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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 16:10

L'armoire à bannières ( 2ème moitié du XIXe siècle) de l'église de Guengat. La croix processionnelle de 1584. Les bannières de procession (XIXe).

 

 

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Voir sur Guengat :

 

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Voir sur les bannières :

 

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PRÉSENTATION.

 

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La Bretagne conserve dans ses églises un certain nombre d'armoires permettant le rangement et la protection des bannières paroissiales lorsque celles-ci n'étaient pas utilisées lors des processions (fêtes et pardons) ou pour pavoiser le chœur.

L'Inventaire Général et la base Palissy en recensent plusieurs, toutes globalement sur le même plan, celui d'une armoire à deux battants.

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Certaines sont anciennes, comme celle de Melesse (1579) de La Martyre (1633), Hédé (1663), de Locmélar (XVIIe siècle) ou de Lassy (XVIIe), de Sizun (XVIIe), d'Esquibien (milieu XVIIe), de Carnac (fin XVIIe) ou de Baulon (fin XVIIe-début XVIIIe) , ou celle de la chapelle Saint-Tugen en Primelin (1703) de Vignoc (1773) d'autres datent du XIXe siècle, comme celles de Moutiers, de Cornillé (1845) ou Erbrée (non datée), Visseiche (id).

À Locmélar, ce sont deux armoires qui sont côte à côte.

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Elles ne semblent pas très différentes des autres armoires conservées en Normandie, Pays de Loire, ou Rhône-Alpes sur la base Palissy.

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Leur recensement n'est pas complet, et il n'est pas rare d'en découvrir lors de nos visites. J'en ai donné la photographie de quelques-unes ici (Dirinon). Il faudrait en dresser une typologie, et le premier critère que je me forge est de séparer des autres celles qui ont, en soubassement, un long coffre plus ou moins étroit et vertical où se logent les hampes, comme à Sizun ou Moutiers. Le meuble a alors une forme en T.

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Armoire à bannière de Locmélar. Photo lavieb-aile.

 

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Dans les autres cas, soit elles reposent sur le sol, ou au dessus d'un coffre, soit elles sont suspendues. Elles sont équipées  de crémones, et de serrures.

Elles sont parfois très banales comme à Moulins (35).

Leurs panneaux sont souvent à caissons, ou sont peints (Saint-Tugen) et portent très rarement, comme celle que nous allons découvrir, des sculptures figuratives. Celle de Cornillé comporte l'inscription Vexii ia regis pro devnt.

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En fait, je n'ai trouvé jusqu'à présent aucune armoire à panneaux en bas-reliefs comparables à celle de Guengat.

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L'armoire à bannière de Guengat daterait de la deuxième moitié du XIXe siècle, et serait ainsi presque contemporaine des confessionnaux de 1840 et de la chaire à prêcher de 1843 (dont les panneaux subsistent dans l'autel face au peuple) dont le nom du menuisier a été conservé, Vincent Garrec. Comme ces derniers, l'armoire est remarquable par ses panneaux soigneusement sculptés en bas-relief. Elle a été classée au titre d'objet le 15 juin 1999 et fait l'objet d'une notice PM29004858.

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Elle mesure 2,10 m de haut, 1,80 m de large et 44 cm de profondeur. L'essence utilisée est très probablement le chêne. Elle est soutenue par deux supports en équerre. Les hampes passent par un évidement du fond jusqu'à terre. Elle est adossée au mur nord de la "chapelle de Lanascol", au bas-côté nord, à côté du confessionnal n°2.

Il existe une deuxième armoire à bannière, dans l'ossuaire (fermé au public) avec des bannières de moindre valeur.

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Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Les panneaux supérieurs : dessin inspiré de baies gothiques à six lancettes et tympan.

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C'est un rappel stylisé de la baie axiale de Guengat et de ses six lancettes, mais avec des différences notables dans le remplage de la baie, et l'adjonction de rangs de quadrilobes.

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Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Le panneau sculpté en bas à gauche : la croix processionnelle de 1584.

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La logique du sculpteur (ou du commanditaire, la fabrique ou le recteur) est évidente : évoquer les processions avec en tête la croix, suivie de la bannière du saint patron de l'église Saint-Fiacre.

Ces processions avaient lieu lors des fêtes  les plus marquantes (deux processions du Saint-Sacrement) et lors des six  pardons.

« Il y a foire à Guengat une fois par an, le dernier lundi de Février.

Les pardons sont : Saint-Yvi, le deuxième dimanche de mai ; Saint-Jean, le 24 juin ; la fête patronale, le dernier dimanche d'août ; Saint-Fiacre, le dimanche qui suit le 3 septembre ; et celui du Rosaire, le premier dimanche d'octobre. Il y a aussi le pardon de la chapelle de Sainte-Brigitte, qui se célèbre le deuxième dimanche d'octobre." (H. Diverrès)

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« Il n'y a à Guengat que deux processions du Saint-Sacrement. Le premier dimanche la procession va à un quart de lieue du bourg et là il y a un reposoir. Le second dimanche la procession va à trois quarts de lieue d'une chapelle dédiée à sainte Brigitte et sur la route il y a toujours deux reposoirs. La bannière que l'on porte est rouge et porte d'un coté l'image de la sainte Vierge et de l'autre l'image de saint Fiacre.

Confréries. Il n'y a à Guengat que la confrérie du Rosaire qui est suivie avec ferveur et la confrérie des trépassés. La confrérie du Rosaire remonte à 1830 à l'occasion d'une mission. (Abbé Jean Keranguéven, recteur de Guengat, “Enquête diocésaine sur le culte marial en 1856 : réponse de la paroisse de Guengat)

 

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Le sculpteur a représenté de façon fidèle la croix processionnelle de 1584 conservée dans le "trésor", ou armoire vitrée sécurisée de l'église. Il y a associé l'image d'un chapelet, entourant la croix, certainement pour rappeler l'importance du culte du Rosaire à Guengat. Ce culte a été diffusé par le dominicain breton Alain de la Roche dès 1473, en Flandres, entrainant le développement de confréries, sous l'effet de larges indulgences accordées par le pape Sixte IV. Le pape Pie V attribua à Notre-Dame du Rosaire sa victoire inattendue sur les Ottomans à Lépante en 1571. Son importance a pu se développer en Bretagne  avec l'implantation du couvent dominicain de Quimperlé, et après  le "vœu de Louis XIII" en 1638. Mais rien n'indique qu'une confrérie du Rosaire existait à Guengat au XVIe siècle lorsque la croix fut offerte à la paroisse.

Outre ce chapelet, des lacs à glands de passementerie sont placés dans les angles.

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La croix cylindrique à extrémités en boules à godrons est fidèlement représentée, ainsi que le croisillon en chandelier portant la Vierge et Jean (moins identifiable bien-sûr que sur le modèle) et le médaillon qui en occupe le nœud (avec une ressemblance avec le crâne et les ossements entrecroisés évoquant le Golgotha). Le soubassement à trois étages est également conforme, avec ses deux niches, bien que les saints personnages que celles-ci abritent ne soient pas identifiables ici.

Voir infra les clichés de la croix elle-même.

La croix est encadrée en bas par deux ceps portant feuilles de vigne et grappes, en un évident symbole eucharistique.

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Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Le panneau sculpté en bas à droite : la bannière de saint Fiacre.

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La bannière est figurée de façon réaliste avec son motif (le saint patron tenant sa bêche et son livre, dans une niche) et ses rinceaux,  avec sa hampe, avec sa traverse à extrémités pommées, ses trois lambrequins frangés, et ses sept glands de passementerie. Elle est entourée de trois fleurs de lys et de six hermines.

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Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Armoire à bannière (XIXe) de l' église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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La croix processionnelle de 1584. Argent doré repoussé et âme de bois.

Classée au 18 janvier 1891.

René Couffon la décrit ainsi : "Croix processionnelle de type finistérien, en argent doré ( 1 m.32 ), tige et bras cylindrique, portant les statuettes de la Vierge et de saint Jean sur des consoles; au-dessous un gros noeud formé de deux étages de niches à coquilles occupées par les 12 apôtres; au pied du Christ , un médaillon ovale avec un gros cabochon. Elle est marquée du poinçon Y.S. et, au haut de la niche de la face antérieure, de la date de 1584. Cette dernière, postérieure au décès de l'amiral Alain de Guengat, prouve que celui-ci n'en fut pas le donateur, ainsi qu'il est souvent répété."

Les initiales Y.S. également présentes sur un reliquaire de Lennon (F. Salet 1965) n'ont pu être attribuées à un orfèvre.

La notice Palissy : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000322

 

"Bras cylindriques, terminés par de grosses boules, garnis de deux consoles latérales qui portent les figures de la Vierge et saint Jean, portant une clochette, suspendue à chaque bras et reposant sur un noeud hexagone à deux étages. La face de la croix est ornée du Christ couronné d'épines, fixé par trois clous. Sur le revers, un saint évêque est fixé sur la hampe sous un dais. Date (au-dessus de la niche de la face antérieure) : 1584. Poinçon non identifié : les initiales YS. H = 132 ; la = 77."

 

 

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On consultera : 

—Yves-Pascal Castel, Denise Dufief-Moirez, Jean-Jacques Rioult et al., Les orfèvres de Basse Bretagne, Rennes, Association pour l'Inventaire de Bretagne, coll. « Inventaire générale des monuments et richesses artistiques de la France, Région de Bretagne », 1994, 440 p

— Wikipedia, "Croix de procession finistériennes". https://fr.wikipedia.org/wiki/Croix_de_procession_finist%C3%A9rienne

— L'excellente description de Christian Jouin, Tout sur l'église de Guengat

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Je n'ai pas trouvé en ligne comment les occupants des niches ont été identifiés. Je propose ici quelques pistes.

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La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Le médaillon et sa peinture polychrome : saint Jean-Baptiste et l'inscription IOANNES BAPTISTA.

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Cliché C. Jouin

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La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Saint Pierre. La date de 1584.

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La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Saint Jacques le Majeur tenant le bourdon et la pèlerine.

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Mais l'objet tenu dans la main gauche reste à déterminer. Un livre selon ce site. Ce qui est plausible.

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La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Saint Jean identifié par la coupe de poison qu'il bénit. Poinçon YS.

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La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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Saint André doit se trouver à proximité de saint Pierre sur une autre face.

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Sur les niches du rang supérieur. Pas de suggestion d'identification.

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La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

La croix processionnelle de 1584. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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LES BANNIÈRES DE PROCESSION.

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Les bannières de Guengat ne sont pas classées Mh, et ne présentent aucun élément de datation facile, tel que des armoiries épiscopales ou papales. La bannière principale ou "banniel braz", associant sur une face la figure de saint Fiacre et sur l'autre celle du Rosaire, date néanmoins sans doute du XIXe siècle, puisque l'enquête de Monseigneur Sergent sur les bannières de son évêché en 1856 la mentionne (Guillou 2013 page 209). Et les visites canoniques de 1847 indiquent 3 bannières en 1847 dont deux passées, et en 1852 2 bannières usées. En outre, l'abbé Abbé Jean Keranguéven, recteur de Guengat, mentionne en 1856 que "La bannière que l'on porte est rouge et porte d'un coté l'image de la sainte Vierge et de l'autre l'image de saint Fiacre.".

 

 

 

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LA BANNIÈRE DE SAINT FIACRE.

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Saint Fiacre est le patron de la paroisse, et des statues (dans le chœur, sur le calvaire, etc.), des statuettes des autels, des bas-reliefs des sablières, lui sont consacrés, ainsi qu'une fontaine datée de 1666 , où sa statue porte un écu sur le bas de la robe.

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Les archives de l'évêché conservent deux cantiques en breton dédiés à saint Fiacre, la Gwerz Sant Fiakr et Meuleudi ha peden da zant Fiacr

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Il est possible (C. Jouin) qu'il ait succédé comme saint patron  à saint Jean-Baptiste, qui est représenté baptisant le Christ sous le porche du XVIe siècle.

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Croquis de la fontaine Saint-Fiacre par Yves-Pascal Castel. Courrier du Léon.

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Croquis de l'écu du saint, en la fontaine Saint-Fiacre par Yves-Pascal Castel. Courrier du Léon.

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Cette bannière est de velours rouge, principale couleur des "banniel braz". Le saint, en motif peint sur étoffe rapporté au centre, occupe un médaillon entouré de rinceaux brodés au fil d'or, et de  l'inscription en breton SANT FIAKR PATRON AR BARREZ SIKOURIT AC'HANOMP : "Saint Fiacre patron de la paroisse secourez-nous".

Les trois lambrequins (où des clochettes étaient traditionnellement dissimulées) sont frangés de cannetille dorées. Les deux bras sont terminés par des glands frangés.

Il s'agit sans doute d'une production semi-industrielle, où, sur un schéma de base,  la figure du saint est rapportée, et l'inscription est adaptée. Cette figure est peinte sur tissu (visage, mains jointes) sur un corps en étoffe rembourrée et ponctuée de rouelles dorées. La cape qui entoure ses épaules est rare dans son iconographie, où seule l'habit monastique de bure ceint d'une cordelière est habituelle.

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Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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LA BANNIÈRE DU ROSAIRE.

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Voir sur ce thème :


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C'est à la fois une bannière mariale, et une bannière de confrérie :

" Il n'y a à Guengat que la confrérie du Rosaire qui est suivie avec ferveur et la confrérie des trépassés. La confrérie du Rosaire remonte à 1830 à l'occasion d'une mission." Abbé Jean Keranguéven, recteur de Guengat, 1856.

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Ses couleurs sont celles de la Vierge, le blanc et le bleu, et elle est frappée en bas du monogramme MA.

Au centre, la Vierge, les pieds sur des nuées, remet un chapelet du Rosaire à saint Dominique, agenouillé, tandis que son Fils en remet un à sainte Catherine de Sienne, selon une iconographie très habituelle. Les personnages sont placés dans une niche dorée et entourée des 15 médaillons des Mystères joyeux, douloureux et glorieux du Rosaire, dans des rinceaux aux fleurs à cinq pétales.

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Leur dénomination se succède en français dans des médaillons : L'Annonciation. La Visitation. La Nativité. La Présentation. Le Recouvrement. L'Agonie. La Flagellation. Le Couronnement d'Epines. Le Portement de Croix. Le Crucifiement. La Résurrection. L'Ascension. La Pentecôte. L'Assomption. Le Couronnement de la Vierge.

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Deux anges volent mains jointes au dessus de la scène du Don du Rosaire.

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Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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LA BANNIÈRE DE SAINT DIVY.

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Voir sur ce saint :

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Le culte de saint Divy (nommé par certains Yvi) est ancien à Guengat, puisqu'à Pont Kervern,  une Fontaine de saint Divy y porte la date de 1560 ainsi que les armoiries de Jacques de Guengat et Jeanne de Talhouët dame de Langueouez, qui se sont mariés en 1529.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/10332

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/fontaine-de-devotion-saint-yvi-pont-kervern-guengat/c2a5317b-085f-4b85-acd2-edf4864af9f3

 

 

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Fontaine de saint Divy à Guengat. Croquis d'Yves-Pascal Castel.

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Armoiries Guengat/Talhouët sur la fontaine (1560) de Saint-Divy. d'azur à trois mains dextres appaumées d'argent ; à senestre armories famille de Langueouez : fascé ondé d'or et d'azur au chef de gueules .Croquis Y.-P. Castel.

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Certains y voient le premier patron de la paroisse. J. Gaultier du Mottay, en 1869, signale qu'il existait une chapelle qui était dédiée à saint Yvi. Ce serait une "chapelle" votive de l'intérieur de l'église. Le co-patronage Fiacre/Divy expliquerait qu'en 2011, nous trouvions dans les niches du chœur à gauche (côte de l'Evangile, côté noble) saint Fiacre, et du côté de l'épître à droite saint Divy, en évêque comme sur la bannière. Sa statue a été mise au rebut (dans un coin de la chapelle du Rosaire) et remplacée par celle de Jean-Baptiste.

 

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Statue de saint Divy en évêque, chœur de l'église. Photo lavieb-aile.

 

 

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La bannière de velours rouge porte le monogramme SD sur le lambrequin central, brodé al d'or parmi des rinceaux.

Une inscription en breton indique SANT DIVY PEDIT EVIDOMP, "Saint Divy priez pour nous".

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Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

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J'ai dans mes archives une photo plus ancienne (15-11-2011) d'une bannière assez proche.

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Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2011  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2011 .

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LA BANNIÈRE DES JEUNES FILLES. LA VIERGE (IMMACULEE CONCEPTION ?).

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Drap blanc, rinceaux, personnage traité comme le saint Fiacre de la bannière.

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Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022  .

Bannières de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022 .

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1911, Notice sur la paroisse de Guengat, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/344

— ABGRALL (Jean-Marie), 1914, excursion à Guengat,la croix processionnelle, Bull. SAF page 236.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1914_0283_0309.html

— CASTEL (Yves-Pascal), 1982, Pèlerinage aux sources. Fontaines à Guengat, Courrier du Léon du 4 septembre 1982.

0114 Pèlerinages aux Sources - Fontaines à Guengat. 4.09.82.,” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 23 janvier 2022, https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/1594.

 

 
 

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  Notice sur les paroisses,...

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/GUENGAT.pdf

— DILASSER (Maurice), 1979 : Locronan et sa région (Paris, 1979)

DIVERRÈS (Henri), 1891,  "Monographie de la commune de Guengat ", Bull. S. A. F., pages 42-61).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f115.image

GUILLOU-HERMELIN (Christiane) 2016, « Les bannières de Basse-Bretagne, ed. Les amis de Louis Le Guennec.

GUILLOU (Christiane) 2010," Les bannières religieuses en Basse-Bretagne aux XIXe et XXe siècles : Les ”vieilles” bannières." 2010. ffhal-00546728v2f

https://hal.univ-brest.fr/hal-00546728/document

GUILLOU (Christiane) 2013," Les bannières religieuses : une approche du catholicisme bas-breton 1805-2012."

 

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01231402/file/These-2013-SHS-Histoire-GUILLOU_Christiane.pdf

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01231402

http://www.theses.fr/2013BRES0070

 

— JOUIN (Christian), s.d, Tout sur l'histoire de Guengat.

https://www.guengat.com/

http://www.guengat.com/8/eglise05.html.

 

— KERANGUÉVEN (Jean), 1856,  “Enquête diocésaine sur le culte marial en 1856 : réponse de la paroisse de Guengat,”, Abbé Jean Keranguéven, recteur de Guengat, Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 23 janvier 2022, https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/10332.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/10332

” Collections numérisées – Diocèse de Quimper et Léon, consulté le 23 janvier 2022, https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/10332.

— LE GUENNEC, Note sur quelques orfèvres bas-bretons, Bull. SAF 1928 p. 82

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1928_0143_0155.html

PÉRENNÈS (Henri), 1941 : Guengat (Rennes) non consulté

— POP.CULTURE

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29004858

— WAQUET (Henry ), 1957,  Guengat (S.F.A. - Congrès archéologique de France CXVe session 1957 Cornouaille.) -

— WAQUET (Henry ), 1942, Art breton, 2è éd., 1942, pp.145-151

— Site Infobretagne : http://www.infobretagne.com/guengat.htm

http://www.guengat.fr/patrimoine/leglise

 

— WIKILAND

https://www.wikiwand.com/fr/Guengat

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22 janvier 2022 6 22 /01 /janvier /2022 12:33

Le mobilier de l'église de Guengat : le confessionnal de 1840, l'autel "face aux fidèles" et ses panneaux de 1843,  et leurs inscriptions en "ancien breton".

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Voir sur Guengat :

 

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PRÉSENTATION.

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 En 1840, le menuisier Vincent Garrec construisit un confessionnal pour l'église de Guengat, et orna les panneaux de sculptures et d'inscriptions en français et en "ancien breton" énigmatique.

 

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Trois ans plus tard, le menuisier Vincent Garrec, de Guengat, sculpta les panneaux d'une chaire à prêcher avec un corpus d'inscription en "ancien breton" et les data de 1843. Aucun auteur ne décrit cette chaire, mais René Couffon signale que ses panneaux furent réutilisés pour "l'autel face au peuple" (qu'imposèrent les nouvelles règles liturgiques du concile Vatican II à partir de 1965). Le corpus d'inscriptions de cet autel, qui se répartit sur quatre panneaux, permet de mieux comprendre les inscriptions du confessionnal. C'est pourquoi je le décrirai en premier.

Christian Jouin me communique deux clichés de cette chaire :

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Cliché communiqué par C. Jouin.

 

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I. L'AUTEL FACE AUX FIDÈLES DU XXe SIÈCLE ET SES PANNEAUX DE 1843.

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Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Les inscriptions.

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L'abbé Yves-Pascal Castel, du Service de l'Inventaire Général, les a étudiées et ses conclusions ont été publiées paru dans le Courrier du Léon du 12 mai 1986.

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"Il y a sur le maître-autel de l'église de Guengat  une inscription étrange qui a attiré récemment l'attention des chercheurs de l'Inventaire général de Rennes. Pendant un certain temps, l'énigme que posaient les caractères sybilliens (sic) demeurèrent indéchiffrables. Mais grâce à la publication d'un dessin dans le bulletin de la Société archéologique du Finistère, les éclaircissements arrivèrent de toute part. On aurait pu s'épargner un tel déploiement de force !

À Guengat même, quelqu'un connaissait le sens des signes gravés sur l'autel : Jérôme Garrec en avait soigneusement fait le relevé par la méthode du frottis  et communiqué depuis longtemps au cercle de ses intimes la signification des caractères mystérieux. Il le savait par tradition familiale, étant le petit-fils de Vincent Garrec, le menuisier lettré qui exerçait son art au bourg de Guengat au milieu du XIXe siècle.

 

Vincent GARREC ne manquait  pas de talent. La chaire à prêcher et le confessionnal qu'il fournit en 1840 et 1843 à l'église paroissiale sont dans le pur style rocaille florissant au XVIIIème siècle et dont l'engouement se prolongea, on le voit ici, jusque dans le milieu du XIXème siècle. Le témoignage le plus ancien attestant des signes mystérieux utilisés par le menuisier de Guengat se trouve consigné dans la Grammaire du Père MAUNOIR, datée de 1659 qui l'appelle l'Alphabet des anciens Bretons Armoriques. D'après MAUNOIR, il est tiré « partie d'un ancien calice de l'abbaye de Landévennec, partie de quelques anciens bâtiments et monuments de la Bretagne ».  (Castel 1986)

"Alphabet des Anciens Bretons Armoriques, tiré d'un ancien Calice de l'abbaye de Landevenec, d'une Croix de Pierre en Plou-Sané, à deux lieues de Breft, du Château de Lezafcoët près de Doüarnenez, dans les pierres de taille que j'ai vu en place en 1701 étoient toutes marquées de ces Caractères & de quelques autres Anciens monuments de la Bretagne."

 

 

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Julien Maunoir, 1659, Grammaire page 4

 

.

 

"On voudrait bien en savoir plus sur ce fameux alphabet, dont on ne trouve de traces gravées que par Vincent Garrec deux siècles plus tard.

Entre temps, les auteurs de Dictionnaires bretons, Grégoire DE ROSTRENEN en 1732, et Dom LE PELLETIER en 1752 , ont redonné l'alphabet armoricain, dans leurs ouvrages. Par chance, le premier indique, pour ce qui est des monuments sur lesquels on le trouve, en plus du calice disparu, les pierres du château de Lezarscouet près de Douarnenez, affirmant qu'il les avaient vues en 1702."

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Dictionnaire françois celtique ou françois breton... par le P. F. Grégoire, de Rostrenen, 1732 page 30

.

 

"Si l'on ne possède aucune description des caractères du calice de Landévennec, BACHELOT DE LA PYLAIE donne le dessin des glyphes de Lezarscouët, comme il les appelle dans les planches ses « Études archéologiques et géographiques ».

Or ces glyphes ne ressemblent guère aux tableaux donnés par Grégoire DE ROSTRENEN ou Louis LE PELLETIER. Ce sont tout simplement des marques de tailleurs de pierre. Les glyphes ressemblent fort aux signes relevés par nous sur les pierres de taille des façades du manoir de Moëlien, en Plonévez-Porzay. Il n'y a guère de doute et chacun peut en faire la vérification lui-même.

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BACHELOT DE LA PYLAIE , glyphes de Lezarscoët relevés en 1845, planches « Études archéologiques et géographiques ».

 

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Ainsi l'on n'est guère à notre connaissance très documenté sur ce curieux sujet de l'alphabet armoricain.

Mais ce qu'il y a de plus curieux, c'est de savoir comment Vincent GARREC de Guengat a pu être au courant de ces caractères, dits armoricains. Est-ce le fait d'un recteur érudit qui possédait dans sa bibliothèque la Grammaire de MAUNOIR ou bien l'un des dictionnaires que nous avons cité plus haut, qui aurait communiqué au menuisier local l'alphabet ?

En examinant le relevé que nous donnons on remarquera que GARREC en use très librement. Pour certaines lettres, il utilise l'alphabet romain qui est, tout simplement, le nôtre. Par exemple, le MU de l'abréviation du mot menuisier est parfaitement compréhensible pour nous... Cet intérêt de Vincent GARREC pour l'alphabet armoricain témoigne d'un goût pour un ésotérisme, qui a toujours fasciné, à toutes époques et que nos contemporains, avides de mystères au milieu d'un monde en proie à la rationalité, sont en train de redécouvrir." (CASTEL (Y.P.) :Esotérisme ? L'Alphabet Armoricain. Une curiosité peu connue - In Progrès de Cornouaille - 12/V/1986.). https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/27060aae6f0ed8a6bcba4b01005569a4.jpg

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Yves-Pascal Castel  donne la transcription suivante des signes gravés sur la chaire à prêcher de 1843 transformée en autel :

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Yves-Pascal Castel 1986

 

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Traduction de la première inscription.

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​PHILIPPE GUEGUEN

ADJOINT TRESORIER

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Il faut sans doute comprendre : "PHILIPPE, adjoint. GUEGUEN, trésorier". En effet, les généalogistes ne mentionnent aucun Philippe Guéguen, mais par contre, de nombreux habitant de Guengat portent le patronyme PHILIPPE au XIXe siècle. Enfin, une inscription de 1838 à la voûte du chœur indique : "MARCHAND, Recteur. LE QUÉAU, Maire. PHILIPPE, adjoint. GUÉGUEN, trésorier 1660-1838".

 

 

 

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Traduction de la deuxième inscription.

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LE QUEAU MAIRE.

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Cette inscription  mentionne le nom de  Jean-Louis LE QUÉAU, né le 17 mai 1801 à Le Merdy, Guengat, et décédé le 9 avril 1849  à Guengat. Il fut maire de Guengat de 1836 à 1846.

https://gw.geneanet.org/kerangal?n=le+queau&oc=&p=jean+louis

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Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Traduction de la troisième inscription :

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GARREC VINCENT MU [MENUISIER] 1843.

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Vincent Garrec est le fils de Guillaume Le Garrec, (Plonéis,1785-1840), menuisier (acte de mariage 1831) et de  Marie Anne Perrine Jugeau (1787-1866). Il est né à Lezmel, Plogonnec  le 22 juin 1807 et est décédé le 8 février 1878 à Lestraon, Guengat. Sa profession de menuisier est précisée dès son premier acte de mariage en  1831. Il épousa en 1831  Marie Catherine Coadou 1797-1836,  dont il eut deux enfants Marie-Anne et Vincent, puis il épousa le 19 septembre 1836, à Guengat, Marie Catherine Lozachmeur ?1814-1887 dont huit enfants.

 

https://gw.geneanet.org/aaannagenea3?n=garrec&oc=&p=vincent+jean

https://www.geneanet.org/archives/actes/actesenligne/4925809

 

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Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Traduction de la quatrième inscription :

MARCHAND RECTEUR.

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Cette inscription  renvoie à Clet-Marie MARCHAND, de Cléden-Cap-Sizun, recteur de Guengat de 1834 à 1849 (Abgrall). Il peut être assimilé au prêtre  Clet Marchand, Trouguer en Cléden-Cap-Sizun 25 juillet 1799/ Bourg de Cléden-Cap-Sizun 9 août 1884.

https://gw.geneanet.org/mjcoat?n=marchand&oc=1&p=clet

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Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Panneau (1843) de l'autel (XXe siècle) de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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II. LE CONFESSIONNAL DE 1840.

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Le confessionnal de 1840, classé au titre d'objet au 15-06-1999 a été décrit en 1984 par Yves-Pascal Castel qui en a déchiffré les inscriptions. La base Palissy le décrit comme "confessionnal n°2" dans sa notice PM290004857, en indique les mensurations avec sa hauteur de 3,90 m, sa largeur de 2,50 m et sa profondeur de 1,30 m. Il a été restauré en 1992.

Il est placé contre le mur nord de la chapelle du bas-côté nord, à côté de l'armoire à bannières.

Il est de cette forme à trois pans, traditionnelle en France, où une loge centrale équipée d'un siège et réservée au prêtre est accessible par une porte. Elle est entourée de deux compartiments ouverts, équipés d'une tablette (et jadis d'un prie-Dieu). Les compartiments communiquent, au gré du confesseur, avec l'isoloir par un double guichet grillagé à volet d'obturation coulissant, sorte de "boîte à lettres de la conscience". Il est couronné par un demi-dôme.

La porte est ornée de deux panneaux sculptés dont le principal est ajouré. Les montants latéraux et supérieurs de la porte sont aussi décorés, tout comme le dôme.

Les inscriptions mentionnent en français le nom du fabrique, du recteur et du maire, et en alphabet "ancien breton" celui du menuisier Vincent Garrec avec la date de 1840.

L'église conserve deux confessionnaux, dont un au fond de la nef. Jadis, l'un était réservé aux femmes et l'autre aux hommes, mais j'ignore si cet usage répandu est attesté à Guengat. Je présenterai, pour être complet, le confessionnal "n°1" en fin d'article.

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Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Le panneau ajouré de la porte : le monogramme christique IHS sur un cœur et sous un pavillon frangé.

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Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Composition aux feuilles de chêne.

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Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Les inscriptions en français.

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Sur le bâti du coté gauche :

PHILIPPE ADJOINT FABRIQUE

soit, en s'aidant de l'inscription de la chaire, "Philippe , adjoint au Maire et membre de la fabrique" ?

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Sur le haut de la porte, du coté gauche :

MARCHAND : RECTEUR.

Cette inscription présente en "ancien breton" sur la chaire  renvoie à Clet-Marie MARCHAND, de Cléden-Cap-Sizun, recteur de Guengat de 1834 à 1849 (Abgrall)

.

Sur le haut de la porte, du coté  :

JEAN : LOIUS [sic] : LE QUÉAU : MAIRE.

Cette inscription présente en "ancien breton" sur la chaire  mentionne le nom de  Jean-Louis LE QUÉAU, né le 17 mai 1801 à Le Merdy, Guengat, et décédé le 9 avril 1849  à Guengat. Il fut maire de Guengat de 1836 à 1846.

https://gw.geneanet.org/kerangal?n=le+queau&oc=&p=jean+louis

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Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Les deux inscriptions en ancien breton.

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Elles se rapprochent de celle de l'ancienne chaire à prêcher, qui  ont été déchiffrées, nous l'avons vu, en 1986,  par l'abbé Castel .

En s'aidant de ce relevé, Christian Jouin a déchiffré l'inscription de gauche ainsi :

 

IAN : KAVAV

VAL : FABRIQ

UE : ROSERE

soit "Jean Keraval fabrique du Rosaire".

La mention "fabrique du Rosaire" est obscure. Il existe alors une confrérie du Rosaire, mais pas de fabrique propre au Rosaire.

Ce nom est attesté par les généalogistes : par exemple pour un tailleur d'habit et cultivateur (1805-1878) :

https://gw.geneanet.org/duport1?n=keraval&oc=&p=jean

En 1894, un Keraval pose une balustrade pour l'église (C. Jouin)

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Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Pour l'inscription de droite, je transcris :

VINCENT GA

 MU 1840

, soit "Vincent Garrec Menuisier 1840" :

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Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°2 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Le confessionnal n°1.

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Il est comparable au confessionnal n°1, mais ne comporte aucune inscription.

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Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Panneau sculpté de la porte : les emblèmes papaux (tiare et clés).

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Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Confessionnal n°1 de l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

 

 

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1911, Notice sur la paroisse de Guengat, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper

 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/344

 

— CASTEL (Yves-Pascal), 1984, " Eglise Saint-Fiacre, inscriptions sur un confessionnal et sur l'autel" Bull. Société archéologique du Finistère page 327.

— CHUTO (Pierrick), 2010, «Le maître de Guengat».

"Au hameau de la Croix de mission, René Kéraval, le forgeron vit avec sa femme et ses sept enfants aux âges très rapprochés. Comme si cela ne suffisait pas, le couple accueille trois enfants de l'hospice. Cette pratique est courante à Guengat et permet aux ménages de gagner quelque argent.

À Lestraon, Vincent Garrec, menuisier et sa seconde femme, Catherine Lozachmeur, élèvent cinq enfants. Celle-ci a accouché d'Hervé le petit dernier, à 41 ans. Elle allaite également Marie-Louise Philomène, nourrisson abandonné à Quimper. "

https://www.letelegramme.fr/local/finistere-sud/ouest-cornouaille/dzregion/guengat/livre-le-maitre-de-guengat-de-pierrick-chuto-23-02-2010-796261.php

Voir aussi :

https://www.histoire-genealogie.com/L-alcoolisme-au-XIXe-siecle-en-Basse-Bretagne

 

 

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  Notice sur les paroisses,...

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/GUENGAT.pdf

"Nouvel autel face au peuple, fait de panneaux provenant de la chaire à prêcher de 1843 ; l'inscription subsiste, en alphabet artisanal, dont le nom du recteur Marchand, du maire Le Quéau, de l'adjoint Philippe, du trésorier Guéguen et du menuisier, Vincent Garrec Mu. Ces noms se retrouvent dans une inscription peinte sur la voûte pour signaler une réfection du lambris.

Deux confessionnaux du XIXe siècle ; celui du sud porte la date de 1840 et une inscription dans les mêmes caractères que l'ancienne chaire."

 

— DILASSER (Maurice), 1979 : Locronan et sa région (Paris, 1979)

DIVERRÈS (Henri), 1891,  "Monographie de la commune de Guengat ", Bull. S. A. F., pages 42-61).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f115.image

— JOUIN (Christian), s.d, Tout sur l'histoire de Guengat.

https://www.guengat.com/

— JOUIN (Christian),  2021, twitter Estelle Boudillet

PÉRENNÈS (Henri), 1941 : Guengat (Rennes) non consulté

— POP.CULTURE

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29004857

 

 

— WAQUET (Henry ), 1957,  Guengat (S.F.A. - Congrès archéologique de France CXVe session 1957 Cornouaille.) -

— WAQUET (Henry ), 1942, Art breton, 2è éd., 1942, pp.145-151

— Sites divers :

http://www.guengat.com/8/eglise05.html.

— Site Tout sur l'église : http://www.guengat.com/8/eglise07.html

— Site Infobretagne : http://www.infobretagne.com/guengat.htm

http://www.guengat.fr/patrimoine/leglise

 

— WIKILAND

https://www.wikiwand.com/fr/Guengat

Wikipédia 

 

 

 

 

 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 15:45

 

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat.

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Voir sur Guengat :

 

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Voir sur l'art tumulaire hors Bretagne:

 

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Sur les gisants de Bretagne, voir (approximativement par ordre chronologique) :

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Contre la porte de la sacristie précédant la chapelle Saint-Roch au nord du chevet, un enfeu est occupé par un gisant.

En position symétrique du coté sud (chapelle Saint-Michel) se trouve un autre enfeu, vide, et dont, comme ici, l'accolade à crochets et fleurons s'appuie sur deux écus muets (sans doute martelé à la Révolution). 

On attribue, en toute logique, ces enfeus (déverbal d'"enfouir") à chacune des principales familles de la paroisse, Guengat et Saint-Alouarn. Et selon l'Aveu de Jacques de Kergorlay, héritier des prééminences après le mariage de son père René avec Louise de Guengat, l'enfeu "du côté de l'évangile" donc au nord est celui des seigneurs de Guengat (cf. Sources).

Ce n'est qu'au XXe siècle que l'enfeu nord reçut le monument funéraire qu'on y trouve aujourd'hui, et que les armoiries attribuent à la famille de Saint-Alouarn.

Celui-ci est l'un des rares gisants doubles (couple) de Bretagne avec celui d'Olivier de Clisson et de Marguerite de Rohan, un siècle auparavant.

