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2 novembre 2019 6 02 /11 /novembre /2019 16:14

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : II. Les baies 16, 18 et 20 (1308, et tympan du 3ème quart XVe siècle).

 

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Cet article est le deuxième d'une série sur l'apparition du jaune d'argent dans les vitraux de la cathédrale d'Évreux au XIVe siècle. Ces premiers articles montrent les vitraux avant 1330, avant cette apparition du "jaune d'Évreux" : voir l'introduction dans le premier article.

 

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Voir aussi :

Liste de mes 200 articles sur les vitraux :.

.— Sur les vitraux de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

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Ce deuxième article décrit les trois baies 16, 18 et 20 qui éclairent la chapelle fondée en 1308 (selon F. Gatouillat)  par le chanoine Pierre de l'Aide à la mémoire de son frère le cardinal Nicolas de l'Aide (ou Nicolas de Nonancourt). Cette chapelle porte depuis le XIXe siècle le nom de Chapelle de l'Immaculée-Conception

Les cahiers d'enregistrement des recettes des revenus afférents aux chapelles de l'église cathédrale d'Évreux mentionnent « deux portions de chapelle sous l'invocation de saint Jacques et de saint Philippe, fondées en 1308 par Nicolas de Nonancourt, cardinal du titre de saint Laurent « Mais ce dernier décéda en 1299.

La chapelle était décrite ainsi par P.F. Lebeurier en 1868 :

La chapelle 6, percée de trois fenêtres, a également des médaillons à la base de sa clôture. Sur la porte, un bas-relief, représentant Samson chargé des deux poteaux delà porte de Gaza, est entouré de l'inscription: valvas confractis hic sanson vectib's effert sed vires ejvs dalila com'invit. Ce bas-relief parait être une allusion au nom et aux armes des Postel, ancienne famille normande qui a donné plusieurs chanoines à la cathédrale. Leur écusson, à trois trèfles posés 2 et I traversés d'un poteau mis en bande, est gravé sur plusieurs colonnettes de cette clôture. Au-dessous des colonnettes, sur une seule ligne, on lit encore cette inscription : conceptiotva DEI GENITR1X VIRGO GAUDIV' ANNVNCIAVIT IN VNIVERSO MVNDO EX TE ENI' ORTVS EST SOL JUSTICIE XPS DEVS NOSTER ; et, sur la corniche de la porte : ladem non sensit conceptvs virginis vllam. Neuf petits sujets du xive siècle sont insérés dans les vitraux: 4° S. Paul tenant un glaive par la pointe ; 2° la Sainte Vierge tenant l'enfant Jésus sur son bras gauche et un lys de la main droite-, 3° S. Pierre tenant les clefs ; 4° la Sainte Vierge ; 5° le Christ en croix ; 6° S. Jean tenant un livre ; 7° un saint évêque avec l'inscription : s. aquilinus ; 8° un autre évêque avec l'inscription : s. taurinus ; 9° un évêque donateur à genoux présentant un vitrail avec l'inscription : nicolaus cardinal. Ce doit être Nicolas de l'Aide, cardinal du titre de Saint-Laurent in Damaso, né à Nonancourt et inhumé dans la cathédrale d'Evreux, vers 1299. Cette chapelle contient encore une pierre tumulaire représentant un chanoine en habits sacerdotaux, avec l'inscription suivante, dont chaque mot est séparé par deux points : ci gist MESTRE ESTIENNE CLAVBL IADIS ARCHEDIACBE DU NVEFBOVRG ET CHANOINE DEVREVS QV1 TRESPASSA LAN DE GRACE V CCC ET XXIX LE VMSIEME IOVR DE MARS PROIES POVR LAME DE LVI AMEN

 

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n39

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Vue générale des trois baies :

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Chacune, haute de 5,20 m et large de 2,70 m comporte 3 lancettes trilobées et un tympan à 4 soufflets et 2 écoinçons .

Les trois baies adopte la disposition "en litre" à la mode depuis le milieu du XIIIe siècle, où une verrière décorative claire accueille à mi-hauteur une bande horizontale de panneaux colorés figurés. Les panneaux ornementaux en verre blanc  forment un réseau géométrique de losanges et de quadrilobes. Ils sont peints à la grisaille de rinceaux de chêne ou d'autres essences, tandis que des fermaillets bleus sont centrés par des fleurs de lys jaunes. Les bordures sont bleues à fleurs de lys jaune pour la baie 18, et rouge avec des castilles jaune dans les deux autres baies.

Dans les panneaux centraux, un saint personnage occupe un édicule en brique à arc trilobé dont le gable est orné de feuilles de chêne et de glands. Plus haut, entre des pinacles, s'élèvent trois flèches ou pinacles à crochets.

La présence de ce décor à feuilles de chêne peut être sans doute considéré comme emblématique plutôt qu'ornemental, d'autant que c'était un chêne que la Vierge tenait en baie 12, et également  semble-t-il en baie 14 ici.

Les verres colorés sont principalement bleus, rouges, jaunes, plus rarement verts, avec ponctuellement quelques verres lie-de-vin. Les verres rouges sont parfois hétérogènes, "flammés", mais de façon aléatoire sans exploitation de cet effet pour un rendu expressif.

Le jaune d'argent n'est pas encore utilisé dans ce début du XIVe siècle, et, de même, les fonds des niches sont unis et jamais damassés.

L'ordre des lancettes a  été modifiée, car la succession habituelle des fonds rouge et bleu n'est pas respectée, la Vierge à l'Enfant n'est pas centrale (elle a été intervertie avec saint Pierre en 1868), et en baie 20 les deux saints et le donateur se succèdent sans cohérence.

Les baies ont été restaurées par Duhamel-Marette en 1894.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La baie 16.  Saint Paul, saint Pierre et la Vierge à l'Enfant.

 

 

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Paul tenant par sa pointe l'épée de sa décapitation.

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Les traits du visage, le toupet frontal, le geste de ma main gauche et les plis du manteau témoignent de la maîtrise artistique du peintre.

La position des pieds, très écartée, est archaïque.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Pierre tenant sa clé et un livre.

La tête du saint a été remplacée en 1870.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge à l'Enfant, couronnée et tenant un rameau bourgeonnant.

La Vierge couronnée et voilée est fortement déhanchée. La Mère et le Fils ne se regardent pas.

Marie tient un rameau bourgeonnant qui, par comparaison avec le chêne déracinée tenue par la Vierge de la baie 12, peut peut être se comprendre comme un rameau de chêne stylisé  ; mais le rameau fleuri possède une riche symbolique mariale (virga virgo de Jessé ou verge de Joseph).

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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En bas de lancette centrale : Mgr Devoucoux évêque d'Évreux agenouillé en donateur.

En bas de lancette droite : blason épiscopal et inscription.

CETTE CHAPELLE FUT RESTAURÉE PAR ILL[USTRE] ET RÉV[ÉREND] PÈRE EN DIEU MGR JEAN-SÉBASTIEN-ADOLPHE DEVOUCOUX ÉVÊQUE D'ÉVREUX DE MDCCCLVIII À MDCCCLXX.

Monseigneur Devoucoux, évêque de 1858 à sa mort en 1870, était membre de la société française d'archéologie et il présida la Société Libre de l'Eure. Il  a été le donateur de la restauration de ces vitraux par Duhamel aidé de Marette, auteurs de son portrait. Il s'est fait représenter aussi sur la baie 22 de l'église Saint-Sauveur des Andelys, restaurée à ses frais par Didron. Ses armes se blasonnent comme un écartelé de gueules et d'or, à la croix ancrée de sable. Il avait fait restaurer 5 panneaux de la chapelle des Fonts (baie 42) et la verrière des Trois Maries en baie 213.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 18 : LE CALVAIRE (LA VIERGE, LE CHRIST EN CROIX ET SAINT JEAN).

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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La Vierge.

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La posture est déhanchée à l'extrême. Elle a les pieds posés sur un rocher.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le Christ en croix.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Jean tenant son évangile.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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LA BAIE 20 : SAINT AQUILIN, SAINT TAURIN ET LE CARDINAL NICOLAS DE L'AIDE EN DONATEUR.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Aquilin, proto-évêque d'Évreux.

Inscription S. AQUILINUS.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Saint Taurin, proto-évêque d'Évreux.

Inscription S. TAURINUS.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le donateur : le cardinal Nicolas de l'Aide présentant un vitrail.

Inscription  NICOLAUS CARDINAL.

Nicolas L'Aide ou de Nonancourt, né à Nonancourt et mort le 22 ou 23 septembre 1299 à Rome a été chancelier de l'université de Paris de 1284 à 1288 et doyen du chapitre de Notre-Dame de Paris de 1288 à 1294, puis a été établi cardinal au titre de San-Marcello par Célestin V en 1294, puis nommé au titulus de San Lorenzo di Damasio l'année suivante.

Une épitaphe en vers qui se lisait jadis dans la cathédrale d'Evreux et dont le texte nous a été conservé par Le Brasseur et par Gaignières indiquait : »
 

"Haec praesens fossa Nicolai continet ossa,
Qui pius et prudens extitit atque studens.
Mitram cardineam Romana gessit in urbe
Et pileum rubeum. Dans multae dogmata turbae
In pravos mores naturae Theologia,
Hujus erant flores una cum Philosophia.
Editus est illa quae Nonancuria villa
Fertur, ubi cura vigili fecit bona plura.
M, c bis, x novies, nono, septembre timendo,
Finiit iste dies sub Mauritio moriendo.
Auxilium dictus, multis dedit ipse juvamen,
Sed nunquam fictus ; requiem sibi det Deus ! Amen."

Son frère, chanoine à Évreux, est connu sous le nom de Pierre L'Aide ou Layde (magister Petrus Layde).

Le cardinal Nicolas l'Aide, de Nonancourt, dont la cathédrale d'Evreux avait recueilli les restes, avait donc terminé sa carrière en 1299, le jour de la Saint-Maurice, c'est-à-dire le 22 septembre. Plusieurs obituaires confirment la date qui est assignée à la mort de Nicolas de Nonancourt par l'inscription de la cathédrale d'Evreux. Nous savons, en effet, que le chapitre d'Evreux célébrait chaque année, le 24 septembre, l'anniversaire de maître Pierre l'Aide et de son frère « sire Nicolas, prêtre cardinal du titre de Saint-Laurent « in Damaso ». A Rouen, c'était le 23 septembre que les chanoines priaient pour l'âme du « révérend père Nicolas de « Nonancourt, cardinal ». Le chapitre de Paris avait enregistré au 8 septembre l'obit de « sire Nicolas, prêtre cardinal « du titre de Saint-Laurent in Damaso ».

https://fr.qwertyu.wiki/wiki/Nicolas_de_Nonancourt

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Le motif du donateur tenant la maquette du vitrail qu'il offre se retrouve en baie 14 avec le comte Louis d'Évreux, ou en baie 207 avec Raoul de Ferrières.

 

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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Le tympan.

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La vitrerie géométrique ponctuée de soleils ondés date du 3ème quart du XVe siècle , et de la restauration du XIXe siècle.

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Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

Baies 16, 18 et 20 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item

BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

— BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

— FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

— GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

— LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

— xxx

http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

ENLUMINURES.

Jean Pucelle :

Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de Navarre (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
31 octobre 2019 4 31 /10 /octobre /2019 09:19

Les vitraux du XIVe siècle de la cathédrale d'Évreux : I. Les chapelles rayonnantes du déambulatoire. Les baies 10, 12, 14 (1301-1310) de la  chapelle du comte Louis d'Évreux .

Avant l'apparition du jaune d'argent.

La Vierge au chêne !

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Voir aussi :

Liste de mes 200 articles sur les vitraux : Pour la fin XIIIe ou le XIVe siècle, en Bretagne, j'ai déjà admiré la maîtresse-vitre de Dol-de-Bretagne (1290-1300), et à  Merléac, les baies 2 et 3 datant du  1er tiers XIVe.

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— Sur les vitraux de la cathédrale d'Évreux :

— Sur les fonds damassés :

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La parution récente d'un  article de Françoise Gatouillat sur les Vitraux français du XIVe siècle et les autres arts (Gatouillat 2019) m'incite à me replonger dans mes archives photographiques de la cathédrale d'Évreux.

Mon but (mon jeu) est de partir à la découverte du fameux Jaune d'Évreux parmi les vitraux de la cathédrale. Ce colorant n'apparut ici qu'au tiers du XIVe siècle, et je débuterai, par contraste ou pour le suspens, par les vitraux du début de ce siècle, et où, justement, ce pigment n'est pas encore utilisé.

Je débuterai ma visite dans le déambulatoire, juste à droite de la Chapelle d'axe ( qui, de toute façon, n'était pas encore construite au XIVe siècle ).

Dans un deuxième article, j'examinerai les trois baies de la chapelle voisine, les 16-18 et 20 datant de 1308, pour constater là encore l'absence du jaune d'argent. Et ainsi de suite dans les articles suivants (baies 22-24-26), avant d'arriver, au nord, aux verrières 25-27 offertes par l'évêque Matthieu des Essarts vers 1300-1310, et, enfin à la baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy des Plessis vers 1325-1330 : ce sera mon Île au Trésor, avec une belle pièce de verre bleu devenu vert sous l'effet du jaune d'argent : victoire !

Ainsi récompensé, je grimperai jusqu'aux baies (très) hautes du rond-point du chœur afin de continuer à me régaler : baie 200, puis 201, 204, etc..

Mon guide sera, bien-sûr, Françoise Gatouillat, orfèvre en la belle matière : Gatouillat 2001.

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Pourquoi m'imposer la contrainte de débuter par les vitres qui ne répondent pas à mes attentes ?

Ah, vous ignorez tout de la sérendipité, ou quoi ? Ici, ce sera la Vierge à l'Enfant tenant, savez-vous quoi ? Un chêne !!

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INTRODUCTION : LES VITRAUX DU DÉBUT DU XIVe SIÈCLE EN FRANCE (PARIS ET NORMANDIE).

Dans la seconde moitié du XIIIe siècle : les vitraux "en litre" :

 

"Au XIIIe siècle, la grisaille, ou vitrail ornemental sur verre blanc, s’est développée à partir de la forme tardive de la verrière à entrelacs dans laquelle de fins rubans sont combinés avec des rinceaux végétaux. Ce type de vitrail s’est rapidement enrichi d’éléments de couleurs (bordures, entrelacs, fermaillets) et devint prédominant dans les vitreries des cathédrales de France et d’Angleterre. Le goût croissant pour les grisailles s’explique non seulement par le coût moindre du verre blanc, mais surtout en raison du souhait des maîtres d’œuvre et des commanditaires d’apporter plus de lumière à l’intérieur des églises. La verrière dite « en litre », dans laquelle les panneaux figurés forment une bande de couleur dans une vitrerie en grisaille, devint la forme la plus répandue en France et en Angleterre au cours de la deuxième moitié du XIIIe siècle. La vitrerie composite, associant les ornements et les figures, était également connue dans les pays germaniques. " (Kurmann-Schwartz et Lautier)

 

Je me dresse auprès des bons auteurs  une petite liste des caractères des vitraux du XIVe siècle.

-Augmentation de la taille des baies gothiques flamboyantes

-Développement de grands chantiers : Paris, Rouen (cathédrale Notre-Dame et Saint-Ouen), Jumièges et Évreux

-Influence de l'enluminure parisienne : Jean Pucelle.

-Début de quelques représentations en perspective ( sous l'influence de Jean Pucelle)

-Introduction du jaune d'argent, permettant la réalisation de verres plus grands.

-Introduction de couleurs plus claires.

-Utilisation de verres colorés doublés. La gravure à l'acide des vitraux plaqués n'apparaîtra que plus tard, au XVe siècle.

-Développement de la production de verre dans les forêts de Normandie (Lyons-la-Forêt) et progrès dans la qualité et la taille des  ronds soufflés (cives) de 60 cm de diamètre.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Les trois baies  sont hautes de 5,20 m et larges de 2,70 m, et elles comportent chacune trois lancettes trilobées et un tympan à 4 soufflets et 2 écoinçons. Elle forment, dans la chapelle Saint-Joseph (dénomination du XIXe) un ensemble où le donateur, à droite, et son épouse à gauche sont agenouillés devant la Vierge à l'Enfant. Il s'agit de Louis de France, comte d'Évreux de 1298 à sa mort en 1319 et demi-frère cadet du roi Philippe IV le Bel, et de son épouse Marguerite d'Artois, épousée en 1301 et décédée en 1310 ou 1311 (ce qui fournit le créneau de datation des verrières).

Ils se détachent au centre de panneaux ornementaux clairs en verre blanc peints d'entrelacs géométriques  de rinceaux en grisaille et ponctués de fermaillets colorés bleu-rouge-jaune. Cette disposition témoigne du souhait de l'époque de bénéficier d'un meilleur éclairage du déambulatoire, en rupture avec les vitraux entièrement remplis de médaillons aux couleurs soutenues. Elle est autorisée par les progrès de l'industrie du verre, qui propose un verre blanc plus  fin et de plus grande taille.

Les bordures verticales  de chaque lancette où des fleurs de lys jaune se succèdent dans les entrecroisements bleus en losanges forment en réalité le motif héraldique des armes des comtes d'Évreux (celle de France avec la brisure d'Évreux)  d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bande componée d'argent et de gueules. Les blasons sont cités trois fois, dans des trilobes dans chacun des tympans, en réemplois parmi  des soleils ondés en grisaille et jaune d'argent qui datent de 1465-1470. Les armoiries se retrouvent aussi sur les vêtements des deux donateurs.

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Un registre inférieur a été ajouté vers 1450 à la suite de la concession de la chapelle à la famille du doyen Simon Chevestre.

Les baies ont été  restaurées avec modération par Duhamel-Marette en 1894

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La partie datant du début du XIVe siècle illustre une transition dans les nouveautés qui se mettront en place au XIVe siècle dans l'art du vitrail, et dont la cathédrale d'Évreux offre un des plus beaux témoignages. En effet, la place donnée aux verres blancs relève de ces changements, mais nous n'observons pas encore d'utilisation de jaune d'argent (le fameux  "jaune d'Évreux" !) qui ne fera son apparition ici qu'en baie 23 vers 1325-1330. 

Les couleurs  utilisées sont le bleu, le vert, le rouge et le jaune du XIIIe siècle (et aussi un rose pour la colonnade au dessus du donateur de la baie 14.

Les verres rouge sont d'une teinte hétérogène, marquée de stries blanches, et celles-ci suivent parfois (donateur de la baie 12) les courbes de la cive dans laquelle le verre a été taillé.

Les inscriptions, la couronne, les fleurs de lys et les pinacles à crochets ou autres détails d'architecture des dais sont réalisés en appliquant une couche de grisaille sur le verre (jaune le plus souvent), puis en l'ôtant pour faire apparaître le dessin. 

Au contraire, les trais des visages sont finement tracés à la grisaille.

Mais ces deux techniques ne sont nullement des innovations.

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Note : la fille de Louis d'Évreux et de Marguerite d'Artois, Jeanne d'Évreux, deviendra reine de France de 1325 à 1328  par son mariage avec Charles IV le Bel. Veuve et douairière depuis 1328,  elle fut enterrée à sa mort en 1371 à l'abbaye de Saint-Denis. Or, l'enlumineur Jean Pucelle (dont l'influence sur les cartons des vitraux d'Evreux après 1330 est reconnue) a orné le Livre d'Heures de Jeanne d'Évreux entre 1325 et 1328 et son Bréviaire à l'usage des franciscains après 1325. Une autre influence exercée sur la peinture sur verre de l'époque est celle de l'orfèvrerie, et on se reportera à la statue en argent doré de 69 cm de la Vierge à l'Enfant, réalisée entre 1324 et 1339, pour la comparer aux Vierges des baies du XIVe siècle d'Évreux.

 

Ces influences, qui s'exercent à partir de 1325, incitent à séparer les vitraux d'Évreux du XIVe postérieurs à cette date, de ceux qui lui sont antérieurs.

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AU CENTRE : LA VIERGE À L'ENFANT ET LOUIS D'ÉVREUX EN DONATEUR.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La Vierge au chêne.

Elle est debout sous un dais assez simple à ouverture trilobée sous une arcature à crochet encadrée de pinacles, sous une architecture plus complexe où la grisaille du verre jaune découpe des réseaux, des oculi, des gables à crochets tandis que des lancettes se détachent sur un verre rose.

Ce qui est extraordinaire ici, c'est que la Vierge tient dans sa main non pas un sceptre ou un lys, mais un chêne muni de ses racines !

Je crois halluciner, mais il faut se rendre à l'évidence : c'est bien un arbre, doté du chevelu racinaire, de quatre petites branches feuillues, et d'une cime à trois ou quatre feuilles. Je veux bien concéder que l'essence de l'arbre est discutable, entre un chêne et un érable.

Je ne parviens pas à trouver d'autre exemple iconographique. Ni à trouver ce détail mentionné dans  une description de ce vitrail.

Quelle en est la signification ? La plus évidente est de voir là une allusion à  l' Arbre de Jessé. La Vierge (qui est couronnée) montrerait à son Fils son ascendance royale  et son appartenance à la Maison de David.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La vue de détail montre la finesse de la peinture en grisaille des traits de l'enfant, montre aussi la grâce de son geste d'argumentation, et révèle qu'il tient un objet (pomme ou globe) dans la main. Le Fils et la Mère se regardent.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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LE DONATEUR,  LE COMTE LOUIS D'ÉVREUX.

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Il est agenouillé mains jointes et levées devant la Vierge, et il porte une tunique à ses armes. 

Le dais trilobé  à gable à crochets renferme l'inscription (lavis de grisaille sur verre blanc) en lettres gothiques ornées d'extrémités serpentines :

LUDÕ

COMES

EBR~ :

soit DÕ LUDO[VICUS] COMES EBROICENSIS (les abréviations étant indiquées par des tildes sur les O et le R ).

Les lettres DÕ peuvent correspondre  soit à DONUM, soit à  DOMINUS. Je penche pour la première solution, en adéquation avec la scène, et je traduis par : "DON DE LOUIS COMTE D'ÉVREUX". La seconde lecture a été adoptée par Bernard de Monfaucon puis par  Eugène Baretsk dans un article de L'Artiste de 1837, mais en ajoutant un M (DOM) qui n'est pas observé aujourd'hui.

Les premières lettres DO ont été omises dans les transcriptions de Lebeurier, puis  de F. Gatouillat pour le Corpus, mais elles sont précieuses dans l'étude des figures de donateurs de vitraux, surtout si elles qualifient bien celui-ci comme donateur, ce qui sera plus clair sur la peinture de la baie 14 où le comte tend à la Vierge le vitrail stylisé.

En fait, la même inscription sur la baie 14 montre plutôt un signe abréviatif  9 (pour -us) qu'un tilde, ce qui affaiblit ma suggestion.

On comparera cette représentation à celle de son gisant : 

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Gisant de Louis, Comte d'Évreux. © Jean-Christophe Ballot - Centre des monuments nationaux.

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Notez le verre rouge aux stries concentriques.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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LA DONATRICE : LA COMTESSE MARGUERITE.

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La donatrice Marguerite d'Artois est représentée dans une attitude de donatrice symétrique de celle de son mari. Elle est coiffée d'un voile qui cache également sa gorge, ce qui n'est pas très éloignée de la mentonnière de son gisant :

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Gisant de Marguerite d'Artois dans la basilique de Saint-Denis. © Pascal Lemaître - Centre des monuments nationaux.

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Elle avait fondé cette chapelle et un obit de 100s. était versé chaque année à l'Ascension pour elle, pour son mari Louis et pour un certain Simon, comte d'Évreux

L'inscription indique :

MAR

GAR~:

COMITIS

SA : EBR~

MARGARITA COMITISSA EBROICENSIS, "Marguerite, comtesse d'Évreux."

 

La représentation de la comtesse et du comte sur ce vitrail a été recopiée, avec le relevé des inscriptions, et publiée en 1730 sur la planche 38 des Monuments de la monarchie française de Bernard de  Monfaucon, tome II page 214.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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En baie 14 : à nouveau le donateur.

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Nous retrouvons l'inscription :

LUDÕ : COMES

EBR~ 

Mais la grande différence est que Louis d'Évreux présente ici une maquette de la fenêtre qu'il offre à Notre-Dame.Une maquette à deux lancettes à losanges décoratifs, surmonté d'un oculus polylobé.

Ce motif de la donation d'un vitrail se retrouve entre 1325 et 1330 en baie 23 offerte par l'évêque Geoffroy du Plessis et en  baie 207 offerte par le chanoine Raoul de Ferrière.

La présence d'un éperon en verre jaune montre que le comte est représenté ici en armure, et que les marques des bras et jambes témoignaient d'une cotte de maille, tandis que la "robe" armoriée était un tabard.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Le registre inférieur : Saint Nicolas et saint Yves, Pietà, Jehan Chevestre, son épouse et sa fille.

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Vers 1450 (F. Gatouillat) ou 1460, la famille du doyen du chapitre cathédrale  Simon Chevestre a obtenu la concession de la chapelle qu'éclairent les trois baies 10, 12 et 14. Le registre inférieur de la baie 14 montre cette famille en donateurs, tandis que deux saints et une Pietà occupe celui de la baie 10, les six panneaux formant un ensemble puisque chaque personnage occupe une niche voûtée à clefs pendantes et à sol carrelé devant une tenture damassée par des feuillages : les trois donateurs sont tournés vers la Vierge tenant le corps de son Fils, encadrée par deux saints issus du clergé (un évêque, Nicolas, et un juge ecclésiastique, Yves).

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La baie 10 : saint Nicolas, la Pietà, et saint Yves.

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1. Saint Nicolas ressuscitant les trois étudiants (ou petits enfants).

Les personnages, le sol, le siège du saint et le baquet sont peints à la grisaille sur des verres blancs (les plombs de casse ne permettent pas de dire combien ) tandis que la tenture de fond est en verre bleu, au motif de damas feuillagé. La grisaille est rehaussée au jaune d'argent, d'usage courant pour cette partie datant du XVe siècle. La scène du miracle légendaire est représentée dans une niche octogonale voûtée.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La Vierge de Pitié.

Le buste de la Vierge a été restauré. 

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Saint Yves.

L'Official de Tréguier, patron des avocats et juristes, est représenté coiffé du bonnet rouge de docteur et vêtu d'une robe aux bordures et camail d'hermines. Il tient un rouleau de parchemin, témoin de son activité d'étude des pièces de procès. Surtout, il fait un geste caractéristique d'argumentation, index tendu, selon une tradition que j'ai déjà examiné à Saint-Ségal à propos de deux exemples :

http://www.lavieb-aile.com/2019/07/saint-segal-le-calvaire-du-bourg.html

http://www.lavieb-aile.com/2019/07/la-chapelle-saint-sebastien-en-saint-segal-l-arc-de-triomphe.html

Il ne peut y avoir de doute sur son identification.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La baie 14 : la famille Chevestre, en donateurs.

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1. Jean Chevestre.

L'homme chenu est agenouillé à son prie-dieu, l'aumônière à la ceinture, et vêtu d'une riche robe rouge fourrée au col et au poignets, un vêtement fréquemment retrouvé chez les donateurs de vitraux normands et témoignant de la respectabilité de leurs fonctions. En effet, Jehan Chevestre, identifié par l'inscription, était procureur du roi pour le baillage d'Évreux de  1447 à 1449,  et en 1461.

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Inscription indique : JEHAN :  CHEVE----E : LEUR FILZ.

On peut néanmoins s'interroger sur le sens de cette inscription : de quel fils s'agit-il ? 

On relie ce personnage à Simon Chevestre, Docteur en Décret,  Prieur de la Madelaine de Neubourg ,  seigneur en Saint-Germain-des-Angles,  chantre puis trésorier puis doyen vers 1460 des chanoines de la cathédrale d'Évreux, et autrefois (1458) prébendé à Sainte-Colombe-la-Campagne (ou de la Commanderie).

"Simon Chevestre, qui pour lors occupoit la dignité de doyen en l'eglise cathedrale d'Evreux, auparavant prebendé de Ste Collombe, dont les sieurs de Harcour sont fondateurs, osmona au chapitre d'Evreux le fief de St Germain des Angles, et fit faire l'image d'argent de la mere de Dieu, qui est au dessus de l'autel du chœur. Il fonda en l'an 1439 le service qui se dit le dernier jour de decembre, feste de Ste Collombe, en la chapelle de Ste Anne, en l'eglise de Nostre Dame d'Evreux."

 

Il était encore en vie en 1458, date d'un bail en 1458 passé par Simon Chevestre, doyen :  vénérables et discrètes personnes Maistres Simon Chevestre, Jehan .... ...et en lieu de maistre Simon Chevestre, prebtre, doyen d'Evreux et seigneur en son Saint-Germain-des-Angles

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"CHEVESTRE des CHAPELLES (de). Armes : d'azur à trois hiboux d'or, 2 et 1, ceux du chef surmontés d'une étoile du même.

