Deux vitraux en médaillon aux armes du cardinal Guillaume Briçonnet conservés à l'église de la Trinité-des-Monts de Rome, réalisés par Guillaume de Marcillat vers 1508-1514 et provenant de l'ancien couvent des Minimes du Pincio de Rome.
PRÉSENTATION.
En bon touriste visitant Rome, j'ai visité l'église de la Trinité-des-Monts, et j'ai pris quelques photos. Au retour, je me suis intéressé à celles de deux médaillons en raison des inscriptions et des blasons qu'ils portaient.
Le premier portait sur un phylactère les mots S JUSTUS HAEC EST VERA, et le second l'inscription FRATERNITAS S PASTOR.
Il fallait manifestement les coupler, d'une part car je reconnasissais ici les noms de deux saints martyrs jamais dissociés, Justus et Pastor (les saints Juste et Pasteur), et d'autre part l'incipit du cantique : Haec est vera fraternitas quae numquam potuit violari certamine; qui, effuso sanguine, secuti sunt Dominum,
contemnentes aulam regiam pervenerunt ad regna caelestia, "Voici la vraie fraternité, qui jamais ne put être altérée au combat : et, en versant leur sang, ils se sont mis à la suite du Seigneur et atteignirent le royaume des Cieux", texte qui convenaient parfaitement aux deux martyrs espagnols du IVe siècle persécutés sous Dioclétien.
Les deux saints qui se font face et se ressemblent sont nimbés, ils tiennent la palme du martyre et un livre, ils sont placés sous une arcade soutenue par des piliers à chapiteaux, devant une paroi à baies cintrées et une tenture damassée bleue à motifs floraux. Ils sont vêtus d'un surplis blanc et d'un manteau rouge Les vitraux ont été (très) restaurés, notamment les visages.
Que m'apprend l'ami Wiki ?
"Nés à Tielmes, près de Madrid, ils sont peut-être enfants de saint Marcel le Centurion dont, disent certaines légendes hagiographiques, douze fils auraient été martyrs. Selon la tradition, Just avait douze ans, et Pasteur neuf. Une hymne liturgique dit plutôt neuf ans pour l'un et à peine sept ans pour l'autre.
Alors qu'ils sont à l’école d'Alcalá de Henares alors appelée Complutum, ils apprennent la promulgation de l’édit de Dioclétien interdisant la religion chrétienne. Aussitôt, ils rejettent leurs tablettes d'école et les enfants sont conduits au palais du gouverneur Dacien qui leur demande des comptes. Dacien, devant leur jeune âge, ne les prend pas au sérieux et leur offre des cadeaux pour les faire changer d’avis.
Comme les frères restent intraitables, Dacien ordonne qu’on les fouette rigoureusement avec des verges ou qu'on les frappe à coup de gourdins. Mais rien n'y fait et devant leur détermination, les deux frères sont emmenés à l’extérieur de la ville pour être décapités par l'épée ou étranglés selon les versions dans un champ appelé Campo loable ou Campo laudable, le Champ louable."
Ils sont devenus les patrons des écoliers. Une basilique leur est dédiée à Barcelone. Quel rapport avec la Trinité-des-Monts ? Que font-ils ici ?
Vitrail en médaillon de l'église de la Trinité-des-Monts. Photo lavieb-aile 2024.
Vitrail en médaillon de l'église de la Trinité-des-Monts. Photo lavieb-aile 2024.
D'azur, à la bande componnée d'or et de gueules de cinq pièces, le premier compon de gueules chargé d'une étoile d'or, ladite bande accompagnée d'une étoile d'or, posée au canton senestre du chef.
Vitrail en médaillon de l'église de la Trinité-des-Monts. Photo lavieb-aile 2024.
L'autre blason porte les armes de la ville de Narbonne (Aude) :
De gueules à la clef d'or posée en pal senestrée d'une croix patriarcale d'argent, au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or.
Mais ...
Donc, le médaillon est postérieur à 1508.
Vitrail en médaillon de l'église de la Trinité-des-Monts. Photo lavieb-aile 2024.
Il me suffit de croiser la donnée "Briçonnet" et la donnée "Narbonne" pour que je sois conduit au Cardinal Guillaume Briçonnet, archevêque de Narbonne, où il mourut en 1514. Allo Wiki ?
"Guillaume Briçonnet, né en 1445 à Tours, et mort le 14 décembre 1514 à Narbonne, est un officier royal puis un ecclésiastique français, connu sous le nom de Cardinal de Saint-Malo. Il a été nommé cardinal de S. Prudenziana en 1495 par le pape Alexandre VI à la demande de Charles VIII. Le 27 mai 1498, il couronne Louis XII à Reims.
Il devient abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés, qu’il cède à son fils Guillaume en 1507. Il est nommé lieutenant général du roi pour le Languedoc et doit abandonner l’archevêché de Reims (et plusieurs abbayes) cette année-là, mais obtient l’archevêché de Narbonne, 1507 à 1514 et devient évêque suburbicaire d'Albano, puis évêque suburbicaire de Frascati l’année suivante en 1508, et enfin de Palestrina en 1509.
En 1510-1511, ses violents démêlés avec le pape Jules II autour du concile de Pise-Milan-Lyon provoquent son excommunication et la perte du chapeau de cardinal pour avoir ouvert malgré lui le concile de Lyon. Après la réconciliation de l’Église française et de la papauté, Léon X lui rend la pourpre romaine en 1514, il meurt la même année."
Or, quel est le nom de la cathédrale de Narbonne ? La cathédrale Saint-Juste-et-Saint- Pasteur. Guillaume Briçonnet a donc fait allusion à sa fonction et à son titre d'archevêque de Narbonne en faisant figurer les deux martyrs Justus et Pastor sur "ses" médaillons. Il fit réaliser des travaux dans sa cathédrale en 1514.
Fort bien, fort bien, mais que venait-il faire à Rome, et plus encore à La Trinité des Monts, église qui fut construite "par les espagnols entre 1741 et 1746"?
Sachez que cette église a été construite sur le couvent royal des Minimes bâtie sur la colline du Pincio, pour les prêtres et frères de l'Ordre des Minimes fondé par saint François de Paule en 1436 et approuvé en 1474.
Couvent construit à partir de 1502 par Guillaume Briçonnet. Et, cherry on the cake, en pierre de Narbonne !
Mais attention, il peut y avoir confusion (par moi ou par les auteurs) entre mon Guillaume Briçonnet, et son fils Guillaume Briçonnet (1470-1534), évêque de Lodève et de Meaux, grand prélat de la Renaissance et ambassadeur des rois de France à Rome (auprès de Jules II en 1507).
Je me replonge dans mes lectures :
Coupures de presse : "En 1502 Briconnet , que les affaires politiques de France avaient amené à Rome où il devait six ans plus tard revenir avec le titre d'ambassadeur , jeta les fondements de l'église élevée en l'honneur de la Sainte - Trinité , et ceux du chœur …Construite à partir de la fin du XVe siècle, la Trinité des Monts est une église française occupée par un couvent des Minimes...Œuvre de pierre perchée sur les hauteurs du Pincio à Rome, le couvent royal des Minimes français de la Trinité-des-Monts ...Ce privilège en faveur des Minimes ... Briçonnet , évêque de Saint- Malo , ce furent des pierres en provenance de Narbonne qui servirent pour construire ... Le cardinal Guillaume Briçonnet , qui avait montré tant de protection aux Pères Minimes." ...
Voici un texte plus complet et récent :
"L’histoire du couvent des Minimes, fondé à la fin du XVe siècle sur la colline du Pincio, est marquée dès son origine par un contexte contrasté, alimenté par des tensions idéologiques diversifiées et souvent contradictoires. En effet, cet ensemble sera le lieu d’une confrontation impliquant d’une part les exigences d’un véritable enracinement de la communauté religieuse érémitique fondée par François de Paule dans la « Ville sainte » en vue du Jubilé du nouveau siècle, d’autre part la volonté politique d’affirmation d’une représentation de la Couronne de France dans la cité pontificale et cosmopolite. Toutes les sources historiographiques les plus dignes de foi, à quelques exceptions près – et même celles qui présentent à l’évidence une certaine inflation rhétorique – témoignent d’une volonté initiale clairement affirmée, visant à mettre en évidence l’image d’une église et d’un couvent qui représentent la France dans la cité pontificale, et ce jusque dans le choix du vocabulaire architectural. En réalité, au-delà de la rhétorique des textes, il semble bien que la suite des évènements ait pris un chemin bien plus complexe et chaotique, marqué par des évènements ponctuels, le plus souvent inattendus. L’ouvrage manuscrit de L’Histoire du couvent de la Trinité-des-Monts du père Charles Pierre Martin demeure sans aucun doute la source la plus importante et la plus complète sur ce complexe monumental. Il y est rappelé que la construction du couvent et de l’église des Minimes aurait débuté dans les dernières années du XVe siècle, lorsque Charles VIII, lors de sa mission à Rome en 1494, qui se soldera par un échec, ratifie la donation des terrains acquis sur la colline du Pincio en faveur de la communauté religieuse. À partir de ce moment-là – toujours selon le père Martin – on peut suivre une longue série de donations et de patronages en faveur de la construction du complexe monastique surle Pincio, même si ceux-cisont le plussouvent présentés avec une emphase destinée avant tout à célébrerla bienveillance desrois de France au détriment de la participation pourtant très généreuse des grandes familles de l’aristocratie romaine. Rappelons ici que c’est à ces familles que l’on doit en très grande part la splendeur du couvent romain des Minimes. À l’instar de beaucoup d’autres chantiers d’une certaine importance se déroulant sur une période relativement étendue, l’église de la Trinité-des-Monts représente l’exemple d’un édifice dont la gestation, tout au long du XVI e siècle, a été longue, marquée par de fréquents changements de projet. Toute la documentation dont nous pouvons disposer, malgré son état fragmentaire et ses lacunes, en atteste encore aujourd’hui. Elle laisse dans l’ombre un certain nombre de points qui s’avèrent cruciaux pour la connaissance d’un ensemble architectural parmi les plus significatifs et les plus stratégiques de la Rome du XVIe siècle. On a souvent noté le caractère de « gothique à la française » du parti d’origine de l’église des Minimes à Rome, caractère qu’elle perdra par la suite. C’est bien, certes, ce qu’illustre le premier projet, dans les dispositions de l’abside, de la voûte et, dans une certaine mesure, de la façade. Ceci apparaît clairement dans les documents écrits et figurés, que ce soit dans la description qu’en donne Giovanni Antonio Bruzio dans son ouvrage du Theatrum Romanae Urbis datant de 1662, très proche par sa chronologie de l’achèvement du chantier. Ainsi, la vue de l’église dans la gravure de Giovanni Battista Falda, datée de 1669, représente-t-elle l’église avec ses baies d’origine, en ogive. Nous savons que la construction de l’église sur le Pincio a dû commencer officiellement en 1502, grâce aux fonds et aux matériaux qui avaient été mis à disposition par l’ambassadeur de France Jean Bilhères de Lagraulas, cardinal de Saint-Denis, disparu en 1499, resté célèbre aujourd’hui pour avoir été l’un des commanditaires importants de Michel Ange.
Mais c’est bien autour de la personnalité du cardinal Guillaume Briçonnet que va se jouer le sort de l’église romaine des Minimes. Figure controversée et grand défenseur du gallicanisme, Guillaume Briçonnet aura été le véritable protagoniste de l’engagement des travaux et c’est lui qui, certainement, a favorisé le recours à un modèle « français » et l’adoption, clairement, d’un répertoire issu d’une rhétorique française. On sait, par exemple, qu’il fit transporter de Narbonne la pierre de taille qui servit à la construction de l’église et ce dans l’intention, non seulement d’avoir un édifice de forme gothique « à la française », mais plus certainement pour imprimer à la Rome des papes le signe d’une forte représentation de la présence royale. Les sources viennent d’ailleurs le confirmer, avec les autres commandes, celles du maître-autel, de l’abside, des deux chapelles latérales et des trois verrières de couleur créées par la maître verrier Guillaume de Marcillat – de même que le voûtement de la croisée de transept qui demeure bien lisible aujourd’hui.
Aujourd’hui, il est bien difficile de savoir exactement ce qui, de ce projet ambitieux si connoté idéologiquement, a été effectivement réalisé. Moins rares que ce que l’on pourrait croire, les sources documentaires confirment qu’au moment de l’achèvement du chantier et de la consécration en 1595, l’église dans ses dispositions « gothicisantes » devait paraître bien insolite ; il n’en reste aujourd’hui que quelques traces, comme la structure de la voûte du transept, avec ses arcades en ogive et les nervures en liernes et tiercerons de la croisée. Parmi les sources qu’il faut citer ici, car elle s’avère d’une importance majeure, se trouve la description donnée par Giovanni Antonio Bruzio dans la seconde moitié du XVII e siècle, citée plus haut, qui donne précisément l’état de la construction comme l’articulation des espaces intérieurs, leur dimension, le détail des dispositions des structures et même la forme des baies. Par le choix de la pierre de Narbonne, une autre indication chronologique est donnée. Le cardinal Briçonnet, archevêque de Reims en 1502, est nommé titulaire du siège de Narbonne en 1507, ce qui peut constituer un indice de datation pour la construction du chœur de l’église. En tout état de cause, le choix par le cardinal Briçonnet de mettre en avant un certain goût « antiquaire » par ailleurs assez peu conventionnel, et absolument contraire à toute logique économique, semble l’expression d’une volonté d’affirmation claire de la part du commanditaire, dénotant un attachement au passé et à la grande époque des cathédrales gothiques. Par ailleurs, nous savons avec certitude qu’en 1504, deux ans donc après l’ouverture du chantier du Pincio, le maître maçon Castellino della Torre (ou de Turre) est engagé pour la construction de l’église et du dortoir (cités dans les sources comme « ecclesiae et dormitorij »). Il semble toutefois que cette contribution demeure relativement modeste. D’une tout autre importance apparaît en revanche la présence sur le chantier, une dizaine d’années plus tard, en novembre 1514, du tailleur de pierre Sebastiano da Fossombrone. Connu pour avoir participé à la réalisation de projets d’Andrea Sansovino, de Raphaël et de Sangallo, c’est lui qui travaille à la Trinité, en avançant d’est en ouest, sur les chapelles et leurs voûtes aux nervures de travertin comme sur les baies géminées qui leur correspondent. C’est donc entre ces deux dates limites que l’on peut situer la prestigieuse donation du cardinal Briçonnet et le transport de la pierre de Narbonne. Des sondages très précis ont pu être réalisés à l’occasion des chantiers de restauration qui viennent de s’achever. Ils nous ont apporté de nombreuses autres informations, et notamment le témoignage d’un changement de parti très précoce dans le plan de l’église. C’est ainsi qu’a pu être identifiée une première phase, basée sur un projet de construction à nef unique flanquée de chapelles latérales passantes, ayant toutes la même dimension, avec une abside polygonale. " (Sebastiano Roberto)
On a bien lu : Sebastiano Roberto mentionne dans son texte "trois verrières", alors que j'ai multiplié les recherches en ligne sur les vitraux de La Trinité-des-Monts, croisant tous les mots clefs possibles sur le moteur de recherche et Google-image à leur propos.
Et il m'indique leur auteur : Guillaume de Marcillat!
Et Wikipédia lui consacre un longue notice (que je copie en l'abrégeant) !! Et Vasari fur son élève à Arezzo et a décrit sa vie !
"Guillaume de Marcillat (aussi nommé Guglielmo di Pietro de Marcillat ou Guglielmo da Marsiglia pour les Italiens), né à La Châtre, dans l'actuel département de l'Indre, vers 1470 et mort à Arezzo le 30 juillet 1529, est un peintre français qui est célèbre pour ses vitraux historiés. Il a également réalisé des fresques et des tableaux. Il a vécu à Rome, Cortone et Arezzo et a réalisé des vitraux pour de nombreux lieux dans le nord de l'Italie (cathédrale d'Arezzo). Vasari a fait ses premiers pas chez lui, et en fait le portrait dans Le Vite (ici).
En France
Le jeune Marcillat, bon dessinateur et maître verrier, fut contraint à revêtir l'habit dominicain pour échapper à une condamnation, après avoir été impliqué dans une bagarre qui s'était terminée par une mort d'homme. Il est mêlé à une rixe ayant abouti à une mort d'homme, et il entre chez les Dominicains pour se soustraire à la justice.
À Rome
Marcillat arrive en Italie au début des années 1500, avec maître Claude. Celui-ci avait été contacté par Bramante de la part du pape Jules II, car le pontife, qui avait vu à Rome quelques exemplaires de vitraux français, en voulut de semblables pour décorer les fenêtres des appartements du Vatican. La technique française du vitrail est alors plus raffinée et plus évoluée que celle des Italiens.
Le pape Jules II, par un bref apostolique du 19 octobre 15098 qui le qualifie de religieux profès de l'ordre des Frères prêcheurs au couvent de Nevers, le relève de ses vœux de moine dominicain, et l'autorise à choisir entre l'habit de Saint-Dominique et celui des chanoines réguliers de saint Augustin.
Toujours pour Jules II, et selon Vasari encore en collaboration avec maître Claude, Marcillat exécute deux vitraux pour le chœur de l'église Sainte-Marie-du-Peuple en 1509. Encore en place, très restaurés, les vitraux représentent des Épisodes de la vie de Marie et de Jésus et sont surmontés du blason pontifical. L'arrière-plan avec des architectures au goût de Bramante et la clarté de l'espace montrent l'adaptation de Marcillat au langage de la Renaissance.
Sa présence est documentée en 1515 à Cortone au service de Silvio Passerini.
Technique
Guillaume de Marcillat "a mis au point plusieurs techniques du vitrail. Il faisait construire des fours spéciaux, il avait sa propre composition de la grisaille et il utilisait un verre très blanc qu'il le faisait venir de France. Parlant de La vocation de saint Mathieu, Vasari écrit : « Les effets de la perspective, les escaliers, les figures, le paysage, y sont rendus avec une telle perfection, que l'on dirait que ce sont point des vitraux, mais des merveilles tombées du ciel pour la consolation des hommes. ». Vasari remarque aussi l'intelligence dans la composition qui fait en sorte que les enchâssures de plomb sont dissimulées dans les ombres ou les plis des draperies. Guillaume se servait de deux couleurs pour les ombres, l'un des battitures de fer, pour le noir, l'autre de cuivre, pour les couleurs tannées. Il utilisait aussi une pierre rouge, le lapis amotica qui sert à brunir l'or.
Sa technique particulière consistait dans sa « hardiesse à attaquer le verre » (Vasari) : Dans la peinture sur verre, chaque feuille est couverte, d'un côté, d'une couche de bleu, vert ou rouge. Il s'agit d'enlever par endroits cette couche afin de la remplace sur le verre redevenu blanc par une autre teinte. Guillaume écorchait franchement le verre, tandis que d'autres, « ayant moins de confiance dans leur verre, se résignaient à les user avec de l'émeri ».
Or, les deux médaillons comportent de belles prouesses techniques car les meubles des armoiries, les palmes et les baies cintrées sont réalisés par cette méthode de gravure du verre rouge et du verre bleu. Les zones gravées (à l'émeri) sont ensuite peintes au jaune d'argent.
SOURCES ET LIENS.
— GRODECKI (Louis), 1964, Guillaume Marcillat [compte-rendu d'un essai de J. Lafon] Bulletin Monumental Année 1964 122-1 p. 107
Laurent Hablot a relevé de très nombreux exemples d'armoiries des familles nobles françaises dans la Rome de la Renaissance.
"La-Trinité-des-Monts.
En 1494, le roi Charles VIII acquiert le domaine du Pincio au bénéfice de l’ordre des Minimes récemment fondé par saint François de Paule. Ce dernier, « saint et prophète des Valois » et thaumaturge réputé, avait assisté le roi Louis XI dans ses derniers instants à Plessis-lez-Tours en 1483. Resté en France, où il meurt en 1507, l’ermite calabrais avait également servi de mentor et de directeur de conscience au jeune roi Charles VIII. Celui-ci, «nouveau Charlemagne », inscrit cette implantation française à Rome dans son programme messianique de reconquête des Lieux saints. En 1495, le pape Alexandre VI donne l’autorisation canonique de la fondation et des travaux sont attestés dès 1502. La canonisation de saint François de Paule en 1519, activement soutenue par François Ier qui porte son prénom, consacre le succès de cette communauté française dont l’église accueillera de nombreuses sépultures françaises et italiennes.
Cette présence française s’est enfin inscrite dans les nombreuses chapelles fondées à travers les églises de la ville par des Français, cardinaux, prélats ou simples clercs, et dans plusieurs palais érigés à Rome. La plupart ont aujourd’hui disparu même si demeurent, ici ou là, quelques traces de cette présence française dans la Rome de la Renaissance."
— Sebastiano Roberto, professeur agrégé d’histoire de l’architecture, université de Sienne. L’ÉGLISE ET LE COUVENT DE LA TRINITÉ-DES-MONTS
Le vitrail du Fou tirant la langue face à son hibou, avec les armoiries du verrier Barthélémy Linck, Suisse centrale, 1553, Le Louvre inv. OA 1187.
Ce panneau rectangulaire de 35,2 cm de haut et de 24,4 cm de large (mesures avec cadre) en verres transparent, rouge, bleu et mauve peints sur les deux faces à la grisaille, la sanguine et au jaune d'argent offre parmi ses multiples intérêts (historique, héraldique, etc.) celui de présenter un exemple de la figure du Fou à la Renaissance. C'est à ce titre qu'il figure dans l'exposition Figures du Fou - du Moyen-Âge aux Romantiques présentée au Louvre en 2024-2025.
Ce costume est parfaitement codé et associe :
-La capuche à oreille d'âne (un vrai bonnet d'âne) et à ligne de crêtes (crêtes de coq ou échine du dragon),
-les grelots qu'on retrouve sur le bonnet, comiquement placés à la pointe des oreilles, sur les poignets, les chevilles, autour des jambes (en bracelet) et à la pointe des chaussures.
-la tunique à manches exagérées et à glands de passementerie
-la bourse (ouverte?)
-les chaussures à la poulaine
-les couleurs mi-parties, associant le blanc et le damier noir et blanc, autre forme de partition.
Il manque ici que la marotte.
Le bouffon se détache, sous une arcade reposant sur deux colonnes à guirlandes, sur un fond jaune damassé (au pochoir ou "gratté à la plume"), au dessus d'un parapet aux pierres réunies par des crampons.
Le personnage est barbu, avec un collier se terminant par deux pointes, peut-être par référence à un portrait. Car selon la notice du Louvre, c'était la coutume en Suisse de s’offrir, particulièrement au XVIe siècle, des fenêtres et vitraux entre particuliers, : le donateur se faisait représenter directement ou indirectement sur l’œuvre, qu’il offrait à une connaissance, en signe des liens qui pouvaient les unir, ou en cadeau d'apparat d'une institution qu'il soutenait. Il y plaçait ses armoiries.
Ces armes se blasonnent « d’écu porte d’or à un dragon du même passant sur un grésoir d’argent posé en bande », soit un dragon surmontant un grésoir – ou grugeoir -, outil des verriers servant à façonner les bords des pièces de verre. Elles renvoient donc au verrier, qui a indiqué son nom, avec la date de 1553 :
BARTHLIME LINCK 1553
Barthlime est une forme de Barthélémy, également attesté comme patronyme.
Ce verrier (ses armes indiquent sa profession) était sans doute installé en Suisse centrale, à Zouck ou Zoug, et serait le père d'un autre peintre-verrier, « Bartholome Lingckh, von Zürch », qui devient bourgeois de Strasbourg en 1581.
À Strasbourg, une lignée de peintre-verrier est bien connue : après Barthélémy II Linck, né à Zouck en 1555 (Wikipédia) , viennent ses fils Laurent, Hans Konrad et Barthélémy III, qui réalisèrent les vitraux de la chartreuse de Molsheim. C'est Barthélemy Linck qui peignit en 1607 les vitraux de l'Hôtel de Ville d'Obernai qui représentaient les blasons des anciennes familles nobles et bourgeoises d'Obernai.
Le don de vitraux en Suisse aux XVe-XVIe siècle.
"Libres de toute soumission à des rois ou à des princes, les confédérés développèrent, par les victoires sur le duc de Bourgogne (1476-1477), par le triomphe à la guerre de Souabe (1499) et par les campagnes milanaises, un fort « sens commun » et une conscience enthousiaste de leur propre valeur : ils étaient devenus un acteur important et influent en Europe. Par conséquent, le besoin de la représentation augmenta dans la vie de chacun. Des personnes haut placées commencèrent à revendiquer des lettres de noblesse. Des marchands, des aubergistes, des artisans et même des paysans se mirent à la recherche d’armoiries qu’ils arboraient fièrement. Ces prétentions trouvèrent dans les vitraux suisses leur expression la plus appropriée.
Les autorités, les institutions et les bourgeois renommés s’offraient ces vitraux de petit format à l’occasion de nouvelles constructions, de la transformation de bâtiments ou d’événements politiques ou familiaux ou autres encore. L’initiative d’en faire la demande était prise par le propriétaire de la maison, qui s’adressait alors à son entourage public et privé. La fenêtre à vitre blanche formait la base de la donation, mais le vitrail incorporé montrait qui avait offert cette fenêtre si coûteuse.
En général, la donation allait bien au-delà d’une simple aide financière du demandeur. On illustrait ainsi les liens d’amitié réciproques. Tout visiteur pouvait comprendre qui était sous l’autorité de qui et quel rang le fier propriétaire du panneau occupait dans la société. Le vitrail offrait aussi au donateur la possibilité de démontrer sa propre importance et sa position politique ou religieuse par une scène imagée, une inscription et des armoiries." (U. Bergmann)
Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.
Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.
Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.
Le Fou tire la langue à un hibou qu'il tient en bout de bras, attachée par un lacet . Si on admet que la chouette est l'animal symbolisant la sagesse, par référence à Athéna, on peut y lire le parti-pris du bouffon de prendre le contre-pied de toute rationalité dans un renversement délibéré des valeurs.
Néanmoins, le Hibou est aussi la figure, très répandue à la Renaissance, de l'oiseau nocturne harcelé par les oiseaux diurnes.
D'autre part, le Fou tirant la langue évoque immanquablement aux contemporains la figure de la Nef des Fous de Sébastian Brant, où cette langue tirée témoigne d'un excès de paroles, d'un bavardage dangereux en miroir de la Pie bavarde qui par son garrulement fait découvrir l'emplacement de son nid et de ses petits.
La lecture de ce chapitre nous indique que le Fou tire sa langue non pas par injure ou singerie envers le hibou, mais pour indiquer que sa folie tient à son désordre de langue, à l'aliénantion de sa parole.
Enfin on remarquera , si on part sur la piste d'un Fou à la langue bien pendue et bien sonore, que le hibou est un "chat huant" dont le hululement s'intégre parfaitement dans le concert des sons discordants des charivaris. C'est son chant dont on se sert, dans les chasses à la pipée, le verbe piper (du latin pipare) signifiant tout autant "pousser un petit cri,[cf notre expression "sans piper mot"], "piauler, glousser, voire gazouiller", que "tromper" (CNRTL). Le rapprochement avec la figure de la Nef du Fou s'en trouve accentué, mais on peut aussi voir ici deux figures en miroir du jeu de langue, le hibou au chant trompeur attirant les oiseaux trouvant son double dans le Bouffon jouant sur les mots et déconstruisant le "bon sens" du langage.
Vitrail du Fou aux armoiries du verrier Barthélémy Linck (1553), Musée du Louvre. Photographie lavieb-aile 2024.
Dans le registre supérieur apparaîssent dans un cadre rectangulaire quatre valets d'atelier portant des chevelures de filasses de lin ou chanvre et portant des pagnes de même matériau.
Ils esquissent des pas de danse et trois d'entre eux portent des massues, donnant ainsi à voir des figures de "l'homme sauvage".
Selon W. Wartmann, "La coutume de se déguiser en sauvage, en employant des fibres de chanvre ou de lin, semble avoir été aussi commune qu'ancienne; on se rappellera le récit que fait Froissart (livre IV) du bal où le jeune roi Charles VI faillit perdre la vie (janvier 1393), parce que de semblables déguisements s'y étaient enflammés." (C'est le Bal des Ardents ou Bal des Sauvages).
Ces bals étaient associées dans l'Europe médiévale à Hellequin ou Hannequin, roi des enchantements, la Chasse sauvage ou Mesnie Hellequin étant son cortège nocturne et fantastique de morts qui prenaient tantôt l’aspect de guerriers, tantôt de chasseurs-ravisseurs (K. Hueltschi), notamment lors des périodes de Carnaval ou lors des Douze petits jours de Noël à l'Epiphanie.
"Vitrail de personnage privé (Suisse centrale, 1553).
Sauzay, F. 206. — V. H. II. — L. 0,21 ; h. 0,32.
Un bouffon soutenant un écu armorié, dans un encadrement architectonique.
Deux fortes colonnes latérales d'un bon dessin, composées chacune d'un socle (h. 0,075) en
verre rouge foncé, d'un fût à peu près cylindrique (1. 0,025; h. 0,12), en verre bleu clair, et d'un
chapiteau en verre mauve (h. 0,04; ornementation identique à celle des chapiteaux du numéro 16),
supportent une sorte d'arcade.
Entre les colonnes, un personnage est debout, qui représente peut-être le donateur lui-même,
peut-être aussi est-ce un simple tenant d'armoiries déguisé en bouffon et s'appuyant sur l'écu. Il porte une tunique assez courte, dont la jupe flottante s'arrête bien au-dessus des genoux, et qui est mi-partie carrelée de noir et de gris (ou de blanc ?) à droite, et entièrement blanche à gauche ; ce vêtement possède des manches longues et très amples et un capuchon muni de deux grandes oreilles d'âne terminées chacune par un grelot. Des grelots sont pareillement attachés autour du genou, au cou de pied et à la pointe des souliers. Sur sa main droite, le personnage tient une chouette (cimier de l'écu?) à laquelle il tire la langue.
Pour fond, le motif central possède d'abord un petit mur ou parapet couleur de pierre, comme le sol sur lequel sont posés l'écu et son tenant ; il n'est guère plus haut que l'écu. Au-dessus
règne le fond proprement dit, un damassé jaune très fin, gratté à la plume dans une légère couche
de grisaille.
La partie supérieure du vitrail (h. 0,075 aux angles, 0,055 au milieu) ne peut figurer qu'un pan
de mur soutenu par les colonnes et remplaçant l'arc que d'ordinaire on trouve à cette place (les
colonnes n'auraient autrement aucune raison d'être) ; seulement, l'artiste, soit à dessein, soit par
négligence, n'a pas respecté la véritable nature de ce pan de mur, car il en a fait une frise avec
quatre enfants déguisés en sauvages (h. 0,06), portant des perruques et des pagnes en fibres de lin
ou de chanvre et armés d'énormes massues ; et ces enfants ne sont pas peints à l'imitation d'un bas-
relief, mais dessinés et modelés sur un fond transparent bordé de jaune.
L'écu (h. 0,10) porte : D'or à un dragon du même passant sur un grésoir d'argent posé en bande. Le grésoir [ou grugeoir] est l'insigne des verriers et peintres-verriers.
Au bas du vitrail, sur une bande de verre bleu très clair, comprise entre les socles des colonnes, on lit, en lettres gothiques minuscules : Barthlime Linck -1553 - (Barthélémi Linck, 1553).
Un peintre-verrier, « Bartholome Lingckh, von Zürch », devient bourgeois de Strasbourg en
1581 ; notre donateur ayant le même métier (le blason le prouve), est peut-être le père de celui-ci.
La façon dont a été introduite la figure du bouffon comme tenant de l'écu, est très personnelle
et originale ; son attitude n'a rien de commun avec le schéma habituel des tenants d'armoiries. On
remarquera avec quelle souplesse cette figure est adaptée aux dimensions et à la forme de la surface
dont l'artiste disposait. Les qualités du dessin, très soigné et d'un modelé bien exécuté, nous dédommagent entièrement du coloris assez terne.