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Les tribulations du gisant de Saint-Alouarn.

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Ce gisant proviendrait des ruines du manoir (?) de Saint-Alouarn à Guengat, lequel disposait d'une chapelle seigneuriale, et fut vendu à la Révolution après la fuite de la famille à Jersey.(H. Torchet )

Selon Christian Jouin, qui cite toutes ses sources, il fut placé ensuite dans la chapelle Lanascol (bas-côté nord), puis dans le cimetière jusqu'en 1881, puis dans l'ossuaire attenant à l'église juste avant le porche. Une photo de Jos Doaré datant de 1968 (site POP. Culture) le montre, posé au sol, sans soubassement, contre le mur d'un local qui est sans-doute l'ossuaire. https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000324. C'est donc vers le dernier quart  du XXe siècle qu'il fut placé dans cet enfeu.

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Description.

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L'enfeu associe à l'accolade gothique à crochets et fleurons retombant sur deux écus martelés une pierre plus haute (réemploi ??) où deux anges portent un écu également muet.

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Le gisant  est a priori celui de Jean de Saint-Alouarn et son épouse Marie de Trégain . On identifie clairement la famille par le griffon du blason placé entre les époux  et qui renvoie aux armes d'azur au griffon d'argent  de Saint-Alouarn.  L'animal est dressé, toutes griffes dehors, ses ailes sont visibles ainsi qu'une queue hérissée de spicules.

 

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SanglierT — Travail personnel Wikipedia

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Entre les deux époux, deux anges ont placé ce blason parfaitement lisible. De l'autre main, ils caressent les cheveux des défunts, et nous incitent à observer ces coiffures du XVIe siècle. Mais le plus admirable est la robe de la défunte, très ajustée, aux plis réguliers ne débutant que sous le bassin, mais dont le pli médian remonte sous forme d'une tresse serpentine jusqu'à l'amorce des seins.

Jehan de Saint-Alouarn est en armure. La ceinture est décorée de cabochons losangiques.  La cuirasse est recouverte d'un tabard frangé à l'extrémité basse. Le bras droit est en bonne partie brisé, tout comme la hanche droite. Le seigneur ne porte pas d'épée, mais c'est peut-être un poignard qui a été brisé sur la hanche.

Ses pieds sont posés sur un lion (ce qui est conforme à un usage répandu) tandis que ceux de son épouse reposent sur un chien, dans lequel on peux imaginer l'habituel lévrier malgré les destructions.

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Données biographiques.

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Pol Potier de Courcy indique :

Saint-Alouarn (de) : seigneur dudict lieu et de Kervéguen, paroisse de Guengat . Référence et montres de 1423 à 1536 pour la dite paroisse, évêché de Cornouaille. D'azur au griffon d'argent (Armorial de l'Arsenal). Fondue dans Alleno.
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Cette fusion avec Alleno date de 1550, par le mariage de Claudine , nièce de René de Saint-Alouarn (présent à la montre de 1536) avec Pierre Alléno de Kersalic, conseiller du roi au Présidial de Quimper. 

Dans cette famille, on connaît Daniel et Guillaume (montre de 1356), Jean (capitaine de Concarneau en 1393, René (1420), Hervé (montre de 1426), Jean (1470), Prigent (fondateur d'une chapelle Notre-Dame de Guengat en 1502, maître d'hôtel de Claude de Rohan en 1488), René (montre de 1536) et Daniel ( dernier abbé de l'abbaye de Quimperlé à partir de 1521, décédé en 1553).

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Le couple Jehan de Saint-Alouarn et Marie Trégain.

-Leur promesse de mariage date du 28 novembre 1471. Le 28/11/1471 mariage d'Alain de Kerraoul avec Marie du Fou fille  d'Hervé du Fou. (Le même jour : promesse de mariage de Jehan le fils âgé de moins de 14 ans d'Alain de Kerraoul de Sainct Alouarn avec Marie Tregayn la fille aînée de Jehan de Trégayn et  Marie du Fou."
 

"Aveux de Kerraoul: Jean Trégain décédé avant 1471 époux de Marie du Fou ( qui se remariera avec Alain de Kerraoul)
D’ou    Catherine de Trégain épouse d’Hervé Mazéas." et    Marie épouse en 1479 Jan de Kerraoul de St Alouarn, né en 1558.

-Leur mariage date du 14 décembre 1479.

 

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=534

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=670

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=677

-Jehan de Sainct-Allouarn fait partie, à la Montre de 1481, des "Nobles et annoblis deffaillans et non comparoissans"

https://www.tudchentil.org/IMG/pdf/Montre_de_1481_en_Cornouaille.pdf

-Le manuscrit BnF 22318 indique page 172 que Marie Trégain est veuve en 1510 (évocation de Prigent de Saint-Alouarn contre Marie Trégain veuve de Jehan de Saint-Alouarn).

Le même manuscrit indique page 214 que Marie Trégain est encore vivante en 1517 ("1517, Marie Trégain contre Guillaume de Trégain son frère aîné sur la succession de leur père).

Elle est également vivante, sauf homonymie, en 1524 : id. page 723 : 1/X/24, Marie Trégain contre Guillaume Trégain.

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Datation.

-Selon les documents :

-La date la plus précoce serait celle du mariage : 1479

-La date plus probable, si le monument est commandé par la veuve, qui s'y fait figurer (ce n'est pas rare) est celle qui suit le décès de Jean de Saint-Alouarn  : peu avant 1510

-La adte la plus probable est celle qui suit le décès de sa veuve : après 1524

-Selon les armoiries : celles-ci ne donnent aucune précision en dehors de la désignation de la famille du défunt.

-Selon les  costumes : ces informations sont à prendre avec précaution, les défunts se faisant représenter selon des conventions, dans leur âge et leurs  atours idéaux. Néanmoins des spécialistes des armures, ou de l'habillement féminin, pourraient apporter d'utiles précisions.

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L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord,  dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

L'enfeu nord, et le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

Le  gisant (granite, après 1524 ?)  de Jean de Saint-Alouarn et Marie de Trégain dans l'église de Guengat. Photographie lavieb-aile janvier 2022.

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Document : Musée départemental breton (non exposé) R. 2001.15.1 et 2.

Une pierre en deux morceaux est conservée au Musée. Sur la première moitié de la pierre, un écusson est sculpté représentant un animal ailé de profil à tête d'aigle et pattes de lion (griffon) . Un blason entier et un demi se trouvent sur la deuxième moitié.

"Catalogue du Musée Archéologique et du Musée des Anciens Costumes Bretons de la ville de Quimper" / SERRET (A.).- Quimper : éd.Société Archéologique du Finistère ; Quimper, imprimerie Cotonnec, 1901. p.109, n°19-24

"Bulletin de la Société Archéologique du Finistère", 1894, tome XX, Séances du 22 février et 26 avril 1894 : "une troisième pierre porte à chaque extrémité un écusson aux armes de Saint-Alouarn : d'azur au griffon d'argent."

 

Pierre aux armoiries des Saint-Alouarn - Fragment de pierre tombale. Granit, XVIe siècle.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie), 1911, Notice sur la paroisse de Guengat, Bulletin diocésain d'histoire et d'archéologie, BDHA, Quimper

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/e296d04e82cd30c9fa97fe5d8508bc81.pdf

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/items/show/344

"Au bas, la nef latérale Nord s'élargit sur l'espace de trois travées, de manière à former une vaste chapelle, autrefois chapelle seigneuriale des Lanascol ou Quimper. On y trouvait une tombe de cette famille avec deux gisants, couchés côté à côte, qui représentent, selon M. Pol de Courcy (Bret. Cont.) Hervé de Saint-Alouarn et sa femme, vivant en 1426. Cette tombe est maintenant transportée dans l'ancien ossuaire, au bas du collatéral sud."

 

—CHUTO (Pierrick), 2010, Le manoir de Saint-Alouarn de 1792 à 1834 à Guengat en Basse-Bretagne.

https://www.histoire-genealogie.com/Le-manoir-de-Saint-Alouarn-de-1792-a-1834-a-Guengat-en-Basse-Bretagne

"Le 30 mars 1792, un décret confisque les biens des ennemis de la Révolution. Le 27 juillet, un autre décret en ordonne la vente. La famille Aléno de Saint-Alouarn, propriétaire d’un immense domaine à Guengat, petite commune rurale à deux lieues environ de Quimper, émigre à Jersey. Depuis de nombreuses années, la famille ne séjournait que rarement au manoir. Le superbe hôtel de la rue Saint-Mathieu à Quimper et le manoir de La Villeneuve en Plomeur avaient ses préférences.

Deux jours de suite, ils parcourent les terres. Avant de quitter les lieux, ils entrent dans la salle au rez-de-chaussée de la maison de Saint-Alouarn, donnant à gauche de l’entrée et « aperçoivent au-dessus de la cheminée, les armes imprimées de morceaux de grappes blanches de la ci-devant noblesse ». François Morvan est chargé de monter sur une échelle et d’enlever les armes à l’aide d’un levier de fer. Il les a en garde jusqu’au moment où Laurent Ollivier se charge de les faire transporter par charrette à Quimper."

 

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  Notice sur les paroisses,...

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/GUENGAT.pdf

— COURCY (Pol Potier de), Nobiliaire :

https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_l_Abbaye_de_Sainte_Croix_de/27wGAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=Saint+-+Alouarn+griffon&pg=PA381&printsec=frontcover

 

DILASSER (Maurice), 1979 : Locronan et sa région (Paris, 1979)

DIVERRÈS (Henri), 1891,  "Monographie de la commune de Guengat ", Bull. S. A. F., pages 42-61).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k207615d/f115.image

JOUIN (Christian), s.d, Tout sur l'histoire de Guengat.

https://www.guengat.com/

— KERGORLAY (Jacques de), 1681, Extrait de l'aveu de Jacques DE KERGORLAY :1681 : [AN P/1689] - Quimper (Finistère, France) - Terriers | 1678 - 1682 - Geneanet

« A cause de laquelle terre et Seigneurie de guengat cy devant déclarées ledit Seigneur déclarant est patron fondateur et le premier préminancier de l'églize parroissialle de guengat, laquelle parroisse a tousiours porte le nom de la Maison de guengat comme estants Véritablement les seigneurs patrons et fondateurs d'Icelle, ainsy qu'il Se Justiffie par la déclaration cy devant où l'on a employé plusieurs tenues Situées audit bourg appartenantes audit Seigneur déclarant, en laquelle Église parroissialle de guengat tant en la maistresse Vitre aux plus haults Soufflets tant en la Maistresse Vitre, qu'aux autres Vitres de ladite Église et chapelles d'Icelle, mesme en bosse et relief autour des murailles tant par dehors que au dedans en plusieurs endroicts et en la tour et clocher d'Icelle Sont les arbres timbrés et alliances de ladite Maison de guengat et dans le coeur &  chanceau de ladite Église, au milieu proche le balustre du grand autel est Un tumbeau de pierre de taille Enlevé de terre d'Environ deux pieds et demy armoyé par dessus et à l'entour des Armes et timbres de ladite Maison de guengat, Lequel tumbeau est l'ancienne Sépulture et Enfeu prohibitif des Seigneurs de guengat proche duquel tumbeau du costé de l'Évangille est Un banc à queue et Accoudouers Aussy Armoyé des Armes de ladite Maison appartenant audit Seigneur déclarant lequel et Ses prédécesseurs Seigneurs de guengat Sont En droict et possession Immémorialle de faire mettre Une ceinture et Lizière avec leurs Armes tant par dedans que par dehors à l’entour d'Icelle Églize parrochialle de guengat à chaque décéds des Seigneurs de guengat"

PÉRENNÈS (Henri), 1941 : Guengat (Rennes) non consulté

POP.CULTURE

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00089983

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000324

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/AP29W01734

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM29000324

Photo Yann Celton 2019 :

https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/memoire/OA029_192900645

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—TORCHET (Hervé) , Famille de Saint-Alouarn

http://www.laperenne-zine.com/articles.php?lng=fr&pg=670

 

— WAQUET (Henry ), 1957,  Guengat (S.F.A. - Congrès archéologique de France CXVe session 1957 Cornouaille.) -

— WAQUET (Henry ), 1942, Art breton, 2è éd., 1942, pp.145-151

— Sites divers :

http://www.guengat.com/8/eglise05.html.

— Site Tout sur l'église : http://www.guengat.com/8/eglise07.html

— Site Infobretagne : http://www.infobretagne.com/guengat.htm

http://www.guengat.fr/patrimoine/leglise

 

— Bull. SAF 1968 ...sition de fonds qui appartenoit à la Maison de St Alloarn ) les armoiries de la Maison de Saint - Alouarn et le ... Et le soufflet du milieu au plus bas desdits soufflets a aussy un griffon des armes de Saint - Alouarn les autres vitrages estans de verres peints et en assez bon estat a l'exception de deux petits trous qu'il  faut reparer , avons ..

— Daniel de Saint-Alouarn, dernier abbé régulier de l'abbaye de Quimperlé vers 1538, mort en 1553 :

https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_l_Abbaye_de_Sainte_Croix_de/27wGAAAAQAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=Saint+-+Alouarn+griffon&pg=PA381&printsec=frontcover
 

WIKILAND

https://www.wikiwand.com/fr/Guengat

—Wikipédia (donne la date de 1426 erronée)

https://de.wikipedia.org/wiki/St-Fiacre_(Guengat)#/media/Datei:Guengat_%C3%89glise_Saint-Fiacre_Gisants_516.jpg

 

 

 

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Gisants Chapelles bretonnes. Héraldique Sculpture
13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 18:59

L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou IX . Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) et leurs miséricordes.

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1°) Voir dans ce blog d'autres articles sur Saint-Herbot :

 


 

 

2°) Voir dans ce blog la description d'autres stalles :

 En Bretagne par ordre chronologique :

 

Hors Bretagne :

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INTRODUCTION.

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Voici un article qui est parfaitement inutile voire déplacé, puisque ces stalles ont été parfaitement décrites par Florence PIAT dans une thèse de 2012 intégralement disponible en ligne, et que ses photographies, bien plus complètes et attentives que les miennes, sont numérisées et disponibles dans son article de l'Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne.

Voici un article qui est un plagiat ou un patchwork de copier-coller du travail de Florence Piat.

Après ce coup de gourdin envers mon article, il me reste à lui tendre la main pour le défendre un peu. D'une part, il rendra hommage aux sites en ligne de cette  auteure. D'autre part,  il viendra compléter mes articles précédents sur les stalles bretonnes, et ma série sur la chapelle Saint-Herbot. Et puis le site de l'Inventaire, remarquable comme je l'ai dit, nécessite de cliquer séparément sur chaque stalle sans pouvoir en faire dérouler l'ensemble. Enfin, mon article sera associé à la description de la clôture elle-même. Tout cela pour ne pas avouer que j'éprouve du plaisir à le publier avec mes propres photos : c'est bien bas. Et je m'en excuse auprès de madame Piat.

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PRÉSENTATION (D'APRÈS F. PIAT).

 

 

"L’ancien duché de Bretagne conserve aujourd’hui dix ensembles de stalles, majoritairement situés dans la partie nord de la région : celles de la cathédrale de Dol-de-Bretagne (77 stalles), de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne (18), de la collégiale de Champeaux (54), de la cathédrale de Tréguier (48), de l’église de Boquého (8), de la chapelle Saint-Quay de Plélo (8), de la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (66), celles provenant du château de Kerjean (6), celles conservées dans l’église SaintSymphorien de Couëron et provenant de l’abbaye Notre-Dame de Buzay (10), et enfin, celles de l’église Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou (15) . Ces dix groupes, réalisés entre la fin du XIVe siècle et le premier quart du XVIe siècle, offrent un aperçu qualitatif original de ce mobilier liturgique à la fin du Moyen Âge." (F. Piat, thèse)

 

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Ces 15 stalles font partie d'un chancel à claire-voie et balustres tournés, précédemment décrit, et surmonté d'une crucifixion ;elles sont  disposées en U à l'intérieur de ce chancel, mais le tombeau de saint Herbot occupe l'emplacement d'une stalle, sur le côté Nord de l'entrée Ouest du chancel ; tous les appui-mains sont identiques (arabesque ou  volute à l’intérieur de laquelle se trouve une tête à feuilles ) et les dossiers portent un décor en cuvette.
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Les stalles se trouvant dans la chapelle Saint-Herbot sont les plus tardives du corpus des stalles de Bretagne étudié par Florence Piat, avec une datation comprise entre 1550 et 1570. (Les dix groupes recensés sur le territoire de l’ancien duché de Bretagne se caractérisent par une relative homogénéité dans leur période de réalisation. En effet, si les stalles de Dol-de-Bretagne, de Buzay et de Boquého sont les plus anciennes, conçues entre la fin du XIVe siècle et le milieu du XVe siècle, les sept autres groupes ont tous été commandés et confectionnés dans le premier quart du XVIe siècle, exception faite des stalles de Saint-Herbot qui datent du milieu de ce même siècle.)

Leur style appartient complètement au répertoire de la Renaissance et une commande seigneuriale pourrait être à l´origine de leur réalisation. Cette chapelle, auparavant église, était le lieu d´un pèlerinage important en raison de la présence du tombeau de saint Herbot, saint que l´on invoquait - et que l´on invoque toujours - pour la protection des troupeaux. Des autels votifs sont ainsi disposés devant le chancel à balustres tournées qui clôture le chœur et dans lequel sont intégrées les quinze stalles de cette chapelle. L´ensemble est surmonté d´une Crucifixion qui fut rajoutée en 1659. Les portes et le couronnement du chancel sont sculptés de motifs totalement renaissants avec des putti, des grotesques, des masques, mais aussi les douze Sibylles et les Apôtres.

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Pénétration du vocabulaire de  la Renaissance, plus tardive en Basse-Bretagne (Saint-Herbot) qu' Champeaux et LaGuerche de Bretagne.

Le répertoire décoratif italien est expérimenté en Bretagne sensiblement à la même époque que dans le royaume de France, ce dont témoigne des œuvres telles que le tombeau de Thomas James (1507), son missel (1484), le portail de la chapelle du Saint-Sacrement à Vannes (1515-1531), ainsi que la présence, dans la péninsule, d’artistes venus expressément des régions transalpines pour travailler auprès de mécènes influents. Comme dans beaucoup d’autres régions, ce nouveau vocabulaire s’intègre et se mêle jusqu’aux années 1520-1530 à l’architecture et aux images médiévales, sans pour autant profondément modifier les structures issues du Gothique. Dans les stalles de l’ancien duché, le tournant s’opère effectivement en l’espace d’une décennie et, alors qu’un ensemble comme celui de Tréguier réalisé au début des années 1510 présente  encore toutes les caractéristiques iconographiques médiévales, les stalles de La Guerche-de-Bretagne, réalisées à la fin de cette même décennie développent largement de nouveaux motifs directement inspirés de l’art italien. En l’espace d’une dizaine d’années, ces thèmes pénètrent donc le vocabulaire décoratif et iconographique des sculpteurs sous l’action combinée de grands mécènes, comme les Laval et Espinay, la diffusion de gravures provenant de Flandres, d’Allemagne et également du bassin ligérien.

Cependant, cette arrivée des thèmes de la Renaissance ne se fait pas au même rythme partout en Bretagne et une distinction entre la partie occidentale et orientale du duché doit être faite. En effet, si l’on constate que les exemples de stalles situés en Haute-Bretagne et plus généralement le long des marches de Bretagne accueillent ces motifs dès les années 1515-1520, il semble qu’en Basse-Bretagne, ce répertoire ne s’implante véritablement que dans la seconde moitié de ce même siècle, par le biais de la seconde Renaissance comme dans la chapelle de Saint-Herbot. Ainsi, quatre groupes de stalles bretons présentent des éléments décoratifs empruntés à ce nouveau répertoire, cependant associés à des motifs déjà employés dans les exemples de la fin du XVe siècle : les stalles de la chapelle Saint-Quay de Plélo, celles de la collégiale de La Guerche-de-Bretagne, de la collégiale de La Madeleine de Champeaux et, enfin, celles de la chapelle de Saint-Herbot. (F. Piat)

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Ces quinze stalles constituent probablement l’ensemble le plus complet du corpus breton grâce à la présence de ce chancel. Cependant, il n’est pas exclu qu’une partie d’entre elles aient été remaniées à la fin du XVIe siècle, au fur et à mesure de la construction de la clôture ou encore au moment où le tombeau en granit de saint Herbot fut élevé en table, monté sur quatre piliers et accolé à l’entrée du chancel, occupant ainsi la première stalle N.O . (Le sol de cette chapelle fut exhaussé au XVIIIe siècle et il est probable que les piliers aient été ajoutés à cette occasion. Cependant, la tombe, datant du XVe siècle a été délibérément intégrée au chancel car côté nef, on constate que le panneau du soubassement lui correspondant est monté sur des charnières (d’origine). Cette ouverture permettait aux fidèles de toucher le gisant du saint. Avant la construction de ce chancel, ce tombeau se trouvait à l’extérieur de la clôture. J.-J. RIOULT, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot », in Congrès Archéologique de France. Finistère, 2007, p. 203-208. )

Plusieurs des quinze miséricordes représentent des vases ornementaux, tous différents. Une femme et un homme sont également représentés en buste sur deux miséricordes. Il pourrait s´agir des commanditaires de l´ouvrage bien que leurs bras, se finissant en feuillages, indiqueraient plutôt qu´il s´agit de silvani. Un autre personnage masculin, torse nu et allongé, tient dans sa main un fruit et enfin, une des miséricorde montre un Maure, coiffé d´un turban extravagant, des grelots aux oreilles, en train de chanter. Cette dernière miséricorde justifie à elle seule l´inclusion de cet ensemble dans le corpus des stalles « médiévales » de l´ancien duché de Bretagne. En effet, ce motif du Maure chantant est également présent sur les ensembles de La Guerche-de-Bretagne, de Saint-Pol-de-Léon et sur les stalles provenant de Kerjean et conservées à Saint-Pol. Les stalles de Saint-Herbot permettent donc d´apprécier la diffusion d´un motif, d´un modèle à travers une région.

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Ces sièges étaient réservé aux prêtres carmes qui desservaient la chapelle (qui serait un ancien prieuré ducal des Carmes de Rennes, attiré par les seigneurs de Rusquec), et que dirigeait un prêtre-gouverneur.

 

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Les stalles forment un ensemble plutôt bien conservé et entretenu, malgré des problèmes sur plusieurs charnières des battants des sièges (manquantes ou cassées), polychromie dans la partie supérieure du chancel.

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Sur le bord intérieur du chancel, faisant face à l'autel du chœur, un rang médian du coté ouest,  doté de 7 sièges (5 à 11) de part et d'autre de la porte principale de la clôture, est encadré par deux bras latéraux, nord et sud, de quatre sièges chacun.

On accède aussi au chœur par des portes latérales :  une jouée basse débute la série (coté externe de la stalle n°1) est sculpté  sur toute sa hauteur d'un saint André portant sa croix, tandis que la jouée nord, sur le coté externe de la stalle n°15, est sculpté d'unn saint Pierre tenant une clef à longue hampe.

 

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Plan par Florence Piat.

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I. Stalles situées sur le côté sud du chancel : n°1 à 4.

 

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Miséricorde de la stalle n°1. Un vase.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-01/c7526a30-ce63-41c4-a99b-83e2e11a9a38

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C'est le premier exemple d'une série de vase —ou urne— à deux anses en forme de S, ici assez grossièrement taillé sans polissage.

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°2. Un vase.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-02/c83bc727-24f7-4472-a4da-c92eaaa3994a

Dans ce deuxième exemple de vase  à deux anses en forme de S, la base est faite de feuillages finement dentelés tout comme le sommet, tandis que le corps est composé de deux renflements, celui du bas étant comme entouré d'une bande de tissu, comme les turbans. Les formes sont soigneusement polies, et les anses, ou le corps, est orné de rouelles par marquage avec un outil rond.

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°3. Un homme allongé.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-03/ca8304aa-7481-457b-bda9-89cb0e772ece

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"Un homme est représenté en buste, tourné vers sa droite. Il est barbu, les cheveux courts et bouclés, et porte une sorte de toge, nouée sur l'épaule gauche et dont l'extrémité flotte derrière lui. Ses bras ont été remplacés par des feuillages. Il lève les sourcils et son front est barré d'une grande ride. Une arabesque s'enroule derrière lui, au-dessus de son épaule droite." (F. Piat)

On retrouve l'usage de poinçon en O. Il s'agit d'un personnage hybride associant des traits humains et des accessoires végétaux, (voire animaux si "l'écharpe " est vue comme une aile  de chiroptère ), thème typiquement Renaissance en rapport avec le goût de l'époque pour les métamorphoses, et déjà très présent à La Guerche-de-Bretagne et à Champeaux.

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°4. Bouc crachant des feuillages et fruits.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-04/09b0144d-2c75-4744-8225-c75f94551c37

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"Tête de bouc mangeant des herbes et des fruits. L'animal possède de longues cornes recourbées aux extrémités et qui occupent toute la longueur de la miséricorde. Son front est recouvert de poils frisés et son museau est fin et allongé." (F. Piat)

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Les fruits (poires, coings) ou légumes piriformes sont issus des décors en stuc et en bois (Scibec de Capri) de la salle François Ier à Fontainebleau.

https://www.lavieb-aile.com/2020/12/les-lambris-sculptes-par-scibec-de-capri-a-la-galerie-francois-ier-de-fontainebleau.html

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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II. COTE OUEST, au sud de la porte .

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Miséricorde de la stalle n°5. Bucrane hybride.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-05/79f73e7d-f427-45b7-8dcb-ed35801e95f0

"Les cornes d'un bucrane stylisé sont remplacées par deux têtes de lions qui viennent mordre des feuillages sortant des yeux du bovin. Les têtes de lions et la courbure des feuillages forment deux cercles de chaque côté du bucrane." (F. Piat)

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C'est encore un bel exemple du goût pour les métamorphoses, et les compositions chimériques entre règne animal et végétal. Le passage entre le bucrane et les deux petites têtes de lions (ou de boucs ?) est très progressif, tout comme celui entre le bord du crâne et les feuilles. On peut même voir, dans les lanières ponctuées de l'extérieur, l'introduction d'un autre "règne", celui des artéfacts ou productions de l'artisanat humain.

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°6. Un vase.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-06/4f80994f-d58e-4b1e-8e14-e0d7e62c4cb9

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"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé de deux renflements qui semblent contenus par des bandes de tissu et resserrés au milieu." (F. Piat)

Voir la miséricorde n°2.

 

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°7. Visage d'homme barbu.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-07/ae23fd63-ca24-4306-b588-2ed64e004cee

"Un homme est vu en buste, de face. Il est barbu, a la bouche entrouverte et regarde vers le bas. Les pupilles sont creusées. Il porte un chapeau plat orné d'une plume et un costume à manches bouffantes, à la mode sous François Ier. Deux volutes se développent derrière lui, l'enroulement tourné vers sa tête. Des feuilles et des fruits sont sculptés derrière ses épaules." (F. Piat)

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C'est, par une ambiguïté subtile,  un décor intermédiaire entre la métamorphose humain/feuillage, et un buste seulement orné de feuillages.

 

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Chapelle Saint-Herbot : stalle 07 - Miséricorde : homme en buste. Cliché F. Piat.

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Miséricorde de la stalle n°8.

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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COTE OUEST, au nord de la porte à coté du gisant de saint Herbot

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Miséricorde de la stalle n°9. Un chanteur moresque.

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F. Piat identifie ici un "chanteur moresque" qu'elle rapproche du Maure du jeu de cartes de Jean Le Dale (Lyon, dernier quart XVe siècle), et qui est  représenté aussi sur les stalles de Saint-Pol-de-Léon (n°65), de Kerjean (n°2) et de La Guerche-de-Bretagne (n°15), ce qui "rattache encore ce groupe de stalles à une certaine tradition médiévale et à des exemples plus anciens".

Elle se base sur le nez épaté, le bandeau (mais qui est peut-être le bord d'un bonnet à plume) et la bouche entrouverte.

Mais les  grelots suspendus à chaque oreille ne pourraient-ils pas aussi nous orienter vers la piste du Fou?

"Dans tous ces exemples, même si le traitement varie, des caractéristiques inamovibles peuvent être repérées. Ainsi, seule la tête est sculptée à chaque fois, le personnage porte un turban, ses traits sont africains et il ouvre toujours la bouche, laissant voir ses dents. De notre point de vue, ce personnage est en train de chanter, ce qui pourrait le rapprocher des morisques, ces danseurs et chanteurs professionnels qui se produisaient  lors des grandes fêtes et foires. Vêtus d’habits bigarrés, ils pouvaient également porter des grelots, à l’image de l’homme représenté sur la miséricorde de Saint-Herbot dont les oreilles sont ornées de deux gros grelots. C’est d’ailleurs ainsi qu’Erasmus Grasser le représente, vers 1480, dans la série de danseurs morisques conservée au Stadtmuseum de Munich. Présent sur quatre des dix ensembles de stalles bretons, le motif du chanteur moresque étonne par sa pérennité qui n’a de pair que l’adaptation iconographique dont il est l’objet. Car, de prime abord, il est malaisé de faire le lien entre la sobriété de la miséricorde de La Guerche et l’exubérance du costume du chanteur de Saint-Herbot. Si des caractères généraux restent donc employés dans toutes ces figures, le traitement du sujet semble revenir au choix du sculpteur" (F. Piat)

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°10. Un vase.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-10/e848dde0-c2e5-459a-8b86-3c6292b19a00

"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé d'un renflement qui semblent contenus par des bandes de tissu. Le centre et le sommet du corps sont composés d'une partie du fût et du chapiteau d'une colonne polygonale." (F. Piat)

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°11. Bouc mangeant des feuillages.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-11/57e304c2-0b31-4b4c-a084-9cad3b940a7e

"Tête de bouc mangeant des herbes et des fruits. L'animal possède de longues cornes recourbées aux extrémités et qui occupent toute la longueur de la miséricorde. Son front est recouvert de poils frisés et son museau est fin et allongé. Sur le rebord de la sellette, des pointillés sont creusés en arrondi au-dessus de sa tête." (F. Piat)

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°12. Vase ornemental.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-12/6eab6078-3ce3-412a-b339-5b0fa2520986

"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé de deux renflements qui semblent contenus par des bandes de tissu et resserrés au milieu." (F. Piat)

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Coté nord.

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Miséricorde de la stalle n°13. Un acrobate.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-13/65f681f5-57c7-490a-8904-c0430ab636f0

"Un homme barbu, torse nu est représenté couché sur le flanc, tourné vers la droite de la miséricorde. Il porte une culotte bouffante à crevées et à la braguette protubérante. Il appuie sa tête sur sa main gauche et tient un fruit ou une fleur dans sa main droite. Ses jambes sont repliées derrière lui de manière acrobatique, de sorte que les dessous des deux pieds sont visibles. Les cheveux de l'homme sont courts et bouclés." (F. Piat)

" Le personnage possède  de larges crevées. S’arrêtant à mi-cuisses, la braguette ou brayette est très proéminente, détail qui renvoie à la mode des années 1550."

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°12. Buste de femme.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-14/4ed0a2f1-0215-437d-bcd0-f45c1b3fadab

 "Une femme est représentée en buste, de face. Elle est richement vêtue d'une robe à décolleté carré, mais dont la poitrine est recouverte par un voilage plissé. Les manches semblent bouffantes mais ses bras ont été remplacés par des végétaux. Elle est coiffée d'un casque ou d'un chapeau à larges rebords en forme d'oreille. Quelques mèches de cheveux dépassent et viennent onduler le long du visage. Deux grandes gerbes de feuilles et de fleurs jaillissent derrière elle, au niveau de son cou. Son visage est joufflu et elle ne sourit pas." (F. Piat)

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C'est encore une figure hybride, humaine/végétale, malgré la richesse de sa coiffure et de sa robe.

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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Miséricorde de la stalle n°15. Vase ornemental.

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http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-stalle-15/963fd489-22cc-43d5-8f6f-d8dfb09c056c

"Vase ou urne à deux anses en forme de S. La base est faite de feuillages tout comme le sommet. Le corps est composé de deux renflements qui semblent contenus par des bandes de tissu et resserrés au milieu." (F. PIat)

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Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

Les 15 stalles (chêne ciré, vers 1560-1575) de Saint-Herbot et leurs miséricordes. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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Source principale : 

 

 

 

 PIAT (Florence), 2012, Les stalles de l’ancien duché de Bretagne, de la fin de la guerre de Succession jusqu’au concile de Trente, [thèse : Histoire de l’art], Rennes, Université de Rennes 2, 2012, 2 vol.2.

 https://www.academia.edu/34924613/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_Les_stalles_de_lancien_duch%C3%A9_de_Bretagne._De_la_fin_de_la_guerre_de_Succession_jusquau_concile_de_Trente

Volume 2 Annexes :

https://www.academia.edu/34924818/THESE_UNIVERSIT%C3%89_RENNES_2_-_Volume_2_-_Annexes

 PIAT (Florence), 2006, Ensemble de stalles dans la chapelle Saint-Herbot (côté Ouest, Nord et Sud du choeur, contre les parois intérieures du chancel) Dossier IM29005184 réalisé en 2006

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/ensemble-de-stalles-dans-la-chapelle-saint-herbot-cote-ouest-nord-et-sud-du-choeur-contre-les-parois-interieures-du-chancel/ef019ff1-4a00-4a00-ae8d-597ce576ee46

Compléments :

— ABGRALL, J.-M. Le mobilier artistique des églises bretonnes. Bulletin de la Société Archéologique du Finistère. Tome 25, Quimper : S.A.F., 1898, pp. 3-13.

— COUFFON, René, LE BARS, Alfred. Diocèse de Quimper et de Léon, Nouveau Répertoire des Eglises et Chapelles. Quimper : Association Diocésaine de Quimper, 1988.

— ​​​​​​​COUFFON, René. L'église de Saint-Herbot, in Bulletin Monumental, tome CXI, 1953, pp. 37-50.

 

 

 

 

— COUFFON (René), 1953,  L'église de Saint-Herbot. In: Bulletin Monumental, tome 111, n°1, année 1953. pp. 37-50

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_1_3732

 

"De la seconde moitié du xvie siècle, il clôt le chœur sur trois côtés et comprend une série de panneaux sculptés en haut et en bas, séparés par des balustres tournés formant claire-voie. Les panneaux du bas sont décorés d'arabesques Renaissance. Sur ceux du haut regardant la nef sont figurés les douze apôtres en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les faces latérales, au nord les petits prophètes, au sud les sibylles. A l'intérieur, seize stalles font corps avec le chancel. Les panneaux qui les surmontent sont décorés, dans la partie centrale, de douze saints et saintes en dix panneaux séparés par des cariatides et, sur les côtés, de motifs décoratifs. Les jouées d'extrémité des stalles supportent un entablement formant baldaquin décoré de dix-huit bustes des évangélistes, des prophètes et des docteurs. En avant du chancel, deux tables de pierre servent à déposer les offrandes le jour du pardon, d'un côté les crins, de l'autre les mottes de beurre. Une restauration récente a mis au jour l'inscription suivante se rapportant à la Crucifixion qui le couronne : [.'AN 1659 O VOS OMNES QUI TRANSITIS PER VIAM ATTENDITE ET VIDETE SI EST DOLOR SICu(t) DOLOR Me(us) O : VOUS TOUS PASSANS ARRESTEZ VOUS E VOYEZ SIL EST UNE DOULEUR SEMBLABLE A LA MIENNE : LAM..."

— COUFFON (René), 1959, Notice de Plonévez-du-Faou, Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/4bc495e8ae261523262138b91718a386.pdf

— MONUMENTS HISTORIQUES.

http://monumentshistoriques.free.fr/calvaires/herbot/herbot.html

— PEYRON (chanoine), 1910, Notice, Bull. SAF page 164-167

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1910_0216_0242.html

— RIOULT (Jean-Jacques), CASTEL (Yves-Pascal), BONNET (Philippe), DUCOURET, 2010, Chapelle Saint-Herbot (Plonévez-du-Faou),  Inventaire général, région Bretagne

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/chapelle-saint-herbot-plonevez-du-faou/7310520a-35ca-4784-91b8-578f98ea65d6

—   BONNET (Philippe), RIOULT (Jean-Jacques), 2010,  « Saint-Herbot. Chapelle Saint-Herbot », dans Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, Bretagne gothique, Paris, Picard, coll. « Les Monuments de la France gothique », 2010, 485 p.