Le nom de CHEVESTRE est celui d'une ancienne famille noble de Normandie sur laquelle on n'a pu se procurer que des renseignements insuffisants.

Maître Simon Chevestre, docteur en décret, était vers 1458 chanoine prébende de Sainte-Colombe et doyen d'Évreux. Il fit don au chapitre d'Evreux du fief de Saint-Germain-des-Angles ; il fit également don à la cathédrale d'Évreux d'une statue de la Vierge, en argent.

Jacques de Chevestre épousa vers 1560 Marie de Mauvoisin, héritière de l'importante seigneurie de Cintray, dans l'élection de Verneuil. Il était veuf quand, en 1577, il fit, au nom de sa défunte épouse,

une présentation au bénéfice de Cintray. D'après un tableau très sommaire conservé dans les Dossiers bleus, tableau qui malheureusement n'est accompagné d'aucune date, ce Jacques de Chevestre aurait été fils d'Etienne de Chevestre et de Thomasse Guercy, petit-fils de Jean de Chevestre et arrière-petit-fils de Robert de Chevestre.

https://archive.org/stream/dictionnairedesf10chai/dictionnairedesf10chai_djvu.txt

 

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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La donatrice.

L'inscription indique : MARIE :FEMME DUDICT DEFUNCT.

Là encore, il nous manque des informations pour préciser qui était le mari de cette veuve. Elle est vêtue d'une grande robe bleue à décolleté en V serrées par une ceinture portée très haut. Elle porte une coiffe rouge à cornette. 

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

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Autre donatrice, Jeanne d'Alorge.

Le verrier a repris le carton du panneau précédent.

L'inscription indique Jeanne, fille de Robert Alorge et nièce des précédents.

Un acte de 1689 mentionne ces deux familles Chevestre et Allorge à Evreux (à propos de la rivière l'Iton).

La famille Allorge est une famille rouennaise annoblie en 1396.

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Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

Baies 10, 12 et 14 de la cathédrale d'Évreux. Photographie lavieb-aile 2018.

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

L'art du vitrail : le Jaune d’Évreux. Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, nitrate ou sulfure) et d'ocre. Historiquement, la composition des premiers vitraux rassemblaient essentiellement les couleurs rouge, bleue, jaune et verte. Une nouvelle technique de coloration apparaît en Occident au début du XIVe siècle, elle s'applique au revers de la pièce avant cuisson et permet de teinter localement le verre sans coupe ni mise en plombs supplémentaires. L'apparition de cette méthode coïncide avec une évolution fondamentale de l'esthétique et du style de l'art de la peinture sur verre. Le procédé donne alors une palette de couleurs enrichie : les teintes obtenues varient du jaune clair (chlorure d'argent + ocre), au jaune orangé (sulfure d'argent + ocre), en passant par le vert quand il est apposé sur un verre bleu. A la même époque, la qualité des verres s’améliore, ils sont plus fins, plus réguliers et l'utilisation de verres incolores permet d'éclairer largement les verrières. L'une des plus belles verrières de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle SaintLouis (la 4ème côté nord du chœur). Il s'agit de la baie 23, dont les panneaux ont été exécutés vers 1325-1330 avec l'emploi du jaune d'argent, notamment sur verre bleu. Les verrières des lancettes représentent l'évêque Geoffroy agenouillé en donateur, un chanoine, la Vierge à l'enfant et la charité de saint Martin. La qualité du jaune d'argent utilisé par le maître-verrier a fait notamment la renommée des vitraux de la cathédrale lui donnant le nom de jaune d'Évreux, passé à la postérité.

L'art du vitrail. Le jaune d'argent est un mélange de sels d'argent (chlorure, sulfure, iodure, oxyde d'argent, etc.) et d'un cément (ocre ou argile calcinée). Historiquement, ce mélange était inconnu pour la composition des premiers vitraux, qui rassemblaient essentiellement des couleurs rouge, bleue et verte. Ce nouveau sel apparaît en Occident au tout début du XIVe siècle et entraîne avec lui une révolution dans l'art du vitrail et de la peinture sur verre. Comme il s'applique facilement au revers d'une pièce avant cuisson, on peut désormais ajouter la couleur jaune sur le verre sans être obligé de souder des pièces différentes par du plomb.
Le procédé donne accès à une palette supplémentaire de couleurs : les teintes obtenues varient selon que l'on utilise du chlorure d'argent et de l'ocre (jaune clair) ou du sulfure d'argent et de l'ocre (jaune orangé). Sur un verre bleu, il donne du vert.
Notons en outre que, à la même époque, la qualité des verres s’améliore. Plus fins, plus réguliers, plus limpides, ils vont permettre aux verrières de s’éclaircir grâce à l’utilisation de verres incolores et... de grandir en beauté. Le jaune d'argent est idéal pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres - tout ce qui est jaune ou blond dans la réalité - ainsi que certains éléments architecturaux (vitreries ornementales et grisaille décorative rehaussée de jaune d'argent).
Pour certains passionnés de vitraux, la plus belle (et la plus célèbre) verrière de la cathédrale d'Évreux se situe dans la chapelle Saint-Louis (la quatrième chapelle dans le déambulatoire nord). Au début du XIVe siècle, un maître verrier de la ville utilisa la nouvelle couleur à base de sels d'argent qu'on venait d'inventer. Comme tout nouveau procédé (utilisant de plus un métal précieux), il était coûteux. Mais la gamme supplémentaire de couleurs qu'il autorisait lui assura une diffusion rapide dans toute la France. Á Évreux, la qualité du jaune d'argent utilisé par ce maître verrier a fait que le jaune d'Évreux est passé à la postérité.
Dans la galerie des vitraux, vous pouvez voir l'ensemble de la verrière de la chapelle Saint-Louis ainsi que les célèbres petits panneaux historiés en gros plan.

Nef – côté nord : chapelle Saint-André chapelle Saint-Nicolas chapelle Saint-Sébastien chapelle Notre-Dame du Mont Camel chapelle Saint-Aquilin

Chœur – côté nord chapelle Saint-Fiacre chapelle des Saints Évêques d'Évreux chapelle Sainte-Thérèse chapelle Saint-Louis chapelle Saint-François chapelle du Rosaire chapelle du Sacré-cœur Chapelle axiale chapelle de la Mère de Dieu

Chœur – côté sud : chapelle Saint-Joseph chapelle de l'immaculée conception chapelle Sainte-Catherine chapelle Notre-Dame de Liesse chapelle du Trésor

Nef – côté sud : chapelle de la Bonne-Mort chapelle Sainte-Anne chapelle de l'Annonciation chapelle des Saints-Anges chapelle des Fonts-Baptismaux

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Les chapelles des bas-côtés de la nef datent du XIVe siècle. Tous les fenestrages ont été refaits à la fin du XVe siècle mais les voûtements et les colonnettes intérieures sont du XIVe siècle. Les voûtes sur croisées d'ogives à pénétration, dotées de clefs pendantes appartiennent à l'art gothique flamboyant. Les chapelles du chœur sont bâties entre 1260 et 1310. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475, et l'ancienne vitrerie a été intégrée au nouveau remplage.

La chapelle de la Mère de Dieu, plus vaste avec ses trois travées, témoigne de la première phase du gothique flamboyant avec l'abolition des murs, l'amincissement en amande des structures de pierre et la prédominance des vitraux. Couverte par des voûtes sur croisées d'ogives finement moulurées, elle s'éclaire par des fenêtres formées de lancettes trilobées supportant une grande fleur de lys en référence au roi Louis XI qui en a financé la construction et les verrières.

L'édification du chœur s'échelonne sur une période comprise entre 1260-1310. Le sanctuaire est conçu selon le style du gothique rayonnant (technique et esthétique) : l'architecture doit permettre de laisser entrer la lumière divine. Pour cela, les fenêtres sont élargies, les murs pleins disparaissent au bénéfice des vitraux et les faisceaux de colonnettes sans rupture jusqu'à la voûte accentuent l'effet de verticalité. Le chœur, d'un plan plus large que la nef, présente une élévation à trois étages : les grandes arcades en arcs brisés finement moulurés, le triforium éclairé de vitraux, et les fenêtres hautes. La première travée du chœur, de forme trapézoïdale, permet le raccordement à la croisée du transept. Cette structure si particulière est due à la nécessité de compenser la différence avec l'ancien transept roman dont l'écartement des piles était plus étroit. Le triforium ajouré présente une division en quatre baies de style flamboyant : lancettes trilobées affinées en accolade, balustrades, profusion de l'ornementation (choux frisés).

Les fenêtres hautes composées de quatre lancettes trilobées sont surmontées d'une rose. Les voûtes sur croisées d'ogives sont ornées de clés de voûtes décorées de couronnes de feuillage.

Au rond-point, la clef recevant les huit branches d'ogives figure un buste d'évêque bénissant de la main droite et tenant une croix dans la gauche.

Le déambulatoire s'ouvre sur treize chapelles rayonnantes dont la plus profonde dans l'axe est la chapelle de la Mère de Dieu.

Les vitraux. Série remarquable de vitraux des XIIIe , XIVe , XVe et XVIe siècles, avec l'emploi des techniques de la grisaille, du jaune d'argent et des très nombreux montages en chefs-d’œuvre, figurant notamment les donateurs et bienfaiteurs de l'édifice : rois de France, évêques, chanoines ou grands seigneurs locaux.

Les chapelles renferment les vitraux les plus anciens de la cathédrale : des petits panneaux de la fin du XIIIe et du début du XIVe siècles (nef côté sud et déambulatoire)

La nef possède encore de très beaux vitraux :

5e baie nord : une Vierge à l'Enfant et l'évêque Guillaume Cantiers, qui offrit la verrière pour son avènement en 1400.

6e baie nord : Annonciation (XVe ).

5e baie sud : St Paul et St Vincent. Don de l'évêque Paul Capranica (1420- 1427).

Le chœur est orné de magnifiques vitraux du XIVe siècle, l'une des plus belles séries qui soit en France :

1° baie nord : Verrière des trois Marie, vers 1450.

2° baie nord : Blanche d'Avaugour, Vierge à l'Enfant, Ste Catherine, Guillaume d'Harcourt (avant 1320).

3° baie nord : Vierge à l'Enfant, St Pierre Pape, Pierre de Mortain, St Denis (vers 1390).

4° baie nord : Chanoine Raoul de Ferrières et Vierge à l'Enfant (avant 1330). Verrière célèbre pour sa couleur jaune, le fameux « jaune d'Évreux ».

5° baie nord : St Bernard et St Taurin (1376-1383).

6° baie nord : Bernard Cariti et Vierge à l'Enfant. Cette verrière et la précédente ont été offertes par l'évêque Cariti (1376-1383).

7° baie nord : Annonciation, offerte par l'évêque Geoffroy Faë (1335-1340).

8° baie axiale : Vierge à l'Enfant et St Jean-Baptiste offerte par l'évêque Jean Du Pré (1328-1333).

9° baie sud : Couronnement de la Vierge, offerte par l'évêque Geoffroy Faë (1335-1340).

10° baie sud : St Jean et St Martin (Geoffroy Faë).

11° baie sud : St Michel et St Maur (Geoffroy Faë).

12° baie sud : Assomption et Blanche d’Évreux (fin XIVe ).

13° baie sud : Vierge à l'Enfant, Charles VI et St Denis, offerte par la reine Blanche (fin XIVe ).

14° baie sud : St Aquilin, Vierge à l'Enfant, chanoine R. de Molins, St Taurin (vers 1330).

15° baie sud : Ste Foy, Crucifixion, St Pierre, St Aubin (XVe ).

 

 

Les chapelles rayonnantes

Les chapelles du chœur sont bâties entre 1260 et 1310. Elles sont toutes dotées de fenestrages flamboyants vers 1470-1475, et l'ancienne vitrerie a été intégrée au nouveau remplage.

Au nombre de treize, elles sont fermées par des clôtures de bois sculptés du xve au xviie siècle. À l'entrée du bas-côté sud de la nef, se trouve également un calvaire de terre cuite du xviiie siècle.

Chapelles nord (d'ouest en est) :

  • La première chapelle nord contient un retable peint anonyme, du xviie siècle

  • Chapelle des saints évêques d'Évreux : elle possède une clôture de la fin du xve siècle de style gothique flamboyant. Un enfeu, vide aujourd'hui, contenait le gisant en cuivre de Mathieu des Essarts4.

  • Chapelle Saint-Louis et Jeanne-d'Arc

  • Chapelle du Rosaire : clôture flamboyante et renaissante.

Chapelles sud (d'est en ouest) :

  • Chapelle Saint-Joseph: clôture du xvie siècle.

  • Chapelle de l'Immaculée Conception: clôture renaissance, donnée par la famille Les Postel des Minières.

  • Chapelle Sainte-Catherine et Saint-Jean-Baptiste (surnommée au xvie siècle la « chapelle des paresseux »): clôture Renaissance

  • Chapelle Notre-Dame de Liesse : elle contient la clef de voûte de l'ancienne église Notre-Dame de la Ronde.

  • Chapelle du Trésor : elle dispose d'une armoire en chêne qui contenait jusqu'au 12 novembre 1792 le trésor de la cathédrale. Cette armoire, œuvre des huchiers d'Évreux, a été réalisée entre 1464 et 1467.

Nef – côté nord : chapelle Saint-André chapelle Saint-Nicolas chapelle Saint-Sébastien chapelle Notre-Dame du Mont Camel chapelle Saint-Aquilin Chœur – côté nord chapelle Saint-Fiacre chapelle des Saints Évêques d'Évreux chapelle Sainte-Thérèse chapelle Saint-Louis chapelle Saint-François chapelle du Rosaire chapelle du Sacré-cœur Chapelle axiale chapelle de la Mère de Dieu Chœur – côté sud : chapelle Saint-Joseph chapelle de l'immaculée conception chapelle Sainte-Catherine chapelle Notre-Dame de Liesse chapelle du Trésor Nef – côté sud : chapelle de la Bonne-Mort chapelle Sainte-Anne chapelle de l'Annonciation chapelle des Saints-Anges chapelle des Fonts-Baptismaux

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Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07 – Janvier 2016 – Annick GOSSE-KISCHINEWSKI - Virginie HENRY L'histoire de la Cathédrale d’Évreux Évreux, ancienne cité gallo-romaine appelée au IV e siècle Mediolanum Aulercorum, est implantée au fond de la vallée de l'Iton. Reliant Lisieux, Chartres, Rouen et Paris, elle constitue pour les grandes villes de l'époque un point de convergence et un trait d'union. La tradition attribue à saint Taurin, premier évêque d’Évreux, l'évangélisation de la ville. La cathédrale Notre-Dame d’Évreux s'impose de par sa majesté au cœur du centre-ville. L'édifice présente une composition architecturale assez hétéroclite témoignant de son histoire au fil des siècles ; ainsi s'explique le mélange des styles roman, gothique rayonnant et flamboyant, Renaissance. Bien appartenant à l’État, elle est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1862. Probablement élevée à l'emplacement de la basilique païenne, dont aucun vestige ne subsiste, la cathédrale d'Évreux est mentionnée pour la première fois dans la Chronique de Guillaume de Jumièges. En 912, lors de son baptême, Rollon, chef viking et fondateur de la Normandie, fait une donation en faveur de la reconstruction de la cathédrale qu'il avait brûlée. Cette église a sans doute été plusieurs fois restaurée durant les décennies suivantes et un nouvel édifice est entrepris au milieu du XI e siècle. Il est consacré par l'archevêque de Rouen et l'évêque d'Évreux Gilbert en 1076. Incendiée en 1119 par Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre, la cathédrale est reconstruite entre 1125 et 1140 par ce roi, menacé d'excommunication. Les grandes arcades de la nef actuelle et le triforium de la première travée datent de cette époque. En 1194, la cathédrale est de nouveau incendiée par le roi de France Philippe-Auguste alors en lutte avec Richard Cœur de Lion. Toutes les parties hautes de la nef sont alors détruites, seules les 1/7 Pour aller plus loin : Annick Gosse-Kischinewski, Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Évreux, Les Colporteurs, 1997 Corpus Vitrearum, Les vitraux de Haute-Normandie, Monum, éd. Du patrimoine,2001. Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le patrimoine en Normandie, éd. Place des Victoires, 2008. grandes arcades subsistent. Les travaux de réfection interviennent tardivement, vers 1230, malgré la demande d'indulgences dès 1202 ; le triforium, les fenêtres hautes et les voûtes sont achevés en 1253. La reconstruction du chœur, dans le style gothique rayonnant, commence vers 1260 et s'achève vers 1310. En 1356, Jean le Bon, assiège la ville et la cathédrale est une nouvelle fois la proie des flammes. Puis, nouvel incendie en 1379 par les troupes du roi Charles V. La première travée du chœur est reprise, puis les travaux de restauration du transept roman sont entrepris sous les règnes de Charles VI (1380-1422) et Charles VII (1422- 1461). Les architectes "rhabillent" l'ancien transept dans le style gothique flamboyant. Puis, dès 1461, les grandes libéralités de Louis XI permettent l'achèvement du transept, avec sa façade sud et l'édification de la tour lanterne avec sa flèche, terminée en 1475. Louis XI fait aussi bâtir la bibliothèque, le "revestiaire" (sacristie), une aile du cloître et la chapelle axiale dédiée à la Mère de Dieu. Toutes les chapelles des bas-côtés de la nef avaient été aménagées au XIVe siècle mais l'ensemble des fenestrages est refait pendant le règne de Louis XI (1461-1483). Le croisillon nord est élevé par l'architecte Jean Cossart (mort avant 1509), dans la grande lignée des grands portails de style gothique flamboyant de la fin du XVe – début XVIe siècle. La cathédrale est de nouveau consacrée en 1548. Entre 1575 et 1591, le portail occidental est agencé entre les deux tours de l'ancienne façade harmonique romane. Dès 1609, la tour nord est construite par l'architecte parisien François Galopin, et sera achevée en 1631 par le couronnement d'un dôme en pierre, appelé « GrosPierre ». Le XVIIIe siècle est consacré à l'aménagement intérieur de la cathédrale : confection des grilles du chœur en 1747, refonte des deux cloches en 1760, installation d'un maître d'autel et d'un autel de la Sainte-Vierge en 1764, divers travaux de dallage de 1782 à 1785 et la restauration de l'orgue (1774-1778) du facteur Jean-Baptiste Nicolas Lefebvre de Rouen et du menuisier Dubois d’Évreux. Le XIXe siècle est celui des restaurations : réfection des bases de la tour en 1816, reconstruction de la flèche en 1826, réparation des verrières en 1826 et 1838, restauration des parties hautes de la nef de 1874 à 1887 et du chœur en 1896. En 1874, l'architecte Darcy, soutenu par Viollet-le-Duc, se charge de la restauration complète des voûtes et des arcs boutants de la nef, modifiant considérablement l'aspect de l'édifice connu depuis le XIIIe siècle. Au XXe siècle, plusieurs campagnes de restauration interviennent sur la dernière travée de la nef et celle sous les tours, ainsi que sur la flèche, anéanties suite à l'incendie du 11 juin 1940 qui endommagea considérablement Notre-Dame d'Évreux, détruisant le buffet d'orgue du XVIIIe siècle. Depuis les vingt dernières années de notre siècle, d'importants travaux sont entrepris, à l'image des chantiers pour la restauration du transept nord et des pinacles, la mise en sécurité de l'édifice et l'installation d'un orgue contemporain. La composition générale de l'édifice. De plan en croix latine, la Cathédrale Notre-Dame d’Évreux comprend une nef de huit travées, dont la première est enserrée entre les deux tours occidentales, flanquée de bas-côtés s'ouvrant sur dix chapelles latérales. Le chœur de quatre travées présente une largeur légèrement supérieure par rapport à la nef, le déambulatoire est bordé de treize chapelles rayonnantes, dont celle du Trésor (grille de 1470) et la chapelle axiale de « la Mère de Dieu » de plan allongé et pentagonal. 2/7 Le transept peu saillant est surmonté à sa croisée d'une haute tour-lanterne ; il s'ouvre, au sud-ouest, sur la grande sacristie, et au sud-est, sur la petite sacristie. Derrière le mur nord-ouest se trouve une grande salle voûtée servant de réserve au clergé (ancienne bibliothèque). Enfin, le cloître, autrefois à double étage, n'a toujours comporté que deux ailes. Prolongée jusqu'à l'évêché au XIXe

L'architecture extérieure de l'édifice. La façade principale Ouest présente une architecture de style Renaissance et classique avec la référence aux ordres antiques. Elle a été successivement édifiée entre la fin du XVIe et le milieu du XVIIe siècles par différents architectes. Le massif de façade conserve les deux tours de tradition normande. La Tour Sud. Le gros-oeuvre date du XIIe siècle et a été entièrement rhabillé vers 1573 sous l'évêque Gabriel Le Veneur. Elle s'élève sur cinq niveaux, présente une ordonnance variée, dont un entablement classique avec une frise alternant triglyphes et métopes. Avant l'incendie de juin 1940, la tour était coiffée d'un clocher octogonal en charpente bois avec abat-sons et courte flèche. Il ne fut pas rétabli car jugé disgracieux. La tour Nord, commencée en 1609, conduite à partir de 1612 par l'architecte François Galopin, a été achevée vers 1631. L'effet monumental est créé par l'élévation à trois étages, identique à la tour Sud, enrichi d'un beffroi de plan carré légèrement en retrait et abritant les cloches, lui-même surmonté d'un lanternon de forme polygonale en retrait. Les colonnes et pilastres accentuent la verticalité donnée à cette tour. Au sommet, un lanternon porte la croix. Le portail. La porte centrale est resserrée entre les deux tours et s'inscrit dans un cadre plein cintre. Elle a été exécutée sous l'épiscopat de Claude de Saintes (1575- 1591) et restaurée au XIXe siècle. La rosace aux formes arrondies, supportée par une série de colonnades, appartient au style de la Renaissance. Le pignon sommital est percé de deux oculi. De plan octogonal, la structure actuelle de la Tour Lanterne date de sa reconstruction après l'incendie du 11 juin 1940 : une restauration à l'identique sur la base de plans du XIXe siècle et d'anciennes photographies. La tour est flanquée de minces tourelles octogonales. Devant les grandes fenêtres à l'ouest trônent deux statues superposées installées au XIXe siècle : la Vierge à l'enfant et l'évêque saint Taurin. La flèche, formée de grands triangles ajourés sur quatre niveaux est recouverte de plaques de plomb. Depuis 2002, elle est couronnée d'une croix et d'une tige portant un coq. L'ensemble culmine alors à 78,15 mètres du sol. 3/7 DIMENSIONS Longueur totale hors œuvre : 108,87 m Nef : Longueur : 43,47 m Largeur totale : 25,42 m Hauteur sous voûte : 21,75 m Chœur : Longueur : 27,50 m Largeur : 31,60 m Hauteur sous voûte : 24,10 m Transept : Longueur : 31,50 m Largeur : 7,00 m Hauteur sous voûte : 2,21 m Hauteur sous la lanterne : 45,00 m Hauteur de la flèche : 75,00 m Hauteur avec la croix et le coq : 78,15 m L'élévation de la façade nord de la nef est simple et homogène grâce aux fenestrages refaits au XVe siècle. Le premier niveau abrite les chapelles du XIVe siècle, à l'étage les minces arcs-boutants ont été refaits au XIXe siècle, les fenêtres hautes de la nef de style rayonnant ont été restaurées mais sont fidèles au style du XIII e siècle. La couverture et la charpente en béton ont été entièrement reprises suite à l'incendie de juin 1940. Le portail Nord. La façade du bras nord a été élevée vers 1504 par l'architecte Jean Cossart de style gothique flamboyant. Elle fait écho aux édifices de Senlis et Beauvais et compte parmi les beaux exemples de France. La monumentalité de l'architecture flamboyante de ce portail illustre la recherche de la verticalité, la richesse et la profusion du décor sculpté du début du XVI e siècle. Les deux tourelles à six pans abritent les escaliers disposés de chaque côté et sont surmontées d'un lanternon octogonal coiffé d'une pyramide à fleurons. L'effet sculptural donné par les nombreuses niches, consoles, dais et gâbles, révèlent des jeux d'ombre et de lumière (architecture des pleins et des vides) sur la façade. Le grand portail ébrasé est encadré d'archivoltes redentées de petits bouquets de chardons. Le tympan a perdu son décor figuré à la Révolution Française. L'ensemble est surmonté d'un imposant gâble ajouré d'un réseau flamboyant. La porte du XVI e siècle laisse entrevoir la trace de trois personnages, l'iconographie reste toutefois difficile à interpréter. La rosace est un chef d’œuvre de légèreté, inscrite dans une accolade élancée, le jeu de courbes et contre-courbes, les plans décalés attirent le regard vers le haut. La façade Sud de la cathédrale présente une architecture plus sobre, en contraste avec celle du nord. Les fenestrages des chapelles ont été refaits au XVe siècle sur un modèle proche de celui du nord. Néanmoins, l'ornementation est soignée : quelques sculptures figuratives, de la faune, des grotesques et des personnages fantastiques. La balustrade de la nef ne présente pas de gâbles dentelés comme au nord. Quant aux contreforts, un simple décor de pyramidions les habillent sans cacher la rigidité des arcs-boutants du XIXe siècle. La nudité de la façade du croisillon sud, accentuée par la disparition de l'étage du cloître, contraste avec la luxuriance de la façade du portail Nord. La rose qui surplombe le portail sud dite « Rose du Paradis », célèbre pour ses tons doux, représente le Couronnement de la Vierge (XVe siècle). Construit à la fin du XIIIe siècle, le chevet conserve une homogénéité d'ensemble avec un parfait équilibre des différents styles apportés au fil du temps. Il est caractérisé par la verticalité des trois étages (chapelles, triforium, fenêtres hautes), accentuée par les clochetons qui le couronnent sur le pourtour. L'architecture intérieure et la distribution de l'édifice. La nef présente une élévation à trois étages : grandes arcades, triforium, fenêtres hautes. Les premières grandes-arcades en plein cintre de la nef remontent au XII e siècle ; elles reposent toutes sur des piliers cantonnés de neuf colonnettes engagées. L'ornementation des chapiteaux alterne entre des motifs simples géométriques ou de feuillages, et des motifs d'entrelacs et figures grimaçantes. Le triforium aveugle de style gothique rayonnant comprend quatre arcatures trilobées reliées par une balustrade ajourée. Les fenêtres hautes sont divisées en quatre lancettes trilobées et surmontées d'une rose. Les formes arrondies du réseau et du décor témoignent du style gothique rayonnant. Suite à l'incendie de 1194, les étages supérieurs, triforium, fenêtres hautes et voûtes sur croisées d'ogives, sont reconstruits au XIIIe siècle (1240) par Gauthier de Varinfroy, maître d’œuvre de la cathédrale de Meaux.

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SOURCES ET LIENS.

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— Histoire des évêques d'Évreux : avec des notes et des armoiries / par M. A. Chassant,... et M. G.-E. Sauvage,..1846.

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k95305k/f101.item

—BONNENFANT (Georges),1939, Notre-Dame d’Evreux (Paris: H. Laurens, 1939), 43-44, pl. 16;

— BOUDOT ( Marcel), 1966,“Les verrières de la cathédrale d’Evreux: Cinq siècles d’histoire,” Nouvelles de l’Eure 27 (1966), 28-29.

 

BOUSQUET (Jacques et Philippe), 2019, Donateurs avec la Madone, le cas de la cathédrale d'Evreux, site artiflexinopere.

https://artifexinopere.com/?p=17412

 

FOSSEY Jules  1898, Monographie de la cathédrale d'Evreux par l'abbé Jules Fossey,... Illustrations de M. Paulin Carbonnier,...

GATOUILLAT (Françoise), 2019, "French 14-th-century stained glass and other arts", in Investigations in Medieval Stained Glass, Materials, Methods and Expressions, Brill ed., pages 374-385

 — GATOUILLAT (Françoise), 2001, "Les vitraux de la cathédrale d'Évreux", in CALLIAS-BEY, M., CHAUSSÉ, V., GATOUILLAT, F., HÉROLD, M., Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum France, Recensement des vitraux anciens vol. VI, Ed du CNRS / Monum ed. du patrimoine. Paris, pages 143-161.

GAVET Philippe, Si l'art m'était conté. La cathédrale d'Évreux.

  http://www.philippe-gavet.fr/05/36/index.html

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ) et  Françoise Gatouillat, La cathédrale d’Evreux, Evreux, Hérissey, 1997.