Les morceaux de verre teint dont se composent les colonnes, constituent, en effet, les seules par-
ties colorées dans ce vitrail, tout le motif central, de même que la frise, étant peints uniquement en
grisaille et jaune sur deux grands morceaux de verre incolore. Aux fûts des colonnes, du jaune a
été appliqué au revers du verre bleu, pour produire le vert des guirlandes qui les décorent. Sur le
visage du fou, on constate, pour la première fois dans les vitraux du Louvre, un essai de carnation
à l'aide d'une grisaille brunâtre. La petite barbe qui garnit le menton du personnage est peinte en
jaune d'argent.
Le vitrail semble avoir reçu le choc d'un instrument pointu près de la patte postérieure gauche
du dragon, dans l'écu, car de ce point rayonnent dans toutes les directions six plombs supplémen-
taires (long. 0,045 à 0,195) ; à part cette détérioration, le panneau est intact.
La présence d'un fou dans un vitrail suisse n'a rien d'exceptionnel. Au musée national suisse on trouve même dans un vitrail de prélat un fou comme tenant des armoiries (donation de Félix Klauser, dernier abbé du chapitre de Rüti, 1504-1525; salle XVlIl, 3° fenêtre).
La coutume de se déguiser en sauvage, en employant des fibres de chanvre ou de lin, semble avoir été aussi commune qu'ancienne; on se rappellera le récit que fait Froissart (livre IV) du bal où le jeune roi Charles VI
faillit perdre la vie (janvier 1393), parce que de semblables déguisements s'y étaient enflammés.
Au sujet du grésoir dans les armes d'un (peintre-)verrier, voy., par exemple, au musée de Cluny, le n° 2086.
Sur Barth. Linck, voy. MEYER, op. cit., p. 259 et suiv. ; p. 260, n. 4, M. Meyer publie un extrait du registre du baptistère de l'église Saint-Nicolas de Strasbourg, qui dit que Barth. Linck, peintre-verrier, fait baptiser un fils du nom de Bartholome, en 1597, soit quarante-quatre ans après l'exécution de notre vitrail ; si on admet que celui-ci soit l'œuvre d'un maître âgé d'au moins vingt ans, il est peu probable que ce même maître, âgé de soixante-quatre ans, en 1597, ait pu encore avoir un fils ; le Barth. Linck devenu bourgeois de Strasbourg, se maria trois
fois : en 1581, en 1589 et en 1605 (MEYER, loc. cit., p. 259). Il semble bien que le «Barthlime Linck» qui, en 1553, a mis son nom sur notre vitrail, et le « Bartholome Lingk » qui, en 1597, fait baptiser son fils du même nom, soient deux personnages différents. Notre maître est probablement le père, domicilié en Suisse et y restant, tandis que le fils émigre et se fait bourgeois de Strasbourg. Le fils de celui-ci, baptisé à Strasbourg en 1597, le troisième Barth. Linck qui nous soit connu, pourrait être alors le monogrammiste r. (B. L.), l'auteur de notre numéro 28 a daté de 1628, et le collaborateur de Laurent Linck (autre fils né à Strasbourg en 1582, de Bart. Linck II),
pour la célèbre série des vitraux de l'ancienne abbaye de Molsheim, datés de 1622 à 1631 (LASTEYRIE, Histoire de la peinture sur verre, Paris, 1857, in-fol., pl. xcvm et xcix ; Peintres-verriers étrangers à la France, p. 16). Ainsi, trois générations correspondraient à une période de près de cent ans, s'étendant de 1530 (date de naissance approximative du Barth. Linck du vitrail de 1553) à 1630 (date des vitraux alsaciens signés B. L. et attribués à Barthélémi Linck III), ce qui est conforme aux observations de la statistique historique.
Malgré la note du registre de Strasbourg, qui le qualifie de Zuricois, ni Barthélémy II, ni son père, n'apparaissent parmi les peintres-verriers de Zurich ; il est d'autant plus plausible de classer notre vitrail, conformément aux caractéristiques de son style, parmi les vitraux provenant d'ateliers de la Suisse centrale."
Ensemble de 14 pièces de sablières, de 6 blochets, de 6 entraits à engoulants taillés entre 1475 et 1494 (choeur et nef) et vers 1520 ( transept et les deux premières travées de la nef) de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé (Morbihan).
Merci à Violette Beurel, de l’association Les amis de la chapelle de Notre-Dame-du-Loc, qui nous a ouvert la porte de cette chapelle.
PRÉSENTATION.
Cette petite chapelle de la fin du XVe siècle (date de 1475 et 1494 sur les sablières) a été élevée à la suite d'un voeu ou pour commémorer un fait et est devenue par la suite, est devenue lieu de pélerinage. Elle comprend encore son enclos, son calvaire et sa fontaine. Sur plan en croix latine, elle est bâtie en pierre de taille aux pignons, le reste étant en moëllons. Le pignon ouest est le plus ouvragé, avec mouluration encadrant la porte ogivale en saillie. Une flèche très allongée se trouve au centre de la nef. La fenêtre du chevet est flamboyante et contient quelques restes de vitraux.
Elle est remarquable par son mobilier (sa croix de chancel qui porte la date de 1500 et le nom d'André de Coëtlagat, ses retables en granite, son retable en albâtre de Nottingham (fin XVe), ses statues polychromes (fin XVe), ou dans son enclos son calvaire (1500) et sa fontaine), mais aussi par sa charpente sculptée et par ses sablières exceptionnelles. (Les sablières ou pannes sablières sont ces pièces de bois (un quart de tronc de chêne), horizontales placées à la base de la charpente sur le haut du mur, rempli d'un lit de sable pour éviter la remontée d'humidité ou pour permettre à la poutre de prendre place lentement). Les 14 sablières, 6 blochets et 6 entraits ont été taillés entre 1475 et 1494 pour une partie localisée dans le choeur et dans la nef et vers 1520 pour l'autre localisée dans le transept et les deux premières travées de la nef.
Exceptionnelles dans le corpus très riches des chapelles et églises bretonnes, ces sablières le sont par leurs inscriptions gothiques précisant les dates de réalisation de cette charpente en 1475 et en 1494 et le nom des commanditaires, Olivier de Peillac chanoine de Guérande et recteur de Saint-Avé, et André de Coëtlagat, son successeur, chanoine de Vannes et recteur de Plescop et de Saint-Avé ; par leur polychromie ; et par la variété de figures traditionnelles aux ymagiers telles que les bestiaire, les sirènes et centaures, les musiciens (luth, cornemuse , traverso, harpe) et les drôleries. Elles sont remarquables aussi par le riche ensemble héraldique, peint en majorité, qui a échappé aux marteaux révolutionnaires ou a été repeint, et qui fait écho aux blasons sculptés sur d'autres supports, lapidaires notamment, de la chapelle.
Les entraits également sont remarquables par les personnages qui combattent ou tentent d'échapper à la gueule des dragons des engoulants, tout comme les blochets à forme de dragons dévorants.
La chapelle a été restaurée en 1913 puis de 2010 à 2012.
La chapelle, avec l'enclos, la fontaine et le calvaire sont classés par arrêté du 22 juin 1932
Les sablières et entraits en bois sculpté sont classées Mh par arrêté du 11 septembre 1922.
" Par la qualité des sculptures et des reliefs, cet ensemble qui alterne régulièrement des blasons, portés par des angelots en pied de cerces, et des scènes historiées, est l’un des ensembles bretons majeurs du dernier quart du XVe siècle." (C. Diego Mens)
Pour S. Duhem, l'ensemble de Saint-Avé rejoint ceux, de même facture exceptionnelle, de Trédrez, Trémel, Plumelec, Grâces-Guingamp, dont les artisans disposent d'un bagage iconographique, intellectuel et d'habilité technique, que n'auront pas leur successeur, avec des ensembles plus hétérogènes, plus inventifs, plus réfléchis que ceux du XVIe tardif et du XVIIe siècle.
Les inscriptions sont sculptées en creux, et les motifs figurés végétaux, humains, merveilleux (chimères et dragons) et plus rarement animaux disposés de façon isolée et régulière — une caractéristique stylistique bas-médiévale du XVe siècle— sont sculptés en moyen relief en bois polychrome. Les motifs se détachent franchement de l'épaisseur de la poutre et sont couverts par un "toit".
.
I. LE CHOEUR DE 1475.
Le commanditaire.
Les sablières portent l'inscription en lettres gothiques qui court de chaque côté nord puis sud du chœur :
MESTRE O. DE PEILLAC CHANOYNE DE GUERÃDE ET RECTE DE ST EVE FIST F
CESTE OUVRE LAN MILL CCCC LX XV
soit "Maître Olivier de Peillac chanoine de Guérande et recteur de Saint-Avé fit faire cette œuvre l'an 1475".
L'inscription, sculptée et peinte en rouge, comporte des lettres ornées, des lettres liées ou abrégées par des tildes et les mots sont séparés par des deux-points reliés par une accolade. Elle est interrompue régulièrement par des blasons présentés par des anges, aux armes peintes (et repeintes par les restaurateurs). J'aime m'attarder sur la matérialité de ces inscriptions et ne pas les considérer seulement comme des sources documentaires : ces calligraphies sont des œuvres d'art.
La paroisse de Peillac, d'où la famille du chanoine est originaire, se trouve à l'est du Morbihan, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Redon, mais la famille de Peillac a détenue aussi le château de Lohan à Plaudren, au nord de Saint-Avé.
Pol de Courcy indique dans son Armorial à propos de cette famille :
Peillac (de), sieur dudit lieu et du Plessis, paroisse de Peillac, — du Gouray, paroisse de Pleucadeuc, — de Bodeveno, paroisse de Pluvigaer, — de Lohan, paroisse de Plaudren.
Références et montres de 1426 à 1536, dites paroisses, évêché de Vannes.
D’argent à trois merlettes de gueules ; au franc canton de même.
Fondu dans Rohan, puis Ploësquellec.
Olivier de Peillac était l'un des 14 chanoines à la collégiale Saint-Aubin de Guérande. Un homonyme (son père ? ) participe en 1452 à la montre de Guillaume de Rosnyvinen.
Les armes de sa famille ne sont pas présentes sur ces sablières du chœur, mais on les trouve dans celles de la nef nord, et huit fois dans la chapelle, sur un bénitier, près du portail , sur une crédence, au socle de plusieurs statues et sur les contreforts du portail et du chevet.
Selon D. Mens :
"Olivier de Peillac est d’une famille noble assez importante, vassale de la seigneurie de Rochefort-Rieux et alliée à la puissante branche des Rohan Gué-de-L’Isle. Olivier pourrait être le frère de Jean, mentionné en 1477 et 1484 comme prévôt féodé 4 des paroisses de Plaudren et de Saint-Jean-Brévelay 5 . Cette fonction est obtenue par les Peillac par alliance avec les Tréal. Jean de Peillac perçoit les droitures 6 dues au seigneur de Largoët pour ces paroisses. La fille de Jean, Jacquette, est qualifiée de prévôte féodée de 1494, avec son époux, puis seule en 1503 et 1511 7 . Elle épouse François de Rohan, seigneur du Gué-de-l’Isle et maître d’hôtel de la reine Anne de Bretagne. Outre ses possessions dans la commune de Peillac, la famille détient également les seigneuries de la Gorays en Pleucadeuc, héritée des Tréal, de Botéven en Pluvigner et celle de Lohan en Plaudren, mais apparemment pas dans la paroisse de Saint-Avé. "
Pour le même auteur, il faut envisager pour le finacenmet de la chapelle outre la contribution des recteurs et de leur famille, une possible intervention d’un grand féodal breton, Jean IV de Rieux, maréchal de Bretagne, qui entre en possession de la seigneurie de Largoët, dont dépend la paroisse, en 1480, après le décès de sa première épouse.
A. Le côté nord.
On trouve successivement depuis la croisée des transepts et en suivant le sens des aiguilles :
—entre deux feuillages verts, les armes des Coëtlagatd'azur à 3 aiglettes d'or (peintes en 1913 au dessus d'un écusson muet), tenue par un ange à la chevelure divisée en deux boules. Curieusement, ces armes de Coëtlagat ne figuraient pas dans la chapelle. La famille habitait le manoir de Coëtlagat, en la paroisse Saint-Patern de Vannes
—L'entrait à engoulant dont le dragon laisse échapper une langue rouge.
— un masque d'un homme coiffé d'une cagoule à rabats.
— le début de l'inscription interrompue par des feuilles vertes, ou par des blasons
—Les armes écartelées des Rieux-Rochefort d'azur à 5 besants d’or en sautoir aux 1 et 4 (Rieux) et aux 2 et 3 vairé d’azur et d’or (Rochefort) sur fond de feuillages. Jean II de Rieux (avant 1343-1417 avait épousé en 1374 Jeanne de Rochefort, d'où Jean III de Rieux (1377-1431). Sa fille Marie de Rieux épousa vers 1425 Louis d'Amboise, son fils François-Jean épousa Jeanne de Rohan d'où Jean IV de Rieux (1447-1518). Jean IV de Rieux, un grand féodal breton, maréchal de Bretagne, qui entre en possession de la seigneurie de Largoët, dont dépend la paroisse, en 1480, après le décès de sa première épouse Françoise Raguenel, décédée le 18 janvier 1480, aurait (D. Mens) pu participer au financement de la chapelle. Il versa un paiement à Olivier de Peillac le 26 juin 1481 pour avoir fait mettre les armes de « Monseigneur et de mademoiselle ».
— Celles, tenues par un ange aux cheveux volumineux, des Rieux-Malestroit en alliance en 1 Rieux-Rochefort comme supra et en 2 Malestroit : de gueules à neuf besants d’or. Cela peut renvoyer à Gilles de Rieux, fils de Jeanne de Malestroit et de Michel de Rieux (1394-1473), qui épousa en 1495 Anne du Chastellier.
Les Malestroit était seigneurs de Largoët, une forteresse d'Elven, à 13 km de Vannes, avant que Jean IV de Rieux ne devienne comte de Largoët au XVe siècle. " C'est à cette époque (entre 1474 et 1476) que Jean IV, seigneur de Rieux, y retient Henri Tudor, duc de Richmond, futur Henri VII d'Angleterre. En 1490, Charles VIII démantèle le château, mais il est restauré sous l'impulsion d'Anne de Bretagne. La forteresse est en effet une des pointes du triangle rieuxois (trois grandes forteresses Rochefort-Malestroit-Elven). "
—Celles de Bretagne, tenues par un ange mais douteuse car à trois hermines seulement. [le blason modifié pourrait être en lien avec le fait que Jean de Rieux est le petit-fils de Marguerite de Bretagne, fille du duc Jean IV.]
—un masque d'un homme barbu coiffé d'un chaperon, tenant de la main droite un phylactère. Ce dernier portait-il jadis une inscription?
— un blochet débutant par un engoulant et s'achevant par une tête d'homme à l'extrémité de la pièce de bois octogonale.
Il convient en fait d'ordonnancer cette succession de blasons, comme du côté sud, en partant de l'est et de l'autel en respectant les prééminences : duché de Bretagne/Rieux-Malestroit/Rieux-Rochefort, comme au tympan d'une verrière armoriée de haut en bas. Le vitrail ancien du chœur n'a pas été conservé, mais on sait, d'après un mémoire de Galles en 1854, qu'on y trouvait les armes de Bretagne, "et deux écussons : celui de Lestrelin ; et un autre ainsi alliancé : parti au 1 d'argent à la bande nouée d'azur accompagnée de 7 merlettes de gueules, qui est Lestrelin, au 2 d'or à trois tourteaux "(J. Guyomar).
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
B. Le côté sud.
En poursuivant notre visite dans le sens des aiguilles d'une montre, et donc ici du chevet vers le transept, nous trouvons, en symétrie avec le côté nord :
— Un blochet, semblable au blochet nord avec un personnage tirant la langue
— Un masque d'homme barbu tenant un phylactère
— les armes de Bretagne, à huit hermines , présenté par un ange
— la suite de l'inscription , "ceste ouvre l'an mill cccc LXX XV", également fragmentée par les motifs ornementaux et les blasons,
—un masque léonin émergeant de feuillages,
— un ange présentant les armes écartelées des Rieux-Rochefort d'azur à 5 besants d’or en sautoir aux 1 et 4 (Rieux) et aux 2 et 3 vairé d’azur et d’or (Rochefort)
—un primitif ou homme naturel, de couleur verte, assis jambes croisées et tenant un livre. Pour l'abbé Guyomar, il s'agit d'un tailleur. Ses pieds ressemblent à des pattes. Sa tête est coiffée d'une capuche.
— Les armes, présentées par un ange, des Malestroit, de gueules à neuf besants d’or.
— Un masque de lion, à la crinière rayonnante
— la Lune et le Soleil, entourés de rayons,
— l'entrait à engoulant,
— un lion,
—un agneau à phylactère
— un dragon ailé.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
On examinera aussi la voûte lambrissée, et notamment la nervure principale est-ouest, qui est ornée de panneaux rectangulaires aux armes de Bretagne, à huit hermines.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Au total, le programme des sablières de ce chœur privilégie les insignes du pouvoir ducal (*) et des grands officiers ducaux, qui ont peut-être participé par donation à la construction, ou qui ont pu en favoriser l'établissement. Les armoiries du commanditaire, d'une famille plus modeste, n'ont pas leur place ici.
(*) Sur la commune de Saint-Avé se trouvait le château de Plaisance, résidence officielle des ducs de Bretagne, démantelée au XVIIe siècle. Jean V, duc de Bretagne (1389-1442) y séjournait fréquemment, et François Ier, duc de Bretagne (1414-1450), y est décédé le 17 juillet 1450. Les sablières de 1474 sont contemporaines du règne de François II (de 1458 à 1488), auquel succède Anne de Bretagne de 1488 à 1514.
Sophie Duhem, l'auteur de référence sur les sablières de Bretagne, s'interroge sur l'influence ici d'Olivier de Peillac, et du clergé en général :
"Comment imaginer que ce chanoine si soucieux de composer un ensemble décoratif majestueux , n'ait pas, à un moment ou à un autre, donné des directives précises aux artisans-charpentiers ? Sa contribution au choix des sculptures paraît certaine si l'on considère à la fois la grande qualité de l'iconographie représentée, et la monumentalité de l'ensemble au regard des dimensions de la chapelle."
Casas Diego Mens sépare bien le programme "protocolaire" du chœur commandé par le chanoine de Peillac, un espace accessible au clergé et à la noblesse, et qui s'avère assez convenable malgré son bestaire et la présence du merveilleux non chrétien, et celui, plus populaire, de la nef, dont le commanditaire André de Coëtlagat appartient pourtant au même milieu, celui des chanoines et recteurs issus de la noblesse bretonne. La nef, séparée du chœur par une clôture ou chancel est réservée au peuple. La clôture à claire-voix permet malgré tout aux fidèles de voir le chœur et d'entendre les offices. Casas Diego Mens, répondant à Sophie Duhem, écrit :
"Ainsi, le programme iconographique de la nef et d’une partie du chœur, mêlant fantastique, religieux, irrévérencieux et des scènes du quotidien, semble essentiellement destiné à la seule lecture d’une catégorie de la population [On ne prendra pas en compte dans cette analyse les inscriptions portées établissant les commanditaires, dans le chœur et la nef, réservées probablement à la noblesse et au clergé, et une certaine partie de la population lettrée.]
Il ne traduit sans doute pas une commande précise d’un clerc mais il compose plutôt un décor voulu par les sculpteurs, mêlant des thèmes populaires ou savants, selon une organisation qui nous échappe désormais."
Outre le fait que cela suppose, comme il le constate, d'oublier l'inscription de fondation de la nef supposant l'accès à la lecture, cela ne tient pas compte des données qui nous apprennent que, pour leurs stalles aux miséricordes très populaires voires grivoises par exemple, ces chanoines, loin de laisser carte blanche aux huchiers et de fermer les yeux sur leurs excès, peuvent exiger par contrat la présence de ces références au merveilleux médiéval, aux fabliaux, aux proverbes, et aux scènes érotiques ou scatologiques, qui se découvrent, sculptés dans la pierre et le bois , et pas seulement dans les marges des sanctuaires. Il faut imaginer d'autres rapports que les notres entre l'obscène et le sacré, exactement comme dans la Rome impériale où les phallus avaient une fonction apotropaïque nullement choquante et très ostensible.
Pour Sophie Duhem p. 270, " à Saint-Avé, les thèmes religieux sont absents et les thèmes courtois ou distrayants sont probablement conçus à la demande de l'élite de recteurs à l'origine de la commande".
LA CROISÉE DU TRANSEPT.
Les armes de Bretagne, se poursuivent ici sur la nervure centrale, et sur la clef de voûte.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
C'est aux angles de la croisée du transept que sont placées les armes des familles nobles de la paroisse du dernier quart du XVe siècle : les Benoist, seigneurs de Lesnévé sur l'angle nord-est , les Arz, seigneurs de Tréviantec et Rulliac sur l’angle sud-est et enfin, sur l’angle diamétralement opposé les Lestrelin, de Lesvellec d’argent à la fasce nouée d’azur accompagnée de sept merlettes de gueules posées 4 et 3 . Selon C. Diego Mens cette organisation héraldique témoigne sans doute du placement de ces familles nobles, lors des offices, au-devant du chancel.
L'angle nord-est : les armoiries des Benoist de Lesnévé.
Ces armes d' hermines à trois chevrons de gueules chargés de besants d’or sont sculptées et non seulement peintes.
Selon l'article Wikipédia de Saint-Avé, Sébastien de Rosmadec (~1570-1646), évêque de Vannes est né au manoir de Lesnevé. René Descartes (1596-1650), mathématicien, physicien et philosophe, aurait passé "une partie de son enfance dans la métairie du manoir de Lesnevé alors que son père Joachim Descartes (1563-1640), siège aux États de Bretagne lorsque ceux-ci sont réunis à Vannes". Je n'ai pas trouvé la confirmation de ce séjour dans les biographies de Descartes ; il a séjourné au manoir de son frère Pierre, le manoir de Kerleau à Elven.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
L'angle sud-est : les armoiries d'une famille à préciser.
Ces armes sont d'or à la fasce de gueules accompagnée de 3 quintefeuilles de même. L'abbé Guyomar propose d'y voir les armes des Eder, mais celles-ci sont de gueules à la fasce d'argentaccompagnée de 3 quintefeuilles de même.
On les retrouve sur la crédence à côté de celles des Peillac.
Crédence sud de la chapelle Notre-Dame-du-Lac, photo lavieb-aile 2024.
C. Diego Mens signale ici les armes de la famille d'Arz seigneurs de Tréviantec et Rulliac sur l’angle sud d’azur à trois quintefeuilles de gueules .
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
L'angle nord-ouest : les armoiries de la famille Lestrelin, de Lesvellec en Saint-Avé.
Ils portent d’argent à la fasce nouée d’azur accompagnée de sept merlettes de gueules posées 4 et 3.
Leurs armes figuraient aussi dans la vitre du chœur. Et dans la chapelle Saint-Avoye de Pluneret.
Le pedigree ?
Lestrelin (de), sieur de Lesvellec, en Saint-Avé ; Kerlois et Liscoet, en Pluvigner ; Keropert, en Grand-Champ ; Kerlagadec, en Noyal-Pontivy ; Pradic, en Plumergat ; Penhaer, en Camors ; et Kerispert, en Pluneret. Réformations de 1426, 1448 et 1536 (famille éteinte à la fin du XVIème siècle).
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
L'angle sud-ouest : les armoiries des Laouénan, de Baden.
D'azur à la fasce d'argent accompagnée de 3 roitelets d'or
Pas de photo.
LES SABLIÈRES DE LA NEF (1494)
L'inscription. Le commanditaire.
L'inscription se partage entre le côté nord :
OU LOYAL TEMPS DE MASTRE : OLIVIER : DE PELIAC CHANOE GUERANDE ET MAISTRE ANDRE DE COETLAGAT
et le côté sud :
RECTO DE SANT AVE FIT ACHEVER CESTE CHAPLE EN LÃ MIL IIIIc IIIIxx ET XIIII
"Au loyal temps de maître Olivier de Pellac chanoine de Guérande et maître celles d'André de Coëtlagat recteur de Saint-Avé fit achever cette chapelle en l'an 1494".
Qui est ce nouveau recteur et commanditaire ?
Origine.
Essentiellement vannetaise, la très vieille maison de Coëtlagat eût pour berceau la terre de ce nom en la paroisse de Saint-Patern ès-faubourgs de Vannes. Elle comparut aux montres et réformations de 1426 à 1536 dans les paroisses de Saint-Patern, Guehenno et Plœren, et fut reconnu noble d'ancienne extraction à la réformation de 1669 avec sept générations (Bibl. de la ville de Rennes. Mss. des Réformations).
Membres.
Remontant à Messire Geoffroy de Coëtlagat, croisé en 1248 (P de Courcy. Armorial de Bretagne. Tome I, p. 211), elle compte en outre parmi ses membres :
—Escuyer Guillaume de Coëtlagat qui reçoit en legs du duc Jean II dans son testament de l'an 1303, une somme de 50 livres pour ses bons et loyaux services (Dom Morice. Preuves. Tome I. Col. 1196) ;
—Messire Guillaume de Coëtlagat, écuyer de Mademoiselle de Porhoët en 1426 (Ibidem. Compte de Jehan Droniou, trésorier du Duc. Tome II, Col. 1223) ;
— Noble écuyer Renaud de Coëtlagat, marié vers 1445 à Aliette de Peillac et décédé en 1473 (Arch. Dép. du Morbihan, Série E et Mss. Galles) ;
— Messire Jehan de Coëtlagat, l'un des témoins déposant à l'Enquête de canonisation de saint Vincent-Ferrier, le 21 novembre 1453, avec son frère Yves de Coëtlagat, prêtre, et sa femme Jeanne Trainevault, guérie miraculeusement de la peste peu de temps auparavant, par l'intercession du saint (Enquête de canonisation de saint Vincent-Ferrier. Mss. de l'abbé Chauffier). Noble dame Olive de Coëtlagat, nourrice de la fille du Duc en 1455 (Dom Morice. Preuves. Tome II. Col. 1689) ;
— Messire Robert de Coëtlagat, qui avait épousé demoiselle Catherine Sorel vers 1448 (P. de Courcy. Armorial de Bretagne. Tome I, p. 211) ;
— Messire Pregent de Coëtlagat, vivant en 1495, fils d'autre Pregent de Coëtlagat, écuyer du pays de Guérande (Cartulaire inédit de l'abbaye de Prières. Mss. de l'abbé Chauffier) en 1418 ;
— Messire André de Coëtlagat,
— Messire Jean de Coëtlagat, moine de Prières en 1539, prieur de cette abbaye en 1547 (Cart. inédit de l'abbaye de Prières. Mss. de l'abbé Chauffier), abbé de celle de Lanvaulx en 1565 (P. de Courcy. Armorial de Bretagne. Tome I, p. 211) ;
— Messire Jean de Coëtlagat, vivant en 1543, marié à Anne de Quifistre (Arch. Dép. du Morbihan. Mss. Galles) ;
etc.
Seigneurie.
La famille de Coëtlagat a possédé les terres et seigneuries de Coëtlagat et Ménimur en Saint-Patern ; — de Kerlois en Pluvigner ; — de Pont-Dinan en Arradon ; — du Clegrio, paroisse De Guehenno ; — de Cantizac, de Porte-Layec et Bodrual, paroisse de Séné ; — de Liscouët en Péaule ; — de Penvern en Plaudren ; — de Kerlan en Plumergat ; — de Kerdualic, du Quelennec, de Kervaly, etc.
Principales alliances.
Elle s'est alliée aux familles : de Lesteno (XIVème. s.), de Peillac vers 1445, Sorel (1448), de Lourme (fin du XVème s.), Trainevault vers 1450, de Broël (XVIème s.). de Quifistre vers 1538, Riou, Le Goff, de Lesmais (XVIème s.), Guimarho vers 1574, de Gaincru vers 1592, de Rosmadec (XVIème s.), , etc
R. de L'Estourbeillon, in Infobretagne
Diego Mens apporte des informations complémentaires :
"La famille Coëtlagat possède un manoir à Vannes, dans la paroisse de Saint-Patern, des terres à Séné (Bodrual et Cantizac) et Plescop. Jean est mentionné comme seigneur de Bodrual à la fin du XVe siècle . Il dépose, à moins qu’il ne s’agisse de son père, dans le procès en canonisation de Saint-Vincent Ferrier en 1453 avec son frère Yves, prêtre. Olive de Coëtlagat est au service de la duchesse Isabeau d’Ecosse, comme nourrice de Marie de Bretagne en 1455 9 . Les deux familles des recteurs qui ont œuvré à la construction de cette chapelle sont alliées puisqu’un mariage 10 est célébré en 1455 entre Aliette de Peillac et Renaud ou Regnaud de Coëtlagat. Ce dernier, fils de Michèle de Tréal 11 et de Guillaume de Coëtlagat, est mentionné dans les montres du 8 septembre 1464 pour la paroisse de Séné avec 700 livres de revenus, et comme seigneur de Cantizac 12 . Prigent de Coëtlagat hérite de ce domaine en 1474."
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le côté nord de la nef.
Description depuis l'entrée à l'ouest vers le transept
Les motifs ou personnages sont répartis en frises et répondent aux retombées (en culot) des nervures de la charpente.
On trouve successivement :
Première pièce entre blochet et entrait.
— Le blochet, engagé dans la maçonnerie, avec engoulant et personnage.
— un masque d'homme encapuchonné, bouche ouverte
— entre les mots OU et TEMPS, un coeur percé de deux flèches croisées, et portant le mot LOYAL. Les auteurs ne l'intègrent pas toujours au texte de l'inscription.
— un masque d'homme barbu de face, bouche ouverte
— Entre les mots DEMAISTRE et :OLIVIER, une fleur à quatre pétales,
— un homme accroupi sous la console, qui désigne de l'index un passage d'un livre et lève les yeux au ciel. Il est coiffé d'un chaperon ou d'un bonnet, porte une tunique rouge, des chausses vertes et des chaussures ou sabots.
— dans l'angle une feuille d'acanthe étalée ;
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le premier entrait, côté ouest.
Un homme vêtu de chausses, d'une tunique ajusté et portant un chapeau noir, court vers la tête du dragon de l'engoulant en brandissant une massue.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le premier entrait, côté est. Un chasseur (piqueux) s'avance vers la gueule du dragon et y enfonce sa pique.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Deuxième pièce entre premier et deuxième entrait.
— Dans l'angle de l'entrait un homme barbu (prophète??) écarte les spires d'un phylactère qui lui enrubanne la tête.
— Lui faisant face, un joueur de cornemuse est vêtu d'habits découpés. J. Guyomar écrit que " ses lèvres viennent d'abandonner le bec du biniou pour répondre au moine qui le blâme d'exciter à la danse ; mais si la bouche du sonneur ne remplit pas son office, nous voyons son bras gauche presser l'outre de l'instrument, ses doigts n'ont pas abandonné les trous, et la musique continue toujours. Le tuyau de la corne du biniou a disparu ".
Ce joueur est décrit dans l'encyclopédie de la cornemuse de Jean-Luc Matte :
http://jeanluc.matte.free.fr/fichsz/stavesabl.htm
Sculpture en bois avec traces de polychromie: homme portant des vêtements en forme de feuilles et coiffé d'une couronne de feuilles. Un bourdon d'épaule dont seuls subsistent le pavillon et la "souche"; un porte-vent brisé, un hautbois à pavillon
S. Duhem indique qu'une copie de cette sablière, du XIXème, existe à la chapelle de Kerozer de cette même commune
— un chien qui se lèche en se retournant vers son arrière-train, dans une vue plongeante audacieuse
— présentées par un ange coiffé d'un bonnet et vêtu d'une robe très ample, les armoiries d'Olivier de Peillac, suivant la mention de son nom sur l'inscription.