—  RIOULT (Jean-Jacques), 2009, « Plonévez-du-Faou, chapelle Saint-Herbot », Congrès archéologique de France « Finistère 2007 »,‎ 2009, p. 203-208 

— CASTEL (Yves-Pascal),  DUCOURET, 1966, 1972 et 1986, Dossier IA00005154 Inventaire général, région Bretagne

http://inventaire-patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/public/annexes/IA00005154_01.pdf

 

 

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Bibliographie complémentaire :

 ALEXANDRE-BIDON (Danièle), 2001, « L’iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures...) », in K. Lemé-Hébuterne (dir.), Autour des stalles de Picardie et Normandie. Tradition iconographique au Moyen Âge, Amiens, Encrage, 2001, p. 149-166.

 

—  BILLIET (Frédéric) 2001, « Un mobilier pour le chant. La vie musicale dans les stalles d’Amiens », Autour des stalles de Picardie et de Normandie. Traditions iconographiques au Moyen Âge, (ed. K. LEME-HEBUTERNE), actes du 4e colloque international de Misericordia International, Amiens, septembre 1999, Amiens, Encrage, 2001, p. 29).

http://docplayer.fr/62357535-L-es-etudes-relatives-a-l-iconographie-des-stalles-de-choeur-ne-peuvent-ignorer.html

file:///F:/chapelles/Saint%20Pol%20de%20L%C3%A9on%20stalles/Stalles%20blog/05_billiet_frederic_un_mobilier_pour_le_chant_la_vie_musicale_dans_les_stalles_de_la_cathedrale_dami.pdf

 

—  BILLIET (Frédéric)  Le miroir des miséricordes: XIIIe-XVIIe siècle : actes du colloque Université de Toulouse-Le Mirail. Images et sociétés, Université de Toulouse-Le Mirail. Section d'histoire de l'art Centre européen d'art et de civilisation médiévale, 1996 - 262 pages

 

.—  BLOCK (Elaine C.), 2003,Corpus of medieval misericords. France. XIII - XVI  century, Turnhout, Brepols, 2003,444 p. 

— E. C. Block: 'Proverbs on Choir Stalls in the Rhineland', ProfaneA. Mid. Ages, v/1 (1996), pp. 25–45

.—  BLOCK (Elaine C.), BILLIET (Frédéric)  Stalles de la cathédrale de Rouen (Les)

https://books.google.fr/books?id=7tThdObk0qwC&pg=PA78&lpg=PA78&dq=stalles+saint-pol-de-l%C3%A9on&source=bl&ots=tth0hiC8_3&sig=zZ9bwe1_Qj7cICq9VvvVWu8EHyY&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiMjJnC-IvYAhXDDcAKHcx-DRk4FBDoAQhEMAU#v=onepage&q=stalles%20saint-pol-de-l%C3%A9on&f=false

— BOURNOT-DIDIER (Nancy) , 2000, André Sulpice et les stalles du Rouergue Thèse de doctorat en Histoire de l'art soutenue à Toulouse 2

 

— CHARLES (Olivier ), 2004, Chanoines de Bretagne, carrières et cultures d'une élite cléricale au siècle des Lumières, Presses Universitaires de Rennes

http://books.openedition.org/pur/17414

 

—  DURAND (Georges) : Monographie de l'église Notre Dame, cathédrale d'Amiens. Tome II . Yvert et Tellier, 1903.

http://www.stalles-dg.info/Acc/durdescrip.htm

 — KRAUS (Dorothy et Henry), 1968, Le monde caché des miséricordes. Suivi du répertoire de 400 stalles d'églises de France. Paris, 263 p. Les éditions de l'amateur.

— MISERICORDIA INTERNATIONAL MEDIEVAL ICONOGRAPHY

http://misericordia-international.blogspot.fr/

— SITES PHOTO

http://tchorski.morkitu.org/14/stpol-01.htm

— PELAD-OLIVIER (Monique), L'emplacement et l'organisation des stalles de la cathédrale de Rouen des origines à nos jours.

http://docplayer.fr/62033271-L-emplacement-et-l-organisation-des-stalles-de-la-cathedrale-de-rouen-des-origines-a-nos-jours.html

http://www.rouen-histoire.com/Cathedrale/Stalles/Index.htm

— PEYRON (Paul), 1901,  La Cathédrale de Saint-Pol et Le Minihy Léon, Quimper, Imprimeur de l’Évêché, 1901, 248 p. (lire en ligne) ou archive.org

https://archive.org/stream/lacathdraledesa00peyrgoog#page/n12/mode/2up/search/psallette

— PRIGENT (Christiane)   Sculptures de danseurs et de jongleurs dans les édifices religieux, à l’époque romane et à l’époque gothique. « Représentations sculptées de danseurs et de jongleurs comme manifestation de la culture laïque dans les édifices religieux à l'époque romane et à l'époque gothique », in M.S.H.B., tome LXXI, 1994, p. 279-313.

https://hicsa.univ-paris1.fr/documents/pdf/MondeRomainMedieval/Prigent.pdf

— LANGLOIS (E.-H.) 1827, Notice sur les bas-reliefs des stalles de la cathédrale de Rouen et sur le Lay d'Aristote, E.-H. Langlois, Rev. de la ST. Lib. d'Em. de la S.-I., 1827, p.12.
— LANGLOIS (E.-H.)  1838, Stalles de la cathédrale de Rouen, E.-H. Langlois, 1838.

— LEMÉ (K.) 1994,  Stalles de Haute-Normandie, K. Lemé, Etudes Normandes, 1994/3, p. 21.
—  LEMÉ (Khristiane), 1993, Images de la société à travers les stalles du nord-ouest de la France, XIVe http://www.theses.fr/1993PA040260

— LEMÉ (Kristiane) : Le costume au début du XVI°siècle à travers les stalles de la cathédrale d'Amiens. Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie. 4° trimestre 1996

— LEME-HEBUTERNE, Kristiane. Les Stalles de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Paris : Picard, 2007, tome XXVI.

p. 17-44 ; p. 57-114 ; p. 168-173

— TOURTIER, Guy (de), PRACHE, Georges. Les Stalles de la cathédrale d’Amiens, XVIème siècle. Lyon : Lescuyercz, 1970.

Kristiane Lemé-Hébuterne, Les stalles de la cathédrale Notre-Dame d’Amiens, Paris, Picard, 2007, 28 cm, 248 p., 213 fig. en n. et b. et en coul., carte, plans, dessin. – ISBN : 978-2-7084-0792-3

— JOURDAIN (Edouard) et DUVAL (Charles) : Les stalles de la cathédrale d'Amiens. Extrait des Mémoires de la Société des Antiquaires de Picardie. Amiens, Duval et Herment 1843.

 — AMIENS. 1509 et 1522.

https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/stalle-du-choeur-decor-en-bas-relief-d-une-jouee-la-vierge-des-litanies/08160568-5bd4-486b-8dce-04262e6e6f4e

https://inventaire.hautsdefrance.fr/recherche/globale?texte=Amiens+stalles

 

https://www.richesses-en-somme.com/cath%C3%A9drale-insolite-int%C3%A9rieur/stalles-de-la-cath%C3%A9drale/

 La visite virtuelle des stalles peut se faire sur le site  http://www.stalles-dg.info/Pag/accueil.htm

— BEAUVAIS : Inscription sur la 10ème stalle du côté gauche en haut sur une miséricorde : DE avec étoile et lune

https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/ensemble-de-83-stalles/afd61497-aa6e-4021-b20b-5c2f92980865

— SOISSONS

https://inventaire.hautsdefrance.fr/dossier/serie-de-82-stalles/a873a336-a6d3-42a7-888e-e7f1a5ef3caa

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Published by jean-yves cordier - dans Stalles Sculpture Chapelles bretonnes. Renaissance
3 décembre 2021 5 03 /12 /décembre /2021 10:53

Cherchez le Pauvre ! Saint Yves et le Riche : les huit poteaux d'une maison de Quimper datant de la fin du XVe siècle, conservés au Musée départemental breton.

 

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— Voir  sur les groupes de Saint Yves entre le Riche et le Pauvre :

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Et aussi Saint Yves et le geste de l'argumentation, etc. :

 

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PRÉSENTATION.

Le Musée Départemental Breton présente aux visiteurs six poteaux en chêne de plus de 80 cm de haut ornés de figures en haut-relief. Elles proviennent d'une maison de la fin du XVe siècle qui s'élevait en face du palais épiscopal, aujourd'hui Musée départemental breton, dans l'actuelle rue du Roi Gradlon. Elle fut détruite à la fin du XIXe siècle et vers 1930, l'immeuble de la Société Générale situé à l'extrémité de la rue s'éleva à son emplacement. Maps.

Lors de la destruction, la Société archéologique du Finistère en fit déposer au Musée le décor sculpté, dont ce fut l'une des premières acquisitions.

On y trouve un dragon, un ange portant un phylactère, saint Michel terrassant le dragon, saint Yves, le Riche, et saint François, ainsi que deux personnages non exposés, dont un saint Roch (?).

Puisque je m'attache, dans ce blog, à dresser une petite iconographie des groupes de Saint Yves entre le Riche et le Pauvre, je me propose de présenter, malgré l'absence du Pauvre, les poteaux de saint Yves et du Riche, et, tant qu'à faire, les autres poteaux de cette maison.

Néanmoins, une gravure de 1845 représente cette maison  à colombage, avec ses huit poteaux figurés : malgré le dessin forcément trop imprécis des figures, on identifie saint Yves et le Riche au centre,  séparés des autres par deux fenêtres à croisillons losangés. Le Pauvre était obligatoirement présent, à la droite d'Yves rendant la justice. 

Donc, le Pauvre pourrait être l'un des deux personnages des poteaux conservés en réserve, et dont la photographie est heureusement disponible sur le site du Musée.

Pourtant, sur ce site, il n'est pas identifié comme tel, et semble donc absent des collections.

C'est cette petite énigme que j'expose ici, à défaut de la résoudre péremptoirement.

 

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La gravure de 1845 représentant la maison . Numéro d'inventaire : 1993.43.1.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1993-43-1-maiso-d89ce

Extrait de l'Album "Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France - La Bretagne", J. TAYLOR, Ch. NODIER, Alph. CAILLEUX (Les principaux collaborateurs sont E. Cicéri, Mayer, Gaucherel, Dauzats, Jacottet), Paris, 1845, page 177

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

Photographie sur gélatino-bromure posé sur verre

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1998-7-45-repro-7bfe3

 

 

Description par le musée :

"Cette estampe "Maison à Quimper" fut publiée en 1843 par Taylor et Nodier dans les "Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France - La Bretagne". Elle représente la façade d'une maison à colombages de la fin du XVe siècle à Quimper. Située en face du Palais épiscopal, au coin de la place Saint-Corentin et de la rue de l'Evêché, cette maison fut détruite vers 1846-1848 et, en partie, reconstituée au Musée Breton. Une enseigne porte l'inscription en breton "MARC'HADOUREZ / MARC'HAD MAD"."

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La gravure est également présentée sur le site du Musée de Bretagne. Le commentaire donne la traduction de la pancarte accrochée à l'entretoise : "Marchandise bon marché". Une femme en coiffe, berçant son bébé emmailloté est assise sur le banc, tandis qu'un homme coiffé d'un chapeau rond sur des cheveux longs, et en costume local (veste sans manche, gilet, chemise blanche, bragou braz bouffant,  sabots, et peut-être guêtres et ceinture)) attend le client les bras croisés.

Les draps ou étoffes sont exposés à travers les quatre étroites fenêtres. Deux statues en moyen relief encadrent la porte de plein cintre.

L'étage, en avancée sur la boutique, est orné de deux rangs de 18 colonnes au total. Les fenêtres sont divisées en deux parties, supérieure à montant fixe, et inférieure ouverte, les deux étant vitrées par des croisillons losangées. Ce sont vraisemblablement d'anciennes fenêtres à meneaux, ceux-ci ayant été supprimés après la loi de 1798 sur l'imposition des portes et fenêtres. Un  drap noir est exposé par la fenêtre de gauche.

Au pignon, partiellement protégé par des rangs d'ardoises sur un encorbellement, une fenêtre à deux battants est également ouverte : une grande cruche est placée dans l'embrassure, tandis qu'une perche assez frêle laisse pendre une vague poche qui excite ma curiosité.

Enfin, sous ce pignon crédenté, sont représentées les huit poteaux figurés qui en soutiennent l'avancée. Toutes les figures font face à la rue.

 

"L'une des plus belles pièces du musée archéologique n'a pu encore recevoir d'emplacement définitif : c'est la façade à pans de bois dune maison située naguère en face de l'évêché. Traverses et montants, tout est sculpté. Sur la partie supérieure des montants se trouvent de petites statuettes d'hommes, de femmes, d'animaux fantastiques traitées avec beaucoup de verve." (Henri Waquet)

 

 

 

 

Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix

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Les cartels explicatifs.

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Copyright musée départemental breton. Photographie lavieb-aile.

Copyright musée départemental breton. Photographie lavieb-aile.

Copyright musée départemental breton. Photographie lavieb-aile.

Copyright musée départemental breton. Photographie lavieb-aile.

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Le groupe d'Yves et le Riche.

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

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Saint Yves. Inv. 1847-1-3.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1e4488d1-0e3a-4e2f-894c-ae566b77f397

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-3-saint--d14aa

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Description par le musée :

Poteau représentant saint Yves: Chêne sculpté et peint. Hauteur en cm : 82 ; Largeur en cm : 20 ; Profondeur en cm : 42

"Saint Yves est représenté debout sur une console moulurée. Souriant et les bras légèrement ouverts, il tient de sa main gauche un rouleau qui fait rôle de procès. Le pilier est taillé dans un bloc principal auquel la main droite (non originale) a été fixée par clouage et collage. La façon dont a été taillée la partie supérieure se justifie par l'intégration de ce pilier à une architecture aujourd'hui démolie."

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Le saint est présenté en Official de Tréguier, portant la cotte talaire et le camail, et coiffé d'un haut chapeau évasé et non de l'habituel bonnet carré. Cette coiffure rappelle les mortiers des juges, cette toque de velours noir. La main droite n'est pas d'origine mais nous retrouvons globalement la posture de l'éloquence judiciaire, le bras droit écarté et la main gauche serrant les pièces du procès. L'autre posture habituelle, celle de l'argumentation avec les deux mains rapprochées pour énumérer les arguments, doit être écartée.

La tête du saint est penchée vers le bas, sans doute par l'impératif — majeur!— de le représenter plus grand que les plaideurs alors que les poteaux sont, eux, de taille identique.

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Les poteaux sont en chêne peint de cette peinture chocolat dont on abusa au XIXe siècle par souci de protection, souci d'autant plus justifié que le bois était exposé aux intempéries. Mais il est plus que vraisemblable que ces poteaux bénéficiaent d'une polychromie vive et séduisante.

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

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Le Riche. Inv. 1847-1-4.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-4-riche--40bfc

 

 

Description :

Hauteur en cm : 82 ; Largeur en cm : 18 ; Profondeur en cm : 33

"Ce pilier de maison fait partie du groupe de saint Yves entre le Riche et le Pauvre. Il s'agit du Riche figuré sous un baldaquin, les pieds posés sur une console moulurée. L'homme est vêtu d'une tunique à large col, il porte un chapeau orné de cabochons et il est chaussé de bottes. A sa ceinture est accrochée une bourse sur laquelle il pose la main gauche. Dans l'autre main, tendue vers la droite, repose une pile de trois pièces. Le pilier est taillé dans un bloc de bois monoxyle. Seul l'élément situé au niveau de l'épaule gauche est rapporté d'origine. Le bois est du chêne. La partie supérieure présente un épaulement servant à loger une pièce d'appui et un tenon assurant l'assemblage avec la sablière haute. Il existait aussi un tenon dans la partie basse pour permettre l'assemblage avec la salière basse, mais il a été scié."

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Je n'ai rien à ajouter à cette description, les détails manquants s'observeront sur la photographie.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

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Le dragon ailé . Inv 1847-1-1

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https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-1-dragon-9e08a

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Ce serait, sur la gravure, la deuxième figure en partant de la gauche.

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Description par le Musée.

"Hauteur en cm : 82 ; Largeur en cm : 19 ; Profondeur en cm : 35

Ce pilier rectangulaire figure sous un baldaquin sommairement esquissé, une statue de dragon debout, gueule ouverte, langue sortie, ailes repliées de chaque côté. Il repose sur une console moulurée. Il semble fouler aux pieds une sorte de serpent aux yeux ronds tirant la langue. L'ensemble est sculpté dans un seul bloc. La partie supérieure est creusée d'encoches pour l'assemblage dans la maison. La partie inférieure présentait à l'origine le même type d'encoches d'assemblage, celles-ci ont été sciées afin de présenter une base plane et stable facilitant la présentation muséale."

 

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Je pense que le dragon ne foule pas un serpent, mais sa propre queue serpentiforme. Le corps et la queue sont couverts de verrucosités en boutons. C'est le type même du dragon débonnaire si fréquent, en bois, sur les sablières ou, en pierre, sur les crossettes.

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle),. Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

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L'ange au phylactère. Inv 1847-1-2.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-2-ange-a-fc2e8

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Ce serait, sur la gravure, la sixième figure en partant de la gauche.

 

Description par le musée :

Hauteur en cm : 84 ; Largeur en cm : 19 ; Profondeur en cm : 39

"Ce pilier de maison de forme rectangulaire représente un ange. Il est debout sous un baldaquin sommairement esquissé, et sur une console octogonale moulurée, à trois niveaux. Il tient en main un phylactère. Vêtu d'une longue robe à collerette, plissée et ceinturée à la taille, il porte de longs cheveux bouclés et de longues aîles repliées dans le dos. Son pied droit est nu, son pied gauche ne possède plus d'orteils et présente une forme arrondie de chaussure. Il pourrait s'agir de saint Gabriel, ange de l'Annonciation, venant annoncer à Marie la venue prochaine de son enfant. Le pilier sculpté représentant la Vierge et faisant pendant à l'ange aurait été perdu.
L'ensemble est sculpté dans un seul bloc de chêne. La partie supérieure présente des encoches destinées à l'assemblage sur la façade, et des traces d'outils."

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On comparera cet ange, pour ses cheveux bouclés et on aube à amict, à ceux du porche sud de la cathédrale, 1423-1433. Alors à moins de 50 mètres de cette façade. 

Je ne retiens pas l'hypothèse  d'un ange de l'Annonciation, et moins encore d'une Vierge dont le poteau aurait été perdu, puisque tous les poteaux sont visibles sur la gravure, et que le Musée en conserve la totalité.

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

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Saint Michel terrassant le dragon. Inv. 847-1-7.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-7-saint--5eadd

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Peut-être le septième en partant de la gauche ?

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Description par le Musée.

"Saint Michel est représenté debout en armure, foulant un dragon à ses pieds. De sa main droite, il tient une épée qui devait se ficher dans la gueule du monstre. L'ensemble repose sur une console moulurée. Le pilier est taillé dans un bloc principal. On constate cependant que trois éléments non originaux sont rapportés : le premier représentant le haut de l'épée et le second le prolongement des pieds du saint ainsi qu'une partie du corps du monstre. Il est probable que ces parties aient été retaillées suite à une importante attaque par les insectes xylophages. Le troisième élément consiste en une longue baguette ajustée à l'arrière du profil gauche, destinée peut-être à faciliter la présentation du pilier. La façon dont a été taillée la partie supérieure ainsi que la présence de trous disposés régulièrement sur le profil droit témoignent de l'intégration de ce pilier à une architecture aujourd'hui démolie."
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Je corrigerai "épée" par "lance".

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

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Saint François d'Assise. Inv. 1847-1-5.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-5-saint--83169.

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Le huitième ??

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Description par le musée :

Hauteur en cm : 82 ; Largeur en cm : 18 ; Profondeur en cm : 39

"Ce pilier de maison représente saint François d'Assise debout, habillé d'une robe de bure avec capuche et une cordelière nouée à la taille. L'ensemble repose sur une console moulurée. Le pilier est taillé dans un seul bloc de chêne de bonne qualité. On constate cependant la présence de deux petits morceaux de bois rapportés à l'arrière. Il est probable que ces éléments aient servi à fixer la sculpture sur la structure architecturale."

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Il expose ses stigmates en présentant les paumes de ses mains.

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Photographie lavieb-aile.

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Deux autres poteaux, non exposés. Inv. 1847-1-6. Saint Roch ? Le Pauvre ?

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-6-saint--9290c

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Sous un seul numéro d'inventaire et le titre "Saint Roch, poteau de maison à pans de bois. Pilier", le site du Musée place une photo principale d'un homme grimaçant, les yeux écarquillés,  au visage tourné vers sa droite, vêtu d'une tunique descendant sous les genoux. Sa main droite vient saisir un objet long (une bourse? ) placé du coté gauche, près de la taille. Les éléments d'identification de saint Roch, et notamment le roquet et la cuisse gauche blessée, sont absents.

Mais dans l'ensemble des sept photos placées en registre inférieur, six montrent un deuxième personnage, main droite près de l'oreille, vêtu d'une robe longue et plissée, et dont la main gauche est placée sur le genou gauche, fléchi. On peut y voir un saint Roch remontant sa robe pour dévoiler le bubon de sa cuisse. Mais en fait, la jambe droite est également nue, avec un pan d'étoffe entre les deux jambes. Le personnage est peut-être accroupi.

La description donnée en notice par le musée est compatible avec le premier ("édenté" ; "tenant une bourse dans la main droite"), ou avec le second ("l'autre main — mais c'est la main droite— dans la chevelure chignon").

Il est impossible de les identifier parmi les personnages de la gravure.

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Description par le musée :

Saint Roch. Chêne sculpté et peint. Hauteur en cm : 86 ; Largeur en cm : 20 ; Profondeur en cm : 40

Ce pilier de maison représente un personnage non identifié édenté, debout, tenant une bourse de sa main droite, l'autre dans la chevelure (chignon). L'ensemble repose sur une console moulurée. Le pilier est taillé dans un seul bloc de chêne de bonne qualité. On constate cependant la présence de deux petits morceaux de bois rapportés à l'arrière. Il est probable que ces éléments aient servi à fixer la sculpture sur la structure architecturale. porte une étiquette portant son ancien numéro de montage (32).

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Au total, le Musée possède bien la totalité des huit poteaux figurés. Et il est inconcevable que le Pauvre n'accompagne pas saint Yves et le Riche, et n'occupe pas la troisième place, à droite du saint breton.

Néanmoins, je ne peux aller plus loin dans ma réflexion, et je suis incapable de désigner le Pauvre parmi les deux derniers personnages. S'il faut choisir, j'opte pour le second, dont peut se convaincre qu'il soit déguenillé.

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Note : j'ai copié les photos du site du Musée, mais je les ai éclaircies pour mieux les examiner.

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Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Les huit poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

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Détail du troisième personnage, à l'emplacement attendu du Pauvre. Et une réflexion tardive.

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f371.item.r=morlaix.zoom#

En regardant la gravure, je constate que sous le rythme des accolades, ce sont dix supports qui sont disposés, mais que   les fenêtres ont pu en faire disparaître deux, dont, précisément, le poteau placé à droite de saint Yves. Y a-t-il eu  percement des fenêtres hautes, découpe de la corniche inférieure, et suppression de deux poteaux ?

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Saint Yves entre le Riche... Cherchez le Pauvre! À Quimper au Musée départemental Breton.

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Le décor à gueules de monstre, écailles et torsades. Inv. 1847-1-26. Non exposé.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/1847-1-26-potea-f3dcf

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Décor

 

Description par le musée :

Hauteur en cm : 98,5 ; Largeur en cm : 17 ; Profondeur en cm : 16

"Décor à gueules de monstres, écailles et torsades."

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Là encore, je n'ai pu photographier les œuvres, et j'ai donc téléchargé les photos du Musée.

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Poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

Poteaux d'une maison de Quimper (fin du XVe siècle). Copyright musée départemental breton.

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TENKAYAITRE : LES POTEAUX À DÉCOR SCULPTÉ D'UNE MAISON DE MORLAIX.

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"Le Musée expose dans la même salle quatre poteaux d'une maison du XVe siècle qui s'élevait à Morlaix  à l'angle des rues du Pavé et du Pont Notre-Dame. Elle fut démolie en 1866-1867 lors des travaux d'élargissement du centre-ville. Seul l'élément décoratif du rez-de-chaussée, un joueur de cornemuse,  est resté en place. Ces décors témoignent de la qualité des ateliers morlaisiens de la fin du Moyen-Âge et du début de l'époque moderne.

La thématique religieuse prédomine dans le décor des maisons "à pans de bois" de Morlaix : Vierge, saints porteurs de leurs attributs occupent les éléments importants de la façade , et laissent peu de place aux sujets profanes. Les figures de saint Martin et de saint Michel étaient placés à l'encoignure de l'édifice, comme le montre une lithographie des Voyages pittoresques et romantiques (1845). Leur taille monumentale a peu d'équivalent dans les autres villes de Bretagne.

L'homme buvant et le porteur de tonneau étaient situés sur des poteaux d'huisserie du deuxième étage de la façade du Pont-Notre-Dame, qui abritait sans doute une auberge." (Cartel du musée départemental breton)

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Copiés-collés :

"Jusqu’au milieu du 18è siècle, le principal carrefour de la ville se nommait le Pavé. Là se rejoignaient les routes venant de Brest (par la porte de Bourret) et de Paris (par la porte de l’hôpital), ainsi que les 2 principales artères de la ville close, la Grand-Rue et la rue des Nobles. Une dernière rue, celle du Pont-Notre-Dame, menait vers la porte du pont Notre-Dame, donnant sur la confluence des 2 rivières (Jarlot et Queffleuth), où fut construit la maison de ville à partir de 1610, et le port." https://histoiresdemorlaix.wordpress.com/2014/09/07/le-pave-a-morlaix/

"Les deux maisons qui s’élevaient avec une double façade aux angles de la rue du Pont-Notre-Dame, étaient des plus originales. La première, au nº 9, était ornée au rez-de-chaussée d’une petite figure qui semblait supporter avec peine tout l’édifice. Au-dessus, dans une niche à pinacles, se détachait la statue de saint Roch, accompagné de son chien fidèle, qui s’élevait sur ses pattes de derrière pour regarder son maître d’un air attendri. Au second se trouvait la figure de saint François qui montrait ses stigmates, on y voyait encore la Vierge et sainte Catherine. La façade, qui se trouvait sur la rue du Pont-Notre-Dame, était ornée de quinze personnages, parmi lesquels on distinguait un saint Nicolas, un Bateleur, qui, de ses deux mains, relevait la jambe gauche pour porter son pied jusqu’au menton, et un Homme sauvage armé d’une main d’un bouclier, sur lequel était gravé une tête de Méduse et de l’autre, d’un bâton noueux. La maison moderne n’a conservé qu’un bonhomme en chemise qui semble grelotter de froid.

L’autre maison qui était vis-à-vis de celle que nous venons de décrire, et qui avait le nº 7, portait à l’angle un Joueur de biniou ; cette figure grossière de sculpture, mais charmante de naïveté, d’attitude et d’expression, a été conservée et on la voit encore à l’angle de la nouvelle maison qui porte aussi le nº 7. La musique municipale, tenait tous les ans, le soir de la Sainte-Cécile, donner une sérénade au vieux sonneur, patron des ménétriers, qui font danser depuis des siècles les filles et les garçons dans les pardons de l’Armorique ; les amateurs trouveront cette figure curieuse dans l’ouvrage que le baron Taylor a consacré à la Bretagne. Au-dessus du joueur de biniou, était l’image de saint Martin, et au second étage était placée la statue de saint Michel. Ces saints personnages étaient accompagnés de grotesques, parmi lesquels figuraient des Buveurs d’une bonne facture, une Vieille qui filait et un Homme barbu.

Si on repassait devant le nº 9, on arrivait au nº 11 ; cette maison avait aussi deux figurines qui ne manquaient pas de mérite : l’une  représentait un Fou jouant avec sa marotte et un autre grotesque qui se tirait la barbe en faisant une horrible grimace. Le peuple les désignait sous le nom de Comus et de Momus ; ces deux caricatures semblaient servir d’enseigne à la librairie de M. Lédan, à qui appartenait cette maison. «  (Source http://www.mda-morlaix.com/images/pdf/1879aallier.pdf)

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https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Maps.

 

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Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

Voyage romantique... BnF Gallica https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97223066/f115.item.r=morlaix.zoom#

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On trouve une illustration de cette maison dans la gravure sur acier coloriée "Morlaix (L'ancien pavé)", in  "Histoire des villes de France avec une introduction pour chaque province" - Tome I : Bretagne, Touraine / Aristide Guilbert.- Paris : Furne ; Perrotin ; H. Fournier, 1844.- 12-456 p. ; 27 cm.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/hrzsvqhzx5rwzddefxvqyxums5k2jd7r2l54h39x9h0v21a4jc

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Morlaix, l'ancien Pavé en 1844. https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/hrzsvqhzx5rwzddefxvqyxums5k2jd7r2l54h39x9h0v21a4jc

Morlaix, l'ancien Pavé en 1844. https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/hrzsvqhzx5rwzddefxvqyxums5k2jd7r2l54h39x9h0v21a4jc

https://www.ouest-france.fr/bretagne/morlaix-29600/le-joueur-de-biniou-manque-cruellement-de-soutien-663409

 

 

 

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Saint Martin en évêque, bénissant.

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Je reprends la dénomination habituelle, mais je remarque que rien ne permet d'identifier cet évêque.

https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Sculptures_in_Mus%C3%A9e_d%C3%A9partemental_breton#/media/File:053.Saint_Martin_b%C3%A9nissant.jpg

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/r-1885-4-1-sain-de9e8?isPdf=1

Description par le musée : R.1885.4.1

"Bois sculpté en haut relief Mesures : Hauteur en cm : 140 ; Largeur en cm : 34 ; Profondeur en cm : 28,5 Description : Saint Martin est habillé en évêque, avec une robe recouverte d'une chape retenue sur la poitrine par une barrette; sa tête est recouverte d'une mitre. Il bénit de la main droite, la main gauche tient une crosse ornée de trois boules. Il offre un visage encadré de courtes boucles régulières."

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Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

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Saint Michel terrassant le dragon.

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/r-1885-4-2-sain-d0ff3

 

Description par le musée . R.1885.4.2

"Bois sculpté en haut relief. Hauteur en cm : 144 ; Largeur en cm : 32 ; Profondeur en cm : 31

Ce pilier de maison représente saint Michel terrassant le dragon. Le groupe est figuré sous un dais à rinceaux de type gothique et sur une console ornée de feuillages; il est encadré par deux colonnettes torsadées. Saint Michel, aîlé, est vêtu d'une lourde armure; des cheveux mi-longs bouclés encadrent son visage. Il se tient debout sur le dragon et lui enfonce sa lance dans la gueule, tandis qu'il brandit une épée de la main droite pour lui donner le coup fatal. Le monstre aux yeux exorbités et à la gueule terrifiante semble se débattre et essaie de retenir la lance de sa patte antérieure droite.
Le pilier est constitué d'une bille de bois de chêne dans laquelle est sculptée la représentation. Seuls quelques éléments étaient rapportés : l'extrémité supérieure de la lance et la moitié de la lame de l'épée. A l'avant, de chaque côté de la console, des orifices circulaires ont été creusés dans la paroi du pilier, ils correspondent à l'arrière avec de grandes encoches. Ces éléments font partie du système d'assemblage du pilier à la structure de la maison."

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Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

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Homme buvant au tonnelet.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:055._Buveur_et_porteur_de_tonneau.jpg

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/r-1885-4-4-homm-3ea01

Les deux pièces suivantes sont sans doute celles qu'on devine, en culot de corniches au dessus d'une enseigne "[Au] Bon Vin" signalant une auberge.

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Description par le musée R. 1885.4.4:

"Bois sculpté en haut relief. Hauteur en cm : 56 ; Largeur en cm : 16 ; Profondeur en cm : 19

L'homme est en génuflexion, le genou gauche posé sur le sol ; il porte entre ses deux mains un tonnelet. La partie renflée de celui-ci se prolonge en un goulot, que son personnage porte à ses lèvres. L'homme est imberbe, a des cheveux mi-longs bouclés. Il est coiffé d'un chapeau dont les pans sont relevés sur les oreilles et vêtu d'une robe longue ceinturée à la taille. Il repose sur une console et s'intègre dans une architecture voûtée. Le personnage est sculpté dans un seul bloc de bois (chêne)."

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Cet homme buvant au tonnelet est un motif fréquent des sculpteurs sur bois (sablières, miséricordes) et sur pierre (crossettes):

 

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Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

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Homme tenant un pichet et buvant au gobelet.

 

https://musee-breton.finistere.fr/fr/search-notice/detail/r-1885-4-3-homm-1fb5b

 

 

Description par le musée :R.1885.4.3

"Bois sculpté en haut relief. Hauteur en cm : 58 ; Largeur en cm : 22 ; Profondeur en cm : 19

L'homme en génuflexion (genou gauche au sol), est habillé d'une robe longue drapée, ceinturée à la taille et porte des chaussures au bout carré. Il tient dans la main droite un pichet, posé sur son genou. De son pouce, il ouvre le couvercle du pichet. De la main gauche, il tient un verre, qu'il porte à ses lèvres. Ses cheveux sont mi-longs et bouclés; il est imberbe. Le personnage se tient sur une console, directement taillé dans la masse de bois. Le personnage est sculpté dans un seul bloc de bois (chêne), non évidé au dos. Le haut de l'objet semble avoir été retaillé (élimination de zones trop vermoulues ?)."

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C'est là encore un motif fréquent des huchiers et sculpteurs sur pierre. Voir par exemple  au 6 rue des Boucheries à Landerneau :

 

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Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

Poreaux d'huisserie de la maison du XVe siècle rue du Pavé à Morlaix. Photographie lavieb-aile.

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Quimper Saint Yves
16 novembre 2021 2 16 /11 /novembre /2021 18:01

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec.

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Voir, du même sculpteur :

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Et du Maître de Brasparts, qui s'en rapproche :

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Sur les Credo apostoliques :

 

 

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Situation.

Elle correspond, à 125 m. d'altitude, à la source d'un ruisseau qui se dirige vers l'ouest pour se jeter dans le Steir.

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.065465&y=48.077798&z=16&layer1=ORTHOIMAGERY.ORTHOPHOTOS&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&mode=doubleMap

Les cartes de Cassini et d'Etat-Major montrent mieux ce relief et ces rapports avec l'hydrographie.

https://remonterletemps.ign.fr/comparer/basic?x=-4.080032&y=48.083815&z=14&layer1=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.CASSINI&layer2=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.ETATMAJOR40&mode=doubleMap

 

Toponymie : Kilinenn

A. Deshayes renvoie, pour Quilinen, à Quelenen :  correspondant au gaulois Celynen, sans doute dérivé de Celyn, "houx" en gallois. Il indique la graphie Quillynen en 1540. Pour l'auteur de l'article Wikipedia "Selon une légende apocryphe, le nom Quilinen proviendrait de "Ki (chien en breton) ar linen (ligne en breton)" car un chien aurait déplacé une ligne tracée au sol pour dessiner le plan de la future chapelle. Bernard Tanguy, dans son "Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère" écrit que le nom "Quillinen" correspond à celui du saint gallois Celynin, honoré à Llanpumsaint, dans le Carmarthenshire, également honoré à Saint-Quilinan-Bihan, à Louargat (Côtes-d'Armor)."

Matériau.

Le calvaire est entièrement en granite (leucogranite sous réserve).

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Datation.

Elle est incertaine. La chapelle elle-même est attestée dans les sources dès 1495 mais elle porte les armoiries épiscopales et la devise  de  Jean de Lespervez, évêque de Quimper de 1451 à 1472.

Y.-P. Castel donnait, en 1980, pour le calvaire la date du début du XVIe (Atlas), mais s'est prononcé ensuite pour une datation plus précoce "au milieu du XVe siècle"...,  "vers 1450" (Vidéo RCF. Rivages), en se basant sur l'absence de l'emploi du kersanton, alors que ce matériau est présent, associé au granite, à Tronoën (1450-1470). Cette hypothèse est reprise par D. Kernaleguen, qui en juillet 2019 (après la restauration du calvaire achevée en janvier 2019, et les recherches qu'elle engendra) indique une datation vers 1450.

 E. Le Seac'h donne la date vers 1500 pour les quatre calvaires du Maître de Quilinen (Quilinen, Motreff, Mellac et Saint-Hernin). Quelque soit la date adoptée, l'unité stylistique de ces quatre œuvres est indiscutable et suppose qu'elles se rassemblent dans un créneau temporel étroit.