GOSSE-KISCHINEWSKI  ( Annick ), HENRY (Virginie), 2016, Unité Départementale de l'Architecture et du Patrimoine de l'Eure (DRAC Normandie) Connaissance n°07

http://www.eure.gouv.fr/content/download/18041/123811/file/ESSENTIEL_CONNAISSANCE_07%20Historique%20complet%20de%20la%20Cath%C3%A9drale%20d'Evreux.pdf

— KURMANN-SCHWARZ (Brigitte), LAUTIER  (Claudine), 2009, « Le vitrail médiéval en Europe : dix ans d’une recherche foisonnante », Perspective [En ligne], 1 | 2009, mis en ligne le 21 février 2018, consulté le 01 novembre 2019.

https://journals.openedition.org/perspective/1841#tocto2n3

— LAFOND (Jean), 1953, "Le vitrail en Normandie de 1250 à 1300", Bulletin Monumental  Année 1953  111-4  pp. 317-358

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1953_num_111_4_3745

LEBEURIER (P-F.), 1868,  Description de la Cathédrale d'Evreux accompagnée d'une vue générale et d'un plan géométrique, Huet ed., Evreux 1868

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ

https://archive.org/details/bub_gb_TYdZAAAAYAAJ/page/n29 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1986, “European Stained Glass around 1300: The Introduction of Silver Stain,” Europäische Kunst um 1300 6, Akten des XXV. Internationalen Kongresses für Kunstgeschichte, Gerhard Schmidt and Elizabeth Liskar, eds. (Wien, Köln and Graz: Hermann Böhlaus Nachf., 1986).

https://www.researchgate.net/publication/324314671_European_Stained_Glass_around_1300_The_Introduction_of_Silver_Stain

 

— LILLICH (Meredith Parsons), 1992, "Heraldry and Patronage in the Lost Windows of Saint-Nicaise de Reims.", L'Art et les revolutions, 27e Congres international d'histoire de l'art, vol. 8 (Strasbourg: 1992), pp. 71-102.

https://www.academia.edu/36414224/_Heraldry_and_Patronage_in_the_Lost_Windows_of_Saint-Nicaise_de_Reims_

 

— LAUTIER (Claudine), 2000, Les débuts du jaune d'argent dans l'art du vitrail ou le jaune d'argent à la manière d'Antoine de Pise, Bulletin Monumental  Année 2000  158-2  pp. 89-107

https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_2000_num_158_2_2371

— Monuments historiques, Notre-Dame-d'Evreux

http://monumentshistoriques.free.fr/cathedrales/evreux/vitraux/1.html

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http://evreux.catholique.fr/contenu/documents/services/cathedrale_Evreux-bestiaire.pdf

—  Patrimoine-histoire.fr, Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame

http://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-Notre-Dame.htm

https://www.patrimoine-histoire.fr/Patrimoine/Evreux/Evreux-NotreDame_v8.htm

— http://www.evreux-histoire.com/evreux-3-1-0.html#icono2

 

ENLUMINURES.

Jean Pucelle :

—Les  Heures (1324-1328) de Jeanne d'Évreux, reine de Navarre (1329-1349) 

https://www.metmuseum.org/art/collection/search/70010733

— Le bréviaire de Belleville : Breviarium ad usum fratrum Predicatorum dit Bréviaire de Belleville. Ce manuscrit destiné à suivre les prières durant la célébration de la messe comprend deux volumes, l'un destiné aux prières pendant l'été (volume 1), l'autre pendant l'hiver (volume 2).

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447295h

 

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Published by jean-yves cordier - dans Vitraux Évreux
27 octobre 2019 7 27 /10 /octobre /2019 16:55

Les crossettes et sculptures sur pierre (vers 1550-1556) des porches de l'église de Saint-Nic.

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— I. Voir sur l'église Saint-Nicaise de la commune de Saint-Nic les articles suivants:

 

 

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On y comprendra que l'édifice actuel a vu le début de sa construction au milieu du XVIe siècle, puisque, si nous nous  basons sur les inscriptions datées, le porche sud date de 1561 et sa charpente de 1562, tandis que la nef porte la date de 1566.

Pour dater les crossettes (pierres d'amortissement faisant saillie à la jonction entre les murs et le toit) et les sculptures en bas-relief des élévations des deux porches, nous pouvons donc proposer la période de 1550 à 1566, sous le règne de Henri II et l'épiscopat en Cornouailles de Nicolas Cajetan di Sermonetta et en Léon de Christophe et de Roland de Chauvigné  (ces évêques ayant d'ailleurs eu peu d'influence). Cette période est surtout celle la pleine activité de l'atelier landernéen des sculpteurs Henri et Bastien Prigent, dont les œuvres en kersanton sont présentes, à proximité de Saint-Nic, à Pleyben (1550) et à la chapelle Saint-Laurent de Pleyben, à Dinéault, Chateaulin, ou sans doute à Saint-Ségal, voire à Crozon (Tal-ar-Groas), tandis qu'à Saint-Nic nous reconnaissons leur style dans la Déposition conservée à l'intérieur de l'église.

Bien que cet atelier ait réalisé plusieurs porches (à Pencran en 1553, Landivisiau en 1554-1565, à Guipavas (1563), ou partiellement à Lampaul-Guimiliau en 1533, nous ne sommes pas autorisés à lui attribuer les éléments sculptés en granite des deux porches de Saint-Nic.

 

 

 

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— II. Cet article appartient à une étude des crossettes du Finistère destinée à permettre des comparaisons et à dégager des constantes stylistiques et thématiques. On consultera sur ce blog :

 

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I. LE PORCHE OUEST.

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La porte au cintre à peine brisé est sobrement soulignée par quatre moulures, dont la dernière s'élève en une  arcature ogivale à crochets d'acanthe tandis que deux pilastres trapézoïdaux puis à crochets.

De chaque coté, au dessus d'une moulure horizontale, deux sculptures en bas-relief gardent l'entrée : un lion à gauche et un ange à droite.

Le lion (identifié à sa crinière crépue, son arrière-train lisse et sa queue au fouet triple) tourne vers le fidèle sa gueule à la langue pendante.

L'ange allongé en vol déroule un phylactère  aujourd'hui muet.

Comparez avec le porche de Lampaul-Guimiliau :

http://www.lavieb-aile.com/2019/04/la-facade-du-porche-sud-de-lampaul-guimiliau.html

Ce porche de Lampaul-Guimiliau est encadré de deux anges porteurs de phylactères, se tenant debout , tandis que  6 anges couchés en vol se trouvent à l'intérieur du porche :

http://www.lavieb-aile.com/2019/04/le-porche-de-l-eglise-de-lampaul-guimiliau-ii-les-anges.html

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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À gauche : un lion.

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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À droite : un ange tenant un phylactère.

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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LE PORCHE SUD (1561-1562).

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Il possède la même forme et la même disposition que le précédent, mais la porte est surmontée de deux gables à crochets et fleurons.

La ligne du gable inférieur se prolonge après sa traversée des pilastres pour s'achever sur le dos de deux lions sculptés en bas-relief. Le gable supérieur se termine par deux lions, appuyés sur des piliers rectangulaires.

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Les "crossettes" (?) du gable supérieur : deux lions.

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Le lion de gauche en est un, indubitablement, mais ses oreilles orientées vers l'avant, sa large langue et sa crinière à la Pierrot   lui donnent un air farceur.

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Le lion de droite a la tête tournée vers son avant. 

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Les sculptures d'encadrement du porche sud : deux lions tenant des petits êtres.

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Le coté droit : un lion tenant entre ses pattes un petit être qu'il lèche. 

J'interprète cette figure, assez courante mais rarement parfaitement lisible, comme un animal psychopompe qui s'est saisit de l'âme d'un humain qu'il emporte avec lui. Donc, comme une mise en garde contre le sort qui attend les paroissiens peu chrétiens. Mais l'interprétation reste ouverte, et chaque nouvelle occurrence du thème la questionne à nouveau. Voir par exemple les crossettes de la chapelle Saint-Nicodème à Ploéven, ou celle de l'église de Goulven.

 

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Le coté gauche : un lion tenant entre ses pattes un petit être qu'il lèche. 

 

La tête du petit être n'est jamais complètement distincte, même si on multiplie les points de vue.

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Crossette d'angle : un lion.

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Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Église Saint-Nicaise de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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CONCLUSION.

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Le sculpteur anonyme a orné les deux porches et l'angle d'un toit d'un ange à phylactère et de six lions. Cette représentation quasi exclusive du lion (il est le plus souvent associé au dragon et à d'autres thèmes) doit être remarquée. Cinq d'entre eux sont placés sur les porches. Un seul a la tête de profil ("lion" en héraldique"), les autres tournent la tête face au fidèle ("léopard" des blasons). Deux d'entre eux tiennent une tête entre leur pattes, de chaque coté de l'entrée du porche sud. Trois ne sont pas des crossettes entre murs et toits, mais des encadrements des entrées des porches.

Cette prévalence du lion s'oppose à celle des dragons sur les sculptures sur bois des sablières du porche et de la nef. Elle mérite réflexion.

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1. Emmanuelle Le Seac'h.

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Dans sa série de 381 gargouilles et crossettes des cantons de Landerneau, Landivisiau, Ploudiry et Sizun, Emmanuelle Le Seac'h dénombre 34 anges, 67 êtres humains, 20 dragons, 5 sirènes et 45 monstres, et enfin 109 animaux non monstrueux, sans compter les 86 gargouilles-canons. Parmi les 109 animaux, le lion vient en tête (49) suivi du chien (24), du singe (comme gargouille, 20 fois), de 3 loups, d' un sanglier, d'un bouc, de quelques oiseaux, d'une chauve-souris.

À propos du lion, elle écrit :

« L'abondance du thème, 49 pièces sur 381 rejoint celle que l'on trouve dans toute la Bretagne. Le lion, roi des animaux, est donc l'animal le plus représenté. Il se tient dans différentes postures. Il est couché à Dirinon, à la chapelle Sainte-Anne de Guimiliau, à Sizun. La position couchée est ambiguë. Le lion semble aussi courir. Les pattes sont regroupées sous le corps et donnent l'impression de fuite en avant ou de repos. Il se tient debout à Landerneau 18 rue Chanoine Kerbrat, à Lampaul-Guimiliau ou à La Roche-Maurice. Il est installé quelquefois dans la position intermédiaire, assis sur l'arrière-train sur l'ossuaire de Trémaouézan, au moulin de Brézal à Plounéventer ou sur l'ossuaire de Commanan.

Il saisit bien souvent un objet : un rouleau au Tréhou, un os qu'il semble prêt à grignoter à Landivisiau, une banderole à Lampaul-Guimiliau ou un écu sur la chapelle Saint-Herbot de Saint-Thonan. Il peut devenir féroce et saisir un homme ou une femme comme à Sizun ou à Dirinon, prêt à les croquer. Il s'en mord la queue à Mézarnou en Plounéventer. Il saisit un crâne humain à La Martyre.

Le lion apparaît le plus souvent la crinière soigneusement peignée, la bouche ouverte et la langue pendante (Guimiliau). Il est parfois hirsute. Il enroule d'une manière curieuse la queue autour de son corps à la manière d'une corde qui le ficelle comme à Landivisiau. Elle se divise en son extrémité en deux ou trois ramifications qu'elle pende sic] derrière le corps de l'animal ou qu'elle enlace. Les représentations de lion les plus abouties sont à Pencran, Guimiliau Landivisiau et Sizun."

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2. Didier Jugan : le Physiologus.

Dans un commentaire de mon article, Didier Jugan suggère de voir dans les deux lions tenant une petite tête le thème médiéval, issu du Physiologus et repris dans de nombreux bestiaires, "de la naissance des lionceaux, êtres morts, que le lion (ou la lionne) amène à la vie au bout de 3 jours en rugissant ? C'est une analogie à la Résurrection du Christ, qui est souvent reprise dans l'iconographie du Moyen Âge ou au début des Temps modernes."

Le Physiologus est un bestiaire chrétien du IIe ou IVe siècle, écrit en grec, et qui fut traduit en latin, enrichi du chapitre XII De animalibus des Etymologiae d'Isidore de Séville.

Selon Isidore de Séville

Cum dormierint, vigilant oculi; cum ambulant, cauda sua cooperiunt vestigia sua, ne eos venator inveniat. Cum genuerint catulum, tribus diebus et tribus noctibus catulus dormire fertur; tunc deinde patris fremitu vel rugitu veluti tremefactus cubilis locus suscitare dicitur catulum dormientem.

Quand ils dorment, leurs yeux veillent. Quand ils marchent, ils effacent leurs traces avec leur queue, pour échapper aux chasseurs. Quand ils enfantent des petits, ceux-ci restent endormis trois jours et trois nuits, avant que leur père ne les éveille par un rugissement doux et un grondement.

Raban Maur, dans De Rerum Naturis livre VIII, est plus prolixe.

Les enluminures montrent  le rugissement du lion sur ses lionceaux par l'intermédiaire d'un geste de léchage, où la longue langue rouge balaye le dos des petits .

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© London, British Library, Royal MS 12 C. xix, ca. 1200-1210, f. 6r

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© Gallica, Paris, Bibliothèque Nationale de France, fr. 1951, 13-14 siècle, f. 18r

 

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Cette idée, si elle trouvait confirmation, renouvellerait complètement l'interprétation habituelle, en distinguant le lion des autres animaux et monstres qui l'accompagnent habituellement sur les crossettes  et qui sont vu soit comme l'expression d'un imaginaire non chrétien, autorisé par exutoire dans des espaces marginaux (partie hautes intermédiaires entre murs et toits pour les sablières et les crossettes ou gargouilles, miséricordes et appui-mains des stalles, chapiteaux), ou d'une Sur-nature, d'un monde intermédiaire peuplé d'animaux inquiétants (mais toujours d'allure débonnaires), ou encore d'un désir du clergé de terrifier les fidèles en leur représentant les prémisses de l'Enfer et le sort réservé aux mauvais paroissiens.

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En effet, l'une des particularités des crossettes est de ne jamais comporter des thèmes liturgiques (croix, instruments de la Passion, phénix, monogrammes christiques ou mariaux), ni de figures du Christ, de la Vierge, des saints, des Apôtres ou des Prophètes. Les anges souvent sculptés font exception, mais ils appartiennent à ce monde intermédiaire entre la Divinité et les Humains.

Certes, ici, trois lions (dont les deux tenant une tête)  occupent un emplacement autour de l'entrée, c'est à dire non plus un espace intermédiaire vertical entre terre et Ciel, mais   horizontal entre espace  profane et espace sacré avant de franchir le seuil du sanctuaire. Est-il plausible qu'un symbole animal de la Résurrection soit placé ici ?

Nous pouvons examiner d'autres porches de Bretagne ; mais la plupart sont entourés sur deux ou trois moulures, d'une quantité de personnages bibliques.

Le porche de Rumengol (1468) est dépourvu de sculptures d'encadrement.

Le porche de Saint-Herbot (1498-1509) n'a pas de sculptures d'encadrement, et les deux anges à phylactères sont placés en hauteur :

L'enclos paroissial de Saint-Herbot à Plonévez-du-Faou VI. Le porche sud (1498-1509) par le Second atelier du Folgoët : l'extérieur, et le revers.

Sur le porche de La Martyre (vers 1450), aux riches moulures, les anges à phylactères sont également reportés en partie haute :

 

Le porche de Penmarc'h (1509) nous intéresse car l'une des statues d'encadrement est un animal (dragon, bouc, ...ou lion après tout) tient dans ses pattes un petit personnage.

Avec du citron ! Les poissons du porche sud de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h.

 

Celui de Landivisiau (1544-1559) est encadré par deux des quatre évangélistes, mais il est sommé en haut de gable par un dragon et un lion.

Le porche (1554-1559) de l'église de Landivisiau. II. La grande arcade extérieure .

Celui de Lampaul-Guimiliau est encadré à hauteur d'homme de deux anges tenant des phylactères à inscription pieuse.

La façade du porche sud de Lampaul-Guimiliau.

L'arcade de celui de Dirinon s'appuie,  à hauteur d'homme sur des culots aux  deux anges tenant des phylactères.

L'enclos paroissial de Dirinon X. Le porche sud. (1618).

 

Le porche de l'abbaye de Daoulas (1566) est entourée d'une frise d'anges, tandis que les statues d'une Annonciation est placée en encadrement :

 

Celui du Folgoët associe les deux consoles de l'arcade (un vieillard et un ange) et des statues de saints (Marguerite et son dragon) 

L'ancien porche sud de Goulven ne comporte pas d'encadrement :

​​​Celui de Guipavas est encadré de deux statues sous leur dais ; mais les crossettes sont des dragons, et un lion :

 

L'église de Guipavas II. Le porche de 1563 : l'extérieur.

L'église de Guipavas I. Les crossettes.

Le porche de Pencran (1553) est dotée de crossettes : des lions et des dragons tiennent des os dans leur pattes

L'enclos paroissial de Pencran I. Les crossettes du porche (1553).

Plus tardif (1604), le porche sud de Saint-Houardon de Landerneau présente deux statues sur les contrefort.

Le porche sud et la porte sud de l'église Saint-Houardon de Landerneau.

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Au total, je ne trouve pas d'autre exemple de lion tenant une tête, et placé dans cette emplacement d'encadrement d'un porche.

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Par ailleurs, on remarquera que l'iconographie de ce motif du Lion réveillant ses lionceaux est médiévale, et donc plus ancienne, que les sculptures de ce porche en pleine Renaissance au XVIe siècle.

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ANNEXE : le lion réveillant ses lionceaux, étudié par Jean Favreau :

 

"C'est la troisième caractéristique du lion — le réveil des lionceaux au souffle du lion le troisième jour après leur naissance — qui a eu la plus grande fortune en tant que figure de la Résurrection. A la suite du Physiologus tous les auteurs qui traitent des animaux en parlent : Isidore de Séville, Raban Maur, l'auteur du Physiologus, l'auteur du De Bestiis, Hildegarde ou encore Richard de Fournival. On peut lire cette même interprétation du lion comme symbole de la résurrection chez Rufin d'Aquilée, dans des écrits attribués à tort à saint Jérôme et à saint Augustin, chez Paulin de Noie, Anselme de Laon, Geoffroy d'Admont. Cette figure du lion comme symbole de la résurrection a eu d'autant plus de succès que le lion est devenu l'attribut de l'évangéliste Marc et que le lion de Marc va à son tour, sous l'influence du Physiologus, symboliser le Christ ressuscité. Irénée de Lyon avait rapproché la vision des quatre animaux d'Ézéchiel (I, 5-10) des quatre Vivants de l'Apocalypse (IV, 6-7) et il en avait fait l'application aux quatre évangélistes. Jérôme adopta l'attribution proposée par Épiphane, l'homme à Matthieu, le lion à Marc, le bœuf à Luc, l'aigle à Jean, en se fondant sur les débuts de chaque évangile : le lion est Marc parce que Jean-Baptiste paraît dans le désert, comme l'annonçait le prophète Isaïe : « Une voix crie dans le désert, préparez le chemin du Seigneur » (Marc, I, 3-4) et que le lion est l'animal du désert. Grégoire le Grand a trouvé, dans les Moralia in Job, une admirable formule pour montrer que les quatre figures des évangélistes représentent la totalité du mystère du Christ, « homo nascendo, vitulus moriendo, ko resurgendo, aquila ad caelos ascendendo ». Dans ses homélies sur Ézéchiel il voit, dans le lion qui dort les yeux ouverts, une figure de la Résurrection : le Christ peut dormir dans la mort par son humanité, mais par sa divinité il veille pour toujours. Il sera repris textuellement par Walafrid Strabon dans son Expositio in quatuor evangelia, et par Druthmar de Corbie dans son Expositio in Mattheum evangelistam. Le verbe surgere ici utilisé est celui-là même qui est employé dans la guérison du paralytique, de l'homme à la main paralysée, des dix lépreux, dans la résurrection de la fille de Jaïre et du jeune homme de Naïn, et bien sûr dans la Résurrection du Christ.

 

L'identification du lion à la Résurrection dérive évidemment du Physiologus comme le dit un commentaire sur l'Apocalypse attribué à tort à Alcuin. Les textes qui accompagnent les enluminures des évangéliaires font souvent état de l'interprétation lion-résurrection pour le symbole de l'évangéliste Marc. C'est le cas pour les évangéliaires carolingiens ou ottoniens de Saint-Emmeran de Ratisbonne, de la Sainte-Chapelle de Paris, de Gérard de Luxeuil, d'Henri II, de la cathédrale de Bamberg, comme pour ceux de l'Ambrosiana de Milan, de 996-1002, de Stuttgart, de 1020-1040, de Cologne, vers 1000, qui ont le même texte, ou encore, au xne siècle, pour les évangiles d'Henri le Lion ou la Bible d'Averboden. L'homélie de Grégoire le Grand sur la vision d'Ézéchiel entra de bonne heure dans l'office comme lecture (épître) pour les fêtes des évangélistes. La symbolique lion-Résurrection pénétra dans toute la liturgie, prose de l'Epiphanie du début du Xe siècle, tropaires de l'office de Pâques d'Apt et de Winchester, visitatio sepulchri du drame de Pâques, hymnes d'Abélard et d'Adam de Saint- Victor pour les fêtes du samedi saint et de Pâques.

Le rapprochement se trouve aussi au xiie siècle, chez Hildegarde, ou chez les poètes comme Baudri de Bourgueil et Pierre Riga. Le troubadour Rigaut de Barbezieux rappellera, lui, cette caractéristique du lion mais en y voyant une figure de l'Amour qui viendra le guérir de ses souffrances. Les inscriptions confirment dans des œuvres nombreuses et variées, que l'intention de l'auteur du programme était bien de faire du lion une figure du Ressuscité. Sur un devant d'autel de la cathédrale de Sens on pouvait lire que « le lion fort signifie le Christ vainqueur de la mort », victorem mortis christum signât leo fortis, et au début du XIe siècle l'animal symbolique de Marc est accompagné, sur l'ambon d'Henri II à la cathédrale d'Aixla-Chapelle du distique : MARCE, LEO FORTIS, FORTEM RESONARE VIDERIS CERTA RESURGENDI PER QUEM SPES VENERAT ORBI. « C'est par le lion fort qu'une espérance de résurrection est désormais assurée pour le monde. »

 

Sur un tympan roman fixé à l'extérieur du mur sud de l'église d'Armentia, près de Vitoria, l'Agneau crucifère est accompagné d'une inscription qui explique que l'agneau du Sacrifice est aussi le lion fort qui, par sa mort, a vaincu la mort : AGNUS SUM, LEO FORTIS, MORS EGO SUM MORTIS VOCOR . « Je suis l'agneau, je suis appelé le lion fort, moi je suis la mort de la mort ». Si, à Armentia, l'inscription renvoie au symbole du lion sans qu'il y ait une iconographie correspondante, au tympan de la porte occidentale de la cathédrale de Jaca le lion de droite pour le spectateur), qui foule aux pieds un ours et un basilic, est bien le lion fort de la résurrection qui a mis fin à l'empire de la mort : IMPERIUM MORTIS CONCULCANS EST LEO FORTIS. « Le lion fort terrasse l'empire de la mort », ce qui est, à deux mots près, le vers de l'évangéliaire d'Averboden. Le Physiologus et son interprétation christologique sont mis en parallèle par l'iconographie elle-même sur un flabellum en cuivre doré de la seconde moitié du xne siècle en l'abbaye de Kremsmûnster (Autriche), où l'on voit figurés d'une part un lion et ses petits apparemment mort-nés, de l'autre les saintes femmes au tombeau. Une inscription commente chaque scène, pour la première : QUID LEO VEL CATALUS SIGNENT VIX EXPRIMET ULLUS, « ce que le lion et son petit signifient on peut à peine l'exprimer » et pour la seconde : MYSTICUS ECCE LEO SURGIT BARATRO POPULATO, « voici que le lion mystique se lève de l'abîme qu'il a détruit ». A la fin du xne siècle on retrouve le Physiologus, et le rapprochement qui est fait avec la bénédiction de Jacob (Genèse, XLIX, 9) mise en rapport avec la Résurrection dans le « retable » de Klosterneubourg : la légende épigraphique qui accompagne la bénédiction de Jacob dit que « en nous rachetant l'agneau devient le grand lion de Juda » et Jacob touche de sa baguette deux lions endormis en disant : « Qui le fera lever ? ».

Deux autres exemples explicites sont fournis par des croix du xiiie siècle. Sur un crucifix de l'abbé Henri Ier (1197-1223) à Engelberg figuraient, aux quatre bras de la croix, les médaillons des quatre évangélistes, et avec Marc et le lion on pouvait lire : IN TRIDUO SURGENS LEO FIT DEUS ISTEQUE MARCUS, « le lion représente Dieu qui ressuscite le troisième jour et aussi Marc », et la croix de l'abbaye de Clairmarais à Saint-Omer porte de même l'évangéliste Marc avec le commentaire épigraphique suivant : EFFIGIAT MARCUM LEO CUJUS LITTERA CLAMAT QUANTA SURREXIT VI TUA, CHRISTE, CARO, qui est une citation du Floridus aspectus de Pierre Riga. Le rapprochement devient si évident qu'on ne le commentera plus. Dans un vitrail qui illustre la Résurrection à la cathédrale de Bourges, le lion qui donne vie à d'autres lions a une brève inscription : hoc leo formas, tandis que sur le vitrail du chœur de la cathédrale de Lyon, de 1215-1220, le lion qui souffle sur ses petits n'est plus accompagné que du mot : leo. Cette iconographie sera aussi celle que le Guide de la peinture du xve siècle recommandera aux artistes byzantins pour l'ensevelissement du Christ."

 

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SOURCES ET LIENS.