On retrouve aussi ces armoiries sur les consoles des statues de Marie-Madeleine, de saint Corneille, de saint François, sur la crédence sud et sur le bénitier.
— une femme dont la main gauche est levée. J. Guyomar y voit "une paysanne, dont la figure est d'une finesse extraordinaire ; elle détourne les yeux et se sert de sa main gauche comme d'un écran pour ne pas voir l'exhibition indécente d'un homme voisin accroché à la sablière, et que M. Pobéguin, sculpteur à Vannes, a mutilé du temps de M. Panhéleux (1830-1860)."
— Un clerc (tonsuré), de dos, la main gauche sur le crâne, dont la partie basse a été buchée car jugée inconvenante.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Troisième pièce entre deuxième et troisième entrait.
— À l'angle de l'entrait un homme nu et barbu se protège du centaure ...
—un centaure qui, armé d'une massue et le bouclier au bras, va se ruer sur l'homme.
— Près du nom de Maître André de Coëtlagat, armoiries de Cantizac de la paroisse de Séné : d'argent à la bande de gueules, chargée de 3 alérions d'or, présentées par un ange, qui porte sur ses ailes et sa tête la couronne d'épines. Il y avait eu des alliances entre les Coëtlagat et les Cantizac. Le recteur, maître André de Coëtlagat, a-t-il préféré mettre auprès de son nom les armoiries de sa famille maternelle ? Non photographié.
— Une sirène, admirablement fine, tient dans sa main gauche un peigne, dont elle vient de se servir pour sa longue chevelure, et dans sa main droite une glace, où elle se mire. Elle répond à une autre sirène du côté sud. Elle est couchée sur le ventre, le buste redressé, la tête à gauche. Ses seins sont globuleux. La partie inférieure a la forme d'une queue de poisson.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Quatrième pièce entre troisième et quatrième entrait.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le côté sud de la nef.
dans le mouvement des aiguilles d'une montre, du transept vers l'entrée.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Cinquième pièce entre deux entraits.
— feuillages
— ange présentant des armoiries de Kerboulard, en Saint-Nolff, et aussi seigneur de Kervelin, en Saint-Avé : de gueules à l'aigle d'argent, armée et becquée d'or, cantonnée à dextre d'un croissant de même.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Quatrième pièce entre deux entraits.
—Blason muet
— Femme grimaçant et échevelée vêtue en vert évoquant une sorcière caressant ses longs cheveux blonds.
— armoiries présentées par un oiseau : les armoiries d'Ars ou Arz, seigneur de Ruliac et de Tréviantek ou Triantek en Saint-Avé : d'argent à 3 quintefeuilles de gueules. peintes en 1913
— feuillage.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Troisième pièce entre deux entraits.
L'inscription reprend ici avec RECTO [Recteur] SANT AVÉ FIT ACHEVER.
— feuillage.
—Une sirène de face, verte et écaillée avec une queue de poisson bien visible tient un peigne de la main droite est caresse ses longs cheveux blonds de la main gauche.
—une tête de clerc, tonsuré, tournée vers la sirène dans une posture renversée en arrière, comme envoûté .
— un joueur de luth , en chevalier servant, de face, la tête coiffé d'un bourrelet sur des épais cheveux peignés en masses latérales ; Grand manteau et chausses.
— une joueuse de harpe, à genoux, tournée vers le luthiste, et sur la traîne de son manteau un petit chien blanc.
— et enfin, dans l'angle de l'entrait, un joueur de traverso, assis sur une cathèdre.
Sur cette pièce, on constate que les motifs, quoiqu'isolés le long d'une frise, composent des ensembles narratifs. Si la sirène, ici, témoigne de l'enchantement de la voix (simple hypothèse), toute la pièce est alors dédiée aux pouvoirs de la musique.
Pour certains, la sirène pourrait aussi renvoyer aux anciennes graphies de Saint-Avé, Senteve, Sainct Eve (en 1427, 1448, 1464 et 1536) ou Sainct Evve (en 1477) .
Les deux sirènes de Saint-Avé n'ont pas échappées à l'inventaire de Hiroko Amemiya, qui les classent dans les 20 exemples d'"ornement de type sirène", dont 13 en pierre et 7 en bois avec celles des sablières de Loc-Envel, et de N-D des Grâces de Kerlenat.
Elle décrit ici "un sujet debout, au visage rond grossièrement taillé, avec une longue chevelure ondulée, gonflée en forme d'éventail aux côtés des oreilles, qui tombe jusqu'à l'extrémité de la queue. Ses mains soulèvent les cheveux [H. Amemiya n'a pas identifié le peigne]. La partie inférieure du corps a la forme d'une queue de poisson à écailles à peine apparentes."
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Deuxième pièce entre les entraits.
— Un homme endormi, la tête appuyée sur la main, le coude posé sur l'accoudoir d'une cathèdre.
—Un oiseau blanc s'emparant du rouleau de phylactère du dormeur. Pour J. Guyomar, "dans l'angle, un moine, les pieds en haut et la tête en bas appuyée sur sa main droite, dormait, bercé par la musique, lorsqu'une colombe aux ailes déployées arrive du ciel avec un message, qu'elle tient dans son bec et ses pattes, pour lui dire qu'il a autre chose à faire que de dormir ; et le moine a la main gauche appuyant sur la sablière ; il fait un effort pour se lever."
— Un homme, en position de chevalier servant de face, dans une position d'exhibition encore plus indécente que celle de la sablière nord, a subi la même mutilation que l'autre.
— Après les mots CESTE CHAPEL, un homme coiffé d'un turban et vêtu d'une longue robe de chambre qui fait signe du doigt à son chien et lui dit : APORTE (« Apporte). Ce mot est écrit à l'envers de manière à n'être pas confondu avec ceux de la légende ; le chien blanc montre les crocs et fait voir qu'il n'est pas disposé à porter à son maître l'os ou le bâton qu'il tient dans ou sous sa gueule .
Cette écriture rétrograde de la droite vers la gauche doit être un unicum dans le corpus des inscriptions des sablières, et on pourrait s'interroger longuement à son propos : l'artiste a su innover pour rendre de manière concrète le trajet de la parole du locuteur vers l'auditeur, de l'émission vers la réception. Ce procédé existe-t-il dans l'épigraphie médiévale ? dans les enluminures ? Et même dans nos bandes dessinées? Que de questions passionnantes!
Bien plus, on pourrait y voir une pensée philosophique, sur la vanité de la parole, sur son nonsens, sur la rupture ou de l'inversion/perversion du "propre de l'humanité" lorsque le langage s'adresse à un animal, etc.
Car, quel est le sens de cette saynète? Quel est même l'objet blanc défendu par le chien ? Y a-t-il ici jeu, ou antagonisme ? La scène est-elle reliée à la précédente, où intervient aussi un homme, un animal et un support d'écriture?
Avons-nous affaire à un art populaire destiné à faire sourire, ou à des supports de pensée savante cachée sous ces dehors énigmatique ?
Le sens de ces tableaux était-il clair pour leur contemporain, qui en posséderait les codes par une culture et des références, ou bien était-il déjà destiné à plonger le spectateur dans la perplexité et à ouvrir les portes de son imaginaire ?
— dans l'angle un dragon sans tête enroule sa queue autour de ses ailes.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
L'engoulant du deuxième entrait, côté ouest.
Un homme sauvage, nu mais velu, prend la fuite, un pied encore dans la gueule du dragon. Il tient une pierre entre ses mains.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
L'engoulant du premier entrait, côté est.
De la gueule du dragon sort un serpent qui l'affronte.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
L'engoulant du premier entrait, côté ouest.
Un homme vêtu d'une robe violette et de chausses grimpe sur la poutre pour échapper aux dents du dragon ; il prend appui sur la gueule elle-même.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Du premier entrait jusqu'au blochet .
— Dans l'angle une feuille.
— De l'autre côté de la poutre, un homme dans une posture de chute cul dessus tête, qui fait écrire à Guyomar " cette figure rappelle la folie de Don Quichotte dans une forêt, où ce héros en chemise se livre à des exercices acrobatiques et excentriques, qui découvrent à Sancho des choses si drôles qu'il s'enfuit pour ne pas les voir."
— un bouton rouge au cœur de pétales ou sépales verts.
— Et un homme aux cheveux abondants serrés par un bandeau, qui a l'air de vouloir soutenir à lui seul toute la toiture.
—une fleur rouge dans des feuillages,
—un masque d'homme souriant, coiffé d'une capuche à rabats.
.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
—Le blochet engagé dans la maçonnerie
On y voit , s'échappant de la gueule du dragon, une forme violette qui doit correspondre à un personnage féminin s'échappant, si on en juge par les tourbillons de plis d'une robe.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Le bras nord du transept.
.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
Les sablières de la chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé. Photographie lavieb-aile 2024.
SOURCES ET LIENS.
— AMEMIYA (Hiroko), Vierge ou démone, statuaire insolite en Bretagne, Keltia graphic, pages 226 et 227.
—DANIGO (Joseph), 1983, La chapelle Notre-Dame-du-Loc à Saint-Avé, Congrés archéologique de France tome 141 page 216 et suiv.
"Depuis des siècles, la paroisse de Saint-Avé avait cette particularité de posséder deux bourgs,
distants de quelques centaines de mètres : le « bourg d’en-haut » regroupé autour de l’église-mère et le « bourg d’en-bas » appelé au xvi e siècle « bourg de Notre-Dame Saint-Evé » et, au xv e , « Locmaria-Saint-Evé ». Ce dernier se signalait par une chapelle dédiée à la Vierge où les paroisses voisines se rendaient en pèlerinage, les lundi et mardi de Pâques.
Historique. — Grâce aux inscriptions de ses sablières, la chapelle Notre-Dame du Loc peut être
exactement datée. Dans le chœur, on lit, en effet : « MEST e o. de peillac chanoyne de guerade et RECT e de s t eve fist F(aire) ceste ouvre (œuvre) lan mill cccc lxxv (1475) » et dans la nef : « ou (loyal) TEMPS DE MASTRE OLIVIER DE PELIAC CHANO e (de) GUERANDE ET MAISTRE ANDRE DE COETLAGAT RECT(r) DE SAIT AVE FIT ACHEVER CESTE CHAP le (chapelle) EN LAN MIL IIII C IIII XX ET XIIII (1494) ».
Olivier de Peillac fut recteur de Saint-Avé de 1475 à 1488 et André de Coetlagat, d’une famille
alliée, lui succéda de 1488 à 1504. La chapelle de Saint-Avé, leur œuvre commune, a donc été construite, très exactement, dans le dernier quart du Xv e siècle. Sans doute ne furent-ils pas les seuls à y concourir car, à côté de leurs armes, maintes fois répétées, figurent les hermines ducales de Bretagne, les besants des Rieux, au titre de Largouet, seigneurie dont dépendait Saint-Avé et les marques des Benoist de Lesnevé, des Lestrelin de Lesvellec et autres vassaux. Mais il ne faut pas négliger la contribution populaire, toujours importante.
Au fil des siècles, bien des réfections sont intervenues. La plus importante date de 1913, où les
pignons du transept furent relevés, la nef percée de nouvelles baies, la façade occidentale déposée, le sol nivelé, le mobilier déplacé et, en partie, renouvelé. En 1948, une violente tornade emporta le clocheton de charpente qui ne sera rétabli qu’en 1952.
Description. — En dépit de ces restaurations, parfois un peu intempestives, la chapelle Notre-Dame
du Loc garde bien des caractères du xv e siècle : plan en croix-latine, chevet droit, contreforts d’angle, clocher d’ardoise au haut de la nef, charpente apparente sous un lambris en carène.
Le chœur est demeuré à peu près intact dans son appareil de granit. Les rampants du pignon sont
lisses et la fenêtre axiale s’ouvre en arc brisé, moulurée d’un cavet, à l’intérieur comme à l’extérieur, et garnie d’un remplage flamboyant. De l’ancien vitrail ne subsistent que de minimes fragments regroupés dans les flammes trilobées. Plus petite, la fenêtre méridionale répète ce même dessin mais avec un ébrasement rectiligne.
Il n’y a guère lieu de tenir compte du transept, si ce n’est parce qu’il a conservé, à l’intérieur, ses
bancs muraux, ni des longères de la nef construites en moellons et dont les contreforts et les ouvertures ont été modifiées.
La façade occidentale a souffert, elle-même, de la restauration du xx e .siècle, mais on a sauvegardé
son aspect général. Au sommet des contreforts d’angle, de hauts pinacles encadrent les rampants du pignon où apparaissent les premières crosses végétales. Le portail en arc brisé s’inscrit dans un avant-corps, amorti en bâtière, qui lui donne plus de profondeur. Malheureusement les colonnettes engagées dans les piédroits pour recevoir les moulurations toriques ont été privées de leurs chapiteaux. Au-dessus, le grand oculus du pignon contenait sans doute à l’origine une rose.
A l’intérieur, si les lambris de la voûte ont été renouvelés, les éléments apparents de la charpente
remontent aux origines.
Aux entraits, plutôt qu’aux habituels crocodiles, les engoulants ressemblent à des sangliers aux crocs puissants qui parfois tirent la langue. Certains d’entre eux sont aux prises avec des animaux ou des hommes. Le long des sablières, alternant avec les inscriptions et les signes héraldiques, défilent des figurations souvent mystérieuses, non seulement des feuilles dentelées ou des masques, une sirène tenant en mains un miroir et un peigne, un sagittaire, un moine réveillé par une colombe, un homme coiffé d’un turban qui commande à son chien tenant un os : « aporte ». Certains de ces reliefs, jugés indécents, ont été mutilés vers 1830 et pourtant ces sculptures comptent parmi les meilleures du Morbihan.
Le mobilier. Le mobilier de la chapelle n’est pas moins remarquable. Dès l’entrée, se dresse, sur
un support sobrement mouluré, un bénitier octogonal de granit, frappé des armes de Peillac et de Cantizac.
A l’autre extrémité de la nef, se hisse jusqu’à la voûte un crucifix de bois qui dominait autrefois
la barrière du chancel. Au pied de la croix discrètement orné se trouve incorporé un tronc. Des niches, aux dais délicatement fouillés mais vides de leurs statues entourent le fût. Plus haut, se détachent, en accolade renversée, deux branches aux feuilles luxuriantes, qui portent à leur extrémité les statuettes polychromées de la Vierge et de saint Jean. Le Christ est cloué à la croix, les jambes droites, les bras largement ouverts, la tête un peu penchée. Au-dessus du titulus, un dais pyramidal, ajouré sur toutes ses faces d’arcades flamboyantes et hérissé de pinacles et de crosses végétales s’élève triomphalement en trois étages. La finesse de cette dentelle lui a valu, de la part des gens du pays, le surnom de « er spernen », l’aubépine. Au dos, face au chœur, un évêque se tient debout et les bras de la croix portent l’inscription :« MESTRE ANDRE DE COETLACAT RECTEUR DE SAINT AVE FIT FAIRE GESTE EUPVRE (œuvre) LAN MIL Vc (1500) ».
Les ailes du transept contiennent quatre autels de pierre, tous les quatre adossés à l’est et disposés
symétriquement.
Les deux principaux sont constitués d’un massif rectangulaire assez grossier, d’une table moulurée
sur ses bords d’une bande et d’un cavet, enfin d’un retable de granit comme il n’en existe plus que de rares exemplaires. Le retable du nord est mutilé dans sa partie gauche où figurait la scène de l’Adoration des Mages mais, à droite, on voit encore celle de l’Annonciation : l’ange porte un phylactère avec l’inscription, en caractères gothiques : « ave maria » et s’agenouille devant la Vierge qui se tient debout, la main droite sur la poitrine, un livre à fermoir dans sa main gauche.
Dans celui du sud s’alignent, de gauche à droite, une Crucifixion avec la Vierge et saint Jean, le
Couronnement de Marie (fig. 3), sainte Catherine tenant la roue et l’épée de son martyre, sainte Madeleine avec son vase de parfum et sainte Marguerite « issant » du corps du dragon.
Tous ces sujets sont sculptés, en réserve entre deux bordures saillantes, avec une réelle maîtrise,
en dépit de la rudesse du matériau. Ce sont de bons spécimens de la sculpture vannetaise du xv e siècle.
De part et d’autre de l’entrée du chœur, les deux autres autels, de même composition, sont plus
petits et plus soignés. Leur retable, en pierre blanche, s’entoure d’un cadre 01 circulent des rameaux de vigne. Jadis, des peintures de l’Annonciation et de la Nativité ornaient le panneau central. Une œuvre similaire, à Noyal-Pontivy, qui a gardé son décor peint, porte la date de 1574.
Les autels s’accompagnent d’une statuaire de bois abondante et variée mais les deux images de
sainte Madeleine et de sainte Luce sont en pierre, cette dernière marquée du blason d’Olivier de Peillac, qui les date du xv e siècle. On le retrouve sur plusieurs socles sculptés de feuillages et d’angelots.
Dans le chœur, l’autel de pierre blanche est moderne, tout comme la table de communion. Fort
heureusement, on a respecté l’ancienne crédence, bien qu’elle ait été mutilée. Un beau trilobé s’inscrit à l’intérieur de son cintre brisé et elle s’accompagne des habituels ornements flamboyants : pilastres à pinacle, accolade verdoyante, fleuron épanoui et, en outre de deux blasons. De l’autre côté, le triangle du sacraire indique une date plus tardive.
Au nouvel autel, on a incorporé les éléments d’un retable d’albâtre placé primitivement sur l’autel
méridional. Il se composait de sept éléments sculptés en bas-relief ne comportant pas moins de quarante-sept personnages. Malheureusement, il faut déplorer le vol, en 1980, du panneau central qui ornait le tabernacle. Le Père Eternel y figurait, assis sur son trône. Au sommet de sa tiare pointue était perchée la colombe du Saint Esprit. Entre ses genoux se dressait la croix où pendait son Fils. Contre sa poitrine, une poche, image du sein d’Abraham, contenait trois élus. De part et d’autre, six anges accusaient la composition en trois étages : ceux du bas recueillaient dans un calice le sang qui coulait des pieds du Crucifié, deux autres, au milieu, celui des mains et, en haut ils tenaient à main droite une clef et de l’autre supportaient le nimbe céleste .
Les six autres compartiments, quatre grands et deux petits, encadrent le tabernacle. Dans les
quatre principaux se pressent une foule de personnages : à gauche, d’abord les patriarches et les prophètes parmi lesquels on reconnaît Abel, Melchisedech, Abraham, Moïse, Isaïe, puis des dignitaires : pape, cardinal, roi, évêque, abbé, moine ; à droite des saints : Pierre, Paul, André, des martyrs et des confesseurs, des saintes : Catherine, Marguerite, Madeleine, Hélène, Appoline. Séparés de ces cortèges, saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Evangéliste occupent les panneaux extrêmes. Une frise de dais en arcs infléchis et garnis de crosses végétales couronne tout l’ensemble.
La plupart du temps, ces retables d’albâtre étaient importés de Grande-Bretagne où leur fabrication en série a commencé à York et à Nottingham vers 1390 pour se continuer jusque très avant dans le xvi e siècle.
Toujours dans le chœur, une très belle Vierge à l’Enfant, en pierre blanche, doit être contemporaine de la chapelle. Majestueuse, la tête un peu penchée, elle se hanche légèrement. Sous la couronne royale, son visage s’encadre entre les boucles de sa chevelure. Sa robe et son manteau tombent sur ses chaussures en plis simples et élégants. Vêtu d’une longue robe, l’Enfant feuillette le Livre saint que tient sa mère, un doigt engagé dans les pages.
Cette œuvre savante n’a plus rien à voir avec les images rustiques des chapelles morbihannaises.
René Couffon y reconnaissait plutôt une œuvre nordique.
L'enclos. —- La chapelle Notre-Dame du Loc est contenue à l’intérieur d’un placître fermé où se
voient encore deux croix anciennes et une fontaine.
Face au portail, se dresse une grande croix de pierre du type à panneau, fréquent dans le Morbihan.
Son soubassement quadrangulaire, élevé sur un perron à trois degrés, s’élargit, du côté de l’ouest, en table d’autel. Il supporte un socle épais sculpté sur ses quatre faces : à l’ouest, sous une grossière accolade, figure une Annonciation analogue à celle du retable intérieur. A l’opposé une triple arcade abrite un saint Jean-Baptiste, un saint Jacques et, peut-être, au milieu un saint Laurent. Sur les petits côtés, il n’y a que deux personnages : sans doute saint Pierre et saint Paul au nord, sainte Madeleine et sainte Catherine, au sud.
Un chapiteau mouluré coiffe le fût écoté et soutient le médaillon à quatre lobes d’où émergent les
extrémités de la croix. Aspectant à l’ouest se détache en bas-relief la scène de la Crucifixion avec la Vierge et saint Jean, la tête appuyée sur la main. Au dos, la Vierge à l’Enfant trône entre quatre anges : deux musiciens et deux thuriféraires.
Un peu plus loin, vers le sud, fichée dans une stèle hémisphérique, une autre petite croix au panneau
hexagonal présente sur une de ses faces le Crucifié et sur l’autre une Vierge à l’Enfant couronnée.
A gauche de l’entrée, le bassin rectangulaire de la fontaine, s’avance, entre deux murets de pierre,
jusqu’à un pignon triangulaire où les crosses en spirale des rampants accusent le début du xvn e siècle.
La petite niche est désormais vide mais la croix domine toujours le monument.
En cet étroit espace, l’enclos de Saint-Avé d’en-bas regroupe ainsi tout un ensemble d’œuvres
variées caractéristiques de l’art vannetais.
Bibliographie sommaire.
L. Rosenzweig, 1863 Répertoire archéologique du département du Morbihan, P, 1863, col. 221-222 ;
Guillotin de Corson, 1898 Les pardons et pèlerinages de Basse-Bretagne. Diocèse de Vannes,
Rennes, 1898, p. 14 à 21 ;
G. Duhem, Les églises de France, Morbihan, P, 1932 ;
H. du Halgouet, Trésors du passé, Vannes, 1948, 86 p. Les albâtres, p. 27-32; H. du Halgouet, Contribution à l'artpopulaire dans le statuaire, Vannes, 1948, 32 p.
— DIEGO MENS (Casas), 2020, La chapelle Notre-Dame-du-Loc en Saint-Avé.« Ymages » et décors du dernier quart du xve siècle, Actes du congrés de Vannes sept. 2019, Mémoires de la Socité d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 36 Pages
Celles-ci se décomposent en trois ensembles : en premier lieu, les sablières sculptées, puis les statues de la fin du XVe siècle et enfin le calvaire monumental, commandé en 1500, qui semble clore le chantier de cet édifice. Nous ne reviendrons pas ici sur la symbolique de ces sablières qui a été largement analysée et documentée dans la thèse de Sophie Duhem sur les sablières sculptées en Bretagne . Par la qualité des sculptures et des reliefs, cet ensemble qui alterne régulièrement des blasons, portés par des angelots en pied de cerces, et des scènes historiées, est l’un des ensembles bretons majeurs du dernier quart du XVe siècle. Les reliefs très soignés et élégants, quoiqu’intégralement repeints en 1913, sont travaillés en frise, notamment dans la nef, et accompagnés par des entraits à engoulant. L’exemple est représentatif, selon cet auteur, des décors profanes en vogue dans les ateliers de cette période, avec un bestiaire fantastique (centaures, sirènes), des personnages accompagnés d’animaux ou des musiciens (luth, harpe et un type de flûte traversière). Si certains péchés capitaux sont illustrés, les scènes religieuses ne constituent pas une suite logique, à la façon d’un cycle destiné à l’enseignement des fidèles et à leur mise en garde. L’iconographie, parfois inconvenante, de cet ensemble composé de « thèmes joyeux » selon Sophie Duhem, ne cadre pas à l’évidence avec le rang et la qualité du commanditaire supposé, André de Coëtlagat. Il faut raisonner de manière spatiale pour analyser plus avant ce décor sculpté de charpenterie.
Les scènes historiées au milieu de la hauteur de l’édifice, dans une verticalité entre ciel et terre, se concentrent sur deux espaces horizontaux : le chœur commencé en 1475 et la nef achevée en 1494 avec deux entraits également sculptés de scènes. En revanche, les sablières des bras de transept sont plus dépouillées et décorées essentiellement par des anges porte-blasons, en bas des cerces. Les seules scènes historiées, placées sur les angles du chevet, sont visibles de la nef, donc pour des fidèles réunis derrière le chancel. Dans le chœur également visible de la nef, ce ne sont que quelques scènes profanes, isolées dans une frise essentiellement héraldique.
Le volet iconographique profane, en frise régulière, est donc concentré dans la nef, réservée aux fidèles, contrairement au chœur, chapelles latérales et inter- transept, espaces du clergé et de la noblesse.
Le chancel, sans tribune ici, compose une barrière physique, mais permettant toutefois de lire une partie des décors de sablières, au-delà de celui-ci.
Ainsi, le programme iconographique de la nef et d’une partie du chœur, mêlant fantastique, religieux, irrévérencieux et des scènes du quotidien, semble essentiellement destiné à la seule lecture d’une catégorie de la population [On ne prendra pas en compte dans cette analyse les inscriptions portées établissant les commanditaires, dans le chœur et la nef, réservées probablement à la noblesse et au clergé, et une certaine partie de la population lettrée.]
Il ne traduit sans doute pas une commande précise d’un clerc mais il compose plutôt un décor voulu par les sculpteurs, mêlant des thèmes populaires ou savants, selon une organisation qui nous échappe désormais.
Ce décor est placé à mi-hauteur de l’édifice avec ses blasons, entre quotidien terrestre des fidèles et voûte céleste. L’origine de cette symbolique complexe est à trouver dans ce positionnement. Autre élément constaté : la moindre qualité de la sculpture des scènes historiées du chœur et des chapelles latérales par rapport à celles de la nef. Étant donné sa durée, et à l’inverse de la proposition de S. Duhem qui fixe la date de 1494 pour une pose de la charpente, le chantier a dû être réalisé en deux temps distincts, sans doute par deux ateliers différents pour le décor de la charpenterie.
En effet, on imagine difficilement un tel édifice, doté d’une couverture provisoire durant 19 années, et sans une charpente pour maintenir la cohésion des murs.
L’analyse héraldique du décor de charpenterie permettra de confirmer ces deux phases dans la construction. Les travaux de 1913 ont été l’occasion d’une reprise importante de ces sablières, et notamment des blasons présents, tant sur celles-ci que sur les socles. Comme le précise l’abbé Guyomar , certains écussons ont été repeints, dont ceux des sablières de la nef, notamment celui de l’angle sud de la nef et du transept. Muet, il a été peint aux armes des Coëtlagat d’azur à trois aiglettes d’or .
Les autres blasons, sculptés et peints avec motifs héraldiques et portés par des anges placés aux trois autres angles de la nef et du transept , sont authentiques. Ils correspondent à des familles nobles de la paroisse du dernier quart du XVe siècle : les Benoist, seigneurs de Lesnévé sur l’angle nord du chœur d' hermines à trois chevrons de gueules chargés de besants d’or, les Arz, seigneurs de Tréviantec et Rulliac sur l’angle sud d’azur à trois quintefeuilles de gueules et enfin, sur l’angle diamétralement opposé les Lestrelin, de Lesvellec d’argent à la fasce nouée d’azur accompagnée de sept merlettes de gueules posées 4 et 3 . Cette organisation héraldique témoigne sans doute du placement de ces familles nobles, lors des offices, au-devant du chancel. Sur les sablières du chœur , l’organisation héraldique est différente.
Près du mur du chevet et de la maîtresse-vitre, les armes de Bretagne sont présentes de part et d’autre, avec un doute sur celle placée au nord, qui ne comportent que trois hermines [le blason modifié pourrait être en lien avec le fait que Jean de Rieux est le petit-fils de Marguerite de Bretagne, fille du duc Jean IV.] , contre huit au sud [Identiques à celles qui se trouvent sur le tombeau du duc François II.]. Dans une lecture de droite à gauche au nord, puis à l’inverse au sud, les blasons sont organisés par niveau hiérarchique, comme un vitrail de haut en bas.
--Sur la sablière nord, le blason de Bretagne est précédé de celui des Rieux-Malestroit en alliance [ Malestroit : de gueules à neuf besants d’or et Rieux : d’azur, à dix besants d’or, ordonnés 3, 3, 3 et 1] . En troisième rang les Rieux-Rochefortd'azur à 5 besants d’or en sautoir aux 1 et 4 (Rieux) et aux 2 et 3 vairé d’azur et d’or (Rochefort) , puis enfin les Coëtlagat d’azur à trois aiglettes d’or . Toutefois, ces dernières armes semblent suspectes, car elles n’auraient été apposées qu’après 1488, date de la prise de fonction d’Olivier de Coëtlagat. Les armes des Peillac seraient plus cohérentes, comme celles sculptées sur les contreforts du chevet.
--Sur la sablière sud, sous les armes de Bretagne, l’ordonnancement est différent, avec de gauche à droite, les armes des Rochefort-Rieux, puis celles des Malestroit.
Cette organisation sur les deux sablières peut être étendue aux deux chapelles latérales, comme pour un blason mi-parti : au nord, une chapelle appartenant à Jean IV de Rieux, avec les armes en alliance témoins de son mariage, et, au sud, un espace réservé à sa fille, Françoise de Rieux, dame de Malestroit, de Largoët, de Derval et de Rougé. Sur la panne faîtière, les armes de Bretagne, à huit hermines, se succèdent du chevet jusqu’à la clef de voûte, indiquant probablement une organisation antérieure au mariage de la duchesse avec Charles VIII.
Dans la nef, le blason de Bretagne ne contient plus que cinq hermines et il est suivi vers l’ouest d’un poinçon bagué de fleurs de lys, puis de la lettre R couronné et enfin du monogramme IHS. Ce programme héraldique pourrait illustrer les armes de Bretagne, puis la couronne de France et enfin le chiffre R pour Rieux-Rochefort surmonté d’une couronne vicomtale à trois fleurons, reprise dans le sens inverse dans le poinçon suivant. Il serait donc postérieur au premier mariage d’Anne de Bretagne et antérieur à l’achèvement de la chapelle en 1494.
Ainsi, ce programme héraldique démontre deux temps politiques et architecturaux distincts, celui d’un chœur et des transepts réalisés entre 1475 et 1488 correspondant au règne du duc François II, et un second pour la nef, entre 1491 et 1494, après le premier mariage d’Anne de Bretagne. L’intervention de deux ateliers distincts pour la sculpture de la charpenterie pourrait être ainsi confirmée.
—DUHEM, Sophie, Les sablières sculptées de Bretagne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1997, pp. 36,38, 39, 63, 67, 69, 71, 88, 125, 168, 170, 179, 193, 216 à 218, 236 et 237, 240, 265, 266, 270 et 271.
reproduit les textes de J. Guyomar, de Gustave Duhem 1932 (Les églises de France) et de la Revue Morbihannaise volume 18 page 126 de 1914
"(1475 - 1494), édifiée par Olivier de Peillac et André de Coëtlagat, recteurs de Saint-Avé, comme l'atteste l'inscription sur la sablière du choeur : "Mestre O. de Peillac, chanoyne de Guérande et recteur de Saint-Avé fit f. ceste ouvre l'an mil CCCcLXXV", et la sablière de la nef : "Ou loyal temps de mastre Olivier de Peillac, chanoine de Guérande, maistre André de Coetlagat recto de Saint-Avé fist achever ceste chapele en l'an mil CCCcIIIIxx, et XIIII". Il s'agit d'un lieu de pèlerinage. Le chantier est commencé en 1475 par le choeur et terminé en 1494. C'est un édifice en forme en croix-latine terminé par chevet plat percé d'une grande fenêtre à meneaux flamboyants. La restauration de 1913 touche principalement la nef et le transept et on a eu soin de conserver intacte la façade occidentale dont le pignon à rampants décorés s'élève entre deux contreforts obliques amortis de pinacles. Un porche peu saillant, surhaussé au moment de la restauration et dont les voussures sont à cintre de plus en plus brisé sous un fronton triangulaire à redents, s'ouvre sous un grand oculus. La charpente est en forme de carène de navire renversée avec lambris à clefs pendantes sculptées.
