gouvernement de Lanbader possédait, en 1790, 900 livres de revenu. »
— PENNEC (Cyrille) 1825, Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët Vatar-Jausions, 1825 - 122 pages
« On trouve en cet endroit plusieurs jolies statues en Kersanton, entre autres celle de S. Christophe, portant la date de 1600. Sur la porte étroite de la chapelle, on a figuré une petite assemblée de moines, et vis-à-vis des religieuses à genoux et les mains jointes, avec cette légende : Intercede pro devoto foemineo sexii ».
— PÉRENNÈS (Henri) 1943 Plouvorn Monographie de la paroisse, Rennes, Imprimerie du Nouvelliste, 1943, 86p., Réédition Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris, 2004, 83p., p. 50-51.
— REALS (Vicomte de, 1890, "La restauration de Lambader", in Bulletin archéologique de l'Association bretonne, 31e congrès tenu à Saint-Pol-de-Léon du 10 au 15 septembre 1888, Troisième série, Vol.8, Saint-Brieuc, Imprimerie-Librairie R. Prud'homme, 1890, 202p., p. 54-58.
"Dans le fond de la chapelle on a recueilli une trentaine de statues en pierres de taille qui doivent être les débris d'un ancien calvaire. Plusieurs de ces statues ont beaucoup d'expression dans la physionomie ; malheureusement presque toutes ont été mutilées pendant la Révolution. Elles ressemblent comme travail aux statues du calvaire de Guimiliau et doivent être de la même époque."
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— L'UNIVERS 27 septembre 1877 Inauguration de la chapelle restaurée sur l'initiative du recteur Hellard. Bénédiction par l'évêque en présence de la comtesse de Kerdrel. Promesse d'indulgence le jour du Pardon le lundi de Pentecôte.
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— DIVERS: ARCHIVE 1442.
Lettres et mandements de Jean V: duc de Bretagne, publiés ..., Volumes 4 à 5
Ordre de laisser les chapelains de Lambader et du Merzer jouir des dons qui leur ont été faits.
Vidimus du 10 oct. 1442 (Ar. Loire-Inf., E 83; anc. Ch. des comptes de Nantes).
A Redon, 1433, 13 mars. « Jehan... A nostre bien amé et feal conseiller Auffroy Guinot, nostre tresorier et receveur general, et aux fermiers de cest present impot par nous ordonné de XX s. par pipe estre levé en l'evesché de Leon, salut. De la partie de noz chappelains et orateurs dom Guillaume Baeleuc et dom Jehan le Saux, presbtres et gouverneurs des chapelles de Nostre Dame de Lanbader et du Merzer, nous a esté presentement exposé que, comme puix nagueres nous eussions donné en aulmosnes et de nostre devocion à lad. chapelle de Lambader, dont led. Guillaume est administrator, pour aider à l'eupvre et edifficacion d'icelle chapelle, la somme de quinze 1., à estre poiée sur et dud. impot, en mandant à vousd. fermiers d'en fere le paiement au desir de noz lettres sur ce données le vile jour de decembre darrein; mesmes à lad. chapelle du Merzer eussions voulu et octroié que tout le vin qui fust vendu en detaill en la maison de lad. chapelle par led. dom Jehan et ses commis, qui en est gouverneur, feust quicte de tout devoir d'impot, tant du temps que avenir, pour estre cellui devoir mis et emploié au bien et augmenttacion d'icelle chapelle, comme peust aparoir par noz lettres sur ce données en ceste nostre ville, dabtées du xuie jour de may, l'an mill mcc trante et un; ce neanmoinz, vousd. fermiers n'avez voulu oboir au contenu de nosd. lettres, ainczois les avez contrariées et contrariés, en disant icelles ne vous valoir pas descharge; par quoy lesd. suplians ne ont peu jouir de nosd. dons et octroitz, en grand retardement et prejudice du bien et augmentacion d'icelles chapelles... Pour ce est il que nous..., en ratiffiant nosd. premieres lettres..., octroions ausd. suplians et gouverneurs que ilz joissent desd. dons et octroiz... Et affin de se imformer du numbre desd. vins qui sont et seront venduz aud. lieu du Merzer..., avons commis nostre bien amé et feal conseiller Hervé le Ny, qui de ce vous baillera relacion... Si vous mandons, etc.