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—  DURLIAT (Marcel), 1993.. Du texte à l'image: l'exemple du lion. In: Bulletin Monumental, tome 151, n°2, année 1993. p. 429;

https://doi.org/10.3406/bulmo.1993.3374 https://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1993_num_151_2_3374

"Du TEXTE À L'IMAGE. L'EXEMPLE DU LION. — Dans la pensée médiévale le lion est un être ambivalent. Parfois il est considéré comme un animal dangereux et même maléfique. Plus souvent sa signification est hautement positive. Cette ambiguïté a peut-être contribué à faire accompagner nombre de ses représentations — celles qui ne sont pas uniquement décoratives — d'inscriptions plus ou moins développées. Dans un article d'un grand intérêt, Robert Favreau montre que celles-ci se réfèrent à des textes empruntés à l'Ancien et au Nouveau Testament, à la liturgie et à des œuvres littéraires, soit qu'elles les citent, soit qu'elles les résument, soit qu'elles les commentent. L'Ancien Testament donne généralement une image négative du lion, principalement à travers des épisodes de la vie de Samson, de David et de Daniel. Le lion dont triomphe Samson symbolise les forces du mal et la mort. Le Samson fortissimus est une figure du Christ fortitudine potentissimus qui a comme lui triomphé de Satan. De la même manière, la pensée chrétienne a interprété le combat du jeune David contre le lion venu lui enlever l'une de ses brebis comme celui du Christ arrachant l'humanité aux griffes et à la gueule du démon. Enfin, le thème de Daniel sauvé des lions — le plus fréquent des trois — est depuis les origines du christianisme un exemple de salut, un motif d'espérance qui l'a fait entrer dans la première liturgie des défunts. Les représentations des figures de Samson et de David triomphant du lion, celle de Daniel dans la fosse aux lions ne demandaient qu'un minimum d'explications, étant immédiatement reconnues. Pour la dernière on se borne souvent à utiliser l'expression lacus leonum « répétée onze fois dans le livre de Daniel ». Le lion demeure un animal dangereux et malfaisant dans les Psaumes. Le verset 22 du psaume XXII (XXI) : Salva me ex ore leoms et a cornibus unicornium humilitatem meam et le verset 13 du psaume XCI (XC) : Super aspidem et basiliscum ambulabts et conculcabts leonem et draconem ont connu une grande fortune dans l'épigraphie parce qu'ils avaient été adoptés auparavant par la liturgie. Le premier constitue un répons du dimanche de la Passion et le second sert de trait à l'office du premier dimanche de Carême. La situation se renverse avec l'Apocalypse, le livre des visions eschatologiques du Nouveau Testament. Le lion n'est plus le mal. Il est devenu son principal ennemi et son vainqueur. Il représente le Christ lui-même. Avec le titre de « Lion de la tribu de Juda », le Christ triomphe de la mort par sa résurrection, alors que son autre image apocalyptique, celle de 1' « Agneau comme égorgé » symbolise sa mort sur la croix. Ce verset Vieil Leo de tribu de Juda radix Jacob (Ap. , V, 5) est lui aussi entré dans la liturgie. « A diverses reprises il est associé au répons Ecce crucem Dominifugite partes adversae dans les offices de l'Invention et de l'Exaltation de la Sainte Croix et du dimanche de Pâques ». Toujours dans l'Apocalypse, un des êtres qui entourent le trône de Dieu est « comme un lion », à l'instar de l'un des animaux de la vision d'Ezéchiel. Saint Irénée ayant appliqué aux quatre évangélistes la vision des quatre animaux d'Ezéchiel et celle des quatre vivants de l'Apocalypse, le lion deviendra le symbole de l'évangéliste Marc. Cependant, si dans l'art du Moyen Age le lion a si fréquemment une valeur positive, c'est surtout à un ouvrage profane, les bestiaires, qu'il le doit. Les bestiaires ont adopté le contenu d'un Physiologus grec, compilé sans doute à Alexandrie au IIe ou au IIP siècle, et traduit en latin dès le IVe siècle. Cet ouvrage condensait le savoir des Anciens sur la « nature » des animaux, mais il véhiculait aussi une pseudo-science issue d'une interprétation aberrante d'observations mal comprises ou supposées. Il comportait en outre un commentaire allégorique et moralisateur. Dans le Physiologus et dans les bestiaires le lion est cité le premier, car il est le roi des animaux. Sa « nature » présente dans le Physiologus trois traits caractéristiques : il dort les yeux ouverts et ne relâche jamais sa vigilance ; il épargne ceux qui sont abattus, c'est-à-dire que, de tous les fauves, il est le seul à montrer de la clémence envers les suppliants ; enfin, et ce n'est pas le moins surprenant, il donne la vie par son souffle et son rugissement aux lionceaux qui, après leur naissance, demeurent sans vie pendant trois jours. Tous ces traits ont contribué à faire du « lion fort » l'image privilégiée du Christ dans l'iconographie et dans l'épigraphie médiévales et plus spécialement en ce qui concerne sa résurrection, sa victoire sur la mort. La signification positive du lion ne cesse de s'étendre, au point de se substituer au sens négatif qui est le sien dans certains épisodes de l'Ancien Testament. C'est la démarche que conseille de suivre Rupert de Deutz, un des maîtres de l'exégèse médiévale. La où ses prédécesseurs voyaient la figure du diable, lui préférait reconnaître la figure du Christ, le « Dieu fort ». Ainsi se trouvait-on en mesure — comme à San Silvestro de Nonantola — de résoudre l'énigme proposée par l'essaim d'abeilles et le miel que Samson, à son retour de Timna, avait trouvé dans la gueule du lion qu'il avait tué : « Qu'y a-t-il de plus doux que le miel et quoi de plus fort que le lion? » (Juges, XIV, 18). Et voici la solution, d'ailleurs déjà trouvée par Paulin de Noie : cette nourriture sauvage est la figure de l'eucharistie, du Dieu fait homme et mort sur la croix, donné en nourriture aux hommes pour leur communiquer la vie. — Robert Favreau, Le thème iconographique du lion dans les inscriptions médiévales, dans Académie des Inscriptions et Belles -Lettres, Comptes rendus des séances de l'année 1991, p. 613- 636."

— FAVREAU (Robert), 1991, "Le thème iconographique du lion dans les inscriptions médiévales", Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres  Année 1991  135-3  pp. 613-636

https://www.persee.fr/doc/crai_0065-0536_1991_num_135_3_15027

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIe siècle. Presses Universitaires de Rennes.

http://www.pur-editions.fr/couvertures/1409573610_doc.pdf

— LE SEAC'H (Emmanuelle), 1997, Les crossettes et les gargouilles dans quatre cantons du Finistère : Landerneau, Landivisiau, Ploudiry, Sizun. Mémoire de maîtrise d’histoire,  2 vol. 359 p. + 135 p. : ill. ; 30 cm. Non publié.

— ZUCKER (Arnaud), 2007  , « Morale du Physiologos : le symbolisme animal dans le christianisme ancien (IIe-Ve s.) », Rursus [En ligne], 2 | 2007, mis en ligne le 02 décembre 2009, consulté le 28 octobre 2019. URL : http://journals.openedition.org/rursus/142 ; DOI : 10.4000/rursus.142

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Published by jean-yves cordier - dans Gargouilles et crossettes
25 octobre 2019 5 25 /10 /octobre /2019 13:32

Les sablières (1566) de la nef et du transept de l'église de Saint-Nic.

 

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Les sablières de l'église Saint-Nicaise  de Saint-Nic. Le porche sud (1562).

Voir sur la commune de Saint-Nic :

— L'église Saint-Nicaise :

 

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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

 

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— La chapelle Saint-Jean :

 

— L'église de Trégarvan (sablières de 1670 par le Maître de Saint-Nic) :

L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):

 

 

Enfin, voir  :

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LES SABLIÈRES DE LA NEF.

Elles succèdent à celles du porche sud, réalisées par le même artisan en 1562, et également à celles de la nef et du porche de l'église de Plomodiern, réalisées en 1564 toujours par le même artisan dont le style se reconnait assez facilement (voir les articles précédents).

Elles sont datées par l'inscription lapidaire du mur nord de la nef, qui porte le nom du fabricien de l'année et le chronogramme 1566 : M : LE : PARLANT : 1566.

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Les entraits (poutre entre les deux cotés de la nef) ont été coupés, il n'en reste qu'un tronçon de 20 cm. Ces tronçons divisent néanmoins l'ensemble des sablières de la nef en différentes "pièces" de corniches (que je nomme "sablières" selon l'usage consacré). Les sablières figurées sont au nombre de 4 du coté nord de la nef, alors qu'il n'y en n'a qu'une du coté sud. Seuls les cotés ouest des transepts sont sculptés, soit 4 pièces.

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LES SABLIÈRES DU COTÉ GAUCHE (ou NORD) DE LA NEF.

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Sablière n°1 : partiellement cachée par la tribune. Angelot et dragon. 

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°2 : Angelot et quatre dragons liés par le col. 

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Les dragons ailés portent les marques au ciseau à bois caractéristiques de l'artisan de Saint-Nic et de Plomodiern, associées avec les perforations au foret qui figurent les verrucosités. Deux dragons ont des ailes nervurées de chauve-souris, les autres des ailes foliacées en volutes indentées.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°3 : Hommes-dragons tenant un cartouche entre deux médaillons. 

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Il s'agit exactement du motif présent sur les porches sud de Saint-Nic et de Plomodiern. Mais hélas, le cartouche ne porte ici aucune inscription. L'œil démesuré de l'homme-dragon, son nez proéminent, son menton fuyant, ses marques figurant les taillades de ses vêtements, les marques en I ou en ( nous sont donc familières. On retrouve sur les médaillons les deux personnages de profil, a priori un couple, portant la fraise, et coiffés d'un casque ou d'un bonnet.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°4 (angle du transept) : masque humains et animaux isolés.

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Cette pièce (comme les trois suivantes) sont moins facilement attribuable à la même main que les sablières précédentes, hormis le grand œil de profil. 

On trouve successivement une tête de bélier (ou de mouton), une feuille de figuier, une tête de femme et une tête de chat.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SABLIÈRES DU COTÉ DROIT (ou SUD) DE LA NEF.

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Sablière n°4 du coté sud (angle du transept) : masque humains et animaux isolés.

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Une tête d'animal près d'une tête de femme grimaçant de toutes ses dents.

Une tête d'homme moustachu coiffé d'un turban.

Une tête de femme coiffée d'un hennin à cornes (dit "en papillon) propre au XVIe siècle.

Un chien blanc et brun (ou un porc).

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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LES SABLIÈRES DU TRANSEPT.

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LE BRAS NORD DU TRANSEPT.

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Sablière n°1 formant l'angle nord-ouest du transept : masque humains et animaux isolés.

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un visage féminin.

Une scène mal identifiable mais inconvenante.

Une tête d'homme coiffé d'un bonnet, tenu par les oreilles par deux petits dragons.

Voir sur ce dernier motif les sablières de Guengat

http://www.lavieb-aile.com/article-l-eglise-de-guengat-ii-statues-sablieres-et-inscriptions-122885782.html .

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Sablière n°2  du coté nord-ouest du bras nord : masque humains et animaux isolés.

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Une feuille.

Une tête de bélier.

Deux dragons verticaux affrontés langue contre langue.

 

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SABLIÈRES DU BRAS SUD DU TRANSEPT, coté ouest.

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Sablière n°1 et 2 frise de fleurs (tulipes à quatre feuilles).

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Cette frise se retrouve dans la nef de l'église de Plomodiern, ce qui incite à l'attribuer au même artisan que l'ensembles des sablières précédentes, plutôt que d'y voir un ajout plus tardif.

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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Blochet : Aigle (?).

Cet oiseau à tête de cheval n'a a priori guère d'intérêt, et passe facilement inaperçu dans l'ombre de son enfoncement. Pourtant, il ressemble beaucoup aux trois oiseaux des bas-cotés de la chapelle Saint-Côme de Saint-Nic, en  B17 et B20  de ma description ; or, ceux-ci datent de 1641-1675. 

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Chapelle Saint-Côme et Saint-Damien

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Chapelle Saint-Côme et Saint-Damien

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Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1566) de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile.

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SOURCES ET LIENS.

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
22 octobre 2019 2 22 /10 /octobre /2019 14:07

Le vert et le blanc, le vif et le pâle : ironie des fleurs vertes dans Die Liebe Farbe de la Belle Meunière (1820) de Wilhem Müller.

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Voir aussi :

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J'ai eu, bien qu'étant nullement mélomane, des quantités d'occasion d' entendre le cycle Die Schöne Müllerin de Schubert en entier, et d'autres encore de n'écouter que l'un de ses 20 lieder : on n'échappe pas une vie durant à un chef d'œuvre. 

Chef d'œuvre ou pas, le titre du cycle s'est gravé dans ma mémoire avec cet a-priori favorable, cette affection automatique que mon esprit confère à tous les titres composés sur le modèle "La Belle + xxx", en commençant par la Belle Ferronnière de Léonard de Vinci, en passant par La Belle Noiseuse de Jacques Rivette, et  en terminant par Les Belles endormies de Kawabata. J'achète les yeux fermés.

 

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https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2b/La_belle_ferronni%C3%A8re%2CLeonardo_da_Vinci_-_Louvre.jpg

 

 

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J'ai donc écouté ces pièces musicales avec ferveur, mais en n'ayant qu'une idée très vague de ce que cela racontait. L'histoire d'une jolie meunière, sans doute (et je l'imaginai tantôt dorée comme une sole, tantôt blanche avec les seins enfarinés comme la Fornarina , la Belle boulangère de Raphaël). 

J'ai écouté indifféremment Dietrich Fischer-Dieskau, Ian Bostridge, Matthias Goerne ou Jonas Kaufmann (je vérifie mes orthographes)  uniquement sur la foi de ce titre. Je dois avoir au moins un coffret dans ma discothèque : acheté uniquement pour le titre. 

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Par extension ou par esprit de famille, j'ai accueilli aussi Le Voyage d'hiver, qui est également un titre magnifique. Au concert, je serais sans doute capable de  m'endormir rapidement, et de rêver, emporté par la puissance d'évocation de ces formules : Ah, La Belle Meunière ! Ah, Le Voyage d'hiver. À la fin, j'applaudirais à tout rompre, un peu farineux ou un peu glacé selon le cas. 

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On remarquera que ces deux titres ont la même couleur : le blanc. Faites-vous rouler dans la farine ou dans la neige pendant plus d'une heure, la teinte reste à peu près la même. Couleur d'oreiller, pour la  traversée somnambulique d'une longue nuit blanche.

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Après tant d'années de somnolence dans les draps de mon ignorance, ceux-ci se sont déchirés hier dans un grand éclair vert, en écoutant Marion Rampal chanter la pièce n°16 du cycle, Die Liebe Farbe, "La couleur chérie". Les paroles disaient  Mein Schatz hat's Grün so gern : "Ma chérie aime tant le vert, ma chérie aime tant le vert". 

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https://www.youtube.com/watch?v=S__oLepnKxs

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Que venait faire ce vert dans ce bal blanc ? Pourquoi cette insistance dont on devinait l'obsession malsaine ? Ce fut un réveil fracassant, et je décidai de me secouer et de tenter d'y voir clair sur cette verdure inattendue.

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J'ai d'abord   compris que Die Schöne Müllerin n'était pas l'histoire d'une belle meunière, mais d'un tout  jeune meunier ; un blanc-bec. Il est sorti frais émoulu d'un apprentissage et il part chercher une embauche. Il suit donc le cours des rivières, car on doit préciser que nous ne sommes pas dans Don Quichotte, et que les moulins de Wilhem Müller ne sont pas à vent, mais à roue.

Oh là, qu'ai-je écris ? Les moulins de Müller ! L'auteur de ces poésies se nomme Müller, ce qui veut dire "meunier" (et qui est le masculin de Müllerin). Miller en anglais. Allo Sigmund, j'ai quelque chose pour toi !

Bon sang, mais c'est bien sûr, le héros de son lied, c'est lui ! Comme Flaubert et Bovary, mais, que je sache, Flaubert (du germanique froh et berht, "avisé et brillant") ne signifie pas "Bovary" (ou "Bouvard").

Donc, un type qui se nomme Guillaume Meunier écrit, à l'âge de 20 ans, un poème sur un jeune meunier. Intéressant, non ?

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Ce blanc-bec se promène en 1 et 2 (Das Wandern. Wohin) le long du ruisseau, en 3, Halt ! il trouve un moulin, avec une belle jeune fille dedans. Il tombe amoureux, et en 6 Der Neugierige, il se demande si elle l'aime aussi. En 7, avec impatience Ungedung il voudrait écrire son amour sur un papier ... blanc. En 8, Morgengrußil lui dit "Bonjour", et cherche à la voir, mais de loin, de très loin (von ferne, ganz von ferne) et seulement par le reflet d'une vitre . Les couleurs arrivent : la tête de l'aimée est blonde et ses yeux sont bleus. En 9 Der Müller Blumen, les yeux sont comparés aux myosotis (en allemand Vergiß mein nicht, "ne m'oublie pas") du ruisseau, que l'énamouré timide veut planter sous la fenêtre de la bien-aimée pour qu'elles parlent à sa place . En 10, Tränenregen ou "Pluie de larmes" il est question encore de fleurs bleues, mais aussi de larmes. Tu m'étonnes ! Ah le gai compagnon ! Dans l'eau du ruisseau il voit le regard bleu de son amie qui tente de le convaincre de les rejoindre au fond: Und sahe sie nicken und blicken Herauf aus dem seligen Bach, [...]in seine tiefe.

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En 12, Mit den grünen Lautenbande, c'est l'entrée en scène de la couleur verte, sous la forme d'un ruban avec lequel le meunier, qui est aussi poète (nous le savions) a raccroché son luth. (Lautenband : courroie par lequel le musicien suspend son luth à son épaule). Il ne peut plus chanter, mais seulement pleurer, "tant son bonheur est accablant". Il est meunier, blanc, passif, amateur du repos, des soupirs, des larmes, et des tremblements de son cœur. La belle aux yeux de myosotis commence à trouver le temps long. Wilhem Müller ne l'écrit pas, mais je vois bien qu'elle baille.

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En 13, son amie se lamente de voir "le ruban vert pâlir ainsi au mur". Car, déclare-t-elle, Ich hab das grün so gern, "j' aime tant le vert". Le vert, nom de Dieu, la vigoureuse sève du joli mois de Mai, où les amoureux offrent de tendres rameaux à l'élue de leur cœur ... et de leur corps ! Mais le müller persiste à se déclarer tout blanc  (Ist auch dein ganzer Liebster weiß,) : s'il accepte d'aimer le vert, c'est celui de l'Espérance, des Amours éternelles (toujours vertes) et des envolées lyriques. Ce chant 13 porte le titre de Pause ; ça ne bougeait déjà pas, mais on voit que ça va s'arrêter là. C'est pourtant le lied clef du cycle, le seul où les deux adjectifs des couleurs blanc et vert sont utilisés. Le blanc sentimental n'entend pas l'appel vert du sexe. Il fait le poireau.

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En 14, Der Jäger,  voici le Chasseur, un vrai, avec ses chiens, son fusil, son cor, ses poils au menton. Plus phallique tu meurs ! C'est l'homme des bois, c'est l'Homme Vert, Im grünen gezweig. Le Blanc contre le Vert, c'est le monde civilisé contre le monde sauvage, un combat développé dans cette strophe par une quantité d'oppositions : Bois / Ruisseaux et Moulins, Gibier / Biche apprivoisée, Écureuil et Sangliers / Poissons , Buissons / Jardins potagers, etc. Taïaut !

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Le Livre de la Chasse de Gaston Phèbus, BnF Fr 616 f. 56V Copyright Gallica

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52505055c/f157.item.zoom

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En 15, Eifersucht und Stolz (Jalousie et Fierté),  la jeune fille est devenue "la perfide, infidèle et volage meunière". Mais le meunier livide reste muet, "aucun mot sur ma triste figure" : kein wort von meinen traurigen gesicht.

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Le lied n°16 Die liebe Farbe est celui qui m'a réveillé, celui de la Couleur chérie. C'est maintenant que cela va devenir délicieusement perfide, avec un système de double sens et de parodie dont on ne sait s'il faut l'attribuer au meunier devenu subitement fort habile. De but en blanc, le voici qui nous moud une farine bien prête à lever. Face à l'homme des bois Homo ferus ou homo sylvestris, Monsieur Homo faber a élaboré sa vengeance : le suicide ! Métamorphosé, il brandit des rameaux avec un rictus démoniaque et parcourt les bosquets comme une ménade dansant autour de Bacchus. Ah ah ah ah ! 

C'est une Reverdie paradoxale, le chant de mai d'un losengier qui détourne les strophes printanières pour ouvrir à l'aimée le chemin des silences éternels. Et cueillir les plantes d'un brouet infâme et redoutable.

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Ah, Madame aime le vert ? Eh bien je vais m'en vêtir, d'un beau vert emprunté au Saule pleureur, puisqu'elle me  fait tant pleurer. Ah, elle en veut du vert ? Voici un bosquet de Cyprès, l'arbre des cimetières où je n'ai plus qu'à me pendre. Quoi, de la verdure ? Je lui choisi du Romarin, dont on fait les bouquets funèbres. Voilà pour vous, Madame qui aime le vert !

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In Grün will ich mich kleiden,

In grüne Thränenweiden,

Mein Schatz hat's Grün so gern.

Will suchen einen Zypressenhain,

Eine Haide voll grünem Rosmarein:

Mein Schatz hat's Grün so gern.

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Mademoiselle aime les chasseurs ? Eh bien allons-y, taillons à travers les bosquets, mais ma chasse à moi ce sera celle de ma propre mort ! Et ma lande, et mes guérets ? J'ai toute l'étendue du chagrin d'amour , pour chasser avec   Mademoiselle qui aime les chasseurs !

 

Wohlauf zum fröhlichen Jagen!

Wohlauf durch Haid' und Hagen!

Mein Schatz hat's Jagen so gern.

Das Wild, das ich jage, das ist der Tod,

Die Haide, die heiß' ich die Liebesnoth:

Mein Schatz hat's Jagen so gern.

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Du vert ? Une belle tombe semée de gazon, recouverte d'herbe verte, pour ma Dame qui aime tant le vert. Pas de croix noire, ni de fleurs de toutes les couleurs, rien que du vert, je ne veux que du vert autour de moi, une belle pelouse sur la tombe de l'amant de la Dame qui aime le vert.

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Grabt mir ein Grab im Wasen,

Deckt mich mit grünem Rasen,

Mein Schatz hat's Grün so gern.

Kein Kreuzlein schwarz, kein Blümlein bunt, 

Grün, Alles grün so rings und rund!

Mein Schatz hat's Grün so gern.

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Alors, contente ? Eh bien maintenant, voici mon chant 17 : Die Böse Farbe, "La couleur haïe".

Bien deviné, pour moi, ce sera le Vert ! Je vais dévaster le monde du vert, l'annihiler, le stériliser de sa sève, et tout recouvrir du blanc manteau de mon deuil !

Hélas, que vois-je ? Ces bois, ce cor, elle qui court, le ruban vert, le ruban vert, Reviens ! Viens tenir la main du pauvre homme qui fais chou blanc !

 

Pour parcourir tout l’univers, Je voudrais m’en aller d’ici, S’il n’y avait pas tant de vert Dans les bois et les prés aussi !

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Ich möchte ziehn in die Welt hinaus,

Hinaus in die weite Welt;

Wenn’s nur so grün, so grün nicht wär,

Da draußen in Wald und Feld!

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Je voudrais dépouiller les branches De toutes leurs si vertes feuilles, Et que l’herbe devienne blanche À force d’y pleurer mon deuil.

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Ich möchte die grünen Blätter all

Pflücken von jedem Zweig,

Ich möchte die grünen Gräser all

Weinen ganz totenbleich.

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Ah, couleur odieuse, impertinente, Pourquoi ces regards triomphants ? Pourquoi te moquer, insolente, De ce pauvre meunier tout blanc ?

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Ach Grün, du böse Farbe du,

Was siehst mich immer an

So stolz, so keck, so schadenfroh,

Mich armen weißen Mann?

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Dans la pluie, la neige et le vent, Je voudrais coucher sur son seuil, Nuit et jour, toujours répétant Un petit mot, un seul : adieu !

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Ich möchte liegen vor ihrer Tür

In Sturm und Regen und Schnee.

Und singen ganz leise bei Tag und Nacht

Das eine Wörtchen: Ade!

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Quand le cor sonne dans les bois, On entend s’ouvrir sa fenêtre. Elle y cherche un autre que moi, Mais je pourrai la voir peut-être…

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Horch, wenn im Wald ein Jagdhorn schallt,

So klingt ihr Fensterlein!

Und schaut sie auch nach mir nicht aus,

Darf ich doch schauen hinein.

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Le ruban vert, le vert ruban Enlève-le de tes cheveux Je pars, je pars ! Ô ma mie, tends Moi la main pour me dire adieu.

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O binde von der Stirn dir ab

Das grüne, grüne Band;

Ade, ade! Und reiche mir

Zum Abschied deine Hand !

 

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On peut aussi citer Shakespeare : Non pas tant Ophélie dans Hamlet IV:5, offrant du Romarin à Laerte "pour le souvenir" que la nourrice dans Roméo et Juliette, remarquant que "Roméo et Romarin commencent par la même lettre".

https://laplumedeloiseaulyre.com/?p=2830

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CONCLUSION.

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L'un de mes auteurs favoris, après Daniel Arasse, c'est Michel Pastoureau. J'ouvre son "Vert. Histoire d'une couleur." (2013). Le vert, c'est la couleur préférée d'une personne sur six, mais elle est détestée par 10 % des gens, qui pensent qu'elle porte malheur. Pour les Égyptiens, elle est bienfaisante, associée à la fertilité, la fécondité et la croissance : elle éloigne les forces du Mal ; c'est la couleur d'Osiris, dieu de la croissance mais aussi dieu funéraire et de la résurrection.

Les Romains l'ignorent : c'est une couleur "barbare".

Après eux, les auteurs chrétiens comme saint Bernard ou les Franciscains, et plus tard les réformateurs protestants du XVIe, les bourgeois du XIXe et les puritains de toutes sortent du XXe distinguent les couleurs honnêtes  des couleurs "deshonnêtes". Dans ce classement moral des couleurs, le vert a toujours été rangé dans le mauvais groupe, celui des couleurs fausses, instables et indignes d'un honnête homme. Judas, quand il n'est pas représenté en jaune, est en vert.

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Pourtant, au Moyen-Âge, c'est la couleur du verger (issu du latin viridarium), et surtout des vergers littéraires du Roman de la Rose ou des romans courtois , avec leurs lauriers et leurs pins, leurs oliviers et leurs cyprès, leurs ormes, courdriers,  frênes, érable et chênes :  le  locus amoenus pour toute sortes d'idylles prosaïques ou sacrées. C'est la couleur du printemps et donc de l'amour.

Mais à la fin du Moyen-Âge, le vert, tant admiré à l'époque de la chevalerie et de la courtoisie commence à se dévaluer : il est associé avec tout ce qui est changeant ou capricieux : la jeunesse et l'amour certes, mais aussi la fortune et le destin. Il se dédouble entre le bon vert de la gaieté et de l'espérance, et le vilain vert des sorcières et du Diable, comme sur les vitraux, mais aussi des dragons pustuleux, des sirènes et des monstres.

C'est la couleur des êtres de la Nature : les Faunes, les Sylvains, et les Elfes.

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Je remarque à la page 105 la reproduction d'une miniature du Livre de la mutacion de Fortune de Christine de Pisan (vers 1420-1430), un manuscrit ms 494 folio 16 du Musée Condé de Chantilly. Sa reproduction par mes Musées Nationaux (RMN) n'est plus accessible, et sur l'image que je trouve, la robe est grisâtre alors qu'elle est (comme les couronnes sur la tête et tenue entre les mains) d'un beau vert à peine plombé dans le livre de Pastoureau. Fortune se trouve entre ses deux frères, Eur et Meseur. Heur est un beau jeune homme enfeuillagé, tandis que Malheur est un paysan lourdaud, à la tunique et aux chausses d'un blanc écru, et tenant un gourdin. Fortune tend une couronne au premier, et la flèche de la Mort au second.

Eur est la Bonne Fortune, le hasard et la chance : la robe de Fortune est d'or, sa couronne est à fleurons Un ruisseau fécondateur  jaillit de ses pieds .

Meseur est la déveine, la tristesse et le malheur : le visage de Fortune est sombre, sa robe est grise, sa couronne hérissée de pointes. Elle règne sur le Feu. On pense au couple de divinités de l'hindouisme Shiva et sa parèdre Shakti, le pouvoir destructeur du temps.

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Le vert est la couleur des chasseurs : non seulement parce que c'est la couleur emblématique médiévale de la chasse, mais aussi par souci de dissimulation et de tromperie du gibier. Les oiseaux capturés et collés à la glue servent à la chasse à la pipée, car "piper", c'est imiter le bruit de la chouette pour attirer les passereaux qui la haïssent. J'ai déjà exploré et illustré largement ce thème ici :

http://www.lavieb-aile.com/2017/05/la-chouette-harcelee-par-les-oiseaux.cinquieme-partie-la-chasse-a-l-epervier-et-la-chasse-a-la-pipee-dans-le-livre-de-chasse-le-roi

Autrement dit, la couleur verte est liée à la Nature, mais aussi à la piperie, la tromperie. Et la chasse permet d'attraper à la pipée de naïves jeunes filles qui aiment tant le vert !

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En fait, j'ai plus à apprendre de l'analyse du texte de Müller que de la passionnante étude de l'historien des couleurs. (Je note cependant que Pastoureau prête à Schubert une violente phobie de la couleur verte, "devenue proverbiale", mais je n'en trouve pas la source).

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D'un coté, voici Herr Müller, Blanc-le-Meunier, pur produit du Néolithique puis du Protestantisme : il faut travailler la terre, transformer ses produits (le blé), asservir les forces de la nature (le moulin), et fonder une famille pour transmettre la connaissance et le patrimoine. Il hait le vert.

Max Weber, l'éthique protestante et l'Esprit du capitalisme.

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De l'autre coté, voici Herr Jäger, avec son chapeau vert à plume : chasseur-cueilleur, il mise sur sa force, sa ruse et son art d'imiter pour tromper. Il s'allie aux animaux (chiens, appeaux) en les apprivoisant plutôt qu'en  les exploitant. Il aime le vert, il est le vert. Il méprise le blanc.

Au milieu, Frau Müllerin n'est pas une oie blanche. La blonde aux yeux bleus  aime le vert, le reste est cousu de fil blanc.

La Roue tourne, rien ne va plus ! Et c'est le vert qui gagne !

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J'ai encore autre chose à ajouter. Dans sa prétendue déclaration d'amour pour la couleur verte, le meunier choisit trois sites  : les branches d'un vert Saule pleureur, un bosquet de Cyprès toujours verts et  un taillis de verts Romarins (einen grünen Thränenweiden, einen Zypressenhain, eine Haide voll grünem Rosmarein) pour former un paysage romantique du chagrin et de la Mort.

— Le Saule Pleureur :  Thränenweide est une forme poétique rare pour Trauerweide.  Son rapport avec le chagrin est évident, pas de problème.

— Le Cyprès Cupressus sempervirens est l'arbre des cimetières depuis l'Antiquité, enraison de son feuillage toujours vert et de son bois au parfum d'encens.  Ovide décrit comment Cyparisse, amant d'Apollon, fut transformé en cyprès à sa demande après avoir blessé de son javelot un cerf dont il était épris. Regrets éternels.