Sur les sablières se voient de nombreux écussons aux armes de Peillac, Lestrelin de Lesvellec, Benoît de Lesnevé, Coëtlagat, Cantizac, Rieux, Rochefort, Rieux-Malestroit, etc ...
Au croisillon Nord, une fenêtre en tiers-point dont le réseau dessine une fleur de lis semble indiquer que ce croisillon est la partie la plus récente de la construction. Les fenêtres de la nef datent de la restauration de 1913. A la grande fenêtre du chevet se voient des fragments de vitraux du XVIème siècle. La nef comporte un calvaire à personnage en bois sculpté et peint, donnée en 1500 par le recteur André de Coëtlagat : le Christ en croix est flanqué de deux consoles supportant les statues de la Vierge et de saint Jean. L’autel et le retable datent du XVème siècle. Il faut noter également une très belle statue en pierre polychrome de la Vierge à l'Enfant du début du XVème siècle, un retable en albâtre du XVème siècle et deux retables en granit de la fin du XVème ou du début du XVIème siècle. L'un des retables de granit représente l'Annonciation et l'Adoration des Mages, et l'autre retable représente en haut-relief la Crucifixion, le Couronnement de la Vierge, les saintes Catherine, Madeleine et Marguerite. Le maître-autel comporte sept panneaux d'albâtre où figurent des personnages de la Bible. On y voit encore une statue de la Vierge en bois doré du XVIIème siècle, et un beau bénitier de granit à huit pans sur pied octogonal décoré des armes de Peillac et de Cantizac. Dans les transepts il y a de nombreux saints et saintes dont sainte Marguerite (représentée les mains ouvertes, debout sur un dragon) et saint Colomban ;
—GUYOMAR (abbé J.),1914 Notre-Dame du Loc du Bourg d’en-bas en Saint-Avé, Vannes, 1914,
47 p. ;
Si l'église Saint-Houardon de Landerneau construit par Joseph Bigot se présente comme un grand et froid édifice néogothique de type basilical, influencé par la cathédrale de Quimper, avec fenêtres hautes et déambulatoire, le chercheur curieux et amateur de sculptures en kersanton, cette pierre emblématique des ateliers de sculpteurs de Landerneau entre le XVe et le XVIIe siècle, pourra découvrir de vraies pépites. Partons vers cette chasse au trésor depuis la porte d'entrée, en circulant en périphérie de l'église dans le sens horaire.
I. Le bénitier de la porte d'entrée sud.
Yves-Pascal Castel, qui le décrit comme un bénitier, le situait près du porche ouest et le date du XVIe siècle. Il ne décrivait que le panneau central avec "deux personnages dont l'un tire l'épée".
Aujourd'hui, ce bénitier se situe entre la porte d'entrée et un confessionnal.
Un élément en kersanton, à trois pans sculptés rectangulaires séparés par des pilastres, est posé et scellé sur un piètement en colonne à larges cannelures, en granite. En dessus une troisième partie a la forme d'une cuve dont le ventre est sculpté d'entrelacs.
Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
C'est la partie centrale qui retient l'attention. Chacun des motifs figuré des pans est sculpté dans un cartouche à oreille. Le style est Renaissance.
Les quatre pilastres sont semblables, et sculptés d'un élément floral.
Le premier pan est orné d'une rose au centre de feuilles en étoile.
Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Sur le deuxième pan, central, deux hommes tiennent un médaillon montrant un homme de profil coiffé d'un béret ou casque. Une jambe en J et une goutte sont sculptés sous ce médaillon.
Les deux personnages qui se disputent le médaillon partent chacun dans une direction opposée, leurs jambes témoignant de la vivacité de leur démarche. Ils sont nus, mais coiffés d'une chevelure abondante. L'un des deux menace l'autre de la pointe de son glaive. Le thème est-il religieux ? Faut-il y voir Caïn et Abel ?
Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Le troisième pan, le plus singulier, montre un couple étroitement enlacé. Ils sont nus, mais l'homme est coiffé d'un bonnet phrygien tandis que les cheveux de la femme sont peignés à gros traits. La proximité des deux bouches souriantes, l'entrecroisement des jambes, évoquent une scène érotique. Mais ne serait-ce pas là le portrait du couple primordial, Adam et Éve, parents de Caïn et Abel ?
Quel est l'auteur de ces sculptures ? Il me paraît possible d'avancer le nom des sculpteurs de kersanton installés à Landerneau entre 1527 et 1577, Bastien et Henry Prigent, qui ont créés le bénitier du porche de Saint-Thurien de Landivisiau, ou bien de créer un rapprochement avec le travail du Maître de Plougastel (1570-1621) auteur des cuves et les dais à médaillons et personnages à Guimiliau.
Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Bénitier, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
II. La console de la statue de saint François d'Assise, déambulatoire sud. Kersanton, milieu XVe.
On y voit deux anges souriants tendant devant eux un livre ouvert, où se lit sur la première page une inscription de quatre lettres, peut-être JCL/S, qu'on aimerait lire comme JESUS. Ces pages sont désignées ostensiblement par les index des anges. Il y aurait beaucoup à méditer sur notre incapacité à comprendre un message si clairement inscrit, et sur notre impuissance à voir dans ce qui est crucial pour les anges autre chose qu'une page blanche. Ou encore sur le fait que l'essentiel à percevoir est précisément, ce silence, ce dénuement de la page.
Ces deux anges surmontent de façon également mystérieuse, un aigle dont seule la tête, de face, est visible. Certes les aigles sont fréquemment requis pour servir de lutrin [aigle-lutrin] , mais c'est un peu tiré par les plumes. Y voir une référence à saint Jean, via son attribut du tétramorphe, est encore plus hasardeux.
Toute la partie droite est bûchée, y compris le support de la console, avec un aspect bouchardé qui peut laisser penser que l'on a prélever cette partie d'un ensemble plus large. À moins que lesculpteur ait opté pour un choix esthétique de non finito, mais je n'y crois pas.
Yves-Pascal Castel souligne que "le style souriant rattache cette œuvre charmante à la sculpture du porche de La Martyre, d'autant plus que les chevelures sont laissées sous le coup de l'outil, comme non finies".
Or, ce porche de La Martyre a été attribué par Emmanuelle Le Seac'h à l'atelier ducal du Folgoët et elle le date de 1450-1468. Elle fait de la coiffure très particulière de ces anges "en boules" une marque d'atelier, qui se retrouve au Folgoët, dans l'autel des anges (vers 1445) notamment, ou au porche sud de la cathédrale de Quimper (1424-1433).
Nous avons donc ici un deuxième exemple de la façon dont les pièces sculptées de l'ancienne église Saint-Houardon, construite au XIVe siècle en bord d'Élorn puis détruite en 1859 et rebâtie plus haut, sur les anciens jardins de l'hôpital de la Marine, ont été ré-intégrées par l'architecte Le Bigot au nouvel édifice en même temps que le clocher et le porche sud.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
III. La console de la statue de saint Antoine de Padoue, déambulatoire nord. La laie allaitant ses sept marcassins. Kersanton, XVe-XVIe siècle.
Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Console en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
IV. L'autel de la chapelle absidiale du Saint-Sacrement. Kersanton, XVe siècle.
La longue table de pierre repose sur des piédestaux à double colonne avec des chapiteaux finement ouvragés de pampres de vigne aux feuilles généreusement galbées et aux ceps serpentiformes.
autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
autel en kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
V. Crédence-lavabo, côté sud de l'abside , chapelle du Saint-Sacrement. Deux têtes en moyen-relief sur les montants.
Les deux têtes, barbues, sont couronnées. L'une des couronnes présente des losanges qualifiées de macles de Rohan par Y.-P. Castel. Il faisait remarquer "la maîtrise du sculpteur de pierre qui en quelques plans bien marqués dégage une face d'une grande noblesse.
.
Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
VI. Crédence du côté nord de l'abside.
Crédence, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
VII. Voûte en croisée d'ogives de l'abside avec blasons.
église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Transept nord.
Sainte Anne éducatrice, bois polychrome, XVIIe siècle, h= 180 cm
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
VII. Statue de saint Jacques le Majeur, kersanton, XVI-XVIIe siècle, Maître de Plougastel , nef côté nord.
Le saint porte le chapeau frappé de la coquille, la pèlerine, à trois boutons ronds sur patte de boutonnière, et le bourdon (dont il ne reste que la zone de contact avec le vêtement). Le visage est émacié, long et hiératique, et c'est ce hiératisme qui incite Yves-Pascal Castel en 1984 à soulever la possibilité d'une attribution au Maître de Plougastel. Emmanuelle Le Seac'h confirme cette attribution dans son catalogue raisonné de 2015. Le Maître de Plougastel, ainsi nommé par le grand calvaire de Plougastel, a été actif de 1570 à 1620.
On lit sur le socle l'inscription I: GLOVNCE, correspondant probablement à l'identité d'un donateur ou d'un fabricien.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XI. Statue de saint Jean l'évangéliste, kersanton, XVIe siècle, nef côté nord.
Il s'agit, comme la statue de saint Matthieu et celle de saint Jacques, d'une statue appartenant à une série des Credo des apôtres, tels qu'on les trouve dans les porches des églises et chapelles bretonnes du XVe au XVIIe siècle : en effet, le phylactère, qui descend verticalement avant de s'enrouler au dessus du blason (d'un donateur) portait jadis le texte de l'article du Credo propre à chaque apôtre.
Saint Jean se reconnaît à la coupe de poison (symbolisé par un serpent ou ici dragon ailé), qu'il bénit pour en supprimer les maléfices.
Chaque statue est posée sur un dais gothique, tel que ceux qui coiffent les niches extérieures ou les niches d'apôtres des porches.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XII. Statue d'une sainte femme au tombeau (Marie-Madeleine??) tenant une coupe, kersanton, XVIe siècle, nef côté nord.
Elle porte un voile, un manteau, une robe aux plis rayonnant depuis un bouton, et présente vers le fidèle un récipient cylindrique comme pour en faire constater la vacuité.
Du visage, on remarque les yeux en amande aux paupières ourlées et à la pupille en drupe, mais non creusée, ainsi que le menton globulaire.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XIII Les fonts baptismaux en kersanton de 1615. Angle nord-ouest de la nef.
Ces fonts baptismaux ( ou "cuve baptismale à infusion") sont composés de deux cuves circulaires, la cuve principale et la cuve de vidange, en un seul bloc posées sur un piètement à godron. Un couvercle en bois est complété d'un couvercle articulé à serrure en laiton doré en forme de coquille. Chaque cuve est, vue de profil, en forme de vasque aux flancs creusés de godrons.
Une inscription court sur la lèvre des deux cuves.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
L'inscription.
On peut y lire :
QVI. CROIRA . ET. SERA. BAPTISÉ. SERA . SAVVÉ . NOBLES . GENS . NICOLAS . HARIDON . ET . YSABELE . FORESTIER . SA . FEMME . ONT . FAICT . FAIRE . EN . LEVR . VOLON (*).... LAN .1615.
(*)ou EN LEUR DEVOTION, ou pour moi peut-être "EN LEUR DON"
Soit : "Qui croira et sera baptisé sera sauvé. Nobles gens Nicolas Haridon et Isabelle Forestier ont fait faire en leur volonté l'an 1615".
Elle a été relevée par le chanoine Abgrall en 1916 et par Yves-Pascal Castel en 1986, et c'est remarquable car la partie finale, inscrite sur la petite cuve, n'est plus très lisible. Dès cette époque, il signalait le rapprochement avec l'inscription apposée par le couple en 1612 sur leur maison (aujourd'hui au 2 Place des Quatres Pompes).
Dans les deux cas, l'inscription elle-même est plus complexe (et donc plus belle) que sa transcription, car elle comporte de nombreuses lettres conjointes (accolées) ou intriquées, comme AP de BAPTISÉ, AR de HARIDON, AB d'YSABELE. Les lettres doubles sont abrégées par un tilde : FE~ME pour FEMME.
Isabelle FORESTIER, dame de la Villeneuve, est connue des généalogistes : elle est née vers 1570 de Guillaume II Forestier, Noble Homme, sieur de Kervasain, notaire de Léon et Daoulas à Landerneau (1572-1590) et fermier de la terre et seigneurie de Daoulas, et de Catherine LE LION. Elle a épousé avant 1595 Nicolas HARIDON (L'), Noble Homme, sieur de la Villeneuve (en Saint-Urbain), maître, honorable marchand ca 1570. Ils eurent un fils en 1595.
Le couple fit construire leur maison en 1612 au bord de l'Elorn, à l'implantation du Pont de Landerneau côté Cornouailles, place des Quatre Pompes, et y firent placer une inscription lapidaire que j'ai photographiée et relevée en 2017.
Nicolas L'Haridon, fils de Vincent L'Haridon et de Jeanne Kersivien, a un frère, Charles, honorable marchand, qui épousa avant 1588 Catherine Forestier, sœur d'Isabelle. Selon Cédric L'Haridon, Nicolas et Charles sont vraisemblablement marchands en toile de lin, et l'établissement de la maison de Nicolas et Isabelle sur l'ancienne Place au raz (un terme qui se rapporte aux étoffes) à proximité immédiate des quais, permet de penser qu'ils participent non seulement à la production (ils auraient un kanndi, site de blanchissement du lin) mais aussi au commerce maritime.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Comparaison avec l'inscription de 1612.
On lit sur la maison de Nicolas et Isabelle L'Haridon ceci :
LAN : 1612 : NICOLAS : L'HARIDON :
ET : YSABELE : FORESTIER : SA : FEME
ONT : FAICT : BASTIR : CESTE : MAISON.
La proximité de la formulation du texte avec celui de 1615 est évidente. Mais surtout peut-être, on y retrouve la même forme. Certes la ponctuation de séparation des mots est ici un deux-points, plus archaïque que le point simple de 1615. Mais on y retrouve la forme YSABELE, et les lettres accolées, qui concernent notamment tous les I qui sont tous absorbés par la lettre précédente. Le premier jambage des lettres A grimpe sur la lettre voisine ; et dans le début de LHARIDON, le L et le H forment un ensemble bien original.
L'inscription est sculptée sur un cartouche en réserve sur un bloc de granite, avec au bord supérieur deux petites oreilles en demi-lunes qui veulent peut-être ressembler à des attaches.
L'inscription est interrompue par un blason qui a été blasonné par le chanoine Abgrall "mi-parti au 1 d'un chevron accompagné de 3 étoiles, qui est Haridon, au 2 d'un losangé, qui est Forestier". (BDHA). Mais il faut remarquer le lambel au dessus des armes de L'Haridon et lire "en 1, Au chevron, accompagné de trois étoiles : deux en chef une en pointe le tout sous lambel à trois pendantsqui est l'Haridon, en 2 à trois bandes fuselées, qui est Forestier." Le lambel est un signe de juveigneurie.
Le blason a perdu ses couleurs (il y a des traces bleues non significatives car elles se retrouvent ailleurs sur la cuve) mais nous connaissons les armes des Forestier, données par Pol de Courcy comme étant de sable à trois bandes fuselées d'argent.
"Forestier (le), sr de Kervazin et de Treffles’h, paroisse de Plounévez-du-Faou, — de Crec’hénou, — de * Quillien et de Penhep, paroisse de Dirinon, — de * Kerizit, paroisse de Daoulas, — de Kerosven, paroisse de Lannilis, — de Boiséou, paroisse de Lanmeur, — du Cosquer et de Tréléver, paroisse de Guimaëc, — de Trégouadalen, paroisse de Plougasnou, — de Kerangoaguet, paroisse de Carantec.
Ext., réf. 1671, sept générations., références et montres de 1481 à 1536, paroisse de Plounévez-du-Faou, évêché de Cornouaille.
De sable à la bande (aliàs à trois bandes) fuselée d’argent.
Mahé, marié vers 1445 à Plézou le Trancher, père de Guillaume, archer en 1481 ; un mousquetaire de la garde du Roi, blessé à Oudenarde en 1708 et à Malplaquet en 1709.
Les srs de la Saulraye, par. de Collorec de Keramel, par. de Plouyé, déb. réf. 1609, ress. de Châteaulin." (Armorial, Pol de Courcy)
Voir aussi : https://www.tudchentil.org/spip.php?article892
Une pièce métallique a été fixée en plein dans ce blason.
La maison des treize lunes, 4 place Saint-Thomas à Landerneau.
On a pu rapprocher (forum cgf) ces armes des L'HARIDON avec celles apposées sur la cheminée de la maison des 13 lunes à Landerneau, devant l'église Saint-Thomas. Elles se trouvent à côté d'un autre blason au coq chantant, tenu par un jeune chevalier au bonnet à plumes et attribué à Cabon. Les armes de la famille Cabon étaient de gueules au chapon d'argent.
La Maison des treize lunes, datant de la fin du XVIe siècle (et donc antérieure aux deux inscriptions) est de type maison à pondavez construites, principalement à Morlaix, par les marchands de crées ou toiles de lin avec un escalier central desservant des galeries et une pièce manoriale au rez-de-chaussée avec cheminée monumentale au rez-de-chaussée. Ces maisons à vaste espace central permettaient la réception des clients et la négociation.
Daniel Leloup, plan de la maison des Treize Lunes, La maison urbaine en Trégor aux XVe et XVIe siècle p. 102
Le choix de ce type "à pondalez" montre que les propriétaires de la maison des Treize lunes étaient des marchands de toile. C'est la seule maison à pondalez hors de Morlaix. Je suppose que L'HARIDON et CABON étaient les deux propriétaires associés.
Cette Maison des treize lunes a longtemps porté de nos jours, sur la devanture d'un magasin d'antiquité , un blason peint aux armes des L'Haridon, les étoiles, le chevron et le lambel étant peint en couleur or sur fond azur.
Cédric L'Haridon fait remarquer la proximité de ces armoiries avec celles sculptées sur la cheminée de la maison de Vincent L'HARIDON au Faou au dessus de la date 1654, correspondant à son mariage. Mais outre le chevron, au lieu de 3 étoiles on trouve deux étoiles, et un croissant en chef.
.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Fonts baptismaux de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XIV. Dalle funéraire des sœurs Cabon.
Nous venons de rencontrer le marchand de toile Cabon, associé de L'Haridon à la fin du XVIe siècle. Voici, au XVIIIe siècle, les deux sœurs Cabon.
Sur le sol des fonts baptismaux cuve se tyrouvent deux dalles funéraires. La première porte cette épitaphe :
ICI REPOSENT LES CORPS DE DAME MARIE MICHELLE CABON VEUVE DE MONSIEUR FRANÇOIS DE PENFENTENNIO MORTE LE 6 OCTOBRE 1795 ET DE DAME MARIE JEANNE CABON SA SOEUR,VEUVE DE MONSIEUR HERVÉ DU THOYA, MORTE LE 15 JUIN 1818. REQUIESCANT IN PACE.
Ces deux sœurs appartiennent aux douze enfants d'André Cabon, sieur de Keralias, avocat à la Cour, maire de Landerneau, décédé en 1747 à Landerneau, et de Marie Gabrielle BARIL.
1°) L'aînée, Marie Jeanne Cabon née le 27 mars 1743 et baptisée le même jour à Saint-Houardon, avait épousé Hervé Bernard DUTHOYA (1731-1779), négociant et changeur pour le Roy, d'une famille de négociants bien connue à Landerneau, notamment par la " Maison Duthoya", ancienne maison d’armateur édifiée à proximité du quai de Léon en 1667 par Arnaud Duthoya, premier négociant en vin de la région bordelaise installé à Landerneau dès 1660. À son tour, Bernard Duthoya (1702-1757), père d'Hervé-Bernard, lieutenant de police à Saint-Macaire, avait quitté la Gironde pour s'installer à Landerneau, tout comme le grand-père Jean, décédé en 1696, maître-apothicaire puis négociant à Saint-Macaire puis marchand et armateur à Landerneau.
Marie-Jeanne fut la marraine d'une grosse cloche de Kersaint-Plabennec en 1769 avec son beau-frère par François-Louis de Penfentenio, sieur de poulbroc'h, Keralias Kersent et Keraéret.On trouve sur cette cloche les armes de Penfeuntenio, ainsi que celles de Cabon.
2°) Marie Michelle Nicole CABON DE KERALIAS, née en 1744 à Landerneau, épousa en 1764 à Landerneau François Louis de Penfentenyo (1735-1779), et ils eurent cinq enfants.
Dalle funéraire, l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XV. Dalle funéraire du chanoine Du Toya 1826.
CI-GIST MESSIRE HERVE GABRIEL MARIE DUTOYA PRETRE CHANOINE HONORAIRE DE QUIMPER MORT LE 29 MAI 1826 AGE DE 66 ANS.
Il s'agit du fils aîné de Marie-Jeanne CABON et de Hervé Bernard DUTHOYA. Né le 14 juin 1761 à Landerneau, il était chanoine honoraire de la cathédrale de Quimper.
Dalle funéraire, l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XVI. Soubassement de la statue de N.D de Pontmain : Blason en kersanton au coq chantant (Cabon ?) et à l'arbre.
Selon l'abbé Castel, "ce blason provient du Quinquis (*) et fut donné par Mr Favé, du temps de l'abbé Tanguy, curé".
(*) à l'ouest de La Forest-Landerneau, d'où est originaire la famille de PENFENTENYO ?
Cédric L'Haridon propose, très judicieusement, de reconnaître dans le coq les armoiries de la famille Le Jar, d'argent au coq de sable crété et barbé d'argent. Les Le Jar, seigneurs de Clesmeur appartiennent aux familles notables de Landerneau au XVIe siècle. Ils ont possédé le manoir de Kerveleoc à Plouedern près de Landerneau.
Mais quelle serait l'épouse, dont la famille aurait un arbre comme armes? Cela pourrait-il être la famille Poullainqui porte d'argent au houx arraché de sinople au franc canton de gueules chargé d'une croix dentelé d'argent?Effectivement, il y eut une alliance (Manrove) entre Yves Le Jar sieur de Clesmeur (1655-Quimper 1691) et Urbane Poullain (1663-1686 ou Crozon 1688), fille de Jean Poulain, écuyer, sieur de la Rivière-Pontlo, et de Jeanne Berthou.
Pour Cédric L'Haridon,
"Me François Le Jar (+1616), sr de Chefdubois et du Cosquer, procureur du Roi à Brest/St-Renan, marié à Pétronille (Péronnelle) de Keroullas (remariée en secondes noces à Guillaume Le Gubaer (+1625) sénéchal de la principauté de Léon à Landerneau).
Leur fille unique Pétronille (Péronnelle) Le Jar épouse Renan de Penfentenyo, sr de Kermorvan, de Lisle.
Son oncle, Hervé Le Jar (+1647), frère de François, a la curatelle de sa nièce et reprend l'office de procureur du Roi à Brest/St-Renan.
Marié à Françoise Le Mercier de Beaurepos, leur petit-fils, Gabriel Yves Le Jar (+1691 à Quimper) sr du Cleusmeur épouse Urbane Poullain (+1688 à Crozon)."
[*] Cédric L'Haridon apporte cette rectification : "En étudiant les baptêmes des enfants d'Alain de Tromelin, premier magistrat de la principauté de Léon (x Anne Guingamp), je trouve en 1630 à Landerneau St-Thomas Marie Le Jar dame de Kerantraon épouse de Jean Le Veyer dont les enfants baptisés à Lanneufret ont pour parrain/marraines en 1610 Marie de Tromelin du Cosquer, en 1615 Hervé Le Jar de Cleusmeur et Françoise de Keroulas dame de Penanchoat. Le prénom de l'épouse de François Le Jar sr de Chefdubois (Penanhoat) n'est donc pas Pétronille mais Françoise.
En 1620, le parrain est François Le Gac sr de K/loshouarn dont le fils Christophe Le Gac sr de K/raoul épouse Marie de Tromelin, fille d'Alain cité au début.
Mais il faudrait admettre que le sculpteutr ait négligé, dans les armes des Poullain, leur franc canton d'une part, mais aussi les racines de l'arbre, propres, en héraldique, aux arbres "arrachés".
Blason e, kersanton, église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XVII. Statue non identifiée. Personnage en tunique (Christ?) tenant un cœur au centre d'une couronne d'épines. Kersanton, XVIe siècle, au dessus d'un dais gothique.
Inscription sur le socle : PULSATE ET APERIETVR
Il s'agit d'une citation de l'évangile de Luc 11:9, "frappez et l'on vous ouvrira" qui se retrouve repris en musique en grégorien :
Petite et accipietis
quaerite et invenietis,
pulsate et aperietur vobis.
Omnis enim qui petit accipit,
et qui quaerit invenit,
pulsanti aperietur.
Demandez et vous recevrez,
cherchez et vous trouverez,
frappez et l'on vous ouvrira.
Quiconque en effet demande, reçoit,
et qui cherche trouve,
et à qui frappe on ouvrira.
Cette inscription me confirme mon hypothèse d'identifier ce personnage comme le Christ .
Selon l'abbé Castel, les paroissiens et paroissiennes désignaient la statue comme sainte Rita.
Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Hoaurdon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XVIII. Saint Houardon. Bois polychrome, XVIIIe , h= 200 cm. Transept sud.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XIX. Saint Guénégan, bois polychrome; h = 180 cm; XVIIIe.Transept sud.
Statues de l'église Saint-Houardon de Landerneau. Photographie lavieb-aile 2024.
XX. Statue de saint Matthieu, kersanton, XVIIe siècle, sculpté par Roland Doré.
Au bas de l'église, la cuve baptismale porte un blason : mi-parti au 1 d'un chevron accompagné de 3 étoiles, qui est Haridon, au 2 d'un losangé, qui est Forestier, avec cette inscription : QVI. CROIRA . ET. SERA. BAPTISÉ. SERA . SAUVÉ . NOBLES . GENS . NICOLAS . HARIDON . ET . ISABELLE . FORESTIER . SA . FEMME . ONT . FAIT . FAIRE . EN . LEVR . VOLON.... LAN .1615.
— CASTEL (Yves-Pascal), TUGORES (M.M), 1984, Landerneau, patrimoine artistique et culturel. Edité par la municipalité de Landerneau
Le calvaire "aux trois larmes" (kersanton, XIVe siècle, Prigent ?) de la chapelle Saint-Herbot à Saint-Thonan et ses armoiries.
Ce calvaire de la chapelle Saint-Herbot est-il dû à l'atelier des Prigent ? Pour en juger, je propose de découvrir d'autres œuvres de Bastien ou Henry Prigent:
"La chapelle de Saint-Herbot est située au sud de la commune, en bordure de la VC1 menant vers Landerneau. Auparavant rattachée au domaine du Botiguéry, la commune de Saint-Thonan est devenue propriétaire de l'édifice en 1958 par acte de donation des époux Villiers, propriétaires du domaine.
Edifiée au XVIème siècle, la chapelle au plan rectangulaire est surmontée d'un clocheton carré couvert d'une flèche. Les rampants sont hérissés de crochets Renaissance et se terminent par des gargouilles en forme d'animaux symboliques. La porte gothique est surmontée d'une statue de saint Herbot, saint patron des bêtes à cornes.
La chapelle abritait plusieurs statues en bois polychrome datant également du XVIème siècle. Elles ont été restaurées. Quatre statues ont été replacées dans la chapelle et deux autres sont conservées en l'église Saint-Nicolas, située au bourg.
En 1987, la couverture de la chapelle, la porte et les vitraux ont été restaurés et l'extérieur a été aménagé.
Courant 1995, l'intérieur de la chapelle a été rénové par les bénévoles du comité de Saint-Herbot qui a financé une partie des travaux. La charpente présente la forme originale d'une coque de bateau renversée.
A quelques mètres de la chapelle, un calvaire représente la Vierge et Saint-Pierre, Saint-Jean et Madeleine, ainsi qu'un ange agenouillé.
Depuis 1979, le comité de Saint-Herbot organise chaque année les courses cyclistes sur le circuit du Botiguéry avec une arrivée devant la chapelle. Cette année 2022, les courses auront lieu le dimanche 12 juin.
A Saint-Herbot, il est également de tradition ancienne de sonner les cloches de la chapelle en l'honneur des mariés issus du secteur. Encore aujourd'hui, les voisins continuent de se réunir le jour des noces autour des mariés et leur famille à la chapelle pour célébrer l'événement au son des cloches de Saint-Herbot."
Le manoir de Botiguéry
"Unique maison seigneuriale de la commune, le manoir de Botiguéry est composé de plusieurs corps de bâtiments, dont la partie centrale, remaniée, est la plus ancienne.
La tour carrée comporte des fenêtres à larmier et une porte qui pourrait provenir de l'ancien manoir. Flanquée de pilastres ioniques, elle est surmontée d'un fronton orné d'un macaron en bosse. L'aile ouest date de la fin du XIXème siècle. Au début du XXème siècle, l'ensemble domanial est encore agrandi.
Situé en contrebas, l'ancien moulin est partiellement conservé."
La description d'Yves-Pascal Castel en 1980.
2863. Saint-Herbot, chapelle, granite, kersanton, hauteur=5 m. XVIè s. Tertre. Socle cubique. Fût rond, écots. Croisillon, culots, écu au cerf, autre mi-parti, au revers, statues géminées: Vierge-Pierre, Jean-Madeleine, ange à genoux. Croix détruite, il reste un Christ lié. [YPC 1980]
Description.
L'exploration de la carte IGN Geoportail montre la proximité de cette chapelle Saint-Herbot avec le château de Botiséguy, et montre aussi le paysage valloné par les rivières, (avec leurs moulins) qui se jettent dans l'Elorn en aval de Landerneau.
C'est à Landerneau qu'était établi un prolifique atelier de sculpture de kersanton, une pierre extraite dans la rade de Brest et conduite par bateau à Landerneau : l'atelier de Bastien et Henry Prigent (1527-1577). J'ai décrit dans ce blog les nombreux calvaires qui leur sont attribués, et dont l'une des particularités, non constante et non propre exclusivement à cet atelier, tient dans le trois larmes sous les yeux des personnages réunis au pied de la croix, Marie, Jean et Marie-Madeleine, assistant à la Crucifixion de Jésus. Tout près de cette chapelle, on peut envoir à Saint-Divy et à La Forest-Fouenant de magnifiques exemples.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Le calvaire est placé devant la chapelle, à son sud, et ses deux faces sont orientées ouest-est. La face principale, orientée vers l'ouest, a perdu son Christ en croix, mais le croisillon porte encore la Vierge au calvaire, éplorée, à notre gauche, et Jean, également en larmes, à notre droite. L'écu au cerf entre les bras du croisillon renvoie à la famille Le Jeune [LE YAOUANCQ], seigneur de Botiguéry aux XVe et XVIe siècle.
L'autre face montre sur le croisillon Marie-Madeleine, tenant son pot d'aromates et portant les mêmes larmes groupées par trois que Jean (avec lequel elle est géminée) et la Vierge. Saint Pierre, portant sa clef à anneau losangique, est géminée avec Marie. Au centre, le Christ en Croix s'adossait vraisemblablement au crucifix perdu.
On trouve également sur cette face, au diamant du croisillon, un écu mi-parti, dont les armes de l'époux, en 1, sont celles de la famille Parscau. On sait que Vincent de Parscau (né à Saint-Thonan vers 1527 et décédé en 1591) épousa vers 1555 Jeanne Le Jeune dame de Botiguery, fille d'Hervé Le Jeune (ca 1530) et de Catherine du Com. Ils eurent un fils Olivier de Parscau qui épousa en 1581 Anne de Kersulguen, dont Jeanne du Parscau. Le blason mi-parti ne correspond néanmoins pas à l'alliance Parscau/Kersulguen (ni à l'alliance en 1559de Vincent de Parscau avec Françoise de Penfentenyo), les armes en 2 associant une croix pattée centrale et trois coquilles Saint-Jacques (Kerven ?).