Ainxin signé, Par le duc, de sa main. - Par le duc, de son commandement et en son conseill, ouquel : Vous, l'evesque de Triguer, le president, le seneschal de Rennes, messire Pierres Eder et autres estoint. - J. PIRON. »
Le calvaire (kersanton, v. 1550, atelier Prigent ?) de Croas Lambader à Plougourvest et deux pièces (Vierge de Pitié et Jésus parmi les Docteurs) d'un calvaire monumental (kersanton, v. 1550 ou 1600) de Lambader.
La Collégiale du Folgoët XIII. Le calvaire. La Pietà par l' Atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). Le Christ crucifié par le Maître de Plougastel (1570-1621). Le groupe du cardinal de Coëtivy par l'Atelier du Folgoët (vers 1449).
Le calvaire de Croas Lambader ou du Spernen appartient aujourd'hui à une propriété privée au 1 rue de Lambader sur le bord ouest de cette rue, à 200 m du calvaire de Lambader et de la chapelle.
La propriétaire de la maison m'a très gentiment proposé de pénétrer dans le jardin pour pouvoir observer la face principale portant le Crucifix et tournée vers l'ouest. Qu'elle trouve ici l'expression de ma gratitude pour cet accueil.
Le calvaire est situé aujourd'hui en Plougourvest, mais le cadastre de 1829 le montre à la frontière avec Plouvorn, et du coté de cette commune.
Il est classé monument historique (28 novembre 1910) et fait l'objet d'une notice Mérimée PA00090247 et d'une notice Monumentum avec 8 photographies, sous le titre "Croix de chemin en pierre de Lambader, XVIe siècle".
Wikipedia propose une photo de 2012 par GO69. Ce cliché montre que la statue de la Vierge était orientée par erreur vers l'orient. Ce défaut a été corrigé depuis, lors d'une intervention de réfection d'une partie d'un angelot d'extrémité de croisillon, par rotation de 180° de la statue géminée et rescellement.
" Spernen S, Croas-Lambader, g. k. 5,50 m. Vers 1550. Trois degrés. Socle, Vierge de Pitié, Jésus au milieu des docteurs. Fût à pans. Croisillon aux anges, statues géminées: Pierre-Vierge, Jean-Madeleine. Croix à branches rondes, anges en place des fleurons, titulus en lettres fleuries, crucifix, Christ aux liens. Les groupes conservés dans la chapelle voisine présentent la même facture que ceux-ci. [YPC 1980]"
Enfin, il est décrit par Christian Gallic dans le bulletin 2017 du journal municipal Plouvorn Information :
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C'est donc un calvaire composite, et les deux groupes de l'emmarchement, la Vierge de Pitié et Jésus parmi les Docteurs, ont dû être placés ici au début du XXe siècle. J'ai déjà décrit ces groupes dans mon article sur l'important ensemble de vestiges d'un calvaire monumental en kersanton (milieu du XVIe siècle ?), dont l'essentiel se trouve dans la chapelle.
Le choix des personnages (Vierge et Jean d'un coté, Madeleine et Pierre de l'autre) est le même que sur le calvaire de Lambader mais ils ne sont pas couplés de la même façon (ici, la Vierge est couplée à Pierre alors qu'à Lambader elle est couplée à Marie-Madeleine).
Ni la carte de Cassini, ni la carte d'Etat-Major 1822-1866, ni les photos aériennes 1950-1965 (avant la construction des maisons bordant la rue), ne permettent de le situer, mais le cadastre napoléonien de 1829-1830 montre un symbole en étoile, à son emplacement actuel, tant sur la feuille d'assemblage que sur la 2ème feuille F du Bourg.
Parmi les calvaires issus de l'atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577), outre les calvaires monumentaux de Plougonven (1554) et de Pleyben (1555), on conserve 6 croix et 23 calvaires dont 13 sont complets. Sur ces 29 œuvres, 23 sont dans le diocèse du Léon, 6 dans celui de Cornouaille et 1 seul dans celui de Tréguier. Les croix et calvaires peuvent être classés en :
1°) Croix à revers figuré. Le Crucifié avec la Vierge à l'Enfant au revers .
2°) Calvaire à un croisillon et 3 personnages (statues non géminées).
3°) Calvaire à un croisillon et 5 personnages ou 6 personnages avec statues géminées sur le croisillon.