 

 

Hermann Traugott Rüdisühli (1864-1944), Tempel im Zypressenhain am Meer

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— Le Romarin Rosmarinus en latin (rosée marine), et  Rosmarin en allemand, est une plante aromatique et le recrutement de cette herbe condimentaire dans le paysage mental du meunier est plus surprenant.  Sa forme anglaise Rosemary en faisait un symbole de l'amour. Pourtant, son parfum est rapproche de l'encens, et c'est l'une des étymologies de son nom (rhops myrinos). 

 

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Le Romarin dans les Grandes Heures d'Anne de Bretagne. Copyright BnF Gallica.

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Surtout, on le surnomme Herbe-aux couronnes, et, du moins en Allemagne au XVIII et XIXe siècles, il s'agissait de couronnes funéraires. Dans une poésie de G.-A. Bürger (1747-1794), Suzanne, qui cultivait un myrte pour en faire une couronne de mariage, voit en rêve ce plant se transformer en romarin : Malheur, c'est la mort annoncée, "le romarin fleurit pour ta couronne funèbre".

 

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Le chant Ich habe die Nacht geträumet , publié en 1777, mentionne un rêve identique :

 

Ich hab die Nacht geträumet
wohl einen schweren Traum,
es wuchs in meinem Garten
ein Rosmarienbaum.

Ein Kirchhof war der Garten,
ein Blumenbeet das Grab,
und von dem grünen Baume
fiel Kron und Blüte ab.


 

J'ai rêvé cette nuit
probablement un cauchemar, 
que  poussait dans mon jardin
un romarin.

Mon jardin était
 un cimetière 
Le parterre de fleurs était une tombe,
et de l’arbre vert
tombaient une couronne et des fleurs.

Ce chant a été mis en musique par Carl Bank Lied Der Schwere Traüm op. 20), J. Bandish , Emil Bohn en 1878, et bien d'autres.

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Johannes Brahms a composé un lied Ich hab die Nacht geträumet WooO post. 36 n°4, l'une des Huit chansons folkloriques allemandes ( Acht Deutsche Volkslieder).

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Le même Brahms a également placé, parmi ses Sept lieder op 62, ce lied nommé Rosmarin :

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I. ROSMARIN.

 Es wollt’ die Jungfrau früh aufstehn,
wollt’ in des Vaters Garten gehn.
Rot’ Röslein wollt’ sie brechen ab,
davon wollt’ sie sich machen
ein Kränzelein wohl schön.

2. Es sollt’ ihr Hochzeitskränzlein sein:
„Dem feinen Knab’, dem Knaben mein.
Ihr Röslein rot, ich brech’ euch ab,
davon will ich mir winden,
ein Kränzelein so schön.“

3. Sie ging im Grünen her und hin,
statt Röslein fand sie Romarin:
„So bist du, mein Getreuer, hin!
Kein Röslein ist zu finden,
kein Kränzelein so schön.“


4. Sie ging im Garten her und hin,
statt Röslein brach sie Rosmarin:
„Das nimm du, mein Getreuer, hin!
Lieg’ bei dir unter Linden,
mein Totenkränzlein schön.“

 

Traduction de Dominique Sourisse :

http://dominique.sourisse.free.fr/cariboost_files/brahms_opus_62.pdf

La jeune fille alla se lever tôt,

pour aller dans le jardin du père.

Elle alla cueillir des petites roses rouges,

pour en faire une petite couronne bien belle.

Cela devait être sa couronne de mariage.

« Pour le gentil garçon, mon garçon à moi.

Vous, petites roses rouges, je vous cueille,

avec vous je veux me tresser

une petite couronne si belle. »

Elle alla dans la verdure çà et là,

au lieu de petites roses elle trouva du romarin :

« Ainsi, mon fidèle, as-tu disparu !

Pas de petites roses à trouver,

pas de petite couronne si belle ! »

Elle alla dans la verdure ça et là,

au lieu de petites roses

elle cueillit du romarin :

« Accepte cela, mon fidèle !

Que repose près de toi sous le tilleul,

ma belle couronne mortuaire ! »

 

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Une fois que nous connaissons ce contexte poétique du Romarin comme mauvais présage, le choix du meunier de placer, dans son Éloge du Vert,  un buisson de Romarin à coté du bosquet de Cyprès et du Saule Pleureur devient parfaitement éloquent, et nous admirons comment, dans un sardonique renversement des valeurs, le brave meunier fait la nique au goût de la Belle Meunière pour les beaux chasseurs bien verts et l'avertit de sa revanche.

Pauvre blanc-bec, elle n'en n'aura cure ! Et le chant du meunier n'en est que plus frappant.

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Antoine Watteau, le Gilles (1717-1719).

 

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Published by jean-yves cordier
18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 21:23

Les sablières de l'église Saint-Nicaise  de Saint-Nic. Le porche sud (1562).

 

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Voir sur la commune de Saint-Nic :

— L'église Saint-Nicaise :

 

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— La chapelle Saint-Côme et Saint-Damien :

 

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— La chapelle Saint-Jean :

 

— L'église de Trégarvan (sablières de 1670 par le Maître de Saint-Nic) :

—L'église de Plomodiern (sablières de 1564 par le même artisan qu'à Saint-Nic en 1562):

 

— Plus largement :

 

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Le mur intérieur du porche sud de l'église Saint-Nicaise de Saint-Nic porte une belle inscription sculptée sur la pierre, qui indique la date de sa construction en 1561.

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Le porche a reçu sa charpente l'année suivante, comme l'indique le cartouche d'une sablière, portant la date de 1562. Le menuisier et ymagier qui a égayé les deux sablières de dragons et de chimères a réalisé en 1564 un travail identique dans l'église de Plomodiern, à 5 kilomètres au sud-est.

En 1566, la nef de l'église fut construite, et reçut sa charpente peu de temps après, avec, là encore, des sablières et des blochets figurées. Eut-on recours au même artisan pour la nef, puis les transepts, que pour le porche ? Le prochain article, qui présentera cette charpente sculptée, tentera de répondre.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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LE COTÉ DROIT DU PORCHE.

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Au dessus des six niches à dais, vides de statues, une pièce de bois sculptée réunie deux blochets figurés.

Cette sablière comporte un cartouche central, tenu par deux hommes-dragons, liés chacun par la queue à un  dragon ; deux médaillons encadrent ce motif.

Dans ces personnages qui tiennent le cartouche, nous retrouvons les traits de leurs homologues de la nef et du porche de l'église de Plomodiern, tant dans la morphologie des visages (un front bombé, un "œil d'horus", un nez camus et un menton fuyant) que dans les bagues d'où partent, en guise d'ailes, d'ailerons ou de queue, des volutes ou panaches indentées comme des feuilles. Le thorax est entaillé de lignes longitudinales, de coups de gouge  et de perforations (pour rendre les verrucosités des dragons) et l'abdomen est marqué de coups de gouges en demi-cercle alternant avec des perforations au foret. Ces caractéristiques sont typiques du style et de la manière de faire de l'artisan des sablières de Plomodiern ( à qui Sophie Duhem donne le nom de Brellivet, alors que je pense que c'est le nom du fabricien), style qui se retrouve aussi dans la région du Cap-Sizun.

L'anneau qui relie deux à deux les queues des dragons se retrouve fréquemment sur les sablières de la région, mais aussi sur les ornementations en pierre des porches sculptés par  Bastien Prigent à la même période.

Cette période de réalisation du porche est connue avec précision par le cartouche aux poignées trapézoïdales  car on lit la date 1562 gravée en haut à gauche. Une inscription non plus gravée, mais sculptée en réserve est moins lisible; elle indique peut-être AVE MARIA (ma première hypothèse) mais plus vraisemblablement LE PARLÃT, nom d'un fabricien clairement inscrit dans la nef. Les marques en I sont visibles malgré les couches de peinture sur les poignées.

Les deux têtes de dragons ont les mêmes proportions et le même dessin qu'à Plomodiern, avec un grand œil ovale, des oreilles d'âne, une gueule de loup aux rangs de dents pointues et une belle langue rouge.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Les deux médaillons sont également issues du vocabulaire habituel de l'artisan de Plomodiern, et j'ai déjà cité à leur propos ce texte de Sophie Duhem :

"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente [du corpus étudiées par S. Duhem dans sa thèse, soit 1,7%] sont ornées de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches . Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). "  Sophie Duhem 

Voir les sablières de Guillaume Lamyon à Loguivy-Plougras en 1557 : 

http://www.lavieb-aile.com/2018/03/les-sablieres-1541-1557-de-l-eglise-saint-emilion-de-loguivy-plougras-22.html

 

C'est dire si (malgré, sur ma photo,  les toiles d'araignées que je n'ai pu ôter), il ne faut pas négliger d'observer cette alternance de marques en I et de perforations.

Les personnages sont ceux de Plomodiern : un couple (malgré ici la  distinction bien faible des deux genres) porte un bonnet (une coiffe ou un casque) et une fraise à épais godrons.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Le blochet de gauche est un homme coiffé d'un bonnet en diabolo et vêtu d'une pèlerine, dont le col aux belles lignes laisse deviner une petite fraise blanche. Rien ne permet d'affirmer la fonction de ce personnage ou de l'identifier.

Ce blochet diffère de ceux  du porche de Plomodiern, dont une partie était à peine dégagée de la poutre par des traits de gouge, et dont le menton était hypertrophié.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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L'autre blochet est sculpté en tête de dragon.

Dans les deux cas, l'exécution relève de la même main que la sablière.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Le lambris est indenté par deux culots, dont l'un est à motif végétal et l'autre représente un personnage tenant un phylactère portant des marques en I. Le bonnet, le visage dévoré par l'œil, la petite fraise blanche, nous retrouvons nos détails stylistiques.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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LE COTÉ GAUCHE DU PORCHE.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Un enfant nu (un putto) bras et jambes écartés tient par leur oreille deux dragons.

Nous aurons le plaisir de vérifier comme sur une check-list que les marques de ciseau (droit ou courbe) et de foret sont bien présentes, de même que les yeux aux larges pupilles, etc.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Et nous retrouvons nos personnages de profil dans leur médaillon, avec ici un bonnet marqué d'un pli (ou d'une visière).

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Le blochet de droite est identique à celui qui lui fait face : un personnage à la toque de juge (ou de marmiton) plissée, à la pèlerine protégeant bien les épaules, et au sourire un peu benêt.

Et le blochet de gauche est, pourquoi changer, une tête de dragon.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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Les culots représentent deux têtes d'hommes barbus, à la gueule un peu de travers, mais que rien ne permet d'identifier. Néanmoins, le grand œil à la pupille en rondelle nous prouve que l'ensemble des sculptures de la charpente est de style homogène.

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Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

Porche sud de l'église de Saint-Nic. Photographie lavieb-aile octobre 2019.

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SOURCES ET LIENS.

ABGRALL (Jean-Marie), 1916, Bul. Société archéologique du Finistère.

https://societe-archeologique.du-finistere.org/bulletin_article/saf1916_0122_0159.html

COUFFON (René), Le Bars (Alfred), 1988, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/SAINTNIC.pdf

EGLISE SAINT-NICAISE (I.S.) L'édifice actuel, en forme de croix latine, comporte une nef irrégulière avec bas-côtés de trois travées au nord et de quatre travées au sud, un transept et un choeur profond à chevet plat. Il date de la seconde moitié du XVIe siècle. Du type à nef obscure, il est lambrissé sur sablières sculptées. Les grandes arcades pénètrent directement dans les piliers octogonaux. Entre deux arcades du côté nord, inscription : "M. LE. PARLAT. FA. 1566." Et sur un pilier du bas-côté sud : "I. C. P. 1536 (?)." Le clocher, du type cornouaillais à une chambre de cloches sans galerie, porte la date de 1576 ; il fut réparé en juin 1790 par Hervé Chapron, de Pleyben. Sur le portail ouest en tiers-point et à voussures sous accolade, date de 1570.

Le porche latéral du midi, lambrissé, est daté 1564 sur le gable ; ses sablières sont décorées de chimères et de grotesques. Il renferme douze niches latérales, aujourd'hui vides, pour les Apôtres ; l'une d'elles est datée 1620 ; à l'extérieur, cadran solaire de 1614.

Situé à l'ouest du porche, l'ossuaire d'attache à trois baies trilobées du XVIe siècle, ouvert maintenant sur l'église, sert de fonts baptismaux.

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997.

— PARCHEMINOU ( Corentin), 1930  “Saint-Nic : une paroisse cornouaillaise pendant la Révolution : ses monuments religieux,” 

http://diocese-quimper.fr/bibliotheque/files/original/3082c766c9392bec4684ec9de6920595.pdf

 

 

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
17 octobre 2019 4 17 /10 /octobre /2019 13:48

Les Apôtres (1624-1626) du porche sud de l'église de Plomodiern.

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Voir sur cette église :

Cliquez "Apôtres" ou "Credo apostolique" sur l'onglet "Rechercher" pour de nombreux autres liens.

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Le porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern, dont l'arcade du porche est encadrée de deux colonnes cannelées à chapiteaux ioniques,  porte sur un cartouche d'une sablière, l' inscription : "I. DVZ. FA. 1624.", mentionnant le rôle du fabricien I.  DUZ (ou Le DU) dans l'aménagement du porche en 1624. C'est sans doute lui qui a supervisé la réalisation de certaines des statues des Apôtres occupant les dix niches à coquilles. 

C'est une première surprise  de constater que ce porche ne comporte que dix niches, au lieu des douze qui permettent de créer un Credo apostolique où les Apôtres tiennent chacun l'un des douze articles du Symbole des Apôtres. 

C'en est une autre de constater que deux de ces niches sont vides (tant en 2011 qu'en 2019).

 

D'autre part,, les statues sont de matériau différent : l'une est en bois, deux sont en granite (avec des traces de polychromie), sept sont taillées dans une pierre grise que Couffon désigne sous le nom de "grès".

 

 

Leur valeur esthétique est peut-être  modeste, mais neuf d'entre elles portent les inscriptions de dates (1624 et 1626) attestant leur contemporanéité avec le cartouche de la sablière,  et des noms de probables donateurs, parmi lesquels deux prêtres. Il s'agit d'un document historique précieux pour affirmer, à ces dates, la présence dans la paroisse de familles dont les attestations par les actes d'état civil sont souvent un peu plus tardives. Ainsi, les familles CUZON, DOUARINOU, JOUIN (deux fois citée), QUEMENER, ERNOT KERMAREC et DIDAILLER.

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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1. saint Matthieu et son épée,  ("IAC CVZON"). Grès.

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Cet apôtre tient une épée, attribut de saint Paul (rarement présent sous les porches qui abritent un Credo apostolique), mais aussi de Matthieu, voire de Jacques ou Mattias.

L'inscription IAC CUZON renvoie à un Jacques CUZON vers 1624-1626. Geneanet propose 263 résultats, la plupart sur Plogonnec mais aucun sur Plomodiern.

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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2. Niche vide. Abgrall, Couffon et Dilasser signale un saint Jacques le Mineur avec l'inscription DOARINNOV.

Le nom est bien attesté, et Plomodiern vient en tête des communes les plus référencées après Pont-Croix et Argol. Yves Douarinou, prêtre à Plomodiern en 1689, est né en 1644 et décédé au manoir du Rible en 1719. Un autre prêtre, Jean Douarinou, né en 1660 à Plomodiern, était vicaire à Trégarvan. Jean Douarinou (ca 1641-1704) résidait à Keraliou. Etc.

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3. Saint Jean et son calice ("D.I.M. 1626"). Granit, traces de polychromie ocre rouge.

Le saint, imberbe et tenant le calice de poison qu'il but miraculeusement sans en être atteint, porte le phylactère confirmant que cette série d'apôtres formaient un Credo apostolique : l'article du Credo était (sans doute) peint sur ce phylactère.

L'inscription D:I§ M / 1626 est placée dans un écu. Un calice (entre D:I et M) indique que nous avons affaire à un prêtre. Il ne s'agit pas du recteur en poste entre 1617 et 1626, qui était alors Sébastien Guéguen. Mais ce dernier a inscrit son nom sur la croix de Croas-Ty-Véron (SEBASTIAN GVEGVEN 1624) avec un écu portant les initiales S § G entourant un calice.

Voir Atlas ... Plomodiern n°1610sud http://croix.du-finistere.org/commune/plomodiern.html .

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.
Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.
Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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4. Saint Philippe et sa croix à longue hampe ;  inscription "D.T. IOVIN" + écu avec 1626 et calice. Grès.

L'apôtre tient un livre, la hampe de la croix, alors qu' un phylactère descend en diagonale. Il est tête nue, et barbu.

L'écu porte la date 1626 portée deux fois autour d'un calice. La mention D.T. IOVIN doit renvoyer à la famille JOUIN, établie à Plomodiern.

https://gw.geneanet.org/traes001?lang=fr&pz=stephane&nz=raes&p=jean&n=jouin&oc=1

Je me demande si le D. ne correspond pas à un titre de prêtre, et ne doit pas être lu comme "discret", puisqu'il accompagnait déjà l'écu précédent.

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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5. Saint Pierre en  pape. Bois.

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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LE COTÉ GAUCHE.

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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6. Saint Jacques le mineur et son bâton de foulon. Inscription ---AILLER. Grès.

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Les auteurs ont lu "P. AN. DIDAILLER" Le patronyme DIDAILLER est attesté à Plomodiern au XVIIe siècle.

https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&p=jean&n=didailler&oc=5

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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7. Saint Barthélemy et son couteau à dépecer.  Inscription "I. ERNOT".

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Là encore, le patronyme ERNOT est attesté à Plomodiern, notamment par un Barthélémy (!) ERNOT, né vers  1636.

https://gw.geneanet.org/villadesresedas?lang=fr&v=ERNOT&m=N

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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8. saint Thomas et son équerre. Inscription "M. KMAREC". Granit, trace de polychromie ocre rouge.

Parmi les KERMARREC de Plomodiern, je retiens Goulfen Kermarrec, né vers 1596, décédé à Plomodiern en 1679, car il était marié avec Catherine Hernot ca 1602-1674 (variante graphique pour ERNOT qui précède) .

https://gw.geneanet.org/lignez460?n=kermarrec&oc=&p=goulfen

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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9.  Saint André et sa croix en X. Inscription H. IOVIN. 1624.

Nous retrouvons la famille JOUIN.

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Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

Porche sud de l'église de Plomodiern. Photographie lavieb-aile 2019.

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10. Niche vide. saint Simon et inscription "P.D. QVEMENER" ?

Cette dixième niche  est vide, mais Cuffon mentionne saint Simon, qui devait porter une scie, avec sur le socle l'inscription  "P.D. QVEMENER".

Là encore, le patronyme QUEMENER est attesté au XVIIe siècle à Plomodiern.

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SOURCES ET LIENS.

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— ABGRALL (Chanoine Jean-Marie), 1916, Inscriptions gravées et sculptées sur les églises et monuments Société Archéologique du Finistère - SAF 1916 tome 43 - Pages 65 à 102

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf_divers/abgrall_inscriptions-gravees.pdf

"Inscriptions aux pieds des statues des apôtres : P : ANDIDAILLER - I : ERNOT - M : KERMAREC. - H : IOVIN : 1621 — 0 : QVEMENER - IAC: CVZON - DOVARINNOV - D: I: M: 1626- D : T: IOVIN."

— COUFFON (René), 1988, Plomodiern, in Nouveau répertoire des églises et chapelles, diocèse de Quimper.

https://diocese-quimper.fr/fr/archives-et-bibliotheque-diocesaines/story/1164/nouveau-repertoire-des-eglises-et-chapelles-couffon

Les dix niches à coquilles sont garnies de leurs statues d'Apôtres, l'une en bois, saint Pierre, une seconde en granit, saint Thomas ("M. KMAREC" sur le socle), les huit autres en grès, avec inscriptions : saint Paul ("IAC CVZON"), saint Jacques Le Majeur ("DOVARINOV DDI" et calice), saint Jean ("D.I.M. 1626"), saint Philippe ("D.T. IOVIN"), saint Simon ("P.D. QVEMENER"), saint André ("H. IOVIN. 1624"), saint Barthélemy ("I. ERNOT") et saint Jacques Le Mineur ("P. AN. DIDAILLER").

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Published by jean-yves cordier - dans Apôtres
12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 08:49

 

Les sablières (J. Brellivet, 1564) de l'église de Plomodiern.

 

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Vous pourrez lire aussi, sur le sujet des corniches ("sablières") et autres pièces de charpente sculptées (blochets, abouts de poinçon)  de Bretagne, les articles suivants :

 

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Sur les réalisations du Maître de Pleyben (1567-1576), voir :

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Sur les réalisations semblables à celles de l'église de Plomodiern en 1564 :

Sur les réalisations d'un hypothétique Maître de Saint-Nic (1641-1676) :

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PRÉSENTATION.

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L'église Saint-Mahouarn de Plomodiern (XVI-XVIIème siècle) a été  presque entièrement reconstruite entre 1858 et 1864, et elle ne conserve du  XVI et XVIIe siècles que son chevet, et son porche méridional.

Les éléments de datation de ces parties anciennes sont deux inscriptions sur bois peint des sablières de la nef (I : Brellivet : 1564) et du porche sud (I : Duz  Fa : 1624) et les inscriptions sur pierre des statues des apôtres du porche, avec les dates de 1621 et 1624, accompagnées de  divers noms. Enfin  les dates de 1574 et 1597 sont parait-il portées au-dessus des arcades nord de la nef .

Tous ces éléments sont de compréhension et d'interprétation difficiles. Sophie Duhem, auteur de référence pour les sablières de Bretagne, a considéré que I. Brellivet était le nom du sculpteur des sablières de la nef; mais ne s'agit-il pas plutôt, comme c'est l'usage, et comme on le voit sous le porche, du nom du fabricien en poste pour l'année en question ?

Les deux cartouches portant les noms et les dates des sablières sont quasi identiques, alors que les dates de 1564 et 1624 ne permettent pas d'envisager un artisan commun. Le style des deux ensembles de sablières (nef et porche) est, sinon identique, du moins proche. 

Les rapprochements avec d'autres ensembles de charpentes sculptées du secteur Presqu'île de Crozon, Pays du Porzay et Pays de l'Aulne s'avèrent également ardus.  Sophie Duhem a vu dans J. Brellivet un sculpteur d'abord actif dans la région du Cap Sizun (Pont-Croix en 1554, Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun, chapelle Saint-Tugden à Primelin) puis à l'église de Saint-Nic  entre 1561 et 1566. En effet, il est certain que c'est le même sculpteur qui a fait les sablières des églises des  2 communes voisines de Saint-Nic puis de Plomodiern. Son style se définit ainsi :

"Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons." (S. Duhem)

Mais "Brellivet" est-il aussi l'auteur du porche sud de Plomodiern ? Le rapprochement avec le porche sud de Saint-Nic permet de répondre affirmativement (malgré la date de 1624 du cartouche).

Au total, l'église de Plomodiern conserve un beau corpus de charpente sculptée datée de 1564, conservée en ré-emploi dans la nef du XIXe siècle, mais aussi sous le porche sud, avec 7 pièces de sablières, des blochets, des abouts de poinçons, témoignant de l'activité d'un sculpteur actif entre 1554 et 1564 soit dans la région du Cap Sizun (Finistère sud), soit en Porzay. 

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Le  préalable (mais encore faut-il prendre la peine de s'y livrer) est de mettre en ligne les documents photographiques, ce qui peut permettre ensuite les confrontations avec mes précédents relevés des sablières de la région.

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I. LA CHARPENTE DE LA NEF.

 

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La première énigme commence avec les armoiries bien en vue (et repeintes récemment) du nœud du dernier  des entraits engoulés de la nef lambrissée. On pourrait le blasonner comme un écartelé aux premier et quatrième d'azur plein, , et aux deuxième et troisième bandé d'argent et de gueules. 

Puisque la sablière de la nef porte la date de 1564, notons qu'à la "Montre" de l'Evêché de Cornouailles de l'an 1562 étaient mentionnés : maître Yves de Tréanna, sr. de Lanvillo, ( d'argent à une mâcle d'azur), la dame du Rible (d'argent au chevron de gueules) ; la dame du Pratganec,  ; Jehan du Tymeur,  ; Bertrand Coatsquiriou, sieur de Bulguron ; le sieur de Coatsquiriou ; Henry Guyot ; Henry Guynemant.

Mais même si on reconnait les marques en I propre au menuisier de 1564,  la peinture de ces armoiries ne datent-t-elles pas de la reconstruction du XIXe siècle ?

Je passe.

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Entrait   de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

 

 

 

Entrait   de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait   de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Entrait de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Je décrirai les corniches sculptées et peintes en partant de l'angle nord du transept.

Blochet de l'angle nord-ouest du transept.

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Ce personnage coiffé d'un bonnet tient les mains près de sa gorge ; on remarque un cœur (suspendu à son cou ?). Saint Augustin ??

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Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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1. Frise de tulipes (?) et vignes avec grappes.

L'extrémité du cep est tenu par le bec d'un oiseau.On retrouve ce motif du pampre tenu par un oiseau à Saint-Nic, dans les chapelles Saint-Jean et Saint Côme et Saint-Damien. Surtout, les "tulipes" à deux feuilles se trouvent à l'identique dans le bras sud du transept de l'église de Saint-Nic.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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2. Deux dragons affrontés.

Ces dragons ont des ailes et accessoires de queue évoquant des feuilles, et qui naissent de viroles. Ils encadrent un motif formé de deux banderoles croisées, et feuillagées. Deux volutes bleues occupent les extrémités.

Les deux bandes blanches et les volutes bleues portent des marques en I. Les écailles et verrues des dragons sont rendues par des entailles de ciseaux à bois, en coup d'ongle, par des entailles droites, par des perforations au foret, par des marques en I sur la queue.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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3. Deux dragons opposés par la queue autour d'une volute verte.

Au centre, une banderole verte enroulée en volute est dotée d'appendices foliés ; elle porte des marques en I . De chaque coté, deux dragons s'opposent par la queue, mais leur tête se tourne vers le centre. Comme les précédents, il porte des bagues où se fixent en guise d'aile ou de queue des volutes en feuilles ou en plumes.Les marques de gouges et de forets de sculpteur sont à nouveau utilisées en ornementation. Cette façon de faire laisse imaginer que l'artisan est un menuisier plus habile à utiliser ses outils de découpe qu'à modeler le bois. On retrouve cela à Trégarvan, Saint-Jean en Saint-Nic, à l'église de Saint-Nic, etc.

Les couleurs associent à un rouge vermillon et à un jaune franc des teintes pastels comme le vert anis et le rose pâle, dont le dégradé donne un aspect nacré.

À l'extrémité, deux coquilles relève du vocabulaire Renaissance évoquant Vénus.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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4. Cartouche présenté par deux hommes-dragons.

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Deux créatures associent une tête et un tronc humain avec un abdomen et une queue de dragons. Le visage de ces chimères est difforme, avec un nez camus, une gorge gonflée, et un œil énorme, vu de face, sous un front qui est peut-être un casque.

 

 

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Le cartouche à trois profondeurs porte des marques en I caractéristiques.

L'inscription est gravée et rehaussée de peinture blanche :

J: BRELLIVET : 1564.

Les lettres majuscule droites sont gravées par une main malhabile, par association de traits droits de même taille et de quelques courbes hémisphériques.

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a) le patronyme J. Brellivet.

Le prénom est sans doute Jean, mais peut-être Joseph ou Jacques. Le patronyme BRELLIVET correspond à la graphie actuelle   BRELIVET. Albert Deshayes mentionne une première attestation à Quimper en 1534 avec la graphie BRILIVET, et donne son origine d'un ancien breton du cartulaire de Redon  BLEUNLIUUET, avec le sens possible de "tête de l'armée", pour désigner un combattant.

Le site Geneanet  signale que parmi les  21000 occurrences en France, 20000 se trouvent en Finistère, dont 15 000 en Finistère sud, 10000 autour de Locronan et Plogonnec, avec 5 pôles majeurs, Plogonnec-Locronan (3852), Plomodiern (2824), Le Faou-Hanvec (2441), Plouergat (2100), et Peumerit (1172).  https://www.geneanet.org/nom-de-famille/BRELIVET

L'absence de qualificatif ne permet pas de savoir si ce cartouche porte le nom d'un menuisier, d'un fabricien (comme c'est l'usage), voire d'un recteur . Mais au XVIe siècle, il est rare que les artisans signent leur œuvre. C'est si rare que nous ne pourrions retenir cette hypothèse que si le nom était accompagné d'une mention de profession (menuisier, ymagier)  ou de l'indication telle que "untel m'a fait". D'autre part, si cet artisan avait la prétention de signer son travail, il l'aurait sans doute fait également sur les autres chantiers où son style a été reconnu, et notamment sur le porche sud de l'église de Saint-Nic, qui est identique à celui de Plomodiern. Enfin, les données généalogiques sont en faveur du fait que ce "J. BRELLIVET" est natif de Plomodiern ou des alentours, ce qui s'oppose à l'idée que la paroisse aurait fait venir chez elle un sculpteur étranger qui aurait d'abord travaillé au Cap Sizun.