C'est ce couple Vincent de Parscau/Jeanne Le Jeune qui fit construire l'église Saint-Nicolas de Saint-Thonan en 1586 : la pierre d'angle portant leurs armes mi-parti a été retrouvée dans le presbytère en 1966.
I. LA FACE PRINCIPALE.
Sur le fût de granite à écots (reliant la croix à la symbolique de l'arbre) est scellé le croisillon de kersanton qui porte sur les côtés les statues de la Vierge au calvaire et de Jean au calvaire ; au centre, sans écu, le bas-relief du cerf passant des Le Jeune de Botiguéry. Au centre, le crucifix perdu, avec sa croix, est remplacé par un socle cubique sculpté d'un ange orant (l'autre face de ce socle n'est que dégrossi, témoignant d'un réaménagement ou d'un réemploi). Posé sur ce socle, le Christ aux liens est ici vu de dos.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
1°) La Vierge aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.
Cette Vierge au visage encadré d'un voile épais, "en coque" et vêtu d'un manteau dont le pan droit revient se fixer à la ceinture sous le coude gauche a eu la tête brisée et rescellée, mais elle a perdu une partie du nez de la bouche et du menton.
Les yeux sont globuleux et semblent fermés, et les trois larmes sous chaque paupière ont bien les caractéristiques de ce milieu du XVIe siècle, avec un filet se terminant par une goutte épaisse. Ces larmes se retrouvent sur des panneaux peints, sur des retables (nord de la France et Pays-Bas), mais aussi, sur une bonne part des Passions des maîtresses-vitres du Finistère, et sur les Vierges de Pitié et Déplorations Bretonnes, réservés aux trois mêmes personnages, Marie, Jean et Marie-Madeleine. Elles témoignent de l'importance du culte du sang versé par les Christ et des larmes versées en retour par gratitude et compassion, justifiant la floraison de ces calvaires, de ces Vierges de Pitié et de ces Passions dans les diocèses de Basse-Bretagne.
On peut noter ici la coiffe fine en dentelle sous le chaperon épais ; les deux mains jointes ; ou les solides chaussures de cuir.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
2°) Saint Jean aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.
Jean, imberbe, cheveux bouclés, tête grave (avec une petite bouche fortement concave et une lèvre inférieure faisant lippe), porte une robe boutonnée sous un manteau fermé par une patte, la main sur la poitrine tandis qu'il retient le pan du manteau de la main gauche, est pieds nus comme tout pôtre.
Ses trois larmes sous chaque paupière sont parfaitement visibles.
.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
.
.
L'ange orant.Kersanton, XVIe siècle.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
.
.
Le cerf sculpté en bas-relief sur le diamant du croisillon : les armes des Le Jeune.
Depuis le XVe siècle, la famille Le Jeune ou Jaouancq détient le fief de Botiguéry avec Rivoallon, puis Yvon, ect.
Lors de la Réformation de l'évêché de Léon en 1443, une seule famille noble est mentionnée à Saint-Thonan :
an Iaouancq (an) ou Le Jeune, seigneur de Botiguéry, paroisse de Saint-Thonan. Leurs armes sont de sable au cerf passant d’argent.
On le retrouve , dans un écu, sur un culot de la statue de saint Herbot au dessus de la porte de la chapelle.
Statue en kersanton de saint Herbot, chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile 2024.
Armoiries des Le Jeune, chapelle Saint-Herbot. Photo lavieb-aile 2024.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024.
II. LA FACE SECONDAIRE : SAINTE MARIE-MADELEINE ET SAINT PIERRE. CHRIST AUX LIENS.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
1°) Sainte Marie-Madeleine aux trois larmes sous chaque paupière inférieure. Kersanton, XVIe siècle.
La sainte a une place majeure dans l'expression du chagrin devant la mort du Christ, et dans le versement de larmes ; elle vient immédiatement après la Vierge et Jean dans toutes des Déplorations, tandis que les peintres et sculpteurs la représentent agenouillée au pied de la Croix, se tordant les mains de douleur en voyant le sang couler des pieds du Rédempteur. Dans les Évangiles, elle tient la première place dans les soins apportés au Tombeau et dans les Apparitions du Christ réssuscité. Dans maintes œuvres, on la voit tenir le flacon d'aromates nécessaires à l'embaumement, voire même pratiquant des gestes de tendresse et de soins au cadavre du Christ.
Ici, elle tient le récipient (type albarello avec un couvercle à bouton) devant sa poitrine, les yeux ouverts mais au regard lointaint et triste.
Le visage est caractérisé par des yeux très globuleux, sans pli palpébral , un nez étroit, une toute petite bouche sous le philtrum, et un menton fin, en avant et pointu. Les trois larmes sont bien là, parfaitement visibles.
Sa robe à col rond est ajustée sur sa poitrine, son manteau forme un pan qui revient sous la manche gauche où il est fixé, mais on remarquera surtout ses cheveux très longs descendant sur le côté, et mieux encore la manère par laquelle les nattes sont entourées d'un voile : celui-ci, dont je fais remarquer régulièrement l'existence dans la statuaire de Basse-Bretagne au XVIe siècle, tant il est singulier, ne couvre pas la tête, mais seulement l'occiput avant de passer derrière la nuque. Voir mes développements ici.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
2°) Saint Pierre tenant sa clef. Kersanton, XVIe siècle.
Il s'agit à l'évidence d'une statue du même atelier, qui a produit des quantités de statues de saint Pierre soit pour les calvaires (*), soit pour les séries d'apôtres des porches.
(*) Dinéault, Quimper-Locmaria
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Le Christ aux liens. Kersanton, XVIe siècle.
Là encore le Christ aux liens est très fréquent sur les calvaires bas-bretons du XVIe siècle : par exemple à Bourg-Blanc, au Folgoët, Guisssény, Landerneau, Loc-Brévalaire, Saint-Divy.
On retrouve sur ce visage le traitement de la barbe peignée et de la moustache adoptée pour le saint Pierre.
Le Christ porte la couronne d'épines et le manteau de dérision sur un pagne court ; ses poignets sont liés, et il tenait, avant qu'il ne se brise, un roseau.
.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Les armoiries mi-parti De Parscau /de Kerven.
Le milieu du croisillon porte un écu mi-parti qui a échappé aux marteaux des révolutionnaires. En 1, on reconnait les armes de la famille Le Pascau, de sable à trois quintefeuilles d’argent, ce qui renvoie à priori à Vincent de Parscau, écuyer, seigneur de Menan à Plouguerneau, né à Saint-Thonan, décédé en 1591 et qui devint seigneur de Botiguéry par son mariage avec Jeanne Le Jeune, héritière de Botiguéry fille de Hervé Le Jeune et de Catherine du Com.
Note : Olivier Parscau représente encore sa paroisse de Plouguerneau (comme seigneur de Menan) à la Montre de 1557, mais la famille quitta Menan envahi par les sables et s'établit ensuite à Botiguéry.
Mais en 2, ce ne sont pas les armes de la famille Le Jeune. On remarque au centre une croix potencée, et deux coquilles, ce qui correspond aux armes de Kerven ou Kerguen , d’argent à la croix potencée ou alisée, au pied fourché, d’argent, accompagnée de 3 coquilles de même, 2 en flancs et 1 en pointe (Vicomte Frotier de la Messelière ). Cette alliance est cohérente avec le fait que les deux familles Le Jeune et Kerven sont citées parmi les familles nobles de Ploudaniel, mais n'est pas cohérente avec les données généalogiques.
Je pose l'hypothèse suivante : le calvaire avec ses deux statues géminées et son Christ aux liens du XVIe siècle (et pour moi attribuées à Prigent avant 1577) aurait été remonté sur un croisillon ultérieur; ce qui expliquerait la fraicheur ou bonne conservation des armes des deux faces.
Le seul indice pour une alliance Pascau/Kerven est un échange sur le forum du Centre généalogique du Finistère évoquant une "Marie, dame de Kerven" qui pourrait correspondre si je comprends bien à Marie Liminic, dame de Plessis, épouse de Bernard de Pascau, sr de Botiguery (fils de Claude et petit-fils de Vincent), ou bien à leur fille.
Mais ceci est très aventureux : je conserve néanmoins mon hypothèse : ces armoiries ne dateraient pas du XVIe siècle, et pourraient même être assez récentes.
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
Calvaire (XVIe siècle) de Saint-Herbot à Saint-Thonan. Photo lavieb-aile juillet 2024
SOURCES ET LIENS.
—CASTEL (Yves-Pascal), 1980, Saint-Thonan n° 2663 "saint-Herbot n°1" Atlas des croix et calvaires du Finistère.
"CHAPELLE SAINT-HERBOT A Bodiguéry. Edifice de plan rectangulaire à clocheton très évidé amorti par une petite flèche carrée. Il remonte au XVIè siècle mais a été très remanié. Mobilier Statues - en bois polychrome : sainte Trinité qui a perdu son Christ, saint Jean, saint Herbot, saint non identifié ; - en kersanton, autre saint Herbot, au-dessus de la porte gothique.
Sur le placitre, croix de granit : statues géminées sur le croisillon, Crucifix manquant, Christ aux liens."
—LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre de Basse-Bretagne. Les ateliers du XVe au XVIIe siècle, PUR éditions.
Ensemble de deux verrières (baies 0 et 2, 1966, 34 m²) de Jacques Le Chevallier pour le chœur de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h (Finistère 29. Bretagne).
Une verrière (baie 13, 1975, 8,30 m², composition colorée) de Jacques et Guy Le Chevallier pour les Fonts baptismaux de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h (Finistère 29. Bretagne).
(D'après F. Gatouillat et M. Hérold, Vitraux de Bretagne 2005).
La construction de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h a débuté en 1508, à une période de forte prospérité économique liée au commerce maritime, sous l'impulsion du recteur Charles Jégou, qui sera abbé de Daoulas de 1519 à 1536.
L'église est de dimension imposante, mesurant près de 50 m de long et 25 m de large, sur un plan rectangulaire avec tour carrée, clocher central et chevet plat.
La maîtresse-vitre (ou baie 0) semble avoir été commandée, selon les données héraldiques, vers 1510 à l'atelier de Quimper, probablement par Jean du Pont époux en 1490 de Catherine de Brosse, et les lancettes comportaient 16 scènes de la Vie du Christ sous des dais gothiques, dont seules 5 ont survécu : elles sont comparables à celles de Guengat (baie 1), de Plogonnec (baie 0) et d'Ergué-Gabéric.
Du tympan de la baie 2, à droite du chevet, ont été conservés des fragments de la même époque que la baie axiale.
L'état de la baie 0 était jugé déplorable après la Première Guerre mondiale : le curé Guillem fit déposer les panneaux en 1918 et envisagea de les céder "à un riche amateur de Mulhouse", Alfred Sparry, qui prévoyait en échange d'offrir à l'église une création du Parisien Paulin-Aristide Durrieu moyennnant 10 000 frs. Le Service des Monuments historiques intervint à temps pour empêcher la transaction : un devis de restauration, établi dès 1913, fut repris et les vitraux restaurés par Labouret en 1920. Déposées par Gruber en 1942, les deux verrières furent stockées dans trois caisses au château de Champs-sur-Marne.
Dés mai 1962, René Lisch, architecte en chef des monuments historiques, et Pierre-Marie Auzas, Inspecteur principal, en accord avec l'Inspecteur général Dupont, confient les maquettes des vitraux de Champ-sur-Marne à Jacques Le Chevallier pour une étude de restauration, et charge ce dernier d'ouvrir les caisses des vitraux classés, puis de transporter ceux-ci à son atelier de Fontenay-Aux-Roses. Le peintre-verrier procède à un relevé de la situation des panneaux :
Le travail, si l'on en croit les courriers archivés, débute en 1966, et c'est alors Guy Le Chevallier, fils de Jacques, qui a repris la direction de l'atelier du vitrail de Fontenay, qui est l'acteur du projet (sur des cartons de Jacques Le Chevallier, qui appose sa signature sur la baie 0). Tandis que les nouveaux verres sont exécutés à Fontenay, il échange de nombreuses lettres avec le maître-verrier de Quimper Jean-Pierre Le Bihan, qui assume le travail local (mise en place d'un échafaudage, gabarits et mesures, serrurerie), dans une collaboration manifestement parfaitement amicale. Les panneaux sont terminés en novembre 1966. La pose est terminée en janvier 1967.
Entre 1972 et 1975, l'atelier du vitrail de Fontenay se verra confier la réalisation d'une des deux verrières des Fonts baptismaux, la baie 13.
Selon Gatouillat et Hérold 2005, "la remise en état du vitrage de l'église s'est poursuivie jusqu'en 1989, avec des créations d'Anne et de Guy Le Chevallier (vers 1981), et avec la restauration des verrières du XIXe siècle par Jean-Pierre Le Bihan. Le dernier vitrail sera la baie haute de la tour, à l'ouest, par Antoine Le Bihan fils de Jean-Pierre, en 2008-2016.
Baie
situation
mesures
lancette
tympan
signature
Description
0
chevet
L.4,30 m
H. 8,60 m
25,4 m² dont 13,17 m² ancien
6 lancettes trilobées
12 ajours
Baie C angle inf. gauche J. LE CHEVALLIER 1966.
Panneaux anciens (vers 1510) d'une Vie du Christ fragmentaire et d'un tympan héraldique insérés dans une composition colorée de Jacques Le Chevallier.
1
Hors atelier
chevet
4 lancettes trilobées
10 mouchettes et 4 écoinçons
Vitrerie blanche à losanges et bordure jaune et verte. Verres colorés au tympan.
2
chevet
L.3,30 m
H. 4,20 m
8,6 m² dont 1,7 m² ancien
5 lancettes trilobées
5 ajours
Panneaux anciens (vers 1510) d'une Vie du Christ fragmentaire et d'un tympan héraldique insérés dans une composition colorée de Jacques Le Chevallier.
3
Hors atelier
Chœur côté nord
lancettes trilobées
Composition en vitrerie à rubans entrecroisés. Guy ou Anne Le Chevallier vers 1981 ?
4
Baie murée.
Chœur côté sud
murée
2 lancettes trilobées
3 mouchettes et 4 écoinçons
murée
murée
5
Hors atelier
Chœur côté nord
lancettes trilobées
Composition en vitrerie à rubans entrecroisés. Guy ou Anne Le Chevallier vers 1981 ?
Notre-Dame-de-la-Joie. Anges adorateurs au tympan. Atelier du Carmel du Mans 1863-1870.
12
Hors atelier
Nef bas-côté sud.
3 lancettes trilobées
5 mouchettes et 4 écoinçons
Sainte Thumette. Atelier du Carmel du Mans 1868.
13
Fonts baptismaux côté nord
3 lancettes trilobées
5 mouchettes et 4 écoinçons
Composition colorée (dominance brun et vert) à réseaux de plombs.
Atelier du vitrail de Fontenay. Carton Jacques Le Chevallier, exécution Guy Le Chevallier.
14
Hors atelier
Pignon ouest côté sud.
4 lancettes trilobées
5 mouchettes et 4 écoinçons
Saints Pierre et Paul. Atelier du Carmel du Mans 1868.
15
Hors atelier
Fonts baptismaux côté sud
4 lancettes trilobées
Vitrerie blanche à bordure. Guy ou Anne Le Chevallier vers 1981 ?
102
Porche tour
baie haute.
3 lancettes trilobées
5 mouchettes.
Composition colorée par Antoine Le Bihan Quimper v.2016. Inscription "DA FEIZ ON TADOU KOZ 1508-2008. Association Sant-Nonna".
Protection : par grillage extérieur.
Description détaillée des baies 0 et 2.
I. La Baie 0 ou maîtresse-vitre. 1510 et 1966.
1°) Les lancettes.
Les vitraux anciens se trouvent dans les deux lancettes centrales, les têtes de lancettes et le tympan.
Les têtes de lancette contiennent six sommets d'édicules flanqués de statuettes de prophètes à arcs redentés ouvrant sur des voûtants colorés et des tentures galonnées.
Dans les deux lancettes centrales sont regroupés les panneaux restant du cycle de l'Enfance du Christ, de la Vie publique et de la Passion du Christ autrefois disposés en trois registres dans la baie. Ces scènes sont peu restaurées et affectées de nombreux plombs de casse.
--Au registre supérieur de la lancette C : Déposition de Croix (assez bien conservé).
--Au registre supérieur de la lancette D : la Mise au tombeau (tête du Christ restauré)
--Registre moyen, lancette C : la Flagellation (pièces modernes : sol, jambes des bourreaux).
--Registre moyen, lancette D : le Baptême du Christ (même carton qu'à Guengat ; verre gravé pour les rayons entourant la colombe du Saint-Esprit ; pièces modernes à la base du panneau.
--Registre inférieur, lancette C : la Circoncision (même carton qu'à Guengat ; tête de la Vierge restaurée ; panneau inférieur perdu) ; à côté, dais, (très restauré, abritant un panneau de vitrerie moderne).
Le reste des lancettes est occupée par la vitrerie colorée de Jacques Le Chevallier.
Signature dans l'angle inférieur gauche de la lancette B.
Un verre cassé, angle inférieur gauche de lancette E.
Baie 0. Jacques Le Chevallier 1966. Photographie Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, la signature de Jacques Le Chevallier. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, la Flagellation (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, La Déposition (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, détail La Mise au tombeau (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
2°) Le tympan.
-Au sommet, armes parti de France et de Bretagne couronnées et entourées du collier de l'Ordre de l'Hermine. Phylactères avec devise. Panneau bien conservé.
-Au dessous, dans 6 des 12 ajours, anges en buste sur fond de nuées mises en plombs (fréquentes dans les Passions de cet atelier Le Sodec), tenant des phylactères et supportant les armes des seigneurs de Pont-L'Abbé d'or au lion de gueules, et leurs alliances.
En haut à gauche, écu du Pont parti de Rostrenen d'hermines à trois fasces de gueules (panneaux plus ou moins complétés)
Autres ajours : bouche-trous (à droite, tête du Christ, buste d'une Vierge de Pitié, fragments de dais et d'écus), et un panneau de Jacques Le Chevallier.
Baie 0 (tympan) Jacques Le Chevallier 1966. Photographie Jean-Yves Cordier 2024.
--Armoiries couronnées (couronne royale aux fleurs de lys), mi-parti de France et de Bretagne entourées du collier de l'Ordre de l'Hermine : la prééminence royale de Louis XII et d'Anne de Bretagne. Le collier est une cordelière à nœuds de cordeliers, rappelant l'attachement d'Anne de Bretagne et de son père le duc François II à cet emblème, repris dans l'Ordre de la cordelière créé en 1498 par Anne de Bretagne. Sur le phylactère, où on attendrait la devise ducale A MA VIE, on lit, sous réserve, SVIS POUR SOY.
.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Le collier de l'Ordre de l'Hermine : L'hermine au naturel est suspendue à la cordelière par un entrelacs.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Dans l'ordre dees prééminences, nous trouvons en dessous les armoiries de trois générations de barons de Pont-L'Abbé, de gauche à droite :
— écu mi-parti d'or au lion de gueules, qui est Pont-L'Abbé, et d'hermines à 3 fasces de gueules, qui est Rostrenen. Jean, baron du Pont-L'Abbé épousa en 1440 Marguerite qui lui apporta la baronnie de Rostrenen dont il écartela ses armes.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
— écu écartelé au 1, 4 de Pont-L'Abbé et de Rostrenen, au 2 contrécartelé au 1 et 3 de gueules à la raie d'escarboucle d'or et au 2,4 d'azur à trois fleurs de lys d'or à la cotice du même brochant qui est Bourbon-Navarre, et au 3 de gueules à 3 macles d'or qui est Rohan à la vouivre ondoyante brochant sur le parti. Pierre du Pont-L'Abbé décédé en 1488 à Saint-Aubin-du-Cormier épousa Hélène de Rohan en 1463.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
— Présenté par un ange couronné à amict brodé d'or et ailes rouges frangées d'or, l'écu mi-parti Pont-L'Abbé-Rostrenen et d'hermines, autres armoiries, imparfaitement reproduites, des de Brosse, comte de Penthièvre. Jean III du Pont-L'Abbé épousa Catherine de Brosse-Bretagne vers 1490.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Au dessous, de gauche à droite des anges semblables présentent les armoiries de seigneurs de moindre importance, qui ont possédé la seigneurie de Lescoulouarn dans la paroisse de Plonéour, voisine de Penmarc'h :
— écu écartelé au 1 et 4 d'or au lion d'azur et au 2 et 3 de gueules à 5 fleurs de lys d'argent, copie moderne pour d'azur à 6 fleurs de lys d'argent posées 3.2.1. Il s'agit des armes inversées de la famille Foucault dont la branche aînée possédant Lescoulouarn se fondit dans Langéouez avant 1510 par le mariage de Jean et de Jeanne Foucault. Sur la banderole ONI...ET et P...DE...
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier Le Sodec de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
— écu mi-parti Foucault et du Pont-L'Abbé; alliance inconnue.Sur la banderole : L...ON...EN...
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
— écu mi-parti fascé ondé d'or et d'azur qui est Languéouez et d'or au léopard morné de gueules qui est Nevet. Un Jean de Languéouez seigneur de Lézarscoët épousa vers 1450 Typhaine de Nevet. Sur la banderole :CHRISTU...TRIS.. VI., fragment d'un hymne dans le style du Victimae Paschali.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
— écu contrécartelé au 1 et en cœur Foucault, au 3 Languéouez, au 2 d'argent à neuf macles de gueules et au 4 d'azur à la croix d'argent qui sont inconnus. Sur la banderole : ...VIS [cf SVIS]... Il doit s'agir de l'alliance d'un Langéouez avec une autre famille par laquelle la seigneurie de Lescoulouarn échut aux Talhouët. Cette famille était présente dans la région dés 1513 puisqu'on sait que Guyon de Talhouët était capitaine et porte-enseigne de Pierre de Foix, nouveau baron du Pont et de Rostrenen. Bien que l'on ignore si les armes de ces deux personnages figuraient dans la verrière, cependant on peut conclure que la réalisation de cette dernière se situe peu avant ou peu après l'héritage des baronnies par la famille de Foix et celui de la seigneurie de Lescoulouarn par la famille de Talhouët, toutes deux citées en 1513.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 0, tympan (atelier de Quimper, v.1510). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
II. La baie 2. Vers 1510, fin du XVIe siècle et 1966.
Les panneaux anciens se trouvent dans 4 ajours du tympan et en haut de la lancette centrale.
La lancette médiane C s'élève très haut à l'intérieur du tympan.
1°) Les lancettes.
Lancette centrale : en haut, dais, fragment d'un Portement de croix (buste du Christ) et pièces bouche-trous.
Le reste des lancettes est occupée par la vitrerie colorée de Jacques Le Chevallier.
Baie 2, lancettes. Jacques Le Chevallier 1966. Photographie Jean-Yves Cordier 2024.Baie 2, lancette C. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
2°) Le tympan.
Quatre écus armoriés au sommet, celui de Jean II du Pont à gauche, et de Marguerite de Rostrenen à droite, mariés en 1444.
Ajour latéral gauche : ange soutenant des armes d'argent au greslier et au lévrier de sable, armoiries de Penmorvan, seigneur de Tréoulté (Tréoultré est l'ancien nom de Penmarc'h) .
En symétrie, à droite, écu moderne France-Bretagne tenu par un ange ancien.
Complément de vitrerie en composition colorées Jacques Le Chevallier 1966.
Baie 2, tympan. Jacques Le Chevallier 1966. Photographie Jean-Yves Cordier 2024.
Baie 2, tympan, détail (v. 1510). Photo lavieb-aile juillet 2024.Armes de Jean II du Pont. Baie 2, tympan, détail (v. 1510). Photo lavieb-aile juillet 2024.
Armes mi-parti Jean II du Pont/Marguerite de Rostrenen. Eglise Saint-Nonna, Baie 2, tympan, détail (v. 1510). Photo lavieb-aile juillet 2024.Armes mi-parti France et Bretagne. Eglise Saint-Nonna, Baie 2, tympan, détail ( ange v. 1510). Photo lavieb-aile juillet 2024.
Une verrière (baie 13, 1975, 8,30 m², composition colorée) de Jacques et Guy Le Chevallier pour les Fonts baptismaux de l'église Saint-Nonna de Penmarc'h (Finistère 29. Bretagne).
Cette réalisation est préparée par un échange de courrier de mai à juillet 1972, dans un projet qui concerne les deux baies des Fonts baptismaux, n° 13 et n° 15. Le remplage de la baie n°15 est remarquable par ses trois fleurs de lys.
1°) Courrier du 12 mai 1972 à Jacques Le Chevallier :
Cher Monsieur, à la suite de la tournée de M. l’inspecteur général DUPONT, je tiens à bien préciser les décisions prises :
PENMARCH Saint-Nonna :
--vous présenterez des maquettes pour les deux fenêtres de la chapelle des fonts baptismaux car elles ne peuvent pas être dissociées,
--dans les fenêtres du bas-côté nord, il y a cinq vitraux du XIXe siècle très menacés qu'il faut déposer d'urgence,
--l'urgence semble moindre dans les vitraux du bas-côté sud que M. DUPONT souhaite conserver
--vos vitraux du chevet sont fort réussis et il est souhaitable de vous confier sans tarder l’exécution de la troisième fenêtre du côté nord.
2°) Courrier du 14 juin 1972 de Mr AUZAS Inspecteur Principal des Monuments Historiques à Mr Le Chevallier.
Cher Monsieur, voici les deux projets « prioritaires » pour la chapelle des fonts baptismaux de l'église de Penmarc'h. Compte-tenu de l'extrême variété des diverses baies de l'église et sans préjuger de la suite des travaux, il m'a semblé intéressant de chercher un parti-pris de vitrerie libre assez animé dans ses rythmes graphiques d'une tonalité générale assez claire et homogène. Il est d'ailleurs souhaitable de consacrer à cette chapelle une grande luminosité et de mettre en évidence les formes du fenestrage.
3°) Courrier du 12 juillet de [Guy] Le Chevallier à Mr LISCH, architecte en Chef des MH :
Monsieur, suivant les indications de Mr AUZAS, je vous envoie un devis estimatif pour les vitraux du baptistère de Saint-Nonna. Après avoir rencontré Messieurs Dupont et Auzas, mon père a mis au point des projets qui se rapprochent des vitraux déjà réalisés dans le chœur et faisant ressortir les fleurs de lys du remplage de la baie I.
Les pièces d'archives précisent que "les nouveaux vitraux étaient posés en mai 1974", mais un mémoire de réglement à Mr LISCH précise que "le vitrail" a débuté en décembre 1974. Un mémoire de réglement 14 093 86 du 30-06-1975 mentionne un seul vitrail, celui du côté nord des Fonts désigné Baie A [baie 13], réalisé de décembre 74 à mars 75, par Guy Le Chevallier à la demande de Mr LISCH, pour la somme de 5.636 Frs : les 24 panneaux de verre antique de couleurs mis sous plombs ont une surface de 8,3080 m².
Description de la baie 13 :
Cette verrière associe, au centre de chaque lancette et de chaque mouchette du tympan, des verres colorés à l'antique sans grisaille, avec une périphérie blanche, l'ensemble étant animée par des lignes (plombs) souples, faiblement curvilignes verticales et horizontales. Les couleurs principales vont du jaune au brun et du vert au bleu.
La baie 13 (Fonts baptismaux), Jacques et Guy Le Chevallier 1974-1975. Photographie Jean-Yves Cordier 2024.
ESQUISSES
La baie 13 a fait l'objet d'une esquisse colorée :
La baie 15, qui n'a pas été réalisée par l'atelier Le Chevallier dans cet exercice 1974-75, avait fait l'objet de l'esquisse colorée suivante :
.
LES AUTRES VITRAUX.
Baie 1. Guy ou Anne Le Chevallier ?
Baie 4 (murée)
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baies 3 et 5. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 6 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 7 Photo Jean-Yves Cordier 2024.Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 8 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 9 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 10 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 11 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 12 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 14. Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 15 Photo Jean-Yves Cordier 2024.
Eglise Saint-Nonna de Penmarc'h, baie 102 (Antoine Le Bihan 2016). Photo Jean-Yves Cordier 2024.
LIENS ET SOURCES
— GATOUILLAT (Françoise) HEROLD (Michel), Les Vitraux de Bretagne, Corpus vitrearum France recensement VII, Presses Universitaires de Rennes : Rennes 2005 pages 157-159.
— BARRIÉ (Roger) Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle : Plogonnec et un groupe d'églises de l'ancien diocèse de Quimper / ; sous la direction d' André Mussat, 1979 Thèse de 3e cycle : Art et archéologie : Rennes 2 : 1979. Bibliogr. f. 9-32. 4 annexes (vol. 2)
Ensemble de 7 verrières de Jacques Le Chevallier (74 m², composition non figurative, 1951, classement MH) de la chapelle Saint-Jean-Baptiste du château du Roi René d'Angers. Le vitrail du XVe siècle (v. 1457), René d'Anjou et Jeanne de Laval agenouillés devant la Vierge.
Je remercie l'équipe de l'accueil et les guides du château d'Angers, ainsi que Catherine Leroi cheffe du service culturel du Domaine national du château d'Angers.
Le château est composé de deux éléments : la forteresse construite par Saint-Louis en 1230 et le château-résidence des ducs d'Anjou. La forteresse comporte 17 tours hautes d'une trentaine de mètres et larges de 18 mètres. A partir de 1360, le château, devenu résidence ducale, est transformé : logis royal et chapelle édifiés au début du 15e siècle, châtelet construit en 1450. En 1373, le duc Louis 1er d'Anjou commande la série de tapisseries ayant pour thème l'Apocalypse, dont la série est probablement achevée en 1382.
La chapelle actuelle a été érigée de 1405 à 1412 par Louis II d'Anjou et Yolande d'Aragon, parents de René Ier d'Anjou, pour remplacer la chapelle du XIIe siècle enclose dans l'angle sud-ouest et jugée trop petite et trop délabrée par la reine Yolande.
Sa large nef unique est rythmée de trois travées couvertes de voûtes d'ogives bombées dites « à l'angevine » Les clefs de voûte portent les armes pleines de Louis II, puis mi-parti de Louis II et de Yolande d'Aragon, et la troisième une croix à double traverse honorant la relique de la Vraie Croix ramenée de Constantinople en 1241 et amenée au château d'Angers pendant la Guerre de Cent Ans.
La chapelle a été utilisée au XVIIIe siècle comme prison et 500 marins anglais y ont été détenus, certains y laissant des graffitis.
Le château abritant une base allemande, il a été victime d'un bombardement le 4 août 1944 faisant des dégâts considérables : les parties hautes hautes de la chapelle durent être restaurées.
La façade est de la chapelle (baies 1, 3, 5). Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Les baies 0 et 1. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
La chapelle du château d'Angers, baies 5, 3, 1 et 0. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Les vitraux.
L'édifice est éclairé par sept grandes baies dont les vitraux modernes de Jacques Le Chevallier ont été installés en 1951.
Dans la baie moderne 6, du côté ouest devant la porte d'entrée, a été enchâssée une verrière provenant de l'abbaye du Louroux à Vernantes (Maine-et-Loire), classée Monument Historique. Dans trois lancettes gothiques, René Ier d'Anjou, en donateur mais en tenue de chasse, et son épouse Jeanne de Laval (mariage en 1454) entourent la Vierge, au-dessus de leurs armes couronnées. Ce vitrail est attribué à André Robin, créateur des Rosaces de la cathédrale en 1452.