4°) Calvaire à deux croisillons.
Nous avons affaire ici au 3ème groupe, le plus nombreux. On en voit des exemples à Saint Derrien, 1557, à Lanhouarneau, Croas-ar-Chor, à la chapelle Saint-Laurent de Pleyben, au cimetière de Bourg-Blanc, et à Saint-Divy.
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Feuille d'assemblage du plan cadastral 1829.
Feuille F2 du plan cadastral 1829.
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LE COTÉ OUEST.
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Le crucifix central est entouré des statues de la Vierge et de Jean sur le croisillon.
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Le Christ en croix.
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Il est placé sous un titulus aux lettres gothiques un peu effacées, dont le fût est perlé et l'empattement fourchu.
Sous une couronne d'épines à deux brins tressés, le visage est fin avec des yeux clos dont la paupière est ourlée, des pommettes émaciées, un nez droit et long, un philtrum creusé, une bouche entrouverte sur les dents, une moustache en V inversé qui naît à l'angle des narines et s'achève en hameçon, et une barbe dont les mèches forment des virgules. La chevelure tombe devant l'épaule droite, et derrière l'épaule gauche.
Sur les bras, le pli du coude est marqué par un V peu naturel.
Le torse court porte le dessin des mamelons, des côtes presque horizontales et de la plaie du coté ; le nombril est indiqué par un cercle.
Le pagne est noué avec un pan sortant à gauche, et rentré à droite, mais le dessin des plis est remarquable par son entrecroisement médian.
Il ne ressemble pas exactement au fragment de Christ conservé dans la chapelle, mais il en partage les éléments stylistiques.
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Les anges orants et hématophores.
Trois anges occupent les extrémités libres de la croix, ils sont agenouillés mains jointes, les ailes rabattues dans le dos; Ils portent une tunique bouffante au dessus du cordon de la taille.
Dans la même posture et le même habit, un quatrième ange présente le calice du sang des plaies du Christ.
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La Vierge éplorée.
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Elle est saisie dans une attitude recueillie, mains jointes et la tête légèrement penchée en avant.
L'élément le plus remarquable est le motif des trois larmes s'écoulant sous chaque œil. C'est l'un des traits stylistiques de l'atelier Prigent (1527-1577). Mais par contre, nous ne retrouvons pas le voile marqué de plis rigides qui est une autre de ces caractéristiques qui était présente sur la Vierge du calvaire de Lambader et sur la Vierge de Pitié du Monument aux Morts de Plouvorn. Le voile encadre à angles droits le visage et rejoint la guimpe. (*)
Le visage est ovale, les yeux sont ourlés, le nez triangulaire et fort, la bouche petite et concave faisant la moue, le menton pointu.
Si on la compare à la Vierge du calvaire de Lambader, celle-ci est plus figée, son visage est moins marquée d'humanité, sa tête n'est pas inclinée, et même le plissé des vêtements est moins animé.
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(*) Ce plissement en Z du voile de la Vierge n'est pas constant sur les productions de l'atelier Prigent, et s'il est présent à Saint-Nic, il est absent sur la Vierge de Dinéault.
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Saint Jean éploré.
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Il porte une main sur la poitrine tandis que l'autre ramène le pan du manteau. Sa posture est hiératique (le terme s'applique aussi à la Vierge), figée par le chagrin, sans geste expressif, sans que la tête ou le regard ne soit tourné vers le Christ. Les deux angles pointus du col du manteau laissent voir la robe, fermée par deux (ou trois) boutons ronds.
Le visage est plus rond que celui de Marie, mais partage avec ce dernier la plupart des caractères, et notamment les trois larmes.
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LE COTÉ EST.
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Placé sur une console avancée, le Christ aux Liens est encadré par les statues du croisillon, celle de Pierre à sa gauche et Marie-Madeleine à sa droite.
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Le Christ aux liens.
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Sa couronne et son visage sont proches de ceux du Crucifié, mais les yeux sont ouverts.
Il porte le manteau de dérision, qui tombe directement à droite alors que le pan gauche fait retour par une large courbe au poignet. Les deux mains sont liées par une corde aux épais torons.
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D'autres Christ aux liens de l'atelier Prigent se trouvent au revers de la croix des calvaires de Bourg-Blanc, à Saint-Divy, ou, en tant que vestige, à Guissény (cimetière de l'église, 1555) et Lanneufret .