De même, les recteurs ne feront indiquer leur nom qu'un peu plus tard. 

Je privilégie donc l'hypothèse de voir ici le nom du fabricien élu pour l'année 1564 afin de gérer la trésorerie et de commanditer et réceptionner les travaux.

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b) L'année 1564.

 

L'année 1564 peut être rapprochée des repères suivants pour les édifices de la région  :

  • Calvaire de Trégarvan en 1527 (?).

  • Calvaire de Ploéven en 1550 (et Déploration de 1547).

  • Calvaire de Pleyben en 1555.

  • Porche sud de l'église de Saint-Nic en 1562.

  • Début de la construction de la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom en Plomodiern en 1570.

  • Début de la construction de la chapelle Saint-Sébastien en Plomodiern en 1573.

  • Début de construction de l'église de Ploéven (1574)

  • Calvaire de la chapelle Sainte-Barbe en Ploéven en 1585.

  • Début de la construction de l'église de Trégarvan en 1590.

  • Début de la construction de la chapelle Saint-Nicodème en Ploéven en 1593.

Concernant les sablières, il faut signaler que les charpentes sculptées par le Maître de Pleyben à Pleyben, Sainte-Marie-du-Ménez-Hom, Saint-Divy, et  au château de Kerjean  à Saint-Vougay sont un peu plus tardives que celles de Plomodiern et de l'église de Saint-Nic, entre 1567 et 1576.

 

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Les médaillons.

À gauche, un soldat est coiffé d'un casque argenté et porte une sorte de fraise à gros godrons (qui appartient bien à la mode vestimentaire sous Charles IX). À gauche, c'est sans doute son épouse, qui est coiffée d'un bonnet, (comme on le trouve vers 1565 sur un portrait de Catherine de Médicis), et qui porte une fraise.

 

 

"Les sculpteurs italiens développent à la fin du Quattrocento le thème du buste en relief sur médaillon, une figure qui apparaît à plusieurs reprises dans l'ornementation des charpentes. Bien que nous n''ayons pas retrouvé dans les recueils de gravures d'équivalents iconographiques des modèles sculptés sur les sablières, l'origine italienne ne fait aucun doute. Au total, 82 pièces de charpente sont ornés de portraits sur médaillons, principalement regroupés dans les paroisses du Cap Sizun et dans le diocèse de Vannes. Le modèle le plus répandu présente une tête de face ou de profil, disposée au centre d'un médaillon cranté ou marqué d'encoches . Cette dernière formule est utilisée par J. Brellivet à Cleder-Cap-Sizun (1554), Primelin, et Saint-Nic (1562). "  Sophie Duhem 

Voir les sablières de Guillaume Lamyon, Loguivy-Plougras, 1557 : 

http://www.lavieb-aile.com/2018/03/les-sablieres-1541-1557-de-l-eglise-saint-emilion-de-loguivy-plougras-22.html

Voir les sablières de Saint-Nic :

L'église Saint-Nicaise à Saint-Nic : inscriptions lapidaires, de datations et nominatives. 1561-1566, etc

 

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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5. Deux dragons encadrant un médaillons losangique.

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Au centre, un médaillon losangique à fond jaune, avec les mêmes marques en I et les mêmes ponctuations, renferme un visage de putto.

Les dragons ne diffèrent des précédents que par la présence de 3 bagues ailées au lieu de 2.

À droite, un médaillon nous montre un personnage : un homme casqué, ou une femme coiffée d'un bonnet.

À gauche, une coquille.

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Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1564)  de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Sablières (1564) de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Deux blochets.

Un acrobate en renversement postérieur.

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Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Blochet de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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II. LA CHARPENTE DU PORCHE SUD.

Cette charpente offre au regard au dessus de la galerie des Apôtres (vers 1620) son lambris bleu parcouru de nervures vertes et rouges, ses deux corniches polychromes encadrées chacune de deux blochets, et de quatre culots sur le parcours des nervures.

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I. La sablière du coté oriental (partie droite du porche).

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Deux personnages chimériques, semblables à ceux qui tenaient déjà le cartouche de la nef, tiennent un cartouche identique, aux poignées trapézoïdales. Il semble donc que cette sablière a été réalisée par le même artisan qui a créé le cartouche "J. BRELLIVET 1564". Pourtant, ce nouveau cartouche porte l'inscription :

I : DUZ FA 1624

. Soit I : DUZ fabricien en 1624.

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Il faut assimiler le patronyme DUZ à la graphie plus répandue aujourd'hui de LE DU ; ce nom est attesté à Plomodiern à cette époque, avec ses variantes, et on peut peut-être assimiler le fabricien avec Yves DUZ, DU, DUFF, DEUF (LE), marié avec Marie GUYOT et père de Jean DUZ (DU, DUFF, DEUF (LE)), lequel est né vers 1642 et  décédé le 13 janvier 1722 à Plomodiern. Il apparaît dans la généalogie d'Annick Gourmelen-Testu.

https://gw.geneanet.org/gourmelenat?lang=fr&pz=vincent+bruno&nz=testu&ocz=1&p=yves&n=duz+du+duff+deuf+le

De plus, il est difficile d'accepter la datation au XVIIe siècle du porche, et de ses sablières, si on remarque l'identité des sculptures de ce porche avec celui de Saint-Nic, clairement daté de 1562.

L'examen des caractéristiques de la sculpture montre néanmoins des différences avec celle de la nef. Le cartouche n'est pas marqué de I et de points, les personnages n'ont pas cet œil d'horus ou  ce front bombé i reconnaissables , le pagne jaune est sommaire, l'abdomen n'est pas sculpté d'écailles,  les appendices foliaires des bagues sont réduits à une volute sans digitation. On  retrouve pourtant sur la queue les perforations au foret, propre à l'artiste de 1564.

Il est possible de se demander si toute cette pièce n'est pas la copie, habile mais d'une main différente, d'une pièce originale (à la suite d'une détérioration), ce qui expliquerait que le fabricien ait mentionné son nom comme responsable de cette commande. 

Il reste alors à savoir si c'est l'ensemble de la charpente du porche, ou seulement cette pièce de sablière, qui doit être attribuée au "plagiaire" et doit être datée de 1624. C'est ce dernier cas qui est le plus probable, car la mentalité de l'époque n'était pas de procéder à des restaurations de l'ancien si une remise à neuf  en style contemporain pouvait être  décidée.

Ou bien, le fabricien Le DUZ a utilisé ce cartouche pour signaler sa responsabilité du chantier principal, la réalisation des 12 statues d'apôtres du porche qui portent, gravées dans la pierre, les dates de 1624 et 1626.

Il est peu vraisemblable que la question soit jugée suffisamment importante pour faire financer une étude dendrochronologique...

 

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de gauche. Homme barbu tenant un écu muet.

Notez la tête-bûche au nez dégagé à l'herminette, le bonnet laissant passer les petites indentations des cheveux courts, la petite bouche, les yeux ronds, le  cou puissant, la tunique à petits boutons, la pièce de charpente bien visible.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de droite. Tête d'homme.

Cette tête est semblable à la précédente, mais le buste n'est qu'esquissé à coups de gouge. Une fois encore, nous avons affaire à un artisan qui ne cherche pas à dissimuler les traces de ses outils et des coups de taille par un fin ponçage et qui ne recherche pas les arrondis harmonieux , soit par choix et goût de l'esthétique de l'inachevé ou non finito (un peu précurseur, non ?), soit par manque de formation à un fini plus élaboré.

On remarquera le menton hypertrophique, en talon de sabot, une caractéristique que j'ai déjà noté à  Trégarvan et à Saint-Nic sous la main d'un hypothétique "Maître de Saint-Nic" (1641-1676) . Ce qui complique mes efforts d'attribution, ou incite à les affiner.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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II. La sablière du coté occidental (partie gauche du porche).

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Deux dragons tiennent entre leurs têtes détournées un médaillon losangique semblable à celui de la nef. Comme lui, il contient la tête d'un putto , et il comporte deux "pommes" en partie basse.

Les dragons, au corps très long, comportent trois bagues ailées par des feuillages. En périphérie, deux coquilles.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de droite. Homme ou femme les mains posées sur un baudrier.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Blochet de gauche. Homme portant une large fraise.

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La fraise et les plis de l'habit sont taillés à la gouge en utilisant l'empreinte de l'outil.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Les culots des nervures.

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Un homme tenant un bol.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Homme tenant un livre.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Un buveur.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Un barbu.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Dieu le Père.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

Porche sud de l'église Saint-Mahouarn de Plomodiern. Photographie lavieb-aile.

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QUELQUES ÉLÉMENTS DE COMPARAISON.

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A. LE PORCHE SUD DE L'ÉGLISE DE SAINT-NIC.

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Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.

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LE CHOEUR ET LE  TRANSEPT DE TRGARVAN.

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Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.
Les sablières de l'église de Plomodiern.

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SOURCES ET LIENS.

 

— DUHEM (Sophie), 1997, Les sablières sculptées en Bretagne: images, ouvriers du bois et culture paroissiale au temps de la prospérité bretonne, XVe-XVIIe s. ... préface d'Alain Croix. , Rennes :Presses universitaires de Rennes, 1997 : thèse de doctorat en histoire sous la direction d'Alain Croix soutenue à Rennes2 en 1997.  pages 142 à 146.

 

 

"Contemporain de l'anonyme de Combrit, J. Brellivet exerce comme lui son métier sur les chantiers du Cap Sizun avant de gagner des paroisses situées, cette fois, plus au nord. Les dates mentionnées par quelques sablières permettent de suivre son activité durant près d'une dizaine d'années, voire un peu plus si l'on tient compte des dates des campagnes de construction des sanctuaires où son passage est attesté. Avant de découvrir les étapes anciennes de son parcours, arrêtons-nous dans l'église de Plomodiern qui abrite l'ensemble le plus tardif que l'artisan ait réalisé.

L'œuvre, datée de 1564,  est de belle qualité : Brellivet n'hésite pas à évider le bois de manière à obtenir un relief assez haut, et comme l'artiste de la chapelle des saints Côme et Damien à Saint-Nic, il aime ornementer les surfaces de motifs taillés en creux, stries, encoches, facilitent l'identification de son travail. Les mentons sont fuyants, mais les fronts sont bombés net, les yeux immenses, aux contours très dessinés. Les figures originales qu'il représente sont inspirés des décors de la Renaissance : il apprécie surtout les figures humaines et animales « végétalisées » qui prennent la forme dans sa sculpture de bustes d'hommes et de dragons dont les cornes pisciformes sont couverts de végétaux. Il dynamise ses compositions par de petits portraits qu'il représente en buste ou de profil, sur des médaillons.

Ces images sont caractéristiques de sa production et apparaissent à quelques kilomètres de là, pointe du Cap Sizun sur les poutres plus anciennes de l'église de Pont-Croix. L'année 1544 marque la fin de la campagne de construction du chœur et sans doute est-ce durant cette période qu'il entreprend l'ornementation des sablières. Soit près d'une vingtaine d'années en amont de l'œuvre de Plomodiern. Les images choisies sont les mêmes ou du moins partiellement puisqu'une scène de pêche complète la décoration de l'ensemble. En réalité l'auteur n'a pas encore fixé son répertoire : il mêle à ses figures végétales renaissances des thèmes plus « locaux » dans la tradition de l'imagerie divertissante du bas Moyen-Âge. Il lui faudra quelques années avant d'adopter définitivement le registre des images les lus modernes, car son choix n'est toujours pas fait en 1554 : les fragments de sablières conservés dans la chapelle Saint-Trémeur à Cléden-Cap-Sizun le prouvent. Si le nom de Brellivet n'est pas mentionné par l'inscription qui fournit la datation, la paternité ne fait aucun doute.

Bien que nous ne connaissions pas les dates d'édification de la charpente de la chapelle Saint-Tugden à Primelin, une partie au moins est contemporaine des charpentes de Pont-Croix et de Trémeur. La présence de quelques sablières décorées par le sculpteur l'atteste. Nous retrouvons à Primelin l'image du putto tenant entre les mains les queues de deux dragons végétalisés, de même que les petits bustes pleins d'embonpoint qui ornaient déjà les culots des poinçons pontécruciens. C'est probablement vers le milieu du siècle que le sculpteur quitte la pointe du Cap Sizun pour gagner des chantiers situés plus au nord. Comme nous l'avons vu, il réalise les décors de Plomodiern en 1564. Il est à la même époque dans la paroisse de Saint-Nic où il est employé à l'ornementation de la charpente de l'église entre 1561 et 1566. La commande est importante si l'on tient compte des éléments conservés localisés sous le porche et dans la nef. La maîtrise technique de l'ouvrage est incontestable, mais il est vrai que le répertoire est déjà bien connu du sculpteur."

 

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— COUFFON (René), 1988, Notices sur les paroisses, 

http://diocese-quimper.fr/images/stories/bibliotheque/pdf/pdf-Couffon/PLOMODIE.pdf

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Published by jean-yves cordier - dans Sablières
11 octobre 2019 5 11 /10 /octobre /2019 20:44

La chapelle Notre-Dame de Lannélec en Pleyben, le calvaire du XVIe siècle.

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Voir aussi sur Pleyben :

L'église

Les chapelles :

 Les calvaires bretons :

 

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Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

 

 

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LE CALVAIRE.

Même si les parties les plus anciennes de la chapelle datent de 1490 (inscription en lettres gothiques sur la pilier sud-est), dans son ensemble, la chapelle date du 16e et du 17e siècle ainsi que les sablières, les autels et les verrières. C'est dire si le calvaire, qui relève globalement du même style que le calvaire monumental de Pleyben (Bastien Prigent, 1555), ou du calvaire de la chapelle Saint-Laurent (Bastien Prigent, vers 1555) mérite d'être examiné avec soin comme l'un des  témoins précoces de l'intervention des sculpteurs à Lannélec. Il n'a pas (encore) été attribué à un atelier précis, mais c'est par la mise en ligne de documents iconographiques que les regroupements stylistiques pourront se poursuivre.

Il a bénéficié de deux descriptions, par Yves-Pascal Castel en 1980, puis par le Service de l'Inventaire Général.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/calvaire/7f8828b9-e51d-48f2-96c9-6cf5fc2eacf6

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Le Crucifix entouré de deux anges  recueillant le sang des mains et du flanc.

Titulus INRI. Croix à fleurons en boules. 

Couronne à 2 brins tressés parallèles. Tête inclinée à droite, yeux fermés, bouche à peine ouverte, barbe. Cheveux dont les longues mèches pendent devant les épaules. Thorax aux côtes horizontales. Nombril en bouton. Pagne noué uniquement à gauche.

Ange de droite tenant deux calices, pour la main et pour le flanc.

Ange de gauche tenant des deux mains le calice sous la main gauche.

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Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

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Le bon larron.

Il tourne son visage vers le Christ. Ses jambes fléchies illustrent le fait qu'elles ont été, selon le texte de l'évangile, brisées par les soldats lors de la Passion.

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Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

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Le Mauvais larron

Il tire la langue et détourne son regard.

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Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

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Le Christ aux liens.

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Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

Chapelle Notre-Dame de Lannélec à Pleyben. Photographie lavieb-aile juillet 2019.

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SOURCES ET LIENS.

— Service de l'Inventaire Général.

http://patrimoine.bzh/gertrude-diffusion/dossier/calvaire/7f8828b9-e51d-48f2-96c9-6cf5fc2eacf6

— CASTEL, Yves-Pascal. Atlas des croix et calvaires du Finistère. Dans : Société archéologique du Finistère, 1980, Quimper.

http://croix.du-finistere.org/commune/pleyben.html

1474. Lannélec, g. k. s. 5 m. XVIè s. Soubassement élevé. Fût à pans, griffes. Croisillon, consoles, gibets des larrons (deux statues manquent). Croix, fleurons-boules, crucifix, anges aux calices, Vierge à l’Enfant, écu muet. [YPC 1980]

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Published by jean-yves cordier - dans Pleyben
10 octobre 2019 4 10 /10 /octobre /2019 22:30

 Le mystère de la "Chambre des Parfums" (1722-1860) de l'île de Tatihou. Les fumigations aromatiques  utilisés par les lazarets. 

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En face de Saint-Vaast-La-Hougue, à l'extrémité nord-est du Cotentin, la petite île de Tatihou, (longue de 700 m et large de 400 m) accueille le visiteur par son insolite bateau à roulettes, qui le transporte dans le monde de l'enfance, du rêve, et du passé, comme une attraction d'un Jardin d'acclimatation.

Or, c'est précisément un jardin d'acclimatation de toutes sortes de plantes et de pins d'essences diverses qu'il va découvrir dans le Musée Maritime. Et dans ce jardin riches de plantes odoriférantes, une passionnante énigme, celle de la Chambre des Parfums. Pris dans un étrange envoûtement, il partira en rêve dans les lazarets de Marseille et de Tatihou pour conclure finalement à un bel euphémisme. "Des "parfums" ? C'était, à défaut d'être aspergé de vinaigre,  un odieux enfumage empestant l'œuf pourri, où se mêlaient les effluves de tout ce qui sentait très fort et très mauvais, pour repousser les miasmes !"

En voiture !

 

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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De vastes panneaux  permettent au touriste de mieux connaître l'histoire de l'île.

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Il en découvre les deux pôles, soigneusement éloignés l'un de l'autre : le pôle militaire défensif à l'est avec la Tour construite en 1694 par Benjamin de Combes (après la désastreuse Bataille de la Hougue, dont il va entendre beaucoup parler), et le pôle civil et maritime de l'ancien lazaret.

 

"Afin d’éviter de propager la peste de Marseille de 1720, le Roi décide de créer un lazaret à Tatihou pour protéger le nord-ouest du Royaume, et imposer aux navires venant de la  Méditerranée des quarantaines. Dans les années 1770, il est délaissé au profit de celui du Hoc, face au Havre, mais  en 1804, les risques de propagation de la Fièvre jaune sévissant en Espagne amènent l'administration à revoir l'architecture du l'établissement. Pour réduire les risques de contamination, on construit des petits pavillons cernés par une double enceinte et finalement un hôpital. Cet ensemble sanitaire fonctionnera jusque dans les années 1860."

S'il regarde attentivement le plan qui est affiché à l'entrée de l'ancien lazaret, il voit, en 1, "deux halles pour éventer les marchandises", et "deux petits logements pour les éventeurs et gardiens".

Des "éventeurs de marchandise" ? Qu'est-ce donc là ?

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Ces deux halles étaient situées dans l'actuel cour du Musée Maritime : le touriste questionneur obtient sa réponse :


"Dans son premier état de 1722, la cour dite ”du musée” était dénommée ”le grand enclos”. Sous deux halles de 15 mètres de long et 6 mètres de large, ”toutes ouvertes”, on ”donnait de l’évent”, c’est-à-dire que l’on déballait les marchandises préalablement parfumées. Ce travail était effectué par des ”crocheteurs ou journaliers” qui étaient logés sur place dans deux petits bâtiments (encore visibles) situés dans les encoignures.
Lorsque le Muséum prend possession des lieux, les deux halles ne sont plus ouvertes mais closes de murs, montés entre les anciens piliers. Les chercheurs y installent une salle des collections où ils rassemblent le fruit de leurs
découvertes. En 1922, ces collections seront vendues à des collectivités (la ville de Cherbourg par exemple) ou des institutions (Institut océanographique de Monaco). Les bâtiments ont été ensuite utilisés comme dortoirs pour les enfants de l’aérium et des colonies de vacances."

Le visiteur veut bien comprendre que les cargaisons des navires soumis à quarantaine (c'est la fonction d'un lazaret) puisse être débarquées et aérées. Mais pourquoi diable devait-on les parfumer au préalable ? Les cales étaient-elles donc si nauséabondes ?

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Quand il franchit le portail, il accède au jardin, et, sous l'ombrage des grands pins, il aperçoit le  Laboratoire du Muséum, centre de culture scientifique qui occupe l'Hôpital du Lazaret construit vers 1825

 



"Pendant la Révolution, les cours du lazaret sont affectées à un régiment du génie qui y aménage un parc d’artillerie. Mais dès l’an XII (1804), la fonction sanitaire est rétablie. Le Conseil de santé de Cherbourg se préoccupe de l’état des lieux et les fait remettre en état. 
En 1822, la Fièvre jaune ravage l’Espagne. Le préfet de la Manche demande que l’on complète l’aménagement du lazaret de Tatihou en construisant un hôpital. En juin de la même année, l’appel d’offres est lancé pour la construction de ce nouveau ”pavillon du lazaret”, bâtiment carré de deux étages desservis par un escalier en colimaçon. Il restera affecté à cet usage jusqu’en 1880.
Lorsque le Muséum s’installe sur l’île en 1888, l’hôpital est aménagé pour accueillir une salle des aquariums et des laboratoires."

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Un peu plus loin, il accède au bâtiment actuellement dévolu à l'accueil des séminaires et aux personnes qui y ont réservé une chambre. Le voilà à nouveau perplexe, car il apprend que ce bâtiment abritait le Logement des équipages, et une mystérieuse "Chambre à parfums".

Va-t-il y découvrir des alambics ou des vaporisateurs ? Un orgue à parfums cher à Huysmans ? Va-t-on lui proposer l' expérience sensorielle dont il rêve ?

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Il faut se transformer en détective et consulter les archives. Et découvrir que cette Salle des parfums figure, à coté du logement des équipages, sur le projet de construction du lazaret daté de 1721.  Arch.Dép.14, AD50, AM Saint-Vaast-la-Hougue

La légende indique en C une porte, les annotations me sont illisibles.

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https://www.manche.fr/tatihou/histoire-tatihou-normandie-50-lazaret-museum.aspx

https://www.manche.fr/tatihou/histoire-tatihou-normandie-50-lazaret-museum.aspx

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Il est accompagné d'un courrier  établi par M. Le Petit,  commis à la Hougue le 14 août 1721 . Un premier projet envisageait de créer un lazaret aux îles Saint-Marcouf, plus éloigné de Saint-Vaast.

Le souci de parfumer les équipages est si important que la salle y est mentionnée au même titre que la chapelle :

"Je me donne l'honneur d'envoyer au Conseil de Marine au plan de l'isle de Tatihou sur lequel est marqué le lazaret que Monsieur Guynet a proposé d'y faire, au lieu des isles de Saint-Marcou, où il se trouve beaucoup de difficulté pour décharger les marchandises des vaisseaux soubsonnés de mal contagieux, qu'il est très difficile d'y donner les secours nécessaires aux équipages et ses isles estant à trois lieues de la Hougue, et mesme m'y bastir avec diligence, tous les transports des matériaux se faisant par mer.

J'y joins un plan partiel du lazaret sur lequel sont marquez les mesmes halles et logements que l'on destinoit pour les isles Saint-Marcou, n'y augmentant qu'une salle pour le parfum des équipages et une petite chapelle au-dessus du logement du gardien, ne bâtissant sur les isles Saint-Marcou que l'infirmerie. Tous ces logements estant en sûreté à l'isle de Tatihou, au lieu qu'aux isles de Saint-Marcou ils pourroient être détruits par les habitants des costes qui vont à la mer et estre brûlez en temps de guerre par les corsaires ennemis, on propose de les bastir en maçonnerie de chaux et de les couvrir d'ardoise, afin qu'il y ait moins d'entretien et qu'ils soient moins sujets aux accidents de feu et des vents qui pourroient enlever les couvertures de paille ." (in Hildesheimer , Gallica)

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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La consultation des plans de l'île dressés en 1743 et 1754 n'apportent pas plus de précision, car les légendes concernent la garnison et les fortifications. On peut noter l'importance du jardin, et l'accès direct du lazaret à la côte

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Plan 1743

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84592888/f1.item.zoom

 

Plan 1754

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55003183r

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Plan de l'isle de Tatihou 1754. BnF Gallica

 

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On consulte encore une fois l'un des panneaux explicatifs de l'île  : va-t-il  fournir les explications nécessaires ? Une première clef de notre énigme figure à la fin du texte.

 

"Les ravages causés dès le Moyen Âge par de nombreuses épidémies venues d'Orient ont conduit à s'interroger sur leurs conditions de propagation et à très vite suspecter équipages, navires et cargaisons d'être les principaux vecteurs des maladies.

Afin d'essayer d'endiguer ces contagions, l'administration royale crée en 1572 un embryon sanitaire sur sa façade maritime. Sur les côtes de Normandie, les quarantaines s'effectuent au Hoc près du Havre. On ne parle pas encore de lazaret à Tatihou. En 1722, le lazaret de Tatihou doit accueillir les équipages des vaisseaux qui entrent dans la Manche en provenance de l'Italie, d'Espagne, de Provence et de la Mer du Nord.

Des quarantaines.

Peste, choléra et fièvre jaune, des épidémies qui amènent une forte mortalité dans les populations touchées. Leurs origines sont, au XVIIIe siècle, inconnues (les micro-organismes ne sont pas encore découverts) et elles sont perçues comme un châtiment divin. La seule thérapie efficace est de ne pas être contaminé ! La mise à l'écart des équipages pendant 40 jours maximum est donc la seule façon de vérifier s'ils ne sont pas porteurs de la maladie.

Un nom mystérieux.

Deux théories pour expliquer l'usage de ce nom attribué à un lieu de quarantaine. Le terme de Lazaret serait apparu en 1423 sur un îlot dénommé Santa Marie du Nazareth. Ce lieu isolé aurait eu son nom de Nazareth transformé en Lazaret. Probablement, ce nom ferait référence à saint Lazare, patron des lépreux et des voyageurs.

Un plan d'isolement renfermé.

C'est en 1804 que les risques de propagation de la fièvre jaune qui ravagea l'Espagne amènent la commission sanitaire centrale à revoir l'architecture de cet établissement sanitaire. Un constat s'impose : les lazarets ne sont pas construits sur un plan méthodique et raisonné.  Les bâtiments doivent être dispersés pour assurer le renouvellement de l'air. Une double enceinte de petits pavillons et finalement un hôpital seront construits pour répondre à ces obligations."

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Enfin,  à coté d'une illustration d'Ase fétide, Ferula assa foetida, ou "Merde de diable" :

"Pendant les quarantaines, les marins étaient soumis à des fumigations de plante".

"Ase fétide, de Merde de diable" ? Drôle de parfum ! Mais l'explication est donnée (je l'indiquai déjà dans mon titre) : parfumer les équipages, c'est les exposer à des fumigations de plantes.

—Mais comment procédait-on à cet enfumage ? Pendant combien de temps ? Avec quels plantes ? Comment sélectionnait-on les équipages ? Les marins étaient-ils nus, ou habillés ?

—De quand date cette pratique ? Pendant combien de temps l'appliqua-t-on ?

— Et surtout, quelle théorie fumeuse la justifiait-elle ?

Mais déjà, des préposés du Conservatoire du Littoral, alarmés par cet exemple de touriste à la curiosité inopportune (TACI dans leur jargon), se saisirent du questionneur et le précipitèrent manu militari  dans la Chambre à Parfum. Bouclée à double tour. 

"Quand il aura lu toute la documentation, il nous suppliera de le délivrer, et il nous fichera la paix !"

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Il discerna, plutôt en rêve qu'en réalité, et d'abord sous la forme d'un cauchemar, une kirielle de cartels indigestes  qui faillit entraîner, mais un peu tard, son repentir. Il voulait causer "parfum" ? Il allait être servi.

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On lui expliquait qu'en 1720, l'année précédant celle où le sieur Le Petit dressait son projet de lazaret, la Peste de Marseille débuta. On soupçonna vite qu'elle avait été introduite par la cargaison d'étoffes et de balles de coton d'un navire venant de Tripoli, le Grand-Saint-Antoine, dont 9 membres (dont le chirurgien de bord) était décédé. La patente . Marchandises et équipages furent placés en quarantaine allégée au lazaret, mais l'épidémie de peste se déclara dans la ville, s'y propagea, et fit 50 000 morts parmi ses 1000 000 habitants (et 100 000 sur  400 000 en Provence).

On l'incita à cliquer sur un lien vers l'article Wikipédia Peste de Marseille 1720. La soif dévorante de son esprit curieux le reprit, et il but l'article, cul sec, et demandant déjà un autre verre.

Nous sommes plus malin qu'autrefois, depuis que Yersin, médecin des Messageries maritimes, a découvert en 1894 que la peste est causée par le bacille qui porte son nom, Yersina pestis, et surtout que Paul-Louis Simond, médecin de la Marine, a découvert en 1898 le rôle de la puce du rat dans la transmission de la Peste bubonique.