À propos de cette abbaye cistercienne du Louroux fondé en 1120, l'article Wikipédia précise en citant Jocelyn Mercier, Vernantes : Pages d'Histoire, images d'autrefois, Clichy-sous-Bois, Éditions du Vieux-Logis, 1989 : « Au départ des Anglais, une chapelle est construite dans le style gothique angevin, ornée de fresques représentant quatre anges portant les instruments de la Passion du Christ.[...]. Après la guerre, le Roi René fait de larges donations à l'abbaye ; en témoigne un vitrail qu'il fait installer dans l'église. Ce vitrail survit à l'abbaye, car transporté en 1812 dans l'église de Vernantes, puis de là en 1901 au musée Saint-Jean d'Angers. ». Mais ce vitrail avait été très remanié, avec des pièces de ré-emploi qui lui était étrangère, et son insertion dans une vitrerie moderne ne fut pas simple ; Jacques Le Chevallier a refait la tête du donateur en s'inspirant d'une médaille conservée à la Bibliothèque Nationale.
Henri Enguehard, ( La chapelle du château d'Angers,1954) écrit à propos de la commande des nouveaux vitraux : « Dans le but d'exposer dans la chapelle des tapisseries de sujet religieux,les verrières neuves commandées à M. Le Chevallier ont été composées en choisissant des verres et des couleurs qui permettent d'éviter la détérioration des tapisseries par la lumière solaire. »
Jacques Le Chevallier avait réalisé dès 1949-1950 à Angers l'ensemble de vitraux figuratifs (7 baies, 28 m²) de la chapelle des Sœurs franciscaines de l’Esvière, sur le site d'un sanctuaire de Notre-Dame-sous-Terre créé en 1429 par Yolande d'Aragon.
Par la suite, en 1954-56, Jacques Le Chevallier créera 6 verrières pour la nef sud de la cathédrale d'Angers et des compléments pour les vitraux anciens (notamment la baie axiale de 1230), et 4 verrières pour la chapelle N-D-de Pitié de la cathédrale (74 m² au total). En 1954, il crée les deux fenêtres de l'oratoire du château de Baugé, le relais de chasse du Roi René. En 1958, il revient à la chapelle de l'Esvière pour créer des verrières composées pour le réfectoire et le chapitre (31 m²).
SITUATION ET NUMÉROTATION.
Numérotation selon les normes du Corpus vitrearum. La chapelle n'est pas orientée vers l'Est, mais vers le Sud-sud-est.
Numérotation des baies, Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Aucune des verrières de la chapelle du château n'est signée (ou du moins aucune signature n'est visible depuis le sol). Pas de protection extérieure.
.
Baie o et 1. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baies 2, 4 et 6. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
DESCRIPTION.
Tableau de synthèse.
Baie
situation
taille
lancette
tympan
description
0
Baie d'axe pignon sud.
Hauteur pleine.
5 lancettes lancéolées de 0,70 m de large
9 quadrilobes et 7 quadrilobes tronqués.
Composition colorée
1
Haute nef (chœur) Est
Hauteur pleine.
3 lancettes lancéolées de 0,70 m de large.
3 quadrilobes et 4 écoinçons
Composition colorée
2
Haute nef (chœur) Ouest
Demi-hauteur
3 lancettes lancéolées de 0,70 m de large.
3 quadrilobes et 4 écoinçons
Composition colorée
3
Nef Est
Hauteur pleine
3 lancettes lancéolées de 0,70 m de large.
3 quadrilobes et 4 écoinçons
Composition colorée
4
Nef Ouest
Demi-hauteur
3 lancettes lancéolées de 0,70 m de large.
3 quadrilobes et 4 écoinçons
Composition colorée
5
Nef Est au dessus de la porte
Demi-hauteur ? 8,09 m²
3 lancettes lancéolées de 0,70 m de large.
3 quadrilobes et 4 écoinçons
Composition colorée
6
Nef Ouest
Hauteur pleine. 12,32 m² dont 7,74 m² vitrail ancien restauré.
3 lancettes lancéolées de 0,70 m de large à 6 panneaux.
3 quadrilobes et 4 écoinçons
Composition colorée JLC et verrières du 2ème moitie XVe siècle.
Description détaillée.
Auteur : Jacques Le Chevallier (1896-1987) peintre-verrier, atelier de Fontenay-aux-Roses, pour la conception, le dessin des cartons, et la réalisation des verrières.
Ces verrières de Jacques Le Chevallier sont des compositions de pièces colorées en verre antique montés sur plomb, avec serrurerie habituelle par barlotières et vergettes.
La composition répond à un principe identique sur les sept verrières, celui d'éléments géométriques centraux dans un quadrillage rectangulaire plus clair lui-même encadré de bordures. La majorité des pièces sont rectangulaires. Les couleurs dominantes des motifs sont le bleu et le rouge, mais on retrouve aussi le vert, le jaune et l'orangé.
Dans les lancettes de la baie 0, 4 motifs en bandes ou en chevrons se répètent, pouvant évoquer un ensemble héraldique. Au tympan, 2 motifs se répètent également , identiques sauf par leurs couleurs, et privilégiant les losanges.
Dans la baie 1, se répètent des cercles et des losanges centrés par des croix. La baie 3 voisine s'en rapproche, mais introduit des cercles concentriques.
Les demi-baies 2 et 4 associent losanges et carrés.
Les baies 5 et 6, qui se font face, introduisent un nouveau motif, en lignes courbes entrelacées en tissage, un motif que Jacques Le Chevallier reprend aussi dans l'oratoire du château du Roi René de Baugé, dont il crée les deux verrières en 1954.
Photographies des six verrières.
Baie d'axe 0. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.Baie 0. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.Baie 1. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.Baie 1. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 2. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 2. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 3. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 3.Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 4. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 3. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 5. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 5. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 6. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Baie 6. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Historique.
Je ne dispose d'aucune information sur la réalisation en maçonnerie des baies et de leur remplage : avaient-elles étaient entièrement détruites ? Ont-elles reproduit les fenestrages antérieurs ? Disposent-on de documents graphiques sur celles-ci avant 1944 ?
Archives.
Les documents des archives Jacques Le Chevallier (Archives départementales de l'Aube 213-J-000133 ) contiennent les pièces de deux marchés, soumissions, devis, métrages, mais aussi les dessins des baies/fenestrages, esquisses/recherches de compositions ornementales colorées sur papier calque, et mesures des baies.
La correspondance concerne Mr Pradillon, Architecte parisien, Mr Jacques Levron, Archiviste de la bibliothèque d’Angers, au sujet des armoiries de René d'Anjou et de son épouse, et surtout les deux maîtres d'ouvrage, Henri Enguehard, Architecte départemental des Monuments Historiques, et Bernard Vitry, Architecte en chef des Monuments Historiques.
Jacques Le Chevallier sollicite le 31 février 1952 Jacques Levron afin de compléter les armes de Jeanne de Laval (son correspondant répond en lui adressant le fac-similé des armes d'après un sceau conservé aux archives). Il déclare qu'il se voit obligé, pour ne pas rompre l'unité ancienne des panneaux par des compositions modernes, les inscriptions anciennes, bien que l'archiviste ait déclaré qu'elles n'avaient aucun intérêt, et, selon H. Enguehard, elles n'ont jamais appartenu à la verrière ancienne et n'ont aucun rapport avec elle : elles ont été introduites en réemploi lors des restaurations du XIXe ou XXe siècle. Dans le même courrier, il souligne combien cette restauration est délicate : « des éléments rapportés déséquilibrent la plupart des panneaux. J'ai réussi à redonner un peu de couleur aux fonds qui ont été patinés d'une manière très lourde »
Il ajoute : « La tête du roi René sera refaite en s'inspirant d'une très belle médaille « , médaille très connue et reproduite, conservée à la Bibliothèque Nationale (sans-doute celle de Pietro da Milano, représentant le couple de René et Jeanne de Laval et au revers, une scène qui se passe devant un palais Paris, BnF, cabinet des médailles, série 4011 bis1462). Pierre de Milan était un sculpteur d’origine dalmate qui, après avoir exercé son métier à Dubrovnik et à Naples, travailla à la cour aixoise de René au début des années 1460 et dans les années 1470.
Médaille du roi René et de Jeanne de Laval, Pietro da Milano, bronze, BnF droits réservés.Maquette de réfection de la tête de René d'Anjou. Archives départementale de l'Aube 213-J-000133. Droits réservés.
Il existe une autre médaille du cabinet des médailles de la BnF n°A.V. 142 attribuée aussi à Pietro da Milano vers 1460 : on remarquera avec Laurent Hablot que René d'Anjou s'y fait représenter en roi souverain avec sa couronne, mais aussi en chevalier tournoyeur armé de joutes avec son heaume de parade au cimier au lys, et le renfort de plate sur l'épaule droite. Cela montre que, pour le Roi René, le pouvoir et le gouvernement ne l'emportait pas sur ses deux passions : les tournois (il est l'auteur du Traité de la forme et devis comme on peut faire les tournois) et la chasse.
René d'Anjou, médaille attribuée à Pietro da Milano, Paris, BnF, cabinet des Médailles, no A. V. 142, vers 1460. In Laurent Hablot.
...
Mais ce courrier de 1952 est tardif. C'est le 15 novembre 1949 que le peintre-verrier adresse une étude et exécution de vitreries ornementales de petite échelle avec motifs variés en verre antique de couleurs. » Le marché est approuvé le 6 juillet 1950. Une « 2ème situation de travaux » sera adressée pour la pose, en janvier 1951, des baies « E, A, A', B et B' » soit 58 m² pour un total de 806.891 Frs.
Un courrier du 20 novembre 1950 signale au peintre-verrier qu'il peut débuter « la vitrerie de la chapelle et de la sacristie ». S'agit-il de l'oratoire privé ?
Un deuxième marché le 25 novembre 50 concerne une « étude et exécution en vitreries ornementales [en verre antique] d'une baie C de 8,09 m² [baie 5 Corpus vitr.] et l'étude et exécution de vitreries ornementales d'une baie D [Baie 6] et transfert de la baie du Roi René provenant du musée de Saint-Jean soit 20, 41 m² au prix de 16000 frs le m² » . Le verrier se charge aussi de la dépose, de la remise en plombs et du transport depuis le musée Saint-Jean.
De nombreuses maquettes sont réalisées.
Dessin de Jacques Le Chevallier, Archives départementale de l'Aube 213-J-000133. Droits réservés.
L'intégration du vitrail du XVe siècle.
Le vitrail ancien est relevé par Jacques Le Chevallier, avec sa baie ogivale, dans un dessin en couleur :
Dessin de Jacques Le Chevallier, Archives départementale de l'Aube 213-J-000133. Droits réservés.
Un deuxième dessin montre le projet d'insertion de la vitre dans la verrière moderne, avec la mention « ne pas manquer (ou marquer?) l'ogive. »
Dessin de Jacques Le Chevallier, Archives départementale de l'Aube 213-J-000133. Droits réservés.
Deux autres dessins montrent que l'intégration du vitrail ancien a également été envisagée en baie 2 (ou A) et en baie 5 (ou C) :
Dessin de Jacques Le Chevallier, Archives départementale de l'Aube 213-J-000133. Droits réservés.
Dessin de Jacques Le Chevallier, Archives départementale de l'Aube 213-J-000133. Droits réservés.
Échanges de courriers.
Le 17 septembre 1951, un courrier d'Henri Enguehard concerne ce vitrail ancien, déclarant comme on l'a vu que les inscriptions gothiques devaient disparaître, et ajoutant que la tête du Roi René, qui avait été refaite par les restaurateurs précédents, était, quoique pas mauvaise, insuffisamment ressemblante : il adressait au peintre-verrier « un dessin de Guegnard ».
Il ajoute :
« Au dessus du portrait du Roi René, il existe une figure qui n'a également, aucun rapport avec le vitrail.Voici ce que dit monsieur le chanoine URSEAU dans sa brochure de 1924 sur le musée Saint-Jean :
« Au cours des siècles, le vitrail de l'abbaye du Louroux a beaucoup souffert. La partie « supérieure a été rognée. Des morceaux brisés ont été remplacés au hasard par des débris « de verre peints appartenant à d'autres vitraux. Une tête d'époque plus récente a été « enchâssée dans le dais d'architecture, au dessus de la tête du roi. Un fragment d'inscription « a été placé en dessous de la Vierge.
« Ce vitrail est l'un des monuments les plus précieux de l'art angevin du XVe siècle. Il sort « probablement de l'atelier d'André Robin, peintre-verrier d'Angers à qui on doit la « magnifique rose du croisillon nord de la cathédrale et, en particulier, les délicieux « médaillons qui y figurent les douze mois de l'année. On trouve en effet dans ces petits « tableaux et dans notre vitrail des détails de facture qui décèlent la même époque et la « même main . »
L'accord pour la dépose et le remontage du vitrail ancien est signé en décembre 1950, et dans un courrier du 22 décembre 1950 de l'Architecte en chef des bâtiments de France Bernard Vitry, qui donne le feu vert des travaux, on apprend que la baie concernée était vitrée « par des verres blancs provenant de la cathédrale ».
LES VITRAUX DE L'ORATOIRE : JACQUES LE CHEVALLIER ?
L'oratoire privé de René d'Anjou, un local de 14 m² chauffé par sa cheminée et communiquant avec la chapelle par une porte en anse de panier et trois baies lancéolées (verre blanc) est éclairé vers l'extérieur par deux baies, dont les vitraux sont a priori de Jacques Le Chevallier.
Celle de gauche comporte deux baies lancéolées et un tympan à un quadrilobe, celle de droite une seule lancette ogivale. Les verrières sont des compositions colorées en verre antique, jaune et bleu pâle, aux motifs géométriques identiques faits de losanges et de croix.
Au milieu de cette baie de droite est suspendu une pièce ancienne (XVe ?) représentant la Trinité souffrante, c'est à dire Dieu le Père, en manteau rouge, assis dans une cathèdre et tenant le crucifix, dont le Christ a été restauré.
Oratoire de la chapelle. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Oratoire de la chapelle. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Description du vitrail du XVe siècle.
Ce vitrail représente René d'Anjou et Jeanne de Laval aux côtés de la Vierge. Il était jusqu'en 1951 dans la chapelle du Musée Saint-Jean dans la fenêtre du côté sud.
La baie 6 (détail). Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Henri Enguehard cite dans son ouvrage La chapelle du château d'Angers la description détaillée du chanoine Urseau:
« Ce très curieux vitrail du XVe siècle est sorti de l'abbaye du Loroux, sur le territoire de Vernantes en Anjou. Il fut transporté en 1812 à l'église de la paroisse ; puis il fut donné en 1901 au Musée d'Archéologie par M. le Comte de Maillé et remonté avec soin dans une des baies de l'ancien Hôpital Saint-Jean.
Trois lancettes le compose. Celle du milieu représente la Vierge, debout, appuyée sur une tige de lys, dont elle semble être la fleur mystérieuse ; sa main droite est ramenée sur la poitrine et sa main gauche légèrement tendue en avant. La lancette de droite montre le Roi René ; celle de gauche, Jeanne de Laval, sa seconde femme.
Le roi et la reine, à genoux, sont en prière tournés vers la mède des Miséricordes. Un dais d'architecture les abrite et leur blason est placé au-dessus [sic] d'eux ; à celui du roi est suspendu un croissant d'or, portant la devise de l'Ordre du Croissant : Los en croissant.
Le roi a la tête couverte d'un bonnet de feutre ou de grosse étoffe violette foncé. Sa tunique échancrée par le haut n'a pas de col et se boutonne sur la poitrine ; la partie inférieure dessine, au-dessous de la ceinture de longs fourreaux. Les manches sont évasés aux poignets. Les bottes se rabattent aux genoux en formant revers et sont munis d'éperons à molette. De gauche à droite, en sautoir, une courroie barre la poitrine du prince, soutenant un cor d'ivoire, cerclé d'or et de métal doré, un paquet de cordes et une trousse en bois, qui renferme deux couteaux dont on voit les manches. Sur l'épaule droite est appuyée la lance ou l'épieu. Sous le bras droit on distingue l'extrémité du croissant de l'ordre royal, avec les dernières lettres de la devise ...ANT, Los en croissant. Il est évident que le personnage a voulu être représenté en tenue de chasse. »
Jeanne de Laval agenouillée, les mains jointes, comme le roi, sur un prie-dieu recouvert d'une étoffe de brocard porte une robe violacée, cachée en partie sous un manteau de couleur brune. Une guimpe blanche lui entoure le cou. Une coiffe et un voile de la même couleur enveloppent la tête. À côté d'elle, un élégant lévrier, dont la silhouette se profile en blanc sur le costume un peu sombre de la reine, monte la garde au premier plan et veille à ce que personne ne vienne troubler la prière de sa pieuse maîtresse.
Au cours des siècles, le vitrail du Loroux a beaucoup souffert. La partie supérieure a été rognée ; des morceaux brisés ont été remplacés au hasard par des débris de verre peint appartenant à d'autres vitraux ; une tête d'époque plus récente a été enchâssée dans le dais d'architecture, au-dessus de la tête du roi ; un fragment d'inscription a été placé au dessous de la Vierge . »
Discussion.
Malgré la qualité de cette description, nous pouvons la compléter ou la discuter.
Datation : vers 1457.
Le vitrail peut être daté par la date du mariage de René d'Anjou avec Jeanne de Laval le 10 septembre 1454 : il est postérieur aux roses de la cathédrale, dont le chantier est terminé en 1454 (K. Boulanger). On sait que René d'Anjou s'occupa de l'abbaye de Loroux à partir de janvier 1452. L'étude des armoiries par Christian de Mérindol permet d'affirmer que le vitrail est antérieur à 1466 (date à laquelle l'écusson d'Aragon s'introduit en surcharge dans les armes de René) mais dans cette fourchette 1453-1466, il estime que d'après les portraits de ce vitrail il est plus proche de la première que de la seconde, et il opte pour la date de 1457: "Le roi René se rendit à l'abbaye en 1455 et il aimait alors séjourner au château de Launay, peu éloigné de l'abbaye , pour y chasser. De 1458 à 1461 il se trouvait en Provence." (Mérindol 1981)
.
Attribution.
Le vitrail est attribué généralement à l'angevin André Robin. Mais la posture de la Vierge m'a évoqué l'Annonciation de Jan Van Eyck, et j'ai pensé à une attribution possible à Barthélémy d'Eyck : j'ai eu le réconfort de lire que c'était aussi l'avis de François Avril qui a vu " dans les « pourtraistures de feu Berthelemy" que sa veuve Jeanne de La Forest offrait de remettre à René, justement des modèles ou cartons pour d'autres techniques que la peinture, comme la broderie, le vitrail, voire le sceau et les médailles. Selon lui, son dessin serait à l'origine du vitrail provenant de l'abbaye de Loroux et actuellement conservé dans la chapelle du château d'Angers." François Avril et Nicole Reynaud, "Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520" page 225. Barthélémy d'Eyck est l'enlumineur des Heures de René d'Anjou Egerton 1070, des Heures de René d'Anjou BnF lat.17332, du Livre des tournois BnF fr.2695, , du Mortifiement de vaine plaisance de René d'Anjou Metz BM ms 1486, du Livre du coeur d'amour épris de René d'Anjou (Vienne), etc.
Les deux hypothèses ne sont pas incompatibles : le peintre Barthélémy d'Eyck a pu réaliser le carton, et le maître-verrier André Robin le vitrail.
État actuel.
Le vitrail est très altéré, et la restauration n'a pu ôter la « patine » qui rend opaque une grande partie de la tenture d'apparat servant de fond, ou la robe de la reine, et beaucoup de détails nous échappent ou ont été modifiés.
Le jaune d'argent est largement utilisé en rehaut des verres blancs aux dessins et ombres de grisaille.
Les deux personnages royaux sont placés sous des pavillons frangés d'or et d'argent. Tous les deux sont placés dans une architecture gothique avec socle rectangulaire, piédroits sans personnages et gables aigus à crochets. Ces « niches » architecturées sont d'un usage établi, à Paris, Évreux, Rouen ou Quimper par exemple, au début du XVe siècle. Au pie des socles son,t représentées (en enlevé sur grisaille) des fleurettes évoquant les tapisseries mille-fleurs.
La niche abritant la Vierge montre le réseau de nervure d'une voûte à clef pendante, et un drap d'honneur rouge damassé de motif à fleurs (rinceau à deux types de fleurs, l'une large à huit pétales, l'autre petite à quatre pétales et quatre fins sépales).
René d'Anjou.
Les mains de René sont jointes au dessus d'un coussin qui porte peut-être un livre, coussin en drap damassé d'or et d'argent à motif végétal. La même étoffe se retrouve sur le coussin où le roi est agenouillé.
Le manche de l'épieu (ce n'est pas une lance, mais un épieu de chasseur) est doré, et muni d'un lacet noué (à hauteur de l'aisselle). Les chasseurs nobles, qui montaient à cheval, laissaient plutôt l'usage de l'épieu à leur veneur, ce qui rend ce détail insolite, mais ce n'est pas le seul.
Le vêtement boutonné est une veste de chasse.
Le croissant.
L'élément le plus remarquable est le croissant d'armes, cette pièce de harnois protégeant l'aisselle droite des chevaliers lors des tournois ou combats, et qui est fixée par un lacet bien visible. Il figure sur le livre des comptes dûs à son armurier Jacques Merveihes en 1514 par Jacques de la Place, écuyer argentier du duc de Valois ( "Pour ung harnoiz complet à double croysant") ou dans l'inventaire après décès de 1468 de Jean, bâtard d'Orléans («Idem une salade, ung harnois de jambes, ung croissant tenant à un méchant pourpoint, et deux paires de hauberjeon avecques une vieille espée d'armes.) ».
Cette pièce en croissant n'est pas sans rappeler le sac rempli de paille qui, placé dans un hourt (un cadre de baguettes lacées), protégeait la poitrine des chevaux lors des tournois (René d'Anjou, Livre des tournois folio 23v).
Mais ce croissant de rembourrage axillaire devint, pour les membres de l'Ordre du Croissant créé en 1448 par René d'Anjou (et dont la chapelle se trouvait dans le transept sud de la cathédrale d'Angers), un ornement de distinction, qui était "en or pour les chevaliers et en argent pour les écuyers" (Espitre pour... célébrer la feste du Thoisun d'or, par Ol. de la Marche).
Les statuts de l’ordre prévoient que chaque membre se fasse faire un « carreau » (coussin carré) de velours ou de satin cramoisi, de près de 50 cm de côté, pour y broder ses armoiries et marquer sa place à la cathédrale d’Angers.
Lors d'une réunion de l'Ordre sous la statue de saint Maurice son patron, les chevaliers portent un large chapeau noir, le manteau en velours de couleur rouge doublé de satin blanc sur une robe noire, et, sous l'aisselle droite, le croissant d’or cousu avec le mot Loz en Croissant gravé dessus.
Passio Mauritii et sotiorum ejus, XVe s, BnF Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-940 réserve, page 1.
Passio Mauritii et sotiorum ejus, XVe s, BnF Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-940 réserve, page 1, détail.
L'enluminure f.38v du Passio Mauritii est plus précise encore, montrant le croissant d'or faisant entièrement le tour de l'aisselle, avec ses lacets cousus sur le manteau rouge, et les lettres [CROI]SSANT. Il ressemble tant à celui du vitrail qu'on pourrait penser qu'il a servi de modèle.
On voit aussi que le croissant est poli dans sa partie supérieure, et hachuré de rangs de lignes curvilignes dans la partie inférieure. Or, ce détail se retrouve aussi sur le vitrail.
Passio Mauritii et sotiorum ejus, XVe s, BnF Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-940 réserve, f.38v.
Dans le même ouvrage, saint Maurice est également représenté portant cet insigne.
Passio Mauritii et sotiorum ejus, XVe s, BnF Bibliothèque de l'Arsenal. Ms-940 réserve, f.34v
"L’adoption de la devise et du mot de l’ordre confirment cette exaltation de l’idéal chevaleresque : une pièce du harnois, le croissant d’armes protégeant l’aisselle, et une sentence los en croissant allusive à la renommée, véritable investissement moteur de l’action chevaleresque et dont le prince est garant par la voix de ses hérauts d’armes. Promoteur de l’ordre, René d’Anjou se transpose, aux yeux de sa noblesse, en défenseur d’un idéal en péril." (Laurent Hablot)
Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
La trompe de chasse est suspendue par une courroie, selon un mode bien représenté dans le Livre de chasse de Gaston Phoebus.
Les bottes à trois rangs de sangles à boucles dorées prolongent des cuissardes. (Livre de la chasse f.77r)
Le détail de l'étui à couteau de chasse confirme que René d'Anjou est armé "jusqu'aux dents" pour sa passion de la chasse.
Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
On voit ce type d'étui, à la ceinture d'un sergent d'armes, au folio 6r de son Traité des tournois BnF fr 2693. Son voisin porte les cuissardes à revers et les chaussures à la poulaine aux éperons à molettes.
Le chanoine Urseau n'a pas remarqué le chien (plutôt un épagneul qu'un Saint-Hubert) qui attend son maître avec impatience.
Enfin le sol est un dallage bicolore à triangle blanc et noir.
J'hésite à interpréter les liens qui se déploient devant la trompe de chasse comme les lanières d'un fouet. Il pourrait s'agir d'un emblème, celui du toupin de cordier, tel qu'il apparait dans ses Heures Paris, BnF, ms. lat. 17332, fo 18 vo ou 31v, 1459-1460. "Le toupin des cordiers associé au mot EN UN " (L. Hablot). Cette devise du toupin, reprise au revers d'une médaille à l'effigie du roi et due à Pietro da Milano, pourrait se référer aux États de René, dispersés et néanmoins réunis en sa personne, comme sous l'action du toupin les brins séparés viennent former un cordage.
René d'Anjou en tenue de chasse avec son chien.Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Conclusion.
René d'Anjou n'adopte vraiment pas un costume adapté à une cérémonie religieuse de dévotion à la Vierge, mais semble plutôt équipé pour partir sur le champ se livrer à son passe-temps favori. On sait qu'il fit construire à Baugé un château en guise de relais de chasse, qui sera achevé en 1465, près des forêts
Dès lors, la levrette qui accompagne Jeanne de Laval peut également entrer dans ce contexte cynégétique.
Au total, nous avons ici un exemple unique d'un donateur (et même d'un couple de donateurs, bien que Jeanne de Laval soit moins facile à observer) d'une scène de dévotion, en tenue de chasse devant la Vierge. Alors que les donateurs nobles se font représenter partout ailleurs en chevalier, en armure et tabard à leurs armes, estimait-il que la chasse dépassait, dans son échelle des vertus, les capacités militaires ? Mais le croissant axillaire nous oblige à dépasser ce point de vue, car il n'a pas sa place dans un costume de chasse. Le croissant affirme l'appartenance à un ordre de chevalerie rassemblé sous l'égide de saint Maurice, l'officier romain donnant sa vie pour sa Foi. Nous n'avons pas ici un portrait, mais une effigie, la proclamation de valeurs, de systèmes de croyances et d'appartenances, faites d'emblèmes et de devises.
René d'Anjou a-t-il voulu se représenter dans le rôle le plus valeureux à ses yeux, le plus digne de louange pour son courage et sa vaillance face à Notre-Dame, en rassemblant un bouquet d'emblèmes ?
Pour souligner le caractère totalement atypique de cette présentation, il suffit de la comparer à celle de René sur le vitrail (v. 1454-1460) de la chapelle des Bernardins de l'église des Cordeliers d'Angers, chapelle qu'il a fondée en 1453 : ce vitrail est perdu mais son relevé par Gaignières est conservé. Il y figure précédé de Jean II et de Jeanne de Laval et suivit par Isabelle de Lorraine, Yolande d'Anjou et Marguerite d'Anjou. René et Jeanne sont les deux personnages alors vivants. René est en position d'orant, revêtu d'un manteau royal de pourpre doublé d'hermine dissimulant ses autres vêtements à l'exception d'une cotte verte qui dépasse des amples manches. René est coiffé d'une couronne royale . Le cadre architectural gothique, la tenture et l'étoffe des coussins sont proches de ceux de notre vitrail.
Paris : BNF (Département des Estampes et de la photographie)RESERVE OB-10-FOL (Folio : 13)
Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Jeanne de Laval.
Jeanne de Laval est née à Auray le 10 novembre 1433. Elle est la fille d'Isabelle de Bretagne et de Guy XIV de Laval. Son mariage avec le roi René fut célébré à Angers le 10 septembre 1454, elle avait alors 20 ans tandis que son époux avait 44 ans.
Elle porte un voile transparent couvrant tout le front et descendant assez bas dans le dos. Son jeune visage finement dessiné est proche de celui de la Vierge, qu'elle regarde d'un regard direct. Elle porte un manteau de couleur désormais indistincte, un surcot d'hermines, un collier tressé à pendentif, et deux bagues sur l'annulaire gauche.
Son coussin est de drap damassé d'or.
La levrette (ou pour C. de Mérindol un "limier") porte un collier à fleurettes et boucle de fixation.
Jeanne de Laval par André Robin, après 1454. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Jeanne de Laval. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Là encore, la comparaison est intéressante avec le vitrail de la chapelle des Cordeliers d'Angers. On retrouve le même surcot et le même collier à pendentif (un restaurateur du vitrail de Loroux ne s'est-il pas inspiré de celui des Cordeliers ?), mais Jeanne y porte la couronne ducale, et, bien-sûr, aucun chien ne l'accompagne dans cette présentation de dévotion et de prestige. (On notera aussi que les armoiries de René y comporte l'écusson d'Aragon brochant sur le tout, introduit en 1466).
La Vierge est également singulière, car on s'attendrait ici à une Vierge à l'Enfant, alors que la posture des mains est celle du Fiat de l'Annonciation. Marie est nimbée, ses cheveux blonds et longs tombent sur les épaules (mais sont retenus derrière la nuque par un voile doré), son manteau ou chape est bleu à galons brodés d'or et à revers pourpre, sur un surcot d'argent et d'or damassé du même motif que la tenture, et une chemise formant un V sur la gorge. Sous les mains, vers la ceinture, deux pièces de verre rouge correspondent aux pans du manteau, retenus par la ceinture.
Le visage, au front et aux sourcils épilés, au nez droit au dessus d'une bouche fine et boudeuse et d'un menton marqué, est tourné vers la droite et vers le bas, dans une attitude songeuse.
La Vierge. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
.
La Vierge. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Comparez avec la Vierge à l'Enfant (très restaurée) de la rose sud de la cathédrale d'Angers (André Robin 1452) :
Cathédrale d'Angers, rose sud. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
Comparez avec l'Annonciation de Jan Van Eyck :
Héraldique.
1. Armes de René d'Anjou.
Le complexe héraldique associe le blason sous la couronne ducale, et le croissant d'or de l'Ordre du Croissant avec la devise LOS EN CROISSANT.
Les armes sont une composition à partir des armes de la Hongrie fascé d'argent et de gueules, d'Anjou-Naples d'azur semé de lys d'or et au lambel de gueules, de Jérusalem d'argent à la croix potencée d'or, cantonnée de quatre croisettes du même, des Anjou-Valois d'azur semé de lys d'or et à la bordure de gueules, du duché de Bar d'azur semé de croisettes d'or et aux deux bar d'or (d'après Wikipédia), mais il manque les armes d'Aragon d'or aux quatre pals de gueules brochant sur le tout. Cela signifie que ce blason (et donc le vitrail) est antérieur à 1466, date de l'introduction des armes d'Aragon (Mérindol 1982) dans le blason de René d'Anjou.
Même si on doit d'abord admirer la maîtrise des verriers (l'artiste initial et les restaurateurs) pour réaliser sur des verres de petite taille des montages remarquables (avec pièces montées en chef-d'œuvre) ; mais on peut remarquer que les fleurs de lys d'or sur fond d'azur (bleu) sont stylisés sous la forme de losanges. Les armes de Jérusalem (restaurées) sont seulement tracées en grisaille sur un verre blanc rehaussé au jaune d'argent.
Armoiries de René d'Anjou. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.Armoiries de René d'Anjou. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
2. Armes de Jeanne de Laval.
Sous la couronne ducale se trouve le blason, qui est losangique puisque ce sont des armes féminines.