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Marie-Madeleine éplorée.
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Elle est vêtue d'une robe et d'un manteau au plissé très vivant. Elle tient de la main gauche le flacon d'onguent dont elle soulève le couvercle conique. De ses yeux coulent les trois larmes, aux extrémités recourbées en crochet. Son visage est rond, avec de cheveux divisés en deux mèches autour d'une raie médiane.
Sa chevelure est retenue par le même bandeau occipital, enrubanné sur les mèches qui retombent dans le dos, que celui, par exemple, de la Vierge à l'Enfant des vestiges de calvaire de la chapelle de Lambader.
Elle n'est pas très différente de la Madeleine du calvaire de Lambader, mais sa tête est plus engoncée dans les épaules.
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Saint Pierre tenant sa clef.
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Sa robe serrée par une ceinture est recouverte d'un manteau fermée par une patte à bouton rond. Sa clef à poignée losangique est plus grande que son thorax.
Son visage, dont la bouche semble tendu en avant par l'imminence d'une parole, est presque léonin, peut-être en raison d'une mâchoire carrée et d'un barbe tortueuse. La moustache part en crochets à partir des coins des narines.
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Les anges des extrémités du croisillon.
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Ils sont semblables aux anges orants de la croix, et sont agenouillés mains jointes, et les ailes plus écartés.
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LES GROUPES DES MARCHES DU SOCLE.
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Ils proviennent des vestiges d'un ancien calvaire (monumental) et daté vers 1550 et attribué par Castel à un anonyme nommé par convention "Maître de Lambader" , car la majorité des scènes de l'Enfance de Jésus et de la Vie de Marie sont rassemblés dans la chapelle de Lambader. Je reprends ma description donnée dans la description de ces vestiges dans l'article :
Elle a la tête brisée. La forme générale de la Mère voilée dans son manteau est massive et triangulaire, et elle soutient sur ses deux genoux écartés le corps de son Fils, par une main placée sous la tête et une autre sur la cuisse droite. Le Christ forme une diagonale oblique vers le haut et la gauche et ses plaies des mains sont exposées, le bras droit fléchi pend (un peu maladroitement) le long de la jambe maternelle tandis que le bras gauche repose le long du corps.
Cette formule est proche de celle des deux autres Vierges de Pitié de l'ancienne paroisse de Plouvorn, celle de la fontaine de Lambader et celle du Monument aux Morts du cimetière, toutes deux attribuées à l'atelier Prigent. Le visage de la Vierge y est marquée de larmes.
Bien que cette Pietà n' est pas attribué par Castel à l'atelier Prigent, on la comparera à ses homologues des calvaires de
-Guimiliau, croix de Laguen de 1572,
-Saint Derrien, 1557 Calvaire de l'église
-Saint-Divy, Calvaire de l'église
-Loc-Brévalaire, Calvaire de l'église
-Brignogan : calvaire de la chapelle de Pol : .
-Dinéault, Calvaire de l'église
-La Forest-Landerneau : cimetière haut
-Landerneau : calvaire de la Croix-de-la-Vierge
-Lanneufret : Calvaire de l'église
-Le Folgoët Calvaire de l'église
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Jésus parmi les Docteurs (kersanton, vers 1550-1600).
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L'interprétation de ce groupe est difficile, notamment car il est camouflé (comme la Pietà) par les rosaces blanches, gris-vert ou rosées de lichens. Mais Yves-Pascal Castel a raison d'y voir Jésus parmi les Docteurs, grâce à l'attitude émerveillée des assistants, et malgré l'absence de Jésus qui occupait sans doute la place la plus haute au centre.
Les quatre personnages, assis en tailleur devant un pupitre à degrés, lèvent tous la tête et le regard vers le haut, et écartent les paumes vers l'orateur en signe d'admiration. Deux portent le chapeau conique des Juifs, tandis que deux autres portent le bonnet carré des docteurs en théologie du XVIe siècle (ou un bonnet à rabat). Trois sont barbus. Deux portent un manteau à large rabat sur le col.
Je ne peux être plus précis, car leur tenue de camouflageest terriblement efficace, tant pour mon regard que pour la capacité de discrimination de mon objectif photo.