Mais nous entrevoyons la multiplicité des "causes" des épidémies : un virus certes, mais aussi deux vecteurs, la puce Xenophylla cheopsis, (ou Nosopsyllus fasciatus en Europe), et le rat. On y ajoute des bateaux, pour faire voyager les rats.

Notre rat de bibliothèque devenu addict à la wikipédiolexie, vient pour sa part de descendre d'un seule gorgée l'article Peste, paragraphe Réservoirs et vecteurs. Il comprend que rien n'est simple et qu'il faut ajouter à cette chaîne de transmission, la contagion puce du rat/homme  (quand il manipule les rats infectés), puis la contagion homme/homme par la puce de l'homme Pulex irritans. Enfin, un mécanisme compliqué de la digestion des puces (hématophages, on ne le sait que trop), les rend plus on moins contagieuse.

Il comprend désormais que la peste fut transmise par les étoffes infestées de puces porteuses du bacille de Yersin. On pense que la Peste de Marseille eut une forme bubo-septicémique, mais non pulmonaire, transmise par la respiration et beaucoup plus contagieuse.

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Après cette formation à l'infectiologie, notre reclus doit prendre connaissance du régime de la quarantaine et des patentes de santé, document  délivré par le port d'origine que le capitaine d'un navire doit produire aux Intendants de santé à son arrivée dans un port La patente était délivrée par le port dont il provenait. Elles étaient de trois sortes :

 

Chaque navire faisant escale dans un port du Levant se voit délivrer une patente, certificat délivré par les consuls des ports orientaux aux capitaines des vaisseaux souhaitant rentrer en France, qui précise l'état sanitaire de la ville. Il doit le produire à l'Intendant de santé du port qu'il atteint. On distingue trois types de patentes :

  • la patente nette lorsque rien de suspect n'existe dans la région au moment du départ du vaisseau ;

  • la patente suspecte lorsque règne dans le pays une maladie soupçonnée pestilentielle ;

  • la patente brute lorsque la région est contaminée par la peste.

En cas de patente nette la durée de la quarantaine est ordinairement de dix-huit jours pour les personnes, vingt-huit pour le navire et trente-huit pour la cargaison. Ces périodes sont portées respectivement à vingt-cinq, trente et quarante si la patente est suspecte et trente-cinq, cinquante et soixante si la patente est brute

 

En 1720, la peste avait touché 8 navires sur les 212 venus du Levant (3,8 %). ​​​​De 1710 à 1792, à Marseille, 22 651 bâtiments accueillis venaient du Levant ou de Barbarie. Sur ce total, 140 navires arrivèrent contaminés (0,6 %).

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Le Grand-Saint-Antoine obtint du port de Tipoli , de Chypre et de Livourne en Italie une patente nette, bien que les autorités de Livourne mentionnent, au dos de la patente de Tripoli, qu'elles ont refusé l'entrée du navire dans le port à cause de la mortalité d'une partie de l'équipage en raison de cette fièvre. Mais le capitaine Chataud déclare les décès survenus à bord. Le voilier est envoyé à l'île de Pomègues, puis  le 29 mai le bureau de santé décide, fait inhabituel, de faire débarquer aux infirmeries les marchandises de valeur tandis que les balles de coton doivent être transférées à l'île de Jarre. " Le 3 juin, le bureau revient sur sa position et prend une décision encore plus favorable aux propriétaires de la cargaison : toutes les marchandises seront débarquées aux infirmeries. Si aucune preuve écrite n'existe, il est probable que des interventions ont eu lieu pour faire adopter la réglementation la moins contraignante ; il est impossible de connaître les personnes qui sont réellement intervenues, mais l'intrication des intérêts des familles de négociants et des autorités qui dirigeaient la ville suffisent à comprendre les raisons de ces nombreuses négligences. La déclaration du capitaine Chataud est falsifiée par addition d'un renvoi indiquant que les membres d'équipage décédés en mer sont morts de mauvais aliments. Les intendants de santé ont probablement voulu sauver la cargaison destinée en partie à la foire de Beaucaire, qui devait avoir lieu le 22 juillet 1720. Le 13 juin, veille du jour de sortie des 18 jours de quarantaine des passagers, le gardien de santé du vaisseau décède. Le chirurgien de service du port, Gueirard, examine le cadavre et conclut à une mort par vieillesse, sans observer des marques de peste."

Cet article de Wikipédia n'explique pas ce qu'il faut entendre par "les infirmeries" : ce sont celles du lazaret d'Arenc.

Mais il suffit au chercheur improvisé de cliquer sur un nouveau lien : Le Lazaret d'Arenc. Et hop !

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Le lazaret d'Arenc (1663-1850), un modèle du genre.

 

Situation sur un plan de Marseille : http://www.gombertois.fr/chateau-gombert_marseille.html

— LAGET (Pierre-Louis), 2002, « Les lazarets et l'émergence de nouvelles maladies pestilentielles au XIXe et au début du XXe siècle », In Situ [En ligne], 2 | 2002, mis en ligne le 23 avril 2012, consulté le 09 octobre 2019. URL : http://journals.openedition.org/insitu/1225 ; DOI : 10.4000/insitu.1225

Il fut construit au nord de la ville en 1663, avec 18 halles réparties entre le Grand enclos où sont logées les personnes et les marchandises sous patente nette, et le petit enclos réservé à ceux sou patente brute. Il est dirigé par un "capitaine des infirmeries". "Les bâtiments arrivant de lieux suspects ou susceptibles de présenter un danger vont d'abord mouiller dans le petit port de l'île de Pomègues située à 5 ou 6 milles de Marseille ; puis, la quarantaine peut s'effectuer au lazaret lui-même qui se trouve situé dans le quartier d'Arenc au nord du port. Si son existence est très ancienne, il n'est vraiment pourvu en bâtiments qu'à partir de 1663 et est aménagé à plusieurs reprises. Par exemple, les travaux de 1726-1729 coûtent près de 100000 livres tournois. Ils ne furent cependant pas suffisants et il fallut sans cesse procéder à de nouveaux aménagements." (Hildesheimer)

 

Par une brusque émotion, notre lecteur découvre la description d'une Chambre des parfums, destinée à la désinfection par fumigation des documents et du courrier. Difficile d'en savoir plus, sauf en lisant ceci :"La libération approche, précédée par un dernier rite de purification accompli au moyen du feu d'herbes puantes, appelé « parfum » qu'il faut respirer quelques minutes, tandis que l'on est enfermé dans une chambre obscure où la fumée manque de vous étouffer. Tout passager malade reste confiné dans la « caserne du petit enclos », soigné par le chirurgien qui trempera ses instruments dans le vinaigre , chaque fois qu'il l'aura touché. En cas de guérison, cette personne recevra « un parfum tout nu » et de nouveaux habits aux frais de l'armateur. Le traitement des marchandises dépend de la nature des cargaisons. Les grains, le riz, les légumes secs et l'huile en tonneaux  sont simplement déchargés à Pomègues, puis stockés quelques jours dans les huit halles de l'île avant d'entrer dans Marseille sur des allèges. Les denrées comme le café, les plantes tinctoriales et le tabac connaissent aussi une quarantaine très réduite, mais tous leurs emballages sont détruits et seront remplacés en fin de quarantaine par de nouveaux sacs. " '(André Zysberg, Marseille au temps du Roi-Soleil: la ville, les galères, l'arsenal, 1660 à 1715, Laffitte, 2007)

 

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La lumière de la salle s'éteint, tandis que s'alluma, dans la pièce voisine encore sombre, une seule vitrine. C'était des bouquins.

La couverture la plus attrayante était celle de la bande dessinée Les Pestiférés, l'adaptation par Grand Angle du chapitre 9 du Temps des Amours de Pagnol. Un très beau récit , fort bien documenté,  sur la Peste de Marseille. Mais on n'y parlait pas des fumigations : seul l'usage du vinaigre était mis en avant comme moyen de prévention.

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Les Pestiférés, scénario Serge Scotto et Eric Stoffel, dessin Samuel Wambre, Grand Angle mars 2019, d'après Marcel Pagnol

 

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Puis était exposée la première édition de la Relation historique de la peste de Marseille en 1720 de J.B. Bertrand,, publiée  à Cologne chez Pierre Marteau en 1721.

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https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?cote=40239&do=chapitre

https://books.google.fr/books?id=HWIwk2DaLAYC&printsec=frontcover&dq=Relation%20historique%20de%20la%20peste%20%C3%A0%20Marseille%20en%201720&source=gbs_slider_thumb#v=onepage&q=parfum&f=false

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On pouvait consulter sur un écran une pdf de l'édition de 1723. L'auteur, médecin de Marseille,  précisait que le terme "infirmeries" désignait toujours "l'endroit où l'on met en quarantaine les personnes et les marchandises qui viennent du Levant, et d'autres pays suspects".  Car parmi les origines de la Peste, il écartait les causes générales, c'est à dire une altération de l'air (car il est ici très pur) ou des aliments : elle ne pouvait  "donc y avoir été aportée que par la contagion & par la communication de quelque personne, ou par des marchandises infectées". 

" il y a hors la ville des Infirmeries, où les Navires qui viennent du Levant, ou d'autres lieux suspects, débarquent leurs marchandises , & où elles font déballées , pour être exposées à l'air , jusqu'à ce qu'elles soient purgées de tout soupçon d'infection : pendant que les Navires se tirent au large en quarantaine, ceux qui veulent se débarquer dans ces infirmeries, y font aussi reçus en quarantaine

C'est un vaste enclos que ces Infirmeries, où il y a de petites Cazernes pour les particuliers , des apartemens propres pour les personnes distinguees , & de grandes hales pour les marchandises. 11 y a dans cet endroit des Officiers , pour veiller à,1'ordre que l'on doit garder dans la purge des marchandises, &c en tout ce qu'il convient de faire pour la sûreté de la santé publique. Messieurs les Echevins nomment tous les ans seize Intendans de la santé , qu'ils choisissent parmi les principaux Négocíans de la ville : ces Intendans reglent les quarantaines & les entrées , & ont route la direction de ces Infirmeries."

La page 39  fait allusion aux fameux "parfums, appliqués aux passagers du Grand-Saint-Antoine :

"Les passagers arrivés sur ces Vaisseaux suspects , ceux mêmes du Capitaine Chataud eurent l'entrée le 14 Juin, ainsi qu'il est marqué dans le Journal imprimé , tiré du Mémorial de l'Hôtel de Ville; c'est-à-dire, qu'à compter du jour de l'arrivée des Vaisseaux, ces passagers. n'ont fait qu'une quarantaine ordinaire de quinze à vingt jours et toute la précaution qu'on a prise, ça été de leur donner , et à leurs hardes quelques parfums de plus : car les passagers, sortant des Infirmeries emportent avec eux leurs hardes , et souvent leurs pacotilles (petits paquets de marchandises que les gens de mer apportent pour leur compte). Il faut avoir une grande foi à ces parfums, pour croire qu'ils puissent détruire un venin , qu'on a déja humé dans le corps , et corriger le vice d'une marchandise infectée , qui n'a pas été assez longtems à l'air. "

Lorsque l'un des premiers cas apparait dans la ville, "on ordonne à tous ceux qui l'ont fréquenté quelques jours de quarantaine chez eux, et les parfums ordinaires."

Début août, le caractère de l'épidémie de peste et sa sévérité  sont devenus évidents, mais on cesse de transférer les malades atteints et les cadavres vers les Infirmeries : ils restent dans les rues. Un médecin, Sicard, propose de faire brûler des parfums dans toute la ville :

"Ce Médecin proposa d' d'allumer un soir de grands feus dans toutes les Places publiques , et au tour de la Ville, qu'en même tems chaque particulier en faire un devant la porte de chaque maison, et qu'à commencer du même jour, et pendant trois jours consécutifs, chacun fit à la même heure,à cinq heures du soir, un parfum avec du soufre dans chaque apartement de sa maison ,où il déployeroit toutes ses hardes , et tous les habits qu'il avoir porté depuis que la contagion avoir paru. [...] on fait de grands amas de bois dans toutes les places, & dans tous les lieux désignés ; on

distribue dans toute la Ville du soufre pour les parfums , à tous ceux qui n'ont pas le moyen d'en achetenenfîn, le jour arrivé, & à l'hcute marquée, toute la Ville parut en feu , &c l'air se couvrit d'une noire & épaisse fumée , plus propre à retenir les vapeurs contagieuses qu'à les dissiper. " (p. 86)

Plus tard, les maisons infectées (marquées d'une croix noire) reçurent trois parfums successifs : "l'un  avec des herbes aromatiques, l'autre avec la poudre à canon, et le dernier avec le parfum fort et ordinaire de la Ville." Les meubles recevaient également ces parfums, puis on badigeonnait les pièces au lait de chaux. On les marque alors d'une croix blanche.

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Il y avait aussi des livres donnant les recettes de ces parfums ; et ils étaient précisément parus juste après la Peste de Marseille. 

Le livre du Père Léon.

Parfums et remèdes contre la peste dont s'est servi avec tout le succès possible le P. Léon Augustin déchaussé de France, lequel a été employé par le Roi pour guérir les personnes attaquées de la contagion qui régnait en plusieurs endroits du royaume en 1666, 1667, 1668 et 1669.., L.-D. Delatour (Paris), 1720 16 pages. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8607849q/f1.item.zoom

L'ouvrage fut publié la même année à Lyon chez André Laurens, puis à Dijon en 1721 (3e édition).  Le Père Leon se ventait d'avoir été employé par ordre du Roi pour guérir ou préserver de la peste, dans plusieurs villes du Royaume surtout en Flandre où la peste regnait beaucoup les années 1666, 1667, 1668 1669. Il vivait encore en 1684

https://books.google.fr/books/about/Parfums_et_rem%C3%A8des_contre_la_peste_dont.html?id=aIkfE6t7rfQC&redir_esc=y

https://www.who.int/library/collections/WC_350_1720PA_HIST.pdf?ua=1

On trouve aussi de cet auteur une Composition d'un antidote contre la peste, qui est le plus excellent de tout remède, du Père Léon, augustin déchaussé. 4 pages https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8601546k.image

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BnF Gallica

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Parfums et remèdes..., BnF Gallica

Parfums et remèdes..., BnF Gallica

Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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On y trouvait un premier parfum pour traiter les pestiférés, et qui contenait du soufre, de la poix, de la poudre à canon, de l'arsenic de l'antimoine (plomb) et du cinabre (sulfure de mercure) : un mélange dont on imagine l'odeur très forte, voire pestilentielle, et le caractère nocif, mais qui, par son caractère répulsif, pouvait laisser croire aux médecins du temps qu'il allait repousser les "miasmes". C'était certainement le mélange utilisé par Marseille, et dont Chirac, un médecin, avait déconseillé l'usage au profits de plantes plus aimables.

C'est le parfum qu'on inflige aux personnes qui sont en quarantaine par provenance d'un lieu "soupçonné" ou infecté, avant le début de celle-ci. Mais le Père Léon ne précise pas la durée de cette exposition aux fumigations. Sans doute "autant qu'elle pourra le supporter", voire "le temps d'un Salve Regina", qui cumulait les recours.

"Si la peste est dans une grande partie des maisons, il faudra faire un parfum général du premier parfum, savoir dans celles des riches à leurs dépens, et dans celles des pauvres aux dépens de la bourse commune, en même temps, afin que la fumée purge la malignité de l'air."

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Puis suivait un parfum "préservatif" (nous dirions "préventif") qui associait le benjoin au storax — des composants de certains encens — , aux baies de genièvre, de lierre, de laurier et aux clous de girofle, tout cela associé au salpêtre qui favorise la combustion. Le mélange est mis en poudre et brûlé sur du foin.

Geoffroy décrit les fumigations thérapeutiques de Benjoin et Storax dans sa Matière médicale de 1743. 

Était-il plus agréable à subir que le précédent ? À défaut d'avoir essayé, il est vraisemblable que l'exposition à cette fumaison n'avait rien de plaisant.

Les composants du "parfum pour aérer" sont pilés, pulvérisés, malaxés en pâte et moulés en boules, qu'on peut porter sur ses habits et perruques, sa chambre ou ses domestiques, ou brûler, "autant qu'on le peut souffrir" . Un peu comme ces "oiselets de Chypre" qu'on consumait dans des brûles-parfums.

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

 

 

 

 

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Au mur, il trouva une note sur Jérôme Fracastor, médecin né à Vérone en 1478 et mort à Incaffi en 1553, qui après avoir étudié la syphilis, avait écrit De Contagione et Contagiosis Morbis, paru en 1546. Il y proposait une théorie sur la contagion, la théorie du contagium vivum, et distingue trois modes de transmission des maladies, par lesquels il se révèle un peu comme le créateur de l'épidémiologie : d'abord la contagion interhumaine directe entre individus où les individus infectés par les seminaria contigionis entrent en contact direct avec des personnes saines (gale, phtisie, lèpre), ensuite la contagion indirecte où les seminaria contigionis ont comme support l'air et divers objets qui entrent en contact avec les individus, comme c'est le cas de la tuberculose ; enfin la contagion à distance (peste, ophtalmie purulente égyptienne, variole), où les germes seraient comme attirés par les sujets dont les "humeurs" (des prédispositions) leur sont le plus propices.

Son Diascordium, longtemps au Codex sous le nom d'électuaire opiatique astringent, est, comme son nom l'indique, à base de Teucrium scordium,  ou Germandrée des marais, et de fleurs de roses. Il appartient bien à la longue liste des Alexipharmaques (antidotes de la peste), mais par voie interne (l'électuaire est une pâte molle qui s'ingère avec du miel). 

C'était là un détour, une voie sans issue dans le labyrinthe des "parfums".

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Il retrouva son chemin : c'était l'ouvrage de Jean-François Bresmal, Avis au public pour le préserver et le garantir de la peste et des autres maladies epydemiques et contagieuses F. Alexandre Barchon, 1721 - Il lut bien sûr le  Chapitre VIII Des parfums,car le livre présenté devant lui s'était ouvert page 43, et les pages se déroulaient comme par magie au rythme de sa lecture.

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Mais il s'attarda davantage devant le Traité de la peste recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes de Jean-Jacques MANGET , un médecin genevois, dont l'ouvrage sur la peste parut en 1721 l'année suivant la peste de Marseille, alors qu'elle sévit encore en Provence. Il comporte d’intéressantes précisions sur la prophylaxie de la peste, tout en restant évasif sur son origine. Il  y releva  315 fois le mot « parfum » .

 

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L'ouvrage était précédé d'un frontispice représentant cette image très connue, mais qui l'intéressa par sa légende  d'un médecin et autres personnes qui visitent les pestiférés : il est de maroquin de Levant, le masque a les yeux de cristal, et un long nez rempli de parfums. On attribue cette tenue à Charles Delorme (1584-1678), médecin ordinaire de Louis XIII. Selon Le Généraliste du 17 juillet 2014, "Le masque porté sur le visage était constitué d’un nez en cuir ou en carton bouilli en forme de bec d’un demi-pied (16 cm) de long. « Le nez, rempli de parfums, n'a que deux trous, un de chaque côté à l'endroit des ouvertures du nez naturel ; mais cela peut suffire pour la respiration et pour porter avec l'air qu'on respire l'impression des herbes renfermées plus avant le bec.» Epices et herbes aromatiques (thym, camphre, mélisse, clous de girofles, myrrhe, pétales de rose, vinaigre des quatre voleurs) imprègnent, en effet, des éponges placées à l’intérieur du bec. Le médecin de peste porte aussi des bottines en maroquin, des culottes de peau unie qui s’attachent aux bottines et une chemisette de peau unie, elle aussi, dont on insère le bas dans la culotte. Ayant revêtu son costume de peste intégralement imprégné lui aussi d’herbes aromatiques, le médecin de peste peut ainsi partir accomplir son travail, toujours accompagné de sa baguette avec laquelle il soulève les vêtements des pestiférés."

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Il prit de longues notes. La peste était un venin  de l'air, empesté de vapeurs putrides. Le contre-venin était donc le bon air, passant par l'aération des lieux et marchandises (d'où le rôle des éventeurs) et par l'exposition aux "parfums". Et on comprend pourquoi il était si important de les désigner par ce terme de parfums — étymologiquement per fume, "par la fumée",  mais défini en 1528 comme une "odeur naturelle ou artificielle agréable" , et non par celui d'odeur, ou de fumigation : 

"Néanmoins pour en dire ce que j'en pense, je tiens avec les Medecins, que la Peste est un venin engendré en nos corps tant de la corruption des humeurs, que de celle de l'air : non simple & èlementaire, mais composé, & mêlé de certains atomes & corpuscules , qu'Hippocrate appelle souillures morbifiques, conceuës & procréèes des exhalaisons putrides de la terre, ou de la maligne influence des astres qui s'inſinuent avec l'air que nous respirons , et s'en vont gagner le cœur qui est la source de la vie, et comme le foyer où se nourrit la chaleur naturelle, que ce poison éteint et consume. Et pour parler plus clairement, que c'est une maladie épidémique , contagieuse , pernicieuse, et venimeuse."

 Premiérement , elle est épidemique, c'eſt à dire populaire & commune, [...]·Secondement , elle est contagieuse » , parce que cet air , ayant receu les vapeurs putrides et pestiférées, les transmet et transporte de corps en corps , et les communique diversement , selon la diverse diſposition qu'ils ont  soit par leur nature foible et debile; soit par la pourriture des humeurs."

 

La première cause était Dieu ; puis venaient les Planètes.

  "les malins aspects des Planetes, et surtout la conjonction de Saturne & de Mars, en Signes humains, comme sont Gemini & Virgo. Les Eclipses du Soleil & de la Lune , les Comètes, & autres impressions ignées.".

Puis venaient les causes particulières, externes, et internes : 

"Les causes particulières de la Peste sont de deux sortes, les unes externes, les autres internes.
--La cause principale externe , c'est l'air immodérement chaud & humide, aidé du vent du Midi, épais & sans pluye, précédé nêanmoins de grandes pluyes de l'hyver, & de la génération de plusieurs insectes engendrez de pourriture , raines , hannetons , & semblables : Les eaux stagnantes oü dormantes des étangs & marais, les corps morts, les cloaques, les herbes pourries, comme le chou, le chanvre & le lin. Les haleines des Pestiferez apportent une grande altération , & corruption dans l'air, & ainsi s'engendrent en luy ces miasmes morbifiques & semences de Peste, auxquelles Hippocrates rapporte la vraye cause & origine de ce mal commun."
 
--Les causes internes de la Peste, sont antecedentes où conjointes. Les antecedentes sont les humeurs vicieuses contenuës tant dedans que dehors les vaisseaux, qui venants à se pourrir, engendrent en nous fievres malignes, rougeoles, veroles, phlegmons, & semblables corruptions avant-coureuses de la Peste. Mais quand la  pourriture est parvenuë au degré capable de prendre , et concevoir la forme du venin de l'air empesté , lors commence à s'éclorre cette épouvantable & effroyable Peste : de la quelle la cause conjointe n'est autre, selon tous les Medecins , sinon le même - air corrompu , comme dit est.
Or il y a trois moyens par lesquels ce mauvais air , où ces germes de Peste, faisant partie de cet air, se communiquent & sont reçeus en nos corps.
a) Le Premier & le plus dangereux est celuy qui se fait par attouchement, sans interposition manifeste d'aucun air, & ſe ait un transport du venin immediate ment du corps malade dans le corps ſain; tout ainſi que de la morſure du chien enragé le venin eſt porté dans le corps de la perſonne morduë : où tout ainſi que d'une matiére pourrie, les ſemences de pourriture ſont portées par contagion en celle qui luy est contiguë : ce que nous voyons tous iés jours par experience ; car nous voyons communément, qu'une pomme pourrie, en pour rit une ſaine qui lui eſt contiguë, & un †de raiſin pourrit un autre grain ; a raiſon eſt que les matiéres pourries ont cela de propre, à cauſe de la chaleur putredinale qui eſt en elles, qu'elles exha lent de leur ſein certaines vapeurs dans lesquelles ſont contenuës les ſemences & germes de corruption, ce qui fait qu'étant transmiſes dans le sein d'une autre subſtance capable de les recevoir, elles y une pourriture pareille à celle dont elles ont été produites. Comme donc le propre effet du venin pestilentiel, eſt de toutes les humeurs dans le corps humain ; il n'y a point de doute que tout ce qui exhale de ce fond e pourriture, ne ſoit des germes & semences de la même pourriture, qui étant tranſmiſes dans le corps d'une perſonne ſaine ſoit par la reſpiration qu'elle en fait Par la bouche & les narines , soit par transpiration qui s'en fait par les yeux, les oreilles , les pores de la peau, & autres conduits , y produisent une corruption & pourriture ſemblable à celles dont elles ont été produites : ſi ce n'eſst qu'elles en soient empêchées où par la force des préservatifs que la personne auroit pris auparavant, où par quelque qualité contraire qu'elle auroit en elle, capable de resister à un tel effet.
 
b) Le ſecond moien de cette communication ou contagion est appelé per somitem, quand cet air pestilent est porté par quelque corps propre à le conserver & fomenter longtems ; comme habits de laine, de linge , de peaux, les couvertures, matelas & semblables, où comme l'ordure s'attache, aussi fait ce venin, qui apres un jour, un mois, un an ou pluſieurs , vient à infecter l'air prochain, & s'insinuë, où glisse dans le cœur de celui qui n'y pense pas.
 
c) La troisième & plus commune contagion, c'est celle qui se fait ad distans, c'eſt à dire de loin , d'un corps en l'autre, par le moien de l'air infecté , tant de soi que des halènes & évaporations des corps malades, ou par le moien du même air, contenant en soi les principes de la Peste, porté de maison en maison, de ville en ville , & de région en région, ainſi que nous voions pour l'ordinaire."
 
Les lazarets
"Car après avoir fait décharger les marchandises du navire , & les avoir fait transporter au Lazaret, le Capitaine & les Matelots demeurent ordinairement dans le Navire avec tout leur bagage pour y faire la quarantaine en mer : & on leur donne un ou deux gardes, pour observer si leur santé est bonne, & pour faire exposer tous les jours à l'air & aux Vents le bagage des Matelots, & tout ce qu'ils ont dans leurs coffres ou caisses, lesquelles pour l'ordinaire sont remplies de toile & de coton , d'autres toi es qu'on appelle bourgs , & semblables autres choses qu'on a bien sujet d'appréhender qu'elles ne ſoient aussi bien pestiferées que les marchandises. Cét ordre est encore parfaitement bon, pour vû qu'il ſoit bien observé ; mais je me défie toûjours de la fidélité des gardes : soit que les Matelots , qui asse souvent ne veulent pas leur donner à connoître le petit trafic qu'ils font dans leurs voyages , leur cachent assez souvent une partie de ce qu'ils ont aporté : si bien qu'il me ſemble que c'est trop azarder, que de confier la vie de tout un peuple , à la discretion d'un ou de  deux gardes , qui peut être seront né à s'acquiter de leur devoir , in zéles dans leur raport , & corrompus par argent ou par presens : cependant il  ne faut qu'une méchante piéce d'étoffe ou de toile pestiférée , qui n'aura pas été exposée à l'air ni au vent , pour perdre une ville toute entiére."
 
Les quarantaines page 89
 La coûtume établié, & obſervée de tout tems durant la Contagion , eſt d'ordonner la Quarantaine aux personnes qui ſortent des Villes infectées : comme auſſi aux meubles, & aux marchandiſes que l'on transporte : & parfois  pour une plus grande aſſurance, l'on double les Quarantaines. La premiere pourtant est le terme ordinaire que l'on pratique , & neanmoins l'on en voit des scandales par la suitte, lors que l'on n'apporte pas le soin que l'on devroit . à éventer & à purger les meubles, veu que l'infection ſe peut conserver dans iceux, & dans les marchandises pliées & enfermées durant plusieurs mois, même pluſieurs années, si nous ajoûtons foi aux hiſtoires, que la raiſon ſemble approuver. A la verité le terme de quarante jours eſt ſuffiſant pour les ſimples infects (qui ne ſe ſont pas trouvez dans les maiſons pestiferées, ni au ſervice des malades ) pourveu toutesfois qu'ils ap poI de la Teſfe. 89 portent le ſoin néceſſaire durant leur tems à ſe bien purifier : & même ce tems ſe pourroit abréger , ſuivant ce qui ſera dit de la desinfection des corps. Mais pour les autres qui ont converſé avec les malades, ou qui ont été affiigez eux-mêmes, il y faudra apporter plus de précaution , ſoit en la prolongation du tems, ſoit en la préparation des personnes, des habits , & des meubles. Pour les perſonnes,l'air, les vents, & les feux les purgeront aſſez, ſi l'on ne ſe veut ſervir des autres moyens qui ſeront ropoſez au lieu allegué, pour abreger le tems. Et quant aux robes , & aux marchandiſes, les proprietaires ou leurs ſerviteurs , en la presence des Gardes que le Conſeil de la Santé leur aura baillé, & qui ſeront logez près du lieu qu'on leur aura deſtiné , les doivent expoſer durant le beau tems , à l'air, afin que le Soleil & les vents dissipent les semences de l'infection, en cas qu'il y en eût : & faudra reiterer la même choſe pluſieurs fois : & s'il étoit besoin, on les pourra parfumer avec la fumée du romarin,  de la sabine, de l'encens, de la poudre, ou autre bois ou drogue que l'on avisera.
 