Les armes mi-parti associent celles de René d'Anjou à notre gauche [au 1 en chef, tiercé de Hongrie, Anjou ancien et Jérusalem, en pointe, parti d'Anjou moderne et Bar] et celles de Jeanne à notre droite [au 2, coupé de Bretagne et de Montmorency-Laval, soit coupé d'hermine plain et d'or à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'argent, cantonnée de seize alérions d'azur] qui sont les armes de ses parents, Isabelle de Bretagne et Guy XIV de Laval.
Christian de Mérindol signale que "Ces armoiries sont représentéesaussi sur la voûte lambrissée de la chapelle du manoir de la Ménitré exécutés vers 1460 . On trouve également à senestre écartelé, aux 1 et 4 de Montmorency-Laval, aux 2 et 3 de Bretagne, dans la marge inférieure du premier feuillet d'un manuscrit du Mortifiement de Vaine Plaisance rapproché à juste titre de la commande en 1457 au copiste Jehan Merlin d'un exemplaire pour Jeanne de Laval et sur un sceau utilisé en 1462. De 1466 à 1480 les armoiries de René sont modifiées par la présence de l'écusson d'Aragon en surcharge."
Là encore, on remarquera la prouesse technique de réalisation des verres anciens avec pièces en chef-d'œuvre (malgré des plombs de casse). Les parties restaurées par Jacques Le Chevallier sont sans-doute celles en haut à droite, soit les armes de Jérusalem et le semé d' hermines.
Armoiries de Jeanne de Laval. Baie 6, détail. Photo Jean-Yves Cordier juillet 2024.
SOURCES ET LIENS.
—HABLOT (Laurent) 2011, "L’emblématique du roi René : outil de pouvoir et de gouvernement", in René d'Anjou (1409-1480). Pouvoir et gouvernement sous la direction de Jean-Michel Matz. Presses universitaires de Rennes
https://books.openedition.org/pur/124779?lang=fr
—MÉRINDOL (Christian de), 1981, "Le roi René (1409-1480): décoration de ses chapelles et demeures", Musée national des monuments français (Paris, France), Éditions de la Réunion des musées nationaux, 56 pages
—MÉRINDOL (Christian de) 1982, « Recherches sur les armoiries de René d'Anjou et de Jeanne de Laval »Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France Année 1982 1980-1981 pp. 235-251
—MÉRINDOL (Christian de) 2000, L’ordre du Croissant. Mises au point et perspectives, Publications de l'École Française de Rome Année 2000 275 pp. 499-509
Neuville est une ancienne commune française du département du Calvados et la région Normandie, intégrée depuis 1953 à Vire.
L’église Notre-Dame de l'Assomption de Neuville est située dans le bourg de Neuville, au milieu du cimetière. Sa construction de l'église remonte au XVIIe siècle.
L’église, orientée, est bâtie selon un plan en croix latine et se termine par un chevet en mur pignon plat. Un transept à deux chapelles est inséré entre la nef et le choeur. Le clocher est une tour qui remplace la chapelle nord du transept. Un bâtiment annexe de plan carré jouxte le chevet (sacristie?).
La façade principale à l'ouest est un mur pignon plat épaulé de deux contreforts, et ajouré d’un portail en arc brisé. Ce dernier est surmonté d’un oculus. Le sommet du pignon est coiffé d’une petite croix de pierre.
La nef a trois travées, percées de trois baies en arc brisé sur chacun de ses murs gouttereaux.
Le choeur a trois travées ajourées de trois baies rectangulaires sur chaque mur gouttereau.
La chapelle sud du transept est en pignon plat et encadrée de deux contreforts. Elles est percée d’une baie en arc brisé et le sommet de son pignon coiffé d’une croix en pierre.
La tour clocher s’élève sur trois niveaux. Il est épaulé d’un contrefort sur sa face ouest. Son troisième niveau d’élévation est percé sur chaque face de deux très fines baies à abat-sons.
La toiture de l’ensemble de l’édifice est en bâtière, tout comme le clocher.
Photo lavieb-aile.
Photo lavieb-aile.
Situation des verrières. (Numérotation Corpus vitrearum).
Eglise de Neuville . Photo lavieb-aile 2024.Eglise de Neuville. Photo lavieb-aile 2024.Photo lavieb-aile.Photo lavieb-aile.
Description des verrières.
Aucun des vitraux ne porte de signature ou de chronogramme. Les verrières comportent toutes un blason ou un motif apparenté central, monté au plomb sur fond de vitrerie blanche quadrillée de lignes de plombs et sont entourées d'une bordure à carrés de motifs géométriques ou ornementaux de grisaille sur couleur, et d'une fine bordure de verres blancs. À l'exception des baies 7 et 9, les verrières ont neuf panneaux. Celles du chœur sont rectangulaires (bord supérieur faiblement cintrées), celles du transept et de la nef sont ogivales.
Baie
situation
Forme lancette
Dimensions
en mètres
description
1
Choeur côté nord
rectangulaire
1,30 x 2,40
Armes épiscopales André Jacquemin év. De Bayeux et Lisieux.
2
Choeur côté sud
rectangulaire
1,30 x 2,40
Armes papales Jean XXIII
3
Choeur côté nord
rectangulaire
1,30 x 2,40
Emblèmes royaux France
4
Choeur côté sud
rectangulaire
1,30 x 2,40
Armoiries et devise du duché de Normandie
5
Choeur côté nord
rectangulaire
1,30 x 2,40
Armoiries sgr d'Amphrenet
6
Choeur côté sud
rectangulaire
1,30 x 2,40
Armoiries et devise de la ville de Vire.
7
Chapelle côté nord
ogivale
0,58 x 1,40
Vitrerie blanche à bordure.
8
Choeur côté sud
ogivale
1,52 x 2,60
Blason au monogramme de la Vierge.
9
Choeur côté nord
ogivale
0,62 x 1,48
Vitrerie blanche à bordure.
10
Nef côté sud
ogivale
1,33 x 2,60
Armoiries fictives de saint Thomas Becket archevêque de Cantorbery
11
Nef côté nord
ogivale
1,33 x 2,60
Bannière confrérie Ste Geneviève.
12
Nef côté sud
ogivale
1,33 x 2,60
Armes de François Le Chartier curé de Neuville 1682.
13
Nef côté nord
ogivale
1,33 x 2,60
Chapelle St-Nicolas , « la maladrerie »
14
Nef côté sud
ogivale
1,33 x 2,60
Blason du Bienheureux Robert Le Bis.
15
Nef côté nord
ogivale
1,33 x 2,60
Plan région de Neuville
102
Au dessus porte pignon ouest
oculus
Non prises
Armoiries abbaye de la Couture
Mode de protection extérieure : néant (pas de grillage).
Description baie par baie.
Baie 1. Chœur côté nord, baie rectangulaire à bord supérieur faiblement cintré. Largeur 1,30 m, hauteur 2,40 m. Panneau central B2 : armoiries épiscopales de Mgr André Jacquemin, évêque deBayeux et Lisieux de 1954 à 1969 : de gueules au sautoir d'or au chef d'azur à une étoile d'argent et deux ? d'or. Croix de procession archiépiscopale d'or. Sommé d'un chapeau de cardinal de sinople, cordons à trois rangs de houppes.
Baie 2. Chœur côté sud, baie rectangulaire à bord supérieur faiblement cintré. Largeur 1,30 m, hauteur 2,40 m. Panneau central B2 : armoiries du pape Jean XXIII (1958-1963), sommées d'une tiare d'or et où les clefs de Saint Pierre l'une d'or et l'autre d'argent, sont posées en sautoir, sous la tiare, derrière l'écu, et liées ensemble par un cordon. Armoiries de gueules à deux fasces d'argent, à la tour crénelée aussi d'argent, ouverte, maçonnée de sable, brochant sur les deux fasces, accompagnée de deux fleurs de lys d'argent , au chef d'argent au léopard ailé d'argent (*) auréolé du même, tenant un évangile ouvert de même portant le texte "PAX TIBI MARCE EVANGELISTA MEUS" en lettres de sable.
(*) le léopard est d'or sur les armes officielles. Les fleurs de lys sont gravées sur le verre rouge.
Baie 3. Chœur côté nord, baie rectangulaire à bord supérieur faiblement cintré.. Largeur 1,30 m, hauteur 2,40 m. Panneau central B2 : armes de France d'azur à trois lys d'or sous la couronne royale devant un drap d'honneur d'azur au revers d'hermines. Devise MONTJOYE-ST-DENIS dans un phylactère bleu.
Baie 4. Chœur côté sud, baie rectangulaire à bord supérieur faiblement cintré.. Largeur 1,30 m, hauteur 2,40 m. Panneau central B2 : armoiries du duché de Normandie, de gueules à deux léopards d'or, sommé d'une couronne ducale d'or, avec dans un listel l'inscription DIEV AYDE, devise de la Normandie et cri de guerre de Guillaume le Conquérant DEX AÏE tirée de la scène 72 de la Tapisserie de Bayeux .
Baie 5. Chœur côté nord, baie rectangulaire à bord supérieur faiblement cintré. Largeur 1,30 m, hauteur 2,40 m. Panneau central B2 : armoiries des seigneurs d'Amphernet de sable à l'aigle bicéphale éployée d'argent, becquée et membrée d'or, timbré d'un casque d'or, de face, grillagé, et accompagné de lambrequins d'azur. Inscription dans un phylactère : SEIGNEURS D'AMPHENET (pour AMPHERNET alias Enfernet).
Famille originaire de Normandie et de Bretagne dont la branche ainée fut seigneur de Tracy dont le château était situé près de Neuville. « Race chevaleresque connue au temps de la conquête de l'Angleterre. Jordain, chevalier croisé en 1191. Guillaume, vicomte de Vire, 1254. Richard, chevalier, seigneur d'Enfernet, de Tracy, etc., chambellan du roi Charles V, lui rend hommage en 1371. Guillaume d'Amphernet, seigneur de Tracy, obtient du roi Charles VI, en juillet 1385, de faire fortifier, remparer ce fief en y faisant creuser des fossés, Tracy, est un des principaux officiers de Duguesclin, lorsque le connétable battit les Anglais à Pontvilliers ». Etc..
Baie 5. Photo lavieb-aile 2024.
Baie 5 panneau B2. Photo lavieb-aile 2024.
Baie 6. Chœur côté sud, baie rectangulaire à bord supérieur faiblement cintré. Largeur 1,30 m, hauteur 2,40 m.Panneau central B2 : armoiries de la ville de Vire, de gueules à la flèche d'argent, versée en pal, accostée de deux tours du même, ouvertes, ajourées, maçonnées et crénelées, de sable. L'écu est sommée de la couronne mariale. Dans un phylactère, inscription MARIE PROTÈGE LA VILLE.
Baie 7. Chapelle ou bras nord du transept, mur est. Baie ogivale. Largeur 0,58 m, hauteur 1,40 m. Verrerie blanche à bordure de couleur.
Baie 7. Photo lavieb-aile 2024.
Baie 8 . Chapelle ou bras sud du transept, mur sud. Baie ogivale. Largeur 1,52 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 : blason en l'honneur de la Vierge, d'or. En chef, une couronne à trois fleurs de lys du champ. En abîme, le monogramme des lettres A.M entrelacées, aussi du champ. En pointe, une étoile de gueules. Sous l'écu, phylactère RESPICE STELLAM VOCA MARIAM « regarde l'étoile, invoque Marie » (citation de saint Bernard).Au dessus de l'écu, trois roses , blanche, rouge et or. Entre les roses et l'écu, la date 1857.
Chapelle occupant le bras sud du transept. Photo lavieb-aile 2024.Baie 8, photo lavieb-aile 2024.
Baie 8, photo lavieb-aile 2024.
Baie 9. Chapelle ou bras nord du transept, mur nord. Baie ogivale. Largeur 0,62 m, hauteur 1,48 m. Verrerie blanche à bordure de couleur.
Chapelle occupant le bras nord du transept. Photo lavieb-aile.
Baie 9, photo lavieb-aile.
Baie 10. Nef côté sud. Baie ogivale. Largeur 1,33 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 : armoiries fictives de saint Thomas Becket , de gueules à l'épée versée d'argent, accompagnée des lettres S et T. Croix de procession archiépiscopale à deux traverses, d'or, sommées d'un chapeau de cardinal de sinople, au cordons à quatre rangs de houppes. Dessous, dans un listel, inscription ST. THOMAS DE CANTORBERY. L'épée et les lettres S et T sont gravées sur verre rouge.
Saint Thomas Becket était le patron de l'église Saint-Thomas de Vire (qui fut dédiée ensuite à saint Thomas l'apôtre).
Baie 11. Nef côté nord. Baie ogivale. Largeur 1,33 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 : blason en forme de bannière de la confrérie Sainte Geneviève (inscription) portant le mouton blanc, attribut de la sainte. Initiales S G (Sainte Geneviève?). La confrérie fut fondée à Neuville en 1761 , mais dès 1726 et jusqu'en 1789, la chapelle Sainte-Geneviève était l'objet d'un pèlerinage ; tous les ans la paroisse Notre-Dame de Vire s'y rendait en procession (Guy Foucault). On trouve dans le transept sud une statue en bois de sainte Geneviève de Paris, devant son retable, et sculptée par le Virois Jean-Baptiste Duhamel.
"L'église a pour patronne la Sainte-Vierge, et fête son Assomption. Il y a une confrérie érigée en l'honneur de sainte Geneviève, qui est regardée comme seconde patronne. On en fait la fête le dimanche d'après le 3 de janvier, et, ce jour-là, l'église est pleine de pèlerins et de malades qui viennent implorer son intercession." (Michel Béziers)
Baie 12. Nef côté sud. Baie ogivale. Largeur 1,33 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 : blason ecclésiastique de François Le Chartier, docteur en Sorbonne, qui fut curé de Neuville et doyen de Vire et fonda en 1682 le collège de Vire. Son écu est barré de gueules et d'or, sommé d'un calice sur lequel est posé une hostie blanche, le tout entouré d'une étole jaune et verte. Dans un phylactère, l'inscription FRANÇOIS LE CHARTIER 1682. Le prêtre est inhumé dans le cimetière de Neuville, et sa famille a laissé des dalles funéraires dans la nef de l'église.
La famille Le Chartier, de Bayeux, est illustre : Guillaume Chartier fut évêque de Paris en 1447-1472, Alain Chartier fut un écrivain important du début du XVe siècle, secrétaire des rois Charles VI et VII, Jean Chartier fut historiographe de Charles VII.
L'église de Neuville conserve les pierres tombales de Suzanne LAIR veuve de Jean-Baptiste Le Chartier, seigneur de l'Homme, décédée le 30 septembre 1694 (la plaque est ornée d'un blason à trois étoiles), et de Jean-Baptiste Le CHARTIER, prêtre et curé de Neuville décédé le 20 juillet 1707.
Plaque tombale de Suzanne Lair veuve de Jean-Baptiste Le Chartier
Plaque funéraire de Jean-Baptiste Chartier curé de Neuville .
François Le Chartier est enterré selon M. Béziers dans le cimetière où l'on voit son tombeau qui porte cette inscription:
"Tombeau de maître François Le Chartier, prêtre, docteur de Sorbonne, curé de Neuville, doyen de Vire et fondateur du collège de Vire, de trois petites écoles, de quatre lampes ardentes, et bienfaiteur des pauvres à Neuville, Campagnoles, Coulonces et Le Tourneur, décédé le 19 mai 1683."
Baie 12, photo lavieb-aile 2024.
Baie 12 panneau B2, photo lavieb-aile 2024.
Baie 13. Nef côté nord. Baie ogivale. Largeur 1,33 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 : blason de la chapelle Saint-Nicolas (inscription) composé sous un portique rouge et de l'inscription MALADRERIE d'une chapelle stylisée d'or sur fond bleu avec la date 1226, et en dessous d'une torche à flamme rouge et d'une herse .
Cette chapelle et sa maladrerie sont décrites ainsi par Michel Béziers :
"Il y a dans Neuville une ancienne chapelle de Saint-Nicolas, que les vieux titres qualifient de prieuré ou de Maladrerie. Jean des Chevaux, qui prend les titres de miles et dominus de ecclesia parochialiB. M. de Neuville et deLeprosaria juxta Viriam, nomma en 1464 à cette chapelle (Registre du secrét, de l'évêché). M. Petite, dans un écrit de sa main, marque que de son temps le prieuré de Saint-Nicolas, sis à Neuville, pouvait avoir 400 livres de revenu; qu'une partie servait à payer les professeurs du collège de Vire, et que la nomination était alternative entre les échevins de Vire et le seigneur de Vire, et la colllation à Mgr l'évêque de Bayeux; mais qu'un nommé Gueuzet s'en fit pourvoir en vertu des provisions de M. le cardinal Antoine, grand aumônier de France, comme d'une maladrerie; qu'il en prit possession, et obtint arrêt du conseil pour jouir de la moitié du revenu comme administrateur. Il est dit ailleurs que cette chapelle fut donnée en 1666, aux chevaliers de Saint-Lazare, ensuite réunie en 1693, à l'Hôtel-Dieu de Vire, et depuis cédée à l'Hôpital-Général de cette ville, qui en possède le revenu. Cette chapelle, interdite par Mgr de Luynes, évêque de Bayeux, ne sert plus qu'à des usages profanes."
Baie 14. Nef côté sud. Baie ogivale. Largeur 1,33 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 présentant le blason du bienheureux Robert le Bis, sous forme d'un écu entouré de palmes vertes, de gueules chargé des lettres d'or du du monogramme christique IHS (verre rouge gravé ?) surmonté au chef d'azur chargé du nom ROBERTUS en lettres d'argent (verre bleu gravé ?). L'écu est sommé d'une croix potencée d'or, dans une gloire de même.
Robert Le Bis, né à Saint-Amand le 21 décembre 1719 et mort à Paris le 2 septembre 1792, fut ordonné prêtre en septembre 1744 et devint vicaire de Neuville près Vire jusqu'en 1751. Chapelain des Augustines hospitalières de Coutances de février 1752 à novembre 1755, il devient chapelain des Augustines hospitalières de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine).
Il fait l'objet de poursuite pour son attitude anti-janséniste. Banni le 6 février 1767, il est amnistié en 1771 et devient curé de Saint-Denis de Briis-sous-Forges (Essonne) le 3 juillet 1772.
Il est élu président de l'Assemblée de la commune en février 1790 mais refuse de prêter le serment constitutionnel le 23 janvier 1791. Il est obligé de quitter sa paroisse le 22 avril 1791 et vient s'installer chez les dames de Visitation de Chaillot.
En août 1792, il s'installe à la maison des Tourettes des Eudistes à Paris où il est arrêté le 29 août. Il est massacré aux Carmes le 2 septembre en compagnie de nombre de religieux. Une plaque en marbre blanc rappelle, dans l'église, cet événement (photo)
Il est béatifié le 17 octobre 1926 par le pape Pie XI. (article Wikipédia)
Plaque apposée dans l'église à la mémoire de Robert Le Bis. Photo lavieb-aile 2024.
Baie 15. Nef côté nord. Baie ogivale. Largeur 1,33 m, hauteur 2,60 m. Panneau central B2 : plan schématique de Neuville, (nom porté sur un cartouche). On repère le symbole de l'église, au dessus de Vire, en rouge, ainsi que les toponymes Vaudry, La Cour, Tracy, La Galonnière, Coulonce et La Graverie.
Cette baie, qui accueille le visiteur entrant dans l'église, propose une présentation générale de Neuville, correspondant aux lignes suivantes des Mémoires de Michel Béziers :
"Neuville (Notre-Dame-de). Banlieue et élection de Vire, 150 feux, 600 habitants, notariat de Vire. Cette paroisse, attenante au faubourg de la ville de Vire, est située sur la rive orientale de la rivière de Vire, qui partage en cet endroit le diocèse de Bayeux de celui de Coutances. Elle est encore arrosée de l'Allière, qui la traverse de l'Orient à l'Occident. Tout proche cette rivière est un côteau nommé le Pont-Ferron, d'où l'on tire d'excellente ardoise et de grands plâtrons propres à paver les églises, les cloîtres, et même les cuisines des particuliers. Le grand chemin de Vire à Saint-Lô, Caen et Paris, passe sur le territoire de Neuville.
Les principaux villages ou hameaux sont : Le Gast, La Milouzière, La Sorière-du-Moulin, La Sorière-duPerrey, La Grande et Petite-Herbélière, La Blanquaire, La Lande, La Papillionnère, Le Pont-Ferron, Lerrevie, Buain, Maupas, La Mercerie et Le Bois. Il y a deux châteaux le château de Neuville, remarquable par son fameux portail, son pont-levis, et ses deux grosses tours, et le château de Tracy; trois maisons distinguées : La Galonnière, La Butte et La Bastière; le bois-taillis de Neuville et le petit bois de haute-futaie nommé La Galonnière."
"Neuville a une foire tous les ans qui se tient dans le plant du château de ce nom le lendemain de la Saint-Nicolas. Il relève de la haute justice du Bény.
Il y a 3 fiefs: Neuville, qui est le principal et le dominant, relève du roi, et a les droits honorifiques; le fief de Tracy, c'est une châtellenie assez considérable d'où relèvent les fiefs de Saint-Vigor, le fief de Sainte-Marie-des-Monts, le fief d'Espagne en la paroisse de Saint-Vigor-des Monts, et le fief Rouxel en la paroisse de Sainte-Cécile. Le troisième fief est celui de La Galonnière qui relève du roi. Ces trois fiefs appartiennent aux héritiers de Mire le marquis de Renty, décédé sans enfants le 25 août 1756. La seigneurie de Neuville a été possédée anciennement par la famille de Néel, dont plusieurs se sont distingués dans les armes. Le dernier qui la posséda fut Robert Néel, écuyer, seigneur de Neuville, décédé en 1654. Après sa mort, les terres et seigneuries de Neuville, furent décrétées, et Mire Jean-Jacques de Renty, chevalier, seigneur et marquis de Renty, s'en rendit adjudicataire par décret, l'an 1671."
Guy Foucault ajoute :
"La commune de Neuville fut connue sous le nom de Nova Villa dans une charte de l'abbaye de Goufern en 1066. Elle fut baptisée Neuvilla en 1202 dans une charte de l'abbaye d'Aunay, pour devenir Neufville en 1679 dans un aveu de la vicomté de Vire. L'appellation Neuville date du XVIIIe siècle si on se rapporte au manuscrit de Lecoq.
De l'église de Neuville, dédiée à Notre-Dame, on retiendra que son côté nord présente les pierres disposées en arête de poisson, que les archivoltes qui ornent son porche représentent de nombreuses moulures, que la tour de la chapelle porte la date de 1620."
Baie 102. Oculus au dessus de la porte d'entrée élévation ouest. Dimensions non prises. Panneau central B2 : Armes de l'abbaye Saint-Pierre de Couture (Le Mans) parti en 1 de France et en 2 d'Angleterre timbré de la mitre et traversé par la crosse tournée à senestre, avec deux clefs en sautoir par référence à saint Pierre.
On lit dans les Mémoires de Michel Béziers , "La présentation de la cure appartient à l'abbé de La Couture du Mans. Le curé est seul décimateur."
Baie 102, photo lavieb-aile 2024.
Baie 15, panneau B2, photo lavieb-aile 2024.
CONCLUSION.
Je manque de données d'archives qui permettraient de préciser qui est le commanditaire de ce cycle très homogène de vitraux : probablement le curé de Neuville, assisté peut-être par un érudit local, historien de Vire. Mais je n'ai pu retrouver le nom du curé de Neuville en 1962. La source scripturaire probable est trouvée dans les Mémoires pour servir à l'état historique et géographique du diocèse de Bayeux Société de l'histoire de Normandie (Rouen, France) de Michel Béziers publiées par G. Le Hardy , ed. Rouen A. Lestringant, volume 2 (archidiaconé de Bayeux), 1894, pages 355-358. Complété par les monuments funéraires et commémoratifs conservés dans l'église.
Dans l'église est affiché un document de Guy FOUCAULT en deux pages sans date mais avec illustrations couleurs, donc assez récent
.
Cet ensemble de vitraux centré sur des blasons d'allure héraldiques (mais souvent fantaisiste) est sans doute unique dans la production de Jacques Le Chevallier. Il faudrait pouvoir préciser quelles techniques ont été utilisées particulièrement ici , notamment pour les verres bleus et rouges où s'inscrivent des lettres et motifs, faisant appel jadis à la gravure (à la molette ou à l'acide) de verres doublés.
Mon propos n'est pas de rédiger une notice nobiliaire, et la famille noble de Rosmorduc, dont Logonna est le fief héréditaire qui dès le XIIIe siècle englobait le territoire de la commune actuelle avec d'importantes emprises dans les paroisses voisines, est bien connue. Je m'intéresse plus à décrire, et à faire admirer et comprendre, les objets du patrimoine monumental que les familles de la noblesse. Toutes les données sont déjà connues, je me soucie surtout d'en publier les images commentées.
Rappel :
1.Les terres de Rosmorduc appartiennent à la famille éponyme depuis le 13e siècle (Salomon de Rosmorduc, cité en 1265), le manoir primitif ayant été un édifice fortifié. Un nouvel édifice est construit au milieu du 16e siècle puis transformé au début du 17e siècle après l'alliance avec la famille des Le Gentil. Délaissé au 18e siècle, le manoir est saisi comme bien national à la Révolution, puis transformé en ferme. Il a été racheté par la famille de Rosmorduc.
2. Au XVe siècle la maison noble de Rosmorduc appartenait en 1405 à Guyon. Réformation de 1426 :Olivier Rosmorduc. . Réformation de 1536 : Michel Rosmorduc.
3. Guillaume de Rosmorduc, seigneur du dit lieu, a restauré en 1495 le pignon nord de l'église ou chapelle du Rosaire et y établit l'enfeu familial.
4. L'église de Logonna était un prieuré de l'abbaye de Daoulas. Le chanoine prieur en 1538 était Guillaume de Rosmorduc (succédant à Charles Jégou) jusqu'en 1548, date à laquelle Olivier Le Jeune lui succède.
5. La famille LE GENTIL, seigneurs de Coëtninon et de Pencran, portant d'azur à un serpent volant d'or s'est alliée à la famille de ROSMORDUC par le mariage, en 1608, d' Alain LE GENTIL, écuyer, avec Anne de Rosmorduc portant d'argent aux trois roses de gueules.
Les Rosmorduc, puis les Le Gentil de Rosmorduc, ont fait figurer les armoiries dans l'église, sur l'ossuaire, et sur la chapelle Sainte-Marguerite (vitraux) et la chapelle Saint-Jean.
Ma précédente description des vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas m'a fait découvrir les armoiries des deux familles des Le Gentil et des Rosmorduc, et du couple Jacques Le Gentil de Rosmorduc et de Mauricette de Ploeuc. Je poursuis mon inventaire à l'église et sur l'ossuaire.
.
I. L'ÉGLISE.
Ma visite de l'église Saint-Monna de Logonna me permet de constater que les armes de ces familles sont sculptées à trois reprises dans l'église (sans compter les vitraux généalogiques modernes) :
Enfeu de Rosmorduc dans le bras nord du transept (vers 1495?).
Armes de Rosmorduc en hauteur, à l'angle nord du bras du transept.
Armes de Le Gentil et Rosmorduc sur un banc seigneurial daté de 1608.
L’ensemble de l’église date du 17e et du début du 18e siècle. Un pilier porte la date de 1623. La façade occidentale et sa tour-clocher ont été érigés au 17e siècle en deux campagnes de constructions : la partie basse porte la date de 1618 ; la tour-clocher porte la date de 1667. Des parties antérieures au 17e siècle il ne reste rien, la nef, les bas-côtés, le double transept et le chevet ayant été reconstruits au début du 18e siècle, comme l’indique les nombreuses inscriptions marquées sur les façades. Ces éléments héraldiques ont donc valeur de témoignage.
.
.
Selon Henri Pérennès :
"Les prééminences et droits honorifiques dans l'église de Logonna appartenaient de temps immémorial ab omni aevo et tempore immemorabili, à la maison de Rosmorduc, ainsi que l’atteste un décret de l'Official de Quimper, en date du 11 Juillet 1495. Reconnus par un acte prônal du 2 Mars 1597 et par un procès-verbal du sénéchal de Quimper, du 29 Mars 1668, ces prééminences furent encore confirmées par une sentence du Présidial de Quimper, rendue, le 8 Février 1685, contre le duc de Richelieu, qui, en qualité de seigneur du Faou, avait cru pouvoir disputer au seigneur de Rosmorduc la première place dans le choeur. " La cause et l’origine des prééminences dont est question, est-il dit dans une des pièces de la procédure, vient de la munificence et des libéralités que les prédécesseurs dud. seigneur de Rosmorduc ont faites jadis à lad. esglise parroissialle de Logonna. Ils ont autrefois contribués non seulement à la structure et édiffice, restauration et réparation de lad. esglise, mais encore à la fourniture des ornements nécessaires pour le service divin et à la manutention et entretennement de lad. église, en plusieurs autres mannières. Ce qui est auhenticquement prouvé et explicqué, en termes fort élégans, par les lettres en datte du 11 Juillet 1495, contenant un décret de l'Official et Grand Vicquaire du seigneur Evesque de Quimper ».
Ces prééminences consistaient, pour les seigneurs de Rosmorduc, à avoir leurs armoiries dans les vitres de l’église et au sommet du premier pilier de la chapelle du Rosaire. Ils possédaient également une voûte et tombe « enlevée », avec leurs armes, dans le choeur, du côté de l'Evangile, ainsi que cinq tombes plates, également de ce côté, sur lesquelles était placé leur banc clos à queue et accoudoir. Enfin ils avaient encore une voûte et tombe armoriées dans le sanctuaire de la chapelle du Rosaire, et un caveau sous l’église, derrière le maître-autel. Le choeur, ou chanceau, se trouvait autrefois en avant du maître-autel, et était séparé de la nef par une traverse de bois, reposant au haut de deux piliers et portant en son milieu un grand crucifix. Il était réservé au clergé et au seigneur de Rosmorduc, qui y avait son banc."
.
.
I. L'enfeu aux armes de Rosmorduc (trois roses) et de la famille Le Gentil de Rosmorduc . Extrémité orientale de l'élévation nord.
.
Rappel : un enfeu est une niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un tombeau ou la représentation d'une scène funéraire (gisant par exemple). Mais en Basse-Bretagne, c'est un monument des bas-côtés, souvent armorié au sommet et au départ de l'accolade, et parfois sur la dalle, mais sans fonction funéraire, les corps des seigneurs étant ensevelis dans le sol de la chapelle ou de l'église, le plus près du chœur et notamment "du côté de l'évangile", au nord du chœur.
Selon Henri Pérennès, "Le pignon nord de l'église, c'est-à-dire la chapelle du Rosaire, où l'on voit un bel enfeu du Moyen Age, aux armes de la maison de Rosmorduc, a été restauré une première fois, en 1495, par Guillaume de Rosmorduc, seigneur du dit lieu. Plus tard, en 1597, cette chapelle fut agrandie par Michel de Rosmorduc, arrière-petit-fils de Guillaume, dont on voit les armes au sommet du premier pilier. "
C'est donc tout le bras nord du transept qui servait de chapelle seigneuriale aux Rosmorduc.
Cet enfeu en pierre de kersanton du bras nord du transept associe trois représentations armoriées :
1. Les armes de Rosmorduc au sommet de l'arcade.
2. Les armes de Rosmorduc au centre d'une croix bourgeonnée, sur la dalle horizontale (cachée par les bancs sur ce cliché)
3. Les armes sous la couronne de comte, dans des palmes nouées, de l'alliance Le Gentil (serpent volant) et Rosmorduc (trois roses)
.
.