Ces caractéristiques stylistiques très fortes de ces  calvaires peuvent-elles suggérer des datations ?

a) les anges hématophores . On les trouve dès 1450-1470 sur le calvaire de Tronoën.  Y.-P. Castel  qui en dénombre une quarantaine d'exemple entre le XVe et le XVIe siècles y voit l'influence des Franciscains par le culte des stigmates de saint François et de la prédication des frères mineurs centrés sur la croix. Or l'établissement des Recollets en Finistère date de 1458 (couvent de Cuburien à Saint-Martin des Champs) et de 1507 (Notre-Dame-des-Anges à Landéda). Mais la dévotion au sang du Christ s'écoulant des plaies dans le milieu monastique médiéval est bien plus ancien, comme le montre la Crucifixion de Giotto peinte en 1320, ou celle des fresques de l'Arena de Padoue (1303-1306), où des anges recueillent le sang en voletant. Voir mes commentaires sur le Puits de Moïse de la Chartreuse de Champmol (vers 1400). 

Une enluminure de la Somme du roi datant de 1464, montre Isabelle Stuart, duchesse de Bretagne,  agenouillée avec ses filles devant la Vierge de pitié, à laquelle elle est présentée par saint François : elle reçoit l'onction du sang des plaies du Christ, car sa poitrine est sur le trajet des lignes rouges sui réunissent un séraphin crucifix, et les stigmates du saint.

https://www.lavieb-aile.com/2020/11/devotion-franciscaine-aux-plaies-du-christ-a-la-cour-ducale-de-bretagne-au-xve-siecle-l-exemple-d-isabelle-stuart.html

C'est ce culte qui s'exprime par le fameuse oraison Anima Christi ...Sanguis Christi inebria me, Aqua lateris Christi lava me, attesté depuis le XIVe siècle dans de nombreux Livres d'Heures pour sa récitation à l'elevacion du corps Nostre Seigneur. Un exemple breton est trouvé dans le Livre d'Heures de Madeuc de Guémadeuc, vers 1500 (J. L. Deuffic, Le livre enluminé en Bretagne), juste après l'enluminure de la Messe de saint Grégoire (f. 121), représentant le miracle par lequel un jet de sang jaillit du flanc du Christ peint sur le retable et remplit le calice posé sur l'autel. (voir un exemple ici)

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b) les livres-ceintures ou livres-aumônières de saint Jean et de saint Barthélémy. Ils sont utilisés au XVe siècle avant leur déclin au XVIe.

c) les détails des costumes. Ce sont eux qui ont permis d'affiner la datation du calvaire de Tronoën. Mais ici, hormis le costume des marmousets qui pourrait nous éclairer, mais ici, nous n'avons ni soldats, ni bourreaux ni personnage civil en costume d'époque.

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C'est, dans tous les cas, l'un des premiers calvaires de Bretagne.

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Dimension.

Hauteur : 6,50 mètres.

 Côtés du triangle de base : 5 mètres.

 

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Numérologie ternaire ou binaire.

Base triangulaire dans laquelle s'inscrivent deux triangles formant une étoile à six branches.

Trois fûts : le fût central et ceux des deux gibets.

Trois sections successives pour le fût central : carrée (4 = terre), octogonale (8 = transition) et ronde (1 =ciel).

Deux groupes successifs  de trois marmousets avec leur trois écus.

Trois fois quatre apôtres au premier étage

Trois saints personnages au troisième étage

Trois saints personnages au quatrième étage.

Mais au sommet deux faces de la Rédemption : Mort et Résurrection.

Coiffées par une unique banderole pliée.

 

 

 

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La typologie et la succession chronologique des calvaires de Basse-Bretagne aux XVe-XVIIe siècles.

On nomme calvaire les croix qui adjoignent au Christ crucifié  la Vierge et saint Jean, ou bien les deux larrons.

On peut distinguer les petits et les grands calvaires.

Parmi les 15 grands calvaires bretons,  il est classique de distinguer  7 calvaires monumentaux (Tronoën, Pleyben, Plougonven, Saint-Thégonnec, Plougastel-Daoulas, et Guimiliau,  tous en Finistère, ainsi que Guéhenno en Morbihan). Les autres grands calvaires sont selon Y.-P. Castel p.113  ceux de Kerbreudeur à Saint-Hernin,  de Quilinen, de Cléden-Poher, de Lanrivain, de Saint-Venec à Briec, de Kergrist-Moëlou, et enfin de  Senven-Lehart. 

Le seul Finistère compte près de 3300 croix et calvaires (Atlas) et leur décompte chronologique n'est pas disponible. Les premières datations fiables sont celles d'une croix du cimetière de Scaer en 1400 et d'un petit calvaire de Saint-Gilles en 1409. Y.-P. Castel signale " Les inscriptions du XVe siècle, ne sont guère plus nombreuses. Dater les sculptures de ce siècle se fera par l'analyse des styles. Ainsi se reconnaissent les croix en granit dites du Maître de Tronoën naguère appelé atelier de Scaër. Au XVe siècle se rattachent aussi un certain nombre de sculptures dues à l'atelier du Folgoët, dont les croix se reconnaissent aux fleurons feuillagés parfois assortis d'un dais sommital. Au début du XVIe siècle, éclot la formule du petit calvaire classique, avec ses fleurons-boules, ses statues géminées, ses inscriptions nombreuses, 143 croix et calvaires datés pour le seul Finistère, un chiffre qui augmente légèrement pour le XVIIe siècle avec 156 dates. La chute du XVIIIe siècle, avec 53 croix datées en Finistère, n'en est que plus spectaculaire. "

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Néanmoins,  en s'appuyant sur les travaux de Castel (1997) et  Le Seac'h (2014),  la production de calvaires des XVe au XVIIe siècle en Basse-Bretagne peut être tracée à très gros traits ainsi  :

 

— Les calvaires de l'atelier ducal du Folgoët (1423-1509) : Chapelle de Rumengol (kersantite, 1433-1157) ; Le Folgoët (kersantite, v. 1443), Plomodiern (kersantite, v.1433-1457).

— Les calvaires sous l'influence de l'atelier du Folgoët : église d'Argol (kersantite), église Notre-Dame de Châteaulin (kersantite entre 1450 et 1500), Plougoulm (kersantite, XVe), cimetière de Sibiril (kersantite, XVe).

— Le calvaire de Tronoën (granite, rare kersantite) (vers 1450-1470) et les calvaires du Maître de Tronoën dont Kerbreudeur à Saint-Hernin, Béron et Le Moustoir à Châteauneuf-du-Faou, Le Moustoir (22), Croas-an-Teurec à Saint-Goazec ; Les calvaires du suiveur du Maître de Tronoën (XVe) à Guengat, Croas-Guernévez à Quéménéven, église de Quéménéven, et Langonnet (56)

— Les  4 calvaires du Maître de Quilinen (v.1500) à Quilinen en Landrévarzec (granite), Motreff (granite), Mellac (granite et grès arkosique), Saint-Hernin (grès arkosique) ainsi que la croix de Lothey.

— Les 5 calvaires à maces (massif d'implantation)  triangulaires outre celui de Quilinen : à Saint-Vénec en Briec,  Kergoat à Quéménéven (fin XV-déb. XVIe),  Trois-Fontaines à Gouezec et Confort-Meilars.

— Les 3 calvaires, très inspirés de ceux du Maître de Quilinen, mais utilisant le kersanton, du Maître de Braparts vers 1490-1520) à Brasparts, Loqueffret et Croas Keranguen à Plouénan.

— Calvaire de Saint-Maudez à Edern (XVe)

— Les calvaires du Maître de Laz (v.1527) à Briec, Laz, et Saint-Hernin.

— Les calvaires (kersantite) de l'atelier Prigent de Landerneau (1527-1577), dont Pleyben et Plougonven.

— Les calvaires du Maître de Lanrivain (V. 1548)

— Les 3 calvaires du Maître du Moustoir (v.1550)

— Calvaire de la chapelle N.-D. du Traon à Plouguerneau (1511)

— Calvaire de la chapelle de Locmaria-Lan (1537), et de Lesquelen à Plabennec 

— Calvaire de Camaret  (1538)

— Calvaire de la chapelle Saint-Eloy de Plouarzel (v.1548)

— Calvaire de Guéhénno (1550)

— Calvaire du cimetière d'Ergué-Gabéric (1553)

— Calvaire de la chapelle de Kerdévot en Ergué-Gabéric (XVIe)

— Calvaire de Kergrist-Moëlou (1578)

— Calvaires de Rungléo à Logonna-Daoulas (v.1578) et de Le Tréhou.

— Les calvaires du Maître de Saint-Thégonnec (1550-1610)

— Les calvaires de l'atelier du Maître de Guimiliau (1575-1589)

— Les calvaires (kersantite) du Maître de Plougastel (1570-1621)

— Les calvaires  (kersantite) de l'atelier landernéen de Roland Doré (1618-1663) dont  Senven-Léhart, vers 1630.

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L'essentiel est d'abord de  visualiser l'emploi de trois matériaux, la kersantite majoritairement autour de la rade de Brest et de la vallée de l'Elorn (Landerneau), le granite et leucogranite ailleurs et notamment en Cornouaille, et le grès arkosique limité au bassin de l'Aulne en amont de Châteaulin.

Puis, pour situer le calvaire de Quilinen, de remarquer que sa datation estimée le place parmi les premiers tandis que sa taille incite à le comparer à celui de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon.

Nous le plaçons à l'intersection de trois sous-ensembles :

-chronologique : 2ème moitié XVe.

-stylistique : "maître de Quilinen"

-conceptuel : maces triangulaires.

 

 

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VUE GÉNÉRALE.

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La composition est marquée par une réduction de taille des statues en allant vers le haut : les apôtres sont plus grands que le Crucifié.

Un banc fait la transition entre le soubassement et le massif.

Deux triangles sont superposés, le premier plus large que le second, et  leurs sommets sont opposés les uns aux autres pour former une étoile. 

Le point de vue sur la face principale et occidentale, celle qui est privilégiée dans un calvaire car le Christ en croix y apparaît, est occupée par un arbre volumineux. La face opposée, celle du Christ ressuscité, est visible depuis la route par laquelle arrive le visiteur. Mais la structure en étoile brouille cette vision bipolaire, et pour observer le monument, il faut tourner pour se présenter successivement sur l'une des six faces du double triangle. Et pour constater que les pointes des triangles, qui s'avancent telles des proues, sont souvent de meilleurs points d'observation que ces faces.

Ces déambulations nous font sentir physiquement que ce calvaire est animé d'un dynamisme remarquable.

 

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Commençons par le coté ouest, devant la base du premier triangle. Nous avons devant nous quatre apôtres du Credo (Pierre et André à droite), plus haut la Déploration, un peu décentrée, et plus haut encore deux groupes de saintes femmes et enfin le Christ en croix,  orientés vers notre droite.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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À la pointe nord-ouest du triangle inférieur du monument.

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Aucun personnage n'est orienté sur cet axe, mais il prend la croix en enfilade, et le visage du Christ est tourné vers nous.

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Le calvaire de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec.

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Le coté nord-est du triangle inférieur.

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De ce point-de-vue, quatre apôtres nous font face, ainsi que la Vierge à l'Enfant.

 

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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À la pointe est du triangle inférieur du monument.

Nous faisons face désormais, au sommet du calvaire, au Ressuscité. La règle qui veut que la Résurrection soit tournée vers l'Orient, signe de lever du soleil et du renouveau, est respectée.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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La base sud-est du triangle inférieur, le long de la route.

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Nous nous trouvons devant quatre apôtres, dont Jacques le Majeur à gauche et Jacques le Mineur à droite. Notre regard, qui suit l'axe de la pointe du triangle supérieur, prend la croix en enfilade.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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À la pointe sud du triangle inférieur du monument.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Sur le plan strictement descriptif, nous avons un calvaire à 47 personnages (en incluant anges et marmousets) disposés selon la succession horizontale suivante :

1er étage ou double triangle inférieur : les 12 Apôtres (sur 2 niveaux) sur 12 "marmousets" ou "cariatides",

2ème étage ou Triangle supérieur : la Déploration à 4 personnages,

— Fût central à section carrée, puis octogonale, interrompue par une danse de 3 marmousets tenant des écus et formant console pour les statues du 1er étage.

3ème étage : Fût central à section ronde, entouré de trois statues féminines en ronde-bosse de la Vierge à l'Enfant, de Marie Jacobé et Marie Salomé.

4ème étage : après  une nouvelle danse de 3 marmousets tenant des écus et formant console sur le fût cylindrique, trois nouvelles statues, celle de la Vierge et  saint Jean  (face à l'ouest) et de Marie-Madeleine (face à l'est).

5ème étage séparé du précédent par un disque évasé ; le fût forme la croix du Christ crucifié, tourné vers l'ouest, entouré de 2 anges recueillant son sang, tandis que le Christ ressuscité montre la plaie du flanc du coté est. Les deux statues sont taillées en haut-relief dans le même bloc qui forme le fût.

De chaque coté et ne dépassant pas le niveau du 3ème étage, les croix du Bon et du Mauvais Larron avec deux marmousets à leur base.

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Par rapport au calvaire de Motreff,  dont la disposition ascensionnelle et à étage est proche, nous trouvons un élément absent (saint Michel terrassant le démon), mais un développement considérable puisque nous passons de 16 personnages à 47 , avec l'introduction des 3 Marie du 3ème étage, et surtout des 12 apôtres avec leurs marmousets-consoles, sur un large soubassement en étoile.

En outre, une différence mineure mais loin d'être minime est la présence, autour des apôtres, de nombreux banderoles, dont les inscriptions, aujourd'hui perdues, ne peuvent être sous-estimées.

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Pour expliquer ce changement et cette ampleur du programme,  l'hypothèse pourrait se discuter que les calvaires de Mellac et de Motreff (qui partagent avec celui-ci tant d'éléments stylistiques qu'ils sont attribués au même sculpteur) aient précédé celui de Quilinen qui en est l'aboutissement spectaculaire.

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Je pose aussi l'hypothèse d'un changement d'orientation théologique. Les deux premiers étaient consacrés à la Passion et incitaient les fidèles à la compassion et à la conversion du cœur devant les souffrances du Christ, à la participation émotionnelle avec le chagrin de Marie, Jean et Marie-Madeleine, et à une méditation mystique sur le sang versé pour la Rédemption de l'Humanité. Des thèmes très présents, on l'a vu, dans la tradition monastique médiévale.

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La nouveauté principale, l'introduction des 12 Apôtres, incite à voir ce calvaire comme un Credo Apostolique, c'est à dire l'énonciation des 12 articles du Symbole des Apôtres exposant les vérités de la Foi et le résumé de l'Histoire du Salut. Si on en doutait, (puisque les 12 articles, attribués chacun à un apôtre, sont effacés), on se reportera aux autres grands calvaires triangulaires, et notamment à celui de Saint-Vénec, dont les statues portent sculptés sur des phylactères les articles en question (les autres calvaires triangulaires sont ceux de Trois-Fontaines en Gouezec, aux 12 niches désormais vides, et de Confort-Meilars, où les statues des apôtres aux phylactères ont été transférés sur la façade occidentale de l'église).

"Calvaires aux apôtres et. .. non point apôtres au calvaire, car sur la colline du Golgotha, Jean fut le seul des Douze à braver le cordon des soldats et des gardes. L'envoi en mission des apôtres et leur martyre leur donneront le droit de figurer sur les calvaires. L'Esprit de Pentecôte balayant les peurs, la tradition les montre portant chacun au Monde un des articles du symbole des Apôtres, le condensé de la foi chrétienne. Carhaix, Plouhinec, Melrand, accrochent ainsi douze masques le long de leurs fûts. Pléchâtel accorde aux apôtres une figuration en pied dans douze niches ogivales soulignées du nom qui les désigne sans erreur. À Quilinen, leur taille grandit et Saint-Vennec grave sur chaque phylactère un article du Symbole. Ailleurs, la mace architecturale réserve douze niches, souvent vides comme à Kerdévot, en Ergué-Gabéric, à Trois-Fontaines en Gouézec [et Confort-Meilars]." (Castel 1997 p.161)

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Cette hypothèse interprétative fondée sur le Credo  permet d'expliquer la présence du 3ème étage où la Nativité (Vierge à l'Enfant) introduit le dogme de l'Incarnation (et la conviction, qui n'est pas encore un dogme, de la Virginité et de l'Immaculée Conception).

Elle permet aussi, et ce n'est pas accessoire, de donner enfin une explication convenable à la disposition en double triangle en y voyant la métaphore de l'envoi vers l'Apostolat. Il faut "raconter" ce calvaire en débutant par l'Incarnation et l'Immaculée-Conception —j'y reviendrai—, en poursuivant par la Crucifixion et la Mort (Déploration), puis par la Résurrection et par Marie-Madeleine, premier témoin de celle-ci, avant de redescendre à ce qui correspond à la Pentecôte ou au temps, terrestre, de l'Église, c'est à dire à la mission confiée aux 11 apôtres par Jésus lors de son apparition : "Allez, faites de toutes les nations des disciples" (Mt 28:19) ou "Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création" (Mc 16:15) ou "Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie" (Jn 20:21). Donc une lecture non plus ascensionnelle, mais de haut en bas. (Ou "ascensionnelle" par rapport à l'Ascension, qui suit l'envoi des apôtres dans Luc 24:49-51)

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La disposition des 12 apôtres sur les axes radiants de l'étoile dont le Christ incarné, mort et ressuscité est le pilier central correspond donc à l'Envoi et à l'éclatement universel du ministère apostolique, dans une inversion du concept précédent : la méditation centrifuge sur le sang versé s'inverse dans un élan centripète vers le Monde. Je prends ainsi, — sans le vouloir !—, le contre-pied de l'opinion d'Henri Quéfellec lorsqu'il écrivait : "Avec une extraordinaire puissance, il met l'accent sur la verticalité, sur le détachement d'avec le monde".

Toute croix est un omphalos, un axis mundi , un arbre-monde (et la croix du Golgotha est depuis sainte Hélène rapprochée de l'Arbre de la Connaissance) qui centre un enclos paroissial — ou le territoire d'une  communauté dans le sens du rassemblement, et lui fournit le but d'une visée commune ; mais ces calvaires stellaires et apostoliques complètent cette fonction par une incitation au départ, à l'extériorisation vers le Monde et les Autres, et — pour l'Église — à l'apostolat et l'évangélisation : un changement de paradigme qui n'eut pas de suite, mais qui s'illustre encore en constatant que toutes les statues des Apôtres, et celles des saints personnages, sont tournés vers l'extérieur selon des axes radiants (alors que les Apôtres auraient pu être tournés vers la Croix et contempler le Christ). 

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Un peu plus tard, dans de très nombreuses églises et chapelles bretonnes, les 12 statues des Apôtres portant leur article du Credo seront placées à l'entrée du sanctuaire, de part et d'autre du porche sud, comme un parcours transitionnel avant le bénitier, l'affirmation des articles de la Foi et le signe de croix allant de paire pour les fidèles.

 

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Voir ici sur ce thème du Credo apostolique, parmi beaucoup d'autres, ces articles.

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Pour présenter ma vision du calvaire de Quilinen, je le décrirai en débutant par le 3ème étage de l'Incarnation et je terminerai par l'envoi des Douze.

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LE TROISIÈME ÉTAGE : LA VIERGE À L'ENFANT ET SES DEUX "SOEURS".

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Ce troisième étage réunit, sur les consoles formées par les têtes des marmousets, trois femmes dont la Vierge à l'Enfant. Il s'agit des "Trois Marie", selon un thème médiéval associant les  Saintes Femmes des textes évangéliques et la légende de la Sainte Parenté (Légende Dorée de Jacques de Voragine, XIIIe siècle). Selon celle-ci, sainte Anne serait non seulement la mère de Marie (la Vierge), mais aussi de Marie Jacobé et de Marie Salomé.

La Vierge Marie serait née miraculeusement de la rencontre sous la Porte Dorée de Jérusalem d'Anne et de son mari Joachim, un couple frappé de stérilité ; cette conception par un baiser ou une étreinte permet à la Vierge d'échapper au Péché originel, c'est l'Immaculée-Conception, proposée par les Pères de l'Église, très en vogue au Moyen-Âge notamment par les Franciscains et à Rouen, mais combattue, avant de devenir un dogme en 1854.

Marie Jacobé serait née du deuxième mariage de sainte Anne avec Cléophas. Elle aurait épousé Alphée et aurait donné naissance à trois apôtres Jacques le Mineur, Simon et Jude, ainsi qu'à Joseph le Juste.

Marie Salomé serait née du troisième mariage de sainte Anne avec un homme nommé aussi Salomé. Elle serait la femme de Zébédée et la mère des deux apôtres Jacques le Majeur et Jean, qualifiés dans l'évangile de "fils de Zébédée".

Les Saintes Femmes des évangiles sont Marie de Magdala (assimilée à Marie-Madeleine), Marie mère de Joset et de Jacques ou Marie femme de Cophas (assimilée à  Marie Jacobé) et Salomé (assimilée à Marie Salomé) : elles sont présentes au Golgotha lors de la mort du Christ (Mc 15:40 et 15:47 : Jn 19:25) :

 

  • Mc 15,40 : « Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance, parmi elles Marie de Magdala, et Marie, mère de Jacques le petit et de Joset, et Salomé… »

  • Mc 15,47 : « Or Marie de Magdala, et Marie, mère de Joset regardaient où on l’avait mis.»

  • Jn 19,25 : « Près de la croix se tenaient sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. »

Elles sont également présentes (ou Marie de Magdala seule) au Sépulcre pour embaumer le corps du Christ, et un ange leur annonce, devant le tombeau vide, la Résurrection :

  • Mt 28,1 : « Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent visiter le sépulcre. »

  • Mc 16,1 : « Lorsque le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des aromates, afin d'aller embaumer Jésus. »

  • Lc 24,10 : « Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles. »

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Le terme de "Trois Marie" peut certes désigner Marie-Madeleine, Marie Salomé et Marie Jacobé, souvent représentées devant la Vierge à l'Enfant. Mais il réunit aussi (de façon non exclusive)  les "trois sœurs de noble lignage" que sont la Vierge, Marie Salomé et Marie Jacobé.

Le thème des Trois Marie est attesté à Gouezec aux Trois-Fontaines (l'une des fontaines porte le nom de fontaine des Trois Marie). 

Le vitrail de la chapelle Saint-Fiacre du Faouët, daté de 1550, est consacré à la Sainte Parenté.

Une gwerz des Trois Marie est collecté par Luzel à Pluzunet en 1867 :

https://fr.wikisource.org/wiki/Chants_populaires_de_la_Basse-Bretagne/Les_trois_Marie

Des chapelles leur sont consacrées à Vitré, Bécherel ou Montsûrs.

Le culte est aussi attesté autour de Rouen au XVe et XVIe siècle (y compris sous la forme d'un Arbre de Parenté analogue aux Arbres de Jessé), ou à Bruges vers 1500 :

Ici, à Quilinen, Marie-Madeleine est placée au 2ème  étage sous le Christ ressuscité ; il semble peu logique de la reconnaître aussi dans ce groupe.

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Un emplacement charnière.

Les trois filles de sainte Anne témoignent de la maternité et de la nativité : elles débutent l'histoire de la Vie de Jésus. Les trois femmes sont présentes au pied de la Croix, puis au Sépulcre : elles sont liées aux deux scènes du 4ème et 5ème étage, la Mort et la Résurrection, ainsi qu'au 2ème étage, la Déploration.

Mais Marie Salomé et Marie Jacobé, comme mères de 5 des 12 apôtres, sont reliées aussi au premier étage, l'envoi des Apôtres.

Toutes les deux font un geste de la main droite désignant l'espace qui les sépare. 

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LA VIERGE À L'ENFANT : L'INCARNATION.

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Elle fait face à l'est, au premier étage du fût. Elle est couronnée et voilée, et porte l'Enfant sur son bras droit. Ce dernier est nu, et tient une boule dans la main droite.

Le voile est en réalité le manteau, et celui-ci descend verticalement du coté gauche, tandis que le pan droit fait retour vers le coté gauche de la taille, où il est vraisemblablement attaché par une agrafe, avant de tomber en tablier par une cascade de plis obliques.

Le visage incliné sur la droite mais légèrement tourné à gauche fait une moue triste ou dubitative, comme pour témoigner de sa connaissance du destin tracé pour son Fils. Ainsi, elle annonce déjà le niveau supérieur : la Passion.

Elle renvoie au troisième article du Credo : "il est né de la Vierge Marie".

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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MARIE JACOBÉ ?

Rien n'indique qui est Jacobé et qui est Salomé : désignons arbitrairement celle de droite comme Jacobé.

Autre hypothèse, qui est séduisante : ce serait la Vierge Marie avec ses cheveux non voilés (comme celle de l'Annonciation) et sa voisine, qui est voilée,  serait sa mère sainte Anne (dans son geste typique de la Porte Dorée). Nous restons encore dans la représentation d'une Sainte Parenté.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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MARIE SALOMÉ ?

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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CINQUIÈME ÉTAGE, COTÉ OUEST. LE CHRIST CRUCIFIÉ.

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Le Crucifié a la tête penchée vers la droite (le coté où se trouve sa Mère) mais il est aussi tourné vers ce coté, par une rotation de la jambe gauche qui avance l'hémi-bassin gauche, et se poursuit au niveau de l'abdomen (comme en témoigne la position du nombril), du thorax (par l'épaule qui est plus haute et antérieure de ce coté), et de la tête, très fortement tournée.

Les bras sont fins, les jambes sont longues et effilées, se confondant avec le fût,  avec des cuisses presque malingres. Au contraire, le ventre est rond, dilaté, et projeté en avant par la cambrure.

Les trous des plaies des mains traversent entièrement la branche de la croix, et se retrouvent visibles sur le coté opposé. Les extrémités de la croix sont aplaties et convexes en forme d'écu.

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"Les bras de la croix ronds se terminent par des fleurons en forme d’écus qui à l’origine devaient porter des armoiries peintes. On s’étonnera peut-être de voir au revers de la potence horizontale deux trous qui témoignent sans doute de quelque remontage. Le Christ est serein. Pagne serré bien médiéval, il étend les bras. Quant aux anges « hématophores » ainsi nommés parce qu’ils recueillent le sang dans des calices, celui de gauche aux deux coupes tend l’une vers la plaie du côté. Au somment de la croix, le titulus porte les lettres INRI, (initiales du motif de condamnation imposé par Pilate qui déclara devant les objecteurs : « ce que j’ai écrit, je l’ai écrit ! » (Jésus Nazaréen Roi des Juifs) (Jean, 19, 22). Les caractères gothiques sont en relief sur une large banderole flottante. Celle-ci se rabat sur l’arrière de la branche haute de la croix, un mouvement relativement rare qui est à ajouter aux particularités relevées sur le calvaire de Quilinen. (Lubin et Castel)

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le titulus.

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Il est remarquable par sa forme, qui n'est pas celle d'un écriteau placardé au sommet, mais  d'une banderole, repliée quatre fois puisqu'elle débute derrière la tête du Crucifié, se plie alors pour présenter les quatre lettres INRI en masquant le haut du fût, se plie à nouveau pour contourner le sommet et revenir du coté opposé où elle se replie une dernière fois derrière la tête du Christ ressuscité. Elle masque, de ce fait, la branche haute de la croix, et celle-ci adopte la forme d'un T, coiffé de ce voile.

Cette forme très originale se retrouve à Motreff et Mellac, ainsi qu'à Brasparts. Elle évoque un linge liturgique (le pale placé au dessus du calice de l'Eucharistie ?), ou encore ces étoffes de respect et d'honneur par lesquelles les anges portent les instruments de la Passion. Son trajet reliant la tête du Crucifié et celle du Ressuscité lui confère la valeur d'un discours théologique. Mais sa largeur et sa taille lui donne le statut d'un oriflamme, l'allure glorieuse d'un drapeau kérygmatique.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Les anges aux calices (anges hématophores).

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Ils sont vêtus d'une longue tunique dont la partie basse bouillonne en s'ancrant au fût de la croix, tandis que leur corps est stylisé en arc de cercle pour rejoindre, à l'extrémité de la traverse, la plaie de chaque main du Crucifié. L'ange de droite tend aussi un calice vers le flanc droit.

La croix avec ses deux traverses, son support,  le Crucifié, le Ressuscité, et les deux anges sont taillés dans un seul blog de granite, et on imagine la taille du monolithe initial, et la délicate tâche effectuée par le sculpteur.

Ils forment avec la croix une forme quasi graphique, comme la lettre grecque Psi, barrée.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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QUATRIÈME ÉTAGE : LA VIERGE ET SAINT JEAN (AU PIED DE LA CROIX).

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge.

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La Vierge au pied de la Croix porte comme c'est l'usage le voile et la guimpe ; elle croise ses bras devant la poitrine en signe d'affliction. La bouche est concave.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean.

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La statue a perdu sa tête, mais nous pouvons l'imaginer en nous basant sur les statues homologues de Motreff et de Mellac. Comme sur ces deux calvaires, Jean porte le Livre dont il est le rédacteur (l'Évangile selon saint Jean) dans un étui qui se resserre en boule, permettant de le tenir dans une main. La ferrure de la reliure est nettement visible.

Ce "livre-ceinture" appartient au vocabulaire stylistique du Maître de Quilinen ; nous le retrouvons sur la statue de Jean comme apôtre, et aussi sur celle de l'apôtre Barthélémy.

Je renvoie à mon article sur le calvaire de Mellac pour l'étude de ce livre-ceinture.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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DEUXIÈME ÉTAGE, COTÉ OUEST. LA DÉPLORATION À QUATRE PERSONNAGES.

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Voir la Déploration plus tardive (deuxième quart du XVIe siècle) et en bois polychrome de la chapelle de Quilinen.

C'est ici une Déploration à quatre personnages que nous pouvons comparer à celles de Mellac de Motreff et de Brasparts.

Nous constatons d'abord qu'elle n'est pas orientée dans l'axe du crucifix, mais vers sa droite, dans l'axe de la pointe du triangle supérieur  ; et que les personnages sont inclinés vers ce coté. 

Nous voyons aussi que ces personnages sont debout, ou plutôt qu'ils le semblent, car la Vierge est peut-être à demi-assise sur un bloc qui est visible en se plaçant derrière le groupe (et qui peut n'être que sa robe) C'est également le cas à Mellac et Motreff et encore d'avantage à Brasparts, tandis que dans la majorité des Vierges de Pitié et Déploration du Finistère, la Vierge est assise ou agenouillée.

De ce fait, la Mère ne porte pas son Fils sur son genou fléchi, il n'est tenu (ou retenu d'une chute annoncée) que par Jean, qui tient le bras droit, par la main sans force de Marie, placée sous l'aisselle, et par Marie-Madeleine, qui tient le bras gauche. Le déséquilibre qui contraste avec la position hiératique et figée crée un effet poignant, car le Christ en chancelant ébranle le spectateur, même à son insu.

Le corps du Christ est efflanqué, le thorax aplati, les épaules rentrées, les bras décharnés, et nous retrouvons le ventre dilaté du Crucifié. La tête tombe sur le coté, et n'est qu'à peine retenue par l'avant-bras de Jean. Le visage n'est pas arrondi, à la différence de la plupart des visages de ce sculpteur, et une barbe pointue accentue cela. Les cheveux forment d'épaisses mèches devant les épaules. L'impression générale est celle d'un effondrement.

Jean, aux traits et à la chevelure nattée féminine, regarde ailleurs, en direction de Marie. 

La Vierge a, comme il se doit, la tête couverte d'un voile qui descend au dessus des reins. L'érosion du granite m'incite à être prudent dans la description de ses traits.

Marie-Madeleine a les cheveux libres, et l'image prise de l'arrière en montre la longueur. Son pot d'aromates, qui l'identifie, est bien là, aux pieds du Christ. Son élégance vestimentaire ne s'évalue bien, aujourd'hui, que par la dentelle de ses poignets.

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" Saint Jean et Marie Madeleine encadrent la Vierge qui vient de recevoir le corps du Christ descendu de la croix. Elle  s’appuie à un bloc de pierre qui se voit pour qui observe le groupe sur l’arrière entre le fût de la croix et la statue de saint Thomas. La Vierge des douleurs soutient de la main droite le corps de son divin Fils. Jean de son côté saisit de manière ferme le bras de Jésus, un geste assez peu courant dans ce genre de représentation. Quant au Christ lui-même son corps se raidit tendu tel un arc, comme si Jean et la Vierge ne se résolvaient pas à le montrer abandonné, vraiment mort, désarticulé, comme on peut le voir dans tant d’autres pietà. On admirera au passage la délicatesse des plis de la tunique de la Vierge qui se déploient en motif étoilé à l’arrière du buste du Christ." (Lubin et Castel)

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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CINQUIÈME ÉTAGE, COTÉ EST. LE CHRIST RESSUSCITÉ MONTRANT SA PLAIE.

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Dans la logique d'une structure en spirale, échappant à la symétrie binaire et frontale, le Christ est tourné vers la droite, dès la position des pieds. Il lève le coude pour désigner de la main ouverte la plaie du coté droit. L'artiste utilise ainsi la face postérieure de l'ange de la Croix pour y sculpter l'avant-bras, puisque je rappelle que les deux Christ, la croix et les anges sont taillés dans un bloc monolithique. Le geste de bénédiction, et d'ostentation de la plaie, par la main gauche, et le visage, accentuent la rotation vers la droite. Le visage est très humain, et la bouche, quoique concave, semble sourire. Le Ressuscité porte, sous un ventre dilaté,  un pagne dont les pans et les plis se croisent au centre. Le manteau couvre l'avant des épaules et retombe jusqu'à mi-jambe. Le corps est étiré en hauteur et les jambes sont fines.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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QUATRIÈME ÉTAGE, FACE EST : MARIE-MADELEINE.

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(rappel : on trouve à l'ouest Marie et Jean au pied de la Croix)

Elle tient de la main droite le flacon d'aromate (cylindrique et à couvercle à boule) et place sa main gauche paume en avant, comme Marie Salomé précédemment. Ce geste et sa posture générale n'est pas celle de Marie-Madeleine au pied de la Croix (où elle est éplorée, les yeux levés, et où elle tord ses mains en signe de chagrin). C'est pourquoi je la place, dans ma description, après la Résurrection, et je suis convaincu que c'est délibérément que l'artiste l'a placé du coté oriental. Son geste paume en avant est celui de l'émerveillement face au Tombeau vide (comme pour Marie Salomé). On sait que Marie-Madeleine est, dans les évangiles, le Premier Témoin de la Résurrection, lors de la scène de la rencontre avec Jésus qui lui apparaît en jardinier, puis lui dit noli me tangere, "ne me touche pas". Indirectement, la paume en avant reflète cette exigence de réserve et de recul propre à cette scène.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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LES LARRONS SUR LEUR GIBET.

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Les larrons, les bras passés au dessus des potences en tau et les poignets et la cheville droite liés en arrière par des cordes, se tordent dans les affres de l'agonie. Comme dans les enluminures du début du XVe siècle, comme à Motreff et Mellac, et comme cela sera souvent repris sur les calvaires bretons postérieurs,  la jambe gauche est fortement fléchie pour témoigner du verset de l'évangile de Jean chap.19 mentionnant que Pilate ordonna qu'ils eurent les jambes brisées afin de provoquer leur mort : "Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu'on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l'autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes.". En effet, les suppliciés, ne pouvant s'appuyer sur leur jambes pour respirer, meurent par suffocation.

La jambe droite et les deux bras sont liées au gibet par un cordage dont le nœud parfois gancè est soigneusement détaillé.

Ils ont le crâne rasé ; ils portent une culotte à rabat formant braguette. Le Bon Larron regarde Jésus, le Mauvais s'en détourne. Il est plus contorsionné, le dos en hyperextension  ou opisthotonos.

 

On les trouve également, avec quelques différences, à Saint-Hernin et à Mellac tandis que le calvaire de Motreff ne montre plus que la base des gibets mais non les personnages.