Ce calvaire associe à sa statuaire originale deux groupes provenant d'un autre calvaire.
Si on s'en tient aux données fournies par les sources de référence (Atlas de Calvaires et base Mérimée), ces deux sous-ensembles relève de la même datation, vers 1550. C'est aussi la datation acceptée pour le calvaire de Lambader. Cette proposition est suivie par Tanguy Daniel et par Christian Gallic.
Toujours selon les mêmes sources, aucun de ces deux sous-ensembles n'est attribué à un atelier déterminé. Rappelons que les ateliers actifs en Finistère (et en particulier dans le Léon) sont ceux de Bastien et Henry Prigent de 1527 à 1577, et de leur compagnon Fayet de 1552 à 1563, puis du Maître de Plougastel de 1570 à 1621.
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L'indice des trois larmes : l'atelier des Prigent ?
Néanmoins, il est possible ou probable qu'Yves-Pascal Castel ait choisit pour l'Atlas la date, très précise, de 1550 pour ces deux ensembles après avoir constaté la présence d'un indice stylistique de haute valeur sur les trois personnages du calvaire, indice qu'il avait signalé sur le calvaire monumental de Plougonven daté de 1554 et signé des Prigent.
E. Le Seac'h, qui n'a pas inclus le calvaire de Croas Lambader dans son Catalogue des sculpteurs de Basse-Bretagne, a attribué les statues de la Vierge et celle de Madeleine sur le calvaire de Lambader aux Prigent (Catalogue p. 331). Et c'est elle qui a insisté sur la description de ces trois larmes en écrivant (p.140): " Le trait commun aux deux Prigent se repère à un détail qui devient leur signe distinctif : trois larmes en relief roulent sur les joues de leurs Vierges éplorées au calvaire, leurs Vierges de Pitié , de Saint Jean et de Marie-Madeleine quand ils lui sont associés."
Elle précise encore :"Si la manière de sculpter de Bastien est plus souple, si ses drapés sont plus fluides si ses yeux sont taillés en un petit losange horizontal, tandis que celle d'Henry, moins habile, est hiératique, plus raide, avec un nez massif aux narines creuses, l'appartenance au même atelier se reconnaît à quelques autres traits : l'arcade sourcilière nette, et les visages pointus."
2386. Lambader, placître, g. k. 6 m. XVIè, XIXè s. Trois degrés, corniche. Socle cubique. Fût rond, écots. Croisillon, statues géminées: Vierge-Madeleine, Jean-Pierre (décapitée). Croix, branches rondes, crucifix, écu. [YPC 1980]
2385. Lambader, dans la chapelle, k. Vers 1550, vestiges d’un calvaire dont certaines pièces sont placées à la croix de Spernen en Plougourvest (no 1977). Fuite en Egypte. Présentation au temple, Vierge de l’Annonciation, Vierge aux sept glaives, Nativité, saintes femmes, Crucifix, Vierge à l’Enfant. [YPC 1980]
—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère, Plougourvest n°1977.
"1977. Spernen S, Croas-Lambader, g. k. 5,50 m. Vers 1550. Trois degrés. Socle, Vierge de Pitié, Jésus au milieu des docteurs. Fût à pans. Croisillon aux anges, statues géminées: Pierre-Vierge, Jean-Madeleine. Croix à branches rondes, anges en place des fleurons, titulus en lettres fleuries, crucifix, Christ aux liens. Les groupes conservés dans la chapelle voisine présentent la même facture que ceux-ci. [YPC 1980]"
— CASTEL (Yves-Pascal), 1983, La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l'influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613), Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest Année 1983 90-2 pp. 311-319
— CASTEL (Yves-Pascal), 2005, “Minihi Levenez 092 : guide des sept grands calvaires bretons,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 23 mars 2021, https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/9398.
— COUFFON, (René), LE BARS, Alfred), 1988, "Plouvorn", Diocèse de Quimper et de Léon. Nouveau répertoire des églises et chapelles. Quimper : Association Diocésaine, 1988.