Je pense que l'enfeu initial, créé par un seigneur de Rosmorduc (Guillaume, en 1495, par exemple, ou Michel vers 1597), a été complété dans un second temps par le riche blason couronné des Le Gentil de Rosmorduc, forcément après 1608 (mariage d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc), mais même un peu plus tard à la fin du XVIIe siècle s'il faut justifier la couronne comtale, voire même plus tard encore.
.
.
.
1°) Le blason de Rosmorduc (Bas-relief, kersanton).
À la jonction des deux arcs moulurés de l'accolade, les trois roses (8 et 6 pétales autour d'un bouton) témoignent des prééminences des Rosmorduc avant leur alliance avec les Le Gentil. Si ces armes étaient peintes, nous blasonnerions ici d'argent à trois roses de gueules boutonnées d'or, les fleurs rouges sur fond blanc ayant un bouton peint en jaune.
.
Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
.
.
2°) Les armes de Rosmorduc (bas-relief, kersanton) au centre de la croix bourgeonnée.
Sur la dalle
Les armoiries de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
.
.
3°) Le blason de Le Gentil de Rosmorduc (bas-relief, kersanton, après 1602) installé sur la façade de l'enfeu.
Cet écartelé associe en 1 et 4 le serpent volant (Le Gentil) et en 2 et 3 les trois roses de Rosmorduc . Les armes de Le Gentil sont d'azur au serpent (alias dragon) volant d'or.
Il est entouré de deux palmes nouées, comme à la chapelle Sainte-Marguerite et sur l'ossuaire.
.
Les armoiries de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
.
.
II. En haut à l'angle sud-est du bras nord du transept (ou chapelle des Rosmorduc), les armes des Rosmorduc.
.
Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
Les armoiries de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
.
.
III. Contre le mur ouest du bras nord du transept (ou chapelle des Rosmorduc), le banc seigneurial des Le Gentil de Rosmorduc (1608).
.
On remarquera que la date inscrite sur le nbanc est aussi celle du mariage d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc.
.
Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas; Photographie lavieb-aile.
Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
Le banc (1608) de Le Gentil de Rosmorduc, église de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'OSSUAIRE (après 1608) ADJACENT À L'ÉGLISE, ANGLE SUD-EST DU PLACÎTRE ET DE SON CIMETIÈRE.
.
Cet ossuaire de plan rectangulaire a trois fenêtres du coté nord, deux fenêtres et une porte cintrée au sud. Il mesure 7 m. 50 de longueur, 4 m. 50 de largeur, avec une hauteur moyenne de 6 mètres.
.
Il différe radicalement des ossuaires des enclos de Basse-Bretagne (La Roche-Maurice, La Martyre, Ploudiry, Pencran, Hanvec 1653, Landivisiau, Saint-Pol-de-Léon, Pleyben, Sizun, Saint-Yvi, Saint-Thégonnec, Guimilaiu, Lampaul-Guimiliau Plougonven, etc, et d'alleurs Jean-Marie Abgrall, si exhaustif, ne le cite pas dans sa monographie :
Rappel sur les ossuaires bretons d'après le chanoine Abgrall :
Les ossuaires bretons sont tantôt appuyés à l'église, tantôt isolés.
Les reliquaires d'attache sont parfois enclavés dans l'église, généralement à l'angle sud-ouest. Ils occupent assez souvent l'un des angles rentrants du porche. Ils sont parfois situés entre deux contreforts ou à la base du clocher.
Les ossuaires formant un monument isolé de l'église sont généralement situés contre le mur de clôture du cimetière, souvent au sud-ouest. Ceux de Saint-Thégonnec, Lampaul-Guimiliau, Sizun, Saint-Germain de Plogastel, sont soudés à l'arc de triomphe.
Ces ossuaires affectent généralement une forme rectangulaire ; ceux de Lampaul-Guimiliau et de Saint-Thégonnec sont terminés par une abside à pans du type de celles conçues par Philippe Beaumanoir. L'ossuaire de Kermoroch (Côtes-d'Armor) est octogonal, c'est le seul de cette forme.
Dans quelques-uns de ces ossuaires une partie était réservée aux ossements, l'autre, éclairée par une grande fenêtre percée dans l'un des pignons, servait de chapelle pour les cérémonies funèbres.
Les ossuaires de l'un et l'autre type comportent généralement un ou deux bénitiers, rarement plus , cependant quelques-uns en sont dépourvus. Ces bénitiers servaient à asperger d'eau bénite les ossements pieusement recueillis ou le cercueil qui y était exposé.
L'ossuaire de l'église de Logonna-Daoulas diffère notamment de ces ossuaires par deux aspects : d'une part l'abondance des armoiries, qui le désignerait plutôt comme une chapelle funéraire seigneuriale, et d'autre part par l'absence des éléments caractéristiques des ossuaires : bénitiers (nécessaires au geste d'aspersion des ossements), larges baies non vitrées d'exposition de ces ossements, crossettes emblématiques, inscriptions à type de Memento mori, et ornements sculptés macabres (crânes et fémurs entrecroisés) ou bien présence de l'Ankou armé de sa flèche.
J'ignore s'il existe des données d'archives attestant de l'usage de cet édifice comme ossuaire paroissial. Je reprends la dénomination consacrée par l'usage.
L'intérêt de ce monument est principalement héraldique, car il est orné dix fois des armes en bas-relief d'Anne de Rosmorduc et d'Alain Le Gentil, et de leurs familles maternelles. L'"ossuaire" peut donc être daté malgré l'absence de chronogrammes, de l'année 1608, ou être postérieure de cette date de quelques années.
Inventaire :
Sur la façade orientale (nord-est exactement) : trois baies rectangulaires aux linteaux sculptés d'accolade. Aucune armoirie.
Pignon sud : un oculus. En hauteur, armes des Le Gentil (dragon ailé), kersanton.
Façade occidentale : une porte haute. Deux portes murées de chaque côté. Linteau armorié en pierre de Logonna avec les armes mi-parti Le Gentil/Rosmorduc, entourées de l'aigle bicéphale de Jeanne de Kerleuguy mère d'Alain Le Gentil, et du cerf d'Isabeau Le Jeune mère d'Anne.
Pignon nord : porte rectangulaire haute ornée d'une clef armoriée (deux animaux se faisant face ?). Au dessus, armes des Le Gentil (dragon ailé), kersanton.
Clocheton (en pierre de Logonna) : chaque face porte alternativement les armes aux trois roses de Rosmorduc , et le dragon ailé de Le Gentil .
.
Ossuaire de Logonna, schéma de localisation des armoiries (n'est pas à l'échelle).
.
.
.
Sur la façade orientale (nord-est exactement) : trois baies rectangulaires aux linteaux sculptés d'accolade. Aucune armoirie.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Le pignon sud : un oculus. Au dessus, armes des Le Gentil (dragon ailé), kersanton.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
La façade occidentale : une porte haute. Deux portes murées de chaque côté. Linteau armorié en pierre de Logonna avec les armes mi-parti Le Gentil/Rosmorduc, entourées de l'aigle bicéphale de Jeanne de Kerleuguy mère d'Alain Le Gentil, et du cerf d'Isabeau Le Jeune mère d'Anne.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les armes mi-parti d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc, mariés en 1608.
.
La famille LE GENTIL, seigneurs de Coëtninon et de Pencran, portant d'azur à un serpent volant d'or s'est alliée à la famille de ROSMORDUC par le mariage, en 1608, d' Alain LE GENTIL, écuyer, avec Anne de Rosmorduc portant d'argent aux trois roses de gueules.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
L'aigle bicéphale de Jeanne de Kerleuguy mère d'Alain Le Gentil.
.
Placées à gauche, les armes de la mère d'Allain le Gentil, Jeanne de Kerleuguy ou Kerleugny, d'argent à l'aigle de sable. Ici l'aigle est bicéphale, comme dans l'armorial de Charles d'Hozier, et sur les vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Le cerf d'Isabeau Le Jeune mère d'Anne de Rosmorduc.
.
Les armes de la mère d'Anne de Rosmorduc, Isabeau Le Jeune, de la maison de Kergongant, en Landéda, sont de sable au cerf d'argent.
.
En somme, nous retrouvons sur ce linteau l'équivalent de la partie supérieure du pennon de la chapelle Sainte-Marguerite :
.
Vitrail de la chapelle Sainte-Marguerite en Logonna-Daoulas. Photo lavieb-aile 2024.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Le pignon nord : porte rectangulaire haute ornée d'une clef trapézoïdale armoriée (deux animaux se faisant face ?). Au dessus, armes des Le Gentil (dragon ailé), kersanton.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Cartouche dont je n'ai pas su déchiffrer les armes.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Blason couronné au dragon ailé des Le Gentil, entre deux palmes nouées.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Le clocheton au dessus du pignon ouest : chaque face porte alternativement, dans un cartouche trapézoïdal à ailettes, les armes aux trois roses de Rosmorduc , et le dragon ailé de Le Gentil (en pierre de Logonna).
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Les trois roses des Rosmorduc.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
Le dragon ailé des Le Gentil.
.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
L'ossuaire (vers 1608) de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile.
.
.
III. Les deux piliers du portail du bâtiment adjacent à l'ossuaire les armoiries mi-parti Le Gentil/Rosmorduc.
.
Pilier aux armes de Le Gentil de Rosmorduc. Photographie lavieb-aile.
Pilier aux armes de Le Gentil de Rosmorduc. Photographie lavieb-aile.
.
.
SOURCES ET LIENS.
.
—BLANCHARD (Romain), L'HARIDON (Erwana) 2016 & 2017, Inventaire topographique du patrimoine IA29010125 et IA29131975
— LE SEAC'H (Emmanuelle), 2014, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne, les ateliers du XVe au XVIIe siècle, 1 vol. (407 p.) - 1 disque optique numérique (CD-ROM) : ill. en coul. ; 29 cm ; coul. ; 12 cm; Note : Index. - Notes bibliogr., bibliogr. p. 373-395. Rennes : Presses universitaires de Rennes , 2014. Éditeur scientifique : Jean-Yves Éveillard, Dominique Le Page, François Roudaut
—MAUGUIN (Michel), 2012, L'église de Logonna Daoulas. Les écussons des vitraux Une généalogie de neuf générations, de 1608 à 1890 de la maison Le Gentil de Rosmorduc. comm. pers..
— PÉRENNÈS (Henri), 1928, Notice sur Logonna-Daoulas, Bull. diocésain d'histoire et d'archéologie du diocèse de Quimper. BDHA Quimper
—TUDCHENTIL Le Gentil de Rosmorduc, Georges, La noblesse de Bretagne devant la Chambre de la Réformation 1668-1671, 4, 1896, p. 207-218, transcription sur www.Tudchentil
Je remercie Sylvie Peteau, élue à la culture à Logonna-Daoulas, Gilbert Le Moigne qui m'a fait découvrir cette chapelle et qui illustre de ses magnifiques photographies tant de sites patrimoniaux, et Paul-François Broucke qui m'a donné accès à ses travaux héraldiques réalisés avec Michel Mauguin.
.
PRÉSENTATION.
.
Le plâcitre de la chapelle Sainte-Marguerite est entouré d’un petit mur d’enceinte et d'un fossé, et son calvaire est situé au nord-ouest.
Le hameau éponyme d'une douzaine de bâtiment sur la route menant de l'Hôpital-Camfrout au bourg de Logonna s'adosse à une colline de 48m, mais son emplacement a été vraisemblablement déterminé par l'existence d'une source, à 30 m d'altitude, donnant lieu à un petit ruisseau qui se dirige vers le sud où il se jette dans la Rivière de l'Hôpital-Camfrout. C'est cette source, sans doute lieu de culte pré-chrétien, qui a été aménagée en fontaine, directement dans l'élévation ouest de la chapelle, et surmontée d'une statue en kersanton de la sainte patronne, et de son dragon. On notera d'ailleurs a proximité (à un kilomètre à l'Est) avec le lieu-dit Kersanton, qui a donné son nom à la pierre grise si remarquable dans nos édifices et notre statuaire.
On remarquera aussi sur la carte la proximité de la chapelle avec le château de Rosmorduc , à 800 m., surplombant la rivière maritime.
.
IGN REMONTERLETEMPS
.
"La chapelle est située sur un placître au hameau Sainte-Marguerite, composé d’un calvaire, d’une fontaine, et entourée d’un petit mur d’enceinte. L’édifice comporte une nef à trois travées avec bas-côtés, un chevet polygonal et un transept. La date la plus ancienne repérée est celle de 1515, sur le nœud du calvaire en Kersantite. L’ancienneté de ce calvaire montre bien qu’il existait un sanctuaire à cet emplacement dès le début du 16e siècle.
La chapelle a été reconstruite principalement au début du 17e siècle (nef, façade occidentale et clocher, bas-côté nord), puis a été remaniée à la fin du 19e siècle (bas-côté sud, ajout du transept et d’une sacristie, reconstruction du chevet). La façade occidentale et son clocher marque la fin des travaux de reconstruction, vraisemblablement entre 1603 et 1658, date retrouvée respectivement au-dessus de la porte et sur la fontaine insérée dans le gros œuvre. Le bénitier nord comporte également la date de 1690. L’édifice présente une ornementation Renaissance (porte occidentale, porte nord) et un chevet plat. Le plan rectangulaire de l’édifice est encore visible sur le cadastre napoléonien de 1825.
En 1890, la chapelle est fortement remaniée lors d’une campagne de travaux visant à son agrandissement. Il est décidé que le double toit serait réuni en un seul faîtage, qu’une chapelle et une sacristie seraient ajoutées, et qu’on établirait trois nefs séparées par des colonnades. Si les travaux n’ont pas tous été réalisés, de cette période date le chevet, le transept et le bas-côté sud, construits dans un style néo-gothique." (Romain Blanchard)
La chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile mai 2024.
.
LES VITRAUX.
Les sept baies portent une vitrerie blanche losangée, mais les tympans des baies 1 et 2 (bras du transept) portent des ensembles armoriés identiques et datés de 1662, alors que celui de la baie 0 (axe) porte un blason moderne (vers 1890). Dans ces trois blasons portant la couronne comtale, on reconnaît le serpent volant des comtes Le Gentil de Rosmorduc : les vitraux portant la date de 1662 ont été restaurés ou refaits en 1890 ; le titre de comte n'a été décerné à Alain Le Gentil de Rosmorduc (1662-1724), premier comte de Rosmorduc, à une date qui reste à préciser, qu'après sa naissance.... .
.
.
Rappel :
1.Les terres de Rosmorduc appartiennent à la famille éponyme depuis le 13e siècle, le manoir primitif ayant été un édifice fortifié protégé par une enceinte trapézoïdale et des douves. Un édifice est construit au milieu du 16e siècle puis transformé au début du 17e siècle par la famille alliée des Le Gentil. Délaissé au 18e siècle, le manoir est saisi comme bien national à la Révolution, puis transformé en ferme. Il a été racheté par la famille de Rosmorduc.
2. La famille LE GENTIL, seigneurs de Coëtninon et de Pencran, portant d'azur à un serpent volant d'or s'est alliée à la famille de ROSMORDUC par le mariage, avant 1620, de Alain LE GENTIL, écuyer, avec Anne de Rosmorduc portant d'argent aux trois roses de gueules.
.
Présentation des vitraux :
1°) Tympans de la baie n°2 et de la baie 1. Deux blasons semblables avec la date de 1662 (restauration XIXe).
.
Vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile mai 2024.
Vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile mai 2024.
.
.
Analyse des vitraux.
.
Sous la couronne de comte, et encadrée par des palmes nouées, ces deux blasons identiques portent la date de 1662. Celle-ci correspondrait (informations divergentes des généalogistes) à la naissance d'Alain Le Gentil de Rosmorduc (1662-1724).
Malgré l'aspect d'abord complexe du rébus héraldique, il est simple de comprendre que la moitié supérieure désigne Jacques LE GENTIL DE ROSMORDUC , père d'Alain, et la moitié inférieure son épouse MAURICETTE DE PLOEUC, mère d'Alain. Les deux époux sont représentés par les armes de leurs parents. Leur mariage date de 1658.
.
Vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile mai 2024.
.
LA PARTIE SUPÉRIEURE DU BLASON DÉSIGNE JACQUES LE GENTIL DE ROSMORDUC.
.
Alain Le Gentil décédé vers 1627 et Anne de Rosmorduc se marièrent en 1608. Leur fils Jacques Le Gentil de Rosmorduc, né le 28 mars 1610 et décédé le 17 novembre 1680, épousa en 1658 Mauricette de Ploeuc (décédée en 1695) ; leur fils Alain Le Gentil de Rosmorduc (1662 ou 1668-1724) épousa en 1677 Barbe Le Bigot (décédée en 1727).
Les armes des parents du père de Jacques Le Gentil, Allain le Gentil sont représentées à gauche:
a) À droite, les armes du père d'Allain Le Gentil, Jean Le Gentil, écuyer, seigneur de Coëtninon: d'azur au serpent volant d'or.
b) à gauche, les armes de la mère d'Allain le Gentil, Jeanne de Kerleuguy ou Kerleugny, d'argent à l'aigle de sable. Ici l'aigle est bicéphale, comme dans l'armorial de Charles d'Hozier.
Les armes des parents de la mère de Jacques Le Gentil, Anne de Rosmorduc , sont représentées à droite:
Anne de Rosmorduc est décédée le 14 juillet 1645 à Logonna-Daoulas. Elle était la fille de Michel de Rosmorduc et de Isabelle Le Jeune. Elle épousa Alain Le Gentil, dont elle eut cinq fils, Tanguy, Jacques, Michel Jacques et Corentin.
a) Les armes du père d'Anne de Rosmorduc, Michel de Rosmorduc sont d'argent à trois roses de gueules.
b) Les armes de la mère d'Anne de Rosmorduc, Isabelle Le Jeune ,de la maison de Kergongant, en Landéda, sont de sable au cerf d'argent.
Note : Allain Le Gentil et Anne de Rosmorduc firent apposés leurs armes, entourés de celles de leurs mères respectives, sur le fronton de l'ossuaire de l'église de Logonna-Daoulas.
.
Vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile mai 2024.
.
LA PARTIE INFÉRIEURE DU BLASON DÉSIGNE MAURICETTE DE PLOEUC.
Mauricette de Ploeuc est née avant 1638, et est décédée le 4 février 1695 à Creac'h Noz (Plogonneg). Elle fut inhumée à Notre-Dame de Châteaulin. Elle est la fille de Jean de Ploeuc et d'Anne de Carné, mariés le 16 juin 1633.
Les armes des parents du père de Mauricette de Ploeuc, Jean de Ploeuc, né en 1611, sont représentées à gauche:
a) Les armes du père de Jean le Ploeuc, Vincent IV de Ploeuc baron de Kergorlay sont un écartelé aux 1er et 4ème : d'hermine, à trois chevrons de gueules (qui est Ploeuc) ; et aux 2ème et 3ème : vairé d'or et de gueules (qui est Kergorlay).
a) Les armes de la mère de Jean le Ploeuc, Suzanne de Coëtanezre sont de gueules à trois épées d'argent garnies d'or, les pointes en bas, rangées en bande. Elle épousa Vincent IV de Ploeuc en 1618
.
Les armes des parents de la mère de Mauricette de Ploeuc, Anne de Carné, sont représentées à droite:
a) Les armes du père d'Anne de Carné, Jean de Carné sont d'or à deux fasces de gueules.
b) Les armes de la mère d'Anne de Carné, Françoise de Kernezne, sont d'or à trois coquilles de gueules.
.
Vitraux de la chapelle Sainte-Marguerite de Logonna-Daoulas. Photographie lavieb-aile mai 2024.
.
CONCLUSION:
Ces deux vitraux pourraient célebrer la naissance d' Alain Le Gentil en 1662 en rappellant sous forme armoriée sa généalogie sur trois générations. On notera que par acte du 26 septembre 1697, Messire Allain le Gentil et dame Barbe le Bigot de la Ville-Fréhour, son épouse, firent construire en 1698 la chapelle privative du château de Rosmorduc.
.
.
2°) Tympan de la baie d'axe n°0 (1890).
Ces blasons datent de la restauration de la chapelle en 1890, il représente : Georges Le Gentil de Rosmorduc, né le 19/09/1859 à Bilt, en Hollande, fils d’Ernest-Albert le Gentil, comte de Rosmorduc (1821-1894) et d’Helena van der Plaat van Honswijk. Il épousa le 4/10/1890 à Versailles. Berthe Le Rouge de Guerdavid, comtesse de Rosmorduc 1860-1911, fille de Casimir Le Rouge de Guerdavid (1813-1879) et de Berthe Walsh de Serrant (1824-1910). Georges Le Gentil est décédé en 1941 à Logonna à l'âge de 82 ans.
Leur fils aîné Yves Mériadec Ernest Casimir Le Gentil de Rosmorduc 1880-1964 épousa le 29 octobre 1925, à Bruxelles (Notre-Dame du Sablon), Marthe de Lannoy 1899
Leur fils cadet Tanguy Gwénollé Gaston Le Gentil de Rosmorduc (1892-1977) épousa le 12 avril 1926 Henriette Marie Ghislaine de Lannoy (1901-)
-enfeu avec les trois roses et le dragon :"Le pignon nord de l'église, c'est-à-dire la chapelle du Rosaire, où l'on voit un bel enfeu du Moyen Age, aux armes de la maison de Rosmorduc, a été restauré une première fois, en 1495, par Guillaume de Rosmorduc, seigneur du dit lieu. Plus tard, en 1597, cette chapelle fut agrandie par Michel de Rosmorduc, arrière-petit-fils de Guillaume, dont on voit les armes au sommet du premier pilier." (Pérennès)
-Vitraux (vers 1890) : blasons retraçant la généalogie des Le Gentil de Rosmorduc de 1608 à 1890.
-Divers : Armes d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc (après 1608), kersanton. Photo lavieb-aile 2012.
.
Armes d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc (après 1608), kersanton. Photo lavieb-aile 2012.
.
Armes d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc (après 1608), kersanton. Photo lavieb-aile 2012.
.
Armes des Le Gentil au serpent volant, kersanton. Photo lavieb-aile 2012.
.
—Ossuaire de l'église de Logonna-Daoulas.
.
Ossuaire, armes des Le Gentil (au serpent volant). Photo lavieb-aile 2012.
.
Ossuaire, au centre armes d'Alain Le Gentil et d'Anne de Rosmorduc, encadrées par l'aigle de Jeanne de Kerleuguy et le cerf d'Isabeau Le Jeune. Photo lavieb-aile 2012.
.
—Chapelle Saint-Jean-Baptiste (XVIIème siècle). « La chapelle de Saint Jean, édifiée sur la terre de Rosmorduc, dépendait prohibitivement de la seigneurie de ce nom, dont les armes figurent au-dessus de la porte principale. Nos Archives départementales possèdent les anciens comptes de cette chapelle (135, G. 11). Près de la chapelle une fontaine monumentale porte la date de 1644 » (H. M. Pérennes) . Cette fontaine porte aussi les armes des Gentil de Rosmorduc, le serpent volant sur pierre de Logonna. .
.
Chapelle Saint-Jean de Logonna-Daoulas. Photo lavieb-aile mai 2024.
.
Fontaine (1644) de la chapelle Saint-Jean de Logonna-Daoulas. Photo lavieb-aile mai 2024.
.
—Croix de Ruliver atlas n°1237 : base de la statue en kersanton de saint Nicodème, qui proviendrait de la chapelle Saint-Jean : armoiries des Rosmorduc aux trois roses.
.
Statue de saint Nicodème (kersanton, XVIe), croix de Ruliver. Photo lavieb-aile 2012
.
Statue de saint Nicodème (kersanton, XVIe), blason aux trois roses des Rosmorduc (croix de Ruliver). Photo lavieb-aile 2012
.
— Calvaire de Gorré-ar-Ch'oat, XVIe siècle. Blason des Rosmorduc aux trois roses au centre du croisillon ; roses sous les culots.
—Croix de Penanrun, qui porte un écusson aux armes de Rosmorduc à son fût entouré d'une banderole, sur laquelle on lit la date de 1541, avec les initiales de Michel de Rosmorduc" (H. Pérennès) : sans-doute croix du Quinquis
"La chapelle est située sur un placître au hameau Sainte-Marguerite, composé d’un calvaire, d’une fontaine, et entourée d’un petit mur d’enceinte. L’édifice comporte une nef à trois travées avec bas-côtés, un chevet polygonal et un transept. La date la plus ancienne repérée est celle de 1515, sur le nœud du calvaire en Kersantite. L’ancienneté de ce calvaire montre bien qu’il existait un sanctuaire à cet emplacement dès le début du 16e siècle.
La chapelle a été reconstruite principalement au début du 17e siècle (nef, façade occidentale et clocher, bas-côté nord), puis a été remaniée à la fin du 19e siècle (bas-côté sud, ajout du transept et d’une sacristie, reconstruction du chevet). La façade occidentale et son clocher marque la fin des travaux de reconstruction, vraisemblablement entre 1603 et 1658, date retrouvée respectivement au-dessus de la porte et sur la fontaine insérée dans le gros œuvre. Le bénitier nord comporte également la date de 1690. L’édifice présente une ornementation Renaissance (porte occidentale, porte nord) et un chevet plat. Le plan rectangulaire de l’édifice est encore visible sur le cadastre napoléonien de 1825.
En 1890, la chapelle est fortement remaniée lors d’une campagne de travaux visant à son agrandissement. Il est décidé que le double toit serait réuni en un seul faîtage, qu’une chapelle et une sacristie seraient ajoutées, et qu’on établirait trois nefs séparées par des colonnades. Si les travaux n’ont pas tous été réalisés, de cette période date le chevet, le transept et le bas-côté sud, construits dans un style néo-gothique.
Insérée dans le mur occidental de la chapelle Sainte-Marguerite, la fontaine est érigée dans un style Renaissance massif. De part et d’autre d’une alcôve aménagée dans le mur d’où jaillit l’eau, deux courtes colonnes ioniques supportent un fronton dans lequel est placée une statue en Kersantite représentant Sainte-Marguerite. Transcrivant la légende, la martyre est représentée les mains jointes, sortant du ventre du dragon. L’œuvre, probablement réalisée vers 1658, date que l’on retrouve au-dessus de la fontaine, reste inachevée. Seule une partie de la chevelure est sculptée pour représenter des mèches de cheveux, tandis que la tunique, contrairement aux parties représentant la peau, n’a pas été polie."
— BROUCKE (Paul-François) 2021, Conférences rapportées dans deux articles du Télégramme :
"À Logonna-Daoulas, l’histoire des blasons de l’église Saint-Mona expliquée au public par Paul-François Broucke"
"La chapelle Sainte-Marguerite, à Logonna-Daoulas, est pleine de secrets et de mystères. Ce mardi 27 juillet 2021, Paul-François Broucke, historien, chercheur et conférencier, les dévoilera au public à l’occasion d’une soirée visite-conférence. Cet événement est le prolongement de la soirée de l’automne 2020, ayant eu pour thème l’histoire du blason et les vestiges armoriés de l’église de Logonna-Daoulas. Au cours de son intervention, Paul-François Broucke expliquera le pennon en vitrail de la chapelle, les frontons sculptés du château de Rosmorduc, tout proche et la façade de l’église de L’Hôpital-Camfrout. Il livrera aussi l’histoire de la fontaine du site."
— BROUCKE (Paul-François), MAUGUIN (Michel), 15 décembre 2012 conférence article Le Télégramme
—MAUGUIN (Michel), 2012, Les écussons de la chapelle Sainte Marguerite de Logonna-Daoulas, comm. pers..
—MAUGUIN (Michel), 2012, L'église de Logonna Daoulas. Les écussons des vitraux Une généalogie de neuf générations, de 1608 à 1890 de la maison Le Gentil de Rosmorduc. comm. pers..
— PÉRENNÈS (Henri, 1928, Notice sur Logonna-Daoulas, Bull. diocésain d'histoire et d'archéologie du diocèse de Quimper
"Le premier auteur connu de la maison de Rosmorduc est Salomon de Rosmorduc, qui vivait en l’an 1250 et qui portait pour armes : d’argent à trois roses de gueules, boutonnées d’or.
Hervé de Rosmorduc, fils de Salomon, laissa de Amice, sa femme, deux fils, dont l’aîné, Guillaume, donna partage à son cadet Henry, par acte du jeudi avant la Chaire de Saint Pierre (31 Juillet) en l’an 1320.
Yvon de Rosmorduc, vivant en 1365, fit don à l’abbaye de Daoulas, d’un « tenement » à Keranguinal, en la paroisse d'Irvillac.
Guyon de Rosmorduc fit don à l’abbaye de Daoulas, par acte du 10 Mars 1405 (nouv. st. 1406), de « troys soulz de rencte » payables le jour de la Chandeleur « affin et pour estre ès prieres, ausmones, services et offices divins d’icelle abbaie à jamès ».
Guillaume de Rosmorduc obtint, le 11 Juillet 1495, un décret de l'Official de Quimper, le confirmant dans la possession des tombes et prééminences dont ses ancêtres jouissaient dans l’église paroissiale de Logonna.
Michel de Rosmorduc, fils du précédent et de damoiselle Margarite Omnès, de la maison de Keroullé, en Hanvec, est cité dans la réformation de 1536. Il fournit un aveu à l’abbaye de Daoulas, le 3 Mai 1540, et reconnut alors devoir trois sols par an pour la fondation faite en 1406 par Guyon de Rosmorduc. C’est lui qui fit ériger, en 1541, la croix qui existe encore près du village de Pen-an-Run.
Jacques de Rosmorduc figure dans les montres générales de la Noblesse de Cornouaille, tenues à Quimper, le 26 Avril 1554 et les 15 et 16 Mai 1562. Il fut père de Guillaume et de Michel ci-après.
Guillaume de Rosmorduc, fils aîné, mourut vers 1588, sans laisser de postérité de son mariage avec damoiselle Jehanne du Menez. Cette dernière, qui vivait encore le 26 Septembre 1621, fit, à cette date, une fondation à Logonna, pour assurer, à perpétuité, la fourniture du pain bénit et pour qu’il soit célébré, tous les ans, le deuxième dimanche d'Octobre, « une messe à notte et obit annuel, avecq une recommandation », cette dernière devant « estre faicte sur la tombe du sgr de Rosmorduc ».
Michel de Rosmorduc, second fils de Jacques, succéda à son frère Guillaume, comme seigneur de Rosmorduc, et épousa damoiselle Isabeau le Jeune, de la maison de Kergongant, en Landéda.
Anne de Rosmorduc, dame du dit lieu, leur fille et héritière, épousa, en 1608, Allain le Gentil, seigneur de Coatninon et de Pencran, descendant de Jehan le Gentil, chevalier, seigneur de Barhuédel, qui fut un des compagnons de guerre de Bertrand du Guesclin, et qui portait pour armes : D’azur au dragon volant d’or.
Elle en eut trois fils, l’aîné Jacques le Gentil, seigneur de Rosmorduc, époux de dame Mauricette de Ploeuc, dont la postérité, qui a produit de nombreux officiers des armées de terre et de mer, des députés de la Noblesse aux Etats de Bretagne et des chevaliers des Ordres de Saint-Louis et de Saint-Lazare de Jérusalem, existe encore et possède vers 1928 le manoir de Rosmorduc ; le second, Michel, auteur d’une branche éteinte en 1743 ; et le troisième, Tanguy, dont la descendance s’est éteinte en 1843, dans la personne du baron le Gentil de Quélern, maréchal de camp du Génie, chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d’honneur et membre du Conseil Général du Finistère "
:
1) Une étude détaillée des monuments et œuvres artistiques et culturels, en Bretagne particulièrement, par le biais de mes photographies. Je privilégie les vitraux et la statuaire. 2) Une étude des noms de papillons et libellules (Zoonymie) observés en Bretagne.
"Il faudrait voir sur chaque objet que tout détail est aventure" ( Guillevic, Terrraqué). "Les vraies richesses, plus elles sont grandes, plus on a de joie à les donner." (Giono ) "Délaisse les grandes routes, prends les sentiers !" (Pythagore)