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"Dans leur position acrobatique, le traitement du mouvement des larrons, malheureux condamnés décharnés, témoigne de l’audace de l’ « imagier ». Son habileté se joue du granite avec une virtuosité incomparable. Les corps des suppliciés se tordent, renversés par-dessus la potence du gibet, les mains liées derrière le dos. Dans le travail du sculpteur il y a aussi de la finesse. Il suffit de suivre le jeu de la cordelette au pied du mauvais larron. Elle vient avec un nœud de cabestan bien observé s’enrouler sur le gibet, et l’on voit son extrémité s’enfiler sous la boucle qui maintient le pied serré contre le fût. Quant à la cordelette de la jambe qui libérée par la douleur, se replie sur elle-même on en voit pendre les brins finement sculptés." (Lubin et Castel)

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le Bon Larron.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec.
Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le Mauvais Larron.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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LES "MARMOUSETS" ET LES ANGES DES DEUX NOEUDS DES FÛTS.

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Le fût est d'abord octogonal, sur deux mètres environ, puis il devient cylindrique et un premier nœud marque ce changement. Trois personnages y forment les supports des trois statues que j'ai nommé ici "les Trois Marie". Dans cette fonction d'atlantes, ce sont des petits messieurs au ventre proéminent, coiffés et vêtus comme des écuyers, et qui forment une ronde en se prenant par le poignet, les bras dressés.   Le père Castel, qui leur trouve une allure grotesque, les qualifie du terme de "marmousets", que je reprends puisqu'il est consacré. On les retrouve en leitmotiv sur les autres réalisations du Maître de Quilinen et de son successeur le Maître de Brasparts.

Un deuxième trio supporte plus haut, les statues de la Vierge, de Jean et de Marie-Madeleine. Ils sont bien différents, et leur tunique plissée sans ouverture d'encolure, ou leur sveltesse  évoque la représentation habituelle des anges, quoiqu'ils soient aptères. Ils nous présentent des écus, muets mais qui devaient être peints. 

Plus haut encore, le fût s'affine, après une virole tulipée, pour devenir la croix du Christ.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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1. Les marmousets du premier étage.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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1. Les anges du deuxième étage.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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LES DOUZE APÔTRES, UN CREDO APOSTOLIQUE. PRÉSENTATION.

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L'association des douze apôtres, placés dans un ordre canonique, avec des phylactères portés par les saints eux-mêmes dans au moins cinq cas, ou par les anges qui leur servent de supports, impose de voir ici un Credo apostolique, représentation assez réglée, depuis Saint Augustin dans les textes et depuis le XIIIe siècle en iconographie, d'une attribution à chacun des douze apôtres de l'un des douze articles du Credo, ou Symbole des Apôtres.

Les douze articles  se suivent dans un ordre immuable. L'attribution des articles est codifiée, mais on observe quelques variantes. Par contre, l'identification des apôtres par leur attribut (la clef de Pierre, la croix de saint André), quoique qu'elle soit constante pour les personnages princeps, est plus souple. L'un des documents de référence est la figure des Calendriers des bergers, accompagnée du texte du Credo. Mais ces Calendriers ou Compost ont été imprimés (et très diffusés) de 1491  à  1589 à Paris, Genève, Lyon, Rouen et Troyes, non sans des variations, voire des confusions. Auparavant, il faut rechercher les références par exemple dans les images classificatrices du Verger de Soulas BnF 9220, du XIIIe siècle, ou dans le Bréviaire de Belleville (1323-1326).

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Ce qui m'importe de souligner,  c'est que, si nous admettons la date de 1450 pour ce calvaire, il s'agit d'une présentation précoce de  ce thème iconographique en Bretagne dans la statuaire  avant qu'elle ne devienne presque la règle à partir du début du XVIe siècle et jusqu'au XVIIe siècle, mais en désertant les calvaires et en se transférant aux porches des sanctuaires. Quilinen pourrait être un essai, qui a été réajusté vers les porches : on passe alors d'une circumambulation à un passage entre deux rangs.

Certes, il existe d'autres calvaires à Credo apostolique : celui de Saint-Vénec en Briec, et celui de Confort-Meilars. Mais le premier possède des points communs avec Quilinen (son soubassement en étoile ; l'appartenance à la même paroisse initiale).

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Le Credo apostolique, un ars memoriae.

On regarde ces successions d'apôtres et leurs banderoles de manière différente si on comprend qu'il répond à un souci de faire réciter au fidèle, mais surtout de lui faire mémoriser et ressentir les douze articles, fondement de la Foi.

En effet, au début de la Renaissance, les théologiens et humanistes re-découvrent les techniques de mémorisations exposées, pour servir à la Rhétorique, attribués à Simonide de Céos,  dans les écrits de Cicéron, de Quintilien ou de la Rhétorique à Herennius. Il s'agit de créer des lieux ou palais de mémoire, "loci", divisés en sites que la vue retient facilement, et que l'orateur associe aux parties successives de son argumentation. Lorsqu'il doit l'exposer, il  parcourt mentalement ce monument, et revoit les images des endroits  où il a placé ses arguments. Pour cela, il faut certes un lieu, mais aussi une déambulation. Daniel Arasse, traducteur de l'ouvrage fondamental de Frances Yates, The Art of Memory (1966) a fait connaître l'importance de cette technique en peinture, non seulement comme aide-mémoire, mais pour convaincre et émouvoir. Il n'est pas indifférent à notre réflexion qu'il nous donne en exemple la Cène de Léonard de Vinci, avec ses apôtres.

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Ici, la déambulation inscrit l'image des statues dans le corps et l'esprit ( c'est cette association des stimuli kinesthésiques, voire intéroceptifs, des émotions visuelles et d'une narration  qui en permet l'ancrage, tandis que les jeunes visages et les gestes insistant des anges désignant le texte (hélas effacé aujourd'hui) des banderoles y associe les fondements de la foi en "formulettes" mnésiques.

La formule vers lequel la sculpture va évoluer, celle du franchissement d'un seuil, entre les deux rangs de six apôtres des porches, chacun des personnages, et donc des arguments, occupant une niche, a du s'avérer plus puissante encore, et cela me paraît être le cas.

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LES 12 APÔTRES.

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Ils sont disposés, par deux (les apôtres sont alors adossés) à  chaque pointe du triangle inférieur, et, par statue individuelle plus haute, sur les cotés de ce triangle.

En tournant dans le sens inverse des aiguilles d'une montre :

Saint Pierre, en hauteur sur la droite du coté Ouest

Saint André et Saint Jacques le Majeur, adossés à la pointe Sud-Ouest.

Saint Jean puis saint Matthieu, en hauteur sur le coté Sud-ouest.

Saint Jacques le Mineur et saint Philippe, adossés à la pointe Est.

Saint Barthélémy et saint Thomas, en hauteur sur le coté Nord-est

Saint Simon et saint Jude, adossés à la pointe Nord-ouest

Saint Mathias, en hauteur sur la droite du coté Ouest.

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Note. Seuls les saints Pierre, André, Jacques le Majeur, Jean, Jacques le Mineur, Philippe,  et Barthélémy, sont identifiés avec certitude, et Thomas et Simon avec une bonne probabilité.

 

 

 

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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1. Saint Pierre.

Premier article du Symbole des Apôtres : Credo in Deum patrem omnipotentem, creatorem cœli et terrae. "Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre"

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Il tient dans la main droite et contre son épaule une grosse clé dont l'anneau est losangique et le panneton savamment dentelé. Le livre (qui renvoie au Livre des Apôtres) est tenu fermé de la main gauche, tranche vers le haut.

La barbe, caractéristique du style du Maître, est, comme la chevelure, faite de boules serrées. Une autre caractéristique tient à la forme des sourcils, deux arcs très développés formant un auvent sous lequel les yeux paraissent creusés dans les orbites. Le nez des apôtres est large, épaté ; les lèvres dont les commissures sont légèrement tombantes, sont plus ou moins visibles.

Pierre est vêtu d'une robe et d'un manteau descendant si bas que les pieds (nus en principe) ne sont pas visibles. La robe est fermée par un bouton rond devant la poitrine, tandis que la fente de la manche est fermée par deux boutons ronds. Le manteau, qui ne couvre que  l'épaule gauche, revient en large pan d'où émerge le poignet gauche.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le marmouset ressemble à ceux du fût du calvaire, avec son visage très rond, ses cheveux en masses latérales, sa fonction de console, son torse dilaté et ses bras écartés. Il maintient une banderole repliée sur elle-même, et semblable à celle du titulus. Aucune inscription n'y est portée, mais il est vraisemblable qu'un texte y était peint. Mon hypothèse est qu'il s'agissait du premier article du Credo, en français ou en latin.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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2. Saint André.

Deuxième article : Et in Jesum Christum, Filium ejus. "Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur"

 

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Il tient ferme à deux mains la croix en X à la croisée de laquelle pend une pièce d’étoffe (le pan de son manteau, ou plutôt la banderole portant jadis l'article du Credo).

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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André est placé dos à dos  avec saint Jacques le Majeur.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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La face sud-est et ses quatre apôtres.

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3. Saint Jacques le Majeur.

Troisième article : Qui conceptus est de Spiritu Sancto, creatus ex Maria Virgine. "Qui a été conçu du Saint-Esprit,  est né de la Vierge Marie "

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Il tient des deux mains son livre ouvert, ce qui l'oblige à serrer son bâton (le fameux bourdon des pèlerins de Compostelle) entre poignet et poitrine. Un autre de ses attributs est la besace, suspendue à la ceinture et timbrée de la coquille Saint-Jacques.

 

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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4. Saint Jean et sa coupe de poison.

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C'est bien à Jean qu'est confié le quatrième article :  Passus sub Pontio Pilato, crucifixus, mortuus et sepultus est. " A souffert sous Ponce Pilate,  a été crucifié,  est mort,  a été enseveli."

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On l'identifie d'une part  car c'est le seul des apôtres à être imberbe, et d'autre part car il tient en main gauche une coupe rappelant qu'il montra ses pouvoirs en buvant, sans en souffrir, le poison que lui tendait Aristodème, grand prêtre du temple d'Artémis à Éphèse (Matthieu 20:20-24 et Marc XVI :17-18) .

La console qui soutient saint Jean est faite d’un petit personnage, le poing gauche à la hanche l’index droit montrant sur une large banderole aux souples replis, un texte lisible avant que le calvaire ne perde sa polychromie.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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5. Saint Matthieu.

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Traditionnellement, c'est Thomas qui occupe la  cinquième place, correspondant à l'article : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. Thomas porte comme attribut l'équerre, ou (sur les Calendriers des bergers) la lance. La statue du saint que nous voyons en cinquième place ne peut pas être identifiée, en l'absence de tout attribut. D'autre part, elle peut avoir été placée ici lors d'une restauration. J'ai suivi l'identification du père Castel :

 "N°5. Saint Matthieu se distingue par le livre de son évangile et un phylactère tombant droit sur lequel jadis s’inscrivait peint quelque verset du Symbole des Apôtres." (Lubin et Castel)

Mais le livre n'est pas un attribut spécifique de Matthieu, puisque presque tous les apôtres en portent un. 

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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6. Saint Jacques le Mineur et son bâton de foulon.

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Le sixième article, propre à Jacques le Mineur, est:  Ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram patris omnipotentis. L'apôtre occupe sa place canonique.

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L'apôtre se reconnaît à son bâton de foulon, dont l'extrémité dilatée est caractéristique. Une banderole verticale descend sur la ligne médiane.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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La face nord-est et ses quatre apôtres.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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7. Saint Philippe tenant sa croix à longue hampe.

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L'article n°7 du Credo, propre à Philippe, est : Inde venturus est judicare vivos et mortuos.

Castel lui attribue  le 8ème rang. Mais une restauration a été postérieure à sa description et a modifié l'ordonnancement :

"8. Saint Philippe se tient au dos de saint Jacques, livre fermé en main droite, croix à longue haste dans l’autre. Parmi les douze apôtres du calvaire c’est le seul doté d’une coiffure. Une sorte de bonnet de toile, enserrant la tête ajustement médiéval que les personnes de qualité portaient sous un large chaperon. L’association sur notre calvaire de saint Philippe et de saint Jacques le Mineur est loin d’être fortuite. Ils sont tous deux fêtés aujourd’hui le 3 mai, alors qu’auparavant leur était réservé le 1er jour de mai. Ce léger déplacement dans le calendrier fut décrété en 1955, lorsque Pie XII déclara saint Joseph patron des Travailleurs, tenant à associer la commémoration religieuse chrétienne de la manifestation civile du fameux Premier Mai." (Lubin et Castel)

 

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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8. Saint Barthélémy et son couteau à dépecer.

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À Barthélémy est confié le huitième article :  Credo in Spiritum Sanctum. "Je crois en l'Esprit Saint".

L'un des éléments remarquables est le "livre ceinture", déjà commenté à propos de saint Jean. La ferrure (avec un cabochon losangique) et les nerfs du dos sont bien visibles, ce qui montre que nous n'avons pas affaire à un sac de transport (qui masquerait ces détails), mais à une étoffe de préhension intégrée à la partie haute de la reliure.

 

 

"9. Saint Barthélemy bénéficie d’une statue indépendante. Il tient en main droite le coutelas qui servit à le dépouiller de sa peau lors de son martyre. Il porte aussi un long phylactère. Le revers de sa statue, non affiné est laissé comme on dit, sous le coup de l’outil." (Lubin et Castel)

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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9. Thomas et son équerre.

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Si on identifie, par l'équerre, l'apôtre Thomas, il devrait occuper la cinquième place et présenter le cinquième article : Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. "Le troisième jour,  est ressuscité des morts ." 

Au contraire, nous devrions trouver ici Matthieu (identifié parfois par une balance et parfois, comme dans le Calendrier des bergers, par une hache. C'est lui qui présente le neuvième article Sanctam Ecclesiam catholicam, sanctorum communionem, "[je crois] à la Sainte Église catholique, à la communion des saints".

 

 

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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10. Saint Simon et sa scie.

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Simon est ici à sa place, la dixième, correspondant à l'article  Remissionem peccatorum. "À la rémission des péchés"

 Saint Simon, tient en main gauche un livre ouvert. Sa droite s’appuie sur une scie qui compte une dizaine de dents. Cette scie rappelle que Simon au jour de son martyre fut scié, fermement serré entre deux lourdes planches.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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11. Saint Jude et sa hallebarde.

 Saint Jude Thaddée est également )à sa place traditionnelle correspondant au onzième article  Carnis resurrectionem, "À la résurrection de la chair".

 

 Il exhibe dans sa main droite la hallebarde, l’instrument de son supplice.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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12. Saint Mathias.

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C'est toujours lui qui termine le Credo, avec l'article  Vitam eternam. "[et à] la Vie éternelle [Amen]".

Mais comment l'identifier avec certitude ? Il tient la hampe d'un objet que je présume être une hampe (nous voyons la base du fer).

L'attribut de Mathias est habituellement la hallebarde ...

 

 

 

 

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Les anges aux phylactères servant de culots aux apôtres.

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Nous avons vu que nous devons distinguer deux types de statues d'apôtres : celles qui sont placées, par paires, à la pointe du triangle inférieur (André et Jacques le Majeur, Jacques le Mineur et Philippe, et Simon et Jude), sont plus basses. Les autres sont placées contre le massif rectangulaire.

Je leur applique la même numérotation que les titulaires.

Chacune de ces statues est posée sur la tête d' anges, mais du fait de leur disposition, il faut y distinguer là encore six qui sont taillés dans les pierres en pente du triangle, et  six qui desservent les statues plus hautes et indépendantes, et qui s'appuient sur le massif vertical du rectangle. J'indique leur numéro en chiffres romain pour le premier groupe, et en chiffre latin pour les autres.

Tous, sauf quatre, présentent des phylactères en en désignant le texte (peint et actuellement effacé) d'un index péremptoire.

Les quatre qui s'en dispensent appartiennent au premier groupe, ce sont ceux de André (II) et Jacques le Majeur (III),  Simon (X) et Jude (XI).  Ce sont des personnages en bustes, portant des aubes plissées à capuches rabattus sur la tête, et qui lèvent les deux bras pour soutenir, comme des atlantes, leur statue.

Comme ils occupent les pointes des triangles, ils forment des duos.

Au total, nous avons un ensemble de 8 phylactères, qui portaient certainement un texte peint au vu de l'insistance des anges à le désigner. Il faut y ajouter un phylactère qui ceinture le chanfrein du triangle supérieur. Et bien-sûr  les  banderoles de cinq apôtres. Le nombre total (13 ou 14) est trop élevé pour correspondre uniquement aux articles du Credo, mais cela ne me semble pas remettre en cause mon hypothèse.

Par contre, il faut — c'est évident — aller au delà d'un édifice simplement mnémotechnique et évaluer comment ces textes entrainent le fidèle à une pratique cultuelle dynamique, une procession alliant la récitation, incorporation ou manducation des paroles liturgiques et l'imprégnation émotionnelle de la participation aux souffrances de la Passion. Si on considère que tout le calvaire est pris dans ce mouvement, dans cette aspiration ascensionnelle ou cet élan spirituel, et si, comme il faut le faire, on en place le culte dans une dimension collective, on voit comme il donne une autre dimension (alors inédite) à la devotio moderna propagée par les chartreux, la lecture méditative, l'oraison et la contemplation individuelle des moines devant le Crucifix et les Plaies du Christ ou la lecture des Livre d'Heures. 

Il faudrait pouvoir y ajouter toute la liturgie chantée, l'éclairage (cierges, flambeaux), et bien-entendu la polychromie pour évaluer la puissance cultuelle d'un tel monument.

 

 

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Voici II et III ensemble, puis II, et III.

 

 

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile.

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Et voici X (sous Simon) et IX (sous Jude).

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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Bien qu'ils occupent la même position inclinée et inconfortable, VI (subalterne de Jacques le Mineur) et VII (celui de Philippe) s'entendent comme larrons en foire pour renoncer à se redresser, comme leurs collègues, et pour s'allonger sur la dalle tout en croisant leurs bras. 

Mais c'est pour la bonne cause :  car la couverture dont ils semblent enveloppés est un phylactère, dont ils pointent le texte de leur doigt.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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Les anges à phylactères de la rangée supérieure.

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On peut les considérer par couples de part et d'autres des pointes du triangle supérieur. Chacun maintient l'extrémité repliée du phylactère contre son torse, et déploie largement l'autre extrémité avec sa main droite, en se tournant vers elle. Mais ils écartent les bras en levant les coudes, comme les marmousets du premier étage. Leur chevelure est bouclée, mais ramassée en boules latérales. Leur visage et rond et joufflu, plus encore que ceux des autres marmousets ou de tous les personnages taillés par ce sculpteur.

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Voici par exemple, vue de l'ouest, le couple 12 (Mathias) et 1 (Pierre).

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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Le n°12.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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Le n°1.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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Le couple 4 (Jean) et 5 (Matthieu).

Ils portent des chapeaux, à bords évasés. Ils sont franchement tournés vers la droite.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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Le couple 8 (Barthélémy) et 9 (Thomas).

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Le n°8 porte une coiffe évasée. Notre n° 9, aux cheveux en boule,  fait exception, en tenant son texte de la main gauche.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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N°8.

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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N°9

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Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen)  de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

Le calvaire (granite, vers 1450-1500, Maître de Quilinen) de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec. Photographie lavieb-aile

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SOURCES ET LIENS.

 

—ABGRALL (Chanoine J.M.), 1914, Excursion archéologique du 10 mai 1914. Compte rendu, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère  tome 41 - Pages 211 à 237.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1914_0283_0309.html

"Le monument que nous avons sous les yeux est d'un intérêt tout particulier; on peut le classer comme le premier et le plus harmonieux des calvaires de second ordre; on ne peut rien imaginer de plus heureux comme groupement de person­nages et comme silhouette originale. La base est composée de deux massifs triangulaires se superposant et se compénétrant,
les angles du second correspondant au milieu des côtés du massif inférieur; et tout autour de la deuxième base, sur des culs-de-lampe en cariatides, les apôtres sont diversement étagés, pour donner plus de mouvement à l'ensemble. La plupart des cariatides tiennent de longues banderolles qui courent con­tre les parois du socle et qui ont pu recevoir autrefois des ins­criptions en couleur, mais ne portant pas de traces de gravure.
Au pied de la croix, par devant, est Notre-Dame de Pitié, tenant le corps de son fils et accompagnée  d'une des Saintes­ Femmes; plus haut, à deux niveaux différents, deux autres Saintes-Femmes et l'apôtre saint Jean. Au dos de la croix on voit la Sainte-Vierge tenant l'Enfant-Jésus dans ses bras, plus haut la Madeleine tenant un vase d'aromates, et au sommet, derrière le crucifix, Notre-Seigneur ressuscité. Les larrons, surtout celui de gauche, se tordent dans des convulsions étranges, et il y a peu de sculpteurs modernes qui auraient assez de hardiesse et d'habileté pour traiter et mouvementer les corps humains comme l'a fait le vieil imagier du XVIe siècle. Les traces de peinture conservées sur les statues, demeurées surtout plus visibles dans les replis de leurs draperies, indiquent que primitivement tout ce calvaire était peint et doré: Qu'on ne se récrie pas à cette idée. Ce n'était point un exemple isolé. Au Moyen-âge comme au temps de la vieille Grèce classique, on a aimé l'architecture polychrome.
Les temples en marbre de la Grèce étaient rehaussés d'une décoration colorée. Au XIIIe siècle, la façade de N-D. de Paris était en grande partie dorée et peinte, et pour ce qui est  de notre pays, nous retrouvons les témoins de rehauts de pein­ture et de dorure aux porches de Lampaul-Guimiliau et de Rumengol, et au portail de l'évêque Alain à l'église du Fol­goët, sans compter une foule d'autres croix ou statues extérieures."

— CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.

http://croix.du-finistere.org/commune/landrevarzec.html

1017. Quilinen, g. 6,50 m. Début XVIè s. Massif architecturé de plan triangulaire, le sommet pyramidant, statues des douze apôtres en ronde bosse, une Vierge de Pitié. Gibets des larrons. Fût central, marmousets, Jean et la Vierge, au sommet, sainte femme, saint au livre, Marie-Madeleine. Croix, fleurons carrés, crucifix, anges aux calices, Christ ressuscité. Oeuvre exceptionnelle. [YPC 1980]

—CASTEL (Yves-Pascal), 1997,  En Bretagne croix et calvaires ... Kroaziou ha kalvariou or bro, édition bilingue Minihi Levenez, Saint-Thonan.

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c7ab1cc53d0ef299b5bb65ed3764d18c.pdf

— CASTEL (Yves-Pascal), LUBIN (Joël) 2013 Patrimoine du Finistère, Landrévarzec.

http://patrimoine.du-finistere.org/art2/ypc_landrevarzec_quilinen.html

— CASTEL (Yves-Pascal), LUBIN (Joël) 2014, Landrévarzec. La chapelle Notre-Dame de Quilinen, Bull. Société archéologique du Finistère 133-154 ; 4

 

— CASTEL (Yves-Pascal), GARGAM (Y.), LUBIN (Joël), 2014, "Landrevarzec, le grand calvaire de Quilinen", vidéo de 20 minutes à partir de deux émissions sur RCF Rivages.

— FAVÉ (A), 1898, Un procès-verbal des prééminences à Landrévarzec et à Quilinen (1648), Bull. Société archéologique du Finistère , 14-29.

— KERNALEGUEN (Daniel), 2019, visite guidée

https://www.dailymotion.com/video/x7l6lyc

 

— MALO-RENAULT (Emile) 1907, L'art chez les Bas-Bretons, Le tour de France, tome troisième, 1907, n°40, p. 259-276 :

« Sur l'angle du mur bas, entourant le velours vert d'un carré d'herbe, [le calvaire de Quilinen ] dresse deux massifs triangulaires superposés aux plans inclinés desquels grimpent les statues des apôtres. Pierre, plus grand que les autres de toute sa tête, pour marque de son autorité, porte sur l‘épaule droite une clé géante ; André tient devant lui sa croix en X, les autres disciples dans le même mouvement  ascensionnel se groupent avec la Mère  Douloureuse et les saintes femmes autour des trois croix : tandis que courbés en arc sur le thau de leur supplice, les deux larrons sont dominés de très haut par le Maître.  Mais où le mysticisme triomphe,  c’est dans l’arrangement  des croix. En effet, si en sortant de la chapelle on regarde le calvaire, il est impossible d’apercevoir la croix du mauvais larron, elle disparaît totalement derrière la croix du Christ. Le génie de l’imagier s’est attaché à empêcher ainsi  la vision du réprouvé. Ceux qu’on nomme les Grands Calvaires : Tronoën, Plougonven, Guimiliau, Plougastel etc…nul de ces groupements, de ces grouillements de statuettes dans le Léon ou , ne vaut l’élégance hardie, l’ordonnance rationnelle du calvaire de Quilinen. Et ne faut-il pas noter à part, la grâce, flamande un peu, de la Vierge à l’Enfant appuyée au revers de la croix , la noblesse d’attitude de certains apôtres et le charme fin des petites figures à demi effacées qui leur servent de support, l’intensité de torture  qu’expriment les larrons ? Certes on ne trouvera point ici la souplesse  et la science sûre des imagiers de ou de l’Ile de France. Mais comme le sentiment remplace tout cela et comme celui qui regarde, sans mesquinerie d’analyse, se sent vite empoigné par la beauté de l’œuvre ! »

(in Charles le Goffic, 1921  L'âme bretonne édition 2017 page 113)

https://books.google.fr/books?id=B4KrDgAAQBAJ&dq=%22Mais+o%C3%B9+le+mysticisme+triomphe,+c%E2%80%99est+dans+l%E2%80%99arrangement+des+croix.%22&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 

—MAUGUIN (M.) ) 2016, Les armoiries de la chapelle de Quilinen, alias Kilinenn, en Landrévarzec, Bull. Société archéologique du Finistère , 203-219.

 

 

— (calvaire de Quilinen) 1893, Bull. Société archéologique du Finistère 128

 

—SITE DE LA COMMUNE

http://www.landrevarzec.fr/spip.php?article25

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A PROPOS DU CREDO APOSTOLIQUE :

 

 

 

— LAFEUILLE (Jérôme), 2020... Un nouveau regard sur le jubé de Kerfons, ARSSAT n°4

— LAFEUILLE (Jérôme), Le Calendrier des bergers modèle du Jubé de Notre-Dame de Kerfons. Son interprétation à la limière du Symbole des apôtres / in Société d'émulation des Côtes d'Armor. Bulletins et mémoires ; Histoire et Archéologie, Vo 148, Septembre 2020 (01/09/2020)

— MÂLE (Emile) Le Credo des apôtres in L'art religieux à la fin du Moyen-Âge en France  page 246-296

https://archive.org/stream/lartreligieuxdel00mluoft#page/250/mode/2up/search/credo

— PSAUTIER DE JEAN DE BERRY, Bnf fr. 13091, 1380-1400. Enluminures d'André Beauneveu.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84546905/f16.image.zoom

— GRAND CALENDRIER DES BERGERS

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84894z/f88.item

— GRANDES HEURES DE JEAN DE BERRY  ou Horae ad usum Parisiensem , 1400-1410

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b520004510/f11.item

— BREVIAIRE DE BELLEVILLE : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum, dit Bréviaire de Belleville. Bréviaire de Belleville, vol. I (partie hiver), 1323-1326

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8451634m/f13.image

— GAY (Françoise) 1993, Le choix des textes des prophètes face aux apôtres au Credo", in Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

— HASENORH (Geneviève), 1993 "Le Credo apostolique dans la littérature française du Moyen-Âge", Actes du Colloque Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon 

— LACROIX (Pierre) , Renon, Andrée,  Mary, Marie-Claude, Vergnolle, Éliane [Publ.] Pensée, image et communication en Europe médiévale. A propos des stalles de Saint-Claude - Besançon (1993).Sommaire en ligne 

— RENON F, relevé du Credo du chœur de la cathédrale de Cambray en 1404 Revue de l'art chrétien: recueil mensuel d'archéologie religieuse, Volume 8 Arras ; Paris 1864 page 262.

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Published by jean-yves cordier - dans Calvaires Chapelles bretonnes. Sculpture Credo des apôtres
10 novembre 2021 3 10 /11 /novembre /2021 17:43

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts.

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Voir :

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PRÉSENTATION.

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Le calvaire est placé au centre approximatif du placître, devant le porche sud (plus tardif, datant de 1589) et l'ossuaire (plus tardif également, vers 1550). En le datant vers 1500, c'est le monument le plus ancien de l'enclos, puisque la partie la plus ancienne de l'église, son porche ouest, date de 1551.

«  Au maître de Quilinen, [auteur du calvaire éponyme] on attribuera Motreff, modeste, Mellac, fortement charpenté et Saint-Hernin, rafistolé comme on a pu.

Proche de Quilinen dans le temps, moins remarquée, la manière du Maître de Brasparts, sonne plus "breton" aux yeux des amateurs, comme si la manière des autres l'était moins. Sans doute issus du ciseau du maître de Brasparts, les calvaires de Loqueffret, de Plouénan, timbré des armoiries des Kersauzon et des Keranguen, et de Vesly, dans l'Eure, étonnant sous le ciel normand, où il a été transporté il y a seulement quelques décennies. » (Castel 1980 page 125)

 

 Selon Emmanuelle Le Seac'h, qui reprend dans sa thèse les dénominations et attributions d'Yves-Pascal Castel,  le Maître de Brasparts est un sculpteur au style médiéval affirmé,  dans la veine du Maître de Quilinen (fin XVe-début XVIe). Ce dernier, aurait réalisé, vers 1500 ,  outre le calvaire à composition ascensionnelle de la chapelle de Quilinen en Landrévarzec [1450 pour Castel], ceux de Motreff et de Mellac, et les larrons de celui de Saint-Hernin. Ainsi qu'une sculpture de saint Pierre à Briec-de-l'Odet, et la croix en granite du Vieux-Bourg de Lothey.

Le Maître de Brasparts aurait réalisé, lui,  outre le calvaire éponyme, ceux de Loqueffret et de Plouénan. 

Les points communs aux deux maîtres sont nombreux et convaincants. Le Maître de Brasparts privilégie également une élévation ascensionnelle avec un point de convergence se dirigeant vers le sommet de la croix, et la Crucifixion, par une sorte de démonstration théologique en image. Il reprend sous son ciseau les "marmousets" (Castel nomme ainsi les personnages vêtus en écuyer et tenant des écus au nœud du fût), si caractéristiques du Maître de Quilinen. La Déploration, le saint Michel terrassant le dragon, les larrons sur leur gibet distinctif, ou le titulus qui adopte la forme d'une bande d'étoffe repliée en M, sont des "marqueurs" iconographiques communs aux deux ateliers. Et on y retrouve aussi le Christ ressuscité montrant sa plaie, et les anges au calice. La hauteur est presque la même, 6,50 mètres à Quilinen, et 6 mètres à Brasparts. Aussi la proximité

Mais le calvaire de Quilinen serait plus ancien (Castel le date vers 1450) et il est en granite. Sa base en étoile et sa composition en spirale accueillent 47 personnages. Le calvaire de Brasparts  — qui a perdu la Vierge et Jean qui occupaient la console— ne compte que neuf personnages. Sa base est, plus banalement, rectangulaire. L'un des larrons a été remplacé par un Christ aux liens.

À Brasparts, le granite a servi pour construire le socle et l'emmarchement : le calvaire est posé sur un massif carré doté d'une table d'offrande à l'ouest, et de bénitiers sur les faces sud et nord : ce massif s'affine par des chanfreins en un socle, auquel s'intègre une Déploration (souvent désignée comme Vierge de Pitié ou Pietà). Les trois fûts sont implantés sur ce socle, de forme polygonale puis cylindrique ; le fût central, plus haut, est celui qui porte la croix.

 

 

Voir : 

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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LA DÉPLORATION À QUATRE PERSONNAGES.

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Ce groupe rassemble autour de la Vierge et de son Fils une sainte femme, et — à mon avis — Marie-Madeleine identifiée par le pot d'aromates posé à ses pieds. C'est l'une des rares Déplorations où les personnages sont debout autour du Christ, comme trois colonnes de taille presque identiques barrées par la diagonale oblique vers le bas et la droite, du Fils descendu de la croix.

"La pietà reflète dans une raideur stoïque la douleur de la perte d'un être cher. Les trois Marie soutiennent le Christ juste après sa Descente de la croix. Entourant la Vierge, on trouve ainsi Marie Cléophas, mère de Jacques l Mineur à gauche, et Marie Salomé mère de Jacques le Majeur à droite. Toute la composition est axée sur la verticalité  et la rigueur et accentuée par l'arc de cercle que forment le corps du Christ et son bras inanimé. Au centre, la Vierge pose la main gauche sur la hanche de son fils. Son voile est rabattu sur les côtés  en forme de cornette identique à celle du Maître de Tronoën a attribué à ses représentations de la Vierge. Les deux femmes qui l'entourent portent le même voile qui leur recouvre aussi les cheveux. Les pieds dépassent à peine les robes qui forment des plis en volutes.

La femme qui est à droite de Marie est la seule à saisir le corps des deux mains au niveau du bras droit. À gauche, la sainte Femme est enveloppée dans son voile qui forme un drapé  arrondi harmonieux. Les femmes aux visages rectangulaires et stoïques expriment à travers le sérieux de leur expression toute la rudesse "montagnarde" et venteuse de la région. La douleur des femmes s'exprime par la forme étirée des paupières et le philtrum bien visible. Le sculpteur a placé une ride horizontale appelée ride du lion sur le front pour vieillir leur visage.

Les jambes du Christ sont raides; la cuisse fine et l'arête des tibias donnent une forme triangulaire au bas des jambes. Ses pieds et ses mains sont larges tout comme ceux de la Vierge et de ses parentes, les doigts bien alignés, le pouce de la main droite collée à la paume. Sa tête penche vers le sol, suivant la ligne donnée par sa main. Il porte les cheveux très longs qui retombent sur la poitrine et une couronne ainsi qu'une barbe aux motifs en œillets. Le nez est pointu. Un léger rictus, que l'on retrouve sur tous les personnages marque le visage ; les commissures des lèvres sont légèrement tombantes." (Le Seac'h)

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René Couffon rapproche ce groupe de la Déploration de Nizon, près de Pont-Aven, bien connu pour figurer sur le Christ vert de Gauguin. La datation serait du XVe, mais l'Atlas des croix et calvaires ne la précise pas.

 

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Brasparts.
Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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SAINT MICHEL TERRASSANT LE DRAGON.

 

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"Adossé au bas du fût, saint Michel terrasse le dragon. Une lance aiguisée pénètre dans la gueule béante de la bête gisant à ses pieds, les pattes arrière levées accrochées à sa jambe. On retrouve ici la représentation coutumière de l'animal fabuleux similaire à celles des crossettes et gargouilles. Les pattes sont griffues, les oreilles pointues et la gueule est entièrement recouverte de dents, même dans le fond des mâchoires, sans souci de réalisme. Le corps maigre est efflanqué est plissé tout comme la tête. Saint Michel porte une petite rondache à la main gauche. Il est chaussé de solerets aux articulations imitant le métal soigneusement sculptées. Le saint est tête nue, les cheveux se partageant en mèches à l'extrémité arrondie.

Il est présenté de la même manière qu'à Mellac et ensuite à Saint-Hernin et Plourac'h." (Le Seac'h p. 245)

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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LA CONSOLE  ET SES TROIS MARMOUSETS.

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J'ai déjà exprimé mon petit désaccord avec le choix du terme de "marmouset", que le CNRTL définit comme une figure grotesque décorant un culot, un support. Les personnages masculins réduits à leur buste occupent certes un support, celui de la console, mais n'ont rien de particulièrement grotesques. Le qualificatif est toujours dépréciatif, et seul le nez épaté d'un des trois écuyers (c'est là mon terme), et les ventres proéminents pourraient le justifier.

Leur visage et leur coiffure, leur tunique, leur façon de se tenir les bras entrecroisés comme dans une ronde, ou de saisir entre pouce et les doigts longs leur écu, se retrouve à Quilinen, à Motreff et à Saint-Hernin .  Ainsi que sur le calvaire d'Ergué-Armel à Quimper.

La console permettait d'accueillir trois personnages. On pense à la Vierge et à Jean, comme à Motreff, à Mellac.  Et peut-être, pour la troisième place, au Christ aux liens replacé sur le troisième fût, mais qui n'est pas de l'atelier.

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"Trois marmousets se tiennent les bras entrelacés, portant des blasons aujourd'hui muets. Ils sont vêtus de chemises boutonnées serrées sur le haut du vêtement, une large échancrure faisant bailler le tissu au niveau du ventre, avec un col large et pointu. Ils portent une coiffure identique à celle de saint Michel. Les marques des ciseaux des sculpteurs sont encore visibles ; les chevelures ne sont pas lissées. Les visages sont similaires à ceux des personnages de la pietà et de Michel. Les paupières sont étirées sur les côtés, les pommettes rondes et le sillon naso-génien creusé. Les bouches sont plus marquées que pour la pietà ou Michel et les têtes plus grosses." (Le Seac'h)

 

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Brasparts.
Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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LE CHRIST EN CROIX.