"Statues en kersanton, dont plusieurs proviennent d'un calvaire monumental détruit : groupe de la Présentation au Temple, Fuite en Egypte, XVIè siècle (C.), Adoration des mages, XVIè siècle (C.), Vierge de l'Annonciation, Notre Dame des Sept Douleurs, Vierge Mère assise sur un trône, les trois Marie au Calvaire, sainte Marguerite, saint Jean l'Ev., saint Divy (S:DIVI), saint évêque (S.GOUYNIE), saint Gouesnou (S.GOUESNOU), saint Patern (S.PATERNE), Ange de l'Annonciation (décapité), Christ de calvaire (mutilé)
— DANIEL (Tanguy), 1996, La chapelle de Lambader en Plouvorn, Comptes rendus, procès-verbaux, mémoires - Association bretonne et union régionaliste bretonne, Congrès de Saint-Pol-de-Léon juin 1996 tome CV p. 50.
"On remarquera aussi et surtout les restes d'un ancien calvaire monumental, présenté en désordre en quatre endroits de la partie basse de la nef : une Présentation au Temple, une Annonciation et une Fuite en Égypte, une Nativité, un Christ (mutilé) et les Trois Marie. Il est possible que d' autres éléments de ce grand calvaire figurent sur la croix de Spernen ( dite aussi Croaz-Lambader ), à Plougourvest . Aucune date ne figure sur ces sculptures dont le style est celui du milieu du XVIe siècle . » .
— FRÉMINVILLE ((chevalier Christophe-Paulin de La Poix de Fréminville) 1832, Antiquités de la Bretagne: Finistère, Volume 1, Lefournier et Deperiers, 1832 p. 69
"Plusieurs statues ornaient jadis l'église de Lambader, elles ont été renversées et mutilées, leurs débris gisent sur le gazon dans le préau ou cour du monastère. J'en remarquai une qui me frappa par le fini et la précision de son travail, elle représente un chevalier armé de toutes pièces , tenant l'épée nue sur l'épaule ; la forme de son armure indique la fin du quatorzième siècle. On remarque au bas de la cuirasse l'assemblage de pièces de lames transversales qui recouvre le défaut des cuissards et que l'on nommait tasseltes ou braconnière. La tête de cette statue a malheureusement été brisée ( Pour préserver cette statue de mutilations plus considérables, M. le marquis du Dresnay en a fait récemment l'acquisition et l'a fait transporter à Saint-Pol de Léon , où elle est placée dans son jardin. ) : je présume qu'elle représentait quelqu'un des commandeurs de Malte titulaires de la commanderie de Lambader. Ce ne peut être un templier, car, lors de la destruction de l'ordre du temple, les .chevaliers portaient encore le haubert ou armure entièrement en mailles, celle que l'on voit ici est celle de plaque et de lames adoptée au quatorzième siècle."
— GALLIC (Kristian), PLOUVORN INFORMATION mars 2017 n°3
https://fr.calameo.com/read/0047577681bc06131f887
— LE GUENNEC (Louis), Le Finistère monumental tome 1, Morlaix et sa région, page 308. Droits réservés. Ouvrage numérisé avec l'aimable autorisation de la Société des Amis de Louis Le Guennec.
"On vénère à Lambader une belle statue en kersanton de Notre-Dame. Au bas de la chapelle sont de nombreuses statues mutilées, en granit, provenant de l'ancien Calvaire. La maîtresse vitre contenait un brillant vitrail de 1543, qui a été brisé vers 1845 et remplacé, dans sa partie basse, par une maçonnerie, et dans sa partie haute, par un voile rouge. On en voit quelques débris à la chapelle de Keruzoret, ainsi qu'un saint Christophe et un saint Trémeur portant sa tête entre ses mains."
— LE GUENNEC (Louis), 1911, La chapelle de Lambader, Morlaix, Lajat, in-8°, 88 pages. Non consulté.
"La plus ancienne mention de la chapelle se trouve dans un acte de 1333; les documents conservés aux Archives du Finistère, et que M. Le Guennec a savamment commentés, remontent à 1432 : ils lui ont permis d'écrire une histoire complète de cet intéressant monument."