Quelques plantes utiles Page 134
Les habitans seront exhortez de faire provision de geniévre, de rosmarin, de sabine, & autres bois, & herbes odorantes , pour purifier l'air des maisons & des ruës, le plus souvent qu'ils pourront; Si mieux ils n'aiment quelques parfums agréables, soit cassolettes , ou autres, faits avec le borax, & le benjoin. Que si l'on veut se servir de la poudre à Canon , ou de fumées, ils le pourront.
Comment parfumer sa maison Page 171
. Il seront soigneux de faire parfumer une fois le jour leur maison, avec le parfum de santé, dont il est parlé ci après au Traité des Parfums : comme aussi de la faire tenir bien nette ; & de faire arroser souvent leur Chambre avec du vinaigre: Et quand on apportera quelque chose de dehors en la maison, ils mettront ordre de ne le point recevoir qu'après les précautions marquées ci- après en son lieu. Ils feront fermer toutes les fenêtres une demi-heure avant le coucher du Soleil; afin que les vapeurs qu'il aura attirées, & n'aura pas dissipèes, n'entrent point dans l'interieur de la maison : & ne les feront point ouvrir que le lendemain matin, une demi-heure après son lever , & , lors que par sa chaleur il aura purifie l'air, & dissipé les mauvaises vapeurs de la nuit."
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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Il prit de longues notes. La peste était un venin  de l'air, empesté de vapeurs putrides. Le contre-venin était donc le bon air, passant par l'aération des lieux et marchandises (d'où le rôle des éventeurs) et par l'exposition aux "parfums". Et on comprend pourquoi il était si important de les désigner par ce terme de parfums — étymologiquement per fume, "par la fumée",  mais défini en 1528 comme une "odeur naturelle ou artificielle agréable" , et non par celui d'odeur, ou de fumigation : 

"Néanmoins pour en dire ce que j'en pense, je tiens avec les Médecins, que la Peste est un venin engendré en nos corps tant de la corruption des humeurs, que de celle de l'air : non simple & èlémentaire, mais composé, & mêlé de certains atomes & corpuscules , qu'Hippocrate appelle souillures morbifiques, conceuës & procréèes des exhalaisons putrides de la terre, ou de la maligne influence des astres qui s'inſinuent avec l'air que nous respirons , et s'en vont gagner le cœur qui est la source de la vie, et comme le foyer où se nourrit la chaleur naturelle, que ce poison éteint et consume. Et pour parler plus clairement, que c'est une maladie épidémique , contagieuse , pernicieuse, et venimeuse."

 Premiérement , elle est épidémique, c'eſt à dire populaire & commune, [...]·Secondement , elle est contagieuse » , parce que cet air , ayant receu les vapeurs putrides et pestiférées, les transmet et transporte de corps en corps , et les communique diversement , selon la diverse diſposition qu'ils ont  soit par leur nature foible et debile; soit par la pourriture des humeurs."

 

La première cause était Dieu ; puis venaient les Planètes.

  "les malins aspects des Planetes, et surtout la conjonction de Saturne & de Mars, en Signes humains, comme sont Gemini & Virgo. Les Eclipses du Soleil & de la Lune , les Comètes, & autres impressions ignées.".

Puis venaient les causes particulières, externes, et internes : 

"Les causes particulières de la Peste sont de deux sortes, les unes externes, les autres internes.
--La cause principale externe , c'est l'air immodérement chaud & humide, aidé du vent du Midi, épais & sans pluye, précédé néanmoins de grandes pluyes de l'hyver, & de la génération de plusieurs insectes engendrez de pourriture , raines , hannetons , & semblables : Les eaux stagnantes oü dormantes des étangs & marais, les corps morts, les cloaques, les herbes pourries, comme le chou, le chanvre & le lin. Les haleines des Pestiferez apportent une grande altération , & corruption dans l'air, & ainsi s'engendrent en luy ces miasmes morbifiques & semences de Peste, auxquelles Hippocrates rapporte la vraye cause & origine de ce mal commun."
 
--Les causes internes de la Peste, sont antécédentes où conjointes. Les antécédentes sont les humeurs vicieuses contenuës tant dedans que dehors les vaisseaux, qui venants à se pourrir, engendrent en nous fievres malignes, rougeoles, veroles, phlegmons, & semblables corruptions avant-coureuses de la Peste. Mais quand la  pourriture est parvenuë au degré capable de prendre , et concevoir la forme du venin de l'air empesté , lors commence à s'éclore cette épouvantable & effroyable Peste : de la quelle la cause conjointe n'est autre, selon tous les Medecins , sinon le même - air corrompu , comme dit est.
Or il y a trois moyens par lesquels ce mauvais air , où ces germes de Peste, faisant partie de cet air, se communiquent & sont reçeus en nos corps.
a) Le Premier & le plus dangereux est celui qui se fait par attouchement, sans interposition manifeste d'aucun air, & ſe ait un transport du venin immédiate ment du corps malade dans le corps ſain; tout ainſi que de la morſure du chien enragé le venin eſt porté dans le corps de la perſonne morduë : où tout ainſi que d'une matière pourrie, les ſemences de pourriture ſont portées par contagion en celle qui luy est contiguë : ce que nous voyons tous lés jours par experience ; car nous voyons communément, qu'une pomme pourrie, en pour rit une ſaine qui lui est contiguë, & un †de raiſin pourrit un autre grain ; a raiſon eſt que les matiéres pourries ont cela de propre, à cauſe de la chaleur putredinale qui eſt en elles, qu'elles exhalent de leur ſein certaines vapeurs dans leſquelles ſont contenuës les ſemences & germes de corruption, ce qui fait qu'étant transmiſes dans le sein d'une autre subſtance capable de les recevoir, elles y une pourriture pareille à celle dont elles ont été produites. Comme donc le propre effet du venin pestilentiel, eſt de toutes les humeurs dans le corps humain ; il n'y a point de doute que tout ce qui exhale de ce fond e pourriture, ne ſoit des germes & semences de la même pourriture, qui étant tranſmiſes dans le corps d'une perſonne ſaine ſoit par la reſpiration qu'elle en fait Par la bouche & les narines , soit par transpiration qui s'en fait par les yeux, les oreilles , les pores de la peau, & autres conduits , y produisent une corruption & pourriture ſemblable à celles dont elles ont été produites : ſi ce n'est qu'elles en soient empêchées où par la force des préservatifs que la personne auroit pris auparavant, où par quelque qualité contraire qu'elle auroit en elle, capable de resister à un tel effet.
 
b) Le ſecond moien de cette communication ou contagion est appelé per somitem, quand cet air pestilent est porté par quelque corps propre à le conserver & fomenter longtems ; comme habits de laine, de linge , de peaux, les couvertures, matelas & semblables, où comme l'ordure s'attache, aussi fait ce venin, qui apres un jour, un mois, un an ou pluſieurs , vient à infecter l'air prochain, & s'insinuë, où glisse dans le cœur de celui qui n'y pense pas.
 
c) La troisième & plus commune contagion, c'est celle qui se fait ad distans, c'eſt à dire de loin , d'un corps en l'autre, par le moien de l'air infecté , tant de soi que des halènes & évaporations des corps malades, ou par le moien du même air, contenant en soi les principes de la Peste, porté de maison en maison, de ville en ville , & de région en région, ainſi que nous voions pour l'ordinaire."
 
Les lazarets
"Car après avoir fait décharger les marchandises du navire , & les avoir fait transporter au Lazaret, le Capitaine & les Matelots demeurent ordinairement dans le Navire avec tout leur bagage pour y faire la quarantaine en mer : & on leur donne un ou deux gardes, pour observer si leur santé est bonne, & pour faire exposer tous les jours à l'air & aux Vents le bagage des Matelots, & tout ce qu'ils ont dans leurs coffres ou caisses, lesquelles pour l'ordinaire sont remplies de toile & de coton , d'autres toi es qu'on appelle bourgs , & semblables autres choses qu'on a bien sujet d'appréhender qu'elles ne ſoient aussi bien pestiferées que les marchandises. Cét ordre est encore parfaitement bon, pour vû qu'il ſoit bien observé ; mais je me défie toûjours de la fidélité des gardes : soit que les Matelots , qui asse souvent ne veulent pas leur donner à connoître le petit trafic qu'ils font dans leurs voyages , leur cachent assez souvent une partie de ce qu'ils ont apporté : si bien qu'il me ſemble que c'est trop azarder, que de confier la vie de tout un peuple , à la discretion d'un ou de  deux gardes , qui peut être seront né à s'acquiter de leur devoir , in zéles dans leur rapport , & corrompus par argent ou par presens : cependant il  ne faut qu'une méchante pièce d'étoffe ou de toile pestiférée , qui n'aura pas été exposée à l'air ni au vent , pour perdre une ville toute entiére."
 
Les quarantaines page 89
 La coûtume établié, & observée de tout tems durant la Contagion , est d'ordonner la Quarantaine aux personnes qui sortent des Villes infectées : comme auſſi aux meubles, & aux marchandiſes que l'on transporte : & parfois  pour une plus grande assurance, l'on double les Quarantaines. La premiere pourtant est le terme ordinaire que l'on pratique , & neanmoins l'on en voit des scandales par la suitte, lorsque l'on n'apporte pas le soin que l'on devroit  à éventer & à purger les meubles, veu que l'infection se peut conserver dans iceux, & dans les marchandises pliées & enfermées durant plusieurs mois, même plusieurs années, si nous ajoûtons foi aux histoires, que la raison semble approuver. A la vérité le terme de quarante jours est suffisant pour les simples infects (qui ne se sont pas trouvez dans les maisons pestiferées, ni au service des malades ) pourveu toutesfois qu'ils apportent le soin nécessaire durant leur tems à se bien purifier : & même ce tems se pourroit abréger , suivant ce qui sera dit de la désinfection des corps. Mais pour les autres qui ont conversé avec les malades, ou qui ont été affligez eux-mêmes, il y faudra apporter plus de précaution , soit en la prolongation du tems, soit en la préparation des personnes, des habits , & des meubles. Pour les personnes,l'air, les vents, & les feux les purgeront assez, si l'on ne se veut servir des autres moyens qui seront reposez au lieu allegué, pour abreger le tems. Et quant aux robes , & aux marchandises, les proprietaires ou leurs serviteurs , en la présence des Gardes que le Conseil de la Santé leur aura baillé, & qui seront logez près du lieu qu'on leur aura destiné , les doivent exposer durant le beau tems , à l'air, afin que le Soleil & les vents dissipent les semences de l'infection, en cas qu'il y en eût : & faudra reiterer la même chose plusieurs fois : & s'il étoit besoin, on les pourra parfumer avec la fumée du romarin,  de la sabine, de l'encens, de la poudre, ou autre bois ou drogue que l'on avisera.
 
Quelques plantes utiles Page 134
Les habitans seront exhortez de faire provision de geniévre, de rosmarin, de sabine, & autres bois, & herbes odorantes , pour purifier l'air des maisons & des ruës, le plus souvent qu'ils pourront; Si mieux ils n'aiment quelques parfums agréables, soit cassolettes , ou autres, faits avec le borax, & le benjoin. Que si l'on veut se servir de la poudre à Canon , ou de fumées, ils le pourront.
Comment parfumer sa maison Page 171
. Il seront soigneux de faire parfumer une fois le jour leur maison, avec le parfum de santé, dont il est parlé ci après au Traité des Parfums : comme aussi de la faire tenir bien nette ; & de faire arroser souvent leur Chambre avec du vinaigre: Et quand on apportera quelque chose de dehors en la maison, ils mettront ordre de ne le point recevoir qu'après les précautions marquées ci- après en son lieu. Ils feront fermer toutes les fenêtres une demi-heure avant le coucher du Soleil; afin que les vapeurs qu'il aura attirées, & n'aura pas dissipées, n'entrent point dans l'intérieur de la maison : & ne les feront point ouvrir que le lendemain matin, une demi-heure après son lever , & , lors que par sa chaleur il aura purifie l'air, & dissipé les mauvaises vapeurs de la nuit."
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Il recopia les trois recettes de parfums :

"Drogues qui doivent entrer en la composition du Parfum violent.
Soufre.  Litarge. Poix-résine.  Assa fœtida. Antimoine.  Cumin.Orpiment. Euphorbe. Arsenic.  Poivre. Cinabre.  Gingembre. Sel-Ammoniac.  Son,
 
Drogues qui doivent entrer dans la composition du Parfum médiocre.
Soufre.  Encens.  Poix-résine.  Storax. Antimoine. Ladanum.  Orpiment. Poivre.  Mirrhe. Gingembre. . Cumin.  Ciperus rond. . Calamus aromaticus. . Aristoloche.. Euforbe. Cubébes.  Graine de Géniévre. Son.
 
Drogues qui doivent entrer en la composition du Parfum doux .
 Encens,  Girofles. Benjoin.  Anis. Storax.  Iris de Florence. Mirrhe. l Ladanum.  Canelle. Poivre. Muscade. Soufre. Son. "
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Mais, après plusieurs heures de lectures, où il avait cessé de prendre des notes, il comprit qu'il fallait renoncer à  rendre compte du contenu de ce texte, pour ses références aux parfums, tant elles étaient nombreuses et détaillées. Il ne conserva que ce passage : l'auteur, depuis sa retraite de Genève, plaçait une confiance sans borne dans les parfums, qu'il présentait comme une véritable armure contre les miasmes.


"Ce n'est donc pas merveille si les hommes faisant réflection sur ces choses, se sont avisez , pour assurer davantage leur vie contre les insultes de ce cruel ennemi, de chercher les drogues que l'expérience leur , a fait connoître avoir des qualitez les plus fortes , & les plus antipatiques au venin pestilentiel , & de  toutes ensemble en composer des parfums : afin qu'êtant brûlez dans les lieux & les maisons empestées , la fumée qui en exhaleroit, fût capable de les purifier, avec tout ce qui pourroit s'y rencontrer de meubles."
 
"Non seulement la fumèe des parfums a la vertu de purifier les choses inanimées du venin pestilentiel, mais aussi elle imprime une qualité si puissante à ces choses, n'en êtant pas encore infectées, qu'elle les rend capables de le repousser & de n'en recevoir aucune mauvaise impression. C'est pourquoi une personne qui ſe voit obligée d'aller & venir parmi le peuple en un tems de peste, aiant pris quelque préservatif pour se conserver le cœur contre ce venin , & s'étant fait parfumer avec lesdits parfums, ou bien aiant fait parfumer ses habits avant que de se revestir , peut s'asseurer qu'il ne s'attachera point dessus elle : il faut noter que les habits dont on est revêtu s'ils sont de laine, étant échauffez par la "chaleur naturelle du corps attirent , le venin pestilentiel , de même que l'aimant attire le fer, mais étant imbus de la qualité des parfums, qui lui est entièrement opposée, ils le répercutent & le repoussent , ainsi que le  répercute un air froid & humide qui l'environne , si bien qu'il ne peut s'y attacher."

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Alors que notre visiteur découvrait devant lui de longs couloirs où des livres, des thèses manuscrites ou dactylographiées, des rapports et des in-folio éclairés chacun d'une loupiote  brillaient comme des bougies , et qu'il allait s'élancer avec fougue, il se sentit saisi par les bras et les jambes, et fut éjecté dans le jardin où il fut laissé sans égard pour la science qu'il venait d'acquérir.

Il se redressa. Il se trouvait dans l'Allée des Fumigations installée par le Conservatoire du Littoral. 

Il vit un grand portail ouvert sur le large. Il se précipita. De l'air, de l'air !

 

 

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Eut-il raison ? Voici ce qu'il aurait découvert dans l'Allée des Fumigations :

 

"Quelques plantes bien corsées!

Certaines plantes herbacées aromatiques étaient utilisées pour les fumigations. Parfois très communes et souvent venues de loin, la plupart d'entre elles étaient cultivées localement. Beaucoup rentraient dans la composition du fameux « vinaigre des quatre voleurs », remède supposé combattre la peste (grande absinthe, menthe, rue et sauge par exemple)."

 

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Assa foetida, l'Ase fétide. Originaire d'Iran, elle dégage une odeur d'œuf pourri, car elle contient du soufre.

Ferula gummosa, la Férule gommeuse ou galbanum : sa sève servait de base à la préparation d'encens.

Ocimum basilicum, le Basilic

Mentha pulevium ou Menthe pouliot et Mentha suaveolens ou Menthe à feuilles rondes.

Artemisia absinthium, la Grande Absinthe

Ruta graveolens ou Rue officinale.

Salvia officinalis ou Sauge officinale.

 

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Des Plantes contre la Peste ?

"Au Moyen Âge, pour essayer de lutter contre la peste, au delà des prières adressées à saint Roch ou saint Sébastien et des traitements de choc (saignée, purge, utilisation de sang de vipère ou de bave de crapaud...), on utilisait souvent des préparations à base de plantes.

Citons la fameuse Thériaque associant plus de 50 plantes et ingrédients divers (anis, acacia, rue, iris, miel, opium), ou encore le vinaigre des quatre voleurs composé de vinaigre blanc, d'absinthe, de genièvre, de marjolaine, de sauge, de clous de girofle, de romarin et de camphre ...) La liste n'est pas close car de nombreuses variantes existaient, associant d'autres plantes."

Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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"À partir du XVIe siècle, les pratiques de fumigations d'habitations, de courriers et/ou de personnes, susceptibles d'abriter ou de transmettre la peste, vont s'amplifier. Les fumigations étaient obtenues en faisant brûler des mélanges de plantes pour en obtenir une fumes censée chasser les « miasmes ».

Dans les lazarets, qui vont se développer à partir du XVIIe siècle, la pratique des fumigations sera très répandue. Ainsi à Tatihou, le médecin en préconisait pour assainir équipages et cargaisons. Un petit appartement appelé « chambre des parfums » situé dans le bâtiment des équipages était dévolu à cet effet. La composition des parfums et la durée des fumigations étaient placées sous la direction de l'inspecteur sanitaire Melchior Viel.

Les fumigations et autres pseudo-remèdes contre la peste perdureront jusqu'à la découverte en 1894, par Alexandre Yersin de l'Institut Pasteur, du bacille de la peste et de son principal mode de transmission, à savoir la piqûre de puces de rongeurs (rats principalement)."

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Remarques prersonnelles :

La pratique des fumigations, bien attestée en Provence,  était-elle si généralisée sur les côtes atlantiques et de la Manche ? Je n'ai pu en trouver des témoignages sur l'île de Trébéron, le lazaret de Brest (hormis la désinfection des vaisseaux par des feux de genêt vert dans la soute après épidémie : voir Burel ).

Le sieur Melchior Vieil nous est ainsi présenté en septembre 1722 par M. de Rancé, major de la marine au Havre : "J'ay l'honneur d'informer le Conseil qu'il est arrivé depuis quelques jours en cette ville le sieur Vieil, porteur d'une lettre de M. le Contrôleur général, pour visiter les costes de Normandie en qualité d'inspecteur de la santé et y donner les instructions nécessaires pour prévenir la communication du mal contagieux."

Il n'est guère apprécié,

  "Ledit sieur appelle dérangement tout ce qui n'est pas conforme à ses idées et prétend faire exécuter dans nos mers ce qui se pratique dans la comme sy le climat et les raddes de Ponant, surtout celle-cy, estoient à celles du Levant.

.Il pense que la peste ne se communique point par l'air, mais au toucher et, sur ce principe qu'il veut nous persuader, il va au dedans du lazaret du Hoc pour y donner des ordres et il voudrait que les officiers municipaux y allassent avec luy, ce qui paroist bien contraire aux précautions que nous avons prises jusqu'à présent. Un petit navire nouvellement arrivé de la Martinique, ledit sieur Vieil qu'il n'ait l'entrée, parce que le capitaine n'a point de lettre de santé, quoy qu'on luy ait dit que les isles de l'Amérique ne noues estoient pas suspectes"..

 

II est  intéressant de noter les origines méditerranéennes de ce Melchior Vieil : il a été neuf ans intendant de la Santé à Toulon, sa ville natale, a voyagé au Levant avant d'être nommé inspecteur de la santé à la Hougue et d'assurer la construction du lazaret de l'île Tatihou ; dès 1713 il apparaît comme « commis pour veiller à la conservation de la santé sur la côte de Normandie » ; il meurt en 1742 et est remplacé par le sieur Ferrât. Pendant toute sa carrière normande, il aura cherché à faire les pratiques en usage en Provence.

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Fumigation utilisée sur l'île de Tatihou au XIXe siècle.

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PARFUM

Trois bonnes poignées de son et :

Graines de genièvre, une livre

Soufre, une livre

Assa fatida, une livre

Encens, une livre

Mirrhe, une demie livre

Storax, une demie livre

Gerofle, une demie livre

Romarin, deux poignées

Sauge, deux poignées

Laurier, deux poignées

Thein, deux poignées

Ruë, deux poignées

Absinthe, deux poignées

Culegium, deux poignées

Baume, deux poignées

Basilique, deux poignées

Poix raisine de bourg, demie livre,

Therebantine, demie livre,

Galbanum

Aloès , demie livre,

Huile de petrole, demie livre,

Faut mettre le tout en poudre grossierement, en faire un mélange, ensuite vous en lettre trois, quatre cinq poignées suivant la quantité des personnes sur de la paille ou du foin humides auquel vous mettres le feu afin que le parfum en soie plus fort et fasse un plus grand effet.

Avant de parfumer les personnes qui sont en santé ou qui se disent saines, il faut faire donner une bonne prise de Thériaque avec du vin, qui ne manquera pas de faire sortir le venin s'il y en a.

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.
Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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Le "médecin de la peste" et les plantes.

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Le Mystère de la Chambre des Parfums (1722-1860) de l'île de Tatihou.

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CONCLUSION.

J'ai rédigé cet article car ma visite à Tatihou m'a permis de découvrir ces fumigations dont j'ignorai complètement l'usage en médecine des épidémies. J'ai été troublé par la dénomination de Chambre des Parfums car j'ai alors pensé que ces fumigations étaient très plaisantes. Les panneaux d'explication illustrées par de nombreuses plantes,  au cœur de jardins odoriférants me confirmaient un peu dans cette opinion. Les documents que j'ai consulté ensuite m'ont fait comprendre qu'à coté des plantes, on trouvait des produits chimiques beaucoup plus virulents.

J'ai voulu complété les allégations des panneaux d'informations du Conservatoire du Littoral par des documents.

Malgré la recette "utilisée à Tatihou au XIXe siècle", l'usage de fumigations aromatiques a été rapidement remplacée par des fumigations de chlore. Dans l'article Quarantaine du Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie de 1835  on peut lire :

"Les individus bien portans ou malades transportés au lazaret, sont obligés d'y recevoir : ceux qui sont arrivés avec patente brute, trois parfums ; ceux qui sont arrivés avec patente suspecte, deux parfums; ceux qui sont arrivés avec patente nette, un seul parfum.

Pour les individus arrivés avec patente brute, le premier parfum a lieu à l'arrivée , le second à la moitié de la quarantaine , et le troisième , à l'instant où ils quittent le lazaret. Ce parfum consiste en un dégagement de chlore.

C'est substituer un moyen illusoire et dangereux à une cérémonie absurde conservée jusqu'à ces derniers temps et qui se pratiquait ainsi : on allumait du feu au milieu du plancher d'une chambre , en jetant la drogue ou parfum sur ce feu , et lorsque la fumée était devenue bien épaisse, on y faisait entrer les passagers , dont les bardes y étaient étalées ; on fermait exactement la porte , et après cinq ou six minutes , on ouvrait , et ils allaient occuper la chambre qui leur était assignée par le capitaine des infirmeries. La composition du soi-disant parfum était tout ce, qu'on peut imaginer de plus bizarre , et il est impossible de dire quel esprit avait présidé à la réunion de tant de substances sans aucune espèce d'utilité. On y trouvait le soufre, la poudre à canon, la poix résine, le grabeau de myrrhe , d'encens, le storax, le laudanum , le poivre noir, le gingembre, le cumin , le curcuma , le cardamomum, l'aristoloche, l'euphorbe, le cubèbe, les grains de genièvre, le son. Tout cela était jeté pèle-mêle sur un feu vif et ardent, et tout cela avec l'idée de détruire comme le dit Papon , l'ennemi le plus cruel du genre humain."

Déjà en 1804, Pedro Mario Gonzalez [Traité sur les maladies des gens de mer (1804)],  propose d’asperger le bateau de vinaigre , de poudre ou de souffre, mais il insiste particulièrement sur l’emploi de l’acide nitrique et du gaz muriatique oxygéné (ancien nom du chlorure d’hydrogène HCl) tandis qu'il condamne  les parfums aromatiques  car « ils ne produisent pas un air nouveau et ne font rien d’autre que le dissimuler ». 

En effet, Louis-Bernard Guyton de Morveau (1737-1816) publia en 1801  son Traité des moyens de désinfecter l’air, de prévenir la contagion et d’en arrêter le progrès, où il préconisait la désinfection de l'air par des vapeurs du gaz chlorhydrique. Les fumigations guytoniennes furent encouragées par l'Ecole de Médecine dès 1804  et utilisées par les armées de Napoléon.

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 SOURCES ET LIENS.

— Dossier de presse des Traversées de Tatihou

https://www.manche.fr/culture/imageProvider.aspx?private_resource=17096610&fn=Dossier%20Presse%20Tatihou%202019.pdf

—  https://www.wikimanche.fr/Tatihou

http://erwan.gil.free.fr/index.php?mod=freepages&pageid=110

https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1980_num_27_3_1108

— Hildesheimer Françoise. La protection sanitaire des côtes françaises au XVIIIe siècle. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 27 N°3, Juillet-septembre 1980. pp. 443-467; doi : https://doi.org/10.3406/rhmc.1980.1108 https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1980_num_27_3_1108

Jean Noël Biraben, Les Hommes et la peste en France et dans les pays européens et méditerranéens, t. I et II, La Haye, Mouton ; Paris, École des hautes études en sciences sociales, 1975-1976 (ISBN 9782719309308).

— MANGET (Jean-Jacques), 1721, Traité de la peste recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes chez Philippe Planche, 1721 - 320 pages Geneva 1721

https://books.google.fr/books/about/Trait%C3%A9_de_la_peste.html?id=f68UAAAAQAAJ&redir_esc=y

— TALOUR Karen – Aspects dermatologiques des voyages maritimes au XVIIIème siècle – 130p., 1 annexe. Th. : Méd. : Brest 2012

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00984595/document

 

— BOUISSOU (Antoine), 2017, Evolution de la médecine occidentale à travers le prisme de la deuxième épidémie de peste de 1346 à 1898. De la médecine scolastique à la médecine expérimentale. Thèse de médecine générale soutenue à Toulouse. Directeur de thèse: Monsieur le Docteur Pierre BOYER

http://thesesante.ups-tlse.fr/1902/1/2017TOU31142.pdf

— BLANCOU (J), 1995, Les méthodes de désinfection de l'Antiquité à la fin du xviii e siècle Rev. sci. tech. Off. int. Epiz., 1995,14 (1), 21-30

https://www.oie.int/doc/ged/D8962.PDF

 

 

— Jean-Pierre Goubert, 1974, Environnement et épidémies : Brest au XVIIIe siècle,  Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest  Année 1974  81-4  pp. 733-743

https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1974_num_81_4_2753

 

 

—Arlette Higounet-Nadal, Hygiène, salubrité, pollutions au Moyen Age. L'exemple de Périgueux , Annales de Démographie Historique  Année 1975  1975  pp. 81-92 : On enfume les lépreux avec des rameaux verts vers 1320 à Périgueux

 

 

 

— L’aigle et le pou : le typhus dans la Grande Armée par Henri DUCOULOMBIER

https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhm/hsm/HSMx2014x048x003/HSMx2014x048x003x0351.pdf

— Pierre Bachoffner, Les fumigations de chlore contre le typhus à Strasbourg, en 1814 , Revue d'Histoire de la Pharmacie  Année 1977  235  pp. 285-287

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