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"La Crucifixion présente un Christ très raide, presqu'à la verticale. Son pagne est croisé sur le devant avec les pans de tissu tombant au milieu. La tête est similaire à celle du Christ de la pietà". (Le Seac'h)

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Deux anges, dont les tuniques longues forment un demi cercle de chaque côté de la croix, recueillent le sang des plaies des mains dans des calices, aujourd'hui brisés. Celui placé à la droite du Christ recueille aussi, dans un calice bien préservé, le sang (ou plutôt l'eau) s'écoulant de la plaie causée, au flanc droit, par la lance de Longin.

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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LE CHRIST RESSUSCITÉ.

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"Un Christ ressuscité,  au visage semblable à celui de la Crucifixion, montre de la main droite sa plaie de côté et lève la paume gauche. Il porte un collier de barbe formé d'œillets, identique à celui qu'arborait le mauvais larron. La bouche est plus tombante, comme celle des saintes Femmes de la pietà tout comme le nez rond et écrasé." (Le Seac'h)

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Cliché Bernard Bègne, Inventaire, IVR53_20082900083NUCA

 

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Face est, détail du Christ, cliché Bernard Bègne, Inventaire.

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LE CHRIST AUX LIENS (ECCE HOMO).

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"Sur le fût gauche du calvaire, un Christ, qui n'est pas de la même main que le reste de l'œuvre, est attaché à une colonne pour la Flagellation. Les poings liés sur le devant, il tient une palme dans sa main gauche. Son visage est très différent de ceux du Maître de Brasparts. Les yeux ont l'iris creusé, les paupières sont étirées dans les angles et la bouche est entrouverte. Un manteau maintenu par une agrafe lui couvre les épaules." (Le Seac'h)

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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LES LARRONS.

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Le mauvais larron, vêtu d'un pagne à la braguette accentuée,  est renversé en arrière sur son gibet en T, dans une posture extrême puisque ses bras violemment écartés sont liés au fût.  La jambe gauche est liée par une corde, tandis que l'autre, brisée au dessus du genoux, devait être fléchie, comme à Saint-Hernin pour témoigner du texte évangélique de Jean 19:31-32 où Pilate ordonne qu'on brise les jambes des larrons pour achever leur agonie.

Le visage est difficile à observer. Le Seac'h indique que la chevelure est constituée des mêmes "œillets" que la barbe du Christ de la Déploration.

 

Le cliché de Bernard Bègne est excellent. On constatera, depuis,  la progression de croissance des lichens qui dégrade la sculpture.

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Cliché Bernard Bègne Inventaire. IVR53_20082900052NUCA

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Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire (kersanton, vers 1500, Maître de Brasparts) de l'enclos paroissial de Brasparts. Photographie lavieb-aile 2021.

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SOURCES ET LIENS.

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ABGRALL (Jean-Marie), 1904, ABGRALL, " Brasparts." Notices des paroisses du diocèse de Quimper et de Léon. Dans : Bulletin de la commission diocésaine d´architecture et d´archéologie, vol. I, 1904, p. 269-310. 

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a9bcd85954569ead5bea76e10871c65e.pdf

BRETANIA 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/enclos-paroissial-et-eglise-notre-dame-et-saint-tugen-brasparts/1a009404-b5ab-4141-aedd-1f76c635168e

 

 

CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Atlas des croix et calvaires du Finistère.

http://backup.diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/c7ab1cc53d0ef299b5bb65ed3764d18c.pdf

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/brasparts.html

1 schéma, 10 photos de G. Lemoigne.

"Brasparts, église, g. k. 6 m. Début XVIe s. Base rectangulaire avec banc. Table d’offrande, appuyée au massif, bénitiers latéraux. Groupe de N.-D. de Pitié, aux trois femmes. Socle cubique, trois croix. Fût central, saint Michel en armure terrassant le dragon, console à trois marmousets, écus muets. Noeud tronconique. Croix à branches rondes, crucifix, anges recueillant le Sang, titulus, banderole volante à caractères gothiques, Christ ressuscité montrant sa plaie. Fût de droite: mauvais larron. Fût de gauche: statue du Christ attendant le supplice." [YPC 1980]

CASTEL (Yves-Pascal), Les pietà du Finistère.

http://patrimoine.du-finistere.org/art2/ypc_pieta.html

 

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  "Brasparts", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/2508776b54549a17f3c01de1b578a15c.pdf

 

DOUARD (Christel) 2008, dossiers IA29003243 et IA29003235 de l'Inventaire

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/calvaire-basparts/73f9dcb1-6153-45b7-a720-5532e87dffd2

http://patrimoine.region-bretagne.fr/gertrude-diffusion/dossier/les-croix-monumentales-et-calvaires-sur-la-commune-de-brasparts/49fc26c6-8ad1-40fa-afac-d96a3ecf2d76


 

Le calvaire semble dater globalement du début du 16e siècle. Il a été remanié à plusieurs reprises (remontages, déplacements ou pertes d'éléments).

Le calvaire de Brasparts est difficile à appréhender à cause de remaniements successifs et de probables assemblages de parties sculptées ne provenant peut-être pas toutes de l'oeuvre initiale. Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour savoir si les parties sculptées proviennent d'un seul atelier. La représentation de saint Michel terrassant le dragon est en rapport avec la chapelle éponyme (aujourd'hui en Saint-Rivoal). Remarquables et oeuvres d'un ou de plusieurs artistes confirmés, les parties sculptées, et plus particulièrement la scène associant l'iconographie de la Descente de croix, de la Vierge de Pitié et de saint Michel, se comparent, entre autres, aux calvaires de Saint-Hernin, de Nizon (Pont-Aven), de Mellac ou de Quilinen (Landrévarzec).  

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— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes, pages 244 à 245.

https://www.shabretagne.com/scripts/files/5f468824166f13.80641366/2015_30.pdf

— STANY-GAUTHIER (Joseph), 1950, Les calvaires bretons.

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Published by jean-yves cordier - dans Calvaires Chapelles bretonnes. Sculpture Déplorations
5 novembre 2021 5 05 /11 /novembre /2021 15:46

Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église Notre-Dame et Saint-Tugen de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés : à attribuer au Maître de Plougastel ?

 

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Voir :

 

 

 

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PRÉSENTATION.

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En 1904, le chanoine Jean-Marie Abgrall  voyait dans ce porche sud de Brasparts un exemple des porches mixtes, encore gothiques et déjà Renaissance, après celui de Lampaul-Guimiliau en 1533, les porches ouest de L'Hopital-Camfrout et Rumengol (1537), et de Daoulas en 1566.

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René Couffon développa cette réflexion, et place ce porche de Brasparts parmi ceux qui, dans le Léon et Nord Cornouaille, témoignent de l'influence d'un "atelier de Kerjean" qui diffusa les modèles architecturaux et ornementaux de la Seconde Renaissance d'abord au château de Kerjean après 1571, puis pour le porche de Lanhouarneau en 1582. Ce style classique se distingue par ses colonnes cannelées et baguées à la française (Philibert de l'Orme), ses volutes affrontées, ses termes et supports anthropomorphes (cariatides), ses agrafes en longues volutes cannelées, ou ses couronnements par dôme et lanternons. Il en donne une vingtaine d'exemples, mais il crée une rubrique spéciale pour les porches de même facture, mais dépourvus de colonnes à la française, à la tête de laquelle il place Brasparts.

Pourtant auparavant, l'atelier des Prigent (Landerneau 1527-1577) avait déjà introduit dans ses porches gothiques des motifs ornementaux Renaissance, comme des rubans formant accolades, et des dais à coquille des niches et bénitiers. Ce sont ces coquilles qui sont reprises ici au dessus des têtes des apôtres.

À Brasparts, l'examen du porche ouest, datant de 1551, permet la comparaison de sa facture entièrement gothique avec celle du porche sud de 1589.

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Si la visite d'un porche peut susciter de l'intérêt, c'est bien dans cette perspective de l'Histoire de l'art, avec le souci (ou plutôt le plaisir) d'y reconnaître les courants, nationaux ou locaux, la reprise des motifs, des traits stylistiques de tel ou tel atelier.

Cet intérêt est renforcé par des petites énigmes (identification des apôtres par exemple), et par des figures qui sortent de la tradition religieuse et introduisent la dimension imaginaire ou fantastique, comme ailleurs sur les sablières et les crossettes, c'est à dire en situation marginale. La frise des supports figurés va combler les amateurs. Le plaisir sera décuplé par la comparaison de cette frise avec ses homologues, par exemple à Bodilis, Guimiliau, ou Guipavas .

Mais  à la jonction entre histoire de l'art et histoire des religions, le Credo des apôtres de ce porche permet d'enrichir l'iconographie de ce thème, d'en préciser les attributs apostoliques, ou les vêtements.

Enfin les deux inscriptions stimulent la curiosité des épigraphistes, mais ne permettent pas de résoudre les interrogations qu'elles suscitent, hormis, mais c'est capital, de nous fournir la date d'exécution de cette série d'apôtres, en 1592.

On n'oubliera pas d'intégrer les peintures murales de la voûte, présentées dans le précédent article, dans un regard global de compréhension du programme : les articles du Credo, fondement de la Foi chrétienne, portés par les douze apôtres, mènent le fidèle vers la porte surmontée du Christ Sauveur ("Je suis la Porte, si quelqu'un entre par moi il sera sauvé", Jn 10:19), tandis qu'au dessus, les quatre évangélistes entourent l'Agneau Pascal, métaphore de la Rédemption. 

On notera que le Credo apostolique avait déjà fait l'objet d'une verrière de l'église de Brasparts, coté sud, commandée en 1543 à Gilles Le Sodec, (de la famille des verriers de Quimper) mais qui n'a pas été conservée : "Le Sodec a promis et doibt faire et construire une vitre en l'église parrochiale de Braspers, devers le midy, en laquelle y aura mis et peint les douze appostles tennant chacun un rollet contenant les articles du Credo et aussy y sera le nom de chacun appostle avecques en haut d'icelle vitre les armes du dit Sr de Bodriec.", selon un contrat passé entre le verrier et Charles de la Marche, sieur de Brasparts et de Bodriec. Sur la verrière figurait aussi les armes de Louis Ansquer sieur de La Forest et de Penguern. Les armoiries de la famille de La Marche sont de gueules au chef d'argent.

 

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Sur les Credo apostoliques :

 

 

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Sur les porches de Basse-Bretagne (ordre chronologique):

 

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DESCRIPTION DE L'EXTÉRIEUR.

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LE PORCHE OUEST (15

"La porte ouest, surmontée d'une accolade toute gothique, porte la date "L.M.VcLI" (1551) ; ses piédroits portent des moulures prismatiques d'une excellente exécution. La première galerie du clocher, également toute gothique, est portée par une corniche très saillante sous laquelle existent des colonnes d'angle en nid d'abeilles. La seconde galerie porte des balustres Renaissance. Au flanc sud de la tour, tourelle d'escalier octogonale à sa base puis de forme cylindrique, couronnée enfin d'une flèche. (Couffon & Le Bras 1988)

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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LA PORTE GOTHIQUE DE L'AILE SUD.

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"Une porte en anse de panier et à colonnettes torsadées portant pinacles et accolade, du XVIe siècle, est remployée dans l'aile sud." (Couffon & Le Bras 1988)

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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LE PORCHE SUD (1589).

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"Le porche latéral sud, daté sur son entablement 1589, présente, lui aussi, une curieuse juxtaposition des deux styles, ainsi que le montrent notamment les culs-de-lampe supportant les statues des Apôtres. Également, tandis que les deux travées de l'intérieur sont voûtées sur arcs ogives et que les portes jumelées du fond ont une décoration toute gothique, les contreforts, ornés de niches, colonnettes et pilastres Renaissance sont amortis par des lanternons pleins à dôme, et le tympan par un lanternon ajouré ; la coquille si caractéristique de l'atelier de Kerjean s'y remarque. Cadran solaire. " (Couffon & Le Bras 1988)

 

 

L'ouverture en plein cintre s'évase en formant à cinquante centimètres du sol un petit banc, lequel est le point de départ de cinq arcades formant moulures. Mais ces moulures, à la différence de nombreux porches (Pencran, Lampaul-Guimiliau, Guimiliau), ne donnent pas abri à des personnages et scènes bibliques.

Elle est limitée des contreforts par deux belles colonnes engagées à rainures torves puis entrecroisées en losanges, supportant un chapiteau corinthien. Deux niches à dais encadrent une architrave, supportant un  fronton également creusé d'une niche Renaissance. Les gables reçoivent des volutes et non des crochets gothiques, et un cadran solaire sculpté dans le gros-œuvre prend place au sommet, sous un clocheton.

La niche centrale abrite une statue de saint Pierre, tenant le livre et la clef, alors qu'un écu muet (jadis peint ?) est placé à ses pieds. Aux armes de La Marche ?

La date sous la corniche a été lue comme étant celle de 1589. C'est la date de l'assassinat d'Henri III, et les guerres de la Ligue ne s'achèveront qu'en 1598. Cette date est encadrée par des pierres en forme d'écu. Rappelons-nous que le porche ouest porte la date de 1551.

La niche latérale gauche contient un personnage barbu, longiligne, vêtu d'un manteau et d'une robe plissés, les mains croisées sur la poitrine. On ne peut l'identifier. Il serait logique de trouver là saint Jaoua, recteur de la paroisse, abbé de Daoulas et neveu et successeur de saint Pol de Léon.

La niche opposée contient une statue bien trop petite ce qui témoigne d'une provenance autre ; et il me semble probable que l'origine en soit un calvaire, puisque la statue représente une femme voilée les bras croisés sur la poitrine et donc une probable Vierge.

 

Les contreforts qui appuient les angles sont agrémentés de niches, colonnettes et pilastres Renaissance et sont couronnés de clochetons de même style. La niche du milieu du fronton abrite une statue de saint Pierre, et le tout est terminé par un clocheton très élancé.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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LA SÉRIE DES DOUZE APÔTRES.

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Le rang de succession des douze apôtres est assez bien fixé par la tradition et par la liturgie, notamment par les versions du Credo apostolique, et les premières statues s'y conforment, avec un début près de la porte intérieure du coté est et la succession de Pierre, de son frère André, de Jacques et de son frère Jean. Mais nous ne pouvons nous fonder sur cet ordre pour identifier les apôtres dont les attributs sont brisés, car ces statues, scellées, peuvent être déplacées lors de restaurations. D'ailleurs, les photos (2009 ?) du forum de Brasparts, montrent saint Simon en 8ème position alors qu'en 2021 elle occupe la 11ème place.

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Attribution.

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Emmanuelle Le Seac'h, la spécialiste des ateliers de sculpture en Basse-Bretagne aux XVIe et XVIIIe siècle ne s'est pas prononcée sur cette série d'apôtres, et n'a pas décrit, plus largement, les porches de Brasparts ; elle ne décrit que le calvaire.

La date de 1592 présente sous la statue de Jean permet d'écarter l'auteur du calvaire de Brasparts (le Maître de Brasparts fin XVe début XVIe), l'atelier des Prigent (1527-1577) ou a priori du Maître de Guimiliau (1575-1589), mais non celui du Maître de Plougastel (1570-1621) et du Maître de Saint-Thégonnec (1550-1610).

Le prolifique Maître de Plougastel a réalisé une partie du porche sud de Guimiliau en 1606-1607, et notamment les apôtres Pierre et Jean. Et les apôtres du porche de la chapelle Saint-Tugen à Primelin, tant à l'intérieur que sous les niches extérieures.

La comparaison avec les sculptures du Maître de Plougastel à Saint-Tugen en Primelin incite, à mon sens, à ne pas l'écarter des candidats à une attribution des sculptures de Brasparts, tant pour les apôtres que pour les supports figurés.

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À Brasparts, les traits stylistiques sont :

Les silhouettes sont sveltes, la hauteur de la tête est égale à 1/7 ou 1/8 de la taille totale.

La chevelure forme trois vagues, comme formées à la douille de pâtissier, modèle épais...

Les rides du lion sont bien marquées par trois barres.

Les yeux forment de larges amandes, cerclées d'un trait.

Le philtrum est marqué.

Les moustaches partent de la partie inférieure ou externe des narines.

Les barbes sont peignées de petits sillons vermiformes.

Les robes sont fermées par une fente sinueuse à deux ou trois boutons ronds. Elles sont serrées par une ceinture dont la boucle n'est pas visible.

Le manteau est rarement fermé par un bouton central, il couvre plus souvent l'arrondi d'une ou des deux épaules et fait un retour par une diagonale plissée.

Les livres sont tantôt ouverts, tantôt fermés, tantôt  tenus sous l'aisselle.

Les phylactères où étaient peints les articles du Credo sont minces, leur largeur est inférieure à celle des 4 doigts longs.

Le "hiératisme", terme caractéristique pour les auteurs de référence (Yves-Pascal Castel et Emmanuelle Le Seac'h), du Maître de Plougastel, mais assez vague dans son acceptation, se retrouve ici.

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I. LE COTÉ EST (À DROITE). LES SIX PREMIERS APÔTRES DU CREDO APOSTOLIQUE.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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1. L'apôtre Pierre tenant sa clef et un livre.

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On reconnaît encore le chef de l'Église à son toupet, petite mèche isolée sur la calvitie frontale. Il est barbu (comme tous les apôtres sauf Jean), avec ces barbes dont les moustaches partent de l'extérieur des narines et dont les mèches sont faites de deux lignes sinueuses s'achevant par un 6.

Egalement habituelles sur les statues de kersanton des ateliers de Basse-Bretagne sont ces robes dont une fente pectorale se ferme avec trois boutons ronds en formant une jolie sinuosité.

La robe est serrée par une ceinture, ses plis parallèles s'évasent en un très discret éventail.

Le phylactère, jadis peint du premier article du Credo, ressemble un peu à une étole. Une inscription est sculptée à son extrémité inférieure, mais son relevé est difficile, aussi les auteurs ne l'ont pas mentionnée. Je lis :

V

KYO

HEA

 

Un calice indique que le nom mentionné est celui d'un prêtre.

Le nom du recteur vers 1592 n'est pas connu. Le dernier recteur du XVIe siècle mentionné dans les archives, Alain Jézéquel , est associé à la date de 1561. Une inscription du transept nord mentionne le nom du recteur de 1623, "messire Tournellec, chanoine de Cornouaille"

 

 

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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2. L'apôtre André tenant sa croix en X.

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Il tient la croix en main droite et un livre en main gauche. Au dessus de la robe à deux boutons frontaux, le manteau est porté sur l'épaule gauche et son retour vers la main gauche forme un beau mouvement de plissé. La banderole descend en diagonale oblique vers le bas et la gauche.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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3. L'apôtre Jacques le Majeur.

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Il tient le bourdon en main gauche, mais la partie haute est brisée. La tête est coiffée du chapeau frappé d'une coquille de Saint-Jacques. La banderole du Credo part du poignet droit.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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4. L'apôtre Jean bénissant la coupe de poison. .

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Les rides du lion, et la bouche concave, donnent au saint un visage buté. Les cheveux en coulée de pâte de guimauve sont ici remarquables.

 La main droite bénit, tandis que la main gauche tient la coupe de poison, comme l'indiquent les têtes de serpents ou dragons qui en sortent.

L'éventail des plis du manteau est très élégant, tout comme l'avancée du pied droit.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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L'inscription.

Elle est portée sur un support distinct de la statue.

On y lit :

L~A 1592 L GO

DO LORS F~AB.

 

Soit, en résolvant les abréviations par le tilde des A, LAN 1592 L. GODO LORS FAB[RIQUE]. 

 

On reconnaît bien la formule mentionnant le nom d'un fabricien (ou fabrique), "En l'an 1592, untel étant pour lors fabrique".

Couffon semble avoir  raison de lire plutôt pour la 2ème ligne  PO LORS FAB, mais cela n'aide pas la compréhension du patronyme. À moins qu'il faille lire L'an 1592, L. Go[ff] po[ur] lors fab[ricien]

Le L précédant GO est douteux, il comporte une boucle supérieure.

La base Geneanet ne mentionne aucun GODEAU, forme de GODO, à Brasparts au XVI et XVIIe siècles.

P. Ciréfice suggère  que "ce L. Godo ou Godu, est vraisemblablement une déformation de Goff, prononcé Gô). 
Il pourrait s'agir de Louis Le Goff, né en 1640, fabricien de l'église." . Mais la date de 1592 s'oppose à cette hypothèse.

La base Geneanet  mentionne plusieurs (le) GOFF,  à Brasparts, mais tous, sauf un prénommé Yvon, sont postérieurs à 1600..

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Je mentionne en passant, car tous les indices sont précieux, l'inscription lapidaire, non datée, d'un pan NE du chevet (daté, lui, de 1724),  A : KDEVES / I : LIDOV . FAB, autrement dit "A. Kerdevez et I. Lidou, fabriciens".

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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5. Un apôtre  tenant une lance (à la pointe brisée).

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Le livre est tenu par sa tranche dans la main droite, la ferrure de la reliure étant visible. Dans sa main gauche, l'apôtre tient la hampe d'une lance, dont le fer n'est brisé que partiellement, ce qui nous permet de déterminer l'attribut avec suffisamment de certitude.

La lance est l'attribut de Thomas, et, dans ce cas, la séquence serait conforme au Calendrier des Bergers (Troyes 1531 par exemple).

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Calendrier des Bergers Troyes 1531, droits réservés Gallica BNF.

Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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6. Un apôtre  tenant un  bâton (à l'extrémité brisée).

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Il peut s'agir  de Jacques le Mineur tenant le bâton à foulon, ce qui s'accorde alors au Calendrier des Bergers. L'extrémité brisée du bâton ne permet pas d'en voir la dilatation caractéristique.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
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II. LE COTÉ OUEST (À GAUCHE). LES SIX APÔTRES SUIVANTS DU CREDO APOSTOLIQUE.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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7. Un apôtre   tenant une hampe : saint Philippe ?.

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La hampe montait jusqu'à la hauteur du visage de l'apôtre, puisque le point d'ancrage persiste, associé à une boucle de la chevelure. L'hypothèse de voir ici Saint Philippe et sa croix à longue hampe est crédible. Nous continuons alors à suivre l'ordre du Calendrier des Bergers.

 

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Kalendrier et compost des Bergers, 1510. Droits réservés Gallica BNF.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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8. Un apôtre   tenant le pommeau (d'une possible épée, ou d'une hallebarde, massue etc.).

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Saint Jude Thaddée ?

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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9. L'apôtre  Matthieu tenant la balance du percepteur d'impôts.

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Cet attribut n'est pas celui des Calendriers des Bergers. Mais c'est lui qui caractérise saint Matthieu à Primelin, notamment.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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10. L'apôtre  Barthélémy tenant le couteau à dépecer.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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11. L'apôtre Simon tenant la scie de son supplice .

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La scie en long est tenue par la poignée, mais quoiqu'elle soit brisée, ses indentations se reconnaissent plus bas, au niveau de l'éventail des plis.

Malgré la commodité du moyen mnémotechnique Simon/ scie, cet attribut est celui de saint Jude dans plusieurs calendriers.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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12. Un apôtre  tenant l'équerre.

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Si je respecte mon identification de Thomas pour le 5ème apôtre, j'en suis contrarié, puisque je ne peux plus faire jouer ici le moyen mnémotechnique Thomas = T = équerre.

Certains Calendriers des Bergers montrent saint Philippe portant une croix réduite à la forme d'une équerre, mais il en tient la branche sur l'épaule. Ce ne peut être ici Philippe, qui occupe la place n°6.

L'apôtre qui termine le Credo est, en règle saint Matthias. Mais l'ordre primitif a-t-il été conservé ?

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

 

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Au centre au dessus de la porte : le Christ Sauveur.

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La plupart des porches du Finistère comportant des séries d'apôtres du XVIe et XVIIe siècle sont centrés, au dessus de la porte, par un Christ Sauveur.

Et régulièrement, sa statue, étant la plus haut placée et la plus à l'ombre, est la plus difficile à photographier.

Le caractère très élancé de la statue, déjà noté pour les apôtres, se retrouve ici, avec un canon 1/7 pour la proportion de la tête.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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LA FRISE DES CULOTS FIGURÉS.

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I. LE COTÉ EST (À DROITE).

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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1. Masque humain crachant des feuillages.

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L'homme aux cheveux courts possède un menton bilobé. Les feuilles sont larges et découpés comme celles d'acanthe.

 

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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2. Homme en buste entre deux animaux.

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L'homme est coiffé et vêtu comme un jeune seigneur, il porte un pourpoint aux épais plis, à trois boutons ronds. Les animaux ressemblent vaguement à des chiens, ils approchent leur gueule du cou de l'homme, et posent leurs pattes sur ses bras et son ventre, peut-être en le menaçant de le dévorer, ou en signe d'affection.

Il faut le rapprocher d'un personnage identique, et qui sert également de culot, sous les pieds de saint Herbot, au porche ouest (1516) de la chapelle Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou. Dans les deux cas, on peut hésiter entre des chiens et des lièvres, entre une agression, et une scène de chasse.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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2. Démone tenant la pomme de la Tentation.

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Elle a toutes les caractéristiques des Démones de Basse-Bretagne recensées par Louis Le Thomas, Hiroko Amemiya et moi-même. Sa queue céphalisée donne à voir une version masculine de sa nature démoniaque. Voir :

L'enclos paroissial de Brasparts. I. La Démone tentatrice du porche sud.

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Il est curieux de constater qu'une femme-serpent est sculptée à droite du porche ouest de Saint-Herbot, à proximité du groupe de l'homme entouré de deux chiens, qui a inspiré le culot précédent.

porche ouest (1516) de la chapelle Saint-Herbot de Plonévez-du-Faou.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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4. Homme portant les mains à la bouche .

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On peut y voir un homme en train de vomir, figure habituelle du vice de l'Intempérance ou goinfrerie. Je pense aux gargouilles, crossettes ou pièces de sablières rencontres ici ou là, et, sous la forme de culot, mais par un autre motif, à cet exemple   rencontrée à la chapelle de La Magdeleine de Briec-sur-Odet.

La chevelure de cet homme est courte comme celle du culot n°1, et nous distinguons son pourpoint, à manches plissées et au bouton devant le ventre.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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5. Deux hommes se caressant la barbe.

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Le motif de l'homme, souvent âgé, se caressant la barbe est toujours une figure du vice, pour ne pas dire de la lubricité. On le retrouve sur les modillons romans, et fréquemment en sculpture des églises et chapelles bretonnes du XVIe siècle : mon blog en a signalé souvent les exemples.

Ce qui est singulier ici est ce groupement par deux. Ce sont apparemment deux hommes, la tête encapuchonnée (moines ???), et seule la barbe du personnage de gauche est méchée.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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I. LE COTÉ OUEST (À GAUCHE).

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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De la droite (coté porte) vers la gauche (coté sortie).

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8. Feuille d'acanthe.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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9. Ange coiffé d'une plume, portant un écu muet.

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C'est bien un ange, imberbe et jeune, vêtu d'une tunique plissée à la stricte encolure, les ailes écartées; et tenant un écu. Mais je m'explique mal cette plume, qui serait mieux assortie à un bonnet de seigneur, mais dont la présence sur cette tête angélique est pourtant incontestable.

Les grands yeux en amande confirment que cette frise est de la même main que les statues des apôtres, bien que le matériau ne soit plus du kersanton, mais du granite.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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10. Feuillage .

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11. Masque d'homme .

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L'étage supérieur du visage est large, l'étage inférieur très étroit, et le menton est rond.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.
Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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12. Vase à godrons .

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13. Vase  à motifs géométriques .

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14. Vase  à godrons .

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC LA CHAPELLE SAINT-TUGEN DE PRIMELIN. I. LES APÔTRES.

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L'attribution des statues de la chapelle Saint-Tugen est clairement affirmée par Emmanuelle Le Seac'h. Nous trouvons là-bas quatre statues des évangélistes à leur pupitre.

Nous y retrouvons la même chevelure dont les épaisses mèches, comme sorties d'une douille indentée de pâtissier, forment des crans horizontaux. Nous retrouvons la moustache et la barbe également peignée en épais spaghettis. Le manteau qui ne recouvre que la partie extérieure de la robe, et sur celle-ci, les boutons ronds faufilés sur la ligne sinueuse de la boutonnière.

Sur le Maître de Plougastel, voir  encore :

 

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Le Maître de Plougastel (1570-1621).

Ce sculpteur, et son atelier probablement installé à Landerneau sont responsables d'œuvres en kersanton dans une cinquantaine de paroisses, essentiellement situées en Léon au nord de l'Élorn, mais aussi à Plougastel où il réalisa entre autres en 1602-1604 le calvaire monumental qui lui donne son nom, et en Cornouaille à Confort-Meilars et Saint-Tugen de Primelin (voir les articles supra), à Plogoff et Tréguennec.

Il intervient après l'atelier des Prigent (1527-1577) et avant celui de Roland-Doré (1618-1663), également sculpteurs de kersanton à Landerneau.

Il a travaillé pour 4 croix et 24 petits calvaires dont six sont complets, à la chapelle Christ de Guimaëc, pour le calvaire de Corran à Plougasnou en 1594 , à la chapelle Saint-Trémeur de Plougastel en 1600,  à la chapelle de Locmazé au Drennec et enfin au cimetière de Gouesnou. Il est également l'auteur des statues géminées (mais non du Christ) des calvaires de la chapelle Saint-Adrien et de la chapelle Sainte Christine de Plougastel.

"Le style du Maître de Plougastel, dans sa maturité [après 1602] se caractérise par une certaine rigueur et un hiératisme prononcé, visible dans la gestuelle des personnages et les plis des vêtements. La rondeur des traits imprimés aux visages donne aux sculptures une quiétude magnifiée proche de l'ataraxie de pierre." Postérieures aux guerres de la Ligue (1589-1598 et à la peste de 1598 (Plougastel), les créations majeures du Maître de Plougastel ont pu être marquées par les atrocités et la souffrance physiques qu'il a dû voir autour de lui et qui imprègnent son œuvre d'une note d'intériorité froide." (Le Seac'h 2014) 

 

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Saint Matthieu (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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À Saint-Tugen, six apôtres du Credo apostolique sont placés à l'extérieur du porche, sur le fronton, en dessous du saint patron. Les six autres sont placés de part et d'autre du porche. Les phylactères en sont étroits comme à Brasparts. 

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Saint Pierre tient, à Saint-Tugen, sa clef abaissée, et son livre ouvert. Mais le visage, la chevelure au toupet, et les autres détails sont très proches.

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L'apôtre Pierre, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

 

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Le  Saint André de Saint-Tugen conforte également mon hypothèse d'un atelier semblable à celui de Brasparts.

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L'apôtre André, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Saint Jean porte les mêmes attributs à Saint-Tugen et à Brasparts, dans une facture identique.

 

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L'Apôtre Jean, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Saint Jacques le Majeur est plus intéressant à Saint-Tugen, et se remarque à une pèlerine à boutons et un baudrier à coquille.  Cela incite à être dubitatif sur la statue homologue de Brasparts, qui mériterait un nouvel examen plus attentif.

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L'apôtre Jacques le Majeur, Apôtres (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe) du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

 

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L'un des apôtres de Saint-Tugen, identifié comme Matthias, porte ce qui ressemble à une lance ; le fer en est intact, la hampe est brisée entre celui-ci et la main. On comparera l'image avec celle de l'apôtre n°5  ("Thomas") de Brasparts.

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Saint Matthias (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Celui que j'ai identifié ici comme Jacques le Mineur, en position n°6, trouve son équivalent à Saint-Tugen à l'intérieur du porche, coté gauche. Le bâton à foulon ne descend pas jusqu'à terre, mais s'achève par sa dilatation en crosse à hauteur du genou.

Remarquez le pli qui se divise en triangle au dessus du pied droit, comme à Brasparts pour les n° 5 et 6.

 

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L'apôtre Jacques le Mineur, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe) du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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À Saint-Tugen, Jude tient une épée, qui est bien conservée, et conforte mon hypothèse pour le n° 8 de Brasparts.

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L'Apôtre Jude, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Matthieu , notre n°9, porte à Saint-Tugen  la même balance de collecteur d'impôt, mais elle est brisée, et portée plus bas.

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L'Apôtre Matthieu, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Barthélémy tient en main gauche le même couteau à dépecer, et porte son livre sous l'aisselle gauche.

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L'Apôtre Barthélémy, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Simon notre n° 11 (ou du moins l'apôtre titulaire de la scie) se trouve à Saint-Tugen à l'intérieur du porche.

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L'Apôtre Simon, (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe), chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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Le dernier de notre série, celui qui porte en n°12 l'équerre , peut se retrouver à Saint-Tugen, sous le porche du coté gauche. Son équerre est brisée mais probable.

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L'apôtre [Thomas?] (kersanton, Maître de Plougastel, début XVIIe) du porche intérieur de la chapelle Saint-Tugen en Primelin. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC DEUX APÔTRES DU PORCHE DE GUIMILIAU, PIERRE ET JEAN.

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l'apôtre Jean (kersanton, 1606, Maître de Plougastel) du porche de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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l'apôtre Jean (kersanton, 1606, Maître de Plougastel) du porche de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC LES 13 APÔTRES DE LA FAÇADE DE CONFORT-MEILARS.

Cette attribution est faite par E. Le Seac'h.

Les navires sculptés (leucogranite, v. 1528) de la façade occidentale de l'église de Confort-Meilars. Son inscription. Ses 13 statues d'apôtres en kersanton (Maître de Plougastel, v.1588-1602).

 

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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC UN APÔTRE DE LA FAÇADE OUEST DE PLOGOFF.

Cette attribution est faite par E. Le Seac'h.

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Église Saint-Collodan de Plogoff. Photographie lavieb-aile mars 2020.

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L'ATTRIBUTION AU MAÎTRE DE PLOUGASTEL. COMPARAISON AVEC LA CHAPELLE SAINT-TUGEN DE PRIMELIN. II. LES SUPPORTS.

 

Si ces supports ne sont pas disposés en frise sous le porche, mais sous les niches extérieures, ils mériteraient d'être inventoriés et comparés à ceux de Brasparts. Je ne donne que deux exemples.

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ANNEXE.

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René Couffon, L'Architecture classique au pays de Léon. Résumé.

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Le style gothique jusqu'en 1550.

 

L'atelier de l'Elorn (Atelier Prigent à Landerneau, 1527-1577) spécialisé dans les porches en kersanton et issu de l'atelier du Folgoët, a réalisé des porches gothiques dans le Léon ou plus largement la vallée de l'Elorn voire le bassin de la Rade de Brest, à La Martyre, Sizun, Lampaul, Rumengol, L'Hôpital-Camfrout, Pencran, Landivisiau, Daoulas, La Roche-Maurice, Bodilis, Pleudaniel, Landerneau, Le Faou, Saint-Divy, et Guipavas. Mais des éléments Renaissance y sont introduits, principalement dans le décor d'ornementation plutôt que dans l'architecture, de manière  suffisamment précoce par rapport à l'Île de France et la vallée de la Loire pour qu'on puisse, une fois encore, rompre le cou au cliché d'une Basse-Bretagne inculturée et retardataire. Voici la liste qu'en propose René Couffon :

— Goulven portes géminées de 1505

Sizun 1514 (nous nous écartons un peu de la vallée de l'Elorn...)

Pleudaniel

Lampaul-Guimiliau 1533 (mais élément Renaissance : niche du fronton à dais à coquille, et arcature formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade. Bénitier à cuve à godron du trumeau. Dais au dessus de la statue de saint Pierre).

Pencran sud :1553. Voussure du porche décoré de scènes bibliques. Renaissance : dais au dessus des apôtres.

Rumengol, niche des contrefort : dais à coquilles.

Rumengol, porche ouest : arabesques Renaissance de l'accolade. Spirales des pinacles.

 Hôpital-Camfrout, façade : niche des contrefort : dais à coquilles.

Roscoff ouest

Brasparts ouest : 1551

Daoulas : 1556. élément Renaissance : le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade

Landivisiau 1554-1563. Voussure du porche décoré de scènes bibliques. Renaissance : le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade. Le bénitier à godrons surmonté d'un dais Renaissance ; dais de certaines niches des apôtres.

La Roche-Maurice porche sud 1559 : Renaissance : le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.