— MIORCEC DE KERDANET (L.), 1837, Les vies des Saints de la Bretagne-Armorique De Albert LE GRAND ... Avec des notes et observations historiques et critiques par D. L. Miorcec de Kerdanet et revues par M. Graveran. Brest 1837 Page 502
Texte principal : "Si vous entrez dans Ploumorn (Plouvorn), vous ne pouvez faire beaucoup de chemin , sans remarquer la belle Eglise priorale de N. D. de Lanbader tant pour l'excellence du bastiment, qu'à raison de la grande devotion du peuple qui y aborde de plusieurs endroits. Ceste chappelle est construicte non loin du bourc parrochial , sur la pente d'une colline , prés d'un agreable ruysseau qui fait moudre nombre de moulins, avant de se rendre à l'ocean. Ce lieu est fort consideré par les personnes devotieuses , &, estant limitrophe à plusieurs paroisses de cest Evesché, les pelerins y arrivent en affluence aux festes de la Vierge, & surtout le lundy de la Pentecoste."
Note de Kerdanet : "Cette église est construite dans le style de l'architecture gothique arabe : elle a huit arcades élégantes dans chacun de ses bas-cotés., son clocher est très beau, c'est une tour carrée, ornée d'une balustrade légère et surmontée d'une flèche élevée, de forme prismatique hexagonale, flanquée de quatre clochetons. Cette flèche, toute en pierres de taille, est travaillée à jour, ainsi que les clochetons qui l'accompagnent, dont l'un a été renversé par l'ouragan du 2 février 1836. Le clocher est supporté par des piliers formant trois arcades. Dans le fond est la porte d'entrée de l'église, couronnée d'une statue de la Vierge en kersanton avec ces mots : NOTRE DAME DE LANBADER ». À ses cotés, sont deux encadrements, l'un représentant six moines à genoux, sur trois lignes, et l'autre six religieuses dans la même position. Le dernier encadrement offre le millésime de 1598, et la légende : INTERCEDE P. DEVOTO FEIÕ SEXU » On remarque, de plus, autour de l'église, diverses statues curieuses, telles que celle de saint Christophe, ainsi désignée SXDÕPLE 1600 », et la statue de N.D de Pitié dans l'attitude la plus recueillie et la plus expressive.
Le jubé en bois de Lanbader est aussi fort renommé ; c'est un réseau de sculpture, presque aussi remarquable dans son genre que celui du Folgoët dans le sien : il a 16 pieds ½ de long sur 3 pieds , 9 pouces de large ; ses éventails ont 8 pieds 3 pouces de développement, et sa porte 4 pieds ½ d'ouverture ; son escalier tournant compte 22 marches ; le tout orné de petites statues d'anges, parmi lesquels vient figurer, on ne sait pourquoi, un joueur de biniou (musette)
M. de Fréminville pense que Lanbader était une ancienne commanderie ; il n'en n'est cependant fait aucune mention dans celles du duc Conan IV, de 1160 ; mais on trouvait autrefois, autour de cette chapelle, les propugnacula, turricula et alias munitiones dont parle Pierre Mauclerc das sa charte aux chevaliers du Temple. V. D. Morice, Pr. t. 1er col.638 et 850. Le gouvernement de Lanbader possédait, en 1790, 900 livres de revenu. »
— PENNEC (Cyrille) 1825, Le dévot pèlerinage de Notre-Dame du Folgoët Vatar-Jausions, 1825 - 122 pages
« On trouve en cet endroit plusieurs jolies statues en Kersanton, entre autres celle de S. Christophe, portant la date de 1600. Sur la porte étroite de la chapelle, on a figuré une petite assemblée de moines, et vis-à-vis des religieuses à genoux et les mains jointes, avec cette légende : Intercede pro devoto foemineo sexii ».
— PÉRENNÈS (Henri) 1943 Plouvorn Monographie de la paroisse, Rennes, Imprimerie du Nouvelliste, 1943, 86p., Réédition Le Livre d'histoire-Lorisse, Paris, 2004, 83p., p. 50-51.
— REALS (Vicomte de, 1890, "La restauration de Lambader", in Bulletin archéologique de l'Association bretonne, 31e congrès tenu à Saint-Pol-de-Léon du 10 au 15 septembre 1888, Troisième série, Vol.8, Saint-Brieuc, Imprimerie-Librairie R. Prud'homme, 1890, 202p., p. 54-58.
"Dans le fond de la chapelle on a recueilli une trentaine de statues en pierres de taille qui doivent être les débris d'un ancien calvaire. Plusieurs de ces statues ont beaucoup d'expression dans la physionomie ; malheureusement presque toutes ont été mutilées pendant la révolution. Elles ressemblent comme travail aux statues du calvaire de Guimiliau et doivent être de la même époque."