 

La Martyre : 1560

Loc-Eguiner-Saint-Thégonnec 1561

Trémaouézan

Bodilis porte intérieure :1570 :le dessus des portes géminées est formée de rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.

Le Faou 1593-1613

Saint-Divy Guipavas : 1563. Gothique et Renaissance (galons, torsades et Masques des culs-de-lampe supportant les apôtres. Carte n°32.

Landerneau , Saint-Houardon vers 1585 : rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.

Sizun, porte vers 1585 : rubans plats relevés à leur extrémité en accolade.

 

Note : les rubans plats relevés à leur extrémité en accolade , typiquement Renaissance, sont inspirés de ceux de l' arc de triomphe de l'hôpital Saint-Jacques à Paris par Jean Goujon, élevé en 1549, et portes de la chapelle d'Anet par Philibert de l'Orme, sculptées par Sibec de Carpi.

 

 

Le virage Renaissance après 1588. Introduction de l'art classique. L'atelier de Kerjean.

Tandis que, comme nous l'avons vu,  dans le troisième quart du XVIe siècle, l'atelier de l'Elorn [Prigent] continuait inlassablement les mêmes porches gothiques pour des fabriques traditionnalistes, dans le nord du Léon, un autre atelier [atelier du château de Kerjean], sous l'impulsion de riches prélats, et de quelques grands seigneurs humanistes, édifiait plusieurs monuments d'un décor entièrement nouveau dans cette région.

Ce style s'est introduit déjà en Bretagne sous l'influence de la famille de Goulaine à  Champeau,  à Ploubezre (chapelle de Kerfons) en 1559 et au château de Maillé vers 1550.

Le château de Kerjean reçut son ornementation classique à partir de 1571 (mariage de Louis Barbier et Jeanne de Gouzillon). La porte du manoir de Trébodennic en Ploudaniel, datée de 1584, relève également  de ce style.

 

Dans l'architecture religieuse en Finistère, après  les façades des porches éliminent délibérément  le gothique. Ils introduisent les niches à coquilles ; les volutes accusées ; un couronnement comprenant une lourde table d'attente formant attique, épaulée de volutes en S et surmontées d'une coquille (Lanhouarneau) ; des Termes et supports anthropomorphes (cariatides) ; et une large clef en claveau.

L'exemple le plus précoce est celui de l'église de Lanhouarneau en 1582 : le porche ne renferme plus aucun élément gothique, mais est structuré par deux colonnes françaises inventées par Philibert de l'Orme pour Villers-Cotteret. On y trouvait l'écu mi-parti Maillé et Carman.

Voici à  nouveau la liste relevé par René Couffon :

— Notre-Dame-de-Berven en Plouzévédé (après 1573) : couronnement par dôme et lanternons, repris également à Roscoff.

Pleyben, porche de 1588 (mais les sculptures sont de l'atelier Prigent) à tour-clocher. 1599-1610.

Saint-Thégonnec. Tour-clocher

Lampaul-Ploudalmézeau : 1611-1622 : tour-clocher

Bodilis porche extérieur, 1601. Importante frise de supports des statues des apôtres, et successions de termes et cariatides.

 Guilers, 1601, porche

Saint-Houardon Landerneau 1604, porche sud

Guimiliau, 1606-1617. Mais reprise de la tradition des voussures de l'archivolte extérieure ornées de scènes bibliques, anges et saints personnages comme à Pencran et Landivisiau.

Plougourvest, porche sud de 1616

Ossuaire de La Martyre : 1619

Dinéault

Quimerch, 1621 (porche transporté dans la chapelle du cimetière)

Gouesnou 1640-1642.

Commana : 1645-1650

Loperhet 1645 (détruit)

Locmélar 1664

Ploudiry, inachevé, avec reprise de la tradition des voussures de l'archivolte extérieure ornées de scènes bibliques, anges et saints personnages comme à Pencran ,Landivisiau, et Guimiliau.

Beuzec-Cap-Sizun vers 1670.

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D'autres porches sont  d'inspiration classique mais sont dépourvus de colonnes françaises :

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Brasparts  porche sud, 1589-1592. Niches à coquilles.

Lopérec : 1586

Saint-Thomas de Landerneau : 1607

Plouédern : 1609

Le Tréhou : 1610

Plougourvest : 1619

Guiclan : 1619.

Plouvorn : vers 1660

Pleyber-Christ : 1663

Plabennec : 1674

Plounéventer : 1679

 

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La carte dressée par Couffon des porches Renaissance du Léon et Nord Cornouaille. 

Rond plein noir = porches gothiques à éléments Renaissance

Rond noir et blanc  = porches classiques sans colonnes françaises (Brasparts = n°42)

Rond  blanc  = porches classiques avec colonnes françaises.

Rond coché d'une croix = porche détruit, avec colonnes françaises.

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Les sculptures (1589-1592) du porche de l'église de Brasparts : Apôtres, Christ Sauveur et la frise des supports figurés.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Jean-Marie), 1904, ABGRALL, " Brasparts." Notices des paroisses du diocèse de Quimper et de Léon. Dans : Bulletin de la commission diocésaine d´architecture et d´archéologie, vol. I, 1904, p. 269-310. 


https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/a9bcd85954569ead5bea76e10871c65e.pdf

— BRETANIA 

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/enclos-paroissial-et-eglise-notre-dame-et-saint-tugen-brasparts/1a009404-b5ab-4141-aedd-1f76c635168e

—CIRÉFICE (Patrice), Forum de Brasparts, 

https://ville-brasparts.forum-actif.net/t1497-le-porche-de-l-eglise-de-brasparts

— COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988,  "Brasparts", Nouveau répertoire des églises et chapelles du diocèse de Quimper

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/2508776b54549a17f3c01de1b578a15c.pdf

 

COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Brasparts, in  Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles , Quimper : Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/BRASPART.pdf

https://www.diocese-quimper.fr/wp-content/uploads/2021/01/BRASPART.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

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—MOREAU (Henri), photographie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Brasparts_12_Porche_de_l%27%C3%A9glise_Saint-TugenLes_six_autres_ap%C3%B4tres.JPG

— WIKIPEDIA

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-et-Saint-Tugen_de_Brasparts

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20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 10:12

Le calvaire (granite et kersantite, 1581-1588, Maître de Guimiliau  ; Maître de Saint-Thégonnec ) de l'enclos paroissial de Guimiliau. II. Résurrection et apparition aux pèlerins d'Emmaüs. La croix  et son croisillon (Yan Larhantec XXe siècle).

Voir sur ce calvaire :

 

 

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Voir sur Guimiliau :

 

 

 

 

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III. LES SCÈNES DE LA PLATE-FORME (SUITE) .

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Sur le registre supérieur de  la face Ouest, au centre,  la Résurrection.

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Le Christ victorieux est debout sur son tombeau, vêtu d'un pagne et du manteau à fermail losangique; il tient la hampe de l'étendard de la Résurrection, aujourd'hui brisé. Il émerge d'un monceau informe constitué des corps des soldats endormis dans des pauses extravagantes (comme sous l'effet d'un sortilège), de leurs casques de leurs boucliers , épées, hallebardes et attirails.

À sa droite, derrière un tronçon de croix écoté, un soldat se dresse, comme halluciné, la main sur le pommeau de l'épée, la rondache à masque léonin protégeant son coté gauche, et nous pouvons détailler son costume, en commençant par un chapeau rond à haute forme et à larges bords (rappelant celui porté par Henri IV sur ses portraits). Le col rabattu, le pourpoint à boutons ronds et à manches larges et à crevés, la ceinture tressée, les hauts de chausses à gros plis, les guêtres ou bottes à revers sont des éléments précieux pour l'histoire du costume Henri III.

Adossé contre sa jambe, un autre soldat au costume assez similaire dort, la tête renversée ; il tient une flasque de vin décorée d'une marguerite à quatre pétales : ainsi pourrait s'expliquer la torpeur de la troupe chargée de veiller sur le tombeau...

De l'autre coté, à notre gauche, un autre groupe fait symétrie avec celui que nous venons de décrire. L'un des hommes est debout, le tronc en arrière, comme s'il regardait avec stupeur l'impensable, la résurrection du condamné, dont le corps se dresse bien vivant devant lui. C'est l'équivalent de la scène plus classique de l'éblouissement, celle des gravures et vitraux, où les soldats protègent leurs yeux d'une main placée en visière.

Il est casqué, comme son compagnon qui est assis devant ses jambes, et qui porte l'armure complète.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.


 

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Sur le registre supérieur de  la face Est, à droite,  les Pèlerins d'Emmaüs.

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D'après E. Le Seac'h, Guimiliau est le seul calvaire à représenter la Marche vers Emmaüs.

Elle y décrit le Christ ressuscité, portant un chapeau à bords relevés. 

Malgré tout mon désir de lui donner raison — car François Boespflug, qui les a recensées, a souligné la rareté de ces représentations du Christ pèlerin coiffé d'un chapeau  —, la fréquence sur ce calvaire des nimbes larges très faciles à confondre avec un couvre-chef m'impose la prudence : jusqu'à preuve du contraire, le Christ est ici porteur de l'auréole, comme au Tombeau par exemple.

Il bénit de sa main droite, mais sa main gauche est dissimulée par sa manche, et par un repli d'étoffe suspendu par un cordon (l'ourlet de l'encolure ?).

Les deux pèlerins, qui se ressemblent, sont coiffés du bonnet carré et portent leur baluchon sur l'épaule gauche, au dessus de leur manteau.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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IV. LE CALVAIRE À UN CROISILLON. LA VIERGE ET SAINT JEAN, SAINT YVES ET SAINT PIERRE.

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"La croix est dressée au milieu de la plate-forme. De chaque coté de Notre-Seigneur, sur les croisillons, sont la sainte Vierge et saint Jean et; adossés derrière, saint Pierre et saint Yves. N'y avait-il pas autrefois double croisillon, pour supporter les deux cavaliers que l'on voit maintenant sur le petit arc de triomphe qui fait entrée du cimetière ? et de plus, les croix des deux larrons n'ont elles pas existé ? On pourrait croire que pendant la Révolution les trois croix auraient été renversées, et qu'on n'aurait fait qu'une restauration partielle." (Abgrall, 1906)

"La tête de croix en kersanton, brisée par une tempête en 1902, a été refaite par Yan Larhantec. Il a remplacé la console décorée d'un ostensoir et de chandeliers et sculpté le Crucifié accompagné  de quatre anges recueillant le sang des mains et des pieds. La Vierge géminée à Pierre, et Jean géminé à Yves sont du Maître de Saint-Thégonnec (1550-1610). Le fût sculpté d'écots est en granite. Il manque peut-être un croisillon à la croix, les deux cavaliers placés sur l'arc d'entrée de l'enclos pouvaient primitivement en faire partie. Il n'y a pas non plus de croix des larrons. " ... "Le Maître de Saint-Thégonnec avait dû réaliser aussi le crucifix, avec la Vierge à l'Enfant située sur l'arc de triomphe." (Le Seac'h)

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1°) LA FACE OCCIDENTALE.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.


 


 


 

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a) Le Crucifié et les anges hématophores (kersanton, Yann Larhantec, après 1902).

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Yann Larhantec est né à Plougonven en 1829 et décédé en 1913 à Landerneau. Malgré son absence de formation en sculpture, il est remarqué par le recteur de Plougonven qui le fait travailler sur l'église, puis sur le calvaire de Keralivet. Il installe ensuite son atelier de taille du kersanton à Morlaix puis à Landerneau, et réalise des sculptures à Morlaix, Saint-Thégonnec, Plouigneau, Sein, Ouessant, dans les Côtes d'Armor et jusqu'en Normandie. L'article Wikipedia signale 134 chantiers de son atelier qui comptait, vers 1890 plus de 20 ouvriers. Son style se reconnaît entre autre aux bras courts de ses Christ, 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yann_Larc%27hantec

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/recherche/globale?texte=%22Larhantec%22

https://hyperleap.com/topic/Yann_Larhantec?page=2

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Le Christ et les anges recueillant de chaque coté le sang des plaies dans un calice est parfaitement dans la tradition des ateliers de sculpture de Landerneau (Prigent ou Roland Doré), bien que l'ange de droite ne recueille pas, ici, le sang issu du flanc.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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b) La Vierge (Maître de Saint-Thégonnec, 1550-1610).

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Le Maître de Saint-Thégonnec a réalisé le calvaire de cet enclos en 1610 :

 

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Selon Le Seac'h, "son style est caractérisé par la moue triste qu'il donne à ses personnages, et qui exprime un profond désarroi par rapport à la destinée tragique du Christ".

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À Saint-Thégonnec, le croisillon inférieur comporte, comme à Guimiliau, la Vierge géminée à Pierre, et Jean géminé à Yves. Pourtant, je peine à reconnaitre le style du Maître de Saint-Thégonnec dans les personnages homologues de Guimiliau, et je ne retrouve pas ici les traits nerveux, affutés que j'ai photographié à Saint-Thégonnec, ou la finition soigneuse de la pierre. Les postures, les accessoires sont différents, et on ne remarque pas à Guimiliau les larmes en pétales de marguerite témoignant de leur chagrin. Je recherche en vain un détail significatif qui soit commun aux deux réalisations.

Ici, la Vierge est  engoncée sous son manteau, les mains croisées sur la poitrine ; le visage est court, sa partie inférieure rond. Les yeux globuleux mais aux paupières sculptées donne une expression lourde voire absente.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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c) Saint Jean (Maître de Saint-Thégonnec, 1550-1610).

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Il tient son évangile sous le bras gauche, pose une main sur la poitrine et semble nous toiser. Il n'a pas l'élégance inspirée de celui de Saint-Thégonnec.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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2°) LA FACE ORIENTALE.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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a) Saint Yves (Maître de Saint-Thégonnec, 1550-1610).

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Saint Yves est représenté quatre fois à Guimiliau : sur le calvaire, sur un bas-relief du porche, sur le retable de Saint-Joseph, et dans le chœur. A À chaque fois dans une situation différente.

Sur ce croisillon, il porte la cotte talaire, un surplis plissé,  et un camail à capuche ; cette dernière recouvre le bonnet carré. 

Il ne tient pas, comme à Saint-Thégonnec, le sac  de transport de son livre de droit, mais reste dans son rôle de juge (official) ou d'avocat puisqu'il tient dans la main gauche, un rouleau de papier évoquant un placet -pièce du dossier de la défense- ou le texte de sa plaidoirie. 

Surtout, ses doigts réunis forment le geste de l'argumentation oratoire et juridique. Les lichens, la distance et l'angle de vue en contre-plongée ne permettent pas de le détailler, mais néanmoins ce geste diffère des représentations que j'ai pu réunir, et où l'index est posé sur le pouce. Il me semble que les deux index sont réunis pulpe contre pulpe.

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—Saint Yves à Guimiliau :

 

 

 

— Saint Yves et le geste de l'argumentation, etc. :

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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b) Saint Pierre (Maître de Saint-Thégonnec, 1550-1610).

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Là encore, les lichens camouflent la statue. Le saint tient la clef qui est son attribut du coté gauche : c'est une clef à anneau losangique terminé par une boule ; mais est-ce un livre qu'il tient de la main droite ?

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

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c) Le nœud du croisillon (kersanton, Yan Larhantec, après 1902).

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile.

 


 

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SOURCES ET LIENS.

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CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Guimiliau" n° 666 . "Guimiliau, église, le Grand Calvaire", Atlas des croix et calvaires du Finistère

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/guimiliau.html

"Calvaire en granite et kersanton, daté de 1581-1588.

Soubassement de plan octogonal avec ailes percées d’arcades, avant-corps, table d’offrande encadrée de colonnes cannelées, escalier d’accès à la plate-forme.

Les scènes de la vie de Jésus se déploient sur la frise et à l’étage, dans un ordre non chronologique. De gauche à droite, en commençant par la face occidentale:

Entrée de Jésus à Jérusalem, Cène, , Agonie, Arrestation,. Sur la plate-forme: Vierge de Pitié, Madeleine, Résurrection, Enfer, Descente de Jésus aux limbes, Véronique, Baptême de Jésus, Portement de croix, Scène d’outrages, Mise au tombeau, Disciples d’Emmaüs, Pilate se lave les mains, Scène de dérision, Flagellation, Couronnement d’épines, personnage isolé.

Croix centrale sur fût rond, écots, croisillon, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Yves, crucifix et anges recueillant le Sang.

Vestiges de l’ancienne croix placés sur l’arc de l’entrée d’enclos: cavaliers, Vierge à l’Enfant.

Mis à part le travail évident du restaurateur dans la croix centrale, on distingue plusieurs mains dans l’exécution, reconnaissables à la manière de traiter les yeux, globuleux ou figurés avec les paupières. Une tête d’apôtre du porche a pris place sur les épaules d’un personnage de la Mise au tombeau.

Une inscription en partie détruite sur l’architrave de la niche occidentale pourrait apporter une précision sur l’auteur de cette oeuvre magistrale débordante de vie: AD GLORIAM DOMINI 1581 CRUX: CNO: FACTA: FUI (T). La croix fut faite à la gloire du Seigneur par Stefan (?)" [YPC 1980]

— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

 

"Passons maintenant . encore à l'extérieur pour étudier le poème de pierre taillé par le ciseaux de nos ancêtres. · La disposition générale de ce calvaire consiste dans un massif carré, accosté à ses angles de quatre ailes en gros contreforts percés d'étroites arcades, entaillant les angles et réduisant la partie inférieure de ce carré à la forme octogonale. Au-dessus règne la première série des représentations, et la seconde se trouve sur la plateforme . Ces arcades, ces contreforts, les corniches aux vigoureuses moulures, les groupes de personnages se détachant sur les parois du monument ou se profilant sur le ciel, donnent à l'ensemble un mouvement et un relief étranges. Joignez à cela l'originalité des costumes, la vie des physionomies et des figures, la nervosité et la désinvolture de certaines attitudes et vous' admettrez que ce calvaire de Guimiliau est le plus remarquable des calvaires bretons, le plus curieux, le plus intéressant, le plus instructif à étudier. Il n'a pas la correctioi1 un peu raide et froide de ceux de Pleyben et de Plougastel, mais il traduit mieux l'esprit et les mœurs de l'époque ou il a été construit. Dans les bourreaux qui entourent Notre-Seigneur aux différentes scènes de la Passion, ne reconnaît-on pas réellement la soldatesque du temps de Henri III, les soudards brutaux, fanfarons, joyeux viveurs, prenant part à une scène carnavalesque, et menant avec leurs tambours et leurs olifants, un véritable charivari. Sur la paroi Ouest, encadré entre deux colonnes cannelées, est un petit autel surmonté de la statue de saint Pol de Léon. Les colonnes portent une frise sur laquelle on lit cette inscription et cette date : AD. GLORTAM. DO:\HNI. 1581. CRUX EGO. FACTA. FUI. A la gloire du Seigneur, j'ai été érigé. Comparons cette date avec celle des autres calvaires de premier ordre : Celui de Tronoën doit être des dernières années du xve siècle. - Plougonven est de 1554. - Plougastel-Daoulas, 1602. - St-Thégonnec, 1610. - Pleyben, 1650.

Sur la façade de chacun des contreforts est assis un des quatre évangélistes, écrivant dans un livre posé sur un pupître : quelques-uns sont coiffés de la barrette  bonnet de docteur, en qualité de narrateurs de la vie .et. de la Passion du Sauveur, dont les scènes vont se dérouler sous nos yeux. En effet, ce n'est pas seulement le drame de sa Passion et de ses souffrances mais aussi de nombreux épisodes de son enfance et de sa vie,  nagter a figuré ici pour en faire comme un abrégé de l'Evangile.  Ces scènes sont un peu bouleversées et rangées dans un ordre irrégulier ; je les cite en les rétablissant dans l' ordre naturel et historique :

 1: - Annonciation. 2. - Visitation. . 3.- Nativité de l'Enfant-Jésus. --Les anges et les bergers l' entourent pour l'adorer et lui offrir leurs hommages. 4. - Adoration de Rois mages . A la base de ce groupe est la date de 1588. 5.  Présentation au temple. 6. Fuite en Egypte. 7.  Baptême de Notre-Seigneur par Saint Jean. 8. -Entrée à Jérusalem. . 9. - Dernière scène. 10. - Lavement des pieds. 11.- Prière et agonie au Jardin des Oliviers. 12. --Trahison de Judas. 13. - Saint Pierre coupe l'oreille de Malcus. 14. --Flagellation, Notre-Seigneur attaché à la colonne. 15. - Couronnement d'épines. --27- 16. -Notre-Seigneur couronné d'épines, lié par des cordes et tenu par des bourreaux, est moqué et conspué: 17. Notre-Seigneur, les yeux bandés, est outragé par la valetaille. 18. - Notre-Seigneur condamné à mort. - Pilate se lave les mains ; il est assis dans un fauteuil à dais et à dosseret. A ses pieds est un chien. 19 - Portement de Croix. - Notre-Seigneur est entouré de soldats dont les uns battent du tambour, les autres sonnent 'du cor et de l'olifant, d'autres le tirent ou le poussent ; c'est une scène extraordinairement mouvementée, et en même temps très intéressante comme étude des costumes militaires de cette époque. 20. - La Véronique tenant le voile de la Sainte~ Face.

21. - Cruxifiement. - La croix est dressée au milieu de la plate-forme. De chaque coté de Notre-Seigneur, sur les croisillons, sont la sainte Vierge et saint Jean et; adossés derrière, saint Pierre et saint Yves. N'y avait-il pas autrefois double croisillon, pour supporter les deux cavaliers que l'on voit maintenant sur le petit arc de triomphe qui fait entrée du cimetière ? et de plus, .les croix des deux larrons n'ont elles pas existé ? On pourrait croire que pendant la Révolution les trois croix auraient été renversées, et qu'on n'aurait fait qu'une restauration partielle.

22. - Descente de Notre-Seigneur aux limbes, ou plutôt aux enfers, car c'est bien la figuration de l'enfer que cette gueule monstrueuse remplie de flammes, au milieu desquelles. sont des damnés, .et dans laquelle ties démons poussent et entraînent Catell Golfe!, fille damnée qui revint après sa mort pour dire son malheur irréparable et dont l'histoire fut chantée au long dans la complainte du Guerz de cette époque. Ce tableau n'est pas complet, ou a été bouleversé, car à quelque distance on' voit Adam et Eve qui accourent au devant de Notre-Seigneur venant pour leur annoncer leur délivrance.  23. Descente de croix. ~il. ~-Mise au tombeau.- Autour du corps inanimé du S:amreur sont la sainte Vierge et le& trois Marie, Joseph d'Arimathie, Nicodème et Gamaliel, tenant la couronne d'épines. Un autre personnage en chapeau et deux en barrettes assistent à cette scène. 25. - Résurrection. - Notre-Seigneur plein de vie et de force sort du tombeau ; les gardés sont renversés à terre ; cependant deux d'entre eux restent debout et regardent Notre-Seigneur avec un mélange d'étonnement et d'effronterie .

 Autrefois tous les personnages de ce calvaire étaient couverts de grandes plaques de lichen blanc qui faisaient des tâches singulières contrariant les plis des draperies et des costumes, dénaturant les physionomies si expressives des figures. Un honorable et érudit voisin, ami dévoué de notre art breton, s'est intéressé à ce monument, a replacé et consolidé quelques personnages, puis a tout lavé et brossé ; et si le pittoresque ou la dénaturation chère à quelques archéologues y a perdu, la lecture des scènes si vivantes et si variées y a beaucoup gagné.

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Notice sur Guimiliau, BDHA

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) 1924,  L'église de Guimiliau, porche, calvaire, ossuaire,  (Brest 1906, Morlaix, 1924 et 1935)

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/4c94b42ee1cf842a818f30319dac78c2.pdf

 

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau,  Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf

LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268

—  LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. 

POTIER DE COURCY (Pol), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo: itinéraire historique et descriptif; L. Hachette et Cie, page 283

https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=guengat+kergorlay+guimiliau&hl=fr&source=gbs_navlinks_s

 



 

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Published by jean-yves cordier - dans Calvaires Sculpture Kersanton
18 octobre 2021 1 18 /10 /octobre /2021 14:53

Le calvaire (granite et kersantite, 1581-1588, Maître de Guimiliau  ; Maître de Saint-Thégonnec ; XVIIe siècle Roland Doré ; Yan Larhantec XXe siècle) de l'enclos paroissial de Guimiliau. I, les scènes de l'Enfance et la Vie Publique du Christ ; sa Passion.

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Voir sur Guimiliau :

 

 

 

 

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—Du Maître de Guimiliau, voir :

 

L'enclos paroissial de Saint-Herbot en Plonevez-du-Faou. IX. Le calvaire (granite et kersantite, Maître de Guimiliau) de 1575.

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Situation et composition.

Alors que l'église est orientée légèrement sur l'axe sud-ouest/ nord-est, le calvaire placé, sur le placître de l'enclos, face à la dernière lucarne, et aux coupoles de la sacristie, est tourné presque vers l'ouest géographique, afin que le Christ en croix, fasse face, symboliquement,  à l'occident, lieu de la disparition du soleil avant sa réapparition à l'Est.

C'est l'un des sept calvaires monumentaux de Bretagne , avec notamment Tronoën (v.1450), Plougonven (1554) et Pleyben (1555)  puis Plougastel (1602-1604), et enfin Saint-Thégonnec (1610). C'est à dire que son soubassement est large et que le décor y déroule, organisés en deux registres, les 25 scènes de la Vie de Jésus, de la Passion, la Crucifixion et la Résurrection, soit 150 personnages au total, ou 200 en comptant les animaux et monstres.

Au sommet, le croisillon abrite le Calvaire (la Vierge et Jean entourant le Crucifié), et du coté oriental saint Pierre, mais aussi Yves, le saint breton.

La forme du soubassement doit être saisie, par une vue d'avion qui échappe au visiteur, comme un carré dont les angles s'étendent en ailettes (ou contreforts), percées d'arcades autorisant la déambulation. Nous aurons donc à décrire les  quatre cotés, et aussi les  ailes qui présentent au fidèle les quatre évangélistes.

Une réflexion théologique s'affirme donc, dans la symbolique des chiffres et celle des formes, par cette seule architecture : l'histoire du Salut (Incarnation et Rédemption) trouve sa base dans les quatre évangiles, tandis que la Croix en forme le sommet. Les quatre arcades partagent avec les portes des tétrapyles la symbolique du croisement des axes soulignant l'importance du point de croisement, pilier du monde ou axis mundi, associé à la Croix du Christ.

La même forme octogonale à  quatre ailes reprend celle du calvaire de Plougastel, et peut se retrouver  sur celui de  Pleyben, alors qu'à Plougonven le soubassement est un massif octogonal sans ailes ni arcades, et qu'il est rectangulaire à Saint-Thégonnec. Comme à Plougastel, les quatre ailes présentent les statues des quatre évangélistes rédigeant leur évangile.

 


 

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Voir : 

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On remarquera que ces quatre ailes confèrent à l'ensemble un dynamisme comparable à celui d'une hélice, et que les scènes de la Vie de Jésus y progressent presque en spirale ascensionnelle. Mais cet effet n'atteint pas la force exceptionnelle de la structure en étoile à six branches du calvaire de Quilinen à Landrévarzec.

L'édifice comporte un escalier (au nord-ouest) qui permettait l'accès à la plate-forme, laquelle pouvait donc servir de chaire.

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Attribution et restauration (d'après E. Le Seac'h).

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a) Le Maître de Guimiliau.

Le calvaire de Guimiliau est attribué à un maître éponyme, à qui on attribue aussi les petits calvaires de Saint-Herbot à Plonévez-Porzay et de Mespaul, ainsi que la statue de Sainte Nonne à Dirinon. Il se reconnaît aux yeux globuleux de ses personnages, dépourvus de paupières.

b) Un émule du Maître de Guimiliau, au style moins adroit, a sculpté vers 1589 cinq scènes : L'Annonciation (haut-relief, registre inférieur), la Visitation, la Présentation au Temple, et l'Entrée à Jérusalem (moyen-reliefs, registre inférieur) et le Christ aux outrages (ronde-bosse, sur la plate-forme). On lui attribue aussi trois des quatre évangélistes, la Déploration, et la statue de saint Pol de Léon. "Il traite avec moins d'aisance les drapés des vêtements mais donne à ses personnages des paupières qui rejoignent le courant naturaliste de la Renaissance". (Le Seac'h).

Le Maître et son émule manient la caricature et le mouvement avec une touche de vivacité et d'éclat que n'ont pas leurs contemporains. Le style mêle la tradition médiévale (petites saynettes des pièdroits de la porte du manoir de Trébodennic) aux costumes Henri II et à des décors dans l'esprit de la Renaissance. 

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c) le Maître de Saint-Thégonnec (1550-1610) a sculpté les personnages géminés du croisillon du calvaire.

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d) Roland Doré a refait la tête de Gamaliel (Mise au Tombeau) au milieu du XVIIe siècle.

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e) Restauration de 1881.

Abgrall écrivait en 1906 :

"Autrefois tous les personnages de ce calvaire étaient couverts de grandes plaques de lichen blanc qui faisaient des tâches singulières contrariant les plis des draperies et des costumes, dénaturant les physionomies si expressives des figures. Un honorable et érudit voisin, ami dévoué de· notre art breton, s'est intéressé à ce monument, a replacé et consolidé quelques personnages, puis a tout lavé et brossé ; et si le pittoresque ou la dénaturation chère à quelques archéologues y a perdu, la lecture des scènes si vivantes et si variées y a beaucoup gagné."

Le Seac'h date cette restauration de 1881 "comme l'indique la date gravée sur le revers de la scène de Résurrection, confirmée par un test électromagnétique en 1998 qui a détecté des goujons de métal sur le calvaire".

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f) Yan Larhantec (décédé en 1913).

La tête de la croix en kersanton, bisée lors d'une tempête en 1902, a été refaite par Yan Larhantec, de Landerneau. Il a remplacé la console décorée d'un ostensoir et de chandeliers et a sculpté le Crucifié accompagné de quatre anges recueillant le sang des plaies.

g) L'atelier de Pierre Floch a  nettoyé une nouvelle fois le calvaire de ses lichens en 2009.

h) Des croix des Larrons ?

On s'étonne de leur absence, et on parie sur leur disparition à une date inconnue.

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L'enclos paroissial de Guimiliau.

L'enclos paroissial de Guimiliau.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.

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FAIRE LE TOUR.

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Coté Ouest.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Coté Nord.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Coté Est.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Coté Sud.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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POINT DE DÉPART : LE SOUBASSEMENT DU COTÉ OUEST.  L'INSCRIPTION DE 1581 ; LA NICHE DE SAINT POL.

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Ce calvaire possède, manifestement, un coté principal, celui de l'ouest, où une table d'offrande sous la statue en kersanton de saint Pol Aurélien (patron du diocèse du Léon) est encadrée de deux colonnes cannelées. La statue du saint n'est pas du Maître de Guimiliau, mais de son Émule.

Ces colonnes supportent un portique dont le fronton porte une inscription.

On retrouve cette disposition sur le calvaire de Plougastel, qui lui est postérieur de plus de 20 ans (ou de 10 ans pour les réalisations de l'Émule).

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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La statue de saint Pol de Léon (kersanton, mule du maître de Guimiliau, après 1589).

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Vêtu en évêque il bénit de la main droite et tient selon Le Seac'h un bâton en tau. J'ignore les éléments de son identification, et je suis passé trop vite devant lui.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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L'inscription de la frise de l'architrave de l'autel.
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Elles est sculptée sur le granite en creux en lettres gothiques (textura) dont les fûts rectilignes, parallèles et serrés ne facilitent pas la lecture. La transcription est incertaine.  Les auteurs ont lu :

AD GLORIAM DOMINI : 1581 . CRUX EGO : FACTA : FUI[T]

"À la gloire du Seigneur. 1581. [Cette] croix fut faite [par moi ?] ou Moi, croix, fut faite".

Pour Castel, "Une inscription en partie détruite sur l’architrave de la niche occidentale pourrait apporter une précision sur l’auteur de cette uvre magistrale débordante de vie: AD GLORIAM DOMINI 1581 CRUX: CNO: FACTA: FUI (T). La croix fut faite à la gloire du Seigneur par Stefan (?) [YPC 1980]"

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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II. LES QUATRE ÉVANGÉLISTES DES AILES.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.

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Saint Jean et son aigle (kersanton,  Maître de Guimiliau, 1581-1588).

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Jean est assis sur une cathèdre à dais décoré de masques, volutes et palmettes Renaissance. Il est tourné vers sa gauche (donc vers l'ouest) et rédige d'un calame assuré son Evangile, donc le codex  est ouvert sur l'accoudoir. Il est imberbe, en tant que Jean, et pieds nus en tant qu'apôtre. Il porte sur ses cheveux longs et bouclés un large nimbe, qui lui forme une sorte de chapeau. Jean est vêtu d'une robe dont les manches s'enrichissent de franges en créneaux. La tenue du crayon (calame) est particulière, car il passe entre l'index et les autres doigts longs.

À sa gauche, mais taillé dans un bloc de kersantite séparé, son aigle (l'une des quatre figures du Tétramorphe des évangélistes), ailes éployées, est posé sur une console sculptée de volutes.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Saint Marc et son lion (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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L'évangéliste est assis à son pupitre, en train d'écrire, tandis que son lion emblématique tient dans sa gueule le plumier et l'encrier (et non un encensoir comme l'écrit Le Seac'h !).

Il est vêtu d'une robe dont la partie thoracique est fermée par des boutons ronds autour d'un bourrelet frontal, tandis que des plis en arête de poisson se disposent autour de cet axe. Cette manière de faire se retrouvera employée pour d'autres personnages.

Il porte la barbe et est coiffé du bonnet carré des docteurs. 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Saint Matthieu et son ange (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Matthieu porte la même barbe, le même bonnet carré et la même robe que Marc, mais celle-ci est recouverte d'un manteau. Comme Marc, il est assis à son pupitre et rédige son évangile, tandis que son attribut, l'ange, tient le plumier et l'encrier. 

Mais le pupitre est décoré d'une curieuse figure, évoquant les grotesques de la Renaissance, et dont le masque est soutenu par deux bras contournant le support. Il porte sur sa tête une volute.

De même, l'ange est posé sur une console représentant une femme aux bras repliés sur les cotés,  que nous pouvons voir comme une figure de la Démone.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le gros plan sur le visage permet de détailler les caractères qui distinguent l'Émule du Maître, avec ces yeux aux paupières ourlées, ou la barbe aux mèches moins peignées, et les cheveux tirés en arrière.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Saint Luc et son taureau (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Toute la moitié supérieure est identique à la statue précédente, mais le taureau, assez maladroitement rendu, prend place à droite du siège. Le pupitre est soutenu par un atlante nu, jambes croisées, et portant une corbeille ("canéphore"), un bel exemple des supports anthropomorphes apparus à la fin du XVIe siècle dans le Léon sous l'influence des recueils des architectes et sculpteurs de la Seconde Renaissance, et qu'on retrouve sous le porche de Guimiliau en 1606.

https://www.lavieb-aile.com/2021/01/les-termes-cariatide-et-atlante-de-guimiliau.html

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Un autre atlante est sculpté sur le coté gauche du siège, avec ses bras réduits à des tronçons en volute. L'histoire familiale ne dit pas si mon grand-père Paul Sourdat s'en est inspiré dans sa fameuse — et alors contestée — description de l'amputation en saucisson développée sur les ambulances d'arrière des tranchées de 14-18, et dont l'intérêt est aujourd'hui reconnu en milieu précaire....!

Ces moignons en volutes et les jambes entortillées viennent des ouvrages d'Androuet du Cerceau et se retrouvent dans d'autres sculptures du Léon à la même époque.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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III. LE REGISTRE INFÉRIEUR : L'ENFANCE ET LA VIE PUBLIQUE DU CHRIST. LE REGISTRE SUPÉRIEUR : LA VIE PUBLIQUE ET LA PASSION DU CHRIST.

 

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Les scènes sont présentées ici dans l'ordre chronologique de la narration, un choix déjà fait par le chanoine Abgrall, ... mais qui, sur place, nécessite de faire plus de sept fois le tour du monument.

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Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.

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Sur le registre inférieur de la face sud, coté droit : l'Annonciation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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E. Le Seac'h, reprenant l'analyse d'Y.-P. Castel en 1998,  consacre un paragraphe de son chapitre sur l'Émule du Maître de Guimiliau aux Annonciations de Guimiliau (s.d.) et de Saint-Thégonnec (1589 par inscription), en soulignant leur similitude.

Voir :

L'arc de triomphe (1587, granite de Plounéour-Ménez et 1589, kersanton) de l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec. Son Annonciation et son inscription en vers bretons.

L'abbé Castel avait écrit :

"L'Annonciation de Guimiliau et celle de Saint-Thégonnec sont indubitablement de la même main. Les prie-Dieu sont identiques, les vases de fleurs ont les mêmes anses à large volutes, les panses sont ornées de canaux et de godrons similaires, les bouquets, dans leur stylisation, se ressemblent. Le traitement des visages ne laisse, lui non plus, aucun doute sur l'étroite parenté des deux groupes." CASTEL (Y.P.) in  ROUDAUT (F.) (dir.), 1998, Saint-Thégonnec. Naissance et renaissance d'un enclos, Brest, CRBC, 183 p.

 

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E. Le Seac'h décrit une scène en haut-relief, à l'exception des têtes de l'ange et de Dieu et des accessoires (partie supérieure du bâton, étoile), en écrivant :

"Gabriel brandit un bâton fleuri en marguerite à huit pétales où s'enroule un phylactère portant l'inscription AV[E] MAR[IA]. La Vierge est assise devant le prie-Dieu en forme de pilastre. Au milieu, un vase de feuillages symbolise les lys de la fécondité. Au dessus, Dieu le Père apparaît en buste, bénissant d'une main, le globe terrestre dans l'autre. De l'étoile à treize rayons au dessus de la Vierge jaillit un volatile, le Saint-Esprit dont la tête est brisée. La Vierge Marie et l'archange Gabriel  ont un visage anguleux, pointu, au sillon naso-génien très creusé. Le drapé particulier des robes, partant en diagonale est caractéristique de l'Émule. Les mêmes visages tristes et sérieux se retrouvent dans la scène de la Visitation."

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Je n'ai plus rien à ajouter, sauf pour faire remarquer le peigné de la barbe de Dieu, bien représentative de l'atelier de Guimiliau.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face sud, coté gauche : la Visitation (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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La Vierge (tête nue) salue sa cousine Elisabeth (voile et guimpe) en lui posant la main sur l'épaule et selon l'évangile, à cet instant l'enfant porté par Elisabeth, le futur saint Jean-Baptiste, "trésaille". La scène se déroule chez Zacharie, époux d'Elisabeth, qui est représenté à droite, appuyé sur sa canne ; il est muet depuis l'annonce par un ange de la grossesse de sa femme. La troisième femme, la main sur la poitrine pourrait être sainte Anne, mais celle-ci porte habituellement la guimpe, ou bien une servante.

"On retrouve les mêmes drapés tout en courbe [que dans l'Annonciation] avec en plus un travail sur les différentes couches de vêtements qui ne semblent plus être traités en superposition mais en creux." (E. Le Seac'h)

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Est : La Nativité (kersanton,  Maître de Guimiliau, 1581-1588).

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L'Enfant est allongé nu sur un linge tenu par un ange et par la Vierge. Saint Joseph est représenté derrière celle-ci, appuyé sur sa canne, et absorbé dans ses pensées. Le quatrième personnage pourrait être, comme le suggère E. Le Seac'h, "Zélomie, l'accoucheuse qui confirma la naissance virginale de Jésus" ; ou l'une des autres sages-femmes apocryphes, Salomé, ou sainte Anastaise.

Voir ma discussion:

https://www.lavieb-aile.com/article-vierges-couchees-et-livres-d-heures-de-rennes-suite-113133129.html

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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 La Nativité : l'âne et le bœuf ; un ange et deux bergers (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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L'âne et le bœuf sont traités en raccourci et agenouillés. Derrière leur tête, un ange présente l'Enfant aux deux bergers, et le premier s'agenouille. Un tonnelet est accroché à sa ceinture.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Est, coté aile gauche : l'Adoration des Rois Mages. La date de 1588. (kersanton,  Maître de Guimiliau).

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À l'angle sud-est, la Vierge est assise sur une cathèdre et élève son Fils, nu, pour le présenter aux visiteurs. La Mère et le Fils sont nimbés ; le nimbe de Jésus est marqué de rayons. Le genou droit de Marie est croisé sur son genou gauche. Ses cheveux sont retenus en deux nattes par un lacet ou ruban.

À l'arrière, Joseph, coiffé d'un chapeau rond s'appuie sur sa canne, toujours un peu mis à l'écart de ce qui se passe, par sa posture et son regard. Il semble en tenue de marche, comme sur le départ.

Le chronogramme 1588 est sculpté en réserve dans un cartouche sur le bloc supportant Marie.

On remarquera que cette date correspond à l'assassinat du duc de Guise, et au début de la Guerre de la Ligue en Bretagne.

http://www.utl-morlaix.org/2015/03/12/la-guerre-de-la-ligue-en-bretagne-1588-1598/

J'appliquerai volontiers cette date à l'ensemble des sculptures du Maître, réservant celle de 1581 à l'inscription  de la face est.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Les trois rois sont taillés dans le même bloc, le plus âgé étant agenouillé et sa couronne, exagérément large, placée devant lui. Il présente à l'Enfant par l'intermédiaire d'un linge son offrande, un calice rempli d'or (mais celui-ci est caché par le grand couvercle). Il est vêtu d'une tunique courte, recouverte d'une collerette, de hauts de chausses, de guêtres et de chaussures à bouts ronds ; son épée, large et recourbée comme un cimeterre, est à son flanc gauche.

Derrière lui, les deux autres rois sont également barbus mais avec une barbe plus courte pour indiquer la différence d'âge. Le premier s'apprête à ôter sa couronne, placée sur un turban pour souligner l'origine orientale.

E. Le Seac'h décrit les  récipients comme "des pots à tourelles moulurées et un pot à dragées godronné dans l'esprit de la Renaissance".

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Nord, coté aile gauche : la Présentation au Temple (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Les auteurs désignent cette scène sous le qualificatif de "Circoncision", mais c'est à mon sens une erreur et la présence d'un personnage (servante ?) tenant le panier aux trois colombes en est la preuve : il s'agit de la Présentation de Jésus au Temple, décrit dans Luc 2:21-40. L'Enfant n'est pas allongé, mais tenu debout et donc "présenté", et aucun couteau, aucun geste de circoncision ne sont figurés.

Le mobilier est une table recouverte d'un drap plissé, dont le piètement s'orne d'un masque anthropomorphe mais à oreilles d'âne, et d'un siège, sur le dossier duquel est sculpté un nouvel exemple de terme ou support anthropomorphe, sous un chapiteau ionique, et avec le bas du corps remplacé par une base pyramidale. Je renvoie aux réflexions développées à propos du siège de saint Luc.

Le grand-prêtre du Temple est assis, et tient le bras et le bassin de l'Enfant : c'est lui qui le présente. Derrière celui-ci, trois hommes dont deux barbus tendent un linge, en guise de drap d'honneur. Le Seac'h y voit trois prêtres, l'un tenant un rouleau, celui du milieu ouvrant le linge et le troisième serrant contre sa poitrine un livre. Mais ils semblent des laïcs, et le premier pourrait être Joseph. Seul Syméon n'est pas représenté.

La Vierge est agenouillée à l'autel, mains jointes. Le sculpteur a repris ici le motif du bandeau occipital retenant les cheveux en passant derrière la nuque, et dont je m'attache à montrer la fréquence dans le Finistère dans les représentations de Marie, ou de Marie-Madeleine dans de nombreux ateliers.

Son visage est d'un ovale allongé, les paupières sont tracées, la bouche est courte et concave, le menton avancé, "en galoche".

Enfin, la servante, aux cheveux couverts par une coiffe ronde, et dont la robe est serrée par une ceinture à boucle large, place la main gauche sur la poitrine ; elle tient par son anse un panier, d'où émergent trois têtes correspondant, maladroitement, aux couples de colombes ou tourterelles citées par l'évangile de Luc. Le Seac'h n'a pas identifié ce détail, et voit là un vase à godrons tenu par un valet.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face Est, coté aile droite : la Fuite en Égypte (kersanton, Maître de Guimiliau, vers 1588).

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Marie, assise en amazone sur l'âne, tient l'Enfant-Jésus, retenant d'une main sûre son pied droit. Elle porte une robe et un manteau qui la voile. L'Enfant est vêtu d'une tunique longue, il tient un fruit dans la main gauche.

L'âne est représenté de manière identique dans l'Entrée à Jérusalem

Taillé dans un bloc à part, Joseph est  représenté, de face mais la jambe en avant. Il est vêtu d'un pourpoint orné d'un col rabattu, d'une cape fermée par une agrafe à pétales de marguerite et de bottes à rabat. Il est coiffé d'un grand chapeau rond à bord incurvé. Il tient la corde qui guide l'âne.  Le bissac  et le bâton de marche rappellent que le couple part pour un long voyage.

La tête de Joseph est magnifique de noblesse, et tire toute sa force de sa barbe évasée comme une coquille cannelée.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de la face sud, à gauche : le Baptême du Christ (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Un ange, nimbé, tient la tunique de Jésus, lequel est plongé jusqu'au genou dans le Jourdain ; Jean-Baptiste, vêtu de sa célèbre peau de chameau, le baptise (mais le bras droit est brisé), tandis qu'il tient par le bras gauche un livre.

Là encore, la tête du Baptiste, barbue et chevelue, est magnifique.

Un détail est insolite par rapport à l'iconographie, c'est celui du petit chien s'agrippant à la jambe de Jean. Mais en écrivant cela, je me dis : et si c'était un agneau ? Là, ce serait une riche idée !

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face ouest, à gauche : l'Entrée à Jérusalem (kersanton,  Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

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Jésus est assis sur son ânon (ou son ânesse, le texte évangélique de Matthieu mentionne les deux) devant trois des apôtres (Jean, imberbe, et par exemple Pierre et son frère André) et ses disciples (une femme, disons Marie-Madeleine). La foule rassemblée devant les murailles et la porte de Jérusalem l'accueillent en déroulant leurs manteaux devant son chemin. 

La tête de l'ânon est délicieusement sculptée, avec ses immenses oreilles dressées. celles-ci se prolongent par le tronc d'un arbre, qui offre à la foule ses rameaux, rappelant les rameaux de palmier par lesquels les habitants acclament la venue de Jésus.

Les yeux aux paupières bien tracées permettent d'attribuer  ce travail à l'Émule.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face sud, au centre : le Lavement des pieds des Apôtres (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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La scène est découpée en trois groupes.

Comptons. Un deux trois quatre, etc., les apôtres sont au nombre de onze. Pourtant, il est implicite dans le texte évangélique que Judas était présent.

Au premier plan, à gauche, un apôtre assis se rechausse ou se déchausse. Puis vient le Christ, à genoux, manches retroussées, qui lave les pieds de saint Pierre, qui renverse le torse pour signifier son refus ("Tu ne me laveras pas les pieds, non, jamais !". Puis vient un troisième apôtre, qui est assis à droite. Je ne parviens pas à voir une bourse à sa ceinture, mais il est dans l'ombre.

En arrière plan, les autres apôtres sont attablés (on voit un verre, un plat et une cruche). À droite, les mains croisées sur la poitrine, Jean se reconnaît car il est imberbe.

"Dans cette scène, on retrouve le même mouvement dans les étoffes que pour le voile de la Vierge de la Nativité ou de l'Adoration des Mages. Les courbes des tissus et des robes relevées pour échapper au éclaboussures contribuent à donner une impression de joyeux désordre contrebalancé par les lignes verticales des autres tuniques qui rappellent la gravité de la scène. Les personnages ne sont pas alignés comme à Plougastel-Daoulas : les Apôtres sont pour la plupart debout et tiennent des cruches ou des linges pour essuyer leurs pieds. Leurs bouches entrouvertes disent la consternation et l'incompréhension du geste de Jésus." (Le Seac'h p. 273)

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face ouest, à droite : la Cène (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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La scène occupe deux blocs de kersanton, rapprochés par la tranche.

Douze apôtres sont réunis autour de la table, et Judas se reconnaît à la bourse qu'il tient. Jean, imberbe, est à la droite de Jésus, qui est nimbé. Au premier plan, un serviteur, barbu, et pieds-nus comme les apôtres, apporte une corbeille de pains et une cruche de vin.

Sur la table , on voit des miches de pain, des gobelets en forme de calice, tandis que le plat contenant l'agneau pascal est placé devant Jésus.

Les traits des apôtres sont semblables (avec une petite différence de longueur des barbes), mais leur posture diffère légèrement, ils discutent entre eux par paires, la bouche entrouverte : seul Jean et le Christ semblent concentrés, ce dernier approchant la main vers le plat contenant l'agneau. L'instant représenté est donc celui de l'institution de l'Eucharistie, et non — comme dans la Cène de Léonard de Vinci —  celui où le Christ dit "en vérité je vous le dit l'un de vous me livrera" alors que Judas approche la main du plat, et que les autres apôtres protestent.

Parmi les robes, assez identiques, certaines ont des manches courtes et crénelées, d'autres se distinguent par l'encolure.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face nord, à droite : L'Agonie de Jésus au Mont des Oliviers, les trois disciples Pierre, Jacques et Jean s'étant endormis (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Le sculpteur n'a disposé que de peu de place pour figurer cette scène, dans laquelle Pierre, Jean et son frère Jacques ne sont pas parvenus à rester éveillés pour soutenir Jésus, qui, au Jardin des Oliviers, prie son Père et accepte sa Passion. C'est  l'Agonie à Gethsémani où la sueur de sang (hémathidrose) témoigne de sa profonde angoisse.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face nord, à droite : Pierre frappant Malchus, le serviteur du Grand prêtre (Caïphe). Kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588.

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On penserait volontiers à un sacrifice ou à un assassinat, si le contexte ne nous aidait pas à voir Pierre levant son glaive et tranchant l'oreille de Malchus. Le Seac'h a vu, mieux que moi, que l'oreille était visible sur l'épaule gauche du serviteur, qui tombe à la renverse. Une lanterne, à notre droite, rappelle que l'arrestation de Jésus se déroule la nuit.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre inférieur de la face nord, au centre : l'Arrestation de Jésus en présence de Judas tenant la bourse aux trente deniers, salaire de sa trahison (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Cette belle scène est répartie sur deux blocs, isolant ainsi Judas tenant sa bourse. Jésus est saisi par trois soldats (ou quatre si on compte les jambes).

Jésus a le même manteau et la même robe que lors de la Cène. Les soldats offrent un bel exemple du talent du sculpteur pour souligner la truculence des personnages, qui sont vêtus de costumes Henri III. Comme je l'avais souligné dans ma description du calvaire de Plougastel, il est important de se souvenir  de la pratique, par les habitants, des mises en scènes de la Passion, comme en témoigne les Mystères en langue bretonne édités en pleine Renaissance puis à l'époque baroque (1530, 1609, 1622).

L'un porte un bonnet à plume généreuse et faisant panache (ce serait l'officier), les deux autres sans doute des casques . Les moustaches se distinguent de celles du Christ et des apôtres, qui sont en V inversé, car elles frisent et sont horizontales. 

Les tuniques sont courtes, marquées par cette ligne médiane bombante qui peut évoquer celle des cuirasses. Les chausses sont bouffantes, et à crevés formant des hachures ou des godrons.

Les visages sculptés par le Maître de Guimiliau ne sont pas différenciés, qu'on ait affaire à un saint personnage, à un pharisien ou à un bourreau, les traits ne sont pas marqués, les grimaces et expressions sont absentes, les yeux globuleux n'indiquent pas les regards. Par contre, la gestuelle compense cette inexpressivité, notamment par la chorégraphie des fentes des jambes des soldats et par l'entrecroisement des bras.

Les chaussures sont toutes les mêmes sur tout ce calvaire, avec une semelle épaisse et bien délimité, ainsi que le contrefort et le quartier (la partie arrière autour du talon), tandis que l'avant, à bout rond, est moins précis.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de la face nord,  la comparution devant Pilate et le lavement des mains (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

 

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À gauche, Pilate est assis sous un dais et se lave les mains dans l e bassin présenté par un serviteur ou soldat qui y verse l'eau d'une cruche. On remarquera le petit chien, si fréquemment représenté auprès de Pilate sur les enluminures et gravures, ou sur les maîtresses-vitres finistérienne qu'il en est presque un attribut (c'est un chien blanc lorsque la couleur est visible). On connaît l'attachements des princes de la Renaissance pour la présence de ces animaux de compagnie dans leur palais.

On remarquera aussi la tenue vestimentaire de Pilate, qui n'est pas celle d'un gouverneur romain, mais d'un grand-prêtre hébraïque dans les conventions iconographiques du XVIe siècle : chapeau conique et turban, très longue barbe, longs cheveux, glands de passementerie au bout des manches. Nous pourrions confondre avec Caïphe, si le lavement des mains n'identifiant pas l'homme sans ambiguïté.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Derrière le trône de Pilate, se trouvent deux personnages tenant des rouleaux. L'un est coiffé d'un turban, l'autre du bonnet carré : ce sont des pharisiens, des docteurs de la Loi hébraïque, des membres du Sanhédrin. Ils valident, ou ordonnent, les scènes d'outrages et de dérisions ainsi que la condamnation du Christ.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  la face nord, coté droit,  la Flagellation (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Elle est traitée en trois blocs distincts

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Le Christ est lié à une colonne au chapiteau corinthien. Un soldat, harassé par sa tache, se repose à ses pieds, le faisceau de verges. Nous retrouvons le bonnet porté de travers, les manches relevées, les crevés et les bottes à rabats qui caractérisent les bourreaux.

Les trois autres bourreaux tiennent les verges et s'apprêtent à frapper. Leur costume suscite notre intérêt. J'ignore si les coiffures coniques de deux d'entre eux, et le camail festonné et à glands de l'autre, tendent à les désigner comme Juifs.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  l'angle nord-ouest, le couronnement d'épines (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

 

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Le Christ est assis, les mains liées devant lui, l'air résigné et patient. Deux bourreaux enfoncent avec deux bâtons avec force la couronne afin que les épines pénètrent le cuir chevelu. Là encore, bien qu'on devine un rictus par la bouche tordue d'un bourreau, ce sont les postures qui expriment la vivacité et la cruauté des soldats.

À gauche, deux autres soldats tiennent un bâton sur lequel ils poussent, la position des mains étant inversée. L'un des deux tire la langue au condamné. J'y verrais volontiers une composante du Couronnement d'épines, surtout si nous nous référons aux scènes analogues des vitraux, où les quatre soldats s'activent sur deux perches formant une croix.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur  : le Christ aux outrages (kersanton, Émule du Maître de Guimiliau, après 1589).

 

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Le Christ est assis, les mains liées devant lui, et revêtu d'une tunique longue, à un ou deux boutons devant la poitrine. Il ne tient pas le roseau de la dérision. Ses yeux sont bandés par un voile assez large. Ses traits évoquent sa patience courageuse face aux sévices. 

Parmi les quatre bourreaux, l'un porte une épée, c'est un officier. Il est vêtu d'une tunique courte dotée d'une ceinture et frangée en V au bord inférieur, de hauts de chausses bouffants ( à plis horizontaux), et de chaussures assez remarquables. Il est coiffé d'un béret et ses cheveux sont mi-longs, atteignant la base des épaules.

Deux autres bourreaux tiennent des gourdins, tandis que le troisième me semble nouer le bandeau. Leur tenue est proche de celle de l'officier, mais leur coiffure, au moins pour deux d'entre eux, évoque une capuche (ou un chaperon).

Les yeux sont "en noyau de datte" et circonscrit par le trait qui forme les paupières, c'est la caractéristique de l'Émule.

Les traits des bourreaux sont vultueux, les arcades sourcilières épaisses, les lèvres protruses et grosses, mentons saillants voire même bilobé dans un cas.

La barbe et la moustache en colombin est peignée régulièrement, comme c'est la règle chez le Maître et son élève.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  l'angle sud-est,  le cavalier tenant une banderole : début du  Portement de croix ? Kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588.

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Abgrall ou Le Seac'h considèrent que ce cavalier  qui déroule des deux mains une banderole est à la tête de la procession du Portement de croix sur les pentes du Golgotha. 

Cette banderole portait vraisemblablement une inscription peinte qui permettait d'identifier le personnage. Nous pouvons remarquer sa barbe particulièrement longue (ce qui exclut un officier romain) et surtout son chapeau hébraïque (large et conique) doté de deux franges rituelles à glands, qui tombent sur un scapulaire. Les cheveux sont longs, et forment deux mèches épaisses et qui semblent sales.  C'est, dans le code iconographique en vigueur, un pharisien du Sanhédrin, et sans doute même le "souverain sacrificateur", Caïphe. Portait-il le texte de l'accusation, celui du titulus de la croix, "Jésus de Nazareth, [celui qui se prétend] roi des Juifs" ?

En s'attardant à détailler l'harnachement du cheval, les fleurons du mors, et le type des étriers, puis à les comparer aux mêmes détails sur les Calvaires bretons et les Passions des maîtresses-vitres finistériennes, nous ferions des découvertes fructueuses.

La barbe est remarquable. Elle est typique de l'atelier de Guimiliau, et on en  retrouve d'autres exemples sur le calvaire de Saint-Herbot.

 

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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L'écuyer de Caïphe, tenant une fleur. 

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Il porte un chapeau conique, "juif", mais il porte la tunique courte à ceinture, les haut de chausses plissés, les chaussures des soldats et il faut peut-être y voir l'écuyer de Caïphe. Il a perdu l'accessoire de sa main gauche, tandis que la main droite tient entre index et majeur d'une part, annulaire et auriculaire d'autre part, une tige évasée en fleur à six pétales.

Le plastron de son pourpoint, doté de boutons et d'un renfort sternal, est plissé de traits obliques et remonte en bourrelet épais autour du cou.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  la face Sud, au centre,  le Portement de croix (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Au centre, et dans l'axe de la croix du calvaire, Jésus est agenouillé : ses genoux ont fléchis sous le poids de la croix qu'il porte. Juste derrière, Simon de Cyrène apporte son aide.

Dans la procession guidée par le cavalier et son écuyer, deux musiciens viennent en tête. L'un  frappe avec deux baguettes épaisses et dilatées à l'extrémité  sur un long tambour. Nous voyons bien la corde de tension entrelacée sur des cercles et traversant en diagonale la peau pour former le timbre.

Le joueur forme avec son compère une belle paire, presque spéculaire, ils se regardent comme s'ils étaient pris par le même rythme et le même élan, mais pourtant, le deuxième joueur se contente de tenir un long bâton servant peut-être d'appui au tambour.

L'iconographie est difficile à rassembler, car je trouve surtout les images de tambour d'ordonnance de caisse plus courte, inscrite dans un carré.

Sur la travée VIII du tour de chœur de la cathédrale de Chartres,  un tambour de forme allongé est sculpté, autour de la date de 1527, au centre de l'entrecroisement de deux flutes.

L'Orchésographie (1589) de Thoinot Arbeau, alias Jehan Tabourot , chanoine de Langres, montre un exemple de militaire battant son tambour avec la notification d'une marche de régiment : l'instrument est différent de celui de Guimiliau, mais le costume est à remarquer, avec ses crevés. 

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Voir ici un haut-tambour de 1789 (Anjou).

Deux exemples de tambour de 1636, dans le dictionnaire de Jacquot.

Les exemples de tambour aussi haut et long que celui-ci correspondent plutôt aux tambours ou tambourins de Provence, et rejoignent parfois ceux des galoubets, frappés en même temps que le joueur souffle dans un fifre.

 

 

 

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Le calvaire de l'enclos paroissial de Guimiliau. I.
Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Un joueur de trompe .

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Deux soldats autour de Simon de Cyrène qui aide le Christ à porter sa croix.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Le Christ chutant sous le poids de sa croix.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Un soldat frappant le Christ, puis un joueur de trompe. Un soldat assis à terre.

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Je ne comprends pas tout dans ce bloc : je vois un fragment de croix écoté (la traverse ??), retenu par une barre en T ;  les hommes ont l'air d'être embarqués dans un véhicule ; le soldat qui tient la corde lève un objet, peut-être un fouet mais bien bizarre et qui retombe sur sa tête.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  l'aile sud-ouest, Véronique et son voile (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

 

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La sainte est coiffée d'un turban ; elle se renverse légèrement en arrière pour présenter son voile, sur lequel, on le sait, s'est miraculeusement imprimé le visage martyrisé du Christ.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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AU CENTRE : LA CRUCIFIXION (LE CALVAIRE) : VOIR PARTIE IV.

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Nous reprenons la description dans l'ordre narratif, après la Crucifixion.

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Sur le registre supérieur de  la face Ouest, à gauche, la Déploration (Pietà). Bloc monolithique à quatre personnages, kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588). À gauche Marie-Madeleine, bloc distinct. En arrière, un personnage : Jean ?

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Cette Déploration est très différente de celle de Saint-Herbot, attribuée au Maître de Guimiliau. Elle est à mes yeux bien plus belle, dépouillée et tragique. La Vierge est tient son fils sur son genou droit, l'autre étant posé à terre. Le corps du Christ forme une ligne brisée en six morceaux, la tête/le thorax (en arc)/le ventre/les cuisses/les jambes/les pieds. Auquel s'ajoutent le bras droit, qui pend vertical, inerte, la paume percée ; et le bras gauche, horizontal et soutenu par la Mère.

Tout cela est d'un kersanton très sombre, presque volcanique, brûlé, malgré des teintes verdâtres (micro-organismes)et rougeâtres (idem, ou ocre témoignant vaguement d'une polychromie ?).

Tous les drapés sont verticaux, austères, graves.

Deux personnages ont les têtes brisées. J'imaginerai volontiers que celui qui est à la fois à la tête du Christ et à la droite de Marie est saint Jean (la statue plus en arrière étant rapportée mais n'appartenant pas initialement à ce groupe). En effet, c'est ce personnage qui soutient la tête du Crucifié, et ce rôle est celui de Jean dans les Déplorations, plus souvent, notamment dans cette composition que celui de Joseph d'Arimathie.

À gauche de Marie,  on pense d'abord à une sainte femme. Mais si on regarde attentivement, on voit que c personnage tient dans sa main gauche un flacon, comparable au pot d'aromates de Marie-Madeleine.

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Je propose donc de voir une Déploration avec Jean et Marie-Madeleine entourant la Vierge. Un bloc auquel aurait été ajouté, après la perte des têtes de Jean et Marie-Madeleine, leurs statues isolées, provenant d'un autre emplacement, par exemple au pied de la croix comme sur d'autres calvaires monumentaux.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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a) La Vierge, entourée de deux personnages aux têtes manquantes,  et le Christ.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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b) Marie-Madeleine.

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Elle est agenouillée, main droite sur la poitrine et main gauche levée, paume de face, en signe de vif émoi. Son manteau est tombé autour d'elle, dégageant la robe aux manches bouffantes, et aux poignets à crevés. 

Elle est coiffée d'un large chapeau (ou bien est-elle nimbée) d'où sortent quelques boucles. Nous ne voyons pas ses cheveux pendre devant ses épaules, comme c'est ailleurs la règle. Et je n'ai pas trouvé son pot d'aromates.

À ces détails près, c'est exactement la Marie-Madeleine au pied de la croix de la tradition des sculpteurs de Landerneau depuis les Prigent, et le détail du manteau formant une vague ou corolle autour d'elle ou derrière elle est l'indice très sûr d'une filiation stylistique. 

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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c) Saint Jean ?.

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Ce personnage aux pieds nus, portant la robe fendue sur le devant par une ouverture fermée par deux boutons, est a priori un apôtre. Mais il est imberbe, ce qui nous conduit à identifier saint Jean, malgré une coiffure bien féminin.

Pourtant, le geste des deux mains réunies devant l'abdomen est insolite : c'est un geste d'énonciation, d'énumération des arguments, qui est inédit dans l'iconographie de Jean.

Ce geste est fréquent parmi les prophètes vétérotestamentaires (hypothèse exclue, ces derniers sont barbus) et dans les représentations de saint Yves, comme au sommet du calvaire. Mais la robe et les pieds nus s'opposent à cette solution.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Sur le registre supérieur de  la face Est, au centre,  la Mise au Tombeau (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Huit personnages sont penchés au dessus du tombeau, ou plus justement au dessus de la table, nappée d'un linge, où le corps du Crucifié a été déposé.

Ce sont de gauche à droite Joseph d'Arimathie, qui soutient la tête, Marie, Mère de Jésus, puis les Trois Marie, dont Marie-Madeleine tenant les aromates. Viennent ensuite Gamaliel, saint Jean (nimbé) et enfin Nicodème, soutenant les pieds.

La tête du Christ mort est nimbée, d'une de ces auréoles larges qui en abusent pour des chapeaux, et qu'on retrouvent plusieurs fois sur ce calvaire.

 

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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a) Joseph d'Arimathie.

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Comme c'est l'usage, il est coiffé d'un chapeau conique à turban et fanons, doté de cheveux tressés et d'une longue barbe, et vêtu d'un costume "Juif" (camail à pointes, bouffant des manches à franges).

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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b). La Vierge.

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Elle est coiffée du voile qui se prolonge par son manteau, et porte la guimpe. Ses bras sont croisés devant la poitrine.

Pour une fois, le visage est très expressif, et il semble que la Mère sanglote ; le nez est plus fin et pointu qu'ailleurs, un bourrelet fait pont entre les deux sourcils, le philtrum est creusé, le modelé des pommettes et du menton est accentué.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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c). Marie-Madeleine et deux saintes femmes ( soit : les trois Marie, Marie Salomé, Marie Jacobé — ou Cléophas— et Marie-Madeleine).

 

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Marie-Madeleine porte une coiffe rappelant celle d'Anne de Bretagne, et, au dessus le large nimbe. Inutile de souligner l'élégance raffinée de sa tenue, c'est son marqueur identitaire, avec son pot d'aromates.

Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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d) Gamaliel . Tête : réemploi d'une sculpture par Roland Doré vers 1620-1660.

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Pour paraphraser l'incipit de Moby Dick "Appelez-le Gamaliel", celui qui apparaît dans certaines Mises au Tombeau avec son fils Abibon, 

https://www.lavieb-aile.com/2018/06/la-mise-au-tombeau-de-l-abbatiale-sainte-croix-de-quimperle.html

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Mais il faudrait pouvoir accéder à la plate-forme, le contourner, chercher les indices, tenter d'expliquer ce fleuron sur la poitrine, car nous ne pouvons nous fonder sur la tête actuelle : ses pupilles creusées sur des yeux en losange la font attribuer à Roland Doré, mais c'est un réemploi. Venant probablement d'un apôtre, et ce serait un saint Jacques que ...

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

Calvaire (kersanton) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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e). Saint Jean.

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Pourquoi saint Jean ? Parce qu'il est nimbé de l'auréole plat à barbe caractéristique, comme le Christ et Marie-Madeleine, et qu'il est imberbe.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588) de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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f) Nicodème, tenant la couronne d'épines.

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Là encore, le chapeau conique indique qu'il s'agit d'un pharisien, et, à cet emplacement, cela ne peut être que Nicodème.

Comme dans d'autres Déplorations (Quilinen, Locronan), il porte, par l'intermédiaire d'un drap, la Couronne d'épines, bien que ce soit ici une couronne sans épines mais à joaillerie.

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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La descente aux Enfers ; le Christ et Adam et Ève en tête des  élus sortant des limbes ou des damnés chassés par les démons de la gueule de Léviathan (kersanton,  Maître de Guimiliau, v. 1588).

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Sur l'angle sud-ouest, le Christ ressuscité est vêtu du manteau rouge et il tient la hampe de son étendard de la victoire sur la Mort.  Entre le Vendredi Saint, jour de sa Mort, et le dimanche de Pâques, date de sa résurrection le troisième jour, il est, comme l'affirme le Credo, descendu aux Enfers. Il y a libéré les âmes des justes enfermé dans le Limbes patrum, ou limbe des patriarches. Fidèle à l'iconographie, le sculpteur mont la sortie d'Adam (presque debout, remerciant le Christ mains jointes) et d'Ève (plus petite, accroupie, tête brisée).

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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Juste à coté, la gueule du Léviathan, personnification ou "poissonnification" des forces du Mal, crache les âmes des damnés, que des démons saisissent de leur fourche. Il y a à terre un monstre, aux pattes de lion, à l'échine de dragon et à la longue queue, et dont la face vaguement humaine (très peu pour moi !) grimace tandis qu'une femme nue à la poitrine provoquante lui est amenée, bien contre son gré, par deux diables. Les guides aiment, pour terroriser les paroissiens, la désigner comme étant Katell  Gollet "qui n'avait pas avoué ses péchés en confession".

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Calvaire (kersanton, 1581-1588)  de l'enclos paroissial de Guimiliau. Photographie lavieb-aile 2021.

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SOURCES ET LIENS.

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CASTEL (Yves-Pascal), 1980, "Guimiliau" n° 666 . "Guimiliau, église, le Grand Calvaire", Atlas des croix et calvaires du Finistère

https://societe-archeologique.du-finistere.org/croix/guimiliau.html

Calvaire en granite et kersanton, daté de 1581-1588.

Soubassement de plan octogonal avec ailes percées d’arcades, avant-corps, table d’offrande encadrée de colonnes cannelées, escalier d’accès à la plate-forme.

Les scènes de la vie de Jésus se déploient sur la frise et à l’étage, dans un ordre non chronologique. De gauche à droite, en commençant par la face occidentale:

Entrée de Jésus à Jérusalem, Cène, , Agonie, Arrestation,. Sur la plate-forme: Vierge de Pitié, Madeleine, Résurrection, Enfer, Descente de Jésus aux limbes, Véronique, Baptême de Jésus, Portement de croix, Scène d’outrages, Mise au tombeau, Disciples d’Emmaüs, Pilate se lave les mains, Scène de dérision, Flagellation, Couronnement d’épines, personnage isolé.


 

Croix centrale sur fût rond, écots, croisillon, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Yves, crucifix et anges recueillant le Sang.

Vestiges de l’ancienne croix placés sur l’arc de l’entrée d’enclos: cavaliers, Vierge à l’Enfant.

Mis à part le travail évident du restaurateur dans la croix centrale, on distingue plusieurs mains dans l’exécution, reconnaissables à la manière de traiter les yeux, globuleux ou figurés avec les paupières. Une tête d’apôtre du porche a pris place sur les épaules d’un personnage de la Mise au tombeau.

Une inscription en partie détruite sur l’architrave de la niche occidentale pourrait apporter une précision sur l’auteur de cette oeuvre magistrale débordante de vie: AD GLORIAM DOMINI 1581 CRUX: CNO: FACTA: FUI (T). La croix fut faite à la gloire du Seigneur par Stefan (?) [YPC 1980]

— ABGRALL (Jean-Marie), 1883, L'église de Guimiliau, Bulletin de la Société Archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1883_0145_0161.html

— ABGRALL (Jean-Marie), 1912, Notice sur Guimiliau, BDHA

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/afef0cf82b371a72f35a42200cb9a127.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) 1924,  L'église de Guimiliau, porche, calvaire, ossuaire,  (Brest 1906, Morlaix, 1924 et 1935)

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/4c94b42ee1cf842a818f30319dac78c2.pdf

— ABGRALL (Jean-Marie) , 1902, "Les croix et les calvaires du Finistère" Bulletin Monumental  Année 1902  66  pp. 176-209

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1902_num_66_1_11302

 — COUFFON (René), LE BARS (Alfred), 1988, Notice sur Guimiliau,  Extrait de : Diocèse de Quimper et Léon, nouveau répertoire des églises et chapelles, Quimper, Association diocésaine, 1988. - 551 p.: ill.; 28 cm.

https://bibliotheque.diocese-quimper.fr/files/original/c5585b77d35c16ac2fe4dc3004e36d8f.pdf

LE GUENNEC (Louis), Morlaix et sa région. page 268

—  LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle , 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm . Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395 Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014 Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut. 

POTIER DE COURCY (Pol), 1864, De Rennes à Brest et à Saint-Malo: itinéraire historique et descriptif; L. Hachette et Cie, page 283

https://books.google.fr/books?id=3ueE6p-q1AYC&dq=guengat+kergorlay+guimiliau&hl=fr&source=gbs_navlinks_s


—HYPERLAPS (dossier photo et légendes en anglais)

https://hyperleap.com/topic/Calvary_at_Guimiliau


 


 

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Published by jean-yves cordier - dans Sculpture Kersanton Calvaires

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  • : Le blog de jean-yves cordier
  • : 1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
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  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué).  "Les vraies richesses, plus elles sont  grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)
  • "Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)

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